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Objectifs Alunissage
Statut Terminé
Coût 25,4 G$
Données techniques
Capsules Apollo
Historique
Début 1961
Fin 1972
Résultats
Première(s) 1er homme sur la Lune (Apollo 11)
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Lancement de la fusée Saturn V de la mission Apollo
Le programme avait pour objectif de poser un homme sur la Lune avant la fin de la
décennie. Le 21 juillet 1969, cet objectif était atteint par deux des trois membres
d'équipage de la mission Apollo 11, Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Cinq autres
missions se sont posées par la suite sur d'autres sites lunaires et y ont séjourné
jusqu'à trois jours. Ces expéditions ont permis de rapporter 382 kilogrammes
de roche lunaire et de mettre en place plusieurs batteries d'instruments scientifiques.
Les astronautes ont effectué des observations in situ au cours d'excursions sur le sol
lunaire d'une durée pouvant atteindre huit heures, assistés à partir d'Apollo 15 par un
véhicule tout-terrain, le Rover lunaire Apollo.
Aucun vol orbital américain n'avait encore été réalisé en mai 1961. Pour remplir
l'objectif fixé par le président, la NASA lança plusieurs programmes destinés à
préparer les futures expéditions lunaires : le programme Gemini pour mettre au point
les techniques de vol spatial et des programmes de reconnaissance
(programme Surveyor, Ranger…) pour, entre autres, cartographier les zones
d'atterrissage et déterminer la consistance du sol lunaire. Pour atteindre la Lune, les
responsables finirent par se rallier à la méthode audacieuse du rendez-vous en
orbite lunaire, qui nécessitait de disposer de deux vaisseaux spatiaux, dont
le module lunaire destiné à l'atterrissage sur la Lune. La fusée géante de
3 000 tonnes Saturn V, capable de placer en orbite basse une masse de 140 tonnes,
fut développée pour lancer les véhicules de l'expédition lunaire. Le programme
drainera un budget considérable (153 milliards de dollars US en valeur 2019 corrigée
de l'inflation) et mobilisera jusqu'à 400 000 personnes. Deux accidents graves sont
survenus au cours du projet : l'incendie au sol du vaisseau spatial Apollo 1, dont
l'équipage périt brûlé et qui entraîna un report de près de deux ans du calendrier, et
l'explosion d'un réservoir à oxygène du vaisseau spatial Apollo 13, dont l'équipage
survécut en utilisant le module lunaire comme vaisseau de secours.
Mais les Soviétiques, qui disposent d'une avance importante et d'une fusée fiable
pouvant emporter une grosse charge utile, continuent au cours des années suivantes
de multiplier les premières : premier être vivant placé en orbite avec la
chienne Laïka (Spoutnik 2), premier satellite à échapper à l'attraction terrestre (Luna
1), premier satellite à s'écraser sur la Lune (Luna 2), première photo de la face
cachée de la Lune (Luna 3), premier être vivant à revenir vivant après un séjour dans
l'espace (les chiens Belka et Strelka de Spoutnik 5), premier survol
de Vénus (Venera 1).
l'envoi direct d'un vaisseau sur la Lune (« Direct Ascent ») : une fusée de forte
puissance, de type Nova, envoie le vaisseau complet ; celui-ci atterrit sur la Lune
puis en décolle avant de retourner sur la Terre ;
le rendez-vous orbital autour de la Terre (EOR, pour « Earth-Orbit Rendez-
vous ») : pour limiter les risques et le coût de développement de la fusée Nova,
les composants du vaisseau sont envoyés en orbite terrestre par deux ou
plusieurs fusées moins puissantes. Ces différents éléments sont assemblés en
orbite en utilisant éventuellement une station spatiale comme base arrière. Le
déroulement du vol du vaisseau, par la suite, est similaire à celui du premier
scénario ;
le rendez-vous en orbite lunaire (LOR, pour « Lunar Orbital Rendez-vous ») : une
seule fusée est requise, mais le vaisseau spatial comporte deux sous-ensembles
qui se séparent une fois que l'orbite lunaire est atteinte. Un module dit « lunaire »
se pose sur la Lune avec deux des trois astronautes et en décolle pour ramener
les astronautes jusqu'au module dit « de commande », resté en orbite autour de
la Lune, qui prend en charge le retour des astronautes vers la Terre. Cette
solution permet d'économiser du poids par rapport aux deux autres scénarios
(beaucoup moins de combustible est nécessaire pour faire alunir puis décoller les
hommes sur la Lune) et permet de concevoir un vaisseau destiné à sa mission
proprement lunaire. En outre, la fusée à développer est moins puissante que
celle requise par le premier scénario.
Wernher von Braun, responsable du développement
de la Saturn V, photographié devant le premier étage de la fusée.
Lorsque le président américain John Kennedy donne à la NASA, en 1961, l'objectif
de faire atterrir des hommes sur la Lune avant la fin de la décennie, l'évaluation de
ces trois méthodes est encore peu avancée. L'agence spatiale manque d'éléments :
elle n'a pas encore réalisé un seul véritable vol spatial habité (le premier vol orbital
de la capsule Mercury n'a lieu qu'en septembre 1961). L'agence spatiale ne peut
évaluer l'ampleur des difficultés soulevées par les rendez-vous entre engins spatiaux
et elle ne maîtrise pas l'aptitude des astronautes à supporter de longs séjours dans
l'espace et à y travailler ; ses lanceurs ont essuyé par ailleurs une série d'échecs qui
l'incitent à la prudence dans ses choix techniques.
Aussi, bien que le choix de la méthode conditionne les caractéristiques des véhicules
spatiaux et des lanceurs à développer, et que tout retard pris dans cette décision
pèse sur l'échéance, la NASA va mettre plus d'un an, passé en études et en débats,
avant que le scénario du LOR soit finalement retenu.
Les effectifs affectés au programme spatial civil vont croître en proportion. Entre
1960 et 1963, le nombre d'employés de la NASA passe de 10 000 à 36 000. Pour
accueillir ses nouveaux effectifs et disposer d'installations adaptées au programme
lunaire, la NASA crée trois nouveaux centres entièrement affectés au
programme Apollo aux périmètres précisément délimités :
Le Manned Spacecraft Center (MSC)e, édifié en 1962 près de Houston, au Texas, est
destiné à la conception et la qualification des vaisseaux spatiaux (module lunaire et
CSM), l'entraînement des astronautes et le suivi des missions à partir de leur
décollage. Parmi les installations présentes sur le site, on trouve le centre de
contrôle des missions, les simulateurs de vol et des équipements destinés à simuler
les conditions spatiales et utilisés pour tester les livraisons des industriels. Le centre
est dirigé par Robert Gilruth, ancien ingénieur du NACA, qui joue un rôle de premier
plan pour l'activité des vols habités américains depuis 1958. Contrairement aux deux
autres établissements créés pour le programme Apollo, le MSC est activé dès
le programme Gemini. Il emploie en 1964 15 000 personnes, dont 10 000 employés
de sociétés aérospatiales15,16.
Le centre spatial Kennedy (KSC), situé sur l'île Meritt en Floride, est le site d'où sont
lancées les fusées géantes du programme Apollo. La NASA, qui a besoin
d'installations à l'échelle de la fusée Saturn V, met en construction en 1963 cette
nouvelle base de lancement qui jouxte celle de Cap Canaveral appartenant à l'Armée
de l'Air américaine et d'où sont parties, jusqu'alors, toutes les missions habitées et
les sondes spatiales de l'agence spatiale18. Le centre effectue la qualification de la
fusée assemblée (« all up ») et contrôle les opérations sur le lanceur jusqu'à son
décollage. Il emploie en 1965 environ 20 000 personnes. Au cœur du centre spatial,
le complexe de lancement 39 comporte deux aires de lancement et un
immense bâtiment d'assemblage, le VAB (hauteur 140 mètres), dans lequel plusieurs
fusées Saturn V peuvent être préparées en parallèle. Plusieurs plates-formes de
lancement mobiles permettent de transporter la fusée Saturn assemblée jusqu'au
site de lancement. Le premier lancement depuis le nouveau terrain est celui d'Apollo
4, en 1967. Jusqu'en 2011, le complexe était utilisé pour lancer la navette spatiale
américaine15,19.
Année 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970
Budget du
0,53 1,28 2,55 2,02
programme Apo - - - 2,27 2,51 2,97 2,91 1,75
5 5 6 5
llo
Budget total de 0,14 0,40 0,74 1,25 2,55 4,17 5,09 5,93 5,42 4,72 4,25 3,75
la NASA 5 1 4 7 2 1 3 3 6 4 3 5
Budget NASA
(% du budget de 0,2 0,5 0,9 1,4 2,8 4,3 5,3 5,5 3,1 2,4 2,1 1,7
l'État fédéral)
Les véhicules spatiaux Apollo sont initialement conçus pour donner une autonomie
complète à l'équipage en cas de coupure des communications avec le centre de
contrôle à Terre. Cette autonomie procurée par les programmes du système de
navigation et de pilotage sera dans les faits fortement réduite lorsque les procédures
suivies par les missions Apollo seront figées : en raison de l'impossibilité de réduire
les dimensions et le poids d'un ordinateur complet35, la capsule n'embarquera qu'un
ordinateur de bord limité, et c'est le contrôle au sol à Houston qui fournira les
principaux paramètres, tels que la position du vaisseau spatial ainsi que le vecteur
de la poussée avant chaque allumage des moteurs. Houston dispose au moment
des premiers vols vers la Lune de moyens de calcul plus puissants et, grâce à
la télémesure, connaît parfaitement la position des vaisseaux et leur trajectoire. Une
fois une phase de vol engagée, c'est toutefois à l'ordinateur de bord d'appliquer les
corrections nécessaires en se basant sur ses capteurs et ses capacités de calcul.
Par ailleurs, l'ordinateur joue un rôle essentiel pour le contrôle des moteurs (fonction
autopilote) et gère de nombreux sous-systèmes, ce qui lui vaut le surnom de
quatrième homme de l'équipage36. Sans l'ordinateur, les astronautes n'auraient pu
poser le module lunaire sur la Lune, car lui seul pouvait optimiser suffisamment la
consommation de carburant pour se contenter des faibles marges disponibles37.
En cas de panne, des systèmes de secours prennent le relais dans un mode plus ou
moins dégradé. Ainsi, le système de navigation du module lunaire (ordinateur
et système inertiel) est doublé par un système de secours développé par un autre
constructeur, pour éviter qu'une même faille logicielle mette en panne les deux
systèmes. Les quatre groupes de moteurs de contrôle d'attitude (« quads ») sont
regroupés par paires indépendantes, chacune d'entre elles pouvant couvrir le besoin
en mode dégradé. Le système de régulation thermique est doublé. Les circuits
d'alimentation électrique sont également doublés. L'antenne de télécommunications
en bande S peut être remplacée par deux antennes plus petites en cas de
défaillance. Il n'y a néanmoins pas de parade à une panne de moteur : seuls des
tests poussés avec un maximum de réalisme peuvent permettre d'atteindre le taux
de fiabilité attendu. Des solutions techniques conservatrices mais éprouvées sont
dans certains cas retenues. C'est le cas de l'énergie électrique sur le module lunaire
(choix des batteries), des systèmes pyrotechniques (choix de systèmes existants
standardisés et éprouvés) ainsi que l'électronique de bord (les circuits intégrés, bien
qu'acceptés dans les ordinateurs, ne sont pas retenus pour le reste de
l'électronique).
Selon Neil Armstrong, les responsables du projet avaient calculé qu'il y aurait environ
1 000 anomalies à chaque mission Apollo (fusée, CSM (Command/Service Module)
et LEM (Lunar Excursion Module)), chiffre extrapolé du nombre de composants et du
taux de fiabilité exigé des constructeurs. Il y en aura en fait en moyenne 150g, ce
qu'Armstrong attribue à l'implication exceptionnellement forte des personnes ayant
travaillé sur le projet41.
la C-1 (ou Saturn I), utilisée pour tester des maquettes des vaisseaux Apollo, est
constituée d'un premier étage propulsé par huit moteurs H-1 couronné d'un
second étage propulsé par six RL-10 ;
la C-1B (ou Saturn IB), chargée de qualifier les vaisseaux Apollo sur l'orbite
terrestre, est constituée du 1er étage de la S-1 couronné du troisième étage de la
C-5.
Fin 1962, le choix du scénario du rendez-vous en orbite lunaire (LOR) confirme le
rôle du lanceur Saturn V et entraîne l'arrêt des études sur le lanceur Nova50.
Charge utile
en orbite basse
140 t (LEO)
(LEO) 9 t (LEO) 18,6 t (LEO)
47 t (TLI)
injection vers la
Lune (TLI)
9 (1966-1975)
10 (1961-1965) 13 (1967-1973)
Qualification CSM,
Vols Satellites Pegasus, missions lunaires
relève Skylab,
maquette du CSM et lancement Skylab
vol Apollo-Soyouz
Le pilote a au-dessus de sa tête un petit hublot (0,07 m2) qui lui permet de contrôler
la manœuvre de rendez-vous avec le module de commande. L'arrière de la cabine
pressurisée est beaucoup plus exigu (1,37 × 1,42 m pour 1,52 m de haut) : son
plancher est plus haut de 48 cm et, de plus, encombré par un capot recouvrant le
sommet du moteur de remontée. Les parois latérales sont occupées par les
rangements et à gauche, par une partie du système de contrôle environnemental. Au
plafond se trouve l'écoutille utilisée pour passer dans le Module de Commande
derrière laquelle se trouve un tunnel court (80 cm de diamètre pour 46 cm de long)
comportant un système de verrouillage utilisé pour solidariser les deux vaisseaux.
Les forces en jeu au moment de l'accostage qui pourraient déformer le tunnel sont
amorties par des poutres qui les répercutent sur toute la structure58.
Le LEM ne dispose pas de sas, qui aurait ajouté trop de poids. Pour descendre sur le
sol lunaire, les astronautes font le vide dans la cabine et, à leur retour, ils
pressurisent la cabine avec les réserves d'oxygène. Pour descendre, ils se glissent
dans l'écoutille : celle-ci donne sur une petite plate-forme horizontale qui débouche
sur l'échelle dont les barreaux sont situés de part et d'autre d'une des jambes de
l'étage de descente59.
le rover lunaire Apollo, utilisé à partir de la mission Apollo 15, est un véhicule
rustique tous-terrains à propulsion électrique, alimenté par des batteries. Pouvant
atteindre la modeste vitesse de 14 km/h, il permet de porter le rayon d'action des
astronautes de quelques centaines de mètres à une dizaine de kilomètres et
dispose d'une capacité d'emport de 490 kg60 ;
l'ALSEP est un ensemble d'instruments scientifiques installé par les astronautes
près de chaque site d'atterrissage à partir d’Apollo 12. Alimenté en énergie
électrique par un générateur thermoélectrique à radioisotope (RTG) il comporte
de quatre à sept instruments scientifiques dont la composition a varié selon les
missions : sismomètre actif ou passif, spectromètre de masse, réflecteur
laser, gravimètre, détecteur de poussière, etc. Ces instruments ont fourni en
continu, jusqu'à leur arrêt en 1977, des informations sur l'atmosphère, le sol et le
sous-sol lunaire : sismicité, vent solaire, température, composition de
l'atmosphère, champ magnétique, etc61 ;
les combinaisons spatiales (modèle Apollo A7L) portées par les astronautes,
d'une masse de 111 kg avec le système de survie, furent spécialement conçues
pour les longues excursions sur le sol lunaire (plus de sept heures pour certaines
sorties des équipages d’Apollo 15, 16 et 17) au cours desquelles les astronautes
devaient se déplacer dans un environnement particulièrement hostile
— températures extrêmes, micro-météorites, poussière lunaire — tout en
effectuant de nombreux travaux nécessitant une certaine flexibilité62.
Le site retenu est toujours situé sur la face visible de la Terre pour que les
communications entre le vaisseau et la Terre ne soient pas interrompues ; il n'est pas
trop éloigné de la bande équatoriale de la Lune pour limiter la consommation de
carburant que nécessiterait un déport du vaisseau vers des latitudes plus élevées.
Durant le trajet de 70 heures vers la Lune, des corrections peuvent être apportées à
la trajectoire du CSM et du LEM pour optimiser la consommation finale de
propergols. Initialement, le déroulement d'une mission Apollo prévoyait une quantité
relativement importante de carburant pour ces manœuvresl. À l'usage, à peine 5 %
de cette quantité sera consommée grâce à la précision de la navigation. Le train
spatial est mis en rotation lente pour limiter l'échauffement des vaisseaux en
réduisant la durée de l'exposition continue au Soleil66.
Une fois arrivé à proximité de la Lune, le moteur du CSM est allumé pour placer les
vaisseaux en orbite en les freinantm. Si ce freinage n'est pas réalisé, la trajectoire
permet aux vaisseaux de revenir se placer en orbite terrestre après avoir fait le tour
de la Lune sans utiliser leurs moteurs. Cette disposition sauvera d'ailleurs la
mission Apollo 13. Un peu plus tard, le moteur du CSM est utilisé une deuxième fois
pour placer les deux vaisseaux sur une orbite circulaire de 110 km d'altitude67.
Manœuvre d'amarrage du CSM et du LEM durant le transit vers la Lune
Deux des trois astronautes de l'équipage prennent place dans le Module Lunaire
pour descendre sur la Lune. Ils initialisent le système de navigation avant d'entamer
la descente vers la Lune. Le LEM et le CSM se séparent avant que le moteur ne soit
mis en marche (jusqu'à Apollo 12). Le changement d'orbite est initié lorsque le
vaisseau spatial se situe aux antipodes (à une demi-orbite) du point où démarrera la
phase suivante. Une fois que la distance entre le LEM et le module de commande
est suffisante (une centaine de mètres), une petite accélération est d'abord imprimée
par les moteurs contrôlant l'attitude pour plaquer le carburant du moteur de descente
contre les vannes de distribution puis le moteur de descente est allumé brièvement
pour freiner le LEM d'environ 25 m/s (90 km/h)69.
À partir d’Apollo 14, pour économiser les propergols de l'étage de descente, c'est le
moteur du Module de Commande et de Service qui est sollicité pour abaisser l'orbite.
Le CSM accompagne donc le LEM dans son orbite elliptique et s'en sépare avant
que la descente propulsée ne démarre.