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Lamentation pour Art O’Leary

Eileen O’Connell

Ce poème bouleversant a été composé comme lamentation sur le corps d’Art O’Leary par sa
femme Eileen, au moment de la veillée funéraire, la nuit après son meurtre le 4 mai 1773. Il
était habituel que la famille dise des paroles tout en pleurant, et parfois on faisait venir des
femmes que l’on payait pour pleurer le mort par un panégyrique traditionnel : les qualités
du défunt, les circonstances de sa mort, la désolation de sa famille et même de la nature,
etc. Bien que ce poème fasse partie de la tradition orale, et emprunte certaines expressions
ou figures classiques, il se distingue par la qualité de sa composition et par sa puissance
émotive.
Les premières parties sont probablement ex tempore, y compris les interventions de la sœur
d’Art (88 lignes) et de son père (12 lignes), mais la dernière partie date sûrement de
novembre 1773, lorsque l’on a transféré les restes d’Art dans le cimetière du monastère de
Kilcrea. L’ensemble a pu être embelli ou révisé par Eileen par la suite, et il y a certainement
eu des ajouts et des oublis lors de la transmission orale : il a fallu attendre un siècle pour que
l’on transcrive le poème.
L’histoire en bref : Art O’Leary était un officier dans l’armée hongroise. Eileen s’est enfuie de
chez elle pour se marier avec lui. Il portait son uniforme, son épée et montait un beau
cheval, ce qui irritait l’Ascendance protestante. Le shérif de Cork Abraham Morris, après
plusieurs altercations, lui imposa la vente de son cheval à vil prix (les Lois Punitives
permettaient à tout protestant d’acheter un cheval appartenant à un catholique pour cinq
livres) et Art refusa. Le 4 mai 1773, voulant en finir, Art tendit une embuscade à Morris mais
celui-ci avait été averti par un de ses espions. Il y eut un échange de feu et Art est tombé.
Son cheval est rentré seul à la maison, et Eileen l’a enfourché pour venir trouver son mari
sans vie dans un coin de pré.
Nous donnons le nom anglais aux lieux pour faciliter la compréhension, sauf ceux comme
Ceaplaing ou Gaortha pour lesquels nous ne sommes pas sûrs de la situation. Pour la version
et l’ordre des parties, nous avons suivi Seán O’Tuama, 1961, An Clóchomhar, Dublin.

Lamentation pour Art O’Leary

Eileen O’Connell

I
Eileen :
Je t’aime ardemment !
Le jour où je t’ai vu
Tout au bout du marché
Mon regard te fixa avec attention,
5 Mon cœur te donna son affection,
En douce, j’ai quitté ma famille pour toi,
Loin de chez moi avec toi.

Je n’ai pas eu de regrets :


Tu fis chauler un salon pour moi,
10 Décorer des chambres pour moi,
Allumer un four pour moi
Attraper des truites pour moi
Rôtir de la viande pour moi
Abattre des bœufs pour moi ;
15 Le sommeil dans un duvet de canard
Jusqu’à la traite tardive
Ou plus tard si je le voulais.

Je te chéris ardemment !
Je revois dans mon esprit
20 Cette belle journée de printemps
Comme ton chapeau t’allait bien
Orné d’un bandeau d’or
Une épée à pommeau d’argent —
Le bras droit robuste —
25 L’allure menaçante —
Un véritable effroi
Pour un ennemi perfide —
Tu étais prêt pour aller l’amble,
Sur un cheval fin à belle face.
30 Les Anglais s’inclinaient
Jusqu’au sol devant toi,
Et non pas par bonté à ton égard
Mais avec la peur au ventre,
Bien que tu aies péri par leur fait,
35 Bien-aimé de mon âme.

Ô cavalier aux mains blanches !


Une épingle t’allait si bien
Tendue sur de la batiste,
Et un chapeau à dentelle.
40 Après ton retour par-delà l’océan
On vidait la rue pour toi,
Et non pas par amour pour toi
Mais avec une énorme haine pour toi.

Mon ami fidèle !


45 Lorsqu’ils me reviendront à la maison
Le petit Conchubhar affectueux
Et Fear O’Leary, l’enfant,
Ils me demanderont tout de suite
Où j’ai laissé leur père.
50 Avec douleur je leur dirai
Que je l’ai laissé à Kilnamartery.
Ils appelleront leur père,
Et il ne sera pas là pour leur répondre.

Mon ami et mon adoré !


55 Parent du Comte d’Antrim
Et des Barry d’Alkill,
Une lame te seyait bien,
Un chapeau à bandeau,
Chaussure fine élégante,
60 Et costume de l’étoffe
Que l’on tissa en exil pour toi.

Ardemment je te chéris !
Et je ne t’ai jamais cru mort
Jusqu’au retour de ton cheval
65 Avec les rênes traînant par terre,
Et le sang de ton cœur sur ses flancs,
Et sur ta selle façonnée
Où tu t’asseyais ou te levais.
D’un bond j’étais au seuil,
70 D’un second bond au portail,
D’un troisième bond sur le cheval.

J’ai frappé furieusement de mes mains,


Et je suis partie au galop
De toutes mes forces,
75 Pour te trouver mort devant moi
Au pied d’un petit buisson de genêt,
Sans Pape sans évêque,
Sans clergé sans prêtre
Qui liraient le psaume au-dessus de toi,
80 Juste une vieille bonne femme usée,
Qui étendait sur toi un pan de sa cape —
Ton sang ruisselait ;
Et je n’ai pas attendu pour le nettoyer
Mais je l’ai bu de mes paumes.

85 Ardemment je t’aime !
Alors lève-toi, mets-toi debout
Et viens avec moi à la maison,
Que je fasse abattre un bœuf,
Que j’ordonne une fête somptueuse,
90 Que nous ayons de la musique enjouée,
Que je te prépare un lit
Dans des draps clairs,
Dans de belles couettes bigarrées,
Qui te feront transpirer
95 Au lieu du froid que tu as pris.

II
La sœur d’Art :
Mon bien-aimé et mon trésor !
Beaucoup de belles femmes splendides
Depuis Cork des voiles
Jusqu’au Pont de la Toon,
100 Te donneraient un troupeau de bœufs aux prés
Et une poignée d’or jaune,
Mais n’iraient pas dormir dans leur chambre
La nuit de ta veillée funèbre.

Eileen :
Mon bien-aimé et mon agneau !
105 Ne crois pas ce qu’ils disent,
Ni la rumeur qui m’est venue,
Ni la parole de l’homme haineux,
Que je suis allée dormir.
Le sommeil n’a pas pesé sur moi :
110 Mais tes enfants étaient trop angoissés,
Et ils avaient besoin
D’être rassérénés.

Eileen :
Ô gens du tréfonds de mon cœur
Y a-t-il une seule femme en Irlande,
115 Depuis la pose du soleil,
Qui s’allongerait à ses côtés,
Qui lui donnerait trois enfants,
Et qui ne deviendrait pas folle
Pour Art O’Leary
120 Ici étendu sans vie
Devant moi depuis hier matin ?

Le père d’Art :
Maudit sois-tu, petit Morris ! —
Le sang de ton sein et de ton cœur !
Que tes yeux se voilent !
125 Que tes genoux se déchirent ! —
Toi qui as tué mon enfant,
Et il n’y a pas un homme en Irlande
Pour te cribler de balles !

Le père d’Art :
Mon bien-aimé et mon amour !
130 Et lève-toi, Art,
Saute en haut de ton cheval,
Avance et entre dans Macroom,
Et reviens par Inchigeelah,
Avec une bouteille de vin au poing —
135 Comme avant, chez ton papa.

Eileen :
Mon long regret, chagrin amer,
Que je ne fusse pas près de toi
Lorsqu’on a tiré la balle,
Que je ne l’eusse dans mon côté droit
140 Ou sur le dessus de ma chemise,
Et je te laisserais la liberté des collines,
Ô cavalier aux belles mains.

La sœur d’Art :
Mon regret acéré
Que je ne fusse pas derrière toi
145 Lorsqu’on a tiré la poudre,
Que je ne l’eusse dans mon flanc droit
Ou sur le dessus de ma robe,
Et je te laisserais la liberté de t’en aller
Ô cavalier aux yeux verts,
150 Car tu étais de loin préférable à eux tous.

III
Eileen :
Mon bien-aimé et mon trésor d’amour !
C’est atroce que l’on doive mettre sur un héros
Un cercueil et un capuchon,
Sur le cavalier au bon cœur
155 Qui allait pêcher dans les ruisseaux
Et boire dans les manoirs
En compagnie des femmes aux seins clairs.
Je suis mille fois bouleversée
Puisque j’ai perdu ta présence.

160 Malheur à toi, et ruine,


Ô Morris vil et fourbe !
Qui m’as ôté l’homme de mon foyer,
Le père de mes jeunes enfants :
Deux qui marchent dans la maison,
165 Et le troisième dans mon ventre,
Que je ne mettrai probablement pas au monde.

Mon ami de cœur et mon adoré !


Quand tu es sorti par le portail
Tu es revenu rapidement,
170 Tu as embrassé tes deux enfants,
Tu m’as embrassée sur les bouts des mains.
Tu as dit : « Eileen, mets-toi debout
Et range tes affaires,
Lestement et rapidement
175 Je quitte la ville,
Et nous ne nous reverrons peut-être plus jamais. »
J’ai pris tes paroles pour des plaisanteries,
Comme tu avais l’habitude de m’en dire souvent.

Mon ami de cœur et ma fortune !


180 Ô cavalier à l’épée brillante,
Lève-toi maintenant,
Mets-toi ton costume
Des vêtements nobles et propres,
Mets ton castor noir sur ta tête,
185 Revêts tes gants.
Voici ta cravache en haut ;
Voilà ta jument dehors.
Prends ce chemin étroit là vers l’est
Où les buissons se rabattraient devant toi,
190 Où le ruisseau se rétrécirait devant toi,
Où les hommes et les femmes s’inclineraient devant toi,
S’ils ont appris les bonnes manières —
Mais je crains qu’ils n’en aient plus maintenant.

Mon amour et mon ami tendre !


195 Et ce n’est pas la mort d’un parent à moi,
Ni des trois bébés que j’ai perdus ;
Ni de Donal le Grand O’Connell1,
Ni Conall que l’inondation a noyé2,
Ni la femme de vingt-six ans
200 Qui est allée là-bas à travers la mer
Pour trouver le parrainage des rois3 —
Ce n’est pas tous ceux-là que j’acclame,
Mais Art que l’on a renversé
Dans la prairie humide de Carriganimmy ! —
205 Cavalier de cette jument baie
Qui seule me reste ici —
Sans un être vivant près de lui
Sauf les petites femmes noires du moulin,
Et pour comble à mon malheur
210 Sans même une larme à leurs yeux.

Mon bien-aimé et mon agneau !


Art O’Leary,
Fils de Conchubhar, fils de Céadach,
Fils de Laoiseach O’Leary,
215 De Gaortha dans l’ouest
Et de Caolchnoc dans l’est,
1
Père d’Eileen, mort en 1770
2
Frère d’Eileen
3
Une sœur d’Eileen, qui avait émigré en Autriche où l’Impératrice Marie-Thérèse fut la marraine de son enfant
aîné, est morte de la variole
Où poussent les baies,
Et les noix sur les branches
Et une abondance de pommes
220 Chacune à sa propre saison.
Comment s’étonner
Qu’Iveleary entière s’enflammât
Ainsi que tout Ballingeary
Et la sainte Gougane Barra
225 Pour le cavalier aux belles mains
Qui laissait la chasse épuisée
Et haletant depuis Grenagh
Lorsqu’on arrêtait les lévriers ?
Et ô cavalier à l’œil espiègle —
230 Mais que t’est-il arrivé hier soir ?
Car je croyais moi-même
Que la vie ne te tuerait pas
Le temps où je t’achetais des vêtements.

IV
La sœur d’Art :
Mon bien-aimé et mon amour !
235 Chéri par la multitude du domaine,
Où il y avait dix-huit nourrices dans le même lieu,
Qui obtenaient toutes leurs salaires —
Une vache allaitante dans le pré,
Une truie avec sa portée,
240 Un moulin à un gué,
Or jaune et argent blanc,
Soieries et beaux velours,
Des biens fonciers —
Elles lavaient leurs seins allaitants
245 Pour le petit adoré des grandes belles femmes.

Mon amour et mon chéri !


Et mon amour de tourtereau clair !
Bien que je ne sois pas venue vers toi
Ni aie mené mes troupes avec moi,
250 Ce n’est pas une honte pour moi
Car ils étaient confinés
Dans des chambres closes
Et dans des cercueils étroits,
Et dans un sommeil sans réveil.
255 N’eût été la variole
Et la mort noire
Et la fièvre écarlate,
Cette cavalerie féroce
Secouant leurs rênes
260 Aurait fait grand bruit
En venant à ton secours
Ô Art au torse clair.

Mon amour et mon affection !


Parent de la rude cavalerie
265 Qui chassait dans les vallées,
Et que tu faisais rebrousser chemin,
Pour les ramener tous à la maison,
Où l’on aiguisait les couteaux,
Où l’on coupait du porc,
270 Et du mouton, on ne comptait pas les côtes,
Et des poules rouges et grasses
Qui ferait s’ébrouer les chevaux —
Des chevaux fins et velus
Et des garçons auprès d’eux
275 À qui l’on ne faisait pas payer le gîte
Ni le pâturage de leurs chevaux
S’ils restaient là une semaine,
Ô frère du centre de mon affection.

Mon bien-aimé et mon agneau !


280 C’est une vision à travers mon sommeil
Qui m’est venue hier soir
À Cork, tard
Dans mon lit toute seule :
Que notre belle maison était tombée,
285 Que la Gaortha était tarie,
Que tes lévriers restaient sans voix
Et les oiseaux sans douceur,
Au moment où l’on t’a retrouvé sans vie
Dehors au milieu de la colline,
290 Sans prêtre, sans clergé,
Juste une pauvre vieille femme
Qui t’avait couvert d’un coin de sa ratine
Lorsqu’on t’a laissé dans la boue,
Ô Art O’Leary,
295 Avec ton sang qui caillait
Sur le devant de ta chemise.

Mon amour et mon chéri !


Que cela t’allait bien,
Tes chaussettes à cinq plis,
300 Tes bottes jusqu’aux genoux,
Ton tricorne de Caroline,
Et le fouet animé
Sur un grand cheval plaisant —
Nombreuses belles femmes courtoises et polies
305 Te regardaient à la dérobée.

Eileen :
Je t’aime ardemment !
Et quand tu allais dans les grandes villes
Soumises, fortifiées,
Les femmes des marchands
310 S’inclinaient jusqu’à terre devant toi,
Car elles comprenaient dans leurs pensées
Que tu étais un beau compagnon de lit,
Une belle bouchée de cheval,
Un beau père d’enfant.

Eileen :
315 Jésus Christ le sait
Qu’il n’y aura de bonnet sur ma tête,
Ni chemise sur mon flanc,
Ni soulier sur la plante de mes pieds,
Ni meuble dans toute ma maison,
320 Ni rêne sur la jument baie,
Que je ne dépenserai dans les tribunaux,
Et que j’irai là-bas à travers la mer
Pour parler avec le roi,
Et si jamais on ne s’intéresse pas à moi
325 Que je reviendrai
Jusqu’au goujat au sang noir
Qui m’a privé de mon trésor.
V
Eileen :
Je t’aime mon précieux !
Si mon cri résonnait
330 Jusqu’à Derrynane loin à l’ouest
Et à Ceaplaing des pommes jaunes,
Beaucoup de cavaliers légers et hardis
Et de femmes aux foulards blancs sans tache
Viendraient ici sans délai
335 Pour pleurer sur ta tête
Ô Art O’Leary le plaisant.

La sympathie de mon cœur


Va aux femmes claires du moulin
Parce qu’elles ont versé de belles larmes
340 Pour le cavalier de la jument baie.

Que ton cœur brûle violemment


Seán MacUaithne4 !
Si c’était un pourboire que tu cherchais
Pourquoi n’es-tu pas venu vers moi,
345 Et je t’aurais donné beaucoup :
Un cheval à longue crinière
Qui te remporterait
À travers les foules
Le jour de ta détresse ;
350 Ou un beau pré de bétail pour toi,
Ou des brebis portant agneaux pour toi,
Ou un costume de gentilhomme
Avec éperons et bottes hautes —
Bien que cela me navrerait
355 De les voir sur toi,
Car j’entends dire
Que tu es un gueux misérable.

Ô cavalier aux belles mains,


Puisqu’on a abattu ta main,
360 Monte jusqu’à Baldwin5,
Le vil petit sot,
Le maigrelet aux pieds lourds,
5 4
L’homme qui a dénoncé Art
5
Beau-frère d’Eileen, qui remit la jument aux autorités pour éviter des poursuites
Et obtiens satisfaction de lui
Pour venger ta jument
365 Et le traitement de ton bel amour.
Qu’il ne profite pas de ses six enfants !
Sans nuire à Máire6,
Et ce n’est pas par amour pour elle,
Mais parce que ma mère
370 L’a portée dans son ventre
Pendant neuf mois.

Mon amour et mon chéri !


Tes meules de foin sont dressées,
Ta vache jaune donne du lait ;
375 Et dans mon cœur est un deuil de toi
Que la Province de Munster ne peut guérir
Ni les Mages de l’Île des Blonds.
Avant qu’Art O’Leary ne me revienne
Rien n’éteindra mon chagrin
380 Qui broie le centre de mon cœur,
Emmuré fermement
Comme s’il y avait une serrure sur une malle
Et que la clé s’est perdue.

Ô femmes ici qui pleurez,


385 Mettez-vous debout sur vos jambes
Parce que Art fils de Conchubhar réclame à boire,
Et puis encore, à la santé des pauvres,
Avant qu’il ne rentre au monastère7 –
Non pas pour apprendre le savoir ou la musique,
390 Mais pour porter terre et pierre.

6
Sœur d’Eileen
7
i.e. le cimetière
PREPARATION
I

Eileen:

395 (i)
[Attention : roman numerals from Sean O’Tuama’s version]

1 Tu es mon amour intense/ardent / Ardemment je t’aime / Intensément je t’aime / Ferme est mon
amour pour toi ! / Je t’aime fermement /Je t’aime ardemment ! [Pb : later, go daingean est rattaché
à l’amitié]

400 Le jour où je t’ai vu

A la tête de la maison du marché / Au bout de / sur le toit/pignon/au bout de la maison de


(Dinneen p175: ceann tighe = roof/pignon)/ Devant le mur du marché/Au bout du marché/ Tout au
bout du marché / Au bord du marché / etc

Mes yeux te donnèrent leur attention, /mes yeux fixèrent leur regard sur toi/ mon regard fixa
405 l’attention sur toi /Mon regard te fixa avec attention,

5 Mon cœur te donna son affection, /

En douce je laissai mes amis(ma famille/mes parents) pour toi /Je m’échappait à mes amis avec toi/
je quittai mes amis en douce avec toi/ je laissai mes amis pour partir avec toi /j’abandonnai
discrètement mes amis avec toi,/j’ai fui mes amis discrètement avec toi/ En douce, j’ai fui mes amis
410 avec toi/En douce, j’ai quitté ma famille pour toi,

Loin de chez moi avec toi

(ii)

Je n’avais pas de regret :

415 Tu mis un salon s’illuminant pour moi / tu illumina un salon pour moi/tu blanchit un salon pour
moi,/tu chaulas un salon pour moi,/tu mis un salon à blanchir pour moi/Tu m’a blanchi un salon/

10 Des chambres à décorer pour moi/tu m’as décoré des chambres

Tu m’as rougi le four/tu m’as allumé un four/tu mis un four à allumé pour moi/tu alluma un four
pour moi

420 Des briques à tailler pour moi/ tu mis des truites (SO’T thinks it’s a variant of breac) à tailler pour
moi/tu attrapas des truites pour moi

Viande rôtie à bouillir pour moi/mis de la viande à rôtir pour moi

De la viande à étaler-poser- déposer-mettre-placer pour moi/Des bœufs à abattre pour moi/tu


abattis des bœufs pour moi/tu mis des bœufs à abattre pour moi/tu fis abattre des bœufs pour moi ;
425 15 Sommeil dans la plume de canard pour moi/le sommeil sur plumes de canard pour moi/Le
sommeil dans le duvet de canard pour moi/Je dors dans un duvet de canard

Jusqu’à la fin de la matinée/jusqu’à la traite de fin du matin/jusqu’à tard le matin/jusqu’à la traite


tardive/

Ou au-delà si cela me plaisait/ou plus tard si cela me plaisait/ou plus tard si je le voulais/ou plus tard
430 si c’était mon plaisir.

(iii)

Tu es mon ami ferme !/je te chéris ardemment !

Je rappelle à mon esprit/Je revois dans mon esprit/je me souviens dans mon cœur/mon cœur se
souvient/je rappelle à ma mémoire/

435 20 Cette belle journée de printemps ( ? French grammar ?)

Que ton chapeau t’allait si bien/Comment ton chapeau te seyait/comme ton chapeau t’allait bien

Orné d’un bandeau d’or/

Une épée à pommeau d’argent –

La main droite forte/splendide/Le bras droit robuste/le bras droit solide –

440 25 L’allure menaçante –

Une vraie terreur/un véritable effroi

Pour un ennemi fourbe/pour un ennemi perfide –

Tu étais prêt pour aller l’amble

Sur un cheval fin au front blanc/ à belle face/ à liste blanche.

445 30 Les Anglais s’inclinaient/se courbaient

Jusqu’au sol devant toi, jusqu’au sol pour toi

Et non pas par bonté à ton égard/

Mais avec la peur au ventre,

Bien que ce soit à cause d’eux que tu as péri/qu’ils t’aient tué/bien que tu aies péri par leur fait/
450 bien que par leur fait tu es mort,

35 Bien-aimé de mon âme.

(iv)

Ô cavalier aux mains blanches

455 Une épingle t’allait si bien

Tendue sur de la batiste,

Et un chapeau à dentelle.
40 Après ton retour à travers la mer,/ par la mer/d’au-delà la mer/d’au-delà l’océan/les flots/par-
delà l’océan

460 On vidait la rue pour toi,

Et non pas par amour de toi,

Mais avec une énorme haine de toi.

(v)

465 Mon ami fidèle !

45 Lorsque rentront à la maison/lorsqu’ils me reviendront à la maison/

Le petit Conchubhar affectueux

Et Fear O’Leary, l’enfant,

Ils me demanderont tout de suite

470 Où j’ai laissé leur père.

50 Je leur dirai avec tristesse/tristement/douloureusement/avec douleur/avec douleur je leur dirai

Que je l’ai laissé à Kilnamartery.

Ils appelleront leur père,

Et il ne sera pas là pour leur répondre.

475

(vi)

Mon ami et mon adoré !

55 Parent du Comte d’Antrim

Et des Barry d’Alkill,

480 Une lame te seyait bien,

Un chapeau à bandeau,

Chaussure fine élégante,

60 Et costume de l’étoffe

Que l’on tissa en exil pour toi.

485 (vii)

Ardemment je te chéris !

Et je ne t’ai jamais cru mort

Jusqu’au retour de ton cheval


65 Avec les rênes traînant par terre,

490 Et le sang de ton cœur sur ses flancs,

Jusqu’à Et sur ta selle polie/belle/élégante/sculpté/façonnée etc.

Où tu t’asseyais ou te levais.

J’ai bondi jusqu’au seuil,/ d’un bond j’étais au seuil,

70 Le second bond jusqu’au portail, / d’un second bond au portail,

495 Le troisième bond sur ton cheval. / d’un troisième bond sur le cheval.

(viii)

J’ai frappé furieusement de mes mains,

Et je m’en suis allée en galopant/ Et je suis partie au galop/ And i took off in races [check baineas as
= I was off, I set off, I took off)

500 Aussi bien que j’ai pu/Avec toutes mes forces Aussi bien qu’il m’était donné/as much as was in me to
do it/to my utmost ability etc.

75 Te trouver mort devant moi/et je t’ai trouvé (too many et)/ pour te trouver/ je t’ai trouvé

Au pied d’un petit arbuste d’ajonc/ de genêt/au pied d’un arbrisseau d’ajonc,/au pied d’un buisson
d’ajonc ras/au pied d’un petit buisson de genêt

505 Sans Pape sans évêque,

Sans clergé sans prêtre,

Qui liraient le psaume au-dessus de toi,/pour lire sur toi le psaume,

80 Juste une vieille bonne femme usée,

Qui avait étendu sur toi le coin de sa cape – /Qui t’avait couvert d’un pan de sa cape – /qui étendait
510 sur toi un pan de sa cape –

Ton sang coulait en flots/Et ton sang ruisselait/et le sang de ton corps ruisselait/ton sang ruisselait ;

Et je n’ai pas attendu pour le nettoyer

Mais je l’ai bu dans mes mains/mais je l’ai bu dans mes paumes/ de mes paumes.

515 (ix)

85 Ardemment je t’aime !

Alors lève-toi, mets-toi debout,

Et viens avec moi à la maison,

Que je fasse abattre un bœuf

520 Que j’ordonne une fête copieuse/somptueuse/fastueuse/magnifique/splendide/immense


90 Que nous ayons de la musique entraînante/enjouée/

Que je te prépare un lit [present subjunctive 1st person ends in d]

Dans de draps clairs,

Dans de belles couettes bigarrées,

525 Qui te feront transpirer

95 Au lieu du froid que tu as pris.

II

(x)

530 La sœur d’Art :

Mon bien-aimé et mon trésor !

Beaucoup de belles femmes splendides

Depuis Cork des voiles

Jusqu’au Pont de la Toon (Toon Bridge, co Cork)

535 100 Te donnerait un troupeau de bœufs aux prés

Et une poignée d’or jaune,

Mais n’iraient pas dormir dans leur chambre

La nuit de ta veillée funèbre. [O’Tuama donne une longue explication argumentée pourquoi il a inclus
ces lignes-ci]

540

(xi)

Eileen :

Mon bien-aimé et m’agneau !

105 Ne crois pas ce qu’ils disent,

545 Ni la rumeur que j’ai découverte,

Ni l’histoire/racontar/le dit/la parole etc de l’homme haineux

Que je suis allée dormir.

Le sommeil n’a pas pesé sur moi

110 Mais tes enfants étaient trop angoissés

550 Et ils avaient besoin/et il leur était nécessaire

D’être rassérénés/d’être mis en tranquillité/de les mettre au lit/au repos.


(xii)

Eileen :

555 Ô gens au plus profond de mon coeur, (Dinneen : na n-ae istigh = my inmost heart)/O gens de dedans
mon cœur/Ô gens du tréfonds de mon cœur

Y a-t-il une seule femme en Irlande,

115 Depuis le coucher du soleil,

Qui s’allongerait à ses côtés,

560 Qui lui donnerait trois enfants,

Qui ne deviendrait pas folle (Dul le craobhacha = to go mad, to go wild)

Pour Art O’Leary

120 Qui est ici étendu sans vie

Depuis hier matin devant moi ?

565 (xiii)

Le père d’Art :

Maudit sois-tu, petit Morris ! –

Le sang de ton sein et de ton cœur !

Que tes yeux soient aveugles !/Que tes yeux se voilent !

570 125 Que tes genoux soient déchirés/déchiquetés/arrachés ( ?)/Qu’on déchire tes genoux ! –

Toi qui as tué mon enfant,

Et aucun homme en Irlande/et sans un homme en Irlande/ qui te tirerait des balles !/Et il n’y a pas un
homme en Irlande

pour te frapper avec des balles/pour te tirer des balles !/Pour te percer de balles !/

575

(xiv)

Le père d’Art :

Mon bien-aimé et mon amour !

130 Et lève-toi, Art,

580 Saute en haut de ton cheval,

Va et entre dans Macroom/Va vite et entre dans Macroom/Avance et entre dans Macroom/Va
jusqu’au centre de Macroom

Et reviens par Inchigeelah,


Avec une bouteille de vin au poing –

585 135 Comme il y avait dans la chambre de ton papa/comme auparavant dans la chambre de ton papa/
le sol/comme auparavant chez ton papa/comme naguère chez ton papa.

(xv)

Eileen :

590 Mon long regret, chagrin amer,

Que je ne fusse pas près de toi

Lorsqu’on a tiré la balle,

Que je ne l’eusse dans mon côté droit

140 Ou sur le dessus de ma chemise

595 Et je te laisserais la liberté des collines,

Ô cavalier aux belles mains.

(xvi)

La sœur d’Art :

600 Mon regret/chagrin vif acéré/ perçant,

Que je ne fusse pas derrière toi

145 Lorsqu’on a tiré la poudre,

Que je ne l’eusse dans mon flanc droit

Ou sur le dessus de ma robe,

605 Et je te laisserais la liberté de t’en aller

Ô cavalier aux yeux verts,

150 Puisque tu étais mieux qu’eux tous/Car tu étais de loin préférable à eux tous/puisqu’il serait
préférable d’aller vers eux VERY DIFFICULT LINE
III

610 (xvii)

Eileen :

Mon bien-aimé et mon trésor d’amour !

Haïssable/Laid est la justice/part/dû/condition/ [est le lot ??] à mettre/que l’on mit/ qui met sur un
héros/guerrier

615 Un cercueil ( ???)/un placard ??? et une casquette/chapeau/bonnet/et un capuchon


Sur un cavalier au cœur bon/le cavalier du cœur bon/sur le cavalier au bon coeur

155 Qui allait pêcher dans les ruisseaux

Et boire dans les manoirs,

En compagnie des femmes aux seins clairs.

620 Ma folie/frénésie/confusion mille fois/je suis mille fois ébranlée/bouleversée (depuis


que/puisque)/Mes milles bouleversements (depuis que/puisque)

Puisque j’ai perdu ta fréquentation/compagnie/présence.

(xviii)

625 160 Malheur à toi, et ruine,

Ô Morris vil et fourbe ! /au trahison/fourberie/sceleratesse/aux horreurs/aux


bassesses/sordide/crapule

Qui m’as ôté l’homme de ma vie/de ma maison/de mon foyer,

Le père de mes jeunes enfants :

630 Deux qui marchent dans la maison

165 Et le troisième dedans mon sein/dans mon ventre

Et il est probable que je ne le mette pas au monde/et je doute que je le mette au monde/que je ne
mettrai probablement pas au monde.

635 (xix)

Mon ami de cœur et mon bien-aimé/ et mon adoré/chéri ! [ATTN : ami de cœur ici pour « mo
chara », ci-dessus traduit par « mon bien-aimé » : à rendre consistent ?]

Quand tu es sorti par le portail

Tu es revenu rapidement,

640 170 Tu as embrassé tes deux enfants

Tu m’as embrassé les bouts des mains/de mes mains

Tu as dit : « Eileen, mets-toi debout

Et range tes affaires,

Prestement et rapidement/lestement et prestement/vivement et vite

645 175 Je pars de la maison/je quitte la ville

Et nous ne nous reverrons peut-être plus jamais. »

J’ai pris tes paroles pour des plaisanteries,


Comme tu m’en avais dit souvent auparavant/Comme tu avais l’habitude de m’en dire souvent.

650 (xx)

Mon ami de cœur et mon adoré/ma portion/part/lot/fortune/ma part de vie (néologisme AJS,
careful) !

180 Ô cavalier à l’épée brillante,

Lève-toi maintenant,

655 Mets-toi ton costume,

Des vêtements nobles et propres,

Mets ton castor noir [sur ta tête ? à rajouter juste pour la compréhension du lecteur ?]

185 Enfile tes gants,

Voici ta cravache en haut,

660 Voilà ta jument dehors.

Frappe ce chemin-là, étroit vers l’est,/Prends ce chemin étroit là vers l’est

Comme les buissons se rabattraient devant toi,

190 Comme le ruisseau se rétrécirait devant toi,

Comme les hommes et les femmes se courberaient/s’inclineraient devant toi

665 S’ils ont acquis [present tense in the poem] la civilité / s’ils ont appris leurs (les) bonnes manières –

Et je crains qu’ils n’en aient pas maintenant ???/ PHRASE DIFFICILE [J’ai le sens juste (et vérifié
dans les notes de S O’Tuama), il faut juste l’arranger]

(xxi)

670 Mon amour et mon bon ami (vieilli)/affection/ami tendre !

195 Et ce n’est pas la mort d’un parent à moi,/Ce n’est pas la mort d’un de ma famille/

Ni la mort de mes trois enfants, (SO’T : ne les trois enfants que j’ai perdus i.e. elle avait déjà eu des
enfants qui n’avait pas vécu)

Ni de Donal le Grand O’Connell,

675 Ni Conall que l’inondation a noyé,

Ni la femme de vingt-six ans [Note dans SO’T : la sœur d’Eileen s’est marié à un Sullivan, majeur dans l’armée de
l’Autriche ; l’impératrice Marie-Thérèse était la marraine de son premier enfant ; elle est morte de la variole, avec ses
enfants, quelque temps avant la mort d’Art]

200 Qui est allée là-bas à travers la mer

680
Faisant/pour faire des amis/sympathiser avec le roi/ pour trouver le parrainage des rois – [put
reference to eileen’s sister bottom of page]

Ce n’est pas tous ceux-là que j’appelle/que j’acclame

Mais Art que l’on a enlevé de ses pieds/knocked off his feet/abattu/fait tomber/renverser/mis à
685 terre/jeter à terre/Mis sur le carreau ( ???)/

Dans la prairie humide de Carriganimmy ! –

205 Cavalier de la jument baie

Que j’ai ici avec moi toute seule/sans poulain ? /Qui seule me reste ici –

Sans un être vivant près de lui

690 Sauf les petites femmes noires du moulin,

Et comme comble à mon malheur

210 Sans même une larme à leurs yeux.

(xxii)

695 Mon bien-aimé et mon agneau ! [Veau dans l’original, mais ce mot a des connotations négative en
français]

Art O’Leary,

Fils de Conchubhar, fils de Céadach,

Fils de Laoiseach O’Leary,

700 215 De Gaortha dans l’ouest

Et de Caolchnoc dans l’est,

Où poussent les baies,

Et les noix sur les branches,

Et une abondance de pommes

705 220 Chacune à sa propre saison/ à sa saison propice/à sa bonne saison/en sa bonne saison.

Comment être surpris/Personne ne s’étonne/Comment s’étonner

Qu’Iveleary entière s’enflammât,

Et tout Ballingeary,

Et la sainte Gougane Barra,

710 225 Pour le cavalier aux belles mains

Qui lavaient/nettoyaient le gibier fourbu /qui laissait la chasse épuisée [form of do-ghníodh (to do) ,
3e pers singular imperfect : he used to do ??]
Et haletant/pantelant /ayant pantelé depuis Grenagh

Lorsqu’on arrêtait les levriers ?

715 Et ô cavalier à l’œil coquin/espiègle –

230 Ou/car que t’est arrivé hier soir ? mais que t’est-il arrivé hier soir ?

Car je croyais moi-même

Que la vie ne te tuerait pas /que le monde ne te tuerait pas/que tu ne mourrais jamais/que le
monde ne pourrait te tuer

720 Lorsque je t’achetais des vêtements/lorsque j’achetais des vêtements pour toi.

IV

La sœur d’Art :

(xxiii)

725 Mon bien-aimé et mon amour !

235 Parent/relation/darling d’une foule/multitude de l’état/de dignité [difficult sentence] [état est
un mot courant pour pays : l’état c’est moi]

Qu’il y avait (used to be)Qui avait dix-huit nourrices/infirmières sur le même plan/sur le même
sol/dans le même lieu

730 (afin) qu’elles obtiennent/obtinssent toutes leurs paie/solde/cachet/salaire /qui obtenaient toutes
leurs salaires – [difficult coordination of tenses]

Vache allaitante et terrains ( ?),

Truie avec sa portée,

240 Moulin à un gué,

735 Or jaune et argent blanc,

Soieries et beaux velours,

Parcelle de patrimoine fonciere/ de biens fonciers –

Qu’elles laveraient ( ???) /des seins allaitants [difficult sentence] /qu’elles se lavaient leurs seins
allaitants/ elles lavaient leurs seins allaitants

740 245 Sur ( ?) le veau des masculin/viril blancs ( ?) plaines ( ?)/pour le veau des plaines viriles/ pour le
veau des boucles (bachall) blanches [difficult sentence][dans lexis SO’T mascalach = femme
majestueuse et belle]

(xxiv)

745 Mon amour et mon chéri !

Et mon amour de tourtereau clair !


Bien que je ne sois pas venue vers toi,

Ni aie mené mes troupes avec moi,

250 Ce n’est pas une honte pour moi

750 Car ils étaient confinés

Dans des chambres closes

Et dans des cercueils étroits,

Et dans un sommeil sans réveil.

755 (xxv)

255 N’eût été la variole

Et la mort noire

Et la fièvre écarlate,

Cette cavalerie féroce,

760 Secouant leurs rênes,

260 Feraient grand bruit

En venant à ton secours,

Ô Art au torse clair.

765 (xxvi)

Mon amour et mon affection !

Parent de la rude cavalerie

265 Qui chassait dans les vallées,

Et que tu ferais se retourner

770 Pour les ramener tous à la maison

Où l’on aiguiserait les couteaux

Où l’on couperait du porc

270 Et du mouton, on ne compterait les côtes,

Des poules rouges et grasses

775 Qui ferait s’ébrouer les chevaux –

Des chevaux fins et velus

Et des garçons auprès d’eux


275 Que l’on ne ferait pas payer leurs gîtes /le gîte (quelle est la meilleur expression française ?)

Ni le pâturage de leurs chevaux

780 S’ils restaient là une semaine,

Ô frère du centre de mon affection.

(xxvii)

Mon bien-aimé et mon agneau/petit veau !

785 280 C’est une vision à travers des nuages

Que j’ai eu hier soir/qui m’est venue hier soir

A Cork, tard

Dans mon lit toute seule :

Que notre belle maison était tombée

790 285 Qui donna fané/décrépit/dépérir / que le lit de la Gaortha était tarie (gramm : était ou s’était ?)

Qu’il ne restait pas une expression/bruit dans tes levriers/que tes levriers restaient sans voix,

Et les oiseaux sans douceur/mélodie/harmonie

Lorsque tu fus retrouvé exténué/sans vie/épuisé

Dehors au milieu de la colline

795 290 Sans prêtre sans clergé

Juste une vieille femme âgée [pour contourner la répétition vieille-âgée : petite vieille femme ou
vielle très âgée ou veille femme usée ?]

Qui avait étendu un coin de sa ratine sur toi/qui t’avait couvert d’un coin de sa ratine

Lorsqu’on t’a enlevé de la boue/quand on t’a levé/hissé de la boue/ lorsqu’on t’a laissé dans la boue

800 Ô Art O’Leary

295 Avec ton sang qui caillait

Sur le devant de ta chemise.

(xxviii)

805 Mon amour et mon chéri !

Que cela t’allait bien,

Tes chaussettes à cinq plis,

300 Tes bottes jusqu’aux genoux,


Ton tricorne de Caroline,

810 Et le fouet animé (checked lexis SO’T)

Sur un grand cheval plaisant –

Nombreuses belles femmes courtoises et polies

305 Te regardaient à la dérobée. [SO’T : montée en croupe avec toi]

815 (xxix)

Eileen :

Je t’aime ardemment !

Et quand tu allais dans les grandes villes,

Coûteuses, fortifiées,

820 Les femmes des marchants

310 S’inclinaient jusqu’à terre devant toi,

Puisqu’elles comprenaient dans leurs esprits/têtes

Que tu étais un bel compagnon de lit,

Ou a horse’s mouthful, a grip of a horse, un repas de cheval/une lippée de cheval, Une belle bouchée
825 de cheval

Un beau père d’enfant.

(xxx)

Eileen :

315 Jésus Christ le sait

830 Qu’il n’y aura de bonnet sur ma tête

Ni sous-vêtement/chemise sur mon flanc

Ni soulier sur la plante de mes pieds

Ni meuble dans toute ma maison

320 Ni rêne sur la jument baie,

835 Que je ne dépenserai sur la loi

Et que j’irai là-bas à travers la mer

Pour parler avec le roi

Et si jamais on ne s’intéresse pas à moi

325 Que je reviendrai (encore, de nouveau ? weakens the line ?)


840 Jusqu’au goujat au sang noir

Qui m’a privé de mon trésor.

(xxxi)

Eileen :

845 Je t’aime mon précieux !

Si mon cri était lancé/propulsé (i.e. entendu aussi loin que)/Si mon cri s’élevait/resonnait/se
répercutait

330 Jusqu’à Derrynane loin à l’ouest,

Et à Ceaplaing des pommes jaunes

850 Beaucoup de cavaliers légers et forts/vaillants/hardis,

Et de femmes aux couvre-chefs blancs sans tâche,

Viendraient ici sans délai

335 Pour pleurer sur ta tête,

Ô Art O’Leary le plaisant.

855 (xxxii)

La sympathie de ce mon cœur,

Va aux femmes claires du moulin,

Par ce qu’elles ont versé de belles larmes

340 Pour le cavalier du jument baie.

860 (xxxiii)

Que ton cœur brûle violemment

Seán MacUaithne8 !

Si c’était un pourboire que tu cherchais,

Pourquoi n’es-tu pas venu vers moi

865 345 Et je t’aurais donné beaucoup :

Un cheval à longue crinière (checked in SO’T’s lexis)

Qui t’enleverait/te ravirait/te remporterait (durement/rudement)

A travers les foules

Le jour de ta détresse ;

870 350 Ou un beau pré de bétail pour toi,


8
L’homme qui a dénoncé Art
Ou des brebis portant agneaux pour toi,

Ou un costume de gentilhomme

Avec éperons et bottes hautes –

Bien que cela me navrerait

875 355 Des les voir sur toi,

Car j’entends dire

Que tu es un gueux misérable.

(xxxiv)

880 Ô cavalier aux belles mains,

Depuis que/puisque tu as placé tes mains avec toi/tes mains sont tombées/on a abattu ta main
[difficult sentence]

360 Monte jusqu’à Baldwin,

Le petit sot haïssable/laid/horrible/ le vil petit sot/imbécile/benêt

885 Le maigrelet aux pieds lourds,

Et obtiens satisfaction de lui

Pour venger ton jument

365 et le traitement de ton bel amour.

Qu’il ne profite pas de ses six enfants ! [AJS a bit putative here : gan is used as « may he not »]

890 Sans nuire à Máire,

Et ce n’est pas par amour pour elle,

Mais parce que ma mère

370 Lui a porté dans son ventre

Pendant neuf mois.

895 (xxxv)

Mon amour et mon chéri !

(Your stacks are on their feet) Tes meules de foin sont dressées,

Ta vache jaune donne du lait ;

375 Et sur mon cœur est le regret (de ta mort)/et dans mon cœur est un chagrin de toi

900 Que le Province de Munster ne peut guérir

Ni les Mages de l’Île des Blonds.


Avant qu’Art O’Leary ne me revienne

Rien n’éteindra mon chagrin

380 Au centre de mon cœur en le broyant/qui broie le centre de mon cœur

905 emmuré fermement [C’est probablement le cœur en question mais je laisse l’ambiguïté entre
cœur/chagrin]

Comme s’il y avait une serrure sur une malle

Et que la clé s’est perdue.

(xxxvi)

910 Ô femmes ici qui pleurez,

385 Mettez-vous sur vos pieds

Qu’Art fils de Conchubhar réclame à boire /parce que Art fils de Conchubhar réclame à boire

Et plus encore pour l’amour des pauvres (Dinneen : over and above, besides, beyond, excessive, for
the sake of)

915 Avant qu’il ne rentre à l’école9 –

Non pas pour apprendre le savoir ou la musique,

Mais pour porter boue et pierre./mais pour porter terre et pierre.

920 Adresse

925

930

10 9
i.e. le cimetière
935

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