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Fonctions mesurables

Table des matières

- Introduction définition
- exemples
- simplification du critère
- les fonctions continues sont mesurables
- propriétés locales
- les fonctions continues par morceaux sont mesurables
- stabilité par composition et opérations
- presque toutes les fonctions sont mesurables
- et il y en a encore plus
- stabilité par convergence simple
Introduction
Une application f : E → E' entre deux espaces métriques
est continue si et seulement si f −1(O) est ouvert dans E
pour tout ouvert O ⊂ E'.

Soient (Ω,B) et (Ω',B' ) deux espaces mesurables.


Une application f : Ω → Ω' est mesurable si
∀A ∈ B', f −1
(A) ∈ B.

Toute application constante de Ω dans ℝ est mesurable.

La notion de mesurabilité ne dépend pas de la mesure choisie !


Exemples
1) Fonctions indicatrices.
Soit (Ω, B) un espace mesurable.
Soit E ⊂ Ω, 𝟙E −1(1) = E et 𝟙E −1(0) = Ω \ E.
𝟙E mesurable ⇔ E ∈ B (E est mesurable)
2) Suites numériques.
Une suite numérique est une application de ℕ dans ℝ.
Or, la tribu usuelle sur ℕ est P (ℕ).
Donc toute application de ℕ dans n'importe quel
ensemble mesurable est mesurable.
3) Toute variable aléatoire discrète est mesurable,
puisque la tribu considérée est P (Ω).
Simplification
Soient (Ω,B) et (Ω',B' ) deux espaces mesurables,
et soit f : Ω → Ω'. On suppose qu’il existe une
famille C de parties de Ω' telle que σ(C ) = B' et
∀ C ∈ C, f −1
(C ) ∈ B. Alors f est mesurable.

Preuve : On note Bf = {A ⊂ Ω' | f −1


(A ) ∈ B}.
Comme ∀A ⊂ Ω', f −1
(Ω' \ A ) = Ω\( f −1
(A ) ), et
∀(An )n ∈ ℕ, f −1
(∪An ) = ∪ ( f −1
(An ) ), Bf est une tribu.
Or, Bf contient C donc Bf contient σ(C ) = B' .
Autrement dit, ∀A ∈ B', f −1
(A ) ∈ B.
Application 1
Si Ω et Ω' sont des espaces métriques, munies
de leur tribu borélienne, alors toute application
continue f : Ω → Ω' est mesurable.

Preuve : On applique le résultat précédent à O :


l'ensemble des ouverts de Ω' car B(Ω' ) = σ (O).
Comme f est continue, on sait que f −1(O) est
ouvert dans Ω pour tout O de O.
Application : Soit v ∈ ℝn et τv : ℝn → ℝn , x → x − v.
La translation τv est continue et ∀A ⊂ ℝn, τv−1(A) = A + v.

Si A ⊂ ℝn est un borélien alors ∀v ∈ ℝn, A + v aussi.


Application 2
Soit (Ω,B) un espace mesurable et f : Ω → ℝ.
Rappel : la tribu considérée sur ℝ est toujours B(ℝ).
On note {f ≤ a} = {x ∈ Ω, f (x) ≤ a} = f −1
(]−∞, a]).

f est mesurable ssi ∀a ∈ ℝ, { f ≤ a} ∈ B.

Si f : Ω → [−∞, +∞]
f est mesurable ssi ∀a ∈ [−∞, +∞], { f ≤ a} ∈ B.
Local et global
Soient (Ω,B) et (Ω',B' ) deux espaces mesurables,
f : Ω → Ω' et (Ωk )k ∈ ℕ une famille dénombrable
d'élément de B telle que Ω = ∪ Ωk. On munit
k∈ℕ
chaque ensemble Ωi de la tribu trace de B.
L'application f est mesurable si et seulement si sa
restriction à chaque Ωk est mesurable.

Preuve : ∀ A ∈ B',
D'autres fonctions mesurables
Si Ω et Ω' sont des espaces métriques, munies
de leur tribu borélienne, et soit f : Ω → Ω'.
Si l’ensemble des points de discontinuité de f
est dénombrable, alors f est mesurable.

Preuve : Notons D ={ak , k ∈ ℕ*} les points de


discontinuité de f. On pose Ω = Ω\ D et Ω = {a }.
0 k k
f est continue sur Ω0 et constante sur Ωk (k ≠ 0).
f est mesurable sur ∪ Ωk = Ω.

Si I est un intervalle de ℝ, alors toute fonction


f : I → ℝ continue par morceaux est mesurable.
𝟙ℚ est mesurable et est discontinue partout !
Stabilité
Soit (Ω,B), (Ω',B' ), (Ω'',B'' ) trois espaces mesurables,
Si f : Ω → Ω' et g : Ω' → Ω'' sont mesurables.
Alors g ০ f : Ω → Ω'' est mesurable.

Preuve : (g ০ f )−1 (A) = f −1(g−1(A)).

Soit f : Ω → ℝn, x → ( f1(x), f2(x), … , fn(x))


f est mesurable ssi toutes les fonctions fi : Ω → ℝ le sont.
Preuve : pour tout pavé ouvert P = P1× … × Pn ,
f −1(P) = f1 −1(P1) ∩ … ∩ fn −1(Pn ). fk = πk ০ f,
où πk : ℝn → ℝ : projection sur la ke composante (continue).
Stabilité
Si f, g : (Ω, B) → ℝ sont mesurables, alors f + g et f g sont
mesurables, et f /g est mesurable si g ne s’annule pas.

Preuve : f + g = S ০ φ avec
φ : ℝ → ℝ2, x → ( f (x), g (x)) et S : ℝ2 → ℝ, (u, v) → u + v.
S est continue donc mesurable et φ est mesurable d'après
ce qui précède.
Donc f + g est mesurable. De même, f g et f /g.
Espace vectoriel

L'ensemble des fonctions mesurables de (Ω, B) dans ℝ


est un ℝ-espace vectoriel (et même une ℝ-algèbre).

Preuve : C'est un sous-espace vectoriel, et même une


sous-algèbre des applications de Ω dans ℝ.

On a les mêmes résultats pour les fonctions de Ω dans [−∞, +∞] si la


somme est bien définie (pas de +∞ + (− ∞)).
Encore plus
De manière générale, toute fonction ℝ → ℝ
définie par une formule est mesurable.

Si ( fn )n ∈ ℕ est une suite d'applications de Ω dans ℝ.


On définit inf fn et sup fn : Ω → [−∞, +∞] par
∀x ∈ Ω, inf fn (x) = inf ( fn (x)) et sup fn (x) = sup ( fn (x)).

Du coup, on fait le tour là non ?


Encore plus
Si ( fn )n ∈ ℕ est une suite d'applications mesurables
de Ω dans ℝ. inf fn et sup fn sont des applications
mesurables de Ω dans [−∞, +∞].

Preuve : Soit a ∈ ℝ, inf fn (x) < a ⇔ ∃n ∈ ℕ, fn (x) < a.


{inf fn < a} = ∪ { fn < a} : mesurable.
sup fn = − inf(− fn ) : mesurable.
Si ( fn )n ∈ ℕ est une suite d'applications mesurables
de Ω dans ℝ. lim fn et lim fn sont mesurables.

lim fn = sup{inf{ fk | k ≥ n}}.


n∈ℕ
Convergence simple
Si ( fn )n ∈ ℕ est une suite d'applications mesurables
de Ω dans ℝ. Et si ( fn ) converge simplement vers f,
alors f est mesurable.

Preuve : ( fn ) converge vers f ⇒ lim fn = f.

n=1
fn : [0, 1] → ℝ n=2
x → xn. n=5
n = 10
n = 100
À suivre

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