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ALICE PRESCOTT

JOHN MICHAEL
Copyright © 2012 JOHN MICHAEL

Tous droits réservés.

ISBN :
DÉDICACE
TITRE DU LIVRE

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Table des matières
REMERCIEMENTS....................................................................................vi
1/ DÉBUT DE SOIRÉE................................................................................1
2 / LE RÉVEIL............................................................................................6
REMERCIEMENTS
1/ DÉBUT DE SOIRÉE

Salut à vous, mes chers lectrices et lecteurs ! Comment vous


portez-vous ? Tout va pour le mieux dans vos vies ? Vous exercez le
métier que vous avez toujours voulu ? Votre famille vous aime ? Non…
Peut-être… Oui…
De mon côté, je ne saurai pas réellement répondre à ces
questions. Célibataire endurcie, je fête ce mardi 29 novembre 2022 mes
trente-cinq ans. Ma mère me chérit autant que je l’affectionne. Deux
amies d’enfance enjolivent mon existence. Un petit appartement en
plein centre-ville m’offre un lieu de vie. Un poste de serveuse dans un
bar miteux, à cinq minutes de mon domicile, occupe beaucoup de temps
dans mes journées. Ai-je toujours désiré travailler dans un tel endroit ?
Non, je ne peux pas le dire. Depuis deux ans environ, je m’y noie
littéralement. Au début, oui, j’étais carrément motivée pour écouter et
aider la différente clientèle, mais maintenant, j’en ai assez. Je me fatigue
à suivre tous leurs problèmes et à rester calme devant leurs avances.
Bref, je m’ennuie.

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TITRE DU LIVRE

Vous pourriez vous dire : mais de quoi se plaint-elle ? Son travail


lui permet de se payer un appart en centre-ville. Sa mère et ses amies
l’aiment pour ce qu’elle est. Pourquoi se met-elle à pleurer sur nos
épaules ? Je suis paumée. Oui, terriblement paumée ! Cette vie banale
ne me convient pas. Au fond de moi, je suis une aventurière ! Il manque
une chose ou quelqu’un dans cette existence ennuyeuse !
Quelqu’un frappe à la porte de mon appart. Qui cela peut-il être ?
Je finis mon verre de whisky avant de me lever. Dans le couloir décoré
de photos de vacances prises avec mes amies Bethany et Leslie, je jette
un œil à l’horloge suspendue au mur : 21 h 34.
— Alice, on t’entend, déclare la voix de Bethany.
— Oui, ouvre, insiste Leslie.
Je me stoppe à deux mètres de l’entrée. Mince ! Je me souviens
maintenant. Elles m’avaient demandé de me préparer pour 21 h 30 à
sortir pour mon anniversaire. J’étais tellement concentrée sur l’écriture
de mon roman que je l’avais oublié. De plus, je leur avais dit vouloir
profiter de mon seul jour de repos de la semaine. J’espérais pouvoir
vivre paisible chez moi ! En compagnie de cet homme, à moitié vampire
et loup-garou, que j’ai inventé. Ce gars qui me fascine tant !
Bien évidemment, elles ne m’ont pas écouté. C’est chaque fois la
même chose.
— Aaaaaaaaaaaaaaaliiiiiiiiiiiiiice ! crie Bethany.
— Arrête, tu vas déranger tout le monde, lui reproche Leslie.
Des poings cognent fortement la porte. Je me doute que c’est
Bethany qui s’amuse à nous agacer et à nous gêner, Leslie et moi. J’en ai
la confirmation quand j’ouvre l’entrée et que je manque de recevoir son
coup en pleine tête. Heureusement, elle se stoppe à quelques

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centimètres de mon visage. Ennuyée, Bethany retire sa main en


bégayant des mots inintelligibles. Je regarde Leslie qui me sourit
bêtement. Du coin de l’œil, je découvre la commère de l’immeuble hors
de chez elle. Madame Hortens, une dame dont je ne connais pas l’âge
exact, mais qui semble avoir cent ans tant ses traits sont creusés et son
dos courbé, vit ici depuis plus longtemps que nous autres locataires. Elle
agit comme le contraire des trois singes de la sagesse : elle voit tout,
entend tout et dit tout. Alors, bien que ma vie soit loin de tout ragot,
j’essaie autant que possible de l’éviter. Bethany le sait et, à la moindre
occasion, attire son attention. Cela m’énerve à un point ! Mais
aujourd’hui, j’ai décidé de laisser couler.
— Moins de bruit ! maugrée madame Hortens.
— Bonsoir, vous allez bien ? demande Bethany avec un grand
sourire.
Ma voisine nous toise sévèrement avant de rentrer chez elle. Tous
trois nous regardons, surprises, et éclatons de rire. Puis je reviens dans
le couloir de mon appart, Bethany et Leslie derrière moi.
— T’as l’intention de sortir habillée comme ça ? s’intéresse Leslie
en fermant l’entrée.
Je me retourne vers elles et j’admire la beauté de mes copines.
Leslie, une trentaine d’années, est bien sous tous rapports.
Comme à son habitude, on dirait une petite fille sage : ses longs cheveux
blonds tirés en une queue de cheval et son ensemble strict gris-
anthracite cachent pourtant une folie que celle de Bethany rejoint. Ses
hauts talons aiguilles m’impressionnent. C’est à se demander comment
elle fait pour tenir debout. Néanmoins, cela lui permet d’être à notre
taille, nous qui ne faisons qu’un mètre soixante-dix.

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TITRE DU LIVRE

La fantaisie de Bethany se montre toujours dans ses expressions


de visage ou dans sa manière de se vêtir. À cet instant, je ris de son style.
Ses cheveux frisés aussi noir de jais que son teint sont coiffés en un
palmier au-dessus de sa tête. Elle porte une robe ample jaune flashy.
Dans la nuit, c’est certain, personne ne peut la louper !
Je tourne le regard et observe mon reflet dans le miroir. D’accord,
j’avais l’intention de rester avec mon héros Katharos, mais au moins
j’aurais pu m’habiller pour la circonstance. Je ne ressemble pourtant
qu’à un lapin géant avec mon pyjama doux dont je me sers l’hiver. Des
mèches de cheveux en sortent. Je n’ai aucun maquillage. Des cernes
entourent mon regard bleu azur. Bref, je suis dans un piteux état.
Je souris bêtement à mes amies.
— Lissou, va te faire belle, on t’attend, m’invite Leslie, un doigt
pointé vers ma chambre.
— Belle ? Aussi magnifique que moi, ça va être compliqué, se
réjouit Bethany en tournant sur elle-même pour faire voler sa robe.
— Betha, la sermonne Leslie gentiment.
Pour ma part, je ne les écoute plus. Je retourne dans mon
sanctuaire, un majeur levé à l’encontre de Bethany, sourire aux lèvres.
Après avoir sauvegardé mon roman et éteint mon ordinateur, me
voilà devant mon armoire. Pendant de longues minutes, je choisis et
jette plusieurs habits. Des robes et des ensembles finissent entassés sur
le matelas et sur le sol. J’ai l’habitude de suivre les tendances
vestimentaires de mes amies. Ce soir, pourtant, je ne sais pas comment
agir : être sage ou extraverti ? Qu’en pensez-vous ? Sur mon lit, j’ai deux
tenues : une stricte, une jupe serrée avec un chemisier qui me font
passer pour une institutrice coincée et une exubérante, un tailleur et

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TITRE DU LIVRE

pantalon de couleurs vertes à gros pois jaunes qui me rend sexy à


souhait du fait de son décolleté en V.

Sachant que je désirais me blottir dans les bras de Katharos, de


quoi ai-je envie maintenant ? Dois-je devenir cette personne que peu
d’hommes accostent ? Ou celle qui attire les regards et ne réussit pas un
moment à être vraiment libre ? C’est mon anniversaire aujourd’hui. Vais-
je le finir tranquillement avec mes amies ou le terminer avec un bel
étalon ? Décidément, ma vie est si difficile. Que feriez-vous à ma place ?
D’accord ! Je ne sais pas à quoi je vais ressembler exactement, mais
j’attrape ma jupe et le haut à pois jaunes. Je souris en pensant que je
vais possiblement passer pour une écervelée.
Une fois affublée de ces vêtements, je préfère ne pas me regarder
dans le miroir de ma chambre et mets des bas couleurs chair. Je me
brosse pendant plusieurs minutes les cheveux avant de secouer la tête.
Puis je vais rejoindre les filles dans la cuisine.
Depuis le temps que l’on se connaît, vous vous doutez bien que le
logement de l’une est celui de l’autre.
Bethany danse sur une musique imaginaire, une bouteille de bière
à la main. Elle a les yeux fermés et ne m’a donc pas vu arriver. Leslie,
l’attention rivée sur son portable, a pris place à la petite table qui me
sert de plans de travail et d’appui pour me restaurer. À ma venue, elle
lève à peine le regard avant de revenir à ce qu’elle faisait. Je récupère
une 1664 dans le frigo et m’assois à ses côtés.
— C’est bon, les gonzesses, je suis prête ! Vous avez prévu quoi ?

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2 / LE RÉVEIL

Où suis-je ? Je me trouve dans une obscurité profonde. Je ne


distingue rien autour de moi. J’ai l’impression de ne pas avoir ouvert les
yeux. D’être toujours dans mon sommeil. Êtes-vous là mes amis ?
Pouvez-vous me dire où j’ai dormi ? Je suis bête ! Bien sûr que non, vous
ne le voyez pas : vous me lisez ! Vous ne pouvez aucunement m’aider !
Je viens donc de me réveiller d’un profond repos. J’ignore où je
me trouve. D’ailleurs, comment suis-je parvenue ici ? Je n’en ai aucune
idée ! Que m’est-il arrivé ? Le premier souvenir qui me revient est celui
d’avoir bu jusqu’à plus soif chez moi avec Bethany et Leslie. Puis nous
sommes allées danser au « Blue Wolf », un night-club branché de
Wolfstad, la ville voisine de celle de mon domicile.
Je ricane en silence. Quand je fais la corrélation entre le nom de la
discothèque et la traduction de celui de cette ville, « ville des loups »,
cela me fait marrer ! J’ai déjà entendu de folles histoires. Cette cité
aurait été fondée par des lycanthropes. Il en existerait même encore de
nos jours. N’importe quoi ! La plus idiote de toutes les rumeurs est que
cette discothèque serait la tête pensante de cette ville. Catherine

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Alexander, la propriétaire de ce lieu, serait une descendante de


Katharos, le premier des loups-garous, l’homme qui m’a servi de modèle
pour mon roman.
À notre arrivée, la boîte était déjà fortement fréquentée. Je ne me
souviens plus de grand-chose après. Sauf que je me vois danser sans
m’arrêter !
Revenons-en au présent. C’est bizarre, alors que d’habitude, après
un arrosage comme je l’ai fait hier, mon crâne me fait mal à un point que
je me taperais la tête contre les murs, aujourd’hui je vais très bien.
Je regarde autour de moi pour vérifier si je suis totalement dans le
noir. Aucune fenêtre. Soudain, un rai de lumière apparaît à hauteur du
sol. Elle est si vive qu’elle en éclaire presque la pièce. Les cloisons sont
immaculées. Seul le lit sur lequel je suis allongée la décore.
Décidément, que fais-je ici ? Quelqu’un pourrait-il m’aider ?
Je me rends compte que ma poitrine est nue. Nue ? Mais
pourquoi ? Attendez… Je touche le fin tissu du pantalon qui me couvre
les jambes. De la soie ? Non, impossible…
Qui a pu m’enlever, me déshabiller et m’enfiler un vêtement de
luxe ? Et pourquoi avoir laissé mon torse désapé ? Est-ce un pervers ?
Argh, ça m’énerve ! Je ne me souviens pas ! Et les filles, où sont-elles
passées ? Leur est-il arrivé quelque chose ? Que nous est-il arrivé dans
cette discothèque ?
Je me lève pour m’approcher de la porte quand soudain, un bruit
derrière celle-ci me fait réagir. Instinctivement, je me rallonge avant de
fermer les yeux. Quelqu’un entre dans la chambre. Un homme ? Une
femme ?
— Alors, tu es réveillée ? demande une douce voix masculine.

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Je ne réponds pas, faisant mine de ronfler. La lumière s’allume. Il


avance et s’assoit sur le bord du lit.
— Pas la peine de faire semblant de dormir, je sais que ce n’est pas
le cas ! me souffle-t-il à l’oreille.
Il le sait ? Mais comment ?
Même si j’ai le pressentiment qu’il me dit la vérité, pourquoi le
croirais-je ? Je ne peux m’empêcher de bouger comme s’il m’avait
dérangé dans mon sommeil.
Une main me retire délicatement les cheveux du visage. La
tendresse qu’il met dans son geste m’inspire la confiance. J’entrouvre un
œil. Son sourire m’illumine. Il est beau. Ses yeux bleus m’envoient des
éclairs d’énergies tant ils ressortent du fait de son teint basané.
— N’aie pas peur, je ne te ferai aucun mal. Je constate que tu es
totalement soignée.
Que veut-il dire ? Que cela signifie-t-il ? J’ouvre complètement les
paupières. Je ne le quitte pas du regard quand je m’assois sur le lit. Peut-
être devrai-je lui cacher mes seins ? Non, je ne suis pas pudique. Et de
toute manière, il les a déjà vues puisque, vraisemblablement, c’est lui
qui m’a dévêtue.
— À part le sang, il ne semble plus y avoir trace de quoi que ce soit.
Porter un haut ne te fera plus mal.
Il fixe mon torse en me tendant une veste noire. D’un rapide coup
d’œil, je vérifie si c’est bien ce qui complète mon pyjama. Oui, je le
confirme. L’homme m’en a fourni un d’un très joli style. Mais ? Qu’est-ce
que c’est ça ? Je viens de sursauter en voyant le sang dont l’inconnu me
parlait. L’hémoglobine couvre mon torse. Je passe mes mains dessus
pour constater que je n’ai aucune blessure. Mais à qui est tout ce sang ?

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Pendant que je cherche ce que cela signifie, il se lève et s’éloigne


vers la porte.
— C’est le tien.
Quoi ? Mais que raconte-t-il ? C’est qui lui ? Je n’ai pas pensé à
voix haute et... pourtant...
— Je t’ai répondu oui, confirme-t-il, calme.
Je dirige mon attention vers lui. Il entend mes réflexions. Je ne
comprends pas, mais je ne panique pas. Sa voix mélodieuse me dit de
ne pas le faire. En plus d’être magnifique avec ses cheveux coupés en
brosse, son corps musclé à peine dissimulé sous un maillot qui lui colle à
la peau et de très jolies fesses moulées à un jean déchiré, sa prestance
me subjugue. Je ne sais pas pourquoi, impossible d’aller à son encontre.
— Nous sommes connectés.
— Connectés ? Mais ? Comment ?
Je me lève et m’approche de lui rapidement. D’accord, je ne
panique pas, mais oui, je m’énerve. Cette situation est merdique. Je ne
la comprends pas, mais c’est un bordel sans nom ! Je m’arrête dans son
dos. Je sais qu’il m’a senti, mais il ne bouge pas, attendant ce que je vais
faire. Je lève un poing pour le frapper et me défouler de cette
incompréhension, mais me stoppe au dernier moment. Non, il ne l’a pas
mérité !
— Où sont mes amies ?
— Elles vont bien. Elles pensent que tu es avec un homme
rencontré au « Blue Wolf ». Tu es en sa compagnie depuis trois jours.
— Trois jours ?
— Oui, je sais. Tu as l’impression que tu y étais hier soir. Je vais tout
te révéler.

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Mais vas-y, explique !


— Non, je ne le ferai pas tout de suite. Tu as besoin de te remettre
les idées aux claires sinon cela sera trop pour toi, m’informe-t-il en se
retournant et en me prenant le visage de ses mains.
Purée, ce qu’il est beau ! Il me sourit et je fonds. Cet homme n’est
pourtant pas mon style. Habituellement, je préfère les geeks. Ils me font
rire avec leurs petites lunettes sur le nez et leurs conversations dont je
ne comprends pas un piètre mot.
— Maintenant, tu vas passer la veste et te rendormir un peu.
Sa voix m’hypnotise. Je ne sais pas comment il fait, mais le
sommeil me tombe dessus.
— Une fois réveillée, tu iras prendre une douche. Je t’ai laissé des
vêtements dans la salle de bains. Ne te presse pas. Je t’attendrais dans le
salon. À ce moment, je te révélerais la vérité.
Cet individu beau comme un diable m’embrasse tendrement sur
les lèvres. Je ne peux pas y résister. Puis il me tourne le dos et s’éloigne.
Il ouvre la porte et s’arrête.
— Mon nom est Corvine.

Plusieurs heures plus tard, alors que je m’éveille du repos que je


n’ai pas réussi à éviter, les questions reviennent me tarauder. Qui est cet
homme ? Qui est ce Corvine ? D’ailleurs, c’est quoi ce prénom ? D’où le
sort-il ? Du sac de sa grand-mère ? Pourquoi m’a-t-il amené ici ? À ce que
j’ai compris, j’étais blessé ? Tout ce sang sur ma poitrine serait le mien ?
Non, c’est impossible ! Je ne peux pas le croire. Je ne ressens aucune
douleur. Vu toute l’hémoglobine séchée sur mon corps, il est
impensable que cela soit dû à un traumatisme dont je ne me rappelle

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plus et déjà soigné en aussi peu de temps. Avec une telle blessure,
n’importe qui serait mort !
Revenons à cette histoire de trois journées. Comment ai-je pu
dormir pendant tout ce temps ? Pourquoi n’ai-je plus aucun souvenir ?
Bethany et Leslie imaginent-elles réellement que j’ai pu disparaître avec
un inconnu rencontré dans un club ?
Cet inconnu, ce Corvine, comment fait-il pour entendre mes
pensées ? D’accord, il est magnifique avec cet air mystérieux et sûr de
lui. Mais est-il vraiment digne de confiance ? Tout à l’heure, à ses côtés,
j’en étais certaine, mais maintenant... Comme le fait qu’il soit télépathe,
peut-être a-t-il le don d’inspirer la confiance par sa simple présence ?
Purée, il m’a révélé que nous étions connectés. Ressent-il
réellement toutes mes émotions ? Ça veut dire que là, à cet instant, il
sait que je suis réveillée ? Ça fait flipper !
Certains d’entre vous vont me dire : « à quoi bon songer
autrement que lui puisqu’il lit dans tes pensées ? ». Je préfère me dire
qu’il connaît mes actes lorsqu’il le désire, pas à chaque instant.
Je me lève et m’approche de l’entrée. Heureusement, la lumière
de la chambre est restée allumée. Je sors en silence et me retrouve dans
un couloir immaculé de blanc. Aucune décoration. Le jour vient d’une
pièce adjacente.
— La salle de bains est au bout, devant toi, m’informe la voix de
Corvine.
Je sursaute. Purée ! Je n’ai pourtant fait aucun bruit ! Comment a-
t-il fait pour me surprendre ? C’est notre connexion ? Il me surveille
encore ?

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TITRE DU LIVRE

— Ne t’inquiète pas, je t’ai juste entendu. Je ne te surveille pas à


chaque instant. J’ai l’ouïe fine !
Je me positionne à l’entrée de la pièce d’où le jour provient. C’est
la première fois que je vois une salle aussi grande. Surtout dans une
maison. Habituellement, cette superficie sert spécialement pour les
évènements comme des mariages. Mais là, non, j’ai devant moi un salon
majestueux immaculé de blanc. D’immenses portes-fenêtres font entrer
le soleil. Corvine est assis sur un large canapé noir. Il regarde la
télévision sur le plus grand des écrans que je n’ai vu jusqu’alors. Cet
homme mystérieux se retourne dans ma direction. Décidément, Corvine
est beau. J’ai bien dit beau : B.E.A.U !!! Je ne peux m’empêcher de le
contempler. Son sourire me renverse. Je n’ai qu’une seule envie : aller
me blottir dans la chaleur de ses bras. Non, ma vieille, arrête tes bêtises.
Tu ne connais rien de lui. Va prendre une douche ! Va te remettre les
idées en place !
— La salle de bains est au fond du couloir. Je ne t’écouterais pas,
promis. Même en pensée !
Je lui souris et lui fais un signe de tête de compréhension.
— Tes vêtements étaient en lambeaux. Je les ai donc détruits. Tu
en trouveras d’autres à ta taille sur la caisse à linge. J’espère qu’ils te
plairont.
En lambeaux ? Blessure plus fringues déchirées. que m’est-il
arrivé ? Je me le demande...
Je rentre dans la salle : une douche, un lavabo, un panier, un
meuble qui doit contenir des médicaments ou je ne sais quoi d’autre.
Voilà tout ce que présente la petite pièce. Il n’y a aucun miroir. À croire
que pour Corvine, se laver ou s’apprêter n’est pas une nécessité.

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Curieuse, j’inspecte les habits qu’il m’a laissés. Au cas où je ne me


serais pas aperçue que Corvine est un homme, ses goûts pour parer les
femmes me le confirment. Comment une personne avec un choix
certain pour certains vêtements peut-elle se tromper autant pour
d’autres tenues ?
Je fais couler l’eau de la douche pour qu’elle ait le temps de
chauffer pendant que je me dénude. J’inspecte mon corps. Aucune
plaie. À qui est ce sang ? Corvine a halluciné ou il me ment. C’est un
pervers. Impossible qu’il y ait trois jours de passé. Bethany et Leslie
doivent s’inquiéter de ma disparition. Je dois oublier les explications que
cet individu doit soi-disant me fournir. Je dois rejoindre mes amies. De
quelle manière vais-je agir ? Je cherche dans le meuble pour trouver un
objet qui pourrait m’aider. Rien. J’ouvre tous les tiroirs et les portes. Rien
du tout. À quoi sert ce meuble ? Où met-il ses médicaments ou son
rasoir ? Il est rare que la peur me prenne, mais, en cet instant, elle est
plus que présente. Je dois partir de cet endroit. Ce Corvine est trop
bizarre ! Je tourne la tête à la recherche d’un plan. Il y a une petite
fenêtre en haut du mur devant moi. Elle est inaccessible ! Je réfléchis en
priant pour que cet homme tienne sa promesse et qu’il ne m’écoute
pas. Pendant ce temps, je me lave rapidement pour enlever
l’hémoglobine de mon corps. Une idée me vient. Je me sèche avec la
serviette pendue au porte-manteau de la porte puis m’habille : des
baskets et une chemise blanches ainsi qu’un pantalon patte d’éléphant
et un pull en lycra noirs.
J’ai laissé l’eau de la douche couler. J’ouvre également le robinet
du lavabo. Je prie pour que cela cache le bruit que je vais faire. En effet,
je monte sur le meuble qui se trouve, par chance, sous la fenêtre. Avec

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TITRE DU LIVRE

acharnement, je passe au travers de celle-ci et me retrouve à


l’extérieure.

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