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VERSION - Texte 1

14 sept. 2023

Texte 1 : Blanca García-Valdecasas, Por donde sale el sol, 1987

Lorsque, avant de me marier, j’amenai Violeta à Santa Maria pour la présenter à la


famille, mes tantes voulurent, au départ, s’opposer à cette union. Comment ? Je l’avais
connu deux mois avant et je voulais me marier ? Je devais être fou… à moins que la femme
ait de l’argent. Je dus les décevoir ; son père vécut toute sa vie misérablement, avec un
salaire de doctorant de l’Université.

Lorsque, avant de me marier, j’amenai Violeta à Santa Maria pour la présenter à ma famille,
mes tantes voulurent s’opposer par principe à cet amour. Comment ? Je l’avais connue
deux mois auparavant et je voulais me marier ? Je devais être fou… à moins que la jeune
femme ait de l’argent. Il me fallut les décevoir ; son père avait vécu toute sa vie
misérablement, avec un salaire de Professeur d’Université.

La seule chose dont elle hérita, et cela avait appartenu à son grand-père, fût la montre en or
et sa chaîne, une montre très ancienne de cinq couches et des initiales joliment gravées ;
elle me l’offrit à moi lorsque nous nous mariâmes. Je n’avais jamais été capable de porter
quelque chose à mes poignets et la montre était la seule chose de valeur que Violeta eut
tout au long de sa vie de célibataire. La première fois qu’elle vint à la maison fut pour Noël ;
je l’avais connu lors d’une soirée de camarades de classe mi-octobre.

La seule chose dont elle hérita, et qui avait appartenu à son grand-père, était la montre en
or et sa chaîne, une montre très ancienne avec cinq cuvettes et avec des initiales joliment
gravées ; elle me l’offrit lorsque nous nous mariâmes. Je n’avais jamais été capable de
porter quoi que ce soit aux poignets et la montre était le seul objet de valeur que Violeta eut
tout au long de sa vie de célibataire. La première fois qu’elle vint à la maison, ce fut pour
Noël ; je l’avais connue lors d’une fête de camarades de l’école à la mi-octobre.

Mince, vêtue de gris, avec des yeux gris qui voulaient me dire « j’ai un secret ». De cette
manière, dès le premier instant et de suite après : « j’ai un secret et s’il y a quelqu’un dans le
monde qui peut le deviner, ce quelqu’un est toi », sans rien présumer, en toute simplicité.
Elle avait dix-huit ans, une lumière resplendissante comme un miracle visible uniquement
avec les yeux de la foi. Comme un aimant pour m’attirer à elle, une femme qu’on a envie de
connaître de plus en plus tout au long de la vie… et plus loin encore.

Menue, vêtue de gris, avec ses yeux gris qui voulaient me dire « moi, j’ai un secret ». Ainsi,
dès le premier instant et immédiatement après : « moi j’ai un secret et s’il y a quelqu’un dans
le monde qui puisse le deviner, ce quelqu’un, c’est toi », sans prétention aucune, en toute
simplicité. Elle avait dix-huit ans, et un éclat caché, comme un miracle seulement visible aux
yeux de la foi. Telle une pierre magnétique capable d’attirer vers elle, une femme qui donnait
envie de la connaître davantage et durant toute la vie… et plus longtemps encore.

Je l’emmenai à Santa Maria pour Noël ; toute la famille était d’accord avec moi, à la
fin de l’année, à tel point que les tantes s’avouèrent vaincues à contrecœur. Les tantes, qui,
selon Ramon, sont comme Diógenes, celui qui se promenait avec une lampe à huile,
bonnes pour trouver une faille chez chaque personne, sans s’arrêter. Ce qu’elles me dirent,
en me disant au revoir, fut : « elle a beaucoup de personnalité, celle-ci va t’amener là où elle
en aura envie ». Je répondis : « Amen ».

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