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ET SI ON PARLAIT DE LA PUNITION….
Essayons quelque chose…
• Mettez-vous dans votre peau lorsque vous étiez enfant ?
• Qu’est-ce que le mot “punition” représentait pour vous ?
• Quelles sont les émotions qu’il éveillait en vous ?
Eh bien, vos réponses ne doivent pas être éloignées de ce que ce mot incarne pour
nos élèves.
En règle générale pour les élèves, la punition est quelque chose qui peut tomber de
manière aléatoire dont l’objectif est de leur faire payer leurs erreurs. Ils ont dérangé l’adulte qui
en retour les mettra dans une situation d’inconfort, c’est donc quelque part un moyen pour
l’adulte de se venger de l’attitude d’un élève.
La punition a donc trait à quelque chose d’arbitraire qui dépend de l’humeur de
l’enseignant. Cette vision de la punition en fait une sorte de règlement de compte
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personnel qui n’aura en règle générale que des effets négatifs étant donné qu’elle vous fait
rentrer dans un rapport de force.
D’ailleurs, cette vision n’est pas complètement éloignée de la réalité. En y regardant de
plus près, parents et enseignants ont souvent tendance à punir lorsqu’ils sont excédés et
dépassés par une situation.
Les punitions données dans ce cadre de débordement émotionnel sont en général
contre-productives. Le seul avantage est que cela a un effet dissuasif à court terme sur l’élève
et sur la classe. En revanche, les effets à long terme sont négatifs. Pour couronner le tout,
utilisées de manière excessive, les punitions n’auront même plus l’effet escompté.
La punition n’est donc pas synonyme de justice pour les élèves et éveille des émotions
négatives qui selon le profil de l’élève varient de la peur à la rancœur, la colère, la
dévalorisation de soi ou encore le dépit.
VOICI LES CONSÉQUENCES POTENTIELLES DE PUNITIONS DONNÉES DANS
CE CADRE-LÀ (À COURT TERME):
• L’élève se renferme et se recroqueville sur sa table.
• L’élève rétorque ou vous tient tête “Je n’étais pas le seul à parler” ou “C’est lui qui a
commencé » avec un risque d’escalade qui quel que soit l’issue n’est jamais à l’avantage
de l’enseignant.
• L’élève tentera de se dissimuler davantage la prochaine fois, il n’y aura donc pas de
remise en question de sa part.
• L’élève se sent humilié et cela touche à son estime de lui-même.
Tout ceci génère une dégradation de la qualité de la relation avec les élèves et vous
semblez injuste à leurs yeux (que cela soit vrai ou pas) ce qui constitue de toute manière
un frein dans la bonne gestion d’une classe. Les effets négatifs d’un environnement répressif
et punitif sont extrêmement nombreux.
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ENSEIGNER ET RESPONSABILISER AVANT DE
PUNIR ET SANCTIONNER
Cela consiste donc à considérer les comportements inappropriés des élèves et toutes ces
situations « gênantes » comme des opportunités d’apprentissage. Ce ne sont que des
occasions qui vont vous permettre de leur transmettre quelque chose. Envisager la situation
de cette manière vous permettra d’y réagir de manière plus adaptée plutôt que de la subir comme
si elle était le fruit de l’irrespect des élèves ou d’un échec personnel.
Gardez comme objectif d’enseigner à l’élève plutôt que de le mettre dans une situation
inconfortable et vous réagirez naturellement de manière plus proactive. Les élèves verront
qu’au travers de votre autorité il y a une volonté de leur apporter et une implication de votre
part même s’il vous faut sanctionner pour cela.
C’est pourquoi je préfère utiliser le mot conséquence plutôt que punition qui accentue
l’idée de lien entre le comportement de l’élève et la conséquence qui s’appliquera.
Je ne dis pas que lorsque vous appliquerez une conséquence votre élève sautera de joie
mais un élève sent rapidement quand un enseignant fait quelque chose qui est dans son
intérêt ou pas. Cette petite nuance fait toute la différence. Soit dit en passant, les enseignants
préférés des élèves ne sont pas forcément les plus “souples” mais souvent ceux qui allient
exigence et bonne relation avec leurs élèves.
Pour appuyer cela, je citerai une thèse développée par Stéphanie Leloup sur
les représentations du professeur idéal dans son rapport avec ses élèves. Deux
caractéristiques y étaient citées par une majorité d’élèves :
• Son bon contact avec les élèves (relation positive)
• Le fait qu’il sache tenir sa classe (exigence et fermeté)
Eh oui, malgré les apparences nos élèves sentent souvent intuitivement ce qui est
bon pour eux.
La conséquence est un terme déjà utilisé en anglais dans ce cadre-là. À quoi ce mot fait-il
référence ? C’est ce que vous allez découvrir tout de suite …
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Les conséquences naturelles sont très efficaces pour enseigner. C’est d’ailleurs grâce à
celles-ci que se forgent bon nombre de nos connaissances et compétences. Accepter les
conséquences de ses actes, c’est devenir responsable. (Éveil Oriental)
Les conséquences formatives
À l’inverse, celles-ci demandent une intervention de l’adulte. Elles s’appliqueront
dans les situations où vous estimez qu’il est vraiment nécessaire d’intervenir.
Maintenant, la question que l’on peut se poser est la suivante :
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POUR CONCLURE…
Vous me rejoindrez sûrement sur le fait qu’il est indispensable de réagir dans certaines
situations mais apprendre à réagir de la bonne manière et au bon moment le sont tout
autant. Il faut dans la mesure du possible que l’élève puisse tirer un enseignement de cette
réaction même si celle-ci lui est désagréable dans un premier temps.
Appliquer une conséquence efficacement est accessible à chacun avec l’expérience,
les outils et une approche adaptée. On peut toujours évoluer et s’améliorer, c’est d’ailleurs la
magie de notre métier.
N’oublions pas de souligner que nous, enseignants, sommes humains et que nous
n’aurons pas toujours la réaction adéquate. Il y a en effet d’autres facteurs entrent en jeu : notre
degré de fatigue, nos problèmes personnels, les profils d’élèves qui nous font face.
Améliorons notre approche sans chercher à être infaillible car comme pour nos
élèves… nos erreurs sont aussi des opportunités d’apprentissage. L’échec n’est qu’une
opportunité pour recommencer la même chose plus intelligemment. (Henry
Ford).