Vous êtes sur la page 1sur 10

CHAP.

XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

INTÉGRALES À PARAMÈTRE

I. Présentation
On considère ici une fonction f , définie sur I × J , où I, J sont deux intervalles de R (d’intérieurs non vides),
et à valeurs dans K = R ou C.
On peutZ alors considérer, lorsque cela a un sens, la fonction g définie pour x ∈ I et à valeurs dans K par :
g(x) = f (x, t) dt (des conditions suffisantes d’existence de g(x) seront précisées par la suite).
J
Cette expression s’appelle une intégrale dépendant d’un paramètre.
Les questions qui peuvent se poser concernent alors le calcul des limites de g en certains points, la continuité
de g , sa dérivabilité et le calcul de sa dérivée, le calcul d’une intégrale de g .
Les notations précédentes seront conservées dans la suite du chapitre.

II. Continuité

Théorème 1:
Soit f une fonction définie sur I × J , où I et J sont des intervalles réels, à valeurs dans K = R ou C.
On suppose que :

a) ∀ x ∈ I, t 7→ f (x, t) est continue par morceaux.

b) ∀ t ∈ J, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur I.


c) Il existe une fonction ϕ, continue par morceaux sur J, à valeurs dans R+ , et


intégrable sur J telle que :

∀ (x, t) ∈ I × J , f (x, t) 6 ϕ(t) (hypothèse de domination)
Alors :
Z

la fonction g : x 7→ f (x, t) dt est continue sur I.

J

Rem : 1) L’hypothèse c) implique que t 7→ f (x, t) est intégrable sur J , c’est-à-dire que
la définition de g a bien un sens.
2) Le résultat de ce théorème reste vrai si on suppose seulement que l’hypothèse
de domination est vérifiée pour (x, t) ∈ K × J , pour tout segment K inclus dans I .

 Démonstration:
Soit x0 ∈ I . On peut toujours trouver un compact K contenant x0 et inclus dans I , et on supposera que l’hypothèse de
domination est vérifiée pour (x, t) ∈ K × J .
D’après le théorème sur la caractérisation séquentielle de la continuité, pour montrer que g est continue en x0 , il suffit de
démontrer que, pour toute suite (an ) d’éléments de K qui converge vers x0 , la suite
Z (g(an )) converge vers g(x0 ) .
Soit donc (an ) une telle suite. Posons alors fn (t) = f (an , t) , de sorte que g(an ) = fn (t) dt .
J
D’après l’hypothèse a), les fonctions fn sont continues par morceaux sur J . D’après l’hypothèse b), la suite (fn ) converge
simplement sur J vers la fonction h : t 7→ f (x0 , t) , et h est continue par morceaux sur J .
Enfin, l’hypothèse c) implique : ∀ t ∈ J, ∀ n ∈ N, |fn (t)| 6 ϕ(t) , avec ϕ c.p.m et intégrable sur J .
Les hypothèses du théorème de convergence dominée pour la suite de fonctions (fn ) sont donc remplies. Ce théorème permet alors
d’affirmer que Z
: Z
lim fn (t) dt = f (x0 , t) dt soit encore : lim g(an ) = g(x0 ) .
n→∞ n→∞
J J

E Rem : L’exemple qui suit montre que l’hypothèse de domination est indispensable :
x x
La fonction f : (x, t) 7→ est continue sur R2 , et, pour tout x, la fonction t 7→ est intégrable
1 + x2 t2 1 + x2 t2
sur R+ .
Z +∞
Si l’on pose, pour tout x ∈ R, g(x) = f (x, t) dt, on a alors, par un calcul simple :
0

π π
g(0) = 0 , g(x) = si x > 0 , g(x) = − si x < 0,
2 2

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 1/10 13 janvier 2020


CHAP. XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

et g n’est pas continue en 0 ! (on pourra cependant vérifier que l’hypothèse de domination est bien vérifiée sur
tout segment [a ; b] inclus dans R∗+ , ce qui implique la continuité sur R∗+ ).

III. Dérivation

Théorème 2:
Soit f une fonction définie sur I × J , où I et J sont des intervalles réels, à valeurs dans K = R ou C.
On suppose que :
a) ∀ x ∈ I, t 7→ f (x, t) est continue par morceaux et intégrable sur J.

b) ∀ t ∈ J, la fonction x 7→ f (x, t) est dérivable sur I.

∂f

c) pour tout x ∈ I, la fonction t 7→ (x, t) est continue par morceaux sur J .

∂x

d) pour tout t ∈ J, la fonction x 7→ ∂f (x, t) est continue sur I.


∂x
e) Il existe une fonction ϕ, continue par morceaux sur J, à valeurs dans R+ , et


intégrable sur J telle que :

∂f
∀ (x, t) ∈ I × J , (x, t) 6 ϕ(t) (hypothèse de domination)

∂x

Alors : Z

la fonction g : x 7→ f (x, t) dt est de classe C 1 sur I, et :


J Z
∂f
∀ x ∈ I , g ′ (x) = (x, t) dt (formule de Leibniz)
J ∂x

∂f
Rem :1) L’hypothèse e) implique que t 7→ (x, t) est bien intégrable sur J .
∂x
∂f
2) Les hypothèses c) à e) signifient simplement que vérifie aussi les
∂x
hypothèses du théorème 1 .
3) Le résultat de ce théorème reste vrai si on suppose seulement que l’hypothèse
de domination est vérifiée pour (x, t) ∈ K × J , pour tout segment K ⊂ I .

 Démonstration:
Soit x0 ∈ I , et (hn ) une suite quelconque tendant vers 0 (hn 6= 0) . On a :
Z
g(x0 + hn ) − g(x0 ) f (x0 + hn , t) − f (x0 , t) f (x0 + hn , t) − f (x0 , t)
= dt . Notons fn (t) = .
hn J
hn hn
D’après l’hypothèse a), les fn sont continues par morceaux et intégrables sur J .
∂f
D’après l’hypothèse b), la suite de fonctions (fn ) converge simplement sur J vers la fonction t 7→ (x0 , t) , continue par
∂x
morceaux d’après l’hypothèse c).
Z x0 +hn
1 ∂f
On a aussi (cf. résultats sur les primitives...) fn (t) = (x, t) dx .
hn x0
∂x
Donc, en utilisant l’hypothèse e), on en déduit : ∀ t ∈ J , ∀ n ∈ N , |fn (t)| 6 ϕ(t) . Les hypothèses du théorème de convergence
dominée pour la suite de fonctions (fn ) sont donc remplies. Ce théorème permet alors d’affirmer que :
Z Z Z
∂f g(x0 + hn ) − g(x0 ) ∂f
lim fn (t) dt = (x0 , t) soit encore : lim = (x0 , t) dt .
n→∞
J J
∂x n→∞ hn J
∂x
Cela étant vrai pour toute suite (hn ) , le théorème sur la caractérisation séquentielle de la limite donne :
Z
g(x0 + h) − g(x0 ) ∂f
lim = (x0 , t) dt
h→0,h6=0 h J
∂x
Z
∂f
ce qui prouve que g est dérivable en x0 et que g ′ (x0 ) = (x0 , t) dt .
J
∂x
∂f
Enfin, la continuité de g′ résulte de l’application du théorème 1 à , en utilisant de plus l’hypothèse d).
∂x

Une récurrence (pas si simple) permet de généraliser le théorème précédent aux fonctions de classe C n :

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 2/10 13 janvier 2020


CHAP. XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

Corollaire 2.1 : Généralisation


Soit f une fonction définie sur I × J , où I et J sont des intervalles réels, à valeurs dans K = R ou C.
Soit n ∈ N∗ . On suppose que :
∂f ∂nf

a) f, , . . . , n existent, sont continues par rapport à x sur I et continues par morceaux

∂x ∂x
par rapport à t sur J.


∂f ∂ n−1 f

b) ∀ x ∈ I, les fonctions t 7→ f (x, t), t 7→ (x, t),. . . , t 7→ (x, t) sont intégrables sur J.

∂x ∂xn−1
c) Il existe une fonction ϕ, continue par morceaux sur J, à valeurs dans R+

et intégrable sur J telle que :


n
∂ f

∀ (x, t) ∈ I × J ,
∂xn (x, t) 6 ϕ(t) (hypothèse de domination).

Alors :
Z


la fonction g : x 7→ f (x, t) dt est de classe C n sur I, et :
J Z k
∂ f
∀ k ∈ J1 ; nK , ∀ x ∈ I , g (k) (x) =


k
(x, t) dt
J ∂x

Rem : Le résultat de ce théorème reste vrai si l’on suppose seulement que l’hypothèse de domination est
vérifiée pour (x, t) ∈ K × J , pour tout segment K inclus dans I .

 Démonstration:
Le résultat à l’ordre 1 n’est autre que le théorème de dérivation précédent.
Supposons le résultat vérifié à l’ordre n , et soit f vérifiant les hypothèses ci-dessus à l’ordre n + 1 .
En particulier, il existe une fonction ϕ , continue par morceaux sur J , à valeurs dans R+
et intégrable sur J telle que :

∂ n+1 f
∀ (x, t) ∈ I × J , ∂xn+1 (x, t) 6 ϕ(t) .

Si K = [a ; b] est un segment inclus dans I , et si t ∈ J est fixé, le théorème des accroissements finis appliqué à la fonction
∂nf
x 7→ (x, t) sur K donne :
∂xn
n
∂nf ∂ n+1 f

∀ x ∈ K = [a ; b],
∂ f (x, t) −
(a, t) 6 (b − a) n+1 (x, t) 6 (b − a)ϕ(t) ,

n
∂x ∂xn ∂x

d’où : n
∂ f (x, t) 6 ∂ n f (a, t) + (b − a)ϕ(t)

∀ (x, y) ∈ K × I, ∂xn ∂xn
et le second membre de cette inégalité est une fonction intégrable sur I
Ainsi, f vérifie bien les hypothèses du théorème au rang n . D’après l’hypothèse de récurrence, on en déduit que g est de classe
C n sur I et que Z n
∂ f
∀ x ∈ I, g (n) (x) = (x, t) dt .
J
∂xn
Il ne reste plus qu’à appliquer le théorème de dérivation à l’intégrale à paramètre ci-dessus pour obtenir le résultat à l’ordre n+1 ...

Corollaire 2.2 : Généralisation


Soit f une fonction définie sur I × J , où I et J sont des intervalles réels, à valeurs dans K = R ou C.
Soit n ∈ N∗ . On suppose que :
∂nf


a) Pour tout n ∈ N, existe, est continue par rapport à x sur I et continue par morceaux
∂xn
par rapport à t sur J.



b) Pour tout n ∈ N, il existe une fonction ϕn , continue par morceaux sur J, à valeurs dans R+

et intégrable sur J telle que :


n
∂ f

∀ (x, t) ∈ I × J ,
∂xn (x, t) 6 ϕn (t) (hypothèse de domination).

Alors :
Z


la fonction g : x 7→ f (x, t) dt est de classe C ∞ sur I, et :
J Z k
∂ f
∀ k ∈ N∗ , ∀ x ∈ I , g (k) (x) =


k
(x, t) dt
J ∂x

Rem : Le résultat de ce théorème reste vrai si l’on suppose seulement que l’hypothèse de domination est
vérifiée pour (x, t) ∈ K × J , pour tout segment K inclus dans I .

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 3/10 13 janvier 2020


CHAP. XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

 Démonstration:
Il est clair que les hypothèses faites dans ce 2ème corollaire impliquent les hypothèses du 1er corollaire pour tout n .

IV. Un exemple important : la fonction Gamma


La fonction Gamma ne fait plus partie du programme officiel, néanmoins elle apparaı̂t dans de nombreux
problèmes...

Théorème 3: la fonction Γ
Z +∞
Pour tout x > 0 , on peut définir la fonction Γ(x) = e−t tx−1 dt.
0
Cette fonction est de classe C ∞ sur R∗+ et, pour tout n ∈ N, on a
Z +∞
Γ(n) (x) = e−t (ln t)n tx−1 dt
0

 Démonstration:
• Existence :
Posons, pour x > 0 et t ∈ R∗+ , f (x, t) = e−t tx−1 . f est évidemment continue. De plus, pour tout x > 0 , f (x, t) ∼ tx−1 ,
t→0+
1
 
et la fonction t 7→ tx−1 est intégrable au voisinage de 0 (intégrale de Riemann) ; et, pour tout x > 0 , f (x, t) = o ,
t→+∞ t2
1
et la fonction t 7→ est intégrable au voisinage de +∞ .
t2
Cela assure l’existence de Γ(x) pour x > 0 .
• Continuité :
Z 1 Z +∞
−t x−1
Posons, pour x > 0 , Γ(x) = g1 (x) + g2 (x) , avec g1 (x) = e t dt et g2 (x) = e−t tx−1 dt .
0 1
Soient a, b ∈ R tels que 0 < a < b . La fonction (x, t) 7→ f (x, t) est continue sur [a, b] × R∗+ .
Pour 0 < t 6 1 , 0 6 f (x, t) 6 e−t ta−1 , où la fonction t 7→ e−t ta−1 est intégrable sur ]0, 1] . Donc g1 est continue sur [a, b] .
Pour t > 1 , 0 6 f (x, t) 6 e−t tb−1 , où la fonction t 7→ e−t tb−1 est intégrable sur [1, +∞[ . Donc g2 est continue sur [a, b] .
Ainsi, Γ est continue sur tout intervalle [a, b] avec 0 < a < 1 < b , donc sur R∗+ .
• Dérivabilité :
∂nf
Pour tout n ∈ N∗ , on a : = e−t (ln t)n tx−1 . On montre, exactement comme ci-dessus, (mais en utilisant ici les intégrales
∂xn Z +∞
de Bertrand au voisinage de 0 ), que Γ est de classe C n sur R∗+ , et que Γ(n) (x) = e−t (ln t)n tx−1 dt .
0

Prop 1: Propriétés de la fonction Γ


La fonction Γ vérifie les propriétés suivantes :
1. ∀ x > 0, Γ(x + 1) = xΓ(x) .
2. ∀ n ∈ N∗ , Γ(n) = (n − 1)! .
 
1 √
3. Γ = π .
2

 Démonstration:
1. Intégration par parties
2. Récurrence
3. cf. intégrale de Gauss, après changement de variable.

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 4/10 13 janvier 2020


CHAP. XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

Prop 2: Étude aux bornes


1
1. On a : lim+ Γ(x) = +∞. Plus précisément, Γ(x) ∼
x→0 x→0+ x

Γ(x)
2. lim Γ(x) = +∞ et lim = +∞
x→+∞ x→+∞ x

 Démonstration:
1. La relation xΓ(x) = Γ(x + 1) donne lim xΓ(x) = Γ(1) = 1 .
x→0+

2. • Puisque Γ est de classe C1


et que Γ(1) = Γ(2) , la fonction Γ′ s’annule en α ∈]1, 2[ d’après le th. de Rolle. Puisque Γ′
est strictement croissante, Γ′ (x) < 0 pour x < α et Γ′ (x) > 0 pour x > α . En particulier, Γ est croissante sur [α, +∞[ .
D’après le th. de la limite monotone, elle admet donc une limite dans R quand x tend vers +∞ . Puisque Γ(n + 1) = n!
si n ∈ N , cette limite est +∞ .
Γ(x) x−1 Γ(x)
• Pour x > 1 , = Γ(x − 1) , donc lim = +∞ . Cela signifie que la courbe représentative de Γ admet un
x x x→+∞ x
branche parabolique de direction Oy en +∞ .

Représentation graphique de la fonction Γ :

Figure 1 – La fonction Γ

V. Exercices d’application détaillés


1
dt
Z
1. Calculer : g(x) = pour x 6= 0
0 (t2 + x2 )2

 Solution:
1 ∂f −2x
La fonction f : (x, t) 7→ est continue sur R∗ × R et (x, t) = 2 est elle aussi continue sur R∗ × R ; de
(x2 + t2 ) ∂x (x + t2 )2

plus, si [a ; b] est un segment inclus dans R+ on a

2b

∂f
∀ x ∈ [a ; b], ∀ t ∈ [0 ; 1], (x, t) 6 = ϕ(t)

∂x (a2 + t2 )2
avec ϕ continue donc intégrable sur le segment [0 ; 1] (on a un résultat similaire en considérant un segment inclus dans R∗− ).
Z 1
dt
Ainsi, si l’on pose, pour x ∈ R∗ , h(x) = , le théorème 2 permet d’affirmer que h est de classe C 1 sur R∗ et
0
(x2 + t2 )
que :
Z 1
−2x dx
∀ x 6= 0 , h′ (x) = = −2xg(x)
0
(x2 + t2 )2
1 1 −1 ′ −1
  h −1 1 1
i
D’autre part, h(x) = Arctan , d’où g(x) = h (x) = Arctan −
x   x 2x 2x x2 x x(x2+ 1)
1 1 1
soit : g(x) = Arctan + .
2x3 x 2x2 (x2 + 1)

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 5/10 13 janvier 2020


CHAP. XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

Z 1
dt
Rem : Le même raisonnement permet de calculer, par récurrence sur n > 2 , les intégrales .
0
(t2 + x2 )n

Z π
2
2. Calculer g : x 7→ ln(x cos2 t + sin2 t) dt pour x > 0 .
0

 Solution:
 π

Notons f (x, t) = ln(x cos2 t + sin2 t) pour x > 0 et t ∈ 0 ; 2
.
• Dérivabilité sur R∗+ :
 π

Déjà, pour tout x > 0 fixé, l’application t 7→ f (x, t) est continue sur le segment 0 ; 2
, puisque x cos2 t + sin2 t est alors
strictement positif.
∂f cos2 t ∂f  π

(x, t) = donc (x, t) est définie et continue sur R∗+ × 0 ; 2
.
∂x x cos2 t + sin2 t ∂x
On a alors, pour tout segment [a ; b] inclus dans R∗+ :

cos2 t
i
π ∂f
h
∀ x ∈ [a ; b], ∀ t ∈ 0 ; , (x, t) 6 = ϕ(t)

2 ∂x a cos t + sin2 t
2
 π

avec ϕ continue donc intégrable sur 0 ; 2
.
Z π
2 cos2 t
D’après le théorème 2, g est de classe C 1 sur R∗+ , et : ∀ x > 0, g ′ (x) = dt .
0
x cos2 t + sin2 t
 π

En posant u = tan t (qui réalise une bijection strictement croissante de classe C 1 de 0 ; 2
sur [0 ; +∞[ ), on obtient :
Z +∞ Z +∞
du 1 1 1
 
g ′ (x) = = − du (pour x 6= 1)
0
(1 + u2 )(x + u2 ) x−1 0
1 + u2 x + u2

1
h 1 u
i+∞ π 1
= Arctanu − √ Arctan √ = √
x−1 x x 0 2 x+ x
(et cela reste valable pour x = 1 par continuité de g ′ ).
π 1
• Valeur de g : Ainsi : ∀ x > 0 , g ′ (x) = √ et g(1) = 0 (calcul évident), d’où :
2 x+ x
Z x Z x h √ ix
π dt dt
∀ x > 0, g(x) = √ = π √ √ = π ln( t + 1)
2 1
t+ t 1
2 t(1 + t) 1

√ 
x+1
soit enfin : ∀ x > 0, g(x) = π ln .
2

• Étude de la continuité de g en 0+ :
Pour cette étude, on utilisera ici le théorème 1. Les deux premières hypothèses de ce théorème étant facilement vérifiées, il
ne reste plus qu’à vérifier l’hypothèse de domination.
On peut contenter de démontrer la continuité de g sur [0 ; 1] (la continuité sur R∗+ découlant de sa dérivabilité, déjà vue).
 π

Supposons donc x ∈ [0 ; 1] ; ∀ t ∈ 0 ; 2
, sin2 t 6 x cos2 t + sin2 t 6 1 , d’où

π
i i
∀ x ∈ [0 ; 1] , ∀ t ∈ 0 ; , |f (x, t) 6 ln(sin2 t) = 2 |ln sin t| = ϕ(t)
2
 
où ϕ est continue et intégrable (facile) sur 0 ; π2 .
L’hypothèse de domination est donc vérifiée ; on en déduit que g est continue sur [0 ; 1] , donc sur R+ . En particulier elle
est continue en 0+ donc Z π
2
lim g(x) = g(0) = ln(sin2 t) dt .
x→0+
0
Le calcul de g(x) pour x > 0 fait précédemment montre que cette limite est égale à −π ln 2 . On en déduit l’égalité :
Z π
2
π
ln(sin t) dt = − ln 2
0
2

Z π
3. Calculer g : x 7→ ln(x2 − 2x cos t + 1) dt pour x 6= ±1 .
0

 Solution:
• Continuité :
Notons f (x, t) = ln(x2 − 2x cos t + 1) pour x ∈ R − {−1, 1} et t ∈ [0 ; π] .
D’après les théorèmes usuels, f est continue sur le produit D = R − {−1, 1} × [0 ; π] (en remarquant que :
∀ x ∈ R − {−1, 1}, ∀ t ∈ [0 ; π], x2 − 2x cos t + 1 > 0 ).

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 6/10 13 janvier 2020


CHAP. XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

Il en résulte que, si K est un segment inclus dans R − {−1, 1} , on aura

∀ (x, t) ∈ K × [0 ; π], |g(x, t)| 6 kgkK×[0;π] = ϕ(t)


où la fonction constant ϕ est évidemment intégrable sur [0 ; π] (la norme infinie de g existe car continue sur un fermé
borné...).
Conclusion : d’après le théorème 1, g est continue sur R − {−1, 1} .

• Dérivabilité :

∂f 2x − 2 cos t ∂f
(x, t) = 2 donc (x, t) est continue sur D (mêmes arguments que ci-dessus).
∂x x − 2x cos t + 1 ∂x
D’après le théorème 2Z(en procédant de la même façon que ci-dessus pour la domination ) g est de classe C 1 sur R−{−1, 1} ,
π
2x − 2 cos t
et : ∀ x > 0, g ′ (x) = 2 − 2x cos t
dt .
0
x

• Calcul : Z π
dt
Calculons d’abord J = .
0
x2 − 2x cos t + 1

En posant u = tan( 2t ) ( C 1 difféomorphisme de [0, π[ sur [0, +∞[ ), on obtient :


Z +∞ Z +∞
2 du 2 du
J = =
1−u2 (1 + u2 )(x2 + 1) − 2x(1 − u2 )

(1 + u2 )(x2 − 2x + 1)
Z0 +∞ 1+u2 Z0 +∞
2 du 1 2 du
= =
u2 (x + 1)2 + (x − 1)2 (x + 1)2 x−1 2

0 0 u2 + x+1
i+∞
2 x + 1 Arctan u x + 1
h 
π
= =
(x + 1)2 x − 1 |x2 − 1|
x − 1
0

On a aussi :
Z π Z π
2 cos t 1 2x cos t
K = dt = dt (pourx 6= 0)
0
x2 − 2x cos t + 1 x 0
x2 − 2x cos t + 1
Z π
1 2x cos t − x2 − 1 + x2 + 1 1 
= 2
dt = − π + (x2 + 1)J
x 0
x − 2x cos t + 1 x

π x2 + 1 π x2 − 1 π x2 − 1
 
d’où : g ′ (x) = 2xJ − K = + 2x − J = +π J = +π
x x x x x x|x2 − 1|
• Ainsi :
 Si x ∈] − 1, 1[ , g ′ (x) = 0 d’où g(x) = cste = g(0) = 0 .
1 1
 Si |x| > 1 , on a : g = 0 (d’après le résultat précédent, car x
∈] − 1, 1[ ), soit :
x
Z π Z π
1 2 1 1 
   
0= ln − cos t + 1 dt = ln (1 − 2x cos t + x2 dt = π ln 2 + g(x)
0
x2 x 0
x2 x

d’où finalement : g(x) = 2π ln(|x|) .

Z +∞
2
4. Calculer g(x) = e(−t +ixt)
dt pour x ∈ R
−∞

 Solution:
• Existence et continuité :
2
Posons f (x, t) = e(−t +ixt) pour (x, t) ∈ R2 . f est évidemment continue sur R2 .
2 2
De plus : ∀ (x, t) ∈ R2 , |f (x, t)| = e−t ; t 7→ e−t étant intégrable sur R , l’hypothèse de domination du théorème 1 est
vérifiée, et g est continue sur R .

∂f 2
• Dérivée et calcul : Pour tout x ∈ R , x 7→ f (x, t) est dérivable et : (x, t) = ite−t +ixt , qui est une fonction continue sur
∂x
∂f 2 2
R2 . De plus, (x, t) = te −t ; t 7→ te−t étant intégrable sur R , l’hypothèse de domination du théorème 2 est vérifiée, et

∂x
g est de classe C 1 sur R .
Z +∞ i+∞ Z +∞
i x
2
h 2 2
+ixt
On a donc : ∀ x ∈ R , g ′ (x) = ite−t dt = − e(−t +ixt) − e−t +ixt
dt
−∞
2 −∞ 2 −∞
2 (−t2 +ixt) 2
= e−t2 .

en ayant intégré par parties (en posant u = ieixt et v′ = te−t ). Or lim e = 0 puisque e(−t +ixt)
t→±∞

x2
′ x −
Ainsi, g (x) = − g(x) , d’où g(x) = Ce 4 , où C = cste .
2

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 7/10 13 janvier 2020


CHAP. XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

x2
√ √ −
Puisque g(0) = π (intégrale de Gauss), on en déduit : ∀ x ∈ R, g(x) = πe 4 .

+∞
Arc tan xt
Z
5. Calculer g(x) = dt pour x ∈ R.
0 t(1 + t2 )

 Solution:
• Existence et dérivabilité :
Arc tan xt
Posons f (x, t) = pour (x, t) ∈ R × R∗+ . On va appliquer directement le théorème 2.
t(1 + t2 )
 A x ∈ R fixé, t 7→ f (x, t) est continue sur R∗+ .
 Pour x ∈ R fixé, t 7→ f (x, t) est intégrable sur R∗+ car elle est de signe constant, prolongeable par continuité en 0+ (car
cste
Arc tan u ∼ u ), et équivalente quand t → +∞ à 3 qui est une fonction de Riemann intégrable.
0 t
∂f 1
 Pour t > 0 fixé, x 7→ f (x, t) est de classe C 1 sur R , et (x, t) =
∂x (1 + t2 )(1 + x2 t2 )
1

 On a la domination : ∀ (x, t) ∈ R × R∗+ ,
∂f (x, t) 6 ϕ(t) , avec ϕ : t 7→ continue et intégrable sur R+
1 + t2
∂x
Le théorème de dérivation d’une intégrale à paramètre donne alors g de classe C 1 sur R et
Z +∞
dt
∀ x ∈ R, g ′ (x) = .
0
(1 + t2 )(1 + x2 t2 )

• Calcul :
Pour x > 0 et x 6= 1 une décomposition en éléments simples donne :
 
1 1 1 x2
= −
(1 + t2 )(1 + x2 t2 ) 1 − x2 1 + t2 1 + x2 t2

ce qui permet d’obtenir


π
g ′ (x) =
2(1 + x)
égalité qui reste vraie pour x = 1 par continuité. On en déduit g(x) = π2 ln(1+x) sur R+ et par imparité, g(x) = − π2 ln(1−x)
sur R− .

+∞
ln(1 + xt2 )
Z
6. Calculer g(x) = dt pour x > 0 .
0 1 + t2

 Solution:
• Existence :
ln(1 + xt2 ) 2 ln t
Posons f (x, t) = . A x > 0 fixé, t 7→ f (x, t) est continue sur [0, +∞[ . De plus, f (x, t) ∼ , donc
1+ t2 t→+∞ t2
1

f (x, t) = o 3/2 , donc t 7→ f (x, t) est intégrable sur R+ .
t→+∞ t
Ainsi, g est bien définie sur R+ .
• Continuité :
f est évidemment continue sur R2+ .
Soit a un réel strictement positif quelconque. Alors :
ln(1 + xt2 ) ln(1 + at2 )
∀ x ∈ [0, a], 0 6 6 = ϕ(t)
1 + t2 1 + t2
où ϕ est continue et intégrable sur R+ .
Le théorème 1 entraı̂ne donc la continuité de g sur [0, a] . a étant quelconque, g est donc continue sur R+ .
• Dérivabilité :
∂f t2
Pour tout x > 0 , x 7→ f (x, t) est dérivable et : (x, t) = , qui est une fonction continue sur R∗+ × R+ .
∂x (1 + xt2 )(1 + t2 )
Soit a un réel strictement positif quelconque. Alors :
∂f t2
∀ x ∈ [a, +∞[, 0 6 (x, t) 6 = ϕ(t)
∂x (1 + at2 )(1 + t2 )
1
où ϕ est continue et intégrable sur R+ (car ϕ(t) ∼ ).
t→+∞at2
Le théorème 2 entraı̂ne donc la dérivabilité de g sur [a, +∞[ . a étant quelconque, g est donc dérivable sur R∗+ et,
Z +∞
t2
∀ x > 0, g ′ (x) = dt
0
(1 + xt2 )(1 + t2 )

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 8/10 13 janvier 2020


CHAP. XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

Une décomposition en éléments simples donne alors, pour x > 0 et x 6= 1 :


+∞
Z h it=+∞ it=+∞ 
1 1 1 1 1 √
  h
g ′ (x) = − dt = √ Arctan(t x) − Arctan t
1−x 0
1 + xt2 1 + t2 1−x x t=0 t=0

π 1
= √ √
2 x(1 + x)
l’égalité étant encore vraie pour x = 1 par continuité de g ′ .

Z x Z x
du dv
On a donc, pour tout réel a > 0 : g(x) = g(a) + π √ √ = g(a) + π
a
2 u(1 + u) √
a
1+v
√ √
 
= g(a) + π ln(1 + x) − ln(1 + a)

Cette égalité reste vraie pour a = 0 par continuité de g ; or g(0) = 0 , d’où : ∀ x > 0 , g(x) = π ln(1 + x)

+∞
e−xt sin t
Z
7. Étude de g : x 7→ dt
0 t

 Solution:
• Étude sur R∗+ :

e−xt sin t
Posons f (x, t) = dt , pour (x, t) ∈ R∗+ × R∗+ . f est évidemment continue. Puisque | sin t| 6 |t| , on a, pour tout
t
∂f
x ∈ [a, +∞[ avec a > 0 et tout t > 0 , on a |f (x, t)| 6 e−at et (x, t) = | − e−xt sin t| 6 e−at , avec t 7→ e−at intégrable

∂x
sur R+ .
Les hypothèses du théorème 2 sont donc vérifiées sur chaque intervalle [a, +∞[ avec a > 0 , donc g est de classe C 1 sur R∗+
et l’on a :
+∞ +∞
Z Z 
1 1
g ′ (x) = − e−xt sin t dt = −Im e−xt+it dt = Im =− .
0 0
i−x 1 + x2
Donc : g(x) = −Arctan(x) + cste .
Z +∞
1 π
D’autre part, puisque | sin t| 6 |t| , : |g(x)| 6 e−xt dt = , donc lim g(x) = 0 donc cste = .
0
x x→+∞ 2
Z +∞
e−xt sin t π 1
Ainsi : ∀ x > 0, dt = − Arctan(x) ( = Arctan )
0
t 2 x
• Étude en 0+ :

Il est un peu plus difficile de prouver que g se prolonge par continuité sur R+ , en posant :
Z +∞ Z A
sin t sin t
g(0) = dt = lim dt (l’existence de cette limite a été vue en classe, et va de toutes façons être
0
t A→+∞
0
t
redémontrée ci-dessous).
Pour cela, posons :
Z π Z +∞
e−xt sin t e−xt sin t
g(x) = g1 (x) + g2 (x) , avec g1 (x) = dt et g2 (x) = dt .
0
t π
t
 Étude de g1 :
– Pour tout x > 0 , la fonction t 7→ f (x, t) est continue sur ]0, π] (elle est même prolongeable par continuité en 0 ).
– Pour tout t ∈]0, π] , la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur R+ .
– ∀ (x, t) ∈ R+ ×]0, π], |f (x, t)| 6 1 , et la fonction constante égale à 1 est intégrable sur ]0, π] !
Par application du théorème 2 , on en déduit que g1 est continue sur R+ .
 Étude de g2 :
Une intégration par parties donne, pour tout x > 0 , sachant qu’une primitive de t 7→ e−xt sin t est la fonction
cos t + x sin t
t 7→ −e−xt :
(x2 + 1)
Z A iA Z A
e−xt sin t cos t + x sin t 1 cos t + x sin t
h
dt = −e−xt − 2 e−xt .
π
t t(x2 + 1) π x +1 π
t2
−xt cos t + x sin t
 
Or, lim e = 0 (et cela, même pour x = 0 !)
t→+∞ t(x2 + 1)
cos t + x sin t cste
et, puisque la fonction t 7→ e−xt est intégrable sur [π, +∞[ (car majorée en valeur absolue par 2 ), la
t2 t
limite quand A → +∞ de l’intégrale de cette fonction sur [π, +∞[ existe. Finalement, on a :
Z +∞
e−πx 1 cos t + x sin t
∀ x > 0 , g2 (x) = − + 2 g3 (x) , où l’on a posé : g3 (x) = e−xt dt .
π(x2 + 1) x +1 π
t2
cos t + x sin t x+1 B +1 1

Or, pour tout x ∈ [0, B] et tout t > π , e−xt 6 t2 6 t2 , avec t 7→ t2 intégrable sur [π, +∞[ . Le

t2
théorème 1 assure donc la continuité de g3 sur R+ , et par suite g2 est aussi continue sur R+ .

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 9/10 13 janvier 2020


CHAP. XV – INTÉGRALES À PARAMÈTRE (cours complet) PSI* 19-20

π
Conclusion : g est continue sur R+ . On en déduit que : g(0) = lim g(x) = lim − Arctan(x) , d’où :
x→0+ x→0+ 2
Z +∞
sin t π
dt =
0
t 2

⋆ ⋆ ⋆ ⋆
⋆ ⋆ ⋆
⋆ ⋆

Cours PSI* – © T.LEGAY – Lycée d’Arsonval 10/10 13 janvier 2020

Vous aimerez peut-être aussi