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Techniques

Sciences
Méthodes
La revue mensuelle des spécialistes de l’environnement

No 7/8 2018

MAGAZINE
Déchets : les outils de collecte
gagnent en capteurs et en intelligence
Déchets : du nouveau pour les CSR
Gestion des eaux pluviales : rapport du CGEDD

DOSSIER
Assainissement non collectif
Cas du bassin versant de la Lys
Sinistralité : REX et recommandations
Comparaison statistique de la qualité
des eaux usées traitées
Synthèse du suivi in situ des installations
réalisé de 2011 à 2016
Durabilité des filtres compacts :
recyclage du xylit

Éditée par

astee.org
Techniques
No 7/8 2018 Sciences
Les options et théories, exprimées dans la
Méthodes
revue, le sont sous la seule responsabilité
de leurs auteurs.
La revue mensuelle des spécialistes de l’environnement
Éditeur
Association Scientifique et Technique astee-tsm.fr
pour l'Eau et l'Environnement
51, rue Salvador Allende
92027 Nanterre cedex
Rédaction Administration
. MAGAZINE.
Tél. : 01 41 20 17 60
Courriel : redaction.tsm@astee.org 3 ———— Actualités de l’environnement
Directeur de la publication Innovations : Déchets : les outils de collecte gagnent en capteurs et en
Christophe Perrod, Président de l’Astee intelligence
Directrice de la publication adjointe
Carine Morin-Batut Valorisation des déchets : Du nouveau dans les combustibles solides de
Responsable de la rédaction
récupération (CSR)
Muriel Auriol Engagement citoyen : Repair Café Paris
Maquette
Feuilles de Styl’
Loi Notre : le service public d’assainissement non collectif fait l’objet de
25410 Saint-Vit – Tél. : 03 81 87 67 52 dommages collatéraux
Régie publicitaire
Les Éditions Magenta
15 ———— Interview de personnalités
12, av. de la Grange – 94100 Saint-Maur Gestion des eaux pluviales : Le rapport du CGEDD – Dix ans pour relever le défi
Tél. : 01 55 97 07 03
Prix de ce numéro 21 ———— Métiers
France 17 € TTC – Étranger 17 € TTC Chargé de mission espèces exotiques envahissantes :
Règlement « L’humain préside toutes mes démarches »
ASTEE - 51, rue Salvador Allende
92027 Nanterre cedex
Chèques postaux : Paris 248-67 K .VIE DE L’ASTEE.
Comité de lecture
Président
23 ———— 97e congrès de l’Astee à Marseille : Les temps forts du congrès
Vincent Rocher, Expert eau et
assainissement, Siaap
Membres
. DOSSIER.
Mathieu Boillot, Ingénieur de projet
à la R&D, groupe Saur 25 ———— Assainissement non collectif
Geneviève Boissonnade 27 ———— Avant-propos, par K. BRULÉ
Jean-Marc Choubert, Chercheur
en valorisation et traitement des eaux 29 ———— Définition de zones à enjeu environnemental dans le bassin
usées, Irstea
Hubert Dupont, Directeur technique
versant de la Lys (France), par J. ARONDEL, O. FOUCHÉ, E. FROT,
adjoint, Suez Eau France C. MOREAU
Johnny Gasperi, Enseignant chercheur,
expert en sciences et techniques de 47 ———— Sinistralité en assainissement non collectif – De la réglementation aux
l’environnement règles de l’art, retours d’expériences et recommandations, par S. BRIANT,
Alain Héduit, ancien Directeur A. DECOUT, J.-B. DUMEL, A. LAKEL, B. LASNE
de recherche, Irstea
Véronique Heim, Directrice des études 67 ———— Assainissement non collectif en France : comparaison statistique de la
et de la prospective, Sedif qualité des eaux usées traitées, par L. OLIVIER, I. LAOUAR, V. DUBOIS, P.
Bernard Montadert, Ingénieur général
honoraire de la ville de Paris
BRANCHU, Y. LEGAT, C. BOUTIN
Juan Ochoa, Directeur pôle expertise 83 ———— Assainissement non collectif en France : synthèse du suivi in situ
et innovation, Veolia Eau France,
Direction technique France des installations réalisé de 2011 à 2016, par L. OLIVIER, P. ARTUIT, P.
Dominique Pin, Ingénieur BRANCHU, A. DECOUT, D. DHUMEAUX, V. DUBOIS, L. DUBOURG, S. JOUSSE,
des arts et manufactures C. LEVAL, B. MOULINE, N. PORTIER, L. SOULIAC, C. SZABO, S. PARISI, C. BOUTIN
Florence Soupizet, Responsable
du pôle programmation études et 99 ———— Recyclage d’un média souillé de filtre compact – Rapport du co-compostage
investissements liés à l’environnement,
Eau de Paris
du xylit après utilisation, par S. NINOREILLE, P. COLLET, S. NAPOLITANO,
Jean-Pierre Thoreau, Ingénieur général A. COLLIENNE
Jean Vuathier, Expert assainissement,
Safege 108 ———— Agenda
Date de parution de ce numéro
20 août 2018
Impression
LISTE DES ANNONCEURS
25290 Ornans ARTELIA (45), ASTEE (2, 10, 14, 26, 82, 96, 98, 107), CIFEC (19), CNIM (81), ENDRESS+HAUSER (66), FLUKSAQUA (46, 4e de
couv.), FRANS BONHOMME (3e de couv.), GEOTECH (97), HYDRA (28), PREMIER TECH FRANCE (20), REHAU (2e de couv.),
REMOSA (6), SEWERIN (5), SHIMAZU (5), SIMB (6), SIMOP (13), SOTERKENOS (45).
00-00-0000

Certifié PEFC
pefc-france.org

Commission paritaire n° 0219 G 84264


N° ISSN : 0299-7258
Photo de couverture : Mise en œuvre d’un filtre à sable chez un particulier – Crédit photo : J.-L. Aubert
Actualités de l’environnement

INNOVATIONS

Déchets : les outils de collecte gagnent en


capteurs et en intelligence
L’instrumentation des systèmes de collecte de déchets se développe, via des dispositifs conçus
par des jeunes entreprises. Enquête sur ces dispositifs innovants : Cliink, l’algorithme
d’intelligence artificielle de craft ai, les sondes de remplissage et les corbeilles Bigbelly.

dentifier les déchets, signaler le


I remplissage d’un conteneur, four-
nir des données pour optimiser les
processus, telles sont les princi-
pales fonctions des dispositifs
connectés dans les métiers de la
gestion des déchets. Alors que
dans les centres de tri, les capteurs
optiques se perfectionnent depuis
des années pour différencier les
résines plastiques et les métaux,
CONNECT SYTEE

plus en amont ce sont les points


d’apport volontaire (PAV) et désor-
mais les corbeilles de trottoir et les Corbeilles compactrices Bigbelly déployées à Cannes
bacs à ordures, qui sont instru-
mentés. Entre expérimentations et La promesse de Bigbelly, dont périmentations en 2010-2012 en
déploiements, les collectivités lo- Connect Sytee est distributeur en Île-de-France, Strasbourg a été la
cales se laissent séduire. France, est séduisante : 5 à 6 fois première ville à s’équiper significa-
moins de ramassages et moins de tivement. L’eurométropole totalise
Corbeilles urbaines
corbeilles de rue qui débordent 87corbeilles compactrices, sur un
connectées
grâce à un dispositif qui combine parc total de 5000 corbeilles de rue.
Sur la promenade de la Croisette à le compactage des déchets avec « C’est un bon produit, le seul in-
Cannes, les corbeilles de déchets des transmissions d’alertes quand convénient est le coût», estime Sté-
donnaient lieu à des ramassages les corbeilles sont pleines. Big- phane Neff, gestionnaire du mobi-
incessants par les services de la belly utilise deux capteurs: l’un in- lier de propreté à l’Eurométropole
ville : «de 14 à 40 collectes par se- frarouge, permet de déclencher le Strasbourg. Les Bigbelly coûtent
maine suivant les saisons, d’après compactage lorsque les ordures environ 5000 euros, contre 1000 euros
des chiffres fournis par la ville», ex- atteignent une certaine hauteur ; pour une corbeille à l’ancienne.
plique Marion L’Hostis, responsable l’autre, un capteur de pression, Après 8 ans de service, les plus an-
marketing de Connect Sytee, une permet d’identifier quand la cor- ciennes fonctionnent encore, si-
PME distributrice de matériel de beille est pleine. Conçues aux gnale Stéphane Neff. Pas question
collecte des déchets. Ce rythme est États-Unis, ces corbeilles sont au- de remplacer tout le parc de la mé-
en voie de diminution depuis que la tonomes en électricité grâce à tropole, mais les Bigbelly sont ren-
ville a décidé en 2017 de s’équiper leurs panneaux photovoltaïques et tables, selon lui, dans des lieux à
d’ici à 2021 de 80 corbeilles com- leur batterie longue durée. fort passage. «Un retour sur inves-
pactrices Bigbelly. En France, après des premières ex- tissement sur 3 à 5 ans est pos-

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Actualités de l’environnement

les ordures ménagères et elle de 20%. Cliink coûte 300euros par


TERRADONA

équipe les nouveaux points de dépôt an par Box à partir de 100Box com-
Trilib’ de la capitale. mandées. Coûteux? Outre l’aug-
mentation du tri, Terradona sou-
Cliink récompense
ligne deux impacts positifs : le sou-
le tri en apport
tien aux commerces locaux et le
volontaire
lien social. En 2018, les premiers
L’instrumentation déploiements se déroulent à Mo-
des PAV fait égale- naco sur 54 colonnes de verre, dans
ment un bond en le pays de Grasse et à Lens-Liévin.
intelligence avec le
Craft ai prédit la collecte
Boitier Cliink déployé à Monaco en juin 2018
boitier Cliink de la
des bacs
start-up Terradona, conçu pour les
sible, pour un secteur de collecte», colonnes de verre. «L’objectif, c’est Start-up de l’intelligence artificielle,
avance le PDG de Connect Sytee, d’inciter à trier davantage» explique craft ai s’est spécialisée dans l’ap-
Claude L’Hostis. À Stockholm, dans Lionel Maddalone de Cliink. Cliink prentissage profond. L’entreprise
le quartier central de Norrmalm, repose sur un boitier circulaire in- incubée à Station F a adapté ses
une étude récente indique une di- sérable à l’entrée des colonnes, as- algorithmes à la prédiction des
minution drastique des tournées de socié à un compte utilisateur. Les heures de collecte des bacs à or-
ramassage, de 41 000 à 3 100 km gestes de tri font gagner des points, dures en pied d’immeuble. L’intérêt
annuels entre 2013 et 2017, grâce échangeables contre des réduc- pour les villes? Réduire le temps où
à 124 corbeilles. tions dans les magasins de la ville les bacs sont sortis sur la voirie, en
ou au bénéfice d’associations. prévenant les gestionnaires d’im-
Points d’apport volontaire
Chaque dépôt est associé à l’utili- meuble de l’arrivée imminente des
« intelligents »
sateur, via sa carte Cliink ou son té- camions. «Notre API (interface de
Contrairement aux corbeilles ur- léphone bluetooth. Outre un lecteur programmation applicative) fusionne
baines, les PAV sont déjà très lar- de cartes et un module d’échange les données sur les heures de pas-
gement instrumentés, essentiel- et transmission de données, le boi- sage fournies grâce aux bacs pucés
lement en sondes de remplis- tier intègre une sonde de remplis- avec les modèles de tournées de
sage connectées. C’est le cas sur- sage, mais surtout, il se paie le luxe ramassage et les localisations GPS
tout pour les colonnes de verre, où de distinguer le bon tri, en recon- des camions », explique Caroline
des sondes à capteurs infrasons naissant le verre grâce à un module Chopinaud, responsable Business
permettent de signaler quand un cobreveté avec le laboratoire LETI Development de la jeune pousse.
conteneur est plein et doit être col- du CEA*, qui repose sur une identi- Après une expérimentation réussie
lecté. SigrenEa, l’un des pionniers fication sonore. La start-up annonce dans le cadre du challenge Datacity
en France pour ces dispositifs, vise pour 2019 une solution adaptée aux en 2017, craft ai a vendu son offre
15000 PAV équipés d’ici à la fin de cartons et papiers. en licence à la ville de Paris. La pré-
l’année. «L’innovation porte surtout D’après un test grandeur nature sur diction sera rendue accessible aux
sur la transmission de données, qui des quartiers d’Aix et Marseille sur gestionnaires d’immeubles du 14e ar-
s’ouvre à la 3G, à LoRA et Sigfox, 70 conteneurs, le système aurait rondissement via l’interface utilisa-
sur la partie logiciel et l’intégration permis d’augmenter le tri du verre teurs «Monservicedéchets.com».
des données avec les chauffeurs qui Sans système de récompense,
effectuent les tournées de collecte», pour l’instant.
explique Benoît Soulard, directeur * Laboratoire d’électronique et de tech-
nologie de l’information du Commissa-
commercial. L’offre vient d’être adap- riat à l’énergie atomique et aux éner-
tée aux bacs 660 et 770litres, pour gies alternatives Thibault Lescuyer

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Actualités de l’environnement

VALORISATION DES DÉCHETS

Du nouveau dans les combustibles solides


de récupération (CSR)
En France, la filière reste assez peu développée, contrairement à ses voisins européens. Depuis
quelques années, les fédérations et entreprises du recyclage tentent de mettre en lumière les
CSR comme une alternative à la mise en décharge. Retour sur les travaux en cours qui pourraient
permettre de détourner davantage de déchets de l’enfouissement.

accompagnée d’un arrêté spéci-


fique sur la préparation de CSR2 et
d’un arrêté présentant les pres-
criptions pour encadrer le fonction-
nement des installations de co-
incinération de CSR3. La réglemen-
SÉCHÉ/FRANÇOIS VRIGNAUD

tation mise en place comprend


deux contraintes importantes:
– les déchets concernés doivent
forcément être des refus de tri, dé-
chets résiduels provenant d’instal-
Le site de Changé et son unité de production d’énergie à partir de CSR
lations de traitement de déchets ;
es combustibles solides de re- de la Direction générale des entre- – les installations de production
L constitution (ou récupération prises (DGE) dédié à la promotion d’énergie à partir de CSR sont di-
(CSR)) sont une forme de combus- des CSR en France. mensionnées en fonction du besoin
tible sec et propre, produit à partir de Ce groupe de travail a notamment de chaleur du consommateur aval:
déchets résiduels n'ayant pu être œuvré à faire connaitre l’intérêt la totalité de la chaleur produite en
triés et recyclés (déchets non-dange- stratégique de développer la filière sortie d’installation CSR doit ainsi
reux, déchets de chantiers et d'en- CSR en France et la nécessité de être utilisée.
combrants de déchèteries...). Les uni- mettre en place une réglementa-
1
tés de production d’énergie à partir de tion spécifique pour cette filière Installation de production de chaleur ou
d'électricité à partir de déchets non dan-
CSR sont dimensionnées avec une pour la différencier de la filière in- gereux préparés sous forme de com-
priorité de production de chaleur, cinération de déchets : la filière bustibles solides de récupération dans
une installation prévue à cet effet, asso-
selon le besoin de chaleur en aval. CSR a une finalité de production ciés ou non à un autre combustible
2
d’énergie alors que la filière inciné- Arrêté du 23/05/16 relatif à la préparation
Un soutien au développement des combustibles solides de récupération
ration de déchets a une finalité de en vue de leur utilisation dans des instal-
de la filière lations relevant de la rubrique 2971 de la
traitement de déchets.
nomenclature des installations classées
Muriel Olivier, Déléguée générale Ainsi, suite à l’inscription de la fi- pour la protection de l'environnement
3
de la Fédération nationale des ac- lière CSR dans la loi de transition Arrêté du 23/05/16 relatif aux installa-
tions de production de chaleur et/ou
tivités de la dépollution et de l’envi- énergétique pour la croissance d'électricité à partir de déchets non dan-
ronnement (Fnade) co-anime un verte (LTECV) en 2015, le décret du gereux préparés sous forme de com-
bustibles solides de récupération dans
groupe de travail sur la valorisation 19 mai 2016 est venu modifier la des installations prévues à cet effet as-
industrielle des déchets, qui s’est nomenclature des installations sociés ou non à un autre combustible et
relevant de la rubrique 2971 de la no-
créé en 2014 au sein du comité stra- classées (ICPE) pour intégrer la ru- menclature des installations classées
tégique des filières Éco-industries brique 29711. Cette rubrique a été pour la protection de l'environnement

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Actualités de l’environnement

Aujourd’hui, la filière CSR s’inscrit nuelle de l’énergie, une réflexion provient de refus de collecte sélec-
dans la réglementation européenne est menée sur la proposition de tive, des refus d’ameublements et
en tant qu’unité de co-incinération et soutiens à la chaleur produite pour de rembourrés, des refus de dé-
si la filière n’est pas soumise à la taxe encourager la mise en place de chets de papetiers, etc. La techno-
générale sur les activités polluantes nouvelles unités pour des consom- logie retenue pour le four est le lit
(TGAP), elle est soumise aux quotas mateurs intermittents ou pour fa- fluidisé circulant et l’outil peut
de CO2 (dès lors que la puissance de voriser la substitution au charbon. fonctionner avec une gamme large
l’installation dépasse 20 MW). Malgré les difficultés de lancement, de combustible allant du 100 %
Pour répondre à l’objectif de la la filière n’est cependant pas remise bois-déchets ou 100 % CSR, une
LTECV de détourner 2,5 millions de en question. difficulté de plus, car les deux types
tonnes de déchets résiduels des de déchets doivent répondre à des
Les premières expériences
centres de stockage vers la prépa- exigences de qualité plus fortes.
françaises
ration de CSR en vue de la pro- De plus, le site n’est pas une instal-
duction d’énergie pour l’industrie, Alors que les projets lauréats de lation d’utilisation de CSR dédiée,
l’Agence de l'environnement et de l’Ademe n’ont pas encore été mis à car l’exploitant a fait le choix de
la maîtrise de l’énergie (Ademe) a exploitation, Séché Eco-industries maintenir l’installation classée en
lancé en 2016 puis en 2017, un a inauguré en octobre 2017 la pre- 2771 (installation de valorisation
appel à projet de soutien au déve- mière chaudière CSR développée thermique de déchets) et non en
loppement d’unités de production en France sur le site de Changé 2971 pour des contraintes liées à
d’énergie à partir de CSR. Un pre- (53). Alain Rospars, ingénieur chez leur clientèle fortement météo-dé-
mier pas a aussi été fait dans le Séché Eco-industries, indique que pendante.
cadre de la Programmation plu- l’installation prend place dans un En 2018, un des lauréats de l’appel
riannuelle de l’énergie (PPE) en contexte particulier, sur une instal- à projet 2016 de l’Ademe devrait
inscrivant la réflexion sur un dis- lation déjà existante qui faisait de la inaugurer une installation de pro-
positif expérimental de soutien valorisation énergétique par bio- duction thermique à partir de CSR à
pour le recours aux CSR dans la gaz. Les CSR interviennent alors en Strasbourg. Il s’agit de l’usine Blue
cogénération de chaleur et d’élec- complément afin de couvrir les be- Paper substituant deux chaudières
tricité dans le document « offre soins énergétiques de l’extension gaz pour l’alimentation de l’unité de
d’énergie». du réseau de chaleur urbain de la production de papier pour ondulé4
Récemment, dans le cadre des tra- ville de Laval (schéma). par une chaudière CSR de 18 MW.
vaux de Programmation plurian- La production des CSR sur le site Ainsi, alors que le développement
d’une filière française commence à
peine à connaître un essor, l’Ademe
poursuit son étude sur la question :
après un état des lieux datant de
2012 sur la production et sur l’utili-
sation de CSR, elle procède désor-
RÉALISATION STUDIO GRAPHIQUE STUDIOVERSION2

mais à l’analyse du cycle de vie de


cette filière et se penche sur les
méthodologies de contrôles afin de
s'assurer que les CSR sont bien pro-
duits à partir de refus de tri.

Céleste Charbonnier

4
Papier pour fabriquer des emballages
Schéma de la valorisation énergétique de la chaudière CSR à Changé (Source : Séché Eco-industries) et tout autre produit en carton ondulé

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Actualités de l’environnement

ENGAGEMENT CITOYEN

Repair Café Paris


Date de naissance
avril 2013

Mot-clés
Ateliers de réparation
Obsolescence programmée

REPAIR CAFÉ PARIS / ELSA RAVERDY


Gratuité
Convivialité
Prévention des déchets

En France les premiers ateliers


de réparation «Repair Café»
ont été organisés en avril 2013,
Notre témoin la réparation et nous aidons à ré-
notamment à Paris. Ils
Emmanuel Vallée a rejoint duire les déchets. Nous sommes
reprennent un concept créé aux
Pays-Bas en 2009. Aujourd’hui, l’association Repair Café Paris une goutte d’eau dans l’océan, qui
il y en a dans plus de 130 villes en 2014 comme bénévole contribue à la prise de conscience
françaises et 1200 dans le réparateur. À 51 ans, il est et au changement de paradigme.
monde. L’idée est simple : chef d’entreprise et dirige un Comment l’idée de vous
réparer ensemble et centre de services partagés en engager est-elle venue ?
gratuitement des objets du comptabilité et paie. Il a E.M. : Mon fils avait un objet en
quotidien. Qu’il soit monté par participé à plus de 50 ateliers panne. Il a surfé sur le web et il a
un collectif de citoyens ou par de réparation. trouvé Repair Café. L’idée m’a paru
une association locale, chaque intéressante et je me suis pointé à
Repair Café se développe de Qu’apporte cette initiative en un atelier Repair Café, où on m’a
façon autonome, même si la termes d’économie circulaire? tout de suite proposé d’être béné-
Fondation Repair Café, basée en Emmanuel Vallée : Si le terme vole. Comme j’aime bien réparer
Hollande fédère un réseau d’économie désigne la vente de des objets, j’ai accepté.
informel international. À Paris, biens ou de services, les Repair Quelles sont les clés de votre
Repair Café s’est créé autour Café ne s’inscrivent pas dans l ‘éco- motivation ?
d’un collectif de réparateurs, qui nomie circulaire : ils ne créent pas E.M. : C’est d’abord que j’aime ré-
organise des ateliers ouverts à d’emploi, n’offrent pas de service parer. Enfant, j’aimais démonter les
tous, souvent le samedi, dans payant et n’ont pas de modèle éco- objets pour comprendre comment
des lieux divers : Centre social nomique. Nous faisons plutôt par- ils marchent. C’est aussi une ques-
ou culturel, maison de quartier, tie de l’économie sociale et soli- tion d’engagement local. Je passais
Lycée, Cité des Sciences… La daire. Si par contre vous définissez la semaine à travailler pour moi,
pérennité de l’initiative tient à l’économie circulaire comme le fait mais qu’est-ce que je faisais pour
l’alchimie du collectif et à la l’Agence de l’environnement et de les autres ? Il y a une troisième
création de lien social la maîtrise de l’énergie (Ademe), en chose : j’ai toujours été consterné
intergénérationnel. incluant la réparation bénévole, par tout ce qu’on jette aujourd’hui.
dans ce cas oui, nous apportons
quelque chose. Nous développons Thibault Lescuyer

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Actualités de l’environnement

Loi Notre : le service public


d'assainissement non collectif fait
l'objet de dommages collatéraux
La loi Notre a modifié le champ des compétences des collectivités.

D.R.
Ces dernières devront ajuster leur fonctionnement notamment
Yann Landot
pour ce qui concerne le service public d'assainissement non Avocat spécialisé sur les
collectif (Spanc). Précisions avec Yann Landot, avocat spécialisé problématiques des
sur les problématiques des collectivités. collectivités - cabinet
Landot & associés

Actu-Environnement : La loi sur la qu'il y a aussi l'ANC et les eaux plu- privé et l'autre de droit public. En
Nouvelle organisation territoria- viales… Ce service, qui était sou- théorie, nous ne devrions avoir que
le de la République (Notre) impo- vent déjà bien structuré dans un des agents de droit privé ou des
se le transfert des compétences syndicat ou autre, se retrouve mal- contractuels de droit privé mais
intégrales eau et assainissement mené au passage. cela est rarement respecté. Les
aux communautés, au plus tard en communautés devront se poser la
2020. Quelles conséquences sur le A-E : Quelles vont être les inci- question d'une évolution du statut
service public d'assainissement dences sur le Spanc de la modifi- de leur agent. Pour certains terri-
non collectif (Spanc) ? cation du périmètre des commu- toires, le délai pour arbitrer sur la
Yann Landot : La loi ne visait pas di- nautés qui découle de la loi Notre? question pourra être étendu à deux
rectement les Spanc : ces derniers Y. L. : Prenons la situation d'une ans. Une circulaire du 13/07/20161
font l'objet de dommages collaté- communauté de communes en est venue préciser que l'ANC pou-
raux. Alors qu'une communauté de charge uniquement de l'ANC qui a vait figurer dans les compétences
communes pouvait auparavant fusionné au 1er janvier dernier avec dites supplémentaires provisoire-
s'occuper uniquement de la com- différentes communautés dont ment.
pétence assainissement non col- certaines qui ne disposent pas de
lectif (ANC), désormais la loi Notre l'ANC. La loi lui donne un an pour A-E : Qu'apporte cette circulaire
impose que la compétence assai- déterminer si elle généralise la aux communautés ?
nissement soit une et indivisible, la- compétence sur tout le territoire ou Y. L.: Cette circulaire ne repose sur
quelle peut conditionner également si elle la rend aux communes… rien en droit, c'est la position offi-
l'accès à la bonification de la dota- (deux ans si on la place en faculta- cielle de l'État. Elle donne un délai
tion globale de fonctionnement tive). Rendre la compétence aux de deux ans pour arbitrer sur la gé-
(DGF) pour ces types de commu- communes est dans de nombreux néralisation ou pas de la compé-
nautés. Comme les dotations de cas peu envisageable donc l'option tence ANC en la déliant provisoire-
l'État se réduisent, certaines com- choisie est souvent une généralisa-
munautés de communes étudient tion. Ce qui provoque des questions 1
Note d'information relative aux incidences
sérieusement un transfert de com- sur l'harmonisation du service, les de la loi n° 2015-991 du 7 août 2015 por-
pétences anticipé pour éviter de tarifs, les règlements de service, tant nouvelle organisation territoriale de
la République sur l’exercice des compé-
perdre encore plus d'argent. Elles les modalités de contrôles, etc. Un tences «eau» et «assainissement» par
se penchent sur la prise de compé- service qui grossit peut également les établissements publics de coopération
intercommunale. Texte du 13/07/2016,
tence eau potable et assainisse- se retrouver confronté à la gestion paru sur circulaire.legifrance.gouv.fr le
ment collectif mais oublient parfois d'une partie de ses agents de droit 25/07/2016

-
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Actualités de l’environnement

ment de l'assainissement collectif. la communauté devra trouver une souplissement des règles concer-
Cela a sauvé certains Spanc. Car solution pour assurer le service, nant les dotations car sinon ce sera
des territoires, qui ne géraient que par exemple par prestations de une disposition pour la forme, la
l'ANC, s'apprêtaient à risquer de service. La situation des commu- prise de compétence sera imposée
rendre ce service: ils n'étaient pas nautés de communes présente le par la voie financière. La loi a en
prêts à prendre l'assainissement plus d'incertitude, notamment avec effet remonté le seuil minimum de
collectif après la fusion au bout l'annonce d'Emmanuel Macron, compétence à prendre pour être
d'un an. lors de la Conférence nationale des éligible à la dotation de l'intercom-
territoires, assurant qu'il avait en- munalité. Cela risque de pousser
A-E : Quels impacts de la loi Notre tendu les problématiques de l'eau les communautés à prendre les
pour les syndicats ? et d'assainissement pour les com- compétences eau et assainisse-
Y. L.: La loi Notre a prévu en simpli- munautés de communes et qu'il al- ment pour cette raison car la ma-
fiant que seuls les services des lait faire quelque chose… joration obtenue par cette dotation
syndicats qui sont sur des péri- n'est pas neutre et peut faire la dif-
mètres de trois communautés au A-E : Certains pensent que la férence entre réussir à équilibrer
moins seront maintenus. Au final, déclaration d'Emmanuel Macron son budget ou pas.
des services des syndicats seront annonce un mouvement de recul
intégrés au sein de communautés. sur la loi Notre ? A-E : Comment est perçu ce retour
Des difficultés peuvent être ren- Y. L. : Une proposition de loi reve- en arrière ?
contrées par exemple dans le cas nant sur le transfert obligatoire des Y. L. : Je pense qu'il répond à une
d'un syndicat à cheval sur deux compétences «eau» et «assainis- attente… Ce qui serait intéressant
communautés. Une des deux dé- sement » des communautés de dans cette approche est qu'elle
cide de prendre la compétence : communes a été déposée en jan- prendrait en compte la particularité
des transferts d'agents sont alors vier dernier puis est passée en pre- de chaque territoire : les transferts
organisés du syndicat. Toutefois, la mière lecture avant la pause parle- seraient laissés à discrétion des
seconde communauté de com- mentaire au Sénat. Certains pen- communautés. Après avoir réalisé
munes envisage de la prendre en saient que c'était un baroud d'hon- leurs études, elles choisiraient en
2020. Le syndicat devra continuer à neur des sénateurs, d'autres un fonction de l'opportunité que re-
fonctionner de manière bancale positionnement pour les sénato- présentent pour elles la prise de
jusqu'en 2020 car une partie des riales… Mais il n'empêche que compétence. Par contre, il ne fau-
agents sera partie vers la commu- nous avons un véhicule qui est en drait pas que les élus se dispensent
nauté voisine. La situation peut se place. Peut-être que nous observe- de se poser la question, la date
complexifier si le syndicat n'avait rons un retour en arrière pour les butoir étant supprimée. Ce serait
qu'un agent pour le Spanc, bien ca- transferts pour les communautés dommage.
libré pour l'ensemble du territoire, de communes mais je ne pense
et que la communauté de com- pas que cela concernera les com-
munes ne le récupère pas. D'un munautés d'agglomérations. Propos recueillis par
côté, le syndicat aura un agent qu'il Si ce retropédalage s'opère, il fau- Dorothée Laperche

n'occupe plus qu'à 60% et de l'autre, dra qu'il s'accompagne d'un as- Article paru sur

-
12 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année
Interview de personnalités

GESTION DES EAUX PLUVIALES

Le rapport du CGEDD
Dix ans pour relever le défi
C’est en 2015 que le précédent gouvernement a mandaté le
Conseil général de l’environnement et du développement durable
(CGEDD) pour dresser le bilan de la gestion des eaux pluviales en
France. Entre autres, l’objectif était de réaliser un état des lieux Pierre-Alain Roche
Conseil général de
sur les pratiques des collectivités, le cadre juridique, les services l'environnement et du
publics et les financements. Daté d’avril 2017, ce rapport a été développement durable
Président de la section
rendu public1 récemment. Éclairage avec Pierre-Alain Roche,
mobilité et transports
coordonnateur du rapport. Ministère de la transition
écologique et solidaire

Pourquoi un rapport sur les eaux pluviales ? tion (enjeu du temps de pluie) et les inondations (enjeu
Le Conseil général de l’environnement et du dévelop- des situations rares et extrêmes).
pement durable (CGEDD) est chargé de porter un regard Ce sont des questions difficiles et intriquées avec les
global sur des questions qui sont souvent abordées de enjeux d’urbanisme et d’aménagement du territoire
façon fractionnée. Entre les avancées de l’hydrologie, mais les enjeux sont très importants : seule une stra-
dont la revue Techniques Sciences Méthodes (TSM) té- tégie cohérente de long terme permettra d’améliorer
moigne souvent, et l’organisation de l’action publique, la situation. Elle n’aura de sens que si elle est co-
il y a des écarts qui méritent d’être comblés. construite par l’État et les collectivités concernées. Si
Avec ce rapport, nous proposons de tirer toutes les cette ambition est partagée, les premiers résultats ne
conséquences administratives et techniques du constat se verront à grande échelle que d’ici 10 ans. Par
de la continuité des enjeux que l’on appelle assainisse- exemple, les rejets de temps de pluie, via des déversoirs
ment, gestion des eaux pluviales, résilience au risque d’orage, représentent une part significative des flux pol-
de ruissellement et prévention des risques d’inonda- luants, en particulier de plusieurs micropolluants clas-
tion: arrêtons d’essayer de couper les gouttes d’eau en sés en substances dangereuses, et contribuent alors au
quatre (Encadré 1). déclassement de la qualité des masses d’eau. Au-delà
des progrès des techniques dites alternatives ou d’une
Vous avez appelé ce rapport : « Gestion des eaux plu- démarche curative de traitement des eaux usées char-
viales : dix ans pour relever le défi ». Pourquoi ? gées de micropolluants (investissement qui ne se jus-
Les trois enjeux des eaux pluviales et de ruissellement tifie que dans des cas particuliers), les pouvoirs publics
se révèlent avec des fréquences différentes : les res- doivent préciser, par un travail interactif entre l’État, les
sources (enjeu quotidien); le déversement de la pollu- agences de l’eau et les collectivités concernées, un ob-
jectif à 5 et à 10 ans de réduction des flux polluants par
1
« Gestion des eaux pluviales : dix ans pour relever le défi », Yvan temps de pluie. Cet objectif peut être simplifié, quand
Aujollet, Jean-Luc Helary, Nathalie Lenouveau, Pierre-Alain
Roche et Rémi Velluet, rapport n° 010159-01 CGEDD, avril 2017.
c’est nécessaire, en un objectif de réduction des vo-
http://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/ lumes d’eau déversés. De plus, la résilience des sys-
documents/cgedd/010159-01_rapport.pdf
Le tome 1 présente les propositions et le tome 2 apporte des tèmes urbains aux flots qui les traversent brutalement
éléments de diagnostic et de méthodologie. dans les circonstances exceptionnelles est insuffisante,

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 15


Interview de personnalités

Encadré 1 rale permettant de minimiser les effets d’inondations


Se rapprocher des réalités physiques par ruissellement sur les constructions et leurs équi-
Les désignations d’eaux pluviales urbaines et d’eaux pements ;
de ruissellement utilisées communément et qui –de travailler la forme des espaces publics et des voi-
structurent les textes administratifs, ne reflètent ries pour améliorer cette résilience ;
pas la réalité physique. –d’améliorer l’alerte, ce sujet étant abordé dans divers
Les eaux dites « pluviales » sont définies dans ce
autres rapports2.
rapport comme la partie de l’écoulement qui est
Enfin, la qualité de vie attendue en ville par les popula-
«gérée» par des dispositifs dédiés (infiltration, stoc-
tions ne peut être atteinte sans une forte présence de
kage, collecte, transport, traitement éventuel) ; elles
interagissent en permanence avec les eaux souter- l’eau et de la végétation.
raines et les autres réseaux.
Les eaux dites « de ruissellement » y sont définies Vous prônez une «gestion intégrée»: de quoi s’agit-il
non pas à partir d’un processus physique d’écoule- pour les eaux pluviales ?
ment sur une surface, mais comme la partie de Une telle gestion intégrée développe, de façon coor-
l’écoulement qui n’est pas « gérée » par des dispo- donnée entre toutes les échelles d’espaces pertinentes
sitifs dédiés. (urbains, périurbains et ruraux à leur amont direct), la
Ainsi définies, les eaux de ruissellement s’écoulent
multiplicité des fonctionnalités des systèmes et équi-
pour partie en surface et empruntent en particulier
pements contribuant à la gestion de l’eau de pluie. Une
les rues. Elles transportent de nombreux macro-dé-
chets et sont parfois d’une forte turbidité, jusqu’à telle gestion contribue à valoriser l’usage et la présence
constituer des laves torrentielles. Une part chemine de l’eau en ville, à réduire les flux de pollution par temps
dans le sous-sol (zone dite non saturée, tranchées de pluie et à limiter la formation d’écoulements rapides
et conduites, voire métro). Elles se stockent et se dé- concentrés et de zones d’accumulation occasionnelle
stockent, en situation de fortes pluies, non seule- dans les situations de pluies très fortes. Elle cherche
ment dans le sol, mais aussi en surface (zones inon- à gérer les eaux au plus près du lieu où la pluie est
dées) et dans le sous-sol (parkings, caves). tombée et à minimiser les eaux excédentaires ou, à
Eaux pluviales et eaux de ruissellement sont les
défaut, leurs effets sur les vies humaines et les biens.
deux facettes d’une même et seule eau qui circule
Bien entendu cela ne couvre pas toute la politique de
sous, sur et à travers la ville.
gestion intégrée de l’eau.
Secteurs urbains et ruraux ne se distinguent pas
fondamentalement du point de vue hydrologique :
dans les deux cas, l’eau « se fraie son chemin », et Quelles sont les difficultés majeures pour y parvenir ?
remodèle l’espace dans lequel elle circule. L’État et les collectivités butent sur plusieurs obstacles.
Il n’est pas facile de concilier l’encouragement néces-
et les dommages sont importants, les épisodes orageux saire à la dynamique des projets urbains et le respect
que nous avons connus en mai-juin 2018 l’ont une fois des objectifs de maîtrise des risques et des impacts sur
de plus confirmé. Sans viser à maîtriser ces volumes le milieu pour garantir la soutenabilité et la résilience
extrêmement importants, ce rapport rappelle qu’il est de ces systèmes, d’autant que les définitions sont
indispensable : confuses et la délimitation des responsabilités est com-
–d’améliorer la connaissance collective de l’existence pliquée. Le contrôle du respect des prescriptions
de tels risques ;
2
« Inondations de mai et juin 2016 dans les bassins moyens
–de maîtriser les constructions dans les secteurs les de la Seine et de la Loire. Retour d’expérience », Bernard
plus exposés ou d’en orienter les dispositions construc- Ménoret, Frédéric Perrin, Pierre-Alain Roche et Philippe Sauzey,
rapport n° 010743-01 CGEDD-IGA, février 2017.
tives pour faciliter la mise en sécurité des habitants ; http://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/
–de développer des prescriptions de portée plus géné- documents/ cgedd/010743-01_rapport.pdf

16 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Interview de personnalités

concerne une multitude d’installations privées dont il

MURIEL AURIOL
faudrait pouvoir vérifier non seulement la conformité à
la construction, mais aussi le bon fonctionnement dans
la durée. Enfin, les mécanismes existants de finance-
ment de la part publique des actions à conduire sont
peu appropriés.

Concernant justement le contrôle des installations,


vous proposez de moderniser la police de l’eau : pour-
quoi et comment?
Il s’agit, sur la base du volontariat, au minimum de glo-
baliser les autorisations de rejets délivrées par l’État
aux collectivités (autorisation globale de rejet). Dans une
version plus ambitieuse, la délivrance des autorisations
et le contrôle des rejets dans le milieu naturel à des tiers Débordement d’égout par temps de forte pluie à Marseille

pourraient être efficacement confiés aux collectivités


(«transfert des activités d’autorisation et de contrôle»). l’action de l’État sur l’objectif d’obtenir des résultats glo-
Ces dernières contrôlent en effet déjà les rejets dans baux et de donner aux collectivités l’intégralité des le-
leurs réseaux de collecte et les installations d’assainis- viers dont elles ont besoin pour agir en ce sens.
sement non collectif (Encadré2). Il s’agit de recentrer
Vous proposez aussi de redéfinir les compétences :
pourquoi ?
Encadré 2
Transférer les activités d’autorisation Les textes actuels sont à la fois compliqués, imprécis
et de contrôle : les conditions de et incomplets. Les doctrines actuelles, bien que les lois
l’expérimentation soient peu explicites, considèrent que la gestion des
eaux pluviales va de pair avec l’assainissement des eaux
La globalisation des autorisations et le transfert des
usées. La compétence de ruissellement est, elle, sans
activités de contrôle en matière de police de l’eau se-
grand support juridique et sans service public associé.
raient conditionnés par un schéma directeur ap-
Les eaux pluviales et le ruissellement sont une même
prouvé et par des prescriptions précises et véri-
fiables concernant la maîtrise du ruissellement et chose et il faut intégrer ces compétences, mais les am-
des rejets de leur territoire et des bilans à échéances bitions doivent être graduées selon l’ampleur des phé-
de 5 et de 10 ans. Ce dispositif serait réversible, nomènes : maîtriser et gérer le plus à la source pos-
notamment en cas d’inobservation de ces conditions. sible les pluies ordinaires, puis progressivement de
Ces évolutions supposent des dispositions législa- s’adapter et de minimiser les dommages pour les évé-
tives. Une phase d’expérimentation (qui devra elle- nements majeurs.
même être autorisée par la loi) permettrait notam- Mettre en synergie ces politiques graduées suppose de
ment d’évaluer les charges financières transférées. les exercer à des échelles cohérentes. Le rapport ex-
La mission considère a priori que celles-ci seront plicite plusieurs scénarios (Encadré3).
d’un niveau extrêmement modeste et ne devraient
pas constituer un obstacle.
Et le financement, où le trouvez-vous ?
Ces simplifications sont également à articuler avec
Nous conseillons de ne pas repartir dans le concours
celles des « permis environnementaux uniques ».
Lépine des taxations que l’on a connu : aussi intelli-
gentes qu’aient pu être ces idées, elle n’ont pas pros-

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 17


Interview de personnalités

Encadré 3 La vertu du dispositif que nous proposons est de forcer


Comment intégrer les compétences structurellement à la vérité des prix et la mise en ten-
et à quel niveau les exercer ? sion de performance de l’opérateur, public ou privé, ou
L’option que privilégie le rapport consiste à : d’économie mixte, qui exécute ce service public. C’est
–établir une compétence intégrée, attribuée expli- à l’autorité organisatrice de savoir ce qu’elle veut, et de
citement aux établissements publics de coopéra- payer sa part pour cela. En abandonnant les artifices et
tion intercommunale, achevant l’intégration de en revenant au droit commun des services publics, on
l’assainissement et de la gestion des eaux plu- devrait pouvoir instaurer un nouveau type de dialogue
viales, mais y intégrant aussi le ruissellement ;
entre les parties prenantes.
–fusionner le service public de gestion des eaux
Donc : pas de solution miracle, mais de la transparence.
pluviales urbaines et celui de l’assainissement
Dans les cas où le lien avec la gestion des milieux aqua-
collectif en l’étendant au ruissellement ;
tiques et la prévention des inondations (Gemapi) serait
–doter l’ensemble d’un unique schéma directeur et,
comme c’est aujourd’hui le cas, d’un unique zo- privilégié, alors les recettes de la Gemapi devraient être
nage, et faire de ce schéma directeur le cadre na- complétées, mais vraisemblablement, dans bien des
turel d’appui pour les « autorisations globales de cas, la barre à franchir sera très haute.
rejets » ;
–La question du ruissellement en milieu rural, y À votre avis, quelles suites seront données à ce
compris dans les zones amont des bassins à domi- rapport ?
nante urbaine, pose des difficultés particulières. Ce n’est évidemment pas à nous d’en décider et il est
La diversité des situations conduit finalement à plus facile de réfléchir à des solutions que de les mettre
proposer un scénario permettant aux Établissements
en œuvre. Nous avions proposé dans un rapport précé-
publics de coopération intercommunale (EPCI) de dé-
dent3 de prendre à bras le corps la transparence du coût
léguer spécifiquement la compétence de ruissel-
des services et la gestion patrimoniale de réseaux qui
lement aux structures gérant la gestion des mi-
se dégradent : ces sujets sont au cœur des assises de
lieux aquatiques et la prévention des innondations
(Gemapi) dans des conditions qui le justifient. l’eau et je m’en réjouis. Le sujet des eaux pluviales et
du ruissellement y viendra inéluctablement, car le poids
de ses enjeux le rend incontournable.
péré. Il y a des consommateurs qui légitimement contri- L’Association scientifique et technique pour l’eau et l’en-
buent aux charges du service d’assainissement tracées vironnement (Astee) porte, avec d’autres, depuis long-
par un budget annexe : ils doivent évidemment conti- temps la parole des spécialistes de l’hydrologie urbaine
nuer à le faire pour la partie des charges qui leur in- comme elle la porte pour la gestion patrimoniale et
combent et des services qui leurs sont ainsi rendus. maintenant la Gemapi : elle a toute légitimité pour se
Mais le service public qui est en responsabilité de cette faire entendre dans ces assises.
compétence élargie telle que nous la définissons a bien
d’autres charges. Il faut d’abord identifier sérieusement
Propos recueillis par Muriel Auriol
ces charges, ce qui n’est pas fait aujourd’hui, car tout
Responsable de la rédaction TSM
est mélangé dans le budget général. Il faut sur cette
base abonder le budget annexe d’assainissement tel
que nous proposons de l’élargir, par une combinaison
de compensations de charges de service public issues 3
«Eau potable et assainissement : à quel prix ?», Marie-Louise
du budget général des collectivités pour les voiries et Simoni, François Guerber, Jean-Pierre Nicol et Pierre-Alain
Roche, rapport n°010151-01 CGEDD-IGA, février 2016.
espaces publics et par des redevances d’usage perçues http://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/
sur les constructions et leurs annexes. documents/cgedd/010151-01_rapport.pdf

18 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


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CHARGÉ D E M I S S I O N E S P È C E S E XOT I Q U E S E N VA H I S S A N T E S

«L’humain préside toutes mes démarches»


Au sein du Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire, Emmanuel Leheurteux anime
un réseau d’acteurs et de compétences divers pour mobiliser les réflexions et accompagner les
actions sur les espèces invasives.

« lles sont redoutées voire diabo-


E lisées. Mais n’oublions jamais
que les plantes invasives sont une
conséquence de l’activité humaine.»
C’est avec cette appréciation mesu-
rée et lucide qu’Emmanuel Leheur-
teux conduit depuis trois ans sa
mission d’animation et de coordina-
tion du réseau Espèces exotiques

CEN PAYS DE LA LOIRE


envahissantes au sein du Conser-
vatoire d’espaces naturels des Pays
de la Loire. Un retour à la biodiver-
sité et au vivant pour cet ingénieur
Vue de crassule de Helms sur le Marais Breton, en Vendée
en agriculture, mais aussi selon ses
mots, « à ses premiers amours » retiennent sans détour son atten- se pose les bonnes questions : Pour-
dont il s’était éloigné durant quel- tion, l’humain est son préalable. Il quoi prolifère-t-elle? Pourquoi sont-
ques années pour s’intéresser au occupe d’ailleurs «70% de son temps, elles un problème? Pourquoi faut-il
climat et aux énergies renouve- pour 30% de technique!». agir? etc.». Elles donnent du sens et
lables. Grâce à ces premières prises de favorisent une approche globale des
contact effectives, il a pu cerner milieux naturels. Ces interrogations
Une démarche collective
les besoins, le fonctionnement, les s’imposent aussi lors des groupes de
«À mon arrivée en 2015, j’ai com- contraintes et les limites des uns et travail et des comités techniques
mencé par aller à la rencontre du des autres. Il a aussi acquis une cer- thématiques composés de struc-
réseau, l’un des premiers en France titude: chacun était en demande tures locales et régionales, pilotés
sur cette thématique, composé au- d’accompagnement face à ces me- par le chargé de mission plusieurs
jourd’hui de quelque 70 structures. naces végétales. D’où la construc- fois dans l’année. Mais aussi à chaque
Parmi lesquelles des universités, tion de dispositifs sollicitant le maxi- signalement et accompagnement
des conseils départementaux, la mum de compétences. Car son in- des gestionnaires et des collectivités,
chambre d’agriculture, des associa- tention est de mutualiser, dans un comme ce jour d’août 2017.
tions naturalistes et tous ces ac- souci de discernement. Il en est
Détection précoce et
teurs parties prenantes dans la ges- convaincu, le sujet l’exige. «Ces es-
réaction rapide
tion de l’eau et la flore aquatique, pèces effraient car elles portent une
comme des parcs régionaux, des réelle atteinte aux écosystèmes. Les Alors, un bénévole du Conservatoire
syndicats de rivières ou de pêche», réactions à leur égard sont passion- botanique national de Brest, éta-
énumère-t-il. Car si les végétaux nelles. Alors je fais en sorte que l’on blissement partenaire en charge

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 21


Métiers

notamment de tenir actualisée une utilité que par goût, les sorties ter-
liste régionale des plantes inva- rain. Ailleurs, c’est une embarras-
sives, alerte Emmanuel Leheur- sante renouée qu’il tente de stop-
teux. Il a aperçu des crassules de per. Pour l’heure, elle est circons-
Helms sur son périmètre. Sans tar- crite aux rives d’un ruisseau, mais
der, l’ingénieur déclenche une véri- il veille à retarder sa propagation.
fication terrain à laquelle il convie «Mieux vaut apprendre à faire avec,
un représentant du syndicat hy- plutôt que de viser systématique-
draulique de secteur, compétent ment l’éradication ». Et d’ajouter :

Parcours
sur la gestion des rivières, égale- «C’est du cas par cas avec une éva-
Emmanuel Leheurteux
ment les services de l’État. «Quel- luation des impacts accompagnée
ques mois plus tôt, j’avais prévenu d’objectifs atteignables. Ils sont né- 2000 Il obtient le diplôme
d’Ingénieur en agriculture,
que cette plante allait se manifester cessaires, déjà parce qu’ils n’occa- à l’École supérieure
et invité le réseau à la vigilance», in- sionneront pas des coûts démesu- d’agriculture d’Angers (ESA)
avant d’intégrer le Centre
dique-t-il. À bord d’un bateau, il rés pour les élus, ensuite pour évi- permanent d’initiatives pour
s’est alors mis en chasse de l’in- ter tout découragement conduisant l’environnement (CPIE) de
Loire Anjou.
truse. Et en moins d’une journée, il immanquablement à l’abandon de
2007 Il est recruté par
a pu avec son équipage observer sa la mobilisation». l’opérateur Valorem en tant
dispersion et confirmer qu’elle était Reste à comprendre pourquoi ces que chargé d’affaires avant
d’être nommé responsable
en développement. «À la manière nuisibles se trouvent là. « Les es- d’agence.
d’une enquête de police, nous pèces exotiques envahissantes peu- 2015 Il rejoint le
Conservatoire d’espaces
l’avons pisté jusqu’à sa source, lo- vent être la cause mais aussi parmi naturels des Pays de la Loire.
calisée sur une propriété privée», les symptômes des détériorations
décrit ce dernier. Quelques semai- d’un milieu naturel. Engager un fil des ans, a inondé les sols de lu-
nes plus tard, une opération d’arra- chantier d’arrachage restera vain mière, favorisant la prolifération de
chage était menée avec la com- s’il n’est pas soutenu par une ré- cette flore exogène.
mune concernée, suivie d’une sur- flexion plus globale sur le fonction- Ceci étant dit, ce sera au territoire
veillance dans les mois suivants. nement écologique du milieu et sur d’agir, le rôle d’Emmanuel Leheur-
« Je ne la perds pas de vue, de les changements qu’il a à suppor- teux consistant, à ce stade, à orien-
crainte qu’elle atteigne les marais ter», affirme le chargé de mission. ter et préconiser: ici, une bande vé-
de l’estuaire de la Loire voisin», pré- Comme cette fois où il a conclu que gétalisée le long d’un cours d’eau; là,
cise celui qui multiplie, autant par la disparition d’arbres, arrachés au de nouveaux arbres ou une clôture…
Des actions terre à terre? En aucun
CEN PAYS DE LA LOIRE

cas, car si ses connaissances sont


empiriques, son projet lui est straté-
gique. «Ces indésirables nous inter-
rogent sur notre rapport à la nature,
sur nos responsabilités, pour en-
suite mieux réfléchir à la préserva-
tion des milieux naturels. C’est ce
qui est passionnant».

Arrachage de crassule de Helms sur le Marais de la Charrie à St-Mars-de-Coutais Céline Lacourcelle

22 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Vie de l’Astee

97 e CONGRÈS DE L’ A S T E E À MARSEILLE

Les temps forts du congrès


Le défi de cette année ? Aborder les sujets de l’Astee tout en se renouvelant, monter en
compétences pour atteindre sa cible et réseauter sans en avoir l’air. Défi relevé du 5 au 8 juin 2018
dans un cadre splendide au Palais du Pharo à Marseille, où près de 500 professionnels de l’eau et
des déchets étaient présents pour échanger, partager, faire connaitre et capitaliser leurs expériences.

GÉRALDINE IZAMBART
Séance plénière avec la « crise groenlandaise »

Un congrès pour mutualiser extrêmes en matière de résilience? détails dans les prochains numéros
les connaissances 260 participants ont assisté à cette de TSM.
séance plénière en présence de pro-
Un congrès à l’image d’Astee
Le 97e congrès de l’Astee, dans la li- fessionnels de nos domaines impli-
2020
gnée des précédents, a réuni, au- qués dans les gestions de crise.
tour d’un programme riche et de Daniel Khunt, géographe comé- Dans la lignée d’Astee 20201, plan
qualité, 125 contributions, dont 32 dien, a permis une prise de recul stratégique de l’association, la
posters. Avec un focus changement «polaire» et a apporté un éclairage commission Assainissement s’est
climatique et approches littorales, «décalé» sur la question d’adapta- délocalisée le temps d’une réunion.
les compétences et les préoccupa- tion au changement climatique. Des membres de l’Astee ont ainsi
tions des collectivités locales pu bénéficier d’un point sur l’avan-
Territoire mis à l’honneur
étaient au cœur des débats: recy- cement des projets des groupes de
clage de matières pour préserver La section territoriale Astee Pro- travail de la commission et expri-
les ressources fossiles, production vence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) a mer en direct leurs attentes.
d’énergie à partir de biomasse, dé- organisé quatre circuits de visites, Un autre axe de l’Astee 2020 a
veloppement de ressources en eau sous le signe de l’innovation tech- pu être accompli au congrès de
alternatives, baisse des consom- nique. 110 personnes ont ainsi dé- Marseille, celui de faire monter en
mations énergétiques liées au ser- couvert des ouvrages comme la ré- compétences nos membres. En
vice public de l’eau et des déchets, novation du barrage de Bimont, le effet, plus d’une cinquantaine d’ora-
adaptation au changement clima- centre de télégestion du Canal de teurs volontaires ont été accompa-
tique, etc. Provence, soit un réseau de plus de gnés par deux coaches personna-
6 000 kilomètres, le bassin de ré- lisés en prise de parole en public.
L’ouverture sous le thème
tention Ganay de 52000m3, un des Résultats, des sessions dyna-
de l’adaptation au change-
plus grands centre de traitement miques, des échanges constructifs
ment climatique
multifilière de déchets ménagers et des messages bien diffusés!
Irma, Eléanor… les prénoms dé- d’Europe ou la plus importante
1
Voir les articles Vie de l’Astee des nu-
vastateurs de l’actualité. Quels en- unité de production d’eau potable méros TSM7/8 2017 p. 19-24 et TSM5
seignements tirer des évènements du territoire. À découvrir plus en 2018 p. 27-32

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 23


Vie de l’Astee

Témoignage : der en direct les effets d’une inon-


dation : tenter d’ouvrir une porte de
«Grâce au coaching proposé lors du congrès,
garage avec 10, 20 ou 30 centi-
j’ai appris quelques astuces pour rendre mon
mètres d’eau !
discours plus impactant. Mon exposé était
beaucoup plus dynamique suite à ce coaching. Des experts et des jeunes :
Ce que j’ai particulièrement apprécié? Le pro- 8 minutes pour réseauter,
fessionnalisme et l’enthousiasme du coach.

MURIEL AURIOL
partez !
Expérience à renouveler…», Sabrina Guérin,
Chaque année, le speednetworking
Siaap2
de l’Astee connaît un succès gran-
dissant. Pour cette 8e édition, 32 Témoignages :
Un congrès à l’image des participants tout confondu se sont « Les échanges que l’on peut avoir avec les
membres de l’Astee : rencontrés, dont des étudiants participants sont toujours intéressants tant sur
convivial et dynamique d’Aix-Marseille-Université suite à les CV qui peuvent éventuellement nous inté-
Accompagnée par ses partenaires3, la signature, le jour même, d’une resser que sur les évolutions des formations
l’Astee s’est attachée à faire de ce convention de partenariat avec l’As- et des profils des candidats. J’ai, en toute mo-
congrès un lieu vivant, propice aux tee. Première convention de ce type destie, donné quelques conseils sur la pré-
échanges et à la découverte. Par lancée sur le territoire PACA, son sentation des CV et des critères/pistes de re-
exemple, chacun a pu plonger en objectif est de faire connaitre l’as- cherches de certains candidats, notamment
réalité virtuelle pour découvrir le sociation, ses activités, son pro- avec une personne qui avait un profil, de par sa
port de Marseille, contribuer à gramme Jeunes et sa revue TSM formation et de ce qu’elle souhaitait faire dans
notre démarche Zéro déchet non- aux étudiants en dernière année la vie, tout à fait adapter à certains profils que
recylé via la recycling box, et parti- d’études. nous recherchons dans la fonction publique
ciper à une expérience à la fois lu- dans le cadre de la réorganisation territo-
dique et concrète pour appréhen- Pour partager ensemble encore riale.» Didier Moers, Siarp4
plus de nouveautés, rendez-vous
2
du 4 au 7 juin 2019 à Saumur ! « Le congrès de l'Astee et plus particulièrement
Syndicat interdépartemental pour l'as-
sainissement de l'agglomération pari- le speednetworking m’ont permis de rencon-
sienne trer de nombreux professionnels expérimentés
3
Ville de Marseille, Métropole Aix-Mar- Géraldine Izambart qui ont su me conseiller sur mon projet profes-
seille-Provence, Agence de l’eau Rhône- Chargée de mission Astee
Méditerranée-Corse, Région PACA, Muriel Auriol
sionnel. J’ai pu bénéficier de retours constructifs
SUEZ, Seramm, Saint Gobain PAM, So- Responsable de la rédaction TSM à la fois sur mon CV et ma façon de me présen-
ciété du Canal de Provence, Société des
Eaux de Marseille Métropole, Accep- ter. Ce fut également pour moi l’occasion de dé-
tables Avenir, Compagnie intercommu- couvrir une multitude de parcours et de métiers
4
nale liégeoise des eaux, Dreal PACA - Syndicat intercommunal pour l'assai-
Mission interrégionale inondation Arc nissement de la région de Pontoise très intéressants et ainsi d'élargir mon réseau.»
5
Méditerranéen, Actu-Environnement.com Laboratoire eau environnement et sys- Ronan Guillossou, Leesu5
et Emploi-Environnement.com tèmes urbains

24 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


D O S S I E R

Assainissement non collectif

Installation d'un filtre ̀


a sable Regard fosse toutes eaux
Avant-Propos

Si l’assainissement non collectif (ANC) a d’abord été mis en place afin de prévenir les
risques sanitaires liés à la gestion des eaux usées domestiques, les dispositifs d’ANC
ont peu à peu évolué suite à la loi sur l’eau de 1992 pour limiter également l’impact sur
l’environnement des rejets d’eaux usées et préserver la qualité des eaux superficielles et
souterraines. De simples puits d’infiltration ayant seulement pour but d’infiltrer les eaux
usées, les dispositifs d’ANC sont ainsi devenus des stations de traitement des eaux usées
utilisant différentes techniques de traitement, des plus rustiques aux plus sophistiquées.
Aujourd’hui, le parc des installations d’ANC est estimé à plus de 5 millions en France et
environ 10 millions de Français sont concernés. L’ANC est l’alternative à l’assainissement
collectif dans les zones rurales où l’habitat est dispersé. Ces ouvrages doivent être
surveillés et entretenus régulièrement, parfois aussi souvent et avec le même
professionnalisme qu’une station d’épuration communale, afin de maintenir une
performance de traitement satisfaisante.
Les articles proposés dans TSM mettent en lumière les problématiques actuelles de l’ANC
et les pistes d’amélioration pour garantir la performance et la durabilité des installations
d’ANC.
Ces articles viennent alimenter les débats au sein du plan d’action national sur
l’assainissement non collectif (PANANC) qui réunit les différents acteurs de l’ANC afin
d’échanger et de travailler à rendre l’ANC sûr et pérenne.
La première étape pour garantir le bon fonctionnement et la durabilité d’une installation
est le choix du dispositif d’ANC par l’usager. Les dispositifs d’ANC doivent être adaptés à
la nature du sol et aux enjeux environnementaux et sanitaires du secteur. Vous trouverez
dans TSM un article faisant un retour d’expérience sur l’identification de zone à enjeu
environnemental, démarche qui a été intégrée dans le schéma d’aménagement et de
gestion de l’eau (SAGE) du bassin versant de la Lys. C’est une démarche à développer
pour une protection accrue de notre environnement et une priorisation des actions à
mener.
L’installation du dispositif chez le particulier est la deuxième étape dans le processus de
mise en place d’un ANC. Celle-ci doit se faire selon les règles de l’art afin que le dispositif
puisse traiter les eaux usées conformément à la réglementation. Vous trouverez ci-après
un article faisant un état des lieux des différents sinistres rencontrés sur le plan assurantiel
en ANC. Ceci nous rappelle l’obligation d’assurance décennale pour le constructeur
d’ouvrage ainsi que les règles de l’art à respecter dans l’installation des dispositifs.
Différentes voies de professionnalisation du secteur de l’ANC existent, le PANANC par ces
groupes de travail sur les services publics d’assainissemen non collectifs (Spanc) et les
installateurs travaillent dans ce sens, en établissant des référentiels de formation et de
certification des professionnels.
Actuellement une des principales difficultés est de suivre dans le temps les performances
des installations une fois installées chez le particulier. La vaste étude de suivi in situ des

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 27


installations d’ANC de 2011 à 2014, pilotée par l’Institut national de recherche en sciences
et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea) et présentée lors des
dernières assises de l’ANC, s’attelle à cette tâche. Cette étude doit nous interroger sur la
façon dont nous pourrions à l’avenir nous assurer de la pérennité des installations d’ANC.
Des suites réglementaires seront données à cette étude visant notamment à améliorer la
procédure d’agrément des dispositifs.
Enfin, dans un contexte d’économie circulaire et de préservation des ressources primaires,
la fin de vie de l’installation est plus que jamais un élément à prendre en compte dès la
conception du dispositif d’ANC. Les médias filtrants ont une durée de vie limitée et il est
important de s’assurer qu’ils pourront être revalorisés. Le cas spécifique des filtres
compacts et du compostage d’un type de médiat filtrant est également présenté dans ce
numéro.

Karine BRULÉ
Ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES)
Sous-directrice de la protection et de la gestion de l’eau,
des ressources minérales et des écosystèmes aquatiques

28 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Techniques Sciences Méthodes
astee-tsm.fr

Définition de zones à enjeu environnemental dans le bassin


versant de la Lys (France)
Environmental issues mapping from septic outputs at the Lys catchment (France)

n J. ARONDEL1, O. FOUCHÉ1*, E. FROT2, C. MOREAU3


1
Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) – Laboratoire géomatique et foncier – Paris
2
Syndicat mixte pour le SAGE de la Lys (Symsagel) – Établissement public territorial de bassin-Lys (EPTB-Lys) – Nœux-les-Mines
3
Conseil départemental du Pas-de-Calais – Arras

Mots-clés : R ÉSUMÉ Le schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) du bassin versant de la Lys fixe les
Schéma objectifs généraux d’utilisation, de mise en valeur, de protection quantitative et qualitative des ressources
d’aménagement en eau et des milieux aquatiques. Parmi les enjeux du SAGE figurent la pollution des milieux aquatiques et
Vulnérabilité une disposition concernant la réduction de l’impact des rejets de l’assainissement non collectif (ANC).
Risque La priorisation de l’action des pouvoirs publics en matière d’ANC passe par l’identification de zones à
Pollution septique enjeu environnemental (ZEE). L’objectif est d’identifier des zones prioritaires pour la réhabilitation des
Réhabilitation installations d’ANC non conformes en cas de risque avéré de pollution de l’environnement. Ces zones ont
Assainissement été identifiées et cartographiées après élaboration et application d’une méthodologie fondée sur la
non collectif réglementation en vigueur et sur des retours d’expérience. Elle se fonde sur l’évaluation du risque dû à
l’ANC. Pour ce faire, nous avons croisé un aléa (impact hydraulique) avec la vulnérabilité du milieu (impact
flux cible et qualité du cours d’eau). Au-delà de la vulnérabilité évaluée par la qualité chimique des cours
d’eau, la notion de zones d’intérêt écologique a été introduite. Cette problématique a été intégrée dans le
plan d’aménagement et de gestion durable via les dispositions et le règlement du SAGE, qui ont été
présentés en commission locale de l’eau le 18 octobre 2017 pour adopter le projet du SAGE.

Keywords: A BSTRACT The water development and management plan (SAGE) for the Lys catchment area sets the
Development plan general objectives for the use, development, quantitative and qualitative protection of water resources and
Vulnerability aquatic environments. The SAGE issues include the pollution of aquatic environments and a provision
Risk for reducing the impact of discharges from non-collective sanitation (ANC). The prioritisation of public
Septic pollution authorities action on ANC requires the identification of zones with environmental stakes (ZEE). The objective
Rehabilitation is to identify priority areas for the rehabilitation of non-compliant ANC installations in case of a proven risk
On site sanitation of environmental pollution. These areas have been identified and mapped following the development and
application of a methodology based on existing regulations and feedback. It is based on the risk assessment
of the ANC. To do this, we crossed a hazard (hydraulic impact) with the vulnerability of the environment
(target flow impact and stream quality). In addition to the vulnerability assessed by the chemical quality of
watercourses, the concept of zones of ecological interest was introduced. This issue was integrated into the
sustainable development and management plan via the provisions and regulations of the SAGE, which were
presented to the local water commission on October 18, 2017 to adopt the SAGE project.

Introduction gestion des eaux (SAGE). À l’inverse des zones à enjeu


sanitaire (ZES) qui sont clairement définies dans l’arrêté
Huit ans après la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 por- du 27 avril 2012 relatif aux modalités d’exécution de la
tant engagement national pour l’environnement qui a mission de contrôle des installations d’ANC [MEDDTL et
introduit la notion de « risque avéré de pollution » as- al., 2012], la définition des ZEE y est peu précise : « zones
sociée à l’assainissement non collectif (ANC), bien peu identifiées par le SDAGE ou le SAGE démontrant une
de zonages des enjeux environnementaux ont été réa- contamination des masses d’eau par l’ANC sur les têtes
lisés en France. Pour orienter les aides financières aux de bassin et les masses d’eau ». Une fois les ZEE défi-
travaux vers les secteurs où le « risque avéré de pollu- nies, une disposition devra leur être consacrée dans le
tion » est le plus grand, des zones à enjeu environne- plan d’aménagement et de gestion durable (PAGD) du
mental (ZEE) peuvent être délimitées dans le schéma di- SAGE. Les ZEE seront prises en compte par les collectivi-
recteur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) tés et en particulier les services publics d’assainissement
(orientation A-1 et disposition A-1.2 du SDAGE Artois- non collectif (Spanc) lors de la mission de suivi des instal-
Picardie 2016-2021, 16 octobre 2015 [AGENCE DE lations et dans le pilotage des travaux de réhabilita -
L’EAU, 2015]) ou dans un schéma d’aménagement et de tion, notamment par des opérations groupées financées
par l’agence de l’eau. Les collectivités devront rendre
* Auteur correspondant – Courriel : olivier.fouche-grobla@lecnam.net compatibles leurs documents d’urbanisme (schéma de

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 29


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

cohérence territoriale (SCOT), plan local d’urbanisme lement sud-nord, pour relier Dunkerque aux ports flu-
intercommunal (PLUi) et cartes communales) et leur viaux du Benelux.
zonage d’assainissement avec ces ZEE. La source de la Lys se situe dans les collines de l’Artois,
Cet article rapporte le retour d’expérience du SAGE de dans la commune de Lisbourg. Dans sa moitié sud (sur
la Lys dont la révision en 2017 a offert l’opportunité de sols crayeux en Artois), la Lys naturelle s’écoule vers le
réaliser un tel zonage, à la suite d’autres SAGE dépen- nord sur 44 km de sa source à Aire-sur-la-Lys et présente
dant du comité de bassin Artois-Picardie. L’objectif est un réseau lâche et des affluents encaissés. La nature
de réaliser une cartographie des ZEE. La méthodologie géologique et pédologique de la moitié nord (sous-sol
a été élaborée sur la partie la plus vulnérable du terri- argileux) du bassin versant est à l’origine d’un réseau
toire du SAGE, celle qui compte l’essentiel des captages dense de cours d’eau naturels, ainsi que de canaux et
pour l’eau potable, située dans le département du fossés dans les plaines (Scarpe, Lys, Flandre antérieure) :
Pas-de-Calais. L’enjeu environnemental est défini par la en aval d’Aire-sur-la-Lys, la Lys est canalisée à gabarit
qualité des cours d’eau. Les données publiques dispo- variable. Après 85 km dans le territoire français, la Lys
nibles sur l’assainissement et les débits des cours d’eau matérialise la frontière avec la Belgique sur 25 km pour
sont présentées. Suit la description d’une campagne de parcourir ensuite 88 km dans ce pays et se jeter dans
prélèvements, mesures et analyses sur les cours d’eau l’Escaut à Gand.
à l’étiage. La détermination des ZEE est fondée sur la Bien que les zones urbaines occupent 15 % de la sur-
définition : d’indicateurs d’impact de l’ANC, de zones face, le bassin versant de la Lys est largement agricole.
de pression d’après l’impact hydraulique évalué à La culture majoritaire est le blé tendre pour 42 % de la
la source, et de zones de vulnérabilité à la pollution surface agricole utile (SAU), et le reste est consacré à
azotée d’après l’impact en matière de flux évalué sur la des cultures de légumes-fleurs, de maïs grain et ensi-
cible (tronçons de cours d’eau). Deux scénarios de lage, ainsi qu’à des prairies permanentes.
zonage sont présentés sous forme de cartes. Après
avoir envisagé des indicateurs employés dans des 1.2. Contexte hydrogéologique
études antérieures, la discussion porte sur la méthodo- La superposition des sous-bassins versants des eaux su-
logie de cette étude de zonage, ainsi que sur les critères perficielles et des eaux souterraines témoigne d’une
de vulnérabilité du territoire. communication étroite entre les cours d’eau de l’Artois
et la nappe de la craie. Ainsi, la nappe participe à 80 %
au débit de l’Authie et de la Canche, à 70 % à celui de
1. Contexte du bassin versant de la Lys la Lys et de l’Aa. En période de basses eaux de la Lys,
Le principal trait de cette région naturelle est l’absence son débit est soutenu par le drainage de la nappe de la
de grand fleuve et de relief important. Les rivières et craie. Lors des saisons pluvieuses, la tendance s’inverse
petits fleuves côtiers se caractérisent par une faible et les hautes eaux de la rivière alimentent localement
pente et des débits modestes. Ces facteurs engendrent cette nappe.
une forte sensibilité des cours d’eau aux pollutions dues Le territoire est alimenté en eau brute pour environ la
à la densité de population et aux activités. moitié de l’alimentation en eau potable (AEP) par trois
masses d’eau souterraine (MESO) : une part est tirée de
la nappe profonde du calcaire carbonifère (MESO
1.1. Contexte géomorphologique et réseau
FRAG015) et la majeure partie des ressources provient
hydrographique de la nappe de la craie, cachée par les limons mais
Le réseau hydrographique des départements Nord et affleurant dans le lit des cours d’eau (craie de la vallée
Pas-de-Calais relie voies d’eau naturelles, parties de de la Deûle FRAG003 ; craie de l’Artois et de la vallée
rivières canalisées et voies artificielles de tous gabarits. de la Lys FRAG004). Localisée dans la partie sud du
Des versants sud et ouest des collines de l’Artois, les bassin versant, sa surface de réalimentation est de
rivières (Canche, Authie, Somme) s’écoulent vers l’ouest, 763 km2, avec un impluvium beaucoup plus vaste en
le Boulonnais et la Manche; des versants est et nord, les dehors du bassin de la Lys. La recharge effective de la
rivières (Aa, Lys, Scarpe, Escaut, Sambre) s’écoulent vers nappe de la craie représente en moyenne 7% des pluies
le nord, les Pays-Bas, la Belgique et la mer du Nord. Une annuelles et une étude menée par l’Établissement
vaste infrastructure fluviale a été créée (d’ouest en est : public territorial du bassin-Lys (EPTB-Lys) fait état d’une
canal de Neufossé, canal d’Aire, canaux de la Deûle et recharge moyenne annuelle de 47 millions de m3/an
de la Sensée), perpendiculaire au sens naturel d’écou- sur l’ensemble de l’impluvium [SOGREAH, 1998]. C’est

30 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Définition de zones à enjeu environnemental dans le bassin versant de la Lys (France)

pourquoi son état quantitatif est satisfaisant. Au contraire, La coordination multilatérale pour l’exécution de la di-
la nappe du calcaire carbonifère présente un état quan- rective cadre sur l’eau (DCE) [CEE, 2000] dans le district
titatif sous surveillance. Quant à la qualité des nappes, hydrographique international (DHI) de l’Escaut est régie
elle dépend de l’occupation des sols et de la géologie. par le Traité de l’Escaut, conclu entre les gouvernements
La nappe de la craie, libre pour sa majeure partie, est de trois pays : France, Pays-Bas et Belgique (gouverne-
peu protégée de l’infiltration, donc très vulnérable à la ment fédéral), et les assemblées des trois régions consti-
pollution par les intrants agricoles. tuant la Belgique : Wallonie, Flandre et région Bruxelles-
Capitale. Le DHI de l’Escaut comprend 79 masses d’eau
1.3. Contexte réglementaire national et inter- de surface (MESU) réparties dans cinq sous-bassins dont
national du SAGE de la Lys le bassin Escaut-Lys. Ce cadre international est impor-
tant, car c’est un facteur incitant à se fixer un objectif
Le territoire du SAGE de la Lys est situé dans la nouvelle
ambitieux tel que les ZEE, encore très rares ailleurs en
région Hauts-de-France (réforme territoriale du 22 avril
France.
2015). Il couvre une surface de 1 834 km2 (32 % dans le
département du Nord et 68 % dans le département
du Pas-de-Calais) et regroupe 222 communes dont 2. Enjeux, données, matériels et méthodes
172 sont dans le Pas-de-Calais. Le principal enjeu environnemental sur le bassin versant
Le Syndicat mixte pour le SAGE de la Lys (Symsagel) est de la Lys est la qualité des eaux brutes souterraines
l’outil opérationnel du SAGE. Il a été créé par arrêté ou superficielles exploitées pour l’AEP. Un autre enjeu
préfectoral du 22 décembre 2000. Par arrêté préfectoral important est la biodiversité et le tourisme vert associé,
du 28 décembre 2009, le Symsagel a été reconnu en enjeu représenté par les zones d’intérêt écologique
qualité d’Établissement public territorial de bassin, (ZIE) et les sites classés (paysages), qui n’est pas lié à la
devenant ainsi l’EPTB-Lys. Ce label lui confère notam- définition des ZEE et sur lequel on donnera juste une
ment la légitimité pour organiser en son nom propre et perspective.
à l’échelle du bassin hydrographique de la Lys : la
prévention des inondations, la gestion équilibrée des 2.1. Enjeux sur le bassin versant de la Lys
ressources en eau, ainsi que la préservation et la Le bassin versant de la Lys possède la particularité de
gestion des zones humides. Sa révision a commencé en présenter des prélèvements pour la production d’eau
2017 [SYMSAGEL, 2017] et est actuellement à l’examen potable réalisés à parts presque égales dans les eaux
par l’autorité environnementale. Le périmètre d’action souterraines (54%) et dans les eaux de surface (46%). La
de l’EPTB-Lys est celui du SAGE de la Lys tel qu’il a été prise d’eau de l’usine de potabilisation de Moulin-le-
fixé par arrêté préfectoral du 29 mai 1995. Eu égard au Comte dans la Lys constitue le seul prélèvement en eau
caractère frontalier de la Lys et de son bassin versant, de surface destiné à l’AEP.
l’EPTB-Lys accomplit ses missions dans un cadre inter-
national (figure 1). 2.1.1. Masses d’eau souterraine (MESO)
Le premier objectif du SDAGE (2016-2021) pour les MESO
est le maintien du bon état chimique pour les sables du
landénien (FRAG014) dont l’emprise correspond à peu
près à la moitié nord du bassin de la Lys, et pour l’aqui-
fère du calcaire carbonifère (FRAG015) à l’est. De plus,
l’objectif d’atteinte du bon état chimique a été fixé pour
les deux MESO de l’aquifère de la craie (FRAG003 et
FRAG004) qui correspondent à la moitié sud du bassin,
actuellement classées en mauvais état (depuis 2011)
selon les critères de la DCE ; sur la période 2006-2011
en effet, nitrate (tendance en hausse) et sélénium
étaient les éléments responsables du déclassement de
FRAG003 ; aminotriazole et déséthylatrazine étaient les
composés responsables du déclassement de FRAG004;
de plus, le glyphosate et son sous-produit l’acide amino-
méthylphosphonique (AMPA) étaient présents en excès
Figure 1. District hydrographique international de l’Escaut et structures de
gestion des eaux liées au bassin Escaut-Lys dans ces deux MESO. C’est pourquoi, pour l’aquifère de

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 31


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

la craie, l’objectif de bon état a bénéficié d’un report de responsables du déclassement chimique des cours d’eau
délai à 2027. Les actions portant sur la qualité des de ce bassin sont les hydrocarbures aromatiques polycy-
MESO sous le territoire du SAGE de la Lys sont : la réduc- cliques (HAP). Mais l’item de qualité « concentration en
tion des pollutions diffuses en phytosanitaires et nitrates; nutriments » est composé des paramètres phosphore
la protection des aires d’alimentation des captages prio- total, nitrate et ammonium, retrouvés en forte concentra-
ritaires pour l’eau potable qui vise à préserver la qualité tion dans toutes les MESU, les classant dans l’état chi-
de l’eau prélevée afin de limiter les fermetures de cap- mique moyen à mauvais (tableau I de l’annexe).
tages et la multiplication des traitements curatifs ; des
L’état écologique d’une MESU résulte de l’appréciation
dispositions visent à préserver la qualité des zones à
de la structure et du fonctionnement des écosystèmes
enjeu eau potable et reconquérir la qualité des captages
dégradés (figure 2 ). aquatiques. Il est déterminé à l’aide d’arguments de
qualité biologiques, hydromorphologiques et physico-
2.1.2. Masses d’eau superficielle (MESU) chimiques. La Lys rivière maintient un bon état écolo-
L’arrêté du 27 juillet 2015 a modifié l’arrêté ministériel gique alors que la Lawe amont reste en état médiocre.
du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d’éva- Les cours d’eau en plaine ont été intensément aména-
luation de l’état écologique, de l’état chimique et du gés. Ainsi, sur les huit MESU du bassin versant de la Lys,
potentiel écologique des eaux de surface pris en appli- on compte six masses d’eau fortement modifiées
cation des articles R.212-10, R.212-11 et R.212-18 du (MEFM) et une MESU artificielle (tableau I ). Pour les
Code de l’environnement. MEFM et MESU artificielles, l’objectif de bon potentiel
Le bon état chimique d’une masse d’eau de surface est écologique se substitue (avec un système de quatre
déterminé par l’atteinte des normes de qualité environ- classes au lieu de cinq) à celui de bon état écologique.
nementale (NQE) : les teneurs en contaminants doivent Sur le bassin versant de la Lys, des stations de mesures
rester sous des valeurs seuils de pollution. Des huit MESU permettent d’évaluer les indices suivants qui caractérisent
du bassin versant de la Lys, seule la Lys canalisée (FRAR31) le potentiel écologique d’un cours d’eau : l’indice bio-
présente un bon état chimique. Les principales substances logique global normalisé (IBGN avec cinq stations) ;

Figure 2. Zones à enjeu eau potable sur le bassin de la Lys

32 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Définition de zones à enjeu environnemental dans le bassin versant de la Lys (France)

l’indice biologique diatomées (IBD avec 24 stations) ; lement préconisé dans les secteurs en habitat dispersé.
l’indice poisson rivière (IPR avec six stations). Le taux de conformité des installations d’ANC, estimé
L’IBGN attribue une note de 0 à 20 après l’étude du en 2010, était de 21,1 % sur la région Nord et Pas-de-
peuplement d’invertébrés aquatiques. La valeur de cet Calais, et 19,4 % pour le seul département du Pas-de-
indice dépend à la fois de la qualité du milieu physique Calais. Le zonage d’assainissement, prévu par la loi sur
(structure du fond, état des berges) et de la qualité de l’eau de janvier 1992 et obligatoire depuis 2005, est
l’eau. Les cinq stations de mesures présentent un IBGN imposé par l’article L. 2224-10 du Code général des
moyen (x2), bon (x2) à très bon (x1). collectivités territoriales (CGCT). Le bassin versant de la
Lys compte 222 communes dont 95 % ont finalisé leur
Pour l’IBD, une évolution positive a été observée sur cer-
zonage d’assainissement : cinq sont en assainissement
taines stations, selon la période. La distribution des sta-
collectif (AC) intégral ; 25 communes sont en ANC inté-
tions selon la classe d’état sur la période 2012-2013 était :
gral ; 181 communes utilisent les deux modes, AC et
bon (33%), moyen (50%), médiocre (13%), mauvais (4%).
ANC, par zones ; et 11 ne l’ont pas défini.
L’IPR, qui compare avec un peuplement de référence
Une fois identifiées les communes contenant des zones
(c’est-à-dire peu perturbé), présente une amélioration sur
en ANC, la méthode la plus précise pour connaître le
la période 2007-2013 : la Lys canalisée à Erquinghem (mé-
nombre de logements en ANC serait de se référer à
diocre à bon) ; le Guarbecque (mauvais à médiocre) ; la
l’inventaire fait par les Spanc, qui devaient avoir fait un
Lawe amont (bon à très bon); la Lys rivière (bon à très bon).
diagnostic de l’ensemble du parc d’ANC avant le 31 dé-
Malgré certains progrès, le territoire de la Lys présente cembre 2012, selon l’article L. 2224-8 du CGCT. Pour
encore des milieux aquatiques superficiels perturbés. obtenir ces informations sur le bassin versant de la Lys,
les Spanc ont été contactés. Plusieurs informations
2.2. Données publiques sur l’assainissement
essentielles ont été demandées : la carte du zonage
et les débits des cours d’eau d’assainissement des communes, l’adresse de chaque
2.2.1. Zonage d’assainissement et assainissement installation d’ANC et son état de conformité. Les Spanc
non collectif n’ayant pas tous le même niveau de connaissance de
L’ANC concerne les habitations non raccordables à un leur parc ni les mêmes outils de gestion de leur base de
réseau public de collecte des eaux usées. Il est généra- données, il a fallu se contenter du plus petit commun

Masse Masse d’eau Objectif Objectif


Code Code
Nom d’eau fortement pour l’état pour l’état
National européen
artificielle ? modifiée ? écologique chimique
AR08 FRAR08 Canal d’Aire Oui Oui Bon potentiel Bon état en 2027
à la Bassée en 2027
AR09 FRAR09 Canal Non Oui Objectif moins Bon état en 2027
d’Hazebrouck strict en 2027
AR14 FRAR14 Clarence amont Non Oui Bon potentiel Bon état en 2027
en 2027
AR22 FRAR22 Grande Becque Non Oui Objectif moins Bon état en 2027
strict en 2027
AR29 FRAR29 Lawe amont Non Non Bon état en 2027 Bon état en 2027
AR31 FRAR31 Lys canalisée Non Oui Objectif moins Bon état en 2027
de l’écluse n° 4 strict en 2027
Merville aval au
confluent avec le
canal de la Deûle
AR33 FRAR33 Lys canalisée du Non Oui Objectif moins Bon état en 2027
nœud d’Aire à strict en 2027
l’écluse n° 4
Merville aval
AR36 FRAR36 Lys rivière Non Non Bon état en 2027 Bon état en 2027
Tableau I. Objectifs écologique et chimique des masses d’eau de type cours d’eau pour le cycle 2 de la directive cadre sur l’eau DCE
(2016-2027) (données : agence de l’eau Artois-Picardie)

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 33


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

dénominateur. Le nombre d’installations en ANC par tion de la taille des installations et du milieu de rejet. En
commune (figure 3 ) a donc été obtenu par la base de juin 2016, la France a rapporté à la Commission euro-
données de l’agence de l’eau Artois-Picardie. La métho- péenne, conformément à l’article 17 de la directive du
dologie de détermination des ZEE ne sera donc pas 21 mai 1991 relative au traitement des eaux résiduaires
appliquée via la géolocalisation des installations en ANC [CEE, 1991], une liste d’agglomérations de 2 000 EH et
ni en les sélectionnant selon les critères de conformité. plus dont les systèmes d’assainissement sont non
conformes ou à saturation ou tenus de respecter
2.2.2. Les stations d’épuration sur le bassin de la Lys l’échéance 2017 pour la réhabilitation des STEP, car
En 2016, le territoire du SAGE de la Lys comptait 60 sta- situés en zones sensibles à l’eutrophisation.
tions d’épuration (STEP) qui gèrent le traitement des
Sur le périmètre du SAGE, 20 % des STEP présentent une
eaux usées, dont 27 STEP dans le Nord et 33 STEP dans
non-conformité portant sur l’équipement, la perfor-
le Pas-de-Calais. La capacité totale de traitement de ces
mance station, et/ou le réseau d’assainissement. La non-
STEP représente près de 582 820 équivalent-habitant
conformité de performance peut être liée à des rejets
(EH). Dans le bassin Artois-Picardie, l’arrêté du 12 jan-
vier 2006 a classé la totalité du bassin en zone sensible par temps sec ou par temps de pluie. L’EPTB-Lys ne
à l’eutrophisation par les eaux résiduaires urbaines. De dispose pas d’un recensement exhaustif des foyers
plus, la délimitation arrêtée le 23 novembre 2007 classe raccordés à un réseau d’assainissement collectif. Un
l’ensemble du bassin (sauf la Somme aval) en « zone diagnostic des branchements et une évaluation du taux
vulnérable » aux nitrates émis par des activités agricoles. de raccordement permettraient d’apprécier la pression
À la suite d’une étude ultérieure en 2013, seul le Bou- de l’assainissement non raccordé sur le milieu et d’éva-
lonnais en a été exclu. luer les volumes de fuites par réseau ou par STEP.
Les réglementations européenne et nationale imposent En 2016, 42 stations traitaient l’azote (15 de plus qu’en
des échéances de mise en conformité des STEP en fonc- 2003) et 14 traitaient l’azote et le phosphore (quatre de

STEP : station d’épuration.


Figure 3. Densité d’installations d’assainissement non collectif (ANC) par commune sur le bassin de la Lys

34 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Définition de zones à enjeu environnemental dans le bassin versant de la Lys (France)

plus qu’en 2003). Neuf stations ont été mises en service


depuis 2010. La mise en place de nouvelles STEP permet
la diminution progressive de la charge polluante dans
les cours d’eau. Les flux massiques dans les rejets à la
sortie des STEP ont augmenté jusqu’en 2012 puis ont
connu un palier ou même ont diminué. À l’échelle du
SAGE, le rendement épuratoire moyen des stations est
bon (tableau II ) avec des ratios d’élimination supérieurs
à 94 % pour les principaux paramètres (demande bio-
chimique en oxygène à 5 jours (DBO5), demande chi-
mique en oxygène (DCO) et matières en suspension
(MES)).

2.2.3. Données publiques sur le débit mensuel


d’étiage quinquennal
Les mesures de débit réalisées par le réseau de la prévi- Figure 4. Stations de mesure de la direction régionale de l’environnement de
sion des crues et de l’hydrométrie (PC&H) au sein des l’aménagement et du logement (Dreal) donnant le débit mensuel d’étiage
quinquennal (QMNA5)
directions régionales de l’environnement de l’aména-
gement et du logement (Dreal) alimentent la banque
d’une série de débits mensuels d’étiage permet de cal-
nationale Hydro des données hydrométriques. Cette
culer un débit mensuel d’étiage fréquentiel. Notam-
banque est utilisée pour le suivi des débits de rivières,
la prévision des crues, les calculs de débits statistiques, ment, le débit mensuel d’étiage quinquennal (noté
le contrôle des débits réglementaires et de multiples QMNA5, donné en m3/s) est une valeur du débit men-
autres usages. La banque Hydro stocke les mesures de suel d’étiage qui se produit en moyenne une fois tous
hauteurs d’eau et permet de calculer les débits instanta- les 5 ans : quatre années sur cinq, les débits mensuels
nés, journaliers et mensuels. Les données des 83 sta- d’étiage sont plus forts que le QMNA5 ; ou encore,
tions de la Dreal présentes sur le bassin de la Lys ont été chaque année, on a quatre chances sur cinq que l’étiage
utilisées pour vérifier que l’étiage était atteint lors de soit moins sévère que cette valeur de débit. Le QMNA5
nos mesures de débit et pour les valider (figure 4). constitue le débit mensuel d’étiage de référence pour
Le QMNA, débit (Q) mensuel (M) non dépassé (N) d’une l’application de la police de l’eau : débit d’étiage typique
année civile (A), est la moyenne des 30 débits journaliers d’une année sèche, il est utilisé dans le traitement des
du mois d’étiage d’une année civile donnée. On l’ap- dossiers de rejet et de prélèvement d’eau en fonction
pelle couramment le débit mensuel d’étiage. Pour plu- de la vulnérabilité du milieu concerné. Le QMNA5 sert
sieurs années d’observation, le traitement statistique aussi à l’élaboration des objectifs de qualité de rivière.

Rendement minimum (%)


selon l’arrêté du 21 juillet 2015
Paramètre Flux brut 1 Flux net 2 Rendement
de pollution (kg/j) (kg/j) (%) Charge brute reçue Charge brute reçue
par la station par la station
< 120 kgDBO5/j ≥ 120 kgDBO5/j
MES 22 701 662 97 50 90
DBO5 15 682 419 97 60 80
DCO 44 428 2 800 94 60 75
Azote Kjeldahl 3 4 649 481 90 – –
Phosphore total 4 532 82 84 80 80

MES : matières en suspension ; DBO5 : demande biochimique en oxygène à 5 jours ; DCO : demande chimique en oxygène.
1) Le flux brut est la charge polluante en entrée de STEP ; 2) Le flux net est la charge polluante en sortie de STEP après traitement ; 3) Le rendement minimum
est fixé à 70 % défini pour l’azote global, et basé sur des charges en DBO5 > 600 kg/j ; 4) Le rendement minimum pour le phosphore total est basé sur des
charges en DBO5 > 600 kg/j.
Tableau II. Flux de pollution et rendement épuratoire des stations d’épuration (STEP) sur le bassin versant de la Lys

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 35


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

2.3. Matériels de terrain, prélèvements,


mesures et analyses
2.3.1. Localisation des points de prélèvements et de
mesures
Le bassin de la Lys compte 12 sous-bassins versants
principaux. L’étude a porté sur cinq d’entre eux dont on
donne ici la longueur et la superficie du bassin : la Lys
rivière (36,0 km ; 312 km2) ; la Laquette (23,4 km ;
111 km2) ; la Clarence (32,8 km ; 105 km2) ; la Lawe
(41,1 km; 176 km2); la Loisne (28,0 km; 45 km2). Le Nœud
d’Aire est associé aux bassins de la Lys rivière et de la
Laquette, les points de prélèvements des exutoires se
situant à Aire-sur-la-Lys.
De plus, deux affluents ont été inclus dans l’étude : la
Nave (21,9 km ; 101 km2, affluent de la Clarence) et le STEP : station d’épuration.
Figure 5. Points de prélèvement de la campagne de terrain en 2017
Surgeon (14,4 km ; 37 km2, affluent de la Lys). Le sous-
bassin du Guarbecque n’est pas inclus dans l’étude du
est ponctuel dans le temps, car on suppose que la
fait de son réseau hydrographique très perturbé par le
variabilité chimique de la nappe est faible sur un jour ;
drainage. L’étude exclut cinq autres sous-bassins dont
– un prélèvement en sortie de STEP donne une idée de
celui de la plaine de la Lys. La détermination des ZEE a
l’impact du rejet de STEP sur le cours d’eau ; il est ponc-
donc été effectuée sur sept cours d’eau.
tuel en considérant que la variabilité chimique du rejet
La campagne de prélèvement et de jaugeage s’est est faible sur un jour.
focalisée sur les sources et confluents. Deux critères ont
Les échantillons ont été acheminés au laboratoire
été respectés :
départemental d’Arras (62). Des analyses relatives aux
– l’accessibilité : faciliter le port du matériel de terrain
phytosanitaires herbicides (glyphosate, AMPA, atrazine,
et le sécuriser contre le vandalisme ;
déséthylatrazine) pour les points de source et de
– les caractéristiques du cours d’eau : débit suffisant et
confluence ont été faites par le laboratoire Carso (69).
section permettant le prélèvement et le jaugeage. Ce
Les paramètres analysés en sortie de STEP ont été
travail a été réalisé sur 4 jours de terrain (dernière
restreints – les herbicides n’étant pas éliminés par le
semaine de mai 2017) avec l’appui d’un technicien de
traitement en STEP, ils n’ont pas été dosés – à l’apport
l’EPTB-Lys.
des formes de l’azote et du phosphore au cours d’eau.
2.3.2. Types de prélèvements et paramètres analysés La température et la concentration en gaz dioxygène
Les prélèvements et mesures ont eu lieu en période ont été mesurées avec un appareil de terrain portatif
d’étiage, à l’issue d’une dizaine de jours de temps sec. multiparamètre numérique.
L’hypothèse de terrain est que les paramètres analysés Cela constitue une première source de données per-
pour l’azote – azote Kjeldahl (NTK), ammonium (NH4+), mettant d’approcher la pollution par l’ANC. D’autres
nitrite (NO2– ), nitrate (NO3– ), azote global (NGL) – et le paramètres auraient pu être étudiés (Escherichia coli,
phosphore total (Ptot) étaient essentiellement dus aux coliformes totaux, DCO, DBO5…), mais un compromis
rejets de l’assainissement (ANC et STEP) et non au lessi- technico-économique a été fait pour concevoir cette
vage des intrants agricoles dans les sols. Nous n’avons campagne de prélèvement.
pas pris en compte le « risque avéré » de contamination
du sous-sol par les fuites de réseaux d’assainissement 2.3.3. Mesures de débit in situ
par manque d’information. Trois types de prélèvements Les mesures de débit in situ ont été réalisées en période
ont été réalisés (figure 5 ) : d’étiage. Ces mesures ont été confrontées aux données
– un prélèvement au niveau d’un confluent est un flux des stations de suivi de la Dreal pour le QMNA5.
de polluant cumulé sur une journée, obtenu par un bilan Le débit a été déterminé à l’aide d’un courantomètre
sur 24 h en bidon unique avec un préleveur portatif as- électromagnétique, appareil de mesure permettant de
servi au temps et alimenté sur batterie ; déterminer la vitesse en un point de la section d’écoule-
– un prélèvement au niveau d’une source donne une ment. Il est employé pour mesurer la vitesse de l’eau
analyse initiale de la pollution apportée par la nappe ; il point par point à travers la section, à l’aide d’une perche

36 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Définition de zones à enjeu environnemental dans le bassin versant de la Lys (France)

graduée. Ici, 284 mesures ont été effectuées sur 39 sec- non-conformité d’une installation d’ANC. Ne voulant pas
tions transversales de cours d’eau, soit environ sept utiliser ce type des données des Spanc, nous parlerons
points de mesure par section. dans notre méthodologie de zones de pression associées
à l’ANC en général, c’est-à-dire au rejet superficiel ou sou-
2.3.4. Détermination des sous-bassins versants terrain des eaux usées traitées par le parc complet des ins-
La détermination de 36 sous-bassins versants associés tallations. Les installations reconnues conformes et/ou
aux points de prélèvement permettra d’attribuer à des fonctionnant correctement participent à la source diffuse
tronçons, des surfaces contributives et enfin à des de pollution, notamment s’agissant des nitrates. Ces
zones, les données acquises à des nœuds (débit, zones seront croisées avec des zones de vulnérabilité.
concentration et flux pour chaque paramètre physico- Un prérequis est de préciser comment s’exprime l’im-
chimique) et de les comparer pour argumenter la classi- pact de l’ANC à l’échelle d’un sous-bassin sur le tron-
fication en ZEE. L’EPTB-Lys possède un Lidar (Light de- çon de cours d’eau correspondant. Son expression sai-
tection and ranging) aéroporté dont la précision topo- sonnière à l’étiage est a priori plus significative, car par
graphique est de 0,5 m. Le Lidar fournit des nuages de temps de pluie, l’impact de l’ANC pourrait se trouver
points géoréférencés permettant d’établir un modèle masqué par la dilution et par la pollution due au lessi-
numérique de terrain (MNT). À notre échelle d’étude, vage des sols agricoles. On définit d’abord l’« impact
la résolution suffisante étant de 20 m, chaque pixel re- hydraulique source » comme le débit journalier total issu
présente une surface de 400 m2. Le traitement du MNT des rejets d’ANC (la source de contamination), dilué (di-
pour la détermination des sous-bassins versants visé) par le débit mensuel d’étiage du cours d’eau ré-
(figure 6 ) a été réalisé selon un protocole normalisé avec cepteur. Ce premier ratio est un taux sans unité. On dé-
le logiciel Arcgis (version 10.2). finit ensuite l’« impact concentration source » comme
le flux massique (g/jour) total d’un élément chimique
2.4. Méthodologie de détermination des ZEE issu des rejets (la source), dilué (divisé) par le débit men-
Pour définir un impact environnemental, selon une ap- suel d’étiage du cours d’eau récepteur. Ce deuxième
proche classique en évaluation des risques, il faut croiser ratio a l’unité d’une concentration. Pour ces deux ratios,
une sollicitation ou pression – un aléa caractérisé par on fait comme si la totalité des rejets (la source) pouvait
son intensité – avec la vulnérabilité du milieu choisi, ca- influencer directement le cours d’eau (la cible). Ils sont
ractérisée par des indicateurs et des classes de qualité. parfois appelés « taux de dilution » (sans ou avec para-
Ce croisement sera fait par des ratios ou par les inter- mètre chimique), expression inappropriée car l’indica-
valles d’une échelle. teur exprime… l’inverse de la dilution. Le second ratio
a été calculé et analysé, mais n’a pas été utilisé finale-
2.4.1. Indicateurs d’impact environnemental de l’ANC ment pour sélectionner les ZEE sur le bassin de la Lys.
La réglementation en vigueur définit un risque avéré On définit ensuite l’« impact flux cible » comme le diffé-
comme la résultante d’un dysfonctionnement ou d’une rentiel de flux massique (g/jour) d’un élément chimique
entre l’aval et l’amont d’un tronçon de cours d’eau. Ce
troisième indicateur ne connaît pas la source et il a l’unité
d’un flux massique. Son effet doit être examiné dans une
échelle des flux pour affecter une classe de qualité au
cours d’eau. Sur un tronçon utilisé comme exutoire par
une STEP, le flux apporté par les rejets de l’assainissement
collectif est à soustraire de l’impact flux cible afin d’isoler
l’impact flux des pollutions diffuses (ANC et agriculture
ensemble). À partir de l’impact ainsi calculé, on peut in-
duire un nombre efficace de rejets d’ANC à condition
que la contribution de l’agriculture soit faible. Les valeurs
de l’AMPA et du glyphosate sont utilisées pour valider ou
nuancer l’origine de l’apport en nitrate sur le tronçon.

2.4.2. Zones de pression  : impact hydraulique


source sur un sous-bassin
Figure 6. Exutoires et sous-bassins versants associés – calcul effectué à
Le nombre d’ANC par sous-bassin est une donnée de
partir du modèle numérique de terrain (MNT) base pour évaluer l’impact hydraulique source et l’im-

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 37


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

pact concentration source. Pour éviter d’être intrusif 2.4.3. Zones de vulnérabilité des cours d’eau à la
dans l’utilisation de données de nature privée, la géo- pollution azotée : impact flux cible
localisation des installations d’ANC n’a pas été utilisée. L’azote total noté NGL est la somme de l’azote Kjeldahl
Dans un premier temps, pour chaque sous-bassin ver- qui quantifie la fraction réduite de l’azote (somme de
sant, nous avons pris en compte le nombre total d’ANC l’azote organique tel que les protéines, et de l’azote mi-
des communes intersectées par le sous-bassin. Le néralisé, ammoniacal) et de l’azote oxydé (nitrite NO2
nombre d’ANC est surestimé dans ce premier calcul qui et nitrate NO3). Ce paramètre donne un indicateur glo-
est donc du côté de la sécurité. Puis, le nombre d’ANC bal de la pollution azotée. La surface contributive d’un
a été affiné : le nombre d’installations d’ANC, connu par tronçon de cours d’eau est la surface obtenue en sous-
commune, a été distribué aux sous-bassins versants trayant le bassin versant au point amont du bassin
couvrant une partie du territoire de la commune au pro- versant au point aval. La détermination des zones de
rata de la superficie d’intersection déterminée par un vulnérabilité à la pollution a été faite en deux étapes.
géotraitement avec le logiciel ArcGis. En première étape, afin d’exprimer l’apport polluant de
la surface contributive, la différence entre les flux amont
L’indice d’impact hydraulique source des rejets de
et aval (en kg/jour de NGL) est rapportée à la différence
l’ANC est calculé pour chaque sous-bassin versant. Au
des débits amont et aval (en m3/jour). Ce ratio est la
numérateur de ce ratio, on a : 315 L/jour/logement, va- concentration en NGL dans l’eau qui s’écoule sur la sur-
leur de référence dans le calcul des débits de rejets issus face contributive à ce tronçon. Puis, cette teneur est
de l’ANC (débit moyen d’un EH : 105 L/jour/EH, un ANC classée dans le Système d’évaluation de la qualité de
équivaut à 3 EH qui est le nombre moyen de personnes l’eau (SEQ-Eau) (tableau II de l’annexe); cette opération
par foyer selon l’Insee1). Cette valeur de référence est est directe, car ce système de classification est construit
multipliée par le nombre de dispositifs d’ANC sur le sur des intervalles de teneur. Ce faisant, on est conscient
sous-bassin. Au dénominateur : le débit du cours d’eau de détourner le SEQ de son usage normal qui est de
est le QMNA5 à l’exutoire du sous-bassin ; quand le classer la teneur ponctuelle en un nœud du cours d’eau
QMNA5 n’est pas disponible, on prend par défaut le et non la teneur dans l’eau ruisselant de la surface
débit mesuré lors de la campagne de terrain. contributive à un tronçon. Ces deux concentrations ne
sont pas additives.
Cet indicateur noté I a été proposé par l’agence de
En seconde étape, le flux en NO3 a été calculé à chaque
l’eau Artois-Picardie en s’inspirant de l’évaluation de
nœud et classé dans le SEQ-Eau transformé en flux ; le
l’impact des STEP. Il est largement surestimé puisque,
SEQ-Eau-flux est propre à chaque nœud puisqu’il s’ob-
en réalité, une part importante de la sollicitation hydrau- tient en multipliant les intervalles du SEQ-Eau-teneur
lique disparaît par évapotranspiration dans les sols. par le débit au nœud. On a préféré passer en flux, car
C’est pourquoi l’agence de l’eau a mis la barre haute et en calculant le différentiel de flux sur le tronçon, on peut
conseillé de placer en ZEE les sous-bassins dont le I est induire un nombre efficace d’ANC sur la surface contri-
supérieur à 10 %. D’autres études ont choisi des valeurs butive au tronçon.
différentes (2 %, 3 % et 5 %). La pertinence de la valeur Ces deux étapes participent à la décision grâce à la
est à juger selon le territoire d’étude et le caractère plus définition des critères de classement en ZEE.
ou moins sélectif que l’on souhaite donner à la mé- À l’issue de la première étape, le calcul de la teneur en
thode. Sur le bassin de la Lys, les calculs sont effectués NGL de l’eau qui s’écoule sur la surface contributive, les
pour ces quatre valeurs du seuil. tronçons recevant une eau de qualité moyenne, mé-
On procède de l’aval vers l’amont : le sous-bassin défini diocre ou mauvaise sont classés en zone de pollution
par un point exutoire est testé pour chaque seuil de avérée et entrent donc dans les ZEE potentielles. Seules
les zones de pression contenant ces tronçons seront
l’impact hydraulique. Si la valeur I du sous-bassin consi-
finalement des ZEE.
déré est supérieure à la valeur seuil alors on est dans
une zone de pression. Cependant, si des sous-bassins À l’issue de la seconde étape, le flux en NO3 calculé à
chaque nœud a permis de classer tous les nœuds de
inclus à l’amont du sous-bassin considéré ont un I infé-
cours d’eau dans le SEQ-Eau, mais aussi de mesurer le
rieur au seuil, ils sont à exclure de l’enveloppe finale de
différentiel du flux entre l’amont et l’aval de chaque sur-
pression.
face contributive. Cela souligne le changement de qua-
lité d’un tronçon entre son nœud amont et son nœud
1
Institut national de la statistique et des études économiques aval. Un tronçon en amélioration de l’amont à l’aval ou

38 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Définition de zones à enjeu environnemental dans le bassin versant de la Lys (France)

qui se dégrade tout en restant dans les classes bonne – Nave Brassarderie – Nave confluent Clarence : pas-
ou très bonne n’est pas envisagé pour un classement sage de la classe très bon état à bon état dû au mélange
en ZEE. Un passage de bon à moyen ou de moyen à avec la Clarence qui est en état médiocre sur tout son
médiocre déclenchera un classement en ZEE. Si la linéaire ;
classe de qualité reste identique sur le tronçon, soit – Laquette confluent Quernes – Laquette Aire-sur-la-
moyenne, soit médiocre, on examine si la qualité est en Lys : passe de médiocre à moyen du fait d’un phé-
dégradation. Il n’est pas toujours justifié de classer ce nomène de dilution du cours d’eau sur le tronçon le
tronçon en ZEE pour l’ANC. En effet, l’ANC n’est pas le Surgeon Enquin/la Laquette confluent Quernes.
seul ni même le principal impact sur le tronçon. La pré- Ainsi, la méthode des flux différentiels est un outil plus
sence d’une pollution agricole ou d’une STEP peut être sélectif pour prioriser l’action. L’application du critère
invoquée et doit être étudiée. Il faut se demander s’il fondé sur le différentiel du flux de nitrate entre l’amont
est réaliste de supposer que la réhabilitation des ANC et l’aval d’un tronçon – seconde étape de la section
contribuerait de façon significative à empêcher la dété-
rioration du tronçon, voire lui permettrait de passer dans
la classe du SEQ-flux inférieure (meilleure qualité). C’est
pourquoi on teste si le flux en aval est plus proche de la
classe du SEQ-flux inférieure ou de la classe du SEQ-
flux supérieure : dans le premier cas, le tronçon est
classé en zone d’impact de l’ANC. Un tronçon situé
dans la classe mauvais, même s’il se dégrade de l’amont
à l’aval, ne pourrait pas être restauré par une action prio-
ritaire sur l’ANC et n’est donc pas classé en ZEE.

3. Résultats et discussion
3.1. Résultats sur les indicateurs et la déli-
mitation des ZEE
Le calcul de l’impact hydraulique, si l’on reprend le seuil
de 10%, préconisé dans la méthode initiale de l’agence
de l’eau, aboutit à classer un seul bassin en zone de Figure 7. Zones de pression définies par un seuil d’impact hydraulique à 2 %
retenu comme condition nécessaire pour les zones à enjeu environnemental
pression (et trois sous-bassins très petits). Il est à la fois (ZEE)
pauvre et trop sélectif. Pour l’assouplir, on va abaisser le
seuil et le croiser avec un critère de vulnérabilité. Plu-
sieurs valeurs du seuil de l’impact hydraulique sont tes-
tées et la carte des zones de pression pour la valeur 2 %
est choisie (figure 7 ).
Sur les résultats des flux d’azote total des surfaces
contributives aux tronçons de cours d’eau (figure 8 ), on
observe qu’ils sont classés en état moyen, médiocre et
mauvais. Seule la Nave est classée en très bon état
selon le SEQ-Eau, hormis le tronçon de la source du
Rimbert à Burbure – Le Rimbert à Busnettes. Les résul-
tats des flux différentiels de nitrate (tableau III ) ont été
placés sur une carte pour voir l’enchaînement des tron-
çons et localiser les points de pollution remarquables.
Trois tronçons ont ainsi été repérés :
– Loisne amont – Loisne aval : on a un grand nombre
d’ANC induit et une forte pollution agricole avec Figure 8. Eau d’apport de la surface contributive par tronçon – Teneur en
azote global et classification dans le système d’évaluation de la qualité de
l’AMPA qui passe d’une classe en bon état à une classe l’eau SEQ-Eau-flux ; couleurs : mauvais (rouge), médiocre (orange), moyen
médiocre ; (jaune), très bon (bleu)

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 39


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Tronçon Flux amont Fam Flux aval Fav ⌬F – Fstep


Cours d’eau
Amont Aval kgNO3/j Seuil kgNO3/j Seuil kgNO3/j
Le Surgeon Le Surgeon amont Le Surgeon aval 763 Mauvais 1 054 Mauvais 276

La Lawe La Brette amont Caucourt La Brette Houdain 47 Médiocre 802 Médiocre 757
La Lawe amont Rocourt La Lawe amont Houdain 538 Médiocre 1 110 Médiocre 572
La Biette amont STEP Diéval La Biette aval STEP Diéval 146,6 Médiocre 147,42 Médiocre 1
La Lawe aval Houdain La Lawe Bruay Labuissière 2 043,5 Médiocre 2 186,6 Médiocre 143
La Lawe Bruay Labuissière La Lawe aval Bruay Labuissière 2 186,6 Médiocre 2 668,99 Médiocre 482
La Biette aval STEP Diéval La Biette Bruay Labuissière 147,4 Médiocre 485,91 Médiocre 338
La Biette Bruay Labuissière La Lawe Bruay aval 485,9 Médiocre 2 668,99 Médiocre 2 183
La Lawe Bruay aval La Lawe Béthune 2 646,9 Médiocre 3 354,75 Médiocre 708

La Lys Source de la Lys Lisbourg La Lys amont Lugy 164 Médiocre 1 017 Moyen 853
Traxenne 3 source amont Traxenne aval 445 Médiocre 610 Moyen 79
La Lys amont Lugy La Lys Lugy 1 017 Moyen 1 630 Moyen 612
Traxenne aval La Lys Lugy 610 Moyen 1 630 Moyen 1 019
La Lys Lugy La Lys Hézecques 1 630 Moyen 1 594 Moyen –36
La Lys Hézecques La Lys Dennlys 1 594 Moyen 3 175 Moyen 1 581
La Lys Dennlys La Lys Delettes 3 175 Moyen 2 707 Moyen –468
La Lys Delettes La Lys Thérouanne 2 707 Moyen 3 115 Moyen 408
La Lys Thérouanne La Lys aval Thérouanne 3 115 Moyen 3 570 Moyen 422
La Lys aval Thérouanne La Lys amont prise d’eau Smael 3 570 Moyen 4 351 Moyen 780
La Lys amont prise d’eau Smael La Lys aval prise d’eau Smael 4 351 Moyen 2 598 Moyen –1 752
La Lys aval prise d’eau Smael La Lys Aire-sur-la Lys 2 598 Moyen 2 961 Moyen 362

La Clarence Amont Clarence Sachin Clarence confluent 26 Médiocre 606 Médiocre 580
Amont Clarence Monneville Clarence amont STEP Pernes 69 Médiocre 388 Médiocre 319
Clarence amont STEP Pernes Clarence confluent Pernes 388 Médiocre 606 Médiocre 218
Clarence confluent Pernes Clarence aval Gonnehem 606 Médiocre 865 Médiocre 259
La Loisne La Loisne amont La Loisne aval 12 Moyen 236 Mauvais 217

La Nave Source Rimbert Burbure Le Rimbert Busnettes 4 Médiocre 0 Très bon –4


Le Rimbert Busnettes La Nave Brassarderie 0 Très bon 54 Très bon 54
Source Nave Nédonchel La Nave Busnettes 45 Médiocre 7 Très bon –39
La Nave Busnettes La Nave Brassarderie 7 Très bon 5 Très bon –2
La Nave Brassarderie La Nave confluent Clarence 5 Très bon 215 Bon 210

La Laquette Source puits sans fond Le Surgeon Enquin 21 Médiocre 147 Médiocre 127
Source Laquette Beaumetz La Laquette Enquin 19 Médiocre 113 Médiocre 94
Le Surgeon Enquin Laquette confluent Quernes 147 Médiocre 327 Médiocre 179
Laquette confluent Quernes La Laquette Aire-sur-la-Lys 327 Médiocre 678 Moyen 351

Smael : Syndicat mixte d’adduction des eaux de la Lys.


Tableau III. Méthode des flux appliquée au paramètre NO3

2.4.3, effectuée après la décision de la commission lo- la figure 9 ) qui ont été définis par un seuil d’impact hy-
cale de l’eau (CLE) – a abouti à identifier deux zones draulique de 2% et une classe de NGL moyenne à mau-
plus vulnérables que les autres : l’une dans la vallée de vaise de la surface contributive (première étape de la
la Lawe, l’autre dans la vallée de la Laquette. Elles relè- section 2.4.3).
vent du Spanc de la communauté d’agglomération de
Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane. Cette sélection est 3.2. Discussion sur la méthodologie
représentée en hachures en surcharge sur les bassins Les retours d’expériences conduites sur d’autres bas-
classés en ZEE lors de la réunion de la CLE (en rouge sur sins de l’Artois et du Boulonnais depuis 2012 ont mis en

40 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Définition de zones à enjeu environnemental dans le bassin versant de la Lys (France)

le bâti de l’Institut national de l’information géo-


graphique et forestière (IGN).
Dans la continuité de ces retours d’expériences, la mé-
thode de « dilution par paramètre chimique » a donc
été testée par le SAGE de la Lys [ARONDEL, 2018]. Ainsi,
une teneur potentielle liée aux rejets des ANC a été ob-
tenue sur les sous-bassins de la Lys. La méthode a été
évaluée sur le phosphore et les formes de l’azote, car le
dosage de l’ammonium et du nitrate dans un rejet per-
met, le cas échéant, d’identifier si l’on est face à une ins-
tallation d’ANC qui fonctionne bien (rejet riche en ni-
trate et pauvre en ammonium) ou mal (rejet pauvre en
nitrate mais riche en azote total). Pour chaque para-
mètre chimique, le seuil entre les classes bon état éco-
logique et état écologique moyen a été considéré
Figure 9. Zones à enjeu environnemental ZEE (en rouge) validées par la comme teneur limite de rejets. Selon les critères de la
commission locale de l’eau (CLE) et affinage (en hachures) proposé post-CLE
sur le critère du flux différentiel DCE, la valeur limite est de 0,5 mg/L pour NH4+ ;
0,2 mg/L pour Ptot et 50 mg/L pour NO3– (tableau I de
l’annexe). Si la teneur potentielle due aux rejets dépasse
exergue la méthode de « dilution par paramètre chi-
cette limite, il est supposé que cela entraîne un déclas-
mique » inspirée de l’indice Trabuc ou simple « taux de
sement en état écologique moyen pour le paramètre
dilution » proposé initialement par l’agence de l’eau
donné et le sous-bassin est placé en zone potentielle
Seine-Normandie pour caractériser l’impact des STEP
de pollution.
[MORIZE, 1984]. Deux autres cas ont été trouvés : la mé-
Sur le bassin de la Lys, pour le NO3–, le franchissement
thode du département du Vaucluse a fait l’objet de l’ar-
de la valeur limite de 50 mg/L s’observe dans quatre
rêté préfectoral du 25 juillet 2014 portant définition des
cas :
ZES et ZEE ; sur le bassin de la Tille (affluent de la – les deux sous-bassins du Surgeon : en cause, sûrement
Saône), les espaces retenus comme des ZEE sont à l’in- la STEP déjà mentionnée dans la méthode des flux ;
tersection des zones de sauvegarde pour les ressources – le sous-bassin 2 de la Loisne : en cause, comme pour
en eau potable, des aires d’alimentation des captages les flux, l’ANC, les STEP, et l’agriculture (AMPA) ;
et des zones en ANC (taux de dilution). – le sous-bassin 3 de la Nave : le nombre d’ANC sur le
Des ZEE ont été déterminées avec la méthode du « taux sous-bassin est grand (1368) comparé au débit mensuel
de dilution » : le seuil de 2 % a été retenu par le SAGE de d’étiage quinquennal sur le sous-bassin (424 m3/j).
l’Authie, contre un seuil de 0,2 % par le SAGE de la Le critère NH4+ par dépassement de la valeur limite
Canche. Pour le SAGE de la Sambre, la détermination aboutit à classer… 75 % du bassin versant de la Lys en
des ZEE a consisté à croiser les zones au « taux de dilu- ZEE, et le phosphore total encore plus, ce qui n’en fait
tion » supérieur à 3 % avec le nombre de zones d’inté- pas des critères efficaces de priorisation. De plus, les im-
pacts hydraulique et chimique sur les cours d’eau des
rêt écologique. Sur le bassin de la Liane, le SAGE du Bou-
fuites des réseaux d’eaux usées ne sont pas pris en
lonnais a croisé les zones d’intérêt écologique (les zones
compte alors qu’ils sont du même ordre de grandeur
regroupant au moins quatre intérêts écologiques ont
que ceux de l’ANC. En effet, en l’absence de diagnostic
été retenues) avec les zones au « taux de dilution » su- permanent sur le bassin versant de la Lys, il y a encore
périeur à 10 %, puis a appliqué la méthode de « dilution moins de données sur l’état des réseaux que sur l’état
par paramètre chimique ». Le SAGE de la Somme a util- des dispositifs d’ANC. Même le taux de raccordement
isé les mêmes critères, mais a été plus dans le détail n’est pas connu, sans parler du taux de conformité des
concernant la sélection des surfaces contenant les habi- branchements. On a donc arrêté là avec la méthode de
tations équipées en ANC, avec l’appui des Spanc du « dilution par paramètre chimique ».
bassin. Ainsi, dans les zones en ANC au sein des têtes Dans la méthode des flux de nitrate sur les tronçons de
de bassin, un buffer (100 m) a été tracé par couplage cours d’eau, un passage de bon à moyen ou de moyen
des cours d’eau et des zones à dominante humide, puis à médiocre devrait déclencher un classement en ZEE.
ont été identifiées les parcelles du cadastre contenant Le fait que ces critères ne se rencontrent pas dans les

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 41


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

19 sous-bassins de cette étude (sauf un cas qui passe qu’à une étude de la qualité comparée des rejets in situ
de moyen à médiocre, mais où le tronçon est infime) ne [IRSTEA, 2017] qui a montré que la source de pollution
fait pas de ces deux cas des critères inutilisables en gé- ne réside pas seulement dans les dispositifs défectueux
néral. Le cas existe et pourrait exister plus dans un autre ou anciens. Plusieurs pays, confrontés à la même pro-
SAGE ou si nous avions un plus grand nombre de nœuds blématique, ont entrepris des projets de recherche
sur le bassin versant de la Lys. [LUSK et al., 2017]. Cependant, entre la source et la
Certaines zones ont un flux de nitrate différentiel nul (ou cible, si l’eau issue des installations d’ANC est le vec-
négatif). Dans ce cas, il n’y a aucune raison d’incriminer teur d’une contamination, les conditions de l’atténua-
l’ANC… l’apport de polluant est inexistant soit par la tion naturelle au long des trajectoires d’écoulement
faiblesse du nombre des ANC, soit grâce au pouvoir sont peu étudiées et le délai dans lequel cette contami-
épurateur de la zone contributive qui produit l’atténua- nation peut engendrer une pollution dans l’environne-
tion naturelle des polluants issus des ANC, soit le cours ment est inconnu.
d’eau sur ce tronçon a lui-même une résilience totale
face à ces polluants, soit il existe une STEP de perfor- Conclusion
mance bonne qui rejette une quantité importante d’eau
C’est à l’échelle des SAGE que doivent être localisées les
plus propre que l’eau du nœud amont (c’est possible
zones prioritaires pour la mise en conformité des instal-
quand le tronçon est mauvais)… Même raisonnement
lations d’ANC. La CLE du SAGE de la Lys a émis le vœu
si l’on observe une amélioration de la qualité sur un
que soient identifiées ces « zones à enjeu environne-
tronçon.
mental », ce qui permettra d’orienter puis d’évaluer les
Bien sûr, les résultats sur le différentiel de flux restent actions à mettre en œuvre dans le cadre de la révision
ponctuels dans le temps. En effet, il n’y a eu qu’une du SAGE.
campagne de prélèvements pour cette étude. Pour
Des zones de pression (impact hydraulique) et des
confirmer la méthodologie, d’autres campagnes de pré-
zones de vulnérabilité (différentiel de flux de pollution
lèvements pourraient être lancées, en multipliant le
azotée) ont été déterminées. Le croisement de ces
nombre de points de mesure pour avoir des tronçons
zones a permis de cartographier les ZEE du territoire du
plus petits et ainsi obtenir une cartographie plus pré- bassin versant de la Lys. Ces zones seront prises en
cise des pollutions en lien avec l’ANC. Il faudrait alors compte par les Spanc afin de prioriser les obligations
géolocaliser les installations d’ANC sur le territoire de travaux de réhabilitation des installations défec-
d’étude de la Lys par sous-bassin pour que l’approche tueuses.
par l’impact hydraulique puisse apporter une approxi-
La réglementation ne proposant pas un jeu de critères
mation suffisante.
d’identification des ZEE, la mobilisation de retours d’ex-
Le territoire du SAGE de la Lys est concerné par des zo- périences conduites sur d’autres territoires a été utile.
nages environnementaux qui couvrent une superficie Ainsi, les critères d’identification les plus pertinents vis-
d’environ 23 600 ha, ce qui représente 13% du territoire. à-vis du territoire ont été sélectionnés, en concertation
Au-delà de la vulnérabilité des milieux aquatiques, la avec les membres du comité technique de la CLE. La
vulnérabilité du territoire serait caractérisée de façon méthode mise en place sur le bassin de la Lys a pour
plus complète en tenant compte aussi des ZIE, qui pré- ambition d’être adaptable à d’autres bassins en fonc-
sentent un enjeu écologique notable (biodiversité). Un tion de leurs caractéristiques en s’appuyant sur les
essai a été fait dans ARONDEL [2018] qui a cartographié mêmes enjeux essentiels – zones d’alimentation et de
l’intersection des cours d’eau, vecteurs de pollution, recharge des ressources en eau brute pour l’eau po-
avec les ZIE. La proposition a été faite à la CLE lors de table et zones contributives du réseau hydrographique
sa réunion du 18 octobre 2017. À la carte des ZEE et des – et sur des informations détaillées concernant les ins-
ZIE pourrait aussi s’ajouter un critère de valeur paysa- tallations d’ANC.
gère ou touristique des sites.
Pour approfondir la notion d’impact environnemental, Remerciements
des données commencent à exister en France sur la Les auteurs remercient l’agence de l’eau Artois-Picar-
source de l’impact de l’ANC grâce à des démarches uni- die, le département du Pas-de-Calais et l’EPTB-Lys pour
latérales de certains Spanc qui réalisent un diagnostic le financement de l’étude. Merci à Benoît Legrain, tech-
renforcé incluant l’analyse de la qualité des rejets, à une nicien au Symsagel, pour son investissement sur le ter-
expérimentation in situ [NASRI et FOUCHÉ, 2018] ainsi rain et son appui technique.

42 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Définition de zones à enjeu environnemental dans le bassin versant de la Lys (France)

Bibliographie
AGENCE DE l’EAU Artois-Picardie (2015) : Schéma directeur ganic chemicals in septic systems ». Critical Reviews in Envi-
d’aménagement et de gestion des eaux du bassin Artois- ronmental Science and Technology ; 47(7) : 1-87.
Picardie 2016-2021. SDAGE adopté le 16 octobre 2015. 120 p. MEDDTL (MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPE-
+ annexes. MENT DURABLE, DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT),
ARONDEL J. (2018) : Zones à enjeu environnemental pour la MIOMCTI (MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR, DE L’OUTRE-MER,
gestion de l’assainissement non collectif – SAGE du bassin ver- DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET DE L’IMMIGRA-
sant de la Lys, Pas-de-Calais (France) [mémoire]. Paris : Conser- TION), MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L’EMPLOI ET DE LA
vatoire national des arts et métiers. 196 p. SANTÉ (2012) : « Arrêté du 27 avril 2012 relatif aux modalités
d’exécution de la mission de contrôle des installations
CEE (CONSEIL DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES) (1991) : d’ANC ». Journal Officiel de la République Française, 0109, 10
« Directive 91/271/CEE du Conseil du 21 mai 1991 relative au mai 2012, texte n°7.
traitement des eaux urbaines résiduaires ». Journal Officiel des
Communautés Européennes, L135, 30 mai 1991, 40-52. MORIZE J. (1984) : Analyse des bassins versants des principaux
affluents de la Seine dans les Yvelines en relation avec les ob-
CEE (CONSEIL DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES) jectifs ‘’Seine propre’’ en l’an 2000 et la mise à jour de la carte
(2000) : « Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du ‘’Épuration des eaux usées’’ en Île-de-France. IAURIF (Institut
Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une po- d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France),
litique communautaire dans le domaine de l’eau ». Journal Of- Paris.
ficiel des Communautés Européennes, L327, 22 décembre NASRI B., FOUCHÉ O. (2018) : « Intermittent flux from a sand
2000, 1-72. filter for household wastewater and integrated solute transfer
IRSTEA (INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE EN SCIENCES to the vadose zone ». Environmental Science and Pollution Re-
ET TECHNOLOGIES POUR L’ENVIRONNEMENT ET L’AGRI- search ; 25 : 1-17.
CULTURE) (2017) : « Assainissement non collectif. Le suivi in SOGREAH (1998) : Étude de synthèse des données sur les res-
situ des installations de 2011 à 2016 ». Coordination par C. sources en eaux du bassin de la Lys. Rapport final n° 100593.R2.
BOUTIN, Agence française pour la biodiversité, rapport final, Symsagel, 155 p.
6 volumes + synthèse.
SYMSAGEL (SYNDICAT MIXTE POUR LE SAGE DE LA LYS)
LUSK M.G., TOOR G.S., YANG Y.Y., MECHTENSIMER S., DE (2017) : Révision du SAGE de la Lys. État des lieux. Diagnostic
MRIGANKA OBREZA T.A. (2017) : « A review of the fate and et enjeux de la gestion intégrée de l’eau sur le bassin versant
transport of nitrogen, phosphorus, pathogens, and trace or- de la Lys. Document de travail, 115 p.

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 43


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Annexe

Limites des classes d’état selon la DCE et le SEQ-Eau

Limites des classes d’état de la DCE


Paramètre par élément
de qualité
Très bon Bon Moyen Médiocre Mauvais
Bilan de l’oxygène
DBO5 (mgO2/L) 3 6 10 25
Carbone organique (mgC/L) 5 7 10 15
Nutriments
PO43- (en mg PO43-/L) 0,1 0,5 1 2
Phosphore total (en mgP/L) 0,05 0,2 0,5 1
NH4+ (en mg NH4+/L) 0,1 0,5 2 5
NO2- (en mg NO2-/L) 0,1 0,3 0,5 1
NO3- (en mg NO3Ô–/L) 10 50

DBO5 : demande biochimique en oxygène à 5 jours ; PO43- : phosphate ; NH4+ : ammonium ; NO2- : nitrite ; NO3- : nitrate.
Tableau I. Classes d’état écologique de la directive cadre sur l’eau (DCE) pour les paramètres chimiques étudiés

Limites des classes d’état du SEQ-Eau


Paramètre de qualité
Très bon Bon Moyen Médiocre Mauvais
Altération par matières phosphorées
Phosphore total (en mgP/L) 0,05 0,2 0,5 1

Altération par azote, formes azotées hors nitrate


NH4+ (en mg NH4+/L) 0,1 0,5 2 5
NO2- (en mg NO2-/L) 0,03 0,3 0,5 1
Altération par nitrate
NO3- (en mg NO3–/L) 2 10 25 50
Altération par herbicides sur eau brute
Glyphosate (μg/L) 0,04 0,4 1,2 2
AMPA (μg/L) 0,04 0,4 1,2 2
NH4+ : ammonium ; NO2– : nitrite ; NO3– : nitrate, AMPA : acide aminométhylphosphonique.
Tableau II. Classes d’état écologique du Système d’évaluation de la qualité de l’eau (SEQ-Eau) pour les paramètres chimiques
étudiés

44 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 45
PUBLI-INFOS

Recherche de fuites et sources de données multiples :


retour d’expérience
Les contraintes réglementaires et les exigences en terme de performance des
services imposent des équipements de télégestion de plus en plus nombreux,
avec à la clef, un volume croissant de données à traiter pour assurer un suivi
effectif de la performance. Dans le même temps, les regroupements de
services – conséquence de la loi NOTRe – conduisent à la création de sources
de données multiples, rendant le traitement des données de plus en plus
complexe et coûteux.

Une solution est d’imposer une uniformisa- taires, de sondes de niveau et de débitmètres
tion des sources de données : il s’agit tou- électromagnétiques.
jours d’un projet lourd et long à mettre en
œuvre, car il impose de revoir l’ensemble de Du fait de l’agrandissement du périmètre
la chaîne d’acquisition de données. géographique exploité et de la diversité des
équipements, le volume de données à trai-
L’alternative est de s’appuyer sur une sur- ter issues de différents systèmes d’informa-
couche « web », prête à l’emploi et simple à tion (Primayer via Primweb, Perax, Sofrel,
paramétrer, sans toucher aux sources de don- Siemens,… via Topkapi) est devenu com-
nées sous-jacentes. C’est la solution proposée plexe à réaliser pour effectuer un suivi quo-
par les tableaux de bord FluksAqua. Conçus tidien des débits de nuit par secteur,
par et pour les exploitants, ils permettent de impliquant des traitements complexes sur fi-
suivre les performances d’exploitation des ser- chier « Excel », couteux en temps et peu fia-
vices et installations eau et assainissement. bles. Dans le même temps, le service
« réseau de la Roannaise de l'eau avait à at-
La Roannaise de l’eau a opté pour ces ta- teindre des objectifs très ambitieux en terme
bleaux de bord pour la détection des fuites. de rendement de réseau.
Confrontée au problème de la multiplicité
des sources de données, les tableaux de Le service a fait le choix, sur son propre budget,
bord FluksAqua lui ont permis d’automatiser d’un tableau de bord FluksAqua. Il est au-
le traitement de données issues de sources jourd’hui configuré pour effectuer le suivi
hétérogènes et de gagner ainsi en efficacité, d’une trentaine de secteurs sur le périmètre
sans avoir à investir dans une refonte de leur et leur a permis de fiabiliser la détection des
système d’information. fuites et de gagner plus de 1 h par jour dans
le traitement des données. n
Roannaise de l’eau (42) :
une heure gagnée par jour

La Roannaise de l’eau est le syndicat cou- Contact :


vrant les 42 communes de l’agglomération David Gotte,
de Roanne, et desservant près de 80 000 ha- Directeur Commercial
bitants (24 158 abonnés) soit 80 % de la to- de FluksAqua
talité de l'agglomération, au moyen d’un Tél. : 07 84 43 20 71
réseau de 641 km avec 18 réservoirs. dgotte@fluksaqua.com
Dans le cadre de l’amélioration continue des
performances du réseau d’eau potable, la
Roannaise de l’eau travaille depuis de L’ENTREPRISE EN BREF : FluksAqua est la première
longues années à l’équipement et à la sur- plateforme mondiale dédiée aux exploitants de l’eau
veillance de ses réseaux, via l'installation et de l’assainissement : un forum d’entraide tech-
nique anonyme et gratuit, des tableaux de bord pour
d’outils et d’appareils de mesure, de logiciel y voir clair dans la performance d’exploitation : tout
de télégestion, de data loggers complémen- pour leur simplifier le quotidien.

www.fluksaqua.com
Techniques Sciences Méthodes
astee-tsm.fr

Sinistralité en assainissement non collectif


De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations
Structural damages in on site wastewater treatment plants
From legislation to rules of art in building, practical feedback of sector and recommendation of good practices

n S. BRIANT1*, A. DECOUT2, J.-B. DUMEL3, A. LAKEL4, B. LASNE5


1
Département du Morbihan – Hôtel du département – Vannes
2
Association des techniciens de l’assainissement non collectif Loire Bretagne & Outre Mer – Landevant
3
Service public d’assainissement non collectif du Syndicat intercommunal d’assainissement et d’eau potable de la presqu’île de Rhuys – Sarzeau
4
Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) – CAPE – Pôle évaluation eau/assainissement – Nantes
5
Département de Loire-Atlantique – Hôtel du département – Nantes

Mots-clés : R ÉSUMÉ Un ouvrage d’assainissement non collectif (ANC) fait partie intégrante de l’habitation. En tant
Assainissement non qu’élément constitutif de l’immeuble, il est soumis à l’obligation d’assurance en responsabilité décennale,
collectif exigeant pour tout constructeur d’ouvrage (maître d’œuvre-conception/exécution et installateur) la sous-
Agréments ministériels cription d’une garantie décennale. L’article éclaire le lecteur sur les différentes réglementations (code de
Techniques courantes et la construction et des assurances, règles de l’art, documents de référence, procédures de reconnaissance
non courantes des dispositifs traditionnels et agréés) et leurs conséquences sur la gestion des sinistres sur le plan
Assurance décennale assurantiel. Ainsi, la procédure d’agrément a permis un tri réglementaire des produits marqués CE mais
Avis technique elle n’a pas la « force » d’une procédure d’évaluation volontaire d’avis technique (limitation du risque en
Sinistralité série de sinistres). Des exemples de désordres (structurels, sanitaires ou environnementaux), issus de
Dysfonctionnements retours d’expériences de terrain, étayent de façon très pratique plusieurs types de sinistres, classés selon
Chartes qualité leurs origines : le produit, la conception, la pose et l’entretien. Enfin, des orientations sont proposées pour
aider les professionnels de la filière et les services publics d’assainissement non collectif (Spanc) à mieux
intégrer les règles de l’art dans leurs pratiques quotidiennes et ainsi réduire les risques de sinistres : bien
informer les propriétaires-maîtres d’ouvrage, vérifier le contrat d’assurance, soigner l’étape de maîtrise
d’œuvre en conception et sécuriser les procédures de contrôle. Des perspectives d’évolution de la régle-
mentation et des pratiques sont également abordées pour tendre vers plus de robustesse et renforcer la
qualité des produits en ANC.

Keywords: A BSTRACT Onsite wastewater treatment plants as a constituent element of the building, is subject to the
On site wastewater structural damage insurance obligation, requiring any construction builder (prime contractor-design/
treatment plant execution and installer) to subscribe to a ten-year guarantee. The article presents the various regulations
French agreement (construction code, insurance code, rules of art, reference documents, recognition procedures for traditional
Technical approval and approved devices) and their impacts on the insurance management of claims. Examples of disorders
Structural damage (structural, health or environmental), based on feedback experience, illustrate several types of claims,
Quality procedures classified according to their origins: product, design, installation, and maintenance. Finally, guidelines are
Constructor’s proposed to help professionals in the sector and the service doing reglementary control (Spanc) to have a
responsibilities better integration of the rules of art in their daily practices and reduce the risk of loss experience: check his
Structural damage contract insurance, well inform the owner the stage of project management in design and secure the control
insurance procedures. Regulatory evolution perspectives are also tackled to tend towards more robustness and to
Construction rules of art reinforce the quality of products.

Glossaire : les termes techniques et juridiques utilisés dans l’article sont définis dans le glossaire renvoyé en fin d’article.

Introduction ALUR6, grâce à des systèmes plus compacts. Notons que


les industriels ont réalisé un gros effort de dévelop-
La mise sur le marché de dispositifs d’assainissement non pement technologique sur ces filières innovantes, en se
collectif (ANC) agréés par les Ministères en charge de basant (pour la plupart d’entre eux), préalablement à
l’Écologie et de la Santé, depuis la parution de l’arrêté l’agrément, sur les exigences du marquage CE, pour des
technique du 7 septembre 2009 modifié [MEEDDM et raisons évidentes de positionnement sur un marché sou-
MSS, 2009] a permis aux acteurs de la filière de proposer mis à une forte concurrence. Aujourd’hui, le nombre im-
un large choix de dispositifs d’épuration. Cela offre des portant de ces dispositifs agréés dits « non-classiques »
alternatives intéressantes aux filières dites « classiques », soulève des interrogations de la part des propriétaires-
notamment pour répondre aux exigences de la loi
6
Loi n° 2014-366 du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme
* Auteur correspondant – Courriel : solenn.briant@morbihan.fr rénové

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DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

maîtres d’ouvrage et des acteurs de l’ANC (services pu- 1) une présentation des différentes procédures de
blics d’assainissement non collectif (Spanc), concep- reconnaissance des dispositifs d’ANC ;
teurs, installateurs, vidangeurs, et partenaires tech- 2) l’impact de ces procédures sur les mécanismes de la
niques et financiers). garantie décennale et sur les responsabilités des acteurs
professionnels ;
Par ailleurs, on constate que les acteurs de l’ANC sont
3) un retour d’expérience sur des sinistres, par des
principalement orientés sur une approche réglemen-
exemples concrets signalés par les acteurs de terrain ;
taire de l’ingénierie de l’environnement et de la santé,
4) une discussion sur les possibilités d’intervention des
avec une moindre connaissance en matière de construc-
acteurs pour limiter les risques de contentieux et tendre
tion dans le bâtiment. De plus, il est à noter que les en-
vers un assainissement de qualité.
treprises de pose sont généralement issues du monde
des voiries réseaux divers (VRD), peu familier au cadre
codificatif du bâtiment et à la question des assurances 1. Les procédures de reconnaissance des
décennales. dispositifs ANC : du marquage CE à la liste
C’est ainsi qu’à partir de 2014, les chartes qualité assai- verte
nissement (Bretagne et Pays de Loire) (Encadré 1), inter- Dans cette section, il est préalablement rappelé les obli-
pellées par leurs adhérents, se sont rapprochées de gations imposées par les règles européennes de libre
sociétés d’assurances pour appréhender le niveau de circulation des produits avant de présenter les procé-
couverture en responsabilité décennale pour l’ensemble dures nationales de reconnaissance des produits (dé-
des filières d’assainissement. En effet, les ouvrages marches obligatoire et volontaire).
d’ANC sont couverts obligatoirement par la garantie
décennale. Aussi, dans leurs conditions d’adhésion, les 1.1. Premier niveau : le marquage CE, un outil
chartes exigent plusieurs engagements, ainsi que la pour la libre circulation des produits européens
fourniture, pour les concepteurs et installateurs, d’une La mise en place de toute démarche de reconnaissance
attestation d’assurance en responsabilité civile et de produits de construction (PDC) doit se faire dans le
décennale. respect des exigences européennes en matière de libre

Dès 2015, les préoccupations assurantielles se sont


accrues avec le déploiement des opérations groupées Encadré 1 : Qu’est-ce qu’une charte pour un
assainissement non collectif de qualité ?
de réhabilitation réalisées sous maîtrise d’ouvrage dite
« publique » [LE BESQ et al., 2013]. L’entreprise doit Les chartes qualité ne sont pas des outils régle-
s’assurer que l’activité exercée et que l’ouvrage prescrit mentaires : elles se positionnent sur des ap-
et/ou posé sont couverts en garantie décennale, ce qui proches de qualité autour d’engagements. Elles
fédèrent également un réseau d’acteurs de la
n’est pas toujours le cas malgré l’obligation réglemen-
filière ANC sur la base des motivations et prin-
taire. cipes partagés collégialement :
Enfin, la parution, en septembre 2017, des résultats de – mettre en place une démarche pour la qualité
l’étude nationale « suivi in situ » du groupe national des ANC, tant au niveau du conseil, des études
que des travaux ;
public animé par l’Institut national de recherche en
sciences et technologies pour l’environnement et l’agri- – contribuer à la préservation de la qualité des
eaux superficielles, de l’hygiène et de la salu-
culture (Irstea) [BOUTIN et al., 2017] marque un tournant brité publique, pour satisfaire des usages prio-
et soulève de nombreuses interrogations. L’étude met ritaires ;
en lumière des dysfonctionnements de nature environ- – rendre un meilleur service à l’usager (techni-
nementale (qualité des eaux usées traitées). Elle aborde quement et économiquement) ;
assez peu les sinistres liés à la stabilité et à la sécurité – fédérer un réseau ; etc.
des ouvrages. Or un problème structurel peut avoir un L’organisation des chartes s’articule autour d’un
impact sur la performance épuratoire, avec des consé- comité de pilotage, de groupes de travail théma-
quences sanitaires et environnementales d’autant plus tiques et de réunions d’échanges entre groupes
d’acteurs. Les acteurs se mobilisent au-delà des
préjudiciables dans les zones à enjeux (périmètre de
exigences réglementaires, en respectant des
captage, zone de baignade ou de conchyliculture…). engagements complémentaires (communs et
Cet article aborde la question de la sinistralité des ou- particuliers à leur activité professionnelle) et en
vrages en ANC et de leurs équipements. Il comprend faisant remonter les questions de « terrain » au
comité de pilotage.
quatre parties :

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Sinistralité en assainissement non collectif
De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations

circulation des PDC. À ce titre, le règlement des produits 1.2. Deuxième niveau : la procédure obliga-
de construction (RPC) prévoit que, pour pouvoir mettre toire d’agrément ministériel, tamis réglemen-
sur le marché de l’Union européenne un PDC, le fabri-
taire minimum
cant doit établir une déclaration des performances en
apposant le marquage CE sur le produit en question (En- Au niveau national, l’agrément ministériel est basé sur
cadré 2 ). l’évaluation des dispositifs d’épuration « non clas-
siques » classés en trois grandes familles : filtres com-
La codification des ouvrages reste cependant de la res-
pacts, filtres plantés et microstations (figure 1 ). L’évalua-
ponsabilité de chaque État membre qui fixe les niveaux
tion est réalisée par un organisme national notifié
de sécurité requis (exigences essentielles) en prenant
(Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ou
en compte les éléments du marquage CE.
Centre d’études et de recherches de l’industrie du
En ce qui concerne l’ANC, l’État français a choisi de ré- béton (Cerib)) suivant des règles communes. Il s’agit
glementer, d’une part, les filières classiques par une d’une vérification documentaire des allégations du
obligation de moyens (description succincte des filières demandeur (fiches techniques, guides destinés à l’usa-
dans l’annexe I de l’arrêté technique [MEEDDM et MSS, ger, documents de traçabilité avec les données des
2009] et, d’autre part, les autres filières (promues par des rapports d’essais du marquage CE…), dans le respect
opérateurs économiques) par une obligation d’obten- des exigences fixées par l’arrêté technique [MEEDDM
tion d’agrément ministériels (§ 1.2). Cela n’empêche nul- et MSS, 2009].
lement les industriels d’adopter une démarche volon- Il existe deux niveaux de procédures d’agrément :
taire complémentaire et plus contraignante que le mi- – une procédure simplifiée (annexe 3 de l’arrêté tech-
nimum réglementaire (§ 1.3). nique) basée sur les rapports d’essais du marquage CE
(Encadré 2 ) ;
Encadré 2 : Le marquage CE des produits – une procédure complète (annexe 2 de l’arrêté tech-
d’épuration nique) basée sur un essai à 12 séquences très solli-
citantes par rapport à l’essai de marquage CE. Deux
Le marquage CE est dit « de niveau 3 », c’est-à-dire critères supplémentaires permettent de vérifier la fiabi-
que le fabricant fournit, sous sa propre responsabi- lité et la robustesse des produits : le test à la surcharge
lité et sans contrôle d’une tierce partie de la
hydraulique (200 % pendant 4 semaines) et le stress à la
constance de production, le produit à tester au
non-occupation (séquences sur 2 semaines avec arrêt
laboratoire européen notifié pour les essais définis
dans la norme EN 12566-3 (annexe ZA) : d’alimentation sur 3 jours à deux reprises – notion d’in-
– essai de comportement structurel sur un modèle termittence). Les essais se font sur une année complète,
de la gamme avec 20 % de déformation autorisée ; avec 44 bilans pollution.
– essai d’étanchéité sur tous les modèles de la Dans la procédure d’agrément, il a été prévu un proto-
gamme sans vérification de la tenue des cloisons
cole de vérification de l’ensemble des modèles de la
internes, sans vérification de l’étanchéité des jonc-
gamme, dans la mesure où le marquage CE ne teste
tions entre cuves ;
– essai de durabilité sans essai de fluage (compor- qu’un seul modèle.
tement à long terme) ; Attention : l’agrément ne confère aucune conformité à
– essai d’épuration de dix séquences (42 semaines), une quelconque norme, les paramètres vérifiés étant
peu sollicitant sur le plan hydraulique (variation simplement réglementaires. Cette procédure d’agré-
autour de la charge hydraulique nominale) avec 26
ment, par principe, ne permet pas de classer automati-
bilans de pollution. De plus, sur le plan organique,
les concentrations des eaux brutes de la norme quement le produit agréé comme un produit à faibles
européenne varient de 150 à 500 mgO2/L pour la sinistres sériels (multiplication de sinistres en série). De
demande biochimique en oxygène à 5 jours (DBO5) ce fait, la technique est classée en statut de technique
et de 200 à 700 mg/L pour les matières en suspen- « non courante » sur le plan assurantiel (figure 1).
sion (MES).
Nota : le marquage CE n’est pas une marque de
qualité et ne donne pas de garantie quant à la
1.3. Troisième niveau : les démarches volon-
pérennité dans le temps des ouvrages. De ce fait, la taires de qualité pour limiter la sinistralité
technique est classée en statut de technique « non des ouvrages, des ATec à la liste verte
courante » sur le plan assurantiel. In fine, le mar-
Comme toute réglementation, celle de l’ANC fixe les
quage CE sert à la mise sur le marché de produits
de construction visés par les mandats européens. exigences minimales à respecter. Cela a poussé certains
industriels, à travers des démarches volontaires, à la

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DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Source : CSTB.
EH : équivalent-habitant.
Figure 1. Classification réglementaire et assurantielle des filières suite à la parution de l’arrêté technique

reconnaissance de performances supérieures à celles modèles7, déformations très faibles, au maximum de


exigées par la réglementation. 7,5 % du volume des cuves mesurées à la suite d’un
essai dit de pit-test8) et des performances épuratoires ;
1.3.1. Évaluation dans le cadre des avis techniques (ATec) – une évaluation des conditions de mise en œuvre (étan-
chéité de l’ensemble de la filière, tenue mécanique et
Les promoteurs de produits agréés ou ne relevant pas du
fixation des rehausses, tenue et conditions de fonction-
document technique unifié (DTU) 64.1 [AFNOR, 2013]
nement des postes de relevage, conditions d’infiltration
peuvent engager cette démarche qui permet, le cas
à l’aval du traitement…) ;
échéant, aux dispositifs concernés d’accéder au statut de
– une visite de chantier pour appréhender la mise en
technique courante. Pour cela, le fabricant dépose un
œuvre ;
dossier de demande d’avis technique pour son produit
auprès de la Commission chargée de formuler les avis 7
Rappelons que l’essai de marquage CE est réalisé uniquement sur un
techniques (CCFAT). L’évaluation technique va au-delà des modèle de la gamme avec une déformation maximale des cuves de 20 %.
Ni le comportement mécanique des cloisons internes ni l’effet de la nappe
exigences réglementaires de la procédure d’agrément souterraine sur les jonctions entre cuves ne sont vérifiés.
ministériel. Elle intègre, via une expertise collégiale réali-
8
L’essai de référence est l’essai dit de pit-test qui consiste à installer une cuve vide
dans une grande fosse carrée. La cuve est enrobée et couverte de gravier et sou-
sée au sein du Groupe spécialisé n° 17 (GS17) : mise à la remontée de nappe (dans le cas de l’application en condition humide)
qui remonte jusqu’à la partie haute de la cuve. La déformation est mesurée au
– une analyse plus approfondie de la stabilité méca- bout de 3 semaines dans le cas des matériaux de synthèse et de 24 h dans le
cas des cuves en béton. Pour vérifier la stabilité mécanique, on réalise des essais
nique (vérification mécanique sur l’ensemble des de durabilité sur des échantillons de matière provenant des cuves.

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Sinistralité en assainissement non collectif
De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations

– une évaluation de la pertinence des conditions selon les prescriptions de la norme EN45011. En France,
d’exploitation (entretien, maintenance, stratégie de la certification est encadrée par le Code de la consom-
renouvellement des médias filtrants sous l’angle de la mation. En revanche, un label regroupe un ensemble
sinistralité et de l’acceptabilité des usagers) ; d’exigences auxquelles les produits labellisés doivent
– une visite d’une ou plusieurs installations en fonction- répondre. La caution technique est moindre puisqu’un
nement préalablement à l’établissement de l’avis tech- label peut provenir d’un organisme public ou privé. Il
nique ; convient d’ailleurs de faire attention au sérieux et à la
– un suivi in situ annuel de la qualité du rejet (a minima fiabilité de cet organisme et ce à quoi s’engagent vrai-
pour les pollutions carbonées, azotées et MES) sur au ment les adhérents. Un label est donc beaucoup moins
moins dix installations (réalisé par un tiers indépendant encadré qu’une certification.
sous le contrôle du CSTB) ; Pour conclure, les figures 1 et 2 synthétisent les niveaux
de procédures et leurs impacts sur le plan assurantiel.
– un contrôle externe annuel de la constance de la pro-
Le simple respect des obligations réglementaires n’est
duction via la marque QB notamment.
pas suffisant pour qu’une technique soit classée en une
1.3.2. Évaluation par la Commission prévention technique courante. Pour accéder à ce statut, il faut que
produits et liste verte le promoteur de l’innovation montre que sa techno-
Si un avis favorable est formulé par le GS17, l’avis tech- logie présente un très faible niveau de sinistralité
nique (ATec) est présenté devant la Commission préven- (risque sériel faible), préjugeant de la qualité et de la
tion produits (C2P) qui décide (ou pas) de mettre des pérennité des ouvrages.
observations d’un point de vue de la sinistralité. Les
dispositifs acceptés sans mise en observation entrent Encadré 3 : Les règles de l’art dans le bâtiment
alors dans la « liste verte ». Dans le domaine de l’ANC,
Par règles de l’art, il faut entendre l’ensemble des
trois gammes de dispositifs (en date du 15 juin 2018)
règles de savoir-faire technique conformes aux don-
font partie de la liste verte consultable sur le site internet nées actuellement acquises dans ce secteur de la
de l’Agence qualité construction9. construction. Tout projet de la construction doit les
Remarque sur la différence entre certification et label : respecter afin d’abaisser la sinistralité.
la certification est une procédure qui permet de certi- Les documents techniques unifiés (DTU) et les avis
techniques constituant des documents de référence
fier la qualité et la conformité des produits et des
(en ANC : DTU 64.1 et ATec), ils sont utilisés par les
services par un organisme indépendant et accrédité
assureurs dans le cadre de la garantie décennale et
par les experts dans le cas de procédures judiciaires.
9
http://listeverte-c2p.qualiteconstruction.com

Source : CSTB.
Atec : avis technique; ATEx : appréciation technique d’expérimentation; DTU : document technique unifié; DTA : document technique d’application du marquage CE.
Les techniques non courantes sont celles reconnues uniquement par la réglementation (arrêté technique) alors que les techniques courantes couvrent les pro-
duits sous avis technique et reconnus par la C2P via la liste verte.
Figure 2. Niveaux de procédures en assainissement non collectif (ANC) et impact sur le plan assurantiel

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 51


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

2. Ouvrages d’assainissement non collectif Encadré 4 : Les garanties légales dues par le
constructeur
du bâtiment et régimes de responsabilité
À compter de la réception, trois garanties légales
Dans cette section, il s’agit de présenter de manière commencent à courir au profit des propriétaires suc-
succincte les contours de la garantie décennale et les cessifs de l’ouvrage. Il s’agit de la garantie de parfait
obligations qui s’imposent aux constructeurs en matière achèvement (1 an), de la garantie de bon fonctionne-
de conception et de réalisation d’ouvrages d’ANC (En- ment (2 ans) et de la garantie décennale (10 ans).
• La garantie de parfait achèvement (art. 1792-6 du
cadré 4).
Code civil) s’étend à la réparation des dommages
(quelle que soit leur gravité) :
2.1. Contour de la garantie décennale – signalés par le maître d’ouvrage au moyen de ré-
serves mentionnées au procès-verbal de réception;
La réglementation précise que tout constructeur (voir – signalés par le maître d’ouvrage par voie de noti-
ci-après) impliqué dans la construction d’un ouvrage du fication écrite pour les désordres révélés dans l’an-
bâtiment est soumis à un régime de responsabilité ci- née de la réception.
vile décennale. Le terme d’ouvrage (article 1792-1 du La réparation est due par le seul entrepreneur, pour
Code civil, loi Spinetta10 complétée par l’ordonnance les dommages situés dans ses travaux. Cette ga-
rantie ne s’étend pas aux dommages résultant des
n° 2005-658 du 8 juin 200511) désigne la globalité d’une
effets de l’usure normale ou de l’usage.
construction de caractère immobilier avec tous ses élé- • La garantie biennale de bon fonctionnement (art.
ments constitutifs d’équipements : 1792-3 du Code civil) :
– les éléments constitutifs : ce sont ceux qui assurent Le constructeur garantit pendant 2 ans tous les élé-
ments d’équipement dissociables d’un ouvrage. Il s’agit
l’ossature, la viabilité (ouvrages de VRD et ANC, dont la des éléments que l’on peut enlever, démonter ou rem-
destination est la desserte privative du bâtiment), les placer sans détérioration de l’ouvrage qu’ils équipent.
fondations, le clos et le couvert. Ils sont couverts par la • La garantie décennale (art. 1792, 1792-2 et 1792-
garantie décennale ; 4 du Code civil) :
Le constructeur est responsable pendant les 10 ans
– les éléments d’équipement indissociables : ce sont qui suivent la réception des dommages dits de na-
les ouvrages indissociablement liés aux éléments consti- ture décennale. La responsabilité décennale est de
tutifs, de manière telle que l’on ne peut détruire les uns plein droit, c’est-à-dire que la simple constatation
sans endommager les autres (exemple : canalisation en- d’un dommage répondant aux critères posés par la
castrée, chape de béton, fosse septique toutes eaux, loi induit la responsabilité du constructeur qui a réa-
poste de relevage…). Ils sont couverts par la garantie lisé l’ouvrage, sans que le bénéficiaire de la garan-
tie soit obligé de rapporter la preuve d’une faute du
décennale ;
constructeur. Celui-ci ne peut se dégager de la res-
– les éléments d’équipement dissociables : ce sont les ponsabilité qui pèse automatiquement sur lui qu’en
ouvrages que l’on peut détruire sans endommager les prouvant que le dommage provient d’un cas de force
éléments constitutifs (exemple : faux plafonds, porte…). majeure, du fait d’un tiers, de la faute ou de l’immix-
tion du maître de l’ouvrage.
Ils sont couverts par la garantie biennale. La loi soumet à la responsabilité décennale les
Question importante : les systèmes d’aération forcée « ouvrages », sans les définir. La responsabilité dé-
(surpresseur, agitateur, membrane) des installations cennale s’applique également sous certaines condi-
tions aux travaux réalisés sur les parties anciennes
d’ANC peuvent-ils être considérés comme des équipe-
d’un ouvrage existant avant l’ouverture du chantier
ments dissociables ? Bien que les fabricants de disposi- (réfection, réhabilitation…).
tifs d’ANC aient tendance à donner une garantie bien-
nale à ce type d’équipement et qu’il n’y ait a priori pas
encore de jurisprudence sur la question, les assureurs, 1. s’il compromet la solidité de l’ouvrage ;
eux, ont tendance à prendre en charge ce type d’équi- 2. s’il affecte l’un des éléments constitutifs de l’ouvrage
pement dans le cadre de la garantie décennale. ou l’un de ses éléments d’équipement indissociable, le
La garantie décennale s’applique dans trois séries d’hy- rendant impropre à sa destination12 ;
pothèses de dommages matériels à l’ouvrage, à savoir :
12
Impropriété à la destination : un dommage à un ouvrage soumis à obliga-
tion d’assurance, qui le rend de ce fait impropre à sa destination engage
10
Loi no 78-12 du 4 janvier 1978 relative à la responsabilité et à l’assurance la responsabilité décennale du constructeur. L’impropriété à la destination
dans le domaine de la construction empêche cet ouvrage de remplir la fonction à laquelle il est normalement
destiné. Cette notion est purement subjective et ne répond par consé-
11
Ordonnance n° 2005-658 du 8 juin 2005 portant modification de diverses quent à aucun critère objectif, contrairement à l’atteinte à la solidité, autre
dispositions relatives à l'obligation d'assurance dans le domaine de la critère de qualification du dommage de nature décennale. Faute de défi-
construction et aux géomètres experts nition légale, cette notion est interprétée librement par les tribunaux.

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Sinistralité en assainissement non collectif
De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations

3. s’il affecte la solidité d’un élément d’équipement réception : « La réception est l’acte par lequel le maître
indissociable des ouvrages, notamment de viabilité. de l’ouvrage déclare accepter l’ouvrage avec ou sans
Les ouvrages d’ANC sont soumis à la garantie décen- réserve. Elle intervient à la demande de la partie la plus
nale. Par voie de conséquence les acteurs entrant dans diligente, soit à l’amiable, soit à défaut, judiciairement.
l’acte de bâtir doivent être obligatoirement assurés. Elle est, en tout état de cause, prononcée contradictoi-
rement. »
Par ailleurs, il faut savoir que l’assurance « dommage- La réception marque donc le point de départ des ga-
ouvrage » est obligatoire (cf. article L. 242-1 du Code ranties légales (Encadré 4 ). Néanmoins, il faut savoir
des assurances). Les propriétaires-maîtres d’ouvrage que la réception, à défaut de PV exprès, pourra être
sont souvent moins bien informés de leur obligation de considérée comme tacitement intervenue si deux
souscription à cette assurance qui a pour objet d’inter- conditions sont remplies : d’une part, la prise de pos-
venir en préfinancement des dommages de nature session de l’ouvrage globalement achevé par le maître
décennale. Elle permet d’éviter l’avance des frais par le de l’ouvrage et, d’autre part, le paiement des travaux.
particulier et de bénéficier d’une procédure simplifiée Si ces deux critères sont réunis, la réception peut être
(sans attendre une décision de justice statuant sur les considérée comme acquise et les assurances, mobili-
responsabilités de chacun des professionnels). L’assu- sées.
reur de dommage qui a indemnisé le maître d’ouvrage
peut ensuite exercer une action subrogatoire contre
l’assureur du responsable, ou le constructeur respon- Encadré 5 : Risques encourus pour un profes-
sionnel qui n’a pas souscrit à une assurance
sable lui-même, sur le fondement de l’article L. 121-12
décennale
du Code des assurances. Bien qu’obligatoire, le défaut
de souscription à l’assurance dommage-ouvrage n’est Le professionnel qui n’a pas souscrit une assurance
pas sanctionné pénalement, ce qui n’est pas le cas de obligatoire de responsabilité civile décennale est
passible d’une peine d’emprisonnement de 6 mois
la garantie décennale des professionnels.
et d’une amende de 75 000,00 €, ou de l’une de
ces deux peines (article L. 243-3 du Code de la
2.2. Obligations des constructeurs d’ouvrage construction et de l’habitation).
Le Code des assurances précise que : « toute personne Avant l’ouverture du chantier, le professionnel doit
obligatoirement remettre à son client un justificatif
physique ou morale, dont la responsabilité décennale
du contrat d’assurance. En effet, en juin 2015, la
peut être engagée sur le fondement de la présomption
Cour de cassation avait rappelé que la loi impose
établie par les articles 1792 et suivants du Code civil,
aux entreprises d’indiquer, sur chaque devis et
doit être couverte par une assurance ». Ainsi, tout facture, l’assurance professionnelle souscrite, le
constructeur – entrepreneur, architecte, maître d’œuvre, domaine d’activité déclaré à l’assureur, les coordon-
fabricant d’élément pouvant entraîner la responsabilité nées de cet assureur, ainsi que la couverture géo-
solidaire (Epers), ingénieur-conseil… – impliqué dans la graphique de leur contrat ou de leur garantie.
construction d’un ouvrage neuf ou existant est soumis
à un régime de responsabilité décennale (Encadré 5).
Le Spanc, dans sa mission de contrôle, n’est quant à lui 2.3. Contenu d’un contrat générique d’assu-
pas considéré comme un constructeur d’ouvrage, car il rance décennale
n’intervient pas dans l’acte de bâtir.
Tout ce qui relève de la décennale doit obligatoirement
Le professionnel engage sa responsabilité pendant être assuré. L’assureur a donc l’obligation d’assurer un
10 ans, en cas de dommage, à l’égard du futur proprié- produit, cela indépendamment du « statut » assurantiel
taire (le maître d’ouvrage), mais aussi à l’égard des de filière (courante ou non courante). La différence peut
acquéreurs successifs en cas de revente de l’ouvrage. porter sur le montant de la cotisation d’assurance.
Aussi, en cas de vente d’un logement dans les 10 ans Ainsi, si l’assuré (concepteur ou installateur) propose
suivant sa construction, il est recommandé d’annexer des filières d’ANC non visées dans les termes généraux
l’attestation d’assurance au contrat de vente, afin de du contrat, il doit absolument en informer son assu-
permettre à l’acquéreur d’agir en cas de sinistre. reur afin de les intégrer dans le contrat d’assurance (En-
La réception est vivement conseillée. En effet, elle a cadré 6 ).
pour objet de libérer l’entrepreneur de l’exécution de En effet, dans leurs termes généraux, la plupart des
son marché. L’article 1792-6 du Code civil définit ainsi la contrats sont établis uniquement pour les techniques

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DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

« normatives » et « courantes ». Ils sont établis en réfé- 3. Retours d’expérience de sinistres en


rence aux travaux, produits et procédés de construction
suivants (extraits de contrats d’assurance types) :
ANC
• travaux de construction traditionnels, c’est-à-dire ceux Dans cette section, il est présenté un retour d’expé-
réalisés avec des matériaux et des modes de construc- rience d’exemples de sinistres. Il est issu de signale-
tion éprouvés de longue date ; ments d’acteurs de terrain recensés dans le cadre d’un
• travaux de construction répondant à une norme ho- groupe de travail associant Spanc et bureaux d’études,
mologuée13 (NF DTU ou NF EN), à des règles profes- à l’initiative de la charte assainissement du Morbihan
sionnelles acceptées par la C2P, […] non mises en ob- (juillet 2017), et une enquête réalisée auprès des tech-
servation par la C2P […] ; niciens de Spanc de l’Association des techniciens de
• procédés ou produits faisant l’objet au jour de la pas- l’assainissement non collectif Loire Bretagne et outre-
sation du marché : mer (décembre 2017). Précisons que ce retour n’a pas
– […] d’un document technique d’application (DTA), fait l’objet d’une exploitation statistique sur la récur-
ou d’un ATec, valides et non mis en observation par rence des cas présentés ci-après. La majorité des cas a
la C2P ; été traitée à l’amiable ou par l’intermédiaire des assu-
– d’une appréciation technique d’expérimentation reurs.
(ATEx) avec avis favorable […]. Un sinistre est considéré ici comme un dysfonctionne-
ment majeur d’une installation d’ANC, rendant im-
Encadré 6 : Questions/réponses aux assureurs
propre à sa destination l’habitation. Les sinistres peu-
Question 1 : les entreprises sont-elles assurées pour vent être classés en cinq catégories, en fonction de leurs
l’ensemble de leur activité ANC, y compris pour les origines : liées à la fabrication produit, liées à la mission
filières agréées hors techniques courantes ? de maîtrise d’œuvre en conception, liées à la mise en
Non, les termes généraux du contrat fixent le niveau
œuvre (pose) et enfin liées à l’entretien (lors de la vi-
de couverture. Si le contrat ne fait pas référence aux
techniques courantes, l’entreprise n’est pas assu- dange ou par une absence d’entretien ou une utilisa-
rée (conception et/ou pose pour ces dispositifs). tion inadaptée par l’usager). Le tableau I présente une
liste non exhaustive de sinistres pouvant être rencontrés
Question 2 : l’assuré doit-il systématiquement in-
former son assureur pour prendre en compte une sur le terrain ainsi que les causes associées. Pour illus-
filière « non courante » dans son contrat ? trer ce tableau, neuf exemples sont développés ci-
Oui, cela est obligatoire. L’assureur pourra alors après.
proposer une formule pour l’intégrer au contrat (au-
Exemple 1. Écrasement de l’ouvrage / Fissures / Étan-
tomatiquement dans le contrat de base, ponctuel-
lement avec un avenant pour une famille de filière chéité
d’ANC, ou pour un chantier en particulier). Cet exemple touche majoritairement les ouvrages en
Question 3 : comment l’expert interprétera-t-il le béton et plus ponctuellement les ouvrages en plastique
contrat suite à un sinistre apparu sur une installa- – polyéthylène (PE), polyéthylène haute densité
tion agréée « non courante » ? (PEHD)… Ce désordre peut être lié au produit (défaut
Si le contrat ne le prévoit pas, le sinistre ne sera pas de fabrication), à une mauvaise pratique du particulier
assuré. qui passerait avec une charge lourde au-dessus des ou-
vrages ou au non-respect des consignes de pose du fa-
Très important : le contrat doit a minima mentionner bricant (cas le plus souvent rencontré). Dans ce dernier
l’activité assurée (ex. : VRD, incluant l’assainissement col- cas, deux origines sont relevées : une épaisseur de rem-
lectif et/ou non collectif) et le type d’ouvrage ou de tra- blai au-dessus de l’ouvrage inadaptée à sa résistance et
vaux (domaine de l’ANC), en y intégrant l’ensemble de provoquant un écrasement du toit de l’ouvrage (fi-
la filière – prétraitement et traitement – et pas unique- gure 3 ) et l’utilisation d’un matériau inadapté (ex. : ar-
ment la fosse septique. gile) pour le remblayage, entraînant de fortes pressions
latérales pouvant aller jusqu’à l’apparition de fissures (fi-
gure 4 ). Dans les deux cas, la fermeture de l’ouvrage
13
Attention à la confusion entre la référence à la norme NF EN des produits
(norme NF EN 12566 qui assoit le cadre du marquage CE) avec celle de la peut ne plus être assurée. Le défaut d’étanchéité de
NF EN construction d’ouvrage (produits pour lesquels il n’existe pas de
DTU codifiant la mise en œuvre des ouvrages, par exemple des fixations) l’ouvrage entraîne alors dans certains cas une évacua-
visée par les contrats d’assurance. La référence à cette norme construction tion des effluents prétraités dans le sous-sol (ou la col-
ne garantit pas la conformité et la fiabilité du produit. À ce jour, il n’existe
pas de norme de construction d’ouvrage sur les dispositifs ANC agréés. lecte d’eaux parasites).

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Sinistralité en assainissement non collectif
De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations

Origines possibles des sinistres (en couleur)

Absence
Lors de la Lors de la Lors de la
Type de sinistre d’entretien/
Fabrication maîtrise mise en vidange par un
Utilisation
du produit d’œuvre en œuvre professionnel
inadaptée
conception agréé
par l’usager
Écrasement de l’ouvrage
par le toit
Écrasement de l’ouvrage
par les parois latérales
Fissure dans l’ouvrage
Poussée d’Archimède
Problème de répartition
Mise en charge des
tranchées d’épandage
Colmatage prématuré
du média filtrant
Corrosion
Poste de relevage
Affaissement des canalisations/
Mauvais écoulement
Étanchéité des cloisons
Dysfonctionnements
électromécaniques
Tableau I. Origines possibles des sinistres rencontrés sur des installations d’assainissement non collectif (ANC)

Exemple 2. Poussée d’Archimède


La poussée d’Archimède (figure 5) peut provoquer de
lourds désordres sur les ouvrages. Ce phénomène a plu-
sieurs origines : une mauvaise approche lors de la
conception de la filière d’assainissement (appréhension
du sol en place), un non-respect des préconisations de
pose du fabricant, ou la réalisation d’une opération de
vidange lors de conditions de nappe haute et sans res-
Figure 3. Écrasement du toit de l’ouvrage
pect des préconisations du fabricant (absence de remise
en eau…).

Figure 4. Exemple d’une fissure à la base d’un ouvrage en béton Figure 5. Poussée d’Archimède

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 55


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Dans un sol de type argilo-limoneux avec absence de


nappe, ce phénomène peut également se produire en
cas de pluie : les eaux de drainage et de ruissellement
superficiel collectées à proximité des ouvrages peuvent
provoquer un soulèvement de la fosse ou du traitement
secondaire. Dans ces conditions, un drainage ou un
ancrage des ouvrages peut s’avérer nécessaire (respect
des règles particulières de pose). Le terrassement
conduit donc parfois à la création de conditions assimi-
lables à la présence d’une nappe perchée temporaire
(figure 6 ).

Exemple 3. Colmatage prématuré du média filtrant Figure 6. Poussée d’Archimède par eaux de ruissellement et de drainage
(cas des cultures fixées sur supports fins)
Un colmatage prématuré peut avoir plusieurs origines,
parmi les plus fréquentes :
– une mauvaise répartition des eaux usées prétraitées
sur le support de traitement (répartition mal nivelée,
présence de boues ou d’un amas de biomasse entraî-
nant une dispersion inégale de l’effluent sur le massif
filtrant) ;
– un départ de boues important dans le système de trai-
tement lié à une mauvaise pose de la fosse septique
toutes eaux (défaut de niveau) ou lié à l’absence de vi-
dange ;
– un traitement secondaire sous-dimensionné ; Figure 7. Regard de répartition de tranchées d’épandage en charge

– une inversion entre la sortie des eaux usées de l’habi-


tation et la ventilation secondaire lors des travaux en- Dans le cas des tranchées d’infiltration, les consé-
traînant un départ d’eaux usées brutes dans le traite- quences peuvent être un débordement d’eaux usées
ment secondaire. traitées en surface du terrain ou la mise en charge des
ouvrages situés en amont de cette zone. Ce cas de fi-
Il est à souligner que, pour un même volume d’eaux
gure est parfois observé lorsque le maître d’œuvre en
usées brutes collecté, plus la surface de traitement est
conception sous-dimensionne cette zone afin de res-
petite, plus le phénomène de colmatage sera rapide.
pecter des règles d’urbanisme.
Exemple 4. Mise en charge de tranchées d’épandage/
tranchées d’infiltration Exemple 5. Corrosion
Plusieurs causes peuvent entraîner cette mise en Les problèmes de corrosion touchent principalement
charge : un sous-dimensionnement des tranchées, un les ouvrages en béton et en métal à la suite d’une mau-
mauvais entretien des ouvrages de traitement primaire, vaise évacuation de l’hydrogène sulfuré (H2S) [SA-
un relargage de matières en suspension du traitement DOWSKI, 2012] (figure 8 ). La corrosion fragilise la struc-
secondaire, une perméabilité du sol en place mal éva- ture de l’ouvrage, pouvant ainsi entraîner un risque pour
luée par le concepteur ou la pose de tranchées dans un la sécurité des personnes (motif d’une non-conformité
sol peu perméable peuvent entraîner leur mise en lors d’un contrôle du Spanc). Outre la mauvaise concep-
charge (figure 7 ). tion de l’ouvrage, les problèmes de corrosion peuvent
Dans le cas des tranchées d’épandage, les consé- être dus à des erreurs de mise en place des ventilations,
quences sont une montée en charge dans la fosse trop souvent négligées dans les chantiers de réhabilita-
toutes eaux, puis une très mauvaise évacuation des tion (présence de contre-pente, présence de coude à
eaux usées brutes de l’habitation. Des débordements 90°, défaut aéraulique…). Aujourd’hui, certains indus-
d’eaux usées peuvent aussi être constatés en surface du triels conscients du problème ont mis sur le marché des
terrain. Ce cas de figure est parfois observé quand le ouvrages traités anticorrosion.
maître d’ouvrage souhaite éviter la mise en place d’un Les regards en béton situés en aval du traitement pri-
poste de relevage des eaux. maire sont également touchés, entraînant des pro-

56 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Sinistralité en assainissement non collectif
De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations

ne permettra pas le bon fonctionnement d’un auget


basculant ou une alimentation homogène dans un
regard de répartition.

Exemple 7. Affaissement des canalisations et pro-


blèmes d’écoulement
Les difficultés d’écoulement des eaux usées dans les
canalisations de transfert peuvent être liées à un mau-
vais respect des règles de l’art dans la pose (absence de
couche d’assise, remblayage avec un matériau non
adapté, résistance de tuyaux inadaptée à la configura-
Figure 8. Exemple de corrosion dans une fosse septique toutes eaux tion du terrain, canalisations inadaptées aux charges
roulantes, mauvaise pratique de stockage…). L’affaisse-
blèmes de répartition dans le système de traitement se- ment des canalisations occasionne alors des obstruc-
condaire (avec les conséquences évoquées en exemple 3 ). tions (figure 10 ), entraînant des difficultés d’écoulement,
voire des mises en charge des ouvrages situés en
Exemple 6. Mise en charge d’un poste de relevage
amont.
Un mauvais entretien du poste de relevage ou un mau-
Les problèmes d’écoulement peuvent également être
vais raccordement électrique de la pompe de relevage
causés ou accentués par les mauvaises pratiques des
peut entraîner une panne, mettant en charge le poste
usagers dans leurs habitations. Ces derniers, dans une
de relevage (figure 9 ), ainsi que les ouvrages situés en
logique de « tout-à-l’égout », rejettent lingettes et autres
amont. En l’absence d’alarme, les usagers se rendent
produits déconseillés.
compte du dysfonctionnement de la pompe unique-
ment lorsqu’il y a des problèmes d’écoulement dans
l’habitation ou des écoulements en surface du terrain.
À ce stade, il est bien souvent trop tard et des consé-
quences irréversibles peuvent se produire, nécessitant,
par exemple, le changement du média filtrant, ou occa-
sionnant des dégâts des eaux à la suite de la mise en Figure 10. Affaissement d’une canalisation
charge des canalisations à l’intérieur du logement.
Par ailleurs, les concepteurs ne prennent pas suffisam-
Exemple 8. Étanchéité des parois
ment en compte le volume de bâchées et la puissance
des pompes de relevage pour alimenter les ouvrages Certains ouvrages compartimentés (principalement les
d’une façon optimale. Ainsi, un volume de bâchées in- microstations et quelques filtres compacts) nécessitent,
suffisant n’assurera pas une bonne répartition des eaux pour leur bon fonctionnement, une étanchéité parfaite-
usées prétraitées sur toute la surface d’un massif filtrant ment assurée. Cependant, il arrive que des écoulements
(exemple 3 ). A contrario, une puissance trop importante préférentiels se créent entre les compartiments, entraî-
nant des rejets de mauvaise qualité. Cela peut être dû
à un défaut de fabrication et/ou à un non-respect des
consignes de vidange.

Exemple 9. Dysfonctionnements électromécaniques


dans l’ouvrage de traitement secondaire
Certains dispositifs de traitement sont équipés d’élé-
ments électromécaniques. Les pannes se retrouvent le
plus souvent sur les surpresseurs, les aérateurs ou les
recirculations. Ces dispositifs peuvent être équipés
d’une alarme permettant à l’usager d’être averti des
principales pannes (en général celle du surpresseur). Les
alarmes sonores permettent à l’usager d’être averti
immédiatement. En revanche, les alertes visuelles
Figure 9. Poste de relevage en charge constituées d’un simple témoin lumineux sont insuffi-

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 57


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

santes. Les conséquences de ces dysfonctionnements son installation. Il devra également le sensibiliser à l’en-
sont le plus souvent un relargage de boues, d’eaux tretien de son installation, conformément à l’article 15
usées non traitées ou partiellement traitées dans le de l’arrêté technique [MEEDDM et MSS, 2009]. Pour les
milieu hydraulique superficiel ou souterrain, entraînant filières agréées, le propriétaire dispose du guide d’utili-
une pollution du milieu ou un colmatage prématuré de sation du fabricant établi conformément à l’article 16 de
la zone d’infiltration. l’arrêté technique [MEEDDM et MSS, 2009]. Pour les
Il est également signalé le problème du débranchement filières traditionnelles, le contrôle d’exécution sera l’oc-
des surpresseurs pendant les absences prolongées des casion de présenter concrètement au propriétaire les
habitants (locations, départ en vacances…), mais aussi interventions d’entretien, essentielles au bon fonction-
lorsqu’ils sont présents pour réduire le bruit régulier ou nement de son installation. À ce titre, certaines collec-
le coût de l’électricité. La biomasse du dispositif risque tivités proposent la signature d’un document au pro-
alors une forte altération : il convient de proscrire cette priétaire-maître d’ouvrage lui permettant d’attester
pratique. avoir bien reçu l’information.
Pour conclure, ce retour d’expérience met en lumière Il appartient au Spanc de présenter ou de mettre à dis-
l’importance de la phase préalable d’information et de la position de l’usager, en toute objectivité, tous documents
phase conception : le maître d’œuvre en conception doit faisant référence dans le domaine et pouvant l’aider
apporter un maximum de précisions sur ses projets (§ 4.2). dans le choix de sa filière (liste non exhaustive) :
La phase de réalisation nécessite également des entre- – un rappel réglementaire sur les obligations de chacun
prises disposant d’une forte technicité et d’un savoir- (entrepreneurs, usagers, Spanc) ;
faire : maîtrise des règles de l’art (notamment le DTU 64.1, – les guides et documents du Plan d’action national pour
ATec), connaissance des guides de pose pour les filières l’assainissement non collectif [PANANC, 2014-2019] ;
agréées, sous-traitance à d’autres corps de métiers (cou- – le règlement de service du Spanc ;
vreurs pour la réhabilitation de ventilations secondaires,
– la plaquette de synthèse de l’étude du suivi in situ
électriciens pour le raccordement électrique des pompes
[BOUTIN et al., 2017] à destination des usagers intitu-
de relevage ou les systèmes d’alarme…). Par ailleurs, les
lée « Mieux connaître les dispositifs de traitement des
ouvrages connexes (postes de relevage, ventilation pri-
eaux usées pour mieux choisir son installation » ;
maire et secondaire…) doivent être considérés comme
– les documents de référence en lien avec les règles de
faisant partie intégrante du dispositif de traitement
l’art (DTU 64.1, et le cas échéant ATec, DTA, ATEx) lui
secondaire. La formation des acteurs et les retours de
permettant de sécuriser sa construction ;
terrain sont essentiels : les chartes qualité peuvent appor-
ter une valeur ajoutée sur ces points. – le tableau de comparaison des filières agréées en
ANC disponible sur le site internet du Groupe de recherche
Il est également essentiel que le propriétaire-maître
Rhône Alpes sur les infrastructures et l’eau [GRAIE,
d’ouvrage choisisse son installation en connaissance de
2018].
cause (contraintes, bruit du surpresseur, fréquences de
vidange, coûts d’investissement et d’entretien…) afin Le Spanc doit également sensibiliser le propriétaire sur
de l’entretenir et de l’utiliser correctement. l’importance du respect, par les entreprises intervenant
pour son compte, d’une garantie décennale adaptée à
son projet d’ANC.
4. Discussion : quelles recommandations
pour améliorer la qualité des ouvrages? 4.2. La maîtrise d’œuvre en conception : une
Cette section présente les deux obligations élémen- étape primordiale pour un assainissement
taires que doit respecter le Spanc : l’obligation d’infor- pérenne
mation et l’obligation de contrôle. Les contrôles d’exé- La mission de maîtrise d’œuvre en conception (NF P 16-006,
cution et de bon fonctionnement, bien qu’indispen- [AFNOR, 2016]) est capitale pour sécuriser le projet et
sables, seront peu développés ci-après. la pérennité de l’installation dans le temps (réalisation
d’une étude de sol et de définition de filière). Afin de
4.1. L’obligation d’information du public : un limiter le risque de sinistre, il est indispensable, dès le
préalable indispensable projet, que le maître d’œuvre en conception, en lien
Dans le cadre de son obligation générale d’information avec le propriétaire-maître d’ouvrage, analyse bien l’en-
du public, le Spanc doit informer le propriétaire-maître semble des paramètres d’aide à la décision permettant
d’ouvrage de s’assurer de la bonne mise en œuvre de à l’usager de retenir le dispositif le plus adapté (les

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Sinistralité en assainissement non collectif
De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations

règles de conception en fonction du sol, de l’usage, les La figure 11 présente les étapes du contrôle de concep-
règles de mise en œuvre et enfin l’entretien). tion avec les principaux points de vigilance à apporter.
Le rôle du maître d’œuvre en conception est de propo- Au vu des situations rencontrées (§ 3), il est désormais
ser au propriétaire les différents dispositifs envisa- indispensable que les Spanc complètent leur vision en-
geables sur sa parcelle, avec pour chacun les avantages vironnementale du contrôle par une vision des disposi-
et les inconvénients. tions constructives (par exemple, disposer d’un regard
Il l’orientera vers la solution technico-économique la critique sur l’adaptabilité de l’ouvrage par rapport aux
mieux adaptée à l’usage et aux caractéristiques du ter- contraintes de sol, de nappe…).
rain et n’omettra pas de prendre en considération les
coûts et les contraintes liés à l’entretien sur le long 4.4. Information du propriétaire-maître d’ou-
terme (incluant : vidanges, consommations électriques, vrage dans le cas d’une procédure de contentieux 
changement du média filtrant, équipements électromé- Lors d’un contrôle de bon fonctionnement, le Spanc
caniques, contrat d’entretien éventuel…). Ces principes peut mettre en évidence des dysfonctionnements ma-
sont précisés dans le référentiel d’emploi et de compé-
jeurs sur l’installation. Dans son rôle de contrôleur, il
tences d’un intervenant concepteur en ANC du Pananc
n’appartient pas au technicien du Spanc de définir les
[PANANC, 2015], et sont préconisés dans le guide tech-
responsabilités de chacun (rôle de l’expert), mais de no-
nique co-construit par les chartes bretonnes [CHARTE
tifier dans son rapport ce qu’il constate sur le terrain. Sur
56, 2016]. Par ailleurs, les financeurs peuvent condition-
la base de ce rapport, le propriétaire-maître d’ouvrage
ner leurs aides au respect d’un cahier des charges ou
pourra au besoin engager une procédure auprès des
d’éléments de cadrage minimaux au stade des études
professionnels et/ou de son assureur. Le Spanc peut l’in-
de définition des filières d’ANC pour les opérations de
former sur les démarches à effectuer (figure 12 ).
réhabilitation [AGENCE DE L’EAU LOIRE-BRETAGNE,
2017 ; AGENCE DE L’EAU RHIN-MEUSE, 2017]. Nota : il paraît inapproprié que la réglementation en vi-
gueur autorise une fréquence de contrôle périodique
À la suite du choix du propriétaire-maître d’ouvrage, le
de bon fonctionnement tous les 10 ans. En effet, il sera
concepteur devra remettre un dossier complet au pro-
alors impossible au propriétaire-maître d’ouvrage
priétaire-maître d’ouvrage, au service de contrôle régle-
d’avoir un quelconque recours en cas de défaillance de
mentaire (Spanc) et à l’entreprise de pose. Ce dossier
son installation d’assainissement.
doit présenter le contexte, le dispositif retenu (avec son
numéro d’agrément associé le cas échéant) et apporter
un maximum d’informations sur le projet pour faciliter 4.5. Vers une nécessité de faire évoluer la
l’intervention de l’entreprise : conditions de pose à ap- qualité des produits et des services en ANC
pliquer, localisation des ventilations, contraintes de mise Cette section propose quatre axes de réflexion pour
en œuvre, plan coté suffisamment précis, capacité du renforcer la qualité des produits et des services en ANC.
poste de relevage, autorisation nécessaire en cas de
Amélioration du tamis réglementaire : évolution de la
rejet d’eaux usées traitées, dimensionnement des zones
procédure d’agrément
d’infiltration… Le rôle du maître d’œuvre en conception
Les deux procédures d’agrément (simplifiée et non sim-
s’arrête ici. Dans le cadre de la préparation et du suivi de
chantier, le propriétaire, s’il le souhaite, pourra faire appel plifiée) vont certainement continuer à coexister, car le
à un maître d’œuvre en exécution (pouvant être la même marquage CE est européen et elles s’appuient sur le ca-
entreprise que le maître d’œuvre en conception). nevas réglementaire de l’arrêté prescriptions techniques
[MEEDDM et MSS, 2009].
Néanmoins, il serait souhaitable de renforcer les exi-
4.3. Le contrôle réglementaire : l’importance
gences de la procédure d’agrément : sécuriser la qua-
du contrôle de conception
lité des rejets (baisse des seuils réglementaires de re-
L’article 3 de l’arrêté du 27 avril 2012 [MEDDTL et al., jets, exclusion des produits ayant subi un entretien ou
2012] relatif aux modalités de l’exécution de la mission une maintenance lors de l’essai) ou, à défaut, imposer
de contrôle des installations d’ANC précise le contenu le protocole établi par l’Agence nationale de sécurité
de l’examen préalable à la conception. Il précise notam- sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du tra-
ment que doit être vérifiée « l’adaptation du projet au vail (Anses) en 2008 (annexe II de l’arrêté technique
type d’usage, aux contraintes sanitaires et environne- [MEEDDM et MSS, 2009]) à l’ensemble des dispositifs
mentales, aux exigences et à la sensibilité du milieu, aux d’épuration. Par ailleurs, la procédure d’agrément ga-
caractéristiques du terrain et à l’immeuble desservi… ». gnerait à être simplifiée, notamment en accompagnant

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 59


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Figure 11. Étapes d’un contrôle de conception et principaux points de vigilance (non exhaustif)

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Sinistralité en assainissement non collectif
De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations

Figure 12. Procédure à suivre par le propriétaire-maître d’ouvrage lors d’un sinistre

l’avis d’agrément d’une fiche technique résumant les Valorisation de la conception


points clés du guide destiné à l’usager. Il serait souhaitable de rendre obligatoire la réalisation
Ajustement de la procédure d’ATec : prise en compte d’une maîtrise d’œuvre en conception pour tout projet
des données de terrain d’assainissement. Le savoir-faire de ces professionnels
Depuis 2014, les orientations prises dans le cadre de pourrait être valorisé par une tierce partie et être re-
l’expertise collégiale du GS17 (CCFAT) sont désormais lé- connu par les chartes qualité et les assureurs (certifica-
gitimées par les différentes observations de terrain (dys- tion des acteurs).
fonctionnements de filières réglementaires). Il ressort Obligation d’un contrat d’entretien
un besoin d’une évaluation volontaire plus robuste que Pour les filières demandant une technicité particulière, la
celle imposée réglementairement (agrément). systématisation d’un contrat d’entretien serait à recom-
Les retours de terrain permettent au GS17 de disposer mander pour garantir à long terme les performances.
d’une bonne réactivité pour pouvoir faire régulièrement
évoluer les procédures d’évaluation. L’effet induit par
cette démarche de qualité est notamment d’augmen-
Conclusion et perspectives
ter la taille des dispositifs d’ANC (volume minimum de Ce travail partenarial a permis de mettre en lumière l’im-
stockage de boues adapté aux contraintes d’exploita- portance du volet « construction » du produit dans la
tion réalistes des maisons individuelles) pour garantir qualité des installations ANC : tout désordre structurel
une meilleure performance des ouvrages (contrairement lié au produit ou à la pose peut avoir des conséquences
à ce qui est constaté sur les dimensionnements des dis- sur les performances épuratoires, avec des impacts sur
positifs marqués CE). le milieu hydraulique superficiel et la santé.
Dans cette procédure d’avis technique, des suivis in situ Face au constat de dysfonctionnements sur certaines
seront organisés annuellement pour consolider l’éva- filières [BOUTIN et al., 2017] et suite à des sinistres
luation initiale. observés sur le terrain, les acteurs de la filière et les

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 61


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Ministères souhaitent désormais encourager des pro- lier de fonctionnement du traitement secondaire et
duits et des outils plus performants. À ce titre, une de- pouvant entraîner rapidement une dégradation du mi-
mande de modification du marquage CE auprès de la lieu récepteur ;
Commission européenne a été proposée. Cette volonté – adapter, dans le règlement de service des Spanc, la
est également partagée par les assureurs qui entendent fréquence du contrôle de bon fonctionnement au type
retranscrire les produits de qualité dans les contrats de dispositif en place et éviter un contrôle tous les
d’assurance proposés aux professionnels. Ainsi, il 10 ans pour pouvoir bénéficier de la durée de validité
conviendrait de dépasser la procédure réglementaire de la garantie décennale ;
d’agrément pour tendre vers des démarches volontaires – tendre vers plus de professionnalisation des acteurs,
d’avis techniques. Ces outils permettent de valoriser notamment par la formation des installateurs et des vi-
l’effort industriel en matière de qualité. dangeurs, souvent peu ou mal informés sur les évolu-
En outre, en cas de sinistre, l’application des contrats tions réglementaires et les avis techniques ;
d’assurance pour les filières agréées ne disposant pas – s’appuyer sur les associations de techniciens de Spanc
d’avis technique constitue un véritable enjeu pour l’en- pour diffuser l’information (forum, journée technique…)
semble des parties : assureurs, assurés et propriétaires- et réaliser des retours de terrain auprès des différents
maîtres d’ouvrage. Un besoin de communication est né- groupes de travail nationaux et européens avec pour
cessaire pour clarifier l’étendue des couvertures d’assu- objectif d’améliorer les pratiques ;
rances et insister sur l’importance d’une information sys- – faire vivre les chartes, bons outils pour tirer les acteurs
tématique de l’assuré auprès de son assureur pour de la filière ANC vers plus de qualité et valoriser les
intégrer une filière « non courante » dans le contrat. bonnes pratiques professionnelles, dans l’intérêt de
l’usager et de l’environnement.
Quoi qu’il en soit, l’ANC reste un choix d’assainissement
pertinent et économique complémentaire au tout col-
lectif. Une installation bien conçue, bien réalisée et ré-
Remerciements
Nous remercions tout particulièrement les partenaires
gulièrement entretenue est pérenne et durable. Elle
permet de préserver la qualité de l’eau et de ses usages. qui ont contribué à alimenter les données de terrain
Pour poursuivre dans ce sens, de nombreuses actions utiles à la rédaction de cet article, au premier rang des-
déjà en place sur certains territoires sont à encourager : quels les techniciens des Spanc, les maîtres d’œuvre en
– rendre obligatoire la réalisation d’une étude par un conception, les entreprises. Nous adressons également
maître d’œuvre en conception afin de limiter le nombre des remerciements aux agences de l’eau pour leur sou-
de sinistres. Il pourrait à terme être proposé aux inter- tien financier à l’animation et aux opérations de réhabi-
venants de passer par une certification ; litations menées jusqu’à aujourd’hui, gage d’une dyna-
– mieux informer le particulier sur les contraintes et les mique sur nos territoires. Enfin, nous tenons à remercier
coûts d’entretien au moment du choix de sa filière l’Agence qualité construction pour son éclairage sur
d’ANC ; l’importance de l’ANC dans la construction, ainsi que
– systématiser un contrat d’entretien avec visite annuelle son interprétation juridique des contenus des contrats
complète pour les dispositifs nécessitant un suivi régu- d’assurance.

Bibliographie
AFNOR (Association française de normalisation) (2016) : « Ins- ligne : http://www.eau-loire-bretagne.fr/espace_documentaire/
tallations d’ANC-Conception ». Norme NF P 16-006 (6 août documents_en_ligne/guides_assainissement
2016). AGENCE DE L’EAU RHIN-MEUSE (2017) : Guide pour la réali-
AFNOR (Association française de normalisation) (2013) : « Dis- sation des études préliminaires à la réhabilitation des filières
positifs d’assainissement non collectif (dit autonome) – Pour d’ANC. Disponible en ligne : http://cdi.eau-rhin-meuse.fr/
les maisons d’habitation individuelle jusqu’à 20 pièces princi- GEIDEFile/Guide_etudes_preliminaires_aNc_V26042017.pdf?
pales ». Norme NF DTU 64.1 (août 2013). Archive=244773506295&File=Guide_etudes_preliminaires_aN
AGENCE DE L’EAU LOIRE-BRETAGNE (2017) : Cahier des c_V26042017_pdf
charges type pour une étude de sol et de filières d’assainisse- BOUTIN C., OLIVIER L., AGENET P., PARISI S., ARTUIT P.,
ment non collectif (maîtrise d’ouvrage privée ou publique). Ap- BRANCHU P., DECOUT A., DUBOIS V., DUBOURG L., DHU-
plicable aux habitations existantes et habitations neuves pour MEAUX D., JOUSSE S., LEVAL C., MOULINE B., PORTIER N.,
les travaux de réhabilitation financés par l’agence de l’eau (Dé- RAMBERT C., SOULIAC L., SZABO C. (2017) : Assainissement
libération n° 2017-226 du 28 septembre 2017). Disponible en non collectif : le suivi in situ des installations de 2011 à 2016.

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Sinistralité en assainissement non collectif
De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations

Rapport final, 186 p. Publications disponibles en ligne : les prescriptions techniques applicables aux installations d’as-
http://cemadoc.irstea.fr/cemoa/PUB00054553 sainissement non collectif recevant une charge brute de pol-
CHARTE 56 (2016). Charte assainissement en domaine privé lution organique inférieure ou égale à 1,2 kg/j de DBO5 ».
du Morbihan. Guide technique pour la réalisation des études Journal Officiel de la République Française, NOR :
de définition d’une installation d’assainissement non collectif DEVO0809422A
pour l’habitat individuel (capacité de l’installation < 20 EH et MEDDTL (MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPE-
recevant des eaux usées domestiques ou assimilées). Outils MENT DURABLE, DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT),
disponibles en ligne : http://www.charte-assainissement56.org MIOMCTI (MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR, DE L’OUTRE-MER,
GRAIE (GROUPE DE RECHERCHE RHÔNE ALPES SUR LES DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET DE L’IMMIGRA-
INFRASTRUTURES ET L’EAU) (2018) : Tableau de comparaison TION), MTES (MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L’EMPLOI ET DE
des filières agréées en ANC. Travail collaboratif entre les LA SANTÉ) (2012) : « Arrêté du 27 avril 2012 relatif aux modalités
SATAA des départements du Rhône, du Jura et de la Saône- de l’exécution de la mission de contrôle des installations d’as-
sainissement non collectif » Journal Officiel de la République
et-Loire, les Spanc de la région de Saint-Jacut-les-Pins, de la
Française, NOR : DEVL1205609A.
Métropole Aix-Marseille Provence et de Tours Métropole, ainsi
que le Satese d’Indre-et-Loire, en appui sur le groupe de travail PANANC (PLAN D’ACTION NATIONAL POUR L’ASSAINISSE-
des acteurs de l’ANC du Graie. Disponible en ligne : MENT NON COLLECTIF) (2014-2019) : Outils et guides dispo-
http://www.graie.org/graie/graiedoc/reseaux/ANC/Tableau_ nibles en ligne : http://www.assainissement-non-collectif.
filieres_agreees.xlsm developpement-durable.gouv.fr/pananc-r117.html
LE BESQ R., GUILLOU E., DECOUT A., COURTOT X., DEBLA- PANANC (PLAN D’ACTION NATIONAL POUR L’ASSAINISSE-
DIS G., JEHANNO S. (2013) : « Réhabilitation de l’assainisse- MENT NON COLLECTIF) (2015) : Le référentiel d’emploi et de
ment non collectif sous maîtrise d’ouvrage publique. Retour compétences : intervenant concepteur en ANC (avril 2015).
d’expériences de Spanc du Morbihan ». Techniques Sciences Disponible en ligne : http://www.assainissement-non-collec-
Méthodes ; 7/8 : 18-30. tif.developpementdurable.gouv.fr/IMG/pdf/referentiel_concep
MEEDDM (MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, DE L’ÉNERGIE, DU teurs_5_ok.pdf
DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE LA MER), MSS (MINIS- SADOWSKI A. (2012) : « La problématique H2S : dispositions
TÈRE DE LA SANTÉ ET DES SPORTS) (2009) : « Arrêté du préventives et curatives ». Techniques Sciences Méthodes ;
7 septembre 2009 [modifié par arrêté du 7 mars 2012] fixant 1/2 : 37-52.

Glossaire
Les termes fréquemment utilisés dans l’article sont dé- tallations d’assainissement non collectif recevant une
finis comme suit : charge de pollution organique inférieure ou égale à
Agrément ministériel des dispositifs d’ANC : procé- 1,2 kg/j de DBO5.
dure d’autorisation de mise sur le marché français des Assainissement non collectif (ANC) : système d’assai-
procédés préfabriqués et/ou assemblés sur site, non nissement non raccordé au réseau public de collecte
visés par l’annexe 1 de l’arrêté du 7 septembre 2009 mo- des eaux usées domestiques ou assimilées, parfois
difié [MEEDDM et MSS, 2009]. nommé assainissement individuel ou autonome.
Annexe ZA de la norme « produit » 12566-3 « petites Avis technique (ATec) : désigne l’avis formulé par un
stations d’épuration préfabriquées ou assemblées sur groupe d’experts représentatifs des professions, appelé
site » : annexe réglementaire pour le marquage CE tra- groupe spécialisé (GS), sur l’aptitude à l’emploi des pro-
duisant les exigences européennes en matière de libre cédés innovants de construction. Les ATec sont délivrés
circulation des produits. Le reste de la norme est stric- par la Commission chargée de formuler les avis tech-
tement volontaire et ne s’impose pas aux États niques (CCFAT) [MEEDDM et MSS, 2009] (article 8 de l’ar-
membres. Cette annexe ZA reprend les exigences du rêté du 21 mars 2012). L’ATec prend la forme d’un DTA si
mandat M118 établi par la Commission européenne. le produit visé est marqué CE. Un ATec a une durée de
vie dans le temps (3 ans) et est renouvelable après en-
Appréciation technique d’expérimentation (ATEx) :
quête auprès des maîtres d’ouvrage (usagers) et des
procédure rapide d’évaluation technique (reconnue par
professionnels.
les assureurs) formulée par un groupe d’experts sur tout
produit, procédé ou équipement innovant (souvent uti- C2P : Commission « prévention-produits » de l’Agence
lisée en préalable à un ATec), car elle permet des pre- qualité construction en lien avec les assureurs.
miers retours d’expérience sur la mise en œuvre des CCFAT : Commission chargée de formuler les avis tech-
procédés. niques14.
Arrêté technique : arrêté du 7 septembre 2009 modifié
fixant les prescriptions techniques applicables aux ins- 14
www.ccfat.fr

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 63


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Centre d’études et de recherches de l’industrie du mentaire. C’est un document d’utilisation volontaire


béton (Cerib) : un des centres techniques industriels comme la plupart des normes Afnor.
(CTI). Structure de recherche technologique qui inter- Filière : ensemble de dispositifs constituant une installa-
vient en support d’une filière industrielle généralement tion ANC.
caractérisée par une forte part de PME.
Filières agréées (non classiques) : agréées conformé-
Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) : ment à l’article 7 de l’arrêté technique du 7 septembre
établissement public à caractère industriel et commer- 2009 modifié. Liste complète disponible sur le site In-
cial dont les missions et l’organisation juridique sont dé- ternet du Ministère en charge de l’Environnement15.
finies par le Code de la construction et notamment les Filières classiques : filières (rustiques et extensives) dé-
articles L. 142-1, L. 142-2 et R. 142-1 à R. 142-14. crites dans l’annexe 1 de l’arrêté technique du 7 sep-
Certification de produit : l’article L. 115-27 du Code de tembre 2009 modifié, à savoir tranchées et lit d’épan-
la consommation précise que : « Constitue une certifi- dage, filtres à sable vertical (drainé et non drainé) et filtre
cation de produit soumise aux dispositions de la pré- à sable horizontal, tertre d’infiltration, filtre à massif de
sente section l’activité par laquelle un organisme, dis- zéolithe.
tinct du fabricant, de l’importateur, du vendeur ou du Filières traditionnelles : filières classiques décrites dans
prestataire, atteste, à la demande de celui-ci effectuée le DTU 64.1 (tranchées et lit d’épandage, filtres à sable
à des fins commerciales ou non commerciales, qu’un verticaux drainé et non drainé, tertre d’infiltration).
produit est conforme à des caractéristiques décrites Note : les filières classiques telles que le filtre à massif
dans un référentiel et faisant l’objet de contrôles. Le ré- de zéolithe (jusqu’à 5 équivalent-habitant) et le filtre à
férentiel est un document technique définissant les ca- sable horizontal ne sont pas définis comme des tech-
ractéristiques que doit présenter un produit ou un ser- niques traditionnelles car non décrites dans le DTU 64.1.
vice et les modalités du contrôle de la conformité du
Filières innovantes : non décrites dans le DTU 64-1, re-
produit ou du service à ces caractéristiques. »
groupant les filières agréées, les filières sous avis tech-
Commission générale de normalisation du bâtiment nique…
(CG-Nor-Bat) : commission chargée de formuler les Fluage : essai de vérification à long terme de la durabi-
DTU selon des critères précis. lité à long terme d’un composant en thermoplastique
Concepteur : professionnel en charge de la maîtrise sous contraintes. Cet essai permet de prédire la durée
d’œuvre en conception (au sens de la norme NF EN de vie de la matière et donc du composant en thermo-
16006). plastique.
Constance de la production : cela signifie que les pro- Groupe spécialisé n° 17 : groupe d’experts représenta-
duits fabriqués restent conformes à des caractéristiques tif des professions de l’assainissement en charge de for-
décrites dans un référentiel. Elle constitue le strict main- muler un avis technique sur des procédés innovants.
tien des performances des produits fabriqués en usine Impropriété à destination d’un ouvrage : terme assu-
ou sur site d’assemblage. Pour les produits d’ANC, rantiel désignant l’inaptitude à la destination d’un ou-
cette régularité de production est seulement contrôlée vrage. Dans le cas d’un ANC, tout dysfonctionnement
en interne (autocontrôle du fabricant) dans le cadre du sur une installation peut amener à une impossibilité
marquage CE (dite contrôle de production en usine) et d’utiliser l’habitation.
contrôlée en usine et par tierce partie indépendante Liste verte : liste des produits et/ou procédés bénéfi-
dans le cadre de certification de produits (marque QB ciant d’un ATec ou d’un DTA en cours de validation16.
conformément aux exigences de l’avis technique).
Marquage CE : procédure de déclaration des perfor-
Dispositif : produit (au sens de la norme EN12566-3) mances du produit de construction sous la stricte res-
préfabriqué et/ou assemblé sur site d’assemblage ponsabilité du fabricant. Ces allégations (déclarations)
constitutif d’une installation (ouvrage) au sens de l’ar- peuvent être vérifiées par les services de la répression
rêté technique du 7 septembre 2009 modifié. des fraudes. Dans le cadre de l’ANC, le niveau d’attes-
Document technique d’application du marquage CE tation du marquage CE est dit de niveau 3 (produit
(DTA) : appellation d’un ATec couvrant un produit mar- fourni par l’industriel pour tests, pas de contrôle de la
qué CE. production par tiers indépendant). Ce marquage CE
Document technique unifié (DTU) : historiquement créé
par le CSTB, il a pris le statut de norme en 1993 (condi- 15
http://www.assainissement-non-collectif.developpement-durable.gouv.fr/
tions techniques et contractuelles pour la bonne exécu- agrement-des-dispositifs-de-traitement-r92.html
tion des ouvrages). Un NF DTU n’est pas un texte régle- 16
http://listeverte-c2p.qualiteconstruction.com

64 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Sinistralité en assainissement non collectif
De la réglementation aux règles de l’art, retours d’expériences et recommandations

vise la performance épuratoire, la stabilité structurelle marché de l’Union européenne un PDC, le fabricant doit
et la durabilité des produits. établir une déclaration des performances en apposant
Marque de qualité QB : certification qui s’appuie sur un le marquage CE.
référentiel conçu par un organisme certificateur indé-
Sinistres sériels : il n’existe pas, en droit des assurances,
pendant et publié au Journal officiel. La marque QB per-
de régime légal relatif aux sinistres sériels en dehors
met la vérification de la constance de la production des
d’une référence à l’article L.124-1-1 du Code des assu-
canalisations d’assainissement autonome (épandage et
rances (v. plus loin). En l’absence de définition du sinistre
transfert) et de certains procédés agréés faisant l’objet
sériel, on entend habituellement par « sinistres sériels »,
d’un ATec.
sinistres en série ou sinistres en chaîne, la multiplication,
Normes : référentiels précisant les caractéristiques à exi- dans le temps et/ou dans l’espace, de dommages cau-
ger d’un produit ou d’un service. sés à des personnes et/ou à leur bien, et dont l’origine
Norme de construction : norme visant la mise en œuvre se situe dans un seul et même événement générateur.
et les ouvrages, à distinguer de la norme « produit » vi- Plusieurs éléments caractérisent les sinistres sériels. Ces
sant les caractéristiques d’un produit. sinistres sériels, nés avec la production en grande série
Ouvrage d’ANC : installation comportant toutes les et l’industrialisation des éléments de construction, sont
étapes de collecte, de transport, de traitement et d’éva- amplifiés par les innovations techniques et technolo-
cuation. Également appelé filière. giques non complètement maîtrisées. Se produit alors
Produit de construction (PDC) : produit de construction un aléa supplémentaire, lié à la mise sur le marché de
au sens du RPC. Pour l’ANC on parle d’un dispositif. produits/techniques non éprouvés, dénommés « risque
développement ». Ce dernier se caractérise par un
Propriétaire-maître d’ouvrage : le propriétaire maître
« risque de responsabilité civile encouru par tout fabri-
de l’ouvrage, appelé propriétaire (également considéré
cant lorsqu’il met un produit en circulation : l’utilisation
comme le pétitionnaire ou l’usager).
du produit peut entraîner, pour le consommateur, de
Règles de l’art dans le bâtiment : l’ensemble des règles
proches ou lointaines conséquences dommageables
de savoir-faire technique conformes aux données ac-
que l’état des connaissances scientifiques et techniques
tuellement acquises dans le secteur de la construction.
ne permettait pas de prévoir ni de mettre en évidence à
Longtemps, ce savoir-faire a été oral et transmis sous
l’époque de la conception et de la commercialisation
forme d’usage. Cependant, un travail important de co-
du produit » (définition du Dictionnaire général de l’as-
dification a été entrepris afin de le transposer sous
surance, Christian Sainrapt, édition Arcature). Les si-
forme de norme, DTU et avis techniques principale-
nistres sériels sont ainsi la crainte des fabricants et des
ment. Tout entrepreneur se doit de connaître et respec-
intermédiaires que sont les vendeurs, négociants, en-
ter les règles de l’art et les différents documents qui s’y
trepreneurs/poseurs et leurs assureurs respectifs.
attachent de manière à assurer un travail conforme aux
standards de qualité et de sécurité requis par la profes- Spanc : service public d’assainissement non collectif.
sion. À l’exception des marchés publics, les normes,
Techniques courantes : terme assurantiel regroupant les
DTU et autres avis techniques ne sont pas obligatoires
filières traditionnelles et les filières innovantes faisant
sauf si le marché y fait expressément référence. Cepen-
l’objet de norme de construction (DTU…), ou après ac-
dant, en cas de procédure contentieuse et de nomina-
ceptation par la C2P, d’un ATec, d’un DTA ou d’une
tion d’un expert judiciaire, celui-ci s’appuiera fréquem-
ATEx.
ment sur ces textes pour déterminer si un entrepreneur
a bien respecté les règles de l’art. Techniques non courantes : terme assurantiel regrou-
Règlement européen « Produits de construction » (RPC pant les techniques ne faisant l’objet d’aucune norme
n° 305/2011) : prévoit que pour pouvoir mettre sur le de construction (DTU…) ou d’aucun ATec, DTA ou ATEx.

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 65


PUBLI-INFOS

Endress+Hauser reçoit
le German Innovation Award
La technologie de mesure de débit impressionne
le jury à deux reprises
Endress+Hauser a reçu le German Innovation Award pour
deux innovations. L'entreprise a reçu le Gold Award pour le
Promass Q et a également impressionné le jury avec la famille Le German Innovation Award récom-
pense les produits industriels qui se
d'appareils Proline 300/500, qui a été récompensée par le distinguent des solutions actuellement
Winner Award dans la catégorie connectivité. disponibles par leur valeur ajoutée.

ette année, pour la première fois, le prix allemand Grâce à une connectivité optimisée, à l'autosurveillance
C de l'innovation a récompensé des produits qui se
distinguent des solutions actuellement disponibles par
intelligente avec la Heartbeat Technology et à une appli-
cation en nuage, les utilisateurs peuvent identifier exac-
leur valeur ajoutée. tement les besoins de maintenance des actifs, optimiser
« Avec le débitmètre Promass Q innovant, Endress+Hauser la planification de la maintenance et minimiser les arrêts
a établi une nouvelle référence en matière de précision de l'installation.
lorsqu'il s'agit de mesurer le volume, la densité et la tem-
pérature de produits liquides. Après tout, des mesures pré- German Innovation Award
cises augmentent la qualité des produits et réduisent les Le German Innovation Award est divisé en deux catégo-
coûts », déclare Andrej Kupetz, chef du German Design ries de concours – « Excellence in Business to Consumer »
Council et président du jury du German Innovation Award. et « Excellence in Business to Business » – plus la caté-
Le concours a donné lieu à un deuxième prix pour le spé- gorie générale « Design Thinking ». Le jury sélectionne
cialiste des techniques de mesure, avec la famille d'ins- un Gold Award pour la meilleure performance au sein
truments Proline 300/500, qui a été récompensée par le d'une industrie ou d'un domaine particulier dans chacune
Winner Award dans la catégorie connectivité. des deux catégories de concours ; en outre, plusieurs
innovations sont reconnues comme gagnantes.
Promass Q : le spécialiste pour les applications exigeantes
Le Promass Q, qui offre une précision de mesure supé- Les critères d'attribution comprennent le degré d'inno-
rieure même dans des environnements difficiles, est spé- vation, les avantages pour l'utilisateur et le rapport coût-
cialement conçu pour l'industrie pétrolière et gazière ainsi efficacité. Le jury est composé d'experts interdisciplinaires
que pour l'industrie agroalimentaire. Avec ce débitmètre, indépendants issus de l'industrie, de la science, des ins-
Endress+Hauser garantit une précision inégalée lors de tituts et de l'industrie financière.
la mesure du débit massique, du débit volumique et de
la densité, même dans des environnements d'exploita-
tion et des conditions de process qui fluctuent fortement.
Endress+Hauser a également développé une nouvelle
fonction qui permet au Promass Q de mesurer précisé-
ment les fluides avec des gaz entraînés.

Proline 300/500 : connectivité innovante pour les solutions IIoT


Dotés de nombreuses fonctions et caractéristiques, les
nouveaux instruments Proline 300/500 peuvent effectuer
des mesures de débit univer-
selles pour n'importe quelle
application de contrôle de
processus. Ces instruments La famille d'instruments Endress+Hauser Proline, qui a
mesurent le débit dans les été récompensée par le Winner Award, a également
conduites avec une précision impressionné le jury allemand du Prix de l'innovation.
supérieure tout en fournis-
sant aux opérateurs un grand
nombre de données de diag- Endress+Hauser a reçu le Gold Award pour le débit-
nostic et de traitement impor- mètre Promass Q, qui offre une précision de mesure
tantes. supérieure, même dans des conditions difficiles.
Techniques Sciences Méthodes
astee-tsm.fr

Assainissement non collectif en France : comparaison


statistique de la qualité des eaux usées traitées
On-site wastewater treatment in France: statistical comparison of the outlet
effluent quality

n L. OLIVIER1, I. LAOUAR1, V. DUBOIS1, P. BRANCHU2, Y. LEGAT3, C. BOUTIN1*


1
Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea) – UR Reversaal – Centre de Lyon-Villeurbanne –
Villeurbanne
2
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) – Unité eau – Direction territoriale Île-de-France –
Trappes
3
Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea) – Unité de gestion patrimoniale des infrastructures
liées à l’eau – Cestas

Mots-clés : R ÉSUMÉ Une évaluation de 1286 données provenant de 231 installations d’assainissement non collectif
Assainissement non a débuté en 2011 en France, afin d’évaluer la qualité des eaux usées traitées. Les concentrations des six
collectif paramètres chimiques étudiés – matières en suspension (MES), demande chimique en oxygène (DCO),
Censure demande biochimique en oxygène (DBO5), azote ammoniacal (N-NH4+), nitrates (N-NO3–) et azote Kjeldahl
Dispersion (NK) – se caractérisent par un taux significatif de données censurées à gauche. C’est pourquoi une
Dispositifs méthodologie statistique robuste (modèle log-linéaire généralisé) a été mise en œuvre pour calculer les
Modèle linéaire concentrations médianes en sortie de 21 dispositifs d’assainissement différents, regroupés en neuf filières
généralisé et trois familles (cultures fixées sur supports fins (CFSF), cultures fixées immergées (CFI) et cultures libres
Paramètres chimiques (CL)). Ces 21 dispositifs sont réglementaires et 20 d’entre eux respectent la norme européenne NF EN
Vraisemblance 12566-3, le dernier est un filtre à sable drainé. Le modèle statistique permet d’étudier les effets de quatre
variables explicatives : taux de charge, vieillissement, procédé et type de prélèvement, sur la distribution
des concentrations des eaux usées traitées. Le principal effet identifié est le procédé. Un groupe de quatre
dispositifs sur 21 présente de meilleurs résultats pour les paramètres MES et DCO, trois dispositifs
proviennent de la famille CFSF (Sable1, Filtres plantés de roseaux et Copeaux de coco2) et un de la famille
CFI (Lit fixe1) avec des concentrations médianes en MES égales à 8 mg/L, 4 mg/L, 10 mg/L et 4 mg/L
respectivement. Quatre dispositifs ont des concentrations médianes en MES supérieures à 30 mg/L, seuil
utilisé lors des essais sur plate-forme (Laine de roche1, Zéolite1, Boue activée classique1 et Sans décanteur
primaire1). La qualité des eaux usées traitées est très variable selon les dispositifs et les concentrations
médianes mesurées in situ pour certains dispositifs sont plus élevées (jusqu’à quatre fois supérieures) que
les seuils réglementaires utilisés sur plate-forme.

Keywords: A BSTRACT In 2011, an assessment of 1286 pieces of data from 231 on-site sanitation facilities was carried
Censoring out in France, with the aim of evaluating treated wastewater quality. Concentrations of the 6 chemical
Chemical parameters parameters (total suspended solids (TSS), chemical oxygen demand (COD), biochemical oxygen demand
Dispersion (DBO5), ammonium nitrogen (NH4+-N), nitrate nitrogen (NO3–-N) and Kjeldahl nitrogen (TKN)) studied are
Generalized linear characterized by a significant rate of left-censored data. This is why a robust statistical methodology
model (generalized log-linear model) was used to calculate median outlet concentrations of 21 different sanitation
Likelihood systems, divided into 9 categories and 3 families (Biofilm Systems on Fine Media (BSFM), Immersed Biofilm
On-site sanitation Systems (IBS) and Activated Sludge Processes (ASP)). These 21 systems are set out in official regulations,
Systems and 20 of them meet European Standard NF EN 12566-3, including a drained sand filter. The statistical
model was created to study the effects of four explanatory variables (loading rate, aging, treatment process
and type of sampling) on the distribution of treated wastewater concentrations. The principal effect identified
by the model is the treatment process; it permits to compare systems with each other. A group of 4 systems
out of 21 returned good results for TSS and COD parameters. Three of those are from BSFM family (Sand1,
Constructed Wetland and Coconut Shavings2) while one is from the IBS family (Fixed Bed1), with TSS median
concentrations equal to 8 mg/L, 4 mg/L, 10 mg/L and 4 mg/L respectively. Four systems have TSS median
concentrations higher than the threshold of 30 mg/L used for approval tests (Rock Wool1, Zeolite1,
Classical1 and without primary settlement tank1). Treated wastewater quality is variable depending on the
systems and median concentrations measured in situ for some systems are higher (4 times higher) than
regulatory thresholds used on platform tests.

Introduction 20 équivalent-habitant (EH). En France, le nombre d’ins-


tallations d’ANC est estimé à près de 5 millions, ce qui
L’assainissement non collectif (ANC) fait référence aux
représente près de 20 % de la population nationale
dispositifs utilisés pour le traitement des eaux usées
[AYPHASSORHO et al., 2014].
provenant de maisons individuelles, à savoir moins de
Les évolutions récentes de la réglementation française
* Auteur correspondant – Courriel : catherine.boutin@irstea.fr ont permis la mise sur le marché de nouveaux dispositifs

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 67


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

de traitement agréés par l’État [MEEDDM et MSS, à tous les agents préleveurs. Les paramètres analysés à
2012]. La France délivre des agréments en se basant sur la sortie sont les suivants : MES, DCO, DBO5, N-NH4+,
i) une analyse stricte des résultats du marquage CE de N-NO3– et NK.
la norme européenne [AFNOR, 2013] et/ou ii) une pro- Des fiches de description des installations et des visites,
cédure similaire à la norme NF EN 12566-3 pour les dis- adaptées à toutes les filières, ainsi qu’un protocole de
positifs sans marquage CE. Jusqu’en 2009, seuls quatre
prélèvement ont été élaborés et servent de base à la
dispositifs « traditionnels » étaient autorisés (épandage
méthodologie commune partagée par tous les agents
sur sol en place, filtre à sable ou zéolite). À la date du
préleveurs et acteurs du suivi in situ. La fiche descriptive
31 décembre 2016, près de 650 agréments ont été
renseigne sur les caractéristiques techniques et nomi-
attribués à 70 constructeurs sur la base d’un avis formulé
nales de l’installation telles que la date de mise en service,
par les organismes notifiés français.
sa capacité nominale, la nature du traitement ou encore
L’augmentation du nombre de nouveaux systèmes le dimensionnement.
agréés et le manque de données publiques concernant
Les caractéristiques techniques des 33 dispositifs
la nature et le fonctionnement de ces installations ap-
conduisent à les classer en 13 filières, regroupées en trois
parues après 2009 ont démontré la nécessité de mutua-
familles de procédés de traitement des eaux [BOUTIN et
liser les forces des services publics responsables de
l’ANC. al., 2017] :
– les cultures fixées sur supports fins (CFSF) sont com-
Un suivi in situ des installations d’ANC a débuté en 2011
posées d’une fosse septique (excepté pour les filtres
afin d’évaluer la qualité des eaux usées traitées en
plantés de roseaux) et d’un filtre rempli de matériaux
conditions réelles de fonctionnement. Pendant 6 ans,
fins. Les MES sont retenues à la surface par une filtration
près de 1 400 données ont été collectées sur 246 instal-
mécanique et la pollution dissoute est dégradée par
lations d’ANC dans 22 départements français, qui cou-
des bactéries fixées. Il n’y a pas de clarificateur et l’aé-
vrent cinq des six territoires des agences de l’eau.
ration est naturelle. Sont intégrés dans cette famille les
Le but de cette étude est d’évaluer la qualité des ef- filières dites « traditionnelles » de l’article 6 de l’arrêté
fluents en sortie des installations d’ANC dans des condi- du 7 mars 2012 ainsi que les « filtres compacts agréés »
tions réelles de fonctionnement et d’expliquer la distri- et les « filtres plantés agréés » selon la terminologie en
bution des données en évaluant l’influence de facteurs
usage au sein des Ministères en charge de l’Environne-
explicatifs connus, à la fois sur la médiane et sur la disper-
ment et de la Santé ;
sion des concentrations de six paramètres chimiques :
– les cultures fixées immergées (CFI) sont composées
matières en suspension (MES), demande chimique en
de trois cuves : un décanteur primaire, un bioréacteur
oxygène (DCO), demande biochimique en oxygène sur
contenant des supports (fixes ou libres) et un clarifica-
5 jours (DBO5 ), azote Kjeldahl (NK), azote ammoniacal
teur. La pollution dissoute est dégradée par des bactéries
(N-NH4+) et nitrates (N-NO3–).
fixées sur les supports immergés (libres ou fixes) et l’aé-
L’objectif de cet article est de présenter le recueil des ration est forcée. La recirculation des boues biologiques
données, leur validation, la méthodologie statistique du clarificateur vers le décanteur primaire est assurée
qui a été développée pour répondre à la spécificité du par une pompe. Cette famille correspond aux « micro-
jeu de données et les résultats obtenus. stations à cultures fixées agréées » comprenant égale-
ment les disques biologiques, selon la terminologie en
1. Matériels et méthodes usage au sein des Ministères en charge de l’Environne-
ment et la Santé ;
1.1. Recueil et validation des données – les cultures libres (CL) sont habituellement composées
Les installations ont été choisies sur la base de cinq cri- de trois cuves : un décanteur primaire, un bioréacteur
tères : i) l’installation doit être conforme à la réglemen- et un clarificateur. La pollution dissoute est dégradée
tation en vigueur, ii) elle doit être raccordée à une rési- par des bactéries en suspension dans le bioréacteur et
dence, iii) seules les eaux résiduaires domestiques sont l’aération est forcée [DUBOIS et al., 2014]. La recircula-
traitées, iv) le point de prélèvement de l’installation doit tion des boues biologiques du clarificateur vers le décan-
être accessible (les installations non drainées sont ex- teur primaire est assurée par une pompe. Cette famille
clues) et v) le propriétaire doit être volontaire [BOUTIN correspond aux « microstations à cultures libres agréées »
et al., 2017]. (boues activées et SBR (Sequencing Batch Reactor))
À partir de ces critères, 1448 données ont été collectées selon la terminologie en usage au sein des Ministères
sur 246 installations selon une méthodologie commune en charge de l’Environnement et de la Santé.

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Assainissement non collectif en France : comparaison statistique de la qualité des eaux usées traitées

Parmi ces trois familles, 13 filières de traitement ont été méthode est techniquement plus complexe, mais elle
identifiées pour regrouper les dispositifs selon leurs carac- permet de représenter la qualité de l’eau en sortie sur
téristiques communes de conception : une journée complète.
– les CFSF sont classées selon le garnissage du média Les échantillons d’eau sont transportés dans des condi-
filtrant : i) sable (S), ii) filtres plantés de roseaux (FPR), tions réfrigérées aux laboratoires d’analyse, dotés d’une
iii) zéolite (Z), iv) copeaux de coco (CC), v) laine de roche accréditation Cofrac, aux termes de la norme NF EN
(LR) et vi) écorces de pin (EP). La dégradation biologique ISO/CEI 17025 [COFRAC, 2016]. Dix-huit laboratoires
dans le massif filtrant est effectuée dans des conditions différents ont analysé les échantillons.
aérobies, à savoir en présence d’oxygène. La dégrada- La charge organique n’a pas été mesurée. Par consé-
tion des formes azotées s’arrête en phase de nitrifica- quent, la charge quotidienne (en DCO) a été estimée,
tion. Seuls les FPR permettent une dénitrification. En sur la base du nombre d’habitants, de leurs activités (à la
effet, le deuxième étage est composé d’un filtre à écou- maison toute la journée ou à l’extérieur) et de la charge
lement horizontal, en conditions anoxiques ; quotidienne théorique de pollution par personne et par
– les CFI se distinguent par la mobilité ou non du support jour [BOUTIN et EME, 2016]. Un taux de charge est éta-
dans le bioréacteur : i) lit fixe pour les CFI avec support bli à partir de cette charge estimée par rapport à la ca-
fixe ou ii) lit fluidisé pour les CFI avec support mobile. pacité nominale. Trois classes de taux de charge esti-
iii) Les disques biologiques (DB) sont également classés més ont été créées : faible (< 30 %), intermédiaire (30 %
dans cette famille. Tous les procédés de cette famille - 70 %) et élevé (> 70 %).
sont nitrifiants et dénitrifiants ; Les installations étudiées sont âgées de 1 an à 12 ans,
– les CL sont classées à partir de i) la configuration clas- ce qui permet d’analyser le vieillissement des disposi-
sique des boues activées (C) : un décanteur primaire, un tifs au fil du temps. Trois classes d’âge ont été créées :
bioréacteur et un clarificateur. Ce classement définit jeune (< 2 ans), intermédiaire (2 ans - 4 ans) et âgée
trois filières : ii) sans décanteur primaire (SSdec) est la (> 4 ans). Toutefois, 80 % des installations ont moins de
filière classique sans ouvrage de décantation primaire, 4 ans au moment du prélèvement. Les données collec-
iii) traitement complémentaire (TC) est la filière classique tées reflètent un parc d’installations jeunes.
à laquelle est ajoutée un traitement complémentaire et
Le type de prélèvement, le procédé de traitement (trois
iv) SBR où les processus d’épuration sont réalisés dans
familles, 13 filières, 33 dispositifs), le taux de charge et
un même ouvrage. Tous les procédés dans cette famille
l’âge de l’installation constituent les variables explica-
sont nitrifiants et dénitrifiants.
tives.
Parmi les 13 filières de traitement, 33 dispositifs ont été
Depuis 2011, 1 448 prélèvements ont été réalisés. L’en-
étudiés. Un dispositif se réfère à un produit commercia-
semble des données n’est pas équilibré par rapport aux
lisé par des fabricants de dispositifs d’ANC. Au sein de
trois familles de traitement des eaux usées et il com-
chaque filière, les dispositifs se distinguent par des
prend : 731 visites pour les CFSF, 397 visites pour les CFI
aspects techniques spécifiques : la conception, le sys-
et 320 visites pour les CL.
tème d’aération, le nombre de cuves, la profondeur du
Lors de la phase de validation des données, cinq situa-
filtre, etc.
tions de prélèvements non validés ont été répertoriées :
Le tableau I présente les trois familles, 13 filières et
33 dispositifs étudiés dans cet article ainsi que le
nombre de prélèvements réalisés et le nombre d’instal-
lations suivies pour chaque dispositif.
Deux méthodes de prélèvement différentes ont été
mises en œuvre : les prélèvements ponctuels et les
bilans 24 h (figure 1). Un prélèvement ponctuel est un
échantillon unique prélevé directement au niveau du
point de prélèvement à un instant déterminé de la jour-
née. Cette méthode est plus facile à réaliser, car elle né-
cessite moins d’équipement spécifique, mais ne carac-
térise que la qualité des eaux en sortie à un moment
donné. Un bilan 24 h est un échantillon moyen consti-
Sources : photo de gauche - V. Dubois/Irstea ; photo de droite - P. Artuit/CD de la Mayenne
tué de plusieurs échantillons unitaires prélevés tout Figure 1. Réalisation d’un prélèvement ponctuel (à gauche) et d’un bilan 24 h
au long des 24 h par un préleveur automatique. Cette par préleveur automatique (à droite)

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 69


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Nombre
Familles Filières Dispositifs
de visites d’installations
Cultures fixées Filtre garni de sable (S) S1 132 22
sur supports fins S2 7 2
(CFSF) S3 44 2
Filtre planté de végétaux (FPR) FPR 146 19
Filtre à zéolithe (Z) Z1 44 11
Z2 121 19
Filtre à copeaux de coco (CC) CC1 34 7
CC2 90 10
Filtre à laine de roche (LR) LR1 40 10
LR2 70 7
Filtre à écorces de pin (EP) EP 3 1

Cultures fixées Lit fixe (LFx) LFx1 37 7


immergées LFx2 10 2
(CFI) LFx3 52 9
LFx4 126 23
LFx5 6 2
LFx6 81 18
LFx7 16 5
LFx8 3 1
LFx9 45 8
Lit fluidisé (LFl) LFl 14 4
Disques biologiques (DB) DB 7 4

Cultures libres Boues activées classique (C) C1 35 7


(CL) C2 5 1
C3 5 1
Classique sans décanteur SSdec1 92 12
primaire (SSdec) SSdec2 3 1
Traitement complémentaire (TC) TC 26 3
Sequencing Batch Reactor SBR1 43 8
(SBR) SBR2 84 12
SBR3 16 3
SBR4 4 3
SBR5 4 1
Tableau I. Nombre de visites et d’installations pour chaque dispositif suivi

i) non-respect des critères de choix de l’installation, Le jeu de données validées concerne donc 231 installa-
ii) absence d’écoulement, iii) absence de fiche de visite tions et 1 286 prélèvements, composés de 778 prélève-
renseignée, iv) problème lors du prélèvement (change- ments ponctuels et 508 bilans 24 h.
ment du point de prélèvement, rejet dilué par de l’eau La figure 2 présente le pourcentage de données collec-
pluviale, échantillon contaminé par la présence de tées et validées par filière, par rapport à l’ensemble du
dépôts) et v) problème dans la chaîne de mesures ana- jeu de données. Pour chaque filière, différents disposi-
lytiques (temps de transport ou temps de conservation tifs ont été étudiés et le nombre de données collectées
au laboratoire trop longs, résultats d’analyse incohé- par dispositif est mentionné dans chaque case.
rents). Une partie des données analytiques a dû être homo-
Au total, 162 prélèvements non validés ont été suppri- généisée : il s’agit des limites de quantification (LQ)
més, ce qui signifie que 88,8 % des visites génèrent le fournies par les différents laboratoires d’analyse. La LQ
jeu de données qui constitue la base de l’analyse. indique le seuil en dessous duquel la grandeur mesurée

70 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : comparaison statistique de la qualité des eaux usées traitées

CFSF : cultures fixées sur supports fins ; CFI : cultures fixées immergées ; CL : cultures libres ; S : sable ; FPR : filtre planté de
roseaux ; Z : zéolithe ; CC : copeaux de coco ; LR : laine de roche ; EP : écorces de pin ; LFx : lit fixe ; LFl : lit fluidisé ;
DB : disques biologiques ; SSdec : sans décanteur primaire ; C : boues activées classique ; TC : traitement complémentaire ;
SBR : Sequencing Batch Reactor.
Figure 2. Proportion de données collectées et validées à partir de chaque filière de traitement

n’est plus quantifiable. Chaque laboratoire présente les hautes LQ retenues pour l’harmonisation de ces
une LQ propre à sa méthodologie analytique, et ce pour deux paramètres (deux laboratoires sur 11 pour la DBO5
chaque paramètre. et trois sur 18 pour le N-NH4+).
Pour tous les paramètres chimiques, une harmonisation Les concentrations dans les eaux usées traitées en MES,
de la LQ a été nécessaire pour donner un poids iden- DCO, DBO5, N-NH4+, N-NO3– et NK constituent les va-
tique aux faibles valeurs et dans un but d’équité envers riables dépendantes.
les dispositifs disposant d’échantillons provenant de la- Une méthodologie statistique a été mise en place pour
boratoires différents. Pour le traitement des données re- comparer les dispositifs entre eux, par le biais d’une
cueillies, une unique LQ par paramètre est retenue et analyse des variables dépendantes en fonction des va-
correspond à la LQ la plus haute, tous laboratoires riables explicatives.
confondus. Par exemple, pour le paramètre MES, la LQ
la plus haute, tous laboratoires confondus, est 2 mg/L. 1.2. Analyse de la distribution des données
Toutes les données inférieures à 2 mg/L sont donc rele- Cette partie met l’accent sur l’analyse de la distribution
vées à cette valeur. Le tableau II présente les LQ rete- des données en utilisant des outils statistiques appro-
nues pour chaque paramètre ainsi que le taux d’harmo- priés.
nisation (en %). Tout d’abord, la distribution des données est comparée
Le taux d’harmonisation est variable selon les para- à une distribution normale qui est représentée par la
mètres. Ce sont les paramètres DBO5 et N-NH4+ qui droite rouge sur la figure 3a. Cette représentation gra-
sont les plus concernés par cette harmonisation. Effec- phique indique que la distribution des données ne suit
tivement, seul un faible nombre de laboratoires utilise pas une distribution normale. En effet, des valeurs

Paramètres MES DCO DBO5 NK N-NH4+ N-NO3–


LQ retenue en mg/L 2 30 5 1 1 0.68
Nombre de Harmonisées à la
données LQ la plus haute 68 93 248 27 308 183

Total 1 279 1 281 709 1 040 1 197 1 269


Taux d’harmonisation en % 5 7 35 3 26 14
MES : matières en suspension ; DCO : demande chimique en oxygène ; DBO5 : demande biochimique en oxygène sur 5 jours ; NK : azote Kjeldahl ; N-NH4+ :
azote ammoniacal ; N-NO3– : nitrates.
Tableau II. Limites de quantifications (LQ) et taux d’harmonisation pour l’ensemble des paramètres chimiques étudiés

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 71


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

hautes semblent altérer le modèle général de la repré- Dans cette étude, le modèle suivant est considéré, dans
sentation des données. Afin d’atténuer le poids de ces lequel la variable dépendante est transformée en loga-
valeurs hautes, une transformation logarithmique est rithme népérien afin d’assurer la positivité des prédic-
réalisée (figure 3b); cette transformation est possible car tions :
les concentrations sont des valeurs systématiquement lnY = ␩ + sW
positives.
où Y représente la variable aléatoire dépendante ;
La transformation logarithmique atténue efficacement
l’effet des valeurs hautes, mais ne résout pas le pro- ␩ = XT␤ = ␤0 + ␤1X1 + ␤2X2 + … + ␤PXP est la combinai-
blème des faibles valeurs qui sont inférieures à la LQ. son linéaire des covariables et de leurs coefficients de
Les outils statistiques parlent alors de « données censu- régression ;
rées », ce concept permet de prendre en compte les va-
X = (1 X1 X2 … XP)T est le vecteur des p variables expli-
leurs inférieures aux LQ au même titre que les autres va-
catives (aussi nommées covariables), considérées comme
leurs, en mettant en œuvre des méthodologies adap-
non aléatoires ;
tées pour s’approcher d’une loi de distribution connue.
␤ = (␤0 ␤1 ␤2 … ␤P)T est le vecteur des coefficients de
Pour créer le modèle, ces valeurs inférieures à la LQ sont
régression qui quantifient les effets des covariables sur
prises en compte en les considérant comme des don-
la médiane de lnY ;
nées censurées à gauche, c’est-à-dire comme apparte-
nant à l’intervalle semi-ouvert [0 ; LQ[ [EL-SHAARAWI et s est le paramètre de dispersion du modèle ;
al., 1990 ; JOURNOT et al., 2001] et elles seront analy-
W est le résidu (aussi nommée erreur) aléatoire du modèle.
sées dans le même cadre théorique que les autres don-
nées supérieures à la LQ. Les paramètres du modèle sont rassemblés dans le vec-
teur dénoté ␪ = (␤ s) dans la suite de l’exposé.
1.3. Modèle log-linéaire généralisé La structure de modèle a trois composantes [LITTLE,
Les modèles linéaires généralisés (GLiM) ont été intro- 2013] : i) une composante aléatoire, ii) un prédicteur li-
duits par NELDER et WEDDERBURN [1972] comme un néaire, iii) une fonction de lien.
outil probabiliste flexible permettant de modéliser la La composante aléatoire permet de spécifier la distri-
distribution des données observées en fonction de fac- bution conditionnelle de la variable dépendante Y sur
teurs explicatifs. des covariables. Sa distribution pourrait suivre diffé-

Figure 3. Comparaison des distributions empirique (a) et logarithmique (b) de la variable dépendante MES (matières en
suspension) avec une distribution normale standard

72 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : comparaison statistique de la qualité des eaux usées traitées

rentes familles de distribution mentionnées par NEL- bue à la fonction de vraisemblance par le terme de den-
DER et WEDDERBURN [1972] telles que les familles sité de probabilité f␪(lny). Tandis qu’une donnée censu-
gaussiennes, Weibull, Gamma ou log-logistiques. La rée à gauche, à savoir inférieure à la LQ, contribue à la
distribution normale standard choisie pour W est une fonction de vraisemblance par la probabilité de l’inter-
hypothèse possible parmi d’autres concernant la distri- valle [0 ; LQ[, qui est :
bution résiduelle. La distribution normale est toutefois
considérée comme un choix « naturel » pour la distribu-
tion des erreurs aléatoires [GAUSS, 1809]. ⌽( ) est la fonction de distribution normale standard.
La distribution normale de lnY est caractérisée par sa Par conséquent, la fonction de vraisemblance est défi-
fonction de densité de probabilité (PDF) : nie par :

Il convient de noter que la variable de censure c prend la


Pour cette étude, une distribution normale standard a valeur 0 pour une donnée exacte et 1 pour une donnée
été choisie et, dans ce cas, la moyenne (h) équivaut à 0 censurée. Concernant la possibilité que le modèle pro-
et l’écart type (s) est égal à 1. duise des prédictions négatives, celle-ci est rejetée en
Le prédicteur linéaire définit la relation linéaire entre les modélisant le logarithme de la variable dépendante
valeurs attendues de lnY et les variables indépendantes ln(Y ) plutôt que Y elle-même ; pour une observation
comme un cadre de régression linéaire classique : censurée par la LQ : .
␩ = ␤0 + ␤1X1 + ␤2X2 + … + ␤nXn La fonction de lien est inversible et la prédiction de Y
utilise la fonction exponentielle. Elle permet de calculer
Une fonctionnalité supplémentaire du modèle, propo-
la médiane théorique par le biais d’une fonction expo-
sée dans un premier temps par PREGIBON [1984] et
nentielle :
AITKIN [1987], consiste à faire en sorte que le paramètre
de dispersion s dépende de q covariables, au lieu d’être
constant pour toutes les observations. Le modèle de
dispersion choisi est dans lequel
la transformation exponentielle assure la positivité de
et dans lequel ␥ représente les coefficients de régres-
sion des variables explicatives sur les coefficients de dis-
persion. Par rapport à un modèle sans dispersion, le fait
Puis de quantifier l’effet des variables explicatives sur la
de tenir compte de la dispersion modifie l’estimation
médiane des variables dépendantes.
des coefficients ␤ des variables explicatives (⌾) et amé-
liore la précision de l’ajustement du modèle.
1.4. Application du modèle log-linéaire géné-
La visualisation de la distribution a permis de mettre en
ralisé aux données du suivi in situ
avant la notion de censure. Une donnée est considérée
Les variables explicatives (X ) sont des variables qualita-
comme censurée quand sa valeur exacte ne peut pas
tives avec plusieurs modalités. Pour identifier l’effet de
être évaluée, mais repose au contraire dans un intervalle
chaque variable explicative, celle-ci doit être codée par
connu : ; cela rend impossible le calcul d’une
moyenne arithmétique des valeurs observées, et donc des indicateurs binaires.
de l’erreur quadratique moyenne nécessaire pour les Dans le modèle, un ensemble de référence est choisi et
calculs des moindres carrés. est ensuite comparé aux autres modalités. Cet en-
semble de référence se compose de l’effectif observé
Du fait de la présence de valeurs censurées à gauche,
l’estimation des paramètres du modèle est réalisée par le plus élevé parmi l’un des deux types de prélèvement,
la méthode du maximum de vraisemblance, qui im- l’une des trois familles, l’une des trois classes d’âge et
plique le calcul de la fonction dite de vraisemblance. l’une des trois classes de taux de charge. Puis, les effets
Cette fonction quantifie, pour une valeur donnée ␪ du des autres variables explicatives par rapport à cet
vecteur de paramètre, la probabilité des valeurs obser- ensemble de référence seront testés et donneront les
vées. Les valeurs observées étant considérées comme coefficients correspondants (␤1, ␤2, ␤3, ␤4, ␤5, ␤6, ␤7…)
indépendantes les unes des autres, la fonction de vrai- pour les effets sur la médiane intégrant les coefficients
semblance est définie comme un produit d’autant de (␥1, ␥2, ␥3, ␥4, ␥5, ␥6, ␥7…) pour les effets sur la disper-
termes qu’il existe de données disponibles. Une don- sion. Le codage ainsi que le choix de la référence et les
née non censurée y, à savoir supérieure à la LQ, contri- coefficients associés sont présentés en détail dans le

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 73


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

rapport du Groupe national public sur le suivi in situ en tives ayant un effet significatif sur les variables dépen-
ANC au chapitre 2.5.2 [BOUTIN et al., 2017]. dantes.
L’utilisation du maximum de vraisemblance comme mé- Globalement, les procédés de traitement des eaux
thode d’estimation (normalité asymptotique des esti- usées (famille, filière, dispositif) et les taux de charge
mations) permet d’appliquer le test de Wald afin de sont fréquemment identifiés par le modèle comme un
créer un test d’hypothèse nulle pour les sept variables facteur explicatif des différences entre les variables dé-
explicatives. L’hypothèse nulle est la suivante : pendantes. La famille des CFI est une exception
H0 : « il n’y a pas de différence entre la modalité et la ré- puisque deux filières (lit fixe et lit fluidisé) sont considé-
férence ». rées comme équivalentes par le modèle.
Ce test calcule la probabilité p (appelée p-valeur) de se L’âge est identifié comme une variable explicative pour
tromper en rejetant à tort l’hypothèse nulle H0. Si l’hy- les dispositifs et filières des familles CFSF et CL. Le type
pothèse est retenue, alors l’effet est considéré comme de prélèvement est identifié uniquement dans trois cas :
« non significatif ». pour la DCO à l’échelle des trois familles et pour la
Dans cette étude, le seuil retenu pour rejeter H0 est dé- DBO5 à l’échelle des filières et dispositifs des CFSF.
libérément bas (0,1%) et assure la rigueur du résultat du Les résultats sont analysés à l’échelle des trois familles
test. Dans certaines situations, il arrive que des effets et à l’échelle de la filière et du dispositif de chaque fa-
dont les p-valeurs sont supérieures au seuil de 0,1 % mille. Plusieurs effets conjoints peuvent être identifiés
soient gardés et les résultats fournis par le modèle sont pour un paramètre. Dans certains cas, le nombre de
mentionnés pour information. Ils ne permettent pas de données disponibles pour un paramètre n’est pas suf-
conclure avec la même robustesse, sur la différence avec fisant pour analyser les effets conjoints.
la médiane de la référence.
Une stratégie descendante est alors appliquée sur le 2.1. Échelle des trois familles
modèle complet (qui inclut tous les effets possibles) : le Le tableau III montre que deux variables explicatives (fa-
but est d’éliminer de manière itérative les effets non si- mille et taux de charge) ont un effet conjoint significatif
gnificatifs (valeur p > 0,1 %) [BOUTIN et al., 2017]. sur les concentrations en MES et en DBO5 en sortie.
Lorsqu’un effet significatif est identifié, le modèle cal- Pour le paramètre DCO, trois variables ont un effet
cule les médianes théoriques associées à chaque mo- conjoint, mais le nombre de données n’est pas suffisant
dalité des variables explicatives. Ces médianes théo- pour étudier les 12 situations (deux types de prélève-
riques sont ensuite comparées aux médianes empi- ments, trois familles et deux classes de taux de charge).
riques. Des différences peuvent exister entre les deux Seuls les paramètres MES et DBO5 sont analysés pour
médianes si la dispersion n’a pas été prise en compte la dégradation de la pollution carbonée.
ou si la taille d’un sous-ensemble est trop petite. Ainsi, Le modèle permet d’identifier les variables ayant un
par essais-erreurs, une taille de 13 valeurs minimum a effet sur les concentrations en MES et DBO5 et il per-
été retenue. met également de calculer les médianes pour chaque
Afin de présenter les résultats à différentes échelles (fa- effet. À l’échelle de la famille, les paramètres MES et
milles, filières et dispositifs), seuls les résultats des pa- DBO5 sont influencés par le taux de charge et l’appar-
ramètres de la pollution carbonée (MES, DCO et DBO5) tenance à une famille précise. Ces effets sont donc étu-
sont présentés dans un premier temps, si le nombre de diés simultanément et sont présentés dans le tableau IV.
données est suffisant pour comparer les modalités les Dans chaque cellule du tableau, la première valeur est
unes avec les autres. Dans le cas contraire, les para- la médiane théorique (calculée par le modèle) et la se-
mètres de la pollution azotée (N-NH4+, N-NO3– et NK) conde valeur (entre parenthèses) est la médiane empi-
seront présentés pour permettre la classification des rique. Dans le modèle, une référence est choisie, elle
modalités. est comparée aux autres modalités. Dans le tableau IV,
pour les paramètres MES et DBO5, la référence est
2. Résultats et discussion CFSF < 70 %. Cette modalité sera comparée aux autres
Toutes les variables dépendantes ont été analysées à (CFSF > 70 %, CFI < 70 %, CFI > 70 %, CL < 70 % et CL
chaque échelle. Les paramètres azotés n’ont cependant > 70 %). La référence est identifée en gras dans le ta-
pas été analysés à l’échelle de la famille, car ils ne met- bleau et peut être différente pour chaque paramètre.
tent pas en œuvre les mêmes processus de dégradation Quel que soit le taux de charge, c’est la famille des
de l’azote. Le tableau III résume les variables explica- CFSF qui offre la meilleure qualité des eaux usées trai-

74 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : comparaison statistique de la qualité des eaux usées traitées

Échelle Effet significatif identifié Variables dépendantes

3 familles Type de prélèvement DCO – – –


Famille MES DCO DBO5 – – –
Taux de charge < 30 % DCO
Taux de charge > 70 % MES DBO5 – – –

CFSF 5 filières Type de prélèvement DBO5


Filières des CFSF MES DCO DBO5 NK N-NH4+ N-NO3–
Taux de charge > 70 % DBO5
Âge > 4 ans DBO5 N-NO3–
8 dispositifs Type de prélèvement DBO5
Dispositifs des CFSF MES DCO DBO5 NK N-NH4+ N-NO3–
Taux de charge > 70 % DBO5 N-NO3–
Âge > 4 ans N-NO3–

CFI 7 dispositifs Dispositifs des CFI MES DCO DBO5 NK N-NH4+ N-NO3
Taux de charge < 30 % NK N-NH4+
Taux de charge > 70 % N-NH4+ N-NO3–

CL 4 filières Filières des CL MES DCO DBO5 NK N-NH4+ N-NO3–


Taux de charge < 30 % NK
Âge > 4 ans N-NH4+
6 dispositifs Dispositifs des CL MES DCO DBO5 NK N-NH4+ N-NO3–
Taux de charge < 30 % NK
Âge > 4 ans N-NH4+
Les situations non décrites dans ce tableau signifient qu’aucun effet significatif n’a été identifié par le modèle. Par exemple, à l’échelle de la famille, l’âge n’a pas d’ef-
fet significatif sur les distributions des MES, de la DCO et de la DBO5.
Les tirets indiquent que la comparaison n'a pas été réalisée car les différentes familles n'ont pas les mêmes processus de dégradation de l'azote.
CFSF : cultures fixées sur supports fins ; CFI : cultures fixées immergées ; CL : cultures libres ; MES : matières en suspension ; DCO : demande chimique en oxygène ;
DBO5 : demande biochimique en oxygène sur 5 jours ; NK : azote Kjeldahl ; N-NH4+ : azote ammoniacal ; N-NO3– : nitrates.
Tableau III. Identification de l’effet significatif des différentes variables explicatives

Taux de 3 familles
charge CFSF CFI CL
MES < 70 % 9* (10) 14 (17) 40 (40)
> 70 % 15 (16) 23 (24) 64 (61)
DBO5 < 70 % 3* (5) 6 (8) 17 (14)
> 70 % 8 (12) 14 (10) 38 (43)
X(X) = médiane théorique (médiane empirique) ; * Référence.
CFSF : cultures fixées sur supports fins ; CFI : cultures fixées immergées ; CL : cultures libres.
Tableau IV. Médianes théoriques et empiriques des matières en suspension (MES) et de la
demande biochimique en oxygène sur 5 jours (DBO5) (mg/L) selon les effets conjoints de la
famille et du taux de charge

tées (tableau IV ). En effet, les médianes calculées par le mètres MES et DBO5. L’effet du taux de charge est clai-
modèle sont de 15 mg/L pour les MES et de 8 mg/L rement visible puisque les concentrations médianes
pour la DBO5 pour un taux de charge proche de la sont 1,6 à 2,3 fois supérieures pour un taux de charge
charge nominale. élevé.
La famille des CL présente les performances épuratoires Pour le paramètre MES, les médianes des CL, quel que
les plus basses, en particulier lorsque le taux de charge soit le taux de charge, sont supérieures au seuil de
est élevé. Les médianes calculées par le modèle sont 30 mg/L utilisé pour l’obtention de l’agrément via les
de 64 mg/L et 38 mg/L respectivement pour les para- tests sur plateforme. Le seuil de la DBO5 est de 35 mg/L

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 75


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

et la famille des CL dépasse ce seuil pour un taux de nitrification) par rapport aux autres filières, qui sont seu-
charge élevé. lement nitrifiantes.
Pour un même taux de charge, les familles peuvent être D’après le tableau V, toutes les filières sont différentes
classées comme suit : les CFSF sont meilleures que les de la référence (zéolite) pour les quatre paramètres.
CFI qui sont elles-mêmes meilleures que les CL. Pour le paramètre MES, les médianes du sable, des FPR
et des copeaux de coco sont inférieures aux médianes
2.2. Famille des CFSF de la laine de roche et de la zéolite. Pour la DCO, les
2.2.1. Cinq filières de la famille des CFSF trois meilleurs dispositifs sont ceux identifiés en utilisant
Le modèle est utilisé pour comparer cinq filières diffé- le paramètre MES. Toutefois, le dispositif filtre à sable
rentes (sable, filtres plantés de roseaux, zéolite, copeaux est identifié comme le meilleur dispositif, avec une
de coco et laine de roche) de la famille CFSF selon les concentration médiane de 36 mg/L. En se basant sur les
différentes variables explicatives. La filière « écorces de paramètres de la pollution carbonée, le sable, les FPR
pin » n’est pas étudiée, car il n’y a pas assez de données et les copeaux de coco présentent les meilleures per-
(figure 2 ). formances épuratoires.
Le tableau III montre que toutes les variables explica- Pour les paramètres de la pollution azotée, le sable et
tives ont un effet conjoint significatif sur le paramètre les copeaux de coco ont des concentrations médianes
DBO5 et deux variables ont un effet conjoint sur le pa- inférieures en NK et N-NH4+ par rapport à la zéolite
ramètre N-NO3– ; il n’y a pas assez de données pour (20 et 19 mg/L respectivement). Toutefois, la filière laine
analyser ces paramètres. Seuls les paramètres MES, de roche a les médianes les plus élevées (56 et 48 mg/L
DCO, NK et N-NH4+ sont analysés pour les filières des respectivement). Des concentrations élevées en NK et
CFSF. N-NH4+ sont le signe d’une mauvaise nitrification.
Pour l’analyse des paramètres azotés, la filière FPR est D’après l’analyse conjointe des paramètres MES et
supprimée du modèle puisqu’elle présente un proces- DCO, on peut conclure que les filtres à sable et les FPR
sus différent d’élimination de l’azote (nitrification et dé- fournissent une meilleure qualité des eaux usées traitées,

Filières

Sable FPR Copeaux de coco Laine de roche Zéolite


MES 8 (9) 4 (5) 12 (13) 18 (16) 29* (24)
0,3 %** 103* (93)
DCO 36 (35) 50 (50) 62 (67) 115 (111)
20 %**
NK 6 (8) – 8 (10) 56 (59) 27* (34)
+
N-NH4 2 (4) – 7 (8) 48 (49) 23* (31)
Dispositifs

S1 FPR CC1 CC2 LR1 LR2 Z1 Z2


MES 8 (9) 4* (5) 23 (26) 10 (12) 31 (33) 13 (13) 36 (26) 26 (21)
DCO 36 (35) 50* (50) 83 (89) 58 (65) 130 (140)
0,4 %** 12 %** 108 (103) 102 (87) 104 (94)
NK 5* (8) – 27 (29) 5 (6) 62 (79) 52 (48) 20 (23) 31 (39)
N-NH4+ 3* (4) – 23 (25) 5 (6) 57 (71) 44 (45) 17 (24) 27 (32)
2,5 %**
X(X) = médiane théorique (médiane empirique) ; * Référence ; ** p-value.
Seules les p-valeurs différentes de 0,1 % sont mentionnées. Les résultats obtenus pour des p-valeurs supérieures à 0,1 % sont fournis pour information mais ne permettent pas de
conclure avec la même robustesse quant à la différence avec la médiane de la référence.
S : sable ; FPR : filtre planté de roseaux ; CC : copeaux de coco ; LR : laine de roche ; Z : zéolithe ; MES : matières en suspension ; DCO : demande chimique en oxygène ; NK : azote
Kjeldahl ; N-NH4+ : azote ammoniacal.
Tableau V. Médianes théoriques et empiriques (mg/L) pour les filières et dispositif de la famille CFSF

76 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : comparaison statistique de la qualité des eaux usées traitées

suivis des filtres à copeaux de coco, des filtres à zéolite rapport à CC2 (0,85 m2/EH) et reçoit donc des taux de
et enfin des filtres à laine de roche. charge surfacique supérieurs [BOUTIN et al., 2013]. Les
filtres à laine de roche ont de moins bonnes perfor-
2.2.2. Huit dispositifs de la famille des CFSF mances épuratoires par rapport aux autres dispositifs
Le modèle est utilisé pour comparer huit dispositifs étudiés. Leur surface est la plus petite de tous les dis-
différents (S1 pour le sable, FPR pour les filtres plantés positifs de la famille des CFSF (0,26 m2/EH). Les filtres
de roseaux, CC1 et CC2 pour les copeaux de coco, LR1 sont donc très fortement sollicités et génèrent une eau
et LR2 pour la laine de roche, Z1 et Z2 pour la zéolite) usée traitée de mauvaise qualité [DUBOIS et BOUTIN.,
de la famille CFSF selon les différentes variables expli- 2017]. Pour rappel, la surface du filtre à sable tradition-
catives. Trois dispositifs (S2, S3 et EP) ne sont pas com- nel est de 5 m2/EH et de 4 m2/EH pour les FPR [MEDDE
parés, car ils n’ont pas assez de données (< 13) ou pas et MASSDF, 2014]. La diminution des surfaces de filtra-
assez d’installations différentes (< 3) pour être analysés. tion mène à une utilisation intensive des filtres [MCKIN-
Le tableau III montre que trois variables explicatives ont LEY et SIEGRIST, 2011].
un effet significatif sur les concentrations en DBO5 et en
N-NO3–. Toutefois, il n’y a pas assez de données pour 2.3. Famille des CFI
analyser ces paramètres avec trois effets conjoints. Seuls 2.3.1. Deux filières de la famille des CFI
les paramètres MES, DCO, NK et N-NH4+ sont analysés Il n’y a pas assez de données pour la filière disques bio-
pour les dispositifs des CFSF. Le dispositif FPR n’est pas logiques (DB) pour la comparer aux filières lit fixe (LFx) et
étudié pour la pollution azotée, car ce dispositif nitrifie lit fluidisé (LFl). Le modèle ne permet pas différencier
et dénitrifie, alors que tous les autres dispositifs ne font les filières lit fixe et lit fluidisé ; mais les dispositifs de la
que de la nitrification. famille CFI peuvent être comparés par le modèle.
D’après le tableau V, les concentrations médianes pour
le paramètre MES permettent de classer les dispositifs, 2.3.2. Sept dispositifs de la famille des CFI
de la plus basse à la plus élevée : les FPR montrent de Le modèle est utilisé pour comparer sept dispositifs dif-
meilleures performances (4 mg/L), sont ensuite classés : férents (LFx1, LFx3, LFx4, LFx6, LFx7, LFx9, LFl) des deux
S1, CC2, LR2, CC1, Z2, LR1 et Z1. filières (lit fixe et fluidisé). Les autres dispositifs (LFx2,
Pour le paramètre DCO, les trois dispositifs présentant LFx5, LFx8 et DB) ne sont pas étudiés, car il n’y a pas
la meilleure qualité d’eaux usées traitées sont les assez de données (figure 2 ).
mêmes que pour la classification des MES (S1, FPR et Le tableau III montre que seule une variable explicative
CC2), puis CC1, Z1 et les trois dispositifs ayant la moins (dispositif) a un effet significatif sur les MES, la DCO et la
bonne qualité sont Z2, LR2 et LR1. DBO5. Les paramètres de pollution azotée ne sont pas
L’analyse des paramètres NK et N-NH4+ donne la même étudiés, car le nombre de données disponibles est trop
classification : les dispositifs ayant le taux de nitrification faible pour l’analyse de deux ou trois effets conjoints.
le plus élevé sont S1 et CC2, suivis de Z1 et CC1, puis Le modèle ne différencie pas les dispositifs LFx4, LFx6,
les trois dispositifs ayant le taux de nitrification le plus LFx7 et LFl, quel que soit le paramètre analysé. La qua-
bas sont Z2, LR2 et LR1. Ces trois derniers dispositifs ont lité des eaux usées traitées pour ces quatre dispositifs
des concentrations médianes en NK supérieures à est la moins bonne avec des médianes de MES, DCO
31 mg/L, ce qui signifie que la nitrification est incom- et DBO5 de 24 mg/L, 117 mg/L et 12 mg/L respective-
plète du fait du manque d’oxygène. Les paramètres ment.
azotés sont un bon indicateur de la santé du filtre [LIE- Tous paramètres confondus, le dispositif LFx1 a les mé-
NARD et al., 1990], ils montrent la sensibilité du filtre au dianes les plus basses de la famille des CFI (tableau VI ).
manque d’oxygène et indiquent un risque de colma- Ce dispositif présente la meilleure qualité d’eaux usées
tage par le développement de bactéries caractéris- traitées par rapport aux autres dispositifs, avec des mé-
tiques des systèmes anaérobies. dianes en MES, DCO et DBO5 de 4 mg/L, 61 mg/L et
L’analyse multiparamètre mène à la classification sui- 2 mg/L respectivement.
vante : S1, FPR, CC2, CC1 = Z1, Z2, LR2, LR1. Les deux LFx3 et LFx9 ont des médianes inférieures aux autres
dispositifs aux copeaux de coco présentent une qualité dispositifs pour les trois paramètres. LFx3 a de
et un taux de nitrification différents. En effet, CC2 a de meilleures performances épuratoires que LFx9 pour le
meilleures performances épuratoires que CC1 et cela paramètre MES (12 mg/L par rapport à 16 mg/L), mais
peut s’expliquer par des différences de dimensionne- c’est le contraire pour les paramètres DCO et DBO5
ment puisque CC1 est plus compact (0,65 m2/EH) par (88 mg/L pour LFx9 et 100 mg/L pour LFx3).

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 77


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Dispositifs

LFx1 LFx3 LFx4 LFx6 LFx7 LFx9 LFl


16 (17)
MES 4 (5) 12 (10) 24* (25) 24 (24) 24 (25) 24 (29)
5 %**
100 (97) 117* 88 (90)
DCO 61 (57) 117 (103) 117 (101) 117 (112)
17 %** (108) 2,8 %**
7 (6)
DBO5 2 (5) 13 (13) 13 (10) 13* (13) –*** –***
0,5 %**

X(X) = médiane théorique (médiane empirique) ; * Référence ; ** p-value ; *** Nombre insuffisant de données (< 13).
Seules les p-valeurs différentes de 0,1 % sont mentionnées. Les résultats obtenus pour des p-valeurs supérieures à 0,1 % sont fournis pour information mais ne
permettent pas de conclure avec la même robustesse quant à la différence avec la médiane de la référence.
LFx : lit fixe ; LFl : lit fluidisé ; MES : matières en suspension ; DCO : demande chimique en oxygène ; DBO5 : demande biochimique en oxygène sur 5 jours.
Tableau VI. Médianes théoriques et empiriques (mg/L) pour les dispositifs de la famille CFI

Les différences entre LFx1, LFx3, LFx9 et les autres dis- Le tableau III montre que seule une variable explicative
positifs pourraient s’expliquer par le volume du décan- (filières) a un effet significatif sur tous les paramètres.
teur primaire et, pour LFx1, par la nature du support fixe Toutefois, il n’y a pas assez de données pour analyser
(ruban) dans le clarificateur qui pourrait limiter le départ les deux effets conjoints (âge et taux de charge) sur les
de boues à la suite de la dénitrification au sein de ce paramètres NK et N-NH4+. Il est difficile d’évaluer le taux
dernier. de dénitrification (paramètre N-NO3–) sans informations
L’analyse multiparamètre donne la classification sui- concernant les paramètres NK et N-NH4+. C’est pour-
vante : LFx1, LFx9, LFx3, LFx4 = LFx6 = LFx7 = LFl. quoi seuls les paramètres MES, DCO, et DBO5 sont ana-
lysés en détail.
2.4. Famille des CL Le tableau VII montre que les filières SBR et TC ont les
2.4.1. Quatre filières de la famille CL médianes les plus basses pour les paramètres de pollu-
Le modèle est utilisé pour comparer quatre filières diffé- tion carbonée (20 mg/L pour les MES et 85 mg/L pour
rentes (SSdec, C, TC, SBR) de la famille des CL selon les la DCO). La qualité des eaux usées traitées pour la fi-
variables explicatives. lière SSdec est la plus mauvaise avec des médianes éle-

Filières
Traitement Boues Sans
SBR complémentaire activées décanteur
(TC) classique (C) primaire (SSdec)
MES 20* (21) 20 (19) 65 (84) 132 (120)
DCO 85* (76) 85 (97) 166 (184) 248 (233)
DBO5 5 (6) –*** 30 (59) 30* (22)
Dispositifs

SBR1 SBR2 SBR3 TC1 C1 SSdec1


MES 19 (23) 19* (20) 19 (18) 19 (19) 62 (88) 133 (120)
63 (58) 125 (97)
DCO 79 (75) 79* (78) 180 (199) 244 (204)
10 %** 2 %**
DBO5 6 (6) 6* (7) –*** –*** 37 (60) 28 (22)
X(X) = médiane théorique (médiane empirique) ; * Référence ; ** p-value ; *** Nombre insuffisant de données (< 13).
Seules les p-valeurs différentes de 0,1 % sont mentionnées. Les résultats obtenus pour des p-valeurs supérieures à 0,1 % sont fournis pour information mais ne permettent pas de
conclure avec la même robustesse quant à la différence avec la médiane de la référence.
SBR : Sequencing Batch Reactor ; TC : traitement complémentaire ; C : boue activée classique ; SSdec : sans décanteur primaire ; MES : matières en suspension ; DCO : demande
chimique en oxygène ; DBO5 : demande biochimique en oxygène sur 5 jours.
Tableau VII. Médianes théoriques et empiriques (mg/L) pour les filières et dispositifs de la famille des CL

78 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : comparaison statistique de la qualité des eaux usées traitées

vées pour les MES, la DCO et la DBO5 (132 mg/L, Le modèle a donc permis d’étudier et de classer trois
248 mg/L et 30 mg/L respectivement). Cela peut être familles, neuf filières et 21 dispositifs pour différents pa-
expliqué par l’absence de décanteur primaire puisque ramètres de pollutions carbonées et azotées. Diffé-
les eaux usées n’ont pas le temps de décanter. rentes variables explicatives ont été étudiées par le mo-
Tous paramètres confondus, les filières SBR et TC ont dèle afin d’analyser leurs effets sur la qualité des eaux
de meilleures performances que la filière classique usées traitées. Le paramètre du procédé de traitement
boues activées (C) qui est elle-même meilleure que la est le seul à avoir un effet significatif sur les paramètres
filière SSdec. Pour les SBR, cela peut s’expliquer par l’ali- chimiques pour les trois familles, toutes les filières
mentation séquencée qui a un effet tampon sur les (excepté celles des CFI) et tous les dispositifs des trois
charges hydrauliques. La filière TC a un traitement com- familles. Quand deux effets ou plus sont identifiés par
plémentaire (filtre à sable) qui peut retenir davantage le modèle, l’analyse est effectuée uniquement si le
de MES. nombre de données pour les effets conjoints est suffisant.
La figure 4 représente les médianes des MES et DCO
2.4.2. Six dispositifs de la famille CL
calculées par le modèle pour les 21 dispositifs.
Le modèle est utilisé pour comparer six dispositifs dif-
Bien que tous les dispositifs étudiés soient réglemen-
férents (SSdec1, C1, TC1, SBR1, SBR2 et SBR3) de la fa-
taires, ils donnent une qualité d’eaux usées traitées
mille des CL. Les autres dispositifs (SSdec2, C2, C3,
variable avec des médianes de 4 à 133 mg/L pour les
SBR4 et SBR5) ne sont pas étudiés, car il n’y a pas assez
MES. Les médianes en DBO5 de tous les dispositifs
de données.
n’ont pas pu être calculées, mais les médianes de la
Le tableau VII montre que seule une variable explicative
DCO sont comprises entre 36 et 244 mg/L.
(dispositifs) a un effet significatif sur tous les paramètres.
Cependant, il n’y a pas assez de données pour analyser La qualité des eaux usées traitées varie selon les dispo-
les deux effets conjoints pour les paramètres NK et N- sitifs. Les deux dispositifs ayant des concentrations très
NH4+. Par conséquent, seuls les paramètres MES, DCO élevées en MES (65-132 mg/L) et en DCO (166-248 mg/L)
et DBO5 sont analysés en détail. proviennent de la famille des CL mais de deux filières
différentes : boues activées classique et sans décanteur
D’après le tableau VII, SBR1, SBR2 et SBR3 semblent
primaire. Un groupe de quatre dispositifs présente les
être les dispositifs qui fournissent une meilleure qualité
des eaux usées traitées pour les paramètres MES, DCO meilleures performances épuratoires (médianes des
et DBO5. Ils proviennent tous de la filière SBR. Ensuite, MES comprises entre 4 et 10 mg/L, médianes de la
la classification est la même que celles des filières : SBR3 DCO comprises entre 36 et 61 mg/L), trois proviennent
= SBR1 = SBR2 sont meilleurs que TC1, C1 et SSdec1. de la famille des CFSF dont trois différentes filières
(sable, filtres plantés de roseaux et un des dispositifs des
copeaux de coco) et le quatrième dispositif vient de la
Conclusion famille des CFI (filière lit fixe). Entre ces deux extrêmes,
L’outil statistique développé pour cette étude a permis on compte 15 dispositifs appartenant aux trois familles
d’identifier les effets d’une ou plusieurs variables expli- de traitement. Il est utile de rappeler que le parc étudié
catives sur plusieurs variables dépendantes (concentra- est jeune, 80 % des installations ont moins de 4 ans, et
tions chimiques des eaux usées traitées). Il a également que le taux de charge moyen des installations est de 55%.
permis de calculer les médianes correspondant à En France, l’agrément délivré par l’État pour les dispo-
chaque effet individuel ou conjoint et ainsi de compa- sitifs d’ANC est basé sur des tests sur plate-forme avec
rer les familles, filières et dispositifs entre eux. Le mo- des seuils établis à 30 mg/L et 35 mg/L pour les para-
dèle a permis de maintenir le jeu de données complet, mètres MES et DBO5 respectivement.
sans supprimer les valeurs hautes ou basses (données
Les variations de concentrations peuvent être expli-
censurées à gauche dues aux limites de quantification).
quées par des différences entre les tests sur plate-forme
Pour atteindre un résultat aussi robuste, il est fondamen-
et les conditions réelles de fonctionnement.
tal que la dispersion des distributions soit totalement
analysée pour toutes les variables explicatives. La situation pourrait devenir préoccupante si le déve-
L’outil ne résout pas naturellement le problème des loppement progressif des dispositifs agréés et autori-
faibles effectifs de chaque modalité. Grâce à des ana- sés sur le marché européen par la procédure EN 12566-3
lyses itératives et à des comparaisons de médianes em- continue de s’accroître.
piriques et théoriques, le seuil de 13 valeurs a été défini Cette étude donne un éclairage scientifique et tech-
dans cette étude. nique destiné à alimenter la réflexion des responsables

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 79


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

CFSF : cultures fixées sur supports fins ; CFI : cultures fixées immergées ; CL : cultures libres.
Figure 4. Médianes théoriques des matières en suspension (MES) et de la demande chimique en oxygène (DCO) (mg/L) pour les dispo-
sitifs des trois familles

politiques publics exerçant une action de soutien au- Remerciements


près des citoyens concernés par l’ANC, à l’échelle des Les auteurs remercient chaleureusement la totalité des
services publics d’assainissement non collectif (Spanc), acteurs qui ont participé au recueil des données et au
des départements, des bassins et au niveau national et financement de l’étude.
européen.

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80 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : comparaison statistique de la qualité des eaux usées traitées

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Techniques Sciences Méthodes
astee-tsm.fr

Assainissement non collectif en France : synthèse du suivi


in situ des installations réalisé de 2011 à 2016
On-site wastewater treatment in France: summary of the in situ
assessment carried out from 2011 to 2016
n L. OLIVIER1, P. ARTUIT2, P. BRANCHU3, A. DECOUT4, D. DHUMEAUX5, V. DUBOIS1, L. DUBOURG6,
S. JOUSSE7, C. LEVAL8, B. MOULINE9, N. PORTIER10, L. SOULIAC11, C. SZABO12, S. PARISI13, C. BOUTIN1*
1
Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) - UR Reversaal – Villeurbanne
2
Conseil départemental de la Mayenne – Laval
3
Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) – Direction territoriale Île-de-France – Trappes
4
Service public d’assainissement non collectif (Spanc) de la région de Saint-Jacut-les-Pins – Saint-Jacut-les-Pins
5
Association des maires ruraux de France – Fercé-sur-Sarthe
6
Charente Eaux – 44, rue de l'arsenal – Angoulême
7
Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse – Lyon
8
Agence française pour la biodiversité (AFB) – Vincennes
9
DGA Aménagement et environnement – Direction de l’eau et des risques (Satese) – Caen
10
Communauté de l’Ouest Rhodanien – Tarare
11
Ministère de la Transition écologique et solidaire – DGALN – Direction de l'eau et de la biodiversité – Paris-La Défense
12
Association des maires ruraux de France – Lyon
13
Agence de l'eau Loire-Bretagne – Orléans

Mots-clés : R ÉSUMÉ Le suivi in situ des installations d’assainissement non collectif (ANC) a duré 6 ans et a permis
Assainissement non de collecter 1286 données validées sur 231 installations. Les installations sont classées en trois familles,
collectif 13 filières et 33 dispositifs selon des critères liés aux processus d’épuration et aux techniques industrielles
Entretien curatif développées par les fabricants. Des classes de qualité des eaux usées traitées ont été élaborées, à partir
Eaux usées traitées de l’analyse de la réglementation française technique appliquée au traitement des eaux usées. La
Logique floue fréquence d’entretien curatif des installations est analysée par un outil utilisant la logique floue. Ces deux
Statistiques descriptives critères sont ensuite analysés conjointement et permettent de qualifier 18 des 33 dispositifs évalués. Les
Suivi in situ auteurs, constitués en groupe national public « suivi in situ des installations d’assainissement non
collectif », fournissent ainsi des informations objectives d’une vingtaine de dispositifs d’ANC dans leurs
conditions réelles de fonctionnement. Les dispositifs qui obtiennent une classe de qualité « acceptable » à
la fois pour la qualité des eaux usées traitées et la fréquence d’entretien curatif sont trois dispositifs de la
famille « cultures fixées sur support fin » (CFSF) : i) le filtre à sable traditionnel de la filière « sable » (S1);
deux dispositifs agréés : ii) le dispositif étudié de la filière « végétaux » (FPR) et iii) l’un des deux dispositifs
étudiés de la filière « copeaux de coco » (CC2). Ainsi, seulement 12% des dispositifs agréés étudiés
répondent au qualificatif « acceptable » à la fois vis-à-vis de la qualité des eaux usées traitées et de la
fréquence d’entretien curatif. Cette étude donne un éclairage scientifique et technique destiné à alimenter
la réflexion des responsables des politiques publiques aux diverses échelles du territoire : commune,
collectivité en charge du service public d’assainissement non collectif (Spanc), conseil départemental,
agences de bassin, Ministères en charge de l’Assainissement non collectif et Commission européenne.

Keywords: A BSTRACT An assessment of 1286 validated data from 231 on-site sanitation facilities was carried during
Curative maintenance 6 years in France. Facilities are classified in 3 families, 13 categories and 33 systems according to sanitation
Descriptive statistics processes and industrial technologies developed by manufacturer. Classes of treated wastewater quality were
Fuzzy logic created based on the analysis of the French regulation used for wastewater treatment. The frequency of
In situ assessment curative maintenance is analyzed using fuzzy logic. Then, these two criteria are jointly analyzed and allow
On-site sanitation assessing 18 systems out of 33. Authors, members of the national public group “assessment of on-site
Treated wastewater sanitation systems”, provide objective information on the quality of treated wastewater and curative
maintenance of twenty systems under real operating conditions. Systems that obtain an “acceptable” quality
class for both treated wastewater quality and frequency of curative maintenance are all from the Biofilm
Systems on Fine Media (BSFM) family: i) traditional sand filter (S1) and 2 approved systems: ii) constructed
wetland system (CW) and iii) one system of the coconut shavings category (CS2). Hence, only 12% of approved
systems studied in this project are “acceptable” for both treated wastewater quality and frequency of curative
maintenance. This study gives scientific and technical information for political stakeholders at different
territory scales: Municipality, Public entities in charge of the on-site sanitation service (Spanc), French
departments, Water agencies, Ministry in charge of on-site wastewater treatment and European Commission.

* Auteur correspondant – Courriel : catherine.boutin@irstea.fr

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 83


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Introduction ce sens, les résultats sont extrapolables d’un point


de vue technique. En revanche, le jeu de données
Le suivi in situ des installations d’assainissement non recueillies n’est en aucun cas représentatif de la situa-
collectif (ANC) [BOUTIN et al., 2017a] s’est déroulé sur tion nationale : le poids relatif des différents dispositifs
une période de 6 ans (2011 à 2016) en mobilisant un étudiés est probablement différent de ceux installés sur
grand nombre d’acteurs publics à différentes échelles le territoire français.
du territoire14 : service public d’assainissement non
Pour pouvoir analyser les diverses situations techniques
collectif (Spanc) en régie, associations de Spanc,
rencontrées, et au vu du nombre très important de
conseils départementaux, organismes de recherche
données, il a fallu mettre au point et développer des
publics, sans oublier les propriétaires des installations
outils appropriés. Un modèle statistique a été créé
suivies. Le regroupement d’un grand nombre de parte-
afin d’analyser et comparer les qualités chimiques des
naires a permis de réaliser 1 448 prélèvements sur près
eaux usées traitées. La méthodologie statistique et les
de 250 installations en France.
résultats sont présentés dans [OLIVIER et al., 2018].
Le suivi porte sur des filières réglementaires unique- Ce modèle identifie très souvent le dispositif comme
ment, qu’elles soient traditionnelles ou agréées responsable des différences importantes entre les
[MEEDDM et MSS, 2012] et pour lesquelles un point de qualités des rejets. De ce fait, et après avoir défini des
rejet localisé est accessible pour réaliser un prélève- classes de qualité issues d’une analyse des réglemen-
ment. D’autres critères techniques ont été pris en
tations techniques existantes, tant en assainissement
compte dans la sélection des sites (résidence principale,
collectif qu’en ANC, une étude complémentaire par des
traitement des eaux usées domestiques exclusivement),
statistiques descriptives prend tout son sens.
le type de dispositif ne fait pas partie de ces critères de
L’entretien curatif des installations a été analysé en
choix.
utilisant un outil original basé sur la logique floue dont la
Les dispositifs avec rejet localisé sont très variés et
méthodologie est également présentée dans cet article.
nombreux : l’étude a porté sur 33 dispositifs différents
classés en 13 filières appartenant elles-mêmes à trois Au travers de cet article, la qualité des eaux usées
familles de traitement : i) les cultures fixées sur support traitées est évaluée par le biais de classes de qualité
fin (CFSF), ii) les cultures fixées immergées (CFI) et iii) les ainsi que les fréquences d’entretien curatif des instal-
cultures libres (CL) [BOUTIN et al., 2017a]. lations suivies. Enfin, ces deux aspects sont croisés pour
réaliser une analyse conjointe.
Les 1 448 prélèvements réalisés ont abouti à des carac-
térisations physico-chimiques des eaux usées traitées
– matières en suspension (MES), demande chimique en 1. Matériels
oxygène (DCO), demande biochimique en oxygène
1.1. Qualité des eaux usées traitées
(DBO5), azote ammoniacal (N-NH4+), nitrates (N-NO3–)
La collecte des données, la méthodologie de validation
et azote Kjeldahl (NK) – et des informations sur les opé-
des prélèvements et les paramètres analysés sont pré-
rations d’entretien réalisées.
sentés dans la partie « Matériels et méthodes » de
Le but de ce suivi in situ est de s’assurer de l’adaptation
OLIVIER et al. [2018].
pérenne des installations d’ANC aux charges hydrau-
Le traitement des données est réalisé sur 1 286 prélè-
liques et organiques émises par les activités des parti-
vements validés et 231 installations suivies. Ces prélè-
culiers dans les conditions réelles de vie des ouvrages.
vements validés ont été classés selon trois familles,
De plus, les opérations d’entretiens curatifs (c’est-à-dire
13 filières et 33 dispositifs (figure 1). Les trois familles en
toutes les opérations relevées, dans le cadre du suivi in
ANC sont les CFSF, les CFI et les CL. Chaque famille
situ, hors vidange et entretien courant) réalisées sur les
regroupe différentes filières de traitement qui se décli-
installations ont été étudiées afin d’identifier les éventuels
nent selon des caractéristiques communes de concep-
dysfonctionnements.
tion telles que le matériau de support pour les CFSF, le
Les situations rencontrées dans le cadre du suivi, aussi
support mobile ou fixe des CFI ou encore la présence
diverses soient-elles, sont représentatives de la diver-
ou non de décanteur primaire pour les CL.
sité des situations de l’ANC à l’échelle de l’habitat. En
Le dispositif désigne un produit commercialisé par un
fabricant d’ANC. Au sein de chaque filière, les disposi-
14
En plus du Rapport final (186 p. + annexes), les résultats se déclinent sous
trois autres formats [BOUTIN et al., 2017b, 2017c, 2017d] » : Fiches tech- tifs se distinguent par des aspects techniques spéci-
niques par dispositif (69 p.), Synthèse technique du rapport final (8 p.) et fiques : la conception, le système d’aération, le nombre
Synthèse tout public (4 p.). L’ensemble est disponible en ligne :
http://cemadoc.irstea.fr/cemoa/PUB00054553 de cuves, la profondeur du filtre, etc. Tout au long de

84 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : synthèse du suivi in situ des installations réalisé de 2011 à 2016

cet article, les dispositifs seront présentés de manière • Les opérations d’entretien curatif. Ce sont des opé-
anonyme par la dénomination décrite en figure 1. rations réalisées de façon obligatoire, pour éviter les
nuisances. Ces opérations regroupent des opérations
1.2. Entretien « curatif » des installations de réparation, de remplacement de matériel (y compris
le média filtrant), de réglages, d’adaptations et de
Lors de la visite d’une installation, l’agent préleveur
modifications pour assurer le bon fonctionnement des
remplit une fiche de visite et de prélèvement qui décrit
ouvrages ;
l’état de fonctionnement de l’installation au moment de
la visite et répertorie les dernières visites et opérations • Les opérations d’entretien courant. Ce sont des opé-
d’entretien effectuées. En l’absence du particulier, rations de nettoyage avec ou sans intervention spéci-
l’information sur l’entretien n’est pas renseignée pour fique sur des ouvrages ;
la visite. Il a été constaté que le passage de l’agent • Les opérations de vidange. Ces opérations consistent
préleveur permet de détecter des situations de dysfonc- à extraire des sous-produits issus du traitement :
tionnement et ainsi de déclencher une intervention, – boues pour les dispositifs des CFI et CL ;
telle que rebrancher un tuyau de recirculation, débou- – matières de vidange lorsque les sous-produits sont
cher une canalisation… (tableau I ). extraits de la fosse toutes eaux ;
À la suite de la lecture attentive des commentaires, les – dépôt de surface pour les boues déposées en surface
opérations d’entretien ont été classées en trois catégories : du premier étage de filtres plantés.

SBR : Sequencing Batch Reactor.


Figure 1. Représentation des trois familles, 13 filières et 33 dispositifs

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 85


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Description
Type d’opération d’entretien « curatif » Filière Dispositif Famille
des opérations
Hydraulique Décolmatage d’un coude en entrée Copeaux de coco CC2 CFSF
du système Remise en place du préfiltre Laine de roche LR1 CFSF
Réparation de la rampe d’alimentation de l’auget Copeaux de coco CC1 CFSF
Réglage des rampes de répartition Laine de roche LR1 CFSF
Modification de la pente des écoulements Végétaux FPR CFSF
hydrauliques du système
Curage du drain d’épandage Sable S3 CFSF
Réglage de la pompe de relevage des eaux usées traitées Sable S1 CFSF

Changement Diffuseurs Lit fixe LFx1, LFx6 CFI


de matériel Sonde Lit fixe LFx1 CFI
Compresseur/surpresseur Lit fixe LFx1, LFx6, LFx9 CFI
Boues activées classique C1 CL
Électrovannes Lit fixe LFx1 CFI
SBR SBR1, SBR2 CL
Moteur d’entraînement Disques biologiques DB1 CFI
Pompe de reprise des eaux usées traitées Laine de roche LR1 CFSF
Lit fixe LFx9 CFI
Sans décanteur SSdec1 CL
Pompe de recirculation des boues Lit fixe LFx9 CFI
Tuyau d’injection d’air (airlift) Sans décanteur SSdec1 CL
BA classique C1 CL
Coude du diffuseur Lit fixe LFx6 CFI
Composant de la pompe à air Lit fixe LFx1 CFI
Pompe à air Boues activées classique C1 CL
Programme de recirculation Sans décanteur SSdec1 CL
Raccords de flexible SBR C2 CL
Batterie de commande SBR C2 CL

Média Remplacement du média Lit fixe LFx1 CFI


Remplacement du média du traitement Traitement TC1 CL
complémentaire complémentaire
Nettoyage du premier niveau de sacs Laine de roche LR1 CFSF

Programmation Adaptation du temps d’aération Lit fixe LFx3 CFI


Adaptation du temps de recirculation Lit fixe LFx6 CFI
Reprogrammation Lit fixe LFx3 CFI
Reprogrammation Lit fluidisé LFl CFI
Réalimentation électrique du dispositif disjoncté Sans décanteur primaire SSdec1 CL

Circulation Réparation des raccords en sortie du surpresseur Lit fixe LFx3 CFI
air/boue Reconnexion du tuyau d’injection d’air (airlift) Lit fixe LFx9 CFI
Modification du tuyau de recirculation Lit fixe LFx6 CFI
Rallonge du té d’inspection sur la canalisation Lit fixe LFx6 CFI
de recirculation des boues
Ajout de plaque par un professionnel qualifié pour Sans décanteur primaire SSdec1 CL
augmenter la hauteur de la paroi entre le réacteur
et le clarificateur
Remise en service de la pompe de recirculation suite Sans décanteur primaire SSdec1 CL
à une défaillance de la minuterie
Rebranchement du manchon permettant SBR SBR5 CL
le retour des boues

Divers Mise sous pression pour décolmatage des diffuseurs d’air Lit fixe LFx7 CFI
Réensemencement du réacteur Boues activées classique C1 CL
Réparation/renforcement de la filière suite à la Écorces de pin EP1 CFSF
déformation/écrasement de la cuve de traitement

Se reporter à la figure 1 pour la signification des différentes abréviations.


Tableau I. Liste des opérations d’entretien curatif selon la famille, la filière et le dispositif

86 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : synthèse du suivi in situ des installations réalisé de 2011 à 2016

Seules les données concernant l’entretien curatif ont été Les paramètres azotés sont également analysés. La
étudiées en détail et sont présentées dans cet article. réglementation impose des contraintes très strictes sur
Pour chaque installation, le nombre d’opération d’en- ce paramètre lorsque les conditions du milieu récepteur
tretien curatif a été comptabilisé sur une période qui l’imposent, en zones sensibles, par exemple. Il n’est pas
couvre la mise en service de l’installation jusqu’à la envisagé de généraliser à l’ANC de telles exigences. Les
fin du suivi. S’il existe une ou plusieurs périodes non seuils retenus ont été élaborés sur la base des princi-
renseignées, la période retenue se réduit à celle du paux processus d’oxydation et de volatilisation, mis en
recueil d’informations consécutives disponibles. œuvre dans les dispositifs rencontrés. Ils sont ainsi le
Parmi les 183 installations dont l’entretien curatif est reflet des conditions d’oxygénation adaptées aux
renseigné, 136 installations n’ont eu aucune opération processus de dégradation utilisés dans les dispositifs
d’entretien curatif et 47 installations ont eu entre une et rencontrés ; les exigences qui en découlent sont relati-
cinq opérations. Au total, ce sont 62 opérations qui ont vement modérées.
été répertoriées. La nitrification consiste en une oxydation de l’azote sous
La liste des opérations d’entretien curatif et les dispositifs forme d’ions N-NO3– : l’azote Kjeldahl (NK) diminue
associés sont présentés dans le tableau I. ainsi que l’azote ammoniacal (N-NH4+), les concen-
trations en nitrates peuvent alors être importantes.
Cette oxydation a lieu en présence d’oxygène.
2. Méthodes
La dénitrification consiste en une formation d’azote
2.1. Qualité des eaux usées traitées gazeux (N2) ; c’est un stade ultime de dégradation, qui,
La qualité chimique des eaux usées traitées a été quali- dans les procédés étudiés, utilise l’azote N-NO3–, c’est-
fiée au regard de seuils définis spécifiquement dans le à-dire prend place après la nitrification. Les concentra-
cadre de cette étude. tions résiduelles en nitrates sont donc relativement
En ANC, l’État a fait le choix, par réglementation, d’au- faibles ainsi que les concentrations en ions ammo-
toriser la mise en œuvre des dispositifs qui ont fait leur nium. La dénitrification a lieu en conditions anoxiques
preuve, notamment vis-à-vis de la qualité de l’eau usée (concentration en oxygène très faible à nulle) et en pré-
traitée, sur plate-forme d’essais selon une procédure sence d’une quantité suffisante de matière organique.
établie (annexes 2 et 3 de l’arrêté du 7 septembre 2009 Ces mécanismes de dégradation des formes azotées
modifié par l’arrêté du 7 mars 2012 [AFNOR, 2009 ; sont complexes. Toutes les techniques d’épuration ne
MEEDDM et MSS, 2012]). Les critères de qualité de l’eau sont pas conçues pour répondre aux mêmes objectifs
usée traitée attendus en situation réelle ne sont cepen- de transformation de l’azote. Ainsi, les CFSF, conçues
dant pas définis. Les agréments ainsi attribués corres- pour fonctionner en présence d’oxygène, assurent une
pondent donc à un « objectif de moyen » (tableau II ). nitrification mais ne sont pas le siège d’une dénitrifi-
A contrario, en assainissement collectif, la réglementa- cation contrôlée. Dans cette famille, il existe une excep-
tion fixe, pour certains paramètres, les objectifs à tion : celle de la filière « végétaux » dont une partie,
atteindre pour le rejet de la station d’épuration (ta- conçue pour fonctionner en anoxie, est le siège théo-
bleau II ). rique des processus de dénitrification. En assainisse-

Prescriptions techniques

Applicables aux installations d’ANC Applicables aux systèmes d’AC et aux installations d'ANC
(pollution organique ≤ à 1,2 kg/j de DBO5) (sauf charge brute de pollution organique ≤ à 1,2 kg/j de DBO5)
« Objectifs de moyen » « Objectifs de résultats »
[MEEDDM et MSS, 2012] [MEDDE et MASSDF, 2015]

Caractéristiques en Concentration Concentration maximale Concentration


sortie de l’installation maximale à respecter* rédhibitoire*
MES 30 85 – 85
DCO – – 200 400
DBO5 35 50 35 70

* Moyenne journalière ; AC : assainissement collectif ; ANC : assainissement non collectif ; MES : matières en suspension ; DCO : demande
chimique en oxygène ; DBO5 : demande biochimique en oxygène.
Tableau II. Concentrations réglementaires (en mg/L) applicables à l’assainissement

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 87


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

ment collectif, les CFI et CL sont conçues pour dégra- collectif (DCO et DBO5), excepté pour les MES où le
der, au moins partiellement, l’azote jusqu’à sa forme seuil de 30 mg/L est choisi selon les « objectifs de
gazeuse avec des processus de nitrification et dénitrifi- moyens » définis en ANC. La qualité sera jugée « inac-
cation. ceptable » si les concentrations sont supérieures aux
L’analyse est conduite en référence à des seuils diffé- concentrations rédhibitoires. Entre ces deux valeurs, la
rents selon les dispositifs concernés et les processus qualité est qualifiée de médiocre.
associés, soit de nitrification, soit de nitrification/déni- Pour chaque paramètre, il en résulte trois classes de
trification. qualité mentionnées dans le tableau III.
Des concentrations résiduelles de NK ou N-NH4+, res- Ensuite, les résultats sont traduits sous forme d’une
pectivement supérieures à 90 mg/L et 85 mg/L et sur la appréciation globale de qualité des eaux usées traitées.
base d’une concentration initiale en eaux usées brutes Par sa construction, cette qualification globale de la
évaluée à 145 mg/L [EME et BOUTIN, 2015], sont le qualité des eaux usées traitées intègre la présence de
reflet d’une absence de nitrification ; effectivement, la fractions résiduelles de pollution (MES, DCO et DBO5)
diminution obtenue est attribuée essentiellement à la mais aussi les conditions de dégradations biologiques,
consommation par les bactéries ayant contribué à spécifiques aux dispositifs nitrifiants ou dénitrifiants
dégrader la DBO5, en la réduisant de 630 mg/L à (indicateur des paramètres azotés).
70 mg/L. La qualité de l’eau usée traitée est alors dite Pour que la qualification globale des eaux usées traitées
« inacceptable ». soit de classe « acceptable », il convient que conjointe-
La dénitrification est jugée « acceptable » si la concen- ment :
tration résiduelle en ions nitrates est inférieure à – vis-à-vis des paramètres caractéristiques de la pollu-
30 mg/L et si la concentration résiduelle en ions ammo- tion carbonée, 80 % des valeurs de chaque paramètre
nium est inférieure à 30 mg/L ou la concentration rési- MES, DCO et DBO5 soient tous de classe « accep-
duelle en NK est inférieure à 33 mg/L. table » ;
En l’absence de dénitrification, la nitrification est jugée – vis-à-vis de l’oxydation des formes azotées par voie de
« acceptable » si la concentration en ions nitrates : nitrification et/ou de nitrification et dénitrification, les
N-NO3– est supérieure à celles en ions ammonium : exigences soient modestes et reviennent à imposer que
N-NH4+. À l’inverse, si les concentrations en ions ammo- 20 % des valeurs soient de classe « acceptable ».
nium : N-NH4+ étaient supérieures aux concentrations La classe de qualité globale retenue est la classe la plus
en nitrates : N-NO3–, la situation devient « médiocre », discriminante des quatre classes de chaque percentile
le faible degré d’oxydation des formes azotées étant un précité. Elle est « médiocre » si l’un au moins des quatre
indicateur de la santé du filtre et du risque de passage percentiles est de classe « médiocre » et les autres sont
en conditions anaérobies. de classe « acceptable ». Elle est « inacceptable » dès
En ce qui concerne les paramètres caractéristiques de que l’un au moins des quatre percentiles est de classe
la pollution carbonée (MES, DCO et DBO5), les seuils « inacceptable ».
retenus pour une qualité « acceptable » sont les seuils Le choix de comparer la concentration correspondant
les moins contraignants définis en assainissement au percentile 80 de la distribution des concentrations

Acceptable Médiocre Inacceptable


MES ≤ 30 30 - 85 ≥ 85
DCO < 200 200 - 400 ≥ 400
DBO5 < 35 35 - 70 ≥ 70
Paramètres Famille CFSF NK < 90 et NK < 90 et
azotés NK ≥ 90
hors filière « végétaux » N-NO3– > N-NH4+ N-NO3– < N-NH4+

Filière « végétaux » NK < 33 et NK < 90 et


NK ≥ 90
Familles CFI et CL N-NO3– < 30 N-NO3– > 30

MES : matières en suspension ; DCO : demande chimique en oxygène ; DBO5 : demande biochimique en oxygène ; NK : azote Kjeldahl ;
N-NH4+ : azote ammoniacal ; N-NO3- : nitrates ; CFSF : cultures fixées sur support fin ; CFI : cultures fixées immergées ; CL : cultures libres.
Tableau III. Définition des trois classes de qualité retenues pour l’étude en matière de concentration en mg/L par paramètre

88 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : synthèse du suivi in situ des installations réalisé de 2011 à 2016

en MES, DCO et DBO5, aux seuils de qualité définis Ces variables sont ensuite partitionnées en plusieurs
précédemment s’appuie sur la méthodologie appliquée classes. Pour l’âge des installations, il a été choisi de
à la définition d’une eau de bonne qualité dans le cadre qualifier de :
de la directive cadre sur l’eau [MEEDDM, 2010]. Cela – « jeune » une installation âgée de moins d’un an (< 12
signifie que l’on tolère que 20 % des données soient mois) en fin de suivi ;
situées dans la classe de qualité inférieure. Pour l’azote, – « moyen » une installation âgée entre 3 et 5 ans (entre
en raison de son caractère non réglementaire, la tolé- 36 et 60 mois) ;
rance de dépassement du seuil est plus souple et est – « âgé » une installation de plus de 7 ans (> 84 mois) en
fixée à 80 %. fin de suivi.
Les âges intermédiaires appartiendront à plusieurs
2.2. Entretien « curatif » des installations classes à la fois. Par exemple, de 12 à 35 mois, l’âge de
L’analyse des données commentées (recueillies lors des l’installation sera de moins en moins « jeune » et de plus
visites chez les particuliers) est réalisée par la logique en plus « moyen ». Cette représentation par ensembles
floue à l’aide du logiciel FisPro [GUILLAUME et CHAR- flous se fait en définissant les bornes des classes sous
NOMORDIC, 2011] qui a été développé par l’Institut FisPro en se basant sur les connaissances expertes
national de recherche en sciences et technologies pour disponibles.
l’environnement et l’agriculture (Irstea) et l’Institut na- La figure 2 représente les trois sous-ensembles flous des
tional de la recherche agronomique (Inra) dont l’objectif trois classes « jeune », « moyen » et « âgé ». La relation
est de fournir une note à chaque installation suivant les entre les classes (« jeune », « moyen », « âgé ») et les va-
différentes règles créées qui caractérisent le nombre leurs numériques (en mois) se fait par les degrés d’ap-
d’opérations d’entretien curatif réalisées sur une pé- partenance aux ensembles flous. Par exemple, une ins-
riode donnée. tallation âgée de 20 mois est considérée comme jeune
La logique floue est utilisée pour modéliser le langage avec un degré d’appartenance de 0,65 et comme
naturel qui ne peut être évalué seulement comme vrai moyenne avec un degré d’appartenance de 0,35. Elle
ou faux. Elle permet d’utiliser des concepts linguistiques n’est pas considérée comme âgée.
plus nuancés qui sont modélisés par des ensembles Les opérations d’entretien « curatif » réalisées ont été
flous et ensuite utilisés dans des programmes de calcul réparties en trois classes, selon un nombre croissant
[GUILLAUME et CHARNOMORDIC, 2005]. d’opérations :
FisPro va créer un système d’inférence flou qui se carac- – 0 opération d’entretien « curatif » ;
térise par : – 1 opération d’entretien « curatif » ;
– des variables d’entrée (ensembles flous) ; – 2 opérations ou plus d’entretien « curatif ».
– des règles définies à dire d’experts ; L’ensemble des règles floues est créé, à dire d’expert,
– une variable de sortie. en se positionnant à la place du propriétaire de l’instal-
Pour étudier l’entretien curatif des installations, les lation qui a conscience que l’entretien est nécessaire et
variables d’entrée du système sont : qu’un minimum d’opérations doit être effectué.
– l’âge de l’installation en fin de suivi ; Trois niveaux d’acceptabilité de fréquences des opéra-
– le nombre cumulé d’opérations d’entretien curatif. tions d’entretien curatif ont été définis et associés à trois

1
Jeune Moyen Âgé

0,65

0,35

0
0 20 40 60 80 100 120 140
Âge

Figure 2. Partitionnement de la variable d’entrée « âge de l’installation en fin de suivi »

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 89


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

notes : acceptable (note de 10/10), médiocre (5/10) et La filière « laine de roche » étudiée fournit aussi une eau
inacceptable (0/10). usée traitée de qualité « médiocre » et ce sont les deux
Les règles floues sont créées en partant du prédicat concentrations des percentiles en MES, DBO5 respec-
suivant : le particulier trouve « acceptable » de réaliser tivement de 44 et 48 mg/L et la classe du 20e percentile
une opération d’entretien curatif lorsque son instal- des paramètres azotés qui entraînent ce classement.
lation a plus de 5 ans. Ces règles ont été créées en l’ab- Filières étudiées de la famille des CFI
sence de lien avec d’éventuelles garanties commer-
Les filières étudiées « lit fixe » et « lit fluidisé » fournis-
ciales (tableau IV ).
sent une eau usée traitée de qualité globale « mé-
Pour évaluer les fréquences d’entretien curatif d’un diocre » et ce sont les concentrations du 80e percentile
dispositif, d’une filière ou d’une famille, la moyenne des en MES qui entraînent ce classement avec des valeurs
notes fournies par l’outil pour chaque installation est à 49 et 84,6 mg/L respectivement pour les filières « lit
calculée ; elle permet de juger l’acceptabilité des fré- fixe » et « lit fluidisé ».
quences d’entretien curatif définies selon trois classes.
Filières étudiées de la famille des CL
La fréquence d’entretien curatif sera jugée :
– « acceptable » si la note moyenne est supérieure ou La filière « SBR » étudiée fournit une eau usée traitée de
égale à 8,5/10, c’est-à-dire si une opération d’entretien meilleure qualité par rapport aux autres filières de cette
curatif est survenue au bout de 4,3 ans ou plus ; famille, mais sa classe de qualité globale est « mé-
– « médiocre » si la note est comprise entre 7 et 8,5, diocre ». C’est la concentration du 80e percentile en
c’est-à-dire si une opération d’entretien a été réalisée MES qui entraîne ce classement avec une valeur de
entre 3,5 et 4,3 années de fonctionnement ; 48 mg/L.
– « inacceptable » si la note est inférieure à 7/10, ce qui Les trois autres filières étudiées – « traitement complé-
correspond à une opération dans les 3 premières années mentaire », « classique » et « sans décanteur primaire »
et demie. – fournissent une eau usée traitée de qualité globale
« inacceptable » ; toutes les concentrations du 80e per-
3. Résultats et discussion centile en MES entraînent ce classement avec des va-
3.1. Analyse de la qualité des eaux usées leurs à 136, 129 et 270 mg/L respectivement pour les fi-
traitées lières « traitement complémentaire », « classique » et
« sans décanteur primaire ». Vis-à-vis de la filière « clas-
3.1.1. Filières
sique », la concentration du 80e percentile en DBO5
Filières étudiées de la famille des CFSF
(48 mg/L) est aussi « inacceptable ». Pour la filière « sans
Les filières étudiées « sable », « végétaux » et « copeaux
décanteur primaire », ce sont les trois percentiles MES,
de coco » fournissent une eau usée traitée appartenant
DCO et DBO5 qui sont dans la classe « inacceptable ».
à la classe de qualité globale : « acceptable ». À titre
d’exemple, les concentrations du 80e percentile en MES Qualité globale des eaux usées traitées par les filières
sont respectivement de 18, 14 et 30 mg/L. La figure 3 résume la qualité globale des eaux usées trai-
La filière « zéolithe » étudiée fournit une eau usée traitée tées pour onze des filières ; les deux autres filières
de qualité globale « médiocre » ; c’est la concentration « écorce de pin » de la famille des CFSF et « disques bio-
du 80e percentile en MES qui entraîne ce classement logiques » de la famille des CFI sont d’un effectif insuffi-
avec une valeur à 68 mg/L. sant (inférieur à 12 prélèvements ou trois installations

Âge
Nb d’opérations
d’entretien « curatif » Jeune Moyenne Âgée
(< 1 an) (3 ans - 5 ans) (> 7 ans)
0 opération Acceptable (10) Acceptable (10) Acceptable (10)
1 opération Inacceptable (0) Médiocre (5) Acceptable (10)
2 opérations ou plus Inacceptable (0) Inacceptable (0) Médiocre (5)

Les règles ont été créées sur la base du prédicat suivant : le propriétaire trouve acceptable de réaliser une
opération d’entretien curatif lorsque son installation a plus de 5 ans (âgée), ce qui correspond à une note de
10/10. Toutes les notes, associées aux fréquences d’entretien – acceptable, médiocre ou inacceptable – sont
déterminées en fonction de l’âge de l’installation et du nombre d’opérations réalisées.
Tableau IV. Règles « floues » pour les fréquences des opérations d’entretien « curatif »

90 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : synthèse du suivi in situ des installations réalisé de 2011 à 2016

la filière « laine de roche », c’est la classe du 20e percen-


tile en paramètres azotés qui entraîne ce classement ;
pour l’autre dispositif de cette même filière (LR1), les
quatre percentiles sont dans la classe « médiocre ».

Dispositifs étudiés de la famille des CFI


Parmi les sept dispositifs étudiés de la famille des CFI
dont le nombre de prélèvement ou d’installation sont
suffisants :
– deux délivrent une eau usée traitée de qualité globale
« acceptable », ce sont les dispositifs LFx1 et LFx9. À
titre d’exemple, les concentrations du 80e percentile en
MES sont respectivement de 8 et 29 mg/L ;
Se reporter à la figure 1 pour la signification des différentes abréviations. – un délivre une eau usée traitée de qualité globale « in-
Figure 3. Nombre de filières par famille et par classe de qualité globale des
eaux usées traitées acceptable », il s’agit du dispositif LFx3. C’est la concen-
tration du 80e percentile en DBO5 qui entraîne ce classe-
[BOUTIN et al., 2017a]) pour pouvoir qualifier la qualité ment avec une valeur de 78 mg/L ;
de leurs eaux usées traitées. – quatre délivrent une eau usée traitée de qualité
Trois filières de la famille des CFSF délivrent une eau globale « médiocre ». C’est la concentration du 80e per-
usée traitée de qualité globale « acceptable », trois centile en MES qui entraîne ce classement pour deux
filières de la famille des CL délivrent une eau usée trai- dispositifs : LFx6 et LFx7 avec respectivement une
tée de qualité globale « inacceptable » et cinq filières valeur de 58 et 56 mg/L. Pour le dispositif LFx4, ce sont
classées parmi les trois familles délivrent une eau usée les concentrations du 80e percentile en MES et en DCO
traitée de qualité globale « médiocre ». (respectivement de 59 et 233 mg/L) qui entraînent ce
Ce classement en filières recouvre des hétérogénéités classement. Pour le dispositif LFl, la concentration
dans les classes de qualité des eaux usées traitées issues du 80e percentile en MES (84,6 mg/L) et la classe de
des dispositifs, c’est pourquoi l’analyse des dispositifs qualité médiocre des paramètres azotés entraînent ce
est également présentée. classement.

3.1.2. Dispositifs Dispositifs étudiés de la famille des CL


Parmi les six dispositifs étudiés de la famille des CL dont
Dispositifs étudiés de la famille des CFSF
le nombre de prélèvement ou d’installations sont suffi-
Parmi les huit dispositifs étudiés de la famille des CFSF sants :
dont le nombre de prélèvements ou d’installations sont – trois délivrent une eau usée traitée de qualité globale
suffisants : « médiocre », ce sont les trois dispositifs SBR1, SBR2 et
– trois délivrent une eau usée traitée de qualité globale
SBR3 de la filière « SBR ». C’est la concentration du
« acceptable » : ce sont les filtres à sable (S1), les filtres
80e percentile en MES qui entraîne ce classement pour
plantés de roseaux (FPR) et le dispositif CC2 de la filière
ces trois dispositifs avec respectivement une valeur de
« copeaux de coco » dont la surface de filtration est
56, 49 et 34 mg/L ;
proche de 0,80 m2/équivalent-habitant (EH). À titre
– trois délivrent une eau usée traitée de qualité globale
d’exemple, les concentrations du 80e percentile en MES
« inacceptable ». C’est la concentration du 80e percen-
sont respectivement de 19, 14 et 28 mg/L ;
– un délivre une eau usée traitée de qualité globale « in- tile en MES qui entraîne ce classement pour l’unique
acceptable » : il s’agit du dispositif Z1 de la filière « zéo- dispositif TC de la filière « traitement complémentaire »
lithe ». La concentration du 80e percentile en MES en- avec respectivement une valeur de 136 mg/L. Pour le
traîne ce classement avec une valeur de 111 mg/L ; dispositif C1 de la filière « classique », ce sont les
– quatre délivrent une eau usée traitée de qualité glo- concentrations du 80e percentile en MES et en DBO5
bale « médiocre ». C’est la concentration du 80e percen- (respectivement de 129 et 82 mg/L) qui entraînent ce
tile en MES qui entraîne ce classement pour deux dis- classement ; pour le dispositif SSdec1 de la filière « sans
positifs (CC1 et Z2) des deux filières « copeaux de décanteur primaire », ce sont les concentrations du
coco » et « zéolithe » avec respectivement une valeur 80e percentile en MES, DCO et DBO5 (respectivement
de 43 et 62 mg/L. Pour l’un des deux dispositifs (LR2) de de 288, 673 et 103 mg/L) qui entraînent ce classement.

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 91


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Qualité globale des eaux usées traitées par les dispo- des installations est suffisant. Les résultats des filières
sitifs étudiés ayant moins de trois installations ne sont pas mentionnés.
La figure 4 résume la qualité globale des eaux usées Parmi les 11 filières étudiées et qualifiées :
traitées pour 21 dispositifs, les autres n’ayant pas un – quatre filières ont une fréquence d’entretien « curatif »
effectif suffisant. « acceptable », soit 36 % ;
Cette analyse globale porte sur 20 dispositifs agréés et – quatre filières ont une fréquence d’entretien « curatif »
un dispositif traditionnel : le filtre à sable vertical. « médiocre », soit 36 % ;
En résumé, quatre dispositifs agréés sur 20 (20%) et le dis- – trois filières une fréquence d’entretien « curatif » « in-
positif traditionnel délivrent une eau usée traitée de qua- acceptable », soit 28 %.
lité globale « acceptable ». À l’inverse, 80% des disposi- Filières étudiées de la famille des CFSF
tifs d’épuration agréés étudiés délivrent une eau usée
Les filières étudiées de la famille des CFSF montrent de
traitée de qualités « médiocre » ou « inacceptable ».
bons résultats pour l’entretien « curatif » : de 79 % à
Dans la majorité des cas, les classes retenues pour le pa- 100 % des installations présentent des opérations
ramètre MES et pour la qualité globale (quatre para- d’entretien « curatif » de fréquence « acceptable ». Au
mètres) sont les mêmes.
sein de cette famille, la filière « zéolithe » a les meilleurs
résultats, puisque aucune opération d’entretien « cura-
3.2. Analyse de l’entretien curatif des installations
tif » n’a été réalisée sur les 16 installations suivies. L’une
3.2.1. Filières des installations de la filière « végétaux » a fait l’objet
La figure 5 présente les classes d’acceptation des fré- d’une modification de pente des écoulements hydrau-
quences d’entretien curatif pour 11 filières dont l’effectif liques. Vient ensuite la filière « laine de roche » pour
laquelle l’une des installations a fait l’objet de plusieurs
opérations d’entretien « curatif » expliquant le classe-
ment d’une installation en fréquence « inacceptable ».
Pour la filière « sable », les dysfonctionnements relevés
sur deux des trois installations portent sur un organe
extérieur au traitement biologique : la pompe de rele-
vage des eaux usées traitées. Sont classés en dernière
position les filtres à copeaux de coco avec des opéra-
tions assez fréquentes pour maintenir l’équirépartition
des eaux usées à traiter.
Filières étudiées de la famille des CFI
Pour les filières étudiées de la famille des CFI, la fré-
quence des opérations d’entretien « curatif » est « ac-
Se reporter à la figure 1 pour la signification des différentes abréviations.
Figure 4. Nombre de dispositifs par famille et par classe de qualité globale ceptable » dans 67% à 75% des cas selon la filière. Pour
des eaux usées traitées cette famille, les diverses opérations listées dans le
tableau I, réalisées par les constructeurs ou leurs opé-
rateurs qualifiés, concernent principalement des chan-
gements de matériels et des adaptations.
Notons que l’opération d’entretien « curatif » enregis-
trée sur l’une des quatre installations de la filière « lit
fluidisé » concerne sa reprogrammation et que, pour la
filière « disques biologiques », l’opération réalisée sur
l’une des trois installations concerne le changement du
moteur d’entraînement des disques.
Filières étudiées de la famille des CL
Pour les filières étudiées de la famille des CL, les opé-
rations d’entretien « curatif » sont les plus fréquentes et
la fréquence « acceptable » n’est obtenue que pour
Se reporter à la figure 1 pour la signification des différentes abréviations. 33% à 69% des installations. Ces résultats ne concernent
Figure 5. Nombre de filières par famille et par classe d’acceptation de fré-
quence d’entretien curatif que trois filières : pour la quatrième filière « traitement

92 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : synthèse du suivi in situ des installations réalisé de 2011 à 2016

complémentaire », le suivi des opérations d’entretien « curatif » acceptable. 50 % des dispositifs qualifiés de
« curatif » a été réalisé sur un effectif trop réduit (deux la famille des CFI ont une fréquence d’entretien « cura-
installations). tif » qualifiée de « médiocre » et 37% ont une fréquence
Dans la famille des CL, c’est la filière « SBR » qui présente d’entretien qualifiée d’« inacceptable ». Cette analyse
les fréquences d’opérations d’entretien « curatif » les à l’échelle du dispositif apporte essentiellement des
plus faibles. précisions sur les dispositifs de la filière « lit fixe ». Les
résultats pour les six dispositifs de cette filière montrent
3.2.2. Dispositifs des situations diverses avec des fréquences d’opération
Le nombre d’installations étudiées pour chaque dispo- « acceptable » pouvant être très fortes (100% pour LFx4)
sitif varie de 1 à 21. Les résultats des filières ayant moins à faibles (autour de 30 % pour LFx1 et LFx9).
de trois installations ne sont pas mentionnés.
À l’échelle des dispositifs, l’amplitude de variation des Dispositifs étudiés de la famille des CL
notes est large et s’étend de 10 (dispositifs Z2, LR2 et Dans la famille des CL, seul un des quatre dispositifs
LFx4) à 3,9 (dispositif C1). Cette note de 3,9 correspond qualifiés (soit 25 %) présente une fréquence d’entretien
à une fréquence de 2 ans (une opération d’entretien « curatif » « acceptable », 25 % des dispositifs qualifiés
curatif au bout de 2 ans en moyenne). La figure 6 pré- de cette famille ont une fréquence d’entretien « cura-
sente les classes d’acceptation des fréquences d’entre- tif » « médiocre » et 50 % ont une fréquence d’entretien
tien curatif pour 19 dispositifs dont l’effectif des instal- qualifiée d’« inacceptable ».
lations est suffisant. En conclusion, quatre dispositifs de la famille des
Parmi les 19 dispositifs étudiés et qualifiés : CFSF (S1, FPR, Z2 et LR2), ainsi qu’un de la famille des
– sept dispositifs ont une fréquence d’entretien « cura- CFI (LFx4) sont peu sujets aux opérations d’entretien
tif » « acceptable », soit 37 % ; « curatif ». Cette situation leur confère une note supé-
– six dispositifs ont une fréquence d’entretien « curatif » rieure à 9,5.
« médiocre », soit 31,5 % ;
C’est dans les familles des CFI et des CL qu’appartien-
– six dispositifs ont une fréquence d’entretien « curatif »
nent les trois dispositifs (LFx1, LFx9 et C1) aux fré-
« inacceptable », soit 31,5 %.
quences d’opération curative les plus contraignantes :
Dispositifs étudiés de la famille des CFSF la note la plus basse est de 3,9.
C’est la famille des CFSF qui présente la plus grande La technicité nécessaire au fonctionnement des dispo-
proportion de dispositifs de fréquence d’entretien
sitifs des familles des CFI et des CL génère le plus
« curatif » acceptable. En effet, 70 % des dispositifs
souvent une surveillance accrue et des opérations d’en-
étudiés ont une fréquence qualifiée d’« acceptable ».
tretien « curatif » dont la fréquence est qualifiée de
Dispositifs étudiés de la famille des CFI « médiocre » ou « inacceptable » vis-à-vis de la réfé-
Dans la famille des CFI, seul un des huit dispositifs rence fixée à dire d’expert (absence d’opération pen-
qualifiés (soit 13 %) présente une fréquence d’entretien dant 5 années consécutives).

Se reporter à la figure 1 pour la signification des différentes abréviations.


Figure 6. Nombre de dispositifs par famille et par classe d’acceptation de fréquence d’entretien curatif

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 93


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

4. Analyse conjointe de la qualité des eaux • Un deuxième groupe (qualification « inacceptable »


de la qualité des eaux traitées et entretien « curatif »)
usées traitées et de l’entretien curatif regroupe deux filières de la famille CL :
Dans cette partie est présentée l’analyse conjointe de – filière « sans décanteur primaire » ;
la qualité des eaux usées traitées et de l’entretien cura- – filière « classique ».
tif, dans un premier temps pour les filières, puis pour les • Un troisième groupe (n’appartenant pas aux groupes
dispositifs. précédents) regroupe six filières :
– filières « copeaux de coco », « zéolithe » et « laine de
4.1. Filières roche » de la famille des CFSF ;
La figure 7 regroupe l’entretien « curatif » et la qualité – filières « lit fixe » et « lit fluidisé » de la famille des CFI ;
des eaux traitées pour les dix filières dont les informa- – filière « SBR » de la famille CL.
tions communes existent. Pour trois filières, « écorces Dans ce 3e groupe, la filière « copeaux de coco » est la
de pin », « disques biologiques » et « traitement com- seule à délivrer une eau usée traitée de qualité « accep-
plémentaire », les informations ne sont pas disponibles. table » et les filières « zéolithe » et « laine de roche »
De ce graphe, se dégagent trois grands groupes : sont les seules dont les fréquences des opérations d’en-
tretien « curatif » sont acceptables.
• Un premier groupe (qualification « acceptable » de la
qualité des eaux traitées et entretien « curatif ») avec
4.2. Dispositifs
deux filières de la famille CFSF :
La même présentation est adoptée à l’échelle des dis-
– filière « sable » ; positifs et la figure 8 résume la qualité globale des eaux
– filière « végétaux ». usées traitées et l’acceptabilité de l’entretien « curatif »

Se reporter à la figure 1 pour la signification des différentes abréviations.


Figure 7. Analyse conjointe de la qualité globale des eaux usées traitées et de l’entretien « curatif » de dix filières

Se reporter à la figure 1 pour la signification des différentes abréviations.


Figure 8. Analyse conjointe de la qualité des eaux usées traitées et de l’entretien « curatif » des 18 dispositifs

94 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Assainissement non collectif en France : synthèse du suivi in situ des installations réalisé de 2011 à 2016

des 18 dispositifs pour lesquels les deux qualificatifs


sont disponibles.
De cette figure 8, se dégagent trois grands groupes :
• Un premier groupe (qualification « acceptable » de la
qualité des eaux traitées et entretien « curatif ») avec
trois dispositifs de la famille des CFSF :
– S1 : le filtre à sable drainé traditionnel de la filière
« sable » ;
– CC2 : l’un des dispositifs de la filière « copeaux de
coco » ;
– FPR : l’unique dispositif suivi de la filière « végétaux ».
Figure 9. Mise en œuvre d’un filtre à sable chez un particulier
• Un deuxième groupe (qualification « inacceptable »
de la qualité des eaux traitées et entretien « curatif ») (55 %). Attention, le jeu de données recueilli n’est pas
avec les deux dispositifs de la famille des CL : représentatif de la situation nationale : il serait donc faux
– C1 : un des dispositifs de la filière « classique » ; d’élargir ce constat inquiétant à la totalité du territoire
français, il s’agit donc d’une alerte.
– SSdec1 : un des dispositifs de la filière « sans décan-
teur primaire ». À la suite de la diminution des surfaces du parcellaire
• Un troisième groupe (n’appartenant pas aux groupes constructible (loi Alur n° 2014-366 [ASSEMBLÉE NATIO-
précédents) regroupe 13 dispositifs. La majorité (sept) des NALE et SÉNAT, 2014]), les propriétaires peuvent être
dispositifs est dans la famille des CFI, quatre appartien- enclins à choisir des dispositifs dont les emprises au sol
nent à la famille des CFSF et deux sont dans celle des CL : sont moindres que celles des filières traditionnelles. L’en-
– LFx1, LFx9, LFx4, LFx6, LFx7 et LFx3 : les dispositifs de jeu est désormais de pouvoir leur fournir des dispositifs
la filière « lit fixe » ; qui, non seulement sont autorisés par le biais de l’agré-
– LFl : l’unique dispositif de la filière « lit fluidisé » ; ment français (lui-même basé sur la procédure de mise
– Z2 : l’un des dispositifs de la filière « zéolithe » ; en circulation des produits de marquage CE sur le terri-
– LR1 et LR2 : les dispositifs de la filière « laine de roche »; toire européen), mais aussi génèrent, de façon pérenne,
– CC1 : l’un des dispositifs de la filière « copeaux de coco »; des eaux usées traitées de qualité dans un contexte
– SBR1 et SBR2 : les dispositifs de la filière « SBR ». d’entretien acceptable pour le particulier.
Dans ce 3e groupe, les dispositifs LFx1 et LFx9 sont les Cette étude, comme toute étude, n’a pas de valeur régle-
deux seuls à délivrer une eau usée traitée qualifiée d’« ac- mentaire et ne peut être utilisée pour interdire l’instal-
ceptable ». À l’inverse, trois dispositifs (LFx3, LFl et LR1) lation d’un dispositif agréé. Mais, inédite par son am-
délivrent une eau usée traitée qualifiée d’« inacceptable ». pleur à l’échelle du territoire national et européen, elle
donne un éclairage scientifique et technique destiné à
Quatre dispositifs (Z2, LR2, LFx4 et SBR1) ont une fré-
alimenter la réflexion des usagers et des responsables
quence d’entretien curatif qualifiée d’« acceptable »
des politiques publiques aux diverses échelles du terri-
alors que trois dispositifs (LFx1, LFx9 et CC1) ont une
toire : commune, collectivité en charge du Spanc,
fréquence d’entretien curatif jugée « inacceptable ».
conseil départemental, agence de bassin, Ministères en
charge de l’ANC, Commission européenne.
Conclusion
Des réflexions et des études complémentaires sont
Cette étude a permis de mettre en avant une très menées dans le cadre du plan d’action national de
importante variabilité de la qualité des eaux usées trai- l’assainissement non collectif (Pananc), qui regroupe
tées par les dispositifs suivis ainsi qu’une fréquence l’ensemble des acteurs de l’ANC, pour renforcer la
d’entretien curatif plus ou moins importante selon les réglementation française et notamment européenne.
exigences d’entretien des dispositifs.
L’étude du groupe national public sur le suivi in situ des
Ainsi, seul 12 % des dispositifs agréés (2/17) et le filtre à installations d’ANC est accessible sur le site d’Irstea16.
sable vertical drainé (figure 9 ) répondent au qualificatif
« acceptable » à la fois en matière de qualité des eaux Remerciements
usées traitées et de fréquence d’entretien curatif. Les auteurs remercient chaleureusement la totalité des
Ce constat est inquiétant, d’autant plus qu’il est obtenu acteurs qui ont participé au recueil des données et au
par le suivi d’un parc jeune (80 % des visites ont été financement de cette étude.
réalisées sur des installations de moins de 4 ans) et à un
taux de charge moyen en deçà des capacités nominales 16
http://cemadoc.irstea.fr/cemoa/PUB00054553

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 95


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

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96 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Techniques Sciences Méthodes
astee-tsm.fr

Recyclage d’un média souillé de filtre compact


Rapport du co-compostage du xylit après utilisation
Recycling of trickling filters used media
Report of co-composting of xylit after use

n S. NINOREILLE1, P. COLLET2, S. NAPOLITANO3, A. COLLIENNE3*


1
La Compostière de l’Aube – Bouilly – France
2
Chambre d’Agriculture de l’Aube – Troyes – France
3
Eloy Water SA – Sprimont – Belgique

Mots-clés : R ÉSUMÉ Le xylit est une fibre naturelle considérée comme un déchet et issue de l’extraction du lignite.
Xylit Il possède des propriétés structurelles et chimiques qui lui permettent d’être utilisé comme support
Co-compostage bactérien et média filtrant du filtre compact X-Perco (Eloy Water). Comme tout matériau filtrant, ce xylit
Média filtrant devra, à terme, être évacué, traité et remplacé. L’objectif de cette étude est de démontrer la crédibilité
Filtre compact d’une solution de recyclage pour ce média via son co-compostage. Pour ce faire, une quantité importante
Économie circulaire de xylit de 10% (50 t) a été mélangée à 45% de structurants et 45% de déchets verts pendant 2 mois de
NF U44-095 phase oxydative avec retournements et oxygénation suivis de 2 mois de phase de maturation et d’un
criblage. Le compost obtenu répond à la norme la NF U44-095. Les courbes de températures, éléments
minéraux, éléments traces métalliques (ETM), composés traces organiques (CTO) et résidus inertes (RI) du
compost présentent des valeurs très satisfaisantes. Le compostage s’est déroulé sans adaptation
particulière et avec une recette facilement applicable dans d’autres centres de compostage. Le xylit passe
donc, pour la deuxième fois, d’un déchet à une plus-value et ouvre la voie sur la réflexion de l’empreinte
écologique des sous-produits générés par l’assainissement autonome et leur inclusion dans une économie
circulaire.

Keywords: A BSTRACT Xylit is a natural fiber, waste reclamation from lignite mining. It has specific structural and
Xylit chemical properties that makes it suitable to be used as a filtering media in the X-Perco, trickling filter of
Co-composting the company Eloy Water. Like any filtering material, it will need, at some point, to be replaced, evacuated and
Filtering media treated. The aim of this study is, thus, to prove that xylit can be recycled through co-composting. An extreme
Trickling filter amount of xylit, 10%, has been added to 45% of structuring woods and 45% of lawn clippings. The mix has
Circular economy been aerated and stirred for 2 months then matured during 2 other months before sieving to evaluate its
NF U44-095 composting. The compost created in the end could meet the NF U44-095 norm; temperature curves, mineral
elements, trace metals, trace organic compounds and inert residues values were very satisfying. Technical
modifications were not necessary to create compost and elements added were very common. It is then
possible to reproduce the obtained compost in many other centers. For the second time in its life time, xylit
goes from being a waste to being a resource. But, most important, this study embrace the thinking about the
ecological impact of waste water treatment by-products and their inclusion in circular economy.

Introduction Les technologies proposées à l’heure actuelle offrent


toutes une vision de courte durée sur l’impact environ-
On assiste depuis quelques mois à une nouvelle
nemental du traitement des déchets générés par
exigence de certains acteurs de l’assainissement non
collectif pour inclure la notion de durabilité aux solu- l’assainissement non collectif. Il n’est plus suffisant de
tions mises en place. Il ne s’agit plus seulement d’assai- dire qu’un média filtrant est d’origine organique pour
nir correctement, mais également d’envisager la durée assurer de son traitement futur lors de son rempla-
de vie des produits mis en place ainsi que de leurs cement, inévitable à terme. Il est urgent de réfléchir à
composants. Dans un monde sensible à l’économie l’inclusion du déchet « média filtrant souillé » dans une
circulaire, des questions se posent aujourd’hui, et à juste chaîne plus globale, c’est-à-dire son degré de compos-
titre, sur cette durée de vie tout comme sur le traitement tabilité ou sa possibilité de réutilisation. La double idée
des sous-produits générés. est que le média filtrant utilisé dans une solution
d’assainissement soit d’origine organique, mais soit
* Auteur correspondant – Courriel : a.collienne@eloywater.com également compostable pour assurer une empreinte

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 99


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

écologique positive plutôt que consommatrice de média peut également être observé. Le remplacement
ressources naturelles épuisables. et le traitement du média font donc partie intégrante
Cette étude évalue donc la compostabilité du xylit, de la vie d’un filtre compact [EPA, 2000 ; MEDDE, 2012 ;
média filtrant utilisé par la société Eloy Water dans son ZHU et ROTHERMEL, 2014 ; LI et al., 2018]. Actuelle-
filtre compact, l’X-Perco. ment, peu d’informations sont disponibles concernant
le devenir de ces médias.
1. Contexte et enjeux environnementaux Les différents acteurs, tels les vidangeurs, les proprié-
1.1. Filtre compact taires de filtres compacts ou les centres de compostage
Un filtre compact est une technologie d’assainissement sont également peu informés des procédures. Le xylit
des eaux usées conçue en deux compartiments qui a non seulement fait l’objet d’une étude de recyclage
effectue un traitement de filtration biologique, physique mais, d’un point de vue plus global, amène également
et mécanique et ce, grâce à la percolation des eaux sur
des questions sur le remplacement des médias de filtres
un média filtrant.
compacts et, surtout, sur leur incidence sur le milieu
Le premier compartiment permet un traitement phy-
naturel.
sique des eaux par décantation des particules lourdes
et de flottaison des particules légères. Les eaux débar-
rassées de leur pollution solide sont ensuite acheminées 1.3. Xylit
vers le deuxième compartiment contenant le média Le xylit est un déchet de l’extraction du lignite, séparé
filtrant, matériau naturel ou non. Ce média, en plus de de celui-ci lors de sa production. Il se présente sous
filtrer plus finement certaines particules résiduaires, sert forme d’incursions fibreuses dans le lignite, charbon à
de support au développement d’un biofilm bactérien basse capacité calorifique. Ce xylit ayant une capacité
et autres organismes épurateurs qui vont dégrader la
calorifique trop basse pour être utilisé comme source
pollution organique contenue dans les eaux. Ces eaux
d’énergie est donc considéré comme un déchet de
en sorties sont suffisamment traitées pour répondre aux
cette extraction.
normes de rejet sans devoir être infiltrées par drainage.
L’apport d’air nécessaire au fonctionnement de ces Matériau peu connu du grand public, le xylit présente,
organismes se fait par la convection naturelle de l’air selon les informations techniques du fournisseur, les
à travers des percements d’aération [MEDDE, 2012 ; caractéristiques intrinsèques suivantes4 : il possède une
OAKLEY et VON SPERLING, 2018]. porosité importante de 85-90 % et une capacité d’aéra-
L’avantage majeur de cette technologie est qu’elle ne tion de 30-50%. Ces caractéristiques, parmi d’autres, lui
requiert aucune énergie artificielle dans son fonction- permettent de favoriser un développement bactérien
nement. Elle permet, en plus de sa capacité de filtration important. Le xylit possède également un rapport
des particules en suspension, de traiter biologiquement carbone/azote (C/N) important, allant de 80 à 250. Ce
la pollution ce qui engendre une perturbation moindre rapport élevé et sa composition moléculaire proche de
de l’écosystème qui va accueillir les eaux résiduelles. la tourbe sont des éléments qui participent à sa bonne
stabilité structurelle. En effet, le xylit possède des
1.2. Médias filtrants sources de carbone exploitable plus difficilement
disponibles que d’autres substances organiques et une
Il existe actuellement de nombreux types différents de
faible capacité de remobilisation de l’azote. L’azote
médias filtrants sur le marché de l’assainissement.
pouvant être un élément limitant du développement des
On retrouve des médias minéraux comme la zéolithe,
micro-organismes, sa maigre disponibilité rend les fibres
chimiquement proche de l’argile, la laine de roche, issue
de xylit peu sensibles à la dégradation biologique. Cette
de la transformation de roche volcanique, des médias stabilité qui se traduit, notamment, par une grande résis-
en matériaux synthétiques comme certains supports tance mécanique permet donc une faible usure du média
plastiques et enfin des médias organiques comme les avec le temps ainsi qu’un faible risque de tassement du
copeaux de coco et le xylit. Tous les médias filtrants ont média (8-12 %) [VATTENFALL EUROPE MINING AG,
une durée de vie d’utilisation limitée dans le filtre com- 2003; BARROIN, 2004; HORTICON, 2014; AQUATERRA,
pact, car celui-ci possède un risque de colmatage élevé 2018]. Au vu des éléments précités, le média xylit
avec le temps. L’érosion progressive du support filtrant
augmente également la probabilité de changement de 4
Les méthodes utilisées pour l’obtention des valeurs des différentes carac-
sa structure interne. Un certain degré de tassement du téristiques du xylit ne sont pas fournies par le fournisseur avec les résultats.

100 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Recyclage d’un média souillé de filtre compact
Rapport du co-compostage du xylit après utilisation

possède donc les propriétés intrinsèques adéquates à la compostabilité et de l’assainissement. Il s’agit du centre
filtration physique et à la fixation bactérienne. de compostage de la Compostière de l’Aube pour la
Les propriétés épuratoires du xylit ne sont pas ses seuls réalisation de l’essai, de la Chambre d’agriculture de
avantages, en effet, il est relativement léger (densité l’Aube pour l’interprétation des résultats et de la société
apparente 0,2-0,4), ce qui est positif pour son transport. Eloy pour la fourniture et expertise du xylit. À ce comité
En France, un camion trois essieux est limité à un poids sont venues s’ajouter la police de l’eau de l’Aube et
total autorisé en charge (PTAC) de 26 t (Code de la l’agence de l’eau Seine-Normandie afin de participer à
route : article R. 312-4) ; il pourra donc transporter la réflexion de l’étude.
jusqu’à 65 m3 de xylit en un seul chargement5. En plus,
le xylit s’insère dans une technologie compacte dont la 2.2. Réalisation
surface nécessaire au traitement est ainsi réduite par
2.2.1. Proportion du xylit dans la recette de com-
rapport à une filière traditionnelle avec filtre à sable
postage
[SPANC, 2018]. À durée de vie équivalente, soit environ
15 ans, et pour une charge de 5 équivalent-habitant Sachant que la plupart des filtres compacts utilisant du
(EH)6 le sable nécessite une surface supérieure à 50 m2 xylit sont des filtres d’une capacité de 5 EH, que le
[GRAIE, 2011] contre moins de 10 m2 pour le xylit [ELOY, volume de xylit contenu dans des filtres compacts de
2017]. La technologie du filtre compact a d’ailleurs été cette taille est d’environ 1,6 m3 et que la masse volumique
acceptée pour la première fois dans l’arrêté du 24 dé- expansée du xylit humide à 52% est de 374 kg/m3, la plu-
cembre 2003 modifiant l’arrêté du 6 mai 1996 modifié part des stations possèdent donc 0,6 t de xylit usagé.
fixant les prescriptions techniques applicables aux
Afin d’évaluer la co-compostabilité du xylit dans des
systèmes d’assainissement non collectif afin de pallier
conditions très sécuritaires, il a été décidé de se placer
les problèmes relatifs au manque de surface disponible
dans des proportions quasi impossibles à atteindre dans
[BOBBINK, 2017 ; ELOY, 2017].
la réalité, soit 10 % du mélange. Pour dépasser cette
proportion de 10 % de xylit par rapport au reste de la
1.4. Objectifs de l’étude
recette de compost, il faudrait vidanger plus de 83 sta-
Cette étude s’inscrit dans une démarche de dévelop-
tions en même temps, dans un même centre de compos-
pement durable et suit l’arrêté du 23 décembre 2013
tage et pour chaque andain, ce qui reste donc peu pro-
relatif à la déclaration environnementale. L’objectif ici
bable. En conditions classiques de compostabilité, les
est donc de démontrer la crédibilité d’une solution de
résultats seront donc normalement plus favorables que
recyclage du média xylit en fin de vie via le co-compos-
tage. L’étude est donc faite en conditions réelles et dans ceux de cette étude. Un andain pesant 500 t, 50 t de xylit
des proportions de xylit défavorables afin de prendre ont donc été fournies dans le cadre de cette étude.
une marge de sécurité confortable par rapport aux cas
2.2.2. Xylit artificiel
rencontrés dans la réalité.
L’étude a également pour but de servir de guide pour La durée de vie du média xylit est aujourd’hui garantie
les autres centres de compostage en fournissant, notam- 10 ans par le fabricant. Il n’existe pas encore de station
ment, les proportions du mélange utilisé. dont le média est à remplacer puisque les filtres
compacts les plus vieux utilisant du xylit ont seulement
4 ou 5 ans. Pour obtenir ces 50 t de xylit usagé nécessaires
2. Matériel et Méthode à l’étude, nous avons donc créé du xylit artificiellement
2.1. Comité de pilotage colonisé. 50 t de xylit vierge sont mélangées avec 10 t de
Afin de répondre aux différents objectifs précités, un boues issues du réacteur d’une station communale
comité de pilotage de l’étude a été constitué, rassem- de technologie à boue activée et dont la siccité est de
blant différents acteurs représentatifs des milieux de la 0,3-0,4%. Ces boues, oxygénées, contiennent des orga-
nismes épurateurs et de la matière organique peu
5
Cf. l’International Road Transport Union (IRU) : Poids et dimensions maxi- fermentescible, similaires à ceux présents au sein du
mums autorisés, transport de marchandises France média xylit lors du fonctionnement du filtre compact.
(https://www.iru.org/apps/infocentre-item-action?id=289&lang=fr)
6
En France, la notion d’équivalent-habitant (EH) est définie par l’article
Cette opération permet donc une simulation de l’aspect
R2224-6 du Code général des collectivités territoriales comme la charge futur du xylit lors d’une opération de vidange. L’assem-
organique biodégradable ayant une demande biochimique d’oxygène en
5 jours (DBO5) de 60 grammes d’oxygène par jour. Anciennement, cette blage xylit-boues est laissé au repos durant 2 jours afin
notion était complétée par des valeurs de 90 g/habitant/jour de matière en de permettre une bonne cohésion de celui-ci et d’éva-
suspension (MES); 15 g/habitant/jour d’azote total et 4 g/habitant/jour en
phosphore total [SÉNAT, 2018]. porer l’excédent d’eau contenu dans les boues. Après

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 101


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

évaporation, le poids du mélange est à nouveau proche augmentation de la température au sein de l’andain. La
des 50 t. montée en température est donc significative de l’acti-
vité de décomposition. L’apport d’oxygène nécessaire
2.2.3. Réalisation de l’andain
à cette dégradation est fourni, ici, grâce au système
Des conditions de mélange facilement reproductibles
d’aspiration forcée. Afin de respecter les normes d’hy-
ont été choisies pour l’essai afin de pouvoir généraliser
giénisation dans le cadre de déchets issus de l’épura-
ultérieurement la méthode sur un maximum de centres
tion des eaux usées, l’andain doit subir au minimum une
de compostage. En raison de la teneur élevée du
montée en température d’au moins 55 °C pendant
rapport C/N (168-215), pour se composter, le xylit doit
72 heures. La température maximale atteinte lors de la
être mélangé avec des déchets riches en azote soit,
mise en aspiration de l’andain du 17 avril 2016 était de
dans le cas de l’expérimentation, les premières tontes 74 °C et une température supérieure à 55 °C est main-
d’herbe (C/N de 10-15) [SMICTOM VALS AUNIS, 2012]. tenue du 18 au 26 avril, soit 8 jours. On observe la phase
Le mélange réalisé est donc constitué de 45 % de mésophile et thermophile. On en déduit donc que
déchets verts, 45 % de structurants et de 10 % de xylit l’activité bactérienne est bien présente et que la norme
souillé. L’humidité des déchets était de 90 %, amenant d’hygiénisation est respectée. Cette hygiénisation est
l’humidité du mélange à 60 %. confirmée par les analyses sur les micro-organismes
À chaque étape du procédé, des échantillons ont été sanitaires : les concentrations en Escherichia coli et en
prélevés et mis au congélateur dans le but de pouvoir Clostridium perfringens ne sont pas détectables et celle
faire des analyses ultérieures en fonction du besoin. Il en entérocoques est de seulement 0,3 % de la valeur
s’agit de xylit pur, de xylit artificiellement colonisé, du maximale autorisée.
mélange de l’andain et du compost fini. Le dernier
Le retournement de l’andain permet de relancer le
prélèvement est une homogénéisation de plusieurs
processus de dégradation oxydative. À la suite du
sous-échantillons pris sur toute la hauteur de l’andain
retournement du 26 avril, on a pu à nouveau noter que
afin d’augmenter la représentativité.
la température maximale atteinte est de 77°C et qu’une
2.2.4. Planning de l’étude température supérieure à 55 °C est maintenue du
Le planning de l’étude s’est déroulé de la manière 26 avril au 13 mai, soit 18 jours. On observe toujours la
suivante : phase thermophile. Au deuxième retournement du
– 25 février 2016 : livraison du xylit vierge ; 25 mai, la température maximale atteinte est de 66 °C
– 13 avril 2016 : réalisation du xylit usagé artificiellement et une température supérieure à 55°C est maintenue du
colonisé ; 25 au 29 mai, soit 5 jours. On observe ici la phase de re-
– 15-16 avril 2016 : réalisation des deux demi-andains froidissement. En plus de la norme d’hygiénisation, la
puis mélange des deux demi-andains ; ligne 1 ; réglementation pour le compostage en aération forcée7
– 17-18 avril 2016 : mise en aspiration ; impose 2 semaines minimum de phase oxydative et au
– 18 avril 2016 : montée en température dans l’andain minimum un retournement après la première montée
> 55 °C ; en température qui doit être suivie d’une deuxième
– 26 avril 2016 : 1er retournement ; ligne 4 ; montée en température de minimum 50 °C pendant
– 25 mai 2016 : 2e retournement ; ligne 7 ; 24 h. À nouveau, l’andain formé a pu répondre aux
– 7 juin 2016 : fin de la phase oxydative – criblage : différentes normes.
maille de 0-25 mm – mise en maturation ; La phase de maturation fait intervenir différents orga-
– 1er août 2016 : fin de la phase de maturation avec un nismes, dont des champignons, qui transforment les
retournement ; molécules issues de la dégradation en acides humiques.
– 8 août 2016 : prélèvement et envoi d’un échantillon de À ce stade, le rapport C/N est donc proche de celui
compost fini. des sols. Ici, le C/N de 12,85 confirme la maturité du
compost ainsi que sa libération lente de l’azote dans le
3. Résultats et discussion sol. Il reste une valeur courante en tant qu’amendement
du sol [CHAMBRE D’AGRICULTURE BAS-RHIN, 2011 ;
3.1. Phases de compostage
VÉDIE, 2011]. Cette phase permet également de stabi-
Le processus de compostage est constitué de trois
liser le pH. Des acides organiques produits lors de la
phases oxydatives (mésophile, thermophile et de refroi-
phase mésophile font baisser le pH, l’hydrolyse des
dissement) suivies d’une phase de maturation. Les
phases oxydatives font intervenir des micro-organismes 7
Arrêté du 22 avril 2008 fixant les règles techniques auxquelles doivent satis-
qui dégradent la matière organique ; il en découle une faire les installations de compostage soumises à autorisation.

102 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Recyclage d’un média souillé de filtre compact
Rapport du co-compostage du xylit après utilisation

composés azotés lors de la phase thermophile fait aug- ci répondent aux exigences légales. La répartition de
menter le pH et la dégradation des ions NH4+ acidifie la matière entre organique et minérale, la quantité
également le mélange. Le résultat du compost après de matière sèche dans le mélange et les proportions
criblage est visible figure 1. Les brins de xylit non dégra- en azote, phosphore et potassium sont respectées. Si
dés font partie du refus de criblage et seront réutilisés l’on compare les valeurs obtenues avec un compost
comme structurant. produit sur le même site de compostage à partir de
matières de vidange, on observe que le pourcentage
de matière organique (respectivement 27,5 % et 32,8 %)
et celui de matière sèche (respectivement 62,9 %
et 67 %) sont inférieurs dans notre compost, mais que
la différence reste légère. De par sa composition brute
ou colonisée, en comparaison aux matières de vidange,
le xylit enrichit moins le compost en engrais (azote
et phosphore) et en minéraux tels que le potassium
(figure 2 ). En revanche, sa présence est un apport en
carbone pour le sol. Avec un pH moyennement élevé
Source : Compostière de l’Aube 2016.
Figure 1. Résultat visuel du compost après criblage
de 9,4, ce compost convient donc plutôt aux milieux
alcalins8.

3.2. Caractérisation du compost 8


Les méthodes utilisées pour l’obtention des valeurs des différentes carac-
3.2.1. Caractérisation physico-chimique téristiques du compost obtenu, du xylit et des matières de vidange, sont
Sur base du tableau I montrant les caractéristiques phy- celles des laboratoires Auréa Agrosciences (anc. LCA), Bureau d’études
environnement et analyses Gembloux (Beagx) et Chambre d’agriculture de
sico-chimiques du compost obtenu, on voit que celles- l’aube (CAA), non fournies avec les résultats.

Résultats
compost Valeurs Xylit pur Xylit Boues
obtenu limites Beagx* 2013 colonisé incorporées
LCA* 2017 NF U44-095 Beagx* 2013 CAA* 2017

MO (% brut) 27,54 ≥ 20 – – –
MS (% brut) 62,9 ≥ 50 70,75 39 2,30
Humidité (% brut) 37,1 – – – –
MO (% MS) 43,8 ≥ 30 68,38 36,59 72,52
Matière minérale (% brut) 35,4 – – – –
MO/Norg 27,8
C/N 12,85 < 40 168 85,3 4,35
Nt (% brut) 1,07 <3 – – 1,82
N-NO2 + N-NH4 + Norg (mg/L) 7,6 – – – –
Phosphore (P2O5) (% brut) 0,70 <3 0,014 0,105 1,15
Potasse (K2O) (% brut) 0,72 <3 0,019 0,024 0,17
Nt + K2O + P2O5 (% brut) 2,49 <7 – – 3,21
pH 9,36 – 5,4 5,5 6,85
Masse volumique compactée (% brut) 493,1 – – – –
Refus à 49 mm (% brut) 3,9 – – – –
*Noms des laboratoires et organismes.
Les analyses du compost obtenu ont été effectuées par le laboratoire Auréa Agrosciences (anc. LCA). Les analyses sur le xylit pur et colonisé sont
effectuées par le laboratoire Bureau d’études environnement et analyses Gembloux (Beagx).
Les valeurs sont obtenues sur la base de moyennes de données collectées par la Mission de valorisation agricole des déchets (MVAD) de la Chambre
d’agriculture de l’aube (CAA) auprès des stations communales. Les valeurs ont été calculées en 2017.
MO : matière organique ; MS : matières sèches ; Nt : azote global ; N-NO2 : azote nitrite ; N-NH4 : azote ammoniacal ; Norg : azote organique.
Tableau I. Caractéristiques physico-chimiques du compost obtenu, du xylit et de la boue incorporée au compost

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 103


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

d’apport maximum annuel conseillée de compost


étendu dans les champs est de 17 t/ha, l’apport de ce
compost sera de 2 669 kg/ha de matière organique.

3.2.3. Éléments traces métalliques


Les concentrations en éléments traces métalliques
(ETM) du compost obtenu sont faibles et sont large-
ment sous les valeurs limites imposées9 (tableau II ). La
concentration la plus importante est celle du zinc, or elle
ne représente que 32 % de la valeur maximale admis-
sible tandis que la plus faible est celle du mercure avec
Figure 2. Comparaison des caractéristiques physico-chimiques avec un compost seulement 7 %. En moyenne, les ETM représentent
de matière de vidange – Données collectées par la Chambre d’agriculture de
l’Aube 2016
seulement 19% des normes. Pourtant les boues utilisées
pour la composition du xylit colonisé possèdent des
concentrations en ces ETM supérieures aux concentra-
3.2.2. Stabilité de la matière organique tions moyennes trouvées dans les matières de vidange
Deux indices ont été définis pour évaluer la stabilité de station d’épuration. Si l’on regarde les concen-
d’une substance : l’indice de stabilité biochimique (ISB) trations des éléments traces dans le xylit vierge, on
et l’indice de stabilité de la matière organique (ISMO) à constate que la contribution de celui-ci sur la concen-
partir de la composition de la matière organique de la tration finale est faible puisqu’elle est, à l’exception du
substance. Le compost obtenu contient 37 % d’eau, nickel (73 %), de moins de 25 %. Le risque de contami-
28% de matière organique et 35% de matière minérale. nation aux métaux lourds du compost par l’intégration
Parmi la matière sèche, 43% correspondent donc à de la de xylit issue de la vidange de microstations est donc
matière organique dégradable (soluble) et 57 % à de la peu probable.
matière stable (ISB) : 32 % de lignine et cutine, 15 % de
cellulose et 8 % d’hémicellulose. Sur base de l’ISB, on 9
Arrêté du 8 janvier 1998 fixant les prescriptions techniques applicables aux
peut déterminer que 157 kg/t de matière organique épandages de boues sur les sols agricoles pris en application du décret
n°97- 1133 du 8 décembre 1997 relatif à l’épandage des boues issues du
seront résistantes à la dégradation. Sachant que la dose traitement des eaux usées

Résultats Valeurs
compost obtenu limites Xylit pur Xylit colonisé Boues
(mg/kgMS) (mg/kgMS) (mg/kgMS) (mg/kgMS) incorporées
LCA* 2017 NF U44-095 Beagx* 2013 Beagx* 2013 CAA* 2017

Arsenic (As) < 4,2 < 18 – – –


Cadmium (Cd) 0,3 <3 0,04 0,27 1,12
Chrome (Cr) 18,2 < 120 3,9 3,8 20,74
Cuivre (Cu) 74,4 < 300 3,6 27 348,13
Mercure (Hg) 0,14 <2 0,04 0,06 2,17
Nickel (Ni) 10,2 < 60 7,5 8,2 16,40
Plomb (Pb) 32,3 < 180 5,6 5,1 39,29
Sélénium (Se) < 3,1 < 12 – – 0,39
Zinc (Zn) 191,1 < 600 16,1 87,8 553,87

* Noms des laboratoires et organismes.


Les analyses du compost obtenu ont été effectuées par le laboratoire Auréa Agrosciences (anc. LCA). Les analyses sur le xylit pur et colonisé sont
effectuées par le laboratoire Bureau d’études environnement et analyses Gembloux (Beagx).
Les valeurs sont obtenues sur la base de moyennes de données collectées par la Mission de valorisation agricole des déchets (MVAD) de la Chambre
d’agriculture de l’aube (CAA) auprès des stations communales. Les valeurs ont été calculées en 2017.
MS : matières sèches.
Tableau II. Concentration en éléments traces métalliques dans le compost obtenu, le xylit et la boue incorporés au compost

104 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Recyclage d’un média souillé de filtre compact
Rapport du co-compostage du xylit après utilisation

3.2.4. Composés traces organiques Conclusions


À nouveau, les composés traces organiques (CTO) res-
pectent largement les valeurs limites imposées puisque Sur base des différents tableaux de résultats, on peut
la valeur la plus haute est de seulement 9 % de la valeur affirmer que le compost obtenu répond largement à
maximale admissible, la plus faible de 4% et la moyenne toutes les exigences de la norme applicable, soit la
de 6 %. Si l’on compare les valeurs obtenues dans le NF U44-09510. En effet, les courbes de températures,
compost avec celles du xylit vierge et de la boue, on éléments minéraux, ETM, CTO et résidus inertes du
constate que la boue est un apport majoritaire de ces compost obtenu ont des valeurs très satisfaisantes.
CTO (tableau III ). Les valeurs des boues utilisées sont Ces résultats sont d’autant plus encourageants que la
légèrement plus faibles que celles trouvées dans les proportion de xylit insérée dans le mélange, à savoir
matières de vidange de station d’épuration. 10 %, était très importante afin de se placer en condi-
tions défavorables. L’objectif de départ de pouvoir trou-
3.2.5. Résidus inertes ver une solution réaliste de recyclage du xylit usagé est
Le compost obtenu est aussi en dessous des valeurs donc atteint. En plus de pouvoir être recyclé, le com-
imposées pour les résidus inertes (tableau IV ). La post obtenu à partir du xylit peut être épandu dans les
concentration en films et polystyrène expansé (PSE) est champs comme amendement des sols. Le média passe
nulle, la concentration en plastiques autres : polychlo- donc, pour la deuxième fois au cours de sa vie, d’un
rure de vinyle (PVC), polyéthylène (PE), polytéréphtalate déchet à une plus-value.
d’éthylène (PET), etc., est de 1 % de la valeur maximale
imposée et celle des verres (blancs, verts, couleurs) et
métaux (Inox, aluminium, ferreux) est de 39 %. Le xylit
10
NF U44-095/A1 Octobre 2008 : Amendements organiques – Composts
contenant des matières d’intérêt agronomique, issues du traitement des
n’est donc pas une source de déchets inertes. eaux

Résultats Valeurs
compost obtenu limites Xylit pur Xylit colonisé Boues
(mg/kgMS) (mg/kgMS) (mg/kgMS) (mg/kgMS) incorporées
LCA* 2017 NF U44-095 Beag* 2013 Beag* 2013 CAA* 2017

Total 7 PCB < 0,070 < 0,8 0,009 0,03 0,13


Fluoranthène 0,233 <4 – – 0,24
Benzo(b)fluoranthène 0,148 < 2,5 – – 0,14
Benzo(a)pyrène 0,067 < 1,5 – – 0,12
HAP Totaux Min 0,448 – 0,58 0,86 Min 0,50

*Noms des laboratoires et organismes.


Les analyses du compost obtenu ont été effectuées par le laboratoire Auréa Agrosciences (anc. LCA). Les analyses sur le xylit pur et colonisé sont effec-
tuées par le laboratoire Bureau d’études environnement et analyses Gembloux (Beagx).
Les valeurs sont obtenues sur la base de moyennes de données collectées par la Mission de valorisation agricole des déchets (MVAD) de la Chambre d’agri-
culture de l’aube (CAA) auprès des stations communales. Les valeurs ont été calculées en 2017.
MS : matières sèches ; PCB : polychlorobiphényles ; HAP hydrocarbures aromatiques polycycliques.
Tableau III. Concentration en composés traces organiques dans le compost obtenu, le xylit et la boue incorporés au compost

Résultats compost obtenu Valeurs limites


NF U44-095
Films + PSE > 5 mm 0,00 < 0,3
Autres plastiques > 5 mm < 0,01 < 0,8
Verre +métaux > 2 mm 0,77 <2
Les analyses du compost obtenu ont été effectuées par le laboratoire Auréa Agrosciences (anc. LCA).
PSE : polystyrène expansé.
Tableau IV. Résultats en résidus inertes

TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 105


DOSSIER | ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Au cours de l’étude, le compostage s’est déroulé sans environnemental de son assainissement et prend sa
inconvénient et sans adaptation particulière tant au place dans une économie circulaire.
niveau des infrastructures du centre que de la métho- D’autres aspects restent cependant encore à évaluer
dologie de travail : 2 mois de phase oxydative avec pour investiguer plus en détail cette notion d’impact
retournements et oxygénation sont suivis par 2 mois de écologique. On peut, par exemple, envisager d’évaluer
phase de maturation et d’un criblage. De plus, les l’analyse du cycle de vie (ACV) complète du xylit de
co-composants utilisés dans le mélange pour cette son extraction à son épandage afin de pouvoir agir sur
étude sont des éléments très courants : 45 % de struc- les étapes les plus significatives. Il serait également
turants et 45 % de déchets verts. La recette peut donc possible de tester d’autres recettes de co-compostage
très facilement être appliquée dans d’autres centres de afin d’améliorer la qualité nutritive du terreau obtenu.
Enfin, d’autres voies de recyclage peuvent être étudiées
compostage. Cela répond donc au deuxième objectif
telle la biométhanisation afin de laisser à l’utilisateur le
qui consistait à trouver une recette exemple pour
choix de la solution de revalorisation la plus adéquate
aiguiller les autres centres de compostage.
à sa situation.
À ce jour, peu de réponses sont disponibles sur l’après-
vie des médias filtrants. En démontrant sa composta- Remerciements
bilité, le xylit ouvre la voie sur la réflexion de l’empreinte
Nos remerciements vont à la Compostière de l’Aube
écologique des sous-produits générés par l’assainis- pour la réalisation de l’essai, à la Chambre d’agriculture
sement autonome. Ici, on est bien en présence d’un de l’Aube pour l’interprétation des résultats obtenus, à
média filtrant organique, déchet revalorisé, qui peut l’agence de l’eau Seine-Normandie et à la direction dé-
être réintégré dans le circuit naturel, via le compostage, partementale territoriale pour leur participation dans la
et qui, en tant que sous-produit généré, limite l’impact réflexion sur l’étude.

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106 | TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année


Recyclage d’un média souillé de filtre compact
Rapport du co-compostage du xylit après utilisation

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TSM numéro 7/8 - 2018 - 113e année | 107


Agenda
(AFB), la Fédération natio- aménager son territoire : porter des réponses
20 septembre 2018
nale des collectivités opportunités et intérêts des concrètes aux questionne-
L’Astee Limousin Poitou- concédantes et régies zones humides », mêlant ments des collectivités et
Charentes organise une (FNCCR) et l’Astee Grand aspects scientifiques et re- de leurs partenaires et im-
journée technique intitulée Est organisent une journée tours d’expérience locaux. pulser de nouveaux projets.
«Prise en compte des ef- d’échanges sur la protec- Varaville Orléans
fets du changement clima- tion de la ressource en eau www.astee.org www.astee.org
tique dans la conception vis-à-vis des pollutions dif-
des ouvrages eau et assai- fuses. Cette journée béné-
16-17 octobre 2018 27-30 novembre 2018
nissement», visant à faire ficie également du soutien
le point sur les connais- du Syndicat des eaux et de L’Astee organise son En 2018, Pollutec a 40ans:
sances, outils et retours l’assainissement Alsace- deuxième événement na- pas à pas, le salon s’est po-
d’expériences de bureaux Moselle (SDEA). tional, les Automnales, sur sitionné comme une vitrine
d’études et Strasbourg le thème «Eau, déchet, bio- de tous les équipements,
collectivités. www.astee.org diversité: faire évoluer et technologies et services de
Aubusson dialoguer nos métiers». l’environnement et de
12 octobre 2018 Cet évènement rassem- l’énergie, un tremplin pour
www.astee.org
blera des professionnels les innovations du marché
Pour tout connaitre sur les des services publics locaux et un carrefour des oppor-
25 septembre 2018 zones humides, notamment de l’environnement autour tunités de développement
la situation en Normandie des enjeux de préservation à l’international pour
Dans le cadre de leurs tra- et le cadre réglementaire, de la biodiversité dans les mettre en relation tous les
vaux nationaux et avec le l’Astee Normandie vous territoires et pour les mé- acteurs concernés.
soutien de l’Agence fran- propose une journée tech- tiers de l’eau et des dé- Lyon
çaise pour la biodiversité nique intitulée « Mieux chets. L’objectif est d’ap- www.pollutec.com

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NN7/8
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Réseaux d’eau potable : l'impact
Capteurs et du
télérelevés
transfertd’eau potable :
de compétence L'eau s'ancre dans les Conférences
É TClimat
UDE

quelle exploitation des données ? Etude algérienne sur l'application


du modèle GR1A lors de crues extrêmes
ÉTUDES
DOSSIER Résidus médicamenteux vétérinaires :
ÉTUDES quelles molécules rechercher dans D Oles
S S eaux
IER
Méthodologie et outils opérationnels de superficielles en contexte d’élevage intensif INOGEV?
Dynamique des
conception et depopulations amibiennes
qualification de sites de Innovation pour une gestion durable
mesureset de
en leur
réseaumicrobiome au sein
d’assainissement Performances et limites d’un en
de l'eau procédé
ville
à lit fluidisé associant biofilm
Connaissance et liqueur
et maîtrise mixte
de la pollution
d’un réseau d’eau potable desrésiduaires
eaux pluvialesurbaines
urbaines
pour le traitement des eaux
Fiabilité de la mesure de vitesse
débitanteRetour
à l’avald’expérience sur
d’une singularité
une épidémie
en réseaude d’assainissement
gastro-entérites
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Thématique phare :dans
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Pays : .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. Tél : .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
circulaire
Comparaison de différentes solutions de gestion des eaux pluviales
Fax : .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. E-mail : .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. dans un projet d’aménagement

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