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Jaona Ramiandrisoa
LA MÉTHODE ARTHUR
comment développer dans l'harmonie
les capacités naturelles de votre enfant
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FIXOT
© Fixot, 1992.
Imaginez : l'amour, la musique, le rire des
enfants, sous un beau ciel bleu. Imaginez le
bonheur.
Toute ma reconnaissance à Dadou, pour sa
fidèle complicité depuis maintenant plus de
quinze ans ; à Arthur et Kalvine, qui m'ont
beaucoup appris.
AVANT-PROPOS
Ce qu'est l'enfance
On a observé depuis longtemps des caractères spécifiques à l'être
humain qui le distinguent des animaux les plus évolués. Il est capital
d'en rappeler précisément les plus remarquables que sont la plasti-
cité de l'enfant et la longue durée de la période de croissance chez
l'être humain, tels qu'en substance ils sont rapportés par le psycho-
logue Paul Osterrieth dans son ouvrage de référence : Introduction à
la psychologie de l'enfant (éditions PUF).
Chiens et chats naissent et ont beau vivre parmi les hommes, ils
n'en demeurent pas moins chiens et chats : on ne les voit pas
« s'humaniser» (sauf dans les contes et les dessins animés!). En
revanche on a bien relevé des cas d'enfants élevés parmi les loups qui
devenaient enfants-loups. L'histoire de Mowgli du Livre de la jungle
de Rudyard Kipling est en fait la version romancée et poétique d'une
réalité connue en Inde. Le cas aussi de l' « Enfant sauvage de l'Avey-
ron » rapporté par le docteur Itard en 1801 atteste formellement
cette capacité de l'enfant à devenir une sorte d'animal dans un milieu
animal.
On note ainsi que la position debout et la marche bipède, pour les-
quelles l'homme est anatomiquement constitué, ne s'acquièrent que
si l'enfant est en contact avec des êtres qui pratiquent cette position
et ce mode de locomotion. Afortiori, il en va de même pour cet acte si
spécifiquement humain qu'est la parole : l'enfant ne peut découvrir
le langage que dans un milieu qui parle.
C'est dire combien le type adulte n'est pas « fixé » en lui de
manière aussi absolue que chez l'animal. Malgré ses caractères héré-
ditaires, l'homme naît polyvalent et largement indéterminé, avec
comme principale caractéristique humaine d'être extraordinairement
plastique et adaptable. Il n'y a pas de développement spécifiquement
humain sans contact avec l'humanité. Et cette polyvalence et cette
plasticité, l'homme les doit vraisemblablement aux caractéristiques
de son cerveau qui ne sont pas sans rapport avec la durée de son
enfance.
Comparé aux animaux les plus évolués, l'homme se distingue,
entre autres choses, par la durée de sa période de croissance qui
couvre chez lui à peu près le tiers de la durée moyenne de la vie
contre le cinquième environ chez les mammifères les plus dévelop-
pés.
On note que l'enfance s'allonge à mesure qu'on s'élève dans
l'échelle animale et qu'il y a un parallélisme très manifeste entre le
degré de complexité du cerveau adulte et la longueur de l'enfance.
Les animaux disposant à l'état adulte d'une gamme relativement
réduite de comportements rigides et stéréotypés ont une jeunesse fort
courte, suffisant à la maturation de ces montages dits instinctifs; en
revanche les vertébrés plus développés, disposant de possibilités plus
souples et plus variables, capables de s'adapter à des conditions beau-
coup plus diverses, ont une jeunesse plus longue, permettant l'élabo-
ration, la construction par expérimentation et tâtonnements de ces
mécanismes variables et changeants.
Cette longue jeunesse permettrait l'accroissement de la gamme des
conduites possibles et l'élaboration d'un répertoire de comportements
beaucoup plus variés et plastiques. L'expérience viendrait en quel-
que sorte se substituer à l'instinct!
Cette longue jeunesse serait le fait d'un retard de la puberté per-
mettant le développement des caractères physiologiques spécifique-
ment humains : allongement des membres postérieurs, élément de la
station bipède; réduction du larynx, condition du langage articulé;
lenteur de l'ossification du crâne, permettant un plus grand déve-
loppement du cerveau. Cette prolongation de l'enfance aurait ainsi
pour effet une plus grande plasticité du système nerveux, d'où l'édu-
cabilité incomparable de l'enfant.
Une puberté retardée, mais aussi une naissance normalement pré-
maturée : l'homme naîtrait trop tôt, d'après la place qu'il occupe
dans l'échelle des êtres et d'après son degré d'organisation.
Comparé au poulain qui galope quelques heures après sa nais-
sance et au petit singe qui a déjà des proportions adultes, s'accroche
activement à sa mère et qui bientôt fait preuve d'une grande auto-
nomie motrice, le nouveau-né humain est étonnamment impuissant,
démuni, dépendant et en quelque sorte « inachevé », c'est-à-dire plus
semblable aux petits des mammifères inférieurs qu'à ceux dont il est
pourtant proche par son degré d'organisation et de complexité.
L'homme constituerait ainsi parmi les animaux supérieurs une sin-
gulière exception, il aurait un statut tout à fait particulier. Ce n'est
qu'à l'âge d'un an environ que le petit de l'homme serait comparable
aux nouveau-nés des animaux supérieurs.
Si pareille hypothèse peut être retenue, elle met en évidence un
fait capital, à savoir que pendant une période où l'animal vit dans
l'utérus maternel une série de processus biologiques tout à fait géné-
raux et semblables pour tous, l'enfant vit déjà dans le social et l'histo-
rique, bénéficiant d'un contact prématuré avec le monde ambiant.
En conséquence, l'animal naît en quelque sorte « prêt » pour la
vie, biologiquement « achevé » ou presque, mais enfermé pourrait-on
dire dans les possibilités relativement restreintes et figées que lui
assure cet « achèvement ».
L'enfant « inachevé », en revanche, va poursuivre son organisation
physique et construire ses mécanismes d'adaptation au contact de
l'univers social et matériel dans lequel il se trouve prématurément
placé, en réponse à des conditions nécessairement fluctuantes et
variables.
Ne disposant pas de mécanismes tout faits, nous sommes bien obli-
gés de les construire, d'où notre longue enfance, d'où notre richesse
et nos possibilités quasi illimitées d'adaptation. La longueur de notre
enfance est la réponse à notre inachèvement initial, à l'impuissance
presque totale du bébé.
De telles considérations contribuent à préciser la signification du
phénomène enfance. « L'enfant n'est pas enfant parce qu'il est petit,
écrivait Claparède au début du siècle, il est enfant pour devenir
adulte. » L'enfance est la période de l'humanisation de l'individu, de
l'apprentissage de la nature humaine. Cet apprentissage est long; il
l'est d'autant plus que le niveau adulte à atteindre est plus complexe
et plus évolué.
Cette humanisation ne peut se faire que dans le cadre d'un milieu
adulte qui, sans cesse, révèle et propose à l'enfant les comportements
caractéristiques de son espèce et du groupe dont il fait partie.
L'enfant, dans sa polyvalence et son indétermination, est par excel-
lence un animal educandum, un être qui appelle l'éducation.
Sans cette éducation il ne devient pas un adulte de son espèce.
C'est dire que, loin d'être « ce mal nécessaire » qu'on se contente si
souvent d'en faire, l'enfance est en réalité la voie ouverte aux réalisa-
tions les plus inattendues et les plus merveilleuses d'un psychisme
humain dont nous ne soupçonnons peut-être pas la richesse ni les pos-
sibilités.
L'être devient humain « selon » la culture dans laquelle il grandit
et « selon » l'éducation qu'il a reçue dans sa famille : c'est dire
combien il est - pour une large part - défini par son environnement.
Il va de soi qu'il n'y a pas d'enfants parfaits, pas plus qu'il n'y a
de parents idéaux. Nobody is perfect, comme dirait Arthur. Dadou et
moi, comme tous les parents, avons avancé à coups de découvertes, à
force de tâtonnements, de doutes, de gaffes, mais aussi de moments
d'inspiration. L'erreur est heuristique, dit-on, et c'est vrai, nous
l'avons vérifié maintes fois au cours de notre parcours.
C'est finalement comme cela, grâce à l'expérience, que nous tous,
les parents, progressons, pour le plus grand bonheur de nos enfants.
Le deuxième bénéficie en général de l'expérience du premier, le troi-
sième de celle des deux premiers et ainsi de suite. Nous nous amélio-
rons chaque fois. Faut-il pour autant se culpabiliser pour les erreurs
dont ont pâti les premiers?
Dadou et moi avons raté des choses; nous n'avons pas été exem-
plaires en certaines occasions. Nous avons encore des progrès à faire,
nous le savons. Mais l'essentiel n'est-il pas d'avoir le désir de bien
faire ? Il serait dommage que les parents, lecteurs de cet ouvrage, se
soucient des imperfections du passé (révolu par définition) au lieu de
s'ouvrir aux perspectives qu'il offre aux enfants de tous les âges.
L'être humain a en outre une qualité formidable : sa capacité de
régulation. Grâce à elle il peut toujours recouvrer, récupérer une
partie, voire la totalité de ses moyens potentiels. En un mot, tout
individu a normalement la capacité de surmonter les handicaps -
plus ou moins importants - qui peuvent jalonner son existence,
notamment ceux qu'il a acquis durant son enfance. De nombreux
exemples spectaculaires et émouvants témoignent de cette excep-
tionnelle faculté humaine. Ils doivent nous aider, nous les parents, à
refuser de succomber au fatalisme. Au contraire, et plus que jamais,
il nous faut cultiver l'espérance. Il nous faut être des «jardiniers
d'enfants ». Encore et toujours, parce qu'un enfant, c'est fantastique.
Tout simplement.
I
UN MONDE ACCUEILLANT
LA NOTION DE CONTINUUM
L ' a c c o u c h e m e n t s a n s violence
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