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CHEZLEM!

MEÉDITEUR

1. Marie-France D ORAY, Le tango des cancres las.

2. Marc LEGRAND, La crise de l'enseignemenJ, un problème de qualité.

3. Claude LOBRY, Et pourtant ... ils ne remplissenJ pas N !

4. Marie-Claude MARGUIN-LORTIC, Si les jours m'étaient comptés ...

5. Margot BRUYERE, Dis-moi qui tu aimes...

6. Arthur ENGEL, Les certitudes du hasard - ada pté de l'allemand par D : Reisz.

7. Henri BASSIS, Dialogues sur/' égalité.

8. Jérome DORIVAL, Dominique DUBREUIL et Daniel GAUDET, Approches


multiples : partition, histoire et art.

9. Marc GUINOT, Le paradoxe de Banach-Tarski.

10. A. PAV É et G. C. VANSTEENKISTE, Artificial intelligence in numerical and


symbolic simulation.

11. Serge DANEY, DevanJ la recrudescence des vols de sacs à main.

12. Benedetto MARCELLO, Le théâtre à la mode - introduction de


J. P. Montanier

13. Catherine LECHNER, Mémoires d'un prince.

14. Nathalie CASTINEL, Aube d'une vie musicale sous la Révolution.

15. Claude LUCAS : L'hypothèse de M. Baltimore

16. Jean-Paul MONTAGNIER : La vie et l'œuvre de Louis-Claude Daquin

1 7. Paul VECCHIALI : Quand meurt le fantastique ...

1 8. Paul VECCHIALI: Poussières

20. Marc GUINOT: Pythagore Euclide et toute la clique

21. Jean-Claude GUIGET : Lueur secrète

22. Margot BRUYERE: Au diable, les yeux verts...

Directeur de Publication : Maurice GLAYMANN


Marc GUINOT

ARITHMÉTIQUE POUR
AMATEURS
(par un autodidacte)

j LIVRE I 1

PYTHAGORE, EUCLIDE et

TOUTE LA CLIQUE

IREM

Aléas Éditeur
LYOI\
A Edouard

ISBN 2-908016-21-4
© ALÉAS EDITEUR, octobre 1992

Siège social
Aléas tdùeur, 15 Quai Lassagne- 69001 LYON
lII

A V ANT PROPOS

La théorie des nombres (ou arithmétique, comme d'aucuns se plaisent


à l'appeler) n'est, à proprement parler, que la partie des mathématiques qui
étudie les nombres entiers, ceux qui servent à compter et à dénombrer, ceux
qui entrent dans les multiples opérations de codage de la vie courante, du
numéro de téléphone à celui de la sécurité sociale, ceux enfin dont la l iste
apparemment illimitée fournit une première idée de la notion d'infini. S ur ce
thème, à première vue incroyablement restreint, les mathématicièns ont
développé une histoire qui s'étend sur plus de deux millénaires. Les noms qui
jalonnent ce parcours figurent parmi les plus grands : Pythagore et Euclide,
Fermat et Euler, Lagrange et Gauss, Hilbert et Weil, ainsi que des dizaines
d'autres parmi lesquels d'authentiques amateurs, tous attirés par la simplicité
des problèmes posés et la difficulté de leur résolution.
Il est difficile de se faire une idée correcte du foisonnement et du degré
d'abstraction qui marquent de nos jours la théorie des nombres. Le
mathématicien André Weil a écrit en 1967 un livre modestement intitulé
Basic Number Theory dans lequel il est fait appel à des théories aussi variées
et abstruses que l'i ntégration dans les gro upes topol ogiques, la
transformation de Laplace, la théorie de Galois et la notion d'algèbre semi­
simple. Ce ne sont là d'ail leurs que des aspects de la théorie des nombres,
vue par un mathématicien de renommée internationale, qui porta Bourbaki
sur les fonds baptismaux et qui ne s'offusquerait pas d'utiliser l'axiome de
choix dans la théorie des nombres l . En fait, un recensement assez complet de
ce qui s'est fait de 1973 à 1983 dans cette seule partie des mathématiques a
été publié récem ment par l'American Mathematic al Society : l 'ouvrage
obtenu2 comporte six volumes.
Il est bien évident que to ut cela n'a qu'un lointain rapport
(heureusement ! ) avec ce que nous nous proposons d'exposer ici, en nous
adressant avant tout à des amateurs éclairés (c'est-à-dire ayant fait une ou deux
années d'études mathématiques après le baccalauréat) . Il ne s'agit que d'une
initiation à la théorie des nombres au cours de laquelle nous comptons
aborder (mais avec tous les détails souhaitables et sans rien admettre qui ne
soit assuré) quelques-unes des grandes questions qui ont agité et qui agitent
en èore les arithméticiens : les nombres premiers et leur diversité, les divers
aspects de la notion de divisibilité, les sommes de carrés, le problème de
Fermat et celui de Waring et jusqu'au théorème plus récent de Mordell-Weil.

1 Voir les Œuvres scientifiques de Weil, volume III (cité [WEI 1] dans notre
bibliographie), p.454.

2 Cité [GUY 2] dans notre bibliographie.


IV

Pour exam iner ces questions d'une manière progressive et san s


douleur, nous avons choisi de suivre grosso modo une c hronologie
historique. Cette manière de faire ne constitue en fait qu'un fil conducteur
commode (des esprits chagrins parleront même d'un prétexte) , mais c'est cette
idée qui nous a permis de diviser cet exposé en sept grandes parties,
s'échelonnant de !'Antiquité au xxe siècle, parties que nous avons appelées
des Livres sur le modèle d'Euclide et de Bourbaki . . . ) et qui constitueront
autant de fascicules séparés. Malgré cela, il ne faudrait pas croire qu'il s'agiç
d'un ouvrage consacré à l'histoire de la théorie des nombres (ce qui dépasserait
largement nos capacités limitées d'autodidacte) et nous n'hésiterons pas, par
exemple, à décrire des résultats remontant à !'Antiquité, dans un l angage
moderne, faisant appel entre autres aux ressources de l'algèbre élémentaire
dont la mise au point, on le sait, date essentiellement de l'époque de
Descartes.
Moyennant quoi, il ne fait pas de doute que la liste des sujets traités,
telle qu'elle figure dans la table des matières ci-après, devrait mettre l'eau à la
bouche de n'importe quel amateur potentiel de théorie des nombres
normalement constitué . . .
V

PLAN GÉNÉRAL
(sous réserve de modification)

LIVRE I - Pythagore, Euclide et toute la clique

A Nombres premiers et théorème fondamental de l'arithmétique


B Plus grand commun diviseur et plus petit commun multiple
C Grandeurs incommensurables et nombres irrationnels
D É quation de Pythagore et problèmes apparentés

LIVRE II - Fermat

A Le petit théorème de Fermat


B La descente�.
C Fermat et les sommes de carrés

LIVRE III - Euler

A Entiers inversibles modulo m, indicateur d'Euler et théorème


d'Euler-Fermat
B Euler et les sommes de carré s
C Sommes diverses et variées

LIVRE IV - Lagrange et Legendre

A Fractions continues
B L'équation de Pell
C Résidus et non résidus quadratiques

LIVRE V - Gauss

A Le théorème fondamental de l'algèbre


B Nombres algébriques
C Théorie élémentaire des corps finis
D Des entiers de Gauss aux anneaux "pseudo-bezoutiens"
E Formes quadratiques binaires
Vl

LIVRE VI - "Le stupide XIXe siècle"


A Kummer el les nombres idéaux
B Le théorème de la progression arithmétique de Dirichlet
C Des nombres de Liouville à la transcendance de n:
D Les idéaux de Dedekind
E Théorème de Tchebychef et postulat de Bertrand
F Le théorème des nombres premiers
G La géométrie des nombres de Minkowski
H Le problème de Waring

e
LIVRE VII Et le- XX siècle ?
A Le principe de Hasse-Minkowski
B Le théorème de Mordell-Weil
VII

AVERTISSEMENT

Au lecteur de bonne volonté quelque peu effrayé par l'ampleur de notre


programme nous voudrions dire ici que les connaissances préalables requises
pour la lecture de cet ouvrage ne sont pas aussi considérables que son ·

imagination pourrait le lui faire accroire.


Il est bien évident, toutefois, qu'il convient de connaître un minimum
de règles et de propriétés concernant les nombres, entiers ou autres, et les
fonctions. En fait, le livre s'adresse à des personnes qui auraient suivi les
cours de mathématiques d'un premier cycle universitaire et. . . qui auraient
presque tout oublié. Pour les connaissance sur lesquelles nous n'avons pas
jugé utile de revenir, nous prendrons comme ouvrage de référence le Cours de
mathématiques de premier cycle de Jacques Dixmier (Gauthier-Villars, 1 976-
1 977) plus accessible à notre avis que certai ns livres plus récents qui
développent trop souvent un jargon à la limite du supportable. En fait, sur
les deux volumes de ce cours, seul le premier sera vraiment utilisé : nous ne
ferons une incursion dans le deuxième volume que pour faire appel à la
notion de série. De toute façon, nous n'hésiterons pas à revenir expressément
sur une définition ou sur une démonstration si le besoin s'en fait sentir.
Pour ce qui concerne plus particulièrement les entiers naturels , qui
vont être évidem ment à l'honneur dans tout ce qui va suivre, rappelons pour
mémoire l'existence du principe de récurrence et de ce que l'on pourrait
appeler le «principe du minimum» qui permet d'affirmer l'existence d'un plus
petit élément dans tout ensemble d'entiers naturels donné, pourvu que cet
ensemble ne soi t pas vide.
L'ouvrage tout entier est divisé en Livres, numérotés de 1 à VII, et qui
correspondent, en principe, à autant de fascicules . Chaque Li vre est subdivisé
en S ections dési gnées par des maj uscules A, B , C, etc . , elles- mêmes
partagées en paragraphes numérotées 1 , 2, 3 et ainsi de suite. Un renvoi du
type 11.B.5 signi fie qu'il faut se reporter au Livre II, S ection B , paragraphe 5.
Le lecteur retrouvera ces mentions en haut de chaque page.
L'<

ARITHMÉTIQUE POUR AMATEURS

Livre I
PYTHAGORE, EUCLIDE ET TOUTE LA CLIQUE

Sommaire

A Nombres premiers et théorème fondamental de l'arithmétique . . . . . 3


1 . Divisibilité des nombres entiers . ..... .. ..... .. ... .... .. .. . .... .. . 3
- .

2. Nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. .

10
3 . Nombres premiers entre eux . .. ... ...... ..... .. .. ... .... ... . .. . . . ... 29
.

4. Le théorème fondamental de l'arithmétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35


52
..

5. Appl ications . . . ........ . . . . . . . . ..... . ............ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B Plus gran d commun diviseur et plus petit commun multip le . . . . 65


. . ........
- . .

1 . Plus grand comm un diviseur de deux entiers 66


2. Plus petit commun m ultiple de deux entiers . .. ... .. .. . .... . .. . 79
. . . . . . .. . .

3 . PGCD et PPCM d'un nombre quelconque d'entiers . . . . . . . . . . . 85


C Grandeurs incommensurables et nombres irrationnels . . . . . . . . . . . . . 91
1 . Irrationalité des radicaux ....... .. .. ....... .. .. .. . .. ................. . 92
- ..

2. Grandeurs incommensurables
.

. . . . . .. .. . . . .. . .. .. . . . .. . . . .. . . . .. .
.. . . . 98
3 . Autres exemples d e nombres irrationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 06
4 . Développement décimal et nombres irrationnels . . . . . . . . . . . . . . . 1 07
D Équation de Pythagore et problèmes apparentés . . .
- .. . .. . . .. . .. . . . . . . . . 1 37
1 . Résolution de l'équation de Pythagore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
2. Points rationnels d'une courbe d u second degré . . . .
.

1 44
. . .
. . . . . ... . . .. .

3 . Carrés en progression arithmétique ....... . . . . . . .. . .. . . . . . . . . . . . 1 55


X

Programm es pour une calculatrice de poche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 61


1 . Rec herche de nombres prem iers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 61
2. Décomposition en facteurs premi ers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . .. 161
3 . Calcul d'un PGCD . .. ........... .. . .. .... .. . . .. ... .. ... .. .. ...... .. ... 162
. .

4. Triangles de Pythagore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.

. 1 63
Connaissa nce des nombres de 1 à 2000
- Table des nombres premiers et des nombres composés . . . . . . . . 1 64
- Table des décompositions en facteurs premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 72
Index des sujets abordés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 77
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 79

Ce Yw-'4> e!) r�,\ /;) 1°;>.5{ � ,f!.!.!_)7


LIVRE 1

Pythagore, Euclide et toute la clique

Nos connaissances sur le développement des mathématiques dans


!'Antiquité (et même jusqu'au XVI e siècle) se caractérisent avant tout par leur
discontinuité (cf. [WE I 2), Chap. I, § Il ). La théorie des nombres n'échappe
pas à ce phénomène. Quel rapport y a-t-il entre la tablette cunéiforme
Plimpton 322 de l'histoire babylonienne, datant de l'époq ue d'Hammourabi
(XVI e siècle avan t J .-C.), la pratique des «fraction s égyptiennes» , les
découvertes attribuées à l'école pythagoricienne (VI e siècle avant J.-C .) , la
rédac tion des «Eléments» d'Euclide (Ill e siècle av . J.-C .) et les Livres
arithmétiques de Diophante d'Alexandrie (Ill e siècle après le début de l'ère
chrétienne)? Même en nous limitant aux mathématiques grecques , les plus
connues (et qui s'échelonnent sur presque un millénaire ! ) , les indication s
que nous avons sur les mathématiciens et leurs œuvres sont fragmentaires et
dues le plus souvent à des philosophes ou à des commentateurs qui vivaient

1 Quand il ne s'agit a s de no bres, les à


m entions entre crochets renvoient
à
p m
notre bibliographie placée en fin de volume et dont l'abondance est destinée
marquer le sérieux de notre entreprise.
parfoi s plusieurs s iècles après les faits dont ils parlent. La découverte des
nombres irrationnels est entourée de légendes et aucun texte précis ne vient
appuyer tout ce qu'on a pu dire à ce sujet. Les célèbres Eléments d'Euclide
ont peut-être eu plus d'un rédacteur et sur ce rédacteur lui-même on ne sait
rien de sûr (cf. [E .U . 1 ] , art. EUCLIDE). S ur Diophante, on ne sait
quasiment rien ([E.U.2] , nouvelle édi tion, art. DIOPHANTE) et le recueil de
ses problèmes qui nous est parvenu (et dont la réédition au xvne siècle
inspira les premiers travaux de Fermat : cf. Livre II) est encore de nos jours
incomplet malgré la découverte récente ( 1 97 1), en Iran, d'une traduction arabe
qui recouvre une partie de ce qui manquait jusque-là.
Il n'empêche que c'est de cette époque que datent nombre de résultats
qui font encore de nos jours le bonheur des élèves des lycées et collèges :
l'irrationalité de f2, le volume de la pyram ide , la notion de PGCD, le
nombre 7t, le théorème de Pythagore, pour ne rien dire du principe même des
m athématiques, avec son cortège austère et fascinant de défi nitions,
d'axiomes et de théorèmes . . .
Pour illustrer cette période dans le domaine de l'arithmétique, nous
avons choisi troi s thèmes privilégiés : les propriétés de divisibilité des
nombres entiers, les nombres irrationnels (ou grandeurs incom men surables

x2 + y2=z2.
dans le langage de l 'époque) et l'étude arithmétique de l'équation de Pythagore
l.A.I

[TI Nombres premiers


et théorème fondamental de l'arithmétique

1. Divisibilité des nombres entiers

L'essentiel des mathématiques de l'époque grecque classique a été


consigné dans un ouvrage à la fortune considérable, intitulé «les Eléments»
et qui aurait été rédigé par un certain Euclide vers le me siècle avant l'ère
chrétienne, soit au début de la période dite hellénistique que les historiens
font commencer à la mort d'Alexandre. L'ouvrage, consacré essentiellement à
la géométrie, conformément à l'esprit des mathématiques grecques, est divisé
en treize chapitres que l'on appelle traditionnellement des «livres» . Trois
d'entre eux, les livres VII, VIII et I X , sont consacrés à l'arithmétique. On y
trouve des résultats élaborés (comme le théorème sur l'infinité des nombres
premiers que nous démontrerons plus loin) mêlés à des considérations plus
élémentaire s , comme celles sur le pair et l ' impair, que l'on fai t
habituellement remonter aux premiers pythagoriciens.
Nous allons développer une partie de ces résultats , en y incluant le
théorème sur la décomposition unique en facteurs premiers (qui ne figure pas
explicitement chez Euclide) , dans un langage modernisé qui en facilitera
l'exploitation immédiate dans les Livres suivants. En premier lieu, alors que
les Grecs de l'époque classique réservaient le mot de nombre («arithmos» en
grec , qui a donné «arithmétique» et même «logarithme») aux entiers � 2,
nous nous placerons d'emblée dans l'ensemble � des entiers de signe
quelconque, zéro compris (entiers dits «relatifs» ou «rationnels») , tout en
accordant une place privilégiée à l'ensemble N des entiers naturels (ou entiers
positifs).
La première définition proprement arithmétique est très simple et bien
connue :

3
I.A.!

Défin ition.

Soient a el b deux nombres entiers; on dit que a divise b s'il existe


un entier x tel que ax = b .
On dit aussi que a est un diviseur de b ou que b est un multiple de
a ou encore que b est divisible par a.

On note souvent a 1 b, pour abréger, l'assertion «a divise b » .


Par définition, l e s multiples d'un entier a sont
. . . -3a, -2a, -a, 0, a, 2a, 3a, 4a, . . .
Pour cette raison , on note a� l'ensemble des m ultiples de a.
S 'il est facile, comme on le voit, de faire la liste des m ultiples de a, i l est
bien moins comm ode de faire celle des diviseurs de a. C'est pourquoi il est
intéressant d'apprendre en lisant les Lois, l'un des derniers ouvrages de
Platon, au IVe siècle avant J.-C., que ce dernier connaissai t le nombre des
diviseurs de 5040. Il y en a 60 exactement comme tout un chacun pourra le
vérifier.
É nonçons d'un c o up les propriétés les plus simples de la relation de
divisibilité :

Théorème 1.

La relation de divisibilité définie ci-dessus jouit des propriétés


suivantes :
(i) a divise a pour n'importe quel entier a.
(ii) S i un entier a divise un entier b et si b div ise un entier c,
alors a divise c.
(iii) Si a divise b et si b divise a, alors a = ±b.
(iv) S i a divise à la fois des entiers b et c, alors a divise b + c,
b - c et d'une manière générale tout entier de la forme
ub + vc où u et v sont des entiers quelconques.
(v) S i a divise b et si a' divise b', alors aa' divise bb'.
(vi) 1 divise n'importe quel entier, mais si a divise 1, on ne peut
avoir que a = ±1.

4
l .A . 1

( �i i) '. out entier a d i v ise 0, mais si 0 d ivise a, on a


Il necessauement a = O.

(i) Le fait que a 1 a quel que soit l'entier a vient de ce que a 1 =a


(ii) Si a 1 b et si b 1 c , il existe par définition des entiers x et y tels que
ax = b et by = c. On en déduit que a(xy) = (ax)y = by = c, de sorte que a 1 c
puisque xy est un entier.
(iii) Si a 1 b et si b 1 a, il existe de même des entiers x et y tels que ax = b
et by = a. On en déduit cette fois que axy = a. S i a est nul, b est nul puisque
b = ax et la conclusion cherchée est évidente. Si a n'est pas nul, on peut
simplifier par a la relation trouvée, ce qui donne xy 1. Comme x et y sont
deux entiers, il n'y a que deux cas possibles : x = y = 1 ou x = y = - 1 , d'où
=

b = ± a (ou a = ± b).
(iv) Si a 1 b et si a 1 c, on a ax = b et ay = c pour deux entiers x et y. On a
donc ub + vc = uax + vay = a(ux + vy). Comme ux + vy est un entier, a
divise ub + vc . En prenant u = 1 et v = 1 , on voit en particulier que a 1 b + c
et en prenant u = 1 et v - 1, que a 1 b - c .
=

(v) Si a 1 b e t s i a ' 1 b' , o n peut écrire a x = b e t a'x' = b' avec deux entiers x
et x'. On a donc aa'xx' = axa'x' = bb' , ce qui montre que aa' 1 bb'.
(vi) Le fait CJ, Ue l I a quel que soit l'entier a vient de ce que, comme dans
(i), la= a. S i al l, on a ax = 1 avec un certain entier x, ce qui n'est possible
(puisque a est lui-même un entier) que si a = x = 1 ou a = x = - 1.
(vii) C'est la relation a ü = 0 qui prouve que tout entier a divise le nombre
O. Si 0 1 a, on doit avoir Ox = a pour un certaine entier x. D'où a = O.

Les affirmations (iv) et (v) se généralisent aisément .

Corollaire 1.

S i un entier a divise plusieurs entiers a1 , , an , il divise aussi


a1 + . . . + an et d'une manière générale tout en tier de la forme
• • •

u 1 a1 + . + u n 3n où u " .. . , u n sont des entiers donnés .


· ·

5
I.A.!

Corollaire 2.

S oi ent a 1 , , an et b 1 , b n des entiers; si ai divise bi pour


tout indice i = l, . ., n, alors a1 .. . an divise b 1
. • • . • . ,

. • .
. bn .

On peut démontrer cela par récurrence à partir des assertions correspondantes


'
du théorème 1 ou, bien sûr, directement.
Bien entendu, chacune des affirmations du théorème 1 peut être réécrite en
utilisant le mot "diviseur" ou, quitte à renverser les d ifférentes phrases, en
employant les mots " m ultiple" ou "divisible". On notera à cet égard que,
formellement parlant, tout entier a est un diviseur de O. Comme cette façon
de s'exprimer risque de prêter à confusion à cause de l'existence de la notion
voisine de " diviseur de zéro" en algèbre générale (cf. [DIX 1 ] , ex. 20,
p. 48 1 ). On préfèrera dire simplement que 0 est un m ultiple de tout entier a.
On notera aussi les menus inconvénients qu'entraîne l'usage d'entiers de signe
quelconque dans les conclusions de (iii) et de (vi) par exemple. Ces
inconvénients disparaissent si on se lim ite aux entiers naturels; dans ce cas,
si a 1 b et si b 1 a, alors a = b et si a l 1 alors a = 1.

Par contre, l'utilisation d'entiers rationnels est un avan tage dans le cas de
l'assertion (iv) : si a 1 b et si a 1 c, on n'a pas à se préoccuper du signe de
b - c pour dire que a 1 b - c.
De toute façon, la question des signes peut se régler facilement.

Théorème2.

S oient a et b deux entiers quelconques, a' un entier égal à ± a, b'


un entier égal à ± b; alors pour que a divise b, il faut et il suffit
que a' divise b'.

É crivons les hypothèses sous la forme a' = ea et b' = 11 b avec e = ± 1 et


11 = ± 1 . Alors on a aussi e a' = a et 11 b = b' , ce qui montre que a' 1 a et
b 1 b'. Donc si a 1 b, on a successivement a' 1 a, a 1 b et b 1 b'. D'où a' 1 b'.
On raisonne de même pour la réciproque.

6
I.A . !

Corollaire 1.

Pour qu'un entier a divise un entier b, il fa ut et il suffit que lai


divise lb! .

Cela vient d e c e que lal = ± a e t lbl = ± b .

Corollaire 2.

Si d est un diviseur d'un entier a, - d en est un autre.

Le dernier résultat montre que si d est un diviseur positif de a, -d est un


diviseur négatif du même nombre. Plus généralement, si D + et D désignent _

respectivement l 'ensemble des diviseurs positifs et l'ensemble des diviseurs


négatifs de a, alors la fonction x � x définit une bijection de D+ sur D
-
_
.

Tout cel a fait que dans l a pratique, on limite souvent la relation de


divisibilité aux entiers naturels. En particulier, lorsqu'on parle des diviseurs
d'un entier a, il est le plus souvent sous-entendu qu'il s'agit des diviseurs
positifs de ce nombre.

On notera pour finir que la relation de divisibil ité entre les entiers naturels
est une relation réflexive, transitive et antisymétrique, autremen t dit, en
langage moderne, une relation d'ordre (cf. [DIXl], p. 15), l'ordre en question
n'étant que partiel.

Théorème 3.

Il Si un entier a divise un entier b non nul, alors lai s; lb! .

S i a 1 b, il existe un entier x tel que ax = b. On a donc lai ixi = lbl . Comme


b 1'- 0, on a x 1'- 0 et donc lxl > O. Comme on a affaire à un entier, on en
déduit que lx! � 1 ; d'où en multipliant par lal , qui est positif, lai ixl � lai , ce
qui est l'inégalité cherchée.

7
I.A.!

B i en entendu, dans ce théorème, les valeurs absolues sont superflues si a eth


sont d es entiers naturels.

Corollaire 1.

Les diviseurs d'un entier non nul sont en nombre fini.

Si a est un entier non nul, tout diviseur d de a vérifie la condition ldl ::;; lai,
autrement dit l'encadrement lai ::;; d ::;; lai . Il n'y a donc pas plus de 2 lai + 1
-

diviseurs de a.

Corollaire 2.

Tout diviseur positif d d'un entier a > 0 satisfait à l'encadrement


1 ::;; d::;; a.

On ne peut avoir d = 0 sinon a serait nul .

Enfin, la notion de divisibilité a évidemment quelque cho se à voir avec la


di v i s ion .

Théorème 4.

Pour qu'un entier a soit divisible par un entier b non nul, il faut et
il suffit que le quotient � (qui est un nombre rationnel) soit un
entier .

Si i; est un entier x , on a a = bx , de sorte que a est un m ultiple de b.


Inversement, si a est un multiple de b, on peut écrire a = bx où x E :l et
comme b :t 0, on a b = x. CQFD
a

8
1.A.1

Ce cri tère fournit un moyen très simple pour tester la divisibi l i té d'un entier
par un autre à l 'aide d'une calculatrice programmable : on calcule d'abord le
quotient � , puis la partie fractionnaire de ce quotient et on regarde si le
résultat final est nul ou non.
Pour la théorie (ou pour la pratique, dans le cas où l'on n'a pas de
calculatrice), on utilise plutôt la division avec reste, dite division euclidienne
pour des raisons qu'on expliquera plus loin , lorsqu'on verra l'algorithme
d'Euclide.

Théorème 5 (Principe de la division euclidienne).

Soit b un entier non nul; alors pour tout entier a, il existe un


entier q et un seul, et un entier r et un seul, tels que a== bq + r et
0 :::; r < lb1 .
- - ---· -·-

--

S upposons d'abord b > O.


Si les conditions a== bq + r et 0 :::; r < b sont vérifiées pour des entiers q

et r, on a � == q + � avec 0 :::; � < 1 . Cela montre que q est néces-

sairement la partie entière du quotient � ; i l est donc unique. Comme r doi t


être égal à a - bq , il est aussi unique. Réciproquement, prenons pour q la
partie entière du nombre � et pour r le nombre a - bq . On obtient ainsi

deux entiers tels que a == bq + r. Comme q est la partie entière de � ,

� - q est la partie fractionnaire de � On a donc 0 :::; � q <


.
-
1. Com me

� q== � par définition de r, on a donc en fait 0 :::; � < 1 , donc


-
0 :::; r < b
puisque b > O. CQFD
S upposons b < O. D'après ce qui précède, il existe un entier q' unique et
un en tier r' unique tels que a ( b) q' + r' avec 0 :::; r' < - b. Si q
bq + r avec 0 :::; r < tbl , on a en fait
-
==

et r vérifient les conditions a


a == ( b) (-q) + r avec 0 :::; r <
==

- -
b. D'où la solution unique pour q et r :
q== - q' et r == r'.

9
l.A.l

L'unique entier q défini à partir de a et de b dans le théorème précédent sera


appelé le quotient euclidien de a par b . Le nombre r sera appelé le reste de a
dans la division euclidienne de a par b.
La démonstration du théorème mon tre en outre que si b > 0 le quotient
euclidien représente la partie entière du quotient � , quotient dit alors exac t
par opposition .

Théorème 6.

Pour qu'un entier a soit divisible par un entier b non nul il faut et
il suffit que dans la division euclidienne de a par b le reste soit
nul.

S i le reste r est n u l et si q e s t le quotient euclidien , o n a : a = bq + r = b q , de


sorte que a est divisible par b.
Inversement, si a est divisible par b, il existe un entier x tel que a = bx .
Comme cette relation s'écrit aussi a = bx + 0 avec 0 :::;; 0 :::;; lbl on voit que
,

x est en fait le quotient euclidien et 0 le reste .


Ce raisonnement mon tre que a est divisible par b si et seulement si le
quotient euclidien coïncide avec le quotient exact.

2. Nombres premiers

D'après les résul lats du paragraphe précéden t, un nombre entier a


admet toujours comme diviseurs les nombres 1 , 1 a, -a . - ,

Définition 1.

On appelle nombre premier tout entier' p > 1 1 qui n'admet pas


'
d'autres diviseurs que ± 1 el ± p.

10
l.A.2

Il revient au même de dire que p est > 1 et que les seuls diviseurs positifs de
p sont 1 et p lui-même.
Les diviseurs 1, -1, a et -a d'un nombre entier a sont parfois appelés les
diviseurs triviaux de a. Un nombre premier p est donc un entier > 1 dont les
seuls diviseurs sont triviaux. Certains auteurs (à ce qu'il paraît) et certains
enseignants (j'en connais) considèrent que le nombre 1 est premier sous
prétexte qu'il n'a pas d'autres diviseurs que 1 et lui-même . C'est un point de
vue qui n'est généralement pas adopté car si on admettait 1 parmi les
nombres premiers, le théorème énonçant l'unicité de la décomposition d'un

l2 X 22 X 3 etc .
entier en facteurs premiers (que l'on verra dans I.A.4) serait faux. on· a en
effet 12 = 22 X 3 = 1 X 2 2 X 3 = ,

D'ailleurs le théorème que l'on va voir dès maintenant serait faux aussi ,
alors . . .

Théorème 1.

Il
Le nombre 2 est premier. C'est le plus petit des nombres premiers
et le seul qui soit pair.

Si d est un diviseur positif de 2, on a 1 ::; d ::; 2 d'après le corollaire 2 du


théorème 3, énoncé dans le paragraphe précédent. On a donc d = 1 ou d = 2
puisque d est un entier. Cela montre que 2 est premier.
Il est clair alors que 2 est le plus petit nombre premier.
Enfin, si p est un nombre prem ier pair, on peut l'écrire 2n où n est un entier.
Cela montre que n est un diviseur de p. Comme n est nécessairement positif
et que p est premier par hypothèse, on a nécessairement n = 1 ou n = p. Mais
ce dernier cas est impossible car p 7= 0; on a donc n = 1 et par suite p = 2.
On ne con fondra pas la notion de nombre premier avec celle de nombres
premiers entre eux :

Définition 2.

On dit que deux nombres entiers (de signes quelconques) a et b


sont premiers entre eux (ou que a est premier avec b) si leurs seuls
diviseurs communs sont ± 1 .

11
l.A.2

Il revient au même de dire que a et b ont un seul diviseur positif comm un :


le nombre 1. On dit parfois aussi, par abus de langage, que a et b n'ont pas
de diviseurs comm uns. A cause des risques de confusion possible, on a
proposé de qualifier d' «étrangers» les nombres prem iers entre eux . On
pourrait aussi adopter le terme de «copremiers» sur le modèle de l'anglais
«Coprime» , m ais même dans cette langue le mot n 'est pas d'un usage
universel.
Dans la suite, nous nous conformerons au vocabulaire traditionnel.
Un nombre entier n > 1 , non premier, est encore appelé un nombre
composé. Cette appellation est justifiée par le théorème suivant.

Théorème 2.

Pour qu'un nombre entier n soit composé, il faut et il suffit qu'il


existe des entiers d, d' > 1 tels que n = dd' . Dans ces conditions, on
a aussi d, d' < n.

Supposons q ue n soiL composé. Alors n > 1 et il admet au moins un


diviseur positif d autre que 1 et n . D'après le corollaire 2 du théorème 3 ,
paragraphe 1 , o n a 1 < d < n . Comme d divise n , il existe u n second entier
d' tel que dd' = n. Pour cet entier, on a d' = � > 1. La condition est donc
bien nécessaire.
Supposons inversement que n = dd' avec d, d' entiers > 1 . Cette hypothèse
prouve que n > 1 et que d est un diviseur positif den autre que 1. Si n n'était
pas composé, il serait prem ier. Par suite, d devrait être égal à n, ce qui
entraînerait d' = 1, contrairement à l'hypothèse.

Si n= dd' avec d, d' > 1 , on a aussi d = d' < n et d' = n. D' ou 1 e


n
d<
n '

théorème.

On notera qu'un nombre entier n non composé ne peut être déclaré prem ier
que si n > 1 . D 'après le théorème 2, les multiples d'un entier a > 1 ,
strictement supérieurs à a : 2a, 3a, 4a, . . . sont tous âes nombres composés .

12
l.A.2

Théorème 3.

:2:

Il
Pour qu'un nombre entier n 1 soit composé, il faut et i l suffit
qu'il admette au moins un diviseur d tel que 2 s; d s; {;;_ .

En effet, si n est composé, on peut écrire n = dd' où d et d' sont des entiers
> 1 . Quitte à échanger d et d' , on peut supposer d s; d'. Dans ce cas, on a
cf s; dd' = n ; d'où d s;{;;_.
Supposons inversement que n admette un diviseur d tel que 2 s; d s; {;;_ . On
ne peut avoir n = 1 . On a donc n > 1 et par suite -J-;; < n. D'où
l'encadrement 1 < d < n qui prouve que n est composé. ( f f\
Le théorème 3 est à la base de la méthode la plus simple pour déterminer le
caractère premier d'un nombre. Prenons le cas très élémentaire du nombre 1 9 .
S 'il n'était pas premier, il serait composé. Donc, d'après le théorème 3 , il
serait divisible par un entier d tel que 2 s; d s; ru. Comme d est entier
et que 4 < m < 5 (car 4 2 < 19 < 52 ), d serait nécessairement égal à 2, 3
ou 4 . Mais on ne peut avoir ni d= 2, ni d= 4 sinon 1 9 serait pair. Il ne reste
donc que le cas d = 3, ce qui est impossible car la relation 1 9 = (6 x 3) + 1
indique que le reste de 1 9 dans la division euclidienne par 3 est 1. Cette
contradiction établit la premièreté de 1 9 .
L e mot "premièreté " introduit ici pour l a première fo i s dans cet ouvrage est
un néologisme de fort bon aloi , construit sur "premier" comme "grossièreté"
est construi t sur " grossier" et qui remplace avantageusement l'inepte
"primalité" .
Des raisonnements tout aussi élémentaires, laissés au lecteur, permettent de
dresser la liste des nombres premiers j usqu'à 20, à savoir 2, 3 , 5, 7, 1 1 , 1 3 ,
1 7 et 1 9 .
B ien entendu, pour des nombres plus élevés, tels 1 993 o u 1 997, l e nombre
de vérifications à faire est plus grand. Il peut être réduit, cependant, en
observant que dans ces cas (et dans tous les cas analogues) , il ne peut y avoir
de diviseurs pairs. Il s'agit donc d'étudier la divisibilité du nombre N essayé
par 3, 5, 7, 9, et ainsi de suite j usqu'à m Dans le cas de 1 993 ou 1 997 , le
nombre de vérification est de 21 ( de 3 à 43). Il est très facile de programmer
ces opérations sur une calculatrice. S ur celle dont je dispose, j'ai obtenu le
résultat en quelques secondes. Et pour trouver le premier nombre premier

13
1./\.2

s upérieur à 1 000 000, i l m ' a fal l u moins de deux m i n u tes : c'est


1000 003 . Le lecteur trouvera en fin de volume un programme en "simili
basic " donnant ces résultats. Pour les calculs faits à la main, on peut
améliorer le théorème 3 grâce au résultat suivant :

Théorème 4.

Il
Tout nombre entier autre que ±
.
1 est divisible par au moins un
nombre premier.

S i n ic- ± 1, n admet au moins un diviseur > 1: le nombre lnl si n ic- 0 ou le


nombre 18, par e\emple, si n = O.
Désignons alors par p le plus petit diviseur > 1 de n ("principe du
minimum " ) . Alors p est premier. Si ce n'était pas le cas , il serait composé
(car p > 1) et il admettrait par conséquent un diviseur d tel que 1 < d < p.
Mais alors d serait un diviseur > 1de n, plus petit que p, contrairement au
choix de p. D'où le résultat.
Profitons de l'occasion pour établ ir une conséquence simple du théorème 4 ,
que l'on complètera par u n théorème d'unicité dans I.A.4 :

Théorème S.

Il
Tout nom bre entier � 2 est prem ier ou prod uit de plusieurs
.
nombres premiers.

Supposons ce résultat faux et appelons n le plus petit entier qui ne satisfait


pas à ce théorème . Alors n n 'est pas premier et comme il est � 2, il est
composé. On peut donc écrire n = dd' avec d, d' entiers � 2 (th . 2). Comme
on a d, d' < n (th. 2) il résulte du caractère minimal de n que chaque facteur d,
d' est soit premier soit produit de plusieurs facteurs premiers. Mais alors i l
e n est d e même d e n. D'où la contradiction.
Revenons au théorème 4 pour améliorer comme prévu le théorème 3:

14
I.A.2

Théorème 6.

:i i{ suffit que n
Il
Pour qu'un entier n � 1 soit composé, il faut
admette un diviseur premier p :::; {;;_ . /f

La condition est suffisante d'après le théorème 3 car un nombre premier p est


toujours � 2. Inversement, supposons n composé. D'après le théorème 3, n
admet au moins un diviseur d tel que 2 :::; d :::; Tu . Si on applique le
théorème 4 à d, on en déduit que d admet un diviseur premier p. C'est aussi
naturellement un diviseur premier de n et l'on a p $ d $ {;;_ . CQFD.
Ainsi le nombre 359 ne peut être composé que s'il est divisible par l'un des
nombres 3, 5, 7 , 1 1 , 13 ou 17, ce qui n'est pas le cas. Il est donc premier.
Cette méthode ne peut pas être utilisée avec une calculatrice ordinaire car elle
suppose qu'on ait mis en mémoire, dans la machine, la liste des nombres
premiers j usqu'à une limite donnée. Par contre, avec un micro-ordinateur, la
mise en mémoire des nombres premiers j usqu'à 1 000 ne pose pas de
problèmes. D'où les nombres premiers jusqu'à 1 000 000 ...
Une autre m éthode a été imaginée par Eratosthène, mathématicien et
géographe grec, contemporain d'Archimède (vers 23 0 av. J.-C.).

Théorème 7 (Principe du crible d'Eratosthène).


É tant donné un entier N � 2, désignons par E l'en semble des
entiers compris entre 2 et N, par n le plus grand enlier inférieur ou
égal à -{N" et pour tout entier a E [2, n] par E a l 'ensemble des
m ultiples de a, appartenant à E et strictement supérieurs à a. Alors
l'ensemble E (E2 U ... U En ) est constitué de tous les nombres
-

premiers compris entre 2 et N.

Ici et dans tou t cet ouvrage, on notera E F en général l'ensemble des


-

éléments de E n'appartenant pas à F. (cf. [DIX l ] , p. 3 ou [DIX 2], p. 223).


La notation E \ F qui malheureusement se répand de plus en plus nous paraît
ridiculement inadéquate. Les risques de confusion avec la soustraction entre
les nombres (ou dans un groupe noté additivement) sont nuls.

15
l.A. 2
Comme E n'est constitué que d'entiers > 1 , il revient a u même de di re que
Bi U . . . U En est l'ensemble des nombres composés appartenant à E .
Démontrons cette dernière assertion.
S upposons d'abord que x E E2 U . U E n . Alors x est de la forme ay où a
est un enlier compris entre 2 et n et où y est un entier > 1. Le nombre x est
. .

donc composé (th . 2).


S upposons que x soit un nombre composé (appartenant naturellement à E).
D'après le théorème 3 , il admet un diviseur a tel que 2 $ a $ -Jx . Comme
x ;::>: 2, on a -Jx < x; d'où l'inégalité a < x qui prouve que x est un m ultiple
de a strictement supérieur à a, donc un élément de Ea . Comme x $ N, on a
.,,Jx $ W, et donc a $ W . Comme a est un entier, cette dernière relation
peut s'écrire a $ n : ce qui prouve que x E E2 U . . . U En . CQFD .
Appliquons ce théorème au cas où N = 1 00, de sorte que n = 1 0. Dans la
liste des entiers compris entre 2 et 1 00, supprimons (en les rayant) tous les
nombres appartenant à E2 , E3 , . . . , E 1 0 . Les nombres non rayés sont les
nombres premiers compris entre 2 et 1 00 :

2 3 y 5 y 7
X � �
11 V 13 V V' ]If 17 µr 19 ??
� '7 23 2/ 'VI '?/! V � 29 ')$'
31 ')2' '9' y '}if 'YI 37 '% )fJ' �
41 ;µ' 43 � 12' � 47 � ? ':%
)Y }Z 53 )K )if � r � 59 rp
61 9Z � � §il (j! 67 f)'if fP 7jf
71 77 73 1K ],il 71! 77 77 79 �
� � 83 � � � V � 89 9)r
� 9,7 97 9)Y 9,1! 9/f 97 9)! 97 l)Xl

16
I .A.2

Ainsi le crible d'Eratosthène, nous fourn it la liste des nombres premiers


j usqu'à 1 00 : 2, 3, 5, 7, 1 1 , 1 3, 1 7 , 1 9, 23, 29, 3 1 , 37, 4 1 , 43, 47, 53, 59,
6 1 , 67, 7 1 , 73 , 79, 83, 89, 97. Cela fait en tout 25 nombres premiers.
On s'aperçoit sur cet exemple que les nombres de E4 , E 6 , E 8 , E 1 0 ont été
rayés dès le début quand on a rayé les nombres de E 2 . De la même façon
� est contenu dans E3 . En définitive, l 'ensemble cherché s'obtient en
rayant uniquement les nombres qui appartiennent à E 2 , E3 , E5 et E7 .
D'une m anière générale, on peut voir que dans le théorème 6, on a
E - (E2 U . . . U E n ) = E - (Ea U . . . U Ea ) où la suite (a1 , ; ar) ,
1 r
. . •

extraite de la suite (2, . . . , n), se définit par récurrence de la façon suivante :


- on choisit a 1 = 2;

- on choisit pour az le plus petit entier "non rayé" , c'est-à-dire appartenant à


E E 2 , s'il existe;
-

- d'une manière générale, si la suite a 1 , a2 , est défini j usqu'à son


. • .

i-ème terme a; , on choisit pour ai + J le plus petit entier appartenant à


E - (Ea U . . . U Ea)
1 si cet ensemble n'est pas vide;

- on s'arrête quand il n'y a pl us de choix possible.

Présentée sous cette forme, la méthode d'Eratosthène peut se programmer sur


un micro-ordinateur : les nombres de 2 à N sont mis sous la forme d'un
"tableau" à une dimension (une liste, donc) dans lequel on ne met que des
chiffres "l" et pour rayer un nombre du tableau, on remplace le " l "
correspondant par un " O " . On peut d'emblée ne conserver que les nombres
impairs et si le tableau est trop grand pour les capacités de la machine, on
peut le scinder en plusieurs tableaux.
De cette manière, je suis parvenu à dénombrer tous les nombres premiers
jusqu'à 1 000 000, et ce de 1 0 000 en 1 0 000 :

de 0 à 1 00 000
l 1 229 1 1 03 3 1 983 958 930 924 878 9 02 876 879
de 1 00 000 à 200 000

1 8 6 1 1 848 1 858 1 85 1 838 835 814 845 828 8 14

17
l.A.2

de 200 000 à 300 000


1 8 23 1 8 1 1 1 8 1 9 1 7 8 4 823 793 805 790 792 7 73
de 300 000 à 400 000
1 8 03 1 808 1 7 9 6 1 7 7 8 795 780 765 778 767 793
d e 400 000 à 500 000
1 754 1 776 1 772 1 7 7 9 7 65 75 2 765 782 761 772
de 500 000 à 600 000
1 753 1 770 1 7 64 1 747 75 0 75 0 747 7 69 7 63 747
d e 600 000 à 700 000
1 7 63 1 75 1 1 729 1 73 3 75 7 733 745 754 752 728
d e 700 000 à 800 000
1 7 63 1 723 1 7 6 0 1 742 707 740 755 735 738 745
d e 800 000 à 900 000
1 732 1 733 1 745 1 729 727 725 753 728 732 7 19
de 900 000 à 1 000 000
752 708 1 740 1 7 1 3 720 7 11 73 2 7 17 710 72 1

TOT AL : 78 498

On peut ainsi constater que la proportion des nombres premiers par rapport à
la totalité des nombres va, globalement, en décroissant, ce qui n'exclut pas
des irrégularités dans le détail qui pourraient être plus marquées, peut-être, si
on avait opté pour d'autres m odalités de dénombrement.

18
Graphiquement, celle impression générale est plus visible.

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...

19
l.A.2

La première question qui se pose est alors de savoir s'il ex iste toujours des
nombres premiers. Elle a été résolue par l'affirmative dès !'Antiquité et figure
dans les Eléments d'Euclide , L ivre IX, proposition 20.

Théorème S.

Il Il existe une infinité de nombres premiers.

Comme on peut s'en douter, Euclide ne s'est pas exprimé aussi brutalement.
Il s'est contenté d'affirmer que "pour toute quantité donnée de nombres
premiers, il y en a un plus grand" (cf. [BOU 1 ] , p. 40) , ce qui est une façon
un peu hypocrite de parler de l'infini . . .

I l existe des démonstrations assez nombreuses de ce théorème. Nous en


donnerons cinq.

Première démonstration (Euclide, me siècle avant J .-C .)


Considérons, com me le fait Euclide, un nom bre fin i non nul de nombres
premiers. Appelons p le plus grand d'entre eux et formons le produit 2.3 . . . p
de tous les nombres premiers j usqu'à p, produit qui contient en facteurs
tous les nombres prem iers envi sagés in itialement. Com m e le nombre
N = 2.3 . . . p + 1 est plus grand que 1 il est divisible par au moins un
nombre premier q (th. 4). Montrons que q est plus grand que p. En effet, dans
le cas contraire, q diviserait le produit 2. 3 . . . p. Comme il divise déjà
N = 2.3 . . . p + 1 , il d iviserait leur différence (I.A. 1 , th. 1 , iv); ce qui est
absurde puisque cette différence est 1 (l.A. l , th. 1, vi).
On a donc mis en évidence un nombre premier plus gran d q ue tous ceux
envisagés au départ : c'est ce qu' il fallait démontrer.
Notons au passage que le nombre N lui-même peut être premier, auquel cas
on a évidemment q = N. C'est ce qui se passe dans les cas les plus simples :
les nombres
2+ 1 = 3 , (2 X 3)+ 1 = 7 , (2 X 3 X 5)+ 1 = 3 1 ,
(2 X 3 X 5 X 7)+ 1 = 2 1 1 , (2 X 3 X 5 X 7 X 1 1 )+ 1 = 2 3 1 1

20
I .A . 2

sont tous premiers . Par contre, (2 x 3 x 5 x 7 x 1 1 x 1 3)+ 1 == 30 03 1 n'est


pas premier mais naturellement ses diviseurs premiers sont tous plus grands
que 13. Ce sont 59 et 509 comme tout un chacun peut le vérifier.
Le lecteur curieux pourrait poursuivre la liste précéden te et chercher quel est
le prochain nombre N premier. Il aura peut-être quelques difficultés . . .
La démonstration précédente admet de nombreuses variantes . S i j 'en crois
Paulo Ribenboi m , le mathématicien allemand Kum mer aurait eu l'idée
géniale, en 1 87 8 , de considérer au lieu du nombre N == 2.3 . . p + 1 , le
nombre N' == 2.3 . . . p - 1. Cela ne me paraît pas d'une folle originalité !
.

(cf. [RIB] , p. 4).


Plus intéressante me semble être l'idée de G . Métrod (un illustre inconnu !)
en 1 9 1 7, qui consiste à considérer, à côté du produit 2.3.5 . . . p, les nombres
2.3.5 . . p 2.3.5 . p 2.3.5 . p 2.3.5 ...p
3
S
. . . . .

A == , B == C == , . . . , P ==
2
,

p
et à former la somme S == A + B + C + + P.
· ·
·

Le lecteur démontrera que si q est un diviseur premier de S, on a q > p. Mais


pour ce faire, i l devra utiliser expressément un théorème qu'on ne verra que
dans le prochain paragraphe.

Deuxième démonstration (Polya, vers 19 20)

Elle utilise les nombres de Fermat F" , définis par la relation Fn 22" + 1
pour n 2 O. Nous aurons l'occasion de parler plus en détail de ces nombres
==

dans le Livre II. Pour l'instant, nous allons simplement voir que si m -:t. n, il
n'y a pas de diviseurs communs à Fm et à Fn , autres que ± 1 . Cela veut dire,
d'après la définition 2 donnée ci-dessus, que les nombres de Fermat sont deux
à deux premiers (c'est-à-dire premiers entre eux ! ) .
Pour l e voir, considérons un nombre d positif divisan t à la fo i s Fn (pour
Fn + k 2
n 2 0) et Fn +k (pour k 2 1 ) . Posons a == 2 el calculons
2" -

Fn
k
a2 - 1
== ==
a + 1

21
I .A . 2

Comme l 'exposant de x dans le polynôme P(x) = x - 1 est pair (car k ;::>: 1


2k
par hypothèse) , - 1 est une racine (évidente) de ce polynôme. Cela montre
que P(x) est divisible (en tant que polynôme) par x+ l , donc que l 'on peut
écrire P(x) = (x+ 1) Q(x) où Q(x) est un autre polynôme en x. Si on fait
explicitement la division, on trouve pour Q(x) un polynôme à coefficients
k k Fn+k - 2
. . x 2 - 1 - x 2 -2 +
entiers (qm. est en fait + x - 1 ). B ref,
· · · est un
Fn
entier, égal à Q(a). Cela montre que le nombre de Fermat Fn divise Fn + k - 2.
Par suite, d divise à la fois Fn +k et Fn +k - 2. Il divise donc leur différence, qui
est 2. On a ainsi d = 1 ou d = 2. Comme il est impossible que d = 2 car
chaque nombre de Fermat est impair, on a d = 1 . D'où Je résultat.
Cela étant, considérons pour chaque entier naturel n un diviseur premier Pn de
Fn (ce qui est possible puisque Fn ;::>: 3). Il résulte de ce qui précède que les
nombres premiers P n sont deux à deux distincts . D'où une infin ité de
nombres premiers.
Les nombres de Fermat croissent naturellement très vite :
2
F 0 = 2 ° + 1 = 3 , F 1 = 2 + 1 = 5 , F 2 = 24 + 1 = 1 7 ,

F3 = 2 8 + 1 = 257 , F4 = 2 1 6 + 1 = 65 5 3 7 , F5 = 4 294 967 297

Au vu des premiers résultats, Fermat pensait qu'ils étaient tous prem iers (cf.
Livre II), ce qui est faux, comme E uler le démon tra en 1 73 2 : F5 est
divisible par 64 1 . Quoi qu'il en soit, la méthode présente là aussi di verses
variantes, l'idée générale étant de définir une suite d'entiers a11 tous plus
grands que 1, deux à deux sans divi seurs communs. On peut définir une suite
semblable par récurrence, en posant a l = 2 ' a2 = a l + 1 , a3 = a l az+ 1 ' a4 =
a1 3233 + 1 , etc.

Nous laissons le soin au lec teur d'achever la démonstration (et de voir


accessoirement que le nombre a5 = 1 807 n'est pas premier) .

Troisième démonstration (Erdôs)


Je ne suis pas sûr que cette démonstration soit vraiment due à Erdôs ; H ardy
et Wright chez qui j e m'insp ire ( [H A -WR] , p. 1 6) renvoient sans
explication à un article d'Erdôs, paru en 1938, que j'ai renoncé à chercher.

22
I.A.2

Quoi qu 'il soit , supposons qu'il n'exi ste qu'un nombre fini de nombres
premiers p ,
1 , Pr et considérons un entier naturel N non nul arbitraire.

• •

D'après le théorème 5 , tout entier naturel n , compris entre 1 et N, peut

s'écrire sous la forme d'un produit p 1


a a
p r où les exposants a l ,
• . . ar . . . ,

1
sont des entiers naturels éventuellement nuls. S i on écrit chaque exposant a i
r

sous la forme 2m ; + b; avec b; = 0 ou b; = 1 (division euclidienne ! ) , on


b1 b
voit que n peut encore s'écrire n � p • • • p r où n 0 est un entier naturel.
I r

Comme n est inférieur ou égal à N, on a n � S: n S: N, donc n 0 S: W et par


suite n 0 S: [ ffl ] où [W ] représente la partie entière de W. Comme
bl b,
d'autre part le nombre d'entiers de la forme p ... p est au plus 2r
1
r
puisque chaque exposant ne peut prendre que les deux valeurs 0 et 1 , on voit
que le nombre d'entiers n compris entre 1 et N est au plus égal à ffl ] 2r. [
En termes plus savants , le raisonnement précédent vise à montrer que
l'application

p : { i, . . . , [ -vN ] } x {O, l } r � [ l , N ]

est surjective , ce dont le lecteur doit maintenant être convaincu. Dans ces
conditions , le nombre d'éléments de l'ensemble d'arrivée , ici N, est inférieur
ou égal au nombre d'éléments de l'ensemble de départ , ici [ W ] 2r. Bref, on
a l'inégali té

A fortiori a-t-on

ce qui donne successivement Ji. S: 2r ffl � 2' et enfin N � 22r . Mais


{N
,

cela est évidemment impossible car N étant arbitraire , on peut très bien avoir
N ::2'. 22r + 1 .

23
I .A . 2

Quatrième démonstration
Elle est proposée en exercice dans [WEI 4] et présente beaucoup d'analogie
avec la démonstration précédente sauf dans la chute finale.
S upposons qu'i l n'existe qu'un nombre fini de nombres premiers p 1 , . . . , p ,
et considérons un entier N non nul arbitraire. D'après le théorème 5 , tout
entier naturel n, compris entre 1 et N, peut s'écrire sous la forme d'un produit
a1 a,
p
1 r
.. p . où les exposan ts a 1 , , a, sont des en tiers naturels
• • .

, l'exposant ai peut varier de 0 à


a;
éventuellement nuls. Dans chaque facteur p
1

une valeur maximum qui ne peut pas dépasser un nombre x tel que p $ N. ;
Comme cette inégalité s'écrit encore x i n Pi $ i n N (on adopte ici , la mort
dans l'âme, la nouvelle notation des logarithmes népériens, imposée par les
fabricants de machine à calculer et qui bafoue allègrement des siècles de
on voit que 1 e nom b re d e
. . , . in N
� n Pi
trad 1t1on math emat1que ) , ou x $ -0-- , .

possibi lités pour p ai ne peut dépasser 1 + N


i n
i n Pi
et par suite le
1

( ;; ; ) ... (i �� ; ) .
nom bre de possibi l i tés pour n n e peut pas dépasser le prod uit

i + +

Autrement dit, on a l'inégalité

N ::; ( 1 +
;; ; } . . ( �� ; }
1 +

Le lecteur sceptique peut toujours affubler les logarithmes précédents de


parties entières et expliciter une application surjective convenable, comme
dans la démonstration précédente, pour se convaincre de l'inégalité obtenue.
Comme P; :::>: 2 pour tout i, on déduit de l'inégalité en question

N ::; ( 1 +
i n
in
�r
2) =

24
I.A.2

ce qu'on peut écrire

Mais cela est absurde car il est bien connu que lorsque N augmente

tend vers 0 . . CQFD.


(i n 2N/
indéfiniment, .

Cinquième démonstration
Elle est due en substance à Euler en 1 737. S ous une forme plus élaborée
(cf. Livre III), elle constitue historiquement la première manifestation de
l'intervention de l'analyse dans le domaine de la théorie des nombres. Cette
première incursion se mua au XIXe siècle en une véritable invasion, qui finit
par porter le nom de "théorie analytique des nombres" .
Observons d'abord que s i p est u n nombre prem ier quelconque, la série
de terme général k . (k = 0, 1 , 2, 3, . . . ) est convergente car c'est une
1
p
série géométriq ue de raison < 1 . S a som m e peut donc s'écrire
1 + l + 2 + 3 + · · · et est d'ailleurs égale à
l l
, mais nous n'aurons
p p p 1
p
pas besoin d'écrire explicitement cc résultat ici.

)( )
Considérons maintenant deux nombres prem iers p et q et formons le produit

( i +
1
P +
1
p 2
1
+ 3 + ···
p
i +
1
q + Qî + � +
1 1
··· .

On sai t que si on dével oppe ce prod uit, on obtient une nouvel le série

) (.l
convergente qui s'écrit

1 + ( L L)
p
+
q
+ (.l
p2
+ _1 + l
p q
_

cf +
p3
+ _1_ +
p2 q

(cf. [DIX 2] , p. 96).


En fait, bien que Dixmier ne traite pas de ces questions d'«assoc iativité» dans
son Cours, il est aisé de voir que l 'on peut obtenir une nouvelle série (dont le

25
l.A . 2

lecteur explicitera le terme général) en supprimant l es parenthèses. On l 'écri ra

L.- � .
1
par convenlion ""'
.

p p

Ainsi, avec cette notation , on a (L, � ) (L, ) = p' p1'


1
pi
où chaque symbole I représente une série convergente.
On voit de même plus généralement que si p 1 , • . • , p , sont des nombres
prem iers, on a la formule

la notation du second membre représentant une série convergente que nous


renonçons à expliciter.
Supposons alors qu'il n'existe qu'un nombre fini de nombres premiers et que
ceux-ci soient j ustement p 1 , , p , . Comme tout entier n s'écrit al ors
• • •

r
L.-
a 1 a
on peut affirmer que, dans la série ""'
1 k1 kr

p .
p ,
, figure au
P1

r
p
r

moins une fois le nombre l pour tout entier n ::'.': 1. Il n'est pas exc lu que le
n
nombre l apparaisse en fait plusieurs fois (car on n'a pas encore démontré
n
le théorème qui exprime l 'unicité de la décomposition d'un nombre entier en
facteurs premiers) , mais cela n'a pas d'importance car si on supprime les
termes en l superfl us, il reste un e série con vergente qui contient c h aque
n
terme l une seule fois : cela vient de ce que le terme général de la série est
n
positif. Pour la même raison, on peut réarranger l es termes de la série
obtenue dans l'ordre décroissant : on obtient une série qui reste convergente
et de même somme ([DIX 2] , p. 94).

26
I .A.2

(L � J (L p�' J
N otons accessoirement que cette som me est inférieure ou égale au produit

Peu impo<tc d'aillcms ca< on <etrnuvc là la


p '

' . h armomque 1 + 2 + 3 +
. 1 1
sene · · · do n t l a d ivergence
' e s t b 1en
' connue
(cf. [DIX 2) , p . 92 ou dans cet ouvrage III.C . 3 ) . D'où une éclatante
contradiction.

On notera que les trois dernières démonstrations n'utilisent en fait que très
peu de propriétés des nombres premiers. En fait, on pourrait partout
remplacer les suites (p1 , . , Pr) envisagées jusqu'ici par une suite (a 1 ,
. . , ar ) • . .

d'entiers :::: 2 telle que chaque nombre N :::: 1 s'écrive a


a1 . . . aa r . Les
1 r

démonstrations en question prouvent que l'existence d'une suite de ce genre


est impossible. En termes plus savants, tout système générateur du monoïde
multiplicatif N * est nécessairement infini . . .
Ainsi , .malgré la raréfaction progressive des nombres premiers , remarquée
dans le graphique donné plus haut, la liste de ces nombres ne s'épuise jamais.
Cela n'exclut pas l'existence de lacune béantes, de tronçons immenses de
nombres entiers consécutifs, désespérément vides de nombres premiers.

Théorème 9.

Pour tout entier k ;::: 1 , il existe une infinité d'entiers naturels N


11 tels que tous les nombres N+ 1 , N+2, . . . , N+k soient composés.

.
Considérons un entier n :::: 2. Alors n! + a est divisible par a pour tout entier

-
a = 1 , 2, . . , n. Comme a ::;; n ::;; n! < n! + a, on en déduit que n! + a est
composé si 2 ::;; a ::;; n. On obtient ainsi n- 1 nombres entiers conséc utifs
composés. S i on prend n > k, on a n 1 :::: k, ce qui veut dire que les k
nombres entiers qui suivent n ! + 1 sont composés. Comme on peut choisir
n d'une infinité de manières et que les nombres n! + 1 correspondants sont
deux à deux distincts, le théorème est démontré.
On s'est naturellement interrogé sur le caractère premier de n ! + 1 . Les
premiers exemples 2 ! + 1 = 3 , 3 ! + 1 = 7 , 4 ! + 1 = 25 , 5 ! + 1 = 1 2 1 ,

27
l.A.2

6! + 1 = 7 2 1 montrent que la réponse est variable. Une petite recherche


assistée par calculatrice montre que pour 2 :::; n :::; 1 3 , seuls les cas où n = 2,
3 et 1 1 fournissent des nombres premiers.
S elon Le Lionnais ( [LEL] , p. 1 00) , j usqu'à n = 230, i l faut ajouter à cette
l iste n = 27, 3 7 , 4 1 , 7 3 , 7 7 , 1 1 6 et 1 54 . . .
On peut exprimer le théorème précédent en disant que l'écart entre deux
nombres premiers consécutifs peut être aussi grand qu'on veut et dépasser
toute valeur k donnée une infinité de fois .
Le lecteur en déduira par exemple qu'il existe une infinité de cas où, entre
4
n . 1 0 et (n+ l ) l 04 , il n'y a aucun nombre premier.
En sens inverse, l'écart entre deux nombres premiers successifs peut être très
faible. Si on met à part le cas exceptionnel des nombres 2 et 3 (pour lesquels
l'écart n'est que de 1 ) , l'écart minimum est égal à 2. Cela arrive de temps à
autre : pour 3 et 5 , 5 et 7, 1 1 et 1 3 , 1 7 et 1 9 , 29 et 3 1 , 4 1 et 4 3 , etc.
Deux nombres premiers pour lesquels la différence est égale à 2 sont dits
jumeaux. Quand on examine des tables suffisamment étendues de nombres
premiers (ou que l'on programme sa calculatrice en conséquence), on constate
que les paires de nombres premiers jumeaux sont assez peu fréquentes et de
moins en moins nombreuses au fur et à mesure que les nombres augmentent.
Néanmoins, on en rencontre toujours de loin en loin : au-delà de 1 000 000
le premier exemple que l'on trouve est 1 000 037 et 1 000 039, et d'après
mes sources (cf. [RIB] , p. 203) les nombres 1 07 570 463 x 1 0 1 et
2250
1 07 570 463 x 1 0
-

2250
+ 1 sont premiers . . .
Le problème de savoir s'il existe une infinité de paires de ce genre est un des
plus simples et des plus célèbres de la théorie des nombres. Malgré des
progrès récents en rapport avec ce problème, il n'est toujours pas résolu :
c'est la conjecture des nombres jumeaux.
On voit ainsi que la suite des nombres prem iers est très irrégul ière . A u
XVIII e siècle, Euler doutait qu'on puisse jamais y trouver quelque élément de
régularité. Pourtan t, Legendre, vers 1 78 5 , puis Gauss au début du XIX e
siècle, ont chacun formulé une conjecture qui permettait d'évaluer d'une
certaine façon le nombre de nombres premiers inférieurs à un nombre donné.
Cette conjecture, étayée par un premier résultat précis, dû à Tchebychef, que
l'on exposera dans le Livre VI, a fait l'objet d'une démonstration en 1 896 :
c'est le célèbre théorème des nombres premiers selon lequel si·on note n(x) le
nombre de nombres premiers inférieurs ou égaux à un réel x donné, alors la

28
l.A.3

quand x croît indéfiniment est égale à 1 . En termes


n:(x) in
l i mite d e x
X

plus accrocheurs, n:(x) est un infiniment grand équivalent à �


.<. nX
(pour ces
notions, voir le cours de Dixmier : [DIX 1 ] , chap. X I V , ou dans cet
ouvrage, I I I . C . 5 ) . A moins que le courage ne me faut, il est prévu de
démontrer ce résultat dans le Livre VI.

3. Nombres premiers entre eux

Afin de démontrer le "théorème fondamental de l'arithmétique" qui est


l'objet principal de ce qui reste à faire, nous aurons besoin de quelques
propriétés concernant les nombres premiers entre eux.

Rappelons (déf. 2, § 2) que la notion de nombres premiers entre eux


s'applique à des nombres enliers a et b de signes quelconques, mais il est
facile de voir qu'on ne change rien au problème si on remplace a par ± a et b
par ± b, de sorte qu'on peut toujours se limiter si besoin est aux nombres
naturels lai et lbl . Il n'est pas exclu qu'un entier a soit premier avec lui-même,
ou avec 0, mais cela n'arrive que si a = ± 1 .

Théorème 1.

Une condition nécessaire et suffisante pour que deux entiers a et b


ne soient pas premiers entre eux est qu'ils aient un di viseur
prem ier commun.

La condition est suffisante car un diviseur premier commun est plus grand
que 1 par définition.
Inversement, si a el b ne sont pas premiers entre eux, ils admettent un
diviseur com m un d > 1. Si p est un diviseur premier de d (et il en ex iste
toujours au moins un), c'est un diviseur premier commun de a et de b. D'où
le théorème.

29
1 .A. 3

Théorème 2.

Il
To � t nombre premier est premier avec tout nombre entier qu'il ne
_
d1v1se pas.

On observera que cet énoncé mêle habilement les deux sens du mot
"premier" . . . Soit p un nombre premier ne divisant pas un entier a donné. Si
p et a n'étaient pas premiers l'un avec l'autre, ils auraient au moins un
diviseur commun d > 1 . En tant que diviseur du nombre premier p, d ne peut
être qu'égal à p. Comme d divise a, p divise a, ce qui est en contradiction
avec l'hypothèse.
Mais le résultat essentiel dans ce domaine est le théorème de Bezout que
voici.

Théorème 3.

Pour que deux nombres entiers a et b soient premiers entre eux, il


faut et il suffit qu'il existe deux entiers u et v tels que
au + bv = 1 .

Cette égalité est parfois appelée l'identité de Bezout; on se demande bien


pourquoi : ce n'est pas une véritable identité et elle n'est pas unique !
D'ailleurs, l'appellation de théorème de Bezout elle-même n'est pas
historiquement j ustifiée : Bezout qui s'était rendu célèbre en publiant un
Cours de mathématiques cité jusque dans les Mémoires d'outre-tombe de
Chateaubriand ([CHA] , tome 1 , p. 85) n'a pas inventé cc théorème qui figure
déjà dans les Problèmes plaisants et délectables qui se font par les nombres
de Bachet de Méziriac ( 1 5 8 1 - 1 63 8 ) . Il est simplement l'auteur d'une
extension de ce résultat aux polynômes d'une variable ([DIX 1 ) , p. 68).
Toutes ces considérations érudites ne me dispensent pas d'une démonstration.
En voici une toute moderne puisqu'elle utilise la notion d'ensemble . . .
Remarquons d'abord que la condition est suffisante car si au + bv = 1 , tout
diviseur commun d de at et de 4kst un diviseur de au + bv, donc un nombre
égal à ± 1 .
S upposons inversement a et b premiers entre eux et appelons E l'ensemble
des nombres entiers de la forme ax + by où x et y sont des entiers

30
l .A . 3

quelconques. E contient naturellement a et b, ainsi que -a et -b. Comme l'un


des nombres a ou b n'est pas nul (sinon a et b ne seraient pas premiers entre
eux), E contient au moins un entier > O. Appelons m le plus petit entier de
cc genre. Il s'écrit donc au + bv. Pour démontrer le théorème, il suffit de voir
que m 1 ou, ce qui revient au même, que m divise à la fois a et b.
==

Effectuons d'abord la division euclidienne de a par m : il existe · alors


des entiers q et r tels que a == mq + r avec en outre 0 � r < m. Comme
r == a - mq == a - (au + bv)q == a( l - uq) + b(- vq) , on voit que r appartient à
E. Dans ces conditions, il est impossible que r soit strictement positif car
cela contredirait la définition de m. On a donc a mq, ce qui prouve que
m l a.
==

On démontre de même, mais en effectuant cette fois la division euclidienne


de b par m, que m 1 b. CQFD.
A partir du théorème de Bezout, il est alors facile d'établir un résultat, connu
sous le nom de lemme d'Euclide (ou parfois lemme de Gauss).

Théorème 4.

Il
Si un entier a divise un produit be de deux entiers b et c, et si a est
premier avec b, a divise c.

Supposons en effet que a 1 be et que a soit premier avec b. Alors, d'après le


théorème de Bezout, il existe deux entiers u et v tels que au + bv 1 . On a==

donc, en multipliant par c, auc + bvc c. Comme a divise be par hypothèse


==

et auc par définition, a divise auc + bvc, c'est-à-dire c. CQFD.


Avant d'appliquer ce théorème aux nombres premiers, indiquons une petite
conséquence qui pourra toujours être utile plus tard.

Théorème S.

Il
S i a e t b divisent u n entier c e t s i a e t b sont premiers entre eux,
alors le produit ab divise c.

Si a et b divisent c, il existe des entiers a' et b' tels que aa' c et bb' == c. On
a donc la relation aa ' bb' qui montre, entre autres, que a divise bb'. Comme
==

==

a est prèmier avec b, le lemme d'Euclide permet d'affirmer que a divise b',
31
I.A.3

autrement dit qu'il existe un entier x tel que ax = b'. De la relation c = bb',
on tire alors c = axb, qui montre que ab divise c.
L'application aux nombres premiers est la suivante :

Théorème 6.

Il
Si un nombre premier p divise un produit ab de deux entiers a et
b, alors il divise nécessairement l'un des facteurs a ou b.

En effet, si p divise ab sans diviser a, il est premier avec a (th. 2). Donc,
d'après le lemme d'Euclide, il divise b. CQFD.

Corollaire 1.

Si un nombre premier p divise un produit a1 . . . an à un nombre


quelconque de facteurs, p divise nécessairement l'un des facteurs
a i . Plus généralement, si p divise un nombre de la forme
m
a l . . . a n ou, les exposants m 1 , . . . , m n sont des entiers
mn
1
naturels, p divise l'un des nombres ai .

Dans le premier cas, on raisonne par récurrence sur le nombre n de facteurs.


Le second se ramène immédiatement au premier puisque a. l = ai
ffi.
. . . a;
1

Corollaire 2.

Si aucun des facteurs d'un produit a1 . . . an n'est divisible par p


(p nombre premier donné), le produit a 1 • . .an n'est pas divisible
par p non plus.

C'est une autre façon de présenter la première partie du corollaire 1 .

32
I .A . 3

Corollaire 3.

Si un nombre premier p divise un produit p1 . Pn de facteurs


premiers, p est nécessairement égal à l'un des facteurs pi .
. .

Plus généralement, si p divise un nombre de la forme p 1 p 0


m m

1
• •

n
où les nombres p1 , . . . , Pn sont premiers et les exposants
m1 , , m n des entiers naturels, p est égal à l'un des nombres Pi .
. . •

Il suffit de s'assurer de la première partie du corollaire. Or si p divise


p 1 Pn , p divise l'un des facteurs pi d'après le corollaire 2 . Comme pi est
. • .

lui-même premier, il n'a pas d'autres diviseurs positifs que 1 et lui-même.


Comme p -:t= 1 , on a nécessairement p = P; .
Comme on le verra dans le prochain paragraphe, c'est le théorème 6 (et ses
corollaires) qui est à la base du théorème fondamental de l'arithmétique. Tel
quel, il exprime sans doute la propriété la plus importante des nombres
premiers, ce qui fait qu'il est d'un usage constant en théorie des nombres. Ce
phénomène n'avait d'ailleurs pas échappé à Euclide : le théorème en question
figure en bonne place dans ses Élém e n ts : c'est la proposition 30 du
Livre VII .
Comme exemple d'application, donnons le résultat suivant que nous
généraliserons plus loin et qu'on trouve aussi chez Euclide (Livre IX,
prop. 1 3 ) .

Théorème 7.

seuls diviseurs de pn sont les nombres de la forme pm avec


Si p est un nombre premier et n un entier naturel quelconque, les
0 � m � n.

I l est clair que pm 1 pn s i 0 � m � n car pn = pm .pn · m . Inversement,


considérons un diviseur d quelconque de pn . Comme d n'est pas nul, on peut
mettre d sous la forme p1 Pm où chaque facteur Pi est premier (I.A.2,
. • .

th. 5). Comme P; divise alors pn , P; est nécessairement égal à p (cor. 3 du


th. 6) . On a donc d = p1• • • P m = Pm .

33
I.A.3

est évidemment impossible que m > n. D'où le résultat.


Il
Voici encore un autre exemple d'application.

Théorème S.

Il
S i u n nombre entier a est premier avec b e t avec c (b et c entiers
donnés), il est premier avec le produit be.

Raisonnons par l'absurde en supposant a premier avec b et avec c, mais non


premier avec be. Cette dernière propriété entraîne d'après le théorème 1 qu'il
existe un nombre premier p qui divise à la fois a et be. Comme p divise en
particulier be, p divise b ou c. Dans le premier cas, p est alors un diviseur
commun de a et de b, dans le second un diviseur commun de a et de c. Dans
les deux cas, cela contredit les hypothèses.

Corollaire 1.

Si a est premier avec chacun des nombres b1 . . . , bn (b1


, , • . • , bn
entiers donnés), a est premier avec le produit b1 bn .
• • .

Un raisonnement par récurrence règle l'affaire.

Corollaire 2.

Si a et b sont des nombres premiers entre eux, am est premier avec


bn quels que soient les entiers naturels m et n

En effet, si a est premier avec b, a est premier avec bn d'après le corollaire 1


el si bn est premier avec a, il est premier avec am par le même raisonnement.

En définitive, les propriétés de divisibilité les plus importantes reposent sur


le théorème de Bezout. Or la démonstration de celui-ci, formellement
impeccable, ne peut guère s'a tisfaire un adepte des mathématiques
constructives qui aimerait qu'on lui donne un moyen précis pour déterminer

34
l . A .4

les nombres u et v qui entrent dans ce théorème. Ce moyen existe depuis


!'Antiquité grecque et porte un nom arabe . . . c'est l'algorithme d'Euclide -
mais nous reparlerons de tout cela dans la troisième Section .

4. Le théorème fondamental de l'arithmétique

On a vu dans le paragraphe 2 que tout entier ::?.'. 2 est soit premier s oit
un produit de plusieurs nombres premiers. Selon les conventions en usage en
algèbre, un nombre premier peut être considéré comme un produit réduit à un
facteur et le nombre 1 comme un produit " vide" , sans facteur du tout.
Moyennant quoi , on peut énoncer le résultat général suivant :

Théorème l.

Il Tout entier naturel non nul est un produit de nombres premiers.

Le but de ce qui va suivre est de voir que celle décomposition en facteurs


premiers est en fait unique : c'est ce qu'on appelle le théorème fondamental
de l'arithmétique.
Pour le démontrer, on s'appuiera s ur les propriétés de divisibilité vues dans le
paragraphe précédent et en particulier sur le théorème 6 et ses corollaires. Il
faut noter qu'on ne trouve pas trace du théorèm e fondamental de
l'arithmétique dans les É léments d'Eucl ide, alors que le théorème 6 et sa
démonstration y figuren t explicitement. Il faut sans doute imputer cette
lacune à l'absence, dans les mathématiques grecques, de notations algébriques
commodes. De toute façon, si j'en crois M. W i l l iam John Ellison ([DIE] ,
vol . 1 , p. 270) ce n'est pas avant 1 8 0 1 que l'on voit clairement énoncé et
démontré le théorème d'unicité dont il est question : c'est le théorème du
n° 16, section seconde, des célèbres Disquisitiones arithmeticae de Gauss.
En voici d'ailleurs l'énoncé officiel , directement traduit du latin :
"Un nombre composé ne peut se résoudre que d'une seule manière, en
facteurs premiers".
En fait, la formulation de Gauss est gravement déficiente : quelle idée aussi
d'écrire en latin en plein XIX e siècle ! De nos jours, les canons modernes de

35
l . J\ . 4

la rigueur mathématique et l'approche de l 'an 2000 (pour ne rien dire de la


menace japonaise) exigent un énoncé plus précis, fondé évidemment sur la
notion de monoïde et celle de fami lle à support fini . . .
Nous aurons besoin en effet, ici et dans les autres chapitres, d'utiliser des
sommes et des produits assez variés . Autant dans ces condi tions faire les
choses sérieusement tout de suite.
Rappelons d'abord qu'une famille d'éléments se définit en considérant un
ensemble 1 particulier et en associant à tout élément i de cet ensemble un
élément bien défini, appelé le terme d'indice i de la famille. On dit alors que 1
est l 'ensemble d 'indices (ou l'ensemble des indices) et que la fa m ille
considérée est indexée par 1.
S i le terme d'indice i est par exemple noté ai , la famille complète est notée
(a). , la mention i E 1 pouvant être omi se ou remplacée par tout autre
tE I
mention ayant l a même signification.
Lorsque l'ensemble d'indices est formé d'entiers consécutifs, on retrouve la
notion familière de suite (finie ou non) dont la notion de famille constitue
par conséquent une généralisation naturelle. On prendra garde au fait
cependant, que dans le cas général, contrairement aux suites, les éléments de 1
ne sont pas, à priori , rangés dans un ordre particulier, ce qui interdit certaines
opérations valables pour les suites.
En fait, la notion de fam ille est apparentée à la notion d'ensemble. D'ail leurs
si E est un ensemble, on peut lui associer une famille particulière, indexée
par E, celle qui s'écrit si on veut (x) . Mais dans le cas général , l'usage de
l'ensemble auxiliaire 1 autorise les répétitions : o n peul avoir ai
xeE

= aj pour
deux indices i et j différents.
On dit qu'une famille (a} est finie si l'ensemble d'indices 1 est fi n i ; sinon
1 ie l
la fam ille est dite infinie .
Si (x . ) est une famille donnée, toute fam ille de la forme (x ) où J est une
partie de I s'appelle une sous-famille de la familles initiale.
1 ie l 1 ie J

Cela étant précisé, considérons une famille (aJ


te l
dont les di fférents termes
sont susceptibles d'être additionnés les uns aux autres. Pour être précis,
supposons que tous les termes .ai appartiennent à un même ensemble E et que
l'on dispose dans E d'une loi de compos ition , notée additi vement,
commutative et associative et pour laquelle il y a dans E un élément neutre,

36
l.A.4

(noté i c i0) . En termes techniques, E m uni de la l o i en q ues ti on est ce qu'on


appelle un monoïde commutatif - noté additi vement (cf. par exemple, les
l i vres classiques d'algèbre de L ang : [LAN] , p. 5 et 6, et de Bourbaki :
[BOU 2] , chap. 1 , p. 12). On notera qu'un groupe c om m u ta ti f (cf. [DIX l ] ,
chap. III) , noté additivem ent, est u n monoïde comm utatif dans lequel to u t
élément x admet un " s y m étri q ue " , i c i appelé opposé de x , noté -x, et te l que
X + (-x) = Û.
I
ie l
Supposons d'abord l a fam i l le (a). finie. Si on range alors les élém ents de

dans un ordre partic u l i er , on obtient une suite (i 1 , . . . , in ) qui pe r m et de

E la somme a i + . . + a i . L a
1
définir dan s le " m onoïde add iti f " ·

n
comm utativité de l'addition permet d'affirmer que cette somme ne dépend pas
de la manière de ranger les éléments de I en une suite. C'est pourquoi on
l'appelle encore la somme de la famille (a). ou la somme des éléments ai
!E l

lorsque i parc ourt 1. On la note L ai , la mention i E I placée sous le


iE l

symbole L
pou v an t être o m i se (si le contexte le permet) ou remplacée par
toute autre mention censée avoir la même signification .
On retrouve ains i , dans un cadre un peu plus généra l , la notion de somme
finie : s i a 1 . . . , an sont n éléments d o nn é s de E , la som me classique
n
,

a1 + . . .+ a ( q u e l ' on écrit auss i , ra pp el o n s - l e , L ai ) peut auss i s 'éc r i re


i= l
n

désonnais L a; ou (s'il est e n te n d u que i est en tier) L ai .


iE { l , . . . , n } i :<; i:<;n
L e s règ les de c a l c u l c o n c ern an t c e s so m m e s fi n i e s généra l i sées s o n t a l ors
faciles à comprendre. Leur j us t i fi cati on est laissée au lecteu r. En voici les
p ri n c i p al es , étan t en ten d u ;:iue toutes les fa m i l l e s c on si dérées s on t s upp osées
finies et fonnées d'éléments d e E :

"Explicitation" : on a L ai = 0 si I = 0 , iL
iE l EI
a i = ai si 1 = (i} ,

L ai = ai + ai I = (i, j} av ec i -:;:. j et d'une manière gé n éral e


iE I
si

37
I .A . 4

L a; = �
ÎE I
1
+ · · · + ai n si I est formé d'éléments i 1 , ,
• • • i0 deux à

deux distincts.

!E l jE J
"Changement du mode d'indexation" : si (a ) et (b} sont deux

1 J

fa milles pour lesquelles il existe une bijection u : I J telle que


bu (i) = a; pour tout i E I, alors

I I
iE J
ai =
jE J
b.
J

On exprime souvent les hypothèses en disant que les familles (a) et (b) sont
constituées des mêmes termes, indexés de deux manières différentes.

est une famille et si 11.. (À E


!E l
"Associativité" : si (aJ L) sont des
11..
À.E L
parties de I deux à deux disjointes telles que U = I, alors

I = I (I �)
ÎE I
ai
À.E L ÎE I À.

Un cas particulier de cette règle d'associativité mérite d'être signalé comme


une règl e à part entière :

sont indexées par le même ensemble l , alors


1E I lE I
S i (aJ et (bJ

(I a;) + (I )
!E l !E l
bi

De même pour plus de deux fam i lles.

!E l
-
" Suppression des termes nuls" : si (a ) est une famille et s i J est
une partie de I telle que a; = 0 lorsque i E I
1

J , on a

tE I
S i (aJ est une famille constituée d'éléments tous égaux à un même
élément a, alors

38
l.A.4

L a1 = n a
iE l

où n désigne le nombre d'éléments de I ,

J
Si la famille (a ) est infinie, on ne peut pas en général définir d'une
1 IE

manière purement algébrique, une notion de somme convenable. C'est


cependant possible dans le cas où tous les termes ai de la famille sont nuls
sauf pour un nombre fini d'indices i E I : on peut poser alors, en effet,
L ai = L ai en désignant par J l'ensemble (fini par hypothèse) constitué
iE l iE J
des indices iE I tels que ai -:;:. O. L'ensemble J en question est appelé par
Bourbaki ( [B OU 2] , chap. 1 , p. 1 3) le supp o r t de la famille (a ) . .
1 lE J
L'hypothèse faite signifie donc que la famille (aJ
1e l
est à support fini. On dit

aussi plus simplement que la somme L ai ne comporte en réalité qu'un


iE I
nombre fini de termes non nuls - ce qui permet de définir cette somme .

Le lecteur vérifiera que les règles (R2 ) à (R 5 ) ci-dessus sont encore valables
dans ce nouveau contexte.
Tout ce qu'on vient de dire peut être repris mutatis mutandis dans le cas où
les éléments ai sont choisis dans un monoïde commutatif E dont la loi est
notée multiplicativement. Le produit de la famille (a} que l'on obtient
1 1E i

alors se note Il a . Lorsque la fam ille (a )


l lE 1
est infin ie, on suppose
ÎE ] l

naturellement que le produit en question ne comporte "qu'un nombre fini de


facteurs différents de 1 " , c'est-à-dire que l'ensemble J formé des indices i E I
tels que a1 -:;:. 1 ("support" de la famille (a}
1 1el
) est un ensemble fini.

Nous laissons au lecteur le soin d'expliciter les règ les (R' 1 ) et (R' 6 ) qui
correspondent dans le contexte multiplicatif, aux règles (R 1 ) à (R 6 ci-dessus.
l
Notons s implement que dans le cas de (R 6 ) il convient de remplacer le
n
multiple entier na de a par la puissance n-ième a de a.

39
l.A.4

Il est grand temps de revenir à l'arithmétique et au théorème fondamental que


G auss, s'il avait bien voulu développer quelques notions d'algèbre
élémentaire et abandonner son affreux latin médiéval, aurait pu énoncer de la
façon suivante :

Théorème 2.

Tout entier naturel n non nul peut s'écrire d'une manière et d'une
seule sous la forme d'un produit

II Pap
p
où p parcourt l'ensemble (infi n i ) des nombres premiers et où les
exposants aP sont des entiers naturels, tous nuls, sauf dans un
nombre fini de cas.

La condition sur les exposants aP fait que le produit dont il est question ne
comporte en réalité qu'un nombre fini de facteurs différents de 1 - ce qui
permet l'écri ture du prod uit dans le monoïde multiplicatif des entiers naturels.
L'ex istence d'une décomposition II p P au moins , pour un entier naturel
a

n i:- 0 donné , est une conséquence du théorème 1 , compte tenu de la notion


de produit généralisé.
En effet, quitte à regrouper ensemble les facteurs égaux , le théorème 1
m m
permet d'écrire n sous la forme p 1 p
r où les nombres p 1 ,
1 Pn
r
• • •

sont premiers et deux à deux distincts et où les nombres m 1 , . . . , mr sont


des entiers > O. S i p est un nombre premier quelconque, posons a m ; dans
le cas o ù p P; (l'indice i étant alors complètement déterm iné par cette
P
==

condition) et 3p 0 dans le cas où p * P; quel que soit l'entier i 1 , . . . , r. S i


==

, P r et P l'ensem ble de
== ==

Q désigne l'ensemble des nombres premiers p 1 , •


• •

tous les nombres premiers, on a alors

d'où le résultat.

40
l.A.4

Pour dém ontrer l 'unicité de la décomposition correspondant à un entier


TI p P et n TI p P , les
a b
n > 0 donné, supposons que l'on ait n = =

p p
exposants a (resp. b ) étant tous nuls sauf dans un nombre fini de cas. On a
P P
donc TI p aP = TI pbP et il s'agit d'en déduire que a = b pour tout nombre
P P
premier p.
Raisonnons par l ' absurde en supposant qu'il existe un nombre premier q tel
que a -F b . Quitte à échanger les familles (a ) et (b ) , on peut supposer que
q q P P
l 'on a a > b . S i on divise alors les deux m embres de l 'égalité
TI a P TI bP b
q q
p =
p par q q , on obtient une nouvelle égalité qui , compte
tenu des règles de calcul, implicites et explicites, gouvernant la notion de
produit, peut s'écrire :
TI
TI /r
a
p P =

p p
avec aP a et � P
=
b à chaque fois que p -F q et a P = aq - bq e t
=

0 si p q .
P P
� =
bq - b = =

P q
S i on suppri me dans le premier membre tous les facteurs égaux à 1
(autrement dit si on réduit l'ensemble des indices au "support" de la fam i l le
µ1 µr
( p ap ) ) , on o b tient
. , .
. un pro d mt qm. peut s ' ecnre
r
p ... p avec d es
1

exposants µ 1 , , µ, tous > 0 et parmi les facteurs duquel on trouve q q .


a

�1 �
• • •

Comme a > 0, on en déduit que q divise . . . p ' . S i on supprime de


q
même les facteurs égaux à 1 dans le second membre, on obtient un produit
Vl Vs f � , ,
q ... q . ou, q
mais -F q pour tout J. =
J , . . . , s, J e acteur q q ayant ete
J
1 s

supprime. On abouti t al ors à une contradiction car du fait de l'égal ité


v1 vs
, 1 e nombre q qm d"1v1se l e prem ier mem bre d'1v1se
µ1 µ,
r 1
p ... p =
q ... q · · · ·

1 s

aussi le second, ce qui n'est possible que s'il existe un indice j tel que qi q =

(I .A.3, cor. 3 du th. 6) . D'où le théorème.

41
l .A . 4

I l est naturel de donner un nom précis au produit n p a p ci - dessus (ou, cc qui

revient au même, à la famille (a ) ) lorsque n = n p r : on dira dans ce qui


a
p
suit que c'est la décomposition canonique de n en facteurs premiers. Pour un
nombre premier p fixé, le nombre a correspondant sera alors appelé
r
l'exposant de p dans la décomposition en question : c'est par définition un
entier naturel , toujours nul, sauf dans un nombre fini de cas.
En fait, pour déterminer la décomposition canonique d'un entier n donné en
facteurs premiers, i l suffit de connaître une décomposition de n en facteurs
prem iers . . .
En effet :

Théorème 3.

m1 m,
1
Si un entier naturel n s'écrit p p où p 1 , • • . , Pr sont des
r

nombres premiers deux à deux distincts et m 1 , m , des entiers


:2: 0, alors pour tout i = 1 ,
• • • ,

, r, l 'exposant de p i dans la
. . .

décomposition de n en facteurs premiers est égal à m i . De plus,


lorsqu'un nombre premier p est distinct de chacun des nombres
P1 , p , , l'exposant de p est nul.
• • • ,

I l suffit de reprendre le raisonnement déjà utilisé lors de la démonstration du


théorème 2 : si p est un nombre premier quelconque, on pose � = m i si p
est égal à l'un des nombres pi et aP = 0 sinon. Dans ce cas, on voi t que

mr
n=p
ml
1 r
... p II
et le théorème découle de là immédiatement.
Pour trouver, dans la pratique, la décomposition canonique d'un entier naturel
n =f. 0 en facteurs prem iers, on se limite au cas où n est composé, le nombre
1 et les nombres premiers p ayant chacun une décomposition en facteurs
premiers extrêmement simple et que nous ne chercherons pas à expliciter. Le
nombre n étant composé , on commence par l'écrire sous la forme d'un
produit dd' où d et d' sont des entiers > 1 . PhtS précisément, et quitte à

42
I .A.4

prendre pour d le plus petit entier > 1 divisant n (ce qui peut se faire par
essais successifs quand n n'est pas trop grand), on peut supposer que d est un
nombre premier. En d'autres termes , on décompose n sous la forme d'un
produit p 1 n 1 où p 1 est premier et 1 < n 1 < n. Si n 1 est lui-même premier, il
n'y a plus rien à faire. S inon , on fait pour n 1 ce qu'on a fait pour n et on
obtient n = p1 p2 n 2 où p2 est un second nombre premier et n 2 un entier > 1 .
S i cet entier est lui aussi premier, on arrête le processus. S inon on le reprend
en décomposant n2 comme on a décomposé n1 • Comme on a n > n 1 > n 2 et
ainsi de suite, le processus ne peut pas se poursuivre indéfiniment et, quand
il s'arrête, on a une décomposition de n en facteurs premiers. On en déduit la
décomposition canonique grâce au théorème 3 .
Ainsi, pour l e nombre 5040, la méthode précédente donne successivement :
5040 = 2 X 2520 = 2 X 2 X 1 260 = 2 X 2 X 2 X 630 = 2 X 2 X 2 X 2 X 3 1 5 =
2 X 2 X 2 X 2 X 3 X 105 = 2 X 2 X 2 X 2 X 3 X 3 X 3 5 =
2 x 2 x 2 x 2 x 3 x 3 x 5 x 7= 2 x 3 x 5 x 7 . Cela montre que dan s la
4 2
décomposition canonique de 5040 en facteurs premiers, l'exposant de 2 est 4,
l'exposant de 3 est 2, ceux de 5 et de 7 sont égaux à 1 et tous les autres sont
nuls.
Il est aisé de programmer cette méthode sur sa calculatrice de poche. On
obtient ainsi en quelques minutes
1 1 1 = 3.37
1 1 1 1 = 1 1 . 101
1 1 1 1 1 = 4 1 .27 1
1 1 1 1 1 1 = 3 . 7. 1 1 . 1 3 . 3 7
1 1 1 1 1 1 1 = 239.4 649
1 1 1 1 1 1 1 1 = 1 1 .73 . 1 0 1 . 1 3 7
2
1 1 1 1 1 1 1 1 1 = 3 . 3 7 . 3 3 3 667
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 = 1 1 .4 1 .27 1 .9 09 1
ce qui fait douter de l'existence de nombres prem iers parm i les nombres
"polymonadiques " (i.e. de la forme ( I O - 1 ) /9 ) , à part 1 1 évidemment . . .
n
cf. cependant [LEL] , p. 69 .
On retrouve dans ces exemples la manière trad i tionnell e de voir l a
décomposition en facteurs premiers. Pour les adeptes d e cette conception
vénérable, mais dépassée, on peut reformuler le théorème 2 de la façon
suivante.

43
l .A . 4

Théorème 4.

Toul entier nalurel n non nul peut s'écrire d'une manière el d'une
seule sous la forme d'un produit
ml mr
p ... P
l r
où p1 , , Pr sont des entiers premiers deux à deux distincts,
• • .

rangés dans l'ordre croissant, et où m 1 , , m r sont des entiers


• • •

naturels différents de 0 (donc des entiers > 0) . En outre, les


nombres premiers p 1 , , Pr qui figurent dans cette écriture ne sont


autres que les diviseurs premiers de n.

L'existence d'une pareille écriture ne posant pas de problème, il suffit de


démontrer son unicité .
ml mr
p1
r
Considérons pour ce faire deux écritures possibles .. p
.
et
n1 n
1
q . . . q s pour le même entier, étant entendu que les exposants m 1 , • . • , mr
s

et n 1 , , ns sont tous > 0 et les nombres prem iers p 1 ,


• . . , P r (resp. . • •

q1 , , q. ) rangés dans l'ordre croissant. Observons d'abord que l'égalité


ml mr
• . .

n = p ... p et les hypothèses faites sur les exposants montrent que


1 r
chacun des nombres P; est un diviseur premiers de n.

ml m

1
Réciproquement, si p est un diviseur prem ier de n , p divise p p r

et par suile p esl l'un des nombres P; ( 1 . A . 3 , cor. 3 du th . 6) . Ainsi la suite


r

(p1 , . , Pr ) n'esl rien d'autre que la liste des diviseurs prem iers de n,
. .

rangés dans l'ordre croissant. Pour la même raison, i l en est de même de


(q 1 , , qs ). Comme il n'y a qu'une façon de ranger des éléments donnés dans
• • •

l'ordre croissant, on a nécessairement p 1 = q 1 , p 2 = q2 , etc. ainsi que, bien


sûr, r = s.
Les égalités a1 = b1 , a2 = b2 , etc . sont alors une conséquence du théorème 3 .
CQFD.

44
l .A . 4

Com me les diviseurs premiers d'un en tier naturel n * 0 sont ceux qui
apparaissent dans l'unique décomposition en facteurs premiers donnée dans le
théorème 4 , les diviseurs premiers de n sont encore appelés les facteurs
premiers de n . Ce sont aussi (d'après le théorème 3) les nombres premi ers
dont l'exposant dans la décomposition canonique de n est un entier > O.
L'usage exclusif d'exposants > 0 dans le théorème 4 n'est pas sans
inconvénient. Il peut être commode, comme dans le théorème 2 d'ailleurs,
d'introduire des exposants � O.

Théorème S.

Soient p 1 , Pr des nombres premiers donnés, supposés deux à


• . . ,

deux distincts; pour qu'un entier naturel n * 0 puisse s'écrire


ml mr
p ... p avec des exposants m l ' . . . , mr � 0, il faut et il suffit
1 r

que tout diviseur premier de n soit égal à l'un des nombres p i .


m
Lorsque cette condition est vérifiée, l'écriture p 1 1 p
r
est
unique.

La condition est néces saire com me on l'a déj à vu : c'est en fai t le


corollaire 3 du théorème 6 de I . A . 3 . Réciproquement, si cette condi tion est
vérifiée, cela veut dire que les diviseurs premiers de n peuvent s'extraire de la
suile p 1 , . . . , p, , donc s'écrire P i 1 , . . . , P i avec 1 '.S: i 1 < < is � r . . . ·

Comme les diviseurs premiers de n sont les facteurs prem iers de n, on peut
ai ai s
1
écrire n = p p avec ai 1 , . . . , ai entiers > O. Quitte à compléter par
il is
• • .

m1 m,
des exposants nuls, on peut alors écrire aussi n = p 1 ... p avec
r

m l � 0, . . . , m r � o.
L'unicité de l'écriture découle alors du théorème 3.
En définitive, quand on parlera de la décomposition d'un entier n > 0 e n
facteurs premiers, o n n e cherchera pas à s'arc-bouter à une définition trop

45
I.A.4

précise. Dans la pratique, le contexte indiquera clairement si on se rétère au


théorème 2, au théorème 4 ou au théorème 5 .
Il reste à voir qu'on peut, à partir d e c c qui précède, caractériser très
simplement l'exposant d'un nombre premier donné tel qu'il figure dans la
décomposition en facteurs premiers d'un entier naturel n non nul.

Théorème 6.

Soient n un entier naturel et 0 et p un nombre premier quelconque;


pour qu'un entier naturel a soit l'exposant de p dans la
soit divisible par pa sans être divisible par pa+I .
décomposition de n en facteurs premiers il faut et il sÙffit que n

Supposons que a soit l'exposant de p dans la décomposition en facteurs


premiers de n. On peut alors écrire cette décomposition sous la forme
TI qaq (où q parcourt l'ensemble des nombres premiers) avec aq = aP a =

a
q
si q = p. Comme TI q q = p a TI q aq , on voit que pa divise n. Si n
q q;ép
était divisible par pa+ I , on pourrait écrire n = pa + 1 m avec m entier > O.
En décomposant alors m en facteurs prem iers, on pourrait écrire
ml mr . , . .
n=p p
b

1
... p avec p, p1 , • • • , pr premiers et deux a deux d1stmcts et
r

avec b � a+ l . Cela montrerait, d'après le théorème 3, que l'exposant de p


dans la décomposition canonique de n est b et non a. D'où l'impossibilité
pour n d'être divisible par pa+ I .
Supposons inversement que n soit divisible par pa sans l'être par pa+ l . Alors,
on peut écrire n = pa m où m est un entier (nécessairement > 0) non divisible
m m
par p. Si on écrit m sous la forme p 1 p r avec des nombres premiers
• . .

1 r

p1 , • • • , Pr deux à deux distincts, on voit que pi et p pour tout i. L'écriture

46
LA.4

ml mr
n=p p
a

r
... p qui en découle montre alors que l'exposant de p est a
1
quand on décompose n en facteurs premiers. CQFD.

Corollaire.

L'exposant a de p dans la décomposition de n en facteurs premiers


est le plus grand entre naturel b tel que pb divise n.
De façon plus précise, si b est un entier naturel quelconque, pb
divise n si b ::; a et pb ne divise pas n si b > a.

Comme pa divise n d'après le théorème précédent, pb divise n aussi si b ::; a.


Par contre, si b > a, pb ne peut diviser n car dans le cas contraire on déduirait
du fait que a + l ::; b que pa+ l serait un diviseur de n, ce qui n'est pas. On
déduit de là la première partie du corollaire.
Signalons enfin que les théorèmes de décomposition en facteurs premiers
s'étendent sans difficultés aux nombres rationnels > 0, à condition d'admettre
des exposants négatifs. Nous nous contenterons d'une seule version.

Théorème 7.

Tout nombre rationnel r > 0 peut s'écrire d'une manière et d'une


seule sous la forme d'un produit
Il p1),
p
où p parcourt l'ensemble (infini) des nombres premiers et où les
exposants aP sont des entiers rationnels (positifs ou négatifs), tous
nuls sauf dans un nombre fini de cas.

Comme dans le cas du théorème 2, la condition sur les exposants implique


que le produit dont il est question ne comporte en réalité qu'un nombre fini
de facteurs différents de 1.

47
I .A.4

L'existence d'une écriture du type indiqué, pour un nombre ralionnel r > 0


donné, découle du théorème 2, de la définition d'un nombre rationnel et des
règles de calcul désormais bien connues concernant les produits finis
m
généralisés. En effet, par définition, le nombre r est de la forme n où m et
n sont des entiers > O. S i on décompose m et n en facteurs premiers, au sens
du théorème 2, on obtient

m = TI p P et n = TI p P
µ v
p p
où les exposants µP (resp. v P) sont des entiers naturels tous nuls sauf dans
un nombre fini de cas. On a alors
r =

µ -V
IT P p p
où µP - v P est un entier de signe quelconque, nul pour tous les nombres
premiers p sauf pour un nombre fini d'entre eux.
Pour démontrer l'unicité de l'écriture trouvée, supposons que l'on ait à la fois
J1 bP
r = J1 p P et r =
a
p
avec des conditions évidentes. A tout nombre premier p, associons un entier
m P tel que aP + mP et bP + m P soient tous deux positifs. Arrangeons-nous
aussi (ce qui est toujours possible) pour que m P soit nul sauf pour un
nombre fini de valeurs de p . Dans ce cas, le produit n = J1 p P représente
m
un entier naturel et on a
I1 aP + mP J1 bP+ mP
nr
= P = P
Comme a P + m P est toujours ?: 0, nr est un entier naturel "f:. 0 et comme
b P + m P est aussi ?: 0 , le théorème 2 permet d'affirmer que l'on est en
présence, dans les deux cas, de la décomposition de nr en facteurs premiers.
On a donc aP + mP = bP + m P , d'où 3p = bP , quel que soit p. CQFD.

48
l .A . 4

On peut donc parler de manière évidente de la décomposition en facteurs


premiers d'un nombre rationnel r > 0, ainsi que, pour tout nombre premier p,
de l'exposant de p dans la décomposition en question.

4 et 5 ci-dessus et de vérifier aussi que,


Le lecteur se fera un plaisir de compléter le théorème précédent par des
2 2
résultats apparentés aux théorèmes
par exemple, 6, 1 2 == 3 5 - 1 7 Pour notre part, nous nous contenterons

• .

d'un dernier résultat dont l'utilité n'échappera à personne.

Théorème S.

Pour qu'un nombre rationnel r > 0 soit un entier, il faut et il suffit


que dans la décomposition de r en facteurs premiers tous les
exposants soient positifs.

La condition est évidemment suffisante.


Inversement, si on connait la décomposition de r en facteurs premiers

et si on sait d'autre part que r est un entier, on peut écrire aussi, en vertu du
théorème 2
r == Ti pbP
b
avec b positif pour tout p. L'égalité TI p P == TI p P qui résulte de là
a
P
implique alors � b quel que soit p; d'où la condition voulue.
P
==

On appliquera cette règle dans le prochain paragraphe pour démontrer que les
1 1 1 1 1 1 . .
nom bres 1 + 2 , 1 + 2 + 3 , 1 + 2 + 3 + 4 , etc. ne sont Jamais
des entiers.
En fait, l'intérêt principal du théorème 7 (que l'on peut considérer comme une
nouvelle formulation du théorème fondamental de l'arithmétique) réside dans
les enseignements qu'on peut en tirer concernant la structure du groupe
multiplicatif <Q+ des nombres rationnels > O.
*

Pour mieux nous faire comprendre, considérons un groupe commutatif G


dont la loi de composition sera d'abord supposée être une addition (ce qui est,
49
I .A . 4

en fait, une simple question de notation). On dira qu'un sous-ensemble B de


G est une base du groupe commutatif G si tout élément x de G peut s'écrire
d'une manière et d'une seule sous la forme d'une somme L mb b où m b
bE B
sont des entiers de signes quelconques, tous nuls sauf dans un nombre fini de
cas - cette condition impliquant que la somme en question ne comporte en
réalité qu'un nombre fini de termes non nuls, ce qui donne un sens à celle
somme. On rapprochera naturellement cette définition de celle d'une base
dans un espace vectoriel (cf. [ D I X 1 ) , chap. VIII, p. 1 23), à cela près que,
dans le cas d'un espace vectoriel, on se limite le plus souvent à des bases
finies (mais ce n'est pas, en fait, une obligation) et que, surtout, les
coefficients sont choisis dans un corps commutatif alors que, ici, ce sont
simplement des entiers rationnels. Malgré cela, l'analogie est évidente et il
est bon de signaler qu'il existe une théorie générale, la théorie des modules
sur un anneau, qui englobe à la fois l'étude des espaces vectoriels et celle des
groupes commutatifs (voir par exemple le Cours d'algèbre de Godement, cité
[GOD] dans notre bibliographie). Dans un groupe commutatif G dont la loi
est notée multiplicativement, la notion de base se définit de la même façon,
mais en remplaçant la notion de somme par celle de produit et la notion de
multiple entier par celle de puissance, la relation x = L m b b devenant de
bE B

ce fait x = IT b mb .
bE B

On dit alors qu'un groupe commutatif est libre si ce groupe admet au moins
une base. Ainsi, d'après le théorème 7 , le groupe multiplicatif Cl2 + des
*

rationnels > 0 est un groupe commutatif libre dont l'ensemble des nombres
premiers est une base particulière.
Ce phénomène n'est pas si fréquent car il est facile de donner des exemples de
groupes commutatifs non libres, c'est-à-dire n'admettant aucune base.
L'exemple le plus intéressant est le groupe additif Cl2 des nombres rationnels
(de signe quelconque). S'il admettait une base B, celle-ci ne pourrait être vide
(sinon on aurait Cl2 = { O } ) ni réduite à un élément unique b (car les multiples
entiers du seul élément b ne peuvent constituer la totalité des nombres
rationnels). Par suite, B contiendrait nécessairement deux rationnels b et c
distincts qu'il est toujours possible d'écrire � et � avec m , n et d entiers et
d 1= O. En outre, on aurait m 1= 0 ou n 1= 0 puisque b 1= c . Dans ces
50
l.A.4

conditions, on pourrait écrire d'une part 0 = Ob + Oc et 0 = nb + (-m)c, ce


qui est en contradiction avec Je fait que tout élément du groupe doit s'écrire
d'une manière et d'une seule en fonction des éléments de B . On voit ainsi que
*
le groupe multiplicatif CQ + est d'une "autre nature" que Je groupe additif CQ .
En termes plus techniques, ce ne sont pas des groupes isomorphes. Cela est
d'autant plus curieux que lorsqu'on remplace les nombres rationnels par les
nombres réels, les groupes correspondants IR + et IR sont eux, bel et bien
*

isomorphes : on passe de l'un à l'autre en utilisant la notion de logarithme,


comme l'atteste la relation bien connue : ..e n (xy) = ..en x + ..e n y. Ainsi, le
cadre trop étroit des nombres rationnels est tout à fait inadéquat pour définir
quoi que ce soit qui ressemble à des logarithmes : c'est un des enseignements
du théorème fondamental de l'arithmétique. Gageons qu'Euclide n'y avait pas
pensé !
On peut s'étonner, pour finir, de la relative difficulté qu'il y a à démontrer le
théorème fondamental de l'arithmétique. En fait, il s'en faut de peu qu'il ne
soit pas valable.
Pour le voir considérons l'ensemble M des nombres "monotétraïques" 1, 5 ,
9, 1 3 , 1 7 , etc. qui ont pour reste 1 quand on les divise par 4. C'est aussi si
on préfère l'ensemble des nombres de la forme 4n+ 1 où n est un entier
naturel quelconque.
Comme le produit de deux nombres monotétraïques est un nombre du même
genre (car (4m+l) (4n+ l) = 16mn + 4m + 4n + 1 = 4 (4mn + m + n) + 1 ) ,
il est naturel d'étudier la relation de divisibilité qui résulte de l'existence de
cette multiplication dans M. De façon précise, on dira qu'un nombre x de M
divise un nombre y de M (au sens "monotétraïque" du terme ! ) s'il existe un
troisième nombre x' de M tel que xx' = y. Dans ce cas, x divise y au sens
ordinaire du terme. La réciproque est d'ailleurs vraie : si x et y appartiennent
à M et si x divise y au sens ordinaire, x divise y au sens monotétraïque. En
effet, si on a xx' = y avec un entier x' a priori quelconque, x' ne peut être
qu'un élément de M : c'est évidemment un nombre > 0 dont le reste dans la
division par 4 ne peut être ni 0 ni 2 (sinon x' et y seraient pairs, ce qui est
absurde) ni 3 (sinon on aurait x = 4m+ l , x' = 4n+3 et par conséquent
y = xx' = (4m+ l )(4n+3) = 4(4mn + 3m + n) + 3, ce qui fait que y
n'appartiendrait pas à M). Ainsi la relation de divisibilité dans M n'est rien
d'autre que la relation de divisibilité ordinaire, mais limitée aux éléments de
M.

51
I.A.4

On notera to ut de suite qu'un nombre comme 9 n 'a pas d'autres diviseurs


"monotétraïques" que 1 et l ui-même, car 3, seul autre candidat possible, n'est
pas monotétraïque. On peut dire, en un sens évident, que 9 est un nombre
premier monotétraïque . . .
Il est aisé de vérifier que tout nombre x E M est divisible par au moins un
nombre premier monotétraïque. Par suite, n'importe quel élément x de M est
un produit de facteurs premiers monotétraïques (éventuellement réduit à zéro
ou à un facteur) . Le parallèle avec l'arithmétique classique s'arrête là : un
même nombre peut avoir plusieurs décompositions en facteurs premiers, au
sens monotétraïque du terme. C'est le cas de 44 1 pour lequel on a
44 1 = 9 x 49 = 2 1 x 2 1 , les facteurs étant tous prem iers (au sens
monotétraïque du terme ! ) .

5. Applications

La décomposition en facteurs premiers d'un nombre naturel n -:;: 0 est


entièrement déterm inée, on l'a vu, par la liste des exposants figurant dans
cette décomposition . S i p est un nombre premier donné, il est alors
commode d'introduire une notation particulière pour désigner l'exposant de p
dans la décomposition de n en fac teurs prem iers. Dans la suite de cc
paragraphe, on le notera v / n), la lettre v étant l'initiale du mot val uation
dont on expliquera le sens général dans le Livre V I . Appliquons cela à la
décomposition en facteurs premiers d'un produit mn de deux entiers naturels
non nuls m et n . S i on connaît la décomposition en facteurs prem iers de
chacun de ces nombres

m= rr p ap et n = rr pbp
alors on a

ce qui donne la décomposition en facteurs premiers de mn. On peut retenir


cela de la manière suivante :

52
l.A.5

Théorème 1.

Si m et n sont des entiers naturels non nuls, alors on a


vP (mn) = vp (m) + vP (n)
pour tout nombre premier p.

En bref, on peut dire que quand on multiplie deux entiers connus par leurs
décompositions en facteurs premiers, les exposants s'ajoutent.

CoroUaire.

Avec des notations évidentes, on a


v p (m 1 m r) = vp (m1) +
.

• · · · + vp (mr)
vp (mr) = r vp (m)

Il n'est peut-être pas inutile de remarquer que les résultat" précédents peuvent
s'étendre aux nombres rationnels > O. On a vu en effet (I.A.4. th. 7) que tout
nombre ràtionnel r > 0 admet une décomposition et une seule en facteurs
premiers, qui revient à celle que l'on connaît d'ordinaire lorsque r est entier,
ce qui permet de noter encore vP (r) l'exposant de p dans la décomposition
"première" de r.

Théorème 2.

Si r et s sont des rationnels > 0, alors on a


vP (rs) = vP (r) + vP (s) et vP (�) = vP (r) - vP (s)
pour tout nombre premier p.

53
l .A . 5

Des calculs élémentaires, déjà fails d'ailleurs lors de la démonstration du


théorème 7 déjà cité, montrent aisément que si r = avec k et ..e �
entiers > 0, alors vP (r) vP (k) - v P(..€). S i on pose en outre s =
= ; (avec m
et n entiers > on en déduit que vP (rs) = vP
0), (�:) = vP (km) - v P (..€n) =

v P ( k) + v p (m) - v p ( ..€ ) - v p (n) = vp ( k) - vP (..e ) + vp (m) - v p (n) =


v /r) - vP (s) en appliquant deux fois le théorème 1 . On démontre facilement
de la même manière la seconde relation.

Corollaire.

Avec des notations évidentes, on a


v p (r1 . . . rn ) = v ( r 1 ) + + (r0)
p ·
·
· vp

vr (r") = n vr (r) (si n E �)

La décomposition en facteurs premiers peut aussi serv ir (dans le cas des


entiers) à caractériser la relation de divisibilité.

Théorème 3.

Si m et n sont deux entiers naturels non nuls, une condition


nécessaire et suffisante pour que m divise n est que, quel que soit
le nombre premier p, l'on ail
vr (m) :::; vP (n)

Si on suppose que les décompositions de m et de n en facteurs premiers


s'écrivent respectivement
b
m = TI p aP et n = TI p P -....___

on peut dire aussi que m 1 n si et seulement si ar :::; br quel que soit le


nombre premier p.

54
l.A.5

a1 ar b1 b,
Si on suppose que l'on a m = p ... p et n = p ... p avec les mêmes
1 1
, Pr , supposés deux à deux distincts, le résu l tat
T T

nombres premiers p 1 ,
précédent revient à dire, compte tenu de I.A.4, théorème 3 , que a; :::; b; pour
. • •

tout i = 1 , . . , r.
.

Démontrons directement le théorème 3 .


S i m divise n , i l existe u n entier m ' , nécessairement > 0 , tel que
mm' = n . On a donc, par le théorème 1, vP (m) + v P (m') = v (n) Comme
P
v (m') ;::: 0, on en déduit que v (m) :::; v (n) .
P P P
Supposons maintenant que vP (m) :::; v P (n) quel que soit le nombre premier

p. Cela veut dire que v (n) - v (m) � O. Comme v (n) - v (m) = v


P P P P P
(�)
d'après le théorème 2, on voit que dans la décomposition de .!!_ en facteurs
m
premiers tous les exposants sont positifs. Cela veut dire, comme on l'a déjà
vu, que .!!_ est un entier, donc que m divise n. CQFD.
m
On déduit de ce qui précède une méthode pour déterminer tous les diviseurs
d'un nombre entier.

Théorème 4.

m1
Soit n un entier naturel non nul dont la décomposition en facteurs
. , m, .
. p
}
premiers es t donnee sous la forme p ou p1 , . . . , p , son t
. .

des nombres premiers deux à deux d isti n c t s Cl m 1 , . , m r des


T

en tiers naturels quelconques ( é v ent u e ll e m en t n u l s ) . A lors on


. .

obtient tous les diviseurs positifs de n en considérant, de tous les


. . µI µr .
ou µ 1 µr sont des
1 r
façons possibles, les prodmts p . . . p , • . • ,

entiers tels que 0 :::; µi :::; m i pour i = 1 , . . . , r.

55
I.A.5

:5 µ1 :5
µ! µ
1
Appelons m le nombre p p r . La condi tion 0 m i si elle est
r

vérifiée pour tout i montre, d'après le théorème 3, que m divise n (relire les
commentaires qui suivent l'énoncé du théorème en question).
Inversement, si m est un diviseur positif de n, on a nécessairement m "# 0, ce
qui permet de décomposer m en facteurs premiers. Comme tout diviseur
premier de m est un diviseur premier de n et que ceux-ci figurent parmi les
nombres p 1 , , Pr (I.A.3 , cor. 3 du th . 6), il résulte de I . A .4 , théorème 5 ,
. • •

, µ > 0 . C omme m 1 n par


µ µ
' . p l . . . p r avec µ 1 > 0 ,
r
que m peut s ' ecnre _ • • • _

1 r
hypothèse, on a vPi (m) :5 vPi (n) , c'est-à-dire µi :5 m i - quel que soit i . D'où
le résultat.

Comme les produits p


µ1
1
• • • lr r (pour p 1 , . . • , Pr fixés) sont deux à deux

distincts d'après I.A.4, théorème 5 , on déduit du résultat précédent le nombre


de diviseurs positifs d'un entier naturel donné.

Théorème S.
m1 mr
Si un entier n s'écrit p
1
• • •
p
r
où p 1 , • • • , Pr sont des nombres
premiers deux à deux distincts, le nombre des diviseurs positifs de
n est égal au produit
(1 + m 1 ) (1 + m r) . • • •

En effet, ce produit représente le nom bre de façons de choisir un entier µ 1


entre 0 et m 1 , un entier � entre 0 et m2 , et ainsi de suite.
On notera que le produit précédent peut aussi s'écrire, sans référence à une
décomposition explicite en facteurs premiers, sous la forme I1 ( 1 + v (n) ) ,
P
le produit étant étendu à tous les nombres premiers, mais ne comportant
qu'un nombre fini de facteurs différents de 1 .
Si o n prend l'exemple d e n = 5 040, o n a 5 040 = 24 x 3 x 5 x 7 , d e sorte
2
que le nombre de diviseurs est 5 x 3 x 2 x 2 = 60, ce qui .est conforme à ce
que prétend Platon dans les lois.

56
I .A.5

On va maintenant appliquer le théorème fondamental de l'arithmétique aux


carrés, aux cubes et aux autres puissances dans N .
Rappelons qu'un entier a est appelé une puissance n-ième parfaile (pour un
n
entier n 2'. 2 donné) s'il existe un entier b tel que b = a. Le cas le plus
fréquent est celui où n = 2, cas où l'on dit aussi que a est un carré parfait.
Quand il n'y a aucune ambiguïté sur le fait qu'il n'est question que de
nombres entiers, on omet l'adjectif qui stipule la "perfection" de la puissance
considérée . . .

Théorème 6.

Pour qu'un entier naturel a non nul soit une puissance n-ième
parfaite (n 2'. 2 donné) il faut et il suffit que dans la décomposition
en facteurs premiers de a tous les exposants soient des multiples
de n .

La condition est nécessaire d'après le corollaire d u théorème 1 ci-dessus.

Inversement, si la condition est vérifiée, on peut écrire a = p


m
1 m

1
r où .. p
.

p 1 , . , Pr sont des nombres premiers et où chaque exposant m i est de la


r

. .

forme nm\ , m \ étant un entier naturel. On a alors

ce qui prouve bien que a est une puissance n-ième.

Corollaire.

Pour que a soit un carré parfait, il faut et il suffit que tous les
exposants de la décomposition en facteurs premiers de a soient
pairs.

Dans le même domaine, un autre résultat nous servira plus tard :

57
I.A.5

Théorème 7.

Si a et b sont deux entiers naturels premiers entre eux et si le


produit ab est une puissance n-ième parfaite, alors a et b sont eux­
mêmes des puissances n-ièmes parfaites.

Le résultat est évident si l'un des entiers est nul car alors l'autre ne peut être
que 1 .
On peut donc supposer a > 0 et b > O. Considérons alors un nombre premier
p quelconque. Par hypothèse v (ab), c'est-à-dire v (a) + v (b) , est un
P P P
multiple de n . Il s'agit de démontrer que vP (a) et vP (b) sont eux aussi des
m ultiples de n . Cela est évident si vP (a) = 0 (car 0 est un multiple de n et
que vP (b) est alors égal à vP (ab)) ou si vP (b) = 0 (pour la même raison). Le
cas qui reste : v (a) > 0 et vP (b) > 0, ne peut avoir lieu car il impliq uerait
P
que p divise a et b, ce qui est impossible puisque par hypothèse a et b sont
premiers entre eux. CQFD.

Corollaire 1.

S i un produit ab de deux entiers positifs est un carré et si a et b


sont premiers entre eux , alors a et b sont eux-mêmes des carrés.

Corollaire 2.

Si un produit ab de deux entiers quelconques est un cube et si a et


b sont premiers entre eux , alors a et b sont eux-mêmes des cubes .

C'est une conséquence du théorème 7 si a et b sont positifs. Pour établir le


cas général, avec des signes quelconques, il suffit d'observer que 1 = (- 1) 3 .
-

Dans le même ordre d'idée, on est parfois amené, au cours de certains


raisonnements d'arithmétique, à affirmer qu'un entier a divise un entier b en
2 2
arguant du fait que le carré a de a divise le carré b de b. Mais ce faisant, on
néglige de justifier ce résultat qui n'est pas aussi évident qu'il en a l'air et
dont la démonstration nécessite peu ou prou l'usage du théorème fondamental
de l'arithmétique.

58
J .t\. S

Théorème S.

S i a e t b sont des entiers d e signes quelconques e t s i an divise bn


Il pour un entier n ::::: 1 donné, alors a divise b .

Quitte à passer a u x valeurs absolues d e s nombres considérés, o n peut


supposer a et b positifs. Comme le résultat est évident quand l'un des
nombres est nul, on peut même supposer a > 0 et b > O. Dans ces
conditions, il est loisible de considérer les décompositions en facteurs
n n
premiers de a, de b, de a et de b
a b n Il naP Il pnbp
a= Il p P , b= Il p P , a = p , bn =
p p p p
n n
et l'hypothèse selon laquelle a divise b signifie alors simplement que l'on a
n a P � n bP pour tout nombre premier p. Comme n ::::: 1 , on en déduit que
3i> :::; bP pour tout p, donc que a divise b.
Pour se convaincre de la nécessité de faire une démonstration, il peut être
amusant de montrer que dans un autre système que celui des entiers naturels,
le théorème 8 peut être faux.
Nous ferons appel pour ce faire aux nombres plénipotents qui sont, comme
personne ne le sait, les nombres entiers > 0 dont la décomposition en
facteurs premiers ne comporte aucun exposant égal à 1 . En d'autres termes,
un entier n > 0 est plénipotent si pour tout nombre premier p qui divise n ,
2
p divise aussi l e nombre n.
Soyons honnête : j 'ai horreur des anglicismes inutiles, test de primalité ,
cup-produit, fonction box-spline et autres , et je m 'en serais voulu de
" traduire" par nombres "powerful" ce que certains auteurs anglo-saxons (voir
[GUY l ] , p. 40 par exemple) nomment des "powerful numbers ". J'ai hésité
e n tre nombres " p l uripotents " , " m u ltipotents " , " totipoten ts " et
"dynamiques" . . . pour finalement opter pour "plénipotcnts" , plus proche de
l'original anglai s et qui a l'avantage de faire un clin d'œil inattendu à M. de
Norpois . . .
Il est facile de vérifier que le produit de deux nombres plénipotents est encore
un nombre du même type. Par suite, rien ne s'oppose à cc que l'on définisse
une relation de divisibilité entre les nombres plénipotents. Dans ce contexte,
72 divise 288 car 72 x 4 = 288, mais non 1 44 car il n'existe pas de nombre
2
plénipotent x tel que 72x = 1 44 . . . Dans ce système, le nombre 4 divise le

59
l.A.5

2
nombre 8 (au sens "plénipotent" du terme), alors que 4 ne divise pas 8 : ce
qu'il fallait vérifier.
Le lecteur pourra s'amuser à rechercher lui-même quels sont, parmi les
nombres plénipotents, ceux qui sont premiers (au sens plénipotent du terme)
et à vérifier que si tout nombre du système admet une décomposition en
facteurs premiers, celle-ci n'est pas toujours unique. Il pourra aussi démontrer
par la même occasion que les nombres plénipotents ne sont rien d'autres que
2
les entiers naturels non nuls de la forme m n 3 .

Comme cela nous servira plus tard , nous allons, pour nous détendre,
déterminer la décomposition en facteurs premiers du nombre 1 00! qui, d'après
ma calculatrice, est un nombre qui n'existe pas . . .
Il n'y a bien sûr aucun inconvénient à traiter le cas général de n ! et même,
pour y voir clair au début, le cas d'un produit quelconque a1 • . .a n de n
facteurs tous > O.
Écrivons les nombres considérés a , . . . , a les uns après les autres, sur une
1 n
même ligne, choisissons un nombre premier p et imaginons un tableau
constitué d'un nombre indéterm iné de lignes et dont les cases sont situées
sous les différents nombres a 1 , . . . , an . Dans la i -ème case de la première
ligne, donc juste sous ai , inscrivons un 1 dans le cas où é\ est divisible par
p, un 0 dans le cas contraire. Inscrivons de même, sous ai , mais dans la
2
deuxième ligne, un 1 pour indiquer que ai est divisible par p ou un 0 pour
indiquer le cas contraire. Remplissons de la même manière la troisième ligne
avec des 1 et des 0 qui indiquent si oui ou non les nombres é\ sont divisibles
3
par p . Et ainsi de suite.
Il est clair qu'au bout d'un certain temps, i l n'y aura plus que des 0 à meure
dans les différentes l ignes et qu'on peut alors arrêter le processus. On obtient
ainsi, en fait, une matrice rectangulaire ou c arrée, à n colonnes, dont tous les
termes sont égaux à 0 ou à L
S i on examine la i-ème colonne, il est clair que le nombre de 1 qui y figurent
n'est autre que l'exposant de p dans la décomposition de ai en facteurs
prem iers (pour plus de sûreté , on se reportera à I.A.4, corollaire du
théorème 6). Dans ces conditions , d'après le théorème 1 du présent
paragraphe, ou plutôt d'après son corollaire, on voit que le nombre total de
" 1 " contenus dans le tableau est l'exposant de p dans la décomposition en

60
l.A.5

facteurs premiers du produit a1 a n . Mais on peut compter ces " 1 " ligne
• . .

par ligne : dans la première ligne, le nombre de 1 représente le nombre de


cas où ai est divisible par p, dans la seconde le nombre de cas où ai est
2
divisible par p et ainsi de suite.
,

Supposons maintenant que les nombres a 1 , an soient les entiers


, • . •

consécutifs 1 , . . . , n. Il s'agit alors de déterminer, pour la k-ième ligne, le


k
nombre d'entiers compris entre 1 et n qui sont divisibles par p . Si on
cherche, d'une manière générale, quels sont les multiples d'un entier a donné
(a � 1 ) , compris entre 1 et n, on doit distinguer deux cas. Si a :::; n, les
multiples en question sont a, 2a, . . . , ka où k est le plus grand entier
possible tel que ka :::; n. Comme cette condition équivaut à k :::; !!. , on voit
a
que k est ce qu'on appelle la partie entière du nombre !!. partie entière que ,

a
l'on écrira, comme tous les professionnels, entre crochets : [ ;J . Ainsi

si a :::; n, le nombre de m ultiples de a compris entre 1 et n est k = [;] .

S i a > n , ce résultat reste vrai car il n'y a pas de multiples de a entre 1 et n ,


e t o n a p ar ailleurs [;] = O.

S i o n revient a u tableau initial , o n voit ainsi q u e le nombre d e 1 d e la

première ligne est [�] , celui de la seconde ligne [; J


2 , et ainsi de suite.
Bref :

Théorème 9.

Si n est un entier � 1 et si p est un nombre prem ier, l'exposant de


p dans la décomposition de n! en facteurs premiers est égal à

[�] + [;2] [;3]


+ + · · · , cette somme ne comportant, malgré

les apparences, qu'un nombre fini de termes.

J
On mparera avec fruit la longue"' des explications précédentes avec celle de
la demonstration que donnent MM. Hardy et Wright du même résultat ( [HA-

61
l.A.5

WR] , p. 342) : on comprendra pourquoi mon éditeur désespéré m 'enjoint


sans cesse de faire court.

Au vu de ce théorème, on peut donc écrire :

n! = TI
p premier
P (rt1 [ !J ),
S i on applique cela à n = 1 00 , on trouve (en s'aidant au besoin de sa
calculatrice pour les cas les plus empoisonnants) :
1 00 ! = 297 X 3 4 X 5 4 X ? X 1 1 X 1 3 7 X 1 7 X 1 9 X 2 34 X 29 3 X 3 1 3 X
8 2 16 9 5 5
3? X 4 i X 43 X 47 X 53 X 59 X 6 1 X 67 X 7 1 X 73 X 79 X 83 X 89 X 97
2 2 2 2

On vérifiera aussi que dans son écriture décimale ordinaire le nombre 1 000 !
se termine par exactement 249 zéros.

C'est dans les saintes É critures que j'ai trouvé la dernière application que je
soumets au plais i r de mes lecteurs. Elle est proposée en exercice par
Bourbaki, notre maître à tous : [BOU 3] , chap. 7, ex . 2 1 , p. 52.
Nous allons voir que, ainsi qu'on peut le subodorer de la lecture attentive de
l'exercice en question, le nombre 1 + � + · · · + � n'est jamais un entier
sauf naturellement si n = 1 (ou si n = 0 . . . )
Appelons h (h comme harmonique : hi ! hi ! ) le nombre rationnel
1 + � �
.
+ · · · + pour n � 2. Pour qu'il soit entier, i l faut et il suffi t que
dans sa décomposition en facteurs prem iers (I .A.4, th 7) tous les exposants
soient positifs (I. A .4 , th. 8). Or, on va voir qu'il n'en est pas ain si, déjà,
pour l'exposant du nombre prem ier 2.
Pour chaque entier i compris entre 1 et n, désignons par qi l'exposant de 2
dans la décomposition de i en facteurs premiers, et appelons q le plus grand
des nombres qi .

On peut donc dire (I.A.4, cor. du th. 6) que 2q est la plus grande puissance de
2 qui divise l'un des nombres 1 , . . . , n. Cela signifie qu'aucun des nombres
1 , 2, . . . , n n'est divisible par 2q + l , mais qu'il existe au moins un nombre k ,
compris entre 1 et n, qui est, lui, divisible par 2q .

62
l .A . 5

M ontrons que ce nombre k est unique . Rai sonnons par l'absurde en


supposant qu'il existe un nombre ,e :F k, compris entre 1 et n, divisible lui
aussi par 2q . Quitte à échanger k et ,e , on peut supposer k < ,e . Par
hypothèse, il existe des entiers u et v tels que k = u 2q et ,e = v 2q . Comme
k et ,e ne son t pas divisibles par 2q l , les nombres u et v sont +
nécessairement impairs. Par suite le nombre m = ,e - k = (v - u) 2q est, lui,
l
divisible par 2q+ . Mais cela est absurde car d'une part on a ,e - k > 0, donc
,e - k ;::: 1 , et d'autre part on a ,e - k � ,e � n, de sorte que m est un nombre
compris entre 1 et n.
Le résultat ainsi établi prouve que qi < q si i :F k, alors que qk = q.
Notons enfin que puisque n ;::: 2, on a q ;::: 1 car q ;::: q2 = 1 .

Revenons alors au nombre h = 1 + � + · · · + �. S i on réduit au même


dénominateur les différentes fractions qui entrent dans la constitution de ce
nombre, on trouve
n

n ! + i + 3 + . . . + ( n- 1 ) ! I
ni n! n !
i�l N
h=
n! n! D
n

avec D = n ! et N = L.J ---:--'- . On notera que


" ni n!
est un entier pour tout i et
i�l 1
qu'il en est donc de même de N.
D'après le théorème 1 (on n'aura pas besoin ici du théorème 9), l'exposant de
2 dans la décomposition de n! en facteurs premiers est égal à q 1 + · · ·
+ q0 ;
on l'appellera aussi s pour abréger. De même (mais en se référant plutôt au
théorème 2 ) , on voit que l'exposant de 2 dans l a décomposi tion de
n!
en
facteurs premiers est q2 + · ·
+ q0 - qi = s - q i .
on a (puisque qi < q) , s - qi > s - q, donc s - qi ;::: s - + 1 , alors
·

Si i -t: k , q

que si i = k, s - qi = s - qk
n!
= s - q. Cela montre que tous les nombres

) nt divisibles par 2s--<J + l sauf :! qui n ' est divisible que par 2s·q . I l en

63
I.A.5

est divisible par 2 s - q (puisque tous ses


L,
" n!
1 1 i
résulte que la somme N = .

+
termes ont cette propriété) sans être divisible par 2s-q l (car si N l'était, il en
'
- "
n

. de meme de -
serrut
A
k
n!
= N L, -:-
n! .
, ce qui n est pas) .
i * k l

Ainsi , en revenant à la notation i ntroduite au début du paragraphe


a-t-on v2 (N) = s - q (cf. I .A.4, th . 6). Comme v 2 (D) = s , on voit que
v 2 (h) = s - q - s = - q < 0 . CQFD.
É nonçons, énonçons !

Théorème 10.

Il Si n ;::: 2, l e nombre 1 + � + · · · + � n'est jamais un entier.

Terminons dignement cette section en donnant en prime la décomposition en


facteurs premiers du nombre 1 + �+ · · · + d4 (ma calculatrice a refusé
d'aller plus loin) :

1 + 2 + 3 + . . . + 24
1 1 1
=
2-4 . 3 -l . 5 . 7 - 1 . 1 i - 1 . 1 3 -l . 1 7 - 1 . 1 9- l . 2 3 - l . 5 7 7 . 4 6 7 1 8 3

64
l.B . l

Plus grand commun diviseur


et plus petit commun multiple

On a assisté i l y a quelques années à une louable tentative de


!'Éducation Nationale pour réformer le langage défectueux des spécialistes de
la théorie des nombres en demandant aux enseignants de désigner par leur
véritable nom de "plus grand diviseur commun" et de "plus petit multiple
commun" ce qui était j usque-là appelé "plus grand commun diviseur" et
"plus petit commun m ultiple" . Cela a donné, en abrégé : PGDC et
PPMC . . . La réforme a échoué, comme d'habitude, faute d'une formation
suffisante du personnel enseignant. Dépité, le ministre de !'É ducation a
préféré supprimer dans les programmes officiels tout ce qui avait trait à
l'arithmétique élémentaire. Exit les PGCD, PPCM et autres nombres
premiers : dans quelques années plus personne ne pourra lire le livre que je
suis en train de rédiger . . . N (J N ! ?
Laissons de côté ces propos mélancoliques et revenons à nos préoccupations
principales. On a vu dans la section précédente (1.A.3) qu'une bonne partie
des résultats de la théorie élémentaire des nombres repose sur le théorème de
Bezout. De fait, on lit dans les Éléments d'Euclide, Livre VII proposition 1 ,
,
la phrase suivante :
"Deux nombres inégaux étant proposés, le plus petit étant toujours retranché
du plus grand, si le reste ne mesure celui qui est avant lui que lorsque l'on a
pris l'unité, les nombres proposés seront premiers entre eux. "
Comme le dit Jean Itard ([ITA] , p . 45) à qui nous empruntons cette citation ,
cette proposition est la première apparition du célèbre algorithme d'Euclide.
Le même procédé est mis en œuvre aussitôt après ( [EUC] , Livre V I I
,
prop. 2) pour trouver la "plus grande commune mesure" de deux nombres
donnés non premiers entre eux. Cette méthode des soustractions successives
(que nous décrirons ci-dessous avec plus de précisions) s'applique aussi en
géométrie (sous le joli nom d'anthyphérèse , qui veut bien dire ce qu'il veut
dire) pour la recherche de la "commune mesure" de deux grandeurs : nous y
reviendrons dans la section C. On pense d'ordinaire que la découverte de ce
procédé remonte aux Pythagoriciens (VIe siècle avant J.-C.).

65
l .B . 1

Rappelons que l e mot d'algorithme, d'al lure faussement grecque, est e n fait
d'origine arabe : dérivé du nom d'un mathématicien du IX e siècle, Al­
Khuwarizmi, originaire du Kharezm en Asie centrale, i l a commencé par
désigner, sous la forme "algorisme " , l'ensemble des règles de calcul
merveilleusement simples , héritées des Arabes, qui découlent du système de
numération décimale qui s'implanta en Occident à la fin du Moyen-Age. Pour
réhabil iter le mot anthyphérèse, il faudrait une sérieuse réforme de
l'orthographe, et faute d'une formation suffisante du personnel enseignant il
est à craindre que . . . etc. etc.

1. Plus grand commun diviseur de deux entiers

Nous nous appuierons sur le théorème suivant :

Théorème 1.
É tant donnés deux nombres entiers a et b, il existe un entier g
positif et un seul vérifiant les conditions suivantes :
(i) g est un diviseur commun de a et de b.
(ii) Tout diviseur commun de a et de b est un diviseur de g.

L' unicité de g est facile à démontrer car si g et g' sont deux entiers positifs
véri fiant les conditions (i) et (ii) alors g, en tant que diviseur com mun de a et
de b (condition (i) pour g), est un diviseur de g' (condition (ii) pour g') et de
même g' , en tant que diviseur commun de a et de b, est un diviseur de g. S'il
n'y avait pas de conditions de signe, on déduirait de tout cela que g' ± g. =

Comme g et g' sont positifs, on a ici , en fait, g g'.


=

Pour démontrer l'ex i s tence de g nous proposerons quatre méthodes


indépendantes.

Première méthode
/
C 'est la m éthode la plus ancienne, connue maintenant sous le nom
d'algorithme d'Euclide et qui, présentée comme nous allons le faire, s'appelle

66
l.B.1

aussi la méthode des différences successives. Elle s'applique seulement à des


nombres a et b supposés strictement positifs.
Ces conditions étant réalisées, rangeons les nombres a et b dans l'ordre
croissant et appelons a 1 et b 1 le résultat obtenu.
Si a 1 = b 1 , i l n'y a rien de plus à faire : le nombre g = a 1 = b 1 vérifie les
conditions (i) et (ii) du théorème.
Si a 1 7' b 1 , retranchons le plus petit nombre du plus grand et comparons le
résultat b 1 - a 1 au plus petit nombre que l'on avait initialement, c'est-à-dire à
a1 . Rangeons pour cela b1 - a 1 et a 1 dans l'ordre croissant et appelons az et b2
le résultat obtenu : ce sont des nombres > O.
S i a2 = b2 , on arrête là le processus. S inon on retranche le plus petit nombre
du plus grand et on compare le résultat obtenu b2 - a2 avec a2 ; rangés dans
l'ordre croissant, cela donne des nombres > 0 que l'on note a3 et b3 •

On continue ainsi tant qu'on obtient des nombres an et bn différents. Le


processus ne peut se poursuivre indéfiniment car à la n-ième étape, on a
bn- I 3n- l < bn -l (car an- ! > 0) et 3n- l < b n _ 1 , de sorte que b n < bn - i En
-
·

d'autres termes, la suite (b 1 , . . . , bn ) est strictement décroissante. Comme


elle est consti tuée de nombres entiers positifs , on ne peut avoir n
arbitrairement grand.
Appelons N le plus grand entier n possible, de sorte que aN = bN et montrons
que le nombre g, égal à la fois à aN et à bN , véri fie les conditions du
théorème.
Pour simpl i fier, notons D ( x , y) l'ensemble des div iseurs communs
de deux entiers x et y donnés et commençons par observer que
D(3n_ 1 , bn _ 1 ) = D(3n , bn ). En effet, si d divise à la fois an- I et bn - I d divise
,

bn- I - an - I : c'est donc un diviseur commun de bn - l - an - ! et de an l ; par


-
suite d E D (bn - 1 - an - ! ' an - 1 ) = D (an , bn ) . Inversement, si d divise à la
fois an et bn , d divise par définition an- ! et bn - 1 - an - 1 , donc aussi
bn- 1 = (bn - 1 - an - 1 ) + an - 1 . On en déduit que d E D (an - 1 bn - 1 ) . D'où le

résultat cherché.
On voit alors par récurrence sur n que D (a, b) = D(an , bn ) pour 1 ::::: n ::::: N.
En particulier, les diviseurs communs de a et de b sont les éléments de

67
l.B . 1

D(a N , bN) = D(g, g) : ce sont donc les diviseurs de g . Les conditions (i) et
(ii) du théorème en découlent immédiatement.
Pour achever cette démonstration, il reste à étudier le cas où a et b ne son t
plus simultanément strictement positifs.
Si a et b ne sont pas nuls, on peut appliquer le processus décrit ci-dessus à lai
et à lbl . Comme a et lai ont les mêmes diviseurs , de même que b et lbl , le
nombre g obtenu satisfait encore aux conditions du théorème. Enfin, s i le
nombre a (resp. le nombre b) est nul, on pose g = lbl (resp. g = lai) et le
théorème est encore vérifié. CQFD.

Deuxième méthode
C'est, en substance, celle déjà utilisée pour démontrer le théorème de Bezout
(I.A.3 , th. 3) . On met d'abord à part le cas où a = b = 0 (car alors la réponse
est évidente : g = 0 rempl it les conditions du théorème) et on considère
l'ensemble E des nombres de la forme ax + by où x et y sont des entiers de
signes quelconques . Comme E contient évidemment ±a et ±b et que, par
hypothèse, l'un de ces nombres est différent de 0, E contient au moins un
élément > O. Désignons par m le plus peti t de ces éléments et montrons que
m est le nombre g cherché .
Observons d'abord que par définition m s'écrit au + bv où u et v sont des
entiers particul iers. Par suite, tout diviseur commun de a et de b est un
diviseur de au + bv, c'est-à-d ire de m. Il reste donc à voir que m est un
diviseur comm un de a et de b.
En effectuant la division euclidienne de a par m , on peut écrire a = mq + r
avec 0 � r < m . Comme r = a - mq = a - (au + bv) q = a (1 - uq) + b (- vq) ,
on voi t que r E E . Il en résulte que r = 0 car dans le cas contraire on
aurait 0 < r < m , en contradiction avec la définition de m . Ainsi m est un
di viseur de a.
En effectuant la division euclidienne de b par m , on montre de même que m
est un diviseur de b, ce qui achève la démonstration.

Troisième méthode
Cette méthode utilise le théorème fondamental de l'arithmétique. De ce fait,
on suppose d'abord a > 0 et b > 0, on écrit a et b sous la forme

68
l .B . l

TI Pbp
p premier p premier
a=

et on pose
TI inf(ap ,b p )
g= P
p p remier
(On rappelle que lorsque x et y sont deux réels quelconques, on note
inf (x, y) le plus petit de ces deux nombres).
On notera que le produit qui sert à définir g ne comporte, comme il se doit,
qu'un nombre fini de facteurs différents de 1 . Il résulte de tout cela que
v (g) � v (a) et vP (g) � v (b) pour tout nombre premier p. On a en effet
P P P
v (g) = inf (a , b ) avec 3r = vP (a) et bP = vP (b). Le théorème 3 donné en
I .A . 5 permet de dire que g est un diviseur commun de a et de b. C'est la
P P P

condition (i) du théorème à démontrer.


Si on considère maintenant un diviseur commun de a et de b, celui-ci n'est
pas nul car a et b ne le sont pas, et il s'écrit donc ±d où d est un diviseur > 0
commun de a et de b. On a donc par I .A .5 , th. 3 , v (d) � v P (a) aP et
P
=

vP (d) � v P (b) = bP , donc vP (d) � inf (3p bP ) = v P (g) . Cela prouve que d (et
,

donc aussi ±d) et un diviseur de g.


On achève la démonstration comme dans le cas de la première méthode.

Quatrième méthode
C'est la plus délicate à mettre en œuvre du point de vue déontologique car
elle suppose connu un résullat qu'on ne verra que dans le prochain paragraphe
( I.B.2, th. 1) et qui affirme que, étant donnés deux entiers a et b, il existe un
entier h tel que :
1 °/ h est un multiple commun de a et de b;
2°/ tout multiple commun de a et de b est un multiple de h .
Nous allons voir que si on admet l 'existence de h , on peut alors définir
l'élément g qui nous préoccupe actuellement. Le lecteur choisira parmi les
démonstrations que nous donnerons plus tard de l'existence de h celles qui
excluent tout risque de cercle vicieux.
Comme l'existence de g est immédiate (ainsi qu'on l'a d'ailleurs vu plus haut)
lorsque a = 0 ou lorsque b = 0, on supposera dans la suite a * 0 et b * O.

69
I.I3 . 1

Dans ce cas, ab n'est pas nul non plus. Comme c'est évidemment un
multiple commun de a et de b, c'est un multiple de h (condition 1 ci-dessus).
:
Il en résulte que h n'est pas nul et que le nombre a est un entier. Nous
allons démontrer que cet entier satisfait aux conditions (i) et (ii) du
1 c1- d essus. p osons g = h .
ab
theoreme
, , .

Comme h est à la fois un multiple de a et un multiple de b, il existe des


entiers x et y tels que h = ax = by. Comme ab = gh par définition, on a
ab = gax = gby, d'où en simplifiant par a ou par b (ce qui est possible car
a "#- 0 et b "#- 0) , b = gx et a = gy. Cela montre que g est un diviseur commun
de a et de b.
Réciproquement, considérons un diviseur commun d de a et de b. Notons
qu'il ne peut être nul et que c'est aussi, à fortiori, un diviseur de ab. On peut
donc écrire a = da', b = db' et ab = dz où a', b' et z sont trois entiers. Alors
dz = ab = da'b = adb'. En simplifiant par d (qui n'est pas nul), on obtient
z = a'b = ab'. Cela montre que z est un multiple commun de a et de b.
D'après l'hypothèse faite sur h (condition 2 ci-dessus), z est un multiple de h,
autrement dit un nombre de la forme hh' où h' est un entier. On a alors (on
approche ! ) ab = dz = dhh' tandis que par ailleurs ab = gh. D'où dhh' = gh,
donc dh' = g, ce qui prouve que d divise g.
On notera pour finir que g n'est pas nécessairement positif, mais on peut
toujours le remplacer évidemment par - g. CQFD

Bien entendu, après cela une définition solennelle s'impose.

Définition

Étant donnés deux nombres entiers a et b quelconques, on appelle


p lusgrand commun diviseur de a et de b (ou en abrégé PGCD)
l'unique entier positif g vérifiant les conditions (i) et ( i i ) du
théorème 1 .

Lorsque l'un des nombres a ou b n'est pas nul, g ne peut être nul (à cause de
la condition (i)), de sorte que l'on a d � ldl � g pour tout diviseur commun d
de a et de b, puisque d divise alors g. Par suite, le plus grand commun
diviseur de a et de b est aussi . . . le plus grand diviseur commun de ces deux
70
I .B . 1

nombres. Cette interprétation n'est plus possible si a = b = 0 puisqu'alors


tout entier est diviseur commun. Néanmoins, le PGCD existe : c'est 0 qui
vérifie en effet trivialement les conditions (i) et (ii).
Si on limite la relation de divisibilité aux entiers naturels, celle-ci devient
une relation d'ordre partiel comme on l'a déjà observé et l'appellation "plus
grand commun diviseur" peut se comprendre au sens de cette relation d'ordre.
A cause de (i), tout diviseur du PGCD de a et de b est un diviseur commun
de a et de b. Par suite, il y a identité entre les diviseurs communs de a et de b
d'une part et les diviseurs du seul PGCD de l'autre.
On notera pgcd (a,b) le PGCD g de a et de b. Pour respecter des traditions
anciennes, beaucoup d'auteurs (cf. [HA-WR] , par exemple) notent (a, b)
- comme un couple ! - le PGCD de a et de b. Nous n'adopterons pas cette
façon de faire.
On a déjà observé, lors de la démonstration d'unicité du théorème 1 , que
lorsqu'un nombre g' vérifie les conditions (i) et (ii) du théorème 1 , on a
g = ± g'. On a donc pgcd (a,b) = ± g'. On se permettra d'écrire cette relation
sous la forme fautive pgcd (a,b) = g', en négligeant donc la différence de
signe et on dira, par abus de langage, que g' est le PGCD de a et de b. En
fait, il vaudrait mieux dire que g' est un PGCD, mais quelques entorses à la
rigueur proverbiale des sciences mathématiques peuvent peut-être en libérer
quelques-uns. On appliquera ces principes (malsains) dans les exemples qui
vont suivre.
Il est évident que si a divise b, le nombre a vérifie les conditions (i) et (ii) du
théorème 1 . On écrira donc dans ce cas là : pgcd (a,b) = a (alors qu'il serait
plus juste d'écrire pgcd (a,b) = lal).
On en déduit que si a est un entier quelconque, alors pgcd (a, a) = pgcd (a, 0)
= a et pgcd (a, 1 ) = 1 .
On a aussi comme on l'a déjà dit, pgcd (0,0) = 0 et pgcd (a, b) * 0 si a * 0
ou b * O.
On retiendra également le résultat simple suivant :

Théorème 2.

Il
Pour que deux entiers a et b soient premiers entre eux, il faut et il
suffit que leur PGCD soit égal à 1 .

71
I.B. 1
Appelons g le PGCD de a et de b. Si a et b sont premiers entre eux, les
seuls diviseurs communs de a et de b sont ± 1 . Comme g est l'un d'eux et
qu'il est positif, on a g 1 . Inversement, si g = 1 , tout diviseur commun de
=

a et de b est égal à ± 1 , puisque c'est un diviseur de g.


On peul naturellement tirer des diverses démonstrations de l'existence du
PGCD des enseignements qui ne résultent pas immédiatement du simple
énoncé du théorème. ·

En premier lieu l'algorithme d'Euclide fournit une méthode pratique, qu'il est
facile de programmer sur sa calculatrice préférée, pour trouver le PGCD de
deux nombres. On notera cependant que si, à un moment donné, bn est
nettement plus grand que an , on a (avec les notations utilisées plus haut) :
an +! = an et bn +l = bn - an , an + 2 = an et bn +2 = bn - an - an = b n - 2 an ,
�+3 = an et bn+ 3 = bn - 3� , et ainsi de suite, tant que bn - qan reste ::'.'. O .
Aussi, pour aller plus vite, il peut être commode de remplacer les différences
successives par des divisions euclidiennes.
De façon plus précise, supposons que l'on ait au départ deux entiers a et b
tous les deux positifs. Appelons a'1 et b'1 les mêmes nombres rangés dans
l'ordre croissant. Si a'1 = 0, on peut s'arrêter là. Sinon on effectue la division
euclidien de b\ par a' 1 , on conserve a\ (qu'on appelle b'2) et le reste (qu'on
appelle a'2). Si a'2 = 0, on arrête le processus. Sinon on recommence. Le
processus s'arrête nécessairement sur un couple (a'N , b'N) avec a'N � b'N et
a' N = O. Il est facile de voir en considérant les diviseurs communs successifs
de a'1 et de b'1 , de a'2 et b'2 , et ainsi de suite, que b'N est, à la fin, le PGCD
g de a et de b.
On peut appliquer cette méthode, mise sous forme d'un petit programme,
pour mettre par exemple les nombres 1 + + � · · · + � dont on a parlé en
I.A.5, sous forme de fractions irréductibles ii (c'est-à-dire avec N premier
N
avec D); on sait (mais on rappellera le théorème précis plus bas) que si D
n'est pas irréductible, il convient de diviser N et D par leur PGCD.

Voici les résultats que j'ai trouvés :

72
l . ll . 1

1
l + +
3 1 1 7 381
1
2
+ + 10 =
2 2 2 5 20
1 1 11 1 1 83 7 1 1
1 + 2 +
3 6
1 + 2 + +-
11
=
27 7 2 0
1 1 1 25 1 1 86 02 1
1 + 2 + - + 4- = -
12
1 + 2 + + 12
=
27 7 2 0
3
1 1 1 37 1 1 1 145 993
1 + 2 + + -5 = 60
1 + 2 + +-
13 = 360 360
1 49 1 1
1 + 21 + + -6 = -
20
1 + 2 + +-
14
= 1 171 733
360 360
1 1 363 1 1 1 195 757
1 + 2 + + -7 = 140
1 + 2 + +-
15 = 360 360
2 436 559
1 + 21 + + 81 = 76 1
1
1
+ 2 + +-1
280 16 = 720 720
l 7 1 29
1 + 2 + + 91 = etc.
2 5 20

J'ai pu aller comme ça jusqu'à 1 + � + ... + 1


24
. Apres,
, ça comce. .

La seconde méthode mise en œuvrc dans le théorème l donne aussitôt le


résultat suivant :

Théorème 3.

Si g est le PGCD de deux entiers a el b, il existe deux entiers u et


Il v tels que g = au + bv.

Évidemment la méthode suivie, qui consista à appeler g le plus petit nombre


strictement positif de la forme ax + by, ne permet pas de calculer com­
modément u et v - ou plutôt d'en donner des exemples précis, car il y en a
plusieurs.
Pohr ce faire, on peut utiliser l'algorithme d'Euclide. Si on considère celle-ci
dans sa version initiale, on définit à partir d'un couple (a, b) d'entiers > 0,

73
I .B . l

une suite (a1 , b1 ) , (a2 , b 2 ) , • .


•, (aN , bN ) avec a n :=::: b n , { a1 , b1 } = { a , b } et
{ (\, , bn } = { (\,_1 , bn- l - an- ! } , les nombres aN et bN du dernier couple étant des
entiers égaux .
Il est alors aisé de voir, en raisonnant par récurrence sur n, qu'il ex iste des
entiers un , vn , xn et Yn tels que � = a °n + b vn et bn = a x11 + b Yn . Cela
vient essentiellement de ce que { � , bn l = { a11_1 , bn - J - an _ 1 } avec (si on
suppose l'hypothèse de récurrence réalisée) an - ! = a un - ! + bv n - I et
bn- 1 - �-1 = a (xn-1 - un- 1 ) + b ( Yn- 1 - vn-1 ) .
En particulier, comme l e PGCD est aN (ou bN ) , celui-ci s'écrit a xN + byN .
D'où le résultat.
Cette méthode constitue donc une seconde démonstration du théorème 3 et en
même temps, compte tenu du théorème 2, une nouvelle démonstration du
théorème de Bezout. En outre, il est facile d'imaginer un programme, basée
sur l'algorithme d'Euclide, pour calculer explicitement les nombres u et v qui
entrent dans l'égalité g = au + bv - égalité que par parenthèses, on appelle
encore l 'identité de Bezout. Pour ce faire, on peut d'ailleurs préférer
l'algorithme d'Euclide effectué par divisions euclidiennes plutôt que par
différences successives : ça va plus vite !
La troisième méthode de démonstration du théorème 1 n'est pas elle-même
dépourvue d'intérêt puisqu'on peut la mettre sous forme de théorème.

Théorème 4.

S i m et n sont deux entiers naturels non nuls, la décomposition en


facteurs premiers de leur PGCD est donnée par la formule

i n f ( v P ( m ), v (n))
suivante :
P
(1) pgcd (m , n) TI p
=

p premier

Nous laissons au lecteur le soin de retrouver à partir du théorème 4 la


méthode pratique de détermination du PGCD telle que celle-ci lui a été
enseignée dans ses jeunes années.
Quant à la quatrième méthode, nous attendrons le prochain paragraphe pour
en tirer le théorème qui s'impose.

74
I .B . 1

E n complément de tous ces résultats déjà fo rt agréables, il convient d e savoir


comme se comporte un PGCD quand on m ultiplie les nombres en jeu par un
même facteur.

Théorème S.

Il
S i g est l e PGCD d e deux entiers a e t b et si m est u n entier
quelconque, alors gm est, au signe près, le PGCD de am et de bm.

Si on prend la définition du PGCD au pied de la lettre, on ne peut pas dire,


au vu de cet énoncé, que gm est le PGCD de am et de bm : le "vrai" PGCD
sera en fait g lml. C'est d'ailleurs ce que nous allons démontrer par trois
méthodes différentes.

Première méthode
On utilise l'iden tité de Bezout : si g est le PGCD de a et de b , i l existe des
entiers u et v tels que g = au + bv. On a donc gm = amu + bmv, ce qui
montre que tout diviseur com m un de am et de bm est un diviseur de gm.
Inversement, puisque g est un diviseur commun de a et de b, gm (et donc
tout diviseur de gm) est nécessairement un diviseur commun de am et de bm.
D'où Je résultat.

Deuxième méthode
On procède par divisibilité pure.
Le résultat étant évident lorsque m 0, on peut supposer m of. O. Appelons g'
le PGCD de am et de bm (qui existe à priori d'après le théorème 1). Comme
=

g divise a et b, gm divise a la fois am et bm ; donc , par définition de g', gm


divise g'. En particulier, m divise g', ce qui veut dire que g'/m est un entier.
Comme g' divise à la fois am et bm, g'/m divise à la fois a et b. Donc g'/m
divise g. Par suite, g' divise gm .
On a ainsi prouvé que chacun des éléments g' et gm divise l'autre, donc que
g' = ± gm . CQFD

75
I .B . 1

Troisième méthode
Comme on l'a dit ci-dessus, on peut se limiter au cas m -:f: O.
S i a = 0 ou si b = 0 , le résultat cherché est très simple à démontrer car si
a = 0, pgcd (a, b) = pgcd (0, b) = b et pgcd (am , bm) = pgcd (0, bm) = bm
(avec l'ambiguïté habituelle des signes) ; de même si b = O.
On peut donc supposer a, b et m différents de O. Dans ce cas, on peut
décomposer lai , lbl et lml en facteurs premiers :
I1
f1 f1 pIl),
a b
lal = p p , lbl = p p , lml =
avec les hypothèses habituelles sur les exposants.
D ' après le théorème 4, on a
I1 inf(a ,b )
P P
pgcd (lal, lbl) = p
et
I1 inf(a +m._ , b +m )
P P P P
pgcd (lmal , lmbl) = p
, b
r + m P ) = i n f (aP , bP ) + m P , on voit que le
( )
Comme inf (a + m
P P
I1 inf(a ,b P )+m._
P P =
f1 inf( aP ,b P ) m r
dernier produit s'écrit p p p =
I1 inf(aP ,b P ) m
p f1 p P , soit lml pgcd (lal, lbl) .
Il n'y a plus qu'à observer que
pgcd (la l , lbl) = pgcd (a, b)
et
pgcd ( l m a l , l m b l) = pgcd (ma, mb)
pour achever la démonstration.
Le résultat précédent peut se traduire par la formu l e suivante :
(2) pgcd (ma, mb) = m pgcd (a, b) .

76
I.B.l

Théorème 6.

S i g est le PGCD de deux entiers a et b, et si m est un diviseur


commun non nul de a et de b, le quotient _g_ est, au signe près, le
m
PGCD des quotients J!.. et Q_
m m

Observons d'abord que si m est un diviseur de a et de b, c'est aussi un


diviseur de g par définition du PGCD, de sorte que, dans ces conditions, les
. _g__ a b .
quotients , - et - sont des entiers.
m m m
a b
Appelons alors g' le PGCD de - et de - (qui existe à priori). D'après le
m m
théorème 5 précédent, g'm est, au signe près, le PGCD de a = J!.. m et de
m
b = Q_ m. Donc, au signe près, g'm = g, ce qui donne le résultat en divisant
m
par m.
Ainsi, avec les hypothèses du théorème

(3) pgcd ( � !),


pgcd (a , b)
m

Les résultats précédents permettent de caractériser le PGCD de deux nombres


en faisant usage de la notion de nombres premiers entre eux .

Théorème 7.

Pour qu'un entier positif g soit le PGCD de deux nombres a et b,


il faut et il suffit qu'on puisse écrire a = a'g et b = b'g avec a' et b'
premiers entre eux.

Supposons en effet d'abord que g soit le PGCD de a et de b. S i g est nul, a et


b sont nuls également. Par suite, les relations a = a'g et b = b'g peuvent être

77
I .B . 1

écri tes avec d e s entiers a ' et b' arbitraires, donc, pourquoi pas ? avec des
entiers premiers entre eux.

Si g 0, posons a' = � et b' = Q_ Cela donne deux entiers dont le


:t. •

g g
6) , pgcd (a, b)
PGCD est (d'après le théorème g = 1 . D'où le résultat en
g g
vertu du théorème 2.
S upposons maintenan t que l'on ait a = a'g et b = b'g avec a' et b' entiers
premiers entre eux. On a alors pgcd (a', b') = 1 , d'où par le théorème 5,
pgcd (a, b ) = pgcd (a'g, b'g) = g pgcd (a', b') = g. CQFD
Terminons ce paragraphe par quelques mots sur les fractions irréductibles. On
appelle ainsi , on le sait, une fraction a/b formée de deux entiers a et b
premiers entre eux. Cette appellation se j ustifie par le fait que l'absence d'un
diviseur comm un d :f:. ± 1 pour a et b empêche de simplifier d'une man ière
raisonnable la fraction en question. On exprime cette idée en disant aussi que
lorsque a/b est irréductible, la fraction est réduite à ses moindres termes.

Théorème S.

Toute fraction a/b formée de deux entiers rationnels a et b peut se


mettre sous forme irréductible a'/b'. Celle-ci est unique à un signe
près et s'obtient en divisant a et b par leur PGCD.

Pour être plus précis, il faudrait dire que si a et b sont deux entiers
quelconques tels que b :t. 0, i l existe deux entiers a' et b' prem iers entre eux
tel s que a/b = a'/b'. En outre, on peut prendre a' = a/g et b' = b/g avec
g = pgcd (a, b) et si on a aussi a/b = a"/b " avec a" et b" premiers entre eux ,
alors ou bien a' = a" et b' = b" ou bien a" = - a" et b' - b". =

L'exi stence et la façon de définir a'/b' résultent i m médiatement du


théorème 7 . Po ur établir l'unicité, on fera appel au théorèm e général
s u i v ant :

Théorème 9.

Il
S i a/b = a'/b' avec a' e t b' premiers entre eux, alors i l existe un
entier m tel que a = ma' et b = mb'.

78
I.B.2

Le lecteur se fera un plaisir de démontrer le théorème 9 et de voir comment


on peut en déduire l'unicité dont il est question dans le théorème 8 : la
barbe !

2. Plus petit commun multiple de deux entiers

Nous nous appuierons sur le théorème suivant (analogue évidemment


au théorème 1 de I.B . l ) .

Théorème 1.
É tant donnés deux nombres entiers a et b, il existe un entier h
positif et un seul vérifiant les conditions suivantes :
(i) h est un multiple commun de a et de b.
(ii) Tout multiple commun de a et de b est un multiple de h.

L'unicité de h est facile à démontrer : si on considère deux entiers h et h'


vérifiant les conditions (i) et (ii) c i-dessus, h (en tant que multiple commun
de a et de b : condition (i) pour h) est une multiple de h' (condition (ii) pour
h'). Pour la même raison, h' est un multiple de h .
O n e n déduit que h' = ± h . S i o n suppose e n outre que h e t h ' sont positifs,
on obtient l'égalité voulue h = h'.
Pour démontrer l'existence de h nous ne proposerons que trois méthodes
différentes.

Première méthode
Elle s'appuie sur l'existence du PGCD et sur les propriétés qui ont fait notre
bonheur jusqu'ici. Observons d'abord que l'existence de h ne pose pas de
problème quand a = 0 ou quand b = 0 : le nombre 0 satisfait en effet, dans
ces cas, aux conditions (i) et (ii) du théorème 1 . On peut donc supposer a :t- 0
et b :t- O. Posons a = a'g et b = b'g, g étant le PGCD de a et de b, et les
nombres a' et b' étant premiers entre eux (I.B . 1 , th. 7) . Alors le nombre a'b'g

79
1 . 13 . 2

est un multiple commun de a et de b car a'b'g = a'b et a'b'g = b'a'g = b'a.


Nous allons voir que c'est le nombre cherché, autrement dit qu'il satisfait à la
condi tion (ii). Considérons pour cela un multiple commun m de a et de b.
m
C'est aussi évidemment un multiple de g, ce qui veut dire que le nombre
g
(qui existe car g -:f. 0) est un entier, multiple de a' et de b' . Ainsi a' et b'
m
divisent tous deux l'entier . Comme a' et b' sont premiers entre eux , a'b'
g
m m
divise aussi (I.A . 3 . , th. 5). Cela veut dire que est un multiple de
g g
a'b', donc que m est un multiple de a'b'g. CQFD .

Deuxième méthode
On considère à priori l'ensemble E de tous les m ultiples communs de a et
de b. Si a = 0 ou b = 0 , E est rédui t à 0 et cet unique élément vérifie
effectivement les conditions (i) et (ii) du théorème.
On peut donc supposer a -:f. 0 et b -:f. O. Comme E contient ab et - ab, E
contient un élément > O. Appelons h le plus petit élément > 0 de E et
montrons que h est l'élément cherché. C'est déjà un multiple commun de a et
de b par construction. Considérons un m ultiple commun m de a et de b
quelconque. Si on effectue la division euclidienne de m par h (qui n 'est pas
nul), on obtient m = hq + r avec 0 � r < h. Le fait que r = m - hq montre
que r est un multiple de a et de b à la fois. Dans ce cas, on ne peut avoir
r -:f. 0 car on aurait 0 < r < h, ce qui contredit la défin ition de h. On a donc
r 0, donc m = hq, ce qui démontre que m est un multiple de h. CQFD
=

Troisième méthode
On suppose d'abord a > 0 et b > 0 et on appl ique à a et b le théorème
fondamental de l'arithmétique en écrivant
b
TI paP TI p r
p p r e m i er
a= et b =
p premier

Notons s le plus grand des deux nombres a et b (nombre que l'on écrit, on
P P P
le sait, sup (aP , bP ) ) . Il est facile de voir que sP est toujours nul sauf pour un
nombre fini de valeurs de p. Par suite, il n'y a aucun inconvénient à poser

80
l.B.2

TI 5
p P
p premier
h= .

Nous allons voir que h (qui est un entier > 0) est le nombre cherché. Notons
en prem ier lieu que l'on a v (a) � v (h) et v (b) � v (h) pour tout
P P P P
nombre premier p. On a en effet v (a) = a � sup (a , b ) = v (h) et de
même pour le second cas. Il résulte alors de l.A.5. th. 3 que a et b divisent
P P P P P

tous deux h, autrement dit que h est un multiple commun de a et de b.


D'où ( i ) .
S i on considère maintenant un multiple commun d e a e t d e b , il est évident
que m est un multiple de h si m O. On peut donc supposer m 1' 0 et, quitte
=

à remplacer m par - m (ce qui ne change rien au problème) , supposer


m > O. Il résulte alors de I . A . 5 , th . 3 que l 'on a en même temps
vP (a) � vP (m) et v (b) � vP (m). On en déduit que sup (vP (a), v (b)) � v (m),
autrement dit, puisque sup (v/a), v (b)) = sup (a , b ) = s = v (h) , que
P P P
P P P P P
v (h) � v (m). Cela montre (toujours I . A . 5 . , th. 3 ! ) que m est un multiple
P P
de h. D'où (ii).
Dans le cas où a et b sont de signes quelconques, m ais différents de zéro, on
se ramène au cas précédent en remplaçant a par la l et b par lbl . Enfin, si l'un
des nombres est nul, le nombre h = 0 fait l'affaire. CQFD
Le lecteur observera que si on établit l'existence de h à l'aide de l a deuxième
ou de la troisième méthode, on peut alors établir sans cercle vicieux
l'existence du PGCD de a et de b comme il a été dit dans la quatrième partie
de la démonstraùon du théorème 1 (I.B. 1).

Définition
É tant donnés deux nombres entiers a et b quelconques, on appelle
plus petit commun multiple de a et de b (ou en abrégé PPCM)
l 'unique entier positif h vérifiant les conditions (i) et (ii) du
théorème 1 .

S i l'un des nombres a ou b est nul, le PPCM est nul; c'est d'ailleurs le seul
m ultiple commun de a et de b.
Si les deux nombres a et b ne sont pas nuls, le PPCM n'est pas nul non
plus car s'il l'était tout multiple commun de a et de b serait nul, ce qui n'est
pas le cas du produit ab, multiple à la fois, justement, de a et de b. Dans ce

81
l . l l .2

cas , le plus petit com m un multiple n'est pas le p l u s peti t m ultiple


comm un car - 7 lab l par exemple est bien plus petit que le PPCM . . .
C'est néanmoins le plus petit m ultiple commun strictement positif.
On se consolera aisément de l'abus de langage contenu dans la définition
précédente, d'autant que si on lim ite la relation de divisibil ité aux entiers
naturels, celle-ci devient une relation d'ordre - partiel - et l'appellation "plus
petit commun multiple" peut se comprendre au sens de cette relation .
A cause de (i) , tout multiple du PPCM de a et de b est un multiple commun
de a et de b. Par suite, il y a identité entre les multiples communs de a et de
b et les seuls multiples du PPCM.
On notera ppcm (a, b) le PPCM de a et b. B ien que ce soit en principe un
nombre positif, on se permettra, comme dans le cas du PGCD, de ne pas
faire de différence entre ce nombre et son opposé.
Il est évident que si a divise b, le nombre b vérifie les conditions (i) et (ii) du
théorème 1 . On écrira donc, dans ce cas , ppcm (a, b) = b - ce qu'on devrait
écrire en fait ppcm (a, b) = lbl .
On en déduit que si a est un entier quelconque, alors ppcm (a, a) =
ppcm ( 1 , a) = a et (comme on l'a vu déjà) ppcm (a, 0) = O.
Rappelons aussi que l'on a ppcm (a, b) -:/. 0 si a -:/. 0 et b -:/. O.
La première façon de démontrer, dans le théorème 1, l'existence du PPCM,
montre qu'il y a une relation très simple entre le PPCM et le PGCD de deux
nombres - ce qu'on peut déduire aussi de la quatrième partie de la
démonstration du théorème 1 dans I.B. l .

Théorème 2.

S i a e t b sont deux entiers quelconques , l e produit d e a e t de b est


Il égal, au signe près , au produit de leur PGCD par leur PPCM.

Cette formule est valable, comme on le vérifie directement, même quand l'un
des nombres est nul.
Avec l'abus d'écriture maintenant bien ancrée dans nos mœurs, on écrira
(1) pgcd (a, b) ppcm (a, b) = ab
Lorsque les nombres ne sont pas nuls, on peut donc déduire le PGCD du
PPCM et inversement.

82
I.B.2

Il résulte aussi de la troisième partie de la démonstration du théorème 1 que


l'on peut faci lement décomposer en facteurs premiers un PPCM :

Théorème 3.

Si m et n sont deux entiers naturels non nuls, la décomposition en


facteurs premiers de leur PPCM est donnée par la formule que
voici
n sup ( v ( m ) , v (n))
(2) ppcm (m , n) = .
p p p
p premier

Il est alors faci le de trouver à partir de là la méthode pratique, jadis enseignée


dans les Collèges, permettant de calculer le PPCM de deux nombres simples.

Le théorème 2 a bien entendu plusieurs conséquences intéressantes dont nous


donnerons deux échantillons.

Théorème 4.

S i a et b sont premiers entre eux, le PPCM de a et de b est, au


signe près, le produit ab.
La réciproque est vraie si a et b ne sont pas n uls.

Si a et b sont premiers entre eux , la formule pgcd (a, b) . ppcm (a, b) = ab


se réduit à ppcm (a, b) = ab en vertu du théorème 2 du paragraphe précédent.
Inversement, si a et b ne sont pas nuls, la même form ule montre que
pgcd (a, b) = 1 si on suppose ppcm (a, b) = ab. CQFD
Le théorème 4 a urait pu se déduire d'un résultat qu'on a démontré bien
antérieurement, à savoir le théorème 5 de I.A. 3 . En fait, le théorème 4 n'est
qu'une nouvelle formulation de ce dernier résultat.

Théorème s.

Il
S i h est l e PPCM de deux entiers a et b quelconques, alors pour
tout entier m, hm est, au signe près, le PPCM de am et de bm.

83
I.B.2

Le résultat est évident (et sans intérêt) si m 0 et facile à vérifier directement


=

si a = 0 ou b = 0 (car alors les deux PPCM sont nécessairement nuls).


On peut donc supposer m * 0, a * 0 et b * O.
D'après le théorème 2, appliqué à am et à bm , on a
2
pgcd (am, bm) . ppcm (am, bm) = abm •

Comme pgcd (am , bm) = m pgcd (a, b) , d'après le théorème 5 de l.B . l , on


obtient
pgcd (a, b) . ppcm (am, bm) = abm .
D'où e n divisant par pgcd (a, b ) (qui n'est pas nul),

= ppcm (a, b) . m
abm
ppcm (am , bm) =

pgc d ( a, b)
CQFD
On aurait pu, bien entendu, utiliser le théorème 3 .

Théorème 6.

S i h est le PPCM de deux entiers a et b et si m et un diviseur


commun non nul de a et de b, .!!_ est, au signe près le PPCM de
m
- et de - .
a b
m m

Cela se démontre aisément à partir du théorème 5.


On peut alors résumer les deux théorèmes précédents par les formules
(3)
( )
ppcm (ma, mb) = m ppcm (a, b)

-
a b ppcm -(a, b)
(4) ppcm = --
m ' m m ·

84
I.B.3

3. PG CD et PPCM d 'un nombre quelconque d 'entiers

Les théorèmes 1 des deux paragraphes précédents se généralisent


aisément.

Théorème 1.

Soient a 1 , , 3n des entiers quelconques, en nombre fini non nul.


• . •

Il existe un entier g positif et un seul qui est un diviseur commun


des nombres a 1 , . . . , an et qui est divisible par tout diviseur
commun des mêmes nombres. Il existe de même un entier h
positif et un seul qui est un multiple comm un des nombres
a1 , , an et qui divise tout multiple com m un des nombres en
• . •

question.

L'unicité de g est immédiate car si g et g' sont deux entiers positifs vérifiant
les conditions du théorème, il résulte de ces conditions que glg' et g'lg. D'où
g = g' puisqu'on a affaire à des nombres positifs.
Pour démontrer l'existence de g, on raisonne par récurrence sur n . Cette
existence étant évidente si n = 1 (en prenant g = a 1 ), supposons qu'elle soit
assurée dans le cas où l'on dispose de n 1 nombres. Appelons en particulier
-

g0 l'en tier positif qui correspond aux n - 1 premiers nombres de la suite


(a1 , . . . , an ) et montrons que le PGCD de g0 et de an satisfait aux conditions
du théorème. Appelons g ce PGCD . C 'est en prem ier lieu un diviseur
commun de g0 et de an . Comme tout diviseur de g 0 est un diviseur commun
de a1 , . . ., an · l (puisque g 0 a cette propriété d'après l'hypothèse de récurrence) ,
on voit que g est un diviseur commun de tous les nombres a 1 , , an . • • .

Considérons maintenant un diviseur commun d de to us les nombres


a1 , , an . Comme d divise en particulier chacun des nombres a 1 , , an· I , d
• • • • • •

divise g0 d'après l'hypothèse de récurrence. Comme il divise aussi an , il


divise finalement le PGCD de g0 et de 3n , c'est-à-dire g.
D'où le résultat.
On démontre de la même manière et sans difficultés la seconde partie du
théorème.

85
l.B. 3

Définition

Si a 1 , . . . , an sont des entiers quelconques , l'unique entier positif g


(resp. h) défini par le théorème 1 ci-dessus s'appelle le plus grand
commun diviseur ou PGCD (resp. le plus petit commun multiple
ou PPCM) des nombres a 1 , , an . . . •

Lorsque n = 2 , on retrouve évidemment les définitions des paragraphes


précédents. Il résulte de la démonstration précédente que l'on a, avec des
notations évidentes :

(1) (
pgcd (al ' . . . , � ) = pgcd pgcd (ap . . . ' a n - 1 ) , a n )
(2) ppc m (a l ' . . . , an ) = ppcm ( ppc m(al ' . . . , a n - ! ) , an)

ce qui permet de calculer de proche en proche le PGCD et le PPCM d'un


nombre quelconque d'entiers.
Ces formules Uointes à celles semblables vues dans les deux paragraphes
précédents) donnent aussi
(3) pgcd (ma 1 , . . . , man ) = m pgcd (a 1 , • • • , �)
(4) ppc m (ma l ' . . . , man ) = m ppc m (a l ' . . . , an )

(5) pgcd
( a1
m
, . . . ,

m
)
a...!!...
- -
pgcd (a p . . . , a n )
--�--�

(6) ppcm
( al
m
'
· ·
·
' m
)
a...!!...
-
-
ppcm (a l ' . . . ' a n )
m

m ét.anl, dans les deux derniers cas, un diviseur commun non nul d e tous les
nombres a l ' . . . ' an .
On notera en revanche que si n i= 2, il n'y a pas de formules simples, tel les
que ( 1 ) dans I.B .2, reliant le PGCD et le PPCM : on peut le voir en prenan t
n = 3 et a 1 = 2, � = 3 , a3 = 6.
Nous laissons bien volontiers au lecteur le soin d'écrire et de démontrer les
deux fonnules donnant la décomposition en facteurs premiers d'un PGCD et
d'un PPCM quelconque. Nous ferons par contre un effort pour généraliser
l'identité de Bezout (I.B . l , th. 3).

86
l.B.3

Théorème 2.

� est le PGCD de n entiers a 1 , . . . , an


Il
Si quelconques , il existe des
entiers u 1 , • • • , Un tels que u1 a1 + · · · + Un an = g .

Le résultat étant évident lorsque n = 1 (car g = a1 ) , supposons-le vérifié à


chaque fois que l'on a n 1 nombres et considérons alors le cas de n nombres
-

al , . . . , an .

S i on pose g0 pgcd (a1 , . . . , an - l ), on sait que le PGCD g de tous les


=

nombres jusqu'à an est égal à pgcd (g0 , an ). Cela permet d'écrire g sous la
forme ug0 + v3n . Comme g0 est lui-même, d'après l'hypothèse de récurrence
de la forme v1 a 1 + + vn l 3n- l , on voit qu'il existe effectivement des
+ Un 3i, .
· · · -

entiers U 1 , , U
n
tels que g = u1 a1 +
• • • · · ·

Généralisant la définition des nombres premiers entre eux, on dira que des
nombres a1 , , an sont premiers dans leur ensemble si leurs seuls diviseurs
. • •

communs sont 1 et - 1 .

Théorème 3.

Si a1 , , an sont des entiers quelconques, les assertions


• • •

suivantes sont équivalentes :


(i) a1 , • • • , 3n sont premiers dans leur ensemble.

(ii) Le PGCD des nombres a1 , • . . , an est égal à 1 .


(iii) Il existe des entiers u 1 , • • • , un tels que
u 1 a1 + · · + Un 3i, =
· } .

(i) => (ii) S i a1 , an sont premiers dans leur ensemble, leurs seuls
, • • •

diviseurs communs sont 1 et - 1 . Comme le PGCD est l'un d'eux et qu'il est
positif, il est donc égal à 1 .
(ii) => (iii) Cela résulte immédiatement du théorème 2.
(iii) => (i) + un an = 1 , tout di viseur
S i on a la relation u 1 a1 + · · ·

commun des nombres a 1 , . . . , an est un diviseur de u1 a1 + · · · + u n an ,

87
l.B.3

donc de 1 . D'où (i). B ien entendu , l'équivalence entre (i) et (iii) constitue Je
théorème de Bezout généralisé.

Théorème 4.

Pour qu'un entier positif g soit le PGCD de n nombres a 1 , , an . • •

quelconques, il faut et il suffit qu'il existe des entiers a' 1 , . . . , a'n


premiers dans leur ensemble tels que l'on ait a1 = a\ g ..., ,
� = a' g
n .

Cela résulte aisément du théorème précédent (équivalence entre (i) et (ii)),


compte tenu des formules (3) et (5) vues plus haut.
En revanche, on ne peut pas déduire du fait que a1 , • • . ,
an sont premiers
dans leur ensemble que leur PPCM est le produit a 1 an . Il y faut une
• • .

condition plus forte que l'on exprime en disant que les nombres a 1 , . . . , an
sont premiers (entre eux) deux à deux et qui veut dire que à chaque fois que
l'on a i :t. j (pour 1 :;::; i, j :;::; n) alors a; et ai sont premiers entre eux.

Théorème S.

Il
S i a1 , , an sont prem iers deux à deux, leur PPCM vaut, au
• . •

signe près, a l . . . an .

On raisonne par récurrence sur n , le résultat étant évident pour n = 1.

O n suppose donc que l'on a ppc m (a1 , , �- l ) = a1


• • • • . . an - l e t on considère
le PPCM h des nombres jusqu'à an . On a

( )
h = ppc m ppcm(a p . . . ' a n - 1 ) , a n = ppcm (a l . . . an- 1 ' an )

Il reste donc à voir que ppcm (a1 �- l , � ) = a 1


• . . � - l an . Il suffit pour
• • .

cela, d'après I.B.2., th. 4 de montrer que � est premier avec a1 . . . an - l . Or


cela résulte des hypothèses et de I.A.3, cor. 1 du th. 8.

88
I.B.3

Corollaire

Si a 1
, an sont premiers deux à deux et s'ils divisent tous un
• • • ,

même nombre a, alors le produit a 1 . an divise a.


. •

Comme tout corollaire, ce corollaire résulte du théorème auquel il est


inféodé.

89
Grandeurs incommensurables
et nombres irrationnels

"La mathématique grecque à ses débuts est inséparablement liée à des


spéculations, partie scientifiques, partie philosophiques et mystiques, sur les
proportions, les similitudes et les rapports , en particulier les "rapports
simples" (exprimables par des fractions à petit numérateur et dénominateur) ;
et ce fut l'une des tendances caractéristiques de l'école pythagoricienne de
prétendre tout expliquer par le nombre entier et les rapports d'entiers. Mais ce
fut l'école pythagoricienne, justement, qui découvrit l'incommensurabilité du
côté du carré avec sa diagonale (l'irrationalité de 12 ). "

C'est de cette manière que N. B ourbaki résume, dans un de ses É léments


d'histo ire des ma thématiques ( [BOU 1 ] , p. 1 85 ) , ce qui fuL l'une des
découvertes les plus importantes des mathématiciens grecs : la mise en
évidence des grandeurs incommensurables.
Nous connaissons mal les circonstances de cette sensationnelle découverLe
que l'on situe vers le Ve siècle : les premiers textes qui nous restenL et où i l
est question d e l'irrationalité d e certains rapports d e grandeur sont d û s aux
grands philosophes de !'Antiquité, Platon dans son Théétète et Aristote, entre
autres, dans sa Métaphysique. Naturellement, l'irrationalité de "2 fait l'objet
d'une démonstration en bonne et due forme dans les É léments et Euclide
consacre une partie particulièrement ardue de son ouvrage, le Livre X, à une
classification détaillée des principales longueurs irrationnelles : le tout en
cent-quatorze propositions ! C'est d'ailleurs de ce travail considérable que
provient le mot "binôme" qui désignait à l'origine des longueurs du type
f;. ± fb .
Même si l a découverte des grandeurs incommensurables n'a pas eu
nécessairement le caractère scandaleux qu'on lui a attribué après coup (mais le
mot irrationnel - "aloga" en grec - indique assez bien l'état d'esprit des Grecs
à se sujet), il est hors de doute qu'elle a contribué à la réorientation presque
exclusivement géométrique des mathématiques grecques et à l'abandon de
l'adage cher aux Pythagoriciens selon lequel "toute chose est nombre" . Ce
n'est que peu à peu qu'à la théorie des grandeurs qui en a résulté (Livre V des

91
l.C.l

Éléments) s'est substituée, de Bombelli à Dedekind en passant par Descartes,


l a théorie moderne des n ombres réels et qu'ainsi , les rapports
incommensurables des Anciens sont devenus nos nombres irrationnels.

1. Irrationalité des radicaux usuels

Il n'est peut-être pas inutile de rappeler d'abord ce qu'est précisément


un nombre irrationnel.

Définition.

Un nombre réel x est dit irratio nnel s'il n'est pas rationnel . . .
autrement dit, s'il est impossible de l'écrire sous la forme d'une
fraction � formée de deux entiers a et b quelconques - b étant bien
sûr supposé différent de O.

L'exemple le plus simple de nombre irrationnel (le premier peut-être à avoir


été découvert, hi storiquement parlant : voir le paragraphe 2 qui suit) est celui
de {2 qui représente, en vertu du théorème de Pythagore, le rapport entre la
diagonale d'un carré et son côté.

Théorème 1.

Il L e nombre {2 est irrationnel.

Bien que tout élève sortant de !'Enseignement secondaire soit normalement


capable de faire et de refaire la démonstration usuelle, nous allons la
reproduire ici pour la plus grande joie des enseignants qui nous lisent.

S upposons, l'espace d'un instant, que {2 soit rationnel. Alors, d'après ce


qu'on vient de rappeler, on peut écrire {2 sous la forme � où a et b sont

92
l.C. 1

des entiers quelconques et où b est différent de O. On peut naturellement


supposer a > 0 et b > 0 et, quitte à remplacer a par a'g et b par b'g où g est
le PGCD de a et de b (I.B . l , th. 7 ou th. 8), supposer même que a et b sont
premiers entre eux. On a donc, avec ces hypothèses, a = b "'2 et par consé­
( )
quent, puisque par définition "'2
2
= 2, a = 2b • Cette dernière relation
2 2
2
montre que a est pair. Comme le carré d'un nombre impair est impair
2
(puisque le carré de 2n+ l est 4n +4n+ l ) , le nombre a est lui-même
nécessairement pair, donc de la forme 2a' où a' est un autre entier. La relation
a2 = 2b2 devient alors 4a'2 = 2b2 , soit après simplification par 2, 2a' 2 = b2 .
2
Cette nouvelle relation montre cette fois que b est pair, donc (puisque le
carré d'un nombre impair est impair) que b est pair à son tour.
La contradiction est alors évidente : les deux nombres a et b sont tous les
deux divisibles par 2, tout en étant premiers entre eux. Cela est absurde et le
théorème est démontré.
C'est sur cette opposition du pair et de l'impair, chère aux Pythagoriciens,
qu'est fondée la démonstration classique d'Euclide, méthode à laquelle
Aristote faisait déjà allusion dans ses écrits (Métaphysique A.2.983 " 12-20)
et c'est à cause de cette idée de base que l'on attribue généralement la
découverte de l'irrationalité de "'2 sinon à Pythagore lui-même, du moins à
l'un de ces disciples.
La démonstration en question n'utilise aucune des propriétés "difficiles" en
rapport avec le théorème fondamental de l'arithmétique. L'usage que nous
avons fa it du PGCD fait plus savant qu'il n'est nécessaire : on pourrait se
contenter de dire que l'on choisit a et b le plus bas possible ou que l'on divise
a et b par la plus grande puissance de 2 possibl e. Présentée ainsi, une
généralisation de la démonstration aux autres radicaux n'est pas immédiate.
Pour -f3 par exemple on trouve auss itôt, bien sûr, la relation a = 3b avec a
2 2
et b prem iers entre eux (ou le plus petit possible) qui montre q ue a est un
2
multiple de 3 . Mais pour en déduire �ue a est lui-même est un multiple de 3 ,
i l faut observer 'hue (3n+ 1) et (3n+2) n e peuvent pas être des multiples d e 3
2
car (3n+ l) = 9n + 6n + 1 et (3n+2) = 9n + 1 2n + 4 . Moyennant quoi, la
2 2 2
démonstration peu t se poursuivre et s'achever en montran t que b est
nécessairement lui-aussi un multiple de 3 .

Pour u n nombre tel que W l a même démarche conduit à vérifier à la main


2 2 2
qu'aucun des nombres 1 , 2 , . . . , 1 6 n 'est divisible par 1 7 , ce qui est
plutôt fastidieux; et si on prend l'exemple de "'8, il faut modifier la méthode

93
l .C . 1

2
car ce n'est pas parce que un carré a est un m ultiple de 8 que le nombre a
correspondant est un multiple de 8 . C'est pourquoi pour généraliser sans trop
de peine le théorème 1 , il est préférable de faire appel aux propriétés
particulières des nombres premiers.

Théorème 2.

{;; est u n nombre irrationnel sauf si n


Il S i n est un_ enlie� positif,
est un carre parfrut.

S upposons en effet que {;; soit un nombre rationnel. On peut donc écrire
{;; = � avec a et b entiers et b io O. Quitte à diviser a et b par leur PGCD

2
(ou prendre a et b le plus petit possible) on peut supposer a et b premiers
entre eux. 0n a d one a
2 2 . a2 .
nb , qm. montre que b di vise
=

On va en déduire que b = 1 . En effet, dans le cas contraire (I .A.2, th.4), b


2 2
serait divisible par au moins un nombre premier p. Il en serait donc de même
2 2 2
d'abord de a (puisque b divise a ) , ensuite de a et de b (d'après I . A . 3 , th . 6),
de sorte que a et b ne seraient pas premiers entre eux .

On a donc bien b = 1 et par suite n = a . Ainsi, si {;; est un rationnel , n


2 2
est un carré parfait. C'est bien ce que signifie le théorème.

Corollaire

S i n est un entier positif, ou bien {;; est irrationne l , ou bien


c'est un entier.

C'est une autre façon d'exprimer le théorème 2.


Cette démonstration se trouve déjà chez Euclide et il n'est pas difficile, une
fois comprise son principe, de l'étendre aux racines m-ièmes. C'est ce que fit
S tifel dans son A rithmetica integra de 1 544. Comme le d i t B ourbaki
([BOU I ] , p. 95, note de base de page) , il est assez peu vraisemblable que
cette généralisation facile n'ait pas été aperçue plus tôt. Peu importe
d'ailleurs puisque la voilà !

94
I.C.l

Théorème 3.

m,-
Si n est un entier positif et m un entier ;::: 2 , le nombre 'I n est un
nombre irrationnel sauf si n est une puissance m-ième parfaite.

Supposons que '.?fr; soit un rationnel. On peut l'écrire alors � avec a et b


b
"1:-
O. D'où la relation am = . m
premiers entre eux et b nb

On va en déduire que b = ± 1 , ce qui achèvera la démonstration . En effet, si


on avait b "1:- ± 1 , il existerait un nombre premier p divisant b. Ce nombre p
serait alors un diviseur de b (puisque m "1:- 0), donc de am (à cause de la
m

relation am = nbm ), et donc aussi de a (I.A.3 , cor. 1 du th . 6). Par suite, les
nombres a et b ne seraient pas premiers entre eux. CQFD

CoroUaire

Avec les mêmes hypothèses, ou bien '.?fr; est un irrationnel o u


bien c'est u n entier.

Une autre généralisation, à laquelle on ne penserait pas spon tanément, est


donnée dans [HA - WR] , p. 4 1 .

Théorème 4.

Soit x un nombre réel vérifiant une équation de la forme


n]
x" + a 1 x - + . . . + a n = 0
où n ;::: 1 et où a 1 , , a0 sont des entiers quelconques. Alors , à
. • •

moins que x ne soit un entier, x est irrationnel.

a
S upposons en effet que x soit rationnel , donc qu'on puisse écrire x =

b
avec a et b premiers entre eux et b "1:- O. Alors on a, d'après l'hypothèse

95
n- ]
I.C.l

a
n
bn
+ a l n - 1 + . . . + an = 0
a
b
n
donc, en multipliant par b
n
a + al a b + . . . + an b = 0
n �l

b = ± 1 car sinon il existerait un nombre premier p divisant b. Par suite, p


Cette relation (et le fait que a et b soient premiers entre eux) entraîne que
n
diviserait a1 a - b + + � b et d'après la relation ci-dessus, p diviserait
n!
· · ·

n
a , donc aussi a, contrairement à l'hypothèse. On a ainsi x = �
avec
b = ± 1 . CQFD.

Grâce à ce résultat, on peut dire que .,,/2 + f3irrationnel car ce n'est pas un
entier et si on pose x = .,,/2 + f3 , alors x = 5 + 2 f6 , donc x - 5 2 f6
2 2
=

et par conséquent (x - 5) = 24. D'où l'équation vérifiée par {2 + {3


2 2
2 1
:
4
x - 1 0 x + = 0 , qui est du type de celle qui figure dans le théorème 4.
Nous étudierons plus tard, so us le nom d'en tier algébrique, les nombres
n- 1 > 1
réels ou complexes qui sont rac ines des pol ynômes de la forme
n ' '
x + a1 x + + an ou n
· · ·
_ et ou a 1 , . . . , an sont d es entiers
·

quelconques. On notera que le coefficient dom inant de ce genre de polynôme


n'est pas un entier quelconque, mais le nombre 1 (le polynôme est alors dit
unitaire : [BOU 3 ] , A lg. , Chap. IV, p. 3; on trouve sous certaines plumes
peu regardantes, l'expression prétendument équivalente de "pol ynôme
manique " ; c'est un anglicisme inutile et qui pis est, ridicule : Monique, ce
n'est pas un polynôme, c'est le prénom de ma belle-sœur ! ) . Si on admet,
dans la définition précédente, la possibilité d'avoir des coefficients dominants
entiers quelconques (mais non nuls), on obtient la notion plus générale de
nombre algébrique, qui s'oppose à celle de nombre transcendant. Mais nous
reparlerons de tout cela dans les Livres V et V I. En attendant, le théorème 4
s ignifie simplement qu'un entier réel algébrique est soit un entier rationnel
(i.e. un élément de Z) soit un irrationnel.
Il n 'est pas sûr que les premiers mathématiciens qui se soient penchés sur
l'irrationalité des radicaux disposaient du théorème d'arithmétique utilisé dans
la démonstration des trois théorèmes ci-dessus, c'est-à-dire essentiellement du
théorème de l .A.3 , qui permet de dire que si un nombre premier divise un
produit de facteurs, il divise nécessairement l'un des facteurs. On trouve en

96
LC.l

effet dans le Théétète de Platon un passage célèbre qui attribue à Théodore de


Cyrène (un des maîtres de Platon) la démonstration de l'irrationalité de -fi,
fS, et ainsi de suite jusqu'à m.
On a vu ci-dessus, à la suite de la démonstration du théorème 1 , que si on
s'interdit l'usage de théorèmes spécifiquement arithmétiques, la démonstration
de l'irrationalité de -f3 , fS, et ainsi de suite, ne peut se faire qu'au prix de
vérifications fastidieuses qui varient dans le détail dans chaque cas. Et
pourquoi diable Théodore de Cyrène se serait-il arrêté spécialement à m ?
C'est le moment de faire état ici d'une hypothèse due à un certain McCabe et
rapportée par Hardy et Wright dans leur ouvrage classique An Introduction to
the Theory of Numbers ([HA WR] , p. 42 à 44). Pour étudier l'irrationalité
-

des nombres -fj à m on peut laisser de côté, outre naturellement le cas des
carrés parfaits, le cas des nombres de la forme{4n (car on ramène aussitôt
Je problème à celui de -/n ) et celui des nombres de la forme --J 2(2n+ 1 ) car
la démonstration "par le pair et l'impair" du théorème 1 suffit largement. On
peut donc se limiter au cas où le radical porte sur un nombre impair N. S i on
suppose alors fN" = � avec A et B premiers entre eux (et B 7: 0, j 'allais
l'oublier !), A et B sont nécessairement impairs comme on le voit aussitôt à
partir de la relation A = N B
2 2
On peut donc écrire cette relation sous la
forme (2a+ 1 ) = N (2b+ 1 ) Comme le reste de N dans la di vision par 4 ne

2 2
peut être que 1 ou 3, on peut poser soit N = 4n+ l , soit N = 4n+3 .

Commençons par ce dernier cas. Alors la relation (2a+ 1 ) = N (2b+ 1 )


2 2
devient 4a + 4a + 1 = (4n+3) (4b +4b+ l ) = 1 6nb + 1 6nb + 4n + 1 2b +
2 2 2 2
1 2b + 3 . D'où en faisant passer 1 de l'autre côté et en simplifiant par 2 :
2a (a + 1 ) = 8nb + 8nb + 2n + 6b + 6b + 1 ,
2 2

ce qui est absurde car le premier membre représente un nombre pair et le


second un nombre impair.
Pour le cas où N serait de la forme 4n+ 1 , on doit distinguer deux possibilités
selon que N est en fait de la forme 8m+l ou de la forme 8m+5 (n pair ou n
impair).
S i N = 8m+5, la relation (2a+ 1 ) = N 2b+ 1 )
2
� 2
devient cette fois
4a + 4a + 1 = 32mb + 32mb + 8m + 20b + 5 , soit après une petite
2 2
transposition et une simplification par 4

97
I.C.2

a (a+ l ) = 8mb + 8mb + 2m + Sb + S b + 1


2 2

ce qui est encore impossible car a(a+ 1 ) est toujours pair alors que le second
2
membre est impair à cause de la relation 5b + Sb = Sb (b+ l ) .
Reste donc le cas où N = 8m+ 1 . Mais d e 3 à 1 7 , o n n e peut avoir que
N = 17 (le nombre 9 étant un carré). Or pour N = 1 7 , les mêmes calculs que
précédemment donnent l'égalité a(a+ 1) = 1 7 b(b+ 1) + 4 dont les deux
membres sont de même parité, ce qui ne permet pas de conclure .
D'où l'affirmation du sieur McCabe : en disant que Théodore de Cyrène avait
été jusqu'à -fU (en grec µEXPt), Platon voulait dire "j usqu ' à -fU exclu " .
CQFD.
Je caricature, mais il n'y a pas de doute que la méthode précédente est bien
dans le style pythagoricien .
Reste un autre problème, personnel celui-là. Comment se fait-il que la
méthode de McCabe ait été publiée en 1 976 ([HAR-WR] , p. 47) alors que
M. Godfrey Harold Hardy, co-auteur du livre qui rapporte cette hypothèse de
McCabe, est mort en 1 947 ? C'est sans doute le grand m ystère des rééditions
successives du livre en question.

2. Grandeurs incommensurables

"Un auteur récent a fait la remarque ingénieuse que la construction du


pentagone régulier étoilé connue des Pythagoriciens (dont c 'était un des
symboles mystiques) conduit immédiatement à une démonstration de
l'irrationalité de ...J5 , et a émis l 'hypothèse (qui malheureusement n 'est
appuyée par aucun texte) que c'est de cette manière que les Pythagoriciens
auraient découvert les nombres irrationnels ". On aura reconnu dans cette
citation l'une des nombreuses notes infrapaginalcs qui parsèment les
"Éléments d'histoire des mathématiques" de N. Bourbaki et dont on ne dira
jamais assez la richesse. À la fin de cette note, Bourbaki renvoie à un article
de K. von Fritz , "The Discovery of incommensurability by Hippasus of
Metapontium ", Ann. of Math . , (2), t. XLVI ( 1 945) , p . 242-264.

98
l.C.2

On peut trouver le principe de cette démonstration dans un petit livre sur


l'histoire des mathématiques, publié chez Belin sous le titre Le matin des
mathématiciens ([NOË ] , p. 36) . Indiquons comment la présenter.
En premier lieu, il nous sera commode de faire appel à un vocabulaire
quelque peu tombé en désuétude et qui con siste à dire qu'un segment u est
une partie aliquote d'un segment S si on peut reporter le segment U dans le
segment S un nombre entier de fois exactement. Si u et s sont les longueurs
respectives des deux segments considérés, la propriété précédente veut dire
qu'il existe un entier m (évidemment > 0) tel que s = mu. En d'autres termes,
si on choisit le segment U comme unité, celui-ci permet de mesurer S par un
nombre entier. À cause de cette dernière propriété, on dit aussi que U est une
mesure de S .
Avec c e vocabulaire, i l est légitime d 'appeler partie aliquote commune de
deux segments S et T tout segment U que l'on peut reporter un nombre fini
de fois exactement dans S et dans T. I l revient au même de dire (avec des
notations évidentes) qu'il existe des entiers m et n tels que s = mu et t = nu.

Théorème 1.

Pour que deux segments S et T admettent une partie aliquote


commune, il faut et il suffit que le rapport de ces segments (c'est­
à-dire le rapport de leurs longueurs) soit un nombre rationnel.

S i S et T ont une partie aliquote commune U, alors on a s = mu et t = nu en


appelant s, t et u les longueurs respectives des segments considérés . Comme
dans ces relations m et n sont des entiers > 0, on en déduit immédiatement
que le rapport � est égal au rapport
m
qui est un nombre rationnel .
t n
s
est un nom bre rationne 1 , on peut I' ecnre
'
. m
I n versement, s1 - . . - avec m et n
t n
t s·
entiers > o . o n a d one = 1 on pose u = = , ce 1 a de' fmit
· s s t .
- -. - - · une
m n m n
longueur telle que s = mu et t = nu. En d'autres termes, n'importe quel
segment de longueur u est une partie aliquote commune de S et T. CQFD.

Ainsi, l'irrationalité de TI rappelée dans le paragraphe précédent signifie que


dans un carré donné, la diagonale et le côté sont des segments qui ne peuvent
avoir de partie aliquote comm une. On peut dire aussi que ce sont des

99
l.C.2

segments san s m e sure commune ou, d'un seul mot, des segments
incommensurables : tout segment, si petit soit-il, qui entre un nombre exact
de fois dans le côté d'un carré ne saurait entrer un nombre exact de fois dans
la di agonale et inversement .

Nous avons déc rit , dans la section B de cet ouvrage, la méthode connue sous
le nombre d'algorithme d'Euclide qui permet de déterminer le PGCD de deu x
nombres entiers s tri c tement positifs . Com m e cette méthode procède
essentiellement par comparaisons et différences successives, rien n'empêche
théoriquement de l'appliquer à d'autres nombres > 0, par exemple à des
longueurs, à des aires ou à des volumes. S upposons pour fixer les idées que
l'on ait affaire à des longueurs s et t. Appliqué à s et à t, l'algorithme
d'Euclide consistera à ranger ces nombres dans l'ordre croissant, ce qui donne
des nombres s 1 et t1 , puis à retrancher le plus petit nombre du plus grand
(s'ils sont différents) et enfin à ne conserver des nombres initiaux que le plus
petit d'entre eux. Ce qu'on a fait avec s et t pourra alors être refait avec les
nouveaux nombres obtenus t1 - s 1 e t s 1 , e t ainsi d e suite - tant qu'on n e
rencon tre pas de nombres égaux . Pour être plus concret, o n peut aussi
i mag i ner qu'on applique le processus préc é d en t à des segments S et T, de
longueurs respec tives s et t, les opér ati o ns en je u , sous traction et
comparaison, ayant une signification g éométriq ue évidente. Si les se gm ents
S et T ont une partie aliquote commune, on a (avec des notalions évidentes)
s = mu et t = nu, et appliquer l ' alg o rith me d'Eucl ide à S et à T re vien t
évidemment à l ' a ppl i q u er à m et à n. Par suite, dans ce cas, l'algorithme
s'arrête nécessairement au bout d'un nombre fini d'étapes.

S upposons in v e rse m en t que l'application de l'algorithme d ' Eu cl ide à deux


seg men ts S et T s'arrêtent au bout d'un nombre fini d'étapes . Cela veut dire,
en passant aux longueurs, que l'on a des nombres s 1 , t1 , s 2 , Li , . . . , sn , t,, ,
tous > 0 et en nom bre fini, avec si � ti , où au départ s1 et t1 sont à l'ordre
près les longueurs s et t, où à l'arrivée s n = ln et où enfin, pour tout i, si + l et
ti+ l repré s e ntent, l ' un le plus petit des deux nombres s i et l i , l'autre
la différence entre le plus grand et le pl us petit. Dans ces condi tions, si
U est une parti e aliquote commune des segments Si+! et Ti+ ! ( correspondan t
à si+ ! et ti + 1 ) , U est aussi une partie aliquote commune des segments S i
et Ti . En effet, si on suppose que s;+ i = mu et ti + l = nu, on a ( q u i tte à
éch an ger , si besoin est, si+ ! et �+ ! ), s;+ i = si et ti+ l = t; - si , d'où s; = mu e t
t; = si + ti + l = mu + nu = (m+n)u , ce q u i donne bien le résultat annoncé. S i
o n part alors d e s n = tn et qu'on pose u = s n = t n , o n en déduit d e proche en
proche que le segment U correspondant est un e parti e aliquote commune, non

1 00
l.C.2

seulement de Sn et de Tn (ce qui est évident) mais aussi de Sn-l et de T11_ 1 , de


Sn_ 2 et de Tn_ 2 , et ainsi de suite j usqu'à S et T.

Résumons :

Théorème 2.

Pour que l'algorithme d'Euclide, appliqué à deux segments S et T,


s'arrêtent au bout d'un nombre fini d'étapes il faut et il suffit que S
et T aient une partie aliquote commune.

On en déduit aussitôt un critère d'incommensurabilité.

Corollaire

Pour que deux segments soient incommensurables il faut et il


suffit que l'algorithme d'Euclide, appliqué à ces deux segments, se
poursuive indéfiniment.

Ainsi , l'application de l'algorithme d'Euclide à la diagonale d'un carré et à son


côté conduit à un processus qui ne peut jamais s'arrêter.
Nous allons voir que l'on peut mettre en évidence ce phénomène directement,
non dans un carré (encore que cela soit possible comme nous l'expliquerons
plus loin) mais dans un polygone régulier à cinq côtés .
Considérons en effet un pentagone
régulier convexe ABCDE, de côté a,
et le pentagone étoilé correspondant
ACEBD, de côté b.

fig. 1

S ur la figure, on a a = AE et b = AD. Nous allons prouver en leur


appliquant l 'algorithme d'Euclide que ces longueurs (ou plutôt les segments
AE et AD correspondants) sont incommensurables.

101
I.C.2

Observons d'abord que le pentagone étoilé (que nous appellerons dans la suite
pentagramme pour simplifier) détermine un autre pentagone régulier convexe
A'B'C'D'E' situé à l'intérieur du premier. Il est en effet facile de vérifier que
les côtés et les angles de A'B'C'D'E' sont tous égaux : il suffit d' utiliser dans
la figure divers triangles égaux et isocèles (on observera en particulier que
l'angle A par exemple, qui vaut 1 08°, est divisé en trois angles égaux par AD
et AC) .
Comme le triangle EAB' est isocèle (ses angles à la base sont égaux et
valent 72°) , on voit que la différence b - a est égale à B'D. Mais elle est
aussi égale à B 'E' car le triangle D B 'E ' est isocèle pour des raisons
angulaires : l'angle D de ce triangle représente un tiers de l'angle D d u
pentagone ABCDE e t l'angle E' d e c e même triangle u n tiers d e l'angle E' du
pentagone A'B'C'D'E', dans les deux cas 36°. Si on appelle a' et b' les côtés
respectifs du pentagone A'B'C'D'E' et du pentagramme A'C'E'B'D', on a donc
b - a = b'.
Ainsi, la première étape de l'algorithme d'Euclide nous conduit à remplacer le
couple (a, b) initial par le couple (b', a), étant entendu que l'on a évidemment
b' < a.
L'étape suivante consiste alors à soustraire b' de a . Comme a = AB' et que
b' = B 'E' = DB' = AC', on voit que a - b' = B 'C' = a', de sorte qu'au couple
(b', a) doit être substitué maintenant le couple (a', b').
On est donc ainsi ramené exactement
à la situation initiale, avec une figure
semblab l e , mais p l u s petite,
constituée p ar l e pentagone A'B'C'D'E'
et le pen tagramme correspondant
A'C'E'B 'D'.

fig . 2

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les deux étapes suivantes
conduiront de même aux côtés a" et b" d'un nouveau pentagone A"B"C" D"E"
et d'un nouveau pentagramme A"C"E"B "D", et ainsi de suite indéfin i ment.
Cela conduit au théorème suivant, que les Grecs ont peut-être découvert sans
que l'on n'en sache rien.

1 02
I.C.2

Théorème 3.

Il
Le côté d'un pentagone régulier convexe est incommensurable au
côté du pentagone étoilé correspondant.

Le raisonnement précédent permet en outre de calculer le rapport Q , qui


a
d'après le théorème 1 est nécessairement irrationnel.

Vu les similitudes des pentagones "emboîtés" , on a Q =


a a
� �
. De la elation

b-a = b' ' on déduit alors - - 1 = - = - . - ' soit r - 1 = r . - en


b b' b' a' a'
a a a' a a
posant r = Q =
a
�a . De même, de la relation a - b' = a' , on déduit
. .
. -; = 1 + -; = 1 + r . s 1· on reporte 1 a va1 eur ams1
b' a b'
- 1 , soit
a' a' a a
' pour -; d ans 1 a re 1 at1on
· r - 1 = r . - deJa
a a' ' " ' ob tenue, on trouve
trouvee
a a
r - 1 = _!:_l , soit l'équation du second degré r - r - 1 = O . La résolution de
2
r+

' .
cette equat1on d u secon d d egre' d onne (pmsque
. r > 0) r = I + -fS
. 0n
2
reconnaît là la valeur de la "divine proportion " (ou nombre d 'or) , ainsi
appelée à la Renaissance pour des raisons esthétiques qui m 'échappent.
On notera que tout cela prouve, indépendamment des théorème de la section
B, l'irrational ité de {5 .
Profitons de l'occasion pour calculer la valeur exacte de cos � . D'après les
relations métriques dans un triangle quelconque, en l'occurrence ABE, on a
AB2 + BE = AE + 2AB .BE cos Ê , soit a2 + b = a + 2ab cos , d'où
2 2 2 2

1t = 2a
1t , ce qm. d onne cos 5 1 + -15
1,on de'd mt b 2a cos 5 =
. b
=

4
Il peut être intéressant de présenter l'algorithme d'Euclide, appliquée à des
longueurs , d'une manière plus frappante en considérant que les longueurs

1 03
l.C.2

initiales s et t sont représentées par des segments perpendiculaires, formant


par conséquent un rectangle de dimensions s et t.

Pour fi x e r les idées , n o u s


supposerons s < t . S i on construit
alors, à une extrémité du rectangle,
un carré de côté s, il reste un
rectangle dont les côtés sont s
et t - S.
fig. 3

Ce sont donc les deux longueurs à


comparer à l'issue de la première
étape du processus d'Euclide. Si le
rectangle résiduel est carré, on
arrête; sinon on recommence :
fig. 4

S i les deux longueurs initiales s et t représentent des segments ayant une


partie aliquote commune, le processus finit par s'arrêter, nécessairement sur
un carré. Si au contraire les deux segments sont incommensurables, on
obtient une suite de rectangles (jamais carrés) qui s'emboîtent indéfiniment.
Cette interprétation de l'algorithme d'Eucl ide peut fournir de nouvelles
preuves d'irrationalité. Supposons que les deux côtés du rectangle vérifient la
"proportion"

t i + -v-s
s 2
et oublions provisoirement tout ce qu'on a dit sur le pentagone régulier.
Alors les côtés du deuxième rectangle (après "ablation" d'un carré) sont s
et t - s dont le rapport est

s s 2 --
2 -
2(-15+ 1 ) -!5+ 1
t-s l + -/5 s - s 1 + -!5-2 -15- 1 -
5- 1 2
2

1 04
l.C.2

autrement dit, le même rapport qu'initialement. Cela signifie que le second


rectangle est semblable au premier, donc un modèle réduit de celui-ci.
On conçoit alors que, les mêmes causes produisant les mêmes effets , le
processus se poursuive indéfiniment. D'où l'incommensurabilité des côtés du
1 + {5
rectangle et, une nouvelle fois, l 'irrationalité de
2

Le lecteur intéressé pourra effectuer les mêmes calculs à partir d'un rectangle
dont les côtés sont dans le rapport f2 Mais dans ce cas là, il y a encore une
.

autre méthode pour prouver directement l'incommensurabilité de la diagonale


d'un carré et de son côté.
Considérons en effet dans un carré ABCD le point E de la diagonale DB tel
que DE = DC. La différence entre la diagonale et le côté est donc BE. Mais
on a BE = EF = FC si on désigne par F le point d'intersection de BC avec la
perpendiculaire en E à la diagonale DB. L'égalité BE = EF est évidente ou
presque; celle entre EF et FC se démontre en observant que les angles à la
base du triangle EFC sont égaux, car complémentaires à des angles égaux.

D c

fig. 5
La seconde différence à calculer est donc DC BE = BC FC = BF, et on
- -

est ainsi ramené à la comparaison des longueurs EF et BF, c'est-à-dire à la


comparaison du côté et de la diagonale d'un nouveau carré qui n 'est
naturellement, qu'un modèle réduit du précédent. Le processus va donc se
poursuivre indéfiniment.

1 05
LC.3

Le phénomène se comprend d'ailleurs mieux si on va un peu pl us loin :

D c
fig. 6

3. Autres exemples de nombres irrationnels

Il ne sembl e pas que pendant !'Antiqu ité on se soi t penché sur


l'irrationalité d'autres nombres que les racines carrées; mais il serait étonnant
que l'on ne se soit pas intéressé à la nature du rapport entre la circonférence
d'un cercle et son diamètre : les multiples ten tatives pour résoudre la très
fameuse quadrature du cercle sont là pour prouver le contraire. À priori la
question de l'incommensurabilité entre la circonférence et le diam ètre du
cercle paraît un problème plus s imple que la quadrature. Il n'en est rien car on
ne dispose pas d'une définition purement algébrique du nom bre n:. Comme le
montre les travaux d'Archimède sur la question , n: ne s'obtient que par
approximations successives, c'est-à-dire que comme une limite . De ce fait, i l
a fallu attendre l'invention du calcul infinitésimal e t s o n approfondissement
pour voir complètement démontrée l'irrationalité du nombre n:. Le mérite en
revint au mathématicien Johann-Heinrich Lambert, originaire de Mulhouse,
en S uisse, qui publ ia en 1 76 1 une démonstration assez technique faisant
intervenir ce qu'on appelle les fractions continues. B ien que ces dern ières
figurent à notre programme, nous n'avons pas jugé utile d'approfondir la
question au point de reproduire la démonstration de Lambert. Nous allons
plutôt utiliser les propriétés les plus simples du calcul intégral.
Mais puisqu'il est question de calcul infinitésimal, nous allons commencer
par étudier le cas d'un nombre qui lui est intimement lié, que !'Antiquité ne

1 06
l.C.3

pouvait bien évidem ment pas connaître e t dont Euler établit l' i rrati o n al i té en
1 73 7 .

Théorème 1 .

�e
Il � om b r e e, base des logarithmes népériens, est un nombre
mationnel.

1 1
La démonstration est fondée sur le fait que e = 1 +
l!
+
21
+
31 + ·
·
·

( [DIX 2] , p. 1 1 8) .

S upposons que e soit rationnel : alors i l existerait des entiers a > 0 e t b > 0

tels que e = � . Posons alors a = b! ( e - 1 - :1 •



• - �) !
. Comme
b b! , il est clair que a est un entier et même un entier > 0 par définition de
1
e. D'autre part, toujours par définition de e, on a

a = b! [� l)!
+
�2) !
+ ...
]
1
b+ l
+
1
(b+ l )(b+2)
+ ...

<
1 1 ...
+ 2 +
b+ l (b+ l )
1
Comme la somme de la série
b+ 1
+ 2 + 3 + · · · est égale à
(b+ 1 ) (b+ 1 )
� a i n s i qu'il est facile de le véri fier (somme d'une s ér ie géom é tr i q u e de
·

prem i er terme
l
.
et de raison
l
) , on en d e'd u1t q ue . a < l . D' ou'

l 'encadrement 0
b+ 1
< a<
b+ 1
1 , cc qui est absurde pour un en ti er .
Pour démontrer le résultat analogue pour rc, nous introduirons une fonction
auxiliaire f, dépendant de trois entiers p , q , n tous > 0, définie par
" "
x (p-qx)
f(x) =
n!

C'est une fonction polynôme de degré 2n , dont les dérivées successives f' ( x ) ,
.
f" (x) , . . , (ml (x), . . . sont, de ce fait, des polynômes de degrés 2n- 1 ,
2n-2 , . . . , 2n-m, etc .

1 07
l.C.3

Il est clair en particulier que la dérivée d'ordre m de f est nulle (identiquement


nulle même) dès que m > 2n.
Procédons par étapes, jalonnées par des lemmes.

Lemme 1 .

Malgré la présence de n ! a u dénominateur, les nombres f(O) , f' (0) ,


f" (0) , . . . , fm) (0), . . . sont tous des entiers . .

)
Le résultat est évident si m > 2n car on a vu que dans ce cas fm (x) est égal à
0 pour tout réel x.
n
Le résultat est facile à démontrer si m < n car f(x) étant divisible par x , f' (x)
n- l n- z n l)
est divisible par x , f " (x) divisible par x et ainsi de suite jusqu'à [ - (x)
)
qui est divisible par x . Ainsi, si m < n, fm (O) est-il encore nul.
Rappelons que si m = 0 , on a par convention r0) (x) = f(x).
Reste le cas où n :::; m :::; 2n . Comme rm) (O) est le terme constant du
)
polynôme fm (x), il provient, dans le calcul des dérivées successives, du
terme de degré m du polynôme f(x). Or il est bien évident que si on
2
n c. x
i
développe f(x), on oblient une expression du type l: -'-, - où c i est
i= O
n.
un entier. Par suite rm) (0) est égal au coefficient de la dérivée m - ième
m l cm
donc a' -- 1 - , ce qui est un entier car m 2 n. D'où le lemme .
n.

Lemme 2.

Malgré la présence de n! au dénominateur (bis) , les nombres

f(�) , f' (�) , . . . , [m) ( �) , . . . sont tous des entiers.

1 08
I.C.3

Pour le voir rapidement, on commence par remarquer que f (� )- x = f(x) .


En effet,

[� ]
n
n
(p - qx) (qx)
=
n !
n
d'où le résultat, p uisque l'on peut simplifier par q .

Cela étant, si on dérive les deux membres de l ' égal i té f(x) = f (� - )x , on


obtient par la règle de dérivation des fonctions composées

(� - ) (� - )
f' (x) = f ' x x
'
= - f' (� - ) x ,

f" (x) = - f"(� - ) (� - )


x x (� - )
'
= f" x ,

et d'une manière générale, fml (x) = (-I r fml (� ) - x .

On a donc en particulier, fml ( �) = (- l r [<ml (0) , ce qui fait que le


lem me 2 se déduit du lemme 1 .

Lemme 3.

p
S i p et q sont fixés, l'intégrale I = (o /q f(x) sin x dx (qui dépend
J
de n) tend vers 0 quand n croît indéfiniment.

Quand x varie de 0 à Q p - qx varie de p à O. Par suite, on a


,

1 09
J.C.3

n
x (p - qxt � (�) n n
p = } pour tout x E [ , �]
0

et par conséquent
p
1 r/q f(x ) S i n
n
X dx 1 � ( /q
Jo
f(x) J sin x 1 dx � � p
n
2n

q n!

p
2 n+ l
n!
2
(p )
= p
n!
c ar 1 sin x 1 < 1 .
Le résultat cherché découlera alors du lemme général suivant :

Lemme 4.
n
S i a est un réel positif fixé, on a lim 1!_' = 0.
n -too n.

Considérons en effet un entier n 0 tel que a < n0 (par exemple n 0 = [a] + 1 )


e t choisissons u n entier n � n 0 (que l'on écrira n 0 + k avec k entier � 0) .

Alors
a" a

a
--
a
<
- -
a -
n
a
llo
() k
n! n0 ! n0 + 1 n0 +k n0 ! 0

Comme 0 i!. < 1 ,


no
� ( )
� k tend vers 0 lorsque k augmente indéfini-
no
ment. Cela veut dire aussi , si on veut, que pour un nombre e > 0 donné, i l
k
existe un entier k 0 tel que (: )0
� e pour tout k � k 0 . Dans ces

no

a"
conditions, si n � n 0 + k0 , on a ! � , ce qui démontre le lemme
n !
E
n.
0

no
puisque ne dépend pas de n et que e est arbitraire.
n o·
Calculons alors l'intégrale I en utilisant une intégration par parties : on
obtient

1 10
I.C. 3

= Lp/q f(x) sin x dx = Lp/q


- f(x) (cos x)' dx

= - [ f(x) cos x ]
p/q f p/q
0
+
0
f' (x) cos x dx

Comme l'intégrale restante est du même type que l'intégrale initiale, on peut
encore intégrer par parties

p /q
f ' (x) cos x dx = rop
J{o
/q f ' (x) (sin x)' dx
J
[ f ' (x) sin x ] p
/q f p/q
0
= f " (x) sin x dx
0
-

En poursuivant ainsi de proche en proche, on voit aisément que l'on peut


écrire :
'q -flq
I= [ f (x) y0 (x) -f
J�
0
+ [ f ' (x) y1 (x) L0 + · · · +

[ f (m) (x) 'Ym (x) f/q J{ p/q


0
+
o
r <m+l ) (x) Îm + l (x) dx

où les différentes fonctions 'Yo (x) , . . . , 'Ym (x), 'Ym + I (x) sont égales à
± sin x ou à ± cos x .
Si o n prend m = 2 n dans cette relation (autrement d i t s i o n procède à partir
de I à 2n+ 1 intégrations par parties), l'intégrale finale est nulle car on a vu
que r <ml (x) = 0 pour tout x si m > 2n. D'où le dernier lemme :

Lemme S.

Si I =
f p/q
O
f(x) sin x dx , alors I =

avec, pour tout m , 'Ym (x) = ± sin x ou 'Ym (x) = ± cos x .


L [
m 2n
= O
)
f (m (x) 'Ym (x)
p/q
]0

111
I.C.3

S upposons alors l'espace d'un instant que 7t soit un nombre rationnel : on


peut donc l'écrire P. où p et q sont des entiers > O. Avec ce choix de p et de
q
q, et un entier n � 1 arbitraire, tous les lemmes ci-dessus sont valables.
En particulier, en vertu du lemme 3, on peut choisir n assez grand pour
que I < 1 . En outre, comme f(x) sin x est une fonction continue et positive
entre 0 et 7t = P. qui ne s'annule qu'en 0 et en 7t, on a aussi :
,

Lp/q f(x) sin x dx > O.

D'où l'encadrement 0 < I < 1 . Mais il résulte parallèlement des lemmes 2 et


3, et de la formule donnée dans le lemme 5, que 1 est un entier (étant entendu
en outre que Ym (0) et Ym (!) = Ym (7t) ne peuvent prendre que les valeurs
0, 1 et - 1 ) . D'où la contradiction . . . et le théorème :

Théorème 2.

Il Le nombre 7t est irrationnel.

Il n'y a donc aucune "commune mesure" entre la circonférence d'un cercle et


son diamètre.
Il est intéressant de noter que la méthode qui a servi à démontrer le
théorème 2 peut encore servir, moyennant quelques modifications, à étendre
considérablement le théorème 1 et à établ ir l'irrationalité de e pour n'importe
r
quel exposant rationnel r :f:. O.
1

f0p/q
Conservons en effet les lemmes 1 et 2 tels quels, et remplaçons l'intégrale

du lemme 3 par J = f(x) e• dx . On a alors la même conclusion que

pour le lemme 3 :
I.C.3

Lemme 6.

S i p et q sont fixés, l'intégrale J

n) tend vers 0 quand n croît indéfiniment.


=

f0plq f(x) e' dx (qui dépend de

f p/
On a ici, en effet, de façon évidente :

J ::;
o q f(x) e' dx ::; g
p
2n
q cf n !
ep/q ::; g ep/q
q
2
(p t
n!
et la conclusion résulte du lemme 4.
Si on calcule alors J par intégrations successives, on obtient, plus

j�0� rp�
simplement que dans le cas de I :

J =
rp�
la f(x) e' dx = [ f(x) e' -
la f ' (x) e' dx

= [ f(x) e' �0/q


t - [ f ' (x) e' ]0
p/q +
f0p/q f " ( x) e' dx

et ainsi de suite, ce qui donne, puisque (ml (x) est identiquement nul quand
m > 2n, l'équivalent suivant du lemme 5 :

Lemme 7.

Si J =

f0p/q f(x) e' dx , alors J = I


m = O
( l )m
- [ f (ml (x) e' t0 q.
S upposons que pour un rationnel r 0 donné, le nombre er soit lui aussi
-::f:.

rationnel et posons successivement r = et er = �


. Pour pouvoir utiliser �
les lemmes 1 , 2, 6 et 7 tels quels, il faut supposer p, q > 0, donc r > O.
Cela ne nuit pas à la généralité de la question posée puisque e =
-r
e
. Avec .!,
ce choix de p et q, on déduit du lemme 6 qu'il est possible de prendre n

1 13
I.C.3

suffisamment grand de façon à avoir J < � (où Q est, on l'a vu, le

dénominateur de la fraction � r
qui représente e ) . Comme on a e' > 0 quel

que soit x et f(x) > 0 si x E [ et qu'en outre �q r est un


] 0 , � ==

q
nombre > 0 , on a aussi J > O. Cela donne l'encadrement 0 < QJ < 1 . Or
si on examine maintenant la formule figurant dans le lemme 7 , on s'aperçoit
que chaque terme de la somme qui y figure est un nombre de la forme �
(cela résulte des lemmes 1 et 2 et du fait que e
0
==
/
1 et ep q == � ) . Il en
résulte que QJ est un entier, ce qui est incompatible avec l 'encadrement
0 < QJ < 1. CQFD

Théorème 3.

Il
r
Si r est un rationnel non nul, e est un nombre irrationnel .

2 3
Cela s'applique en particulier à e , e , e4 et ainsi de suite.
I l est à noter que Lambert était parvenu, en 1 76 1 , à cette conclusion en
utilisant sa technique des fractions continues (cf. [E. U. 2] , article
LAMBERT, Thésaurus , nouvelle édition) .
n
Il est par con tre plus di fficile d'étudier l'irrationalité de 7t (ou de rr r ) .

-
Legendre a démontré vers 1 794 , que la méthode de Lambert s'applique aussi à
2
rr (voir aussi [ H A W R ] , p. 47 pour une démonstration par le calcul
intégral) . J'ai dans mes cartons une démonstration de l'irrationalité de 7t4 (que
j'ai prise dans un numéro de l 'American Mathematical Monthly) , mais le cas
général ne semble pas pouvoir ê tre réglé autrement que par l'usage du
théorème de Lindemann, dont nous parlerons dans le Livre VI, et qui montre
que la définition du nombre rr "transcende" les ressources de l'algèbre . . .
Notons aussi qu'on connaît depuis longtemps des nombres dont on n'a
jamais pu, j usqu'à présent déterminer la nature, rationnelle ou non . Le cas le
plus célèbre est celui de la constante d'Euler

'Y == }�m � ( � 1 + + · · · + �- � n n )
1 14
I.C.3

dont nous parlerons au Livre III. Mais i l y a aussi e + 1t et ne qui sont dans
rc
le même cas, alors que, curieusement, l'irrationali té de e a été établie par le
mathématicien russe Gelfond, en 1 929 .

Quant à la répartition des rationnels et des irrationnels au sein des nombres


réels elle est facile à décrire : tous ces nombres sont i nextricablement
enchevêtrés !

Théorème 4.

Entre deux nombres réels distincts, aussi rapprochés soient-ils, il


y a une infinité de nombres rationnels et une infinité de nombres
irrationnels.

Il suffit en fait de démontrer que quels que soient les réels a et b vérifiant la
condition a < b, il existe au moins un rationnel x (resp. un irrationnel y) tel
que a < x < b (resp . a < y < b) car on pourra alors appliquer le même
raisonnement à a et à x (resp. à a et à y) et trouver un second rationnel x'
(resp . un second irrationnel y') tel que a < x' < x (resp. a < y' < y). On en
aura un troisième, de même , à partir de a et de x' (resp. de y') , et ainsi de
suite :
a x' b a y' b
x" X y" y

0
Considérons un réel x > 0 à priori quelconque et choisi ssons un entier

ot. _Q
X
naturel n 0 "suffisamment grand" pour que l'on ait < b - a . Cela est
n
X0
possible puisque cette condition équivaut à n > -(notons que l'on a
b - a
b - a > 0 par h ypothèse). Parmi les entiers m de s igne quelconque qui

existent dans IR , il y en a au moins un tel que 0 $ a : il suffit en effet de


mx
--

n
prendre m entier et inférieur ou égal à an Comme l'ensemble de ces entiers
Xo
.

1 15
l.C.3

an
Xo
est majoré (par exemple par . . . ) , on peut considérer le plus grand d'entre

(m+ l )x 0
eux. De par cette définition de m , on a > a. Montrons que l'on a de
n
(m+ l )x 0 (m+ l ) x0
plus < b . Si cela n'était pas, on aurait :::: b et les
n n
(m+ l )x 0 m x0 (m+ l )x 0
:<; :<;
m x0 . .
.
relations -- a<b - - serait
montrerait que
n n n n
X
supérieur ou égal à b - a, ce qui est absurde car cela donnerai _Q :::: b - a ,
n
contrairement au choix que l'on a fait de n . On a donc l 'encadrement
(m+ l )x 0
a< < b .
n
Avec x 0 = 1 , cet encadrement fournit un rationnel strictement compris entre
a et b; avec x 0 � , il fournit - sauf exception - un irrationnel ayant la
=

même propriété. L'exception éventuelle peut avoir lieu si par malchance


m+ l O Dans ce cas-là, il faut recommencer le raisonnement précédent en
remplaçant a par O Moyennant quoi le théorème est démontré.
= .

Le résultat précédent ne signifie cependant pas qu'il y ait "autant" de


rationnels que d'irrationnels . Comme le racontait Cantor à ses médecins de
l'hôpital psychiatrique de Halle, si sur la droite réelle on peint tous les
rationnels en rouge et tous les irrationnels en bleu , on n'y voit que . . . du
bleu.
On conçoit que les médecins du génial inventeur de la théorie des ensembles
aient eu quelques réticences à le laisser sortir de leur honorable établissement .
Bien entendu, mes propos sont légèrement tendancieux . Pour savoir de quoi
il retourne, le lecteur fera bien de se référer d'une part à l'article CANTOR de
l'Encyclopredia Universalis, d'autre part au paragraphe ultime qui suit .

1 16
I.C.4

4. Développement décimal et nombres irrationnels

Il ne faut pas confondre arithmétique et arithmosophie, et malgré la


caution de certains Pythagoriciens qui trouvaient miraculeux que 10 soit égal
à 1 +2+3+4 , c'est par pur accident que ce nombre joue dans nos civilisations
Je rôle privilégié qui est le sien : il est probable que si nous n'avions que
quatre doigts à chaque main (comme les petits m ickeys) notre système de
numération serait fondé sur le nombre 8 et que l'an 2000 dont on nous rebat
les oreilles ne serait plus que l'année banale 3 720.
Si dans ce qui suit, je limite néanmoins mes propos aux
développements de base 1 0 , c'est surtout pour ne pas imposer à mes lecteurs
des néologismes mal venus qui résulteraient de l'introduction d'une base b
quelconque (b entier � 2).
L'usage des développements décimaux est une chose tellement
commune que peu d'auteurs prennent la peine de dire ce que c'est (cf. par
exemple [DIX l ] , chap. 1, p. 22). Ce n'est pourtant pas difficile si on part
de l'idée qu'il s'agit de comparer les valeurs approchées décimales successives
d'un même nombre.

Rappelons d'abord qu'un rationnel u est appelé un nombre décimal


d'ordre n s'il existe un entier a tel que u = �
10

Théorème 1.

Si n est un entier naturel et si x est un réel quelconque, il existe


un nombre décimal u d'ordre n et un seul tel que u S: x < u + -1n
10
.

"
, al a, [ 10l ü"x ]
, . al est eg
Ce nom bre dec1m

lO" où a est un entier, de sorte que la


a
S i u existe, il est de la forme

condition imposée à u équivaut à l'encadrement a S: 1 0" x < a + 1. Cela


montre que a est nécessairement la partie entière de 1 0" x. Inversement, si on

1 17
I . C .4

pose a = [ l ün x] et u =
a
, il est immédiat que u véri fie les cond itions
10n
du théorème.
Le nombre décimal d'ordre n ainsi défini sera appelé, dans la suite, la valeur
décimale d ordre n de x. Pour être correct, il faudrait dire en fait " valeur
'

décimale approchée par défaut d'ordre n " , mais ce serait beaucoup trop long.
Dans ce qui suit, nous noterons vn (x) la valeur décimale d'ordre n de x.
On observera que l'on a en particulier v0 (x) = [x].

Si n est un entier � 1 , on posera alors dn (x) = l ü ( v n (x)


n
- v0_ 1 (x) ) .

Théorème 2.

Pour tout réel x et tout entier n � 1 , le nombre d 0 (x) défini


ci-dessus est un entier compris entre 0 et 9 , égal à
n
[ l ü x] - 1 0 [ l ün-l x] .

Comme l ün (v0 (x) - v 0 _ 1 (x)) = 1 0"


c� l
"
x] _
[l �"��- 1 x ] ) , o n voit q ue

<\, (x) = [ lün x] - 1 0 [ l ün-l x] . Cela prouve que dn (x) est un entier.
Pour achever la démonstration, nous introduirons le lemme suivant :

Lemme.

Soit x un réel tel que m � x < n pour deux en tiers m et n; alors


on a m � [x] < n.

En effet, par définition de la partie entière [x] de x, on a [x] � x < [x] + 1 .


D'où, d'après les hypothèses , [x] � x < n et m � x < [x] + 1 .
L e premier encadrement nous donne [x] < n ; le second m < [x] + 1 , c'est-à­
dire m + 1 � [x] + 1 puisqu'il s'agit d'entiers. D'où l'encadrement cherché
pour [x] .

1 18
l . C.4

Ce lemme étant établi , appliquons-le à la relation


10 [ l ün - x] � l ün X < 1 0 [ l ü -l x] + 10
l n

qui résulte (en multipliant tout par 10) de l'encadrement évident


[ l O n 1 X) � l ün - 1 X < [ l ün - x ) + 1 -
-
1

On obtient alors 1 0 [ l ü - x] � [ l O x] < 10 [ 1 0"- 1 x] + 10 ou, puisqu'il


nl n
n'y a que des entiers , 10 [ 1 0"- 1 x] � [ 1 0" x] � 10 [ l û - l x] + 9 . On a donc
n
n
0 � [ 1 0" x] - 10 [ 1 0"- 1 x] � 9 en retranchant partout 10 [ l û -l x] Comme .

c\, (x) = [ 10" x] - 10 [ 1 0"- x] , le résultat est établi.


1

Définition 1.

S i x est un réel quelconque, l'entier d" (x) défini ci-dessus est


appelé la n-ième décimale de x, et la suite générale d (x) ,d2 (x)
1
,

� (x) , le développement décimal du nombre réel x.


. . _

Dans l e cas d'une base b quelconque (b entier :2'. 2) , i l faudrait utiliser


l'adjectif général b-imal qui donnerait binimal, trinimal, quadrimal, et ainsi
de suite, lorsque b = 2, 3, 4, etc .

Théorème 3.

S i x est un réel quelconque et si n E N , on a l'égal ité


d1 (x) d n (x)
vn (x) = [x] + - + + -

10"
· · ·

10
étant entendu que cette somme se réduit à [x] quand n = O .

Il suffit d'ajouter membre à membre les égalités :


d1 (x)
10 = v 1 (x) - v o (x)

1 19
I . C .4

qui résultent des définitions données pl us haut.


Il y a pour les développements décimaux une propriété restrictive qui limite
quelque peu les possibilités et qui s'exprime par le résultat suivant :

Théorème 4.

;::.: 1 arbitraire, i l
Il
S i x est u n nombre réel e t s i n est u n entier
existe u n entier n' ;::.: n tel que d0 . (x) ":f. 9 .

Ce résultat signifie qu'il est impossible de ne trouver que des 9 à partir d'un
certain rang, dans le développement décimal de x.

Lemme 1 .

S i a est u n réel > 1 e t s i y est u n réel quelconque, il existe u n


entier naturel n tel que y < a" .

C'est un résultat bien connu, qui exprime que la su ite (a" ) tend vers +oo et
qu'on démontre en vérifiant par récurrence sur n que ( 1 + b)" ;::.: 1 + nb pour
tout nombre b positif.

Lemme 2.

S i n 0 est un entier naturel, d 0 ( 1 0n ° x) = d +n (x)


n 0
.

En effet, d'après l'expression de � (x) donnée dans le théorème 2, on a

d 0 ( lOTio x) = [ 1 0" 1 0n° x] - 1 0 [ 1 0"· 1 l Ono x]

n+n n+n - 1
= [10 ° x] - 10 [10 ° x]
et cette dernière expression représente �+no (x) . D'où le lemme

1 20
l .C.4

Lemme 3 .

Il est impossible que d n (x) = 9 pour tout n ?:: 1.

Raisonnons par l'absurde en supposant que dn (x) = 9 pour tout entier n ?:: 1 .
Alors, d'après le théorème 3 , on a

vn (x) = [x] + io + .. +
. l�n = [x] + io [ 1 + ... + l�n- 1 ]
1
1 - __
9
=
lif 1
[x] +
10
- [x] + 1 -
lO"

:s; :s; :s;


1 1
Comme vn (x) x, on a donc [x] + 1 - -0 x , soit [x]. + 1 - x -0
10 10
:s;
1
10 °
[X] + 1 X
Comme [x] + 1 - x > 0 , on obtient . Cela est
-

impossible pour tout entier n ?:: 1 comme on l'a vu dans le lemme 1 .

Passons alors à l a démonstration du théorème 4 proprement dit. Supposons


qu'il existe un entier n 0 ?:: 1 tel que d0 (x) = 9 pour tout entier n ?:: n 0 .

Alors, en faisant usage du lemme 2, on voit que d0 ( 1 0 ° x) = dn+n (x) = 9


n
0
pour tout n. Cela est en contradiction avec le lemme 3 .

Il existe une théorie u n peu plus générale que celle que nous développons ici
et pour laquelle il y a des développements décimaux (dits alors " impropres")
qui ne satisfont pas à la propriété exprimée dans le théorème 4 . Mais nous
n'aurons pas à en faire usage.
La notion de développement décimal telle que nous l'avons présentée ici
permet de représenter tout nombre x par une série apparentée à une série
géométrique :

121
I .C . 4

Théorème S.

Si x e s l un réel quelconque, a lors la sér i e de Lerme général


c\, ( x ) -
c\, -
OO

esl = [x] + �
L, n
(x)
1 0" 1 0
convergente e l l'on a x
n= l

= l ü" , de sone
d 1 (x) d n (x)
En effet, on a déjà vu que v n (x) [x] + IO + · · · +
que tout revient à démontrer que x = lim v n (x) . Or on a, d'après la
fl � OO

défini tion et le théorème 1 , Vn (x) ::; X < Vn (x) +. �


l n . Jl e n résulte que

0 ::; x - v n (x) <


1� , ce qui prouve am plement le résultat voulu .

Mais le plus important de l'affaire est la possibilité de définir directement un


réel par un développement déc imal donné à priori.

Théorème 6.

Soit (d 11 ) � une suite de nom bres entiers vérifiant les deux


n l
condilions su ivantes :
( i) 0 ::; dn ::; 9 pour tout n :2: 1

(ii) Pour tout entier n :2: 1 , il existe un entier n' :2: n tel que
�·"* .
9

Alors , si a esL un entier de signe quelconque, i l existe un nombre


réel x el un seul tel que a soit la partie entière de x et (dn ) � son
n 1
développement décimal.

L'unicité est évidente car elle découle immédiatement du théorème 5 : si x

-
OO

= a+ �
L,
c\,n
. ' .

existe, on doit avolf x


n= l 0
1

122
I . C .4

OO

L
d
Pour ce qui reste à démontrer, observons d'abord que la série est ----%
n= l 1 0
' ' 1 'f .' 10 . 1
convergente car son terme genera est pos1tI et maJore par n = n-1
10 10
qui est le terme général d'une séri e géométrique convergente [ DIX 2] ,
chap. XXXIX, p. 88 et 90 ) .
OO

L (\,n et tout le problème est de


n= l 1 O
On peut donc poser sans crainte x = a +

démontrer que [x] = a et que dn (x) = dn pour tout n ::'.". 1 .


La condition 0 $ dn $ 9 donnée en (i) dans l'énoncé du théorème prouve que
1
1 -
10"
a$x$a+ L = a+ 1
9
n = a + 90
1 1 n � 1
lim
n= l 0 1
10
oo

mais l'existence d'au moins un entier n 0 tel que � ::F 9 mon tre que la

majoration précédente peut être améliorée en écrivant x $ a +


Cn
n avec L
n= l 1 o
en = 9 si n ::F n 0 et e n = 8 si n = n 0 . On a alors dans ces conditions

= a+ 1 -
1
no

D'où l'encadrement plus précis que ci-dessus a $ x < a + 1 qui prouve
que [ xj = a.
Considérons maintenan t un entier m ::'.". 1 et montrons que dm (x) = dm .
OO

Si on multiplie par l üm les deux membres de la relation x = a + L c\,n


n = l 10
qui définit x , on obtient

" �+nn = b + " �+nn


OO

L.J L.J
1
l om X = l üm a + l om- d 1 + . . . + dm +
n = l 10 n= l 10

123
..
I.C.4

l
où b = l üm a + l üm - d 1 + . + dm est un nombre entier. Comme les
nombres dm +n sont des entiers vérifiant la condition 0 ::; dm +n ::; 9 , on voit
aussitôt, selon un raisonnement déjà fait ci-dessus que

b :o; l üm x :o; b + L � =b+ l


n= l l v
mais l'existence d'au moins un entier n 0 � m + 1 tel que d f:. 9 montre que
llo
dans la série ci-dessus l'un des 9 peut être remplacé par un 8 et que l'on a par
conséquent, de façon plus précise
b :o; l üm x < b + l
Cela montre que

[ 1 0"' x] = b = l üm a + l ûm- l d 1 + . . . + d = 1 0"'


m (
a + �� + · · ·
+ 1� )
Comme le quotient
[1 o�
X]
représente la valeur décimale d'ordre. m d e X , on
1
a ainsi obtenu la relation
l üm v (x) = lü m a + 1 0m- l d l + . . . + d
m m

..
S i on remplace m par m- 1 , cela donne aussi (pour m � 2) la rel ation
l
1 0m- l vm- 1 (x) = 1 0m- a + l üm-2 d l + . + d - 1
m
relation qui est encore valable pour m = 1 à condition de voir que le second
membre se réduit à a.
Si on multiplie alors par 1 0 les deux membres de la seconde relation et que

: -
l'on retranche le résultat mem bre à membre de la première relation, on
obtient l'expression de dm d = l üm v m (x) l üm vm - 1 (x )
m ce qui est ,
s
aussi dm (x) par définition . CQFD.

r
Si on suppose a = 0 pour simpl ifier, on peut pré enter le nombre x défini par
le théorème 6 sous la fo me abrégée, familière et fautive
0, dl di d3 d4 . . .

1 24
I . C .4

Corollaire.

Si un nombre réel x s'écrit a + L c\,n où a E � et où (d0 ) est


n= l 10
une suite d'entiers vérifiant les conditions (i) et (ii) du théorème 6,
alors a est la partie entière de x et (dn ) son développement
n:?: l
décimal.

En effet, si on appelle y, à priori, l'unique réel dont a est la partie entière et


OO

(�) le développement décimal, on a y = a +


n= l 1
L c\,O" . Autrement dit,
y = x. D'où le résultat car alors x a les mêmes propriétés que y . . .
Nous allons utiliser le théorème précédent pour démontrer qu'il existe une
infinité . . . de nombres irrationnels. É videmment, ce résultat est déjà bien
connu et découle de tout ce qu'on a dit dans les trois prem iers paragraphes,
mais l'intérêt de la nouvelle méthode que nous allons présenter est qu'elle est
indépendante de ce qu'on a vu jusqu'à présent. Elle nécessite quelques notions
élémentaires de la théorie des ensembles, la vraie, pas celle que certains ont
cru enseigner, autrefois, dans les lycées et collèges.
Commençons par une définition qui simpli fiera nos explications .

Défin ition 2.

On dit qu'un ensemble E est équipotent à un ensemble F (ou que E


a la même puissance que F) si les éléments de E peuvent être mis
en correspondance bijective avec ceux de F, autrement dit s'il
existe une bijection de E sur F.

Si E est équipotent à F, F est équipotent à E car s'il existe une bijection


cp : E � F, l ' application réciproque cp
-1
est une bijection de F sur E. La
relation est donc symétrique et on dira que E et F sont équipotents.
Si E est équipotent à F et si F est équipotent à un troisième ensemble G, E
est équipotent à G car si <p : E � F et \jl : F � G sont des bijections,
l'application composée \jl o <p est une bijection de E sur G .

1 25
l . C .4

Enfin, tout ensemble E est équipotent à lui-même car l'appl ication identique
de E dans E est une bijection.
Ainsi la relation d'équipotence est une relation d'équivalence qui permet, par
conséquent, une classification des ensembles quelconques.
Limitée aux ensembles finis, cette relation se réduit à un e notion famil ière :
dire que deux ensemble finis sont équipotents revient à dire qu'ils ont le
même nombre d'éléments ou, pour être moins précis, qu'ils en ont autant. Il
peut être commode d'étendre cette dernière façon de s'exprimer aux ensembles
infinis et le but de ce qui va suivre est de faire voir j ustement que deux
ensemble infinis n'ont pas nécessairement autant d'éléments l'un que l'autre.
Pour ce faire, nous allons traduire dans le vocabulaire de la définition 2 ce
que Dixmier appelle les ensembles dénombrables ([DIX l ] , chap. I, p. 2 1).

Définition 3.

On dit qu'un ensemble E est dénombrable s'il est équipotent à une


p ar tie de W .

I l revient a u même, com me l e dit Dix m ier, de dire qu'on pe ut ranger les
éléments de E en une su ite, finie ou infinie, ne comportant ni répétition ni
omission. Ainsi, l'ensemble � des entiers rationnels est- il dénom brable car
on peut énumérer tous ses éléments sans répétition ni omission en écrivant
0 , 1 , - 1 , 2 , - 2 , 3 , -3 , 4 , -4 ,
et ainsi de suite. De même, l'ensemble Fil x Fil des couples d'entiers naturels
est dénombrable car la liste illimitée
(0, 0) , ( 1 , 0) , (0, 1 ) , (2 , 0) , ( 1 , 1 ) , (0, 2) , (3, 0) , (2 , 1 ) (1 , 2) '
(0 ' 3) , (4 , l ) .
'

, . .

fournit sans répétition ni omission tous les couples voulus.


Rappelons sans les redémontrer (cf. [DIX 1 ) , loc . eit.) les pri n c i pales
propriétés des ensembles dénombrables. Tout ensemble fini est dénombrable;
toute partie d'un ensemble dénombrable est dénombrable; toute réunion d'une
suite finie ou infinie d'ensembles dénombrables (appelée aussi une réunion
dénombrable d'ensemble dénombrables) est dénombrabl e; tout produ it
cartésien fini E 1 x . . . x En d'ensembles dénombrables est dénombrable; pour
qu'un ensemble infini E soit dénombrable il faut et il suffit que E soit

1 26
I.C.4

équipotent à R En fin , si on peut ranger les éléments de E en une sui te, finie
o u non , ne comportant pas d'om issions (mais où les répétitions sont
admises), cet ensemble est dénombrable.
On va utiliser ce résultat pour régler le cas de l'ensemble CQ des rationnels.

Théorème 7.

Il L'ensemble CQ des nombres rationnels est dénombrable.

En effet, la suite
0 1 0 2 1 0 4 3 2 1 0 6 5 4 3
, , , , , 2 , 3 , , ,
1 1 2 , 1 2 3 , 4 5 1 2 3 4
'

2 1 0 7 6 5
, , ,
5 6 , 7 , 1 2 , 3
contient (avec beaucoup de répétitions, mais on s'en fiche) tous les nombres
rationnels positifs sans exception. S i on y interc ale tous les nombres
rationnels opposés

Q ,. _ Q ,. 1 ,
0 0 2 2 1
, 2 ,
1
etc .
1 1 1 , 2 , 2 , 1 , 2
on obtient tous les rationnels possibles. D'où le théorème.
On peut se demander au vu de ces résultats si tous les ensembles ne seraient
pas dénombrables. La notion de développement décimal et le théorème 6 ci­
dessus vont nous montrer qu'il n'en est heureusement rien .

Théorème S.

Il L 'ensemble IR des nombres réels n'est pas dénombrable.

Comme l 'ensemble IR contient cependan t une flopée d'ensembles


dénombrables (tels que :N, Z, CQ et j'en passe) , on pourrait dire , comme le
font les Allemands, que l'ensemble IR est "surdénombrable" (überabzahlbar).
Reprenons la démonstration de Dixmier ( [DIX 1 ] , c hap. I, p. 22) . S i
l'ensemble IR était dénombrable, il e n serait d e même d e chacune d e ses

1 27
I.C. 4

parties et en particul ier de l'intervalle (0, l [. On pourrait donc ranger les


nombres réels figurant dans cet intervalle en une suite x 1 , x 2 , x3 , x4 , . . .
nécessairement ill imitée ne comportant aucune omission . Comme chaque

1<\,on
OO

élément x E (0, 1 [ peut s'écrire sous la forme L , à l'aide de son


n= l
développement décimal (théorème 5 ci-dessus) , on pourrait écrire cette suite,
avec des notations familières mais fautives, de la façon suivante
X 1 = Û , d l l d 2 1 d3 1 d41 . . .

Xi = 0, d 1 2 d 22 d3 2 d42 . . .

Bien que cette liste illimitée soit censée épuiser tous les réels x de l'intervalle
[0, 1 [ , nous allons donner un exemple de nombre x qui n'y fig ure pas .
Considérons en effet la suite d1 1 , d 22 , d33 , . . . et pour chaque indice n

dnn
chois issons un entier on qui ne soit jamais égal à 9 et qui soit toujours
différent de d nn : on peut par exemple choisir de prendre on = 0 si
1
est
différent de 0 et on = si d nn = 0 .
D'après le théorème 6, il existe un réel et un seul, appartenant à l'intervalle
: on
2'. l
[0, l [ , admettant pour développement déc imal la suite (o n )
n

écrira cela
X = Û , 01 02 03 04 05 . . .
(x n )
n2: 1
Le nombre x ainsi déterminé ne figure nulle part dan s la liste ci-
dessus car s'il existait un entier n tel que x = x n , les deux nombres x et x n
auraient le même développement décimal , ce qui entraînerait en particulier
que on = dnn , ce qui n'est pas. D'où la contradiction et le théorème.

Corollaire.

L'ensemble des nombres irrationnels n'est pas dénombrable; en


particulier, il est infini.

1 28
LC.4

On sait déjà (théorème 7) que CQ est dénombrable. Si son complémentaire


JR CQ était dénombrable, il en serait de même de la réunion JR de CQ et de
JR CQ , ce qui est en contradiction avec le théorème précédent.
-

Le théorème 8 (démontré par Cantor en 1 87 3 ) montre, en quelque sorte, que


l'ensemble N n'a pas autant d'éléments que l'en semble JR , alors qu'il en a
autant que l'ensemble CQ . De même, en vertu du corollaire qui suit, on peut
dire que dans JR il n'y a pas autant de rationnels que d'irrationnels et on
comprend maintenant pourquoi l e bleu prédom ine quand on peint les
rationnels en rouge et les irrationnels en bleu . . .
Le théorème 8 montre aussi l'intérêt d'introduire la relation d'équipotence,
même parmi les ensembles infinis . Tout ensemble équipotent à un ensemble
dénombrable est dénombrable, alors qu'un ensemble équipotent à JR ne l'est
pas . Ce dernier est un ensemble infini qui a, en quelque sorte, une autre
"puissance" .

Définition 4.

On dit qu'un ensemble a la puissance du continu s'il est équipotent


à JR .

Cette nouvelle notion permet de préciser le corollaire du théorème 8 .

Théorème 9.

Il L'ensemble des nombres irrationnels a la pui ssance du continu.

l i s'agit donc de voir qu'on peut définir une bijection cp de JR sur JR CQ - .

Pour cela, appelons CQ ' l'ensemble des nombres irrationnels de la forme


r+ 12. où r est un rationnel (on pourrait remplacer naturellement pour ce
qu'on va faire TI par n'importe quel autre irrationnel). Il est clair que CQ' peut
être mis en bijection avec CQ ; il est donc dénombrable. Par suite, comme on
l'a dit, l'ensemble CQ U CQ ' est lui aussi dénombrable. Cela permet de
considérer une bijection u : CQ U CQ ' � N . Comme CQ ' est l ui-même
dénombrable, on a aussi une bijection v : CQ' � N En définitive, on peut
affirmer qu'il existe une bijection w de CQ U CQ' sur CQ ' , à savoir w = v - o u.
.

1 29
l . C .4

Nous sommes maintenant en mesure de définir la bijection <p : IR � IR �


cherchée : i l suffit de poser <p (x) = x pour tout x E IR (� U � ' ) et
-

<p( x) = w ( x) pour tout x E � U � · .


-

"-
,, ' �
\
I
1

X
IR IR

Le fait que l'on a affaire à une bijection est facile à vérifier. D'où le
théorème.
Rassurons nos lecteurs qui ont payé pour avoir de la théorie des nombres et
non de la théorie des ensembles, nous ne nous attarderons pas davantage sur
ces questions. Tout au pl u s y reviendrons-nous brièvement à propos des
nombres algébriques et transcendants, sans doute dans le Livre VI .

Reste, pour en finir dignement avec ce paragraphe, à établir rigoureusement


un résultat bien con n u mais rarement démontré sur les développements
décimaux des nombres rationnels.

n �l
Rappelons qu'on dit, en général, qu'une suite i l l imitée ( x n ) d'éléments
quelconques est périodique s'il existe u n entier p � 1 tel que x n+p = x n po ur
tout entier n . Si cette égalité n 'est vraie que pour tous les entiers n supérieurs
ou égaux à un certain entier n 0 donné, on dira que (x n ) est périodique à partir
du rang n0 .
Ce phénomène de périodicité caractérise les développements décimaux des
nombres rationnels.

1 30
I . C .4

Théorème 10.

Il
Pour qu'un nombre réel soit rationnel , il faut et il suffit que son
développement décimal soit périodique à partir d'un certain rang.

Montrons d'abord que la condition est suffisante et considérons pour cela un


nombre x dont le développement décimal est périodique à partir d'un certain
rang n 0 . Si (dn ) 1 désigne ce développement décimal et si m est la partie
OO
n�

entière du nombre, on a x = m +
n= l l u
L �
. Appelons p un entier � 1 tel

que dn+ p = dn pour tout n � n 0 et supposons d'abord que n 0 = 1 (c'est-à-dire


que le développement soit périodique au sens strict) . On peut alors écrire :
OO

X m+ L _3,_n
n= l l ü

m+ � + + �f + �
Op+ l + +�
1 0 2P + �0 p+ l +
10 l 1 2
· · · · · · · · ·

li

m+ �
10
+ . .
. + �f
li
+
dl
l üp+
l + . . + . _1_
102p +
d l
p + ...
1 02 +l

m +
1 0p- l dl + ... + d
lif
+
p l
1 0 - dl + . . . + d
1 02p
+ .. .

= m+ ( 1 op- ! d 1 + . . . + dp )( l
� + �
1 2p + . .
.
)
Comme l OP- 1 d 1 + + dp et m sont des entiers , il suffit alors de montrer

.
· · .

. 1.
1 1 1
que le nombre y = + 02P + + est en fait un rationne
lif 1 1 03P
· · ·

Pour le voir, on observe que

lif y = lif +
l if lif
1 02
lif
p + 03p + . . . = 1 +
1
1
lif
+
1
1 02
p +. .. = 1 +y

1
_
1
et on a donc y = , ce qui est bien un rationnel.
l OP

131
I . C .4

S upposons maintenant que n0 > 1 . Alors, on peut écrire

et il suffit alors de montrer que la série �


L, -1._n représente un nombre
n=n 0 10
rationnel. Or ce nombre peut s'écrire
dn
_ _1 + . . .
o+
1 00
)

où y est un nombre admettant la s u i te + 1 (d n


, . . . ) pour , dn
0 0
développement décimal (théorème 6) . Comme cette suite est périod ique au
sens strict du terme, il résulte de ce qui précède que y est un rationnel . D'où

la même conclusion pour L


n=n0
�O" .
1
Montrons inversement que le développement décimal de tout rationnel x est
périodique à partir d'un certain rang. Pour ce f<ùre, écrivons x s ous la forme
� avec a et b entiers et b > 0, et montrons que le développement déc imal de
x s'obtient, comme on l'apprend à l'éc ol e pri maire, à l 'issue d'une succession
de divisions euclidiennes bien choisies.
On peut en effet, en divisant a par b, écr i re d'abord a = bn + r avec
0 � r < b, puis définir de proche en proche, en divisant toujours par b, des
quotients et des restes d 1 , r1 , d2 , r2 , et ainsi de suite, de façon à avoir
1 0 r = bd 1 + r 1 avec 0 � r1 < b
10 r1 bd2 + r2
= avec 0 � r2 < b
10 r2 = bd3 + r3 avec 0 � r3 < b
et d'une manière générale
1 0 rn = bdn + l + rn+ l avec 0 � rn+ l < b

1 32
;::: 0
I . C .4

cette relation étant valable pour tout entier n à condition de poser


r0 = r. Mon trons que dn+ l , qui est un entier par définition , est toujours
0 10 10
compris entre et 9 . En effet, comme rn < b , on a rn <
s'écrit bdn+l + rn+ l < lOb. A fortiori , on a bdn + l < l Ob d'où dn+ J <
c'est-à-dire dn + l :o; 9 . Si on avait dn+ l < 0,
on aurait en fait dn+ l :o;
b , ce qui
, - 1, 10 ,
-
bdn+ l :o; b et par suite bdn+ l + rn + l :o; b + rn +l <
puisque bdn +i + rn + i = 10 rn O. ;::: - donc
ce qui est absurde 0 ,
Supposons m aintenant n ;::: 1 et considérons les n+ 1 relations
= bm + r
a
I O r = bd 1 + r1
1 0 r1 = lx!i + r2

l O rn- 1 = � + rn
On en déduit successivement que
bd! r1
=
bd 1 Mi ..5_
a = bm + r = bm + lo + 10
bm +
10 + 100 + 100
et finalement que

On a donc

X=
a
b
= m + �
10 +
... + 10" <\. + l
b l û"
Comme 0 :o; rn < b , on voit que la différence
a
b -( m +
d1
10 + · · ·
+
<\,
1 0"
)
peut-être rendue aussi petite que l'on veut, autrement dit que l'on peut écrire

,
OO

� = m + L �
b n= l 10"
la série du second membre étant convergente. Pour

démontrer que cette écriture fournit la partie entière et le développement

133
I . C .4

décimal de � , il reste à voir, d 'après le corol laire du théorème 6, qu'i l est


i m pos s ible d'avoir dn = 9 à partir d'un certain rang (condition (i i) d u
théorème 6) .
S upposons d'abord que l'on ait dn = 9 pour tout entier n � 1 (autremen t dit
dès le premier rang). Alors on aurait � = m + L �
10 = m + 1 . Cela
contredit le fait que par définition a = bm + r avec r < b.
n= l

S upposons maintenant que l 'on ait dn = 9 pour tout n � n0 , n 0 étant un


entier donné � 2. Alors

L 9n 1-
-- -no -1
car on vérifie faci lement que
n=no 10
10
Comme � est égal d'autre part à m +
� �- 1 rn 0 - l
+ --;:;-::i +
10 +
10
n -1
10
· · ·

b
° b °

� = 1 , cc qui es t absu rde


r 1
no
d'après un calcul fait plus haut, on en déduit que
car rno - 1 < b .

Tout rev ien t à prouver maintenant que la suite (dn) es t péri od i q ue à partir
n� l
d'un certain rang.
Comme les nombres rn appartiennent tous à l'ensemble fini { O, . . . , b- )1, 1
par hypothèse, i l est impossible qu'il s soient deux à deux di fféren ts. I l existe
1
donc un entier n � et un entier p � 1 tel que rn = rn + p . Dan s ces
conditions , quand on fait la division euclidienne par b, les nombres rn et 10
1 34
l.C.4

lOrn+p ont nécessairement le même quotient et le même reste . Comme ceux­


ci sont donnés par les relations
10 rn = b �+ l + rn+ l et 10 rn +p = b � +p + l + rn + p + l
on voit que dn + 1 = dn + p + 1 et que rn + 1 = rn + P + 1 À partir de cette
.

relation, on en déduit par le même raisonnement que dn + 2 = d n + p + 2 et


rn + Z = rn+p + Z , puis à partir de là que �+3 = � +p +3 et rn+ 3 = rn +p+ 3 et

,

ainsi de suite. Le développement décimal de est donc périodique à partir


du rang n. CQFD
Le théorème 1 0 fournit une nouvelle preuve, indépendante de toutes les
autres, du fait qu'il existe une infinité de nombres irrationnels.
Nous nous contenterons de donner comme seul exemple le nombre
X = 0, 1 0 1 00 1 000 1 00 00 1 000 00 1 .
. .

dont la définition se passe de commentaires.

1 35
l.D.1

Équation de Pythagore

et problèmes apparentés

S elon Leonard Eugen Dickson ( 1 874 - 1 954) qui le tient de Proclus


(4 1 2-485 ) , qui l ui -même l'avait appris d'on ne sait qui, c'est le regretté
Pythagore (Vr siècle avant J.-C.) qui aurait proposé le premier une règle
pour déterminer des triangles rectangles dont les côtés soient tous mesurés
par des nombres entiers (cf. [DIC] , vol . 2, p. 1 6 5) . Outre l'exemple bien
connu de ( 3 , 4 , 5 ) , cette règle donne aussi (5 , 1 2, 1 3 ) , ( 7 , 24 , 25 ) ,
(9 , 4 0 , 4 1 ) e t d'une manière générale tous les cas où l'hypoténuse dépasse
d'une unité seulement un des côtés de l'angle droit. Elle consiste à choisir un
entier n � 1 arbitraire et à poser x = 2n+ 1 , y = 2n + 2 n et z = 2n +2n+ 1 .
2 2
2
On vérifie aisément par le calcul que l'on a bien la relation x + y = z qui
2 2
caractérise les longueurs des différents côtés d'un triangle rectangle.
Il n'est pas difficile de deviner comment Pythagore a dû s'y prendre pour
trouver ce résultat - nonobstant les difficultés calculatoires liées à l'absence

. x, y, z te1 s que x 2 + y 2 = z 2 et ou,'


de notations algébriques commodes. Pour trouver les triangles souhaités , on
. .
+
d on c h erc h er trois nom bres entiers en
outre, on ait la relation complémentaire z = y
2 2
1 . Si on remplace z par
y + l dans l'équation initiale, on trouve x + y y + 2 y + 1 , soit
2
x = 2 y + 1 . Cela prouve que x est impair. S i on pose alors x = 2 n + 1, on a
=

2
4n2 + 4 n + 1 = 2y + 1 , d'où y = 2n2 + 2n et par suite z = 2 n 2 + 2n + 1 .
On trouve paraît-il dans l 'œuvre de Platon (cf. [DIC] , vol. 2 , p . 1 6 5) une
règle analogue pour les cas où z = y + 2.
Certains des cas particuliers obtenus par application des règles précédentes
étaient connus des Hindous dès le V e siècle avant J.-C.
Mais le plus étonnant est qu'on ait découvert dan s le désert irakien une
tablette babylonienne qui pourrait dater de l'époque d'Hammourabi (X V I e
siècle avant J.-C. ! ) , et qui donne en gracieux c aractères c unéiformes
d'époque une liste de 1 5 triplets "pythagoriques" parm i lesquels 1 3 5 00,
12 709, 1 8 54 1 (cf. [COL] , p. 22). Cette tablette est devenue célèbre sous
l'invraisemblable nom de code de PLIMPTON 3 22.

1 37
l .D . l

On comprend, après cela, qu'Euclide n e soi t pas e n reste e t donne dans le


livre X de ses Éléments ( [EUC] , X , 28-29 lemme 1 ) la règle générale qu'on
verra plus loin fournissant toutes les sol utions possibles.
Cette même règle figure aussi dans les Arithmétiques de Diophante au Ille
siècle après J . - C . où l'on trouve d'autre part de nombreux problèmes
d'arithmétique analogues. B ien que Diophante se contente le plus souvent de
solutions rationnelles, on a pris l 'habitude d'appeler en général équation
diophantienne toute équation à plusieurs inconnues dont on ne recherche que
des solutions entières. Longtemps collection de problèmes disparates, l'étude
des équations diophantiennes n'est devenue une branche autonome de la
théorie des nombres, avec des méthodes propres et des résultats suffisamment
généraux , qu'à date assez récente. C'est que les résultats varient fortement
avec le type d'équations envisagé. C'est ainsi que si l'équation x + y = z
2 2 2
possède une infinité de solutions, calculables selon une règle uniforme,
3 3
l'équation x 3 + y = z que l'on étudiera au Livre III n'a pas de solutions
entières en dehors des cas évidents où l'un des nombres x, y ou z est nul; que
l'équation x + 2 = y n'a qu'une solution, donnée par x = 5 et y = 3 (cf.
2 3
1 y = 1 proposée par Fermat en
2 6 2
Livre III) et que si l'équation de Pell x
-

1 6 5 7 possède une infinité de solutions, la plus simple d'entre elles est


donnée par x = 1 7 66 3 1 9 049 et y = 22 6 1 5 3 9 8 0 . (cf. Livre IV).
. .

1 . Résolution de l 'équation de Pythagore

Pour des raisons faciles à comprendre, on appel lera dans la suite


équation de Pythagore l'équation x + y = z
2 2 2
considérée comme une
équation diophanti enne, c'est-à-d ire pour laquelle les seules solu tions
envisagées sont en fait des triplets d'entiers (x, y, z) qu'on appellera alors
triplets de Pythagore. I l est facile de déterm iner tous les cas où l'un des
nombres x, y, z est nul. Les solutions correspondantes seront dites triviales
(ce qui veut dire sans intérêt, en grec . . . ). D'autres solutions pe uven t
s'obten ir avec des nombres négatifs car i l est bien clair que si (x, y, z) est
une solu tion de l'équation de Pythagore, le triplet (±x, ±y, ±z) (avec des
signes indépendants) en est une autre. Pour toutes ces raisons, on se lim ite
dans la pratique aux solutions (x, y, z) où x, y , z sont des entiers > O. Par
abus de langage , ces solutions peuvent ê tre appelées des triangles de

138
l.D. J

Pyt hagore : on peut en effet les représenter par des triangles véritables, à
côtés entiers.
S i (x, y, z) est une solution de ce genre, désignons par d le PGCD des trois
nombres x, y, z. C'est évidemment un entier � 1 et si on désigne par a, b, c
respectivement les trois nombres � , � et � , on voit que a, b, c sont des
entiers � 1 , premiers dans leur ensemble (l. B . 3 , théorème 4), qui vérifient la
2 2 2
relation a + b = � + y_ = � = c ; ils constituent donc une nouvelle
2 2 2
cf cf cf
solution de l'équation de Pythagore.
Montrons alors que a et b ne peuvent pas être de même parité. En effet, si a
et b étaient pairs tous les deux , il en serait de même de c = a + b , et donc
2 2 2
aussi de c , de sorte que 2 serait un diviseur com mun de a, b et c
contrairement au fait que a, b, c sont premiers dans leur ensemble. S i a et b
étaient impairs tous les deux, on pourrait les écrire respectivement 2m+ 1 et
2n+ 1 avec m et n entiérs:"On aur�l alors ·· �-

c =· (2în + 1 ) + (2n + 1 ) = 4m + 4m + 4n + 4n + 2 ,
2 2 2 2 2
2
ce qui montrerait que dans la division euclidienne de c par 4 le reste serait
.égal à 2. Or un carré ne peut pas avoir un reste pareil car celui-ci ne peut être
que 0 (si le nombre est pair) ou 1 (si le nombre est impair : on a effet
(2a + 1 ) = 4a + 4a + 1 ). Dans le l angage des congruences que nous
..·

2 2
introduirons dans le Livre suivant, on exprime cela en disant qu'un carré ne
peut pas être congru à 2 modulo 4.
Il nous faut donc admettre que l'un des nombres a ou b �1 pair et l'autre
impair. Dans les deux cas, c est alors impair pu isque 7 = a + b est
2. 2
nécessairement impai r . Supposons a pair et b impair et écrivon s a sous la
forme 2a où a est un entier. On a alors les relations

= c - b = (c - b) (c + b) et donc a =
2 2 .
2 2 2 2 c-b c+b
4a

Dans cette dernière égalité, ;


c b
et ;
c b
représentent tous deux des entiers
car b et c sont impairs et �ue la somme de deux impairs est paire. Ce sont
même des entiers > 0 car a > O. Ce sont enfin des nombres premiers entre
eux car s'il existait un nombre premier p les divisant tous deux , p diviserait c
.
(car c = 2 + 2 ) , p d 1v1serait . b ( car b = 2 2 ) et p d1v1serait
c+b c-b ' . c+b c -b ' .
a

1 39
l .D . 1

c+b c-b · 1 .
, 1 d 1v1sera1t a : I . A . 3 , th eorcme
. 2
( car d 1v1sant a = 2 ·
· · · ·

2
, · 6) - ce qui
est absurde, puisque a, b, c sont premiers dans leur ensemble.
Comme on l'a v u dans I . A . 5 , corollaire 1 du théorème 7 , l'égal ité
a = 2 1mp1 1que
. a 1ors que 2 et 2 sont tous d eux d es carres
2 c+b c-b . c+b c-b ,
2
·

parfaits. 0n peut d one poser 2 = u et 2 = v ou u et v sont d es


c+b 2 c-b 2 •

entiers. Comme ils ne sont pas nuls, on peut les supposer > 0 , ce qui

(2 )
entraîne que u > v.
c+b c-b 2 2
2
On a alors en définitive z = de = d + = d (u + v ) ,

y = db = d
2
(2
c+b
-
c-b )= d (u 2 - v 2) et x = da = 2 da = 2duv car

u v = 2· 2 = a
2 2 c+b c-b 2

S i on avait supposé a impair et b pair, on aurait conclu de manière analogue


à l'existence d'entiers u et v tels que x = d (u - v ) , y = 2duv et
2 2
2 2
z = d (u + v ) (avec u > 0 , v > 0 et u > v).

Inversement, si on se donne arbitrairement des nombres entiers d, u, v > 0


2 2 2
avec u > v, alors les nombres 2 duv , d (u - v 2 ) et d (u + v ) - ou les
2 2 2 2
nombres d (u - v ) , 2duv et d (u + v ) - sont des solutions de l'équation
de Pythagore car si on pose x = 2 duv , y = d (u - v ) et z = d (u + v \ on
2 2 2
2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
a x + y = 4 d u v + d u4 - 2 d u v + d v4 = d u4 + 2 d u v + d v 4 = z .
D'où le premier résultat général suivant :

Théorème 1.

Pour �e trois entiers x, y, z ;:::: 1 vérifient l'équation de Pythagore


2
x + y = z il faut et il suffit qu'il existe des entiers d, u, v ;:::: 1
2
avec u > v tels que x = 2 duv , y = d (u - v ) , z = d (u + v )
2 2 2 2
2 2 2 2
ou x = d (u - v ) , y = 2duv et z = d (u + v ) .

1 40
I .D . l

S i o n néglige le fait que l'on peut toujours échanger x e t y, on peut dire que
la première série d'égalités fournit tous les triangles de Pythagore possibles.
S i on choisit d = 1 , u = 2 et v = 3 , on retrouve la solution classique x = 4,
y = 3 et z = 5 . Si on prend d = 1 , u = 3 et v = 2, on obtient la solution
connue de Pythagore x = 12, y �� 5 et z = 1 3 . Avec d = 1 , u = 3 et v = 1 , on
obtient x = 6 , y = 8 et z = 10 qui ne diffère de la solution (3 , 4, 5) que d'un
facteur 2.
D'une manière générale, on voit immédiatement que si (x, y, z) est une
solution de l'équation de Pythagore, il en est de même de (dx, dy, dz) pour
tout entier d, ainsi que de (�, �' �) pour tout diviseur commun d non nul

de x, y, z. On dira qu'une solution (x', y', z') est proportionnelle à une


solution (x, y, z) s'il existe un entier d tel que x' = dx , y' = dy et z' = dz. On
parlera de même de triplets de Pythagore "proportionnels" et, pour les
triangles, de triangles de Pythagore "proportionnels" . Si les trois nombres x ,
y , z n e sont pas tous nuls , leur P.G.C.D. est u n entier d � 1 e t e n divisant
x, y, z par d, on obtient une solution (x', y', z') de l'équation de Pythagore
constituée d'entiers premiers dans leur ensemble. Une solution de ce type est
appelé une so lution primitive de l 'équation de Pythagore. Ainsi, tout
solution , autre que la solution (très) triviale (0, 0, 0), est-elle proportionnelle
à une solution primitive. Aussi, dans la recherche des triangles de Pythagore
peut-on se limiter aux triangles primitifs (en un sens évident).
On notera que les trois nombres x , y, z constituant une solution prim itive
sont non seulement premiers dans leur ensemble, mais même premiers deux
2 2 2
à deux. En effet, si par exemple y et z n'étaient pas premiers entre eux , ils
auraient un diviseur premier p commun qui diviserait z - y = x et donc x,
2 2)
ce qui est contraire à l'hypothèse. On raisonnerait de même avec x et z, ou
(en cons1. derant
, x + y avec x et y.

primitifs si d > 1 . Mais même si d 1 , l'exemple de u = 3 et v = 1 vu ci­


La méthode décrite dans le théorème 1 ne fournit évidemment pas de triplets
=

dessus montre que le triplet correspondant n'est pas toujours prim itif. D'une
manière générale , pour avoir dans le théorème 1 une solution primitive, il
2 2 2 .
est nécessaire de supposer que u et v n'aient pas la même parité car sinon
u + v et u - v seraient tous Ies d eux pairs, tout comme 2 uv et 1 es trois .
z .
nombres x, y, z c orrespondants seraient tous divisibles par 2. Il est
2 2 2 2
nécessaire aussi, bien entendu, de supposer u et v premiers entre eux car tout
diviseur commun de u et de v divise à la fois u + v , u - v et 2uv. Ces
diverses conditions nécessaires : d = 1 , u et v de parité distincte, u et v
premiers entre eux, sont suffisantes pour avoir un triangle de Pythagore

141
I .D . l

primiti f. E n effet, s i ces conditions sont satisfaites, les nombres x = 2 uv,


2 2 2 2 . de d 1v1seur
y = u - v et z = u + v ne peuvent avoir " . . p commun car
premier
2 2
sinon p diviserait 2u = y + z et 2v = z - y. Comme p ne peut être égal
2 2
à 2 (sinon u et v devraient être de même parité, ce qui est exclu du fait des
2 2
hypothèses) , p diviserait en fait u et v (ceci est un cas particulier du lemme
d'Euclide (I.A.3, théorème 4) : p étant différent de 2, p est premier avec 2 et
2 2 2 2
par suite il ne peut diviser 2u et 2v que s'il divise u et v ) .
O n e n déduit finalement que p divise à l a fois u e t v , c e qui est absurde.
D'où la règle suivante pour trouver les triangles de Pythagore primitifs.

Théorème 2.

Pour que trois nombres entiers x, y, z ::'.': 1 constituen t une


solution primitive de l'équation de Pythagore, il faut et il suffit
qu'il existe deux entiers u, v ::'.': 1 avec u > v, prem iers entre eux et
de parité différen te, tels que, à l'ordre près des deux premiers
2 2 2 2
termes, on ait x = 2 uv , y = u - v , z = u + v .

Si u et v sont premiers entre eux, dire que u et v ne sont pas de même parité
revient à dire qu'ils ne sont pas simultanément impairs.

Remarque 1.- Si (x , y, z) est un triangle primitif, il est impossible que deux


des trois nombres x, y, z soi e nt pairs : sinon tous le seraient. Par suite,
d'après la règle précédente, un et un seul des trois nombres x, y, z est pair.
Celui-ci correspond toujours à "un des côtés de l'angle droit".

Remarque 2 . - Si (u, v) et (u', v') sont deux couples di stincts d'entiers


v érifian t les conditions du théorè m e 2 , les triplets de Pyth agore
2 2 2 2 2 2 2 2
correspondants (2uv, u - v , u + v ) et (2u'v', u' - v' , u' + v' ) sont
eux aussi distincts. Ce résultat est évident si u + v ot. u' + v'
2 2 2 2
et si on
2 2 2 2
suppose que u + v = u' + v' (cela arrive par exemple avec u = 8, v = 1 ,
2 2 2
u' = 7 et v' = 4), on ne peut avoir u - v = u' - v' 2 car dans le cas
contraire on déduirait facilement des égalités
2 2 2 2
u + v = u' + v'

1 42
l .D . l

2 2 ,2 ,2
U - V = U - V

q u e l'on a à l a fois 2 u = 2 u (par addition membre à membre) e t 2 v


2 2 2
' = 2 v'2
(par soustraction); d'où u = u' et v = v'.

Il est facile de déduire des théorèmes précédents une méthode programmable


sur une calculatrice de poche pour déterminer tous les triangles de Pythagore
constitués de nombres ne dépassant pas une valeur donnée. Seul ennui , on
obtient ces triplets dans le désordre.
Jusqu'à 1 00 et en rangeant à la main les triplets obtenus dans l'ordre des
"hypoténuses" croissantes , j'ai obtenu les résultats suivants :

52 =32 + 42 5 02 1 4 2 + 4 8 2 = 3 02 + 4 0 2
=
2
10 = 62 + 3 2 5 1 2 = 24 2 + 45 2
2 2
1 3 = 5 + 1 22 si = 20 + 4 8
2 2
2 2
1 5 = 9 + 1 22 53 2 = 28 2 + 45 2
l i = 82 + 1 52 55 2 = 33 2 + 44 2
202 = 12 2 + 1 6 2 5 8 2 = 402 + 4 2 2
25 2 = 7 2 + 24 2 = 1 5 2 + 20 2 602 = 3 22 + 48 2
262 = 10 2 + 24 2 6 i 2 = 1 1 2 + 602
292 = 20 2 + 2 1 2 652 = 1 62 + 63 2 = 25 2 + 6 02
3 0 2 = 1 8 2 + 24 2 = 33 2 + 56 2 = 39 2 + 52 2
3 4 2 = 1 6 2 + 30 2 682 = 322 + 60 2
3 5 2 = 2 1 2 + 28 2 2
7 0 = 422 + 5 6 2
3 ?2 = 1 2 2 + 3 5 2 2
7 3 = 482 + 5 5 2
3 9 2 = 1 5 2 + 3 62 74 2 = 242 + 7 0 2
402 24 2 + 3 2 2
= 2
7 5 = 2 1 2 + 72 2 = 45 2 + 602
4 1 2 = 92 + 4 02 2
78 = 302 + 72 2
45 2 = 27 2 + 36 2 802 = 4 8 2 + 64 2

1 43
I .D . 1

8 22 = 1 82 + 8 02 902 = 54 2 + 72 2
852 = 1 32 + 842 =
362 + 77 2 912 = 35 2 +
84 2
=
4 02 + 7 52 = 5 1
2 + 68 2 95 2 = si + 7 62
87 2 = 602 + 63 2 972 = 65 2 +
72 2
= +
2
892 = 392 +
8 02 100 =
28 2 +
962 602 8 02

J'ai profité de la bonne volonté de ma calculatrice pour lui demander combien


il y a de triplets de Pythagore primitifs (x, y, z) pour lesquels z ne dépasse
pas 1 000. La réponse est tombée en quelques minutes sous la forme de
cristaux l iquides parfaitement bien agencés : il y en a 1 58 .
La question de savoir à quelle condition un entier donné peut être considéré
comme l'hypoténuse d'un triangle de Pythagore a été résolue semble-t-il par
Fermat Une méthode très simple pour trouver ces nombres figure en tout
cas dans une lettre de Fennat à Mersenne datant de 1640. On en reparlera dans
le Livre II. Mais en attendant, nous allons étudier une seconde méthode pour
résoudre l'équation de Pythagore et nous pro fiterons de sa simplicité pour
l'étendre à d'autres équations analogues.

2. Points rationnels d'une courbe du second degré

Dans ce paragraphe et dans toute la suite de cet ouvrage désopilan t,


nous n'hésiterons pas à utiliser le langage géométrique le plus direct pour
décrire des phénomènes arithmétiques ou algébriques qui se rapportent non à
des nombres isolés mais à des nom bres groupés par deux , par trois ou
davantage. En particulier, l'ensemble IR x IR des couples de nombres réels
2
(que l'on écrit IR pour abréger) sera considéré par nous comme un "plan"
dont les éléments sont des "points " , ayant des coordonnées dans IR , et
susceptibles de fonner des figures variées comme des droites, des cercles ou
des lemniscates de B ernoulli. Le lecteur gêné par l'aspect trop abrupt de ce
point de vue peut toujours imaginer qu ' il se trouve dans le plan ordinaire,
rapporté à un repère orthononné.

1 44
I.D. 2

Comme il est surtout question d'arilhmétique dans nos propos , on sera


amené à distinguer dans le plan IR les sous-ensembles CQ et Z constitués
2 2 2
respectivement des couples de nombres rationnels et des couples de nombres
entiers. Un point (x, y) E lR sera alors dit rationnel (resp. entier) si ce point
2
2 2
appartient à CQ (resp. à Z ), autrement dil si ses coordonnées x et y sont
deux rationnels (resp. deux entiers). É videmment un point entier est toujours
rationnel et la réciproque est fausse.
Ce vocabulaire s'étend sans difficultés aux "espaces numériques " à plus de
deux dimensions lR 3 , lR 4 , etc . , de sorte que résoudre l'équation de Pythagore
revient à déterminer quels sont les points entiers de l'espace lR 3 qui sont
. ' sur 1e cone d'equat1on x + y = z ...
. 2 2 2
situes " '
S i (x , y, z) est une soluti on de cette équation , autre que (0, 0 , 0), le

(�)2 (;)
2
nombre z ne peut être nul, de sorte que, en divisant par z , on a l'égalité
2
+ = 1 . Cela montre que le point rationnel (x/z, y/z) est sur le

cercle de IR de centre 0 et de rayon 1 (cercle unité de lR , qui a pour


2 2
équation comme chacun sait, X + Y = 1 ).
2 2

Inversement, si (r, s) est un point rationnel du cercle unité, on peut lui


associer une infinité de solutions de l'équation de Pythagore car rien
n'empêche d'écrire les deux nombres r et s sous forme de fractions d'entiers,
1
réd unes au meme denommateur d et d ; on a al ors pmsque r + s
. • ' . m n . 2 2
2
= ,

m + n = d . c ette so1 ut1on red onne en d 1v1sant par d 1 e point .


. rationne 1
2 2 . 2
" .
dont on est parti. En outre, comme on ne change pas la valeur d'une fraction
en · multipliant ses deux termes par un même entier k =1= 0, le point (r, s)
correspond non seulement au triplet (m , n, d) mais aussi aux différents
triplets proportionnels (2m , 2n, 2d), (3m , 3n, 3d), etc . Ainsi, moyennant des
précisions que nous verrons plus loin , résoudre l'équation de Pythagore
revient à déterminer les points rationnels du cercle unité . Nous allons voir
que cela peut se faire par une méthode géométrique simple, indépendante des
raisonnements arithm étiques du paragraphe précédent.
Notons qu'il n'est pas évident à priori que le cercle unité passe par une
2
infinité de points rationnels . Tout d'abord dans JR , les points rationnels et
les points qui ne le sont pas sont inextricablement mêlés : à l'intérieur d'un
cercle de ce plan, aussi petit soit-il, il y a toujours une infinité de points de
chaque sorte. Cela se déduit de I.C.3 , théorème 4 grâce à la figure suivante.

1 45
d t----+--T-----ft
y

0 a r X b

fig. 1
Malgré cela, il y a "beaucoup moins" de points rationnels que de points qui
2
ne le sont pas car il résulte aisément de tout ce qu'on a dit en I.C.4 que CQ
2 2
est un ensemble dénombrable alors que IR - CQ ne l'est pas. On peut à partir
de là deviner ce qu'il se passerait si on entreprenait de peindre en rouge les
points ralionnels et en bleu les autres . . .
Avant de démontrer le théorème principal qui nous permettra de retrouver les
résultats du paragraphe précédent, il serait bon de préciser la correspondance
entre solutions de l'équation de Pythagore et points du cercle un ité que l'on a
entrev ue ci -dessus. Celle-ci est loin d'être parfaite car outre le fait que le
triplet (0, 0, 0) échappe à cette correspondance, en général i l y a plusieurs
solutions qui correspondent à un même point. Il ne suffit pas de se limiter
aux seules sol utions primitives (comme je l'ai cru un moment . . . ) pour
améliorer les choses de façon déc isive c ar si (x, y, z) est une sol ution
prim itive, (-x , -y, -z ) en est une autre qui fournit le même point. On
pourrait bien sûr se borner à ne considérer que des triangles de Pythagore
véri tables (avec des entiers > 0) mais on devrait en contrepartie ne garder
qu'un quart de cercle unité. On évite ces difficultés en ne considérant que les
solutions prim itives (x, y, z) pour lesquels on a z > 0 : nous dirons que ce
sont les sol utions pri m i lives de type positif (de l'équation de Pythagore) .
Cette limitation est amplement j ustifiée par le théorème suivant :

Théorème 1.

Toute solution de l'équation de Pythagore est proportionnelle à


une sol u tion prim itive de type positif, et si on assoc ie à une
solution (x, y, z) de ce type le couple (x/z; y/z), on obtient une
bijection de l'ensemble des solutions primitives de type positif
dans l'ensemble des points rationnels du cercle unité.

1 46
I.D.2

La première partie du théorème ne pose pas de problèmes même si d'aventure


on con sidère le triplet (0 , 0, 0) : celui-c i est proportionnel à (3 , 4, 5) .
L'application considérée est injective car si deux triplets primitifs (x , y, z) et
'
(x' , y ' , z') définissent le même point avec z > 0 et z > 0, alors on a
� =
z
� z
et y_ =
z
� z
. La première égalité peut s'écrire xz ' = x'z , ce qui
montre que x divise x'z et que x' divise xz'. Mais comme on l'a déjà observé,
les nombres x, y, z (resp. x', y', z') sont non seulement premiers dans leur
ensemble mais premiers deux à deux. En particulier x est premier avec z et x'
premier avec z'. D'après le lemme d'Euclide, on en déduit que x divise x' et
que x' divise x. On a donc x' = ± x . Comme � =
z z

avec z > 0 et z ' > 0,
on voit que x et x' ont en fait le même signe, autrement dit que x = x'.
De la même manière, on démontre que y = y' et de tout cela on déduit que
z = z', ce qu'il fallait vérifier.
Pour montrer que l'application considérée est surjective (et achever la
démonstration) considérons un point rationnel (r, s) du cercle unité. Comme
on l'a déjà observé on peut écrire r = � et s = � avec m , n , d entiers et
avec même d > O. Si on divise ces trois entiers par leur PGCD (qui ne peut
être nul), on obtient trois nouveaux entiers m', n', d ' formant une solution
primitive de l'équation de Pythagore, de type positi f, et pour laquelle on a
ëf = d = r et d' = d = s. CQFD
m' m n' n

Reste donc à déterminer les points rationnels du cercle unité. En dehors de


tout théorème général , on connaît déjà les quatre points entiers ( 1 ; 0),
(- 1 ; 0), (0 ; 1) et (0 , - 1 ) , ainsi que par exemple (� �).
,

La méthode que nous allons décrire était déjà utilisée par Diophante pour
*
résoudre certains de ses deux cents problèmes . Elle s'appuie sur le fait que
toute droite du plan qui passe par un point A donné du cercle recoupe celui-ci
en un point dont les coordonnées s'expriment rationnellement en fonction des

Et en core, je ne t iens com pte que des six livres conservés en Occident à travers
*
le Moyen-Age ; une p artie des livres p erdus (la préface des Arithmétiques annonce
qu'il y en a treize) a été retrouvée, traduite en arabe, à Meched en Iran.

1 47
l .D . 2

données. Nous prendrons pour A le point (- 1 ; 0) et nous considérerons tous


les droites du plan passant par A et ayant pour coefficien t directeur un
nombre rationnel quelconque.

fig. 2
Comme nous excluons implicitement de nos droites la tangente en A au
cercle (qui n'a pas à proprement parler de coefficient directeur), chacune d'elles
recoupe le cercle en un point M -:/. A et nous allons voir par le calcul que M
est un point rationnel .
En effet, si r désigne le coefficient directeur de la droite considérée, son
équation peut s'écrire y = r (x+ l ). Les points d'intersection avec le cercle
unité s'obtiennent en résolvant le système :
{ y
2
=rx + r
2
x + y 1=

ce qui donne pour "équation aux abscisses" x + (rx + r) = 1 , soit


2 2

( 1 + r2 ) x 2 + 2 r2 x + r 2 - 1 0 .=

Bien entendu, -1 est une des solutions de cette équation du second deg ré.

2
L'autre (qui est l'abscisse du poi n t M cherché) est donnée par x = .
1 + r
1 -r
2 3 3
D'ou 1 ordonnee du pomt M : y r --- =
, , , . r - r + r + r
= 2 + r =
2
1 + r 1 + r

2 . Comme r est un rationnel, on voit ainsi que x et y sont rationnels


2r
1 + r
eux aussi.

1 48
I .D . 2

En fait, tout point rationnel M * A du cercle unité s'obtient de cette manière


car il est facile de vérifier que le coefficient directeur de la droite AM est un
2-
rationnel : si M = (r, s) , ce coefficient est .
r+ 1
Si on convient de qualifier de "rationnelles" les droites passant par A et dont
le coefficient directeur est un rationnel et si on étend cette appellation à la
tangente en A au cercle unité, on peut énoncer le résultat suivant :

Théorème 2.

Il existe une correspondance bijective entre les droites rationnelles


du plan passant par A et les points rationnels du cercle unité.
De façon plus précise, cette correspondance consiste à associer à
chacune des droites rationnelles en question le point en lequel la
droite recoupe le cercle.

Dans le cas de la tangente en A on convient naturellement de dire que celle-ci


recoupe le cercle en A .
Mais les calculs faits ci-dessus donnent e n prime l'expression analytique de
tous les points rationnels cherchés en fonction d'un paramètre unique.

Théorème 3.

En dehors du point (- 1 ; 0) , les points rationnels du cercle unité


2
, . 1 r 2r
2
-

sont tous donnes par les relations x = et y =


1 + r
-- 2
1 + r
où r est un nombre rationnel.

Si on fait tendre r vers ±oo dans ces expressions, on trouve x = -1 et y = 0


qui est le point laissé de côté dans l'énoncé du théorème. Il ne serait donc pas
tout à fait absurde de considérer que le symbole oo représente un nombre
rationnel . . .
m
S i on remplace r par une fraction où m et n sont deux entiers (et où
n
n * 0) , alors les expressions précédentes s'écrivent :

1 49
I .D . 2

1 - c; Y n
2
-m 2 2 ( ;) 2mn
n2 + m 2 n2 + m2
X = et y=

l + c ;Y l+ c ;Y
. .
alors le pomt rat10nnel
n
2
( m
2
- 2mn )
Inversement, si on considère deux entiers m et n , non simultanément nuls,
.
est un pomt du cercle
n + m
2 2 , 2 2
n + m
unité : on se ramène aux expressions précédentes si n et 0 et si n = 0 on
trouve en prime le point (-1 ; 0) qui n'a plus rien d'exceptionnel .
En échangeant m et n, on obtient le résultat suivant :

Théorème 4.

Les points rationnels du cercle unité sont tous donnés par les
relations
2 2
m - n 2mn
X=
m +n
et y = 2
m + n
2 2 2

où m et n sont des entiers quelconques non simultanément nuls.


On ne limite pas la généralité de ce résultat en supposant en outre
m et n prem iers entre eux .

Compte tenu du théorème 1 ci-dessus, i l ne devrait pas être di ffic ile de


retrouver, à partir de là, les résultats du paragraphe précédent bien qu'on
puisse s'étonner de voir le présent théorème donner tous les points rationnels
cherc hés par une seule formule alors que dans les théorèmes 1 et 2 du
paragraphe 1 , il y avait deux séries de solutions.
I l est clair en tout cas �ue le théorème 4 permet d'affirmer sans plus de
calculs que les triplets (m - n , 2mn , m2 + n ) constituent une première
2 2

série de solutions de l'équation de Pythagore lorsque m et n sont des entiers


quelconques non simultanément nuls. Mais la solution (4 , 3 , 5) ne fait pas
partie de cette série en dépit du fait que si on prend m 3 et n 1 dans les
(� �).
= =

formules du théorème 4, on obtient cependant le point rationnel ,

On est ainsi contraint d'ajouter arbitrairement la seconde série de solutions


(2mn , m - n , m + n ) .
2 2 2 2

1 50
l.D. 2

Montrons alors directement, à partir du théorème 4, qu'on a ainsi toutes les


solutions possibles, à un facteur multiplicatif d près.
Pour cela, considérons un triplet (x, y, z) d'entiers quelconques tels que
x2 + y = z 2 . Comme le cas x = 0 , y = 0 , z = 0 rentre dans les cas
2

précédents (avec d = 0 ou simplement avec m n = 0) , on peut supposer


(x, y, z) "# (0, 0, 0), ce qui revient à dire que z "# O. Si on appelle d le PGCD
=

de x, y, z, on peut écrire x = dx', y = dy' et z = dz' où x', y' , z' sont premiers
dans leur ensemble. Le triplet (x', y', z ') est alors une solution primitive de
l'équation de Pythagore (car d "# 0) et par suite les nombres x', y'., z' sont
2
non seulement premiers dans leur ensemble, mais aussi premiers deux à
deux.

Appliquons alors le théorème 4 au point (� 7) , : il existe d'après ce


théorème deux entiers m et n, qu'on peut supposer premiers entre eux (ce qui
implique qu'ils ne sont pas simultanément nuls) tels que
x'
2
m - n
2
i_ 2mn
2 + 2
_

et 2 + 2
z' m n z' m n
fane
• sur m et n entra.me
A que 1 es nom bres m - n et m + n
'
L'h ypot h ese 2 2 2 2
2 2
(resp. 2mn et m + n ) n'ont pas de diviseurs premiers impairs communs. En
effet si p était un nombre premier impair divisant à la fois m - n
2 2
et
m + n , � diviserait la somme de ces nombres qui est 2m , et leur
2 2
2 2
différence 2n . Comme p est impair, p diviserait nécessairement m et n ,
donc aussi m et n, ce qui est absurde car m et n sont premiers entre eux .
On aboutirait à la même contradiction mais par des voies légèrement
différentes si on supposait que p divise à la fois 2mn et m + n2 .
2

Il résulte de tout cela que les seules possibilités de simplification des


2 2
. . . .
2 + 2 sont des s1mphf1cat1ons par 2. On va
. m - n 2mn
fracuons 2 2 et
m + n m n
alors distinguer deux cas.
S upposons m et n de parité différente. Alors dans les égalités :
x'
2
m - n
2
i_ 2mn
2 + 2
_

et ' 2 + 2
z' m n z
m n
il n'y a que des fractions irréductibles. On en déduit 'hu'au signe près, on peut
2 2 2
identifier x' à m - n , y' à 2mn et z ' à m + n (cf. I .B . l , th . 8). S i

151
I .D.2
'
z = m 2 + n 2 , on a nécessairem ent x ' = m 2 - n 2 et
'
y = 2mn et si
z ' = - m - n , on a x ' = - ( m - n ) et y ' = - 2 mn.
2 2 2 2

Ainsi (x', y ' , z') = ± (m - n , 2mn, m + n ) et la solution (x , y , z)


2 2 2 2
rentre bien dans l 'une des deux catégories de solutions données ci-dessus.
S upposons m et n de même parité. Comme m et n sont premiers entre eux ,
cela veut dire que m e t n sont impairs. Par suite 2 est un diviseur commun
de m - n et m + n (resp. de 2mn et m + n ). C'est en fait le PGCD de
2 2 2 2 2 2
ces nombres car non seulement i l n'y a pas de diviseur premier i mpair
2 2
. m +n . . .

commun, mais le nombre est 1mpair. Pour le voir, on peut


2
observer (en attendan t les raisonnements par con�ruence) que m est de la
2
2 2
forme 4k+ l , n de la forme 4 i + l et donc m + n de la forme 4(k+ i)+2,
m +n
2 2
ce qui donne bien un nombre impair pour ----
2
Ainsi, on a les égalités :
2 2
m -n
x' 2
et y_ mn
' 2 2 '
z
m + n z

premier cas, que ( x ' y ' , z ') -


. _

, - +
_
(
où toutes les fractions sont irréductibles . On en conclut, com me dans le
2
m - n
2
, mn ,
2
m + n
2 p
. our
)
2 2
voir que, malgré les apparences, cela rentre dans les solutions déjà connues,
posons a = m+n el b = m-n. Cela nous donne deux entiers pairs pour
lesquels on a
a + b = 2m + 2n , a - b = 4mn et ab m - n .
2 2 2 2 2 2 2 2
() ()
=

2 2 2 2
a 2 b 2
= 2 2 2 , mn = - 2
m -n a b m + n

(�) ( �) 2
On a donc et
2 2
2
+
2
, ce qui prouve que (x', y' , z') est bien du type voulu.
CQFD .
La méthode géométrique précédente s'applique évidemment à d'autres cercles
que le cercl e unité. S i on consi dère par exemple le cercl e d ' équation
x 2 + y 2 = 2 (dont le rayon est curieusement un irrationnel) , on voit
i mmédiatement que les points (± 1 ; ±1) sont sur ce cercle. Si on fait passer

1 52
l.D . 2

par un de ces points arbitrairement choisis toutes les droi tes "rationnelles" du
plan, on en déduit la détermination complète des points rationnels du cercle.

( )
le lecteur montrera que ce sont les points de la fonne :
2 2 2 2
m + 2mn - n n + 2nm - m
2 2 , 2 2
m + n n + m

où m et n sont des entiers quelconques (non simultanément nuls). On peut


alors en déduire sans trop de peine les solutions entières de l'équation
2 2 2
x +y = 2z .
En revanche, le cas du cercle x + y = 3 semble à priori plus délicat car pour
2 2
appliquer la méthode qu'on v ient de voir on doit connaître au préalable au
moins un point rationnel . Or ici il n'y a déjà pas de points entiers possibles
et il y a peu de chance qu'on mette la main par tâtonnements sur un point
rationnel. D'ailleurs, il n'y en a pas :

Théorème S.
2 2
Le cercle d'équation x + y 3 n'a pas de points rationnels et
=

2 2 2
l'équation x + y 3z n'a pas de solutions en nombres entiers
mis à part le cas trivial x y = z O.
=

= =

Il est bien clair que les deux assertions du théorème sont équivalentes. On
peut donc se contenter de démontrer la deuxième. S upposons l'espace d'un
instant qu'il existe trois entiers x, y, z non simultanément nuls tel s que
2 2 2
x +y = 3z . Quitte à diviser par le PGCD de ces trois nombres (qui n'est
pas nul) on peut supposer que x, y, z sont premiers dans leur ensemble. Il
est alors impossible que les deux nombres x et y soient pairs car dans le cas
contraire z serait pair également et 2 serait un diviseur commun de x, y, z.
S upposons que x soit pair; alors y et z sont impairs et selon un
2 2
raisonnement déjà fait plusieurs fois, y est de la forme 4k+ 1 et z de la
2
forme 4,e + 1 , tandis que x peut s'écrire 4h. On a donc 4h+4k+ 1 3 (4 ..e + 1 ),
soit 4h+4k- 1 2 ..e = 2, ce qui est absurde : 2 ne peut être m ultiple de 4 .
=

L e raisonnement est l e même si o n suppose y pair.


S upposons x et y impairs; alors z est pair et on a x = 4k+ l , y = 4,e + 1 et
2 2
z2 4h. D'où 4k+ 1 +4 ..e + l 1 2h, ce qui donne la même contradiction. Tous
= =

les cas ayant été épuisés, le théorème est démontré.

1 53
I .D . 2

À partir de là, on peut subodorer qu'un cercle d'équation +


2
x2 y = n (n entier
:.::: 1 ) qui a au moins un point rationnel en admet une infinité .
Ce résultat s'étend en fait à toutes les courbes du second degré pourvu que
celles-ci admettent (dans le repère canonique de IR ) une équation à
2

coefficients rationnels.
Par courbes du second degré, on entend exclusivemen t les ellipses, les
paraboles et les hyperboles du plan, toutes courbes que l'on peut caractériser
(à quelques cas pathologiques près - que nous nous refusons d'envisager) par
des équations du type :
2 2
ax + bxy + cy + dx + ey + f 0 =

où l'un au moins des nombres a, b, c n'est pas nul (cf. [DIX2] , p. 3 45) .

Théorème 6.

Il
S i une courbe du second degré e t à cœfficients rationnels admet un
point rationnel, elle en admet une infinité.

S oit A G:) un point rationnel d'une courbe de ce genre. Que cette courbe

soi t une ellipse, une parabole ou une hyperbole, il est bien connu que toutes
droite qui passe par A recoupe la courbe en un point B (point que l'on
considère comme confondu avec A lorsque la dro ite est par exception
tangente à la courbe) .
S i on suppose que la droite n'est pas parallèle à l 'axe des ordonnées , on peut
écrire son équation sous la forme réduite y = r(x - x 0 ) + y 0 . Si on remplace
y par cette expression dans l'équation ax + bxy + c l + dx + ey + f = 0 de la
2
courbe, on obtient l'équation caractérisant les abscisses des points comm uns
à la courbe et à la droite , équation qui ne peut être que d u second degré et qui
admet par hypothèse la solution x 0 L'«autre» solution x 1 (qui est l 'abscisse
de B) est donnée par une expression que nous renonçons à écrire mais qui

dépend rationnellement des coefficients a, b, c , d, e, f, des nom bres x 0 et y 0


et du coefficient directeur r de la droite. Si ce dernier nombre est rationnel on
en déduit que x1 est aussi rationnel; il en est de même alors de l'ordonnée y 1
de B . Le point B est donc rationnel. Comme sa position ne reste jamais la

1 54
l.D.2

même sur l a courbe lorsque r varie, on obtient une infinité de points


rationnels. CQFD.
La méthode décrite dans la démonstration donne, en outre, dans chaque cas
particulier, la forme générale des points rationnels cherchés.
Si j'en crois Herr Ekkehard Kratzel ( [KR A ] , p. 1 70) , sur toute parabole (à
coefficients rationnels) il y a au moins un point rationnel; il y en a donc
toujours une infinité.
Par contre, le lecteur le vérifiera, il n'y a pas de points de ce genre sur
l'hyperbole x - 2y = 3 : il suffit de reprendre le raiso n nement
2 2
du théorèm e 5. Personnellemen t , je me suis i n tére ssé à l'ell ipse
x - xy + y = 1 : ses points rationnels fournissent les solutions de
2 2
l'équation diophantienne x - xy + y = z qui, dans le cas où les nombres
2 2 2
sont > 0, représentent les trois côtés d'un triangle dont l'un des angles vaut
60°. C'est ainsi que les triplets
( 1 , 1 , 1)
( 8 , 3 , 7)
( 1 5 , 8, 1 3 )
( 3 5 , 24, 3 1 )
correspondent à quatre triangles de ce type.

3. Carrés en progression arithmétique

Ce dernier paragraphe, volontairement court Ue crains de lasser) ,


servira de transition avec le Livre II relatif à Fermat.
Le problème de trouver des carrés en progression arithmétique est
2
assez ancien et sans remonter j usqu'à Diophante (qui donne l 'exemple de 3 1 , .

2 2
4 1 , 49 ) dans le Livre III, problème 7 de ses A rithmétiques) , on le trouve
mentionné dans divers écrits du Moyen-Age.
Au tout début du XII e siècle, Fibonacci, alias Léonard de Pise, est sollicité
pour trouver trois carrés en progression arithmétique dont la raison est de la
2
forme 5n • Les raisonnements qu'i l tient à cette occasion lui permettent
d'écrire un petit livre intitulé le Liber Quadratorum dont une copie a été tirée
de l'oubli au XIX e siècle. Une traduction anglaise récente vient d'ailleurs de
paraître sous le titre fort judicieux de The Book of Squares.

1 55
1.0.3

Le problème général de trouver trois carrés en progression arithmétique est


facile à résoudre avec les méthodes du paragraphe précédent. Dire que trois
2 2 2
carrés x , y , z forment une progression arithmétique, c'est dire que
y2 = 2 (x + z ) . Il s'agit donc de résoudre l'équation diophantienne
1 2 2

x + z = 2y 2 , ce qui peut se faire en déterminant les points rationnels du


2 2

cercle de centre 0 et de rayon 12.


Une autre méth ode consiste à remarquer que x et z doivent avoir néces-
sairement la même parité, de sorte que si on pose u = 2 et v = 2 , on
z+x z-x

obtient deux entiers pour lesquels

2
U + V
2 = l ( ) ( l)
z+x
2
+ z-x
2
1
= l (X2 + Z2 ) = y2

En d'autres termes , (u, v , y) est une solution de l'équation de Pythagore. S i


o n suppose e n outre les nombres x , y, z strictement positifs e t l a suite ( x , y,
z) strictement croissante (cas auquel il est naturel de se lim iter), on obtient
en fait un triangle de Pythagore. On dira que c'est le triangle de Pythagore
2 2
associé à la progression (x , y , z2 ). On notera que les côtés de l'angle droit
sont rangés dans l'ordre décroissant.
Réciproquement, si (u, v, w) est un triangle de Pythagore et si on suppose
u > v, il est associé à une �rogression arithmétique et une seule constituée de
2 2
trois carrés distincts x , y , z rangés dans l'ordre croissant. On doit en effet
2 = u et 2 = v , ce qui
z-x .
prend re y = w et c h 01srr
. . y et z de façon a, avoir
. z+x

donne z = u+v et x = u-v. Pour des raisons géométriques évidentes, on a


u-v < w < u+v et on vérifie sans peine par le calcul que

w = 2
2 1 [ (u-v) 2 + (u+v)2 ] ,

2 2
ce qui prouve que les carrés x2 , y , z sont bien en progres s i on
arithmétique.

Théorème 1.

Il existe une correspondance bijective entre les systèmes de trois


carré s x < y 2 < z en progression arithmétique et les triangles de
2 2
Pythagore (u, v, w) tels que u > v.

156
l.D.3

0n passe des uns aux autres, soit en posant u = 2,v 2 et


. z+x z-x
=

= y (x , y , z étant supposés posi tifs), soit en posant


inversement x = u-v , y = w , z = u+v .
w

S i on part par exemple du triangle (3 , 4, 5), ou plutôt pour respecter l'ordre


2 2
imposé, du triangle (4, 3, 5), on obtient les trois carrés 1 , 5 2 , 7 qui sont
effectivement en progression arithmétique . On trou ve de même avec le
2 2
triangle ( 1 2 , 5 , 1 3), la progression 7 , 1 3 2 , 1 7 .
·

2 2 2
En sens inverse, l'exemple de 3 1 , 4 1 , 49 donné par Diophante
correspond au triangle (4 0 , 9, 4 1).

Remarque.- L'aire du triangle de Pythagore (u, v, w) associé à la progression


x , y , z est 2 uv , s01t 8 (z x ) . c omme 1 a d'ff'
2 2 2 1 . 1 2 2 2 2
- i erence z - x
2 2
représente deux fois la raison de la progression x , y , z 2 , on voit que cette
raison est quatre fois l'aire du triangle.
On peut ajouter que l'aire d'un triangle de Pythagore est toujours un nombre
de la fonne d mn (m - n ) où m et n sont deux entiers de parité différente
2 2 2
(I.D. l , th . 2). C'est donc toujours un entier pair et même un multiple de 6 :
c'est évident si m ou n est un multiple de 3 et si cela n'est pas un petit calcul
2
élémentaire montre que m 2 est de la forme 3k+ l , n de la forme 3,.e +l et
2 2
par suite m - n de la forme 3h.
Ainsi, quand trois carrés sont donnés en progression arithmétique, la raison
est toujours un multiple de 24. On trouve d 'ailleurs 24 exactement pour 1 2 ,
52 , 7 2 .
Dans le problème posé à Fibonacci, on imposait à la raison d'être de la forme
2
5n . Pour avoir un multiple de 24 , il est nécessaire de prendre au moins
n = 12. C'est justement la condition remplie par la solution proposée par
2 2 2
Fibonacci qui est 3 1 , 4 1 , 49 : l'exemple même de Diophante.
Pour simplifier l'énoncé, on peut présenter le problème précédent en termes
de nombres rationnels. Au lieu de chercher une progression arithmétique de
trois carrés entiers dont la raison est de la fonne 5n2 , on peut se contenter de
chercher trois carrés rationnels en progression arithmétique et pour laquelle la
raison est 5. Compte tenu de la remarque faite ci-dessus, il revient au même

1 57
I.D.3

de chercher un triangle rectangle à côtés rationnels dont l'aire est égale à 5.


, lO
Dans 1 , exemp1 c d e F.b . 1 e tnang 1e a pour cotes 3 , 2 et 6 .
3 41
i onacc1,
'

Comme le remarqua Fibonacci en concl usion, d'autres nombres que 5 ont la


même propriété, mais pas tous, loin de là. Cela conduit au célèbre "problème
des nombres congruents".
On dit qu'un entier c ::::: 1 est c o n g ru e n t s'il existe une progression
arithmétique de raison c constituée de trois carrés rationnels.
On se l i m i te volontairement aux entiers car si on étendait la défin ition
précédente aux nombres rationnels, on verrait faci lement que la "congruence"
:/. 0 revient à la "congruence" de l 'entier mn.
m
d'un rationnel
n

Théorème 2.

Si c est un entier ::::: 1 , les propriétés suivantes sont équivalentes :


(i) c est un nombre congruent.
(ii) Il ex iste un triangle rectangle à côtés rationnels dont l'aire est
mesurée par le nombre c.
(iii) Il ex iste une progression arithmétique consti tuée de trois
carrés entiers dont la raison est de la forme cn 2 où n est un
entier non nul .
(iv) I l ex iste un triangle de Pythagore dont l'aire (nécessairement
non nulle) est de la forme cn 2 .

On peut aussi exprimer (i) en disant qu'il existe un rationnel r tel que r2 - c
et r2 + c soient tous deux des carrés rationnels .
On peut de m ê m e exprimer (i ii) en disant qu'il ex iste des entiers x et y tels
que x2 - cy 2 et x 2 + cy 2 s01ent
. d eux carres
, enllers
. d.1stmcts.
.
Il est facile de voir que (i) est équivalen t à (iii) : on passe de (i) à (iii) en
réduisant tous les carrés rationnels au m ême dénominateur et en m ultipliant
tout par ce dénom inateur commun; on passe de (iii) à (i) en divisant par n 2 .

On voit de même que (ii) et (iv) sont équivalents.

1 58
l.D.3

Reste à véri fier que (iii) et (iv) sont équivalents.


( i i i) ==> (iv). S'il exi ste une progressi on arithmétique consti tuée de troi s
2
entiers carrés et dont la raison est cn , l'aire du triangle de Pythagore associé
est fois plus petite (voir remarque qui suit le théorème 1 ) . Si on multiplie
4
les di mensions du triangle par 2, on obtient un nouveau triangle de
2
Pythagore, d'aire cn .
(iv) ==> (iii). Si (u, v, w) est un triangle de Pythagore dont l ' aire est cn .
2
Alors en posant x = u-v , y =w, z = u+v, on obtien t une progression
cm avec m = 2 n. . CQFD
2 2 2 2 2
, .
ar1. th met1que .
x , y , z dont l a raison est 4 en =

2
S i c est u n nombre congruent, il e n est d e même d e cn si n e st un entier non
c 2
nul quelconque; il en est de même de si n est un carré (entier) non nul
n2
divi san t c. C'est pourquoi , dans la pratique, on ne recherche les nombres
congruents que parmi les nombres qui ne sont divisibles par aucun carré autre
que 1 - ce qu'on appelle, avec un léger abus de langage, les nombres sans
facteurs carrés.
D'après le théorème 2 (iv) , on obtient théoriquement tous les nombres
congruents sans facteurs carrés en calculant systématiquement l'aire de tous
les triangles de Pythagore et en divisant chaque résultat par le plus grand
carré possible. Il est facile de voir qu'on peut se contenter d'appliquer cette
méthode aux triangles primitifs, de sorte que l ' aire en question est de la forme
2 2
uv (u - v ) où u et v sont des entiers de parité di fférente, premiers entre eux ,
tels que u > v. Avec ma calc ulatrice, en classant les couples (u, v) selon les
valeurs de u+ v, j 'ai trouvé j u squ'à u+v = 25 , les nombres congruen ts
s u i vants :
6 15 30 210 210 21 14 70 5
I IO 1 54 330 23 1 330 429 286 2730 65
3 90 546 27 30 4 290 1 155 210 255 6630 7 854
22 1 1 785 56 1 0 3 5 70 34 646 9690 74 1 3 1 35
1 330 1 03 74 1995 1254 1 90 1 995 1 3566 1 155 4 64 1
273 0 23 1 0 1 0 1 26 1 8 3 54 5 8 65 6555 2990 25 8 06 161
48 30 1610 8970 7 59 1 38 966 1 25 4 35 7 15
1 48 2 1 54 34 7 30 4 62 39

1 59
l .D . 3

Vu le caractère erratique des résultats, on comprendra que je ne suis pas allé


plus loin. On notera que, outre 5 et 6 qui apparaissent assez vi te (e t qui
éta ient déjà connus), le nombre 7 est aussi congruent : il est fourni par
u 1 6 et v 9, ce qui correspond à un triangle rectangle à côtés rationnels,
,
= =

egaux a' 5 , et 60
24 35 337
12

En fait, d'après une table de nombres congruents publiée par la revue "Pour
la S cience" en juillet 1 987, le nombre congruent suivant est 1 3 : il aurait
fallu pousser plus loin des calculs pour le trouver . . . Cette revue cite aussi
comme exemple le nombre 1 57 mais, selon elle, le triangl e rec tangle
" rationnel" le plus simple qui donne une aire égale à ce nombre possède des
côtés monstrueux :
6 803 298 487 826 4 3 5 05 1 2 1 7 540
4 1 1 3 4 0 5 1 9 2 2 7 7 1 6 1 4 9 3 8 3 203
4 1 1 3 4 0 5 1 9 227 7 1 6 149 3 8 3 2 0 3
2 1 666 5 5 5 69 3 7 1 4 76 1 3 09 6 1 0
et comme hypoténuse :
2 24 4 03 5 1 7 7 04 3 3 6 9 6 9 9 24 5 5 7 5 1 3 0 9 0 674 8 6 3 1 60 94 8 4 7 2 04 1
8 9 1 2 3 3 2 268 928 8 5 9 5 8 8 025 5 3 5 1 7 8 967 1 63 570 0 1 6 480 830

Les ceusses qui aimeraient savoir l e pourquoi et l e comment d e cette kyriel le


de chiffres peuvent toujours écrire à M. Don Zagier, Max-Planck-Institut für
M a them atik, Gotûried-Claren-S trasse 26, 5300 Bonn 3 , Allemagne. C'est un
spécialiste de la question, et moi , je n'ai pas que çà à faire !

S ignalons pour terminer que l'on verra dans le prochain Livre, consacré à
Fermat, que n i le nombre 1 , ni le nombre 2 ne sont congruen ts : c'est une
application de la c élèbre méthode de descente infinie don t Fermat est
l'inventeur. Amen.

(->· ......
C. (
,•'
,_ --�-

r •I •

1 60
Programmes pour calculatrice de poche

Le langage utilisé, très proche du "basic " devrait être facile à transcrire dans
d'autres systèmes analogues.

1. Recherche des nombres premiers à partir d'un entier N donné


(ici N = 3)
N= l
LBL O (début de la première boucle)
N = N+2
C = l : R = -{t:i
LBLl (début de la seconde boucle)
C = C+2
C > R => GOTO 2 �
Frac(N/C) = 0 => GOTO 0 �
GOTO 1
LBL 2
N: "PREM IER" A GOTO 0

2. Décomposition en facteurs premiers d'un entier N donné

M=N
P= l
LBLO
P=PX 2 recherche de la plus grande
Frac (N/P) 0 => GOTO 0 � puissance de 2 divisant N.
P = P/2 : P = 1 => GOTO 1 �
=

P : FACTE UR Â N = N/P
" "

LBLl

161
c :::: 1
R = -fr:i
LBL 2
C = C+2
C>R => GOTO 3 D. recherche des
Frac (N/C) -t:- 0 => GOTO 2 D. facteurs premiers
C : "FACTEUR" .à impairs .
N = NIC : R = -f"N°: C = C-2 : GOTO 2
LBL 3
N : "FACTEUR" .à M : "TERMINE " .à

3. Calcul d ' un PG CD

A : B les deux nombres son t A et B


A=B => GOTO 1 D.
A> B => GOTO 0 D. on s'arra nge pour que A > B
C = B : B =A : A=C
LBL O
C=A - Int (A/B) x B
A=B : B=C divisions successives
B =0 => GOTO 1 D.
GOTO O
LBL 1
A : "PGCD" .à

1 62
4. Triangles de Pythagore

Ce programme donne tous les triangles de Pythagore dont l'hypoténuse est


inférieure ou égale à 2000 (dans le désordre)
V=O
LBL O
V=V + l
2
2V > 2000 � GOTO 2 �
U=V-1
LBL 1
U=U+2
s= u + v
2 2

S > 2000 � GOTO 0 �


Frac (U/2 + V/2) = 0 � GOTO 1 �
A=U:B=V
LBL3
C=A-B x Int (A/B)
A=B : B=C
B ;t 0 � GOTO 3 �
A ;t
1 � GOTO 1 �
X = 2UV : Y = U - V
2 2

X>Y�Z=Y :Y=X : X =Z�


X ..â. Y ..â. Z ..â.
D= l
LBL 4
D=D+ l
DS > 2000 � GOTO 1 �

DX ..â. DY ..â. DS ..â.


GOT0 4
LBL 2
"TERMINE" ..â.

1 63
Nombres premiers et nombres composés de 1 à 2 000

1 26 51 76 101 X 1 26
2 X 27 52 77 1 02 1 27 X
3 X 28 53 X 78 1 03 X 1 28
4 29 X 54 79 X 1 04 1 29
5 X 30 55 80 105 130
6 31 X 56 81 1 06 131 X
7 X 32 57 82 1 07 X 1 32
8 33 58 83 X 1 08 133
9 34 59 X 84 1 09 X 1 34
10 35 60 85 1 10 135
11 X 36 61 X 86 111 1 36
12 37 X 62 87 1 12 137 X
13 X 38 63 88 1 13 X 1 38
14 39 64 89 X 1 14 1 39 X
15 40 65 90 1 15 140
16 41 X 66 91 1 16 14 1
17 X 42 67 X 92 1 17 142
18 43 X 68 93 1 18 143
19 X 44 69 94 1 19 144
20 45 70 95 1 20 145
21 46 71 X 96 121 146
22 47 X 72 97 X 122 147
23 X 48 73 X 98 1 23 148
24 49 74 99 1 24 149 X
25 50 75 100 125 1 50

1 64
X 1 76 20 1 226 25 1 X 276
X
151
1 52 1 77 202 227 X 252 277

178 203 228 253 278


1 53
1 54 1 79 X 204 229 X 254 279

1 80 205 230 255 280


X
1 55
1 56 181 X 206 23 1 256 28 1

X 1 82 207 232 257 X 282


X
1 57
1 58 1 83 208 233 X 258 283

1 84 209 234 259 284


1 59
185 210 235 260 285
1 60
161 1 86 21 1 X 236 26 1 286

1 87 212 237 262 287


1 62
X 188 213 238 263 X 288
1 63
164 1 89 214 239 X 264 289

1 90 215 240 265 290


1 65
1 66 191 X 216 24 1 X 266 29 1

X 1 92 217 242 267 292


X
1 67
1 68 1 93 X 218 243 268 293

1 94 219 244 269 X 294


1 69
195 220 245 270 295
1 70
196 22 1 246 27 1 X 296
171
1 72 1 97 X 222 247 272 297

1 73 X 198 223 X 248 273 298

1 74 1 99 X 224 249 274 299

200 225 250 275 300


1 75

1 65
301 326 351 376 40 1 X 426
3 02 327 352 377 402 427
3 03 328 353 X 378 403 428
304 329 3 54 379 X 404 429
305 330 355 380 405 430
306 331 X 356 38 1 406 43 1 X
3 07 X 332 357 382 407 432
308 333 358 383 X 408 433 X
3 09 3 34 359 X 384 409 X 434
3 10 335 360 385 410 435
311 X 336 361 386 411 436
3 12 337 X 3 62 387 412 437
313 X 338 363 388 413 438
3 14 339 364 389 X 414 439 X
315 340 365 390 415 440
3 16 34 1 366 391 416 44 1
317 X 342 367 X 392 417 442
3 18 343 368 393 418 443 X
3 19 344 369 394 419 X 444
320 345 370 395 420 445
321 346 371 396 42 1 X 446
322 347 X 372 397 X 422 447
323 348 373 X 398 423 448
324 349 X 374 399 424 449 X
325 3 50 375 400 425 450

1 66
451 476 501 526 551 576
452 477 502 527 552 577 X
453 478 503 X 528 553 578
454 479 X 504 529 554 579
455 480 505 530 555 580
456 481 506 53 1 556 58 1
457 X 482 507 532 557 X 582
458 483 508 533 558 583
459 484 509 X 534 559 584
460 485 510 535 560 585
46 1 X 486 511 536 561 586
462 487 X 5 12 537 562 587 X
463 X 488 513 538 563 X 588
464 489 5 14 539 564 589
465 490 515 540 565 590
466 49 1 X 516 54 1 X 566 59 1
467 X 492 517 542 567 592
468 493 518 543 568 593 X
469 494 519 544 569 X 594
470 495 520 545 570 595
471 496 52 1 X 546 57 1 X 596
472 497 522 547 X 572 597
473 498 523 X 548 573 598
474 499 X 524 549 574 599 X
475 500 525 550 575 600

1 67
Il fallait s'y attendre : mon éditeur a jugé trop coûteux d'aller ainsi jusqu'à
2000 . J'ai obtenu que l'on imprime quand même la dernière centaine. Le
lecteur complètera . . .

1 90 1 X 1921 1 94 1 1961 1981


1 902 1 922 1 942 1 962 1 982
1 903 1 923 1 943 1 963 1 982
1 904 1 924 1 944 1 964 1 984
1 905 1 925 1 945 1 965 1 985
1 906 1 926 1 946 1 966 1 986
1 907 X 1 927 1 947 1 967 1 987 X
1 908 1 928 1 948 1 968 1 988
1 909 1 929 1 949 X 1 969 1 989
1910 1930 1 950 1 970 1 990
191 1 193 1 X 1 95 1 X 1971 1 99 1
1 9 12 1 932 1 952 1 972 1 992
1913 X 1933 X 1 953 1 973 X 1993 X
1 9 14 1 934 1 954 1 974 1 994
1915 1935 1 955 1 975 1 995
1 9 16 1 93 6 1 956 1 976 1 996
1917 1937 1 957 1 977 1 997 X
1918 1 93 8 1 958 1 978 1 998
1919 1939 1 959 1 979 X 1999 X
1 920 1 940 1 960 1 980 2000

On voit ainsi qu'il y a 1 696 nombres composés et surtout 303 nombres

1 68
premiers dont nous donnons ci-après la liste complète, en exclusivité :

2 101 23 3 383 547 70 1


3 1 03 239 389 557 709
5 1 07 24 1 397 563 719
7 1 09 25 1 40 1 569 727
11 1 13 257 409 571 733
13 1 27 263 419 577 739
17 131 269 42 1 587 743
19 1 37 27 1 43 1 593 75 1
23 1 39 277 433 599 757
29 149 28 1 439 60 1 76 1
31 151 283 443 607 769
37 1 57 293 449 613 773
41 1 63 307 457 617 787
43 1 67 311 461 619 797
47 1 73 313 463 63 1 809
53 1 79 317 467 64 1 81 1
59 181 33 1 479 643 82 1
61 191 337 487 647 823
67 193 347 49 1 653 827
71 197 349 499 659 829
73 1 99 353 503 66 1 839
79 21 1 359 509 673 853
83 223 367 521 677 857
89 227 373 523 683 859
97 229 379 54 1 69 1 863

1 69
877 1 05 1 1 237 1 447 1 609 1 80 1
88 1 1 06 1 1 249 1 45 1 1613 181 1
883 1063 1 259 1 45 3 1619 1 823
887 1 069 1 277 1459 1 62 1 1831
907 1 087 1 279 147 1 1 627 1847
911 109 1 1 283 1 48 1 1 637 1 861
919 1 093 1 289 1483 1 657 1 867
929 1097 1 29 1 1 487 1 663 1871
937 1 1 03 1 297 1 489 1 667 1 873
94 1 1 1 09 1 30 1 1493 1 669 1 8 77
947 1 1 17 1 303 1 499 1 693 1 879
953 1 1 23 1 307 151 1 1 697 1889
967 1 1 29 13 1 9 1 523 1 699 1 901
97 1 1 151 1 32 1 1 53 1 1 709 1 9 07
977 1 1 53 1 327 1 543 1 72 1 1913
983 1 1 63 1 36 1 1 549 1 723 1 93 1
99 1 1 171 1 367 1 55 3 1 73 3 1 933
997 1 181 1 373 1 559 1 74 1 1 949
1 009 1 1 87 1 38 1 1 567 1 747 1951
1013 1 1 93 1 399 1 57 1 1 753 1 973
1019 1 20 1 1409 1 579 1 759 1 979
1 02 1 12 1 3 1423 1 583 1 777 1 987
1 03 1 1217 1427 1 597 1 783 1 993
1 03 3 1 223 1 429 1 60 1 1 787 1 9.1P
1 039 1229 1433 1 607 1 7 89 1 999
1 049 123 1 1439

On notera que le plus grand écart entre deux nombres premiers consécutifs est

1 70
(dan s cette l iste) de 34 (entre 1 327 et 1 36 1 ) et qu'il y a 6 1 pai res de nombre:
premiers j umeaux :

, 5 239 , 24 1 821 , 823 1 427 , 1 429


,.,

.)

5, 7 269 , 27 1 827 , 829 145 1 , 1453


1 1, 13 28 1 , 283 857, 859 148 1 , 148 3
17, 19 311, 313 88 1 , 883 1487 , . 1489
29, 31 347 , 349 1019, 1 02 1 1 607 , 1 609
4 1 , 43 4 1 9 , 42 1 1 03 1 , 1 03 3 1619, 1 62 1
59, 61 43 1 , 433 1 049 , 1 05 1 1 667 , 1 669
71, 73 46 1 , 463 1 06 1 , 1 063 1 697, 1 699
101 , 1 03 52 1 , 523 1 09 1 , 1 093 1 72 1 , 1 723
107 , 1 09 5 69 , 571 1 15 1 , 1 153 1 787 , 1 789
137, 139 599 , 60 1 1 229, 1 23 1 1 87 1 , 1 873
149, 151 617, 619 1 277 , 1 279 1 877 , 1 879
179, 181 64 1 , 643 1 289 , 1 29 1 1 93 1 , 1933
191, 193 6 5 9 , 66 1 1 30 1 , 1 303 1 949, 1 95 1
197, 1 99 809 , 811 1 3 19, 1 32 1 1 997, 1 999
227 , 229
Décomposition en facteurs premiers des nombres de 1 à 2 000

1 26 = 2. 1 3 51 = 3.17 2
76 = 2 .19
2=2 27 = 3 3 2
52 = 2 . 1 3 77 = 7 . 1 1
3=3 2 5 3 = 53 78 = 2.3 . 1 3
28 = 2 . 7
4 = 22 29 = 29 54 = 2.3
3 79 = 79
5=5 30 = 2 . 3 .5 55 = 5. 1 1 80 = 24 . 5
6 = 2.3 31 = 31 56 = 23 . 7 8 1 = 34
7=7 5 57 = 3 . 1 9 8 2 = 2.4 1
32 = 2
8 = 23 33 = 3. 1 1 5 8 = 2.29 83 = 83
2 34 = 2. 1 7 5 9 = 59 2
9=3 84 = 2 . 3 . 7
1 0 = 2.5 3 5 = 5.7 60 = 22 . 3 . 5 85 = 5 . 1 7
11 = 11 2 2 61 = 61 86 = 2.43
36 = 2 . 3
12 = 22 .3 37 = 37 62 = 2.3 1 87 = 3 .29
13 = 1 3 3 8 = 2. 1 9 2 3
63 = 3 .7 88 = 2 . 1 1
14 = 2.7 39 = 3 . 1 3 26 89 = 89
3 6645 = 5 . 1 3 2
=
15 = 3 . 5 40 = 2 . 5 90 = 2 . 3 . 5
1 6 = 24 41 = 41 66 = 2.3 . 1 1 91 = 7. 1 3
17 17 4 2 = 2 . 3 .7 67 = 67 2
= 92 = 2 .23
1 8 = 2.3 2 43 = 43 68 = 22 . 1 7 93 = 3 . 3 1
44 = 2 . 1 1
19 = 19 2 69 = 3 .23 94 = 2.47
20 = 2 2 . 5 45 = 3 2 . 5 7 0 = 2.5.7 95 = 5 . 1 9
21 = 3.7 46 = 2.23 71 = 71 5
96 = 2 . 3
2 2 = 2. 1 1 47 = 47 3 2 97 = 97
72 = 2 .3
2
23 = 23 48 = 24 . 3 7 3 = 73 98 = 2.7
3 2
24 = 2 . 3 49 = 7 74 = 2.37 99 = 3 2 . 1 1
2 2 2 2 2
25 = 5 50 = 2.5 75 = 3 . 5 1 00 = 2 . 5

1 72
101 = 101 2 151 = 151 4
1 26 = 2 . 3 . 7 1 76 = 2 . 1 1
102 = 2.3 . 1 7 1 27 = 127 1 52 = 23 . 1 9 1 77 = 3 . 59
2
1 03 = 1 03 1 28 = 27 1 53 = 3 . 1 7 1 7 8 = 2.89
3 1 29 = 3 .43 1 54 = 2.7. 1 1 1 79 = 1 79
104 = 2 . 1 3
1 05 = 3.5.7 1 30 = 2.5 . 1 3 1 5 5 = 5.3 1 2 2
1 80 = 2 .3 . 5
1 06 = 2.53 131 = 131 2 181 = 181
1 56 = 2 . 3 . 1 3
1 07 = 1 07 2 1 57 = 157 1 82 = 2.7. 1 3
1 32 2 . 3 . 1 1
=

2
1 08 = 2 .3 3 133 = 7.19 1 5 8 = 2.79 183 = 3 . 6 1
1 09 = 1 09 1 34 = 2.67 159 = 3.53 3
1 84 = 2 . 2 3
1 10 = 2.5. 1 1 3 5 1 85 = 5 . 3 7
1 35 = 3 . 5 1 60 = 2 . 5
1 1 1 = 3 .3 7 3 1 6 1 = 7.23 1 86 = 2.3 . 3 1
1 36 = 2 . 1 7
1 12 = 24 . 7 1 37 = 1 3 7 1 62 = 2.3 4 1 87 = 1 1 . 1 7
1 13 = 1 13 138 2.3 .23 1 63 = 163 2
= 1 88 = 2 .47
2
1 14 = 2 .3 . 1 9 1 39 139
= 164 = 2 .4 1 1 89 = 3 3 . 7
1 1 5 = 5 .23 2 1 65 = 3 . 5 . 1 1 1 90 = 2.5 . 1 9
140 = i . 5 . 7
2 1 4 1 = 3 .47 1 66 = 2.83 191 = 191
1 16 = 2 .29
2
1 17 = 3 . 1 3 142 = 2.7 1 1 67 = 167 1 92 = 26 . 3
1 18 2.59 143 = 1 1 . 1 3 3 1 9 3 = 1 93
= 1 68 = 2 . 3 . 7
144 = i4 . 3
1 19 = 7.17 2 2 1 94 = 2.97
1 69 = 1 3
1 20 = 2 3 . 3 . 5 145 = 5 .29 1 70 =2.5. 1 7 1 9 5 = 3 .5 . 1 3
1 96 = 2 .7
2 2
121 = 1 12 146 = 2.73 1 7 1 = 32 . 1 9
1 72 = i .43
1 22 = 2.6 1 2 197 = 1 97
147 = 3 . 7
1 23 = 3 .4 1 2 1 73 = 173 2
148 = 2 . 3 7 1 9 8 = 2.3 . 1 1
2 149 = 149 1 74 = 2.3 .29 199 = 1 99
1 24 = 2 .3 1
2 2
1 25 = 5 3 1 50 = 2.3 . 5 175 = 5 . 7 200 = 23 .5 2

1 73
20 1 = 3 .67 226 = 2 . 1 1 3 25 1 = 25 1 276 = 2 . 3 . 2 3
2

202 = 2. 1 0 1 227 = 227 2 2 277 = 277


252 = 2 . 3 . 7
203 = 7 .29 2 253 = 1 1 .23 278 = 2. 1 3 9
228 = 2 . 3 . 1 9
2 229 = 229 254 = 2 . 1 27 2
2 04 = 2 . 3 . 1 7 279 = 3 . 3 1
205 = 5 .4 1 230 = 2.5 .23 255 = 3 . 5 . 1 7 3
280 = 2 . 5 . 7
206 = 2. 1 03 23 1 = 3 .7 . 1 1 8 28 1 = 28 1
256 = 2
2 3 257 = 257 282 = 2.3 .47
207 = 3 .23 232 = 2 . 29
208 = 24 . 1 3 2 3 3 = 23 3 258 = 2 . 3 .43 283 = 283
209 = 1 1 . 1 9 2 259 = 7.37 2
234 = 2 . 3 . 1 3 284 = 2 .7 1
2 10 = 2 . 3 .5 .7 235 = 5 .47 2 285 = 3 .5 . 1 9
260 = 2 . 5 . 1 3
211 = 211 2 2 286 = 2 . 1 1 . 1 3
236 = 2 . 59 26 1 = 3 . 29
2 237 = 3 .79 262 = 2 . 1 3 1 287 = 7 . 4 1
212 = 2 .53
2 13 = 3 .7 1 2 3 8 = 2.7 . 1 7 263 = 263 5 2
288 = 2 .3
2 1 4 = 2 . 107 239 = 239 264 = 23 . 3 . 1 1 2
289 = 1 7
2 1 5 = 5 .43 4 265 = 5 . 5 3 290 = 2 . 5 . 29
240 = 2 . 3 . 5
3
2 1 6 = 2 .3 3 24 1 = 24 1 266 = 2.7 . 1 9 29 1 = 3 . 9 7
292 = 2 . 7 3
2 1 7 = 7.3 1 2 267 = 3 . 89 2
242 = 2. 1 1
2 1 8 = 2 . 1 09 5 2 293 = 293
243 = 3 268 = 2 .67
2 1 9 = 3 .73 2 269 = 269 2
244 = 2 . 6 1 294 = 2 . 3 . 7
2 2
220 = 2 .5 . 1 1 245 = 5 . 7 270 = 2.3 3 . 5 295 = 5 . 5 9
22 1 = 1 3 . 1 7 246 = 2 . 3 .4 1 27 1 = 27 1 296 = 23 . 3 7
222 = 2 . 3 . 3 7 247 = 1 3 . 1 9 272 = 24 . 1 7 297 = 3 3 . 1 1
223 = 223 3 273 = 3.7. 1 3 298 = 2 . 149
248 = 2 . 3 1
5
224 = 2 .7 249 = 3 . 83 274 = 2. 1 3 7 299 = 1 3 .2 3
2 2 2 2 2
225 = 3 . 5 250 = 2 . 5 3 275 = 5 . 1 1 300 = 2 . 3 . 5

1 74
3
3 0 1 = 7 .43 326 = 2. 1 63 35 1 = 3 3 . 1 3 376 = 2 . 47
302 = 2. 1 5 1 327 = 3 . 1 09 5 377 = 1 3 .29
352 = 2 . 1 1
303 = 3 . 1 0 1 3 353 = 353 3
328 = 2 .4 1 378 = 2.3 . 7
3 04 = 24 . 1 9 329 = 7 .47 354 = 2.3 .59 379 = 379
305 = 5.61 330 = 2.3 . 5 . 1 1 355 = 5.7 1 2
3 80 = 2 . 5 . 1 9
356 = i . 89
2 3 3 1 = 33 1 3 8 1 = 3 . 1 27
306 = 2.3 . 1 7
332 = 2 . 8 3
307 = 307 2 357 = 3.7.17 382 = 2. 1 9 1
333 = 3 . 37
2 2 358 2 . 1 79 383 = 383
308 = 2 . 7. 1 1 =

309 = 3 . 1 03 3 34 = 2 . 1 67 359 = 359 3 84 = 27 . 3


2
3 1 0 = 2.5.3 1 335 = 5 .67 360 = 2 3 .3 . 5 385 = 5.7. 1 1
311 = 31 1 3 36 = 24 . 3 . 7 361 = 19
2 386 = 2. 1 93
3 337 = 337 362 = 2. 1 8 1 2
3 12 = 2 . 3 . 1 3 387 = 3 .43
313 = 313 2 2 2
338 = 2. 1 3 363 = 3 . 1 1 388 = 2 .97
3 14 = 2. 1 57 339 = 3 . 1 1 3 2 389 =389
364 = 2 . 7 . 1 3
2 2 365 = 5.73 390 = 2. 3 . 5 . 1 3
3 15 = 3 .5.7 340 = 2 . 5 . 1 7
3 16 = 22 .79 34 1 = 1 1 .3 1 366 = 2 . 3 .6 1 39 1 = 1 7 .23
2 2
317 = 317 342 = 2.3 . 1 9 367 = 367 392 = 2 3 .7
3 1 8 = 2.3.53 3 368 = 24 .23 393 = 3 . 1 3 1
343 = ?
3 1 9 = 1 1 .29 344 = 23 .43
2
369 = 3 .4 1 394 = 2. 1 97
320 = 2 6 . 5 3 4 5 = 3 . 5 .23 370 = 2. 5 .37 395 = 5 .79
32 1 = 3 . 107 346 = 2. 1 73 37 1 = 7.53 396 = i .3 2 . 1 1
322 = 2.7.23 347 = 347 372 = i . 3 .3 1 397 = 397
323 = 1 7 . 1 9 2 373 = 373 398 = 2. 1 99
348 = 2 . 3 .29
2
324 = 2 .3 4 349 = 349 374 = 2. 1 1 . 1 7 399 = 3 .7. 1 9
2 2 2
325 = 5 . 1 3 350 = 2.5 . 7 375 = 3 . 5 3 400 = 24 .5

1 75
Et, pour les mêmes raisons que précemment, la dernière centaine :

)01 = 1 90 1 2 1 9 5 1 = 1 95 1 3
1 926 = 2.3 . 107 1 976 = 2 . 1 3 . 1 9
)02 = 2 . 3 .3 1 7 1 927 = 4 1 .47 5 1 977 = 3 .659
1 952 = 2 . 6 1
)03 = 1 1 . 1 73 3 2 1 978 =2.23 .43
1928 = 2 .24 1 1 953 = 3 . 7 . 3 1
)04 = 24 . 7 . 1 7 1 929 = 3 . 643 1 954 = 2.977 1 979 = 1 979
)05 = 3 . 5 . 1 27 1 93 0 = 2. 5 . 1 93 1 955 = 5 . 1 7 .23 2 2
1 980 = 2 .3 .5 . 1 1
106 = 2.953 1 93 1 = 1 93 1 2 1 98 1 = 7 .283
1 956 = 2 . 3 . 1 6 3
)07 = 1 907 2 1 957 = 1 9 . 1 03 1 982 = 2.99 1
1932 = 2 . 3 .7 .23
2 2 1 93 3 = 1 93 3 1 95 8 = 2. 1 1 .89 1 983 = 3 .66 1
108 = 2 .3 . 5 3
109 = 23.83 1 934 = 2.967 1 959 = 3 .653 6
1 9 84 = 2 .3 1
2 2
H O = 2. 5 . 1 9 1 1935 = 3 . 5 .43 1 960 = 23 .5 .7 1 985 = 5.397
2 2
H l = 3 .7 . 1 3 1936 = 24 . 1 1 1961 = 3 7. 53 1 986 = 2.3.3 3 1
2
H 2 = 23 .239 1937 = 1 3 . 149 1 962 = 2.3 . 1 09 1987 = 1 987
H3 = 1 9 1 3 1 93 8 = 2.3 . 1 7 . 1 9 1 963 = 1 3 . 1 5 1 2
1 988 = 2 .7.7 1
' 1 4 = 2 . 3 . 1 1 .29 1 939 = 7.277 2 2
1 964 = 2 .49 1 1 989 = 3 . 1 3 . 1 7
) 1 5 = 5.383 2 1 965 = 3 . 5 . 1 3 1 1 990 = 2.5 . 199
1 940 = 2 . 5 .97
2 1 94 1 = 3 . 647 1 966 = 2.983 1 99 1 = 1 1 . 1 8 1
H6 = 2 .479
3 1 942 = 2.97 1 1 967 = 7.28 1 3
' 1 7 = 3 .7 1 1 992 = 2 . 3 . 8 3
H 8 = 2.7. 1 37 1 943 = 29.67 1 968 = 24 . 3 .4 1 1 993 = 1 993
) 1 9 = 19. 1 0 1 3 5 1 969 = 1 1 . 1 79 1 994 = 2.997
1944 = 2 . 3
)20 = 27 .3 .5 1 945 = 5 .389 1 970 = 2.5. 1 97 1 995 = 3 . 5 .7. 1 9
)2 1 = 1 7 . 1 1 3 1 946 = 2.7 . 1 39 3 2
1 97 1 = 3 .73 1 996 = 2 .499
2 1 947 = 3 . 1 1 .59 2 1 997 = 1 997
)22 = 2.3 1 1 972 = 2 . 1 7 .29
)23 = 3 .64 1 2 1 973 = 1 973 3
1948 = 2 .487 1 998 = 2.3 . 3 7
2 1 949 = 1 949 1 974 = 2.3.7.47 1 999 = 1 999
)24 = 2 . 1 3 .3 7
2 2 2 3
)25 = 5 . 7 . 1 1 1 950 = 2 . 3 .5 . 1 3 1 975 = 5 .79 2000 = 24 .5

Le lecteur dressera à partir de là la liste des nombres plé nipotents et celle des
nombres sans facteurs carrés.

1 76
Index des sujets abordés

algorithme d'Euclide I.B. l - I.C.2


Bezout (identité de) I.B . l - l . B . 3
Bezout (théorème de) I . A . 3 - I.B . 1 - I . B . 3
carrés en progression arithmétique I.D . 3
carrés parfaits I.A.5
composés (nombres) I.A.2
congruents (nombres) I.D.3
continu (puissance du) l.C.4
cubes I.A.5
décimal (développement) d'un rationnel l . C .4
décomposition en facteurs premiers I.A.4 - I.A.5 - I.B . l - l . B .2
dénombrables (ensembles) I . C .4
différences successives I.B . I - I .C.2
distribution des nombres premiers 1.A.2
diviseurs I .A . l - I.A.5
divisibilité des entiers I.A. l - I.A.2 - l.A.3 - I.A.5
divisibilité des entiers "monotétraïques" I .A.4
divisibilité des entiers "plénipotents" I.A.5
division I.A.1
division euclidienne I.A. l
entiers algébriques I .C . l
entiers (points) sur une courbe I.D.2
équipotents (ensembles) l . C .4
Euclide (algorithme d') I.B . l - I.C.2
Euclide (lemme d') I.A.3
factorielle I.A.5
Fermat (nombres de) I.A.2
fractions irréductibles I.B . l
harmonique (série) I .A.2 - I.A.5

] 77
incom men surables (grandeurs) I.C.2
infinité (!') des nombres premiers I.A.2
irrationnels (nombres) I . C . 1 - I . C .2 - I . C . 3 - I . C .4
j u m e a u x ( no m bres premiers) I.A.2
libre (gro u pe) I . A.4
logari th me I . A .4
monoïdes I . A.4
" monotétraïques" (nombres) I.A.4
nombre d'or I . C .2
nombre e I.C.3
nombre 7t I.C.3
pentagone régulier I.C.2
P.G.C.D. I.B . l - l . B .3
"plénipotents" ( no mbres) l.A.5
"polymonadiques" (nombres) I . A .4
P.P.C.M. I.B.2 - l.B.3
pre m i e rs (nombres) l.A.2
p re m ier s entre eux (n om bres) l.A.2 - I.A.3 - I .B . 1 - l.B.3
p u i ss an c es n- ièmes (parfaites) I.A.5
Py thagore (équati o n de) l.D . I - I.D.2 - I.D.3
Py thagore ( triangle de) I .D . I - l.D.2 - I . D.3
rac ines carrées I . C . 1 - I.C.2
radicaux I.C. 1
r a t i onn e ls ( poi nts) sur une c ou rbe l.D.2
sommes et prod u i t<> d'une famille I.A.4
théorème des nombres premiers I.A.2

théorème fondamental de l'arithmétique I.A.4

1 78
Bibliographie

[BOU l J Nicolas BOURBAKI, É léments d'histoire des mathématiques,


nouvelle édition revue, corrigée et augmentée , Hermann, 1 974.
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[CHA] C H ATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-tombe, 3 volumes,
Librairie Générale Française, "Le livre de poche " , 1 973.
[COL] Jean-Paul COLLETTE, Histoire des mathématiqu e s , Vol. I ,
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[DIC] Leonard Eugene DICKSON, History of the Theory of Numbers,


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[ DIE] Jean DIEUDONN É (directeur de l a publ ication) , Abrégé d'histoire
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[DIX l ] Jacques DIXMIER , Cours de mathématiques du prem ier cycle,
pre m i ère année , Gauth ier- V i l l ars , 2ème édi tion rev ue et
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deuxième année, 2ème édition revue et augmentée , Gauthier -

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[E U C ] EUCLIDE , Les É léments, texte grec e t trad uction française l ibre
par Georges Kayas, 2 vol . É ditions du CNR S , 1 97 8 .
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[GOD] Roger GODEMENT, Cours d'Algèbre, Hermann, quatrième
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[HA-WR] G . H . HARDY and E . M . WRIGHT, An Introduction of the


Thcory of Numbcrs , fi fth edition , Oxford University Press, 1 97 9 .

[ITAJ J ean ITARD, Essai s d ' h i s toire des mathémati q ues, L i brairie
scientifique et technique Albert B lanchard, 1 9 84 .

[KRÂ] Ekkehard KRÂTZEL, Zahlentheorie , \TEB Deutscher Verlag der


Wissenschaften, 1 98 1 .

[LAN] Serge LANG , Algebra, Addison-Wesley Publishing Company ,


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[LEL] François LE LIONNAIS , avec la collaboration de Jean BRETTE,


Les nombres remarquables, Hermann , 1 98 3 .

[NOË] L e matin d e s m athématic ien s , e n tretiens sur l ' h i s toire des


mathématiques, présentés par É m i le NOËL, Éditions Belin -
Radio France, 1 9 8 5 .

[RIB] Paulo RIBENBO I M , T h e B ook o f Pri m e Number Record s ,


Springer Verlag, 2nd E d . , 1 989.

[WEI l ] André WEIL , Œuvres scienti fiques - Collected Papers, 3


vol umes, Corrected Second Printing, Springer Verlag, 1 980.

[WEI 2] An dré WEIL, Number Theory , A n approach through h i story ,


From Ham murapi to Legendre, Birkhauser, 1 984.

[WEI 3] André WEIL, Basic Number Theory, S pr inger Verlag , second


·

printing, 1 9 8 5 .

[WEI 4] André WEIL, Number Theory for Beginners .

1 80
Ce livre s'adressant avant tout à de s amateurs éclairés
( c ' e s t - à- dire ayan t fai t une o u deux a n n é e s d' études
mathématiques après le b accalauréat) . Il ne s'agit que d'une
initiation à la théorie des nombres au cours de laquelle nous
abordons (mais avec tou s les détails souhaitables et sans rien
admettre qui ne soit assuré) quelques-unes des grandes questions
qui ont agité et qui agitent encore les arithméticiens : les nombres
premiers et leur diversité , les divers aspects de la notion de
divisibilité, les sommes de carrés, le problème de Fermat et celui
de Waring et jusqu'au théorème plus récent de Mordell-Weil.
Pour examiner ces questions d'une manière progres sive et
san s douleur, nous avons choisi de suivre grosso modo une
chronologie historique. Cette manière de faire ne constitue en fait
qu'un fil conducteur commode (des esprits chagrins parleront
même d'un prétexte) , mai s c'est cette idée qui nous a permis de
diviser cet exposé en sept grandes p arties , s'échelonnant de
!'Antiquité au xx e siècle, parties que nous avons appelées des
Livre s sur le modèle d'Euclide et de B ourbaki . . . ) et qui
constitueront autant de fascicules séparé s. Malgré cela, il ne
faudrait pas croire qu'il s' agit d'un ouvrage consacré à l ' histoire
de la théorie des nombres (ce qui dépasserait largement nos
c apacités l imitées d'au todidacte) et nous n'hésiterons pas, par
exemple, à décrire des résultats remontant à !'Antiquité, dans uri ·

langage moderne, fai san t appel entre autres aux ressources de


l ' algèbre é l émen taire dont la mise au point, on le sait, date
essentiellement de l'époque de Descartes.
Moyennant q uoi , il ne fait pas de doute que la li ste des
suj ets traité s , te l l e qu'elle figure dans la table des matières,
devrait mettre l'eau à la bouche de n'importe quel amateur
potentiel de théorie des nombres . . . Voici donc le premier
volume.

ISBN 2 .9080 1 6-2 1 -4 Prix 1 1 0 F

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