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Je suis

Je suis
Externe, ni baptisé, ni calotté
J’les r’garde se faire engueuler avec un œil amusé,
C’est pas qu’je respecte pas mais moi c’était pas ma came :
J’ai entendu trop de médias dans lesquels on parlait de drame.
Je suis
Gelé, en gueule en terre dans le caniveau
Les a-fond j’avoue c’est marrant mais bLEU c’est pas la vie de château
C’est vrai que tout ça c’est débile, j’m’e d’mande parfois ce que j’fout là
Mais la famille, des baptisés bientôt m’ouvrira grand les bras
Je suis
Fier d’appartenir à mon clan
Quand on marche en ville, le soir, on hurle slogan sur slogan
Ceux qui ne sont pas d’chez nous, on les dégomme à coup d’a-fond
Car au fond, confrontation rime avec animation
Je suis
Différent, et on me le répète souvent :
Ca va chinois ? Hey le noir ! Mais aucun : « Salut le blanc ! »
Je sais qu’c’est pas normal et finalement ça m’atteint peu
Au lieu d’pleurer, je fais des vannes sur la longueur de ma queue.
Je suis
Un peu perdu, dans le monde estudiantin
Fraichement sorti de mon trou, ici j’ai pas vraiment d’copain
On me parle de baptême, de cercl’, d’ordre je comprends rien
Mais ça me permettrait peut-être d’être d’adulé comme les anciens
Je suis
Vieux, mais je préfère « expérimenté »
Je venais déjà boire des pintes ici que t’étais même pas né
Souvent des gens viennent me dire que ces conneries c’est plus d’mon âge
Moi quand je sors avec des jeunes, je me sens pas en décalage.
Je suis
Entouré, admiré, par les nouveaux comme les aines
Postes à responsabilité, immenses visibilité
Mais j'ai les pieds sur terre car je sais que derrière
Certains sourires complices se cachent une amitié factice
Je suis
Seul, dans ma vie le temps a fait l’ménage
Plus d’amis, Plus d’meuf’, pas d’taf’, deux ans d’chomâge
Chaque moment pour faire la fête, boire un coup, me mettr’ une rac’
Est une occasion manquée de me regarder dans la glace
Je suis
Toujours là, toujours prêt, pour un coup d’main à donner
Pour une salle à nettoyer, un banquet à organiser,
Tous mes efforts payeront et prendront enfin leur sens
Quand j’accrocherai sur mon calot l’abeille de la reconnaissance.
Je suis
Loin et la vie fait qu’j’reviens moins souvent
Faute au mariage, à la maison, à la naissance de mes enfants
Avant j’faisais encore l’effort, mais depuis peu je suis triste
De voir mon adresse disparaître des dernières mailing-list

Je suis
Bonne, c’est ce que dis la taille de mes seins
Bien pratique au bar : tout l’alcool que j’veux pour rien
Des hommes je m’attire les faveurs mais au fond de moi j’ai peur :
Que bourrés, ceux que j’apprécie ne se transforment en violeur
Je suis
Moche, c’est l’image que me renvoie mon miroir
Mais pas c’est grave, t’es comme un mec, t’es comme not’ pot’, on s’tapes des
barres !
Au début, ça m’énervait de n’être que le second choix
Mais j’ai trouvé l’arme absolue : on m’appelle Marie-couche toi-là
Je suis
Chiant, certes, mais attaché aux traditions
Comment guindailler tranquillement sans un peu d’organisation ?
Les règles sont arbitraires, mais constituent notre héritage
Guindaille sans pinaille n’est que ruine de l’âme
Je suis
Super chiant si j’en crois mon nombre de censes
C’est juste que ta pinaille me gonfle tout comme ton manque de cohérence
Le boxon est mon arme, pour les fois où j’voudrais d’gueuler
Mec, pète un coup, on est là pour rigoler !
Je suis
Un bal, un carnaval, un match de foot, une corona
Un cortège, une externe, une soirée mousse, une barmitzva
Une salle de fête, une confrérie, un penné, une futaille
Une bière fraîche en été, je suis le point final d’une guindaille
Je suis le vomi du car, je suis la chaleur des bars
Je suis un produit du terroir ou bien le gras d'un kebab
Comitards, faluchard, les agros
Les kapistes, les youkous, les tyros
Une blague sexiste, la CASA vide, un chant suivi d’un d’un cri
Je suis une brouette, un chapi, la haguette contre le blanc-moussis
Je suis le pompistador, je suis le grand masturbator
Je suis le nain qui me dit qui dans mon cœur il y a de l’or
Je suis, le folklore

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