RESEAU LIBRE SAVOIR

COURS DE FRANCAIS NIVEAU TERMINALE

COORDONNATEUR MONSIEUR NDOUR TEL. 77-621-80-97

LE THEATRE ET SES PRINCIPALES FONCTIONS

INTRODUCTION
Le théâtre est un genre littéraire qui expose une action dramatique sous forme de dialogue entre les personnages. Il se
distingue des autres genres littéraires comme le roman ou la poésie par le fait que l’œuvre ne se réduit pas au texte: il est
certes possible de la lire, et certaines pièces importantes ( les textes qui composent Un spectacle dans un fauteuil de Musset
par exemple) ont été présentées sous forme de livre avant d'avoir été effectivement montées. Cependant, l’œuvre théâtrale ne
prend sa véritable dimension que lorsqu'elle est présentée sur une scène. D’ailleurs, l’étymologie du mot théâtre rappelle cet
impératif de représentation de l’œuvre théâtrale : en effet, le mot théâtre vient du grec theatron , " le lieu d'où l'on regarde
(de theomai= "je regarde ", "je suis spectateur"). Le théâtre est donc un art du spectacle. D'où un certain nombre de
caractéristiques qui font la spécificité du théâtre : la présence d'individus en chair et en os (les acteurs) évoluant dans un
espace à part (la scène avec son décor), se faisant les porte-parole d'un texte tout en se soumettant à la lecture qu'en propose
le metteur en scène ; tout cela se déroulant sous les yeux d'un public. De la réunion de tous ces éléments peut naître une
impression de réalité : le spectacle est doté d'une présence et d'une immédiateté qui font inévitablement défaut au texte écrit.
C'est pourquoi, au théâtre, selon un mot de l'écrivain argentin Borges, « on trouve des individus qui font semblant d'être
d'autres qu'eux-mêmes (les acteurs) devant d'autres individus qui font semblant de les prendre pour ceux-ci (les
spectateurs) ». Le théâtre serait impossible sans cette illusion partagée.
I-) CARACTERISTIQUES DU THEATRE
Le théâtre est un genre lié à la représentation. Le public est présent dans la salle. Sur scène, les comédiens jouent un texte
écrit par un auteur dramatique. La pièce qui met en scène la vie des hommes, leurs comportements et leurs conflits, renvoie
l’image d’une société à un moment de son existence. Elle est structurée en actes ou tableaux et scènes Elle est présentée sous
forme de dialogue composé de répliques (partie d’un dialogue dite par un comédien) ; Une longue réplique est appelée
tirade ; Une courte succession de courtes répliques s’appelle stichomythie. Un discours récité sur scène par un seul comédien
est dit monologue. L’ensemble des paroles d’un acteur censé être entendues du public, mais non des autres acteurs présents
sur la scène est un monologue. Quant aux indications destinées à informer les lecteurs, et qui ne sont pas prononcées lors de
la représentation, elles sont appelées didascalies et sont constituées par les noms des personnages, les explications concernant
le décor, les gestes, les entées et les sorties de scène, le ton de la voix, marques de division du texte.

II-) LA TECHNIQUE THEATRALE

1-) La structure dramatique
L’action au théâtre est constituée d’une suite d’actions et d’évènements. Elle se décompose en en trois grandes parties :
 L’exposition qui renseigne sur la situation initiale, le temps, le lieu, les personnages.
 Le nœud de l’action : qui précise la nature des obstacles à surmonter ou de l’objectif à atteindre et met en œuvre un
processus dynamique pour passer d’une situation à une autre, l’enchaînement logique et voulu des évènements peut âtre
perturbé par des faits imprévus, les péripéties ou coups de théâtre.
 Le dénouement : qui présente l’aboutissement de l’action (échec ou succès dans la poursuite des objectifs initiaux) et fixe
le sort de tous les personnages. La tragédie présente un dénouement malheureux, la mort alors que dans la comédie, le
dénouement est heureux.

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2-) Le temps dramatique
Dans une pièce théâtrale, on distingue : le temps de l’histoire (temps réel que sont sensés vivre les personnages) et le temps
de la représentation (la durée des actions qui se déroulent sur la scène). Le second ne coïncide jamais parfaitement avec le
premier et entre les actes, le temps de l’histoire continue de s’écouler. La pièce passe sous silence les actions intermédiaires
ou les rapporte sous forme de récits dits par les personnages. La tragédie classique tente de faire coïncider durée d’histoire et
durée de la représentation, avec la règle des 3 unités : une seule action unique (unité d’action), qui doit se dérouler dans un
même espace (unité de lieu), en 24h (unité de temps)
3-) L’espace dramatique
Il comprend l’espace scénique, celui où le drame se donne à voir sous les yeux des spectateurs. Alors que les auteurs
classiques prônaient l’unité de lieu, les romantiques préfèrent diversifier les lieux représentés. Au-delà de la scène s’étend
l’espace dramatique exclusivement perceptible à travers les répliques. Cet espace invisible est nécessaire à l’action. Les
personnages racontent ce qu’ils ont vu ou vécu ailleurs. Et c’est cet ailleurs qui détermine leurs comportements sue scène.
L’espace dramatique fait ainsi éclater les limites de la scène et donne à l’action représentée toute sa profondeur.
4-) Les personnages de théâtre
Au théâtre, les personnages agissent et s’affrontent par la médiation des acteurs. Les personnages sont d’abord qualifiés à
partir des différences de sexe, de génération, de rang social, de nation ou de camp politique. Présents sur la scène, ils n’ont
pas besoin d’être décrits (ils sont toutefois fictifs) : leur psychologie se déduit de leurs propos, des gestes indiqués par les
didascalies ou les jugements d’autres personnages. Les personnages incarnent des forces qui s’opposent. Parfois même des
valeurs contradictoires peuvent entrer en conflit à l’intérieur d’un même personnage. Ils assument les fonctions suivantes :
sujet, objet, adjuvant, opposant, destinateur, et destinataire.
III-) LES GENRES THEATRAUX
Comme le roman, le théâtre est un genre protéiforme. Aussi distingue-t-on plusieurs formes d’expressions théâtrales.
1-) La tragédie
Œuvre dramatique en vers mettant en scène, conformément à certaines règles (respect des trois unités, vraisemblance,
bienséance, etc. ) des personnages illustres déchirés intérieurement par le destin qui les frappe ou les passions qu'ils
éprouvent. La tragédie grecque a été connue à travers la théorie qu'en formule Aristote dans sa célèbre Poétique. Pour lui, la
tragédie doit présenter au spectateur des événements qui font naître en lui des sentiments de pitié et de peur par lesquels
s'accomplit la catharsis (élimination des passions, purification). A cette fin, elle doit mettre en scène un héros qui sombre
dans le malheur.
2-) La comédie
Elle cherche à plaire, à divertir, à faire rire en peignant les caractères de certains personnages. En faisant rire le spectateur de
ses propres travers incarnés par un comédien, la comédie lui permet de se corriger. La comédie a un dénouement heureux.
3-) Le drame
Sur un ton tragique, il mêle à l’action des situations parfois drôles. C’est donc une sorte de synthèse des deux expressions
précédentes. Le drame fini mal.
4-) La tragi-comédie
Genre dramatique qui met en scène des sujets romanesques sans se soumettre aux règles de la tragédie et en proposant un
dénouement heureux.
IV-) LES FONCTIONS DE L’ŒUVRE DRAMATIQUE

1-) LA FONCTION DE DIVERTISSEMENT

Cette fonction est fondamentale dans la comédie, car elle est destinée à plaire par son côté irrésistible et comique. Mais ce
rire est une manière de traiter les vices des hommes. « Corriger les vices en faisant rire », telle était la fonction essentielle
de la comédie chez les auteurs anciens. Le théâtre divertit aussi par son côté féerique, (splendide, merveilleux, surnaturel)
parce que transportant le public dans un ailleurs, dans un rêve joyeux, un univers différent de la réalité. Lieu de l'illusion, le
théâtre se présente parfois comme un pur jeu avec un décor qui imite la vie, des costumes qui font revivre une époque. Hugo
dit du théâtre que c'est le "pays de l'irréel", le royaume de l'illusion qui procure un plaisir. Qu'elle relève du sérieux ou du
comique, toute pièce tend à produire une émotion partagée collectivement. Ainsi aussi bien pour la tragédie comme pour la
comédie, il s'agit de plaire. Le théâtre est donc tout d'abord un divertissement : « l'affaire du théâtre a toujours été de
divertir les hommes » (Bertolt BRECHT)
2-) La fonction didactique ou moralisatrice : Enseigner,eduquer
Le théâtre peut servir de moyen de formation intellectuelle, morale et politique. Il représente dans ce cas des idées, des thèses
en procédant par des démonstrations à travers l’action et l’évolution des personnages. Ces idées et ces thèses peuvent être
d’ordre politique ou d’ordre moral. Le théâtre est ainsi « un art civilisateur » dont la portée est incalculable quand il a pour
base la vérité, pour but, la morale, pour auditoire, le monde entier. GIRAUDOUX déclare que « condamnés à expliquer le
mystère de la vie, les hommes ont inventé le théâtre. » Le théâtre permet d'enseigner la vertu par le vice, favoriser le retour à

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l'ordre familial, social et moral. La scène est, de fait, le lieu privilégié de la contestation : il est plus habile et plus efficace de
solliciter, d’éveiller la réflexion du public ; c’est d’ailleurs ce qui justifie son engagement chez certains dramaturges. Le
théâtre en général, la comédie en particulier éduque et diverti en même temps. En effet la comédie utilise tous les registres de
comique pour y parvenir. L’auteur en profite pour railler, pour mettre en scène, le ridicule, l’ignorance, la naïveté, le
mensonge,l’hypocrisie,la vantardise de certains individu à ne pas prendre, vu le sort qui leur est généralement réservé.
3-) Fonction cathartique
Le théâtre depuis Aristote a joué un rôle thérapeutique important dans la société. On lui reconnaît la capacité de soigner les
maux (déception, ennui, angoisse, etc.) Ainsi le théâtre permet d’extérioriser les fantasmes (désirs inconscients), les
refoulements en offrant aux spectateurs une prise de conscience pour mieux améliorer la maîtrise de soi. Dans la tragédie, la
catharsis libère les spectateurs de toute tentation découlant des excès de la passion. Elle joue ainsi un rôle moral. Cette
double orientation n’a jamais quitté le théâtre. C’est la "Purgation (élimination) des passions", selon Aristote. Le théâtre est
donc une source de libération salutaire.
4-) La fonction engagée
Dans une logique satirique, le théâtre peut prendre la forme d’une contestation des pouvoirs en place et devenir une arme de
combat. Dans l’Antiquité grecque, Aristophane utilisait déjà le théâtre pour critiquer les comportements politiques des
athéniens. Plus tard, au XVIIIème siècle, la dramaturgie est aussi orientée vers une perspective de dénonciation politique et
sociale, notamment avec les œuvres théâtrales de Beaumarchais. Ainsi, dans Le mariage de Figaro, à travers le compte
Almaviva, l’auteur critique la hiérarchie sociale qu’il juge arbitraire, tout en mettant en valeur le sort injuste réservé au Tiers-
état en la personne de Figaro. La justice est également ridiculisée dans la pièce par le dramaturge.
Le XXème siècle est aussi très représentatif de cette orientation du théâtre : Antigone de Jean ANOUILH, par exemple,
aborde des thèmes relatifs à l’occupation, à l’absurdité, à la violence ; il fait de son personnage Antigone le symbole de la
résistance, de la force morale qui refuse la soumission aveugle à l’idéologie, à la dictature. Sartre, dans Les mains sales,
condamne aussi l’occupation nazie pendant la 2nde guerre mondiale. Certains dramaturges négro-africains font également du
théâtre un instrument de dénonciation contre la gestion des indépendances africaines, en l’occurrence Césaire, dont les pièces
La tragédie du roi Christophe et Une saison au Congo, s’attaques aux dérives et abus des nouveaux maitres du continent
africain, et qui ont pour noms : corruption, détournement de deniers publics, emprisonnements, tortures, meurtres etc.
En outre, le théâtre africain a tenté de rétablir la vérité sur le passé africain déformé par l’idéologie, en dénonçant les
mensonges du colonialisme. Les dramaturges comme Cheikh Aliou NDAO, dans l’Exil d’Alboury, Seydou BADIAN dans
La mort de Chaka, Amadou Cissé DIA avec Lat Dior ou Le chemin de l’honneur, ont exhumé le passé africain en
réhabilitant les grands résistants africains contre la pénétration coloniale, offrant du coup des repères et des modèles aux
jeunes générations.
5-) LA FONCTION DOCUMENTAIRE
Il est souvent important et bénéfique de rappeler le passé aux nouvelles générations qui ont tendance à oublier ou à banaliser
l’histoire. C’est pourquoi des dramaturges se donnent pour projet de ressusciter un passé récent ou lointain. Ici l’intrigue est
basée sur la réalité des faits historiques et l’auteur s’en sert pour représenter des personnages dont l’action glorieuse ou
odieuse inspire toujours quelque chose de positif. C’est l’exemple de Thiaroye Terre rouge ou Boubacar Boris DIOP
restitue l’histoire du massacre de centaines de tirailleurs sénégalais revenus de la guerre et revendiquant le paiement
d’indemnités au même titre que celles reçues par les soldats blancs avec qui ils ont vaillamment combattu au front.
CONCUSION
Au terme de notre analyse, il convient de noter que le théâtre est un genre littéraire dont la spécificité consiste à harmoniser
deux situations de communication : l’une qui s’effectue entre personnage, l’autre entre acteur et public. Nous avons vu qu’au
théâtre, le conflit revêtait des formes diverse et nombreuses, dans la mesure où il s’agit de représenter les luttes entre les
hommes, mais aussi les troubles et les dilemmes qui agitent la conscience. C’est également un élément essentiel à la
dynamique de la pièce, ainsi aux effets qu’elle produit sur le spectateur, tant dans la comédie que dans la tragédie. Mais le
théâtre repose tout autant sur la résolution des conflits lorsqu’ils prennent fin, que les cœurs s’en trouvent apaisés, voire
réjouis, ou non, la pièce prend souvent tout son sens. Si toute œuvre théâtrale tend donc vers un dénouement qui met fin aux
antagonismes, le théâtre est toujours un lieu de conflits. Même si le spectacle théâtral est aujourd’hui vu essentiellement
comme un divertissement, il conserve la dimension civique et sociale. Toutes les remarques faites jusqu’ici, conduisent à une
seule constatation : la création théâtrale est une recréation. Cette recréation, en ce qui concerne le théâtre occidental,
s’orientera dans trois directions : la recréation comique du monde, le spectacle tragique de la condition humaine, et le théâtre
du refus. Ensuite, les différentes expressions du théâtre moderne ont trait à la dénonciation du colonialisme, à la
revendication de la liberté, à la satire des mœurs et enfin à l’analyse des maladies de l’Afrique nouvelle. Cependant,
l’essence du théâtre n’est pas le texte même si l’on ne peut pas nier son importance à l’époque classique par exemple. A ce
sujet, Louis Jouvet écrit : « le texte prend son sens uniquement, ne recouvre son sens théâtrale que lorsqu’on l’adresse à un
public ».

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