Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1. 1 Définitions
Trois grandeurs physiques de même nature (tensions, courants, ...), représentées par des
fonctions sinusoïdales du temps forment un système triphasé si elles ont même pulsation, et
qu'elles sont déphasées entre elles de ± 2 /3. Le système est dit triphasé direct quand le
déphasage est de - 2 /3 et indirect lorsqu'il est de + 2 /3. Il est appelé équilibré lorsque de
plus les trois grandeurs ont même amplitude Xm. Les trois grandeurs suivantes, par exemple,
forment un système triphasé équilibré direct:
x1(t) = Xm sin (t) x1(t) = Xm sin (t - 2 /3) x1(t) = Xm sin (t - 4 /3)
Les grandeurs précédentes peuvent être représentées par des nombres complexes de même
amplitude et dont les arguments sont ceux des fonctions sinus précédentes:
avec
On peut donc représenter ces grandeurs dans le plan complexe par trois vecteurs de même
longueur, ayant entre eux un angle de - 2 /3 et qui tournent dans le même sens avec une
vitesse angulaire . Dans la mesure où les grandeurs ont la même vitesse angulaire, il est
plus intéressant de prendre la référence de phase sur l'un des nombres complexe, X1 par
exemple, de manière à avoir une représentation vectorielle composée de trois vecteurs
''fixes'' dans le plan de Fresnel et quelquefois de représenter les nombres complexes
d'amplitude
On peut remarquer qu'on passe de la représentation d'un système triphasé équilibré direct
(STED) à celle d'un système triphasé équilibré inverse (STEI) en inversant simplement les
Remarque: Dans la suite de l'exposé on utilisera la notation complexe des grandeurs lorsque
nécessaire sans préciser à chaque fois qu'il s'agit d'un nombre complexe ''associé'' à la
grandeur sinusoïdale concernée. De même, lorsqu'elle ne sera pas explicitement indiquée, la
dépendance en ejt des tensions et des courants sera sous entendue. Ce qui revient à prendre
la référence de phase sur l'une des tensions (ou l'un des courants) du système triphasé
étudié.
1. 3 Opérateur rotation
a + a2 + 1 = 0
On a donc aussi:
X1 + X2 + X3 = X1(1 + a + a2) = 0,
a2 = a-1
a3 = 1
Remarque: On traitera dans ce qui suit le cas des systèmes triphasés équilibrés directs, en se
rappelant que les systèmes inverses ont des propriétés similaires.
Considérons une ligne à quatre fils composée de 3 fils de phase (ou de ligne) et d'un fil de
neutre, dont on précisera le rôle plus tard. On appelle tensions simples (ou tensions étoilées)
les tensions mesurées entre le neutre, réel ou fictif, et un fil de phase (V1, V2, V3) et on
nomme tensions composées (U12, U23, U31) les tensions obtenues par différence entre deux
tensions simples:
Uij = Vi - Vj
Les courants I1, I2 et I3 sont appelés courants de ligne. Si les tensions (V1, V2, V3) forment
un STED Dans le cas d'une ligne en charge équilibrée, c'est à dire lorsque chacune des
phases supporte la même impédance, le système de courants (I1, I2, I3) forme un STED. Ces
courants vérifient donc la relation:
I1 + I2 + I3 = 0
1. 5 Couplage étoile
Un générateur ou un récepteur triphasé est constitué de trois générateurs ou récepteurs monophasés, et donc peut
être représenté, en application du théorème de Thévenin, par trois dipôles formés d'une source de tension en série
son impédance interne. Pour réaliser un couplage étoile sans neutre on connecte les trois éléments du générateur
ou du récepteur de façon à avoir un point commun de tension. Sur la figure suivante est présentée un couplage de
type étoile dans le cas d'un récepteur passif (fem nulle) équilibré.
La relation
In = I1 + I2 + I3 = (V1 + V2 + V3) / Z = 0
montre que le courant In dans le fil de neutre est nul et qu'il n'est donc pas nécessaire au transfert de puissance
dans ces conditions de ligne équilibrée en tension et courant.
1. 6 Couplage triangle
Un couplage triangle est réalisé en connectant les trois éléments constitutifs du générateur ou du récepteur
triphasé de manière à constituer un circuit fermé. La figure suivante illustre ce couplage pour un récepteur passif
équilibré.
Les tensions (U12, U23, U31) formant un STED, si chacune des branches porte une même impédance, les courants
(J12, J23, J31) forment eux aussi un STED de courants.
et forme un STED de courants (même fréquence, même amplitude , déphasage entre elles de - 2/3).
La relation entre les valeurs efficaces des deux systèmes de courants est donc
où Ieff et Jeff désignent respectivement les valeurs efficace des courants (I1, I2, I3) et (J12, J23, J31).
2) PUISSANCES TRIPHASEES
2. 1 Rappels monophasés
Ci-dessous sont rappelées les expressions des différentes puissances utilisées en monophasé pour une ligne
parcourue par un courant sinusoïdal i(t) = Im sin t sous une tension sinusoïdale v(t) = Vm sin t.
Par analogie avec l'étude du courant continu, on appelle puissance instantanée le produit:
Dans le cas où la tension et le courant sont deux grandeurs sinusoïdales de même pulsation:
La puissance instantanée est donc composée d'une valeur constante VI cos et de la puissance fluctuante de
pulsation 2, de valeur moyenne nulle.
Elle traduit la puissance moyenne transmise le long de la ligne et s'exprime en Watt (W).
S = VI (cos + jsin ) = P + jQ
La composante réelle de S est formée par la puissance active P et son module constitue la puissance apparente
En notation complexe, la tension et le courant étant respectivement représentés par les nombres complexes
V = Vm ejt I = Im ej(t - )
A partir de cette forme exponentielle de la puissance complexe on peut exprimer la puissance sous une nouvelle
forme:
Q = VI sin
Par définition, le facteur de puissance est le rapport de la puissance active sur la puissance apparente
Soient n impédances Zi montées en série, parcourues par un courant sinusoïdal i(t) = Im sin t sous une tension
totale v(t) = Vm sin t.
La tension complexe totale V est la somme des tensions complexes Vi (i = 1, 2,.., n) aux bornes de chaque
impédance Zi
La puissance complexe totale est égale à la somme des puissances complexe. En séparant les parties réelle et
imaginaire de cette relation, on en déduit les relations équivalentes pour les puissances active et réactive:
Considérons cette fois n impédances Zi montées en parallèle sous une tension v(t) = Vm sin t, le système étant
alimenté par un courant sinusoïdal i(t) = Im sin t.
La puissance complexe totale est égale à la somme des puissances complexe. En séparant les parties réelle et
imaginaire de cette relation, on en déduit les relations équivalentes pour les puissances active et réactive:
Le théorème de Boucherot s'applique dans les deux configurations d'association d'impédances et peut s'énoncer
comme: ''La puissance complexe totale consommée sur un réseau est égale à la somme des puissances
complexes des différents éléments connectés sur ce réseau''.
2. 2 Puissances triphasées
2.2.1 Définitions
Une ligne triphasée peut être considérée comme l'association de trois lignes monophasées ayant un fil
conducteur en commun, le neutre. Les puissances active et réactive triphasées sont définies comme les sommes
des puissances actives et réactives de chacune des phases.
Soient Vi, Ii (i = 1, 2, 3) les valeurs efficaces respectivement de la tension entre la phase i et le neutre et du
courant dans celle-ci et i le déphasage entre Ii et Vi, les puissances active et réactive triphasées sont donc:
On notera que la puissance apparente définie, comme le module de la puissance complexe, est différente, dans le
cas général, de la somme des puissances apparentes de chacune des phases.
Si le régime est équilibré en tensions et courants, les amplitudes (Vi, Ii) et les déphasages i sont les mêmes sur
chacune des phases.
Vi = Vm Ii = Im i =
v1(t) = Vm sin t v2(t) = Vm sin (t - 2/3) v3(t) = Vm sin (t - 4/3)
i1(t) = Vm sin (t - ) i2(t) = Vm sin (t - 2/3 - ) i3(t) = Vm sin (t - 4/3 - )
de valeurs efficaces et
Remarques: En régime équilibré, la puissance fluctuante est nulle et la puissance instantanée triphasée est
constante, égale à sa valeur moyenne qui s'identifie, comme on le vérifiera ultérieurement, à la puissance active
triphasée. Cette propriété permet à une machine triphasée fonctionnant en régime équilibré de fournir ou
absorber un couple constant contrairement à une machine monophasée dont le couple comportera en plus un
terme en 2.
Compte tenu de la définition de la puissance complexe triphasée, il apparaît que le théorème de Boucherot (§
2.1.4) s'applique aussi dans le cas triphasé.
Considérons le groupement étoile des trois impédances Z1, Z2 et Z3, représenté sur la figure ci dessous.
- la ligne triphasée est à quatre fils, le point commun de potentiel O est connecté au neutre et
V0 = 0;
- la ligne triphasée est à trois fils, la loi des nœuds impose alors:
I1 + I2 + I3 = 0
D'où les expressions de la puissance active absorbée par le groupement étoile, représentée par la partie réelle de
S
dans lesquelles Vi et Ii (i = 1, 2, 3) sont les valeurs efficaces des tensions et des courants Vi et Ii (i = 1, 2, 3) et i
le déphasage entre le courant Ii et la tension Vi.
Dans le cas d'une charge équilibrée (Z1 = Z2 = Z3 = Z) les systèmes de tensions simples (V1, V2, V3) et de
courants de ligne (I1, I2, I3) forment des STED respectivement de tensions et de courants (cf. § 1.4):
introduisant la valeur efficace des tensions composées Uij, (cf. § 1.4), la puissance complexe a pour
expression
- la puissance active:
- la puissance réactive:
- la puissance apparente:
Considérons le groupement triangle suivant des trois impédances Z1, Z2 et Z3, dans lequel (V1, V2, V3) et (U12,
U23, U31) d'une part et (I1, I2, I3) et (J12, J23, J31) d'autre part sont les nombres complexes associés aux tensions et
aux courants correspondants.
La puissance complexe absorbée par la charge (Z1, Z2, Z3) s'exprime par:
dans lesquelles Uij et Jij (i = 1, 2, 3; j = 2, 3, 1) sont les valeurs efficaces des tensions et des courants Uij et Jij (i =
1, 2, 3; j = 2, 3, 1).
Si la charge triphasée est équilibrée (Z1 = Z2 = Z3 = Z) les systèmes de tensions simples (V1, V2 , V3) et
composées (U12, U23, U31) et les systèmes de courants de ligne (I1 , I2, I3) et de branche (J12, J23, J31) forment des
STED (cf. § 1.4 et 1.6). On peut donc écrire:
où et sont les valeurs efficaces des courants Jij et des tensions Uij (i = 1, 2, 3; j = 2, 3,
1). On a montré que, dans le cas d'un groupement triangle équilibré, les valeurs efficaces des courants de ligne Ii
et de branche Jij sont liées par la relation (cf. § 1.6). Par substitution on obtient pour expression de la
puissance complexe
- la puissance active:
- la puissance réactive:
- la puissance apparente:
Ces expressions sont identiques à celles obtenues pour le groupement étoile équilibré.
Dans le cas une tension et un courant sinusoïdaux, la grandeur fournie par le wattmètre s'exprime en monophasé
par (cf. § 2.1.2)
P = VI cos
où I, V et f représentent respectivement les valeurs efficaces du courant traversant le circuit gros fil et de la
tension entre les bornes de sortie du circuit fil fin et le déphasage entre ces deux grandeurs.
Si on néglige la chute de tension aux bornes du wattmètre, dans les deux cas la valeur indiquée par le wattmètre
est
Dans le premier cas: montage amont, la valeur représente plutôt la puissance active fournie par la source, dans le
second: montage aval, elle représente celle reçue par le récepteur. Si on néglige la chute de tension aux bornes
du wattmètre les mesures sont équivalentes en valeur absolue. Toutefois la mesure est une grandeur algébrique.
Les montages ci-dessus donneront une valeur positive si l'énergie circule de la ''gauche'' vers la ''droite'' de la
ligne.
On peut mesurer la puissance active d'une ligne triphasée à quatre fils au moyen d'un dispositif à trois wattmètres
suivant le montage suivant:
Avec les mêmes notations, dans le cas d'une ligne à trois fils, sans fil neutre, la puissance active peut aussi
s'obtenir avec trois wattmètres à partir du montage suivant:
En l'absence de fil de neutre, les tensions sont définies par rapport à un potentiel de référence qui peut être par
exemple la terre. La valeur de la résistance R, ajoutée au circuit tension de chacun des wattmètres, est
quelconque ainsi que celle du potentiel V0.
d'où
Considérons une ligne triphasée à trois fils, équilibrée en courant et tension, dont les tensions simples et les
courants de ligne sont représentés par les nombres complexes (V1, V2, V3) et (I1, I2, I3).
Il s'agit d'un cas particulier du cas précédent. La méthode des deux wattmètres, de mesure de la puissance active,
s'applique donc aussi dans ce cas. On a vérifié de plus qu'en régime équilibré (courant et tension) le fil de neutre,
s'il existe, n'est parcouru par aucun courant. La méthode est donc valable pour toutes les lignes triphasées en
régime équilibré, qu'elles soient à trois ou quatre fils. Cette méthode présente un avantage supplémentaire
lorsqu'on étudie une ligne triphasée qui supporte un tel régime. Pour le vérifier calculons la différence W1 - W2
des indications fournies par les deux wattmètres.
introduisant la valeur efficace des tensions composées Uij (cf. § 1.4), on obtient
La méthode des deux wattmètres permet donc de mesurer simultanément les puissances active et réactive d'une
ligne triphasée équilibrée en courant et tension et d'en déduire la puissance apparente et le facteur de puissance.
La tension étant généralement imposée et connue on pourra aussi calculer le courant circulant sur la ligne.
En régime équilibré en tension et courant on peut déterminer les puissances active et réactive par deux mesures
successives à l'aide d'un seul wattmètre, suivant les schémas
a) b)
où V et I sont les valeurs efficaces des tensions simples Vi et des courants de ligne Ii. On sait qu'en régime
P = 3W
soit
La méthode ci-dessus peut être adaptée à la mesure de la puissance réactive d'une ligne triphasée à trois fils
équilibrée en tensions mais déséquilibrée en courants à partir du montage suivant
Notons
les tensions simples et les courants de ligne, V et U les valeurs efficaces des tensions simples et composées et Ii
(i =1, 2, 3) les valeurs efficaces des courants complexes Ii. Le système étant équilibré en tensions, les tensions
composées Uij s'écrivent (cf. § 1.4)
Considérons une ligne triphasée quelconque, à trois ou quatre fils, déséquilibrée en courants et tensions. La
démarche à suivre pour la détermination de la puissance réactive est la suivante:
- Mesure des puissances actives Pi (i = 1, 2, 3) sur chacune des phases par la méthode des trois
wattmètres (cf. § 2.3.2)
- Calcul des puissances apparentes Si par phase à partir de la mesure des tensions et courants:
i = 1, 2, 3
Q = Q1 + Q2 + Q3
Le facteur de puissance en triphasé, comme en monophasé, se définit comme le rapport de la puissance active
sur la puissance apparente
Si la ligne est équilibrée en tensions et courants, la méthode des deux wattmètres permet donc de déterminer le
facteur de puissance. Les expressions des différentes puissances étant (cf. § 2.2)
- la puissance active:
- la puissance réactive:
- puissance apparente:
3) IMPEDANCES CYCLIQUES
Les trois phases des dispositifs triphasés, qu'ils soient générateurs, lignes ou récepteurs, ne peuvent être
considérées comme indépendantes en raison des interactions électromagnétiques entre elles. Toutefois, lorsque la
construction est symétrique, la notion d'impédance cyclique permet de définir un schéma monophasé équivalent.
Il n'existe pas de méthode générale pour construire ces schémas monophasés équivalents. Nous en allons étudier
deux exemples.
3. 1 Alternateur triphasé
Soit un alternateur triphasé dont les enroulement statoriques sont couplés en étoile, E1, E2 et E3, les fem
respectives de chacune des phases, supposées sinusoïdales. Par conception de l'alternateur (E1, E2, E3) forme un
système triphasé équilibré que nous supposerons direct. Les impédances internes sur chaque phase sont
identiques, égale à Z = R + jL.
Les coefficients de mutuelle inductance Mij quantifient les interactions entre les phases d'indices i et j. Si la
construction est symétrique, Mij = M. Si de plus on a I1 + I2 + I3 = 0, ce qui est le cas pour des lignes triphasées à
trois fils ou lorsque le régime est équilibré en courant, on peut écrire
avec i = 1, 2, 3; j = 2, 3, 1; k = 3, 1, 2
ou en posant Zc = R + j(L - M)
V i = E i - Z c Ii avec i = 1, 2, 3
Cette formulation de la relation entre le courant, la tension et la fem présente l'avantage de ne faire référence qu'à
la phase d'indice i, toutes les interactions étant incluses dans le coefficient de mutuelle inductance M. Zc est
l'impédance cyclique de la phase et Lc = L - M son admittance cyclique. Le fonctionnement de la phase i est donc
décrit par le schéma monophasé équivalent suivant:
On considère cette fois un tronçon de ligne triphasée en régime équilibré, en tensions et courants. Soient (I1, I2,
I3) et (I '1, I '2, I '3), respectivement les courants à l'entrée et en sortie du tronçon de ligne considéré, et de même
(V1, V2, V3) et (V '1, V '2, V '3) les tensions simples à l'entrée et en sortie. Cette ligne peut être modélisée par le
schéma suivant:
Si la ligne est symétrique les coefficients de mutuelle inductances sont identiques (Mij = M). La chute de tension
sur la phase i s'écrit
avec i = 1, 2, 3; j = 2, 3, 1; k = 3, 1, 2
Ii = Ii - I 'i = 0Ii + jIi + kIk = YVi + Y '(Vi - Vj) + Y '(Vi - Vk)
= (Y + 2Y ')Vi - Y '(Vj + Vk)
= (Y+ 3Y ')Vi (Vi + Vj + Vk = 0)
avec i = 1, 2, 3; j = 2, 3, 1; k = 3, 1, 2
Ii = YcVi (i = 1, 2, 3)
3. 3 Intérêt et conditions
L'intérêt des impédances et admittances cycliques est, bien sûr, de permettre de ramener l'étude d'un système de
trois phases en interaction à celle d'un système monophasé. Par ailleurs, la détermination de l'impédance ou
l'admittance d'un dispositif triphasé étant le plus souvent effectuée alors que les trois phases sont en
fonctionnement et donc en interaction, ce sont les grandeurs cycliques qui sont obtenues et non celles propres à
chaque phase.
De plus, la modélisation par les impédances et admittances cycliques suppose implicitement la symétrie de
réalisation du dispositif puisque les interactions entre les phases sont considérées identiques.
Un système triphasé déséquilibré est un système dont les tensions ou les courants ne vérifient pas les conditions
de phases ou d'amplitudes, énoncées au paragraphe 1.1, qui définissent les systèmes triphasés équilibrés. La
fréquence est par contre identique pour les trois grandeurs.
4. 1 Composantes symétriques
Soit un système triphasé quelconque, équilibré ou déséquilibré, dont les éléments sont des grandeurs sinusoïdales
de même fréquence, représentés par les nombres complexes (X1, X2, X3). Posons
Les nombres complexes Xd, Xi et X0 sont appelés composantes symétriques du système (X1, X2, X3).
La relation entre le système déséquilibré (X1, X2, X3) et ses composantes symétriques (Xd, Xi, X0) s'écrit sous
forme matricielle
L'étude du système quelconque (X1, X2, X3) peut donc se ramener à celle des trois systèmes équilibrés
précédents, c'est à dire que le système (X1, X2, X3) peut être considéré comme la superposition de trois systèmes
équilibrés de même fréquence: direct, inverse et homopolaire.
Remarques: On peut noter que les systèmes inverse, direct et homopolaire sont obtenus respectivement sur la
base de progressions géométriques de raisons a, a2 et a3. Ce résultat se généralise à un système polyphasé à q
phases qui peut être considéré comme la superposition de q système équilibrés obtenus par progressions
géométriques.
Si le système triphasé (X1, X2, X3) est équilibré une seule des composantes symétriques est différente de zéro et
en toute rigueur la décomposition reste valable. Cette composante non nulle s'identifie à:
La définition des composantes symétriques entraîne une composante homopolaire nulle pour tous les systèmes
dont la somme est égale à zéro.
Soit un système triphasé quelconque de tensions simples (V1, V2, V3) dont les composantes symétriques sont (Vd,
Vi, V0). Il s'écrit
U0 = 0
Par construction, les amplitudes de ces composantes symétriques des tensions simples et composées vérifient les
relations trouvées lors de l'étude des systèmes triphasés équilibrés:
et
où Udm et Uim sont les amplitudes de Ud et Ui, Vdm et Vim celles de Vd et Vi. Des relations identiques s'appliquent
aux valeurs efficaces de ces tensions. En notant ces valeurs efficaces respectivement
et
Remarque: Notons que la définition des tensions composées entraîne nécessairement la nullité de la composante
homopolaire du système.
Soit un groupement en triangle de trois phases et son système de courants de branches (J12, J23, J31) de
composantes symétriques notées (Jd, Ji, ,J0):
et les relations entre les composantes symétriques des courants de ligne et de branche:
I0 = 0
La composante homopolaire est nulle puisque l'alimentation du groupement triangle se fait forcément à trois fils
et que donc I1 + I2 + I3 = 0.
Comme pour les tensions composées, les amplitudes des composantes symétriques des courants de ligne et de
branche vérifient les relations trouvées lors de l'étude des systèmes triphasés équilibrés:
et
où Idm et Iim sont les amplitudes de Id et Ii, Jdm et Jim celles de Jd et Ji. En notant les valeurs efficaces de ces
courants respectivement
on a les relations
et
4. 4 Degré de déséquilibre
On quantifie le déséquilibre d'un système triphasé par le degré de déséquilibre (ou degré de dissymétrie), en
courant ou en tension, défini comme le rapport des valeurs efficaces, ou des amplitudes, de la composante
inverse sur la composante directe:
Les systèmes triphasés fonctionnent généralement au voisinage du régime équilibré. Pour de nombreuses
machines tournantes, par exemple, le non respect de cette condition peut entraîner des échauffements excessifs.
Il en résulte que l'une des composantes, directe ou inverse, est largement prépondérante.
Les puissances triphasées ont déjà été étudiées dans le cas général au paragraphe 2. 2. Il a été établit qu'elles
s'expriment par:
dans lesquelles Vi et Ii (i = 1, 2, 3) sont les valeurs efficaces des tensions simples et des courants de ligne Vi et Ii
(i = 1, 2, 3) et i le déphasage entre le courant Ii et la tension Vi.
En notant (Vi, Vd, V0) et (Ii, Id, I0) les composantes symétriques respectivement des systèmes de tensions Vi et de
courants Ii, on a
I1* = Id* + Ii* + I0* I2* = aId* + a2Ii* + I0* I3* = a2Id* + aIi* + I0*
Ii* (i = 1, 2, 3), Id*, Ii*, I0* sont les complexes conjugués de Ii (i = 1, 2, 3), Id, Ii, I0.
En termes de composantes symétriques et compte tenu des propriétés de l'opérateur rotation a (cf § 1.3) la
puissance complexe s'exprime donc par
Considérons une ligne triphasée dont les tensions simples et les courants de ligne sont respectivement (Vd, a2Vd,
aVd) et (Id, a2Id, aId). La puissance complexe associée à un tel système est la somme des puissances complexes
de chacune des phases (cf § 2.2.1):
et
De manière similaire, si les systèmes de tensions simples et de courants de ligne sont (Vi, aVi, a 2Vi) et (Ii, aIi,
a2Ii) sur la ligne, elle est le siège d'une puissance complexe
et
Enfin, si le régime de la ligne est caractérisé par les composantes homopolaires V0 et I0on a
et
Remarque: Les expressions des différentes puissances transmises par les composantes symétriques directe,
inverse et homopolaire sont évidemment conformes à celles obtenues dans l'étude des régimes triphasés
équilibrés puisqu'il s'agit précisément des régimes équilibrés. On aurait pu, à ce titre, écrire directement ces
expressions.
La puissance complexe est donc la somme des puissances complexes transmises par les trois systèmes équilibrés
direct, inverse et homopolaire:
On en déduit:
- la puissance active: P = Re{S} = 3[VdId cos d + ViIi cos i +3V0I0 cos 0] = Pd + Pi + P0
- la puissance réactive: Q = Im{S} = 3[VdId sin d + ViIi sin i +3V0I0 sin 0] = Qd + Qi + Q0
- la puissance apparente
4. 6 Facteur de puissance
Le facteur de puissance en régime déséquilibré se définit comme le rapport de la puissance active sur la
puissance apparente, soit:
5. 1 Introduction
5. 2 Pertes en ligne
Pour vérifier l'intérêt économique du transport de l'énergie électrique sous forme triphasée comparons une ligne
triphasée équilibrée en courants et tension et une ligne monophasée, les deux lignes étant constituées de
conducteurs identiques.
Sous une tension V et parcourue par un courant I, de valeurs efficaces V et I, la puissance transportée par la
ligne monophasée est
Pmono = VI cos
étant le déphasage entre I et V. En notant R la résistance linéique des conducteurs, la ligne dissipe par effet
Joule et par mètre une puissance
PJmono = 2RI2
La puissance transportée par une ligne triphasée équilibrée en tensions et courants, dont les tensions simples sont
de même valeur efficace V et sous le même facteur de puissance, et constituée de conducteurs identiques à ceux
de la ligne monophasée, est
Cette puissance est égale à celle de la ligne monophasée précédente pour un courant de valeur efficace trois fois
plus faible
Pour une même puissance transmise, les pertes Joule sont six fois plus faibles. Toutefois, pour former la ligne
triphasée on utilise 50% de matériau conducteur en plus. A masse de conducteur égale, on peut fabriquer une
ligne triphasée de même longueur que la ligne monophasée à condition de réduire la section des fils au 2/3. La
résistance R' des trois conducteurs est alors
R' = 3R/2
Si on conserve les conditions précédentes, de valeur efficace des tensions simples équilibrées égale à celle de la
ligne monophasée et de même facteur de puissance, la puissance triphasée transmise est identique à celle de la
ligne monophasée pour un courant I' = I/3. Les pertes Joule par mètre de la ligne triphasée sont dans ce cas
A masse de conducteur et puissance transmise égales, les pertes par effet Joule sont quatre fois plus faible sur
une ligne triphasée équilibrée que sur une ligne monophasée.
5. 3 Organisation de la distribution
Les pertes Joules sont proportionnelles au carré du courant et donc d'autant plus faibles que le courant sur la
ligne est petit. A puissance active donnée, ces pertes sont donc d'autant plus faibles que le transport se fait à plus
haute tension et que le facteur de puissance sera proche de l'unité. Cette considération explique d'une part
l'incitation faite aux usagers par les producteurs d'énergie électrique, de préserver un facteur de puissance élevé
(> 0.85) et l'organisation du transport et de la distribution. Si l'effet Joule n'est pas la seule origine des pertes sur
les lignes, elles sont tout de même prépondérantes.
Le transport sur les longues distances se fait à très hautes tensions, 400kV pour les grandes puissances. La
tension est ensuite abaissée progressivement pour des raisons de sécurité à l'approche des agglomérations:
L'énergie électrique ne pouvant être stockée, la production doit être ajustée en temps réel à la consommation. Un
déséquilibre entre la demande et la puissance disponible se traduit par des fluctuations de la tension et la
fréquence sur le réseau. Cette contrainte conduit à disposer d'une puissance de production très supérieure à la
puissance moyenne consommée et d'une inter-connexion entre les réseaux européens.