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4
CYCLE 4
e

Livre du professeur
Hélène Bart Audrey Jedrezac Claire Ridel
Collège Langevin-Wallon Lycée Jean-Baptiste Corot Collège Henri Matisse
Grenay (62) Douai (59) Grand-Couronne (76)
Certifiée Théâtre Formatrice académique
Roxane Bernard
Collège Victor Hugo Aurélie Lamadie Stéphanie Rouen
Bourges (18) Collège Claude Debussy Collège Guillaume de Conches
Certifiée théâtre Romans-sur-Isère (26) Conches-en-Ouche (27)
Professeure-documentaliste
Laurence Bot Carine Lemarié
Collège Henri Matisse Collège Victor Hugo Marie-Amélie Sery
Grand-Couronne (76) Gisors (27) Collège Pierre Corneille
Formatrice académique Formatrice académique Le Neubourg (27)
Anne Droit Vincent Molmy Mathilde Spychala
Collège Claude Debussy Collège Jean Monnet Collège Jules Ferry
Romans-sur-Isère (26) Coulogne (62) Douai (59)
Matthieu Duflos Marie Pilon Céline Walkowiak
Collège Blaise Pascal Collège Saint-Exupéry Collège René Cassin
Longuenesse (62) Forges-les-Eaux (76) Loos-en-Gohelle (62)
Formateur académique
Aurélie Plywaczyk
Isabelle Harbonnier-Valdher Lycée Anatole France
Collège René Cassin Lillers (62)
Loos-en-Gohelle (62)
Professeure-documentaliste
Formatrice en littérature jeunesse
Responsable éditorial : Gaël Gauvin
Responsable de projet : Jessica Alléguède
Édition : Sylvain Gürtler, Emma Jory
Conception graphique intérieur : Valérie Goussot, Delphine d’Inguimbert
Couverture : Guylaine Moi
Mise en page : Valérie Goussot, Delphine d’Inguimbert
Relecture : Anne Chougnet, Franck Henry
Fabrication : Miren Zapirain, Sandrine Delplace

hachette-education.com
© Hachette Livre 2022, 58, rue Jean Bleuzen, 92178 Vanves CEDEX

ISBN : 978-2-01-706694-1
ISBN à utiliser pour toute commande de l’ouvrage 1,191 kg éq. CO2

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.


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d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou
ayants cause, est illicite ».
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie
(20, rue des Grands-Augustins – 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
2
Sommaire

• Ma bibliothèque Mission plumes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5


• Ressources en littérature jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
• Prix littéraires en littérature jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
• ATELIERS de rentrée – MISSION LECTURE ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Thème 1 : La fiction pour interroger le réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8


1 Maupassant, « l’émotion de la simple réalité » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2 Des vampires qui ne manquent pas de mordant ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3 À un train d’enfer ou quand le réel déraille… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

Thème 2 : Individu et société : confrontations de valeurs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52


4 La Colonie – Une comédie sociale de Marivaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

5 Se confronter aux autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

Thème 3 : Informer, s’informer, déformer ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88


6 « Jetez-vous dans la presse à corps perdu » Émile Zola . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
7 Journalistes en herbe ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

Thème 4 : Dire l’amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104


8 Itinéraire d’un cœur amoureux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
9 L’amour donne-t-il des ailes ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
10 « Sans vous je ne saurais vivre » – L’amour dans les tragédies de Racine . . . . . . . . . . . . . 130

Thème 5 : La ville, lieu de tous les possibles ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144


11 Habiter des villes inhabitables ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

12 Le Marchand d’éponges – Un roman graphique de Fred Vargas


et Edmond Baudoin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

3
Étude de la langue

Connaître les différences entre l’oral et l’écrit Consolider l’orthographe lexicale


et grammaticale
1 > Comment avoir une écoute active ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
Comprendre et interpréter des discours oraux 20 > Comment désigner une quantité nulle, inconnue
ou imprécise ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
2 > Comment échanger autour de ses lectures ? . . . . . . . . . 168 Les déterminants indéfinis
S’exprimer de manière maîtrisée et adaptée face
à un auditoire 21 > Comment maîtriser les chaînes d’accord ? . . . . . . . . . . . 192
Les chaînes d’accord
3 > Comment rapporter des paroles dans un texte ? . . . . . 170
Le discours direct et le discours indirect 22 > Comment accorder le participe passé ? . . . . . . . . . . . . . . 194
L’accord du participe passé
23 > Comment écrire un mot terminé par [e] ou [ɛ] ? . . . . . . 195
Enrichir et structurer le lexique
Les finales en [e] ou [ɛ]

4 > Comment créer le doute ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171 24 > Comment choisir le bon homophone ? . . . . . . . . . . . . . . 196
Les modalisateurs Les homophones grammaticaux

5 > Comment former des mots et bien les orthographier ? . 172 25 > Comment former les temps simples de l’indicatif ? . . . . 197
Classe grammaticale et orthographe des mots dérivés Les temps simples de l’indicatif

6 > Comment comprendre un mot inconnu ? . . . . . . . . . . . . . 173 26 > Comment identifier et utiliser les temps
L’étymologie : préfixes, suffixes et radicaux de l’indicatif ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
Les temps simples et composés de l’indicatif
7 > Comment comprendre les relations entre les mots ? . . 174
Les réseaux de mots et les degrés d’intensité 27 > Comment utiliser le conditionnel présent et passé ? . . 199
Le conditionnel présent et passé

Analyser le fonctionnement de la phrase simple 28 > Comment utiliser le subjonctif ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200


et de la phrase complexe Le subjonctif
29 > Quel temps et mode choisir dans un récit au passé ? . 202
8 > Comment reconnaître les classes grammaticales ? . . . . 175 Les valeurs des temps dans un récit au passé
Les classes grammaticales
30 > Jouer pour réviser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
9 > Comment identifier la fonction des mots ? . . . . . . . . . . . 176
Les fonctions dans la phrase
10 > Quels sont les fonctions et les degrés de l’adjectif ? . . . 177
Les fonctions et les degrés de l’adjectif
11 > Comment reconnaître le sujet dans les cas
complexes ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Le sujet : les accords complexes
12 > Comment enrichir une phrase ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Les compléments circonstanciels
13 > Comment relier des propositions ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
La phrase complexe
14 > Comment enrichir le groupe nominal ? . . . . . . . . . . . . . . 182
Les expansions du nom
15 > Comment utiliser les pronoms relatifs ? . . . . . . . . . . . . . 183
Les pronoms relatifs
16 > Comment intégrer une question dans une phrase ? . . . 184
La proposition subordonnée interrogative indirecte
17 > Comment construire la forme passive ? . . . . . . . . . . . . . 185
La forme passive
18 > Comment reconnaître la forme impersonnelle ? . . . . . 187
La forme impersonnelle
19 > Comment utiliser les verbes pronominaux ? . . . . . . . . . 188
Les verbes pronominaux

4
Ma bibliothèque Mission plumes
À la fin du manuel vous trouverez la bibliothèque « Mission plumes » qui présente
Ma biblIothèque
les titres étudiés et évoqués dans les séquences du manuel. Ce visuel se retrouve
MIssion pluMes Imprimez
votre fIche et
créez votre propre
bIbliothèque. également dans le poster bonus distribué avec les spécimens et librement téléchar-
geable sur le site de la collection Mission Plumes :
Midnight Sun Stephenie Meyer

Honoré de Balzac
Nouvelles Guy de Maupassant
Jean Racine
Le Rouge et le Noir Stendhal

Orwell

https://www.enseignants.hachette-education.com/livres/mission-plumes-mon-
Bram Stoker

ASSIA 10 jours dans un asile Nellie Bly


George

La Place Annie Ernaux


Illusions perdues
Britannicus

Les Impatientes Djaïli Amadou Amal

manuel-francais-cycle-4-4e-livre-eleve-ed-2022-9782017066934
Dracula

Corniche Kennedy Maylis de Kerangal


1984

Confessions d’un gang de filles Joyce Carol Oates

Dans la version poster, quelques dos de livres sont laissés vierges, ainsi d’autres titres
Mémoires d’une jeune fille rangée Simone de Beauvoir

Romances sans paroles Paul Verlaine


Lettres à Sophie Volland Denis Diderot

Sébastien Japrisot
Théophile Gautier
Le Quai de Ouistreham Florence Aubenas

4
e

n plm
sS i o
Les Yeux d’Elsa Louis Aragon

es
mi
Français

Français
d

étudiés en classe peuvent y être inscrits. Ce poster peut trouver sa place sur les murs
George San

4
Colette

e
Ovide

Jade
Un long dimanche de fiançailles

CYCLE 4
Arria Marcella

de la classe ou du CDI. Il permet notamment de rendre accessible en un regard


La Vagabonde

Les Amours
Indiana

• Tous les textes à écouter


• Des vidéos inédites de théâtre
• 45 fiches Coups de pouce
• 120 exercices interactifs
GRATUIT POUR TOUS : ACCÈS LIBRE
Le manuel toujours accessible en ligne sur
mesmanuels.fr/2310130

Manuel Ressources

la bibliographie étudiée par la classe en 4e.


numérique numériques hachette-clic
x Jean-Michel Ribes

Pénélope Bagieu
Cormac McCarthy
J. M. G. Le Clézio

Suzanne Collins

Camille TESTÉ EN CLASSE ET AU CDI Cette bibliothèque est aussi téléchargeable au


Théâtre sans animau

La Colonie Marivaux
Hunger Games

Le temps déborde Paul Éluard


Les Géants
La Route

Culottées

Poèmes à Lou Guillaume Apollinaire

format fiche pour chaque élève grâce au mini-lien qui figure en 3e de couverture
Chants d’ombre Léopold Sédar Senghor

Page_garde_OK.indd 1 10/02/2022 10:04 du manuel. Les élèves apprécient d’intégrer cet outil dans leur cahier de français,
Enzo ou leur carnet de lecture, et de remplir leur bibliothèque au fur et à mesure de leurs
lectures. Il est important de leur préciser qu’ils peuvent aussi y référencer leurs
lectures personnelles, qui participent à leur parcours de lecteur au même titre que
les lectures scolaires. Certains ne rempliront qu’une étagère de cette bibliothèque,
d’autres demanderont de nouvelles fiches à remplir. Ce visuel inspiré des pratiques
de « bullet journal » a l’avantage de faire apparaître concrètement la progression
d’ouvrages lus en une année scolaire.

Ressources en littérature jeunesse


Voici une sélection non exhaustive de ressources en • VAN DER LINDEN Sophie, Tout sur la littérature jeunesse :
littérature jeunesse, pour vous aider à faire une veille de la petite enfance aux jeunes adultes, éditions Gallimard
dans le domaine. jeunesse, mai 2021.
 Revues professionnelles
Bibliographie • Lecture jeune : http://www.lecturejeunesse.org/
 Documents et essais • Citrouille hebdo, la revue des librairies Sorcières :
• BAZIN Laurent, La littérature young adult, éditions http://librairies-sorcieres.blogspot.com/
Presses Universitaires Blaise Pascal, novembre 2019. • Cahiers Robinson : http://apu.univ-artois.fr/Revues-et-
• CENTI Valérie, D’ANNA Vincianne, DELBRASSINE Daniel, collections/Revue-Cahiers-Robinson
DOZO Björn-Olaf, Comprendre la littérature de jeunesse : • Revue des livres pour enfants (la) : https://cnlj.bnf.fr/fr/
le livre du MOOC de l’Université de Liège, éditions École page-editorial/la-revue-des-livres-pour-enfants
des loisirs, mars 2022. • Page des libraires : https://www.pagedeslibraires.fr/
• LEVEQUE Tom et Nathan, En quête d’un grand peut-être,
guide de littérature ado, éditions du Grand Peut-être,
Ressources sur Internet
décembre 2020.  Sites
• MILLAND-BOVE Bénédicte (sous la direction de), • Ricochet : https://www.ricochet-jeunes.org/
La littérature de jeunesse par ses textes, éditions Presses • Centre National de Littérature pour la Jeunesse :
Sorbonne nouvelle, novembre 2020. https://cnlj.bnf.fr/
• NIERES-CHEVREL Isabelle (sous la direction de), • Veille littérature jeunesse du portail des professeurs-
Dictionnaire du livre de jeunesse : la littérature d’enfance documentalistes de l’Académie de Lille, avec une veille
et de jeunesse en France, éditions Électre / éditions mensuelle : http://profdoc.discipline.ac-lille.fr/
du Cercle de la librairie, août 2013. sinformer/veiller/veille-litterature-jeunesse
• PRINCE Nathalie, La littérature de jeunesse : pour une • Centre de Recherche et d’Information sur la Littérature
théorie littéraire, éditions Armand Colin, avril 2021. pour la Jeunesse : http://www.crilj.org/
5
 Quelques blogs (beaucoup ont également • Fictions jeunesse sur France culture : https://www.
un compte sur Instagram) franceculture.fr/theme/fictions-jeunesse
• Bob et Jean-Michel : https://bobetjeanmichel.com/ • Grand, le podcast de l’École des loisirs : https://www.
• Les papotis de Sophie : http://lespapotisdesophie. ecoledesloisirs.fr/grand-podcast-lecole-loisirs
hautetfort.com/ • Lis-moi une histoire de RTL et Albin Michel Jeunesse :
• Petites Madeleines : http://www.petitesmadeleines.fr/ https://www.rtl.fr/emission/lis-moi-une-histoire
• Sophie lit : http://sophielit.ca/ • France info junior livres de Cécile Ribault-Caiffol :
• La bibliothèque de Noukette : http://aliasnoukette.fr/ https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/franceinfo-
• D’une berge à l’autre : http://litterature-a-blog.blogspot. junior-livres/
com/ • La bibliothèque des ados par Céline Du Souich,
• Sous le feuillage : http://souslefeuillage.blogspot.com/ sur France Inter : https://www.franceinter.fr/emissions/
la-bibliotheque-des-ados
• Délivrer des Livres : https://delivrer-des-livres.fr/
• Blogonoisettes : http://blogonoisettes.canalblog.com/  Lectures recommandées par l’Éducation nationale
• Hashtagceline : https://www.hashtagceline.com/ • Les listes par cycles, avec des ajouts de 2017 en
• Lirado : https://www.lirado.fr/ littérature jeunesse : https://eduscol.education.fr/114/
• La mare aux mots : https://lamareauxmots.com/ lectures-l-ecole-des-listes-de-reference
• Allonz’enfants : https://allonz-enfants.com/  Formations
• La littérature jeunesse de Judith et Sophie : • Le MOOC « Il était une fois la littérature de jeunesse » :
http://www.litteraturejeunesse.fr/ https://online.jobsatskillscampus.be/courses/course-
• Entre les pages : https://entrelespages.wordpress.com/ v1:ULiege+CS05+2020-01/about?fbclid=IwAR2I293ae5
kizH8oqMR3VVmhzhOQW68eB8ejH-WBOhg0rMK
 Réseau social littéraire
S7cLQt9LX_v8
• Babelio et ses nombreuses « listes » bibliographiques
• Les Journées d’Études Littérature Jeunesse et leurs
thématiques : https://www.babelio.com/
replays, par l’Académie de Lille, Les médiathèques
 Podcasts et radios du Nord et du Pas de Calais, et l’Université d’Artois :
• Barbatruc de Dorothée Barba, sur France Inter : http://portail-bu.univ-artois.fr/fr/journee-detudes-lj
https://www.franceinter.fr/emissions/barbatruc • Les formations du réseau Canopé en littérature jeunesse :
• Histoires de jeunesse Bayard : https://podcast.ausha.co/ https://www.reseau-canope.fr/formation.html
histoires-jeunesse

Prix littéraires en littérature jeunesse


Les prix littéraires en littérature jeunesse sont souvent • Le prix Vendredi est un prix national de littérature ado-
l’occasion de repérer de pertinentes sélections pour enrichir lescente, porté par le groupe des éditeurs de littérature
un fonds, pour suivre les préférences des jeunes lecteurs. Jeunesse du Syndicat national de l’édition (SNE).
Voici quelques-uns des prix de littérature jeunesse : (Jury : professionnels.)
Voir : https://www.prixvendredi.fr/
• Le prix des Incorruptibles, surnommé « Les Incos », est
porté par l’association des Incorruptibles. Il invite les jeunes • Les prix des librairies Sorcières sont décernés par l’Asso-
à voter pour leur livre préféré parmi une sélection annuelle. ciation des librairies spécialisées pour la jeunesse (ASLJ) et
Il est ouvert à de nombreuses structures, de l’école au lycée, par l’Association des bibliothécaires de France (ABF).
en passant par les bibliothèques et accueils de loisirs. (Jury : professionnels.)
(Jury : adolescents.) Voir : http://www.abf.asso.fr/4/25/13/ABF/le-prix-sorcieres-
Voir : https://www.lesincos.com/evenement.html pourquoi-comment-et-son-histoire-
• Le prix Les Pépites est porté par le Salon du livre et de • Le prix suédois Alma Astrid Lindgren est souvent consi-
la presse jeunesse de Montreuil et par France Télévision. déré comme la plus importante récompense internationale
Il récompense chaque année, en décembre, à l’occasion du pour la littérature jeunesse. (Jury : professionnels.)
salon des ouvrages jeunesse dans quatre catégories. Voir le site en anglais : https://alma.se/en/
(Jury : enfants, adolescents, critiques littéraires.) • Le prix Unicef de littérature jeunesse sensibilise aux
Voir : https://slpjplus.fr/pepites/ droits des enfants grâce à la lecture, avec une thématique

6
choisie chaque année et quatre catégories d’âges, de 3 à 15 • Le prix Chronos porte sur la thématique « grandir-vieillir »
ans. La thématique 2022-2023 : « Un air de famille ». en littérature jeunesse. Il compte des sélections de la caté-
Voir : https://my.unicef.fr/contenu/prix-unicef-de-litterature- gorie « maternelle » à la catégorie « lycéens 20 ans et + ».
jeunesse-2023 (Jury : jeunes lecteurs.)
• Le prix Farniente est un prix littéraire belge, « par et Voir : http://www.prix-chronos.org/
pour les ados », avec un système de vote en ligne, pour • De nombreux prix sont organisés par des salons littéraires,
deux catégories de lecture. Porté par les réseaux associés, des associations locales, des comités départementaux, des
notamment un compte Instagram. Le prix est accompagné réseaux de librairies ou de nombreuses autres structures
d’un jeu « Farnient’Game », d’un projet solidaire audio publiques et privées. Le site Ricochet en recense une grande
« Farnient’audio », et d’un évènement « Farnient’party ». partie :
(Jury : adolescents.) https://www.ricochet-jeunes.org/prix-litteraires
Voir : https://prixfarniente.be/

ers
ateli Mission lecture !  p. 14-15
de ren t rée

Les ateliers de rentrée « Mission lecture ! » sont des L’atelier 4 se décline à l’écrit et à l’oral, proposant une
propositions d’activités permettant aux élèves de construire ouverture entre les médias vidéos aimés des élèves et les
leur portrait de lecteur : connaître leurs pratiques, leurs lectures qui ciblent les mêmes caractéristiques. Pour que
goûts, leur rapport aux livres et à l’expérience de lecture. cette activité soit efficace, il faut recueillir en amont
Ces activités incitent à communiquer et à produire des écrits les souhaits des élèves, puis tenter de faire une sélection
et oraux autour de la thématique de la lecture, scolaire d’ouvrages. (Un algorithme de recommandations littéraires
et personnelle. C’est l’acte de lecture qui est travaillé, et existe par exemple sur le site Babelio.com.) Du type « si
non pas les supports (ouverture à tout type de lecture : BD, vous avez aimé cette série ou ce film, vous pourriez aimer
mangas, magazines, lectures numériques…). cette lecture », cet exercice clôture un positionnement
L’atelier 1 propose aux élèves de travailler en binôme pour individuel, et permet à la fois aux élèves de se connaître,
sécuriser la parole. L’objectif de cette activité est de faire mais aussi de découvrir des propositions de lectures recom-
prendre conscience aux élèves que certains ont déjà des mandées selon leurs goûts. La recommandation peut être
pratiques de lecture. Pour les autres, on peut leur proposer faite par les professeurs documentalistes, les professeurs de
de se projeter et d’imaginer quel type de lecteurs ils pour- français, mais aussi par les élèves eux-mêmes, entres pairs.
raient être. La fiche à télécharger « Ma mission lecture » est un
L’atelier 2 s’appuie sur l’écrit et la photographie, et incite modèle qui peut permettre aux élèves une restitution de
les élèves à construire leur autoportrait de lecteur. Ils lecture. Elle peut être insérée dans un outil pédagogique
peuvent s’appuyer sur leurs réponses à l’atelier 1, ayant déjà du type « cahier de bord » ou « carnet de lecture ». On peut
fait émerger plusieurs pistes individuelles. Il est possible proposer aux élèves en difficulté de lecture une différencia-
de faire un portrait de « petit » lecteur, comme il s’agit tion pédagogique avec l’aide d’une autre fiche de type
d’atelier de rentrée, mais il est important de faire prendre « notes de lecture fractionnée ».
conscience aux élèves qu’on attend d’eux une progression.
TESTÉ EN CLASSE ET AU CDI Les réponses indivi-
Pour la deuxième partie de l’atelier, la photo demandée
est une photo scénarisée, c’est-à-dire qu’elle doit mettre duelles aux ateliers peuvent être intégrées dans les pre-
en scène le rapport de l’élève à la lecture : un élève qui aime mières pages du carnet de lecture des élèves. C’est un
lire plusieurs livres à la fois peut se prendre en photo avec positionnement de début d’année qui permet aux élèves
plusieurs titres en main, un autre qui n’aime pas trop lire de se définir en tant que lecteur. Les activités peuvent être
peut utiliser un langage corporel adapté… proposées à plusieurs reprises dans l’année, pour évaluer
une évolution du parcours de lecteurs des élèves, de leur
L’atelier 3 mobilise l’oral et interroge les techniques de
zone de confort de lecture, de leurs pratiques… ce carnet
choix de lectures. Il s’agit d’une activité classique en classe
peut aussi accueillir des pages libres ou des pages du type
de français et au CDI autour de l’objet-livre (rappel du voca-
« challenge de lecture », selon les envies des élèves.
bulaire, analyse de l’illustration, hypothèse de lecture…).

7
La fiction pour interroger le réel

Maupassant, « l’émotion
1 de la simple réalité » > p. 16

1 Présentation de la séquence
Le manuel Mission Plumes 4e s’ouvre sur une première les récits réalistes ne sont pas qu’une description de la
séquence dont le questionnement est « La fiction pour réalité sociale du xixe siècle. Maupassant, comme Zola,
interroger le réel ». Celui-ci incite, en classe de 4e, à Flaubert ou encore Balzac, cherche l’objectivité, l’imper-
explorer les nombreuses relations entre le monde réel sonnalité et la vraisemblance. Paradoxalement, car ils
et la fiction, propres à la littérature et aux arts. s’éloignent ainsi de leur désir d’impartialité, ces auteurs
La séquence s’intitule « Maupassant, “l’émotion de la font passer des messages dans leurs œuvres : critique de
simple réalité” ». Sous l’apparente simplicité de la narra- la bourgeoisie, dénonciation de la bêtise humaine ou
tion et du thème abordé se cache une réalité, toujours de l’avarice, satire de l’hypocrisie, violence des relations
intense, qui va devenir brutale et terrible. Dans chacune familiales.
des trois nouvelles intégrales de notre chapitre – « Un Ces réflexions, adaptées à un public d’élèves de 4e,
parricide » (1882), « La Dot » (1884) et « Le Petit Fût » sont indispensables pour comprendre certains conflits
(1884) – le lecteur assiste impuissant à la crise que vivent humains, qui n’ont finalement pas vraiment évolué au fil
les personnages, dont la vie va changer de manière des siècles.
radicale… ou fatale. Il est à noter deux points qui favorisent la différenciation
La littérature dite « réaliste » interroge le fourmillement et qui permettent à tous les élèves d’être sensibles aux
de la vie pour en dégager un sens. Maupassant, dans la messages liés à nos trois nouvelles :
préface de Pierre et Jean (1887), écrit : « Son but n’est point –  l’intégralité des nouvelles est accessible en version
de nous raconter une histoire, mais de nous forcer à penser, audio ;
à comprendre le sens profond et caché des événements. » –  les fiches « Coup de pouce » à destination des élèves
Cf. préface de Pierre et Jean : https://fr.m.wikisource.org/ en grande difficulté scolaire et/ou porteurs de handicap
wiki/Pierre_et_Jean/Pr%C3%A9face proposent une mise en forme simplifiée des pages
Ainsi, les élèves vont être amenés, par le questionne- « Lecture » et « Atelier ». Celles-ci sont téléchargeables
ment thématique de ces trois œuvres, à comprendre que et imprimables.

2 Objectifs de la séquence
Objectifs visés : les mêmes : l’argent, l’amour, le bonheur, la quête de soi.
• Lire des nouvelles réalistes, miroirs de la société du On étudiera les caractéristiques du réalisme, dont les classes
xixe siècle. sociales font partie intégrante, mais aussi la peinture des
• Identifier les caractéristiques d’une nouvelle réaliste. défauts humains ou encore l’apparence de la réalité, grâce
• Comprendre la construction narrative d’une nouvelle. aux détails de la vie quotidienne, l’imitation du parler
• Découvrir l’impressionnisme. normand et l’ancrage géographique. On fera découvrir aux
• Écrire une nouvelle réaliste à partir de l’observation d’un élèves les contraintes imposées par le genre bref de la
tableau. nouvelle, qui voit les personnages en situation de crise,
On s’interrogera dans cette séquence sur l’imperméa- et qui rompt avec une chronologie narrative classique.
bilité des classes sociales et sur la dureté de la vie au Enfin, les élèves trouveront pour illustrer les nouvelles
xixe siècle. Les trois nouvelles étudiées sont les miroirs des tableaux de peintres impressionnistes, et, pour aller
d’une société dont les élèves constateront qu’elle a peu plus loin, une double page en « Histoire des arts » consa-
évolué, hélas, jusqu’à aujourd’hui. Les problématiques sont crée aux paysages impressionnistes.
8
L’atelier écrit guidera les élèves, avec des étapes d’écri- aider à lire et à écrire », les outils de la langue qui portent
ture précises et progressives, et leur permettra de mettre sur le vocabulaire des qualités et des défauts et la phrase
à profit leurs connaissances et leurs lectures afin d’écrire, complexe, afin d’enrichir ce travail d’écriture qui peut se
à partir d’un tableau de Manet, une nouvelle réaliste faire en groupe.
complète. Ils utiliseront, dans la double page « Pour vous

Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• S’exprimer de • Consolider l’orthographe • Contrôler sa compréhension, • Exploiter • Lire des œuvres
façon maîtrisée lexicale et grammaticale : devenir un lecteur autonome les principales > p. 18-21
en s’adressant la phrase complexe, > p. 18-31 fonctions de l’écrit > p. 23-26
à un auditoire les finales en [e] • Lire des textes non > p. 22, 31 > p. 28-30
> p. 22, 27, 31 > p. 32-33 littéraires, des images • Pratiquer l’écriture • Fréquenter des
• Enrichir et structurer et des documents d’invention : écrire œuvres d’art
le lexique, établir composites une nouvelle réaliste > p. 19, 21, 25, 29,
un champ lexical : > p. 17 > p. 34-35 31, 32, 34
les qualités et les défauts • Histoire des arts
> p. 33 > p. 36-37

Quelques repères > p. 17 Pour aller plus loin


La page « Quelques repères » est divisée en trois parties. On peut trouver d’autres parricides dans la littérature :
La première est une frise chronologique centrée sur Œdipe-Roi de Sophocle, Hamlet de Shakespeare, ou Les Frères
Maupassant et son époque. Elle permet, sur la partie haute, Karamazov de Dostoïevski, et lire cet article sur Cairn :
de visualiser les moments importants de la vie de l’auteur, https://www.cairn.info/revue-topique-2013-1-page-159.
tandis que la partie basse fait prendre conscience des htm (« Parricide, infanticide : réalités, représentations et
réalités et des bouleversements du xixe siècle. La deuxième cycle paternel » de Jacques Arènes, 2013).
partie permet de comprendre, en quatre points, comment
s’organise la vie au xixe siècle et en quoi les classes sociales Lecture 2 > p. 23
y tiennent une place importante. Enfin, la troisième partie « La Dot » est une nouvelle d’abord publiée dans le journal
donne une définition du genre réaliste, thème qui sera repris Gil Blas du 9 septembre 1884, puis reprise dans le recueil
dans notre manuel dans la séquence 5 (« Se confronter aux Toine en 1886. Maupassant raconte ici une histoire d’amour.
autres »). Cette dernière partie s’achève sur la définition du D’aucuns diront que ce thème a été abordé à plusieurs
roman-feuilleton, important au xixe, et annonce les théma- reprises dans notre manuel. C’était sans compter sur notre
tiques rencontrées dans l’univers de Maupassant. auteur, qui présente ici un récit dans lequel se cachent la
plus vile tromperie et la plus cruelle manipulation qui soient :
Lecture 1 > p. 18 faire croire à l’amour. C’est donc ici un autre thème des faits
La nouvelle « Un parricide » est parue dans le journal divers qui est mis en avant : l’arnaque ; car maître Simon
Le Gaulois en 1882. Elle a ensuite été reprise dans le recueil Lebrument est un vrai arnacœur, qui brise le cœur de sa jeune
des Contes du jour et de la nuit, publié en 1885 chez Marpon épouse en la ruinant. Les élèves s’indigneront sûrement
et Flammarion. Elle permet aux élèves d’entrer dans le genre sur le peu d’importance que la détresse d’une femme a aux
réaliste par le prisme d’un thème cher aux faits divers : yeux des hommes. Cette nouvelle permet à Maupassant de
l’homicide. C’est l’accusé lui-même qui explique son geste, condamner le mariage et le système de « dot », qu’il juge
par le jeu de ruptures chronologiques et de récits enchâssés. comme étant une tradition désuète. « La Dot » est illustrée
Cela permet à Maupassant de montrer la complexité du par trois tableaux impressionnistes : La Gare Saint-Lazare
personnage de Georges Louis, rendu fou par un ultime de Monet (1877), Boulevard des Italiens de Pissarro (1897),
refus d’affection et de reconnaissance, et de condamner et Dans l’omnibus de Delondre (1885). On trouve pour ce
une société qui va mal. Cette nouvelle est illustrée par deux dernier un questionnement lié à l’Histoire des arts.
tableaux impressionnistes : La Seine à Bougival de Pissarro
(1870) et Un travailleur à Céleyran de Toulouse-Lautrec Lecture 3 > p. 28
(1882), pour lesquels on trouve un questionnement lié à « Le Petit Fût » est une nouvelle parue dans un premier
l’Histoire des arts. temps dans la revue Le Gaulois du 7 avril 1884, avant d’être
9
reprise dans le recueil Les Sœurs Rondoli, publié la même années. De nombreux liens peuvent être établis entre ces
année. Cette lecture se fait l’écho de « La Dot », dans le sens deux courants esthétiques. Cette double page d’Histoire
où elle a pour thème la ruse et l’amour de l’argent. Elle est des arts fait le lien entre les illustrations proposées tout
l’occasion pour Maupassant de se moquer de la vénalité au long du chapitre et ce moment important d’histoire
légendaire des Normands, ainsi que de l’hypocrisie de des arts. Elle amène à approfondir les connaissances des
ceux prêts à tout, même à commettre un meurtre et le élèves sur les peintres majeurs que furent Manet, Monet,
préméditer pour arriver à leurs fins. Maître Chicot est Renoir ou encore Morisot.
l’archétype du terrien qui essaie par tous les moyens de
s’élever dans la hiérarchie sociale. Quant à la mère Magloire,
Bibliographie
elle est celui de la fermière malicieuse, au sens vieilli du Pour vous renseigner davantage sur le thème de la séquence,
terme, qui est attirée par l’argent. Les élèves riront sans vous pouvez consulter les références suivantes :
doute de cette vieille femme devenue alcoolique mais s’in- • Marie-Claire BANCQUAIT, « Maupassant et l’argent »,
digneront de la cruauté et du machiavélisme de son voleur. Romantisme, 1983, n° 40, « L’argent », pp. 129-140 :
La nouvelle « Le Petit Fût » est illustrée par deux tableaux https://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_1983_
impressionnistes : À la mie de Toulouse-Lautrec (1891), num_13_40_4638
Meule à Giverny de Monet (1886), et par une caricature • Laurent DUBREUIL, « L’apolitique de Maupassant »,
de Guy de Maupassant par Coll-Toc. On trouve pour le Littérature, n° 136, 2004. « Montrer n’est pas dire »,
tableau de Toulouse-Lautrec un questionnement lié à pp. 22-33 : www.persee.fr/doc/litt_0047-4800_2004_
l’Histoire des arts. num_136_4_1866
• Lectures de Maupassant, sous la direction de Thorel Sylvie,
Pour vous aider à lire et à écrire > p. 32 Éditions PUR, 2011.
Cette double page permet de mettre en avant les notions • Emmanuèle GRANDADAM, Contes et nouvelles de
autour de la phrase complexe. Le vocabulaire des défauts et Maupassant : pour une poétique du recueil. Préface de
des qualités est développé par une succession d’exercices Philippe Hamon, Publications des universités de Rouen et
qui permettront d’enrichir les champs lexicaux utilisés dans du Havre, collection « Maupassant », 2007.
l’atelier d’écriture. • Florence GOYET, La Nouvelle, 1870-1925, PUF, 1993.
• Bernard HAEZEWINDT, Guy de Maupassant, de l’anecdote
Atelier écrit > p. 34 au conte littéraire, 2004, Rodopi, « Faux-Titre ».
Cet atelier repose sur la reproduction d’un tableau impres- • Edward D. SULLIVAN, « Maupassant et la nouvelle »,
sionniste qui fourmille de détails. Face à la mer, des familles, Cahiers de l’Association internationale des études
des hommes et des femmes contemplent l’immensité, françaises, 1975, n° 27 : www.persee.fr/doc/caief_0571-
jouent sur la plage, parlent entre eux. Ce tableau est le point 5865_1975_num_27_1_1086
de départ de l’écriture d’une nouvelle réaliste. On pourra
Podcast
inciter les élèves à s’appuyer sur les connaissances qu’ils ont
France Culture, Contes et Nouvelles de Maupassant :
acquises lors de la séquence, par exemple en mettant en
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/
scène un père et ses enfants (comme dans « Un parricide »),
la-compagnie-des-auteurs/contes-et-nouvelles-9792795
un couple d’amoureux (en référence à « La Dot »), ou encore
la mise en place une ruse (cf. « Le Petit Fût »). Sitographie
• Maupassantiana, site de Noëlle Benhamou, 2004 :
Histoire des arts > p. 36 www.maupassantiana.fr
Si la fin du xixe siècle est marquée par l’émergence du • Toutes les nouvelles de Maupassant en audio sur
réalisme et du naturalisme en littérature, le mouvement https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/
pictural impressionniste marque durablement ces mêmes maupassant-guy-de-contes-et-nouvelles.html

3 Corrigés de la séquence

Ouverture > p. 16 sans idéal, en dépeignant la société sous tous ses aspects
On pourra commencer le chapitre en faisant paraphraser quotidiens, si dure, violente, ou brutale soit-elle.
la citation : Maupassant, « l’émotion de la simple réalité ». Ces lectures vont susciter des émotions chez de jeunes
Le genre réaliste, ou le réalisme en littérature, consiste à lecteurs : le rire parfois, la colère aussi, souvent liée aux
prendre pour objet la réalité du monde qui nous entoure sentiments d’injustice, face à des situations extrêmes vécues
et à vouloir la représenter telle qu’elle est, c’est-à-dire par des personnages ancrés dans la réalité d’une société
10
organisée et arbitraire car, sous l’apparente simplicité de Cela permettra aux élèves moins à l’aise avec le déchiffrage
la narration et du thème abordé, se cache une réalité, d’accéder plus vite au sens du texte.
toujours intense et terrible. Par ailleurs, il est également envisageable de demander
aux élèves d’écouter la nouvelle chez eux, en amont de son
Quelques repères > p. 17 étude en classe.
Pour la culture des élèves, et pour la nôtre, enseignants,
POUR COMMENCER
il est possible de consulter la vidéo suivante, qui retrace
la vie de l’auteur normand : https://youtu.be/6RyC2ZnFavw On attend des élèves qu’ils comprennent que la nouvelle
Pour cette page de repères, on pourra faire un pont avec ne suit pas une chronologie classique, mais que Maupassant
le cours d’histoire-géographie sur la société au xixe siècle. a pris la liberté d’enchâsser deux récits : le récit cadre,
On demandera aux élèves de repérer sur le tableau de situé lors du procès de Georges Louis, au tribunal, et le récit
Jean Béraud les catégories sociales. encadré, qui consiste en un retour en arrière qui a pour
but d’informer le lecteur (et la Cour) des circonstances du
Passerelles double meurtre.
En ce qui concerne le réalisme, on peut demander aux élèves
La construction narrative de la nouvelle
de consulter le sommaire du manuel pour repérer les auteurs
1 a. La nouvelle commence par l’évocation de l’endroit
réalistes mentionnés dans le livre. On trouvera plusieurs
où deux cadavres ont été retrouvés. La scène se passe
exemples dans la séquence 5 « Se confronter aux autres »,
près de Chatou, ville du département des Yvelines (78), sur
dans la séquence 6 « Jetez-vous dans la presse à corps perdu »
une berge de la Seine. Les deux mondains retrouvés sont
et dans la séquence 8 « Itinéraire d’un cœur amoureux ».
présentés. Le décor est planté : c’est une scène de crime.
Lecture 1 « Un parricide » − 1882 > p. 18-22 b. LANGUE La plupart des verbes sont à l’imparfait de
l’indicatif, qui a une valeur de description. Maupassant, au
Vos objectifs début de son récit, présente non seulement les deux bour-
• Lire une nouvelle sur la justice. geois retrouvés morts, mais il présente aussi physiquement
• Découvrir les sentiments complexes du personnage prin- et moralement le personnage de Georges Louis, le respon-
cipal. sable de cet odieux crime. Ces informations vont permettre
• Comprendre ce qu’est un récit enchâssé. au lecteur de mieux comprendre le cadre de l’histoire.
• Comprendre les rapports entre les classes sociales au
2 La nouvelle commence dans un tribunal. C’est un procès
xixe siècle.
d’assises, car l’accusé, Georges Louis, est accusé d’un double
Les élèves découvriront ici un texte dont les thèmes sont meurtre, celui de ses parents.
difficiles : la bâtardise, le rejet, la recherche d’affection,
3 La nouvelle est composée de deux parties, délimitées par
l’imperméabilité des classes sociales au xixe siècle, la quête
deux astérisques (entre les l. 91-92 et les l. 269-270), situés
d’identité, le meurtre. Ils feront la connaissance de Georges
au début et à la fin du récit. Ils encadrent le récit enchâssé.
Louis, personnage complexe et torturé. La nouvelle déve-
4 Entre les deux astérisques se trouve ce que l’on appelle
loppe le cas difficile de Georges, qui a assassiné ses deux
parents pour se venger de son abandon. C’est l’accusé une analepse. Cette rupture chronologique permet le retour
lui-même qui mène sa propre défense pour justifier son en arrière au sein du récit. Elle apporte un éclairage sur
crime en racontant son enfance. La plaidoirie de son avocat un événement qui s’est passé antérieurement et explique
encadre son récit, ce qui permettra de faire comprendre le moment présent, c’est-à-dire la raison de la présence
aux élèves la notion de récits enchâssés, dont le récit enca- de Georges Louis au tribunal.
dré apporte une version subjective des raisons du double 5 Cette analepse se situe chronologiquement avant les
meurtre. premières lignes du texte.
Si vous avez aimé « Un parricide » vous aimerez… 6 La première histoire se situe entre les lignes 1 et 91,
d’autres récits sombres de Maupassant comme « L’Enfant » puis entre les lignes 270 et 273. Les élèves pourront
(paru le 24 juillet 1882 dans Le Gaulois), « L’Ermite » (paru proposer des titres comme « Le procès » ou « Au tribunal »,
dans le quotidien Gil Blas, le 26 janvier 1886), ou encore « Le portrait du criminel »... La deuxième histoire se trouve
« L’Assassin » (paru dans la revue Gil Blas du 1er novembre entre les lignes 92 et 269. On attendra des titres comme
1887), dans lesquels les liens de parenté sont bafoués « Le double meurtre », « La genèse d’un parricide »...
de manière terrible et contre-nature. Les deux titres doivent permettre de vérifier que l’élève
a compris le motif de chaque récit.
Différenciation 7 De nombreuses années sont résumées entre les lignes
Avant de laisser les élèves répondre au questionnement en 107 et 111. Il s’agit de l’enfance de Georges Louis. Ces années
autonomie, à l’écrit ou à l’oral, on peut diffuser en classe sont passées rapidement dans le récit car elles présentent
la lecture de la nouvelle grâce à l’enrichissement audio. peu d’intérêt : il s’agit d’un sommaire.
11
8 L’action dure quelques minutes, peut-être une dizaine, « il devint singuliè- Il apprécie les
le temps d’un échange difficile entre Georges et ses parents. rement intelligent, choses délicates,
Georges leur explique qu’il sait qui ils sont et qu’il ne veut avec des goûts et montre de
pas leur nuire. Les parents paniquent. Le lecteur assiste des délicatesses l’intelligence et de
à un moment dramatique. On appelle cela une scène, natives que l’éducation qui sont
Culturel
c’est-à-dire un moment court et important de l’histoire n’avaient point réservées aux
qui est développé sur de nombreuses lignes. ses camarades, classes favorisées.
Cette scène est LE moment ultime de la vie de Georges on le surnomma : Présence d’une
qui le fait basculer et qui lui fait perdre l’esprit jusqu’à “le bourgeois” » dichotomie.
(l. 31-34)
commettre le double meurtre de ses parents.
« On le disait aussi Ses idées sont
 À L’ÉCRIT
fort exalté, partisan révolutionnaires et
On demande ici aux élèves de tracer une frise chronologique Idéologique/ des doctrines contre la religion.
pour résumer l’histoire de la nouvelle. politique communistes et Il s’oppose à la
même nihilistes » iiie République et
Différenciation (l. 38-39) au capitalisme.
Le traitement du temps dans la nouvelle peut poser
problème à certains d’entre eux. La création d’une frise 2 Georges Louis se fait appeler « bâtard » par les autres
chronologique leur permettra de situer les événements enfants. Le sens de ce mot est péjoratif et vieilli. Il se dit d’un
chronologiquement et de mieux s’y retrouver. On peut enfant né hors mariage, d’un enfant illégitime (voir l. 96).
imaginer leur demander d’utiliser des couleurs différentes
selon ce qui est raconté : l’enfance de Georges, la rencontre Pour aller plus loin
avec ses parents biologiques, le meurtre, la découverte Le 27 février 1883 naît à Paris Lucien, le premier enfant
des corps, la Cour ; ou leur demander combien de lignes de Maupassant, qu’il ne reconnaîtra pas. Ce thème est
sont consacrées pour chacun d’eux, pour leur faire visualiser développé par exemple dans sa nouvelle « Histoire d’une
les notions de sommaire et de scène ; ou encore de repré- fille de ferme » (1881). Le thème de la bâtardise a donc ici
senter la forme cadre et la forme encadrée pour mieux une résonance toute particulière.
leur faire comprendre la notion de récits enchâssés. 3 Georges Louis est un ouvrier, ou plus précisément un
Le portrait de Georges Louis artisan car il est menuisier, c’est-à-dire qu’il travaille le
1 bois. Il est pauvre. Ses parents sont riches (« il me faisait
travailler et payait bien », l. 153-154 ; « Maintenant, je suis
Ce que vous
Portrait Extraits du texte riche », l. 193) : ce sont des bourgeois (« il a voulu du sang,
en déduisez
du sang de bourgeois ! », l. 67).
« électeur influent Georges Louis est
4 LANGUE La première phrase comporte une apposition
et orateur habile un ouvrier qui doit
dans les réunions travailler dur et « Ce crime », qui met ce GN en valeur, de par sa position
Social au tout début de la phrase.
publiques d’ouvriers qui prend la parole
ou de paysans » facilement pour La deuxième phrase contient deux propositions construites
(l. 41) défendre ses droits. en parallèle, dont les deux compléments sont antonymes :
S. + V. + attribut du sujet : « Je fus la victime, / eux furent
« grand liseur de Ces deux citations
[...] romans à laissent à penser les coupables ».
drames sanglants » qu’il est psychologi- La troisième et la quatrième phrase sont constituées
(l. 39-40) quement fragile et chacune de deux propositions indépendantes. Ces deux
Moral phrases sont construites en parallèle et en opposition :
« je préfère même enclin à la violence.
la guillotine, je vais Il est potentielle- « sans défense/sans pitié » ; « aimer »/« rejeté ».
tout vous dire » ment dangereux. Le propos est violent : la réaction de Georges Louis est sans
(l. 87-88) appel.
« L’homme se leva. Il y a une opposition 5 « un soulèvement de la justice, de la droiture, de l’hon-
Il était de petite homme/garçon, neur, de l’affection rejetée ». Il s’agit d’une accumulation :
taille, d’un blond de entre son apparence Georges Louis vit avec un déchirant besoin de reconnais-
lin, avec des yeux et ce qu’il est sance et d’amour. C’est l’accumulation de rancœurs qui
Physique gris, fixes et clairs. vraiment. le fait basculer vers la folie meurtrière.
Une voix forte,
franche et sonore  À L’ORAL
sortait de ce frêle Maupassant est indulgent à l’égard de la femme qui a fauté,
garçon » (l. 77-80) mais pas envers le père égoïste et inconscient assimilé à un
12
criminel. La bâtardise est perçue comme un questionne- HISTOIRE DES ARTS
ment sur l’exclusion, la difficulté à se construire une iden- 1 a. Dans le tableau de Pissarro, la Seine occupe tout
tité. Ce thème est développé dans la nouvelle « Le Papa de le côté gauche du premier plan, jusqu’à l’arrière-plan. De ce
Simon », publiée dans le recueil La Maison Tellier en 1881. fait, elle est visible sur tous les plans.
Une nouvelle sur la justice b. Le tableau pourrait illustrer le début du texte « On avait
1 Le tribunal demande à Georges Louis « − Accusé, n’avez- retrouvé un matin, dans les roseaux » (l. 3) ou la fin : « je
vous rien à ajouter pour votre défense ? » (l. 75-76). Georges les ai jetés à la Seine, sans réfléchir » (l. 268). La Seine est
sait qu’il va devoir s’expliquer pour éviter la « maison de le lieu où a été retrouvé le couple. Elle est donc un lieu
fous » (l. 87) ou la « guillotine » (l. 88). En racontant sa vie, important.
de sa naissance à son double meurtre, il compte justifier 2 a. Le tableau de Toulouse-Lautrec représente un ouvrier :
son acte terrible à la Cour et, peut-être, obtenir la clémence il porte une casquette, un pantalon rapiécé à la jambe droite
des jurés. avec une corde rouge pour ceinture, ainsi que des sabots.
2 Georges Louis a été rejeté par sa famille naturelle. Il est assis dans l’herbe. Ses mains sont jointes, son regard
Il a grandi en étant différent des autres enfants, en étant semble lointain, sa bouche est pincée. Par son allure, les
insulté et traité de « bâtard », pleinement conscient de élèves l’assimileront à Georges Louis. Ils situeront sans
ne pas appartenir à leur monde. Adulte, il a travaillé dur doute la scène au moment où il vient de commettre son
pour survivre. Ses parents refaisant surface, il a cherché et double meurtre. Par ailleurs, de l’eau est visible à l’arrière-
réclamé leur amour, ou tout du moins leur affection, en plan : cela peut-être la Seine dans laquelle il a jeté les deux
vain. Il s’est fait rejeter une nouvelle fois. Cela peut justifier corps.
son double crime aux yeux de Maupassant, qui lui trouve b. Le personnage donne l’impression de réfléchir. Peut-être
donc des circonstances atténuantes. est-il en train de prendre conscience de l’acte qu’il vient de
commettre. Une fois la folie meurtrière passée, il semble
3 « Une tristesse épouvantable, mêlée de colère, de haine,
abasourdi. Il se dégage également un sentiment de solitude,
de dégoût, m’envahit » : il s’agit d’une accumulation, qui
celle d’un homme simple qui n’a pas de famille.
explique comment est déclenché l’accès de colère aveugle
de Georges Louis. On parlera alors de « crise » du person- Votre bilan
nage de Georges Louis (voir réponse à la question 8 dans Dans sa nouvelle « Un parricide », Maupassant donne une
la partie « La construction narrative de la nouvelle »). vision terrible de la société et des catégories sociales de
4 L’arme du crime est son compas de menuisier, qui lui son époque. Le xixe a vu l’apparition de la société capitaliste
sert à mesurer et à prendre des mesures. Cette arme symbo- de classes, caractérisée par des appartenances de classe,
lise sa condition d’ouvrier qui aurait dû vivre une vie de des manifestations de « conscience de classe » très claires
bourgeois si ses parents ne l’avaient pas rejeté. Le champ et tranchées. Les classes sociales sont imperméables : on
lexical de la violence est « frappé » (l. 261), répété deux fois, naît ouvrier pour le rester sa vie durant.
il montre l’acharnement et la folie de Georges Louis ;
« arrachant » (l. 264), sa mère a cherché à se défendre ; Lecture 2 « La Dot » − 1884 > p. 23-27
« tuée » (l. 265).
Vos objectifs
5 Georges semble ne pas avoir pleinement conscience • Observer comment Maupassant raconte une histoire
de ce qu’il vient de faire. Il fait part de son trouble à la Cour : d’amour.
« je ne sais plus » (l. 260), « Il paraît que je l’ai tuée aussi » • Découvrir une peinture de la société du xixe siècle.
(l. 264-265). Quand il les a tués, il avoue les avoir « jetés à • Étudier le thème du voyage.
la Seine, sans réfléchir » (l. 268). On peut parler aux élèves • Identifier la mise en place d’une manipulation.
de « folie meurtrière » et de « folie passagère ». Georges
Les élèves suivront le parcours d’un jeune couple et identi-
est clairement aveuglé par la colère, la rage, conséquences
fieront la mise en place cruelle du jeune homme, unique-
d’un nouvel abandon pour lui insupportable.
ment attiré par l’argent donné sans réticence par sa jeune
6 LANGUE Les mots du champ lexical de la justice et épouse naïve éperdue d’amour. Ils voyageront par le train,
du tribunal sont : « accusé », « révélation », « affaire » puis par l’omnibus, de Boutigny (le-Rebours), commune de
(l. 270), « session » (l. 271), « jurés » (l. 272) et « parricide » Seine-et-Marne, en région Île-de-France, jusqu’à Paris, faite
(l. 273) : le lecteur est de retour dans le récit cadre. de promesses et de loisirs. La campagne, puis la capitale,
 À L’ORAL
permettront de croquer toute une galerie de portraits
de personnages et de métiers, et de faire la peinture de la
Quand il y a préméditation, on parle d’assassinat. Ainsi, un
société d’un xixe siècle en pleine effervescence.
assassin est quelqu’un qui a planifié à l’avance un homicide
volontaire et qui l’a commis. L’acte de tuer son père, sa mère Si vous avez aimé « La Dot » vous aimerez…
(dans ce dernier cas, on parle plus précisément de matricide) Vous pouvez également lire d’autres nouvelles de Maupassant
ou un autre de ses ascendants s’appelle un parricide. sur des histoires de couple : « L’Attente » (parue dans Le
13
Gaulois du 11 novembre 1883, puis dans le recueil posthume 4 « Une tristesse vague l’oppressait » (l. 141) : elle est
Le Colporteur en 1900), « Les Épingles » (publiée dans le Gil « inerte » (l. 139), sans réaction, mais sent que la situation
Blas du 10 janvier 1888, puis dans le recueil La Main gauche n’est pas en sa faveur. Elle est triste car elle est séparée de
en 1889), « La Parure » (parue dans la revue Le Gaulois en son époux.
1884, puis publiée en 1885 dans le recueil Contes du jour et 5 Jeanne n’imagine pas que son mari pourrait l’abandon-
de la nuit), « Le Lit 29 » (publiée dans le Gil Blas du 8 juillet ner car elle insiste auprès du conducteur de l’omnibus, et
1884, puis dans Toine en 1886)... remet sa parole en doute : « – Comment ça ? Ce n’est pas
possible. Il est monté avec moi. Regardez bien ; il doit y
Différenciation être ! » (l. 187-188), puis répète encore « monsieur, vous
Avant de laisser les élèves travailler en groupe et en autono- vous trompez » (l. 194). Pour terminer, avant de s’en
mie, on peut imaginer la diffusion en classe de la lecture aller, elle vérifie une dernière fois que son mari n’est plus
de la nouvelle. Cela permettra aux élèves moins à l’aise avec sur l’impériale « et regarda, malgré elle, d’un mouvement
le déchiffrage d’accéder plus vite au sens du texte. instinctif de l’œil, sur le toit de l’omnibus » (l. 201-203).
Par ailleurs, il est également envisageable de demander 6 Dans un premier temps, Jeanne éprouve toujours de la
aux élèves d’écouter la nouvelle chez eux, en amont de son détresse puisqu’elle a « les yeux pleins de larmes » (l. 232),
étude en classe. qu’elle conte « en pleurant son aventure » (l. 237). Mais
POUR COMMENCER quand elle comprend que son mari l’a abandonnée, elle est
On attend des élèves qu’ils dégagent les éléments essen- « suffoquée » (l. 251), et le traite de « misérable » (l. 252) :
tiels du texte : mariage d’amour, départ en voyage de noces elle est indignée d’avoir été trahie par celui qu’elle aime, et
à la capitale, abandon de Jeanne dans l’omnibus et vol de comprend que ses sentiments n’étaient pas partagés.
la dot par son époux. Bilan
La description du couple est réaliste car Maupassant
EN GROUPE
n’idéalise pas leur physique, il montre leurs défauts : Jeanne
Thème 1 : Une histoire d’amour est un peu ridicule et naïve, Lebrument est séducteur et
1 Maître Lebrument est « un beau garçon ». Le nom « chic » manipulateur. Les relations de couple sont également
est répété quatre fois, pour insister sur le fait que c’est brossées avec réalisme, dans les habitudes des amoureux.
un homme d’apparence. Mais les expansions dévalorisent Les allusions sexuelles sont discrètes, mais présentes.
ce chic. Mlle Cordier est décrite comme jolie, elle a de la
Thème 2 : Une peinture de la société
« grâce et de la fraîcheur ». De nouveau, les expansions
dévalorisent les deux termes. La conclusion de Maupassant 1 Lebrument est un notable car il est notaire, c’est un
est sans appel, c’est une « belle fille désirable et fêtable » : homme qui gagne de l’argent, appartient à la petite bour-
ses qualités physiques sont mises en avant. On ne sait rien geoisie, et qui est connu de tous puisqu’il traite des affaires
des qualités et des défauts moraux des personnages. des habitants de Boutigny.
2 Les mariés sont heureux : « leur bonheur » (l. 18), « char- 2 Boutigny est décrite de façon ironique et négative
mant ce tête-à-tête » (l. 21). Lebrument ne se montre pas par Maupassant. En évoquant la prestance de Lebrument,
un rustre et sait se faire apprécier par sa femme dans le narrateur note qu’il a du « chic, ce qui était rare à
l’intimité : « une adresse, une délicatesse et un à-propos Boutigny-le-Rebours » (l. 10), ce qui sous-entend un certain
remarquables » (l. 23-24). Jeanne semble même développer manque de délicatesse des habitants. Par ailleurs, l’expres-
un comportement proche de l’addiction : « Elle ne pouvait sion familière « mit tout Boutigny sens dessus dessous »
plus se passer de lui » (l. 28). Maupassant s’attarde longue- (l. 15-16) montre qu’il ne se passe pas grand-chose dans
ment sur le comportement à la fois puéril et attendrissant cette ville pour qu’un simple mariage, dont au demeurant
de Jeanne, qui cajole sans cesse son mari : « le caresser, « personne ne s’étonna » (l. 1) cause un pareil émoi ! Enfin,
l’embrasser, lui tripoter les mains, la barbe, le nez, etc. le pronom indéfini « on » dans la proposition « on admira
Elle s’asseyait sur ses genoux, et, le prenant par les oreilles » fort les mariés » montre une masse indéterminée, sans
(l. 29-32). Enfin, la figure de l’anaphore lignes 39 à 42 visage, d’habitants.
montre la réciprocité des sentiments, Lebrument n’avait 3 Pour répondre à cette question, on s’appuiera sur la page
« pas assez de caresses, pas assez de lèvres, pas assez de « Quelques repères » de la séquence (p. 17). Cela permettra
mains, pas assez de toute sa personne pour fêter » Jeanne. d’ordonner le relevé sous forme de tableau. Sont présents
3 Lignes 107-119, le champ lexical de la rapidité montre dans l’omnibus :
que Jeanne est projetée dans l’omnibus, elle subit la situa-
tion et ne la comprend pas : « au trot des trois chevaux »,
« très vite », « n’eut pas le temps », « la précipita ».

14
Ouvrier
Petite-
Religieux Militaire Indéterminé Pour aller plus loin
bourgeoisie
On pourra faire écouter une version moderne de cette des-
un garçon un monsieur deux un un gros cription des voyageurs des transports en commun, avec
épicier à lunettes bonnes sergent monsieur
la chanson de Gauvain Sers, « Le ventre du bus 96 », sortie
(l. 124), d’or coiffé sœurs d’infan- qui sentait
une ouvrière d’un (l. 129- terie la pipe en 2017 dans son album intitulé Pourvu : https://www.
(l. 124), un chapeau de 130) (l. 124- (l. 120-121), youtube.com/watch?v=BJIEgHY8omU
croque-mort soie (l. 125), 125) une vieille
(l. 130), une deux dames femme Thème 3 : Le voyage
cuisinière à l’air qui sentait 1 Le couple part en voyage de noces.
(l. 146), important le chien
2 Maupassant convoque un vocabulaire technique précis :
un cocher et grincheux (l. 121-122),
(l. 152), (l. 127) une fille « la gare » (l. 65), « l’employé » (l. 77), « en voiture ! »
un commis- en cheveux (l. 78), « wagon » (l. 79), « le train siffla » (l. 86), « le trajet »
sionnaire (l. 130) (l. 86), « la cour de la gare Saint-Lazare » (l. 89). Il fait agir
(l. 153) les personnages : l’employé crie, le train siffle, tout est vie
pendant ce voyage.
4 Maupassant exagère les traits des personnages de l’om-
3 Lebrument promet à sa femme de se rendre « dans les
nibus. Il insiste sur les odeurs que les corps émanent, sur
restaurants, au théâtre, dans les cafés-concerts » (l. 50-51).
les attitudes résignées des voyageurs « alignés et muets »
Il met en avant les attractions de la capitale face à cette
(l. 123). On analysera en particulier la citation lignes 131
jeune femme de province, vite éblouie par ces promesses
à 134 : ils avaient « l’air d’une collection de caricatures,
qui sont aussi des clichés.
d’un musée des grotesques, d’une série de charges de la face
humaine, semblables à ces rangées de pantins comiques 4 Le couple a prévu de se rendre au boulevard pour déjeu-
qu’on abat, dans les foires, avec des balles ». Les termes ner. Ils sont séparés car Lebrument veut pouvoir fumer :
soulignés dans ce passage montrent que les voyageurs n’ont il monte sur le toit de l’omnibus, l’impériale, tandis que
presque plus face humaine, ce sont des effigies déformées. sa femme reste à l’intérieur du véhicule.
5 La promiscuité induite par l’omnibus rend le champ 5 Il annonce le terminus du voyage : Jeanne, qui n’a jamais
lexical des odeurs très présent de la ligne 120 à 156 : « qui pris l’omnibus, ne comprend pas qu’elle doit descendre.
sentait la pipe », « qui sentait le chien », « une odeur fade 6 Elle termine son voyage chez son cousin car elle est seule
de vieille jupe », « une forte senteur d’eau de vaisselle », dans Paris, abandonnée par son mari. Elle ignore où elle est,
« qui fleurait l’écurie », « dont les pieds exhalaient le parfum et se rapproche de la seule personne qui lui est familière.
de ses courses ». Toutes ces odeurs ont pour conséquence Pour ce faire, elle prend un moyen de transport plus sécuri-
d’écœurer Jeanne, d’augmenter son malaise et sa détresse : sant, le fiacre, le même moyen de transport que son mari
« La notaire se sentait mal à l’aise, écœurée, prête à pleurer lui a refusé à leur arrivée à Paris. Le fiacre et le logement de
sans savoir pourquoi » (l. 155-156). son cousin sont synonymes de sécurité.
6 Jeanne est traitée comme une quantité négligeable 7 LANGUE Nous possédions juste de quoi payer la course
(« Bon, ce n’est rien », l. 212), les deux hommes se moquent du fiacre ; nous nous fîmes conduire chez lui. Et nous le ren-
d’elle (« L’employé se mit à rire », l. 197) et refusent de contrâmes comme il partait pour son ministère. Il portait,
l’aider. Le conducteur se montre même « grossier » (l. 189). ainsi que Lebrument, un gros portefeuille sous le bras.
On attend des élèves qu’ils concluent sur le peu d’importance Nous nous élançâmes de notre voiture.
que la détresse d’une femme a aux yeux de ces hommes. – Henry ! criâmes-nous.
Bilan Bilan
Maupassant critique la société en la caricaturant, en exagé- Ce thème est rendu moderne par l’utilisation d’éléments
rant ses caractéristiques. Il se moque du manque d’hygiène, précis (toponymes), les divers moyens de locomotion et les
du manque de relations humaines et d’entraide à Paris. Les indications techniques du voyage en train.
habitants de Boutigny sont critiqués pour leur admiration
Thème 4 : La mise en place de la ruse
déplacée et leur naïveté.
1 Le champ lexical dominant est celui de l’argent : « ache-
HISTOIRE DES ARTS ter » (l. 3), « argent » (l. 4), « payer » (l. 5), « trois cent mille
On laissera les élèves argumenter en faveur de l’un ou de francs liquides » (l. 5-6), « billets de banque » (l. 6), « titres
l’autre, en faisant remarquer que ce ne sont pas les mêmes au porteur » (l. 7). Un champ lexical si développé en si peu
sens qui sont convoqués (la vue pour Delondre, l’odorat de lignes indique que Lebrument épouse Jeanne pour son
pour Maupassant). argent.
2 Jeanne est naïve, elle ne remet pas en question ce que
lui dit son mari. Elle se comporte comme une enfant en

15
embrassant toute la journée son mari : « Ouvre la bouche • Analyser la relation entre les personnages.
et ferme les yeux » (l. 32-33). Sa jeunesse est également • Comprendre l’importance de la chute de la nouvelle.
mise en avant : « sa jeune compagne » (l. 45) – comme dans • Identifier les caractéristiques de la nouvelle réaliste et sa
une fable, cet âge est synonyme d’inexpérience. structure.
3 Lebrument se laisse cajoler par Jeanne, il lui fait décou- La nouvelle « Le Petit Fût » est l’occasion pour nos élèves
vrir les joies de l’amour avec « une adresse, une délicatesse de découvrir deux personnages archétypaux de la campagne
et un à-propos remarquables » (l. 23-24). Il lui promet un normande et un autre thème cher à Maupassant : l’argent
voyage sous le signe des plaisirs parisiens. et la vénalité. L’histoire est un peu l’écho de « La Dot » :
4 Lebrument veut fumer une première fois dans le train, un personnage en dupe un autre pour le voler. Ils analyse-
il ne le peut pas, empêché par la présence de deux vieilles ront au fil du questionnement la relation complexe que
dames dans le wagon. Il prépare donc Jeanne à ce désir les personnages entretiennent l’un envers l’autre. Ils identi-
de tabac, et peut réitérer son souhait en arrivant à Paris. fieront les caractéristiques de la nouvelle réaliste : l’ancrage
Cela justifie le fait qu’il monte sur le toit de l’omnibus : dans la réalité sociale, la peinture des défauts humains,
il peut alors filer en toute discrétion au premier arrêt ! l’apparence de la réalité, et prendront conscience de sa
structure en cinq étapes et de sa chronologie plus ou moins
5 Seul dans le fiacre avec Jeanne, il ne pouvait pas s’éclip-
resserrée.
ser. Il a laissé ses malles à la gare pour faire demi-tour,
récupérer ses effets et « filer sur la Belgique » (l. 246) en
toute tranquillité.
Pour aller plus loin
6 Lebrument est manipulateur, et Jeanne est naïve. On pourra passer aux élèves l’adaptation télévisuelle du
Petit Fût, réalisée par Claude Chabrol en 2008 et diffusée
7 LANGUE Le verbe « filer » est à l’infinitif car il est le
par France 2. La distribution est exemplaire et Tsilla Chelton,
noyau du complément d’objet du verbe « doit » (cf. page 153
qui incarne la mère Magloire, est plus vraie que nature ! Il est
de la nouvelle terminologie grammaticale :
possible de leur faire comparer cette version et la nouvelle
https://lettres.spip.ac-rouen.fr/?La-grammaire-du-fran-
de Maupassant : le traitement du temps, la psychologie des
cais-terminologie-officielle
personnages, le ton utilisé…
Bilan https://www.youtube.com/watch?v=WX2bEBy5Rzg
Maupassant exagère les traits de caractère des personnages,
en employant le thème classique de la ruse. Ici, la femme Si vous avez aimé « Le Petit Fût »
amoureuse est terriblement aveuglée par ses sentiments, Vous pouvez lire d’autres contes normands de Maupassant :
et le Don Juan est dénué de scrupule : il ruine son épouse « La Ficelle » (publiée dans la revue Le Gaulois du 21 novembre
en une semaine ! 1883, puis dans le recueil Miss Harriet en 1884), « La Bête
à maît’ Belhomme » (publiée initialement dans le Gil Blas
TOUS ENSEMBLE du 22 septembre 1885, avant d’être reprise dans le recueil
1 On peut attendre une lecture des questions et des Monsieur Parent la même année), « Histoire d’une fille de
réponses apportées par le groupe. ferme » (publiée dans La Revue politique et littéraire du
2 On demandera une justification claire, même s’il s’agit 26 mars 1881, puis dans le recueil La Maison Tellier en 1881,
d’une paraphrase. « Boule-de-Suif » (publiée en 1880 dans le recueil collectif
des Soirées de Médan)…
3 On peut imaginer une carte mentale dont les quatre
branches reprennent les quatre thèmes étudiés, et le bilan Différenciation
de chaque partie.
Avant de laisser les élèves répondre au questionnement
Votre bilan en autonomie, à l’écrit ou à l’oral, on peut diffuser en classe
Ici, la société est représentée dans toute sa diversité, en la lecture de la nouvelle grâce à l’enrichissement audio.
particulier dans l’omnibus. Toutes les catégories sociales Cela permettra aux élèves moins à l’aise avec le déchiffrage
y sont représentées, et Maupassant n’épargne pas à son d’accéder plus vite au sens du texte. Par ailleurs, il est égale-
lecteur les détails corporels. Par ailleurs, il montre comment ment envisageable de demander aux élèves d’écouter la
une histoire d’amour peut commencer et se terminer, sans nouvelle chez eux, en amont de son étude en classe.
l’idéaliser. Le voyage est réaliste, riche de détails. Enfin,
Maupassant, comme à son habitude, ne cède pas à la POUR COMMENCER
tentation de la fin heureuse : la ruse s’achève sur le triomphe On attend des élèves qu’ils comprennent que la nouvelle
du faussaire des sentiments, et pas sur la victoire de Jeanne. s’étend sur plusieurs années, qu’elle est la construction
du plan d’un des personnages pour piéger mortellement
Lecture 3 « Le Petit Fût » − 1884 > p. 28-31 l’autre. On leur demandera pourquoi ce titre a été choisi,
Vos objectifs et donc d’essayer d’expliquer quelle place importante le
• Étudier deux personnages caricaturaux. petit fût prend dans la nouvelle.
16
Des personnages caricaturaux Maître Chicot est l’archétype du terrien qui essaie de
1 Les deux personnages de cette nouvelle sont Mme Magloire s’élever dans la hiérarchie sociale : il mange et boit bien
et maître Chicot. comme un homme qui a les moyens (« ventru », l. 4) mais
2 Mme Magloire est une femme âgée (« la vieille », l. 7 ; son visage reste « rouge » (l. 3) comme un fermier qui passe
« Âgée de soixante-douze ans », l. 12) qui possède une sa vie au grand air. Il se déplace en voiture légère, de type
ferme. Son visage est marqué et son corps abîmé, mais cabriolet, à deux roues, tractée par un cheval, comme un
elle est encore très dynamique (« elle était sèche, ridée, bourgeois : « Maître Chicot, l’aubergiste d’Épreville, arrêta
courbée, mais infatigable comme une jeune fille », l. 12 à son tilbury devant la ferme de la mère Magloire » (l. 1-2).
14). Elle a de l’arthrose qui déforme ses mains (« Ses doigts De simple manipulateur dans la 1re partie, il devient diabo-
crochus, noués, durs comme des pattes de crabe », l. 22-23). lique dans la seconde pour obtenir ce qu’il désire : « Pu tôt
Elle est entêtée (« s’y refusait avec obstination », l. 9 ; que ce sera fini, pu que je serai content. » La phrase est
« J’y sieus née, j’y mourrai », l. 10) et méfiante envers à prendre à double sens : il sera ravi que la mère Magloire
Chicot (« La vieille le considérait avec méfiance, cherchant finisse l’alcool contenu dans le fût. Il sera ravi quand la mère
le piège », l. 58-59). Magloire sera enfin morte. Trop de naïveté, trop de vénalité,
Maître Chicot est l’aubergiste d’Épreville, une petite ville trop de manipulations, trop d’alcool : la vieille Magloire et
de Normandie. C’est un homme encore jeune (« C’était un maître Chicot sont des personnages exagérés et ridicules.
grand gaillard de quarante ans », l. 3), qui apprécie la bonne  À L’ORAL
chère (« ventru », l. 4), la boisson (« rouge », l. 3), qui peut
Qu’importe la réponse, pourvu que l’enseignant(e) retrouve
se montrer malveillant et dont il faut se méfier (« qui
les caractéristiques d’une caricature dans ce que propose
passait pour être malicieux », l. 4). Il est intéressé par les
l’élève : amplification/exagération des traits naturels d’une
terres de Mme Magloire qui refuse de les lui céder.
personne, ridicule du rendu, critique indirecte, mise en
3 La mère Magloire manque d’argent : elle est pauvre. situation incongrue, dérision, effet comique. Les personnes
4 Maître Chicot a des arguments convaincants pour faire caricaturées sont souvent célèbres : le caricaturiste choisit
céder la vieille dame. Il lui propose un viager et l’appâte souvent une personnalité, en général politique, qu’il va
en lui faisant miroiter un apport conséquent d’argent sans pouvoir critiquer indirectement en utilisant le dessin comme
fournir le moindre effort : « vous restez chez vous, vous type d’expression. L’artiste peut aussi dessiner la personne
n’vous occupez point de mé, vous n’me d’vez rien. Vous choisie en développant une partie de son visage selon
n’faites que prendre mon argent » (l. 53-55), « Vous m’la son caractère. De cette façon, la caricature va être une
vendez, et pi vous la gardez tout d’même » (l. 44-45). façon de montrer que cet aspect de la personnalité est
Il garantit son action en passant par un notaire et officialise prépondérant par rapport au reste.
le marché : « vous m’ferez un p’tit papier chez l’notaire pour À propos de la caricature page 31 : Guy de Maupassant est
qu’après vous ça me revienne » (l. 65-66). Il lui demande représenté avec une tête disproportionnée par rapport
donc de le nommer légataire universel, c’est-à-dire qu’il à son corps. Il se tient sur un piédestal, tenant de sa main
n’est pas une personne censée hériter, mais il le devient droite un bouquet de journaux de l’époque (une référence
parce que la mère Magloire l’aura désigné dans son testa- au fait qu’il publie ses nouvelles dans la presse, aux côtés
ment. d’articles de faits divers) et saluant de la gauche. Un membre
5 Les deux personnages sont intéressés et attirés par du clergé, lui-même caricaturé (il ressemble à un diablotin
l’argent. Maître Chicot est manipulateur et rusé car, malgré − oreilles et nez pointus, dents acérées et manquantes),
la méfiance de la mère Magloire, il réussit à obtenir ce qu’il tombe sur la droite. C’est certainement un clin d’œil au
désire. fait que Maupassant se moque de la religion : « La religion
6 Les traits de la mère Magloire et de maître Chicot sont m’attire beaucoup, car parmi les c… de l’humanité celle-là
exagérés. La mère Magloire apparaît sous les traits d’une me semble capitale, c’est la plus large, la plus multiple
fermière typique : « épluchant des pommes de terre devant et la plus profonde », écrira-t-il à Flaubert en 1878. Il tient
sa porte » (l. 11-12), entourée de ses poules, « Trois poules cette aversion depuis son internat, au séminaire d’Yvetot
hardies s’en venaient l’une après l’autre jusque dans ses (Seine-Maritime), qui lui a été insupportable ; il conservera
jupes » (l. 29-30), d’une femme percluse de douleurs liées ce profond dégoût de la religion toute sa vie durant.
à son âge « sèche, ridée, courbée » (l. 13). La mère Magloire
se laisse naïvement prendre au piège de la boisson tendu Pour aller plus loin
par Chicot alors qu’elle se méfiait de lui dans la 1re partie Coll-Toc est un pseudonyme qui désigne un duo de caricatu-
(« cherchant le piège », l. 58-59). Elle devient alcoolique ristes, Alexandre Collignon et Georges Tocqueville. Ils cari-
profonde : « la mère Magloire s’ivrognait toute seule » caturent les hommes célèbres à partir de 1882 et leur travail
(l. 218) et meurt de froid, après être tombée dans la neige fait la première page des Hommes d’aujourd’hui, revue à
en étant alcoolisée : « Elle mourut l’hiver suivant, vers la intention littéraire et satirique.
Noël, étant tombée, saoule, dans la neige » (l. 228 à 230). C’est grâce à Honoré Daumier, graveur, peintre, sculpteur et
17
caricaturiste français, que la caricature est reconnue comme  À L’ÉCRIT
un art à part entière. Caricature, c’est aussi le nom de Chicot prémédite ses actions, en poussant la mère Magloire
l’hebdomadaire satirique créé en 1830 qui comptera Honoré vers la mort grâce à l’alcool dont il arrive à la rendre
Daumier au dessin et Honoré de Balzac à l’écriture. dépendante. Il n’a aucun scrupule à la tuer et murmure de
https://www.cairn.info/revue-humanisme-2014-1- manière mauvaise : « Tu ne crèveras donc point, carcasse ! »
page-14.htm (l. 138). Sans le savoir, elle va passer un pacte avec un
homme qui va devenir son meurtrier indirect. La dernière
La relation entre les personnages phrase de Chicot, « C’te manante, si alle s’était point bois-
1 Du début à la ligne 141 : la mère Magloire est maîtresse sonnée, alle en avait bien pour dix ans de plus » (l. 232-233),
de la situation et ne cède pas à Chicot : « La résistance de montre bien qu’il lui a tendu un piège duquel elle n’a pu
l’âge », « Une volonté à toute épreuve »... peuvent être des se défaire, dépendante à l’alcool qu’elle est devenue à cause
titres proposés par les élèves qui mettent la mère Magloire de lui : « Ça, c’est du lait, voyez-vous ; mé, j’en bois dix,
au centre de cette première partie. « Un désir inassouvi », douze, sans embarras. Ça passe comme du sucre. Rien au
« Un contrat ambigu »... mettront au centre maître Chicot. ventre, rien à la tête ; on dirait que ça s’évapore sur la
La seconde partie se situe de la ligne 142 jusqu’à la fin : langue. Y a rien de meilleur pour la santé ! » (l. 188 à 191).
Chicot a pris le dessus, il a élaboré un plan qui va piéger La mère Magloire est victime d’un homme mauvais, prêt
la vieille femme. Elle en mourra. « Le plan diabolique » est à tout pour obtenir ce qu’il désire : « il s’en revint la voir en
centré sur Chicot, « L’alcool tue » sur la mère Magloire. se frottant les mains » (l. 143-144).
2 Dans la première partie, c’est Mme Magloire qui domine
La chute de la nouvelle
car elle ne cède pas à la pression exercée par maître Chicot
1 Le verbe « flairer » est un verbe applicable notamment
et refuse de mourir : « Elle paraissait n’avoir pas vieilli
au chien. Par conséquent, dire de la mère Magloire qu’elle
d’un jour » (l. 128-129). Elle semble même s’amuser du
« flaire » fait d’elle une personne qui relève plus de l’anima-
désespoir de Chicot : « Elle le recevait avec une malice
lité que de l’humanité. C’est donc une vision dévaluative
dans le regard. On eût dit qu’elle se félicitait du bon tour
que l’auteur donne de ce personnage.
qu’elle lui avait joué » (l. 134 à 136).
2 La faux est un outil agraire, mais c’est aussi l’outil utilisé
3 « Alors il chercha des moyens » (l. 142) est la phrase
par la Mort pour ôter la vie. Quand les blés sont mûrs, on
qui fait la transition entre les deux parties. Maître Chicot
les coupe. Chicot va donc rendre visite à la vieille pour voir
a épuisé toutes ses ressources pour faire céder la mère
si elle va bientôt mourir.
Magloire de manière honnête et officielle. Le constat est là :
elle ne meurt pas. Il va devoir passer à la vitesse supérieure 3 Cette phrase est ironique, d’autant plus qu’elle est
et user de malice pour obtenir ce qu’il souhaite de la vieille prononcée par la mère Magloire elle-même. L’ironie est
dame. l’opposition entre une réalité cruelle, décevante et ce qui
pouvait être attendu. Il faut donc comprendre le contraire
4 Dans la seconde partie, c’est Chicot qui domine claire-
de ce qu’affirme la mère Magloire : boire va assurément
ment. Il l’invite très (trop) poliment à dîner : « Tant que
la tuer !
le cœur vous en dira, v’nez sans retenue, ça m’fera plaisir »
(l. 152-153), « L’aubergiste, radieux, la traita comme une 4 Le petit fût offert par Chicot accélère la chute de la mère
dame » (l. 160-161), ce qui permet de comprendre qu’il Magloire car, en le possédant, elle a accès à une grande
a fomenté un plan pour faire céder la vieille fermière. Enfin, quantité d’alcool et n’a plus besoin de voir Chicot pour
il va la faire boire plus que de raison et va créer chez elle, boire : elle peut « s’ivrogner » toute seule.
petit à petit, une dépendance à l’alcool : « Et il reconnut 5 LANGUE « Et la bonne femme se mit à boire tout
un souffle d’alcool. Alors son visage s’éclaira » (l. 213-214). doucement, à petites gorgées, faisant durer le plaisir »
5 La relation entre les personnages se dégrade au fil (l. 178-179) : « tout doucement », « à petites gorgées » et
du texte. Chicot se met à haïr la mère Magloire qu’il accuse « faisant durer le plaisir » sont trois compléments circons-
de l’avoir ruiné : « – Tu ne crèveras donc point, carcasse ! tanciels de manière.
Il ne savait que faire. Il eût voulu l’étrangler en la voyant. Proposition de corrigé pour les trois phrases simples : Et la
Il la haïssait d’une haine féroce, sournoise, d’une haine bonne femme se mit à boire tout doucement. Puis, elle but
de paysan volé » (l. 137 à 141). Quant à la vieille femme, à petites gorgées. Elle faisait durer le plaisir.
elle prend un malin plaisir à mener Chicot par le bout du nez 6 LANGUE Proposition de corrigé : En s’en allant, Chicot
en se refusant à mourir : « elle se félicitait du bon tour déclara que plus tôt ce serait fini, plus tôt il serait content.
qu’elle lui avait joué » (l. 135-136). Proposition principale : En s’en allant, Chicot déclara /
6 L’ellipse temporelle est « Trois ans s’écoulèrent ». Cette
Proposition subordonnée conjonctive : que plus tôt ce serait
fini / Proposition subordonnée conjonctive (la conjonction
rupture chronologique révèle que la situation créée par
« que » est sous-entendue ici) : plus tôt il serait content.
maître Chicot dure, et, qu’avec le temps, elle est devenue
insupportable.
18
 À L’ÉCRIT cachées », l. 99-100), et il se rend régulièrement auprès
Les indices qui montrent que le lecteur pouvait s’attendre d’elle vérifier que sa fin est proche : « Il allait de temps en
à cette fin sont nombreux. Les élèves en trouveront sûre- temps rendre visite à la fermière, comme on va voir en
ment encore, disséminés dans le texte : « elle rentra trou- juillet, dans les champs, si les blés sont mûrs pour la faux »
blée comme si elle eût bu quatre pots de cidre nouveau » (l. 131 à 134). Tout est calibré, pensé, et réfléchi avec
(l. 102 à 104), montre son attirance pour l’alcool ; « Je n’en précision. Sans remords, ni culpabilité, Chicot assiste à la
ai pas pour pu de cinq à six ans pour sûr » (l. 113) annonce déchéance de la mère Magloire : il ironise même à la fin
sa mort prochaine ; « Et la mère Magloire exigea dix écus sur sa faiblesse, dont il est lui-même l’auteur : « – C’est-il
de pots de vin » (l. 125-126) joue sur le double sens, à peine pas malheureux, à son âge, d’avoir pris c’t’habitude-là ?
caché, de « pot-de-vin » ; « sobre depuis son enfance » Voyez-vous, quand on est vieux, y a pas de ressource. Ça
(l. 163-164) sous-entend qu’elle ne tient pas l’alcool et finira bien par lui jouer un mauvais tour ! » (l. 224 à 227).
que cela peut être sa faiblesse, n’y ayant jamais goûté ; Enfin, alors qu’elle est morte, il ne respecte pas sa mémoire
« Elle voulut refuser, mais il était trop tard » (l. 183-184) et la traite de « manante » (l. 232), qui est une femme
montre que le piège tendu par Chicot se referme sur elle. grossière et sans éducation.
Enfin, à la fin de la nouvelle, les indices se font de plus en
plus évidents. Il n’y a plus qu’une fin possible. Pour vous aider à lire et à écrire > p. 32-33
Un récit réaliste
Grammaire et conjugaison
Un récit réaliste Extraits du texte
La phrase complexe
Des lieux existants Épreville / une ferme normande
Des thèmes la vente de la ferme / l’acte notarié J’observe
du quotidien / la dure vie des paysans 1 Phrase 1 :
Des métiers réels un aubergiste / une paysanne  [La vieille frémit à cette perspective] : proposition indé-
pendante 1 coordonnée à la deuxième avec la conjonction
« – J’y sieus née, j’y mourrai,
de coordination mais.
Des dialogues disait-elle » (l. 10) / « Pu tôt
réalistes que ce sera fini, pu que je serai  mais [elle se méfiait toujours], proposition indépendante
content » (l. 208), etc. 2 juxtaposée à la troisième avec la virgule.
 [elle demeura jusqu’au soir à poser des questions, ne
les doigts crochus de la mère
pouvant se décider à partir.] : proposition indépendante 3.
Magloire, « durs comme des pattes
Phrase 2
de crabe » (l. 22-23) / le côté
rougeaud de Chicot (l. 3) /  [Enfin, elle ordonna de préparer l’acte] : proposition indé-
Des descriptions pendante coordonnée à la principale avec la conjonction
« Elle flairait bien quelque chose
précises et imagées de coordination et.
de mauvais » (l. 82) / « elle était
sèche, ridée, courbée, mais  et [elle rentra troublée] : proposition principale ;
infatigable comme une jeune  [comme si elle eût bu quatre pots de cidre nouveau] :
fille » (l. 12 à 14), etc. proposition subordonnée conjonctive introduite par la
conjonction de subordination comme.
HISTOIRE DES ARTS
1 Le tableau de Toulouse-Lautrec peut illustrer tous les Je m’entraîne
passages où Chicot et la mère Magloire boivent ensemble. 2 a. Proposition subordonnée (conjonctive) introduite par
2 Les deux personnages du tableau semblent s’être perdus la conjonction de subordination que.
dans l’alcool. La bouteille de vin est entamée, les verres b. Proposition indépendante juxtaposée à la 2e avec la
presque vides. Par leur posture, le spectateur a l’impression virgule.
qu’ils n’en sont pas à leur première bouteille. Les regards c. Proposition indépendante coordonnée à la 1re avec
sont lourds et troubles et les corps avachis. la conjonction de coordination et.
Votre bilan d. Proposition subordonnée (relative) introduite par le pro-
Maître Chicot incarne la cruauté humaine dans la nouvelle. nom relatif qui / proposition indépendante juxtaposée à
Il est satisfait de son plan pour se débarrasser de la mère la 2e proposition avec la virgule.
Magloire et impatient d’arriver à ses fins (« en se frottant 3 Propositions :
les mains », l. 143-144). Il a trouvé le moyen de l’éliminer a. C’est l’histoire d’un ouvrier [qui tue ses parents] : propo-
sans faire peser les soupçons sur lui en attendant qu’elle sition subordonnée relative.
se perde dans l’alcool. Elle tombe dans tous les pièges qu’il b. Il est arrêté et un procès a lieu donc l’avocat plaide pour
lui tend malgré la méfiance qu’elle a envers lui au début de lui : propositions indépendantes coordonnées.
la nouvelle (« craignant mille choses imprévues, des ruses c. Le lecteur suit son aventure avec intérêt et découvre la
19
raison de cet acte : propositions indépendantes coordon- 3 bienveillance/malveillance ; pessimiste/optimiste ; orgueil-
nées. leux/modeste ; élégant/vulgaire ; généreux/mesquin ; rétro-
d. On s’interroge s’il avait eu raison de tuer sa famille et grade/moderne ; franc/sournois ; inconstant/persévérant.
s’il était un monstre : proposition principale + propositions Défi : persistant, constant, entêté, obstiné, opiniâtre, patient,
subordonnées interrogatives indirectes introduites par la fidèle, assidu, endurant, soutenu, tenace.
conjonction de subordination si.
J’écris
J’écris Proposition : Maître Chicot (« Le Petit Fût ») : Maître Chicot
4 On attend des élèves qu’ils mettent en avant un des était un homme d’une quarantaine d’années, bien bâti
quatre personnages du tableau. Naturellement, l’attention et aux joues un peu rougeaudes. Il convoitait les terres
va se porter sur la femme au premier plan, qui diffère par de la mère Magloire, une vieille fermière aux revenus plus
la couleur de sa robe, mais aussi par son âge : c’est une que modestes. Mais la paysanne résistait et se montrait
jeune femme parmi des femmes beaucoup plus âgées. tenace face aux propositions de l’aubergiste. L’homme,
Sa tenue indique qu’il s’agit d’une bourgeoise. Elle brode qui était sournois, était persévérant. Un jour, il eut une idée
dans un parc fleuri, confortablement installée à l’ombre malveillante…
d’un arbre, les jambes rehaussées grâce à un marchepied.
Tous les scénarios d’une nouvelle réaliste sont possibles. Orthographe
Une attention toute particulière sera portée à la construc-
tion des phrases, l’exercice même de l’écriture d’une nou- Dictée préparée
velle étant traité spécifiquement dans l’Atelier écrit des 1 s’en est le pronom réfléchi se + le pronom en ; et est
pages 34-35. la conjonction de coordination et est est le verbe être à
la 3e personne du singulier au présent de l’indicatif ; ce est
Maîtriser les finales en [e] un déterminant démonstratif et se est un pronom réfléchi.
2
J’observe
Verbes au participe Verbes à la troisième
1 •• monté : participe passé du verbe monter, conjugué au
présent personne du pluriel
passé composé (« est monté »).
• regardez : présent de l’impératif du verbe regarder (2e per- chuchotant − regardant méditent − entourèrent −
finirent
sonne du pluriel non exprimée).
• marcher : verbe à l’infinitif, utilisé derrière la préposition 3 « malins et cruels » sont deux adjectifs qualificatifs
« à ». qui se rapportent au nom « yeux », et s’accordent avec lui,
• effarée : participe passé du verbe effarer, utilisé (le plus au masculin pluriel.
souvent) comme adjectif. Il s’accorde avec le pronom
4 Les trois mots à mémoriser comportent des difficultés :
« elle », féminin singulier.
à remarquer les consonnes doubles de embarrassé et de
• affolée : participe passé du verbe affoler, utilisé comme
succès ; à remarquer aussi la prononciation de enorgueilli
adjectif. Il s’accorde avec le pronom « elle », féminin singu-
et la présence du u après la lettre g.
lier.

Je m’entraîne Atelier écrit Écrire une nouvelle réaliste


2 a. aller. − b. programmé ; voyager. − c. abandonnée. − > p. 34-35
d. pensez. Compétences : Écriture : adopter des stratégies et des pro-
3 a. Regardez. − b. enthousiasmée ; broncher. − c. laisser ; cédures d’écriture efficaces.
chercher. − d. voler ; éplorée ; rafler. Les élèves vont se laisser guider étape par étape dans cet
atelier d’écriture. Leurs réflexions auront été nourries par
Vocabulaire la lecture des trois nouvelles du chapitre, mais également
enrichies par un recueil de nouvelles donné en lecture
Les qualités et les défauts
cursive par exemple.
1 a. et b. • Se dévouer pour les autres : altruisme (qualité). S’appuyer sur un tableau réaliste permet de partir d’un
• Fait de ne pas abandonner : ténacité (qualité). • Grande paysage commun afin de commencer l’atelier avec les
honnêteté morale : intégrité (qualité). • Faire les choses élèves. Il est important qu’ils aient bien compris le sujet et
sans gêne : désinvolture (défaut). • Mépriser les autres : qu’ils se soient projetés dans la scène afin de faire émerger
arrogance (défaut). tous les éléments sur lesquels ils vont s’appuyer pour leur
2 a. immature − b. incompétent − c. indiscret − d. intolé- travail d’écriture.
rant − e. médisant − f. méprisant.
20
Différenciation Histoire des arts Paysages impressionnistes
Pour des élèves fragiles et/ou qui manquent d’autonomie, > p. 36-37
il est conseillé de mener cet atelier pendant les heures Le groupe des peintres impressionnistes a été soutenu
d’accompagnement personnalisé, qui permet d’encadrer avec acharnement par plusieurs auteurs du xixe siècle, dont
davantage les élèves. Maupassant. En effet, ils ont en commun la volonté de
peindre le monde contemporain de façon moderne.
TESTÉ EN CLASSE Voici la production d’Omar, élève Pour contextualiser, on pourra rappeler que les salons sont
de 4B au collège Henri-Matisse de Grand-Couronne : des expositions qui mettent en avant des peintres reconnus
par le pouvoir. Les jeunes peintres n’y sont pas invités. Face
En lisant le journal, ce matin, je me souviens de ce jour de
à cette injustice, ils tiennent leur propre salon en 1874 :
mon enfance.
ils deviennent les « Impressionnistes ». En effet, le tableau
C’était un après-midi d’été particulièrement ensoleillé.
de Monet Impression, soleil levant a donné son nom au
Ma mère nous emmena respirer le bon air pur au bord
mouvement des Impressionnistes, d’abord par moquerie par
de la mer afin de nous détendre un peu après un déjeuner
Louis Leroy : « Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi,
houleux en compagnie de notre père. Une fois de plus,
puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression
je vis ma mère sangloter tristement, ce qui l’amena à s’aérer
là-dedans… Et quelle liberté, quelle aisance dans la facture !
l’esprit à la plage. Ma sœur et moi étions contents de
Le papier peint à l’état embryonnaire est encore plus fait
profiter de cette accalmie et du beau temps.
que cette marine-là » (Le Charivari, le 25 avril 1874).
Ma mère sortit son ombrelle pour se protéger du soleil.
S’ils sont très critiqués par la presse, ils sont soutenus par
Elle resta figée là un moment, regardant fixement l’horizon
des collectionneurs privés, comme Gustave Caillebotte.
et le remous des vagues, comme pour chasser sa mélancolie
Par la suite, le mouvement obtient une large reconnaissance
et ses tourments. Au loin, les bateaux passèrent, se succé-
quand ses toiles sont exposées à l’Exposition universelle
dèrent puis disparurent. À quelques mètres de nous, un
de Paris de 1889. Quand Caillebotte meurt, il lègue sa
groupe d’enfants faisait un château de sable ; j’hésitai
collection, visible encore aujourd’hui au musée d’Orsay. Le
longtemps à laisser Maman mais je finis par aller à leur
mouvement est également célèbre aux États-Unis, soutenu
rencontre. Ils m’accueillirent avec le sourire et nous
et encouragé par la peintre Mary Cassatt.
jouâmes tous ensemble, en riant. Au fil des heures, de nom-
breuses familles s’installèrent, se promenèrent, tandis 1 •• Femme et enfant au balcon représente au centre de la
que certains prenaient des photos de cette superbe mer toile la sœur et la nièce de Berthe Morisot. L’adulte, de
tumultueuse. profil, écoute la petite fille ou regarde le paysage. À droite,
Après cet après-midi de détente et d’insouciance, il était au premier plan, un pilier est surplombé d’un bouquet de
temps de partir pour rentrer à la maison. Ma sœur et moi fleurs. À l’arrière-plan, le ciel est nuageux au-dessus de la
redoutions ce moment car nous ne voulions pas quitter capitale, identifiable grâce au dôme des Invalides.
nos nouveaux amis. Le trajet du retour sembla long et • Le deuxième tableau est un paysage rural de douces
pesant. collines, un champ de coquelicots en fleur. Quelques
Je demandai à Maman : personnages s’y promènent aux premier et second plans.
– Sommes-nous obligés de rentrer à la maison ? Le dernier est une scène au bord de l’eau : des barques sont
– Oui, nous n’avons pas le choix, répondit ma mère en au premier plan, l’eau est omniprésente. Les personnages
lâchant un long soupir. sont au second plan. Le point de fuite de l’œuvre est consti-
Ce furent ses derniers mots. tué par la Seine qui s’éloigne vers l’arrière-plan.
À notre arrivée, papa se tenait assis dans le salon et ne nous • On pourra expliquer le titre de l’œuvre aux élèves :
dit pas un mot. Maman alla préparer le repas, ma sœur La Grenouillère est le nom d’une petite île sur la Seine,
et moi allâmes nous débarbouiller puis manger. Le dîner appelée aussi île de la Chaussée. Elle est sur la commune de
nous parut calme et tranquille. Je partis me coucher en Bougival (déjà évoquée par Pissarro dans La Seine à Bougival,
pensant à ce bel après-midi et en rêvant d’en vivre beau- page 19 du manuel). Une guinguette a été construite sur
coup d’autres. Soudain, un frisson me saisit… cette île de la Grenouillère, et est fréquentée par les ama-
Depuis que je suis devenu adulte, je n’ai plus jamais passé teurs de canotage, le sport en vogue à la fin du xixe siècle.
un aussi bon moment que ce jour à la plage. Je ne suis 2 Les points communs sont que les contours sont peu
plus jamais retourné sur ces rivages car j’en garde un goût nets, flous, et que ces tableaux placent tous un personnage
amer. Maman me manque énormément. En repliant les dans un paysage. Les lieux sont différents : Paris, la cam-
feuillets de mon journal, je suis une nouvelle fois frappé pagne, un fleuve.
par l’horreur d’un féminicide. 3 •• Le personnage est central dans le tableau de Morisot :
la femme, en robe sombre, est représentée de profil.
La petite fille, vêtue de couleurs vives, tourne le dos au
spectateur, tout occupée qu’elle est à observer Paris.
21
• Les Coquelicots ne mettent pas en avant la femme et de Maufrigneuse, puis dans le recueil Toine en 1886. L’extrait
l’enfant : leurs visages ne sont pas reconnaissables, ils ne proposé ici correspond à l’incipit. Les élèves seront certaine-
sont qu’un élément du décor. À peine discerne-t-on en ment intrigués par le titre, qui laisse présager une sombre
arrière-plan un autre couple. histoire.
• Enfin, La Grenouillère met en scène un nombre important
Compréhension et compétences d’interprétation
de personnages, tous anonymes, certains se confondant
presque avec le décor. Ils sont là pour figurer un loisir en 1 Le retour en arrière est marqué par l’embrayeur du
vogue de l’époque, la fréquentation des guinguettes sur souvenir « Je me suis rappelé » (l. 1). « J’avais été invité »
les bords de la Marne ou de la Seine. On pourra d’ailleurs (l. 7), qui est le verbe inviter conjugué au plus-que-parfait
faire le lien avec des nouvelles de Maupassant se déroulant (de la voix passive ici), introduit cet événement du passé.
dans le même cadre, comme « Une partie de campagne » ou 2 « les châteaux, les industries, les ruines » (l. 10-11),
« La Femme de Paul », toutes deux publiées en 1881. « les monuments, les églises, les vieilles portes sculptées »
4 •• Le tableau présentant les couleurs les plus tranchées (l. 11-12), « des arbres de taille énorme ou de forme étrange,
est celui de Monet : le bleu et le blanc pour le ciel, le vert de le chêne de saint André et l’if de Roqueboise » (l. 13-14) :
la campagne sur lequel se détache le rouge des coquelicots. les lieux visités par le narrateur sont nombreux. Il s’agit
• Le ciel est plus gris chez Morisot, les couleurs plus ocres d’une énumération.
suggèrent une scène automnale. 3 La Parisienne est décrite comme une belle jeune femme,
• Enfin, la palette est très mélangée avec Renoir, le rouge à la réputation parfaite : « connue, jeune, élégante, char-
et le vert étant les plus utilisés. mante, adorée et respectée de tous » (l. 3-4).
5 La lumière n’est pas très présente chez Morisot, même 4 Le portrait fait de la Mère aux monstres est opposé à
si la scène est en extérieur. Elle est plus forte chez Monet, celui de la Parisienne : « C’est une femme abominable, un vrai
et est suggérée par la place importante accordée au ciel démon » (l. 26). Comme son nom l’indique, c’est un monstre.
moutonneux, qui occupe presque la moitié du tableau. 5 Cette femme transforme ses enfants en monstres pour
Les nuages reflètent la lumière par petites touches de blanc. les vendre à des cirques « qui les vend aux montreurs de
La lumière est omniprésente sur le tableau de Renoir : phénomènes » (l. 29). Elle est devenue experte et grâce à
l’eau reflète le décor de façon floue, avec des teintes claires. ce terrible commerce, elle est devenue riche : « en payant
À l’horizon, le ciel est mauve et jaune : la journée est radieuse une rente à la mère » (l. 32-33), « Elle est riche » (l. 34).
pour les canotiers.
6 Cet extrait contient des caractéristiques propres au
6 Les toiles dégagent une impression de sérénité pour registre réaliste : on retrouve la réalité sociale du monde
Berthe Morisot, de calme chez Monet, et de foule heureuse petit-bourgeois parisien : « une Parisienne connue, jeune,
dans la troisième œuvre. élégante, charmante, adorée et respectée de tous » (l. 3-4) ;
Bilan l’ancrage géographique : « le chêne de saint André et l’if de
Les deux mouvements ont subi des critiques, et se targuent Roqueboise » (l. 13-14) ; mais aussi la peinture des défauts
d’être les représentants d’une certaine vérité. Comme les humains avec une Mère aux monstres cupide, uniquement
Impressionnistes, les écrivains réalistes sortent des ateliers, motivée par l’argent, qui « produit » des enfants mons-
des bureaux, s’approchent au plus près de la réalité pour trueux pour les vendre à des forains : « elle est devenue une
la décrire dans leurs œuvres. fabrique de monstres » (l. 39).
Grammaire et compétences linguistiques
Faisons le bilan > p. 38
1 Ils se sont rappelé cette horrible histoire et cette horrible
Le Genially proposé pour faire le bilan de notre séquence est
femme en voyant passer l’autre jour, sur une plage aimée des
un quiz interactif qui contient 20 questions réparties ainsi :
riches, deux Parisiens connus, jeunes, élégants, charmants,
5 questions sur Maupassant, 5 sur les caractéristiques de
adorés et respectés de tous.
la nouvelle, 5 sur les caractéristiques du réalisme, 5 sur le
2 Elle a onze rejetons de cette nature donc elle est riche.
mouvement impressionniste, et enfin 5 sur la langue. Cette
activité peut être menée en classe entière, en groupes, ou 3 [Quand j’eus examiné avec des exclamations d’enthou-
de manière individuelle, en utilisant le manuel ou pas. Dans siasme bienveillant toutes les curiosités de la contrée] : pro-
tous les cas, elle permet de rendre compte des connais- position subordonnée conjonctive introduite par la conjonc-
sances des élèves de manière originale et ludique. Elle peut tion de subordination quand.
également servir de préparation à l’évaluation finale. , [mon ami me déclara avec un visage navré] : proposition
principale.
Évaluation > p. 39 [qu’il n’y avait plus rien à visiter]. : proposition subordonnée
L’évaluation de fin de séquence porte sur une autre nouvelle conjonctive, introduite par la conjonction de subordination
de Guy de Maupassant : « La Mère aux monstres », qui a été que.
publiée dans le Gil Blas du 12 juin 1883, sous la signature [Je respirai]. : phrase simple. Proposition indépendante.
22
La fiction pour interroger le réel

Des vampires qui ne


2 manquent pas de mordant ! > p. 40

1 Présentation de la séquence
Cette séquence s’inscrit dans l’entrée du programme de s’intéresser à l’évolution du mythe aux xxe et xxie siècles.
cycle 4 « La fiction pour interroger le réel » et vient com- En effet, force est de constater qu’en se démocratisant, le
pléter l’étude de nouvelles fantastiques. En effet, s’inté- personnage tend à perdre de sa bestialité initiale pour
grant dans un travail sur la littérature fantastique patrimo- exploiter d’autres facettes de ses pouvoirs, en particulier
niale, cette deuxième séquence propose la découverte celui de la séduction.
et l’exploitation d’une figure fantastique majeure : le vam- Le vampire étant bien connu des élèves grâce à ses mul-
pire. Bien qu’existant depuis fort longtemps (on en trouve tiples déclinaisons dans la production culturelle destinée à
des traces dans la littérature et les croyances antiques), la jeunesse, l’intérêt de la séquence est de les amener à
c’est le roman Dracula de Bram Stoker, au xixe siècle, qui prendre conscience de la façon dont un personnage arché-
lui donne toutes ses lettres de noblesse. typal peut évoluer avec le temps.
La séquence s’attache donc à cerner ce personnage litté-
raire, afin d’en identifier les caractéristiques, avant de

2 Objectifs de la séquence
Il s’agit pour les élèves de rencontrer une figure mythique La Lecture 4 présente un autre aspect d’une figure
de la littérature fantastique du xixe siècle et surtout une littéraire qui évolue : celui du vampire amoureux, plus
œuvre fondatrice du genre : Dracula de Bram Stoker. contemporain.
Les trois premières Lectures de la séquence permettent, La double-page « Histoire des arts » permettra, d’ail-
en effet, de découvrir les multiples facettes du personnage leurs, de poursuivre cette étude de la représentation du
ainsi que ses caractéristiques, ses pouvoirs surnaturels et vampire au cinéma, en comparant trois adaptations du
les lieux dans lesquels il évolue. roman de Bram Stoker, en évoquant la parodie de ce mythe
À ce titre, la Lecture 1 propose une activité de groupe sur et de ses codes en général bien connus.
différents extraits du roman montrant des transforma- L’atelier, quant à lui, accompagne les élèves dans la mise
tions physiques chez le vampire. Ces textes, et ceux qui en voix et en musique d’un des extraits de la séquence.
suivent dans les Lectures 2 et 3, permettent d’appréhender Les pages consacrées à la langue abordent des outils
quelques caractéristiques du genre fantastique, qui seront essentiels de la description – les expansions du nom et
approfondies dans la séquence suivante, et de le distinguer l’apposition – et s’intéressent au vocabulaire de l’angoisse
ainsi d’un autre genre voisin : le merveilleux. et du mystère.

23
Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• Participer de façon • Analyser le • Contrôler sa compréhension, • Adopter des • Découvrir
constructive à fonctionnement de devenir un lecteur autonome stratégies et le personnage
des échanges oraux la phrase simple et > p. 44-45, 46, 48, 50, 51, des procédures du vampire
> Tous ensemble de la phrase complexe 60, 61 d’écriture > À la découverte…
p. 45 > Langue p. 46 > À vos marque-pages ! efficaces p. 42-43
> À l’oral p. 49, 51 > Langue p. 50 p. 52-53 > p. 54-55 • Étudier un tableau
> Les expansions • Élaborer une interprétation • Pratiquer d’E. Delacroix
• S’exprimer de
du nom p. 54 des textes littéraires l’écriture > p. 47
façon maîtrisée
en s’adressant • Consolider > p. 44-45, 46, 48, 50, 51, 61 d’invention • Étudier une
à un auditoire l’orthographe lexicale • Lire des textes non littéraires, > p. 47, 48, 50 planche de P. Croci
> Tous ensemble et grammaticale des documents composites > p. 49
p. 45 > Langue p. 46 > p. 42-43, 58-59 • Analyser des
> Les temps composés
> Atelier oral extraits de films
p. 54
p. 56-57 > Histoire des arts
> Dictée préparée p. 55
p. 58-59
• Construire des notions
permettant l’analyse et
l’élaboration des textes
et des discours :
– L’expression
des sentiments
> p. 45, 50, 55
– La valeur des temps
> Langue p. 48, 51
– Les indications
temporelles
> À l’écrit p. 48
– Les figures de style
> Avec du style p. 46

Ouverture > p. 40 leurs représentations initiales avant de revenir avec eux aux
fondamentaux du mythe, avec les lectures d’extraits du
La séquence s’ouvre sur une image du film Dark Shadows de
roman Dracula. L’abécédaire a pour objectif de mobiliser le
Tim Burton, montrant Johnny Depp maquillé en vampire en
champ lexical du vampire en partant, de nouveau, des repré-
train de se brosser les canines, éléments caractéristiques du
sentations initiales des élèves. On pourra y faire des ajouts
vampire. D’emblée, les élèves identifient le thème de la
tout au long du travail sur la séquence, grâce notamment au
séquence. Ce photogramme permet d’introduire la notion
vocabulaire abordé par les textes littéraires, qui viendra
d’évolution et de parodie de la figure littéraire.
compléter celui mobilisé au premier abord par les élèves.
La citation qui accompagne l’iconographie est extraite du
roman de Bram Stoker, Dracula. C’est une citation légen- Quelques repères > p. 43
daire du roman qui rappelle que le vampire n’a d’emprise
que sur ceux qui entrent de leur plein gré chez lui : une sorte Quelques mots de vocabulaire liés au vampire permettent
d’incitation pour les élèves à entrer de leur plein gré dans les de montrer aux élèves la variété des origines du mythe. Puis,
Lectures de la séquence… c’est Vlad Tepes, seigneur roumain qui a inspiré Bram Stoker,
qui est introduit. Cette présentation est suivie par celle
À la découverte… > p. 42 de quelques romans fantastiques du xixe siècle, comme
Frankenstein de Mary Shelley. Un rappel est fait sur les diffé-
Cette page est consacrée à la présence de la figure du vam-
rences entre registres merveilleux et fantastique.
pire dans la culture des élèves, dans les séries, les films ou
les mangas. Il est intéressant, en effet, de les interroger sur

24
Lecture 1 > p. 44 revoir les temps composés et de développer le lexique de
Un travail de groupe pour découvrir trois descriptions du l’angoisse et du mystère. Ces exercices de vocabulaire
comte Dracula : la première issue de la rencontre de pourront venir enrichir l’abécédaire commencé dans la
Jonathan Harker avec le comte Dracula dans son château, la page « À la découverte… ».
deuxième effectuée par le même Jonathan qui prend le
temps d’observer le comte et ne peut réprimer le malaise Atelier oral > p. 56
qu’il ressent devant cet étrange personnage, et la décou- L’atelier propose la mise en voix et en musique d’un des
verte par Jonathan du comte dans son cercueil, rassasié et textes de la séquence : la découverte de la crypte de Dracula
rajeuni. L’analyse demandée insiste pour chaque texte sur par Jonathan Harker. La mise en voix des textes constitue,
les sentiments et sensations éprouvés par le narrateur face en effet, un axe important de l’oral à apprendre en classe de
à cette créature démoniaque. français.

Lecture 2 > p. 46 Au cinéma > p. 58


Cette Lecture présente la description presque scientifique La double-page « Au cinéma » propose l’analyse de trois
du vampire et de ses pouvoirs surnaturels par le professeur affiches de films de trois adaptations différentes du roman
Van Helsing, éminent spécialiste de la question. Le tableau Dracula de Bram Stoker, ainsi que trois versions différentes
de Delacroix, proposé en regard, met en valeur la vulnérabi- de la scène de rencontre entre le comte Dracula et Jonathan
lité de ses proies. On remarquera que le vampire lui-même Harker au début du récit. Les élèves sont également interro-
est peu visible, suggéré dans l’obscurité du tableau, ce qui le gés sur leurs ressentis et sur la mise en scène de l’angoisse
rend plus effrayant encore. et du mystère, comme le proposent les exercices de lexique.
Les parodies du mythe de Dracula étant nombreuses, il
Lecture 3 > p. 48 aurait été dommage de ne pas y consacrer un temps d’étude
On découvre à travers cette Lecture certains lieux symbo- pour découvrir ce genre comique.
liques du vampire Dracula : la crypte, où il se repose, et le
cimetière. Le dessin de Pascal Croci, extrait de son adapta- Faisons le bilan > p. 60
tion du roman de Bram Stoker, insuffle l’angoisse sans « Faisons le bilan » présente le roman de Bram Stoker
même montrer la créature. L’analyse de l’image permet de comme une œuvre fondatrice qui connaîtra par la suite
développer les compétences de lecture de l’implicite. de nombreuses adaptations et évolutions. Il identifie les
éléments caractéristiques du récit fantastique, comme la
Lecture 4 > p. 50
description de créatures et de lieux étranges et fascinants, la
Cette double-page propose une figure différente du vampire présence d’éléments surnaturels et les doutes du narrateur
– celle du vampire amoureux – à travers la lecture de deux face à ce qu’il voit, perçoit et entend.
textes, l’un extrait de La Morte amoureuse de Théophile
Gautier, l’autre extrait de Midnight Sun de Stephenie Meyer,
Bibliographie
qui n’est autre que la réécriture de la saga à succès Twilight, Quelques histoires de vampires pour continuer à explorer
mais du point de vue du vampire Edward Cullen. le mythe :
• Apulée, L’Âne d’or ou les Métamorphoses, C. L. F.
À vos marque-pages ! > p. 52 Panckoucke, 1836, V. not. livre I, p. 25 :
Dans cette sélection d’ouvrages sur la thématique des https://www.google.fr/books/edition/
vampires, les genres et formats très divers permettront aux Apul%C3%A9e_M%C3%A9tamorphoses_livres_I_V/
élèves de découvrir différentes expériences de lecture : du lIoQAAAAIAAJ?hl=fr&gbpv=0
roman graphique au manga, en passant par le documentaire • Anonyme, Les Mille et Une Nuits, « Histoire de Sidi
et le roman, elle contient à la fois des œuvres pour la Nouman », traduction par Antoine Galland, Le Normant,
jeunesse, mais également un classique (Carmilla de Joseph S. 1806, tome 6, p. 234-267 : https://fr.wikisource.org/
Le Fanu). On invite aussi les élèves à expérimenter le format wiki/Les_Mille_et_Une_Nuits/Histoire_de_Sidi_Nouman
série, puisque le titre Vampyria inaugure une saga qu’ils • Richard Matheson, Je suis une légende, (1954),
pourraient vouloir lire par la suite. Le documentaire Secrets trad. N. Serval, © Éditions Gallimard, 2001.
de vampires est particulièrement révélateur de l’axe choisi • Anne Rice, Entretien avec un vampire, (1976),
dans toute la séquence, car il balaie l’évolution de la figure trad. S. Borello et C. Ayakatsikas, Pocket, 2004.
du vampire de l’Antiquité au monde contemporain. • Neil Gaiman, Dave McKean (Illustrateur), L’étrange vie
de Nobody Owens, trad. V. Le Plouhinec, Albin Michel,
Pour vous aider à lire et à écrire > p. 54 2009.
Il est proposé aux élèves de retravailler la description par
des exercices sur les expansions du nom et l’apposition, de
25
Quelques bandes dessinées : Podcasts
• Georges Bess, Dracula, Glénat, 2019. • La vie de Bram Stoker : https://www.radiofrance.fr/
• La série Petit Vampire de Joann Sfar, publiée chez Delcourt. franceculture/podcasts/toute-une-vie/bram-stoker-
• L’adaptation en BD de L’étrange vie de Nobody Owens, 1847-1912-dans-l-ombre-de-dracula-7324886
scénarisée et dessinée par Craig Russell, Scott Hampton, • Le mythe de Dracula : https://www.radiofrance.fr/
Tony Scott, Jill Thompson et Galen Showman, deux franceinter/podcasts/rendez-vous-avec-x/dracula-le-
tomes aux Éditions Delcourt, 2015. mythe-9031845
Sitographie https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/
blockbusters/dracula-prince-des-tenebres-3159043
• Sur le site de l’INA, une courte vidéo (10 minutes ; datée
de 1977) à propos de Vlad « l’Empaleur », prince de • De Dracula à Buffy : https://www.radiofrance.fr/
Valachie qui aurait inspiré Bram Stocker dans la création franceculture/podcasts/mauvais-genres/tout-savoir-
de son personnage de Dracula : https://www.ina.fr/ sur-les-vampires-de-dracula-a-buffy-suivez-le-
ina-eclaire-actu/video/caa7701203501/dracula guide-2880525
• Catherine Mathiere, « Mythe et réalité : les origines • Le livre disque de l’ONJ sur Dracula : https://www.
du vampire », Littératures, 1992, numéro 26, p. 9-23 : radiofrance.fr/francemusique/podcasts/open-jazz/
https://www.persee.fr/doc/litts_0563-9751_1992_ onj-dracula-les-enfants-l-aiment-saignant-1143510
num_26_1_1579

3 Corrigés de la séquence

À la découverte… > p. 42 M : miroir, mordant, morsure, mort, Murnau


N : Nosferatu, nuit, nocturne
1 Les vampires dans la culture populaire O : ouille ! (cri de la victime après la morsure du vampire)
1. Cette première question vise à faire émerger les connais- P : pâle, peur, pieu
sances des élèves sur le mythe du vampire et surtout sur son Q : quenotte, Quincey (personnage de Dracula)
adaptation dans la culture des jeunes : on accepte toutes les R : rat, râtelier (en vieil argot : l’ensemble des dents), revenant
réponses tant qu’elles ont un rapport avec le thème (séries, S : sang, stryge, Stoker (Bram)
mangas, BD, jeux vidéo, etc.). T : terreur, tombe, tombeau, Transylvanie, Twilight
2. Réponse libre des élèves. Il est important de leur faire U : uhhh ! (cri du vampire la nuit)
justifier cette réponse pour en dégager les attentes ou V : Valachie, vampire, Van Helsing, Vlad
réticences du public envers ce genre d’histoires. W : Walpurgis (sorte d’Halloween dans les pays de l’Est),
3. Par cette réponse, on peut commencer à lister certaines wasabi (nul ne sait si les vampires aiment le wasabi : ce n’est
caractéristiques du genre fantastique que l’on pourra valider précisé nulle part…)
ou invalider au cours des lectures de la séquence. X : xve siècle (siècle de Vlad Tepes)
Y : yeux (rouges)
2 L’abécédaire du vampire
Z : zombie (autre mort-vivant, à ne pas confondre avec le
Quelques propositions de réponse non exhaustives :
vampire)
A : anémie, angoisse, ail, âme
B : bestialité, bière, Bram (Stoker) Lecture 1 Dracula : une figure aux mille visages ?
C : canines, cape, Carpates, carie, cercueil, chauve-souris,
en GROUPE > p. 44-45
château, cimetière, crocs, crucifix, crypte
D : dents, Dracula Vos objectifs
E : Edward (Cullen), effrayant Il s’agit ici de découvrir le personnage de Dracula à travers la
F : fantastique, folklore lecture de trois extraits du roman de Bram Stoker. La lecture
G : goule, gorge, griffes des trois portraits doit permettre de cerner les caractéri-
H : Harker (Jonathan), Herzog (Werner), horreur, hypnose stiques du personnage et de la figure classique du vampire,
I : immortel ainsi que de comprendre l’effet qu’elles produisent sur le
J : Jonathan (Harker) lecteur.
K : Kapermann (vampire originaire de Lorraine, anthropo- AVANT DE COMMENCER L’entrée dans la séquence se fait
phage et nocturne), Karkantebokis (vampire originaire de par un travail en groupes, afin de dynamiser la séance, de
Bohême, qui n’apparaît qu’en janvier ; doté d’un souffle permettre à chacun d’avancer à son rythme, d’être acteur
mortel), Karpathes (ancienne orthographe) dans le travail de la classe et de profiter de la mutualisation
L : loup-garou du travail. On pourra répartir les textes en fonction de leur
26
longueur ou de leur difficulté. On fournira la version audio, lui coule sur le menton et le cou (l. 6-7). Il apparaît « gorgé
pour faciliter la compréhension et pour aider tous les élèves de sang » (l. 9), telle « une sangsue gonflée et repue »
à saisir l’atmosphère du roman. (l. 10).
c. Lorsqu’il rencontre le comte Dracula, le narrateur éprouve
EN GROUPE
tout d’abord une « impression désagréable » (extrait 1,
1 a. Les deux premiers portraits mettent en avant un l. 11-12), mal définie. Elle se transforme rapidement en
contraste : Dracula est un vieillard fort, d’apparence aimable, « dégoût » (extrait 2, l. 19) lorsqu’il lui est donné de mieux
mais de plus en plus effrayant et montrant une certaine ani- observer son hôte.
malité. Le troisième extrait plonge le lecteur dans le fantas- La phrase exclamative à la fin du texte 3 (l. 7-9) montre la
tique, voire l’horreur, en racontant la transformation du peur qui s’empare du narrateur quand il comprend que le
comte, créature ici plus proche de l’animal que de l’être comte se nourrit de sang et qu’il a des capacités de régéné-
humain et capable de rajeunir. ration surnaturelles.
On renverra les élèves à la leçon sur les modalisateurs d. Chaque texte nous montre les précautions prises par le
(p. 260) si besoin. narrateur pour raconter ses entrevues et ce qu’il a vécu.
b. Dans le premier texte, le comte est tout d’abord comparé Tous les textes comportent de nombreux adjectifs. On peut
à une « statue » (l. 9). Il ne bouge pas et reste dans la même attirer l’attention des élèves sur les adverbes et les verbes
posture. Il est ensuite comparé à un « cadavre » (l. 13) à utilisés.
cause de « la froideur glacée » de ses « chairs » (l. 12). La réflexion pourra être enrichie avec le relevé de la
Dans le troisième texte, Dracula a rajeuni. Du « sang frais » question 2.

Sentiments
Texte Éléments du portrait de Dracula Comparaisons Modalisateurs
du narrateur
1 « un grand vieillard, rasé de près, hormis une « figé sur place, « impression « excellent »,
longue moustache blanche. II était vêtu de noir, ainsi qu’une statue désagréable » « étrange » (l. 6)
des pieds à la tête, sans que la plus petite au geste d’invite (l. 11-12) « désagréable » (l. 12) …
couleur tranchât sur ses vêtements » (l. 1-3) éternellement figé « très » (l. 3)
« il se jeta littéralement sur moi et s’empara de dans la pierre » « littéralement » (l. 10)
ma main avec une puissance qui me fit grimacer (l. 9-10) « tellement » (l. 15) …
– impression désagréable encore renforcée par « on aurait juré « on aurait juré » (l. 12)
la froideur glacée des chairs » une main de « je crus » (l. 16) …
(l. 10-12) cadavre »
(l. 12-13)
2 « Son visage donnait une impression de force » « Je ne pus « une impression »
(l. 1) retenir un (l. 1)
« son nez fin mais aquilin » (l. 1) frisson » « particulièrement »
« narines particulièrement larges » (l. 2) (l. 17) (l. 2)
« un front haut et bombé » (l. 2) « Le comte « paraissaient » (l. 4)
« des cheveux qui s’aperçut de « particulièrement »
se clairsemaient aux tempes, mon dégoût » (l. 7)
mais, ailleurs, épais et abondants » (l. 2-3) (l. 19) « paraissait » (l. 9)
« Les sourcils, massifs, […] denses » (l. 3-5) « donnaient toujours
« l’épaisse moustache » (l. 5) une impression » (l. 10)
« La bouche […] présentait quelque chose « extraordinaire » (l. 11)
de cruel » (l. 5-6) « m’avaient paru » (l. 13)
« dents éclatantes et particulièrement
pointues » (l. 6-7)
« lèvres […] rouge vif » (l. 7-8)
« Les oreilles étaient pâles et se terminaient
en pointes » (l. 9)
« Le menton paraissait large et dur » (l. 9-10)
« les joues, malgré leur maigreur, donnaient
toujours une impression
d’énergie » (l. 10-11)

27
« L’impression générale était celle
d’une extraordinaire pâleur » (l. 11)
« ses mains […] longues et fines. […] grossières,
larges » (l. 12-14)
« doigts épais » (l. 14-15)
« des poils au milieu des paumes » (l. 15)
« Les ongles étaient longs et fins, presque trop
pointus » (l. 16)
« haleine fétide » (l. 18)
« sourire effrayant » (l. 20)
« dents proéminentes » (l. 20-21)

3 « ses cheveux et sa moustache, blancs hier « Il gisait comme Phrase « paraissait » (l. 1)
encore, avaient, à présent, la couleur du plomb » une sangsue gonflée exclamative « plus » (l. 3)
(l. 2-3) et repue. » (l. 10) (l. 8-9) « mal » (l. 4)
« Les joues paraissaient plus pleines » (l. 3) « plus […] que jamais »
« la peau, toujours blanche, masquait mal, (l. 5)
à présent, une rougeur sous-cutanée » (l. 3-4) « paraissaient »
« La bouche était plus rouge que jamais » (l. 4-5) (l. 3 et l. 7)
« gouttes de sang frais qui sortaient des « On eût dit » (l. 8)
commissures et lui coulaient sur le menton
et le cou » (l. 6-7)
« Même les yeux, enfoncés, brillants,
paraissaient plus profonds » (l. 7)
« cette chair neuve » (l. 8)

TOUS ENSEMBLE Lecture 2 Une créature effrayante ? > p. 46-47


3 Les élèves pourront se répartir la parole afin de présenter Vos objectifs
leurs recherches aux autres. La Lecture du texte permet d’approfondir les connaissances
4 Les relevés effectués et l’aide de la lecture audio peuvent sur le personnage du vampire. Le surnaturel, envisagé dans
aider les élèves à proposer une lecture expressive. Il peut les premiers extraits, est ici confirmé. La plupart des élé-
être intéressant de définir avec eux ce qui la rendra la plus ments qui ont participé à la création du mythe de Dracula et
efficace possible. En plus de penser et travailler la fluidité de qui seront repris dans les romans et films sont ici évoqués.
lecture, il leur faut se demander comment rendre évidents
Dracula
les sentiments du narrateur, en ménageant des silences ou
en modulant la vitesse de lecture par exemple. AVANT DE COMMENCER Il sera encore intéressant de faire
5 À la suite des différents passages, un débat oral, inter- écouter la version audio pour plonger les élèves dans
prétatif, pourra mettre en avant le caractère « hybride » du l’ambiance sombre du roman. On peut aussi demander aux
vampire, mi-homme, mi-bête, qui cache une force impres- élèves de dire ce qu’ils savent des vampires et confronter
sionnante dans un corps de vieillard. Il inspire de la peur et leurs connaissances au texte de Bram Stoker.
du dégoût lorsque l’aspect bestial prend peu à peu le dessus.
Avec du style !
Votre bilan
On trouve plusieurs hyperboles, par exemple : « Le vampire
Les sentiments relevés passent du sentiment de malaise
auquel s’ajoute le dégoût dans les deux premiers textes, à la que nous devons affronter possède la force de vingt hom-
peur plus franche dans le dernier extrait. Les procédés d’écri- mes » (l. 3-4) ou « Ses mains possèdent la puissance de
ture employés par l’auteur permettent de saisir ces senti- vingt hommes » (l. 23).
ments grâce au vocabulaire, aux nombreuses expansions du 1 Le comte Dracula possède des caractéristiques physiques
nom qui décrivent Dracula, et permettent de l’imaginer. exceptionnelles et de nombreux pouvoirs. Il est très fort
L’emploi des modalisateurs permet de comprendre ce que le (l. 1-4 et l. 23), ce qui était déjà évoqué dans la Lecture 1.
narrateur ressent et la terreur qui commence à le gagner. Il dialogue avec les morts et ceux-ci se mettent à son service
(l. 5-7). Il apparaît quand et où il souhaite (« il peut appa-
Différenciation raître selon sa propre volonté, où il le veut », l. 9-10), peut
On engagera bien les élèves à s’aider des rubriques « Coup prendre la forme qu’il souhaite (« sous la forme qu’il désire »,
de pouce » qui accompagnent les textes et les guident. l. 10) et maîtrise les éléments (« la tempête, le brouillard,
28
le tonnerre », l. 10-11). « Il peut commander à des créatures 3 Le titre du tableau fait référence au livre posé sur la table
inférieures » (l. 12-13). « Il peut grandir et se rapetisser » de chevet, écrit par Polidori (médecin de Byron) lors d’un
(l. 13-14), ne meurt pas et rajeunit même, tant qu’il se nour- concours d’histoires fantastiques qui l’opposait à Mary
rit de sang (l. 14-19). Il n’a pas d’ombre ni de reflet (l. 21-23). Shelley. Pour l’anecdote, c’est Mary Shelley qui remporta le
Tous ces pouvoirs n’en font cependant pas une créature concours.
invincible car il ne peut pas entrer où il veut sans y avoir été 4 Aucun vampire n’est directement peint sur le tableau.
invité (l. 26-29) et perd toute sa force au lever du jour Cependant, l’ombre à l’arrière-plan, qui est très présente,
(l. 29-30). ainsi que le roman permettent de suggérer le vampire. On
2 LANGUE a. Dans la phrase, les adjectifs « brutal » et pourrait ainsi tout à fait imaginer que la jeune fille est une
« vicieux » caractérisent le vampire. victime potentielle du vampire décrit par Stoker. La scène se
b. L’adjectif « brutal » est précédé de l’adverbe « plus que ». passe la nuit et la lumière met en évidence le cou dénudé de
On trouve aussi un superlatif de supériorité : « la plus la jeune fille.
terrible ». La mise en valeur des adjectifs insiste sur  À L’ÉCRIT
la cruauté du vampire qui n’est de toute façon pas humain : Il est demandé aux élèves d’écrire à partir du tableau de
« il n’a pas de cœur ». Delacroix. Le sujet est très ouvert et n’indique pas quel point
3 Le vampire tire sa force du sang qu’il ingurgite (l. 15-20). de vue adopter. On peut ainsi soit laisser les élèves libres de
C’est pour lui une « fontaine d’éternelle jeunesse ». choisir et confronter ensuite leurs choix, soit préciser les
4 Le vampire domine le monde des ténèbres et en tire ses attentes : point de vue omniscient qui permet de raconter la
pouvoirs. Ainsi, il pratique la nécromancie (l. 5) et se fait soirée d’une jeune victime de Dracula ou d’une lectrice trop
obéir des morts (l. 5-7) ainsi que des animaux du monde influençable, point de vue interne pour travailler le lexique
de la nuit (l. 12-13). Il maîtrise les éléments obscurs et des sentiments…
dangereux (l. 10-11) comme « la tempête, le brouillard, le La frontière entre le réel et le surnaturel, mal définie, sera
tonnerre ». peut-être évoquée.
5 Les nombreux pouvoirs surnaturels de Dracula (déjà Pour les élèves les plus en difficulté, il est possible de fournir
relevés dans la première question) en font un ennemi le début du texte pour les aider à se lancer.
dangereux. De plus, sa longévité lui a permis d’acquérir une Exemple : Amélia voulait tellement connaître la fin de son
très grande ruse (l. 4-5). Les forces du vampire semblent roman, qu’elle avait lu le plus longtemps possible. Mais, exté-
supérieures à ses faiblesses, qui restent peu nombreuses. nuée, la jeune fille avait fini par tomber de sommeil. Elle fit
Ainsi, seules 7 lignes sur 30 dans cet extrait, les dernières, cette nuit-là un rêve bien étrange…
y sont consacrées. Votre bilan
RÉÉCRITURE Les vampires avaient vécu sans craindre le Le vampire est un être effrayant et terrifiant. Le texte de
temps qui, coulant, n’avait pu pourtant suffire pour leur Bram Stoker n’édulcore pas le personnage. Plus proche de
apporter la mort. Ils avaient continué leur(s) existence(s) aussi l’animal que de l’être humain, il appartient à la nuit et fait
longtemps qu’ils avaient pu se gorger du sang des vivants. preuve d’une grande violence. On peut voir dans le tableau
de Delacroix l’émoi des lecteurs des premiers romans
Le Vampire évoquant le personnage, et les rêves qui accompagnent leur
1 La scène représentée sur le tableau se passe la nuit. lecture.
L’ensemble est sombre. La pièce, une chambre à coucher,
est plongée dans l’obscurité. Une jeune femme, les épaules Passerelles
dénudées, est allongée sur son lit, les cheveux épars. Des On pourra rapprocher ces deux premiers textes de la
vêtements sont posés sur une chaise à côté du lit. La jeune nouvelle « Le train perdu » de Claude Farrère (p. 64 et
fille dort et sa position laisse penser que sa nuit est tour- suivantes), qui permet aussi d’étudier la mise en place du
mentée. La lumière provient certainement d’une bougie surnaturel dans la littérature fantastique et la terreur qu’il
posée sur le chevet. Le blanc des draps et du baldaquin peut inspirer.
éclaire aussi le tableau. On remarque, de l’autre côté du lit,
une ombre qui semble se pencher sur la jeune fille endor- Lecture 3 Dans quels lieux le fantastique
mie. Un livre ouvert est posé sur la table, il s’agit du Vampire surgit-il ? > p. 48-49
de John Polidori (1819). AVANT DE COMMENCER Cette double-page a pour objectif
2 L’ambiance est mystérieuse et inquiétante. On se d’attirer l’attention des élèves sur certains lieux caractéri-
demande ce qui tourmente ainsi cette jeune fille. S’agit-il de stiques des écrits fantastiques, ici la crypte du château et le
sa lecture, d’un mauvais rêve ? Le titre du tableau et les cimetière. Elle propose deux documents : un extrait de
couleurs sombres donnent aussi à l’œuvre une connotation Dracula de Bram Stoker et un extrait de son adaptation sous
fantastique. forme de bande dessinée par Pascal Croci. Le texte de Bram
29
Stoker permet de raviver les savoirs des élèves sur la des- 2 Dracula (de Pascal Croci)
cription et son rôle dans le récit. 1 Il s’agit d’un cimetière sous la neige. Au premier plan, la
1 Dracula (de Bram Stoker) dalle d’une tombe est entrouverte ; au second plan, une
allée traverse le cimetière ; à l’arrière-plan, on aperçoit des
1 Le texte raconte une déambulation de Jonathan Harker
caveaux.
dans le château du comte Dracula, de jour, alors qu’il est
2 La couleur dominante est le blanc, ainsi que plusieurs
livré à lui-même. Le narrateur se retrouve dans la crypte, là
où le comte gît durant la journée. nuances de gris pour les arbres et les pierres tombales.
L’impression donnée est celle d’une immobilité et d’un cer-
2 LANGUE Le texte est aux temps du récit. On y trouve
tain silence, comme souvent dans les ambiances enneigées.
une alternance de passé simple et d’imparfait, ainsi que le
3 Le détail qui interpelle le lecteur est celui de la tombe
plus-que-parfait pour marquer l’antériorité. L’imparfait est
utilisé dans la description des lieux (« elle était ouverte », ouverte, ce qui n’est pas normal. L’imagination du lecteur
l. 4). Le passé simple est dominant, car il est utilisé pour les est appelée à compléter le récit de ce qui a pu arriver.
actions du personnage. Cela donne au lecteur l’impression 4 On peut imaginer qu’un mort-vivant est sorti de cette
de le suivre pas à pas. tombe, par exemple un vampire. L’absence de pas dans la
3 Les indices de lieu qui indiquent la progression du neige peut suggérer que personne d’autre n’a pu sortir le
personnage sont : « Dans un coin de la pièce » (l. 4), « par corps du tombeau, et que le vampire – si c’en est un – s’est
un couloir en pierre, à un escalier en colimaçon » (l. 5), éloigné en volant, sous sa forme de chauve-souris, d’oiseau
« À la dernière marche » (l. 8), « devant un passage » (l. 8), de nuit ou de brouillard…
« dans une vieille chapelle en ruine » (l. 12), « dans les deux  À L’ORAL La recherche d’une musique est un bon indica-
caveaux » (l. 19). teur de la compréhension de l’ambiance d’un texte ou d’une
4 Les verbes à la première personne indiquent la progres- image. Il est important de demander aux élèves de justifier
sion du personnage dans les entrailles du château : « je des- leur choix. Ce travail sera préparatoire à l’atelier proposé
cendis » (l. 6), « je me retrouvai » (l. 8), « je m’enfonçai » dans cette séquence puisqu’il s’agira de mettre en voix et en
(l. 10), « je poussai » (l. 11), « me retrouvai » (l. 12), « je musique le texte de la Lecture.
descendis » (l. 19). Votre bilan
5 Les sens sollicités sont : la vue (« je regardai », l. 2 ; « je On attend des élèves qu’ils remarquent le réalisme des lieux
vis », l. 4 ; « j’examinai », l. 17), mais surtout l’odorat (« une décrits par le texte ou l’image. Ce qui rend ces lieux
terrible odeur de mort, l. 9 ; « l’odeur d’une terre qu’on vient effrayants et fantastiques, c’est l’appréhension que le narra-
de retourner », l. 9-10 ; « l’odeur se fit plus lourde », l. 11). teur ressent devant eux. C’est en effet la focalisation interne
En effet, l’auteur insiste sur l’odeur de terre spécifique des et les doutes qui naissent dans l’esprit du narrateur qui
caveaux et des cryptes. contribuent à la création de l’ambiance fantastique.
6 Le sujet est « le comte ». Il est non seulement antéposé,
mais surtout placé à la toute fin de la phrase, pour ménager Lecture 4 Un vampire amoureux ? > p. 50-51
l’effet de surprise sur le lecteur et montrer l’incongruité de Le mythe du vampire s’est complexifié et adouci selon les
voir le comte à cet endroit-là. époques. Dès 1836, en France, Théophile Gautier invente
 À L’ÉCRIT une goule amoureuse, Clarimonde. 170 ans plus tard,
L’objectif de ce court travail d’écriture est d’obliger les élèves Stephenie Meyer créera le vampire adolescent et roman-
à relire le texte et à y relever les indices de lieux. tique Edward Cullen, avec une notoriété incroyable chez le
Jonathan prit une feuille et un crayon qui traînaient sur la jeune public.
table dans la chambre du comte et laissa les indications
suivantes, pour celui qui le trouverait, au cas où il lui arriverait
Passerelles
malheur : « Prenez le couloir en pierre et descendez l’escalier Ces textes permettent également de travailler l’expression
en colimaçon. Attention, les marches sont raides et peu du sentiment amoureux et peuvent être mis en lien avec les
éclairées. En bas de l’escalier, empruntez le passage qui séquences 8, 9 et 10 sur le thème « Dire l’amour ».
s’ouvre devant vous et poussez la porte pour pénétrer dans
1 La Morte amoureuse
la chapelle en ruine. Là, descendez dans les caveaux. »
1 Clarimonde rend visite à Romuald pendant son sommeil.
La boîte Elle lui raconte la difficulté qu’elle a eu à quitter le monde
à mots
des morts pour le rejoindre. Bien que torturée par le remords,
C’est le premier sens qui est employé dans le texte, celui elle s’abreuve de quelques gouttes de son sang pour
de cave creusée dans la terre du château. survivre.
2 La jeune femme vient du monde des morts (« d’un
endroit d’où personne n’est encore revenu », l. 3-4). Elle est
30
sortie de sa tombe (« lever la dalle dont on m’avait couverte », 5 La fin du texte révèle que Bella rêve d’Edward dans son
l. 13). sommeil. On peut donc supposer – comme le vampire à cet
3 LANGUE On trouve dans le texte un certain nombre de instant – que leurs sentiments sont réciproques.
phrases exclamatives qui révèlent l’émotion de Clarimonde  À L’ORAL
face à son amant endormi. Le « cœur mort et gelé » représente le vampire. Ce dernier
4 La souffrance de Clarimonde est exprimée par des inter- se demande si l’amour peut le faire « rebattre », c’est-à-
jections (« Ah ! », l. 9) et l’anaphore de l’adverbe exclamatif dire, le ramener à la vie.
« que » (« que de faces mornes... », l. 9 ; « Que de peine »,
Votre bilan
l. 10 ; « Que d’efforts », l. 13).
Ici, le vampire est présenté comme une créature capable
5 La goule est sensible, car elle éprouve des remords à d’éprouver des sentiments, notamment amoureux. Cela
vampiriser son amoureux : « Je ne te ferai pas de mal » change du personnage de Dracula, par exemple, qui est
(l. 19). Elle est aussi prévenante car elle le soigne après décrit comme une bête cruelle et qui, même s’il exerce une
l’avoir piqué pour boire son sang : « Elle m’entoura avec soin attirance maléfique sur ses victimes, n’éprouve jamais
le bras » (l. 27). aucun sentiment pour elles.
6 Dans le tableau d’Edvard Munch, intitulé L’Amour de la
Douleur, les deux personnages sont blottis dans les bras l’un À vos marque-pages ! > p. 52-53
de l’autre, ce qui est un symbole du sentiment amoureux
(comme la sculpture de Rodin, Le Baiser, par exemple). Pour aller plus loin
Mais la position de la femme au-dessus du cou de l’homme L’autrice d’Alana et l’enfant vampire est une booktubeuse.
peut correspondre à celle d’un prédateur et laisser penser à Il est possible à partir de l’évocation de cette œuvre d’étu-
la morsure d’une goule ; il en va de même de la couleur de dier avec les élèves les recommandations de lectures qui
ses longs cheveux qui ruissellent, qui renvoie à celle du sang sont faites sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram…)
qui coule. et autres médias de communication virtuels spécialisés
 À L’ÉCRIT (Booktube, Babelio, etc.). En collaboration avec le/la profes-
Cette courte lettre a pour objectif de faire utiliser aux élèves seur(e) documentaliste, les élèves pourront ensuite rédiger
des phrases déclaratives, interrogatives et exclamatives. leurs propres chroniques, en travaillant, au passage, des
Exemple : Ma chère Clarimonde, je vois comme tu souffres. compétences d’EMI.
(Phrase déclarative) Ou en tout cas, je le rêve chaque nuit.
T’en rends-tu seulement compte ? (Phrase interrogative) TESTÉ EN CLASSE De nombreuses thématiques peu-
Sais-tu que je sens ta souffrance couler dans mes veines vent être enrichies d’exploitations pédagogiques à travers
à chaque goutte de mon sang que tu bois ? Mais que j’aime des expositions, physiques ou virtuelles. Comme lance-
ton amour ! (Phrase exclamative) Et comme je t’aime ! ment de thématique ou en tant que tâche finale, le travail
Je ne regrette rien et ne souhaite aucun changement dans autour d’une exposition permet aux élèves de mobiliser
notre relation, si ce n’est te voir le jour. les éléments vus en classe, dans un autre contexte. Pour
cette thématique des vampires, on peut notamment s’ins-
1 Midnight Sun pirer des ressources proposées par la Cinémathèque fran-
1 Edward se qualifie lui-même de monstre et dénonce sa çaise sur les vampires : https://www.cinematheque.fr/
propre nature (« Le monstre était solidement entravé », cycle/vampires-527.html, entre catalogue d’exposition,
l. 1 ; « l’épouvantable créature que j’étais », l. 7 ; « J’étais le revues de presse et interviews, la richesse des éléments
méchant, le cauchemar », l. 17). vidéo saura captiver les élèves et enrichir les cours !
2 LANGUE Le temps utilisé est le conditionnel présent,
car la situation est probable si Edward parvient à contrôler
sa bestialité. Pour vous aider à lire et écrire > p. 54-55
3 L’ambiance est calme, ce qui est étonnant quand on ima-
gine un vampire auprès d’une jeune fille endormie. Mais, Grammaire et conjugaison
Edward étant amoureux, il n’aspire à rien d’autre qu’à la Les expansions du nom et l’apposition
contempler. Seul le tumulte de ses pensées vient troubler
cette quiétude. J’observe
4 Il est amoureux de Bella, mais ne se donne pas le droit 1 Les noms sont en gras.
d’imaginer que cet amour pourrait être réciproque, car, pour Les sourcils, massifs – l’arête du nez – des dents éclatantes
lui, il ne sera jamais qu’un monstre (l. 16-23 en particulier). et particulièrement pointues – des lèvres elles-mêmes dont
le rouge vif soulignait une vitalité étonnante chez un homme
de cet âge.
31
2 « massifs » : adjectif qualificatif apposé au nom – « voyais » et « découvrais » sont conjugués à l’imparfait
« sourcils ». de l’indicatif dont on reconnait les terminaisons ajoutées au
« du nez » : groupe nominal complément du nom « arête ». radical du verbe.
« éclatantes » et « pointues » : adjectifs qualificatifs – « aura découvert » est conjugué au futur antérieur de l’in-
épithètes du nom « dents ». dicatif. Il est formé d’un auxiliaire conjugué au futur de l’in-
« dont […] de cet âge » : proposition subordonnée relative dicatif et d’un participe passé.
complément de l’antécédent « lèvres ». – « sera » est conjugué au futur de l’indicatif. Il s’agit d’une
3 Leur rôle est de compléter le sens des noms et d’appor- forme simple.
ter des informations supplémentaires.
Je m’entraîne
Je m’entraîne 3 a. Le vampire avait observé sa proie toute la nuit.
4 a. « créature impitoyable », apposition. b. Lorsque Lucy eut éteint les lumières, Dracula entra dans
b. « jeune » : épithète du nom « fille » – « qui s’enfuit dans la chambre.
la forêt » : complément de l’antécédent « fille ». c. Elle est venue dans le cimetière en pleine nuit.
c. « du monstre » : complément du nom « dents ». d. Quand nous aurons préparé tout le matériel, Van Helsing
d. « splendide » : épithète du nom « maison » – de son amie : nous rejoindra.
complément du nom « maison ». e. Dracula observait Mina, il l’avait croisée la veille.
e. « dont elle se souviendra » : complément de l’antécédent
« nuit ». J’écris
5 a. Je connais une nouvelle qui raconte une histoire terri- 4 Les élèves doivent écrire la suite du texte proposé en
fiante. conjuguant les verbes au plus-que-parfait.
b. La nouvelle dont je parle s’appelle « La Morte amoureuse ». Critères de réussite possibles :
c. C’est un texte que ma sœur m’avait conseillé de lire. – les verbes sont conjugués au plus-que-parfait ;
d. L’histoire, qui parle de Clarimonde, est captivante. – les accords sujet-verbe sont corrects ;
e. Théophile Gautier, dont j’ai aussi lu Le Roman de la – les participes passés sont bien accordés.
momie, en est l’auteur.
Défi Il leur est proposé de rédiger au moins quatre phrases,
f. Je ne sais plus où je l’ai trouvé.
pour les obliger à utiliser un certain nombre de verbes. Bien
J’écris sûr, cela pourra être modulé selon le profil des élèves.
6 Le choix de l’image est laissé aux élèves. Mais, il est aussi L’expression de l’angoisse et du mystère
possible d’en choisir une collectivement, afin de mutualiser 1 Synonymes : inexplicable, inconnu, incompréhensible.
les idées et d’aider les élèves les plus en difficulté. Antonymes : certitude, évidence, clarté.
Critères de réussite possibles :
2 a. avoir la (gorge) qui se serre
– le texte est organisé ;
b. avoir les (cheveux) qui se dressent sur la tête
– j’utilise des connecteurs pour structurer le portrait ;
c. avoir les (jambes) en coton
– il y a six expansions ;
d. avoir le (souffle) coupé
– il y a trois appositions.
e. avoir les (mains) moites
Les temps composés Défi Il est proposé aux élèves d’écrire un récit effrayant.
J’observe Une image accompagne la consigne, qui peut guider les
élèves qui ne sauraient pas quoi raconter ou par quoi com-
1 Les verbes conjugués sont soulignés. mencer. On peut leur demander d’utiliser obligatoirement
Texte 1 : J’avais déjà remarqué le revers de ses mains qu’il le vocabulaire des exercices précédents, mais il est aussi
avait posées sur ses genoux et, dans la lueur des flammes, possible de créer avec eux une banque de mots avec un dic-
elles m’avaient paru longues et fines. Pourtant, à présent tionnaire des synonymes, afin de les aider davantage.
que je les voyais de près, je les découvrais grossières, larges, Exemple de production : Je décidai de partir à la rencontre du
doigts épais. vampire et j’étais terrifiée. Il allait me falloir descendre dans la
Texte 2 : Ainsi donc, dès que nous aurons découvert l’habi- crypte obscure. Ma gorge se serra, j’avais les jambes en coton,
tation de ce monstre, il nous sera possible de l’immobiliser néanmoins je descendis les premières marches…
dans son cercueil et de le détruire.
Dictée préparée
2 « avais remarqué », « avait posées », « avaient paru »
sont conjugués au plus-que-parfait de l’indicatif. Ils sont Les élèves peuvent utiliser l’enregistrement sonore pour
formés d’un auxiliaire conjugué à l’imparfait de l’indicatif et préparer la dictée. Cela leur permettra d’avancer à leur
d’un participe passé. rythme et de travailler en autonomie.
Pour les questions 2 et 3, les élèves pourront se référer aux
32
pages 294 et 298 du manuel. Ils y trouveront des leçons à grer à leur bande sonore, le site https://lasonotheque.org/
(re)lire. en propose de nombreux libres de droits.
L’étape 4 peut se faire à la maison. Les élèves peuvent s’ini-
Atelier oral Mettre un texte en voix tier à l’utilisation d’un logiciel d’enregistrement tel qu’Auda-
et en musique > p. 56-57 city (gratuit et distribué sous licence libre), mais ils peuvent,
Cet atelier permet de développer des compétences de mise plus simplement, s’enregistrer en lisant leur texte avec le
en voix de textes. Cet atelier ne peut précéder la lecture et fond sonore qu’ils auront choisi : l’utilisation du numérique
l’étude du texte p. 48, car toute mise en voix présuppose ne doit pas être un frein à l’activité, mais plutôt un ressort
une compréhension préalable du texte lu. Cet atelier peut se de motivation pour les élèves intéressés.
travailler sur deux heures en classe et être terminé à la mai- La dernière étape sera l’occasion d’écouter le travail des uns
son ou en dehors de la classe. et des autres et pourra se faire sous forme de travail de
L’étape préalable à cet atelier consiste à étudier le texte groupe, chaque groupe positionnant les productions écou-
avec les élèves, pour qu’ils perçoivent, d’une part, que la tées sur la grille d’auto-évaluation proposée.
déambulation du personnage dans le château s’appuie
essentiellement sur les indices de lieux ; d’autre part, qu’une Au cinéma L e vampire fait son cinéma
atmosphère de plus en plus étrange et effrayante s’installe > p. 58-59
dans le texte, jusqu’au paroxysme final qui est la découverte
Le cinéma adore le vampire et lui a fait une grande place dès
du comte Dracula dans son cercueil. Le questionnement de
ses débuts. On peut faire rechercher aux élèves sur Internet
la page 48 permettra aux élèves de mettre ces indicateurs
les multiples versions de Dracula au cinéma ou leur montrer
en valeur. Rien n’empêche, également, de leur faire écouter
ce documentaire d’Arte sur les vampires au cinéma : https://
la version audio du texte, afin qu’ils se construisent une
www.youtube-nocookie.com/embed/vntv8Q2v9Gs?-
représentation de la tâche à effectuer. Cette écoute du texte
rel=0&enablejsapi=1&loop=1&playlist=vntv8Q2v9Gs, qui
lu peut également n’être proposée qu’aux élèves les plus
rapporte la première apparition du vampire au cinéma en
fragiles. L’iconographie proposée peut aussi les aider à ima-
1896, dans un film de Georges Méliès.
giner le contexte du récit.
La première étape propose des exercices classiques de Observer des affiches de films
fluence pour parvenir à la maîtrise du texte à lire : lectures Trois films majeurs ont été sélectionnés pour l’étude des
successives qui interrogent le sens des mots et des phrases, affiches et des extraits. Il s’agit de Nosferatu muet de
vérification du ton associé à chaque ponctuation et des Murnau, sorti en 1922 ; de son remake, Nosferatu , fantôme
liaisons à faire, etc. Ces exercices peuvent être guidés par de la nuit de Werner Herzog, avec Klaus Kinski, Isabelle
l’enseignant pas à pas ou être faits en autonomie par les Adjani et Bruno Ganz, sorti en 1979 ; et de Dracula de
élèves. Francis Ford Coppola, avec Gary Oldman, Winona Ryder,
L’étape 2 est essentielle pour faire de cette activité une acti- Keanu Reeves et Anthony Hopkins, sorti en 1992. Quelques
vité d’apprentissage. En effet, pour qu’il y ait apprentissage, précisions : Murnau a appelé le vampire Nosferatu pour ne
il faut qu’il y ait analyse des erreurs et amélioration. pas avoir à payer de droits sur le roman de Bram Stoker. Cela
L’enregistrement de la lecture peut se faire tout simplement n’empêchera pas Murnau d’être victime d’un procès pour
avec un téléphone portable. L’analyse de cette lecture peut plagiat et de voir de nombreuses bobines de son œuvre
se faire en autonomie, en binôme ou avec l’enseignant pour détruites.
les élèves les plus en difficulté. L’enseignant peut récupérer Le nom Nosferatu vient du roumain et désigne « l’innom-
tous les enregistrements s’il souhaite en faire une évalua- mable, le démon, le diable ».
tion formative et, surtout, s’il souhaite évaluer le progrès 1 Sur l’affiche 1, on voit l’ombre du vampire, que l’on
entre les différentes versions. reconnaît à ses longues mains crochues, montant un esca-
Pour réussir l’étape 3, les élèves doivent tout d’abord identi- lier. Le sous-titre allemand, Eine Symphonie des Gravens, se
fier l’atmosphère du texte, notamment à travers les champs traduit par Une symphonie des tombes, qui est devenu
lexicaux qui le traversent. Pour y associer une musique, Une symphonie de l’horreur dans la version française.
les élèves sont libres de leur choix ; ils devront néanmoins le Sur l’affiche 2, le vampire, créature pâle et effrayante, aux
justifier. On peut leur soumettre une bande de musique oreilles pointues, aux dents proéminentes et aux ongles
classique ou les laisser puiser dans leur propre culture acérés, tient dans ses bras une jeune femme qui est visible-
musicale. ment sa victime. À l’arrière-plan, au loin, on distingue un
Les élèves devront s’entraîner plusieurs fois à lire leur texte château à travers une fenêtre. Le tour de l’affiche est
sur la musique qu’ils ont choisie. Il est important d’insister travaillé, évoquant, par la végétation qui y est représentée,
sur l’entraînement à la lecture, comme le ferait un comé- la nature sauvage et les sous-bois. Une chauve-souris,
dien qui préparerait une lecture publique. En ce qui concerne animal emblématique, est visible en haut à droite.
les bruitages que les élèves pourraient éventuellement inté- L’affiche 3 représente une gargouille sur un mur fissuré.
33
Elle a des canines pointues et proéminentes. Le titre Dracula avec confiance. Il semble même plutôt à l’aise. Ce n’est que
est écrit en rouge avec une typographie dégoulinante. lorsque Dracula se fâche et lui reproche sa désinvolture qu’il
L’accroche clame : L’amour est éternel, faisant comprendre fait preuve de plus de respect. Seule l’ombre de Dracula sur
aux spectateurs que cette adaptation du roman introduit le mur et ses déplacements incohérents semblent l’étonner.
une histoire d’amour, qui n’est pas dans le roman d’origine. 4 Extrait 1 : La musique est un élément très important
En effet, dans le roman de Bram Stoker, Mina n’éprouve pour mettre en place une tension tragique, surtout dans un
aucun amour pour Dracula. Elle est juste hypnotisée par lui film muet.
et sous son emprise, car il l’a mordue. Extrait 2 : Le cadrage de la salle à manger est plongeant et
2 Les trois affiches insistent sur l’aspect effrayant du vam- fixe, ce qui est plutôt inhabituel et accentue l’étrangeté des
pire et sur sa monstruosité. Cependant, l’affiche 3, en ne le lieux. Les ombres des objets et des personnes se reflètent
représentant pas directement, laisse planer le doute sur ce sur les murs blancs. Durant le repas, le vampire est dans une
qu’il faut penser de lui. semi-pénombre, ce qui renforce son côté inquiétant. Son
3 Réponse libre des élèves. ombre, projetée sur le mur, fait peser comme une menace
sur Jonathan. Le silence qui règne durant cette scène accen-
Analyser des extraits de films
tue le sentiment d’oppression que ressent le spectateur.
1 Il est possible de visionner les bandes-annonces en classe
Extrait 3 : Le fond sonore est fait de bruits divers pour
où à la maison. Un premier visionnage, sans consignes, est
accentuer l’étrangeté de la scène : sifflements, souffles du
toujours apprécié des élèves et leur permet d’entrer en tant
vent, gouttes d’eau, etc. La musique est lente et oppres-
que spectateurs dans les œuvres montrées (important sur-
sante. Le plan en contre-plongée lors de la traversée de la
tout si on veut solliciter leur ressenti de spectateur).
salle du château permet de voir le comte Dracula en entier,
Un second visionnage est fait après l’explicitation des consi-
avec sa très longue traîne.
gnes, afin que les élèves sachent où porter leur attention.
5 Réponse libre des élèves.
2 Extrait 1 : Le vampire est maigre, habillé de noir, il avance
à petits pas, les mains serrées devant sa poitrine. Il lit la Étudier des parodies de films de vampires
lettre de recommandation de Jonathan Harker, le nez collé 1 Il est possible de visionner les bandes-annonces en classe
à la feuille, et se précipite sur le doigt ensanglanté de où à la maison. Un premier visionnage, sans consignes, est
ce dernier. toujours apprécié des élèves et leur permet d’entrer en tant
Extrait 2 : À la première apparition, le vampire est vêtu tout que spectateur dans les œuvres montrées (important sur-
de noir, habillé d’un long manteau et coiffé d’un bonnet. tout si on veut solliciter leur ressenti de spectateur). Un
Son visage est très pâle et ses yeux sont cernés de noir. Il second visionnage est fait après l’explicitation des consignes,
tient ses mains aux longs ongles crochus serrées devant lui. afin que les élève sachent où porter leur attention.
Ses oreilles sont grandes et pointues. Une fois le vampire à 2 Dans la bande-annonce de Dark Shadows, le vampire
l’intérieur et débarrassé de son bonnet, on découvre qu’il est dort dans un cercueil. Il est pâle, se brosse les canines, a de
chauve, ce qui accentue son aspect décharné. Ce qui rend, longs ongles acérés. Il ne se voit pas dans le miroir.
enfin, le vampire très effrayant, c’est qu’il ne quitte jamais Dans la bande-annonce d’Hôtel Transylvanie, on identifie
sa proie des yeux. le vampire à sa cape noire et à ses canines proéminentes.
Extrait 3 : Dracula est vieux, habillé avec majesté d’un long Il parle avec un accent d’Europe centrale. Il est capable de
manteau rouge. Sa coiffure accentue son étrangeté, car elle se transformer en chauve-souris.
ne correspond à rien de connu (deux énormes chignons et 3 Dans les deux bandes-annonces, le ton est léger et
une très longue tresse). Il s’exprime avec un accent et comique. Il s’agit en effet de détourner les caractéristiques
semble glisser sur le sol. Il fixe aussi constamment son inter- du récit vampirique dans des situations amusantes. Par
locuteur, ce qui accentue son aspect de prédateur. exemple, dans Dark Shadows, quand le vampire apprend
3 Extrait 1 : Jonathan hésite à le suivre à l’intérieur du qu’il est en 1972, la musique s’arrête pour montrer l’ahuris-
manoir. Lorsqu’il mange, il est surpris par le décor qui l’en- sement du personnage. Ou quand il dort la tête en bas dans
toure et par les regards que le vampire lui lance. un coin de son lit. Dans « Hôtel Transylvanie », Dracula a
C’est lorsque celui-ci se jette sur son pouce ensanglanté des amis et ces derniers utilisent un diminutif (Drac) pour le
qu’il semble prendre conscience de l’étrangeté de la situa- nommer. L’utilisation de ce diminutif désacralise le person-
tion. Il se déplace alors à reculons, tandis que le vampire nage. De plus, il est devenu un papa gâteau et craint les
s’approche de lui. humains plus que tout. L’enseignant pourra relever que,
Extrait 2 : Jonathan Harker ne semble pas montrer d’émo- dans les deux cas, le comique trouve sa source dans le déca-
tion particulière. Cependant, quand le vampire lui sert à boire, lage qui existe entre le vampire, personnage magique issu
on peut observer ses mouvements oculaires qui montrent des légendes antiques et médiévales, et l’environnement
une certaine méfiance vis-à-vis de son interlocuteur. moderne dans lequel il est contraint d’évoluer, dominé par
Extrait 3 : Bien qu’un peu surpris, Jonathan suit son hôte la technologie et la science.
34
4 Réponse libre des élèves. fantastique et de son image dans la littérature et au cinéma.
À votre tour maintenant ! Le jeu pourra être réalisé en dehors de la classe, par exemple
Voici deux autres parodies célèbres de récits de vampires à lors d’une séance bilan en salle informatique, afin que les
faire découvrir aux élèves : Le Bal des vampires de Roman élèves travaillent à plusieurs et complètent leur carnet de
Polanski et Dracula, mort et heureux de l’être de Mel Brooks. lecture.

Faisons le bilan > p. 60 Évaluation > p. 61


Le bilan propose une synthèse sur « Le vampire à travers Compréhension et compétences d’interprétation
le temps » et un point sur « Les éléments du récit fantas- 1 La narratrice se dirige vers « l’église Sainte-Marie » (l. 2)
tique » présents dans les différentes Lectures de la séquence.
et « les ruines de l’abbaye » (l. 3). Elle ne voit pas bien les
Avec « Le vampire à travers le temps », on reprend le mythe
lieux car des nuages obscurcissent l’église (l. 2).
de Dracula et on observe son évolution. Il s’agira ainsi de
2 Lucy s’est rendue seule dans les ruines en pleine nuit.
bien se souvenir de Bram Stoker, des caractéristiques de son
vampire, et de voir ce qu’il est devenu au fil des siècles : un Mina la retrouve sur un banc sur lequel elles aiment
être plus humain, moins animal, parfois romantique, parfois s’asseoir (l. 6-7), mais elle n’est pas seule : « une sombre
franchement amusant (comme dans Hôtel Transylvanie). silhouette » (l. 9-10) « se penchait sur elle » (l. 10). Lucy est
« Les éléments du récit fantastique » abordent quelques « épouvantée » (l. 14).
caractéristiques du genre (plus largement étudié dans la 3 Le lieu dans lequel se passe la scène est un lieu réel,
séquence suivante) observées dans les différentes Lectures. ancré dans la réalité (« l’église Sainte-Marie », l. 2). Le cadre
Les élèves doivent choisir le texte qu’ils trouvent le plus est propice à l’apparition du surnaturel : la nuit (« ténèbres »,
effrayant pour revenir sur ce qui fait du vampire une l. 3), dans un cimetière, près d’une église en ruine. Des évé-
créature fondamentalement terrible : le fait qu’il est un nements étranges provoquent la peur du personnage
mort-vivant qui ne peut cohabiter avec les humains, très (« quelque chose de long et de noir se penchait sur la
éloigné de la version édulcorée que le cinéma peut parfois silhouette blanche », l. 13-14), mais aussi son doute : Mina
en donner de nos jours. ne sait pas précisément si c’est un homme ou un animal qui
est auprès de Mina (« Quoi que ce fût, homme ou animal,
Pour aller plus loin je ne sais rien de plus », l. 10-11). On trouve d’ailleurs des
Autre aspect du vampire, qui n’est pas abordé par les modalisateurs (« il me sembla », l. 9).
Lectures de la séquence : après avoir incarné le mal, le Grammaire et compétences linguistiques
vampire, de moins en moins mort-vivant et de plus en plus
1 Il s’agit d’une métaphore. Les nuages finissent par laisser
rationalisé par les auteurs, symbolise aussi désormais
échapper une bande de lumière qui paraît vive dans l’obscu-
souvent les côtés sombres de notre civilisation industrielle
(peur de la contamination, de la pollution, de la corrup- rité et dont la forme ressemble à une lame.
tion…). On pourrait renvoyer vers des lectures comme 2 Lucy : « une silhouette de neige », l. 7 ; « la silhouette
Je suis une légende de Richard Matheson (adapté à l’écran, blanche », l. 12 et 14.
avec Will Smith) ou Les Fils des ténèbres de Dan Simmons. Le comte Dracula : « une sombre silhouette », l. 9-10 ;
« homme ou animal », l. 10-11 ; « quelque chose de long et
Et vous, dans tout ça ?
de noir », l. 13-14 ; « Quelque chose », l. 15 ; « un visage pâle
Il est demandé aux élèves de compléter leur carnet de
et des yeux injectés de sang », l. 16.
lecture. Ils doivent d’abord formuler un avis personnel, en
On remarque l’opposition entre les personnages : d’un côté
choisissant leur personnage préféré dans la séquence, puis
la pure et blanche Lucy, de l’autre le sombre et noir Dracula.
mobiliser leurs connaissances pour proposer d’autres noms
On remarque également que comme le point de vue utilisé
de vampires qu’ils trouveront peut-être dans les séries télé-
est ici celui de Mina, qui est la narratrice et qui ne connaît
visées.
pas encore Dracula, le comte n’est pas nommé ni même
On leur demande enfin leur avis sur l’évolution de la figure
reconnu comme étant un vampire.
du vampire et ce qu’en penserait Dracula. Serait-il choqué
de constater que ses descendants sont devenus de grands 3 L’adjectif qualificatif épithète « argentée » complète le
romantiques ? nom « lumière ». Le groupe nominal « de neige » est le
complément du nom « silhouette ».
Escape game Genially
L’escape game Genially permet de balayer la séquence de 4 Quelques instants, justement, je n’ai pu rien distinguer,
façon ludique. Il offre aux élèves la possibilité de tester leurs car les nuages ont obscurci l’église Sainte-Marie et les
connaissances sur les personnages et auteurs abordés dans environs. Puis, lentement, les ruines de l’abbaye ont paru
les différents textes, de revenir sur les pouvoirs du vampire, s’arracher des ténèbres.
de questionner de nouveau l’évolution de ce personnage
35
La fiction pour interroger le réel

À un train d’enfer ou
3 quand le réel déraille… > p. 62

1 Présentation de la séquence
Enjeux littéraires et de formation personnelle : •  Le récit fantastique se déroule dans un univers quotidien.
•  Découvrir des œuvres et des textes narratifs relevant de •  Certains lieux et certains moments sont propices à
l’esthétique réaliste ou naturaliste. l’irruption d’événements étranges.
•  Comprendre quelles sont les ambitions du roman réaliste •  Le fantastique commence lorsqu’un phénomène étrange,
ou naturaliste au xixe siècle en matière de représentation auquel le narrateur ne peut pas donner d’explication,
de la société. surgit.
•  Comprendre comment le récit fantastique, tout en •  La peur s’empare du héros qui, face au phénomène,
s’inscrivant dans cette esthétique, interroge le statut et cherche à trouver une explication rationnelle.
les limites du réel. •  Le récit se termine sur l’hésitation entre une explication
•  S’interroger sur la manière dont les personnages sont logique et une explication surnaturelle sans qu’il soit
dessinés et sur leur rôle dans la peinture de la réalité. possible de se prononcer en faveur de l’une ou l’autre
En classe de 4e, les programmes officiels préconisent des hypothèses, laissant le lecteur dans le doute.
la lecture intégrale et l’étude de nouvelles fantastiques. Nous avons choisi de proposer trois nouvelles intégrales
Cette séquence pédagogique porte sur l’objet d’étude dans cette séquence afin de faciliter la tâche des ensei-
« Regarder le monde – inventer des mondes : la fiction gnants dans leur incitation des élèves à la lecture, puis
pour interroger le réel ». Tel est bien justement l’enjeu à l’écriture. Une attention particulière a été portée à la
de ce type de récit que de permettre au lecteur de franchir variété des auteurs et des nouvelles proposées. Il s’agit
la limite du réel et de la raison pour découvrir des lieux qui de faire prendre conscience aux élèves que le fantastique
lui sont inconnus et étrangers et, par nature, inquiétants. revêt des formes diverses et qu’on y retrouve des thèmes
L’une des caractéristiques principales du fantastique est récurrents. L’écriture, la logique narrative, les motifs
d’ancrer le récit dans un quotidien souvent ordinaire, pour, littéraires et leurs connotations les amènent également
à un moment ou à un autre, amener les éléments qui à exercer leur jugement critique. Pour des élèves moins
le feront basculer dans le surnaturel et l’étrange. Ainsi, à l’aise en termes de lecture, on pourra envisager de
les élèves qui découvrent les textes de la séquence auront n’étudier que deux nouvelles intégrales.
à repérer un certain nombre d’invariants :

2 Objectifs de la séquence
Cette séquence vise à mettre en place des outils de de leur permettre une réflexion sur leur propre ressenti
lecture propres à déterminer les enjeux et les ressorts de lecteurs. La Lecture 1 s’intéresse au cadre réaliste,
du récit fantastique tout en en soulignant la spécificité. glissant peu à peu vers l’étrange. La Lecture 2 se focalise
Comment, en partant d’une situation initiale réaliste, faire sur l’apparition du phénomène fantastique. Quant à la
naître le doute qui s’empare du personnage principal ? Lecture intégrale, qui porte sur un texte bien plus connu
La page « Quelques repères » présente le contexte (Arria Marcella de Théophile Gautier), elle souligne le
historique et culturel de la naissance du fantastique caractère inexplicable du phénomène et l’hésitation pro-
et montre la fascination des écrivains et des artistes voquée chez le lecteur. Jouant sur l’altération du temps et
pour le train, à la fois promesse de progrès et source sa réversibilité, Gautier réactive un passé que l’on croyait
d’inquiétude. La lecture des trois nouvelles, avec l’apport disparu, et que le narrateur fixe à tout jamais par le récit
de démarches d’analyse et d’activités de maîtrise des qu’il en fait. L’expérience fantastique est unique, tout
outils de la langue et d’écriture, a pour but d’initier comme le personnage qui l’a vécue. C’est par le récit qu’elle
les élèves au fonctionnement de récits fantastiques et échappe au temps.
36
Les deux premières nouvelles peuvent être lues en classe. •  Repérer et analyser la progression narrative d’une nou-
Les élèves devront, en revanche, avoir lu au préalable velle.
la nouvelle de Gautier avant d’entamer, en classe, le travail •  Distinguer le fantastique du merveilleux.
en groupes. •  Explorer des thèmes fantastiques secondaires : le double,
Grâce à des activités d’apprentissages spécifiques de la la morte-vivante, le pouvoir de l’objet, la résurrection du
langue et d’écriture proposées en cours et en fin de passé, le diable…
parcours, les élèves identifieront les techniques et procédés •  Relever et analyser les manifestations du surnaturel.
utilisés par les auteurs, qu’ils pourront appliquer à d’autres •  Plonger au cœur de l’hésitation fantastique.
textes relevant de la même esthétique, avant de se lancer •  Explorer le champ lexical de la peur.
eux-mêmes dans la rédaction de leur propre nouvelle fan- •  Reconnaître et utiliser les modalisateurs du doute.
tastique. À titre d’entraînement au DNB, une évaluation •  Inciter à la lecture autonome et susciter le plaisir de lire
sommative, sur un extrait de la nouvelle « Le Signaleur » et d’exprimer un avis argumenté.
de Dickens, est également proposée. •  Écrire une nouvelle fantastique à partir d’un tableau
Objectifs pédagogiques du parcours : en respectant les codes du genre et en réinvestissant les
•  Lire et analyser plusieurs nouvelles fantastiques. connaissances acquises au cours du chapitre.
•  Montrer comment le fantastique investit l’univers
moderne et industriel du chemin de fer.

Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• Comprendre et • Consolider l’orthographe • Lire des textes variés • Adopter des • Situer une œuvre
interpréter des grammaticale avec des objectifs divers stratégies et des dans son contexte
messages et des > p. 74-75 > p. 64-73, p. 79 procédures d’écriture pour éclairer ou
discours oraux • Construire des notions • Contrôler sa efficaces enrichir sa lecture
complexes permettant l’analyse et compréhension, devenir > p. 76-77 et établir des
> nouvelles intégrales l’élaboration des textes un lecteur autonome • Exploiter les relations entre
à écouter et des discours > p. 64-73, p. 79 fonctions principales des œuvres
• Exploiter les > p. 74-75 de l’écrit littéraires et
• Élaborer une
ressources créatives > p. 76-77 artistiques
• Enrichir et structurer interprétation des
et expressives > p. 63
le lexique textes littéraires • Exploiter des
de la parole > p. 74-75 > p. 64-73 lectures pour enrichir • Se forger
> p. 73 son écrit une culture
• Connaître les aspects • Lire des textes
• Participer de façon > p. 64-73 > p. 63
fondamentaux du non littéraires, des
constructive à des fonctionnement syntaxique documents composites • Pratiquer l’écriture
échanges oraux > p. 74-75 > p. 63 d’invention
> p. 73 > p. 76-77
• Construire les notions • Fréquenter des
• S’exprimer de permettant l’analyse des œuvres d’art • Passer du recours
façon maîtrisée textes et des discours > p. 63, p. 76 intuitif à l’argumen­
en s’adressant à > Boîte à mots, tation à un usage plus
un auditoire Avec du style maîtrisé
> p. 73 > p. 73

Quelques repères > p. 63 peu à peu des proportions inquiétantes. Le personnage,


Cette page met en évidence certaines notions importantes placé face à cet événement étrange, se met à douter de sa
qui serviront de jalons dans la séquence. propre perception du réel. Afin d’aider les élèves à se forger
Après avoir rappelé que le fantastique est un mouvement une culture littéraire, plusieurs noms d’auteurs français du
littéraire qui apparaît et se déploie au xixe siècle, dépassant xixe siècle, considéré souvent comme l’âge d’or du fantas-
les frontières, la première partie reprend la définition du tique, sont cités.
fantastique déjà abordée dans la séquence 2 du manuel : La deuxième partie de la page témoigne du rapport fruc-
dans le récit fantastique, un événement anormal vient tueux qu’entretient le chemin de fer avec le fantastique.
déranger l’ordre d’un univers jusqu’alors structuré. Il ne se limite pas au train lui-même, mais s’étend aux
Pour rappel, le récit fantastique introduit un phénomène voies ferrées, à la signalisation des voies, aux gares. Puisant
étrange dans une situation de la vie quotidienne, qui prend dans le quotidien, la littérature fantastique en fait un objet
37
imaginaire aux caractéristiques spécifiques. La locomotive pompéienne de Théophile Gautier se prête bien au travail
fantastique transperce la nuit et les thèmes du feu et de de groupe. Sa longueur incitera à une lecture autonome
l’eau − et par extension de la vapeur − s’imposent alors et à un travail collaboratif. La nouvelle raconte l’histoire
comme autant d’éléments obligés, que l’histoire se déroule de trois jeunes amis, Fabio, Max et Octavien, qui parcourent
à l’intérieur, ou à l’extérieur du train. l’Italie. À Naples, ils visitent le musée des Studii, qui
Entre le xixe siècle et le xxe siècle, le train fantastique rassemble de nombreux objets provenant de Pompéi
reste un monstre d’acier. Et même si ce représentant de la et Herculanum. Soudain, Octavien s’attarde devant une
modernité, comme dans le tableau de Turner, n’effraie plus empreinte dans la cendre révélant un sein de femme au
au fil du temps, il garde son statut de machine infernale. galbe parfait. L’atmosphère de Pompéi, qu’ils visitent peu
Le souci de variété qui guide le choix des textes offre à après un court trajet en train, les fascine. Le soir, Octavien
l’élève la possibilité de découvrir et d’identifier des motifs part se promener seul dans les ruines. La ville ne lui paraît
récurrents du fantastique et de s’intéresser aux manifesta- plus aussi figée qu’auparavant, et semble renaître sous
tions du surnaturel et de l’irrationnel. Le motif littéraire ses yeux. Le voici à l’époque de la belle Arria Marcella, reve-
du train, qui est le point commun à ces trois textes, permet nue du fond des âges, qu’il va finir par rencontrer…
le déplacement entre deux mondes différents : entre
l’ordinaire et l’extraordinaire, entre le réel et le surnaturel, Pour vous aider à lire et à écrire > p. 74-75
entre le passé et le présent. Véritable point de passage
Dans cette double page, diverses notions de langue permet-
entre les deux ensembles, il prend diverses formes dans les
tant l’analyse des textes sont proposées aux élèves. Les
nouvelles du corpus.
extraits de nouvelles qui servent de supports aux exercices
ont été choisis pour correspondre à la thématique d’en-
Lecture 1 > p. 64 semble. Dans le récit fantastique, le lecteur est en prise
Cette première nouvelle a pour objectif de permettre à directe avec les perceptions du narrateur qui manifeste
l’élève de caractériser les instances littéraires (les person- sa présence par le jugement qu’il porte sur les faits racontés.
nages, les lieux, le temps, la structure du récit) de manière à Le rôle des expansions du nom se révèle primordial pour
relever les particularités du récit fantastique. Le narrateur décrire une atmosphère inquiétante. Le lexique de l’étrange
de ce récit encadré (ou enchâssé) raconte l’expérience accompagne l’émergence du phénomène mystérieux et
insolite vécue par Tiphaigne Hoff, chef de gare : une nuit, l’intrusion du surnaturel dans la réalité quotidienne. De
deux mystérieux voyageurs, qui semblent appartenir à une même, les modalisateurs introduisent des doutes sur ce
autre époque, montent à bord du train 1815 qu’on ne reverra qui est perçu, car ils atténuent bien souvent le caractère
jamais. L’atmosphère et le cadre sont caractéristiques de invraisemblable des événements racontés. La dictée prépa-
l’écriture fantastique. rée permet, quant à elle, de revoir un certain nombre de
points orthographiques, d’expliciter les raisonnements qui
Lecture 2 > p. 68 conduisent à opter pour telle ou telle graphie. S’inscrivant
Dans cette nouvelle qui repose sur une structure claire, dans une démarche d’investigation, ce questionnement
le lecteur est confronté à toute une série d’événements orthographique renvoie aux activités d’observation et de
étranges. L’élève sera amené à repérer les premiers signes systématisation mises en œuvre tout au long de l’année
qui viennent perturber le narrateur. Le brouillage des limites scolaire. Enfin, tous ces outils ont pour vocation d’être réin-
entre dedans et dehors, rêve et réalité, possible et impos- vestis dans la séance d’écriture qui suit.
sible suscite l’angoisse du lecteur en le déstabilisant et en
éveillant en lui des peurs profondes. Grâce à un abonne- Atelier écrit > p. 76-77
ment sur tout le réseau ferroviaire, Buire, ami et double À la fin du chapitre, la rédaction d’une nouvelle fantastique
du narrateur, prend « place dans le premier train venu » et est également proposée, ce qui suppose une réappropria-
descend selon son caprice. Il prête alors sa carte de train tion des acquis vus au cours de la séquence. Liant les
au narrateur qui en profite pour s’évader, le temps d’une pratiques de lecture et d’écriture, la séance a pour ambition
journée. Dans le train, il parle avec un adepte de la chou- de faire rédiger une nouvelle à partir d’une trame narrative
croute. L’obsession de savourer ce plat l’emporte. Après être préétablie tout en respectant les caractéristiques du récit.
descendu de voiture en toute hâte, il se retrouve dans En fonction du niveau de la classe, cette activité peut faire
une ville inconnue, sorte de non-monde hors du temps, l’objet de plusieurs séances.
entre dans un restaurant pour commander une choucroute
à un serveur inquiétant. Son plat se met à flamber devant Faisons le bilan > p. 78
ses yeux.
Après la lecture de chacune des nouvelles, l’écriture
d’un bilan est demandée aux élèves. Dans une démarche
Lecture intégrale > p. 73 argumentative, il s’agit de mettre les outils d’analyse au
Par la richesse et la variété de ses thèmes, cette fiction service de l’interprétation pour produire une courte
38
synthèse de ce qu’il convient de retenir. Le but est aussi pour • Denis MELLIER, La littérature fantastique, collection
les élèves d’acquérir de l’autonomie dans leur lecture, dans Memo, Seuil, 2000.
leur compréhension et dans leur interprétation du texte. • Joseph SAVALLE, Travestis, métamorphoses,
dédoublements − essai sur l’œuvre de Théophile Gautier,
Bibliographie
Librairie Minard, 1981.
Essais, ouvrages critiques :
• Tzvetan TODOROV, Introduction à la littérature
• Jean-Baptiste BARONIAN et Françoise LEVIE, Jean Ray, fantastique, 1970 ; collection Points Essais n° 73,
La Maison d’à côté, 2009. Seuil, 1976.
• Michel BRIX dans « Résurrection du passé et création
Podcasts
romantique à propos d’Arria Marcella », Bulletin de
la Société Théophile Gautier, n° 18, 1996. • France Culture − « Une esthétique de l’incertitude :
• Roger CAILLOIS, Le fantastique, Images, image, Corti, 1966. le fantastique selon Todorov », 2017.
• Dany DE LAET, Histoires de trains fantastiques, Librairie • France Culture − « Pompéi, la vie sous la cendre », 2020.
des Champs-Élysées, 1981.

3 Corrigés de la séquence
Dans la séquence 2, un groupement de textes a permis apparence et réalité, renvoyant ainsi à la problématique
aux élèves de découvrir et de définir le fantastique au de notre séquence. Si elle connaît des détracteurs qui
travers d’extraits. Avant d’entamer cette nouvelle séquence, l’accusent de profiter de la crédulité des plus faibles, la pho-
il pourra s’avérer utile de brièvement rappeler aux élèves tographie spirite, très en vogue au xixe siècle, occupe une
la distinction qui prévaut entre, d’une part, le merveilleux, place de choix dans la recherche de l’invisible, aussi bien
principalement étudié dans les contes en 6e ou dans dans la médecine et la physique que dans les sciences
les récits médiévaux mettant en scène des héros en 5e, occultes, ouvrant la voie aux expériences d’hypnose, de
et d’autre part, le fantastique. La nouvelle, en tant que médiumnité, de suggestion, de magnétisme.
genre littéraire, méritera d’être également redéfinie comme La deuxième partie de cette ouverture de séquence s’inté-
étant un récit bref, à l’intrigue centrée sur une action resse au motif littéraire du train. Le fantastique va trouver
principale et quelques personnages, et au rythme rapide. dans l’univers ferroviaire le cadre propice à ses manifesta-
La visée de ce chapitre sera, avant d’aborder la phase tions, avec l’idée sous-jacente selon laquelle il est beaucoup
d’écriture, d’analyser l’atmosphère qui prépare l’apparition plus efficace quand il surgit d’un quotidien par nature très
fantastique et ses manifestations dans chacune des nou- mécanique et très réglé. Les écrivains et les artistes auront
velles. tôt fait de déceler dans ce mode de transport le fort poten-
tiel poétique et émotionnel, capable de saisir l’atmosphère
Quelques repères > p. 63 particulière qui s’en dégage.
Dans le tableau de Turner, Pluie, vapeur et vitesse, que l’en-
Compétences travaillées :
seignant gagnera à vidéo projeter pour une étude en classe,
• Acquérir des éléments de culture littéraire et artistique.
on retrouve cette fascination de l’artiste pour la modernité
• Se forger une culture.
de son temps, et son engouement particulier pour le voyage
C’est dans leur quotidien que les personnages des nouvelles et la prouesse technologique. Pour Turner, il est moins
fantastiques sont envahis par l’irrationnel. Au fil de leurs important de reproduire le réel que de le rendre visible et
lectures, les élèves constateront que le fantastique est bien sensible à la fois. Dans cette représentation onirique du
souvent une expérience solitaire où le personnage principal chemin de fer, qui témoigne de la révolution industrielle en
est confronté à l’étrange et au surnaturel. Ce terme décrit marche, l’œil du spectateur est attiré par la locomotive
l’ensemble des phénomènes qui résistent à la raison et noire, dont la masse rougeoyante à l’avant sort d’un rideau
aux connaissances humaines, ce qui peut le rendre difficile de pluie dans ce paysage presque abstrait. L’effet de vitesse,
à définir précisément pour l’élève. Les fantômes, les appari- annoncé par le titre du tableau, est encore accentué par
tions en font partie, notamment dans les récits de Nodier, la composition en diagonale du tableau. Certains détails ont
Gautier, Balzac ou Maupassant que cette page n’oublie pas leur importance : dans la brume, on distingue quelques
de citer. champs, une machine agricole, et une ville dans la plaine.
L’iconographie du haut de la page 63 aide l’élève à bâtir À gauche, le peintre a figuré un pont sous lequel va passer
sa propre représentation. Utilisant le procédé de double une embarcation de pêche. À l’avant du train, comme
impression de la plaque photographique, ce trucage se prisonnier des rails, le peintre a représenté un lièvre qui
fonde sur l’illusion d’optique et questionne le rapport entre tente d’échapper à un destin funeste.
39
Lecture 1 « Le Train perdu » > p. 64-67 4 Le plus petit voyageur, « très petit » (l. 38) comme
le souligne le narrateur, semble venir d’une autre époque.
Compétences travaillées :
Il paraît « aussi vieux que le Juif errant » (l. 39-40). (L’allusion
• Lire des textes variés avec des objectifs divers.
à la figure légendaire du Juif errant qui parcourt le monde
• Contrôler sa compréhension, devenir un lecteur autonome.
entier et apparaît de temps en temps, annonçant une malé-
• Élaborer une interprétation des textes littéraires.
diction, ne sonne-t-elle pas d’ailleurs comme un funeste
Avec « Le Train 081 » de Marcel Schwob, « Le Train perdu » présage pour la suite du texte ?) Ce curieux personnage
de Claude Farrère est selon toute vraisemblance le texte porte les cheveux longs jusqu’aux épaules (l. 40-41). C’est
français de fantastique ferroviaire le plus connu. Prix surtout sa tenue, qualifiée d’« accoutrement invraisem-
Goncourt en 1905, auteur de nombreuses nouvelles et de blable » (l. 42), qui le rend remarquable. Le narrateur
romans qui lui vaudront d’être élu à l’Académie française, décrit un pantalon « baroque » (l. 43), « serré aux genoux
Claude Farrère fait partie de ces auteurs quasiment oubliés comme une culotte » (l. 43-44), « des souliers à boucle »
aujourd’hui mais qui furent célèbres en leur temps et dont (l. 44), « une sorte d’habit-redingote à boutons d’argent,
l’œuvre recèle quelques pépites propres à ravir le lecteur dont les larges basques bouffaient comme un jupon »
amateur d’insolite et d’étrange. Une nuit, donc dans une (l. 45-46), « un chapeau de castor » (l. 47) ressemblant
espèce de hors-temps, Tiphaigne Hoff, le héros de la à un tricorne. De cet accoutrement se dégage une épouvan-
nouvelle, est le témoin de la mystérieuse disparition d’un table odeur de moisi (l. 49). Le dernier détail étrange de
train de nuit à bord duquel sont montés deux personnages ce voyageur est une canne à pomme d’or plus haute que
qui semblent sortis d’une autre époque et qui provoquent lui et qu’il serre à deux mains « comme les suisses serrent
chez lui un mélange d’étonnement et de crainte. leur hallebarde » (l. 49-52).
Vos objectifs 5 LANGUE Les modalisateurs – essentiellement ici des
Cette nouvelle doit permettre à l’élève d’identifier les carac- adverbes d’intensité et des verbes exprimant un jugement,
téristiques formelles de la nouvelle fantastique. Il s’agira une opinion, un sentiment − qui marquent l’étonnement de
aussi de relever tous les indices du surnaturel et de l’étrange Tiphaigne Hoff face au petit voyageur, sont les expressions
et de montrer comment ils bouleversent la perception du réel. suivantes : « très petit », expression mise en valeur entre
tirets, qui surenchérit la description « le petit » (l. 38),
La mise en place du récit
« il semblait aussi vieux que le Juif errant » (l. 39-40),
1 Tiphaigne Hoff agite son fanal et crie : « En arrière, les
« tout à fait invraisemblable » (l. 42), « si singulièrement »
voyageurs ! » (l. 2-3). Une fois le train arrêté en gare, le chef
(l. 47-48).
de gare procède à des opérations de contrôle : il s’assure
6 Le portrait du grand voyageur est rendu inquiétant
qu’aucun wagon ne manque en vérifiant les signaux de
par sa taille et son allure, il est « très grand » (l. 53), et
queue (l. 11-12) puis il marche « le long des quatre voitures »
par le manteau qu’il porte, manteau suffisamment long
(l. 13-14), éclairant de son fanal « les essieux, les châssis
pour que le voyageur s’y cache tout entier : « C’était une
et les attelages » (l. 16). Une fois les trois minutes d’arrêt
longue silhouette tout enveloppée d’un long manteau […]
passées, il crie : « En voiture ! » et signifie le départ imminent
lequel manteau traînait à terre […]. » (l. 56-58), « Un capu-
du train par un « coup de sifflet réglementaire » (l. 24-26).
chon […] cachait la tête. » (l. 59-60). On peut remarquer
2 a. La scène se passe la nuit, sur le quai d’une gare.
la répétition de l’adjectif « long » dans la même phrase qui
L’atmosphère est sinistre, lugubre : plongé dans une nuit
souligne le point commun étrange, presque hors norme,
épaisse, l’endroit est désert et très peu fréquenté car les
entre la silhouette et le vêtement. Ce manteau renforce
voyageurs s’y font rares. Nous pouvons citer comme
le sentiment de gêne du chef de gare qui peine à le décrire
indices : « le train 1815, gémissant de tous ses freins serrés,
et qui emploie alors une comparaison et une question :
entrait en gare » (l. 3-4), « il n’y avait pas un seul voyageur
il n’a « ni forme ni couleur qu’on p[uisse] préciser »
sur le quai » (l. 5-6), « Ces sacrés trains de nuit ! » (l. 8).
(l. 58-60), « un long manteau pareil à une draperie ou à
Les seules personnes présentes sont Tiphaigne Hoff, le chef
un linceul » (l. 57-58), « un capuchon ou une cagoule ? »
de gare, l’homme d’équipe et le mécanicien du train 1815.
(l. 59-60). Les quelques détails physiques que le long
Nous apprenons par le mécanicien qu’il fait très froid
manteau laisse apparaître n’en sont que plus significatifs : le
(l. 21-22).
chef de gare remarque « deux yeux caves », « une barbe
b. L’histoire a pour cadre un lieu réel : une gare. La nuit est
blanche de deux pieds », « une main décharnée », « des
un moment propice à l’apparition des phénomènes étranges
doigts blafards » (l. 61-63). On dirait la description d’un
car l’obscurité peut modifier la perception des événements.
fantôme. Cette allusion à la mort est d’ailleurs suggérée
L’absence de voyageurs limite le nombre de témoins.
par la comparaison du manteau avec un linceul.
Des événements étranges et inquiétants On retrouve le même procédé stylistique qui avait permis
3 Le travail du chef de gare est perturbé par l’apparition de décrire l’autre voyageur « très petit » et qui, de fait,
soudaine de deux voyageurs sur le quai, prêts à monter dans installe une comparaison par la taille entre les deux person-
le train. nages.
40
7

Phénomènes étranges Citations du texte


Lignes 121-123 Les dégradations subies par le diable à bagages. « Le diable […] de ferraille, usé, rongé, rouillé »
Lignes 133-167 Le passage non signalé du train 1815 au poste « Dernier train annoncé n’a pas dépassé mon
suivant. poste. » (l. 147-148)
Lignes 171-186 Le train 1815 a disparu de la voie. « […] que le train 1815 n’était ni au-delà, ni
en deçà du poste de block, et, par conséquent,
qu’il n’y avait plus de train 1815... » (l. 184-186)

Du doute à la terreur – Toute cette histoire n’existe peut-être que dans l’imagina-
8 Même si le train 1815 est en retard et n’a pas encore tion de Tiphaigne Hoff. Le personnage est en proie à un état
atteint le poste suivant, Tiphaigne Hoff refuse de le déclarer second (l’ivresse) lorsqu’il se confie au narrateur, ce qui
en détresse et annonce qu’« il y a marche lente » (l. 156- modifie sa perception des événements et favorise l’ambi-
157). guïté.
9 Les mots et expressions qui appartiennent au champ Votre bilan
lexical de la peur sont : « une secousse de tout son être La mise en place d’un cadre réaliste où le personnage princi-
le fit bondir » (l. 133-134), « un pressentiment » (l. 135), pal est présenté dans son quotidien de chef de gare permet
« terrifié » (l. 136), « le cœur comme dans un étau » (l. 144), de progressivement faire basculer le récit du côté du surna-
« pâles comme linge » (l. 150), « sa propre épouvante » turel et de l’étrange. Cela s’avère d’autant plus efficace
(l. 155), « la terreur » (l. 167). que l’apparition fantastique des deux mystérieux voyageurs
10 LANGUE L’accumulation d’adjectifs insiste sur le carac- puis la disparition mystérieuse du train ont lieu de nuit,
tère surnaturel du phénomène : le train 1815 a disparu sans dans le cadre sombre d’une gare puis des alentours d’une
explication. Ces adjectifs sont épithètes du nom « chose ». voie ferrée qui peuvent tromper les sens du personnage.
Barricadé dans ses certitudes et la tranquillité trompeuse
Un dénouement troublant
de son existence, le personnage principal est d’abord ébranlé
11 Deux éléments prouvent la disparition du train : d’abord
dans ses convictions personnelles, puis se voit dominé
le diable touché par le grand voyageur et réduit après cela à par la peur qui l’envahit progressivement jusqu’à lui faire
« un petit tas de rouille » (l. 191) et les cailloux du ballast, admettre la réalité du phénomène, lui révélant au passage
autrefois gris, devenus « rougeâtres et comme poudrés ses propres limites.
d’oxyde de fer » (l. 200-201).
12 Dans la dernière phrase, le narrateur intervient directe-
ment dans le récit grâce au pronom de la première personne TESTÉ EN CLASSE La lecture de cette nouvelle en
« moi » (l. 208) en précisant qu’il tient son récit de Tiphaigne lecture cursive avec une classe de 4e a beaucoup plu aux
Hoff lui-même, de qui il a été le confident un jour où le chef élèves. Donnée en complément d’un groupement de
de gare avait trop bu. textes sur la nuit fantastique, la nouvelle installe dès
Le lecteur est invité à croire le témoignage de Tiphaigne le départ une atmosphère inquiétante qui précède les
Hoff. Mais ce récit fait par un autre narrateur, qui n’a pas principales péripéties. Les jeunes lecteurs apprécient
été directement témoin des événements étranges, peut l’attente dans laquelle ils sont plongés : on pressent
faire douter le lecteur sur la véracité des faits racontés que quelque chose va arriver mais on ne sait pas encore
d’autant plus que ce narrateur prend soin de préciser qu’il ce qui va se produire.
tient cette histoire d’un homme ivre. Dans cette classe, une dizaine d’élèves participe à la
webradio du collège. Aussi était-il tout naturel de s’ap-
 À L’ORAL
puyer sur leur expérience en matière de montage avec
Cet exercice de lecture expressive permet de travailler les Audacity. L’enseignant a choisi de les répartir dans chacun
compétences du cycle 4, « participer de façon constructive des cinq groupes à qui une activité de mise en voix des
à des échanges oraux » et « passer du recours intuitif à lignes 1 à 70, avec l’ajout d’effets sonores est proposée.
l’argumentation à un usage plus maîtrisé ». Cette activité Grâce à ce travail de collaboration exécuté sur des
s’appuiera sur les réponses des élèves qui, à partir des indices tablettes au sein de la classe, les élèves ont pu saisir que
du texte, peuvent émettre deux hypothèses : l’atmosphère d’une nouvelle fantastique est étroitement
– Suite à l’arrivée soudaine des deux mystérieux voyageurs, liée au cadre dans lequel se meuvent les personnages de
le train de nuit, dans lequel ils sont montés, a réellement l’histoire. Par l’ajout d’éléments sonores qui font sens,
disparu dans un monde intermédiaire, sorte de hors-temps, comme le bruit du vent ou encore le son du marteau
entre la réalité et l’au-delà.
41
qui frappe la roue du train, ils ont pu rapidement se rendre Lecture 2 « La Choucroute » > p. 68-72
compte que l’évocation d’un décor ou la description d’un Compétences travaillées :
lieu ne servent pas uniquement à situer l’histoire sur • Lire des textes variés avec des objectifs divers.
le plan spatial et temporel ; elles permettent également • Contrôler sa compréhension, devenir un lecteur auto-
de susciter des émotions chez le lecteur et revêtent une nome.
dimension symbolique. • Élaborer une interprétation des textes littéraires.
Pour cette deuxième Lecture, les élèves découvrent l’univers
de Jean Ray, écrivain belge prolifique encore trop méconnu
en France. Il est pourtant considéré par certains comme
Passerelles l’un des maîtres de la littérature fantastique francophone,
En amenant les élèves à confronter divers textes du manuel, comme en témoignent certains titres de ses œuvres
on pourrait imaginer, toujours dans le cadre de l’entrée thé- publiées dès 1940 : « Le Grand Nocturne », « La Croisière
matique « La fiction pour interroger le réel », une séquence des ombres », « Les Cercles de l’épouvante » ou « Le Livre
pédagogique autour des personnages mystérieux dans des fantômes ». Il fait évoluer ses personnages dans des
le récit fantastique. Ce chapitre aborderait la question du décors mystérieux composés de ports embrumés, de mai-
portrait, prise dans sa diversité, et amènerait l’élève à se sons truquées, de boutiques vieillottes ou de rues se trans-
demander comment le narrateur fait naître le trouble formant en labyrinthes. La grande originalité de Jean Ray,
chez le lecteur. Un premier support possible pour la séance c’est de faire surgir la peur d’un environnement paisible,
inaugurale serait un extrait de film fantastique, comme de localiser le surnaturel dans le quotidien le plus sécurisé.
Dark Shadows de Tim Burton. Après avoir visionné l’extrait, Vos objectifs
le questionnement pourrait porter sur le photogramme La lecture de cette nouvelle focalise l’attention sur le thème
reproduit page 41 dans le manuel. Le choix de ce film est de la peur. Elle doit aussi permettre à l’élève de dégager
intéressant : l’acteur américain Johnny Depp y incarne la structure d’une nouvelle fantastique, notion qui devra
Barnabas Collins, un riche châtelain américain du xviiie siècle être réinvestie dans l’atelier d’écriture.
transformé en vampire par une sorcière jalouse, Angélique,
et enterré pendant deux cents ans. Il est accidentellement Thème 1 : Les personnages
libéré de sa prison en 1972 et découvre à la fois le monde 1 Le lien qui unit Buire et le narrateur est qu’ils sont amis :
du xxe siècle et ce qu’il est advenu de sa puissante famille… « Je le considère comme ami parce que je perds rarement
Il permet un premier travail de repérage des caractéristiques une de nos vastes parties d’échecs, qu’il essaye toujours
du portrait fantastique et pourrait servir de catalyseur pour de m’être agréable par de menus et fréquents services »
entraîner les élèves dans la lecture d’autres textes, notam- (l. 6 à 9). Ce lien se rompt à la fin de la nouvelle : « Ce n’est
ment les extraits de Dracula aux pages 44 à 48 du manuel. plus mon ami » (l. 314).
L’histoire du comte Dracula compile en effet les journaux
intimes des différents protagonistes du roman : Jonathan, Pour aller plus loin
le premier à se rendre en Transylvanie, sa femme Mina,
On pourra faire remarquer aux élèves que cette amitié est
l’amie de celle-ci, Lucy, et le professeur Van Helsing sont
toute relative : l’allusion à Wackford Squeers, personnage
les plus importants. À chaque narrateur ses impressions,
du roman Nicholas Nickleby de Charles Dickens, est peu
ses expériences et sa réalité : c’est ce qui fait tout l’intérêt
flatteuse. La mention du cruel directeur de Dotheboys Hall,
de ce roman.
institution qu’il dirige d’une main de fer et où les enfants
La confrontation de Tiphaigne Hoff avec les deux mysté- sont affamés et régulièrement battus et humiliés, interroge.
rieux voyageurs du train 1815, surgis de nulle part, dans Jean Ray annonce-t-il déjà au lecteur la duplicité dont
la nouvelle « Le Train perdu » de Claude Farrère, reproduite semble faire preuve Buire ? L’épisode final du morceau de
aux pages 64 à 67, pourrait constituer la troisième étape rubis montre que Buire est avant tout guidé par le sens
de ce projet. des affaires. Au grand étonnement du narrateur, il lui pro-
Enfin, un extrait d’Arria Marcella de Théophile Gautier, pose un million pour le rubis avant de se reprendre : « Allons,
étudiée en page 73, viendrait conclure cette étude. Dans jouons franc jeu, ils vous en offrent deux millions, mais
cette nouvelle, Octavien, fasciné par une silhouette n’espérez pas en obtenir davantage, sinon ce serait trop
féminine aperçue plus tôt dans la cendre au musée de réduire ma commission » (l. 283-285).
Naples, fait la rencontre de la fascinante Arria Marcella. Dans la nouvelle, Buire fait aussi figure de tentateur.
Ici, le fantastique se manifeste dans le portrait ambivalent Aiguisant l’envie du narrateur et sa soif d’« atteindre des
de la jeune femme, mais aussi et surtout à travers un écart horizons inconnus et prestigieux » (l. 38), il représente
temporel : le protagoniste, Octavien, fait en effet un bond celui qui va attirer le narrateur dans la transgression en
dans le passé et se retrouve dans la ville de Pompéi avant lui proposant d’utiliser la carte d’abonnement de train.
l’éruption volcanique fatale. L’enseignant pourra faire remarquer aux élèves que le pacte
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avec le Diable est un motif récurrent dans la représentation déserte à ce moment de la journée. Lorsque le train s’éloigne,
du Diable. L’attrait du pacte est souvent tel que l’individu il est comparé à « une ombre fuyante piquée d’un œil
ne s’aperçoit a priori pas de l’aliénation définitive que cela flamboyant de cyclope » (l. 103-104).
représente : « Je pense à la choucroute et je meurs de regret 8 Le narrateur ne tient pas compte de cet avertissement.
de n’y avoir pas goûté. Je la revois sans cesse ; elle hante Il est bien décidé à trouver un restaurant au plus vite car
mes jours et mes nuits. » (l. 300-303). On pourra proposer la conversation dans le train avec l’autre voyageur a aiguisé
de lire « Le Veston ensorcelé » de Buzzati ou « Deux acteurs son appétit : « à cette heure, une unique chose me préoccu-
pour un rôle » de Théophile Gautier qui partagent des pait : celle de m’installer sur une banquette de restaurant et
thèmes communs avec notre nouvelle. de commander une choucroute » (l. 112-114).
9 LANGUE Le passager utilise des phrases exclamatives.
2 Buire travaille comme courtier dans une entreprise de
De forme négative, elles prolongent les efforts désespérés
joaillerie : « aussi est-il employé chez Wilfer et Broways,
qu’il fait pour dissuader le narrateur de s’arrêter à cette
firme très honorablement connue » (l. 19-21) .
gare : « Je lui tendis la main. Il la retint avec force » (l. 90-91).
3 Buire bénéficie d’une prime et d’« un abonnement sur Son insistance est marquée par les effets de répétition :
tout le réseau ferroviaire » (l. 23-24) qui lui « [ouvre] un « Ce n’est pas possible ! Vous ne pouvez pas descendre…
ciel de félicités sans nombre » (l. 25-26). Il propose au pas descendre… ici » (l. 93-94) puis « vous ne pouvez
narrateur de lui prêter cet abonnement pour qu’à son tour pas descendre… ici ! » (l. 99). L’utilisation des points de
il puisse bénéficier du même avantage : « Un jour, je vous suspension renforce le sentiment d’« angoisse » (l. 101)
prêterai mon abonnement » (l. 39). qu’il ressent.
4 Le narrateur rencontre un voyageur inconnu à l’attitude 10 Cette réaction trouble le lecteur. Elle provoque son
débonnaire, « un homme jovial et bavard » (l. 57) avec étonnement car le compagnon de voyage du narrateur
lequel il sympathise : « l’homme me devint sympathique » cherche par tous les moyens à le retenir à bord du train.
(l. 71). Sa peur semble disproportionnée : « son gros et cordial
5 Tous deux partagent la même passion pour la cuisine en visage avait soudainement blêmi » (l. 91-92). Ce même
général et pour la choucroute en particulier : « je me serais visage vient ensuite, « se coller, tordu d’angoisse, contre
contenté d’une ordinaire mais bonne choucroute, avec des la vitre de la portière » (l. 101-102). De plus, les verbes
saucisses, du lard, des tranches de porc rissolées » (l. 73-75). de parole comme « balbutia » (l. 93) et surtout « hurla »
Le narrateur lui-même avoue faire « grand cas d’une chou- (l. 99) traduisent la même idée.
croute bien conditionnée » (l. 77-78). En fins gastronomes, Thème 3 : Le restaurant
ils se mettent à discourir sur la manière de préparer ce plat
11 L’endroit est aussi désert que la rue que le narrateur
selon qu’on soit « d’Allemagne », « d’Alsace », d’« Ardenne »
vient d’emprunter : « je ne vis aucun passant » (l. 122). Dans
(l. 81-82) ou qu’on la serve « en spécialité autrichienne,
la pénombre qu’éclaire la lueur de « réverbères à flammes
avec des saucisses à la chipolata » (l. 83-84).
bleues » (l. 120), il devine « les contours flous de tables,
6 Plusieurs indices présentent Buire comme un double de glaces et d’un comptoir confortablement garni » (l. 131-
du narrateur. Ce dernier insiste d’ailleurs sur leur proximité 132). Plus tard, alors que la choucroute s’est mise à flamber,
au niveau de l’apparence physique. Dès le début de la nou- il arrive dans une arrière-salle « absolument vide et nue »
velle, le narrateur explique : « il y a entre nous une certaine (l. 175-176). Il s’aperçoit alors que c’est toute la maison
ressemblance physique depuis qu’il porte un Borsalino qui est « vide, déserte, inhabitée, sans trace de meubles ni
à très larges bords et qu’il fume une pipe bulldog de même de présences anciennes » (l. 181-183). Le narrateur
marque écossaise » (l. 10-13). Cette ressemblance physique trouve ces détails étranges, évoque « la suite des étonne-
– vraisemblablement cultivée par son ami − est telle qu’elle ments sans nombre de cette soirée » (l. 173-174) et se
permet au narrateur d’emprunter la carte d’abonnement montre surpris de n’avoir autour de lui que la marque « du
de train de Buire, sans le risque que le contrôleur ne découvre mystère, du vide et du silence » (l. 190).
la supercherie : « nous nous ressemblons comme des
12 Le serveur apparaît comme un personnage inquiétant et
frères » (l. 41-42), précise ainsi Buire. Ils partagent « des
peu avenant : il est d’emblée présenté comme un « étrange
goûts communs, par exemple pour la choucroute, le vin
bonhomme » (l. 141). Le lexique péjoratif utilisé pour son
des Côtes-Rôties et le tabac de Hollande » (l. 14-16). Enfin,
portrait physique déconcerte le lecteur : « il avait un visage
ils nourrissent une passion commune pour les échecs.
décati de clown, tout blanc, à la bouche mince et rentrante,
Thème 2 : La mise en garde aux yeux tapis derrière un rempart de bourrelets graisseux »
7 Le passager du train avertit le narrateur de ne pas (l. 144-145). Sa couleur dominante, ses déplacements
descendre à cet arrêt. Alors que le train ralentit, le narrateur silencieux, ses apparitions puis disparitions soudaines
se lève et salue son interlocuteur. La scène a lieu le soir font penser à un fantôme : « je ne l’avais vu, ni entendu
(le narrateur est monté dans le train « entre chien et loup » venir, et il s’était dressé devant ma table, comme surgi
(l. 45-46)). La gare, « aux lumières avares » (l. 106), est d’une trappe » (l. 141-143). Troublé, le narrateur ajoute :
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« Je ne vis partir ni revenir le serveur » (l. 150) puis « je ne les propriétés combustibles du feu − est la manifestation
revis pas le serveur » (l. 160). Nul moyen de savoir comment de la puissance de Dieu qui dit à Moïse et au peuple hébreu
la choucroute arrive sur la table, comme en atteste l’emploi de mener une vie nouvelle. Dans « La Choucroute », c’est
de la forme pronominale « se trouva » (l. 151). Enfin, tandis tout l’inverse qui se produit : aucune voix ne se fait entendre.
que la choucroute s’embrase, c’est « une voix » (l. 159) qui Seul le plat, devenu intouchable, reste au centre de la scène.
avertit le narrateur de la façon peu conventionnelle de
16 Le restaurant est comparé à l’enfer car il est associé
servir la choucroute dans ce restaurant.
au champ lexical du feu : « chaleur » (l. 166), « flamme »
13 La description gastronomique de la choucroute acquiert (l. 157 et 195), « ardent » (l. 199), « brasier » (l. 167). Le lieu
une dimension presque picturale. L’illustration de Caroline est transformé en un « pâle brasier » (l. 167) duquel
Taconet présente dans le manuel à la page 70 va dans ce s’échappe « une chaleur torride » (l. 194).
sens : elle aidera l’élève à se figurer la scène. L’énumération La comparaison aux lignes 199-200 « ardent comme l’enfer
d’adjectifs qualificatifs et de participes passés donne même » confirme cette impression. Cette image sera
une image gargantuesque de ce plat : « la choucroute se poursuivie dans le texte avec les mots « fournaise » (l. 235),
trouva placée sur la table, énorme, splendide, dressée l’allusion à « une haleine centuplée de forge en furie »
sur un gigantesque plat d’étain frotté, bardée de lards (l. 236-237).
épais, étayée de saucisses dorées, flanquée de puissantes
Thème 4 : Le doute
tranches de jambon et de rôti » (l. 151-155). L’assonance
17 Le narrateur s’enfuit de la ville car il est envahi par
en [e] procure une certaine musicalité à cette longue
la peur : « Alors, la peur me poussa aux épaules, et je m’en-
phrase entrecoupée de virgules, si bien que le lecteur se
fuis » (l. 210). Celle-ci atteint son paroxysme avec les mots
trouve lui-même repu devant ce tableau.
« épouvantablement » (l. 229) ou « anéanti » (l. 239) quand
14 L’étonnement du narrateur est marqué par le vocabu-
il découvre qu’il est dans une ville « toute en façades »
laire choisi pour la description gourmande du plat. Il s’agit
(l. 227), donc factice et irréelle. Il trouvera refuge dans le
essentiellement des adjectifs de sens mélioratif et de sens
train qui l’avait déposé là plus tôt.
hyperbolique qui insistent à la fois sur la beauté du plat
18 Il a en poche « un gros morceau de verre rouge » (l. 249-
servi, son caractère appétissant, abondant et généreux :
250) qui se révélera être « un rubis » (l. 280) à « l’étrange
« énorme », « splendide », « gigantesque », « bardée »,
forme irrégulière » (l. 277).
« étayée », « flanquée », « puissantes » (l. 151-155).
L’intervention du narrateur à la première personne (« du 19 Le lecteur pourra hésiter entre deux types d’interpréta-
moins je ne m’en souviens guère » (l. 150-151)) apporte tion :
une distance qui vaut précaution. • Explications logiques :
– Le narrateur est fou et raconte une histoire totalement
15 Ce qui empêche le narrateur de déguster le plat est
inventée qui n’existe que dans son esprit.
le fait qu’il s’enflamme immédiatement après avoir été
– Le narrateur s’est endormi durant son voyage en train :
servi. « Une haute flamme bleue s’en éleva » (l. 157) de telle
« ce ne fut qu’après un temps bien long, une heure peut-
sorte que le narrateur est contraint de quitter sa table :
être, que je vis que d’autres voyageurs l’occupaient égale-
« Une chaleur terrible, formidable […] et je dus reculer sur
ment. Ils dormaient. » (l. 241-243). Ce récit serait-il celui
la banquette » (l. 166-168). Sous l’effet d’« une chaleur
du cauchemar vécu ?
torride » (l. 194), il ne peut repartir déguster son plat
• Explication surnaturelle : le narrateur a bel et bien vécu
qu’il devine désormais « à travers un léger voile azuré,
cette aventure de ville fantôme, comme semble en attester
mais ardent comme l’enfer même » (l. 199-200).
la présence du rubis dans sa poche.
Ce passage de la nouvelle est très symbolique. On pense
au supplice de Tantale : Tantale, fils de Zeus, était, à la suite Il est difficile de trancher pour l’une ou l’autre des explica-
d’une punition de son père, condamné à supporter la faim tions. La nouvelle est bâtie sur le principe de l’hésitation.
et la soif pour l’éternité. En effet, lorsqu’il s’approchait Ce doute se situe entre la folie et la réalité du phénomène
d’un fruit ou d’une source, le premier se transformait en surnaturel. Il n’y a pas d’autre hypothèse plausible, ce qui
pierre, quant à la seconde, elle disparaissait. renvoie le lecteur à l’univers fermé, quasiment tragique
du personnage principal.
Pour aller plus loin Votre bilan
L’enseignant pourra également proposer aux élèves une Cette nouvelle est à la fois troublante et effrayante car
recherche sur l’épisode du Buisson-ardent. Cette choucroute elle conduit le héros à franchir une limite. Le voyage en train
aux « flammes bleues, épouvantablement ardentes et permet ce passage. Mû par l’envie irrépressible de déguster
pourtant ne brûlant pas » (l. 228-229) n’évoque-t-elle pas une choucroute mais aussi par la curiosité, le personnage
le livre de l’Exode au moment où Moïse aperçoit le Buisson- principal pénètre dans un lieu étrange et terrifiant, à la
ardent et fait preuve de curiosité ? L’épisode du Buisson- frontière entre la raison ou la folie, entre rêve et réalité.
ardent et son feu symbolique − puisqu’il ne possède pas Le mystère happe alors le personnage. Par contagion,
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c’est également le lecteur qui se met à douter, il a bien Les élèves auront lu l’intégralité du texte avant le travail
du mal à se fier à sa raison pour trouver une explication en classe. L’écoute de la lecture audio (disponible par ce lien
vraisemblable pour comprendre l’histoire. Le récit fantas- https://www.youtube.com/watch?v=rzLtBnBiXuw) consti-
tique l’amène à sonder les parts obscures qui le hantent tuerait un préalable très utile, notamment pour les lecteurs
(incertitudes liées au temps, univers du rêve et du cauche- plus fragiles ou pour ceux qui sont peu familiarisés avec
mar, confusion des contours et des limites…). l’univers antique. Pour contextualiser l’œuvre, l’enseignant
La structure de la nouvelle répond à cette attente et parti- pourra choisir d’intégrer un certain nombre d’illustrations
cipe également à ce trouble. Aussi peut-on dégager diverses à son projet de lecture.
étapes : Dans une perspective d’interdisciplinarité, voire dans le
• Une introduction dans laquelle le personnage se voit cadre d’un EPI, des liens pourront être établis avec le latin
placé dans un cadre banal et réaliste qui contribue à authen- ou l’italien.
tifier son histoire.
Thème 1 : Un cadre réaliste : de Naples à Pompéi
• Un avertissement qui suggère au héros qu’il ne doit pas
1 Le sous-titre de la nouvelle est « souvenir de Pompéi ».
faire ce qu’il projette de faire ou qui lui communique des
Le début de la nouvelle, qui se déroule dans le sud de l’Italie,
interdits, comme le fait le passager rencontré dans le train.
entre Naples et Pompéi, prend les allures d’un carnet de
• Une aventure fantastique : le héros, ayant « trans-
voyage : l’histoire se déroule « l’année dernière » (l. 2),
gressé » les règles, est entraîné dans une aventure. Des faits
ce qui situe l’action par rapport au moment de l’écriture,
qui progressent souvent de l’étrange vers le fantastique
c’est-à-dire 1852. L’auteur y mêle des souvenirs précis au
se produisent. Ils engendrent une angoisse puis une peur
récit d’un amour rêvé, ce qui confère plus de véracité à
ou une panique.
l’ensemble. Il donne à lire dans la première partie de son
• Une sanction : le retour au quotidien qui marque la fin
récit une certaine image de Pompéi pour mettre en lumière,
de l’expérience fantastique n’est pas heureux. Le héros du
par contraste, la deuxième partie de son récit racontant
récit fantastique reste marqué négativement par les événe-
l’aventure étrange et unique que va vivre Octavien.
ments vécus.
Pour aller plus loin
Lecture intégrale > p. 73 Théophile Gautier écrit Arria Marcella deux ans après un
Compétences travaillées : voyage en Italie dont il fait le récit dans son volume
• Lire des textes variés avec des objectifs divers. Italia en 1852. Il cite un grand nombre de détails qui sont
• Contrôler sa compréhension, devenir un lecteur autonome. consignés dans les guides, tels que les affiches de Pompéi,
• Élaborer une interprétation des textes littéraires. la tache sur le marbre laissée par la tasse des buveurs,
• Exploiter les ressources créatives et expressives de la la pièce de théâtre de Plaute, ou encore les noms propres
parole. d’Arria, de Tyché, de Rufus Holconius et d’Arrius Diomèdes.
• Participer de façon constructive à des échanges oraux.
2 Le début de la nouvelle ressemble à un guide touristique
Arria Marcella constitue l’un des récits de Gautier possédant car Théophile Gautier nous offre ici une écriture pittoresque
un très fort ancrage réaliste. Au xixe siècle, de nombreux et picturale, en particulier lorsqu’il décrit le paysage
visiteurs prestigieux sont venus à Pompéi. Dès les premières napolitain. La description s’attarde d’abord sur l’évocation
exhumations de maisons et de corps prisonniers de la poétique du volcan et de la mer : « Le chemin de fer par
couche de cendres, c’est une sorte d’étape obligée de lequel on va à Pompéi longe presque toujours la mer, dont
visiter Pompéi et le musée des Studii de Naples pour celles les longues volutes d’écume viennent se dérouler sur un
et ceux qui viennent « faire le voyage d’Italie », pour sable noirâtre qui ressemble à du charbon tamisé » (p. 11).
reprendre une expression présente dans la nouvelle, comme L’auteur multiplie les indications concernant les couleurs
en témoignent les comptes-rendus de Mme de Staël, et la lumière : « La ville ressuscitée, ayant secoué un coin
Chateaubriand ou Alexandre Dumas. Plus loin, on note de son linceul de cendre, ressortait avec ses mille détails
cependant que l’auteur du « Pied de momie » semble sous un jour aveuglant. Le Vésuve découpait dans le fond
prendre ses distances vis-à-vis d’eux, comme l’indique son cône sillonné de stries de laves bleues, roses, violettes,
sa remarque initiale : « Le corricolo [...] est trop connu mordorées par le soleil » (p. 12). Il reprend certains procé-
pour qu’il soit besoin d’en faire la description ici, et dés qu’on trouve plus généralement dans les guides touris-
d’ailleurs nous n’écrivons pas des impressions de voyage tiques comme les déterminants démonstratifs, le présent
sur Naples [...] » (p. 11). de vérité générale ou le pronom personnel indéfini « on »
Vos objectifs comme dans cette description du Vésuve (qui partage
L’étude de la nouvelle de Théophile Gautier permettra à d’ailleurs des caractéristiques communes avec la locomo-
l’élève de percevoir l’importance de l’héritage antique. tive) : « au premier abord, on eût pu le prendre pour un
L’édition de référence du texte est celle publiée au Livre de ces nuages qui, même par les temps les plus sereins,
de poche jeunesse en 2014. estompent le front des pics élevés. En y regardant de
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plus près, on voyait de minces filets de vapeur blanche (p. 25). Seule l’œuvre d’art est à ses yeux parfaite. Octavien
sortir du haut du mont comme des trous d’une cassolette peut se livrer à une contemplation profonde de la représen-
[...] » (p. 12). tation plastique, à la fois belle et inaccessible. La quête
3 Les trois jeunes amis, Max, Fabio et Octavien, sont en de la femme idéale est celle dont l’image est parfaite et
voyage touristique à Pompéi. Encore célibataires, ils sont stable. Or, il n’y a que l’art qui puisse ainsi figer la beauté
venus de France (« Je suis du pays des Gaulois », p. 35, par nature instable dans le temps. Enfin, Octavien est attiré
« le Français », p. 36), espérant à la fois voir du pays et par une partie du corps de la femme, un buste moulé dans
s’amuser. la cendre noire qui devient une sorte d’objet fétiche.
4 Le paysage décrit lors du trajet en train, noirci par la Il y a donc une prédisposition chez lui à être attiré par le
cendre du Vésuve entré en éruption en 79 après Jésus Christ, surnaturel et l’étrange.
se construit sur une série d’oppositions :
• la noirceur / la lumière : « parmi tout cet éclat, la terre Pour aller plus loin
seule semble retenir l’ombre » ou encore « l’intensité Autrefois, Octavien a ressenti le même type d’attirance
du soleil et le lait de chaux méridional, quelque chose morbide lorsqu’il était à Rome. Le narrateur nous dit
de plutonien et de ferrugineux comme Manchester et d’ailleurs qu’il pratique la nécromancie : « À Rome, la vue
Birmingham ; la poussière y est noire, une suie impalpable d’une épaisse chevelure nattée exhumée d’un tombeau
s’y accroche à tout » (p. 11). antique l’avait jeté dans un bizarre délire ; il avait essayé,
• L’antique / le moderne : « Les trois amis descendirent à la au moyen de deux ou trois de ces cheveux obtenus d’un
station de Pompéi, en riant entre eux du mélange d’antique gardien séduit à prix d’or, et remis à une somnambule
et de moderne que présentent naturellement à l’esprit d’une grande puissance, d’évoquer l’ombre et la forme
ces mots : Station de Pompéi. Une ville gréco-­romaine et de cette morte ; mais le fluide conducteur s’était évaporé
un débarcadère de railway ! » La ville gréco-­romaine renvoie après tant d’années, et l’apparition n’avait pu sortir de la
à l’Antiquité quand les mots « station » et « railway » nuit éternelle » (p. 26).
évoquent davantage la modernité liée au progrès industriel.
• La mort / la vie : « La ville ressuscitée, ayant secoué un Thème 3 : « Hors du temps et de l’espace »
coin de son linceul de cendre, ressortait avec ses mille 1 C’est par le train que les trois amis arrivent à Pompéi,
détails sous un jour aveuglant » (p. 12). les conduisant vers une ville semi-ressuscitée, non pas
Lors de ce court trajet en train, les trois amis sont donc face « une Pompéi morte, froid cadavre de ville qu’on a tiré
à un espace dédoublé. à demi de son linceul, mais dans une Pompéi vivante,
jeune, intacte, sur laquelle n’avaient pas coulé les torrents
Thème 2 : Octavien, un héros singulier de boue brillante du Vésuve » (p. 30). C’est également
1 Octavien est plus réservé que ses deux amis. Jeune en train qu’ils en repartent : « La petite bande retourna
homme cultivé volontiers rêveur et sensible, il se distingue à Naples par le chemin de fer, comme elle était venue [...].
des autres, dès le début de la nouvelle, par son attitude : À dater de cette visite à Pompéi, Octavien fut en proie
alors que Fabio et Max déambulent dans le musée d’une à une mélancolie morne » (p. 51). Ce nouveau passage par
vitrine à l’autre au gré de leurs découvertes, Octavien le chemin de fer les conduit cette fois vers le monde
reste en contemplation profonde : « voyant qu’il s’obstinait des vivants, qui pour Octavien ne sera que dérisoire. Il ne
dans sa contemplation, les deux amis d’Octavien revinrent vivra pas en effet avec sa jeune épouse Ellen, mais avec
vers lui, et Max, en le touchant à l’épaule, le fit tressaillir le fantôme d’Arria Marcella.
comme un homme surpris dans son secret » (p. 10). De plus,
2 Ce passage s’opère tandis qu’Octavien part se promener
le prénom d’Octavien le relie directement à l’Antiquité et
dans Pompéi en pleine nuit. La ville de Pompéi semble
l’on comprend d’autant mieux l’attirance de ce personnage
renaître à la clarté de la Lune, qui parvient même à cacher
pour cette époque ancienne.
les dégradations sur les édifices (« les génies taciturnes
2 Octavien est subjugué par la poitrine d’une jeune de la nuit semblaient avoir réparé la cité fossile » (p. 27)).
Pompéienne pétrifiée par le Vésuve : « ce morceau de cendre Au fil de sa progression dans les rues, Octavien croit
noire » (p. 10) devient aussitôt pour lui une sorte de fétiche. apercevoir des silhouettes humaines, entend des chuchote-
3 Il est attiré par la beauté de femmes qui sont mortes ou ments vagues alors que le silence devrait régner, jusqu’à
qui n’ont jamais existé que dans l’imaginaire d’artistes. ce qu’il se rende compte qu’une maison en ruine quelques
Devant les vitrines du musée de Naples, il est « absorbé […] heures plus tôt a été restaurée « dans un état d’intégrité
dans une contemplation profonde » (p. 9) ; par rapport à parfaite » (p. 28). L’expression « jour nocturne » (p. 27) est
ses amis, il est tourné vers le passé : « il s’était composé un oxymore qui souligne le caractère ambivalent de cette
un sérail idéal avec Sémiramis, Aspasie, Cléopâtre, Diane lumière qui redonne vie à Pompéi. Elle efface les affres
de Poitiers, Jeanne d’Aragon » (p. 25). du temps, laisse place à un temps imaginaire et permet
4 La femme visible et vivante ne saurait satisfaire Octavien. à la cité de Campanie de renaître de ses cendres, comme
Il avoue d’ailleurs que « la réalité ne le séduisait guère » le fera plus tard le personnage d’Arria.
46
3 Cette expression, empruntée à Shakespeare, montre gorge d’un contour si correct, d’une coupe si pure, troubla
qu’il existe un dérangement du temps dans la nouvelle. magnétiquement Octavien ; il lui sembla que ces rondeurs
La métaphore du char dont la roue serait sortie du chemin s’adaptaient parfaitement à l’empreinte en creux du musée
montre que le temps se dérègle. Octavien a perdu tous de Naples, qui l’avait jeté dans une si ardente rêverie, et une
ses repères. Lors de sa déambulation nocturne dans Pompéi, voix lui cria au fond du cœur que cette femme était bien
il est transporté dans le rêve d’un passé, qui est un non- la femme étouffée par la cendre du Vésuve à la villa d’Arrius
temps car « hors du temps et de l’espace » (p. 46). De plus, Diomèdes » (p. 40). On pourra montrer aux élèves que la
la montre d’Octavien marque minuit. Et pourtant le jour nouvelle de Gautier reprend le mythe de Pygmalion mais de
semble se lever. Si l’on pousse plus loin l’interprétation, façon inversée : ce n’est pas la figure du tableau ou la statue
le train semble se cacher dans ces « ornières de char » qui doit vivre, mais la femme qui doit devenir un objet artis-
(p. 13) qui font penser à des rails. tique, en conservant, de cette façon, à jamais, sa beauté.
4 Ce « déraillement » du temps permet une plongée du 3 Arria Marcella revient à la vie car elle a su déceler le fait
personnage principal dans l’étrange, comme en témoigne qu’Octavien est profondément attiré par elle. C’est ce que
le champ lexical très riche : « mystère » (p. 28), « restaura- suggère l’emploi du champ lexical de la vie et de la passion :
tion étrange » (p. 29), « mystérieux » (p. 29), « prodige « brillaient » (p. 39), « ardeur vivace » (p. 40), « si passion-
inconcevable » (p. 30), « parfaitement incroyable » (p. 32), née » (p. 41), « si ardente », « si vivace » (p. 41). Arria Marcella
« pouvoir mystérieux » (p. 32), « problème incompréhen- est ressuscitée grâce à l’amour que lui voue Octavien.
sible » (p. 32). L’espace et le temps sont étroitement liés 4 Arria Marcella fait d’abord penser à une morte-vivante
grâce à une sorte d’« aiguillage » qui, en plus de faire écho, en raison de sa pâleur : « elle était brune et pâle » (p. 39),
permet de passer d’une voie à une autre, faisant écho à « une main pâle » (p. 41), « ses joues pâles » (p. 45), « la
l’univers du chemin de fer. Pour Octavien, ce déraillement blancheur tranquille du masque » (p. 40). Les allusions
lui permet d’évoluer dans un espace et un temps variables à la statuaire sont nombreuses et suggèrent la mort. Sa
hors du réel. Il le plonge ainsi dans les illusions de son froideur va également dans ce sens : « froid comme la
univers de fantasme. Puisque le présent et le passé se peau d’un serpent ou le marbre d’une tombe » (p. 45). Mais
confondent pour une durée indéterminée, il peut désormais Arria Marcella passe aussi pour une créature vampirique
vivre son histoire d’amour avec Arria Marcella, en marge qui porte à ses lèvres un vin comparé à du sang : « un vin
de ce que le réel ordinairement impose. d’une pourpre sombre comme du sang figé ; à mesure
qu’elle buvait, une imperceptible vapeur rose montait à
Thème 4 : Arria Marcella, une « morte amoureuse »
ses joues pâles, de son cœur qui n’avait pas battu depuis
1 La rencontre a lieu dans un théâtre, ce qui n’est pas
tant d’années » (p. 45). Enfin, lorsque le père apparaît,
anodin. D’une part, c’est un lieu qui sert souvent de cadre
il sermonne sa fille qu’il considère comme une débauchée.
à la rencontre amoureuse au xixe siècle, d’autre part, c’est
Portant « une petite croix de bois noir » (p. 47) faisant partie
l’univers de l’illusion et des faux-semblants. Lors de la repré-
de l’arsenal traditionnel pour lutter contre les vampires,
sentation, Octavien se montre de moins en moins attentif
il semble exorciser sa fille qui redevient cendres.
à la pièce qui se joue sur scène : « Octavien n’écoutait plus
et ne regardait plus. Dans la travée des femmes, il venait Thème 5 : Les émotions du narrateur
d’apercevoir une créature d’une beauté merveilleuse » (p. 39). 1 Octavien est plongé dans une sorte de rêverie poétique
2 Au musée des Studii, Octavien est tout de suite attiré et romantique, rêverie qualifiée par le narrateur d’« ivresse »
par « un morceau de cendre noire coagulée portant une pour bien faire comprendre au lecteur combien le jeune
empreinte creuse » (p. 10), qui le laisse dans une contem- homme est troublé depuis qu’il a vu l’empreinte recueillie
plation profonde, une fascination. La notation suivante dans la villa d’Arrius Diomèdes.
dit que « l’œil exercé d’un artiste y eût aisément reconnu Ce trouble s’explique par la conception idéale qu’Octavien
la coupe d’un sein admirable et d’un flanc aussi pur de a de l’amour : comme on peut le lire à la page 25, le jeune
style que celui d’une statue » (p. 10). Ce fragment renvoie homme se laisse aisément emporter par de grandes
d’ailleurs à l’idée d’une femme puisque le sein est aussi passions sublimes que lui inspirent des héroïnes ou des
l’un des symboles de la maternité. œuvres d’art. Les explications du guide ont fait déjà naître
En esthète qui s’est depuis longtemps réfugié dans un en lui « un amour rétrospectif » (p. 20) pour cette femme
monde animé de fantômes artistiques qu’il peut librement morte tragiquement sous les cendres du volcan.
contempler, Octavien a, lors de la scène de rencontre, La précision est importante pour la suite, Octavien est
la très forte intuition (« une voix lui cria... ») d’être devant plutôt sobre : il « avait souvent laissé son verre plein devant
celle dont il a observé l’empreinte. Il reconnaît dans la lui, ne voulant pas troubler par une ivresse grossière l’ivresse
perfection du corps de la jeune femme la perfection du poétique qui bouillonnait dans son cerveau » (p. 26).
moulage observé au musée. On note des effets de symétrie 2 Aux pages 27-28, le champ lexical de la peur est com-
dans le vocabulaire employé qui permettent d’insister sur posé des mots et expressions suivants : « une espèce
la pureté des lignes de ce corps féminin. « La vue de cette d’angoisse involontaire » (p. 27), « un léger frisson » (p. 27),
47
« son trouble » (p. 28), « mille détails alarmants » (p. 28). 4 En guise d’explication logique (rationnelle), on peut
On remarque que le héros est sujet à un mélange d’émo- penser qu’Octavien a rêvé l’histoire qu’il pense avoir vécue.
tions. Troublé par les éléments appartenant au passé de Cette explication est d’autant plus plausible que ses amis le
Pompéi, Octavien ressent une « espèce d’angoisse involon- retrouvent « évanoui sur la mosaïque d’une petite chambre
taire », une sorte de « frisson », qui pourrait tout aussi à demi écroulée » (p. 50-51) dans les vestiges de Pompéi.
bien « être causé par l’air froid de la nuit » que par la peur L’explication irréelle (irrationnelle) serait qu’Octavien a
face à la vision de ce passé recomposé qui surgit dans le pré- véritablement vécu quelques heures dans la ville de Pompéi,
sent. La périphrase « une espèce d’angoisse involontaire » ressuscitée pour lui, et que son amour pour Arria Marcella a
agit comme si, dans la confusion extrême qui s’empare ramené à la vie la jeune femme avant que le père de celle-ci
du jeune homme, la peur ne pouvait être véritablement ne mette fin à leur passion.
nommée et qu’il fallait d’une certaine façon la conjurer. L’auteur nous met donc en présence de plusieurs possibilités :
3 Octavien est bouleversé au point que plus rien d’autre nous pouvons croire que le personnage principal a réellement
autour de lui ne compte : « tout s’évanouit, tout disparut vécu ces événements étranges, nous pouvons aussi penser
comme dans un songe ; un brouillard estompa les gradins qu’il les a imaginés parce qu’il était sous l’emprise de l’alcool
fourmillants de monde, et la voix criarde des acteurs sem- (étant donné que du vin a été servi à table lors du dîner avec
blait se perdre dans un éloignement infini » (p. 39). ses amis) ou à cause d’un désir refoulé pour un idéal de beauté
Il ressent un véritable choc émotionnel, intense, compa- qui ne peut exister que dans l’Art (« voyant qu’il s’obstinait
rable à un coup de foudre quand son regard croise celui de la dans sa contemplation », p. 10 ; « Comme un homme surpris
jeune femme. Deux comparaisons soulignent la puissance dans son secret », p. 10 ; « Octavien rougit faiblement »,
électrique des émotions : « Il avait reçu au cœur comme p. 10). Mais nous pouvons aussi dire qu’il s’agit d’un simple
une commotion électrique, et il lui semblait qu’il jaillissait rêve. Toutes ces hypothèses sont possibles, mais elles ne
des étincelles de sa poitrine lorsque le regard de cette s’excluent pas mutuellement, si bien qu’il est impossible
femme se tournait vers lui » (p. 39). d’en privilégier une par rapport à l’autre. Cela nous amène
à considérer cette hésitation comme une particularité
4 Octavien accepte son aventure fantastique comme si
essentielle au bon fonctionnement de ce genre littéraire.
elle se déroulait dans un rêve. La distinction entre rêve et
réalité est abolie : Octavien, « surpris au dernier point, Votre bilan
se demanda s’il dormait tout debout et marchait dans Le voyage dans le temps d’Octavien, favorisé par le trajet
un rêve » (p. 29), « Il accepta sa présence comme dans en train, et la double résurrection de Pompéi puis d’Arria
le rêve » (p. 40), « face à face avec sa chimère » (p. 40). Marcella constituent les éléments fantastiques de la nou-
Il se laisse aller et savoure cette expérience sans essayer velle.
de trouver une explication raisonnable, décide de tout Sous une lumière lunaire qui révèle des détails insoupçon-
accepter : « Octavien, ravi au fond de voir un de ses rêves nés de la ville, cette double renaissance provoque un senti-
les plus chers accompli, ne résista plus à son aventure ; ment ambigu puisque le passé semble se reconstruire
il se laissa faire à toutes ces merveilles, sans prétendre sous les yeux d’Octavien, à la fois animé par un mystérieux
s’en rendre compte » (p. 32). Quand l’expérience prendra souffle de vie et dominé par le poids de la mort.
fin, il cherchera même à la renouveler. La nouvelle repose enfin sur un certain nombre d’éléments
Thème 6 : Le retour à la réalité insolites qui maintiennent l’hésitation fantastique jusqu’au
1 C’est Arrius Diomèdes, le père d’Arria, qui interrompt bout du récit. Le lecteur hésite en effet entre une interpréta-
le couple en entrant dans la chambre. La jeune fille semble tion logique, rationnelle (Octavien pourrait avoir été vic-
être une morte plutôt débauchée et son père, modelé time d’hallucinations, p. 29) et une interprétation irration-
par son esprit chrétien, lui reproche ses légèretés : « deux nelle (Octavien a réussi à ressusciter la femme aimée par
mille ans de mort ne t’ont donc pas calmée et tes bras la seule force de leur passion amoureuse).
voraces attirent sur ta poitrine de marbre, vide de cœur, les
pauvres insensés enivrés par tes philtres » (p. 48).
2 Octavien perd connaissance, dévasté par la douleur Pour vous aider à lire et à écrire > p. 74-75
de perdre sous ses yeux Arria Marcella, laquelle n’est plus
« qu’une pincée de cendres mêlée de quelques ossements Grammaire et conjugaison
calcinés parmi lesquels brillaient des bracelets et des bijoux Compétences travaillées :
d’or » (p. 49). • Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale.
3 Octavien est sans doute conscient que ses amis ne le • Construire des notions permettant l’analyse et l’élabora-
croiraient pas : leurs doutes briseraient alors le charme de tion des textes et des discours.
cette aventure aussi unique que fantastique. Aux yeux de • Enrichir et structurer le lexique.
ses amis, il passerait au mieux pour un rêveur, au pire pour • Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement
un fou. syntaxique.
48
La description fantastique Les modalisateurs
J’observe J’observe
2 singulier = adjectif qualificatif 2 Texte 1 : « Je crus ». − Texte 2 : l’interrogation « n’est-ce
mou = adjectif qualificatif pas ? » et « Le quai […] semblait se soulever ».
horrible = adjectif qualificatif On a l’impression que la perception de la réalité par le nar-
gantée = adjectif qualificatif rateur ou le personnage de l’histoire est troublée.
longue = adjectif qualificatif
Je m’entraîne
étroite = adjectif qualificatif
froide = adjectif qualificatif 3 a. À l’évidence, une présence invisible se trouvait à
inerte = adjectif qualificatif bord du train. − b. Sans doute, dans la gare désaffectée,
crispée = adjectif qualificatif les guichets poussiéreux étaient déserts. − c. Je crus voir une
que le somnambule avait oubliée = proposition subordon- chose bouger : une patte monstrueuse qui sortait du dernier
née relative wagon par la porte ! − d. Trou d’ombre béant dans la nuit,
le tunnel semble aspirer le convoi dans un fracas de tonnerre.
3
Complé­ J’écris
Adjectif Complé­
ment 4 Exemple de corrigé : Le convoi s’était arrêté. En plein
qualificatif Apposition ment
de l’anté-
épithète du nom tunnel. Inexplicablement. Il faisait si sombre que la nuit
cédent
semblait tout à coup tombée. Mon métier de contrôleur
• singulier • l’horrible • que le ne laissait décidément que peu de répit ! Je remontai les
• mou (introduit main somnambule wagons d’un pas rapide. Les passagers s’impatientaient.
par de) gantée avait oubliée Les questions fusaient : y avait-il un problème ? Pourquoi
• longue (épithète
s’était-on arrêté dans un tunnel ? Quand allait-on repartir ?
détachée)
Les minutes passaient. Je tâchai de les rassurer. Soudain,
• étroite (épithète
un bruit assourdissant de pierres qu’on entrechoque fit
détachée)
• froide sursauter les occupants du wagon où je me trouvais. C’était
• inerte comme un fracas de tonnerre. Sans doute une partie du
• crispée tunnel s’était-elle effondrée ? Une poussière âcre sembla
• de mou (groupe envahir l’espace, rendant l’air soudain plus lourd. Dans
adjectival le lointain, j’eus l’impression d’entendre un hurlement
épithète) horrible et singulier. C’était comme si une créature horrible
se rapprochait !
Je m’entraîne
Le lexique de l’étrange
4 a. une gare de province bondée – b. une sombre nuit
qui restera dans ma mémoire – c. le temps maussade J’observe
d’hier – d. une étrange machine à remonter le temps –
1 On peut relever « étrange », « une animation inhabi-
e. un terrible cauchemar : mourir.
tuelle », « pourquoi ces va-et-vient dans les cours, ces
J’écris femmes affolées, ces chariots, ce bétail ? ».
5 Exemple de corrigé : Cette marche rapide sur le sentier 2 étrangement (adverbe), étranger/ère (nom/adjectif),
rocailleux m’avait épuisé. C’était l’heure trouble où les étrangeté (nom).
ombres se fondent dans les ténèbres, où la lumière disparaît 3 L’étonnement du narrateur est rendu par l’emploi de la
peu à peu. Il allait falloir bientôt rentrer. Afin de reprendre phrase interrogative : « Enfin, pourquoi ces va-et-vient dans
mon souffle, je m’assis sur une énorme pierre plate. Soudain, les cours, ces femmes affolées, ces chariots, ce bétail ? »
je pris conscience que je n’étais pas seul. Tout était devenu
silencieux. Je me levai, un peu intrigué, car à travers le Je m’entraîne
rideau des hêtres et des charmilles, une lueur diaphane, 4 Les mots qui appartiennent au registre de l’« étrange » :
une sorte de halo lumineux, se déplaçait sans émettre déroutant – mystérieux – inquiétant – énigmatique – insolite.
aucune ombre. Juste un voile transparent, un peu vaporeux Les antonymes : commun – ordinaire – habituel –
qui sembla se rapprocher de moi puis qui s’évapora dans quelconque – banal – répandu.
le feuillage des arbres. Cela avait duré quelques secondes. 5 bizarre  une bizarrerie – singulier  une singularité –
Je frémis. particulier  une particularité – excentrique  une
excentricité.

49
J’écris – une tâche = travail qu’on doit exécuter (syn. : besogne,
devoir).
6 Exemple de corrigé : Dans la campagne désolée, un
– une tache = petite étendue de couleur, d’aspect différent
chêne mystérieux aux branches tourmentées, dont le tronc
du reste/surface salie (syn. : marque, trace, salissure, souil-
décrit une diagonale déroutante, résiste au vent en furie,
lure).
encadré par d’inquiétantes souches. De rares feuilles mortes
sont encore fixées aux branches noueuses, ajoutant de la
singularité au tableau. Plus au loin, une nuée d’oiseaux
Atelier écrit Écrire une nouvelle fantastique
noirs s’approche. À l’arrière-plan, une petite colline de > p. 76-77
forme insolite, un tumulus de l’époque des Huns, évoque Compétences travaillées :
la gloire passée du héros qui y est enseveli. Dans le lointain, • Adopter des stratégies et des procédures d’écriture effi-
un curieux paysage maritime s’étend. caces.
• Exploiter les fonctions principales de l’écrit.
Dictée préparée • Exploiter des lectures pour enrichir son écrit.
2 • Pratiquer l’écriture d’invention.
Présent Passé simple Passé simple Imparfait Il n’est pas de meilleur exercice pour comprendre les pro-
3e personne 1re personne 3e personne 3e personne blèmes posés par l’écriture d’une nouvelle fantastique que
du singulier du singulier du singulier du singulier de s’y essayer soi-même. Tel est bien le but de cette activité
• c’est • j’observai • le premier • le dormeur d’écriture qui vient clore la séquence. L’écriture d’une nou-
• je ne vis phénomène faisait velle permet d’intégrer toutes les activités et de nombreux
pas plongea objectifs de la classe de français. Les élèves mettront à pro-
• j’aperçus • le voyageur fit ce qu’ils ont retenu de la lecture des nouvelles intégrales.
• je ne pus s’étendit et
ferma Différenciation
• le dormeur Selon le niveau de la classe, le travail pourra être réalisé
se leva et seul ou en binôme. Lorsqu’on propose d’écrire à deux, c’est
tendit aussi un moyen de tenir compte des difficultés rencontrées
• une rapidité et de pratiquer la différenciation pédagogique. Il est conseillé
silencieuse
de passer plusieurs séances avec les élèves pour cette acti-
stupéfia
vité, de manière à les aider à travailler au brouillon.
Plus-que-parfait L’activité proposée sur cette double page de manuel a
Conditionnel passé
3e personne du singulier re
pour point de départ le tableau de Lionel Walden, Train de
1 personne du singulier
(voix passive) nuit. Par sa puissance évocatrice, par le choix des couleurs,
l’action avait été faite j’aurais dû par les motifs qui sont repris (la nuit, le train, l’atmosphère
vaporeuse propice au surgissement du surnaturel…), ce
Le temps dominant est le passé simple. tableau pourra être inspirant pour les élèves. Le but de cette
3 C’est alors que nous observâmes le premier phénomène tâche complexe est de rédiger une nouvelle intégrale. Tout
qui nous plongea dans l’étrange. au long de ce parcours, les élèves ont à mobiliser les diverses
ressources pour comprendre le sujet et planifier le travail.
À l’oral, on ne perçoit pas la différence entre « j’observai »
Une première étape au brouillon est indispensable en insis-
(passé simple) et « j’observais » (imparfait). Il suffit de chan-
tant bien sur la nécessité de respecter l’ordre des étapes.
ger de personne pour entendre la différence : « nous obser-
L’important est qu’ils permettent aux élèves de passer
vâmes » (passé simple) et « nous observions » (imparfait).
d’un texte premier à un texte second, de prendre conscience
4 « assujetti » est un participe passé formé sur le radical du volume de travail accompli et surtout de mesurer
« sujet » auquel ont été ajoutés le préfixe « as- » et le leurs progrès. L’enseignant pourra lire ces brouillons et pro-
suffixe « -ti ». Dans le contexte, il signifie « dompté » : diguer quelques conseils pour améliorer les productions.
« ayant dompté son oreiller ». L’enseignant pourra également prévoir en cours d’élabora-
5 a. Le verbe « apercevoir » ne porte pas de cédille puisque tion des séances d’oral collaboratif, en groupe classe ou en
le son [s] est produit par la présence de la voyelle « e » petits groupes. Ces moments pourront permettre aux élèves
après la consonne « c ». La cédille est nécessaire dans de mesurer leurs réussites et leurs faiblesses, de prendre
« j’aperçus » puisque la consonne « c » suivie de la voyelle conscience de ce qui ne va pas et d’adopter une posture
« u » se lit [k]. La cédille rétablit le son [s]. réflexive. De plus, on peut envisager de faire découvrir
b. L’accent circonflexe sur la voyelle « a » permet de distin- les brouillons aux autres élèves. Le regard critique des
guer ces homonymes par le sens : élèves sur les textes produits par leurs pairs est la meilleure

50
incitation à l’auto-correction. La co-évaluation peut favori- (l. 4-5), « cette personne » (l. 11), « la personne » (l. 13)
ser la compréhension de ses propres erreurs et l’exercice puis d’une « apparition » (l. 21 et 36), sorte de forme
d’un regard critique sur son propre travail. Elle peut aussi gesticulante qui fait un signe au narrateur pour l’avertir d’un
faciliter l’appropriation des critères de réussite présents dans danger imminent puis qui disparaît. Est-elle bienveillante
le tableau d’auto-évaluation présent en fin de double page. ou funeste ? À ce stade de l’extrait, cette apparition s’adresse
Pour mener à bien sa mission, l’élève doit suivre un parcours directement au narrateur sous la forme d’une apostrophe
guidé qui réinvestit ce qui a été croisé dans les textes, suivie d’une mise en garde : « Hé ! Vous là-bas ! » et
notamment en ce qui concerne la structure de la nouvelle, « Attention ! Attention ! » (l. 3, 8 et 9). La lanterne du
le surgissement de l’étrange et du surnaturel, l’expression signaleur, tournée « du côté du verre rouge » (l. 10-11)
de la peur et du doute. donc annonciatrice d’un danger, va la faire disparaître.
2 La scène se passe de nuit « au temps de la pleine lune »
Pour aller plus loin (l. 1). Le lieu est désert, balayé par « le vent » (l. 30).
Pour clore le travail, l’enseignant pourra choisir de valoriser Une voie ferrée occupe une sorte de tranchée étroite et
les productions écrites et envisager de les organiser en profonde, une « vallée artificielle » (l. 24-25) qui débouche
un recueil numérique de nouvelles. Un concours au sein de sur la gueule menaçante d’un « tunnel obscur » (l. 14).
la classe ou de l’établissement pourra même être proposé. 3 Il éprouve une forme de malaise et de la peur : « Ce récit
En groupes, les élèves pourront aussi enregistrer les cinq me donna l’impression qu’un doigt de glace me parcourait
meilleures productions sous la forme de podcasts. l’échine » (l. 19-20).
4 Il explique que l’apparition est « l’effet d’une illusion
Faisons le bilan > p. 78 optique » (l. 22) et que les cris entendus sont causés par
Cette séquence est tout d’abord l’occasion de définir les le bruit du vent qui fait « [jouer des] airs étranges aux fils
caractéristiques de l’écriture fantastique. Le fantastique est télégraphiques » (l. 25-26).
ancré dans la réalité avec des références constantes au réel. 5 Le signaleur réfute l’explication du narrateur : « il répli-
Le texte fantastique est souvent porté par un « je » pour qua que j’avais beau dire, qu’il savait fort bien à quoi
que le narrateur soit partie prenante de l’action. Il a pour s’en tenir sur le vent et les fils télégraphiques » (l. 29-31).
caractéristique essentielle l’hésitation entre une explication Il établit un lien direct entre la silhouette aperçue et « un
surnaturelle et une explication logique du phénomène et ne accident […] sur la ligne » (l. 37) qui a lieu « moins de six
doit jamais pencher plus d’un côté que de l’autre. heures après l’apparition » (l. 36).
Ce parcours de lecture questionne aussi de manière plurielle Grammaire et compétences linguistiques
la notion de fantastique au travers du motif littéraire du
1 a. – du vent : Nature : GN prépositionnel ; Fonction :
train. Plus qu’un simple décor mystérieux qui viendrait
complément du nom « bruit » (l. 24).
redoubler l’étrangeté du phénomène, le train opère un vacil-
– artificielle : Nature : adjectif qualificatif ; Fonction :
lement des repères. D’une nouvelle à l’autre, il devient sous
épithète du nom « vallée » (l. 24).
la plume des différents auteurs de la séquence un élément
– étranges : Nature : adjectif qualificatif ; Fonction : épithète
susceptible de faire basculer le lecteur dans un autre espace-
du nom « airs » (l. 25).
temps que le nôtre, dans un univers insolite, à la fois attirant
– qu’il fait jouer aux fils télégraphiques : Nature : proposi-
et repoussant, où le possible et l’impossible se côtoient ou
tion subordonnée relative fonction ; Fonction : complément
se confondent.
de l’antécédent « fils » (l. 26).
Escape game : une activité ludique interactive sous la
b. On reconnaît une comparaison : « comme aux cordes
forme d’un Genially pourra être proposée aux élèves.
d’une harpe » (l. 26-27). L’explication du narrateur se veut
Réalisable en classe ou en autonomie, elle se veut une
rationnelle. Le vent produirait un son presque similaire à
manière active de faire le bilan des connaissances acquises
celui que produisent les doigts du musicien sur les cordes
au cours du chapitre. Dans cette mise en situation, les élèves
de sa harpe.
doivent résoudre des énigmes liées aux principales notions
2 a. « mémorable » est composé du radical « mémor- »
qui caractérisent le fantastique et à l’univers ferroviaire
dans les nouvelles fantastiques. suivi du suffixe « -able ». « Inoubliable », « remarquable »,
« retentissant », « marquant » sont des synonymes de ce
mot.
Évaluation > p. 79 b. mémoriser, mémorisation, immémorial, mémorial, com-
Compréhension et compétences d’interprétation mémorer, commémoration…
1 Cette apparition prend la forme d’un spectre présenté 3 Je m’élançai vers cette personne en demandant ce qui
sous les traits d’un homme : « cette autre personne » se passait, ce qu’il était arrivé et où était le danger.

51
Individu et société : confrontations de valeurs ?

4 La Colonie
Une comédie sociale de Marivaux > p. 80

Parcours d’œuvre

1 Présentation de la séquence
Cette séquence porte à l’étude une œuvre intégrale : Elles l’accompagnent pour faire des choix interprétatifs,
La Colonie de Marivaux. Cette pièce en un acte, en dix-huit pour travailler la mémorisation, pour réfléchir de l’inté-
scènes et en prose a été publiée dans Le Mercure de France rieur aux missions du metteur en scène et, bien sûr, pour
en 1750. Elle permet d’aborder la thématique « Vivre en jouer avec l’autre.
société, participer à la société » dans la déclinaison dédiée Marivaux, journaliste, romancier et dramaturge des
au niveau 4e : « Individu et société : confrontations de Lumières dont il fréquente les principaux représentants,
valeurs ? ». Cette comédie sociale, utopique, philoso- est imprégné par la pensée de ses contemporains.
phique et politique est moins connue que L’Île des esclaves, Progressiste sans être révolutionnaire, partisan de la
autre pièce insulaire du même auteur, et frappe peut-être modernité, il se veut l’auteur d’un théâtre nouveau, por-
davantage encore par la modernité de son propos. Il y est teur d’une réflexion politique et sociale. En 1729, il écrit
en effet question de réfléchir au fonctionnement de la une comédie en trois actes : La Nouvelle Colonie ou la Ligue
société du xviiie siècle, à une égalité possible entre les des femmes. Elle n’est jouée qu’une seule fois et c’est un
classes sociales et, surtout, entre les sexes. Autant de échec. Le public, surtout masculin, n’est pas prêt à remettre
sujets qui trouvent pleinement leur écho dans notre en question les inégalités sociales, ni les inégalités entre
époque. C’est pourquoi la captation inédite qui accom- les hommes et les femmes, lesquelles sont confinées au
pagne l’étude a fait le choix de la modernité, de la clarté et balcon et, de fait, moins nombreuses aux représentations.
de la sobriété. En 1750, il publie une nouvelle version de sa pièce : il
Ce parti pris contribue à la rendre vivante et actuelle, modifie le titre et raccourcit le texte sous la forme que
donc d’autant plus accessible à des élèves de 4e. nous connaissons aujourd’hui. L’intrigue est à la fois poli-
Par ailleurs, elle leur permet de comprendre que le texte tique et sentimentale. Marivaux, proche du théâtre italien,
est indissociable de sa représentation, laquelle se prête est fidèle à l’esprit de la commedia dell’arte et utilise toute
tout autant à des interprétations, des investigations, des la palette des ressorts comiques. Il faut d’ailleurs souligner
réflexions. Ainsi l’élève s’initie-t-il à l’école du spectateur, que dans la première version de La Colonie, le rôle de
qui permet de construire des compétences multiples, Persinet était joué par Arlequin, figure du serviteur à la fois
exigeantes et transférables. L’idée, dans le même temps, drôle, soumis et naïf. Le dramaturge met en effet en scène
est de lier cette expérience de spectateur à l’initiation des personnages hauts en couleur dans un espace qui se
au jeu d’acteur. Les rubriques « Comme au théâtre » en prête à l’expérimentation de tous les possibles : une île
témoignent. Elles contribuent à rendre l’élève encore plus utopique.
actif dans sa réception et son appropriation du texte, à le
mobiliser, à changer sa posture.

2 Objectifs de la séquence
Conformément aux recommandations officielles, il les valeurs morales qui construisent la vie en société, et la
s’agit de « découvrir à travers des textes dramatiques la critique, sur le mode utopique, de la société du xviiie siècle.
confrontation des valeurs portées par les personnages », La gestuelle de l’acteur est aussi centrale que ses intona-
de « comprendre que l’action dramatique a partie liée tions. Les élèves ont en effet à formuler de manière régu-
avec les conflits » et de « s’interroger sur les conciliations lière des points de vue personnels argumentés ou des
possibles ». jugements esthétiques. Il s’agit aussi de développer des
Les objectifs d’apprentissage sont variés. La Colonie compétences de lecture et d’interprétation du texte litté-
permet en effet d’étudier un genre théâtral, la comédie, et raire, et d’utiliser l’écrit pour penser et pour apprendre.
52
La pratique de l’écriture d’invention est également sollici- l’étude de la langue ou à la réécriture, ce qui prépare les
tée par le biais, notamment, de la rédaction de la suite élèves aux exigences du DNB.
d’une scène ou d’un monologue. Elle trouve son aboutis- Enfin, des liens permettent d’accéder au visionnage de la
sement dans l’atelier écrit et oral. De plus, le lexique est captation de chaque scène, à des fiches Coup de pouce et à
travaillé de manière systématique dans les questionne- des fiches d’analyse. Il s’agit donc bien d’accompagner au
ments et dans les « boîtes à mots », ainsi que les procédés maximum la démarche de l’élève, à la fois lecteur, specta-
d’écriture dans les rubriques « Avec du style ! ». À chaque teur et apprenti acteur.
Lecture, une question est systématiquement réservée à

Compétences du programme travaillées dans la séquence


Maîtrise de la langue Histoire des arts
Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• Exploiter les • Consolider • Contrôler sa compréhension, • Exploiter • Lire des œuvres
ressources créatives l’orthographe devenir un lecteur autonome les principales > p. 82-83, 84-85,
et expressives de grammaticale : > p. 82-83, 84-85, 86-87, fonctions de l’écrit 86-87, 88-89,
la parole questions de langue 88-89, 90-91, 92-93 > p. 83, 86, 87 90-91, 92-93, 95
> p. 82, 84, 89 et de réécriture • Élaborer une interprétation > Votre bilan p. 95 • Histoire des arts :
• Participer de façon > p. 83, 85, 87, 89, 91, des textes littéraires > Atelier p. 96 analyser des images
constructive à 94 > p. 82-83, 84-85, 86-87, mobiles
des échanges oraux • Construire des notions 88-89, 90-91, 92-93 > Visionnage
> p. 85, 89, 94 permettant l’analyse et • Lire des textes non littéraires, • Adopter des et analyse des
• S’exprimer de l’élaboration des textes des documents composites extraits de
stratégies et
façon maîtrisée > p. 82, 85, 90, 94 > p. 85, 89, 91, 93 captation de deux
des procédures
en s’adressant à • Enrichir le lexique mises en scène
• Lecture de l’image animée d’écriture efficaces
un auditoire > p. 87, 92 différentes
> Visionnage et analyse des > p. 83, 87
> p. 82, 89, 94 extraits de captation > Votre bilan
• Fréquenter des œuvres d’art p. 95
> p. 81 > Atelier p. 96
> Visionnage et analyse des • Pratiquer
extraits de captation l’écriture
d’invention
> p. 83, 87, 96

Quelques repères > p. 81 in medias res et qui remplit, de la même manière, les fonc-
tions traditionnelles de l’exposition.
Cette page permet de donner un éclairage synthétique et
immédiat sur l’auteur, l’intrigue et les personnages de La
Lecture 2 > p. 84
Colonie. L’objectif est d’étayer les élèves avant la lecture de
la pièce tout en les rendant actifs à l’aide de deux questions. L’étude de la scène 2 permet d’achever l’étude de l’exposi-
Ces dernières permettent de présenter le lien et le groupe tion et de découvrir les deux personnages masculins princi-
social des personnages. On peut proposer aux élèves de paux, différents en tous points, sauf en ce qui concerne
répondre par un schéma, un tableau ou une carte mentale. l’idée qu’ils ont de la place des femmes dans la société.
Les textes choisis pour les Lectures permettent d’étudier Cette scène permet en outre de mesurer à quel point ce qui
les scènes essentielles de la comédie. Des résumés (« Que oppose les sexes est avant tout un conflit de valeurs.
s’est-il passé ? ») favorisent la réactivation de la lecture Le questionnement permet de confirmer que le registre
personnelle. comique – ici à la limite de la farce – est au service de la
critique et de la satire.
Lecture 1 > p. 82
L’étude de la scène d’exposition conduit à poser les enjeux Lecture 3 > p. 86
essentiels de la pièce, à en découvrir les deux personnages La scène 5 traite d’un thème essentiel de l’intrigue. Il s’agit
principaux, le registre et l’intrigue. Elle pose aussi immédia- du mariage, que les femmes veulent abolir au grand déses-
tement le cadre utopique ainsi que le lieu et le temps de poir de Lina, incarnation de la jeune amoureuse de comédie
l’action. On peut proposer en écho la lecture de la scène dont les aspirations sincères à un mariage d’amour sont
d’exposition de L’Île des esclaves qui commence également bridées par sa mère. Le conflit, moteur de l’action, devient
53
ici familial et générationnel et l’intrigue sentimentale est Atelier écrit & oral > p. 96
désormais en place.
Cet atelier, dans la mesure où il est guidé, peut tout à fait
être le support d’une évaluation. Il faut d’ailleurs préciser
Lecture 4 > p. 88
que les élèves ont déjà été amenés à rédiger un monologue
Cette Lecture porte à l’étude le début de la scène 9, au cœur – celui de Lina (p. 87) – et que les rubriques « Comme au
de la pièce par sa longueur et son contenu. Elle est l’occa- théâtre » leur ont déjà permis de s’initier au jeu d’acteur,
sion de comprendre les mécanismes d’une stratégie argu- à la mémorisation et à la mise en scène. Il s’agit donc
mentative – celle d’Arthénice – et d’en analyser les procédés d’un travail progressif, guidé aussi par des critères précis
rhétoriques. La scène permet aussi de soulever une autre (« Auto-évaluez-vous ») et clairs pour les élèves. Il est donc
question cruciale : celle de l’éducation des femmes et des ici question de réinvestir les compétences de lecture et
préjugés dont elles sont victimes au xviiie siècle. d’écriture construites au cours de la séquence, et de jouer
face aux autres. Une expérience souvent réjouissante et
Lecture 5 > p. 90 formatrice pour les élèves. En outre, cette activité favorise
La scène 13, à la fois comique et sérieuse, est celle de la la relecture de certaines scènes et le feuilletage du manuel.
montée en puissance du conflit de valeurs qui oppose les
hommes et les femmes, déterminées à fonder une société Faisons le bilan > p. 97
nouvelle et égalitaire. Elles exigent en effet le droit d’exer- Le bilan permet aux élèves de faire la synthèse des appren-
cer des fonctions habituellement dévolues aux hommes et tissages de manière très visuelle grâce à une carte mentale.
défendent leur cause, se faisant leurs propres avocates. On fait le point sur les caractéristiques de l’écriture théâ-
Les revendications des femmes, dans cette scène d’affron- trale et les procédés comiques, puis on met en évidence les
tement qu’elles dominent, montrent que l’évolution du principaux enjeux de La Colonie. Le quiz interactif Genially
rapport de force est en leur faveur. C’est le fonctionnement achève ce bilan. La rubrique « Et vous, dans tout ça ? »
de la société dans son ensemble qu’elles remettent en sollicite l’expérience personnelle de lecture des élèves, et
cause, face à des hommes qui ne convainquent pas. Cette donc leur appropriation de l’œuvre.
scène permet aussi de découvrir Hermocrate, futur agent du
dénouement. Et vous, dans tout ça ?
Les élèves s’approprient la lecture de la pièce en notant dans
Lecture 6 > p. 92 leur carnet de lecture ce qu’ils ont le plus apprécié. Cette
analyse personnelle est progressive, car elle était déjà
Cette dernière Lecture a pour objectif d’étudier le sens
annoncée par les Post-it sur la carte mentale.
du dénouement orchestré par Hermocrate, stratège rusé
et manipulateur, qui met fin à l’unité féminine. On mesure, Sitographie / Bibliographie
comme l’annoncent les objectifs de la séquence, à quel • Sur l’histoire du théâtre : André Degaine, Histoire
point la réflexion sociale est au cœur des enjeux de la pièce. du théâtre illustrée, Jean Dasté, Nizet, 2000.
C’est précisément en raison de l’opposition de leurs classes • Sur Marivaux : https://eduscol.education.fr/odysseum/
sociales que les femmes vont se diviser et retrouver leur marivaux-et-les-lumieres
place initiale. C’est donc la fin de la volonté d’émancipation • Sur La Colonie : « Marivaux, La Colonie, 4e », NRP, n°659,
et de liberté des femmes, utopique à l’époque de Marivaux. supplément collège, septembre 2018.
Le bilan amène les élèves à prendre position de manière • Sur le lexique du théâtre : Agnès Pierron, Dictionnaire
argumentée sur ce dénouement en forme de statu quo. de la langue du théâtre, Éditions Le Robert, 2009.
• Sur l’initiation au jeu d’acteurs : Alain Héril, Dominique
Lecture intégrale > p. 95
Mégrier, Entraînement théâtral pour les adolescents,
Cette page complète l’étude de l’œuvre, que les élèves Retz, 2002.
peuvent lire dans son intégralité grâce au lien fourni. Ensuite, • Sur la pratique du débat en classe : https://eduscol.
un questionnaire propose de revenir sur l’ensemble des education.fr/document/20578/download
personnages, leurs caractéristiques, leurs liens, leur appar-
tenance sociale. Puis, les grandes étapes de l’intrigue Podcast
étudiées au cours de la séquence (l’exposition, le nœud de • Sur Marivaux : https://www.radiofrance.fr/
l’action et le dénouement) sont questionnées par le biais franceculture/podcasts/serie-marivaux
d’entrées différentes, ce qui permet d’aller plus loin et faci-
lite une approche différenciée selon les besoins des élèves.
Les scènes qui ne sont pas traitées au fil des Lectures
sont enfin abordées, sous la forme de questionnaires qui
répondent aux objectifs de la séquence en mettant en évi-
dence que La Colonie est une pièce qui fait rire et réfléchir.
54
3 Corrigés de la séquence

Quelques repères > p. 81 2 La relation entre les deux femmes est amicale et chaleu-
reuse (« Madame Sorbin, ou plutôt ma compagne » l. 1-2),
1. et 2. M. et Mme Sorbin sont mariés. Ils ont une fille, Lina,
même si elles se vouvoient, ce qu’implique leur différence
amoureuse de Persinet. Ces personnages font partie du tiers
sociale. Elles ont aussi une proximité physique qui symbo-
état, auquel appartiennent les artisans, ce que sont M. et
lise leur union : « donnons-nous la main, unissons- nous »
Mme Sorbin. Arthénice, une jeune veuve, appartient quant à
elle à la noblesse, tout comme Timagène et Hermocrate, ordonne Arthénice (l. 4-5), ce qu’accepte Mme Sorbin,
dont le nom signifie « doué du pouvoir d’Hermès » (le mes- comme l’indique la didascalie (« Madame Sorbin, lui don-
sager des dieux). nant la main », l. 6). Elles sont unies dans un même projet
On pourra faire écho au programme d’histoire de 4e, « Le au-delà de tout clivage (« n’ayons qu’un même esprit toutes
xviiie siècle : expansions, Lumières et révolutions », qui les deux », l. 5). C’est un point sur lequel Mme Sorbin insiste
précise notamment que, jusqu’à la Révolution française, la également à l’aide de la négation exceptive (l. 6-7). On
société est répartie en trois ordres : le clergé, la noblesse et soulignera aussi la récurrence du pronom personnel de la
le tiers état. Le groupe social auquel chacun appartient est 1re personne du pluriel qui traduit également leur solidarité.
déterminé par la naissance. 3 Leur projet est de « discuter [leur] droit vis-à-vis les
hommes » (l. 10), de faire exister les droits des femmes dans
Lecture 1 « L’heure est venue » > p. 82-83 le gouvernement qui va être instauré sur l’île. Ce dessein est
pour elle essentiel, ce que mettent en évidence les superla-
Vos objectifs
tifs : « Nous voici chargées du plus grand intérêt que notre
Il s’agit ici de comprendre les caractéristiques et les enjeux
sexe ait jamais eu, et cela dans la conjoncture du monde la
de cette scène d’exposition traditionnelle de comédie. On
plus favorable » (l. 8-9). Elles ont pour cela été élues comme
montre que les projets des personnages féminins sont
représentantes chargées de défendre les droits féminins par
porteurs de valeurs morales et politiques. La société uto-
les autres femmes de l’île (l. 2-4).
pique que veulent construire les femmes est nouvelle, en
opposition avec l’organisation sociale inégalitaire qui la 4 Les femmes s’opposent aux hommes, ce qui risque de
précède, d’où la nécessité d’étudier les rapports de force qui surprendre ces derniers : « Je vous dis que les hommes n’en
se mettent en place. reviendront jamais » (l. 29). Comme le dit Mme Sorbin, les
femmes feront valoir leurs droits, tout comme les hommes :
Avec du style ! « Oh, pour cette fois-ci, Messieurs, nous compterons
« plutôt mourir que d’endurer plus longtemps nos affronts ! » ensemble » (l. 11-12). Elles savent qu’elles vivent un moment
(l. 17-18). Cette hyperbole insiste sur la détermination exceptionnel (« Nous voici chargées du plus grand intérêt
totale de Mme Sorbin et son engagement. Elle est prête à que notre sexe ait jamais eu » , l. 8-9) et elles sont détermi-
tout sacrifier pour faire valoir les droits des femmes et aussi nées à tous les sacrifices (« plutôt mourir que d’endurer plus
pour sortir de la condition qu’on leur impose à son époque, longtemps nos affronts », l. 17-18). Mme Sorbin est certaine
ce que confirme une autre hyperbole : « Tenez, je me soucie qu’elles laisseront une trace : « dans vingt mille ans, nous
aujourd’hui de la vie comme d’un fétu » (l. 21-22). serons encore la nouvelle du jour » (l. 25-26). Arthénice est
Comme tout aussi déterminée et inscrit leur projet dans la durée :
au théâtre
La réplique peut être recopiée dans le carnet de
« Et quand même nous ne réussirions pas, nos petites-filles
lecture de manière à pourvoir être annotée, pour
réussiront » (l. 27-28).
mettre en évidence les marques de ponctuation et en guise
d’aide à la mémorisation. On peut, avant la mise en voix, 5 Mme Sorbin tout comme Arthénice veut que le combat
instaurer un temps de lecture à voix haute de la manière la politique des femmes s’inscrive dans l’histoire (Madame
plus neutre possible en insistant sur la nécessité d’articuler Sorbin veut vivre dans l’Histoire et non pas dans le Monde »,
et de respecter le rythme du texte. l. 23), qu’il fasse date, ce que confirme la réplique d’Arthé-
1 Les personnages sont sur une île, car « le Gouvernement nice : « Je vous garantis un nom immortel » (l. 24). La solen-
de [leur] patrie a cessé » (l. 14). Cette île n’est ni nommée ni nité de la phrase de Mme Sorbin est accentuée par l’emploi
située, tout comme l’action n’est pas précisément datée. des majuscules. « L’Histoire, avec une majuscule » désigne
Le choix du cadre insulaire permet de mettre en scène un celle des personnages illustres. C’est une manière pour
lieu clos, isolé, véritable microcosme dont on ne peut facile- Mme Sorbin, femme du peuple, de changer de posture et
ment partir, ce qui constitue un réel observatoire pour de l’exprimer. À l’époque, on ne raconte pas l’histoire des
Marivaux. Ainsi les personnages se retrouvent-ils en terra petites gens.
incognita, loin des codes et usages habituels. Tout y est 6 LANGUE « il a fallu » et « a cessé » : employé avec
vierge et possible : ils peuvent organiser une société nouvelle. l’auxiliaire avoir, le participe passé ne s’accorde pas avec le

55
sujet ; « nous sommes fixées » : fixer est conjugué à l’indica- Lecture 2 « Toujours des hommes,
tif présent de la forme passive, le participe passé employé et jamais de femmes » > p. 84-85
dans une phrase passive s’accorde avec le sujet, ici le
Vos objectifs
pronom personnel est au féminin pluriel.
L’extrait choisi pour l’étude permet d’étudier l’explosion du
Différenciation conflit dû à une confrontation de valeurs, ces principes qui
On peut aussi proposer aux élèves, notamment à ceux qui guident les personnages. Cette opposition est déjà présente
ont des difficultés à mémoriser, de mettre en voix cette en germe dans la première partie de la scène que l’on aura
réplique avec leurs propres mots à condition de respecter le avantage à lire aux élèves. Dans le passage choisi, les
sens du texte. personnages se révèlent pleinement. On peut mesurer les
forces en présence et les caractéristiques de chacun.
 À L’ÉCRIT
Marivaux divertit avec des personnages de comédie typés,
Exemple de corrigé : à la limite de la farce, comme les époux Sorbin, mais le
Arthénice. – Ah ! Timagène. Vous voilà donc. Vous vous ren- comique est au service de la réflexion : l’égalité est-elle
dez à l’assemblée que l’on vient d’appeler, n’est-ce pas ? possible ?
Vous serez bien aise d’apprendre que votre gouvernement
d’hommes qui, par ailleurs, n’est pas des plus efficaces, va Comme Avant de faire jouer la scène aux élèves, on peut
au théâtre
bientôt avoir une agréable surprise. En effet, Mme Sorbin et leur proposer de la mimer, ce qui leur permettra
moi-même, ainsi que toutes les femmes de cette colonie, de nourrir le comique de gestes tout en en se libérant du
allons sans plus tarder vous laisser à votre propre sort et texte. La deuxième étape peut être de leur proposer de jouer
s’assembler dans un nouveau gouvernement qui sera totale- le passage en grommelot. Il s’agit d’ une langue imaginaire
ment séparé et indépendant du vôtre. Nous sommes toutes composée de sons et d’onomatopées qui facilite aussi les
unies et allons enfin faire justice de manière sûre. Tenez, trouvailles et laisse la part belle à l’improvisation comique.
nous allions d’ailleurs sonner notre assemblée ! C’est aussi un exercice de diction efficace qui permet de
vérifier par ailleurs que les élèves ont compris les person-
Votre bilan
nages. On peut trouver un exemple de pratique ici : https://
Cette scène répond aux critères de la scène d’exposition
vimeo.com/171305010.
traditionnelle et plonge in medias res le lecteur dans
l’intrigue. Elle apporte des informations sur le genre de la 1 Timagène et Arthénice appartiennent à la noblesse et
pièce : c’est une comédie, le personnage de Mme Sorbin, sont désignés par leurs prénoms, d’origine grecque. Les
haut en couleur, le garantit, tout comme le dynamisme de la Sorbin font partie du peuple et sont désignés par leur nom
scène et la vivacité des dialogues. Le lieu, une île, est précisé. de famille, caractéristique du tiers état. On ne connaît pas
L’époque n’est pas clairement renseignée, mais on com- leurs prénoms. Le choix de mettre en scène des personnages
prend que les personnages font partie de la société de appartenant à des ordres différents permet de donner à la
l’Ancien Régime. On découvre aussi les deux personnages comédie une portée sociale. C’est aussi l’occasion de mon-
féminins principaux et il est aussi question à travers leur trer que la condition féminine est la même que l’on soit une
dialogue d’autres protagonistes : Timagène, épris d’Arthé- aristocrate ou une femme d’artisan.
nice, et M. Sorbin que son épouse semble prête à sacrifier 2 Sorbin et Timagène s’apprêtent à se rendre au Conseil
pour mener son combat. On comprend également les des hommes (l. 53), car « il faut des lois » (l. 16). Or, les
enjeux de l’intrigue, qui va proposer une réflexion politique hommes comptent les écrire seuls, sans la participation des
et sociale et mettre en place des rapports de force entre les femmes (l. 25). Ils refusent un vrai dialogue et ne prennent
hommes et les femmes. Conformément aux fonctions habi- pas les femmes au sérieux. L’échange est donc de plus en
tuelles de l’exposition, cette scène met aussi le lecteur en plus vif. Mme Sorbin impose le silence à son mari de manière
attente et en appétit. Par ailleurs, elle met en place une uto- agressive et en l’insultant (l. 7), car il refuse d’écouter
pie. En effet, loin du monde réel, les personnages exilés ont Arthénice (l. 5-6), puis elle est franchement « en colère »
à construire une société et un gouvernement nouveaux sur (didascalie l. 12). Arthénice, par ses questions, montre sa
une île imaginaire. Cela permet, en creux, de remettre en détermination (l. 23-24, 28, 31, 34-35). Elle finit même par
question la société de l’époque et d’en faire la critique. dénigrer ouvertement Sorbin (l. 35-36). Elle devient aussi
agressive avec Timagène (l. 43) et le chasse (l. 53), tout
Pour aller plus loin comme Mme Sorbin chasse son mari (l. 41). Enfin, les deux
On peut proposer aux élèves une recherche ou un exposé femmes refusent d’en dire davantage aux hommes sur ce
sur l’ouvrage fondateur de la pensée utopique : L’Utopie qu’elles préparent (l. 53-55). Mme Sorbin laisse planer une
de l’humaniste anglais Thomas More, paru en 1516. https:// menace (l. 54-55). La discussion hommes-femmes, à la fin
eduscol.education.fr/odysseum/marivaux-lile-des-es- du passage, semble désormais impossible.
claves-voyages-en-utopies 3 LANGUE « Malhonnête » est un adjectif formé du
préfixe « mal » et du radical « honnête ». Des adjectifs
56
construits avec le même préfixe : maladroit, malavisé, il est en décalage par l’attitude et par le verbe avec le duo
malvoyant, malchanceux, malappris, malsain… d’aristocrates formé par Arthénice et Timagène. La vivacité
4 Tout d’abord, M. Sorbin ignore tout simplement la de la scène, la rapidité du rythme contribuent aussi au dyna-
demande d’attention d’Arthénice (l. 5-6). Il ne prend pas au misme et à l’efficacité comique de l’ensemble. Marivaux,
sérieux la parole des femmes (l. 11). Il n’imagine même pas tout en amusant le public, cherche à le faire réfléchir, fidèle,
la contribution des femmes à l’élaboration des lois (l. 21-22, comme Molière avant lui, à la devise latine des comédiens
33). Pour lui, cela relève uniquement du domaine des Italiens : Castigat ridendo mores ([la comédie] corrige les
hommes (l. 21-22, 25, 27, 30, 33). Il ne semble pas com- mœurs en riant).
prendre la revendication des femmes (l. 46, 49) et il les
ignore (l. 56-57). Timagène est plus mesuré et plus prudent. Lecture 3 « Abolir le mariage ! » > p. 86-87
Il exhorte Sorbin à l’écoute (l. 8). Il répond à Arthénice avec
Vos objectifs
courtoisie, comme son rang l’exige, mais sur le fond, il n’en-
Il est à nouveau ici question d’une scène de conflit. Il s’agit
visage pas plus que M. Sorbin que les femmes puissent avoir
de comprendre la thèse et l’argumentation des personnages
un rôle politique (l. 17). Il est également dans l’incompré-
en présence tout en affinant l’étude de leurs caractéris-
hension (l. 37-38). Toutefois, il est amoureux d’Arthénice et
tiques. On étudie aussi la mécanique de ce conflit qui
il évite de se compromettre franchement, et cherche à
confronte des visions antagonistes du mariage et qui
dialoguer avec elle (l. 51-52). Il se montre inquiet et n’est
oppose aussi une mère et sa fille. L’opposition devient donc
jamais agressif (l. 58-59). Les deux hommes malgré leurs
aussi familiale.
différences ont cependant la même vision de la place des
femmes dans la société. Comme On peut demander au préalable aux élèves
au théâtre
5 Mme Sorbin : agressive (l. 7, 41, 45, 50) ; moqueuse quelles sont les missions du metteur en scène au
(l. 29) ; déterminée et énergique (l. 54-55). théâtre. Il est bien celui qui s’approprie l’œuvre. Par ses par-
M. Sorbin : méprisant (l. 5-6, 11) ; sûr de lui (l. 18-19, 21-22, tis pris, ses choix artistiques, sa direction d’acteur, il trans-
27, 30, 33, 56-57) ; autoritaire (l. 40). forme le texte en spectacle et donne sa vision, son interpré-
Arthénice : éloquente et déterminée (l. 1-4, 13-16) ; mépri- tation de l’intrigue et des personnages. Il est donc nécessaire
sante (l. 35-36) ; autoritaire (l. 39, 53). que les élèves aient bien saisi les caractéristiques de chaque
Timagène : conciliant (l. 8) ; sûr de lui (l. 17) ; amoureux personnage pour imaginer des indications de jeu. Cette
(l. 51-52) ; inquiet (l. 58-59). activité permet donc aussi de vérifier leur compréhension.
6 Le comique de répétition est présent avec la récurrence 1 La forme exclamative vise à exprimer un sentiment, une
du pronom personnel « nous » et du substantif « homme(s) ». émotion du locuteur. Lina s’exclame : « Hélas ! Quel dom-
Il est accentué par la stichomythie (l. 25-33) et la ponctua- mage ! » (l. 5). Cette double exclamation met l’accent sur sa
tion expressive. Le comique de caractère est également à déception à la suite de ce que vient de lui dire sa mère qui
noter : chaque personnage reste fidèle à lui-même jusqu’à la refuse qu’elle épouse Persinet. Notons qu’au xviiie siècle, le
caricature. Le comique de mots avec « le gros jugement de mot « dommage » a un sens fort, presque synonyme de
votre Adjoint » (l. 35) sera sans doute relevé par les élèves. « tragédie ». Les exclamations « Abolir le mariage ! Et ! »
(l. 9) témoignent de sa stupéfaction face à la décision prise
 À L’ORAL
par les femmes de supprimer cette institution.
Cette photographie représente une manifestation pour le 2 Pour Mme Sorbin, « l’amour n’est plus qu’un sot » (l. 4).
droit des femmes, ce qu’indique la légende. On distingue C’est une personnification qui souligne à quel point l’amour
des femmes, nombreuses, et un slogan sur la pancarte au est devenu un sujet futile pour elle qui est entièrement
centre de l’image : « On veut l’égalité ». C’est aussi ce que dévouée à son combat politique.
réclament Mme Sorbin et Arthénice, qui ont à lutter contre
3 Pour Arthénice, le mariage est « une pure servitude »
l’« oppression », autre mot qui ressort par contraste, en
(l. 6-7) qui implique la soumission de la femme depuis
blanc sur fond noir sur l’autre pancarte.
« toujours » (l. 12-13). Ce n’est qu’un outil de domination de
l’homme sur la femme. Mme Sorbin n’a pas d’autre argu-
Pour aller plus loin
ment et refuse tout autant la soumission de la femme
On peut demander aux élèves d’imaginer d’autres slogans dans le mariage (l. 18-21). On peut préciser aux élèves qu’au
que prononceraient les femmes de La Colonie, voire de xviiie siècle, la femme était mineure à vie, d’abord sous la
réaliser des pancartes qui prendraient place sur un mur de tutelle de son père, puis sous celle de son mari.
mots dans la classe.
4 L’argument essentiel de Lina est l’amour sincère qu’elle
Votre bilan éprouve pour Persinet et contre lequel elle ne peut rien :
Pour faire rire, Marivaux utilise, comme on l’a vu, différents « Quand il y est, comment l’ôter ? Je ne l’ai pas pris ; c’est lui
types de comique. Par ailleurs, le couple Sorbin, par ses qui m’a prise » (l. 16-17). Elle est l’objet de ce sentiment,
désaccords et ses excès, est un agent comique essentiel ; ce que l’on peut montrer aux élèves en leur demandant de
57
préciser la classe et la fonction grammaticale de « m’ » 7 Arthénice est assise à côté de Lina, les mains croisées,
( pronom personnel COD). De plus, contrairement aux deux dans une attitude pensive. Arthénice la tient dans ses bras
femmes, elle ne « refuse pas la soumission » (l. 17). Enfin, tendrement et semble lui parler avec douceur et détermi-
elle avance que, pour elle, le mariage ne sera pas un nation, ce que montre la position de sa main gauche.
esclavage dans la mesure où Persinet et elles voudront Mme Sorbin, immobile, droite et le poing serré, les observe.
« toujours la même chose » (l. 28) et qu’ils en ont convenu Elle paraît prête à intervenir.
(« nous en sommes convenus entre nous », l. 28).
La boîte
5 Arthénice prône un mariage égalitaire dans lequel le à mots
pouvoir est réparti, ce que souligne le comparatif d’égalité
« autant que » : « Je vous assure qu’elle sera charmée d’avoir Dans le texte, le mot « servitude » désigne l’état d’asservis-
autant d’autorité que son mari dans son petit ménage sement de la femme à son mari : la femme, par le mariage,
(l. 24-25) ». De plus, la femme peut y exprimer son avis et devient esclave de l’homme. « Esclavage » est donc un
s’imposer : « quand il dira, je veux, de pouvoir répliquer, moi, synonyme possible, même s’il possède un sens plus fort que
je ne veux pas » (l. 25-26). « servitude », dans la mesure où l’esclave n’est pas un sujet
mais un objet de droit.
6 Arthénice reste sensée, mesurée et bienveillante, en
appelant par exemple Lina « ma belle enfant » (l. 7) et en  À L’ÉCRIT
prétendant lui expliquer la servitude que représente le Exemple de corrigé : Ma mère s’oppose à mon amour pour
mariage « pour la consoler » (l. 8). Elle essaye en fait de la Persinet, mais je ne l’ai pas décidé et je ne peux rien faire
persuader et utilise ses talents d’oratrice en la prenant contre ! Elle veut abolir le mariage, tout comme Arthénice,
directement à parti : « Vous savez, Lina » (l. 12). Elle montre parce qu’elle est sûre qu’il rend les femmes esclaves. Avec
qu’elle a confiance dans le jugement de la jeune fille dès lors mon Persinet, tout sera différent : il me comprend et nous
qu’elle sera instruite : « je vous réponds d’elle, dès qu’elle sommes d’accord sur tous les points. Nous avons longue-
sera instruite. » (l. 23-24). Il faut aussi noter qu’elle exhorte ment discuté et je ne doute pas de lui une seconde… Et puis
la mère de Lina à plus de calme (« Ne vous emportez point », me soumettre à lui ne me dérange pas, je l’aime tellement.
l. 22). Mme Sorbin, en revanche, fidèle à elle-même, reste Maman m’a fait pleurer en me menaçant et en me repro-
excessive et sans nuance. chant de lui faire honte. Elle a même dit que j’avais une
Elle oppose à sa fille un refus catégorique : « Non, ma fille » petite âme de servante. Même Arthénice n’a pas pu la
(l. 3). Elle est radicale et sans mesure, ce que traduit sa calmer… Que vais- je devenir ?
réponse très brève uniquement composée du pronom
indéfini : « Rien » (l. 10). Votre bilan
Elle est autoritaire et exprime une interdiction comique et Le conflit repose ici sur une opposition de valeurs liée à la
absurde : « Je te défends l’amour » (l. 15). Elle est dominée question du mariage. Cette scène est l’occasion d’un débat
par la colère, ce que montre le juron « jour de Dieu » d’idées. Le binôme Mme Sorbin-Arthénice est soudé et
(l. 18-19) ou encore le groupe nominal méprisant et insultant partage la même conception de la conjugalité, synonyme
par lequel elle désigne sa fille : « petite âme de servante » pour les deux femmes d’asservissement. Lina, en revanche,
(l. 18). La question rhétorique témoigne également de son n’a qu’un objectif : épouser Persinet qu’elle aime et en qui
dépit (l. 18-19). Elle exprime encore une interdiction au elle a une entière confiance. La soumission n’est pas rédhi-
subjonctif présent : « Que je ne vous entende plus proférer bitoire pour elle. La deuxième partie du bilan peut être
cette horreur-là » (l. 19-20) et un ordre à l’impératif présent : l’occasion d’un débat en classe et de participer de façon
« apprenez » (l. 20). constructive à des échanges oraux (6. Comment organiser
Enfin, elle se montre menaçante (« Prends-y garde avec ton et participer à un débat ? > p. 244). La classe peut être
Persinet », l. 29) et exerce une forme de chantage avec la divisée en deux groupes (l’un favorable à l’abolition du
proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de mariage, l’autre non) et dispose d’un temps de préparation
condition (« si tu n’as pas des sentiments plus relevés », des arguments. On rappellera aux élèves la condition de la
l. 29-30). La menace qui plane sur Lina est d’être « [retran- femme mariée au xviiie siècle afin de les aider à prendre en
chée] du noble corps des femmes » (l. 30). Mme Sorbin est compte le contexte.
particulièrement dure avec sa fille, en lui interdisant de La ressource Eduscol sur le débat (réglé ou argumenté) peut
pleurer, en lui reprochant de lui faire honte et de faire du tort accompagner votre démarche : https://eduscol.education.
à la cause des femmes : « qu’on supprime ces larmes qui fr/document/20578/download.
font confusion à ta mère, et qui rabaissent notre mérite »
Pour aller plus loin
(l. 32-33).
Arthénice et Mme Sorbin ont donc des réactions différentes Prolongement littéraire : On peut lire aux élèves des
mais partagent toutefois le même avis. extraits ou la totalité de « Femmes, soyez soumises à
vos maris » de Voltaire (Mélanges, pamphlets et œuvres
polémiques, 1759-1768).
58
Lecture 4 « C’est notre chef qui parle » dirait-on pas que les Dieux en ont fait l’objet de leurs plus
> p. 88-89 tendres complaisances ? » (l. 38-39).
6 Arthénice mène ce dialogue. C’est une véritable oratrice,
Vos objectifs
L’essentiel est ici de comprendre le fonctionnement d’une elle a en d’ailleurs les techniques et se prépare physique-
ment : « après avoir toussé et craché » (l. 1). C’est aussi une
argumentation efficace et de repérer ses éléments constitu-
façon de capter l’attention et d’instaurer le silence. Sa pre-
tifs et ses procédés. On cherche aussi à comprendre l’am-
mière réplique, qui est une longue phrase complexe, révèle
pleur, l’ancienneté et la profondeur des revendications des
que sa pensée est organisée et efficace. Elle sait interpeller
femmes, plus que jamais déterminées et opposées aux
son auditoire par le choix de mots qui peuvent le marquer
hommes.
(« oppression », « tyrans ») et aussi en soulignant que les
1 Dans sa première réplique, les hommes sont désignés
femmes forment un groupe, ce que traduit l’utilisation du
par l’expression « nos tyrans » (l. 2). Arthénice reproche pronom personnel « nous » qui s’oppose aux « ils » (l. 5-6).
aux hommes d’exercer un pouvoir injuste, cruel et oppressif Elle encourage les femmes à prendre conscience de ce
par la domination. qu’elles sont et les exhorte à se mobiliser avec détermi-
2 Les hommes reprochent aux femmes de ne pas avoir nation, ce que soulignent les impératifs présents (l. 3, 30 et
« le sens commun » (l. 9), c’est-à-dire de manquer d’intel- 37). L’utilisation de la ponctuation expressive et du registre
ligence. La tournure impersonnelle « il est décidé » (l. 8) ironique rend également sa prise de parole frappante et
souligne que ce sont eux qui ont choisi de le penser de incisive (l. 18-19), tout comme les questions rhétoriques
manière autoritaire, ce que souligne l’anaphore de « décidé » l. 37-39). Elle montre en outre qu’elle tient compte de l’avis
qui rythme le propos. Les femmes ont donc malgré elles de son public : « arrêtez-moi, si j’en dis trop » (l. 37-38).
intégré cette manière de penser car « cela va tout seul » Enfin, la réaction des femmes prouve qu’Arthénice mène
(l. 9) et elles ne protestent pas : « nous n’en appelons pas le dialogue : « N’interrompons point » (l. 47). Elle est recon-
nous-mêmes » (l. 10). La réplique de l’une des femmes nue comme étant à la tête de la révolte des femmes : « C’est
(l. 11-15) montre par ailleurs que les femmes ont été condi- notre chef qui parle » (l. 50). La qualité de son discours est
tionnées par leur éducation « dès le berceau » et de généra- reconnue et soulignée : « Et qui parle bien » (l. 51). En bonne
tion en génération : « on l’a dit à nos mères qui l’ont cru, qui oratrice, elle a su convaincre, persuader et captiver.
nous le répètent ». On leur a inculqué dans la brusquerie
(« on nous crie ») qu’elles n’étaient capables de rien, ce que Pour aller plus loin
traduisent l’anaphore du pronom indéfini « rien » et le TESTÉ EN CLASSE Les élèves mémorisent la première
rythme ternaire : « vous n’êtes capables de rien, ne vous
réplique d’Arthénice et la mettent en voix à la manière
mêlez de rien, vous n’êtes bonnes à rien qu’à être sages ».
d’un orateur après avoir défini les gestes et les intentions
On les a habituées à la soumission, à « être sages », et à la
nécessaires pour convaincre. L’utilisation d’un pupitre a
douceur (« nous sommes douces »). Elles s’y sont résignées facilité cet exercice.
en raison d’une forme d’habitude et de renoncement : « la
paresse s’en mêle ».
7 Sur la photographie, Arthénice, debout, est au centre et
3 LANGUE « On » pronom personnel indéfini de la 3e per-
se tient droite. Elle a les bras et les paumes des mains ten-
sonne est le sujet de la phrase et désigne les hommes.
dus vers son public dans une posture d’ouverture. Les
« Nous », pronom personnel, est le COD et désigne
femmes, assises, la regardent toutes et l’écoutent avec
l’ensemble des femmes.
attention.
4 Le premier argument d’Arthénice pour expliquer la sou-
 À L’ORAL
mission des femmes est, comme on l’a dit plus haut, qu’elles
ont intégré un schéma de pensée et qu’elles ne protestent De la même manière que p. 87, l’objectif est d’ici d’amener
pas (l. 9-10). De plus, elles manquent de confiance en elles les élèves à exprimer un avis argumenté. Il s’agit de
et en leur intelligence, car elles ont fini par intérioriser le « s’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un audi-
discours des hommes : « Il faut qu’il y ait en nous une toire ». On attend de l’élève qu’il « formule un avis person-
défiance bien louable de nos lumières pour avoir adopté ce nel en employant un vocabulaire précis et étendu. » https://
jargon-là » (l. 21-22). Les femmes ne sont en effet pas assez cache.media.eduscol.education.fr/file/Reprise_deconfine-
conscientes de leur valeur : « Pénétrons-nous donc un peu ment_Mai2020/08/6/Fiche_College_4e_1280086.pdf.
de ce que nous valons » (l. 30). Votre bilan
5 Arthénice est ironique. Elle pense en réalité que les La première question du bilan permet de réinvestir la ques-
femmes ont de multiples qualités. Elle développe sa pensée tion 4, la plus complexe, et de vérifier que les élèves ont
plus bas, à travers deux questions rhétoriques (l. 37-39), bien fixé la notion d’argument. La deuxième question peut
lesquelles lui permettent de faire un éloge de la femme être accompagnée d’un prolongement culturel : Cicéron
par le biais, notamment, d’une hyperbole : « En vérité, ne dans De oratore a défini les compétences de l’orateur :
59
l’inventio (avoir des idées), le dispositio (les organiser), 4 Arthénice et Mme Sorbin sont complices dans cette
l’elocutio (la qualité de l’élocution ; les figures de style), scène 13 qui les oppose aux représentants de l’autorité mas-
l’actio (la gestuelle, la posture), et la memoria (la mémoire). culine. Elles reprennent chacune les arguments de l’autre en
les développant (exemple : l. 14-16). De plus, Arthénice uti-
Lecture 5 « Des femmes avocates ? » lise la première personne du pluriel, comme si leurs pensées,
> p. 90-91 déjà similaires pour cette cause, faisait fusionner leur corps :
Vos objectifs elles ne représentent plus des personnages mais la cause
Cette lecture de la scène 13 a pour objectif d’observer les féministe (« suivez-moi, Madame Sorbin, sortons », l. 65).
mécanismes de l’affrontement dans l’art théâtral, notam- 5 LANGUE La dernière réplique d’Hermocrate utilise le
ment grâce à la rhétorique et à l’argumentation. Les élèves mode verbal de l’impératif : « Seigneur Timagène, donnez
sont amenés à comprendre le rapport de force qui évolue vos ordres, et délivrez-nous de ces criailleries » (l. 49-50).
entre les personnages féminins et les personnages mascu- Le recours à l’impératif peint ici un personnage déterminé,
lins à travers cet extrait qui restitue assez fidèlement la mais qui n’ose pas donner lui-même des injonctions aux
condition des femmes au xviiie siècle. femmes. Il se place en dessous du seigneur Timagène et
1 Les personnages masculins en opposition aux femmes souhaite surtout que ce dernier ne faiblisse pas face à son
sont ici représentés par Timagène, M. Sorbin, Hermocrate et amante, Arthénice.
un autre homme. Les rôles que les femmes doivent tenir 6 Selon Arthénice, les gouvernements et les lois ont autant
durant leur existence, selon ces hommes, est de devenir de défauts car ils ne défendent pas tout le monde. De plus,
épouse puis mère, mais toujours sous le joug de l’autorité créés par une partie de la population – les hommes –, elle
patriarcale comme l’indique cette réplique de « l’autre manque des idées des femmes et n’est donc pas parfaite, car
homme » : « C’est-à-dire, à vous marier quand vous serez incomplète : « il n’y a point de Nation qui ne se plaigne
filles, à obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veil- des défauts de son gouvernement ; d’où viennent-ils, ces
ler sur votre maison, on ne saurait vous ôter cela, c’est votre défauts ? C’est que notre esprit manque à la terre dans
lot » (l. 5-7). Ici, l’idée du fatum, de la destinée, avec l’utili- l’institution de ses lois, c’est que vous ne faites rien de la
sation du mot « lot » illustre bien l’incapacité des hommes moitié de l’esprit humain que nous avons » (l. 52-56). Elle
à imaginer un autre destin pour l’ensemble des représen- reprend cet argument en l’appliquant aux lois : « C’est que
tantes du sexe féminin. le mariage qui se fait entre les hommes et nous, devrait
2 Arthénice et Mme Sorbin veulent tout d’abord écrire les aussi se faire entre leurs pensées et les nôtres ; c’était
lois de cette nouvelle société « de concert » avec les l’intention des Dieux, elle n’est pas remplie, et voilà la
hommes, comme dit dès la scène d’exposition de La Colonie. source de l’imperfection des lois » (l. 59-62).
Cependant, face à l’opposition des hommes à cette idée, 7 Cette scène comporte plusieurs types de comique :
elles sont motivées à prendre des positions dans tous les il y a d’abord le comique de caractère (« À rien, comme à
corps de métiers, comme l’indique la réplique d’Arthénice : l’ordinaire », l. 4 ; « je tirai ces jours passés sur un perroquet,
« Elle vous apprendra que nous voulons nous mêler de tout, moi qui vous parle », l. 23-24). On trouve également du
être associées à tout, exercer avec vous tous les emplois, comique de répétition avec les énumérations des métiers
ceux de finance, de judicature et d’épée » (l. 15-17). La répé- « d’homme » que pourraient exercer les femmes et les
tition de « tout » dans cette réplique indique bien la volonté reprises anaphoriques de « tout » (l. 15-17, 24, l. 26-27 ;
d’installation dans l’ensemble des domaines : judiciaire, cf. supra exercice 2). Mme Sorbin reprend également les
militaire, économique… La réplique de Mme Sorbin reprend mots du noble Hermocrate, ce qui est à la fois du comique
d’ailleurs l’idée de sa consœur en citant des métiers et non de mots et de caractère (« Hermocrate. − D’épée, Madame ?
plus des domaines : « De même qu’au Palais à tenir l’au- Arthénice. – Oui d’épée, Monsieur », l. 18-19)
dience, à être Présidente, Conseillère, Intendante, Capitaine RÉÉCRITURE
ou Avocate » (l. 26-27). Cette énumération de professions « Parle-leur donc, Seigneur Timagène, sache de quoi il est
précises prouve que les femmes ont déjà songé à ce projet question. »
de manière concrète.
3 Selon Hermocrate, cette volonté des femmes à vouloir Avec du style !
s’intégrer dans tous les domaines est vaine, car leur précio- L‘énumération est une figure d’accumulation qui permet
sité et leur physique n’iraient pas pour ces emplois. « Vous d’insister sur certains points dans un texte argumentatif
n’y songez pas, la gravité de la magistrature et la décence du ou descriptif. Aux lignes 26-27, Mme Sorbin énumère
barreau ne s’accorderaient jamais avec un bonnet carré sur différentes professions (« De même qu’au Palais à tenir
une cornette » (l. 32-34). L’emploi du mode conditionnel l’audience, à être Présidente, Conseillère, Intendante,
renforce l’idée qu’Hermocrate n’envisage à aucun moment Capitaine ou Avocate ») pour insister sur le fait qu’une
la proposition des femmes comme sérieuse. femme peut prendre le même métier qu’un homme, même
dans les institutions politiques ou judiciaires.
60
Comme Cet exercice de mise en scène prépare à l’atelier Cette Lecture peut encore résonner de nos jours et il est
au théâtre
de fin de séquence avec la création d’un mono- intéressant de poursuivre cette réflexion en EMC, notam-
logue et sa mise en scène. Il est envisageable d’effectuer ce ment concernant les préjugés ou encore sur l’égalité actuelle
travail en binôme ou de manière individuelle. L’exercice per- des hommes et des femmes en France.
met aux élèves de s’approprier le texte théâtral tout en res-
Lecture 6 « On aura soin de vos droits »
pectant les didascalies déjà présentes. Il est intéressant de
> p. 92-94
confronter les différentes mises en scène.
Vos objectifs
TESTÉ EN CLASSE De nombreux élèves de 4e ont À travers les deux dernières scènes de la pièce de Marivaux,
modernisé la mise en scène en choisissant une musique de les élèves sont amenés à comprendre le stratagème
rap en ouverture ou fermeture de la scène, ou encore en d’Hermocrate qui monte les deux féminines l’une contre
demandant un fond projeté grâce au VPI allant de l’image l’autre grâce à la dimension sociale qui les divise. In fine, les
d’un parking à celle d’un immeuble ou encore d’un tribunal. élèves réfléchissent au sens du dénouement de la pièce, qui
n’était pas forcément attendu.
La Lecture 6 propose des questionnements séparés pour les
Pour aller plus loin
deux scènes.
Il est possible que les élèves imaginent l’ordonnance et la Il peut être envisageable de faire de cette Lecture un travail
rédigent, car bien que présente dans la scène 13, elle n’est de groupe.
jamais lue par un des personnages. Avec cette tâche écrite,
Le saviez-vous ? La rubrique permet aux élèves de com-
les élèves pourront utiliser le mode impératif, vu dans cette
prendre le choix des prénoms des personnages : celui
séquence, et réinvestir leurs connaissances des Lectures
d’Hermocrate n’est pas anodin. Si Marivaux s’est inspiré
précédentes afin d’être cohérents dans les idées de l’affiche.
d’Hermès pour créer ce prénom, c’est parce qu’il relie le
On peut aussi faire jouer la scène 12 à des petits groupes de
messager des dieux au « messager » de la pièce, celui qui
la classe, sur deux séances, en leur donnant le texte (assez
n’est attaché à personne, mais qui au fil de la pièce tire les
court) à mémoriser. Les rôles masculins peuvent évidem-
ficelles jusqu’au paroxysme de sa ruse : le stratagème pour
ment être joués par des filles et inversement.
diviser les femmes.
Scène 17
TESTÉ EN CLASSE Cette activité orale a été testée en 1 Hermocrate décrit de manière méliorative Arthénice et
classe et a connu un franc succès. Les élèves ont été ame- utilise des termes péjoratifs pour Mme Sorbin : « Arthénice ;
nés à construire une rapide mise en scène (ajout de trois sa raison, sa politesse, ses grâces et sa naissance nous
didascalies à la scène), à choisir des costumes et un décor auraient déterminés bien vite ; mais à vous parler franche-
projeté grâce au VPI. ment, le caractère de Madame Sorbin, qui va partager avec
vous le pouvoir de faire les lois, nous a d’abord arrêtés,
non qu’on ne la croie femme de mérite à sa façon, mais la
Pour aller plus loin petitesse de sa condition, qui ne va pas ordinairement sans
Iconographie : « Un club de femmes en 1793, durant la rusticité, disent-ils... » (lignes 4-9)
Révolution française », gravure tirée de l’ouvrage Histoire Hermocrate divise ici les deux femmes par leur condition
des Girondins (Furne et Coquebart, 1847) d’Alphonse de sociale, mais aussi par leur comportement face au conflit :
Lamartine. si Arthénice sait être calme et raisonnée, la franchise de
Cette iconographie peut amener les élèves à la décrire, afin Mme Sorbin a déplu.
de s’entraîner à la question du DNB liant un texte à une 2 Hermocrate, en critiquant les mœurs de Mme Sorbin et
image. Ils peuvent être conduits à justifier le choix de cette son appartenance au tiers état, provoque un désaccord
illustration et l’expliquer, qu’ils soient d’accord ou non avec entre les deux femmes. Mme Sorbin ne supporte pas d’être
l’utilisation iconographique de cette dernière. mal vue lorsque sa consœur triomphe. Les réactions des
Votre bilan deux femmes sont donc opposées pour la première fois dans
Marivaux dénonce ici la misogynie des hommes. Ces der- la pièce. La sororité née de leurs idées politiques s’effrite
niers pensent en effet que les femmes ont un destin lié à la face à la jalousie et la concurrence, ce qui relativise le
maternité et aux épousailles. Les femmes sont réduites à « féminisme » de Marivaux.
des rôles d’ombre, elles ne seraient pas capables d’accéder à De plus, Mme Sorbin souhaite abolir la noblesse, ce que ne
des métiers à responsabilités, selon Hermocrate. Cette veut surtout pas Arthénice, car elle est concernée par cette
joute verbale est comique, car les femmes prennent l’ascen- mesure et elle tient à ses privilèges.
dant dans ce débat en ridiculisant les arguments d’Hermo- 3 Les deux personnages, Mme Sorbin et Arthénice, sont en
crate. Elles usent de l’ironie et s’allient pour défendre leur conflit à cause de leurs catégories sociales. Mme Sorbin se
cause, qui reste très sérieuse. moque même de son ancienne alliée :
61
« Madame Sorbin. − Non, cela ne vaut rien, et je l’empêche. 4 Timagène, dans sa dernière réplique, propose aux
Arthénice. − Ce que je dis ne vaut rien ? Madame sorbin. − femmes de se mettre à l’abri durant la bataille, mais il
Rien du tout, moins que rien » (l. 49-51). n’oublie pas de souligner que leurs revendications ont été
Plus loin, Arthénice qualifie Mme Sorbin d’« extravagante » entendues : « Mesdames, allez vous mettre à l’abri de la
(ligne 60) jusqu’à la traiter d’« harengère » (ligne 66) après guerre, on aura soin de vos droits dans les usages qu’on va
que Mme Sorbin a insinué que les femmes nobles sont établir » (l. 15-16). Il promet donc une certaine place aux
volages et infidèles : « nous ne changeons ni d’amant ni de femmes dans cette future société.
mari, au lieu que des Dames, il n’en est pas de même » 5 LANGUE Dans la phrase : « Mesdames, allez-vous
(l. 62-63). mettre à l’abri de la guerre, on aura soin de vos droits dans
4 Hermocrate qui était là pour statuer sur les nouvelles les usages qu’on va établir », le mot « on » est un pronom
réformes des femmes n’a plus rien à écrire. Suite à la dispute personnel indéfini. Il désigne les hommes qui feront les lois
des deux protagonistes, Arthénice répond qu’il n’y a plus après la guerre, c’est-à-dire M. Sorbin, Timagène et l’assem-
« rien à statuer ». blée des hommes.
5 En opposant les deux femmes, Hermocrate arrive à ses 6 À la fin de la pièce, la situation des femmes semble être
fins : elles ne souhaitent plus constituer une assemblée revenue au point initial : les femmes vont se mettre à l’abri,
et ne se parlent plus. S’il semblait essayer d’apaiser les elles semblent faibles face à la force guerrière des hommes.
tensions (« Doucement, Mesdames, laissons cet article-ci Ne s’entendant plus à cause du stratagème de Timagène,
en litige, nous y reviendrons », l. 43-44), il met finalement elles ne souhaitent plus se confronter à eux. Cependant, la
en place son stratagème sans que les deux femmes s’en dernière réplique de Timagène laisse présager une améliora-
rendent compte. L’aide « Que s’est-il passé ? » avant la tion de leurs conditions féminines.
lecture de la scène 17 informe qu’Hermocrate a un plan  À L’ORAL
pour mettre fin au conflit avec les femmes et le signale à
Les élèves sont amenés à réfléchir à la suite de la pièce. Il est
l’assemblée des hommes dans la scène précédente.
possible de leur demander un travail écrit, en groupes avant
6 La photographie permet d’imaginer le personnage
de mutualiser leurs réponses. Cette activité orale peut être
d’Hermocrate. La posture de ce dernier, qui montre un
menée en débat : selon vous, que va-t-il se passer après ?
personnage de la main, ainsi que son air moqueur, nous
Pourquoi ? Expliquez et défendez votre idée.
laissent penser qu’il ressent beaucoup d’amusement face au
conflit qu’il a créé. Il semble ressentir une certaine forme de Avec du style !
satisfaction dans l’entreprise de son projet.
Le coup de théâtre est un procédé bien connu des élèves
sans qu’ils réussissent à l’identifier. Il peut être judicieux de
Pour aller plus loin
leur demander comment se terminent parfois les saisons
Prolongement théâtral : La scène à visionner et la fiche des séries dont ils sont friands : par un coup de théâtre !
d’analyse permettront aux élèves de comprendre la mise en C’est cela qui leur donne l’appétit de poursuivre. Ici le coup
scène. Il est possible de confronter cette version avec la de théâtre final est l’information que donne Timagène : des
mise en scène des lycéens du collège franco-mexicain « Sauvages », les autochtones de l’île sur laquelle ils ont
(cf. Sitographie). échoué, semblent vouloir leur mener la guerre. Ainsi, le
Scène 18 conflit extérieur entraîne la fin du conflit interne entre
1 La didascalie « quelques hommes qui tiennent des armes » hommes et femmes. Ces dernières ne veulent pas prendre
annonce un changement de situation. La première réplique les armes et laissent volontiers l’autorité aux hommes.
de Timagène informe les personnages qui étaient en train L’ordre social du temps de Marivaux est rétabli.
de se quereller qu’« une foule innombrable de Sauvages » Comme L’approche de cette scène par la pantomime
au théâtre
(l. 1-2) veulent les attaquer de manière imminente. permet aux élèves de voir que la gestuelle et
2 Mme Sorbin nomme Timagène « Colonel de l’affaire » les déplacements au théâtre apportent de nombreuses
(l. 7) et se dédouane de toute responsabilité dans ce conflit informations hors texte aux spectateurs : les postures, les
armé. Quant à Arthénice, toujours en conflit avec sa attitudes, mais aussi l’espace sont très importants dans un
consœur, elle utilise cette excuse pour ne pas prendre les jeu théâtral.
armes comme elle voulait pourtant le faire contre les
Votre bilan
hommes dans les scènes précédentes (l. 10-12).
Cette question bilan propose une analyse et un question-
3 Les femmes semblent avoir peur de prendre part à la
nement de l’intrigue de la pièce dans son entièreté. Le coup
bataille sans aucun entraînement. Elles délaissent donc leur
de théâtre remet en cause tous les efforts des deux person-
possible place dans les affaires de cette nouvelle société.
nages féminins. La situation semble être au point mort.
Mme Sorbin pardonne même à son mari leur querelle
La réponse des élèves sera sûrement mitigée et l’on s’attend
(l. 12-13). Tout est rentré dans l’ordre.
62
à avoir des réponses positives et négatives sur le bilan taire, mais qui échoue à cause des querelles de deux femmes
politique de l’assemblée des femmes. dues à la stratégie d’Hermocrate.
Enfin, cette pièce est utopique, car elle se déroule dans un La susceptibilité des deux femmes n’est pas la cause de
lieu insulaire qui n’existe pas et dont la proposition de l’échec de cette nouvelle société, c’est bien la manipulation
société n’est pas encore celle établie au temps de Marivaux. d’Hermocrate, politicien, qui crée cette discorde.
Avant-gardiste, il propose une société féministe et égali-

Lecture intégrale > p. 95


Votre objectif
L’objectif de cette page Lecture intégrale est de donner des manière intégrale, les élèves peuvent ainsi lire à la maison
clés d’analyse aux élèves. Le texte est téléchargeable de les scènes qui ne sont pas étudiées en classe.
Les personnages
1
Caractéristiques
Personnages
Lien familial Lien sentimental Catégorie sociale
M. Sorbin X Artisan (tiers état)
Mme Sorbin X Femme d’artisan (tiers état)
Lina X X Fille d’artisan (tiers état)
Persinet X tiers état
Arthénice X Noble
Timagène X Noble
Hermocrate X Noble

2 Les Sorbin et Lina sont liés par le sang : ils appartiennent métiers avec de faibles responsabilités et elles sembleraient
à la même famille. trop coquettes pour entrer dans les domaines de la justice
Lina est également liée sentimentalement à Persinet. ou militaire.
Arthénice est liée à son amant Timagène. 3 Mme Sorbin et Arthénice se disputent car elles n’ont pas
3 Seul Hermocrate n’appartient à aucune paire de person- exactement la même vision de la nouvelle société. Mme
nages. Il est en effet le messager de la pièce, le calculateur Sorbin ne veut plus d’union avec les hommes, elle propose
et celui qui sera responsable du coup de théâtre lors de la même de ne plus leur parler, alors qu’Arthénice souhaite
scène finale. En retrait, il manipule l’assemblée des hommes continuer sa romance avec Timagène, son amant. De plus,
en défaveur de celle des femmes. Arthénice se veut meneuse de la Ligue des femmes et
4 Les noms des personnages ont parfois des sonorités Mme Sorbin aimerait bien avoir ce rôle.
antiques : Arthénice, Hermocrate, Timagène. D’autres per-
4 Les autres femmes de l’assemblée se détournent de leurs
sonnages ont des noms courants : Persinet, Lina, Sorbin.
cheffes car elles proposent d’abolir le mariage et d’aban-
Nous remarquons que les personnages de rang social élevé
donner les superficialités de leurs tenues coquettes. Ces
ont des noms inspirés de l’Antiquité, tandis que les person-
femmes trouvent les idées extrêmes et jugent même la
nages de rang social moins élevé ont des noms plus cou-
préciosité ridicule d’Arthénice et le physique un peu rude de
rants, populaires.
Mme Sorbin.
L’intrigue 5 Lina doit surveiller les mouvements des hommes tout en
L’exposition (scène 1)
étant interdite de communiquer avec son fiancé : Persinet.
1 La scène 1 permet aux spectateurs et aux lecteurs de
comprendre la situation des personnages : arrivée sur une île Le dénouement (scènes 17 et 18)
et volonté des femmes de créer un nouveau gouvernement 6 L’intrigue se dénoue par une prétendue attaque des
avec les hommes. Elle présente également les deux prota- autochtones de l’île, armés et prêts à combattre nos naufragés.
gonistes de la pièce : Mme Sorbin et Arthénice. 7 Les hommes sont prêts à aller au combat, tandis que les
Le nœud de l’action (scènes 9 et 10) femmes ne souhaitent pas prendre part au conflit. Elles pré-
2 Selon le personnage d’Arthénice, les hommes enferment fèrent déléguer cette mission aux hommes et abandonnent
les femmes dans des rôles mineurs, liés au joug patriarcal : leur projet politique d’une société égalitaire, notamment
fille, épouse, mère. Elles ne sont capables d’exercer que de suite à un désaccord social entre elles.
63
8 Réponse libre, l’élève doit rester cohérent avec le cadre la vulgarité. Elle répond sans aucune diplomatie aux autres
spatio-temporel de la pièce ainsi qu’avec les caractères des femmes et se moque ouvertement des hommes, dont son
personnages. mari, en les ridiculisant à chaque confrontation.
7 Arthénice apparaît comme la noble précieuse, elle
Pour aller plus loin ordonne à Persinet, qu’elle utilise, d’apporter des bancs pour
Prolongement possible : Concernant la question 8, l’élève son audience auprès des autres femmes. Elle ne semble pas
peut être amené à la développer dans un travail construit et d’accord avec la misandrie de Mme Sorbin.
plus élaboré. Cette question peut devenir un écrit d’inven- Persinet peut aussi être vu comme un personnage ridicule
tion sous forme théâtrale ou romanesque. On peut proposer qui se fait chasser par tous les personnages.
aux élèves de rédiger la quatrième de couverture de la suite 8 Les époux Sorbin ressemblent à un vieux couple, usé par
de la pièce, cela permettra d’avoir un texte concis et clair. le temps. Ils se parlent très mal et ne semblent plus être
Ils peuvent également inventer un titre à cette suite et le amoureux. C’est d’ailleurs Mme Sorbin qui dit à son mari
justifier. « ta face d’homme », réponse dépréciative lorsque celui-ci
Les ressorts de la comédie lui parle.
Le comique de situation Le coup de théâtre
1 Le personnage de Persinet représente le jeune benêt 9 Le coup de théâtre ramène la pièce à son début : les nau-
dont tout le monde se moque. Il est à plusieurs reprises uti- fragés vont devoir faire face ensemble au peuple insulaire.
lisé, à la fois par les femmes et par les hommes de la pièce. On peut même se demander si ce n’est pas un stratagème
Ce personnage est également chassé de la scène de manière de la part des hommes. Dans les scènes précédentes, les
répétée, ce qui apporte une dimension comique au person- hommes fomentent ces rumeurs pour que les femmes aient
nage qui devient souvent persona non grata à ses dépens. peur et mettent fin à cette révolte. C’est donc comique, car
Enfin, ce personnage niais croit tout ce qu’on lui dit. Il appa- ce coup de théâtre n’en est pas vraiment un, il est fondé sur
raît également comme l’amoureux éperdu lors de sa scène un mensonge et une ruse d’Hermocrate.
seul face à Lina.
Les sujets de réflexion
2 La scène 11 est une scène d’amour, de déclaration, mais Cet exercice permet aux élèves de s’entraîner à justifier
biaisée par le fait que Lina ne peut pas parler directement à leurs réponses en les illustrant d’exemples, ce qui est
son fiancé, Mme Sorbin lui ayant défendu de le faire. Elle attendu à l’épreuve écrite de français du DNB. Il est possible
parle donc comme si Persinet n’était pas là pour lui faire de le réaliser en binôme afin de faciliter le travail aux élèves
parvenir des messages. C’est du comique de situation. les plus fragiles. L’activité permet également aux élèves
3 À la scène 17, Arthénice et Mme Sorbin qui jusque-là de retourner dans la pièce et de se l’approprier par une
étaient complices deviennent irrespectueuses l’une envers deuxième lecture « thématique » des scènes 3, 5, 8 et 14.
l’autre à cause des troubles qu’a causés Hermocrate. Elles Un texte argumentatif est attendu puisqu’on leur demande
sont insultantes et leur susceptibilité ainsi que leur impulsi- de justifier leur choix. Il est envisageable de faire une carte
vité montrent qu’elles sont tout aussi bien manipulables mentale en guise de réponse pour cette question.
qu’autrui. Leur amitié n’était que superficielle et elle
Votre bilan
s’effrite en quelques répliques, sous l’œil amusé d’Hermo-
1. Cette pièce de Marivaux permet de faire réfléchir à la
crate, fauteur de troubles.
condition des femmes au xviiie siècle tout en peignant des
Le comique de mots personnages parfois ridicules : Mme Sorbin, aux paroles
4 Le mot « tumulte » employé par Persinet est repris par franches et populaires, Arthénice en précieuse, Lina et
M. Sorbin qui lui demande ce qu’est ce tumulte. Persinet lui Persinet en jeunes amants naïfs.
définit le mot avec une énumération de synonymes : « C’est Elle questionne également les catégories sociales : ici la
une émeute, une ligue, un tintamarre, un charivari sur le noblesse et le tiers état se liguent à travers le projet égali-
gouvernement du royaume », donnant ainsi une dimension taire des femmes, mais finissent immanquablement par
comique à la scène. s’opposer.
5 La réplique de Persinet qui ouvre la scène 16 semble 2. Sur la volonté égalitaire entre les sexes, cette pièce est
ridicule car elle est exagérée. Cette hyperbole montre que résolument actuelle et très moderne. L’égalité des hommes
Persinet se sent menacé par une mort imminente (« Voilà et des femmes n’est pas acquise dans la plupart des pays.
une départie qui me procure la mort, je n’irai jamais jusqu’au Les élèves pourront largement justifier ce propos à travers
souper ») à cause des paroles de Mme Sorbin et d’Arthénice leur vécu ou des situations vues chez eux ou au collège.
dans la scène 15. 3. La Colonie est une comédie sociale, car elle pose la pro-
Le comique de caractère blématique de l’appartenance à une catégorie sociale, elle
6 Mme Sorbin est souvent comique car elle est un person- est également politique avec la revendication féministe des
nage haut en couleur : populaire, sa franchise frôle parfois femmes, et enfin elle est sentimentale grâce à l’histoire
64
d’amour entre Lina et Persinet, mais aussi avec le duel mari- Différenciation
tal des Sorbin et l’attachement de Timagène pour Arthénice.
Certains élèves, plus en difficulté, peuvent travailler en
binôme ou en trinôme pour l’ensemble de l’activité. On les
Atelier écrit & oral Jouer un monologue aidera alors à se répartir les tâches en amont. Pour la partie
théâtral > p. 96 jeu, on propose alors une mise en voix partagée ou encore
Cet atelier peut être, pour la production écrite, le support la restitution du même texte mais avec des intentions
d’une évaluation en classe ou encore d’une préparation à la différentes.
maison des trois premières étapes. Les « coups de pouce »,
les critères de réussite et la progressivité du travail guident Faisons le bilan > p. 97
les élèves et permettent en effet une approche en autono- Le bilan sous forme de carte heuristique permet aux élèves
mie. L’objectif est bien le réinvestissement des différentes de rassembler leurs connaissances acquises tout au long de
compétences travaillées au fil de la séquence. L’activité la séquence.
place à la fois l’élève en position de scripteur, de metteur en La Colonie rassemble tous les éléments de la comédie
scène, d’acteur et de spectateur. L’étape 1 conduit à une utopique : on tente de renverser l’ordre de la société dans un
relecture de la scène 18, mais on peut aussi conseiller de cadre insulaire et nouveau pour les personnages. Cette pièce
reparcourir les textes de la séquence pour être au plus près a pour but de faire rire, notamment grâce aux différents
des caractéristiques du personnage choisi et pour répondre procédés comiques présents dans la pièce. Les personnages,
avec précisions aux attendus des deux premières étapes. à la limite de la caricature, permettent de dégager des
On peut aussi visionner de nouveau les scènes étudiées. enjeux politiques essentiels : la volonté de l’égalité entre les
Pour l’item 3 de l’étape 3, on conseille au besoin aux élèves hommes et les femmes, la liberté du mariage, l’association
de s’aider du manuel et du rappel des figures de style présent de personnages appartenant à des rangs sociaux différents.
sur la page de garde arrière. L’item 4 de cette même étape La Colonie est une pièce résolument moderne dans les
peut faire l’objet d’un rappel sur les types de phrase. L’étape causes qu’elle défend, bien que la dernière scène restaure le
5 peut éventuellement provoquer la résistance de certains système de l’époque de Marivaux.
élèves timides. Il est possible dans ce cas de proposer sim- Pour vérifier les acquis des élèves, un quiz interactif Genially
plement une lecture expressive du monologue. complète ce bilan. Il peut être fait par les élèves, à la maison,
Les étapes 4 et 5 permettent aussi de faire éprouver aux en guise de révision, ou encore en classe entière après avoir
élèves que le théâtre nécessite un travail d’équipe et des fait le bilan.
échanges collaboratifs qui amènent à formuler des juge-
Et vous, dans tout ça ?
ments esthétiques argumentés, à prendre position, à faire
Les élèves s’approprient la lecture de cette pièce en notant
des propositions.
dans leur carnet de lecture ce qu’ils ont le plus apprécié.
Les compétences du programme travaillées sont : « Exploiter
Cette analyse personnelle est progressive, car elle était déjà
des lectures pour enrichir sa production écrite », « Pratiquer
annoncée par les Post-it sur la carte mentale.
l’écriture d’invention », « Adopter des stratégies et des pro-
cédures d’écriture efficaces » et « Exploiter les ressources
expressives et créatives de la parole ».

65
Individu et société : confrontations de valeurs ?

5 Se confronter aux autres


> p. 98

1 Présentation de la séquence
Cette séquence s’inscrit dans l’entrée du programme du sociaux. Il s’agit donc de s’interroger sur les valeurs qu’in-
cycle 4 : « Individu et société : confrontations de valeurs ? », carnent ces personnages, sur la difficulté qu’ils peuvent
déclinaison au niveau 4e de la thématique générale « Vivre avoir à affirmer leurs valeurs, leurs différences, leurs
en société, participer à la société ». marginalités, sur leur volonté de conquérir leur place
L’ambition de ce groupement de textes est, dans un dans une société parfois excluante et elle-même porteuse
premier temps, de faire découvrir aux élèves des romans de valeurs reflétées par les œuvres étudiées.
clés de la littérature française : Le Rouge et le Noir de L’atelier écrit, qui convoque le genre épistolaire, en écho
Stendhal, Le Père Goriot de Balzac, Bel-Ami de Maupassant aux Lectures 1 et 2, amène les élèves à s’approprier concrète-
et Les Misérables de Victor Hugo. Cette exploration d’œuvres ment le thème de la confrontation avec l’autre et à défendre
littéraires du patrimoine national du xixe siècle se prolonge des valeurs et un point de vue personnels en argumentant.
par des lectures qui font la part belle aux autrices et à Le film de Charlie Chaplin Le Kid, proposé en pages
une littérature plus récente avec Maylis de Kerangal, « Au cinéma », permet de prolonger la réflexion et de
Djaïli Amadou Amal, Delphine de Vigan et Lisa Balavoine, découvrir un grand classique du cinéma muet, mettant
sans oublier la littérature de langue étrangère avec Joyce en scène la rencontre de deux solitudes : un duo en marge
Carol Oates. de la société, à laquelle ils se confrontent.
Le titre de la séquence, sous forme de phrase infinitive et Enfin, l’évaluation porte sur un extrait d’un texte d’Annie
assertive, pose d’emblée une tension : pour les personnages Ernaux : La Place ; précisément celle que l’on occupe au
des textes proposés, vivre en société, c’est se confronter sein de la cellule familiale et de la sphère sociale. Une place
aux autres, famille ou membres de différents milieux forcément mouvante et porteuse de confrontations.

2 Objectifs de la séquence
Il s’agit, comme le préconisent les programmes officiels, romanesques, de leurs points de vue et de leurs sentiments
de s’interroger, ici à travers des textes romanesques, sur est aussi une direction essentielle. Alors, comme l’indiquent
« la confrontation de certaines valeurs qui guident les modes les programmes : « On montrera comment l’opposition
de pensée et les comportements des personnages avec les entre un individu (ou un groupe d’individus) et l’ensemble
valeurs collectives ». Il est donc question de comprendre du corps social se développe et s’exprime. »
précisément quelles sont ces valeurs et « les conciliations L’étude des personnages s’opère d’ailleurs à partir de
possibles entre ces différents systèmes de valeurs ». formes littéraires diverses : récits, autoportraits, lettres,
Les trois premières Lectures de la séquence proposent qui amènent à l’utilisation d’outils d’analyse variés, autre
des textes canoniques qu’il est judicieux de présenter objectif majeur.
dans leur contexte historique et culturel, ce que permet La Lecture en groupe est proposée à deux reprises
notamment la page « Quelques repères ». (Lectures 3 et 5) à partir de textes d’époques différentes.
Les Lectures 4 et 5 sont l’occasion pour les élèves de L’objectif, en dehors de lire, comprendre et interpréter des
découvrir des autrices probablement inconnues d’eux et textes variés, est ici de construire du sens ensemble, de
qui mettent en scène la rébellion et/ou la différence de favoriser la mutualisation et la collaboration entre pairs.
leurs personnages dans un univers plus proche de nous. À travers l’écriture d’invention, l’élève est également
L’objectif est bien d’acquérir des éléments de culture amené à défendre son point de vue en écrivant une lettre.
littéraire et d’établir des liens entre des œuvres issues de Il doit donc communiquer par écrit un jugement argumenté
cultures et d’époques diverses. L’étude des personnages en tenant compte de son destinataire et en respectant les
66
normes de la langue. Les pages consacrées à l’étude de la tique singulier, celui du cinéma muet.
langue lui apporteront des outils nécessaires à cet exercice, S’exprimer à l’oral est aussi un objectif crucial de la
mais aussi à l’analyse des textes romanesques puisqu’il séquence. Les activités proposées, comme la lecture
s’agit d’y étudier l’expression de l’ordre, les points de vue expressive, l’explication de l’attitude d’un personnage en
du narrateur et les niveaux de langue. Par ailleurs, l’exer- faisant référence au texte et de manière argumentée,
cice de réécriture, réinvesti également en évaluation, favorisent l’exploitation des ressources expressives de la
accompagne l’élève dans une perspective, celle du DNB. parole, mais également les interactions dans un débat.
Comprendre la réflexion portée sur la société au cinéma L’écriture n’est pas réservée à l’atelier final, la démarche
à travers un grand classique, Le Kid, permet l’étude d’images est progressive. Les consignes, au fil de la séquence,
fixes (ce qui est régulièrement le cas au fil de la séquence) répondent à des objectifs variés : écriture d’invention et
à partir d’une affiche et de photogrammes du film mais de réflexion (journal intime, lettres, charte). Il faut donc
aussi mobiles, grâce aux extraits vidéo proposés. Il s’agit bien, dans tous les cas, adopter des stratégies et des procé-
par ailleurs de favoriser la découverte d’un univers artis- dures d’écriture efficaces.

Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• Exploiter les • Consolider • Contrôler sa compréhension, • Adopter des • Lire des œuvres
ressources créatives l’orthographe devenir un lecteur autonome stratégies et > Lectures
et expressives grammaticale : utiliser > Lectures p. 102-113 des procédures p. 102-113
de la parole l’impératif présent et • Élaborer une interprétation d’écriture efficaces > À vos marque-
> p. 103 le futur de l’indicatif des textes littéraires > p. 118-119 pages !
• Participer de façon pour exprimer l’ordre > Lectures p. 102-113 • Exploiter p. 114-115
constructive à des > p. 116 les fonctions • Histoire des arts :
• Lire des textes non littéraires,
échanges oraux • Construire des notions des documents composites principales analyser des images
> p. 108-109, permettant l’analyse et > p. 99, 100, 103, 105, de l’écrit mobiles
112-113 l’élaboration des textes 109, 110-111 > p. 104, 110 > p. 120-121
• S’exprimer de et des discours : • Pratiquer
• Lecture de l’image animée :
façon maîtrisée les points de vue l’écriture
description et interprétations
en s’adressant du narrateur d’invention
d’images empruntées au cinéma
à un auditoire > p. 116 > p. 102, 104,
> p. 109, 120-121
> p. 108-109, • Enrichir le lexique : 118-119
• Fréquenter des œuvres d’art
112-113 les niveaux de langue
> p. 109, 120-121
> p. 117

Ouverture > p. 98-99 Quelques repères > p. 101


La séquence s’ouvre sur un photogramme du film West Side La page « Quelques repères » met en exergue des notions
Story réalisé par Spielberg en 2021. Cela vise à déclencher majeures de la séquence et elle est aussi l’occasion de
la parole et les réactions des élèves. De plus, ce document s’initier à l’histoire littéraire autour du roman au xixe siècle,
illustre directement le titre dans la mesure où ce face-à-face tout en étayant l’étude des trois premières Lectures de la
entre deux groupes rivaux évoque immédiatement l’idée séquence dont elle permet de découvrir les auteurs.
de confrontation. La citation de Mauriac pose un jalon
littéraire essentiel pour aborder la séquence : il sera bien Lecture 1 > p. 102
question de « héros de roman » et le titre de l’ouvrage cité Ces deux premiers textes de Stendhal mettent en scène
est : Le Romancier et ses personnages (1933). des personnages de roman en opposition avec leur famille,
véritable microsociété qui peut devenir un monde hostile
À la découverte… > p. 100 ou dont on s’éloigne. Les personnages s’y opposent car ils
Cette page poursuit l’interrogation entamée sur le thème sont porteurs de valeurs différentes. Cette Lecture 1 permet
de la confrontation, à partir d’un extrait de chanson et de de faire le lien avec l’entrée du programme étudiée en 5e,
deux photogrammes. Les élèves noteront sans doute la et donc connue des élèves : « Vivre en société, participer à
récurrence du terme « autres » dans les titres et seront la société : avec autrui, famille, réseaux ».
amenés à réfléchir sur le fait qu’on peut être ensemble
contre les autres, mais aussi seul face aux autres.
67
Lecture 2 > p. 104 ce que sont des préjugés et quelles peuvent être leurs
conséquences.
Le premier texte, tout comme celui qui précède, est une
lettre. Rastignac, encore pauvre, veut parvenir : il est prêt à
tout pour « conquérir sa place » et réussir dans la société. À vos marque-pages ! > p. 114
Pour cela, il demande à sa mère de l’aider financièrement. Les suggestions de lecture sont des propositions destinées
Loin d’être en rupture avec sa sphère familiale, il l’utilise. à prolonger la séquence, avec des textes majoritairement
L’extrait de Bel-Ami met en scène un autre archétype issus de la littérature jeunesse contemporaine. Ces sugges-
d’ambitieux sans scrupule qui, de son côté, a atteint ses tions ont été présentées selon l’appétit de lecture, plutôt
objectifs : il est parvenu. La soif d’ascension sociale (inextin- que selon un classement « Petit lecteur » et « Gros lecteur ».
guible pour Bel-Ami) est au cœur de ces deux textes réalistes. C’est la complexité du texte et son format qui déterminent
En creux, la critique de la société, qui en est responsable, est sa catégorie. D’abord, pour éviter aux élèves de rester
omniprésente. Cet implicite sera à étudier avec les élèves. cantonnés dans leur zone de confort de lecture, ou de se
sentir stigmatisés. Ensuite, pour laisser libre cours à l’affi-
Lecture 3 > p. 106 nité pour un sujet, qui peut varier d’une séquence à l’autre.
Cette lecture est de préférence à mener en groupe. Elle Il faut garder possible le passage d’une catégorie à l’autre,
propose un texte long, exigeant, et implique une étude selon le moment, selon l’envie.
collaborative de l’extrait. Les élèves, par le questionnement, Dans cette séquence 5, les titres choisis invitent les lecteurs
sont amenés à le parcourir avec des objectifs précis : chaque à suivre des héros qui doivent lutter pour trouver leur place
groupe s’interroge sur un seul personnage. Toutefois, le dans la société, vivre leurs différences, faire changer les
temps de mise en commun a pour visée d’empêcher l’écueil regards. Ce sont des supports pour des actions pédagogiques
que serait la compréhension parcellaire du texte. L’analyse et éducatives liées au climat scolaire, aux valeurs de la
de ce passage permet par ailleurs d’affiner davantage encore République, à la promotion de la tolérance, à la lutte contre
la notion de valeurs à travers des personnages célèbres le harcèlement ou la radicalisation, entre autres. Dans chaque
de la littérature : Jean Valjean, figure du paria rejeté par académie, depuis la rentrée 2021, des ressources sur ces
une société féroce, accueilli par l’incarnation de la bonté, thématiques sont organisées sous l’appellation « carré
l’évêque Monseigneur Myriel. régalien », à destination des professeurs ou membres de
la communauté éducative.
Lecture 4 > p. 110
En étudiant ces deux textes contemporains, les élèves
Pour vous aider à lire et à écrire > p. 116
changent d’univers, d’époque, de niveau de langue. Ce sont Dans cette double page de langue, on propose des notions
des bandes de jeunes rebelles qui dans les deux cas sont permettant l’analyse des textes, comme l’étude des points
portées à l’étude. Ici, les individus, des adolescents fron- de vue du narrateur. Il s’agit aussi de travailler le lexique à
deurs, se mettent volontairement en marge de la société, travers l’analyse de niveaux de langue et des effets produits
incarnée chez Oates par les adultes, et chez de Kerangal par leur utilisation, ce qui est essentiel dans cette séquence
par la police. L’union est ici synonyme de force, d’opposition, qui en propose une réelle variété. Les exercices portant sur
de confrontation. Il s’agit bien de faire « bande à part » : l’impératif présent et le futur de l’indicatif pour exprimer
construire une microsociété « à part », avec ses propres lois, l’ordre sont particulièrement utiles dans la mesure où chez
ses propres codes. Des thèmes qui peuvent mobiliser les Stendhal, Balzac ou encore Hugo, les occurrences en sont
élèves et les faire réfléchir. nombreuses. Ces outils ont pour vocation d’être réinvestis
dans l’atelier écrit qui suit.
Lecture 5 > p. 112
La lecture de ces trois autoportraits est à réaliser en groupe. Atelier écrit > p. 118
Des Coups de pouce favoriseront l’autonomie des élèves. La séquence porte deux lettres à l’étude, celle de Mathilde
Ces passages mettent en scène des personnages qui ont de La Mole à son père (p. 103), et celle de Rastignac à sa
à vivre leur différence. Ils l’expriment et parfois la reven- mère (p. 104). À la suite de cette dernière, une première
diquent dans une société qui ne les comprend pas. Cette étape d’écriture épistolaire est proposée par le biais d’un
différence peut être intellectuelle comme pour Lou Bertignac, écrit d’invention. Il s’agit en effet de rédiger la réponse de
culturelle comme pour Ramla dans Les Impatientes, ou la mère de Rastignac, ce qui peut être l’occasion de poser
psychologique en la figure de Roméo dans Un garçon c’est un diagnostic sur les connaissances des élèves relatives
presque rien. L’écart à la norme et la manière dont il est aux codes d’écriture à mettre en œuvre. L’atelier, dans un
perçu est à questionner avec les élèves par le biais de trois souci de progressivité, propose un écrit d’appropriation
écritures singulières. Le travail en groupe a ici pour ambition plus complexe. Il s’agit de se mettre dans la peau d’un des
de générer le débat sur le regard que porte la société sur personnages étudiés, lequel écrit une lettre à un ami dans
ces trois personnages et de comprendre en les identifiant laquelle il revient sur un conflit, dont il explique les causes,
68
qui les a opposés. La consigne précise que le personnage doit • Annie Ernaux, Retour à Yvetot, Éditions du Mauconduit,
aussi défendre ses valeurs et son point de vue. L’argumentation 2013.
est par conséquent nécessaire et attendue. Le réinvestisse- • Les élèves pourront découvrir, au CDI ou en médiathèque,
ment des savoirs et des compétences induits par la séquence le magazine Virgule consacré aux Misérables de Victor
est donc complet. Dans cette tâche complexe, l’élève est Hugo (n° 201 – décembre 2021), à « Balzac, le peintre de
guidé dans son cheminement en quatre étapes. Des rubriques La Comédie humaine » (n° 81 – janvier 2011), ou encore
Coup de pouce lui permettent en outre de rendre son écrit à Maupassant (n° 67 – octobre 2009).
précis et efficace. La dernière étape, celle de l’auto-évaluation,
Podcasts
l’amène à revenir sur sa production de manière réflexive.
• Le Rouge et le Noir en 15 épisodes sur France Culture :
Sitographie / Bibliographie https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-
• Magazine Lire, hors-série (mars-avril 2020) sur Victor Hugo, feuilleton/le-rouge-et-le-noir-de-stendhal
plus particulièrement les pages 34 à 37 : « Les Misérables : • « Balzac et son monde » sur France Culture, plus
biographie d’un classique ». particulièrement l’épisode 4, consacré au Père Goriot :
• Laura El Makki, Guillaume Gallienne, Un été avec Victor https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-
Hugo, Éditions des Équateurs, coll. « Un été avec » (plus chemins-de-la-connaissance/balzac-et-son-monde-44-
particulièrement le chapitre 16 intitulé Les Misérables), 2016. le-pere-goriot

3 Corrigés de la séquence

Ouverture > p. 99 1 Les uns contre les autres


L’entrée dans la séquence peut être visuelle grâce au pho- Cette chanson propose, à la fois, de comprendre la confron-
togramme du film West Side Story de Steven Spielberg en tation d’un individu à la société, mais aussi à sa solitude
2021. En effet, le titre « Se confronter aux autres » est ici « Qu’on est toujours tout seul au monde ».
représenté par un découpage de l’image en symétrie. Les 1. L’extrait est disponible sur les différentes plateformes
deux bandes rivales sont disposées face à face de manière d’écoute ou sur YouTube. Il est intéressant de faire écouter
à faire des lignes de force en entonnoir. Cela représente la musique sans que les élèves aient vu les paroles. De plus,
l’absence de solution, le resserrement du conflit. Les jeux de une écoute intégrale peut se faire en fin d’activité.
regards ainsi que les expressions faciales vont également 2. Les paroles mettent en avant des sentiments contraires :
dans ce sens d’analyse. Ils sont encadrés par le plancher et la joie (« On se caresse, on se cajole » l. 3, « on se désire »,
les rubans au plafond. Enfin, l’une des deux bandes est l. 11), la tristesse (« On se détruit », l. 11, « on est toujours
représentée par des couleurs chaudes (rouge, rose, orangé) tout seul au monde », l. 7 et 14), la colère (« on se déchire »,
tandis que l’autre porte des vêtements de couleurs froides l. 10) face aux autres individus et à son inévitable solitude.
(camaïeu de bleus, vert). On peut faire relever les termes antithétiques, mais aussi
l’énumération (« on se déteste, on se déchire, on se détruit,
TESTÉ EN CLASSE Ce photogramme est facile d’uti- on se désire », l. 10-11) aux élèves, si la notion a été déjà
lisation pour faire comprendre le titre et les enjeux de abordée en classe : « On se déteste » / « on se désire » ;
la séquence 5. Projeté sur un VPI/TBI, les élèves peuvent « On dort » (l . 1) / « on vit » (l. 2).
dessiner les champs de force de l’image et en trouver une 3. Les élèves prennent la parole et confrontent leurs ana-
signification. lyses. Ici, le travail sur l’adverbe « contre » est envisageable.
L’origine dans la langue française de « contre » remonte au
La citation de François Mauriac permet aux élèves de s’in- ixe siècle. Du latin contra, c’est un adverbe et une préposi-
terroger sur les personnages romanesques et leurs singula- tion signifiant d’abord « en face de, vis-à-vis » mais aussi
rités, ainsi que sur leur univers parfois si différent de celui « tout près de ». Le titre de la chanson joue sur la polysémie
qui nous entoure. L’expression « recherchent les scènes au contraire du terme « contre ».
lieu de les éviter » propose d’amener la notion de conflit 2 Face aux autres
dans la littérature.
1. Le premier photogramme propose des jeux de lumière
mais aussi de regards. Le personnage central, Garance,
À la découverte… > p. 100 joué par Arletty, est encerclé. Un homme à sa gauche lui
À partir d’un extrait de chanson de Fabienne Thibeault, et de tient les deux poignets. Elle ne peut donc bouger. Les regards
deux photogrammes, les élèves continuent à comprendre et vers elle sont accusateurs. Cette confrontation physique est
à construire les notions de confrontation et de conflit. accentuée par le contraste de sa robe blanche et les tenues
69
sombres des individus qui l’entourent. Passerelles
Le deuxième photogramme propose aux élèves d’analyser Le réalisme qui est évoqué ici est également étudié dans
la précédente adaptation de West Side Story, datant de le manuel à la séquence 1, dédiée à Maupassant.
1961. Bernardo, le chef de la bande des Sharks, se retrouve
en face de Tony et ses acolytes, appartenant à la bande Lecture 1 Des conflits familiaux ? > p. 102-103
rivale des Jets. Bien que la perspective de la rue montre une
échappée possible, Bernardo se retrouve bloqué dans Vos objectifs
plusieurs directions par les autres jeunes hommes. Les cou- Les deux textes de cette première lecture offrent l’occasion
leurs (chemise rouge contre blouson jaune) illustrent bien de découvrir un livre canonique de notre littérature :
le conflit grâce à leur contraste. La posture de Bernardo, Le Rouge et le Noir de Stendhal. Les deux sont riches de par
statique s’oppose aux pieds en avant des membres des Jets, leur différence : un passage narratif (première apparition
prêts à bondir. du personnage) pour l’extrait 1, et une lettre pour l’extrait 2,
permettant de poser un premier jalon dans l’étude du genre
2. Pour les 2 photogrammes, on peut attendre, par exemple,
épistolaire. En effet, il y a une autre lettre dans la Lecture 2,
les adjectifs suivants : conflictuel, stressant, oppressant, opposé,
et l’atelier écrit est consacré à l’écriture d’une lettre.
problématique, angoissant, injuste… Mais, il faudra que les
À travers ces deux extraits, l’élève est amené à identifier
élèves justifient leurs propositions pour chaque scène.
les valeurs qui opposent les personnages. La mise en regard
3. Comme dit dans la réponse à la question 1, les contrastes des deux textes conduit les élèves à étudier l’expression
de couleurs, les jeux de lumière ou encore la disposition des des sentiments des personnages à travers ces situations
personnages dans l’espace montrent bien les oppositions familiales conflictuelles.
qui existent entre eux.
Le Rouge et le Noir (extrait 1)
Pour aller plus loin Cet extrait permet de confronter deux personnages d’une
Il est possible de montrer le prologue de West Side Story même famille aux goûts et aspirations différents. Plus qu’une
(disponible sur YouTube) et de faire un lien avec la musique confrontation d’idées, c’est une confrontation verbale et
de Leonard Bernstein, la chorégraphie de Jerome Robbins, physique d’un père envers son fils.
mais aussi les différents travellings de Robert Wise. En effet,
la caméra va de la droite vers la gauche lorsque l’on suit
AVANT DE COMMENCER Il pourra être intéressant de lire
les Jets, tandis qu’elle va de la gauche vers la droite lorsque la rubrique anecdotique « Le saviez-vous ? » afin de com-
l’on suit la bande des Sharks. L’absence de profondeur de prendre que Julien est bien le personnage principal de
champ (et, a contrario, la présence écrasante des murs l’œuvre, mais aussi d’interroger les élèves sur la signification
et des grilles) illustre l’incapacité de sortir du conflit. Les du titre Le Rouge et le Noir, en s’aidant de l’iconographie
décors jaunes et rouges s’opposent. Enfin, le terrain de jeu illustrant le deuxième extrait.
peut être comparé à une cour de prison. 1 Le père Sorel reproche à son fils de privilégier la lecture
au lieu d’être concentré sur son poste à la scierie familiale :
TESTÉ EN CLASSE Pour un prolongement, on peut « Au lieu de surveiller attentivement l’action de tout le
demander aux élèves de trouver une chanson ou un mécanisme, Julien lisait » (l. 1). Cela énerve fortement le
photogramme qui illustrerait, selon eux, la notion de vieux Sorel, car il ne comprend pas l’engouement de son fils
« confrontation aux autres » et de les faire partager lors pour les livres : « il ne savait pas lire lui-même » (l. 4).
d’une séance suivante. 2 LANGUE Les paroles du père sont rapportées dans un
Les élèves de 4e ont bien aimé cet exercice d’appropriation discours direct. On peut l’identifier grâce aux guillemets et
de notion à travers les chansons ou séries qu’ils appré- au présent d’énonciation.
cient. En passant au tableau, ils ont dû justifier leur choix. Cela donne une impression de réalité à la scène, cela permet
Cet exercice les prépare à l’épreuve orale du DNB et aussi de saisir au plus près la personnalité violente du père
à argumenter leur choix, débattre et interagir avec les Sorel grâce aux paroles rapportées telles qu’elles ont été
autres élèves. prononcées et qui gardent toutes les marques de l’oralité.

Quelques repères > p. 101 Différenciation


Des notions majeures de la séquence sont ici présentées Réécrire les paroles rapportées du texte au discours indirect.
à travers quatre lectures, mais aussi à travers le prisme 3 Le père appelle tout d’abord Julien qui est absorbé par
de l’histoire littéraire. Les différents documents iconogra- sa lecture du Mémorial de Sainte-Hélène, puis il rejoint
phiques ainsi que les titres peuvent être retravaillés avec Julien en montant sur l’arbre qui est en train d’être scié.
les élèves. Les différentes citations des auteurs permettent Il fait alors tomber le livre de son fils dans le ruisseau tout
aux élèves de comprendre leurs projets et leurs buts à tra- en le frappant à la tête. Puis il lui parle de manière grossière
vers leurs écrits et leurs œuvres. (« Eh bien, paresseux ! », l. 14) et violente, allant même
70
jusqu’à le traiter d’« animal » (l. 20). Il violente une seconde Le Rouge et le Noir (extrait 2)
fois Julien en le frappant avec une perche à noix afin qu’il Cet extrait illustre une confrontation d’idées, toujours dans
tombe. Enfin, il l’emmène à la maison en le poussant bruta- la sphère familiale, mais à travers une lettre d’une fille à son
lement devant lui. père. Les élèves peuvent différencier l’écriture épistolaire
4 Le jeune Sorel est surpris par les coups portés à son égard d’un texte narratif comme pour le premier extrait.
par son père, puis il est très peiné de voir son livre dans
AVANT DE COMMENCER Il est possible de demander aux
le ruisseau : « Il avait les larmes aux yeux, moins pour la
élèves de faire une brève recherche sur qui est Mathilde
douleur physique, que pour la perte de son livre qu’il
dans Le Rouge et le Noir, ainsi ils pourront comprendre toute
adorait » (l. 18). Enfin, il ressent une certaine appréhension
la complexité de cette lettre. Il est également envisageable
de rentrer chez lui avec son père : « Dieu sait ce qu’il va me
de leur demander comment on rédige une lettre. Cela
faire ! se disait le jeune homme » (l. 25).
permettra de connaître leurs prérequis pour l’atelier écrit.
5 Julien est attristé par la perte de son livre plutôt que
1 Mathilde écrit à son père afin de lui annoncer qu’elle
par les violences physiques et verbales qu’il vient de subir.
Cela prouve à quel point il aime la lecture. Cela montre aussi attend un enfant de Julien, son mari, haï par son père. Elle
sa sensibilité et combien il est différent de son père, en déca- lui demande s’il veut bien lui payer une « petite pension »,
lage avec le milieu dans lequel il évolue, une microsociété. en échange de quoi elle partira s’installer loin de chez elle
afin de ne pas faire de scandale.
6 Le narrateur extérieur adopte un point de vue interne :
2 Le père et la fille sont en mauvais termes : « Tous les
nous sommes d’abord dans la tête du père, puis nous
prenons connaissance des sentiments de Julien. L’intérêt liens sociaux sont rompus entre nous » (l. 2), mais Mathilde
est ici de savoir ce que chaque personnage pense et ressent ressent tout de même une certaine tendresse pour lui :
de cette situation conflictuelle. Ne pas hésiter à s’aider de « Après mon mari, vous êtes et serez toujours l’être qui
la fiche méthode sur les points de vue du narrateur (p. 241). me sera le plus cher » (l. 3-4). Ce sentiment est partagé
également par le père pour sa fille : « Si votre amitié, que
 À L’ÉCRIT je sais être extrême pour moi » (l. 7).
Il s’agit ici de produire un écrit d’invention, conformément 3 LANGUE Le verbe aimer est ici conjugué à l’impératif
aux attendus de fin de cycle : « En réponse à une consigne présent. Mathilde l’exhorte de ressentir une once de ten-
d’écriture, produire un écrit d’invention s’inscrivant dans dresse pour sa fille. C’est davantage une prière qu’un ordre.
un genre littéraire du programme, en s’assurant de sa Cette question permet de faire un rappel sur les différentes
cohérence et en respectant les principales normes de la valeurs de l’impératif présent.
langue écrite ». Ici, on peut aiguiller les élèves en soulignant 4 Mathilde est attristée par la situation familiale causée
le fait qu’il écrit dans son journal intime, où il explique par son union avec Julien, un fils de charpentier. Elle est
ce qu’il ressent. Cet exercice permet de transposer le texte également déterminée et franche avec son père. Enfin, elle
au point de vue interne en utilisant non plus un narrateur peut être considérée comme rebelle pour son rang social
extérieur, mais un narrateur personnage : Julien. et affranchie du carquois que celui-ci lui impose.

TESTÉ EN CLASSE Ce travail a beaucoup plu aux 5 Julien, venant d’une famille modeste, n’aurait pas dû
épouser une jeune noble comme Mathilde. Le marquis de
élèves qui sont assez friands de l’écriture « intime ». Cet
La Mole se sent donc trahi par sa propre fille et déshonoré
exercice permet de raconter les mêmes faits sous un autre
de cette basse union. Ici, il peut être utile de rappeler les us
point de vue bien plus proche des élèves : celui de Julien,
et coutumes de l’époque sur le mariage.
un adolescent incompris par son père.
6 Mathilde dresse un portrait mélioratif de son mari Julien :
Exemple de corrigé (travail de Sidonie, 4e E au collège
« ce jeune Sorel est le seul être qui m’amuse ; le pauvre
Jules-Ferry de Douai) :
garçon est aussi affligé que moi » (l. 17-18). Il semble
Mon cher journal, comme je suis triste ! La vie est injuste…
amusant et très sensible également. Il partage la peine
Mon père ne me comprend pas, il ne veut pas entendre mon
de Mathilde. Enfin, elle renforce l’idée que lui seul peut
amour pour la lecture. Aujourd’hui, il m’a encore insulté et
la rendre heureuse.
il m’a même frappé. Le pire dans tout ça c’est qu’en me fai-
sant tomber, mon livre préféré est tombé à l’eau… Je ne  À L’ORAL
pourrai plus jamais le lire ! Cet exercice de lecture expressive permet de travailler la
En plus, je n’ai pas d’argent pour le racheter. compétence de cycle 4 « Lire des textes variés avec des
Pourquoi mon père ne comprend-il pas nos différences ? objectifs divers » avec les connaissances associées sui-
Je jure ici même que JAMAIS, oui JAMAIS je ne travaillerai vantes : « Adapter sa lecture à l’objectif poursuivi » et
à la scierie. Ma place est dans les bibliothèques ! « Adapter sa lecture aux supports et modes d’expression ».
À bientôt cher journal, mon ami secret.
Ton Julien.

71
La boîte la cervelle », car il serait en proie au désespoir si sa requête
à mots n’est pas satisfaite (l. 5). Il exerce une forme de chantage
Dans ce texte, le sens de l’adjectif « obscur » (l. 9) est « une affectif, ce que confirment les propositions : « mais si tu
personne de condition sociale modeste ». tiens à conserver la vie que tu m’as donnée, il faut me trou-
ver cette somme » (l. 8-9). Il insiste sur la situation
Pour aller plus loin d’extrême urgence dans laquelle il se trouve, ce que ren-
force la répétition de l’adverbe « promptement » (l. 2 et 15).
• Comme prolongement, il est possible d’étudier un des
deux extraits avec l’adaptation en manga de l’œuvre de 3 LANGUE Il conseille à sa mère de vendre quelques-uns
Stendhal publié chez l’éditeur Soleil, en 2011. de ses anciens bijoux : « vends quelques-uns de tes anciens
bijoux » (l. 15-16). Le verbe « vendre » est conjugué au
• Il est également possible de faire écrire la réponse du père
présent de l’impératif qui est le mode de l’injonction (prière,
à cette lettre ou une lettre que Julien enverrait à son beau-
ordre, conseil). On pourra préciser aux élèves que le jeune
père en cachette.
homme reçoit déjà un peu d’argent de ses parents qui ont
Votre bilan par ailleurs cinq enfants.
Ce bilan est un moyen de poser les premiers jalons de ce
4 Rastignac souhaite « aller dans le monde », c’est-à-dire
que sont les conflits et les oppositions de valeurs entre les
la haute société. Il veut progresser sur l’échelle sociale, ce
personnages d’un roman. Ici, les enfants ne semblent pas
que suggère la métaphore : « Il s’agit pour moi de faire
être compris de leurs parents et les conflits s’inscrivent
mon chemin ou de rester dans la boue » (l. 13-14). Il s’agit
dans des dimensions physiques et verbales pour le premier
pour lui d’une « impérieuse nécessité » (l. 19), c’est-à-dire
extrait, et morales pour le second.
pressante et irrésistible.
Passerelles 5 Rastignac est ambitieux, arriviste, il veut « arriver », ce
Ce texte peut être mis en relation avec la nouvelle « Un par- que confirme le défi qu’il lance, à la fin du roman, à Paris,
ricide » de Guy de Maupassant de la séquence 1 (p. 18) si ville de l’argent et du pouvoir : « À nous deux maintenant ! ».
l’on souhaite croiser la thématique du conflit familial à Les élèves diront sans doute aussi qu’il est déterminé ou
travers deux genres différents du programme. encore pauvre. On pourra leur préciser qu’il l’est, en effet,
mais qu’il est issu d’une famille aristocratique provinciale
Lecture 2 Conquérir sa place ? désargentée. C’est pour cette raison qu’il loge dans une
chambre de la modeste pension Vauquer, à Paris où se
> p. 104-105
trouve le père Goriot, le personnage éponyme, dont il est
Vos objectifs
très proche. Rastignac est aussi opportuniste et amoral.
Il s’agit ici d’étudier un texte de Balzac, considéré tel
Stendhal, à qui la Lecture 1 est consacrée, comme un précur-  À L’ÉCRIT
seur du roman réaliste. Rastignac est ici encore pauvre, avide Cet écrit d’appropriation permet une première approche
de progression sociale, il veut « arriver » et sollicite l’aide des codes d’écriture de la lettre, ce qui sera réinvesti dans
financière de sa famille. Au contraire, l’insatiable Bel-Ami, l’atelier écrit (p. 118-119). On peut, au préalable, faire relire
autre archétype de l’ambitieux, est en pleine consécration. à voix haute la lettre de Rastignac par les élèves ou écouter
Il est, quant à lui, parvenu au sommet de son ascension à nouveau la version audio. Ensuite, on liste collectivement
sociale et il est en position d’envoyer de l’argent à ses les critères de réussite à respecter pour la rédaction, par
parents. Dans les deux cas, il s’agit d’étudier les caractéris- exemple :
tiques de deux personnages ambitieux, obsédés par l’argent 1- Prise en compte des informations/indices fournis par la
et la réussite sociale. Il est aussi question de comprendre le lettre de Rastignac.
rôle joué par la société à laquelle Rastignac se confronte et 2- Présentation de la lettre ( atelier écrit p. 119).
dans laquelle il veut réussir, objectif qu’a pleinement atteint 3- Respect de la situation d’énonciation (qui écrit ? À qui ?
Bel-Ami. Quand ? Où ?).
1 Le
4- Choix des temps et pronoms personnels utilisés.
Père Goriot
5- Expression des sentiments et des émotions.
1 Rastignac, jeune étudiant de 22 ans, écrit à sa mère pour
6- Correction de la langue et de l’orthographe. Selon le
lui demander de l’argent : « J’ai besoin de douze cents francs,
niveau des élèves, on peut différencier la longueur attendue
il me les faut à tout prix » (l. 2-3). Il est conscient de l’am-
et/ou réduire le nombre de critères.
pleur du sacrifice et fait appel à l’amour maternel, ce qui est
souligné par l’image : « vois si tu n’as pas une troisième
TESTÉ EN CLASSE Exemple de corrigé :
mamelle à t’ouvrir pour moi » (l. 1-2). On peut préciser que
la demande est formulée de manière très directe, dès l’ou- Eugène, mon cher fils,
verture de la lettre, ce qui révèle l’urgence de sa requête. J’espère que tu restes raisonnable et que tu es revenu à plus
2 Il menace par une métaphore de se suicider : de se « brûler de calme. Je sais que tu es désespéré et que tu veux absolu-
72
scène est vue à travers le point de vue de Du Roy, ce qui
ment faire partie du grand monde. Je suis si heureuse que tu
permet de connaître ses sentiments et ses pensées. Il per-
ne joues pas d’argent et que la comtesse de Bauséant t’ait
met de comprendre de quelle manière il se perçoit lui-
pris sous sa protection mais surtout, n’oublie pas tes études
même (l. 1-2) ; ce qu’il voit : « Il les vit » (l. 3) ; « il aperçut »
de droit.
(l. 14) ; « il découvrit » (l. 17), ce qu’il ne voit pas : « il ne
Eugène, tu me demandes douze-cents francs, ce qui est
voyait personne » (l. 12-13), ce qu’il a fait « il leur avait
pour nous une somme énorme et tu sais que j’ai déjà dû
envoyé cinq mille francs » (l. 5), ce qu’il compte faire :
revendre certains de mes bijoux. Il m’en reste si peu. Je ne
« Il allait maintenant leur en envoyer cinquante mille »
peux en effet pas parler à ton père de ta requête. Il serait fou
(l. 6). On connaît également ses sensations : « Il sentait
d’inquiétude. Je vais demander à ta tante de vendre ses den-
sur sa peau […] bonheur » (l. 11-12), et ses sentiments :
telles pour te venir en aide, je n’ai pas d’autre solution et tu
« il ne pensait qu’à lui » (l. 13), « il lui sembla qu’il allait
sais comme elle t’aime.
faire un bond […] Palais- bourbon » (l. 19-20).
Je pense à toi avec une immense affection.
Reviens nous voir, dès que tu le pourras,
Pour aller plus loin
Ta mère qui s’inquiète et pense à toi.
Prolongement possible en langue par l’écriture :
Réécrire une partie de ce passage en utilisant un point de
RÉÉCRITURE vue externe, et/ou omniscient. On peut aussi demander à
un groupe de choisir le point de vue omniscient et à l’autre
Ne dis rien de notre demande à notre père, il s’y opposerait
le point de vue externe. On pourra ensuite échanger sur
peut-être, et si nous n’avons pas cet argent, nous serions
les effets produits par l’utilisation de chaque point de vue
en proie à un désespoir qui nous conduirait à nous brûler
et dresser un bilan. Réécrire la scène selon le point de vue
la cervelle.
de Suzanne peut aussi être envisagé.
Pour aller plus loin  p. 241 > 3. Comment différencier les points de vue
du narrateur ?
• On pourra lire, à la suite de ce travail, la véritable lettre
4 Le personnage est ici l’acteur principal de cette scène
de la baronne de Rastignac à son fils, située au début du
très théâtralisée, véritable « comédie humaine ». Il y joue
chapitre II « L’entrée dans le monde ». Elle y cède à la
un rôle et tout est artifice alors qu’il s’agit en fait d’un
demande d’Eugène.
mariage religieux et non de son sacre personnel. Le lexique
• On peut réaliser le continuum de l’écrit à l’oral en propo- de l’amour est d’ailleurs absent du passage. Bel-Ami se sent
sant aux élèves de produire un fichier son dans lequel puissant, ce que met en évidence l’hyperbole : « Il devenait
ils lisent de manière expressive la lettre qu’ils ont rédigée. un des maîtres de la terre », en opposition avec « le fils de
On pourra demander par ailleurs aux élèves de justifier deux pauvres paysans de Canteleu » (l. 1-2). Il est conscient
leur choix d’interprétation. du chemin qu’il a parcouru, ce que souligne la répétition
2 Bel-Ami du pronom personnel « lui » (l. 1) et l’ensemble du 2e para-
graphe. Bel-Ami ressent aussi de la fierté, de l’orgueil et met
1 Ce passage met tout d’abord en évidence les origines
en scène ce qu’il pense être sa puissance. Il se sent au centre
provinciales de Bel-Ami. Alors que dans cette scène, il se
des regards et de l’attention de la foule qu’il considère
trouve au cœur de Paris dans ce qui est pour lui un moment
comme un public : « Il allait lentement, d’un pas calme, la
de triomphe, sa terre d’origine est bien « Canteleu » (l. 2),
tête haute, les yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la
dans « la grande vallée de Rouen » (l. 4). De plus, lui qui
porte » (l. 10-11). Il se sent mis en lumière comme sous un
s’est fait ennoblir, est le fils de « deux pauvres paysans »
projecteur de théâtre et contrôle sa posture et son attitude,
(l. 1-2) qui tiennent un « humble cabaret, […] donnant
à l’instar d’un acteur face à un public (l. 10-11). Il éprouve
à boire aux campagnards du pays » (l. 3-5). Ses origines
aussi des sensations physiques, « de longs frissons, ces fris-
paysannes et normandes sont désormais bien loin de lui
sons froids » (l. 11-12) causés par son bonheur. Il s’agit bien
mais il en a conscience et cela nourrit son triomphe personnel.
d’un spectacle couru dont le protagoniste est Du Roy. Le
Pour information, « Canteleu » signifie « chant du loup »…
« public » est en effet nombreux, ce qu’illustre le substantif
2 Le sujet des verbes actifs est presque systématiquement : « foule » (l. 14) et les différentes épithètes qui le qualifient :
« il » et à une reprise « Georges » (l. 8). Bel-Ami est donc « amassée », « noire » (l. 14) ou encore « bruissante »
bien le personnage central, seul face aux autres. On (l. 15). Cette foule par un effet de déformation de la réalité
remarque en effet l’insistance portée sur la multitude qui de Du Roy devient d’ailleurs « le peuple de Paris » (l. 15)
l’entoure et qui devient un personnage collectif. Quand le dont il se sent contemplé et envié (l. 16). Il ressent enfin de
personnage éponyme n’est pas sujet des phrases, il reste l’ambition : « Et il lui sembla qu’il allait faire un bond du
au centre de l’attention, en position d’objet admiré : « Le portique de la Madeleine au portique du Palais-Bourbon »
peuple de Paris le contemplait et l’enviait » (l. 15-16). (l. 19-20) (cf. question 5).
3 LANGUE Le point de vue du narrateur est interne, la Les élèves peuvent être surpris par le peu d’intérêt accordé
73
à Suzanne, évoquée une seule fois dans ce passage (l. 8). « Palais Bourbon » (l. 20). Du Roy apparaît comme un
Aucun verbe de perception ou de sentiment n’accompagne homme de désir dont l’ambition n’est jamais satisfaite.
cette évocation, ce qui suggère que Bel-Ami n’y accorde 6 Ce photogramme peut illustrer la ligne 8 mais aussi
en réalité que très peu d’importance. Le choix du point de les lignes 14 à 20. On pourra mettre en évidence que les
vue interne renforce cet effet. Elle semble être un simple personnages, au centre et au premier plan, ne regardent
accessoire, l’instrument qui permet sa gloire : « Georges pas dans la même direction et que Du Roy est particuliè-
reprit le bras de Suzanne pour retraverser l’église » (l. 8). rement raide, droit, imposant et déterminé. Suzanne est
On pourra souligner que cette phrase simple est mise en quant à elle souriante et semble regarder ceux qui l’en-
valeur par la disposition typographique. En réalité, Du Roy tourent, au contraire de son mari. Le décor, en arrière-plan,
« Il ne voyait personne. Il ne pensait qu’à lui » (l. 12-13), est par ailleurs fastueux.
ce qui est étonnant le jour d’un mariage. Ces deux phrases
forment un alexandrin, deux hémistiches secs qui sou-  À L’ORAL

lignent une fois encore l’égocentrisme du personnage qui On attend des élèves qu’ils réinvestissent les réponses aux
ne pense qu’à ses futures ambitions et à ce qu’il vit comme questions en mettant en évidence l’absence de sentiment
sa propre gloire. amoureux de la part du personnage, le jour de son mariage,
5 Les lieux parisiens mentionnés dans une vision panora- lequel est uniquement un moyen de parvenir. Ce qui domine
mique : « Concorde » (la plus grande place de la capitale, est bien la satisfaction profonde d’avoir atteint une position
située dans le viiie arrondissement), « portique de la sociale élevée dans la société parisienne, devenue son
Madeleine », « Palais-Bourbon » inscrivent Bel-Ami au cœur public. Ce mariage consacre bien le triomphe du personnage
de la capitale et des lieux de pouvoir. Il semble envisager qui semble vouloir aller plus loin encore. La fin est ouverte,
une carrière politique, pourquoi pas la députation, ce que l’ambition du personnage semble insatiable.
suggère « la Chambre des députés » (l. 18), située au

Votre bilan
Points communs Différences
• Personnages masculins provinciaux (Rastignac vient de Charente et • Rastignac est encore étudiant et veut
Duroy de Normandie) au xixe siècle à Paris. absolument réussir, c’est le début du roman
• Paris est le théâtre de leur ascension sociale.  Du Roy a réussi son ascension sociale même
s’il veut aller encore plus loin.
• Bel-Ami, est le surnom que Duroy obtient en raison des liaisons qu’il
entretient avec les femmes et qui lui permettent de progresser sur l’échelle • Rastignac demande de l’argent à ses parents
sociale  On comprend que Rastignac a obtenu la protection de la  Du Roy leur en donne.
vicomtesse de Beauséant. Les élèves peuvent supposer que les femmes • Rastignac se confronte à la société  Du Roy
jouent un rôle essentiel dans le parcours de ces deux opportunistes. en jouit.
• Ils ont compris les mécanismes et les rouages de la société dans
laquelle ils évoluent.
• Les deux personnages sont sans scrupules.
• Ils se vivent comme des héros épiques.
Rastignac : « cette vie de Paris est un combat perpétuel » (l. 20).
Duroy : « Et il lui sembla qu’il allait faire un bond du portique de
la Madeleine au portique du Palais Bourbon. » (l. 18-20)

Différenciation
On peut faire lire aux élèves les plus avancés, l’incipit du roman Bel-Ami et le comparer avec l’excipit étudié pour mesurer la
progression et même la métamorphose de Du Roy.

Incipit Excipit
• Célibataire et pauvre. • Marié et riche.
• Seul dans Paris, en quête de reconnaissance. • Très entouré, centre de l’intérêt du tout Paris.
• En attente. • Comblé.
• Paris populaire. • Paris synonyme d’argent et de réussite sociale (Madeleine ;
• La foule le bouscule et l’ignore. vision Concorde, députés…).
• Le soleil l’accable de chaleur étouffante, associée à misère • La foule le contemple et l’envie, rangée pour lui en haies.
et pourriture. • Éclatante lumière métaphore de son triomphe.
74
Passerelles « n’eut pas même la force de jeter un cri » (l. 10). Elle a
Il est envisageable de faire lire l’extrait de Bel-Ami dans la toutefois un mouvement physique involontaire, un sursaut :
séquence 6 (p. 130), qui montre comment Georges Duroy, « Elle tressaillit » (l. 10). Elle est profondément frappée par
alias Bel-Ami, est devenu ce qu’il est dans notre passage : l’apparition de l’ancien forçat : « [elle] resta béante » (l. 11).
le baron Georges Du Roy de Cantel. Étudier deux extraits De la même manière, la réaction de Mlle Baptistine est phy-
d’une même œuvre dans des séquences différentes montre sique mais plus marquée dans un premier temps : « se dressa
aux élèves que les œuvres ne sont pas figées dans une seule à demi d’effarement » (l. 12-13), elle ressent donc de l’effroi,
thématique. de la stupeur. On pourra noter avec les élèves la présence du
champ lexical de la peur. La sœur de l’évêque se calme vite
Pour aller plus loin toutefois : « elle se mit à regarder son frère et son visage
On pourra montrer la bande-annonce de l’adaptation ciné- redevint profondément calme et serein » (l. 13-14), ce qui
matographique (dont est issu le photogramme) de Declan souligne la confiance qu’elle a en l’évêque, lequel « fixait sur
Donnellan et de Nick Ormerod. Les élèves pourront alors l’homme un œil tranquille » (l. 15). La réaction du prélat est
débattre sur le personnage de Georges Duroy : opportuniste très posée, s’oppose donc à celle des deux femmes et elle
sans morale ou travailleur acharné prêt à tout ? est mise en valeur par la disposition typographique. Le verbe
« fixer » insiste sur l’intensité du regard et contrairement
Lecture 3 Seul contre tous ? aux autres verbes du champ lexical du regard qui sont conju-
en GROUPE > p. 106-109 gués au passé simple (« aperçut », l. 12 ; « se mit à regarder »,
l. 14), il est conjugué à l’imparfait, ce qui souligne l’idée de
Les Misérables durée. Dans tous les cas, les personnages sont donc frappés
Vos objectifs par cette apparition même si le calme de l’évêque s’oppose
Il s’agit, d’abord, de faire découvrir aux élèves le roman- à ce que semblent ressentir les personnages féminins.
épopée, historique, social et philosophique qu’est Les c. Jean Valjean est un ancien galérien (l. 20). À l’époque où
Misérables, ainsi que trois extraits d’adaptations cinémato- se déroule le roman (1815-1832), un « galérien » est une
graphiques de l’œuvre. Figure emblématique de l’exclu et personne envoyée aux bagnes maritimes (chantiers navals à
du marginal, Jean Valjean amène à s’interroger sur l’image Brest et à Toulon) : il ne rame plus sur une galère, mais reste
d’une société qui rejette, mais aussi sur des personnages aux soumis à des travaux forcés. On pourra renvoyer les élèves
valeurs positives, comme Monseigneur Myriel. C’est donc aux notes de lexique 3, 9 et 10 pour approfondir ce point.
bien sur les conciliations possibles entre différents systèmes d. Il est rejeté car le passeport jaune qu’il a présenté à la
de valeurs que portera l’étude. Par ailleurs, la lecture en mairie le stigmatise : l’information de son passé au bagne
groupe permet l’étude approfondie et progressive de chaque s’est propagée dans la ville : « on m’a renvoyé à cause de
personnage. Elle incite à un parcours complet du texte. mon passeport jaune » (l. 24 et l. 45) : « cela sert à me
Enfin, le temps de mutualisation « tous ensemble » favorise faire chasser de partout où je vais » (l. 46). On le chasse
une vision d’ensemble approfondie et collective du passage. de manière violente, ce que souligne le tutoiement, associé
à l’impératif présent : « Va-t’en ! » (l. 26). C’est un rejet
EN GROUPE collectif de la société, ce que suggère le pronom indéfini
Jean Valjean « on » : « On m’a dit » (l. 25) et l’expression « chez l’un
a. C’est d’abord l’équipement, caractéristique du voyageur, chez l’autre » (l. 26). Il résume en une phrase simple et
qui est évoqué : « son sac sur l’épaule, son bâton à la main » brève le rejet total dont il fait l’objet : « Personne n’a voulu
(l. 7). Puis c’est l’expression de son regard qui est décrite de moi. » (l. 26), qui fait écho à « Tout le monde m’a jeté
avec précision par le biais d’une énumération d’adjectifs : dehors. » (l. 53). L’anaphore de « j’ai été » + complément
« rude, hardie, fatiguée et violente dans les yeux » (l. 7-8). circonstanciel de lieu (l. 23-27) montre qu’il a fait plusieurs
On pourra demander aux élèves de trouver des synonymes tentatives pour être hébergé : dans une auberge (l. 24) ;
des adjectifs « rude » (bourrue, revêche, sévère…) et « har- « une autre auberge » (l. 25) ; « à la prison » (l. 26) et
die » (audacieuse, intrépide). Ensuite, « le feu de la chemi- même « la niche d’un chien » (l. 27). L’hostilité est donc
née » (l. 8) met en lumière la laideur du personnage : totale, même le chien (réputé pour sa fidélité) le mord et
« Il était hideux. » (l. 8). On soulignera que la phrase simple le chasse (l. 27- 28). La comparaison « comme s’il avait été
et brève est frappante et particulièrement péjorative et un homme » (l. 28) met en évidence la bestialité des êtres
qu’elle est renforcée par la phrase suivante (également humains éprouvée par J. Valjean. La nature elle-même
simple et courte) qui souligne l’impression produite par le semble s’opposer à lui : « Il n’y avait pas d’étoile. » (l. 30),
personnage : « une sinistre apparition » (l. 9). Synonymes ce qui évoque l’absence de lumière et d’espoir : il semble
de « sinistre » : sombre, effrayante, redoutable, ténébreuse, délaissé par le ciel lui-même. On pourra souligner le registre
terrifiante, angoissante. La description campe donc un pathétique de ce passage.
personnage inquiétant et effrayant. e. On met en évidence que le personnage se définit toujours
b. Madame Magloire reste muette, comme pétrifiée : comme étant un galérien, au présent de l’indicatif, alors
75
qu’il a purgé sa peine : « j’ai passé dix-neuf ans au bagne » aux élèves que l’auteur s’est inspiré, pour créer ce person-
(l. 20-21) (note n° 9). C’est la raison pour laquelle il possède nage fictif, de François Melchior Charles Bienvenu de Miollis,
un « passeport jaune » (l. 24), il s’agit du passeport interne évêque de Digne de 1805 à 1838, réputé pour sa bonté et
des bagnards libérés, il est obligé de le présenter : « Il avait sa générosité. Voici un contenu intéressant à lire sur le sujet
fallu » (l. 25). Il a été libéré récemment : « Je suis libéré sur une page du site Internet de la ville de Digne-les-bains :
depuis quatre jours » (l. 21). Son objectif est de se rendre https://www.dignelesbains.fr/culture-patrimoine-2/
à Pontarlier (l. 21, note n°4) ; il marche pour cela depuis notre-histoire/victor-hugo-et-les-miserables/
« quatre jours » et il arrive de Toulon (l. 22). En un jour, c. Cette deuxième intervention fait écho à la première
il a parcouru « douze lieues à pied » (l. 23) (note n° 5). On (l. 39). L’évêque va encore plus loin dans l’hospitalité et
pourra souligner l’endurance et la résistance hors du propose ici non plus seulement d’accueillir J. Valjean à sa
commun du personnage. On apprend qu’il sait lire et qu’il table mais aussi de l’héberger pour la nuit dans de bonnes
a « appris au bagne » (l. 47). Il précise qu’il a été condamné conditions, dans le confort et la propreté : « des draps blancs
« cinq ans pour vol avec effraction » (l. 51) et qu’il a tenté au lit de l’alcôve ». Elle donne de lui l’image d’un homme
de s’évader « quatre fois » (l. 52) ce qui a donc rallongé bon, accueillant, charitable, sans préjugés.
sa peine de quatorze ans (l. 51-52). Son passeport indique
d. Les paroles de l’évêque sont rapportées au discours
que « Cet homme est très dangereux. (l. 52-53).
direct (l. 39 ; 56-57 ; 61-62 ; 75 ; 84-85 ; 87 ; 89 ; 97-98 ;
f. « L’expression de son visage » (l. 63) change totalement. 100). Les tirets et le verbe de parole « dit » le prouvent.
Elle était initialement « sombre et dure » (l. 63-64). Lorsqu’il Les paroles sont donc restituées telles qu’elles ont été
« comprit tout à fait » (l. 63), il éprouve des sentiments prononcées, ce qui permet de rendre le passage plus vivant,
successifs, ce que signale l’énumération « de stupéfaction, de créer un effet de réel mais surtout de faire entendre
de doute, de joie » (l. 64). L’expression de son visage, enfin, la manière de parler du personnage. Il s’exprime en effet
« devint extraordinaire » (l. 64) (synonymes : inhabituelle, avec simplicité et calme. Le narrateur précise d’ailleurs que
exceptionnelle). Son trouble se manifeste aussi dans sa sa voix est « doucement grave et de bonne compagnie ».
diction (l. 65) : « Il se mit à balbutier ». On pourra demander La présence de marques d’oralité comme les interrogations
aux élèves des synonymes de ce verbe (bégayer, bafouiller, (l. 84-85 ; 87 ; 100) ou l’exclamation (l. 89) soulignent
bredouiller…). La comparaison « comme un fou » met en l’intérêt du personnage pour Valjean.
évidence le bouleversement du personnage, confirmé par e. Il fait preuve de générosité en refusant l’argent de Valjean
la ponctuation expressive et la brièveté des phrases, parfois (l. 84-85) mais aussi d’intérêt pour ce qu’il a vécu (l. 87).
averbales (l. 66-74). Il est surpris par la proposition de Il se montre soucieux de l’accueillir de manière très confor-
l’évêque qui lui rend sa dignité en le traitant comme un table et chaleureuse (l. 97-98). Il s’intéresse au bien-être
semblable et non plus comme un paria : « Vous m’appelez du visiteur : « Vous devez avoir froid, monsieur ? » (l. 100).
monsieur ! vous ne me tutoyez pas ! » (l. 66-67). Son huma- Il est particulièrement bienveillant, charitable et fait preuve
nité lui est rendue : « Va-t’en chien ! qu’on me dit toujours. » d’un grand sens de l’hospitalité.
(l. 67-68). On comprend qu’il n’avait plus d’espoir : « Je
croyais bien que vous me chasseriez. » (l. 68). Il se réjouit Mademoiselle Baptistine
de ce dont il va bénéficier et qui lui semble extraordinaire a. Sa réaction est d’abord physique et très marquée :
après dix-neuf ans de bagne : un souper, un lit, un matelas, « se dressa à demi d’effarement » (l. 12-13), elle ressent
des draps (l. 69-70). Il est prêt à payer pour cette hospita- donc de l’effroi, de la stupeur. On remarque toutefois qu’elle
lité, ce que souligne l’anaphore de « je payerai » (l. 72-73). ne parle pas.
g. Jean Valjean s’étonne dans la mesure où cette désigna- b. « elle se mit à regarder son frère et son visage redevint
tion implique une forme de respect et de reconnaissance de profondément calme et serein » (l. 12-13). Les adjectifs
son statut d’individu dont il a totalement perdu l’habitude « calme » et serein » accentués par l’adverbe « profondé-
après avoir été si longtemps prisonnier et exclu de la société. ment » soulignent la confiance totale qu’elle a en l’évêque,
Cette marque de respect réjouit particulièrement Valjean lequel « fixait sur l’homme un œil tranquille » (l. 15). On
(cf. aussi l. 101-102). peut lire aux élèves un passage du roman qui met en
évidence la relation entre les deux personnages : « Pour cette
L’évêque sainte fille, M. de Digne était tout à la fois son frère et son
a. « Madame Magloire, dit l’évêque, vous mettrez un cou- évêque, son ami selon la nature et son supérieur selon
vert de plus. » (l. 39). l’église. Elle l’aimait et le vénérait tout simplement. Quand
b. L’hospitalité spontanée de l’évêque surprend dans la il parlait, elle s’inclinait ; quand il agissait, elle adhérait ».
mesure où Valjean vient de se présenter en tant que c. « Profondément » est un adverbe. Dans ce contexte,
galérien et de raconter qu’il a été rejeté de tous. Le prélat les synonymes possibles sont : entièrement, extrêmement,
ne commente ni le passé ni les péripéties de l’ancien forçat, infiniment, pleinement, totalement, intensément.
ne le juge pas, ne le condamne pas, ne se méfie pas de lui. d. « Mademoiselle Baptistine le considérait avec douceur »
Au contraire, il l’accueille à sa table. On pourra préciser (l. 81). On peut demander aux élèves des synonymes
76
du verbe « considérer » dans ce contexte : observer, regar- e. Madame Magloire est au service de l’évêque et de
der, examiner. Mlle Baptistine. On peut développer la réponse en citant
e. Elle aurait pu être effrayée ou au moins réticente en un passage du roman : « Ils avaient pour tout domestique
raison du passé de J. Valjean. une servante du même âge que mademoiselle Baptistine,
et appelée madame Magloire, laquelle après avoir été la
Pour aller plus loin servante de M. le Curé, prenait maintenant le double titre
On peut demander aux élèves de faire la description phy- de femme de chambre de mademoiselle et femme de charge
sique de Mlle Baptistine, telle qu’ils l’imaginent. de monseigneur […]. Madame Magloire était une petite
Madame Magloire vieille, blanche, grasse, replète, affairée, toujours haletante,
a. Madame Magloire reste muette, comme pétrifiée : « n’eut à cause de son activité d’abord, ensuite à cause d’un asthme. »
même pas la force de jeter un cri » (l. 10). Elle a toutefois
un mouvement physique involontaire, un sursaut : « Elle TOUS ENSEMBLE
tressaillit » (l. 10). Elle est profondément frappée par 1 Il s’agit ici de prendre la parole de afin de présenter
l’apparition de l’ancien forçat : « [elle] resta béante » (l. 11). de manière synthétique le personnage étudié dans une
b. Elle est probablement tout d’abord surprise car J. Valjean, démarche de compte-rendu, de hiérarchiser les informa-
qu’elle n’a jamais vu, a ouvert la porte avec « énergie et tions et de mémoriser les éléments importants, conformé-
résolution » (l. 2). De plus, elle est sans doute effrayée. ment aux compétences et programmes du cycle 4. On peut
Le personnage a en effet « une expression rude, hardie et, conseiller à chaque groupe de construire en amont de cette
fatiguée et violente dans les yeux. » (l. 7-8), il est « hideux » restitution une carte mentale qui les guidera et les aidera
(l. 8) et enfin, c’est une « sinistre apparition » (l. 9). à se détacher de leurs notes.
c. Lignes 39 ; 56-57 ; 97-96 2 Cette activité peut être l’occasion d’un rappel sur
d. Les verbes sont conjugués au futur de l’indicatif : « vous l’adjectif ( fiche 10 p. 272). On peut aussi développer
mettrez » (l. 39 et 56) et au présent de l’impératif : « mettez » ce temps d’oral en demandant aux élèves quel personnage
(l. 97). les a le plus marqués et pourquoi.

Jean Valjean à l’écran


2 Points communs et différences entre les trois adaptations.

Points communs Différences


• Valjean se présente : c’est un bagnard, il est • Adaptation en noir et blanc (extrait 1), en couleurs pour les extraits 2 et 3.
allé au bagne pour un vol de pain, il veut • Mlle Baptistine est absente de l’extrait 1.
manger, il a un passeport jaune, il peut payer, • Elle est présente dans les extraits 2 et 3 mais elle ne parle pas. Par le regard,
il est considéré comme dangereux. elle sollicite toutefois la bienveillance de Mme Magloire.
Il semble épuisé et il est vêtu pauvrement.
• Dans l’extrait 1, J. Valjean est plus offensif et plus inquiétant. Il est presque
• Mme Magloire est présente dans les trois menaçant avec l’évêque. Mais il se radoucit dès qu’il comprend qu’il sera
extraits. Elle est pétrifiée. accueilli.
• L’évêque a toujours la même attitude • Il est plus doux dans les deux autres extraits.
bienveillante. • Mme Magloire est plus brusque dans l’extrait 3 et elle s’exclame
« Mon Dieu ! » à l’arrivée de J. Valjean. Dans l’extrait 1, elle ne parle pas.
• La scène de repas est plus développée dans l’extrait 3 : Valjean boit sa soupe
avec bruit et avidité.

3 L’essentiel est ici que les élèves argumentent leur On peut diviser la classe en trois. Chaque groupe se consacre
réponse avec des exemples et passages précis des extraits plus précisément à un questionnement. Enfin, si l’on veut
visionnés. En classe, on peut les aider en proposant un gagner du temps, ce travail peut aussi faire l’objet d’une
premier visionnage sans prise de notes, puis un deuxième préparation individuelle à la maison. Les liens vidéo fournis
visionnage où on leur demande de comparer les trois le permettent. On procédera ensuite à un temps d’échange
extraits à l’aide d’un tableau. On peut étayer les élèves et de mise en commun tous ensemble, en cours. Dans tous
avec quelques points d’observation : les lieux, l’époque les cas, on conseille aux élèves de relire ou de réécouter
sont-ils respectés ? Les personnages sont-ils les mêmes ? le texte avant les visionnages. L’extrait 1 peut être considéré
Correspondent-ils à ceux du livre (sentiments, attitudes, comme l’adaptation la plus fidèle, on y retrouve le dérou-
apparence physique…) ? Comment Jean Valjean, en particu- lement du texte et certaines phrases sont restituées.
lier, est-il présenté ? L’adaptation de Raymond Bernard est d’ailleurs souvent
77
la préférée des cinéphiles. Dans les trois cas, l’esprit du pas- Oates, figure emblématique dans la littérature américaine
sage est respecté, ce que les élèves remarqueront sans doute. et Maylis de Kerangal, autrice française en pleine ascension,
4 Il peut sembler intéressant ici de rappeler aux élèves lauréate du grand prix de Littérature Henri-Gal de l’Acadé-
que, comme un metteur en scène, le réalisateur propose mie française en 2014, pour son ouvrage Réparer les vivants,
sa vision, sa lecture de l’œuvre. Il procède à des choix paru en 2013.
pour mettre en œuvre sa perception du texte à travers
1 Confessions d’un gang de filles
les costumes, les décors, les lumières, l’ambiance sonore,
1 La narratrice éprouve une vive colère face au jugement
des bruitages, et bien entendu par sa direction d’acteurs,
de sa voisine sur ses fréquentations, mais elle ne se montre
selon l’image qu’il se fait d’eux. Les élèves peuvent se
pas impolie : « j’ai répondu poliment » (l. 5). Cette colère se
montre curieux face à cette thématique, on peut donc
manifeste par une sensation de chaleur : « J’ai senti une cha-
prolonger la discussion sur le rôle du metteur en scène.
leur sur mon visage » (l. 3-4). Elle utilise un niveau de langue
5 Réponse libre.
très familier et vulgaire avec l’emploi du mot « garce » :
Votre bilan « comme si cette garce m’avait filé une claque » (l. 4).
Jean Valjean, paria et homme du peuple, envoyé au bagne 2 Le fait qu’une simple remarque la mette dans cet état
pendant dix-neuf ans pour avoir volé du pain fait ici preuve prouve que la narratrice est très sensible et susceptible ;
de franchise et de sincérité. Il se présente tel qu’il est : un elle ne supporte pas le jugement de valeur de sa voisine sur
ancien bagnard qui a purgé sa peine, victime des fatalités son amie. Cependant, elle tente de rester calme et, si elle
et des injustices de la société. Il se montre reconnaissant répond de manière insolente, elle ne le fait pas de manière
face à la générosité, la bienveillance, l’hospitalité, la frater- vulgaire : elle arrive à contrôler sa colère. Elle est donc à
nité de l’évêque. En cela, ces deux personnages porteurs la fois impulsive dans ses sentiments, mais réfléchie dans
de valeurs positives se différencient d’une société qui exclut ses paroles.
ce qui lui fait peur et ce qui s’éloigne de ses codes habituels.
3 LANGUE Le passage de la première personne du singu-
lier à la première personne du pluriel : « nous provoquions »
TESTÉ EN CLASSE Si ce texte peut paraître résistant, (l. 10) ; « Comme si nous n’étions plus des individus-filles,
les élèves le comprennent assez bien après une lecture mais un faisceau de flammes en marche » (l. 13-14) illustre
professorale suivie des ressentis des élèves. Tous com- bien l’esprit collectif et fusionnel du groupe.
prennent que Valjean n’était pas le bienvenu et que 4 Maddy, la narratrice, s’émancipe du cercle familial en
l’évêque est un homme bon. S’il est possible de travailler prononçant cette phrase à la voisine : « Ce n’est pas ma mère
par personnage, il est aussi envisageable de découper qui choisit mes amies. Je choisis mes amies moi-même. »
le texte en différentes parties et que chaque groupe ques- (l. 6-7). La reprise anaphorique du verbe « choisir », combinée
tionne les enjeux de l’extrait qui leur est attribué. à la première personne du singulier, montre sa volonté d’in-
dépendance et de liberté sur ses « choix ». La redondance
de l’utilisation de la première personne dans « Je choisis
Différenciation
mes amies moi-même » renforce cette idée de liberté
Il est possible d’émettre des hypothèses de lecture avant décisionnelle.
la lecture du texte grâce aux photogrammes puis d’affiner
5 Le gang de filles semble se séparer du monde grâce à un
ces hypothèses en regardant les extraits grâce aux liens
effet d’optique. Le champ lexical de la vision est présent
donnés. Enfin, venir au texte dont le sens global a été
dans la dernière phrase : « verre spécial », « nos yeux »,
compris par l’ensemble des élèves.
« le verre […] invisible ». Ainsi le gang a la volonté de ne
pas appartenir à cette société.
Lecture 4 Faire bande à part ? > p. 110-111
6 Sur l’affiche du film Foxfire, nous pouvons observer
Vos objectifs
un groupe de six adolescentes au regard froid, dans une
Cette Lecture permet d’aborder deux textes contemporains
posture fermée à la communication avec leurs bras croisés.
de deux autrices. Si la Lecture 3 proposait à l’analyse un
Elles semblent essayer d’être intimidantes et peu chaleu-
extrait des Misérables dans lequel Jean Valjean se retrouvait
reuses. Leurs habits (dans des tons sombres) et leur proxi-
seul face aux membres de la société, la Lecture 4 illustre
mité (main sur l’épaule) montrent leur complicité et leur
bien la définition même d’un gang, s’excluant lui-même de
appartenance à un groupe.
certaines valeurs de la société dont il fait pourtant partie.
L’objectif est donc de comprendre ces personnages en RÉÉCRITURE
rébellion tout en rappelant la notion de niveaux de langue C’est à cette occasion qu’elles ont commencé à remarquer
à travers ces deux textes. qu’elles provoquaient de leur part un regard dont elles
Il est par ailleurs intéressant de découvrir Joyce Caroll tiraient un plaisir mêlé d’appréhension.

78
La boîte Avec du style !
à mots
La métaphore filée se retrouve grâce aux termes suivants :
La définition du mot « gang » donne une vision dépréciative chasse, lasso, capture, sifflements à quatre doigts dans la
du gang de filles Foxfire. Elles aiment provoquer les membres bouche, des signaux lumineux au miroir, des criaillements
qui sont en dehors de leur gang et perdent leur individualité. de flamants roses, des feulements de puma, agile, véloce.

Pour aller plus loin Pour aller plus loin


Il est possible de montrer la bande-annonce du film ou Prolongement possible en langue par l’écriture :
de faire l’activité écrite de la page 117 qui reproduit un Il est envisageable de réécrire une partie de ce passage en
photogramme du film Foxfire. changeant le point de vue. On peut aussi demander, à un
groupe, de choisir le point de vue de la Sécurité et, à un autre
2 Corniche Kennedy
groupe, celui d’un individu appartenant au gang, puis de
1 La bande est ici perçue comme une meute d’animaux raconter la scène selon ces différents personnages pour les
sauvages grâce aux mots suivants, appartenant au même confronter dans une lecture collective finale.
champ lexical : « chasse », « lasso », « capture », « sifflements
 p. 241 > 3. Comment différencier les points de vue du narrateur ?
à quatre doigts dans la bouche », « des signaux lumineux
au miroir », « des criaillements de flamants roses », « des Votre bilan
feulements de puma ». Ces deux romancières racontent la rébellion de deux
2 « Ludique, tactique, agile, véloce » (l. 11) est une énu-
manières différentes : si les filles du gang Foxfire aiment
la confrontation directe et s’en réjouissent, le gang de la
mération d’adjectifs qualifiant le gang de la Corniche. La
corniche préfère jouer au chat et à la souris avec les forces
mimétique syntaxique « de la traque » est ici renforcée par
de la Sécurité. Les deux bandes sont cependant organisées
l’accélération du rythme. Cela peut provoquer du suspense
et interagissent en oubliant leur individualité. On le com-
chez le lecteur.
prend grâce à l’utilisation de la première personne du pluriel
3 LANGUE « les plongeurs ont disparu » (l. 25), le verbe
dans le texte de Oates et au comportement animal, orga-
« disparaître » est conjugué au passé composé avec la
nisé et minuté de la bande de la corniche que rien ne semble
valeur d’un passé proche.
effrayer chez Maylis de Kerangal. Les deux gangs aiment
4 Cet extrait décrit surtout un jeu entre une bande et les provoquer les membres extérieurs à leur bande, ici repré-
forces de l’ordre. Il n’y a pas vraiment de « confrontation » sentés par des adultes (la voisine/les forces de sécurité).
physique. Ils se cherchent et évitent justement cette
confrontation pour les provoquer davantage : « Peaufinait Lecture 5 Comment vivre sa différence ?
une technique de « casse » inventée pour narguer ceux de en GROUPE > p. 112-113
la Sécurité » (l. 14-15) ; « se répartir sur les trois plongeoirs,
Vos objectifs
au second signal, sauter selon un ordre établi, un plongeur
Il s’agit d’abord de faire découvrir aux élèves des textes
après l’autre, une seconde comptée entre chaque plouf,
contemporains traitant de la différence, qu’elle soit phy-
accompagner cette déflagration collective de hurlements
sique ou morale, à travers une galerie de trois autoportraits
et d’insultes » (l. 18-20).
de jeunes gens. Ce travail de groupe permet aux élèves de
5 L’affiche est une photographie prise en contre-plongée, découvrir des auteurs francophones à travers la thématique
nous observons deux jeunes gens : une fille qui est en train de l’acceptation de la différence. Les Lectures en groupe
de sauter et deux jeunes qui s’apprêtent également à le permettent de lire des textes plus courts et d’instaurer
faire. Le titre Corniche Kennedy montre juste cette célèbre un travail différencié selon les difficultés de chaque élève.
corniche dont il est question dans le livre. Dans l’extrait, Les Coups de pouce peuvent aider les élèves sur un aspect
il est également question de « sauts » réalisés en décalage du texte (sentiment, différence…). Cette méthode de lec-
afin d’échapper aux forces de la Sécurité : « attendre que ture offre également aux élèves la possibilité de travailler
le silence se fasse sur la corniche et qu’il s’écoule en autonomie et de proposer une restitution de lecture
cinquante-cinq minutes sans un plouf » (l. 15-16). personnelle lors du temps de mutualisation.
 À L’ORAL
EN GROUPE
Ce débat peut être organisé par rangs. Les élèves trouvent
collectivement des arguments pour/contre le comporte- 1 No et moi
ment des jeunes gens et le professeur (ou un élève) anime 1 a. Lou Bertignac a treize ans et elle est déjà au lycée,
le débat en classe. Cet exercice permet aux élèves de en seconde. Elle est d’ailleurs surnommée « le cerveau »
justifier leur avis, d’aiguiser leur argumentation et d’organi- par ses camarades (l. 5). Elle a une peur panique de prendre
ser leur pensée. la parole en classe.

79
b. Elle a « horreur des exposés » et « horreur de prendre 2 Les Impatientes
la parole devant la classe » (l. 8-9). Elle semble donc très 1 a. Ramla est une jeune femme ambitieuse et en quête
timide, en manque de confiance en elle, introvertie. On de liberté et d’émancipation féminine. Elle est différente
pourra souligner la répétition du mot « horreur » qui met des autres femmes de sa famille qui vivent avec d’autres
en évidence le malaise profond qu’elle ressent à l’idée aspirations : devenir femme au foyer, faire un beau mariage,
d’une intervention orale devant ses camarades. Elle a s’apprêter... Ramla se rebelle contre toutes ces traditions
conscience d’être perçue comme la « meilleure élève de la qu’elle trouve liberticides pour la femme.
classe, asociale et muette » (l. 13). On la sent en décalage, b. Ramla se décrit comme « différente » (l. 1) ; « je m’obsti-
en retrait, très réservée. nais à aller au collège » (l. 11).
c. Cet autoportrait est moral. Il n’y a ici aucune description c. C’est un autoportrait moral. Ramla est décrite à travers
physique. La seule indication relative à son apparence ses choix de vie et ce qu’elle veut.
est qu’elle porte des « Converse » (l. 11). On peut aussi
d. La jeune femme de 17 ans vit très bien sa différence, elle
supposer qu’elle est de petite taille : « ma petite hauteur »
n’hésite pas à exposer son point de vue même dans des
(l. 11).
situations conflictuelles.
d. Lou est ici dans une situation précise : elle ne s’est pas
e. Ses sœurs et sa mère ne la comprennent pas : « Pour ma
inscrite sur la liste des exposés puisqu’elle déteste prendre
mère, c’est comme si j’étais une extra-terrestre » (l. 1-2).
la parole en classe. Elle se sent donc fautive, ce que souligne
Il y a ici une confrontation au sein de la famille, car Ramla
le champ lexical policier : « J’espérais le sursis, c’est le flagrant
casse les codes de son éducation et de la tradition jusqu’alors
délit » (l. 3-4). Elle ressent surtout un profond malaise
suivie par l’ensemble des femmes de la famille.
physique, car elle est terrorisée à l’idée de s’exposer aux
autres, ce que montre l’hyperbole : « Si je pouvais m’enfon- 3 Un garçon c’est presque rien
cer cent kilomètres sous terre, du côté de la lithosphère »
1 a. Roméo est un lycéen sensible qui vit très mal sa diffé-
(l. 7). L’intensité de ce qu’elle ressent : « une faille sismique
rence émotive. Cela permet aux élèves de revoir aussi
s’est ouverte sous mes pieds […] je préférerais m’évanouir là,
les sentiments et émotions que l’on « genre » parfois à tort.
[…] foudroyée » (l. 9-10) montre l’ampleur de sa détresse.
En fait, elle va jusqu’à souhaiter perdre connaissance pour b. Roméo utilise une reprise anaphorique, tel un refrain « Je
échapper à sa situation : « foudroyée, je tomberais raide de suis sensible, Sensiblement différent ».
ma petite hauteur » (l. 10-11). Toutefois, l’épitaphe qu’elle c. C’est un autoportrait moral où l’adolescent déplore sa
imagine (l. 12-13) montre aussi qu’elle a de l’humour et un forte sensibilité (physique : sport, scène chez l’infirmière) ou
certain recul sur elle-même et sur la situation, une forme encore dans des situations de tous les jours (ne pleure pas
de maturité. devant un film par peur du jugement, jugement des parents,
e. Le champ lexical du regard : « Monsieur Marin m’observe » peur du jugement dans les transports en commun).
(l. 2) et « vingt-cinq paires d’yeux tournés vers moi » (l. 4) d. Contrairement à Ramla, Roméo vit très mal sa différence,
montre que Lou est (ou se sent) scrutée. Elle est aussi au point de faire attention à ne pas montrer sa sensibilité.
l’objet de moqueries de la part des filles de sa classe qui, Il a honte de lui et de l’image qu’il reflète.
en revanche, semblent complices : « Axelle Vernoux et Léa e. Ses parents rabaissent Roméo et le jugent « mauviette »,
Germain pouffent en silence derrière leurs mains » (l. 5-6). « fragile » (l. 3), au lieu de l’aider et de le soutenir.
On sait aussi que Lou est surnommée « le cerveau » (l. 5),
ce qui est ici péjoratif et malveillant.

Différence Type Sentiments Réactions


Texte
du personnage d’autoportrait du personnage de l’entourage
1 Elle est en décalage avec Moral. Lou ressent essentiellement Lou est observée, scrutée
les autres en raison de Elle se sent un malaise physique. par son entourage :
ses deux ans d’avance « asociale » Elle est dans un état proche « vingt-cinq paires d’yeux
et de son excellent (l. 13). de la panique. Elle se sent aussi tournés vers moi » (l. 4).
niveau scolaire. observée, moquée. Elle est aussi l’objet de
Elle est surnommée Elle subit le regard des autres. Elle moqueries de la part de
« le cerveau » (l. 5), elle se sent surtout isolée, très seule. ses camarades de classe.
est « la meilleure élève
de la classe » (l. 13).

80
2 Ramla se sent différente Moral. Elle est déterminée à poursuivre Ses parents rabaissent
par rapport aux attentes « Moi je suis ses études afin de pouvoir Roméo et le jugent
sociales de sa famille. différente. Je l’ai s’émanciper : « m’en allais […] me « mauviette », « fragile »
Elle ne veut pas s’inscrire toujours été » replonger dans mes livres » (l. 6). (l. 3), au lieu de l’aider et
dans le schéma patriarcal (l. 1) ; Ramla attache peu d’intérêt aux de le soutenir.
reproduit par les femmes « Je m’obstinais à choses matérielles : « Quand
de son entourage. aller au collège » mes sœurs tombaient en
« Moi, je suis différente. (l. 11). pâmoison devant les beaux
Je l’ai toujours été » (l. 1) ; pagnes multicolores […] j’arrivais,
« Elles me traitaient de bonne dernière, prenais un pagne
folle » (l. 13). dont généralement personne ne
voulait… » (l. 2-6).
3 Roméo se sent différent Moral. Roméo se sent attristé par cette Il semble incompris par tout
par son hyper-sensibilité. « Je suis sensible ». situation, il va même jusqu’à ne le monde : tant dans la
Reprise anaphorique pas dire ce qu’il ressent, comme sphère familiale (« Ma mère
pour marquer sa sa sensibilité face à un film de dirait mauviette, mon père
grande différence peur qu’on le juge : « Je repense à fragile », l. 3) qu’au lycée
et illustrer les ce jour où j’ai pleuré en regardant (« le prof de sport
différentes Le magicien d’Oz, et où j’ai gardé constituait les équipes […]
situations blessantes ces larmes pour moi par peur Mets-toi sur le côté, tu vas
dans lesquelles qu’on ne les comprenne pas » les faire perdre », l. 10-11).
il s’est retrouvé : (l. 17-18). Les autres acteurs de la
« Je repense à ce société le jugent également :
jour… » (l. 6). « L’infirmière a ri » (l. 13).

TOUS ENSEMBLE Pour vous aider à lire et à écrire > p. 116-117


3 Ce résumé peut être fait par les élèves qui proposent
leur propre « lecture » et analyse du texte grâce au ques-
Grammaire et conjugaison
tionnement fait en groupe. L’expression de l’ordre grâce à la conjugaison
4 Le regard de la société sur les différents personnages
peut amener à un débat sur la différence et l’inclusion. Ce J’observe
temps de parole est envisageable dans un cadre bien 1 et 2
défini par le professeur où tous les élèves s’écoutent et Texte 1 : « Descends » : présent de l’impératif, 2e personne
peuvent contredire en argumentant. Cette activité permet du singulier – Texte 2 : « mettrez » : futur de l’indicatif –
aux élèves de se préparer à l’argumentation, mais aussi « asseyez-vous », « chauffez-vous » : présent de l’impératif,
de s’entraîner à prendre la parole pour défendre son point 2e personne du pluriel – Texte 3 : « vends » : présent de l’im-
de vue, qui est l’un des attendus de l’épreuve orale du DNB. pératif, 2e personne du singulier – Texte 4 : « vois » : présent
5 Réponse libre. de l’impératif, 2e personne du singulier.
Votre bilan Je m’entraîne
Le bilan permet aux élèves de prendre connaissance des
trois textes et d’en retenir le principal, notamment la notion On peut proposer aux élèves en difficulté à s’aider des
d’« autoportrait », mais aussi la différence entre portrait tableaux de conjugaison  p. 314.
« moral » et « physique ». 3 a. attendras – feras b. Arrête – sois c. payerez/paierez –
assumez d. Préparez – cuisinerez e. envoyez – devrez.
Passerelles
J’écris
Il est possible de mettre en lien le texte Les Impatientes avec
la Lecture 1 de la séquence 4, dédiée à la pièce La Colonie 4 Calme-toi, s’il te plaît, et cesse d’être insolent. Tu écriras
de Marivaux (p. 82), où l’on a également une réflexion sur pour demain une lettre d’excuses dans laquelle tu expliqueras
la place des femmes dans la société. aussi ton attitude. N’oublie pas que tu dois respecter ta profes-
seure et pense que je suis là pour t’aider à progresser. Sois*
raisonnable et reste* correct, ne passe pas pour* un impoli.
* Verbes d’état

81
Les points de vue du narrateur immobile, mais des frissons lui parcourent le dos et sa vue
se trouble. Elle a l’impression qu’elle va s’évanouir. Celle qui
 p. 241 > 3. Comment différencier les points de vue du narrateur ?
lui fait face a du mal à se contrôler et a très envie de s’enfuir.
J’observe Pour se donner du courage, elle se répète que ce n’est qu’un
1 Texte 1 : 3e personne du singulier – Texte 2 : 1re personne mauvais moment à passer.
du singulier. Défi Activité possible : On peut faire travailler les élèves
2 Texte 1 : Point de vue externe. Le narrateur ne décrit que par deux. Un élève donne sa production à son binôme qui
ce qu’il observe de l’extérieur de la scène. Il ne livre pas au a pour consigne d’identifier le point de vue choisi et de jus-
lecteur ni les pensées ni les sentiments du personnage. tifier sa réponse en soulignant les mots et les expressions
Texte 2 : Le texte est écrit à la 1re personne du singulier, qui lui ont permis de répondre.
le narrateur est un personnage de l’histoire et il se présente. Pas plus tard que la semaine dernière, elle était décidée à ne
Le point de vue est donc forcément interne. plus avoir de conflit avec celle qui avait été sa meilleure
3 Texte 1 : Le point de vue externe donne une vision amie quand elles étaient à l’école du quartier. Elle avait pris
d’ensemble du personnage et le rend ici plus mystérieux et de bonnes résolutions et décidé de tout changer : sa manière
effrayant. On apprend qu’il est muni d’un sac et d’un bâton, de se comporter, sa coiffure... Elle avait demandé au coiffeur
qu’il a « une expression rude, hardie, fatiguée et violente de couper sa longue chevelure. Elle était persuadée, sans
dans les yeux » et qu’il « était hideux ». La narratrice quali- comprendre pourquoi, que cela l’aiderait à devenir plus
fie cette « apparition » de « sinistre ». forte.
Texte 2 : Le narrateur, personnage qui se présente, exprime
ici la manière dont il se perçoit et se définit. Sa personnalité
Les niveaux de langue
semble complexe. Les élèves remarqueront sans doute, en 1 Texte 1 : courant – Texte 2 : soutenu – Texte 3 : familier.
effet, une apparente contradiction entre la première phrase
« Je ne suis pas un garçon ordinaire », et la dernière phrase Différenciation
« Tout ça fait de moi un garçon comme les autres », qui suit On peut demander aux élèves les plus à l’aise de réécrire un
l’énumération de ses activités quotidiennes. ou plusieurs extraits en changeant de niveau de langue.
Pour ceux qui ont plus de difficultés, on peut proposer
Je m’entraîne de relever les mots et expressions qui leur ont permis de
4 a. J’étais fatigué, car j’avais marché deux heures dans répondre.
le froid en ayant très faim. Mon ventre gargouillait. J’avais 2
repoussé mes limites et je pensais qu’à une chose : manger.
Familier Courant Soutenu
b. Elle veut intégrer ce gang. Elle ne cesse d’y penser depuis
des jours. Elle veut appartenir à un clan, un groupe qui ne Piquer Voler Dérober
l’exclurait pas. Poto Ami Camarade
c. Elles sont les FOXFIRE. Elles semblent n’avoir peur de Godasses Chaussures Souliers
rien ni de personne. Elles paraissent ne pas prendre en Bagnole Voiture Automobile
compte l’avis des autres. Elles ont l’air libres de tout ! Flics Policiers Gardiens de la paix
Meuf Femme Dame
J’écris
3 Argent  fric – pognon
5 Point de vue interne
Hideuse  moche – cheum (verlan)
Elle m’agace. J’ai envie de lui crier ma colère et de lui dire que
Père  papa – daron
sa queue de cheval est ridicule. J’avoue qu’elle me fait peur
Comprendre  piger – capter
aussi, mais je n’ai aucune envie qu’elle le comprenne. Je pré-
Démodé  ringard – has been
fère me répéter que je suis plus forte qu’elle. Je m’efforce
de respirer le plus calmement possible. Je me sens capable
Réécriture
de tout.
Point de vue externe 1 , 2 et 3
La sonnerie vient de retentir. Les deux adolescentes, de la J’  ai besoin de douze cents francs, et il me les faut à
même taille, ont un air menaçant. Elles se font face et se tout prix. Ne dis rien de ma demande à mon Père, il s’y
regardent dans les yeux depuis quelques minutes. Pas une opposerait peut-être, et si je n’avais pas cet argent, je
ne bouge d’un millimètre. Elles respirent bruyamment. Elles serais en proie à un désespoir qui me conduirait à me
semblent déterminées et prêtes à se battre. brûler la cervelle. Je t’expliquerai mes motifs aussitôt
Point de vue omniscient que je te verrai, car il faudrait t’écrire des volumes pour
L’adolescente aux cheveux courts n’a aucune intention de te faire comprendre la situation dans laquelle je suis.
montrer sa peur. Elle essaie de toutes ses forces de rester Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835.
82
4 , 5 et 6 Différenciation
Nous avons besoin de douze cents francs, et il nous les Grâce à la fiche Coup de pouce de l’atelier, on peut fournir
faut à tout prix. Ne dis rien de notre demande à notre Père, le corps d’une lettre vierge aux élèves à besoin éducatif
il s’y opposerait peut-être, et si nous n’avions pas cet particulier pour qu’ils puissent rédiger le contenu de la lettre
argent, nous serions en proie à un désespoir qui nous dans un modèle qui les guidera.
conduirait à nous brûler la cervelle. Nous t’expliquerons Il est également envisageable de faire une carte heuristique
nos motifs aussitôt que nous te verrons, car il faudrait d’idées collectives pour guider les élèves en manque
t’écrire des volumes pour te faire comprendre la situation d’arguments ou d’idées. Cette activité peut être réalisée
dans laquelle nous sommes. lors de l’étape 1. Tous pourront s’approprier des idées venant
Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835. des pairs et elles seront alors inscrites au tableau par le
professeur.
Différenciation
On peut enrichir la consigne pour les élèves, les plus à l’aise, TESTÉ EN CLASSE Cet atelier a été réalisé en fin de
en leur demandant de réécrire le texte en imaginant que
séquence. La tâche écrite concernant la Lecture 2 avec
l’expéditeur vouvoie le destinataire de la lettre.
le texte de Balzac (p. 104) avait déjà permis de diagnosti-
quer les prérequis des élèves concernant la lettre. Ils ont
également lu la lettre de Mathilde à son père dans la
Atelier écrit Défendre son point de vue
Lecture 1 construite sur Le Rouge et le Noir (p. 103). Ainsi,
en écrivant une lettre > p. 118-119
nous sommes revenus sur leurs connaissances tout en
Cet atelier est à privilégier en fin de séquence afin que l’élève les consolidant. Après avoir bien expliqué à l’oral les
utilise les notions abordées à travers les différents textes différentes étapes de l’atelier, nous avons réécrit tous les
de conflits romanesques. En effet, les personnages des noms des personnages rencontrés lors de cette séquence
textes rencontrés au fil de cette séquence pourront lui per- ainsi que leur source de conflit.
mettre de nourrir ses idées pour le travail écrit. De nombreux élèves ont choisi les héros adolescents de la
Cet atelier est à prévoir sur plusieurs heures en classe. Lecture 5 en groupe (p. 112-113), le processus d’identifica-
Il peut se réaliser en binôme ou seul. Les élèves peuvent tion devant aider à trouver des idées. Ces personnages
également feuilleter le manuel pour y trouver des idées et sont en effet proches de nos élèves et des problématiques
s’en inspirer : qu’ils rencontrent au cours de leur scolarité.
• Page 116 : « L’expression de l’ordre grâce à la conjugaison » ; Les élèves ont produit un premier jet, seuls, puis j’ai relu
• Page 247 : fiche méthode 9. « Comment rédiger une argu- et annoté les « manques ». Enfin, avant de rendre les
mentation et utiliser des connecteurs logiques ? » brouillons, j’ai mélangé et distribué les brouillons parmi
Ces pages pourront guider les élèves dans les différentes les élèves. Chacun devait donner un conseil à son cama-
étapes de la création de leur lettre. Les différents Coups rade en le formulant de manière bienveillante à la fin du
de pouce, dont celui sur l’organisation d’une lettre, favorise- brouillon. Les élèves ont lu leur brouillon à l’oral pour
ront l’autonomie des élèves dans cette activité. Le profes- qu’ils se rendent compte des erreurs de syntaxe.
seur peut aussi choisir de consacrer une partie du cours L’heure suivante, nous sommes allés en salle informatique
à la manière d’organiser un texte épistolaire. Cette étape pour que les élèves réécrivent leur lettre en s’aidant du
rend plus accessible la compétence concernant la « connais- correcteur orthographique, du dictionnaire des syno-
sance des caractéristiques principales des différents genres nymes en ligne et en respectant la forme épistolaire.
à produire ». Certains élèves sont allés chercher des adresses.
Cet atelier amène à travailler sur les compétences suivantes Voici une production finale d’élève (Meryeme, 4e E) :
du socle commun :
• « Adopter des stratégies et des procédures d’écriture
efficaces » ;
• « Pratiquer l’écriture d’invention ».

83
Ramla Zitou Idia Benzouko
56, rue Ngosso Din 15, rue Njo-Njo
99322 Douala, CAMEROUN 99322 Douala, CAMEROUN
Le 8 octobre 2021, à Douala.

Ma chère Idia,
Je t’écris avec le cœur serré. Depuis notre dispute sur l’indépendance des femmes camerounaises,
je ne cesse de penser à comment sauver notre amitié tout en te faisant comprendre mes idées.
Tu dis que ton oncle est venu informer ton père qu’il allait te marier au cousin de son patron,
mais connais-tu ce jeune homme ? Souhaites-tu vraiment te marier et abandonner tes projets ?
Je n’arrive pas à croire que tu vas accepter que ton père te « donne » à un inconnu.
Je peux entendre tes mots, mais sont-ils bien les tiens ? N’es-tu pas victime de l’éducation donnée
par nos parents ?
Si je suivais la vie de ma mère, je serais destinée comme elle à être davantage devant une marmite
gigantesque de notre succulent ndolé que devant mes livres ! C’est d’une tristesse… Nous valons
mieux que cela.
Tout d’abord, nous sommes aussi sérieuses et intelligentes que les garçons. C’est une chance pour
nous de pouvoir aller à l’école pour apprendre davantage.
De plus, dans d’autres pays il y a des femmes qui dirigent de grandes entreprises, d’autres qui
sont ministres et ont de grandes responsabilités… sans pour autant délaisser leur rôle de mère
de famille. Il y a bien des reines plus importantes que leur mari ; comme au Royaume-Uni… Cela
est donc possible !
Réagis, Idia ! Cet avenir pourrait être le mien, le tien… Ne laisse pas les autres guider ton avenir.
Tu es une élève brillante, tu n’as pas besoin de te marier, d’être la femme parfaite, la « fée du
logis » pour exister. Ta vie est déjà le résultat de tes réussites et non de celles d’un homme.
Je suis convaincue qu’au fond de toi, tu penses la même chose mais que tu n’oses pas te rebeller
contre ta famille et nos coutumes.
Accepterais-tu que l’on en reparle autour d’un bon verre de jus de fruits frais ? J’espère vraiment
que l’on trouvera un moyen de se comprendre et de s’accepter. Si telle est ta décision, ta propre
décision d’arrêter les études et de te marier avec l’homme choisi par ton oncle, alors je me réjouirai
sincèrement pour toi, mais si ce n’est pas le cas, laisse-moi te convaincre.
Je t’embrasse,
Ramla, ton amie un peu (trop) étrange.

Au cinéma Le Kid de Charlie Chaplin : ensemble 2 Comme dit précédemment, les deux personnages au
contre tous ? > p. 120-121 premier plan regardent dans la même direction. Ils vont
certainement avoir une interaction ou un lien va les unir
Observer l’affiche du film
à un moment donné dans le film. On peut supposer que
1 L’affiche du film est construite à partir d’un élément
le « Kid » est ce jeune enfant. De plus, le regard sévère du
central : un chapeau melon, l’attribut d’un des personnages policier laisse deviner que les deux personnages principaux
principaux, Charlot. Sur ce chapeau, on voit un enfant auront des problèmes avec la justice ou du moins ce troi-
montrant du doigt quelque chose qui est hors-champ, ainsi sième personnage.
qu’un personnage (portant ce même chapeau) qui regarde
3 Certains personnages semblent en marge de la société,
dans cette direction. En arrière-plan, un homme peut être
notamment le jeune garçon avec ses haillons. La posture
identifié comme un policier grâce à son uniforme ainsi
de Charlot, un peu nonchalant, avec les mains dans les
qu’à sa posture, un peu sévère (mains sur les hanches, regard
poches, peut également illustrer un personnage marginal.
réprobateur). Le fond jaune tranche bien avec ce chapeau
Enfin, la présence du policier, derrière eux, comme une
noir. Le titre Le Kid apparaît sous le chapeau, comme un
menace, renforce cette impression de mise à l‘écart des
visage dessiné grâce aux trois lettres du personnage. Il est
deux protagonistes. Il est fort possible que le film raconte
important de rappeler que cette affiche a été créée en 2019,
l’histoire de Charlot et du Kid, leur rencontre et leurs pro-
mais que le film date de 1921.
blèmes avec la justice.

TESTÉ EN CLASSE Il est intéressant de soumettre


TESTÉ EN CLASSE Il est possible de faire des hypo-
plusieurs affiches du film aux élèves et de les comparer.
thèses de lecture d’image, en binôme, dans une activité
On peut également leur demander quelle affiche ils pré-
autonome courte, et de collecter les informations de
fèrent et de justifier leur choix en l’argumentant.
chaque groupe en les schématisant à l’aide d’une carte
Décrire un document iconographique peut entraîner les
heuristique.
élèves pour l’une des questions de l’épreuve de français
du DNB, à savoir relier un texte et une image après l’avoir
Regarder la bande-annonce
brièvement décrite.
1 L’hypothèse de lecture d’image a permis de poser les
84
jalons de notre analyse filmique. L’homme au chapeau, aussi leur posture (peut-être font-ils l’aumône ?) renforce
Charlot et l’enfant semblent très proches. Charlot a recueilli cette idée.
l’enfant alors qu’il n’était qu’un bébé comme le montre Comprendre la réflexion sur la société
la bande-annonce. Ils sont également complices dans leurs
1 Charlot et John ont monté un stratagème pour récupé-
bêtises (combats, courses poursuites…).
rer de l’argent. L’enfant jette une balle sur les carreaux des
2 Les deux protagonistes du film apparaissent comme maisons, brisant ainsi des carreaux, tandis que Charlot, qui
des marginaux, car on les voit dans des conflits avec des semble vitrier (il porte des carreaux dans son dos), propose
représentants de la justice. Ils fuient certaines situations et ses services aux habitants ayant eu une fenêtre abîmée.
leur cadre de vie est très bohème (intérieur du logement de
Il peut être important de signaler qu’à l’époque le verre
Charlot précaire, comportement de l’adulte avec l’enfant,
des fenêtres était bien moins épais et solide qu’aujourd’hui,
peut-être, inapproprié : Charlot semble davantage l’ami de
et qu’une balle, même projetée par un jeune enfant, pouvait
l’enfant que son représentant légal. Le Kid est certainement
causer des dégâts.
un orphelin que Charlot a recueilli).
2 Ces deux personnages forment une bande organisée
3 Le quotidien des deux personnages principaux va être
parce qu’ils agissent ensemble et ont planifié leur arnaque :
bouleversé par des problèmes avec la justice : un policier
d’abord John détériore les habitations en cassant des
les poursuit à la suite de la découverte d’une escroquerie
fenêtres, puis Charlot arrive juste après l’incident et propose
qu’ils avaient montée.
ses services de vitrier. Ils récoltent de l’argent en escroquant
4 Certains éléments sont présents pour faire rire le specta- les habitants.
teur : les mimiques de Charlot, les scènes de conflit sont
3 Sur les deux photogrammes, on voit que le policier
presque chorégraphiées, la relation de l’enfant et de Charlot
observe le travail de Charlot en se tenant derrière lui :
comporte également des éléments comiques : lorsque
il le surveille. Ce même policier pourchasse John et Charlot,
Charlot lave l’enfant, la manière dont il est porté lorsqu’il
qui courent en se donnant la main, preuve de leur compli-
est encore un nourrisson ou encore l’aménagement inté-
cité. L’agent de police a perdu son couvre-chef et la veste
rieur du logement de Charlot. Notons cependant que la
de son uniforme est ouverte. Il paraît ridicule. On peut
musique est assez triste.
donc imaginer que Charlot et John vont avoir des problèmes
Découvrir un duo de marginaux avec la justice à la suite de leur arnaque. John a, peut-être,
1 Ce photogramme montre Charlot et John, regardant face été séparé de Charlot à la suite de cet incident. Ce dernier
caméra en position assise. Charlot porte un costume trois risquera la prison.
pièces élimé, son pantalon semble sale et ses chaussures 4 Bien que ce soit une situation très grave (délit d’escro-
sont abîmées. Son chapeau est trop petit pour sa tête, ce qui querie, trouble à l’ordre publique), la course poursuite avec
lui donne un air ridicule. La moustache qui le caractérise le policier est grotesque et fait rire les spectateurs. Cette
ressort sur son visage blême. Il croise les bras, comme s’il scène appartient donc au registre comique.
n’était pas content de quelque chose ou qu’il attendait À votre tour maintenant
un évènement. John, l’enfant, porte une salopette déchirée
Les élèves pourront s’aider des séances précédentes et
et son sous-pull semble trop grand pour lui. Il a également
des textes déjà étudiés lors de leur travail rédactionnel.
un béret en guise de couvre-chef. Il semble très jeune (l’ac-
Le travail en groupe amène les élèves à mutualiser leurs
teur, Jackie Coogan, a 7 ans lorsqu’il joue dans The Kid).
idées. Les élèves peuvent s’aider de situations déjà obser-
2 vées à la télévision, sur les chaînes d’informations, dans
Ressemblances Différences des séries, des films et des livres qu’ils connaissent, tout en
respectant le contexte du film.
Les deux personnages portent Ils n’ont pas le même
des habits abîmés et inadaptés âge et ne portent pas Pour aller plus loin
par leur taille (chapeau trop petit, le même style de
vêtements de John trop grands). vêtements : Charlot On peut demander aux élèves de faire un exposé sur Charlie
Ils ont tous le deux une posture essaye d’être chic Chaplin à partir de cette vidéo ou grâce à leurs propres
d’attente. malgré l’usure de ses recherches (faites en salle informatique, au CDI ou encore
Si l’on observe bien l’expression vêtements, John porte chez eux). Il peut également être intéressant de leur mon-
de leurs visages, ils ne semblent des vêtements trer la bande-annonce d’un autre film célèbre de Chaplin,
pas heureux. adaptés à un enfant comme Les Temps modernes ou encore Le Dictateur.
(salopette, sous-pull).
The Kid est en intégralité sur la page Wikipédia dédiée au
3 À en juger par leurs habits et l’endroit où ils sont (arrière- film. Sa longueur permet de le visionner en entier, sur une
plan délabré et poussiéreux, porte abîmée), ces deux per- heure de cours, après l’étude et l’hypothèse de lecture
sonnages semblent être d’un rang social pauvre. L’usure des construite par les élèves.
vêtements qu’ils portent, la tristesse sur leurs visages mais
85
Faisons le bilan > p. 122 2 Il n’est pas favorable aux études de sa fille, car il les rend
responsables de l’attitude de sa fille (l. 9-10) et il craint aussi
Cette page propose de revenir de manière visuelle et
qu’elles ne nuisent à sa santé : « La lumière sous la porte de
synthétique sur les points essentiels de la séquence 5.
ma chambre le soir lui faisait dire que je m’usais la santé. »
Elle est un outil de réactivation et accompagne les élèves
(l. 10-12). On pourra souligner avec les élèves que le père
en vue de l’évaluation, dans l’objectif de la rendre explicite.
n’est pas indifférent et qu’il s’inquiète. De plus, il accuse
Elle met, en effet, en évidence l’essentiel, ce qui peut les
les études de rendre sa fille malheureuse, de gâcher sa
rassurer, tout en guidant les apprentissages. Un premier
jeunesse, ce qu’exprime la métaphore : « Une absence de vie
encadré reprend le fil rouge de la séquence (« La confronta-
à la fleur de l’âge » (l. 14). Enfin, il craint le regard des autres
tion aux autres dans la littérature ») et sollicite, par ailleurs,
dans la mesure où à cette époque et dans l’univers des
la réception personnelle des élèves : « Quel thème avez-
petits commerçants, faire des études, pour une fille, n’est
vous préféré étudier ? ». On pourra leur demander de justifier
pas courant.
leur choix. Dans un deuxième encadré, on rappelle les outils
qui permettent de mettre en place « L’iden­tification aux 3 Le père n’est pas totalement opposé aux études de sa
personnages ». La propostion « Retrou­vez un de ces niveaux fille, car elles sont « une souffrance obligée » d’abord pour
de langue dans un texte de la séquence » engage à un feuil- obtenir « une bonne situation » et aussi « pour ne pas
letage du manuel et à des temps de relecture. prendre un ouvrier » (l. 12-13). Les émotions exacerbées et
Le quiz interactif permet de fixer les savoirs et de les récapi- les sentiments contradictoires du père confirment à quel
tuler ; il est également un levier de révision. La dernière point ses relations avec sa fille sont difficiles et complexes.
rubrique, « Et vous, dans tout ça ? », encourage à prendre 4 « Devant la famille, les clients », le père ressent « de
du recul sur les textes et à se les approprier (question 1), la gêne, presque de la honte » (l. 16). Il a peur du regard
tout en les amenant à produire un écrit argumenté des autres sur sa famille, parce que sa fille ne gagne pas
(question 2). Enfin, la question 3 permet de mutualiser, sa vie alors que, pour cette époque, elle en a l’âge (17 ans) :
de construire et de faire le point ensemble. Elle conduit « Il craignait qu’on ne me prenne pour une paresseuse et
aussi à l’expression d’une pensée critique tout en entraînant lui pour un crâneur » (l. 19-20). Il refuse la responsabilité
les élèves à la pratique orale. de la différence de sa fille : « On ne l’a pas poussée, elle avait
ça dans elle » (l. 20-21). La narratrice cite au discours direct
Évaluation > p. 123 les paroles de son père pour les restituer de manière exacte,
ce qui crée un effet de réel et marque sa volonté d’être au
Compréhension et compétences d’interprétation plus près du personnage de son père, de dire la vérité.
1 La narratrice ne veut plus parler de ses études à son père 5 La thématique du conflit familial est présente dans la
parce que cet univers lui est étranger, il ne le comprend Lecture 1, où les deux textes mettent en scène des enfants
pas : « elles lui étaient incompréhensibles » (l. 4). Seul qui s’opposent à leur père, dont ils sont très différents. Les
le latin retient son attention parce qu’il en a quelques élèves citeront sans doute aussi Les Impatientes de Djaïli
connaissances, certainement très limitées, mais cela lui est Amadou Amal. On pourra leur demander à l’oral, lors de la
moins étranger que tout le reste. De plus, il semble ne pas correction, de justifier leur réponse en citant les textes en
porter d’intérêt à ses études : « il refusait de faire mine question et de mettre en évidence plus précisément les
de s’y intéresser » (l. 4-5). Enfin, « il se fâchait » quand points communs et les différences entre le texte de l’évalua-
la narratrice se plaignait du travail ou critiquait les cours tion et celui duquel ils ont choisi de le rapprocher.
(l. 5). Il n’apprécie pas qu’elle utilise un langage familier
pour évoquer ses études. Par ailleurs, il a une attitude Pour aller plus loin
de défiance face aux études de sa fille : « Mais que j’aime
Les élèves peuvent être curieux du personnage de la mère,
me casser la tête lui paraissait suspect » (l. 13-14).
brièvement évoqué dans le passage étudié (l. 5). Annie
Ce passage montre, en réalité, le fossé culturel qui se creuse Ernaux lui consacre aussi un livre en 1987 : Une Femme. On
entre la narratrice et son père. Elle porte en effet un regard en lire l’incipit aux élèves :
nouveau, presque méprisant sur son père qui « est entré Ma mère est morte le lundi 7 avril à la maison de retraite
dans la catégorie des gens simples ou modestes ou braves de l’hôpital de Pontoise, où je l’avais placée il y a deux ans.
gens » (l. 1-2). Les adjectifs en italique soulignent que ce L’infirmier a dit au téléphone : « Votre mère s’est éteinte ce
sont des mots qu’elle a entendus. Pour elle, son père est matin, après son petit déjeuner. » Il était environ dix heures.
entré dans une catégorie dont elle ne fait plus vraiment
Grammaire et compétences linguistiques
partie. La communication entre le père et la fille est donc
devenue difficile : « Il n’osait plus me raconter des histoires 1 Le niveau de langue est familier.
de son enfance. Je ne lui parlais plus de mes études » (l. 2-3). 2 Annie Ernaux est un personnage de ce récit rédigé la
La répétition de « ne... plus » montre bien que leur relation première personne qui correspond à l’autrice, à la narratrice
a changé. Les échanges deviennent rares. et au personnage de l’histoire. La narratrice rapporte ce

86
qu’elle a vu, entendu et pensé. C’est à travers son regard
et ce qu’elle ressent que le lecteur découvre le personnage
du père : « Il n’osait plus me raconter des histoires de son
enfance » (l. 2) ; « elles lui étaient incompréhensibles et il
refusait de faire mine de s’y intéresser » (l. 4-5) ; « Il s’éner-
vait de me voir à longueur de journée dans les livres » (l. 9) ;
« Mais que j’aime me casser la tête lui paraissait suspect »
(l. 13-14).
3 Il se fâchera quand je me plaindrai du travail ou critique-
rai les cours. Le mot « prof » lui déplaira, ou « dirlo », même
« bouquin ».

87
Informer, s’informer, déformer ?

« Jetez-vous dans
6 la presse à corps perdu »
Émile Zola > p. 124

1 Présentation de la séquence
Cette séquence s’inscrit dans l’entrée du programme du existe et fait de cette activité un outil de manipulation de
cycle 4 « Informer, s’informer, déformer ? », déclinaison au l’opinion, dont les acteurs peuvent être sujets à la corrup-
niveau 4e de la thématique générale « Agir sur le monde ». tion. Il est donc intéressant de s’interroger sur la multipli-
L’ambition de ce groupement de textes est, avant tout, cité de ces visions et sur les valeurs que peut (ou non) por-
de faire découvrir aux élèves la représentation fictionnelle ter la profession de journaliste.
et non fictionnelle d’une profession et d’un univers, celui L’« Atelier écrit », qui amène les élèves à la création
du journalisme. Certaines œuvres font partie du patri- d’une une de journal, les fait passer par des étapes impor-
moine national et international du xixe siècle (Illusions tantes : la confrontation à des documents et à leur compa-
perdues d’Honoré de Balzac, Bel-Ami de Maupassant, Dix raison, la sélection éclairée d’un modèle, la réflexion sur la
jours dans un asile de Nellie Bly). Elles sont ici associées à manière de structurer et de composer un journal destiné à
des textes qui ont été rédigés du début du xxe siècle à celui un public, la formulation concise et efficace d’idées, le tout
en faisant valoir leurs avis individuels au sein d’une équipe.
du xxie siècle. Cela permet de percevoir l’évolution des
La double-page « Au cinéma », volontairement orientée
considérations sociétales, individuelles et collectives por-
sur des films récents et mettant en scène des super-héros,
tées sur ce milieu si particulier (Au bagne d’Albert Londres,
n’a pas seulement vocation à plaire à l’élève. Elle entend,
Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas et Ceux qui
avant tout, montrer que les blockbusters, les œuvres dites
passent d’Haydée Sabéran).
« grand public », tiennent parfois des propos fins et perti-
Le titre de la séquence est une citation extraite d’un
nents sur des faits de société. Les réalisateurs sélectionnés
article d’Émile Zola, publié dans Le Figaro au moment des
(Zack Snyder et Sam Raimi) appartiennent, d’ailleurs, à
adieux de l’auteur au journalisme. En utilisant l’impératif, cette catégorie d’artistes-techniciens dont les œuvres se
mais sur le ton du conseil de l’aîné aux nouvelles généra- rapprochent esthétiquement, selon certains critiques, du
tions, l’écrivain énonce un souhait, un désir ardent, presque « film d’auteur ».
urgent : que les plus jeunes se lancent dans la presse Enfin, la page « Évaluation », qui porte sur l’article de
comme on se lance dans une bataille, dans un élan presque Zola d’où est extraite la citation liminaire, permettra aux
vital qui donne, à celui qui s’y soumet sous l’égide de la élèves de se confronter à un texte argumentatif, mêlant
vérité, une énergie féconde pour avancer dans le monde. autobiographie et engagement, ainsi que de découvrir
Cette citation ne doit pas cependant nous faire oublier l’autre facette – celle du journaliste – d’un écrivain majeur
qu’une représentation moins positive du journalisme du xixe siècle.

2 Objectifs de la séquence
Il s’agit, comme le préconisent les programmes officiels, meilleure perception du « monde de la presse et du journa-
de « comprendre […] les effets de la rédaction », la diffi- lisme ». L’angle, qui autorise des approches pédagogiques
culté de cette étape dans le processus de transmission de plurielles et variées, est donc large.
l’information, de s’interroger sur « les évolutions édito- Les deux premières Lectures sont attendues et cano-
riales de l’information » et de fréquenter des supports niques, bien qu’elles présentent d’emblée le journalisme
divers (journaux, podcasts) ; il s’agit encore de se question- comme étant difficile et non comme une source d’épa-
ner sur une éventuelle « manipulation de l’information », nouissement. Les questions d’éthique journalistique et de
où le concept d’éthique peut être convoqué. Enfin, les labeur sont posées, mais c’est le travail des mots, la fabri-
documents de la séquence sont autant de portes vers une cation d’un discours, qui est au centre de la réflexion.
88
Toujours sous forme de question, la troisième Lecture des mots, ils sont alors journalistes ; ils doivent faire appel
propose de réfléchir à un paradoxe : faut-il mentir pour à leur sens de la créativité pour fabriquer un document qui
accéder à la vérité ? Après le travail d’écriture, abordé attire l’œil et se font alors maquettistes.
dans les deux premières Lectures, elle invite les élèves Les pages consacrées à l’étude de la langue permettront
à découvrir une autre forme du journalisme : celle de aux élèves de pratiquer et d’identifier les rouages d’un récit
l’investigation. au passé, plus ou moins lointain, d’affiner leur compréhen-
La Lecture en groupes met à disposition des élèves des sion de la phrase complexe et de conforter leurs connais-
textes d’époques différentes, qui présentent une manière sances lexicales en lien avec le journalisme. L’exercice de
de travailler singulière : s’il s’agit toujours d’une enquête, réécriture invite les élèves à la transposition des interro-
le ton change et laisse parfois apparaître le ressenti du gatives et les accompagne dans leur parcours en vue du
journaliste, qui prend position. En effet, si ce dernier parle passage du brevet.
en son nom, il peut être aussi, bien souvent, porte-parole : L’écrit et l’oral sont équitablement travaillés dans cette
celui qui raconte l’histoire d’un autre que lui. Il est l’inter- séquence, et les activités proposées permettront aux
médiaire par lequel on accède à une tranche de vie. élèves de pratiquer différentes formes d’écrit argumentatif
À travers l’Atelier d’écriture, les élèves sont amenés à (blâme, lettre) et de prendre la parole dans des buts distincts
varier les postures : ils doivent être ceux qui distinguent et (lecture expressive, délibération, développement d’une
hiérarchisent les informations (laquelle mérite la première opinion, exposé). La prise en compte du destinataire pour
page ?), et revêtent donc l’habit du rédacteur en chef ; ils chaque production est essentielle.
doivent réfléchir à la formulation des titres et au pouvoir

Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• S’exprimer de • Analyser le • Contrôler sa compréhension, • Exploiter • Établir des liens
façon maîtrisée fonctionnement de devenir un lecteur autonome les principales entre des créations
en s’adressant à la phrase simple et > p. 128-135 fonctions de l’écrit littéraires et
un auditoire de la phrase complexe • Lire des œuvres littéraires > p. 129, 131, artistiques issues
> p. 133, 141 > p. 133, 138-139 > p. 128-135, À vos marque- 138-139, de cultures et
• Participer de façon • Consolider pages ! 140-141 d’époques diverses
constructive à l’orthographe lexicale • Adopter des > p. 130-131,
• Élaborer une interprétation
des échanges oraux et grammaticale stratégies et 132-133,
des textes littéraires
> p. 135 > p. 129, 131, 138-139 des procédures 134-135,
> p. 128-135
d’écriture efficaces 142-143
• Exploiter • Enrichir et structurer • Fréquenter des œuvres d’art
les ressources le lexique > p. 129, 131,
> p. 125, 126, 127, 131,
expressives > p. 132, 139 138-139,
142-143
et créatives de 140-141
la parole
> p. 129

Ouverture > p. 124-125 À la découverte… > p. 126


La séquence s’ouvre sur le détail d’un pastel d’Edgar Degas Deux activités sont proposées et permettent de considérer
qui représente une danseuse lisant le journal. Cette illustra- le métier de journaliste par des biais radicalement différents :
tion vise à mettre en avant un phénomène : la lecture de – celui de la fiction, dans un premier temps, avec le person-
l’information ne concerne pas qu’une élite sociale. La petite nage de bande dessinée incontournable qu’est Tintin (de
danseuse de Degas a l’air absorbée ; elle lit sur son lieu Hergé) ;
d’apprentissage et de travail, ce qui signifie que la presse – celui du documentaire, dans un second temps, avec le
n’est pas destinée uniquement aux gens oisifs, qui ont le podcast consacré à une figure importante du journalisme
temps de lire. La citation d’Albert Londres, quant à elle, du xixe siècle : Séverine.
permet d’aborder une autre facette de la presse : son objec- Dans les deux cas, les questions posées poussent l’élève à
tif, la transmission de l’information. Le parallélisme initial réfléchir sur la représentation qu’il se fait du journaliste
peut faire réagir quant aux buts que Londres ne se fixe pas et les stéréotypes qui peuvent l’accompagner (compor-
en tant que journaliste, mais la tournure métaphorique tements, attitudes, traits physiques…).
finale invite aussi les élèves à la réflexion.
89
Quelques repères > p. 127 À vos marque-pages ! > p. 136
La page « Quelques repères » permet de brosser rapi- Cette double-page présente des ouvrages de différents
dement l’évolution des moyens de diffusion de l’informa- genres qui portent un regard original sur le journalisme : à
tion dans le monde occidental, de l’Antiquité à aujourd’hui, dominante narrative, la sélection offerte permet d’envisa-
tout en posant la question actuelle et qui pourrait sembler ger ce métier comme une pratique « proche » des élèves ;
paradoxale d’une presse sans papier. Les thèmes de la publi- tantôt parce que l’adolescence est au centre du livre (Noor,
cité et de la déontologie peuvent amener à une discussion envoyée spéciale), tantôt parce que l’on peut se rendre
en classe et inviter les élèves à considérer, plus précisément, compte de l’impact direct que peut avoir le traitement de
le journalisme de leur époque. l’information sur nos vies (Quelque chose dans le ciel…).
Les propositions de lectures qui sont faites aux élèves les
Lecture 1 > p. 128 emportent à la fois dans des territoires éloignés et dans des
Les deux textes, issus d’Illusions perdues de Balzac, qui époques qui, sans être lointaines, ne sont pas contempo-
constituent la première Lecture, posent la question de la raines (La Vie vue d’en bas) : cela les invite à décentrer leur
véracité de l’information transmise et du positionnement regard. Par ailleurs, l’ouvrage documentaire Comment
du journaliste par rapport à l’opinion. Un type bien particu- s’informer est un bon outil pour découvrir les tenants et
lier de journalisme est ciblé ici : celui qu’exerce le critique aboutissants du monde de l’information. Enfin, le roman
artistique et littéraire. graphique Nellie Bly : dans l’antre de la folie permet un lien
direct avec l’une des lectures proposées, puisqu’il se
Lecture 2 > p. 130 concentre sur l’expérience de l’hôpital psychiatrique vécue
Cette deuxième Lecture met en avant deux aspects essen- de l’intérieur par Nellie Bly. Les élèves intéressés par cette
tiels du métier de journaliste : l’écriture et la fabrication, lecture en classe pourront aisément se plonger dans cette
c’est-à-dire la mise en mots de l’information. Dans le texte aventure et nourrir leur imaginaire grâce aux illustrations de
présenté, le célèbre personnage de Maupassant, Georges Carole Maurel.
Duroy, est confronté à la difficulté de mettre en mots son
sujet, ce qui le mène à une déconsidération de soi, excessive, Pour vous aider à lire et à écrire > p. 138
et à un profond désœuvrement. Cela permet d’aborder un Dans cette double-page de langue, on propose des notions
autre aspect du journalisme et plus généralement de l’écri- permettant l’analyse des textes narratifs, comme l’étude de
ture : la solitude de celui qui écrit. certains temps du passé. Les exercices sur les subordonnées
relatives et interrogatives indirectes permettent la manipu-
Lecture 3 > p. 132 lation de la phrase complexe, et sont utiles aussi bien dans
La troisième Lecture, qui met en regard le témoignage de le cadre d’une étude littéraire que d’une réécriture. Quelques
Nellie Bly et le récit de sa vie par Pénélope Bagieu, invite les mots incontournables du lexique journalistique font aussi
élèves à se poser la question des moyens d’obtenir des infor- l’objet d’un exercice.
mations, surtout quand celles-ci sont difficiles d’accès ou
protégées. Le point lexical sur le verbe « élucider » permet Atelier écrit > p. 140
de rappeler l’un des objectifs du journalisme, qui est de La création plurielle est à l’honneur dans cet atelier puisqu’il
mettre en lumière, de révéler certaines informations. Le lien s’agit d’endosser diverses « casquettes » pour réaliser
entre journalisme et enquête (« investigation », « élucider ») l’exercice. L’élève devra sélectionner des informations, les
fait écho à la première activité sur Tintin et peut tout à fait hiérarchiser, prendre des décisions artistiques, rédiger avec
faire l’objet d’une réflexion. concision tout en envisageant l’effet sur des lecteurs poten-
tiels. Dans la mesure où la fréquentation de la presse
Lecture 4 > p. 134 « papier » se raréfie chez les plus jeunes, la manipulation
Cette Lecture est à mener en groupes : soit chaque groupe des unes locales et nationales rendra cette activité à la fois
lit un texte sur les trois, soit, au sein de chaque groupe plaisante, instructive et originale. Au cours de l’activité,
(de trois, de préférence), chaque élève se charge d’étudier l’élève est accompagné dans un cheminement en cinq
un texte. La répartition est laissée au choix de l’enseignant, étapes. Des rubriques « Coup de pouce » lui permettent,
sachant que c’est la restitution individuelle orale au sein en outre, de rendre son écrit précis et efficace. La dernière
d’un collectif qui importe. De façon directe ou indirecte, le étape, celle de l’auto-évaluation, l’amène à revenir sur sa
corpus présente la méthode de travail de trois journalistes. production de manière réflexive.
Cette pluralité d’informations permet d’envisager le métier
de journaliste sous des angles différents.

90
Sitographie / Bibliographie • Francis Balle, Les Médias, PUF, coll. « Que sais-je ? »,
• Le site de la Maison des journalistes : 2020.
https://www.maisondesjournalistes.org • Philippe Gaillard, Technique du journalisme, PUF,
• Le site de Reporters sans frontières : https://rsf.org coll. « Que sais-je ? », 1996.
• Le site du Centre de liaison de l’enseignement et des Podcasts
médias d’information (CLEMI) : https://www.clemi.fr/ • « Profession reporter », podcast de France Info qui donne
• Fac-similé du journal Le Figaro du 22 septembre 1891, la parole aux journalistes afin qu’ils évoquent leur
contenant l’article « Adieux » d’Émile Zola, Gallica, expérience professionnelle : https://www.franceinter.fr/
Bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de emissions/profession-reporter
France : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k277965r. • Interview vidéo de Florence Aubenas sur Le Quai
item# de Ouistreham (deux parties de quinze minutes) :
• Thomas Ferenczi, Le Journalisme, PUF, coll. « Que sais-je ? », https://www.youtube.com/watch?v=A3OF38TmdoQ
2007.

3 Corrigés de la séquence

À la découverte… > p. 126 nement de travail, les deux mains jointes sous le menton,
dans une posture de réflexion et de détermination, le regard
1 Tintin, l’incontournable journaliste porté légèrement au-dessus de celui du spectateur qu’elle
1. Tintin est représenté, de manière assez stéréotypée, avec semble écouter.
un appareil photo à la main et une sacoche. L’image consti-
4. Plusieurs objets apparaissent : une plume et un encrier,
tue, sans doute, une preuve lors de ses enquêtes autant
des enveloppes ouvertes, des lettres et autres billets, des
qu’une source d’informations à interpréter.
livres. Le bureau semble chargé, encombré presque. Ces objets,
2. Le personnage est en mouvement, en pleine course, ce à voir comme des attributs ou des artéfacts symboliques,
qui donne l’impression d’un personnage dynamique, à l’affût connotent l’intelligence du modèle, sa culture, l’aspect
d’un scoop, dans une recherche effrénée et passionnée de littéraire de son travail et l’importante charge de celui-ci.
l’information. Le travail intellectuel est valorisé par cette représentation.
3. En classe. Il est possible de regarder l’image et la
bande-annonce de manière conjointe, puis de répondre à
Lecture 1 Trahir ses convictions pour réussir ?
toutes les questions, ou même de répartir les tâches
(certains élèves analysant et interprétant l’image fixe,
> p. 128-129
d’autres l’image mobile). Vos objectifs
4. Intrépide, courageux, téméraire, hardi, obstiné, tenace, Les deux textes de cette première Lecture offrent l’occasion
curieux, etc. de découvrir un ouvrage appartenant au patrimoine de la
5. Réponse libre à l’oral. Il est possible d’interroger quelques littérature française : Illusions perdues d’Honoré de Balzac.
élèves désireux de donner leur avis. Peut-être seront-ils en Le premier texte allie narration et dialogues, tandis que le
mesure de relier Tintin à une figure journalistique contem- second se concentre sur des propos rapportés au discours
poraine. direct. La figure majeure de ces deux textes est le person-
nage de Lousteau qui, dans un premier temps, initie Lucien à
2 Séverine, journaliste pionnière du xixe siècle l’art de la critique puis, dans un second temps, lui fait part de
1. Cette activité peut se faire à la maison, ainsi que la sa désillusion. À travers ce personnage qui peut sembler
réponse aux questions, ou peut même donner lieu à un secondaire, nous avons accès à deux aspects d’une pratique
rapide exposé en classe. particulière du journalisme culturel : la critique d’œuvres
2. Le podcast s’intitule Une journaliste debout, ce qui préfi- littéraires et la difficile objectivité de la plume quand il est
gure le portrait qui sera fait d’elle. On marque par là son question d’argent. L’étude des extraits permet la confron-
caractère engagé, militant, en partie révolutionnaire. L’une tation des points de vue entre les deux personnages et
des choses que l’on peut retenir de cette présentation est l’analyse des sentiments de ces créatures balzaciennes.
qu’elle a fondé, avec l’une de ses amies, le premier journal
féministe de France : La Fronde. Illusions perdues (extrait 1)
3. Cette lecture d’image permet de revoir les caractéris- Cet extrait permet de découvrir la compromission de
tiques du portrait, genre mineur de la peinture pendant Lousteau et la déconvenue de Lucien, dont il est le mentor.
longtemps. La journaliste est représentée dans son environ- Il montre une pratique peu éthique du métier de journaliste.
91
1 Lousteau demande à Lucien d’écrire un article critique  À L’ÉCRIT
très négatif sur l’œuvre de Nathan. Cette demande inatten- Cet exercice d’écriture invite les élèves à exercer leur plume
due a pour but de former Lucien, de lui montrer les rouages sur le genre argumentatif et plus précisément dans le
peu honnêtes du métier qu’il a choisi d’exercer. registre du blâme. La contrainte est double puisqu’il faut, à
2 La métaphore de l’acrobate (l. 11) traduit tout l’art de la la fois, proposer un texte de nature journalistique et à visée
critique, toute la finesse et toute la manipulation langagière épidictique. C’est la raison pour laquelle la consigne pro-
qu’il faut déployer dans ce métier selon Lousteau. Le terme pose de n’écrire que les premières lignes. Un travail de
lui-même est tiré du monde du spectacle et désigne un longue haleine peut être envisagé en fonction des attentes
artiste de cirque qui exécute des exercices plus ou moins des enseignants et de la place qu’occupe cette Lecture dans
périlleux. Ainsi, Lousteau fait comprendre à Lucien qu’il y a leur séquence, car il est tout à fait possible de traiter les
quelque chose de risqué, de dangereux dans l’exercice du Lectures dans un autre ordre que celui qui est proposé dans
métier de journaliste, qu’il finit par déconsidérer. le manuel.
3 LANGUE a. Le temps utilisé est le futur (« commence- Si la tâche semble difficile, il est possible de montrer
ras », l. 13 ; « se dira », l. 14 ; « sera », l. 15 ; « tiendra », l. 16). quelques exemples d’articles critiques piochés çà et là, dans
b. Lousteau recourt à ce temps car il prodigue des conseils à des journaux divers (les rubriques culturelles du Monde, les
Lucien, le guide dans sa démarche d’écriture. Parallèlement, critiques de films de Télérama, etc.)
il prédit avec certitude la réaction du public, car, en raison Illusions perdues (extrait 2)
de son expérience, il en connaît sans doute parfaitement le
1 LANGUE Ce texte est intégralement écrit au discours
« fonctionnement » : à aucun moment il ne semble douter
direct. Les marqueurs de l’énonciation peuvent mettre les
de lui ; le futur utilisé aux lignes 14 et 16 peut donc être
élèves sur la piste : « Je » (l. 1), « vous » (l. 3), « aujourd’hui »
qualifié de futur de certitude.
(l. 1). Les marqueurs d’expressivité du locuteur peuvent égale-
4 Lucien évolue face au discours de Lousteau : les pre- ment être mentionnés (« moi comme cent autres ! », l. 8-9).
mières réactions verbales de Lucien prennent la forme de
2 « Je vis en vendant les billets que me donnent les direc-
questions, manifestant sa perplexité et son étonnement
teurs de ces théâtres […], les livres que m’envoient les
(« Mais que peut-on dire contre ce livre ? », l. 4 ; « Mais
libraires et dont je dois parler » (l. 4-6).
comment ? », l. 8). S’ensuit une réplique dans laquelle
« Enfin je trafique, une fois Finot satisfait, des tributs en
Lucien déclare son incapacité à manipuler l’apparence d’un
nature qu’apportent les Industries » (l. 6-7).
sujet par la rhétorique (« Je suis incapable d’un pareil tour
On constate donc que le journaliste ne vit pas de son métier,
de force », l. 10). Il pense ne pas pouvoir être aussi malhon-
mais des « à-côtés » qu’il obtient pour sa capacité à mani-
nête intellectuellement que Lousteau. Enfin, l’étonnement
puler l’opinion. Ainsi, lorsque les spectacles et les livres qu’il
de Lucien se traduit psychologiquement (« fut stupéfait »,
critique se vendent, il obtient de l’argent, comme il en gagne
l. 17 ; « il lui tombait des écailles des yeux », l. 18). À la fin de
également quand il épargne certaines œuvres (l. 11-12).
l’extrait, il atteint, après l’effarement, la compréhension
(« comprit admirablement ce métier », l. 21). Ainsi, l’évolu- 3 L’adjectif « ignoble » est péjoratif et est construit par
tion est radicale : Lucien pensait ne pas être capable de préfixation « in + noble » (qui n’est pas noble). Ce mot
mentir en critiquant une œuvre ; puis, il se rend compte que qualifie quelque chose de bas, de vil, de laid, de vulgaire.
c’est ce que l’on attend de lui en tant que journaliste et il Ainsi, Lousteau pose un regard dégradant sur sa pratique
semblerait, au vu de l’usage de l’adverbe « admirablement », professionnelle.
ironique, qu’il se complaise dans ce comportement peu 4 L’auteur propose ici une variation sur le thème de la
éthique mais qu’on lui a enjoint d’adopter. corruption en proposant des mots de la même famille :
5 Lucien (incarné au cinéma, en 2021, par Benjamin Voisin) « corruption » (l. 10), « corrupteur » (l. 11), « corrompu » (l. 11).
apparaît comme un être idéaliste, portant aux nues la poé- On parle de figure dérivative (car les termes ne sont pas de
sie et le métier de journaliste qu’il considère comme une la même nature, de la même classe grammaticale : les deux
activité noble, altruiste, dont l’objectif est d’éclairer les premiers sont des noms, le dernier est un participe passé).
lecteurs. Dès lors qu’il rencontre Lousteau (incarné par L’effet d’une telle figure est de rendre omniprésente à
Vincent Lacoste), il comprend que c’est l’argent qui moti- l’esprit l’idée négative de corruption. On a l’impression que
vera tous ses écrits. Certains plans le montrent en train de cette dégradation morale est partout, qu’elle prolifère.
rire et de s’enrichir, le dépeignent manquant de foi à la 5 Lousteau ne semble pas heureux. Pour se justifier, l’élève
femme qui s’est engagée pour lui, le représentent en train peut s’appuyer sur le passage narratif entre parenthèses qui
de renier ses valeurs au moment de son baptême de journa- laisse voir la mine déconfite du locuteur (« regard de déses-
liste. Finalement, l’appât du gain et l’ambition ont eu raison poir », l. 13) ou encore sur l’expression du regret, lignes
de ses idéaux. 15-18.

92
 À L’ORAL Lecture 2 Comment trouver sa plume
Cet exercice de lecture expressive permet de travailler la de journaliste ? > p. 130-131
compétence de cycle 4 « Lire des textes variés avec des
Vos objectifs
objectifs divers ».
Cette lecture propose aux élèves de découvrir un extrait peu
Pour préparer la lecture expressive du passage, il faut bien
connu du célèbre roman de Guy de Maupassant, Bel-Ami.
tenir compte de la ponctuation qui guide toute lecture, car
En règle générale, c’est le personnage principal perçu
elle indique comment respirer, où placer les pauses et
comme un ambitieux arriviste que l’on étudie. Ici, l’extrait le
quelles intonations prendre. Les parenthèses doivent éga-
met en scène face à la difficulté d’écrire et replace ainsi le
lement attirer l’attention, car tantôt elles jouent un rôle
métier de journaliste dans sa dimension littéraire. Le texte
d’apostrophe, tantôt elles sont le fait d’une incise narrative
utilise le monologue intérieur et le style indirect libre
de la part de l’auteur.
comme méthode efficace pour signifier le passage du temps
dans un récit. Son étude permet d’entrer dans les pensées
Pour aller plus loin
d’un apprenti journaliste confronté au labeur de la mise en
L’adaptation au cinéma du roman Illusions perdues peut mots des idées. En regard, une œuvre de Félix Vallotton pré-
être étudiée plus précisément, surtout en ce qui concerne sente un personnage, dans la solitude de son bureau, cerné
le thème de la « trajectoire du personnage littéraire au par une paperasse qui s’accumule par piles, penché sur son
cinéma ». Cela permettra de se pencher sur l’évolution et ouvrage. Le texte et le tableau ont ceci en commun qu’ils
les épisodes initiatiques que traverse le personnage princi- mettent sous les yeux le fait que, quand il s’agit d’écrire, la
pal, mais aussi de constater, éventuellement, les transfor- concentration et le calme sont nécessaires, même si cela
mations qu’il peut subir d’une version à l’autre. n’empêche pas de manquer d’inspiration ou de peiner.
1 Georges Duroy est confronté à la difficulté de mettre en
Passerelles
mots ses souvenirs. Il peine à rédiger un article. Il utilise
Prolongement possible : La question du roman d’apprentis- beaucoup d’énergie, mais n’est pas satisfait du peu qu’il
sage ou de formation peut être également soulevée et parvient à écrire. De ce fait, la rédaction se transforme en
associée à certaines Lectures de la séquence 5 (« Se confron- labeur, souffrance et découragement.
ter aux autres », p. 98).
2 La description de la chambre donne l’impression que
Votre bilan Georges Duroy vit seul et dans la pauvreté. L’équipement
Le bilan permet de se concentrer sur le personnage secon- est sommaire et inadapté à un adulte (« petit lit de fer »,
daire de Lousteau et de brosser le portrait de l’antihéros, ce l. 26), le lieu est en désordre car les vêtements ne sont pas
personnage qui, au début, aurait pu endosser le rôle du rangés (« jetés là, vides, fatigués, flasques », l. 27). Ils sont
héros, mais qui s’est compromis, corrompu et a perdu ses qualifiés de « hardes de la Morgue » (l. 28). Le narrateur
valeurs. mentionne enfin que le protagoniste ne possède qu’un
Les deux extraits présentent des personnages qui perdent chapeau (« son unique chapeau », l. 29), ce qui confirme
leurs illusions : le premier, Lucien, croyait à tort que la réa- l’idée de pauvreté. La personnification des vêtements (que
lité qu’il découvre était chatoyante et prometteuse ; le l’on peut aussi voir comme une hypallage) traduit en fait la
second, Lousteau, sait désormais qu’il est passé à côté du fatigue du personnage, usé par une vie de misère.
bonheur, par appât du gain. 3 Plusieurs expressions évoquent l’activité intellectuelle
Ainsi, la figure du journaliste est d’emblée présentée négati- de recherche d’idées ou de formulations : « il chercha » (l. 7),
vement, dans un courant littéraire du xixe siècle qui, bien « Il ne trouvait plus rien maintenant de ce qu’il avait raconté »
que fictionnel, vise à dépeindre crûment la réalité et à en (l. 10), « recommença à chercher des phrases » (l. 31) ;
dévoiler tous les secrets, même les plus inavouables : la d’autres font référence à la réflexion : « il pensa » (l. 11),
littérature réaliste. Pour autant, il ne s’agit pas de faire de « Après dix minutes de réflexion » (l. 17).
cette « photographie » une généralité. En effet, c’est parfois 4 LANGUE Ces trois mots commencent par un préfixe
avec force pessimisme que la littérature réaliste – en parti- négatif in- dont la forme peut varier en fonction de la lettre
culier le roman balzacien – tente de mettre au jour les tra- qui suit (im-, ill-, irr-, etc.). Tous les trois présentent le
vers des êtres humains ; un pessimisme qui peut facilement personnage comme un être qui se mésestime, qui n’a pas
confiner à la satire sociale. confiance en ses capacités, qui doute de lui.
5 Les différentes étapes de la rédaction d’un article pré-
sentes dans le texte sont :
– la préparation du cadre de travail (lumière, papier, plume
et encre) : « Il posa sa lumière sur sa table » (l. 1), « en
ouvrant la feuille dans toute sa grandeur » (l. 4), « Il trempa
sa plume dans l’encre » (l. 4-5) ;
93
– la rédaction du thème : « écrivit en tête […] Souvenirs Passerelles
d’un chasseur d’Afrique » (l. 5-6) ;
Une autre séquence permet d’approfondir l’écriture réaliste
– la recherche des idées : « Qu’allait-il dire ? » (l. 10) ;
de Guy de Maupassant, écrivain mais également journaliste :
– la réflexion quant à l’organisation du texte : « Il faut que je
la séquence 1 (Maupassant, « l’émotion simple de la
débute par mon départ » (l. 12) ;
réalité », p. 16).
– la rédaction : « Et il écrivit » (l. 12).
Mais, à partir de là, le travail du personnage devient plus
Lecture 3 Dissimuler son identité pour accéder
difficile : il diffère la page d’introduction pour en venir à
à la vérité ? > p. 132-133
décrire tout de suite la ville d’Alger, mais il ne parvient pas à
trouver les mots pour nourrir sa description. La difficulté Vos objectifs
semble résider plus particulièrement dans le fait de trouver Cette lecture permet de découvrir une figure importante du
les mots pour exprimer ce qu’il a dans la tête, pour rendre journalisme, Nellie Bly, et un aspect de la profession, en
compte de ses sensations, impressions, émotions (« il ne l’occurrence l’investigation sous couverture. Nous quittons
trouvait plus un mot pour exprimer ce qu’il avait vu, ce qu’il un temps le domaine de la fiction pour aborder un autre
avait senti », l. 22-23 ; « il ne les pouvait point formuler genre : le témoignage, le récit de faits réels. Le texte permet
avec des mots écrits », l. 41). Peut-être aussi qu’une autre de comprendre la démarche et l’engagement de la journa-
difficulté rencontrée par Georges Duroy est celle d’écrire à liste, ce à quoi fait écho la planche de bande dessinée de
partir de simples souvenirs, sans même les avoir auparavant Pénélope Bagieu.
listés et ordonnés.
1 Dix jours dans un asile
6 Un homme, seul et concentré, est en train d’écrire dans
1 Nellie Bly doit pénétrer dans un asile sous couverture :
la solitude de son bureau, éclairé par une petite lampe. De la
« me faire interner dans l’un des asiles de fous de New York »
paperasse s’accumule autour de lui ; son travail actuel est
(l. 1-2). Elle doit rendre compte des conditions de vie des
même masqué par la pile au premier plan. Les lignes verti-
internées, du mode de fonctionnement de la structure
cales des vitres à l’arrière-plan donnent l’impression qu’il est
psychiatrique : « que je décrive en termes simples et directs
enfermé, emprisonné. Cette œuvre ne transmet pas l’idée
les soins apportés aux patientes, les méthodes de direction,
de souffrance au travail, mais plutôt de calme et de concen-
etc. » (l. 3-4). Pour cela, elle va devoir mentir sur son iden-
tration. On a aussi le sentiment qu’il est tard et qu’en consé-
tité et faire semblant d’être digne d’être internée : « capable
quence le travail de cet homme l’oblige à rester le soir au
de me faire passer pour folle » (l. 6).
bureau, qu’il rogne peut-être sur sa vie personnelle.
2 LANGUE La journaliste utilise des phrases interroga-
 À L’ÉCRIT
tives (« Mais avais-je les nerfs suffisamment solides […] ?
Cet exercice d’écriture invite les élèves à pratiquer le style Serais-je capable de […] ? », l. 4-8) : elle se questionne
épistolaire tout en faisant preuve de créativité et d’imagi- quant à sa capacité à mener à bien cette enquête et son
nation, puisqu’il s’agit d’être quelqu’un d’autre que soi. Le aptitude en tant que comédienne.
locuteur doit être Georges Duroy, et le destinataire un membre
3 Le rédacteur en chef donne plusieurs instructions à
de sa famille. Cette situation d’énonciation pose certains
Nellie Bly :
enjeux de proximité et de subjectivité dans l’écriture. On
– la clarté du récit : « termes simples et directs » (l. 3) ;
peut attendre, dans la lettre, que les élèves parviennent
– une exposition de la vérité sans volonté d’exagération,
à formuler précisément les difficultés intellectuelles et
avec sincérité : « un récit honnête des faits » (l. 16).
rédactionnelles du personnage, à rendre compte de la vision
Ainsi, Nellie Bly doit être une journaliste honnête, elle ne
péjorative qu’il a de lui-même, tout en exprimant peut-être
doit pas trahir la vérité de ce qu’elle verra, entendra, vivra,
des pistes d’amélioration.
durant son investigation.
Votre bilan 4 Pour désigner les résidents de l’asile, Nellie Bly utilise
Le bilan est tout entier voué à la rédaction d’une synthèse plusieurs expressions :
de la Lecture 2 et du tableau qui l’illustre. En effet, cette – « patientes » (l. 4) ;
Lecture ne propose pas une nouvelle piste de réflexion, mais – « malades mentales » (l. 7) ;
fait le choix de la récapitulation. Un texte argumentatif en – « ses propres pensionnaires » (l. 24) ;
plusieurs paragraphes peut être demandé par l’enseignant – « ces créatures vulnérables » (l. 26).
qui veillera à ce que les élèves appuient leurs idées direc- La journaliste oscille ici entre objectivité et subjectivité :
trices sur des éléments concrets du texte et du tableau, sous parfois, elle désigne les résidents en faisant référence à leur
la forme de citations, d’allusions ou de références. maladie (occurrences 1 et 2), parfois, elle les évoque par
le biais de leur statut administratif (occurrence 3) et, enfin,
elle laisse transparaître son empathie avec la dernière

94
expression, où elle met l’accent sur l’infériorité et la Votre bilan
faiblesse physique et morale des aliénées. L’acte de définir n’est jamais anodin. C’est l’occasion avec
cet exercice de préciser la manière dont on définit claire-
RÉÉCRITURE ment un mot ou une expression. Définir signifie caractériser
Cet exercice vise à manipuler la langue afin d’en mieux com- quelque chose, lister ses attributs, formuler de manière
prendre le fonctionnement. Nellie Bly se questionne et les brève et précise le contenu, le sens d’un mot. Ainsi, on ne
trois interrogatives directes sont totales ; ainsi la difficulté peut s’accommoder de formulations commençant par « Le
de transposition est moindre puisqu’un seul type de subor- journalisme d’investigation, c’est quand on… » et l’on doit
donnée est requis. Les formes verbales doivent également préférer, « Le journalisme d’investigation est une pratique
être modifiées ainsi qu’un pronom. qui / par laquelle / grâce à laquelle… ».
Elle se demandait si elle avait les nerfs suffisamment solides Les points attendus sont :
pour supporter pareille épreuve. Si elle était capable de se – la recherche d’éléments sensibles d’information ;
faire passer pour folle auprès des médecins, et d’évoluer une – la dissimulation de l’identité du journaliste ;
semaine entière au milieu de malades mentales sans que les – la capacité à feindre, à jouer la comédie ;
autorités ne découvrent qu’elle n’était qu’une « moins que – l’implication à un plus ou moins long terme du journaliste ;
rien armée d’un calepin ». – le désir de révéler ce qui est caché au grand public.

1 Culottées
1 Les cinq premières cases évoquent l’expérience de Nellie Lecture 4 Comment être journaliste ?
Bly dans un asile psychiatrique. Les dessins poursuivent en GROUPE > p. 134-135
les idées développées dans les textes situés en regard. Les Vos objectifs
étapes de l’investigation y sont décrites : la soumission du Il s’agit d’abord de faire découvrir des journalistes du
sujet par le rédacteur en chef, l’entraînement à la « comédie » xxe siècle ou contemporains, qui marquent ou qui ont
de la journaliste, l’internement, la découverte des trai- marqué le monde du journalisme. Les Lectures en groupe
tements infligés aux patientes et enfin la publication du permettent aussi de lire des textes plus courts et de propo-
reportage dans la presse. ser un travail différencié selon les difficultés éprouvées par
2 Le ton adopté peut sembler léger, mais on est peut-être les élèves.
influencé par le style du dessin. En réalité, le texte est La rubrique « Coup de pouce » peut aider les élèves sur un
sérieux, informatif, mais non impartial. La dessinatrice laisse aspect du texte (description, subjectivité, objectivité). Cette
transparaître son admiration pour la journaliste et ses com- méthode de lecture offre également aux élèves la possibilité
bats. L’ambition semble être d’en faire une héroïne. de travailler de manière autonome et de s’exprimer en
classe avec l’objectif, en premier lieu, d’être synthétique et,
3 La case 7 nous renseigne à ce sujet : « les lobbys, l’accès
en second lieu, de formuler une opinion.
aux soins pour les pauvres, les prisonnières maltraitées… »
La journaliste s’intéresse aux sujets qui permettent de EN GROUPE
révéler des injustices et des inégalités.
1 Au bagne
4 La démarche est originale puisqu’elle tente toujours
d’avoir un regard de l’intérieur, en vivant ce que les per- 1 a. Le journaliste choisit de parler des conditions de tra-
sonnes qui l’intéressent vivent. Elle éprouve, elle ressent, vail des prisonniers d’un pénitencier de Guyane.
elle fait l’expérience des vies de ceux qui souffrent, qui b. Albert Londres décrit ce qu’il voit (« ils ne mangent pas à
saignent et qui se battent. leur faim », l. 6), il observe, il commente (« C’est affreux à
voir… », l. 13), il questionne (« L’administration du bagne
5 Nellie Bly apparaît comme une journaliste engagée ; le
dit : “ Quand ils avaient des souliers, ils les vendaient ! ” »,
portrait est très positif : on peut la comparer à une héroïne. l. 9-10) et pointe du doigt les absurdités (« On pourrait
peut-être inventer des souliers faciles à reconnaître aux
 À L’ORAL
pieds du peuple libre qui les achète ! », l. 10-11).
Cette activité peut nécessiter un temps de réflexion, indivi-
c. Albert Londres est subjectif : il donne son avis sur la
duellement ou collectivement, avec mise à l’écrit des diffé-
situation : « C’est affreux à voir… » (l. 13).
rents avantages et inconvénients ; mais l’objectif final est
l’expression en classe, à voix haute. d. On n’attend pas forcément l’emploi de tous les termes
On peut proposer des lanceurs : « Selon moi, enquêter sous proposés ; des mots dérivés peuvent être utilisés : Albert
une fausse identité… » ; « L’investigation sous couverture Londres enquête sur le traitement des prisonniers contraints
est, à mon avis… » de travailler. Il décrit ce qu’il voit, il fait le compte-rendu de
L’enseignant peut, pour valoriser les prises de parole, créer son expérience. Il recueille le témoignage de l’administra-
une carte mentale au tableau qui constituera une base pour tion mais aussi des prisonniers.
le bilan de la lecture.
95
2 Le Quai de Ouistreham 3 Ceux qui passent
1 a. La journaliste enquête sur les conséquences de la crise 1 a. La journaliste travaille sur les conditions de vie des
de 2008 sur le monde du travail. migrants qui atteignent le Nord de la France.
b. Florence Aubenas se fait passer pour une demandeuse b. Haydée Sabéran rencontre directement les gens qui
d’emploi (« chercher anonymement du travail », l. 6). Elle l’intéressent (« René, permanent d’association », l. 2 ; un
ne change pas d’identité, mais fait tout pour ne pas être « Kurde d’Iran, ancien étudiant en orthopédie », l. 8), leur
reconnue en tant que journaliste (« J’ai conservé mon iden- pose des questions ou recueille leurs témoignages pour se
tité, mon nom, mes papiers », l. 12 ; « Je suis devenue blonde. faire une idée globale de la situation.
Je n’ai plus quitté mes lunettes », l. 17). c. La journaliste, dans cet extrait, se veut objective. Elle
c. Dans cet extrait, la journaliste expose sa démarche avec laisse la parole aux témoins, sans faire intervenir ses sen-
objectivité, même si elle parle d’elle-même. Le texte n’est timents. Les passages narratifs qui sont de son fait s’en
pas empreint d’émotions ou de sentiments forts. Il a pour tiennent à la description de lieux et de moments (« On y
vocation d’expliquer. entre avant la tombée de la nuit », l. 1 ; « On s’enfonce dans
d. Florence Aubenas choisit l’investigation et l’enquête les bois. La nuit tombe », l. 17-18).
sous anonymat. Elle décrira ce qu’elle vivra en tant que d. Haydée Sabéran enquête sur les conditions de vie des
demandeuse d’emploi et fera ainsi le compte-rendu de son migrants en interviewant les intéressés et en faisant le
expérience. compte-rendu objectif des propos tenus. Elle recueille,
donc, des témoignages et s’en tient à une description for-
melle des circonstances dans lesquelles ont été effectués
ces échanges.

Description Subjectivité Démarche


Texte Sujet
ou témoignage ? ou objectivité ? journalistique
1 Conditions de vie des prisonniers Description et témoignage Subjectivité Enquête directe
du bagne de Guyane
2 Expérience d’une demande Témoignage Objectivité Investigation sous
d’emploi en période de crise anonymat
économique
3 Conditions de vie des migrants Témoignage et description Objectivité Enquête directe
dans le Nord de la France informative

TOUS ENSEMBLE compte de ce que l’on a vu, entendu, éprouvé. Sur ce dernier
3 On attend des groupes qu’ils parviennent à synthétiser point, les démarches varient : certains optent pour le récit
avec clarté la démarche du journaliste choisi, en se fondant presque biographique, d’autres pour le compte-rendu des-
sur les mots-clés proposés en aide. Les élèves peuvent s’ap- criptif et objectif, d’autres enfin pour le témoignage. On
puyer sur le texte, proposer une paraphrase éclairante des constate donc que, si parfois les moyens d’enquêter se res-
passages pertinents. semblent (observer, poser des questions, écouter), les
moyens de transmission au public sont beaucoup plus variés
4 On attend ici une formulation d’opinion fondée sur des
et divers.
arguments variés. L’exercice peut se faire à l’oral, mais
demande, dans ce cas, un temps de préparation des argu- Passerelles
ments, pour éviter les hésitations et les blancs lors du
Dans la séquence 11 du manuel, à la page 220, un extrait du
compte-rendu oral.
roman d’anticipation 1984 de George Orwell pourrait faire
Votre bilan le lien entre les différentes démarches journalistiques étu-
Cette question invite à réfléchir aux moyens mis en œuvre diées et une autre forme d’engagement : celle du combat
par les journalistes pour trouver l’information et pour trans- contre les totalitarismes. Cette piste d’approfondissement
mettre cette information au public. Deux aspects coha- permettrait d’envisager la littérature, au même titre que le
bitent donc ici : une première étape qui repose sur le départ journalisme, comme un outil de lutte sociale et politique. Il
pour le « terrain », l’enquête, l’investigation, le contact avec serait alors bienvenu de rappeler que George Orwell, avant
les témoins, le recueil d’histoires ; une seconde étape qui d’être connu pour sa plume de romancier, était également
consiste en un choix, celui de la forme à adopter pour rendre journaliste.
96
À vos marque-pages ! > p. 136-137 J’observe
Les suggestions de lecture « À vos marque-pages ! » 1 Verbes au passé composé : « ont mise » (texte 3), « ai
peuvent servir de supports pour développer des compé- passé », « ont brûlé, électrocuté » (texte 4). Verbes au
tences d’éducation aux médias et à l’information (EMI). plus-que-parfait : « avait soupçonnées » (texte 1), « avait
Pour rappel, pour le ministère de l’Éducation nationale, vu » (texte 2), « avait senti » (texte 2).
l’EMI « présente dans tous les champs du savoir transmis Infinitifs : mettre, passer, brûler, électrocuter, soupçonner,
aux élèves, est prise en charge par tous les enseignements. voir, sentir.
[…] Il s’agit de faire accéder les élèves à une compréhension 2 L’explication, dans l’usage de termes techniques, est lais-
des médias, des réseaux et des phénomènes information- sée à l’enseignant.
nels dans toutes leurs dimensions : économique, sociétale,
technique, éthique. […] Les élèves sont formés à une lecture Je m’entraîne
critique et distanciée des contenus et des formes média- 3 a. L’ouvrage que Florence Aubenas a écrit évoque son
tiques. Ils sont incités à s’informer suffisamment, notam- investigation sous couverture.
ment par une lecture régulière de la presse en français et en b. L’enquête qu’a menée Albert Londres l’a conduit en
langues vivantes, ainsi qu’à produire et diffuser eux-mêmes Guyane.
de l’information » (extrait du site Eduscol : https://eduscol. c. Georges Duroy ne parvenait pas à rédiger un article sur
education.fr/1531/education-aux-medias-et-l-informa- une ville qu’il avait pourtant visitée.
tion#lien11). d. Lucien de Rubempré était stupéfait des conseils que
Dans ce cadre de l’EMI, le CLEMI est un partenaire indispen- Lousteau lui avait donnés.
sable, qui propose à la fois des formations, des accompa- N’hésitez pas à rappeler aux élèves qu’il faut être observa-
gnements sous forme de dispositifs spécifiques et des teur pour bien conjuguer. Mon verbe se conjugue-t-il avec
ressources. l’auxiliaire « avoir » ou « être » ? Si c’est avec l’auxiliaire
« avoir », remarqué-je la présence d’un pronom relatif en
TESTÉ EN CLASSE L’association Entre les lignes amont de la forme verbale ? À quel antécédent corres-
(https://entreleslignes.media/) nous a été présentée lors pond-il ? Quels sont le genre et le nombre de cet antécé-
d’une formation dispensée par le CLEMI. Cette association dent ?
d’éducation aux médias et à l’information anime, entre 4 Les journalistes se sont rendus à l’ONU où s’est déroulée
autres, des ateliers à destination des collégiens, grâce à un une conférence sur l’éducation. Les photos qu’ils ont prises
réseau de journalistes bénévoles. Avec une classe de 4e, et les interviews qu’ils ont faites seront publiées dans des
dans un projet qui faisait collaborer l’histoire-géogra- journaux tels que Le Monde ou The New York Times. Les diri-
phie-EMC, le français et la documentation, nous avons geants se sont prêtés au jeu des questions qui ont permis de
ainsi pu recevoir la visite d’un journaliste du journal Le comprendre les enjeux de ce rassemblement.
Monde. Lors de deux ateliers choisis au préalable sur les
thématiques « Démêler le vrai du faux » et « Les images J’écris
et leur détournement », l’intervenant a participé à la for- 5 Cet exercice d’écriture rapide est l’occasion pour les
mation à l’esprit critique des élèves. En complément du élèves de pratiquer, encore une fois, mais sous une autre
travail mené en classe, les élèves ont beaucoup apprécié forme, le passé composé et de réfléchir à sa formation. La
cette rencontre avec un professionnel du monde des description de la une est un prétexte à l’écriture et à la
médias. réflexion morpho-grammaticale. Cependant, elle prépare
aussi à l’Atelier écrit qui suit.

Les subordonnées relatives


et les interrogatives indirectes
Pour vous aider à lire et écrire > p. 138-139
J’observe
Grammaire et conjugaison
1 2 3 Texte 1 : Voici un exemplaire du livre de Nathan
Le passé composé, le plus-que-parfait que Dauriat vient de me donner
et les accords du participe passé Relis cet ouvrage et broche un article qui le démolisse.
Pour ces exercices, il peut être utile de renvoyer les élèves Il s’agit de deux propositions subordonnées relatives. La pre-
vers la page 296 du manuel, « Comment accorder le parti- mière est introduite par le pronom relatif « que », dont l’an-
cipe passé ? », où les règles sont rappelées. Rappelons técédent est « un exemplaire » (groupe nominal masculin
qu’une bonne connaissance du manuel, à travers une obser- singulier). La seconde est introduite par le pronom relatif
vation de son sommaire et une navigation autonome, peut « qui », dont l’antécédent est « un article » (groupe nominal
également favoriser les apprentissages ! masculin singulier).
97
Texte 2 : Je ne savais pas ce que je deviendrais et c’est ce qui les différentes manières de rapporter les paroles dans un texte
m’intéressait. et la façon d’identifier et d’utiliser les temps de l’indicatif.
La première proposition est une subordonnée interrogative
indirecte. La reformulation attendue est la suivante : « Que Atelier écrit Créer la une d’un journal
deviendrais-je ? » > p. 140-141
La seconde proposition est une subordonnée relative intro- Cet atelier peut être mis en place au milieu ou à la fin de la
duite par le pronom relatif « qui », dont l’antécédent est « séquence, si les notions de difficultés de rédaction, de choix
ce » (masculin singulier). de sujets et de posture du journaliste ont été abordées.
Texte 3 : Pourtant, la question serait de savoir si l’on veut Plusieurs heures seront nécessaires pour le mener à bien et
faire une route ou si l’on veut faire crever les individus. il est préférable de le présenter comme une activité de
Ici, les deux propositions sont des subordonnées indirectes groupe, car la multiplicité des activités et des réflexions à
introduites par le subordonnant « si ». mener pourrait être vue comme décourageante pour un
La reformulation attendue est la suivante : « Veut-on faire seul élève.
une route ou veut-on faire crever les individus ? » Pour cet exercice, il ne faut pas hésiter à renvoyer les élèves
Cet exercice vise à renforcer les capacités d’observation des vers la page 249 du manuel, « Comment rédiger un article
élèves, grâce à la répétition du même schéma, et tente de de presse ? », qui rappelle efficacement la méthode de
les familiariser encore un peu plus avec la grammaire de l’in- recherche et de rédaction à adopter pour produire un docu-
terrogation grâce à la manipulation des phrases. ment pertinent, intéressant et clair. Quelques unes sont
déjà présentes dans le manuel et peuvent également être
Je m’entraîne observées à titre d’exemple :
4 Cet exercice permet une réflexion sur l’élégance de la • page 138, les unes du Nouveau Magazine Littéraire et de
langue parce qu’il invite à éviter les répétitions superflues. Il Lire ;
vise aussi, par la pratique répétitive de la manipulation de la • page 140, les unes du Monde, du Journal du Dimanche et
langue, à permettre la mémorisation de certains schémas de La Voix du Nord ;
grammaticaux d’écriture. • page 147, les unes de Paris-Normandie, de L’Obs et de la
a. Lucien de Rubempré apprécie Lousteau qui lui donne des Revue Salamandre.
conseils. Cet atelier amène à travailler certaines compétences du
b. Georges Duroy essaie de parler de la ville d’Alger qu’il ne socle commun :
parvient pourtant pas à décrire. • « Adopter des stratégies et des procédés d’écriture effi-
c. Nellie Bly se rend dans un asile qui accueille des patients caces » ;
malades mentalement. • « Pratiquer l’écriture d’invention ».

J’écris Au cinéma Des journalistes super-héros


5 Cet exercice rapide d’écriture invite à mobiliser ses > p. 142-143
connaissances sur les techniques de description d’un lieu et Dans les films de super-héros, les personnages de journa-
à réfléchir sur l’usage des phrases complexes. Les subordon- listes sont assez fréquents, mais il est vrai qu’ils passent par-
nées relatives amènent à préciser les caractéristiques de tel fois inaperçus. Dans certains cas, le héros a une identité
ou tel objet, quand les interrogatives indirectes permettent secrète qu’il dissimule aux regards de la foule : dans l’inti-
d’exprimer la subjectivité du locuteur. mité, il est un citoyen ordinaire, alors que publiquement il
est un super-héros. C’est le cas de Superman (alias Clark
Le lexique du journalisme
Kent) et Spider-Man (alias Peter Parker). Faire de ces
a. une
hommes des journalistes dans la vie privée leur permet
b. rédacteur en chef
d’être au fait de l’information, d’enquêter sur les milieux cri-
c. investigation
minels, ce qui favorise leur action en tant que héros. Autour
d. article
de ces protagonistes, d’autres personnages existent et
Dictée préparée exercent parfois le même métier ; on peut citer l’exemple de
Cet exercice permet à l’élève de réinvestir l’apprentissage Lois Lane, partenaire professionnelle et compagne de Clark
grammatical de la séquence grâce à un texte court tiré d’une Kent. Pour cette page consacrée au cinéma, nous avons
œuvre précédemment étudiée. Simple mais utile, il permet donc fait le choix, dans un premier temps, de tourner notre
aussi de développer sa connaissance lexicologique en attention vers un personnage de journaliste non super-
découvrant la formation de deux termes – « arcanes » et héroïque au sein d’un film à tonalité plutôt sérieuse puis,
« interdit » – dont l’un est assez souvent utilisé dans un dans un second temps, de nous attarder sur un personnage
autre sens. de photojournaliste super-héroïque dans un film à tonalité
Il est également bienvenu, pour réussir cet exercice, de plutôt comique. Ainsi, les élèves peuvent prendre conscience
consulter les pages 258 et 304 du manuel, qui présentent de la variété des représentations qui coexistent.
98
« Je ne suis pas une dame, je suis journaliste. » pour se mettre en valeur. Il a accroché son appareil photo de
1 En classe. Il s’agit d’un extrait peu connu d’un film qui sorte à prendre de belles photos de son acte de bravoure.
l’est beaucoup plus : en effet, on s’intéresse plus fréquem- 3 a. Le photojournaliste pense au départ impressionner le
ment à Superman qu’à la femme qui partage sa vie. Cette rédacteur en chef par la qualité de ses images, mais il est
séquence a le mérite de la présenter dans son milieu profes- vite déçu. Il essaie de se justifier, mais est interrompu par le
sionnel, en action, sans être flanquée de Superman ou même rédacteur en chef. Il obéit aux ordres de sortir, puis de rester :
de Clark Kent. Il peut être intéressant de demander aux il est finalement assez passif face au mauvais traitement
élèves s’ils connaissent le personnage nommé Lois Lane qu’il subit.
avant de parler du film et de visionner l’extrait. b. « Spider-Man : héros ou menace ? » est le titre de une que
2 La journaliste ne semble pas réellement effrayée de se propose le rédacteur en chef, mais Peter Parker n’est pas
trouver dans un désert d’Afrique. Les élèves peuvent s’ap- d’accord. Malgré cela, c’est le rédacteur en chef qui décide
puyer, pour justifier leurs réponses, sur le regard déterminé du sens de la photographie.
du personnage, sa manière de marcher (d’un pas franc), sa Les deux journalistes présentés sont très différents
manière de s’adresser aux gens qui l’entourent. Son assu- (caractère, activité). Il serait intéressant pour les élèves de
rance, qui tourne à l’impolitesse quand elle refuse de serrer formuler ces distinctions, à l’oral par exemple. C’est un
la main de Jimmy Olsen, au moment de leur rencontre, peut exercice qui a le mérite d’entraîner l’esprit des élèves à la
aussi paraître désagréable. Elle dit « bien aimer » le lieu synthèse. Après avoir analysé deux séquences et le compor-
dans lequel elle est alors que tout semble particulièrement
tement de deux personnages différents, ils peuvent essayer
hostile ; autrement dit, elle n’est guère impressionnée. Face
de rassembler leurs idées et de les présenter par le biais de
au général, elle ne flanche pas et pose directement une
l’idée d’ambivalence, de nuance. La verbalisation de cette
question périlleuse, en regardant son interlocuteur droit
synthèse permet aussi aux élèves de réfléchir à la formula-
dans les yeux. À sa tentative de la déstabiliser en faisant
tion des idées, aux liens logiques entre celles-ci. On pourrait
référence à son genre (« une dame / a lady »), elle répond en
imaginer une première recherche sur le mot « ambivalence »
mettant en avant son statut professionnel.
et sa définition (un point de lexicologie est aussi toujours le
3 Elle utilise un carnet dans lequel elle consigne les bienvenu) avant de dresser un tableau des relevés sur le
réponses du général. Cet objet, aussi anodin puisse-t-il cahier.
paraître, replace la journaliste dans une forme de tradition.
Elle aurait pu avoir un dictaphone, elle aurait pu filmer l’in- À votre tour maintenant !
terview. Ici, elle se contente de prendre des notes, replaçant Cet exercice invite à réaliser des tâches plurielles.
ainsi ce métier dans ses dimensions d’écoute et d’écriture. – La phase de recherche (il n’est pas inutile de redonner aux
élèves la méthode de recherche pour réussir un exposé) qui
4 Elle s’impose à lui en ne se détournant pas de son objec-
tif : elle pose des questions d’intérêt général sur le finan- comprendra accumulation des données, tri et organisation
cement de sa milice, sur les principes qui l’animent. Elle de celles-ci.
reste professionnelle et ne cède jamais à l’émotion. – La phase de rédaction (que l’élève choisisse de se présen-
ter muni d’une fiche de notes ou d’un diaporama).
Réponse libre. Cette question invite à réfléchir aux
– La phase d’expression orale qui allie ici une étape simple
enjeux humains de la profession, à l’investissement qu’elle
de présentation d’un personnage, une étape plus ambitieuse
nécessite au nom de la recherche de la vérité.
de définition et une étape plus personnelle de formulation
Spider-Man photojournaliste d’une opinion.
1 En classe. Il s’agit là d’un film très connu et d’autant plus
apprécié qu’il mise beaucoup sur sa veine comique. Le per- Faisons le bilan > p. 144
sonnage de Spider-Man est souvent présenté comme un Ces représentations synthétiques ont pour but de donner
héros en construction, jamais à l’abri de la gaffe et de une rapide vue d’ensemble de la séquence et de cibler ses
l’erreur. Cet extrait permet de voir que les deux versants du principaux enjeux : les caractéristiques d’un métier ainsi que
personnage (Spider-Man et Peter Parker) en sont encore à ses représentations.
un stade précoce de leur évolution : Spider-Man par son « Et vous dans tout ça ? » amène l’élève à se positionner du
insouciance face au crime et Peter Parker par son besoin de point de vue de ses émotions, de ses sentiments et de ses
se faire valoir ainsi que son incapacité à être reconnu. Avant goûts : il est important de réussir à poser des mots sur ce qui
de commencer le visionnage, on peut échanger avec les se joue au niveau sensible et psychologique.
élèves sur les différentes représentations qu’ils se font de ce Le « Quiz interactif Genially », très facile d’accès, permet de
personnage (sous la forme d’un brainstorming, par exemple). faire le point de manière ludique sur les connaissances
2 La première partie de la scène est comique, car le héros acquises au cours de la séquence, qu’il s’agisse de notions
met en scène l’arrestation des malfrats et prend la pose essentielles ou de savoirs culturels qui enrichiront les élèves.

99
Évaluation > p. 145 Grammaire et compétences linguistiques
Ces exercices à réaliser en fin de séquence, en guise d’entraî- 1 Le verbe « mettre » est conjugué au passé composé.
nement à l’épreuve écrite du brevet, prennent appui sur un Le sujet de cette forme verbale est « je » qui désigne, ici,
texte argumentatif assez peu connu d’un auteur, au l’auteur, autrement dit un sujet masculin singulier, ce qui
contraire, très célèbre : Émile Zola. explique la forme « mis ». L’autre versant de l’explication
réside dans la nature de l’auxiliaire « avoir » qui n’est pas
Pour aller plus loin censé engendrer d’accord particulier, sauf en cas de complé-
La source de ce document, le journal Le Figaro, peut donner ment d’objet direct placé en amont de la forme verbale.
l’occasion à l’enseignant de faire le point sur la longévité de 2 Plusieurs propositions sont présentes :
certains organes de presse en France et sur leur évolution – « je ne voyais aucun critique qui acceptât ma cause »
éditoriale. On peut, également, expliquer le lien entre le (l. 5-6) ;
titre de ce journal et le personnage de théâtre créé par – « À tout jeune qui me consultera » (l. 9) ;
Beaumarchais au xviiie siècle : Figaro. – « il vide les gens qui n’ont rien dans le ventre » (l. 15-16) ;
Compréhension et compétences d’interprétation – « pour ceux qui travaillent et qui veulent » (l. 20).
1 Dès la première ligne du texte, le constat est simple : le Les antécédents sont soulignés.
verbe « battre » (« je me bats ») met l’accent sur le côté 3 « On a accusé le journalisme de vider les gens, de les
belliqueux, hargneux, du journalisme. L’expression « très détourner des études sérieuses, des ambitions littéraires
durement » (l. 2) confirme cette idée. On sent que, pour plus hautes. Certes, il a vidé les gens qui n’avaient rien dans
Zola, être un journaliste a été une épreuve. le ventre, il a retenu les paresseux et les fruits secs, dont
2 La métaphore filée est assez facile à percevoir : « bats » l’ambition se contentait aisément. »
(l. 1), « bagarre » (l. 4), « lutte » (l. 5), « défendre » (l. 6),
Passerelles
« sur la brèche (l. 7), « victoire » (l. 7), « assauts » (l. 8),
« courage » (l. 8). Le lexique du combat est utilisé : Émile Zola L’étude de la séquence 6 peut tout à fait s’envisager dans un
voit le monde du journalisme comme une arène, une guerre ensemble qu’elle formerait avec la séquence 7, « Journalistes
dans laquelle il faut entrer avec force et conviction. en herbe ! », une séquence fondée sur des projets pratiques
en lien avec le journalisme : réalisation d’exposés, d’inter-
3 Zola conseille à la jeunesse de se lancer dans le monde
views, de reportages et d’émissions de radio. La variété
du journalisme car c’est une bonne école de la vie, selon lui.
des approches (en binômes ou en groupes, recherche,
Il invite les jeunes à entrer pleinement dans ce monde pro-
confrontation à l’autre, prise de parole, rédaction, construc-
fessionnel, sans doute, pour apprendre et se former.
tion d’une émission…) offre un approfondissement ludique
4 « Je sais bien qu’on accuse le journalisme de vider les
mais toujours exigeant d’une séquence 6 plus centrée sur la
gens, de les détourner des études sérieuses, des ambitions représentation littéraire et artistique d’un métier, ses enjeux
littéraires plus hautes » (l. 13-15). À cette époque, semble- et de ses difficultés.
t-il, le journalisme est accusé de capter les forces de ceux
qui pourraient utiliser leur plume pour de plus « nobles
choses », comme la littérature. C’est un domaine perçu
comme peu sérieux, séduisant mais vain.

100
Informer, s’informer, déformer ?

7 Journalistes en herbe !
> p. 146

1 Présentation de la séquence
La séquence « Journalistes en herbe ! » se décline en Cette séquence peut être menée dans son intégralité ou
quatre projets : faire un exposé oral, réaliser une interview, bien projet par projet. Les élèves sont particulièrement
écrire un reportage, et réaliser une émission de radio. La sensibles au sujet du développement durable, et ils s’inves-
thématique retenue est celle de l’écologie. Ces quatre tiront volontiers dans chacun des projets.
projets permettent aux élèves de s’exprimer, à l’oral ou
à l’écrit, individuellement, en binômes ou en plus grands
groupes.

2 Objectifs de la séquence
La séquence « Journalistes en herbe ! » a pour objectifs Les quatre projets sont diversifiés et peuvent être diffé-
de sensibiliser les élèves à l’écologie, et de leur offrir renciés : chacun y trouve son intérêt, enseignant comme
plusieurs modes d’expression (oral et écrit). Elle permet élève. Ils peuvent être menés successivement, ou bien
aussi de les familiariser avec la presse écrite dans sa diver- séparément.
sité ainsi qu’au média radio. La séquence peut être investie en cours de français, de
Les projets proposés vont permettre de faire travailler SVT ou encore d’EMC.
des compétences telles que s’exprimer à l’oral, analyser Les projets réalisés peuvent rayonner dans l’enceinte de
le point de vue d’un journal, travailler en équipe ou encore l’établissement, plus spécifiquement l’émission de radio,
sélectionner des informations pour construire une émis- qui pourra être déposée sur l’ENT ou diffusée en direct.
sion de radio.

3 Corrigés de la séquence
Pourquoi le thème de l’écologie ? Les élèves sont particuliè- TESTÉ EN CLASSE Au collège Guillaume de Conches,
rement sensibles à cette thématique : la question du déve-
les élèves se sont immédiatement emparés du projet
loppement durable et de l’avenir de leur planète les concerne
radio lorsqu’il leur a été présenté (par le professeur
et les implique.
de français et le professeur documentaliste). Les élèves
En leur permettant de réaliser ces projets, voilà les 4e jour-
ont interviewé un maraîcher local, le chef de cuisine,
nalistes, mais aussi ambassadeurs de l’environnement.
le personnel d’entretien (sur la question du recyclage),
La question de l’EDD est prégnante au collège : de nom-
leurs camarades... Ils ont aussi réalisé un reportage sur
breux établissements ont mis en place un système de
le compostage récemment installé au collège. Chaque
compostage, de tri des déchets à la cantine, d’installation
élève a mené à bien la mission qui lui a été confiée.
de ruches, d’élection d’éco-délégués… Les objets de repor-
tages sont donc nombreux, et les personnes à interviewer
potentiellement aussi.

101
Projet 1 Faire un exposé oral sur un journal Les élèves travailleront en amont les questions à poser.
mettant l’écologie à sa une > p. 147 Ils ont souvent tendance à ne poser que des questions fer-
mées, ce qui réduit considérablement l’intérêt des réponses
L’intérêt de ce projet est de faire découvrir la diversité de
apportées ! Il ne faut alors pas hésiter à les faire reformuler.
la presse aux élèves : selon le titre de presse, le point de vue
ne sera pas le même. On peut ici aussi faire un point sur Lors de l’interview, il est important que les élèves disposent
le vocabulaire de la presse (hebdomadaire, quotidien…) et d’un lieu calme pour être totalement concentrés sur l’inter-
sur celui de la une (manchette, ventre…  fiche méthode 11 view. Il est utile aussi de prévoir du temps pour qu’ils ne se
page 249). trouvent pas bousculés par la sonnerie, et qu’ils puissent
Il est intéressant de profiter de la Semaine de la presse conclure leur interview convenablement, en prenant le
et des médias (en mars) pour travailler autour de cette temps de remercier la personne interviewée. Bien sûr,
activité. Les élèves manipulent, feuillettent et découvrent il faut penser à prévenir le chef ou la cheffe d’établissement
une multitude de titres de presse. qu’un invité extérieur est dans l’enceinte de l’établissement.
Les élèves choisissent ensuite un des titres (ou l’enseignant L’interview peut être enregistrée avec un smartphone ou
l’attribue, selon le niveau ou les centres d’intérêt des élèves), un enregistreur numérique. Casques et micros ne sont pas
et observent la une. Ils relèvent les éléments majeurs indispensables.
qui la composent, et essaient de trouver un point de vue Si l’interview nécessite du montage (bafouillements,
(politique ou autre). silences, bruits parasites…), on pourra utiliser les logiciels
Lors de cette activité, les élèves travaillent l’oral, et gratuits Audacity ou Reaper.
s’exercent à intervenir devant un public. Comme ils sont en Si l’interview est mise en ligne, la personne interviewée
binômes, ils peuvent s’entraîner ensemble avant de passer est toujours touchée d’être prévenue, et un accord oral
devant la classe. est suffisant pour une personne majeure dans le cadre
d’un projet pédagogique. Elle pourra ainsi écouter son
TESTÉ EN CLASSE Ce projet peut être réalisé en une intervention !

heure : les élèves se mettent en groupes puis observent TESTÉ EN CLASSE Attention aux personnes trop
la une durant 15-20 minutes. Ils préparent ensuite leur
bavardes ! ll peut être utile de rester à proximité des
oral, puis passent devant le reste de la classe. L’enseignant
jeunes intervieweurs pour « cadrer » quelque peu l’entre-
peut, à la fin de l’heure, s’il reste du temps, faire un bilan
tien et éventuellement le conclure.
en comparant tous les journaux proposés et rappeler les
différents points de vue évoqués.
Projet 3 Écrire un reportage sur l’écologie
au collège > p. 149
Projet 2 Interviewer un acteur de l’écologie
Avant que les élèves se lancent dans l’écriture, il peut être
au collège > p. 148
utile de faire un point sur les attendus : les élèves doivent
Lors de ce projet, les élèves pourront faire preuve d’autono-
chercher la définition du mot « reportage » dans le diction-
mie : ils essaieront, s’ils s’en sentent capables, de réaliser
naire, mais une reformulation et des explications supplé-
seuls toutes les étapes. L’enseignant devra veiller au bon
mentaires peuvent être les bienvenues : il s’agit de rapporter
déroulement de l’activité, mais n’aura pas à intervenir
de manière vivante ce qu’on a vu, entendu et ressenti.
beaucoup.
On peut montrer aux élèves des exemples de reportages
Pour commencer, il faut faire réfléchir les élèves sur le choix
(dans Géo Ado, Le Monde des ados…) pour s’assurer qu’ils
de leur invité : connaissent-ils quelqu’un personnellement ?
ont bien compris ce que l’on attend eux.
Si ce n’est pas le cas, il sera utile d’ouvrir son propre carnet
Le reportage doit être concis et complet à la fois, et intéres-
d’adresses !
ser le lecteur. Il peut être intéressant de faire réfléchir les
Le plus difficile sera certainement de trouver la bonne
élèves à un axe de travail : comment veulent-ils expliquer
personne à interviewer : il faudra trouver quelqu’un de dis-
le sujet abordé ? Quel est le point de vue adopté ? Veulent-
ponible sur les horaires scolaires, qui peut venir au collège,
ils convaincre le lecteur ? Le faire réagir ?…
et qui fera preuve de bienveillance et de patience vis-à-vis
des élèves. En comité de rédaction, les élèves détermineront ce qu’ils
Ensuite, on peut laisser les élèves contacter eux-mêmes savent déjà de leur sujet (le compostage au collège, par
la personne qu’ils souhaitent interviewer ; il peut cependant exemple), et ce qu’ils voudraient savoir de plus (quels
être prudent de les faire s’entraîner, en simulant un appel déchets de cantine on peut composter, par exemple).
téléphonique, par exemple. Il faut que les élèves pensent Une étape majeure est celle de la rédaction : les élèves liste-
à expliquer leur démarche, ce à quoi servira l’interview, et où ront les éléments qu’ils souhaitent conserver, et ils choisi-
elle sera disponible à l’écoute. ront le fil conducteur de leur reportage.

102
TESTÉ EN CLASSE Un reportage complet peut être l’émission : il pourra rédiger un article sur l’ENT, concevoir
des flyers, ou encore réaliser et accrocher des affiches.
réalisé en 3 ou 4 séances : une séance préparatoire, une
séance de reportage et une à deux séances de réalisation Plusieurs séances en classe entière sont nécessaires : il est
finale. important que chaque groupe suive l’avancée de l’ensemble
Par expérience, les élèves ont hâte de « partir en repor- du groupe-classe pour donner une cohésion à l‘émission.
tage ». Il est cependant indispensable de les contraindre Le titre de l’émission devra être choisi collectivement. Les
à préparer et à travailler les cinq questions essentielles animateurs de l’émission (deux maximum) pourront être
auxquelles ils devront répondre (Qui ? Quand ? Quoi ? élus après une brève improvisation devant leurs camarades.
Où ? Comment / Pourquoi ?). Les élèves peuvent aussi
réfléchir en amont aux photos qu’ils prendront. Lorsqu’ils
TESTÉ EN CLASSE Ce projet demande un peu de
sont réellement en reportage, ce n’est plus le moment
de discuter du sujet à traiter ! Il peut être nécessaire de temps (en général, quatre à six séances sont nécessaires,
vérifier l’état de charge de la batterie de l’appareil photo et il faut prévoir aussi du temps de montage) et beaucoup
et de prévoir un stylo de secours... d’énergie : les élèves sont pareils à des abeilles dans
une ruche ! Motivés par le projet, ils sont en ébullition
et les discussions en groupe sont parfois vives. Mais c’est
Projet 4 Réaliser une émission de radio l’un des temps forts dans une année scolaire. Les élèves se
sur le thème de l’écologie > p. 150 rappelleront longtemps d’avoir participé à une émission
C’est le projet le plus ambitieux des quatre : réaliser entiè­ de radio !
rement une émission de radio représente du travail ! Mais
les élèves sont très fiers de participer à un tel projet, et l’on
peut compter sur leur implication. Aucune émission de radio Chaque élève, quel que soit son niveau scolaire, trouve sa
réalisée au collège de Conches ne s’est trouvée avortée. place :
Nul besoin d’un studio radio équipé avec du matériel • l’animateur sera un élève à l’aise à l’oral ;
dernier cri : un enregistreur numérique, voire un smartphone • le groupe Coup de cœur littéraire sera composé d’élèves
et un ordinateur suffisent. lecteurs ;
Travailler avec toute une classe peut être compliqué : la • le groupe Communication sera proposé aux élèves en
co-intervention prend ici tout son sens. Faites appel au difficulté et/ou ne souhaitant pas passer à la radio.
professeur documentaliste ! Attention : il faut que chaque groupe prenne le temps de
La première séance consistera à présenter le projet aux taper son texte sur ordinateur et de l’imprimer : il est parfois
élèves, et à leur attribuer un rôle et un sujet ; c’est aussi difficile de se relire, et devant le micro, il est préférable de
le moment où il faut leur présenter un rétroplanning : ne pas bafouiller ! Chaque texte sera aussi donné aux ani-
en leur donnant une date d’enregistrement de l’émission, mateurs pour qu’ils puissent suivre le déroulé de l’émission
le stress s’installe, mais aussi la motivation et l’efficacité ! en temps réel.
Des groupes de 2 à 4 élèves peuvent être constitués selon Pour guider l’ensemble de l’émission, vous pouvez utiliser
leurs affinités ou bien selon leur niveau. le modèle de fiche Conducteur accessible en téléchar­
• Le groupe Animation pourra créer le jingle de l’émission gement dans l’étape 4 du Projet (p. 151).
avec le site Incredibox par exemple ; les élèves pourront C’est l’outil directeur de l’émission : on y inscrit les sujets
aussi jouer d’un instrument de musique et s’enregistrer. dans l’ordre, leur durée ainsi que le nom des chroniqueurs.
• Le groupe Interview devra veiller à l’intérêt des questions Les élèves savent ainsi exactement à quel moment ils
posées (là encore, attention aux questions fermées). passent à l’antenne (les temps indiqués permettent de
• Les deux groupes Coup de cœur pourront faire des se préparer), et les animateurs (ainsi que l’enseignant !)
recherches documentaires au CDI et demander conseil peuvent suivre l’ensemble de l’émission sans rien oublier.
aux enseignants pour choisir les titres de livres ou de films. Pour conclure, les élèves sont systématiquement enthou-
• Le groupe Reportage devra réfléchir avant de partir sur le siastes lorsqu’on leur propose de se mettre dans la peau
terrain (cf. projet précédent) ; il pourra être utile de conseil- d’un journaliste ; les activités proposées sortent de l’ordi-
ler les élèves et de leur permettre d’enquêter à l’extérieur naire et du cadre traditionnel d’un cours en classe. Ils se
du collège si possible. voient obligés de faire preuve d’autonomie et prennent
• Pour que le groupe Micro-trottoir puisse travailler effica- des initiatives. Ils sont responsables d’une tâche qu’ils
cement, il pourra être utile de prévenir le personnel de vie devront mener à bien jusqu’au bout pour l’intérêt du groupe.
scolaire : les élèves intervieweurs pourront interroger leurs De nombreux élèves se révèlent ainsi très curieux ou parti-
camarades plus aisément (dans la cour, par exemple). culièrement à l’aise à l’oral, ce qui permet de les valoriser
• Le groupe Communication, lui, s’attachera à promouvoir lors de l’évaluation finale du projet.

103
Dire l’amour

Itinéraire d’un cœur


8 amoureux > p. 152

1 Présentation de la séquence
Cette huitième séquence du manuel propose de déve- dès le xviie siècle avec la Carte de Tendre, Stendhal
lopper l’analyse du sentiment amoureux dans des récits. l’a théorisé au xixe siècle dans son livre De l’amour. Il y
Elle s’articule en plusieurs étapes, qui sont autant de développe le concept de cristallisation, pour expliquer
repères sur la route des sentiments : la rencontre de deux comment on tombe amoureux. Parmi les étapes, il note
cœurs, la naissance de l’amour, l’écriture de lettres d’amour, le fait d’admirer l’autre, de le parer de qualités imaginaires,
la séparation et les retrouvailles. Le thème de la séparation d’espérer ou de douter de l’amour.
est traité dans l’atelier d’écriture. Le chapitre présente On pourra croiser les apprentissages de cette séquence
donc un ensemble de topoï de la littérature. avec les deux autres traitant du même thème : « L’amour
« Tomber amoureux », c’est suivre tout un parcours donne-t-il des ailes ? » (> p. 174) et « Sans vous je ne
psychique et sentimental. Si cet itinéraire a été illustré saurais plus vivre » (> p. 196).

2 Objectifs de la séquence
Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• S’exprimer de • Consolider • Contrôler sa • Exploiter les • Fréquenter des œuvres
façon maîtrisée l’orthographe lexicale compréhension, devenir principales fonctions d’art
en s’adressant et grammaticale un lecteur autonome de l’écrit > p. 153, p. 155, p. 167,
à un auditoire > p. 166 > p. 156-163 > p. 156, p. 158, p. 162 p. 168
> p. 161 • Enrichir et structurer > À vos marque-pages ! • Exploiter des lectures • Lire des œuvres
• Exploiter le lexique, établir p. 164-165 pour enrichir son écrit > p. 156-153, p. 164-165
les ressources un champ lexical • Élaborer une > p. 156, p. 158, p. 162 • Établir des liens entre
expressives > p. 167 interprétation de textes • Adopter des des créations littéraires
et créatives littéraires stratégies et et artistiques issues de
de la parole > p. 156-163 des procédures cultures et d’époques
> À l’oral p. 157 • Lire des textes non d’écriture efficaces diverses : analyser des
> À l’oral p. 159 littéraires, des documents > Atelier écrit affiches et des extraits
composites p. 168-169 de films
> p. 153, p. 154, p. 155, > p. 154
p. 158, p. 159, p. 163 > Au cinéma
p. 170-171

Ouverture > p. 152-153 À la découverte… > p. 154


Le tableau de Renoir choisi en ouverture de séquence est Afin de susciter la parole chez les élèves, on commence
le reflet du titre du chapitre : les amoureux représentés par par l’analyse de plusieurs extraits de chansons. Ils ont tous
le peintre s’aventurent sur l’itinéraire de deux cœurs sans pour point commun d’égrainer les noms doux qui peuvent
doute amoureux. La citation de Colette double cette idée être donnés à l’être aimé. La particularité de ces chansons
de cheminement amoureux. est, pour deux d’entre elles, une certaine ironie pour les
104
amoureux ! On fera ensuite visionner un extrait de Big Fish de faiblesse physique, et qui ont besoin de soutien et
de Tim Burton (2003), un film poétique et onirique, qui d’amour. En effet, ordinairement, les hommes sont repré-
permet d’analyser un des premiers topoï de la séquence : sentés comme forts et dans l’action, les femmes ont besoin
le coup de foudre. d’être secourues : ces derniers extraits renversent donc les
topoï.
Quelques repères > p. 155
Dans cette page, on propose, tout d’abord, un travail Pour vous aider à lire et à écrire > p. 166
lexical sur la famille du verbe « aimer ». Il est, en effet, Cette double page reprend des éléments de langue vus
fort compliqué de faire définir ce sentiment par les élèves. dans les Lectures. Ainsi les exercices sur « L’expression
On aborde ensuite le terme topos, qui sera utilisé dans de l’hypothèse grâce au conditionnel » permettent de
le chapitre. Le paragraphe « Être romantique » permet de traiter une question dans la Lecture 1 ; ceux sur « La forme
lever les ambiguïtés sémantiques autour de cette expression passive » donnent des éléments pour répondre à une
et de réfléchir sur les acceptions du mot « romantique » : consigne de la Lecture 4. Le vocabulaire sur « L’expression
son sens courant et celui qui désigne l’un des courants litté- des sentiments amoureux » éclaire, quant à lui, l’ensemble
raires les plus emblématiques du xixe siècle. de la séquence.

Lecture 1 > p. 156 Atelier écrit > p. 168


Le choix effectué est celui de deux rencontres entre des
Si la séquence propose l’étude de scènes de retrouvailles,
adolescents, pour rester proche des préoccupations de
elle passe néanmoins sous silence ce qui peut la précéder
nos élèves et les faire entrer plus facilement dans le thème.
parfois : la rupture amoureuse. L’atelier écrit permet de
Le premier texte, Le Grand Meaulnes, met en scène Yvonne
remédier à ce manque, en faisant réinvestir les connais-
et Meaulnes lors de leur première rencontre ; le point de
sances acquises dans la séquence. C’est pour cela que
vue masculin est utilisé contrairement au deuxième texte,
l’on demande de choisir un couple présent dans le chapitre
le roman de littérature jeunesse 15 ans, où c’est le point de
pour le faire rompre. Afin de faciliter l’atelier, on propose, en
vue féminin qui prévaut.
ressources complémentaires, le visionnage de trois extraits
célèbres de rupture au cinéma, qui sont de plus des adapta-
Lecture 2 > p. 158 tions de romans : Les Liaisons dangereuses (Stephen Frears,
On place en regard deux textes d’époques différentes, 1988), Autant en emporte le vent (Victor Fleming, 1939) et
Eugénie Grandet et Mémoires d’une jeune fille rangée, qui Au revoir là-haut (Albert Dupontel, 2017). On pourrait,
mettent en évidence les balbutiements des premiers bien entendu, imaginer d’enrichir cet atelier par l’étude des
émois amoureux. Dans le texte de Balzac, ce tout jeune textes correspondants aux extraits.
amour est décrit positivement ; il façonne et élève les âmes
des jeunes gens. Dans celui de Beauvoir, au contraire, Au cinéma > p. 170
c’est une vision plus négative qui prédomine puisque les
On se penche, dans ces pages, sur la question de l’adapta-
sentiments émergents et un amour non partagé plongent
tion cinématographique, question fréquemment soulevée
de Beauvoir dans l’incertitude et le chagrin.
en classe.
Lecture 3 > p. 160
Faisons le bilan > p. 172
Les trois extraits sont des lettres d’amour, d’époques et
d’auteurs différents : Diderot avec une lettre réelle adressée Les cartes mentales proposées permettent un retour sur
à Sophie Volland, Gautier avec le roman épistolaire Made­ les apprentissages. On demande également leur avis aux
moiselle de Maupin, et Colette avec une lettre fictive dans élèves pour réactiver les connaissances acquises tout au
un roman qui ne relève pas du genre épistolaire. Les niveaux long du chapitre.
de langue différents et le vocabulaire amoureux plus ou
moins appuyé permettent d’organiser un travail en groupe
adapté aux compétences des élèves.
Sitographie / Bibliographie
• Stendhal, De l’amour, Michel Levy frères, 1863 : https://
Lecture 4 > p. 162 www.google.fr/books/edition/De_l_amour_par_de_
Stendhal_Henry_Beyle/eqIS9pgBTCgC?hl=fr&gbpv=0
Pour terminer, on met en avant une scène émouvante
des films et récits : la scène de retrouvailles. La littérature • Paul Pellisson-Fontanier, La journée des madrigaux ;
offre de nombreuses possibilités et le choix s’est ici porté suivie de La gazette de Tendre (avec la carte de Tendre) ;
sur les retrouvailles dans Jane Eyre et dans Un long dimanche et du Carnaval des Précieuses ; introductions et notes par
de fiançailles. L’intérêt était de mettre en avant des femmes Émile Colombey, éditions A. Aubry, 1856 : https://gallica.
qui sont à l’origine de l’action, face à des hommes en état bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97793646/f74.item.zoom#
105
• Michel Van Schendel, (1964), « L’amour dans la littérature • Ursula Tidd, « Simone de Beauvoir et la quête de l’autre »,
canadienne-française », Littérature et société canadiennes- Cahiers de l’Association internationale des études
françaises, vol. 5, n° 1-2, p. 153-165, 1964 : https://www. francaises, 2009, n° 61, p. 149-159 : www.persee.fr/doc/
erudit.org/fr/revues/rs/1964-v5-n1-2-rs1511/055225ar/ caief_0571-5865_2009_num_61_1_2575
• Alain Vaillant, « Pertes illusoires. Amour et littérature • Danielle Haase, « Colette : L’une et l’autre ». Les Cahiers
au xixe siècle », Romantisme, n° 62, p. 15-29, 1988 : du GRIF, n° 39, 1988, p. 55-68 : www.persee.fr/doc/
https://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_1988_ grif_0770-6081_1988_num_39_1_1770
num_18_62_5544 • Cyrano de Bergerac : https://fr.m.wikisource.org/wiki/
• Simone Lecointre, « Diderot, Lettres à Sophie Volland : Cyrano_de_Bergerac_(Rostand)/Texte_entier
le dit et le non-dit », L’Information grammaticale, n° 32,
On pourra découvrir l’essai consacré à Colette
p. 17-22, 1987 : http://www.persee.fr/doc/igram_0222-
par Dominique Bona :
9838_1987_num_32_1_2097
• Colette et les siennes, essai, Grasset, 2017.
• Raphaëlle Costa de Beauregard, « La femme dans Jane
Eyre (1847) », Caliban, n° 17, p. 57-67, 1980 : www.persee.
Podcasts
fr/doc/calib_0575-2124_1980_num_17_1_1110 • Radio France, « écrire l’amour » : https://www.radiofrance.
fr/franceculture/podcasts/serie-ecrire-l-amour

3 Corrigés de la séquence

Ouverture > p. 152-153 litanie de noms doux plus ou moins ironiques de la part
de Bénabar. On pourra, bien entendu, envisager la diffusion
On peut commencer la séquence en faisant commenter aux
des extraits sonores de ces chansons, mais également élargir
élèves le tableau de Renoir, La Promenade. On sera attentif
ce corpus avec, par exemple, les chansons suivantes : Gotainer
à la composition, au style impressionniste, au choix des
et « Ô vous » (album Rendez-vous au tas de sable, 1989),
couleurs en opposition et symboliques. On pourra attirer
Vanessa Paradis avec « Divine idylle » (album Divini­dylle,
l’attention sur le cadrage en plongée de ce couple. On fera
2007), Lomepal avec « Toi et moi » (album Seigneur, 2014),
noter que l’homme, attentionné, fait franchir un obstacle
Baloji et sa « Peau de chagrin » (album Bleu de nuit, 2018)…
invisible à sa compagne. La femme détourne pudiquement
les yeux, se laisse guider tout en regardant à l’arrière : 1. Ma gonzesse, ma princesse, mon âme sœur, amour, mon
on engagera les élèves à chercher une portée symbolique cœur, mon p’tit cœur, mon p’tit chat, mon trésor, mon petit
à la représentation du couple, par exemple en faisant rat, ma p’tite fouine, ma p’tite teigne, ma sardine, ma
commenter l’idée d’obstacle sur le chemin de l’amour. Sardaigne : on fera remarquer l’utilisation du déterminant
Par ailleurs, on fera paraphraser la citation de Colette, en possessif. Classement envisageable : noms d’animaux, les
explicitant la personnification du sentiment amoureux, et références au sentiment amoureux…
l’idée de son inéluctabilité. On montrera que l’amour est 2. On relèvera un effet comique, trivial chez Anaïs Croze,
représenté là aussi comme un obstacle sur le chemin de mais une proximité affichée avec l’auditeur chez Renaud,
la vie, il est celui qui arrête, ou qui fait tout s’écrouler quand qui imite le parler quotidien.
il déserte. 3. Pour lever les réticences des élèves, on n’hésitera pas à
étendre cette recherche de noms doux aux surnoms donnés
Passerelles
par les parents à leurs enfants, ou entendus dans des films.
En ce qui concerne le style impressionniste de La Promenade, Cet élément permet de débloquer la parole, car l’expression
on pourra se reporter utilement à la page « Histoire des arts » de l’intime est parfois difficile pour les adolescents.
de la séquence 1 (p. 36-37).
2 Le coup de foudre
À la découverte… > p. 154 On peut commencer cette activité par un pont entre deux
langues et demander aux élèves comment « coup de
1 Les petits mots d’amour foudre » se dit en anglais. On expliquera alors que « Love at
On propose d’entrer dans le chapitre par le biais d’extraits first sight » – littéralement « l’amour au premier regard » –
de chansons mettant en avant les surnoms affectueux en est la traduction. Fort de cette mise en perspective, on
que les amoureux se donnent. On fera remarquer que fera regarder l’extrait de Big Fish de Tim Burton. Pour rappel,
chacun a un point saillant : le registre familier chez Renaud, ce film raconte, dans un long flash-back, l’histoire d’amour
l’expression des sentiments avec Slimane et Vitaa, le rejet entre les parents du narrateur. Comme souvent, le réalisa-
des minauderies par la moqueuse Anaïs Croze, enfin une teur de Sleepy Hollow et Edward aux mains d’argent amène
106
son spectateur dans un monde onirique et fantastique, où également, puisque la jeune fille est toute en retenue
la réalité est tout autre. Ainsi, dans Big Fish, le personnage (« La jeune fille répondait doucement », l. 23 ; « ce même
interprété par Ewan McGregor narre ses aventures sous le regard innocent et grave », l. 24) alors que sa compagne ne
prisme particulier de la reconstruction poétique des souvenirs. cesse « de causer gaiement et de rire » (l. 22-23). On notera
1. Grâce au lien du manuel, il est possible de faire visionner que cette description rompt avec les codes classiques
cette scène en classe ou à la maison, ou même de façon d’une jeunesse gaie et d’une vieillesse austère.
individuelle sur des postes de la salle informatique. Si cette 2 Elle semble « extraordinaire » (l. 3), « excentrique »
dernière option est retenue, on pourra demander aux élèves (l. 6) : Meaulnes trouve donc cette jeune fille hors norme,
de rédiger la réponse à la question 2 et de l’envoyer sur étrange dans son accoutrement modeste. Cependant, il est
l’ENT. Il sera alors opportun de valider la compétence aussi favorablement impressionné par Yvonne, ainsi que
« Utiliser des outils et espaces numériques pour échanger, le montrent les adjectifs « charmant » (l. 2), « beau » (l. 10),
stocker, mutualiser des informations ». « pur » (l. 12), « fine » (l. 13) : sa beauté (celle de son accou-
2. On notera que ce film est poétique puisqu’il met en scène trement, de son physique, mais aussi de son allure) et son
une rencontre au ralenti, expliquée par la voix off ; cette charme sont ainsi soulignés.
rencontre est rendue particulièrement attendrissante par le 3 LANGUE Les adjectifs qui s’appliquent à Yvonne de
jeu des regards entre les deux jeunes gens, par la délicatesse Galais et aux éléments de son physique sont « lourde »
avec laquelle le jeune homme se meut sur la piste du cirque (l. 15), « blonde » (l. 15), « courts » (l. 16), « douloureuse »
tout en écartant les pop-corns figés du revers de la main. (l. 17), « simple » (l. 18), « sage » (l. 18). L’aspect extraordi-
La poésie réside aussi, à la fin de la scène, avec le temps naire de la jeune fille est gommé, au profit d’une description
qui reprend sa course en accéléré et avec le visage triste plus réaliste.
de la jeune femme qui disparaît dans la foule. 4 Meaulnes est tout d’abord étonné (« avec un étonne-
ment », l. 4), si bien qu’il se tient « immobile » (l. 8). À la
Passerelles ligne 19, il est décrit comme « perplexe ». Encouragé par
On pourra proposer comme activité de chercher dans le le fait qu’Yvonne s’est tournée « imperceptiblement vers
sommaire du livre les auteurs romantiques cités dans ces lui » (l. 20), il reprend confiance à la fin de l’extrait : il ne
lignes, pour en lire les extraits (Arria Marcella de Théophile reste plus figé mais suit les deux femmes.
Gautier, p. 73 ; Les Misérables de Victor Hugo, p. 106 ; 5 Les deux compléments indiquent ici une prolepse, une
Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier, p. 160). anticipation de la suite du roman : Yvonne et Meaulnes
vont être séparés, et la jeune fille n’existera plus que dans
Lecture 1 Décrire la première rencontre les souvenirs de Meaulnes, de façon imprécise.
> p. 156-157
 À L’ÉCRIT
Vos objectifs
• Découvrir deux scènes de première rencontre. La réponse de Meaulnes pourrait être : « Je ne suis personne,
• Analyser les sentiments des personnages. juste un garçon perdu qui vient de se retrouver en vous
• Étudier deux portraits. rencontrant. J’ai participé hier à une fête extraordinaire,
Ces deux scènes de rencontre sont différentes sur de nom- mais ce que je vois aujourd’hui l’est tout autant. »
breux points. La première, celle du Grand Meaulnes, est vue
par les yeux d’un jeune homme qui est attiré irrésistible-
Croisements
ment par une jeune femme, dont le souvenir ému et candide On peut enrichir cette séance d’une analyse de l’image, en
viendra longtemps le hanter. La seconde, celle de 15 ans, utilisant le photogramme de la page 170. On fera remarquer
beaucoup plus moderne et plus actuelle, parlera davantage le jeu des regards, le geste et la posture romantique de
à nos élèves, qui se retrouveront sûrement dans le point Meaulnes qui baise la main d’Yvonne, la rigidité tout en
de vue de la jeune fille qui s’interroge sur son pouvoir de retenue de celle-ci. Les couleurs en opposition des costumes
séduction et sur ses premiers émois. seront à souligner. On peut détourner l’exercice d’écriture
de la page en demandant aux élèves d’inventer le dialogue
1 Le Grand Meaulnes entre les deux personnages à ce moment précis du film.
Cette première rencontre est rédigée sous le sceau du
contraste, qui fait de la jeune femme, Yvonne de Galais, 2 15 ans
une personne remarquable et remarquée par Meaulnes. Cette première rencontre parlera certainement davantage à
Elle place d’emblée Yvonne dans le domaine de la rêverie, nos élèves, car elle met en scène une jeune fille de 15 ans
du souvenir, de la femme pressentie comme inaccessible. qui croise pour la première fois un garçon qui l’attire. Il s’agit
1 L’un des personnages est aussi vieux que l’autre est jeune. ici des premiers émois adolescents. L’expression est aisée
De plus, la vieille femme est « courbée » alors que la jeune à comprendre, parfois légère, et le texte est rendu amusant
fille est « élancée » (l. 1-2). Leurs caractères s’opposent par la candeur de la narratrice.
107
1 Ce sont des caractéristiques physiques qui font de lui célèbre couple d’amoureux Bella et Edward.
un « garçon super mignon » (l. 6) : il est « grand et élancé »
Votre bilan
(l. 2-3), « à la peau claire, au nez parfait et aux cheveux
On notera l’importance du regard, le trouble et les interro-
châtains courts » (l. 4-5). Une insistance particulière est à
gations des personnages, la difficulté à parler à l’autre.
noter pour la description de ses yeux, avec une comparaison
Le portrait de l’autre est primordial dans la première
incongrue « exactement du même marron que le velours
rencontre, puisque les coups de foudre reposent souvent
de mon fauteuil préféré » (l. 9-10), « avec de longs cils et
sur une attirance physique.
des sourcils épais » (l. 10).
2 Les échanges se font uniquement avec des regards :
Lecture 2 Un amour naissant ? > p. 158-159
« il a relevé la tête pour me regarder » (l. 8), « Ces beaux
yeux marron se sont à nouveau baissés vers la couverture Vos objectifs
du livre pendant un instant, avant de retourner à moi, mais • Étudier la description de la naissance du sentiment amou-
écarquillés cette fois » (l. 12-13), « je sentais son regard reux.
dans mon dos » (l. 21). Enfin, Chelsea s’imagine lui rendre • Analyser les sentiments des personnages et comprendre
« son regard avec des étincelles de malice » (l. 28). leurs contradictions.

3 Tout d’abord, Chelsea est surprise (« Je me suis arrêtée L’amour naissant est toujours soumis à des sentiments
net », l. 1), puis elle est troublée (« faire battre mon cœur confus, parfois contradictoires. Les personnages dont il est
à toute vitesse », l. 15-16), et incrédule (« Il est vraiment question en Lecture 2 ne dérogent pas à cette règle :
resté scotché... sur moi ? sur moi ! », l. 17-18). Elle éprouve évolution de la relation d’Eugénie et de son cousin Charles,
ensuite « une montée de panique mélangée à de l’excita- réciprocité souhaitée de Simone et de son cousin Jacques.
tion » (l. 19), qui la rend nerveuse (« enroulé nerveusement Les élèves remarqueront sûrement la proximité familiale
une mèche », l. 24). Pour terminer, elle ressent du regret des protagonistes. C’est à leur professeur de remettre les
car elle est timide (« j’ai regretté de ne pas ressembler éléments dans leur contexte culturel et historique : 1833
au stéréotype de la rouquine, forte tête, impulsive », pour Eugénie Grandet et 1958 pour les Mémoires d’une jeune
l. 26-27). fille rangée.

4 Le garçon semble lui aussi surpris et troublé puisqu’il Passerelles


commence par détourner le regard de Chelsea, pour ensuite
Avant de commencer, on pourra lire et expliquer le poème
l’observer avec « un air abasourdi » (l. 14), sans pouvoir
de Louise Labé « Je vis, je meurs » (séquence 9, p. 181)
s’empêcher de l’observer, comme le montre la répétition
et en proposer un apprentissage. Cela permettra d’évaluer
du participe passé « scotché » (l. 17), et l’impression qu’a
la compétence « savoir utiliser les ressources de la voix,
Chelsea qu’il ne la quitte pas des yeux (« Je sentais toujours
de la respiration, du regard, de la gestuelle, pour dire de
son regard sur moi », l. 25).
mémoire ».
5 LANGUE « Si j’avais été » : plus-que-parfait de l’indica-
tif, « je me serais retournée » et « je lui aurais rendu » : 1 Eugénie Grandet
passé du conditionnel. On fera noter que l’utilisation de ces Le roman Eugénie Grandet mêle les deux thèmes de l’amour
temps et modes dans une même phrase forme un système et du poids du patriarcat par le biais d’un rapport malsain
hypothétique. à l’argent, ici incarné par l’avarice du père Grandet. Le thème
6 Cette rencontre ressemble à un coup de foudre, puisque de ce roman, écrit en 1833, est d’une modernité étonnante
cette scène se joue par un échange de regards qui provoque et reste très actuel.
une forte émotion chez chacun des personnages.
Croisements
 À L’ORAL Ce texte, sans doute un des plus ardus du chapitre, pourra
On laissera aux élèves un temps de préparation, tant être introduit par le visionnage de la bande-annonce du film
pour imaginer la mise en scène que pour s’entraîner à de 2021, dont le lien se trouve page 170. Après le visionnage
la lecture expressive du texte. On conseillera d’utiliser et l’étude du texte, on pourra répondre aux questions
le support audio fourni avec le manuel. Cette activité peut d’analyse de l’image et mettre en regard le texte et son
être l’occasion de valider des compétences telles que adaptation.
« s’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un audi- POUR COMMENCER L’attention du spectateur se porte
toire » et « exploiter les ressources expressives et créatives sur la femme au premier plan. Pourtant, son attitude
de la parole ». est passive. L’homme à ses côtés, par sa proximité,
l’insistance de son regard, semble la dominer : elle baisse
Passerelles les yeux, elle semble gênée, confuse. Est-elle amoureuse ?
On pourra mettre en relation ce texte d’amours adoles- Que peut-il lui dire ? Leur proximité sous-entend-elle qu’ils
centes avec celui de Midnight Sun (séquence 2, p. 51) et le vont s’embrasser ?
108
1 L’amour entre Charles et Eugénie est arrivé tout naturel- – Qui donc ? Aie confiance ! Je ne révélerai ce secret à
lement, et pour cause, ils sont cousins : « L’amour est notre personne, l’encouragea Jean.
seconde transformation. L’enfance et l’amour furent même Charles hésita encore. Puis, enfin, il murmura, presque reli-
chose entre Eugénie et Charles » (l. 6-8). gieusement :
2 Les deux personnages sont heureux car leur amour est – Eugénie ! Ma douce Eugénie ! Elle fut pour moi presque
naissant, mais ils se sentent coupables car leur amour une sœur, une amie. Aujourd’hui, c’est une évidence : elle est
est secret et doit le rester. Enfin, ils souffrent car ils sont ma vie ! Notre amour était déjà présent dans nos jeux inno-
endeuillés. cents, dans nos joies enfantines. Nous avons grandi ensemble,
nous avons tout partagé : l’amour s’est imposé à nous comme
3 Le champ lexical de la religion est utilisé à la fin de
une fatalité. À partir de maintenant, je ne peux envisager
l’extrait : « église » (l. 17), « sainteté » (l. 18). Les sentiments
le monde sans sa présence à mes côtés, à tout instant.
que ressentent Charles et Eugénie sont purs, saints, et leur
Jean passa le bras autour des épaules de son ami et lui avoua,
amour est spirituel plutôt que charnel. On peut parler de
le sourire aux lèvres :
« communion des âmes », pour rester dans le même champ
– Je le savais sans le savoir, mon cher Charles. Tout en vous
lexical.
deux, ensemble, parle d’amour : vos regards échangés, vos
4 LANGUE On a affaire à des comparatifs dont le com-
discussions silencieuses. Comme vous devez être heureux et
parant est sous-entendu : ce sont deux comparatifs de
comme j’envie votre amour !
supériorité. On pourrait demander aux élèves d’exprimer
le comparant manquant. On trouverait « plus intimes 2 Mémoires d’une jeune fille rangée
qu’avant », « mieux communs que les autres amoureux » ... Philosophe, essayiste et romancière, Simone de Beauvoir
5 Charles et Eugénie se construisent un monde à part : ils est une figure importante de la cause féministe. Elle a
sont fusionnels, se comprennent depuis toujours (« joies signé Le Deuxième Sexe (1949), dans lequel elle s’interroge
enfantines », l. 6), dès le moindre regard, sans avoir besoin sur la place des femmes dans la société française d’après-
de trop parler (« en échangeant quelques mots », l. 12 ; guerre. Son autobiographie, divisée en 5 volumes, apporte
« à se dire de grands riens », l. 14-15). Des termes comme un éclairage sur son éducation, ses convictions, et son
« passion » (l. 8), « harmonie » (l. 11) montrent qu’ils rapport à l’amour. Mémoires d’une jeune fille rangée est
sont faits l’un pour l’autre, telles des âmes sœurs. Personne le premier tome de cette autobiographie.
n’a sa place dans le monde qu’ils ont créé (« en les mettant
pour ainsi dire, tous deux en dehors de la vie ordinaire », TESTÉ EN CLASSE Étudié par deux classes de 4e en
l. 3-4). Ils sont ainsi dans une bulle qu’ils ont eux-mêmes
Réseau d’éducation prioritaire (REP), le texte a trouvé
bâtie et qui les protège du monde extérieur.
un fort écho dans la classe, a provoqué remarques et
 À L’ÉCRIT indignations ! Les élèves n’ont pas trouvé le vocabulaire
On demandera aux élèves d’exprimer les émotions et trop difficile, et ont bien compris les sentiments évoqués
les sentiments de Charles. Ils peuvent être orientés vers dans le texte. Jacques n’a pas paru très sympathique aux
la fiche méthode 7 (« Comment exprimer ses sensations et deux classes. Étudié en une heure, le texte a été ensuite
ses émotions ? », p. 245). Les propos du 2e personnage l’objet d’une activité orale, l’organisation d’un débat, qui
doivent permettre de faire avancer le dialogue et de faire a pris appui sur la fiche méthode du manuel (> p. 244).
connaître les sentiments de Charles pour sa cousine Eugénie.
La consigne n’impose pas d’intégrer de la narration au 1 Jacques se montre « charmant » (l. 1) quand il rend visite
dialogue, mais il sera pertinent de faire remarquer aux élèves à Simone. Il la complimente indirectement sur son physique
que la narration enrichit le dialogue et qu’elle permet, pour « Elle est très jolie, Simone » (l. 9). Par ailleurs, Simone note
le moins, de distribuer la parole. « la chaleur de ses accueils, ses sourires, ses pressions de
Il peut être intéressant de rapprocher ce travail d’écriture main » (l. 14-15), autant de signes qu’elle interprète comme
avec la confidence de Cyrano à son ami Le Bret dans Cyrano des expressions de l’attachement de Jacques à son égard.
de Bergerac (voir le lien en bibliographie) d’Edmond Rostand 2 LANGUE Les phrases interrogatives sont : « Pourquoi ? »
à l’acte I, scène 5. La scène peut être lue aux élèves avant (l. 2), « L’aimais-je ou non ? M’aimerait-il ? » (l. 7), « Mais
pour leur donner des idées ou après, pour aider à la correc- qu’est-ce qu’il pensait au juste ? » (l. 19). Elles montrent
tion commune. l’incertitude de Simone, qui se demande si ses sentiments
Proposition de corrigé : sont partagés.
Charles voulut révéler à son meilleur ami, Jean, les sentiments 3 La figure de style utilisée est celle de l’antithèse entre
qu’il éprouvait pour Eugénie, sa cousine. les mots « présence » et « absence », ce qui rend le carac-
– Mon cher Jean, mon ami, tu as remarqué le trouble dans tère de Jacques paradoxal : être d’apparence, il dissimule sa
lequel je suis. Je dois t’avouer mon secret... Tu t’en doutes nature profonde, ses sentiments. Alors qu’il est physique-
peut-être. J’aime... ment présent au repas, il est ailleurs mentalement.
109
4 La famille occupe une place importante. Tout d’abord, Lecture 3 Lettres d’amour
il faut noter que Simone et Jacques sont cousins, ce qui en GROUPE > p. 160-161
renforce les liens avec la potentielle belle-famille. Les com-
Vos objectifs
pliments de Jacques pour Simone transitent par un circuit
• Étudier trois déclarations d’amour dans des lettres réelles
de la parole pouvant s’apparenter à des commérages : « Ma
ou fictives.
mère me répéta, d’un ton mi-figue mi-raisin qu’il avait dit
• Analyser l’expression des sentiments.
à la sienne » (l. 7-8). Cependant, la famille de Jacques est
également un obstacle dans leur relation (« Sa mère, sa Même si nous vivons tous à l’heure du numérique, forts de
sœur faisaient un séjour à Paris et je ne le rencontrais son immédiateté, les lettres d’amour (comme les simples
plus seul », l. 4-5). D’une façon générale, la famille fait mots d’amour) ne sont pas pour autant désuètes et
peser une sorte de pression sociale sur Simone et Jacques, parlent encore à nos élèves. Elles continuent de faire vibrer
alors qu’aucun serment n’a été échangé entre eux (« Dans d’exaltation, de jouer avec notre patience, d’entretenir des
l’affection que me témoignaient tante Germaine et Titite, passions secrètes. Elles témoignent aussi d’une véritable
il y avait cette année-là une espèce de complicité : sa famille, intention, dans le sens où elles nécessitent des efforts,
comme la mienne, semblait nous considérer comme enga- dans l’écriture, les tournures utilisées ou encore l’évocation
gés », l. 16-19). des sentiments.
Sans rentrer dans l’intimité des élèves, on pourra leur
5 On ne peut pas considérer cet amour comme heureux,
demander s’ils ont déjà été des émetteurs ou des récepteurs
car Simone est dans l’incertitude, et l’attitude de Jacques,
de messages d’amour et s’il a été difficile pour eux d’expri-
qu’elle considère comme une « mascarade » (l. 23), la blesse
mer leurs sentiments.
souvent, elle est « cruellement déçue » (l. 2), et même
« pendant la moitié de la nuit, je pleurai » (l. 24), affirme- 1 Lettres à Sophie Volland
t-elle. Elle s’aveugle dans ses sentiments, et cherche des
Alors que Diderot est marié, il rencontre Sophie Volland
excuses à Jacques (l. 11-14). On peut imputer cette attitude
en 1755. Leur relation, essentiellement épistolaire, dure
à sa jeunesse et son manque d’expérience.
trente ans. Il est à noter que si les lettres de Diderot sont
Pour aller plus loin parvenues jusqu’à nous, celles de Sophie ont disparu, nous
laissant une vision parcellaire de cette histoire d’amour.
Dans De l’amour, publié en 1822, Stendhal expose sa défini-
tion de la « cristallisation amoureuse ». Une personne en 1 a. Le registre est courant, voire soutenu. Le registre litté-
rencontre une autre et est éblouie par sa beauté. Selon raire est réaliste.
Stendhal, la passion crée une illusion, voire une auto- b. L’émetteur est Diderot, la destinataire Sophie Volland.
illusion de l’être aimé par l’amoureux/se. L’amour devient c. Le nom de l’émetteur est le même que celui de l’auteur :
alors une mystification. La femme ou l’homme réel n’existe la lettre est réelle.
plus car seul existe l’être parfait pour celui ou celle qui d. Le but est double : informer Volland que Diderot est
aime. Stendhal affirme que l’amoureux/se crée son objet venu la voir, mais qu’elle n’était pas chez elle. Il en profite
(l’homme ou la femme aimée) à partir d’une réalité, mais pour lui dire qu’il l’aime.
d’une telle manière que la femme ou l’homme réel(e) est e. On compte cinq expressions différentes, sept en comp-
transfiguré(e) par la passion. tant les répétitions : « vous baiser la main » (l. 1), « je vous
 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5550781f/f73.image aime » (répété 3 fois : l. 3, 4, 11), « mon désir » (l. 5), « votre
cœur » (l. 6), « des choses bien tendres » (l. 8).
 À L’ORAL

On peut proposer aux élèves un temps de préparation, 2 Mademoiselle de Maupin


mais on peut également préférer un exercice d’improvisa- L’intrigue du roman repose sur le travestissement et les
tion théâtrale. faux-semblants : Théodore, qui n’est autre que Mademoiselle
Votre bilan Madeleine de Maupin travestie en homme, a interprété
Les sentiments de Simone pour Jacques sont confus, comme un rôle féminin dans une pièce de Shakespeare, celui de
le montrent l’utilisation des phrases interrogatives et le Rosalinde. Pendant cette représentation, D’Albert a compris
lexique du doute et du chagrin. Dans le texte de Balzac, les les sentiments qu’il éprouvait pour Théodore/Madeleine.
sentiments sont moins confus, mais davantage en évolution Il décide de lui avouer son amour dans une lettre qu’il
pour Charles, qui se trouve transformé par l’amour, et revient adresse symboliquement à Rosalinde.
à la vie. 1 a. Le niveau de langue est très soutenu, et fait la part
belle aux sentiments : le registre est donc lyrique.
Pour aller plus loin b. L’émetteur est D’Albert, la destinataire Rosalinde.
Pour illustrer davantage l’idée de confusion des sentiments, c. Les deux noms sont différents : la lettre est fictive.
on fera lire l’extrait de Phèdre, page 201 à 203 (séquence 10 d. L’unique but est de faire une longue déclaration d’amour.
« Sans vous je ne saurais plus vivre »). e. Le champ lexical est très développé : on y compte plus
110
de quatorze termes (le verbe « aimer » répété quatre fois,
validé les réponses trouvées par les groupes, puis chaque
l. 1, 2, 13 et 16 ; le verbe « adorer » répété deux fois, l. 1 et
groupe a désigné un élève, qui a circulé dans la classe.
2 ; « languir », l. 14 ; « amour », l. 14 ; « mon idole », l. 4 ;
Il a commencé par lire le texte, puis a donné les éléments
« la vie, le soleil », l. 7-8 ; « vous êtes tout », l. 8 ; « ô ma
de réponse pour remplir le tableau. Cette activité a permis
reine chérie », l. 10 ; « ô mon beau rêve réel », l. 11) et de
de travailler la prise de note pour les groupes, et l’adapta-
nombreuses figures de style hyperboliques.
tion de l’oral à son public pour le porte-parole. À noter
3 La Vagabonde que cette Lecture est étonnamment peu chronophage :
une heure a suffi pour effectuer tout le travail.
Comme dans Chéri, Colette exploite le motif de la femme
mûre tombant amoureuse d’un homme plus jeune qu’elle,
et comme dans Chéri, c’est la différence d’âge qui pousse Votre bilan
les amants à se quitter. Colette s’appuie sur son expérience On laissera les élèves défendre leur point de vue, mais
personnelle du music-hall pour décrire la vie d’artiste que on suppose que la lettre de Gautier, plus lyrique, devrait
mène Renée. L’Entrave est la suite du roman La Vagabonde. emporter les suffrages.
1 a. Le niveau est courant, une chanson populaire est
même citée. Le registre littéraire est donc réaliste. Lecture 4 Des retrouvailles émouvantes ?
b. L’émettrice est Renée, le destinataire Max. > p. 162-163
c. Les deux noms sont différents : la lettre est fictive. Vos objectifs
d. Renée donne des nouvelles de son voyage, et en profite • Analyser l’expression des sentiments dans deux scènes de
pour dire à Max qu’il lui manque. retrouvailles.
e. « mon chéri » (l. 2), « son amant » (l. 8), « mon amant » • Comprendre l’importance des sensations.
(l. 9), « je vous embrasse » (l. 14), « je vous aime » (l. 14), La scène de retrouvailles est une scène incontournable dans
« aimez-moi » (l. 16) : six termes appartiennent au champ notre chapitre consacré à l’itinéraire d’un cœur amoureux.
lexical de l’amour. Les deux textes de la Lecture 4 mettent en situation deux
TOUS ENSEMBLE femmes qui, après une longue séparation, volontaire pour
Jane, subie pour Mathilde, revoient enfin l’être aimé, doré-
2
navant diminué et fragilisé. Ce sont deux moments d’une
Lecture grande intensité émotionnelle.
Buts de Vocabulaire
Lettre Registre fictive ou Le vocabulaire des sensations est important car il est exa-
la lettre de l’amour
réelle ? cerbé dans les deux scènes.
Évoquer
1 Réaliste Réelle un regret et 7 Croisements
parler d’amour. On peut intercaler ici une étude de l’image mobile, parmi
Déclarer les extraits de films proposés page 168. Il est à noter que
2 Lyrique Fictive 14
sa flamme. ces trois extraits sont des adaptations de romans ; on peut
Donner des donc aussi enrichir la séquence avec ces scènes de ruptures
3 Réaliste Fictive nouvelles et 6 prises chez Margaret Mitchell (Autant en emporte le vent),
dire le manque. Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses) et Pierre
Lemaitre (Au revoir là-haut).
3 Cf. rubrique « Testé en classe » ci-dessous.
4 La lettre est une forme adaptée, car elle laisse le temps 1 Jane Eyre
à son auteur d’exprimer ses sentiments, de développer ses Classique de la littérature britannique, Jane Eyre expose
phrases sans être interrompu. On mettra en parallèle le le portrait, dans la première partie, d’une femme libre, indé-
stratagème utilisé par Cyrano de Bergerac dans la pièce pendante, aux valeurs morales fortes. Si elle accepte le
du même nom, où la lettre est l’outil de séduction qui fait mariage avec Edward, elle le repousse quand il lui demande
tomber Roxane amoureuse. de devenir sa maîtresse, car il est déjà marié. Demandée
en mariage une seconde fois par son cousin Saint-John, qui
TESTÉ EN CLASSE Cette activité a été menée dans veut faire d’elle une missionnaire, elle diffère sa réponse
pour retrouver Rochester, son grand amour. Les barrières
deux classes de 4e au collège Henri-Matisse de Grand-
sont désormais levées entre eux : Rochester, devenu veuf,
Couronne. Les élèves se sont montrés très réceptifs à
a tout perdu. Son château a brûlé et il est handicapé.
la forme de l’atelier de groupe. Si le texte de Gautier
Jane, au contraire, a hérité : elle revient auprès de lui riche
a semblé difficile, le questionnaire simple a levé les
et indépendante.
réticences des élèves. La mise en commun, sous la forme
1 Les éléments du portrait sont « ses yeux éteints » (l. 2),
d’un « world café », a été très bien reçue. L’enseignante a
un « esprit [...] trop robuste » (l. 8-9), une « santé, trop
111
vigoureuse » (l. 9), « la main musclée » (l. 18). Étant aveugle, de tant de sentiments – amour, regrets, pitié – que j’ai tout
il est présenté en état de faiblesse, il suscite la pitié, mais, de suite su que je ne le quitterai plus jamais et que je vivrai
en même temps, il conserve une force physique certaine à ses côtés.
et un esprit fort. Mes chers cousins, je vous annonce aujourd’hui que je ne
2 Les différents sens sont : me nommerai bientôt plus Jane Eyre, mais Jane Rochester,
– La vue : « s’efforçant, apparemment, de voir, avec ses yeux car nous allons nous marier. J’espère que vous partagerez
éteints » (l. 1-2). notre joie.
– L’ouïe : « Où est la personne qui parle ? N’est-ce qu’une Affectueusement,
voix ? » (l. 11). Jane.
– Le toucher : « laissez-moi vous identifier au toucher » Croisements
(l. 13-14).
Lors de la dernière étape – celle du toucher –, Rochester On pourra faire découvrir plus amplement l’histoire de Jane
commence par prendre la main de Jane, puis remonte et d’Edward à l’aide de l’escape game proposé p. 172 et par
vers, le bras, l’épaule, le cou. Il l’enlace pour reconnaître l’extrait vidéo et les affiches de films de la page 171.
sa stature, et pour lui signifier son amour.
Pour aller plus loin
3 Le lexique du bonheur est :
On pourra s’intéresser à un autre roman de Charlotte Brontë,
– Edward : « douce folie » (l. 6), « mon cœur va cesser de
publié en 1849 : Shirley, qui met en scène deux couples qui
battre et mon cerveau va éclater » (l. 12-13), « ma chérie
ne parviennent pas à s’avouer leur amour, sont entravés
est vivante ! » (l. 23), « un tel bonheur après tant de
par les conventions sociales et les non-dits. Agnès Grey,
détresse » (l. 24).
d’Anne Brontë, publié en 1847 (mais publié en France en
– Jane : « tout entière, avec son cœur aussi » (l. 21), « je suis
1859), reprend le motif de la gouvernante sans beauté.
heureuse » (l. 22).
Enfin, pour découvrir la jeunesse d’Edward Rochester et
Si le vocabulaire du bonheur est surtout utilisé par Edward,
la vérité sur son premier mariage, on pourra lire le roman
il est aussi teinté de peur et de tristesse.
de Jean Rhys, La Prisonnière des Sargasses publié en 1966.
4 LANGUE Edward utilise surtout des phrases exclama-
tives et interrogatives : il est dans le doute, il ne comprend 2 Un long dimanche de fiançailles
pas ce qui lui arrive, et les phrases exclamatives dénotent
Sébastien Japrisot est l’anagramme de Jean-Baptiste Rossi.
donc une certaine détresse. Au contraire, Jane est sûre
Cet auteur français est également le scénariste de films à
d’elle ; elle mène le dialogue et utilise essentiellement
succès tels que Les Enfants du marais (1999) ou L’Été meur-
des phrases déclaratives.
trier (1977). Son roman Un long dimanche de fiançailles a été
 À L’ÉCRIT
adapté au cinéma par Jean-Pierre Jeunet, en 2004.
1 Les étapes de préparation de Mathilde lui permettent
Proposition de corrigé :
de se mettre en valeur et de se faire belle pour Manech.
Mes chers cousins,
Tout d’abord, elle choisit avec soin sa tenue (« en blanc pour
Que d’événements après mon départ précipité de chez vous !
faire fraîche », l. 1-2), elle se maquille (« un peu de rouge
J’ai enfin retrouvé mon ancien maître, Edward Rochester,
aux lèvres pour la circonstance, les sourcils faits, les dents
avec qui je fus fiancée, il y a quelques années. J’avais dû éclatantes », l. 2-3). Elle renonce au maquillage des yeux
rompre ma promesse de mariage après la découverte de
car elle anticipe les larmes de joie des retrouvailles (« pas
son infamie : il était déjà marié.
de noir pour allonger les cils, elle sait ce que ça donne quand
Il était cependant devenu trop difficile pour moi de ne pas
on craque », l. 3-4).
savoir ce qu’il était devenu, car malgré tout, je l’aimais
2 La construction des phrases par asyndète traduit les
encore. Vivre sans lui était une souffrance de tous les
émotions de Mathilde, la difficulté de poursuivre vers
instants. C’est pour cela que je suis partie en voyage pour
Manech tout en étant submergée par les sentiments : « Elle
Thornfield.
s’essuie vite. Elle le regarde. Il est arrêté à deux pas. Elle
Hélas ! À mon arrivée, j’ai trouvé le grand château en
pourrait tendre la main, il s’approcherait encore, elle le
ruine : il avait été la proie des flammes. J’ai cru mourir de
toucherait. Il est le même » (l. 17-20).
détresse face à ce drame ! Fort heureusement, les habitants
du village m’ont appris qu’Edward était vivant, mais qu’il avait 3 Le point de vue utilisé est celui de Mathilde. C’est un
été blessé durant l’incendie, et avait perdu une main point de vue interne : « II lui paraît plus grand qu’elle ne
et l’usage de la vue en voulant vainement sauver sa femme. s’en souvenait » (l. 8-9) ou « Il est le même, amaigri, plus
Le cœur battant, je me suis ensuite rendue à Ferdean et beau que personne » (l. 20). Le lecteur voit Manech par les
j’ai retrouvé mon cher Edward. Si l’homme que j’avais yeux de Mathilde, et partage l’émotion des retrouvailles.
devant moi avait changé physiquement, sa force, son carac- 4 LANGUE
tère et son cœur étaient restés intacts. J’étais submergée – « II est prévenu de sa visite » = voix passive, au présent de
112
l’indicatif ; le sujet « il », désignant Manech, ne fait pas l’ac- Pour vous aider à lire et à écrire > p. 166-167
tion, il la subit.
– « On lui a dit » = voix active, passé composé de l’indicatif. Grammaire et conjugaison
Le pronom « lui » est COS, et désigne Manech. Le pronom
L’expression de l’hypothèse grâce au conditionnel
sujet « on » est indéfini.
– « qu’une jeune fille vient le voir » = voix active, verbe au J’observe
présent de l’indicatif. Le sujet, qui fait l’action, est la jeune
1 Texte 1 : « me serais retournée » et « aurais rendu ».
fille, Manech est de nouveau réduit au pronom COD.
Texte 2 : « pourrait », « s’approcherait », « toucherait ».
– « qu’il a beaucoup aimée » = forme active, verbe au passé
Texte 3 : « voudrais ».
composé de l’indicatif. Le sujet est enfin Manech, mais le
temps verbal le réduit à un passé dont il ne se souvient plus. 2 Texte 1 : Deux verbes conjugués au conditionnel passé.
Manech n’est à aucun moment un sujet véritablement actif. Texte 2 : Trois verbes conjugués au conditionnel présent.
Il ne contrôle rien. Les élèves devraient éprouver de l’empa- Texte 3 : Un verbe au conditionnel présent.
thie pour Manech, qui est sorti de la guerre, traumatisé par 3 Texte 1 : Il s’agit de rapporter un fait soumis à une condi-
les combats. tion exprimée au passé.
RÉÉCRITURE
Texte 2 : Le conditionnel présent exprime ici une éventua-
lité, une possibilité.
« Ils sont prévenus de leur visite. On leur a dit que des
Texte 3 : Le conditionnel présent exprime ici un rêve, un sou-
jeunes filles qu’ils ont beaucoup aimées viennent les voir.
hait.
IIs ont demandé leurs noms, qu’ils ont trouvés beaux. »
Je m’entraîne
Votre bilan
Les auteurs expriment les sentiments des personnages de 4 a. comprendrais – présent : fait soumis à une condition
plusieurs façons. Charlotte Brontë utilise de nombreuses b. serait venu – passé : fait soumis à une condition
phrases exclamatives et interrogatives, qui ont pour but de c. pourriez – présent : demande polie
montrer le désarroi dans lequel se trouvent les personnages. d. aurait dû – passé : regret
De la même façon, l’usage des points de suspension marque e. aimerait – présent : rêve, souhait
leur trouble. 5 a. Les deux verbes sont à l’indicatif
Sébastien Japrisot exprime la confusion de Mathilde par b. aurait pu – passé
l’utilisation de phrases courtes, qui peuvent évoquer sa c. préférerait – présent
respiration rapide et saccadée puisqu’elle retrouve l’homme d. serais puni – présent (attention à la voix passive !)
qu’elle aime. e. auraient caché – passé
Les deux auteurs font appel aux cinq sens et développent
le vocabulaire qui leur est associé.
J’écris
6 Proposition de corrigé : L’homme idéal serait intelligent
À vos marque-pages ! > p. 164-165 et cultivé. Doté d’une grande sensibilité, il saurait m’écouter
et me soutiendrait. Il aurait le sens de l’humour, sans jamais
Dans cette sélection d’ouvrages sur la thématique de être méchant ou moqueur. Il me ferait rire.
l’amour, les titres choisis permettent d’aborder diverses
étapes du cheminement amoureux : prémices, questionne- La forme passive
ments, passions, ruptures, amours non réciproques… Des
J’observe
expressions de sentiments classiques aux formes plus
modernes, le corpus éclaire les questions de consentement, 1 … mais ne me récompenserez-vous pas assez…
lutte contre les stéréotypes, liberté d’orientation amou- 2 Il n’y a pas de complément d’agent dans la proposition
reuse et sexuelle, qui sont des notions incontournables. à la forme passive. Il est donc nécessaire d’inventer un
Ainsi Orgueil et préjugés est un classique patrimonial du sujet actif pour la transformation à la forme active : « vous »
genre amoureux, mais sa version illustrée par Margaux (en référence au pronom « vous » de la 2e proposition).
Motin symbolise bien un éclairage contemporain de cette À la voix passive, le verbe est formé obligatoirement de
thématique « Dire l’amour ». Le format court du texte l’auxiliaire « être » pour un temps simple, des deux auxi-
L.O.L.A de Claire Garralon, qui aborde la liberté d’orientation liaires pour un temps composé. Ainsi, il s’agit d’un futur
amoureuse et sexuelle, permet de travailler l’oral. En effet, simple de l’indicatif (« serai récompensé » – forme passive
cette collection est pensée pour une lecture à voix haute,  « récompenserez » – forme active).
idéale pour la mise en place d’un corpus de textes courts
dits « faciles à lire », ou « vite lus, bien lus », et adaptée au
niveau 4e.

113
Je m’entraîne heureux, libre ! pour implorer un secours que le premier
venu aurait rendu, suppliante et lui rapportant toute ma
3
tendresse, il me repoussa.
Voix active Voix passive Temps utilisé
Je crois Je suis cru Présent de l’indicatif Atelier écrit Rédiger une scène de rupture
Tu aimais J’étais aimé Imparfait de l’indicatif > p. 168-169
Elle écrira Elle sera écrite Futur de l’indicatif Avant de commencer l’atelier d’écriture, on proposera de
J’avais séduit Nous avions Plus-que-parfait visionner trois extraits de films, Autant en emporte le vent,
été séduits de l’indicatif Au revoir là-haut et les Liaisons dangereuses. On pourra
utiliser la fiche méthode sur la lecture de l’image mobile
Vous avez jugé Vous avez Passé composé
(p. 243) pour demander une analyse. On attend des élèves
été jugés de l’indicatif
qu’ils notent que ces scènes de cinéma mettent en avant
Ils félicitèrent Ils furent Passé simple trois ruptures à trois époques différentes, mais qu’il existe
félicités de l’indicatif des invariants : violence physique ou/et dans les propos,
refus de croire à la séparation, argumentation pour
4 a. Manech est aperçu au fond du jardin par Mathilde.
convaincre l’autre…
b. Un tableau a été peint avec application par le jeune
homme.
c. Ses yeux ne seront pas maquillés en noir par Mathilde. Au cinéma De l’encre à l’écran > p. 170-171
d. Sa fiancée sera-t-elle de nouveau aimée par Manech ?
Analyser la citation d’un réalisateur
e. Le lecteur est ému par les retrouvailles des amoureux.
1 Pour réussir une bonne adaptation, il faut avoir compris
J’écris le livre, « faire une bonne explication de texte ». La mise en
image, en son et le scénario doivent « faire comprendre aux
5 Les deux amoureux sont observés par le petit chien.
spectateurs les thèmes ».
Le jeune homme observe la jeune femme, de la musique
est jouée sur l’instrument par celle-ci. Les regards qui sont 2 Il fallait exprimer les sentiments : « l’amour, le premier
échangés montrent une grande complicité. regard, la parole donnée ».
3 On attend une réponse argumentée qui repose sur des
Vocabulaire exemples précis.

L’expression des sentiments amoureux Analyser une bande-annonce de film


1 Le cœur qui bat la chamade / Faire le joli cœur / Gagner 2 Les personnages identifiés et présents dans le texte sont
le cœur de quelqu’un / Une peine de cœur / Un bourreau des Eugénie et Charles. On voit aussi dans cette bande-annonce
cœurs / Un coup de cœur le père et la mère d’Eugénie.
2 se consumer d’amour • déclarer sa flamme • vivre d’amour 3 Il s’agit surtout d’Eugénie, que l’on voit évoluer. Elle est
et d’eau fraîche • conter fleurette • avoir un cœur d’artichaut mise en opposition avec son père, puis avec d’autres hommes,
• être fleur bleue • faire les yeux doux et est présentée comme soumise lors de la première partie :
« vous croyez qu’on m’y autorise ? » dit-elle. La mère est
3 a. L’amour naissant et passager : idylle, amourette, pen-
effacée, et Charles n’est pas très présent.
chant, engouement, toquade, béguin, passade.
b. Les synonymes d’amour fort : ardeur, vénération, adora- 4 On reconnaît l’intérieur de la maison Grandet, des pay-
tion, dévotion, passion, adulation. sages, une ville, une église.
Les termes suivants n’entrent dans aucune des deux caté- 5 On fera la différence entre l’amour (souhaité par Eugénie)
gories : affection, estime, intérêt, tendresse, attachement, et le mariage, qui n’est qu’une affaire financière pour le père
inclination. « acheter un mariage pour ma fille ». On voit des regards
échangés, un baiser entre Charles et Eugénie, mais on com-
Orthographe prend que l’amour ne peut sortir vainqueur. Une réflexion
sur la condition féminine l’emporte finalement.
Réécriture
J’avais les mains chaudes de tes baisers, et voilà la place Analyser des affiches de films
sur le tapis où tu avais juré à mes genoux une éternité 1 On note la représentation du couple formé par Edward
d’amour. Tu m’y avais fait croire ; tu m’avais, pendant deux et Jane, mais aussi la présence du château de Thornfield
ans, traînée dans le rêve le plus magnifique et le plus (symbolisé par la grille dans le film de 1944).
suave !… Hein ? nos projets de voyage, tu te rappelais ? 2 L’affiche du film de 1996 met en avant l’histoire
Oh ! ta lettre, ta lettre ! Elle m’avait déchiré le cœur !… d’amour : le couple est enlacé, Rochester sourit à Jane qui
Et puis, quand je revenais vers lui, vers lui, qui était riche, semble sur le point de l’embrasser.
114
3 Les teintes sombres, l’air effrayé de l’actrice, le regard Évaluation > p. 173
intrigué de l’acteur, la lumière filtrant par la grille : ces
éléments rendent l’affiche de 1944 plus mystérieuse. Compréhension et compétences d’interprétation
Néanmoins, dans celle du film de 2011, la disposition 1 « Glacée » s’oppose à « ardent » et « embrasé ». Cela
spatiale des personnages est surprenante : Jane pousse a pour effet de donner l’impression que l’amour rend la vie
une porte pour observer à la dérobée Rochester : quel secret à Indiana, le froid étant assimilé à la mort.
peut-il bien cacher ? 2 Indiana est « malheureuse » (l. 1), elle a beaucoup souf-
4 Affiche de 1944 : une femme qui demande protection, fert (« ses longues souffrances », l. 7), et est même décrite
peu autonome. Affiche de 1996 : une femme décidée, sûre comme « cette femme esclave » (l. 14) soumise à un « tyran »
de ses sentiments, car elle pose sa main sur la nuque de (l. 22). Mais elle est aussi désignée comme une « femme
Rochester pour l’attirer à elle. Affiche de 2011 : une femme si belle et si aimante » (l. 11) qui fait preuve de « candeur
méfiante, sur la défensive mais également curieuse. Par et d’innocence » (l. 12-13). Le vocabulaire, sans être péjora-
ailleurs, elle est représentée une deuxième fois sur l’affiche, tif, brosse le portrait d’une femme fragile qui inspire la pitié.
alors qu’elle fuit le château : elle n’est pas passive, mais dans 3 Elle a vécu une vie malheureuse où elle n’a jamais pu
l’action. décider par elle-même, et elle n’avait encore jamais connu
5 On laissera les élèves exprimer leur avis en s’appuyant l’amour. Les termes saillants sont : « devoirs qu’on lui avait
sur les affiches et sur le texte étudié en classe. imposés » (l. 5), « le passé odieux, ses longues souffrances,
ses maîtres despotiques » (l. 7-8), « femme esclave qui
À votre tour maintenant ! n’attendait qu’un signe pour briser sa chaîne » (l. 14-15),
La création d’une affiche et d’une une de journal ont « que personne n’avait aimée » (l. 16-17).
quelques traits communs. Pour ce travail, le professeur
4 Le dernier paragraphe résume l’évolution des senti-
peut renvoyer l’élève aux pages 140-141 du manuel : « Créer
ments : tout d’abord un « bonheur fiévreux » (l. 19), puis
la une d’un journal ». Il faudra bien entendu qu’il adapte
« un sentiment d’effroi » (l. 18). Elle a « peur » (l. 20), car
la méthode proposée pour coller davantage à la réalisation
elle aime un homme qui n’est pas son mari, et elle craint
d’une affiche de cinéma. Par ailleurs, les affiches présentes
pour sa vie.
page 171 donneront aux élèves des idées de réalisation.
5 Le pronom « on » (l. 6 et 5) représente le poids que
Nous ne saurons trop vous conseiller le logiciel gratuit et
à la prise en main facile Canva (https://www.canva.com/), la société fait peser sur Indiana ; les conseils qui lui sont
qui permet de concevoir des compositions graphiques à donnés sont là pour la réduire, pour l’effrayer et l’empêcher
partir de photographies et d’autres illustrations. d’être libre.
Grammaire et compétences linguistiques
Faisons le bilan > p. 172 1 Proposition à la voix passive : « elle qui était aguerrie
Il est temps pour les élèves de faire le bilan des connais- aux menaces ». À la forme active : « elle que les menaces
sances acquises lors de la séquence. aguerrissaient ».
On utilisera la fiche coup de pouce pour un exercice supplé- 2 « devoirs qu’on lui avait imposés » (l. 5), « la prudence
mentaire. Après avoir lu la leçon, on peut faire compléter qu’on lui avait recommandée » (l. 5-6), et « l’avenir qu’on
la fiche à trous. lui avait prédit » (l. 6) montrent la passivité de Mme Delmare.
3 L’auteur utilise des phrases interrogatives. Il s’agit de
questions rhétoriques, qui ont en réalité valeur d’affirma-
tion : Raymon ne doute pas ; il est touché par Mme Delmare
et ne la trahira pas.

115
Dire l’amour

L’amour donne-t-il
9 des ailes ? > p. 174

1 Présentation de la séquence
Le séquence 9, comme la séquence 8, permet d’explorer •  Montrer aux élèves que le sentiment amoureux est uni-
la même entrée du programme de français de cycle 4 versel, qu’il existe partout et de tous temps, que (grands
« Dire l’amour » : la première en explorant le genre narratif écrivains comme personnes moins lettrées) nous tous
et la seconde en se consacrant au genre poétique. Le cha- sommes confrontés à une forme d’indicible du sentiment,
pitre s’étend sur une large période − de l’Antiquité à nos et ce à toutes les étapes de la relation amoureuse.
jours. Au-delà de la poésie, le chapitre s’ouvre sur le rôle •  On s’appuiera sur l’idée d’un cheminement, d’un par-
des images et des références dans la poésie amoureuse. cours, d’étapes dans la relation amoureuse : on partira de
Problématiques : la déclaration d’amour, puis on explorera l’expression du
•  Pourquoi est-ce si difficile de parler d’amour ? trouble amoureux et de l’amour fou, pour terminer avec
•  Comment trouver les mots pour dire son amour ? Comment l’expression de la souffrance amoureuse quand l’amour est
exprimer la complexité du sentiment amoureux ? confronté à la séparation. La figure de Cupidon constituera
•  Pourquoi la poésie apparaît-elle comme un moyen privi- une sorte de fil rouge, la séquence s’attachera à montrer
légié pour exprimer son amour, de l’Antiquité à nos jours ? le rôle des références antiques et les liens que les textes
tissent les uns entre les autres.
Le projet pédagogique :
•  Ces objectifs permettront de mobiliser les élèves sur des
•  Amener les élèves à s’interroger sur la langue choisie par
compétences à mettre en œuvre et à acquérir tout au
les poètes pour « dire l’amour » à partir de leurs propres
long du parcours proposé, leur permettant d’être acteurs
expériences d’écriture : l’amour touche au domaine de
de leurs apprentissages et d’en percevoir les enjeux dans
l’intime, et il est difficile de mettre au clair ses sentiments
la vie comme dans la littérature.
pour les communiquer à autrui.

2 Objectifs de la séquence
Après la séquence 8, « Itinéraire d’un cœur amoureux », Le jeu des références rattache les poèmes à l’Antiquité et
qui explore l’expression du sentiment amoureux dans des tisse des liens entre les textes : il est important d’évoquer
récits, on étudiera en quoi l’expression poétique permet la notion de filiation entre les textes, d’intertextualité :
un travail spécifique sur la langue. l’auteur écrit un texte singulier mais en utilisant les mots
La séquence 9 propose d’étudier des formes poétiques de tous. On écrit toujours à partir de textes antérieurs,
variées : poésie en vers, vers libres, slam, chanson… ce qui d’une tradition littéraire, surtout quand il s’agit d’affirmer
permet d’approfondir l’étude de la versification. son amour avec force en échappant aux nombreux
Il s’agit aussi d’étudier comment les figures de style clichés…
sont au service de l’expression du sentiment amoureux, et On s’efforcera de faire prendre conscience aux élèves
d’analyser leurs effets stylistiques et esthétiques. Les acti- qu’une culture littéraire et artistique peut les aider à enri-
vités d’oral permettront aux élèves de prendre conscience chir l’expression de leurs sentiments.
de la dimension rythmique et des effets esthétiques On insistera sur la dimension musicale de la poésie, en
recherchés par les poètes, avec le souci constant d’amener proposant systématiquement l’écoute du poème en ver-
les élèves à réinvestir ces figures de style et procédés sion audio avant d’en faire l’étude : on travaillera d’abord
stylistiques dans leurs propres écrits. sur la compréhension orale du poème, puis on procédera
116
à une étude de texte plus détaillée, pour finir par une Place dans la progression annuelle :
mise en voix proposée par les élèves. On pourra aborder cette séquence en janvier : les élèves
On amènera les élèves à s’interroger sur les questions qui le souhaitent pourront ainsi offrir leurs poèmes à
d’écriture à partir du rapprochement entre l’amoureux qui l’occasion de la Saint-Valentin. Nous préconisons de
veut déclarer sa flamme et le poète qui veut trouver les suivre l’ordre des textes présenté dans le manuel du fait
mots les plus beaux, les plus justes, ce qui, nous l’espérons, de la progression établie et des renvois entre les textes.
leur donnera l’envie d’écrire à leur tour des poèmes.

Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• Comprendre et • Construire les notions • Contrôler sa compréhension, • Adopter des • Lire des
interpréter des discours permettant l’analyse et devenir un lecteur autonome stratégies et anthologies
oraux complexes l’élaboration des textes > tous les textes étudiés des procédures poétiques
> tous les textes > tous les textes • Élaborer une interprétation d’écriture efficaces > p. 186-187
étudiés étudiés des textes littéraires > p. 180, 181, 182 • Histoire des arts
• Exploiter les • Consolider > tous les textes étudiés • Exploiter > p. 192-193
ressources expressives l’orthographe • Reconnaître l’implicite les principales
et créatives de la parole grammaticale et faire les inférences fonctions de l’écrit
> p. 179, 185, 191 > p. 188-189 et hypothèses de lecture > p. 180, 181, 182,
• Participer de façon • Enrichir le lexique nécessaires 185
constructive à des > p. 178, 180 > tous les textes étudiés • Pratiquer l’écriture
échanges oraux • Les figures de style • Lecture de l’image d’invention
> p. 176, 178, 183, 185 > p. 179, 181, 182 > p. 175, 176, 177, 182 > p. 190-191

Quelques repères > p. 177 pour dire la beauté de l’être aimé et la puissance de cet
amour ? Pour étudier le travail de la langue, on s’appuiera
Cette double-page permet de lancer la séquence :
en particulier sur les assonances et allitérations.
– en affirmant d’emblée le lien entre musique et poésie,
grâce aux chansons et à la figure d’Orphée ;
– en impliquant d’emblée les élèves dans des échanges
Lecture 4 > p. 184
oraux pour qu’ils s’approprient le questionnement ; Les élèves travailleront par groupes pour réinvestir les
– en montrant que le thème de l’amour traverse toutes les connaissances acquises dans les Lectures 1, 2 et 3 (sur
époques. l’énonciation, la versification et les figures de style) autour
d’un nouveau questionnement. Le bilan sera fait en com-
Lecture 1 > p. 178 mun pour s’assurer de la bonne compréhension des textes
Cette double-page permet de s’interroger sur les enjeux par tous les élèves.
littéraires de la déclaration d’amour, elle permet d’initier Les trois poèmes proposés permettent de s’interroger sur
le travail sur les références mythologiques et les figures le rôle de l’écriture face à la séparation créée par l’éloi-
de style. gnement, la guerre, et le deuil.

Lecture 2 > p. 180 À vos marque-pages ! > p. 186


Il s’agira de mettre en valeur l’ambivalence du sentiment Cette double-page propose des recueils de poèmes et des
amoureux, ce qui le rend tellement difficile à décrire. On anthologies variés, accessibles aux élèves. Elle invite les
s’appuiera notamment sur le rôle des antithèses et on élèves à lire des poèmes et à partager leur expérience de
poursuivra le travail amorcé sur celui des références mytho- lecture, à l’oral et/ou dans leur carnet de lecture.
logiques.
Pour vous aider à lire et à écrire > p. 188
Lecture 3 > p. 182 Cette double-page permet de revoir le futur en lien avec
Il s’agira de montrer comment les poètes cherchent à inven- les promesses amoureuses ainsi que les éléments de
ter un langage à la hauteur de leur amour. Le poète est versification indispensables pour l’étude des formes fixes
confronté à une sorte de défi : comment trouver les mots (strophes, vers, rimes, règle du -e).
117
Atelier écrit & oral > p. 190 Sitographie
L’atelier d’écriture propose plusieurs sujets pour amener Des propositions de séquences :
les élèves à écrire un poème d’amour : les différents sujets • « Les mots sont-ils suffisants pour exprimer le sentiment
permettent une réelle différenciation. Les élèves sont ame- amoureux ? » : http://pedagogie.ac-limoges.fr/lettres/
nés à réinvestir les connaissances acquises au cours de la IMG/pdf/sequence_dire_l_amour.pdf
séquence, ils sont guidés dans leur travail. • « Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots ...
L’atelier oral propose la création d’une anthologie sonore : Comment dire je t’aime ? » :
les élèves pourront mettre en voix des poèmes qu’ils ont https://ent2d.ac-bordeaux.fr/disciplines/lettres/
créés ou des poèmes étudiés au cours de la séquence. wp-content/uploads/sites/16/2016/10/Sequence_dire_
amour.pdf
Histoire des arts > p. 192 http://www.chocolatlitteraire.fr/enseignants-une-
sequence-sur-la-poesie-lyrique-en-4e-a180289148
La double-page propose d’étudier la représentation du
couple dans la sculpture, à travers des œuvres d’époques • Des aides pour trouver des rimes ou créer des effets sonores :
et de contextes différents. https://dictionnaire-des-rimes.fr/
https://rimessolides.com/

3 Corrigés de la séquence

Ouverture > p. 174-175 de l’amour a un caractère intemporel (il traverse toutes


L’ouverture de la séquence, grâce à la photo de la statue les époques) et universel (il concerne tout le monde).
de Cupidon, permet tout de suite de montrer le côté intem- La chanson permet d’emblée d’introduire le caractère
porel de l’amour, de faire le lien avec l’Antiquité et de mettre musical de la poésie. Il s’agira aussi d’impliquer les élèves
en avant la figure de Cupidon qui sera un fil conducteur de afin qu’ils puissent s’approprier le thème de la séquence :
la séquence. certains textes classiques sont difficiles d’accès, il faut faire
Quelques questions peuvent être posées aux élèves pour en sorte que les élèves se les approprient pour que les textes
lancer la séquence à partir des éléments proposés en ouver- puissent résonner en eux.
ture : Ces supports sont de nature à favoriser les échanges oraux.
•  Sur la statue : L’Amour taillant son arc dans la massue
d’Hercule, Richard Mique, 1778. 1 Chanter l’amour
1. Qui est le personnage représenté ? 1. On pourra proposer plusieurs écoutes du slam et de
2. Décrivez-le précisément : qu’est-il en train de faire ? la chanson. On peut aussi projeter un extrait plus long
3. Lisez le titre de l’œuvre : qui est Hercule ? Que suggère des textes pour que les élèves puissent repérer des éléments
cette référence ? de réponse précis.
(L’arc taillé dans la massue d’Hercule suggère la force, la
2. On pourra faire relever aux élèves les deux compléments
puissance de l’amour.)
circonstanciels de temps qui distinguent deux époques :
4. Quel lien pouvez-vous établir entre cette statue et le
– « Au temps jadis » (= autrefois) on écrivait une lettre
titre de la séquence ?
d’amour.
•  Sur la citation de Jacques Prévert : – « Aujourd’hui » on utilise les réseaux sociaux, c’est la
1. Êtes-vous d’accord avec cette citation ? Pourquoi ? « drague en digital »
2. Quel lien pouvez-vous établir entre cette citation et le On pourra ensuite demander aux élèves si Grand Corps
titre de la séquence ? Malade trouve ce changement plutôt positif ou négatif,
(On expliquera le sens figuré de l’expression « donner des avant de leur demander leur propre avis.
ailes » = amener à se dépasser.) Éléments de réponse : Grand Corps Malade déplore ce
3. Qui était Jacques Prévert ? changement (= il le regrette) car :
– « ça manque de recherche et de poésie » : on cède à
À la découverte… > p. 176 la facilité, il n’y a pas d’effort particulier pour séduire l’autre ;
Cette page permet d’ouvrir la séquence avec des activités – il y a trop d’abréviations et de fautes d’orthographe :
qui portent sur des formes d’expression artistique résolu- il manque la beauté du texte ! Cela nous permet d’introduire
ment modernes (un slam, une chanson et une œuvre de la recherche formelle propre à la poésie !
street art) afin de montrer que le thème de l’amour, qui Les points positifs évoqués par Grand Corps Malade : c’est
se dit certes depuis l’Antiquité, reste d’actualité : le thème plus efficace, plus rapide, on va droit au but.
118
3. •• On partira des réponses données par les élèves avant de 2 Dire l’amour sur les murs
compléter par la lecture de la carte d’identité de Cupidon 1. Description du collage : un couple s’embrasse (le baiser est
page 177. une représentation fréquente de l’amour dans l’histoire des
• On invitera les élèves à évoquer les souffrances possibles arts), on ne voit pas le visage des amoureux (par pudeur et/
de l’amour : cela nous permet d’introduire toutes les situa- ou pour que l’on puisse s’identifier à eux), le couple est en
tions où l’amour n’est pas heureux (p. 184-185) : amour noir et blanc tandis que le fond est en couleurs : des couleurs
non réciproque, amour incertain, jalousie, trahison, rupture, froides, mais aussi des éclats de jaune (comme un soleil ?).
deuil... On pourra amener les élèves à faire le lien entre 2. Expliquer le sens du mot « réciprocité » : l’entente amou-
le sens propre (la blessure causée par la flèche de Cupidon) reuse est un mystère, l’attirance entre deux personnes est
et le sens figuré (la souffrance morale). un mystère (on peut évoquer la chimie des émotions et
les phéromones). On pourra évoquer le concept d’« âme
EXPRIMEZ-VOUS
sœur » qui évoque une entente amoureuse parfaite entre
deux personnes (cf. Platon, Le Banquet).
TESTÉ EN CLASSE • On peut demander aux élèves
3. Expression libre. On pourra demander aux élèves quel
de répondre de manière anonyme à ces deux questions est l’intérêt de créer une œuvre sur les murs de la ville
(il est très important de respecter la pudeur de chacun (visibilité, accessibilité à tous à la différence d’un musée :
sur un thème aussi intime). l’amour concerne tout le monde et on peut le rencontrer
– Quelle serait pour vous la meilleure façon de déclarer à chaque coin de rue).
votre amour ?
– Quelle déclaration d’amour aimeriez-vous recevoir ? Quelques repères > p. 177
Le professeur collecte les réponses anonymes des élèves
Cette page fournit l’apport culturel nécessaire à la compré-
puis fait une restitution au cours suivant, éventuellement
hension des textes, qui ne manquent pas de faire référence
sous la forme d’un nuage de mots pour pouvoir observer
à l’Antiquité. Il était primordial de faire apparaître ces deux
quelles réponses reviennent le plus souvent.
figures, Orphée et Cupidon, pour donner des clés de lecture
Le professeur procède à des regroupements des réponses
aux élèves.
pour montrer qu’il existe différentes formes de langages
et de codes amoureux et que, selon la déclaration choisie, Tout d’abord, aux origines de la poésie amoureuse, il y aurait
la distance à l’autre n’est pas la même. Voici le type de l’histoire d’Orphée. Selon la légende, le fils d’Œagre, roi de
réponses que l’on peut obtenir : Thrace, et de la muse Calliope, aurait reçu la lyre d’Apollon,
– Certains préfèrent un texte écrit, long pour bien expri- instrument auquel il aurait ajouté deux cordes pour rendre
mer ses sentiments (une lettre, éventuellement parfu- hommage à sa mère, l’une des neuf muses. Ses dons excep-
mée !) ou court (SMS) : la distance évite la gêne d’être en tionnels lui permettaient de charmer (ne pas hésiter à rappe-
présence de l’autre, mais aussi la gêne si l’amour n’est pas ler aux élèves l’étymologie du mot « charme », issu du latin
partagé. carmen signifiant « la parole magique », « le sortilège », avant
– D’autres préfèrent le face-à-face, la relation directe pour de désigner à proprement parler le chant) les hommes et
aller droit au but et être fixé tout de suite. les animaux. Il fit connaissance de la nymphe Eurydice dont
– D’autres encore préfèrent utiliser des symboles ou un il tomba amoureux, mais celle-ci fut mordue par un serpent
code amoureux : et mourut. Fou de douleur, il décida de se rendre aux Enfers
pour la chercher. Il charma Cerbère, le chien qui garde la
Les élèves ont aussi évoqué les émojis flocon ou porte des Enfers, et obtint l’autorisation exceptionnelle
ramen … d’Hadès d’emmener sa bien-aimée à la condition de ne pas
Les élèves ont beaucoup apprécié cette activité ! Il est se retourner, ni de lui parler sur le chemin du retour. Hélas,
important de montrer qu’il n’y a pas de norme, mais impatient et inquiet à l’idée qu’elle ne le suive pas, il se
qu’il s’agit avant tout d’une question de sensibilité per- retourna et elle disparut à jamais. Depuis, ses chants furent
sonnelle ! Les élèves ont aimé apprendre à leur professeur si tristes et mélancoliques que les animaux et les plantes en
des codes qu’ils ignorent : cela permet de montrer que ces pleuraient. Orphée est donc une figure majeure de la poésie
codes ne sont pas figés dans le temps et qu’ils peuvent amoureuse puisqu’il est amoureux, poète, confronté à la
être propres à une génération. perte de l’être aimé. Son chant est une plainte universelle.

• Autre question à poser aux élèves pour déclencher Cupidon est lui aussi une référence indispensable dans
la parole : l’amour rend-il heureux ou fait-il souffrir ? On cette poésie amoureuse. Il est l’auxiliaire de sa mère Vénus
demandera aux élèves de s’exprimer et de respecter et personnifie le désir le plus ardent. Sa passion pour Psyché
la parole des autres, on montrera qu’il n’y a pas une en fait aussi un grand amoureux dont Apulée nous fait
seule réponse et que cela dépend des individus et des le récit. En effet, Psyché était si belle que Vénus elle-même
situations. en était jalouse. Elle demanda donc à son fils Cupidon de lui
inspirer, par ses flèches, un amour passionné pour l’homme
119
le plus laid du royaume, mais Cupidon lui-même tomba Ovide évoque toujours Corinne, la femme aimée et muse
amoureux de Psyché. Après de nombreux rebondissements du poète, mais son existence est questionnée : deux thèses
et chacun ayant prouvé son amour inconditionnel à l’autre, s’opposent à l’heure actuelle entre un pur jeu littéraire et
Psyché devint immortelle à son tour et vécut sur l’Olympe une femme qui aurait réellement existé mais dont le nom
avec Cupidon. Corinne ne serait qu’un pseudonyme.
OBSERVEZ Quel don d’Orphée le tableau illustre-t-il ?
La boîte
Le tableau illustre le don d’Orphée mentionné dans la carte à mots
d’identité. Il peut charmer par ses chants les animaux Ce poème est une élégie car on en retrouve tous les élé-
comme les hommes. Sur le tableau, on peut dénombrer ments : le distique, l’expression du sentiment amoureux.
plus de cinquante bêtes différentes des plus communes
aux plus exotiques en passant par l’animal merveilleux 1 Le poète s’adresse à la femme qu’il aime : « ô toi qui sus
que représente la licorne. Le peintre a voulu ainsi mettre hier me charmer » (v. 1). On retrouve le pronom personnel
en valeur l’universalité du charme d’Orphée. de la 2e personne du singulier tout au long du poème.
Différenciation : à noter pour les petits lecteurs de 4e, 2 Les expressions du sentiment amoureux sont diverses :
le très bel album d’Yvan Pommaux, Orphée et la morsure le poète utilise à plusieurs reprises le verbe « aimer » et
du serpent, paru chez l’École des loisirs en 2009. joue avec sa réciprocité (v. 2-3). Il est « enchaîné » (v. 5)
aux pieds de sa belle. Il utilise la métaphore de la flamme
OBSERVEZ Comment Cupidon est-il représenté dans ce
amoureuse (v. 6).
tableau ?
Ce tableau comporte neuf personnages : Cupidon se situe 3 Le poète lui promet un amour sincère : « une flamme
au centre en haut au-dessus de Vénus (apparentée aussi sincère » (v. 6), « fidélité » (v. 11), « constance » (v. 14)
à la Vierge Marie chrétienne). De gauche à droite, les per- et respectueux (« Sa pudeur et son innocence », v. 12).
sonnages sont Mercure, les trois Grâces, Vénus, Cupidon, Elle sera aussi une source d’inspiration : « laisse-moi te
Flore, Chloris et Zéphyr. Cupidon a son apparence habituelle chanter », « ta divine empreinte » (v. 17-18). Il lui promet
d’enfant potelé. On le reconnaît grâce à ses attributs : ailes, ainsi un amour qui s’inscrira dans le temps voire l’éternité :
arc, flèches et carquois. Il s’apprête, dans cette scène, à « vivront à jamais dans le monde ! » (v. 20).
décocher une flèche portant la flamme de la passion dans 4 LANGUE Ces verbes conjugués au présent de l’impératif
le cœur de Castitas (la Chasteté), une des trois Grâces ont une valeur d’ordre. Ce sont des injonctions à partager
initiée aux mystères de l’amour par ses sœurs Voluptas le sentiment amoureux du poète.
(la Volupté ou le Plaisir) et Pulchritudo (la Beauté). À noter 5 Les références mythologiques lui permettent de renou-
que Cupidon a les yeux bandés, ce qui résonne avec le veler son langage amoureux. Il en appelle à Vénus et
fameux proverbe selon lequel « l’amour rend aveugle ». Cupidon (Amour). Il met ainsi la sincérité de ses sentiments
malgré ses origines modestes et promet de les inscrire
Lecture 1 Avouer ses sentiments > p. 178-179 dans le temps grâce à la référence aux Parques.
Vos objectifs 6 On reconnaît Apollon au centre du tableau, entouré
Il s’agit ici de s’interroger sur les enjeux de la déclaration par les Muses dont il est le guide. Sa posture indique qu’il
d’amour et sur tout ce que ce moment implique, tant à titre est en train de chanter avec sa lyre et qu’il les charme toutes
personnel que pour les questions d’expression qu’il pose. à l’expression de leur visage.
Il s’agira également de comprendre le rôle des références
 À L’ORAL
mythologiques. Dans un moment aussi délicat, qui relève
de l’intime, le poète (comme n’importe quel amoureux) De nombreux couples sont célèbres dans la mythologie :
ne s’exprime pas à partir de rien : il invente un nouveau Vénus et Mars, Cupidon et Psyché, Ariane et Thésée, Ulysse
langage amoureux à partir de textes, de références qu’il a et Pénélope, Pâris et Hélène, Médée et Jason, Pygmalion et
aimés. Le texte s’invente dans la tension entre l’expression Galatée, Hector et Andromaque, Pyrame et Thisbé.
d’un sentiment universel (dans un langage commun à tous,
2 « A poor young shepherd »
qui comporte aussi des clichés), et d’une relation unique,
totalement inédite entre deux êtres. Biographie :
• On peut demander aux élèves de faire des recherches
1 Les Amours pour établir la biographie d’Arthur Rimbaud et montrer que
Biographie : la vie même de Paul Verlaine rejoint notre problématique
On peut parler de la place majeure d’Ovide dans la littéra- « Dire l’amour » : la rencontre amoureuse entre Verlaine et
ture latine (rappel du texte des Métamorphoses sans doute Rimbaud commence par une rencontre poétique et une
étudié en 6e) qui contraste avec son exil aux confins de admiration réciproque pour la poésie de l’autre.
l’Empire romain, décidé par Auguste lui-même et dont • On peut rappeler quelques notions d’EMC en demandant
les raisons restent encore obscures. aux élèves pourquoi ce couple a fait scandale à l’époque
120
et rappeler que la loi autorisant le « mariage pour tous »  À L’ORAL
s’applique en France depuis 2013, qu’un « couple » peut On demandera aux élèves de veiller à respecter la règle
être constitué de personnes de même sexe. du -e (p. 189) : le professeur leur donnera le texte du poème
• On pourra demander aux élèves pourquoi Verlaine a donné imprimé pour qu’ils puissent souligner les -e à prononcer et
un titre en anglais à ce poème : on rappellera que plusieurs mettre entre parenthèses les -e muets.
poèmes du recueil ont été inspirés à Verlaine par son séjour Il serait intéressant de proposer une mise en voix à plusieurs
en Angleterre avec Arthur Rimbaud, d’où leurs titres anglais pour faire ressortir la forme musicale du poème : un même
et certaines indications de lieux. élève prononcera les vers qui sont répétés (le premier et
1 Le berger a « peur d’un baiser » : il a peur de déclarer le dernier vers de chaque strophe).
son amour à Kate pour la Saint-Valentin (peur de déplaire, Votre bilan
de ne pas être aimé, caractère obligatoire de la date de la • Il sera intéressant d’élargir le débat après l’étude des textes
Saint-Valentin dont la date tombe comme un couperet). pour faire réfléchir les élèves aux émotions ressenties dans
2 Les phrases exclamatives montrent son émotion. une relation amoureuse et particulièrement au moment
de la déclaration d’amour, où le sujet trouve le courage
3 •• La comparaison : « J’ai peur d’un baiser / Comme d’une
d’exprimer ses sentiments les plus intimes et où il affronte
abeille » (v. 1-2) montre que l’amour peut faire souffrir
le risque d’essuyer un refus, de se sentir rejeté et irrémédia-
(elle suggère la piqûre de l’abeille, qui peut rappeler la
blement mis à distance par l’être aimé. Il faudra leur faire
souffrance liée à la flèche de Cupidon dans la chanson de
verbaliser la notion de danger ressentie lors de la déclara-
Clara Luciani proposée en page « À la découverte… »).
tion : la déclaration d’amour nous expose au risque du refus
• On peut relever une première antithèse : « Je dois et je
et met en jeu l’estime de soi. La déclaration d’amour est un
n’ose » (v. 12). Le « et » signifie ici « mais », la figure suggère
moment de vérité, de sincérité.
une obligation qui paraît impossible à remplir (sa famille,
• Les poètes inventent une forme poétique qui recourt
la société a des attentes envers lui : Kate est sa « promise »,
aux figures de style et qui est aussi musicale, ils empruntent
sa fiancée, donc il doit faire sa déclaration).
des références mythologiques ou un personnage tradition-
• On peut relever une deuxième antithèse : « Je veille / Sans
nel comme le berger pour exprimer leurs sentiments (et
me reposer » (v. 3-4) qui rapproche les antonymes « veille »
parfois aussi les mettre à distance).
et « repos ». Le berger en perd le sommeil.
4 Ces angoisses au moment de la déclaration d’amour Lecture 2 Décrire le sentiment amoureux
sont celles de tous les amoureux, l’amour est un thème > p. 180-181
universel. Le poète utilise le berger pour évoquer ses senti-
ments car il est difficile de dire « je » et d’exprimer ses Vos objectifs
sentiments les plus intimes : il met à distance ses émotions Il s’agit de faire comprendre la difficulté d’exprimer, de
en utilisant le personnage du berger, de même que la langue décrire le sentiment amoureux à travers l’étude d’un poème
anglaise représente une autre forme de mise à distance de l’Antiquité et d’un poème de la Renaissance.
(l’action se situe dans un autre espace). 1 « Ode à une femme aimée »
5 Les élèves constateront la présence d’un refrain : la pre- Biographie :
mière et la dernière strophe sont identiques, et dans les Depuis l’Antiquité, les poètes nous chantent l’amour et cer-
autres strophes, le premier et le dernier vers se répondent, tains motifs, des topoï, qui traverseront les siècles. Sappho
ce qui crée un effet de boucle, à la fois à l’échelle de la est l’une des plus anciennes poétesses grecques dont des
strophe et à l’échelle du poème entier. fragments nous soient parvenus. Elle est née sur l’île de
On notera l’importance de l’impair, qui crée un rythme par- Lesbos dans une famille noble. Elle est une des premières
ticulier (pas d’équilibre possible comme avec les vers pairs, à chanter l’amour passionné et non les exploits glorieux
plus classiques) : le poème se compose de 5 strophes de 5 vers des héros de l’Antiquité.
(des quintils), les vers comportent 5 syllabes (ce sont des
1 La poétesse s’adresse à l’être aimé qu’elle tutoie : « près
pentasyllabes). On expliquera que ce choix de l’impair lié
de toi », « pour toi » (v. 1). L’adjectif « seule » nous indique
à la recherche de la musicalité est une caractéristique de
que c’est une femme.
la poésie de Verlaine, on pourra citer son Art poétique :
2 Les manifestations physiques ressenties par la poétesse
« De la musique avant toute chose, amoureuse sont nombreuses et variées. Elle sent davantage
Et pour cela préfère l’Impair de chaleur dans son corps « une subtile flamme / Courir
Plus vague et plus soluble dans l’air, par tout mon corps » (v. 5-6). Ses sens sont bouleversés,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. » sa vision se trouble (« Un nuage confus se répand sur ma
Les rimes sont embrassées dans la première et la dernière vue », v. 9), son ouïe se brouille (« Je n’entends plus », v. 10).
strophe (ABBA), ce qui renforce encore l’effet de circularité, Enfin, son corps est pris de tremblements : « Un frisson me
puis croisées dans les strophes 2, 3, 4. saisit, je tremble » (v. 12).
121
3 La poétesse se trouve dans un état de bonheur et 3 Les deux sentiments qui s’opposent sont la joie et la
d’amour intense. L’ode s’ouvre sur l’adjectif « Heureux ». souffrance : il sera intéressant de faire verbaliser aux élèves
La comparaison du vers 4 insiste sur ce « bonheur » et élève les éléments qui selon eux provoquent la joie (la vision
l’être aimé au rang des « dieux ». Elle évoque aussi « les de l’être aimé, les moments de partage, d’entente…) et
doux transports » (v. 7) et « les douces langueurs » (v. 10), ceux qui provoquent la souffrance (l’absence de l’être aimé,
tous ces termes développent l’idée de cette félicité amou- la jalousie, les disputes…). Cela permet de prolonger
reuse. l’atelier d’ouverture « À la découverte… » qui soulevait
4 « Pâle », « interdite », « éperdue » sont des adjectifs la question : « L’amour rend-il heureux ou fait-il souffrir ? »
qualificatifs, épithètes détachées du pronom « me ». Cette et de préparer la Lecture 4 qui évoquera la souffrance liée
énumération d’adjectifs en tête de phrase insiste sur le à l’absence.
trouble de la poétesse. 4 C’est l’amour qui est la cause de cette confusion des
5 Ce poème est lyrique car la poétesse exprime ses senti- sens : on expliquera le sens de l’adverbe « inconstamment »
ments amoureux à travers ses sensations complètement (on pourra travailler sur cette famille de mots).
bouleversées (voir questions précédentes). On retrouve 5 On reconnaît ici la figure de Cupidon : la majuscule à
aussi l’emploi de la première personne du singulier : « Je « Amour » signale la personnification du sentiment, c’est
sens de veine en veine » (v. 5). une allégorie (voir la définition dans la rubrique « Avec du
style ! »). Cette référence rattache le poème à l’Antiquité,
 À L’ÉCRIT
il est important d’évoquer la notion de filiation entre les
On peut aiguiller les élèves pour faciliter le passage à l’écrit textes.
en leur disant de ne pas hésiter à reprendre les émotions
6 Ce sonnet est composé de deux quatrains à rimes
vécues par la poétesse : la vue troublée, les frissons et les
embrassées suivis de deux tercets ; le vers utilisé est le
tremblements. On peut leur faire penser au cœur qui bat
décasyllabe. On expliquera aux élèves que le sonnet est une
la chamade, par exemple.
forme « à la mode » à la Renaissance, le modèle du sonnet
est importé d’Italie.
2 « Je vis, je meurs »
 À L’ÉCRIT
Biographie :
• On pourra évoquer le fait que les femmes écrivaines sont On demandera aux élèves :
très rares au xvie siècle : surnommée « la Belle Cordière », – de chercher des couples d’antonymes ;
Louise Labé a été victime de rumeurs à cause de sa liberté – de travailler sur les sentiments et leurs manifestations
d’esprit : elle passait à tort pour une femme légère (certains physiques.
l’ont assimilée à une prostituée, et elle fit l’objet de chan-
sons médisantes anonymes).
Différenciation
• Une chercheuse a été jusqu’à douter de l’existence même On peut proposer aux élèves en difficulté d’écrire des vers
de Louise Labé : Mireille Huchon, professeur à l’université libres, en s’efforçant de trouver quelques rimes. Quant aux
Paris-Sorbonne, avance dans son étude Louise Labé. Une élèves plus à l’aise, on peut les inviter à adopter la forme
créature de papier (Droz, 2006) l’hypothèse que Louise fixe du sonnet, en veillant au schéma des rimes. Et pour les
Labé n’aurait jamais réellement existé et qu’elle ne serait élèves les plus brillants, on peut demander un type de vers
qu’un personnage de papier, inventée par un groupe de précis (décasyllabes, comme Louise Labé, ou alexandrins).
poètes lyonnais. Votre bilan
• On pourra insister sur son lien avec Sappho : la Renaissance Les deux poétesses expriment la complexité du sentiment
s’appuie sur les textes antiques et Sappho a pu constituer un amoureux :
modèle pour une femme qui souhaitait écrire de la poésie. – en évoquant le bouleversement des sens, les manifesta-
1 LANGUE La poétesse s’exprime à l’aide du pronom tions physiques que provoque le sentiment amoureux ;
personnel « je ». – en recourant à la figure de l’antithèse, qui permet de
2 On relève dans les deux premières strophes de nom- rapprocher des mots de sens contraires, qui traduit le boule-
breux couples d’antonymes : je vis / je meurs − je me brûle / versement des émotions et qui montre que l’amour est un
je me noie − chaud / froidure − molle / dure − ennuis / sentiment extrême (on pourra faire remarquer aux élèves
joie − je ris/ je larmoie − plaisir / tourment − s’en va / le « je (me) meurs » commun aux deux textes).
dure − je sèche / je verdoie.
Il s’agit d’antithèses comme dans le poème de Verlaine étu- Lecture 3 Chanter la beauté > p. 182-183
dié dans la lecture précédente (« Avec du style ! », p. 179).
On pourra montrer qu’il s’agit là encore de manifestations 1 « La Constellation »
physiques de l’amour pour faire le lien avec le poème de Biographie :
Sappho. On insistera sur la place d’Elsa Triolet, poétesse elle-même
122
(donc à même d’apprécier la qualité littéraire des textes), un mot-valise : le poète est celui qui « trouve » les « vers ».
dans l’œuvre d’Aragon : on expliquera ce qu’est une muse, On rappellera l’étymologie du mot « texte » qui vient du
on pourra évoquer les recueils de poèmes consacrés à Elsa. verbe « tisser » en latin : le poète tisse les mots et les sons.
On pourra également évoquer la date d’écriture du recueil, 5 On demandera aux élèves de s’attacher à bien décrire
1942, et interroger la place du sentiment amoureux dans le tableau : on le projettera en grand pour mieux l’observer.
un contexte de guerre. On leur demandera de chercher les points communs et
1 LANGUE a. Les pronoms personnels désignent le poète les différences entre le poème et le tableau pour pouvoir
(« je ») et sa muse qui est d’abord évoquée à la 3e personne formuler un avis personnel motivé.
du singulier (« elle », « lui » : on fera remarquer que le pro- On pourra évoquer la présence du couple dans le ciel, la
nom « lui » peut désigner une femme) : le poète parle d’elle. barque volante fonctionne un peu comme les métaphores
b. Au vers 10 apparaît le pronom « t’ » : le poète s’adresse du poème : comme dans le poème, l’amour est heureux et
directement à elle, le tutoiement crée un lien plus direct et permet l’envol, l’élévation vers une forme de paradis des
plus intime. amants (un lieu qui n’appartient qu’à eux). Le bleu de la nuit
peut évoquer l’idée de constellation, mais aussi l’idée de
2 Le poète utilise de nombreuses métaphores pour célé-
secret, de sérénité nocturne : les amoureux se retrouvent
brer la beauté d’Elsa. La « robe en nuages filés » (v. 2)
quand tout le monde dort et la nuit préserve leur intimité.
reprend l’idée de la constellation, le poème est un « tro-
En revanche, l’élément marin (mer, voiliers, poisson) est
phée » offert à la femme aimée.
absent du poème d’Aragon. Le lieu n’est pas le même, mais
On s’attachera aux métaphores qui décrivent les mains
le sentiment (l’amour heureux dans le couple) est le même.
d’Elsa :
Le tableau met en scène le couple alors que le poème décrit
– vers 15 : « Primevères du cœur », « promesses du prin-
des parties du corps de la femme aimée.
temps » (demander aux élèves de s’aider de la note pour
« primevères » : ces fleurs annoncent le printemps, la  À L’ÉCRIT
renaissance qui s’oppose au « froid » de l’« enfer » de
la guerre ;
Différenciation
– vers 17 : « Téméraires blancheurs », « oiseaux de paradis » : On pourra complexifier la consigne en fonction du niveau
l’amour est associé aux couleurs et au paradis. des élèves. On pourra ainsi leur demander :
On pourra enfin évoquer le lexique du recueil : cantique, – de reprendre la structure du quintil d’Aragon et la construc-
constellation. Elsa est comme une divinité pour lui. tion syntaxique ;
3 a. Les verbes sont conjugués au futur : c’est le temps – d’ajouter des allitérations ou des assonances et de trouver
des promesses d’amour, le poète annonce ce qu’il est prêt des métaphores.
à faire pour elle, ce qu’il va lui offrir. 2 « Femme noire »
b. Vers 10 : « Pour récolter la strophe et t’offrir ce trophée ». Biographie :
Le poète offre ses poèmes à Elsa : c’est un cadeau précieux, On peut évoquer avec les élèves le mouvement de la
un « trophée » conquis, qui a nécessité beaucoup de travail négritude insufflé par Senghor : « La Négritude est la simple
(évocation du « métier » et du sang qui sert d’encre au poète). reconnaissance du fait d’être Noir, et l’acceptation de ce
4 •• La forme : l’extrait se compose de 4 quintils d’alexan- fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre
drins, mais le vers 4 est plus court : il s’agit d’un octosyllabe, culture ». Le poème « Femme noire » est issu du recueil
marqué par un retrait. Chants d’ombre, le poète y revendique le métissage, la
• La musicalité : on notera l’absence de ponctuation qui fierté d’être noir. Profondément anticolonialiste, il prône
laisse le lecteur libre de trouver son rythme, on pourra l’identité noire. Il est aussi l’un des fondateurs de la franco-
demander aux élèves de mettre en voix chacun une strophe phonie (communauté de langue française).
pour mettre en évidence le rythme des vers.
1 Le poète s’adresse à une « femme noire » (v. 1).
Le texte est effectivement très travaillé, on peut relever
le jeu sur les paronymes dans la strophe 2 : « je tresserai » / 2 Le poète célèbre plusieurs parties du corps. Il commence
« je tisserai », et surtout la répétition du son [ver] qui renvoie par « la forme » toute entière du corps qui est « beauté »
évidemment aux vers du poème, et sur ses homonymes : (v. 2), puis il enchaîne sur « la douceur de tes mains » (v. 3).
« vers », « verre », « verveine », « trouvère », « verserai », Il célèbre ensuite « sa bouche » (v. 8). Puis il évoque la
« vaine », « verte », « veines ». C’est une assonance du son [ɛ] « voix grave de contralto » (v. 11). Enfin, il évoque sa peau
+ allitération en [v] pour laquelle on peut ajouter « avoine ». (v. 14 et 15) puis sa chevelure (v. 16).
Ces sons sont repris à la strophe suivante dans le mot 3 Le poète sollicite pratiquement tous les sens :
« primevères » et on peut noter que le mot « verveine » • la vue : « je te découvre » (v. 4) ;
fait la jonction de deux mots du texte : « vers » + « veines », • le goût : « sombres extases du vin noir » (v. 8) ;
renforçant l’idée que le poète écrit son texte avec son • le toucher : « chair ferme » (v. 8), « caresses ferventes
sang. De la même façon, « trouvère » fonctionne comme du vent d’est » (v. 9) ;
123
• l’ouïe : « Tamtam sculpté », « Ta voix grave de contralto » faciliter le choix d’un vers. Ainsi, la justification de leur choix
(v. 10-11). pourra mettre en évidence le sens mais aussi le travail sur
4 Ce poème est très musical, notamment grâce à deux le rythme et les sonorités.
effets : Votre bilan
• la répétition des deux vers « Femme nue, femme noire » et Les deux poètes célèbrent la beauté de l’être aimé :
« Femme nue, femme obscure » forme comme un couplet – en décrivant des parties du corps de l’être aimé mises en
de chanson ; valeur par des figures de style comme la métaphore ;
• l’allitération en [t] : « Tamtam sculpté, tamtam tendu » – en travaillant sur les sons pour que la beauté du texte
(v. 10) imite le son du tamtam. soit à la hauteur de l’intensité de leur amour : ils ont recours
Au sujet du « Tamtam », on peut faire écouter aux élèves aux allitérations et assonances.
la chanson d’IAM Tam tam de l’Afrique qui fait écho, dans Le poème peut ainsi devenir un « trophée » (car il a nécessité
le thème et la forme, au vers de ce poème. un long travail) offert à la femme aimée.
5 On identifie une métaphore : « Gazelle aux attaches
célestes ». Lecture 4 Écrire pour surmonter la séparation
6 Ce poème n’est pas uniquement une ode à la femme en GROUPE > p. 184-185
noire : il est une ode à l’Afrique. La « femme noire » devient
l’Afrique : « Terre promise » (v. 5), « Savane aux horizons EN GROUPE
purs » (v. 9), « racines de la vie » (v. 19). 1   &   2   Pour préciser le contexte du poème, les élèves
7 Dans le dessin de Stéphanie Ledoux, la beauté de la s’appuieront sur le paratexte, ils pourront aussi faire des
femme est mise en valeur par le travail de la lumière sur recherches documentaires sur la biographie de l’auteur
sa peau. L’expression de son visage est fière et déterminée. pour établir le contexte précis.
Les couleurs de l’arrière-plan, du turban et des boucles On demandera aux élèves de reproduire le tableau en for-
d’oreille mettent d’autant plus en valeur la beauté du visage mat paysage pour avoir la place de noter leurs réponses.
et du buste de la femme. Beaucoup d’éléments de réponses figurent dans les textes,
les élèves ne pourront évidemment pas tout trouver, le
 À L’ORAL professeur pourra les guider dans leurs recherches et leur
Pour cette activité, on peut s’appuyer sur la version audio demander d’approfondir leurs intuitions en relevant des
du poème proposée en accompagnement afin de leur passages intéressants des textes puis en les analysant.

Écrire permet-il de
Texte Contexte du poème Forme poétique Figures de style
supporter l’absence ?
1 On comprend dans 4 strophes de 5 vers : • Métaphores pour dire l’absence : Non : la lettre est un
le poème que la 4 quatrains à rimes – vers 2 absence = nuit sans la lumière faible substitut de la
poétesse est séparée croisées suivis d’un prodiguée par l’être aimé ; présence, elle ravive le
géographiquement de refrain, l’injonction – vers 4 = cœur assimilé au tombeau, manque par le souvenir
l’homme qu’elle aime. paradoxale « N’écris l’absence est une forme de mort ; de l’absent au lieu
pas » qui encadre • Abondance des formes négatives + de l’apaiser. La lettre
chaque strophe. injonctions (verbes à l’impératif). réveille la souffrance de
Ce poème ressemble • Champ lexical de la mort : l’absence l’absence, les souvenirs
à une lettre est une forme de mort. sont douloureux.
(paradoxe : elle écrit • Opposition paradis/enfer : l’amour
pour lui demander comblé est le paradis « flambeau, dieu,
de ne pas écrire) : ciel, monter, l’eau vive » tandis que
c’est une lettre de l’absence évoque la mort et l’enfer :
rupture épistolaire. « nuit, tombeau, mourir, brûler ».
• Évocation de la « voix » dans les deux
dernières strophes : c’est justement le
son de la voix qui manque dans l’écrit,
mais la mémoire peut la restituer et
rendre présent l’absent.

124
Contexte du Forme Écrire permet-il de
Texte Figures de style
poème poétique supporter l’absence ?
2 Le poète est engagé L’extrait est • Acrostiche : le prénom de Lou se lit Oui : l’amour est
volontaire dans composé de verticalement au début de chaque strophe « plus fort encor que
l’artillerie, il est 4 tercets à comme pour conjurer son absence, comme la mort » (v. 2) et plus
envoyé sur le front rimes suivies si l’amour pouvait constituer une forme de fort que l’éloignement
en 1915, il participe (le poème talisman face à la guerre. géographique, « un
à la Première complet • Assonance en [or] vers 1 et 2 : « sort, fort, cœur le mien te suit
Guerre mondiale. comporte encor, mort » pour souligner la force de cette jusqu’au bout du
La guerre sépare les 5 tercets), maxime. monde » (v. 9).
amants, il pourrait le vers utilisé • Champ lexical des sentiments, de la tendresse : Le poète demande
mourir loin d’elle. est l’alexandrin. « l’amour, un cœur, ma chérie » + la nuit est à Lou de lui écrire
Il envoie 220 lettres C’est une « douce » et « blonde » (personnification qui une lettre par jour,
à Lou, celles qui ont lettre-poème, rend Lou présente sur le champ de bataille) il la supplie presque :
une forme poétique une lettre qui s’oppose à celui de la guerre et de la mort. « je t’en prie » +
furent publiées en d’amour. • Absence de ponctuation : « l’amour est libre ». répétition de « au
1947 sous le titre • Une lettre : lieu et date à la fin, formule de moins » (v. 6).
Poèmes à Lou. prise de congé « Adieu », tutoiement.
3 Le poète a appris la Vers libres, L’ensemble du texte insiste sur la notion de perte : Non : rien ne pourra
mort subite de son strophes de • Formes négatives radicales : « rien », remplacer l’être aimé,
épouse Nusch. longueurs « personne », « ni, ni, ni jamais plus », le poète a perdu le
différentes « tout », « plus », « plus ». « sens de l’amour »,
(4/10/4/3 • Anaphores pour dire adieu à chaque partie du le « sens de la vie »
pour le poème corps de l’être aimé, comme un blason du deuil : (v. 9).
entier). perte du corps de l’aimée « mes yeux », Oui : écrire peut aider
« ma bouche », « mes mains », « mes pieds ». à dire la souffrance
• Répétition du verbe « se séparer » (vers 5, 7, 8, du deuil et affirmer
10, 12) et du verbe « perdre » (vers 6). malgré tout la
• Structure des phrases très simple, le seul lien puissance de son
entre les propositions est « et » (vers 9 et 14) : amour.
une forme d’anéantissement poétique. Le titre du poème,
• Perte d’une partie de soi-même : vers 4. « Ma morte vivante »,
– solitude (cf. Lamartine « Un seul être vous est fondé sur
manque et tout est dépeuplé ») : « personne l’antithèse mort
ne viendra » (v. 2), « j’étais si près de toi que (physique)/vie (dans
j’ai froid près des autres » (v. 16) ; le souvenir).
– perte de l’avenir (verbes au futur + négation) :
« personne ne viendra » (v. 2), « Ils n’avanceront
plus, il n’y a plus de route » (v. 13), « Et l’avenir
mon seul espoir c’est mon tombeau » (v. 14).

TOUS ENSEMBLE demande à son amant de ne pas lui écrire : « N’écris pas ! »
Pour Apollinaire, la lettre permet au contraire de surmonter
Chaque groupe viendra présenter le poème sur lequel il
l’éloignement et de supporter les horreurs de la guerre :
a travaillé : les élèves liront le poème puis en livreront
« Envoie aussi des lettres ma chérie […] une par jour au
l’analyse, il est important que chaque membre du groupe
moins une au moins je t’en prie ».
prenne la parole et/ou écrive les éléments de réponse au
Avec Éluard, face à la séparation radicale que représente
tableau : on pourra vidéo projeter le tableau de synthèse
la mort, l’écriture ne permet pas de combler l’absence de
pour que chaque élève note les éléments de réponses afin
l’être aimé mais permet d’affirmer la survie de l’amour
de garder une trace de ce travail collectif.
dans le souvenir et dans l‘écriture : Nusch est devenue sa
Votre bilan « morte vivante ».
Écrire peut-il aider à supporter l’absence de l’être aimé ?
Il n’y a pas une réponse unique, cela dépend des causes Pour aller plus loin
de l’absence et de la sensibilité de chacun. À l’oral ou dans le carnet de lecture : on pourra demander
Pour Marceline Desbordes-Valmore, une lettre ne comble aux élèves d’exprimer leurs réactions individuelles : Si vous
pas l’absence de l’être aimé, elle renforce au contraire étiez séparé de la personne que vous aimez, aimeriez-vous
la souffrance liée à cette absence, c’est pourquoi elle qu’elle vous écrive une lettre tous les jours comme
125
Apollinaire, ou préféreriez-vous ne pas en recevoir du tout Je m’entraîne
comme Marceline Desbordes-Valmore ? On peut élargir
3 je t’offrirai − je creuserai − je ferai − l’amour sera −
le débat aux nouveaux moyens de communication.
l’amour sera – tu seras
À vos marque-pages ! > p. 186-187 4 Car elle me comprendra, et mon cœur transparent
Pour elle seule, hélas ! cessera d’être un problème
La poésie n’est pas le genre favori de lecture des élèves ;
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
d’où une sélection large, moderne et accessible. Certains
Elle seule les saura rafraîchir, en pleurant.
auteurs sont déjà connus des élèves, comme Bernard Friot,
l’auteur des Histoires pressées, et Susie Morgenstern, autrice J’écris
de La Sixième. Il nous paraissait indispensable d’ouvrir,
5 On pourra faire écouter la chanson de Jacques Brel en
à la suite du poème « Femme noire », à un auteur de la
entier, elle comporte de belles images qui pourront inspirer
francophonie avec le poète tunisien Abdellatif Laâbi. À cela
les élèves.
s’ajoute une œuvre renversante et tellement poétique
de Clémentine Beauvais que les élèves ont découverte avec
Vocabulaire
Les Petites Reines (Sarbacane, 2015). Enfin, sont proposées
deux anthologies qui offrent un large choix de lecture. La versification
Partagez vos lectures ! Je m’entraîne
Pour la présentation à l’oral d’un recueil et la mise en voix
1 a. et b. Texte 1
de certains vers, plusieurs activités sont possibles. Si l’on
Sous le pont Mirabeau coule la Sein(e) > décasyllabe
veut sortir des présentations classiques, les recueils peuvent
Et nos amours > vers de 4 syllabes
être présentés façon « Booktube » (https://www.education-
Faut-il qu’il m’en souvienn(e) > hexasyllabe
aux-medias.ac-versailles.fr/realiser-la-presentation-d-un-
La joie venait toujours après la pein(e) > décasyllabe
livre-a-la-facon-d-un-youtubeur) ou « speedbooking »
Texte 2
(quelques minutes pour présenter le recueil et proposer
Je fais souvent ce rêv(e) étrang(e) et pénétrant
quelques vers).
D’une femm(e) inconnu(e), et que j’aim(e), et qui m’aim(e),
Enfin, rappelons que cette séquence peut être proposée
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la mêm(e)
autour de la Saint-Valentin mais qu’elle peut aussi trouver
Ni tout à fait un(e) autr(e), et m’aim(e) et me comprend.
un écho pendant le Printemps des Poètes qui a lieu en
> Il s’agit d’alexandrins.
mars chaque année. Le thème peut souvent se combiner
2 Texte 1 Les rimes sont croisées : ABAB.
avec le thème de la séquence (2022 « l’éphémère », 2021
Texte 2 Les rimes sont embrassées : ABBA.
« le désir », 2019 « la beauté », 2018 « l’ardeur », etc.).
3 On renverra les élèves au poème de Louise Labé (p. 181)
Rappelons aussi que le travail de l’oral est une entrée
pour visualiser la disposition du sonnet.
majeure du programme, travail qui sera poursuivi l’an
Outre la disposition, on demandera aux élèves de soigner
prochain en 3e avec l’expérimentation de l’éloquence, qui
l’écriture, la calligraphie.
se déploie dans plus en plus d’établissements.
Le travail sur le carnet de lecture peut aussi être poursuivi Différenciation
avec cette séquence. Il est souvent intéressant de demander On pourra aider les élèves en difficulté à repérer le ou les
aux élèves d’illustrer le texte poétique qu’ils ont fait figurer premiers vers, on peut aussi donner un « patron » du sonnet
dans leur carnet. Cela permet d’interroger à nouveau la avec les lignes prévues pour les deux quatrains et les deux
question des images poétiques et de l’appel à l’imaginaire tercets, cela pourra aider certains élèves à mieux s’organiser
en général. dans l’espace. On demandera aux élèves de surligner les
rimes à la fin de leur travail pour en étudier la disposition.
Pour vous aider à lire et à écrire > p. 188-189 Corrigé :
Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Grammaire et conjugaison Des divans profonds comme des tombeaux,
Le futur de l’indicatif Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
J’observe Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
1 Texte 1 : je partirai − j’irai Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Texte 2 : seront − réfléchiront Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Les terminaisons sont : -ai, -as, -a, -ons, -ez, -ont Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
2 Le futur permet d’envisager l’avenir du couple, c’est Un soir fait de rose et de bleu mystique,
le temps des serments et des promesses. Nous échangerons un éclair unique,
126
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ; des rimes. Certains élèves auront peur de devoir écrire
Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes, un poème : on peut les rassurer en leur disant que le travail
Viendra ranimer, fidèle et joyeux, est très guidé, qu’il se fait par étapes, qu’il ne s’agit pas de
Les miroirs ternis et les flammes mortes. créer immédiatement un poème complet.
Si le sujet appelle plutôt une production individuelle et
J’écris personnelle de chaque élève, le travail de groupe pourra
se révéler intéressant pour la recherche des images et des
4 Réponse libre.
rimes : la coopération peut « débloquer » un élève qui ne
trouve pas d’idée ou de rime appropriée. L’élève pourra
Orthographe
également recourir à un dictionnaire des rimes en cas de
Réécriture besoin.
1 Elle était déchaussée, elle était décoiffée, Une consigne préalable à donner : on demandera aux élèves
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ; [...] de ponctuer leur texte et de s’assurer de son sens, ils ne
Elle me regarda pour la seconde fois, devront pas créer des figures de style ou des rimes au
Et la belle folâtre alors devint pensive. [...] détriment du sens.
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts, Cette activité testée en classe comporte une phase de
La belle fille heureuse, effarée et sauvage, recherches et d’effort au début mais, à la fin de l’atelier,
2 Demain, il sera déchaussé, il sera décoiffé, tous les élèves étaient fiers du texte qu’ils avaient créé !
Assis, les pieds nus, parmi les joncs penchants ; [...]
Il me regardera pour la seconde fois, Histoire des arts La représentation du couple
Et le beau folâtre alors deviendra pensif. [...] dans la sculpture > p. 192-193
Je verrai venir à moi, dans les grands roseaux verts, Il s’agit dans cette double-page de travailler le thème de
Le beau garçon heureux, effaré et sauvage, l’amour à travers un art moins connu des élèves : la sculp-
Défi Les deux changements en même temps : ture. Les œuvres choisies nous ont paru accessibles et
Demain, elle sera déchaussée, elle sera décoiffée, significatives, et permettent d’aborder différentes tech-
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ; [...] niques. Cupidon, fil rouge de la séquence, est présent dans
Elle me regardera pour la seconde fois, la première œuvre, ce qui permettra de réinvestir le travail
Et la belle folâtre alors deviendra pensive. [...] effectué lors des séances précédentes. Aussi, ce corpus
Je verrai venir à moi, dans les grands roseaux verts, permettra de faire le lien entre texte et image, activité qui
La belle fille heureuse, effarée et sauvage, [...] figure dans l’épreuve de français du brevet.
1 Document 1 Artiste : Antonio Canova –
Atelier écrit & oral Écrire et mettre en voix Époque : xviiie siècle – Matériau : marbre.
des poèmes d’amour Document 2 Artiste : Constantin Brancusi –
> p. 190-191 Époque : xxe siècle – Matériau : calcaire.
Document 3 Artiste : Milton Eltig Hebald –
Cet atelier est à faire en fin de séquence pour que les élèves
Époque : xxe siècle – Matériau : bronze et granit (socle).
puissent réinvestir les images et les procédés qu’ils ont
Document 4 Artiste : Tamara Kvesitadze –
découverts au cours de la séquence.
Époque : xxie siècle – Matériau : acier (mobile).
Le choix entre plusieurs sujets permet une réelle différen-
ciation : l’acrostiche est un exercice plutôt simple, qui peut 2 Document 1 Les deux personnages sont Psyché et
être travaillé dès l’école primaire, mais il peut être appro- l’Amour, connu aussi sous le nom de Cupidon ou d’Éros.
fondi au collège par le travail sur les images, les figures et Cette scène de Psyché ranimée par le baiser de Cupidon
les rimes. nous est racontée par Apulée. Nous avons déjà évoqué
L’écriture à partir de deux vers connus est une entrée qui dans la page « Quelques repères » l’histoire de Psyché.
comporte deux contraintes : le thème et les rimes. On peut Nous sommes ici à la fin des épreuves conçues par Vénus
ajouter d’autres débuts de poèmes si on souhaite élargir pour tester l’amour de Psyché. La déesse l’a envoyée auprès
le choix. On peut demander à un élève de traiter plusieurs de Proserpine chercher un flacon qu’elle ne devait en
sujets si le texte produit est très court : dans le cas d’un aucun cas ouvrir. Mais Psyché étant une simple mortelle,
prénom court pour l’acrostiche, on peut aussi demander cède à la curiosité et ouvre le flacon. Elle en respire donc
à l’élève de créer plusieurs strophes contenant l’acrostiche les effluves et tombe dans un sommeil éternel. Cupidon
comme l’a fait Apollinaire avec le prénom Lou. ne supporte pas la perte de Psyché et implore sa mère.
On privilégiera le sens du texte et la beauté des images Il la réveille d’une flèche et Psyché obtient de boire le nectar
trouvées à la présence de rimes pour ne pas donner trop et l’ambroisie pour vivre auprès de Cupidon sur l’Olympe.
de contraintes simultanées aux élèves en difficulté d’écri- Les deux personnages sur un rocher sont enlacés. Psyché,
ture. Les élèves pourront aussi recourir à un dictionnaire semi-allongée, se relève légèrement dans les bras de Cupidon
127
et encercle sa tête de ses bras. Sa tête s’abandonne dans du sentiment amoureux.
la main droite de Cupidon. Celui-ci est penché vers Psyché. – Au début, les deux personnages, face à face, sont éloignés
Leurs yeux sont plongés dans ceux de l’autre et la fascina- et se rapprochent au fur et à mesure l’un de l’autre. C’est
tion de Cupidon pour Psyché se lit sur son visage. la rencontre.
– Les deux personnages se touchent et concrétisent leurs
Pour aller plus loin sentiments amoureux. C’est le baiser.
Le musée du Louvre propose une exploration de la statue – Les deux personnages continuent de se rapprocher et
en détails : fusionnent l’un avec l’autre jusqu’à ne plus faire qu’un.
http://musee.louvre.fr/oal/psyche/psyche_acc_fr_FR. C’est l’amour fusionnel, passionnel.
html#seq_2 – Les deux personnages, ayant chacun « traversé » le corps
de l’autre, se séparent et s’éloignent dos à dos. C’est la
Document 2 L’aspect de la sculpture peut tout d’abord
séparation, la fin de l’histoire d’amour.
dérouter les élèves. Brancusi a réalisé une série de quarante
œuvres déclinées sur ce modèle. Les formes sont géomé- 5 Pour cette question, l’important est que les élèves
triques et peuvent paraître très simples. Le couple apparaît verbalisent ce qu’ils ressentent devant ces différentes
sous une forme « colonne ». La longueur des cheveux représentations du couple et qu’ils sachent justifier leurs
permet de différencier les différents personnages qui sont choix. Quel support est le plus évocateur pour eux ? Quel
en train de s’embrasser. La femme peut être aussi identifiée couple correspond le plus à leur propre vision du couple ?
grâce au galbe du sein apparaissant. La sculpture représente À votre tour maintenant !
l’amour passion, l’amour fusionnel. Ils ne semblent former On propose de garder le même thème d’étude, le couple,
qu’un seul être. mais dans un art sur lequel ils sont en général plus aguerris.
À noter : dans la rubrique « Le saviez-vous ? », il s’agit bien Ils peuvent reprendre les couples de la mythologie mais
de l’œuvre originelle qui a posé problème pour sa possession. aussi élargir à d’autres couples célèbres. On pense évidem-
Document 3 Cette œuvre représente le célèbre couple ment à Roméo et Juliette, mais cela peut être aussi César
Roméo et Juliette, créé par Shakespeare. Les deux person- et Cléopâtre, Tristan et Iseut, jusqu’à Frida Kahlo et Diego
nages sont sur le point de s’embrasser. Juliette s’abandonne Rivera, et bien d’autres.
dans les bras de Roméo, ses cheveux flottent dans l’air,
le bras droit à la taille de Roméo et la main gauche placée
un peu au-dessus de la nuque de Roméo. Celui-ci, une jambe Faisons le bilan > p. 194
en avant, se penche vers Juliette qu’il s’apprête à embrasser. Cette page propose de revenir sur les notions étudiées
Leurs visages sont tournés l’un vers l’autre. lors de cette séquence 9. Elle revient sur l’objectif principal
Document 4 Cette œuvre très moderne met en scène un de cette séquence : comprendre ce qu’est le lyrisme amou-
couple aux dimensions exceptionnelles. Ils sont composés reux et comment il se caractérise. On insiste sur le fait
de disques d’acier et n’ont pas de bras. Postés l’un en face que c’est un thème universel qui traverse les siècles, c’est
de l’autre, leurs visages face à face laissent deviner le regard l’occasion de compléter une frise littéraire, si le professeur
plongé dans l’autre. a initié cette activité, ou de l’observer, si elle est affichée
sur les murs de la classe, en faisant convoquer aux élèves
3 Document 3 Roméo et Juliette sont des personnages
leurs souvenirs des textes et auteurs étudiés en classe.
de la tragédie du même nom de William Shakespeare.
De même, on insiste sur l’expression des sentiments (voca-
La pièce se déroule à Vérone et narre l’histoire de deux
bulaire des émotions, sentiments, le langage de l’amour,
jeunes gens, Roméo Montaigu et Juliette Capulet, dont
l’utilisation de la première personne du singulier et l’adresse
l’amour est impossible car ils appartiennent à deux maisons
à l’être aimé). Enfin, on revient sur les figures de style
que tout oppose, leurs familles se querellant sans cesse.
qui permettent de réinventer et de renouveler le langage
Ils s’unissent en secret mais leur plan ne fonctionnent pas
amoureux. On peut questionner les élèves sur leur ressenti
et ils meurent l’un auprès de l’autre.
après cette séquence et sur ce qu’apporte la forme poétique
Document 4 Ali et Nino, les personnages qui inspirent à la déclaration d’amour. Quelle forme privilégieraient-ils
l’œuvre, sont aussi des personnages littéraires. Ils appar- pour se déclarer lors de la Saint-Valentin ?
tiennent à un roman de l’auteur azerbaïdjanais, Kurban
Dans un second temps, il est important de revenir avec les
Said, Ali et Nino (1937). Un jeune aristocrate musulman,
élèves sur les différentes formes poétiques que les auteurs
Ali, tombe amoureux de la fille d’un marchand, Nino, au
ont donné à l’amour. On revient sur les formes abordées
temps de la Première Guerre mondiale. Ils s’aiment malgré
lors de la séquence et on demande aux élèves d’identifier
leur religion différente et les obstacles.
deux poèmes de leur choix. Puis on fixe les connaissances
Ces deux couples ont en commun de vivre un amour impos-
indispensables sur les différents vers et les différentes
sible car ils viennent de milieux différents. façons de créer de la musicalité (les rimes, les vers, le rythme,
4 L’animation de la statue représente les différentes étapes l’anaphore, les jeux sur les sonorités, allitération et asso-
128
nance). Ces bases seront indispensables pour aborder 3 La femme aimée par Musset est « brune aux yeux
l’objet d’étude de 3e « Visions poétiques du monde ». bleus » (v. 2). Le terme « fine » (v. 8) peut être entendu au
Un quiz interactif Genially permet de revenir sur les princi- niveau physique mais le reste du vers tend à faire croire
pales notions évoquées de manière plus ludique et auto- que Musset évoque la finesse d’esprit de Ninon puisqu’il
nome (par exemple, pour réviser avant l’évaluation de fin ajoute au portrait l’« insouciance ». L’être aimé apparaît
de séquence). comme une femme vive d’esprit et malicieuse qui « se plaît,
Le questionnement « Et vous, dans tout ça ? » permet de comme une fée, à deviner d’avance » (v. 9).
revenir sur le ressenti des élèves face aux textes de la 4 Le poète éprouve les tourments de l’amour dans ce
séquence. Un travail de restitution en groupes est proposé texte. Il évoque « une peine extrême » (v. 3), « un mal
afin de leur faire exprimer plus facilement leur opinion. sans pitié » (v. 4), « de longs tourments » (v. 7). Il est comme
une « ombre » (v. 12) qui suit Ninon.
Évaluation > p. 195 5 Ce n’est pas un amour heureux, le poète évoque sa
Ce poème d’Alfred de Musset est abordable pour reprendre souffrance comme les sentiments ressentis évoqués lors
les principales notions de la séquence. À ce moment de de la question précédente. L’emploi de l’alexandrin accen-
l’année, il est important de familiariser les élèves de 4e avec tue cette gravité mêlée de mélancolie. L’anaphore « si je
le questionnement proposé lors de l’épreuve de français vous le disais » insiste sur la difficulté du poète à exprimer
du brevet. Le professeur peut diffuser la version audio du ses sentiments. On note aussi les références à la folie du
poème pour une meilleure compréhension par les élèves. poète « vœux insensés » (v. 7) et « douce folie » (v. 11).

Compréhension et compétences d’interprétation Grammaire et compétences linguistiques


1 Le poète s’adresse à l’être aimé, Ninon. En témoignent 1 « fine » est un adjectif attribut du sujet « vous » (Ninon).
l’adresse du titre « À Ninon », l’emploi de la première « douce » est un adjectif épithète du nom « folie ».
personne du singulier et de la deuxième personne « vous ». 2 Mots de la même famille que « vous plaignez » : plainte.
Il y a aussi l’apposition « brune aux yeux bleus » du vers 2. 3 L’amour, vous le saurez, causera une peine extrême ;
2 Le poème est composé de 3 quintils (strophes de 5 vers) six mois de silence
et les vers sont des alexandrins. C’est un mètre long cacheront de longues peines et des promesses insensées.
qui donne un ton assez lourd. Les rimes sont disposées de
la façon suivante : abaab, cdccd, efeef.

129
Dire l’amour

« Sans vous je ne saurais


10 plus vivre »
L’amour dans les tragédies de Racine > p. 196

1 Présentation de la séquence
Cette séquence s’inscrit dans l’entrée du programme du étudiés. Ne propose-t-on pas Le Bourgeois gentilhomme
cycle 4 : « Dire l’amour », déclinaison au niveau 4e de la dès la 5e ?
thématique générale « Se chercher, se construire ». Les élèves sont capables de nous suivre si nous y met-
L’ambition de ce groupement de textes est, dans un tons suffisamment de conviction et si nous savons mettre
premier temps, de faire découvrir aux élèves un auteur en évidence les thèmes qui les préoccupent le plus –
majeur de la tragédie du xviie siècle, Jean Racine. La l’amour et la jalousie sont tout indiqués dans la période de
séquence se concentre sur quatre de ses pièces : Bérénice, l’adolescence.
Britannicus, Phèdre et Andromaque. Cette exploration Ne pas hésiter à créer un effet d’attente, susciter la
d’œuvres littéraires du patrimoine national du xviie siècle, curiosité des élèves, en abordant un élément ayant lieu
se prolonge par deux lectures de tragédies contemporaines dans la pièce. Par exemple, si cette séquence avait reposé
de Sarah Kane et Jean-Michel Ribes, qui ont puisé leur ins- sur l’étude complète de Britannicus, il aurait été intéres-
piration chez Racine. sant de leur demander si l’intervention d’une mère dans
Le titre de la séquence est une réplique extraite de la une relation amoureuse peut aider son fils à obtenir
pièce Bérénice, elle permet de présenter le thème qui se l’amour de celle qu’il aime, sachant que la jeune fille aime
trouve au cœur des tragédies de Racine : la passion amou- un autre homme qui n’est autre que le beau-fils de la mère,
reuse. Cette séquence permettra donc d’étudier comment c’est-à-dire le fils de son mari. Une discussion s’engagerait
l’amour est dépeint dans les tragédies raciniennes. alors, qui permettra à la classe de se familiariser avec la
L’atelier mêlant écrit et oral amène les élèves à réécrire situation et les personnages. Ne reste plus alors, de
le dialogue théâtral tragique de la Lecture 2, en écho aux manière machiavélique, qu’à leur distribuer le livre en leur
réécritures contemporaines de la Lecture 5. Enfin, l’évalua- demandant de ne surtout pas l’ouvrir jusqu’au prochain
tion porte sur un extrait de Phèdre, dans lequel amour et cours et d’attendre le feu vert de leur enseignant ! Bien
tragique sont étroitement liés. évidemment, le professeur refuserait de « spoiler » (angli-
Étudier Racine en 4e ne pose pas plus de problème cisme qu’ils connaissent tous !) l’issue de la pièce… et vous
que d’autres œuvres théâtrales : il suffit de bien expliquer pouvez être certain que ce sont les élèves eux-mêmes
en amont et de s’appuyer sur des captations de la pièce, qui réclameront le début de l’étude. Nous parlons ici
sans hésiter à « traduire » en langage courant les extraits d’expérience !

2 Objectifs de la séquence
L’acquisition d’une culture littéraire et artistique est les programmes officiels, le but est de « comprendre les
l’une des finalités majeures de l’enseignement du français. nuances du sentiment amoureux et quelques-unes
Elle suppose que les élèves puissent acquérir des connais- des raisons qui en font un thème majeur de l’expression
sances leur permettant de s’approprier cette culture et de littéraire et artistique ». Il s’agit également de comparer la
l’organiser, d’affiner leur compréhension des œuvres et des tragédie de Racine avec des textes contemporains, l’objec-
textes, et d’en approfondir l’interprétation. Dans cette tif étant d’acquérir des éléments de culture littéraire et
optique, il s’agit d’étudier les caractéristiques de la tragé- d’établir des liens entre des œuvres issues de cultures et
die classique du xviie siècle. Il est ainsi question d’aborder d’époques diverses.
la spécificité du poème dramatique et d’observer comment La Lecture en groupe est proposée lors de la Lecture 2
les passions violentes, douloureuses et contrariées devien- à partir d’extraits de deux pièces sur le thème de l’amour
nent les ressorts de la tragédie. Comme le préconisent impossible. L’objectif, en dehors de lire, comprendre et
130
interpréter des textes variés, est ici de construire du sens consignes de grammaire, ainsi qu’une réécriture, accom-
ensemble, de favoriser la mutualisation et la collaboration pagne l’élève dans une perspective, celle du DNB.
entre pairs. S’exprimer à l’oral est un objectif tout aussi important de
Dans l’atelier final, l’élève est également amené à exploi- la séquence. Les activités proposées, comme la lecture
ter la Lecture 2 pour réécrire la scène en la modernisant. Il expressive d’alexandrins ou le jeu de quelques extraits sur
doit adopter des stratégies et des procédures d’écriture scène, favorisent l’exploitation des ressources expressives
efficaces, en mobilisant ses connaissances sur les caracté- de la parole, mais également les interactions dans des
ristiques de la tragédie pour composer librement son écrit échanges oraux.
tout en respectant les normes de la langue. Les pages L’écriture n’est pas réservée à l’atelier final, la démarche
consacrées à l’étude de la langue lui apporteront des outils est progressive. Les consignes, au fil de la séquence,
nécessaires à cet exercice, mais aussi à l’analyse des textes répondent à des objectifs variés : écriture de didascalies,
théâtraux puisqu’il s’agit d’y étudier les types et formes de d’un procès, d’une scène de réconciliation. Il faut donc
phrases, ainsi que la versification. Enfin, l’évaluation, bien, dans tous les cas, adopter des stratégies et des procé-
posant des questions de compréhension et proposant des dures d’écriture efficaces.

Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• Exploiter les • Identifier les types • Contrôler sa compréhension, • Adopter des • Lire des œuvres
ressources créatives et les formes de devenir un lecteur autonome stratégies et > Lectures
et expressives de phrases > Lectures p. 198-213 des procédures p. 198-2133
la parole > 198, 203, 205, 206, • Élaborer une interprétation d’écriture efficaces • Établir des liens
> p. 198, 203, 205, 209, 210, 211 des textes littéraire > p. 206, 207, 209, entre des créations
208, 210 • Consolider > Lectures p. 198-213 210 littéraires et
• Participer de façon l’orthographe • Savoir décrire et analyser • Exploiter des artistiques issues
constructive à des grammaticale : utiliser l’image fixe lectures pour de cultures et
échanges oraux l’impératif présent > p. 201, 205, 208 enrichir son écrit d’époques diverses
> p. 199, 207, 211 et le subjonctif présent > Atelier p. 211 > Lecture
• S’exprimer de pour exprimer l’ordre p. 208-209
façon maîtrisée > p. 205, 210, 213
en s’adressant à • Construire des
un auditoire notions permettant
> p. 203, 209 l’analyse et
l’élaboration des textes
et des discours :
la versification
> p. 198, 199, 206, 210
• Enrichir son lexique
par les lectures
> p. 200, 203, 207

Quelques repères > p. 197 Lecture 1 > p. 198


La page « Quelques repères » se compose d’une courte La Lecture 1, composée d’un monologue d’exposition de
biographie de Jean Racine et d’une présentation générale de Bérénice et d’un extrait de Britannicus, permet de découvrir
la tragédie classique du xviie siècle. Les indications biogra- que, chez Racine, l’amour est tragiquement lié à la souf-
phiques sur l’auteur présentent les œuvres abordées dans la france et que le poème dramatique est la forme adéquate
séquence et évoquent la vision pessimiste que Racine porte, pour exprimer l’intensité des sentiments ressentis par les
depuis son éducation janséniste à l’abbaye de Port-Royal, personnages.
sur l’homme esclave de ses passions. La deuxième partie
explique les origines de la tragédie classique et les raisons de Lecture 2 > p. 200
son essor au xviie siècle. Cette deuxième partie présente La Lecture 2, de préférence à mener en groupe, se compose
également les principales caractéristiques de ce genre théâ- d’un second extrait de la pièce Bérénice, que les élèves
tral extrêmement codifié du xviie siècle. auront découverte dans la première Lecture ; ils auront pu
131
ainsi déjà se familiariser avec les personnages et avec Atelier écrit & oral > p. 211
l’intrigue. Le deuxième texte est extrait de Phèdre. Cette
L’atelier mêlant écrit et oral amène les élèves à réécrire le
Lecture 2 explique comment cet amour racinien est toujours
dialogue théâtral tragique de la Lecture 2, en écho aux
impossible et pourquoi il est ainsi source de souffrance.
réécritures contemporaines de la Lecture 5.

Lecture 3 > p. 204 Sitographie


Le monologue extrait d’Andromaque de la Lecture 3 décrit • Racine, Andromaque, présentation et commentaires
la folie jusqu’à laquelle la souffrance amoureuse peut d’Alain Viala d’Andromaque, Racine, Larousse,
conduire le héros racinien et permet d’aborder la dimension coll. « Classiques Larousse », 1990.
cathartique de la tragédie. • Lagarde et Michard, coll. « Textes et littérature »,
Bordas, 1948-1962 ; rééd. 1993.
Lecture 4 > p. 206 • Phèdre en bandes dessinées, scénarisé et dessiné
Les deux extraits de la Lecture 4 sont des scènes de dénoue- par Armel, Petit à petit, 2020.
ment de tragédies découvertes dans les lectures précé- • Tout-en-un sur les œuvres au programme du bac,
dentes, Andromaque et Phèdre. Ils ont pour objectif collectif, sous la direction d’Amélie Goutaudier,
d’étudier comment la passion amoureuse peut s’avérer Ellipses, 2019, p. 258-283.
destructrice, et même fatale, pour les personnages. • Agnès Pierron, Dictionnaire de la langue du théâtre,
Le Robert, coll. « Les usuels », 2002.
Lecture 5 > p. 208 Podcasts
Il s’agit ici d’étudier et de confronter des textes contempo- • « La passion Racine », sur la vie et l’œuvre de Racine,
rains dont les auteurs, chacun à leur manière, se sont empa- en 4 épisodes : https://www.radiofrance.fr/
rés de Phèdre de Racine. On peut parler de réécriture pour franceculture/podcasts/serie-la-passion-racine
L’Amour de Phèdre de Sarah Kane, tandis que Jean-Michel
• « Les grands personnages de Racine » en 4 épisodes :
Ribes dans Tragédie évoque la tragédie racinienne à travers
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/
un couple en crise, dans un registre résolument comique.
serie-les-grands-personnages-de-racine
Les deux extraits permettent aussi de s’interroger sur l’ex-
pression des sentiments des différents personnages et de • « Les Chemins de la philosophie », épisode 4/4 :
préparer l’exercice de réécriture d’un dialogue théâtral tra- Phèdre : https://www.radiofrance.fr/franceculture/
gique (p. 211). podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/
phedre-1449726
• Phèdre, enregistré en public à la Comédie-Française
Pour vous aider à lire et à écrire > p. 210 en 2016 :
Dans cette page, on propose de travailler d’une part la versi- https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/
fication et d’autre part les types et formes de phrases. Ce fictions-theatre-et-cie/phedre-1677-3378242
sont des notions essentielles pour l’analyse des tragédies • « Racine, le sortilège du regard, en compagnie
raciniennes, tant pour l’étude de sa forme poétique que de Ludmila Mikaël » : https://www.radiofrance.fr/
pour celle des sentiments du personnage tragique. L’objectif franceinter/podcasts/ca-peut-pas-faire-de-mal/
sera de savoir scander des alexandrins, de les lire de façon racine-le-sortilege-du-regard-en-compagnie-de-
expressive et d’en inventer. Il s’agira aussi d’identifier les ludmila-mikael-3728066
types et les formes de phrases dans un monologue, et de les • « Sarah Kane (1971-1999), anéantie » essentiellement
employer pour en imaginer une suite. pour la biographie de l’autrice) : https://www.
radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/
sarah-kane-1971-1999-aneantie-4833620

132
3 Corrigés de la séquence

Lecture 1 Souffrir d’aimer ? > p. 198 tions viennent fléchir la décision qu’il venait de prendre, car
il ne peut plus taire cet amour qui le fait tant souffrir. Les
Vos objectifs
dernières phrases interrogatives et les phrases déclaratives
Ces deux premiers textes mettent en scène des personnages
qui suivent sont adressées directement à Bérénice :
qui souffrent par amour, soit parce que cet amour n’est pas
Antiochus s’imagine lui avouer ses sentiments, même s’il
partagé, soit parce qu’il rencontre un obstacle. Les objectifs
sait que cet aveu ne changera rien à leurs relations (« espoir
sont ainsi d’analyser les sentiments des personnages et de
superflu » v. 26, « je n’espère plus » v. 27, « un amant sans
découvrir la forme du poème dramatique, ainsi que le
espoir » v. 30). C’est ainsi, qu’à la fin de son monologue,
registre tragique. Le premier extrait permet également de
il prend la décision de lui déclarer ses sentiments, dans
définir la fonction d’une scène d’exposition et d’étudier un
une phrase impérative avec un verbe à l’impératif présent
monologue délibératif.
(« parlons », v. 48), puisqu’il n’a plus rien à perdre.
1 Bérénice 6 Ce monologue est composé d’alexandrins (des vers de
AVANT DE COMMENCER On pourra demander aux élèves de 12 syllabes) et de rimes suivies (AABB). L’alexandrin et les
définir ce qu’est un monologue au théâtre, de trouver les rimes suivies donnent un rythme très régulier au mono-
indices permettant de l’identifier, et de chercher quelles logue et créent ainsi une musicalité qui permet de faire
fonctions il peut avoir dans une œuvre théâtrale. ressortir l’intensité des sentiments du personnage. La lon-
1 Grâce à ce monologue, on apprend qu’Antiochus, le per- gueur de l’alexandrin impose un rythme lent, notamment
sonnage seul sur scène, aime en secret depuis cinq ans la quand une phrase se prolonge sur plusieurs vers. Citons par
reine de Palestine, Bérénice. Or, celle-ci est sur le point exemple la longue phrase allant des vers 21 à 27, dont
d’épouser Titus, empereur de Rome et ami d’Antiochus. le rythme lent renforce le pathétisme de la plainte
Ce monologue constitue une scène d’exposition puisqu’il se d’Antiochus.
situe au début de la pièce. Il permet de donner aux specta-  À L’ORAL
teurs les renseignements nécessaires pour comprendre la Les élèves pourront choisir autant les phrases interrogatives
pièce. En effet, il nous donne des indications sur l’intrigue, que les phrases déclaratives. Ils devront veiller à bien faire
sur les personnages principaux et sur leurs relations. Ce ressortir la souffrance du personnage et à s’appuyer sur la
monologue a donc une fonction informative. musicalité des vers.
2 Le lexique utilisé au vers 2 montre le trouble d’Antiochus : Proposition de vers : v. 16-17 ou v. 25-27.
« je tremble » et « mon cœur agité ». L’antithèse au vers 3,
qui oppose les formes verbales « craint » et « souhaite », 2 Britannicus
souligne bien la confusion des sentiments qui agite le Comme On pourra donner aux élèves quelques conseils
au théâtre
personnage, partagé entre l’envie d’agir et la peur de le faire. pour écrire leurs didascalies :
Ces deux formes verbales sont d’ailleurs placées au début • utilisez le participe présent ou le présent de l’indicatif,
et à la fin du vers de manière à bien mettre en évidence • écrivez-les en italique,
l’antithèse. • soyez précis pour écrire des didascalies courtes et efficaces,
3 Antiochus est confronté à une décision difficile à prendre : • faites ressortir les sentiments du personnage.
doit-il avouer son amour à Bérénice avant qu’elle n’épouse Exemples de didascalies :
Titus ou bien se taire à jamais ? C’est ce qu’on appelle un v. 7 : Marchant de long en large
dilemme. Le personnage réfléchit à voix haute et pèse le v. 14 : S’interrompant
pour et le contre pour prendre sa décision. Ce monologue a v. 15 : Se tordant les main
donc aussi une fonction délibérative. v. 23 : Baissant la tête et murmurant
4 La métaphore qu’utilise Antiochus se trouve au vers 7 : v. 25 : Se reprenant
« D’un voile d’amitié j’ai couvert mon amour. » 1 Britannicus reproche à Junie son regard glacial : elle
5 LANGUE Les phrases interrogatives jusqu’au vers 12 aurait pu lui montrer par le regard qu’elle l’aimait toujours,
traduisent les hésitations et les craintes d’Antiochus à décla- pendant qu’elle prétendait le contraire avec ses paroles
rer son amour à Bérénice. On trouve également des phrases quand Néron les écoutait.
déclaratives dans ce passage (pour expliquer leurs relations 2 LANGUE Les mots et groupes de mots appartenant
aux spectateurs). Des vers 13 à 15, le personnage utilise des au champ lexical de la souffrance sont : « trouble » (v. 5),
phrases impératives pour sembler se décider à ne rien « hélas ! » (v. 1, 7 et 23), « désordre » (v. 8), « combien de
avouer à Bérénice. Mais, de nouveau, à partir du vers 16, on soupirs » (v. 9), « Quel tourment » (v. 11), « gémir » (v. 12),
retrouve des phrases interrogatives qui sont en fait des « affliger » (v. 12), « consoler » (v. 13), « quels pleurs »
questions rhétoriques montrant que de nouvelles hésita- (v. 14) et « douleur » (v. 18).
133
3 Junie prouve son amour à Britannicus dans sa réplique en d’autant plus important pour ces textes destinés à être dits
lui révélant que cela a été une véritable souffrance pour et écoutés, et pas seulement lus en silence. On pourra pré-
elle-même de lui dire qu’elle ne l’aimait plus et de voir ciser aux élèves que Racine a été reconnu dès son époque
qu’elle lui brisait le cœur par ses paroles. Sa souffrance comme particulièrement habile dans la manière d’agencer
s’exprime par les nombreuses phrases exclamatives, par le ses rythmes, cadences et sonorités et à créer par là des
champ lexical de la souffrance (repéré grâce à la question effets de sens. Il était un artiste du « beau vers », comme on
précédente), mais aussi par l’accumulation présente aux disait alors. Des témoignages de l’époque disent que, quand
vers 11 et 12 : « Quel tourment de se taire en voyant ce qu’on il rédigeait une pièce, il aimait pouvoir « tester » les vers en
aime, / De l’entendre gémir, de l’affliger soi-même […] ! ». les prononçant lui-même à haute voix.
On peut également relever une antithèse aux vers 9 et 10
(« De combien de soupirs interrompant le cours, / Ai-je Pour aller plus loin
évité vos yeux que je cherchais toujours ! ») qui suggère la On pourra faire écouter le passage du postcast sur
difficulté qu’elle a eue à cacher ses véritables sentiments. Britannicus qui explique cette scène (« Les grands person-
4 Le type de vers utilisé dans tout l’extrait (comme dans nages de Racine »). Puis il est possible de demander aux
toute la pièce) est l’alexandrin (vers de 12 syllabes) et les élèves d’écrire (simplement en prose) et de jouer la scène
rimes sont suivies (AABB). L’alexandrin et les rimes suivies dans laquelle, sous la surveillance de Néron, Junie est obli-
donnent un rythme très régulier et créent ainsi une musica- gée de faire croire à Britannicus qu’elle ne l’aime plus.
lité qui permet de faire ressortir l’intensité des sentiments
des personnages, ici la souffrance. La souffrance de Junie Lecture 2 Un amour impossible ?
est d’ailleurs soulignée par l’allitération en « m » que l’on en GROUPE > p. 200
retrouve dans les rimes suivies « aime » et « même » des
Vos objectifs
vers 11 et 12, ainsi qu’à l’intérieur de ces mêmes vers avec les
Les deux textes mettent en scène deux héros tragiques en
mots « tourment » et « gémir ».
proie à un cruel dilemme. En effet, dans le premier texte,
5 On voit dans cet extrait que Néron représente un danger Titus doit sacrifier son amour pour des raisons politiques ;
pour le couple, puisque Néron risquait de tuer Britannicus dans le second texte, Phèdre éprouve un amour coupable
si Junie avait un seul mot ou un seul regard de tendresse. pour son beau-fils. Les objectifs sont donc d’aborder le
C’est pour cela que Junie coupe brutalement la parole à dilemme comme principal ressort de l’action de la tragédie,
Britannicus au vers 6 pour l’alerter de cette menace : « Il et d’étudier le tragique d’une passion amoureuse impos-
fallait me taire et vous sauver. » Junie éprouve un sentiment sible.
de peur vis-à-vis de Néron comme le souligne l’emploi de La lecture de ces deux textes est à mener en groupes de
ce champ lexical dans sa réplique : « inquiète » (v. 15), quatre élèves maximum. Cette méthode de lecture offre
« troublée » (v. 15), « effrayé » (v. 17) et « je craignais » aux élèves la possibilité de travailler les questions d’abord
(v. 17 et 21). Enfin, Junie invite Britannicus à la prudence en autonomie, individuellement, puis de prendre un temps
avec la phrase impérative, « Allez, encore un coup, cachez- pour échanger et discuter sur leurs réponses, et enfin de
vous à ses yeux » (v. 25), qui montre que Néron est toujours mutualiser leurs recherches afin de remplir le tableau de
une menace. synthèse, qui servira de support pour une restitution orale
RÉÉCRITURE au reste de la classe.
a. J’aurais compte à vous rendre de mille autres secrets. Différenciation
b. Le bouleversement syntaxique permet de mettre en
valeur l’hyperbole « de mille autres secrets », qui se retrouve Pour des élèves plus en difficulté, on pourra proposer de
placée en début de vers et par laquelle Junie exprime à travailler l’extrait de Phèdre à partir de l’adaptation Phèdre
Britannicus l’intensité de son amour, qui ne peut pas encore en bandes dessinées, scénarisée et dessinée par Armel, aux
être montré au grand jour à cause de Néron. éditions Petit à Petit, 2020 (extrait pages 32 à 39).
c. « De mon front effrayé je craignais la pâleur », (v. 17). EN GROUPE
Votre bilan
1 Bérénice
La situation de ces personnages est tragique, puisqu’ils
éprouvent des sentiments amoureux très forts, mais ces 1 a. Titus est amoureux de Bérénice.
sentiments les font souffrir. Antiochus souffre parce que son b. Puisqu’il va devenir l’empereur de Rome, Titus n’a pas le
amour n’est pas partagé. Junie et Britannicus souffrent droit d’épouser Bérénice parce qu’elle n’est pas une femme
parce que Néron est un obstacle dangereux pour leur relation. romaine, c’est la reine de Palestine.
Racine se sert de la cadence de l’alexandrin et des rimes c. Nous pouvons relever les vers 2 à 4 : « Je sens bien que
suivies, des sonorités, ainsi que de la disposition des mots, sans vous je ne saurais plus vivre, / Que mon cœur de moi-
pour créer des effets de sens et pour faire ressortir encore même est prêt à s’éloigner ; / Mais il ne s’agit plus de vivre,
plus la souffrance des personnages. Cet aspect poétique est il faut régner. » Ces vers montrent bien que Titus est partagé
134
entre son amour et ses intérêts politiques : il doit devenir dans la durée et insister ainsi sur sa pénibilité. Elle emploie
empereur de Rome, ce qui l’oblige à rompre avec la femme plusieurs anaphores : « dans un », v. 15, « que le », vers 17,
qu’il aime. La forme verbale « il faut » présente cela comme « Sans que », vers 18 et 19. Cette figure d’insistance contri-
un devoir à accomplir. bue à donner une atmosphère lyrique (de même que les
D’ailleurs, dans la réplique coupée de Bérénice, qu’on pourra chiasmes présents aux vers 18 et 19 et au vers 23).
lire aux élèves, Bérénice personnifie la ville de Rome et la
2 Phèdre
présente comme une rivale : « Rome à ne vous plus voir
m’a-t-elle condamnée ? » Titus doit choisir entre Bérénice 1 a. Phèdre aime Hippolyte.
et Rome. b. Phèdre aime son beau-fils, le fils de Thésée, son mari. Cet
d. Titus emploie le mot « tourments » au vers 1 pour évo- amour est impossible car il est incestueux et immoral.
quer la souffrance provoquée par cette décision de rompre. c. Nous pouvons relever les vers 2 et 3 : « Tu vas ouïr le
Puis, il annonce que, sans Bérénice, sa douleur sera si vive, comble des horreurs. J’aime… À ce nom fatal, je tremble,
qu’il ne pourra pas continuer à vivre, aux vers 2 et 3 : « Je je frissonne », qui montrent le dilemme de Phèdre, partagée
sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre, / Que mon entre sa passion pour Hippolyte et son sentiment de culpa-
cœur de moi-même est prêt à s’éloigner », et il le répète aux bilité exprimé par l’hyperbole « le comble des horreurs ».
vers 25 à 27. Au vers 30, Titus exprime sa plainte mélanco- Elle considère elle-même son amour comme un crime.
lique par l’interjection « Hélas ! ». On pourra également commenter aux élèves le sens de
e. Au vers 30, « vous pouvez tout, madame : demeurez », l’expression (« une flamme si noire », v. 52) : par la méta-
le « tout » représente le pouvoir que Bérénice exerce sur lui phore courante, la flamme désigne l’amour ; et cette
grâce à l’amour, et Titus montre son impuissance à lutter flamme est associée à l’adjectif « noire » qui, normalement
par les expressions « Je n’y résiste point » et « je sens ma lui est incompatible, dans ce qu’on appelle un oxymore. Cet
faiblesse » au vers 31. Si Bérénice reste à Rome, la résistance oxymore exprime bien cette passion coupable : une flamme
de Titus pour ne pas succomber sera d’autant plus difficile, il noire, c’est impossible, c’est contre-nature, exactement
lui faudra lutter encore plus contre ses sentiments, comme comme l’amour incestueux.
le suggèrent l’accumulation et la répétition aux vers 32 à 34 : d. Dans sa tirade, Phèdre exprime sa souffrance par des
« Il faudra vous combattre et vous craindre sans cesse, / phrases exclamatives : « Ô comble de misère ! » (v. 31),
Et sans cesse veiller à retenir mes pas / Que vers vous à « Vaines précautions ! Cruelle destinée ! » (v. 43) ; on peut
toute heure entraînent vos appas ». La disposition des mots remarquer que ces phrases sont courtes et non verbales, ce
au vers 34 souligne le pouvoir d’attraction de Bérénice sur qui souligne encore plus l’intensité de cette souffrance.
lui. On peut penser qu’il est plus envahi par l’amour de Ensuite, par des métaphores, elle compare l’amour à une
Bérénice que par la puissance politique. En effet, le verbe maladie qui la fait souffrir : « Mon mal » au vers 1, « D’un
« aimer » est le dernier mot de la réplique de Titus. incurable amour remèdes impuissants ! » au vers 25, puis à
f. Bérénice est surprise par la décision que vient de prendre une blessure au vers 46 : « Ma blessure trop vive aussitôt a
Titus : en effet, elle ne s’attendait pas à cette rupture, elle saigné. » Elle montre bien que cet amour est un mal qui fait
avait confiance en ses sentiments comme le suggère souffrir. Elle le compare aussi à un feu intérieur qui la dévore :
l’hyperbole « après mille serments » au vers 7. Elle mani- « feux redoutables » (v. 19), « flamme » (v. 50 et 52). Enfin,
feste en plus sa colère en l’apostrophant par un terme nous pouvons noter la gradation présente aux vers 49 et 50 :
péjoratif et en employant une phrase impérative au vers 5 : « J’ai conçu pour mon crime une juste terreur : / J’ai pris la
« Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire ». Des vers 5 vie en haine et ma flamme en horreur » qui souligne bien
à 14, on peut relever aussi des allitérations en [r] et en [t] l’idée que la culpabilité qu’elle ressent la fait souffrir à un tel
qui renforcent ce sentiment d’indignation. Elle emploie éga- point qu’elle envisage la mort, le suicide (v. 51).
lement une phrase de forme exclamative : « Mais quelle est e. Phèdre raconte son coup de foudre pour Hippolyte, le
mon erreur, et que de soins perdus ! » (v. 20). Elle le désigne jour même de son mariage avec Thésée. C’est par les yeux
par le terme « l’ingrat » au vers 21. que Phèdre est prise au piège : « Athènes me montra mon
Elle montre sa résignation avec les expressions « Je ne dis- superbe ennemi » (v. 14 ; on pourra faire identifier l’oxymore),
pute plus » au vers 6, « Je n’écoute plus rien » au vers 12, et privée de sa volonté d’agir, ce coup de foudre prend le
avec la répétition de l’expression « pour jamais » qui enca- contrôle à la fois de son esprit et de son corps et elle ne peut
dre le mot « adieu » aux vers 12 et 13 et avec le rythme résister : « Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ; / Mes
décroissant du vers 12. yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; / Je sentis tout
Mais elle exprime aussi sa souffrance. Elle utilise le champ mon corps et transir et brûler » (v. 16 à 18).
lexical du temps (« absence éternelle », v. 10, « Dans un Pour Phèdre, cet amour coupable est une vengeance de la
mois, dans un an », v. 15, « le jour », v. 17, « jamais », part de Vénus, et Phèdre est victime de la malédiction de la
v. 18, « de tout le jour », v. 19, « compter les jours », v. 22 déesse, contre laquelle elle ne peut rien faire. Elle se pré-
et « Ces jours si longs », v. 23) pour inscrire cette séparation sente comme la victime impuissante et prisonnière de
135
Vénus, la déesse de l’amour : « C’est Vénus tout entière à sa lignent son impuissance à lutter contre cette passion.
proie attachée » (v. 48). En effet, la déesse Vénus ne cesse D’ailleurs, les rimes « redoutables/inévitables » sont signi-
de la persécuter, elle et sa famille (v. 19-20). fiantes : Phèdre est écrasée par une fatalité qui la dépasse.
En voici la raison : Vénus est mariée à Héphaïstos, le dieu du L’expression « En vain » au vers 26 indique bien l’échec
feu, des forges et de la métallurgie, mais elle le trompe avec de cette première tentative, puisque Vénus n’est plus la
Mars, le dieu de la guerre. Hélios, le dieu du soleil, qui a sur- véritable destinataire des offrandes et des prières, c’est
pris le couple infidèle, prévient Héphaïstos, qui pose un filet Hippolyte qu’elle en vient à adorer comme un dieu
magique sur le lit et emprisonne le couple. Tous les dieux (v. 27-30). Elle tente de se détourner d’Hippolyte en l’évi-
sont prévenus et Vénus, humiliée, va poursuivre la descen- tant (v. 31), en l’éloignant du royaume (v. 35 à 38), mais ses
dance d’Hélios par sa vengeance. Or, Hélios est le père de efforts se soldent encore par des échecs, comme le montre
Pasiphaé, la mère de Phèdre. Pasiphaé fut elle-même l’expression « Vaines précautions ! » (v. 43), qui fait écho
victime de Vénus : elle lui inspira amour et désir pour un avec l’expression « En vain » du vers 26. Rien n’y fait, chaque
taureau, relation contre-nature qui donna naissance au fois la passion amoureuse se fait plus forte qu’avant.
Minotaure. Phèdre essaye par tous les moyens d’apaiser f. La nourrice Œnone est choquée, sidérée et affligée par
Vénus, par des prières, des offrandes, la construction d’un l’aveu de Phèdre, elle ne s’exprime pratiquement que par
temple. Mais en vain : « je crus les détourner », le verbe des phrases exclamatives, ce qui montre l’intensité de ses
« croire » élimine d’emblée tout espoir et après la liste de émotions. Au vers 8, nous pouvons relever la gradation
ses actions, on peut relever plusieurs adjectifs formés du et l’anaphore qui montrent qu’elle condamne durement
même préfixe privatif « in-/im- » : « in-évitables » (v. 20), cet amour coupable que Phèdre vient de lui avouer : « Ô
« in-curables » (v. 25) et « im-puissants » (v. 25) qui sou- désespoir ! ô crime ! ô déplorable race ! »

Héros Situation amoureuse Dilemme Souffrance exprimée Impuissance exprimée


Titus Amoureux de Bérénice, Amour / pouvoir, – « Tourments », v. 1 – Le « tout », v. 30 = pouvoir de
qui l’aime aussi intérêts politiques – Sans Bérénice, la mort est Bérénice sur lui
envisagée + « je n’y résiste point » et
– L’interjection « Hélas ! », « je sens ma faiblesse », v. 31
v. 30 – Accumulation et répétition
v. 32-34 = lutte difficile
– La disposition des mots, v. 34
– Le verbe « aimer » = dernier
mot de sa réplique
Phèdre Amoureuse de son Amour / interdits – Phrases exclamatives. – Coup de foudre incontrôlable
beau-fils, Hippolyte familiaux, la – Métaphores : l’amour = – Victime impuissante de la
morale une maladie qui fait malédiction de Vénus
souffrir, un feu qui dévore – Échecs de ses diverses tentatives
– Gradation

TOUS ENSEMBLE position quasi martiale, les bras croisés dans le dos, en signe
de rejet, mais surtout de condamnation (« ô crime ! », v. 8).
3  À L’ORAL

Propositions de vers exprimant le mieux les sentiments du La boîte


à mots
héros tragique :
– pour Titus : v. 1 à 4 ou v. 24 à 27 ; La passion amoureuse dans la tragédie classique est un sen-
– pour Phèdre : v. 49 à 52. timent violent et intense, contre lequel le héros tragique
Comme tente en vain de lutter et qui engendre chez lui de terribles
au théâtre
Phèdre est accablée par ce sentiment d’amour
souffrances.
incestueux, qu’elle vit comme une malédiction
et qu’elle ne peut assumer, comme le révèle sa difficulté à Votre bilan
prononcer le nom d’Hippolyte (« C’est toi qui l’as nommé » Dans le premier texte, la passion amoureuse s’oppose au
v. 6), d’où cette posture d’accablement : elle est assise sur le pouvoir politique : Titus est tiraillé entre son amour pour
lit, presque recroquevillée sur elle-même, tête baissée, main Bérénice et son devoir de devenir empereur de Rome. Dans
droite soutenant sa tête, main gauche crispée sur sa cuisse, le second texte, la passion amoureuse s’oppose aux inter-
n’osant pas regarder Œnone). Œnone, quant à elle, revêt dits familiaux, à la morale, puisque Phèdre éprouve un
une posture de jugement, ainsi penchée vers Phèdre, une amour incestueux pour son beau-fils, elle est donc tiraillée
136
entre sa passion et son sentiment de culpabilité. Les deux n’est pas tout à fait sûre de la décision qu’elle a prise.
héros se retrouvent dans une situation tragique, ils ont beau Au vers 37, son interruption marque encore son hésitation
lutter contre leur passion amoureuse, ils restent impuis- et peut-être même ses remords d’avoir commandité l’assas-
sants et souffrent : ils ne peuvent échapper à la fatalité, ils sinat de Pyrrhus.
sont victimes de leur destin. 5 Dans la dernière partie de son monologue, elle repense
avec nostalgie à la relation amoureuse qu’elle entretenait
Lecture 3 Terreur ou pitié ? > p. 204-205 avec Pyrrhus, ce qui la fait douter et regretter sa décision.
Vos objectifs 6 La comédienne se trouve en bas des marches mais le
Le texte met en scène le personnage d’Hermione qui, trahie cadrage ne permet pas réellement de s’en rendre compte.
par Pyrrhus qu’elle aime et qu’elle devait épouser, succombe Il ressort de cette photographie une impression de fluidité
à la jalousie et sombre peu à peu dans la folie. Dans ce et de fragilité, visible dans le drapé de la robe du personnage
monologue, elle se montre tiraillée entre son désir de – auxquels font écho les voilages du décor. Mais il transpa-
vengeance et l’amour qu’elle éprouve encore pour lui. Les raît aussi de la dureté dans son expression, une forme
objectifs sont donc d’étudier ce qui fait de cet extrait un d’inflexibilité que rappelle la verticalité de cette photogra-
monologue tragique et d’observer comment le héros tra- phie. Terreur et pitié…
gique inspire à la fois la terreur et la pitié.
 À L’ORAL
Andromaque Propositions de vers montrant qu’Hermione inspire la
1 LANGUE Les vers 1 à 4 sont constitués d’une accumula- terreur : v. 15-16, v. 26-28.
tion de phrases interrogatives. Il s’agit de questions rhéto- Propositions de vers montrant qu’Hermione inspire la pitié :
riques qu’Hermione se pose à elle-même, mais dont elle v. 1-4, v. 31-36.
connaît déjà les réponses. Ces questions rhétoriques
s’accompagnent d’ailleurs d’allitérations en « q » et « j » Avec du style !
qui scandent le propos et marquent l’extrême angoisse Hermione a ordonné à Oreste de tuer Pyrrhus pour se ven-
du personnage. Ces vers traduisent ainsi l’affolement ger de sa trahison. Mais son cœur est partagé entre amour
d’Hermione, qui semble très confuse, après avoir demandé à et haine, elle réfléchit à haute voix, délibère dans ce mono-
Oreste d’assassiner l’homme qu’elle aime, son cœur est logue pour savoir si elle a eu raison de commanditer le
déchiré entre amour et haine (v. 4). meurtre de Pyrrhus.
2 Hermione éprouve du dépit : elle souffre d’être rejetée
Votre bilan
par Pyrrhus dont elle est amoureuse, mais elle ressent éga-
Hermione inspire à la fois la pitié et la terreur : on est touché
lement de la colère à son égard. Sa colère se voit à travers
par ce personnage qui aime et qui souffre de ne pas être
les mots durs qu’elles profèrent tout au long de son mono-
aimé en retour ; mais on craint aussi ce personnage qui, par
logue : « Le cruel » (v. 5), « le perfide » (v. 17 et 22) et
jalousie, s’égare dans la folie et est capable de toutes les
« l’ingrat » (v. 25), mais aussi à travers les reproches sur
cruautés, y compris de celle de tuer l’être aimé. Racine met
l’insensibilité et l’indifférence dont il a fait preuve envers
en scène ce genre de personnage pour montrer le danger
elle. On pourra faire remarquer que ces reproches sont for-
des passions et pour permettre au spectateur de se libérer
mulés par des questions rhétoriques ou par des phrases
de ses émotions négatives. En effet, celui-ci vit ses angoisses
exclamatives, qui soulignent la fureur du personnage. Mais
ces reproches sont autant des arguments qu’elle trouve et ses passions à travers le personnage tragique auquel il
pour se convaincre elle-même qu’elle a eu raison de deman- s’identifie. À la fin de la représentation, il quitte le théâtre
der à Oreste d’agir. allégé et purifié de ses sentiments inavouables. La tragédie
a un effet à la fois didactique et cathartique. On nomme
3 On pourra relever les vers suivants : « Non, ne révoquons
catharsis cette purification des passions.
point l’arrêt de mon courroux : / Qu’il périsse ! aussi bien
il ne vit plus pour nous » (v. 15-16) ; « Non, non, encore un
coup : laissons agir Oreste. / Qu’il meure, puisque enfin il a Lecture 4 Mourir d’aimer ? > p. 206-207
dû le prévoir » (v. 26-27). Les verbes sont conjugués au Vos objectifs
présent de l’impératif à la première personne du pluriel et Chacun des deux extraits se situe au moment du dénoue-
au présent du subjonctif, et sont utilisés dans des phrases ment de la pièce, qui s’avère être malheureux et funeste. La
impératives, exprimant des ordres qu’Hermione se donne à passion amoureuse entraîne les personnages dans une folie
elle-même pour confirmer sa décision. meurtrière, les poussant à tuer ou à se suicider. Il s’agit donc
4 Au vers 28, elle s’interrompt dans son monologue d’étudier ces scènes de dénouement et d’analyser les senti-
comme le montrent les points de suspension, elle inter- ments de ces personnages devenus monstrueux. Ces deux
rompt le cours de sa réflexion pour réfléchir à sa responsa- dénouements permettent de comprendre en quoi l’amour
bilité dans l’assassinat de Pyrrhus, ce qui suggère qu’elle est tragique et fatal chez Racine.
137
1 Andromaque Avec du style !
1 Cette scène se déroule presque à la toute fin de la pièce On remarque l’opposition entre les pronoms personnels
(scène 3 de l’acte V), il s’agit d’une scène de dénouement. « tu » et « je ». Le verbe « partir » placé juste avant la césure
Sous les ordres d’Hermione, Oreste a tué Pyrrhus. Mais, au est mis en valeur.
lieu de le remercier, Hermione a une réaction inattendue :
elle le repousse avec violence. C’est que, sous la haine, 2 Phèdre
l’amour subsiste tout entier. Hermione est en proie aux 1 Phèdre avoue la vérité à son mari, Thésée : Hyppolyte n’a
impulsions contradictoires de la passion : elle a voulu la jamais voulu abuser d’elle. C’était elle qui éprouvait un
mort de Pyrrhus sous le coup de la jalousie, mais une fois amour incestueux pour son beau-fils. Avant de mourir, elle
que ce dernier est mort, elle le regrette, alors sa haine et sa veut réhabiliter Hippolyte, en le lavant de tout soupçon et
fureur se retournent contre Oreste, qui n’a fait qu’obéir à ses confesser son crime.
ordres. On pourra faire remarquer que la césure au vers 2 met en
2 a. Hermione désigne Oreste par des noms péjoratifs et valeur le groupe nominal « votre fils ».
insultants : « perfide » (v. 1), « Barbare » (v. 5), « cruels » 2 LANGUE Le verbe « écoutez-moi » est conjugué au
(v. 7, Oreste et ses soldats grecs), « Traitre » (v. 25), « un présent de l’impératif. C’est son devoir d’avouer avant de
monstre tel que toi » (v. 25). mourir, mais c’est aussi un devoir pour Thésée de l’entendre.
b. On peut relever comme pronoms personnels de deuxième 3 Les antithèses présentes aux vers 7 et 8 sont : « chaste /
personne : « toi », « tu », « te », « t’ ». Hermione adopte un profane », « respectueux / incestueux ». Ces antithèses
ton très accusateur, en multipliant l’emploi de ces pronoms opposent l’innocence d’Hippolyte à l’immoralité de Phèdre.
de deuxième personne du singulier. Elle rejette toute la Par leur emploi, Phèdre juge son amour pour Hippolyte
responsabilité sur lui, elle veut montrer que c’est entière- comme une passion coupable et condamnable.
ment sa faute. 4 Phèdre ne se sent pas pour autant responsable, elle
c. Elle utilise des phrases impératives et interrogatives pour rejette la faute d’abord sur les dieux (« le ciel »), sans doute
montrer qu’elle condamne sévèrement son crime. Vénus, qui sont accusés d’avoir mis en elle cette « flamme
3 La césure au vers 16 permet de mettre en opposition « le funeste » au vers 9. Elle reconnaît avoir commis ce crime,
cœur » et « la bouche » qui se trouvent placés de chaque mais elle prétend être le jouet d’une volonté divine, qui l’em-
côté du vers. Hermione reproche à Oreste d’avoir suivi ses pêche d’agir librement. Phèdre est tombée amoureuse à
paroles prononcées sous l’effet de la colère, mais ce n’était cause de la fatalité, c’est le destin qui l’oblige à aimer
pas ce qu’elle voulait réellement, ce que souhaitait son Hippolyte. Ensuite, pour se disculper, elle accuse sa nourrice
cœur. Œnone, qu’elle nomme « la détestable Œnone » (v. 10) ou
4 Hermione donne le coup de grâce à Oreste en le repous- encore « la perfide » (v. 13) et qu’elle accable en racontant
sant, en le chassant (« Adieu. Tu peux partir », v. 22) et en son rôle dans cette calomnie (v. 10-14). Phèdre se décrit
lui signifiant bien que leur séparation est définitive. Au alors comme la victime « d’une faiblesse extrême » abusée
vers 22, la césure permet de créer une opposition entre les par sa servante. Elle va même plus loin, évoquant la mort de
pronoms personnels « tu » et « je » ; de même, on retrouve sa servante, qui a pourtant tout fait pour elle, comme si elle
cette opposition entre les pronoms personnels « toi » et n’avait aucun regret : « a cherché dans les flots un supplice
« moi » placés à la rime aux vers 24-25. trop doux » (v. 16).
5 a. Sa mort permettra d’expier sa faute : « Et la mort, à
 À L’ÉCRIT
mes yeux dérobant la clarté, / Rend au jour qu’ils souillaient
Propositions de didascalies : toute sa pureté » (v. 27-28). On peut également relever que
Hermione le mot « remords » rime avec « morts » aux vers 19 et 20.
v. 1 : Le repoussant de la main.
b. Phèdre emploie plusieurs figures de style qui donnent à la
v. 5 : Haussant le ton au fur et à mesure de ses paroles.
fin de sa tirade une grande intensité poétique. On peut rele-
Oreste
ver la métaphore « Par un chemin plus lent descendre chez
v. 11 : Horrifié, secouant la tête.
les morts » au vers 20 pour évoquer sa mort longue et dou-
Hermione
loureuse par le poison.
v. 13 : Riant de fureur et pleurant de désespoir.
Il y a également les anaphores « Déjà » aux vers 23 et 25, et
v. 23 : Lui tournant le dos.
« Et » aux vers 26-27, qui donnent un rythme lent aux
Les élèves pourront ensuite essayer de jouer cette scène par
dernières phrases de Phèdre pour traduire sa lente agonie.
deux en tenant compte des didascalies qu’ils auront inven-
tées. Un troisième élève pourra, quant à lui, jouer le rôle du  À L’ORAL
metteur en scène pour les guider. Cette activité à l’oral se fait par groupe de deux élèves, cha-
cun choisit son rôle (le procureur ou l’avocat de la défense).
Les élèves peuvent relire le texte afin de préparer à l’écrit les
138
arguments pour accuser ou pour défendre Phèdre. Puis, ils On pourra ici demander aux élèves de mener une recherche
doivent organiser leur propos en utilisant des connecteurs lexicale. Le verbe « adorer » dans une de ses acceptions
logiques. Enfin, ils peuvent présenter au reste de la classe, désigne en effet le culte rendu à une divinité, ce qui met
chacun leur tour, leur point de vue pour essayer de encore en évidence la force des sentiments de Phèdre.
convaincre pendant quelques minutes. 3 LANGUE Cette question est l’occasion de travailler le
lexique de près. Tout d’abord, la figure de style utilisée ici
La boîte
à mots est l’énumération (voir « Avec du style », garde arrière du
manuel). Ce procédé permet d’insister sur les défauts
La déesse qui persécute Phèdre ainsi que toute sa famille est d’Hippolyte tel qu’il est décrit par Phèdre. Les adjectifs énu-
Vénus. mérés sont tous péjoratifs et dépeignent un personnage
Votre bilan antipathique. « Caractériel » indique une instabilité, voire
Ces scènes de dénouement montrent que l’amour est des troubles du comportement. « Cynique » montre qu’il
tragique chez Racine car, dans la tragédie racinienne, on tue est désagréable mais aussi insolent et hors des conventions
et on meurt par amour. La passion est dévorante et dévasta- sociales. « Amer » traduit qu’il est plein de ressentiments.
trice, elle pousse, par exemple, Hermione à ordonner la « Gras », ici au sens figuré, peut indiquer un manque de
mort de Pyrrhus pour aussitôt le regretter et déchaîner sa finesse, une forme de grossièreté. Il peut également être
fureur sur son assassin. L’amour incestueux de Phèdre compris au sens propre : dans la pièce de Kane, Hippolyte
trouve également une issue fatale : il provoque la mort est en effet un adolescent obèse. « Décadent » renvoie à
d’Hippolyte, accusé à tort, et amène l’héroïne à trouver l’immoralité du personnage, mais aussi à une forme de
dans la confession et dans le suicide des moyens d’expier sa déclin. « Gâté » peut évoquer l’expression « enfant gâté »
faute. et donc la puérilité, l’immaturité du personnage, mais peut
aussi renvoyer à l’image de pourrissement, laquelle fait écho
Lecture 5 S’inspirer de Racine > p. 208-209 à celle de décadence, de déclin. Après cette énumération, le
personnage est décrit dans ses habitudes. Il se définit par
Vos objectifs son immobilité (« Tu restes », l. 13 ; « te traînes », l. 14) et
Il s’agit ici de découvrir comment des auteurs contempo- mène une vie malsaine qui a des conséquences sur son
rains s’emparent de la tragédie racinienne dans des registres aspect physique (« les yeux bouffis de sommeil », l. 13-14).
résolument différents. Sarah Kane en souligne l’intempora- Hippolyte est aussi constamment oisif, ce qu’illustrent les
lité et la modernité dans un univers sombre où les person- deux compléments circonstanciels de temps « toute la
nages ont perdu toute leur grandeur tragique. Jean-Michel journée » (l. 13), « toute la nuit » (l. 13-14). La touche finale de
Ribes, dans un registre comique, joue sur le décalage, entre ce portrait le révèle égocentrique (« sans une pensée pour
la pièce tragique évoquée et la dispute apparemment personne », l. 15) mais aussi en souffrance (« Tu souffres »,
comique du couple. Dans les deux cas, ce sont bien les l. 15).
sentiments des personnages qui se révèlent, dans toute leur
noirceur et leur complexité dans le premier texte, et dans Pour aller plus loin
toute leur drôlerie dans le deuxième, même si le conflit y est Pour approfondir le travail sur le vocabulaire, on peut
aussi porteur de malaise. demander aux élèves d’écrire le portrait mélioratif d’Hippo-
1 L’Amour de Phèdre lyte en utilisant des antonymes, ou encore de chercher des
synonymes de chaque adjectif qui compose l’énumération.
1 Tout d’abord, le niveau de langue est courant ou familier :
« planté devant la télé » (l. 13). Les élèves qui ont pu se 4 L’éclairage lexical qui précède permet de mettre en
familiariser avec la langue racinienne dans les Lectures 2 et évidence que l’amour de Phèdre pour Hippolyte échappe au
4 le noteront immédiatement. De plus, les répliques de ce contrôle de la raison et ne répond en effet à aucune logique.
dialogue en prose (et non plus en alexandrins) sont pour la Elle est consciente de ce qu’il est et elle l’exprime claire-
plupart brèves et s’enchaînent du tac au tac, ce qui inscrit ment, mais elle éprouve toutefois pour lui un amour incon-
aussi nettement l’intrigue dans notre temps. L’évocation de ditionnel, inexplicable et sans limites.
la télé (l. 13) contribue à la modernité de l’ensemble. 5 La première didascalie composée de deux phrases
2 Phèdre exprime d’abord son étonnement à travers une simples souligne la complexité et l’ambiguïté de la relation
question rhétorique (l. 1). Puis, elle confie un sentiment entre les deux personnages, réunis tout d’abord à travers
unique, d’une telle force qu’il en devient exceptionnel. Au l’emploi du pronom personnel « ils ». Le verbe « se dévisa-
contraire de tous ceux qui entourent Hippolyte (l. 4), elle lui ger » montrent qu’ils se fixent avec attention et insistance.
déclare dans des répliques très brèves et averbales qu’elle Toutefois, c’est bien Hippolyte (sujet unique de la 2e phrase)
ne le détestera jamais (l. 3, 5). Elle lui affirme son amour qui met fin à cette scrutation. Le malaise est donc palpable,
par deux fois : « Je t’aime » (l. 9) ; « je t’adore » (l. 15). ce que confirme la deuxième didascalie « Silence » (l. 10),
La gradation croissante souligne l’intensité de sa passion. placée juste après la déclaration d’amour de Phèdre.
139
6 Sarah Kane retient de la tragédie de Racine la passion de si Jean-Claude est vraiment indifférent à l’idée qu’elle parte
Phèdre pour Hippolyte, dans tout son excès et sa déraison, avec Hippolyte : « Que je parte avec Hippolyte, ça ne te fait
ce que le titre de la pièce de la dramaturge britannique rien ? » (l. 15). L’usage de la stichomythie met en évidence la
souligne. On peut demander aux élèves de relever dans les nervosité de Louise qui veut absolument obtenir une
Lectures 2 et 4 les vers qui font le plus écho à ce sentiment réponse à ses questions.
profond et incontrôlable. On pourra rappeler aux élèves que la forme exclamative vise
Comme
à exprimer un sentiment, une émotion au locuteur. Les
On peut proposer aux élèves de recopier ces cinq
au théâtre formes de phrase sont : phrases négatives, exclamatives ou
répliques dans le carnet de lecture. Ils pourront
passives. Les types sont : phrases déclaratives, interroga-
ainsi annoter le texte, entourer les signes de ponctuation
tives, impératives.
pour mener, dans un premier temps, une lecture expressive
qui respecte le rythme du texte. Une fois les vers mémori- 5 Louise est en colère et en veut à son mari, ce qu’indique
sés, on peut mettre en place une déambulation des binômes la première didascalie composée d’un seul adjectif :
qui peuvent ensuite inverser les rôles. On peut aussi deman- « haineuse » (l. 1). Face à cette colère, Jean-Claude semble
der quelle intention de jeu les élèves ont préféré jouer et ne pas réagir, il « ne répond pas. Il reste muet » (l. 7), ce qu’il
celle qui selon eux convient le plus à la scène. est encore à la fin du passage (l. 26). Il est en effet « impas-
sible » (l. 7) et ne montre dans un premier temps aucun sen-
 À L’ORAL timent face au flot de paroles de Louise. On peut demander
Le décor et les costumes (celui d’Hippolyte est froissé) sont aux élèves des synonymes de l’adjectif « impassible » :
modernes. Les personnages se dévisagent, mais c’est Phèdre calme, froid, imperturbable. Jean-Claude évite le regard
qui tient Hippolyte par la main et lève le visage vers lui alors de sa femme : « fixant le mur », ce qui traduit le malaise
qu’il reste très droit, presque raide. Les élèves remarqueront entre les deux personnages et aussi le fait qu’il semble
sans doute qu’Hippolyte a les cheveux gras et une appa- vouloir éviter la confrontation. Louise en est d’ailleurs
rence négligée. Un tube de fer coupe l’image, ce qui peut « décontenancée » (l. 8). On peut ici demander aux élèves la
symboliser tout ce qui sépare les deux protagonistes. formation de cet adjectif et des synonymes bouleversée,
désorientée, déroutée. Sa réaction s’oppose à celle de son
2 Tragédie mari qui garde son calme et prend son temps (« Un temps »,
1 Louise exprime à Jean-Claude le désir de partir « si un l. 18). Les personnages semblent avoir du mal à communi-
jeune homme aux cheveux bouclés, les mollets sanglés par quer et à se comprendre. Toutefois, c’est Louise qui « fait un
des lanières de cuir, traversait un jour [sa] vie » (l. 2-4). pas vers lui » car elle va chercher à le faire réagir (l. 9). C’est
La description correspond bien sûr à celle d’Hippolyte : bien elle qui mène le dialogue mais mène-t-elle vraiment le
« je file avec Hippolyte » (l. 4-5). Louise est d’ailleurs très couple face à Jean-Claude qui résiste et qui la pousse d’une
déterminée : « je pars avec lui illico ! Illico ! Sans hésiter, certaine manière à aller vers lui ?
sans me retourner, je file avec Hippolyte […] où il voudra et
6 Le registre est comique, la mention du « cerveau de
je te plante là » (l. 4-6).
cœlacanthe » (cf. question 3) le prouve, tout autant que la
2 Les expressions sont : « un jeune homme aux cheveux
question de Jean-Claude (l. 18-19). La situation en elle-
bouclés, les mollets sanglés par des lanières de cuir »
même, qui exploite le topos de la scène de ménage, peut
(l. 2-3). Le portrait est mélioratif et correspond à l’image
aussi faire rire. Le rythme de la scène rapide et soutenu est
attendue du prince de l’Antiquité, beau, jeune, vigoureux et
bien celui de la comédie. Toutefois, on remarque que c’est
admirable, tel qu’on peut l’imaginer chez Racine.
aussi, comme souvent chez Jean-Michel Ribes, un rire qui
On peut montrer aux élèves une image illustrant cette
grince. Les personnages sont en effet en rupture de commu-
réponse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hippolyte_(fils_de_
nication (cf. question 5) et Jean-Claude ne répond pas à la
Thésée)#/media/Fichier:Phèdre_et_Hippolyte_par_
question finale de Louise à laquelle tout le dialogue amène :
Pierre-Narcisse_Gurin,_1802_-_Musée_du_Louvre.jpg
« Tu ne m’aimes plus ? » (l. 25-26), dont la gravité est
3 Louise sous-entend que Jean-Claude est stupide et qu’il immédiatement nuancée par la phrase suivante : « Et tu me
a un cerveau de poisson, ce que confirme la réplique dans le dis à la Comédie-Française… ». On peut par ailleurs ques-
laquelle elle donne à son mari l’étymologie de « cœlacanthe » tionner les élèves sur le titre de cette saynète : fait-il réfé-
(l. 22-23). L’utilisation de ce terme a peut-être aussi pour rence à la tragédie racinienne que le couple vient de voir ou
objectif de le mettre en difficulté, puisqu’il n’en connaît pas à la tragédie qui se joue au sein de leur couple ?
le sens, et de le ramener à son âge, supérieur à celui d’Hip-
polyte.  À L’ÉCRIT

4 LANGUE Louise utilise des phrases de forme exclama- Cette écriture d’invention prépare l’« Atelier écrit & oral »
tive qui expriment son énervement, son émotion (l. 1 à 4, (p. 211). On veillera à ce que les élèves maîtrisent les
l. 6). On remarque ensuite des phrases de type interrogatif caractéristiques formelles de l’écriture théâtrale, notam-
(l. 9, 11, 15, 17, 25-26) qui montrent qu’elle cherche à savoir ment la typographie particulière des noms des personnages.
140
On peut aussi leur conseiller de rédiger des didascalies Comme Cette activité peut être menée, en improvi-
au théâtre
(cf. « À l’écrit », p. 206). Avant la mise à l’écrit, pour plus de sation, en amont de l’explication de texte, ce qui
précision, il est utile de faire relire ou réécouter le texte de permettra d’en vérifier la réception, la perception du registre
Jean-Michel Ribes et de lister d’une part les caractéristiques et les enjeux de la situation. On peut ensuite refaire jouer ce
de chaque personnage, et d’autre part les éléments qui passage aux élèves après l’explication. Ils pourront ainsi
contribuent au comique du texte. On conseille de varier les expliquer ce que l’analyse du passage a apporté à leur jeu et
types et les formes de phrase (cf. p. 210). de quelle manière il l’a fait évoluer.

Votre bilan
Points communs Différences
• Textes contemporains • Sarah Kane propose une réécriture de Phèdre alors que
• Scènes de duo Jean-Michel Ribes l’évoque et s’en inspire ; les personnages
qu’il met en jeu sont des personnages de comédie
• Les deux personnages masculins peinent
à communiquer • Le registre (tragique dans le texte 1, comique dans le texte 2)
• Les deux personnages féminins mènent le passage • Dans le texte 1, Phèdre déclare son amour à Hippolyte qui n’y
répond pas, dans le texte 2 Louise déclare qu’elle est prête à
quitter Jean-Claude mais, dans le même temps, elle cherche
à vérifier si il l’aime

Dans le texte 1, les élèves peuvent être surpris par le trai- J’écris
tement des personnages, loin de la grandeur tragique qu’ils
3 Pour les élèves plus en difficulté, on pourra rechercher
incarnent chez Racine. Le niveau de langue et la création
d’un personnage (Strophe) peut également retenir leur collectivement des mots du champ lexical de la souffrance :
attention. pleurs, larmes, chagrin, douleur, peine, tristesse, mal,
Dans le texte 2, Le registre comique peut étonner les élèves. supplice, torture, désespoir, triste, douloureux, malheureux,
Ils peuvent également remarquer que la représentation de pénible, souffrir, endurer, supporter, subi...
Phèdre de Racine est un prétexte à cette saynète qui met en
Passerelles
jeu la tragédie (comique) vécue par ce couple en crise.
Il est possible de mettre en lien cette activité d’écriture avec
Pour vous aider à lire et écrire > p. 210 certains poèmes de la séquence 9, « L’amour donne-t-il des
ailes ? ». En effet, pour écrire leurs alexandrins, les élèves
La versification
pourront s’inspirer des quelques poèmes de cette séquence
Je m’entraîne évoquant la souffrance d’aimer.
Mais ces poèmes pourront aussi être lus en prolongement
1 a.
de l’activité.
Que/ le/ jour/ re/com/men/c(e), et/ que/ le/ jour/ fi/niss(e)/,
Sans/ que/ ja/mais/ Ti/tus/ puis/se/ voir/ Bé/ré/nic(e)/, Les types et les formes de phrases
Sans/ que/, de/ tout/ le/ jour/, je/ puis/se/ voir/ Ti/tus ?
Mais/ quel/l(e) est/ mon/ er/reur/, et/ que/ de/ soins/ per/ Je m’entraîne
dus ! 1 On trouve des phrases interrogatives et des phrases
b. Dans le premier vers, la césure crée une opposition entre déclaratives dans ce monologue d’Oreste.
les deux parties du vers, où l’on observe la même construc-
2 On pourra relever les phrases exclamatives à partir du
tion syntaxique (un parallélisme de construction) et une
vers 11 jusqu’à la fin du monologue d’Oreste, qui laisse écla-
antithèse entre les verbes « recommence » et « finisse ».
ter sa colère. On peut facilement les repérer puisqu’elles se
Dans le deuxième vers, la césure met en valeur le nom
« Titus », alors que le nom de Bérénice est cité en fin de vers. terminent par un point d’exclamation.
Ces césures soulignent l’idée que cette séparation sera dou- 3 Il n’y a pas de phrases impératives dans ce monologue.
loureuse à vivre pour la jeune femme.
J’écris
c. Les élèves devront lire à haute voix les quatre alexandrins
de façon expressive en s’appuyant notamment sur les 4 Propositions de corrigé : Oublions-la et partons loin d’ici.
césures et sur la ponctuation. Qu’elle aille sur quelqu’un d’autre déchaîner sa fureur !
2 Si je vous aime ? Ô dieux ! Mes serments, mes parjures, Qu’elle regrette un jour toutes les souffrances qu’elle m’a
Ma fuite, mon retour, mes respects, mes injures, fait endurer !
Mon désespoir, mes yeux de pleurs toujours noyés, Les élèves devront essayer de varier les procédés pour expri-
Quels témoins croirez-vous, si vous ne les croyez ? mer l’injonction : verbes à l’impératif, subjonctif, futur...
141
Atelier écrit & oral R
 éécrire un dialogue Avant la phase d’écriture elle-même, chaque élève lit la
théâtral tragique > p. 211 grille d’évaluation finale qu’on lui conseillera de consulter à
tout moment (étape 5).
Conclure la séquence par cet atelier est la démarche la plus
Puis, chaque membre du binôme prend en charge un per-
pertinente a priori dans la mesure où les élèves ont à s’inspi-
sonnage. Il s’agit alors de réagir aux propositions d’écriture
rer de textes précis. Ils auront aussi été initiés à la prise de
de l’autre et de rebondir. On crée ainsi du sens à plusieurs,
parole et au jeu avec la rubrique « Comme au théâtre » pour
on mutualise, on reçoit les propositions de l’autre, comme
chaque texte de la séquence.
sur un plateau. Par ailleurs, ce partage, qui favorise l’échange
Avant la mise en œuvre, relire ou réécouter et visionner de
constructif, peut réduire le temps de finalisation de cet
nouveau la scène de la Lecture 2 est essentiel. On s’assure
écrit d’invention. Un renvoi à la page 251 « Comment relire
de la compréhension fine de cette scène.
et améliorer sa rédaction ? », accompagne utilement la
Il est ensuite intéressant de former des binômes. Chaque
démarche.
élève prépare cinq questions et les pose à son partenaire
Avant l’étape 4, un rappel des éléments constitutifs de la
pour vérifier la compréhension du sens du texte racinien.
lecture expressive qui remplit un certain nombre de critères
Pour la notion de dilemme, qui est centrale, on demande
s’avère souvent utile, particulièrement dans ce dialogue où
aux élèves d’autres exemples possibles, éventuellement
les sentiments des personnages s’expriment. On liste avec
tirés de leur expérience, afin qu’ils ne s’engagent pas sur une
les élèves les attendus de cet exercice. Un tableau fourni aux
piste erronée.
élèves leur permet de s’évaluer entre pairs. On peut tout à
L’écriture collaborative se prête pleinement à cette activité
fait imaginer la mise en place d’un jury d’élèves, c’est une
d’écriture et permet de répartir les tâches, tout en étayant
démarche valorisante et appréciée. Elle favorise un retour
les plus fragiles. Elle favorise donc la différenciation.
réflexif sur le travail d’autrui, une démarche de réception
En préparation à l’écriture, sur une feuille partagée, chaque
active pour le jury et des pistes possibles de remédiation
binôme peut mettre en commun, sous forme de nuage de
pour le lecteur-scripteur.
mots par exemple, les sentiments de chaque personnage.

Exemple de grille d’évaluation possible pour le jury :

Niveau de maîtrise Insuffisant Fragile Satisfaisant Très bon


La lecture est audible et articulée
Le rythme est adapté : respect de la ponctuation
avec des pauses et des variations de tempo
La lecture est énergique et adressée (elle prend en compte
l’auditoire)
Certains mots / expressions ont été mis en valeur
La lecture a rendu sensible les émotions, les sentiments
des personnages

• Des exercices ludiques d’articulation peuvent être propo- – Pratiquer l’écriture d’invention.
sés en amont de la lecture expressive. Les virelangues sont – Exploiter des lectures pour enrichir son écrit.
toujours un succès. – Connaître les genres littéraires et leurs caractéristiques.
Exemple de consigne : répétez cinq fois le plus rapidement – Utiliser des outils d’analyse des textes.
possible et en articulant les phrases suivantes : Tonton Tati, – Chercher des informations.
ton thé a-t-il ôté ta toux ? / Foie frit froid et fruits frais – Exploiter les ressources expressives et créatives de la parole.
frits ! / Je sèche ces cheveux chez ce cher Serge. /Dix-huit
doigts droits de druides. /Qui hache un chou, cache un Faisons le bilan > p. 212
chat. / Un chasseur qui chassait a fait sécher ses chaus- Le bilan pose de manière synthétique les différentes notions
sette… abordées dans la séquence permettant de définir la tragédie
• On peut aussi proposer aux élèves de varier les intentions classique racinienne. Il est tout à fait possible de le construire
de lecture (cf. « Comme au théâtre », p. 208). avec les élèves en leur proposant une carte mentale vierge,
Autre scénario pédagogique possible : Donner aux élèves avec les titres et en leur demandant d’y noter les mots-clés.
les étapes 1 à 3 à travailler en autonomie, en classe ou à la À l’issue de cette séquence, on pourra proposer aux élèves
maison. La fiche Coup de pouce peut faciliter leur travail et un quiz interactif qui permettra de vérifier ce qui a été retenu
les étapes guident et cadrent l’ensemble de la production. de l’auteur, des œuvres, des personnages rencontrés dans la
Les compétences travaillées sont : séquence.
142
Et vous, dans tout ça ? 4 Au vers 8, Phèdre se désigne par le substantif « monstre ».
Les élèves peuvent répondre librement aux questions. Ils Cette hyperbole souligne qu’elle s’exclut de l’humanité
doivent veiller à justifier de façon pertinente et précise dont elle considère qu’elle doit disparaître : « délivre l’uni-
leurs choix. On peut leur proposer de constituer des nuages vers ». Elle prononce ainsi sa propre sentence : la mort.
de mots autour de l’extrait, du personnage et de la mise Au vers 10, le pléonasme « monstre affreux » montre à quel
en scène qu’ils auront choisis afin de les utiliser comme point elle se sent ignoble et anormale. On pourra mener
support pour une explication orale, ce qui leur permettra avec les élèves une recherche lexicale sur le mot « monstre »
d’apprendre à s’exprimer clairement à l’oral en se détachant dont les deux acceptions d’une certaine manière peuvent
de ses notes. se rapporter à Phèdre. En effet, ce terme désigne un être
terrible et fantastique (des légendes, des mythologies) et aussi
Évaluation > p. 213 un être vivant ou un organisme de conformation anormale.
Compréhension et compétences d’interprétation 5 Au vers 10, Phèdre veut persuader (« crois-moi »)
Hippolyte de tuer le monstre qu’elle est. « Doit » insiste
1 Son aveu est honteux car Hippolyte est le fils de
sur le fait qu’en le faisant, il accomplira son devoir et qu’il
l’amazone Antiope et de Thésée, le mari de Phèdre.
n’a pas le choix, tout comme son père, le héros Thésée, a tué
Symboliquement, il s’agit donc bien d’un amour incestueux
le Minotaure. C’est son « cœur », personnifié (v. 11) et siège
mais aussi adultère. L’adjectif « honteux » est ici renforcé
de son amour coupable qu’elle pousse Hippolyte à frapper.
par l’adverbe d’intensité « si », ce qui souligne à quel point
On remarque la répétition de « doit » : « Voilà mon cœur :
Phèdre a honte. La question rhétorique posée qui se termine
c’est là que ta main doit frapper » (v. 11). Rongée par la
par l’adjectif « volontaire » montre le caractère incontrô-
culpabilité, elle sait que la mort mettra fin à sa souffrance,
lable de cet aveu qui lui a donc échappé. Le substantif
donc à sa passion qui par étymologie signifie souffrir, et lui
« aveu » connote par ailleurs la faute.
permettra « d’expier son offense » (v. 12). Elle est bien
2 Le vers 1 montre que Phèdre n’a pas pu s’empêcher
dominée par son cœur qui semble autonome et dissocié
d’avouer son amour à Hippolyte (cf. question 1). Les vers 2 d’elle : « Au-devant de ton bras, je le sens qui s’avance »
à 4 révèlent qu’elle ne venait pas le voir pour lui faire cet (v. 13). Phèdre exhorte Hippolyte à la tuer, ce qu’exprime le
aveu mais pour placer son fils sous sa protection (v. 2-4). verbe à l’impératif « Frappe », mis en évidence par sa place
En effet, à ce moment de l’intrigue, Phèdre pense, comme à l’attaque du vers et par la césure. Elle est totalement
tous les autres personnages, que Thésée est mort. Elle veut déterminée et dirige l’action de la scène.
donc que se crée une alliance politique qui protège les inté-
6 Phèdre est prête à se tuer elle-même si Hippolyte ne le
rêts de son propre fils. Cependant elle n’a pu réprimer ses
fait pas lui-même (« Au défaut de ton bras », v. 17). C’est
sentiments, ce que révèle le vers 5 : « Hélas ! Je n’ai pu par-
avec l’épée de celui qu’elle aime qu’elle veut se donner la
ler que de toi-même ! » ; l’interjection tragique et la double
mort. Elle lui ordonne, à l’impératif présent, de la lui prêter :
exclamation soulignent l’émotion et le regret de Phèdre,
« prête-moi ton épée ». Le dernier vers monosyllabique est
obsédée par Hippolyte. Malgré elle, elle fait passer sa pas-
constitué d’un seul verbe à l’impératif qui souligne encore la
sion pour Hippolyte avant tout, ce que mettent en évidence
détermination de Phèdre à mourir.
les marques de la deuxième personne du singulier : « t » ;
« te » ; « ta » ; « toi-même ». Elle en oublie donc toute Grammaire et compétences linguistiques
considération maternelle et politique. 1 Les verbes sont conjugués au présent de l’impératif.
3 Le vers 4 montre à quel point Phèdre est dominée et
2 Il s’agit d’une antithèse. On peut rappeler aux élèves que
dépassée par l’amour qu’elle éprouve : « un cœur trop plein ce procédé ne doit pas être confondu avec l’oxymore, autre
de ce qu’il aime ». Au vers 6, elle qualifie cet amour par figure d’opposition dans lequel deux termes de sens
l’adjectif épithète « odieux » : « odieux amour ». Cet oxy- contraire sont directement accolés. (cf. dernière page du
more met en évidence qu’elle sait que cette passion est manuel.)
digne de haine (odieux vient du latin odium : haine).
3 Vengez-vous, punissez- moi d’un odieux amour
Digne fils du héros qui vous a donné le jour,
Délivrez l’univers d’un monstre qui vous irrite.

143
La ville, lieu de tous les possibles ?

Habiter des villes


11 inhabitables ? > p. 214

1 Présentation de la séquence
Cette séquence s’inscrit dans le questionnement com- La séquence aborde le thème de la ville sous un angle
plémentaire du programme de 4e, « La ville, lieu de tous les différent : celui de l’anticipation, genre apprécié des élèves
possibles ? ». et traité, encore récemment, dans de nombreuses séries
L’objectif est de présenter aux élèves, à travers ce grou- télévisées et de nombreux films.
pement, un ensemble d’œuvres appartenant au genre de Son titre repose sur une contradiction : comment
l’anticipation dans une courte séquence. Les textes ont été peut-on habiter dans une ville inhabitable ? Les différentes
choisis dans la littérature récente française (Les Géants Lectures proposent d’enrichir, au fur et à mesure, la
de Jean-Marie Gustave Le Clézio, Les Loups de Prague réflexion des élèves, afin d’interroger l’objectif des littéra-
d’Olivier Paquet) ou anglo-saxonne (La Route de Cormac tures du futur.
McCarthy, Hunger Games de Suzanne Collins). On trouvera La double-page « Histoire des arts » permettra de décou-
aussi un classique du genre : 1984 de George Orwell. vrir des œuvres et des auteurs peut-être encore inconnus
Il a également été choisi de mettre la bande dessinée au des élèves, et d’observer que la thématique étudiée est
cœur de la séquence à travers le travail de Mathieu Bablet aussi source de réflexion dans la bande dessinée.
(La Belle Mort, Carbone & Silicium), Enki Bilal (Monstre), Enfin, l’« Atelier écrit » invitera les élèves à imaginer leur
Zep et Dominique Bertail (Paris 2119) et Katsuhiro Ōtomo propre dystopie. Il sera l’occasion de rassembler les
(Akira). Le film Alita : Battle Angel, dont est issu le photo- connaissances acquises dans la séquence et de mettre en
gramme choisi pour accompagner la Lecture 1, est inspiré scène leur nouveau monde.
du manga Gunnm de Yukito Kishiro.

2 Objectifs de la séquence
Il s’agira, comme le préconisent les programmes, de aux enjeux de l’époque dans laquelle il vit) et plus particu-
« montrer comment la ville inspire les écrivains » et de lièrement des dystopies. Elle doit leur permettre d’en saisir
« s’interroger sur les ambivalences des représentations toutes les significations implicites (critique des systèmes
du milieu urbain ». Nous avons ainsi choisi « d’étudier politiques, de la société, des relations entre genres, du
l’importance de la ville dans le roman d’anticipation ». rapport à l’environnement…).
La séquence ne présentant pas de repères, les élèves Ces questions sont posées dans chaque Lecture : à
pourront se référer au bilan page 225 pour mieux définir travers la description dans la Lecture 1, le récit dans la
le genre étudié. Lecture 2 et la mise en parallèle de trois extraits dans
La ville est, dans la littérature, un lieu très souvent la Lecture 3. Les élèves observeront le fonctionnement
hostile, dans lequel les personnages vont devoir surmonter de chaque monde imaginé et s’interrogeront sur le sens
des épreuves pour y trouver leur place et se construire. essentiel de chaque texte.
Mais que peut-on y devenir quand l’anticipation mène Il est régulièrement demandé aux élèves d’écrire, qu’il
cette hostilité à des degrés particulièrement élevés, incon- s’agisse de le faire à la manière d’un auteur, pour s’appro-
nus dans la vie réelle ? Et surtout, pourquoi les auteurs prier les procédés liés au genre littéraire (Lecture 1), ou
veulent-ils mettre en scène des personnages dans ces lieux d’imaginer un épisode supplémentaire au récit (Lecture 2),
dangereux, voire de désolation ? Cette réflexion doit ame- avant de créer un univers complet (Atelier écrit). La
ner les élèves à s’interroger sur l’intérêt sous-jacent de démarche est progressive, ce qui permet aux élèves
la littérature d’anticipation (mettre futur imaginaire et d’aborder le dernier exercice en ayant déjà acquis des
présent bien réel face à face pour faire réfléchir le lecteur compétences.
144
L’oral est également travaillé puisqu’il est demandé aux page « Histoire des arts » enrichira les représentations
élèves de débattre et de confronter des idées (Lecture 1 et mentales des élèves.
Lecture 2). Cela leur permettra de construire une banque Le travail en groupe crée, grâce à la coopération, une
d’idées et d’informations utile aux travaux écrits et à la mise au travail motivante pour aborder un thème plus
compréhension des textes. De la même façon, la double- difficile : l’organisation politique des villes.

Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• Participer de façon • Analyser le • Contrôler sa compréhension, • Adopter des • Analyser des
constructive à des fonctionnement de devenir un lecteur autonome stratégies et extraits de bandes
échanges oraux la phrase simple et > p. 216, 218, 220-221 des procédures dessinées
> À l’oral p. 219 de la phrase complexe • Élaborer une interprétation d’écriture > Histoire des arts
• S’exprimer de > Langue p. 217 des textes littéraires efficaces p. 222-223
façon maîtrisée • Construire des notions > p. 216, 218, 220-221 > p. 224
en s’adressant permettant l’analyse et • Lire des textes non littéraires, • Pratiquer
à un auditoire l’élaboration des textes des documents composites l’écriture
> À l’oral p. 217 et des discours : > p. 217, 219 d’invention
– Les figures de style > p. 217, 219, 224
> À l’écrit p. 217
– Le discours indirect
> À l’oral p. 217
– Les indications
temporelles
> Langue p. 219

Ouverture > p. 214-215 Lecture 2 > p. 218


La séquence s’ouvre sur une planche de La Belle Mort de Le récit postapocalyptique est mis en avant dans cette
Mathieu Bablet, parue en 2011, associée à une citation de double-page. La Route, de Cormac McCarthy, est un roman
Philip K. Dick. très dur. L’extrait proposé veut montrer la volonté d’un père
La page d’ouverture permet de discuter du titre de la de garder espoir dans un monde où cela ne paraît plus
séquence et de s’interroger sur sa signification. On voit bien possible. De la même façon, la planche de Carbone &
sur la planche deux personnages qui vivent peut-être dans Silicium de Mathieu Bablet nous permet d’observer le
cette ville, mais elle semble difficilement habitable. On peut monde en reconstruction après une catastrophe.
également s’interroger sur le titre de la bande dessinée,
lui-même porteur d’une opposition. La planche permet, Lecture 3 > p. 220
enfin, de poser le contexte : en observant bien les person- La Lecture en groupe se focalise sur l’organisation des villes
nages, on remarque les antennes du plus petit d’entre eux. dystopiques, qu’elles soient autoritaires, discriminantes ou
Est-il humain ? La citation, sombre, donne le ton. Il ne s’agira répressives. Les élèves sont invités à définir ensemble la
pas de lire, comme en classe de 5e, des utopies. notion de dystopie.

Lecture 1 > p. 216 Histoire des arts > p. 222


L’association de l’extrait de Les Géants de J.- M. G. Le Clézio La thématique étudiée est largement traitée dans la bande
et du photogramme du film Alita : Battle Angel de Robert dessinée. Nous proposons aux élèves de découvrir la richesse
Rodriguez permet une immersion dans la science-fiction. Le des représentations de la ville dans le neuvième art et de
texte de Le Clézio, riche en images poétiques, crée une s’engager dans une démarche de recherche afin de lire des
atmosphère angoissante que le film, dans sa représentation albums et des mangas.
de la ville, illustre bien. La description est un objectif central
de cette double-page.
145
Atelier écrit > p. 224 • Pierre-Jacques Olagnier, « Imaginaires urbains et (science)-
fictions : Étude d’un genre narratif au croisement du
L’atelier, un peu décalé, demande aux élèves de faire preuve
cinéma, de la littérature et de la bande dessinée »,
de créativité et de réinvestir les connaissances acquises tout
CIST2018 – Représenter les territoires, Collège international
au long de la séquence : ils doivent imaginer et décrire une
des sciences territoriales (CIST), 2018 : https://hal.
ville dystopique touristique.
archives-ouvertes.fr/hal-01854512/document
Sitographie / Bibliographie Podcasts
• « Les villes de SF, prochain arrêt Metropolis » : • « Que reste-t-il de nos dystopies ? » :
https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode- https://www.franceculture.fr/emissions/le-meilleur-
scientifique/les-villes-de-sf-prochain-arret-metropolis des-mondes/que-reste-t-il-de-nos-dystopies
• Laurent Bazin, La Dystopie, Presses universitaires • Une émission de France Culture sur le genre
Blaise-Pascal, coll. « L’Opportune », 2019. postapocalyptique et la bande dessinée : https://www.
• « La science-fiction : histoire d’un genre littéraire », radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-reveil-
Virgule n° 108, juin 2013. culturel/post-apo-les-bd-qui-imaginent-le-monde-
apres-le-chaos-8040903
• Deux romans graphiques d’après 1984 de George Orwell :
• Pour découvrir des auteurs de la séquence :
1984, par Fido Nesti, Grasset, 2020 ; 1984, par Xavier
– Orwell : https://www.radiofrance.fr/franceculture/
Coste, Sarbacane, 2022.
podcasts/serie-george-orwell-what-else
• Lumni, « Dystopie scientifique : actualité du genre » :
– Le Clézio : https://www.radiofrance.fr/franceculture/
https://www.lumni.fr/article/dystopie-scientifique-
podcasts/serie-j-m-g-le-clezio-paradoxe-et-secret
actualite-du-genre
– Bilal : https://www.radiofrance.fr/franceculture/
• Louis-Vincent Thomas, « Catastrophisme et science-fiction », podcasts/serie-enki-bilal-essentielle-memoire
Archives de sciences sociales des religions ; avril-juin 1982 : – Otomo : https://www.radiofrance.fr/franceculture/
https://www.franceculture.fr/emissions/le-meilleur-des- podcasts/le-portrait-du-jour/le-dessinateur-japonais-
mondes/que-reste-t-il-de-nos-dystopies de-mangas-katsuhiro-otomo-1012757

3 Corrigés de la séquence

Lecture 1 La ville dystopique : compréhension ; mais, l’écoute sera aussi l’occasion d’entrer
un futur inhabitable ? > p. 216 dans le monde créé par Le Clézio et d’apprécier la beauté de
la langue.
Vos objectifs
La double-page met en regard un extrait du livre Les Géants 1
de J.-M. G. Le Clézio et un photogramme du film Alita : Ouïe Odorat Toucher Vue
Battle Angel de Robert Rodriguez. Tous deux permettent de « bruits « sentait « très dur » « métal
s’interroger sur l’image de la ville dans les dystopies et de rauques » l’odeur (l. 1) mat, sans
montrer qu’on y trouve la dénonciation implicite d’une (l. 4-5) des gaz » « La chaleur reflets »
réalité actuelle : la société de consommation et ses excès. « résonner (l. 7-8) était lourde » (l. 4)
Nous proposons de faire cette analyse en lisant et en écri- leurs souliers (l. 6)
vant une description. Cela sera l’occasion de voir comment ferrés » « il n’y avait
J.-M. G Le Clézio a construit son portrait de la ville et com- (l. 5-6) pas de vent »
ment s’approprier ses procédés d’écriture. Cela sera aussi (l. 6)
l’occasion d’écrire une description du photogramme et de « une sorte
revoir la méthode de description de l’image. de poussière
très fine
1 Les Géants dans l’air
Le texte, assez poétique et onirique, se révèle violent et (l. 8-9)
nous montre une ville-monstre aux dangers omniprésents.
2 L’auteur a voulu créer une atmosphère oppressante,
L’atmosphère se fait de plus en plus oppressante. L’auteur
étouffante et angoissante. On laissera les élèves exprimer
parvient, par les images et le rythme du texte, à immerger
leur ressenti.
le lecteur dans les dangers de la ville.
3 On relève une opposition entre « ce paysage de fer » et
AVANT DE COMMENCER On n’hésitera pas à faire écouter le « un corps de chair tendre » (l. 12). Ainsi, la vulnérabilité de
texte aux élèves. Comme il est assez long, cela facilitera la la jeune fille face à la ville est mise en avant.
146
4 On trouve le champ lexical de la violence, de la blessure 2 Alita
et de la mort : « mourir perforé » (l. 13), « carotides ouvertes » AVANT DE COMMENCER On trouve, sur YouTube, la bande-
(l. 14), « tranchants » (l. 14), « mouraient » (l. 19), « baïon- annonce du film qui permet de voir différents plans de cette
nette » (l. 21), « transpercé » (l. 22)… Les éléments métal- ville postapocalyptique. Les élèves connaissent peut-être le
liques ressemblent à des animaux, des bêtes cruelles qui manga Gunnm, fondateur, mais plus violent que le film que
attaquent les voyageurs : « La rue était hérissée de dards, nous proposons.
d’ongles et de crocs » (l. 14-15), « des sortes de guirlandes 1 La fiche méthode 5 p. 266 du manuel Mission Plumes 5e
de fer forgé terminées par des griffes » (l. 18). La lumière (publié en 2021) peut être utilisée pour rappeler comment
aussi est « féroce » (l. 15). Le décor traversé par la jeune fille décrire une image. On observe au premier plan le docteur
est entièrement hostile. Ido, que l’on identifie à son tee-shirt vert, et Alita. On
5 L’auteur commence par égrener la liste des objets qui remarque son bras semblable à celui d’un robot. C’est un
agressent et en évoque d’abord les « signes apparents » cyborg que le docteur a réparé. La ville se trouve derrière
(l. 23). Dans les lignes 23 à 25, on trouve, ainsi, une énumé- eux. On voit des habitations très resserrées et en mauvais
ration : « les paratonnerres, les flèches, les appareils à état, un mélange d’architecture ancienne et moderne, rafis-
broyer, les marteaux-piqueurs, les becs, les tessons de bou- tolée. Deux espèces de camionnettes roulent sur le côté.
teille, les poignards ». Cette figure de style se retrouve un À l’arrière-plan, un grand bâtiment aux formes plus arron-
peu après, de la ligne 25 à la ligne 29. Il s’agit maintenant dies barre la vue et empêche de voir au loin. Le tout forme
des « formes cachées » (l. 25) : « des pensées qui voulaient un ensemble désordonné et chaotique. On laissera les
tuer et briser, des mots, des musiques, des dessins qui guet- élèves exprimer leur ressenti.
taient leurs proies » (l. 28-29). Ainsi, la jeune fille doit se 2 « Iron City » signifie la « ville de fer ». Cela fait certaine-
méfier de tout. Le danger est multiple et l’entoure complè- ment référence au fait que cette ville est faite d’objets de
tement, et la figure de style contribue à créer cette sensa- récupération et qu’elle ressemble plus à une décharge qu’à
tion de péril omniprésent. un endroit réellement habitable.
3 L’exercice, tel qu’il apparaît dans l’épreuve du brevet,
Différenciation demande de faire le lien entre le texte et l’image. Ainsi, les
On indiquera le nom de la figure de style que les élèves élèves pourront commencer par le nom de la ville, « Iron
doivent chercher, si elle n’a pas été encore étudiée. Sa défi- City », qui rappelle les différentes références au métal
nition se trouve dans la rubrique « Avec du style ! ». dans le texte de Le Clézio (« des nuages de limaille micros-
6 LANGUE Les adjectifs sont « dures » et « coupantes ». copique », l. 9-10 ; « tout ce paysage de fer », l. 11-12 ; « les
pointes de métal », l. 13 ; « de guirlandes de fer forgé »,
Il s’agit de comparatifs de supériorité. On se réfèrera, au
l. 18. Les couleurs chaudes de la photographie laissent
besoin, à la leçon p. 272, et on pourra faire comparer les
penser qu’il fait chaud à Iron City. On voit de la poussière se
exemples de la carte mentale à la phrase du texte.
soulever au passage des véhicules. De la même façon, dans
 À L’ÉCRIT la ville que traverse la jeune fille, « La chaleur était lourde »
Il s’agit, ici, d’écrire à la manière de l’auteur et d’inciter les (l. 6) et « Il y avait même une sorte de poussière très fine
élèves à s’approprier le style du texte. On peut laisser un dans l’air » (l. 8-9). Les deux villes sont menaçantes, inhos-
temps de travail personnel aux élèves, et leur demander pitalières et oppressantes.
ensuite de lire leurs productions à voix haute.  À L’ORAL
Exemple de phrase possible : Je rentre en passant par le parc, On laissera un temps de préparation aux élèves, afin qu’ils
tout me semble menaçant : le ciel couvert, les fleurs fanées, puissent parfaire leur intervention orale. Il sera peut-être
l’herbe grillée par le soleil, et surtout les grands arbres qui nécessaire de revoir la construction du discours indirect
tendent vers moi leurs bras décharnés. pour les aider à formuler leurs phrases. Après ce temps de
préparation, chaque élève pourrait dire une phrase à voix
Pour aller plus loin
haute. Cela constituerait un temps intéressant de réinves-
On pourra demander aux élèves de poursuivre leur travail tissement de la notion grammaticale.
d’écriture avec quelques phrases supplémentaires, afin de déve- Exemple : Le docteur dit que la vie est difficile dans la ville.
lopper le texte, les champs lexicaux et les figures de style. Il explique que la ville est surpeuplée et polluée…

Passerelles Pour aller plus loin


On pourra rapprocher ce texte de la lecture de la première Iron City n’est pas sans rappeler les bidonvilles qui existent
nouvelle de la séquence 3 p. 68, « La Choucroute » de en France et ailleurs. On trouvera dans la littérature contem-
Jean Ray. On trouve dans la nouvelle la mise en scène d’un poraine des œuvres à soumettre aux élèves ou à étudier
voyageur et la description d’une ville fantastique, infernale avec eux. On peut penser notamment au Gone du Chaâba
et également inquiétante. d’Azouz Begag ou Rue des Pâquerettes de Medhi Charef.
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Côté cinéma, on pourra, par exemple, leur présenter le film constitue la découverte et la dégustation de la boisson.
Slumdog Millionaire de Danny Boyle. L’enfant prend son temps pour boire et le père insiste pour
qu’il ne se précipite pas. La répétition, ensuite, de l’adverbe
Votre bilan
« jamais » (l. 33 et 34) laisse entrevoir une contradiction. Alors
Le texte et le photogramme nous présentent des villes inha-
que l’enfant pense ne plus jamais boire de Coca-Cola, le père
bitables car inhospitalières : l’être humain ne semble pas y
ne se veut pas aussi définitif. Tout semble encore possible.
avoir sa place. Dans le texte de Le Clézio, la ville va jusqu’à
agresser sournoisement la jeune fille, qui doit se méfier de 5 Le père « resta cloué sur place » (l. 14), on comprend
tout : sa vie y est en danger. Le photogramme nous montre qu’il est surpris. Il n’a peut-être pas vu de cannette de Coca-
une cité dévastée, où l’on est obligé de reconstruire sur des Cola depuis longtemps. L’enfant, lui, est dans la découverte :
ruines. « Ça fait des bulles » (l. 23). De plus, il « réfléchit un moment »
Tout cela dénonce le gigantisme urbain, au sein duquel l’être (l. 25) avant de décréter que le goût de la boisson lui plaît.
humain ne peut plus exister qu’avec peine. La jeune fille joue On en déduit ici que l’enfant n’en a jamais bu : il était sans
sa vie en traversant la ville. Dans le film Alita : Battle Angel, doute très jeune au moment de la catastrophe.
l’élite de la société s’est réfugiée dans une ville suspendue,  À L’ÉCRIT
tandis qu’Iron City est réservée aux pauvres, qui rêvent d’en On peut définir les critères de réussite de l’exercice avec les
partir. Ce clivage est également dénoncé. élèves pour leur permettre de mieux comprendre la
consigne. Il faudra, par exemple :
Lecture 2 Que reste-t-il d’une ville – trouver un objet que l’enfant ne connaît pas, quelque
après la fin du monde ? > p. 218 chose qui sort de son ordinaire ;
Vos objectifs – raconter les circonstances de la découverte ;
La double-page interroge la ville dans le récit postapocalyp- – faire dialoguer les personnages : le père explique l’usage,
tique. De nombreux films et séries télévisées ont décliné ce l’enfant décrit ce qu’il voit/utilise/mange pour la première
genre ces dernières années, et il est plutôt bien connu des fois.
élèves. Les villes y sont le théâtre de scènes de désordre, de
chaos ; elles finissent souvent désertées. L’idée est donc Pour aller plus loin
d’approfondir la réflexion et de se demander si la perspec- On peut montrer aux élèves des photographies de Laurent
tive est nécessairement sombre ou si l’apocalypse laisse Michelot, prises à Prypiat, ville située près de la centrale de
entrevoir un peu d’espoir. Tchernobyl, qui permettent d’imaginer un décor postapoca-
lyptique.
1 La Route
2 Carbone & Silicium
AVANT DE COMMENCER On pourra commencer par évaluer
la connaissance des élèves et lire la première rubrique, « La AVANT DE COMMENCER Il est possible d’écouter le texte,
boîte à mots ». Ce sera l’occasion de faire une liste des films, cela permettra de se laisser du temps pour observer les
séries ou romans que les élèves connaissent et de définir le vignettes.
genre avec eux. 1 On remarque que les personnages sont constitués de
1 Il y a deux personnages. Un enfant est désigné par le pièces de métal et de chair ou de silicone, assemblées de
groupe nominal : « le petit » (l. 6, 19, 22, 23, 31 et 35). Il est façon disparate.
accompagné d’un homme, « son père » (l. 25), qu’il appelle 2 La ville représentée est délabrée, des bâtiments se sont
« Papa » (l. 15 et 28). Ils ne sont pas davantage caractérisés, effondrés. Elle est en partie engloutie sous l’eau. Seuls les
ce qui peut paraître étonnant. immeubles les plus hauts en dépassent un peu. L’eau semble
2 La ville semble avoir été laissée à l’abandon. On y trouve avoir atteint des niveaux inhabituels puisque la montagne
des « vieilles voitures » (l. 1-2) et des « ordures » (l. 2). Dans représentée à l’arrière-plan est également bien immergée.
le supermarché, il y a des « allées pleines de détritus » (l. 3). 3 On laissera les élèves émettre des hypothèses pour
Les caddies sont « affreusement rouillés » (l. 8) et les distri- expliquer une telle montée des eaux. Cela pourrait être dû,
buteurs sont « renversés » (l. 10) ou « éventrés » (l. 12). par exemple, au réchauffement climatique.
L’endroit a donc été déserté et pillé, ce que les personnages 4 Les paroles du robot confirment le fait qu’un événement
trouvent dans le supermarché est depuis longtemps périmé. terrible a dû se produire. Les êtres humains semblent avoir
Il ne reste que de « vieux haricots » (l. 4) et « des abricots, disparu et, peu à peu, la nature reprend ses droits ; ce qui est
depuis longtemps desséchés » (l. 5-6). confirmé par les paroles qui suivent : « Parfait. Alors, il est
3 Ligne 1 à ligne 14 : La fouille du supermarché. prêt pour le changement. » On peut d’ailleurs voir des créa-
Ligne 14 à 35 : La découverte du Coca-Cola. tures sous-marines, actuellement menacées, tout au fond
4 LANGUE Dans la deuxième partie du texte, la répétition de l’eau. Le monde a entrepris une mutation, leur extinction
de « un moment » (l. 25 et 32) insiste sur la pause que ne s’est pas produite.
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5 Encore une fois, on laissera les élèves exprimer leur res- gouvernement, asservit les différents districts qui dépendent
senti : ils peuvent trouver la situation angoissante ; le monde de lui ; le choix de cette organisation, inspirée de l’Empire
est détruit, il ne reste rien. Mais ils peuvent également y voir romain, dénonce les dérives de la télé-réalité et la vanité de
une forme de renouveau. Le monde a été détruit, mais peut la société du spectacle (du pain et des jeux pour occuper le
renaître sous une nouvelle forme, meilleure. peuple). Dans le troisième texte, Les Loups de Prague, moins
 À L’ORAL
connu et plus complexe que le précédent, la population est
contrôlée dans ses moindres gestes par une technologie de
L’oral doit être préparé et organisé. Les élèves doivent pou-
haute conception, disséminée dans toute la ville : ce texte,
voir prendre la parole et exposer leurs idées dans le calme,
très d’actualité, condamne l’évolution sécuritaire de nos
pour pouvoir rebondir sur les arguments proposés. Libre à
sociétés (utilisation dans certains pays de drones, de robots,
eux d’imaginer une nouvelle organisation politique comme
de caméras, des téléphones portables pour contrôler les
dans les textes de la Lecture suivante, ou la domination
populations.)
d’une espèce animale comme dans La Planète des singes
On peut répartir les élèves par groupes hétérogènes, en
de Pierre Boulle.
veillant à ce qu’il y ait dans chaque groupe des élèves avec
Votre bilan des stratégies de lecture plus développées.
Le texte et la planche de bande dessinée représentent un
monde dévasté, dans lequel la présence humaine semble Différenciation
rare ou inexistante. Les robots ont été réparés de nom- Si l’on veut proposer un travail de groupe différencié, il est
breuses fois, il ne reste peut-être plus qu’eux. L’ancien conseillé d’attribuer le texte 2 aux élèves les plus en diffi-
monde – le nôtre – n’existe plus. Cependant, cette vision culté de lecture, sa compréhension étant moins implicite
sombre est atténuée par les propos des personnages qui que dans le texte 1 et plus classique que dans le texte 3.
envisagent la possibilité d’un avenir meilleur. Si cette
possibilité reste lointaine dans l’extrait de La Route, la EN GROUPE
planche de Carbone & Silicium montre la nature qui 1
s’impose. La transition est entamée. Les couleurs – le bleu
1 1984
profond du ciel, le bleu limpide de l’eau – ont également un
côté apaisant, comme si le pire était passé. a. Le texte décrit le bâtiment abritant le ministère de la
Vérité. À travers cette description, ainsi que celles faites des
Lecture 3 Villes dystopiques : quels dangers autres bâtiments ministériels, on comprend que la société
dont il est question subit un gouvernement totalitaire et
pour leurs habitants ?
liberticide.
en GROUPE > p. 220
b. Le bâtiment décrit est « une colossale pyramide de béton
Comprendre la problématique blanc étincelant » (l. 2-3). Le mot « colossale » insiste sur la
Même si les villes sont souvent des personnages à part
grandeur imposante du bâtiment, « béton » place le lecteur
entière dans les romans de science-fiction ou d’anticipation,
dans un environnement très urbain, et « blanc étincelant »
elles n’en abritent pas moins des habitants qui subissent
montre l’importance que le gouvernement a voulu donner à
leur fonctionnement politique et sociétal. Cette double-
ses ministères. Le champ lexical pour décrire ce bâtiment
page propose de s’intéresser aux populations habitant ces
est laudatif : « audacieux » (l. 3), « élégantes » (l. 4). Pour
villes et d’identifier les dangers auxquels elles sont sou-
accentuer la grandeur du bâtiment, il est dit qu’il contient
mises.
« trois mille salles en surface et des ramifications corres-
Vos objectifs pondantes en sous-sol » (l. 9-10).
– Comparer l’organisation de trois cités dystopiques : elle c. Les dangers courus par les habitants sont implicites. Il
résulte de gouvernements liberticides, inégalitaires, répres- faut que les élèves comprennent que la politique mise en
sifs. Ce sont les mêmes problématiques qui sont dénon- œuvre par ce gouvernement au parti manifestement unique
cées, dans des contextes différents. (le « Parti ») est une dictature, sans liberté de décision ni
– Comprendre ce que dénoncent les textes : dictatures, d’expression. Cela se comprend à travers la description de
privations des libertés, inégalités sociales, contrôle et bâtiments imposants, les slogans inscrits sur la façade et
répression. l’ironie contenue dans les appellations des divers ministères
– Comprendre que la description des villes est ici au service (par exemple, le ministère de l’Amour, qui fait régner la loi et
d’un message engagé. l’ordre, deux notions qui ne sont pas dans le même registre,
Le dispositif proposé est un travail de groupe. Il permet le voire qui s’opposent). C’est dans cette optique que le « Coup
travail de comparaison entre trois modèles politiques diffé- de pouce » attire l’attention des élèves sur les slogans du
rents : le premier, 1984, décrit un régime totalitaire organisé « Parti ».
en ministères répressifs. Le deuxième, Hunger Games, décrit d. La ville décrite est une dystopie car elle semble nier toute
une société pyramidale dans laquelle le Capitole, siège du liberté de ses habitants : « contrôle » semble en être le mot
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d’ordre. La grandeur imposante des bâtiments renvoie d. La ville décrite est une dystopie car elle semble profon-
d’ailleurs aux architectures des bâtiments construits sous dément inégalitaire : son gouvernement maintient dans la
certaines dictatures (nazie et soviétique, notamment). pauvreté la majeure partie de la population pour le confort
Le « Coup de pouce » a pour objectif d’attirer l’attention des de la minorité dirigeante.
élèves sur le sens implicite des slogans du « Parti », à déco- Le « Coup de pouce » a pour objectif de guider les élèves
der pour comprendre les caractéristiques totalitaires du dans le relevé du champ lexical des couleurs, élément de
système politique décrit par Orwell. description important.
2 Hunger Games 3 Les Loups de Prague
a. Katniss et Peeta arrivent en train dans la ville de Panem, a. Dans une dictature hautement technologique, des résis-
où siège le gouvernement. Ils sont éblouis par la magnifi- tants expliquent au narrateur comment la ville se comporte,
cence des lieux et des gens. tel un corps humain à l’affût de la moindre bactérie ou du
b. Deux champs lexicaux s’entremêlent dans cette descrip- plus petit virus qui viendrait la déstabiliser.
tion : celui de la magnificence et celui de la couleur et de b. Les rues, bâtiments et édifices sont truffés de capteurs
la lumière. D’un côté, « grandeur » (l. 4), « magnificence » (l. 4-5). Les habitants sont comparés à des cellules (l. 11-12)
(l. 5), « larges » (l. 6) par opposition à la « minuscule
qui se déplacent dans les rues et les artères (à noter la poly-
échoppe de friandises du District Douze » (l. 11). Et de l’autre
sémie du mot « artère », appartenant à la fois au champ
« le soleil inonde le salon » (l. 1), « façades irisées » (l. 5),
lexical de la ville et à celui du corps).
« voitures étincelantes » (l. 5-6), « costumes somptueux »
c. Le danger pour les habitants est vital : s’ils sont considé-
(l. 7), « visage peint » (l. 8), couleurs rose, vert et jaune
rés comme des agents nocifs pour le système (des bactéries
(l. 8-9).
ou des virus), ils sont détruits instantanément.
c. Malgré une description élogieuse de Panem, celle-ci
semble, dès le départ, excessive, comme le montre la d. Cette ville est dystopique puisqu’elle nie toute volonté et
répétition de l’adverbe « trop » (« trop vifs », l. 8 ; « trop tout pouvoir de décision à ses habitants. Ceux-ci ne sont
intenses », l. 9) et l’apparition vers la fin du texte d’adjectifs plus considérés que comme les cellules constituantes d’un
péjoratifs comme « étranges » (l. 7) ou « douloureux » (l. 9). corps, facilement destructibles et remplaçables.
Bien qu’habillés avec élégance et fantaisie, les habitants Le « Coup de pouce » a pour objectif de guider les élèves
semblent souffrir de cette profusion de couleurs et d’arro- dans le repérage et la compréhension de la métaphore filée
gance. Et la fin du texte révèle aux lecteurs que cette magni- de la ville en tant qu’organisme vivant, gérant les déplace-
ficence n’est pas partagée avec les autres districts : on com- ments de ses cellules (les habitants) et traquant les élé-
prend que la richesse de Panem se fait au détriment des ments nocifs pour sa survie (les résistants au système).
autres habitants du pays.

Textes Éléments qui décrivent la ville Dangers courus par les habitants Critères de la dystopie
1 « une colossale pyramide de béton Ce gouvernement est une dictature, Un gouvernement liberticide
blanc étincelant » (l. 2-3), sans liberté de décision et
« audacieux » (l. 3), « élégantes » d’expression. Les pensées et actions
(l. 4), « trois mille salles en surface des habitants sont surveillées.
et des ramifications correspondantes On peut imaginer qu’il existe
en sous-sol » (l. 9-10) une répression pour ceux qui
désobéissent
2 « Grandeur » (l. 4), « magnificence » Richesse excessive et trop Inégalités sociales, domination
(l. 5), « larges » (l. 6), par opposition ostentatoire, au détriment des autres par l‘argent
à la « minuscule échoppe de friandises districts du pays. Ce système est donc
du district Douze » (l. 11), « le soleil profondément inégalitaire et
inonde le salon » (l. 1), « façades maintient une partie de la population
irisées, des voitures étincelantes » dans la pauvreté
(l. 5-6), « costumes somptueux » (l. 7),
« au visage peint » (l. 8) ; couleurs
(l. 8-9) : « les roses », « les verts »,
« les jaunes »
3 Les rues, les bâtiments, et les édifices Si les habitants sont considérés Oppression et répression
sont truffés de capteurs (l. 4-6) comme nocifs, ils sont détruits

150
TOUS ENSEMBLE Leyla et Amir, orphelins de Sarajevo, dispersés aux quatre
3 À l’oral, les élèves résument en quelques phrases le
coins du monde. Ils sont nés en même temps, sous les bom-
thème du texte qu’ils ont lu et travaillé (question 1). Puis, ils bardements de Sarajevo, pendant la guerre en Yougoslavie,
relèvent les mots décrivant la ville et en déduisent l’image et cherchent à se retrouver.
qui veut en être donnée (question 2). Ils identifient ensuite Enki Bilal a une fascination pour les villes du futur dont il
les dangers que courent les habitants (question 3) avant de imagine la grandeur vieillissante et décatie. Le document
conclure sur le type de dystopie que le texte décrit. présenté est une case extraite d’une planche de Monstre,
mais comme Enki Bilal travaille chacune de ses cases comme
4 Réponse libre du groupe. Préalablement, il peut lui être
un tableau, elle peut s’étudier de façon isolée.
demandé de s’accorder sur une réponse commune, ou au
contraire de partager avec les autres groupes les désaccords 1 À gauche de l’image, nous voyons des personnages se
qui ont émergé en son sein. déplacer sur un pont en hauteur. Au-dessus d’eux passe une
rame de train ou de métro. Le trait du dessin donne une
5 Plusieurs éléments de réponse possibles : le milieu
impression de grande rapidité à ces deux mouvements.
urbain, avec son univers de tôle et de béton, peut sembler
paradoxalement plus hostile à l’être humain qu’un milieu À droite de l’image, à l’arrière-plan, se trouve un grand
naturel. Ces dystopies sont fondées sur des régimes poli- immeuble bourgeois, de style néogothique, portant
tiques spécifiques, qui siègent souvent au cœur de grands l’inscription « Hôtel Moskva » en alphabet cyrillique. Nous
centres urbains. sommes donc, peut-être, dans un Moscou futur. La neige
semble recouvrir le sol et les toits. Des voitures volantes et
Votre bilan
des piétons occupent cet espace citadin.
On attend des élèves qu’ils soient capables de comprendre
2 Les éléments futuristes sont essentiellement les véhi-
la critique faite des différents régimes dystopiques rencon-
trés dans cette double-page ; qu’ils aient perçu les dangers cules volants (voitures et trains), ainsi que la passerelle qui
que ces modes de gouvernement font planer sur leurs surplombe la rue et sur laquelle les piétons semblent se
citoyens ; qu’ils soient capables d’identifier la critique d’un déplacer à vive allure.
exercice dictatorial et liberticide, inégalitaire et répressif du 3 L’impression dégagée par ce dessin est celle d’une ville
pouvoir ; qu’ils aient saisi que la description n’est pas une fin un peu décadente, détruite et reconstruite en alliant l’ancien
en soi, mais est au service d’un message engagé plus com- et le moderne, sans réflexion architecturale préalable (ce que
plexe de l’auteur sur le fonctionnement des sociétés décrites cherche certainement à montrer Bilal, qui a vu son pays de
et, finalement, sur celui de notre propre société. naissance ravagé durant la guerre en ex-Yougoslavie.)
4 L’alliage de l’ancien et du moderne, des constructions
Pour aller plus loin
hétéroclites et juxtaposées, entretient l’impression de ville
George Orwell, dans Hommage à la Catalogne, apporte son dystopique difficile à vivre, non pensée dans son architecture.
témoignage sur la guerre civile espagnole. Il y dénonce les
5 Réponse libre des élèves. On attend cependant qu’ils la
agissements des franquistes et des staliniens, responsables
justifient. Pour les aider, on peut les amener à formuler des
à parts égales, selon lui, de la chute de la démocratie en
ressentis sur les mondes décrits, mais aussi des éléments
Espagne en 1939. Cela illustre bien l’engagement politique
d’analyse de l’image (graphisme, couleurs, etc.).
de cet auteur contre tous les totalitarismes.
6 Cette ville pourrait être qualifiée de rétrofuturiste. C’est
Passerelles d’ailleurs ainsi que l’on qualifie le style de Bilal.
Sur cette thématique, on pourra aussi se référer à la
2 Paris 2119
séquence 4 sur La Colonie de Marivaux, qui évoque la tenta-
tive de mise en place d’une nouvelle forme de gouver- Dans un Paris futuriste, où drones et machines de téléporta-
nement. Dans cette pièce de théâtre, il ne s’agit pas d’une tion sont le quotidien des habitants, un homme, Tristan,
dystopie, mais plutôt d’une utopie ratée. cherche à lutter à sa manière contre cette déshumanisation
qui éloigne les gens les uns des autres : il continue à prendre
Histoire des arts La ville dystopique le métro, par exemple. Mais, un soir, une rencontre insolite
en bande dessinée > p. 222 va l’amener à se demander ce que le gouvernement cache
aux habitants et à mener l’enquête.
L’art de la description littéraire et du dessin peuvent se
faire écho. Il semblait donc nécessaire d’inclure dans cette 1 L’extrait étudié présente deux cases. Dans la première,
séquence les représentations de la ville dans la bande dessi- Tristan, le personnage principal, marche dans la rue sous la
née d’anticipation et de science-fiction. pluie, avant d’entrer dans un monde, qui semble virtuel, où
le soleil brille.
1 Monstre Dans la seconde, le personnage déambule dans une rue
L’intégrale de Monstre contient quatre récits, qui sont eux- parisienne sous le soleil, mais des indices indiquent qu’il
mêmes des récits polyphoniques, à trois voix : celles de Nike, doit se trouver dans une réalité numérique et virtuelle car
151
l’hologramme d’un requin géant se déplace dans les airs. En 5 Réponse libre des élèves (voir ci-dessus).
arrière-plan, un couple en train de s’embrasser tient en 6 On peut qualifier cette ville d’apocalyptique, puisqu’elle
laisse un gros tamanoir, ce qui semble aussi irréel. Le texte semble survivre après une catastrophe suffisamment impor-
dit que les gens n’aiment plus sortir et préfèrent les vies tante pour avoir tout détruit.
virtuelles, ce qui laisse penser que la rue dans laquelle se
À votre tour maintenant !
promène le héros n’est pas réelle mais constituée par
On peut proposer aux élèves d’inclure, dans leur présenta-
l’assemblage des réalités virtuelles de plusieurs personnes.
tion orale, des villes futuristes de films ou de dessins animés.
2 Les éléments ajoutés par la réalité virtuelle (soleil,
En effet, de nombreux dessinateurs ont collaboré avec des
requin, tamanoir) permettent de déduire que nous sommes
cinéastes de science-fiction, pour la création de décors ou
dans une ville futuriste. de costumes futuristes (par exemple Jean-Claude Mézières
3 Ces images créent une impression de fausse réalité, pour le film de Luc Besson Le Cinquième élément).
d’illusion.
4 La première case montre que le monde réel est noir et Pour aller plus loin
pluvieux. Les habitants de cette ville, en s’enfuyant dans une Quelques BD à découvrir sur ce thème : Entre les ombres
vie numérique et alternative, se mentent donc sur la réalité d’Arnaud Boutle, L’Incal de Mœbius et Jodorowsky, Les Cités
de leur vraie vie. On peut s’interroger sur les dangers de obscures de François Schuiten et Benoît Peeters, La Ville qui
choisir de vivre une vie qui n’est pas réelle. C’est en cela que n’existait pas d’Enki Bilal et Pierre Christin, 20th Century
ce monde est dystopique. Boys de Naoki Urasawa, Gunnm de Yukito Kishiro.
5 Réponse libre des élèves (voir le corrigé de la question 5 Des univers urbains à explorer : Batman ou d’autres super-
pour Monstre, ci-dessus). héros évoluant dans des environnements citadins, comme
6 Dans ces deux cases, Paris est donc une ville numérique Superman, Dardevil ou Spider-Man.
et alternative. Des références cinématographiques : Soleil vert, Blade
Runner, Brazil, ou plus récemment Dark City, Star Wars
Pour aller plus loin épisode II, Blade Runner 2049.
L’hologramme du requin renvoie à celui que l’on trouve dans Passerelles
le film de Robert Zemeckis : Retour vers le futur 2. Une autre
On pourra confronter ces représentations de la ville au
vision d’une ville du futur déshumanisée, corrompue et vio-
travail d’Edmond Baudoin, dans la séquence 12, autour de
lente à faire découvrir aux élèves.
l’idée de solitude qui peut régner dans l’univers urbain : un
3 Akira environnement où les habitants se craignent ou se replient
sur eux-mêmes pour survivre. La ville postapocalyptique
Cette série de mangas de science-fiction, sortie il y a trente
ne serait-elle pas, finalement, une hyperbole de nos cités
ans et devenue culte, relate la vie de Tetsuo, un adolescent
actuelles, poussées à l’extrême dans leurs (dys)fonction-
livré à lui-même dans Néo-Tokyo, une ville apocalyptique
nements ?
sortie de terre après la Troisième Guerre mondiale nucléaire.
Comme beaucoup d’artistes japonais, Ōtomo est hanté par
l’apocalypse nucléaire ; c’est donc dans ce décor de ville
Atelier écrit Imaginer et décrire une ville
dévastée, corrompue, dangereuse qu’il situe son récit. dystopique… touristique > p. 224
1 La première case montre une rue vide, cabossée, comme L’objectif de cet atelier est de faire décrire une ville dysto-
si le sol s’était soulevé. À l’arrière-plan, des immeubles pique aux élèves, mais pas sous la forme d’une description
gigantesques, éventrés, aux vitres brisées, dangereusement intégrée à un récit. En effet, il s’agit de privilégier des récits
instables, certains à moitié effondrés sur les autres ; au courts dont l’assemblage créera un texte long. Ce type de
premier plan, des véhicules abandonnés. La seconde case production peut être mobilisateur pour des élèves plus
montre une bande de motards qui arrivent à toute allure. fragiles face à l’écrit.
En créant un dépliant touristique, les élèves seront amenés
2 Si ce n’est l’un des véhicules, il n’y a pas d’élément futu-
à remobiliser les éléments de description vus dans les textes
riste. Au contraire, tout est détruit.
de la séquence, ainsi que divers champs lexicaux qui leur
3 Il se dégage une impression de dévastation et de déso- sont suggérés. L’aspect comique de ce genre de production
lation, mais également de danger, à cause des immeubles (puisqu’on n’imagine pas vraiment avoir envie de passer ses
qui menacent de s’effondrer et de la bande de motards, vacances en dystopie) ne semble pas contradictoire avec le
inquiétants car arrivant en bande et à toute allure. thème. En effet, rien n’empêche de décrire avec ironie,
4 La ville étant complètement détruite, on se demande humour et décalage une ville futuriste dystopique : c’est ce
comment la société fonctionne encore : quel gouvernement, que font Luc Besson dans Le Cinquième Élément et Terry
quels commerces, quelles institutions ou entreprises ? C’est Gilliam dans Brazil. Au contraire, l’humour sert ici la
en cela que c’est une dystopie. critique. Mais, il est important de préciser aux élèves quel
152
doit être le ton de leur dépliant. plus spécifiquement étudiée. Elle s’oppose à l’utopie,
L’autre intérêt de ce travail est de proposer aux élèves étudiée dans la séquence 8 du manuel Mission Plumes 5e
d’écrire plusieurs petits textes courts, ce qui est plus acces- (publié en 2021). Afin de bien appréhender la notion, il est
sible par tous qu’un texte long et construit. L’objectif ici est demandé aux élèves d’associer une image à la définition de
avant tout lexical : que les élèves soient capables de réutili- la dystopie. Ils pourront ainsi mentionner la planche de
ser des champs lexicaux appropriés.
La Belle Mort de Mathieu Bablet, p. 215, ou encore celle
Le fait de présenter la production écrite sous forme de
d’Akira de Katsuhiro Ōtomo, p. 223.
dépliant est un moteur de motivation pour les élèves qui
« La représentation de la ville dystopique » propose de faire
apprécient de mobiliser leur créativité.
la liste des types de ville rencontrés dans la séquence :
L’étape 1 a pour objectif de projeter les élèves dans la ville
des villes réelles (Prague, p. 221 ou Paris, p. 223) comme des
qu’ils veulent décrire (on peut d’ailleurs les encourager à
villes imaginaires (Iron City, p. 217 ou le Capitole, p. 220).
s’inspirer des textes et des images de la séquence).
Pour guider les élèves dans leurs écrits, on peut les encoura- Et vous, dans tout ça ?
ger à aborder les points suivants : Pour conclure, il est demandé aux élèves de compléter leur
– les monuments historiques de la ville ; carnet de lecture. Ils doivent commencer par formuler un
– les transports ;
avis personnel en choisissant le texte qui les a le plus impres-
– les quartiers où sortir ;
sionnés et en expliquant s’ils trouvent les dystopies
– les spécialités culinaires.
effrayantes ou fascinantes. Ce travail sera l’occasion d’évo-
Les élèves doivent comprendre qu’on attend d’eux des écrits
quer le fait que l’anticipation nous présente le futur tout
décalés, utilisant des champs lexicaux péjoratifs, décrivant
en conservant de nombreuses caractéristiques du monde
des lieux repoussants et des comportements d’habitants
peu attirants. actuel. Il nous est alors facile de nous projeter et d’y voir un
futur probable et plausible ; un futur certes fascinant, mais
Différenciation aussi angoissant dès lors qu’on envisage la fin du monde tel
Si certains élèves ne parviennent pas à mobiliser leur imagi- qu’on le connaît, voire celle de l’espèce humaine. Cela peut
nation, on peut leur proposer de décrire les villes dessinées (paradoxalement) expliquer le fort engouement pour ce genre
dans les pages « Histoire des arts ». dans la littérature, le cinéma ou la télévision : en mettant en
scène nos peurs, grâce à la catharsis, nous pouvons nous
Faisons le bilan > p. 225 interroger sur nos défauts ou les risques liés aux nouvelles
Le bilan propose de définir les « littératures du futur » et de technologies, au progrès, aux abus en tous genres. Et quel
synthétiser le concept de « représentation de la ville dysto- meilleur endroit que la ville, siège de la vie moderne, pour
pique », pour que les élèves retrouvent les notions utiles mettre tout cela en scène ?
tout au long de la séquence, ainsi qu’un rappel des éléments
Escape game Genially
clés étudiés lors des différentes lectures. Il est possible de
Pour réviser tout ce qui a été dit sur les textes et les diffé-
s’y référer régulièrement comme il est envisageable de four-
rentes notions, il est possible de donner aux élèves un
nir une leçon à compléter à la fin de l’étude pour vérifier
la bonne compréhension du vocabulaire et des éléments escape game Genially. Il permet de balayer la séquence de
importants à retenir. façon ludique. Il pourra être réalisé en dehors de la classe
« Les littératures du futur » rappelle ainsi ce qu’on entend ou, pourquoi pas, lors d’une séance bilan, en salle informa-
par « science-fiction », « récit d’anticipation » et « récit tique, afin que les élèves travaillent à plusieurs et com-
postapocalyptique ». La définition de la « dystopie » est plètent leurs carnets de lecture.

153
La ville, lieu de tous les possibles ?

Le Marchand d’éponges
12 Un roman graphique de Fred Vargas
et Edmond Baudoin > p. 226

1 Présentation de la séquence
Cette dernière séquence courte sur la ville s’inscrit dans témoin du meurtre, les déambulations du commissaire
l’entrée du programme « La ville, lieu de tous les possibles ? ». dans la ville de Paris quand il réfléchit à son « affaire »,
Elle propose l’étude d’un roman graphique d’Edmond ainsi que le dénouement de l’intrigue. Le questionnement
Baudoin, adapté d’une nouvelle policière écrite par Fred proposé vise à interroger les élèves à la fois sur les textes
Vargas. Cette nouvelle se déroule au cœur de Paris. Le et sur les images ; il tente de les guider dans la construc-
commissaire Adamsberg, héros récurrent de Fred Vargas, tion du sens, à partir d’indices relevés dans les deux modes
y mène de nombreuses déambulations pour résoudre d’expression. Le questionnement récapitulatif dans la page
l’affaire dont il a la charge. La ville y est un personnage clef « Lecture intégrale » aborde à la fois la représentation de
et l’adaptation de la nouvelle en bande dessinée permet la ville, le récit policier et les spécificités du roman gra-
une étude de l’image prescrite dans les programmes. phique. L’atelier propose aux élèves de faire à leur tour le
Sont donc proposés à l’étude : le début de l’œuvre, l’inter- récit graphique d’une promenade dans une ville de leur
rogatoire par le commissaire Adamsberg du principal choix.

2 Objectifs de la séquence
L’objectif majeur de la séquence est d’étudier la repré- complexes, comme des ellipses, une variation des points
sentation d’une grande ville – ici Paris – dans une œuvre de vue ou de la chronologie du récit, ou d’autres procédés
graphique : monuments typiques, architecture et urba- identiques aux procédés romanesques.
nisme caractéristiques, ambiance et rêverie associées. Mais la séquence répond, bien sûr, également à des
Des objectifs d’analyse de l’image fixe sont aussi visés : objectifs de lecture, puisqu’il s’agit de lire un récit policier
percevoir les choix narratifs et graphiques effectués par le et d’en comprendre les caractéristiques. Cette œuvre per-
dessinateur, voir comment le découpage séquentiel parti- met ainsi de comprendre comment la ville devient un per-
cipe à la narration, comprendre la complémentarité entre sonnage à part entière dans l’intrigue policière et comment
le texte et l’image dans une bande dessinée, et réussir à les lieux dessinés participent à la construction d’une
faire des inférences entre des indices pris dans les diffé- atmosphère propice à cette intrigue.
rents modes d’expression pour construire le sens. Travailler L’atelier a pour objectif, quant à lui, de mettre les élèves
sur les codes de la bande dessinée est important car, même dans la posture de création d’Edmond Baudoin et de leur
si les élèves pensent bien connaître cet art à travers leurs permettre de construire, à leur tour, une promenade
lectures personnelles, ils sont souvent en difficulté de graphique à partir de dessins, de photos ou d’images prises
compréhension face à des romans graphiques ou des sur Internet.
bandes dessinées qui utilisent des procédés narratifs plus

154
Compétences du programme travaillées dans la séquence

Maîtrise de la langue Histoire des arts


Oral Lecture Écriture
Vocabulaire Histoire littéraire
• Participer de façon • Consolider • Contrôler sa compréhension, • Passer du recours • Découvrir les
constructive à des l’orthographe lexicale devenir un lecteur autonome intuitif à auteurs et le roman
échanges oraux et grammaticale > p. 228, 229, 230, 233, 234 l’argumentation graphique
> À l’oral p. 230 > Réécriture p. 228, • Élaborer une interprétation à un usage plus > À la découverte…
• S’exprimer de 233 des textes littéraires maîtrisé p. 227
façon maîtrisée • Construire des > p. 228, 229, 230, 233, 234 > Bilan p. 229, • Découvrir
en s’adressant notions permettant 232, 234 un peintre :
• Lire des textes non littéraires,
à un auditoire l’analyse et des images et des documents • Mobiliser – Marc Chagall
> À l’oral p. 229, l’élaboration des textes composites des références > À l’oral p. 229
232 et des discours : > p. 228, 229, 230, 231, 232 culturelles pour
• Exploiter – les pronoms interpréter
les ressources démonstratifs les textes et
expressives de > Langue p. 228 les créations
la parole artistiques et
> À l’oral p. 232 littéraires et pour
enrichir son
expression
personnelle
> p. 231

À la découverte… > p. 227 Lecture > Extraits 5 et 6, p. 232-233


Dans cette page, on trouve une présentation des deux L’extrait 5 poursuit la déambulation sur les bords de la Seine.
auteurs et de leur collaboration, ainsi qu’une interview L’intrusion du personnage dans la case influence le point de
d’Edmond Baudoin et une définition du roman graphique, vue du narrateur. Les élèves sont amenés à s’interroger sur
mal connu des élèves. L’interview permet de comprendre l’absence de textes de la planche 5 et sur la signification de
comment l’auteur-dessinateur construit ses bandes dessi- cette absence. La question du point de vue est posée.
nées et la place que tient la ville dans son œuvre. L’extrait 6, quant à lui, permet de conclure l’enquête.

Lecture > Extraits 1 et 2, p. 228-229 Lecture intégrale > p. 234


Il s’agit du début de l’œuvre, de l’incipit. Comme dans tout La page « Lecture intégrale » permet de faire réfléchir les
incipit, dans un premier temps, le cadre spatio-temporel est élèves sur les personnages et les relations qu’ils entre-
identifié. Puis les élèves sont invités à découvrir le person- tiennent les uns avec les autres, sur la représentation de la
nage principal, Pi, ainsi que sa façon de vivre. Les élèves sont ville, son atmosphère, sa place dans le récit. On encourage
amenés à s’interroger sur le niveau de langue utilisé dans le les élèves à découvrir le dossier « Dessiner la ville » qui suit
texte qui accompagne les images, ainsi que sur le choix des l’adaptation de la nouvelle. Y sont abordés également le
plans de l’image et la répartition sur la page entre texte et roman policer et ses caractéristiques, ainsi que le roman
image. graphique, souvent peu connu des élèves.

Lecture > Extraits 3 et 4, p. 230-231 Atelier écrit > p. 235


Dans cette lecture, on découvre deux autres personnages Les élèves sont invités, à la manière de Fred Vargas et
importants de l’histoire : l’inspecteur Adamsberg et sa tech- d’Edmond Baudoin, à inventer une déambulation imagée
nique très particulière d’interrogatoire, ainsi que la ville de dans une ville de leur choix. Les différentes étapes les
Paris, à travers son métro souterrain dans un premier temps, guident dans la structuration de la promenade, dans le choix
puis grâce à quelques monuments iconiques de la capitale de l’ambiance à y développer, et dans la rédaction de textes
comme Notre-Dame de Paris ou la tour Eiffel aperçue au qui accompagnent les images.
loin. La scène de l’interrogatoire constitue en elle-même un
topos du roman policier.

155
Sitographie / Bibliographie Sur les personnes sans domicile fixe :
Sur la bande dessinée : • Anne Guibert-Lassalle, « Identités des SDF », Études
• Sur le portail du Cairn, vous trouverez le numéro 54 2006/7-8 (tome 405), p. 45-55 : https://www.cairn.info/
de la Revue Hermès (éditions du CNRS), en accès gratuit revue-etudes-2006-7-page-45.htm
et complet : https://www.cairn.info/revue-hermes-la- Podcasts
revue-2009-2.htm • Sur France Culture, découvrez un podcast consacré à
• Fred Paltani-Sargologos, Le roman graphique, une bande Edmond Baudoin : https://www.radiofrance.fr/
dessinée prescriptrice de légitimation culturelle (mémoire franceculture/podcasts/le-rayon-bd/edmond-baudoin-
de Master 2, Christian Sorrel (dir.)), 2011 : https://www. pionnier-de-l-autobiographie-dessinee-7619280
enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/56772- • Pour écouter la nouvelle de Fred Vargas Cinq francs pièce
le-roman-graphique-une-bande-dessinee-prescriptrice- dont Le Marchand d’éponges est l’adaptation :
de-legitimation-culturelle.pdf https://www.studiozef.fr/emissions/bouillon-de-
Sur le roman policier : lecture/17-fred-vargas-coule-la-seine
• Le magazine Virgule, n° 30, mai 2006, est consacré
à la question.
• Yves Reuter, Le roman policier, Armand Colin, 2007.

3 Corrigés de la séquence

Lecture > p. 228-229 4 LANGUE Des pronoms démonstratifs en gras désignent


le chariot : « C’était buté comme un âne, ça roulait de
1 «
C’était fini… » travers, ça résistait. »
Comment entrer dans l’œuvre ? > p. 228 5 C’est une comparaison, le chariot étant comparé à un
Vos objectifs âne. L’homme entretient une relation particulière avec
Il s’agit ici d’étudier le début de l’œuvre, de voir comment l’objet : il est important pour lui. Le caddie lui permet de
débute le récit et comment l’auteur introduit le personnage « trimballer une bonne quantité de marchandise », c’est son
principal. La double lecture de l’image et du texte est au compagnon de tous les jours, une aide précieuse. Il lui a
cœur du questionnaire et engage les élèves dans la démarche donné un nom : « Martin ».
de lecture de la séquence.
RÉÉCRITURE
AVANT DE COMMENCER L’écoute de l’enregistrement audio C’est fini, il n’en vendra plus une seule ce soir. Trop froid,
du texte pourra permettre aux élèves de s’immerger dans trop tard, il est presque vingt-trois heures à la place Maubert.
l’œuvre et de saisir son atmosphère. S’il s’agit de la première
approche de l’œuvre, on pourra leur demander comment ils Différenciation
illustreraient le texte, puis confronter cela à la planche de Les élèves les plus à l’aise peuvent réécrire le texte entière-
Baudoin. ment et ainsi travailler la transposition des verbes de
1 Le début de l’histoire se passe « à la place Maubert », l’imparfait au présent, mais aussi observer à la fin du texte le
le « soir » à « presque vingt-trois heures ». passage du plus-que-parfait au passé composé.
On utilisera la fiche « Coup de pouce » pour aider à la
2 Le groupe nominal « foutu chariot », les verbes
lecture de la planche.
« engueuler » ou « trimballer » relèvent du langage familier.
C’est l’homme représenté, le propriétaire du chariot, qui Pour aller plus loin
parle ainsi. Le point de vue est interne.
On pourra visionner la bande-annonce du documentaire Au
3 Le personnage est tout d’abord représenté dans son
bord du monde de Claus Drexel (présenté à Cannes en 2013)
décor habituel, de profil, dans un plan rapproché. La rue
dans laquelle des extraits des témoignages de différentes
apparaît derrière lui. La deuxième vignette est un gros plan
personnes sans domicile fixe sont mêlés aux images de
qui permet au lecteur de voir le visage de l’homme. Ces deux
Paris, la nuit.
portraits (de profil et de face) peuvent être rapprochés des
photos anthropométriques. On peut voir là un clin d’œil au
genre policier.
156
Passerelles Pour aller plus loin
Il est possible de construire un groupement sur les pre- On pourra demander aux élèves d’effectuer une recherche
mières apparitions des personnages principaux. On pourrait sur le peintre Marc Chagall et ses différents tableaux repré-
ainsi comparer l’entrée en scène de Pi à celles de Dracula, sentant des ânes (L’Âne vert (1973), L’Âne rouge et arbre bleu
dans la séquence 3, ou de Julien Sorel, dans la séquence 5, et (1961), Violoniste et âne (1956), etc.). On pourra aussi leur
voir comment les différents auteurs les introduisent dans montrer le plafond de l’Opéra Garnier, orné par des fresques
leurs œuvres. du peintre.
Votre bilan
Votre bilan
Le personnage représenté sur cette première planche vit
La planche explicite le titre de l’œuvre. L’homme vend des
dans la rue. Il est seul et a pour compagnon son chariot de
éponges trouvées dans un hangar abandonné. Il espère en
supermarché, Martin, qui lui permet de transporter des mar-
obtenir 9 732 euros. La proposition « il s’était cru sauvé »
chandises. Le chariot est difficile à manœuvrer, peut-être
laisse cependant entendre que cela ne se passe pas comme
vétuste. On sait que l’homme vend des marchandises et le
il l’espérait et qu’il ne parvient pas à les vendre.
titre de l’œuvre laisse entendre qu’il s’agit d’éponges. La vie
de cet homme est rude et difficile. Il semble bourru et Lecture > p. 230-231
endurci.
3 La ville souterraine > p. 230
2 La nuit dans la ville > p. 229
Vos objectifs
Vos objectifs
Il s’agit d’étudier une représentation possible de la ville de
La lecture de cette planche permet aux élèves d’en apprendre
Paris, moins touristique mais tout aussi caractéristique
plus sur le personnage rencontré dans le premier extrait.
d’une grande ville et propice à l’ambiance d’un récit policier :
Son passé est davantage évoqué. Son quotidien dans la ville
le métro. On étudie aussi un passage obligé de tout récit
transparaît dans la lecture du texte.
policier : l’interrogatoire d’un témoin par le commissaire
1 L’homme est représenté en gros plan. On comprend qu’il
chargé de l’enquête. Ici ce topos est décalé, puisque
est couché, mais on voit qu’il ne dort pas. Adamsberg a emmené son témoin faire une promenade
2 Le texte disposé autour de la vignette rapporte les dans Paris et plus précisément dans le métro, au lieu de le
pensées du personnage. Il est difficile à comprendre car il garder au commissariat. Les élèves ayant en tête de nom-
suit le mouvement de ses pensées, rapides et confuses. breuses scènes d’interrogatoire vues dans les films ou séries,
3 La vignette 2 montre la ville qui entoure l’homme. On ils pourront sans souci percevoir le caractère singulier de
voit bien les grands et nombreux immeubles parisiens cette scène.
en arrière-plan. On distingue également une voiture. Au La lecture audio des textes : une actrice lit les encarts bleus
premier plan, on devine l’homme allongé. Ce sont sans et la source. Les bulles de dialogues et les cartouches de
doute les poignets du caddie que l’on voit sur la droite. narration sont lus par un acteur : cela permet de rendre plus
L’homme est peu visible comparé au reste du décor : sym- vivante la découverte de ces pages et d’aider les élèves qui
bole de l’invisibilité des SDF dans les grandes villes. Dans le ont parfois du mal à décoder les indices donnés simultané-
ciel, un homme monté sur un âne se trouve sous la lune. ment par le texte et les images.
L’ensemble est plutôt sombre, certainement parce qu’il fait 1 La scène se passe dans le métro parisien. L’image montre,
nuit, mais aussi parce que la ville semble écrasante. en effet, le tunnel, les rails du métro ainsi que les quais. Le
4 Martin transporte « 9 732 éponges végétales ». L’homme texte précise « Sur le quai désert de la station Cardinal
les a trouvées dans un entrepôt. Il les revend un euro pièce. Lemoine, direction Austerlitz ».
2 L’ambiance est un peu sombre et austère. Le trait
 À L’ORAL
d’Edmond Baudoin accentue l’impression de saleté qui se
L’Âne bleu au-dessus du village de Marc Chagall représente,
dégage de ce lieu. Le texte parle d’une souris qui court entre
comme son nom l’indique, un âne qui flotte dans le ciel.
les rails.
Il est accompagné d’un personnage féminin. Tous deux sont
3 Le texte donne des informations qui ne figurent pas sur
entourés d’un halo doré. Ils surplombent un village et des
le dessin, car trop petites pour être lisibles : le nom de la
villageois que l’on aperçoit au premier plan.
station de métro, la souris qui court entre les rails.
Le tableau fait donc penser à la vignette 2, par la similitude
des personnages, mais également par le trait, naïf, et les 4 Cette scène d’interrogatoire est originale, car elle ne se
proportions utilisées. déroule pas dans un commissariat comme on pourrait s’y
attendre. Cela montre que le commissaire Adamsberg est
Différenciation une personne qui sort de l’ordinaire, qui utilise des méthodes
On utilisera la fiche « Coup de pouce » pour aider à la particulières et adaptées à ceux qu’il interroge.
lecture de la planche. 5 Ce qui compte dans cette scène, c’est le décor, le lieu où
157
les personnages se trouvent, en l’occurrence le métro pari-  À L’ÉCRIT
sien. C’est pour cela que le cadre est large et que les visages Cette activité permet aux élèves de se familiariser avec la
des personnages ne sont pas visibles dans leurs détails. création d’un diaporama. Les images de Paris peuvent être
 À L’ORAL
trouvées sur internet et il est important de demander aux
élèves de citer les sources des images utilisées.
Les élèves peuvent connaître Une journée en enfer de John
McTiernan (1995) ou Subway de Luc Besson (1985). On peut Votre bilan
leur faire découvrir Zazie dans le métro de Raymond Queneau On attend des élèves qu’ils aient identifié, dans le cadre de
(1959) ou Nazis dans le métro de Didier Daeninckx (1996). la question 1, les monuments représentés (au moins la tour
En bande dessinée, on peut leur faire découvrir Paul dans Eiffel) et qu’ils comprennent comment le dessinateur
le métro du Canadien Michel Rabagliati (2005). entraîne le lecteur sur les lieux de l’intrigue.

Votre bilan Lecture > p. 232-233


On attend que les élèves réalisent que seules les grandes
villes ou villes d’une certaine importance ont un métro. Cela 5 La déambulation dans la ville > p. 232
sera peut-être moins évident pour les élèves qui habitent Vos objectifs
une grande ville, mais il est intéressant de les amener à se La différence de cette planche avec celle étudiée précédem-
rendre compte qu’il s’agit bien d’une caractéristique d’une ment est l’insertion d’un personnage et donc d’un point de
métropole. De plus, c’est un monde souterrain, parallèle à vue narratif dans le dessin. Il s’agit alors pour les élèves de
celui qui se voit à la lumière du jour. La plupart des habitants comprendre comment le personnage s’inscrit dans le pay-
l’utilisent pour se déplacer, mais certaines personnes inves- sage de la ville. Et d’identifier comment les états d’âme du
tissent le lieu pour d’autres raisons, par exemple pour y personnage s’illustrent à travers la représentation de la ville.
dormir ou s’y réchauffer l’hiver. On peut peut-être égale-
ment évoquer le métro comme lieu de refuge face aux bom- La boîte
à mots
bardements, lors des deux guerres mondiales ou actuelle-
ment en Ukraine. On peut aussi présenter aux élèves les Quelques mots formés à partir de la racine « ambulare » :
Catacombes de Paris, autre lieu souterrain, qui double le déambulateur, ambulatoire, ambulance, préambule, som-
tracé des rues de la ville. nambule, funambule, noctambule…
1 Un personnage est dessiné en gros plan dans la case 1, en
4 Dire la ville avec un pinceau > p. 231
pied et de dos dans la case 2. Cela implique une autre diffé-
Vos objectifs rence : l’auteur est passé d’une narration (visuelle) omnis-
Il s’agit pour les élèves de relever les indices qui identifient ciente à une narration à la troisième personne.
la ville dessinée et d’exprimer un ressenti face à cette repré- 2 C’est le commissaire Adamsberg qui se promène dans
sentation et à l’atmosphère qui s’en dégage. Paris pour mettre au clair ses réflexions sur l’enquête qu’il
1 Les élèves peuvent identifier la cathédrale Notre-Dame mène.
de Paris grâce à la gargouille au premier plan de la case 1 ou 3 En intégrant le visage en gros plan dans la case 1, le des-
par la représentation globale de l’édifice à l’arrière-plan de sinateur a voulu réunir les réflexions du personnage et le
la case 2. Dans la case 1, on peut également identifier le lit décor de la ville. La ville semble en effet calme, comme l’est
de la Seine, ainsi que les rives et des ponts qui la traversent. l’esprit du commissaire qui réfléchit posément. Elle a pour-
Et à l’arrière-plan, tout au loin, la tour Eiffel. tant aussi ses gros nuages noirs, qui sont un symbole peut-
2 Les élèves trouveront peut-être l’atmosphère pesante, être des doutes du personnage.
sombre, « pluvieuse », à cause du trait du dessinateur et de 4 En mettant le visage du personnage en gros plan et au
l’absence de couleurs. L’absence de feuilles sur les arbres premier plan, le dessinateur suggère au lecteur qu’il s’agit
permet de situer l’action en hiver. d’un point de vue interne. On est dans la tête du person-
3 C’est justement par le choix du noir et blanc et par le nage.
dessin au pinceau qu’Edmond Baudoin donne cette impres- 5 Le commissaire ne croise personne dans les rues, non
sion de morosité de la ville. pas parce que les rues sont vides, mais parce qu’on est dans
4 L’absence de texte accentue l’impression de silence qui son esprit, et qu’il est si concentré sur ses réflexions qu’il ne
se dégage de ces cases. Le point de vue choisi (en haut de la voit personne autour de lui.
cathédrale ou dans l’ombre des rives du fleuve) donne une
 À L’ORAL
impression d’isolement. Le point de vue n’est pas celui de la
foule, par exemple, ou même d’un des personnages de l’his- Le personnage réfléchit certainement au moyen de mettre
toire, mais bien celui du narrateur omniscient qui prend de Pi en confiance et de l’amener à collaborer avec lui. En se
la hauteur ou du champ par rapport à ce qui est montré. promenant dans sa ville, il peut aussi se dire que Pi est un
SDF, c’est-à-dire quelqu’un qui vit constamment dans les
158
rues de Paris, entre ses murs. Cette réflexion lui permettra Lecture intégrale > p. 234
alors de trouver le moyen de faire changer Pi d’avis.
Vos objectifs
Votre bilan Le questionnaire permet de revenir sur l’œuvre entière.
Les élèves doivent percevoir que cette promenade n’est pas Différentes modalités de travail sont possibles. Il est envisa-
anecdotique, mais qu’elle correspond au fonctionnement geable de demander aux élèves de travailler ces questions
du personnage et à sa façon de mener ses enquêtes. De ce sur des temps hors de la classe, en autonomie. Il est aussi
fait, elle sera efficace pour le faire progresser dans son possible de former des groupes et de demander aux élèves
enquête. de présenter leurs réponses sous la forme d’exposés. Seul le
6 Le
bilan serait personnel, il permettrait de vérifier la compré-
mot de la fin sur les murs de Paris > p. 233
hension globale et la capacité des élèves à se référer à des
Vos objectifs éléments précis de l’histoire et des planches pour justifier
Il s’agit ici de voir comment Pi trouve sa place dans la ville leurs propos.
grâce au mur qu’Adamsberg lui a trouvé. Il s’agit aussi d’étu-
Les personnages
dier les rapports entre les deux personnages.
1 Pi est le principal témoin de l’agression (p. 9-12). Il vit
AVANT DE COMMENCER Les vignettes, plus nombreuses dans la rue, essaye de vendre des éponges (p. 5-8). Son pré-
que dans les autres Lectures, demandent d’observer de nom est Pi, peut-être Pierre, mais le registre de l’assistance
nombreuses choses. L’écoute du texte aidera très certaine- publique où sa mère l’a abandonné était taché (p. 15). Son
ment les élèves à lire la planche plus facilement. nom fait aussi référence à son don pour les chiffres
1 Comme l’indique le paratexte, le mur servira à inscrire le (p. 27-31).
nom des personnes qui achèteront les éponges de Pi. 2 Les mots qui désignent Pi sont, tout d’abord, « l’homme »
2 Pi fait remarquer à l’inspecteur Adamsberg dans la pre- (p. 7-9), puis « le vendeur d’éponges » (p. 11) : le personnage
mière vignette qu’il n’a pas de mur. Adamsberg lui explique n’est pas encore désigné par son prénom, personne ne le
alors qu’il lui en a obtenu un : « j’en ai arraché un cette nuit connaît. On trouve ensuite le groupe nominal « un vieux tas
au ministère de l’Intérieur ». de fringues abandonnées » (p. 11 et 13), qui déshumanise
3 Adamsberg parle de Martin. Le chariot est personnifié, la Pi : il n’est rien.
formulation est surprenante et amusante : « Il vit des 3 Monique est « la dame » du kiosque à journaux (p. 17),
moments exceptionnels qui ne se produiront pas deux fois qui ne le laisse lire le journal qu’à condition de ne pas l’ouvrir
dans sa vie. » L’inspecteur a bien compris l’importance du « jusqu’à la pliure ». Elle semble être la seule personne avec
chariot et il rassure ainsi Pi en sous-entendant qu’il ne peut laquelle il a un contact social. Martin est le chariot de Pi
rien lui arriver. (p. 5). Il lui permet de transporter toutes ses affaires, le peu
4 Les immeubles en arrière-plan et l’hôtel montrent que qu’il possède. C’est son compagnon de tous les jours.
les personnages sont en ville. 4 On laissera les élèves exprimer leur ressenti. Ils peuvent
5 La fin du récit policier laisse entrevoir un dénouement tout à la fois le trouver ferme et sévère lorsqu’il mène son
positif. Adamsberg va permettre à Pi de vendre ses éponges interrogatoire (p. 18 et suivantes). Ils peuvent aussi le trou-
et peut-être même de sortir de l’anonymat. Pi souhaite se ver sympathique : en effet, il est le premier à se montrer
débrouiller seul et les vendre lui-même, mais l’inspecteur, humain envers Pi, alors que les autres policiers le malmènent
en trouvant ce mur, l’aide à promouvoir la vente. (« on le secouait, on le menaçait », p. 13), et il exige qu’on
emmène aussi Martin au poste de police (p. 13). La dernière
RÉÉCRITURE vignette de cette planche le montre en train de regarder Pi
Tes caddies sont toujours sous la garde attentive des flics. Ils avec attention.
vivent des moments exceptionnels qui ne se reproduiront
5 Adamsberg se révèle être très humain et fin psycho-
pas deux fois dans leur(s) vie(s). Ne les dérange pas.
logue. Il s’intéresse à l’histoire de Pi, l’écoute pendant l’in-
Différenciation terrogatoire (p. 15 et suivantes), mais aussi pendant le trajet
en métro (p. 26 et suivantes). Il offre au SDF un peu de répit
On utilisera la fiche « Coup de pouce » pour aider à la lec-
en l’emmenant dans un hôtel (p. 32) et comprend que son
ture de la planche.
témoin ne veut pas être acheté mais être considéré, qu’il a
Votre bilan besoin de vendre ses éponges lui-même.
La ville apparaît une fois de plus dans la planche à travers les 6 Le début met en avant les tensions entre l’inspecteur qui
lieux emblématiques et les décors parisiens. De plus, le mur veut élucider son affaire et le témoin qui refuse de raconter
d’Adamsberg va permettre à Pi de trouver sa place dans la ce qu’il a vu. Mais petit à petit, en montrant son réel intérêt
ville et de réussir à vendre plus facilement ses éponges. pour lui et pour la victime, Adamsberg parvient à amadouer
Pi.

159
La représentation de la ville L’enquête
1 La ville est omniprésente dans l’œuvre. On la retrouve en 5 Adamsberg commence par observer Pi et lui poser des
arrière-plan dans de nombreuses scènes et elle est repré- questions afin d’en apprendre plus sur lui (p. 15-16). Il l’in-
sentée dans de belles planches sans paroles. Les planches terroge ensuite sur les événements ; il se montre plus brus-
qui représentent la ville sont notamment aux pages 5, 6, 7, que et tutoie le témoin (p. 19). Il poursuit son interrogatoire
17, 26, 27, 31, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 50, 51. et finit par franchement s’agacer devant le refus de Pi de
2 On retrouve les rues citadines, avec les hautes façades coopérer (p. 23). Adamsberg décide alors d’emmener Pi se
des immeubles, écrasantes. On trouve aussi des décors plus promener, puis de lui offrir une chambre à l’hôtel. Il a bien
typiquement parisiens : le kiosque, le métro, les quais, etc., compris que le SDF ne céderait pas sous la pression : il doit
qui forment une espèce de carte postale. Le café (p. 42 et lui faire comprendre qu’il n’est pas contre lui.
suivantes), avec son intérieur bondé, semble convivial et 6 Pi se sent déconsidéré. Il pense qu’Adamsberg cherche
accueillant. à boucler rapidement son enquête parce que la victime
3 Le choix est laissé aux élèves. Ils doivent faire le lien est riche, importante pour les gens « d’en haut » (p. 16-18).
entre la représentation de la ville et le sens de l’histoire. Il refuse donc d’aider ceux pour qui il n’est rien (p. 22).
Peut-être choisiront-ils une des vignettes des pages 6-7 7 Adamsberg refuse de donner le nom de la victime. Pi
pour parler de Pi et du fait qu’il ne trouve pas sa place dans décide de la surnommer « 4.21 » (p. 32).
la ville, ou encore une planche des pages 38-39 pour évo- 8 Pi révèle le numéro de la plaque d’immatriculation de
quer la solitude du personnage qui déambule et réfléchit.
l’agresseur, qu’il connaît depuis le début (p. 44).
4 La ville tient une place importante dans l’ensemble du
Le roman graphique
récit ; elle est ce lieu dans lequel Pi se sent rejeté et ignoré.
1 On voit, p. 9 et p. 10 par exemple, que la forme des bulles
C’est une ville froide et imposante qui finira par porter secours
n’est pas exactement la même que quand les personnages
au personnage, grâce au mur trouvé par Adamsberg (p. 50).
parlent. La queue de la bulle est constituée de petites bulles.
5 On pense ici au « street art », à l’art urbain et à ses diffé-
2 La scène se passe pendant l’interrogatoire, au commis-
rentes manifestations : les graffitis, pochoirs, la mobilisa-
sariat. La planche montre les visages en gros plans des deux
tion éclair (flash mob) … Les artistes Banksy, Jef Aérosol ou
hommes qui discutent. Une tension et un effet de rapidité
encore JR sont peut-être déjà connus des élèves. On pourra
sont créés par l’accumulation de ces visages et des bulles qui
aussi leur montrer des images du mur de Berlin et le collage
se suivent.
de Miss.Tic, artiste décédée le 22 mai 2022, qui se trouve à
la page 176. 3 Adamsberg discute avec un émissaire du ministère.
Plutôt que de montrer les deux hommes, le dessinateur a
6 Baudoin se demande « comment “ dire ” les toits, la
fait le choix de représenter l’extérieur du bâtiment, et deux
banlieue, les rues » (p. 56), « le métal des voitures ? »
oiseaux installés sur un arbre voisin.
(p. 57), « Comment montrer qu’on peut respirer une ville ?
Et montrer qu’elle peut nous étouffer d’ennui » (p. 58). 4 Pi, lorsqu’il se remémore la scène, revoit la jeune femme
et son agresseur. La femme semble douce, elle est certaine-
7 Baudoin explique p. 58 qu’il « essaye de résoudre » et ne
ment blonde, elle porte un manteau blanc. À l’opposé, le
fait « qu’essayer ». Il n’est pas facile de dessiner la ville, il
visage grimaçant de l’agresseur laisse apparaître sa violence.
faut rendre compte de sensations, d’odeurs, d’atmosphères.
Les couleurs qui le représentent sont sombres. Les deux per-
Le récit policier sonnages s’opposent en tous points.
L’assassinat
5 La première vignette présente les personnages en pied,
1 Une femme blonde a été abattue en pleine rue. Alors c’est un plan moyen. Il permet de voir où se trouvent les
qu’elle est hospitalisée et grièvement blessée, l’inspecteur personnages et de comprendre qu’ils sortent du café. La
Adamsberg essaye de faire parler le témoin de cette tenta- deuxième vignette montre les visages en gros plan, les per-
tive de meurtre. sonnages parlent. On se concentre alors sur les expressions
2 La jeune femme portait un manteau de fourrure blanche des visages. On les observe s’éloigner dans la dernière
(p. 9). Elle occupe une fonction importante « tout là-haut, vignette. Il s’agit d’un plan d’ensemble.
pas loin du ministère de l’Intérieur » (p. 21). 6 Le roman graphique, en noir et blanc, réaliste, est réalisé
3 Pi est l’unique témoin de la scène. Il dormait dans la rue à l’encre de Chine. Edmond Baudoin joue sur les contrastes.
et sous son tas de vieux vêtements, l’assassin ne l’a pas L’ensemble peut paraître un peu « dur ». Mais c’est à l’image
remarqué (p. 11). de ce que le dessinateur veut nous montrer de la ville et de
4 Dans la première vignette, qui met en scène le moment Pi. L’ensemble prend vie et l’atmosphère sombre du récit
où le tueur tire, on remarque, au-dessus des deux person- transparaît réellement.
nages et de la voiture, une forme fantomatique, à tête de
mort, comme une faucheuse venue faire son œuvre.
160
Votre bilan Atelier écrit Faire le récit graphique
1 La ville est tout à la fois belle et terrible dans ce récit. d’une promenade > p. 235
Des décors magnifiques sont représentés, et à la fin du récit,
L’objectif de l’atelier est d’accompagner les élèves dans
la ville permettra au personnage principal d’y trouver une
une rêverie déambulatoire à la manière du commissaire
place. Cependant, elle est aussi le théâtre d’une terrible soli-
Adamsberg. Pour ne pas leur imposer de dessiner (ceux qui
tude et s’est dans un premier temps montrée hostile à Pi.
le souhaitent le peuvent, mais cela ne doit pas les mettre en
Les élèves pourront piocher dans la liste d’adjectifs propo-
difficulté dans l’exercice), il leur est demandé de choisir sur
sée pour répondre et développer leur réflexion.
internet (Google Maps par exemple) des images de rues
2 Le Marchand d’éponges est un récit policier qui raconte qu’ils connaissent et de recréer ainsi une « promenade »
l’enquête de l’inspecteur Adamsberg. C’est aussi l’histoire numérique.
de la rencontre d’Adamsberg et Pi et la découverte d’un Les différentes étapes les guident dans la construction de
personnage laissé-pour-compte qu’Adamsberg va aider. cette promenade, puis dans le choix de l’ambiance qu’ils
3 Les élèves doivent formuler un avis personnel. Au terme souhaitent créer, enfin dans la rédaction des courts textes
de l’étude, ils seront plus aptes à percevoir les liens entre le associés à chaque image.
récit et le dessin, les choix opérés pour rendre compte des
situations. Ils auront aussi compris les objectifs du dessina- Passerelles
teur, la complexité de ce qu’il veut représenter et l’adéqua- On pourra renvoyer les élèves à la double page « Histoire
tion avec la technique artistique qu’il utilise. des arts » de la séquence 11 sur « La ville dystopique en
Pour conclure, il est demandé aux élèves de compléter leur bande dessinée » (p. 222-223). Bien qu’il s’agisse de villes
carnet de lecture. Ils peuvent commencer par formuler un imaginaires, cela permet de comparer avec les élèves diffé-
avis personnel sur le roman graphique, choisir ensuite des rentes ambiances construites par le dessin.
événements qui les ont marqués. Ils peuvent aussi comparer
cette lecture avec leurs lectures personnelles et s’interroger Pour aller plus loin
sur l’intérêt de la bande dessinée. Des auteurs de bandes dessinées policières qui ont fait des
villes plus que des décors, mais des personnages indispen-
sables à leur récit : Juanjo Guarnido et Juan Diaz Canales
dans la série Blacksad, Edgar P. Jacobs dans la série Black et
Mortimer et plus particulièrement dans le tome La Marque
jaune (1956).
Des auteurs en littérature : Daniel Pennac dans La Fée
Carabine (1987), Maurice Leblanc dans Arsène Lupin (1907),
Émile Gaboriau dans Le Petit Vieux des Batignolles (1870).

161
Étude de la langue

Connaître les différences entre l’oral et l’écrit


1 > Comment avoir une écoute active ?������������������������������������������������������������������������������������������������������������ 164
Comprendre et interpréter des discours oraux
2 > Comment échanger autour de ses lectures ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
S’exprimer de manière maîtrisée et adaptée face à un auditoire
3 > Comment rapporter des paroles dans un texte ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Le discours direct et le discours indirect

Enrichir et structurer le lexique


4 > Comment créer le doute ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Les modalisateurs
5 > Comment former des mots et bien les orthographier ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
Classe grammaticale et orthographe des mots dérivés
6 > Comment comprendre un mot inconnu ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
L’étymologie : préfixes, suffixes et radicaux
7 > Comment comprendre les relations entre les mots ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
Les réseaux de mots et les degrés d’intensité

Analyser le fonctionnement de la phrase simple


et de la phrase complexe
8 > Comment reconnaître les classes grammaticales ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Les classes grammaticales
9 > Comment identifier la fonction des mots ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
Les fonctions dans la phrase
10 > Quels sont les fonctions et les degrés de l’adjectif ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
Les fonctions et les degrés de l’adjectif
11 > Comment reconnaître le sujet dans les cas complexes ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Le sujet : les accords complexes
12 > Comment enrichir une phrase ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Les compléments circonstanciels
13 > Comment relier des propositions ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
La phrase complexe
14 > Comment enrichir le groupe nominal ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
Les expansions du nom
15 > Comment utiliser les pronoms relatifs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Les pronoms relatifs
16 > Comment intégrer une question dans une phrase ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
La proposition subordonnée interrogative indirecte
17 > Comment construire la forme passive ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
La forme passive
18 > Comment reconnaître la forme impersonnelle ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
La forme impersonnelle
19 > Comment utiliser les verbes pronominaux ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
Les verbes pronominaux

162
Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale
20 > Comment désigner une quantité nulle, inconnue ou imprécise ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Les déterminants indéfinis
21 > Comment maîtriser les chaînes d’accord ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
Les chaînes d’accord
22 > Comment accorder le participe passé ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
L’accord du participe passé
23 > Comment écrire un mot terminé par [e] ou [ɛ] ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
Les finales en [e] ou [ɛ]
24 > Comment choisir le bon homophone ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
Les homophones grammaticaux
25 > Comment former les temps simples de l’indicatif ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
Les temps simples de l’indicatif
26 > Comment identifier et utiliser les temps de l’indicatif ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
Les temps simples et composés de l’indicatif
27 > Comment utiliser le conditionnel présent et passé ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
Le conditionnel présent et passé
28 > Comment utiliser le subjonctif ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
Le subjonctif
29 > Quel temps et mode choisir dans un récit au passé ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
Les valeurs des temps dans un récit au passé
30 > Jouer pour réviser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202

163
Introduction

• L’architecture globale de cette partie consacrée à l’étude de la langue est fondée sur le Programme du cycle 4
en vigueur à la rentrée 2020 (p. 21-27) accessible ici : https://eduscol.education.fr/document/621/download.
• La terminologie grammaticale utilisée est celle préconisée dans La Grammaire du français, terminologie
grammaticale de Philippe Monneret et Fabrice Poli, parue en juillet 2020, accessible ici : https://eduscol.education.fr/
document/%201872/download.
• Les fiches sont mobilisables de quatre manières : soit en lien avec des thématiques de séquences (« Je comprends
ma mission »), soit en lien avec les objectifs d’écriture ou d’oral des ateliers de fin de séquence, soit en prolongement
de l’étude des outils de la langue au sein des chapitres (cf. les titres dans les encadrés verts), soit enfin de manière
décrochée.
• Chaque double page est « scénarisée » : elle vise à acquérir des connaissances (« J’apprends la leçon ») pour
développer des compétences écrites ou orales (« J’accomplis ma mission »). La mémorisation de la leçon gagne
à s’appuyer sur la forme des cartes heuristiques que le professeur lira à haute voix et que les élèves pourront
s’approprier en les reproduisant de manière synthétique, par exemple sur https://www.mindmaps.app.
• Le parcours d’exercices « Je m’entraîne » vient étayer ces apprentissages de façon progressive : « Je relève »,
« Je manipule » et « J’approfondis ». L’autoévaluation finale peut être proposée en autonomie ; elle conduit
à trois séries d’exercices interactifs différenciés à mener en classe ou hors de la classe. Les mascottes délivrent
aussi de bons conseils, non sans une certaine malice !

1 Comment avoir une écoute active ?


Comprendre et interpréter des discours oraux

Compétences travaillées
Ces activités orales se fondent directement sur quelques « exemples de situations, d’activités et d’outils pour l’élève »
proposés par le Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 (cf. colonne de droite).
• Comprendre et interpréter des messages et des discours oraux complexes
Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 (p. 14)

Exemples de situations, d’activités et d’outils


Compétences et connaissances associées
pour l’élève
– Identifier les visées d’un discours oral. – Écoute attentive et active, citation, résumé et
– Distinguer explicite et implicite. reformulation de propos tenus par autrui.
– Hiérarchisation des informations d’un discours,
mémorisation des éléments importants.
– Distinction de l’explicite et de l’implicite dans un discours
avec justification.

• Connaître les différences entre l’oral et l’écrit


Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 (p. 22)

Exemples de situations, d’activités et d’outils


Compétences et connaissances associées
pour l’élève
Aspects syntaxiques – Recueil et transcription de corpus oraux.
– Être capable de transposer des énoncés oraux à l’écrit – Transposition de l’oral vers l’écrit, par exemple à l’occasion
et inversement. de la mise par écrit de propos recueillis à l’oral.

164
Je comprends ma mission construire une première carte mentale à main levée. Il
s’agira ensuite de réorganiser les notes prises en s’appuyant
Cette double page consacrée à l’oral de réception et de sur les 4 critères proposés : « comprendre, repérer, identifier
production propose 25 courts extraits de podcasts issus de et interpréter ». Plusieurs écoutes s’avéreront donc néces-
Radio France International, lieu d’expression libre pour des saires. La tâche finale consiste en une restitution orale du
journalistes francophones du monde entier. À l’issue de reportage : c’est un double savoir-faire réception/produc-
ce travail, on peut souhaiter que ce média de référence tion d’oral qu’il convient donc de travailler. Ce type de
devienne l’une des sources d’information des élèves. pratique (restitution d’un podcast par un élève) peut être
D’autres travaux sur l’oral durant l’année pourront aisément réitéré comme un bref rituel de début de séance lors de la
se fonder sur la qualité de ces ressources audio en évolution « semaine de la presse », par exemple.
quotidienne. Les activités visent à renforcer des compé-
tences d’attention, de méthode d’écoute et de synthèse
face à un propos oral pour en saisir le sens, la visée, parfois
Je m’entraîne
l’implicite afin d’être capable d’en rendre compte à l’oral. Au vu des objectifs précédemment cités, cette page 255 a
Cette fiche de langue en lien avec le thème du programme deux particularités : les exercices se fondent exclusivement
« Informer, s’informer, déformer » peut s’articuler aisément sur des supports audio (réception) et les réponses deman-
avec le chapitre 7, « Journalistes en herbe ! », p. 146. dées sont à effectuer exclusivement à l’oral (production).
On pourra aussi l’associer à la Fiche méthode 8, « Comment Les 24 podcasts ont été réduits à 1 minute. Cela permet de
enregistrer un podcast ? », p. 246. Les 25 reportages sélec- traiter toute cette double page en 50 minutes. On y accède
tionnés permettent d’élargir la réflexion et de libérer la via les liens hachette-clic.fr. Les pages originales RFI dont les
parole des élèves autour de nombreux sujets d’actualité liens sont repris dans les tableaux ci-dessous proposent une
à l’échelle nationale et mondiale : écologie, éducation, retranscription écrite des propos : leur consultation met en
santé, société, loisirs. Le sujet retenu ici, « la lutte contre le échec la séance car les élèves obtiennent là les réponses
cyberharcèlement », gagnera à s’accompagner d’une visite sans avoir besoin d’écouter le reportage. On peut néan-
sur la page dédiée du ministère de l’Éducation nationale : moins s’y référer une fois l’exercice accompli pour aller plus
https://www.education.gouv.fr/non-au-harcelement/ loin. On trouvera aussi 22 courts extraits audios complé-
faire-face-au-cyberharcelement-325385. mentaires au sein des exercices interactifs.

Différenciation Je relève
Le lien court hachette-clic.fr/22mp4197 renvoie à un 1 On convoque ici la première partie de la carte mentale :
extrait (durée 6’26) de l’« Atelier des médias » de Steven « comprendre ». Les réponses a et b seront chaque jour
Jambot publié le 15/05/2021 intitulé « Ce que Facebook, différentes puisque l’émission « 7 milliards de voisins »
Twitter et Instagram peuvent faire pour maîtriser le cyber- présentée par Emmanuelle Bastide est quasi quotidienne.
harcèlement ». On peut diriger un groupe d’élève vers l’inté- Le sommaire est accessible ici https://www.rfi.fr/fr/pod-
gralité de l’émission (durée : 32’36) accessible ici : https:// casts/7-milliards-voisins/. Bon nombre d’élèves peinent
w w w. r f i . f r / f r / p o d c a s t s / a t e l i e r- d e s - m % C 3 % A- face à ce type de recherches en ligne et d’activités de
9dias/20210515-ce-que-facebook-twitter-et-instagram- « lecture de documents numériques composites ». Les
p e u ve n t- f a i re - p o u r- m a % C 3 % A E t r i s e r- l e - c y b e - parcours dans les menus sont laborieux. On pourra convo-
rharc%C3%A8lement. Les supports pourront être écoutés quer la Fiche méthode 15, « Comment utiliser un moteur de
soit en classe entière, soit en autonomie à la maison, ou en recherche ? », p. 253. Sans un certain cadrage, cette prise
salle TICE. En classe inversée, les liens peuvent être déposés d’informations (date, titre, identité de la source) pourrait
sur le cahier de textes pour anticiper. être chronophage.
Différenciation
J’apprends la leçon On peut mener les exercices 2 et 3 sans proposer de résumé
Avant de porter cette « leçon » à la connaissance des élèves, ni de citation, mais en demandant à un groupe d’élèves de
on peut envisager au moment de l’écoute du podcast de les formuler eux-mêmes.

165
2
Extrait 1 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- c. En Italie, des bénévoles militent
hachette-clic.fr/22mp4198 europe/20210930-d%C3%A9bat-sur-la-fin-de-vie-en- pour autoriser l’euthanasie légale.
italie-mobilisation-pour-l%C3%A9galiser-l-aide-au-
suicide
Extrait 2 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- d. Internet pour tous n’est pas
hachette-clic.fr/22mp4199 europe/20210916-comment-r%C3%A9duire-la- une réalité dans le monde.
fracture-num%C3%A9rique
Extrait 3 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/recette-de- a. On peut aussi faire un bon
hachette-clic.fr/22mp4200 poche/20220113-pot-au-feu-de-poulet pot-au-feu avec du poulet.
Extrait 4 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chronique- b. Des drones reniflent l’air
hachette-clic.fr/22mp4201 transports/20210918-des-drones-renifleurs-de- de Marseille pour mesurer
pollution la pollution.

3
Extrait 1 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- c. L’accès à l’éducation est
hachette-clic.fr/22mp4202 europe/20211001-le-long-chemin-vers-l-%C3%A9cole- insuffisant dans les pays d’accueil
des-enfants-r%C3%A9fugi%C3%A9s des réfugiés.
Extrait 2 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- d. Seul un oui est un oui.
hachette-clic.fr/22mp4203 europe/20210830-sexisme-l-europe-a-encore-des-
progr%C3%A8s-%C3%A0-faire
Extrait 3 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/7-milliards-de- b. Avec la pandémie, l’adoption
hachette-clic.fr/22mp4204 voisins/20220211-vivre-avec-des-animaux-de- d’animaux a explosé.
compagnie
Extrait 4 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/7-milliards-de- a. Maria Montessori a inspiré
hachette-clic.fr/22mp4205 voisins/20220210-qui-%C3%A9tait-vraiment-maria- des milliers d’enseignants dans
montessori le monde.

4
Extrait 1 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- esclavage, séquelles, loi
hachette-clic.fr/22mp4206 europe/20210723-sur-les-traces-de-l-esclavage
Extrait 2 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- « vélorution », vélo, ville
hachette-clic.fr/22mp4207 europe/20210721-les-villes-europ%C3%A9ennes-
%C3%A0-l-heure-de-la-v%C3%A9lorution
Extrait 3 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/alors-on-dit- développement durable, climat,
hachette-clic.fr/22mp4208 quoi/20220128-quels-impacts-des-objectifs-de- défi
d%C3%A9veloppement-durable-dans-la-vie-des-
jeunes
Extrait 4 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/7-milliards-de- réseaux sociaux, ados, piège
hachette-clic.fr/22mp4209 voisins/20211116-que-se-passe-t-il-sur-les-
r%C3%A9seaux-sociaux-des-ados

Je manipule
5
Extrait 1 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- Lutte contre la pollution de l’air,
hachette-clic.fr/22mp4210 europe/20220128-lutte-contre-la-pollution-de-l-air- de l’eau, des sols : solutions
de-l-eau-des-sols-solutions-europ%C3%A9ennes européennes.
Extrait 2 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- L’industrie du jeu vidéo explose
hachette-clic.fr/22mp4211 europe/20220127-en-europe-l-industrie-du-jeu- en Europe.
vid%C3%A9o-en-plein-boom

166
Extrait 3 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- L’Europe s’engage à faire
hachette-clic.fr/22mp4212 europe/20220111-l-europe-s-engage-%C3%A0-faire- progresser le bien-être des
progresser-le-bien-%C3%AAtre-des-animaux-d- animaux d’élevage.
%C3%A9levage
Extrait 4 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/7-milliards-de- Apprendre à faire ses devoirs seul.
hachette-clic.fr/22mp4213 voisins/20211223-apprendre-%C3%A0-faire-ses-
devoirs-seul

J’approfondis
6 On peut aussi reprendre des extraits audio des lectures du manuel, par exemple issus du chapitre 6, « Jetez-vous dans la
presse à corps perdu », p. 126 ou issus du chapitre 5, « Se confronter aux autres », p. 100
Extrait 1 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- Lutter pour le droit d’informer :
hachette-clic.fr/22mp4214 europe/20210813-lutter-pour-le-droit-d-informer informer, convaincre.
Extrait 2 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d- Sur les traces de Napoléon :
hachette-clic.fr/22mp4215 europe/20210816-sur-les-traces-de-napol%C3%A9on raconter, expliquer, informer.
Extrait 3 https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/les-pourquoi/ (France Info, Philippe Vandel) Les
hachette-clic.fr/22mp4216 les-pourquoi-pourquoi-les-ballons-de-basket-sont-ils- Pourquoi. Pourquoi les ballons de
orange_2257279.html basket sont-ils orange ? expliquer.
Extrait 4 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200626-ti-jean-et-la- DES CONTES À ÉCOUTER
hachette-clic.fr/22mp4217 diablesse Ti-Jean et la diablesse : raconter,
décrire.

7
Extrait 1 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/20201103-le-bien- implicite : le bien-être animal est
hachette-clic.fr/22mp4218 %C3%AAtre-animal-nouvel-enjeu- parfois un prétexte politique
soci%C3%A9t%C3%A9
Extrait 2 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/7-milliards-de- implicite : les inégalités d’accès
hachette-clic.fr/22mp4219 voisins/20220110-quels-sports-cartonnent-chez-les- au sport demeurent ancrées.
filles
Extrait 3 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/7-milliards-de- implicite : contrairement aux idées
hachette-clic.fr/22mp4220 voisins/20211123-les-jeunes-aiment-ils-encore- reçues, les jeunes écrivent de plus
%C3%A9crire en plus mais les supports
d’expression et les formes ont
évolué.
Extrait 4 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/7-milliards-de- implicite : la diffusion des manuels
hachette-clic.fr/22mp4221 voisins/20211029-reportage-en-guin%C3%A9e- scolaires n’est pas égalitaire à
o%C3%B9-sont-les-manuels-scolaires l’échelle mondiale.

J’accomplis ma mission
Si le temps manque en classe pour permettre à chacun un facilement la création de pages « de type RFI » et l’insertion
passage au tableau ou pour varier les restitutions indivi- d’enregistrements audios, en vue d’un éventuel partage
duelles, on peut proposer la réalisation d’un podcast en (cf. Fiche méthode 8, « Comment enregistrer un podcast ? »,
utilisant par exemple la plateforme Genially qui permet p. 246).

167
2 Comment échanger autour de ses lectures ?
S’exprimer de manière maîtrisée et adaptée face à un auditoire

Compétences travaillées
Cette double page se fonde sur quelques « exemples de situations, d’activités et d’outils pour l’élève » proposés
par le Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 repris ici spécifiquement dans les colonnes de droite :
• S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un auditoire Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 (p. 14)
Exemples de situations, d’activités et d’outils
Compétences et connaissances associées
pour l’élève
– Savoir présenter un compte rendu à l’oral. – Présentation d’une œuvre, d’un auteur.
– Savoir faire partager son point de vue sur – Formulation de réactions après lecture d’un texte,
une lecture, une œuvre, une situation. présentation d’un point de vue.

• Participer de façon constructive à des échanges oraux Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 (p. 14)
Exemples de situations, d’activités et d’outils
Compétences et connaissances associées
pour l’élève
– Construire des relations avec autrui dans un échange, – Échanges en classe dans des situations variées.
une conversation, une situation de recherche. – Débats variés (débats interprétatifs, débats littéraires,
– Participer à un débat, exprimer une opinion argumentée cercles de lecture, etc.).
et prendre en compte son interlocuteur. – Utilisation de sa connaissance des codes de la conversation
– Animer et arbitrer un débat. en situation publique, des usages de la politesse.
– Utilisation de sa connaissance des techniques
argumentatives.

• Exploiter les ressources expressives et créatives de la parole Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 (p. 15)
Exemples de situations, d’activités et d’outils
Compétences et connaissances associées
pour l’élève
– Savoir utiliser les ressources de la voix, de la respiration, – Lecture à haute voix et mémorisation de textes.
du regard, de la gestuelle, pour donner du relief à sa propre – Mise en voix et théâtralisation.
parole lors d’une prestation orale. – Exposés, comptes rendus, etc.
– Techniques associant textes, sons et images.
– Usage des technologies numériques pour enregistrer
la voix, pour associer sons, textes et images.

Je comprends ma mission
On vise ici à observer les ressorts utilisés par deux écrivains Différenciation
pour parler d’une œuvre. On cherche aussi à développer La vidéo est accessible ici hachette-clic.fr/22mp4225
des outils de communication à la fois verbale et non verbale. ou sur https://www.hachette.fr/videos/oxmo-puccino-et-
La tâche finale est un échange entre deux élèves autour de erik-orsenna-deux-tenors-jouent-au-speed-booking.
leurs lectures lors d’un temps agréable et stimulant nommé Le lien peut être déposé en amont dans le cahier de textes
speed-booking. Cette séance peut être menée à tout pour être visionné en autonomie. Le chronométrage de la
moment de l’année et réitérée suite à la lecture analytique tâche finale pourra évoluer en fonction des groupes d’élèves.
d’un extrait d’œuvre ou pour restituer une lecture cursive en
lien avec le professeur documentaliste et les pages « À vos
J’apprends la leçon
marque-pages ! » du manuel. Cette double page se situe
également à la croisée des 4 fiches méthodes suivantes : Avant d’aborder la page 256, il est conseillé de se diriger
Fiche méthode 4, p. 242, « Comment élaborer une critique directement vers l’exercice 1 p. 257 et de construire une pre-
littéraire ? » ; Fiche méthode 6, « Comment organiser un mière carte mentale à main levée à partir de la vidéo, en
débat ? », p. 244 ; Fiche méthode 7, « Comment exprimer proposant 3 critères d’observation d’Oxmo Puccino et d’Erik
ses sensations et ses émotions ? », p. 247 ; Fiche méthode 9, Orsenna : « la voix, les gestes, le propos ». Il s’agira ensuite
« Comment rédiger une argumentation et utiliser des de visionner l’extrait plusieurs fois pour compléter les notes
connecteurs logiques ? », p. 245. L’occasion peut être don- prises par chacun. On aboutira peu ou prou à la carte men-
née de faire des recherches plus approfondies sur les œuvres tale p. 256 qui servira de grille de repères pour évaluer/
de John Steinbeck dont Tortilla Flat et de Marcel Proust. autoévaluer les prestations.
168
Je m’entraîne 6

Je relève Les mots d'Oxmo Puccino Les mots d'Erik Orsenna


parce que – et – donc – d’abord – mais –
1 Les élèves devront argumenter pour justifier leur préfé-
premièrement –
rence. Le propos d’Erik Orsenna est davantage structuré ; deuxièmement – donc –
on présume qu’il a fait l’objet d’une préparation. Le discours troisième raison – aussi –
d’Oxmo Puccino tient davantage de l’improvisation et il parce que – car
place le ressenti personnel au centre.
Erik Orsenna structure le plus son propos.
2 Les mains d’Oxmo Puccino
7 Les figures de style utilisées par Erik Orsenna sont :
a. C’est l’histoire d’une dessinent un cercle pour
bande de pauvres potes. désigner le groupe. a. Tu peux entrer dans métonymie et hyperbole
un auteur que tu aimes
b. Ils n’ont pas un rond. forment un cercle entre
de mille façons possibles.
le pouce et l'index.
b. Car l’amour est sans fin hyperbole et métaphore
c. Ils ont ces deux maisons reculent et s'avancent
et c’est à nous de mettre
et l’amour pour le vin. en formant le chiffre 2.
du charbon dans le feu.
d. Leur vie tourne autour dessinent un cercle élargi.
de ça.
Je manipule
8 Titre et auteur : Tortilla Flat de John Steinbeck – les per-
3 Les mains d’Erik Orsenna
sonnages : Danny et sa « bande de potes » : Pilon, Pablo,
a. On va droit au fait. […] tracent une ligne droite, Jésus-Maria, « Big Joe Portagee » et Le Pirate – sujet : une
L’essentiel, on y va. à plat, en serrant tous
utopie de vie communautaire dans la Californie prolétaire
les doigts pour symboliser
des années 1930 – histoire : Danny apprend qu’il a hérité de
une flèche.
deux maisons. Il y installe ses anciens amis. Ils vont tenter
b. D’abord, ça, c’est gros. montrent ostensiblement
de faire le bien autour d’eux. – genre : roman picaresque –
Mais c’est un dictionnaire. le livre d'un côté (qui est
style : humour et réalisme.
gros) avec l'index levé de
l'autre (mais c'est petit). 9 Ces exercices portent sur la communication non verbale.
c. Premièrement ! insistent sur le chiffre 1 Ils seront perçus de manière ludique par les élèves. On peut
avec le pouce. envisager ici un temps de pratique en petits groupes,
d. C’est aussi une histoire forment une ligne sorti du cadre habituel de la salle de classe : pourquoi pas à
d’amitié entre le père et horizontale comme pour l’extérieur si la météo le permet ? Il est important de faire
le fils. passer un plat. en sorte que les élèves puissent s’observer mutuellement
e. Y’a pas d’amour sans martèlent cette formule, en train de travailler afin de prodiguer et de recevoir des
mots d’amour ! les doigts écartés. conseils. Ces activités peuvent s’attacher à l’atelier théâtral
de la page 96.
4 Les mouvements
J’approfondis
d’Oxmo Puccino
a. On recommande Son corps s'avance : 10 On prépare ici une brève intervention orale des élèves,
Les Raisins de la colère, il s'approche de son relative à l’engagement personnel vis-à-vis de la lecture
qui est un livre qui n’est interlocuteur en appuyant choisie. Cela permet de s’entraîner à la prise de parole plus
pas très très drôle. plusieurs mots d'un longue lors de la mission et de gérer une part d’improvisa-
mouvement de la tête. tion. On convoque également les souvenirs de lectures
b. Il en parle avec sérénité, Il alterne les mouvements analytiques précédentes.
avec recul, avec générosité. d'avant en arrière.
J’accomplis ma mission
5
Comme pour la restitution de l’atelier théâtral p. 96, les
les mots qu'il prononce
Le visage d'Erik Orsenna élèves voudront donner à cet événement speed-booking
sont :
une modalité différente du cours habituel. On peut envisa-
a. lorsqu’il écarquille ils sont fous de Proust / ger de se déplacer au CDI, de désigner des élèves ou des
les yeux. ils sont père et fils
collègues comme arbitres des matchs, de procéder sous la
b. quand il martèle ses amour, mots d’amour forme d’un tournoi. Le plaisir du partage et de l’écoute doit
propos avec la tête. primer. Des points d’étape seront faits entre chaque défi,

169
pour évaluer/auto évaluer les productions et pour effectuer un cadre légal sécurisé, défini par le règlement intérieur de
les ajustements nécessaires en se fondant sur la leçon de l’établissement, des enregistrements vidéo ou audio des
la page 256 qui peut servir de sous-main sur les tables. Dans prestations pourront permettre de les faire évoluer.

3 Comment rapporter des paroles dans un texte ?


Le discours direct et le discours indirect

Je comprends ma mission Voix forte Voix faible


Pour éviter
« dire »
Compétences travaillées
Tempêter Répliquer Bredouiller Répondre
• Connaître la différence entre l’oral et l’écrit.
Vociférer Exiger Chuchoter Rétorquer
• Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement
Piailler Réclamer Marmonner Répliquer
syntaxique.
Fulminer Interroger Murmurer Exiger
• Enrichir son vocabulaire : connaître les synonymes Souffler Réclamer
Brailler
de « dire ». Susurrer Interroger
Braire
Répondre Demander
Je m’entraîne Rétorquer Questionner

J’observe 4 Jules le francaoui s’exclama qu’il voyait Mag et qu’il


1 On attend ici des élèves qu’ils utilisent la leçon pour devait se dépêcher de retourner à l’hôtel. Bilal lui demanda
justifier leurs réponses. Ils devront donner au moins un s’il parlait arabe en se moquant. Jules ajouta qu’il devait y
élément de réponse. aller et qu’il était content de le connaître. Bilal répondit que
a. Il lui dit que la maison a été rangée par le voisin. lui aussi il était ravi de le connaître. Il précisa qu’il passerait
 Discours indirect : énoncé à la 3e personne, proposition le voir à l’hôtel. Jules finit en lui disant au revoir.
subordonnée. 5
b. Elle indiqua : « Ouvre le placard du bas, tu y trouveras de
Indicateurs de temps et Indicateurs de temps et
quoi manger ! »
de lieu du discours direct de lieu du discours direct
 Discours direct : ponctuation spécifique, 1re personne du
singulier. Maintenant Ce jour-là
Ici Là
c. Je lui ai répondu que je n’avais pas compris sa question.
Demain La veille
 Discours indirect : proposition subordonnée.
Hier Le jour même
d. Elle précisa qu’elle ne rentrerait pas le jour même. L’année prochaine L’année suivante
 Discours indirect : proposition subordonnée, indice de Quelques jours Quelques jours plus tard
temps spécifique du discours indirect. Le lendemain
e. « Viens ce matin ! » ordonna la mère.
 Discours direct : ponctuation spécifique, indice de temps J’approfondis
spécifique du discours direct.
6 L’intérêt de cet exercice est de valoriser l’emploi des
Je manipule notions vues dans les exercices précédents.
2 a. Il annonça : « J’irai moi-même à la Préfecture prendre
des informations. Je les apporterai dimanche prochain, entre J’accomplis ma mission
onze heures et minuit. » Une dizaine de phrases de dialogue est attendue ici. Il est
b. Elle me répondit ingénument : « J’y ai été envoyée par possible de demander aux élèves de ne pas utiliser dire, et/
mes parents pour être religieuse ». ou de n’utiliser que des verbes de parole différents.
3 Le tableau peut être encore complété par des verbes Proposition de corrigé :
recherchés par les élèves. L’intérêt est de leur montrer − Bonjour, excusez-moi, savez-vous où se trouve le termi-
la grande richesse de verbes de notre langue et de les inciter nal C ? demanda Théo, un peu perdu, à une jeune fille qui
à ne pas utiliser le verbe dire. lui tournait le dos.

170
− Oui, vous devez continuer tout droit jusqu’au bout du − De rien, répliqua-t-elle, amusée par la mine intimidée de
couloir et tourner à droite, répondit la jeune fille en se tour- Théo.
nant vers Théo. − Vous, vous allez où ? s’enquit Théo timidement.
− Merci, bredouilla Théo, subjugué par le charme de son − Au terminal C, sourit-elle. Je m’appelle Aya, ajouta-t-elle
doux sourire. gentiment.

4 Comment créer le doute ?


Les modalisateurs

Je comprends ma mission e. « à ce qu’il paraît » = locution conjonctive


f. phrase interrogative
• On s’assurera oralement de la bonne compréhension des h. « certains disent que » = verbe d’opinion
mots « doute » et « incertitude ».
• On fera prendre conscience aux élèves que le premier jet Je manipule
d’une rédaction, même plutôt réussi comme c’est le cas ici, 3 a. Voici le texte complété :
ne constitue pas la version définitive : le travail du brouillon Il avait l’impression que sa famille […] était devenue une
et les réécritures sont nécessaires pour enrichir le texte et photo. C’était comme si Matthew les regardait de
aboutir à une meilleure version : c’est ce que font les écri- l’extérieur, figés dans un autre monde. Tout semblait
vains, les chefs-d’œuvre ont nécessité un long travail de s’être immobilisé. En même temps, il éprouvait une
recherche de la part de l’écrivain. On insistera sur l’ambiance sensation qu’il n’avait jamais éprouvée. Un étrange
qu’on cherche à créer : un climat de doute, d’incertitude pro- frisson dans le creux de la nuque lui hérissa les cheveux
pice au surnaturel. l’un après l’autre. Il baissa les yeux sur l’appareil photo,
Compétences travaillées qui était devenu un trou béant et noir entre ses mains.
• Enrichir et structurer le lexique. Il s’y sentit tomber, aspiré. Une fois qu’il s’y serait
• Mettre en réseau des mots : le champ lexical du doute. englouti, le boîtier se refermerait avec un claquement
• Identifier les classes de mots. sec comme un couvercle de cercueil, et l’engloutirait
• Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement dans d’effroyables ténèbres…
syntaxique. Anthony Horowitz, La photo qui tue, trad. A. Le Goyat,
Le Livre de Poche Jeunesse, 2007.
b. Les types de modalisateurs utilisés sont :
J’apprends la leçon
– les mots (le lexique) : trois verbes « sentit », « semblait »,
On insistera sur le fait que les moyens pour exprimer le « avait l’impression » et un adjectif « étrange »
doute sont nombreux : l’expression du doute peut passer – le conditionnel : « serait », « refermerait », « engloutirait »
par le lexique, par la conjugaison ou par la syntaxe. On invi- – la comparaison : « comme si »
tera les élèves à utiliser tous les moyens connus pour amé-
4 De nombreuses réécritures de la phrase sont possibles :
liorer la qualité de leurs écrits, en évitant les répétitions ou
on valorisera les productions des élèves.
l’usage trop systématique d’un même procédé. On pourra
On demandera aux élèves de nommer les moyens utilisés,
comparer les moyens proposés à la palette d’un peintre, et
voici quelques exemples :
faire prendre conscience de la plus ou moins grande richesse
Mon frère est peut-être/ sans doute / certainement devenu
d’un texte en fonction des moyens utilisés.
un extra-terrestre. (adverbe)
Mon frère serait semble-t-il devenu un extra-terrestre.
Je m’entraîne (conditionnel + forme impersonnelle)
Je relève Je crois que mon frère est devenu un extra-terrestre. (verbe
d’opinion)
1 Les modalisateurs sont : « à un certain moment » (CCT
Mon frère serait-il devenu un extra-terrestre ? (condition-
imprécis), « il lui sembla » (verbe d’opinion + forme imper-
nel + phrase interrogative)
sonnelle), « elle pensa » (verbe d’opinion), « étrange »
(adjectif), « c’étaient comme » (comparaison). J’approfondis
2 Les énoncés incertains sont : 5 a. Les modalisateurs sont :
a. « j’ai entendu dire » = verbe d’opinion – deux phrases interrogatives « : « Quoi ? », « Était-ce dans
c. « seraient » = conditionnel présent ma tête affolée […] ce bruit ? »
171
– des adjectifs : « un bruit confus, innommable », « dans ma élèves de créer l’incertitude par tous les moyens possibles,
tête affolée », « dans la nuit impénétrable », « sous la terre en utilisant des modalisateurs et des verbes de perception.
mystérieuse » • Voici une proposition de corrigé :
– la forme impersonnelle : « il me sembla que » Il devait être autour de minuit. J’avais dû m’endormir dans
On pourra faire remarquer aussi les phrases exclamatives, mon lit, lorsque j’entendis ma fenêtre s’entrouvrir. Il me
qui traduisent l’émotion du personnage, ainsi que le choix sembla que quelqu’un s’introduisait dans ma chambre.
du point de vue interne qui privilégie les verbes de percep- Pourtant, j’étais sûr(e) et certain(e) d’avoir fermé la fenêtre
tion et donc les impressions du narrateur. avant d’aller me coucher. J’avais très peur, je me cachai sous
b. On demandera aux élèves de souligner les modalisateurs les couvertures. Environ trois minutes passèrent : je n’enten-
dans leur texte, éventuellement avec un code couleur pour dais rien, aucun bruit. J’avais sans doute rêvé. Soudain,
s’assurer qu’ils utilisent des modalisateurs variés. j’entendis le parquet craquer juste à côté de mon lit.
• Il s’agira ensuite pour les élèves d’inventer la suite du texte
afin de réinvestir les différents modalisateurs étudiés :
J’accomplis ma mission on demandera aux élèves de souligner dans leur texte
• Le travail d’écriture commence par la réécriture du para- les modalisateurs ainsi que le champ lexical de la peur en
graphe proposé dans la mission de départ, cette réécriture utilisant un code couleur. On leur rappellera que pour écrire
nécessite de remanier toutes les phrases, sauf celle qui une suite de texte, il est essentiel de conserver le statut
évoque la peur (on doit faire douter des perceptions du du narrateur et les temps du récit utilisés dans le texte
narrateur, mais sa peur est bien réelle !). On demandera aux de départ.

5 Comment former des mots et bien les orthographier ?


Classe grammaticale et orthographe des mots dérivés

Je comprends ma mission b. métier  c’est un nom, les trois autres sont des verbes.
c. élégant  c’est un adjectif, les trois autres sont des noms.
Avant de lancer la mission, il est nécessaire de reprendre à d. ameublement  c’est un nom, les autres sont des
l’oral avec les élèves la notion de « famille de mots » qu’ils adverbes.
ont tendance à confondre avec champ lexical, synonymes, Cet exercice invite les élèves à être observateurs sur les
antonymes, etc. terminaisons qui peuvent être trompeuses.
De même, il semble indispensable de revenir sur les notions
de préfixe / radical / suffixe et de passer par l’image concrète Je manipule
du puzzle (dé-noyaut-er). Le jeu proposé en fin d’activité
4 compromettre – appesantir – condition – apporter –
peut être réalisé avec des feuilles plastifiées pour reprendre
comparer – collatéral.
les notions en AP, demi-groupe, séance de révisions, etc.
Compétences travaillées 5 a. étrangement – b. bruyamment – c. précisément –
• Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des mots. d. radicalement – e. prudemment – f. vaillamment.
• Observer la morphologie des mots par leur formation : 6 illogique – irremplaçable – irréparable – illimité – inconnu –
la dérivation. imprévu – impair – improbable – inhumain – inutile – irra-
• Analyser le sens des mots. tionnel.
7 jeunesse – hauteur – dureté – compétence – hardiesse –
Je m’entraîne douceur – longueur – délicatesse – brillance – finesse –
Je relève débilité – exactitude.

1 injectable – dictée – interrogation – invisible – ventilation – 8 blanchir – scandaliser – picoter – mûrir – tyranniser –
robustesse – naviga trice – chaleureusement – rentabiliser clarifier – valser – ternir.

2 a et b. indiscutable (adjectif) – horrifier (verbe) – spéci- J’approfondis


ficité (nom) – vraiment (adverbe) – fiévreux (adjectif) –
9
faiblesse (nom) – dissolution (nom) – agoniser (verbe) –
susceptible (adjectif) Nom Verbe Adjectif Adverbe
destination passer respectable exceptionnellement
3 a. chaise  c’est un nom, les trois autres sont des adjec-
tifs. voisinage s’absenter
172
J’accomplis ma mission
• terre (nom)  enterrer (verbe), terrestre (adjectif), déterrer
Jeu des sept familles des mots : (verbe)
• local (adjectif)  localité (nom), localement (adverbe), L’exercice peut être poursuivi et étoffé en ajoutant d’autres
localiser (verbe) classes de mots ou d’autres mots radicaux.
• courage (nom)  courageux-se (adjectif), encourager
(verbe), courageusement (adverbe) TESTÉ EN CLASSE Une fois la mission réalisée en
• raison (nom)  raisonnable (adjectif), raisonner (verbe), classe, il est possible de matérialiser l’activité en fabri-
raisonnablement (adverbe) quant des cartes (plastifiées pour une meilleure péren-
• nul (adjectif)  nullité (nom), annuler (verbe), nullement nité) et pouvoir les utiliser en révisions ponctuelles lors de
(adverbe) séances d’AP ou lors de stages de réussite. De même, lors
• respect (nom)  respecter (verbe), respectueux-se (adjec- de ces séances, d’autres familles de mots peuvent être
tif), respectueusement (adverbe) élaborées pour poursuivre le jeu ou en créer plusieurs afin
• lent (adjectif)  ralentir (verbe), lenteur (nom), lentement que quelques groupes d’élèves y jouent en même temps.
(adverbe)

6 Comment comprendre un mot inconnu ?


L’étymologie : préfixes, suffixes et radicaux

Je comprends ma mission 6 •• périphérie : zone qui s’étend autour d’une ville.


• rétrospective : qui regarde en arrière.
Pour cette mission, les élèves sont ancrés dans une réalité • multimillionnaire : qui possède beaucoup, de nombreux
de 4e : le parcours avenir. Ils doivent comprendre par ce biais millions.
très concret l’utilité de l’étymologie dans leur vie quoti-
dienne. Il ne faut pas hésiter à leur dire qu’ils peuvent, 7 écologie, écosystème, écocité, écomusée, écolabel,
notamment un jour de brevet, se sortir d’une question de écocitoyen. (Intrus : écolier, économie, écosser, écœurant.)
vocabulaire grâce à l’étymologie en faisant preuve d’esprit 8 a. fongicide − b. vermicide − c. herbicide − d. bactéricide −
logique et de déduction s’ils maîtrisent les principaux pré- e. germicide.
fixes, radicaux et suffixes.
Compétence travaillée J’approfondis
• Connaître le sens des préfixes et des suffixes les plus 9
fréquents et de certaines racines latines et grecques.
TESTÉ EN CLASSE Les élèves ont souvent beaucoup

Je m’entraîne d’inspiration pour ce genre d’exercice, voici quelques


exemples : polystylo (qui possède de nombreux stylos),
Je relève paraparent (contre les parents), gommivore (qui mange
1 in/support/able − in/vis/ible − im/mers/ion. des gommes), proficide (meurtre d’un professeur).
2 asymétrique  préfixe négatif, « qui n’est pas symé-
trique » − polycopie  plusieurs « plusieurs exemplaires » − 10 équi-  équilatéral, équité, équitable.
paratonnerre  contre, « qui protège du tonnerre » − omni-  omnivore, omniscient, omnipotent.
périphrase  autour, « qui exprime par une phrase ce qui bio-  biologie, biographie, biodiversité.
pourrait être exprimé par un mot » – aphone  préfixe -cide  herbicide, homicide, suicide.
négatif, « qui n’a plus de voix ». -vore  herbivore, carnivore, omnivore.
3 a. omnivore − b. polygone − c. somnifère − d. biblio- -gone  polygone, octogone, hexagone.
phile. péri-  périmètre, périphrase, périphérique.
poly-  polygone, polychrome, polyvalent.
Je manipule
11 a. phone (homophone, magnétophone, anglophone,
4 illégal – imprévisible – immangeable – invisible – incohé- aphone) − b. nyme (homonyme, patronyme, pseudonyme,
rent – associable – irrégulier. synonyme) − c. cratie (démocratie, aristocratie, bureaucra-
5 •• monter  démonter, remonter, surmonter. tie, théocratie).
• tenir  retenir, détenir, obtenir, entretenir, contenir.
173
J’accomplis ma mission
• cardiologie : spécialité autour du cœur. Trois autres spécialités : néphrologie (spécialité autour des
• ophtalmologie : spécialité autour de l’œil. reins), allergologie (spécialité autour des allergies), gynéco-
• dermatologie : spécialité autour de la peau. logie (spécialité autour de la femme).
• psychologie : spécialité autour de l’âme.

7 Comment comprendre les relations entre les mots ?


Les réseaux de mots et les degrés d’intensité

Vrai ou faux ? 6
a. Faux. b. Vrai. Mot générique Mots spécifiques
animal loup, chien, autruche
Je comprends ma mission métier boulanger, informaticien, professeur
Le but de cette mission est de faire comprendre aux élèves football, tennis de table, surf,
sport
athlétisme
l’intérêt d’étudier et d’enrichir leur vocabulaire afin d’obte-
nir une vraie « plus-value » dans leurs exercices d’écriture. bijou pendentif, collier, bracelet, alliance
Le professeur peut partir de différents écrits de travail 7 a. Le champ lexical présent ici est celui des sensations,
d’élèves et adapter la mission. le vocabulaire des sens : « yeux », « chaud », « respire »,
Compétences travaillées « l’odeur », « vois », « éblouissent ».
• Enrichir et structurer le lexique. b. Autres mots du même champ lexical : goût, humer, aper-
• Mettre en réseau des mots : groupement par champ cevoir, frôler, strident, etc.
lexical.
• Maîtriser leur classement par degré d’intensité
J’approfondis
et de généralité. 8 a. sympathie, affection, amour, passion − b. chagrin,
peine, tristesse, désespoir − c. irritation, exaspération,
Je m’entraîne colère, fureur − d. contentement, joie, bonheur, extase.
9 Pour décrire ce tableau, le champ lexical à utiliser est
Je relève
celui de la nature : l’eau, les fleurs (nymphéas), les feuil-
1 Champ lexical du temps présent dans le texte : « le lages, les arbres, etc.
passé », « le présent », « l’avenir », « le temps », « l’heure »,
« seconde ».
J’accomplis ma mission
2 a. chien − b. arbre − c. art − d. héros.
Cette mission consiste à faire prendre conscience aux élèves
3 Mots polysémiques : chien, dévorer, cinéma, navet, abri, que l’apport de vocabulaire est une plus-value pour une
critérium, nager, cœur. rédaction. Un paragraphe d’une dizaine de lignes suffira
4 a. le volcan − b. la littérature − c. le train − d. une île. pour la réalisation de cette mission. L’élève peut commen-
cer avec la trame proposée.
Je manipule « Le garçon, tout tremblant, poussa la porte lugubre du
5 a. Ces alpinistes ont réussi à atteindre le sommet de château. Le grincement produit par l’ouverture de la porte
l’Everest, c’est une grande fierté pour eux. − Cet acteur est lui glaça le sang. Il sentait son pouls s’accélérer et malgré lui,
au sommet de son art : il excelle dans tous les rôles. ses jambes tremblaient… »
b. Les chevaliers de la Table ronde recherchent tous le Graal.
− Pour un archéologue, le Graal est de découvrir un site
important le premier.
c. Les loups vivent en meute. − « L’homme est un loup pour
l’homme. »
d. Mon rêve est un jour de nager avec des dauphins. − Depuis
son mariage, il nage dans le bonheur.

174
8 Comment reconnaître les classes grammaticales ?
Les classes grammaticales

Je comprends ma mission J’approfondis


Compétences travaillées 6 C’est une façon ludique d’aborder les classes grammati-
• Savoir identifier les classes grammaticales. cales en classe. Les élèves peuvent jouer en atelier auto-
• Enrichir son vocabulaire en révisant les familles de mots. nome, ou l’activité peut être réalisée en classe entière.

TESTÉ EN CLASSE Les élèves peuvent travailler seul


Je m’entraîne
ou en binôme. Cette activité peut être ritualisée sur une
Je relève période donnée pour mémoriser les classes grammati-
1 a. Dans : préposition – b. Où : pronom relatif. − c. Parce cales. C’est pratique d’avoir plastifié une fiche avec le
que : conjonction de subordination – d. Abaissement : nom tableau des classes grammaticales prérempli. Ainsi, les
commun. élèves répondent au stylo effaçable. 5 à 10 minutes maxi-
mum en début de cours.
2
Mots variables Mots invariables 7 Le but ici est que l’élève s’efforce d’employer toutes
on, eut trouvé, une, belle, quand, enfin, bien, et, qu’, les classes grammaticales étudiées. Il est intéressant de les
allée, droite, arrivé, au, où, bien, qu’ lui faire souligner.
bout, Germain, chercha,
voir, où, il, était, il, Différenciation
s’aperçut, il était perdu C’est un exercice où l’enseignant peut facilement proposer
de différencier les attendus.
Je manipule Par exemple, pour les élèves en difficulté, on ne peut deman-
3 Jardin : jardiner – jardinière – jardinier – jardinage – der que six classes grammaticales (nom, adjectif, verbe,
jardinet – jardinerie. déterminant, pronom, adverbe…) et cinq lignes et pour
Calme : calmement – calmer – calmant – accalmie. les autres élèves, on peut demander toutes les classes et
Fleur : fleuriste – fleurir – fleurette – fleuron – fleurer – dix lignes.
refleurir – affleurer – effleurer.
Les mots avec le radical en « flo » fonctionnent aussi : J’accomplis ma mission
flore – floraison…
Habiter : habitation – habit – habitant – habitacle – inhabité – • Les classes grammaticales correspondent à la nature des
cohabiter – cohabitation. mots dans une phrase. C’est VRAI.
Ce sont deux tournures que l’on rencontre pour désigner
4 Leur enfant revient ce week-end. l’identité d’un mot.
Il leur explique la leçon. • « Sujet » est une classe grammaticale. C’est FAUX.
La sage-femme propose de venir à la maison. Un sujet désigne une fonction d’un mot ou d’un groupe de
Il la regarde, éperdu d’amour. mots dans la phrase.
Les oiseaux chantent gaiement. • Dans les classes grammaticales, il n’y a que des mots
Il les nourrit chaque matin. variables. C’est FAUX.
5 a. semblent − b. sautent ; cassent − c. hume − d. goûte − Les classes variables désignent les catégories de mots qui
e. paraît. vont changer d’orthographe, en fonction de la personne
conjuguée, ou en fonction du genre et du nombre.
Verbes
Verbes d’état Verbes d’action
de sensation
semblent sautent hume
paraît cassent goûte

175
9 Comment identifier la fonction des mots ?
Les fonctions dans la phrase

Vrai ou faux ? a. Fatigués, les randonneurs s’arrêtèrent faire une pause.


b. La vie citadine me plaît davantage que la vie à la cam-
a. Faux. b. Vrai.
pagne.
c. Ils furent accueillis à l’hôtel par le réceptionniste, un
Je comprends ma mission homme très courtois.
Compétences travaillées d. Une peur terrible s’empara des personnes présentes dans
• Distinguer les principaux constituants de la phrase la pièce.
et les hiérarchiser. 6 a. Je te proclame chef de notre bande.
• Identifier et analyser les constituants de la phrase simple. b. Mélanie semble perdue dans ses pensées.
• Élargir ses connaissances des fonctions grammaticales. c. Mon père passe pour un homme très autoritaire.
d. L’enfant paraît trop malade pour participer à la sortie en
Je m’entraîne plein air.
Je relève J’approfondis
1 •• Fonctions autour du verbe : vers sept heures, je, les 7 a. Côme offre un cadeau à sa sœur.
torches, le cadavre. b. Au Moyen Âge, les chevaliers s’affrontaient dans la cour
• Fonctions autour du nom : funèbre, de ses pères. du château.
2 a. Mon équipe (sujet du verbe « a gagné ») a gagné le c. Malicieusement, les enfants se cachèrent dans le grenier.
grand tournoi (COD du verbe « a gagné »). d. Les élèves élisent Adam leur éco-délégué.
b. À minuit (CC temps), l’homme est devenu un loup-garou e. Ces animaux paraissent agressifs en raison de leur
(attribut du sujet « l’homme »). mâchoire impressionnante.
c. Les élèves ont élu Côme (COD du verbe « ont élu »), 8 •• Au bout de deux heures de cours : CC de temps.
représentant au conseil de vie collégienne (attribut du • capable : attribut du sujet « je ».
COD « Côme »). • chaque classe : sujet de « avait ».
d. Les touristes se sont baladés avec plaisir (CC manière) au • pour entamer la conversation : CC de but.
cœur de la cité médiévale (CC lieu). • me : COI de « demander ».
e. Prométhée a donné le feu (COD du verbe « a donné ») • à la diplomatie : COI de « m’essayai ».
aux hommes (COI du verbe « a donné »).
3 a. Les spectateurs ont fait des paris sur les courses de J’accomplis ma mission
chevaux (CDN de « courses »).
Pour faire effectuer cette mission aux élèves, le professeur
b. Épuisée (apposition du nom « concurrente »), cette
peut commencer par faire identifier à l’oral les fonctions
redoutable (épithète du nom « concurrente ») concurrente
autour du verbe et celles autour du nom :
a préféré abandonner la course.
• maintenant : CC de temps
c. L’antiquaire a acheté cette magnifique (épithète du nom
• le mort : sujet du verbe « lisait »
« table ») table en ébène (CDN du nom « table »).
• les choses écrites : COD du verbe « lisait »
d. Cette femme, une artiste renommée (apposition du nom
• sur son tombeau : CC lieu
« femme »), a exposé ses œuvres engagées (épithète du
• il : sujet de « ramassa »
nom « œuvres ») à Londres.
• aiguë : épithète de « pierre »
4 a. Ici  CC lieu − b. Grâce à sa chance légendaire  • avec soin : CC de manière
CC de moyen − c. en mars dernier  CC de temps − d. pour
parler de son œuvre  CC de but − e. doucement  CC de
manière.

Je manipule
5 Dans les phrases suivantes, recopiez les phrases puis
soulignez en bleu les épithètes et en rouge les appositions.

176
10 Quels sont les fonctions et les degrés de l’adjectif ?
Les fonctions et les degrés de l’adjectif

Je comprends ma mission grandes Épithète liée au nom « tours ».


Cette fiche propose de travailler et de consolider les accords Épithète liée au nom
impressionnante
« capitale ».
au sein du groupe adjectival mais aussi de revoir les degrés
d’intensité des adjectifs. Elle permet de voir la fonction des Épithète détachée du nom
pressés
adjectifs : attribut du sujet, attribut du COD, épithète. « habitants ».
Plusieurs exercices de manipulation, de réécriture et d’écri- Épithète détachée du nom
agités
ture permettent aux élèves de s’exercer à accorder les « habitants ».
adjectifs, retrouver le nom qu’ils qualifient et en donner la particulièrement Groupe adjectival, attribut
fonction. occupés du sujet.
Il est demandé aux élèves de rédiger la description de la Attribut du COD « cette
accueillante
tenue Spiderman que Jade a commencée. Les élèves dis- population ».
posent d’un petit texte, lanceur d’écriture. De plus, le sujet
leur est familier : ils visualisent tous le héros Spiderman, Je manipule
d’ailleurs représenté p. 273. La carte mentale p. 272 pourra 3 a. Des villes magnifiques et gigantesques.
être utilisée lors de cet exercice. b. Les danseuses rapides, gracieuses et aériennes entrent
Compétences travaillées sur scène.
• Identifier les classes de mots abordées aux cycles c. Les paroles amicales sont toujours très agréables.
précédents ainsi que les groupes de mots : nom, verbe, d. Les photos que j’ai conservées sont floues et brouillées.
adjectif et ses degrés (comparatif et superlatif). e. Elle porte des robes luxueuses.
• Identifier l’attribut du COD. f. Les centres commerciaux sont surpeuplés à l’approche
• Identifier les expansions du nom déjà abordées des fêtes.
au cycle 3 (épithète, complément du nom).
4 a.
• Maîtriser l’accord dans le groupe nominal complexe
J’ai rencontré Anna, une vieille connaissance que je n’avais
(avec plusieurs noms, plusieurs adjectifs…).
pas vue depuis longtemps. Elle est toujours aussi amicale et
• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale.
enjouée. Nous avons parlé du temps passés ensemble, nous
• Adopter des stratégies et des procédures d’écriture
avons évoqué les bons souvenirs et d’autres, moins réjouis-
efficaces.
sants. Anna, enthousiasmée, déterminées, a promis que
nous allions nous revoir.
Je m’entraîne b. et c.
Je relève Adjectifs et groupes
Nom qualifié
1 Le jeune collégien semble déterminé. Il veut réussir la adjectivaux
prochaine évaluation de SVT qui paraît assez difficile. Pour vieille connaissance
cela, il a révisé les dernières leçons étudiées en classe et il a amicale Elle (connaissance)
relu ses fiches, complètes, détaillées et vraiment appro- enjouée Elle (connaissance)
fondies. passé temps
 « jeune » qualifie « collégien » − « déterminé » qualifie
bons souvenirs
« collégien » − « prochaine » qualifie « évaluation » −
réjouissants souvenirs
« assez difficile » qualifie « évaluation » − « dernières »
qualifie « leçons » − « étudiées » qualifie « leçons » − enthousiasmée Anna
« complètes » qualifie « fiches » − « détaillées » qualifie déterminée Anna
« fiches » − « approfondies » qualifie « fiches ».
2 J’approfondis
Adjectif ou groupe 5 a. b. c.
Fonction a. Je juge ce roman intéressant.
adjectivaux relevés
 masculin singulier car qualifie le nom « roman » / fonc-
américaine Épithète liée au nom « ville ».
tion : attribut du COD « ce roman ».
splendide Attribut du sujet.
b. Il a des cheveux noirs.
Attribut du COD « la »  masculin pluriel car qualifie le nom « cheveux » / fonc-
mythique
désignant la ville.
tion : épithète de « cheveux ».
177
c. J’ai visité des endroits étranges et mystérieux. Vers le brevet
 masculin pluriel car qualifie le nom « endroits » / fonc-
7 a. magnifiques / gigantesques qualifient « villes » −
tion : épithètes de « endroits ».
rapides, gracieuses, aériennes qualifient « danseuses » −
d. Cette série semble intrigante.
floues / brouillées qualifient « photos » − amicales /
 féminin singulier car qualifie le nom « série » / fonction :
agréables qualifient « paroles » − luxueuses qualifie
attribut du sujet.
« robes » − commerciaux / surpeuplés qualifient « centres ».
e. Très matinaux, les enfants ouvrent leurs cadeaux.
b. a. Une ville magnifique et gigantesque.
 masculin pluriel car qualifie les « cadeaux » / fonction :
b. Une danseuse rapide, gracieuse et aérienne entre sur
épithète détachée.
scène.
6 a. Le temps est particulièrement agréable ce matin. c. La parole amicale est toujours très agréable.
b. Elle a été plus audacieuse que son amie.  Employé avec d. La photo que j’ai conservée est floue et brouillée.
un comparatif. e. Elle porte une robe luxueuse.
c. Le plus précieux de mes amis a déménagé.  Employé f. Le centre commercial est surpeuplé à l’approche des fêtes.
avec un superlatif.
d. Cet épisode est aussi captivant que le précédent. 
J’accomplis ma mission
Employé avec un comparatif.
e. J’ai choisi les chaussures les moins chères : c’était une Il est demandé aux élèves de décrire le costume de
erreur, elles sont déjà abîmées !  Employé avec un super- Spiderman. Il est possible de demander des adjectifs
latif. ayant différentes fonctions. Le professeur peut également
projeter d’autres illustrations de Spiderman en montrant
7
différentes versions de son costume (évolution du costume
TESTÉ EN CLASSE – Il porte une veste bleue. Ses de Spiderman). La tâche écrite peut être lue à l’ensemble de
cheveux sont très frisés. La forme de son visage est ovale. la classe en fin d’exercice. La carte mentale de la page 272
C’est l’un des élèves les plus marrants de la classe. pourra être utilisée comme aide.
– Elle a un regard joyeux. Sa chevelure est châtain clair.
Elle est très forte en Arts plastiques et en SVT. C’est l’une
des élèves les plus grandes de la classe.

11 Comment reconnaître le sujet dans les cas complexes ?


Le sujet : les accords complexes

Vrai ou faux ? Je m’entraîne


a. Faux. b. Vrai. Je relève
1 demeurait  sujet « ce fameux barbier » − a fait  sujet
Je comprends ma mission « qui » − s’est ruiné  sujet « qui » − se faisait  sujet « la
Pour cette mission, nous proposons de partir d’un écrit grande et petite usure » − venait  sujet « l’étudiant pauvre
fautif d’un élève. Le texte a l’avantage de proposer plusieurs et sans souci »).
cas où les élèves seront amenés à réfléchir véritablement 2 a. Les marins de ce navire : GN.
à son sujet et à son sens dans la phrase. b. les vaches : GN.
Compétences travaillées c. Celui-ci : pronom démonstratif.
• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale. d. Bien apprendre ses leçons : groupe infinitif.
• Maîtriser l’accord du verbe dans les cas complexes e. les vampires : GN ; les hommes prudents : GN.
(sujet éloigné du verbe, avec plusieurs noms, avec
plusieurs personnes, pronom personnel, collectif Je manipule
ou distributif, indiquant une quantité, présence 3 a. Les aventures romanesques d’Arsène Lupin, gentle-
d’un pronom ou d’un autre groupe syntaxique entre man cambrioleur, ont été adaptées en série récemment.
le donneur d’accord et le verbe, etc.). b. Adam et Côme adorent lire des mangas.

178
c. Thomas et toi allez au cinéma cet après-midi. 7 a. Thomas et Axelle vont au théâtre ce soir.
d. Se tromper est humain. b. Manger 5 fruits et légumes par jour est bon pour la santé.
e. La plupart des élèves ont adoré la mythologie. c. Les œuvres dont tu me parles sont vraiment magnifiques.
d. Personne n’est venu à la fête.
4 a. Ces touristes mangent des spaghettis à la bolognaise.
b. Chacun choisit ses skis avant de dévaler les pistes. J’approfondis
c. Victoire et Louis participent à la chorale du collège.
8 •• mordillait  sujet : Laurie (nom propre)
d. Personne n’a réussi ce parcours de sport.
• occupaient  sujet : qui (pronom relatif)
e. Peu de personnes connaissent l’existence de cette grotte.
• se rongeaient / mâchaient  sujet : Les membres du
5 a. Tous les élèves viennent à la fête de samedi soir. comité de rédaction du Gordon Grapevine + • subordonnée
b. Pouvez-vous nous accompagner jusqu’à l’hôpital ? (GN)
c. Nous sommes très tristes d’apprendre cette nouvelle. • avait / hochait  sujet : Alex Cooper (nom)
d. Manger est un vrai plaisir. • ressemblaient  sujet : la réunion hebdomadaire du
6 a. La plupart des collégiens ont emprunté un livre pour Grapevine (GN).
le quart d’heure lecture.
b. Chaque livre a été dédicacé par l’écrivain.
J’accomplis ma mission
c. Tous les artistes ont reversé une partie de leurs gains à
des associations. L’équipe des profs a organisé une journée interclasses. La
d. Un groupe d’enfants a/ont participé au tournoi de tennis. plupart des élèves ont participé aux matchs, peu d’entre eux
(les deux sont possibles selon les mots sur lesquels on veut n’ont pas aimé. Ces épreuves nombreuses et redoutées nous
mettre l’accent). ont paru insurmontables. Chacun a apprécié la journée.
e. Beaucoup d’influenceurs font de la publicité dans leurs
publications.

12 Comment enrichir une phrase ?


Les compléments circonstanciels

Vrai ou faux ? Moyen à vélo


a. Faux. b. Vrai. Manière avec plaisir
Cause Comme il n’a plus de souffle
Je comprends ma mission Conséquence
de sorte qu’elle a remporté trois
victoires
La mission reprend l’idée d’une formulation à l’écrit organi-
sée et ordonnée d’une prise de notes, ce qui est un exercice 2 a. Puisque tu le souhaites = proposition subordonnée.
souvent difficile pour les élèves. Le professeur peut faire b. tellement = adverbe − que de nombreux bâtiments ont
réfléchir les élèves sur les questions à poser pour l’enquête : été détruits = proposition subordonnée.
nom du voleur (qui ?), lieu du vol (où ?), etc. c. afin de battre son record personnel = un groupe infinitif
Compétences travaillées prépositionnel.
• Analyser le fonctionnement de la phrase simple d. dans le château de Gisors = groupe nominal préposition-
et de la phrase complexe. nel.
• Identifier les compléments circonstanciels e. grâce à la carte = groupe nominal prépositionnel.
(ceux étudiés précédemment + cause /conséquence). 3 a. Vous devez absolument rentrer avant qu’il ne pleuve.
b. Les participants s’orientent avec la boussole.
Je m’entraîne c. Les athlètes s’entraînent pour obtenir de meilleures per-
formances.
Je relève
d. Enzo a été puni plusieurs fois cette semaine si bien qu’il
1 a été privé de téléphone.
Temps le matin, ce soir e. Il a perdu son match à cause de son manque d’entraîne-
au collège, dans le stade, au musée ment.
Lieu
du Louvre

179
Je manipule J’approfondis
4 a. Ce mannequin défile élégamment. 7 a. Conséquence  Il est ruiné parce qu’il a perdu beau-
b. Cet élève a oublié de faire ses devoirs ; il les fait hâtive- coup d’argent au casino.
ment avant de dormir. b. Cause  J’ai un rendez-vous ce soir de telle sorte que je
c. La vétérinaire s’occupe soigneusement du petit chat partirai plus tôt.
blessé. c. Cause  Tu as perdu si bien que tu commenceras la
d. Le titan Cronos dévora cruellement ses enfants. nouvelle partie.
e. La jeune fille replace les pions sur l’échiquier délicate- d. Conséquence  Il ne manque rien lors des festivités
ment. puisque la famille a prévu de nombreux plats.
5 a. Lorsque la nuit tombe,
b. parce qu’il était très fatigué J’accomplis ma mission
c. parce qu’elle éprouve une grande joie. Voici nos déductions : M. Martin est le voleur. Il a commis
d. afin qu’il découvre de nouvelles coutumes. son forfait au CDI grâce à la complicité du professeur de
6 a. Toute la famille regarde la télé dans le salon. technologie. Il a volé le livre en raison de sa jalousie mala-
b. Le petit garçon range ses figurines consciencieusement. dive envers son collègue de telle sorte qu’il a été renvoyé du
c. En raison de la tempête, nous ne pourrons pas nous pro- collège.
mener dans les bois demain.
d. Le coq a chanté si fort ce matin qu’il a réveillé tout le
quartier.

13 Comment relier des propositions ?


La phrase complexe

Vrai ou faux ? J’apprends la leçon


Cette 1re étape permet de faire le point sur les connaissances On insistera sur la notion de proposition qui est essentielle,
des élèves et de rappeler les notions de proposition, de on montrera aux élèves qu’on peut faire varier le lien entre
phrase simple et de phrase complexe qui ont déjà été étu- les propositions :
diées. Il fait noir : j’ai peur. (juxtaposition : le lien logique est impli-
a. Vrai : demander aux élèves de proposer un exemple. cite)
b. Incomplet : il faut absolument préciser qu’il s’agit d’un Il fait noir donc j’ai peur. (coordination : lien de cause-consé-
verbe conjugué. quence explicite)
c. Faux, c’est une phrase simple : elle contient deux verbes J’ai peur parce qu’il fait noir. (subordination : lien de
mais une seule proposition puisque le 2e verbe est à l’infini- cause-conséquence explicite)
tif.
d. Vrai.
Je m’entraîne
Je comprends ma mission Je relève
On fera lire le texte de Jade à voix haute, on demandera aux 1 On expliquera qu’il s’agit d’homophones, on demandera
élèves ce qui ne va pas et on leur demandera des idées pour d’expliciter oralement le sens des homophones fautifs :
éviter toutes ces répétitions : on les amènera à comprendre a. mets – ou – haie – donc – or – nid – car
qu’il faut travailler sur les enchaînements entre les proposi- b. mais – houx – et – dont – hors – ni – quart
tions, on réactivera les notions de juxtaposition, coordina- La liste correcte est : mais, ou, et, donc, or, ni, car
tion, subordination. On insistera sur l’importance de l’orthographe, notamment
Compétences travaillées pour ou et où.
• Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement 2 a. Tous les matins, Blanche prépare ses affaires pour
syntaxique. aller à la plage. (S)
• Connaître le fonctionnement de la phrase complexe : b. [Sur le chemin, elle est rejointe par ses camarades Léo et
juxtaposition, coordination, subordination. Timéo] [qui arrivent en courant]. (C, 2 propositions reliées
180
par la subordination) b. Je n’ai pas pu venir parce que je n’étais pas disponible.
c. [Ils marchent ensemble jusqu’à la mer] [qui est située à PSC
l’autre bout de la ville]. Comme je n’étais pas disponible, je n’ai pas pu venir. PSC
(C, 2 propositions reliées par la subordination) c. Il pleut si bien que les grenouilles sont de sortie. PSC
d. [Ils se baignent,] [bronzent sur leurs serviettes,] [ s’amusent Il pleut de sorte que les grenouilles sont de sortie. PSC
sur le sable : ] [ c’est les vacances ! (C, 4 propositions reliées Il pleut tellement que les grenouilles sont de sortie. PSC
par la juxtaposition). d. J’ai construit une cabane dans les arbres qui me sert sou-
3 On précisera oralement le lien logique exprimé par la vent de cachette. PSR
conjonction utilisée. La cabane que j’ai construite dans les arbres me sert sou-
a. Le narrateur est seul et il est dans un cimetière. (addition) vent de cachette. PSR
b. Il a très peur car/et il fait nuit et/donc il ne voit rien. e. J’ai vraiment aimé ce livre dont je te parle souvent. PSR
(cause, conséquence) Je te parle souvent de ce livre que j’ai vraiment aimé. PSR
c. Il croit voir des morts-vivants mais/or il n’en est pas sûr. f. Voici mon/le copain dont je t’ai beaucoup parlé.
(opposition) 6 Il y a plusieurs réponses possibles : on valorisera les
d. Entend-il des morts-vivants ou est-ce le fruit de son ima- réponses des élèves et on proposera les variantes par oral.
gination ? (choix)
e. On l’a retrouvé inanimé : on peut donc se poser des ques- Différenciation
tions sur cette histoire. (conséquence) On pourra indiquer le mot-outil à utiliser à un élève qui
rencontre des difficultés sur cet exercice puis lui demander
Je manipule de construire la phrase.
4 •• On demandera dans un premier temps aux élèves a. Propositions coordonnées :
d’identifier les répétitions et les conjonctions de coordina- Vous n’êtes pas assez entraînés donc vous allez perdre cette
tion, puis de les remplacer par un signe de ponctuation compétition.
(suppression de et, alors qui expriment l’enchaînement des Vous allez perdre cette compétition car vous n’êtes pas
actions, on peut garder le car qui exprime la cause). assez entraînés.
• Proposition de corrigé : Propositions subordonnées :
Je marche dans le cimetière et : il fait nuit noire. Je ne vois Vous n’êtes pas assez entraînés de sorte que / si bien que
rien et, j’ai froid. J’entends des bruits bizarres alors, je me vous allez perdre cette compétition.
mets à courir car j’ai peur. Il me semble entendre des pas qui Comme vous n’êtes pas assez entraînés, vous allez perdre
me suivent ; alors je me retourne et : j’aperçois un horrible cette compétition.
squelette. Son crâne aux orbites vides est affreux, alors je Vous allez perdre cette compétition parce que vous n’êtes
pousse un hurlement strident. pas assez entraînés.
• On expliquera la différence entre la virgule, le point-vir- b. Propositions coordonnées :
gule et les deux-points (attente d’une explication, résultat Je voulais sortir mais je n’ai pas pu car il est trop tard.
d’une action). On montrera que la ponctuation donne Propositions subordonnées :
du rythme au texte et suggère les enchaînements sans les Comme il était trop tard, je n’ai pas pu sortir.
expliciter. Je n’ai pas pu sortir parce qu’il était trop tard.
• On fera relire le texte de départ et le texte corrigé pour Bien que je veuille sortir, je n’ai pas pu parce qu’il était trop
faire apprécier la différence (dans la deuxième version, on tard.
pourrait conserver un et et un alors à un endroit judicieuse- c. Propositions coordonnées :
ment choisi pour insister sur l’enchaînement des actions et J’ai trop mangé au goûter donc je n’ai pas très faim ce soir.
dramatiser). Je n’ai pas très faim ce soir car j’ai trop mangé au goûter.
• Puisqu’on travaille sur le rôle de la ponctuation, on pourra Propositions subordonnées :
proposer d’ajouter des phrases exclamatives pour suggérer J’ai trop mangé au goûter si bien que / de sorte que je n’ai
l’émotion du narrateur. pas très faim ce soir.
J’ai tellement mangé au goûter que je n’ai pas très faim ce
5 Il y a plusieurs réponses possibles : on valorisera les
soir.
réponses des élèves et on proposera les variantes par oral.
Je n’ai pas très faim ce soir parce que j’ai trop mangé au
Différenciation goûter.
On pourra indiquer le mot-outil à utiliser à un élève qui ren- Comme j’ai trop mangé au goûter, je n’ai pas très faim ce
contre des difficultés sur cet exercice puis lui demander de soir.
construire la phrase. d. Propositions coordonnées :
a. Ma grand-mère a fait un gâteau qui est très bon. PSR Il se dépêche car il est pressé de retrouver ses amis.
Le gâteau qu’a fait ma grand-mère est très bon. PSR Il est pressé de retrouver ses amis donc il se dépêche.
181
Propositions subordonnées : gués (début  débuter, commencer)
Il se dépêche parce qu’il est pressé de retrouver ses amis. a. Le public se tait dès que le film commence / débute.
Il est pressé de retrouver ses amis de sorte que / si bien qu’il b. Si elle était plus motivée, l’équipe remporterait plus de
se dépêche. matchs.
Comme il est pressé de retrouver ses amis, il se dépêche. c. Je t’appellerai quand je rentrerai de vacances / dès que
e. Propositions coordonnées : je serai revenu de vacances.
Il a fini de tondre la pelouse et il a taillé les pommiers. d. La tour de contrôle annonce que l’avion va décoller.
Il a fini de tondre la pelouse donc il a taillé les pommiers. e. Notre entraîneur espère que nous gagnerons le mois
Il a fini de tondre la pelouse alors il a taillé les pommiers. prochain.
Propositions subordonnées : Il s’agit à chaque fois de propositions subordonnées conjonc-
Lorsqu’il a fini de tondre la pelouse, il a taillé les pommiers. tives car elles complètent le verbe de la proposition princi-
Quand il a fini de tondre la pelouse, il a taillé les pommiers. pale.
Il a taillé les pommiers après qu’il a fini de tondre la pelouse.

J’approfondis J’accomplis ma mission


7 On aidera les élèves à comprendre les changements à On demandera aux élèves d’utiliser un code couleur pour
opérer : identifier les trois moyens utilisés : on les invitera à entourer
– ajout d’un mot subordonnant (dès  dès que) l’outil qui relie les propositions. On pourra faire lire les
– repérer le nom qu’il va falloir transformer en verbe, car textes produits pour échanger sur leurs qualités respectives
pour faire une phrase complexe il faut deux verbes conju- et corriger des éventuelles erreurs de syntaxe.

14 Comment enrichir le groupe nominal ?


Les expansions du nom

Je comprends ma mission • « de velours » : NATURE : groupe nominal prépositionnel ;


FONCTION : complément du nom « manteau ».
Compétences travaillées
• « de chair » : NATURE : groupe nominal prépositionnel ;
• Exploiter les fonctions principales de l’écrit : enrichir
FONCTION : complément du nom « épaules ».
son texte.
• Analyser le fonctionnement de la phrase simple et Je manipule
de la phrase complexe.
3 Récrivez le texte en ajoutant aux noms en gras des
adjectifs épithètes et des groupes nominaux préposi-
Je m’entraîne tionnels.
Je relève Je visite la petite ville de mon enfance. Je commence
1 •• « froides » : NATURE : adjectif ; FONCTION : épithète
par errer dans les rues tortueuses. Le temps implacable
passe. Finalement, j’échoue dans un bistrot du centre-
du nom « vitrines ».
ville. Le jeune serveur des lieux vient vers moi. L’homme
• « de la matinée » : NATURE : groupe nominal préposition-
agréable me propose un jus de fruit.
nel ; FONCTION : complément du nom « vitrines ».
• « intérieure » : NATURE : adjectif ; FONCTION : épithète 4 a. Récrivez le texte en ajoutant aux noms en gras
du nom « trépidation ». des propositions subordonnées relatives compléments
• « du magasin » : NATURE : groupe nominal prépositionnel ; du nom.
FONCTION : complément du nom « profondeurs ». Après avoir bu un verre qui soulage ma soif, je retourne
2 •• « de drap » : NATURE : groupe nominal prépositionnel ;
dans la rue qui m’a vu naître. Je reprends mon errance
qui dure depuis le matin, désœuvré. J’aperçois alors une
FONCTION : complément du nom « pièces ».
enfant dont le visage m’est familier. La fille qui ne doit
• « tentatrice » : NATURE : adjectif ; FONCTION : épithète
pas avoir plus de 10 ans porte des vêtements qui ne sont
du nom « haleine ».
pas de la première fraîcheur.
• « qui prenaient une âme » : NATURE : proposition subor-
donnée relative ; FONCTION : complément du nom « man- b. L’intérêt de ce temps d’échange est de faire comprendre
nequins ». aux élèves à quel point les expansions du nom peuvent enri-
• « grand » : NATURE : adjectif ; FONCTION : épithète du chir un texte et en faire varier le sens.
nom « manteau ».
182
5 L’enfant (adjectif) terrifiée est sous un pont (GN) de « transparents » : NATURE : adjectif ; FONCTION : épithète
bois. Elle semble abandonnée. J’avance, et découvre à du nom « cylindres ».
ses côtés un chien (adjectif) squelettique. L’animal (PSR) « de glace » : NATURE : groupe nominal prépositionnel ;
qui semble vouloir la protéger se met à aboyer. FONCTION : complément du nom « cylindres ».
« qui refroidissaient la belle eau claire » : NATURE : proposi-
J’approfondis tion subordonnée relative ; FONCTION : complément du
6 « de foule » : NATURE : groupe nominal prépositionnel ; nom « cylindres ».
FONCTION : complément du nom « le flot ». « belle » : NATURE : adjectif, FONCTION : épithète du nom
« qui coulait accablée par la chaleur » : NATURE : proposi- « eau ».
tion subordonnée relative ; FONCTION : complément du « claire » : NATURE : adjectif, FONCTION : épithète du nom
nom « le flot ». « eau ».
« grands » : NATURE : adjectif ; FONCTION : épithète du
Différenciation
nom « cafés ».
« de buveurs » : NATURE : groupe nominal prépositionnel ; On peut aussi demander aux élèves de réécrire le texte
FONCTION : complément du nom « leur public ». ci-dessus en supprimant toutes les expansions.
« éclatante et crue » : NATURE : adjectifs ; FONCTION : 7 L’intérêt est de demander des expansions variées pour
épithètes du nom « lumière ». permettre à l’élève d’intégrer la leçon.
« de leur devanture illuminée » : NATURE : groupe nominal
Différenciation
prépositionnel ; FONCTION : complément du nom « lumière ».
« illuminée » : NATURE : adjectif ; FONCTION : épithète du Pour les élèves les plus en difficulté, on pourra donner une
nom « devanture ». trame avec éventuellement des indications d’expansions à
« petites » : NATURE : adjectif ; FONCTION : épithète du employer :
nom « tables ». La ville (GN) est (adjectif) ville (GN)…
« carrées ou rondes » : NATURE : adjectifs ; FONCTION :
épithètes du nom « tables ». J’accomplis ma mission
« rouges, jaunes, verts, bruns » : NATURE : adjectif ;
New York est une grande ville des États-Unis. Les nombreux
FONCTION : épithète du nom « liquides ».
immeubles qui surplombent la ville sont immenses. Central
« des carafes » : NATURE : groupe nominal prépositionnel ;
Park, grand et verdoyant, est magnifique.
FONCTION : complément du nom « intérieur ».
« gros » : NATURE : adjectif ; FONCTION : épithète du nom
« cylindres ».

15 Comment utiliser les pronoms relatifs ?


Les pronoms relatifs

Je comprends ma mission
du pronom relatif dans la subordonnée.
Il est demandé aux élèves d’aider Assia dans la description • Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale.
de son lieu de vacances en l’enrichissant avec des proposi- • Adopter des stratégies et des procédures d’écriture
tions subordonnées relatives. Les élèves de 4e ont déjà vu efficaces.
les propositions subordonnées relatives en 5e, notamment
avec l’emploi des expansions du nom. Un rappel peut être
Je m’entraîne
fait. Les élèves peuvent recopier le début de la rédaction
d’Assia tout en entourant les pronoms relatifs déjà présents. Je relève
On pourra également noter les pronoms relatifs les plus 1 Le roman que (forme simple) tu m’as offert a reçu un
courants et projeter l’image de Papeete (p. 283) au tableau prix littéraire. C’est un succès qui (forme simple) est mérité
afin de déclencher l’écriture. et dont (forme simple) tout le monde parle. C’est une his-
Compétences travaillées toire dans laquelle (forme composée) le lecteur est surpris à
• Analyser le fonctionnement de la phrase simple et chaque page. L’auteur a été souvent interviewé au moment
de la phrase complexe. où (forme simple) son livre a été publié. La précision avec
• Comprendre le fonctionnement de la proposition laquelle (forme composée) il décrit ses personnages est
subordonnée relative et identifier la fonction incroyable.
183
2 Le cinéma de mon quartier est un endroit où (antécé- b.
dent = endroit) j’adore aller et dans lequel (antécédent =
Fonction du
endroit) je me sens bien. La salle que (antécédent = salle) Pronom relatif relevé Antécédent
pronom relatif
je préfère est la plus petite. C’est là que (antécédent = là)
Maya, que je connais bien, Maya COD
j’ai vu le dernier film de mon réalisateur favori, celui dont
par ses camarades auxquels
(antécédent = réalisateur) je n’arrête pas de parler. Ses
elle est toujours prête à COI
camarades
Je manipule rendre service
une fille qui est très Fille /
3 Je vais te parler de la série que j’adore. Elle a deux saisons Sujet
sympathique Maya
qui ont chacune huit épisodes. La ville où/dans laquelle se
déroule l’histoire a été inventée par les scénaristes dont un talent dont elle m’a parlé Un talent COI
l’imagination est débordante. C’est un endroit où ont lieu Les toiles qu’elle m’a
Les toiles COD
des phénomènes inexplicables. montrées
une artiste dont les œuvres Complément
4 a. Ce groupe, qui a énormément de fans, est anglais. Une artiste
seront exposées du nom
b. Victor va au théâtre où/dans lequel ses amis l’attendent.
c. Les répétitions auxquelles nous avons consacré des mois Vers le brevet
sont finies.
d. Le spectacle dont je te parle est très apprécié. 7 Maya et Anita, que je connais bien, sont appréciées
e. Antoine que j’ai rencontré est un très bon comédien. par leurs camarades auxquels elles sont toujours prêtes à
rendre service. Ce sont des filles qui sont très sympathiques
J’approfondis et à qui on peut se confier. Elles ont aussi des talents dont
5 a. Je vais voir les amis avec lesquels je compte créer un elles m’ont parlé : elles adorent peindre. La toile qu’elles
escape game. m’ont montrée est originale et je pense qu’elles deviendront
b. Nous allons d’abord choisir un décor dans lequel nos des artistes dont les œuvres seront exposées.
personnages évolueront.
c. Ce sont des éléments essentiels auxquels nous devons J’accomplis ma mission
bien réfléchir.
Il est demandé aux élèves de compléter la description de
6 a. Maya, que je connais bien, est appréciée par ses cama- Papeete en utilisant des pronoms relatifs variés. On peut
rades auxquels elle est toujours prête à rendre service. donc leur proposer d’utiliser à la fois des pronoms relatifs de
C’est une fille qui est très sympathique et à qui on peut se forme simple et des pronoms relatifs de forme composée en
confier. Elle a aussi un talent dont elle m’a parlé : elle adore les identifiant grâce à des codes couleur. Il est envisageable
peindre. Les toiles qu’elle m’a montrées sont originales et de leur demander d’entourer l’antécédent à chaque fois.
je pense qu’elle deviendra une artiste dont les œuvres Enfin, les élèves peuvent s’aider de la carte mentale
seront exposées. page 282, mais aussi du tableau d’autoévaluation.

16 Comment intégrer une question dans une phrase ?


La proposition subordonnée interrogative indirecte

Je comprends ma mission • Repérer, dans une phrase au discours indirect,


la proposition subordonnée indirecte.
Pour cette mission, nous avons choisi de partir d’une situa-
tion concrète : la rédaction d’un article pour le journal
du collège. C’est en effet dans ce genre de situations que Je m’entraîne
les élèves font davantage attention à ce qu’ils écrivent car Je relève
ils savent qu’il y aura plusieurs lecteurs. Pour cette année
1 « Vous présentez ce cas assez original dans notre
de 4e, nous nous concentrons surtout sur le repérage de la
société moderne, de n’avoir point de passé. Nous ne
proposition interrogative indirecte.
savons qui vous êtes, d’où vous venez, où s’est écoulée
Compétences travaillées votre enfance, bref, rien. »
• Analyser le fonctionnement de la phrase simple et Maurice Leblanc, L’Évasion d’Arsène Lupin,
de la phrase complexe. Le Livre de Poche, 2002.
184
2 a. Je me demande qui viendra me chercher. (partielle) d. Je ne sais pas pourquoi ces élèves ont agi ainsi.
b. J’ignore quel est le programme de la soirée. (partielle) e. Je voudrais savoir quel bus il faut prendre pour aller à la
c. Je ne sais pas s’il a déjà visité les États-Unis. (totale) piscine.
d. Dis quel livre tu veux emprunter. (partielle)
6 a. Je ne sais pas quelle filière je dois choisir l’an prochain.
e. Elle ignore qui est l’autre témoin de la mariée. (partielle)
b. As-tu entendu qui a gagné le tournoi de Wimbledon ?
3 a. « quelle excursion » : GN introduit par un détermi- c. Vas-tu m’expliquer quelle stratégie tu vas adopter ?
nant interrogatif d. Vous ignorez quelle décision vous devez prendre.
b. « qui » : pronom interrogatif e. Diane se demande qui pourra l’aider.
c. « comment » : adverbe interrogatif f. Je ne me souvenais pas de quel ami tu me parlais.
d. « à qui » : pronom interrogatif précédé d’une préposition
e. « pourquoi » : adverbe interrogatif
J’approfondis
7 a. Quelle tenue sera la plus adaptée au temps ?
Je manipule b. Êtes-vous prêts pour le match ?
4 a. Je me demande si tu peux m’aider pour mes devoirs. c. A-t-il dit la vérité au tribunal ?
b. J’ignore où vous partez en voyages de noces. d. Comment a-t-il pu sortir du labyrinthe ?
c. Je ne sais pas pourquoi vous ne voulez pas prendre e. Combien faut-il prévoir de nourriture pour la fête ?
l’avion.
d. Je leur explique quand nous nous retrouverons pour J’accomplis ma mission
le goûter.
e. La surveillante a oublié qui accompagne les élèves à Voici une proposition de texte pour Camille.
la bibliothèque. Demande-lui comment il a été élu, quels sont ses droits et
5 a. La CPE se demande qui a volé l’argent de la photo de ses devoirs. Tu peux aussi essayer de savoir s’il peut faire
classe. de nouveaux aménagements dans la cour. Ajoute enfin
b. Nous ignorons comment nous allons nous sortir de cette que les élèves se demandent s’il y aura des menus à thèmes
épreuve. à la cantine.
c. Nous nous demandons si nous allons visiter ce parc
d’attractions.

17 Comment construire la forme passive ?


La forme passive

Vrai ou faux ? du présent passif : outre les caractéristiques du passif (sujet


a. Faux : à la forme passive, le sujet subit l’action. qui subit l’action effectuée par un agent), on pourra montrer
b. Faux : le vampire fait l’action de revenir, c’est une phrase que l’action s’accomplit maintenant, donc qu’il s’agit bien
à la voix active : le verbe est conjugué au plus-que-parfait du présent passif).
(la présence de l’auxiliaire être n’est pas toujours un indice Compétences travaillées
de la voix passive). • Maîtriser le fonctionnement du verbe et son ortho-
c. Vrai : c’est bien le sujet qui fait l’action, de plus le passif graphe.
ne peut pas se construire avec l’auxiliaire avoir. • Maîtriser la morphologie verbale écrite (le passif).

Je comprends ma mission J’apprends la leçon


• On s’assurera oralement de la bonne compréhension des • On réexpliquera la transformation passive en insistant sur
mots « actif » et « passif » en prenant des exemples dans les caractéristiques du passif.
la vie quotidienne : Qu’est-ce qu’un enfant très actif ? Que La partie conjugaison est difficile car elle suppose une bonne
signifie « élève trop passif » écrit sur un bulletin ? connaissance des temps de l’indicatif : il faudrait aborder
• On fera prendre conscience aux élèves des risques de le passif une fois qu’on a revu avec les élèves les temps
confusions qui existent entre une forme passive et un temps simples et les temps composés de l’indicatif.
composé actif construit avec l’auxiliaire être. Si on ne fait • On insistera sur le fait que l’identification des temps du
pas attention, on pourrait croire que « la souris est mangée passif repose sur l’identification du temps de l’auxiliaire
par le chat » est au passé composé actif, alors qu’il s’agit uniquement, sans tenir compte du participe passé. On fera
185
remarquer que la construction passive repose sur un prin- 5 Donner un Coup de pouce aux élèves qui en ont besoin.
cipe d’ajout, de + 1 sur la forme verbale. Ex : La souris est mangée par le chat  Le chat mange la
Ex. : Dracula a mordu Lucy (verbe en 2 parties)  Lucy a été souris.
mordue par Dracula (verbe en 3 parties). a. Un chien enragé avait mordu cet homme !
b. Un docteur l’a recousu.
Je m’entraîne c. Mes cousins prépareront le goûter.
d. Mon frère lance la crêpe en l’air.
Je relève e. Les enfants rangeront le salon.
1 On fera remarquer que le complément d’agent peut être
J’approfondis
introduit par les prépositions par ou de.
On pourra proposer aux élèves de présenter leurs réponses 6 On pourra présenter les réponses sous forme d’un
sous forme de tableau ou bien leur demander de recopier le tableau :
texte et d’utiliser un code couleur. Cet exercice est difficile, nous conseillons de le faire en deux
On fera remarquer que le passif existe aussi pour le mode temps :
infinitif : aimer / être aimé. 1. Identification des formes actives ou passives : validation
par le professeur ou correction.
Verbes à la voix Verbes à la voix Complément 2. Identification des temps.
active passive d’agent
aime est aimé de l’Infante ACTIF PASSIF
devrait est aimée de Don Sanche Verbe Temps Verbe Temps
demander est préféré par Chimène avait perdu plus-que- avait été plus-que-
permettre est choisi par le roi parfait élevé parfait
sont compromis par cet événement aurait pu conditionnel fut obligé passé simple
passé eut été passé
2 a. Actif, CCL.
s’était lancé plus-que- rattrapé antérieur
b. Actif, CCL.
parfait fut condamné passé simple
c. Passif, CCL (pas de complément d’agent : on ignore par
qui le vélo a été retrouvé). (elle) avait plus-que-
été décidée parfait
d. Actif, CCT.
e. Passif, complément d’agent. fut attribué passé simple

Je manipule
J’accomplis ma mission
3 Donner un Coup de pouce aux élèves qui en ont besoin :
lorsqu’il est employé avec l’auxiliaire être, le participe passé On pourra présenter les réponses sous forme d’un tableau.
s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. Nous conseillons de faire distinguer au préalable les formes
Les formes passives sont surlignées : actives et passives. Les formes passives sont surlignées :
Léa et Margaux sont venues avec nous au cinéma : ensemble, les 2 premières sont identifiables à l’aide du complément
nous avons regardé un film. Jules et Lucas ont été émus d’agent introduit par par, pour la 3e on peut suggérer un
par l’histoire d’amour, tandis que Margaux n’a pas été complément d’agent : un docteur fut appelé par Mina.
touchée du tout par l’intrigue. Ensuite, nous avons tous Mina était vraiment inquiète car Lucy présentait d’étranges
mangé à la pizzeria : cette fois, les pizzas ont fait l’unani- marques rouges sur le cou : avait-elle été mordue par
mité ! Cette sortie restera gravée dans nos mémoires ! une créature pendant son sommeil ? Aurait-elle été
4 Donner un Coup de pouce aux élèves qui en ont besoin. attaquée plusieurs nuits de suite par un vampire ? Comme
Ex : Le chat mange la souris  La souris est mangée par son état avait empiré, un docteur fut appelé à son che-
le chat. On rappellera qu’on peut déplacer les CC. vet mais il ne put rien faire…
a. Des livres sont lus par les élèves pendant les vacances. ACTIF PASSIF
b. Les livres seront distribués par le bibliothécaire.
Verbe Temps Verbe Temps
c. Des cadeaux nous ont été apportés par mes grands-
parents. était imparfait avait été plus-que-
présentait imparfait mordue parfait
d. Il avait été vaincu par son adversaire au dernier cham-
avait empiré plus-que- aurait été conditionnel
pionnat.
parfait attaquée passé
e. Les témoins furent interrogés par l’inspecteur de police.
put passé simple fut appelé passé simple
f. Des chocolats seront mangés à Pâques par les enfants.

186
18 Comment reconnaître la forme impersonnelle ?
La forme impersonnelle

Vrai ou faux ? concentration !


c. Il est probable qu’il obtiendra d’excellents résultats.
• Les deux propositions sont vraies en règle générale : les
d. Il n’y a plus de farine, il est impossible de faire un gâteau !
élèves ont appris que le pronom remplace le nom ou le GN
e. Antoine aime cuisiner : il passe son temps à faire des
(> carte mentale p. 268). Son étymologie fonde cette
pâtisseries !
définition : le mot « pronom » est emprunté du latin
f. Il se fait tard, il faut rentrer à la maison.
pronomen, lui-même composé de pro, « à la place de »,
g. Il pleut, il mouille : c’est la fête à la grenouille !
et nomen, « nom » (d’après le dictionnaire de l’Académie
française). On pourra faire remarquer aux élèves que cette dernière
• Il faut donc annoncer aux élèves qu’on va travailler sur un phrase est incorrecte, on dit « la fête de... ». Il s’agit d’une
cas exceptionnel qui ne respecte pas cette définition : avec parole de comptine enfantine.
la forme impersonnelle, le pronom ne remplace pas un nom. 2 Les verbes à la forme impersonnelle sont surlignés, le
• On demandera aux élèves de donner des exemples ; s’ils sujet logique est souligné :
n’en trouvent pas pour la forme impersonnelle, on leur a. Aujourd’hui, il manque un élève en classe, il s’agit
proposera « il pleut » ou on leur demandera de chercher des d’Antoine : il est absent car il est malade.
exemples sur la carte mentale. On insistera sur la différence b. Tom se dépêche, il court pour ne pas manquer son bus !
entre « il (= un élève) travaille » et « il pleut » (on ne peut Il passe un bus seulement toutes les heures…
pas remplacer il par autre chose). c. Il est arrivé juste à temps ! Comme il restait quelques
places, il a pu s’asseoir à l’avant.
Je comprends ma mission d. Il lui est impossible de lire dans le bus, il y a trop de
virages !
On s’assurera oralement de la bonne compréhension de la
mission : la forme impersonnelle peut poser des difficultés Différenciation : Prolongement oral ou écrit
pour l’exercice de réécriture, elle doit être correctement On pourra demander aux élèves de passer à la forme
identifiée pour éviter des changements abusifs. Le pronom personnelle, on insistera sur la nécessité d’accorder le verbe
il personnel qui désigne l’homme devient ils (= les hommes), avec son sujet.
tandis que le pronom il impersonnel reste inchangé.
a. Un élève manque en classe.
Compétences travaillées b. Un bus passe seulement toutes les heures.
• Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement c. Quelques places restaient.
syntaxique. d. Il ne peut pas lire dans le bus, les virages sont trop nom-
• Connaître le fonctionnement de la phrase simple et breux.
de la phrase complexe.
3 L’intrus est surligné :
a. il mange – il nage – il neige – il travaille
J’apprends la leçon b. il pleut – il vente – il court - il y a un chien
• On réexpliquera la différence entre la forme personnelle c. il joue – il skie – il y arrive – il lui arrive de tomber
et la forme impersonnelle. d. il fait nuit – il faut partir- il est grand – il neige
• On montrera que certains verbes n’existent qu’à la forme e. Il danse – il répète – il hésite – il s’agit d’un acteur
impersonnelle, on demandera aux élèves de citer des
exemples (verbes liés à la météo : pleuvoir, neiger, venter, Je manipule
grêler, geler…). 4 a. Il faut préparer nos affaires.
• On montrera qu’il est possible avec certains verbes de b. Il circule de drôles de rumeurs dans le village...
passer d’une forme à l’autre. c. Il se pose une vraie question.
d. Il est absolument nécessaire que tu sois présent – Il faut
Je m’entraîne absolument que tu sois présent / là !
e. Il est absolument impossible de sortir maintenant.
Je relève
5 Coup de pouce : pensez à faire les accords quand le sujet
1 Les formes impersonnelles sont surlignées, pour les est au pluriel !
formes personnelles on demandera aux élèves de préciser a. Pierre doit s’en aller.
le nom qui est remplacé par le pronom (il = Éloi, il = Antoine) b. Un parapluie et une écharpe ont été trouvés dans la cour.
a. Il faut qu’Éloi révise, il va avoir une évaluation. c. Un terrible accident lui est arrivé / Il a eu un terrible
b. Il est exclu qu’il regarde la télévision, il en va de sa accident.
187
d. Des millions de livres de la série Harry Potter ont été ven- • paraître : a. Tom paraît sage.
dus / se sont vendus. b. Il paraît qu’il va neiger.
e. Tu peux réussir ! • rester : a. Tom reste dormir chez moi.
f. Une belle opportunité s’offre à nous ! b. Il reste une part de gâteau.
• sembler : a. Tom semble content.
6 Cet exercice permet de préparer l’écriture d’un récit
b. Il (me) semble qu’il va faire beau.
fantastique avec des modalisateurs : certains élèves ont
• arriver : a. Tom arrive toujours à l’heure.
du mal à construire la forme impersonnelle avec le verbe
b. Il arrive qu’il soit absent.
« sembler ».
1re personne du singulier (je)  Il me semble que
2e personne du singulier (tu)  Il te semble que J’accomplis ma mission
3e personne du singulier (il, elle, on)  Il lui semble que On demandera aux élèves de repérer :
(on fera remarquer qu’on utilise le pronom lui également – les formes personnelles : ils = les hommes
pour le féminin). – les formes impersonnelles qui ne doivent pas être modi-
1re personne du pluriel (nous)  Il nous semble que fiées, elles sont surlignées dans le corrigé.
2e personne du pluriel (vous)  Il vous semble que
Coup de pouce : la conjugaison du subjonctif p. 308.
3e personne du pluriel (ils, elles)  Il leur semble que
(on fera remarquer qu’on utilise le pronom leur également Les hommes s’avancent seuls dans le cimetière. Soudain,
pour le féminin pluriel). il leur semble entendre quelque chose… Ils doutent de ce
qu’ils entendent : serait-il possible qu’ils soient victimes
J’approfondis d’une hallucination ? Il faut qu’ils en aient le cœur net : ils
7 On choisira des prénoms des élèves de la classe pour s’approchent d’une rangée de tombes.
les formes personnelles. Voici des suggestions de réponses
possibles :

19 Comment utiliser les verbes pronominaux ?


Les verbes pronominaux

Je comprends ma mission Je m’entraîne


Il est demandé aux élèves de raconter la routine matinale Je relève
d’une élève en utilisant les verbes pronominaux. On peut
1 a. Nous nous admirons. − b. Le piano s’accorde avec un
s’aider du texte existant pour que les élèves relèvent les
diapason. − c. Elle se lève tard le week-end. − d. Ils se lavent
constructions pronominales afin de dresser un bilan des
de bonne heure en semaine.
prérequis.
2 Berlioz se regarde (se regarder) à travers le reflet de la
Compétences travaillées
vitre. Il s’est léché (se lécher) avec soin et s’est nettoyé
• Maîtriser la morphologie verbale écrite en appui sur
(se nettoyer) les babines. Il mord une boule de poils coincée
les régularités et la décomposition du verbe.
entre ses coussinets. Ses yeux se fixent (se fixer) sur la porte
• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale.
d’entrée quand le bruit de serrure retentit : son maître
• Adopter des stratégies et des procédures d’écriture
est rentré. Berlioz se précipite (se précipiter) vers lui et ils
efficaces.
se font (se faire) mutuellement la fête. L’animal renifle
toutes ses affaires.

188
Je manipule
3

Verbe Présent de l’indicatif Passé composé Futur de l’indicatif


s’envoler Je m’envole Je me suis envolé/envolée Je m’envolerai
Tu t’envoles Tu t’es envolé/envolée Tu t’envoleras
Il/elle/on s’envole Il/elle/on s’est envolé/envolée Il/elle/on s’envolera
Nous nous envolons Nous nous sommes envolés/envolées Nous nous envolerons
Vous vous envolez Vous vous êtes envolés/envolées Vous vous envolerez
Ils/elles s’envolent Ils/elles se sont envolés/envolées Ils/elles s’envoleront
se saluer Je me salue Je me suis salué/saluée Je me saluerai
Tu te salues Tu t’es salué/saluée Tu te salueras
Il/elle/on se salue Il/elle/on s’est salué/saluée Il/elle/on se saluera
Nous nous saluons Nous nous sommes salués/saluées Nous nous saluerons
Vous vous saluez Vous vous êtes salués/saluées Vous vous saluerez
Ils/elles se saluent Ils/elles se sont salués/saluées Ils/elles se salueront
se coiffer Je me coiffe Je me suis coiffé/coiffée Je me coifferai
Tu te coiffes Tu t’es coiffé/coiffée Tu te coifferas
Il/elle/on se coiffe Il/elle/on s’est coiffé/coiffée Il/elle/on se coiffera
Nous nous coiffons Nous nous sommes coiffés/coiffées Nous nous coifferons
Vous vous coiffez Vous vous êtes coiffés/coiffées Vous vous coifferez
Ils/elles se coiffent Ils/elles se sont coiffés/coiffées Ils/elles se coifferont
se rendre Je me rends Je me suis rendu/rendue Je me rendrai
Tu te rends Tu t’es rendu/rendue Tu te rendras
Il/elle/on se rend Il/elle/on s’est rendu/rendue Il/elle/on se rendra
Nous nous rendons Nous nous sommes rendus/rendues Nous nous rendrons
Vous vous rendez Vous vous êtes rendus/rendues Vous vous rendrez
Ils/elles se rendent Ils/elles se sont rendus/rendues Ils/elles se rendront
se taire Je me tais Je me suis tu/tue Je me tairai
Tu te tais Tu t’es tu/tue Tu te tairas
Il/elle/on se tait Il/elle/on s’est tu/tue Il/elle/on se taira
Nous nous taisons Nous nous sommes tus/tues Nous nous tairons
Vous vous taisez Vous vous êtes tus/tues Vous vous tairez
Ils/elles se taisent Ils/elles se sont tus/tues Ils/elles se tairont

4 a. La langue française s’utilise dans plusieurs pays.  6 a. a. Les gaufres se sont collées au moule lors de la cuis-
Verbe pronominal de sens passif. son.
b. Jean et Maël s’affrontent pour le sac de billes.  Verbe b. Il se réveille en pleurs à cause d’un cauchemar.
pronominal réciproque. c. Les dictons s’écoutent pour rassurer les gens.
c. Yassin s’est agenouillé pour demander la main de d. La vérité parfois blessante ne se dit qu’aux vrais amis.
Charlène.  Verbe essentiellement pronominal. e. Elles s’étaient réveillées en hurlant toutes les deux.
d. Jessica s’est maquillée pour sortir avec Aurélien.  Verbe b. a. Passé composé − b. Présent de l’indicatif − c. Présent
pronominal réfléchi. de l’indicatif − d. Présent de l’indicatif − e. Plus-que-parfait.
e. La tablette s’utilise avec un stylet.  Verbe pronominal
c. a. Complément indirect du verbe car verbe pronominal
de sens passif.
réfléchi.
J’approfondis b. Complément direct du verbe car verbe pronominal
réfléchi.
5 a. Annelise et Romain se disputent et se chamaillent.
c. Pas de fonction car verbe pronominal de sens passif.
b. L’animal se repose pendant que son petit se lave.
d. Pas de fonction car verbe pronominal de sens passif.
c. Les stylos de Magalie se sont ouverts et elle s’en aperçoit.
e. Complément direct du verbe car verbe pronominal
d. Les fruits se gâtent dans la corbeille et les mouches s’en
réfléchi.
régalent.
e. Léa s’est appliquée pour réussir son exercice alors que
Célestin s’en moque.

189
Vers le brevet Leurs yeux Verbe pronominal Complément direct
se fixent réfléchi du verbe
7 a. Les chats se regardent à travers le reflet de la vitre. Ils
se sont léchés avec soin et se sont nettoyé les babines. Les chats se Verbe pronominal Complément direct
précipitent réfléchi du verbe
Ils mordent une boule de poils coincée entre leurs coussi-
nets. Leurs yeux se fixent sur la porte d’entrée quand le bruit Ils se font Verbe pronominal Complément
de serrure retentit : leur maître est rentré. Les chats se réciproque indirect du verbe
précipitent vers lui et ils se font mutuellement la fête.
Les animaux reniflent toutes ses affaires.
J’accomplis ma mission
b. c.
Il est demandé aux élèves de raconter leur routine matinale
Fonction du et leurs habitudes en employant des verbes de construction
Verbe Construction
pronom réfléchi pronominale. Les élèves peuvent inventer si cela les met
Les chats se Verbe pronominal Complément direct mal à l’aise. La tâche écrite peut être lue à l’ensemble de
regardent réfléchi du verbe la classe en fin d’exercice. La carte mentale de la page 290
Ils se sont Verbe pronominal Complément direct pourra être utilisée comme aide. Enfin, les élèves pourront
léchés réfléchi du verbe également s’inspirer du travail sur la routine matinale
Ils se sont Verbe pronominal Complément direct d’Assia.
nettoyés réfléchi du verbe

20 Comment désigner une quantité nulle, inconnue ou imprécise ?


Les déterminants indéfinis

Compétences travaillées – Différencier les déterminants


• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale (article défini, indéfini, partitif,
Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 (p. 24) déterminant possessif,
interrogatif, indéfini,
Exemples de situations, exclamatif, numéral)
Compétences
d’activités et d’outils
et connaissances associées
pour l’élève
– Connaître le fonctionnement – Matérialisation Je comprends ma mission
des chaînes d’accord. des chaînes d’accord.
On jette ici un coup de projecteur sur une classe de mots :
– Maîtriser l’accord dans – Justification des choix
les déterminants indéfinis. On s’appuie sur les pages 114 et
le groupe nominal complexe (à l’oral ou à l’écrit).
115 de La Grammaire du français, terminologie grammaticale
(avec [...] des déterminants – Analyse de textes
comme tout, chaque [...] etc.). de Philippe Monneret et Fabrice Poli, parue en juillet 2020,
d’élèves et tout exercice
accessible ici : https://eduscol.education.fr/document/%20
permettant à l’élève de
1872/download L’objectif est de savoir les identifier pour
faire émerger des points
de vigilance. mieux orthographier les chaînes d’accord dans les groupes
nominaux dans lesquels ils apparaissent. Dans les travaux
• Analyser le fonctionnement de la phrase simple d’écriture, on veillera désormais à diversifier l’expression
et de la phrase complexe d’une « quantité nulle, inconnue ou imprécise ». Enzo doit
Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 (p. 23) consigner ses observations sur la ville de Rome qu’il ne
connaît pas : aucun monument ne lui échappera, pas une
Exemples de situations,
Compétences rue ne le laissera indifférent, maintes curiosités attireront
d’activités et d’outils
et connaissances associées son regard, n’importe quel plat lui paraîtra succulent ! Cette
pour l’élève
fiche fait écho dans le manuel à la rubrique « J’écris » page 74.
– Fonctionnement de la phrase – Articulation d’activités
simple. de raisonnement et
– Identifier les classes de mots d’activités visant
J’apprends la leçon
abordées aux cycles précédents l’automatisation On pourra proposer aux élèves de recueillir rapidement
ainsi que les groupes de mots : des procédures. quelques déterminants indéfinis qu’ils rencontrent dans
[...] déterminants indéfinis. les textes, au fil des pages du manuel. On tentera d’établir
190
un premier classement sémantique qui aboutira à celui Je manipule
proposé dans la carte mentale : « quantité nulle, totale,
7 quantité nulle : aucun, nul – quantité partielle ou vague :
partielle ou vague ». Tous les déterminants indéfinis étudiés
divers – quantité totale : chaque, toutes – identité : tel,
dans les exercices figurent dans la leçon page 292.
même – différence : autre, différent.

Je m’entraîne J’approfondis
Je relève 8

1 Ce premier exercice est un rappel : il se focalise sur les a. un événement qui Chaque jeudi elle descend
articles indéfinis. Il s’agit d’anticiper une confusion possible se répète souvent en ville.
entre deux cousins proches de cette même famille des b. un proverbe ou Tout être humain a droit
indéfinis. une morale au bonheur.
a. J’ai retrouvé des photos jaunies dans un tiroir. c. une ressemblance Elle porte la même robe
b. Il manque un gardien dans une équipe. vestimentaire que Lady Gaga !
c. On met un point à la fin d’une phrase. d. un choix difficile J’hésite entre plusieurs paires
d. Ce fut un match palpitant qui se termine par une belle à faire de chaussures.
victoire inattendue.
9 J’avais loué, l’été dernier, une petite maison de
2 a. Chaque élève choisira plusieurs poèmes du même campagne au bord de la Seine, à plusieurs lieues de Paris,
auteur. et j’allais y coucher tous les soirs. Je fis, au bout de
b. On peut tout à fait reporter votre rendez-vous à n’im- quelques jours, la connaissance d’un de mes voisins. […]
porte quelle date. Un soir que nous nous promenions au bord de la Seine,
c. Une autre route est possible pour finalement arriver au je lui demandai de me raconter quelques anecdotes de
même endroit. sa vie nautique.
d. Il considère tous les monuments comme de quelconques Guy de Maupassant, Sur l’eau, 1876.
constructions. Les déterminants indéfinis indiquent l’indétermination
e. À chaque carnaval, n’importe quel anonyme endosse un des lieux, la récurrence ou la durée des actions. Sur l’eau
autre rôle. est une nouvelle fantastique : l’indétermination contribue
3 Quantité nulle : à la création du cadre narratif.
a. quelques – diverses – pas une – maintes – tout
b. chaque – certains – aucune – plusieurs – telle
J’accomplis ma mission
c. quelconque – même – différent – nul – tant de
À Rome : Certaines rues sont très étroites. Toutes les cloches
4 Quantité partielle ou vague :
sonnent en même temps. Maints monuments datent de
a. plusieurs – pas un – tous – mêmes – quelconque
l’Antiquité. Plusieurs mots d’italien ressemblent aux nôtres.
b. tant de – certains – aucune – toutes – autre
Pas une place n’est épargnée par les touristes !
c. tel – maintes – chaque – n’importe quel
5 Quantité totale :
a. aucune – chaque – autre – différents – quelconque
b. maintes – plusieurs – toutes – pas un – divers
c. quelques – nul – diverses – pas une – n’importe quelle
6 a. certaines – plusieurs – quelques – maintes expriment
une quantité partielle, sauf aucun (quantité nulle).
b. aucune – pas une – nulle expriment une quantité nulle,
sauf toute (quantité totale).
c. chaque – tous – n’importe quel expriment une quantité
totale, sauf autre (exprime une différence).

191
21 Comment maîtriser les chaînes d’accord ?
Les chaînes d’accord

Vrai ou faux ? ensemble. On insistera sur l’idée que l’accord n’est possible
que si on comprend bien le sens de la phrase.
a. Vrai.
• On lira donc tous les exemples avec les élèves en s’assu-
b. Faux : la marque du pluriel des noms est le -s ou le -x
rant qu’ils en comprennent la logique.
tandis que la marque du pluriel du verbe est la terminaison :
• On utilisera la méthode des « balles d’accord », de Danièle
-(e)nt pour la 3e personne du pluriel.
Cogis (dans Pour enseigner et apprendre l’orthographe
c. Vrai : la marque du genre n’apparaît pas pour les noms et
2005 et Comment enseigner l’orthographe aujourd’hui ?,
adjectifs épicènes : il s’agit souvent de mots terminés par un -e.
2011, Catherine Brissaud et Danièle Cogis) qui nous semble
Exemples de noms épicènes : adulte, journaliste, élève,
de loin la plus efficace pour deux raisons :
archéologue, pédiatre, secrétaire ...
– cette démarche suit l’ordre naturel de la lecture et de
Exemples d’adjectifs épicènes : fidèle, scientifique, artis-
l’écriture, de gauche à droite : les flèches vont dans un seul
tique, fragile, sévère….
sens ;
– le codage est simple à effectuer, il ne nécessite pas
Je comprends ma mission le recours aux catégories grammaticales qui sont difficiles
à acquérir pour une partie des élèves.
• On expliquera aux élèves qu’il est difficile de penser à faire
• On pourra consulter la présentation des « balles d’accord »
tous les accords en dictée comme dans chacune de leurs
proposée par Sophie Ngô-Maï (PESPE Nice) et Nathalie
productions écrites et que l’accord repose sur une bonne
Leblanc (CPD Maîtrise de la langue) dans leur diaporama
compréhension du sens du texte pour voir quels mots
« Enseigner l’orthographe » disponible en ligne : « Les mar­
fonctionnent ensemble. On leur présentera la dictée comme
ques grammaticales se déposent ici comme sous l’impact
une sorte de casse-tête à résoudre, ou de Rubik’s Cube : on
d’une balle qui rebondit. » « L’outil rend visibles les relations
associe les mots comme on regroupe les couleurs.
d’accord entre les mots dans une phrase. L’élément déclen-
• Le repérage des chaînes d’accord peut se heurter à plu-
cheur de l’accord étant souvent le déterminant. »
sieurs difficultés car il nécessite de nombreuses compé-
tences :
– il faut connaître les marques de l’accord qui sont diffé- Je m’entraîne
rentes selon qu’il s’agit d’un nom, d’un verbe… Les accords Je relève
supposent une certaine maîtrise des classes grammaticales
1 Elle songeait aux grands salons vêtus de soie ancienne,
et des fonctions (déjà de la fonction sujet pour pouvoir      
accorder le verbe, puis de la fonction COD pour l’accord aux meubles fins portant des bibelots inestimables,
du participe passé avec l’auxiliaire avoir…) ;        
– il faut bien comprendre le sens de la phrase, de sa et aux petits salons coquets, parfumés, faits pour
construction pour identifier le mot ou groupe de mots           
avec lequel se fait l’accord ; la causerie de cinq heures avec les amis les plus intimes,
       
– certains accords ne s’entendent pas à l’oral, ces accords-là
les hommes connus et recherchés dont toutes les femmes
sont plus souvent oubliés en dictée que les marques d’ac-        
cord audibles ; envient et desirent l’attention.
– plus les mots qui fonctionnent ensemble sont éloignés,    
plus l’accord a de risques d’être oublié ; Remarque : le déterminant « cinq » contient en lui-même
– une construction de phrase particulière peut déstabiliser l’idée de pluralité, il ne porte pas de marqueur orthogra-
les élèves (sujet inversé, forme interrogative, mot qui phique du pluriel.
perturbe la chaîne (adverbe, pronom relatif, complément 2 a. a. J’ai un panier de prunes mûres : ce sont les prunes
du nom). qui sont mûres, donc on accorde au féminin pluriel.
Compétences travaillées J’ai un panier de prunes rempli à ras bord : c’est le panier
• Consolider l’orthographe grammaticale. qui est rempli, donc on accorde au masculin singulier.
• Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe. b. Nos thés sont bien chauds ! Ce sont nos thés qui sont
• Connaître le fonctionnement des chaînes d’accord. chauds, donc on accorde au masculin pluriel.
Nous voudrions du jus d’orange et un chocolat chaud.
Seul le chocolat est chaud, pas le jus d’orange : accord au
J’apprends la leçon
masculin singulier.
• On insistera sur le fait que l’accord est souvent une ques- c. Ce spectacle est entièrement gratuit. C’est le spectacle
tion de logique : il faut trouver les mots qui fonctionnent qui est gratuit : masculin singulier.
192
J’ai eu des places de spectacle gratuites ! Ce sont les places le bruit du vent… Ce silence ne parvient pas à la
qui sont gratuites : féminin pluriel. rassurer : elle sent une menace planer sur elle.
d. Ils virent une maison et la trouvèrent mystérieuse. C’est b. Au masculin pluriel :
la maison qui est mystérieuse : féminin singulier. À minuit, les courageux aventuriers sont réveillés en
C’est un homme mystérieux. C’est l’homme qui est mysté- sursaut par un grincement sinistre : affolés, ils se dressent
rieux : masculin singulier. sur leurs lits, prennent leur(s) revolver(s) et appuient
b. Vrai ou faux ? Faux ! L’adjectif n’est pas toujours juste leur(s) doigt(s) sur la gâchette, ils sont prêts à tirer…
à côté du nom qu’il qualifie : on en a plusieurs exemples ici. Mais nos valeureux héros ne voient rien, ils entendent
seulement le bruit du vent… Ce silence ne parvient pas
3 Coup de pouce : on précisera aux élèves qu’il s’agit d’un
à les rassurer : ils sentent une menace planer sur eux.
jeu des 7 différences.
On veillera à la cohérence de l’accord avec le nom après
a. Jean promène son chien mais il est pressé : il doit partir
leur(s).
au travail.
b. Pierre et Jean promènent leur chien mais ils sont
J’approfondis
pressés : ils doivent partir au travail.
L’accord se fait au pluriel puisqu’il y a 2 personnes dans 8 Coup de pouce : on demandera aux élèves de bien
la phrase b. On montrera que l’accord avec un sujet au repérer les sujets des verbes conjugués.
pluriel entraîne : On rappellera en cas de besoin l’accord de tout, tous, toute,
– la terminaison -(e)nt pour les verbes ; toutes.
– la modification du pronom personnel : ils ; Elle souffrait sans cesse, se sentant née pour toutes les
– la modification du déterminant possessif : son devient leur. délicatesses et tous les luxes. Elle souffrait de la pauvreté
On pourra revoir l’orthographe du déterminant leur et expli- de son logement, de la misère des murs, de l’usure
quer la différence entre leur chien et leurs chiens. des sièges, de la laideur des étoffes. Toutes ces choses,
dont une autre femme de sa caste ne se serait même pas
Je manipule aperçue, la torturaient et l’indignaient.
4 On pourra demander aux élèves de recopier les phrases Guy de Maupassant, La Parure, 1884.

en sautant des lignes afin de dessiner les « balles d’accord » :


a. Satisfaits, le vendeur et le client se mettent d’accord. J’accomplis ma mission
b. Clara et Margaux sont heureuses car elles se rendent à
On demandera aux élèves de faire les accords dans la dictée
la nouvelle bibliothèque.
d’Assia :
c. Les ailes bleues de la libellule posée sur un roseau brillent
Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied d’une
au soleil.
colline, proches d’une petite ville de bains. Les deux
d. Les explorateurs arrivent sur une île déserte inconnue :
paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour élever
cette île est peuplée de créatures effrayantes !
tous leurs petits.
5 a. thés b. places c. chien/chat. On pourra dicter le début de la nouvelle de Maupassant
6 pour évaluer :
– si les élèves ont retenu l’orthographe de l’extrait sur lequel
Déterminant Adjectif Nom Verbe ils ont travaillé ;
ces ces méchante rôdent par ici – si les élèves parviennent à faire les chaînes d’accord dans
téléphone
mon anciens est cassé un texte qu’ils ne connaissent pas encore.
ogresse
ce cruels mord parfois / « Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied d’une
aspirateurs
cette gentil mord parfois colline, proches d’une petite ville de bains. Les deux
vampires
quelques / vieux / est redoutable paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour
chien
quelques vieux fonctionnent élever tous leurs petits. Chaque ménage en avait quatre.
Devant les deux portes voisines, toute la marmaille
On fera remarquer que certaines phrases peuvent être cor-
grouillait du matin au soir. Les deux aînés avaient six ans
rectes au niveau des accords, mais pas au niveau du sens :
et les deux cadets quinze mois environ ; les mariages et,
« ces anciens aspirateurs rôdent par ici », « ces cruels
ensuite les naissances, s’étaient produits à peu près
vampires fonctionnent ».
simultanément dans l’une et l’autre maison.
7 a. Au féminin : Les deux mères distinguaient à peine leurs produits
À minuit, la courageuse aventurière est réveillée en dans le tas ; et les deux pères confondaient tout à fait.
sursaut par un grincement sinistre : affolée, elle se Les huit noms dansaient dans leur tête, se mêlaient sans
dresse sur son lit, prend son revolver et appuie son doigt cesse ; et, quand il fallait en appeler un, les hommes
sur la gâchette, elle est prête à tirer… Mais notre souvent en criaient trois avant d’arriver au véritable. »
valeureuse héroïne ne voit rien, elle entend seulement Guy de Maupassant, Aux champs, 1882.
193
22 Comment accorder le participe passé ?
L’accord du participe passé

Je comprends ma mission Je manipule


Compétences travaillées 3 Le théâtre est apparu durant l’Antiquité. Il est né de
• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale. légendes chantées. Il est alors lié au culte de Dionysos.
• Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe. Le théâtre grec, joué en plein air, est installé dans un
endroit choisi pour son acoustique. Les gradins sont
Je m’entraîne creusés à flanc de colline. Les acteurs sont trois (au maxi-
mum !) et toujours masqués.
J’identifie
4 Le spectacle a commencé par un coup de théâtre.
1 a. Encadrez les sujets , entourez les auxiliaires être ou Les acteurs ont fait leur entrée par les gradins. Les
avoir et soulignez les COD quand il y en a. personnages ont ensuite chanté en ancien français.
b. Expliquez l’accord de chaque participe passé. Les spectateurs, subjugués, ont applaudi. Puis la pièce
a. Jean Racine est né le 22 décembre 1639. a vraiment débuté. Une querelle a éclaté entre un homme
« né » est employé avec être, il s’accorde en genre et en et une femme à propos d’une écharpe. Une des actrices
nombre avec son sujet. a subtilisé l’écharpe et l’a déchirée.
b. Il s’est rapidement tourné vers le métier d’écrivain. 5 Je n’ai jamais très bien (savoir) su d’où elle venait.
« tourné » est employé avec être, il s’accorde en genre et en
Elle avait (cacher) caché ses traces dès le début. Tout
nombre avec son sujet.
en elle était mystérieux. La première fois que je l’ai (voir)
c. Racine a écrit des tragédies.
vue, c’était sur la petite place, là où les garçons se
« écrit » est employé avec avoir, il ne s’accorde pas en genre
réunissaient en sortant de classe, pour jouer au ballon,
et en nombre avec son sujet. Il ne s’accorde pas non plus
ou pour boxer. Elle est (passer) passée sans regarder
avec le COD car ici, il est placé après.
personne, elle a (disparaître) disparu dans les rues
d. Elles étaient le plus souvent composées d’alexandrins.
sombres. Je ne me rappelle plus très bien comment
« composées » est employé avec être, il s’accorde en genre
elle était (habiller) habillée, parce que le souvenir que
et en nombre avec son sujet.
je garde d’elle, c’est cette photo qu’elle m’a (donner)
e. Pour ses tragédies, Racine s’est inspiré de l’histoire
donnée un jour, quand on a (commencer) commencé
grecque et romaine.
à se voir. Une photo d’école, où elle est (assoir) assise
« inspiré » est employé avec être, il s’accorde en genre et en
au premier rang. Sur cette photo, je la trouve très belle,
nombre avec son sujet.
très étrange.
2 Le but de cet exercice est de donner à l’élève un éventail Jean-Marie Gustave Le Clézio, Printemps et autres saisons,
des participes passés qu’il peut rencontrer et cela permet © Éditions Gallimard, 1991.

aussi de mobiliser du vocabulaire. J’approfondis


Différenciation 6 L’environnement urbain générait un malaise, une peur
Cet exercice peut être fait sous forme ludique : par exemple que les campagnes qu’ils avaient (parcourir) parcourues
en classe entière, un élève doit proposer à son tour un (participe passé employé avec « avoir », accord avec le
participe passé qui n’a pas été évoqué. COD placé avant « les campagnes ») jusque-là n’avaient
Vous pouvez constituer des équipes et les mettre en concur- jamais (provoquer) provoqués (participe passé employé
rence : trouver dans un temps limité des participes passés avec « avoir », accord avec le COD placé avant « un
pour une ou plusieurs colonnes selon le niveau de difficulté malaise et une peur »). Marc avait (discuter) discuté
voulu. (participe passé employé avec « avoir », pas d’accord
-é -i -u -is / -it avec le sujet) avec les soldats pendant qu’un gradé véri-
fiait les documents. Maud avait (noter) noté (participe
Chanté Fini Voulu Compris
passé employé avec « avoir », pas d’accord avec le sujet)
Mangé Dormi Soutenu Écrit
Donné Obéi Su Pris avec quel naturel il avait (engager) engagé (participe
Volé Rougi Vu Surpris passé employé avec « avoir », pas d’accord avec le sujet)
Regardé Jauni Aperçu Transmis la conversation avec eux. Le contrôle (accomplir) accom-
Aimé Poursuivi Retenu Conquis pli (accord avec le nom complété) sans difficulté, ils
Souhaité Parti Convenu Interdit remontèrent dans le camion.
Épargné Choisi Apparu Assis Jean-Christophe Rufin, Check-Point, © Éditions Gallimard, 2016.
Détesté Construit

194
7 Proposition de correction : Les comédiens ont chanté restés (participe passé employé avec être, il s’accorde avec
sur une scène qui est décorée avec des vestiges de l’Anti- le sujet qui est masculin/pluriel : « de nombreux acteurs »)
quité. Les spectateurs ont admiré leur performance. À la fin, dans les mémoires : Corneille, Molière ou Racine. La tragédie
les comédiens ont eu des ovations. et la comédie sont devenues (participe passé employé
avec être, il s’accorde avec le sujet qui est féminin/pluriel :
J’accomplis ma mission la tragédie et la comédie) des genres à la mode. Elles ont
suscité (participe passé employé avec avoir et le COD est
Les auteurs du xviie siècle ont choisi (participe passé placé après. Il ne s’accorde pas avec le sujet) beaucoup
employé avec avoir et le COD est placé après. Il ne s’accorde d’engouement.
pas avec le sujet) le théâtre. De nombreux auteurs sont

23 Comment écrire un mot terminé par [e] ou [ɛ] ?


Les finales en [e] ou [ɛ]

Je comprends ma mission d. Les pygmées ont perpétué les secrets de la forêt.


e. À en juger par le degré d’humidité dans cette chênaie,
Le constat d’Enzo est partagé par nombre d’enseignants :
tu devrais porter un bonnet.
les terminaisons des mots qui finissent par le son [e] fermé
ou par le son [ɛ] ouvert posent souvent problème. Les objec- 2 a. poignée – lycée – vallée – poupée
tifs de cette fiche sont de balayer l’ensemble des graphies b. dictée – jetée – trophée – pâtée
possibles des finales en [e] ou [ɛ] classées par classes gram- c. idée – odyssée – allée – scarabée
maticales, de fournir un outil pour choisir la bonne finale en d. corvée – bouée – musée – purée
situation de dictée et d’adopter la bonne prononciation
Je manipule
ouvert/fermé en situation de lecture. Cette fiche peut être
liée aux exercices de la page 32 « Maîtriser les finales en [e] ». 3 a. chocolatier (nom masculin de métier qui se termine
Compétences travaillées par -er)
• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale b. valet (nom masculin qui se termine par -et)
Programme du cycle 4 en vigueur à la rentrée 2020 (p. 24) c. cuillerée (nom féminin qui exprime une quantité)
d. beauté (nom féminin qui se termine par -é)
4 a. succès (nom masculin terminé par -ès)
J’apprends la leçon
b. balai (nom masculin terminé par -ai)
Cette carte mentale se veut clairement exhaustive. Elle c. prêt (nom masculin terminé par -êt)
est donc également complexe. Il paraît difficile de solliciter d. pitié (nom féminin terminé par -té)
un effort de mémorisation sur l’ensemble de la leçon.
5
L’important est d’amener les élèves à utiliser ce support
comme une aide efficiente lors des exercices progressifs de Nom Verbe du Verbe Adverbe ou
Adjectif
la page 299, puis pour accomplir la mission. Les activités commun 1er groupe irrégulier préposition
font successivement référence à une partie de la carte. masc. fém.
Les mots à trouver y sont tous. Dans le cadre du rituel de canoë poignée chanter (tu) sais très frais
la « dictée du jour » on peut, durant un temps, sélectionner lycée fée (je) vais près vrai
ici des mots à orthographier correctement. relais portée assez blessé
poney allée laid
Je m’entraîne arrêt
Il est recommandé de pratiquer les exercices à l’écrit tout  À L’ORAL
en veillant à une prononciation correcte de l’ensemble
On ne peut pas faire les exercices 3 et 4 avec le mot canoë
des mots à l’oral.
car il est le seul nom commun à se terminer par -oë.
Je relève 6 amitié s’écrit -é car c’est un nom commun féminin qui
1 a. Dans la vallée, la fumée s’élève des cheminées. se termine par -tié.
b. L’épervier blessé ne pouvait guère voler. balai s’écrit -ai car c’est un nom commun masculin qui
c. Arriver à pied au sommet est un vrai succès. se termine par -ai.
195
paix s’écrit -aix car c’est un nom commun féminin qui d. J’ai réservé deux nuitées.
se termine par -aix. e. Une grande amitié.
danger s’écrit -er car c’est un nom commun masculin qui f. Manger des dragées.
se termine par -er. g. Le canoë s’est retourné.
suspect s’écrit -ect car c’est un nom commun masculin qui h. Tourner/ez la clé/clef.
se termine par -ect. 9
(pour) chanter s’écrit -er car c’est un verbe du premier a. une enquête Le policier a enquêté pour retrouver
groupe à l’infinitif en -er. de police le meurtrier et l’amener au procès.
(un animal) blessé s’écrit -é car c’est un verbe du premier
J’ai traversé la forêt et je me suis
groupe employé comme adjectif. b. une promenade
arrêté dans la vallée.
arrêtez ! s’écrit -ez car c’est un verbe du premier groupe
c. un événement Il a gagné le trophée en canoë.
employé à l’impératif présent.
sportif
J’approfondis d. une partie J’ai ajouté un « v » qui m’a
de scrabble fait gagner !
7 a. français
Les bienfaits des activités variées
b. anglais e. un loisir
ne sont plus à démontrer.
c. portugais
d. libanais
Règle déduite : les noms des habitants des villes ou des pays J’accomplis ma mission
se terminent par -ais (-aise au féminin) ou par -ois/e ou -ien/ne.
Je traversais la vallée à pied sans tomber sur les rochers.
8 a. Un arbre fruitier. La rosée, l’air frais et la beauté de la forêt donnaient la paix.
b. Avoir des préjugés. Près de la montée, un scarabée immobilisé dans une haie
c. Les bienfaits du sport. fixait mon intérêt.

24 Comment choisir le bon homophone ?


Les homophones grammaticaux

Je comprends ma mission 3 Boule de Suif est la première nouvelle célèbre de


Maupassant. Quelle héroïne ! Elle n’échappera pas à
Compétences travaillées la cruauté des autres passagers, et quels passagers :
• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale. un couple de commerçants, deux couples de la bour-
• Connaître les aspects fondamentaux du fonctionnement geoisie et de la noblesse, deux religieuses, un démocrate.
syntaxique. Qu’elle soit généreuse ou qu’elle soit courageuse,
ils n’accepteront pas qu’elle ne soit pas de leur milieu.
Je m’entraîne Pour quel motif vont-ils lui adresser la parole ? La faim !
J’identifie Et quelles preuves de reconnaissance vont-ils lui donner
quand elle les sauve de l’officier prussien ? Aucune.
1 a. « quand » : conjonction de subordination qui peut
être remplacé par « lorsque ». 4 Si Bel-Ami est un de ses romans les plus connus,
b. « qu’elle », « qu » : pronom relatif. On peut remplacer Maupassant s’y amuse à se moquer de son personnage
« elle » par « il ». principal. Mais ce n’est pas le seul. Tout au long du roman,
Chaque fois qu’il voyait… si George Duroy est si moqué par les autres journalistes,
c’est parce qu’il ne fait rien par lui-même. Il entreprend
Je manipule de nombreuses choses sans s’y impliquer. D’ailleurs,
2 Quand Maupassant naît, ses parents sont installés au si son amie Madeleine n’avait pas écrit avec lui, il n’aurait
château de Miromesnil. Son père est agent de change, pu si bien réussir. Et s’il finit par réussir dans le milieu
quant à sa mère, elle est très cultivée et amie de Flaubert. journalistique, il ne s’y fait pas aimer. Il est si ambitieux
Adulte, quand il est séparé de son père, il devient qu’il en devient égoïste et envieux.
écrivain. Quand il compose, il se préoccupe de ce qu’en
5 a. Quand − b. qu’elle − c. si ; si − d. Quand.
pense son ami Flaubert. En 1880, quand il publie Boule
de Suif, c’est un succès. Quant à Flaubert, il soutiendra
toujours son jeune ami.
196
J’approfondis J’accomplis ma mission
6 L’exercice peut être réalisé avec un autre auteur étudié Cher Monsieur Maupassant,
en classe. Quand j’ai lu votre nouvelle La Parure, je l’ai tout de suite
7 C’est un travail qui peut être réalisé en atelier autonome aimée. Le personnage de Mathilde m’est sympathique.
par les élèves. Quelle détresse ! Si je m’attendais à la fin ! Quant au
personnage du mari, quel pauvre homme. Il est dépassé par
les événements…

25 Comment former les temps simples de l’indicatif ?


Les temps simples de l’indicatif

Compétences travaillées viendras, tu verras – d. il sera, il fera, volera – e. vous termi-


• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale. nerez, vous enverrez – f. ils s’entraîneront et courront.
• Adopter des stratégies et procédures d’écriture
efficaces.
J’écris
Cette fiche permet de réviser les temps simples déjà travail- L’élève doit raconter ce à quoi ressemblera sa vie dans dix
lés au cycle 3 mais qui auraient besoin d’être revus. Chaque ans. On peut commencer l’activité avec eux en évoquant
petite série d’exercices se termine par un exercice d’écriture les différents domaines de leur vie où il pourrait y avoir du
afin de mettre en œuvre les révisions efficacement. changement et les verbes qui vont avec : habiter, travailler,
faire du sport, avoir des animaux, conduire, etc.
Le présent Critères de réussite
• L’élève a décrit différents aspects de sa vie future.
Je m’entraîne • Le texte est écrit au futur simple.
1 a. nous mangeons, nous adorons • La conjugaison et les accords sujet-verbe sont corrects.
b. tu envoies, tu attends
c. je vais, j’ai L’imparfait
d. ma sœur paye (ou paie), c’est
e. tu sais, elle prend
Je m’entraîne
f. je peux, tu souhaites, je fais 4 a. Miléna et Lou finissaient, Flavie révisait – b. Elle
g. j’appelle, on se rejoint, elle achète lisait – c. Je regardais – d. Tu voulais – e. Nous savions

J’écris 5 a. nous voyions – b. Le bateau avançait – c. j’étais,


je bougeais – d. Luc et toi travailliez
Les élèves doivent raconter ce qu’ils aiment faire pendant
leurs vacances. On peut commencer le travail avec eux en J’écris
réfléchissant aux différentes activités des vacances : nager,
L’élève doit écrire le début d’une nouvelle fantastique. Il doit
lire, faire des randonnées, faire du sport, voyager, voir les
employer l’imparfait et décrire un lieu ou un personnage
copains…
particulièrement inquiétant.
Critères de réussite
Critères de réussite
• L’élève a produit un récit à la première personne.
• L’élève a écrit le début d’une nouvelle fantastique.
• Le texte est écrit au présent.
• Il a décrit un lieu ou un personnage particulièrement
• Il a employé cinq verbes différents.
inquiétant.
• La conjugaison et les accords sujet-verbe sont corrects.
• Le texte est écrit à l’imparfait de l’indicatif.
• La conjugaison et les accords sujet-verbe sont corrects.
Le futur simple
Le passé simple
Je m’entraîne
2 je crierai, tu crieras, il criera, nous crierons, vous crierez, Je m’entraîne
ils crieront
6 a. j’aimai, elle aima, ils aimèrent – j’agis, il agit, elles
3 a. mon avion partira, j’arriverai – b. nous irons – c. tu agirent – je pris, elle prit, ils prirent – je voulus, il voulut,
197
elles voulurent – je vins, elle vint, ils vinrent – j’eus, il eut, Le dernier exercice peut servir de base à l’autoévaluation.
elles eurent Même s’il s’agit de reconnaissance de temps, les élèves
b. souleva : soulever – entrai : entrer – arrivai : arriver – pus : doivent pouvoir juger de leur capacité à les reconnaître
pouvoir – me décidai : se décider – ouvris : ouvrir et les conjuguer. On pourrait envisager de leur demander
de conjuguer entièrement les verbes trouvés.
J’écris
Présent Futur simple Imparfait Passé simple
L’élève doit écrire la suite de l’histoire d’Arsène Lupin.
Le professeur peut faire revenir les élèves sur les différents suis
trouverai aviez lança
éléments de départ : le vol du collier, le musée, l’évasion commence
possible avec le butin.

26 Comment identifier et utiliser les temps de l’indicatif ?


Les temps simples et composés de l’indicatif

Je comprends ma mission Je manipule


La mission demande de relever (ou compléter le relevé) et 3 a. Les dames se pressaient devant le nouveau magasin.
de classer les formes verbales d’un texte. Les élèves peuvent b. On promettait des réclames et des nouveautés.
s’interroger sur la façon de répondre à la consigne, en s’ap- c. Les femmes vinrent tôt le matin et attendirent l’ouver-
puyant si besoin sur la leçon. ture.
Le premier temps de travail et de découverte peut donc d. Elles voulurent acheter des soies et des dentelles.
consister en un échange oral global à partir des formes 4 a. Le commissaire était arrivé sur la scène du crime.
soulignées. Il leur est en effet demandé, à la fin de la b. Il avait pu rencontrer les témoins et avait voulu observer
séquence de travail, de finaliser le relevé et le classement. les lieux.
Compétences travaillées c. Les voleurs avaient dérobé des bijoux d’une grande valeur
• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale. et étaient partis rapidement.
Cette fiche permet de réviser les temps de l’indicatif déjà d. Ces malfrats avaient été méticuleux et n’avaient rien
étudiés les années précédentes. Les élèves doivent faire la laissé au hasard.
différence entre les temps simples et les temps composés, 5 a. Quand tu auras nettoyé ta chambre, je te conduirai
ils approfondissent leurs connaissances et systématisent au cinéma.
la manipulation des différentes formes verbales. b. Avec un peu de chance, ils seront allés faire des courses.
L’accord du participe passé avec un COD antéposé est tra- c. Lorsque Maïté aura lu son livre, elle rédigera un résumé.
vaillé, il conviendra de sélectionner les phrases des exercices d. Quand Noah et Jade seront arrivés, nous partirons à la
si la notion n’a pas été abordée en classe. Le conditionnel plage.
a été volontairement laissé de côté, il est étudié de façon J’approfondis
plus spécifique dans la fiche 27 > p. 306.
6 a. Mes frères avaient joué au football le soir, ils étaient
rentrés tard.
Je m’entraîne b. Elle aura voulu manger avant de partir et aura préparé
Je relève son repas.
c. Laly et Anaëlle sont venues au secours de leur ami qui
1
les a remerciées.
Présent Imparfait Plus-que-parfait d. J’avais cueilli des cerises pour le repas et les avais man-
avait décidé gées avec mes amis.
visite travaillait
avait cessé
Vers le brevet
2 Le verbe conjugué au futur antérieur est « aura glissé ».
Joséphine avait vécu cette nuit-là une aventure bien
Il s’agit de l’auxiliaire « avoir ».
étrange. Alors qu’elle dormait paisiblement, elle avait
entendu ses parents l’appeler. Lorsqu’elle avait ouvert les
yeux, elle les avait vus devant elle. Et aussitôt, ils avaient
disparu dans un nuage de fumée.
198
J’accomplis ma mission Les élèves pourront à la suite de l’exercice compléter le
tableau d’autoévaluation. Ils devront aussi se positionner
Temps simples Temps composés sur leur capacité à accorder correctement le participe passé.
Présent : sent, est, regarde Plus-que-parfait : avait couru Des exercices interactifs permettront aux élèves d’appro-
Futur : rentrera Futur antérieur : sera parti fondir les différents points du tableau en fonction des
besoins relevés.
Imparfait : était, souhaitait
Passé simple : arriva

27 Comment utiliser le conditionnel présent et passé ?


Le conditionnel présent et passé

Vrai ou faux ? Je m’entraîne


Cette étape permet de faire le point sur les connaissances Je relève
des élèves.
a. Faux : le conditionnel est souvent lié à une condition 1 Différenciation
dans l’esprit des élèves (exemple type : Si j’étais riche, On pourra proposer aux élèves plus à l’aise en conjugaison
je ferais le tour du monde) mais ce n’est pas toujours le cas : et/ou plus rapides de relever le défi suivant : Défi : identifiez
il existe d’autres emplois du conditionnel (par exemple, les autres temps utilisés.
le conditionnel est un modalisateur dans le récit fantastique Les verbes au conditionnel sont surlignés :
ou une précaution dans le style journalistique : la star aurait Le couple d’Hubières voudrait adopter un enfant :
été vue…). Nous voulons l’adopter, mais il reviendra vous voir.
b. Faux : il n’existe que le présent et le passé. S’il tourne bien, comme tout porte à le croire, il sera
c. Faux : il peut s’agir d’une action possible en fonction notre héritier. Si nous avions, par hasard, des enfants,
d’une condition, d’une action incertaine, d’un fait imagi- il partagerait également avec eux. Mais s’il ne répondait
naire… pas à nos soins, nous lui donnerions, à sa majorité, une
d. Faux : radical du futur + terminaisons de l’imparfait. somme de vingt mille francs, qui sera immédiatement
déposée en son nom chez un notaire.
Je comprends ma mission Guy de Maupassant, Aux champs, 1882.
On demandera aux élèves d’identifier la valeur du condi-
• Il faudrait aborder cette leçon après avoir travaillé sur les
tionnel dans cet extrait : il s’agit d’une action soumise à une
temps simples et composés de l’indicatif (> p. 304-305) et
condition. Le couple voudrait adopter l’enfant à la condition
après avoir travaillé sur les modalisateurs (> p. 260-261).
que ses parents acceptent le marché, on note la présence
• Dans l’exercice de Camille, on travaille sur le conditionnel
de deux propositions subordonnées de condition introduites
lié à une condition exprimée à l’imparfait.
par si (elles sont soulignées dans le corrigé).
Compétences travaillées
• Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale. 2 a. J’irai à la piscine samedi : futur  exprime l’avenir
(fait très probable, même si on n’est jamais totalement sûr
de l’avenir).
J’apprends la leçon
J’irais bien au cinéma ce soir : conditionnel présent  sou-
• Conjugaison : on expliquera la formation du conditionnel hait, demande polie (fait lié à une condition : il faut que cela
et on attirera l’attention des élèves sur les verbes qui soit possible, que les autres soient d’accord avec ce projet).
changent de base (ce sont les mêmes qu’au futur), certains b. Je veux un gâteau ! Présent  demande impolie.
verbes prennent -rr-. Le conditionnel passé suit la règle de J’aimerais manger un gâteau : conditionnel présent 
formation de tous les temps composés. demande polie.
• On insistera sur le fait que le conditionnel peut avoir diffé- c. Il rangera sa chambre : futur  exprime l’avenir (fait pré-
rentes valeurs qui ne se limitent pas à l’expression de la senté comme certain).
condition. Il a promis qu’il rangerait sa chambre : conditionnel présent
 futur vu du passé (fait lié à une parole donnée).
199
d. Elles étaient venues hier : plus-que-parfait  fait certain. descendus, ils se seraient rassemblés et auraient com-
Elles seraient venues hier : conditionnel passé  supposi- mencé à envahir la Terre. Ils auraient pris la forme d’êtres
tion, action incertaine. humains…
e. Je suis le meilleur de ma catégorie ! présent  fait certain. 6 Coup de pouce : accordez le participe passé quand il est
Je serais le meilleur de ma catégorie ! conditionnel présent employé avec l’auxiliaire être !
 supposition, action incertaine. Il ferait / il aurait fait – on verrait / on aurait vu – je jouerais /
j’aurais joué – elles viendraient / Elles seraient venues – nous
3 L’intrus est surligné.
croirions / nous aurions cru – vous partiriez / vous seriez
Défi : Saurez-vous identifier le temps des intrus ?
parti(e)s – tu enverrais / tu aurais envoyé.
a. nous voudrions – j’irai – vous diriez – on verrait : l’intrus
est au futur. J’approfondis
b. vous sauriez – j’enverrais – nous jouerions – il viendra :
7 a. regret.
l’intrus est au futur.
b. action soumise à une condition.
c. tu courrais – nous aimerions – vous disiez – elle ferait :
c. action incertaine.
l’intrus est à l’imparfait.
d. futur vu du passé (paroles rapportées au discours indi-
d. tu auras réussi – j’aurais voulu – il aurait fallu – nous
rect).
serions venues : l’intrus est au futur antérieur.
e. demande polie.
f. fait imaginaire (dans un jeu d’enfants).
Je manipule
8 Coup de pouce : on demandera aux élèves de commen-
4 Coup de pouce : vous pouvez modifier le type de la
cer leur texte par « Si j’étais sur une île déserte... ».
phrase : vous pouvez utiliser la phrase interrogative.
a. Je veux une glace !  J’aimerais manger une glace.
Pourrais-je manger une glace ? J’accomplis ma mission
b. J’ai besoin de ton aide.  Pourrais-tu m’aider, s’il te plaît ?
• On demandera aux élèves de produire un petit texte
c. Je veux faire un stage dans votre entreprise.  Je voudrais /
correspondant au sujet de Camille en soulignant les verbes
J’aimerais faire un stage dans votre entreprise.
conjugués au conditionnel. On leur demandera d’utiliser
d. As-tu de la colle ?  Aurais-tu de la colle ? Pourrais-tu
le champ lexical de la peur.
me prêter ta colle ?
• Exemple de corrigé :
e. Passe-moi le sel !  Pourrais-tu me donner le sel ?
Si j’avais été dans le cimetière cette nuit-là, je me serais
caché(e) derrière une tombe. J’aurais eu très peur lorsque
5 On rappellera aux élèves que le conditionnel permet j’aurais vu les morts sortir de leurs tombes, je me serais
de modaliser un énoncé (dans un texte fantastique ou dans mis(e) à trembler de tout mon corps. Ils auraient fini par
un texte journalistique par exemple). sentir ma présence, m’auraient trouvé et m’auraient fixé de
a. Conditionnel présent : leurs orbites creuses : je me serais alors enfui(e) à toutes
Les vampires seraient parmi nous : ils posséderaient des jambes.
canines pointues et se nourriraient du sang de leurs vic- • On demandera aux élèves de traiter la rubrique du carnet
times qu’ils boiraient pendant la nuit. de lecture « Si j’étais à la place de... » sur une de leurs
b. Conditionnel passé : lectures. On évaluera spécifiquement la conjugaison du
Il aurait vu une soucoupe volante ! Les Martiens en seraient conditionnel.

28 Comment utiliser le subjonctif ?


Le subjonctif

Je comprends ma mission Compétences travaillées


• Maîtriser la morphologie verbale écrite en appui sur
Il est demandé aux élèves de rédiger une liste de conseils les régularités et la décomposition du verbe.
que Jade peut donner à sa petite sœur, tout en utilisant les • Mettre en évidence le lien entre le temps employé
subjonctifs présent et passé. Les élèves disposent d’un petit et le sens.
texte, lanceur d’écriture. De plus, le sujet leur est familier : • Consolider l’orthographe lexicale et grammaticale.
ils sont tous déjà passés par la classe de 6e et ils ont des • Adopter des stratégies et des procédures d’écriture
conseils à donner. La carte mentale pourra être utilisée efficaces.
lors de cet exercice. Cette fiche propose de travailler et de consolider la conju-
200
gaison du subjonctif présent. Elle permet de voir la forma- c. Elle doute qu’il ait réussi l’épreuve de mardi dernier.
tion du subjonctif passé. Plusieurs exercices de manipula- d. Il se peut qu’il soit arrivé en retard ce matin.
tion et d’écriture permettent aux élèves de manipuler le b. a. Souhait − b. Ordre − c. Doute − d. Doute.
mode pour bien saisir ses emplois.
7 Il est possible de travailler en binôme ou avec la leçon
L’utilisation d’un Bescherelle ou de ressources en ligne est
sous les yeux pour les élèves les plus fragiles.
possible pour les élèves les plus fragiles.
Exemples de corrigés :
Il faut que je dorme davantage pour être en forme.  Il faut
Je m’entraîne que j’aie dormi davantage pour être en forme.
Je relève Nous doutons qu’il vienne.  Nous doutons qu’il soit venu.
Ils rêvent qu’ils gagnent au loto.  Ils rêvent qu’ils aient
1 vole (voler) − soit (être) − parle (parler) − devienne
gagné au loto.
(devenir).
2 ait parlé (parler) − se soit motivé (se motiver) − ait Vers le brevet
humilié (humilier) − ait réfléchi (réfléchir). Deux modifications ici : transposer les verbes conjugués
au subjonctif présent au subjonctif passé et modifier la
Je manipule
3e personne du singulier en 2e personne du singulier.
3
8 Pourvu que tu aies volé mon marque-page
Subjonctif présent Subjonctif passé Et que tu n’aies pas été trop maquillage
Que je pense Que j’aie pensé Pourvu que tu aies parlé à mes copains
Qu’elles cherchent Qu’elles aient cherché Pour que ça devienne ensuite les tiens
Que tu apparaisses Que tu sois apparu
Que nous agissions Que nous ayons agi J’accomplis ma mission
Que vous veniez Que vous soyez venus La rédaction des conseils à la petite sœur de Jade aide les
Qu’ils apprennent Qu’ils aient appris élèves à s’autoévaluer avant de faire des séries d’exercices.
Qu’on arrive Qu’on soit arrivé On peut les aider en fournissant une liste d’idées, de verbes
Qu’il réussisse Qu’il ait réussi à utiliser ou leur proposer de le faire en binôme.
Que tu voies Que tu aies vu
Pour aller plus loin
4 a. Tu auras le droit de sortir à condition que tu aies On pourra demander aux élèves de souligner les verbes
terminé tes devoirs. employés au subjonctif présent et au subjonctif passé
 Tu auras le droit de sortir à condition que tu termines de deux couleurs différentes. On peut d’ailleurs prolonger
tes devoirs. cette activité en leur demandant de donner l’infinitif
b. C’est la plus grosse punition qu’il ait reçue depuis son de ces verbes au subjonctif. Les élèves peuvent s’échanger
enfance. leurs conseils et un travail de réécriture est possible : chan-
 C’est la plus grosse punition qu’il reçoive depuis son ger la 2e personne du singulier en 3e personne du pluriel,
enfance. mettre tous les verbes conjugués au subjonctif passé.
c. Il faudrait que nous ayons appris correctement nos
leçons pour réussir.
TESTÉ EN CLASSE Travail de Louis (élève de 4e du
 Il faudrait que nous apprenions correctement nos leçons
pour réussir. collège Jules-Ferry de Douai) :
Début du texte de Jade : J’aimerais que tu prennes vite
J’approfondis tes repères, que tu ne bavardes pas trop. Arrivée en classe,
5 a. Sofian a répondu au téléphone avant qu’il ait sonné il faut que tu aies appris tes leçons, que tu sois arrivée à
longuement/ qu’il se soit éteint. l’heure, que tu aies vérifié ton cartable…
b. Bien que tu aies appris / te sois concentré, tu n’as pas Il faudra aussi que tu aies révisé tes leçons avant chaque
réussi le devoir surveillé. cours, car les professeurs font parfois des interrogations
c. Maria regrette que Tony ne soit pas venu / ait oublié surprises. Je doute que tu le veuilles mais tu devras laisser
leur rendez-vous ce soir. des livres à la maison sinon ton cartable sera trop lourd !
d. Faites en sorte que vous soyez arrivés / ayez révisé avant Il faudra aussi que tu fasses attention aux bousculades
demain. dans les couloirs avec les grands élèves, que tu arrives
bien à ton créneau pour manger à la cantine et que tu aies
6 a. a. J’aimerais que vous ayez tous réussi le devoir que
toujours ton carnet de liaison sur toi sinon tu seras collée.
je viens de ramasser.
Enfin, tu devras toujours attendre que maman se soit
b. Nous exigerons que vous ayez obtenu un 20/20 au précé-
garée sur le parking pour quitter le collège.
dent contrôle.
201
29 Quel temps et mode choisir dans un récit au passé ?
Les valeurs des temps dans un récit au passé

Je comprends ma mission devant le portail d’un vaste hôtel. Un homme de


trente-cinq ans descendit (action brève et rapide).
Compétences travaillées Sur le perron, de taciturnes serviteurs élevaient (valeur
• Adopter des stratégies d’écriture efficaces : de 2nd plan) des flambeaux. Sans les voir, il gravit
savoir employer les temps à bon escient. (action brève et rapide) les marches et entra (action brève
• Maîtriser le fonctionnement du verbe et et rapide). C’était (valeur descriptive) le comte d’Athol.
son orthographe. D’après Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, Véra, 1874.

3 Tout à coup, elle sentit (action brève et rapide) que


Je m’entraîne ses lèvres étaient (2nd plan) comme scellées. Le regard
J’identifie de Raspoutine venait (valeur descriptive) de pénétrer
en elle. Lise ne put (action brève et rapide) le soutenir
1 a. « laissaient » et « projetait » : imparfait de l’indicatif
qu’une seconde et baissa (action brève et rapide) les
qui a une valeur descriptive.
paupières. C’était une trop faible défense, contre les
b. « vit » et « se baissa » : passé simple de l’indicatif dont
deux traits brûlants qui la traversèrent (action brève et
la valeur permet de raconter des actions brèves et rapides
rapide : cela ne dure qu’un temps limité) de leur feu.
de premier plan. Joseph Kessel, Les Rois aveugles, 1925.
c. « se moqueraient » et « m’appelleraient » : conditionnel
présent qui a une valeur de futur dans le passé. 4 On vérifiera que l’élève arrive à bien varier les modes et
d. « s’était vu » : plus-que-parfait de l’indicatif dont la les temps employés pour réemployer les notions vues dans
valeur est l’antériorité. la leçon.
e. « s’éleva » : passé simple de l’indicatif dont la valeur per- Il faudra aussi que les textes soient liés à l’image.
met de raconter des actions brèves et rapides de premier plan.
« voyaient » et « pouvaient » imparfait de l’indicatif qui J’accomplis ma mission
a une valeur descriptive.
Ce jour-là, je fus sous le charme immédiatement. Je décou-
Je manipule vris un jeune homme qui était beau et semblait sortir
2 C’était (valeur descriptive) à la tombée d’un soir du paradis. Il venait en fait de la capitale. Je n’avais jamais
d’automne, en ces dernières années, à Paris. Vers le eu un tel sentiment avant ce jour précis. L’amour rend fou.
faubourg Saint-Germain, des voitures roulaient (valeur L’intérêt de cet exercice est de montrer aux élèves que le
descriptive). L’une d’elles s’arrêta (action brève et rapide) choix du bon temps est essentiel pour se faire comprendre.

30 Jouer pour réviser

Compétences travaillées il souhaite travailler (jeu individuel ou par équipes, en auto-


Le jeu reprend différentes compétences travaillées au cours nomie ou dirigé par le professeur).
de l’année, on l’utilisera idéalement en fin d’année pour Préparation
faire des révisions de manière ludique. Si on l’utilise plus
tôt dans l’année, il faudra que le professeur aide les élèves • Télécharger et imprimer plusieurs plateaux de jeu (autant
à comprendre certaines questions pour les points du pro- qu’il y aura de groupes), idéalement en couleurs. Peut-être
gramme qui n’auraient pas encore été abordés. plastifier les plateaux afin de pouvoir les réutiliser et de
limiter les impressions.
Objectifs • Imprimer le corrigé si les élèves jouent en autonomie.
Ce jeu favorisera la consolidation des notions abordées en • Prévoir des pions : les élèves seront ravis d’amener des
étude de la langue pendant l’année de 4e en favorisant la petites figurines.
coopération entre élèves. Le professeur pourra utiliser le jeu • Prévoir des dés réels ou virtuels.
comme il le souhaite, en fonction de l’effectif de sa classe • Ou bien vidéoprojeter le plateau de jeu et prévoir des
(en classe entière ou en séance d’AP) et de la manière dont aimants pour figurer les pions.
202
Modes de jeu (de nombreuses variantes sont possibles) délais donnés sont indicatifs : à ajuster en fonction du niveau
• Par équipes ou avec des joueurs individuels. des élèves et selon leur rapidité (majorer le temps pour un
• En autonomie ou tous ensemble (dans ce cas, le profes- élève qui a droit à un tiers-temps). Toute l’équipe pourra
seur pose les questions et vérifie l’exactitude des réponses unir ses forces pour relever le défi, si l’on choisit ce mode
proposées). de jeu : la case « défi » sera considérée comme une case
« tous ensemble ».
Pour le jeu par équipes  Variantes pour les défis
Former des équipes de quatre joueurs : les équipes doivent (si on retombe plusieurs fois sur la même case)
être hétérogènes et tous les joueurs devront prendre la
Case 14 : DÉFI DE jade
parole au cours de la partie. Les élèves pourront se répartir
• Décrivez la tristesse de vos proches qui savent que vous
les questions en fonction de leurs couleurs.
êtes dans le château de Dracula : utilisez le registre pathé-
Les cases DÉFI pourront être traitées par tout le groupe qui
tique, vous devez émouvoir le jury !
unit ses efforts pour relever le défi (se mettre d’accord en
• Décrivez la joie que vous ressentirez lorsque vous quitterez
début de partie).
le château : utilisez le futur.
Pour le jeu par îlots  • Décrivez le matériel que vous avez emporté pour votre
expédition dans les Carpates : faites une énumération.
Les élèves jouent en autonomie : un élève pose une question
• Décrivez le château de Dracula : intérieur et extérieur.
à celui qui vient de lancer le dé et vérifie l’exactitude de
la réponse (il est utile dans ce cas d’imprimer le corrigé des Case 19 : DÉFI D’ASSIA
questions). On pourra demander à un élève de jouer le rôle • Trouvez cinq mots qui riment avec « Dracula » ! (Vous
d’arbitre. Le professeur sert d’arbitre en cas de doute sur une avez 1 minute.)
réponse proposée. • Trouvez cinq mots qui riment avec « Carpates ».
But du jeu • Trouvez cinq mots qui riment avec « gousses d’ail ».
• Trouvez cinq mots qui riment avec « dents ».
• Être les premiers à arriver à la case 40 pour échapper à
Dracula. Case 27 : DÉFI D’ENZO
• Remporter un maximum de défis. • Décrivez l’intérieur d’une grotte vraiment effrayante :
Règles du jeu utilisez des expansions du nom variées. (Vous avez 3 minutes
pour préparer votre texte.)
Chaque équipe (ou chaque joueur) lance le dé et avance
• Faites le portrait de Dracula : utilisez des expansions du
d’autant de cases que le nombre indiqué. Le professeur ou
nom variées. Si Dracula est satisfait de son portrait, il vous
un élève lit la question.
laissera avancer de deux cases de plus.
Les questions sont classées selon le niveau de difficulté
• Décrivez une des chauves-souris qui vivent dans le châ-
suivant :
teau.
• case verte : facile
• Décrivez un cimetière éclairé par le clair de lune.
• case jaune : intermédiaire
• case rouge : difficile Case 32 : DÉFI DE CAMILLE
Les élèves seront informés du niveau de difficulté des ques- • Faites le récit de votre aventure dans le château en variant
tions au début de la partie afin de favoriser la coopération et les mots de liaison : votre récit devra être captivant, vous ne
pour permettre à chacun de participer dans une approche devrez surtout pas répéter « et », « puis », « alors ». (Vous
bienveillante. avez 3 minutes pour préparer votre texte.)
Si deux équipes tombent sur la même case, on pourra : • Vous avez été poursuivis par un loup-garou : racontez !
• poser la même question pour voir si l’élève a mémorisé Votre récit devra être captivant, vous ne devrez surtout pas
la réponse ; répéter « et », « puis », « alors ».
• demander une autre réponse que celle déjà donnée (pour • Vous êtes arrivés en retard au collège ce matin à cause
les questions qui admettent différentes réponses) ; d’un vampire : racontez ! Votre récit devra être captivant,
• poser une autre question ; vous ne devrez surtout pas répéter « et », « puis », « alors ».
• faire rejouer l’équipe. • Suppliez votre professeur d’augmenter votre moyenne :
Si une équipe ou un élève ne trouve pas la réponse ou donne utilisez au moins quatre verbes à l’impératif et soyez
une mauvaise réponse, elle/il passe son tour. convaincants !

Cases DÉFI
Ces cases demandent davantage de réflexion. Le délai
accordé pour la réponse sera plus long et les élèves pourront
utiliser un support papier pour rédiger un brouillon. Les
203
Réponses QUESTIONS VERTES Réponses QUESTIONS ROUGES
1 On pourra rajouter une contrainte : 3 adjectifs en lien 5 prudemment.
avec le personnage de Dracula ou avec son château. 9 Sadique, impitoyable, implacable, féroce, inhumain...
2 cruellement est un adverbe de manière. 13 Noms : Affolement, angoisse, anxiété, appréhension,
7 donc est l’intrus : c’est une conjonction de coordina- crainte, effroi, frayeur, hantise, panique, phobie, ter-
tion, le pronom relatif est dont. reur, trac, trouille…
11 Dans est une préposition. Verbes : s’affoler, angoisser, appréhender, craindre,
15 Deux synonymes d’« effrayant » : terrifiant, épouvan- effrayer, paniquer, terroriser …
table, terrible, horrible, affreux, menaçant, inquiétant, Adjectifs : affolé, angoissé, anxieux, craintif, effrayé,
redoutable... effrayé, effrayant, hanté, paniqué, phobique, terrorisé...
20 Assoiffés de sang, les vampires mordent leur victime. 18 Peut-être, sans doute, à ce qu’il paraît, sans doute,
24 Futur. probable, possible, il (me) semble que ...
28 Ses dents étaient pointues et acérées. 22 Forme impersonnelle.
33 CCT : le soir, la nuit, pendant leur sommeil... 26 Je mordrais, tu mordrais, il mordrait, nous mordrions,
CCL : au cou, dans leur lit, dans le château… vous mordriez, ils mordraient.
CCM : sauvagement, cruellement... 30 Lucy avait été mordue par Dracula.
37 L’escalier qui descend vers les cachots/ qui monte/ 35 Il eut mordu : passé antérieur, il repartit : passé simple.
dont je t’ai parlé/ que j’ai emprunté... 39 Adjectifs attributs du sujet « Dracula ».
40 Le grand / sombre/ terrifiant (adjectif) château de
Dracula (CDN) qui se situe dans les Carpates (PSR).
Réponses QUESTIONS JAUNES
3 « abominable » est un adjectif.
4 Mais ou et donc or ni car (on pourra demander de les
écrire ou de les épeler pour en vérifier l’orthographe).
8 Mots de la famille de cruel : cruellement, cruauté.
12 Un antonyme d’effrayant : rassurant, apaisant, tran-
quillisant, calmant...
17 Se laver, se lever, se coucher, s’écrier, se coiffer, se ren-
contrer, se regarder, s’inscrire, se téléphoner…
+ du champ lexical de la peur : s’évanouir, s’enfuir,
s’échapper, se méfier de...
21 Liés à la météo : pleuvoir, neiger, geler, venter, tonner,
grêler…
Autres : falloir, sembler, arriver, convenir, rester...
25 « Sortons » est conjugué à l ’impératif présent.
29 Nous sommes poursuivi(e)s par Dracula.
34 par la subordination avec « parce que ».
38 « Ses proies » = COD du verbe « hypnotiser ».

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