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YONGUI Jean Paul

Préambule à la promotion
du Français
Langue Interplanétaire
Sommaire Pages

Tableaux, photos et schémas…………………………………………………………….2


Introduction………………………………………………………………………………….3
I-La spatialisation des langues…………………………………………………………3
A-Les premières langues spatiales……………………………………………………….3
A1- Les langues pionnières de l’espace extra-atmosphérique………………………..3

A2- Le débarquement de la langue française dans l’espace interplanétaire………..4

A3- Panorama du palmarès des vols spatiaux habités………………………………..5


A4- Littérature de l’espace et prémices de coopération linguistique…………………16

B- Les langues de l’espace et l’infrastructure technologique astronautique…………18

C- Les implications scientifiques et pédagogiques de la spatialisation des langues..20

II-La mission astronautique Proxima ou la francophonie en séjour prolongé dans


le cosmos……………………………………………………………………………….….23

A- La portée glottopolitique et culturelle de la mission spatiale Proxima……………..23

A1- Présentation globale de la Mission Proxima………………………………………..23

A2- Le voyage de la mission Proxima : entre la Terre et l’espace…………………..24

A3- Zoom sur l’équipage de la mission Proxima………………………………………..26


A4- Le reflet de la francophonie dans l’espace interplanétaire………………………...31
B- L’équipement technologique de la mission Proxima et son dispositif de
communication en direction de la francophonie…………………………………………34

C-La pédagogie-événement adoptée par la mission astronautique Proxima………..38

Conclusion…………………………………………………………………………………..41

ANNEXES I- Les expériences de l’ESA et du CNES………………………………..43

ANNEXES II- Les commentaires des sorties extra-véhiculaires…………………55

BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………..60

1
TABLEAUX, PHOTOS ET SCHÉMAS Pages

Encadré : Présentation succincte des astronautes de l’Agence spatiale canadienne...7


Photo : Vue aérienne de l’Agence spatiale canadienne………………………………...11
Tableau 1 : Premier vol habité indépendant……………………………………………..11
Tableau 2 : Progression du record de temps cumulé dans l’espace………………….12
Tableau 3 : Progression du record du plus long vol spatial habité…………………….13
Diagramme : Record de durée de vie dans l’espace……………………………………14
Tableau 4 : Les 100 spationautes ayant cumulé le plus de temps en orbite…………14
Tableau 5 : Progression du record d’altitude pour une mission non lunaire………….19
Tableau 6 : Progression du record de vitesse……………………………………………19
Photo : L’astronaute Thomas Pesquet revient sur terre………………………………..26
Tableau 7 : Quelques grandes premières des vols habités……………………………29
Photo : Sortie extra-véhiculaire de Thomas Pesquet……………………………………55

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Introduction
La traversée de l’atmosphère par les langues de l’humanité n’est pas qu’une simple
évolution au cœur d’une civilisation. C’est une révolution culturelle car durant des
millénaires, le langage humain a été associé à l’activité humaine sur l’écorce terrestre,
à travers les océans, les mers et les cours d’eau. Même après l’avènement de
l’aviation, les langues les plus répandues ont fendu les airs, mais sont restées
confinées à l’espace de la planète Terre.

I- LA SPATIALISATION DES LANGUES


A-Les premières langues spatiales
Le 12 avril 1961, l’ex-URSS propulse dans l’orbite circumterrestre le cosmonaute Youri
Gagarine qui devient simultanément le premier être humain à séjourner dans l’espace
extra-atmosphérique. On sait aujourd’hui que ce fut un jour fabuleux pour la
linguistique aussi, le langage faisant partie des facultés que Youri Gagarine emportait
avec lui dans le cosmos.

A1- Les langues pionnières de l’espace extra-atmosphérique

Alors qu’il accomplissait son vol orbital autour de la Terre, le cosmonaute soviétique
fit du russe la première langue à se positionner hors des frontières de notre planète.
Les récits historiques montrent qu’en début de voyage, Gagarine pratiquait l’écriture
en notant ses impressions au crayon ; quand l’objet est happé par l’apesanteur, le
cosmonaute poursuit la narration de son expérience au magnétophone. Le héros
soviétique devint ainsi le premier sujet parlant et écrivant du cosmos. En cette période
de guerre froide, l’espace extra-atmosphérique est un lieu de compétition. Les États-
Unis qui s’estiment battus dans cette première phase de la conquête spatiale réalisent
à leur tour des vols orbitaux circumterrestres, mais ciblent clairement la Lune pour
laver définitivement l’affront infligé par la superpuissance soviétique. C’est ainsi que la
mission Apollo 11 réussit son alunissage dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969 en posant
le module lunaire à 2h56 mn, temps universel, sur la base de la Tranquillité. Ce vol
habité, considéré comme le plus grand exploit humain à ce jour, fut aussi le sacre
absolu pour la langue de Shakespeare. Lorsque Neil Armstrong posa le pied gauche
sur la Lune, c’est bien en anglais qu’il prononça la célébrissime phrase : « That is one
small step for man, but a great leap for mankind» (‘’C’est un petit pas pour l’homme,
mais un bond de géant pour l’humanité’’). Vingt-huit minutes plus tard, l’astronaute Neil

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Armstrong dévoila une plaque commémorative en acier inoxydable dont il lut le texte
rédigé en anglais et ici rendu en français : « Ici des hommes de la planète Terre ont
pour la première fois posé le pied sur la Lune en juillet 1969 de l’ère chrétienne. Nous
sommes venus pacifiquement au nom de l’humanité. » Le français parvient au statut
de langue interplanétaire grâce au séjour dans les stations Salyut, Mir puis ISS des
astronautes français Jean-Loup Chrétien, Michel Baudry, Jean-Pierre Haigneré,
Claudie Ingray-Deshays et Thomas Pesquet notamment.

A2- Le débarquement de la langue française dans l’espace interplanétaire

Jean-Loup Chrétien, en séjournant dans la station spatiale soviétique Salyut en juin


1982, devint le premier Français et le premier Européen de l’Ouest à s’envoler pour
l’espace. Par référence à 1982, on peut donc situer à 35 ans déjà la présence de la
langue française dans l’espace extra-atmosphérique. En 1988, Jean-Loup Chrétien
effectua une mission à bord de la station spatiale Mir, devenant à cette occasion le
premier non-Russe et non-Américain à effectuer une sortie dans l’espace. Les
missions du spationaute Jean-Loup Chrétien sont un indicateur de la position
privilégiée de la langue française dans l’histoire de la conquête spatiale, quand bien
même elle n’accumulerait pas les statistiques impressionnantes des langues anglaise
et russe. Jean-Pierre Haigneré, Léopold Eyharts et Michel Tognigni ont effectué des
missions dans la station Mir, ce qui induit un apprentissage approfondi du russe et une
coopération linguistique russo-francophone. Patrick Baudry, Jean-François Clervoy,
Léopold Eyharts, Jean-Jacques Favier, Philippe Perrin et Michel Tognigni ont volé à
bord de la navette spatiale américaine en tant que spécialistes de mission ou de
charge utile, ce qui présuppose un apprentissage approfondi de l’anglais et une
coopération linguistique anglo-francophone. La maîtrise technologique de la conquête
spatiale s’accomplit avec les langues internationales des plus grandes puissances
spatiales. Le partenariat linguistique entre l’astronautique française et ses homologues
soviéto-russe et américaine est une posture d’humilité qui s’est révélée très favorable
au transfert des technologies. Le Canada et la France s’étant ensuite imposés comme
puissances spatiales, le français s’affirme finalement comme une langue de travail
incontournable dans la recherche, l’exploration et la conquête spatiales. Claudie
Haigneré est la première femme astronaute de l’Agence spatiale européenne (ESA).
Elle est devenue la première Française à aller dans l’espace en séjournant à bord de
la station Mir pendant 16 jours en 1996. En 1999, Claudie Haigneré Ingray-Deshays

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est devenue la première femme à recevoir la qualification de commandant d’une
capsule Soyouz pour un vol de rentrée sur Terre. En 2001, la spationaute française
recordwoman devint la première femme européenne à se rendre dans la Station
spatiale internationale. Une femme astronaute dotée d’un tel palmarès est une
référence pour la gent féminine et la portée de son aura est positive pour la
francophonie qui en bénéficie collatéralement. Le dernier Français à être en service
dans la Station spatiale internationale avant thomas Pesquet est Léopold Eyharts qui
y a travaillé pendant deux mois en 2008. Huit ans séparent les missions des deux
astronautes, ce qui illustre la difficulté pour une culture de se faire représenter dans
l’espace interplanétaire.

A3- Panorama du palmarès des vols spatiaux habités

En 2004, on totalisait 432 cosmonautes ayant volé, soit 279 Américains, 95 Russes
contre 9 Français alors. Le séjour individuel le plus long était l’apanage du Russe Valeri
Polyakof, soit une durée de 437,7 jours. Le record du séjour cumulé le plus long était
alors détenu par un autre Russe, Serguei Avdeyev qui dénombrait 747,6 jours en trois
vols. Toujours en 2004, le temps cumulé passé dans l’espace par des humains s’élève
à 26 000 jours. Depuis lors, le record de Serguei Avdeyev a été cinq fois amélioré. En
2011, le Russe Alexandre Kaleri porta à 769 jours la durée de ses différents séjours
dans l’espace. Mais en 2005, Sergueï Krikalov avait déjà fait beaucoup mieux en
cumulant 803 jours de vie dans l’espace. En 2016, Iouri Malentchenko améliora la
performance de Krikalov en totalisant 827 jours passés dans le cosmos. Mais un an
auparavant, le Russe Guennadi Padalka avait déjà réussi mieux grâce à une somme
de 879 jours en apesanteur au-dessus de la Terre. Il est le meilleur recordman actuel
et a totalisé ce temps en cinq missions. Toutes ces statistiques témoignent de la
présence active des langues de l’humanité dans l’univers suborbital. Il s’agit là d’une
réalité politique et scientifique irréfutable. Cette présence des langues internationales
dans l’espace interplanétaire est déjà d’une durée de 56 ans. La reconstitution du
chemin parcouru laisse présager une colossale collecte de données pour essayer
d’évaluer la volumineuse production linguistique produite depuis lors. Un gros travail
de traduction et d’interprétation des textes anglais et russes s’annonce.

À travers l’Agence spatiale canadienne (ASC), le Canada est l’autre puissance spatiale
qui porte haut l’étendard de la francophonie et de l’anglophonie dans l’empyrée du
système solaire. Le bilinguisme officiel français-anglais de ce pays le prédispose à
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représenter cette bipolarité linguistique, cette binarité culturelle dans le cosmos.
L’apport du Canada à la spatialisation du français est d’une très grande envergure en
considération de sa longue expérience des vols spatiaux habités et de ses capacités
technologiques. Le Canada s’engage dans l’exploration spatiale en 1983, ce qui lui
vaut 34 ans de participation active à la conquête de l’espace. L’Agence spatiale
canadienne a organisé quatre campagnes de recrutement des astronautes, à l’issue
desquelles 14 candidats au voyage spatial ont été sélectionnés. Les 14 astronautes
de l’histoire de l’ASC comptent dix retraités parmi eux et quatre professionnels en
activité. Les premiers astronautes canadiens sont le corps expéditionnaire dont la
présence extra-atmosphérique a participé à un rayonnement amplifié de l’anglais et
du français dans la banlieue circumterrestre, avec un tropisme pour l’une des langues
en fonction du pedigree de chaque individu. Huit des dix premiers astronautes
canadiens ont volé au-delà des frontières de la Terre tandis que quatre autres sont en
attente. Le Canada se situe approximativement dans la même proportion des vols
habités que la France en ce qui concerne leurs astronautes respectifs, ce qui donne
la pleine mesure de l’expérience qu’il peut revendiquer en matière de spatialisation
des êtres humains. Timidement mais sûrement, la société humaine ou humanoïde se
reconstitue et surtout s’agrandit au-dessus de nos têtes, à 400 km de hauteur au
moins. Cette société compense son petit effectif avec des moyens technologiques
surpuissants qui transforment en autant de capteurs sur Terre chaque poste de
télévision, chaque téléphone portable, tout écran d’ordinateur ou de tablette
numérique, chaque poste radio. Dans la foulée de cette télécommunication
supersonique, toute civilisation propagée par les astronautes en séjour orbital ou
suborbital est bénéficiaire d’une spatialisation dont la portée est féconde au sein des
communautés linguistiques et des réseaux de communication restés sur la planète
Terre. Ainsi, en contribuant au peuplement de la Station spatiale internationale, les
astronautes canadiens ont aussi participé à donner un large retentissement à leur
civilisation d’origine, à la civilisation mondiale, ainsi qu’un large spectre aux langues
internationales de l’ISS, l’anglais et le français notamment, le russe n’étant pas en
reste. Il nous a paru important d’évoquer le profil de ces astronautes canadiens qui ont
contribué à faire ou qui ont vocation à faire du français et/ou de l’anglais des langues
vivantes à bord de l’ISS. Pour cette présentation, nous avons quasi littéralement
recouru à la phraséologie de l’Agence spatiale canadienne (ASC).

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En 1974, la NASA a sollicité l'expertise canadienne pour la mise au point d'un bras
robotisé, le fameux Canadarm : c'est ce qui a marqué le début d'une étroite
collaboration entre le Canada et les États-Unis quant aux vols spatiaux habités.

La NASA n'a pas tardé à inviter un astronaute canadien à participer à une mission
dans l'espace. C'est ainsi qu'est né en 1983 le premier corps d'astronautes canadiens.

PRÉSENTATION SUCCINCTE DES ASTRONAUTES DE L’AGENCE SPATIALE CANADIENNE

- Marc Garneau est né en février 1949. Il devient le premier astronaute canadien à aller dans
l'espace, en octobre 1984, lors de la mission STS-41G durant laquelle il assume les fonctions de
spécialiste de charges utiles. En juillet 1992, il est choisi pour suivre l'entraînement de spécialiste de
mission à la NASA. Marc Garneau arrive au Centre spatial Johnson en août 1992. Il occupe
également les fonctions de CAPCOM (responsable des communications entre l'équipage de la
navette et le personnel du Centre de contrôle de mission de la NASA) durant les vols de navettes
spatiales. Vétéran de trois missions spatiales (STS-41G en 1984, STS-77 en 1996 et STS-97 en
2000), Marc Garneau cumule plus de 677 heures de vol dans l'espace. En février 2001, il est nommé
premier vice-président de l'Agence spatiale canadienne, puis il en devient officiellement le président
le 22 novembre 2001. Il quitte l'Agence spatiale canadienne le 28 novembre 2005 afin de se présenter
comme candidat aux élections fédérales.

- Roberta Lynn Bondar est née le 4 décembre 1945. En 1981, elle devient membre du Collège royal
des médecins et des chirurgiens du Canada en neurologie. Elle est également plongeuse autonome
et parachutiste accréditée. Au début de 1990, elle est nommée principale spécialiste de charge utile
pour la première mission du Laboratoire international de microgravité (IML-1). Du 22 au 30 janvier
1992, Roberta Bondar participe à la mission STS-42 au cours de laquelle elle effectue diverses
expériences dans le laboratoire spatial et dans le compartiment intermédiaire de la navette Discovery.
Roberta Bondar quitte l'Agence spatiale canadienne le 4 septembre 1992 afin de poursuivre ses
travaux de recherche.

Source : Agence spatiale canadienne

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- Steve MacLean : Du 22 octobre au 1er novembre 1992, M. MacLean prend place à bord de la
navette spatiale Columbia en tant que spécialiste de charge utile de la mission STS-52. M. MacLean
effectue son deuxième vol spatial dans le cadre de la mission STS-115, le premier vol d'assemblage
de la SSI après l'accident de Columbia. Au cours de cette mission, il se rend à la SSI à bord de la
navette Atlantis en tant que spécialiste de mission et agit à titre d'ingénieur de vol et de responsable
de la robotique. Il devient le premier astronaute canadien à commander le Canadarm2 depuis
l'espace alors que l'équipage ajoute des poutrelles à la station et déploie des panneaux solaires. Lors
de cette mission, il devient également le deuxième canadien à réaliser une sortie dans l'espace. Steve
MacLean a été nommé Président de l’Agence spatiale canadienne (ASC) le 1er septembre 2008.
- Ken Money : Il est né le 4 janvier 1935. Spécialiste en physiologie, il a publié 110 articles
scientifiques. Au début des années 1990, M. Money a été désigné spécialiste de charge utile de
relève pour la première mission du Laboratoire international de microgravité (mission STS-42 de la
navette Discovery, lancée en janvier 1992). À titre de contrôleur de l'exploitation des charges utiles
de Spacelab pour cette mission en sciences de la vie qui visait à étudier la microgravité et ses effets
sur le corps humain dans l'espace, il était responsable de la communication entre l'équipage de vol
et l'équipe de soutien au sol du Marshall Space Flight Center de la NASA, situé à Huntsville, en
Alabama. Il a également participé à l'élaboration de nombreuses expériences en physiologie spatiale
pour la mission Spacelab IML-1, dont l'objectif était de découvrir les principales causes du mal de
l'espace.
- Le Dr Robert (Bob) Brent Thirsk est né le 17 août 1953. En juin et juillet 1996, Bob Thirsk participe
à titre de spécialiste de charge utile à la mission STS-78, aussi appelée Mission Spacelab sur la vie
et la microgravité (LMS). En 2009, Bob devient le premier Canadien à effectuer un séjour de longue
durée à bord de la SSI. Le 27 mai, en compagnie de deux autres membres d'équipage, il s'envole à
bord d'une fusée russe Soyouz depuis le cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan. Au cours de
son second voyage spatial, Bob Thirsk séjourne et travaille dans l'espace pendant 188 jours, avant
de revenir au Kazakhstan le 1er décembre.
-Bjarni Tryggvason est né le 21 septembre 1945. . Il est titulaire d’une licence de pilote de ligne
avec plus de 4 500 heures de vol. Il totalise 1 800 heures de vol inscrites à son carnet de bord à titre
d'instructeur. Le 7 août 1997, Bjarni Tryggvason participe à un vol à bord de la navette spatiale
Discovery à titre de spécialiste de charge utile dans le cadre de la mission STS-85.
- Le colonel Chris Hadfield est né le 29 août 1959. En novembre 1995, Chris Hadfield s'envole en
tant que premier spécialiste de mission dans le cadre de la mission STS-74, la deuxième mission de
rendez-vous et d'amarrage de la navette américaine avec la station spatiale russe Mir. En avril 2001,
Chris Hadfield assume la fonction de premier spécialiste de mission pour la mission STS-100 ou vol
6A d'assemblage de la SSI. Ce vol de 11 jours à bord de la navette Endeavour vise essentiellement
à livrer et à installer le nouveau bras robotique canadien Canadarm2 ainsi que le module logistique
polyvalent Raffaello de conception italienne. Durant cette mission, Chris Hadfield effectue deux
sorties extravéhiculaires. Il devient ainsi le premier Canadien à quitter un engin spatial et à évoluer
librement dans l'espace. Chris Hadfield passe un total de 14 heures et 54 minutes dans le vide spatial
et effectue dix fois le tour de la Terre. En septembre 2010, Chris Hadfield est affecté à la mission

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Expedition 34/35. Le 19 décembre 2012, il s'est envolé à bord d'un véhicule russe Soyouz et est
devenu le deuxième Canadien à prendre part à un vol de longue durée à bord de la SSI. Le 13 mars
2013, il est devenu le premier Canadien à prendre le commandement d'un engin spatial et assume
les fonctions de commandant de la SSI pendant la seconde partie de son séjour de cinq mois dans
l'espace. Le 13 mai, Hadfield, Tom Marshburn et Roman Romanenko ont atterri au Kazakhstan après
avoir voyagé près de 99,8 millions de kilomètres, complétant 2 336 orbites de la Terre. Le trio a passé
146 jours dans l'espace dont 144 à bord de la station.
-Michael McKay a débuté sa carrière au Collège militaire royal des Forces canadiennes où il devient
ingénieur en aéronautique. En 1992, il est sélectionné pour être l'un des quatre nouveaux
astronautes canadiens. Il a démissionné de son poste d'astronaute en 1995. McKay a quitté l'armée
en 2001 et travaille depuis dans le secteur privé.
- Julie Payette est née le 20 octobre 1963. Du 27 mai au 6 juin 1999, Mme Payette a pris part à la
mission STS-96 à bord de la navette spatiale Discovery. Elle occupait les fonctions de spécialiste de
mission, était responsable des systèmes de la station, a supervisé une sortie dans l'espace et a
manœuvré le bras robotique Canadarm. Pendant la mission STS-96, la navette Discovery a décrit
153 orbites autour de la Terre et a parcouru plus de 6 millions de kilomètres en 9 jours, 19 heures et
13 minutes. Du 15 au 31 juillet 2009, Julie Payette a agi en tant qu'ingénieure de vol au sein de
l'équipage de la mission STS-127 à bord de la navette Endeavour. Il s'agissait de la 29e mission de
navette à destination de la Station spatiale internationale. La robotique a été mise à contribution
pratiquement tous les jours et Mme Payette était aux commandes des trois bras robotiques spatiaux,
soit le Canadarm de la navette, le Canadarm2 de la station et le bras spécialisé japonais équipant le
module Kibo. Un nombre record de 13 astronautes, issus de cinq nationalités différentes, se sont
réunis à bord de l'immense vaisseau constitué de la navette et de la SSI rattachées l'une à l'autre.
Autre fait marquant : c'était la première fois que deux Canadiens se trouvaient dans l'espace en
même temps. Lors de cette mission de 16 jours, les astronautes ont effectué cinq sorties
extravéhiculaires, parcourant plus de 10,5 millions de kilomètres en 248 orbites autour de la Terre.
- Dafydd (Dave) Williams est né le 16 mai 1954. En avril 1998, Dave Williams participe à la mission
STS-90 en tant que troisième spécialiste de mission à bord de la navette Columbia. Le Dr Williams a
également assumé les fonctions d'officier médical et d'ingénieur de vol durant la phase d'ascension.
Pendant la mission, la navette Columbia a fait 256 fois le tour de la Terre, a parcouru plus de dix
millions de kilomètres et a passé plus de 381 heures dans l'espace. La mission STS-118 (qui s'est
déroulée du 8 au 21 août 2007) a constitué le 119e vol de la navette spatiale, la 22e mission à
destination de la Station spatiale internationale et le 20e vol de la navette Endeavour. L'astronaute
Williams a pris part à trois des quatre sorties extravéhiculaires, établissant un nouveau record
canadien pour le plus grand nombre d'heures consacrées aux sorties dans l'espace en une seule
mission. Il a passé 17 heures et 47 minutes dans le vide spatial. Endeavour a livré quelque 2 280
kilogrammes de matériel et de provisions à la station spatiale, et a ramené sur Terre près de 1 800
kilogrammes de matériel superflu. La mission STS-118 aura duré 12 jours, 17 heures, 55 minutes et
34 secondes, pour un total de 8,5 millions de kilomètres parcourus dans l'espace.
Source : Agence spatiale canadienne

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- Jeremy R. Hansen est né le 27 janvier 1976. Pilote de chasse et pilote de ligne, il est en attente
d’être affecté à un vol.
- David Saint-Jacques est né le 6 janvier 1970. Polyvalent, il est ingénieur, astrophysicien, médecin
de famille. À l'issue de son entraînement de base, il a tout d'abord été affecté au groupe de robotique
du bureau des astronautes de la NASA. Il a ensuite été astronaute de soutien à l'équipage de la
mission Expedition 35/36, capcom (pour « Capsule Communicator », soit l'opérateur radio au Centre
de contrôle de mission) principal pour l'Expedition 38, capcom adjoint des missions de ravitaillement
Cygnus-1 et Cygnus-2, et capcom principal des missions de ravitaillement Cygnus-3, Cygnus-4 et
SpaceX-6. En juin 2016, il a été assigné à l'Expedition 58/59 dont le lancement est prévu à la fin de
2018.
- Joshua Kutryk est né le 21 mars 1982. Pilote d'essai, pilote de chasse, ingénieur, lieutenant-
colonel dans l'Aviation royale canadienne, il totalise 2800 heures d'expérience de vol sur plus de 25
types d'avions. Il a déménagé à Houston, au Texas pour commencer sa formation d'astronaute d'une
durée de deux ans au Centre spatial Johnson de la NASA, dans la classe d'astronautes de 2017 de
la NASA.
- Jennifer (Jenni) Anne MacKinnon Sidey est née le 3 août 1988. Elle est ingénieure en
mécanique, chercheure spécialisée en combustion et chargée de cours. Elle a déménagé à Houston,
au Texas, pour commencer sa formation d'astronaute d'une durée de deux ans au Centre spatial
Johnson, dans la classe d'astronautes de 2017 de la NASA.

Source : Agence spatiale canadienne

Vue aérienne de l’Agence spatiale canadienne

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La régularité et la densité de la présence humaine dans le cosmos se vérifient à travers
des statistiques substantielles.

Tableau 1 : Premier vol habité indépendant

Date Nom de la Équipage État Destination


mission (altitude)
12 avril 1961 Vostok 1 Youri Union Terre (Vol
Gagarine soviétique orbital)
5 mai 1961 Mercury- Alan États-Unis Terre (Vol
Redstone 3 Shepard orbital)
20 février Mercury- John États-Unis Terre (Vol
1962 Atlas 6 Glenn orbital)
15 octobre Shenzhou 5 Yang Chine Terre (Vol
2003 Liwei orbital)
Source : Wikipédia

Tableau 2 : Progression du record de temps cumulé dans l'espace

Date Équipage État Durée


12 septembre Guennadi 878 jours 11 h 31 min - 5
Russie
2015 Padalka vols
11 octobre 2005 Sergueï Krikalev Russie 803 jours 9 h 39 min - 6 vols
28 août 1999 Sergueï Avdeïev Russie 747 jours 14 h 22 min 6 s - 3
vols
22 mars 1995 Valeri Poliakov Russie 678 jours 16 h 33 min 18 s -
2 vols
26 mai 1991 Moussa Manarov Russie 541 jours 30 min 28 s - 2
vols
29 décembre Iouri Romanenko Union 430 jours 18 h 21 min 30 s -
1987 soviétique 3 vols
16 juillet 1986 Leonid Kizim Union 374 jours 17 h 57 min 42 s -
soviétique 3 vols
11 octobre 1980 Valeri Rioumine Union 361 jours 21 h 31 min 56 s -
soviétique 3 vols
19 août 1979 Valeri Rioumine Union 177 jours 1 h 20 min 22 s - 2
soviétique vols
2 novembre 1978 Vladimir Union 141 jours 15 h 32 min 17 s -
Kovalionok soviétique 2 vols
16 mars 1978 Georgi Gretchko Union 125 jours 23 h 19 min 52 s -
soviétique 2 vols

11
8 février 1974 Gerry Carr États-Unis 84 jours 1 h 15 min 31 s - 1
Edward Gibson vol
Bill Pogue
25 septembre Al Bean États-Unis 69 jours 15 h 45 min 29 s - 2
1973 vols
22 juin 1973 Pete Conrad États-Unis 49 jours 3 h 38 min 36 s - 4
vols
17 avril 1970 Jim Lovell États-Unis 29 jours 19 h 4 min 55 s - 4
vols
27 décembre Jim Lovell États-Unis 23 jours 20 h 10 min 14 s - 3
1968 vols
15 novembre Jim Lovell États-Unis 17 jours 17 h 9 min 32 s - 2
1966 vols
18 décembre Frank Borman États-Unis 13 jours 18 h 35 min 1 s - 1
1965 Jim Lovell vol
29 août 1965 Gordon Cooper États-Unis 9 jours 9 h 15 min 3 s - 2
vols
19 juin 1963 Valeri Bykovski Union 4 jours 23 h 7 min 2 s - 1 vol
soviétique
15 août 1962 Andrian Nikolaïev Union 3 jours 22 h 22 min - 1 vol
soviétique
7 août 1961 Guerman Titov Union 1 jour 1 h 18 min - 1 vol
soviétique
12 avril 1961 Iouri Gagarine Union 1 h 48 min - 1 vol
soviétique
Source : wikipédia

Tableau 3 : Progression du record du plus long vol spatial habité

Date Nom de la Équipage État Durée


mission
22 mars 1995 Soyouz TM-18 Valeri Poliakov Russie 437 jours 17 h
58 min
21 décembre Soyouz TM-4 Vladimir Titov Union 365 jours 22 h
1988 Moussa Manarov soviétique 39 min 47 s
1er mars 2016 Soyouz TMA- Scott Kelly États-Unis 340 jours
16M
Mikhaïl Kornienko Russie
29 décembre Soyouz TM-2 Iouri Romanenko Union 326 jours 11 h
1987 soviétique 37 min 59 s
2 octobre 1984 Soyouz T-10 Leonid Kizim Union 236 jours 22 h
Oleg Atkov soviétique 49 min 4 s
Vladimir Solovyov
10 décembre Soyouz T-5 Valentin Lebedev Union 211 jours 9 h 4
1982 Anatoli Berezovoï soviétique min 32 s
11 octobre Soyouz 35 Valeri Rioumine Union 184 jours 20 h
1980 Leonid Popov soviétique 11 min 34 s
19 août 1979 Soyouz 32 Valeri Rioumine Union 175 jours 35 min
Vladimir Liakhov soviétique 37 s
2 novembre Soyouz 29 Vladimir Union 139 jours 14 h
1978 Kovalionok soviétique 47 min 32 s

12
Alexandre
Ivanchenkov
8 février 1974 Skylab 4 Gerry Carr États-Unis 84 jours 1 h 15
Edward Gibson min 31 s
Bill Pogue
25 septembre Skylab 3 Al Bean États-Unis 59 jours 11 h 9
1973 Owen Garriott min 4 s
Jack Lousma
22 juin 1973 Skylab 2 Pete Conrad États-Unis 28 jours 49 min
Joseph Kerwin 49 s
Paul J. Weitz
29 juin 1971 Soyouz 11 Vladislav Volkov Union 23 jours 18 h 21
Georgi soviétique min 43 s
Dobrovolski
Victor Patsaïev
19 juin 1970 Soyouz 9 Andrian Nikolaïev Union 17 jours 16 h 59
Vitali Sevastianov soviétique min
18 décembre Gemini 7 Frank Borman États-Unis 13 jours 18 h 35
1965 Jim Lovell min 1 s
29 août 1965 Gemini 5 Gordon Cooper États-Unis 7 jours 22 h 55
Pete Conrad min 14 s
19 juin 1963 Vostok 5 Valeri Bykovski Union 4 jours 23 h 7
soviétique min 2 s
15 août 1962 Vostok 3 Andrian Nikolaïev Union 3 jours 22 h 22
soviétique min
7 août 1961 Vostok 2 Guerman Titov Union 1 jour 1 h 18 min
soviétique
12 avril 1961 Vostok 1 Youri Gagarine Union 1 h 48 min
soviétique
Source : Wikipédia

Diagramme : Record de durée de vie dans l’espace

Source : Wikipédia

13
Tableau 4 : Les 100 spationautes ayant cumulé le plus de temps en orbite

Rang Nom Durée Pays Date


1 Guennadi Padalka 878 d 11 h 31 min Russie 2015
2 Iouri Malentchenko 827 d 09 h 20 min Russie 2016
3 Sergueï Krikaliov 803 d 09 h 38 min Russie 2005
4 Alexandre Kaleri 769 d 06 h 37 min Russie 2011
5 Sergueï Avdeïev 747 d 14 h 14 min Russie 1999
6 Valeri Poliakov 678 d 16 h 33 min Russie 1995
7 Fiodor Iourtchikhine 672 d 20 h 38 min Russie 2017
8 Peggy Whitson 665 d 22 h 22 min États-Unis 2017
9 Anatoli Soloviov 651.117 Russie 1998
10 Viktor Afanassiev 555.772 Russie 2001
11 Iouri Oussatchiov 553.016 Russie 2001
12 Sergueï Volkov** 547,931 Russie 2016
13 Pavel Vinogradov 546.939 Russie 2013
14 Musa Manarov 541.021 Russie*** 1991
15 Jeffrey Williams***** 534,117 États-Unis 2016
16 Oleg Kononenko 533,146 Russie 2015
17 Mikhaïl Tiourine 532.118 Russie 2014
18 Oleg Kotov 526.211 Russie 2014
19 Scott Kelly 520+ États-Unis 2016
20 Mikhaïl Kornienko 516+ Russie 2016
21 Alexander Viktorenko 489.066 Russie 1995
22 Nikolai M. Budarin 444.060 Russie 2003
23 Yuri Romanenko* 430.765 Russie 1987
24 Alexandre Volkov** 391,495 Russie 1991
25 Yuri I. Onufrienko 389.282 Russie 2002
26 Vladimir Titov 387.036 Russie 1997
27 Vassili Tsibliev 381.662 Russie 1997
28 Valeri Korzoune 381.653 Russie 2002
29 Michael Fincke 381.633 États-Unis 2011
30 Leonid Kizim 374.749 Russie 1986
31 Michael Foale 373.763 États-Unis**** 2004
32 Aleksandr Serebrov 372.954 Russie 1994
33 Valeri Rioumine 371.725 Russie 1998
34 Donald Pettit 369.696 États-Unis 2012
35 Anton Shkaplerov 365.001 Russie 2015
36 Vladimir Solovyov 361.952 Russie 1986
37 Thomas Reiter 350.239 Allemagne 2006
38 Kōichi Wakata 347.356 Japon 2014
39 Aleksandr Skvortsov 345.267 Russie 2014
40 Talgat Musabayev 341.408 Kazakhstan
41 Maxime Souraïev 334.??? Russie
42 Roman Romanenko* 333.459 Russie
43 Vladimir Liakhov 333.324 Russie
44 Aleksandr Samokoutiaïev 331.473 Russie
45 Yuri P. Gidzenko 329.950 Russie
46 Sunita Williams 321.719 États-Unis
47 Gennadi Manakov 309.889 Russie
48 Aleksandr P. Aleksandrov 309.758 Russie

14
49 Gennady Strekalov 268.938 Russie
50 Michael López-Alegría 257.944 États-Unis
51 Viktor Savinykh 252.849 Russie
52 Vladimir Dezhurov 244.229 Russie
53 Oleg Atkov 252.849 Russie
54 Carl E. Walz 230.212 États-Unis
55 Leroy Chiao 229.362 États-Unis
56 Richard Mastracchio 227+ États-Unis
57 Daniel W. Bursch 226.594 États-Unis
58 William S. McArthur 224.930 États-Unis
59 Shannon W. Lucid 223.161 États-Unis
60 Valentin Lebedev 219.250 Russie
61 Vladimir Kovalyonok 216.382 Russie
62 Kenneth D. Bowersox 211.594 États-Unis
63 Anatoli Berezovoy 211.378 Russie
64 Susan J. Helms 211.048 États-Unis
65 Michael Barratt 211 États-Unis
66 Jean-Pierre Haigneré 209.517 France 1999
67 Robert Thirsk 205+ Canada
68 Edward T. Lu 205.972 États-Unis
69 André Kuipers 203+ Pays-Bas 2012
70 James S. Voss 202.314 États-Unis
71 Salizhan Sharipov 201.618 Russie
72 Leonid Popov 200.574 Russie
73 Iouri Lontchakov 200+ Russie
74 Samantha Cristoforetti 199+ Italie 2014
75 Valery Tokarev 199.629 Russie
76 Frank De Winne 198+ Belgique 2009
77 Thomas Pesquet 196+ France 2017
78 Michael E. Fossum 193+ États-Unis
79 John L. Phillips 190.913 États-Unis
80 Tracy Caldwell 188+ États-Unis
81 Sergei Y. Treschev 184.927 Russie
82 Gregory Chamitoff 183+ États-Unis
83 Aleksandr Lazutkin 184.922 Russie
84 Christopher Cassidy 181+ États-Unis
85 Karen L. Nyberg 180+ États-Unis
86 Catherine Coleman 180+ États-Unis
87 Douglas H. Wheelock 178+ États-Unis
88 Ronald J. Garan, Jr. 177+ États-Unis
89 Soichi Noguchi 177+ Japon
90 Oleg Artemiev 176+ Russie
91 Satoshi Furukawa 166+ Japon
92 Chris Hadfield 166+ Canada
93 Clayton Anderson 166+ États-Unis
94 Luca Parmitano 166+ Italie 2013
95 Serguei Riazanski 166+ Russie
96 Alexandre Missourkine 166+ Russie
97 Michael Hopkins 166+ États-Unis
98 Anatoli Ivanichine 165+ Russie
99 Andreï Borissenko 164+ Russie
100 Shannon Walker 163+ États-Unis
Source : Wikipédia

15
A4- Littérature de l’espace et prémices de coopération linguistique

La littérature de l’espace a été vraiment inaugurée par la mission américaine Apollo 8


au cours de laquelle le commandant Frank Borman et l’équipage lurent dix versets de
la Genèse aux terriens. Cette lecture eut lieu le 24 décembre 1968, alors que le
vaisseau accomplissait dix révolutions de la Lune. Bill Anders fit la première lecture :
« Au commencement Dieu créa le ciel et la Terre. Et la Terre n’avait pas de forme. Elle
sortait des profondeurs de l’abîme. L’Esprit de Dieu a apporté l’eau à la surface de la
Terre, et Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était
bonne et la sépara des ténèbres. » Jim Lovell enchaîna : « Dieu appela la lumière jour
et les ténèbres nuit. Il y eut alors un soir et un matin. Puis Dieu a asséché la terre et
dit : Que la terre se sèche, et la terre s’est séchée. Et Dieu fit le firmament. » Frank
Borman poursuivit : « Dieu dit : Que les eaux qui sont sous le ciel s’amassent en un
seul lieu et qu’apparaisse le continent. Et il en fut ainsi. Dieu appela le continent terre
et la masse des eaux mer. Et Dieu vit que cela était bon. » etc. Au palmarès qui faisait
d’elle le premier livre imprimé, la Bible ajouta un nouveau record : celui de pionnier de
la littérature spatiale, pionnier de la bibliothèque du cosmos. Plus spécifiquement, la
littérature française a ouvert son ambassade en apesanteur grâce à quelques
astronautes férus de lecture. Pierre Kohler rapporte que Jean-Pierre Haigneré à bord
de la station Mir avait un seul livre de chevet : De la terre à la lune de Jules Verne,
qu’il s’était fait livrer par le vaisseau de ravitaillement. Il ajoute que l’astronaute français
disposait de cassettes pour apprendre l’allemand en prévision de sa future affectation
au centre des astronautes européens à Cologne. Bel exemple de coopération
linguistique. On en a une confirmation supplémentaire avec le titre Hey It's OK [Cause
I've found what I wanted] du groupe musical Lilly Wood and the Prick, l’un des
morceaux de la playlist de Thomas Pesquet, l’envoyé spatial européen de la mission
Proxima. En 2003, la Chine est devenue la troisième puissance spatiale du monde,
après les États-Unis et l’empire soviéto-russe, à réaliser un vol habité. Non seulement,
elle a envoyé un astronaute dans l’espace au moyen de sa propre technologie, elle a
remis au goût du jour l’objectif Lune en proclamant ouvertement son intention
d’envoyer une mission sur ce satellite de la Terre. Sur le plan linguistique, la Chine a
donné un signal fort en s’appropriant, dès son premier vol habité, un vocabulaire
authentiquement autochtone. En effet, ses astronautes sont précisément appelés
‘’taïkonautes’’, dérivation de ‘’taïko’’ qui signifie « grand vide ». La navette spatiale qui

16
emporta, le 15 octobre 2003, le colonel Yang Liweï, a été baptisée Shenzhou-5
(vaisseau divin). La trajectoire du vaisseau spatial était suivie par quatre navires de
poursuite Yuanwang (longue vue). Cette Chine qui voit loin tient à marquer
l’astronautique future de l’empreinte du génie de son peuple et … de sa langue. Il est
effectivement avantageux pour tout peuple de s’approprier la technologie
astronautique en sa propre langue.

17
B-LES LANGUES DE L’ESPACE ET L’INFRASTRUCTURE TECHNOLOGIQUE
ASTRONAUTIQUE

L’arrivée des langues dans le cosmos est rythmée par une civilisation médiatique
sophistiquée et un équipement technologique ultra-moderne. En fait, ce n’est pas à
l’âge de la pierre ou des parchemins que nos habitudes linguistiques font irruption dans
l’univers. C’est à l’ère de la télévision, des satellites, de la galaxie Gutenberg, de
l’informatique, de la révolution cybernétique… ce qui n’est pas un détail anodin. De
nombreux ordinateurs sont embarqués à bord des navettes spatiales. Au moment de
l’alunissage d’Apollo 11, le petit écran était de la fête :

Neil Armstrong n’est pas seul. Grâce à la télévision -autre miracle


technique- ce sont plus d’un demi-milliard de terriens qui, au
même instant, marchent avec lui sur la Lune. Quand Christophe
Colomb, 477 ans auparavant, a abordé les Antilles, le monde
entier l’ignorait, et ceux qui l’ont vu partir n’ont connu son succès
que bien plus tard. Miracle du direct, nous vivons avec ces deux
hommes, le premier débarquement de l’homme sur la
Lune (KOHLER, 1989).

Il est donc clair qu’avec un seul humain dans les étoiles, toute langue internationale
dispose de puissants relais pour impacter des centaines de millions, voire des milliards
d’êtres humains sur terre. La parole du cosmonaute est infiniment multipliée par le
truchement d’appareils surpuissants. Aucune aire culturelle supranationale ne peut
sous-estimer de tels enjeux de civilisation. Sur la Terre déjà, les médias contribuent à
creuser un fossé entre les langues rustiques et des langues plus ou moins modernes.
Une langue strictement pratiquée dans un village et jamais écrite fait figure de naine à
côté de celle qui est diffusée par l’imprimerie, la radio, la télévision, la téléphonie, voire
l’Internet. Dans l’espace, l’électronique et l’informatique ajoutées aux médias
précédemment cités renforcent le prestige, l’influence voire l’hégémonie de la langue
qui se déploie dans l’espace extra-atmosphérique. La technologie même qui permet
d’envoyer des vols habités dans l’espace n’est pas à la portée du premier pays venu.
En une soixantaine d’années d’exploration spatiale, seuls les États-Unis, la Russie et
la Chine parviennent à lancer des vols habités. Les autres puissances spatiales se
limitent au lancement des satellites et des sondes. L’autre volet sensible de la
spatialisation des langues réside dans les écarts creusés entre les ensembles culturels
18
et mesurables en milliers et millions de kilomètres. En clair, lorsque la langue anglaise
retentit sur la Lune en 1969, elle évoluait à 384 000 kilomètres de la Terre dans un
environnement que les autres langues n’ont point expérimenté un cinquantenaire plus
tard. Chaque fois qu’une sonde américaine s’est posée sur le sol de Mars, c’est à 56
millions de kilomètres de la Terre que la civilisation américaine a fait la démonstration
de son savoir-faire, dans la langue de prestige et du pragmatisme qu’est l’anglais.

Tableau 5 : Progression du record d'altitude pour une mission non lunaire

Date Nom de la Équipage État Altitude


mission
18 juillet 1966 Gemini 10 John Young États-Unis 763 km
Michael Collins
18 mars 1965 Voskhod 2 Pavel Belyayev Union 475 km
Alexeï Leonov soviétique
12 octobre Voskhod 1 Boris Yegorov Union 336 km
1964 Vladimir Komarov soviétique
Konstantin
Feoktistov
12 avril 1961 Vostok 1 Youri Gagarine Union 315 km
soviétique
Source : Wikipédia

Tableau 6 : Progression du record de vitesse

Date Nom de la Équipage État Vitesse


mission
21 décembre Apollo 8 Frank États-Unis 10 807 m/s
1968 Borman (38 905,2 km/h
Jim Lovell
Bill Anders
12 septembre Gemini 11 Pete Conrad États-Unis 8 003 m/s
1966 Dick Gordon (28 810,8 km/h)
18 mars 1965 Voskhod 2 Pavel Union 7 892 m/s
Beliaev soviétique (28 411,2 km/h)
Alexeï
Leonov
3 octobre 1962 Mercury 8 Wally Schirra États-Unis 7 850 m/s (28 260
km/h)
12 avril 1961 Vostok 1 Youri Union 7 844 m/s
Gagarine soviétique (28 238,4 km/h)
Source : Wikipédia

19
C-LES IMPLICATIONS SCIENTIFIQUES ET PÉDAGOGIQUES DE LA
SPATIALISATION DES LANGUES

La sociolinguistique est la science du langage qui se propose d’étudier l’influence de


la société sur les processus linguistiques. Cependant, la sociolinguistique peut-elle
toujours se déclarer compétente au-delà des frontières de la Terre ? Une certaine
opinion arguerait que oui pour deux raisons au moins : les cosmonautes qui se
retrouvent là-haut sont une reproduction de la société humaine dans un environnement
certes différent ; par ailleurs, ces chevaliers du ciel échangent de nombreuses
communications avec la Terre, ce qui implique la communauté linguistique originelle
dans les performances langagières des locuteurs et scripteurs en séjour au-delà de
l’atmosphère. On peut donc reconnaître à la sociolinguistique une légitimité dans
l’étude des langues spatialisées. Mais il semble plus objectif de fonder une nouvelle
science du langage si l’on considère que le franchissement de l’atmosphère dessaisit
la sociolinguistique dont la compétence est proprement adaptée à la société des
terriens. Nous proposons la mise sur pied d’une astrolinguistique entendue comme
la science ou l’étude des langues de l’espace interplanétaire dans leur rayonnement
endogène et exogène. L’on est fondé à penser que les voyages orbitaux et les séjours
suborbitaux exercent une incidence sur les langues. Cet environnement hostile et
inhabituel aux humains est de nature à générer un changement linguistique en
douceur. Séjourner sur la Lune revient somme toute à séjourner dans un autre monde.
Les textes écrits et oraux produits à partir du cosmos sont forcément marqués d’une
forte culture astronomique et astronautique dans la mesure où les cosmonautes
échangent plus souvent au sol avec le personnel spécialisé de l’activité spatiale. La
dimension technocratique des textes peut constituer une autre justification à
l’émergence d’une nouvelle science du langage plus compétente que la
sociolinguistique dans le cosmos. La toponymie de l’univers est une volumineuse
néologie jusqu’ici très étrangère à l’homme et susceptible d’alimenter les travaux
lexicologiques de l’astrolinguistique. Dans le même sillage, le baptême des robots de
l’espace, en plus de cinquante ans d’activités, est un trésor lexicographique prolifique,
mais si sous-exploité que les machines volantes de l’univers souffrent d’un relatif
anonymat. C’est l’un des centres d’intérêt potentiels de l’astrolinguistique et de la future
didactique des langues interplanétaires. Autant les apprenants des écoles primaires
s’habituent à distinguer et nommer les animaux, autant on pourrait les accommoder à

20
la morphologie de nombreux appareils aux noms souvent exotiques : Beagle-2,
Gemini, Mars Global Surveyor, Mir, Skylab, Sojourner, Viking, Voskhod, Vostok etc.

S’agissant justement de la didactique du français langue interplanétaire, il y a lieu


de s’interroger sur le profil des formateurs. Le professeur de français, par qualification
professionnelle, a la capacité de se familiariser à maints jargons en autodidacte. Mais
il ne peut aucunement prétendre à la dextérité du spécialiste. Le cosmos est un milieu
si fertile en complexités que sans la contribution des astrophysiciens, des astronomes,
des astronautes et des ingénieurs de l’aérospatiale, il n’est pas possible que les
enseignants de français parviennent à une certaine aisance terminologique. Dans les
décennies 1970 et 1980 où le thème de la conquête spatiale jouissait d’une forte cote
de popularité, le français langue interplanétaire a été bel et bien enseigné sans
formellement porter cette dénomination. Les textes relatifs à l’industrie spatiale donnait
lieu à des enseignements savoureux mais ô combien délicats au cours desquels le
professeur de langue vivante devait expliquer, en un laps de temps, les notions
corsées d’apogée, arrimage, attraction terrestre, capsule, cratère, germicide,
manœuvre de retournement, manœuvre de transposition, module lunaire, orbite
d’attente, orbite elliptique, périgée, planète, révolution, sas, système solaire etc. à des
apprenants de plus en plus jeunes et livrés à leur seule imagination.

La didactique du français langue interplanétaire peut aussi miser sur la


pédagogie-événement. À cet égard, l’envoi dans l’espace de la sonde Mars Pathfinder
avec son robot Sojourner est une expérience médiatique et pédagogique qui mérite
d’être référencée comme cas d’école. Dans son livre Navigateur interplanétaire,
l’ingénieur Cheick Modibo Diarra de la NASA fait savoir que le congrès américain a
exigé que tous les grands lancements consacrent désormais un certain quota de leur
budget à l’éducation. Une formidable mobilisation de ressources humaines et
financières a permis aux élèves et étudiants des États-Unis et du monde entier de se
familiariser à la planète Mars et à la mission Mars Pathfinder. L’Amérique avait alors
compris qu’il était grand temps d’accoutumer efficacement les terriens à l’espace. Le
témoignage de Cheick Modibo Diarra sur l’expérience américaine est un chef-d’œuvre
d’édification dont voici quelques temps forts :

Pathfinder, après l’atterrissage, occupa la première page des


médias pendant plus d’une semaine, nos sites web accueillirent
près de 600 millions de visiteurs en un mois […] Le congrès
21
américain venait de décider que tout projet financé grâce à
l’argent des contribuables avait l’obligation de consacrer à
l’éducation une partie du budget attribué. Élever le niveau
scolaire en sciences, en mathématiques, en technologie était
devenu une priorité nationale […] Je commençai par créer, au
JPL (Jet Propulsion Laboratory) un haut conseil composé de
collègues, scientifiques et ingénieurs, et de quinze professeurs,
venant d’universités différentes ; certains enseignaient les
mathématiques ou l’ingénierie, d’autres la pédagogie, la
géologie, les techniques de l’information, les langues et les
lettres […] Je chargerai ensuite une société de Boston, le TERC,
Technology Education Research Center, de mettre en forme le
matériel didactique conçu par notre nouvelle équipe. On m’avait
accordé, pour cette partie de la mission, un budget annuel de 1
million de dollars […] Dans toutes les villes où nos obligations
nous conduisaient, nos collègues et moi-même, nous prîmes
l’habitude de rendre visite dans la journée, à des écoles et, le
soir, de rencontrer le public, dans la salle de conférences d’un
collège ou d’un musée […] En quatre ans, nous avons édité cinq
ouvrages, chacun destiné à plusieurs niveaux et dans lesquels
des travaux pratiques complètent chaque leçon. » (DIARRA,
2000)

Selon le même auteur, des langues autres que l’anglais ont été mises à
contribution pour satisfaire certains demandeurs d’informations : allemand, chinois,
français, italien, japonais, russe etc.

22
II- LA MISSION ASTRONAUTIQUE PROXIMA OU LA FRANCOPHONIE EN
SÉJOUR PROLONGÉ DANS LE COSMOS

A-La portée glottopolitique et culturelle de la mission spatiale Proxima

A1- Présentation globale de la Mission Proxima

La Station spatiale internationale (ISS) est un gigantesque complexe orbital, de la taille


d’un terrain de football, qui se situe à 400 kilomètres au-dessus de la Terre. Cet
imposant ouvrage de 400 tonnes est un cadre de coopération scientifique et technique
entre l’Europe, les États-Unis, la Russie, le Japon et le Canada. L’ISS est habitée
depuis l’an 2000. Plus de 200 (deux cents) personnes se sont rendues dans la Station
spatiale internationale. L’astronaute américain Scott Kelly et le cosmonaute russe
Mikhaïl Kornienko détiennent le record du plus long séjour à bord de l’ISS au cours
d’une même mission, à savoir 340 jours. Les astronautes de l’ISS totalisent un peu
plus de 190 sorties dans l’espace pour assurer la construction et la maintenance de la
station. L’ISS circule à 28 000 km/h -35 fois la vitesse d’un A320- et effectue 16 orbites
de la Terre par jour. Les astronautes observent donc seize fois le lever et le coucher
du soleil ; il s’agit même d’un de leurs spectacles favoris lors des moments de repos
dans la Cupola, une capsule spéciale qui permet une vision à 360 degrés de la Terre.
À la mi-mai, l’ISS a dépassé le cap des 100 000 orbites.

L’European Space Agency (ESA) ou Agence spatiale européenne est une


organisation opérationnelle forte de 22 États membres : Allemagne, Autriche,
Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande,
Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque,
Roumanie, Royaume-Uni, Suède, Suisse. Sept autres États membres de l’Union
européenne (UE) ont signé des accords de coopération avec l’ESA : Bulgarie, Chypre,
Lettonie, Lituanie, Malte, Slovaquie, Slovénie. Depuis 1975, l’Agence spatiale
européenne s’occupe du développement des capacités astronautiques de l’Europe.
La participation de l’Europe aux vols spatiaux est active pratiquement depuis le début
de l’ère spatiale. Aujourd’hui, l’ESA assure le lancement des satellites d’observation
de la Terre, de navigation, de télécommunication et d’astronomie. Elle envoie des
sondes jusqu’aux frontières du système solaire et mène une politique de coopération
sur les projets d’exploration humaine de l’espace. Au plan de la production
technologique, l’ESA développe les lanceurs, les satellites et les moyens sol dont

23
l’Europe a besoin pour jouer un rôle de premier plan parmi les puissances spatiales
de la scène internationale.

‘’Proxima’’ est le nom de la mission spatiale pendant laquelle Thomas Pesquet a


volé avec ses coéquipiers Peggy Whitson et Oleg Novitsky. Le nom Proxima a été
choisi parmi 1300 propositions reçues à l’occasion d’un concours organisé par l’ESA
en 2015. Proxima est déjà le nom de l’étoile la plus proche du Soleil, ce qui consolide
la tradition française de baptême des missions spatiales par le nom d’une étoile. La
lettre « x » de Proxima symbolise justement l’étoile Proxima du Centaure ; elle évoque
aussi l’inconnu dans l’univers et suggère le fait que Thomas Pesquet est le dixième
astronaute français à se rendre dans l’espace.

A2- Le voyage la mission Proxima : entre la Terre et l’espace

Les trois astronautes de la Mission Proxima ont voyagé à bord du vaisseau Soyouz
MS-03 présenté comme la dernière version modernisée du légendaire véhicule spatial
russe. Ce lanceur Soyouz est équipé de panneaux solaires plus efficaces, d’un nouvel
ordinateur de contrôle de vol avancé, d’un système de navigation plus précis et d’un
système de propulsion amélioré. Le vaisseau Soyouz qui a transporté l’équipage de la
mission Proxima est constitué de trois modules : le module de service abritant
l’oxygène, le carburant, les propulseurs, l’électronique et les systèmes de pilotage,
guidage, navigation ; le module de descente conçu pour le retour sur Terre, et le
module orbital utilisé en orbite comme espace de vie. Le journaliste Rémy Decourt
livre un récit captivant des conditions techniques du vol aller de la mission Proxima :

C'est fait. Thomas et ses deux collègues, l'Américaine Peggy


Whitson et le Russe Oleg Novitsky sont en orbite et flottent dans
l'espace. Ils ont décollé hier soir à 21 h 20 (en heure de France
métropolitaine) du cosmodrome de Baïkonour à bord du lanceur
Soyouz. Moins de neuf minutes plus tard (8,48 mn), le véhicule
Soyouz a été placé sur une orbite quasi-circulaire (240 x 202
km), inclinée à 51,62°, avec une période de révolution de 88,62
minutes. La capsule va maintenant faire des tours autour de la
Terre durant deux jours avant de rejoindre la Station spatiale
internationale.

24
D'habitude, les astronautes en route pour l'ISS utilisent une
trajectoire plus directe et rejoignent le complexe orbital en
seulement six heures. Cet allongement du temps de parcours est
dû, indirectement, à la nouvelle version du véhicule Soyouz que
les astronautes utilisent depuis seulement trois missions. Des
procédures de validation de systèmes sont encore nécessaires
avant d'autoriser cette version modernisée à emprunter une
trajectoire plus directe (DECOURT, 2017).

Pendant les deux jours de révolution orbitale du vaisseau Soyouz, les astronautes
américain, français et russe ont occupé leur temps à jouer aux cartes, à discuter et à
partager des anecdotes. C’est un moment passionnant pour les linguistes et les
chercheurs de diverses disciplines des sciences humaines. Ces 48 heures d’attente
favorables à l’interaction verbale et culturelle offrent déjà du matériau langagier et
anthropologique exploitable avant l’entrée des astronautes à bord de l’ISS. Le retour
sur terre n’est pas moins épique. Les érudits de l’astronautique indiquent que le
module de descente est le seul à revenir sur Terre, le module orbital et le module de
service ayant vocation à se désintégrer et à se consumer dès leur entrée dans les
couches les plus denses de l’atmosphère. Conçu pour résister aux pressions de
l’atmosphère lors du retour sur Terre, le module de descente pivote de sorte que son
bouclier thermique puisse absorber l’essentiel de la chaleur causée par le frottement
atmosphérique. Pendant cette phase de rentrée, l’équipage est collé aux sièges par
une force atteignant 5g, soit l’équivalent de cinq fois le poids du corps de chaque
astronaute. Autant que leur départ dans l’espace, le retour sur terre des astronautes
d’un vol habité montre à quel point il est difficile et délicat de spatialiser des êtres
humains. Dans ces conditions extrêmes où les agences spatiales déploient le dernier
cri des technologies disponibles pour assurer un maximum de sécurité aux
astronautes, toute culture, toute langue représentée dans l’espace extra-
atmosphérique doit pouvoir mesurer le privilège qui est le sien.

25
A3- Zoom sur l’équipage de la mission Proxima

Thomas Pesquet est né à Rouen, en France, le 27 février 1978. Il est le fils d'un
professeur de maths-physique et d'une institutrice. Il passe un baccalauréat
scientifique au lycée Jehan Ango de Dieppe, en Normandie. Il entre en classe
préparatoire aux grandes écoles au lycée Pierre-Corneille de Rouen et en sort en
1998. Il entre ensuite à l’École Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace
de Toulouse (Supaéro), dont il ressort diplômé en 2001 comme ingénieur
aéronautique, spécialité conception et contrôle des satellites. Il passe sa dernière
année de formation à l’École polytechnique de Montréal au Canada, dans le cadre
d’un programme d’échange d’étudiants suivant le master Aéronautique et espace.
Thomas Pesquet consacre aussi deux ans à l’apprentissage du pilotage. Il effectue
son stage d’ingénieur d’avril à septembre 2001 chez Thales Alenia Space à Cannes
et y développe un outil de conception de système satellitaire au moyen de techniques
d’ingénierie concourante. À partir d’octobre 2001, il travaille comme ingénieur en
dynamique des satellites pour des missions de télédétection chez GMV S.A., à Madrid.

26
Thomas Pesquet est recruté par le Centre national d'études spatiales (CNES) où il
travaille de 2002 à 2004 en tant qu’ingénieur de recherche sur l'autonomie des
missions spatiales. Déjà pilote privé passionné, Thomas est sélectionné en 2004 pour
suivre le programme de formation des pilotes de ligne d’Air France. Une fois diplômé,
il commence à voler en 2006 en tant que pilote sur Airbus A320 pour la compagnie
française. Il vole aussi sur A319 et A318 pour Air France et accumule plus de 2 500
heures de vol. Il est également instructeur sur A320 et instructeur Facteurs humains.
En mai 2009, parmi 8 413 postulants, il est sélectionné pour devenir astronaute. Il entre
à l’ESA en septembre 2009 et achève sa formation initiale en novembre 2010. À l'issue
de sa formation, il travaille alors comme responsable des communications avec les
astronautes en vol (Eurocom). Il est également chargé des futurs projets au Centre
des astronautes européens (EAC), notamment de la mise en place de la coopération
avec de nouveaux partenaires, comme la Chine. Dans le cadre de la préparation de
sa future mission spatiale, Thomas suit un programme d’entraînement technique et
opérationnel qui le conduit en Allemagne, en Russie et aux États-Unis. À la Cité des
étoiles, située dans la banlieue de Moscou, il s'entraîne à piloter le vaisseau Soyouz.
Par ailleurs, il s'habitue dans une centrifugeuse à subir, jusqu’à 9 g, des accélérations
croissantes qui pourraient se produire en cas de rentrée atmosphérique non contrôlée.
Pesquet séjourne à Tsukuba au Japon où il se familiarise au laboratoire spatial
japonais Kibo, faisant partie intégrante de la Station spatiale internationale. À Cologne
en Allemagne, il se forme à l'ensemble des systèmes du laboratoire spatial européen
Columbus, à la mise en œuvre de ses installations et des expériences scientifiques.
Le spationaute français s’est exercé à utiliser le bras robotique qui sert à l’amarrage
de certains vaisseaux à la Station. Il a également pris part, dans la base Aquarius qui
est le seul laboratoire sous-marin de recherche au monde, à la simulation d’une
mission d’exploration de 12 jours à destination d’un astéroïde. En 2011, Thomas
Pesquet est soumis, en Sardaigne, à un stage de survie dénommé programme
d’entraînement souterrain de l’ESA. En 2012, il participe à la mission Seatest-2 de la
NASA organisée dans une base sous-marine des États-Unis. Il a dû s’habituer à vivre
dans des installations très étroites, à 20 m en dessous du niveau de la mer au large
des côtes de Floride. En 2016, il effectue un trek en autonomie dans les montagnes
du Nouveau-Mexique. Auparavant, c’est-à-dire le 17 mars 2014, Thomas a reçu la
notification officielle de son affectation à une mission de longue durée à bord de la
Station spatiale internationale : la mission Proxima. Il devient alors le 555e astronaute

27
à suivre le très emblématique Youri Gagarine dans l’espace interplanétaire. La
collègue américaine de Thomas Pesquet est Peggy Whitson, membre du corps des
astronautes de la NASA. Whitson est une chercheuse en biochimie qui totalise
désormais, à son actif, trois vols de longue durée. Auparavant, elle a fait partie de deux
équipages de la Station spatiale internationale : 2002 puis 2007/2008. Elle a été le
commandant de la dernière des deux missions. Partie en novembre, en même temps
que le Français Thomas Pesquet, elle a passé 288 jours dans l'espace, une durée
qu'aucun astronaute américain n'avait encore atteinte en un seul voyage. Elle était
déjà la femme ayant cumulé le temps le plus long dans l’.espace avec 376,5 jours.
Depuis son retour de l’ISS le dimanche 03 septembre 2017, elle détient un record
absolu. Avec ses 665 jours cumulés dans le cosmos en trois séjours, elle détient
désormais le record de longévité dans l’espace pour un Américain, loin devant ses
compatriotes Jeff Williams (534 jours) et Scott Kelly (520 jours). L’Américaine Peggy
Whitson peut se flatter de surcroît d’avoir effectué dix sorties extra-véhiculaires dans
l’espace pour une durée de 60h20, ce qui constitue un record de référence pour une
femme astronaute et la place, selon Sciences et Avenir, sur la troisième marche du
podium derrière le Russe Anatoly Solovyev (16 sorties) et l'Américain Michael López-
Alegría (10 sorties également, mais avec un temps cumulé légèrement plus long de
67h40). Enfin, Peggy Whitson, du haut de ses 57 ans, est actuellement la femme
astronaute la plus âgée de l'histoire de l'exploration spatiale. Le cosmonaute russe
Oleg Viktorovitch Novitsky, né le 12 octobre 1971 à Tcherven en Biélorussie, est
lieutenant-colonel dans l'Armée de l'air russe. Il est pilote, plongeur et instructeur de
parachutisme militaire. Aux commandes du JI-39 et du Cy-25 Aircraft, il totalise 700
heures de vol. Il est sélectionné en février 2007 par l’Agence spatiale fédérale russe
pour devenir cosmonaute. Avant la mission Proxima qui est son second vol pour
l’espace, il s’était déjà envolé à bord du vaisseau Soyouz TMA-06M pour rejoindre la
station spatiale internationale, participant aux missions Expédition 33 et Expédition 34.
Durant la Mission Proxima dont il est revenu le 02 juin 2017, il a effectué une
cinquantaine d'expériences scientifiques pour l'Agence spatiale russe Roskosmos.
D’une certaine façon, on peut dire que les humains qui représentent notre espèce dans
l’espace appartiennent à l’élite intellectuelle et sportive. Lorsqu’au bout d’un parcours
professionnel endurant et éprouvant comme le leur, le technocosme de l’astronautique
parvient à leur spatialisation, il y a tout lieu d’apprécier, avec beaucoup de
considération, les retombées linguistiques de leur séjour spatial. Tout compte fait,

28
Thomas Pesquet prend les questions de langue très au sérieux. À en croire François
Guillot de l’Agence France presse (AFP), outre l'anglais, l'espagnol et l'allemand, il a
appris très sérieusement le russe - indispensable pour le vol en Soyouz dont il est
copilote. Il a aussi commencé le chinois au cas où il serait appelé à monter un jour
dans une fusée chinoise. L’anglais et le russe sont les deux langues officielles de la
Station spatiale internationale. Le statut des autres langues internationales ne semble
pas explicitement défini à bord de l’ISS, mais le témoignage des astronautes fait
apparaître qu’elles sont pleinement acceptées comme langues de travail. Vous savez,
il m‘était très difficile d'apprendre le russe, mais Oleg [le cosmonaute russe Oleg
Novitsky] parle désormais aussi parfaitement le français. Nous nous sommes enseigné
l'un à l'autre notre langue respective. Je parlais français, Oleg parlait russe. On parlait
aussi anglais [à bord de l'ISS], tout était parfait, a raconté, en russe, Thomas Pesquet
lors d'une conférence de presse. L'essentiel est que nous nous sommes compris, peu
importe quelle langue nous parlions. C'était un mélange de français, d'anglais et de
russe, a pour sa part ajouté Oleg Novitsky.

L’équipage de la mission Proxima. De gauche à droite : Peggy Whitson, Oleg Novitsky et Thomas Pesquet.

29
Les vols spatiaux ont commencé par un exploit « solitaire » pour évoluer ensuite vers
la formule des équipages. L’astronautique n’a pas cessé de réaliser des premières
dans le cadre de ses vols habités.

Tableau 7 : Quelques grandes premières des vols habités

Première Personne(s) Mission Pays Année


Vol spatial et Youri Gagarine Vostok 1 Union 1961
Vol orbital soviétique
Vol sub-orbital Alan Shepard Freedom 7 États-Unis 1961
Plus long vol Valery Bykovsky Vostok 5 Union 1963
spatial seul soviétique
5 jours
Femme dans Valentina Tereshkova Vostok 6 Union 1963
l'espace soviétique
Rendez-vous Frank Borman, Jim Lovell Gemini 7 États-Unis 1965
spatial Walter Schirra, Thomas Gemini 6A
4 personnes dans Stafford
l'espace
Amarrage spatial Neil Armstrong Gemini 8 États-Unis 1966
David Scott
Jonction avec 2 John W. Young Gemini 10 États-Unis 1966
véhicules - Agena Michael Collins
10 & Agena 8
Sortie Aleksei Yeliseyev Soyouz 4 Union 1969
extravéhiculaire de Yevgeny Khrunov Soyouz 5 soviétique
2 personnes
Orbite lunaire Frank Borman Apollo 8 États-Unis 1968
James Lovell
Bill Anders
Atterrissage sur la Neil Armstrong Apollo 11 États-Unis 1969
Lune Buzz Aldrin
Triple vol spatial Shonin, Kubasov Soyouz 6 Union 1969
7 personnes dans Filipchenko, Volkov, Gorbatko Soyouz 7 soviétique
l'espace Shatalov, Yeliseyev Soyouz 8
Plus longue durée Andrian Nikolayev Soyouz 9 Union 1970
pour un vol spatial Vitali Sevastyanov soviétique
17,66 jours
Station spatiale Georgi Dobrovolski Soyouz 11 Union 1971
Viktor Patsayev soviétique
Vladislav Volkov
Personne en orbite Leonid Popov, Valery Ryumin Salyut 6 EO-4, Union 1980
pendant 26 Soyouz 35- soviétique
semaines Soyouz 37
(6 mois)
Personne à voler John Watts Young STS-1/Columbia États-Unis 1981
sur 4 engins
spatiaux différents
Personne à John Watts Young STS-9/Columbia États-Unis 1983
voyager 6 fois dans
l'espace
Personne en orbite Leonid Kizim, Vladimir Salyut 7 EO-3, Union 1984
pendant 33 Solovyov, Oleg Atkov Soyouz T-10- soviétique
semaines Soyouz T-11
(8 mois)
Vol d'une station Leonid Kizim Soyouz T-15 Union 1985
spatiale jusqu'à Vladimir Solovyov soviétique

30
une autre station
spatiale
Personne en orbite Vladimir Titov, Musa Manarov, Mir EO-3, Union 1988
pendant 52 Oleg Atkov Soyouz TM-4- soviétique
semaines Soyouz TM-6
(12 mois)
9 personnes dans Shuttle:James D. Wetherbee, STS- États-Unis 1995
l'espace Eileen M. Collins, Michael 63/Discovery, Russie
Foale, Janice E. Voss, Bernard Mir Royaume-
A. Harris Jr., Vladimir G. Titov Uni
Mir: Valeri Polyakov, Alexander
Viktorenko, Yelena Kondakova
10 personnes dans Robert L. Gibson, Charles J. STS-71/Atlantis, États-Unis 1995
l'espace avec Precourt, Ellen S. Baker, Mir Russie
amarrage Bonnie J. Dunbar, Gregory J.
Harbaugh, Anatoly Solovyev,
Nikolai Budarin, Norman E.
Thagard, Vladimir Dezhurov,
Gennady Strekalov
13 personnes dans Shuttle:Kenneth D. Bowersox, STS- États-Unis 1997
l'espace sans Scott J. Horowitz, Mark C. Lee, 82/Discovery, Russie
amarrage Steven A. Hawley, Gregory J. Mir, Soyouz TM- Allemagne
Harbaugh, Steven L. Smith, 24, Soyouz TM-
Joseph R. Tanner 25
Mir: Vasili Tsibliyev, Aleksandr
Lazutkin, Valery Korzun,
Alexandr Kaleri, Reinhold
Ewald-DE, Jerry M. Linenger-
US

A4- Le reflet de la francophonie dans l’espace interplanétaire

Là-haut dans l’espace extra-atmosphérique, Thomas Pesquet est devenu le


dixième spationaute français en séjour et le trente-huitième astronaute européen à
représenter le continent européen et sa forte diversité culturelle. Il emporte avec lui les
mythologies du Vieux Continent, une certaine image et une certaine idée des villes
qu’il a fréquentées, sa portion de littérature française, les autres langues apprises et
mises à profit dans le métier. La lecture que le spationaute européen se fait de sa
propre mission est assurément scientifique et technique en priorité. Il n’est pas évident
qu’il se sente l’incarnation ou le dépositaire d’un certain nombre de valeurs culturelles
dans l’espace, même si son volontarisme lui fait assumer pleinement son statut
d’ambassadeur du genre humain : Si nous partons dans l’espace, ce n’est pas pour
nous-mêmes, mais parce que nous croyons que c’est utile pour tout le monde sur
Terre. C’est une aventure collective, née des rêves et du travail d’une multitude de
personnes. C’est pourquoi je tiens à la faire partager au plus grand nombre (ESA,
2016 : 5). En tout état de cause, comment ne pas voir en cet astronaute français en
mission spatiale de longue durée une aubaine pour la francophonie ? Mieux, il devient

31
de facto l’ambassadeur de la francophonie dès lors que sa présence est attestée dans
le paysage interplanétaire. Le français est la langue première de ce spationaute, ce
qui implique que toute la durée du séjour spatial de ce chevalier du ciel correspondra
à une période de promotion de la langue française et de la civilisation francophone
dans une région élevée de l’espace qu’on a coutume d’appeler la banlieue de la Terre.
Le terme latin « proxima » signifie ‘’proche’’. Cette idée de rapprochement traduit la
volonté de la mission spatiale Proxima de communiquer massivement avec le grand
public qui se tient ou est tenu souvent dans l’éloignement par rapport aux vols habités
de l’industrie spatiale. L’un des trois spationautes de la mission étant un Français, la
langue française s’est trouvée aux premières loges de cette campagne d’explication
de l’Agence spatiale européenne (ESA). Quels qu’ils soient, tous les voyages dans le
cosmos sont vécus par procuration par les terriens. Ils en sont les témoins oculaires
et auriculaires. Mais sur le plan linguistique, il y a aussi deux façons de recevoir les
messages en provenance de l’univers : dans une langue dont on a directement la
connaissance ou au moyen d’un travail d’interprétation ou de traduction d’une langue
inconnue. L’hégémonie américaine et russe dans l’espace interplanétaire nous oblige
très souvent à accéder aux informations par décryptage de leurs langues respectives.
Or, la présence d’un francophone au sein de la Station spatiale internationale est la
garantie d’un accès direct à des informations de première main en langue française.
On trouve là une explication parcellaire à l’euphorie phénoménale que la spatialisation
de Thomas Pesquet a suscitée dans les rangs de la communauté francophone
mondiale.

L’ère de la compétition étant officiellement révolue dans l’exploration et la


conquête spatiales, il importe de rappeler que la Station spatiale internationale est le
lieu d’exercice par excellence de la coopération linguistique. Comment en serait-il
autrement ? Car quel que soit le bailleur de fonds et facilitateur d’une mission
astronautique, les hommes et les femmes qui séjournent dans le cosmos y sont en
pèlerinage au nom de l’humanité. Il serait absurde de transporter la guerre des langues
dans ces régions ‘’célestes’’, même si toute aire culturelle peut raisonnablement
rechercher une meilleure représentation de sa langue et de sa sensibilité dans le
cosmos fréquentable. S’agissant des deux langues officielles de l’ISS, l’anglais et le
russe en l’occurrence, tous les astronautes ont l’obligation de les maîtriser. Ces
langues sont l’unique viatique vers la maîtrise technologique de tous les outils et

32
appareils à utiliser au cours d’une mission. Les spationautes indiquent que
linguistiquement, la Station se subdivise clairement en deux pôles : un bloc dominé
par l’anglais et un autre dominé par le russe. Thomas Pesquet témoigne :

Pour ma part, l’apprentissage du russe a peut-être constitué la


plus grosse partie de mon entraînement initial. J’ai passé des
heures seul à mon bureau à apprendre mes déclinaisons – ce
n’est pas le type d’entraînement de l’astronaute qui est relayé par
les médias ! (CNES MAG, 2016)

La cuisine faite pour l’espace est d’abord une provision de vie et de survie. Sont en jeu
la santé et l’adaptation physiologique des astronautes. La nourriture des astronautes
doit répondre à des critères délicats. Les contraintes sont sévères en effet : trop sèche,
la nourriture produirait des miettes qui peuvent être inhalées par les astronautes ; trop
humide, le liquide serait de nature à provoquer des courts-circuits. Les recettes ont été
mises au point par le lycée hôtelier de Souillac et les équipes de Ducasse conseil, puis
fabriquées avec le concours de la société bretonne Hénaff. Ces repas ont reçu
l’agrément de la NASA. L’alimentation des astronautes est aussi le reflet de la culture
culinaire des puissances spatiales. La cuisine française est particulièrement saluée
par les équipages qui se succèdent dans l’ISS. Au menu de la mission Proxima, on
répertorie les plats ci-après : caponata ; effiloché de volaille en parmentier ; homard
breton, quinori bio aux algues, condiment citron de Menton ; joues de bœuf façon
bourguignon ; œuf bio en cocotte ; morceaux de pommes fondantes ; cheesecake
(DECOURT, 2017).

33
B-L’ÉQUIPEMENT TECHNOLOGIQUE DE LA MISSION PROXIMA ET SON
DISPOSITIF DE COMMUNICATION EN DIRECTION DE LA FRANCOPHONIE

Le niveau de progrès technologique avec lequel une mission spatiale arrive


dans l’espace extra-atmosphérique est déterminant. La collaboration des chaînes de
télévision satellitaires avec la mission Proxima est justement un marqueur de
puissance du rayonnement de cette ‘’expédition’’. Ces chaînes télévisuelles ont usé
du direct et du différé pour populariser cette odyssée spatiale. Par ailleurs, Internet ne
s’est pas fait prier pour se constituer en média de l’instantané. Les nouvelles fraîches
en provenance de la Station spatiale internationale étaient relayées avec célérité par
des géants d’Internet tels que Yahoo. C’est peut-être le lieu de souligner qu’une
multiplication de puissance est annoncée dans le domaine des télécommunications
spatiales, Vinton Cerf, le père du web, ayant entrepris d’étendre le réseau Internet
aux planètes du système solaire sous le nom de baptême InterPlaNet. Pour démontrer
la crédibilité du projet, Alain Dupas indique simplement qu’en 1998 la Nasa a fait de
sa sonde Pathfinder, posée sur le sol de Mars, le premier site web en dehors de la
terre. En accédant à une meilleure information technique sur la nature exacte des
technologies de télécommunications embarquées dans la mission Proxima, on pourra
disposer d’une évaluation plus ou moins précise de l’ingénierie cybernétique déployée
depuis l’ISS. Une analyse des messages électroniques échangés entre Thomas
Pesquet et la Terre serait sans doute révélatrice des réseaux sociaux et autres canaux
d’Internet utilisés par le spationaute : Twitter, Facebook, Messenger, Instagram,
Youtube, courriel, sites web, blogs etc. La téléphonie cellulaire n’est pas en reste. On
sait néanmoins que le samedi était la journée de partage entre Thomas Pesquet et le
grand public par rapport à son quotidien. Le spationaute français n’est pas avare en
tweets, à l’instar de ce premier qu’il publie une fois à bord de la Station spatiale
internationale : L'ISS est géniale, encore mieux que dans mes rêves ! J'aimerais que
tout le monde ait la chance d'aller dans l'espace! Il est aussi intéressant de relever
qu’un réseau mondial de centres de contrôle assiste les astronautes de jour comme
de nuit. S’agissant de la mission Proxima, elle était suivie 24h sur 24 et 7 jours sur 7
par les opérateurs du centre de contrôle Colombus d’Oberpfaffenhofen. Ces
opérateurs ont une connaissance pointue des systèmes mécaniques et informatiques
embarqués dans la Station spatiale internationale. Les astronautes sont en
conversation régulière avec ces équipes ainsi qu’avec des chercheurs au sol qui,

34
depuis leurs bureaux, contrôlent et surveillent les expériences effectuées en
apesanteur. L’une des tâches assignées au cosmonaute français était d’effectuer plus
d’une centaine d’expériences scientifiques en apesanteur, pour le compte de l’Agence
spatiale européenne et du Centre national d’études spatiales (Cf. Annexes I). Certes,
les résultats de ces expériences sont revêtus du sceau du secret jusqu’à certaines
échéances, mais il s’agit là d’une mine d’or pour l’AUF (Association des Universités
francophones) qui peut espérer disposer plus tard des informations publiées en
français premièrement, au lieu de devoir se soumettre à la traduction préalable
d’éventuelles langues étrangères dans lesquelles des recherches spatiales ont été
opérées. Les télé-diagnostics médicaux existaient déjà du temps de l’alunissage de
Neil Armstrong et sont allés en se perfectionnant. Il est cliniquement reconnu que cette
technique de contrôle à distance des battements cardiaques des astronautes est à
l’origine des stimulateurs cardiaques (pacemakers) aujourd’hui implantés aux patients.
Tout au long de la mission du spationaute français, la communauté médicale
francophone avait le privilège d’écouter sans interprétation les commentaires de
Thomas Pesquet au sujet de tous les capteurs sensoriels dont son corps était bardé
en vol comme dans la Station spatiale. De même, les universitaires, les ingénieurs et
les étudiants en mécanique ont eu la possibilité de suivre les sorties extra-véhiculaires
des spationautes en se référant à des commentaires peu ou prou disponibles dans
une langue journalistique (cf. Annexes documentaires II).

Parmi les infrastructures technologiques de l’ISS, on distingue des laboratoires et des


dispositifs dont nous reproduisons la présentation dans la terminologie du service de
presse de L’ESA :

 Colombus

Le laboratoire Colombus est la première installation de recherche européenne


permanente dans l’espace. Depuis 2008, ce laboratoire multifonction génère des
données scientifiques dans un large éventail de disciplines.

 Harmony et Tranquility

Le Node-2 Harmony est un module de jonction qui raccorde les laboratoires Columbus,
Destiny et Kibo. Il est doté de 3 ports d’amarrage destinés aux vaisseaux en visite.
Connecté au Node-1 Unity et à la Cupola, le Node-2 Tranquility abrite l’équipement de

35
soutien vie et d’exercice physique nécessaire aux 6 membres d’équipage. Il est lui
aussi doté de ports d’amarrage.

 Cupola

L’observatoire "la Cupola" est le plus récent des modules européens de la Station. Ce
dôme à 7 baies vitrées est la fenêtre panoramique qui permet à l’équipage d’observer
la Terre et de bien voir l’équipement extérieur qu’ils contrôlent depuis l’intérieur de la
Station.

 Cardio

La gravité "organise" la circulation sanguine dans le corps humain. L’impesanteur, elle,


dérègle ce système. La trilogie "cardio" étudie justement ces phénomènes à travers
des équipements permanents développés par le CNES et présents à bord de la station.

-Cardiomed est installé de manière similaire au sol et à bord. Cet ensemble multi-
données est le fruit d’une collaboration franco-russe. Le CNES a développé le
calculateur principal à partir duquel sont connectés les instruments et 2 senseurs.

-Cardiolab, contribution franco-allemande, est composé de plusieurs instruments.


L’enregistrement, battement par battement, précise l’état cardiaque des astronautes.
Cette étude pourrait éclairer le phénomène de syncope et les effets de la sédentarité
chez les personnes âgées.

-Cardiospace est une coopération franco-chinoise. Un ensemble d’instruments étudie


les micro- et macro-circulations cardiovasculaires. À bord de Tian Gong 2, module
spatial chinois, Cardiospace affinera les investigations déjà menées.

 Pharao

Aujourd’hui, l’étalon de temps, la seconde, est défini à partir de l’atome de césium.


Aces, un ensemble d’horloges atomiques de l’ESA, sera prochainement installé sur
l’ISS. À l’extérieur des modules pressurisés, il comparera les échelles de temps entre
le sol et l’espace. Dans ce programme, la France a réalisé Pharao, première horloge
à atomes de césium refroidis par laser, et l’a livrée en 2014. Programmé pour voler en
2018, Aces pourrait éclairer la théorie de la gravitation d’Einstein.

36
 DECLIC

Le traitement ultime des déchets ou la diminution des rejets polluants reste un


problème d’actualité. Bonne nouvelle : l’eau à l’état critique est peut-être l’une des
solutions. Les propriétés qu’elle développe dans cet état extrême le laissent penser.
C’est du moins ce que cherchent à savoir les scientifiques avec DECLIC (Dispositif
pour l’Étude de la Croissance et des Liquides Critiques). En effet, la gravité empêche
de déterminer précisément les interfaces entre les états (liquides, solides, gazeux) des
fluides. L’impesanteur au contraire, crée les conditions d’une meilleure observation.
En octobre 2009, le mini-laboratoire de physique DECLIC a donc été installé à bord
de l’ISS pour tenter d’apporter des éléments de réponse. Depuis, il enregistre de
manière automatique le comportement des fluides critiques à basse et haute
température. Conçu pour accueillir différents inserts, il se prête à plusieurs types
d’expériences suivies par le CADMOS. Lors des rotations d’équipage, les inserts
peuvent être ramenés au sol et remplacés par de nouveaux. Après 6 ans de
fonctionnement en vol, DECLIC a fait l’objet en 2016 d’opérations de maintenance et
devrait être réintégré à la station en janvier 2017.

 Expose R2

L’ISS n’est pas un laboratoire clos. Positionné "en balcon", à l’extérieur de la station,
le programme européen Expose-R comprend 9 expériences dont Expose-R2,
proposée par le CNES. Objectif : mesurer les effets de la lumière du Soleil sur certains
composés chimiques ou biologiques. Expose R-2 a été lancé le 24 juillet 2014. Les
observations de longue durée devraient permettre d’éclairer l’astrobiologie sur
l’environnement de Titan. Les premiers résultats montrent déjà une consommation
plus faible que prévu du méthane (mais aucune diminution du dioxyde de carbone).
De nouveaux échantillons, récupérés en juin 2016, sont en cours d’analyse.

Thomas Pesquet a participé à 62 expériences coordonnées par l’ESA et le Centre


National d’études spatiales (CNES). Il a également contribué à environ 55 autres
expériences des agences spatiales américaine, canadienne et japonaise. L’ESA et le
CNES ont fait connaître un certain nombre des expériences retenues dans le cadre de
la mission Proxima (cf. Annexes documentaires II).

37
C-LA PÉDAGOGIE-ÉVÉNEMENT ADOPTÉE PAR LA MISSION ASTRONAUTIQUE
PROXIMA

La juvénilité de corps et d’esprit du spationaute français n’est pas étrangère au


magnétisme que sa communication extra-muros a exercé sur la jeunesse européenne
stricto sensu et planétaire lato sensu. Au 03 juin 2017, c’est-à-dire 24 heures après
son retour sur Terre, son compteur Twitter signalait 4 500 tweets et plus de 550 000
« followers ». Ce bain de jouvence est l’un des nombreux ingrédients destinés à
dépoussiérer l’image de l’industrie spatiale qui s’enfermait de plus en plus dans la
posture d’une activité ésotérique tournée vers un public décati, fossilisé. La pédagogie
événementielle déjà expérimentée par d’autres missions astronautiques était
parfaitement indiquée pour permettre à la mission Proxima de vulgariser sa science
auprès d’un public dont elle est proche.

L’Agence spatiale européenne est un géant doté d’un budget de 2,1 milliards d’euros
dont 80 % sont affectés à l’industrie. Néanmoins, l’éducation est loin d’être négligée.
De multiples activités pédagogiques ont été programmées pour aider les élèves et
étudiants à participer à l’aventure spatiale de Proxima. L’astronaute européen était
chargé de faire passer des messages sur les réseaux sociaux pour galvaniser les
jeunes sur le plaisir de l’apprentissage. Les principales activités pédagogiques
rattachées à la Mission Proxima sont :

-Mission-X : entraîne-toi comme un astronaute ! Il s’agit ici d’un programme éducatif


à l’adresse des écoliers de 7 à 12 ans de 25 pays. Tout en participant à des activités
physiques, ils sont éduqués à l’acquisition d’une bonne forme physique.

-Chimie : vivre avec les enzymes. Les enzymes sont indispensables à la digestion
des aliments. Avec Thomas Pesquet, les élèves étudient l’intervention des réactions
chimiques dans la digestion en situation de microgravité.

-Biologie : jardinage dans l’espace. L’astronaute européen était également chargé


de faire pousser des graines de moutarde, de lentilles et de radis dans l’espace. À lui
de les arroser et de prendre des photos à intervalles réguliers. Les écoliers sur Terre
se servent du même type de graines et suivent les mêmes procédures, puis comparent
leurs résultats avec ceux de Thomas.

38
-Physique : limpidité cristalline. L’objectif de l’astronaute de l’ESA était d’amener les
apprenants à comprendre la croissance des cristaux dans l’espace. Le début de
l’expérience consiste à apprêter une solution saturée que l’on injecte dans un sachet
contenant le cristal initial, du tartrate double de sodium et de potassium.

-Sciences de l’espace : observer pour apprendre. Cette activité pédagogique


éminemment précieuse amène Thomas Pesquet à soutenir les enseignants dans leur
effort d’explication des sciences du cosmos à leurs apprenants.

-Parler avec des astronautes en orbite. La radiodiffusion n’est plus considérée


aujourd’hui comme un outil de communication high tech. Elle fait pourtant partie des
moyens de télécommunication employés par la Station spatiale internationale. Des
passionnés de radiocommunication ont la possibilité d’établir des liaisons avec l’ISS.
À travers ARISS qui est la radio amateur de la Station spatiale internationale, Thomas
Pesquet s’est adressé à des enfants équipés de radios portables. Ceux-ci en retour
avaient la latitude de le questionner sur sa vie et son travail dans l’espace.

-Les gardiens de la Terre. Dans plusieurs écoles primaires européennes, l’ESA a


distribué un dossier d’activités liées à l’observation de la Terre. À la suite de
l’astronaute Alexander Gerst de l’ESA, Thomas Pesquet a convié les élèves à réfléchir
à la protection de l’environnement et aux stratégies propices à un développement
durable.

-Informatique : Astro Pi. Il s’agit ici d’un concours de codage au cours duquel des
solutions informatiques sont proposées et analysées. Deux mini-ordinateurs
Raspberry appelés Astro Pi accompagnent le concours. Ils sont équipés d’une
multitude de capteurs et d’applications. Laissés à bord de l’ISS par l’astronaute Tim
Peake de l’ESA, les deux Astro Pi ont été exploités par Thomas Pesquet.

Par ailleurs deux rencontres mémorables avec la jeunesse ont marqué le séjour extra-
atmosphérique de Thomas Pesquet. Il y a tout d’abord le duplex du 6 décembre 2016
entre l’astronaute français et 100 jeunes réunis à Paris par le CNES et l’ESA. C’était à
l’occasion des récompenses aux lauréats des Olympiades scientifiques et de la remise
des bourses Rogissart de l’Académie des Sciences qui célébrait alors ses 350 ans.
L’échange a duré une vingtaine de minutes. Le 27 avril 2017, le CNES de Toulouse a
rassemblé 200 élèves qui ont échangé avec l’astronaute de l’ESA. Les 200 élèves
accompagnés de leurs enseignants étaient en provenance de l’académie de Toulouse

39
et de Montpellier. Ils avaient la particularité d’avoir participé au projet Mission eXplore
d’éducation à la santé, au même titre qu’une classe de 1ère du Lycée Pierre-Paul Riquet
(« Lycée de l’Espace ») de Saint-Orens. Les 31 élèves de cette classe étaient aussi
partie prenante de ce direct. C’est le lieu d’indiquer que le CNES dispose d’un réseau
d’établissements scolaires avec lesquels il est en partenariat éducatif. Il met à la
disposition des enseignants des ressources pédagogiques. Du fait de la mission
spatiale Proxima, l’année 2017 a été richissime en ressources pédagogiques. Pour
l’édition 2017 de la Mission eXplore (équivalent de la Mission X en anglais) et dans le
cadre du programme « Entraîne-toi comme un astronaute ! », le CNES a mis en réseau
128 collèges, 185 écoles élémentaires, soit 11 300 élèves en France, ainsi que 39
pays dans le monde. La Francophonie, aujourd’hui engagée dans l’innovation à travers
des programmes tels que l’IFADEM (Initiative francophone pour la Formation à
distance des Maîtres) et l’enseignement massif et de qualité du et en français, dispose
déjà d’un réservoir de ressources pédagogiques que l’expertise du CNES peut lui
procurer.

40
CONCLUSION

Le débarquement des langues de l’humanité dans l’espace interplanétaire passe


très souvent inaperçu parce qu’il constitue un événement dans l’événement. Les
projecteurs de l’actualité s’attardent sur les performances physiques des astronautes,
sur les prouesses technologiques des ingénieurs de l’aérospatiale. L’implacable et
indéniable réalité est que le langage humain est actif et dynamique au-delà des
frontières de la Terre depuis bientôt soixante ans. Notre théorie a bel et bien des
précurseurs qui ont senti l’enjeu linguistique de la conquête spatiale futuriste et, sans
prendre le risque de trancher, ils ont préféré s’interroger. À l’exemple de Roger M.
Bonnet : Duquel de ces trois ports (Guyane, Kazakhstan, Floride) partiront les premiers
colons martiens, si jamais ils le font, et dans quelle langue pourra-t-on lire ‘’ Bienvenue’’
sur les aires d’atterrissage de la planète rouge ? En caractères cyrilliques tracés par
les Américains ? ou bien en anglais écrit par les Russes ? Par les Européens ? difficile
de répondre ! Curieusement, la même inquiétude vient percer sous la plume d’Anna
Alter et Bernard Hagène, dans l’hypothèse d’une colonisation du satellite naturel de
notre planète : Les nouveaux colons font une croix sur le retour à la Terre. Ils vivent et
meurent sur place. Leurs enfants fréquentent les écoles lunaires où on leur apprend
‘’nos ancêtres les terriens…’’, mais dans quelle langue ? Quand bien même un esprit
sarcastique ne verrait que de la science-fiction dans de tels propos, personne ne peut
occulter la réalité des 228 passagers spatiaux qui ont régulièrement séjourné à bord
de l’ISS ; personne ne peut effacer la réalité des 555 êtres humains à avoir séjourné
dans l’espace orbital ou suborbital, le français Thomas Pesquet ayant été le 555 e
astronaute à voler au-delà de la Terre. Ainsi, l’actualité du monde d’aujourd’hui fait
apparaître que l’anglais, le russe et le français sont devenus des langues
interplanétaires auxquelles s’ajoutent désormais le japonais, le chinois et l’hindi.
Actuellement, la mission Proxima, qui s’est déroulée du 17 novembre 2016 au 02 juin
2017, reste d’une actualité brûlante pour la communauté francophone parce qu’elle
concerne la spatialisation la plus récente de la langue française. La mission Proxima
a déployé une vaste programmation pédagogique dont l’intérêt dépassait logiquement
le cadre du seul public estudiantin de l’Union européenne. L’effervescence
pédagogique constatée est la démonstration que la didactique contemporaine des
lettres et des sciences ne peut plus faire abstraction de la présence de l’humanité au-
delà de la planète bleue. À elle seule, la centaine d’expériences menées en apesanteur

41
prouve que le nec plus ultra de la recherche et de la connaissance s’obtient désormais
depuis le cosmos, tout au moins en partie. Les activités d’enseignement/apprentissage
développées par le Centre national d’études spatiales (CNES) constituent un socle sur
lequel le corps professoral de la francophonie peut s’appuyer pour développer une
didactique du français langue interplanétaire.

L’Agence spatiale canadienne (ASC) est l’autre grande entité mondiale de


l’astronautique qui a spatialisé la langue française en envoyant une huitaine
d’astronautes dans l’espace extra-atmosphérique. Le corps expéditionnaire des
astronautes canadiens est fameux non seulement pour la valeur de ses hommes mais
aussi pour leur bilinguisme français-anglais quasiment culturel à défaut d’être naturel.
Au niveau des sciences du langage, la spatialisation des langues internationales
semble imposer un dépassement de la sociolinguistique qu’il serait probablement plus
habile de remplacer par une astrolinguistique. La civilisation humaine est en
perpétuelle évolution. Après le surgissement de l’homme dans la banlieue de la Terre
et son débarquement sur la Lune, l’ère des langues interplanétaires s’est ouverte, avec
le français dans ce cercle de langues vraiment privilégiées. Tout compte fait, la
conquête spatiale est fortement gouvernée par la conviction de Constantin Tsiolkovsky
que voici : La Terre est le berceau de l’humanité, mais l’on ne reste pas éternellement
dans son berceau. Le miracle de la programmation aidant, l’électronique,
l’informatique et les télécommunications permettent aux machines de « parler » et de
générer de l’écriture automatiquement. Par le canal des robots envoyés dans le
cosmos, cette ingénierie parlante et écrivante peut se déplacer sur des millions de
kilomètres. Le processus d’expansion « territorial » engagé par l’humanité est donc
irréversible. Par conséquent, le concept de langue interplanétaire doit devenir naturel
à notre entendement. C’est une réalité vivante et actuelle. Mieux, il ne serait pas
surprenant que les générations futures en arrivent un jour à parler de langue
interstellaire voire intergalactique, en cas de découverte de raccourcis dans l’espace-
temps.

42
ANNEXES I- LES EXPÉRIENCES DE L’ESA ET DU CNES

 Expériences de l’ESA

Les expériences liées à la surveillance de l’environnement spatial

LE SOLEIL
L’installation SOLAR mesure le rayonnement électromagnétique de notre étoile
avec une précision sans précédent, couvrant une grande partie de son spectre.
Les spectromètres utilisés effectuent des observations dans les longueurs d’onde
ultraviolettes, visibles et infrarouges. Un des premiers objectifs de cette étude est
de mesurer la constante solaire pour distinguer l’impact solaire de l’influence
humaine sur le climat terrestre.

LE RAYONNEMENT
Dans l’espace, les niveaux de rayonnement sont
en général 30 à 50 fois plus élevés que sur Terre.
L’expérience DOSIS-3D surveille le rayonnement
dans le module européen Columbus pour prévenir
les problèmes de santé pendant les missions
spatiales de longue durée.

LE CHAMP MAGNÉTIQUE
L’expérience MagVector mesure les variations
d’intensité du champ magnétique qui interagit
avec la Station Spatiale, pour mieux comprendre
les effets du champ magnétique terrestre sur les
systèmes électriques.

43
Une expérience de biologie

LES PLANTES
L’expérience Seedling Growth-3 analyse la façon dont les plantes réagissent aux
sources de lumière colorée en microgravité. À long terme, l’objectif est de trouver
des substituts à la lumière solaire pour les cultures. Faire pousser des plantes avec
peu de lumière naturelle est un défi qui se pose en effet aux cultivateurs travaillant
dans des serres, mais également aux astronautes, qui pourraient bien un jour avoir
à produire leur propre nourriture afin de conserver une alimentation équilibrée lors
de missions à destination de la Lune ou de Mars.

Quelques expériences sur la science des matériaux

LES MÉTAUX
Les superalliages métalliques sont très demandés,
car ils permettent d’optimiser les procédés
industriels de fonte. Un ensemble d’expériences
explorera les effets de la microgravité sur les
microstructures métalliques et, en particulier, sur
les métaux liquides lors de la formation des
alliages. Le four à lévitation électromagnétique
(Electromagnetic Levitator) permet de fondre et
de solidifier des échantillons métalliques sans
creuset, dans des conditions d’ultravide, ainsi que
dans des gaz extrêmement purs.

44
LE PLASMA
Le plasma est un gaz ionisé. Considéré comme le
quatrième état de la matière, il se distingue de la
matière gazeuse, liquide et solide. L’expérience
PK-4, mise en œuvre par les cosmonautes russes
dans le laboratoire Columbus, étudie la formation
de microparticules de plasma en apesanteur, ce
qui, par analogie, aide à comprendre comment les
molécules interagissent en trois dimensions.

LES FLUIDES
Les fluides et les gaz ne sont jamais au repos. Leurs molécules bougent sans cesse
et entrent continuellement en collision les unes avec les autres. Il est intéressant
pour les scientifiques de mesurer le mouvement des particules, car celui-ci révèle
des informations sur la rapidité avec laquelle la chaleur se répand dans un fluide et
la rapidité avec laquelle les liquides se mélangent. Les fluides étant moins
dynamiques en microgravité, des chercheurs ont eu l’idée de profiter de l’ISS pour
mesurer la diffusion dans les mélanges liquides : c’est l’objectif de l’expérience
SODI-DCMIX-3.
L’expérience Fluid Dynamics in Space (FLUIDICS) porte elle aussi sur le
comportement des fluides en microgravité, et en particulier sur le ballottement des
carburants liquides dans les réservoirs pendant les manœuvres des satellites. Les
résultats de ces travaux aideront à améliorer la conception des réservoirs d’ergols
des futurs engins spatiaux.

45
Les démonstrations technologiques

LA PERCEPTION DE LA FORCE
L’ESA étudie les limites de la perception humaine et la capacité des astronautes à exercer
des forces légères avec les membres et les mains dans l’espace. Dans le cadre de
l’expérience Haptics/Interact, Thomas utilise un joystick à retour de force. Les données
recueillies permettront d’améliorer les équipements, de manière à faciliter l’interaction
hommes-robots en apesanteur, dans la perspective de futures missions d’exploration
planétaire où les hommes et les robots travailleront en partenariat.

LE NETTOYAGE
À bord de la Station spatiale internationale, le
ménage n’est pas une mince affaire. Thomas devait
évaluer l’utilisation de surfaces antimicrobiennes
dans l’espace. L’objectif de l’expérience MATISS est
de réduire la contamination microbienne dans
le vaisseau habité en testant des substances qui
diminuent la capacité des microorganismes à
survivre sur les surfaces. Certaines des surfaces
testées ont des propriétés autonettoyantes.
Si les résultats sont concluants, ces produits
pourraient être utilisés dans les hôpitaux et d’autres
établissements de soins.

LA PURIFICATION DE L’EAU
Thomas avait la charge de tester les capacités de filtration d’une membrane en microgravité
et d’analyser la qualité microbiologique de l’eau de l’ISS. L’objectif ultime de la
démonstration Aquamembrane est de révolutionner la purification de l’eau au moyen de
procédés biotechnologiques dans l’espace et sur Terre. Aquapad vise à simplifier l’analyse
de la qualité de l’eau dans la Station spatiale en démontrant l’efficacité d’une méthode bon
marché et facile à utiliser, permettant de détecter la présence de microbes dans un
échantillon d’eau potable.

46
LE CONTRÔLE À DISTANCE
En vue de faire de la robotique et des opérations télécommandées un outil standard des
missions spatiales, l’ESA établit des liaisons entre l’ISS et la Terre. Alors qu’il est en orbite,
Thomas commande le rover Eurobot de l’ESA, qui se trouve aux Pays-Bas, à l’aide d’un
ordinateur portable et d’un joystick. L’activité Meteron SUPVIS-E s’inscrit dans la continuité
d’une série d’expériences de complexité croissante. L’astronaute européen teste aussi
l’unité Echo, un scanner ultrasonique d’imagerie médicale qui est contrôlé à distance par
un radiologue sur Terre. Cette technique pourrait permettre à des populations isolées de
bénéficier de l’expertise médicale à laquelle elles n’ont pas accès pour le moment.

HABILLÉ POUR L’ESPACE


Les astronautes peuvent prendre jusqu’à sept centimètres,
car leur colonne vertébrale s’allonge en apesanteur.
Résultat : ils sont nombreux à souffrir de maux de dos
pendant les missions de longue durée. Thomas a porté
une combinaison conçue pour lutter contre les effets de
l’absence de gravité, qui compresse le corps des épaules
aux pieds avec une force similaire à celle ressentie sur
Terre.
Cette combinaison de type « seconde peau » (Skinsuit)
pourrait être utilisée au sol par les personnes souffrant de
douleurs lombaires.

LE CONTRÔLE MARITIME
Le système Vessel ID est l’équivalent maritime du contrôle
aérien. Installé sur le laboratoire européen Columbus,
son récepteur satellite peut identifier jusqu’à 22 000
navires par jour. Ces données contribuent à développer la
surveillance maritime mondiale.

47
LES CAPTEURS INTELLIGENTS
Thomas porte des vêtements équipés de capteurs. L’expérience EveryWear
démontre qu’il est possible de relever des données physiologiques sur les
astronautes et de les transmettre à la Terre en temps réel à des fins médicales et
scientifiques. Le projet EuCPAD teste un nouveau système de mesure
du rayonnement conçu pour l’espace, capable de fournir en temps réel continu des
informations sur l’exposition aux radiations. Cette solution pourrait être intégrée à la
stratégie de l’ESA en matière de protection des astronautes contre le rayonnement.
LA TECHNOLOGIE DE DÉTECTION SANS FIL
Comment un capteur sans fil fonctionne-t-il dans l’espace ? L’expérience Wise-Net
teste un ensemble de capteurs dans le module Columbus.

La recherche humaine

LA TÊTE
Comprendre comment les processus neuronaux de la perception s’adaptent à l’apesanteur
est l’objectif de l’expérience Brain-DTI. Le cerveau de Thomas est soumis à un examen
détaillé avant et après sa mission. Cette étude pourrait déboucher sur de nouveaux outils
permettant de faire avancer la recherche sur les processus cognitifs dans l’espace. Thomas
tient aussi un registre des maux de tête et autres symptômes qui l’affectent en orbite. Les
résultats de l’expérience Space Headaches aident à mettre au point des mesures pour
lutter contre les migraines.
LES MAINS
L’expérience GRIP étudie les effets d’un vol spatial de longue durée sur la dextérité de
Thomas en analysant la façon dont le système nerveux central contrôle la force et les
mouvements des mains pendant la manipulation des objets en microgravité. L’expérience
GRASP consiste à immerger Thomas dans un environnement de réalité virtuelle, grâce à
l’équipement Perspectives. L’objectif est d’étudier comment le système nerveux central
traite les indices sensoriels et les informations provenant de différents cadres de référence
pour coordonner le mouvement des mains et la perception visuelle. En particulier,
l’expérience examine comment la gravité agit comme un cadre de référence lorsqu’une
personne tend la main vers un objet ou le saisit. Ces deux expériences pourraient aider les
patients qui ont du mal à manipuler les objets.

48
LE MÉTABOLISME
La masse du corps humain diminue dans l’espace. Thomas
mesure les variations de sa dépense énergétique pour
mettre au point une équation permettant de calculer
les besoins d’un astronaute en apesanteur. L’expérience
Energy vise à améliorer la planification des rations
alimentaires nécessaires pour les missions de longue
durée à bord de la Station spatiale internationale ou vers
des destinations plus lointaines.

L’HORLOGE INTERNE
Nous avons tous une horloge interne, dite horloge
circadienne ou biologique, qui nous indique plus ou
moins l’heure qu’il est et qui régule notre cycle veille/
sommeil. Dans la Station spatiale, ce cycle est perturbé,
car les astronautes assistent à 16 levers et couchers
de soleil par jour. L’expérience Circadian Rhythms
examinera comment le vol de longue durée affecte
l’horloge biologique de Thomas. Ses conclusions
pourraient être utiles aux personnes ayant des horaires de
travail irréguliers.

LES OS
Les astronautes perdent jusqu’à 1 % de leur masse osseuse par mois passé dans
l’espace. L’expérience Early Detection of Osteoporosis in Space étudie les
changements survenant dans la structure osseuse des astronautes. Ces travaux
aident à détecter et, espérons-le, à prévenir l’ostéoporose, en particulier chez les
personnes de plus de 55 ans.
LES MUSCLES
Vivre en microgravité entraîne une perte de masse musculaire, ainsi qu’un
affaiblissement de la fonction musculaire et du contrôle moteur. L’expérience

49
SARCOLAB-3 étudie les caractéristiques des muscles qui sont particulièrement
affectés dans l’espace, comme les muscles des jambes, qui servent essentiellement
à marcher et à garder l’équilibre. Grâce à des échantillons de tissus mous prélevés
sur Thomas avant et après le vol spatial, l’expérience Muscle Biopsy aide à
comprendre comment contrecarrer la perte de force musculaire dans l’espace.
L’astronaute européen communique son ressenti sur le fonctionnement de ses
muscles avant et après le vol.

LA PEAU
Quand nous vieillissons, notre peau devient plus fragile et
les plaies mettent plus de temps à cicatriser. Les astronautes
perdent plus de cellules cutanées et vieillissent plus vite
pendant les vols spatiaux. Le but de l’expérience Skin-B est de
mieux comprendre la physiologie de la peau dans l’espace et,
en particulier, le processus de vieillissement de la peau.
LE SYSTÈME IMMUNITAIRE
Plus de la moitié des voyageurs de l’espace présentent des
signes de dysfonctionnement du système immunitaire après une
mission de longue durée. En utilisant des scanners cérébraux,
en surveillant la respiration et en examinant des échantillons
de cheveux des cosmonautes russes, l’expérience Immuno-2
étudie l’impact du stress sur le système immunitaire.

50
 Aux expériences de l’ESA s’ajoutent les expériences proposées par
le CNES :

AQUAPAD : UN NOUVEL OUTIL DE DIAGNOSTIC


DE L’EAU
L’évaluation de la qualité de l’eau est un enjeu constant des vols habités. À bord de l’ISS,
la majorité de l’eau utilisée pour se laver, boire et manger provient du traitement des eaux
usées. Aquapad vise à améliorer la rapidité et l’efficacité des analyses de potabilité de l’eau.
Le dispositif consiste en un simple coton absorbant sur lequel est injecté 1 ml d’eau. En
présence de bactéries, l’astronaute voit apparaître des points de couleur. Il lui suffit alors de
photographier le pad avec l’application mobile EveryWear pour calculer automatiquement le
nombre de colonies présentes et obtenir une quantification précise. Grâce à une facilité
d’interprétation intégrée au processus, le dispositif ne laisse aucun doute à l’astronaute
quant à la potabilité de l’eau. Si Aquapad a été conçu pour une utilisation au sein de l’ISS,
ses applications terrestres pourraient avoir une large portée. En effet, une analyse simple
et rapide de l’eau permettrait de faciliter l’accès à l’eau potable dans des pays où cette
question se pose au quotidien.
Dans des situations plus exceptionnelles, Aquapad pourrait aussi servir à diagnostiquer
l’état de l’eau après des catastrophes naturelles.

MATISS : DE NOUVELLES SURFACES INTELLIGENTES


MATISS a pour objet de tester de nouvelles surfaces intelligentes en micropesanteur. Ces
surfaces sont dites « intelligentes » ou « innovantes » eu égard à leur capacité à apporter
une réponse adaptée à un stimulus donné. Les surfaces intelligentes du dispositif MATISS
réagissent à l’approche de bactéries en les empêchant de se poser, de proliférer et de créer
les biofilms qui les protègent dans un environnement hostile. L’expérience vise notamment
à comprendre les mécanismes d’attachement des biofilms en situation de micropesanteur.
L’optimisation des surfaces intérieures de l’ISS représente un véritable défi. Le premier
objectif de MATISS est de simplifier les opérations de décontamination afin de gagner du
temps-équipage. Le second enjeu concerne l’exploration spatiale : la validation de ces
surfaces innovantes permettrait en effet de disposer de nouveaux atouts pour l’élaboration
de futurs vaisseaux spatiaux, notamment dans l’optique de voyages lointains. Au-delà du
domaine spatial, MATISS trouvera des applications sur Terre. Par exemple, la qualification
de nouvelles surfaces intelligentes pourrait servir pour l’équipement des transports en
commun ou encore pour le revêtement de surfaces très sensibles et précises telles que les
boutons d’ascenseurs.

51
EVERYWEAR : L’ASSISTANT DE L’ASTRONAUTE
À bord de l’ISS, le suivi des astronautes représente lui aussi un enjeu quotidien. Le système
EveryWear, développé par MEDES, propose une nouvelle approche en la matière, avec un
assistant matérialisé par une simple application sur tablette tactile. Il s’agit plus précisément
de regrouper un ensemble de capteurs biomédicaux portatifs connectés en Bluetooth à un
terminal mobile (en l’occurrence une tablette grand public). L’utilisation d’une tablette qui
recueille un ensemble d’informations distinctes est une grande avancée dans le recueil des
données médicales, physiologiques et personnelles de l’astronaute. Les principaux atouts
d’EveryWear sont sa capacité à agréger les données provenant de différents outils mais
aussi la simplification qu’il apporte dans les procédures pour les astronautes.
C’est un dispositif adaptable qui peut couvrir un large éventail de besoins, avec une collecte
de données adaptée qui permet un traitement uniformisé. Là encore, le gain de temps-
équipage induit par l’assistant personnel est très important. À titre d’exemple, le suivi
nutritionnel de l’astronaute l’oblige actuellement à répondre à des questionnaires au fur et à
mesure de la prise de nourriture. Avec EveryWear, il lui suffira de scanner le code-barres
imprimé sur l’emballage de chaque aliment. En retour, l’assistant pourra lui fournir des
recommandations nutritionnelles adaptées et en temps réel. L’assistant EveryWear
apportera également une dimension supplémentaire à Aquapad avec le calcul automatique
des bactéries repérées dans l’eau. Véritable dispositif « connecté », EveryWear ambitionne
de transformer le quotidien des membres d’équipage de l’ISS.

PERSPECTIVES : UN ENVIRONNEMENT IMMERSIF EN


RÉALITÉ VIRTUELLE
Les effets de la micropesanteur sur l’être humain ne sont pas seulement d’ordre
physique. On constate aussi une modification du système neurologique, qui cherche
à s’adapter à son nouvel environnement. L’absence de « haut » et de « bas »,
l’abolition de la position debout sont autant de bouleversements auxquels le cerveau
doit répondre pour continuer de diriger le corps avec précision. Dans ce contexte de
perte de repères spatio-temporels, la réalité virtuelle offre une opportunité unique
d’analyser dans le détail les modifications des fonctions cognitives des astronautes
en les plongeant dans un environnement immersif choisi. Le dispositif Perspectives
est un simple casque occultant stéréoscopique issu du commerce, accompagné
d’une application dédiée. Ce nouveau casque plus performant, élargissant le champ

52
d’action possible dans le domaine de la réalité virtuelle, sera testé dans le cadre de
la mission Proxima. Le principal avantage de la réalité virtuelle est de permettre de
contrôler les stimuli envoyés à l’astronaute, mais aussi de pouvoir quantifier les
réponses visio-moteurs du sujet. Au-delà des tests de bon fonctionnement,
Perspectives est avant tout expérimenté à travers les manipulations GRIP, GRASP
(neurologie) et Time Perception (perception du temps en microgravité).

ECHO : UN ÉCHOGRAPHE TÉLÉ-OPÉRÉ DEPUIS LA TERRE


Depuis les années 1990, plusieurs systèmes d’échographes télé-opérés ont été
développés et testés sur Terre puis à bord de l’ISS. L’expérimentation Echo a pour
objet l’essai d’un équipement plus performant et plus simple d’utilisation, offrant de
nouvelles possibilités d’expérimentation à bord de l’ISS. Cette nouvelle génération
d’outils permet à l’expert d’opérer les mouvements fins de la sonde depuis la Terre
et de recevoir en retour une image de haute qualité. Du côté de l’astronaute, de
simples connaissances en anatomie sont nécessaires pour placer la sonde sur la
zone à explorer. L’astronaute peut suivre l’échographie sur écran et l’interface de
contact avec la Terre a elle aussi été simplifiée. Le véritable défi est de proposer un
équipement performant avec une image d’excellente qualité et une réactivité de la
sonde maximale pour un diagnostic médical rapide et précis. L’Agence spatiale
canadienne prévoit d’ores et déjà d’utiliser Echo dans le cadre de son
expérimentation Vascular Echo. Sur Terre, dans le domaine de la télémédecine, cet
échographe télé-opéré amélioré apportera un progrès considérable dans la gestion
médicale des zones isolées (zones rurales des pays développés ou pays en voie de
développement). Il suffira d’un assistant sur place, capable d’accompagner le patient
et de gérer l’interface avec le système et l’expert. Le principe d’un échographe télé-
opéré a déjà été éprouvé avec succès en France métropolitaine et en Guyane et
c’est ce retour d’expérience qui a permis d’imaginer les améliorations qui seront
testées dans le cadre d’Echo.

53
FLUIDICS : DYNAMIQUE DES FLUIDES DANS L’ESPACE
FLUIDICS est l’expérience en sciences de la matière proposée par le CNES pour la
mission Proxima. Elle couvre deux volets d’expériences physiques portant sur la
mécanique des fluides. Le premier, dédié à l’industrie aérospatiale, doit analyser le
phénomène de ballottement des liquides dans les réservoirs des engins spatiaux en
situation réelle de micropesanteur. L’objectif est d’améliorer le guidage et la
précision de ces engins, en particulier des satellites, et d’optimiser leur temps de
disponibilité grâce à une meilleure gestion de leur carburant. Le deuxième volet de
l’expérience concerne l’étude des phénomènes de turbulence d’ondes qui se
produisent à la surface des liquides. Ceux-ci résultent de la compétition entre la
source de mouvement et les forces de rappel. Sur Terre, les forces de rappel sont
liées d’une part à la gravité et d’autre part à la tension de surface. En observant
ce phénomène en micropesanteur, les scientifiques peuvent donc se focaliser sur la
tension de surface seule. Au-delà d’une meilleure connaissance des mouvements
des fluides, cette expérience peut aussi aider à mieux comprendre le fonctionnement
des océans et notamment le phénomène des « vagues scélérates». Plus largement
encore, les résultats attendus pourraient contribuer à améliorer nos systèmes de
prévision climatique ou encore à optimiser l’utilisation des énergies renouvelables
océaniques. Concrètement, FLUIDICS se présente sous la forme de trois petites
sphères transparentes soumises à la force d’une centrifugeuse. Deux sont utilisées
pour l’observation des ballottements, la troisième sert à analyser le phénomène de
turbulence d’ondes. Les résultats seront analysés et comparés à des modèles de
simulation numérique.

54
ANNEXES II- LES COMMENTAIRES DES SORTIES EXTRA-VÉHICULAIRES

 En français familier

L’astronaute français Thomas Pesquet, en mission pendant six mois sur la station
spatiale internationale (ISS), se prépare à effectuer une troisième sortie en
scaphandre. Si tout va bien, cette sortie extravéhiculaire devrait intervenir dans les
prochains jours. Thomas Pesquet doit faire équipe avec l'Américaine Peggy Whitson,
recordwoman du nombre de sorties spatiales. Mais le Français évite de
s’emballer. "Tout change très vite dans le spatial. Il peut y avoir des problèmes
techniques, des retards, des annulations de lancement… Les sorties sont souvent
liées à un véhicule qui arrive, qui nous amène de l’équipement. Donc si ce véhicule
est en retard, a un problème, la sortie peut être annulée ou tomber dans la mission
d’après pour les gars qui vont nous suivre. Donc moi j’essaie de ne pas trop
m’enthousiasmer", explique Thomas Pesquet.

Quand on me dit que je fais une sortie extravéhiculaire, je réponds : 'Oui, oui, ben on
verra bien', alors que certains sautent au plafond. Mais je pense que c’est la meilleure
recette pour ne pas être déçu.

Thomas Pesquet à franceinfo

Une chance "incroyable"

D'autant que le Français a déjà eu ce privilège deux fois depuis le début de son séjour
dans l'ISS. La dernière, c'était le 24 mars, pour des travaux de maintenance. Et il n'en
garde pas le même souvenir que son baptême de l'espace. "La première sortie c’était
beaucoup de sensations. J’ai eu du mal à imprimer vraiment ce qu’il se passait parce
qu’il y avait beaucoup d’adrénaline, parce que c’était l’aboutissement d’un rêve, que
j’étais vraiment extrêmement concentré pour essayer de tout faire bien, pour ne pas
faire une seule erreur parce que c’est vraiment une chance incroyable", raconte
Thomas Pesquet.

Il y a des gens qui sont astronautes pendant 30 ans et qui ne font pas une seule sortie.
Moi, j’ai eu la chance d’en faire déjà deux dans ma première mission.

Thomas Pesquet à franceinfo

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"La deuxième j’étais peut-être un peu plus relax, pas désinvolte du tout mais
j’imprimais plus ce qu’il se passait autour de moi. C’était essentiellement à deux
endroits pendant six heures de sortie. C’était assez statique mais pendant la deuxième
moitié, j’étais perché sur une plateforme tout en haut de la station avec sous mes pieds
la terre qui défilait… C’était la meilleure vue du monde", se souvient l’astronaute
français.

Source : Édité par Cécile Mimaut franceinfo, Julien Moch Radio France.

Mis à jour le 15/04/2017 à 22 : 24 ; publié le 15/04/2017 à 22 : 24.

Sortie extra-véhiculaire de Thomas Pesquet

 En français de vulgarisation scientifique

THOMAS PESQUET’S PROXIMA BLOG

SORTIE DANS L’ESPACE : dernières informations

11:55 L’équipage a pour l’instant 30 minutes d’avance sur le planning : Thomas (EV2)
et Shane (EV1) sont déjà dans le sas Quest. La sortie devait avoir lieu à 13h05 heure
de Paris ; elle devrait donc être avancée à 12h35.

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12:22 L’écoutille donnant sur l’extérieur est ouverte. Thomas et Shane passent sur
batterie pour l’alimentation électrique de leur scaphandre.

12:29 Shane sort en premier, puis est rejoint par Thomas. Première étape après avoir
refermé l’écoutille : procéder à un « buddy-check », c’est-à-dire une vérification
réciproque de leurs équipements pour vérifier que tous se trouvent bien à leur place.
Ils s’habituent également à s’orienter dans le vide de l’espace.

12:45 On peut de temps en temps suivre les opérations à travers le casque des
astronautes ! Si le numéro 20 apparaît en bas à droite de l’image, c’est la caméra de
Thomas. Celle de Shane porte le 18. Ils sont guidés dans leurs procédures par leur
agent de liaison (Capcom) : l’astronaute de l’ESA (et collègue de Thomas) Luca
Parmitano.

12:52 Shane et Thomas sont arrivés au niveau des plaques adaptatrices qu’ils
placeront sur les circuits d’alimentation électrique à moderniser.

13:05 Thomas et Shane se préparent sur la zone de travail, notamment en positionnant


leurs outils.

13:10 Thomas et Shane profitent de leur avance pour travailler à l’une des tâches
facultatives de cette sortie. Elle consiste à repositionner le système de retenue des
coffres de panneaux solaires (SAB : Solar Array Blanket boxes).

13:14 Thomas prend le temps d’inspecter ses gants et de vérifier l’état de la compresse
d’absorption de son casque (HAP : Helmet Absorbancy Pad). Il s’agit d’une procédure
normale et qui sera répétée régulièrement tout au long de la sortie.

13:20 Shane a installé le cale-pied qui leur permettra d’être retenus à la Station et de
travailler plus librement avec leurs mains. L’Américain rejoint alors Thomas, qui s’était
entretemps rendu à la palette d’exposition de l’HTV-6 en transportant les plaques
adaptatrices.

13:33 La première des trois plaques adaptatrices (pesant chacune 38 kg) a été
récupérée.

13:38 Shane et Thomas ont attaché deux plaques adaptatrices à leur scaphandre. Ils
rejoignent à présent le circuit d’alimentation électrique où elles seront installées.

13:46 Shane et Thomas ont toujours 30 à 40 minutes d’avance sur le planning.

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13:48 Thomas rejoint Shane à la zone de travail pour commencer l’installation.

14:00 La première plaque adaptatrice a été installée avec succès.

14:05 Contrôle de la première batterie lithium-ion à installer.

14:11 Shane et Thomas installent la deuxième plaque adaptatrice. Chaque batterie


pèse 165 kg mais peuvent (sic) évidemment être déplacées sans peine en
impesanteur.

14:24 Shane et Thomas sont sortis de la Station depuis deux heures et ont pour
l’instant une heure d’avance sur leur planning.

14:40 Deux des tâches principales sont désormais terminées.

14:42 Thomas et Shane se préparent avant d’installer la troisième et dernière plaque


adaptatrice.

15:00 Ils ont désormais une heure et demie d’avance sur le planning initial. Thomas
est donc chargé d’avancer sur les tâches facultatives. Celles-ci sont en général moins
compliquées à gérer pour les astronautes.

15:28 Toutes les tâches principales prévues pour cette sortie ont été accomplies.
Thomas et Shane travaillent désormais uniquement sur des opérations qui ne figurent
pas sur le programme obligatoire.

15:56 Thomas a récupéré dans le sas un nouveau sac contenant notamment une pièce
de rechange et se dirige à présent vers un projecteur de caméra défectueux.

16:00 Shane positionne le cale-pied pour leur prochaine tâche. Thomas le rejoint avec
la pièce de rechange qu’il était allé chercher.

16:28 Alors que la Station spatiale survole l’Indonésie, Thomas et Shane travaillent
dans l’obscurité de l’ombre de la Terre.

16:48 Luca demande à Thomas et à Shane de procéder à un nouveau « buddy-check »


(contrôle réciproque entre coéquipiers).

16:56 Inspection des scaphandres avant de retourner au sas pour y déposer des sacs.

17:04 La prochaine tâche de Thomas consistera à photographier des câbles pour une
analyse ultérieure.

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17:18 Thomas prend rapidement un selfie, un souvenir pour sa première sortie
extravéhiculaire.

17:45 On demande à Shane et Thomas de se déplacer plus lentement afin de gérer le


niveau de CO2 de leur scaphandre.

18:00 Thomas et Shane couvrent le sas du Node 3 pour le protéger. Celui-ci ne sera
effectivement pas utilisé dans un avenir proche.

18:07 La sortie de Thomas s’achève : il est rentré dans le sas Quest.

18:21 Shane a rejoint Thomas dans le sas. L’écoutille est alors fermée et verrouillée.
La sortie extravéhiculaire est officiellement finie après 5 heures et 58 minutes. La
repressurisation du sas commence.

18:29 Peggy ouvre l’écoutille côté ISS.

18:33 Peggy et Oleg aident Thomas et Shane à rentrer à l’intérieur et à retirer le


scaphandre.

18:36 Peggy prend en photo les gants de Thomas et de Shane pour vérifier leur état.

18:45: Peggy retire le casque de Thomas.

18:51 Peggy a aidé Thomas à s’extirper de son scaphandre. Ils aident Shane à retirer
la sienne (sic).

18:54 Fin de la transmission sur NASA TV après une sortie extravéhiculaire


brillamment exécutée !

Réactions de quelques internautes

Theeten dit :
janvier 13, 2017 à 2:43

Il est toujours pressé Thomas

C’est génial de pouvoir suivre tout ça en direct


Je suis enthousiasmé
Merci à l’ESA

Mylene dit :
janvier 13, 2017 à 11:57

Regarder la sortie dans l’espace

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Dan dit :
janvier 14, 2017 à 10:00

Merci c est génial et très intéressant

Annie guyon dit :


janvier 14, 2017 à 2:33

Extraordinaire sortie dans l’espace. Je suis enchantée et émerveillée d’avoir pu suivre de visu
une telle aventure! Merci à Thomas Pesquet et à toute l’équipe qui l’entoure et l’assiste.
BRAVO

OLIVIER Jonathan dit :


janvier 17, 2017 à 3:09

Oui merci à tous. C’est vraiment génial de vous suivre régulièrement.


Extra la sortie ! Ça doit être extrêmement impressionnant de se retrouver dans le vide total.

Une vraie bulle d’oxygène ici bas

Source : © 2017 European Space Agency

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BIBLIOGRAPHIE

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Exploration spatiale Liste de records spatiaux Wikipédia.htmf

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U
ne mutation feutrée mais gigantesque s’est opérée avec le vol spatial de Youri Gagarine
autour de la Terre et le débarquement de l’équipage Apollo 11 sur la Lune. Dans la foulée
de ces événements majeurs, les langues de l’humanité ont quitté leur berceau la Terre pour
aller retentir très loin de notre planète. L’anglais, le russe et le français notamment font partie du cercle
privilégié des langues interplanétaires. Mais après soixante ans d’exploration spatiale, la politique
linguistique de l’espace est embryonnaire et sa description scientifique inexistante, d’où l’impératif de
migrer de la sociolinguistique à l’astrolinguistique. La mission spatiale Proxima de l’Agence spatiale
européenne (ESA) a fortement suscité la curiosité de la jeunesse européenne et d’une partie de la
jeunesse francophone, entre novembre 2016 et juin 2017. Cette effervescence confirme
l’indispensabilité et l’urgence d’une politique de promotion du français langue interplanétaire. Dans la
perspective d’une didactique [du et en français] des activités spatiales, en vue de l’arrimage immédiat
des universités francophones aux expériences scientifiques effectuées en apesanteur, dans l’optique
d’une promotion globale du français langue interplanétaire, un partenariat actif est souhaitable entre
l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Agence spatiale européenne (ESA), le Centre
national d’études spatiales (CNES) et l’Agence spatiale canadienne (ASC). Dans le domaine de la
documentation et des ressources pédagogiques, la NASA et l’Agence spatiale fédérale russe, au nom
de la coopération linguistique, n’ont pas moins vocation à devenir des partenaires de l’OIF.

A
ttaché d’enseignement supérieur et de recherche à l’Université de Yaoundé I (UYI), YONGUI
Jean Paul est professeur associé à l’École Normale Supérieure (ENS) de Yaoundé et à
l’Institut Sous-régional de Statistique et d’Économie Appliquée (ISSEA). Il totalise deux
décennies de carrière. Il est titulaire d’un master en langue française et finalise une thèse de doctorat
en linguistique fonctionnelle. Le développement de l’astrolinguistique devient indubitablement son grand
chantier postdoctoral. Il est aussi l’auteur de l’expertise intitulée ̏ 1200 ans de langue française Le
dodécacentenaire de l’espérance ˝.

YONGUI Jean Paul est par ailleurs diplômé des Championnats du Monde d’orthographe de langue
française. Il s’est illustré comme triple champion d’orthographe du Cameroun, finaliste continental et
superfinaliste mondial.

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