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Joël de Vintuit
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CHAPITRE I : PRÉFACE DE
L’ÉDITION ORIGINALE,
3
Philosophes Inconnus – statuts, et Catéchisme ou
Instruction pour le grade d’Adepte ou Apprentif
Philosophe Inconnu !
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indique comme troisième source de Tschoudy « les 53
lettres de Michel Sendivogius, ou de J.J.D.I.,
communément appelé Cosmopolite, adressées à
Monsieur T…., nouvel Associé de la Compagnie des
Philosophes Inconnus ».
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d’ailleurs pas compte de cette interdiction, puisqu’en
1780 ils ne craignirent point de rendre public
L’Écossais de Saint-André. Aucun des rituels que nous
présentons ici ne fut divulgué à cette occasion.
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maçonniques…
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CHAPITRE II : ORDRE DES GRADES
PHILOSOPHIQUES
2e Chevalier du Soleil
4e Chevalier du Phénix
5e Chevalier de l’Iris
6e Chevalier d’Occident
MAÇONNERIE PHILOSOPHIQUE
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CHAPITRE III : PREMIER GRADE
DÉCORATION DU CHAPITRE
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(d’autres mettent Melech).
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maillets, noirs ; les tables peintes en noir, ou
couvertes de tapis noirs.
HABILLEMENTS
DIGNITÉS
MOTS
SIGNES
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même main sur la poitrine du chevalier qui a fait le
premier signe.
ATTOUCHEMENTS
ORDRE
EXPLICATION DU TABLEAU
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les Maîtres, et qui s’était fixée sur le tombeau de
notre Frère Hiram. La lettre J du milieu est l’initiale
du redoutable mot mystérieux.
7 - Le triangle, autre phénomène qui apparut,
lorsque le corps de notre Frère fut découvert ; et cette
expression indicible du milieu est le grand et ineffable
mot sacré, auquel on a substitué celui de l’Étoile
Flamboyante.
8 - L’aigle qui garda fidèlement pendant neuf jours
la fosse où était notre Frère, de peur que quelques
bêtes ne vinssent s’en repaître ; et dès que notre
Frère fut trouvé, l’aigle fondit sur la tombe, prit la
branche d’acacia et s’envola dans les airs.
OUVERTURE DU CHAPITRE
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Surveillant, aidez-moi à ouvrir le Chapitre des
Chevaliers de l’Aigle Noir. »
RÉCEPTION
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sera un appartement tendu de noir, éclairé par une
seule lampe où il y aura du soufre et de l’esprit-de-vin,
pour rendre la chose plus hideuse. À côté de cette
lampe sera un cadavre réel, s’il est possible ; et à
défaut, ce sera un Chevalier. Il sera absolument nu, à
l’exception d’un tablier teint de sang qui couvrira les
parties. Le Chevalier ne doit pas être connu du
récipiendaire. On teindra le Chevalier avec du sang
sur chaque mâchoire, à chaque téton, et au creux de
l’estomac. On fera un grand aigle de carton,
artistement attaché par des fils noirs pour qu’ils ne
paraissent pas. Un Chevalier caché derrière la
tapisserie le fera aller et venir dans l’appartement, et,
par intervalles, sur le cadavre. Il y aura une planche
de sapin posée droite contre le mur à côté du cadavre
avec une douzaine d’attaches clouées contre la
planche.
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laisse que sa culotte et ses souliers, et on lui passe
une chemise courte qui ne lui va que jusqu’à la
ceinture de sa culotte. Cette chemise doit être teinte
de sang. On le laisse en cet état en lui disant
d’attendre, et on l’enferme dans la même chambre.
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la porte. Alors le Grand Prieur, débandant les yeux du
récipiendaire lui dit : « Regarde, misérable, vois notre
méprise ! Nous avons fait périr un innocent sur un
injuste soupçon. Tremble, malheureux, pour les
tourments qui t’attendent. Je te laisse avec ce cadavre
qui me fait frémir d’effroi. Puisses-tu servir de pâture
aux animaux les plus féroces ! »
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cependant aussi coupable que celui qui est attaché
sur cette planche. »
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Postulant, et le Grand Maître, ayant fait un court
éloge de son courage, dit au Grand Prieur de lui ôter
le bandeau.
OBLIGATION
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son épée dans le fourreau, et l’embrasse. Tous les
Frères l’embrassent aussi ; après quoi on le fait placer
à l’Occident ; et enfin on le fait approcher du trône
par les pas ci-après.
MARCHE
INSTRUCTION
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dorés ?
R -Pour marquer la pureté des Chevaliers.
D -Que signifient les douze colonnes et les douze
noms qui sont dans le Chapitre ?
R -Les douze colonnes ont été dédiées aux douze
noms sacrés et mystérieux du pentacule de Salomon.
D -Que signifie le triangle lumineux ?
R -C’est cette merveille qui s’aperçut tout d’un
coup, lorsque le corps de notre cher Frère Hiram fut
découvert.
D -Que signifie l’écrit qui est dedans ?
R -C’est le grand nom écrit cabalistiquement,
auquel nous avons substitué un autre.
D -Que signifie l’aigle ?
R -Il représente celui qui garda la fosse de notre
cher Frère Hiram, tant qu’il y fut, de peur que
quelque bête ne vînt le déterrer et s’en repaître. Et
quand les Maîtres l’eurent trouvé, l’aigle, pour
marque de son triomphe, fondit tout à coup sur la
fosse ; prit la branche d’acacia que les assassins y
avaient mise, et s’envola dans les airs, triomphant du
précieux dépôt, qu’il avait gardé si soigneusement.
D -Que représentent le Soleil et la Lune ?
R -C’est pour nous rappeler que les astres servent à
éclairer notre cher Frère Hiram, sans s’obscurcir
jamais.
D -Que signifie l’Étoile Flamboyante, avec la lettre
du milieu ?
R -Celle qui était fixée sur la fosse de notre cher
Frère Hiram, et la lettre du milieu est l’initiale du mot
sacré qui a été substitué à la place du triangle
lumineux.
D -Que signifient les neuf lumières ?
R -Les neuf Maîtres qui furent à la recherche de
notre Frère Hiram ; et celle qui se trouve seule auprès
du tombeau, représente celui qui le retira de la fosse.
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D -Pourquoi tous les cierges sont-ils jaunes ?
R -Pour marquer la douleur des Maîtres.
D -Que signifie l’habillement noir, blanc et rouge ?
R -Le noir signifie le deuil que nous portons de
notre Frère assassiné. Le blanc, notre innocence sur
ce crime. Le rouge, son sang répandu.
D -Quel est le mot de passe ?
R -Eliael.
D -Quelle propriété a ce nom ?
R -Étant prononcé cabalistiquement et combiné
dans sa forme, il fait fuir les puissances ténébreuses.
D -Quel est le mot sacré ?
R -Jabamiach.
D -À quoi sert-il ?
R -À opérer bien des choses. Il faut le prononcer six
fois, cabalistiquement.
D -Que signifie le signe ?
R -D’avoir les deux mâchoires et l’estomac percés,
si nous prévariquons.
D -Que signifie l’attouchement ?
R -Il nous rappelle les grades par lesquels nous
sommes passés, pour parvenir à l’éminent grade où
nous nous trouvons aujourd’hui dans cet auguste
Chapitre.
D -Que signifie l’ordre ?
R -Que nous prêtons serment d’avoir le cœur
arraché, si nous prévariquons.
D -Pourquoi appuyez-vous trois doigts sur le cœur,
et non la main entière ?
R -Ces trois doigts sont symboliques des nombres
mystérieux, triangulaires.
D -Que signifient les six pas de la marche, et les six
coups du frappement ?
R -Les six prononciations cabalistiques du mot
sacré.
D -Pourriez-vous m’expliquer les six prononciations
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cabalistiques, de même que le pentacule de notre
Frère Salomon ?
R -Le G :.A :. n’a pas encore permis, que ces
sublimes mystères fussent révélés ; mais j’espère, par
une conduite irréprochable et par mon application au
travail, mériter de les apprendre un jour.
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CHAPITRE IV : DEUXIÈME GRADE
DÉCORATION DU CHAPITRE
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soutenant une nuée qui porte le pentacule, au haut
duquel est une croix grecque.
EXPLICATION DU TABLEAU
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qui renferment un cadavre qui représente Hiram
mort, que le Grand Œuvre doit faire revivre. Ce
cadavre est accompagné du pentacule, qui doit, par sa
vertu divine, vivifier la matière morte.
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et la force que vous devez apporter dans vos
opérations.
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dans le cœur de la matière première, connu sous le
nom de Sel, qui est un esprit tiré des quatre éléments,
extrait des trois règnes de la Nature. »
OUVERTURE DU CHAPITRE
FRAPPEMENT
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d’un air affable, le saluent respectueusement, et
s’assoient.
RÉCEPTION
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répond que c’est un Chevalier du premier grade de
l’Aigle Noir, qui désire de parvenir au second. Le
Grand Prieur demande s’il a été examiné, si on l’a
jugé digne et si on lui a fait connaître sa témérité. Les
réponses rendues, le Grand Prieur les dit au Grand
Bailly, celui-ci au Chevalier Grand Maître qui ordonne
qu’on l’introduise, et qu’on lui fasse examiner les
fourneaux.
OBLIGATION
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l’U :. De garder et cacher les secrets des Chevaliers
de l’Aigle Noir. Si je manque, et que je sois
prévaricateur à mes engagements, je consens d’avoir
les deux lèvres clouées l’une contre l’autre, et les
deux doigts de la main arrachés, que mon cœur soit
arraché, et mon corps brûlé. Que Dieu me soit en
aide, et son Saint Évangile. »
INSTRUCTION
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D -Quels sont ces moyens ?
R -Il y en trois : le Mercure, le Soufre et le Sel, qui
rendent les corps mixtes solubles.
D -Qu’est-ce que c’est que le Mercure ?
R -C’est une liqueur acide, perméable, pénétrante
et très pure, de laquelle provient la nourriture des
corps, le sentiment, le mouvement, force et couleur.
D -Qu’est-ce que le Soufre ?
R -C’est le baume doux, oléagineux et visqueux, qui
conserve la chaleur naturelle, qui est l’instrument de
toute végétation, accroissements et transmutation.
D -Qu’est-ce que le Sel ?
R -C’est le corps sec et salé qui empêche la
corruption du mixte ; qui aide puissamment à
dissoudre, coaguler ; et duquel dépend la solidité de
toutes choses.
D -Avez-vous opéré ?
R -Oui, Chevalier Grand Maître, dans le laboratoire
d’Amcar.
D -Que signifie ce mot ?
R -D’Amcar est une ville d’Arabie, où le premier
auteur Rose+Croix établit son académie. C’est aussi
notre mot de passe.
D -Combien avez-vous d’académies ?
R -Sept.
D -Nommez-les moi.
R -Celles d’Amcar, d’Isis, de Zoroastre, d’Eumolpe,
d’Eleuse, de Samothrace, et d’Hiarcas.
D -Que signifient ces mots ?
R -Ce sont les noms des principaux Maîtres qui ont
travaillé au Grand Œuvre, ou des lieux où ils ont
travaillé. D’Amcar est la première ville où avait son
académie le premier auteur de la Fraternité de la
Rose+Croix. Isis, une divinité d’Égypte, sous le nom
de laquelle les Égyptiens, et après eux les Allemands
(il y a environ 300 ans) cachaient leurs mystères sous
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des signes hiéroglyphiques. Zoroastre vivait 600 ans
avant Moïse, et passa vingt ans dans une forêt à
étudier les ouvrages de la Nature, essayant les effets
qui procèdent de l’explication des actifs aux passifs.
Eumolpe, auteur du Collège des Eumolpides. Eleuze,
lieu d’Athènes, où les Eumolpides s’assemblaient.
Samothrace, nom qui signifie un Dieu inconnu. Ce
Dieu était honoré chez les Cabires, jamais
incommodés de maladies ni de pauvreté. Hiarcas,
grand astrologue chez les Chaldéens à Babylone, et
chez les Brahmanes aux Indes.
D -Sur quoi ont-ils opéré ?
R -Sur Saturne, Jupiter, Sol, Vénus, Mercure, et la
Lune.
D -Que signifient ces noms ?
R -Ce sont les noms des principaux métaux, qui sont
Plomb, Étain, Fer, Or, Cuivre, Argent-vif et Argent.
D -Pourquoi opéraient-ils sur ces métaux ?
R -Pour opérer le Dragon Roux, qui est l’Or.
D -Comment pouvaient-ils y parvenir ?
R -Au moyen du Soufre, du Mercure, du Sel et de la
Rosée Cuite.
D -Que signifie la croix qui est en haut du
pentacule ?
R -Elle signifie Lux ; parce que cette croix
comprend dans ses parties L. U. X. C’est notre mot
sacré, la véritable lumière, étant la connaissance de
toutes les sciences que nos prédécesseurs ont
possédée aux plus hauts degrés.
D -Quel âge avez-vous ?
R -Cinq ans.
D -Pourquoi ?
R -Parce que nos anciens Maîtres ne
communiquaient leurs secrets qu’après une épreuve
de cinq années.
D -Chevalier Grand Bailly, faites-moi le signe.
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Le Grand Bailly le fait, en appuyant l’index de la
main droite sur les deux lèvres. Le Grand Maître y
répond, en appuyant l’index et le médius, ou doigt du
milieu.
D -Que signifie ce signe ?
R -Que je veux avoir les lèvres clouées, si je manque
à mes engagements.
D -Faites-moi parvenir le mot de passe, chacun de
votre côté.
R -Le Grand Bailly dit d’Amcar à l’oreille de son
voisin, et le fait parvenir au Grand Maître de l’un à
l’autre ; le Grand Prieur en fait autant de son côté.
D -Que signifie ce mot ?
R -C’est le nom d’une ville d’Arabie, où l’on établit
la première académie de notre art.
D -Donnez-moi le mot sacré.
R -Lux.
D -Que signifie ce mot ?
R -La lumière, parce qu’il n’en est pas de plus
grande, que de posséder notre art, autant que nous le
faisons.
D -Quel est l’attouchement ?
R -Il se fait ainsi : le premier donne l’index ; l’autre
donne l’index et le médius et touche sur l’index du
premier, tandis que le premier touche sur l’index et le
médius de l’autre.
D -Que signifie cet attouchement ?
R -Que je veux avoir les doigts arrachés, si je
manque à mes engagements.
D -Quelle est votre marche ?
R -Elle se fait ainsi : on part de l’Occident, et on
marche aux quatre vents, de l’Occident au Nord, du
Nord au Midi, et du Midi à l’Orient, toujours les pieds
en équerre et à l’ordre.
D -Que signifient les lettres F :.R :.C :. Que les
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Rose+Croix mettent après la signature de leur nom ?
R -Elles signifient F :. De la Rosée Cuite.
D -Pourquoi les appelle-t-on FF :. De la Rosée
Cuite ?
R -Parce que nos prédécesseurs, ayant reconnu que
la Rosée Cuite était le plus puissant des dissolvants, le
dragon roux entre les corps naturels et non corrosifs,
pouvant être trouvé au moyen de cette Rosée Cuite, et
digéré artistement par un temps convenable en son
propre vaisseau ; est aussi la vraie menstrue dudit
dragon roux, véritable matière que cherchaient nos
prédécesseurs, et qu’ils nous ont transmise, sous des
noms hiéroglyphiques.
CLÔTURE DU CHAPITRE
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L’annonce faite par les Chevaliers Grand Bailly et
Grand Prieur, le Chevalier Grand Maître frappe un
coup, et le Laboratoire est fermé.
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CHAPITRE V : TROISIÈME GRADE
DÉCORATION DU CHAPITRE
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signe qui indique tous les mois du zodiaque.
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Croquis du Cartouche qui doit être sur chaque
colonne
DÉCORATION DU TRÔNE
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ILLUMINATION DU CHAPITRE
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Dans la tenue du Chapitre, lorsque l’on porte la
parole pendant le temps du travail, on distingue les
Officiers des autres Frères, en disant Grand Maître,
Grand Prieur, Grand Surveillant, Prince Orateur,
prince Secrétaire, et tous les Chevaliers, Princes tels.
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Un triangle d’or équilatéral, autrement dit le
Pentacule de Salomon.
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à filets noirs. Chaque place des Princes sera décorée
de ses armoiries, et elle ne sera occupée par aucun
autre Prince sans nécessité. Les maillets seront en
bois noir avec des filets d’or, ou peints en jaune.
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pitié, et de l’autre côté un aigle éployé. Entre ces
animaux sort une branche d’acacia qui entoure la
croix.
OUVERTURE DU CHAPITRE
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Grand Surveillant, Officiers Dignitaires, aidez-moi à
ouvrir le Chapitre. » En disant ces mots, il fait le
signe, auquel tous les Chevaliers répondent.
45
travail est ouvert.
DISCOURS PRÉLIMINAIRE
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Élu, Grand Écossais, Chevalier de l’Orient et du Soleil,
instruit auparavant des grades inférieurs, doit s’être
imaginé que la Maçonnerie a un but, qui doit encore
exister ; que ce travail ne portait pas seulement à la
pratique d’élever des édifices au vrai Dieu, qu’il ne se
bornait pas non plus aux seules vertus morales, mais
que quelque autre motif avait dû donner naissance à
un Ordre aussi sublime.
47
s’appliquer.
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seules parties couvertes. Le préparateur fera voyager
le récipiendaire autour de cette table ; après quoi, il
lui fera toucher avec les deux mains, le corps du
Chevalier étendu. Ensuite il le fera voyager encore, et
pendant ce temps le Chevalier étendu sur la table se
lèvera, et on mettra à la place un cœur de mouton ou
de bœuf, une tête de mort et une lumière. Alors le
préparateur lui demandera s’il a toujours le désir de
suivre sa course, et s’il a le courage d’exécuter ce
qu’on lui ordonnera. S’il répond oui, il l’armera d’un
poignard, le mènera près de la table, lui guidera la
main sur le cœur, et lui dira : « Frappez, n’hésitez
pas ; malheur à vous, si vous tremblez, et si vous vous
repentez du coup que vous aurez porté ! » Le
récipiendaire, ayant frappé et percé d’un coup de
poignard le cœur qui est sur la table, l’y tient plongé.
Le préparateur lui demande s’il sait ce qu’il vient de
faire, il répond qu’il l’ignore ; mais qu’il a frappé un
coup, qu’il ne s’en repend pas, et qu’il serait prêt à le
faire encore à nouveau. À ces mots, on lui débande les
yeux, et il voit ce qu’il a fait. Le préparateur lui dit
d’emporter le cœur percé à sa main, et de se
présenter ainsi au Chapitre.
INTRODUCTION AU CHAPITRE
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si le récipiendaire a passé par les épreuves, à quoi il
répond que le trophée qu’il porte lui en sera un sûr
garant. On lui demande le nom, l’âge du candidat, les
grades par lesquels il est passé pour parvenir à celui
de l’Aigle Noir. Le parrain, ayant satisfait à toutes ces
demandes, le Grand Surveillant vient en rendre
compte auprès du trône. Alors le Souverain Grand
Maître ordonne de faire entrer le candidat, et de le
placer entre le Grand Prieur et le Grand Surveillant.
Placé ainsi, le Chevalier parrain et le Chevalier
préparateur viennent rendre compte au Souverain
Grand Maître de ce qu’ils ont fait, et disent qu’ils ne
répondent plus du candidat.
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sur lesquels on puisse compter dans le besoin,
capables de courage et de courir à la mort, ou de la
donner, plutôt que de révéler nos mystères. D’après
cela, êtes-vous toujours disposé à entrer dans notre
sanctuaire ?
R -Très disposé, Souverain Grand Maître, ordonnez,
je suis prêt à tout entreprendre.
OBLIGATION
51
Les termes de l’Obligation ne sont pas transmis ici.
On observe seulement qu’ils portent ordinairement de
promettre de ne parler qu’en Chapitre des questions
de l’Ordre ; qu’il pardonne qu’on lui donne la mort s’il
y manque, qu’il n’enseigne jamais cette Obligation.
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sa main.
L’Orateur :
La figure de cette Loge est un carré long, plus
étendu de l’Orient à l’Occident, que du Midi au Nord,
parce que le soleil ne sort jamais au-delà des
tropiques.
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n’aura plus d’empire sur vous. Vous cesserez d’habiter
la terre, à laquelle vous rendrez ce corps matériel
qu’elle vous avait prêté, pour en posséder un tout
spirituel.
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Abandonnons pour un moment notre Loge, mon
cher Frère, traversons la nue qui doit couvrir nos
sacrés mystères, parcourons l’espace qui l’environne,
nous y trouverons : à l’Occident, une montagne
nommée Ebron. Tout bon Maçon doit la connaître.
C’est sur cette montagne qu’on éleva deux grandes
colonnes appelées Jakin et Booz, ce qui signifie Force
et Beauté, premiers principes du Grand Œuvre que
vous allez entreprendre. La force est représentée par
les matériaux que vous devez employer ; et la beauté,
par les ouvrages qu’ils vous auront produits. La
colonne J était dévouée à Dieu. Comme tout venant de
lui, elle est affectée aux Apprentifs, c’est ce que vous
êtes présentement, parce que vous allez commencer.
Vous deviendrez Compagnon, quand vous connaîtrez
la beauté de la matière élémentaire. Enfin vous
deviendrez Maître, quand vous aurez tracé sur votre
planche la route fixe du soleil. Mais pour toutes ces
choses, il faut veiller avec ardeur, être animé d’un feu
vigilant et actif ; ce qui vous est représenté par le coq
battant des ailes et chantant sur le mont Ebron, placé
entre les deux colonnes.
55
vous plaît, dans cet espace immense, qui embrasse le
plan de votre Loge. Vous y découvrirez bien des outils,
qu’on vous a mis en main dans tous les grades de la
Maçonnerie : une pierre brute, c’est-à-dire la matière
informa, qu’il fallait préparer. Une pierre cubique à
pointe pyramidale, c’est-à-dire la matière développée
par sa forme triangulaire, tels que le sel et le soufre.
Des instruments tels qu’une équerre, un niveau, un
perpendiculaire, un maillet, tous instruments
nécessaires pour bâtir les douze maisons du soleil, par
où vous devez faire passer la matière informe,
lesquelles maisons doivent être bâties avec règles et
proportions, sans quoi l’esprit de vie ne saurait s’y
loger.
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Chevalier, Prince nouveau reçu, vous avez sans
doute aperçu dans la chambre de réflexion de l’eau,
du sel, du pain, du soufre, un coq, une horloge de
sable, avec les mots Patience et Persévérance,
matières symboliques faciles à exprimer.
INSTRUCTION
57
D -Prince Grand Surveillant, quel est votre devoir ?
R -De voir si le Chapitre est scellé, et si les
matériaux sont prêts.
D -Où se tient le Souverain Grand Maître ?
R -À l’Orient.
D -Pourquoi ?
R -Pour y attendre le lever du soleil, et
l’accompagner dans toutes les maisons célestes.
D -Quel est leur nom ?
R -Aries, Taurus, Gemini, Cancer, Leo, Virgo, Libra,
Scorpio, Architenens, Caper, Amphora, Pisces.
D -Quelles sont les puissances qui président, et qui
font les honneurs dans chacune de ces douze
maisons ?
R -Premièrement le Grand Architecte de l’Univers,
sous douze noms sacrés, tirés chacun des douze
lettres du grand nom de Dieu, en hébreu
JETIMAAEIEAM. Ceux qui mettent Melech pour
derniers mots l’écrivent ainsi. À la place de la
dernière M.
D -Donnez-moi ces douze noms, rangés de suite
pour chacune des douze maisons célestes.
R -Jehovah, Emmanuel, Tetragrammaton, Jehah,
Messias, Arpheton, Anarbona, Erigion, Jessemon,
Eloim, Agla, Melech, selon d’autres Adonai.
D -Quels sont les esprits qui agissent, par la
puissance de l’Être Suprême dans chacune de ces
douze maisons ?
R -Marchidiel, Asmodel, Ambriel, Muriel, Vrochiel,
Hamaliel, Zuriel, Barbiel, Adnahiel, Ganael, Gabriel,
Barchiel.
D -Quels sont les noms vulgaires de ces douze
maisons, et quel est le rang qu’elles tiennent dans
l’univers ?
R -Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre,
Octobre, Novembre, Décembre, Janvier et Février.
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D -Quel est le puissant des noms de Dieu, dans le
pentacule ?
R -Adonai.
D -Quelle est sa toute puissance ?
R -De mettre l’univers en mouvement. Celui des
Chevaliers qui serait assez heureux pour le prononcer
cabalistiquement aurait à sa disposition les puissances
qui habitent les quatre éléments et les esprits
célestes, il posséderait toutes les vertus.
D -Quel usage en ferait-il ?
R -Par leurs puissances, il parviendrait à la
découverte du premier des métaux, qui est le soleil, et
qui provient de l’alliance ultime des six métaux dont
chacun fournit la semence, dans le lit nuptial.
D -Quels sont ces métaux ?
R -Saturne, Jupiter, Mars, Vénus, Mercure et la
Lune.
D -N’ont-ils pas d’autres noms parmi le vulgaire ?
R -Plomb, Étain, Fer, Cuivre, Argent-Vif, Argent.
D -Pourquoi l’or n’y est-il pas compris ?
R -L’or physiquement n’est pas un métal, il est tout
esprit, et par là incorruptible. Au lieu que les autres
métaux se corrompent, ainsi l’or est l’emblème de la
divinité, qui n’a ni commencement ni fin.
D -Comment peut-on parvenir à faire l’alliance des
six métaux pour n’en faire qu’un seul, qui ne soit point
métal ?
R -Par la règle et la balance que Salomon nous a
laissées dans son traité cabalistique de sa Clavicule ;
Balance philosophique communément dite : le Sceau
Cabalistique des Philosophes.
D -Comment est faite cette balance ?
R -En voici la figure.
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D -De quels poids usait Salomon avec cette
balance ?
R -Du poids cabalistique contenant 25 nombres.
D -Quelles étaient les subdivisions de ce poids ?
R -1, 2, 3, 4, 5, qui contiennent 25 fois l’unité, douze
fois 2, huit fois 3, six fois 4, et cinq fois 5.
D -Quel sens renfermait ce nombre ?
R -Le carré de 5, celui de 2, qui est 4, son cube, qui
est 8 et son carré, qui est 16, et, de plus, celui de 3,
qui est 9.
D -N’y a-t-il point de Philosophes qui aient donné la
clef de cette balance ?
R -Pardonnez-moi, il y en sept.
D -Quels sont leurs noms ?
R -Albumazariz, Pythagore, Ptolomée, Anthidonis,
Platon, Aristote, Haly.
D -Quels sont les éclaircissements qu’ils nous ont
donnés ?
R -Chacun d’eux s’est attaché à un métal, en a traité
les propriétés et en a donné la mesure, la règle et la
balance pour le mettre en œuvre. Chaque traité est
sous la dénomination d’un génie élémentaire qui vous
aide dans le travail.
D -Expliquez ces auteurs par leurs œuvres.
R -Albumazariz a traité du plomb, dit Saturne, sous
le génie Aratron par sa balance.
Pythagore a traité de l’étain, dit Jupiter, sous le
génie Belor par sa balance.
Ptolomée a traité du fer, dit Mars, sous le génie
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Pratée par sa balance.
Platon a traité du cuivre, dit Vénus, sous le génie
Hagit par sa balance.
Aristote a traité de l’argent-vif, dit Mercure, sous le
génie Ophiel par sa balance.
Haly a traité de l’argent, dit Lune, sous le génie
Phul par sa balance.
D -Vous avez entendu que je vous ai parlé d’un
esprit vivificatif, dit Alkaest, qui à lui seul a les vertus
génératives de produire la grande pierre cubique à
pointe pyramidale, pierre qui renferme en elle-même
tous les dons et les vertus pour rendre les hommes
heureux en ce monde et dans l’autre, lorsqu’ils en font
un bon usage. Pourriez-vous, Prince Grand Prieur,
nous donner une idée du moyen pour parvenir à
composer cet Alkaest ?
R -Oui, Souverain Grand Maître, il faut commencer
à travailler à l’alliance des 4 éléments simples, dont
les hommes sont composés. Ces éléments doivent être
tirés des trois règnes de la Nature ; c’est-à-dire des
animaux, des végétaux et des minéraux.
D -Quel ordre observez-vous pour ce travail ?
R -La règle, la mesure, le poids et la balance dont
chacun est une clef.
D -Quoi de plus ?
R -D’employer dans cette œuvre les animaux, les
végétaux et les minéraux, chacun dans leur saison,
renfermer chacun dans chacune des maisons du
Soleil, où ils ont toutes leurs vertus, et non autrement.
D -Quels sont ces animaux, végétaux et minéraux
propres à être servis sur la table céleste de chaque
maison du Soleil ? Expliquez-les chacun dans leur
place et leur rang.
R -Premièrement dans la maison de Mars, on y sert
la chèvre, le hibou, l’olivier, l’amaranthe jaune, et la
sardoine.
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2 - Dans la maison d’Avril : le bouc, la colombe, le
myrthe, la civette mâle, la topaze.
3 - Dans la maison de Mai : le taureau, le coq, le
laurier, la civette femelle, et l’agathe.
4 - Dans la maison de Juin : le chien barbet, la
cigogne, le noisetier, la grande consoude et la
chalcédoine.
5 - Dans la maison de Juillet : le cerf, l’aigle,
l’échalote, la plante dite pain de pourceau, le jaspe
sanguin.
6 - Dans la maison d’Août : le cochon, le moineau, le
pommier, la coloquinte, et l’émeraude.
7 - Dans la maison de Septembre : l’âne entier, l’oie,
le gui, la germandrée, et le béryl.
8 - Dans la maison d’Octobre : le loup, le pivert, le
cognassier, l’artémise, l’hyacinthe.
9 - Dans la maison de Novembre : le serpent, la
corneille, le palmier, l’anagallis, l’améthyste.
10 - Dans la maison de Décembre : le lion, le héron,
le pin, la morille, et la cornaline.
11 - Dans la maison de Janvier : le mouton, le paon,
le laurier-tin, le cristal de roche.
12 - Dans la maison de Février : le cheval barbe
entier, le cygne, l’ormeau, l’aristoloche, et le saphir
d’Orient.
D -Pourquoi, dans l’arrangement des maisons
célestes, commencez-vous par celle de Mars ?
R -Parce qu’en philosophie hermétique, et en
astronomie, on compte par années solaires, qui
commencent en Mars.
D -Comment prépare-t-on les productions de la
nature, dans chaque maison céleste, pour y être
servies sur la table nuptiale de l’époux des six
vierges ?
R -On les apprête toutes mystérieusement, sans feu
commun : mais avec du feu élémentaire, tiré de la
62
matière première, par attraction centripète des mixtes
mis en digestion dans le lit philosophique, allumé par
les quatre vents.
D -Comment sert-on les viandes sur la table de
l’époux ?
R -On les sert chacune à part : les unes en Sel, les
autres en Soufre, d’autres en Esprit, et d’autres en
Huile.
D -Que fait l’époux de tous ces mets ?
R -Il en prend de chaque mois la quantité suffisante,
pour composer par le moyen de la balance de Salomon
l’Alkaest pour le servir aux époux, lorsqu’ils sont
placés sur le lit nuptial.
D -Que produit cette alliance pour le genre
humain ?
R -Des trésors immenses, qui dureront autant que le
monde.
D -Tous les hommes sont-ils en état de travailler au
Grand Œuvre ?
R -Non : bien peu en sont capables ; il n’y a que les
vrais Maçons qui aient le droit d’y prétendre. Mais
combien peu sont dignes d’y parvenir !
D -Que faut-il faire pour être initié dans l’art
cabalistique ?
R -Il faut devenir semblable à notre maître Hiram,
qui aima mieux mourir que de révéler les secrets qui
lui avaient été confiés.
D -D’où tenait-il ces secrets ?
R -Du Roi Salomon qui, dans sa balistique, institua
un Ordre qu’il nomma des Maçons, divisé en trois
grades. Le dernier était celui de Maître. Ceux qui y
étaient initiés possédaient comme ce Roi, la science
infuse, par la vertu d’une lame d’or appelée pentacule,
au moyen de laquelle toutes sciences leur étaient
connues, et rien ne leur était caché.
D -Quelle est la figure du pentacule ?
63
R -Sa figure est triangulaire, où il était écrit de
chaque côté bien des choses, qui ne sont pas à la
portée des profanes, et qui portent malheur à ceux qui
en abusent.
CLÔTURE DU CHAPITRE
64
matière prend-elle forme, et a-t-elle besoin de repos ?
R -Souverain Grand Maître, les éléments sont unis,
les sept planètes sont renfermées dans le sanctuaire ;
un voile blanc les recouvre.
M -Princes et Chevaliers, je suis content de votre
zèle. Veillez toujours, de peur que la nuit ne vous
surprenne, entretenez vos lampes allumées quoique
vous soyez dans le repos, jusqu’au moment où le Soleil
sera arrivé au plus haut point du zénith. Grand Prieur
et Grand Surveillant, annoncez par six coups à tous
les Princes, que l’heure est arrivée, que l’étoile du soir
paraît sur l’horizon, et que le Soleil est sous les eaux.
EXPLICATION DU PENTACULE
65
Au milieu, Messias. De l’autre côté était gravé ce
qu’on y lit, au milieu le sublime mot qui exprime la
matière du Grand Œuvre. L’Art est accompli.
Lorsqu’Hiram fut trouvé mort, on trouva ledit
pentacule attaché par une chaîne d’or, sur son corps ;
et en récompense de ce qu’on avait découvert le corps
d’Hiram, et ensuite ses assassins, le Roi Salomon
décora du pentacule, quinze Maîtres, auxquels il
donna la science cabalistique.
PRIVILÈGES ET PRÉROGATIVES
66
mettra, et le troisième Frère se tiendra derrière, pour
former ladite voûte. Ils s’avanceront tous vers le
trône, où, étant arrivés, le Chevalier y montera,
prendra le sceptre et l’épée les posera sur l’autel,
saluera le Vénérable, les deux Surveillants, et les trois
Frères ; il fera placer le premier à sa droite, et les
autres à leurs places ordinaires.
67
santé.
68
1 - Les Chevaliers ne pourront jamais quitter leur
cordon dans aucune Loge où ils se trouveront, sous
peine de 24 sols d’amende.
69
10 - Le Chapitre sera composé d’un Grand Maître,
d’un Orateur, d’un Secrétaire, d’un Trésorier, d’un
Maître des Cérémonies, d’un Frère Terrible, et d’un
Intendant. Il ne pourra passer le nombre de onze.
70
18 - Tous les Chevaliers seront tenus
d’accompagner le convoi funèbre de leurs Frères
morts, jusqu’à la sépulture, et vêtus de noir ; quand
même le Chevalier mort ne serait pas du Chapitre.
71
CHAPITRE VI : LE VRAI MAÇON
OU LE CHEVALIER DE L’IRIS
MAÇONNERIE PHILOSOPHIQUE
D :. C :. N :. F :. A :. M :.
72
Les gants seront blancs bordés de noir et de rouge.
Tous les Académiciens auront à la main une baguette
de fer.
OUVERTURE DE L’ACADÉMIE
73
M -Premier Sage, à quelle heure s’ouvre
l’Académie ?
R -À toute heure.
M -Les matériaux sont-ils prêts ?
R -Oui, Très Sage.
M -Puisque tous les Frères ici présents sont Vrais-
Maçons, que nous sommes à l’abri des yeux et des
oreilles vulgaires, Premier et Deuxième Sages,
annoncez à tous les Académiciens que l’Académie est
ouverte, et que nous allons commencer nos
opérations.
74
RÉCEPTION
75
Sage dit : « Ordonnez son entrée, s’il est en règle. »
76
Très Sage ordonnera au Premier Sage de l’amener au
pied du trône, pour y prêter son Obligation. Y étant
arrivé, il se mettra à deux genoux, et répétera après le
Très Sage, l’Obligation suivante :
OBLIGATION
77
L’attouchement est de prendre les deux mains et de
s’embrasser sur les deux joues et sur le front.
78
DISCOURS
79
Abandonnons ces enfants de ténèbres, et ces
ennemis d’eux-mêmes à toute la honte de leurs idées
vaines et inconséquentes pour nous, Vrais Enfants de
Lumière et sincères amis de l’humanité, et voyons
dans ces enseignements et ces pratiques la vérité
clairement annoncée ; goûtons à longs traits aux
douceurs qu’elle nous présente. Jouissons avec
reconnaissance des avantages qu’elle nous procure,
et, animés d’un saint transport, ne cessons d’exalter la
toute-puissance et la miséricorde infinie de Dieu, qui
se plaît à humilier les grands et à élever les humbles.
80
l’explication du tableau. Et ensuite, je vous ferai
l’Instruction. Prêtez une oreille attentive. Vous
apprendrez dans l’une et dans l’autre, la noblesse de
vos droits, l’étendue de vos obligations, et la grandeur
de vos espérances.
EXPLICATION DU TABLEAU
81
crée, celles qui sont au dessous, que la Nature
produit, et les deux plus basses, que l’Art multiplie.
INSTRUCTION
D -Qui êtes-vous ?
R -Je suis un Vrai-Maçon.
D -Comment avez-vous été reçu ?
R -Sans métaux, sans habit, sans veste, sans
souliers, les manches de la chemise retroussées, les
yeux bandés, et les mains liées derrière le dos.
D -Pourquoi sans métaux ?
R -Parce qu’un véritable Artiste ne doit point se
servir d’eux pour arriver à ses fins.
D -Pourquoi sans habit, sans veste, sans souliers et
les manches de la chemise retroussées ?
R -Parce qu’un véritable Artiste doit être toujours
prêt à travailler.
D -Pourquoi les yeux bandés, et les mains liées
derrière le dos ?
R -Pour marquer que j’étais dans les ténèbres les
plus profondes avant d’être agrégé dans votre
82
Académie, et dans l’impuissance de travailler dans les
règles de l’Art.
D -Vous a-t-on donné la lumière ?
R -Oui, Très Sage, le mélange des trois principes
m’a éclairé.
D -Savez-vous travailler ?
R -Oui, Très Sage, je sais remuer la baguette,
manipuler les matériaux, et luter les vaisseaux.
D -Sur quoi est appuyée votre Académie ?
R -Sur trois colonnes.
D -Comment s’appellent-elles ?
R -La Foi, l’Espérance, et la Charité. La Foi doit
devancer le travail, l’Espérance doit l’accompagner, et
la Charité doit la suivre.
D -Que signifient les dix coups que vous frappez en
entrant ?
R -Le nombre parfait.
D -Pourquoi dites-vous que le nombre dix est le
nombre parfait ?
R -Parce que le nombre dix renferme tout à la fois
l’unité de Dieu, par qui tout a été créé, le chaos de
tout ce qui existe a été produit. Celui qui sera assez
heureux pour comprendre ce que c’est dans
l’arithmétique formelle, et pour connaître la nature du
premier nombre sphérique qui est la moitié de dix,
aura, dit Pic de la Mirandole, les secrets des 50 portes
d’intelligence du grand jubilé de la millième
génération et le règne de tous les siècles que les
cabalistes nomment ensoph, ou la divinité elle-même
sans vêtements.
D -Expliquez-moi ce que veulent dire votre bijou, les
couleurs du ruban auquel il est attaché, la Croix et les
deux lettres qui sont sur la bavette de votre tablier ; le
Soleil qui est au milieu, les lettres qui sont aux deux
côtés, et la couleur rouge dont il est bordé et doublé ?
R -Le bijou est la figure du mercure, du soufre et du
83
sel ; les couleurs du ruban, et des gants, représentent
les trois principales couleurs qui apparaissent dans le
régime. La Croix qui est sur la bavette du tablier, la
Lumière. Les deux lettres qui sont à côté de la Croix,
Vrai-Maçon. Le Soleil du milieu, l’or. On a déjà
expliqué les lettres. Enfin la couleur rouge pavot, dont
le tablier est doublé, désigne la perfection de la Pierre
Philosophale, comme la noire désigne la putréfaction,
et la blanche, la sublimation.
D -D’où venez-vous ?
R -De parcourir le ciel et la terre.
D -Qu’y avez-vous vu ?
R -Le chaos.
D -Qui l’a créé ?
R -Dieu.
D -Qui le produit ?
R -La Nature.
D -Qui le perfectionne ?
R -Dieu, la Nature, et l’Art.
D -Qu’entendez-vous par le chaos ?
R -La matière universelle sans forme, et susceptible
de toutes les formes.
D -Quelle est sa forme ?
R -La Lumière renfermée dans la semence de toutes
les espèces.
D -Quel est son lieu ?
R -L’esprit universel acide.
D -Savez-vous travailler la matière universelle ?
R -Oui, Très Sage.
D -De quoi vous servez-vous pour cela ?
R -Du feu interne et externe.
D -Qu’en résulte-t-il ?
R -Les quatre éléments qui sont dits principes
principiants immédiats.
D -Comment les nomme-t-on ?
R -Le feu, l’eau, l’air, la terre.
84
D -Quelles sont leurs qualités ?
R -Le chaud(1) et le froid, le sec et l’humide, deux
d’icelles accomplies en chacun d’iceux. Le sec et le
froid dans la terre, le froid et l’humide dans l’eau ;
l’humide et le chaud dans l’air ; le chaud et le sec
dans le feu, d’où il vient se joindre à la terre ; car les
éléments sont circulaires, comme le veut notre père
Hermès.
(1 - Note : Dans le manuscrit original, « chaud » est
orthographié « chaux », ainsi que dans toute cette
réponse.)
D -Que produit le mélange des quatre éléments, et
de leurs quatre qualités, dont tout est bâti ?
R -Les trois principes principiés et immédiats.
D -Qu’entendez-vous par mercure, soufre, et sel ?
R -J’entends le mercure, le soufre, et le sel
philosophiques, et non vulgaires.
D -Quel nom leur donnez-vous ?
R -Mercure, soufre, et sel.
D -Qu’est-ce que le soufre philosophique ?
R -C’est un feu et une âme, qui le décuit et le
colore.
D -Qu’est-ce que le sel ?
R -C’est une terre, et un corps qui le congèle et le
fixe, et le tout se fait par le véhicule de l’air.
D -Que résulte-t-il de ces trois principes ?
R -Les quatre éléments redoublés, comme dit
Hermès ; ou les grands éléments, selon Raimond
Lulle, qui sont le mercure, le soufre, le sel et le verre,
dont deux sont volatils, savoir : eau et air, qui est
l’huile, car toutes substances liquides de leur nature
fuient le feu, qui en élève l’une et brûle l’autre ; mais
non les deux, qui sont sec et solide, savoir : le sel,
auquel est contenu le feu ; et la terre pure qui est le
verre, sur lequel le feu n’a plus d’action, que de les
fondre et de les affiner, à moins qu’on ne se serve de
85
la liqueur Alkaest. Car tout ainsi que chaque élément
participe de deux qualités, ces grands éléments
redoublés, mercure, soufre, sel et verre, participent
de deux éléments simples ; ou pour mieux dire de tous
les quatre, selon le plus ou le moins des uns et des
autres : le mercure tenant plus de l’eau auquel il est
attribué ; l’huile ou le soufre, de l’air ; le sel, du feu ;
et le verre, de la terre qui se trouve pure et nette au
centre de tous les composés élémentaires, et est la
dernière à se relever exempte des autres.
D -Où résident les quatre éléments et les trois
principes principiés immédiats ?
R -Dans tous les mixtes : mais plus particulièrement
et plus puissamment dans les uns que dans les autres.
D -Qu’entendez-vous par mixtes ?
R -Les animaux, les végétaux, les minéraux.
D -Qui donne aux mixtes le mouvement, le
sentiment, la nourriture et la subsistance ?
R -Les quatre éléments : le feu donne le
mouvement, l’air le sentiment, l’eau la nourriture, et
la terre la subsistance.
D -À quoi servent les quatre éléments redoublés ?
R -À engendrer le Soleil, si on est assez heureux et
assez industrieux pour leur donner le feu convenable,
et les mettre au poids de la Nature.
D -Quel est le degré du feu ?
R -Le trente-deuxième.
D -Qu’entendez-vous par poids de la Nature ?
R -J’entends que dix parties d’air en font une d’eau.
Dix d’eau en font une de terre. Et dix de terre en font
une de feu : tant par le symbole actif de l’un que par
le passif de l’autre ; au moyen de quoi la conversion
des éléments se fait dans le Grand Œuvre, par dix
parties de mercure, sur une de Soleil ou de Lune.
D -Comment parvient-on à cette fin ?
R -Par la solution et la coagulation.
86
D -Que veulent dire ces mots ?
R -Qu’il faut dissoudre le corps et coaguler l’esprit.
D -Comment fait-on ces deux opérations ?
R -Par le bain humide et le bain sec.
D -Quelles sont les couleurs qui apparaissent dans
le régime ?
R -Les principales sont le noir, le blanc, le bleu et le
rouge, qui désignent les quatre éléments : le noir, la
terre ; le blanc, l’eau ; le bleu, l’air ; et le rouge, le
feu. Et dans lesquels sont compris de grands secrets
et mystères.
D -Quels instruments doit-on employer dans le
Grand Œuvre ?
R -Le bain humide, le bain sec, les vases de la
Nature et de l’Art, le creux du chêne, le Sutum
Sapientiae, le sceau d’Hermès, le tube, la lampe
physique et la baguette de fer.
D -Combien de temps faut-il pour le faire ?
R -Sept et dix mois philosophiques, c’est-à-dire
lunaires, dit le Composite.
D -Quel avantage en retire-t-on ?
R -Il y en a de deux sortes : les uns regardent
l’esprit, et les autres, le corps. Ceux de l’esprit
consistent à connaître Dieu, la Nature, et soi-même.
Ceux du corps sont les richesses et la santé.
D -Il me paraît que vous avez dit que vous aviez
parcouru le ciel et la terre.
R -Oui, Très Sage.
D -Que voulez-vous dire par là ?
R -J’ai voulu dire par le ciel, le monde intelligible
qui se subdivise en deux, savoir : le Paradis et l’Enfer.
Et par la terre, le monde sensible, qui se subdivise
aussi en deux : le céleste et l’élémentaire.
D -N’ont-ils pas chacun des sciences qui leur sont
particulières ?
R -Pardonnez-moi, Très Sage. L’une est vulgaire et
87
triviale, et l’autre mystique et secrète. Le monde
intelligible à notre théologie est la cabale ; le céleste,
l’astrologie, et la magie. Et l’élémentaire, la
physiologie, et l’alchimie qui révèle par les résolutions
et les réparations du feu, tous les secrets les plus
cachés de la Nature, aux trois genres des composés.
On l’a nommée aussi la science hermétique, ou
l’opération du Grand Œuvre.
D -Quelles sont les sources où l’on peut puiser cette
dernière science ?
R -Les plus pures sont Hermès Trismégiste, Arnaud
de Villeneuve, Raimond Lulle, Geber, Basile Valentin,
Bernard Comte de Trévisan, Nicolas Flamel, le
Philalèthe, le Cosmopolite, le Président d’Espagnet, le
Chevalier des figures d’Abraham le Juif, et de Michel
Maier. Et bien d’autres que nous vous ferons
connaître par la suite.
D -Pourquoi dit-on que l’Académie s’ouvre à toute
heure ?
R -Parce qu’on peut commencer le Grand Œuvre,
dans tous les temps et toutes les saisons.
D -Pourquoi se referme-t-elle à l’instant qui suit sept
et dix ?
R -Parce qu’après ce terme, il n’y a plus rien à faire,
puisque le Grand Œuvre est consommé.
D -Voilà, Sage Académicien, ce que le Premier Sage
et moi avions à dire pour votre Instruction. Nous nous
flattons tous que vous en ferez votre étude principale,
et que nous n’aurons qu’à nous féliciter tous les jours
de l’acquisition que nous avons faite, en voyant les
rapides progrès que vous ferez dans cette science
divine, seul et vrai but de la Maçonnerie.
FERMETURE DE L’ACADÉMIE
88
les Académiciens s’ils n’ont plus rien à dire pour le
bien du Chapitre, et s’ils sont satisfaits.
BANQUET
89
placeront de façon qu’ils formeront un triangle. Il n’y
aura de santé d’obligation, que celle du Roi, du Très
Sage de l’Académie, et de tous les Adeptes et
Amateurs, et du nouveau reçu.
STATUTS
90
mois.
91
7 - Un des Académiciens venant à mourir, on aura
soin de retirer le bijou, le tablier, les gants et les
écrits, et, pour marque de la douleur que l’on ressent
de sa perte, on portera sur l’anneau du bijou, une
petite rosette noire pendant l’espace de trois mois. On
observera de ne jamais effacer du registre le nom des
défunts.
92
12 - Dans ce grade, on n’admettra point de servant ;
les deux derniers reçus en feront l’office.
93
étant encore chaud(1), et le réduirez en poudre, avant
que l’humidité de l’air ne l’ait rendu moite. Vous le
mettrez ensuite dans un pot de terre à feu, ou écuelle,
proportionnée pour être réverbérée pendant sept à
huit heures, au feu de réverbère clos, en le remuant
souvent, avec une verge de fer. Après quoi, tirez la
matière hors du pot et l’exposez à l’air, pendant sept à
huit heures, plus ou moins, selon la quantité. Là, une
partie de cette masse saline s’humectera et
s’imprégnera de l’humidité mercurielle de l’air, et
attirant à soi comme dans son centre, cet esprit
universel et matière maternelle, puisque c’est l’acier,
la magnésie et l’aimant du Cosmopolite qui attire les
rayons du soleil, le mercure des Philosophes.
(1 – Note : orthographié « chaux » dans le
manuscrit original.)
94
on la tire du sein de la terre. Filtrez-la bien, comme
vous avez fait l’autre. Mettez-la ensuite dans des
grands pots de terre bien vernis. Allumez autour un
petit feu de roue pour la faire évaporer
insensiblement, mais sans l’écumer. Quand elle sera
évaporée jusqu’à moitié, changez de pot, de peur qu’il
ne casse, étant trop vide. Continuez d’évaporer à feu
lent, jusqu’à consistance du miel. Alors reposez à l’air
vos pots, couchez-les sur le côté, et mettez au dessous
pour récipients des autres pots avec une étamine et
une feuille de papier gris sur l’orifice de chacun des
pots inférieurs, afin que l’humidité spirituelle de l’air
venant à résoudre la matière, se filtre en passant dans
les pots inférieurs. La matière ainsi résolue en liqueur,
mettez-la dans des pots de verre, pour la faire de
nouveau évaporer au feu de cendres. Ne vous servez
plus de pots de terre, parce que la matière est alors si
subtile, qu’elle passerait au travers de leurs pores.
Évaporer jusqu’à consistance de sirop. Tirez ensuite
doucement vos évaporations du feu, et laissez-les à
l’air, comme la première fois, avec d’autres pots
couverts d’étamine et de papier gris dessous.
Congelez de nouveau, à consistance de sirop, et
continuez de faire résoudre à l’air et de coaguler au
feu de cendres, jusque la matière ne laisse plus
aucune crasse, ni dans le vase de verre, ni sur le
papier, ni sur l’étamine.
95
la dernière fois, et qu’elle sera résolue en matière
bien claire et bien liquide, vous la mettrez dans des
retortes que vous aurez légèrement lutées, et
seulement à demi, c’est-à-dire que la voûte, ou partie
supérieure, étant découverte, tout le reste ne sera que
légèrement luté. Alors vous logerez vos retortes sur
des fourneaux, dans des capsules, avec du sable bien
grainé et grainé et grossièrement passé, et, ayant
adapté à vos retortes des récipients et des jointures,
n’étant que légèrement lutées, vous distillerez,
premièrement à feu lent et insensible chaleur, une
humidité insipide, aqueuse et phlegmatique. Laquelle
étant passée dans le récipient, l’esprit commencera à
venir, ce que vous connaîtrez en débouchant les
jointures du récipient ; et garderez le phlegme à part,
pour l’usage que nous vous dirons. En même temps,
vous couvrirez la retorte, pour chasser tout l’esprit
dans le récipient. Pour cet effet, il faut mettre les
charbons allumés sur le sable qui couvre la retorte,
pour augmenter la chaleur.
96
alkalisé d’une partie de son sel.
97
fumées des nues, des brouillards qui proviennent du
soufre, et de l’écume des deux dragons qui se
combattent et se dévorent l’un l’autre, jusqu’à ce que
des deux il n’en soit fait qu’un. Alors le calme et la
sérénité reparaissent dans le vaisseau. C’est ce qu’on
appelle la Fontaine du Comte de Trevisan.
98
quatre onces de ce dissolvant universel, mettez-le
dans un matras avec une once d’or fin, battu en
feuilles. En même temps, l’or se dissoudra en huile ou
liqueur merveilleuse, sans qu’il soit besoin de l’aide
du feu pour accélérer la dissolution ; laquelle étant
faite, il faut la mettre dans une petite retorte et la
distiller à feu de sable. L’or passera dans le récipient
avec le dissolvant, sans pouvoir s’en séparer. Cela fait,
mettez toute la liqueur dans un matras, dont les trois
quarts restent vides ; scellez-le hermétiquement et
mettez-le dans les cendres à feu de lampe, pour y
digérer pendant vingt jours. Vous aurez un véritable
or potable, duquel trois gouttes prises dans du vin ou
du bouillon raniment la nature défaillante et sert de
remède universel contre les plus grandes maladies.
C’est le baume de vie et de santé, et le bouclier de la
vieillesse. Mais ce n’est rien en comparaison de l’élixir
des Philosophes, qui est leur Pierre Philosophale et
leur remède universel. Il se fait de la manière
suivante :
99
parfaitement blanche. C’est pour cela qu’on nous dit :
blanchissez le Maure ; mais il faut pour cela
augmenter le feu d’un degré, après que la noirceur a
duré quarante jours.
100
onces d’or, vous aurez quatre onces de projection,
dont une partira convertira mille parties d’argent-vif
commun, ou tel autre métal imparfait que ce soit, en
or parfait, et plus pur que celui qui vient de la mine.
101
CHAPITRE VII : NEC PLUS ULTRA
MAÇONNERIE PHILOSOPHIQUE
102
armés, au lieu d’une baguette de fer, d’une massue ou
d’un glaive. La table autour de laquelle seront assis
les Vaillants Généraux sera ronde et couverte d’un
tapis vert. Les fauteuils sur lesquels ils s’assoiront
seront de la même couleur. Le Très Vaillant Général
sera à l’Orient, et les Vaillants Généraux, à droite et à
sa gauche, suivant l’ordre de leur réception.
103
OUVERTURE DU CONSEIL DE GUERRE
RÉCEPTION
104
Très Vaillant Général lui demandera d’un ton ferme :
M -Sage, que demandez-vous ?
R -Je demande d’être enrôlé dans votre Milice, si
vous m’en jugez digne.
105
INSTRUCTION
D -Qui êtes-vous ?
R -Vaillant Général des Argonautes.
D -À quoi pourrai-je reconnaître que vous êtes tel ?
R -À mon nom, mes armes et mes vertus.
D -Comment vous appelez-vous ?
R -Jason.
D -Que signifie ce nom ?
R -Médecin de théorie.
D -Quel a été votre maître dans la théorie ?
R -Le centaure Chiron.
D -Quelles sont vos armes ?
R -La massue d’Hercule et mon glaive.
D -À quoi devez-vous vous en servir ?
R -À purger la mer et la terre des monstres qui
l’infectent.
D -Quelles sont vos vertus ?
R -La foi et l’espérance.
D -Pourquoi dites-vous que la foi et l’espérance sont
vos vertus ?
R -Parce que j’ai cru en la possibilité de l’Œuvre,
avant d’avoir fait aucune recherche, et que j’espère,
depuis que j’ai le bonheur de connaître la matière et
le feu.
D -Quel âge avez-vous ?
R -Trois cents ans.
D -Que signifie un âge aussi long ?
R -Qu’il faut chercher longtemps, avant de trouver
la matière et le feu.
D -Quel est votre Ordre ?
R -Vulcain et Lemnos.
D -Pourquoi donnez-vous un tel Ordre ?
R -Parce que c’est dans cette île, que Vulcain doit
m’être favorable.
D -Quelle est votre consigne ?
106
R -Combat.
D -Pourquoi prenez-vous combat pour consigne ?
R -Parce qu’il faut travailler pour purger la mer et
la terre des monstres qui l’infectent.
D -Quel est votre signe ?
R -Mon signe est de fermer un poignet dans l’autre,
et de les élever tous les deux du côté de l’épaule
droite, de les faire tomber sur la hanche gauche, et
enfin de lever le poignet droit fermé du côté de
l’épaule droite, et de faire semblant de frapper.
D -Que signifie ce signe ?
R -Que je sais purger la mer et la terre des
monstres qui l’infectent ; et que je consens d’expirer
comme eux, sous la massue d’Hercule et le glaive de
Jason, si je viens à enfreindre mes engagements.
D -Quel est votre attouchement ?
R -C’est de prendre de la main droite, le poignet de
celui qui vous reconnaît.
D -Que signifie cet attouchement ?
R -Que je tiens la théorie du Grand Œuvre.
D -Quelle est votre accolade ?
R -C’est de faire un baiser sur le front de celui qui
vous reconnaît, et qui doit rendre de même.
D -Que signifie cette accolade ?
R -Que c’est dans ce lieu que réside la sagesse du
Vaillant Général des Argonautes.
D -Quelle est votre marche ?
R -Trois pas lents faits militairement.
D -Que signifient ces trois pas lents et harmonieux ?
R -Que l’on doit se hâter lentement, et procéder
avec harmonie dans le Grand Œuvre.
D -Combien frappez-vous de coups, pour entrer
dans la Salle du Conseil de Guerre, et combien avez-
vous de lumières ?
R -Un seul coup avec le pied droit, et une seule
lumière.
107
D -Pourquoi cela ?
R -Pour montrer que tout vient d’un, quoi qu’il se
divise en deux, trois, quatre, et cinq – moitié du
nombre sphérique qui est dix ; et doit retourner à un,
et que d’ailleurs je sais opérer.
D -Pourquoi aviez-vous les yeux bandés en entrant
dans la Salle du Conseil de Guerre ?
R -Pour désigner l’aveuglement et l’ignorance, où
j’étais avant que je connusse la théorie du Grand
Œuvre.
D -Quels voyages fîtes-vous, ou quels voyages vous
fit-on faire ?
R -Le tour du globe terrestre.
D -Pourquoi vous fit-on faire le tour du globe
terrestre ?
R -Pour y trouver les monstres qui l’infectent et les
deux éléments qui le composent.
D -Quel fut votre guide dans ce voyage ?
R -Le plus ancien du Conseil, pour m’empêcher de
m’égarer.
D -Quel fruit rapportâtes-vous de votre voyage ?
R -La théorie de la matière et du feu, que je dois
mettre en pratique pour emporter la Toison d’Or et
pour mériter par cette expédition le royaume que mon
oncle Pelias avait usurpé sur mon père Eson.
108
Le très Vaillant Général continue : « Puisque le
Conseil de Guerre se ferme à l’instant, qu’on a
délibéré de combattre, et que nous devons combattre
à présent, quittons la Thessalie, et embarquons-nous
pour Colchos. »
109
Les uns portent pour bijou une Toison d’Or,
suspendue par son milieu. D’autres, (celui-ci vaut
mieux que le premier, et conforme au tableau. On
coud ordinairement la chaîne sur les deux côtés du
camail ponceau bordé de noir, et terminé par une
double rosette, noir et vert d’eau) une croix de Malte,
moitié or, moitié argent, ou tout or, évidée en son
milieu en cercle, et dans le cercle est la figure à plat
et en or, d’une Toison.
110
M -Où remporte-t-on la Victoire ?
R -À Colchos, dans le champ de Mars.
M -Vaillants Généraux, puisque le Conseil de Guerre
s’ouvre un instant avant la Victoire, que la Victoire
s’obtient après dix mois de combat, et qu’il faut la
remporter à Colchos, dans le champ de Mars,
débarquons-nous, puisqu’il y a dix mois que nous
naviguons, et que nous voici sur les terres de Colchos.
Et allons sans différer, au champ de Mars, remporter
la Victoire qui nous y attend !
RÉCEPTION
111
Lorsqu’on l’aura introduit et placé à l’Occident, le
Très Vaillant lui fera les demandes suivantes :
M -Vaillant Général des Argonautes, que demandez-
vous ?
R -Très Vaillant Général, je demande de faire avec
vous et vos compagnons le voyage de Colchos, si tel
est votre bon plaisir.
112
Lorsqu’ils en seront revêtus, le Très Illustre
ordonnera au plus ancien des Chevaliers d’aller
débander les yeux du récipiendaire qui, armé de sa
massue et son glaive, fera le tour du globe terrestre,
et frappera de ses deux armes les deux éléments qui
le composent. Cela fait, il traversera par la marche
ordinaire des Argonautes de trois pas lents à la
militaire, une terrine pleine de cendres et une pleine
d’esprit-de-vin allumé. Après les avoir traversés, il
viendra par la marche ordinaire des Chevaliers,
jusqu’au Très Illustre, qui lui donnera l’ordre, la
consigne, le signe, l’attouchement et l’accolade, et le
décorera des attributs de Chevalier, en lui disant :
« Par la plénitude de la puissance dont je suis revêtu
et du consentement des Illustres Chevaliers de la
Toison d’Or, je vous délie de toutes les obligations que
vous avez contractées dans la carrière maçonnique,
n’en exceptant que celle que vous avez prêtée pour
obtenir le grade de Vrai-Maçon, de Général des
Argonautes, et d’Illustre Chevalier de la Toison d’Or,
que je vous confère, pour jouir à perpétuité des
prérogatives et des avantages que vos combats et vos
victoires vous ont si justement acquis. »
INSTRUCTION
D -Qui êtes-vous ?
R -Illustre Chevalier de la Toison d’Or.
D -À quoi pourrais-je reconnaître que vous êtes tel ?
R -À mon nom, mes armes et mes vertus.
113
D -Comment vous appelez-vous ?
R -Jason.
D -Que signifie ce nom ?
R -Art de guérir.
D -Quel a été votre maître dans cet art ?
R -La magicienne Médée.
D -Quelles sont vos armes ?
R -Celles de la Nature.
D -Quelles sont les armes de la Nature ?
R -Celles que chacun prend, suivant ses lumières et
ses connaissances ; mais les plus honorables et les
plus profitables sont celles du signe de la Croix que je
porte (en la montrant).
D -À quoi vous en êtes-vous servi ?
R -À parfaire le Grand Œuvre.
D -Quelles sont vos vertus ?
R -La charité et la discrétion.
D -Pourquoi dites-vous que la charité et la
discrétion sont vos vertus ?
R -Parce qu’un Adepte doit garder un secret
inviolable et faire du bien à son prochain.
D -Quel âge avez-vous ?
R -Des années sans nombre.
D -Pourquoi dites-vous que vous avez des années
sans nombre ?
R -Parce qu’au moyen de l’Élixir, je me suis rajeuni,
et que je pourrai pousser ma carrière aussi longtemps
qu’il plaira au Créateur.
D -Quel est votre Ordre ?
R -Les Mages et Bethléem.
D -Pourquoi prenez-vous les Mages et Bethléem
pour votre Ordre ?
R -Parce que, comme eux, j’ai été conduit par une
étoile, qui m’a amené à la connaissance de la vérité.
D -Quelle est votre consigne ?
R -Victoire.
114
D -Pourquoi vous donne-t-on Victoire pour
consigne ?
R -Parce qu’un Adepte, pour parvenir à son but, a
surmonté tous les obstacles qui s’opposaient.
D -Quel est votre signe ?
R -C’est de lever la main droite et de la fermer
comme si l’on prenait quelque chose, et de montrer
ensuite le bijou que l’on porte, avec l’index.
D -Que signifie ce signe ?
R -Que j’ai enlevé, et que je possède, la Toison d’Or.
D -Quel est votre attouchement ?
R -C’est de prendre, avec les deux mains, les deux
poignets de celui qui nous reconnaît.
D -Que signifie cet attouchement ?
R -Que je sais la théorie et la pratique du Grand
Œuvre.
D -Quelle est votre accolade ?
R -La même, avec la même signification, que celle
de la première Salle.
D -Quelle est votre marche ?
R -Trois pas militairement redoublés.
D -Que signifient ces pas redoublés ?
R -Que la multiplication de l’Œuvre va beaucoup
plus vite que l’Œuvre.
D -Combien frapperez-vous de coups, pour entrer
dans le Conseil de Guerre ?
R -Un seul grand coup avec la main droite.
D -Pourquoi cela ?
R -Pour montrer qu’après avoir commencé par un,
continué par deux, trois et quatre, je suis enfin
parvenu à l’unité par le cinq, moitié du nombre
sphérique qui est dix, et qu’en outre j’ai déjà opéré.
D -Pourquoi aviez-vous les yeux bandés, quand vous
fûtes introduit dans la Salle du Conseil de Guerre ?
R -Pour désigner l’ignorance et l’aveuglement où
j’étais, avant de connaître la pratique du Grand
115
Œuvre.
D -Quels voyages fîtes-vous ?
R -Le tour du globe terrestre.
D -Pourquoi fîtes-vous le tour du globe terrestre ?
R -Pour purger la mer et la terre des monstres qui
l’infectent.
D -Quel fut votre guide ?
R -Mes seules lumières.
D -Quel fruit rapportâtes-vous de votre voyage et de
vos combats ?
R -La conquête de la Toison d’Or, et le royaume que
mon oncle Pelias avait usurpé sur mon père Eson.
D -Sur quoi est appuyé votre Conseil de Guerre ?
R-Sur les deux colonnes d’Hercule, dont celles J :.
Et B :. Ne sont que les emblèmes.
D -De quelle matière sont ces colonnes ?
R -D’or et d’Argent.
D -Où sont-elles situées, et comment s’appellent-
elles ?
R -Elles sont situées, l’une du côté de l’Espagne,
nommée Calpé, l’autre en Afrique, nommée Abyla.
D -Pourquoi sont-elles situées dans deux parties du
monde ?
R -Pour apprendre que la matière et le feu doivent
être pris dans deux différentes minières, venant d’une
seule et même racine.
D -Dans quelle racine peut-on trouver ces deux
diverses minières ?
R -Dans un sujet connu des ignorants comme des
savants, mais que les seuls Philosophes savent
travailler pour en extraire leur matière et leur feu.
D -Comment appelez-vous la matière et le feu ?
R -La matière s’appelle soufre et mercure animé,
c’est-à-dire : amis de leur propre sel, et le feu se
nomme eau ignée, ou dissolvant de soufre et de
mercure, de laquelle dissolution est engendré l’enfant
116
philosophique qui, sept fois nourri élybaniquement de
son propre sang, parviendra enfin, dans dix mois, à la
plénitude de l’âge parfait, et pourra alors
communiquer sa perfection à ses frères imparfaits,
sortis comme lui du ventre de la même mère.
D -Pourquoi votre Conseil est-il appuyé sur les
colonnes d’Hercule ?
R -Parce que c’est le Nec Plus Ultra de la
Maçonnerie.
D -Qui reconnaissez-vous pour père dans cet Art
Royal ?
R -Hermès Trismégiste.
D -Et pour frères ?
R -Tous les Adeptes.
EXPLICATION DU TABLEAU
117
laurier que tout bon Artiste doit ambitionner comme
le Nec Plus Ultra de l’Art Royal, que nous avons
atteint par nos combats et nos victoires.
118
informée du dessein de Jason et sachant qu’il était
prêt à partir, vint lui faire, avant son départ, présent
d’une terre noire ; ce que Médée, à son arrivée à
Colchos, regarda comme un présage des plus
heureux.
119
Lybérie, et s’arrêtèrent ensuite dans la Bébrytie, où
Amyens qui y régnait avait coutume de défier au
combat du ceste ceux qui arrivaient dans ses États.
Pollux accepta le défi, et le fit périr sous ses coups. De
là, les Argonautes se rendirent vers les Syrtes de la
Lybie, par où on va en Égypte. Le danger qu’il y avait
de traverser ces Syrtes, fit prendre à Jason et à ses
compagnons le parti de porter leurs vaisseaux sur
leurs épaules pendant douze jours à travers le désert
de la Lybie, au bout duquel temps, ayant retrouvé la
mer, ils se remirent à flot et allèrent rendre visite à
Phinée, Prince aveugle et sans cesse tourmenté par
les Harpies, dont il fut délivré par Calaïs et Zetté,
enfants de Borée, qui avaient des ailes. Phinée devint
devin, et, plus clairvoyant des yeux de l’esprit que de
ceux du corps, il leur indiqua la route qu’ils devaient
tenir : « Il faut premièrement, leur dit-il, aborder aux
îles Cyannées, qu’on nomme autrement Simpleiades
ou écueils qui s’entreheurtent. Ces îles jettent
beaucoup de feu, mais vous en éviterez le danger en y
envoyant une colombe. Vous passerez de là en
Bithinie, et laisserez à côté l’île Thyniade. Vous verrez
Maraiandinos, Achéruse, Cappadoce et les Calybes, et
vous arriverez enfin au fleuve Phasis qui arrose la
terre Lircée, et de là en Colchide, où est la Toison
d’Or. »
120
de bonne grâce. Mais, pour le détourner de son projet,
il lui fit un détail immense de tous les obstacles qui
s’opposaient à ses désirs, et lui prescrivit des
conditions si dures qu’elles auraient été capables de
rebuter Jason, si Junon n’eût convenu avec Minerve de
l’encourager et de rendre Médée amoureuse de lui,
afin qu’au moyen des enchantements de cette
princesse, il fût garanti des périls auxquels il allait
s’exposer dans son entreprise. Médée en effet, ayant
vu Jason, se prit d’un tendre intérêt pour lui ; elle lui
releva le courage et lui promit tous les secours qui
dépendraient d’elle, pourvu qu’il s’engageât à lui
donner sa foi. Jason le lui ayant promis, la princesse
lui donna un onguent pour s’oindre le corps et se
garantir par là du venin du dragon, et une eau pour
éteindre le feu qui sortait des narines des deux
taureaux, gardiens de la Toison d’Or.
121
Jason, arrivé en Thessalie, entra en possession du
royaume de son père, et Médée rajeunit le vieillard
Eson par la boisson de la Toison d’Or. Et pour se
venger contre Pélias de la haine qu’il leur portait, elle
fit venir à ses filles l’envie d’expérimenter la même
vertu sur leur père, qui était pareillement abattu par
la vieillesse. Elles se laissèrent persuader, et, ayant
coupé leur père par morceaux, elles le firent bouillir
dans une chaudière avec les herbes qu’elle leur
donna. Mais il en arriva autrement, et ces
malheureuses filles eurent un extrême déplaisir
d’avoir été abusées, en faisant mourir si cruellement
leur père. Enfin le vaisseau Argo, qui avait conduit
Jason à Colchos, et qui l’avait ramené dans la
Thessalie, fut mis au rang des dieux par toute la cour
céleste.
122
En disant ces dernières paroles, tous feront le signe
et crieront trois fois : « Victoire ! »
SCEAU DE CE GRADE
BANQUET
123
Le Très Illustre, ayant prié les Frères de remplir
leurs coupes, leur dira : « La coupe que nous allons
vider est en faveur du Roi et de la famille royale. Je
vous exhorte à la vider avec tous les honneurs qui lui
sont dus, et par le nombre consacré et mystérieux
reconnu parmi nous. En conséquence, portons les
deux mains à la coupe. Élevons la coupe à la hauteur
de la bouche. Vidons la coupe. Remettons la coupe à
la hauteur de la bouche. Posons tous ensemble la
coupe sur la table. »
1erale soufre
2ebl’alun
3ecle vin
4edle feu
5eel’étain ou Jupiter
124
6efle sel marin
7egle vinaigre distillé
8ehl’aimant
9eila terre
10ekle vif-argent ou mercure
11ell’air
12eml’or ou le Soleil
13enle tartre
14eole fer ou Mars
15eple nitre ou le Salpêtre
16eql’eau
17erl’urine
18esl’antimoine
19etl’argent ou la Lune
20eul’huile
21evle vert-de-gris
22exle plomb ou Saturne
23eyle savon
24ezle cuivre ou Vénus
et le 25e : & l’Esprit
125
126
CHAPITRE VIII : GRADES DES
APPRENTIFS
PHILOSOPHES INCONNUS
STATUTS
Article 1er
Les Associés peuvent être de tous pays. Cette
Compagnie ne doit être bornée par une contrée, une
maison, un royaume, une province, en un mot, par un
lieu particulier, mais elle doit se répandre par toute la
terre habitable, qu’une religion sainte et éclairée, où
la vertu est connue, où la raison est suivie. Car un
bien universel ne doit pas être renfermé dans un petit
lieu resserré. Au contraire, il doit être porté partout
où il se rencontre des sujets propres à les recevoir.
127
qu’un seul chef, que chaque assemblée se borne à une
seule province et ne s’étende pas plus loin qu’un
canton de pays limité. Si donc il arrive qu’il se
présente une personne pour être associée avec nous,
qui ne soit pas d’un pays stable et que l’on connaisse,
qu’on l’oblige d’en choisir un où il établisse son
domicile, de peur qu’il ne se trouve en même temps
attaché à deux compagnies ou assemblées.
128
de la religion chrétienne, qu’ils aiment la vertu et
qu’ils aient l’esprit propre pour la Philosophie, de
manière que l’athée et l’idolâtre ne puissent être
admis. Seulement par une exception fondée sur le
respect de la loi ancienne, le Juif pourra, quoique
rarement, y participer, pourvu qu’il soit doué
d’ailleurs des qualités d’un honnête homme ; et ainsi
donc on n’aura aucuns égards à l’extraction des
personnes. Car n’ayant point d’autre fin que d’aider
les pauvres de la République Chrétienne et de donner
du soulagement à tous les affligés du genre humain,
en quelque lieu et de quelque condition qu’ils soient,
les Associés d’une médiocre naissance y pourront
aussi bien réussir que ceux d’une qualité plus relevée.
Ce serait donc au détriment de l’humanité qu’on les
bannirait de notre corps, vu principalement que ces
sortes de personnes sont d’ordinaire plus portées à
pratiquer les vertus morales, que ceux qui sont les
plus constitués en dignités. Le mélange des religions
et cultes ne peut en attaquer aucun, ni nuire à la
véritable, ni élever contestations, ou fomenter
schisme. Par la loi qui sera imposée de ne jamais
converser sur des matières de ce genre, et n’étant pas
au surplus probable que le Grand Architecte accorde
à des hommes quelconques la faveur de conduire à
une heureuse fin le grand Ouvrage dont notre
Philosophie découvre les principes, s’ils n’ont
auparavant purgé leurs cœurs de toutes sortes de
mauvaises intentions. Cependant, l’Ordre n’éclairera
pas véritablement sur les mystères des Philosophes
que ceux qui cesseront d’être aveugles sur les
mystères de la foi.
129
souhaiter pourtant, qu’on n’en prenne point, ou peu,
parmi les Religieux, ou gens engagés dans des vœux
monastiques, principalement de ces Ordres qu’on
appelle mendiants, si ce n’est dans une extrême
disette d’autres sujets propres à notre Institut. Que la
même loi soit pour les esclaves, et toutes personnes
qui sont comme considérées au service ou aux
volontés des grands, car la Philosophie demande des
personnes libres, maîtres d’elles-mêmes, qui peuvent
travailler quand il leur plaira, et qui, sans aucuns
empêchements, peuvent employer leur temps et leurs
biens pour enrichir la Philosophie de leurs nouvelles
découvertes.
130
qu’il fît profession du christianisme, et qu’il en
pratiquât les vertus, qu’il eût une foi scrupuleuse, une
ferme espérance, une ardente charité. Ce sont les
trois principales colonnes de tout édifice solide, que
ce fut un homme de bon commerce, égal dans
l’adversité et dans la prospérité ; enfin dans lequel ne
parût aucune mauvaise inclination, de peur que les
personnes par lesquelles on prétendait aider au
bonheur des autres, ne servissent elles-mêmes à leur
perte. Qu’on se garde par-dessus toutes choses de
gens adonnés au vin et aux femmes, car Harpocrate
lui-même garderait-il sa liberté parmi les verres ? Et
quand ce serait Hermès, serait-il sage au milieu des
femmes ? Or quel désordre, que ce qui doit faire la
récompense de la plus haute vertu, devient le prix
d’une infâme débauche.
131
sanctuaire de nos vérités.
132
postulant n’y consente, et que même il ne vienne à le
demander instamment, instruit qu’il aura été de la
défense qu’on a sans cela de le nommer dans la
Société ; car c’est une des constitutions les plus sages
de la Compagnie, que tous ceux qui en seront, non
seulement soient inconnus aux étrangers, mais qu’ils
ne se connaissent pas même entre eux, d’où leur est
venu le nom de Philosophes Inconnus. En effet, s’ils en
usent de la sorte, il arrivera que tous se préserveront
plus facilement des embûches et des pièges qu’on a
coutume de dresser aux véritables Philosophes, et
particulièrement à ceux qui auraient fait la Pierre,
lesquels sans cette précaution deviendraient peut-
être, par l’instinct du démon, en proie à leurs propres
amis, et toute la Société courrait le risque de se voir
ruinée en peu de temps. Mais au contraire, en prenant
ces mesures, quand il se trouverait parmi elles
quelque traître ou quelqu’un qui, sans qu’il y eût de sa
faute, fut assez malheureux pour avoir été découvert ;
comme les autres qui, par prudence sont demeurés
inconnus, ne pourront être ni déférés ni accusés, ils
ne pourront aussi avoir part au malheur de leurs
Associés et continueront sans crainte leurs études et
leurs exercices. Que si après cet avis, quelqu’un est
assez imprudent que de se faire connaître, qu’il ne
s’en prenne qu’à lui-même, s’il s’en trouve mal dans la
suite.
133
Qu’après cela, on propose la chose à l’Assemblée,
c’est-à-dire à ceux de ses Associés qui leur seront
connus, et qu’on suive leur avis là-dessus.
Article 14 - Réception
Tout cela fait, et le consentement donné en ladite
forme, le nouveau postulant sera reçu en la manière
que je vais dire :
134
au Souverain, également envers ses nouveaux Frères
Associés, jurant d’aimer toujours tous ceux qu’il
viendra à connaître tels, comme ses propres Frères.
Qu’enfin, s’il se voit jamais en possession de la Pierre,
il s’engagera même par serment, si son Patron l’exige
ainsi (sur quoi, comme dans toutes les autres lois de la
Réception, il faudra avoir égard à la qualité et aux
mérites de ceux que l’on recevra) ; qu’il en usera
selon que le prescrivent les Constitutions de la
Compagnie ; après cela, celui qui lui aura servi de
Patron, en recevant ses promesses, lui fera les siennes
à son tour, au nom de toute la Société. Il l’assurera de
leur protection, de leur fidélité, de leur amitié, et
qu’ils garderont en sa faveur tous les statuts, comme
il vient de les garder à leur égard. Ce qui étant fini, il
lui dira tout bas et à l’oreille les mots de l’Ordre, et
puis en langage des Sages, le nom de la Magnésie,
c’est-à-dire de la vraie et unique matière de laquelle
se fait la Pierre des Philosophes. Il sera néanmoins
plus à propos de lui en donner auparavant quelques
descriptions énigmatiques, afin de l’engager
adroitement à le déchiffrer de lui-même ; que, s’il
désespère d’en venir à bout, le Patron lui donnera
courage en lui aidant peu à peu, mais de telle manière
néanmoins, que ce soit de lui-même qu’il découvre le
mystère.
135
Chef particulier de chaque Assemblée.
136
sans jamais cependant y mêler rien de faux ou qui soit
contraire à notre doctrine, car un Philosophe peut
bien dissimuler pour un temps, mais il ne lui est
jamais permis de tromper. Le Patron ne sera point
tenu de faire ces sortes de communications ou plus
amplement ou plus vite qu’il ne voudra. Davantage, il
ne pourra même rien communiquer qu’il n’ait perçu
du nouveau Frère la taxe du tribut imposé pour entrer
à la masse commune de la Compagnie, et qu’il ne l’ait
d’ailleurs éprouvé sur tous les points et reconnu exact
observateur des statuts, de peur que ce nouvel
Aggrégé ne vienne à se séparer du corps et découvrir
des mystères qui doivent être particuliers et cachés.
Quant aux lumières qu’un chacun aura puisées
d’ailleurs, il lui sera libre, ou de les cacher, ou d’en
faire part, à son choix.
137
Article 19 - Anniversaire de la réception
Tous les ans, à jour pareil de sa réception, à moins
que l’on ne soit convenu d’un jour commun à tous,
chaque Associé, s’il est catholique romain, offrira à
Dieu le saint sacrifice en action de grâces, et pour
obtenir de l’Éternel le don de science et de lumière.
Tout chrétien en général, ou tout autre, de quelque
secte qu’il puisse être, fera la même chose à sa
manière. Que si on oubliait pourtant de le faire, on ne
doit pas en avoir de scrupule, car ce règlement n’est
que de conseil, et non pas de précepte.
138
dans une mauvaise voie
On pourra quelquefois aller dans les laboratoires de
la chymie vulgaire, pourvu que ceux qui y travaillent
ne soient pas en mauvaise réputation, comme aussi se
trouver dans les Assemblées de ces mêmes gens,
raisonner avec eux, et, si l’on juge qu’ils sont dans
l’erreur, s’efforcer de leur faire apercevoir, au moins
par des arguments négatifs tirés de nos écrits ; et le
tout, s’il se peut, par un pur esprit de charité et avec
modestie, afin qu’il ne se fasse plus de folles
dépenses. Mais en ces occasions, qu’on se souvienne
de ne point trop parler, car il suffit d’empêcher
l’aveugle de tomber dans le précipice et de le
remettre dans le bon chemin. On n’est pas obligé de
lui servir de guide dans la suite. Loin de cela, ce serait
quelquefois mal faire, surtout si l’on reconnaît que la
lumière de l’esprit lui manque, et qu’il ne fait pas cas
de la vertu.
139
autrement ce serait risquer de perdre le titre de
Philosophe Inconnu, ce qui est contre nos statuts.
140
jusqu’à ceux des Associés qui seraient dans les lieux
les plus éloignés du monde, en se servant pour cela de
leurs Patrons, jusqu’à ce qu’on ait reçu des
éclaircissements dont on peut avoir besoin, et sur les
difficultés qui naissent dans nos recherches
philosophiques.
141
travail qu’ils auront entrepris. Il sera libre à celui qui
possédera ce grand trésor de choisir parmi les
Associés, tant connus qu’inconnus, ceux auxquels il
voudra faire part de ce qu’il aura découvert ;
autrement il se verrait obligé de le donner à tous. De
même à ceux auxquels la Société n’a point encore
d’obligation ; en quoi il s’exposerait, ainsi que toute la
Compagnie, à de très grands périls.
142
servir de cette dernière méthode, afin qu’autant qu’il
se pourra, chacun ne soit redevable qu’à lui-même, et
à sa propre industrie, d’un si grand trésor. Quant à
ceux qui, par une semblable voie, s’en trouveraient
enrichis, ils n’auront pas le pouvoir d’en user de la
sorte à l’égard de leurs autres Confrères, non pas
même de leur propre Patron, s’ils n’en ont du moins
demandé la permission auparavant à celui de qui ils
auront été instruits, car le secret est la moindre
reconnaissance qu’ils lui doivent ; et celui-ci même ne
le permettra pas aisément, mais seulement à ceux
qu’il en trouvera dignes.
143
Il serait facile en rapprochant chacun des articles
de cette Confédération avec ceux qui sont contenus
aux Règlements Généraux de la Franc-Maçonnerie, de
faire voir la partie la plus suivie, et de prouver qu’en
effet, comme il a été dit, les statuts des Maçons
semblent avoir été calqués sur ceux des Philosophes ;
d’où l’on conclurait avec assez de vraisemblance, que
le but physique est peut-être le but essentiel de notre
Association première. Mais cette vérité est une de
celles qu’il faut seulement laisser apercevoir au
lecteur sans préjugé. Aussi ne ferons-nous aucun
effort pour y donner du crédit, nous passerons sans
intervalle au Catéchisme instructif des Philosophes,
tel qu’il a été annoncé à l’Introduction.
144
CHAPITRE IX : CATÉCHISME
145
visiblement, car ce n’est qu’un esprit volatil, qui fait
son office dans les corps, et qui est animé par l’esprit
universel, que nous connaissons en Maçonnerie
vulgaire sous le respectable emblème de l’Étoile
Flamboyante.
D -Que représente-t-elle positivement ?
R -Le soufre divin, le feu central et universel, qui
vivifie tout ce qui existe.
D -Quelles qualités doivent avoir les scrutateurs de
la Nature ?
R -Ils doivent être tels que la Nature elle-même,
c’est-à-dire vrais, simples, patients et constants, ce
sont les caractères essentiels qui distinguent les bons
Maçons ; et lorsque l’on inspire déjà ces sentiments
au candidat dans les premières initiations, on les
prépare d’avance à l’acquit des qualités nécessaires
pour la classe philosophique.
D -Quelle attention doivent-ils avoir ensuite ?
R -Les Philosophes doivent considérer exactement,
si ce qu’ils se proposent est selon la Nature, s’il est
possible et faisable, car, s’ils veulent faire quelque
chose comme le fait la Nature, ils doivent la suivre en
tout point.
D -Quelle route faudrait-il tenir pour opérer quelque
chose de plus excellent que la Nature ne l’a faite ?
R -On doit regarder en quoi, et par quoi, elle
s’améliore, et on trouvera que c’est toujours avec son
semblable, par exemple : si l’on veut étendre la vertu
intrinsèque de quelque métal plus outre que la
Nature, il faut alors saisir la Nature métallique elle-
même, et savoir distinguer le mâle et la femelle en
ladite Nature.
D -Où contient-elle ses semences ?
R -Dans les quatre éléments.
D -Avec quoi le Philosophe peut-il produire quelque
chose ?
146
R -Avec le germe de ladite chose, qui en est l’élixir
ou la quintessence, beaucoup meilleure et plus utile à
l’Artiste que la Nature même. Ainsi, d’abord que le
Philosophe aura obtenu cette semence ou le germe, la
Nature, pour le seconder, sera prête à faire son devoir.
D -Qu’est-ce que le germe ou la semence de
quelque chose ?
R -C’est la plus accomplie et la plus parfaite
décoction et digestion de la chose même. Ou plutôt,
c’est le baume du soufre qui est la même chose que
l’humide radical dans les métaux.
D -Qui engendre cette semence ou ce germe ?
R -Les quatre éléments, par la volonté de l’Être
Suprême et l’imagination de la Nature.
D-Comment opèrent les quatre éléments ?
R -Par un mouvement infatigable et continu, chacun
d’eux selon sa qualité jetant leurs semences au centre
de la terre où elle est recuite et digérée ; ensuite
repoussée au dehors par les lois du mouvement.
D -Qu’entendent les Philosophes par le centre de la
terre ?
R -Un certain lieu vide qu’ils conçoivent, et où rien
ne peut reposer.
D -Où les quatre éléments jettent-ils et déposent-ils
donc leurs qualités ou semences ?
R -Dans le centre, ou la marger et circonférence du
centre, qui, après qu’il en a pris une due portion,
rejette le surplus au dehors, d’où se forment les
excréments, les scories, les feux, et même les pierres
de la Nature, de cette pierre brute, emblème du
premier état maçonnique.
D -Expliquez-moi cette doctrine par un exemple.
R -Soit donnée une table bien unie, et sur icelle, en
son milieu, dûment assis et posé un vase quelconque,
rempli d’eau ; que dans son contour on place ensuite
plusieurs choses de diverses couleurs, entre autres
147
qu’il y ait particulièrement du sel ; en observant que
chacune de ces choses soit bien divisée et mises
séparément, puis après que l’on verse de l’eau au
milieu, on la verra couler de ça et de là ; ce petit
ruisseau, venant à rencontrer la couleur rouge,
prendra la teinte rouge. L’autre passant par le sel
contractera de la salaison ; car il est certain que l’eau
ne change point les lieux, mais que la diversité des
lieux change la nature de l’eau. De même, la semence
jetée par les quatre éléments au centre de la terre
contracte différentes modifications, parce qu’elle
passe par différents lieux, rameaux, canaux ou
conduits, de sorte que chaque chose naît suivant la
diversité des lieux, et la semence de la chose
provenant à tel endroit, on rencontrerait la terre et
l’eau pure, il en résultera une chose pure, ainsi du
contraire.
D -Comment et en quelle façon les éléments
engendrent-ils cette semence ?
R -Pour bien comprendre cette doctrine, il faut
noter que deux éléments sont graves et pesants, et les
deux autres légers ; deux secs et deux humides,
toutefois l’un extrêmement sec et l’autre extrêmement
humide, et en outre sont féminin et masculin. Or,
chacun d’eux est très prompt à produire choses
semblables à soi, en sa sphère ; ces quatre éléments
ne reposent jamais, mais ils agissent continuellement
l’un et l’autre, et chacun pousse de soi et par soi, ce
qu’il y a de plus subtil ; ils ont leur rendez-vous
général au centre, et dans ce centre même de
l’Archée, ce serviteur de la Nature, où venant à y
mêler leurs semences, ils les agitent et les jettent
ensuite au dehors. On pourra voir ce procédé de la
Nature, et le connaître beaucoup plus distinctement
dans les grades sublimes qui suivent celui-ci.
D -Quelle est la vraie et première matière des
148
métaux ?
R -La première matière proprement dite est la
double essence, ou double par elle-même ; néanmoins
l’une, sans le concours de l’autre, ne crée point un
métal ; la première et la principale est une humidité
de l’air, mêlée avec un air chaud, en forme d’une eau
grasse, adhérente à chaque chose, pour pure ou
impure qu’elle soit.
D -Comment les Philosophes ont-ils nommé cette
humidité ?
R -Mercure.
D -Par qui est-il gouverné ?
R -Par les rayons du Soleil et de la Lune.
D -Quelle est la seconde matière ?
R -C’est la chaleur de la terre, c’est-à-dire une
chaleur sèche que les Philosophes appellent soufre.
D -Tout le corps de la matière se convertit-il en
semence ?
R -Non, mais seulement la huit-centième partie qui
repose au centre du même corps, ainsi qu’on peut le
voir dans l’exemple d’un grain de froment.
D -De quoi sert le corps de la matière, relativement
à la semence ?
R -Pour la préserver de toute excessive chaleur,
froideur, humidité ou sécheresse, et généralement
toute intempérie nuisible contre lesquelles la matière
lui sert d’enveloppe.
D -L’artiste qui prétendrait réduire tout le corps de
la matière en semence, en supposant qu’il y pût
réussir, y trouverait-il en effet quelque avantage ?
R -Aucun ; au contraire, son travail deviendrait
alors absolument inutile, parce que l’on ne peut rien
faire de bien, sitôt que l’on s’écarte du procédé de la
Nature.
D -Que faut-il donc qu’il fasse ?
R -Il faut qu’il dégage la matière de toutes ses
149
impuretés ; car il n’y a point de métal si pur qu’il soit
qui n’ait ses impuretés, l’un toutefois plus ou moins
que l’autre.
D -Comment figurons-nous dans la Maçonnerie, la
nécessité absolue et préparatoire de cette dépuration
ou purification ?
R -Lors de la première initiation du candidat au
grade d’apprentif, quand on le dépouille de tous
métaux et minéraux, et que d’une façon décente on lui
ôte une partie de ses vêtements, ce qui est analogue
avec superfluités, surfaces ou scories, dont il faut
dépouiller la matière pour trouver la semence.
D -À quoi le Philosophe doit-il donc faire le plus
d’attention ?
R -Au point de la Nature, il ne doit pas le chercher
dans les métaux vulgaires, parce qu’étant déjà sorti
des mains de la Nature formatrice, il n’est plus en
eux.
D -Quelle en est la raison précise ?
R -C’est parce que les métaux du vulgaire,
principalement l’or, sont absolument morts ; au lieu
que les nôtres au contraire sont absolument vifs, et
ont esprit.
D -Quelle est la vie des métaux ?
R -Elle n’est autre chose que le feu, lorsqu’ils sont
encore couchés dans la mine.
D -Quelle est leur mort ?
R -Leur mort et leur vie sont un même principe,
puisqu’ils meurent également par le feu, mais un feu
de fusion.
D -De quelle façon les métaux sont-ils engendrés
dans les entrailles de la terre ?
R -Après que les quatre éléments ont produit leurs
forces ou leurs vertus dans le centre de la terre, et
qu’ils y ont déposé leurs semences, l’Archée de la
Nature, en les distillant, les sublimise à la superficie,
150
par la chaleur et l’action d’un mouvement perpétuel.
D -Le vent, en se distillant par les pores de la terre,
en quoi se résout-il ?
R -Il se résout en eau, de laquelle naissent toutes
choses, et ce n’est plus alors qu’une vapeur humide,
de laquelle vapeur se forme ensuite le principe
principié de toute chose, et qui sert de matière
première aux Philosophes.
D -Quel est donc ce principe principié servant de
première matière aux Enfants de la Science, dans
l’Œuvre philosophique ?
R -Ce sera cette même matière, laquelle aussitôt
qu’elle est connue ne peut absolument plus changer
de forme.
D -Saturne, Jupiter, Mars, Vénus, le Soleil, la Lune,
etc., ont-ils chacun des semences différentes ?
R -Ils ont tous une même semence, mais le lieu de
leurs naissances a été la cause de cette différence,
encore bien que la Nature ait bien plutôt achevé son
œuvre, en la procréation de l’argent, qu’en celle de
l’or, ainsi des autres.
D -Comment se forme l’or dans les entrailles de la
terre ?
R -Quand cette vapeur que nous avons dite est
sublimisée au centre de la terre, et qu’elle passe par
des lieux chauds et purs, et où une certaine graisse de
soufre adhère aux parois, alors cette vapeur que les
Philosophes appellent leur Mercure s’accommode et
se joint à cette graisse qu’elle sublimise après avec
soi ; et de ce mélange résulte une certaine onctuosité
qui, laissant ce nom de vapeur, prend alors celui de
graisse, et venant après à se sublimiser en d’autres
lieux qui ont été nettoyés par la vapeur précédente, et
auxquels la terre est plus subtile, pure et humide, elle
remplit les pores de cette terre, se joint à elle, et c’est
alors ce qui produit l’or.
151
D -Comment s’engendre Saturne ?
R -Quand cette onctuosité ou graisse parvient à des
lieux totalement impurs et froids.
D -Comment cette définition se trouve-t-elle au
noviciat ?
R -Par l’explication du mot profane qui supplée au
nom de Saturne, mais que nous appliquons
effectivement à tout ce qui réside en lieu impur et
froid, ce qui est marqué par l’allégorie du monde, du
siècle et de ses imperfections.
D -Comment désignons-nous l’Œuvre et l’or ?
R -Par l’image d’un chef-d’œuvre d’architecture
dont au détail nous peignons la magnificence tout
éclatante d’or et de métaux précieux.
D -Comment s’engendre Vénus ?
R -Elle s’engendre alors que la terre est pure, mais
mêlée de soufre impur.
D -Quel pouvoir a cette vapeur au centre de la
terre ?
R -De subtiliser toujours par son continuel progrès
tout ce qui est cru et impur, attirant successivement
avec soi ce qui est pur.
D -Quelle est la semence de la première matière de
toutes choses ?
R -La première de toutes choses, c’est-à-dire la
matière des principes principiants, naît par la Nature,
sans le secours d’aucunes semences, c’est-à-dire que
la Nature reçoit la matière des éléments, de laquelle
elle engendre ensuite la semence.
D -Quelle est donc, absolument parlant, la semence
des choses ?
R -La semence en un corps n’est autre qu’un air
congelé, ou une vapeur humide, laquelle si elle n’est
résolue par une vapeur chaude, devient tout à fait
inutile.
D -Comment la génération de la semence se
152
renferme-t-elle dans le règne métallique ?
R -Par l’artifice de l’Archée, les quatre éléments en
la première génération de la Nature distillent au
centre de la terre une vapeur d’eau pondéreuse, qui
est la semence des métaux et s’appelle mercure ; non
à cause de son essence, mais à cause de sa fluidité et
facile adhérence à chaque chose.
D -Pourquoi cette vapeur est-elle comparée au
soufre ?
R -À cause de sa chaleur interne.
D -Que devient la semence après la congélation ?
R -Elle devient l’humide radical de la matière.
D -De quel mercure doit-on entendre que les
métaux sont composés ?
R -Cela s’entend absolument du mercure des
Philosophes, et aucunement du mercure commun ou
vulgaire, qui ne peut être une semence, ayant lui-
même en soi sa semence, comme les autres métaux.
D -Que faut-il donc prendre précisément pour le
sujet de notre matière ?
R -On doit prendre la semence seule, ou grain fixe,
et non pas le corps entier, qui est distingué en mâle
vif, c’est-à-dire soufre, et femelle vive, c’est-à-dire
mercure.
D -Quelle opération faut-il faire ensuite ?
R -On doit les joindre ensemble, afin qu’ils puissent
former un germe d’où ensuite ils arrivent à procréer
un fruit de leur nature.
D -Qu’entend donc de faire l’Artiste dans cette
opération ?
R -L’Artiste n’entend faire autre chose, sinon
séparer ce qui est subtil de ce qui est épais.
D -À quoi se réduit conséquemment toute la
combinaison philosophique ?
R -Elle se réduit à faire d’un, deux. Et de deux, un.
Et rien de plus.
153
D -Y a-t-il dans la Maçonnerie quelque analogie qui
indique cette opération ?
R -Elle est suffisamment sensible à tout esprit qui
voudra réfléchir, en s’arrêtant sur le nombre
mystérieux de trois, sur lequel roule essentiellement
toute la science maçonnique.
D -Où se trouvent la semence et la vie des métaux
et des minéraux ?
R -La semence des métaux et des minéraux est
proprement l’eau qui se trouve au centre et au cœur
du minéral.
D -Comment la Nature opère-t-elle par les secours
de l’Art ?
R -Toute semence, quelle qu’elle soit, est de nulle
valeur si, par l’Art ou par la Nature, elle n’est mise en
une matrice convenable, où elle reçoit sa vie en
faisant pourrir le germe et causant la congélation du
point pur ou grain fixe.
D -Comment la semence est-elle ensuite nourrie et
conservée ?
R -Par la chaleur de son corps.
D -Que fait donc l’Artiste dans le règne minéral ?
R -Il achève ce que la Nature ne peut finir à cause
de la crudité de l’air, qui, par sa violence, a rempli les
pores de chaque corps, non dans les entrailles de la
terre, mais dans la superficie.
D -Quelle correspondance ont les métaux entre
eux ?
R -Pour bien entendre cette correspondance, il faut
considérer la position des planètes, et faire attention
que Saturne est le plus haut de tous, auquel succède
Jupiter, puis Mars, le Soleil, Vénus, Mercure, et enfin
la Lune. Il faut observer que les vertus des planètes
ne montent pas, mais qu’elles descendent, et
l’expérience nous apprend que Mars se convertit
facilement en Vénus, et non pas Vénus en Mars :
154
comme étant plus basse d’une sphère. Ainsi Jupiter se
transmue aisément en Mercure, parce que Jupiter est
plus haut que Mercure ; celui-là est le second après le
firmament, celui-ci est le second au-dessus de la terre,
et Saturne, le plus haut, la Lune, la plus basse. Le
Soleil se mêle avec tous, mais il n’est jamais amélioré
par les inférieurs ; on voit clairement qu’il y a une
grande correspondance entre Saturne et la Lune, au
milieu desquels est le Soleil. Mais à tous ces
changements le Philosophe doit tâcher d’administrer
du Soleil.
D -Quand les Philosophes parlent de l’or ou de
l’argent, d’où ils extraient leurs matières, entendent-
ils parler de l’or ou de l’argent vulgaire ?
R -Non, parce que l’or et l’argent vulgaires sont
morts, tandis que ceux des Philosophes sont pleins de
vie.
D -Quel est l’objet de la recherche des Maçons ?
R -C’est la connaissance de l’art de perfectionner ce
que la Nature a laissé imparfait dans le genre humain,
et d’arriver au trésor de la vraie morale.
D -Quel est l’objet de la recherche des Philosophes ?
R -C’est la connaissance de l’art de perfectionner ce
que la Nature a laissé imparfait dans le genre minéral,
et d’arriver au trésor de la Pierre Philosophale.
D -Qu’est-ce que cette Pierre ?
R -La Pierre Philosophale n’est autre chose que
l’humide radical des éléments, parfaitement purifié et
amené à une certaine fixité ; ce qui fait qu’elle opère
de si grandes choses pour la santé, la vie résidant
uniquement dans l’humide radical.
D -En quoi consiste le secret de faire cet admirable
Œuvre ?
R -Ce secret consiste à savoir tirer de puissance en
acte le chaud inné, ou feu de la Nature renfermé dans
le centre de l’humide radical.
155
D -Quelles sont les précautions qu’il faut prendre
pour ne pas manquer l’Œuvre ?
R-Il faut avoir grand soin d’ôter les excréments de
la matière et ne songer qu’à avoir le noyau, ou le
centre, que renferme toute la vertu du mixte.
D -Pourquoi cette médecine guérit-elle toutes sortes
de maux ?
R -Cette médecine a la vertu de guérir toutes sortes
de maux, non pas à raison de ses qualités différentes,
mais en tant seulement qu’elle fortifie puissamment la
chaleur naturelle, laquelle elle excite doucement, au
lieu que les autres remèdes l’irritent par un
mouvement trop violent.
D -Comment me prouverez-vous la vérité de l’art à
l’égard de la teinture ?
R -Cette vérité est fondée principalement sur ce que
la poudre physique, étant faite de la même matière
dont sont formés les métaux, à savoir l’argent-vif, elle
a la faculté de se mêler avec eux dans la fusion, une
nature embrassant aisément une autre nature qui leur
est semblable. Secondement, sur ce que les métaux
imparfaits n’étant tels que parce que leur argent-vif
est cru, la poudre physique, qui est un argent-vif mûr
et cuit, et proprement un pur feu, leur peut aisément
communiquer la maturité et les transmuer en sa
manière, après avoir fait attraction de leur humide
cru, c’est-à-dire de leur argent-vif, qui est la seule
substance qui se transmue, le reste n’étant que des
scories et des excréments qui sont rejetés dans la
projection.
D -Quelle route doit suivre le Philosophe, pour
parvenir à la connaissance et à l’exécution de l’Œuvre
philosophique ?
R -La même route que celle que le Grand Architecte
de l’Univers employa à la création du monde, en
observant comment le chaos fut débrouillé.
156
D -Quelle était la matière du chaos ?
R -Ce ne pouvait être qu’une vapeur humide, parce
qu’il n’y a que l’eau, entre les substances créées, qui
se termine par un terme étranger et qui soit un
véritable sujet pour recevoir les formes.
D -Donnez-moi un exemple de ce que vous venez de
dire.
R -Cet exemple peut se prendre des productions
particulières des mixtes, dont les semences
commencent toujours par se résoudre en une certaine
humeur, qui est le chaos particulier duquel ensuite se
tire comme par irradiation toute la forme de la plante.
D’ailleurs, il faut observer que l’Écriture ne fait
mention en aucun endroit que de l’eau pour sujet
matériel, sur lequel l’Esprit de Dieu était porté et la
lumière pour forme universelle.
D -Quel avantage le Philosophe peut-il tirer de cette
réflexion, et que doit-il particulièrement remarquer
dans la manière dont l’Être Suprême créa le monde ?
R -D’abord il observera la matière dont le monde a
été créé ; il verra que de cette masse confuse, le
Souverain Artiste commença par faire l’extraction de
la lumière, qui dans le même instant dissipa les
ténèbres qui couvraient la surface de la terre, pour
servir de forme universelle à la matière. Il concevra
ensuite facilement que dans la génération de tous les
mixtes, il se fait une espèce d’irradiation et une
séparation de la lumière d’avec les ténèbres, en quoi
la Nature est perpétuellement imitatrice de son
Créateur. Le Philosophe comprendra pareillement,
comme par l’action de cette lumière se fit l’étendue,
ou autrement, le firmament, séparateur des eaux
d’avec les eaux. Le ciel fut ensuite orné de corps
lumineux, mais les choses supérieures étant trop
éloignées des inférieures, il fut besoin de créer la
Lune, comme flambeau intermédiaire entre le haut et
157
le bas, laquelle, après avoir reçu les influences
célestes, les communique à la Terre. Le Créateur,
rassemblant ensuite les eaux, fit apparaître le sec.
D -Combien y a-t-il de cieux ?
R -Il n’y en a proprement qu’un, à savoir le
firmament séparateur des eaux d’avec les eaux.
Cependant on en admet trois : le premier qui est
depuis le dessus des nues, où les eaux raréfiées
s’arrêtent et retombent jusqu’aux étoiles fixes, et dans
cet espace sont les planètes et les étoiles errantes. Le
second est le lieu même des étoiles fixes. Le troisième
est le lieu des eaux surcélestes.
D -Pourquoi la raréfaction des eaux se termine-t-elle
au premier ciel, et ne monte-t-elle pas au-delà ?
R -Parce que la nature des choses raréfiées est de
s’élever toujours en haut, et parce que Dieu, dans ses
lois éternelles, a assigné à chaque chose sa propre
sphère.
D -Pourquoi chaque corps céleste tourne-t-il
invariablement comme autour d’un axe sans décliner ?
R -Cela ne vient que du premier mouvement qui lui
a été imprimé, de même qu’une masse pesante, mise
en ballant et attachée à un simple fil, tournerait
toujours également si le mouvement était toujours
égal.
D -Pourquoi les eaux supérieures ne mouillent-elles
point ?
R -À cause de leur extrême raréfaction ; c’est ainsi
qu’un savant chymiste peut tirer plus d’avantages de
la science de la raréfaction que de toute autre.
D -De quelle matière est composé le firmament ou
l’étendue ?
R -Le firmament est proprement l’air, dont la nature
est beaucoup plus convenable à la lumière que l’eau.
D -Après avoir séparé les eaux du sec et de la terre,
que fit le Créateur pour donner lieu aux générations ?
158
R -Il créa une lumière particulière destinée à cet
office, laquelle il plaça dans le feu central, et tempéra
ce feu par l’humidité de l’eau et la froideur de la terre,
afin de réprimer son action, et que la chaleur fût plus
convenable au dessein de son auteur.
D -Quelle est l’action de ce feu central ?
R -Il agit continuellement sur la matière humide qui
lui est la plus voisine, dont il fait élever une vapeur
qui est le mercure de la Nature et la première matière
des trois règnes.
D -Comment se forme ensuite le soufre de la
Nature ?
R -Par la double action, ou plutôt réaction, de ce feu
central sur la vapeur mercurielle.
D -Comment se fait le sel marin ?
R -Il se forme par l’action de ce même feu sur
l’humide aqueux lorsque l’humidité aérienne qui y est
renfermée vient à s’exhaler.
D -Que doit faire un Philosophe vraiment sage,
lorsqu’une fois il a bien compris le fondement de
l’ordre qu’observa le Grand Architecte de l’Univers
pour la construction de tout ce qui existe dans la
Nature ?
R -Il doit être, autant qu’il se peut, un copiste fidèle
de son Créateur dans son Œuvre physique ; il doit
faire son chaos, tel qu’il fut effectivement, séparer la
lumière des ténèbres, former son firmament, séparer
les eaux d’avec les eaux, et accomplir enfin
parfaitement, en suivant la marche indiquée, tout
l’ouvrage de la Création.
D -Avec quoi fait-on cette grande et sublime
opération ?
R -Avec un seul corpuscule ou petit corps, qui ne
contient, pour ainsi dire, que fèces, saletés,
abominations, duquel on extrait une certaine humidité
ténébreuse et mercurielle qui comprend en soi tout ce
159
qui est nécessaire au Philosophe, parce qu’il ne
cherche en effet que le vrai mercure.
D -De quel mercure doit-il donc se servir pour
l’Œuvre ?
R -D’un mercure qui ne se trouve point tel sur la
terre, mais qui est extrait des corps, et nullement du
mercure vulgaire, comme il a été dit.
D -Pourquoi ce dernier n’est-il pas le plus propre à
notre Œuvre ?
R -Parce que le sage Artiste doit faire attention que
le mercure vulgaire ne contienne pas en soi la
quantité suffisante de soufre, et que, par conséquent,
il doit travailler sur un corps créé par la Nature, dans
lequel elle aura joint ensemble le soufre et le mercure,
lesquels l’Artiste doit séparer.
D -Que doit-il faire ensuite ?
R -Les purifier et les rejoindre derechef.
D -Comment appelez-vous corps-là ?
R -Pierre brute, ou chaos, ou illiaste, ou hyle.
D -Est-ce la même pierre brute dont le symbole
décore nos premiers grades ?
R -Oui, c’est la même que les Maçons travaillent à
dégrossir, et dont ils cherchent à ôter les superfluités ;
cette pierre brute est pour ainsi dire une portion du
premier chaos ou masse confuse, connue mais
méprisée d’un chacun.
D -Puisque vous me dîtes que le mercure est la
seule chose que le Philosophe doit connaître, pour ne
pas s’y méprendre, donnez-m’en une description
circonstanciée.
R -Notre mercure, eu égard à sa nature, est double,
fixe et volatil ; eu égard à son mouvement, il est
double aussi, puisqu’il a un mouvement d’ascension et
un de descension. Par celui de descension, c’est
l’influence des planètes par laquelle il réveille le feu
de la Nature assoupie, et c’est son premier office
160
avant sa congélation ; par le mouvement d’ascension,
il s’élève pour se purifier, et comme c’est après sa
congélation, il est considéré alors comme l’humide
radical des choses, lequel sous de viles scories ne
laisse pas de conserver la noblesse de sa première
origine.
D -Combien compte-t-on d’humides dans chaque
composé ?
R -Il y en a trois : 1) l’Élémentaire, qui n’est
proprement que le vase des deux autres éléments ; 2)
le Radical, qui est proprement l’huile ou le baume
dans lequel réside toute la vertu sujet ; 3)
l’Alimentaire, c’est le véritable dissolvant de la
Nature, excitant le feu interne, assoupi, causant par
son humidité la corruption et la noirceur, en
entretenant et alimentant le sujet.
D -Combien les Philosophes ont-ils de sortes de
mercure ?
R -Le mercure des Philosophes peut se considérer
sous quatre égards : au premier, on l’appelle le
mercure des corps, c’est précisément la semence
cachée ; au deuxième, le mercure de la Nature, c’est
le bain ou vase des Philosophes, autrement dit
l’humide radical ; au troisième, le mercure des
Philosophes, parce qu’il se trouve dans leurs
boutiques et dans leurs minières, c’est la sphère de
Saturne, c’est leur Diane, c’est le vrai sel des métaux,
après lequel, lorsqu’on l’a acquis, commence
seulement le véritable Œuvre philosophique ; au
quatrième égard, on l’appelle le mercure commun, à
cause qu’il est commun à toutes les minières, qu’en
lui consiste la substance des métaux, et que c’est de
lui qu’ils tirent leurs quantité et qualité.
D -Pourquoi les Maçons ont-ils les nombres impairs
et nommément le septénaire en vénération ?
R -Parce que la Nature qui se plaît en ses propres
161
nombres est satisfaite du nombre mystérieux de sept,
surtout dans les choses subalternes ou qui dépendent
du globe lunaire, la lune nous faisant voir
sensiblement un nombre infini d’altérations et de
vicissitudes dans ce nombre septénaire.
D -Combien y a-t-il d’opérations dans notre Œuvre ?
R -Il n’y en a qu’une seule, qui se réduit à la
sublimation, qui n’est autre chose, selon Geber, que
l’élévation de la chose sèche par le moyen du feu,
avec adhérence à son propre vase.
D -Quelles précautions doit-on prendre en lisant les
Philosophes hermétiques ?
R -Il faut surtout avoir grand soin de ne pas prendre
ce qu’ils disent au pied de la lettre et suivant le son
des mots ; car la lettre tue, et l’esprit vivifie.
D -Quels livres doit-on lire pour parvenir à la
connaissance de notre science ?
R-Entre les Anciens, il faut lire tout
particulièrement tous les ouvrages d’Hermès, ensuite
un certain livre intitulé Le Passage de la mer Rouge,
et un autre appelé L’Abord de la Terre promise. Parmi
les Anciens, il faut lire surtout Paracelse, et, entre
autres, son Sentier Chymique, ou Manuel de
Paracelse, qui contient tous les mystères de la
physique démonstrative et de la plus secrète cabale ;
ce livre manuscrit, précieux et original, ne se trouve
que dans la Bibliothèque du Vatican, mais Sendivogius
a eu le bonheur d’en tirer une copie, qui a servi à
éclairer quelques-uns des Sages de notre Ordre. 2) Il
faut lire Raimond Lulle, et surtout son Vade-Mecum,
son dialogue appelé Lignum Vitae, son Testament et
son Codicille, mais on sera en garde contre ces deux
derniers ouvrages, parce qu’ainsi ceux de Geber, ils
sont remplis de fausses recettes, de fictions inutiles et
d’erreurs sans nombres, ainsi que les ouvrages
d’Arnaud de Villeneuve, leur but en cela ayant été,
162
suivant toutes les apparences, de déguiser davantage
la vérité aux ignorants. 3) La Turba Philosophorum,
qui n’est qu’un ramas d’anciens auteurs, contient une
partie assez bonne, quoiqu’il y ait beaucoup de choses
sans valeur. 4) Entre les auteurs du Moyen Âge, on
doit estimer Zacharie, Trévisan, Roger Bacon, et un
certain Anonyme, dont le livre a pour titre Des
Philosophes. Parmi les auteurs modernes, on doit faire
cas de Jean Fabre, François de nation, et d’Espagnet ,
ou l’auteur de la Physique Restituée, quoiqu’à dire
vrai, il ait mêlé dans son livre quelques faux préceptes
et des sentiments erronés.
D -Quand un Philosophe peut-il risquer
d’entreprendre l’Œuvre ?
R -Lorsqu’il saura par théorie tirer d’un corps
dissous par le moyen d’un esprit cru, un esprit
digeste, lequel il faudra derechef rejoindre à l’huile
vitale.
D -Expliquez-moi cette théorie plus clairement.
R -Pour rendre la chose plus sensible, en voici le
procédé : ce sera lorsque le Philosophe saura par le
moyen d’un menstrue végétal, uni au minéral,
dissoudre un troisième menstrue essentiel, avec
lesquels réunis il faut laver la terre et l’exalter ensuite
en quintessence céleste, pour en composer leur
foudre sulfureux, lequel dans un instant pénètre les
corps et détruit leurs excréments.
D -Comment donnons-nous dans nos éléments
maçonniques les rudiments de cette quintessence
céleste ?
R -Par le symbole de l’Étoile Flamboyante, que nous
disons feu central et vivificateur.
D -Ceux qui prétendent se servir d’or vulgaire pour
la semence et du mercure vulgaire pour le dissolvant
ou pour la terre dans laquelle il doit être semé, ont-ils
une parfaite connaissance de la Nature ?
163
R -Non vraiment, parce que ni l’un ni l’autre n’ont
en eux l’agent externe : l’or pour en avoir été
dépouillé par la décoction, et le mercure, pour n’en
avoir jamais eu.
D -En cherchant cette semence aurifique ailleurs
que dans l’or même, ne risque-t-on pas de produire
une espèce de monstre, puisqu’il paraît que l’on
s’écarte de la Nature ?
R -Il est sans aucun doute que dans l’or est
contenue la semence aurifique, et même plus
parfaitement qu’en aucun autre corps, mais cela ne
nous oblige pas à nous servir de l’or vulgaire, car
cette semence se trouve pareillement en chacun des
autres métaux ; et ce n’est autre chose que ce grain
fixe que la Nature a introduit dans la première
congélation du mercure, tous les métaux ayant une
même origine et une matière commune, ainsi que les
reconnaîtront parfaitement, au grade suivant, ceux
qui se rendront dignes de le recevoir par leur
application et une étude assidue.
D -Que s’ensuit-il de cette doctrine ?
R -Elle nous enseigne que, quoique la semence soit
plus parfaite dans l’or, toutefois elle se peut extraire
bien plus aisément d’un autre corps que de l’or même.
La raison en est que les autres corps sont bien plus
ouverts, c’est-à-dire moins digérés, et leur humidité
moins terminée.
D -Donnez-moi un exemple pris dans la Nature.
R -L’or vulgaire ressemble à un fruit, lequel,
parvenu à une parfaite maturité, a été séparé de
l’arbre ; et quoiqu’il y ait en lui une semence très
parfaite et très digeste, néanmoins si quelqu’un, pour
le multiplier, le mettait en terre, il faudrait beaucoup
de temps, de peines, de soins, pour le conduire
jusqu’à la végétation ; mais si au lieu de cela on
prenait une greffe ou une racine du même arbre et
164
qu’on la mît en terre, on la verrait, en peu de temps et
sans peine, végéter et rapporter beaucoup de fruits.
D -Est-il nécessaire à un amateur de cette science
de connaître la formation des métaux dans les
entrailles de la terre pour parvenir à former son
Œuvre ?
R -Cette connaissance est tellement nécessaire que
si, avant toute autre étude, on ne s’y appliquait pas, et
que l’on ne cherchait pas à imiter la Nature en tous
points, jamais on ne pourrait arriver à rien faire de
bon.
D -Comment la Nature forme-t-elle donc les métaux
dans les entrailles de la terre, et de quoi les compose-
t-elle ?
R -La Nature les compose tous de soufre et de
mercure et les forme par leur double vapeur.
D -Qu’entendez-vous par cette double vapeur, et
comment par cette double vapeur les métaux peuvent-
ils être formés ?
R -Pour bien entendre cette réponse, il faut savoir
d’abord que la vapeur mercurielle unie à la vapeur
sulfureuse en un lieu caverneux où se trouve une eau
salée qui leur sert de matrice ; il se forme
premièrement le vitriol de nature ; secondement, de
ce vitriol de nature, par la commotion des éléments,
s’élève une double vapeur, qui n’est ni mercurielle ni
sulfureuse, mais qui tient des deux natures, laquelle
arrivant en des lieux où adhère la graisse du soufre,
s’unit avec elle, et de leur union se forme une
substance glutineuse ou masse informe, sur laquelle
la vapeur répandue en ces lieux caverneux, agissant
par le moyen du soufre qu’elle contient en elle, il en
résulte des métaux parfaits, si le lieu et la vapeur sont
purs ; si au contraire le lieu et la vapeur sont impurs,
ils sont dits imparfaits ou non parfaits, pour n’avoir
pas reçu leur entière perfection par la coction.
165
D -Que contient en soi cette vapeur ?
R -Elle contient un esprit de lumière et de feu de la
nature des corps célestes, lequel doit être proprement
considéré comme la forme de l’univers.
D -Que représente cette vapeur ?
R -Cette vapeur ainsi imprégnée de l’esprit
universel, qui n’est autre chose que la véritable Étoile
Flamboyante, représente assez bien le premier chaos,
dans lequel se trouvait renfermé tout ce qui était
nécessaire à la Création, c’est-à-dire la matière et la
forme universelle.
D -Ne peut-on pas aussi employer l’argent-vif
vulgaire dans ce procédé ?
R -Non, parce que, comme il a déjà été dit, l’argent-
vif vulgaire n’a pas avec lui l’agent externe.
D -Comment cela est-il désigné en Maçonnerie ?
R -Par le mot de vulgaire ou profane, en nommant
tel ou tel sujet qui n’est pas propre à l’Œuvre
maçonnique. C’est dans ce sens qu’il faut entendre le
couplet « Vous qui du vulgaire stupide, etc. » Il est
appelé stupide, parce qu’il n’a pas de vie en soi.
D -D’où provient que l’argent-vif vulgaire n’a pas
avec lui son agent externe ?
R -De ce que lors de l’élévation de la double vapeur,
la commotion est si grande et si subite, qu’elle fait
évaporer l’esprit ou l’agent, à peu près comme il
arrive dans la fusion des métaux ; de sorte que la
seule partie mercurielle reste privée de son mâle ou
agent sulfureux, ce qui fait qu’elle ne peut jamais être
transmuée en or par la Nature.
D -Combien de sortes d’or distinguent les
Philosophes ?
R -Trois sortes : l’or astral, l’or élémentaire, et l’or
vulgaire.
D.Qu’est-ce que l’or astral ?
R -L’or astral a son centre dans le Soleil, qui le
166
communique par ses rayons en même temps que sa
lumière, à tous les êtres qui lui sont inférieurs : c’est
une substance ignée et qui reçoit une continuelle
émanation des corpuscules solaires, qui pénètre tout
ce qui est sensitif, végétatif et minéral.
D -Est-ce dans ce sens qu’il faut considérer le Soleil,
peint au tableau des premiers grades de l’Ordre ?
R -Sans difficultés ; toutes les autres interprétations
sont des voiles pour déguiser au candidat les vérités
philosophiques qu’il ne doit point apercevoir du
premier coup d’œil, et sur lesquels il faut que son
esprit et ses méditations s’exercent.
D -Qu’entendez-vous par l’or élémentaire ?
R -C’est la plus pure et la plus fixe portion des
éléments et de toutes les substances qui en sont
composées, de sorte que tous les êtres sublunaires
des trois genres contiennent dans leur centre un
précieux grain de cet or élémentaire.
D -Comment est-il figuré chez nos Frères les
Maçons ?
R -Ainsi que le Soleil au tableau indique l’or astral,
la Lune signifie son règne sur tous les corps
sublunaires qui lui sont subjacents, contenant en leur
centre le grain fixe de l’or élémentaire.
D -Expliquez-moi l’or vulgaire.
R -C’est le plus beau métal que nous voyons et que
la Nature puisse produire, aussi parfait en soi
qu’inaltérable.
D -Où trouve-t-on sa désignation au symbole de l’Art
Royal ?
R -Dans les trois médailles, etc. Le triangle, le
compas et tous les autres bijoux ou instruments
représentatifs, comme d’or pur.
D -De quelle espèce d’or est la Pierre des
Philosophes ?
R -Elle est la seconde espèce, comme étant la plus
167
pure portion de tous les éléments métalliques, après
sa purification, et alors il est appelé or-vif
philosophique.
D -Que signifie le nombre 4 adopté dans le grand
Écossisme de Saint-André d’Écosse, le complément
des progressions maçonniques ?
R -Outre le parfait équilibre et la parfaite égalité
des 4 éléments dans la pierre physique, il signifie 4
choses qu’il faut nécessairement pour
l’accomplissement de l’Œuvre, qui sont : composition,
altération, mixtion, et union. Lesquelles une fois faites
dans les règles de l’art, donneront le fils légitime du
Soleil, et produiront le Phénix toujours renaissant de
ses cendres.
D -Qu’est-ce que c’est proprement que l’or-vif des
Philosophes ?
R -Ce n’est autre chose que le feu du mercure, ou
cette vertu ignée renfermée dans l’humide radical, à
qui il a déjà communiqué la fixité et la nature du
soufre, d’où il est émané le soufre des Philosophes, ne
laissant pas aussi d’être appelé mercure, à cause que
toute sa substance est mercurielle.
D -Quels autres noms les Philosophes donnent-ils à
leur or-vif ?
R -Ils l’appellent aussi leur soufre-vif ou leur vrai
feu, et il se trouve renfermé en tous les corps, et nuls
corps ne peuvent subsister sans lui.
D -Où faut-il chercher notre or-vif ou notre soufre-
vif, et notre vrai feu ?
R -Dans la maison du mercure.
D -De quoi ce feu vit-il ?
R -De l’air.
D -Donnez-moi une comparaison du pouvoir de ce
feu.
R -Pour exprimer cette attraction du feu interne, on
ne peut pas donner une meilleure comparaison que
168
celle de la foudre, qui n’est d’abord qu’une exhalaison
sèche et terrestre, unie à une vapeur humide, mais
qui, à force de s’exalter, venant à prendre la nature
ignée, agit sur l’humide qui lui est inhérent, qu’elle
attire à soi et transmue en sa nature, après quoi elle
se précipite avec rapidité vers la terre, où elle est
attirée par une nature fixe semblable à la sienne.
D -Que doit faire le Philosophe après qu’il aura
extrait son mercure ?
R -Il doit l’amener ou réduire de puissance en acte.
D -La Nature ne peut-elle pas faire de même ?
R -Non, parce qu’après une première sublimation,
elle s’arrête, et de la matière ainsi disposée,
s’engendrent les métaux.
D -Qu’entendent les Philosophes par leur or et leur
argent ?
R -Les Philosophes donnent le nom d’or à leur
soufre, et celui d’argent à leur mercure.
D -D’où les tirent-ils ?
R -Je vous ai déjà dit qu’ils les tirent d’un corps
homogène où ils se trouvent avec abondance, et d’où
ils les savent extraire l’un et l’autre par un moyen
admirable et tout à fait philosophique.
D -Dès que cette opération sera dûment faite, que
doit-on faire ensuite ?
R -On doit faire son mélange, ou amalgame
philosophique, avec une très grande industrie, lequel
pourtant ne se peut exécuter qu’après la sublimation
du mercure et sa due préparation.
D -Dans quel temps unissez-vous votre matière avec
l’or-vif ?
R -Ce n’est que dans le temps qu’on l’amalgame ;
c’est-à-dire par le moyen de cet amalgame, on
introduit en lui le soufre, pour ne faire ensemble
qu’une même substance, et par l’addition de ce soufre
l’ouvrage est abrégé et la teinture augmentée.
169
D -Que contient le centre de l’humide radical ?
R -Il contient et cache le soufre qui est couvert
d’une écorce dure.
D -Que faut-il faire pour l’appliquer au Grand
Œuvre ?
R -Il faut le retirer de ses prisons avec beaucoup
d’art et par la voie de la putréfaction.
D -La Nature a-t-elle dans les mines un menstrue
convenable propre à dissoudre et à délivrer ce
soufre ?
R -Non, à cause qu’il n’a pas un mouvement local,
car si elle pouvait derechef dissoudre, putréfier et
purifier le corps métallique, elle nous donnerait elle-
même la pierre physique, c’est-à-dire un soufre exalté
et multiplié en vertu.
D -Comment m’expliquerez-vous par un exemple
cette doctrine ?
R -C’est encore par la comparaison d’un fruit ou
d’un grain qui est derechef mis dans une terre
convenable pour y pourrir et ensuite pour multiplier ;
or le Philosophe qui connaît le bon grain, le tire de
son centre, le jette dans la terre qui lui est propre,
après l’avoir bien fumée et préparée, et là, il se
sublimise tellement que sa vertu prolifique s’étend et
se multiplie à l’infini.
D -En quoi consiste donc tout le secret pour la
semence ?
R -À bien connaître la terre qui lui est propre.
D -Qu’entendez-vous par la semence dans l’Œuvre
des Philosophes ?
R -J’entends le chaud inné, ou l’esprit spécifique,
renfermé dans l’humide radical, ou la moyenne
substance de l’argent-vif, qui est proprement le
sperme des métaux, lequel renferme en soi sa
semence.
(Note : orthographié « chaux » dans le manuscrit
170
original)
D -Comment délivrez-vous le soufre de ses prisons ?
R -Par la putréfaction.
D -Quelle est la terre des minéraux ?
R -C’est leur propre menstrue.
D -Quel soin doit avoir le Philosophe pour en tirer le
parti qu’il désire ?
R -Il faut qu’il ait un grand soin de purger de ses
vapeurs fétides et soufres impurs, après quoi on y
jette la semence.
D -Quel indice peut avoir l’Artiste qu’il soit sur le
bon chemin au commencement de son Œuvre ?
R -Quand il verra qu’au temps de la dissolution, le
dissolvant et la chose dissoute demeureront ensemble
sous une même forme et matière.
D -Combien de solutions y a-t-il dans l’Œuvre
philosophique ?
R -Il y en a trois, nombre par cette raison
mystérieux et respectable aux Maçons. La première
est celle du corps cru et métallique, la seconde celle
du corps physique, et la troisième, celle de la terre
minérale.
D -Comment par la première solution peut-on
réduire un corps métallique en mercure, puis en
soufre ?
R -Par le feu occulte artificiel, ou l’Étoile
Flamboyante.
D -Comment se fait cette opération ?
R -En tirant d’abord du sujet le mercure, ou la
vapeur des éléments, et après l’avoir purifiée, s’en
servir à sortir le soufre de ses enveloppes par la voie
de la corruption, dont le signe est la noirceur.
D -Comment se fait la seconde solution ?
R -Quand le corps physique se résout avec les deux
substances susdites, et acquiert la nature céleste.
D -Quel nom donnent les Philosophes à la matière
171
dans ce temps ?
R -Ils l’appellent leur chaos physique, et pour lors
c’est la vraie matière première qui n’est proprement
dite telle qu’après la jonction du mâle qui est le soufre
et la femelle qui est le mercure, et non pas
auparavant.
D -À quoi se rapporte la troisième solution ?
R -Elle est l’humectation de la terre minérale, et
elle a un entier rapport à la multiplication.
D -Est-ce dans ce sens qu’il faut entendre la
multiplication usitée dans les nombres maçonniques ?
R -Oui, nommément celle du nombre trois, pour le
conduire à son cube, par les progressions connues de
3. 9. 27. 81.
D -De quel feu doit-on se servir dans notre Œuvre ?
R -Du feu dont se sert la Nature.
D -Quel pouvoir a ce feu ?
R -Il dissout toutes choses dans le monde, parce
qu’il est le principe de toute dissolution et corruption.
D -Pourquoi l’appelle-t-on aussi mercure ?
R -Parce qu’il est de la nature aérienne et une
vapeur très subtile participant toutefois du soufre,
d’où il a tiré quelques souillures.
D -Où est caché ce feu ?
R -Il est caché dans le secret de l’Art.
D -Qui est-ce qui peut connaître et former ce feu ?
R -Le sage peut construire et purifier ce feu.
D -Quels pouvoirs et qualités ce feu a-t-il en soi ?
R -Il est très sec, et dans un continuel mouvement,
et ne demande qu’à corrompre et à tirer les choses de
puissance en acte ; c’est lui enfin qui, rencontrant
dans les mines des lieux solides, circule en forme de
vapeurs sur la matière, et la dissout.
D -Comment connaîtrait-on plus facilement ce feu ?
R -Par les excréments sulfureux où il est enfermé et
par l’habillement salin dont il est revêtu.
172
D -Que faut-il à ce feu pour qu’il puisse mieux
s’insinuer dans le genre féminin ?
R -À cause de son extrême siccité, il a besoin d’être
humecté.
D -Combien y a-t-il de feux philosophiques ?
R -Il y en a de trois sortes, qui sont le naturel,
l’innaturel et le contre nature.
D -Expliquez-moi ces sortes de feux.
R -Le feu naturel est le feu masculin ou le principal
agent ; l’innaturel est le féminin, ou le dissolvant de la
Nature, nourrissant et prenant la forme de fumée
blanche, lequel s’évanouit aisément quand il est sous
cette forme, si on n’y prend bien garde, et il est
presque incompréhensible, quoique par la sublimation
philosophique il devienne corporel et resplendissant.
Le feu contre nature est celui qui corrompt le
composé, et le pouvoir de délier ce que la Nature
avait fortement lié.
D -Où se trouve notre matière ?
R -Elle se trouve partout, mais il faut la chercher
spécialement dans la nature métallique, où elle se
trouve plus facilement qu’ailleurs.
D -Laquelle doit-on préférer à toutes les autres ?
R -On doit préférer la plus mûre, la plus propre et la
plus facile, mais il faut prendre garde surtout que
l’essence métallique y soit non seulement en
puissance mais aussi en acte, et qu’il y ait une
splendeur métallique.
D -Tout est-il renfermé dans ce sujet ?
R -Oui, mais il faut pourtant secourir la Nature, afin
que l’ouvrage soit mieux et plus tôt fait, et cela par les
moyens que l’on connaît dans les autres grades.
D -Ce sujet est-il d’un grand prix ?
R -Il est vil et n’a aucune élégance en soi, et si
quelques-uns disent qu’il est vendable, ils ont égard à
l’espèce, mais au fond il ne se vend point parce qu’il
173
n’est utile que pour notre Œuvre.
D -Que contient notre matière ?
R -Elle contient le sel, le soufre, et le mercure.
D -Quelle est l’opération que l’on doit apprendre à
faire ?
R -Il faut savoir extraire le sel, le soufre et le
mercure, l’un après l’autre.
D -Comment cela se fait-il ?
R -Par la seule et complète sublimation.
D -Qu’extrait-on d’abord ?
R -On tire d’abord le mercure, en forme de fumée
blanche.
D -Que vient-il après ?
R -L’eau ignée ou le soufre.
D -Que faut-il faire ensuite ?
R -Il faut le dissoudre avec le sel purifié, volatilisant
d’abord le fixe, et puis fixant le volatil en terre
précieuse, laquelle est le véritable vase des
Philosophes et de toutes perfections.
D -Ne pourriez-vous pas mettre tout à coup sous les
yeux et réunir comme en seul point les principes, les
formes, les vérités et les caractères essentiels de la
science des Philosophes, ainsi que du procédé
méthodique de l’Œuvre ?
R -Un morceau lyrique composé par un ancien
savant Philosophe qui joignait à la solidité de la
science le talent agréable de badiner avec les Muses,
peut remplir à cet égard ce que vous me demandez.
Aucune science n’étant effectivement étrangère aux
Enfants de la Science, cette ode, quoiqu’en langue
italienne, la plus propre à peindre des idées sublimes,
trouve ici sa place.
ODE
174
Era della nulla uscito
Il tenebro chaos ; massa difforme ;
Al primo suon d’Onnipotente labbro
Parea chi patorito
Il disordin l’avesse, anzi che Fabro
Stato ne fosse un Dio, tanto era informe ;
Stavano inoperose
In lui tutte le cose
E senza Spirito divisor confuso
Ogni elemento in lui stava racchiuso.
175
Se ben certo b raglio
Scoprono al guardo moi le vostre carte.
Se ben m’è noto il provido Illiasto
Se ben non m’è nascosto
Il mirabil composto,
Per cui Voi di potenza avete estratto
La purita degli elementi in atto.
Se ben da me s’intende
Ch’altro non è vostro mercurio ignoto
Ch’un vivo Spirito universale innato
Che dal Sole discende
In aëreo vapor sempre agitato
Ad empier della Terra il centro voto :
Che di qua poi se n’esce
Tra solsi impuri, e cresce
Di volatile in fisso, e presa forma
D’umido radical se stesso informa.
176
Voi togliete all’ingegno il cor dubbioso.
Se’l magistero vostro
Distintamente io mostro
In questi fogli miei ; deb fate omai
Che sol legga in riposta : opra che’l sai.
177
O gran lercurio nostro, in te s’aduna
Argento, e oro estratto
Dalla potenza in atto
Mercurio tutto Sol, Sol tutto Luna,
Trina sostanza in una :
Una che in tre si spande.
O meraviglia grande
Mercurio, solfo, e sal, voi m’apprendete
Che in tre sostanze voi Sol una siete.
178
E Luna, e Sol, che senza
Oro, e argento del volgo, uniti insieme
Son dell’, e l’oro il vero seme.
179
Che imitar la natura arte sol deve :
Foco che vaporoso, è non è leve,
Che nutre, e non divora
Ch’è naturale, e l’artificio il trova
Arrido, e fa piova,
Umido, e ogn’or dissecca, aqua che stagna,
Aqua che lava i corpi, e man non bagna.
180
Mai voi senza osservar che un sol composto
Al Filosofo basta
Più ne prendente inman Cimici ignari
Ei cuoce in un sol vaso a i rai solari
Un vapor, che s’impasta,
Voi mille paste al foco avete esposto :
Cosi mentre ha composto
Dal nulla il tutto Iddio, voi finalmernte
Tornare in tutto al primitivo niente.
181
Decoce l’or, & in elissir matura.
182
directes à la Maçonnerie ou qui en émanent, pour la
facilité des intelligents en cette partie, attendu que
l’objet purement philosophique contenu en ce grade,
ou Sublime Philosophe Inconnu, peut être également
à ceux qui ne sont pas Maçons, y ayant beaucoup de
curieux et d’amateurs de la Science qui, sans être
imbus des principes de l’Art Royal, s’appliquent aux
recherches curieuses de la Nature. Et en effet le sort
d’une chose bonne est de pouvoir l’être généralement
pour tout le monde, sans que telle ou telle qualité
prise d’une société particulière puisse exclure de sa
participation. Le reproche que l’on a fait de tout
temps à la Maçonnerie étant de dire que, puisque par
son régime elle doit rendre les hommes heureux, il est
absurde que ses connaissances soient absolument
réservées à une poignée d’êtres, qui par état sont
tenus d’en faire un mystère. L’objection cesse
totalement s’il est vrai que la science des Maçons et
leur but positif sont la Philosophie hermétique, telle
que l’on vient de la détailler. Je ne cautionnerais pas
cette vérité, en supposant que c’en soit une, parce
que je me suis imposé la loi de ne présenter jamais
mon opinion particulière comme une règle de
décision ; et qu’il convient à la modestie de toute
personne qui se mêle d’écrire, sans prétendre former
de système, de laisser à chacun la liberté des
combinaisons, sauf à fixer par des raisonnements
solides, les irrésolutions de ceux qui voudraient bien
le consulter. Pour mon goût personnel, j’aimerais
assez que la chose des Maçons fût effectivement la
découverte du Grand Œuvre. J’y trouve de grandes
probabilités, et il est constant qu’en anatomisant
plusieurs de ce qu’on appelle grands grades, en
écartant le mysticisme des uns, les entours fabuleux
des autres, on les tournerait aisément à la spéculation
physique, dont au fond ils semblent vouloir établir les
183
principes. Un seul exemple le prouve : les faux
schismes de Rose+Croix, traités avec l’appareil pieux,
vague, lugubre et brillant dont on les surcharge en
certaines Loges, n’offrent à l’esprit de celui que l’on
initie que l’action sainte, des mystères révérés que
l’on peut voir décrits en des livres que ce grade copie,
pour ainsi dire ; et ce n’est plus à beaucoup près, la
véritable Rose+Croix, tel qu’il fut dans sa très
ancienne origine ; cependant, à qui voudrait le
décomposer en suivant exactement les mêmes
surfaces, sous des analogies philosophiques, y
trouverait infailliblement le grain fixe, si ce terme est
permis, des éléments de la science d’Hermès.
184
CHAPITRE X : ROYAL ARCHE
185
qu’on ne perd jamais de vue ; il y avait le grand secret
que le sage Salomon ne confia qu’à Hiram, roi de Tyr,
avec lequel il avait contracté la plus étroite alliance,
et à Hiram-abif, ce célèbre ouvrier dans l’art des
métaux, ainsi que dans l’architecture ; le Vén :. M :.
Hiram-abif ayant été assassiné, le grand secret
demeura entre les deux monarques qui avaient juré de
ne jamais le communiquer, qu’ils ne fussent trois –
cependant plusieurs MM :. distingués demandèrent à
Salomon et le supplièrent de leur accorder la grâce de
les admettre à ce sublime grade, mais le sage Prince,
fidèle à son serment, leur dit : « Allez, travaillez,
persévérez, et un jour le G :.A :. vous le donnera. »
186
parvinrent à l’ébranler. Cette opération leur découvrit
un entonnoir pratiqué dans le roc, fort obscur, et dont
on n’atteignait pas même le fond. Jabulum, plein
d’ardeur et de zèle, s’offrit d’y descendre ; et, pour la
sûreté, il se fit ceindre le corps d’une forte corde, en
indiquant un signal pour le retirer.
187
célébrer leurs grands mystères. Son premier
mouvement fut de faire une génuflexion, la main
droite sur les yeux et renversée (digne de respect et
d’admiration). Il approcha ensuite de l’autel, y puisa la
connaissance du grand mystère, avec la condition,
sous les plus grandes peines, de n’en être jamais que
trois possesseurs.
SIGNES
188
devant les yeux, le genou droit en terre, et la main
gauche derrière le dos.
On voit par là que le signe ci-dessus est le même
que ce dernier, à cela près seulement que le même
F :. y fait ce que les deux font en demande et en
réponse, dans celui-ci.)
ATTOUCHEMENT
MOT
MOT DE PASSE
189
CHAPITRE XI : LE CHEVALIER DU
SOLEIL
OU L’ADEPTE MODERNE
190
La Vérité porte un bâton blanc au bout duquel est
un œil d’or. Le bijou de la Loge est un cercle dans
lequel est un soleil d’or, au milieu d’un triangle de
même métal, et suspendu à une chaîne d’or (et, selon
d’autres, à une chaîne verte.)
OUVERTURE
RÉCEPTION
191
Lorsqu’il y est placé, Adam lui dit :
Mon fils, puisque par votre travail dans l’Art Royal
de la Maçonnerie vous êtes parvenu au point de
désirer connaître la vérité, il faut vous la montrer. Il
vous sera facile de la connaître : elle est toute nue.
Elle est enfermée par la crainte mondaine qui lui a lié
les mains et les pieds. Le monde étant plein de
monstres dévorants, elle fut forcée de l’abandonner,
pour aller chercher dans les cieux une nouvelle
habitation. Cependant elle n’a pas dédaigné de rendre
aux hommes éclairés du reste de la lumière, des
vérités secrètes ; mais toutefois elle ne se montre pas
à visage découvert, et ne se fait connaître que par des
mouvements qu’elle procure à nos cœurs.
192
3 - Une équerre, pour réduire toutes vos actions à
une même fin, sans détour ni intérêt caché.
4 - Un niveau, pour être égal et équitable.
5 - Une perpendiculaire, pour être droit et ne pas se
laisser entraver par la force des ignorants et des
aveugles.
6 - Une pl :. à tracer vos dessins, c’est-à-dire une
raison, pour l’employer à ce qu’il y a de juste.
7 - Une pierre cubique, pour signe que vos actions
doivent être égales, par rapport au souverain bien.
8 - Une pierre brute, pour vous apprendre qu’il faut
vaincre et surmonter les passions et les vaines
pensées.
9 - Les colonnes, pour marquer qu’il faut être ferme
et inébranlable lorsque la vérité nous appelle.
10 - Une étoile flamboyante dans la Chambre du
Milieu et dans un autre endroit, la 3e Chambre, nous
apprend que le cœur doit être semblable à une étoile
lumineuse qui éclaire dans la nuit comme un soleil. De
même un bon Maçon, en se perfectionnant, devient
dans la suite un soleil qui éclaire ceux qui suivent son
exemple.
11 - Hiram massacré : pour vous apprendre qu’il est
difficile d’échapper aux préjugés et aux pièges que
l’ignorance tend tous les jours aux hommes les plus
vertueux.
12 - Un mot saint changé en mot profane, pour vous
apprendre que le commun des hommes ne s’attache
qu’à des mots, et n’admet que ce qui est composé de
superstitions.
13 - Une clef, pour fermer la porte de votre cœur à
tout ce qui est contraire à la raison éclairée de la
lumière de la vérité.
14 - Un coffre, pour y renfermer vos secrets, sur ce
que vous devez à Dieu et à votre prochain.
15 - Une urne, pour vous faire souvenir que votre
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cœur doit être semblable à une urne remplie de
parfum délicieux, dont l’approche plaît à tout le
monde.
16 - Une mer d’airain, pour purifier le vice de
l’homme superstitieux et idolâtre, et devenir un
nouvel Adam produit par une deuxième création,
procurée en vous par la vérité.
17 - Vous avez vu, enfin, des cercles et des triangles
qui vous représentent l’immensité de l’Être Suprême
sous l’emblème de la sublime vérité.
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Après ce discours, Adam fait avancer le candidat ; il
lui fait prêter son obligation, puis il l’embrasse au
front, comme étant le siège de l’âme. Ensuite il lui
met un collier d’or, au bas duquel pend un soleil dans
un triangle de même métal. Enfin il lui donne les
mots, signes et attouchement.
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Les quatre triangles représentent les quatre
principaux devoirs de la vie tranquille, qui sont : 1)
L’amour fraternel entre tous les hommes
généralement, et en particulier pour les FF :.
parvenus au même grade : n’avoir et ne posséder rien
qui ne puisse leur être utile dans le besoin. 2) Toutes
les choses qu’on ne peut vous démontrer, et tout ce
qui est connu sous le nom de mystères. 3) Ne faire à
son prochain que ce qu’on voudrait qui fut fait à soi-
même. 4) Attendre tout avec confiance de la bonté du
Créateur, lorsque nous passerons dans l’autre vie.
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veiller sur nos besoins, comme un berger sur son
troupeau.
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Le soleil représente l’unité de l’Être Suprême,
l’unique et seule matière du Grand Œuvre des
Philosophes.
198
FIN