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Revue

des Questions Scientifi ques, 2011, 182 (3) : 209-226

Les sites mégalithiques et archéologiques


pourraient-ils livrer des informations sur des
mouvements de l’ensemble de la lithosphère ?
Les études de C. Hapgood.

Dr. Bernard Wéry


Urbaniste

I. INTRODUCTION

Dans le vaste domaine de l’orogénie, au contraire du concept de la dérive


des continents, ou plus précisément de celui de la tectonique des plaques vul-
garisé depuis le début des années 1970, le concept du déplacement de l’en-
semble de la lithosphère terrestre est méconnu non seulement du grand public
mais aussi de beaucoup de scientifi ques.

Les alignements de pierres dressées de « Le Ménec » à Carnac


Département du Morbihan, France
(Jean-Pierre Mohen – Le monde des mégalithes – Paris – Éditions Casterman –
Collection Archives du Temps, 1989, p. 120)
210 revue des questions scientifiques

Le Docteur Ting Ying H. MA, océanographe et chercheur, est l’auteur


de cette théorie. Il s’intéressa de près à l’épeirogénie1, à l’orogénie2 et aux vol-
canismes de notre planète. Mais il s’illustra plus particulièrement en tant que
paléontologue en étudiant les fossiles des faunes et des flores se trouvant à la
surface du globe terrestre. Il s’intéressa ainsi notamment à la vitesse de crois-
sance de coraux proliférant à la latitude de l’équateur, constatant des disposi-
tions spatiales aux orientations régulières très nettement différentes de celles
constatées sur les coraux actuels. Elles témoignaient de situations extrême-
ment anciennes qui avaient vu le jour et avaient évolué sous des climats sem-
blables mais sous des latitudes qui apparaissent maintenant complètement
inattendues.
Ting Ying H. MA3 en vint alors à proposer pour la première fois une
séquence historique des mouvements de l’ensemble de la lithosphère4, se ma-
nifestant par une succession d’orogénies et d’épeirogénies à la surface de la
planète ainsi que par des positions différentes de pôles géographiques qui
s’étaient succédé à partir du dévonien jusqu’à celle du pôle Nord que nous
connaissons actuellement.
Les bases de ce dernier concept et de cette théorie révolutionnaire des
déplacements soudains et violents de l’ensemble de la lithosphère glissant sur
le manteau supérieur de la Terre5 entraînant, par voie de conséquence, un
déplacement des pôles mais pas de l’axe de la Terre, ont été étudiées à la
même époque, synthétisées et commentées abondamment notamment par
Charles HAPGOOD dans un ouvrage6, préfacé par Albert EINSTEIN.

1. Soulèvements ou abaissements considérables de l’écorce terrestre.


2. Mouvements de l’écorce terrestre et, en particulier, ceux qui ont donné naissance aux
montagnes.
3. MA Ting Ying H., Research on the Past Climate and Continental Drift :
– Volume V : The Shiftings in Pole-Positions with Diatrophisms since the End of the Cre-
ateous, and the Accompanying Drift of Continents, published by the Author, Shin Sheng
Printings Works, Tapei, Taiwan, may 1952, 176 pages ;
– Volume VII : Climate and the Relative Positions of the Continents during the Lower
Carboniferous Period, private publication in co-operation with the Overseas Branch of
the National Academy of Peiping and the Académie et Bibliothèque Sino-Internation-
ales, printed by Sino-American Publishing Co. LTD., Taipei, Taiwan an Ming Ho Art
Press, Tapei, Taiwan, april 1955, 99 pages.
4. Lithosphère : croûte terrestre solide d’une épaisseur de 10 à 70 km.
5. Manteau supérieur : magma constitué principalement de lave situé directement sous la
lithosphère d’une épaisseur de 70 à 700 km.
6. HAPGOOD Charles, Les mouvements de l’ écorce terrestre, préface d’Albert EINSTEIN,
traduit de l’anglais par A. FRAUGER, Éd. Payot, Paris, 1962, 335 pages.
les sites mégalithiques et archéologiques 211

Dans le sillage du Dr. Ting Ying H. MA et surtout dans celui de Charles


HAPGOOD, Robert ARGOD7 reprit également, à son propre compte, des
positions spatiales des pôles Nord apparues avant que ne survienne notre pôle
Nord actuel, mais il en déduisit des conclusions très différentes pour ce qui
concerne leurs datations.
Deux des nouvelles coordonnées géographiques proposées, les longitudes
et les latitudes, pour ces pôles Nord antérieurs, sont :
– un point dénommé «Yukon» en Alaska, aux États-Unis, situé à 60°00’
de latitude Nord et 135°00’ de longitude Ouest8 et
– un point dénommé «H» en Baie d’Hudson, au Canada, situé à 60°00’
de latitude Nord et 83°00’ de longitude Ouest9.
Nous avons fait l’hypothèse que, si la théorie des déplacements de la li-
thosphère est exacte, des sites mégalithiques pouvaient exister depuis la pré-
histoire gardant des traces désignant des positions de pôles Nord géographiques
précédents et nous apportons une argumentation dans ce sens. C’est le but de
notre contribution scientifique pour ce premier article et les suivants.
S’appuyant sur la première proposition de Charles HAPGOOD, le pre-
mier volet de notre étude explore une interprétation possible de la présence
d’un site mégalithique remarquable celui des alignements de Le Ménec à Car-
nac, en France10.
Cette même première proposition ouvre également un deuxième volet
concernant la position singulière du Sphinx de Gizeh au Caire en Égypte11.
S’appuyant sur l’autre proposition de Charles HAPGOOD, le troisième
volet de notre étude cherche la raison de la localisation particulière du site de
Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne12.

7. ARGOD, Robert, L’Antarctide des origines – Réflexions sur les origines des peuples, Rich-
mond Éditions, Londres, 2003, 323 pages.
8. Pôle Nord proposé par C. HAPGOOD.
9. Pôle Nord proposé par C. HAPGOOD.
10. Coordonnées : 47°21’ de latitude Nord et 3°03’ de longitude Ouest, Atlas of the World
– ‘The Times’, Comprehensive Edition, Londres, 1980.
11. Coordonnées : 30°00’ de latitude Nord et 30°03’ de longitude Est, Atlas of the World –
‘The Times’, op. cit.
12. Coordonnées : 42°31’ de latitude Nord et 8°33’ de longitude Ouest Atlas of the World –
‘The Times’, op. cit.
212 revue des questions scientifiques

Notre démarche est fondée essentiellement sur des calculs orthodro-


miques13 et des propositions d’explications de tous ordres aussi bien fonction-
nelles que symboliques. Les résultats, pour le moins surprenants, suggèrent
des interprétations originales pour ces traces énigmatiques venues du fond des
âges14.

II. LOCALISATION ET INTERPRÉTATION DU SITE DES


ALIGNEMENTS DE LE MÉNEC (CARNAC, FRANCE)

± 20°

Plan d’ensemble du site des alignements de Le Ménec (Carnac,


Département du Morbihan, France15.

Nous avons analysé de près la confi guration du site appelée «Les aligne-
ments de Le Ménec» à Carnac, en France16.
Nous avons soumis les coordonnées géographiques des alignements mé-
galithiques de ce site à une série de calculs orthodromiques portant sur les

13. Calculs de trigonométrie sphérique eff ectués à la surface du globe, utilisant les formules
dites de GAUSS.
14. NAZE, Yaël, L’astronomie des Anciens, Coll. Bibliothèque scientifi que, Éditions Belin
pour la Science, Paris, 2009, p. 53-70.
15. Fond de plan de l’Offi
ce du Tourisme de la ville de Carnac.
16. Dimensions : longueur : 1165 m, largeur : 100 m ; hauteurs des mégalithes, maximum :
4 m à l’Ouest et minimum 60 cm à l’Est.
les sites mégalithiques et archéologiques 213

arcs de grand cercle reliant Carnac au pôle Nord «Yukon» proposé par C.
HAPGOOD.
Grâce aux calculs, nous avons pu connaître la latitude correspondante
ainsi que l’orientation générale des alignements du site placé dans ce contexte
géographique particulier.
Il ressort que, dans le contexte de temps où «Yukon» est pris comme pôle
Nord, le site de Carnac est situé à la latitude du tropique Nord de notre pla-
nète, soit à ± 23°27’ de latitude Nord, c’est-à-dire à celle de notre tropique du
Cancer actuel (cf. annexe 2)17.
Mieux, les calculs montrent que, dans le contexte où «Yukon» était posi-
tionné au pôle Nord, l’orientation générale des alignements de Le Ménec, soit
± 20° d’azimut Est, dans notre contexte actuel, est implantée parallèlement au
cercle du tropique Nord de cette époque-là (cf. annexe 2).
Nous sommes convaincu que ces résultats, très particuliers, ne peuvent
être le fruit du hasard.
L’interprétation originale que nous faisons de la signification réelle des
alignements de Le Ménec, découle immédiatement et aisément de ces résul-
tats.
Pour les populations qui ont construit les alignements de Le Ménec, en
leur temps, en se référant au relevé présenté ci-contre, il est, en effet, possible
de déduire :
– qu’il s’agit de la construction d’un calendrier semestriel boustrophé-
don18 basé sur un cycle complet des variations de l’activité solaire, soit
11 ans, et
– qu’il est l’unique raison ayant amené à l’édification de ce site.
On peut considérer, en effet, que les alignements de Le Ménec ont été
conçus et réalisés à dessein sous le tropique Nord de l’époque, là où régnait la

17. Le lecteur voudra bien se reporter aux annexes 1, 2, et 3 pour les deux types de calculs
orthodromiques ainsi que pour les calculs proprement dits utilisés au cours de l’étude.
18. Par analogie avec la qualification de certaines écritures primitives qui s’écrivent et se
lisent de gauche à droite puis de droite à gauche puis de gauche à droite et ainsi de suite,
sans interruption, à la façon du sillon creusé par la charrue du laboureur dans son
champ.
214 revue des questions scientifiques

limite Nord du régime des moussons. On peut concevoir que la question de


la localisation relative du Soleil par rapport à la Terre jouait, dans l’année,
comme elle joue d’ailleurs toujours, un rôle déterminant dans les mêmes
conditions. Il n’était alors, en eff et, bien évidemment, pas question de saisons
telles que nous les connaissons en Europe actuellement dans l’hémisphère
Nord.
Nous imaginons l’utilisation ingénieuse du site, grâce à la longueur de
l’ombre portée des menhirs sur le sol par ciels sereins.
Les menhirs des alignements de Le Ménec dont la hauteur va décroissant
d’Ouest en Est, se présentent sous la forme de 12 lignes parallèles (cf. le relevé
et le plan du site de Le Ménec par Alexander THOM).

Les 12 alignements de mégalithes.

Relevé et plan de l’ensemble du site des alignements de mégalithes de Le Ménec à


Carnac, eff ectués par Alexander THOM 19.

Si, par exemple, l’ombre d’un menhir est égale à sa hauteur lorsque le
soleil se trouve au sommet de sa course, au midi vrai, le soleil doit obligatoire-
ment se situer à l’aplomb du tropique Sud. Dans le contexte géographique de
l’époque, ce cas de fi gure correspond toujours alors au solstice d’hiver de
l’hémisphère Nord, actuellement notre 21 décembre. En eff et, grossièrement,
l’addition des deux angles des tropiques pris à partir du centre de la Terre est
égale à un peu plus de 45°. Cela donne pour résultat une ombre portée sensi-
blement égale à la hauteur du menhir lui-même (cf. le schéma explicatif de la

19. MOHEN, Jean-Pierre, Le monde des mégalithes, Paris, Éditions Casterman, collection
des Archives du Temps, 1989, p. 38.
les sites mégalithiques et archéologiques 215

longueur de l’ombre portée d’un menhir pour le solstice d’hiver au tropique


Nord, au temps contemporain où «Yukon» était situé au pôle Nord).
Grâce à cette modélisation avant la lettre, il était toujours possible de
connaître et de suivre la position de la Terre par rapport au Soleil, jour après
jour, mois après mois, chaque menhir représentant un jour. En eff et, à une
lunaison de 28 jours près, récupérée sur un cycle de 11 ans, chaque aligne-
ment compte en moyenne, 182 à 183 menhirs ce qui représente pour chacun
182 à 183 jours, soit une demi-année.
Par exemple, l’utilisation de ce calendrier pouvait débuter à l’extrémité
Sud la plus à l’Ouest, là où les menhirs sont les plus grands et lorsque l’ombre
est la plus longue et égale à la hauteur. On savait ainsi qu’à ce moment de
l’année, on se trouvait précisément au solstice d’hiver. Chaque menhir repré-
sentant un jour, on progressait vers l’Est, de menhir en menhir, jour après
jour. Arrivé au bout du premier alignement, après six mois, on se trouvait au
solstice d’été, le moment de l’année où l’ombre est la plus courte : la course du
soleil étant alors à l’aplomb du site. C’est la raison technique, mais aussi signi-
fi cative, de la petite taille des derniers menhirs Est.

Pour le tropique Nord, au solstice d'hiver, la hauteur du menhir


S
= ± la longueur de l'ombre portée du menhir au midi vrai.

Hauteur du menhir.

± 45°

Longueur de l'ombre portée du menhir.

° Valeur de l'angle, entre les tropiques, prise à partir du centre de la Terre, soit: ± 23° + ± 23° = ± 45°.
° Valeur de la hauteur du soleil au solstice d'hiver pour le tropique Nord, soit: ± 45°.

Schéma explicatif de la longueur de l’ombre portée d’un menhir pour le solstice d’ hiver
au tropique Nord, au temps contemporain où le pôle Nord se trouvait en «Yukon».
216 revue des questions scientifiques

Ensuite, le décompte des jours continuait mais sur le plus proche aligne-
ment et dans le sens inverse, vers l’Ouest, pendant six mois suivant jusqu’au
prochain nouveau solstice d’hiver. Une première année venait de s’écouler.
Ensuite, on poursuivait en passant à l’alignement suivant et dans l’autre sens
et ainsi de suite, douze fois au total jusqu’au dernier alignement. Six années
s’étaient écoulées alors. Puis, on revenait en sens inverse, de la même façon,
dix fois, soit cinq années, pour comptabiliser, en fin de compte, un cycle com-
plet de 6 x 2 semestres + 5 x 2 semestres, soit un total de 11 années consécu-
tives. Arrivé à ce stade, le cycle pouvait recommencer à nouveau, dans une
sorte de mouvement perpétuel.
On est en droit de penser qu’un grand menhir servait de référence pour
l’ensemble du site. La longueur de l’ombre de ce dernier désignait alors le
numéro séquentiel du jour du semestre dans l’année.
L’utilisation d’un calendrier dont le cycle est de 11 ans, pose question.
Nous avançons dès lors l’hypothèse explicative suivante :
– Nous pensons que le cycle de 11 ans correspond à un cycle complet de
l’activité solaire20. Les douze alignements ont été réalisés à dessein pour
tenir compte de l’influence solaire déterminante sur le climat terrestre.
– Il faut se souvenir du contexte climatique plus rigoureux21 qui régnait
il y a 3500 à 4000 ans avant J.-C. Le climat comportait des tempéra-
tures moyennes beaucoup plus basses qu’à l’époque actuelle. Il était
également caractérisé par de plus grands écarts de températures entre
les jours et les nuits et entre les étés et les hivers.
– La conception et la réalisation de ce système de calendrier ingénieux,
par des constructions implantées dans le sol avec une grande rigueur
géométrique, a dû, on le comprend aisément, coûter des efforts inouïs
aux populations concernées.
– Enfin, le site a été implanté à proximité de l’océan Atlantique.
En somme, un observateur averti, sachant interpréter le calendrier cy-
clique, en demeurant sur place :
– pendant quelques jours, pouvait avec précision :

20. Ce cycle solaire aura vraisemblablement été mis en évidence par la variation de la puis-
sance des alizés.
21. et des difficultés de navigation engendrées par ce climat.
les sites mégalithiques et archéologiques 217

• situer le moment de son observation dans l’année et


• déterminer le nombre de jours qui restaient avant le solstice suivant ;
– plus de six mois, incluant une période complète de deux solstices ainsi
que le comptage des jours entre ces deux solstices, pouvait :
• identifier avec exactitude quelle rangée de mégalithes était concernée
par son comptage et, de cette façon,
• se situer par rapport aux minima et aux maxima des onze ans du
cycle solaire ;
– plus de douze mois, incluant une période complète de trois solstices
ainsi que le comptage des jours entre ces trois solstices, pouvait :
• connaître quelle année était concernée dans l’ensemble des onze ans
du cycle solaire, selon que l’on s’éloignait, ou que l’on se rapprochait,
du maximum du cycle.
Nous supposons alors que ce genre d’initiative n’a pu être pris que par
une société vivant en symbiose avec la mer à laquelle elle accordait le plus haut
intérêt. Elle lui devait vraisemblablement sa prospérité et peut-être même sa
survie. La position du Soleil dans le ciel déterminait alors avec précision la
position du Front intertropical, les mouvements généraux des alizés et des
courants marins.
Le régime des moussons dictait, en effet, l’orientation des vents domi-
nants : allant du Sud-Ouest vers le Nord-Est, de fin décembre à fin juin, et
dans le sens inverse, du Nord-Est vers le Sud-Ouest, de fin juin à fin dé-
cembre. Les solstices jouent, dans ce cas, un rôle décisif dans la détermination
des périodes de navigation.
Le voyage des navires à voiles vers les côtes, au printemps, et leurs dé-
parts, en fin d’été, était facilité par l’orientation géographique générale, Nord-
Est Sud-Ouest, de la façade atlantique de l’Europe de l’Ouest au temps
contemporain où le pôle Nord était situé à Yukon (Alaska, U.S.A.).
Trois éléments sont à rapprocher de notre analyse, sans que nous puis-
sions pourtant déterminer l’importance de leur apport scientifique pour notre
hypothèse.
218 revue des questions scientifiques

Le premier concerne la découverte de copies de très anciennes cartes géo-


graphiques22 représentant les continents, y compris le continent Antarctique
dont on ignorait jusqu’à l’existence au Moyen Age encore. Les informations
reprises sur ces cartes, d’une grande précision, pourraient dater de plus de
9000 ans selon certaines propositions de Charles HAPGOOD23.
Le deuxième fait concerne la représentation d’un bateau sur les pierres
préhistoriques magnifiques dont la signification globale nous échappe encore
actuellement et qui ornent le cairn de Gravinis, situé près de Carnac, dans le
golfe du Morbihan, en Bretagne.
Le troisième fait concerne le périple d’Ulysse retranscrit par HOMÈRE
dans son poème l’Odyssée et pour lequel le médecin navigateur Alain BOM-
BARD a proposé une explication originale de la navigation en mer Méditer-
ranée et au-delà, jusqu’aux côtes Sud de la Grande-Bretagne.

III. LOCALISATION DU SPHINX DE GIZEH (ÉGYPTE)

Un calcul orthodromique similaire à celui effectué pour le site de Carnac


en France et prenant en compte, cette fois, les coordonnées de la ville du Caire
en Égypte24, situe le plateau de Gizeh et le Sphinx exactement à l’Equateur25.
Cela renseigne sur la contemporanéité de ce site avec celui de Carnac
pour un même contexte géographique, lorsque le pôle Nord était situé à
«YUKON» en Alaska.

IV. LOCALISATION ET INTERPRÉTATION DU SITE DE


SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE (ESPAGNE)

Selon le résultat d’un autre calcul orthodromique prenant comme pôle


Nord, «H», situé au Canada, dans la baie d’Hudson, il s’avère que le site de

22. Notamment les cartes appelées «Piri Re’is» de 1513 et «Oronteus Finaeus» de 1531 redé-
couvertes en 1931 et citées dans l’ouvrage de C. HAPGOOD, Les cartes des anciens rois
des mers, Éditions du Rocher, Monaco, 1981.
23. C. HAPGOOD, Les cartes des anciens rois des mers, Éditions du Rocher, Monaco, 1981.
24. D’une façon plus générale, la problématique de la datation des sites sera plus largement
abordée ultérieurement.
25. Son interprétation ainsi que le plateau de Gizeh sera traitée ultérieurement.
les sites mégalithiques et archéologiques 219

Saint-Jacques-de-Compostelle s’est trouvé au centre d’un déplacement de la


lithosphère de plusieurs dizaines de degrés.
Le calcul montre, en effet, que le site a conservé, à une bonne centaine de
kilomètres près, il est vrai, selon les coordonnées de C. HAPGOOD, la même
latitude avant et après le mouvement, soit la latitude de 42°31’ de latitude
Nord avant et 41°34’ de latitude Nord après le mouvement26 (cf. annexe 3).
Charles HAPGOOD a appelé «pivots»27 les deux points remarquables
accompagnant le phénomène géophysique des déplacements survenus à la
surface de la Planète.
Pour cet événement particulier, il n’existe malheureusement pas, à notre
connaissance, de trace aussi tangible que celle laissée par les alignements de
Le Ménec à Carnac en France. Cela ne signifie pas qu’il n’en existe pas ou
qu’il n’en ait pas existé d’autres ailleurs…28
Etant donné la nature de la trace présentée pour le site de Saint-Jacques-
de-Compostelle, notre interprétation se situe sur un plan très différent de
celui de Carnac car nous avons recours, cette fois, à une explication de niveau
symbolique et culturel.
Au-delà des considérations celtiques, chrétiennes et de la ‘Reconquista’
espagnole apparues plus tard, nous pensons, en effet, qu’une culture mégali-
thique antérieure a partagé des préoccupations distinctes de celles qui la sui-
virent. Elles étaient d’ordres solaires, féminines et maritimes, comme l’atteste
l’utilisation du symbole de la coquille Saint-Jacques.
Cette première culture a ainsi été témoin, semble-t-il, d’un événement
majeur dont elle a transmis la mémoire aux générations suivantes. Lors de ce
cataclysme, rappelons-le, toute la côte atlantique Ouest ainsi que l’ensemble
de l’Europe, a très nettement changé de latitude.
En revanche, pour un observateur fixe, le site de Saint-Jacques-de-Com-
postelle aurait effectué une rotation sur lui-même alors que les repères géogra-

26. C’est la raison pour laquelle nous avons préféré donner à «H» la latitude actuelle de
61°00’ Nord, au lieu de 60°00’ Nord comme préconisé par C. HAPGOOD.
27. Le concept de «pivot» est exposé par Charles HAPGOOD dans son ouvrage Les mouve-
ments de l’ écorce terrestre, op. cit., p.151.
28. Comme dans les écrits concernant l’Atlantide, le Critias et le Timée de Platon, les Mé-
tamorphoses d’Ovide et dans la Sourate n° 52 du Coran.
220 revue des questions scientifiques

phiques et célestes se seraient déplacés. Le changement de la position de la


Voie lactée dans le ciel, par exemple, a pu être constaté à cette occasion no-
tamment.
La seconde trace écrite et définitive29 du toponyme de Saint-Jacques-de-
Compostelle, en latin : Jacobus de Compostella, pourrait livrer des arguments
en faveur d’un mouvement de la lithosphère.
Alors que la signification de cette toponymie représente une énigme par
bien des aspects30, on peut par simple jeu, décomposer la dénomination latine
de Saint-Jacques-de-Compostelle comme suit : Jacobus decum compost stella.
Pour faire très court, cela peut se traduire alors par : «Dans le passé, je me
trouve à la perpendiculaire comme avec la ‘stella’».
La ‘stella’, l’étoile, dénommée aussi ‘groma’  31, était un instrument origi-
nal essentiel du travail topographique à l’époque romaine. En forme de croix
latine horizontale, d’environ 45 cm de côté, elle était utilisée par les géomètres
pour déterminer l’implantation de nouveaux établissements humains et de
camps militaires notamment.
En somme, l’intention des inventeurs du toponyme était, pensons-nous,
de transmettre un symbole et un message, produits par une civilisation dé-
pourvue d’écriture, venus du fond des âges, comme des informations fonda-
mentales à destination des générations futures, à savoir : le mouvement
extraordinaire de la lithosphère et la situation très particulière conservée par
le site de Saint-Jacques-de-Compostelle après ce mouvement32.

29. Le mot ‘Compostelle’ apparaît pour la première fois dans un testament daté du 30 dé-
cembre 955 sous cette orthographe. Ce n’est que l’année suivante, en 956, que l’ortho-
graphe ‘Compostella’ est utilisée et est adoptée définitivement. (cf. CHOCHEYRAS,
Jacques, Saint Jacques à Compostelle, Collection Université, Rennes, Éditions Ouest-
France, 1985, p. 124).
30. B. WÉRY, Pour une interprétation toponymique de Saint-Jacques-de-Compostelle, in Le
Pecten, Huy, septembre 2009, p. 26 et suiv.
31. – M. B. G. NIEBUHR, Histoire romaine, Traduit de l’allemand par GOLBERY, P.A.,
Tome 4, Éd. F.G. Levrault, Paris, 1835, p. 28.
– L. R. DECRAMER, R. ELHAL, R. HILTON, A ; PLAS, Approche géométrique des
centuriations romaines. Les nouvelles bornes du Bled Segui, Éd. Ehess, Paris, 1998, p. 109
à 162.
32. Charles HAPGOOD et Robert ARGOD avancent des datations différentes pour la
survenance de ces changements dans la localisation des pôles Nord successifs mais nous
n’aborderons pas ce sujet ici.
les sites mégalithiques et archéologiques 221

V. CONCLUSIONS

L’application de coordonnées – latitudes et longitudes – de pôles Nord


antérieurs, confirme les coordonnées proposées par Charles HAPGOOD.
Elle permet, grâce à l’application de calculs orthodromiques :
– d’avancer des explications plausibles concernant :
• la localisation, la construction et la signification du site mégalithique
des alignements de Le Ménec (Carnac, France),
• la localisation du Sphinx au Caire (Egypte) datant de la même
époque, et
• la position géographique particulière et une signification du topo-
nyme du site de Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne) et, de ce
fait même,
– de légitimer la théorie des mouvements de l’ensemble de la lithosphère
lors du passé encore très récent de la Terre.

VI. ANNEXE 1 :


NOTE CONCERNANT LES CALCULS ORTHODROMIQUES

Afin de connaître la position, ou plus précisément, les coordonnées de


points situés à la surface de la Terre ainsi que, par exemple, les distances ou
encore les angles que ces points font les uns par rapport aux autres et ce, quels
que soient les contextes géographiques des pôles Nord changeants, nous avons
eu recours à la trigonométrie sphérique et aux formules dites de GAUSS 33,
conformément au dessin explicatif suivant.

6.1 – Calcul de la latitude d’un point situé sous un autre pôle que le
pôle Nord actuel :
Pour ce calcul, comme c’est le cas dans l’annexe 2 suivante, par exemple,
la recherche de la nouvelle latitude de Carnac au temps contemporain du pôle
Nord «Yukon», se fait grâce à la formule suivante :

33. – Encyclopédie Autodidactique, tome 4, Éditions Quillet, Paris, 1988 ;


– http://fr.wikipedia/wiki/trigoom%C3%A9trie_sph%C3A9rique ;
– http://astroti.free.fr/calq/astrosph.hrml.
222 revue des questions scientifiques

cos a = cos b x cos c + sin b x sin c x cos A

Schéma explicatif spatial pour le calcul des triangles sphériques.

où, dans ce cas précis :


– «O» est situé au centre de la Terre (voir schéma explicatif spatial ci-
dessus),
– «A» représente le pôle Nord actuel où les coordonnées actuelles sont
exprimées en degrés (voir schéma explicatif spatial ci-dessus),
– «B» représente Carnac où les coordonnées actuelles (longitude et lati-
tude) sont exprimées en degrés (voir schéma explicatif spatial ci-des-
sus),
– «C» représente «Yukon» où les coordonnées actuelles (longitude et lati-
tude) sont exprimées en degrés (voir schéma explicatif spatial ci-des-
sus),
– «b» correspond à l’arc de l’angle B défi ni par les côtés A - B et C - B
exprimés en radians(voir schéma explicatif spatial ci-dessus),
– «c» correspond à l’arc de l’angle C défi ni par les côtés A - C et B - C
exprimés en radians (voir schéma explicatif spatial ci-dessus),
– «a», la valeur recherchée, correspond à l’arc de l’angle A défi ni par les
côtés B - A et C - A exprimés en degrés ou en kilomètres (voir schéma
explicatif spatial ci-dessus) permettant de connaître la nouvelle lati-
tude.
La conversion d’un degré d’angle en kilomètre à la surface de la Terre est
égale à :
les sites mégalithiques et archéologiques 223

– 6366 km (la valeur d’un radian exprimée en kilomètres soit : 40000


km à l’Equateur, le périmètre de la Terre, divisé par 2π), divisés par
57,29577951°, (la valeur d’un radian exprimée en degrés soit : 360°, le
tour complet de la Terre, divisé par 2π), soit : 111, 1076 km ou 111,11
km ~

6.2 – Calcul pour un point d’un angle formé par le pôle Nord actuel et
un autre pôle Nord :
Pour ce calcul, comme c’est le cas dans l’annexe 3 suivante, par exemple,
la recherche de l’angle décrit lors de la rotation du point, Carnac en l’occur-
rence, situé au temps contemporain du pôle Nord «Yukon», jusque dans une
nouvelle position sous le pôle Nord actuel, se fait grâce à la formule suivante :
cos b = cos c x cos a + sin c x sin a x cos B
Cette formule est transformée en fonction des valeurs connues et de la
valeur recherchée B. La formule devient alors :
sin c x sin a x cos B = cos b – cos c x cos a
cos B = (cos b – cos c x cos a) / (sin c x sin a)
où, dans ce cas précis, du temps de «Yukon» :
– «a» correspond à l’arc de l’angle A défini par les côtés B - A et C - A,
exprimé en radians,
– «b» correspond à l’arc de l’angle B défini par les côtés A - B et C - B,
exprimé en radians,
– «c» correspond à l’arc de l’angle C défini par les côtés A - C et B - C ;
exprimé en radians,
– «B», situé à Carnac, la valeur recherchée de rotation de l’angle, expri-
mée en degrés.
224 revue des questions scientifiques

VII. ANNEXE 2 :


CALCUL DE LA LATITUDE ET DE L’ORIENTATION DES
ALIGNEMENTS DU SITE DE LE MENEC (CARNAC, FRANCE) AU
TEMPS CONTEMPORAIN DU PÔLE NORD «YUKON»

7.1 – Coordonnées du pôle «Yukon» et de Carnac :


Latitudes Longitudes
(angle C) : pôle Nord «Yukon» : 60°00’ (60,00°) N. 135°00’ (135,00°) O.
(angle B) : Le Ménec (Carnac) : 47°21’ (47,35°) N. 3°03’ (3,05°) O.

7.2 – Calculs des angles en degrés :

(pôle) angle A = 135,00° – 3,05° = 131,95°


(B) angle AOB = 90,00° – 47,35° = 42,65°
(C) angle AOC = 90,00° – 60,00° = 30,00°

7.3 – Valeurs calculées des arcs en radians, soit :


1 radian = 360° / 2π = 180° / π = 57,29577951° ou 57°19’45” et
= 40000 / 2π = 6366 km.
arc AOC = b = 30,00° / 57,29577951° = 0,523598776,
arc AOB = c = 42,65° / 57,29577951° = 0,744382926.

7.4 – Application de la formule et calcul de «a» :


Formule dite de GAUSS : cos a = cos b x cos c + sin b x sin c x cos A
cos a = cos(0,523598776) x cos(0,744382926)
+ sin(0,523598776) x sin(0,774382926) x cos(131,95°)
= ((0,999958244) x (0,9999156060))
+ ((0,009138395) x (0,012991565) x (-0,668481835))
= (0,999873853) - (0,000118762 x 0,668481835)
= 0,99987385 - 0,0000079364 = 0,99979449
les sites mégalithiques et archéologiques 225

a = cos-1(0,99979449)
= 1,161613256 (radian)
= 1,161614791 x 6366 km = 7395,99 km --> 7396 km ~.

7.5 – Distance entre «Yukon» et Le Ménec (Carnac) :


Latitude de «a» = 10000 km – 7395,99 km = 26004,1 km et 2606 / 111,11
(= 1° d’arc)
= 23,44° ou 23°26’ (= ± tropique de l’hémisphère Nord)

7.6 – Calcul de l’angle (B2) formé par le pôle Nord actuel, Carnac et le
pôle Nord «Yukon» :
– Données : ° (a) : 7395,99 km / 6366 km = 1,161613256,
° (b) : 3333,75 km / 6366 km = 0,523598776,
° (c) : 4739,49 km / 6366 km = 0,744382926,
– Transformation de la formule dite de GAUSS :
° cos a = cos b x cos c + sin b x sin c x cos A
° cos B = (cos b – cos c x cos a) / (sin c x sin a)
– Application de la formule dite de GAUSS transformée :
cos B2 = (cos(0,523598776) – (cos(0,744382926) x cos(1,161613256)) /
(sin(0,744382926) x sin(1,161613256))
= ((0,999958244) - (0,999915606 x 0,999794490)) / (0,012991567 x
0,020272587)
= (0,999958249 – 0,99971004) / 0,000263428
= 0,0002481131 / 0,000263373 = 0,94212449
– Angle des Alignements de Le Ménec :
B2 = cos-1(0,94212449)
= 19,59° ou 19°35’ ( = ± angle des alignements de Le Ménec (Carnac)
par rapport au Nord géographique actuel).
226 revue des questions scientifiques

VIII. ANNEXE 3 :


CALCUL DE LA LATITUDE DE
SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE AU TEMPS
CONTEMPORAIN DU PÔLE NORD «H».

8.1 – Coordonnées du pôle Nord «H» (Baie d’Hudson) et de


Saint-Jacques-de-Compostelle :

Latitudes Longitudes
(angle C) : pôle Nord «H» : 61°00’ (60,00°) N. 83°00’ (83,00°) O.
Saint-Jacques de
(angle B) : 42°31’ (42,52°) N. 42°31’ (42,52°) N.
Compostelle :

8.2 – Résultats :
La même application que pour l’annexe 2, de la formule dite de GAUSS donne
pour résultats :
– une distance de 5406,84 km entre le pôle Nord «H» et Saint-Jacques-de-
Compostelle et
– une latitude de Saint-Jacques-de-Compostelle, sous le pôle Nord «H», de
41°20’.

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