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Les outils de gestion de

conflit dans ma classesa classe


Par Johana De Geest, enseignante.
Johana De Geest a suivi un module de formation consacré à la gestion de
conflits en classe (thèmes abordés : techniques d’écoute, règles et sanctions,
méthode du « SIREP »…). Elle nous livre sa réflexion de fond sur les outils
partagés, en lien avec ses expériences « sur le terrain ».

1. La « météo du moral » [météo des émotions]


Généralement, je prends le temps d’écouter les enfants afin qu’ils expriment leurs
émotions. Il est primordial de savoir dans quel état d’esprit ils commenceront leur
journée. C’est un rituel qui a lieu tous les matins. Cependant, il prend généralement
pas mal de temps et n’a lieu qu’une seule fois par jour. Cela vaudrait la peine
d’instaurer la météo du moral car c’est un moyen rapide et efficace de connaitre
l’état d’esprit des enfants. Ce rituel pourrait aussi avoir lieu après une récréation où
un temps de midi car l’état émotionnel de l’enfant pourrait changer au cours de la
journée.

2. Les outils de temps


La règle des cinq secondes : j’ai testé cet outil qui consiste à attendre 5 secondes
avant de répondre à une « agression froide » (qui vise à manipuler, dominer…). Au
départ, cela me paraissait interminable mais c’est efficace!
Il faut (en moyenne) quinze minutes pour qu’une émotion retombe : je laisse
maintenant ce laps de temps à l’enfant avant d’entamer une discussion avec lui.
Lorsque l’enfant est très énervé ou très triste, je lui laisse davantage de temps pour
se calmer.

3. Le SIREP
J’avais besoin d’une aide écrite pour m’aider à gérer les conflits entre enfants. Cette
méthode me parle beaucoup (STOP – Identification du problème – Recherche de
solutions – Evaluation des solutions proposées – Planification concrète). C’est clair
et concis. Il y a juste l’étape « J’exprime mes besoins » que j’hésite à mettre en place
car je trouve que pour un enfant ce n’est pas toujours évident à exprimer.

4. La conception et le respect de règles


Ce n’est pas parce qu’un individu ne respecte pas la règle que c’est voulu. C’est
pourquoi, lorsque je définirai des règles de vie avec les élèves, je veillerai à
respecter les 6C (claire-connue-comprise-constante-congruente-conséquente).
L’idée de placer des pictogrammes dans la cour de récréation me plait
beaucoup. Elle donne un rappel visuel de la règle. Mais il ne faut pas en donner de
trop sinon cela devient flou.
Je tiendrai évidemment compte des 6S de la règle (scinde l’acte et la personne-
sensée-situationnelle-suffisamment inconfortable-solution-suivie de communication)
en lien avec les 6C.
Les règles sont au service du bon fonctionnement dans un groupe. Elles sont en lien
avec nos valeurs. Il est primordial de communiquer lorsqu’on applique des sanctions.
Pour établir une règle, il est intéressant de s’interroger sur nos valeurs. A partir de
celles-ci, on peut établir des comportements à avoir. Ce n’est pas si évident que cela
en a l’air car la charte doit être établie en tenant compte de comportements
observables. Je vais donc faire part à mes collègues de l’importance de la
conception des « règles ».

5. Le STOP (issu du code de vie)


Il est présent dans la classe. J’ai expliqué aux élèves que s’ils n’avaient pas envie de
faire quelque chose, c’était leur droit mais qu’ils ne devaient pas perturber les autres.

6. Les comportements violents et les émotions


Je retiens le schéma des comportements violents chez la personne. Ce schéma
me permet de prendre du recul sur l’origine de cette violence et sur les outils qui
permettraient de l’éviter. J’ai tendance à ne voir que l’acte. J’apprends maintenant à
remonter jusqu’à l’émotion, jusqu’au besoin. Je distingue mieux l’acte violent du
besoin et des émotions qu’il y a derrière.
J’ai également appris à identifier plus facilement des violences
chaudes (impulsivité, agressivité, coups) et froides (dominance). Ne sachant pas
toujours comment réagir face à celles-ci, j’ai compris après qu’avoir une attitude
impassible face à ce comportement « froid » montre à l’enfant qu’il n’avait pas de
prise sur nous.
Tous les enseignants devraient être au courant des « attitudes à avoir » dans des
situations difficiles. On aurait moins de profs détruits, déprimés, dépassés par leurs
élèves…
Il est essentiel de valoriser un enfant sur ses comportements positifs afin qu’il soit
conscient de la valeur de son geste. Cela va nourrir l’estime de soi. Cela s’appelle la
reconnaissance positive. Cette attitude positive est souvent utilisée dans notre école.
Je n’hésite pas à féliciter un élève pour une toute petite chose. Le fait de réparer un
comportement inadéquat permet à l’élève d’assumer ses responsabilités et de se
sentir moins coupable. J’utilise la « réparation » lorsqu’un élève a causé du tord à
quelqu’un. J’essaye que celle-ci ait un lien direct avec le comportement inadéquat.
La victime décide alors d’accepter ou non la proposition de réparation.

7. L’écoute
Pour aider l’autre à communiquer et prendre en compte son émotion, j’ai appris qu’il
existait l’écoute passive. Il s’agit d’adopter une posture particulière (contact visuel,
hochement de tête, sourire…) accompagnée de courtes interventions verbales (« Je
vois », mmmmh).
Il est important de ne pas couper la parole à l’autre. Il faut que l’autre personne se
sente écoutée (se mettre à la hauteur de l’élève par exemple). Attention, ce type
d’écoute est limité dans le temps.
En fonction de ma posture, je suis présent ou pas. Lorsque je parle, la personne peut
se synchroniser (être dans l’imitation) ou se désynchroniser (ne pas me regarder).
L’écoute « active », c’est la reformulation du message et l’écoute de l’émotion. Pour
cela, il est nécessaire de reformuler le contenu verbal, de faire une hypothèse sur
l’émotion de l’autre sous forme de question, attendre une correction ou une
confirmation par l’autre. Ce type d’écoute permet d’avoir confiance, d’aider l’autre à
clarifier ses idées et à trouver des solutions, à diminuer la tension et à ressentir les
émotions.
Certaines émotions sont visibles sans même que la personne ne dise un mot. Il suffit
de regarder son visage.
 joie (vers le haut)
 tristesse (vers le bas)
 peur (en arrière)
 colère (en avant)
 dégoût (se boucher les orifices)

8. La reformulation du message
Il s’agit de redire l’essentiel du message. Il y a différents indices qui permettent de
repérer ce qui est le plus important: la voix de la personne lors de certains passages
(intonation), la fin du message est souvent essentiel, la répétition de l’information
dans le message. Il faut redire le message en utilisant des mots comme « si je te
comprends bien… », « donc, pour toi… »…
On ne peut pas se tromper car en reformulant on peut poser une question à la
personne. La reformulation donne le sentiment à la personne qui parle d’être
écoutée. Je crois que reformuler est fort important car cela permet de mieux
comprendre la personne pour pouvoir l’aider au mieux par la suite.

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