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Notes de cours
André Giroux
Département de Mathématiques et Statistique
Université de Montréal
Décembre 2009
Table des matières
1 INTRODUCTION 3
1.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2 PARTIES MESURABLES DE R 6
2.1 Mesure extérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2 Ensembles mesurables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3 Mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
4 INTÉGRATION SUR R 25
4.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
6 CONSTRUCTION DE MESURES 67
6.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
7 CONVERGENCE EN MESURE 79
7.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
8 ESPACES DE LEBESGUE 88
8.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
9 DÉRIVATION 98
9.1 Fonctions à variation bornée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
9.2 Fonctions absolument continues . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
9.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
1
11 MESURES PRODUITS 130
11.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
12 APPLICATIONS 146
12.1 Série de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
12.2 Transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
12.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
2
1 INTRODUCTION
L’aire d’un rectangle R de côtés a et b est ab, par définition. Lorsque
a et b sont des entiers, cette aire est égale au nombre de carrés de côté
unité nécessaires pour recouvrir R. L’aire du triangle rectangle de base a et
de hauteur b est bien évidemment ab/2. On en déduit l’aire d’un triangle
quelconque puis, par triangulation, celle d’un polygone arbitraire.
Le calcul de l’aire d’un domaine D délimité par des courbes plus com-
plexes, par exemple des arcs de cercle ou des segments de parabole, nécessite
un passage à la limite. Dans le cas où D est déterminé par le graphe d’une
fonction f continue et positive sur un intervalle compact [a, b] 1 ,
D = {(x, y) | a ≤ x ≤ b , 0 ≤ y ≤ f (x)},
inf{S(f, P) | P} = sup{s(f, P) | P}
et c’est cette valeur commune que l’on prend pour mesure de l’aire du do-
maine D. On exprime ceci en disant que la fonction f est intégrable au sens
de Riemann sur l’intervalle [a, b], d’intégrale
Z b
f (x) dx = inf{S(f, P) | P} = sup{s(f, P) | P}.
a
1
[a, b] désigne un intervalle contenant ses extrémités, ]a, b[ désigne un intervalle ne
contenant pas ses extrémités et (a, b) désigne un intervalle contenant peut-être ses
extrémités.
3
Lorsque la fonction f n’est pas continue, il n’est plus certain qu’elle soit
intégrable au sens de Riemann, même si elle est positive et bornée. Un
exemple d’une telle fonction est fourni par la fonction indicatrice des nombres
rationnels f = IQ , introduite par Dirichlet et définie par
1 si x ∈ Q
IQ (x) =
0 sinon,
qui n’est intégrable sur aucun intervalle [a, b] puisque l’on a toujours
S(IQ , P) = b − a , s(IQ , P) = 0.
On peut essayer d’élargir la classe des fonctions intégrables, et ceci
est l’objet de notre cours, en considérant avec Lebesgue des partitions de
l’axe des ordonnées plutôt que des partitions de l’axe des abscisses. Nous
étendrons d’abord la notion de longueur d’un intervalle,
λ([a, b]) = b − a,
à une classe plus vaste d’ensembles (nous les nommerons : ensembles me-
surables et la longueur généralisée : mesure). Nous considérerons alors la
somme
m
X k
σm (f ) = λ(Ek )
m
k=0
où
k k+1
Ek = x| ≤ f (x) <
m m
et λ(Ek ) est la mesure de Ek . ( Pour alléger l’exposé, nous avons supposé ici
que 0 ≤ f (x) ≤ 1. ) Cette somme d’aires de rectangles généralisés constitue
une bonne approximation de l’aire du domaine D cherchée : lorsque m est
grand en effet, f est presque constante sur Ek . La complexité de la fonction se
traduit par la complexité des ensembles Ek . Si f est monotone par exemple,
les ensembles Ek sont des intervalles et la somme σm (f ) se réduit à la somme
s(f, P) correspondante. Pour une classe très vaste de fonctions (nous les
appellerons : fonctions mesurables), nous verrons que
lim σm (f )
m→+∞
4
La propriété de la mesure qui permettra
P ces développements est la pro-
priété d’additivité : désignant par n En la réunion d’une suite finie ou
infinie d’ensembles mesurables deux à deux disjoints2 , nous aurons
!
X X
λ En = λ(En )
n n
1.1 Exercices
1. Vérifier que la fonction
x 7→ IQ (x)
est partout discontinue.
2. Déterminer l’ensemble des points de continuité de la fonction
x 7→ x IQ (x).
5. Calculer Z 1
(cos m!πx)n dx
0
puis Z 1
n
lim lim (cos m!πx) dx .
m→+∞ n→+∞ 0
2
et par E1 + E2 la réunion de deux ensembles disjoints.
5
2 PARTIES MESURABLES DE R
Dans ce chapitre, nous allons généraliser la notion de longueur en deux
étapes. Nous associerons d’abord à tout ensemble E ⊆ R un élément λ∗ (E)
de [0, +∞]3 appelé mesure extérieure de E qui, lorsque E est un intervalle, se
réduit à sa longueur. Nous restreindrons ensuite la fonction E 7→ λ∗ (E) ainsi
définie sur l’ensemble P(R) de toutes les parties de R à une famille LR appro-
priée d’ensembles de façon à avoir la propriété d’additivité. Ces ensembles
seront les ensembles mesurables et la fonction restreinte sera la mesure. Nous
verrons ensuite des exemples d’ensembles mesurables et étudierons des pro-
priétés supplémentaires de la mesure.
la borne inférieure étant calculée sur la famille des suites finies ou infinies
d’intervalles ouverts { ]ak , bk [ }k recouvrant E. Pour étudier ses propriétés,
nous nous appuierons sur le théorème suivant.
Démonstration.
Supposons le contraire. Alors au moins l’un des deux intervalles
a+b a+b
[a, ], [ , b]
2 2
ne pourrait être recouvert par un nombre fini des intervalles ]aα , bα [. Donc
au moins l’un des quatre intervalles
3a + b 3a + b a + b a + b a + 3b a + 3b
[a, ], [ , ], [ , ], [ , b]
4 4 2 2 4 4
3
On convient que si a ∈ [ 0, +∞], a + (+∞) = +∞, que si a ∈] 0, +∞], a × (+∞) = +∞
et enfin que 0 × (+∞) = 0.
6
ne pourrait l’être. Ainsi de suite. On obtiendrait de cette façon une suite
d’intervalles emboı̂tés,
I1 ⊇ I2 ⊇ I3 ⊇ · · · ,
dont le nième aurait pour longueur (b − a)/2n . L’intersection de tous ces
intervalles se réduirait à un point x de [a, b]. Il existerait donc un intervalle
]aα , bα [ contenant ce point et, par suite, tous les intervalles In à partir d’un
certain rang, contredisant leur définition. C.Q.F.D.
E + x0 = {y | y = x + x0 , x ∈ E}.
Démonstration.
La première propriété (monotonie) suit de ce que tout recouvrement de F
est aussi un recouvrement de E et la deuxième (invariance sous translation)
découle de ce que la longueur d’un intervalle est invariante sous translation.
Pour démontrer la troisième, considérons d’abord le cas d’un intervalle
compact [a, b]. Soit > 0 arbitraire. La relation
[a, b] ⊆ ]a − , b + [
montre que
λ∗ ([a, b]) ≤ b − a + 2
donc, > 0 étant arbitraire, que
λ∗ ([a, b]) ≤ b − a.
7
Pour obtenir l’inégalité opposée, il suffit, en vertu du théorème de Borel-
Lebesgue, de montrer que, si
N
[
[a, b] ⊆ ]ak , bk [,
k=1
on a
N
X
b−a≤ (bk − ak ).
k=1
Pour ce faire, on peut supposer que les intervalles du recouvrement fini sont
énumérés de telle sorte que
a1 < a < a2 < b1 < a3 < b2 < · · · < aN −1 < bN −2 < aN < bN −1 < b < bN .
Alors
[a + , b − ] ⊆ (a, b) ⊆ [a, b]
entraı̂nent
b − a − 2 ≤ λ∗ ((a, b)) ≤ b − a.
Enfin, si l’intervalle (a, b) n’est pas borné, il contient des intervalles bornés
de mesure extérieure arbitrairement grande et, par monotonie,
λ∗ ((a, b)) = +∞ = b − a.
Alors les intervalles { ]akj , bkj [ }j,k forment une famille au plus dénombrable
(c’est-à-dire peuvent être rangés en une suite finie ou infinie) telle que
[ [[
Ek ⊆ ]akj , bkj [,
k k j
8
d’où !
[ XX X
λ∗ Ek ≤ (bkj − akj ) ≤ λ∗ (Ek ) + .
k k j k
C.Q.F.D.
Démonstration.
Considérons un ensemble A ⊆ R quelconque et vérifions d’abord, par
récurrence sur N , que
N N
!
X X
∗
λ AEk = λ∗ (AEk ). (1)
k=1 k=1
9
Cet énoncé est en effet trivial pour N = 1 et, s’il est vrai pour N ,
N +1 N +1 N +1
! ! ! ! !
X X X
∗ ∗ ∗ c
λ AEk = λ AEk EN +1 + λ AEk EN +1
k=1 k=1 k=1
N N +1
!
X X
= λ∗ (AEN +1 ) + λ∗ AEk = λ∗ (AEk ).
k=1 k=1
Dans le cas d’une suite finie, {Ek }1≤k≤N , on a donc bien, en prenant A = R,
que
N N
!
X X
∗
λ Ek = λ∗ (Ek ).
k=1 k=1
Dans le cas d’une suite infinie, {Ek }1≤k≤+∞ , on a, pour chaque N , que
N N +∞
! !
X X X
λ∗ (Ek ) = λ∗ Ek ≤ λ∗ Ek
k=1 k=1 k=1
donc que
+∞ +∞
!
X X
∗ ∗
λ (Ek ) ≤ λ Ek .
k=1 k=1
10
Démonstration.
Les deux premières propriétés sont évidentes de la définition et la qua-
trième découle, par complémentarité, de la deuxième et de la troisième.
Pour démontrer cette dernière, considérons d’abord le cas de deux en-
sembles mesurables E1 et E2 . Alors, quel que soit A ⊆ R,
λ∗ (A(E1 ∪ E2 )) + λ∗ (A(E1 ∪ E2 )c ) = λ∗ (AE1 ∪ AE2 ) + λ∗ (AE1c E2c )
= λ∗ (AE1 E2c + AE2 ) + λ∗ (AE1c E2c ) ≤ λ∗ (AE1 E2c ) + λ∗ (AE2 ) + λ∗ (AE1c E2c )
= λ∗ (AE2c ) + λ∗ (AE2 ) = λ∗ (A).
Par récurrence sur N , la réunion de toute suite finie d’ensembles mesurables
{Ek }1≤k≤N est donc mesurable et, par complémentarité, ainsi en est-il de
leur intersection.
Considérons maintenant une suite infinie d’ensembles mesurables deux
à deux disjoints {Ek }k . En vertu de l’équation (1) page (9), on a, quel que
soit A ⊆ R et quel que soit N ,
N
! N
!c !
X X
∗ ∗ ∗
λ (A) = λ A Ek + λ A Ek
k=1 k=1
N N
!c !
X X
= λ∗ (AEk ) + λ∗ A Ek
k=1 k=1
N +∞
!c !
X X
∗ ∗
≥ λ (AEk ) + λ A Ek
k=1 k=1
11
S
puisque, si x ∈ k Ek , il existe un premier indice kx tel que x ∈ Ekx et alors
x ∈ Fkx . C.Q.F.D.
Démonstration.
Considérons d’abord le cas où I =]a, +∞[. Soit A ⊆ R un ensemble
quelconque et soient ]ak , bk [ des intervalles tels que
[ X
A⊆ ]ak , bk [ , (bk − ak ) ≤ λ∗ (A) + .
k k
On a !
[ X
λ∗ (AI) ≤ λ∗ Ik0 ≤ λ∗ (Ik0 )
k k
et !
[ X
∗ ∗
λ (AI ) ≤ λ c
Ik00 ≤ λ∗ (Ik00 )
k k
donc
X X
λ∗ (AI) + λ∗ (AI c ) ≤ (λ∗ (Ik0 ) + λ∗ (Ik00 )) = (bk − ak ) ≤ λ∗ (A) + .
k k
Les autres cas se ramènent à celui qui vient d’être étudié. Par exemple,
+∞ +∞
[ 1 [ 1
]a, b[ = ]a, b − ]= ( ]a, +∞[ ∩ ]b − , +∞[ c ).
k k
k=1 k=1
C.Q.F.D.
Démonstration.
Si x ∈ O, soient
12
et Ix =]ax , bx [. Alors, ou bien Ix = Iy ou bien Ix Iy = ∅. Les intervalles Ix
distincts sont donc au plus dénombrables (chacun d’eux contient un nombre P
rationnel différent). Dénotant ces intervalles par J1 , J2 , J3 , . . . , O = n Jn
peut s’écrire comme réunion d’une suite finie ou infinie d’intervalles ouverts
deux à deux disjoints (appelés composantes connexes de O). C.Q.F.D.
Démonstration.
Observons d’abord les identités :
ST + x0 = (S + x0 )(T + x0 ) , (S + x0 )c = S c + x0 .
A(E + x0 ) = (A − x0 )E + x0 , A(E + x0 )c = (A − x0 )E c + x0 .
C.Q.F.D.
Démonstration.
Soit A ⊆ R un ensemble quelconque. On a
C.Q.F.D.
L’exercice 10, page 17, fournit une description des ensembles qui sont
mesurables en utilisant cette notion d’ensemble de mesure nulle.
13
2.3 Mesure
La mesure λ est la restriction de la mesure extérieure λ∗ à la tribu des
ensembles mesurables LR :
λ = λ∗ /LR .
Démonstration.
Seule la quatrième propriété (continuité) n’a pas encore été démontrée.
Considérons à nouveau les ensembles
Par suite,
n
X
λ(En ) = λ(Fk )
k=1
et
+∞ +∞ +∞
! !
X X [
lim λ(En ) = λ(Fk ) = λ Fk =λ Ek .
n→+∞
k=1 k=1 k=1
C.Q.F.D.
Une propriété vraie partout sauf aux points d’un ensemble de mesure
nulle est dite vraie presque partout. Par exemple, la fonction IQ est égale
à 0 presque partout. Un ensemble dénombrable est toujours de mesure nulle
14
mais un ensemble peut être de mesure nulle sans être dénombrable. Ainsi
en est-il de l’ensemble de Cantor K.
15
il faut que a = b, donc que rk = rj , c’est-à-dire que k = j. Les relations
+∞
X
[0, 1] ⊆ Ek ⊆ [−1, 2]
k=1
2.4 Exercices
1. Montrer que tout recouvrement d’un ensemble K ⊆ R compact (fermé
et borné) par des ensembles ouverts contient un sous-recouvrement
fini.
2. Si E ⊆ R et k ∈ R,
kE = {y | y = kx , x ∈ E}.
µ∗ (E) = card(EZ).
16
7. Un ensemble de mesure nulle peut-il être ouvert ? Doit-il être fermé ?
8. Soit > 0 donné. Construire un ensemble ouvert E de mesure λ(E) <
qui soit dense dans R (c’est-à-dire tel que tout nombre réel puisse
s’écrire comme la limite d’une suite de nombres appartenant à E).
9. Montrer qu’un ensemble E ⊆ R est mesurable si et seulement si à
chaque > 0 correspond un ensemble ouvert O ⊆ R tel que E ⊆ O
et que λ∗ (O E c ) < .
Suggestion : considérer d’abord le cas où λ∗ (E) < +∞ puis les en-
sembles Em = E ] − m, +m[ .
10. Montrer qu’un ensemble E ⊆ R est mesurable si et seulement si on
peut l’écrire comme la réunion disjointe d’un ensemble de mesure nulle
N et d’un ensemble qui est une réunion au plus dénombrable d’en-
sembles fermés Fk : [
E = N + Fk .
k
11. Soit µ : LR → [0, +∞] une fonction additive. Montrer qu’elle est
nécessairement croissante et sous-additive.
12. Soit µ : LR → [0, +∞] la fonction définie par
+∞ si E est infini
µ(E) =
card(E) si E est fini.
E1 ⊇ E2 ⊇ E3 ⊇ · · · ,
17
Montrer qu’une fonction
µ : LR → [0, +∞]
18
3 FONCTIONS MESURABLES DE R VERS R
Dans ce chapitre, nous allons introduire la classe des fonctions mesu-
rables, étudier ses principales propriétés et considérer quelques exemples.
Une fonction f : E → R est une fonction mesurable si, quel que soit
α ∈ R, l’ensemble
et
+∞
[ 1
{x | f (x) > α} = {x | f (x) < α + }c ,
k
k=1
sont tous mesurables. L’image inverse d’un intervalle quelconque (c, d) par
une fonction mesurable,
f −1 ((c, d)),
est donc toujours un ensemble mesurable.
19
Démonstration.
En vertu de la continuité de f , l’ensemble
{x | f (x) > α}
est mesurable parce que l’ensemble h−1 ( ]α, +∞[ ) est relativement ouvert
dans (a, b), donc de la forme
X
h−1 ( ]α, +∞[ ) = ]ak , bk [ ∩ (a, b),
k
Finalement, la relation
(f + g)2 − f 2 − g 2
fg =
2
et la continuité des fonctions u 7→ u2 et u 7→ cu, c ∈ R, entraı̂nent la mesu-
rablité de la fonction f g. C.Q.F.D.
{a1 , a2 , a3 , . . . , aN }
20
est l’ensemble de ses valeurs non nulles et
Ek = f −1 ({ak }) = {x | f (x) = ak },
on a
N
X
f= ak IEk
k=1
(représentation canonique). La fonction f est donc mesurable si et seulement
si chacun des ensembles Ek l’est.
et
lim fn
n→+∞
sont mesurables.
21
Démonstration.
Considérons par exemple l’enveloppe supérieure supn∈N fn . Son domaine
de définition est l’ensemble
et
lim inf fn = lim inf fn = sup inf fn
n→+∞ k→+∞ n≥k k∈N n≥k
sur l’ensemble
{x | lim sup fn = lim inf fn }.
n→+∞ n→+∞
C.Q.F.D.
Démonstration.
L’ensemble
N = {x | g(x) 6= f (x)}
est de mesure nulle et
22
Théorème 14 Soit f : E → R une fonction mesurable positive. Il existe
une suite de fonctions mesurables positives étagées ϕn : E → R qui croı̂t
vers f .
Démonstration.
Considérons les ensembles
k−1 k
En,k = {x | n
≤ f (x) < n }
2 2
et
Fn = {x | n ≤ f (x)}.
Alors la fonction étagée
n2 n
X k−1
ϕn = IEn,k + n IFn
2n
k=1
et que
(n+1)2n+1
X
Fn = En+1,k + Fn+1 ,
k=n2n+1 +1
on a
ϕn ≤ ϕn+1 .
D’autre part, en chaque point x ∈ E, on a, pour n assez grand, que
1
f (x) − ≤ ϕn (x) ≤ f (x).
2n
C.Q.F.D.
3.1 Exercices
1. Soit f : E → R une fonction. Montrer qu’elle est mesurable si et
seulement si les ensembles
{x | f (x) > r}
23
2. Vérifier les relations suivantes :
8. Montrer que toute fonction mesurable est limite simple d’une suite de
fonctions mesurables étagées.
9. Montrer que toute fonction mesurable bornée est limite uniforme d’une
suite de fonctions mesurables étagées.
24
4 INTÉGRATION SUR R
Dans ce chapitre, nous allons définir l’intégrale d’une fonction mesurable
f sur un ensemble mesurable E,
Z
f,
E
est valable sous des hypothèses très générales dans la théorie de Lebesgue
(théorème de la convergence monotone, théorème de la convergence do-
minée et lemme de Fatou). Nous terminerons par un théorème justifiant
la dérivation sous le signe intégral.
25
les ensembles mesurables Ek0 sont deux à deux disjoints, même si les a0k as-
sociés ne sont pas tous distincts. En effet, chaque valeur non nulle a0k est
alors nécessairement égale à l’une des valeurs aj , les ensembles Ek0 corres-
pondant à l’une de ces valeurs non nulle forment une partition de l’ensemble
Ej correspondant et la mesure est additive.
Les trois propriétés suivantes sont des conséquences immédiates de la
définition : Z
λ(E) = 0 implique ϕ = 0,
E
Z Z
F ⊆ E implique ϕIF = ϕ,
E F
et Z Z
0 ≤ ϕ ≤ ψ sur E implique ϕ≤ ψ.
E E
Pour vérifier la troisième, on s’aide de la remarque qui vient d’être faite : si
N 0 M 0
X X
ϕ= a0k IEk0 et ψ = b0j IFj0 ,
k=1 j=1
avec 0 0
N
X M
X
Ek0 = Fj0 = R,
k=1 j=1
26
Z Z
F ⊆ E implique f IF = f,
E F
et Z Z
0 ≤ f ≤ g sur E implique f≤ g
E E
découlent directement de cette définition et des propriétés correspondantes
pour les fonctions étagées.
Si enfin f : E → R est une fonction mesurable quelconque, nous dirons
qu’elle est une fonction intégrable (ou sommable) sur E si
Z
|f | < +∞
E
et Z Z +∞ Z +∞
f= f= f (x) dx.
R −∞ −∞
Exemple. Une fonction mesurable bornée est intégrable sur tout ensemble
de mesure finie. En particulier, une fonction continue est intégrable sur tout
intervalle compact.
27
Théorème 15 (convergence monotone) Soient E ⊆ R un ensemble me-
surable et fn : E → R des fonctions mesurables positives qui croissent vers
une fonction f : E → R. Alors
Z Z
lim fn = f.
n→+∞ E E
Démonstration.
Il est clair que f est une fonction mesurable positive et que
Z Z
lim fn ≤ f.
n→+∞ E E
An = {x | fn (x) ≥ (1 − )ϕ(x)}.
En effet, posant
An = {x | fn (x) > K},
28
on a, quel que soit K > 0,
Z Z
fn ≥ fn ≥ Kλ(An )
E An
donc, par continuité, Z
lim fn ≥ Kλ(E).
n→+∞ E
Le nombre K > 0 étant arbitraire, la remarque se trouve justifiée.
Exemple. Soit f : (a, b) → R une fonction mesurable positive bornée.
Alors
Z b n2n
X k−1 k−1 k
f = lim λ x| ≤ f (x) < n .
a n→+∞ 2n 2n 2
k=1
Alors
Z Z N 0 M 0
X X
ϕ+ ψ= a0k λ(EEk0 ) + b0j λ(EFj0 )
E E k=1 j=1
N0 X
X M0 N0 X
X M0
= a0k λ(EEk0 Fj0 ) + b0j λ(EEk0 Fj0 )
k=1 j=1 k=1 j=1
N0 X
X M0 Z
= (a0k + b0j )λ(EEk0 Fj0 ) = (ϕ + ψ).
k=1 j=1 E
29
Soient ensuite f et g deux fonctions mesurables positives. Il existe deux
suites de fonctions mesurables positives étagées {ϕn }n∈N et {ψn }n∈N qui
croissent vers f et g respectivement. On a donc
Z Z Z Z Z Z
f+ g = lim ϕn + lim ψn = lim ( ϕn + ψn )
E E n→+∞ E n→+∞ E n→+∞ E E
Z Z
= lim (ϕn + ψn ) = (f + g)
n→+∞ E E
De plus, on a
h + + f − + g − = f + + g + + h−
donc Z Z Z Z Z Z
− −
h + +
f + g = f + + +
g + h−
E E E E E E
c’est-à-dire Z Z Z
h= f+ g.
E E E
D’autre part, si α ≥ 0, il est clair que
Z Z
αϕ=α ϕ
E E
pour toute fonction mesurable positive étagée ϕ, donc que, pour toute fonc-
tion mesurable positive f ,
Z Z
αf = α f.
E E
30
Si, enfin, α < 0, αf = (−α)(−f ) est intégrable et
Z Z Z Z Z
−
αf = (−α)(−f ) = (−α) (−f ) = (−α)( f − f +)
E E
Z ZE Z E E
+ −
= α( f − f )=α f.
E E E
C.Q.F.D.
Démonstration.
On a Z Z Z
0≤ (g − f ) = g− f.
E E E
L’égalité a lieu dès que f = g presque partout sur E puisque, posant
on a Z Z Z
(g − f ) = (g − f ) + (g − f ) = 0.
E A B
Réciproquement, observons
R que si h : E → R est une fonction mesurable
positive telle que E h = 0, on doit avoir h = 0 presque partout sur E (on
prendra ici h = g − f ). Posant en effet
1
Ak = {x | h(x) > },
k
31
on a Z Z
1
0= h≥ hIAk ≥ λ(Ak )
E E k
de telle sorte que
λ(Ak ) = 0
pour tout k > 0 et donc que
C.Q.F.D.
est une forme linéaire positive. L’espace L1 ([a, b]) contient l’espace C([a, b])
des fonctions continues.
Démonstration.
Les propriétés de linéarité, de positivité et d’additivité finie de l’intégrale
entraı̂nent que
1 x+h
F (x + h) − F (x)
Z
− f (x) ≤
|f (t) − f (x)| dt
h h x
32
si h > 0 et
Z x
F (x + h) − F (x) 1
− f (x) ≤
|f (t) − f (x)| dt
h |h| x+h
Il faut cependant noter qu’il existe des fonctions continues telles que
Z b
lim f existe
b→+∞ a
bien que Z +∞
|f | = +∞.
a
Une fonction à valeurs dans [0, +∞] apparaı̂t dans le théorème suivant.
La mesurabilité et l’intégrale d’une telle fonction sont définies exactement
comme pour les fonctions positives (à valeur dans [0, +∞[ ). Si l’ensemble
E∞ des points où elle est infinie est de mesure strictement positive, son
intégrale est aussi infinie alors que si cet ensemble est de mesure nulle,
l’intégrale peut être finie ou infinie. On peut alors redéfinir la fonction
sur l’ensemble E∞ (en la posant égale à 0 par exemple) sans modifica-
tion substantielle de ses autres propriétés. Comme nous l’avons remarqué,
le théorème de la convergence monotone reste valable si la fonction limite
est à valeurs dans [0, +∞].
33
Théorème 19 (Fatou) Soient E ⊆ R un ensemble mesurable et fn : E → R
des fonctions mesurables positives. Alors
Z Z
lim inf fn ≤ lim inf fn .
E n→+∞ n→+∞ E
Démonstration.
Les fonctions gn : E → R définies par les relations
gn = inf fk
k≥n
gn ≤ fn .
D’où Z Z
lim gn ≤ lim inf fn .
n→+∞ E n→+∞ E
En vertu du théorème de la convergence monotone,
Z Z Z
lim gn = lim gn = lim inf fn
n→+∞ E E n→+∞ E n→+∞
34
Démonstration.
On a |f | ≤ g et la fonction f est intégrable. Appliquons le lemme de
Fatou aux fonctions 2g − |f − fn |. On obtient
Z Z Z
2g = lim inf (2g − |f − fn |) ≤ lim inf (2g − |f − fn |)
E EZ n→+∞ Z Z
n→+∞ E
Z
= lim inf ( 2g − |f − fn |) = 2g − lim sup |f − fn |.
n→+∞ E E E n→+∞ E
Ceci implique Z
lim |f − fn | = 0
n→+∞ E
et, à fortiori, Z Z
lim fn = f.
n→+∞ E E
C.Q.F.D.
pourvu
P+∞ que les fonctions fk soient positives sur E ou pourvu que la série
k=1 |fk | converge et que sa somme soit intégrable sur E.
Démonstration.
On a
+∞
Z X Z n
X n
Z X
fk = lim fk = lim fk
E k=1 E n→+∞ k=1 n→+∞ E
k=1
Xn Z +∞ Z
X
= lim fk = fk ,
n→+∞ E E
k=1 k=1
35
P+∞
et celui de la fonction g par la somme k=1 |fk | :
+∞
X
g −→ |fk |.
k=1
C.Q.F.D.
P+∞
pourvu
P+∞ que f soit positive sur k=1 Ak ou pourvu que f soit intégrable sur
k=1 A k (additivité de l’intégrale). Ceci suit en effet du théorème précédent
en l’appliquant à l’ensemble E = R et aux fonctions fk = f IAk .
d b
Z Z b
∂f
f (x, t) dx = (x, t) dx.
dt a a ∂t
Démonstration.
En vertu du théorème des accroissements finis, il existe pour chaque
x ∈ [a, b] un nombre θx (t) ∈ [0, 1] tel que
Z b Z b
f (x, t + h) − f (x, t) ∂f
dx = (x, t + θx (t)h) dx.
a h a ∂t
36
Puisque
∂f ∂f
lim
(x, t + θx (t)h) = (x, t)
h→0 ∂t ∂t
et puisqu’il existe une constante K > 0 telle que
∂f
(x, t + θx (t)h) ≤ K,
∂t
C.Q.F.D.
4.1 Exercices
1. Soit f ∈ L1 (R). Montrer que, pour tout x0 ∈ R, la fonction x 7→
f (x + x0 ) est intégrable et
Z +∞ Z +∞
f (x + x0 ) dx = f (x) dx.
−∞ −∞
3. Soit f ∈ L1 (E). Montrer que, quel que soit > 0, on peut trouver une
fonction mesurable étagée ϕ telle que
Z
|f − ϕ| < .
E
37
6. Déduire le théorème de la convergence monotone du lemme de Fatou.
7. Montrer que l’on peut avoir inégalité stricte dans le lemme de Fatou.
8. Le lemme de Fatou reste-t-il vrai si on y remplace lim inf par lim sup ?
9. Soit
fn (x) = ne−n|x| .
Vérifier que, pour tout x 6= 0,
lim fn (x) = 0.
n→+∞
Calculer ensuite Z +∞
lim fn (x) dx.
n→+∞ −∞
lim f (x) = 0?
|x|→+∞
14. Calculer Z n
x n −2x
lim 1+ e dx.
n→+∞ 0 n
38
15. Montrer que
Z b
sin x
lim dx existe
b→+∞ 0 x
puis vérifier que
+∞
Z
sin x dx = +∞.
x
0
pour tout n ∈ N.
18. Soient fn : E → R des fonctions mesurables positives qui convergent
vers une fonction f : E → R de telle sorte que fn ≤ f pour tout n ∈ N.
Montrer que Z Z
lim fn = f.
n→+∞ E E
39
convergent vers une fonction intégrable g : E → R et supposons que
|fn | ≤ gn pour tout n ∈ N. Montrer que dans ce cas
Z Z Z Z
lim fn = f pourvu que lim gn = g.
n→+∞ E E n→+∞ E E
22. Montrer que, quel que soit t > 0, la fonction x 7→ e−x xt−1 est intégrable
sur [0, +∞[.
23. Justifier la dérivation sous le signe intégral :
d +∞ −x t−1
Z Z +∞
e x dx = e−x xt−1 log x dx.
dt 0 0
40
5 MESURE ET INTÉGRATION ABSTRAITES
Dans ce chapitre, nous allons généraliser les notions d’ensemble mesu-
rable, de fonction mesurable, de mesure et d’intégrale rencontrées précédemment.
Une algèbre de Boole (ou un clan) A sur X est une famille de parties
de X telle que :
A1 X ∈ A ;
A2 E ∈ A implique E c = X \ E ∈ A ;
A3 E1 , E2 ∈ A implique E1 ∪ E2 ∈ A.
Toute tribu est une algèbre de Boole.
41
Exemple. La tribu borélienne sur un espace topologique X, BX , est
la tribu engendrée par les ouverts O de X : BX = T(O). On a donc
BR ⊆ LR .
R = E1 × E2 avec E1 ∈ T1 et E2 ∈ T2 .
f −1 (T2 ) = {f −1 (E2 ) | E2 ∈ T2 }
T0 = {E 0 ⊆ X 0 | E 0 = EX 0 , E ∈ T}.
T ◦ f −1 = f −1 ◦ T.
Démonstration.
Soit S1 la tribu engendrée par G1 . Puisque T1 contient G1 , T1 contient
S1 . Considérons alors
S2 = {E2 ⊆ X2 | f −1 (E2 ) ∈ S1 }.
42
S2
S1
T1 G2 T2
G1 f
C’est une tribu sur X2 qui contient G2 donc qui contient T2 . D’où
T1 = f −1 (T2 ) ⊆ f −1 (S2 ) ⊆ S1 .
C.Q.F.D.
f −1 (T2 ) ⊆ T1 .
f −1 (G2 ) ⊆ T1 .
43
Exemple. Soient (X1 , O1 ), (X2 , O2 ) deux espaces topologiques. Une ap-
plication f : X1 → X2 est continue si
f −1 (O2 ) ⊆ O1 .
C((X1 , O1 ), (X2 , O2 )) désigne l’espace des applications continues et, en par-
ticulier, C(X, O) = C((X, O), (R, OR )) est l’espace des fonctions continues
sur X. On a donc
C((X1 , O1 ), (X2 , O2 )) ⊆ M((X1 , BX1 ), (X2 , BX2 ))
et
C(X, O) ⊆ L0 (X, BX ).
44
Démonstration.
Les projections π1 : X1 × X2 → X1 et π2 : X1 × X2 → X2 , π1 ((x1 , x2 )) =
x1 , π2 ((x1 , x2 )) = x2 , sont mesurables. Si f est mesurable, ses composantes
f1 = π1 ◦ f et f2 = π2 ◦ f le seront aussi. Réciproquement, f est mesurable
dès que f1 et f2 le sont puisque qu’alors f −1 (R) ⊆ T :
C.Q.F.D.
Une base ouverte pour la topologie O de l’espace (X, O) est une famille
O0 de parties ouvertes de X telle que toute partie ouverte de X puisse s’écrire
comme réunion d’éléments de O0 . L’espace est séparable s’il possède une
base dénombrable. Si (X1 , O1 ) et(X2 , O2 ) sont deux espaces topologiques, la
topologie produit O1 ×O2 est la topologie sur l’ensemble produit X1 ×X2
engendrée par les rectangles ouverts
O1 × O2 avec O1 ∈ O1 et O2 ∈ O2 .
Elle est constituée par l’ensemble des réunions quelconques de tels rectangles
ouverts. Elle est donc séparable si O1 et O2 le sont.
Démonstration.
On a toujours BX1 × BX2 ⊆ BX1 ×X2 . En effet, la fonction identité
I : X1 × X2 → X1 × X2 , I(x1 , x2 ) = (x1 , x2 ), appartient à l’espace
Réciproquement, BX1 ×BX2 contient tous les rectangles ouverts donc toutes
les réunions dénombrables de rectangles ouverts c’est-à-dire, sous l’hypothèse,
tous les ouverts. C.Q.F.D.
Exemple. On a donc
BR 2 = BR × BR .
45
En particulier, une fonction complexe f sur un espace mesurable (X, T),
f : X → C, est mesurable si et seulement si sa partie réelle <f et sa partie
imaginaire =f le sont.
— les boules {B(xn , r)}n∈N, r∈Q forment alors une base ouverte de sa topo-
logie.
Si (X1 , d1 ) et (X2 , d2 ) sont deux espaces métriques, une application f :
X1 → X2 est continue si et seulement elle est continue en chaque point
x ∈ X1 , c’est-à-dire si et seulement si pour tout x ∈ X1 et pour toute suite
{xn }n∈N telle que
lim d1 (xn , x) = 0,
n→+∞
on a
lim d2 (f (xn ), f (x)) = 0.
n→+∞
La relation
q
D((x1 , x2 ), (y1 , y2 )) = d21 (x1 , y1 ) + d22 (x2 , y2 )
définit une distance sur l’espace produit X1 × X2 qui engendre la topologie
produit.
Si E ⊆ X et x ∈ X, la distance de x à E est
d(x, E) = inf{d(x, e) | e ∈ E}.
46
Théorème 26 Soient (X, T) un espace mesurable, (Y, d) un espace métrique
et fn ∈ M((X, T), (Y, BY )) des applications admettant une limite f : X →
Y . Alors f ∈ M((X, T), (Y, BY )).
Démonstration.
Soit O ⊆ Y un ensemble ouvert. Les ensembles
1
Ok = {y | d(y, Oc ) > }
k
sont ouverts (exercice (9) page (64)). Les ensembles fn−1 (Ok ) sont donc me-
surables et les ensembles \
fn−1 (Ok )
n≥N
Démonstration.
L’application X → R2 , x 7→ (f (x), g(x)), est mesurable et les fonctions
2
R → R définies par (u, v) 7→ u + v, (u, v) 7→ uv, (u, v) 7→ sup{u, v} et
(u, v) 7→ inf{u, v} sont continues.
L’ensemble X 0 est mesurable, l’application X 0 → R × R \ {0}, x 7→
(f (x), g(x)), est mesurable et la fonction R × R \ {0} → R, (u, v) 7→ u/v, est
continue. C.Q.F.D.
R = [−∞, +∞].
C’est un espace topologique : les intervalles de type [−∞, b[, ]a, b[ et ]a, +∞]
en forment une base ouverte. Cet espace est séparable et métrisable (il est
homéomorphe à l’intervalle [−π/2, π/2] via la fonction arctan par exemple).
47
Si a, b ∈ R, a ± b, ab et a/b sont définis « naturellement » : on convient
que 0 × ±∞ = 0 mais ∞ − ∞, ±∞/ ± ∞ et a/0 ne sont pas définis.
Dans R, tout ensemble E admet une borne supérieure sup E et une borne
inférieure inf E.
0
On désignera par L (X, T) = M((X, T), (R, BR )) l’espace des fonctions
numériques mesurables.
0
Théorème 28 Si fn ∈ L (X, T) pour tout n ∈ N, alors
0
sup fn , inf fn , lim sup fn et lim inf fn ∈ L (X, T).
n n n n
0
Si X 0 = {x | limn fn (x) existe }, alors limn fn ∈ L (X 0 , T0 ).
Démonstration.
La première partie suit des relations :
[
(sup fn )−1 (]a, +∞]) = fn−1 (]a, +∞]),
n
n∈N
[ \ 1
(sup fn )−1 ([−∞, b[) = fn−1 ([−∞, b − ]),
n m
m∈N n∈N
(sup fn )−1 (]a, b[) = (sup fn )−1 (]a, +∞])(sup fn )−1 ([−∞, b[),
n n n
inf fn = − sup −fn , lim sup fn = inf sup fk , lim inf fn = sup inf fk .
n n n n k≥n n n k≥n
et sur X 0 , on a
lim fn = lim inf fn .
n n
C.Q.F.D.
48
5.3 Mesures positives
Soit (X, T) un espace mesurable. Une mesure positive sur X est une
fonction µ : T → [0, +∞] telle que
MP1 µ(∅) = 0 ;
MP2 En ∈ T pour tout n ∈ N et Em En = ∅ si n 6= m impliquent
!
X X
µ En = µ(En )
n∈N n∈N
(additivité de la mesure).
Le triplet (X, T, µ) est un espace mesuré. M+ (X, T) désigne l’espace
des mesures positives sur X, définies sur T et Mf (X, T) ⊆ M+ (X, T) désigne
celles qui sont finies : une mesure positive est une mesure finie si µ(X) <
+∞. Une mesure positive est une mesure σ-finie s’il existe une suite
{Dn }n∈N de parties mesurables de X qui sont de mesure finie et qui épuisent
X :
– pour Stout n ∈ N, µ(Dn ) < +∞ ;
– X = n∈N Dn .
Exemple. Une mesure finie de masse totale unité est une mesure de
probabilité. On désigne alors habituellement par Ω l’espace sous-jacent,
par P la mesure et le triplet (Ω, T, P ) est appelé espace probabilisé. Les
parties mesurables de Ω se nomment événements E ∈ T et les fonctions
mesurables, X ∈ L0 (Ω, T), variables aléatoires.
49
Exemple. Soient (X1 , T1 , µ1 ) un espace mesuré, X2 un ensemble et f :
X1 → X2 une application. L’image directe de la mesure µ1 par f est la
mesure f∗ µ1 sur X2 définie sur la tribu f∗ (T1 ) par
(sous-additivité de la mesure) ;
3. En ∈ T et En ⊆ En+1 pour tout n ∈ N impliquent
!
[
µ En = lim µ(En );
n→+∞
n∈N
(continuité de la mesure).
Démonstration.
En vertu de l’additivité, E2 = E1 + E2 E1c entraı̂ne
Ensuite, posons
c
F1 = E1 et, pour n ≥ 2, Fn = En En−1 . . . E1c .
50
Alors ! !
[ X X X
µ En =µ Fn = µ(Fn ) ≤ µ(En ).
n∈N n∈N n∈N n∈N
Alors
! !
[ X X
µ En =µ Gn = µ(Gn )
n∈N n∈N n∈N
n n
!
X X
= lim µ(Gk ) = lim µ Gk = lim µ(En ).
n→+∞ n→+∞ n→+∞
k=1 k=1
Hn = E1 \ En = E1 Enc .
C.Q.F.D.
alors
\ [
µ En = 0.
N ∈N n≥N
51
Démonstration.
En utilisant le théorème (29) page (50), on obtient
\ [ [ X
µ En = lim µ En ≤ lim µ(En ) = 0.
N →+∞ N →+∞
N ∈N n≥N n≥N n≥N
C.Q.F.D.
N ⊆ A et µ(A) = 0.
L’espace (X, T, µ) est dit complet si toute partie négligeable y est mesu-
rable. (On dit aussi que la tribu T est µ-complète). Une propriété P des
points de X est dite vraie presque partout si l’ensemble des points de X
où elle n’est pas vérifiée est négligeable — on dit presque sûrement dans
le cas d’une mesure de probabilité.
B ⊆ E ⊆ A et µ(AB c ) = 0.
µ(E) = µ(A).
Démonstration.
Il est clair que Tµ est une tribu sur X et que µ prolongée à Tµ est une
mesure sur X. L’espace mesuré (X, Tµ , µ) est évidemment complet. Soit
52
alors (X, S, ν) un espace mesuré complet tel que T ⊆ S et que ν/T = µ.
Pour tout E ∈ Tµ , on peut écrire
E = B + EB c avec B ∈ T et EB c ∈ S
C.Q.F.D.
5.4 Intégration
Soit (X, T, µ) un espace mesuré. Une fonction étagée (ou élémentaire)
est une fonction φ : X → R dont l’ensemble φ(X) des valeurs est fini.
E 0 (X, T) ⊆ L0 (X, T) désigne l’espace des fonctions étagées mesurables.
Démonstration.
Supposons d’abord f positive. Soient
53
Alors 0 ≤ φn ≤ φn+1 ≤ f et à chaque x ∈ X correspond un indice nx à
partir duquel f (x) − 2−n ≤ φn (x). Ceci démontre la deuxième assertion du
théorème.
La première s’en déduit en considérant les fonction positives f + et f − .
La troisième découle aussi de la première parce que les ensembles Fn
sont vides à partir d’un certain rang. On obtient alors une suite de fonctions
φn ∈ E 0 (X, T) qui croı̂t (on peut supposer la fonction positive) vers f de
telle façon que l’on a f − 2−n ≤ φn ≤ f pour tout n assez grand. C.Q.F.D.
et, si E ∈ T, Z Z
φ dµ = φIE dµ.
E X
et, si φ ≤ φ0 , Z Z
φ dµ ≤ φ0 dµ.
X X
Démonstration.
Ce lemme repose sur le fait que si X = M
P
j=1 Fj est une partition mesu-
rable quelconque de X, on a
Z N
X M X
X N
φ dµ = yk µ(Hk ) = yk µ(Hk Fj ).
X k=1 j=1 k=1
54
Les ensembles Hk Hk0 0 formant une partition mesurable de X qui est plus
fine que celle déterminée par la fonction étagée (φ + φ0 ), on a donc
Z Z N X
N 0 Z
X
0
φ dµ + φ dµ = (yk + yk0 0 ) µ(Hk Hk0 0 ) = (φ + φ0 ) dµ.
X X k=1 k0 =1 X
Si φ ≤ φ0 , on a aussi
Z N X
N 0 N X
N 0 Z
X X
φ dµ = yk µ(Hk Hk0 0 ) ≤ yk0 0 µ(Hk Hk0 0 ) = φ0 dµ.
X k=1 k0 =1 k=1 k0 =1 X
C.Q.F.D.
0
Si f ∈ L (X, T), soit
E∞ (f ) = {x | |f (x)| = +∞}.
55
R
Si µ(E∞ (f )) > 0, on pose X |f | dµ = +∞ et si µ(E∞ (f )) = 0, soit
1
f0 = f IE∞ 0
c . Alors, par définition, f ∈ L (X, T , µ) si et seulement si f ∈
1
L (X, T , µ) auquel cas Z Z
f dµ = f 0 dµ.
X X
Démonstration.
0
Soit f = limn→+∞ fn . Alors f ∈ L (X, T).
Si Z Z
lim fn dµ = sup fn dµ | n ∈ N = +∞
n→+∞ X X
et si µ(E∞ (f )) > 0, on a
Z Z
f dµ = lim fn dµ = +∞
X n→+∞ X
56
entraı̂nent aussi Z Z
f dµ = lim fn dµ = +∞.
X n→+∞ X
Si Z Z
α = lim fn dµ = sup fn dµ | n ∈ N < +∞,
n→+∞ X X
alors, nécessairement, µ(E∞ (f )) = 0. En effet, les ensembles En,K = {x |
fn (x) > K} croissent vers les ensembles FK = {x | f (x) > K} et ces derniers
décroissent vers E∞ (f ). Comme
Z Z
1 1 α
µ(En,K ) ≤ fn dµ ≤ fn dµ ≤ ,
K En,K K X K
on a
α
µ(FK ) = lim µ(En,K ) ≤
n→+∞ K
et
µ(E∞ (f )) = lim µ(FK ) = 0.
K→+∞
Par hypothèse, ces ensembles croissent vers X lorsque n tend vers +∞. D’où
Z N
X N
X
φ dµ = yk µ(Hk ) = lim yk µ(Hk Gn,δ )
X n→+∞
k=1 k=1
Z Z
1
= lim φ dµ ≤ lim fn dµ
n→+∞ G n→+∞ 1 − δ G
n,δ n,δ
Z
1 α
≤ lim fn dµ = .
n→+∞ 1 − δ X 1−δ
δ étant arbitraire,
Z Z
f dµ = sup φ dµ | φ ∈ E 1 (X, T, µ), φ ≤ f ≤ α.
X X
Ainsi Z Z
f dµ = lim fn dµ.
X n→+∞ X
C.Q.F.D.
57
Exemple.
Lorsque la fonction f ∈ L1 (X, T, µ) est positive, son intégrale peut être
calculée au moyen des sommes de Lebesgue :
n2n
k−1 k−1
Z X k
f dµ = lim µ x| < f (x) ≤ n +nµ({x | n < f (x)}).
X n→+∞ 2n 2n 2
k=2
58
Dans le cas général, l’inégalité |f + g| ≤ |f | + |g| implique que f + g ∈
L1 (X, T, µ) et la relation
(f + g)+ + f − + g − = (f + g)− + f + + g +
entraı̂ne
Z Z Z Z Z Z
(f +g)+ dµ+ f − dµ+ g − dµ = (f +g)− dµ+ f + dµ+ g + dµ
X X X X X X
c’est-à-dire Z Z Z
(f + g) dµ = f dµ + g dµ.
X X X
C.Q.F.D.
Démonstration.
L’inégalité au sens large est triviale. En supposant que
Z
f dµ = 0,
X
soient
En = {x | f (x) > 1/n} et E = {x | f (x) > 0}.
Alors Z
1
0≥ f dµ ≥ µ(En )
En n
pour tout n, donc µ(En ) = 0 pour tout n et, par continuité (théorème (29)
page (50)), on a aussi µ(E) = 0. C.Q.F.D.
59
Théorème 36 Une fonction complexe mesurable f : X → C est intégrable
si et seulement son module |f | l’est auquel cas
Z Z
f dµ ≤ |f | dµ
X X
Démonstration.
On a
sup{|<f |, |=f |} ≤ |f | ≤ |<f | + |=f |.
Si l’on écrit Z Z
f dµ = f dµ e−iθ ,
X X
on aura
Z Z Z Z Z
f dµ = eiθ iθ iθ
f dµ = e f dµ = < e f dµ ≤ |f | dµ
X X X X X
Démonstration.
Soient Ek des parties mesurables de X deux à deux disjointes. Les fonc-
tions intégrables positives
Xn
gn = f IEk
k=1
croissent vers la fonction
+∞
X
g= f IEk
k=1
donc (convergence monotone)
+∞ +∞
! Z Z
X X
ν Ek = g dµ = lim gn dµ = ν(Ek ).
X n→+∞ X
k=1 k=1
60
C.Q.F.D.
Démonstration.
Les fonctions
gn = inf{fk | k ≥ n}
forment une suite croissante de fonctions intégrables positives donc (conver-
gence monotone)
Z Z Z
lim inf fn dµ = lim gn dµ = lim gn dµ
X n→+∞ Z X n→+∞ n→+∞ X
Z
= lim inf inf{fk | k ≥ n} dµ ≤ lim inf fn dµ.
n→+∞ X n→+∞ X
C.Q.F.D.
Démonstration.
L’intégrabilité de f découle de |f | ≤ g. Appliquant le lemme de Fatou
aux fonctions intégrables positives hn = 2g − |fn − f |, on a
Z Z Z
2g dµ = lim inf hn dµ ≤ lim inf hn dµ
X X n→+∞ n→+∞ X
Z Z
= 2g dµ − lim sup |fn − f | dµ.
X n→+∞ X
61
C.Q.F.D.
P
Exemple. Soit n fn une série convergente de fonctions intégrables.
Alors on peut affirmer que
Z X XZ
fn dµ = fn dµ
X n n X
Exemple. Supposant µ σ-finie, soit {Dn }n∈N une suite croissante de par-
ties mesurables de mesure finie épuisant X. L’opérateur de troncature associé
Tn est défini par
62
5.5 Exercices
1. – Soient X1 un ensemble, (X2 , T2 ) un espace mesurable et f : X1 →
X2 une application. Vérifier la relation
[ [
f −1 ( Eα ) = f −1 (Eα ).
α∈A α∈A
f (T1 ) = {f (E1 ) | E1 ∈ T1 }
63
7. – Soient (X1 , T1 ) un espace mesurable, X2 un ensemble et f : X1 →
X2 une application. Quelle est la plus grande tribu T2 sur X2 rela-
tivement à laquelle f reste mesurable ?
– Soient X1 un ensemble, (X2 , T2 ) un espace mesurable et f : X1 →
X2 une application. Quelle est la plus petite tribu T1 sur X1 qui
rende f mesurable ?
8. – Vérifier que les parties symétriques relativement à l’origine de R,
(E = −E), forment une tribu S sur R.
– Déterminer M((R, S), (R, S)).
– Déterminer L0 (R, S).
9. Soient (X, d) un espace métrique et E ⊆ X. Montrer que
{x | d(x, E) > }
est ouvert.
10. Vérifier l’équation
[ [ \
f −1 (O) = fn−1 (Ok )
k∈N N ∈N n≥N
du cours.
11. Soient f, g ∈ L0 (R, BR ). Montrer que la fonction (x, y) 7→ f (x) + g(y)
est mesurable.
12. Soit f ∈ L0 (R, BR ). Montrer que son graphe,
Gf = {(x, y) | y = f (x)},
est mesurable.
13. Soient (X, T) un espace mesurable et f ∈ M((X, T), (C, BC )). Montrer
qu’il existe une fonction θ ∈ M((X, T), (R, BR )) telle que
f = |f | eiθ .
64
Si E ∈ T, on pose
(
0 si E est fini ou dénombrable,
µ(E) =
1 sinon.
et \ [
lim sup En = En .
n→+∞
k≥1 n≥k
– Montrer que
µ lim sup En ≥ lim sup µ(En )
n→+∞ n→+∞
S
pourvu que µ( n En ) < +∞.
65
18. Soient (X, T, µ) un espace mesuré complet et f ∈ L0 (X, T). Si g : X →
R coı̈ncide presque partout avec f , alors g ∈ L0 (X, T).
19. Soient (X, T, µ) un espace mesuré complet et f : X → R. Montrer que
(R, f∗ (T), f∗ µ) est un espace mesuré complet.
20. Soient E ⊆ R et f : E → R une fonction mesurable relativement
à la tribu de Lebesgue. Montrer qu’il existe une fonction g : E → R
mesurable relativement à la tribu de Borel qui coı̈ncide presque partout
avec f .
21. Soient (X, T) un espace mesurable et µ, ν ∈ M+ (X, T). Montrer que
Tµ Tν = Tµ+ν .
66
6 CONSTRUCTION DE MESURES
Dans ce chapitre, nous allons présenter une façon d’obtenir des mesures
positives qui est une généralisation de la méthode employée pour la mesure
de Lebesgue sur R.
Soit X un ensemble.
Une mesure extérieure sur X est une fonction µ∗ : P(X) → [0, +∞]
telle que
ME1 µ∗ (∅) = 0 ;
ME2 E1 ⊆ E2 implique µ∗ (E1 ) ≤ µ∗ (E2 ) ;
ME3 !
[ X
µ∗ En ≤ µ∗ (En ).
n∈N n∈N
µ∗ /A = µ.
67
Démonstration.
Les propriétés (ME1) et (ME2) sont évidemment satisfaites. Pour la
sous-additivité, donné > 0, soient Fn,m ∈ A tels que
[ X
En ⊆ Fn,m , µ(Fn,m ) ≤ µ∗ (En ) + .
2n
m∈N m∈N
Alors [ [ [
En ⊆ Fn,m
n∈N n∈N m∈N
donc !
[ X X
µ∗ En ≤ µ(Fn,m ) ≤ µ∗ (En ) +
n∈N m∈N,n∈N n∈N
Posons
c
F1 = EE1 et, pour n ≥ 2, Fn = EEn En−1 · · · E1c .
Alors
µ(En ) = µ(Fn ) + µ(En \ Fn ) ≥ µ(Fn )
et !
X X
µ(E) = µ Fn = µ(Fn ) ≤ µ∗ (E) + .
n∈N n∈N
C.Q.F.D.
Soit
68
En particulier,
µ∗ (E) = 0 implique E ∈ T(µ∗ ).
De plus, si µ∗ est obtenue en prolongeant à P(X) une fonction additive µ
définie sur une algèbre de Boole A, on a aussi
E ∈ A implique E ∈ T(µ∗ ).
Alors
X X X
µ∗ (A) ≥ µ(En ) − = µ(En E) + µ(En E c ) −
n∈N n∈N n∈N
X X
∗
= µ (En E) + µ (En E ) − ≥ µ (AE) + µ∗ (AE c ) − .
∗ c ∗
n∈N n∈N
On pose
µ = µ∗ /T(µ∗ ).
Démonstration.
• T(µ∗ ) est une tribu. On a X ∈ T(µ∗ ) et E ∈ T(µ∗ ) si et seule-
ment si E c ∈ T(µ∗ ). Pour vérifier que T(µ∗ ) est fermée sous les réunions
dénombrables, nous procédons en trois étapes.
Soient d’abord E1 et E2 ∈ T(µ∗ ). Alors E1 ∪ E2 ∈ T(µ∗ ). En effet,
quelque soit A ⊆ X,
69
En effet, par récurrence sur N :
N +1 N +1 N +1
! ! ! ! !
X X X
∗ ∗
µ A En = µ A En EN +1 + µ∗ A En c
EN +1
n=1 n=1 n=1
N N +1
!
X X
∗ ∗
= µ (AEN +1 ) + µ A En = µ∗ (AEn ).
n=1 n=1
70
et, d’autre part,
N N N
! ! ! !
X X X X X
µ(En ) = µ En = µ∗ En ≤ µ∗ En =µ En
n=1 n=1 n=1 n∈N n∈N
E ⊆ A et µ(A ) ≤ µ∗ (E) + .
S
Il suffit en effet de prendre A = n∈N En où les ensembles En ∈ A sont
tels que E ⊆ n∈N En et n∈N µ(En ) ≤ µ∗ (E) + . De même, il existe un
S P
ensemble A ∈ Aσδ tel que
E ⊆ A et µ(A) = µ∗ (E).
T
Il suffit en effet de prendre A = n∈N A1/n .
T(µ∗ ) = T(A)µ .
Démonstration.
Si E = AB c avec A ∈ Aσδ et µ∗ (B) = 0, alors E ∈ T(µ∗ ).
Réciproquement, soit E ∈ T(µ∗ ). Soit, par hypothèse, X = n∈N Dn
P
une partition de X par des ensembles de A de mesure finie. Pour chaque
n ∈ N, soit An,m ∈ Aσ tel que
1
EDn ⊆ An,m , et µ(An,m ) ≤ µ(EDn ) + .
m 2n
71
S
Soit Am = n∈N An,m . Alors
[
Am ∈ Aσ , E ⊆ Am et Am E c ⊆ An,m (EDn )c
n∈N
Démonstration.
Soit ν une mesure positive sur X définie sur T(A) et coı̈ncidant avec
µ sur A. Alors ν et µ coı̈ncident aussi sur Aσ puisque tout ensemble de
Aσ peut s’écrire comme une réunion disjointe (une somme) d’ensembles de
A. De même, tout ensemble de T(A) pouvant s’écrire comme une somme
d’ensembles de T(A) de µ-mesure finie, il suffit de voir que ν(B) = µ(B)
pour tout B ∈ T(A) tel que µ(B) < +∞. Soit A ∈ Aσ tel que B ⊆ A et
µ(A) ≤ µ(B) + . Alors
72
Soit F : R → R une fonction croissante, continue à droite en chaque
point x : F (x) = limy↓x F (y). Prolongeons F à R en posant
Il est clair que cette fonction est monotone croissante et qu’elle jouit de la
propriété d’additivité finie :
Démonstration.
Soit d’abord a > −∞ et
X
]a, b] ⊆ ]an , bn ].
n∈N
Donné > 0, soient δ > 0 tel que F (a + δ) − F (a) < /2 et δn > 0 tels
que F (bn + δn ) − F (bn ) < /2n+1 . En vertu du théorème de Borel-Lebesgue,
on peut recouvrir l’intervalle compact [a + δ, b] par un nombre fini N des
intervalles ouverts ]an , bn +δn [. En renumérotant si nécessaire ces intervalles,
on peut supposer que l’on a :
73
Alors
d’où
N
X
F (b) − F (a) ≤ (F (bk ) − F (ak )) +
k=1
et X
F (b) − F (a) ≤ (F (bn ) − F (an )).
n∈N
Si X
] − ∞, b] ⊆ ]an , bn ],
n∈N
on a X
F (b) − F (a0 ) ≤ (F (bn ) − F (an ))
n∈N
entraı̂ne la relation
X
F (b) − F (a) ≤ (F (bn ) − F (an )) + (F (+∞) − F (A))
n∈N
et X
] − ∞, b] ⊆ ]an , bn ]+]A, +∞[
n∈N
entraı̂ne
X
F (b) − F (−∞) ≤ (F (bn ) − F (an )) + (F (+∞) − F (A)).
n∈N
74
En procédant de façon semblable pour majorer (F (+∞) − F (a)), on voit
que quels que soient les intervalles I, In ∈ I, la relation
X
I= In
n∈N
implique X
µF (I) ≤ µF (In ).
n∈N
En vertu des propriétésP
des séries à termes
PNnpositifs, on en tire que, quelque
soit les ensembles E = N I
k=1 k , E n = k=1 In,k ∈ A(I), la représentation
X
E= En
n∈N
entraı̂ne l’inégalité X
µF (E) ≤ µF (En ).
n∈N
L’inégalité réciproque découle du fait que la fonction µF est monotone crois-
sante et possède la propriété de l’additivité finie :
X N
X
µF (En ) = lim µF (En )
N →+∞
n∈N n=1
N
! !
X X
= lim µF En ≤ µF En = µF (E).
N →+∞
k=1 n∈N
C.Q.F.D.
75
La mesure µF est finie si et seulement si la fonction F est bornée.
Réciproquement, soit µ une mesure finie sur R, définie sur BR . Sa fonc-
tion de répartition est la fonction F : R → [0, +∞[ définie par
Elle est croissante, continue à droite, telle que F (−∞) = 0 et que F (+∞) <
+∞ et la mesure µ dont elle est issue est la restriction de la mesure µF
qu’elle engendre à BR .
PX (E) = P (X −1 (E)).
C’est une mesure borélienne finie sur R dont la fonction de répartition est
An = X −1 ( ]n, +∞[ ),
Bn,k = X −1 ( ] − k2−n , −(k − 1)2−n ] ) pour 1 ≤ k ≤ n2n ,
Bn = X −1 ( ] − ∞, −n] )
et n
n2
X k−1
Xn = IAn,k − IBn,k + n (IAn − IBn ) ,
2n
k=1
on a
X = lim Xn , |Xn | ≤ |X|.
n→+∞
76
D’où (convergence dominée)
Z Z
X dP = lim Xn dP
Ω n→+∞ Ω
n2n
Xk−1
= lim (P (An,k ) − P (Bn,k )) + n (P (An ) − P (Bn ))
n→+∞ 2n
k=1
n2n
X k−1 k−1 k k k−1
= lim (PX ] n , n ] − PX ] − n , − n ] )
n→+∞ 2n 2 2 2 2
k=1
Z +∞
+n(PX ( ]n, +∞[ ) − PX ( ] − ∞, −n] ) = x dFX .
−∞
6.1 Exercices
1. Le diamètre δ(E) d’une partie E d’un espace métrique (X, d) est
77
2. Une mesure extérieure µ∗ est régulière si à chaque A ⊆ X correspond
un ensemble mesurable E tel que A ⊆ E et µ(E) = µ∗ (A). Montrer
que si µ∗ est régulière, pour tout suite croissante A1 ⊆ A2 ⊆ · · ·, on a
!
[
lim µ∗ (An ) = µ∗ An .
n→+∞
n
78
7 CONVERGENCE EN MESURE
Dans ce chapitre, nous allons introduire trois types de convergence pour
des fonctions mesurables : la convergence simple presque partout, la conver-
gence en mesure et, pour celles qui sont bornées, la convergence presqu’uni-
forme.
Ces ensembles sont mesurables car l’application x 7→ (f (x), g(x)) est mesu-
rable et la fonction (u, v) 7→ d(u, v) est continue :
√
|d(u1 , v1 ) − d(u2 , v2 )| ≤ d(u1 , u2 ) + d(v1 , v2 ) ≤ 2 D((u1 , v1 ), (u2 , v2 )).
La relation
f ≡µ g si µ(A0 (f, g)) = 0
est une relation d’équivalence sur M((X, T), (Y, BY )). Mµ ((X, T), (Y, BY ))
désigne l’espace des classes d’équivalences f = [f ] pour cette relation et, en
particulier, L0µ (X, T) est l’espace des classes d’équivalences des fonctions
mesurables.
79
appartient à M((X, T), (Y, BY )) et g ≡µ f . On dit que les classes fn ∈
Mµ ((X, T), (Y, BY )) convergent presque partout si les fn ∈ fn convergent
µ-presque partout sur X, auquel cas on pose
lim fn = [ lim fn ].
n→+∞ n→+∞
Démonstration.
On peut supposer que les fonctions fn convergent partout sur X. Soit
f = limn→+∞ fn . Posons
\
BN,m = Ac1/m (f, fn ).
n≥N
Alors \ [
X= BN,m .
m∈N N ∈N
Par continuité, pour chaque m, µ(X) = limN →+∞ µ(BN,m ) donc, la mesure
c
étant finie, 0 = limN →+∞ µ(BN,m ). Choisissons alors les indices N1 < N2 <
N3 < · · · de telle sorte que
c
µ(BN m ,m
)<
2m
et soit [
c
A = BN m ,m
.
m∈N
80
C.Q.F.D.
On dit que les classes fn ∈ Mµ ((X, T), (Y, BY )) convergent en mesure vers
f ∈ Mµ ((X, T), (Y, BY )) si les fn ∈ fn convergent en mesure vers f ∈ f .
Démonstration.
Supposons d’abord que µ est finie. Soit > 0. En vertu du théorème
d’Egorov (théorème(43) page (80)), il existe A ∈ T tel que µ(A ) < et que
les applications fn ∈ fn convergent uniformément sur Ac vers f ∈ f . Alors,
dès que n est assez grand,
81
On a X
µ(A2−k (fnk , f )) < +∞.
k∈N
et
1 si eµ (f, g) = +∞,
dµ (f, g) = e (f, g)
µ sinon.
1 + eµ (f, g)
On a alors les propriétés suivantes :
• f ≡µ g si et seulement si eµ (f, g) = 0.
En effet, la nécessité est triviale ; pour la suffisance, il suffit de remarquer
que, quel que soit > 0, on a
[
A0 (f, g) = A 2−n (f, g)
n∈N
• Quelle que soit h ∈ M((X, T), (Y, BY )), eµ (f, g) ≤ eµ (f, h) + eµ (h, g).
En effet,
Aδ+η (f, g) ⊆ Aδ (f, h) ∪ Aη (h, g)
82
de telle sorte que, quels que soient δ > eµ (f, h) et η > eµ (h, g),
µ(Aδ+η (f, g)) ≤ µ(Aδ (f, h)) + µ(Aη (h, g)) < δ + η.
• Si f ≡µ f0 et g ≡µ g0 , eµ (f, g) = eµ (f0 , g0 ).
En effet,
• Quelle que soit h ∈ M((X, T), (Y, BY )), dµ (f, g) ≤ dµ (f, h) + dµ (h, g).
En effet, la fonction t 7→ t/(1 + t) étant croissante sur [0, +∞[, les
inégalités 0 ≤ u ≤ v + w impliquent
u v+w v w
≤ ≤ + .
1+u 1+v+w 1+v 1+w
dµ (f , g) = dµ (f, g).
On peut résumer les propriétés précédentes en disant que dµ est une distance
sur Mµ ((X, T), (Y, BY )).
Un espace métrique (Y, d) est complet si toute suite de Cauchy {yn }n∈N ,
c’est-à-dire telle que
lim d(yn , ym ) = 0,
n,m→+∞
y est convergente.
lim dµ (fn , f ) = 0
n→+∞
et (Mµ ((X, T), (Y, BY )), dµ ) est un espace métrique, qui est complet si (Y, d)
est complet.
Démonstration.
Si les fn convergent en mesure vers f , limn→+∞ µ(Aδ (fn , f )) = 0 pour
tout δ > 0 donc il existe un indice nδ à partir duquel µ(Aδ (fn , f )) < δ,
c’est-à-dire à partir duquel dµ (fn , f ) ≤ eµ (fn , f ) < δ.
83
Réciproquement, pour tout δ > 0, il existe un indice nδ à partir duquel
eµ (fn , f ) < δ et, par suite, à partir duquel µ(Aδ (fn , f )) < δ.
Supposons que les fn ∈ (Mµ ((X, T), (Y, BY )), dµ ) satisfont la condition
de Cauchy et montrons l’existence d’une suite partielle {fnk }k∈N convergente.
(La condition de Cauchy nous assure alors que la suite toute entière est
convergente.) Soit nk tel que
donc que
k+p−1
X
d(fnk (x), fnk+p (x)) ≤ d(fnj (x), fnj+1 (x)) ≤ 2−k+1 .
j=k
appartient à l’espace M((X, T), (Y, BY )). Reste à vérifier que les applica-
tions fnk convergent vers f en mesure. Or
[ \
A2−k (fnk , f ) = A2−k (fnk , fnk+p )
N ∈N p≥N
84
donc
\
µ(A2−k (fnk , f )) = lim µ A2−k (fnk , fnk+p ) ≤ 2−k .
N →+∞
p≥N
C.Q.F.D.
f + g = [f + g], f g = [f g].
Un espace vectoriel normé (X, kk) est un espace vectoriel sur lequel
est définie une norme kk : X → [0, +∞[ telle que
N1 kxk = 0 implique x = 0 ;
N2 kcxk = |c|kxk pour tout scalaire c ;
N3 kx1 + x2 k ≤ kx1 k + kx2 k.
85
La norme induit une distance sur X :
d(x, y) = kx − yk.
Démonstration.
On a
|f (x) + g(x)| ≤ |f (x)| + |g(x)| ≤ kf k∞ + kgk∞
et
|f (x)g(x)| ≤ kf k∞ kgk∞
presque partout sur X, donc
De plus, kc f k∞ = |c|kf k∞ .
86
dès que m ≥ m . Donc f ∈ L∞ (X, T) et limm→+∞ kfm − f k∞ = 0. Enfin,
la relation
entraı̂ne
dµ (f , g) ≤ kf − gk∞ .
C.Q.F.D.
7.1 Exercices
1. Soient (X, T, µ) un espace mesuré et f, g ∈ L0 (X, T). Alors f ≡µ g si
et seulement si f + ≡µ g + et f − ≡µ g − .
2. À quelle condition deux fonctions continues f, g : R → R sont-elles
équivalentes modulo λ ?
3. Montrer par un exemple approprié que le théorème d’Egorov n’est pas
nécessairement vrai si la mesure n’est pas finie.
4. Soient fn : [0, 1] → R la fonction indicatrice de l’intervalle
]k 2−m , (k + 1) 2−m ]
|f − g|
Z
δµ (f , g) = dµ
X 1 + |f − g|
définit sur L0µ (X, T) une distance qui est équivalente à celle de la
convergence en mesure dµ (f , g).
7. Montrer par un exemple approprié que la convergence en mesure de
fn vers f et la convergence en mesure de gn vers g n’entraı̂ne pas
nécessairement celle de fn gn vers f g.
87
8 ESPACES DE LEBESGUE
Dans ce chapitre, nous allons obtenir des propriétés supplémentaires des
fonctions intégrables considérées dans leur ensemble, en tant qu’espaces vec-
toriels. Nous démontrerons les inégalités de Hölder et de Minkowski, intro-
duirons la notion de convergence en moyenne et étudierons un théorème
d’approximation.
Théorème 47 L’espace (L1µ (X, T), kk1 ) est un espace de Banach et la conver-
gence en moyenne entraı̂ne la convergence en mesure.
Démonstration.
Il est clair que kk1 est une norme sur L1µ (X, T) et que, pour tout δ > 0,
on a Z
|f − g| dµ ≥ δ µ({x | |f (x) − g(x)| > δ})
X
(inégalité de Tchebychev). Ainsi
1/2
inf{δ | µ(Aδ (f, g)) < δ} ≤ inf{δ | kf − gk1 < δ 2 } = kf − gk1 ,
d’où l’inégalité
1/2
dµ (f , g) ≤ kf − gk1 .
Soit {fn }n∈N une suite de Cauchy dans L1µ (X, T). Il suffit de voir qu’elle
contient une suite partielle convergente dans L1µ (X, T). Puisque la suite sa-
tisfait la condition de Cauchy dans l’espace (L0µ (X, T), dµ ), il existe f ∈
L0µ (X, T) telle que limn→+∞ dµ (fn , f ) = 0. On peut donc en extraire une
suite partielle fnk qui converge presque partout vers f (théorème (44) page
(81)). En vertu du lemme de Fatou, on a alors
Z Z
|fnk − f | dµ ≤ lim inf |fnk − fnj | dµ <
X j→+∞ X
dès que nk est assez grand, c’est-à-dire que la suite partielle fnk converge
également vers f en moyenne. C.Q.F.D.
88
Soit p > 0. Alors Lp (X, T, µ) ⊆ L0 (X, T) désigne l’espace des fonc-
tions de p-ième puissance intégrable par rapport à µ sur X et si f = [f ] ∈
Lpµ (X, T), on pose
Z 1/p
kf kp = kf kp = |f |p dµ .
X
kf gk1 ≤ kf kp kgkq
avec égalité lorsque 1 < p < +∞ si et seulement si, µ-presque partout sur
X, on a
kgkqq |f (x)|p = kf kpp |g(x)|q .
Démonstration.
Cas p = 1. On a évidemment
donc
kf gk1 ≤ kf k1 kgk∞ .
Cas 1 < p < +∞. On peut supposer que 0 < kf kp kgkq . La fonction
t 7→ log t étant concave sur ]0, +∞[, on a
c’est-à-dire
u1/p v 1/q ≤ p−1 u + q −1 v
quels que soient u, v > 0. Choisissant
|f (x)|p |g(x)|q
u= p , v = ,
kf kp kgkqq
89
on obtient
|f (x)g(x)| |f (x)|p −1 |g(x)|
q
≤ p−1 p +q q .
kf kp kgkq kf kp kgkq
En intégrant cette inégalité, on trouve
kf gk1
≤ p−1 + q −1 = 1.
kf kp kgkq
kf + gkp ≤ kf kp + kgkp
avec égalité lorsque 1 < p < +∞ si et seulement si, µ-presque partout sur
X, on a
kgkp f (x) = kf kp g(x).
Démonstration.
On peut supposer 1 < p < +∞. L’inégalité |f + g|p ≤ 2p (|f |p + |g|p )
entraı̂ne f + g ∈ Lp (X, T, µ). On peut supposer que 0 < kf + gkp . En vertu
de l’inégalité de Hölder,
Z Z
p p
kf + gkp = |f + g| dµ = |f + g|p−1 |f + g| dµ
X
Z ZX
p−1
≤ |f + g| |f | dµ + |f + g|p−1 |g| dµ
X X
≤ kf + gkp−1 p−1
p kf kp + kf + gkp kgkp
kf + gkp ≤ kf kp + kgkp .
La seconde inégalité sera stricte à moins que l’on ait kgkp |f (x)| = kf kp |g(x)|
µ-presque partout sur X et la première implique que sgn f = sgn g µ-presque
partout sur X. C.Q.F.D.
90
Théorème 50 (Riesz-Fischer) Soit 1 ≤ p ≤ +∞. L’espace (Lpµ (X, T), kkp )
est un espace de Banach et la convergence en moyenne d’ordre p en-
traı̂ne la convergence en mesure.
Démonstration.
On peut supposer 1 < p < +∞. L’inégalité
Z
|f − g|p dµ ≥ δ p µ({x | |f (x) − g(x)| > δ})
X
implique l’inégalité
dµ (f , g) ≤ kf − gkp/(p+1)
p .
Cette dernière et l’inégalité de Minkowski impliquent le résultat (comme
pour le théorème (47) page (88)). C.Q.F.D.
kf k∞ = lim kf kp .
p→+∞
91
Démonstration.
Si 1 ≤ p < r < +∞, on a
Z Z p/r
p r
|f | dµ ≤ |f | dµ µ(X)1−p/r
X X
d’où
kf kp ≤ kf kr µ(X)1/p−1/r .
Si r = +∞, directement,
kf kp ≤ kf k∞ µ(X)1/p .
Donc, si f ∈ L∞
µ (X, T),
lim sup kf kp ≤ kf k∞ .
p→+∞
C.Q.F.D.
pour la calculer.
92
Démonstration.
Le cas p = +∞ découle de ce que toute fonction mesurable bornée est
une limite uniforme de fonctions mesurables étagées (théorème (32) page
(53)). Si 1 ≤ p < +∞ et f ∈ Lp (X, T, µ) est positive, il existe une suite
croissante de fonctions mesurables positives étagées φn qui croı̂t vers f .
Puisque (f −φn )p ≤ f p , on a limn→+∞ kf −φn kp = 0 (convergence dominée).
Le cas général découle de l’inégalité
C.Q.F.D.
Théorème 53 Soit 1 ≤ p < +∞. Alors la classe Cc∞ (R) des fonctions
R → R indéfiniment dérivables à support compact est dense dans Lp (R).
Démonstration.
Il s’agit de montrer qu’à chaque fonction f ∈ Lp (R) et à chaque > 0
correspond une fonction gf, ∈ Cc∞ (R) telle que
kf − gf, kp < .
kf − (gf + , − gf − , )kp ≤ kf + − gf + , kp + kf − − gf − , kp
|f − ϕn |p = (f − ϕn )p ≤ f p
lim kf − ϕn kp = 0.
n→+∞
93
0.35
0.3
0.25
0.2 hx
0.15
0.1
0.05
dès que N est assez grand, il suffit de démontrer l’énoncé pour la fonction
indicatrice d’un intervalle ouvert de mesure finie ]a, b[.
Pour ce faire, introduisons la fonction h : R → R définie par
2)
h(x) = e−1/(1−x I]−1,+1[ (x).
94
(Figure 2). On vérifie par récurrence sur n que
pn (x)
h(n) (x) = h(x)
(1 − x2 )2n
où pn (x) est un polynôme en x, ce qui montre que h ∈ Cc∞ (R) et que
supp(h)= [−1, +1]. Soit
Z +∞
H= h(x) dx.
−∞
Enfin, la relation
(qui est valable dès que δ < 1) implique, toujours par convergence dominée,
que
lim kgδ − I]a,b[ kp = 0.
δ→0
C.Q.F.D.
8.1 Exercices
1. Soient X ∈ L1 (Ω, T, P ) une variable aléatoire admettant une espérance
mathématique et φ : R → R une fonction convexe dérivable telle que
φ ◦ X ∈ L1 (Ω, T, P ). Montrer que
Z Z
φ X dP ≤ φ(X) dP
Ω Ω
(inégalité de Jensen).
(Suggestion : utiliser l’inégalité de convexité φ0 (t0 )(t − t0 ) + φ(t0 ) ≤
φ(t)).
95
2. Soient X ∈ L1 (Ω, T, P ) une variable aléatoire admettant une espérance
mathématique. Montrer que
q Z p
1 + kXk1 ≤2 1 + X 2 dP ≤ 1 + kXk1 .
Ω
1 T
Z
lim f (s)g(s) ds.
T →+∞ T 0
96
10. Soit 0 < p < 1. Montrer que si f, g ∈ Lp (E), alors f + g ∈ Lp (E) mais
que l’inégalité
kf + gkp ≤ kf kp + kgkp
n’est plus nécessairement satisfaite.
11. On considère les fonctions fn : [0, 1] → R définies par
2nα+β x si 0 ≤ x ≤ 1/(2nα )
0 si 1/nα ≤ x ≤ 1.
13. Montrer que les fonctions fn (x) = sin nx forment dans l’espace de Hil-
bert L2 ([−π, π]) une suite bornée (kfn k2 restent bornées) qui n’admet
aucune suite partielle convergente (au sens de L2 ([−π, π])).
14. Soient fn ∈ Lp (E) des fonctions qui convergent simplement (ponctuel-
lement) vers une fonction f ∈ Lp (E). Montrer qu’elles convergent au
sens de Lp (E) (1 ≤ p < +∞) si et seulement si
lim kfn kp = kf kp .
n→+∞
97
9 DÉRIVATION
Dans ce chapitre, pour étudier jusqu’à quel point les opérations d’intégration
et de dérivation sont les inverses l’une de l’autre, c’est-à-dire sous quelles hy-
pothèses les relations Z x
d
f (t) dt = f (x)
dx a
et Z b
f 0 (t) dt = f (b) − f (a)
a
sont valables, nous allons introduire la classe des fonctions à variation bornée
puis celle des fonctions absolument continues. Nous verrons notamment com-
ment les formules d’intégration par parties et de changement de variables
s’étendent à l’intégrale de Lebesgue.
98
Une fonction φ : [a, b] → R est une fonction à variation bornée sur
[a, b] si les sommes
n
X
s(φ, P) = |φ(xk ) − φ(xk−1 )|
k=1
99
puisque, si x1 < x2 ,
j(x2 ) − j(x1 ) = var(φ, [x1 , x2 ]) − (φ(x2 ) − φ(x1 )) ≥ 0.
C.Q.F.D.
Démonstration.
En considérant si nécessaire leur adhérence, on peut supposer que les
intervalles Iα sont fermés. Soit O ⊆ R un ensemble ouvert de mesure finie
contenant E. En ne considérant si nécessaire que ceux qui le sont, on peut
supposer que tous les intervalles Iα sont contenus dans O.
Formons alors une suite d’intervalles disjoints {Iαk }k de la façon suivante.
Iα1 est choisi arbitrairement. Si les intervalles disjoints Iα1 , Iα2 , . . . , Iαn ont
déjà été choisis, posons
Λn = sup {λ(Iα ) | Iα Iαk = ∅ pour 1 ≤ k ≤ n}
α∈A
100
Si ce processus s’arrête après N étapes (faute d’intervalles Iα remplissant la
condition), on a nécessairement
N
X
E⊆ Iαk
k=1
car si !c
N
X
x∈E∩ Iαk ,
k=1
implique que
lim λ(Iαk ) = 0
k→+∞
Soit en effet !c
N
X
x∈E∩ Iαk .
k=1
Il existe, par hypothèse, un intervalle Iα0 contenant x et tel que Iα0 Iαk = ∅
pour 1 ≤ k ≤ N . D’autre part, il doit aussi exister des intervalles de la suite
{Iαk }k∈N tels que Iα0 Iαk 6= ∅. Autrement on aurait λ(Iα0 ) ≤ Λk < 2 λ(Iαk+1 )
pour tout k ∈ N, ce qui impliquerait λ(Iα0 ) = 0. Soit donc Iαn le premier
des intervalles de la suite {Iαk }k∈N tel que Iα0 Iαn 6= ∅. Alors n > N et
101
Ainsi la distance de x au centre xn de l’intervalle Iαn est au plus
1 5
λ(Iα0 ) + λ(Iαn ) < λ(Iαn )
2 2
et
5 5
x ∈ [xn − λ(Iαn ), xn + λ(Iαn )].
2 2
Donc !c !
N
X X
λ∗ E∩ Iαk ≤ 5 λ(Iαn ) < .
k=1 n>N
C.Q.F.D.
102
presque partout sur ]a, b[. On a
[
{x | D+ φ(x) > D− φ(x)} = {x | D+ φ(x) > s > t > D− φ(x)}
s,t∈Q
Posons
E = {x | D+ φ(x) > s > t > D− φ(x)}.
Soit O ⊆ R un ensemble ouvert contenant E et tel que λ(O) < λ∗ (E) + .
Si x ∈ E,
φ(x − h) − φ(x)
D− φ(x) = lim inf < t.
h↓0 −h
Donc pour chaque x ∈ E et pour h > 0 arbitrairement petit, il existe un
intervalle [x − h, x] ⊆ O tel que
Si y ∈ ED,
φ(y + h) − φ(y)
D+ φ(y) = lim sup > s.
h↓0 h
Donc pour chaque y ∈ ED et pour H > 0 arbitrairement petit, il existe un
intervalle [y, y + H] ⊆ D tel que
103
En vertu du théorème de Vitali, on peut trouver
{[y1 , y1 + H1 ], [y2 , y2 + H2 ], . . . , [yM , yM + HM ]}
disjoints tels que, si
M
X
G= ]yj , yj + Hj [ ,
j=1
on ait
λ∗ (EG) > λ∗ (ED) − > λ∗ (E) − 2.
De plus,
M
X M
X
(φ(yj + Hj ) − φ(yj )) > s Hj > s(λ∗ (E) − 2).
j=1 j=1
104
C.Q.F.D.
Cette inégalité peut être stricte, par exemple, pour une fonction constante
entre ses sauts.
F 0 (x) = f (x).
Démonstration.
On peut supposer que f est positive. Le cas général se ramène à celui où
f est bornée en considérant la suite croissant vers f des fonctions bornées
fn = inf{f, n}. On a en effet
où Z x Z x
Gn (x) = (f (t) − fn (t)) dt et Fn (x) = fn (t) dt.
a a
Comme Gn est croissante, elle est dérivable et G0n (x) ≥ 0 presque partout
sur [a, b] et, par hypothèse, Fn0 (x) = fn (x) presque partout sur le même
intervalle. Par suite
donc
F 0 (x) ≥ f (x)
105
presque partout sur l’intervalle [a, b], ce qui entraı̂ne
Z b Z b
0
F (b) ≥ F (t) dt ≥ f (t) = F (b)
a a
et enfin
F 0 (x) = f (x)
presque partout sur l’intervalle [a, b]. Supposant donc f positive et bornée,
soit x un point quelconque de l’intervalle ]a, b[ et montrons que
Z x Z x
F 0 (t) dt = f (t) dt.
a a
1 t+h
F (t + h) − F (t)
Z
= f (s) ds ≤ kf k∞
h h t
Si l’on avait λ(E) > 0, on pourrait trouver un ensemble ouvert O tel que
]a, b[ E c ⊆ O ⊆ ]a, b[
et
λ(O) < b − a
106
donc
λ( ]a, b[ Oc ) > 0.
Comme ce dernier ensemble est entièrement contenu dans E, on obtiendrait
une contradiction : Z Z
− g= g > 0.
O ]a,b[ Oc
C.Q.F.D.
Cela est évident si |f | est bornée. Pour y ramener le cas général, intro-
duisons la suite croissant vers |f | des fonctions bornées fn = inf{|f |, n}. En
vertu du théorème de la convergence monotone, on peut trouver n tel que
Z b
(|f | − fn ) < /2.
a
Si
λ(E) < ,
2n
on aura
Z Z Z Z b
|f | = (|f | − fn ) + fn ≤ (|f | − fn ) + nλ(E) < .
E E E a
de [a, b] on ait
n
X n
X
(tk − sk ) < δ implique |φ(tk ) − φ(sk )| < .
k=1 k=1
107
Une fonction absolument continue sur un intervalle [a, b] est uniformément
continue sur cet intervalle. Elle y est aussi à variation bornée. Soit en effet
∆ > 0 le nombre associé à = 1. Donnée une partition P = {x0 , x1 , x2 , . . . , xn }
de l’intervalle [a, b], considérons la partition P 0 = {x00 , x01 , x02 , . . . , x0m } obte-
nue de P en lui adjoignant les points
b−a b−a b−a
a+k , 0 ≤ k ≤ N , où ≤N < + 1.
N ∆ ∆
Alors, regroupant les termes de la seconde somme en N paquets,
n m
X X b−a
|φ(xk ) − φ(xk−1 )| ≤ |φ(x0k ) − φ(x0k−1 )| ≤ N < + 1.
∆
k=1 k=1
Démonstration.
La condition est suffisante. Nous avons déjà démontré que l’intégrale
définie d’une fonction intégrable est absolument continue.
La condition est nécessaire. On sait déjà que φ, étant à variation bornée,
admet presque partout une dérivée intégrable φ0 . On sait aussi que la fonc-
tion Z x
φ1 (x) = φ0 (t) dt + φ(a)
a
est absolument continue et que φ01 (x) = φ0 (x) presque partout sur l’inter-
valle [a, b]. Observons pour terminer que si une fonction g : [a, b] → R est
absolument continue sur [a, b], telle que g(a) = 0 et que g 0 = 0 presque par-
tout, alors g = 0 partout sur l’intervalle [a, b] (on prendra ici g = φ − φ1 ).
Soit en effet x ∈]a, b[ et considérons l’ensemble
Si t ∈ E,
g(t + h) − g(t)
lim = 0.
h↓0 h
108
Donc pour chaque t ∈ E et pour tout h > 0 assez petit, il existe un intervalle
[t, t + h] ⊆]a, x[ tel que
h
g(t + h) − g(t) < .
2(b − a)
Soit δ > 0 le nombre associé à /2 dans la définition de continuité absolue de
g sur [a, b]. En vertu du théorème de Vitali, on peut trouver des intervalles
deux à deux disjoints
tels que !c !
N
X
λ E [tk , tk + hk ] <δ
k=1
donc que !c !
N
X
λ ]a, x[ [tk , tk + hk ] < δ.
k=1
Alors
109
Démonstration.
La première assertion découle de l’inégalité
n
X
|φ(tk )ψ(tk ) − φ(sk )ψ(sk )|
k=1
n
X
= |(φ(tk ) − φ(sk ))ψ(tk ) + φ(sk )(ψ(tk ) − ψ(sk ))|
k=1
n
X n
X
≤ |φ(tk ) − φ(sk )|kψk∞ + kφk∞ |ψ(tk ) − ψ(sk )|.
k=1 k=1
Comme
(φψ)0 = φ0 ψ + φψ 0
presque partout et comme
Z b
(φψ)0 = φ(b)ψ(b) − φ(a)ψ(a),
a
Démonstration.
La démonstration se fait en plusieurs étapes.
Si f = I(u,v) est la fonction indicatrice d’un intervalle, f ◦φ = I(φ−1 (u), φ−1 (v))
et la formule est vraie puisqu’elle s’écrit
Z φ−1 (v)
v−u= φ0 (y) dy.
φ−1 (u)
P
Si f = IO = P k I(uk ,vk ) est la fonction indicatrice d’un ensemble ouvert,
f ◦ φ = Iφ−1 (O) = k I(φ−1 (uk ), φ−1 (vk )) et
X XZ φ−1 (vk ) Z
0
λ(O) = (vk − uk ) = φ (y) dy = φ0 (y) dy
k k φ−1 (u k) φ−1 (O)
110
en vertu de l’additivité de l’intégrale.
Pour étudier le cas où f = IE est la fonction indicatrice d’un ensemble
mesurable quelconque, introduisons l’ensemble
ce qui montre que l’ensemble k φ−1 (Ok )H est de mesure nulle, donc que
T
l’ensemble φ−1 (N )H l’est aussi. Si donc f = IE , on peut trouver une suite
décroissante d’ensembles ouverts Ok tels que
\
Ok = E + N
k
Le théorème est donc vrai, par linéarité, pour une fonction f mesurable
positive étagée, puis pour une fonction f mesurable positive quelconque par
convergence monotone et finalement pour une fonction f intégrable arbi-
traire encore une fois par linéarité.
C.Q.F.D.
111
9.3 Exercices
1. Vérifier qu’une fonction φ : [a, b] → R est à variation bornée si et
seulement si son graphe est rectifiable, c’est-à-dire si et seulement si
les sommes
n p
X
σ(φ, P) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
k=1
et posons
Montrer que
et que
pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b]) = var(φ, [a, b]).
var(P, [a, b]) ≤ var(g,[a,b]) , var(N, [a, b]) ≤ var(h, [a, b]).
112
4. Vérifier que la fonction
(
x−1/3 si x 6= 0,
f (x) =
0 si x = 0.
En déduire l’inégalité
Z b
1
|φ| ≤ |φ(a)| + var(|φ|, [a, b]).
b−a a
10. Calculer les nombres de Dini D+ φ(0), D+ φ(0), D− φ(0) et D− φ(0) pour
la fonction
113
11. Montrer qu’une fonction est absolument continue sur tout intervalle
dans lequel elle admet une dérivée bornée.
12. Montrer que la fonction continue φ(x) qui coı̈ncide avec x2 sin 1/x
lorsque x 6= 0 est absolument continue.
13. Soit φ : [a, b] → R une fonction croissante. Montrer qu’elle peut s’écrire
sous la forme φ = φac + φs où φac est croissante absolument continue
et φs est croissante singulière, c’est-à-dire telle que φ0s = 0 presque
partout sur [a, b].
14. Montrer qu’une fonction convexe φ : R → R est absolument continue
sur tout intervalle compact [a, b].
15. Soit φ : [a, b] → R une fonction absolument continue. Montrer que
Z b
var(φ, [a, b]) = |φ0 (x)| dx.
a
`φ = sup{σ(φ, P) | P}
114
10 MESURES SIGNÉES
Dans ce chapitre, nous allons introduire les notions de mesures signée,
étrangère ou absolument continue, démontrer le théorème de Radon-Nikodym
sur la dérivée d’une mesure et l’appliquer à l’étude de la dualité entre les
espaces de Lebesgue.
Soit (X, T) un espace mesurable. Une mesure signée sur X est une
fonction ν : T → R telle que
MS1 ν(∅) = 0 ;
MS2 En ∈ T pour tout n ∈ N et Em En = ∅ si n 6= m impliquent
!
X X
ν En = ν(En ).
n∈N n∈N
M(X, T) désigne l’espace des mesures signées sur X, définies sur T. Ainsi
115
La variation |ν| de la mesure ν est la fonction |ν| : T → [0, +∞] définie
par
X+∞ +∞
X
|ν|(E) = sup { |ν(Fk )| | Fk ∈ T, E = Fk }.
k=1 k=1
Démonstration. P+∞
Soient EPn ∈ T des ensembles disjoints deux à deux. Posons E = n=1 En
+∞
et soit E = k=1 Fk une partition mesurable quelconque de E. Alors
! +∞
X+∞ X X +∞
|ν(Fk )| = ν Fk E n = ν(Fk En ) ≤ |ν(Fk En )|
n=1 n=1 n=1
donc
+∞
X +∞ X
X +∞ +∞ X
X +∞ +∞
X
|ν(Fk )| ≤ |ν(Fk En )| = |ν(Fk En )| ≤ |ν|(En )
k=1 k=1 n=1 n=1 k=1 n=1
et
+∞
X
|ν|(E) ≤ |ν|(En ).
n=1
116
Supposant, dans l’autre P+∞éventualité, que |ν|(Em ) = +∞, soit K > 0 ar-
bitraire.
P+∞ Soit E m = k=1 Fk,m une partition mesurable de Em telle que
k=1 |ν(F k,m )| > K. Alors
X +∞
X
|ν|(E) ≥ |ν(En )| + |ν(Fk,m )| > K.
n6=m k=1
+∞
X +∞
X
|ν(Fk )| ≤ ρ(Fk ) = ρ(E)
k=1 k=1
et la seconde, sur
On a les représentations
νf = νf + − νf − et ν|f | = νf + + νf − .
117
Théorème 62 (Hahn-Jordan) Soit ν ∈ M(X, T). Alors il existe une et
une seule paire de mesures ν + , ν − ∈ Mf (X, T) étrangères l’une à l’autre
telles que ν = ν + − ν − . On a alors aussi |ν| = ν + + ν − et, en particulier,
|ν| ∈ Mf (X, T).
Démonstration.
Considérons les ensembles « positifs » pour ν :
Si En ∈ P pour Stout n ∈ P c
N, F1 = E1 et Fn = En En−1 · · · E1c si n ≥ 2 sont
aussi dans P et n En = n Fn ∈ P.
Soient α = sup{ν(E) | E ∈ P} et En ∈ P des ensembles croissants tels
que limn→+∞ ν(En ) = α. Si
[
D= En ,
n
D ∈ P et
n
!
X X X
ν(D) = ν Fn = ν(Fn ) = lim ν(Fk ) = lim ν(En ) = α.
n→+∞ n→+∞
n n k=1
La relation
ν + (E) = ν(ED), E ∈ T,
définit une mesure positive finie sur X, concentrée sur D. La relation
ν − (E) = −ν(EDc ), E ∈ T,
ν = ν + − ν −.
β1 = inf{ν(B) | B ∈ T, B ⊆ B0 } < 0.
118
On a ν(B0 B1c ) = ν(B0 ) − ν(B1 ) > 0 et donc B0 B1c ∈
/ P. Ainsi
On a ν(B0 B1c B2c ) = ν(B0 ) − ν(B1 ) − ν(B2 ) > 0 et donc B0 B1c B2c ∈
/ P. Ainsi
de suite. On obtient de cette façon une suite d’ensembles mesurables deux
à deux disjoints Bn tels que
avec
β1 ≤ β2 ≤ · · · ≤ 0.
On a \ X
ν(B0 Bnc ) = ν(B0 ) − ν(Bn ) > 0
n n
c
T P
et donc B0 n Bn ∈
/ P. La série n ν(Bn ) étant convergente,
|ν| + ν |ν| − ν
ν+ = , ν− = .
2 2
C.Q.F.D.
119
En effet, la validité de cet énoncé est évidente pour les fonctions mesurables
étagées et s’étend par convergence monotone aux fonctions intégrables po-
sitives puis, par linéarité, aux fonctions intégrables arbitraires.
120
Théorème 63 (Radon-Nikodym) Soient µ ∈ M+ (X, T) une mesure σ-
finie et ν ∈ M(X, T). Si ν est absolument continue par rapport à µ, il existe
un et un seul élément f ∈ L1µ (X, T) (la dérivée de Radon-Nikodym de ν
par rapport à µ) tel que
ν = νf ,
en d’autres termes,
dν = f dµ.
Démonstration.
L’unicité est évidente. Pour montrer l’existence, on peut supposer que ν
est positive.
Considérons d’abord le cas où µ est finie. Soit
Z
P = {g ∈ L1 (X, T, µ) | 0 ≤ g dµ ≤ ν(E) pour tout E ∈ T}.
E
La relation Z
ρ(E) = ν(E) − f dµ, E ∈ T.
E
définit une mesure positive finie sur X. Vérifions que ρ est identiquement
nulle.
121
Supposons au contraire que ρ(X) > 0. Soit X = Dn +Dnc une décomposition
de Hahn-Jordan de X relativement à la mesure signée ρn = ρ − µ/n, c’est
à-dire que ρ+ − c
n est concentrée sur Dn et que ρn est concentrée sur Dn . Posons
[
D= Dn .
n∈N
de telle sorte que f + IDn /n ∈ P ce qui est absurde étant donné que
Z
1
f + IDn dµ > α.
X n
S
Dans le cas où µ n’est que σ-finie, soient X = n Dn une exhaustion
de l’espace par des une suite croissante d’ensembles mesurables de µ-mesure
finie, Tn la trace de T sur Dn et fn ∈ L1µn (Dn , Tn ) la dérivée de Radon-
Nikodym de la trace νn de ν par rapport à la trace µn de µ sur Dn , prolongée
à X en posant fn (x) = 0 sur Dnc . On a 0 ≤ fn ≤ fn+1 puisque fn = fn+1 µ-
presque partout sur Dn . Soit f = limn→+∞ fn . Par convergence monotone,
pour tout E ∈ T,
C.Q.F.D.
122
Remarque. On dénote souvent la dérivée de Radon-Nikodym de ν par
rapport à µ à l’aide du symbole
dν
.
dµ
Exemple.
Lorsque la fonction croissante F : R → R est absolument continue, le
théorème (42) page (72) entraı̂ne que
Z
µF (E) = F 0 (x) dx
E
dF = F 0 (x) dx.
Démonstration.
Si ρ1 , ρ2 ∈ M(X, T) sont absolument continue relativement à µ, ρ1 + ρ2
l’est aussi (en vertu de l’inégalité |ρ1 + ρ2 | ≤ |ρ1 | + |ρ2 |) et si elles sont
toutes les deux étrangères à µ, ρ1 + ρ2 l’est aussi (si ρ1 est portée par D1
et ρ2 est portée par D2 , ρ1 + ρ2 est portée par D1 D2 + D1 D2c + D1c D2 et µ
123
est concentrée sur D1c D2c ). On en déduit l’unicité de la décomposition de
Lebesgue. Si
ν = νa + νe = ρa + ρe ,
sont deux telles décompositions, la mesure νa − ρa = ρe − νe sera à la
fois absolument continue par rapport µ et étrangère à µ, donc nulle. Pour
montrer l’existence d’une décomposition de Lebesgue, on peut supposer que
ν est positive.
Soit f la dérivée de Radon-Nikodym de ν par rapport à µ + ν. Donc,
pour tout E ∈ T,
Z Z Z
ν(E) = f d(µ + ν) = f dµ + f dν.
E E E
D = {x | f (x) = 1}
et posons
νe (E) = ν(ED), νa (E) = ν(EDc ), E ∈ T
définissant ainsi deux mesures positives finies sur X étrangères l’une à l’autre
et telles que ν = νa + νe . Comme
Z Z
ν(D) = f dµ + f dν = µ(D) + ν(D),
D D
c’est-à-dire Z
(1 − f ) dν = 0
EDc
et puisque 1 − f > 0 ν-presque partout sur EDc , il faudra que
ν(EDc ) = νa (E) = 0.
124
C.Q.F.D.
Le dual X ∗ d’un espace vectoriel normé (réel) X est l’espace des formes
linéaires continues ` sur X, c’est-à-dire l’espace des fonctions ` : X → R
telles que
FL1 `(c1 x1 + c2 x2 ) = c1 `(x1 ) + c2 `(x2 ) pour tous c1 , c2 ∈ R ;
|`(x)|
FL2 k`k = sup | kxk = 6 0 < +∞.
kxk
En présence de FL1, FL2 signifie que ` est continue. R étant complet, X ∗
est un espace de Banach.
Démonstration.
Lorsque 1 < q < +∞, on a |`g (f )| = kf kp kgkq pour f = sgn (g)|g|q/p et,
lorsque q = 1, pour f = sgn (g) . Donc, dans ces deux cas, sans hypothèse
supplémentaire, k`g k = kgkq . Lorsque q = +∞, soit {Dn }n∈N une suite
croissante de parties mesurables de mesure finie épuisant X. Considérons,
pour chaque m, l’ensemble
125
et soit nm tel que µ(Am Dnm ) > 0. Si
IAm Dnm
fm = sgn (g) ,
µ(Am Dnm )
on a
Z Z
1 1
`g (fm ) = fm g dµ = |g| dµ ≥ kgk∞ −
X µ(Am Dnm ) Am Dnm m
C.Q.F.D.
Démonstration.
Il s’agit de voir que l’application g 7→ `g est surjective.
∗
Considérons d’abord le cas où µ est finie. Soit ` ∈ (Lpµ (X, T)) . Posons
ν(E) = `(IE ), E ∈ T.
Comme p < +∞, ν est bien une mesure signée sur X, évidemment abso-
lument continue par rapport à µ. Soit g ∈ L1µ (X, T) la dérivée de Radon-
Nikodym de ν par rapport à µ. On a
Z
`(IE ) = IE g dµ
X
pour toute fonction f ∈ L∞ (X, T, µ). Cela suffit pour en déduire que g ∈
Lq (X, T, µ) :
126
Si p = 1, l’inégalité
Z
g dµ ≤ k`kµ(E), E ∈ T,
E
implique que
kgk∞ ≤ k`k.
Si 1 < p < +∞, soient En = {x | |g(x)| ≤ n} et
0 si g(x) = 0,
fn (x) = |g(x)|q
IEn (x) sinon.
g(x)
Donc Z Z 1/p
q q
`(fn ) = |g| dµ ≤ k`k |g| dµ
En En
et Z 1/q
q
|g| dµ ≤ k`k
En
kgkq ≤ k`k.
lim kf − φn kp = 0.
n→+∞
Alors Z Z
`(f ) = lim `([φn ]) = lim φn g dµ = f g dµ.
n→+∞ n→+∞ X X
P
Dans le cas où µ n’est que σ-finie, soient X = n Dn une partition
mesurable de l’espace par des ensembles de mesure finie et `n la restriction
de ` à Lpµn (Dn , Tn ), les fonctions définissant cet espace ayant été prolongées
à X tout entier en les posant égales à zéro à l’extérieur de Dn . Soit, pour
n ∈ N,
gn ∈ Lqµn (Dn , Tn )
127
telle que Z
`n (f ) = f gn dµn , f ∈ Lp (Dn , Tn , µn ),
Dn
parce que N
P PN
n=1 gn représente ` sur n=1 Dn .
Soit f ∈ Lp (X, T, µ). On a
!
X X XZ
`(f ) = ` f IDn = `(f IDn ) = f gn dµn
n n n Dn
XZ XZ Z
= f gn dµ = f gn dµ = f g dµ
n Dn n X X
puisque
Z
N
!1/p
X XZ Z
|f | g − gn dµ = |f ||gn | dµ ≤ |f |p dµ k`k.
P
X
n=1
Dn n>N n>N Dn
C.Q.F.D.
10.1 Exercices
1. Soient ν1 et ν2 deux mesures signées sur (X, T). Montrer que, quelques
soient les nombres a1 , a2 ∈ R,
128
2. Soit (X, T) un espace mesurable. Une mesure complexe ν sur X est
une fonction ν : T → C additive et s’annulant sur l’ensemble vide.
– Définir la variation |ν| de ν et vérifier que |ν| est une mesure positive
finie telle que
|ν| ≤ |<ν| + |=ν|.
– Définir l’espace L1 (X, T, ν) et X f dν puis montrer que
R
Z Z
f dν ≤ |f | d|ν|.
X X
129
11 MESURES PRODUITS
Dans ce chapitre, nous allons définir les intégrales multiples et apprendre
à les calculer au moyen d’intégrales simples itérées et de changements de
variables appropriés.
R = E1 × E2 avec E1 ∈ T1 et E2 ∈ T2 :
T1 × T2 = T(R).
L’algèbre de Boole engendrée par ces rectangles mesurables est constituée
de leurs réunions disjointes finies, les ensembles élémentaires,
( n )
X
A(R) = Rk | n ∈ N, Rk ∈ R .
k=1
On a
T1 × T2 = T(A(R)).
Démonstration.
Il suffit de voir que T(A) ⊆ M(A) et, pour cela, il suffit de voir que M(A)
est une tribu sur X. À chaque A ⊆ X, associons
MA = {B | A ∪ B, AB c , Ac B ∈ M(A)}.
130
MA est une classe monotone. Si A ∈ A, MA contient A donc MA contient
M(A). Si B ∈ M(A), MB contient A (puisque A ∈ MB si et seulement si
B ∈ MA ) donc MB contient M(A).
Puisque X ∈ A, X ∈ M(A). Si E ∈ M(A), X ∈ ME donc E c ∈ M(A).
Si E, F ∈ M(A), E ∈ MF donc E ∪ F ∈ M(A). Si, enfin, En ∈ M(A) pour
tout n ∈ N,
N
[
En ∈ M(A) pour tout N ∈ N
n=1
C.Q.F.D.
On a donc une troisième expression pour la tribu produit :
T1 × T2 = M(A(R)).
Démonstration.
Pour x1 ∈ X1 fixé, considérons
Tx1 = {E ∈ T1 × T2 | Ex1 ∈ T2 }.
Tx1 est une tribu sur X1 × X2 qui contient les rectangles mesurables donc
qui coı̈ncide avec T1 × T2 .
Le deuxième énoncé suit de ce que (fx1 )−1 (E) = (f −1 (E))x1 . C.Q.F.D.
131
Théorème 68 Soient (X1 , T1 , µ1 ) et (X2 , T2 , µ2 ) deux espaces mesurés σ-
finis. Il existe une et une seule mesure positive µ1 × µ2 sur X1 × X2 (définie
sur T1 × T2 ), la mesure produit de µ1 par µ2 , telle que pour tout rectangle
mesurable E1 × E2 on ait
Démonstration.
Soient {Dn }n∈N et {Cn }n∈N des suites croissantes d’ensembles mesu-
rables de mesure finie qui épuisent X1 et X2 respectivement et posons
Rn = Dn × Cn .
• Unicité.
Soient µ et ν deux mesures positives sur X1 × X2 (définies sur T1 × T2 )
telles que pour tout rectangle mesurable E1 × E2 on ait
Considérons
• Existence.
Si E ∈ T1 × T2 , l’application X1 → [0, +∞] définie par
Z
x1 7→ IE (x1 , x2 ) dµ2 (x2 )
X2
M2 est une classe monotone (convergence monotone pour les suites crois-
santes, convergence dominée pour les suites décroissantes) qui contient les
ensembles élémentaires de X1 × X2 donc M2 = T1 × T2 . On a ainsi pour
tout E ∈ T1 × T2 que
Z Z
IE (x1 , x2 ) dµ2 (x2 ) = lim IERn (x1 , x2 ) dµ2 (x2 )
X2 n→+∞ X
2
132
est mesurable.
On peut donc poser
Z Z
µ1 × µ2 (E) = dµ1 (x1 ) IE (x1 , x2 ) dµ2 (x2 ).
X1 X2
Alors µ1 × µ2 ∈ M+ (X1 × X2 , T1 × T2 ) et
est intégrable et
Z Z Z
f dµ1 × µ2 = dµ1 (x1 ) f (x1 , x2 ) dµ2 (x2 ).
X1 ×X2 X1 X2
Démonstration.
Le théorème de Tonelli (l’énoncé pour les fonctions positives) est vrai
pour les fonctions indicatrices des ensembles mesurables donc, par linéarité,
pour les fonctions mesurables positives étagées donc, par convergence mo-
notone, pour les fonctions mesurables positives quelconques.
133
Le théorème de Fubini (l’énoncé pour les fonctions intégrables) s’en
déduit en l’appliquant aux fonctions f + et f − et en remarquant que
Z Z Z
+
f dµ1 × µ2 = dµ1 (x1 ) f + (x1 , x2 ) dµ2 (x2 ) < +∞
X1 ×X2 X1 X2
et que
Z Z Z
−
f dµ1 × µ2 = dµ1 (x1 ) f − (x1 , x2 ) dµ2 (x2 ) < +∞.
X1 ×X2 X1 X2
C.Q.F.D.
E = E1 + E2 avec E1 ∈ T et µ(E2 ) = 0.
(cela est vrai pour une fonction indicatrice donc, par linéarité, pour une
fonction étagée donc, par passage à la limite, pour une fonction mesurable
quelconque). La fonction f ∈ L1 (X, Tµ , µ) si et seulement si la fonction
f1 ∈ L1 (X, T, µ) auquel cas
Z Z
f dµ = f1 dµ.
X X
134
Démonstration.
Soit E = {(x1 , x2 ) | f2 (x1 , x2 ) 6= 0}. Il existe F ∈ T1 × T2 tel que E ⊆ F
et que µ1 × µ2 (F ) = 0. Donc
Z Z
dµ1 (x1 ) IF (x1 , x2 ) dµ2 (x2 ) = 0
X1 X2
et Z
µ2 (Fx1 ) = IF (x1 , x2 ) dµ2 (x2 ) = 0
X2
pourvu que Z Z
dµ1 |f | dµ2 < +∞.
X1 X2
135
De plus, pour tout (x1 , x2 ) ∈ R2 et pour tout E ∈ LR2 , E + (x1 , x2 ) ∈ LR2
et
λ2 (E + (x1 , x2 )) = λ2 (E).
En effet,
T(x1 ,x2 ) = {E ∈ LR2 | E + (x1 , x2 ) ∈ LR2 }
est une tribu contenant les rectangles mesurables donc BR ×BR ⊆ T(x1 ,x2 ) ⊆
LR2 . Si E ∈ T(x1 ,x2 ) ,
Z +∞ Z +∞
λ2 (E + (x1 , x2 )) = dx IE+(x1 ,x2 ) dy
−∞ −∞
Z +∞ Z +∞ Z +∞
= λ((E + (x1 , x2 ))x ) dx = λ(Ex−x1 + x2 ) dx = λ(Ex−x1 ) dx
−∞ −∞ −∞
Z +∞ Z +∞
= dx IE+(x1 ,0) dy = λ2 (E).
−∞ −∞
On en tire que T(x1 ,x2 ) est complète relativement à λ2 donc que T(x1 ,x2 ) =
LR2 .
n
Y
λn (P ) = (bj − aj ).
j=1
136
(page (73)) en posant
N N Y
n
!
X X
λn Pk = (bk,j − ak,j ).
k=1 k=1 j=1
Le théorème (42) page (72) nous assure que les deux approches conduisent
au même résultat.
Démonstration.
Il suffit de voir que la condition est nécessaire. Puisque
( )
X [
λn (E) = inf λn (Pk ) | E ⊆ Pk , Pk ∈ In ,
k k
Il suffit donc de voir qu’à tout pavé borné Pk = nj=1 ]ak,j , bk,j ] correspond
Q
une suite finie d’hypercubes C1 , C2 , . . . , CNk tels que
Nk Nk
[ X
Pk ⊆ Cp et λn (Cp ) < λn (Pk ) + .
2k
p=1 p=1
Soient rk > 0 et
bk,j − ak,j
dk,j = , 1≤j≤n
rk
(dxe désigne le plus petit entier plus grand que x). Alors le pavé
n
Y
Qk = ]ak,j , ak,j + rk dk,j ]
j=1
137
contient Pk et est la réunion de dk,1 dk,2 · · · dk,n hypercubes. On a
n n
Y Y
λn (Qk ) − λn (Pk ) ≤ (bk,j − ak,j + rk ) − (bk,j − ak,j ) <
2k
j=1 j=1
Démonstration.
On peut supposer que λn (E) < +∞. Puisque
( )
X [
λn (E) = inf λn (Pk ) | E ⊆ Pk , Pk ∈ In ,
k k
C.Q.F.D.
138
Démonstration.
Lorsque E est borné, soit P un pavé compact tel que E ⊆ P . Soit O un
ouvert tel que P E c ⊆ O et que λn (O) < λn (P E c ) + . Alors P Oc ⊆ E est
compact et λn (E) < λn (P Oc ) + . Le cas où E n’est pas borné suit de la
relation λn (E) = supk λn (E [−k, k]n ) . C.Q.F.D.
Démonstration.
Observons d’abord que le résultat suit du théorème de Fubini-Tonelli
lorsque O est un pavé et que Φ est une permutation des coordonnées et
ensuite qu’il suffit de considérer le cas où f est une fonction mesurable
positive.
• La relation
µ(E) = λn (Φ(E))
définit une mesure borélienne positive sur O. Montrons que cette mesure est
absolument continue par rapport à λn .
Si C est un hypercube tel que C ⊆ O, le théorème des accroissements
finis entraı̂ne que
139
Donné un ensemble compact K ⊆ O négligeable pour λn , soit
K ⊆ Kd ⊆ Kd ⊆ O
Alors
λn (Φ(Ck )) ≤ (n sup{kΦ0 (z)k2 | z ∈ Kd })n λn (Ck )
et
X X
λn (Φ(K)) ≤ λn (Φ(Ck )) ≤ (n sup{kΦ0 (z)k2 | z ∈ Kd })n λn (Ck )
k k
≤ (n sup{kΦ0 (z)k2 | z ∈ Kd })n .
Ainsi K est aussi négligeable pour µ et µ est absolument continue par rap-
port à λn .
• Soit g la dérivée de Radon-Nikodym de µ par rapport à λn . La fonc-
tion g : O → R est une fonction mesurable, positive et intégrable sur tout
compact et pour tout ensemble mesurable E ⊆ O, on a
Z Z
µ(E) = dλn = g dλn ,
Φ(E) E
Z Z
IΦ(E) dλn = IE g dλn
Rn Rn
c’est-à-dire que pour tout ensemble mesurable F ⊆ U ,
Z Z Z
IF (y) dλn (y) = IΦ−1 (F ) (x) g(x) dλn (x) = IF (Φ(x)) g(x) dλn (x),
Rn Rn Rn
ou encore Z Z
IF (y) dλn (y) = IF (Φ(x)) g(x) dλn (x).
U O
Par linéarité, pour toute fonction mesurable positive étagée φ : U → R,
X
φ= ak IFk ,
k
140
Z Z
φ(y) dλn (y) = φ(Φ(x)) g(x) dλn (x)
U O
et, par convergence monotone, pour toute fonction mesurable positive f :
U → R, Z Z
f (y) dλn (y) = f (Φ(x)) g(x) dλn (x).
U O
• Il reste à voir que
|JΦ | = |JΦ̃ |
en écrivant
141
Ainsi
Z Z Z
IP (x) |JΦ (x)| dλn (x) = dλ(xn )I(an ,bn ) (xn ) IP̃ (x̃) |JΦ̃ (x̃)| dλn−1 (x̃)
n
RZ R R n−1
Z
= I(an ,bn ) (xn )λn−1 (Φ̃(P̃ )) dλ(xn ) = λn−1 (Φ(P )xn ) dλ(xn ) = λn (Φ(P )).
R R
Φ = (Φ ◦ Ψ−1 ) ◦ Ψ
où Ψ et Φ ◦ Ψ−1 laissent toutes deux une coordonnée invariante, d’où, par
hypothèse de récurrence,
Z Z
|JΦ | dλn = |JΦ◦Ψ−1 | dλn = λn (Φ(P )).
P Ψ(P )
C.Q.F.D.
Φ(x) = Ax + b,
on a
λn (Φ(E)) = dét(A) λn (E).
En particulier, la mesure de Lebesgue est invariante sous les transformations
orthogonales et la mesure d’un hyperplan {x | a · (x − x0 ) = 0} est nulle.
Exemple. L’intégrale
Z
1
2
dλ2
kxk2 >1 (x1 + x22 )p/2
142
est convergente si et seulement si p > 2. En effet, les coordonnées polaires
x1 = r cos θ1 , x2 = r sin θ1
11.1 Exercices
1. Donner un exemple
– d’une classe monotone sur X contenant l’espace X et l’ensemble
vide mais qui n’est pas une tribu,
– d’une mesure qui n’est pas σ-finie.
2. Soient µcard la mesure du cardinal sur N et
−n
2 − 2
si m = n,
f (n, m) = −2 + 2−n si m = n + 1
0 autrement .
Calculer Z Z
dµcard (m) f (m, n) dµcard (n)
N N
et Z Z
dµcard (n) f (m, n) dµcard (m).
N N
143
– Pour µ2 -presque tout x2 ∈ X2 , la fonction x1 7→ f (x1 )K(x1 , x2 ) est
intégrable.
– La fonction Z
g(x2 ) = f (x1 )K(x1 , x2 ) dµ1
X1
est mesurable.
– g ∈ L2 (X2 , T2 , µ2 ) et
kgk2 ≤ kf k2 kKk2 .
e = {(x, y) | x − y ∈ E}
E
et considérons la famille
e ∈ BR2 }.
T = {E ∈ BR | E
Montrer que T = BR .
8. Déduire du théorème de Tonelli et de la relation
Z +∞ Z +∞
2 2 2
e−z dz = xe−x y dy si x > 0
0 0
que Z +∞
2 /2 √
e−x dx = 2π.
−∞
9. Calculer
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1 Z 1Z 1
dx f (x, y) dy , dy f (x, y) dx et |f (x, y)| dxdy
0 0 0 0 0 0
pour la fonction
x2 − y 2
f (x, y) = .
(x2 + y 2 )2
144
10. Utiliser le théorème de Tonelli pour calculer de deux manières l’intégrale
Z b Z 1
dx y x dy , 0 < a < b
a 0
et en déduire la valeur de
1
yb − ya
Z
dy.
0 log y
et en déduire que Z A
sin x π
lim dx = .
A→+∞ 0 x 2
12. Déterminer les valeurs de p pour lesquelles l’intégrale
Z
1
2 2 2 p/2
dλ3
kxk2 >1 (x1 + x2 + x3 )
est convergente.
145
12 APPLICATIONS
La représentation d’une fonction par une série trigonométrique
+∞
X
f (x) = ck (f ) eikπx/L
−∞
146
Les définitions et les calculs qui suivent sont tous basées sur l’orthogo-
nalité des exponentielles complexes :
Z +π
1
eikt e−ijt dt = I{k} (j).
2π −π
Démonstration.
Il revient au même de montrer qu’une fonction f ∈ L12π ayant tous ses
coefficients de Fourier nuls doit s’annuler presque partout. En utilisant la
formule d’Euler, on voit que ck (f ) = 0 pour tout k ∈ Z si et seulement si
ck (<f ) = 0 et ck (=f ) = 0 pour tout k ∈ Z. On peut donc supposer f réelle.
147
Considérons d’abord une fonction f ∈ C2π (à valeurs réelles). Si ses
coefficients de Fourier sont tous nuls, on aura
Z a+π
1
f (t)Tn (t) dt = 0 (4)
2π a−π
quelque soit a ∈ R et quel que soit le polynôme trigonométrique
n
X
Tn (x) = ck eikx .
k=−n
dès que n est assez grand puisque la première intégrale tend vers +∞ et que
la seconde tend vers 0 lorsque n → +∞.
Pour traiter le cas général, introduisons la fonction
Z x
F (x) = f (t) dt.
−π
F (x) − c0 (F )
148
est identiquement nulle et la fonction f qui en est la dérivée presque partout
est nulle presque partout. C.Q.F.D.
on a
+∞
X
f (x) = ck (f ) eikx
−∞
que si la fonction f coı̈ncide presque partout avec une fonction dans C2π . Le
théorème suivant, chronologiquement l’un des premiers de l’analyse harmo-
nique, est d’applicabilité plus générale puisqu’il couvre effectivement tous
les cas rencontrés en pratique.
Démonstration.
149
Une fonction complexe est à variation bornée si et seulement si sa partie
réelle et sa partie imaginaire le sont. On peut donc supposer f réelle. On a
f (x−) + f (x+)
f (x) =
2
partout sauf peut-être aux points d’un ensemble fini ou dénombrable N . Mo-
difions la fonction sur cet ensemble N de telle sorte que l’équation précédente
soit valable partout et montrons que
en un point x arbitraire. On a
Z +π n
1 X
Sn (f )(x) = f (t) eik(x−t) dt
2π −π k=−n
+π
sin(2n + 1)(x − t)/2
Z
1
= f (t) dt
2π −π sin(x − t)/2
Z +π
1 sin(2n + 1)t/2
= f (x − t) dt
2π −π sin t/2
1 π f (x − t) + f (x + t) sin(2n + 1)t/2
Z
= dt.
π 0 2 sin t/2
Comme, en particulier,
Z π
1 sin(2n + 1)t/2
Sn (1)(x) = 1 = dt,
π 0 sin t/2
on peut écrire
π
f (x − t) + f (x + t)
Z
1 sin(2n + 1)t/2
Sn (f )(x) − f (x) = − f (x) dt.
π 0 2 sin t/2
Elle est à variation bornée sur [−π, π], continue à l’origine et il s’agit de
montrer que
1 π
Z
sin(2n + 1)t/2
lim ϕx (t) dt = 0.
n→+∞ π 0 sin t/2
150
Puisque, en vertu de l’exercice (1) page (165), les coefficients de Fourier
d’une fonction intégrable tendent vers 0, on a
1 π
Z
lim ϕx (t) cos nt dt = 0,
n→+∞ π 0
151
majorés par la variation de la fonction divisée par l’indice du coefficient) et
enfin, utilisant la continuité de la fonction ϕx à l’origine,
Z
1 π/n t 1 Z π/n
ϕ (t) cot sin nt dt ≤ sup{ |ϕx (t)| | 0 ≤ t ≤ π/n} πn dt <
x
π 0 2 π 0 3
lim kSn (f ) − f k2 = 0.
n→+∞
De plus,
+∞ Z +π
X
2 1
|ck (f )| = |f (t)|2 dt.
−∞
2π −π
Réciproquement, si
+∞
X
|ck |2 < +∞,
−∞
Démonstration.
Les sommes partielles Sn (f ) d’une fonction f ∈ L22π possèdent une pro-
priété de meilleure approximation. Soit
n
X
Tn (x) = ck eikx
k=−n
152
un polynôme trigonométrique arbitraire de degré n. Alors
Z +π
1
|f (t) − Tn (t)|2 dt
2π −π
Z +π Z +π Z +π Z +π
1 2 1 1 1
= |f (t)| dt − f (t)Tn (t)dt − f (t)Tn (t)dt + |Tn (t)|2 dt
2π −π 2π −π 2π −π 2π −π
Z +π n n n
1 X X X
= |f (t)|2 dt − ck (f )ck − ck (f )ck + |ck |2
2π −π
k=−n k=−n k=−n
Z +π n n
1 X X
= |f (t)|2 dt − |ck (f )|2 + |ck (f ) − ck |2
2π −π
k=−n k=−n
Z +π n
1 X
≥ |f (t)|2 dt − |ck (f )|2 .
2π −π
k=−n
donc Z +π n
1 X
0≤ |f (t)|2 dt − |ck (f )|2 .
2π −π k=−n
P+∞ 2
et, en particulier, la convergence de la série −∞ |ck (f )| . Alors
2
+π
Z
X X
kSn (f ) − Sm (f )k22 = ikt
|ck (f )|2
ck (f ) e dt = 2π
−π n<|k|≤m n<|k|≤m
et
lim kSn (f ) − Sm (f )k2 = 0.
n,m→+∞
153
Le théorème de Riesz-Fischer implique qu’il existe une fonction g ∈ L22π telle
que
lim kSn (f ) − gk2 = 0.
n→+∞
lim kSn (f ) − f k2 = 0.
n→+∞
154
12.2 Transformée de Fourier
Soit f ∈ L1C (R). Sa transformée de Fourier est la fonction fˆ : R → C
définie par Z +∞
1
ˆ
f (ξ) = √ f (t) e−iξt dt.
2π −∞
En vertu du théorème de Lebesgue sur la convergence dominée, fˆ est une
fonction continue, bornée et
1
kfˆk∞ ≤ √ kf k1 .
2π
Exemple. Soit
2 /2
n(x) = e−x .
Alors, la dérivation sous le signe intégral et l’intégration par parties sur
un intervalle de longueur infinie étant toutes les deux justifiées à l’aide du
théorème de la convergence dominée, on a
Z +∞
0 d 1 −t2 /2 −iξt
n̂ (ξ) = √ e e dt
dξ 2π −∞
Z +∞ Z +∞
d 1 −t2 /2 1 2
= √ e cos ξt dt = √ −t e−t /2 sin ξt dt
dξ 2π −∞ 2π −∞
Z +∞
1 2
= −√ e−t /2 ξ cos ξt dt = −ξ n̂(ξ).
2π −∞
Considérons la fonction
x 2 2
nσ (x) = n( ) = e−x /2σ .
σ
Sa transformée de Fourier est
2 ξ 2 /2
n̂σ (ξ) = σn̂(σξ) = σ e−σ .
155
1. la fonction nσ est positive et croı̂t vers 1 lorsque σ tend vers +∞ ;
2. la fonction n̂σ est positive et
Z +∞
1
√ n̂σ (ξ) dξ = 1;
2π −∞
3. si ϕ ∈ L∞
C (R) est continue à l’origine,
Z +∞
1
lim √ n̂σ (ξ) ϕ(ξ) dξ = ϕ(0); (7)
σ→+∞ 2π −∞
les calculs suivants et le théorème de la convergence dominée justifient
en effet cette relation :
Z +∞ Z +∞
1 1
√ n̂σ (ξ) ϕ(ξ) dξ − ϕ(0) = √
n̂σ (ξ) (ϕ(ξ) − ϕ(0)) dξ
2π 2π −∞
−∞
Z +∞ Z +∞
1 1 2
≤√ n̂σ (ξ) |ϕ(ξ) − ϕ(0)| dξ = √ e−η /2 |ϕ(η/σ) − ϕ(0)| dη;
2π −∞ 2π −∞
156
Démonstration.
Introduisons le produit de convolution
Z +∞
1
fσ (x) = √ f (x − ξ)n̂σ (ξ) dξ.
2π −∞
On a Z +∞
1
|fσ (x) − f (x)| ≤ √ n̂σ (ξ)|f (x − ξ) − f (x)| dξ
2π −∞
et le théorème de Tonelli implique
Z +∞ Z +∞ Z +∞
1
|fσ (x) − f (x)| dx ≤ dx √ n̂σ (ξ)|f (x − ξ) − f (x)| dξ
−∞ −∞ 2π −∞
Z +∞ Z +∞
1
=√ n̂σ (ξ) dξ |f (x − ξ) − f (x)| dx
2π −∞ −∞
157
Théorème 75 Soit f ∈ L1C (R) une fonction à variation bornée sur tout
intervalle compact. Alors
Z A
1 f (x−) + f (x+)
lim √ fˆ(ξ)eixξ dξ = .
A→+∞ 2π −A 2
Démonstration.
Comme dans le théorème de Dirichlet, on peut supposer que f est réelle
et que
f (x−) + f (x+)
f (x) =
2
partout. Puisque, en vertu de l’exercice (6) page (166), la transformée de
Fourier d’une fonction intégrable tend vers 0,
lim fˆ(ξ) = 0,
|ξ|→+∞
on a
Z A Z bAc
1 1
lim √ fˆ(ξ)eixξ dξ = lim √ fˆ(ξ)eixξ dξ
A→+∞ 2π −A A→+∞ 2π −bAc
158
on peut écrire que
Z n
1
√ fˆ(ξ)eixξ dξ − f (x)
2π −n
2 1 f (x − t) + f (x + t)
Z
sin nt
= − f (x) dt
π 0 2 t
2 +∞ f (x − t) + f (x + t) sin nt
Z Z 1
2 sin nt
+ dt + dt − 1 f (x)
π 1 2 t π 0 t
2 1 f (x − t) + f (x + t)
Z
sin nt
lim − f (x) dt = 0
n→+∞ π 0 2 t
et que
+∞
f (x − t) + f (x + t) sin nt
Z
2
lim dt = 0.
n→+∞ π 1 2 t
Cette dernière équation est valable en vertu de l’exercice (6) page (166) et
on démontre celle qui la précède de la même manière que l’on a démontré
l’équation (5). C.Q.F.D.
Démonstration.
En vertu de l’exercice (20) page (66), on peut supposer que les fonctions
f et g sont boréliennes. Alors la fonction
(x, y) 7→ f (x − y)
159
est aussi borélienne (en vertu de l’exercice (7) page (144) pour la fonction
indicatrice d’un ensemble borélien, par linéarité et par passage à la limite
pour une fonction borélienne arbitraire). La fonction
(x, y) 7→ f (x − y)g(y)
Par suite, Z +∞
|f (x − y)g(y)| dy < +∞
−∞
pour presque tout x ∈ R et la fonction définie pour ces valeurs de x par la
relation Z +∞
1
h(x) = √ f (x − y)g(y) dy
2π −∞
(et par 0 ailleurs) est intégrable sur R et
Z +∞
1
ĥ(ξ) = √ h(x)e−iξx dx
2π −∞
Z +∞ Z +∞
1 −iξx
= e dx f (x − y)g(y) dy
2π −∞ −∞
Z +∞ Z +∞
1 −iξy 1
=√ g(y)e dy √ f (x − y)e−iξ(x−y) dx
2π −∞ 2π −∞
= fˆ(ξ) ĝ(ξ).
C.Q.F.D.
Remarque. On dénote généralement le produit de convolution de f avec
g par f ∗ g.
160
Théorème 77 (Plancherel) Soit f ∈ L2C (R). Il existe fˆ ∈ L2C (R) telle que
Z +∞ Z A 2
ˆ 1 −ixξ
lim f (ξ) − √ f (x)e dx dξ = 0
A→+∞ −∞ 2π −A
et que
Z +∞
Z A 2
f (x) − √1 ˆ ixξ
lim f (ξ)e dξ dx = 0.
A→+∞ −∞ 2π −A
On a
kfˆk2 = kf k2 .
Si f ∈ L1C (R) ∩ L2C (R), on a
Z +∞
1
fˆ(ξ) = √ f (t) e−iξt dt.
2π −∞
et bornée : Z +∞
1
|h(x)| ≤ √ |f (y)|2 dy.
2π −∞
On a de plus
ĥ(ξ) = |fˆ(ξ)|2 .
En vertu de l’équation (8), on peut écrire que
Z +∞ Z +∞
1 1
√ h(x − t)n̂σ (t) dt = √ ĥ(t)nσ (t)eixt dt,
2π −∞ 2π −∞
donc, en faisant x = 0, que
Z +∞ Z +∞
1 1
√ h(−t)n̂σ (t) dt = √ ĥ(t)nσ (t) dt.
2π −∞ 2π −∞
161
En laissant σ tendre vers +∞ dans cette dernière relation, on obtient
Z +∞
1
h(0) = √ ĥ(t) dt.
2π −∞
Dans le cas général où f ∈ L2C (R), les fonctions fA (x) = f (x)I(−A,A) (x)
appartiennent à L1C (R) ∩ L2C (R) et
lim kfA − f k2 = 0.
A→+∞
on a
kfˆA k2 = kfA k2 .
Il s’ensuit que les fonctions fˆA satisfont la condition de Cauchy et, l’espace
L2C (R) étant complet, il existe fˆ ∈ L2C (R) telle que
Puisque, si f ∈ L1C (R) ∩ L2C (R), les fonctions fˆA convergent presque partout
vers Z +∞
1
√ f (x)e−iξx dx,
2π −∞
on retrouve Z +∞
1
ˆ
f (ξ) = √ f (x)e−iξx dx
2π −∞
(presque partout) dans ce cas. Dans tous les cas,
162
Associons ensuite à g ∈ L2C (R) les fonctions gA (x) = g(−x)I(−A,A) (x) et
leurs transformées de Fourier
Z A
1
ĝA (ξ) = √ g(x)eiξx dx.
2π −A
F1 ◦ F (f ) = f.
Lorsque
f, fˆ ∈ L1C (R) ∩ L2C (R), (9)
cette relation est certainement satisfaite, en vertu de la formule d’inversion
de Fourier. Reste à supprimer les hypothèses supplémentaires (9). Or, si
f ∈ L1C (R) ∩ L2C (R), la fonction fσ ,
Z +∞
1
fσ (x) = √ f (x − ξ)n̂σ (ξ) dξ,
2π −∞
satisfait les conditions (9). En effet, il est clair que fσ ∈ L1C (R) et que
fˆσ = fˆnσ ∈ L1C (R) ∩ L2C (R). On a aussi fσ ∈ L2C (R) ; en effet,
Z +∞ 2
2 1
|fσ (x)| ≤ √ |f (x − ξ)|n̂σ (ξ) dξ
2π −∞
Z +∞ Z +∞
1 1
=√ |f (x − ξ)|n̂σ (ξ)dξ √ |f (x − η)|n̂σ (η)dη
2π −∞ 2π −∞
Z +∞ Z +∞
1 1 |f (x − ξ)|2 + |f (x − η)|2
≤ √ √ n̂σ (ξ) dξ n̂σ (η) dη
2π −∞ 2π −∞ 2
Z +∞
1
=√ |f (x − ξ)|2 n̂σ (ξ) dξ,
2π −∞
en vertu du théorème de Tonelli et de l’inégalité élémentaire
a2 + b2
ab ≤ ,
2
163
de telle sorte que
Z +∞ Z +∞
|fσ (x)|2 dx ≤ |f (x)|2 dx.
−∞ −∞
De façon similaire,
Z +∞
2 1
|fσ (x) − f (x)| ≤ √ |f (x − ξ) − f (x)|2 n̂σ (ξ) dξ
2π −∞
et
Z +∞ Z +∞ Z +∞
2 1
|fσ (x) − f (x)| dx ≤ √ n̂σ (ξ)dξ |f (x − ξ) − f (x)|2 dx,
−∞ 2π −∞ −∞
lim kfσ − f k2 = 0.
σ→+∞
F1 ◦ F (f ) = f
dans ce cas également. Finalement, l’espace L1C (R)∩L2C (R) étant dense dans
l’espace L2C (R) (grâce aux fonctions de test), soit f1 ∈ L1C (R) ∩ L2C (R) telle
que
kf1 − f k2 < .
2
Alors
ce qui entraı̂ne
F1 ◦ F (f ) = f
pour toute fonction f ∈ L2C (R). C.Q.F.D.
Remarque. On trouve d’autres notations pour les notions précédentes.
Si Z +∞ √
f˜(ξ) = f (t)e−iξt dt = 2π fˆ(ξ),
−∞
164
la formule d’inversion de Fourier s’écrit
Z +∞
1
f (x) = f˜(ξ)eixξ dξ
2π −∞
De même, si
Z +∞ √
f ˜∗g (x) = f (x − y)g(y) dy = 2π f ∗ g (x),
−∞
on a encore
^
(f ˜∗g) = f˜ g̃.
Ou encore, si
˜
Z +∞ √
f˜(ξ) = f (t)e−i2πξt dt = 2π fˆ(2πξ),
−∞
et
^ ˜˜
^
(f ∗˜g) = f˜ g̃.
12.3 Exercices
1. Soit f ∈ L12π . Montrer que
lim ck (f ) = 0.
|k|→+∞
165
2. Soit f ∈ L12π une fonction à variation bornée sur [−π, π]. Montrer que
lim ξ N fˆ(ξ) = 0.
|ξ|→+∞
lim fˆ(ξ) = 0.
|ξ|→+∞
166
7. Calculer la transformée de Fourier de la fonction
f (x) = e−|x| .
En déduire la valeur de
Z +∞
cos ξx
dξ.
0 1 + ξ2
8. Calculer la transformée de Fourier de la fonction
En déduire la valeur de
+∞
sin2 x
Z
dx.
0 x2
∗ g = fˆĝ
9. Calculer la convolution I[−1,1] ∗ I[−1,1] et vérifier l’équation f[
dans ce cas.
10. Montrer que si f, g ∈ L2C (R) on a
Z +∞ Z +∞
f (x)ĝ(x) dx = fˆ(x)g(x) dx.
−∞ −∞
est vraie presque partout sur R. Que donne cette formule lorsque
167
Références
[1] Nicolas Bourbaki. Topologie générale. Éléments de mathématique. Her-
mann, Paris, 1940-1953.
La section du traité de Bourbaki consacrée à la topologie.
Math-Info QA 3 B682.
[2] Nicolas Bourbaki. Éléments d’histoire des mathématiques. Collection
Histoire de la pensée. Hermann, Paris, 1969.
Le traité de Bourbaki est parsemé de notes historiques qui ont été
colligées en un volume.
Math-Info QA 21 B68 1974.
[3] Marc Briane et Gilles Pagès. Théorie de l’intégration. Vuibert, Paris,
2000.
Cours de deuxième cycle avec exercices et solutions.
Math-Info QA 308 B75 2000.
[4] Paul Malliavin et H. Airault. Intégration, analyse de Fourier, probabi-
lités, analyse gaussienne. Masson, Paris, 1993.
Cours de deuxième cycle, pas d’exercices.
Math-Info QA 403.5 M35 94.
[5] Bernard R. Gelbaum et John M.H. Olmsted. Counterexamples in Ana-
lysis. Holden-Day, San Francisco, 1964.
Recueil de contre-exemples, niveau deuxième cycle.
Math-Info QA 300 G44.
[6] André Gramain. Intégration. Collection Méthodes. Hermann, Paris,
1988.
Manuel de niveau premier cycle, approche abstraite, exercices.
Math-Info QA 312 G73 1988.
[7] M. Guinot. Le paradoxe de Banach-Tarski. Aléas, Paris, 1991.
Sur une conséquence curieuse de l’axiome du choix.
Math-Info QA 248 G84 1991.
[8] Bertrand Hauchecorne. Les contre-exemples en mathématiques. El-
lipses, Paris, 1988.
Un recueil de contre-exemples tirés de toutes les branches des
mathématiques.
Math-Info QA 43 H38 1988.
[9] Thomas W. Korner. Fourier Analysis. Cambridge University Press,
Cambridge, 1988.
Présentation originale de sujet, niveau premier cycle.
Math-Info QA 403.5 K675 1989.
168
[10] Henri Lebesgue. Oeuvres scientifiques. L’enseignement mathématique,
Genève, 1972.
Les oeuvres complètes de Lebesgue en cinq volumes.
Math-Info QA 3 L42.
[11] Michel Métivier. Probabilités : dix leçons d’introduction. Ellipses, Paris,
1987.
Survol des probabilités et de la théorie de la mesure. Bonne bibliogra-
phie.
Math-Info QA M463 1987.
[12] Walter Rudin. Analyse réelle et complexe. Masson, Paris, 1975.
Manuel complet d’analyse mathématique, incluant l’essentiel de la
théorie de la mesure. Nombreux exercices.
Math-Info QA 300 R8312.
[13] Walter Rudin. Principes d’analyse mathématique. Ediscience, Paris,
1995.
Manuel de premier cycle très complet, nombreux exercices.
Math-Info QA 300 R 8212 1995.
[14] Murray R. Spiegel. Lebesgue Measure and Integration. Schaum’s outline
series. Mc Graw-Hill, New-York, 1969.
Manuel de niveau premier cycle, beaucoup d’exercices.
Math-Info QA 331.5 S64.
[15] George Temple. 100 Years of Mathematics. Duckworth, Londres, 1981.
Panorama de l’histoire des mathématiques au XXe siècle.
Math-Info QA 26 T46.
169
Index
additivité de l’intégrale, 36, 60 dérivée de Radon-Nikodym, 121
additivité de la mesure, 5, 49 dérivation sous le signe intégral, 36
additivité finie de l’intégrale, 31 densité de probabilité, 123
additivité finie de la mesure, 18 difféomorphisme, 139
algèbre de Banach, 86 Dini, nombres dérivés de, 102
algèbre de Boole, 41 Dirichlet, théorème de, 149
application continue, 44 droite achevée, 47
application mesurable, 43
approximation par fonctions étagées, Egorov, théorème d’, 80
23 ensemble élémentaire, 130
approximation par fonctions dérivables,ensemble F-δ, 71
93 ensemble F-σ, 71
approximation trigonométrique, 152 ensemble fermé, 41
axiome du choix, 15 ensemble mesurable, 9, 41
ensemble négligeable, 52
base ouverte, 45 ensemble ouvert, 41
Bessel, inégalité de, 153 equivalence modulo une mesure, 79
Borel-Cantelli, lemme de, 51 espérance mathématique, 56, 76
Borel-Lebesgue, théorème de, 6 espace de Banach, 86
espace de Hilbert, 91
Cantor, ensemble de, 15
espace de Lebesgue, 27, 55, 85, 88,
Carathéodory, construction de, 69
89, 146, 147
changement de variables, 110, 139
espace des fonctions continues, 44
classe monotone, 130
espace des classes d’équivalence, 79
complétion d’une tribu, 53
espace des fonctions mesurables, 43,
continuité de la mesure, 14, 50
48
convergence dominée, 34, 61
espace dual, 125
convergence en mesure, 81
espace métrique, 46
convergence en moyenne, 88, 91, 152
espace métrique complet, 83
convergence en probabilité, 82
espace mesuré, 49
convergence essentiellement uniforme,
espace mesuré complet, 52
86
espace mesurable, 41
convergence monotone, 28, 56
espace préhilbertien, 91
convergence presque partout, 80
espace probabilisé, 49
convergence presque sûre, 82
espace séparable, 45
convolution, 95, 97, 157, 159
espace topologique, 41
coordonnées polaires, 143
espace vectoriel normé, 85
courbe rectifiable, 112
170
evenement, 49 Lebesgue, décomposition de, 123
exposants conjugués, 89 Lebesgue, théorème sur la dérivation
de, 102
Fatou, lemme de, 34, 61 linéarité de l’intégrale, 29, 58
fonction étagée, 20, 53 loi de probabilité, 76
fonction à variation bornée, 99
fonction absolument continue, 107 mesure σ-finie, 49
fonction de répartition, 76 mesure absolument continue, 120
fonction de test, 93 mesure atomique, 129
fonction essentiellement bornée, 85 mesure borélienne positive, 49
fonction indicatrice, 4, 19 mesure complexe, 129
fonction intégrable, 27, 33, 55, 60, 146 mesure de Lebesgue, 14, 135, 136
fonction mesurable, 19, 33, 46, 146 mesure de Lebesgue-Stieltjes, 73
fonction singulière, 114 mesure de probabilité, 49
forme linéaire continue, 125 mesure diffuse, 129
forme linéaire positive, 32 mesure du cardinal, 49
Fourier, coefficients de, 147 mesure extérieure, 67
Fourier, formule d’inversion de, 156 mesure extérieure de Hausdorff, 77
Fourier, série de, 147 mesure extérieure de Lebesgue, 6
Fourier, transformée de, 155 mesure finie, 49
Fubini-Tonelli, théorème de, 133 mesure positive, 49
mesure produit, 132
Hölder, inégalité de, 89 mesure signée, 115
Hahn-Jordan, décomposition de, 118 mesures étrangères, 117
hypercube, 136 Minkowski, inégalité de, 90
monotonie de la mesure, 50
image directe d’une mesure, 50
monotonie de la mesure extérieure, 7
image directe d’une tribu, 43
image réciproque d’une tribu, 42 orthogonalité, 147
inégalité du triangle, 32
intégrale, 27, 55 parallélogramme, identité du, 96
intégration par parties, 109 Parseval, identité de, 154
intégration terme à terme d’une série, partie négative d’une fonction, 21
35 partie positive d’une fonction, 21
invariance sous translation de la me- partition d’un intervalle, 3
sure extérieure, 7 pavé, 136
Plancherel, théorème de, 161
Jacobi, déterminant de, 139 polynôme trigonométrique, 148
Jensen, inégalité de, 95 positivité de l’intégrale, 31, 59
Jordan, théorème de, 99 presque partout, 14, 52
presque sûrement, 52
171
Radon-Nikodym, théorème de, 121
rectangle mesurable, 42
rectangles ouverts, 45
Riesz-Fischer, théorème de, 91
variable aléatoire, 49
variance, 92
variation d’une fonction, 99
variation d’une mesure, 116
Vitali, théorème de, 100
172
MESURE ET INTÉGRATION
EN UNE DIMENSION
Notes de cours
André Giroux
Département de Mathématiques et Statistique
Université de Montréal
Mai 2004
Table des matières
1 INTRODUCTION 2
1.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2 ENSEMBLES MESURABLES 5
2.1 Mesure extérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Ensembles mesurables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.3 Mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3 FONCTIONS MESURABLES 17
3.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
4 INTÉGRATION 23
4.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
5 ESPACES DE LEBESGUE 39
5.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
6 DÉRIVATION 53
6.1 Fonctions à variation bornée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
6.2 Fonctions absolument continues . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
6.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
7 INTÉGRATION ABSTRAITE 70
7.0.1 Le modèle probabiliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
7.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
8 INTÉGRALES ITÉRÉES 81
8.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
9 APPLICATIONS 91
9.1 Série de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
9.2 Transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
9.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
1
1 INTRODUCTION
L’aire d’un rectangle R de côtés a et b est ab, par définition. Lorsque
a et b sont des entiers, cette aire est égale au nombre de carrés de côté
unité nécessaires pour recouvrir R. L’aire du triangle rectangle de base a et
de hauteur b est bien évidemment ab/2. On en déduit l’aire d’un triangle
quelconque puis, par triangulation, celle d’un polygone arbitraire.
Le calcul de l’aire d’un domaine D délimité par des courbes plus com-
plexes, par exemple des arcs de cercle ou des segments de parabole, nécessite
un passage à la limite. Dans le cas où D est déterminé par le graphe d’une
fonction f continue et positive sur un intervalle compact [a, b] 1 ,
D = {(x, y) | a ≤ x ≤ b , 0 ≤ y ≤ f (x)},
inf{S(f, P) | P} = sup{s(f, P) | P}
et c’est cette valeur commune que l’on prend pour mesure de l’aire du do-
maine D. On exprime ceci en disant que la fonction f est intégrable au sens
de Riemann sur l’intervalle [a, b], d’intégrale
Z b
f (x) dx = inf{S(f, P) | P} = sup{s(f, P) | P}.
a
1
[a, b] désigne un intervalle contenant ses extrémités, ]a, b[ désigne un intervalle ne
contenant pas ses extrémités et (a, b) désigne un intervalle contenant peut-être ses
extrémités.
2
Lorsque la fonction f n’est pas continue, il n’est plus certain qu’elle soit
intégrable au sens de Riemann, même si elle est positive et bornée. Un
exemple d’une telle fonction est fourni par la fonction indicatrice des nombres
rationnels f = IQ , définie par
1 si x ∈ Q
IQ (x) =
0 sinon,
qui n’est intégrable sur aucun intervalle [a, b] puisque l’on a toujours
S(IQ , P) = b − a , s(IQ , P) = 0.
On peut essayer d’élargir la classe des fonctions intégrables, et ceci
est l’objet de notre cours, en considérant avec Lebesgue des partitions de
l’axe des ordonnées plutôt que des partitions de l’axe des abscisses. Nous
étendrons d’abord la notion de longueur d’un intervalle,
λ([a, b]) = b − a,
à une classe plus vaste d’ensembles (nous les nommerons : ensembles me-
surables et la longueur généralisée : mesure). Nous considérerons alors la
somme
m
X k
σm (f ) = λ(Ek )
m
k=0
où
k k+1
Ek = x| ≤ f (x) <
m m
et λ(Ek ) est la mesure de Ek . ( Pour alléger l’exposé, nous avons supposé ici
que 0 ≤ f (x) ≤ 1. ) Cette somme d’aires de rectangles généralisés constitue
une bonne approximation de l’aire du domaine D cherchée : lorsque m est
grand en effet, f est presque constante sur Ek . La complexité de la fonction se
traduit par la complexité des ensembles Ek . Si f est monotone par exemple,
les ensembles Ek sont des intervalles et la somme σm (f ) se réduit à la somme
s(f, P) correspondante. Pour une classe très vaste de fonctions (nous les
appellerons : fonctions mesurables), nous verrons que
lim σm (f )
m→+∞
3
La propriété de la mesure qui permettra
P ces développements est la pro-
priété d’additivité : désignant par n E n la réunion d’une suite finie ou
infinie d’ensembles mesurables deux à deux disjoints2 , nous aurons
!
X X
λ En = λ(En )
n n
1.1 Exercices
1. Vérifier que la fonction
x 7→ IQ (x)
est partout discontinue.
2. Déterminer l’ensemble des points de continuité de la fonction
x 7→ x IQ (x).
2
et par E1 + E2 la réunion de deux ensembles disjoints.
4
2 ENSEMBLES MESURABLES
Nous allons généraliser la notion de longueur en deux étapes. Nous asso-
cierons d’abord à tout ensemble E ⊆ R un élément λ∗ (E) de [0, +∞]3 appelé
mesure extérieure de E qui, lorsque E est un intervalle, se réduit à sa lon-
gueur. Nous restreindrons ensuite la fonction E 7→ λ∗ (E) ainsi définie sur
l’ensemble P(R) de toutes les parties de R à une famille L appropriée d’en-
sembles de façon à avoir la propriété d’additivité. Ces ensembles seront les
ensembles mesurables et la fonction restreinte sera la mesure. Nous verrons
ensuite des exemples d’ensembles mesurables et étudierons des propriétés
supplémentaires de la mesure.
la borne inférieure étant calculée sur la famille des suites finies ou infinies
d’intervalles ouverts { ]ak , bk [ }k recouvrant E. Pour étudier ses propriétés,
nous nous appuierons sur le théorème suivant.
Démonstration.
Supposons le contraire. Alors au moins l’un des deux intervalles
a+b a+b
[a, ], [ , b]
2 2
ne pourrait être recouvert par un nombre fini des intervalles ]aα , bα [. Donc
au moins l’un des quatre intervalles
3a + b 3a + b a + b a + b a + 3b a + 3b
[a, ], [ , ], [ , ], [ , b]
4 4 2 2 4 4
3
On convient que si a ∈ [ 0, +∞], a + (+∞) = +∞, que si a ∈] 0, +∞], a × (+∞) = +∞
et enfin que 0 × (+∞) = 0.
5
ne pourrait l’être. Ainsi de suite. On obtiendrait de cette façon une suite
d’intervalles emboı̂tés,
I1 ⊇ I2 ⊇ I3 ⊇ · · · ,
dont le nième aurait pour longueur (b − a)/2n . L’intersection de tous ces
intervalles se réduirait à un point x de [a, b]. Il existerait donc un intervalle
]aα , bα [ contenant ce point et, par suite, tous les intervalles In à partir d’un
certain rang, contredisant leur définition. C.Q.F.D.
E + x0 = {y | y = x + x0 , x ∈ E}.
Démonstration.
La première propriété (monotonie) suit de ce que tout recouvrement de F
est aussi un recouvrement de E et la deuxième (invariance sous translation)
découle de ce que la longueur d’un intervalle est invariante sous translation.
Pour démontrer la troisième, considérons d’abord le cas d’un intervalle
compact [a, b]. Soit > 0. La relation
[a, b] ⊆ ]a − , b + [
montre que
λ∗ ([a, b]) ≤ λ∗ ( ]a − , b + [ ) ≤ b − a + 2
donc, > 0 étant arbitraire, que
λ∗ ([a, b]) ≤ b − a.
6
Pour obtenir l’inégalité opposée, il suffit, en vertu du théorème de Borel-
Lebesgue, de montrer que, si
N
[
[a, b] ⊆ ]ak , bk [,
k=1
on a
N
X
b−a≤ (bk − ak ).
k=1
Pour ce faire, on peut supposer que les intervalles du recouvrement fini sont
énumérés de telle sorte que
a1 < a < a2 < b1 < a3 < b2 < · · · < aN −1 < bN −2 < aN < bN −1 < b < bN .
Alors
[a + , b − ] ⊆ (a, b) ⊆ [a, b]
entraı̂nent
b − a − 2 ≤ λ∗ ((a, b)) ≤ b − a.
Enfin, si l’intervalle (a, b) n’est pas borné, il contient des intervalles bornés
de mesure extérieure arbitrairement grande et, par monotonie,
λ∗ ((a, b)) = +∞ = b − a.
Alors les intervalles { ]akj , bkj [ }j,k forment une famille au plus dénombrable
(c’est-à-dire peuvent être rangés en une suite finie ou infinie) telle que
[ [[
Ek ⊆ ]akj , bkj [,
k k j
7
d’où !
[ XX X
λ∗ Ek ≤ (bkj − akj ) ≤ λ∗ (Ek ) + .
k k j k
C.Q.F.D.
Démonstration.
Considérons un ensemble A ⊆ R quelconque et vérifions d’abord, par
récurrence sur N , que
N N
!
X X
∗
λ AEk = λ∗ (AEk ). (2)
k=1 k=1
8
Cet énoncé est en effet trivial pour N = 1 et, s’il est vrai pour N ,
N +1 N +1 N +1
! ! ! ! !
X X X
∗ ∗ ∗ c
λ AEk = λ AEk EN +1 + λ AEk EN +1
k=1 k=1 k=1
N N +1
!
X X
= λ∗ (AEN +1 ) + λ∗ AEk = λ∗ (AEk ).
k=1 k=1
Dans le cas d’une suite finie, {Ek }1≤k≤N , on a donc bien, en prenant A = R,
que
N N
!
X X
∗
λ Ek = λ∗ (Ek ).
k=1 k=1
Dans le cas d’une suite infinie, {Ek }1≤k≤+∞ , on a, pour chaque N , que
N N +∞
! !
X X X
λ∗ (Ek ) = λ∗ Ek ≤ λ∗ Ek
k=1 k=1 k=1
donc que
+∞ +∞
!
X X
∗ ∗
λ (Ek ) ≤ λ Ek .
k=1 k=1
9
Démonstration.
Les deux premières propriétés sont évidentes de la définition et la qua-
trième découle, par complémentarité, de la deuxième et de la troisième.
Pour démontrer cette dernière, considérons d’abord le cas de deux en-
sembles mesurables E1 et E2 . Alors, quel que soit A ⊆ R,
λ∗ (A(E1 ∪ E2 )) + λ∗ (A(E1 ∪ E2 )c ) = λ∗ (AE1 ∪ AE2 ) + λ∗ (AE1c E2c )
= λ∗ (AE1 E2c + AE2 ) + λ∗ (AE1c E2c ) ≤ λ∗ (AE1 E2c ) + λ∗ (AE2 ) + λ∗ (AE1c E2c )
= λ∗ (AE2c ) + λ∗ (AE2 ) = λ∗ (A).
Par récurrence sur N , la réunion de toute suite finie d’ensembles mesurables
{Ek }1≤k≤N est donc mesurable et, par complémentarité, ainsi en est-il de
leur intersection.
Considérons maintenant une suite infinie d’ensembles mesurables deux à
deux disjoints {Ek }k . En vertu de l’équation (2), on a, quel que soit A ⊆ R
et quel que soit N ,
N
! N
!c !
X X
∗ ∗ ∗
λ (A) = λ A Ek + λ A Ek
k=1 k=1
N N
!c !
X X
= λ∗ (AEk ) + λ∗ A Ek
k=1 k=1
N +∞
!c !
X X
∗ ∗
≥ λ (AEk ) + λ A Ek
k=1 k=1
10
S
puisque, si x ∈ k Ek , il existe un premier indice kx tel que x ∈ Ekx et alors
x ∈ Fkx . C.Q.F.D.
Démonstration.
Considérons d’abord le cas où I =]a, +∞[. Soit A ⊆ R un ensemble
quelconque et soient ]ak , bk [ des intervalles tels que
[ X
A⊆ ]ak , bk [ , (bk − ak ) ≤ λ∗ (A) + .
k k
On a !
[ X
λ∗ (AI) ≤ λ∗ Ik0 ≤ λ∗ (Ik0 )
k k
et !
[ X
∗ ∗
λ (AI ) ≤ λ c
Ik00 ≤ λ∗ (Ik00 )
k k
donc
X X
λ∗ (AI) + λ∗ (AI c ) ≤ (λ∗ (Ik0 ) + λ∗ (Ik00 )) = (bk − ak ) ≤ λ∗ (A) + .
k k
Les autres cas se ramènent à celui qui vient d’être étudié. Par exemple,
+∞ +∞
[ 1 [ 1
]a, b[ = ]a, b − ]= ( ]a, +∞[ ∩ ]b − , +∞[ c ).
k k
k=1 k=1
C.Q.F.D.
Démonstration.
Si x ∈ O, soient
11
et Ix =]ax , bx [. Alors, ou bien Ix = Iy ou bien Ix Iy = ∅. Les intervalles Ix
distincts sont donc au plus dénombrables (chacun d’eux contient un nombre P
rationnel différent). Dénotant ces intervalles par J1 , J2 , J3 , . . . , O = n Jn
peut s’écrire comme réunion d’une suite finie ou infinie d’intervalles ouverts
deux à deux disjoints (appelés composantes connexes de O). C.Q.F.D.
Démonstration.
Observons d’abord les identités :
ST + x0 = (S + x0 )(T + x0 ) , (S + x0 )c = S c + x0 .
A(E + x0 ) = (A − x0 )E + x0 , A(E + x0 )c = (A − x0 )E c + x0 .
C.Q.F.D.
Démonstration.
Soit A ⊆ R un ensemble quelconque. On a
C.Q.F.D.
2.3 Mesure
La mesure λ est la restriction de la mesure extérieure λ∗ à la tribu des
ensembles mesurables L.
12
2. λ((a, b)) = b − a ;
P P
3. pour toute suite disjointe {Ek }k , λ( k Ek ) = k λ(Ek ) ;
4. pour toute suite croissante E1 ⊆ E2 ⊆ E3 ⊆ · · ·,
+∞
!
[
lim λ(En ) = λ Ek .
n→+∞
k=1
Démonstration.
Seule la quatrième propriété (continuité) n’a pas encore été démontrée.
Considérons à nouveau les ensembles
F1 = E1 , F2 = E2 E1c , F3 = E3 E2c , . . . , Fn = En En−1
c
, ...
Ils sont disjoints et tels que, pour chaque n,
n
X
En = Fk .
k=1
Par suite,
n
X
λ(En ) = λ(Fk )
k=1
et
+∞ +∞ +∞
! !
X X [
lim λ(En ) = λ(Fk ) = λ Fk =λ Ek .
n→+∞
k=1 k=1 k=1
C.Q.F.D.
Une propriété vraie partout sauf aux points d’un ensemble de mesure
nulle est dite vraie presque partout. Par exemple, la fonction IQ est égale
à 0 presque partout. Un ensemble dénombrable est toujours de mesure nulle
mais un ensemble peut être de mesure nulle sans être dénombrable. Ainsi
en est-il de l’ensemble de Cantor.
13
Contenant 2N points, l’ensemble K n’est pas dénombrable. D’autre part, il
est clair que
1 2 1 2 7 8 1 2
[0, 1]K c = ] , [ + ] , [ + ] , [ + ] , [ + · · ·
3 3 9 9 9 9 27 27
Par suite,
1 2 4
λ([0, 1]K c ) = + + + ··· = 1
3 9 27
et λ(K) = 0.
Q
L’axiome du choix affirme que le produit cartésien α∈A Bα d’une famille
d’ensembles non vides Bα est non vide, c’est-à-dire qu’il est possible de
choisir un élément xα de chaque ensemble de la famille : xα ∈ Bα pour tout
α ∈ A. En l’utilisant, on peut obtenir un ensemble non mesurable.
a = b + (rj − rk ) ≡ b,
14
2.4 Exercices
1. Montrer que tout recouvrement d’un ensemble K ⊆ R compact (fermé
et borné) par des ensembles ouverts contient un sous-recouvrement
fini.
2. Si E ⊆ R et k ∈ R,
kE = {y | y = kx , x ∈ E}.
µ∗ (E) = card(EZ).
15
11. Soit µ : L → [0, +∞] une fonction additive. Montrer qu’elle est nécessairement
croissante et sous-additive.
12. Soit µ : L → [0, +∞] la fonction définie par
+∞ si E est infini
µ(E) =
card(E) si E est fini.
E1 ⊇ E2 ⊇ E3 ⊇ · · · ,
µ : L → [0, +∞]
16
3 FONCTIONS MESURABLES
Nous allons maintenant introduire la classe des fonctions mesurables,
étudier ses principales propriétés et considérer quelques exemples.
Une fonction f : E → R est une fonction mesurable si, quel que soit
α ∈ R, l’ensemble
et
+∞
[ 1
{x | f (x) > α} = {x | f (x) < α + }c ,
k
k=1
sont tous mesurables. L’image inverse d’un intervalle quelconque (c, d) par
une fonction mesurable,
f −1 ((c, d)),
est donc toujours un ensemble mesurable.
17
Démonstration.
En vertu de la continuité de f , l’ensemble
{x | f (x) > α}
est mesurable parce que l’ensemble h−1 ( ]α, +∞[ ) est relativement ouvert
dans (a, b), donc de la forme
X
h−1 ( ]α, +∞[ ) = ]ak , bk [ ∩ (a, b),
k
Finalement, la relation
(f + g)2 − f 2 − g 2
fg =
2
et la continuité des fonctions u 7→ u2 et u 7→ cu, c ∈ R, entraı̂nent la mesu-
rablité de la fonction f g. C.Q.F.D.
{a1 , a2 , a3 , . . . , aN }
18
est l’ensemble de ses valeurs non nulles et
Ek = f −1 ({ak }) = {x | f (x) = ak },
on a
N
X
f= ak IEk
k=1
(représentation canonique). La fonction f est donc mesurable si et seulement
si chacun des ensembles Ek l’est.
et
lim fn
n→+∞
sont mesurables.
19
Démonstration.
Considérons par exemple l’enveloppe supérieure supn∈N fn . Son domaine
de définition est l’ensemble
et
lim inf fn = lim inf fn = sup inf fn
n→+∞ k→+∞ n≥k k∈N n≥k
sur l’ensemble
{x | lim sup fn = lim inf fn }.
n→+∞ n→+∞
C.Q.F.D.
Démonstration.
L’ensemble
N = {x | g(x) 6= f (x)}
est de mesure nulle et
20
Théorème 14 Soit f : E → R une fonction mesurable positive. Il existe
une suite de fonctions mesurables positives étagées ϕn : E → R qui croı̂t
vers f .
Démonstration.
Considérons les ensembles
k−1 k
En,k = {x | n
≤ f (x) < n }
2 2
et
Fn = {x | n ≤ f (x)}.
Alors la fonction étagée
n2 n
X k−1
ϕn = IEn,k + n IFn
2n
k=1
et que
(n+1)2n+1
X
Fn = En+1,k + Fn+1 ,
k=n2n+1 +1
on a
ϕn ≤ ϕn+1 .
D’autre part, en chaque point x ∈ E, on a, pour n assez grand, que
1
f (x) − ≤ ϕn (x) ≤ f (x).
2n
C.Q.F.D.
3.1 Exercices
1. Soit f : E → R une fonction. Montrer qu’elle est mesurable si et
seulement si les ensembles
{x | f (x) > r}
21
2. Vérifier les relations suivantes :
8. Montrer que toute fonction mesurable est limite simple d’une suite de
fonctions mesurables étagées.
9. Montrer que toute fonction mesurable bornée est limite uniforme d’une
suite de fonctions mesurables étagées.
22
4 INTÉGRATION
Ce chapitre constitue le coeur du cours. Nous allons y définir l’intégrale
d’une fonction mesurable f sur un ensemble mesurable E,
Z
f,
E
est valable sous des hypothèses très générales dans la théorie de Lebesgue
(théorème de la convergence monotone, théorème de la convergence do-
minée et lemme de Fatou). Nous terminerons par un théorème justifiant
la dérivation sous le signe intégral.
23
les ensembles mesurables Ek0 sont deux à deux disjoints, même si les a0k as-
sociés ne sont pas tous distincts. En effet, chaque valeur non nulle a0k est
alors nécessairement égale à l’une des valeurs aj , les ensembles Ek0 corres-
pondant à l’une de ces valeurs non nulle forment une partition de l’ensemble
Ej correspondant et la mesure est additive.
Les trois propriétés suivantes sont des conséquences immédiates de la
définition : Z
λ(E) = 0 implique ϕ = 0,
E
Z Z
F ⊆ E implique ϕIF = ϕ,
E F
et Z Z
0 ≤ ϕ ≤ ψ sur E implique ϕ≤ ψ.
E E
Pour vérifier la troisième, on s’aide de la remarque qui vient d’être faite : si
N 0 M 0
X X
ϕ= a0k IEk0 et ψ = b0j IFj0 ,
k=1 j=1
avec 0 0
N
X M
X
Ek0 = Fj0 = R,
k=1 j=1
24
Z Z
F ⊆ E implique f IF = f,
E F
et Z Z
0 ≤ f ≤ g sur E implique f≤ g
E E
découlent directement de cette définition et des propriétés correspondantes
pour les fonctions étagées.
Si enfin f : E → R est une fonction mesurable quelconque, nous dirons
qu’elle est une fonction intégrable (ou sommable) sur E si
Z
|f | < +∞
E
et Z Z +∞ Z +∞
f= f= f (x) dx.
R −∞ −∞
Exemple. Une fonction mesurable bornée est intégrable sur tout ensemble
de mesure finie. En particulier, une fonction continue est intégrable sur tout
intervalle compact.
25
Théorème 15 (convergence monotone) Soient E ⊆ R un ensemble me-
surable et fn : E → R des fonctions mesurables positives qui croissent vers
une fonction f : E → R. Alors
Z Z
lim fn = f.
n→+∞ E E
Démonstration.
Il est clair que f est une fonction mesurable positive et que
Z Z
lim fn ≤ f.
n→+∞ E E
An = {x | fn (x) ≥ (1 − )ϕ(x)}.
En effet, posant
An = {x | fn (x) > K},
26
on a, quel que soit K > 0,
Z Z
fn ≥ fn ≥ Kλ(An )
E An
donc, par continuité, Z
lim fn ≥ Kλ(E).
n→+∞ E
Le nombre K > 0 étant arbitraire, la remarque se trouve justifiée.
Exemple. Soit f : (a, b) → R une fonction mesurable positive bornée.
Alors
Z b n2n
X k−1 k−1 k
f = lim λ x| ≤ f (x) < n .
a n→+∞ 2n 2n 2
k=1
Alors
Z Z N 0 M 0
X X
ϕ+ ψ= a0k λ(Ek0 ) + b0j λ(Fj0 )
E E k=1 j=1
N0 X
X M0 N0 X
X M0
= a0k λ(Ek0 Fj0 ) + b0j λ(Ek0 Fj0 )
k=1 j=1 k=1 j=1
N0 X
X M0 Z
= (a0k + b0j )λ(Ek0 Fj0 ) = (ϕ + ψ).
k=1 j=1 E
27
Soient ensuite f et g deux fonctions mesurables positives. Il existe deux
suites de fonctions mesurables positives étagées {ϕn }n∈N et {ψn }n∈N qui
croissent vers f et g respectivement. On a donc
Z Z Z Z Z Z
f+ g = lim ϕn + lim ψn = lim ( ϕn + ψn )
E E n→+∞ E n→+∞ E n→+∞ E E
Z Z
= lim (ϕn + ψn ) = (f + g)
n→+∞ E E
De plus, on a
h+ + f− + g− = f+ + g+ + h−
donc Z Z Z Z Z Z
h+ + f− + g− = f+ + g+ + h−
E E E E E E
c’est-à-dire Z Z Z
h= f+ g.
E E E
D’autre part, si α ≥ 0, il est clair que
Z Z
αϕ=α ϕ
E E
pour toute fonction mesurable positive étagée ϕ, donc que, pour toute fonc-
tion mesurable positive f ,
Z Z
αf = α f.
E E
28
Si, enfin, α < 0, αf = (−α)(−f ) est intégrable et
Z Z Z Z Z
αf = (−α)(−f ) = (−α) (−f ) = (−α)( f− − f+ )
E E E E E
Z Z Z
= α( f+ − f− ) = α f.
E E E
C.Q.F.D.
Démonstration.
On a Z Z Z
0≤ (g − f ) = g− f.
E E E
L’égalité a lieu dès que f = g presque partout sur E puisque, posant
on a Z Z Z
(g − f ) = (g − f ) + (g − f ) = 0.
E A B
Réciproquement, observons
R que si h : E → R est une fonction mesurable
positive telle que E h = 0, on doit avoir h = 0 presque partout sur E (on
prendra ici h = g − f ). Posant en effet
1
Ak = {x | h(x) > },
k
29
on a Z Z
1
0= h≥ hIAk ≥ λ(Ak )
E E k
de telle sorte que
λ(Ak ) = 0
pour tout k > 0 et donc que
C.Q.F.D.
est une forme linéaire positive. L’espace L1 ([a, b]) contient l’espace C([a, b])
des fonctions continues.
Démonstration.
Les propriétés de linéarité, de positivité et d’additivité finie de l’intégrale
entraı̂nent que
1 x+h
F (x + h) − F (x)
Z
− f (x) ≤
|f (t) − f (x)| dt
h h x
30
si h > 0 et
Z x
F (x + h) − F (x) 1
− f (x) ≤
|f (t) − f (x)| dt
h |h| x+h
Il faut cependant noter qu’il existe des fonctions continues telles que
Z b
lim f existe
b→+∞ a
bien que Z +∞
|f | = +∞.
a
Une fonction à valeurs dans [0, +∞] apparaı̂t dans le théorème suivant.
La mesurabilité et l’intégrale d’une telle fonction sont définies exactement
comme pour les fonctions positives (à valeur dans [0, +∞[ ). Si l’ensemble
E∞ des points où elle est infinie est de mesure strictement positive, son
intégrale est aussi infinie alors que si cet ensemble est de mesure nulle,
l’intégrale peut être finie ou infinie. On peut alors redéfinir la fonction
sur l’ensemble E∞ (en la posant égale à 0 par exemple) sans modifica-
tion substantielle de ses autres propriétés. Comme nous l’avons remarqué,
le théorème de la convergence monotone reste valable si la fonction limite
est à valeurs dans [0, +∞].
31
Théorème 19 (Fatou) Soient E ⊆ R un ensemble mesurable et fn : E → R
des fonctions mesurables positives. Alors
Z Z
lim inf fn ≤ lim inf fn .
E n→+∞ n→+∞ E
Démonstration.
Les fonctions gn : E → R définies par les relations
gn = inf fk
k≥n
gn ≤ fn .
D’où Z Z
lim gn ≤ lim inf fn .
n→+∞ E n→+∞ E
En vertu du théorème de la convergence monotone,
Z Z Z
lim gn = lim gn = lim inf fn
n→+∞ E E n→+∞ E n→+∞
32
Démonstration.
On a |f | ≤ g et la fonction f est intégrable. Appliquons le lemme de
Fatou aux fonctions 2g − |f − fn |. On obtient
Z Z Z
2g = lim inf (2g − |f − fn |) ≤ lim inf (2g − |f − fn |)
E EZ n→+∞ Z Z
n→+∞ E
Z
= lim inf ( 2g − |f − fn |) = 2g − lim sup |f − fn |.
n→+∞ E E E n→+∞ E
Ceci implique Z
lim |f − fn | = 0
n→+∞ E
et, à fortiori, Z Z
lim fn = f.
n→+∞ E E
C.Q.F.D.
pourvu
P+∞ que les fonctions fk soient positives sur E ou pourvu que la série
k=1 |fk | converge et que sa somme soit intégrable sur E.
Démonstration.
On a
+∞
Z X Z n
X n
Z X
fk = lim fk = lim fk
E k=1 E n→+∞ k=1 n→+∞ E
k=1
Xn Z +∞ Z
X
= lim fk = fk ,
n→+∞ E E
k=1 k=1
33
P+∞
et celui de la fonction g par la somme k=1 |fk | :
+∞
X
g −→ |fk |.
k=1
C.Q.F.D.
P+∞
pourvu
P+∞ que f soit positive sur k=1 Ak ou pourvu que f soit intégrable sur
k=1 A k (additivité de l’intégrale). Ceci suit en effet du théorème précédent
en l’appliquant à l’ensemble E = R et aux fonctions fk = f IAk .
d b
Z Z b
∂f
f (x, t) dx = (x, t) dx.
dt a a ∂t
Démonstration.
En vertu du théorème des accroissements finis, il existe pour chaque
x ∈ [a, b] un nombre θx (t) ∈ [0, 1] tel que
Z b Z b
f (x, t + h) − f (x, t) ∂f
dx = (x, t + θx (t)h) dx.
a h a ∂t
34
Puisque
∂f ∂f
(x, t + θx (t)h) =
lim (x, t)
h→0 ∂t ∂t
et puisque qu’il existe une constante K > 0 telle que
∂f
(x, t + θx (t)h) ≤ K,
∂t
C.Q.F.D.
4.1 Exercices
1. Soit f ∈ L1 (R). Montrer que, pour tout x0 ∈ R, la fonction x 7→
f (x + x0 ) est intégrable et
Z +∞ Z +∞
f (x + x0 ) dx = f (x) dx.
−∞ −∞
3. Soit f ∈ L1 (E). Montrer que, quel que soit > 0, on peut trouver une
fonction mesurable étagée ϕ telle que
Z
|f − ϕ| < .
E
35
6. Déduire le théorème de la convergence monotone du lemme de Fatou.
7. Montrer que l’on peut avoir inégalité stricte dans le lemme de Fatou.
8. Le lemme de Fatou reste-t-il vrai si on y remplace lim inf par lim sup ?
9. Soit
fn (x) = ne−n|x| .
Vérifier que, pour tout x 6= 0,
lim fn (x) = 0.
n→+∞
Calculer ensuite Z +∞
lim fn (x) dx.
n→+∞ −∞
lim f (x) = 0?
|x|→+∞
14. Calculer Z n
x n −2x
lim 1+ e dx.
n→+∞ 0 n
36
15. Montrer que
Z b
sin x
lim dx existe
b→+∞ 0 x
puis vérifier que
+∞
Z
sin x dx = +∞.
x
0
pour tout n ∈ N.
18. Soient fn : E → R des fonctions mesurables positives qui convergent
vers une fonction f : E → R de telle sorte que fn ≤ f pour tout n ∈ N.
Montrer que Z Z
lim fn = f.
n→+∞ E E
37
convergent vers une fonction intégrable g : E → R et supposons que
|fn | ≤ gn pour tout n ∈ N. Montrer que dans ce cas
Z Z Z Z
lim fn = f pourvu que lim gn = g.
n→+∞ E E n→+∞ E E
22. Montrer que, quel que soit t > 0, la fonction x 7→ e−x xt−1 est intégrable
sur [0, +∞[.
23. Justifier la dérivation sous le signe intégral :
d +∞ −x t−1
Z Z +∞
e x dx = e−x xt−1 log x dx.
dt 0 0
38
5 ESPACES DE LEBESGUE
Nous allons maintenant obtenir des propriétés supplémentaires des fonc-
tions intégrables considérées dans leur ensemble, en tant qu’espaces vecto-
riels. Nous démontrerons les inégalités de Hölder et de Minkowski, intro-
duirons la notion de convergence en moyenne et étudierons un théorème
d’approximation.
39
Lorsque l’inégalité est renversée, la fonction est dite concave.
Démonstration.
La condition est nécessaire. Soient x1 < x2 . Si x1 < x < x2 , on peut
écrire
x2 − x x − x1
x= x1 + x2
x2 − x1 x2 − x1
de telle sorte que
x2 − x x − x1
φ(x) ≤ φ(x1 ) + φ(x2 ).
x2 − x1 x2 − x1
Donc
φ(x) − φ(x1 ) φ(x2 ) − φ(x1 ) φ(x2 ) − φ(x)
≤ ≤
x − x1 x2 − x1 x2 − x
et, en passant à la limite,
φ(x2 ) − φ(x1 )
φ0 (x1 ) ≤ ≤ φ0 (x2 ).
x2 − x1
La condition est suffisante. Soient x1 < x < x2 . L’inégalité à vérifier,
x2 − x x − x1
φ(x) ≤ φ(x1 ) + φ(x2 ),
x2 − x1 x2 − x1
est équivalente à l’inégalité
x2 − x x − x1
(φ(x) − φ(x1 )) ≤ (φ(x2 ) − φ(x)).
x2 − x1 x2 − x1
Or, en vertu du théorème des accroissements finis, il existe t1 ∈ ]x1 , x[ et
t2 ∈ ]x, x2 [ tels que
40
Théorème 24 (Hölder) Si f ∈ Lp (E) et g ∈ Lq (E) où p, q ∈ [1, +∞] sont
conjugués, c’est-à-dire tels que
1 1
+ = 1,
p q
alors f g ∈ L1 (E) et
kf gk1 ≤ kf kp kgkq
avec égalité lorsque 1 < p < +∞ si et seulement si le rapport |f |p /|g|q est
constant presque partout sur E.
Démonstration.
Si p = 1, l’inégalité
|f (x)g(x)| ≤ |f (x)|kgk∞
kf gk1 ≤ kf k1 kgk∞ .
Si 1 < p < +∞, nous pouvons supposer que kf kp > 0 et que kgkq > 0
puisqu’autrement f g = 0 presque partout sur E. Choisissons
|f (x)| p |g(x)| q
1
x1 = , x2 = , α=
kf kp kgkq p
xα1 x1−α
2 ≤ αx1 + (1 − α)x2
41
puisqu’alors
kf kp ≤ kf kq (λ(E))1/p−1/q .
En particulier, on a
kf + gk1 ≤ kf k1 + kgk1 .
kf + gk∞ ≤ kf k∞ + kgk∞ .
42
de telle sorte que
kf + gkp ≤ kf kp + kgkp .
La discussion du cas d’égalité est laissée en exercice (exercice 10, page 50).
C.Q.F.D.
lim kfn − f kp = 0.
n→+∞
Démonstration.
La condition est nécessaire. Si en effet les fonctions fn convergent vers
une fonction f ∈ Lp (E) au sens de Lp (E), à chaque > 0 correspond un
indice n tel que
dès que m, n ≥ n .
La condition est suffisante.
Considérons d’abord le cas où p = +∞. Il existe des ensembles Fm,n ⊆ E
tels que
c
kfm − fn k∞ = sup |fm (x) − fn (x)| et λ(EFm,n ) = 0.
x∈Fm,n
Posons \
F = Fm,n .
m,n∈N
43
de telle sorte que, en vertu du critère de Cauchy,
lim kf − fn k∞ = 0.
n→+∞
44
de telle sorte que
[ X 2k 2N
λ Ak ≤ = 3 .
3k 3N
k≥N k≥N
S
Si x ∈
/ k≥N Ak ,
1
|fnk+1 (x) − fnk (x)| <
2k/p
pour tout k ≥ N et
+∞
X
|fnk+1 (x) − fnk (x)| < +∞.
k=1
45
Théorème 27 Soit 1 ≤ p < +∞. Alors la classe Cc∞ (R) des fonctions
R → R indéfiniment dérivables à support compact est dense dans Lp (R).
Démonstration.
Il s’agit de montrer qu’à chaque fonction f ∈ Lp (R) et à chaque > 0
correspond une fonction gf, ∈ Cc∞ (R) telle que
kf − gf, kp < .
|f − ϕn |p = (f − ϕn )p ≤ f p
lim kf − ϕn kp = 0.
n→+∞
46
0.35
0.3
0.25
0.2 hx
0.15
0.1
0.05
P
Puisqu’un tel ensemble O admet une représentation O = k Ik où les
intervalles ouverts Ik sont de mesure finie et puisqu’alors
N
X +∞
X
kIO − IIk kpp = λ(Ik ) <
k=1 k=N +1
dès que N est assez grand, il suffit de démontrer l’énoncé pour la fonction
indicatrice d’un intervalle ouvert de mesure finie ]a, b[.
Pour ce faire, introduisons la fonction h : R → R définie par
2)
h(x) = e−1/(1−x I]−1,+1[ (x).
pn (x)
h(n) (x) = h(x)
(1 − x2 )2n
où pn (x) est un polynôme en x, ce qui montre que h ∈ Cc∞ (R) et que
supp(h)= [−1, +1]. Soit
Z +∞
H= h(x) dx.
−∞
47
Dans la première expression, la dérivation sous le signe intégral est aisément
justifiée et montre que gδ ∈ Cc∞ (R) avec supp(gδ )= [a − δ, b + δ]. Dans
la deuxième expression, le théorème de la convergence dominée permet de
passer la limite sous le signe intégral et entraı̂ne que
Enfin, la relation
(qui est valable dès que δ < 1) implique, toujours par convergence dominée,
que
lim kgδ − I]a,b[ kp = 0.
δ→0
C.Q.F.D.
k [f ] kp = kf kp .
48
(Le passage aux classes d’équivalence a pour but d’avoir k [f ] kp = 0 si et
seulement si [f ] = 0).
Le théorème de Riesz-Fischer affirme alors que l’espace Lp (E) est com-
plet : le critère de Cauchy y est une condition nécessaire et suffisant pour la
convergence. (Un espace vectoriel normé complet est généralement appelé
espace de Banach.) Si p = 2, nous avons affaire à un espace de Hilbert
car la norme provient d’un produit scalaire
La fonction ([f ], [g]) 7→< [f ], [g] > a effectivement toutes les propriétés re-
quises d’un produit scalaire sur un espace vectoriel réel :
1. < [f ], [f ] > ≥ 0 avec égalité si et seulement si [f ] = 0,
2. < [f ], [g] >=< [g], [f ] >,
3. < α1 [f1 ] + α2 [f2 ], [g] >= α1 < [f1 ], [g] > +α2 < [f2 ], [g] > .
Pour 1 ≤ p < +∞, le théorème d’approximation exprime que les espaces
Lp ([a, b]) constituent la complétion métrique de l’espace C([a, b]) relative-
ment à la distance kf − gkp : en particulier, les fonctions continues sont
denses dans l’espace des fonctions intégrables. (Une fonction f ∈ Lp ([a, b])
peut toujours être considérée comme une fonction dans Lp (R) en la prolon-
geant par 0 à l’extérieur de l’intervalle [a, b].)
5.1 Exercices
1. Soit φ : (a, b) → R une fonction convexe. Montrer par récurrence sur
n que, quels que soient x1 , x2 , . . . , xn ∈ (a, b) et α1 , α2 , . . . , αn ∈]0, 1[
tels que α1 + α2 + · · · + αn = 1, on a
n n
!
X X
φ αk xk ≤ αk φ(xk )
k=1 k=1
(Inégalité de Jensen).
2. Obtenir l’inégalité entre la moyenne arithmétique et la moyenne géométrique
de n nombres positifs a1 , a2 , . . . , an ,
n
!1/n n
Y 1X
ak ≤ ak ,
n
k=1 k=1
49
3. Soit φ : (a, b) → R une fonction convexe dérivable. Montrer que son
graphe y = φ(x) est entièrement situé au-dessus de n’importe laquelle
de ses tangentes y = φ(x0 ) + φ0 (x0 )(x − x0 ).
4. Discuter le cas d’égalité dans l’inégalité de Hölder (lorsque 1 < p < +∞).
5. Soient 1 < p, q, r < +∞ des nombres tels que
1 1 1
+ + =1
p q r
et
f ∈ Lp (R), g ∈ Lq (R), h ∈ Lr (R).
Montrer que f gh ∈ L1 (R) et que
kf k∞ = lim kf kp .
p→+∞
50
12. Soit 0 < p < 1. Montrer que si f, g ∈ Lp (E), alors f + g ∈ Lp (E) mais
que l’inégalité
kf + gkp ≤ kf kp + kgkp
n’est plus nécessairement satisfaite.
13. On considère les fonctions fn : [0, 1] → R définies par
2nα+β x si 0 ≤ x ≤ 1/(2nα )
0 si 1/nα ≤ x ≤ 1.
16. Montrer que les fonctions fn (x) = sin nx forment dans l’espace L2 ([−π, π])
une suite bornée (kfn k2 restent bornées) qui n’admet aucune suite par-
tielle convergente (au sens de L2 ([−π, π])).
17. Soient fn ∈ Lp (E) des fonctions qui convergent simplement (ponctuel-
lement) vers une fonction f ∈ Lp (E). Montrer qu’elles convergent au
sens de Lp (E) (1 ≤ p < +∞) si et seulement si
lim kfn kp = kf kp .
n→+∞
51
18. Soit f ∈ Lp (R) (1 ≤ p < +∞). Montrer que
Z +∞ 1/p
p
lim |f (x + h) − f (x)| dx = 0.
h→0 −∞
52
6 DÉRIVATION
Pour étudier jusqu’à quel point les opérations d’intégration et de dérivation
sont les inverses l’une de l’autre, c’est-à-dire sous quelles hypothèses les re-
lations Z x
d
f (t) dt = f (x)
dx a
et Z b
f 0 (t) dt = f (b) − f (a)
a
sont valables, nous allons introduire la classe des fonctions à variation bornée
puis celle des fonctions absolument continues. Nous verrons notamment com-
ment les formules d’intégration par parties et de changement de variables
s’étendent à l’intégrale de Lebesgue.
53
Une fonction φ : [a, b] → R est une fonction à variation bornée sur
[a, b] si les sommes
n
X
s(φ, P) = |φ(xk ) − φ(xk−1 )|
k=1
54
puisque, si x1 < x2 ,
j(x2 ) − j(x1 ) = var(φ, [x1 , x2 ]) − (φ(x2 ) − φ(x1 )) ≥ 0.
C.Q.F.D.
Démonstration.
En considérant si nécessaire leur adhérence, on peut supposer que les
intervalles Iα sont fermés. Soit O ⊆ R un ensemble ouvert de mesure finie
contenant E. En ne considérant si nécessaire que ceux qui le sont, on peut
supposer que tous les intervalles Iα sont contenus dans O.
Formons alors une suite d’intervalles disjoints {Iαk }k de la façon suivante.
Iα1 est choisi arbitrairement. Si les intervalles disjoints Iα1 , Iα2 , . . . , Iαn ont
déjà été choisis, posons
Λn = sup {λ(Iα ) | Iα Iαk = ∅ pour 1 ≤ k ≤ n}
α∈A
55
Si ce processus s’arrête après N étapes (faute d’intervalles Iα remplissant la
condition), on a nécessairement
N
X
E⊆ Iαk
k=1
car si !c
N
X
x∈E∩ Iαk ,
k=1
implique que
lim λ(Iαk ) = 0
k→+∞
Soit en effet !c
N
X
x∈E∩ Iαk .
k=1
Il existe, par hypothèse, un intervalle Iα0 contenant x et tel que Iα0 Iαk = ∅
pour 1 ≤ k ≤ N . D’autre part, il doit aussi exister des intervalles de la suite
{Iαk }k∈N tels que Iα0 Iαk 6= ∅. Autrement on aurait λ(Iα0 ) ≤ Λk < 2 λ(Iαk+1 )
pour tout k ∈ N, ce qui impliquerait λ(Iα0 ) = 0. Soit donc Iαn le premier
des intervalles de la suite {Iαk }k∈N tel que Iα0 Iαn 6= ∅. Alors n > N et
56
Ainsi la distance de x au centre xn de l’intervalle Iαn est au plus
1 5
λ(Iα0 ) + λ(Iαn ) < λ(Iαn )
2 2
et
5 5
x ∈ [xn − λ(Iαn ), xn + λ(Iαn )].
2 2
Donc !c !
N
X X
λ∗ E∩ Iαk ≤ 5 λ(Iαn ) < .
k=1 n>N
C.Q.F.D.
57
presque partout sur ]a, b[. On a
[
{x | D+ φ(x) > D− φ(x)} = {x | D+ φ(x) > s > t > D− φ(x)}
s,t∈Q
Posons
E = {x | D+ φ(x) > s > t > D− φ(x)}.
Soit O ⊆ R un ensemble ouvert contenant E et tel que λ(O) < λ∗ (E) + .
Si x ∈ E,
φ(x − h) − φ(x)
D− φ(x) = lim inf < t.
h↓0 −h
Donc pour chaque x ∈ E et pour h > 0 arbitrairement petit, il existe un
intervalle [x − h, x] ⊆ O tel que
Si y ∈ ED,
φ(y + h) − φ(y)
D+ φ(y) = lim sup > s.
h↓0 h
Donc pour chaque y ∈ ED et pour H > 0 arbitrairement petit, il existe un
intervalle [y, y + H] ⊆ D tel que
58
En vertu du théorème de Vitali, on peut trouver
{[y1 , y1 + H1 ], [y2 , y2 + H2 ], . . . , [yM , yM + HM ]}
disjoints tels que, si
M
X
G= ]yj , yj + Hj [ ,
j=1
on ait
λ∗ (EG) > λ∗ (ED) − > λ∗ (E) − 2.
De plus,
M
X M
X
(φ(yj + Hj ) − φ(yj )) > s Hj > s(λ∗ (E) − 2).
j=1 j=1
59
C.Q.F.D.
Cette inégalité peut être stricte, par exemple, pour une fonction constante
entre ses sauts.
F 0 (x) = f (x).
Démonstration.
On peut supposer que f est positive. Le cas général se ramène à celui où
f est bornée en considérant la suite croissant vers f des fonctions bornées
fn = inf{f, n}. On a en effet
où Z x Z x
Gn (x) = (f (t) − fn (t)) dt et Fn (x) = fn (t) dt.
a a
Comme Gn est croissante, elle est dérivable et G0n (x) ≥ 0 presque partout
sur [a, b] et, par hypothèse, Fn0 (x) = fn (x) presque partout sur le même
intervalle. Par suite
donc
F 0 (x) ≥ f (x)
60
presque partout sur l’intervalle [a, b], ce qui entraı̂ne
Z b Z b
0
F (b) ≥ F (t) dt ≥ f (t) = F (b)
a a
et enfin
F 0 (x) = f (x)
presque partout sur l’intervalle [a, b]. Supposant donc f positive et bornée,
soit x un point quelconque de l’intervalle ]a, b[ et montrons que
Z x Z x
F 0 (t) dt = f (t) dt.
a a
1 t+h
F (t + h) − F (t)
Z
= f (s) ds ≤ kf k∞
h h t
Si l’on avait λ(E) > 0, on pourrait trouver un ensemble ouvert O tel que
]a, b[ E c ⊆ O ⊆ ]a, b[
et
λ(O) < b − a
61
donc
λ( ]a, b[ Oc ) > 0.
Comme ce dernier ensemble est entièrement contenu dans E, on obtiendrait
une contradiction : Z Z
− g= g > 0.
O ]a,b[ Oc
C.Q.F.D.
Cela est évident si |f | est bornée. Pour y ramener le cas général, intro-
duisons la suite croissant vers |f | des fonctions bornées fn = inf{|f |, n}. En
vertu du théorème de la convergence monotone, on peut trouver n tel que
Z b
(|f | − fn ) < /2.
a
Si
λ(E) < ,
2n
on aura
Z Z Z Z b
|f | = (|f | − fn ) + fn ≤ (|f | − fn ) + nλ(E) < .
E E E a
de [a, b] on ait
n
X n
X
(tk − sk ) < δ implique |φ(tk ) − φ(sk )| < .
k=1 k=1
62
Une fonction absolument continue sur un intervalle [a, b] est uniformément
continue sur cet intervalle. Elle y est aussi à variation bornée. Soit en effet
∆ > 0 le nombre associé à = 1. Donnée une partition P = {x0 , x1 , x2 , . . . , xn }
de l’intervalle [a, b], considérons la partition P 0 = {x00 , x01 , x02 , . . . , x0m } obte-
nue de P en lui adjoignant les points
b−a b−a b−a
a+k , 0 ≤ k ≤ N , où ≤N < + 1.
N ∆ ∆
Alors, regroupant les termes de la seconde somme en N paquets,
n m
X X b−a
|φ(xk ) − φ(xk−1 )| ≤ |φ(x0k ) − φ(x0k−1 )| ≤ N < + 1.
∆
k=1 k=1
Démonstration.
La condition est suffisante. Nous avons déjà démontré que l’intégrale
définie d’une fonction intégrable est absolument continue.
La condition est nécessaire. On sait déjà que φ, étant à variation bornée,
admet presque partout une dérivée intégrable φ0 . On sait aussi que la fonc-
tion Z x
φ1 (x) = φ0 (t) dt + φ(a)
a
est absolument continue et que φ01 (x) = φ0 (x) presque partout sur l’inter-
valle [a, b]. Observons pour terminer que si une fonction g : [a, b] → R est
absolument continue sur [a, b], telle que g(a) = 0 et que g 0 = 0 presque par-
tout, alors g = 0 partout sur l’intervalle [a, b] (on prendra ici g = φ − φ1 ).
Soit en effet x ∈]a, b[ et considérons l’ensemble
Si t ∈ E,
g(t + h) − g(t)
lim = 0.
h↓0 h
63
Donc pour chaque t ∈ E et pour tout h > 0 assez petit, il existe un intervalle
[t, t + h] ⊆]a, x[ tel que
h
g(t + h) − g(t) < .
2(b − a)
Soit δ > 0 le nombre associé à /2 dans la définition de continuité absolue de
g sur [a, b]. En vertu du théorème de Vitali, on peut trouver des intervalles
deux à deux disjoints
tels que !c !
N
X
λ E [tk , tk + hk ] <δ
k=1
donc que !c !
N
X
λ ]a, x[ [tk , tk + hk ] < δ.
k=1
Alors
64
Démonstration.
La première assertion découle de l’inégalité
n
X
|φ(tk )ψ(tk ) − φ(sk )ψ(sk )|
k=1
n
X
= |(φ(tk ) − φ(sk ))ψ(tk ) + φ(sk )(ψ(tk ) − ψ(sk ))|
k=1
n
X n
X
≤ |φ(tk ) − φ(sk )|kψk∞ + kφk∞ |ψ(tk ) − ψ(sk )|.
k=1 k=1
Comme
(φψ)0 = φ0 ψ + φψ 0
presque partout et comme
Z b
(φψ)0 = φ(b)ψ(b) − φ(a)ψ(a),
a
Démonstration.
La démonstration se fait en plusieurs étapes.
Si f = I(u,v) est la fonction indicatrice d’un intervalle, f ◦φ = I(φ−1 (u), φ−1 (v))
et la formule est vraie puisqu’elle s’écrit
Z φ−1 (v)
v−u= φ0 (y) dy.
φ−1 (u)
P
Si f = IO = P k I(uk ,vk ) est la fonction indicatrice d’un ensemble ouvert,
f ◦ φ = Iφ−1 (O) = k I(φ−1 (uk ), φ−1 (vk )) et
X XZ φ−1 (vk ) Z
0
λ(O) = (vk − uk ) = φ (y) dy = φ0 (y) dy
k k φ−1 (u k) φ−1 (O)
65
en vertu de l’additivité de l’intégrale.
Pour étudier le cas où f = IE est la fonction indicatrice d’un ensemble
mesurable quelconque, introduisons l’ensemble
ce qui montre que l’ensemble k φ−1 (Ok )H est de mesure nulle, donc que
T
l’ensemble φ−1 (N )H l’est aussi. Si donc f = IE , on peut trouver une suite
décroissante d’ensembles ouverts Ok tels que
\
Ok = E + N
k
montre alors que l’ensemble φ−1 (E)H est mesurable et l’on peut écrire
!
\
λ(E) = λ Ok = lim λ(Ok )
k→+∞
k
Z Z Z
0 0
= lim φ (y) dy = φ (y) dy = φ0 (y) dy
k→+∞ φ−1 (Ok ) T −1 (O )
T −1 (O )H
kφ k kφ k
Z Z d
0
= φ (y) dy = IE (φ(y))φ0 (y) dy.
φ−1 (E)H c
Le théorème est donc vrai, par linéarité, pour une fonction f mesurable
positive étagée, puis pour une fonction f mesurable positive quelconque par
convergence monotone et finalement pour une fonction f intégrable arbi-
traire encore une fois par linéarité.
C.Q.F.D.
66
6.3 Exercices
1. Vérifier qu’une fonction φ : [a, b] → R est à variation bornée si et
seulement si son graphe est rectifiable, c’est-à-dire si et seulement si
les sommes
n p
X
σ(φ, P) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
k=1
et posons
Montrer que
et que
pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b]) = var(φ, [a, b]).
var(P, [a, b]) ≤ var(g,[a,b]) , var(N, [a, b]) ≤ var(h, [a, b]).
67
4. Vérifier que la fonction
(
x−1/3 si x 6= 0,
f (x) =
0 si x = 0.
En déduire l’inégalité
Z b
1
|φ| ≤ |φ(a)| + var(|φ|, [a, b]).
b−a a
10. Calculer les nombres de Dini D+ φ(0), D+ φ(0), D− φ(0) et D− φ(0) pour
la fonction
68
11. Montrer qu’une fonction est absolument continue sur tout intervalle
dans lequel elle admet une dérivée bornée.
12. Montrer que la fonction continue φ(x) qui coı̈ncide avec x2 sin 1/x
lorsque x 6= 0 est absolument continue.
13. Soit φ : [a, b] → R une fonction croissante. Montrer qu’elle peut s’écrire
sous la forme φ = φac + φs où φac est croissante absolument continue
et φs est croissante singulière, c’est-à-dire telle que φ0s = 0 presque
partout sur [a, b].
14. Montrer qu’une fonction convexe φ : R → R est absolument continue
sur tout intervalle compact [a, b].
15. Soit φ : [a, b] → R une fonction absolument continue. Montrer que
Z b
var(φ, [a, b]) = |φ0 (x)| dx.
a
`φ = sup{σ(φ, P) | P}
69
7 INTÉGRATION ABSTRAITE
La méthode de Lebesgue s’étend aux espaces euclidiens. On peut en
exposer la théorie suivant essentiellement les mêmes étapes que celles em-
ployées sur la droite mais nous allons utiliser une autre approche, basée sur
l’abstraction des idées présentées jusqu’à maintenant et qui nous conduira
plus directement au théorème de Tonelli-Fubini sur le changement de l’ordre
d’intégration dans les intégrales itérées. Cette approche présente un avan-
tage pédagogique évident et a d’autres applications, notamment en calcul
des probabilités. (Les démonstrations des résultats qui suivent et qui sont
absentes ont été omises parce qu’identiques à celles des résultats correspon-
dants déjà étudiés).
{x | f (x) > α}
est mesurable.
Lorsque X est un espace métrique et que T contient la tribu de Borel,
toute fonction continue f est mesurable ; de plus, si f est mesurable et si
70
h : (a, b) → R est une fonction continue telle que h ◦ f est définie, h ◦ f
est mesurable. En général, la somme et le produit de deux fonctions me-
surables sont mesurables. De même, l’enveloppe supérieure et l’enveloppe
inférieure d’une suite finie ou infinie de fonctions mesurables sont mesu-
rables sur leur domaine de définition respectif. Par suite, ainsi en est-il de
leur limite supérieure, de leur limite inférieure et de leur limite.
où
k−1 k
En,k = {x | n
≤ f (x) < n }
2 2
et
Fn = {x | n ≤ f (x)}.
Une mesure sur X est une fonction µ : T → [0, +∞] telle que
– (M1 ) µ(∅) = 0 ;
– (M2 ) pour toute suite finie ou infinie d’ensembles mesurables deux à
deux disjoints Ek ,
!
X X
µ Ek = µ(Ek ).
k k
µ(E) ≤ µ(F ).
71
Pour toute suite décroissante d’ensembles mesurables de mesure finie En ,
!
\
lim µ(En ) = µ En .
n→+∞
n
Une propriété vraie partout sauf aux points d’un ensemble de µ−mesure
nulle est dite vraie µ−presque partout.
Enfin,
R une fonction mesurable f est dite intégrable par rapport à µ sur
E si E |f | dµ < +∞ auquel cas
Z Z Z
f dµ = f+ dµ − f− dµ.
E E E
L1µ (E) désignera l’espace des fonctions intégrables par rapport à µ sur E.
Si la suite des fonctions mesurables positives fn croı̂t vers la fonction f ,
alors Z Z
lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ E E
On en déduit que L1µ (E) est un espace vectoriel réel sur lequel
Z
f 7→ f dµ
E
est une forme linéaire positive. De plus, si f est positive, l’égalité dans
l’inégalité Z
f dµ ≥ 0
E
n’est possible que si f = 0 µ−presque partout sur E.
72
Si la suite des fonctions mesurables positives fn décroı̂t vers la fonction
f et si f1 est intégrable, alors
Z Z
lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ E E
Les espaces Lpµ (E) regroupent les fonctions mesurables de pième puissance
µ−intégrable sur E lorsque 1 ≤ p < +∞ et L∞ µ (E) est l’espace des fonc-
tions bornées µ−presque partout sur E. kf k∞ désigne la borne supérieure
p
µ−essentielle de f ∈ L∞ µ (E) et, si f ∈ Lµ (E),
Z 1/p
p
kf kp = |f | dµ .
E
kf gk1 ≤ kf kp kgkq
L∞ 2 1
µ (E) ⊆ Lµ (E) ⊆ Lµ (E)
kf + gkp ≤ kf kp + kgkp
où 1 ≤ p ≤ +∞ implique que les espaces Lpµ (E) sont des espaces vectoriels
réels.
73
A priori, il n’y a aucune raison pour qu’un sous-ensemble d’un ensemble
de µ−mesure nulle soit mesurable. La tribu T est dite µ−complète si toute
partie d’un ensemble de µ−mesure nulle est mesurable. Il est toujours pos-
sible de compléter une tribu qui ne l’est pas.
Démonstration.
Si E ∈ T, alors E ∈ Tµ en prenant A = E = B. En particulier, X ∈ Tµ .
Si E ∈ Tµ , alors B c ⊆ E c ⊆ Ac avec µ(Ac (B c )c ) = 0 donc E c ∈ Tµ .
Si Ek ∈ Tµ , Ak ⊆ Ek ⊆ Bk avec µ(Bk Ack ) = 0, alors
[ [ [
Ak ⊆ Ek ⊆ Bk
k k k
avec
c !
[ [ [ X
µ Bk Aj ≤ µ Bk Ack ≤ µ(Bk Ack ) = 0
k j k k
S
donc k Ek ∈ Tµ .
La définition µ(E) = µ(A)(= µ(B)) est justifiée car si l’on a aussi A1 ⊆
E ⊆ B1 avec µ(B1 Ac1 ) = 0,
74
le critère de Cauchy pour la convergence au sens de Lpµ (E) (1 ≤ p ≤ +∞)
reste valable dans les espaces mesuré complets.
Le théorème suivant sera utile pour l’étude des intégrales doubles. Son
énoncé fait appel aux notions de clan et de classe monotone. Un clan sur
X est une famille C ⊆ P(X) de parties de X telle que
– (C1 ) X ∈ C ;
– (C2 ) E ∈ C implique E c ∈ C ; S
– (C3 ) Ek ∈ C pour tout 1 ≤ k ≤ n implique 1≤k≤n Ek ∈ C.
En particulier, une tribu forme un clan. Par complémentarité, un clan est
aussi fermé sous l’intersection finie.
MA = {B ⊆ X | AB c , Ac B et A ∪ B ∈ M}
75
Finalement, la définition de tribu engendrée implique T(C) ⊆ M(C).
C.Q.F.D.
µX (] − ∞, x]) = FX (x).
PX X −1 (E) = µX (E)
définit une mesure de probabilité sur Ω (c’est-à-dire une mesure telle que
PX (Ω) = 1).
La variable X est dite continue si sa fonction de répartition FX est abso-
lument continue ; la dérivée fX = FX0 s’appelle alors fonction de densité
de probabilité de X et l’on a
Z
µX (E) = fX (x) dx. (4)
E
76
En effet, on a alors
Z b
µX ((a, b)) = FX (b) − FX (a) = fX (x) dx
a
pour tout intervalle (a, b) et l’équation (4) est valable pour tout ensemble
ouvert d’abord, pour tout ensemble mesurable ensuite. À l’autre extrême,
X est dite discrète si FX est constante sauf pour des sauts pk = FX (k) −
FX (k−) ≥ 0 aux entiers ; on a alors
X
µX (E) = pk .
k∈E
on a
Z
PX {ω | |X(ω) − E(X)| ≥ σ} = dPX
Ωσ
(X(ω) − E(X))2
Z
≤ dPX
Ωσ σ2
(X(ω) − E(X))2
Z
V(X)
≤ 2
dPX =
Ω σ σ2
77
Lorsque X est continue et admet une espérance, celle-ci peut être calculée
au moyen de la formule
Z +∞
E(X) = xfX (x) dx.
−∞
En effet, en vertu du théorème de la convergence dominée, on peut écrire
que
Z
E(X) = X dPX
Ω
X n2n
k−1 k−1 k
= lim P X ω | ≤ X(ω) < + n PX {ω | n ≤ X(ω)}
n→+∞ 2n 2n 2n
k=1
n2n
X −k + 1 −k −k + 1
+ PX ω | n ≤ X(ω) < − n PX {ω | X(ω) < −n}
2n 2 2n
k=1
X n2n
k−1 k−1 k
= lim µX , + n µX ((n, +∞[ )
n→+∞ 2n 2n 2n
k=1
n2n
X −k + 1 −k −k + 1
+ µX , − n µX ( ] − ∞, n))
2n 2n 2n
k=1
n2n n
k − 1 k/2
X Z Z +∞
= lim fX (x) dx + n fX (x) dx
n→+∞ 2n (k−1)/2n n
k=1
n2n n Z −n
−k + 1 (−k+1)/2
X Z
fX (x) dx − n fX (x) dx
2n −k/2n −∞
k=1
Z +∞
= xfX (x) dx.
−∞
Le cas échéant, on montre de la même façon que
Z +∞
V(X) = x2 fX (x) dx − E(X)2 .
−∞
Si X est discrète, les formules correspondantes sont
+∞
X
E(X) = kpk
−∞
et
+∞
X
V(X) = k 2 pk − E(X)2 .
−∞
78
7.1 Exercices
{A1 , A2 , . . . , An } où A1 , A2 , . . . , An forment une partition de
1. Soit F = P
X (X = nk=1 Ak ). Déterminer T(F).
2. Soit F = {A1 , A2 , . . . , An } où A1 , A2 , . . . , An sont des parties quel-
conques de X. Déterminer T(F). Quelle est la cardinalité maximale de
T(F) ?
3. Soit F = {A, B}. Déterminer M(F) et T(F).
4. Soient E ⊆ R et f : E → R une fonction mesurable (relativement à
la tribu de Lebesgue). Montrer qu’il existe une fonction g : E → R
borélienne (mesurable relativement à la tribu de Borel) qui coı̈ncide
presque partout (relativement à la mesure de Lebesgue) avec f .
Suggestion : utiliser l’exercice 10 page 15.
5. Soient (X, T) un espace mesurable et E ⊆ X. Montrer que si f : E → R
est mesurable, c ∈ R et p > 0, les fonctions cf et |f |p sont mesurables.
6. Soient {x1 , x2 , x3 , . . .} une suite de nombres réels et {p1 , p2 , p3 , . . .} une
suite de nombres positifs. On considère la fonction µ : P(R) → [0, +∞]
définie par X
µ(E) = pk .
xk ∈E
Vérifier que µ est une mesure sur R. Déterminer l’espace L1µ (R). Ex-
pliciter l’inégalité de Hölder.
7. Répondre aux mêmes questions si µ : L → [0, +∞] est définie par
Z
µ(E) = |g(x)| dx
E
79
la borne inférieure étant calculée sur la famille des suites finies ou
infinies d’intervalles ouverts { ]ak , bk [ }k recouvrant E. Montrer que
– µ∗F ([a, b]) = F (b) − F (a−);
– µ∗F (]a, b]) = F (b) − F (a);
– µ∗F (]a, b[) = F (b−) − F (a);
– pour tout A ⊆ R et pour tout a ∈ R, on a
80
8 INTÉGRALES ITÉRÉES
Pour bien étudier les conditions sous lesquelles l’équation
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
dx f (x, y) dy = dy f (x, y) dx,
−∞ −∞ −∞ −∞
qui est une intégrale relativement à une mesure dans le plan. Et pour étendre
la théorie de Lebesgue au plan, nous allons d’abord définir une mesure sur
la tribu produit engendrée par les rectangles mesurables de la forme A × B
puis nous compléterons cette tribu relativement à la mesure construite, ob-
tenant ainsi la tribu de Lebesgue L2 et la mesure de Lebesgue λ2 sur R2 .
La propriété cruciale sera ici celle de la σ-finitude de la mesure de Lebesgue
λ : l’espace R peut s’écrire comme une réunion dénombrable d’ensembles de
mesure finie. Nous verrons ensuite comment le calcul d’une intégrale double
se ramène au calcul itéré de deux intégrales simples.
R = A × B avec A, B ∈ L.
Cette tribu est aussi la tribu engendrée par la famille E des ensembles
élémentaires S, réunions finies de rectangles mesurables disjoints,
n
X
S= Rk avec Rk ∈ R,
k=1
et !c
n
X n
\
Rk = Rkc
k=1 k=1
81
montrent que E est fermée sous les intersections finies et le passage au
complémentaire. La tribu L ⊗ L est donc également la classe monotone en-
gendrée par E :
L ⊗ L = T(R) = T(E) = M(E).
Ex = {y | (x, y) ∈ E} et E y = {x | (x, y) ∈ E}
Démonstration.
Si (x, y) ∈ O, il existe deux intervalles ouverts d’extrémités ration-
nelles Ix et Iy tels que (x, y) ∈ Ix × Iy ⊆ O. Ces rectangles Ix × Iy étant
dénombrables, [
O= Ix × Iy
(x,y)∈O
appartient à L ⊗ L.
Soit A la famille des ensembles mesurables E ∈ L ⊗ L tels que Ex ap-
partienne à L ⊗ L pour tout x ∈ R. Observons les identités
B si x ∈ A
(A × B)x =
∅ si x ∈/ A,
(E c )x = (Ex )c
et [ [
( Ek )x = (Ek )x .
k k
Elles impliquent que A est une tribu contenant la famille R des rectangles
mesurables donc que A = L ⊗ L.
Pour (x0 , y0 ) arbitrairement fixé, considérons la famille A1 des ensembles
E ∈ L ⊗ L tels que le translaté E + (x0 , y0 ) ∈ L ⊗ L. En vertu des relations
A × B + (x0 , y0 ) = (A + x0 ) × (B + y0 ),
82
(E + (x0 , y0 ))c = E c + (x0 , y0 )
et !
[ [
Ek + (x0 , y0 ) = (Ek + (x0 , y0 )),
k k
et que
{x | f y (x) > α} = {(x, y) | f (x, y) > α}y .
Démonstration.
Unicité. Supposons que µ, ν : L ⊗ L → [0, +∞] sont deux mesures telles
que, pour tout A, B ∈ L,
83
Les propriétés de continuité des mesures montrent que M est une classe
monotone. Comme elle contient E, elle contient aussi L ⊗ L. Pour tout
E ∈ L ⊗ L, on a donc, toujours par continuité,
Posons alors
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
λ2 (E) = dx IE (x, y) dy = dy IE (x, y) dx
−∞ −∞ −∞ −∞
84
disjoints,
!
X Z +∞ Z +∞
λ2 Ek = dx IPk Ek (x, y) dy
k −∞ −∞
Z +∞ Z +∞ X
= dx IEk (x, y) dy
−∞ −∞ k
XZ +∞ Z +∞ X
= dx IEk (x, y) dy = λ2 (Ek ).
k −∞ −∞ k
C.Q.F.D.
et Z ZZ
f dλ2 = f (x, y) dxdy.
E E
Une telle intégrale s’évalue habituellement au moyen d’intégrales itérées,
généralisant ainsi la relation qui nous a servi à définir λ2 :
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
IE dxdy = dx IE (x, y) dy = dy IE (x, y) dx.
−∞ −∞ −∞ −∞ −∞ −∞
85
1. Si f est positive, les fonctions
Z +∞ Z +∞
x 7→ f (x, y) dy et y 7→ f (x, y) dx
−∞ −∞
sont mesurables et
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
f dxdy = dx f (x, y) dy = dy f (x, y) dx.
−∞ −∞ −∞ −∞ −∞ −∞
x 7→ f (x, y) et y 7→ f (x, y)
Démonstration.
Supposons f positive. Le résultat est vrai si f est la fonction indicatrice
d’un ensemble mesurable. Par linéarité, il est vrai pour une fonction étagée.
Et par convergence monotone, il est vrai pour une fonction quelconque.
Supposons f intégrable. Le résultat suit de la première partie en l’appli-
quant aux fonctions |f |, f+ et f− . C.Q.F.D.
86
Exemple. Désignant maintenant par E le triangle de sommets (0, 0), (1, 0) et (1, 1),
on a, en vertu du théorème de Fubini et puisque
Z Z
IE (x, y) sin 2πx dxdy < +∞,
R2
x
que
Z 1 Z 1 Z Z
sin 2πx sin 2πx
dy dx = IE (x, y) dxdy
0 y x R 2 x
Z 1 Z x
sin 2πx
= dx dy = 0.
0 0 x
alors que
1 1 1
x−y −dy
Z Z Z
1
dy dx = =− .
0 0 (x + y)3 0 (1 + y)2 2
Évidemment,
Z 1 Z 1 Z 1 Z x Z 1
|x − y| x−y y−x
dx 3
dy = dx 3
dy + 3
dy
0 0 (x + y) 0 0 (x + y) x (x + y)
Z 1
1 1
= − dx = +∞.
0 2x (1 + x)2
L2 = (L ⊗ L)λ2
87
Un ensemble E ⊆ R2 appartient à L2 si et seulement si il est de la forme
E = E0 + N
où E 0 appartient à L ⊗ L et λ2 (N ) = 0. De même, une fonction f est
mesurable relativement à L2 si et seulement si elle peut se mettre sous la
forme
f = f 0 + fN
où f 0 est mesurable relativement à L ⊗ L et fN = 0 λ2 −presque partout,
comme on le voit facilement en considérant d’abord des fonctions indica-
trices d’ensembles mesurables puis des fonctions étagées puis des fonctions
positives ...
88
8.1 Exercices
1. Soient f, g : R → R des fonctions mesurables. Montrer que la fonction
(x, y) 7→ f (x) + g(y) est mesurable (relativement à la tribu produit).
2. Soit f : [a, b] → R une fonction mesurable positive. Montrer que l’en-
semble
E = {(x, y) | a ≤ x ≤ b , 0 ≤ y ≤ f (x)}
est mesurable ( relativement à la tribu produit) et calculer sa mesure.
3. À E ⊆ R associons l’ensemble E e ⊆ R2 défini par
e = {(x, y) | x − y ∈ E}
E
et considérons la famille
T = {E ∈ B | E
e ∈ B2 }.
Montrer que T = B.
4. Déduire du théorème de Tonelli et de la relation
Z +∞ Z +∞
2 2 2
e−z dz = xe−x y dy si x > 0
0 0
que Z +∞
2 /2 √
e−x dx = 2π.
−∞
5. Calculer
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1 Z 1Z 1
dx f (x, y) dy , dy f (x, y) dx et |f (x, y)| dxdy
0 0 0 0 0 0
pour la fonction
x2 − y 2
f (x, y) = .
(x2 + y 2 )2
6. Utiliser le théorème de Tonelli pour calculer de deux manières l’intégrale
Z b Z 1
dx y x dy , 0 < a < b
a 0
et en déduire la valeur de
1
yb − ya
Z
dy.
0 log y
89
7. Utiliser le théorème de Fubini pour calculer de deux manières l’intégrale
Z AZ A
e−xy sin x dxdy
0 0
et en déduire que Z A
sin x π
lim dx = .
A→+∞ 0 x 2
90
9 APPLICATIONS
La représentation d’une fonction par une série trigonométrique
+∞
X
f (x) = ck (f ) eikπx/L
−∞
91
n’est pas nul, en effet, on peut écrire, pour un nombre α ∈ R approprié, que
Z Z Z
−iα
f e−iα
f = f e =
E E E
Z Z Z
−iα −iα
=< f e = <(f e ) ≤ |f |.
E E E
92
Théorème 40 Deux fonctions f, g ∈ L12π ayant les mêmes coefficients de
Fourier coı̈ncident presque partout.
Démonstration.
Il revient au même de montrer qu’une fonction f ∈ L12π ayant tous ses
coefficients de Fourier nuls doit s’annuler presque partout. En utilisant la
formule d’Euler, on voit que ck (f ) = 0 pour tout k ∈ Z si et seulement si
ck (<f ) = 0 et ck (=f ) = 0 pour tout k ∈ Z. On peut donc supposer f réelle.
Considérons d’abord une fonction f ∈ C2π (à valeurs réelles). Si ses
coefficients de Fourier sont tous nuls, on aura
Z a+π
1
f (t)Tn (t) dt = 0 (5)
2π a−π
f (a)
f (x) ≥ > 0 pour tout x ∈ [a − δ, a + δ].
2
Considérons le polynôme trigonométrique
1 + cos(x − a) n
Tn (x) = .
1 + cos δ
dès que n est assez grand puisque la première intégrale tend vers +∞ et que
la seconde tend vers 0 lorsque n → +∞.
Pour traiter le cas général, introduisons la fonction
Z x
F (x) = f (t) dt.
−π
93
Elle est absolument continue et F (−π) = F (π) = 0 (car c0 (f ) = 0). Si k 6= 0,
une intégration par parties montre que
ck (f )
ck (F ) = = 0.
ik
En vertu du cas continu, la fonction
F (x) − c0 (F )
on a
+∞
X
f (x) = ck (f ) eikx
−∞
que si la fonction f coı̈ncide presque partout avec une fonction dans C2π . Le
théorème suivant, chronologiquement l’un des premiers de l’analyse harmo-
nique, est d’applicabilité plus générale puisqu’il couvre effectivement tous
les cas rencontrés en pratique.
94
Théorème 41 (Dirichlet) Soit f ∈ L12π une fonction à variation bornée
sur [−π, π]. Alors
+∞
X f (x−) + f (x+)
ck (f ) eikx = .
−∞
2
Démonstration.
Une fonction complexe est à variation bornée si et seulement si sa partie
réelle et sa partie imaginaire le sont. On peut donc supposer f réelle. On a
f (x−) + f (x+)
f (x) =
2
partout sauf peut-être aux points d’un ensemble fini ou dénombrable N . Mo-
difions la fonction sur cet ensemble N de telle sorte que l’équation précédente
soit valable partout et montrons que
en un point x arbitraire. On a
Z +π n
1 X
Sn (f )(x) = f (t) eik(x−t) dt
2π −π
k=−n
Z +π
1 sin(2n + 1)(x − t)/2
= f (t) dt
2π −π sin(x − t)/2
Z +π
1 sin(2n + 1)t/2
= f (x − t) dt
2π −π sin t/2
1 π f (x − t) + f (x + t) sin(2n + 1)t/2
Z
= dt.
π 0 2 sin t/2
Comme, en particulier,
Z π
1 sin(2n + 1)t/2
Sn (1)(x) = 1 = dt,
π 0 sin t/2
on peut écrire
π
f (x − t) + f (x + t)
Z
1 sin(2n + 1)t/2
Sn (f )(x) − f (x) = − f (x) dt.
π 0 2 sin t/2
Introduisons la fonction de L12π définie sur l’intervalle [−π, π[ par la relation
f (x − t) + f (x + t)
ϕx (t) = − f (x) I[0,π[ (t).
2
95
Elle est à variation bornée sur [−π, π], continue à l’origine et il s’agit de
montrer que
1 π
Z
sin(2n + 1)t/2
lim ϕx (t) dt = 0.
n→+∞ π 0 sin t/2
Puisque, en vertu de l’exercice 1 page 110, les coefficients de Fourier d’une
fonction intégrable tendent vers 0, on a
1 π
Z
lim ϕx (t) cos nt dt = 0,
n→+∞ π 0
96
en vertu des exercices 17 page 69 (le deuxième théorème de la moyenne) et
2 page 111 (les coefficients d’une fonction à variation bornée sont majorés
par la variation de la fonction divisée par l’indice du coefficient) et enfin,
utilisant la continuité de la fonction ϕx à l’origine,
Z
1 π/n t 1 Z π/n
ϕx (t) cot sin nt dt ≤ sup{ |ϕx (t)| | 0 ≤ t ≤ π/n} πn dt <
π 0 2 π 0 3
lim kSn (f ) − f k2 = 0.
n→+∞
De plus,
+∞ Z +π
X
21
|ck (f )| = |f (t)|2 dt.
−∞
2π −π
Réciproquement, si
+∞
X
|ck |2 < +∞,
−∞
Démonstration.
Les sommes partielles Sn (f ) d’une fonction f ∈ L22π possèdent une pro-
priété de meilleure approximation. Soit
n
X
Tn (x) = ck eikx
k=−n
97
un polynôme trigonométrique arbitraire de degré n. Alors
Z +π
1
|f (t) − Tn (t)|2 dt
2π −π
Z +π Z +π Z +π Z +π
1 2 1 1 1
= |f (t)| dt − f (t)Tn (t)dt − f (t)Tn (t)dt + |Tn (t)|2 dt
2π −π 2π −π 2π −π 2π −π
Z +π n n n
1 X X X
= |f (t)|2 dt − ck (f )ck − ck (f )ck + |ck |2
2π −π
k=−n k=−n k=−n
Z +π n n
1 X X
= |f (t)|2 dt − |ck (f )|2 + |ck (f ) − ck |2
2π −π
k=−n k=−n
Z +π n
1 X
≥ |f (t)|2 dt − |ck (f )|2 .
2π −π
k=−n
donc Z +π n
1 X
0≤ |f (t)|2 dt − |ck (f )|2 .
2π −π k=−n
P+∞ 2
et, en particulier, la convergence de la série −∞ |ck (f )| . Alors
2
+π
Z
X X
kSn (f ) − Sm (f )k22 = ikt
|ck (f )|2
ck (f ) e dt = 2π
−π n<|k|≤m n<|k|≤m
et
lim kSn (f ) − Sm (f )k2 = 0.
n,m→+∞
98
Le théorème de Riesz-Fischer implique qu’il existe une fonction g ∈ L22π telle
que
lim kSn (f ) − gk2 = 0.
n→+∞
lim kSn (f ) − f k2 = 0.
n→+∞
99
9.2 Transformée de Fourier
Soit f ∈ L1C (R). Sa transformée de Fourier est la fonction fˆ : R → C
définie par Z +∞
1
ˆ
f (ξ) = √ f (t) e−iξt dt.
2π −∞
En vertu du théorème de Lebesgue sur la convergence dominée, fˆ est une
fonction continue, bornée et
kfˆk∞ ≤ kf k1 .
Exemple. Soit
2 /2
n(x) = e−x .
Alors, la dérivation sous le signe intégral et l’intégration par parties sur
un intervalle de longueur infinie étant toutes les deux justifiées à l’aide du
théorème de la convergence dominée, on a
Z +∞
0 d 1 −t2 /2 −iξt
n̂ (ξ) = √ e e dt
dξ 2π −∞
Z +∞ Z +∞
d 1 −t2 /2 1 2
= √ e cos ξt dt = √ −t e−t /2 sin ξt dt
dξ 2π −∞ 2π −∞
Z +∞
1 2
= −√ e−t /2 ξ cos ξt dt = −ξ n̂(ξ).
2π −∞
Cette équation différentielle, jointe à la condition initiale n̂(0) = 1, entraı̂ne
2 /2
n̂(ξ) = e−ξ .
Considérons la fonction
x 2 2
nσ (x) = n( ) = e−x /2σ .
σ
Sa transformée de Fourier est
2 ξ 2 /2
n̂σ (ξ) = σn̂(σξ) = σ e−σ .
100
2. la fonction n̂σ est positive et
Z +∞
1
√ n̂σ (ξ) dξ = 1;
2π −∞
3. si ϕ ∈ L∞
C (R) est continue à l’origine,
Z +∞
1
lim √ n̂σ (ξ) ϕ(ξ) dξ = ϕ(0); (8)
σ→+∞ 2π −∞
101
Démonstration.
Introduisons le produit de convolution
Z +∞
1
fσ (x) = √ f (x − ξ)n̂σ (ξ) dξ.
2π −∞
On a Z +∞
1
|fσ (x) − f (x)| ≤ √ n̂σ (ξ)|f (x − ξ) − f (x)| dξ
2π −∞
et le théorème de Tonelli implique
Z +∞ Z +∞ Z +∞
1
|fσ (x) − f (x)| dx ≤ dx √ n̂σ (ξ)|f (x − ξ) − f (x)| dξ
−∞ −∞ 2π −∞
Z +∞ Z +∞
1
=√ n̂σ (ξ) dξ |f (x − ξ) − f (x)| dx
2π −∞ −∞
102
Théorème 44 Soit f ∈ L1C (R) une fonction à variation bornée sur tout
intervalle compact. Alors
Z A
1 f (x−) + f (x+)
lim √ fˆ(ξ)eixξ dξ = .
A→+∞ 2π −A 2
Démonstration.
Comme dans le théorème de Dirichlet, on peut supposer que f est réelle
et que
f (x−) + f (x+)
f (x) =
2
partout. Puisque, en vertu de l’exercice 6 page 111, la transformée de Fourier
d’une fonction intégrable tend vers 0,
lim fˆ(ξ) = 0,
|ξ|→+∞
on a
Z A Z [A]
1 1
lim √ fˆ(ξ)eixξ dξ = lim √ fˆ(ξ)eixξ dξ
A→+∞ 2π −A A→+∞ 2π −[A]
103
on peut écrire que
Z n
1
√ fˆ(ξ)eixξ dξ − f (x)
2π −n
2 1 f (x − t) + f (x + t)
Z
sin nt
= − f (x) dt
π 0 2 t
2 +∞ f (x − t) + f (x + t) sin nt
Z Z 1
2 sin nt
+ dt + dt − 1 f (x)
π 1 2 t π 0 t
2 1 f (x − t) + f (x + t)
Z
sin nt
lim − f (x) dt = 0
n→+∞ π 0 2 t
et que
+∞
f (x − t) + f (x + t) sin nt
Z
2
lim dt = 0.
n→+∞ π 1 2 t
Cette dernière équation est valable en vertu de l’exercice 6 page 111 et
on démontre celle qui la précède de la même manière que l’on a démontré
l’équation (6). C.Q.F.D.
Démonstration.
En vertu de l’exercice 4 page 79, on peut supposer que les fonctions f et
g sont boréliennes. Alors la fonction
(x, y) 7→ f (x − y)
104
est aussi borélienne (en vertu de l’exercice 3 page 89 pour la fonction indi-
catrice d’un ensemble borélien, par linéarité et par passage à la limite pour
une fonction borélienne arbitraire). La fonction
(x, y) 7→ f (x − y)g(y)
Par suite, Z +∞
|f (x − y)g(y)| dy < +∞
−∞
pour presque tout x ∈ R et la fonction définie pour ces valeurs de x par la
relation Z +∞
1
h(x) = √ f (x − y)g(y) dy
2π −∞
(et par 0 ailleurs) est intégrable sur R et
Z +∞
1
ĥ(ξ) = √ h(x)e−iξx dx
2π −∞
Z +∞ Z +∞
1 −iξx
= e dx f (x − y)g(y) dy
2π −∞ −∞
Z +∞ Z +∞
1 −iξy 1
=√ g(y)e dy √ f (x − y)e−iξ(x−y) dx
2π −∞ 2π −∞
= fˆ(ξ) ĝ(ξ).
C.Q.F.D.
Remarque. On dénote généralement le produit de convolution de f avec
g par f ∗ g.
105
Théorème 46 (Plancherel) Soit f ∈ L2C (R). Il existe fˆ ∈ L2C (R) telle que
Z +∞ Z A 2
ˆ 1 −ixξ
lim f (ξ) − √ f (x)e dx dξ = 0
A→+∞ −∞ 2π −A
et que
Z +∞
Z A 2
f (x) − √1 ˆ ixξ
lim f (ξ)e dξ dx = 0.
A→+∞ −∞ 2π −A
On a
kfˆk2 = kf k2 .
Si f ∈ L1C (R) ∩ L2C (R), on a
Z +∞
1
fˆ(ξ) = √ f (t) e−iξt dt.
2π −∞
et bornée : Z +∞
1
|h(x)| ≤ √ |f (y)|2 dy.
2π −∞
On a de plus
ĥ(ξ) = |fˆ(ξ)|2 .
En vertu de l’équation (9), on peut écrire que
Z +∞ Z +∞
1 1
√ h(x − t)n̂σ (t) dt = √ ĥ(t)nσ (t)eixt dt,
2π −∞ 2π −∞
donc, en faisant x = 0, que
Z +∞ Z +∞
1 1
√ h(−t)n̂σ (t) dt = √ ĥ(t)nσ (t) dt.
2π −∞ 2π −∞
106
En laissant σ tendre vers +∞ dans cette dernière relation, on obtient
Z +∞
1
h(0) = √ ĥ(t) dt.
2π −∞
Dans le cas général où f ∈ L2C (R), les fonctions fA (x) = f (x)I(−A,A) (x)
appartiennent à L1C (R) ∩ L2C (R) et
lim kfA − f k2 = 0.
A→+∞
on a
kfˆA k2 = kfA k2 .
Il s’ensuit que les fonctions fˆA satisfont la condition de Cauchy et, l’espace
L2C (R) étant complet, il existe fˆ ∈ L2C (R) telle que
Puisque, si f ∈ L1C (R) ∩ L2C (R), les fonctions fˆA convergent presque partout
vers Z +∞
1
√ f (x)e−iξx dx,
2π −∞
on retrouve Z +∞
1
ˆ
f (ξ) = √ f (x)e−iξx dx
2π −∞
(presque partout) dans ce cas. Dans tous les cas,
107
Associons ensuite à g ∈ L2C (R) les fonctions gA (x) = g(−x)I(−A,A) (x) et
leurs transformées de Fourier
Z A
1
ĝA (ξ) = √ g(x)eiξx dx.
2π −A
F1 ◦ F (f ) = f.
Lorsque
f, fˆ ∈ L1C (R) ∩ L2C (R), (10)
cette relation est certainement satisfaite, en vertu de la formule d’inversion
de Fourier. Reste à supprimer les hypothèses supplémentaires (10). Or, si
f ∈ L1C (R) ∩ L2C (R), la fonction fσ ,
Z +∞
1
fσ (x) = √ f (x − ξ)n̂σ (ξ) dξ,
2π −∞
satisfait les conditions (10). En effet, il est clair que fσ ∈ L1C (R) et que
fˆσ = fˆnσ ∈ L1C (R) ∩ L2C (R). On a aussi fσ ∈ L2C (R) ; en effet,
Z +∞ 2
2 1
|fσ (x)| ≤ √ |f (x − ξ)|n̂σ (ξ) dξ
2π −∞
Z +∞ Z +∞
1 1
=√ |f (x − ξ)|n̂σ (ξ)dξ √ |f (x − η)|n̂σ (η)dη
2π −∞ 2π −∞
Z +∞ Z +∞
1 1 |f (x − ξ)|2 + |f (x − η)|2
≤ √ √ n̂σ (ξ) dξ n̂σ (η) dη
2π −∞ 2π −∞ 2
Z +∞
1
=√ |f (x − ξ)|2 n̂σ (ξ) dξ,
2π −∞
en vertu du théorème de Tonelli et de l’inégalité élémentaire
a2 + b2
ab ≤ ,
2
108
de telle sorte que
Z +∞ Z +∞
|fσ (x)|2 dx ≤ |f (x)|2 dx.
−∞ −∞
De façon similaire,
Z +∞
2 1
|fσ (x) − f (x)| ≤ √ |f (x − ξ) − f (x)|2 n̂σ (ξ) dξ
2π −∞
et
Z +∞ Z +∞ Z +∞
2 1
|fσ (x) − f (x)| dx ≤ √ n̂σ (ξ)dξ |f (x − ξ) − f (x)|2 dx,
−∞ 2π −∞ −∞
lim kfσ − f k2 = 0.
σ→+∞
F1 ◦ F (f ) = f
dans ce cas également. Finalement, l’espace L1C (R) ∩ L2C (R) étant dense dans
l’espace L2C (R) (grâce aux fonctions de test), soit f1 ∈ L1C (R) ∩ L2C (R) telle
que
kf1 − f k2 < .
2
Alors
ce qui entraı̂ne
F1 ◦ F (f ) = f
pour toute fonction f ∈ L2C (R). C.Q.F.D.
Remarque. On trouve d’autres notations pour les notions précédentes.
Si Z +∞ √
f˜(ξ) = f (t)e−iξt dt = 2π fˆ(ξ),
−∞
109
la formule d’inversion de Fourier s’écrit
Z +∞
1
f (x) = f˜(ξ)eixξ dξ
2π −∞
De même, si
Z +∞ √
f ˜∗g (x) = f (x − y)g(y) dy = 2π f ∗ g (x),
−∞
on a encore
^
(f ˜∗g) = f˜ g̃.
Ou encore, si
˜
Z +∞ √
f˜(ξ) = f (t)e−i2πξt dt = 2π fˆ(2πξ),
−∞
et
^ ˜˜
^
(f ∗˜g) = f˜ g̃.
9.3 Exercices
1. Soit f ∈ L12π . Montrer que
lim ck (f ) = 0.
|k|→+∞
110
2. Soit f ∈ L12π une fonction à variation bornée sur [−π, π]. Montrer que
lim ξ N fˆ(ξ) = 0.
|ξ|→+∞
lim fˆ(ξ) = 0.
|ξ|→+∞
111
7. Calculer la transformée de Fourier de la fonction
f (x) = e−|x| .
En déduire la valeur de
Z +∞
cos ξx
dξ.
0 1 + ξ2
8. Calculer la transformée de Fourier de la fonction
En déduire la valeur de
+∞
sin2 x
Z
dx.
0 x2
∗ g = fˆĝ
9. Calculer la convolution I[−1,1] ∗ I[−1,1] et vérifier l’équation f[
dans ce cas.
10. Montrer que si f, g ∈ L2C (R) on a
Z +∞ Z +∞
f (x)ĝ(x) dx = fˆ(x)g(x) dx.
−∞ −∞
est vraie presque partout sur R. Que donne cette formule lorsque
112
Références
[1] Nicolas Bourbaki. Éléments d’histoire des mathématiques. Collection
Histoire de la pensée. Hermann, Paris, 1969.
Le traité de Bourbaki est parsemé de notes historiques qui ont été col-
ligées en un volume.
Math-Info QA 21 B68 1974.
[2] André Gramain. Intégration. Collection Méthodes. Hermann, Paris,
1988.
Manuel de niveau premier cycle, approche abstraite.
Math-Info QA 312 G73 1988.
[3] Bertrand Hauchecorne. Les contre-exemples en mathématiques. Ellipses,
Paris, 1988.
Un recueil de contre-exemples tirés de toutes les branches des
mathématiques.
Math-Info QA 43 H38 1988.
[4] Thomas W. Korner. Fourier Analysis. Cambridge University Press,
Cambridge, 1988.
Présentation originale de sujet, niveau premier cycle.
Math-Info QA 403.5 K675 1989.
[5] Henri Lebesgue. Oeuvres scientifiques. L’enseignement mathématique,
Genève, 1972.
Les oeuvres complètes de Lebesgue en cinq volumes.
Math-Info QA 3 L42.
[6] Michel Métivier. Probabilités : dix leçons d’introduction. Ellipses, Paris,
1987.
Survol des probabilités et de la théorie de la mesure. Bonne bibliographie.
Math-Info QA M463 1987.
[7] Murray R. Spiegel. Lebesgue Measure and Integration. Schaum’s outline
series. Mc Graw-Hill, New-York, 1969.
Manuel de niveau premier cycle, beaucoup d’exercices.
Math-Info QA 331.5 S64.
[8] George Temple. 100 Years of Mathematics. Duckworth, Londres, 1981.
Panorama de l’histoire des mathématiques au XXe siècle.
Math-Info QA 26 T46.
113
Index
additivité de l’intégrale, 34 ensemble mesurable, 8, 70
additivité de la mesure, 4 ensembles élémentaires E, 81
additivité finie de l’intégrale, 29 espérance mathématique, 77
additivité finie de la mesure, 16 espace Lp2π , 92
approximation par fonctions étagées, espace C2π , 92
21 espace de Banach, 49
approximation par fonctions dérivables, espace de Hilbert, 49
46 espace de Lebesgue L1 (E), 25
approximation trigonométrique, 97 espace de Lebesgue L1C (E), 91
axiome du choix, 14 espace de Lebesgue Lp (E), 39
espace de Lebesgue LpC (E), 92
Bessel, inégalité de, 98 espace de Lebesgue L1µ (E), 72
Borel-Lebesgue, théorème de, 5 espace de Lebesgue Lpµ (E), 73
espace mesuré, 71
Cantor, ensemble de, 13
espace mesurable, 70
Cauchy-Schwarz, inégalité de, 42
exposants conjugués, 41
changement de variable, 65
clan C, 75 Fatou, lemme de, 32
classe monotone M, 75 fonction étagée, 18
classe monotone engendrée M(F), fonction à variation bornée, 54
75 fonction absolument continue, 62
complétion d’une tribu, 74 fonction borélienne, 79
complétion métrique, 49 fonction concave, 40
continuité de la mesure, 13 fonction convexe, 39
convergence dans Lp (E), 43 fonction de densité, 76
convergence dominée, théorème de fonction de répartition, 76
la, 32 fonction essentiellement bornée, 39
convergence en mesure, 51 fonction indicatrice, 3, 17
convergence en moyenne, 43 fonction intégrable, 25, 31, 72, 91
convergence monotone, théorème fonction mesurable, 17, 31, 70, 91
de la, 26 fonction singulière, 69
convergence presqu’uniforme, 43 fonctions de test Cc∞ (R), 45
convolution, 47, 52, 102, 104 forme linéaire positive, 30
Fourier, coefficients de, 92
dérivation sous le signe intégral, 34
Fourier, formule d’inversion de, 101
Dini, nombres dérivés de, 57
Fourier, série de, 92
Dirichlet, théorème de, 95
Fourier, transformée de, 100
114
Hölder, inégalité de, 41 presque partout, 13
inégalité du
R triangle, 30 rectangles mesurables R, 81
intégrale RE f , 23 rectifiable, 67
intégrale E f dµ, 72 Riesz-Fischer, théorème de, 43
intégrale double, 85
intégration par parties, 64 sommes de Lebesgue, 3, 27
intégration terme à terme, 33 sommes de Riemann, 2
invariance sous translation de la sous-additivité de la mesure extérieure,
mesure extérieure, 6 7
Stieltjes, intégrale de Lebesgue-Stieltjes,
Jensen, inégalité de, 49 76
Jordan, théorème de, 54 support supp(f ), 45
115
MESURE ET INTÉGRATION
André Giroux
Département de Mathématiques et Statistique
Université de Montréal
Décembre 2009
1 Introduction
1. Vérifier que la fonction
x 7→ IQ (x)
est partout discontinue.
Solution. Quel que soit x0 , on a
x 7→ x IQ (x).
|x IQ (x)| ≤ |x|.
E0 = Qc , Em = Q et Ek = ∅ si 0 < k < m.
4. Montrer que
n
IQ (x) = lim lim (cos m!πx) .
m→+∞ n→+∞
Solution.
1
Si x ∈
/ Q, pour tout m, quel que soit k ∈ Z,
m!πx 6= kπ
m!πx = 2km π
5. Calculer Z 1
(cos m!πx)n dx
0
puis Z 1
n
lim lim (cos m!πx) dx .
m→+∞ n→+∞ 0
Solution.
Si n est pair, on a
Z 1 Z m!π Z π
n dy
n 1
(cos m!πx) dx = (cos y) = (cos y)n dy
0 0 m!π π 0
Z π n
1 1 X n 1 n
= cos(n − 2k)y dy = n
π 0 2n k 2 n/2
k=0
2
2 Parties mesurables de R
1. Montrer que tout recouvrement d’un ensemble K ⊆ R compact (fermé
et borné) par des ensembles ouverts contient un sous-recouvrement
fini.
Solution. Soit {Oα }α∈A un recouvrement ouvert de K. Si K ⊆ [a, b],
les intervalles ouverts dont se composent les ensembles ouverts K c et
Oα forment un recouvrement de [a, b]. Si {I1 , I2 , . . . , In } constitue un
recouvrement fini de [a, b] par certains de ces intervalles, au plus n des
ensembles Oα pourront être choisis de façon à recouvrir K.
2. Si E ⊆ R et k ∈ R,
kE = {y | y = kx , x ∈ E}.
λ∗ ({0}) = 0 λ∗ (E).
Si k > 0,
( )
X [
λ∗ (kE) = inf
(bn − an ) kE ⊆ ]an , bn [
n n
( )
X1 1 [ 1 1
] an , bn [ = k λ∗ (E).
= k inf bn − an E ⊆
n
k k n
k k
Si enfin k < 0,
( )
X [
λ∗ (kE) = inf
(bn − an ) kE ⊆ ]an , bn [
n n
( )
X1 1 [ 1 1
] bn , an [ = |k| λ∗ (E).
= −k inf an − bn E ⊆
n
k k n
k k
3
Solution. Il est évident que la fonction µ∗ est monotone, invariante
sous translation et qu’elle préserve la longueur des intervalles. Elle
n’est cependant pas sous-additive comme le montrent les relations
[0, 1] = ([0, 1/4] + [3/4, 1]) + [1/4, 3/4]
et
µ∗ ([0, 1]) = 1 > 1/4 + 1/2 = µ∗ ([0, 1/4] + [3/4, 1]) + µ∗ ([1/4, 3/4]).
de mesure finie
+∞
X 1
λ(E) = = 1.
2k
k=1
4
7. Un ensemble de mesure nulle peut-il être ouvert ? Doit-il être fermé ?
Solution. Puisque
!
X X
λ ]ak , bk [ = (bk − ak ),
k k
λ(E) < .
Si E est mesurable, on a
et donc
λ∗ (O E c ) < .
Réciproquement, considérons l’ensemble mesurable
\
G= O1/n .
n∈N
5
Alors G = E + N où λ∗ (N ) = λ∗ (GE c ) = 0. Donc E = GN c est
mesurable.
Cas où λ∗ (E) = +∞.
Posons In = ] − n, n[ , En = EIn . Alors λ∗ (En ) < +∞. Si O est un
ensemble ouvert tel que E ⊆ O et λ∗ (OE c ) < , on a
6
On aura donc [
E= Fn + N
n∈N
où !c ! !
[ \
λ(N ) = λ E Fn =λ Fnc E = 0.
n∈N n∈N
11. Soit µ : LR → [0, +∞] une fonction additive. Montrer qu’elle est
nécessairement croissante et sous-additive.
Solution. Si E ⊆ F , on a F = E + F E c et donc, par additivité,
dans ce cas. Si tous les ensembles En sont finis, leur réunion est finie
s’ils sont en nombre fini et elle est infinie sinon. Dans le premier cas,
!
X X
µ En = µ(En ) < +∞
n n
7
et dans le deuxième
!
X X
µ En = µ(En ) = +∞.
n n
E1 ⊇ E2 ⊇ E3 ⊇ · · · ,
entraı̂ne
λ(Fn ) = λ(E1 ) − λ(En )
et
\ \
λ(E1 ) = λ En + λ E1 ( En )c
n≥2 n≥2
entraı̂ne
\ \
λ E1 ( En )c = λ(E1 ) − λ En .
n≥2 n≥2
Par suite,
\
lim λ(En ) = λ En .
n→+∞
n≥1
8
14. Une fonction µ : LR → [0, +∞] possède la propriété d’additivité finie
si, pour toute suite disjointe finie {Ek }1≤k≤N ,
N N
!
X X
µ Ek = µ(Ek ).
k=1 k=1
µ : LR → [0, +∞]
{x | f (x) > r}
9
3. Soit f : (a, b) → R une fonction monotone. Montrer qu’elle est mesu-
rable.
Solution. L’ensemble {x | f (x) > α} est un intervalle.
4. Soient f : R → R une fonction mesurable et x0 ∈ R. Montrer que la
fonction x 7→ f (x + x0 ) est mesurable.
Solution. On a
La série
+∞
X
λ({x | (k − 1) ≤ |f (x)| < k})
k=1
10
étant convergente, il existe N ∈ N tel que
X
λ({x | (k − 1) ≤ |f (x)| < k}) <
k≥N
8. Montrer que toute fonction mesurable est limite simple d’une suite de
fonctions mesurables étagées.
Solution. Décomposons la fonction suivant ses parties positives et négatives :
f = f + − f −.
où n
n2
X k−1
ϕn = IEn,k − c IE
2n
k=1
avec
c = − inf{f (x) | x ∈ E}
et
k−1 k
En,k = {x ∈ E | n
− c ≤ f (x) < n − c}.
2 2
La convergence est uniforme en vertu des inégalités :
1
0 ≤ f − ϕn ≤ .
2n
11
4 Intégration sur R
1. Soit f ∈ L1 (R). Montrer que, pour tout x0 ∈ R, la fonction x 7→
f (x + x0 ) est intégrable et
Z +∞ Z +∞
f (x + x0 ) dx = f (x) dx.
−∞ −∞
12
Alors Z Z
|f − (φ − ψ)| = |(f + − φ) − (f − − ψ)| < .
E E
et Z Z Z Z
f− g= (f − g) = (f − g) = 0.
E E E EN c
7. Montrer que l’on peut avoir inégalité stricte dans le lemme de Fatou.
Solution. Soit E ⊆ [0, 1] un ensemble mesurable tel que 0 < λ(E) < 1.
Soit
IE si n est pair
fn (x) =
I[0,1]E c si n est impair .
Alors
Z 1 Z 1
lim inf fn = 0 , lim inf fn = inf {λ(E), 1 − λ(E)} > 0.
0 n→+∞ n→+∞ 0
13
8. Le lemme de Fatou reste-t-il vrai si on y remplace lim inf par lim sup ?
Solution. Non. Pour les fonctions de l’exercice précédent,
Z 1 Z 1
lim sup fn = 1 , lim sup fn = sup {λ(E), 1 − λ(E)} < 1.
0 n→+∞ n→+∞ 0
9. Soit
fn (x) = ne−n|x| .
Vérifier que, pour tout x 6= 0,
lim fn (x) = 0.
n→+∞
Calculer ensuite Z +∞
lim fn (x) dx.
n→+∞ −∞
Cependant l’intégrale
Z +∞ Z +∞
−n|x|
ne dx = 2 e−nx ndx = 2
−∞ 0
Solution. On a
1
sup{fn (x) | x ∈ R} = .
n
Cependant l’intégrale Z +∞
fn = n
−∞
tend vers +∞.
14
11. Soit f ∈ L1 (R). Montrer que
Z
lim f = 0.
n→+∞ |x|>n
lim f (x) = 0?
|x|→+∞
où
4 1 1
n x−n+ 3 si n − ≤x≤n
n n3
fn (x) = 4 1 1
n n + n3 − x
si n ≤ x ≤ n + n3
0 autrement.
Alors
Z +∞ +∞
X 1
f= < +∞ , lim sup f (x) = +∞.
−∞ n2 x→+∞
n=2
15
Solution. En vertu du théorème de la convergence dominée (fonction
majorante : |f |), on a
Z +∞
lim f (x) sinn x dx = 0
n→+∞ −∞
car
lim sinn x = 0 presque partout sur R.
n→+∞
14. Calculer Z n
x n −2x
lim 1+ e dx.
n→+∞ 0 n
de telle sorte
Z b Z π/2 Z +∞
sin x sin x cos x
lim dx = dx − dx.
b→+∞ 0 x 0 x π/2 x2
16
D’autre part, si l’on avait
Z +∞
sin x
x dx < +∞,
0
on en déduirait que
+∞
sin2 x
Z
dx < +∞
π x
donc que
+∞
cos2 y
Z
dy < +∞
π/2 (y + π/2)
ce qui entraı̂nerait
+∞
cos2 y
Z
dy < +∞
π/2 y
et
+∞ +∞ +∞
cos2 x sin2 x
Z Z Z
dx
= dx + dx < +∞
π/2 x π/2 x π/2 x
ce qui est absurde.
16. Soient fn : E → R des fonctions mesurables positives qui décroissent
vers une fonction f : E → R. Montrer que
Z Z
lim fn = f
n→+∞ E E
donc Z Z Z Z
f1 − lim fn = f1 − f
E n→+∞ E E E
ce qui permet de conclure. L’hypothèse que f1 soit intégrable est es-
sentielle comme le montre l’exemple des fonctions fn = I[n,+∞[ .
17
17. Soient fn : E → R des fonctions intégrables qui croissent vers une
fonction f : E → R. Montrer que
Z Z
lim fn = f
n→+∞ E E
pour tout n ∈ N.
Solution. En vertu du théorème de la convergence monotone, on a
Z Z
lim (fn − f1 ) = (f − f1 )
n→+∞ E E
donc Z Z Z
lim fn − f1 = (f − f1 ).
n→+∞ e E E
On en déduit que Z Z
(f − f1 ) ≤ K − f1 .
E E
Ainsi les fonctions f − f1 et f = (f − f1 ) + f1 sont intégrables et
Z Z Z
(f − f1 ) = f− f1
E E E
18
19. Soient fn : E → R des fonctions intégrables telles que |fn | ≤ g pour
tout n ∈ N où la fonction g : E → R est intégrable. Montrer qu’alors
Z Z Z Z
lim inf fn ≤ lim inf fn ≤ lim sup fn ≤ lim sup fn .
E n→+∞ n→+∞ E n→+∞ E E n→+∞
c’est-à-dire Z Z
lim sup fn ≤ lim sup fn .
n→+∞ E E n→+∞
donc Z Z Z Z
2g ≤ lim inf ( g + gn − |f − fn |)
E n→+∞ E E E
19
c’est-à-dire
Z Z Z Z
2g ≤ g + lim gn − lim sup |f − fn |
E E n→+∞ E n→+∞ E
et Z
lim sup |f − fn | ≤ 0
n→+∞ E
ce qui permet de conclure.
21. Montrer que
Z +∞ +∞
x X 1
x
dx = .
0 e −1 k2
k=1
22. Montrer que, quel que soit t > 0, la fonction x 7→ e−x xt−1 est intégrable
sur [0, +∞[.
Solution. Puisque la fonction exponentielle croı̂t plus vite que toute
puissance de son argument, à chaque t ∈ R correspond At > 0 tel que
At
e−x xt ≤ si x ≥ 1
x2
de telle sorte que
Z +∞ Z +∞
At−1
e−x xt−1 dt ≤ dx < +∞.
1 1 x2
D’autre part,
Z 1 Z 1
−x t−1 1
e x dx ≤ dx < +∞
0 0 x1−t
puisque t > 0.
20
23. Justifier la dérivation sous le signe intégral :
d +∞ −x t−1
Z Z +∞
e x dx = e−x xt−1 log x dx.
dt 0 0
où θx (t) ∈ [0, 1]. Puisque le logarithme croı̂t plus lentement que toute
puissance de son argument, à chaque ρ > 0 correspond Bρ > 0 tel que
log y ≤ Bρ y ρ si y ≥ 1
donc que
| log y| ≤ Bρ y −ρ si y ≤ 1.
On en déduit que
−x t+h+1
− e−x xt−1 B1 e−x x3t/2
e x si x ≥ 1
≤
h Bt/4 e−x xt/4−1 si x ≤ 1
dès que |h| ≤ t/2. Cette dernière fonction étant intégrable sur [0, +∞[,
le théorème de la convergence dominée est applicable.
X1 = f −1 (X2 ),
21
c
f −1 (E2 ) = f −1 (E2c )
et !
[ [
f −1 Ek = f −1 (Ek )
k∈N k∈N
et donc la véracité de l’énoncé.
– Soient (X1 , T1 ) un espace mesurable, X2 un ensemble et f : X1 →
X2 une application. Montrer par un exemple approprié que la famille
f (T1 ) = {f (E1 ) | E1 ∈ T1 }
n’est pas nécessairement une tribu sur X2 .
Solution.
Puisque X2 doit être dans la tribu, l’application f : X1 → X2 doit
être surjective.
2. Soient T1 et T2 deux tribus sur X.
– Montrer par un exemple approprié que T1 ∪T2 n’est pas nécessairement
une tribu sur X.
Solution.
Considérer deux tribus distinctes
Ti = {∅, Ei , Eic , X}
avec ∅ =
6 Ei 6= X.
– Montrer que
T(T1 ∪ T2 ) = T({E1 ∪ E2 | E1 ∈ T1 , E2 ∈ T2 }).
Solution.
Soit
G = {E1 ∪ E2 | E1 ∈ T1 , E2 ∈ T2 }.
Alors
T1 ∪ T2 ⊆ G ⊆ T(T1 ∪ T2 )
d’où le résultat.
3. Soit G = {A, B}. Déterminer A(G).
Solution.
Dans le cas générique où A B,B A et AB 6= ∅, A(G) compte 16
éléments :
∅, X, A, B, Ac , B c , AB, Ac B, AB c , Ac B c ,
A ∪ B, A ∪ B c , Ac ∪ B, AB + Ac B c , Ac B + AB c ,
AB + Ac B + AB c + Ac B c .
22
4. – Soit G = {A1 , A2 , . . . , An } où A1 , A2 , . . . , An forment une partition
de X – les Ak sont non vides, deux à deux disjoints et leur réunion
est X :
X n
X= Ak .
k=1
Déterminer T(G).
Solution.
La tribu engendrée est isomorphe à P({1, 2, . . . , n}) via l’application
X
I ∈ P({1, 2, . . . , n}) 7→ Ai ∈ T(G)
i∈I
23
formeraient une partition infinie dénombrable de X).
Solution.
Supposons donc que T est une tribu infinie et dénombrable et considérons
pour chaque x ∈ X l’ensemble :
\
E(x) = E.
E∈T, x∈E
24
9. Soient (X, d) un espace métrique et E ⊆ X. Montrer que
{x | d(x, E) > }
est ouvert.
Solution.
On a pour tout e ∈ E
donc
d(x, E) − d(x, y) ≤ d(y, E)
et en permutant x et y,
Si δ = d(x, E) > et rx = δ − , on a
du cours.
Solution.
Puisque O est ouvert, on a
[
O= Ok
k∈N
et donc [
f −1 (O) = f −1 (Ok ).
k∈N
25
Réciproquement, si [ \
x∈ fn−1 (Ok ),
N ∈N n≥N
26
Si E ∈ T, on pose
(
0 si E est fini ou dénombrable,
µ(E) =
1 sinon.
– Vérifier que µ est une mesure de probabilité sur X.
Solution.
On a bien µ(∅) = 0. Si tous les ensembles En sont finis ou dénombrables,
leur somme l’est aussi et
!
X X
µ En = 0 = µ(En ).
n n
27
Si E ∈ Tloc , on pose
(
µ(E) si E ∈ T,
µloc (E) =
+∞ sinon.
– Montrer que µloc est une mesure positive sur X.
Solution.
On a bien µloc (∅) = µ(∅) = 0. Si tous les ensembles En appartiennent
à T,
! !
X X X X
µloc En = µ En = µ(En ) = µloc (En ).
n n n n
P P
Em ∈
Si P / T, alors ou bien n En ∈
/ T ou bien n En ∈ T mais
µ ( n En ) = +∞. Dans les deux cas,
!
X X
µloc En = +∞ = µloc (En ).
n n
et \ [
lim sup En = En .
n→+∞
k≥1 n≥k
28
– Montrer que
µ lim inf En ≤ lim inf µ(En ).
n→+∞ n→+∞
Solution. T
Les ensembles n≥k En formant une suite croissante, on a
\
µ lim inf En = lim µ En ≤ lim inf µ(En ).
n→+∞ k→+∞ n→+∞
n≥k
– Montrer que
µ lim sup En ≥ lim sup µ(En )
n→+∞ n→+∞
S
pourvu que µ( n En ) < +∞.
Solution. S S
Puisque les ensembles n≥k En décroissent et puisque µ( n En ) <
+∞, on a
[
µ lim sup En = lim µ En ≥ lim sup µ(En ).
n→+∞ n→+∞ n→+∞
n≥k
29
20. Soient E ⊆ R et f : E → R une fonction mesurable relativement
à la tribu de Lebesgue. Montrer qu’il existe une fonction g : E → R
mesurable relativement à la tribu de Borel qui coı̈ncide presque partout
avec f .
Solution.
Si f = IA est la fonction indicatrice d’un ensemble mesurable, la
représentation de A comme somme d’un ensemble borélien B et d’un
ensemble de mesure nulle N permet de conclure avec g = IB . Le
résultat est donc vrai pour une fonction f étagée par linéarité puis
mesurable quelconque par passage à la limite.
21. Soient (X, T) un espace mesurable et µ, ν ∈ M+ (X, T). Montrer que
Tµ Tν = Tµ+ν .
Solution.
Si (µ + ν)(AB c ) = 0, nécessairement, µ(AB c ) = ν(AB c ) = 0 et donc
Tµ Tν ⊇ Tµ+ν .
E ∪ (E∆F ) = E ∪ F ∈ T,
(E ∪ F )E c = E c F ∈ T,
(E∆F )(E c F )c = EF c ∈ T,
(E ∪ F )(E c F )c (EF c )c = EF ∈ T
30
et
F = F E + F E c ∈ T.
Ensuite,
µ(F ) = µ(F E) + µ(F E c ) = µ(F E)
alors que
µ(E) = µ(EF ) + µ(EF c ) = µ(EF ).
23. Soient (X, T, µ) un espace mesuré et f ∈ L0 (X, T) une fonction posi-
tive bornée.
– Montrer qu’il existe une suite de fonctions φn ∈ E 0 (X, T) positives
qui décroı̂t vers f .
Solution.
Soit M > 0 tel que |f (x)| ≤ M pour tout x ∈ X. La fonction
mesurable positive M − f est la limite d’une suite croissante de
fonctions mesurables positives étagées.
– En déduire que si E ∈ T est de mesure finie,
Z Z
f dµ = inf{ φ dµ | φ ∈ E 1 (X, T, µ), f ≤ φ}.
E E
Solution.
Choisissant une suite de fonctions φn ∈ E 1 (X, T, µ) qui décroı̂t vers
f , le théorème de la convergence dominée implique que
Z Z
f dµ = lim φn dµ
E n→+∞ E
6 Construction de mesures
1. Le diamètre δ(E) d’une partie E d’un espace métrique (X, d) est
δ(E) = sup {d(x, y) | x, y ∈ E}.
Soient p > 0 et δ > 0. On pose
X [
µ∗p,δ (E) = inf { δ(En )p | E ⊆ En , δ(En ) < δ}.
n∈N n∈N
31
– Montrer que µ∗p,δ est une mesure extérieure sur X.
Solution.
On a évidemment µ∗p,δ (∅) = 0 et puisque tout recouvrement de F
est aussi un recouvrement de E lorsque E ⊆ F , µ∗p,δ (E) ≤ µ∗p,δ (F )
dans ce cas. Choisissant les ensembles En,k de telle sorte que
[ X
En ⊆ En,k , (δ(En,k ))p ≤ µ∗p,δ (En ) + n ,
2
k∈N k∈N
on a [ [ [
En ⊆ En,k
n∈N n∈N k∈N
et !
[ XX X
µ∗p,δ En ≤ (δ(En,k ))p ≤ µ∗p,δ (En ) +
n∈N n∈N k∈N n∈N
ce qui montre que µ∗p,δ
est sous-additive.
– Montrer que µ∗p,δ (E) est une fonction décroissante de δ.
Solution.
Si δ < ∆, tout recouvrement de E par des ensembles de diamètre au
plus δ est aussi un recouvrement de E par des ensembles de diamètre
au plus ∆.
– En déduire que
µ∗p (E) = lim µ∗p,δ (E) = sup{µ∗p,δ (E) | δ > 0}
δ→0
32
– En déduire qu’à chaque E est associé un nombre H(E) (la dimension
de Hausdorff) tel que µ∗p (E) = +∞ si p < H(E) et que µ∗p (E) = 0
si p > H(E).
Solution.
L’inégalité
δ P −p µ∗p,δ (E) ≥ µ∗P,δ (E)
pour tout p < P entraı̂ne que
Solution.
Soient En des ensembles mesurables tels que An ⊆ En et que µ(En ) =
µ∗ (An ). On a
!
[
µ∗ An = µ∗ (lim inf An ) ≤ µ∗ (lim inf En )
n→+∞ n→+∞
n
!
[
= µ(lim inf En ) ≤ lim inf µ(En ) = lim µ∗ (An ) ≤ µ∗ An .
n→+∞ n→+∞ n→+∞
n
33
Toute fonction X : Ω → R appartient à L0 (Ω, T) et
X∗ T = P(R),
Solution.
Considérons le cas où t > 0. Posons
k−1 tX(ω) k
An,k = ω | <e ≤ n
2n 2
et
An = {ω | n < etX(ω) }.
Si n
n2
X k−1
Xn = IAn,k + nIAn ,
2n
k=1
34
on aura
n2n
k−1
Z Z X
tX
e dP = lim Xn dP = lim P (An,k ) + nP (An )
Ω n→+∞ Ω n→+∞ 2n
k=2
n2n
X k−1 1 k−1 1 k
= lim n
PX log n
, log
n→+∞ 2 t 2 t 2n
k=2
1
+nPX log n, +∞
t
n2n
X
t( 1t log( k−1 )) 1 k−1 1 k
= lim e 2 n
PX log n
, log
n→+∞ t 2 t 2n
k=2
1 1
+et( t log n) PX log n, +∞
t
Z +∞
= etx dFX (x).
−∞
7 Convergence en mesure
1. Soient (X, T, µ) un espace mesuré et f, g ∈ L0 (X, T). Alors f ≡µ g si
et seulement si f + ≡µ g + et f − ≡µ g − .
Solution.
On a simplement
35
alors f = limn→+∞ fn = 0 mais
]k 2−m , (k + 1) 2−m ]
|f − g|
Z
δµ (f , g) = dµ
X 1 + |f − g|
36
définit sur L0µ (X, T) une distance qui est équivalente à celle de la
convergence en mesure dµ (f , g).
Solution.
La fonction
|f (x) − g(x)|
x 7→
1 + |f (x) − g(x)|
est intégrable parce que mesurable et bornée. L’inégalité
|f − g| |f − h| |h − g|
≤ +
1 + |f − g| 1 + |f − h| 1 + |h − g|
entraı̂ne l’inégalité
δµ (f , g) ≤ δµ (f , h) + δµ (h, g)
8 Espaces de Lebesgue
1. Soient X ∈ L1 (Ω, T, P ) une variable aléatoire admettant une espérance
mathématique et φ : R → R une fonction convexe dérivable telle que
φ ◦ X ∈ L1 (Ω, T, P ). Montrer que
Z Z
φ X dP ≤ φ(X) dP
Ω Ω
(inégalité de Jensen).
37
(Suggestion : utiliser l’inégalité de convexité φ0 (t0 )(t − t0 ) + φ(t0 ) ≤
φ(t)).
Solution. Dans l’inégalité de convexité
√
Solution. La fonction φ(t) = 1 + t2 est convexe donc
Z Z
φ |X| dP ≤ φ(|X|) dP.
Ω Ω
d’où
q Z p Z
1+ kXk21 ≤ 1+ X2 dP ≤ (1 + |X|) dP = 1 + kXk1 .
Ω Ω
Solution. On a
s−r r−p
Z Z p +s
r
|f | dµ = |f | s − p s − p dµ
X X
Z s − r Z r − p
≤ |f |p dµ s − p |f |s dµ s − p .
X X
38
4. Soient 1 ≤ p ≤ r ≤ +∞. Montrer que
Solution. On a
|f | r |f | p
Z Z Z
|f |r dµ = kf kr∞ dµ ≤ kf kr∞ dµ.
X X kf k∞ X kf k∞
Le choix
|f |p 1 |g|q 1 |h|r 1
x1 = p , α1 = , x2 = q , α2 = , x3 = , α3 =
kf kp p kgkq q khkrr r
puis une intégration sur R conduisent au résultat.
6. Soient f ∈ Lp ([0, +∞[ ) et g ∈ Lq ([0, +∞[ ) où 1 ≤ p, q ≤ +∞ sont
conjugués. Calculer
1 T
Z
lim f (s)g(s) ds.
T →+∞ T 0
Solution. Puisque
Z T
Z T 1/p Z T 1/q
|f |p |g|q
f g ≤ ≤ kf kp kgkq ,
0 0 0
on a Z T
1
lim f (s)g(s) ds = 0.
T →+∞ T 0
39
7. Soit f : [0, A] → R une fonction s’annulant à l’origine et admettant
une dérivée continue. Montrer que, quel que soit p ≥ 1, on a
A
kf kp ≤ kf 0 kp .
p1/p
L’égalité est-elle possible ?
Solution. On a
Z x
Z x 1/p
0 0 p
x1/q
|f (x)| = f (t) dt ≤ |f (t)| dt
0 0
et
A
kf kp ≤ kf 0 kp .
p1/p
L’égalité aura lieu si et seulement si f (x) = cx et p = +∞.
8. Montrer que L2 (R) * L1 (R) et que L1 ([0, 1]) * L2 ([0, 1]).
Solution. Par exemple,
1
∈ L2 (R) \ L1 (R)
1 + |x|
et
1
√ ∈ L1 ([0, 1]) \ L2 ([0, 1]).
x
9. Soient f, g ∈ L2 (E). Montrer que
1
kf k22 + kgk22 = (kf + gk22 + kf − gk22 )
2
(identité du parallélogramme).
Solution. On a
40
10. Soit 0 < p < 1. Montrer que si f, g ∈ Lp (E), alors f + g ∈ Lp (E) mais
que l’inégalité
kf + gkp ≤ kf kp + kgkp
n’est plus nécessairement satisfaite.
Solution. On a
f = I(0,1/2) et g = I(1/2,1) .
2nα+β x si 0 ≤ x ≤ 1/(2nα )
41
Solution. Le résultat suit des inégalités suivantes :
Z Z Z
|fn gn − f g| ≤ |fn − f ||gn | + |f ||gn − g|
E E E
≤ kfn − f kp kgn kq + kf kp kgn − gkq
et du fait que
lim kgn kq = kgkq .
n→+∞
13. Montrer que les fonctions fn (x) = sin nx forment dans l’espace de Hil-
bert L2 ([−π, π]) une suite bornée (kfn k2 restent bornées) qui n’admet
aucune suite partielle convergente (au sens de L2 ([−π, π])).
Solution. D’une part
Z +π
sin2 nx dx = π.
−π
D’autre part, Z +π
(sin nx − sin mx)2 dx = 2π.
−π
lim kfn kp = kf kp .
n→+∞
|kfn kp − kf kp | ≤ kfn − f kp .
par hypothèse, on a
Z Z
lim |fn − f |p = 0 = 0.
n→+∞ E E
42
15. Soit f ∈ Lp (R) (1 ≤ p < +∞). Montrer que
Z +∞ 1/p
p
lim |f (x + h) − f (x)| dx = 0.
h→0 −∞
43
Solution. On peut supposer que p < +∞ (autrement, on intervertit
les rôles des fonctions f et g). On sait que, quel que soit x ∈ R, la
fonction t → |f (x − t)|p est intégrable et que
Z +∞ 1/p Z +∞ 1/p
p p
|f (x − t)| dt = |f (t)| dt .
−∞ −∞
khk∞ ≤ kf kp kgkq .
9 Dérivation
1. Vérifier qu’une fonction φ : [a, b] → R est à variation bornée si et
seulement si son graphe est rectifiable, c’est-à-dire si et seulement si
les sommes
n p
X
σ(φ, P) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
k=1
donc
s(φ, P) ≤ σ(φ, P) ≤ s(φ, P) + (b − a).
44
2. Soit φ : [a, b] → R une fonction à variation bornée. Si P = {x0 , x1 , . . . , xn }
est une partition de l’intervalle [a, b], soient
n
X
p(φ, P) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))+ ,
k=1
Xn
n(φ, P) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))−
k=1
et posons
Montrer que
et que
pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b]) = var(φ, [a, b]).
Solution. On a
n
X
φ(b) − φ(a) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))
k=1
n
X n
X
= (φ(xk ) − φ(xk−1 ))+ − (φ(xk ) − φ(xk−1 ))−
k=1 k=1
= p(φ, P) − n(φ, P).
La relation
p(φ, P) = n(φ, P) + (φ(b) − φ(a))
implique
pos(φ, [a, b]) ≤ neg(φ, [a, b]) + (φ(b) − φ(a))
et la relation
n(φ, P) = p(φ, P) − (φ(b) − φ(a))
implique
neg(φ, [a, b]) ≤ pos(φ, [a, b]) − (φ(b) − φ(a))
ce qui démontre la première équation.
45
Pour démontrer la seconde, observons d’abord que
s(φ, P) = p(φ, P) + n(φ, P) ≤ pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b])
donc que
var(φ, [a, b]) ≤ pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b]).
D’autre part, en vertu de ce qui précède,
var(φ, [a, b]) ≥ s(φ, P) = p(φ, P) + n(φ, P)
= 2 p(φ, P) − (φ(b) − φ(a))
= 2 p(φ, P) − (pos(φ, [a, b]) − neg(φ, [a, b]))
ce qui implique
var(φ, [a, b]) ≥ 2 pos(φ, [a, b]) − (pos(φ, [a, b]) − neg(φ, [a, b]))
= pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b]).
46
4. Vérifier que la fonction
(
x−1/3 si x 6= 0,
f (x) =
0 si x = 0.
est intégrable sur [−1, 1] et déterminer la variation de son intégrale
définie Z x
F (x) = f (t) dt
−1
sur cet intervalle.
Solution. La fonction f étant impaire,
Z 1 Z 1
|f (x)| dx = 2 x−1/3 dx = 3.
−1 0
La fonction
3
F (x) = (x2/3 − 1)
2
étant paire, décroissante sur [−1, 0] et croissante sur [0, 1] et la varia-
tion étant une fonction additive de l’intervalle,
var(F, [−1, 1]) = var(F, [−1, 0]) + var(F, [0, 1])
= 2 var(F, [0, 1]) = 2(F (1) − F (0)) = 3.
5. Montrer que la fonction continue φ(x) qui coı̈ncide avec x sin 1/x
lorsque x 6= 0 n’est à variation bornée sur aucun intervalle contenant
0.
Solution. En vertu de l’additivité finie de la variation et du fait que la
fonction considérée est paire, il suffit de voir que la variation de φ sur
l’intervalle [0, 2/π] (par exemple) est infinie. Considérons la partition
particulière Pn
2 2 2 2
Pn = {0, , , . . . , , }.
(2n + 1)π (2n − 1)π 3π π
Pour la somme correspondante, on a
n
X 2 (2k + 1)π 2 (2k − 1)π
(2k + 1)π sin
− sin
2 (2k − 1)π 2
k=1
X n
2 (2n + 1)π
≥ 2 4k
+ sin
(2n + 1)π 2 π (2k + 1)(2k − 1)
k=1
47
6. Représenter sur l’intervalle [0, 2π] la fonction sin x comme la différence
de deux fonctions croissantes.
Solution. En utilisant l’additivité finie de la variation, on obtient pour
la variation V (x) associée à la fonction sin x l’expression
sin x
si 0 ≤ x ≤ π2
V (x) = 2 − sin x si π2 ≤ x ≤ 3π 2
4 + sin x si 3π ≤ x ≤ 2π
2
et
sin x = V (x) − (V (x) − sin x)
est une représentation possible.
7. Soit Q = {q1 , q2 , q3 , . . .} une énumération des nombres rationnels.
Montrer que la fonction
X 1
φ(x) =
q <x
2n
n
48
En déduire l’inégalité
Z b
1
|φ| ≤ |φ(a)| + var(|φ|, [a, b]).
b−a a
donc
s(φ, P) ≤ lim inf var(φn , [a, b])
n→+∞
et
var(φ, [a, b]) ≤ lim inf var(φn , [a, b]).
n→+∞
10. Calculer les nombres de Dini D+ φ(0), D+ φ(0), D− φ(0) et D− φ(0) pour
la fonction
φ = (IQc ]−∞,0] + 2 IQc ]0,+∞[ ) − (IQ ]−∞,0] + 2 IQ ]0,+∞[ ).
Solution. On a
φ(h) − φ(0) φ(h) + 1
D+ φ(0) = lim sup = lim sup = +∞,
h↓0 h h↓0 h
et de façon semblable
D+ φ(0) = −∞ , D− φ(0) = +∞ , D− φ(0) = 0.
49
11. Montrer qu’une fonction est absolument continue sur tout intervalle
dans lequel elle admet une dérivée bornée.
Solution. En vertu du théorème des accroissements finis, quels que
soient u, w dans l’intervalle [a, b] où la fonction φ admet une dérivée
bornée, il existe v ∈]u, w[ tel que
φ(w) − φ(u) = φ0 (v)(w − u).
Par suite,
n
X n
X
|φ(xk ) − φ(xk−1 )| ≤ kφ0 k∞ (xk − xk−1 ).
k=1 k=1
12. Montrer que la fonction continue φ(x) qui coı̈ncide avec x2 sin 1/x
lorsque x 6= 0 est absolument continue.
Solution. Application de l’exercice précédent. Si x 6= 0,
1 1
φ0 (x) = 2 x sin − cos
x x
alors que
x2 sin 1/x
φ0 (0) = lim = 0.
x→0 x
13. Soit φ : [a, b] → R une fonction croissante. Montrer qu’elle peut s’écrire
sous la forme φ = φac + φs où φac est croissante absolument continue
et φs est croissante singulière, c’est-à-dire telle que φ0s = 0 presque
partout sur [a, b].
Solution. La fonction
Z x
φac (x) = φ0 (t) dt
a
est croissante, absolument continue et
φ0ac (x) = φ0 (x)
presque partout sur l’intervalle [a, b]. La relation
Z x2
φ0 (t) dt ≤ φ(x2 ) − φ(x1 )
x1
50
14. Montrer qu’une fonction convexe φ : R → R est absolument continue
sur tout intervalle compact [a, b].
Solution. On sait que si x1 < x2 < x3 < x4 ,
φ(x2 ) − φ(x1 ) φ(x3 ) − φ(x2 ) φ(x4 ) − φ(x3 )
≤ ≤
x2 − x1 x3 − x2 x4 − x3
de telle sorte que si a ≤ x < y ≤ b,
φ(y) − φ(x)
φ(a − 1) − φ(a − 2) ≤ ≤ φ(b + 2) − φ(b + 1).
y−x
On en déduit que
|φ(y) − φ(x)|
≤ sup{|φ(a − 1) − φ(a − 2)|, |φ(b + 2) − φ(b + 1)|} = K.
|y − x|
Ainsi
n
X n
X
|φ(tk ) − φ(sk )| ≤ K |tk − sk |.
k=1 k=1
k=1
n
X
≤ |φ(xk ) − φ(xk−1 )|
k=1
n
X
sup |φ0 (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 ).
≤
k=1
51
Puisque
Z b n
X
0
0
|φ | = sup inf |φ (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 )} | P
a k=1
n
X
sup |φ0 (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 )} | P
= inf
k=1
on peut choisir une partition P telle que
Xn
sup |φ0 (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 )
k=1
n
X
inf |φ0 (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 ) < ,
−
k=1
ce qui implique que
Z b
0
var(φ, [a, b]) − |φ |
≤
a
donc que
Z b
var(φ, [a, b]) = |φ0 |
a
dans ce cas.
Dans le cas général, introduisons une fonction g ∈ C([a, b]) telle que
Z b
|φ0 − g| < .
a 2
Pour la fonction Z x
G(x) = φ(a) + g(t) dt,
a
on a Z b
var(G, [a, b]) = |g|.
a
Maintenant,
X n n
X
|φ(xk ) − φ(xk−1 )| − |G(xk ) − G(xk−1 )|
k=1 k=1
Xn
≤ |(φ(xk ) − φ(xk−1 )) − (G(xk ) − G(xk−1 ))|
k=1
n Z xk n Z xk
X
0
X
= (φ − g) ≤ |φ0 − g| < .
2
xk−1 xk−1
k=1 k=1
52
On en déduit que
|var(φ, [a, b]) − var(G, [a, b])| ≤
2
puis que
Z b
0
var(φ, [a, b]) − |φ | ≤ |var(φ, [a, b]) − var(G, [a, b])|
a
Z b Z b Z b
0
+ var(G, [a, b]) −
|g| +
|g| − |φ |
a a a
Z b
≤ +0+ |φ0 − g| <
2 a
ce qui entraı̂ne
Z b
var(φ, [a, b]) = |φ0 |.
a
`φ = sup{σ(φ, P) | P}
donc
n
X q
0 2
inf 1 + φ (x) | xk−1 | ≤ x ≤ xk
k=1
Xn p
≤ (φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
k=1
Xn q
≤ sup 1+ φ0 (x)2 | xk−1 | ≤ x ≤ xk .
k=1
53
La partition P étant arbitraire, on en déduit comme dans l’exercice
précédent que
Z bq
`φ = 1 + φ0 2
a
dans ce cas.
Dans le cas général, introduisons une fonction g ∈ C([a, b]) telle que
Z b
|φ0 − g| < .
a 2
Pour la fonction Z x
G(x) = φ(a) + g(t) dt,
a
on a Z bp
`G = 1 + g2.
a
Maintenant, en utilisant la relation
√ √ |u − v|
| u − v| = √ √ ,
u+ v
on voit que
n
Xp
(φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
k=1
n p
X
− 2 2
(G(xk ) − G(xk−1 )) + (xk − xk−1 )
k=1
n
X |(φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 − (G(xk ) − G(xk−1 ))2 |
≤ p p
k=1
(φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2 + (G(xk ) − G(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
n
X |(φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 − (G(xk ) − G(xk−1 ))2 |
≤
|φ(xk ) − φ(xk−1 )| + |G(xk ) − G(xk−1 )|
k=1
n Z b
X
≤ |(φ(xk ) − φ(xk−1 )) − (G(xk ) − G(xk−1 ))| ≤ |φ0 − g| < .
a 2
k=1
On en déduit que
|`φ − `G | ≤
2
54
puis, comme précédemment, que
Z bq Z b q
2 2
p
|`φ − 1 + φ0 | ≤ + 0 + ( 1 + φ0 − 1 + g 2 )
a 2 a
Z b
≤ + |φ0 − g| < .
2 a
55
10 Mesures signées
1. Soient ν1 et ν2 deux mesures signées sur (X, T). Montrer que, quelques
soient les nombres a1 , a2 ∈ R,
Solution.
L’inégalité
|ν1 + ν2 | ≤ |ν1 | + |ν2 |
suit de l’inégalité |ν1 + ν2 (E)| ≤ |ν1 (E)| + |ν2 (E)| quel que soit E ∈ T
et l’équation
|a1 ν1 | = |a1 ||ν1 |
suit directement de la définition de |a1 ν1 |.
2. Soit (X, T) un espace mesurable. Une mesure complexe ν sur X est
une fonction ν : T → C additive et s’annulant sur l’ensemble vide.
– Définir la variation |ν| de ν et vérifier que |ν| est une mesure positive
finie telle que
|ν| ≤ |<ν| + |=ν|.
Solution.
La définition est la même que pour une mesure signée et la démonstration
du théorème selon laquelle une mesure signée est bien additive s’ap-
plique mot pour mot. L’inégalité
découle de ce que
pour tout E ∈ T.
– Définir l’espace L1 (X, T, ν) et X f dν puis montrer que
R
Z Z
f dν ≤ |f | d|ν|.
X X
Solution.
L’espace L1 (X, T, ν) est défini par
56
et Z Z Z
f dν = f d<ν + i f d=ν.
X X X
On a
Z Z Z
f dν = eiθ f d(eiθ ν)
f dν =
X X X
Z Z Z
iθ iθ
= f d(<(e ν)) ≤ |f | d|e ν| = |f | d|ν|.
X X X
Solution.
La mesure ν étant absolument continue relativement à la mesure |ν|,
il existe une fonction
telle que Z
ν(E) = f d|ν| pour tout E ∈ T.
E
L’inégalité du triangle pour les intégrales entraı̂ne que l’on a
|ν|(E1 ) = |ν|(E2 ) = 0
57
Soient ρ1 une mesure diffuse et ρ2 une mesure atomique, portée par
les point {xn }n . Soit [
D2 = {xn }.
n
Alors
ρ2 (E) = ρ2 (ED2 )
et
ρ1 (E) = ρ1 (ED2 + ED2c ) = ρ1 (ED2c ).
– Montrer que toute mesure µ ∈ M+ (X, T) σ-finie admet une décomposition
unique sous la forme µ = ρ1 +ρ2 où ρ1 est diffuse et ρ2 est atomique.
Solution.
Puisque µ est σ-finie, l’ensemble
D = {x | µ({x}) > 0}
ρ2 (E) = µ(ED)
ρ1 (E) = µ(EDc )
µ = ρ1 + ρ2 = τ 1 + τ 2
pour tout x ∈ X.
11 Mesures produits
1. Donner un exemple
– d’une classe monotone sur X contenant l’espace X et l’ensemble
vide mais qui n’est pas une tribu,
Solution. {∅, A, X} avec ∅ $ A $ X.
58
– d’une mesure qui n’est pas σ-finie.
Solution. La mesure du cardinal sur R.
2. Soient µcard la mesure du cardinal sur N et
−n
2 − 2
si m = n,
f (n, m) = −2 + 2−n si m = n + 1
0 autrement .
Calculer Z Z
dµcard (m) f (n, m) dµcard (n)
N N
et Z Z
dµcard (n) f (n, m) dµcard (m).
N N
Solution.
Z Z Z
dµcard (m) f (n, m) dµcard (n) = (2−2−m −2+2−m+1 )dµcard (m) = 1
N N N
et
Z Z Z
dµcard (n) f (n, m) dµcard (m) = (−2+2−n +2−2−n )dµcard (n) = 0.
N N N
On a Z
|f |dµcard × µcard = +∞.
N2
59
4. Soient (X1 , T1 , µ1 ) et (X2 , T2 , µ2 ) deux espaces mesurés σ-finis com-
plets, K ∈ L2 (X1 ×X2 , T1 ×T2 , µ1 ×µ2 ) et f ∈ L2 (X1 , T1 , µ1 ). Montrer
que
– Pour µ2 -presque tout x2 ∈ X2 , la fonction x1 7→ f (x1 )K(x1 , x2 ) est
intégrable.
Solution. On a Z
|K(x1 , x2 )|2 dµ1 < +∞
X1
µ2 -presque partout.
– La fonction Z
g(x2 ) = f (x1 )K(x1 , x2 ) dµ1
X1
est mesurable.
Solution. La fonction g est mesurable lorsque la fonction (x1 , x2 ) 7→
f (x1 )K(x1 , x2 ) est la fonction indicatrice d’un ensemble mesurable
donc lorsqu’elle est une fonction étagée donc finalement lorsqu’elle
est simplement intégrable.
– g ∈ L2 (X2 , T2 , µ2 ) et
kgk2 ≤ kf k2 kKk2 .
Solution. On a
Z Z Z 2
2
|g(x2 )| dµ2 = dµ2
f (x1 )K(x1 , x2 ) dµ1
X2 X2 X1
Z Z Z
2
≤ dµ2 |f (x1 )| dµ1 |K(x1 , x2 )| dµ1 = kf k22 kKk22 .
2
X2 X1 X1
60
6. Soit f : [a, b] → R une fonction mesurable positive. Montrer que l’en-
semble
E = {(x, y) | a ≤ x ≤ b , 0 ≤ y ≤ f (x)}
est mesurable (relativement à la tribu produit) et calculer sa mesure.
Solution. On a
e ⊆ R2 défini par
7. À E ⊆ R associons l’ensemble E
e = {(x, y) | x − y ∈ E}
E
et considérons la famille
e ∈ BR2 }.
T = {E ∈ BR | E
Montrer que T = BR .
Solution. Les relations
c
c) = E ^ [f
[
(E
g e et Ek = Ek ,
k k
qui sont aisément vérifiées, entraı̂nent que T est une tribu. Puisque
la fonction (x, y) 7→ x − y est continue, O e est ouvert quel que soit
l’ensemble ouvert O. Cela assure que BR ⊆ T donc que BR = T.
8. Déduire du théorème de Tonelli et de la relation
Z +∞ Z +∞
−z 2 2 2
e dz = xe−x y dy si x > 0
0 0
que Z +∞
2 /2 √
e−x dx = 2π.
−∞
61
Solution. En vertu du théorème de Tonelli, on a
Z +∞ 2 Z +∞ Z +∞
−x2 −x2 2
e dx = e dx e−z dz
0 0 0
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
2 2 y2 2 2
= e−x dx xe−x dy xe−x (1+y ) dx
dy =
0 0 0 0
Z +∞
+∞
dy 1 π
= 2
= arctan y = .
0 2(1 + y ) 2 0 4
9. Calculer
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1 Z 1Z 1
dx f (x, y) dy , dy f (x, y) dx et |f (x, y)| dxdy
0 0 0 0 0 0
pour la fonction
x2 − y 2
f (x, y) = .
(x2 + y 2 )2
Solution. Puisque
x2 − y 2
d y d −x
= = ,
dy x2 + y 2 (x2 + y 2 )2 dx x2 + y 2
on a Z 1 Z 1 Z 1
dx π
dx f (x, y) dy = 2
= ,
0 0 0 1+x 4
Z 1 Z 1 Z 1
dy π
dy f (x, y) dx = − 2
=−
0 0 0 1+y 4
et
Z 1Z 1
|f (x, y)| dxdy
0 0
Z 1 Z y 2 Z 1 2
y − x2 x − y2
= dy 2 2 2
dx + 2 2 2
dx
0 0 (x + y ) y (x + y )
Z 1
1 1
= − dy = +∞.
0 y 1 + y2
62
et en déduire la valeur de
1
yb − ya
Z
dy.
0 log y
et en déduire que Z A
sin x π
lim dx = .
A→+∞ 0 x 2
63
puisque, encore par convergence dominée,
Z A
cos A − y sin A −Ay
e dy −→ 0
0 1 + y2
lorsque A −→ +∞.
12. Déterminer les valeurs de p pour lesquelles l’intégrale
Z
1
2 2 2 p/2
dλ3
kxk2 >1 (x1 + x2 + x3 )
est convergente.
Solution. En passant aux coordonnées sphériques
{(x1 , x2 , x3 ) | x2 = x3 = 0, x1 ≤ 0}
12 Applications
1. Soit f ∈ L12π . Montrer que
lim ck (f ) = 0.
|k|→+∞
Solution. Si f estPcontinue sur [−π, π[, elle est de carré intégrable sur
[−π, π[. La série +∞ 2
−∞ |ck (f )| est donc convergente. En particulier,
lim ck (f ) = 0.
|k|→+∞
64
Dans le cas général, soient > 0 arbitraire et g une fonction continue
sur [−π, π[ telle que
Z +π
1
|f − g| < .
2π −π 2
Alors
+π
Z
1 −ikt
|ck (f )| = f (t)e dt
2π −π
+π
Z Z +π
1 1
(f (t) − g(t))e−ikt −ikt
≤ dt +
g(t)e dt
2π −π 2π −π
Z +π
1
≤ |f − g| + |ck (g)| <
2π −π
Solution. On a
Z +π
1 π −ikt
2ck (f ) = f (t) − f t − e dt,
2π −π k
Z +π
1 π π −ikt
2ck (f ) = − f t− −f t−2 e dt,
2π−π k k
...,
Z +π
1 π π −ikt
2ck (f ) = − f t − (2k − 1) − f t − (2k) e dt.
2π −π k k
Donc
Z +π 2k−1
1 X π π −ikt
4kck (f ) = (−1)j f t − j − f t − (j + 1) e dt
2π −π k k
j=0
et
Z +π 2k−1
1 X π π
|4kck (f )| ≤ f t − j − f t − (j + 1) dt ≤ var(f, [−π, π]).
2π −π k k
j=0
65
3. Développer la fonction f (x) = π 2 − x2 en une série trigonométrique
sur l’intervalle [−π, π]. En déduire la valeur des sommes
+∞ +∞ +∞
X (−1)k+1 X 1 X 1
2
, 2
et .
k k k4
k=1 k=1 k=1
Solution. On a
+π
2π 2
Z
1
c0 (f ) = (π 2 − x2 ) dx =
2π −π 3
et, si k 6= 0,
Z +π
1 2
ck (f ) = (π 2 − x2 )e−ikx dx = (−1)k+1
2π −π k2
en intégrant par parties deux fois. La série de Fourier obtenue,
2π 2 X 2
+ (−1)k+1 2 eikx ,
3 k
k6=0
66
Solution. On a
i(−1)k+1
c0 (f ) = 0 et ck (f ) = si k 6= 0.
k
Le théorème de Dirichlet étant applicable,
+∞
X 2
x= (−1)k+1 sin kx si − π < x < π.
k
k=1
on trouve
Z +π Z +π
1 1
ak (f ) = f (t) cos kt dt, bk (f ) = f (t) sin kt dt
π −π π −π
(y compris pour a0 (f )) et
+∞ Z +π
1 X 1
a0 (f )2 + (ak (f )2 + bk (f )2 ) = |f |2 .
2 π −π
k=1
67
6. Soit f ∈ Cc∞ (R) une fonction indéfiniment dérivable à support com-
pact. Montrer que, quel que soit N ∈ N,
lim ξ N fˆ(ξ) = 0.
|ξ|→+∞
lim fˆ(ξ) = 0.
|ξ|→+∞
e−iξt
Z +∞ Z +∞
1 1
fˆ(ξ) = √ f (t)e−iξt dt = √ f 0 (t) dt
2π −∞ 2π −∞ −iξ
e−iξt
Z +∞
1
= ··· = √ f (N +1) (t) dt
2π −∞ (−iξ)(N +1)
de telle sorte que
Z +∞
Nˆ
1 1 (N +1)
ξ f (ξ) ≤ √ f (t) dt.
|ξ| 2π −∞
Dans le cas général, on peut supposer f réelle. Soient fn ∈ Cc∞ (R) des
fonctions telles que
lim kfn − f k1 = 0.
n→+∞
Alors
fˆ(ξ) = lim fˆn (ξ).
n→+∞
Donc, on aura
f (x) = e−|x| .
En déduire la valeur de
Z +∞
cos ξx
dξ.
0 1 + ξ2
68
Solution. On a, si ξ 6= 0,
Z +∞
1
fˆ(ξ) = √ e−|t| e−iξt dt
2π
−∞
r Z +∞ r
2 1 +∞ −t
Z
2 −t
= e cos ξt dt = e sin ξt dt
π 0 π ξ 0
r Z +∞
2 1 −t
= 1 − e cos ξt dt .
π ξ2 0
En déduire la valeur de
+∞
sin2 x
Z
dx.
0 x2
∗ g = fˆĝ
9. Calculer la convolution I[−1,1] ∗ I[−1,1] et vérifier l’équation f[
dans ce cas.
69
Solution. En distinguant suivant les valeurs de x, on obtient
Z 1
1 1
I[−1,1] ∗ I[−1,1] (x) = √ I[x−1,x+1] (t) dt = √ (2 − |x|) I[−2,2] (x).
2π −1 2π
1 − cos 2ξ 2 sin2 ξ
= .
πξ 2 πξ 2
70
En déduire la formule d’interpolation suivante
+∞
X sin π(x − k)
f (x) = f (k) .
−∞
π(x − k)
Solution. On a
Z +π
1
ck (fˆ) = fˆ(t)e−ikt dt
2π −π
Z +∞
1 1 1
=√ √ fˆ(t)e−ikt dt = √ f (−k).
2π 2π −∞ 2π
Par conséquent, en tout point de l’intervalle [−π, π],
+∞ +∞
X X 1
fˆ(ξ) = ck (fˆ)eikξ = √ f (k)e−ikξ
−∞ −∞ 2π
on a r
+π
2 1 − cos πx
Z
1
f (x) = √ (π − |ξ|)eiξx dξ =
2π −π π x2
de telle sorte que la formule est applicable et donne
71
MESURE ET INTÉGRATION
EN UNE DIMENSION
André Giroux
Département de Mathématiques et Statistique
Université de Montréal
Juin 2005
1 INTRODUCTION
1. Vérifier que la fonction
x 7→ IQ (x)
est partout discontinue.
Solution. Quel que soit x0 , on a
x 7→ x IQ (x).
|x IQ (x)| ≤ |x|.
E0 = Qc , Em = Q et Ek = ∅ si 0 < k < m.
2 ENSEMBLES MESURABLES
1. Montrer que tout recouvrement d’un ensemble K ⊆ R compact (fermé
et borné) par des ensembles ouverts contient un sous-recouvrement
fini.
1
Solution. Soit {Oα }α∈A un recouvrement ouvert de K. Si K ⊆ [a, b],
les intervalles ouverts dont se composent les ensembles ouverts K c et
Oα forment un recouvrement de [a, b]. Si {I1 , I2 , . . . , In } constitue un
recouvrement fini de [a, b] par certains de ces intervalles, au plus n des
ensembles Oα pourront être choisis de façon à recouvrir K.
2. Si E ⊆ R et k ∈ R,
kE = {y | y = kx , x ∈ E}.
Montrer que λ∗ (kE) = |k|λ∗ (E).
Solution. Si k = 0, on a bien, avec la convention faite, que
λ∗ ({0}) = 0 λ∗ (E).
Si k > 0,
( )
X [
λ∗ (kE) = inf
(bn − an ) kE ⊆ ]an , bn [
n n
( )
X1 1 [ 1 1
] an , bn [ = k λ∗ (E).
= k inf bn − an E ⊆
n
k k n
k k
Si enfin k < 0,
( )
X [
λ∗ (kE) = inf
(bn − an ) kE ⊆ ]an , bn [
n n
( )
X1 1 [ 1 1
] bn , an [ = |k| λ∗ (E).
= −k inf an − bn E ⊆
n
k k n
k k
2
4. Répondre aux mêmes questions si la fonction µ∗ est définie par
µ∗ (E) = card(EZ).
de mesure finie
+∞
X 1
λ(E) = = 1.
2k
k=1
3
le seul ensemble ouvert de mesure nulle est l’ensemble vide. Un en-
semble de mesure nulle n’est d’autre part pas nécessairement fermé,
comme le montre l’exemple de l’ensemble Q.
8. Soit > 0 donné. Construire un ensemble ouvert E de mesure λ(E) <
qui soit dense dans R (c’est-à-dire tel que tout nombre réel puisse
s’écrire comme la limite d’une suite de nombres appartenant à E).
Solution. Soit Q = {r1 , r2 , r3 , . . .} une énumération des nombres ra-
tionnels ( par exemple, {0, 1, −1, 1/2, −1/2, 1/3, −1/3, 2/3, ...} ). L’en-
semble [
E= ] rk − k+2 , rk + k+2 [
2 2
k≥1
λ(E) < .
Si E est mesurable, on a
et donc
λ∗ (O E c ) < .
Réciproquement, considérons l’ensemble mesurable
\
G= O1/n .
n∈N
4
Posons In = ] − n, n[ , En = EIn . Alors λ∗ (En ) < +∞. Si O est un
ensemble ouvert tel que E ⊆ O et λ∗ (OE c ) < , on a
5
où !c ! !
[ \
λ(N ) = λ E Fn =λ Fnc E = 0.
n∈N n∈N
11. Soit µ : L → [0, +∞] une fonction additive. Montrer qu’ elle est
nécessairement croissante et sous-additive.
Solution. Si E ⊆ F , on a F = E + F E c et donc, par additivité,
et dans le deuxième
!
X X
µ En = µ(En ) = +∞.
n n
6
13. Soit {Ek }k une suite décroissante,
E1 ⊇ E2 ⊇ E3 ⊇ · · · ,
entraı̂ne
λ(Fn ) = λ(E1 ) − λ(En )
et
\ \
λ(E1 ) = λ En + λ E1 ( En )c
n≥2 n≥2
entraı̂ne
\ \
λ E1 ( En )c = λ(E1 ) − λ En .
n≥2 n≥2
Par suite,
\
lim λ(En ) = λ En .
n→+∞
n≥1
7
14. Une fonction µ : L → [0, +∞] possède la propriété d’additivité finie si,
pour toute suite disjointe finie {Ek }1≤k≤N ,
N N
!
X X
µ Ek = µ(Ek ).
k=1 k=1
µ : L → [0, +∞]
3 FONCTIONS MESURABLES
1. Soit f : E → R une fonction. Montrer qu’elle est mesurable si et
seulement si les ensembles
{x | f (x) > r}
S
Solution. On a par exemple que I n En (x) = 1 si et seulement s’il existe
n ∈ N tel que x ∈ En ce qui est vrai si et seulement si sup IEn (x) = 1.
8
3. Soit f : (a, b) → R une fonction monotone. Montrer qu’elle est mesu-
rable.
Solution. L’ensemble {x | f (x) > α} est un intervalle.
4. Soient f : R → R une fonction mesurable et x0 ∈ R. Montrer que la
fonction x 7→ f (x + x0 ) est mesurable.
Solution. On a
La série
+∞
X
λ({x | (n − 1) ≤ |f (x)| < n})
k=1
9
étant convergente, il existe N ∈ N tel que
X
λ({x | (n − 1) ≤ |f (x)| < n}) <
k≥N
8. Montrer que toute fonction mesurable est limite simple d’une suite de
fonctions mesurables étagées.
Solution. Décomposons la fonction suivant ses parties positives et négatives :
f = f+ − f− .
4 INTÉGRATION
1. Soit f ∈ L1 (R). Montrer que, pour tout x0 ∈ R, la fonction x 7→
f (x + x0 ) est intégrable et
Z +∞ Z +∞
f (x + x0 ) dx = f (x) dx.
−∞ −∞
IE (x + x0 ) = IE−x0 (x)
10
montre que l’énoncé est vrai si f = IE est la fonction indicatrice d’un
ensemble mesurable, donc, par linéarité, si f = ϕ est une fonction me-
surable positive étagée, donc, par convergence monotone, si f est po-
sitive, donc enfin, encore par linéarité, si f est une fonction intégrable
quelconque.
2. Soit f ∈ L1 (R). Montrer que, pour tout k ∈ R, k 6= 0, la fonction
x 7→ f (kx) est intégrable et
Z +∞ Z +∞
1
f (kx) dx = f (x) dx.
−∞ |k| −∞
11
et Z Z Z Z
f− g= (f − g) = (f − g) = 0.
E E E EN c
7. Montrer que l’on peut avoir inégalité stricte dans le lemme de Fatou.
Solution. Soit E ⊆ [0, 1] un ensemble mesurable tel que 0 < λ(E) < 1.
Soit
IE si n est pair
fn (x) =
I[0,1]E c si n est impair .
Alors
Z 1 Z 1
lim inf fn = 0 , lim inf fn = inf {λ(E), 1 − λ(E)} > 0.
0 n→+∞ n→+∞ 0
8. Le lemme de Fatou reste-t-il vrai si on y remplace lim inf par lim sup ?
Solution. Non. Pour les fonctions de l’exercice précédent,
Z 1 Z 1
lim sup fn = 1 , lim sup fn = sup {λ(E), 1 − λ(E)} < 1.
0 n→+∞ n→+∞ 0
9. Soit
fn (x) = ne−n|x| .
Vérifier que, pour tout x 6= 0,
lim fn (x) = 0.
n→+∞
12
Calculer ensuite Z +∞
lim fn (x) dx.
n→+∞ −∞
lim ne−n|x| = 0 si x 6= 0.
n→+∞
Cependant l’intégrale
Z +∞ Z +∞
−n|x|
ne dx = 2 e−nx ndx = 2
−∞ 0
Solution. On a
1
sup{fn (x) | x ∈ R} = .
n
Cependant l’intégrale Z +∞
fn = n
−∞
tend vers +∞.
11. Soit f ∈ L1 (R). Montrer que
Z
lim f = 0.
n→+∞ |x|>n
13
12. Soit f ∈ L1 (R). Est-il nécessairement vrai que
lim f (x) = 0?
|x|→+∞
où
4 1 1
n x−n+ 3 si n − ≤x≤n
n n3
fn (x) = 4 1 1
n n+ 3 −x si n ≤ x ≤ n + n3
n
0 autrement.
Alors
Z +∞ +∞
X 1
f= < +∞ , lim sup f (x) = +∞.
−∞ n2 x→+∞
n=2
car
lim sinn x = 0 presque partout sur R.
n→+∞
14
14. Calculer Z n
x n −2x
lim 1+ e dx.
n→+∞ 0 n
de telle sorte
Z b Z π/2 Z +∞
sin x sin x cos x
lim dx = dx − dx.
b→+∞ 0 x 0 x π/2 x2
on en déduirait que
+∞
sin2 x
Z
dx < +∞
π x
15
donc que
+∞
cos2 y
Z
dy < +∞
π/2 (y + π/2)
ce qui entraı̂nerait
+∞
cos2 y
Z
dy < +∞
π/2 y
et
+∞ +∞ +∞
cos2 x sin2 x
Z Z Z
dx
= dx + dx < +∞
π/2 x π/2 x π/2 x
ce qui est absurde.
16. Soient fn : E → R des fonctions mesurables positives qui décroissent
vers une fonction f : E → R. Montrer que
Z Z
lim fn = f
n→+∞ E E
donc Z Z Z Z
f1 − lim fn = f1 − f
E n→+∞ E E E
ce qui permet de conclure. L’hypothèse que f1 soit intégrable est es-
sentielle comme le montre l’exemple des fonctions fn = I[n,+∞[ .
17. Soient fn : E → R des fonctions intégrables qui croissent vers une
fonction f : E → R. Montrer que
Z Z
lim fn = f
n→+∞ E E
pour tout n ∈ N.
16
Solution. En vertu du théorème de la convergence monotone, on a
Z Z
lim (fn − f1 ) = (f − f1 )
n→+∞ E E
donc Z Z Z
lim fn − f1 = (f − f1 ).
n→+∞ e E E
On en déduit que Z Z
(f − f1 ) ≤ K − f1 .
E E
Ainsi les fonctions f − f1 et f = (f − f1 ) + f1 sont intégrables et
Z Z Z
(f − f1 ) = f− f1
E E E
17
En remplaçant fn par −fn dans ce raisonnement, on obtient
Z Z
lim inf (−fn ) ≤ lim inf (−fn )
E n→+∞ n→+∞ E
c’est-à-dire Z Z
lim sup fn ≤ lim sup fn .
n→+∞ E E n→+∞
20. Soient fn : E → R des fonctions mesurables qui convergent vers
une fonction f : E → R, gn : E → R des fonctions intégrables qui
convergent vers une fonction intégrable g : E → R et supposons que
|fn | ≤ gn pour tout n ∈ N. Montrer que dans ce cas
Z Z Z Z
lim fn = f pourvu que lim gn = g.
n→+∞ E E n→+∞ E E
donc Z Z Z Z
2g ≤ lim inf ( g + gn − |f − fn |)
E n→+∞ E E E
c’est-à-dire
Z Z Z Z
2g ≤ g + lim gn − lim sup |f − fn |
E E n→+∞ E n→+∞ E
et Z
lim sup |f − fn | ≤ 0
n→+∞ E
ce qui permet de conclure.
21. Montrer que
Z +∞ +∞
x X 1
dx = .
0 ex − 1 k2
k=1
18
22. Montrer que, quel que soit t > 0, la fonction x 7→ e−x xt−1 est intégrable
sur [0, +∞[.
Solution. Puisque la fonction exponentielle croı̂t plus vite que toute
puissance de son argument, à chaque t ∈ R correspond At > 0 tel que
At
e−x xt ≤ si x ≥ 1
x2
de telle sorte que
Z +∞ Z +∞
−x t−1 At−1
e x dt ≤ dx < +∞.
1 1 x2
D’autre part,
Z 1 Z 1
−x t−1 1
e x dx ≤ dx < +∞
0 0 x1−t
puisque t > 0.
23. Justifier la dérivation sous le signe intégral :
d +∞ −x t−1
Z Z +∞
e x dx = e−x xt−1 log x dx.
dt 0 0
où θx (t) ∈ [0, 1]. Puisque le logarithme croı̂t plus lentement que toute
puissance de son argument, à chaque ρ > 0 correspond Bρ > 0 tel que
log y ≤ Bρ y ρ si y ≥ 1
donc que
| log y| ≤ Bρ y −ρ si y ≤ 1.
On en déduit que
−x t+h+1 −x xt−1
−x 3t/2
e x
− e ≤ B1 e x si x ≥ 1
h Bt/4 e−x xt/4−1 si x ≤ 1
dès que |h| ≤ t/2. Cette dernière fonction étant intégrable sur [0, +∞[,
le théorème de la convergence dominée est applicable.
19
5 ESPACES DE LEBESGUE
1. Soit φ : (a, b) → R une fonction convexe. Montrer par récurrence sur
n que, quels que soient x1 , x2 , . . . , xn ∈ (a, b) et α1 , α2 , . . . , αn ∈]0, 1[
tels que α1 + α2 + · · · + αn = 1, on a
n n
!
X X
φ αk xk ≤ αk φ(xk )
k=1 k=1
(Inégalité de Jensen).
Solution. Le cas où n = 2 est exactement la définition de convexité.
Supposant la formule pour n termes, on aura
n+1 n
! !
X X αk
φ αk xk = φ (1 − αn+1 ) xk + αn+1 xn+1
1 − αn+1
k=1 k=1
n
!
X αk
≤ (1 − αn+1 )φ xk + αn+1 φ(xn+1 )
1 − αn+1
k=1
n n+1
!
X X
≤φ αk xk + αn+1 φ(xn+1 ) = αk φ(xk )
k=1 k=1
n
!1/n n
Y 1X
ak ≤ ak ,
n
k=1 k=1
20
si x1 < αx1 + (1 − α)x2 < x2 (parce que sa dérivée est strictement
croissante), on ne peut avoir égalité dans l’inégalité précédente que si
a1 = a2 = · · · = an .
1 |f (x)| p 1 |g(x)| q
|f (x)g(x)|
= +
kf kp kgkq p kf kp q kgkq
21
Solution. Appliquant l’inégalité de Jensen avec n = 3 au logarithme
puis passant aux exponentielles, on obtient
Le choix
|f |p 1 |g|q 1 |h|r 1
x1 = p , α 1 = , x2 = q , α 2 = , x3 = r
, α3 =
kf kp p kgkq q khkr r
kf k∞ = lim kf kp .
p→+∞
Solution. On a évidemment
Z b 1/p
p
|f | ≤ kf k∞ (b − a)1/p
a
donc
lim sup kf kp ≤ kf k∞ .
p→+∞
Par suite,
lim inf kf kp ≥ kf k∞ .
p→+∞
22
Solution. Puisque
Z T
Z T 1/p Z T 1/q
p q
f g ≤ |f | |g| ≤ kf kp kgkq ,
0 0 0
on a Z T
1
lim f (s)g(s) ds = 0.
T →+∞ T 0
et
A
kf kp ≤ kf 0 kp .
p1/p
L’égalité aura lieu si et seulement si f (x) = cx et p = +∞.
9. Montrer que L2 (R) * L1 (R) et que L1 ([0, 1]) * L2 ([0, 1]).
Solution. Par exemple,
1
∈ L2 (R) \ L1 (R)
1 + |x|
et
1
√ ∈ L1 ([0, 1]) \ L2 ([0, 1]).
x
23
10. Discuter le cas d’égalité dans l’inégalité de Minkowski (lorsque 1 < p < +∞).
Solution. Si kf + gkp = kf kp + kgkp , il faut que |f + g| = |f | + |g|
presque partout sur E et que
|f | |g|
et
|f + g| |f + g|
12. Soit 0 < p < 1. Montrer que si f, g ∈ Lp (E), alors f + g ∈ Lp (E) mais
que l’inégalité
kf + gkp ≤ kf kp + kgkp
n’est plus nécessairement satisfaite.
Solution. On a
Cette inégalité peut devenir une égalité, par exemple, dans l’espace
L1/2 ([0, 1]), pour les fonctions
f = I(0,1/2) et g = I(1/2,1) .
24
13. On considère les fonctions fn : [0, 1] → R définies par
2nα+β x si 0 ≤ x ≤ 1/(2nα )
0 si 1/nα ≤ x ≤ 1.
(Inégalité de Tchebychev).
Si p = +∞, λ(Eδ,n ) = 0 dès que kfn − f kp < δ.
15. Soient 1 ≤ p, q ≤ +∞ des exposants conjugués, fn ∈ Lp (E) des fonc-
tions qui convergent au sens de Lp (E) vers une fonction f ∈ Lp (E) et
gn ∈ Lq (E) des fonctions qui convergent au sens de Lq (E) vers une
fonction g ∈ Lq (E). Montrer que
Z Z
lim fn gn = f g.
n→+∞ E E
25
Solution. Le résultat suit des inégalités suivantes :
Z Z Z
|fn gn − f g| ≤ |fn − f ||gn | + |f ||gn − g|
E E E
≤ kfn − f kp kgn kq + kf kp kgn − gkq
et du fait que
lim kgn kq = kgkq .
n→+∞
16. Montrer que les fonctions fn (x) = sin nx forment dans l’espace L2 ([−π, π])
une suite bornée (kfn k2 restent bornées) qui n’admet aucune suite par-
tielle convergente (au sens de L2 ([−π, π])).
Solution. D’une part
Z +π
sin2 nx dx = π.
−π
D’autre part, Z +π
(sin nx − sin mx)2 dx = 2π.
−π
lim kfn kp = kf kp .
n→+∞
|kfn kp − kf kp | ≤ kfn − f kp .
26
18. Soit f ∈ Lp (R) (1 ≤ p < +∞). Montrer que
Z +∞ 1/p
p
lim |f (x + h) − f (x)| dx = 0.
h→0 −∞
27
Solution. On peut supposer que p < +∞ (autrement, on intervertit
les rôles des fonctions f et g). On sait que, quel que soit x ∈ R, la
fonction t → |f (x − t)|p est intégrable et que
Z +∞ 1/p Z +∞ 1/p
p p
|f (x − t)| dt = |f (t)| dt .
−∞ −∞
khk∞ ≤ kf kp kgkq .
6 DÉRIVATION
1. Vérifier qu’une fonction φ : [a, b] → R est à variation bornée si et
seulement si son graphe est rectifiable, c’est-à-dire si et seulement si
les sommes
n p
X
σ(φ, P) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
k=1
donc
s(φ, P) ≤ σ(φ, P) ≤ s(φ, P) + (b − a).
28
2. Soit φ : [a, b] → R une fonction à variation bornée. Si P = {x0 , x1 , . . . , xn }
est une partition de l’intervalle [a, b], soient
n
X
p(φ, P) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))+ ,
k=1
Xn
n(φ, P) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))−
k=1
et posons
Montrer que
et que
pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b]) = var(φ, [a, b]).
Solution. On a
n
X
φ(b) − φ(a) = (φ(xk ) − φ(xk−1 ))
k=1
n
X n
X
= (φ(xk ) − φ(xk−1 ))+ − (φ(xk ) − φ(xk−1 ))−
k=1 k=1
= p(φ, P) − n(φ, P).
La relation
p(φ, P) = n(φ, P) + (φ(b) − φ(a))
implique
pos(φ, [a, b]) ≤ neg(φ, [a, b]) + (φ(b) − φ(a))
et la relation
n(φ, P) = p(φ, P) − (φ(b) − φ(a))
implique
neg(φ, [a, b]) ≤ pos(φ, [a, b]) − (φ(b) − φ(a))
ce qui démontre la première équation.
29
Pour démontrer la seconde, observons d’abord que
s(φ, P) = p(φ, P) + n(φ, P) ≤ pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b])
donc que
var(φ, [a, b]) ≤ pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b]).
D’autre part, en vertu de ce qui précède,
var(φ, [a, b]) ≥ s(φ, P) = p(φ, P) + n(φ, P)
= 2 p(φ, P) − (φ(b) − φ(a))
= 2 p(φ, P) − (pos(φ, [a, b]) − neg(φ, [a, b]))
ce qui implique
var(φ, [a, b]) ≥ 2 pos(φ, [a, b]) − (pos(φ, [a, b]) − neg(φ, [a, b]))
= pos(φ, [a, b]) + neg(φ, [a, b]).
30
4. Vérifier que la fonction
(
x−1/3 si x 6= 0,
f (x) =
0 si x = 0.
est intégrable sur [−1, 1] et déterminer la variation de son intégrale
définie Z x
F (x) = f (t) dt
−1
sur cet intervalle.
Solution. La fonction f étant impaire,
Z 1 Z 1
|f (x)| dx = 2 x−1/3 dx = 3.
−1 0
La fonction
3
F (x) = (x2/3 − 1)
2
étant paire, décroissante sur [−1, 0] et croissante sur [0, 1] et la varia-
tion étant une fonction additive de l’intervalle,
var(F, [−1, 1]) = var(F, [−1, 0]) + var(F, [0, 1])
= 2 var(F, [0, 1]) = 2(F (1) − F (0)) = 3.
5. Montrer que la fonction continue φ(x) qui coı̈ncide avec x sin 1/x
lorsque x 6= 0 n’est à variation bornée sur aucun intervalle contenant
0.
Solution. En vertu de l’additivité finie de la variation et du fait que la
fonction considérée est paire, il suffit de voir que la variation de φ sur
l’intervalle [0, 2/π] (par exemple) est infinie. Considérons la partition
particulière Pn
2 2 2 2
Pn = {0, , , . . . , , }.
(2n + 1)π (2n − 1)π 3π π
Pour la somme correspondante, on a
n
X 2 (2k + 1)π 2 (2k − 1)π
(2k + 1)π sin
− sin
2 (2k − 1)π 2
k=1
X n
2 (2n + 1)π
≥ 2 4k
+ sin
(2n + 1)π 2 π (2k + 1)(2k − 1)
k=1
31
6. Représenter sur l’intervalle [0, 2π] la fonction sin x comme la différence
de deux fonctions croissantes.
Solution. En utilisant l’additivité finie de la variation, on obtient pour
la variation V (x) associée à la fonction sin x l’expression
sin x
si 0 ≤ x ≤ π2
V (x) = 2 − sin x si π2 ≤ x ≤ 3π 2
4 + sin x si 3π ≤ x ≤ 2π
2
et
sin x = V (x) − (V (x) − sin x)
est une représentation possible.
7. Soit Q = {q1 , q2 , q3 , . . .} une énumération des nombres rationnels.
Montrer que la fonction
X 1
φ(x) =
q <x
2n
n
32
En déduire l’inégalité
Z b
1
|φ| ≤ |φ(a)| + var(|φ|, [a, b]).
b−a a
donc
s(φ, P) ≤ lim inf var(φn , [a, b])
n→+∞
et
var(φ, [a, b]) ≤ lim inf var(φn , [a, b]).
n→+∞
10. Calculer les nombres de Dini D+ φ(0), D+ φ(0), D− φ(0) et D− φ(0) pour
la fonction
φ = (IQc ]−∞,0] + 2 IQc ]0,+∞[ ) − (IQ ]−∞,0] + 2 IQ ]0,+∞[ ).
Solution. On a
φ(h) − φ(0) φ(h) + 1
D+ φ(0) = lim sup = lim sup = +∞,
h↓0 h h↓0 h
et de façon semblable
D+ φ(0) = −∞ , D− φ(0) = +∞ , D− φ(0) = 0.
33
11. Montrer qu’une fonction est absolument continue sur tout intervalle
dans lequel elle admet une dérivée bornée.
Solution. En vertu du théorème des accroissements finis, quels que
soient u, w dans l’intervalle [a, b] où la fonction φ admet une dérivée
bornée, il existe v ∈]u, w[ tel que
φ(w) − φ(u) = φ0 (v)(w − u).
Par suite,
n
X n
X
|φ(xk ) − φ(xk−1 )| ≤ kφ0 k∞ (xk − xk−1 ).
k=1 k=1
12. Montrer que la fonction continue φ(x) qui coı̈ncide avec x2 sin 1/x
lorsque x 6= 0 est absolument continue.
Solution. Application de l’exercice précédent. Si x 6= 0,
1 1
φ0 (x) = 2 x sin − cos
x x
alors que
x2 sin 1/x
φ0 (0) = lim = 0.
x→0 x
13. Soit φ : [a, b] → R une fonction croissante. Montrer qu’elle peut s’écrire
sous la forme φ = φac + φs où φac est croissante absolument continue
et φs est croissante singulière, c’est-à-dire telle que φ0s = 0 presque
partout sur [a, b].
Solution. La fonction
Z x
φac (x) = φ0 (t) dt
a
est croissante, absolument continue et
φ0ac (x) = φ0 (x)
presque partout sur l’intervalle [a, b]. La relation
Z x2
φ0 (t) dt ≤ φ(x2 ) − φ(x1 )
x1
34
14. Montrer qu’une fonction convexe φ : R → R est absolument continue
sur tout intervalle compact [a, b].
Solution. On sait que si x1 < x2 < x3 < x4 ,
φ(x2 ) − φ(x1 ) φ(x3 ) − φ(x2 ) φ(x4 ) − φ(x3 )
≤ ≤
x2 − x1 x3 − x2 x4 − x3
de telle sorte que si a ≤ x < y ≤ b,
φ(y) − φ(x)
φ(a − 1) − φ(a − 2) ≤ ≤ φ(b + 2) − φ(b + 1).
y−x
On en déduit que
|φ(y) − φ(x)|
≤ sup{|φ(a − 1) − φ(a − 2)|, |φ(b + 2) − φ(b + 1)|} = K.
|y − x|
Ainsi, quelle que soit la partition P = {x0 , x1 , x2 , . . . , xn } de l’inter-
valle [a, b],
Xn
|φ(xk ) − φ(xk−1 )| ≤ K(b − a).
k=1
k=1
n
X
≤ |φ(xk ) − φ(xk−1 )|
k=1
n
X
sup |φ0 (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 ).
≤
k=1
35
Puisque
Z b n
X
0
0
|φ | = sup inf |φ (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 )} | P
a k=1
n
X
sup |φ0 (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 )} | P
= inf
k=1
on peut choisir une partition P telle que
Xn
sup |φ0 (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 )
k=1
n
X
inf |φ0 (x)| | xk−1 ≤ x ≤ xk (xk − xk−1 ) < ,
−
k=1
ce qui implique que
Z b
0
var(φ, [a, b]) − |φ |
≤
a
donc que
Z b
var(φ, [a, b]) = |φ0 |
a
dans ce cas.
Dans le cas général, introduisons une fonction g ∈ C([a, b]) telle que
Z b
|φ0 − g| < .
a 2
Pour la fonction Z x
G(x) = φ(a) + g(t) dt,
a
on a Z b
var(G, [a, b]) = |g|.
a
Maintenant,
X n n
X
|φ(xk ) − φ(xk−1 )| − |G(xk ) − G(xk−1 )|
k=1 k=1
Xn
≤ |(φ(xk ) − φ(xk−1 )) − (G(xk ) − G(xk−1 ))|
k=1
n Z xk n Z xk
X
0
X
= (φ − g) ≤ |φ0 − g| < .
2
xk−1 xk−1
k=1 k=1
36
On en déduit que
|var(φ, [a, b]) − var(G, [a, b])| ≤
2
puis que
Z b
0
var(φ, [a, b]) − |φ | ≤ |var(φ, [a, b]) − var(G, [a, b])|
a
Z b Z b Z b
0
+ var(G, [a, b]) −
|g| +
|g| − |φ |
a a a
Z b
≤ +0+ |φ0 − g| <
2 a
ce qui entraı̂ne
Z b
var(φ, [a, b]) = |φ0 |.
a
`φ = sup{σ(φ, P) | P}
donc
n
X q
0 2
inf 1 + φ (x) | xk−1 | ≤ x ≤ xk
k=1
Xn p
≤ (φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
k=1
Xn q
≤ sup 1+ φ0 (x)2 | xk−1 | ≤ x ≤ xk .
k=1
37
La partition P étant arbitraire, on en déduit comme dans l’exercice
précédent que
Z bq
`φ = 1 + φ0 2
a
dans ce cas.
Dans le cas général, introduisons une fonction g ∈ C([a, b]) telle que
Z b
|φ0 − g| < .
a 2
Pour la fonction Z x
G(x) = φ(a) + g(t) dt,
a
on a Z bp
`G = 1 + g2.
a
Maintenant, en utilisant la relation
√ √ |u − v|
| u − v| = √ √ ,
u+ v
on voit que
n
Xp
(φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
k=1
n p
X
− 2 2
(G(xk ) − G(xk−1 )) + (xk − xk−1 )
k=1
n
X |(φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 − (G(xk ) − G(xk−1 ))2 |
≤ p p
k=1
(φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2 + (G(xk ) − G(xk−1 ))2 + (xk − xk−1 )2
n
X |(φ(xk ) − φ(xk−1 ))2 − (G(xk ) − G(xk−1 ))2 |
≤
|φ(xk ) − φ(xk−1 )| + |G(xk ) − G(xk−1 )|
k=1
n Z b
X
≤ |(φ(xk ) − φ(xk−1 )) − (G(xk ) − G(xk−1 ))| ≤ |φ0 − g| < .
a 2
k=1
On en déduit que
|`φ − `G | ≤
2
38
puis, comme précédemment, que
Z bq Z b q
2 2
p
|`φ − 1 + φ0 | ≤ + 0 + ( 1 + φ0 − 1 + g 2 )
a 2 a
Z b
≤ + |φ0 − g| < .
2 a
39
7 INTÉGRATION ABSTRAITE
{A1 , A2 , . . . , An } où A1 , A2 , . . . , An forment une partition de
1. Soit F = P
X (X = nk=1 Ak ). Déterminer T(F).
Solution. On a
X
T(F) = Aj | J ⊆ {1, 2, . . . , n}
j∈J
P
en convenant que j∈∅ Aj = ∅. En effet, T(F) doit contenir tous ces
ensembles et la bijection
X
J ←→ Aj
j∈J
Évidemment,
n
card (T(F)) ≤ 22 .
3. Soit F = {A, B}. Déterminer M(F) et T(F).
Solution. M(F) = F et, si AB 6= ∅, A B et B A, une application
de l’exercice précédent donne
T(F) = {AB, AB c , Ac B, Ac B c , A, B, Ac , B c , A + Ac B, A + Ac B c ,
Ac + AB, AB + Ac B c , AB c + Ac B, AB c + Ac B + Ac B c , ∅, X},
une tribu finie (= un clan) à 16 éléments.
40
4. Soient E ⊆ R et f : E → R une fonction mesurable (relativement à
la tribu de Lebesgue). Montrer qu’il existe une fonction g : E → R
borélienne (mesurable relativement à la tribu de Borel) qui coı̈ncide
presque partout (relativement à la mesure de Lebesgue) avec f .
Solution. Si f = IA est la fonction indicatrice d’un ensemble mesu-
rable,Tla représentation de A comme somme d’un ensemble borélien
B = k Fk et d’un ensemble de mesure nulle N permet de conclure
avec g = IB . Le résultat est donc vrai successivement pour une fonc-
tion f étagée, positive et mesurable quelconque.
5. Soient (X, T) un espace mesurable et E ⊆ X. Montrer que si f : E → R
est mesurable, c ∈ R et p > 0, les fonctions cf et |f |p sont mesurables.
Solution. Si c = 0,
(
X si α < 0,
{x | cf (x) > α} =
∅ sinon
alors que
α
{x | cf (x) > α} = {x | f (x) > }
c
si c > 0 et que
α
{x | cf (x) > α} = {x | f (x) < }
c
si c < 0.
Si α < 0,
{x | |f (x)|p > α} = X,
si α = 0,
{x | |f (x)|p > α} = {x | f (x) = 0}c
et si α > 0,
Vérifier que µ est une mesure sur R. Déterminer l’espace L1µ (R). Ex-
pliciter l’inégalité de Hölder.
41
Solution. On a X
µ(∅) = pk = 0.
xk ∈∅
42
En vertu du théorème sur la convergence monotone ou de celui sur la
convergence majorée, on a aussi
! Z
XZ
P
X X
µ Ek = |g| = |g| = µ(Ek ).
k k Ek k Ek k
43
9. La fonction F : R → [0, 1] croissant de 0 à 1 lorsque x croı̂t de −∞ à
+∞ et étant supposée continue à droite, on pose, pour E ⊆ R,
( )
X [
∗
µF (E) = inf (F (bk −) − F (ak )) | E ⊆ ]ak , bk [ ,
k k
entraı̂ne la relation
N
X
F (b) − F (a−) ≤ (F (bk −) − F (ak )).
k=1
a1 < a < a2 < b1 < a3 < b2 < · · · < aN −1 < bN −2 < aN < bN −1 < b < bN .
44
Alors
– La relation
]a, b] ⊆ ]a, b + [
entraı̂ne
µ∗F ( ]a, b]) ≤ F (b) − F (a)
et la relation
]a, b] ⊇ [a + , b]
entraı̂ne
µ∗F ( ]a, b]) ≥ F (b) − F (a).
– On a évidemment
et la relation
]a, b[ ⊇ ]a, b − ]
entraı̂ne
µ∗F ( ]a, b[ ) ≥ F (b−) − F (a).
– Soit [
A⊆ ]ak , bk [
k
avec X
(F (bk −) − F (ak )) ≤ µ∗F (A) +
k
et posons
45
Alors
X X
µ∗F (A ]a, +∞[ ) + µ∗F (A ]a, +∞[c ) ≤ µ∗F (Ik0 ) + µ∗F (Ik00 )
k k
X
= (F (bk −) − F (ak )) ≤ µ∗F (A) + .
k
8 INTÉGRALES ITÉRÉES
1. Soient f, g : R → R des fonctions mesurables. Montrer que la fonction
(x, y) 7→ f (x) + g(y) est mesurable (relativement à la tribu produit).
Solution. La fonction (x, y) 7→ f (x) est mesurable puisque
e ⊆ R2 défini par
3. À E ⊆ R associons l’ensemble E
e = {(x, y) | x − y ∈ E}
E
et considérons la famille
T = {E ∈ B | E
e ∈ B2 }.
Montrer que T = B.
46
Solution. Les relations
c
c) = E ^ [f
[
(E
g e et Ek = Ek ,
k k
qui sont aisément vérifiées, entraı̂nent que T est une tribu. Puisque
la fonction (x, y) 7→ x − y est continue, O e est ouvert quel que soit
l’ensemble ouvert O. Cela assure que B ⊆ T donc que B = T.
4. Déduire du théorème de Tonelli et de la relation
Z +∞ Z +∞
−z 2 2 2
e dz = xe−x y dy si x > 0
0 0
que Z +∞
2 /2 √
e−x dx = 2π.
−∞
5. Calculer
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1 Z 1Z 1
dx f (x, y) dy , dy f (x, y) dx et |f (x, y)| dxdy
0 0 0 0 0 0
pour la fonction
x2 − y 2
f (x, y) = .
(x2 + y 2 )2
Solution. Puisque
x2 − y 2
d y d −x
= 2 = ,
dy x2 + y 2 (x + y 2 )2 dx x2 + y 2
on a Z 1 Z 1 Z 1
dx π
dx f (x, y) dy = 2
= ,
0 0 0 1+x 4
47
Z 1 Z 1 Z 1
dy π
dy f (x, y) dx = − 2
=−
0 0 0 1+y 4
et
Z 1Z 1
|f (x, y)| dxdy
0 0
Z 1 Z y 2 Z 1 2
y − x2 x − y2
= dy 2 2 2
dx + 2 2 2
dx
0 0 (x + y ) y (x + y )
Z 1
1 1
= − dy = +∞.
0 y 1 + y2
et en déduire la valeur de
1
yb − ya
Z
dy.
0 log y
et en déduire que Z A
sin x π
lim dx = .
A→+∞ 0 x 2
48
Solution. On a d’une part
Z A Z A Z A
−xy sin x
1 − e−Ax dx
dx e sin x dy =
0 0 0 x
Z +∞
sin x
−→ dx
0 x
lorsque A −→ +∞ puisque, par convergence dominée,
Z A
sin x −Ax
e dx −→ 0.
0 x
D’autre part, en intégrant par parties par rapport à x,
9 APPLICATIONS
1. Soit f ∈ L12π . Montrer que
lim ck (f ) = 0.
|k|→+∞
Solution. Si f estPcontinue sur [−π, π[, elle est de carré intégrable sur
[−π, π[. La série +∞ 2
−∞ |ck (f )| est donc convergente. En particulier,
lim ck (f ) = 0.
|k|→+∞
49
Alors
+π
Z
1 −ikt
|ck (f )| = f (t)e dt
2π −π
+π
Z Z +π
1 1
(f (t) − g(t))e−ikt −ikt
≤ dt + g(t)e dt
2π −π 2π −π
Z +π
1
≤ |f − g| + |ck (g)| <
2π −π
Solution. On a
Z +π
1 π −ikt
2ck (f ) = f (t) − f t − e dt,
2π −π k
Z +π
1 π π −ikt
2ck (f ) = − f t− −f t−2 e dt,
2π −π k k
...,
Z +π
1 π π −ikt
2ck (f ) = − f t − (2k − 1) − f t − (2k) e dt.
2π −π k k
Donc
Z +π 2k−1
1 X π π −ikt
4kck (f ) = (−1)j f t − j − f t − (j + 1) e dt
2π −π k k
j=0
et
Z +π 2k−1
1 X π π
|4kck (f )| ≤ f t − j − f t − (j + 1) dt ≤ var(f, [−π, π]).
2π −π k k
j=0
50
Solution. On a
+π
2π 2
Z
1
c0 (f ) = (π 2 − x2 ) dx =
2π −π 3
et, si k 6= 0,
Z +π
1 2
ck (f ) = (π 2 − x2 )e−ikx dx = (−1)k+1
2π −π k2
2π 2 X 2
+ (−1)k+1 2 eikx ,
3 k
k6=0
Solution. On a
i(−1)k+1
c0 (f ) = 0 et ck (f ) = si k 6= 0.
k
51
Le théorème de Dirichlet étant applicable,
+∞
X 2
x= (−1)k+1 sin kx si − π < x < π.
k
k=1
on trouve
Z +π Z +π
1 1
ak (f ) = f (t) cos kt dt, bk (f ) = f (t) sin kt dt
π −π π −π
(y compris pour a0 (f )) et
+∞ Z +π
1 X 1
a0 (f )2 + (ak (f )2 + bk (f )2 ) = |f |2 .
2 π −π
k=1
lim ξ N fˆ(ξ) = 0.
|ξ|→+∞
52
En déduire que, si f ∈ L1C (R),
lim fˆ(ξ) = 0.
|ξ|→+∞
Solution. On a, si ξ 6= 0,
Z +∞
1
fˆ(ξ) = √ e−|t| e−iξt dt
−∞2π
r Z +∞ r
2 1 +∞ −t
Z
2 −t
= e cos ξt dt = e sin ξt dt
π 0 π ξ 0
r Z +∞
2 1 −t
= 1− e cos ξt dt .
π ξ2 0
53
en intégrant par parties deux fois. On en déduit que
r
2 1
fˆ(ξ) = .
π 1 + ξ2
Cette tranformée de Fourier étant intégrable, la formule d’inversion de
Fourier s’applique et donne
Z +∞
cos ξx π
2
dξ = e−|x| .
0 1+ξ 2
En déduire la valeur de
+∞
sin2 x
Z
dx.
0 x2
∗ g = fˆĝ
9. Calculer la convolution I[−1,1] ∗ I[−1,1] et vérifier l’équation f[
dans ce cas.
Solution. En distinguant suivant les valeurs de x, on obtient
Z 1
1 1
I[−1,1] ∗ I[−1,1] (x) = √ I[x−1,x+1] (t) dt = √ (2 − |x|) I[−2,2] (x).
2π −1 2π
1 − cos 2ξ 2 sin2 ξ
= .
πξ 2 πξ 2
54
10. Montrer que si f, g ∈ L2C (R) on a
Z +∞ Z +∞
f (x)ĝ(x) dx = fˆ(x)g(x) dx.
−∞ −∞
55
Solution. On a
Z +π
1
ˆ
ck (f ) = fˆ(t)e−ikt dt
2π −π
Z +∞
1 1 1
=√ √ fˆ(t)e−ikt dt = √ f (−k).
2π 2π −∞ 2π
on a r
+π
2 1 − cos πx
Z
1 iξx
f (x) = √ (π − |ξ|)e dξ =
2π −π π x2
de telle sorte que la formule est applicable et donne
56