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W 2 - convergence dans L1∗

Liviu C. Florescu
Université “Al.I.Cuza”, Faculté de Mathématiques, Blvd. Carol I, 11,
700506 – Iaşi, ROMÂNIA,
e–mail: lflo@uaic.ro, http://www.math.uaic.ro/ lflo/

Résumé: Toute partie bornée d0 un espace réflexif est relativement faible compacte.
Mais qu0 est qu0 il passe dans l0 espace des fonctions intégrables ? On parlera de quelques
résultats remarquables de compacité.
Après avoir rappelé des propriétés de l0 index de l0 uniforme integrabilité et la notion
de w2 - convergence, on donnera des résultats de compacité de Brooks - Chacon et celui
de Rosenthal.
Dans une deuxième partie, on introduira une topologie graduée sur l0 espace de fonc-
tions intégrables à but d0 obtenir une extension du théorème de compacité faible de Dunford
- Pettis. Ce résultat est utilisé pour donner une démonstration assez simple au théorème
de Brooks - Chacon.
Dans la dernière partie, on montrera que le résultat de Rosenthal est une conséquence
de ”biting lemma”. En considérant les recherches d’H.-A. Klei, ces deux résultats de
compacité sont équivalents.

1 Introduction
L0 un des plus forts résultats de compacité faible dans L1 , le ”biting lemma”,
attire l0 attention des spécialistes pour ses nombreuses applications dans le
contrôle optimal, la théorie de la probabilités etc. Cet lemme, démontrée par
Brooks et Chacon en 1980, sépare la partie non-uniforme intégrable d0 une
suite bornée de L1 sur des ensembles très petits en mesure, nommés ”bits”
(morceaux), de telle manière qu0 il existe une sous-suite faiblement conver-
gente sur la complémentaire de chacun des morceaux. Un résultat similaire

Exposé supplémentaire, le 26.11.1998, Le Séminaire d’ Analyse Appliqée,
Département de Mathématiques, Université de Bretagne Occidentale, Brest, France;
http://maths2.univ-brest.fr/recherche/seminaires/a1998.html

1
a été donné par H. Rosenthal en 1979 et publié en 1980. En apparence cet
dernier résultat contient des informations supplémentaires. C0 est K.-A. Klei
qui a démontré qu0 il entraı̂ne le lemme de Brooks - Chacon. Mais il est
possible de démontrer l0 implication inverse. Ces deux résultats sont donc
équivalents.

2 L0index de l0uniforme intégrabilité


Soient (X, A, µ) un espace avec de mesure finie, L1 l0 espace des fonctions
intégrables et H une partie de L1 . Alors, selon H.P. Rosenthal, nous
noterons: Z
C(H) = inf sup sup |f |dµ et
ε>0 µ(B)<ε f ∈H B
Z
C(H, A) = inf sup sup |f |dµ, pour chaque A ∈ A.
ε>0 µ(B)<ε f ∈H A∩B

C(H)(C(H, A)) s0 appelle l0 index de l0 uniforme intégrabilité de H (sur A).


Nous rappelons quelques propriétés de ce index.
2.1. C(H) = 0 si et seulement si H est uniformément intégrable.
2.2. J. Appel, E. De Pascale, 1984.
C(H) = inf{t > 0 : ∃A ⊆ L1 faiblement compacte telle que H ⊆ A+tB},
oú H est une partie bornée de L1 et B = {f ∈ L1 : ||f ||1 ≤ 1}.
2.3. L. Florescu, 1989.
a) C(H) < +∞ si H est bornée dans L1 .
b) Si la mesure µ n0 a pas des atomes, H est bornée si C(H) < +∞. .
2.4. L. Florescu, 1989.
Z Z
lim sup |fn |dµ ≤ C({fn }) + lim sup |fn |dµ, ∀(fn ) ⊆ L1 .
n X X n

Remarque. Pour les suites uniformément intégrables nous obtiendrons un


résultat déjà connu
Z Z
lim sup |fn |dµ ≤ lim sup |f |dµ.
n X X n

.
2.5. L. Florescu, 1996.

2
µ
Soit (fn ) ⊆ L1 telle que fn −→
L1
f ∈ L1 ; alors:
a) lim supn ||fn − f ||1 ≤ C({fn });
b) lim supn ||fn ||1 ≤ C({fn }) + ||f ||1 .
|| · ||1
Remarque. Lorsque (fn ) est uniformément intégrable alors fn −→ f et
L1
nous retrouvons le théorème de Vitali.
2.6. L. Florescu, 1993.
Pour toute suite bornée (fn ) ⊆ L1 avec C({fn }) > 0 et pour chaque ε
avec 0 < ε < C({fn }) il existe Aε ∈ A avec µ(Aε ) < ε et (fn1 ) une sous-suite
de (fn ) telle que
C(({fn1 }), X \ Aε ) < ε.
Ce résultat nous montre la possibilité de diminuer l0 index de l0 uniforme
intégrabilité.

3 W 2 - convergence
Définition (J.K. Brooks, R.V. Chacon, 1980). Soit (fn ) ⊆ L1 ; nous disons
w2
que (fn ) est w2 - convergent vers f ∈ L1 , et nous noterons fn −→
1
f s0 il existe
L

une suite des ensembles (Bp ) ⊆ A (”bits”) telles que µ(Bp ) ↓ 0 et


w
χX \ B fn −→
L1
χX \ B f, ∀p ∈ N.
p p

Nous mentionnerons quelques propriétés de w2 - convergence.


3.1. J.K. Brooks, M. Rao, 1990.
La w2 - convergence n0 est pas topologique.
3.2. L. Florescu, 1996. R
C({fn }) = limp lim supn Bp |fn |dµ,
pour toute suite (fn ) ⊆ L1 , w2 - convergente, oú (Bp ) est la suite correspon-
dante des ”bits”.
3.3. L. Florescu, 1996.
µ w2 .
Si fn −→
L1
f et f n −→1
g alors f = g.
L

4 Résultats de compacité
Maintenant, voilà les deux résultats importants de compacité dans L1 que
nous avons en attention:

3
4.1. Biting lemma (J.K. Brooks, R.V. Chacon, 1980).
(BL) Pour toute suite bornée (fn ) ⊆ L1 il existe une sous-suite (fn1 ) et
w2
un f ∈ L1 telle que fn −→ f.
L1
4.2. Subsequence spliting lemma (H.P. Rosenthal, 1979-1980).
(SSL) Pour toute suite bornée (fn ) ⊆ L1 , il existe une sous-suite (fn1 ) et
une suite (ARn ) ⊆ A, deux à deux disjoints, telles que
(i) limn An |fn1 |dµ = C({fn }),
(ii) (χX \ A fn1 )n est faiblement convergent.
n
Remarque. Nous notons ici que c0 est H.-A. Klei (1992, 1996) qui a montré
l0 implication (SSL) =⇒ (BL).
Toutes les démonstrations pour (BL) utilisent le théorème classique de
compacité faible de Dunford-Pettis. Parmi ces démonstrations nous remar-
querons ici celles de J.K. Brooks et R.V. Chacon (1980), M. Slaby (1985),
J.M. Ball et F. Murat (1989), D.Q. Luu (1989).
Nous construirons un appareil topologique adapté à la w2 - convergence
qui nous permet d0 obtenir une nouvelle démonstration de (BL).

5 La topologie graduée sur L1


Soit D = {(a, A) : a ∈ R+ , A ∈ A} avec la suivante relation:
(a, A) ≤ (b, B) si a ≥ b et A ⊆ B ; alors (D, ≤) est un ensemble filtrant
croissant.
Maintenant nous pouvons définir une suite généralisée de semi-métriques
sur L1 ; pour toute (a, A) ∈ D nous désignons:

da,A : L1 × L1 −→ R+ , où
½¯Z ¯ ¾
¯ ¯
¯ ¯
da,A (f, g) = max ¯ (f − g)dµ¯ − a, 0 , ∀f, g ∈ L1 .
A
.
Parmi les propriétés des ces applications nous pouvons mentionner:
5.1. Pa,A = {da,B : a ≥ 0, B ∈ A, B ⊆ A} est une famille de semi-
métriques, c0 est-à-dire chaque da,B est une application symétrique et nulle
sur la diagonale de L1 .
5.2. da,A ≤ db,B pour tout (a, A) ≤ (b, B).
5.3. 0 = da,∅ (f, g) ≤ d0,X (f, g) ≤ ||f −g||1 , pour toutes a ≥ 0 et f, g ∈ L1 .
5.4. d2a,A (f, g) ≤ da,A (f, h) + da,A (h, g), ∀ a ≥ 0, A ∈ A, f, g, h ∈ L1 .

4
Maintenant considérons la semi-uniformité Ua,A engendrée par la famille
Pa,A (c0 est-à-dire que Sa,A = {Ua,B,ε : B ∈ A, B ⊆ A, ε > 0} est une sous-
base pour Ua,A , où nous avons noté Ua,B,ε = {(f, g) : da,B (f, g) < ε}, pour
toutes a ≥ 0, B ∈ A, ε > 0).
Nous donnons maintenant quelques conséquences des propriétés 5.2. -
5.4.
5.20 . Ua,A ⊆ Ub,B , pour toutes (a, A) ≤ (b, B).
5.30 . {X × X} = Ua,∅ ⊆ U0,X = Uw ⊆ U||·||1 , pour tout a ≥ 0, où Uw est
la structure uniforme faible et U||·||1 est la structure uniforme fort sur L1 .
5.40 . Pour toute (a, A) ∈ D il existe (b, B) telle que, pour toute U ∈ Ua,A
nous pouvons trouver une V ∈ Ub,B telle que V ◦ V ⊆ U .
Bien sûr que nous pouvons maintenant parler des suites convergentes
dans les espaces semi-uniforme (L1 , Ua,A ); pour toute suite (fn ) ⊆ L1 , nous
(a, A)
noterons que (fn ) est Ua,A - convergent vers f ∈ L1 par fn −→1
f et nous disons
que (fn ) est (a, A) - convergente. L
Nous pouvons maintenant noter quelques propriétés de cette convergence.
(a, A)
5.5. fn −→ f si et seulement si
L1
¯Z ¯
¯ ¯
¯
lim sup ¯ (fn − f )dµ¯¯ ≤ a,
n B

pour toute B ∈ A, avec B ⊆ A.


5.6. Soit (fn ) une suite bornée dans L1 ; alors (fn ) est w2 - convergente
si et seulement si, pour tout a > 0, il existe B ∈ A avec µ(B) < a, telle que
(fn ) est (a, X \ B) - convergente.
5.7. Soient (fn ) une suite bornée dans L1 et C = C({fn }) l0 index de
w2 (C, X)
l0 uniforme intégrabilité de (fn ). Si fn −→ f alors fn −→ f.
L1 L1
5.8. Théorème (L. Florescu, 1993). Soient H ⊆ L1 une partie bornée,
A ∈ A, et a > C(H, A); alors toute suite de H possède une sous-suite extraite
(a, A) - convergente.
Remarque. Particulièrement, si H est une partie uniformément intégrable
dans L1 , alors H est faiblement compacte et nous avons obtenu le théorème
de Dunford-Pettis.

6 Démonstrations
6.1. Soient (fn ) une suite bornée dans L1 et C = C({fn }) l0 index de
l0 uniforme intégrabilité de (fn ). Maintenant, si nous utilisons à plusieurs

5
reprises le résultat 2.6. et le théorème 5.8., nous pouvons obtenir, pour tout
k ∈ N, un ensemble des entiers positifs Nk ⊆ Nk−1 et un ensemble Ak ∈ A
avec µ(Ak ) < 21k telle que (fn )n∈Nk être ( Ck , X \ Ak ) - convergente dans L1 .
Alors, il existe une sous-suite diagonale (fnk ) telle que (fnk ) être ( Cp , X \ Ap )
-convergente, pour tout nombre p ∈ N. Mais, après 5.6., ça signifie que (fnk )
est w2 - convergente.
Nous remarquons ici que nous avons obtenu la démonstration de (BL)
diminuant a et élargissant A dans (a, A) - convergence de la théorème 5.8.;
ceci est possible grâce à 2.6.
6.2. Utilisant seulement la définition de l0 index de l0 uniforme intégrabilité
et le théorème de Dunford-Pettis, nous pouvons obtenir le suivant résultat:
Pour toute suite w2 - convergente (fn ) ⊆ L1 , il existe une sous-suite extraite
(fn1 ) et une suite
R des ensembles (An ) ⊆ A, deux à deux disjoints, telles que:
(i) limn An |fn1 |dµ = C({fn });
(ii) (χX \ A fn1 ) est faiblement convergente.
n
Puis, si nous utilisons (BL), nous pouvons remarquer que, pour toute
suite bornée (fn ) ⊆ L1 , il existe une sous-suite (fn1 ) ⊆ L1 w2 - convergente
tel que C({fn1 }) = C({fn }). Mais, nous avons obtenu maintenant (SSL).
Donc ces deux résultats de compacité sont équivalents.

7 Exemples
w2
7.1. Soit, pour tout n ∈ N, fn : [0, 1] −→ R, fn = n.χ[0, 1 ] . Alors fn −→ 0 et
n L1
C({fn }) = 1. R
Pour toute suite des ensembles (An ), deux à deux disjoints, An fn dµ 6→ 1.
Nous noterons d0 ici que ceux sous-suites extraites dans (BL) et (SSL)
ne sont pas identiques. Dans
³ notre exemple,
i la sous-suite convenable pour
1 1
(SSL) est (fnn ) et An = (n+1)n+1 , nn , pour tout n ∈ N.
Pn−1 2
7.2. Soit, pour tout n ∈ N, fn : [0, 1] −→ R, fn = k=0 nχk k 1 .
[n, n
+ n3
]
Cette suite a des oscillationsSréparties sur tout l0 intervalle [0, 1].
∞ Sn−1 £ k k 1
¤
Si nous notons par Bp = n=p k=0 n , n + n3 , nous observons que
P
µ(Bp ) < n>p n12 tel que µ(Bp ) ↓ 0.
R
Maintenant, pour tout p ∈ N et pour toute A ⊆ X \ Bp , limn A fn dµ = 0.
w w2
Donc χ fn −→
X \ Bp L1 0 , telle que fn −→1
0.
L

6
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