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Schatzman Evry, Signore Monique. L'espace et le temps : le point de vue astronomique. In: Communications, 41, 1985.
L'espace perdu et le temps retrouvé. pp. 81-94;
doi : https://doi.org/10.3406/comm.1985.1609
https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1985_num_41_1_1609
L'espace et le temps :
le point de vue astronomique
Résumé.
Introduction.
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Evry Schatzman et Monique Signore
inégalités du mouvement de rotation de la Terre ont finalement conduit
à effectuer le contrôle des horloges par la durée de l'année tropique, la
seconde valant la fraction 1/31 556 925,975 de l'année tropique, et à
remplacer définitivement la garde du temps par les horloges à balancier
par la garde du temps par les horloges atomiques. Depuis octobre 1983,
par convention, l'unité de temps et l'unité de longueur sont reliées
par l'intermédiaire de la vitesse de la lumière, puisque le mètre
est maintenant défini comme étant la distance parcourue en
1/299 792 458 de seconde, la seconde étant définie par la fréquence
0,9192631770.1010 s"1 d'une raie du césium.
Ce nouveau garde-temps, d'une stabilité à laquelle on ne pouvait
songer il y a encore trente-cinq ans, permet une étude d'une
remarquable précision du mouvement de la Terre et des planètes autour du Soleil.
Un résultat tout à fait important de ces études, ainsi que le rapporte Will
(1979), est la confirmation de la théorie einsteinienne de la gravitation
(TEG) : dans le système solaire, les corrections post-newtoniennes de la
théorie einsteinienne sont vérifiées, et cela avec une précision suffisante
pour écarter diverses variantes de la relativité qui ont été proposées
depuis soixante ans.
Nous nous placerons donc, dans ce qui suit, dans le cadre de la théorie
einsteinienne de la gravitation, le terme consacré de relativité générale
étant en fait malheureux et même fallacieux. En effet, dès l'instant que
sont introduites des bosses de l'espace-temps, le système des
coordonnées devient absolu (voir par exemple de Witt, 1983) et le terme de
relativité ne paraît plus approprié.
L'expansion de L'univers.
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k temps
t= 0
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Le problème de la « platitude ».
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le passé, puis, ayant abouti alors à un certain nombre d'hypothèses
physiques simples, il faut raisonner en descendant le cours du temps, et
l'on décrit ainsi de façon assez simple la formation du rayonnement du
fond du ciel. Remontant le temps, on rapproche les galaxies les unes des
autres et l'on comprime le rayonnement qui s'échauffe. A (1 + z) = 100,
les galaxies se touchent et la température du rayonnement du fond du
ciel est de 300°K. On en conclut que les galaxies n'ont pas existé de toute
éternité et qu'il y a eu formation des galaxies. Formation à partir de
quoi ? La nature organisatrice de la gravitation conduit à supposer que
les galaxies se sont formées à partir d'une matière diffuse, mêlée
intimement et de façon homogène au rayonnement.
On suppose l'existence d'un plasma d'hydrogène et d'hélium, dominé
par le rayonnement et remplissant l'univers ; pour le moment, nous
prenons ce plasma comme une donnée, reportant à plus loin la
discussion de l'origine de ce plasma.
Lorsque la température de ce plasma s'abaisse, au cours de
l'expansion, aux environs de 3 000"K (1 + z — 1 200). les ions hydrogène et
hélium se recombinent pour donner des atomes d'hydrogène et
d'hélium, pratiquement transparents au rayonnement du corps . noir à
3 000"K. Le. rayonnement est alors découplé de la matière, se propage
librement dans l'univers, toutes les longueurs d'onde se décalant
progressivement au cours de l'expansion, jusqu'à donner à l'époque
actuelle, l'époque de réception, ce rayonnement du fond du ciel à
2.74"K. A l'époque du découplage matière/rayonnement, la densité
moyenne de matière était un milliard de fois plus grande
qu'aujourd'hui. Le mécanisme envisagé rend compte de la production d'un
rayonnement de corps noir sans aucune hypothèse supplémentaire. Il
suppose l'expansion de l'univers et tient simplement compte- de la
présence du rayonnement.
Ht y < a alors trois raisons physiques de croire i à l'expansion de
l'univers :
1. Un univers autogravitant ne pouvant être en équilibre stable est
nécessairement en mouvement. Dans l'hypothèse d'un univers
homogène et isotrope, l'univers est soit en expansion, soit en concentration :
rien ne peut faire écran à la gravitation.
2. Le décalage vers le rouge des raies spectrales s'accorde alors avec
l'hypothèse de l'expansion.
3. L'hypothèse de l'expansion fournit une explication simple des
propriétés du rayonnement du fond du ciel.
Si l'on remonte plus loin dans le temps, on trouve des densités et des
températures de plus en plus élevées. A l'époque t — \ sec. la
température est de l'ordre de dix milliards de degrés, c'est l'époque de la
nucléosynthèse. Disons, pour simplifier, que les réactions nucléaires
dans un univers en expansion, à l'époque t — 1 sec, expliquent
raisonnablement le rapport d'abondance hydrogène/hélium. L'abon-
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pourrait en résulter une asymétrie du temps, significative quant à
l'évolution globale de l'univers.
Nous avons plusieurs fois évoqué l'univers inflatoire. Le premier
scénario présenté par Guth. Sato (1981), les versions plus récentes de
Linde, Albrecht, Steinhardt. Hawking, etc. (1982) suggèrent une
première époque inflatoire. du type expansion à la de Sitter (1917).
suivie, à la suite d'une transition de phase, d'une époque d'expansion
homogène et isotrope de type FRW. Ce scénario résout le problème des
horizons, le problème de la « platitude ». il est cohérent avec la brisure
de symétrie baryon-antibaryon ; certains cosmologistes ont montré que
les perturbations à petite échelle pouvaient conduire aux inhomogénéi-
tés à grande échelle qu'on observe. Il serait vain cependant de faire
croire qu'un tel modèle ne présente pas de difficultés. 11 contient
plusieurs paramètres physiques dont la valeur n'est pas connue, et on
peut lui reprocher de faire jouer un rôle trop important à la durée de vie
du proton, durée de vie qui ne paraît pas, d'après les derniers résultats
expérimentaux, être celle que l'on attendait, mais au moins cent fois plus
grande.
En bref, les cosmologistes cherchent actuellement comment les
processus qui se déroulaient à l'époque où régnaient les températures
caractéristiques de l'unification pourraient faire comprendre des
propriétés encore inexpliquées de notre univers : la très grande
homogénéité, l'isotropie. la platitude spatiale, le quotient « nombre de baryons
sur nombre de photons » et peut-être même le spectre primordial des
fluctuations de densité. Par exemple, comment l'inflation existant au
temps de la grande unification peut agir sur une large classe de
conditions initiales et conduire à l'univers observé actuellement,
comment la distribution de matière et de rayonnement actuelle peut résulter
de la production de particules, étant donné un état initial d'équilibre
thermodynamique, et comment un spectre initial de fluctuations peut
être amplifié et conduire à celles qu'on observe.
On arrive ainsi à dater les événements essentiels qui ont marqué
l'évolution de l'univers en expansion (voir tableau p. 91). Toute
discussion sur l'univers archaïque fait intervenir actuellement . des
notions sur la physique des particules. En effet, plus on remonte dans le
passé, plus la température est élevée. Il est donc possible de trouver,
engendrées par le rayonnement et en équilibre avec lui. des particules de
masse de plus en plus grande.
La grande idée des physiciens théoriciens et physiciens des particules
est que les différentes forces dont on voit la manifestation dans la nature
— gravitationnelle, faible, électromagnétique et forte — sont en fait
dues à un agent unique, mais dont les manifestations sont protéif ormes.
Le grand succès du modèle de Weinberg-Salam est l'unification des
forces faible et électromagnétique par l'intervention de particules
nouvelles, le W* et le Z". récemment découvertes au CERN (1983). Ces
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REPÈRES COSMOLOGIQUES
décalage phénomène
spectral époque
1 10 à 20 milliards univers actuel
d'années
10 200 milliards d'années formation des galaxies
1200 500 000 ans découplage matière/
rayonnement
10 6 20 000 ans l'univers est dominé par le
rayonnement
3.10" 1 seconde nucléosynthèse
3.1012 1 U seconde équilibre baryons-antibaryons
3.1014 100 picoseconde équilibre W* Z°
1027 10~35 seconde brisure de symétrie
1031 10"43 seconde temps de Plank
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La flèche du temps.
RÉFÉRENCES
A. Albercht. P.J. Steinhardt. 1982. Phys. Rev. Lett.. 48. p. 1220: «Cosmology for
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Theory of the Expanding Universe ».
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Verlag Ed.