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APPRENDRE À
PRÉPARER UN
COURS
MANUEL DE PÉDAGOGIE À L’USAGE DES ENSEIGNANTS
APPRENDRE
À PRÉPARER
UN COURS
Avant-propos
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INTRODUCTION
INTRODUCTION Ce manuel a pour ambition de faire entrer le lecteur dans le monde de l’enseignant
– que celui-ci soit maître d’école primaire, d’école secondaire ou d’école supé-
1. La place de l’école dans la société rieure, qu’il s’adresse à des petits, à des adolescents ou à des adultes – et de met-
2. Enseigner-Apprendre, une relation ambiguë tre en lumière les règles de base pour qu’apprendre et enseigner riment avec plai-
sir. Gageure? Évidemment! Provocation? Pas du tout.
Les règles de base sont indépendantes des contextes, peu nombreuses et sim-
ples. Le présent format de publication convient donc parfaitement pour les expo-
ser et les commenter brièvement.
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ce n'est pas l'enseignement, c'est l'apprentissage, et celui-ci ré- Enseigner-Apprendre, une relation ambiguë
pond à des lois immémoriales.
On ne le dira jamais assez: on n’a pas obligatoirement besoin
Lorsque l’école va mal – et c’est souvent le cas – c’est toujours d’enseignants pour apprendre ce qu’on veut – ou doit – appren-
parce qu’on a oublié que la seule chose qui compte, c'est l'appre- dre! Recourir à une école n’est qu’une possibilité parmi d’autres.
nant et non l'enseignant ou le programme. «On», ce sont les en- Un diagramme connu sous le nom de triangle de Houssaye, du
seignants, mais aussi les directions, les parents, les décideurs po- nom d'un pédagogue qui l'a fait connaître, montre bien la relation
litiques, les journalistes et tous ceux qui alimentent polémiques et "à trois" existant entre l'enseignant, l'apprenant et les savoirs à
débats sur l'école. Pour notre part, nous nous focaliserons unique- apprendre. Il met en évidence la relation directe au savoir qui ne
ment sur les mécanismes de l’apprentissage et la question à la- passe pas par un enseignant.
quelle nous désirons donner une réponse est "Comment ensei-
gner pour que l’apprentissage soit le plus efficace possible?", et
cela tout à fait indépendamment de la matière à faire apprendre.
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d’avance? Par tranches de 45 minutes réparties aléatoirement XIXe siècle. Cela débouche sur d’autres pratiques d’enseigne-
dans la semaine? L’immense majorité des choses que vous savez ment, d’autres espaces d’apprentissages, d’autres finalités, d’au-
ou savez faire, vous l’avez apprise tout autrement. "Pas toujours tres rapports enseignants-apprenants.
avec plaisir!" ferez-vous remarquer, si vous êtes malicieux. Exact,
L’idée de ce petit manuel – on l’aura compris – est de contribuer
mais si on veut contribuer à l’émergence d’adultes responsables,
à la mise en place de telles pratiques. Son ambition est de per-
les pratiques coercitives ou rébarbatives ne sont pas recomman-
mettre aux enseignants qui veulent créer l’école de demain de sa-
dables.
voir comment s’y prendre dès aujourd’hui.
Les écoles publiques, avec leurs règles de fonctionnement, leurs
programmes d’enseignement et leurs pratiques de sélection,
c’est la réponse donnée par la classe politique à la question sui-
vante: Comment faire pour que l’éducation nécessaire au bon
fonctionnement de la société puisse être assurée?
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Étape 1
Vous avez un cours à donner? Prenez une feuille blanche et notez avec précision
ce que vos étudiants devront savoir ou savoir faire à la fin de votre cours. Cela se
STRUCTURE DE LA SECTION
rédige ainsi: "À la fin du cours, les participants seront capables de..."
1. Qu’est-ce qu’un objectif pédagogique?
2. Quelles sont les conditions à remplir pour Qu’est-ce qu’un objectif pédagogique?
qu’il y ait apprentissage?
On parle, dans le monde de la formation, d'objectifs pédagogiques pour décrire ce
3. Objectifs généraux et objectifs subsidiaires
que celui qui apprend (l'apprenant, donc) saura à la fin d'un cours, au terme d'une
4. Comment définir un objectif pédagogique? formation. Du point de vue de l'enseignant, les objectifs de l'action envisagée (son
cours) sont donc à atteindre non pas par lui-même, mais par les apprenants. Un
5. Exemples d’objectifs
enseignant atteint ses objectifs lorsque ses étudiants atteignent les leurs.
6. Recommandations et suggestions
Ceci est absolument fondamental mais en même temps ex-
7. Quelques conseils trêmement difficile à comprendre pour la majorité des ensei-
gnants, lesquels considèrent que leur objectif, pour un
cours donné, est d "aborder tel sujet", "traiter tel autre",
«donner son cours». En d'autres termes, ils indiquent ce
qu'eux-mêmes se proposent de faire et pas du tout ce
que leurs étudiants doivent être capables de faire à la
fin du cours. On peut ainsi arriver au résultat suivant:
l'enseignant estime avoir «donné» correctement son cours
et personne n'a rien appris. C'est exagéré? Pas du tout!
Cela se produit à tous les niveaux de formation, y compris
à l'université.
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En général, cette incapacité de l'enseignant à déterminer correcte- C'est une jolie façon de résumer les choses. Les études récentes
ment des objectifs d'apprentissage s'accompagne de l'affirma- qui ont porté sur la motivation n'ont pas contredit ce point de
tion maintes fois entendue: "Si les élèves ne retiennent pas ce vue.
que j'ai expliqué, c'est leur problème". Cette croyance repose sur
un double présupposé: a) que les apprenants peuvent compren- On se rendra compte aussi, immédiatement, que pour remplir ces
dre ipso facto ce que dit ou montre l'enseignant et b) qu'il peu- quatre conditions, il faut impérativement commencer par énoncer
vent le retenir. Or, cela ne fonctionne pas ainsi, comme le démon- l'objectif à atteindre par les apprenants.
trent toutes les études sur le sujet. Mais comment cela fonc-
tionne-t-il alors? Objectifs généraux et objectifs subsidiaires
Il y a des objectifs très généraux (comme ceux qui décrivent ce
Quelles sont les conditions à remplir pour qu'on saura au terme d'une formation de plusieurs années), des
qu'il y ait apprentissage? objectifs subsidiaires, qui sont des subdivisions des précédents
et ainsi de suite. Un cours d'une matinée n'échappe pas à la né-
Philippe Meirieu, le célèbre pédagogue français, a réduit à qua-
cessité d'être défini par l'objectif qu'il vise. Et à l'intérieur de ce
tre le nombre de conditions à réunir pour qu'on puisse apprendre: cours, les diverses activités qui le composent doivent aussi avoir
chacune un objectif.
Il faut que la chose à faire ait du sens, qu'il y ait une
À la question "Madame, Monsieur, pourquoi nous faites-vous faire
raison acceptable de faire l'effort d'apprendre.
cette activité?" une personne qui enseigne devrait toujours pou-
Il faut pouvoir relier la chose à apprendre à ce qu'on sait voir répondre sans hésitation parce que l'activité en question,
déjà, qu'on puisse l'"ancrer" à des savoirs ou savoir-faire c'est justement en fonction de l'objectif à atteindre qu'elle l'aura
qu'on maîtrise déjà. choisie.
Il faut être convaincu que la façon proposée pour arriver
L'organisation des étapes pour atteindre un objectif général peut
au but fixé est bonne.
prendre les formes les plus diverses. il faut souvent, pour appren-
Il faut pouvoir construire sa nouvelle compétence à son dre une chose, en apprendre une autre auparavant. Par exemple
rythme, à sa façon à soi de procéder, pour vraiment se il faut apprendre à additionner avant de pouvoir apprendre à multi-
l'approprier. plier. On a alors une série d'objectifs subsidiaires qui s'enchaî-
nent. La plupart des savoirs et savoir-faire complexes s'acquiè-
rent ainsi, en une suite d'étapes où la matière à apprendre devient
de plus en plus complexe.
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D'autres choses, en revanche, peuvent être apprises dans n'im- La terminologie utilisée dans les ouvrages spécialisés peut varier
porte quel ordre. Par exemple, en mécanique automobile, chan- selon les objectifs examinés. On parle ainsi de finalités, de buts,
ger un alternateur et régler un embrayage peuvent s'apprendre d'intentions, de taxonomies d’objectifs, etc. Si ces précisions
dans n'importe quel ordre et même en parallèle. peuvent être utiles – elles n’ont pas été élaborées sans raison! – ,
elles génèrent souvent la confusion plutôt que la clarification. De
Enfin, il y a des notions ou compétences qui s'acquièrent sans
fait, la seule chose à retenir absolument est qu'il faut être au clair
avoir à être subdivisées en unités d'apprentissage plus petites.
sur les objectifs à atteindre par les apprenants. On ne le répètera
L'ensemble des objectifs à atteindre pour qu'un objectif principal jamais assez.
soit atteint peut être représenté par un schéma du type de celui
de l'illustration ci-dessous, qui montre les différentes structures
Comment définir un objectif pédagogique?
d’objectifs possibles.
Définir un objectif pédagogique, quel qu'il soit, c'est donner des
réponses précises aux questions suivantes:
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4. À quoi vais-je voir qu'elles sont acquises? Indicateurs: marche à suivre fondamentale correctement énon-
Répondre à cette question consiste à dresser la liste des critè- cée / temps de cuisson, températures et procédure de mise en
res et des indicateurs, qui définissent ce que l'on doit pouvoir pot correcte pour les recettes spécifiques.
objectivement constater pour pouvoir estimer que la compé-
tence visée est bel et bien acquise. Par exemple, si la propreté Description: À l'issue du cours, vous serez capables de préparer
(critère) va être notée dans un rendu de graphiste, il faut préci- pour l'impression une composition graphique réalisée avec le logi-
ser ce qui sera estimé propre: traits de construction effacés? ciel Adobe Illustrator.
Mise en page aérée? Autre chose?... Indicateurs: présence des repères de coupe, et des fonds per-
dus, calibrage des illustrations, images en mode CMJN.
Il est parfois difficile de tout préciser, mais un libellé d'objectif con-
tient au minimum :
QUELQUES CONSEILS
la DESCRIPTION de ce que l’apprenant saura (ou saura
Soyez vraiment parfaitement au clair sur les
faire) au terme de son action de formation, exprimé par des
objectifs de votre cours, qu'ils aient été fixés par
verbes d’action.
vous, par un plan d'étude ou une direction
les INDICATEURS (ce que l'on devra pouvoir constater d'entreprise. Et si les objectifs du cours que vous
pour estimer que la notion ou la compétence est acquise.) devez donner vous semblent stupides (cela arrive!)
ou impossibles à atteindre (en raison, par exemple,
du trop faible niveau de connaissance de vos
Exemples d'objectifs apprenants), eh bien modifiez-les de façon à ce que
l'apprentissage à entreprendre ait un sens. À défaut,
Description: À l'issue du cours, vous serez capables de mesurer vous programmez la catastrophe.
avec un micromètre les dimensions d'une pièce usinée. N'oubliez jamais que les objectifs concernent ce
Indicateurs: toutes les mesures demandées sur une pièce don- que les apprenants devront savoir et pas ce que
née sont correctes au 1/100 mm. vous-mêmes, vous vous proposez de faire!
Description: À l'issue de la leçon, vous serez capables de faire Enfin, habituez-vous à considérer que chaque
de la gelée de fruits en connaissant les principes généraux à res- activité proposée aux apprenants devra pouvoir se
pecter et de donner les recettes spécifiques de la gelée de coings justifier, doit donc avoir son propre objectif.
et de la gelée de framboise.
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Étape 2
PRÉPARER L’ÉVALUATION
Vous êtes au clair sur les objectifs à atteindre et vous vous préparez à définir conte-
STRUCTURE DE LA SECTION
nus et planification? Eh bien non! Préparez d'abord le test final, celui que vous fe-
1. Petit détour par les différents types rez passer à vos étudiants. De toute façon, vous devrez le faire, alors faites-le tout
d'évaluation de suite. Cela vous simplifiera énormément les prochaines étapes de votre prépara-
2. Qu'est-ce qui importe dans une évaluation tion de cours.
sommative?
3. Comment élaborer et appliquer un barème? Petit détour par les différents types d'évaluation
4. Recommandations et suggestions L'évaluation est un processus vital, permanent: on évalue à chaque instant un
grand nombre de choses. Cela influence et même détermine toutes nos actions.
5. Au minimum
Dans le contexte de l'enseignement, on distingue trois types d'évaluation. Il y a
d'abord les vérifications que l'enseignant fait au début d'un cours pour connaître
les niveaux de connaissances des participants à son cours. C'est l'évaluation pro-
nostique. Elle ne se fait pas systématiquement.
Il y a enfin l'évaluation que l'enseignant fait à la fin du cours, pour évaluer le niveau
final atteint par chacun. C'est l'évaluation sommative. Elle est le pilier de la quasi
totalité des systèmes de formation.
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Nous reviendrons plus tard sur ces différentes formes d'évalua- d'abord, bien sûr, de voir si l'objectif fixé est atteint, mais en-
tion et ne considérerons pour le moment que l'évaluation somma- suite aussi de juger si les apprenants qui n'ont atteint que par-
tive que fait un enseignant à la fin de son cours, lorsqu'il s'agit tiellement l'objectif fixé ont atteint le seuil minimum permettant
d'évaluer les acquis des apprenants. de suivre la suite du cours. Elle est enfin
méta-réflexion, reconsidération globale, un moment où il
s’agit de prendre de la distance et de vérifier si tout «tient la
route», s’il n’y a pas eu des éléments imprévus au départ mais
qu’on doit tout de même prendre en compte.
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Toutefois, il s'agit, dans tous les cas, de:
AU MINIMUM
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Étape 3
STRUCTURE DE LA SECTION Vous êtes au clair sur les objectifs que les participants à votre cours doivent attein-
dre? Il vous faut maintenant entrer dans le vif du sujet. Avec une vaste question...
1. Quels sont les meilleures choses à faire
pour que les apprenants atteignent les
objectifs fixés? Quels sont les meilleures choses à faire pour que les ap-
2. La méthode des trois boîtes prenants atteignent les objectifs fixés?
3. Exemple de classification de contenus Les contenus sont le plus souvent donnés par un plan d'étude. C'était déjà le cas
4. À ne jamais oublier! pour les objectifs, en principe. Mais le lien entre les deux n'est pas toujours claire-
ment établi. Il est assumé qu'en abordant les points du plan d'étude, on va attein-
dre les objectifs, mais lorsqu'on examine les choses de plus près, on se demande
souvent comment on peut apprendre ce qui est annoncé avec le programme pro-
posé. Il n'est donc pas inutile de rappeler la règle:
Si la règle est simple, il est plus difficile, même en étant parfaitement au clair sur
les objectifs à atteindre, de faire le choix parmi tout ce qu'il serait possible de faire
pour les atteindre. Pour vous faciliter cette tâche nous vous proposons une mé-
thode simple.
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La méthode des trois boîtes 1. Qu'est-ce qui DOIT OBLIGATOIREMENT être fait
pour que les apprenants puissent atteindre les objec-
Reprenez la liste des objectifs établie à l’étape 1 et mettez,
tifs?
pour chacun des objectifs que vous aviez fixés, le nom du con-
tenu de base qui lui correspond. Ces étiquettes correspondent 2. Qu'est-ce qu'il serait SOUHAITABLE d'inclure en-
aux sections et/ou chapitres de votre cours. Exemple: core dans le cours?
3. Qu’est-ce que les apprenants qui le souhaitent pour-
raient apprendre tout seuls?
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Exemple de classification de contenus
À NE JAMAIS OUBLIER
Supposez que vous donniez une leçon dont l'objectif est: "Être
capable de prendre des mesures à l'aide d’un micromètre". La Définissez avec beaucoup de soin ce qui doit impérati-
classification des contenus pourrait être la suivante: vement être maîtrisé à la fin du cours. Dans le cas de
conditions difficiles (manque de temps, difficultés d'ap-
OBLIGATOIRE • Champ d'utilisation d'un micromètre
prentissage, complexité du sujet, etc.), concentrez-vous
• Technique de mesure avec un micromètre et
lecture des valeurs mesurées sur cette première catégorie de contenus.
• Technique de vérification des mesures Sachez aussi qu’il y aura à coup sûr des éléments dans
• Étalonnage et ajustage d'un micromètre cette première catégorie que vous ignorez au moment
SOUHAITABLE • Entretien d'un micromètre de préparer votre cours. Ce sont les besoins des appre-
• Composants d'un micromètre nants. Ne pas en tenir compte est une faute profession-
UTILE • Fabricants de micromètres nelle! Prévoyez donc que vous aurez à introduire dans
• Histoire du micromètre votre cours des éléments qui vont émerger du proces-
sus d’apprentissage de vos étudiants.
Et pour un cours de bureautique ayant pour objectif «Être capable
C’est l’occasion de dire que la préparation d’un cours
d’appliquer les règles de mise en page d’une lettre commerciale
n’est qu’une esquisse, un cadre de référence. Ce
type», la classification pourrait être:
n’est jamais un plan à exécuter à la lettre. En effet, une
OBLIGATOIRE • Les 20 règles d’or de la correspondance telle approche reviendrait à se concentrer sur l’enseigne-
commerciale
ment exclusivement, ce qui est le contraire de ce que
• Les formules standard et leurs variantes
nous préconisons!
SOUHAITABLE • Méthodes pour retenir «par coeur» les
contenus ci-dessus Enfin, utilisez dans toute la mesure des éléments appor-
• Les fautes à éviter tés, proposés ou demandés par les apprenants. Faire
construire les savoirs nouveaux sur une base existante
UTILE • L’évolution des pratiques de
correspondance plutôt que sur une base nouvelle est un des fondements
• Étude d’exemples concrets d’un bon enseignement.
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Exemple de structure de cours sous forme de mindmap
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Étape 4
PLANIFIER LE COURS
STRUCTURE DE LA SECTION Vous avez défini les contenus de votre cours et fait la distinction entre ce que vos
apprenants doivent maîtriser absolument et ce qui est d'importance secondaire?
1. Qu'est-ce qu'une planification de cours?
Très bien. Il ne vous reste plus qu'à mettre tout cela dans les plages horaires à dis-
2. Comment planifier son cours? position. Ce n'est pas difficile. Au final, vous saurez combien de temps vous avez à
disposition pour traiter chaque contenu et atteindre les objectifs qui lui sont asso-
3. Recommandations
ciés.
La conception d'un cours dans sa totalité, (le rythme qu'on lui donne, les thèmes
qu'on décide d'aborder ou d'exclure, les activités pour lesquelles on opte, etc.)
c'est affaire d'expérience, d'inspiration, de créativité. Il y a un art de l'enseigne-
ment comme il y a un art pour toute activité humaine. Cela ne s'apprend pas d'un
coup de baguette magique! Mais quelques "outils" permettent de se débrouiller
sans difficulté majeure. Ces outils, vous les avez déjà et il ne reste qu’à les utiliser
dans le bon ordre.
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Comment planifier son cours? Placez maintenant les éléments de votre structure dans le ca-
nevas imposé par le calendrier scolaire ou académique. Voyez,
Reprenez la structure générale que vous avez définie à l’étape en fonction des contraintes, comment vous pouvez préserver
précédente. Elle vous montre les blocs et les liens entre cer- la structure pour en faire quelque chose de cohérent et, si pos-
tains d’entre eux, mais aussi les possibilités de réarrangement sible, de dynamique.
des sujets à traiter. Ces contraintes sont nombreuses? Oui, assurément. Et beaucoup
d'enseignants - même parmi les plus expérimentés - ont l'impres-
sion que la marge de manoeuvre qui leur est laissée pour expri-
mer leur créativité et leurs convictions en matière d'enseignement
est inexistante, surtout si les contenus sont imposés. Dans certai-
nes structures d'enseignement, il y arrive que même les temps al-
loués au traitement des divers contenus soient imposés!
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Pour cela, il faut utiliser les boîtes de l’étape précédente pour don-
ner de la matière au cours, finir un chapitre juste avant les vacan- RECOMMANDATIONS
ces, etc. En jouant avec les contenus à disposition – et sans ja-
mais perdre de vue les objectifs! – donnez à votre cours le Vérifiez, une fois que la structure est définie, si la
rythme dont nous parlions au début de ce chapitre. somme des parties donne bien le tout. Il arrive en
effet fréquemment que ce qu'on a appris dans un
cours ne corresponde pas à ce que le descriptif du
cours annonçait! C'est le plus souvent au niveau de
la planification qu'on crée ce problème, en suppri-
mant des contenus faute de temps disponible.
Sachez que l’on commet très souvent une erreur
d’appréciation des temps requis par les différents
La planification d’un cours est un acte de création où s'exprime apprentissages. Pourquoi? Parce que l’on sous-es-
l'intelligence systémique d'un enseignant, c’est-à-dire sa capaci- time le temps nécessaire à l’apprentissage, pen-
té de tenir compte de tous les éléments interagissant d'un sys- sant que lorsqu’on a «vu» une chose, les appre-
tème (ici le sujet à traiter et les contraintes institutionnelles) et de nants l’on retenue, assimilée, etc. Erreur monumen-
les combiner (ici pour en faire un cours dynamique et cohérent). tale! L’apprentissage est un travail qui, comme tout
Typiquement, cela revient à travail, requiert... du temps.
Prévoyez donc trois jours là où vous êtes tentés
estimer le temps nécessaire pour traiter les divers contenus à
d’en compter seulement 2. C’est une bonne règle.
faire apprendre (en heures ou jours, cela dépend de la nature
Si d’aventure les objectifs sont atteints alors qu’il
du cours);
reste encore du temps à disposition, c’est l’occa-
intégrer les ruptures représentées par les vacances, les jours
sion de sortir les boîtes 2 et 3, où de nombreux con-
où vos cours "tombent" pour une raison ou une autre;
tenus ne demandent qu’à être abordés.
insérer les dates auxquelles vous devez rendre des notes.
Au final, vous aurez réalisé un document où tout ce que vous
avez fait jusqu’à présent aura été mis dans un document de plani- Ici se termine la première partie de ce manuel. La suite sera consa-
fication permettant de voir d’un seul coup d’oeil comment le crée à la préparation des leçons à proprement parler (que nous ap-
cours va se dérouler. pellerons unités d’apprentissage). Un bon moment pour faire une
petite «i-pause»...
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Étape 5
STRUCTURE DE LA SECTION Une fois définie la structure générale du cours, il va falloir préparer l'enseignement
à proprement parler, c’est-à-dire les différentes leçons qui le composent. Ce terme
1. Le modèle des 6 phases
de leçon, nous ne l’utiliserons pas souvent, préférant parler d’"unité d'apprentis-
2. Comment utiliser le modèle en 6 phases? sage", pour qu’on ne perde jamais de vue que c’est l’apprentissage qui est visé et
non la performance de l’enseignant. Nous l’avons gardé pour le titre de cette étape
3. Que dit la recherche?
pour la seule raison que tout lecteur non averti comprendra de quoi on parle!
4. Et maintenant?
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STRUCTURE DE BASE D’UNE UNITÉ D’APPRENTISSAGE
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Comment utiliser le modèle des 6 phases? de motivation et d'implication dans l'apprentissage, 4) explication
claire des objectifs et des modalités d'apprentissage choisies par
Tout d’abord il convient peut-être de rappeler que pour démonstrations ou tout autre moyen approprié, 5) supervision de
chaque unité d'apprentissage il y a un objectif à atteindre, pratique et d'exercice, 6) bilan et recadrage de clôture, 7) prati-
qui est un objectif intermédiaire sur le chemin de celui du ques de consolidation par mise en application individuelle. C'est
cours, comme cela avait été dit à l’étape 1. De même, chaque quasiment mot pour mot les conclusions auxquelles nous étions
phase a son objectif et chaque activité, dans les différentes arrivés et qui fondent ce livre.
phases, a la sienne. En d'autres termes, un enseignant doit
À remarquer que la septième condition de la liste de Hattie, con-
pouvoir expliquer le pourquoi (et surtout le pour quoi) de
cerne les activités d'ancrage et de transfert, qui passent par des
toutes ses options. C'est au niveau des unités d'apprentissage
devoirs ou/et des pratiques de mise en application. Celles-ci pren-
et des diverses activités qui vont s'y dérouler que l'importance
nent place après le travail en classe, raison pour laquelle elle ne
de la notion d'objectif devient évidente. Sans une clarté sur le
figurent pas dans le modèle des 6 phases.
but à atteindre, impossible d'enseigner! Aucune des 6 phases
ne peut se réaliser correctement!
Cela dit, ce modèle n’est qu’un canevas qui vous servira à
placer les activités que vous allez définir et à choisir les
méthodes que vous allez utiliser, deux thèmes que nous
aborderons aux deux étapes suivantes.
Il s’agit donc simplement d’en comprendre la logique et de le
mémoriser.
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Étape 6
CHOISIR LA MÉTHODE
STRUCTURE DE LA SECTION Vous êtes maintenant au début de l'étape la plus intéressante. Les précédentes
étaient faites de rigueur et de précision et réclamaient de vous des qualités d'ana-
1. Comment choisir la méthode la plus lyste et de planificateur. Maintenant, vous pouvez jouir du travail accompli et com-
appropriée ?
mencer à donner libre cours à votre imagination.
2. Avantages et désavantages des principales
méthodes d’enseignement
Comment choisir la méthode la plus appropriée ?
3. Méthode 1: l’exposé
La méthode (du grec μέθοδος / methodos: chemin à travers, parmi, vers) c'est le
4. Méthode 2: la démonstration chemin que l'on choisit de prendre, pour atteindre un but.
5. Méthode 3: la supervision de travaux Le choix de la méthode dépend :
individuels ou de groupes
• du type d’objectif (connaissances théoriques? savoir-faire? savoir-être?);
6. Méthode 4: la discussion • de la nature du contenu;
7. Quelle méthode pour quelle phase d'une • de la place dans la structure du cours;
unité d'apprentissage? • des conditions d’enseignement (salles, équipement, budget, etc.);
• du profil des apprenants (âge, nombre, niveau de formation, etc.);
8. Comment mettre en œuvre ces méthodes?
• de l’expérience, des préférences et des habitudes du formateur.
9. Comment maintenir l’intérêt des
apprenants?
La bonne méthode est celle qui
10.Comment apprend-on le mieux? • s'adapte avec le plus de souplesse aux contraintes;
• permet d'atteindre le plus vite les objectifs fixés;
11.Quelques conseils
• conserve l’intérêt et la motivation des apprenants.
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Il y a beaucoup de méthodes et on n'a jamais fini d'apprendre en Avantages et désavantages des principales
méthodologie, surtout actuellement, où le développement fulgu-
rant des technologies informatiques ouvre des perspectives extra-
méthodes d’enseignement
ordinaires. Il y a cependant des grands classiques. Nous vous les On trouvera aux pages suivantes les descriptions des quatre mé-
décrivons ci-dessous. Ces méthodes diffèrent sensiblement l'une thodes principales auxquelles recourt un enseignant. Ce sont l’ex-
de l'autre et sont adaptées chacune à un contexte spécifique. Tou- posé, la démonstration, la supervision de travaux individuels et la
tes permettent une utilisation des TIC (techniques d’information discussion.
et de communication).
Ces méthodes ont chacune ses caractéristiques et ne sont pas
Avec cet éventail de méthodes à votre disposition - et surtout en interchangeables, comme on le verra. Cela dit, des études ont été
les combinant - vous devriez pouvoir définir la meilleure façon de faites pour mesurer l’appréciation, par les apprenants, des diffé-
procéder dans votre environnement, en attendant d'en inventer rentes méthodes d’enseignement. Il apparaît très clairement que
de nouvelles. la méthode la plus appréciée est l’expérimentation pratique (le
faire), loin devant la démonstration, l’exposé étant - mais est-ce
une surprise? - la moins appréciée. Gardez cela à l’esprit lorsque
vous choisirez vos méthodes.
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AVANTAGES
1. L'EXPOSÉ
• Un exposé permet de couvrir un champ important dans
une période courte.
• L’orateur a, en principe, le contrôle du contenu et du
temps à disposition.
• Un exposé n’est pas limité à un nombre de participants
pour autant que tous puissent entendre et voir l’orateur.
• Un exposé peut souvent être utilisé en regroupant
étudiants débutants et avancés, la différenciation se
faisant ensuite dans les activités complémentaires.
• Un exposé peut facilement être enrichi de projections
(diagrammes, films, données chiffrées, etc.)
Exposé dans un cours universitaire
GÉNÉRALITÉS DÉSAVANTAGES
• Convient pour communiquer un point de vue ou exposer • L’enseignant n’a pas de «retour» (impossible de vérifier le
une matière d’intérêt général. Cette méthode doit être progrès ou la compréhension des apprenants). C’est une
utilisée avec précaution. Un exposé est difficile à rendre communication à sens unique.
intéressant pour tous. Et s'il est trop long, il est inefficace.
• Les apprenants sont contraints à l’écoute et le point de
• Les exposés sont habituellement : saturation est rapidement atteint.
- centrés sur des problèmes • Faire un exposé efficace requiert un savoir faire difficile à
- centrés sur un point de vue ou un argument acquérir.
- une présentation de connaissances (ex: cours • L’exposé n’est pas adapté à des sujets pratiques comme
universitaires) l’acquisition de savoir-faire.
• Écouter un exposé suffit rarement pour apprendre la
matière traitée. Discussions, débats, forums, ateliers
pratiques, travaux individuels ou de groupe sont
habituellement nécessaires pour compléter un exposé.
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AVANTAGES
2. LA DÉMONSTRATION
• La méthode, lorsqu’elle est correctement gérée, est une
forme d’enseignement qui capte l’attention, génère l’intérêt
et suscite la réflexion.
• La méthode permet d’établir la relation entre les principes
théoriques ou des savoirs livresques et des situations du
monde réel.
• La démonstration peut souvent être répétée, ce qui en
augmente l’efficacité.
• Elle est la méthode de prédilection pour faire comprendre
des mécanismes, des procédures, des savoir-faire.
GÉNÉRALITÉS DÉSAVANTAGES
• Lors d’une démonstration, le maître montre et commente • La méthode exige en général une préparation et une
(avant, pendant, après) les différentes actions, leurs organisation méticuleuse. Si quelque chose ne marche
enchaînements, leurs effets, etc. Il met en évidence les pas, l’effet est perdu et l’enseignant risque de perdre sa
points principaux et fait une synthèse à la fin. Elle est crédibilité.
souvent répétée pour faciliter la mémorisation ou la
• Selon la place à laquelle ils se trouvent, certains
compréhension.
apprenants peuvent ne pas voir les gestes de la
• Même dans le cas où la démonstration est seulement mise démonstration ou ne pas entendre les explications.
au service d'une transmission de savoir (par exemple,
démo de physique, expériences de chimie), elle est • La présentation d’une démonstration efficace exige
largement supérieure au seul exposé, en raison des souvent un investissement considérable en temps et en
ancrages visuels qu'elle induit. argent.
• La démonstration est incontournable pour la transmission • Les démonstrations sont en général réservées à de petits
de gestes professionnels dans les métiers techniques et le groupes d’apprenants, à moins de disposer d’un système
sport. Elle est, dans ce cas-là, obligatoirement suivie de projection vidéo.
d’exercices pratiques d’entraînement.
29
AVANTAGES
3. LA SUPERVISION DE TRAVAUX
INDIVIDUELS OU DE GROUPES • Les études supervisées, qu'elles soient individuelles ou en
groupe, en salle de cours ou à distance, permettent aux
étudiants de progresser à leur propre rythme et à leur
façon.
• La méthode de la supervision développe l'autonomie. Elle
pousse les apprenants à s’engager et à prendre des
responsabilités.
• L’apprentissage individuel s'accompagnant de feedback
de l'enseignant, les apprenants ont un sentiment de
progression et d’accomplissement.
• La supervision de travaux individuels est la meilleure base
d’une pratique efficace de l’évaluation formative.
Supervision d’exercices individuels dans une école d’arts appliqués
GÉNÉRALITÉS DÉSAVANTAGES
• La méthode consiste, pour l'enseignant, à donner des • La méthode ne fonctionne pas bien avec des apprenants
tâches et des consignes (déterminées, comme toujours, peu motivés.
par les objectifs à atteindre), à superviser le déroulement
• Les apprenants doivent être familiers avec l'apprentissage
des activités et à les réguler.
autonome. Au besoin, il faut les former à cela. (Ceci est
• La supervision peut se faire à distance aussi bien qu'en particulièrement important dans l’enseignement à
salle traditionnelle. Elle s'accompagne en général d'un distance.)
apport d'informations, au gré de la demande.
• Il est difficile d'éviter que s'installent des différences de
• La supervision peut être individuelle (les apprenants niveau entre les apprenants et de gérer des rythmes
travaillent chacun pour soi) ou concerner des groupes, d'apprentissage très différents.
plusieurs groupes travaillent alors en parallèle, soit avec
• Il faut porter un soin particulier aux consignes et à la mise
les mêmes consignes, soit avec des tâches et des
en place du cadre de travail, pour éviter d’avoir à répondre
objectifs différents (auquel cas un moment final de partage
à un trop grand nombre de sollicitations simultanées.
avec les autres groupes doit être prévu).
30
4. LA DISCUSSION AVANTAGES
GÉNÉRALITÉS DÉSAVANTAGES
• Comme toutes les autres méthodes présentées ici, la • La discussion, si elle n’est pas adéquatement menée, peut
discussion vise un objectif d’apprentissage (à la différence dégénérer en un débat sans fin et stérile, voire créer des
de la majorité des discussions habituelles). Elle suppose disputes.
un régulateur (l’enseignant) et, chez celui-ci, des • La discussion, pour qu’elle soit efficace, ne doit pas
compétences de recadrage. impliquer un trop grand nombre de participants (6-8 est
• Une discussion fait souvent suite à un exposé, une idéal), ne pas durer trop longtemps et avoir un objectif clair
démonstration ou un travail individuel ou de groupe, pour pour tout le monde.
faire le point sur ce qui a été appris, retenu, compris, etc. • La discussion peut être affectée par des dynamiques de
• Elle est aussi souvent utilisée pour la résolution de groupes négatives et difficile à contrôler. Il faut une
problèmes ainsi que pour la prise de décision. certaine habitude pour maîtriser la méthode dans ces
• La méthode de la discussion peut être déclinée sous conditions.
différentes formes : débats, forums, analyses en commun, • Pour éviter que des choses importantes issues de la
critiques, synthèse après des activités de groupes, etc. discussion ne se perdent, il faut souvent faire un travail
• Elle est aussi une méthode utilisable - et utilisée - par les supplémentaire: le compte-rendu ou la synthèse de la
apprenants entre eux, sans participation de l’enseignant. discussion.
31
Quelle méthode pour quelle phase d'une Dans le premier cas, on peut inventer les manières les plus diver-
ses pour obtenir les informations désirées. Dans le second, on
unité d'apprentissage? procède à l'évaluation qu'on avait définie au départ (voir Étape 2).
Toutes les méthodes ne conviennent pas à toutes les phases
d’une unité d’apprentissage. Leurs caractéristiques les rendent Comment mettre en œuvre ces méthodes?
plus performantes dans certaines phases que dans d'autres. Le
tableau ci-dessous synthétise cela. Les quatre méthodes proposées peuvent se décliner de beau-
coup de façons. Par exemple, un exposé peut se faire
Phases d'une unité • à tout les apprenants réunis
Méthodes les plus adaptées
d'apprentissage
• à des groupes plus petits
EXPLICATION DE Exposé - Discussion - • avec l'aide de transparents et d'un rétroprojecteur
1
L’OBJECTIF Démonstration • avec une projection par ordinateur type PowerPoint
2 MOTIVATION Discussion - Démonstration • avec des enregistrements sonores
• avec des projections vidéos
PRÉSENTATION ET Exposé - Démonstration - • avec des objets
3
DÉVELOPPEMENT Supervision - Discussion
• avec des notes pour faciliter son discours / sans notes
4 CONSOLIDATION Supervision - Discussion • par référence à un sujet traité / sans références
• en bougeant / sans bouger
5 ÉVALUATION Voir note ci-dessous • avec de l'humour / en citant des exemples / en intégrant des
métaphores
6 BILAN - RECADRAGE Exposé suivi de Discussion • de façon structurée et préparée / en improvisant
• etc.
La phase d'évaluation peut prendre deux formes: soit on procède
à une évaluation formative (quand on n'est pas au bout du chapi- Il faut en retenir que ces quatre modèles représentent en réalité
une très grande quantité d'options. Choisissez donc non seule-
tre à traiter), soit on procède à une évaluation sommative, lors-
ment la méthode qui vous semble la plus appropriée, mais aussi
qu'on arrive au terme d'un chapitre (séquence de plusieurs unités
la façon dont vous allez la mettre en œuvre!
consécutives formant un tout).
32
Comment maintenir l'intérêt des apprenants Les quatre premiers facteurs de cette liste relèvent de l'anima-
tion et seront abordés dans le second livre de cette série consa-
pour le cours?
crée à l'enseignement.
Savoir conserver l'intérêt des participants pour les activités propo- Mais les méthodes choisies et les activités prévues – qui, elles,
sées est fondamental pour un enseignant. L'intérêt dépend de plu- relèvent encore de la préparation de cours – ont également une
sieurs facteurs: grande influence sur le plaisir d'apprendre et l'intérêt pour le
cours proposé. Choisissez-les donc avec soin, en gardant à l'es-
• la motivation (des apprenants, de l'enseignant) prit que toute activité engendre la lassitude au bout d'un certain
• la dynamique du groupe temps comme l'illustre le schéma ci-dessous. Variez donc les acti-
• la personnalité de l'enseignant vités.
• les relations enseignant-apprenants
• la méthode choisie
• le type d'activités exercées
33
Comment apprend-on le mieux?
Au niveau des méthodes, le meilleur show d'un enseignant doit
être considéré comme mauvais s'il ne contribue pas de façon si-
gnificative à la réussite de l'apprentissage de ses étudiants. De
même, ce n'est pas le discours de l'enseignant qui importe, c'est
ce que l'auditoire en retient et comprend.
n t , c e n 'e st pas ce
port a
Rappel: l'im n t , mais ce
n s e ig n a
que fait l'e s é t u diants.
ne n t s e
qu'appren
34
Le diagramme ci-dessous indique l'importance relative des sens
dans un processus d'apprentissage. Gardez cette information à ! QUELQUES CONSEILS
l'esprit au moment où vous structurez et planifiez vos activités.
Décidez des méthodes que vous allez employer en
vous mettant à la place de vos apprenants.
0 22.5 Faites-le aussi bien pour l'ensemble du cours que
45 67.5 pour les unités qui le constituent.
90
Lire N'oubliez jamais que faire faire est mieux qu'expli-
quer. Optez chaque fois que vous le pouvez pour
Écouter
une supervision d'activités (de groupes ou individuel-
les) plutôt que pour une méthode où les apprenants
Voir
restent assis à des places assignées.
Voir + écouter Si l’objectif de formation est un savoir-faire, l'utilisa-
tion de méthodes basées sur la pratique est une
Voir + écouter + faire
obligation. (On ne peut pas apprendre à nager en
restant sur la plage avec un manuel de natation.)
Faites preuve d'imagination dans les travaux prati-
ques que vous donnez à faire: variez les activités
pour donner du dynamisme à votre cours même si
vous ne changez pas de méthode.
Pourcentage de rétention d'information en fonction des modes de perception. Dans la mesure du possible, prévoyez des alternati-
Source: ISPFP, Lausanne, 2005 ves lorsque vous préparez un plan d'activités pour
une unité d'apprentissage.
Et surtout, n'oubliez jamais que cet espace métho-
dologique est votre espace de créativité. Inventez
vous-mêmes vos méthodes!
35
LES AUXILIAIRES D’ENSEIGNEMENT
STRUCTURE DE LA SECTION Les auxiliaires sont à considérer comme des outils. Ils permettent de faire mieux
1. Peut-on se passer d’auxiliaires? beaucoup de choses. Il y a même quantité d'activités que l'on ne peut pas faire
sans eux. Mais ils restent des auxiliaires et ne remplacent jamais l'enseignant.
2. Quels auxiliaires d’enseignement choisir?
Les principales valeurs des auxiliaires d'enseignement résident dans les possibili-
tés qu'ils offrent de:
• procéder à des manipulations;
• focaliser l’attention sur les éléments essentiels;
• mettre en évidence les principes et les interrelations;
• porter la réalité sur le lieu d'apprentissage (matériel de démonstration);
• retenir l’attention;
• laisser une trace dans la mémoire (ancrages).
36
Quels auxiliaires d’enseignement choisir? Les auxiliaires les plus courants sont de ce fait ceux qui sont les
plus versatiles, les moins coûteux, les plus simples à manipuler et
De fait, n’importe quoi est susceptible d’être utilisé par un ensei- les plus fiables: la craie et le tableau noir, les stylos feutre et les
gnant pour l’aider à rendre les choses plus compréhensibles. Ce- tableaux blancs, les photocopies... Leur valeur n’a pas changé,
la va d’objets apportés en classe à des programmes informati- mais avec l’avènement de l’informatique et la généralisation des
ques sophistiqués, en passant par des tableaux papier et des ordinateurs, téléphones intelligents, tablettes, réseaux sans fil et
photocopies, des projections ou des jeux didactiques. ressources internet de toute sorte, le paysage des auxiliaires d’en-
seignement est passé en quelques années de celui de l’âge de la
«Comment pourrais-je faire pour que les participants à mon cours pierre (ou presque) à celui de l’éblouissement féérique!
apprennent ça plus vite, mieux et avec le plus de plaisir possi-
ble?» C’est la réponse à cette question qui détermine le choix des Il n’est pas exagéré de dire que les ressources disponibles sur in-
auxiliaires à utiliser. ternet sont infinies, les moyens d’y accéder excellents et les
coûts, quand il y en a, dérisoires. Ne vous en privez donc pas,
même si cela peut susciter des craintes.
37
Il faut, en effet, être encore capable de: Conseils
gérer le flux de messagerie électronique et utiliser celle-ci
• Au niveau de la préparation de cours (notre propos), prévoyez
efficacement
des ressources en fonction de tout ce qui vient d’être dit. Si
vérifier la pertinence des documents trouvés sur internet vous ne vous sentez pas en confiance dans l’utilisation de
modérer des forums et - si possible - savoir en créer l’informatique, n’allez pas au-delà de vos compétences, mais
connaître les spécificités des divers formats de documents et faites votre possible pour acquérir celles de la liste ci-contre,
optimiser ceux que l’on produit car il y a de fortes chances que vos étudiants les possèdent,
rédiger des documents faciles à utiliser par les apprenants eux, et ils seront vite tentés de considérer que votre
incompétence dans ce domaine doit avoir son équivalent dans
mettre ces documents en ligne
votre domaine d’enseignement.
réaliser un diaporama de type PowerPoint
• Pour terminer, sachez que la technique et les installations des
utiliser ordinateurs et tablettes en classe (avec et sans salles peuvent vous faire faux-bond à tout moment. Il est très
projecteur) fréquent que le beamer ne fonctionne pas, que la connexion
ne pas abuser du recours à ces technologies! Elles doivent internet soit défaillante, que les câbles ne soient pas les bons.
impérativement rester des auxiliaires et rien de plus! Prévoyez donc toujours une alternative, un «plan B», Ne soyez
pas à la merci d’une défaillance des installations techniques.
EN RÉSUMÉ
Utilisez des auxiliaires d’enseignement. Ce sont aussi des
auxiliaires d’apprentissage!
Optimisez les documents que vous réalisez pour vos
cours. Faites en sorte qu’ils soient réutilisables.
Utilisez les TIC (les technologies de l’information et de la
communication). Elles sont efficaces, flexibles et peu
coûteuses, voire gratuites.. Mais n’en abusez pas.
Perfectionnez-vous dans toute la mesure du possible
dans l’utilisation des outils informatiques.
38
Conclusion
Voilà. Vous venez de terminer ce petit manuel de l’enseignant • se focaliser sur la relation enseignant-apprenant, dans la-
consacré à la préparation d’un cours. Maintenant que vous l’avez quelle, pour nous, l’enseignant est au service des apprenants
parcouru, vous êtes plus au clair sur l’option qui avait été annon- et où son mandat est de faire réussir le plus grand nombre, à
cée au début. Cette option a consisté à défaut de pouvoir faire réussir tout le monde;
• laisser la littérature scientifique et théorique de côté. Si • traiter séparément la préparation des cours, l’enseigne-
cette littérature vous intéresse, - ce que nous espérons! - ment à proprement parler et l’évaluation des acquis, parce
vous trouverez tout ce que vous voudrez sur internet: textes que ce sont trois choses très différentes.
polémiques, manifestes, forums, comptes-rendus de recher-
Le résultat est ce vade mecum que beaucoup de nos étudiants
ches, textes légaux de référence, approches philosophiques
nous ont demandé. Nous espérons qu’il répondra à leurs voeux
diverses, etc. ;
et à ceux des nombreux enseignants ou futurs enseignants incon-
• fonder notre propos sur notre longue expérience de forma- nus qui le trouveront sur le web.
teur dans toute sorte de domaines et avec toute sorte d’étu-
diants, expérience complétée par une formation en psycholo- On rappellera enfin que ce manuel est le premier d’un groupe de
gie et par un parcours dans la recherche et l’enseignement à trois. Ensemble, ils forment un cours de base de pédagogie. Le
distance. Les références scientifiques absentes du manuel second est intitulé APPRENDRE À ANIMER UN COURS et le der-
sont donc à l’oeuvre sous forme «digérée»; nier APPRENDRE À METTRE DES NOTES.
39
Activité
Une activité pédagogique, c’est tout simplement ce qu'on fait concrètement pour appren-
dre ce qu’il est convenu d’apprendre. C’est une subdivision d'une unité d'apprentissage.
Elle se caractérise par l'objectif qu'elle vise.
À remarquer que les activités d'un cours ne visent pas toutes des apprentissages. Certai-
nes répondent à d'autres finalités et ne sont pas des activités pédagogiques. Par exemple,
au début d'une unité, l'enseignant vérifie les présences, donne des informations générales,
collecte les travaux à rendre, etc. Là, le but est de régler les questions administratives et au-
tres avant de commencer à travailler. La pause est aussi une activité. Celle-ci vise à permet-
tre à chacun de se reposer, de respirer, etc...
Les objectifs des activités qui visent un apprentissage sont, elles, à libeller selon la formule
"au terme de cette activité, les apprenants seront capables de..."
Beaucoup d’enseignant confondent activités et objectifs, ou finissent par oublier qu’une ac-
tivité doit obligatoirement viser un objectif. C’est pourtant seulement ainsi qu’elle peut évo-
luer, être remplacée par une autre, etc. Par exemple, le sujet Picasso, à aborder dans un
cours ayant pour objectif principal la connaissance des peintres du XXe siècle, pourra être
traité par des activités très diverses: analyse d'oeuvres, visionnement de films, copie de ta-
bleaux, étude de la biographie, etc.
Nous utiliserons le terme d’apprenant pour désigner une personne engagée dans un proces-
sus d’apprentissage. Ce terme fait écho à celui d’enseignant, qui désigne la personne qui
aide à apprendre.
Un barème, c’est tout simplement un tarif, une tabelle des gradations du minimum au maxi-
mum, avec les indications nécessaires pour évaluer la graduation de ce qu’on observe. Par
exemple, un enseignant définira le barème suivant pour un test:
Echelle d’évaluation
C’est un terme rencontré souvent dans l’enseignement. Il devrait logiquement être compris
comme un synonyme d’objectif pédagogique, mais est le plus souvent utilisé dans le sens
d’intention du maître.
Exemple:
«- Quel est le but de cette activité? - C’est de montrer qu’il y a plusieurs façons de procé-
der.»
Remarque:
On est loin, dans l’exemple typique ci-dessus, d’un libellé d’objectif pédagogique qui décri-
rait ce que les apprenants ont à retenir ou à savoir faire à l’issue de l’activité.
Il n’est pas exagéré d’affirmer que cette confusion entre les intentions de l’enseignant et les
objectifs d’apprentissage à atteindre par les apprenants est génératrice des plus gros pro-
blèmes que l’on rencontre dans les écoles. Les enseignants ont une tendance très pronon-
cée à être centrés sur leurs objectifs à eux (aborder tel ou tel sujet, faire faire la liste de telle
ou telle chose, synthétiser ou résumer ceci ou cela, etc.) et à estimer qu’ils ont fait un bon
travail lorsque ces buts sont atteints. Or, même si tous ces buts sont atteints, rien ne per-
met d’affirmer que quoi que ce soit ait été appris par qui que ce soit!
Les contenus, c’est tout simplement tout ce qu’il s’agit d’apprendre. Pourquoi appelle-t-on
cela contenu? C’est une survivance de l’époque où le savoir était consigné dans les livres
et où l’on parlait du contenu des livres.
Les contenus sont la plupart du temps déjà définis par les plans d'études. Nous vous re-
commandons tout de même de faire l'exercice proposé à l’étape 3 pour pouvoir porter un
regard critique sur les programmes scolaires et pour inventer d'autres façons de procéder
que celles qui sont proposées.
Nous utiliserons le terme de cours pour parler d'un ensemble d'activités (d'enseignement
et d'apprentissage) visant à faire acquérir une ou des compétence(s) définie(s).
Un cours peut durer de quelques heures à plusieurs mois. Exemple: cours Micromètre / 4
heures, cours Bases de la pédagogie / 3 mois.
Un cours se termine toujours par une évaluation finale des acquis (épreuve sommative, test
de validation, certificat de compétence, etc.)
Les critères, ce sont les concepts auxquels on se réfère pour juger de quelque chose, pour
émettre une évaluation. Dans le monde de la formation, les critères que l’on utilise souvent
sont l’exactitude des calculs ou de la restitution des choses apprises, la qualité du raisonne-
ment, la précision de l’exécution, la prise en compte de tous les éléments vus au cours, la
propreté des rendus, etc.
Etymologie:
Le terme vient du grec kriterion (κριτεριον), qui signifie référence pour distinguer le vrai du
faux.
Pour désigner la personne qui enseigne, nous utiliserons le plus souvent le terme d’ensei-
gnant, mais aussi celui de formateur, sans faire la distinction entre les deux.
L’évaluation formative est une évaluation des progrès réalisés par les apprenants. Elle se
pratique tout au long du processus d’apprentissage. Ce qui la caractérise, c’est d’abord
qu’elle ne «compte pas», c’est à dire que les résultats ne servent que de base à des feed-
back et à des aménagements du cours pour atteindre les objectifs fixés. L’évaluation forma-
tive est au coeur de la pédagogie que nous proposons. Elle peut se décliner d’une infinité
de manières.
Pour une synthèse des recherches effectuées sur les effets de l’évaluation formative, voir
Hattie, John, "Visible Learning", Routeledge, London 2009 . Deux méta-analyses portant
sur 30 études ont permis de classer l'évaluation formative au premier rang des facteurs qui
dépendent de l'enseignant dans le succès d'un apprentissage.
Pour apprendre à pratiquer l’évaluation formative, voir APPRENDRE À METTRE DES NO-
TES, le troisième manuel de cette série.
Pour aller plus loin:
L’OCDE a publié un très intéressant document: Évaluation formative - pour un meilleur ap-
prentissage dans les classes secondaires (OCDE 2006):
http://www.education.gouv.fr/archives/2012/refondonslecole/wp-content/uploads/2012/07/
rapport_ocde_evaluation_formative_pour_un_meilleur_apprentissage_dans_les_classes_se
condaires_janvier_2006.pdf
Dans le contexte de l’apprentissage, l’évaluation pronostique est une estimation des com-
pétences d’un apprenant qui se fait avant le début d’un cours ou d’une formation, ou tout
au début. Ce qu’il s’agit de pronostiquer, c’est la chance de réussite. Sur la base du résul-
tat, on pourra
• refuser l’accès à la formation parce que le niveau pour y accéder n’est pas suffisant
• orienter vers d’autres filières (pour la même raison)
• prévoir d’emblée une supervision pour les participants pas suffisamment qualifiés
• modifier le cours prévu pour l’adapter au niveau de connaissance constaté chez les futurs
participants à la formation
• prévoir des cours de mise à niveau (par exemple chez des apprenants ne maîtrisant pas la
langue parlée, la lecture ou l’orthographe)
• etc.
On parle d’évaluation sommative lorsque on évalue - en général par un test chiffré - un en-
semble de connaissances et/ou de savoir-faire acquis. Typiquement, on procède à une éva-
luation sommative à la fin d’un chapitre, d’une section de cours, d’un cours semestriel, etc.
Après une évaluation sommative, on aborde en général un nouveaux sujet d’étude, un nou-
veau chapitre.
Cette façon de présenter les choses est toutefois insatisfaisante. En effet, si l’on veut faire
la distinction entre des démarches d’évaluation visant à optimiser l’apprentissage et un dis-
positif final visant à évaluer pour certifier des compétences – et c’est important de faire
cette distinction! – il vaut mieux opposer évaluation formative à évaluation certificative.
L’évaluation sommative devient alors un dispositif qui peut se retrouver dans les deux for-
mes d’évaluation. Typiquement, les enseignants font souvent passer, juste avant la fin de
leur cours, une «épreuve blanche», qui reproduit les conditions de l’évaluation certificative à
venir, pour que les apprenants puissent vérifier s’ils maîtrisent tout ce qu’ils auront à démon-
trer. Une telle épreuve est semblable, formellement, à l’épreuve certificative, tout en étant
uniquement formative.
Évaluations sommatives
Exemples:
«Le jury est en droit d'attendre d'un futur professeur des écoles qu'il ait des connaissances
sur l'école, ses finalités et son fonctionnement. » (Note du Ministère de l’éducation natio-
nale du18 novembre 2002 )
L’IFFP (www.iffp-suisse.ch) est l’Institut fédéral des hautes études en formation profession-
nelle, un organisme de la Confédération suisse qui contribue, par de nombreuses activités,
au bon fonctionnement de la formation professionnelle en Suisse. L‘IFFP était jusqu’au 1er
janvier 2007 appelé ISPFP (Institut Suisse de Pédagogie pour la Formation Professionnelle).
• formation au niveau Hautes Écoles. Dans sa filière d’études MSc (Master of Science),
l’IFFP forme des spécialistes qualifié-e-s dans le domaine de la formation professionnelle;
• recherche, en partenariat avec des universités et les écoles polytechniques fédérales rela-
tives à la formation professionnelle du point de vue des sciences de l’éducation, de l’éco-
nomie, de la psychologie et de la sociologie;
Agissant comme un trait d’union entre l’économie et le monde professionnel, l’IFFP a essen-
tiellement pour mandat d’optimiser le transfert des connaissances dans la pratique. Il entre-
tient à cette fin un réseau d’étroites relations avec des partenaires nationaux et internatio-
naux du monde de l’économie et de la science.
Les autres illustrations (photographies, dessins, diagrammes, peintures, etc.) sont de l’au-
teur. Elles sont produites par studio ZNAK (www.studioznak.ch)
Les indicateurs, dans le contexte des évaluations d’acquis, sont les manifestations de com-
pétences. Lorsqu’on définit un critère d’évaluation, il reste toujours à préciser ce qu’on doit
pouvoir constater, dans la prestation que l’on veut évaluer, pour pouvoir affirmer que la com-
pétence est avérée. C’est ce qu’on appelle les indicateurs.
Les autres indicateurs seront ceux qui permettront de faire la différence entre le suffisant et
l’excellent (qui est le niveau visé).
Toutes ces notions sont discutées et précisées dans le troisième et dernier manuel de cette
série, celui consacré à la pratique de l’évaluation.
L’intention pédagogique exprime ce que le formateur vise au travers d’une activité qu’il pro-
pose.
Exemples:
«Avec cette activité, mon intention est de faire comprendre le fonctionnement du scaphan-
dre»
Les enseignants confondent très souvent leurs intentions avec les objectifs d’apprentis-
sage! Dans l’exemple ci-dessus, l’erreur consisterait à considérer que si la démonstration
du scaphandre est faite, les apprenants auront compris.
John Hattie est l’auteur de plusieurs recherches et d’ouvrages portant sur l’enseignement
et l’apprentissage. Il a publié en 2009 une synthèse de plus de 800 méta-analyses:
HATTIE, John A. C. (2009), "Visible Learning, a synthesis of over 800 méta-analyses relating
to achievement". Routledge N. Y.
Le terme de leçon vient du contexte scolaire primaire et gymnasial et s'inscrit dans un con-
cept méthodologique hérité du XIXe siècle, où l'apprentissage est découpé en petites tran-
ches et où l'enseignant a pour mandat de "donner des leçons".
Nous ne l'utiliserons en principe pas, parce que notre approche est très différente de ce mo-
dèle. S'il devait apparaître au détour d'une explication, ce serait dans le sens de "moment
particulier d'un cours, défini essentiellement par l'horaire des apprenants et ayant une du-
rée variant entre 45 minutes et une heure et demie".
Étymologie: vient du grec methodos (μέθοδος), qui signifie littéralement voie parmi / vers.
Pour une synthèse des études sur la motivation, voir notamment Ross, 1998 / Dörnyei,
2001 / Goddet, 2006 / Crahay, 2007. (Ces auteurs sont cités dans la bibliographie en fin de
manuel).
Pour une explication plus complète de la notion de plaisir à laquelle nous nous référons ici,
voir Henri Laborit, "La nouvelle grille" (1974).
Développé pour être un outil au service d’un orateur pour des présentations devant un pu-
blic, PowerPoint est évidemment très prisé des enseignants. Mais il peut être utilisé pour
bien plus que cela, et c’est surtout pour ces autres qualités qu’il est un outil précieux pour
les enseignants. Chaque image d’un diaporama PowerPoint étant d’abord une fiche modi-
fiable, on peut utiliser le logiciel pour:
• etc.
L'association française Ecoles du monde - Acteurs en éducation (EMAE), créée fin 2011,
s'est donnée pour mission d' étudier les systèmes scolaires publics internationaux dans
une approche humaniste pour :
Voir aussi:
http://visible-learning.org/fr/
Une structure, c'est un arrangement et une relation entre des éléments d'un ensemble
complexe. L'ensemble, ici, c'est le cours et ses subdivisions; et les éléments, ce sont les
contenus à apprendre.
Structurer un cours, c'est donc structurer les contenus et, in fine, les unités d'apprentis-
sage prévues pour chaque contenu. C'est les organiser pour en faire un ensemble cohérent
et dynamique facilitant l'apprentissage.
Il y a toute sorte d’objectifs pédagogiques. Il est donc pratique de pouvoir y mettre un peu
d’ordre pour au moins déterminer leur importance relative, leur niveau de difficulté ou leur
nature. On appelle de telles classifications des taxonomies (ou taxinomies), le mot signifiant
tout simplement..... classification, en grec.
La classification des niveaux de connaissance proposée par Benjamin Bloom est toujours
encore considérée - à juste titre, selon notre expérience - comme la référence incontourna-
ble lorsqu’il s’agit de fixer des objectifs pédagogiques. Elle permet, en effet, de clarifier ce
que l’on vise et ce dont on parle. Elle permet surtout de prendre conscience de ce que l’on
fait dans le processus de fixation des objectifs.
Bloom propose une échelle qui va du simple au complexe en six niveaux successifs (aux-
quels certains de ses disciples ont ajouté un niveau supplémentaire («CRÉER»). Nous nous
bornerons à les reproduire ici. Pour la discussion de Bloom, voir internet:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Taxonomie_de_Bloom
Il n’est pas exagéré de dire que les TIC ont révolutionné l’enseignement et l’apprentissage.
Elles ont en particulier modifié fondamentalement le rôle et la fonction des enseignants, en
dépossédant ces derniers de leur aura de «ressource incontournable», de détenteurs du sa-
voir.
Le présent manuel tient compte de cette révolution et propose une approche de l’enseigne-
ment qui intègre ce nouveau paradigme de l’enseignant.
Pour les généralités sur le schéma proposé par Jean Houssaye, voir
http://fr.wikipedia.org/wiki/Triangle_pédagogique
Le triangle de Houssaye est un diagramme qui met en scène les trois éléments fondamen-
taux de l’enseignement. Il représente un support visuel pratique pour une explication des
relations existant entre ces trois éléments.
La relation Enseignant-Savoirs
Ce côté du triangle symbolise la compétence de l’enseignant. C’est le corpus de connais-
sances spécifiques qu’on attend de lui.
La relation Apprenant-Savoirs
Ce côté du triangle représente l’apprentissage. Lorsque l’apprenant veut (ou doit) appren-
dre quelque chose, il peut le faire de nombreuses façons autres que par le recours à une
école et à des enseignants. C’est ce qui est représenté ici. Ce côté représente non seule-
ment le processus d’apprentissage, mais également sa finalité: une relation au savoir où les
enseignants n’ont (plus) aucun rôle à jouer.
La relation Enseignant-Apprenant
Ce côté du triangle symbolise la communication entre l’enseignant et ses étudiants.
De même, on trouve, pour celui qui veut apprendre, le détour par l’enseignant.
Sur le schéma, l’enseignant représente un détour pour atteindre l’objectif (les savoirs). Dans
la réalité, il s’agit en principe d’un raccourci: on apprend plus vite et mieux en passant par
des programmes élaborés par les écoles. C’est en tout cas ce que les écoles doivent dé-
montrer pour pouvoir continuer à exister.
Une unité d'apprentissage (Learning Unit chez les auteurs anglophones) est une partie du
cours qui se caractérise ainsi:
• c'est le plus petit ensemble d'activités cohérentes (de l'enseignant et des apprenants)
permettant d'atteindre un objectif donné
• elle traite d'un seul contenu
• elle a un début constitué par un moment de présentation des activités à entreprendre et
des objectifs visés
• elle a une fin constitué d'une évaluation, d'un bilan et d'un recadrage
• sa durée varie de quelques heures à quelques jours (voire semaines)
On peut schématiser en disant que cette notion d'unité d'apprentissage est au centre de
notre conception de l'enseignement. Elle correspond dans une certaine mesure à la notion
de leçon, mais en diffère en ceci:
• une unité d'apprentissage dépasse en général le temps d'une leçon standard de 45 minu-
tes. (Dans les écoles professionnelles, une unité d’apprentissage typique est souvent
une demi-journée);
• elle est centrée sur l'apprenant et les objectifs à atteindre et non sur la performance de
l'enseignant. Il y a des unités d'apprentissage où l'enseignant ne fait presque rien lui-
même, sinon introduire le sujet, donner des consignes, superviser les diverses activités
et assurer la synthèse et le recadrage final.