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UNIVERSITE DE KINSHASA

faculte des sciences et technologies


mention physique

COURS D’ASTRONOMIE ET
ASTROPHYSIQUE

professeur didier kileba matondo

ANNEE ACADEMIQUE 2021 − 2022


1

Contenus de l’unité d’enseignement


1. Astronomie :
Le problème du repérage des astres sur la sphère céleste est détaillé,
ainsi que l’analyse de leurs mouvements apparents (diurnes, annuels,
précession), une attention particulière étant donnée au phénomène de
saisons. L’important problème de la détermination des distances en as-
tronomie est finalement abordé.
2. Astrophysique :
Les principaux processus physiques entrant dans la description des étoiles
et leur évolution sont mis en évidence. L’étude de l’univers extra-galactique
est évoquée en accordant une attention particulière à l’expansion de l’Uni-
vers et la loi de Hubble.
Objectifs d’apprentissage de l’unité d’enseignement
L’objectif de la partie Astronomie est de fournir aux étudiants les éléments
de base leur permettant de mieux connaı̂tre l’univers tel qu’il nous apparaı̂t et
comprendre le lien entre les observations et les caractéristiques géométriques de
notre univers.
L’objectif de la partie Astrophysique est d’introduire les étudiants aux com-
posantes fondamentales de notre univers : étoiles, galaxies, univers à grande
échelle. Une importance particulière sera donnée à la compréhension des pro-
cessus physiques fondamentaux sous-jacents.
Savoirs et compétences prérequis
Des connaissances de base en Optique, Thermodynamique et Mécanique sont
indispensables. Le cours fait appel à des notions élémentaires de mathématique,
notamment de trigonométrie plane et sphérique.
Chapitre

Introduction à l’astrono-
1 mie

1.1 Introduction générale


L’astronomie est sans nul doute la plus ancienne des sciences. Le terme
astronomie dérive du grec αστ ρoν qui signifie étoile, et νoµoσ, lois. L’astronomie
est donc l’étude de l’Univers stellaire et des lois qui le gouvernent. Il est donc
possible que dès que l’homme préhistorique se tint débout, il regarda le ciel et
fut fasciné par la majesté brillante du soleil et de la lune ainsi que par la myriade
des points scintillant sur la voûte du ciel nocturne.
Par ses réflexions et son ingéniosité, l’homme a acquis, peu à peu, la pos-
sibilité de se situer par rapport à l’Univers, de décrire et d’expliquer son fonc-
tionnement. Cependant, donner une vue complète de l’Univers n’est pas chose
aisée, à cause notamment de la complexité de sa structure ainsi que du caractère
inadéquat de nos unités de mesure.
L’astronomie demeure, avant tout, une vision du monde réel dont seule une
partie nous est accessible. Actuellement, la science astronomique se base sur
une quantité impressionnante d’observations au sol et dans l’espace, utilisant
des techniques fiables et performantes, permettant de sonder un volume d’Uni-
vers étendu et d’y analyser les astres en détail. L’astronomie moderne s’appuie
sur les développements les plus poussés des mathématiques, des sciences phy-
siques, aussi bien en physique nucléaire qu’en mécanique quantique. Le modèle
de l’Univers adopté aujourd’hui est forcément complexe, et ne peut être compris
complètement par tout homme, d’où la tentation pour certains de se contenter de
la vision simpliste de nos lointains ancêtres dont l’ignorance était souvent com-
pensée par un appel à la magie ou aux croyances astrologiques. Les différentes
branches de l’astronomie sont donc :
— L’Astronomie pratique reposant sur l’observation ;
— L’Astronomie théorique basée sur l’élaboration de modèles et le calcul
numérique ;
— L’Astronomie de position dont l’objet est l’étude de la position et des

2
1.2. L’ANTIQUITÉ PRÉHELLÉNIQUE 3

mouvements des astres ;


— L’Astrophotographie qui n’est rien d’autre que l’ensemble des techniques
utilisées pour photographier les astres.
Par ailleurs, l’astronomie moderne n’est plus dogmatique : la vérité scien-
tifique n’est pas absolue ; elle est toujours en construction et elle se compose
des strates de vérités énoncées et vérifiées à travers les temps. Ainsi, vers 1690,
Newton a établi la loi de la gravitation pour expliquer la chute libre des corps,
effectuant la synthèse entre les lois de Galilée relatives aux mouvements des
corps terrestres et les lois de Kepler sur les mouvements des corps célestes, ren-
dant universelle la loi de la gravitation. En ce début du XXIème siècle encore,
elle trouve d’éclatantes confirmations, par exemple, dans la réussite des mis-
sions spatiales lointaines telle que la mission de Voyager. Vers 1915, Einstein a
étendu la loi de Newton, en a tiré des implications physiques et cosmologiques
en énonçant la loi de la relativité général qui relie la géométrie de l’espace-temps
à la distribution des masses dans l’espace. En effet, tant que le rayon R de l’es-
pace étudié autour de la M donnée est inférieure à la valeur ρ = GM/c2 , où
G est constante de gravitation universelle et c la vitesse de lumière, on peut
appliquer la mécanique newtonienne. C’est le cas de l’environnement terrestre
(si R est le rayon terrestre ; GM/Rc2 est égal environ 10−9 ) où l’effet de la
matière de l’univers sur le système solaire peut être négligé. Par contre, dans
le cas d’une étoile à neutrons ou dans le cas de l’univers dans son ensemble, le
rapport ρ/R est proche de 1, par conséquent, l’espace et le temps ne sont plus
newtoniens. Notre marche dans la connaissance de l’univers est marquée par
plusieurs étapes, notamment :

1.2 L’Antiquité Préhellénique


Cette période, étudiée essentiellement par l’archéoastronomie, s’étend de
3000 à 1000 ans avant notre ère. Les pyramides et les temples égyptiens ainsi
que les alignements mégalithiques de Stonehenge, en Grande-Bretagne, ont été
érigés selon certains repérages astronomiques. Les observations des positions ap-
parentes variables du Soleil et de la Lune ainsi que des alignements stellaires
apparentes en forme de constellation ont permis de définir des unités de temps
nécessaires en particulier pour le développement de l’agriculture et des voyages
marins. Le temps est lié depuis l’Antiquité aux mouvements de la Terre, qui
devient, de ce fait, l’horloge naturelle des hommes. Le jour est la durée de la
rotation terrestre, divisée en 12 heures de clarté et 12 heures de nuit, par les
babyloniens et les égyptiens. La montre primitive était constituée par le cadran
solaire, la journée était divisée en parties égales observées par l’ombre d’un style.
La semaine était imaginée par les chaldéens qui ont peut être lié les 7 jours aux
phases de la Lune. Le nom des jours est lié à ceux des planètes dans leur ordre
apparent d’éloignement de la Terre. La lune est l’astre le plus proche tandis que
Saturne est le plus éloigné. Ces astres sont reliés selon un heptagone régulier
étoilé, depuis le lundi lunaire jusqu’au dimanche solaire. Les anciens ignoraient
la nature réelle des astres et ne faisaient aucune distinction entre planète et
4 CHAPITRE 1. INTRODUCTION À L’ASTRONOMIE

étoiles. Ils ignoraient les distances exactes, mais les estimaient d’après la durée
de révolution apparente.
Le mois correspond à la durée de lunation, durée moyenne séparant deux
aspects identiques de la Lune. Les anciens avaient déjà remarqué que le ciel
nocturne change d’aspect et que les premières et les dernières étoiles de la nuit
ne sont pas les mêmes tout au long de l’année. Le Soleil semble se déplacer, en
un an, devant une bande étoilée que les anciens avaient divisé en douze signes
du zodiaque appelés constellations. Le lever héliaque, c’est-à-dire précédant
immédiatement le lever du Soleil, d’une étoile du Zodiaque, marquait le début
de chaque mois et permettait de repérer les saisons, faisant ainsi office de calen-
drier. Le zodiaque comprend 12 constellations sur la bande du ciel que le soleil
traverse en une année. La circonférence décrite par le centre de cette bande est
l’écliptique.
L’année est la durée de révolution apparente du Soleil à travers les constel-
lations du Zodiaque. Pour les chaldéens, l’année comprenait 354 jours groupés
en 12 mois alternés de 29 et 30 jours, l’écart étant compensé par un treizième
mois tous les trois ans. Pour les égyptiens, un calendrier vague comprenait 365
jours et débutait le jour du lever héliaque de Sirius dans la constellation du
Grand Chien (Canis Majoris). Ce jour se plaçait en Eté, en pleine chaleur, d’où
l’expression canicule.

1.3 Description de l’univers

Au délà de la connaissance du mouvement des astres, les anciennes civilisa-


tions développèrent des descriptions du monde et des explications de son origine.
Toutes ces théories avaient pour point commun de placer la Terre au centre de
l’Univers. Pour les Babyloniens, par exemple, nous nous trouvions à l’intérieur
d’un immense dôme solide entouré d’eau. Des trous dans ce dôme permettaient
à l’eau de s’infiltrer et de donner naissance à la pluie. En Egypte, le ciel était
le corps de la déesse Nout et la Terre celui du dieu Geb. Les étoiles étaient des
feux qui quittaient la Terre et s’élevaient vers le ciel.
Un autre aspect commun à ces descriptions était la croyance en un pouvoir
que les astres pouvaient exercer sur les hommes. En effet, pour les Anciens,
le Soleil, la Lune et les étoiles étaient des phénomènes naturels au même titre
que les chutes de pluie par exemple. Pour cette raison, les astres devaient eux
aussi avoir une influence majeure sur la vie des hommes. De là se développa
l’idée que la position des astres dans le ciel avait une signification, c’est domc
la naissance de l’astrologie. Toutes les représentations du monde imaginées par
ces civilisations se limitèrent à une simple description des apparences sans pour
autant élaborer des lois sous-jacentes présentant une description rationnelle de
l’univers.
1.3. DESCRIPTION DE L’UNIVERS 5

1.3.1 La Vision Géocentrique de l’Univers


Les connaissances astronomiques développées dans la Grèce ancienne, l’Afrique
du Nord et le Monde Arabe ont conduit à l’élaboration d’un modèle d’univers
géocentrique adopté environ entre 1000 ans avant notre ère et 1500 ans après JC.
Il faut remarquer que pendant cette période, les grands progrès astronomiques
se sont réalisés dans les régions méditerranéennes où la douceur du climat favo-
risait l’observation nocturne. Les pionniers de cette époque sont notamment :
Thalès (600 avant J.C.) pour qui la Terre est plate et flotte sur l’eau sous la voûte
du ciel ; Pythagore (530 avant J.C.) et ses disciples dont Philolaos (400 avant
J.C.), Aristote et Eudoxe (355 avant J.C.) imaginent une Terre sphérique en
rotation autour d’un feu central et entouré des sphères concentriques en cristal
portant les planètes et les étoiles ; Anaxagore (450 av. J.C.) suppose que tous les
astres sont sphériques et élabore une première théorie des éclipses ; Aristarque
de Samos (280 av. J.C.) propose l’idée révolutionnaire d’un univers non centré
sur la Terre et avance une vision héliocentrique du système solaire. Son modèle
ne sera adopté que 1800 ans plus tard. Aristarque calcule pour la première
fois la distance entre la Terre, le Soleil et la Lune ; Eratosthène (250 av. J.C.)
détermine la valeur du rayon terrestre en supposant qu’elle est sphérique ; Hip-
parque (150 av. J.C.) dresse le premier catalogue d’étoile comprenant 800 étoiles
groupées en six classes correspondant à leur éclat apparent. Hipparque étudie la
durée des saisons, calcule la distance terre- lune, grâce aux éclipses et découvre
la précession des équinoxes. Ptolémée (après J.C.) rédige son oeuvre intitulée
Almageste dans laquelle il rassemble toutes les connaissances astronomiques de
l’époque et y décrit un modèle très raffiné du système solaire qui resta en vigueur
pendant 1300 ans. Al-Battânı̂ (900 ans après J.C.) établit la durée de l’année
et calcule l’excentricité de l’orbite apparente du Soleil. En 1054, les chinois ob-
servent la supernova dont les restes constituent la nébuleuse du Crabe. En 1250,
le moine dominicain, Thomas d’Aquin écrit : Les théories astronomiques sont
conçues pour sauver les phénomènes, mais s’avèrent insuffisantes pour décrire la
nature physique de l’Univers. En 1252, le roi Alphonse X de Castille publie les
tables Alphonsines de positions stellaires. En 1272, le petit-fils de Gengis Khan
fonde l’observatoire Malaga, en Perse. En 1450, le philosophe allemand Nicolas
de Cusa déclare que l’Univers est infini et ne peut avoir un centre fixe.

1.3.2 La Vision Héliocentrique de l’Univers


En 1543, Copernic publie un traité intitulé De Revolutionibus dans lequel
il propose un modèle héliocentrique simple du système solaire. Les calculs sont
simplifiés par l’utilisation des chiffres arabes et par la table des sinus intro-
duite par Rheticus en 1550. En 1575, Tycho Brahe réunit un ensemble riche et
de grande qualité d’observations planétaires, en particulier de Mars. Il montre
que les comètes sont des objets célestes et non des phénomènes terrestres. Ke-
pler énonce, en 1600, les trois lois qui décrivent les mouvements des planètes
autour du Soleil. En 1614, Napier ou Neper introduit les logarithmes pour faci-
liter les calculs astronomiques sur base d’une comparaison entre les progressions
6 CHAPITRE 1. INTRODUCTION À L’ASTRONOMIE

arithmétiques et géométriques. En 1620, Galilée découvre le relief lunaire à l’aide


d’une lunette optique de son invention ainsi que les quatre principaux satellites
de Jupiter, des amas d’étoiles, les tâches solaires. Il énonce le principe d’iner-
tie. En 1637, Descartes publie le Discours de la méthode ainsi que des travaux
d’optique et la théorie de l’arc-en-ciel.
L’observatoire de Paris est fondé en 1667 par Cassini et Picard qui déterminent
le rayon terrestre (6371,86 Km) et la parallaxe du Soleil. En 1676, le danois
Römer mesure, à Paris, la vitesse de la lumière. La même année, Flamsteed fonde
l’observatoire de Greenwich pour la détermination des longitudes terrestres in-
dispensables à la navigation maritime tandis que Halley y calcule l’orbite de sa
comète en 1682 et prédit son retour en 1759 dont le dernier passage en 1985. En
1687, Newton énonce les lois d’inertie, d’accélération, d’action et de la réaction
ainsi que la loi de la gravitation universelle. En 1736, Maupertuis, puis Bou-
guer et la Condamine (1740) calculent l’aplatissement de la Terre aux pôles. En
1760, Clairaut puis, en 1780 Lagrange développent le problème des trois corps
et la théorie des perturbations tandis que Lalande étudie, en 1770, les distances
précises dans le système solaire par la mesure des parallaxes. Enfin en 1796, La-
place reprit les travaux de Kant et formula l’hypothèse de la nébuleuse primitive
et démontre la stabilité du système solaire.

1.3.3 L’Avènement de l’Astrophysique


A partir de la fin du XVIIIème siècle, les astronomes déterminent les dis-
tances et les distributions des étoiles à l’aide des télescopes géants et accèdent
à un nouveau niveau de structure astronomique, à savoir : la Galaxie. Grâce
aux nouvelles techniques de l’Astrophysique observationnelle et théorique, les
distances peuvent être mesurées par des méthodes photométriques. Rappelons
quelques étapes du progrès de l’Astrophysique :
— 1817, Fraunhofer réalise le premier spectre stellaire ;
— 1879 (Fizeau) et 1862 (Foucault) : la vitesse de la lumière est mesurée de
façon précise ;
— 1859, Kirchhoff étudie les spectres discontinus en émission et en absorp-
tion ;
— 1868, Secchi effectue la première classification des spectres stellaires ;
— 1885, Balmer explique le spectre visible de l’hydrogène ;
— 1906, Planck établit les lois de rayonnement du corps noir en faisant la
synthèse des travaux antérieurs par Stefan, Boltzmann et Wien ;
— 1913, Hertzsprung et Russel réalisent le diagramme luminosité-température
des étoiles ;
— 1923-1930, Unsöld, Chandrasekhar et Ambartsoumian étudient la struc-
ture interne des étoiles et le processus d’évolution stellaire.
Les données d’observation de plus en plus nombreuses sont rassemblées dans
des catalogues encore en usage aujourd’hui. Grâce à toutes ces données et ces
recherches, la distance de nombreuses étoiles peut être calculée et l’architecture
de l’Univers des étoiles fut mieux comprise, montrant définitivement que les
constellations ne sont que des groupements apparents d’étoiles vues dans la
1.4. LES OBJETS OU CORPS CELESTES 7

même direction depuis la Terre. Les frontières de l’Univers connu ont éclaté
avec la découverte d’autres galaxies rendues possibles par la construction des
télescopes monumentaux aux Etats-Unis d’Amérique : Mont Wilson en 1919
(2,50m) ; Mont Palomar en 1950 (5,00m).
Enfin, la cosmologie théorique peut se développer grâce aux théories d’Ein-
stein sur la relativité restreinte (1905), puis générale (1915). Mais les observa-
tions modernes sondent avec plus de précision des astres plus lointains, grâce
à l’usage des satellites. L’ère spatiale permet de compléter les observations op-
tiques en ouvrant la voie à l’Astronomie invisible.

1.3.4 La Vision actuelle de l’Univers


L’architecture de l’Univers apparaı̂t comme une suite de structures im-
briquées les unes dans les autres et découvertes progressivement. Le point de
départ est la Terre : planète dont la rotation explique le mouvement diurne du
Soleil. Le système solaire appartient à la galaxie, elle-même membre de l’amas
local des galaxies. Les amas galactiques semblent, à leur tour, regroupés en une
métagalaxie. Actuellement, les limites de l’Univers visible ont été repoussées
jusqu’à des milliards d’années-lumière, grâce à l’observation des quasars qui
sont des objets quasi-stellaires dont on ne peut voir la structure mais dont on
pense, par des considérations de vitesse surtout, qu’ils sont distants de mil-
liards d’années-lumière. On voit donc ces objets comme ils étaient il y a des
milliards d’années (par exemples : Andromède telle qu’elle était il y a 1,5 mil-
lions d’années). L’on peut donc dire que plus on voit loin, plus on voit jeune.
Les télescopes sont ainsi d’immenses rétroviseurs temporels.
Résumons les principaux concepts, à savoir : étoile, Galaxie, Soleil, Système
solaire, autres systèmes planétaires.

1.4 Les objets ou corps celestes


L’observation visuelle à l’oeil nu d’un ciel nocturne à l’absence d’une quel-
conque source lumineuse permet de remarquer un certain nombre de choses
importantes.

1.4.1 Des objets artificiels


Tous les corps celestes brillants dans l’atmosphère ne sont pas en général
astronomiques, il faut compter un certain nombre d’origine humaine. Outre les
avions en haute altitude émettant des signaux lumineux clignotant, il existe
bien d’autres objets artificiels tels que les satellites, restes de fusée, stations
spatiales,..., qui sont facilement repérable à l’oeil nu. Citons la Station Spa-
tiale Internationale (ISS) que l’on peut voir parfois pendant plusieurs secondes,
et les satellites de télécommunication Iridium qui peuvent produire des flashs
lumineux brefs mais puissants.
8 CHAPITRE 1. INTRODUCTION À L’ASTRONOMIE

1.4.2 Les étoiles et constellations


Les étoiles sont des astres qui émettent leur propre rayonnement dû aux
réactions thermonucléaires se produisant au niveau de leur centre. Bien qu’appa-
raissant sous forme de petits points lumineux dans le ciel soient très loin de nous,
elles semblent former des regroupements arbitraires, que l’on nomme constella-
tions, qui se déplacent au cours d’une nuit, et de nuit en nuit sans se déformer,
de l’Est vers l’Ouest. Ce mouvement apparent est en fait la conséquence de la
rotation propre de la Terre, et de sa révolution annuelle autour du Soleil. En
fait, les étoiles sont moins fixes qu’il n’y parait à première vue. Elles ont un
mouvement propre, mais qui est si lent qu’il n’est pas perceptible à l’oeil nu à
l’échelle humaine.
En 1928, l’Union Astronomique International a réparti le ciel en 88 constel-
lations. La constellation la plus reconnaissable dans l’hémisphère Nord est la
Grande Ourse. Les sept étoiles les plus brillantes semblent dessiner une casse-
role. Partant des deux étoiles du devant (α et β), on prolonge de cinq fois leur
distance, on arrive à l’étoile polaire. Elle est dans la constellation de la petite
ourse. Cassiopée est une constellation symétrique de la grande ourse par rapport
à la polaire.
Sur l’écliptique se succèdent 13 constellations du zodiaque. La treizième :
La serpentaire a été ajoutée en 1930 lors d’une réorganisation générale de la
nomenclature des constellations.

1.4.3 Les planètes, le Soleil et la Lune


Parmi ces constellations, des points lumineux qui peuvent à première vue
se confondre avec des étoiles, semblent se déplacer lentement au fil des jours. Il
s’agit donc de cinq planètes de notre système solaire qui sont assez proches de
la terre pour être visibles à l’oeil nu. Leur luminosité provient de la lumière so-
laire qu’elles nous renvoient, car elles n’émettent pas intrinsèquement de lumière
visible. Précédant ou suivant de peu le Soleil dans sa course, l’on peut voir Mer-
cure, quand le ciel est clair sur un horizon dégagé, et bien plus facilement en
général, Vénus, très brillante. Chacune de ces deux planètes peut être visible le
soir, ou le matin, ou pas du tout selon le moment. Vénus, qui est une planète
et non une étoile, a longtemps été appelée à tort Etoile du Berger. Mars, lors-
qu’elle est visible, se présente comme un point brillant comparable à une étoile
moyennement lumineuse, de couleur orange. Jupiter, quand elle est visible, se
distingue des ´étoiles par son importante luminosité. Saturne en revanche, peut
se confondre avec une étoile pour un oeil non averti. Un autre corps, connu de
tous, semble se déplacer rapidement sur la toile de fond des constellations. Il
s’agit de la Lune, qui nous montre toujours la même face. Selon sa position par
rapport à la Terre et au Soleil, elle nous apparaı̂t sous différentes phases : la
Nouvelle Lune, le Premier Quartier, la Pleine Lune, le Dernier Quartier, qui
alternent selon un rythme d’environ 29.5 jours en moyenne.
1.5. VISION DU CIEL AU TRAVERS D’UN INSTRUMENT 9

1.4.4 Les objets temporairement visibles


En plus des objets célestes familiers comme les étoiles, les planètes, la Lune
et le Soleil, le ciel nous offre parfois des spectacles éphémères et peu prévisibles,
comme les étoiles filantes (traı̂nées lumineuses laissées par des corps solides qui
brûlent en pénétrant dans l’atmosphère). Toujours occasionnelles, mais moins
éphémères que les étoiles filantes, les comètes et leur(s) queue(s) de matière
sublimée par la chaleur solaire nous offrent un spectacle qui peut être de toute
beauté pendant plusieurs jours. La comète de Halley, qui repasse près du Soleil
tous les 76 ans environ, a marqué les esprits au point de provoquer des paniques
lors de son avant-dernier passage en 1910.

1.4.5 La Voie Lactée


Enfin, terminons ce tour d’horizon par la Voie Lactée, cette zone laiteuse
très ténue que l’on ne perçoit que les nuits sans Lune et par temps clair. Cette
trainée blanche qui traverse le ciel n’est autre que notre propre galaxie, vue de
l’intérieur.

1.5 Vision du ciel au travers d’un instrument


Si l’on aide l’oeil à collecter plus de lumière en le faisant précéder d’un
instrumeni astronomique (lunette ou télescope) qui joue le rl̂e d’entonnoir à
lumière, de nouveaux objets deviennent visibles. Un instrument astronomique
révèle entre autre les objets suivants :
1. Les planètes lointaines et les petits corps du système solaire : Les planètes
Uranus et Neptune, ainsi que le couple Pluton-Charon ne sont visibles
qu’au travers d’instruments astronomiques. Il en est de même des astéroı̈des
et des comètes lorsqu’elles sont loin du Soleil.
2. Les amas ouverts (ou amas galactiques) : ce sont des regroupements peu
nombreux et peu denses d’étoiles souvent relativement jeunes. On les
trouve surtout au voisinage du plan moyen de notre galaxie.
3. Les amas globulaires : Ce sont des regroupements denses et très nombreux
d’étoiles relativement âgées. On les trouve dans le halo galactique, qui
est une zone vaguement sphérique entourant le centre de notre galaxie.
4. Les nébuleuses : Ceux sont des nuages de gaz ou de poussières d’ori-
gines diverses, qui apparaissent comme des masses cotonneuses diffuses
et filamenteuses, de formes diverses.
5. Les galaxies : Ce sont de gigantesques regroupements de plusieurs cen-
taines de milliards d’étoiles, dans des zones de formes variées, et de tailles
pouvant atteindre
10 CHAPITRE 1. INTRODUCTION À L’ASTRONOMIE

1.6 Naissance d’une étoile


Le gaz interstellaire est composé principalement d’atomes d’hydrogène. Au
coeur de ces nuages les atomes s’attirent mutuellement. Cette attraction mu-
tuelle des atomes entraı̂ne la formation de zones où la densité devient plus élevée.
Puisque ces zones ont une densité plus élevée leur masse l’est aussi et l’attrac-
tion gravitationnelle qu’elles exercent est donc plus intense. Progressivement la
quantité de gaz accumulé dans ces zones augmente, ainsi que leur densité... Ce
phénomène, appelé effondrement gravitationnel, se poursuit, la température et
la pression au centre de la zone deviennent très grandes. Sous l’effet de l’ef-
fondrement gravitationel, deux protons de deux noyaux d’hydrogène différents
peuvent se rapprocher (malgré leurs charges électriques qui les font se repousser)
et se regrouper en un seul noyau. Ce nouveau noyau contient alors deux protons,
ce qui n’est pas possible. L’un des protons se transforme donc immédiatement en
un neutron (emettant un neutron et un neutrino) et le nouveau noyau contient
alors un proton et un neutron (ce nouveau corps est appelé deutérium). Cette
réaction lors de laquelle deux atomes d’hydrogène se regroupent pour former du
deutérium est appelé fusion nucléaire. Un noyau de deutérium peut à son tour
fusionner avec un noyau d’hydrogène pour former un noyau d’hélium 3 (conte-
nant deux protons et un neutron). Deux noyaux d’ hélium 3 peuvent à leur tour
fusionner pour former un noyau d’hélium 4 (composé de deux protons et deux
neutrons) et libérer deux protons. Toutes ces réactions de fusion constituent
ce qui est appelé le cycle proton-proton. Lors de chaque fusion de l’énergie est
émise. Cette énergie chauffe le nuage de gaz et, par un phénomène similaire à
un morceau de fer chauffé au rouge, le nuage de gaz se met à émettre de la
lumière : c’est donc la naissance d’une étoile.
La taille de la nouvelle étoile va dépendre de la quantité de gaz qui se trou-
vait dans le nuage. Parfois, la quantité de gaz n’est pas suffisante pour créer les
pressions énormes ( des centaines de milliards de fois la pression atmosphérique)
nécessaires au cycle proton-proton. Ces astres formés par effondrement gravita-
tionnel mais qui ne brillent pas sont appelés naines brunes. Les naines brunes
ont une masse inférieure à 0, 07 fois la masse du soleil (car au-delà la pression en
leur coeur serait suffisante pour le cycle proton-proton) . Etant donné qu’elles
ne brillent pas, les naines brunes sont très difficiles à observer.
Au delà de 0, 07 masse solaire la pression au coeur de l’astre est suffisante
pour amorcer le cycle proton-proton. Une fois que les réactions de fusion ont
commencé, l’étoile est dans ce qui s’appelle la séquence principale .
Pour les étoiles de faible masse la pression au coeur reste faible et le nombre
de réactions de fusion nucléaire ayant lieu à chaque instant est lui aussi faible. Il
en résulte que très peu d’énergie est produite et la température à la surface de
ces étoile est comprise entre 2500K et 5000K, la lumière que ces étoiles émettent
est rouge. Leur petite taille et leur éclat rouge ont valu à ces étoiles le nom de
naines rouges. Plus de 80% des étoiles de notre galaxie sont des naines rouges.
Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche du Soleil, est une naine rouge.
Lorsque la masse de l’étoile est supérieure à la moitié de la masse du Soleil
1.6. NAISSANCE D’UNE ÉTOILE 11

les réactions de fusion vont être plus importantes, la température de l’étoile


va être supérieure à 5000K et la lumière émise sera jaune. Les étoiles de cette
catégorie sont parfois appelées naines jaunes (leur taille étant petite par rapport
aux étoiles géantes).
Au delà d’environ dix fois la masse du Soleil, la chaleur produite par l’étoile
sera tellement importante que sa couleur ne sera plus jaune mais bleue. Ces
étoiles , très grosses, sont appelées géantes bleues. La température importante
qui règne au coeur de ces étoiles autorise d’autres cycles de fusion que le cycle
proton-proton. Parmi ces cycles, le plus courant est le cycle carbone- azote-
oxygène.
Hertzsprung et Russell ont montré que pour la plupart des étoiles il existait
une relation simple entre leur température (ou leur couleur) et leur luminosité :
en plaçant toutes les étoiles sur un diagramme représentant leur luminosité
absolue (c’est-à-dire la quantité de lumière qu’elles émettent) en fonction de leur
température, la plupart des étoiles se trouvent sur une ligne diagonale appelée
séquence principale.
L’existence de cette ligne témoigne de l’existence d’une équation simple re-
liant la température d’une étoile à sa luminosité. Physiquement, cela peut se
comprendre assez facilement car la luminosité d’une étoile dépend de sa sur-
face et la température d’une étoile dépend du nombre de réactions de fusion
nucléaire se produisant au coeur de l’étoile. Or ce nombre dépend de la pression
au coeur de l’étoile, c’est-à-dire de la masse de l’étoile (mais de nombreux autres
phénomènes plus complexes interviennent aussi pour déterminer la luminosité
et la température d’une étoile).
Le diagramme de Hertzsprung-Russell est très utile pour les astronomes
car l’ observation de la couleur d’une étoile permet de déduire, à l’aide de ce
diagramme, sa luminosité absolue (c’est-à-dire la quantité de lumière émise par
l’étoile). En comparant cette luminosité absolue avec la luminosité observée
depuis la Terre, il est possible de déduire la distance séparant la Terre de cette
étoile.
Les réactions de fusion au coeur du Soleil, que ce soit le cycle proton-proton
ou le cycle carbone-azote-oxygène,consomment l’hydrogène se trouvant au coeur
de l’étoile pour produire de l’hélium. La quantité d’hydrogène disponible étant
limitée, vient un jour où celui-ci est épuisé. Lorsque l’énergie produite au coeur
de l’étoile diminue par manque d’hydrogène, l’effondrement gravitationnel de
l’étoile (qui avait été stoppé par les réactions de fusion de l’hydrogène) reprend.
Cependant autour du coeur de l’étoile il reste de l’hydrogène en quantité suffi-
sante pour alimenter les cycles de fusion et la fusion qui s’est arrêtée au coeur
continue ailleurs. Sous l’effet de l’énergie dégagée par ces réactions de fusion la
périphérie du coeur gonfle et le volume de l’étoile augmente. L’augmentation
du volume de l’étoile entraı̂ne une diminution de sa température moyenne et
l’étoile n’émet plus que de la lumière rouge : elle est devenue une géante rouge.
Dans 5 milliards d’années notre Soleil aura épuisé son hydrogène et deviendra
une géante rouge. En gonflant, il absorbera Mercure, Vénus et la Terre. Au
centre de la géante rouge la pression augmente considérablement sous l’effet
de l’effondrement gravitationnel du coeur jusqu’à ce que la pression atteigne le
12 CHAPITRE 1. INTRODUCTION À L’ASTRONOMIE

seuil nécessaire à un autre cycle de fusion : le cycle triple α au cours duquel 3


noyaux d’hélium fusionnent pour former un noyau de carbone.
Sur le diagramme de Hertzsprung-Russell, toutes les étoiles ne se trouvent
pas sur la ligne correspondant à la séquence principale. Une seconde ligne est
visible. Cette second ligne est appelé la branche des géantes rouges. En effet,
lorsque l’étoile devient une géante rouge, sa luminosité augmente alors que sa
température diminue ce qui est contraire à l’évolution des étoiles sur la séquence
principale. Elle quitte donc la séquence principale pour rejoindre la branche des
géantes rouges. Lorsque tout l’hélium du coeur a été consommé, le processus se
répète : le coeur s’effondre encore plus alors que les couches à sa périphérie, ayant
consommé tout leur hydrogène, fusionnent leur hélium. Le coeur va alors fusion-
ner son carbone pour produire d’autres éléments : fer, nickel, chrome,cobalt,
titane,... Une géante rouge a donc une structure similaire à celle d’un oignon
avec de nombreuses couches ayant atteint un stade différent du cycle de fusion.
Alors les étoiles n’ont pas un temps de vie infini. Une fois qu’elles ont terminé
de bruler leur hydrogene en hélium, il y a deux scénarios possibles pour la mort
d’une étoile : soit la masse initiale de l’étoile est plus grande que 8 fois la masse
du soleil et alors on a une supernova, donc une explosion très violente de l’étoile,
soit la masse est inférieure à 8 fois la masse du soleil, et on a ce qu’on appelle
une nébuleuse planétaire. Au centre de la nébuleuse planétaire il y a ce qu’on
appelle une naine blanche avec les résidus de l’étoile tout autour.
Lorsque la pression au coeur de l’étoile n’est plus suffisante pour initier un
nouveau cycle de fusion le coeur de l’étoile s’effondre tandis que les couches
extérieures continuent leur expansion. Les couches extérieures de l’étoile sont
alors emportées par leur élan et quittent l’étoile. Le coeur de cette étoile étant
extrêmement chaud il rayonne une lumière blanche. Pour cette raison une telle
étoile est appelée une naine blanche. Une naine blanche n’est plus réellement
une étoile car elle ne produit plus de chaleur, cependant elle rayonne encore.
Lorsque la température d’une naine blanche décroı̂t, celle-ci cesse d’émettre de
la lumière. Elle devient alors une naine noire.
Les étoiles les plus massives ont une fin différente. Après la production de
nombreux métaux, la pression en leur coeur devient suffisante pour initier la
fusion du fer. Cependant le fer est le noyau atomique le plus stable qui soit.
La fusion s’arrête. Le processus d’effondrement gravitationnel s’accélère donc.
Si la masse de l’étoile est supérieure à 1, 44 masse solaire, ce qu’on appelle la
limite de Chandrasekhar, alors les noyaux atomiques ne peuvent plus exister
individuellement. En un instant, tous les noyaux de fer se décomposent alors
en neutrons en émettant des électrons et des neutrinos et une énorme quantité
d ’énergie est relâchée. L’étoile explose ! Cela se manifeste temporairement par
un éclat très important. Une telle étoile porte le nom de supernova. Lors d’une
explosion de supernova, de la matière est émise dans toutes les directions. Une
partie de cette matière va être attirée par d’autres étoiles et, en s’agrégeant,
cette matière peut parfois former des planètes.
Le coeur de la supernova, lui , peut rester sous la forme de neutrons : il forme
alors une étoile à neutrons, objet très chaud est très peu brillant, donc très diffi-
cile à observer. Cependant si la densité du coeur est trop importante, la pression
1.7. LES GALAXIES 13

est trop forte pour les neutrons et l’effondrement gravitationnel continue. Une
telle étoile forme alors un objet tellement dense que l ’attraction gravitation-
nelle exercée est gigantesque : même la lumière ne peut plus s’en échapper.
L’objet n’émet plus de lumière mais il attire tout ce qui se trouve autour de lui :
c’est un trou noir. Le fonctionnement interne des étoiles est encore mal com-
pris. Les observations du Soleil ont montré , par exemple, que des tremblements
s’y produisent, comme sur Terre. Cependant quelques équations simples comme
celles régissant la fusion ou celles expliquant les relations entre température,
taille et luminosité permettent de décrire et de comprendre les principales ca-
ractéristiques du paysage céleste.

Figure 1.1 – Evolutions des étoiles

1.7 Les Galaxies


Les plus grands télescopes existants pénètrent dans l’espace à une distance
de l’ordre de quelques milliards années-lumière, ce qui signifie que les objets les
plus distants, les galaxies extérieures, qui sont de vastes systèmes d’étoiles, sont
si lointaines que la lumière qu’elles nous envoient, voyageant à une vitesse de
3 × 105 Km/s, met plusieurs milliards d’années pour arriver jusqu’à nous.
Dans le volume de l’Univers observable, il y a quelques dizaines de milliards
de galaxies séparées, les plus grandes d’entre-elles ressemblent à la nébuleuse
d’Andromède. Chaque galaxie est un agrégat d’environ 100 milliards (1011 )
d’étoiles, dont certaines sont beaucoup plus petites. Le nombre total d’étoiles
dont nous recevons de la lumière sur la Terre est donc de l’ordre de 1022 et la
masse totale de ces étoiles est de l’ordre de 1022 fois la masse du Soleil, qui
vaut 2 × 1033 g. Mais, en dépit de l’énorme quantité de matière existant sous
forme d’étoiles, la caractéristique principale de l’Univers observable est d’être
vide, aussi paradoxal que cela puisse paraı̂tre. Par une nuit claire, sans lumière,
on peut apercevoir à l’oeil nu environ 2000 à 3000 étoiles dans l’hémisphère vi-
sible de l’endroit où l’on se trouve. Avec des jumelles moyennes, on augmente ce
nombre jusqu’à 10000 étoiles et sur les plaques photographiques exposées long-
14 CHAPITRE 1. INTRODUCTION À L’ASTRONOMIE

temps avec de très grands télescopes, on pourrait voir jusqu’à 2 ou 3 milliards


d’étoiles. La plupart de ces étoiles appartiennent à notre propre galaxie, la Voie
Lactée, les autres galaxies n’ayant pu être réduites en étoiles que dans des cas
exceptionnels. Comme la sphère céleste contient environ 200000 fois la surface
de la pleine Lune vue de la Terre, chaque portion du ciel égal à la pleine Lune
montrerait 10000 étoiles. Il n’est pas étonnant que même sur les meilleures pho-
tographies, les images des étoiles soient si serrées qu’elles tendent à se mélanger
l’une à l’autre et donnent à la Voie Lactée l’apparence nébuleuse et continue
que nous connaissons.
Mais, cette impression risque de nous fausser les idées sur la structure de
notre galaxie. En réalité, ces étoiles sont séparées par des distances allant jus-
qu’à plusieurs années-lumières. Si l’on devrait construire un modèle de Voie
Lactée où les étoiles seraient représentées par des gouttes de pluie, leur dis-
tance mutuelle serait de l’ordre de 60 Km. Cela donne une idée de la densité de
matière à l’intérieur d’une galaxie typique. Pour chaque cm3 de matière, il y a
approximativement 1022 cm3 d’espace vide.
Les distances moyennes entre les galaxies voisines sont de l’ordre de 1 million
d’années-lumière et l’espace entre les galaxies est pratiquement vide de matière,
de sorte que dans l’Univers observable il y a environ 1028 cm3 d’espace vide par
cm3 de matière. Ceci est à peu près 1010 fois moins dense qu’un vide poussé
obtenu en laboratoire.
En plus de sa population stellaire, l’Univers contient une grande quantité de
gaz et de poussière. Presque toute cette masse est concentrée dans les galaxies
et en moyenne, la quantité de matière sous forme de gaz dans une galaxie est
à peu près la même que la quantité de matière concentrée dans les étoiles. La
quantité de poussière est à peu près cent fois moindre. Grossièrement parlant,
la densité de gaz dans une galaxie correspond seulement à un atome par cm3 .
Par comparaison, le nombre de particules dans 1cm3 d’air à la surface de la
Terre est de 2, 7 × 1019 . En dépit de leur petit nombre, ces atomes entrent en
collision à des intervalles de quelques jours ou quelques semaines tandis que les
étoiles sont si distantes qu’aucune collision entre elle n’a jamais été observée. Le
calcul montre d’ailleurs qu’une étoile se déplaçant au hasard à travers toute une
galaxie, rencontrera très rarement une autre étoile et sera seulement légèrement
déviée de son mouvement en s’approchant des autres étoiles.
Chapitre

2 Les systèmes de référence

Les systèmes de coordonnées permettent de positionner les objets célestes


(étoiles, planètes, satellites artificiels, sondes interplanétaires) dans un référentiel
absolu défini à partir de la Terre et qui s’appuie sur des points, ou des objets,
situés à l’infini et considérés comme immobiles les uns par rapport aux autres :
les étoiles. Ces étoiles étant à l’infini (ou quasiment à l’infini), leur distance
ne sera pas prise en compte, on supposera que tous les objets seront repérés
uniquement par deux angles et le système de coordonnées adopté sera sphérique.
Le but de tout référentiel est de donner la position d’une étoile ou d’un
objet céleste à l’aide de paramètres spécifiques reliés à des plans ou à des axes
caractéristiques repérables sur Terre (axe Nord-Sud, équateur, horizon, verticale,
Ecliptique). La sphère céleste est une sphère de projection dont le centre est
l’observateur sur laquelle on rapporte la position des astres.
Les coordonnées locales d’une étoile varient en fonction de l’heure, de l’époque
de l’année, de la latitude et la longitude d’un point, il faut trouver un système
qui ne dépend pas de ces paramètres et qui sera le référentiel absolu. Formelle-
ment il faudra être capable de dire à chaque instant (heure, date), en n’importe
quel lieu sur la Terre (qui est le repère local ou relatif), où se trouve le repère
absolu et ensuite déduire la position de n’importe quelle étoile, qui aura été
repérée dans ce système absolu, dans le repère relatif.
Chaque référentiel sera défini par rapport à un axe spécifique et à un plan
déduit de cet axe ou inversement. Le repérage du point est fait en coordonnées
sphériques dont la coordonnée métrique est supposée égale à 1 quelle que soit
sa dimension réelle. On établira toutes les relations en supposant que le point
est sur une sphère de rayon unité et dans une étape ultérieure on établira un
formalisme qui permettra de restituer cette coordonnée dimensionnelle.
L’approche systématique sera de déterminer :
— l’axe principal,
— le plan principal, perpendiculaire à l’axe principal,
— les deux paramètres angulaires,

15
16 CHAPITRE 2. LES SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE

— leur origine et leur sens d’orientation.


La représentation d’un système élémentaire est donnée sur la Figure 2.1.

Figure 2.1 – Repère élémentaire

2.1 Coordonnées géographiques


Objet : définir un point sur la Terre, (Figure 2.2). Axe principal : axe de
rotation de la Terre (axe Nord, Sud). Plan principal : Equateur terrestre.

Figure 2.2 – Système de coordonnées géographiques

Coordonnées : Latitude ϕ d’un point : comprise entre −90◦ , 0◦ dans l’hémisphère


Sud et 0◦ , +90◦ dans l’hémisphère Nord. Longitude d’un point : L positive vers
l’Ouest de Greenwich et comprise entre 0◦ et 360◦ , on peut aussi exprimer la lon-
gitude en heures, minutes, secondes d’après la relation suivante (24h => 360◦ ) :
0
1h = 15◦ , 1mn = 15 , 1sec = 15” .
2.2. COORDONNÉES HORIZONTALES LOCALES 17

2.2 Coordonnées horizontales locales


Le système de coordonnées horizontales locales est référencé au plan méridien
qui contient l’axe des pôles et qui coupe la sphère locale céleste selon un grand
cercle, appelé méridien céleste, mais dont le plan est le méridien terrestre.
Objet : le système de coordonnées horizontales locales est relatif à un lieu
de longitude et de latitude données. Le point est placé sur une sphère (de rayon
unité) centrée sur l’observateur et appelée : sphère locale céleste. Les étoiles
semblent se déplacer sur cette sphère, elles sont à l’infini et leur direction est la
même où que l’on soit sur Terre.
Axe principal : la verticale du lieu (matérialisée par la direction du fil à
plomb) qui, en première approximation, passe par le centre de la Terre. Plan
principal : le plan horizontal, matérialisé par le plan d’eau perpendiculaire à la
verticale du lieu, et qui est aussi le plan tangent à la sphère terrestre en un lieu
donné. Ce méridien est l’origine d’une des coordonnées locales (Figure 2.3).
Coordonnées : Azimut A compris entre 0◦ et 360◦ , positif vers l’Ouest du
méridien du lieu d’observation. Mais il peut aussi être négatif vers l’Est. hauteur
h de l’étoile est comprise entre 0◦ et +90◦ au-dessus de l’horizon et 0◦ et −90◦
au-dessous de l’horizon.

Figure 2.3 – Position de l’axe Nord-Sud et de l’Equateur céleste en un lieu

Coordonnées : Azimut A compris entre 0◦ et 360◦ , positif vers l’Ouest du


méridien du lieu d’observation. Mais il peut aussi être négatif vers l’Est. Hauteur
h de l’étoile est comprise entre 0◦ et +90◦ au-dessus de l’horizon et 0◦ et −90◦
au-dessous de l’horizon.
18 CHAPITRE 2. LES SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE

Figure 2.4 – Représentation en perspective du repère horizontal local et du


repère céleste

Figure 2.5 – Système de coordonnées horizontales locales

Le mouvement apparent des étoiles en un lieu donné se fait autour de l’axe


des pôles céleste et la durée de révolution sera définie plus bas dans ce cours.
On peut représenter le mouvement apparent d’une étoile par un petit cercle
perpendiculaire à l’axe des pôles (Figure 2.6).
D’après la Figure 2.6, en un lieu on a :
— l’axe parallèle à l’axe de rotation de la Terre appelé axe Nord, Sud céleste,
— le plan parallèle au plan équatorial terrestre appelé plan équatorial céleste,
— l’angle entre la direction du pôle céleste et l’horizon représente la latitude
ϕ du lieu,
— la trajectoire apparente d’une étoile due à la rotation de la Terre et en un
lieu de latitude donnée, sera dans un plan perpendiculaire à l’axe Nord,
Sud passant par l’étoile. Le coucher de l’étoile est à l’intersection du plan
de sa trajectoire avec l’horizon
2.2. COORDONNÉES HORIZONTALES LOCALES 19

Figure 2.6 – Mouvement apparent d’une étoile

Cette trajectoire présente quatre positions d’étoile particulières dans la journée :


— le lever,
— la culmination au moment du passage au méridien côté Sud,
— le coucher,
— le passage au méridien côté Nord (hauteur minimum).
On constate en particulier sur cette figure que la position de l’étoile par rapport
à l’équateur céleste reste constante dans le temps (au cours de la journée), ce
qui permet de définir une coordonnée céleste ϕ, la déclinaison. Ainsi, on peut
d’établir la première relation entre la hauteur, la latitude et la déclinaison dans
le méridien côté Sud, qui désigne la culmination.
π
hmax = − ϕ + δ, (2.1)
2

Soit en particulier un lieu de latitude ϕ (ϕ > 0) et une étoile de déclinaison δ :

Figure 2.7 – Mouvement apparent d’une étoile à l’Equateur

— Si π2 − ϕ < δ, alors l’étoile est toujours visible, on dit qu’elle est circum-
polaire.
— Si δ < π2 − ϕ, alors l’étoile est invisible.
20 CHAPITRE 2. LES SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE

2.3 Système de coordonnées horaires


L’azimut et la hauteur d’un astre varient constamment à cause du mouve-
ment de rotation de la terre et diffèrent au mème instant en chaque lieu de sa
surface. D’où il est nécessaire d’indiquer les positions des étoiles à l’aide des co-
ordonnées dont les valeurs sont indépendantes du lieu d’observation. Ce système
sert pour viser un astre en un lieu donné. C’est un système de coordonnées local.
Les éléments de référence sont : le demi-méridien Sud du lieu d’observation (plan
vertical passant par le pôle Nord), et encore le plan de l’équateur. Ces deux plans
sont fixes par rapport à l’observateur et permettent ainsi un repérage local. La
direction d’une étoile est alors caractérisée par : son angle horaire H et encore
sa déclinaison δ.
L’angle horaire H est mesuré en heures, minutes et secondes, comme l’as-
cension droite. Mais il se mesure dans le sens rétrograde c’est-à-dire dans le
sens des aiguilles d’une montre. La déclinaison δ d’une étoile reste constante,
alors que son angle horaire H croı̂t uniformément avec le temps. Ce système de
coordonnées est couramment utilisé pour viser un astre avec un instrument à
monture équatoriale, mais il ne permet pas de se repérer par rapport au sol,
environnement familier à l’homme.

Figure 2.8 – Système de coordonnées horaires

2.4 Systeme de coordonnées équatoriales celestes


Objet : ce système, référencé aux étoiles, est indépendant de la position sur
la Terre et de l’heure d’observation. Axe principal : axe de rotation de la Terre
(céleste). Plan principal : plan équatorial céleste. Coordonnées : déclinaison,
comprise entre 0◦ et 90◦ dans l’hémisphère Nord et 0◦ et −90◦ dans l’hémisphère
Sud, ascension droite, comprise entre 0 et 24 heures, positive dans le sens tri-
gonométrique direct. L’écliptique est la trajectoire apparente que decrit le soleil
2.5. SYSTÈME DE COORDONNÉES ÉCLIPTIQUES 21

Figure 2.9 – Système de coordonnées équatoriales célestes

sur la sphere celeste en un an. L’écliptique est incliné d’un angle  = 23◦ 270 par
rapport à l’équateur celeste, appellé obliquité de l’écliptique. Le cercle ecliptique
intercepte l’équateur celeste en deux points, à savoir : le point vernal γ (équinoxe
de printemps) et le point automnal Ω (ou équinoxe d’automne). Aux équinoxes
(21 Mars pour l’équinoxe de Printemps et 21 septembre pour l’équinoxe d’Au-
tomne), le jour a exactement la même duréee que la nuit. Les solstices d’été
et d’hiver soint les points de l’ecliptique situés à 90◦ des équinoxes. Au solstice
d’été (21 juin), nous avons le jour le plus long, tandisqu’au solstice d’hiver (21
décembre), nous avons la nuit la plus longue.

2.5 Système de coordonnées écliptiques


Il sert pour repérer la position du soleil, qui varie au cours de l’année sur
l’écliptique, et celles des planètes, qui se déplacent toujours au voisinage de
l’écliptique. la Terre tourne autour du Soleil en 365, 25 jours solaires moyens.
Le plan d’orbite de la Terre est appelé plan de l’Ecliptique. Ce plan passant
par le centre de la Terre et par le centre du Soleil, découpe sur la sphère céleste
géocentrique un grand cercle appelé aussi Ecliptique. Par rapport au centre de
la Terre, et à l’observateur, le Soleil semblera se déplacer sur ce grand cercle (et
donc parmi les étoiles) dans le même sens que la Terre sur son orbite, soit le
sens trigonométrique direct
Les éléments de références sont : le plan de l’écliptique, et le point vernal
γ. Dans ce système de coordonnées la direction d’un astre est définie par : sa
longitude écliptique l, et sa latitude écliptique b.
Objet : ce système permet de positionner un objet par rapport à l’écliptique
et en particulier les planètes et les sondes interplanétaires. Axe principal : l’axe
perpendiculaire au plan de l’Ecliptique et passant par le centre de la Terre. Plan
22 CHAPITRE 2. LES SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE

principal : le plan de l’Ecliptique passant par le centre de la Terre qui découpe


un grand cercle sur la sphère céleste. Coordonnées : latitude écliptique, comprise
entre 0◦ et 90◦ dans l’hémisphère Nord écliptique, comprise entre −90◦ et 0◦
dans l’hémisphère Sud écliptique.
longitude écliptique, comprise entre 0◦ et 360◦ à partir du point, positive
dans le sens trigonométrique direct
Cas du soleil : de la définition du cercle Ecliptique il résulte que le Soleil
se trouve toujours sur celui-ci. Le Soleil se déplace de jour en jour dans le sens
trigonométrique pour atteindre des valeurs caractéristiques aux solstices et aux
équinoxes (Figure 2.11).

Figure 2.10 – Coordonnées écliptiques géocentriques

2.6 Systeme de coordonnées galactiques

Objet : positionner une étoile par rapport à la Galaxie. Axe principal :


l’axe perpendiculaire à la Galaxie. Plan principal : la Galaxie (voie lactée).
Coordonnées : latitude galactique b, comprise entre 0◦ et 90◦ dans l’hémisphère
Nord galactique, et entre −90◦ et 0◦ dans l’hémisphère Sud galactique. longitude
galactique l, comprise entre 0◦ et 360◦ positive dans le sens trigonométrique
direct à partir du centre galactique (Figure 2.12).
2.7. TRANSFORMATION D’UN SYSTEME DE COORDONNÉES À UN AUTRE23

Figure 2.11 – Coordonnées écliptiques géocentriques

Figure 2.12 – Système de coordonnées galactiques

2.7 Transformation d’un systeme de coordonnées


à un autre

2.7.1 Rappel de formules de trigonométrie sphérique

Soit une sphére de centre O et de rayon R. L’intersection de cette sphére


avec un plan est un cercle. Si ce plan passe par O, on parle de grand cercle, sinon
on parle de petit cercle. L’intersection de 3 cercles définit un triangle sphérique
ABC. les côtés de ce triangles sont vus comme des arcs dont le centre est celui de
la sphére. L’intersection de ces arcs constituent les angles de sommet. A partir
24 CHAPITRE 2. LES SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE

Figure 2.13 – Triangle sphérique

de la Figure 2.13, on a :

cos a = cos b cos c + sin b sin c cos A, (2.2a)


sin A sin B sin C
= = , (2.2b)
sin a sin b sin c
sin a cos B = cos b sin c − sin b cos c cos A, (2.2c)
cot b sin c = cos c cos A + sin A cot B (2.2d)

les relations (2.2a), (2.2b), (2.2c) et (2.2d) peuvent subir des permutations cir-
culaires : a → b → c et A → B → C.

2.7.2 Passage des coordonnées horizontales locales en co-


ordonnées horaires
Probleme : Supposons le lieu d’un astre donné defini par son azimut (A) et
sa hauteur (h) (ou sa distance zénithale (z)), on cherche à déterminer son angle
horaire (H) et sa déclinaison (δ).
2.7. TRANSFORMATION D’UN SYSTEME DE COORDONNÉES À UN AUTRE25

sin δ = sin ϕ sin h − cos ϕ cos h cos A, (2.3a)


cos δ sin H = cos h sin A, (2.3b)
cos δ cos H = cos ϕ sin h + sin ϕ cos h cos A (2.3c)

ou ϕ représente la latitude astronomique du lieu d’observation. Inversement, le


passage des coordonnées horaires (δ, H) aux coordonnées horizontales locales
(h, A) se fait de la maniere suivante :

sin h = cos ϕ cos δ cos H + sin ϕ sin δ, (2.4a)


cos h sin A = cos δ sin H, (2.4b)
cos h cos A = sin ϕ cos δ cos H − cos ϕ sin δ (2.4c)

2.7.3 Passage des coordonnées horaires aux coordonnées


équatoriales
on suppose le temps sidéral T au moment de l’observation est connu,

δ = δ, (2.5a)
α = T −H (2.5b)

On définit le temps sidéral en un point de la surface de la terre comme étant


l’angle horaire du point vernal γ cad l’angle compté dans le sens direct sur
l’équateur celeste entre la position du point vernal, à l’instant considéré et le
méridien celeste local. C’est un temps local puisque ne dépendant pas de la
position du méridien celeste local. Le temps sidéral ne sera pas le meme pour
deux endroits différents sur la surface terrestre, à un meme instant. En prenant
le méridien de Greenwich comme référence, on a la relation

TGreenwich = TLocal ± λ (2.6)

ou λ est la longitude locale, (+) si le lieu est á l’Ouest de Greenwich et (−) si


le lieu est á l’Est de Greenwich.

2.7.4 Passage des coordonnées équatoriales aux coordonnées


écliptiques
A l’aide des valeurs de α et δ respectivement l’ascension droite et la déclinaison,
les coordonnées écliptiques β et λ respectivement la latitude et la longitude
ecliptiques s’obtiennent de la maniere suivante :

sin β = cos  sin δ − sin  sin α cos δ, (2.7a)


cos λ cos β = cos α cos δ, (2.7b)
sin λ cos β = sin  sin δ + cos  sin α cos δ (2.7c)
26 CHAPITRE 2. LES SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE

ou  = 23.439281◦ est l’obliquité de l’écliptique. Inversement, le passage de


coordonnées écliptiques aux coodonnées équatoriales s’effectue de la maniere
suivante :

sin δ = sin  sin λ cos β + cos  sin β, (2.8a)


cos α cos δ = cos λ cos β, (2.8b)
sin α cos δ = cos  sin λ cos β − sin  sin β (2.8c)

2.8 Les mouvements de la Terre et ses conséquences


La Terre effectue, simultanément, plusieurs mouvements. Le mouvement
résultant est donc très complexe. Nous distinguons
— Un mouvement de rotation : La Terre tourne sur elle-même une fois par
23h56min. La vitesse de rotation à l’équateur est de 1700km/h, ou de
0.47km/s.
— Un mouvement de révolution : La Terre tourne autour du Soleil une fois
par an (365.25jours). La vitesse de révolution de la Terre sur son orbite
est de 108, 000km/h, ou de 30km/s.
— Un mouvement de précession : La direction de l’axe de rotation de la
Terre n’est pas fixe dans l’espace, mais trace plutôt un cercle à un angle
de 23.5◦ du pôle de l’écliptique avec une période de 26, 000 ans (voir la
Figure 2.14 ). Ceci équivaut à un déplacement de la direction de l’axe de
rotation de la Terre de 50 secondes d’arc par année. Ce mouvement est
dû à l’attraction de la Lune et du Soleil sur le bourrelet, ou renflement,
équatorial de la Terre.
— Un mouvement de nutation : Ce mouvement correspond à une petite
oscillation supplémentaire de l’axe de rotation terrestre par rapport au
mouvement général de précession décrit plus haut. Ce mouvement est dû,
encore une fois, à l’attraction de la Lune sur le renflement terrestre, et au
fait que l’orbite de la Lune soit inclinée de 5◦ par rapport à l’écliptique.
Ce mouvement, de nature oscillatoire, a une amplitude de 9 secondes
d’arc, et une période de 19 ans (voir la Figure 2.15).
La Terre, comme les autres planètes du système solaire subit un mouvement
de rotation autour de son axe, et de révolution autour du Soleil. La combinaison
de ces deux mouvements a des conséquences directes sur notre perception de
l’Univers et même sur notre vie quotidienne, comme la succession des jours et
des nuits, ou encore comme le phénomène de saison.

2.8.1 Les saisons, solstices et équinoxes


La rotation de la Terre, d’ouest en est est appelée le mouvement diurne. Il
donne l’impression à un observateur terrestre que les astres tournent autour de
lui, se levant à l’est et se couchant à l’ouest. La durée d’une rotation complète
est de 23h56min4sec. Cette durée est appelée le jour sidéral. La période de
rotation sidérale correspond au temps qu’il faut attendre pour voir un astre
2.8. LES MOUVEMENTS DE LA TERRE ET SES CONSÉQUENCES 27

Figure 2.14 – Mouvement de précession

Figure 2.15 – Mouvement de nutation

lointain, au même endroit dans le ciel. La durée du jour est différente de la


durée du jour sidéral car le Soleil bouge par rapport à la voûte céleste. La durée
du jour correspond au temps qu’il faut attendre pour voir le Soleil au même
endroit dans le ciel. Comme la Terre est beaucoup plus proche du Soleil que
des autres astres, et comme elle tourne autour de lui dans le même sens qu’elle
tourne autour de son propre axe, la durée du jour est plus longue que celle du
jour sidéral. Cette durée définit la période de rotation synodique de la Terre, qui
est de 24 h. A l’exception de Vénus, toutes les planètes ont une rotation d’Ouest
en Est. La durée du jour, sur Vénus est donc plus courte que le jour sidéral. La
révolution de la Terre autour du Soleil se fait dans un plan appelé l’écliptique,
qui n’est pas coplanaire avec le plan de l’équateur terrestre. L’angle entre ces
deux plans est de 23◦ 270 , comme le montrent le Figure 2.14. Cette inclinaison
donne lieu aux saisons. Le jour de l’année où le Soleil culmine au plus haut dans
le ciel correspond au solstice d’été, le 21 juin. Sa hauteur au-dessus de l’horizon
28 CHAPITRE 2. LES SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE

est alors
hmax = 90◦ − ϕ + 23◦ 270 . (2.9)
Le 22 décembre, la hauteur du Soleil au-dessus de l’horizon atteint son minimum.
On est alors au solstice d’hiver et

hmin = 90◦ − ϕ − 23◦ 270 . (2.10)

On note deux autres positions remarquables de la Terre sur son orbite, le 21 mars
et le 21 septembre, correspondant aux équinoxes de printemps et d’automne
respectivement, dates auxquelles la durée du jour est égale à la durée de la nuit
pour tous les points de la Terre. C’est la valeur de l’inclinaison entre l’écliptique
et le plan de l’équateur qui définit les tropiques, et les cercles polaires. Les
tropiques sont les lieux de la Terre dont la latitude est telle que le Soleil passe
au zénith le 21 juin (ou le 22 décembre dans l’hémisphère sud). Autrement dit,
hmax = 90◦ , ce qui implique que ϕ = ±23◦ 270 . Le tropique du Cancer correspond
à une latitude de ϕ = +23◦ 270 , et le tropique du Capricorne correspond à
ϕ = −23◦ 270 . De manière similaire, on définit les cercles polaires comme les
lieux de la Terre où le Soleil rase l’horizon le 21 juin (ou le 22 décembre), soit
hmax = 0◦, et donc ϕ = 66◦ 330 . Le Soleil de minuit est donc visible le 21 juin
depuis le cercle polaire nord et le 22 décembre depuis le cercle polaire sud. La
zone comprise entre les deux tropiques s’appelle le zodiaque, où se trouvent les
constellations concernées par l’astrologie. On compte 13 constellations dans le
zodiaque, et non pas 12 comme souvent admis.

2.8.2 Précession et nutation


Le point vernal, origine du système de coordonnées équatoriales, n’est pas
fixe par rapport à la voûte céleste mais se déplace dans le plan de l’équateur
céleste à raison de 5000 par an. Il faut donc toujours associer aux coordonnées
équatoriales une date de référence. Comme le point vernal est relié aux équinoxes,
on rapporte toujours les coordonnées équatoriales à une équinoxe de référence.
Les coordonnées en usage à ce jour sont rapportées à l’équinoxe de printemps de
l’an 2000. Par définition, l’ascension droite du Soleil à l’équinoxe de printemps
de l’année en cours est α = 0h. Par contre la position du Soleil à une équinoxe
quelconque n’est pas α = 0h. Le mouvement du point vernal est dû aux forces
de marées que subit la Terre de la part de la Lune et du Soleil qui exercent un
couple et donc un moment M ~ , dans un plan environ perpendiculaire à l’axe des
pôles (Figures 2.14 et 2.15 ). Ce moment de forces modifie le moment cinétique
~ de la Terre puisque par définition
L

~
~ = dL .
M (2.11)
dt
Le mouvement imposé à l’axe des pôles s’appelle la précession selon un cône,
dont l’angle d’ouverture est de 23, 5◦ . Comme le point vernal subit ce mouvement
aussi, on dit souvent que les coordonnées équatoriales subissent le mouvement
2.8. LES MOUVEMENTS DE LA TERRE ET SES CONSÉQUENCES 29

de précession des équinoxes. La période de précession est de 25700 ans. En plus


de la précession, l’axe des pôles oscille légèrement, décrivant une petite ellipse
dont le grand axe est de 18, 42” et le petit axe de 13.72”. Ce mouvement est
connu sous le nom de nutation et a une période de 18, 6 ans. Il faut bien sûr
en tenir compte dans la correction des coordonnées équatoriales, même si son
amplitude reste faible devant celle de la précession.

2.8.3 Marées et déformation de la Terre


En plus du renflement équatorial, la Terre subit des déformations supplémentaires
dues aux forces de marée de la Lune. Ces dernières trouvent leur origine dans
la taille non négligeable des corps en interaction devant les distances qui les
séparent. Si la Terre, de rayon r⊕ se trouve à une distance r de la Lune, de
masse M , l’accélération de marée ~am ressentie à sa surface est :
GM GM
k~am k = − 2
r2 (r + r⊕ )
GM
' −2 3 r⊕ , (2.12)
r
qui aurait pu aussi s’écrire comme la différentielle de l’accélération exercée par
la Lune sur la Terre, à la distance r :
 
d GM
k~am k = dr
dr r2
GM
= −2 3 dr. (2.13)
r
Pour la Terre, l’accélération différentielle due à la force de marée par rapport à
l’accélération terrestre a⊕ est am /a⊕ ∼ 10−7 . On voit par ailleurs que la force
de marée du Soleil sur la Terre est négligeable par rapport à celle de la Lune
malgré la grande taille du Soleil, car l’accélération différentielle de marée est
proportionnelle à l’inverse du cube de la distance. Examinons l’action de la
force de gravitation de la Lune en différents points de la surface terrestre, comme
indiqué dans les Figures 2.16 et 2.17.
L’accélération différentielle ressentie en un point P de la surface terrestre
par rapport à celle au centre C de la Terre s’écrit :
cos φ 1 ~
   
GM
~aP − ~aC = GM − i − sin φ ~j (2.14)
r02 r2 r02
où M est la masse de la Lune. Les autres notations sont celles reprises dans
ls Figures 2.16 et 2.17. On peut par ailleurs écrire r0 en fonction des autres
grandeurs géométriques :
2 2
r02 = (r − R cos θ) + (R sin θ)
2R
 
' r2 1 − cos θ . (2.15)
r
30 CHAPITRE 2. LES SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE

Figure 2.16 – Forces exercées par la Lune en différents points de la Terre.

Figure 2.17 – Force (ou accélération) différentielle ressentie par un observateur


en différents points de la Terre.

En substituant (2.15) dans (2.14), on obtient

2R
   
GM
~aP − ~aC = cos φ 1 + cos θ − 1 ~i
r2 r
2R
 
GM
− 2 1+ cos θ sin φ~j. (2.16)
r r

La distance Terre-Lune étant très grande devant le rayon terrestre, on se place


enfin dans la limite des petits angles, c’est-à-dire, φ  1 et aussi sin φ =
R/r sin θ, pour arriver à

GM R  
~aP − ~aC ' 2 cos θ~i − sin θ~j (2.17)
r3
Cette accélération différentielle est une quantité vectorielle dont les Figures 2.16
et 2.17 donne une représentation graphique. Le bilan global est que la Terre subit
2.9. APPLICATIONS 31

un renflement similaire à celui d’un ballon de rugby, dont le grand axe serait
orienté vers la Lune. Attention, le renflement de la Terre dû aux effets de marées
est à ne pas confondre avec l’applatissement de la Terre au niveau des pôles, dû
uniquement à la rotation de la Terre sur elle-même.

Figure 2.18 – Illustration de l’accélération et de l’éloignement de la Lune.

2.9 Applications
2.9.1 L’angle horaire H et Azimut A au lever et au coucher
d’un astre.
Au lever(moment d’apparition de l’astre à l’horizon) et au Coucher (moment
ou l’astre disparait à l’horizon) la hauteur d’un astre devient nulle et sa distance
zénithale z atteint 90◦ .
En exploitant les relations (2.4a) et (2.4c) sachant que h = 0, on obtient :

0 = cos ϕ cos δ cos H + sin ϕ sin δ, (2.18a)


cos A = sin ϕ cos δ cos H − cos ϕ sin δ. (2.18b)

De ce qui précede, on déduit donc que l’angle horaire H et l’azimut A du lever


et du couher d’un astre si l’on connait la déclinaison δ et la latitude ϕ du lieu
d’observation s’écrivent respectivement :

cos H = − tan ϕ tan δ, (2.19a)


sin δ
cos A = − . (2.19b)
cos ϕ
Chapitre

Les instruments astrono-


3 miques

3.1 Introduction
L’énorme majorité des informations recueillies par les astronomes provient de
la lumière, ou, plus généralement des ondes électromagnétiques, dont la lumière
visible n’est qu’un cas particulier. Ces ondes électromagnétiques sont détectées
à l’aide d’appareils différents, et porteront donc traditionnellement des noms
différents. L’oeil humain n’est sensible qu’à un tout petit domaine de longueur
d’ondes, comprises entre 0.4µm et 0.8µm. Le reste du spectre électromagnétique
n’est accessible qu’au travers de détecteurs spéciaux. Les grands radio-télescopes
(immenses antennes paraboliques mobiles) permettent de recevoir les ondes ra-
dio du ciel. Les détecteurs embarqués dans des véhicules spatiaux permettent
de percevoir les ultraviolets lointains, les rayons X et les rayons γ.
Les instruments astronomiques sont essentiellement des collecteurs de lumière
qui recueillent l’énergie lumineuse émise par les objets célestes, en forment une
image, qui est alors examinée à l’aide de l’œil, de la plaque photographique, ou
analysée à l’aide de photomètres, spectrographes, interféromètres, etc.
Le premier problème est donc de développer des outils permettant de capter
cette lumière et éventuellement de l’analyser. Il y a évidemment l’oeil, mais
afin davoir accès à des objets toujours plus faibles ou toujours plus lointains,
les lunettes (utilisée pour la première fois en 1609 par Galilée dans un but
astronomique), puis les télescopes ont été développés. Enfin, on a voulu avoir
accès aussi à d’autre longueur d’onde, ainsi les radiotélescopes, entre autre, ont
été développés. Ces instruments sont de deux types à savoir :
— Les lunettes ou réfracteurs utilisent pour former les images les propriétés
de la réfraction de la lumière à travers les lentilles ;
— Les télescopes ou réflecteurs utilisent les propriétés de réflexion des mi-
roirs.
Remarquons que ces instruments servent dans le domaine des longueurs
d’onde allant de 0, 05µm à quelques dizaines de microns, soit pour l’ultraviolet,

32
3.2. LES RÉFRACTEURS 33

le visible et l’infrarouge. Pour l’étude des rayons X et des rayons γ, les instru-
ments se réduisent en général à des photomètres, tandis que dans le domaine des
radiofréquences, les collecteurs d’ondes électromagnétiques nécessitent des sur-
faces beaucoup plus grandes que pour l’astronomie optique. Nous n’étudierons
ici que les caractéristiques des instruments optiques. L’étude générale de ces
instruments est du domaine de la physique, et nous nous bornerons à rappeler
ici leurs propriétés essentielles.

3.2 Les réfracteurs


Les réfracteurs sont généralement utilisés pour les instruments d’astrono-
mie de position (théodolite, lunette méridienne) ou pour des instruments des-
tinés à l’observation des planètes ou des étoiles doubles. La partie optique d’un
réfracteur est constituée essentiellement par une ou plusieurs lentilles dont l’en-
semble est appelé objectif, et qui forme, en son plan focal, une image réelle et
renversée de l’objet astronomique visé situé pratiquement à l’infini. Pour exami-
ner cette image, l’observateur utilise une seconde lentille, centrée sur la première,
qui en donne à son tour une image virtuelle droite et agrandie. Cette seconde len-
tille est appelée oculaire. La marche des rayons lumineux est schématiquement
représentée sur la Figure.
L’objectif, pièce maı̂tresse d’un réfracteur, se caractérise principalement par
son diamètre et sa distance focale. Le diamètre définit le pouvoir de collecter
la lumière. L’oeil n’est en effet sensible à un éclairement que si celui-ci dépasse
une certaine valeur minimum, appelée seuil de sensibilité. Ce seuil de sensibi-
lité dépend du diamètre de la pupille, qui en pleine obscurité atteint environ
6mm. La quantité d’énergie lumineuse reçue dépend de la surface de la len-
tille collectrice. Une lentille de 60cm de diamètre collectera ainsi (60/0, 6)2 soit
10.000 fois plus d’énergie lumineuse que l’œil nu. Cette énergie sera concentrée
dans l’image focale de l’objet qui sera ponctuelle ou de dimension finie, suivant
que le diamètre apparent de l’objet sera inférieur ou supérieur au pouvoir de
réflexion de l’objectif. Ainsi, des objectifs produisant sur l’œil nu un éclairement
inférieur au seuil de sensibilité, deviendront visibles grâce à l’énergie rassemblée
par la lentille-objectif. La distance focale définit la grandeur des images, ou la
séparation de deux images voisines, dans le cas d’images ponctuelles. Pour aug-
menter le grossissement de la lunette, il faut donc utiliser les distances focales
les plus longues possibles pour l’objectif, ainsi que les oculaires ayant les dis-
tances focales les plus courtes possibles. Dans le cas d’une lunette de 10m de
focale, le grossissement obtenu à l’aide d’un oculaire de 10mm de focale serait
donc de 1.000. Néanmoins, un grossissement aussi fort, même s’il était techni-
quement réalisable, n’est pas toujours souhaitable. En effet, divers phénomènes
empêchent d’atteindre un pouvoir de résolution très élevé.
Dans le cas de l’observateur astronomique, c’est l’agitation de l’atmosphère
terrestre qui limite le plus sévèrement la qualité des images. L’atmosphère per-
turbe le trajet des rayons lumineux. Elle présente en effet des défauts locaux
d’homogénéité dus au vent, aux inégalités de température et d’humidité. Les
34 CHAPITRE 3. LES INSTRUMENTS ASTRONOMIQUES

surfaces d’égal indice de réfraction ne sont pas localement des plans parallèles,
mais des surfaces plus ou moins régulières et qui subissent des variations ra-
pides de forme. Il s’ensuit que la direction du rayon lumineux, perpendiculaire à
la surface d’onde subit des fluctuations rapides et fortuites. Si la dimension des
irrégularités de la surface d’onde est petite par rapport au diamètre de l’objectif,
l’image est diffuse.
Même si nous pouvions observer le ciel à travers une atmosphère idéalement
pure et homogène, ou même en dehors de l’atmosphère terrestre (observations
à l’aide de fusées ou de satellites artificiels), le pouvoir de résolution des instru-
ments ne serait cependant pas illimité. C’est en effet la nature ondulatoire de la
lumière elle-même qui impose une limite au grossissement.
La surface d’onde, plane dans le cas d’une étoile, est perturbée par les bords
de l’objectif et donne lieu au phénomène bien connu de diffraction de la lumière.
La conséquence essentielle de ce phénomène est que l’image d’un objet ponctuel
n’est pas ponctuelle, mais qu’elle est composée d’une tache centrale, appelée
disque d’Airy, entourée d’une série d’anneaux dont l’intensité diminue au fur et
à mesure que leur numéro augmente. Le rayon de disque d’Airy sert à définir le
pouvoir de résolution théorique de l’objectif. il dépend de la longueur d’onde λ
de la radiation utilisée et du diamètre de l’objectif.

3.2.1 Défauts de lentilles : Aberrations

En pratique, les défauts résiduels de l’optique qui empêchent d’atteindre la


résolution théorique sont appellés les aberrations. La netteté de l’image, im-
plique qu’elle soit dénuée d’irisation, c’est-à-dire que les foyers correspondent
aux différentes couleurs soient confondus. Elle implique également que le foyer
des rayons partiaux soient confondus avec le foyer des rayons marginaux.
Voici les deux défauts principaux des lentilles :
— Achromatisme : Du défaut d’achromatisme résulte souvent une difficulté
de mise au point des oculaires et des plaques photographiques. On se
contente souvent dans ce cas d’observer une image coloriée à la fois. Si
la focale est longue, la dispersion est longue et comme pour l’oculaire, la
focale est petite, on peut donc réaliser cette observation par couleur sans
que l’image soit trop altérée par la proximité d’images d’autres couleurs.
— Aberration de sphéricité : pour la corriger, il faut diaphragmer la lentille.
Il faut donc une grande focale pour une ouverture déterminée.
On voit que ces deux observations s’opposent aux rôles essentiels des lunettes :
collecter beaucoup de lumière, et avoir une grande focale d’objectif pour obtenir
un fort grossissement. Pour corriger au mieux ces aberrations, on utilise souvent
différents systèmes optiques parmi lesquels l’association de plusieurs groupes de
lentilles sous forme de doublets, triplets, etc.
3.3. LUNETTES ASTRONOMIQUES 35

3.3 Lunettes astronomiques


Une lunette astronomique peut être définie comme étant un instrument as-
tronomique constitué de lentilles dont l’intérêt est d’accroı̂tre la luminosité et
la taille apparente des objets celestes au cours de leur observation. Elle a connu
une ;evolution remarquable dans le temps avec la contribution des pionniers
comme : Leonard digges (1550), Giambattista Della Porta (1589), Hans Lipper-
shey (1608), Sacharias Jansen (1608), Jacques Metius (1608),...
En 1906, Galilée réussit à mettre au point une lunette d’approche qui marqua
une révolution importante dans le domaine de l’obversation en Astronomie. Ses
lunettes ont eu le mérite de produire un grossissement six, ensuite 20 puis 30
contrairement au modèle proposé par Hans Lippershey qui n’était que de trois.
La lunette de Galilée est composé d’un tube dont les extrémités sont muni d’un
objectif convergent de grande dimension et d’un oculaire divergent de petite
dimension, situé du côté de l’œil. L’image d’un objet situé à l’infini se forme
dans le plan afocal de l’objectif. L’oculaire divergent produit par la suite une
image définitive sans accomodation, perçu par l’œil de l’observateur. Grâce à
ses observations, Galilée révèla que la voie lactée est composée de myriades
d’étoiles. Ces premières lunettes possédaient un objectif convexe et un oculaire
convave, alors que les plus récentes sont dotées d’objectif et oculaire convexes.

Figure 3.1 – Schéma de principe des lunettes astronomiques pour collecter la


lumière

3.3.1 Avantage des lunettes astronomiques


— Robustesse et solidité : Après alignement initiale, le système optique
démeure résistant aux défauts d’alignement qu’un télescope à miroirs ;
— Entretien réduit grâce à son système de tube très hermétique à l’air ;
— Obtention des images plus nette et plus stables que les télescopes grâce
à son hermécité, empêchant les gros courant d’air, les changements de
température ;
— Facilité à la manipulation ;
36 CHAPITRE 3. LES INSTRUMENTS ASTRONOMIQUES

— Très faible encombrement par rapport à un télescope ;


— Meilleure qualité d’image par rapport à un télescope, dans un environ-
nement pollué par la lumière urbaine.
— Mieux adaptée pour l’observation planétaire.

3.3.2 Inconvénients des lunettes astronomiques


Les lunettes astronomiques présentent quelques inconvénients tels que :
— Aberration chromatique (distorsion des couleurs) ;
— Selon la longueur d’onde de lumière projetée, l’objet capté peut ne pas
être correctement restitué dans l’oculaire : les UV ne peuvent pas traver-
ser la lentille des lunettes ;
— L’augmentation de l’épaisseur de la lentille empêche le passage de la
lumière ;
— Difficulté de réaliser de grandes lentilles, car le verre est difficilement
rendu homogène. la plus grande lunette en ce qui concerne l’ouverture
est celle de l’Observatoire YERKES (fin 1898) dans le Wisconsin (USA)
d’un diamètre de 40 pouces (1m) ;
— Encombrement à cause des grandes focales ;
— Suite son faible rapport d’ouverture et absorption par le verre, La lunette
astronomique n’est pas adaptée à l’astrophotographie, ni à l’observation
du ciel profond.
— A diamètre égal, la lunette astronomique est plus performante qu’un
télescope, mais avec un prix exorbitant.
Une lunette astronomique est dite afocale lorsque le foyer image de l’objectif est à
la même position que le foyer objet de l’occcculaire (Figure 3.1). Le grossissement
angulaire d’une lunette de kepler vaut donc :

F
γ=− , (3.1)
f

où F est la distance focale de l’objectif et f la distance focale de l’oculaire. Le


signe négatif rend compte de la forme de l’image qui est renversée.
La luminosité d’une lunette, définie par son aptitude à former dans son plan
focal une image ± lumineuse du même objet, est directement proportionnelle à
son rapport d’ouverture D (appelé aussi diamètre d’ouverture) par la distance
focale F de son objectif.
D
A= , (3.2)
F
Dans la pratique, l’objectif n’est pas une simple lentille, mais plutôt une juxta-
position de deux lentilles taillées dans des verres différents, pour que les défauts
chromatiques de l’une compensent ceux de l’autre. De même l’oculaire n’est
pas une simple lentille, mais généralement un sous-ensemble complexe, jouant
le même rôle qu’une lentille simple, mais constitué en fait de deux à six lentilles
assemblées.
3.4. LES TÉLESCOPES 37

3.4 Les télescopes

Figure 3.2 – Schéma de principe des télescopes pour collecter la lumière

3.5 La stabilité des montures


Les instruments utilisés favorisent la vision des astres, encore faut-il pour-
voir observer les astres assez longuement. L’image d’une étoile quitte très vite le
champ d’une lunette fixe, à cause de la rotation terrestre qui entraı̂ne l’instru-
ment. Il faut donc compenser ce mouvement : la lunette est mobile autour d’un
axe horaire parallèle à l’axe de rotation terrestre, ce qui entraı̂ne l’instrument
à tourner autour de cet axe, de sorte à effectuer un tour par jour sidéral. Le
mouvement doit donc être maintenu régulier à l’aide d’un moteur.
La rotation de la lunette autour d’un deuxième axe, l’axe de déclinaison, per-
pendiculaire au précédent, permet de pointer une étoile ou moins éloignée du
pôle. L’ensemble doit être parfaitement équilibré, d’où la nécessité d’un contre-
poids très bien ajusté. Il suffit d’un petit moteur de 1/4 CV pour entraı̂ner à la
vitesse du mouvement diurne le gros télescope de 5 mètres pesant 500 tonnes.
Cette monture de type équatorial est la plus courante, permettant les poses
longues nécessaires pour la photographie stellaire.
Certains instruments sont construits pour la mesure de la position de étoiles
par rapport au plan horizontal, et à la verticale (théodolites, sextants, etc).
Cette monture horizontale, plus légère et souvent mobile, ne permet que des
visées très brèves.

3.6 La qualité du site d’observation


A côté des efforts faits pour construire des instruments puissants, il est in-
dispensable de surveiller un autre paramètre : la qualité du site d’observation.
Deux types de turbulences sont à éviter :
38 CHAPITRE 3. LES INSTRUMENTS ASTRONOMIQUES

1. La turbulence instrumentale est surtout sensible dans les télescopes,


ouverts à une extrémité. Elle est due aux mouvements turbulents de
l’air, d’origine thermique surtout ; si la différence de température entre
l’intérieur et l’extérieur du tube atteint 2 à 3ř, l’image de diffraction peut
avoir un diamètre supérieur à 1”. Pour améliorer cette image, on canalise
l’air à l’aide de ventilateurs, qui provoquent des mouvements gazeux dans
le tube, parallèles à l’axe optique. Pour que la pièce d’observation ne soit
pas surchauffée pendant le jour, les coupoles sont peintes en blanc, ou en
recouvertes d’aluminium. La trappe d’entrée est petite, et ouverte dès le
coucher du Soleil, pour que se réalise l’équilibre thermique.
2. La turbulence extérieure provoque le phénomène de scintillation, qui aug-
mente à l’horizon avec le vent et lorsqu’on est à basse altitude.
Avant de construire un observatoire, on recherche méticuleusement le site fa-
vorable ; l’expérience montre que les plateaux secs, de moyenne altitude, sont
assez intéressants, la turbulence y étant faible. Pour jouir en plus d’une trans-
parence optimale, les sites en haute montagne sont préférés. Actuellement, les
instruments de pointe sont installés au pic du Midi (2860m), l’observatoire Eu-
ropéen du Chili (2400m), et l’observatoire placé sur un des sommets de Hawaii
(4200m).

3.7 Les instruments à technologies nouvelles


L’observation avec une résolution toujours améliorer d’astres de moins en
moins brillants exige la construction de télescope de plus en plus grands et
l’application de technologies nouvelles. Il s’agit en particulier de s’affranchir de la
dégradation des images causées par la turbulence atmosphérique. Le traitement
des images par une méthode de déconvolution, ou en superposant les images de
diffraction individuelles prises avec une grande résolution temporelle, permet de
compenser les effets de la turbulence, mais après l’observation. L’optique active
et adaptative développée à l’Observatoire Européen Austral (ESO), appliquée
depuis 1990 au télescope NTT (New Technology Telescope) de 3, 5m implanté à
l’ESO permet une correction en temps réel. En stabilisant le faisceaux lumineux
, on obtient la concentration de la lumière au centre de la tache de diffraction,
d’où meilleur contraste, résolution améliorée et détection d’objets très faibles.
Le miroir du NTT est très différent des réflecteurs classiques rigides, ici il est
déformable afin de corriger la surface d’onde en se bombant là où le front d’onde
se creuse, le miroir est formé d’une couche de silicium (24cm d’épaisseur), dont
la forme est commandée par des actionneurs piézo-électriques agissant comme
des vérins. Cette optique active et adaptative sera utilisée dans le futur télescope
géant de l’ESO. Ce VLT (Very Large Telescope) de l’an 2000 sera constitué de
quatre télescopes de 8, 2 mètres conduisant un diamètre équivalent de 16 mètres.
Implanté en 1991−1992 sur le site de Mauna Kea (Hawaii), un nouveau télescope
W.M Keck de 10 mètres a été développé, le miroir principal est formé d’une
mosaı̈que de 36 segments hexagonaux. La pupille de l’œil ayant un diamètre de
3.7. LES INSTRUMENTS À TECHNOLOGIES NOUVELLES 39

6 millimètres, le télescope peut collecteur (600/2)2 = 10000 fois plus de lumière


que l’oeil. Le télescope permet d’observer des étoiles 10.000 fois plus faibles,
c’est-à-dire la magnitude est plus élevée de 2, 5 log 10.000 = 10. On atteint donc
la magnitude 10 + 6 = 16 avec un télescope de 60 centimètre.

3.7.1 Les récepteurs


Les principaux récepteurs utilisés en astronomie sont :
1. L’œil : qui ne permet que des estimations qualitatives.
2. La plaque photographique : qui permet des avantages certains :
— Elle constitue un document permanent
— Elle permet d’obtenir en une seule fois les images de nombreuses
étoiles
— Elle possède la faculté d’intégrer l’énergie reçue pendant un temps
assez long et permet donc l’observation d’étoiles faibles. Mais aussi
des inconvénients dont le principal est la non-linéarité de la réponse,
le noircissement n’étant pas fonction linéaire de la quantité de lumière
reçue.
3. La cellule photo-électrique :
Avantages :
— La linéarité de la réponse en fonction de la quantité de lumière reçue
— La grande efficacité quantique, peu de photos étant nécessaires pour
éjecter suffisamment d’électrons.
Inconvénients :
— La complication du système électrique
— L’absence de pouvoir séparateur, d’où la nécessité d’étudier un seul
objet à la fois.
4. La caméra électronique :
L’allemand astronome strasbourgeois a construit une camera électronique.
A l’aide d’un télescope ou d’une lunette, on projette sur la photo-cathode
une image optique lumineuse. Les électrons éjectés en chaque point de
la cathode sont refocalisés à l’aide d’une lentille électronique, de sorte à
reformer l’image électronique de la cathode sur une plaque photo, sen-
sible aux électrons (III Ford, à gains très fins). Ici, on ne mesure pas le
flux total des photos à l’aide d’un ampèremètre, mais l’image stellaire
elle-même est photographiée, en un temps 100 fois plus court que par
la photographie classique. Chaque électron est enregistré sous forme de
plusieurs grains d’argent. On peut détecter ainsi un photon unique. Les
convertisseurs d’images focalisent les électrons émis par la photo-cathode
sur un écran fluorescent, semblable à celui d’un récepteur T.V. La cel-
lule photo-conductrice utilise le fait que la structure de certaines petites
surfaces plates et minces est modifiée quand la lumière les frappe. Leur
résistance au courant électrique varie, de ce fait, en fonction du flux lu-
mineux reçu que l’on peut ainsi mesurer. L’avantage de cette méthode
peu sensible est qu’elle permet la mesure du rayonnement infra-rouge.
40 CHAPITRE 3. LES INSTRUMENTS ASTRONOMIQUES

Le bolomètre transforme toute l’énergie lumineuse reçue, quelle que soit


sa couleur, en énergie thermique ou électrique mesurable. Par exemple,
le radiomètre est une sorte de moulin à lumière : une face est blanche,
l’autre noire. La lumière échauffe différemment les deux côtés, la pale se
met à tourner, à cause d’un effet de percussion des molécules d’air sur
les faces noires. Les molécules gazeuses arrivant au contact de la face
noire plus chaude y acquièrent une agitation plus importante que ceux
frappant la face blanche.
5. La camera CCD :
Les récepteurs actuels les plus performants utilisent les propriétés de
semi-conducteurs. Il s’agit des cameras CCD, abréviation de charge-
coupled device, ou dispositif à transfert de charge, conçus en 1969 par
Boyle et Smith, et permettant de contrôler le mouvement des électrons
par applications de champs électriques. Les récepteurs photoélectriques
permettaient de détecter 1 à 2 photons sur 10, ce qui est 5 fois plus ef-
ficace que les plaques photos. Une camera CCD détecte 6 à 8 photons
sur 10, le rendant 100 millions de fois plus efficace que l’œil nu, et ceci
dans un très large domaine spectral (de 350 à 950mm), avec une bonne
dynamique et une réponse linéaire.

3.8 Les instruments de mesure de la direction


du rayonnement
L’utilisation première des instruments est de définir la direction du rayon-
nement. On dispose, dans le plan focal de l’objectif, un réticule (2 fils de coton
d’araignée). On pointe la lunette ou le télescope de sorte à amener l’image de
l’étoile sur la croisée des fils. Ce point définit, avec le centre optique de l’objectif,
la ligne de visée.
Un repère lié à la lunette se déplace devant des cercles divisés, sur lesquels
on peut lire et afficher l’angle définissant la direction des astres. Les ancêtres
astronomes ne connaissant pas les montures, fixaient leur réticule au bout d’un
bras se déplaçant devant un secteur mural gradué. Malgré ce procédé grossier,
leurs évaluations angulaires atteignaient une précision étonnante : 2”. Les ins-
truments au service de l’astronomie de position sont : la lunette méridienne,
l’astrale, l’astrographe. Des techniques interférométriques et de triangulation à
très grande base, permettent des mesures de position très précises.

3.8.1 La lunette méridienne


Dès 1689, Röemer, astronome danois, utilisait en chambre un instrument de
passage . C’est une lunette ne pouvant balayer qu’un plan déterminé dans lequel
on repère l’instant du passage des étoiles. Le plan qui contient la verticale du lieu
et est orienté Nord-Sud est appelé méridien-plan privilégié où l’heure de pas-
sage et la hauteur au-dessus de l’horizon fournissent les coordonnées équatoriales
3.8. LES INSTRUMENTS DE MESURE DE LA DIRECTION DU RAYONNEMENT41

fondamentales des étoiles dans le ciel. Les flexions et déformations thermiques


limitent la précision des déterminations angulaires à ±0, 3”. Les observations
méridiennes ont permis de constituer des catalogues de positions stellaires, aux-
quels l’observatoire de Strasbourg a largement contribué.

3.8.2 L’astrolabe
L’astrolabe est une invention française (1905), améliorée par Danjon, astro-
nome strasbourgeois. Les cercles gradués manquant de stabilité, on évite leur
emploi en définissant la verticale à l’aide d’un bain de mercure, et la direction
du passage des étoiles est fixée à 60ř, à l’aide d’un prisme équilatéral, remarqua-
blement stable. Les images réfléchie et directe observées avec une lunette, se su-
perposent au moment où l’étoile est exactement à 60ř de hauteur. On enregistre
l’instant exact de cette coı̈ncidence. La comparaison des instants théoriques et
observé du passage fournit l’heure exacte, la latitude et la position stellaire à
±0, 1”.

3.8.3 L’astrographe
L’astrographe est un instrument classique à monture équatoriale, où l’ocu-
laire est remplacé par une plaque photo. On mesure les positions X, Y des images
stellaires sur la plaque développée ; connaissant les coordonnées équatoriales de
certaines étoiles fondamentales (observées avec la méridienne), on peut établir
les relations entre X, Y et ces coordonnées, caractérisant ainsi les constantes
du cliché. On peut déterminer ensuite les coordonnées inconnues à partir des
positions mesurées. Une carte du ciel a été établie par cette méthode, avec une
précision de 0, 1”.

3.8.4 Les interféromètres radio


La radioastronomie a utilisé de nombreux perfectionnements pour compen-
ser le mauvais pourvoir séparateur des radiotélescopes. Les interféromètres com-
prennent deux (ou plusieurs) télescopes, recevant simultanément le rayonnement
d’une même étoile, et envoyant les ondes reçues dans un unique récepteur, où
elles interfèrent. La différence de marche des rayons entre la source et les deux
antennes A1 et A2 provoque la formation de franges d’interférence. d varie à
cause de la rotation terrestre et les franges défilent ; le pic le plus élevé corres-
pond au passage de l’étoile dans le plan médian des 2 antennes. Un tel système
est équivalent à un radiotélescope de dimensions D.d, où D est le diamètre
de deux télescopes et d la distance qui les sépare. On peut associer toute une
série de radiotélescopes, la surface maximale ainsi couverte est équivalente à un
paraboloı̈de de 800m de diamètre (système de télescope disposés en croix, en
Australie). Ces interféromètres définissent la position des sources radio avec une
précision remarquable : mieux que 0, 001” même les dimensions de ces sources
peuvent être mesurées avec précision par les VLA (Very Large Array). Pour
améliorer encore le pouvoir séparateur, on songe à agrandir la base en plaçant
42 CHAPITRE 3. LES INSTRUMENTS ASTRONOMIQUES

A1 sur la Terre et A2 sur la lune. La distance Terre-Lune est un effet par-


faitement connu, grâce aux radars. Les expéditions spatiales ont disposé des
récepteurs laser sur la surface lunaire une onde laser envoyée depuis la Terre
est réfléchie par ces Cataphotes, et perçue à son tour sur Terre. La mesure de
temps aller-retour de l’onde permet de déterminer la distance de la lune avec
une précision de 20cm.

3.9 Les instruments d’analyse de radiations


L’astrophysique étudie la distribution de l’énergie lumineuse en fonction de
la couleur et ceci à l’aide d’instruments spécialisés.

3.9.1 Le photomètre
Le Photomètre classique est constitué d’une cellule photoélectrique complétée
par un photo-multiplicateur (P.M). Il permet de mesurer l’intensité du flux lumi-
neux dans certaines couleurs isolées à l’aide de filtres colorés à bandes passantes
étroites. L’appareil est étalonné avec des sources d’éclat connu. L’observation
d’une étoile standard, située dans la même région du ciel que l’astre étudié, per-
met d’évaluer l’absorption atmosphérique qui doit être minimale et invariable
dans le temps. Les fusées et ballons sont équipés de photomètres, pour étudier
les sources I.R et R.X en particulier.

3.9.2 Le spectrographe
Le spectrographe est l’outil de base de l’astrophysique depuis 1860 où il
fut inventé par deux allemands : Kirchhoff et Bunsen. Une lentille collimatrice
transforme le faisceau sortant de la fente en un faisceau parallèle, qui traverse
le système dispersif. Un objectif reçoit les divers faisceaux colorés parallèles et
donne dans chaque couleur une image de la fente dans son plan focal. Le spectre
de l’étoile est formé par l’ensemble des images monochromatiques de la fente.
Selon que le récepteur où se forme l’image spectrale est l’œil, la plaque photo ou
une cellule, l’appareil est appelé spectroscope spectrographe ou spectromètre.
Pour étalonner la plaque en position et densité, on imprime de part et d’autre
du spectre stellaire, un spectre de comparaison.
On photographie un spectre de calibration photométrique et le spectre d’une
étoile très bien connue, assimilable à un corps noir défini. Les récepteurs photoélectriques
actuels (PM, CCD) permettent d’obtenir des données digitalisées. On enregistre
une série de fichiers de calibration avant et après l’acquisition du fichier stellaire :
spectres de lampes de laboratoires, spectres d’étoiles de calibration spectropho-
tométrique bruit thermique éclairement uniforme de la cible pour connaı̂tre sa
réponse, pixel par pixel. Des logiciels de traitement permettent de corrige et
calibrer les images et spectres stellaires.
Le prisme qui disperse la lumière selon les lis de réfraction est remplacé dans
les spectrographes modernes par des réseaux dispositifs plus lumineux et plus
3.10. LES INSTRUMENTS DE L’ESPACE 43

efficaces utilisant les phénomènes d’interférences pour trier les couleurs. Si on


divise le flux stellaire en plusieurs parties et qu’on les fait interférer, on observe
une succession de parties éclairées et sombres. La distance entre deux maxima
est propositionnelle à la longueur d’onde. le réseau est formé d’une pièce en verre
recouverte d’une mince couche d’aluminium creusé de sillons par exemple 600
traits par millimètre sur une longueur de 20 à 40cm permettent de fragmenter le
faisceau initial de 120000 à 24000 petites fractions. Ceci permet des dispersions
énormes de l’ordre de fraction d’Angströms pour l’onde étalée sur 1mm de la
plaque.

3.9.3 Le prisme-objectif
Le prisme-objectif est formé par un objectif astrographique, devant lequel on
a placé un prisme. Cet ensemble est dirigé vers un champ stellaire dont chaque
étoile forme son spectre sur la plaque photo. Le prisme-objectif est beaucoup
pus lumineux que le spectrographe à fente. De plus une même pose fournit
les spectres de toutes les étoiles d’un champ de plusieurs degrés carrés. Ces
deux qualités font de cet appareil un remarquable instrument d’exploitation.
Mais l’absence de fente diminue fortement la quantité des spectres, il n’est pas
possible d’étalonner les spectres en leur juxtaposant le spectre d’une source
terrestre, et surtout la déviation varie d’un point du champ à l’autre ce qui
complique beaucoup les mesures.
Actuellement, les poses multi-objets sont réalisées avec des récepteurs de
type OCTTOPUS, basés sur l’utilisation de fibres optiques, l’image de chaque
objet d’un champ tant à une fibre qui véhicule la lumière jusqu’au récepteur.

3.10 Les instruments de l’espace


Les progrès les plus spectaculaires ont été réalisés en observant au-dessus
de l’atmosphère terrestre, afin de réaliser des images de haute résolution, non
dégradées par la turbulence et de capter les ondes inaccessibles au sol : ultra-
violet, rayons X et gamma, traceurs de hautes températures et de phénomènes
violents, et infrarouge lié aux sources froides. De nombreux satellites ont été
envoyés vers les planètes du système solaire : Pionnier, mariner, Vénéra, Voya-
ger, Galileo, Ulysse pour l’étude du Soleil. En plus de difficultés que présente
le pointage d’un astre, le coût de l’opération spatiale est très élevé : 60 mil-
lions de dollars pour OAO et plus de 2, 5 milliards de dollars pour le Télescope
spatial. Les missions spatiales consacrées à l’astronomie stellaire ont débuté dès
1968 avec les satellites OAO (Orbital Astronomical Observatory) avec quatre
télescope de 30cm d’ouverture : OAO 3 (1972) avec un télescope de 80cm et
le satellite européen TDI(1972) avec un instrument de 275mm. Les divers or-
ganismes spatiaux ; NAZA-ESA-SERC se sont réunis pour réaliser en 1978 le
satellite IUE (International Ultraviolet Explorer) équipé d’un télescope de 45
cm, et accumulant depuis près de 15 ans des résultats scientifiques : découverte
des vents stellaires, étude de variables cataclysmiques, de quasars,... Les satel-
44 CHAPITRE 3. LES INSTRUMENTS ASTRONOMIQUES

lites UHURU lancés en 1970 avaient localisé les sources X brillantes du ciel.
Le satellite européen COS-B a étudié le rayonnement gamma de 1975 à 1982 ;
Exosat (Européen X-ray Observatory Satellite) a fonctionné de 1983 à 1986.
Le satellite Franco-russe Granat lancé en 1989 est équipé avec le télescope
SIGMA (Système d’imagerie gamma à masque aléatoire), observant dans la
gamme des rayons X mous (30 à 2.000 KeV), les rayonnements correspondant
aux très hautes énergies étant étudiés par le satellite GRO (Gamma Ray Obser-
vatory à lancé en 1991 par la navette spatiale de la NASA. Le projet européen
CLUSTER est destiné à l’étude de la physique des plasmas dans l’espace, et est
combiné avec le projet américain SOHO consacré à la couronne et à l’intérieur
du Soleil (1995).
Dans le domaine des rayonnements infrarouges lointains, la sonde IRA (Infra-
Red Astronomical Satellite) équipée d’un miroir de 57cm a obtenu en 1983
l’image IR de 12 à 100 microns) du ciel, dominée par les régions riches en
poussières chauffées, l’exploitation de cette mission est encore en cours. La pro-
chaine mission ESA dans l’I.R (de 3 à 200 microns) sera ISO (Infrared Space
Observatory) prévue pour 1993 − 2004, avec des performances 100 fois meilleurs
qu’IRAS et axée vers l’étude du système solaire et de lointaines galaxies IR.
La mission européenne HIPPAECOS, lancée en 1989 est consacrée à l’astro-
nomie : il s’agit de mesurer les positions et mouvements de 100.000 étoiles avec
précision de 0, 002” ; la mission TYCHO associée mesurera les magnitudes de
500000 étoiles. Les catalogues d’entrée ont été construits à l’aide du Centre de
Données de Strasbourg. La mission prestigieuse HST (Hubble Space Telescope)
consiste à mettre sur orbite le télescope spatial de 2m de diamètre et à l’utiliser
comme observatoire international.
Le lancement a eu lieu en 1990. Le HST est équipé de caméras, de spec-
trographes et d’un photomètre. Ces instruments fonctionnant de l’UV à l’IR.
Les performances réelles du HST sont dégradées à cause d’une mauvaise correc-
tion de l’optique dans les laboratoires au sol. Cependant les logiciels de traite-
ment ont permis de retrouver des images de qualité. Le gain en résolution a été
considérablement augmenté au fil des siècles, permettant de mieux concentrer
la lumière et donc d’observer des astres de plus en plus faibles et d’obtenir des
données de plus en plus précises.
Chapitre

4 Rayonnement stellaire

4.1 Nature ondulatoire et corpusculaire de la


lumière.
4.1.1 Introduction.
Le rayonnement est notre principale source d’information sur la position et
sur les caractères physiques des étoiles. En effet, les propriétés de l’image fournie
par la lumière sont révélatrices de celles de la source émettrice pour autant que
l’on soit capable de déchiffrer le message porté par la lumière. La nature globale
de la lumière n’est comprise, à ce jour, qu’à travers deux manifestations : l’onde
lumineuse et le photon.

4.1.2 Les ondes lumineuses.


La lumière se manifeste comme un ensemble d’ondes électromagnétiques qui
se déplacent transversalement dans l’espace. C’est-à-dire, un ensemble de deux
champs électrique et magnétique associés, de directions perpendiculaires l’un
à l’autre et perpendiculaire à la direction de propagation. Les deux champs
traversent l’espace avec des variations périodiques(Figure).
L’on sait que l’intensité de chaque radiation est proportionnelle au carré de
l’amplitude A. La couleur de la lumière dépend du nombre d’ondes arrivant à
l’observateur dans un intervalle de temps donné. Mais, pour la lumière visible,
par exemple, la fréquence ν ou nombre d’ondes par seconde est énorme, de l’ordre
de 5.1014 Hz. Il est d’usage d’associer la couleur d’une lumière à la longueur
d’onde, λ , qui est la distance entre deux maxima ou minima successifs de
l’onde. Dans le vide,
c
λ0 = (4.1)
ν
où c est la vitesse de la lumière. Pour la lumière visible, la valeur moyenne de

45
46 CHAPITRE 4. RAYONNEMENT STELLAIRE

λ = 5.5X10−4 mm. Enfin, la vitesse de la lumière est constante dans le vide :


c = 299792kms−1 . Cependant, le passage dans un milieu matériel diminue cette
vitesse d’une fraction qui dépend de la nature du milieu et de la longueur d’onde
de la lumière. Il y a, en quelque sorte, un freinage dû aux obstacles constitués
par les atomes et les molécules du milieu. Le rayonnement à grande longueur
d’onde franchit ces obstacles plus aisément que celui à longueur d’onde plus
petite. Cette dépendance est exprimée par l’indice de réfraction

n = c/v (4.2)

où v est la vitesse de la lumière dans le milieu considéré. Cet indice est toujours
supérieur à 1 et diminue lorsque la longueur d’onde augmente. Par exemple,
pour le verre ordinaire, on a : pour le bleu (λ = 480nm, n = 1, 537) ; pour le
vert (λ = 500nm, n = 1, 529) ; pour le rouge (λ = 700nm, n = 1, 518).
Cependant, la lumière visible ne constitue qu’un intervalle très limité de
longueurs d’onde émises par les astres. Les rayonnements émis par les étoiles
s’étendent des fractions d’Angström au km. Ces ondes ont reçu diverses dénominations
correspondant, soit à la longueur d’onde, soit aux instruments utilisés pour leur
observation.
Table 4.1 – Classification des rayonnements
Rayonnement Domaine de λ Principales caractéristiques
Radio λ > 0.3mm Ondes enregistrées avec les radio-télescopes.
Infrarouge(I.R.) 7500 Å à 0.3mm Traversent l’atmosphère et le milieu interstellaire ; utilisées pour la détection
des zones chaudes.
Visible 3900 à 7500 Å sensible à l’œil.
Ultra violet(UV) 200 à 3900 Å Très énergétique, mais absorbé par l’atmosphère.
Rayons X 0, 05 à 200 Å Très pénétrants, mais absorbés par l’atmosphère.
Rayons γ < 0.05 Å Emis en grande quantité lors des réactions nucléaires, nuisibles à la vie, ab-
sorbées par l’atmosphère.
4.1. NATURE ONDULATOIRE ET CORPUSCULAIRE DE LA LUMIÈRE.47
48 CHAPITRE 4. RAYONNEMENT STELLAIRE

4.1.3 Propagation de la lumière


Le déplacement de la lumière obéı̈t à plusieurs lois selon la nature du milieu
qui reçoit la lumière. On présente ici les propriétés sous leur forme la plus simple,
la propagation de la lumière étant un phénomène beaucoup plus complexe qu’il
n’y parait. Ainsi, les quatre propriétés principales sont :
— dans un milieux homogène la lumière se déplace en ligne droite,
— lorsque la lumière tombe sur un miroir il y a réflexion
— lorsque la lumière passe d’un milieu à un autre de nature différente (on
dit d’indice différent) sa direction change, c’est la réfraction. Plus exacte-
ment, lorsque la lumière passe d’un milieu d’indice n1 à un milieu d’indice
n2 et les rayons incident et réfracté vérifient la loi de Snell - Descartes :

n1 sin i1 = n2 sin i2 (4.3)

L’indice n d’un milieu dépendant de la longueur d’onde, un faisceau de


lumière blanche sera décomposé, les petites longueurs d’onde étant plus
déviées que les grandes. C’est le principe du prisme. la déviation δ subit
par un rayon lumineux atteint une valeur maximum qui ne dépend que
de l’angle au sommet du prisme et de l’indice n du prisme relié aux angles
d’incidence, i et d’émergence i0 , par la relation :

δm = i + i0 − A (4.4)

Ainsi, si l’angle A du prisme est petit, on peut établir que δm = (n − 1).


Comme l’indice n varie avec la longueur d’onde, un faisceau de lumière
blanche sera décomposé, à la sortie du prisme, en faisceaux colorés plus
ou moins intenses dont l’ensemble forme le spectre continu de la lumière
visible incidente. Cette déviation est telle que la lumière bleue est plus
déviée que la lumière rouge.
— enfin la nature ondulatoire de la lumière entraine des phénomènes d’in-
terférence dus à la déviation de la lumière au bord d’un obstacle. Cette
déviation est appelée diffraction. Les interférences dues au bord circu-
laire d’une lunette (ou d’un télescope) induisent par exemple ce qu’on
appelle la tache d’Airy. La diffraction induit une limite intrinsèque de
précision dans les instruments d’observations. En effet la diffraction fait
qu’une étoile devient une tache d’autant plus grande que l’ouverture de
l’instrument est petite et la distance focale est grande.

4.1.4 Les spectres de lumière


Il y a 3 différents types de spectres :
— le spectre continu : lorsqu’on décompose la lumière blanche avec un
prisme on obtient un spectre continu. Il n’y a pas d’interruption dans
les couleurs. Tout corps gazeux ou solide sous haute pression et à haute
température donne un spectre continu (Figure 4.1) ;
4.1. NATURE ONDULATOIRE ET CORPUSCULAIRE DE LA LUMIÈRE.49

Figure 4.1 – Spectre continu

— le spectre de raies d’émission : si on analyse la lumière émise par


une lampe à vapeur de sodium (gaz peu dense et chaud) avec un prisme
on obtient deux raies fines et très intenses dans le jaune. C’est un spectre
discontinu caractéristique des atomes du sodium. Chaque élément chi-
mique a un spectre qui le caractérise

Figure 4.2 – Spectre de raies d’émission

— le spectre d’absorption : lorsqu’une lumière blanche passe au travers


d’un gaz froid avant un prisme on obtient des raies noires sur le spectre
continu de la lumière blanche. C’est un spectre d’absorption. Pour chaque
élément chimique, les raies d’absorption se font pour les memes longueurs
d’onde que les raies d’émission. Un élément absorbe les memes radiations
qu’il est capable d’émettre.
Ces différents spectres sont résumés dans les lois de Kirchoff :
— un gaz, un solide ou un liquide à pression élevée, si ils sont chauffés,
émettent un rayonnement continu qui contient toutes les couleurs,
— un gaz chaud, à basse pression, émet un rayonnement uniquement pour
certaines couleurs bien spécifiques : le spectre de ce gaz présente des raies
d’émission,
— un gaz froid, à basse pression, situé après une source de rayonnement
50 CHAPITRE 4. RAYONNEMENT STELLAIRE

Figure 4.3 – Spectre d’absorption pour des étoiles de température allant de


4000 à 7000K

continu, en absorbe certaines couleurs, produisant ainsi un spectre d’ab-


sorption.
L’étude de ces spectres a de nombreuse applications : températures des étoiles,
composition des atmosphères des étoiles ou des planètes, étude de la matière
éjectées des comètes, etc.

4.2 Matière et Rayonnement.


4.2.1 Rayonnement du corps noir
Il y a un lien entre longueur d’onde et énergie. En effet l’étude du rayon-
nement électromagnétique ne s’explique pas uniquement suivant une théorie
ondulatoire, mais aussi en considérant la lumière comme un courant de cor-
puscules : les photons. A chaque photon est associé une énergie qui dépend de
sa longueur d’onde (faisant ainsi le lien entre les deux théories), donnée par
l’équation de Planck :
hc
EP hoton = hν = (4.5)
λ
où h = 6.626X10−34 J.s est la constante de Planck. On voit ainsi que les photons
les plus énergétiques sont ceux qui ont les plus petites longueurs d’onde.

Figure 4.4 – Correspondance entre longueur d’onde et énergie d’après


l’équation de Planck

Les corps chaud émettent de la lumière. Si on considère un bout de charbon


que l’on chauffe du plus en plus, on pourra s’apercevoir qu’il va passer du rouge
sombre, au rouge vif, puis orange, jaune, blanc. Il y a donc un lien entre la
4.2. MATIÈRE ET RAYONNEMENT. 51

température d’un corps et la lumière qu’il émet. Pour bien comprendre ce lien,
on doit d’abord définir un corps idéal qui se comporte de la meme manière pour
toutes les longueurs d’onde : un tel corps est appelé corps noir. Un corps noir, est
un corps qui est capable d’absorber le rayonnement électromagnétique à toutes
les longueurs d’onde. Ce sont les corps qui, à température égale, émettent le plus
d’énergie sous forme de rayonnement. Une image d’un corps noir est justement
un bout de charbon dont la couleur va changer avec la température. On assimile
les étoiles à des corps noirs, meme si les raies d’absorption sont clairement
des signes que ce n’est pas le cas. Cependant, on peut supposer que le spectre
continu correspond à l’étoile elle-meme qu’on assimile à un corps noir, et les
raies d’absorption sont dues à l’atmosphère de l’étoile.
Pour un corps noir le spectre et l’énergie rayonnée pour chaque longueur
d’onde ne dépend que de la température. La répartition de l’énergie émise par
unité de surface et de temps suivant la longueur d’onde λ est donnée par la loi
de Planck :
C1 1
E(λ) = 5 C2 (4.6)
λ e λT − 1

où λ est donné en cm, T en Kelvin, et avec :

C1 = 2πhc2 = 3.74185 × 10−5 erg.cm2 .s−1 ,


hc
C2 = = 1.43883cm.K,
kB

où kB = 1, 381 × 10−23 JK −1 est la constante de Boltzmann. A partir de cette


loi on peut déduire les deux lois suivantes :
— la loi de Stefan : elle dit que la puissance totale E0 émise par unité
de surface d’un corps noir est proportionnelle à T 4 :

E0 = σT 4 , (4.8)
5 4
où σ = 2π15c2 h3 = 5.67X10
kB −5
erg.cm−2 .s−1 .K −4 est la constante de Ste-
fan.
— la loi de Wien : Elle donne la longueur d”onde λm pour la quelle
l’émission d’énergie est maximale :

λm T = 2898µm.K. (4.9)

En effet, en considérant l’énergie émise en fonction de la longueur d’onde pour


des corps noir de différentes températures, la loi de Stefan assure que l’aire
entre la courbe et l’axe des abscisses, i.e. l’énergie totale, augmente lorsque
la température augmente ; tandis que la loi de Wien explique le déplacement
vers les petites longueurs d’onde du maximum d’émission de l’énergie lorsque
la température augmente (le charbon passe du rouge à l’orange puis au blanc,
mais le maximum est dans le bleu, lorsqu’on le chauffe de plus en plus).
52 CHAPITRE 4. RAYONNEMENT STELLAIRE

Figure 4.5 – Energie émise en foncion de la longueur d’onde pour un corps


noir. Les différentes courbes correspondent à différentes températures du corps
noir

4.2.2 Les Spectres des corps gazeux


Ces spectres sont très différents selon la composition chimique du milieu qui
les produit. Les théories modernes de la matière reconnaissent qu’environ une
centaine d’éléments composent tous les corps connus : le premier est l’Hydrogène
et 104eme est le Kourchatovium. Les constituants de l’atome sont liés par des
forces électriques :
— Le noyau est formé des protons (m = 1.67 × 10 − 24g, charge positive de
1, 6 × 10−19 coulombs) et de neutrons de même masse que le proton et
de charge nulle. Chaque noyau est caractérisé par un nombre de masse
A et une charge Z.
— Les électrons (masse = 9, 11 × 10−28 g ; charge négative) ont un nombre
Z égal, pour un atome neutre en équilibre, au nombre de protons. On
représente un atome X par le symbole : X (par exemple O)
L’on a montré que les électrons occupent des zones bien définies autour du
noyau atomique. Le principe d’exclusion de Pauli dit qu’il ne peut exister deux
électrons se trouvant exactement dans la même état. C’est ainsi que, sur la
zone orbitale la plus proche du noyau, ne peuvent exister plus de 2 électrons ;
sur la deuxième le nombre est limité à 8, etc. Les enveloppes contenant ce
maximum d’électrons caractérisent les atomes chimiquement inertes (He, Ne,
etc). Par contre, une enveloppe externe ne renfermant qu’un électron correspond
à une activité chimique intense, car cet électron peut facilement s’échapper de
l’atome (H, Li, etc). La répartition des électrons sur les enveloppes caractérise
les propriétés chimiques des corps et constitue la base du tableau périodique
4.2. MATIÈRE ET RAYONNEMENT. 53

des éléments. La plupart des noyaux atomiques sont stables, sauf ceux des corps
radioactifs qui se décomposent spontanément. Certains noyaux peuvent aussi
fusionner sous l’effet des conditions extrêmes, comme celles régnant à l’intérieur
des étoiles où la température est de l’ordre de 15 millions de degrés.

4.2.3 Rappel d’un cas : Spectre de l’hydrogène H


Les étoiles et la matière interstellaire sont constituées essentiellement d’hy-
drogène. Il est donc important de rappeler les modes d’émission de rayonnement
par cet atome. Une première question est de savoir quels sont, dans un atome,
les gains ou pertes d’énergie ∆E susceptibles d’engendrer une radiation émise
ou absorbée. Cette énergie est liée aux forces agissant sur les noyaux et sur les
électrons. La théorie de Bohr repose sur les trois hypothèses suivantes :
— L’électron occupe une zone de probabilité autour du noyau central. En
première approximation, on peut dire qu’il décrit autour du noyau des or-
bites circulaires, sous l’action d’un champ de force coulombien. L’équilibre
des forces nous permet d’écrire :
me v 2 1 e2
− = − = F; (4.10)
a 4πε0 a2
— Le moment cinétique de l’électron par rapport au noyau doit être un
multiple entier de la quantité ~ = 2π
h
, où h est la constante de Planck :
me vn a = n~ (4.11)
Le rayon a des différentes orbites prend donc les valeurs bien définies :
4πε0 ~2 2
a = n (4.12)
me e2
— Par ailleurs, l’énergie totale de l’électron sur l’orbite de rayon a est égale
à l’énergie potentielle plus l’énergie cinétique, d’où :
1 e2 1
E = − + me vn 2
4πε0 a 2
1 m e e4 1
= − ; (4.13)
32π ε0 ~2 n2
2 2

— Un électron tend à occuper l’orbite la plus proche du noyau. Quand


l’électron passe d’un niveau n à un niveau m plus proche du noyau, la
différence d’énergie ∆E entre les deux niveaux est émise sous forme d’une
onde lumineuse, de longueur d’onde égale à :
hc
λ = (4.14)
∆E
En combinant les expressions (4.13) et (4.14), on obtient :
1 1 1
 
R0
= − , (4.15)
λ 16π 2 ε0 2 m2 n2
54 CHAPITRE 4. RAYONNEMENT STELLAIRE

2 4
où R0 = 2π ch
me e
3 = 109677, 581cm−1 est la constante de Rydberg.
Pour le cas de l’hydrogène où Z = 1, la longueur d’onde vaut :

912n2 m2
λ = . (4.16)
n2 − m2
Table 4.2 – Spectres de l’hydrogène
Valeurs de m Caractéristiques
m=1 L’électron passe de différents niveaux excités (n varie de l’infini à 2) au niveau 1 fondamental, en
émettant une série de raies, appelées série de Lyman. La longueur d’onde est petite, ces raies sont
émises dans l’UV. Quand n tend vers l’infini, on observe une accumulation de raies, jusqu’à la
limite de 91, 2nm.
4.2. MATIÈRE ET RAYONNEMENT.

m=2 Ces transitions correspondent à la série de Balmer. Celle-ci est la plus observée, car elle est émise
dans le visible : raies Hα à 656, 3nm ; Hβ à 486, 1nm ; Hγ à 434, 0nm ; Hδ 410, 2nm ; etc jusqu’à
la limite à 364, 7nm.
m=3 Ces transitions correspondent à la série de Paschen dans l’I.R. et dont la limite est à 820,2 nm.
m=4 La série de Brackett
m=5 La série de Pfund ; etc
55
56 CHAPITRE 4. RAYONNEMENT STELLAIRE

L’énergie nécessaire pour transporter un électron du niveau fondamental à


un autre niveau est appelée potentiel d’excitation. Par exemple, le transport
d’un électron du niveau 1 vers le niveau 2 de l’atome d’hydrogène nécessite
10, 15eV , soit 16 × 10−12 ergs. Par chocs, ces électrons peuvent être transportés
sur des niveaux supérieurs, d’où ils redescendront au niveau 2 en émettant les
raies de Balmer. Mais, ceci ne se produit qu’à condition que l’état naturel des
atomes soit excité au niveau 2, soit donc que le milieu soit assez énergétique et
chaud pour fournir à tout instant l’énergie nécessaire à l’excitation. Pour exciter
des atomes à des niveaux supérieurs, il faudra fournir des énergies de plus en
plus grandes. Quand le milieu est extrêmement chaud, il fournit une énergie
suffisante pour extraire les électrons (c’est-à-dire les exciter au niveau infini,
n = ∞), autrement dit, pour ioniser les atomes. D’où le terme de potentiel
d’ionisation donné à l’énergie de libération d’un électron, potentiel évidemment
toujours supérieur aux précédents. Par exemple, pour l’hydrogène neutre, le
potentiel d’ionisation vaut P = 13, 5eV . Inversement, un électron venant de
l’infini, avec une vitesse v quelconque, apportera donc à l’atome qui le capte
une énergie égale à ce potentiel, plus l’énergie cinétique :

1 hc
∆E = P + mv 2 = . (4.17)
2 λ
Par exemple, si l’électron est capturé au niveau fondamental 1 de l’atome d’hy-
drogène et si sa vitesse est nulle, on aura simplement émission de la raie limite
de la série de Lyman à 91, 2nm :

P 20 × 1013
= = 912 × 10−8 cm−1 .
hc (6, 62 × 10−27 ) (3 × 1010 )

Comme dans un gaz de noyaux d’hydrogène capturant des électrons, la vi-


tesse est statiquement différente de zéro et quelconque, on aura, à chaque cap-
ture, émission d’une raie. L’ensemble de ces raies forme un spectre continu,
adjacent du côté des courtes longueurs d’onde aux séries de raies (Lyman, Bal-
mer, etc pour l’hydrogène).
Les raies principalement observées en astrophysique sont celles des séries de
Lyman et de Balmer. Même si l’intensité des raies de Lyman et leur énergie
sont plus fortes que celles de la série de Balmer c’est cette dernière qui a histo-
riquement été observée en premier, car elle correspond à des longueurs d’onde
optiques. La série de Lyman nécessite pour être observée soit des détecteurs ul-
traviolets, soit d’être décalée dans le rouge, par exemple par effet Doppler. Dans
des objets situés à des distances cosmologiques, les raies de Lyman s’observent
dans le domaine visible, et même dans l’infrarouge dans le cas des galaxies les
plus lointaines.

4.2.4 Spectre des autres éléments


Les autres éléments chimiques sont caractérisés par une constante de Ryd-
berg, un poids atomique et un nombre de charge différents, d’où l’émission de
4.2. MATIÈRE ET RAYONNEMENT. 57

Table 4.3 – Potentiel d’ionisation d’Oxygène


Atomes Potentiel d’ionisation
OI neutre (a 8 électrons) 13,56
OII 2 fois ionisé (a 7 électrons) 35,00
OIII 3 fois ionisé (a 6 électrons) 54,71
OIV 4 fois ionisé (a 5 électrons) 77,08

raies caractérisant chaque élément. Dans un milieu très énergétique, les corps
seront tous ionisés ; les électrons sont de plus en plus difficiles à arracher, d’où
des valeurs croissantes du potentiel d’ionisation. Par exemple, dans le cas de
l’oxygène, pour libérer successivement 1 à 4 électrons, il faut fournir des énergies
rapidement croissantes (Tab. 4.3) :
Dans chacun de ces états d’ionisation, un élément montre un spectre bien ca-
ractéristique, qui permet d’identifier le corps émetteur. L’ionisation des atomes
est favorisée par l’élévation de la température et l’abaissement de la pression
évite les rencontres, les chocs qui provoqueraient la recombinaison.

4.2.5 Spectres des molécules


Sous certaines conditions, en particulier à des températures assez basses, les
atomes sont associés en molécules dont les niveaux d’énergie et donc les spectres
sont très complexes. L’énergie d’une molécule dépend des orbites électroniques,
mais aussi de l’état de rotation de la molécule autour de son ou ses axes ainsi
que de son état de vibration. D’où, l’obtention de larges bandes moléculaires,
composées de raies très serrées.
Les atomes et les molécules sont capables d’absorber un rayonnement de
même longueur d’onde que celles du spectre qu’ils peuvent émettre. A cet effet,
rappelons l’expérience de Kirchhoff. Un arc électrique ou un solide incandes-
cent est une source S de rayonnement continu que l’on peut analyser à l’aide
d’un spectroscope. Si la source S est remplacée, par exemple, par du sel marin
(NaCl) volatilisé sous forme gazeuse par une flamme, l’on observe les deux raies
d’émission caractérisant ce gaz. Si maintenant, on interpose le gaz sodé entre
la source S et la fente du spectroscope, les mêmes raies sont observées, mais en
absorption sur le fond continu, il y a eu renversement. En effet, le gaz absorbe
complètement les radiations qu’il est susceptible d’émettre. Les atomes sont en
conséquence, excités après cet apport d’énergie. Donc, ils peuvent réémettre leur
propre radiation, aux mêmes longueurs d’onde Comme la température du gaz est
inférieur à celle de la source S, le gaz de sodium émet bien moins qu’il n’absorbe
et ses raies paraissent obscures, par contraste(Fig.3.4). Mais si l’on substituait
à l’arc électrique une source continue moins chaude (flamme d’une bougie par
exemple), le renversement ne se produirait pas, les raies jaunes du sodium ap-
paraı̂traient brillantes sur un faible fond continu. De même, un gaz d’hydrogène
chauffé interposé entre S et spectroscope aurait montré en absorption les raies
caractéristiques de Lyman, Balmer, etc, ainsi que des spectres continus d’absorp-
58 CHAPITRE 4. RAYONNEMENT STELLAIRE

tion, contigus à ces séries du côté des courtes longueurs d’onde, ce qui introduit
une discontinuité à ces endroits du spectre continu brillant de la source S. La
loi de Kirchhoff relie les coefficients d’absorption et d’émission de la matière :
l’émissivité d’un gaz est proportionnelle à son coefficient d’absorption, multi-
plié par l’intensité du corps noir de même température que la masse gazeuse.
Nous verrons plus loin les cas des spectres astronomiques : spectres stellaires et
nébuleux.

4.2.6 Le modèle de Bohr


A quoi correspondent les raies d’absorption ou d’émission observées dans les
spectres ? Pourquoi sont elles représentatives des atomes constituant le milieu
émetteur ou absorbeur de lumière ? C’est le modèle de Bohr (1913) qui permi
de répondre à ces questions. En effet, suivant le modèle planétaire d’Ernest
Rutherford (1871-1937) qui décrit l’atome d’hydrogène, les électrons devraient,
selon la physique classique, rayonner de l’énergie et finir par s’écraser sur le
noyau. Pour remédier à ce scénario Bohr supposa alors qu’il existe certaines
orbites où l’électron n’émet pas de rayonnement, devenant ainsi les seules orbites
possibles. Ceci arrive chaque fois que le moment de la quantité de mouvement
de l’électron est un multiple entier de h/2π (où h est la constante de Planck) :
on numérote par 1, 2, ...., n les trajectoires successives ainsi permises.
Chapitre

Perturbations at-
5 mosphériques

5.1 Absorption et émission par l’atmosphère ter-


restre
Si l’atmosphère terrestre déforme l’image que l’on perçoit des astres, elle
absorbe aussi leur lumière et diminue leur éclat apparent. L’absorption at-
mosphérique dépend de la longueur d’onde d’observation et de l’angle θ entre le
zénith et la ligne de visée, la distance zénithale. Si l’on définit une profondeur
optique τi pour chaque élément chimique i, on peut estimer le rapport entre
l’intensité entrant I0 dans l’atmosphère et l’intensité I reçue par l’observateur
à l’altitude z0 . La loi d’absorption pour l’ensemble des constituants chimiques
de l’atmosphère peut s’écrire :
" #
I(z0 ) 1 X
= exp − τi (λ, z0 ) . (5.1)
I0 (∞) cos θ i

Certaines longueurs d’ondes sont complètement absorbées par l’atmosphère.


Ainsi presque aucun rayon n’arrive jusqu’au sol. Il en est de même pour tout le
rayonnement X et ultraviolet. Ce n’est qu’à partir de 3000 Å que la lumière
pénètre l’atmosphère. La fenêtre qui correspond au rayonnement visible s’étend
de 4000 Å jusqu’à 9000 Å. L’absorption n’est néanmoins pas négligeable dans
le visible. Elle est plus forte dans le bleu que dans le rouge. Obtenir une es-
timation théorique de la courbe d’absorption atmosphérique est extrêmement
difficile. En pratique, on la mesure empiriquement, en comparant l’éclat appa-
rent d’une série d’étoiles brillantes et de couleurs différentes à leur éclat mesuré
au zénith. Comme l’absorption dépend aussi de l’altitude z0 , la mesure doit être
répétée à différentes hauteurs (angulaires) au-dessus de l’horizon.
Dans le proche infrarouge, de 1 à 10µm, les niveaux de vibration et de
rotation des molécules de la haute atmosphère donnent lieu à de fortes bandes
d’absorption qui ne laissent passer que quelques plages de longueurs d’onde de

59
60 CHAPITRE 5. PERTURBATIONS ATMOSPHÉRIQUES

2000 Å chacune, dont les plus connues sont les fenêtres J(1, 25µm), H(1, 65µm)
et K(2, 20µm). Les bandes moléculaires d’absorption perturbent les observations
infrarouges ainsi que submillimétriques. Ces dernières marquent le début du
domaine des ondes radio. Les observatoires submillimétriques sont d’ailleurs
dotés d’antennes plutôt que de télescopes. La principale source d’absorption des
ondes millimétriques est la vapeur d’eau. Les antennes millimétriques sont donc
placées en altitude, sur des sites très secs, comme le volcan de l’ı̂le de Hawaii ou
l’altiplano des Andes sud-américaines.
Le rayonnement radio de plus grande longueur d’onde, en revanche, arrive au
sol sans aucune perturbation. La raie d’émission à 21cm peut par exemple être
observée à travers les nuages. Il en est ainsi jusqu’à environ 23m de longueur
d’onde, après quoi c’est l’ionosphère qui récfléchit la totalité du rayonnement
incident.
En plus d’absorber ou de réfléchir la lumière, l’atmosphère terrestre émet
du rayonnement. Les aurores boréales ou australes en sont l’une des plus belles
illustrations. Elles consistent en l’émission par fluorescence due aux protons du
vent solaire qui, piégés dans le champ magnétique terrestre, viennent exciter
le gaz dans les parties les plus hautes de l’atmosphère. Cette émission est par
définition liée à des transitions atomiques et moléculaires bien précises. Elle
donnent donc lieu à des phénomènes lumineux de couleurs très marquées.
Les aurores polaires sont des phénomènes transitoires et ont un spectre
d’émission caractérisé par de fortes raies. La majeure partie du rayonnement
que l’atmosphère produit, en permanence, est sous forme de spectre continu.
Considérant l’atmosphère comme un gaz optiquement mince, on trouve que
la luminosité du fond de ciel en fonction de la longueur d’onde est très bien
représentée par celle d’un corps noir dont la température moyenne serait de
T̄ = 228K. L’émissivité de ce corps noir est  = 0, 184. Le pic l’intensité
se trouve dans l’infrarouge, vers 15µm. Les observations infrarouges d’objets
peu lumineux sont donc beaucoup plus affectées par la luminosité naturelle
du ciel que dans l’optique. Depuis l’espace, la contamination lumineuse par
l’atmosphère devient négligeable. C’est plutôt la diffusion des photons par les
poussières zodiacales qui est la limitation. En effet, lorsque la longueur d’onde
du rayonnement incident devient comparable à la taille (moyenne) des grains
de poussière, on observe le phénomène de diffusion de Raleigh. Elle intervient
aussi bien dans les poussières du plan de l’écliptique, donnant lieu à la lumière
zodiacale qui illumine le ciel hors atmosphère, que dans certaines nébuleuses ou
même dans l’atmosphère terrestre. La diffusion est plus efficace dans le bleu que
dans le rouge. C’est d’ailleurs pour cela que le ciel nous apparaı̂t bleu, pendant
la journée. Sa luminosité reste néanmoins bien inférieure, dans les ultra-violets
et dans l’infrarouge, à sa luminosité perçue depuis le sol.
Chapitre

6 Notions de Spectroscopie

6.1 Introduction
Dans la première partie, nous avons constaté que l’Astronomie est une en-
treprise d’observation et d’interprétation. En effet, l’observation a permis de
dresser la carte de l’Univers tel qu’il apparaı̂t vu de la Terre. Mais l’Astrono-
mie ne consiste pas seulement à identifier la position des astres. Aujourd’hui
le développement moderne de l’Astronomie est dû à son volet Astrophysique.
Celle-ci consiste en l’application des lois de la physique pour comprendre et
expliquer les phénomènes astronomiques.
Cette aventure scientifique a bénéficié de nombreuses contributions depuis
Aristote en passant par Kepler, Newton, Galilée jusqu’à Einstein. Ces savants
notamment Newton et Einstein ont permis d’unifier la physique du ciel et celle
de la Terre. L’Astrophysique repose essentiellement sur la connaissance des com-
portements de la lumière. C’est pourquoi, la connaissance de la lumière a été
soulignée dès la première partie de ce cours. En effet, la lumière seule nous livre
les secrets des astres.
Mais l’Astrophysique, comme l’Astronomie, bénéficie de l’instrumentation
depuis la simple lunette jusqu’aux vaisseaux spatiaux. L’instrumentation est un
domaine assez vaste. La génération actuelle d’instrument incluant les sondes
spatiales a apporté de progrès immenses à nos connaissances relatives à la
magnétosphère, à l’ionosphère, au plasma interplanétaire et maintenant aux
planètes du système solaire y compris les comètes, au Soleil et aux galaxies les
plus lointaines. Les sondes spatiales ont un double intérêt, à savoir :
— Affranchir l’observation des handicaps de l’atmosphère terrestre qui ab-
sorbe une fraction des rayonnements ;
— Faire l’anatomie de l’espace qui entoure notre planète, la Terre.
L’Astrophysique repose sur la conviction que les lois de la nature sont invariantes
dans l’espace et dans le temps. Pour cette raison, nous introduisons une nouvelle
analyse de la lumière, c’est-à-dire, la spectroscopie.

61
62 CHAPITRE 6. NOTIONS DE SPECTROSCOPIE

Avant le développement de la théorie quantique, l’interprétation des spectres


avançait avec peine. L’origine chimique de la plupart des raies vues alors dans
le spectre du Soleil et de quelques étoiles avait cependant déjà été établie. Les
trois lois d’analyse spectrale de Kirchhoff donnaient les relations entre la nature
de la source et les caractéristiques du spectre émis :
— Un solide ou un liquide ou un gaz fortement comprimés portés à l’incan-
descence émet un spectre continu ;
— Un gaz incandescent sous faible pression émet un spectre discret de raies
brillantes ;
— Un gaz à faible température placé devant une source plus chaude émettant
un rayonnement continu produit un spectre d’absorption, composé de
raies sombres. Les raies d’absorption se trouvent exactement aux mêmes
longueurs d’onde que celles des raies d’émission.
Ainsi, la nébuleuse d’Orion, qui émet un spectre de raies brillantes, était considérée,
à juste titre d’ailleurs comme un amas de gaz incandescent de faible densité,
tandis que la 3ème loi de Kirchhoff servait à interpréter les raies d’absorption
observées dans les spectres solaires et stellaires. On croyait généralement que la
surface brillante ou photosphère du Soleil émettait le rayonnement continu, tan-
dis qu’une atmosphère composée de gaz plus froids, appelée couche renversante
(parce qu’elle renversait les raies d’émission en raies d’absorption) absorbait le
rayonnement continu à certaines longueurs d’onde caractéristiques des éléments
présents.
En 1874, Young obtint une démonstration éclatante de seconde et troisième
lois en observant une éclipse totale de Soleil à l’aide d’un spectroscope. Avant
la totalité, Young observait comme d’habitude le spectre de raies d’absorption,
dit spectre de Fraunhofer. Au moment où la photosphère solaire fut couverte
par le disque de la lune, les raies d’absorption disparurent, et furent remplacées
par des raies brillantes situées exactement aux mêmes longueurs d’onde. Avant
la totalité, la lumière atteignant l’observateur passait à travers les gaz plus
froids de l’atmosphère solaire qui produisaient le spectre d’absorption habituel.
Lorsque la photosphère n’était plus visible, on ne pouvait plus voir qu’une mince
couche de gaz peu dense sur le bord, qui émettait un spectre de raies. Cette in-
terprétation, bien qu’extrêmement simplifiée, était correcte dans les grandes
lignes. Cependant, la source d’émission continue dans le Soleil est restée long-
temps une énigme.
Les astronomes et physiciens de la fin du 19ème siècle pouvaient déjà faire
une analyse chimique qualitative grossière des étoiles et nébuleuses. Kirchhoff,
qui effectua dans ce domaine un travail de pionnier, était parvenu à identifier la
plupart des raies observées alors dans le spectre solaire aux raies d’éléments
étudiés en laboratoire tels que l’hydrogène, le fer, le nickel, le cadmium, le
chrome, le titane, le sodium, le magnésium. Des études similaires faites par
Huggins et Leckyer ont établi la quasi identité de composition chimique des
étoiles et de la Terre. Les éléments abondants sur la Terre étaient en général
bien représentés dans les spectres stellaires et les éléments rares manquaient
souvent. La reconnaissance de l’identité de la matière qui compose les objets
célestes dans l’Univers a été la première des grandes découvertes de l’astrophy-
6.2. SÉRIES SPECTRALES 63

sique.
Il n’en restait pas moins que quelques éléments abondants n’étaient que très
faiblement représentés dans les spectres des étoiles du type solaire. Le carbone
et l’oxygène atomiques, très abondants sur la Terre, n’étaient représentés dans
le spectre solaire que par quelques raies d’intensité moyenne dans l’infrarouge
proche. Aucune raie du néon, relativement abondant sur la Terre, n’apparais-
sait dans le spectre solaire. Les nébuleuses gazeuses présentaient de réelles diffi-
cultés : leurs spectres montraient, à côté des raies bien connues de l’hydrogène
et de l’hélium, des raies très intenses qui n’avaient jamais pu être produites
en laboratoire. Pendant de nombreuses années, les physiciens ont parlé d’un
mystérieux et hypothétique nébulium, jusqu’à ce que les progrès en physique
aient montré qu’il n’y avait pas place pour un tel élément dans le tableau
périodique des éléments. Une analyse quantitative du Soleil et des étoiles se
heurtait à d’énormes difficultés. De nombreuses questions sur l’interprétation
des spectres ont immédiatement surgi. Comment l’intensité d’une raie spec-
trale est-elle reliée à l’abondance de l’élément qui l’a produite ? La température
d’une atmosphère stellaire peut-elle être déterminée à partir de son spectre ?
Ces questions ne purent recevoir de réponse avant que la structure de la matière
fût comprise, et que furent exprimés quantitativement les processus d’émission
et d’absorption de l’énergie.

6.2 Séries spectrales


La structure électronique d’un atome détermine les raies spectrales qu’il
émet. Le postulat de base de la théorie quantique est qu’un atome ne peut
exister que dans certains états d’énergie de sorte que quand il passe d’un état
d’énergie W1 à un état d’énergie inférieure W2 , il émet un rayonnement dont la
fréquence est donnée par :
W1 − W2 = hν (6.1)
h = 6, 623 × 10−27 ergs étant la constante de Planck.
L’hydrogène, le plus simple des atomes, composé d’un proton et d’un électron,
montre le spectre le plus simple. En 1885, Balmer a montré empiriquement que
les nombres d’onde ( λ1 = νc ) des raies visibles de l’hydrogène pouvaient être
représentées par :
1 1 1
 
= R − , (6.2)
λ 22 n2
où n prend les valeurs entières supérieures à 2 (série de Balmer). La constante
R est la même pour toutes les valeurs de n. Une suite de raies correspondant
à des valeurs consécutives de n fut appelée série spectrale. Par après, Lyman
a montré que la série ultraviolette des raies (série de Lyman) de l’hydrogène
pouvait être représentée par l’expression :
1 1 1
 
= R − 2 , (6.3)
λ 1 n
64 CHAPITRE 6. NOTIONS DE SPECTROSCOPIE

n > 1 et entier tandis que la série observée dans l’infrarouge (série de Paschen)
était décrite par l’expression :

1 1 1
 
= R − 2 , (6.4)
λ 32 n

n > 3 et entier. Rydberg a montré que toute raie appartenant à une des nom-
breuses séries existant dans le spectre de l’atome d’hydrogène pouvait être ob-
tenue par une relation de la forme :

1 1 1
 
= R − , (6.5)
λ m2 n2

où m caractérise la série et est constante pour toutes les raies de la série n > m,
n caractérise la raie dans la série pour toutes les valeurs entières supérieures à
m. La limite de la série sera obtenue pour n −→ ∞ et aura donc pour nombre
d’onde :
1 R
= . (6.6)
λ m2
En 1908, Ritz généralisa les travaux de Rydberg et montra que le nombre d’ondes
de n’importe quelle raie était donné par la différence de deux termes, appelés
termes spectraux
1
= Tn − Tm , (6.7)
λ

6.3 L’atome de Bohr


Selon Bohr, l’électron décrit des orbites circulaires autour du noyau de charge
Ze. Le principe fondamental de la dynamique, F~ = m~γ , montre que

Ze2 mv 2
= , (6.8)
r2 r
puisque, dans ce cas, F est donné par la loi de Coulomb (attraction entre les
charges Ze+ et e−) ; m et v sont la masse et la vitesse de l’électron, r étant
la distance électron-noyau. L’hypothèse de Bohr consiste essentiellement à sup-
poser que seules sont possibles les orbites telles que le moment angulaire de
l’électron | ~r ∧ m~v | est un multiple entier de h/2π. D’où :

nh
mvr = , (6.9)

avec n est appelé le nombre quantique principal. Ainsi donc, le rayon de différentes
orbites s’écrit :
n2 h2
rn = , (6.10)
4π 2 mZe2
6.3. L’ATOME DE BOHR 65

ou encore,

n2 a0
rn = , (6.11)
Z
2
où a0 = 4π2hme2 . Pour n = 1, Z = 1, a0 = 0, 529 × 10−8 cm (qui est le rayon de
l’orbite correspondant à n = 1 et z = 1) est appelé rayon de la première orbite
de Bohr pour l’hydrogène. Ainsi, a0 nous donne une idée du volume occupé par
cet atome. Remarquons que les rayons successifs augmentent en raison de n2 .
de même pour n = 30, r30 = 4, 476 × 10−5 cm, soit 0, 47µm.
En fait, le mouvement de l’électron n’a pas lieu autour du centre du noyau,
mais autour du centre de masse du système. Dès lors, dans les relations ci-dessus,
la masse m de l’électron doit être remplacée par µ masse réduite, tel que :
1 1 1
= + ,
µ Mnoyau m

ou tout simplement
mMnoyau
µ = . (6.12)
m + Mnoyau

Comme dans le cas de l’atome d’hydrogène, M = 1, 674 × 10−24 g et m =


9, 107 × 10−28 g ; µ = m.
Dans un champ de forces centrales, le mouvement est non pas circulaire
comme l’avait supposé Bohr, mais elliptique. Pour tenir compte de cette re-
marque, Sommerfield a remplacé l’hypothèse (6.9) de Bohr par un nouveau pos-
tulat : c’est l’intégrale d’action étendue à une période, qui doit être un multiple
entier de h :
I
Pi dqi = ni h (6.13)

où Pi est le moment conjugué à qi . Si nous décrivons le mouvement de l’électron


dans un système de coordonnées polaires r et φ, cette condition devient :
I
Pr dqr = nr h, (6.14a)
I
Pφ dqφ = nφ h. (6.14b)

D’après le théorème de Liouville, Pφ (moment angulaire) est constant pour un


système isolé, et
I
Pφ dqφ = 2πPφ = nφ h, (6.15)

où nr est appelé le nombre quantique radial, tandis que nφ nombre quantique
azimutal, est appelé k et peut prendre les valeurs entières de 1 à n. Le nombre
66 CHAPITRE 6. NOTIONS DE SPECTROSCOPIE

quantique principal n, est défini comme la somme nr + k. De la même façon que


les rayons des orbites possibles sont donnés par (6.11) dans la théorie de Bohr,
les grand et petit axes des orbites sont exprimés par :
n2 h2 aH n2
a = = , (6.16a)
4π 2 µZe2 Z
nkh2 aH nk
b = = . (6.16b)
4π 2 µZe2 Z
Remarquons que ab = nk . Le nombre quantique principal est donc une mesure
du grand axe de l’orbite, alors que le nombre quantique azimutal se rapporte
au petit axe. Dans le cas où n = 1, k ne peut prendre que la valeur 1 également
et a = b. Dès lors les ellipses se réduisent à une seule circonférence : la théorie
de Sommerfield se réduit alors à celle de Bohr. Sommerfield a aussi pu montrer
que si l’on applique la mécanique relativiste au lieu de la mécanique classique
au mouvement de l’électron, on trouve que l’orbite est encore une ellipse, mais
son grand axe tourne uniformément et lentement autour du centre de gravité
du système.

6.4 Energie des orbites de Bohr


Si, pour plus de simplicité, nous adoptons la théorie de Bohr, l’énergie totale
dans le cas de la nieme orbite circulaire est donnée par :
Ze2 1
En = − + mv 2 , (6.17)
rn 2
la somme de l’énergie potentielle et de l’énergie cinétique. En utilisant les valeurs
v et rn tirées de (6.9) et (6.11) et en tenant compte de (6.12), il vient :
2π 2 µZ 2 e4
En = − . (6.18)
n2 h2
Ainsi, toutes les orbites stables conduisent à des valeurs négatives de En , qui
par ailleurs tend vers zéro lorsque n tend vers l’infini. Dans le cadre de la théorie
de Bohr, l’énergie ne dépend que de n, ce qui est vrai pour des éléments comme
l’hydrogène neutre ou l’hélium ionisé une fois, car dans ces atomes le champ est
réellement coulombien. En général, E dépend de n et de k. En particulier, dans
le cas où l’on applique la mécanique relativiste, on trouve que :
2π 2 µZ 2 e4 α2 Z 2 1 3
  
En,k = 1+ − . (6.19)
n2 h2 n k 4n
2
où α = 2πe
hc est appelée la constante de structure fine. Le terme correctif est
cependant fort petit par rapport à l’unité.
En utilisant pour En l’expression (6.18), on voit que, la relation λ1 = hc
1
(En − Em )
prend la forme
1 1 2π 2 µZ 2 e4 2π 2 µZ 2 e4
 
= − , (6.20)
λ hc n2 h2 m2 h2
6.5. REPRESENTATION DES NIVEAUX D’ÉNERGIE 67

Figure 6.1 – Représentation de niveaux d’énergie selon Grotrian.

relation dont la forme est identique à la formule expérimentale de Rydberg


(6.5). On a pu vérifier que pour l’hydrogène (Z = 1), par exemple, la constante
2π 2 µe4
ch2 ≡ R0 , Constante de Rydberg et vaut bien la valeur de RH (109677, 58cm−1 ).
Cette dernière constante a donné lieu à une nouvelle unité d’énergie appelée le
Rydberg, qui vaut : R∞ × hc = 109737, 3 × (6, 624 × 10−27 )(3 × 1010 )ergs.

6.5 Representation des niveaux d’énergie


Grotrian a suggéré de représenter chaque niveau discret par un segment de
droite horizontal, dont la distance à un segment fixe et parallèle est propor-
tionnelle à l’énergie du niveau, le segment fixe correspondant à l’énergie E = 0
(électron à l’infini par rapport à l’ion). Une raie spectrale est représentée par une
flèche perpendiculaire aux niveaux, allant d’un niveau à un autre, la flèche indi-
quant s’il s’agit d’une absorption (transition de bas en haut) ou d’une émission
(transition de haut en bas). La Figure 6.1 représente le diagramme de Grotrian
pour l’atome d’hydrogène, où sont indiqués les niveaux n = 1, 2, 3, 4 et n = ∞
correspondant à En = 0. A chaque niveau une énergie E( hcR n2 ). Le niveau E = 0
correspond à un électron détaché du noyau avec une vitesse nulle. Une valeur
positive de l’énergie signifie que les deux parties de l’atome : électron et noyau
ont une vitesse relative non nulle.
Si le noyau est considéré comme étant au repos, l’énergie E représente
l’énergie cinétique de l’électron libre. Cet électron décrit alors une orbite hy-
perbolique, pour laquelle il n’existe aucune loi de quantification. Ainsi, toutes
les valeurs positives de l’énergie sont possibles : il s’agit alors d’un continuum
de niveaux, niveaux qui sont dits alors libres. On peut distinguer trois espèces
de transition entre niveaux atomiques :
— les transitions entre niveaux discrets (raies spectrales) par lesquelles un
atome émet ou absorbe exactement la quantité d’énergie nécessaire pour
passer d’un niveau à l’autre ;
68 CHAPITRE 6. NOTIONS DE SPECTROSCOPIE

— les transitions des niveaux discrets (ou libres) vers les niveaux libres (ou
discrets), par lesquelles l’atome absorbe (ou émet) une quantité d’énergie
supérieure à celle qui est requise pour passer du niveau n au niveau E = 0.
Dans le cas d’une absorption, l’électron passe d’un état discret à un état
continu. A ce moment l’atome est dit ionisé. L’excès d’énergie entre le
quantum ionisant h et l’énergie En nécessaire pour passer du niveau
E = En au niveau E = 0, donne à l’électron libéré une vitesse relative
par rapport au noyau telle que :
1
hν − En = mv 2 . (6.21)
2
Il existe donc un continuum d’absorption tel que ses fréquences sont
supérieures à :
cR
ν = . (6.22)
n2
D’autre part, si un électron libre d’énergie E peut être capturé sur une
orbite de nombre quantique n, sa perte d’énergie donne lieu à l’émission
d’un rayonnement de fréquence
E + En E cR
ν = = + 2. (6.23)
h h n
Les recombinaisons d’électrons tels que E > 0 donnent lieu à un conti-
nuum dont les fréquences sont supérieures à
cR
ν = . (6.24)
n2
— les transitions entre états non quantifiés. L’absorption d’un photon peut
faire passer un atome d’un état non quantifié à un autre état non quantifié
d’énergie supérieure. Le spectre d’absorption qui en résulte peut s’étendre
sur l’ensemble des longueurs d’onde puisque les différences d’énergie entre
deux états du continuum peuvent varier entre zéro et l’infini. Le coeffi-
ν3
cient d’absorption qui résulte de ces transitions est proportionnel à TPe3/2 ;
e
Pe étant la pression électronique et Te la température. Sa contribution
au coefficient d’absorption total est relativement faible, sauf pour les
petites fréquences (infrarouge et rayonnement radio). Les transitions in-
verses (émission d’un quantum d’un état continu à un autre) sont aussi
observées, principalement en radioastronomie. L’énergie nécessaire pour
amener un électron de l’orbite d’énergie En à l’orbite d’énergie Em est
appelée l’énergie excitation. Elle est souvent comptée en électrons-volts.
C’est l’énergie nécessaire pour élever de 1 volt le potentiel d’un électron
(1eV = 1, 601×10−12 ergs). Ainsi, l’intervalle de fréquence correspondant
à l’électron-volt vaudra

h∆ν = 1, 601 × 10−12 ergs,


6.6. L’ATOME EN MÉCANIQUE ONDULATOIRE 69

soit,

1, 601 × 10−12
∆ν = .
6, 623 × 10−27

En nombre d’ondes 1/∆λ, cette valeur s’écrira :

1 ∆ν
= = 8067, 5cm−1 .
∆λ c
Le potentiel d’excitation exprimé en volts a numériquement la même
valeur que l’énergie d’excitation exprimée en électrons-volts.
Le spectre d’un élément neutre est désigné par le symbole chimique habituel
de l’élément suivi du numéral romain I (exemple : Si I). Le spectre d’un élément
ionisé une fois, deux fois, ..., se représente par le symbole chimique suivi du
numéral II, III, ...(Exemple : P II, Ca II, Mg II, Fe XV).

6.6 L’atome en Mécanique ondulatoire


La théorie de Bohr réussit à expliquer le spectre de l’hydrogène ou des
éléments de structure identique à celle de l’hydrogène, c’est-à-dire, composée
d’un noyau et d’un électron, tel qu’He II. Mais elle ne peut rendre compte des
spectres d’atomes plus complexes. On utilise alors la mécanique ondulatoire, où
les orbites de Bohr sont remplacées par une fonction d’onde Ψ dont le carré
exprime la densité de probabilité de trouver l’électron en un point déterminé.
Un état atomique (ou niveau d’énergie) sera alors caractérisé par une série de
nombres quantiques.

6.6.1 Spectres des atomes alcalins


Après l’hydrogène, ce sont les atomes alcalins, Li, Na, K qui montrent le
spectre le plus simple. Pour décrire le spectre d’un atome alcalin, il est utile
de faire appel à la généralisation que fit Sommerfeld de l’atome de Bohr. Dans
la théorie quantique de l’atome, l’électron garde un moment angulaire bien que
le concept d’orbite soit abandonné. Le moment angulaire de l’électron, mesuré
en unités h/2π, vaut précisément k − 1 et décrit la théorie de Sommerfeld. En
symboles de la théorie quantique k − 1 est noté l et varie dont de 0 à n − 1. Les
états atomiques sont caractérisés par leur valeur de n et l. Les états tels que :
— l = 0 s’appellent états s ;
— l = 1 s’appellent états p ;
— l = 2 s’appellent états d ;
— l = 3 s’appellent états f ;
— l = 4 s’appellent états g, ...
Alors que dans le cas de l’hydrogène, dans l’approximation de Bohr, les énergies
des niveaux dépendaient uniquement de n, dans le cas des alcalins, elles dépendent
aussi de l. Dans les atomes alcalins, au lieu d’avoir une seule série de niveaux,
70 CHAPITRE 6. NOTIONS DE SPECTROSCOPIE

nous en aurons plusieurs, associées aux différentes valeurs que prend l. On peut
remarque que pour n = 3, la différence d’énergie entre le niveau s et le niveau
d’ionisation est plus grande que pour les niveaux p ou d. La raison en est que
les orbites s passent plus près du noyau et que les électrons gravitant sur les
orbites s sont ainsi plus attachés au noyau que les électrons des orbites p ou
d. Les transitions observées dans le spectre du sodium, indiquent, par le nom
des diverses séries, l’origine de la dénomination des niveaux l = 0, 1, 2, 3... Les
transitions de la série
— 3p − ns(n = 4, 5, 6) font partie de la Sharp series ;
— 3s − np(n = 3, 4, 5) font partie de la Principal series ;
— 3p − nd(n = 3, 4, 5) font partie de la Diffuse series ;
— 3d − nf (n = 4, 5, 6) font partie de la Fundamental series.
Il est à remarquer les transitions observées ont toujours lieu entre des niveaux
de séries adjacentes, ce qui montre que dans une transition, l(L) ne peut varier
que d’une unité.

6.6.2 Moment angulaire orbital et moment angulaire de


rotation de l’électron
En plus de son mouvement de révolution autour de l’atome, l’électron tourne
également sur lui-même, ce qui lui donne un moment angulaire supplémentaire s
(appelé moment du spin). Ce moment angulaire vaut 12 ~. Le moment angulaire
total résulte donc de l’addition vectorielle du moment angulaire orbital à celui du
spin de l’électron. Le nombre quantique résultant j est appelé nombre quantique
total.
~j = ~l + ~s

Néanmoins, la mécanique quantique montre que ~s ne peut être que parallèle ou


antiparallèle à ~l, ce qui montre que ~j ne peut prendre que les valeur l + s et
l − s ; j ne peut prendre de valeurs négatives. Ainsi pour un niveau s(l = 0),
j = 1/2 ; pour un niveau p, (l = 1), j = 3/2 et 1/2 ; pour un niveau d, j = 5/2
et 3/2, etc.

6.6.3 Le modèle vectoriel pour les atomes complexes


Le modèle vectoriel est encore très utile pour prédire la nature et le nombre
de niveaux d’énergie des atomes complexes possédant un certain nombre d’électrons
susceptibles d’effectuer des transitions d’un niveau à l’autre. Nous supposons
que, à chaque électron, nous puissions assigner des nombres quantiques n, l et
s. Rappelons que n prend des valeurs entières (1, 2, 3, ...) positives, l varie par
valeurs entières de 0 à n − 1, tandis que s prend les valeurs +1/2 et −1/2. Pour
trouver les nombres quantiques caractérisant l’état de l’atome tout entier, nous
additionnerons les divers nombres quantiques des électrons individuels. Ainsi
nous désignerons par L le moment angulaire orbital total :
X
~ =
L ~li , (6.25)
i
6.6. L’ATOME EN MÉCANIQUE ONDULATOIRE 71

et de la même façon, le moment angulaire total de spin s’écrira :


X
~=
S s~i , (6.26)
i

Le moment angulaire total de l’atome sera :


J~ = L
~ +S
~ (6.27)
Ce mode de couplage des moments angulaires s’appelle le couplage LS et n’est
pas valable pour tous les atomes. Les niveaux seront représentés par une relation
donnant L, S et J. Les niveaux tels que L = 0, 1, 2, 3, 4, 5 s’écrivent niveaux :
S, P, D, F, G, H. On adjoindra en indice supérieur gauche un nombre égal à
2S + 1 appelé multiplicité du niveau et en indice inférieur droit, le nombre
quantique J. Ainsi, un niveau tel que L = 1, S = 1 et J = 2 s’écrira : 3 P2 . Il est à
remarquer que les vecteurs L, S ne peuvent pas prendre l’un par rapport à l’autre
toutes les orientations possibles. Leur somme ne pourra donc prendre qu’un
certain nombre de valeurs discrètes ; c’est l’expression, dans le modèle vectoriel
de l’atome, de la quantification des grandeurs atomiques. Ainsi le module du
moment angulaire total J~ ne pourra prendre que les valeurs J = L + S, L + S −
1, L+S −2, ..., |L−S|. De même, L ne pourra, dans le cas de deux électrons, que
prendre par exemple les valeurs L = l1 +l2 , l1 +l2 −1, ...|l1 −l2 |. S ne pourra, dans
le cas de deux électrons, que prendre les valeurs : S = s1 +s2 , s1 +s2 −1, ...|s1 −s2 |
soit 1 ou 0. De plus, un principe supplémentaire, dit principe d’exclusion de
Pauli, n’autorise qu’un seul électron à posséder un ensemble déterminé de mêmes
nombres quantiques n, l, s. Ainsi deux électrons ayant le même n devront différer
soit par la valeur de l, soit par celle de s.
Deux électrons ayant des valeurs identiques de n et de l sont dits équivalents.
Deux électrons différant par les valeurs de n et (ou) l sont dits non équivalents.
Les électrons sont désignés par leur valeur de n, en chiffre arabe, suivi de la
lettre s, p, d, f, ... indiquant leur valeur de l. Lorsqu’il y a plusieurs électrons
équivalents, leur nombre est indiqué par l’indice supérieur droit de la lettre
s, p, d, f, ... Une configuration électronique déterminée donne lieu à une série de
termes spectraux. L’hélium va nous servir d’exemple pour déduire les termes at-
tachés à sa configuration électronique. Dans l’état fondamental, les deux électrons
de l’atome d’hélium sont dans l’état n = 1 et l = 0(1 < n < −1). La configu-
ration s’écrit donc 1s2 , avec l1 = 0 et l2 = 0, et l1 + l2 = L = 0. Comme les
électrons ont même n et même l, le principe de Pauli exige que les s soient
différents ; ils vaudront donc respectivement 1/2 et −1/2. Par suite S = 0 et
J = L + S = 0. Les niveaux pour lesquels S = 0(et2S + 1 = 1) sont appelés
singulets. L’état fondamental est donc un état L = 0, 2S + 1 = 1 et J = 0. Il se
note donc 1 S0 . Si l’un des électrons est excité (le niveau le plus proche se trouve
à 20eV du niveau fondamental), on sautera sur l’orbite n = 2 où l = 0 ou 1.
Ainsi la configuration passera de 1s2 à 1s2s ou 1s2p. La configuration 1s2s est
une configuration d’électrons non équivalents :
n1 = 1 l1 = 0
n2 = 2 l2 = 0
72 CHAPITRE 6. NOTIONS DE SPECTROSCOPIE

Par suite L = l1 + l2 = 0, mais les spins s des deux électrons peuvent être soient
parallèles, soient antiparallèles. Par suite S prendra les deux valeurs 1/2 + 1/2
ou 1/2 − 1/2 = 0. Ainsi, il y aura deux multiplicités possibles 2S + 1 = 3 et
2S + 1 = 1. Les termes tels que 2S + 1 = 3 sont appelés triplets et les termes
2S + 1 = 1 sont des singulets. Ainsi l’état 1s2s donne lieu à deux niveaux
d’énergie :

L = 0, 2S + 1 = 1, J =0 1
S0
L = 0, 2S + 1 = 3, J =0+1=1 3
S1 .

La combinaison 1s 2p, telle que l1 = 0, l2 = 1, n1 = 1, n2 = 2 donne pour L =


0 + 1...|0 − 1|, donc la seule valeur L = 1, tandis que S vaudra soit 1/2 + 1/2 = 1
ou 1/2 − 1/2 = 0. En prenant L = 1 et S = 1, J = L + S...L − S pourra prendre
les 3 valeurs J = 1 + 1, 1 + 1 − 1, 1 − 1 ou 2, 1 et 0. Il y aura donc 3 niveaux
d’énergie :

L = 1 S=1 J =0 3
P0
L = 1 S=1 J =1 3
P1
L = 1 S=1 J =2 3
P2

D’autre part, en prenant L = 1 et S = 0, J prends la seule valeur 1 + 0 = 1,


et par suite cette combinaison ne donne lieu qu’au terme 1 P1 . Si l’électron est
excité à un niveau supérieur, il passera à l’état n = 3, l = 0 et dans ce cas
la configuration sera 1s 3s et donnera lieu à des termes de même nature que
1s 2s. Si l’électron passe à n = 3, l = 1 on aura les mêmes états que 2s 3p.
S’il saute au niveau n = 3, l = 2 nous aurons alors la configuration 1s 3d, avec
l1 = 0, l2 = 2, n1 = 1, n2 = 3. Les électrons étant non équivalents, S = 0 ou
S = 1, et L = 0 + 2...|0 − 2| = 2. Pour L = 2, S = 1, J = 2 + 1...21 = 3, 2, 1
ce qui donne lieu aux termes 3 D3 , 3 D2 , 3 D1 , tandis que L = 2, S = 0, donne
simplement J = 2. Par suite, il en résulte le singulet 1 D2 .
Le cas des atomes plus compliqués se traite d’une façon analogue. Il existe ce-
pendant des méthodes plus expéditives dans le cas de configurations électroniques
compliquées où le nombre de termes ou états d’énergie est très élevé. Il est à
remarquer que dans une configuration électronique, les couches fermées n’in-
terviennent pas dans la détermination des états d’énergie de l’atome. Seules
les couches incomplètes, comportant le ou les électrons optiques, susceptibles
de passer sur des niveaux excités sont à envisager. Le nombre et le genre de
termes spectraux des atomes ou ions qui ont le même nombre d’électrons op-
tiques est le même. Cependant, la position de ces niveaux dans l’échelle d’énergie
varie avec le numéro atomique Z, les différences d’énergie les plus grandes
se présentant pour les grandes valeurs de Z. Une série d’ions ayant le même
nombre d’électrons optiques forment une séquence iso-électronique. Ainsi les
ions CI, N II, OIII, F IV et N eV , qui ont deux électrons équivalents p comme
électrons optiques forment une séquence iso-électronique.
6.6. L’ATOME EN MÉCANIQUE ONDULATOIRE 73

6.6.4 Parité d’un terme spectral


On appelle parité d’un terme spectral, la parité de la sommeP arithmétique
des valeurs du moment angulaire orbital li de chaquePélectron. Si i li est pair,
la configuration est dite paire ; elle est impaire si i li est impair. La parité
s’indique en plaçant un zéro en indice supérieur droit à la lettre représentant
la valeur de L, si la configuration est impaire. Si ce signe ne figure pas dans la
notation du terme, la configuration est paire. Ainsi la notation complète d’un
terme spectral comprend :
0
(n)(l)α (n0 )(l0 )α ....2S+1 (L)0J
(si la configuration est impaire) ; α et α0 indiquant, s’il y a lieu, le nombre
d’électron équivalents. Par exemple, le terme dérivé plus haut pour le spectre
de l’hélium neutre, avec la configuration 1s 2p L = 1 et J = 2 s’écrira :
1s 2p 3 P20

6.6.5 Transition entre termes spectroscopiques


Comme nous l’avons déjà remarqué plus haut, toutes les transitions ne sont
pas possibles entre les termes spectroscopiques. Ces transitions doivent obéir à
un certain nombre de règles de sélection, à savoir :
— La parité ne peut être identique pour les deux configurations. Elle doit
changer ; ainsi les niveaux appartenant à la configuration 2p3 pourront
donner lieu à des transitions vers les niveaux de la configuration 2p2 3d
ou 2p2 3s, mais pas vers ceux de la configuration 2p2 3p.
— Le nombre quantique total J doit varier de ±1 ou 0, mais une transition
J = 0 vers J = 0 ne peut se produire.
— L doit changer de ±1 ou 0. Ainsi il existe des transitions 3 P −→ 3 D ou
3
P −→ 3 P , mais pas de transition 3 D −→ 3 S.
— La multiplicité 2S +1 ne peut changer. Il n’existe donc que des transitions
entre triplets ou singulets ou doublets ou entre des termes de plus haute
multiplicité. Les deux dernières règles de sélections ne sont strictement
valables que dans le cas où le couplage LS est applicable.
Certaines transitions qui violent les deux premières règles peuvent cependant
être observées sous certaines conditions physiques. Ces transitions sont appelées
transitions interdites. Ainsi dans le cas de l’atome d’oxygène neutre, la confi-
guration de l’état fondamental est 1s2 2s2 2p4 . Les couches fermées 1s2 et 2s2
n’interviennent pas dans le calcul du nombre des termes spectraux. La confi-
guration 2p4 donne lieu à des termes 3 P2,1,0 1 D2 1 S. Les transitions entre ces
niveaux sont interdites par les règles de sélection. Elles sont cependant observées
dans les aurores polaires et dans les nébuleuses gazeuses.

6.6.6 Le spectre des molécules diatomiques.


Les molécules ont des spectres beaucoup plus compliqués que ceux des atomes.
La raison essentielle en est que, alors que dans les atomes seules les transi-
74 CHAPITRE 6. NOTIONS DE SPECTROSCOPIE

tions des électrons d’une orbite à l’autre peuvent modifier l’état énergétique, il
existe des possibilités de mouvement des atomes au sein de la molécule, mou-
vements qui peuvent se ramener à des vibrations et à des rotations. Ainsi
l’état énergétique d’une molécule sera la somme d’une énergie de rotation,
d’une énergie de vibration et d’une énergie électronique, chacune de ces énergies
étant quantifiée suivant des règles définies. Dans le cas d’une molécule diato-
mique, les vibrations longitudinales (suivant la ligne reliant les centres des deux
atomes) peuvent devenir si importantes qu’elles donnent à chacun des atomes,
une énergie cinétique supérieure à l’énergie potentielle qui les unit, dans ce cas
les deux atomes se séparent, la molécule est détruite, il y a dissociation. Il existe
d’autre part une distance entre les atomes pour laquelle l’énergie du système est
minimum ; à ce moment la distance entre les atomes est dite distance d’équilibre.
A des distances inférieures, les forces répulsives entre les atomes les empêchent
de se rapprocher, à des distances supérieures, les vibrations risquent de dissocier
la molécule. Comme les niveaux de vibration, les niveaux de rotation sont aussi
quantifiés mais comme les énergies en jeu par la rotation des atomes sont plus
faibles que celles intervenant dans le mouvement de vibration, les niveaux de ro-
tation sont plus rapprochés que les niveaux de vibration. A un état électronique
de la molécule (qui est représenté par une notation analogue à la notation ato-
mique, mais où les lettres S, P, D,... sont remplacées par leurs équivalent grecs
Σ, Π, ∆, ...), peuvent être associés une série de niveaux vibrationnels.

A ceux-ci seront associés une série d’états rotationnels. Ainsi nous aurons
plusieurs sortes de transitions :

— Dans un même état électronique et vibrationnel, nous pourrons avoir des


transitions entre les niveaux de rotation ; c’est le spectre de rotation pure ;
les niveaux d’énergie de rotation étant peu distants les uns des autres, les
fréquences associées à ces vibrations seront faibles ; elles tombent dans
la région de l’infrarouge lointain (> 100µm). Le nombre quantique K
caractérise les niveaux de rotation. La règle de sélection associée stipule
que ∆K = ±1. Les transitions de rotation pure ne peuvent exister si les
deux atomes formant la molécule sont identiques.
— Nous pouvons également avoir des transitions entre niveaux de rotation
appartenant à des niveaux de vibration différents mais correspondant
au même terme électronique. v 0 est le spectre de vibration-rotation. Le
nombre quantique de vibration du niveau supérieur s’appelle v 0 , celui du
niveau inférieur v 00 . Il n’y a pas de règle de sélection pour v, mais les
transitions telles que ∆v = 1 sont les plus intenses. Les transitions telles
que des niveaux où le numéro du niveau de rotation K 0 vaut le numéro du
niveau de rotation K 00 , augmenté d’une unité (K 0 = K 00 + 1) font partie
de la branche dite R. Les transitions telles que K 0 = K 00 − 1 constituent
la branche P . Les distances entre les niveaux de vibration sont telles que
les transitions de vibration-rotation tombent dans le proche infrarouge
(≈ 1 − 10µm).
6.6. L’ATOME EN MÉCANIQUE ONDULATOIRE 75

6.6.7 Transitions électroniques


Enfin, il peut exister des transitions entre des états de rotation et de vi-
bration appartenant à des états électroniques différents. Considérons une tran-
sition entre le 2eme niveau de rotation de l’état v 0 = 1 avec le 3eme niveau
de rotation de l’état v 0 = 0. Il est clair que nous aurons non seulement les
transitions entre ces états v 0 = 1, v 00 = 0, mais aussi par exemple entre les
états v 0 = 0, v 00 = 1, v 0 = 2, v 00 = 0, etc. de sorte que nous aurons ici tout
un système de raies appelé bandes électroniques. Ces transitions sont observées
dans le visible et l’ultraviolet (0, 1 à 1µ). Toutes les bandes qui ont un niveau
électronique inférieur ou supérieur commun forment une série. Les bandes pour
lesquelles la variation v est constante forment une séquence. La règle de sélection
|K 00 − K 0 | = 1 est toujours d’application, mais dans certains cas, il peut exister
des transitions telles que K 00 − K 0 = 0. Elles forment alors la branche Q, en plus
des branches P et R. Les nombres d’onde (ou les fréquences) des raies d’une
branche peuvent se représenter par une formule parabolique.

σ = a + bm + cm2 (6.31)

où m est un nombre entier, positif associé à la raie. Les constantes a, b, c sont
déterminées à partir de l’analyse spectrale. Si l’on porte en abscisse le nombre
d’onde et en ordonnée les valeurs de m, on obtiendra ainsi une parabole dite de
Fortrat. Les principaux systèmes de bandes d’intérêts astrophysiques sont les
suivants :
76 CHAPITRE 6. NOTIONS DE SPECTROSCOPIE

Table 6.1 – Molécules-transitions


Molécules Transitions
C2 3
Π −3Π
CH 2
Σ −2Π
N2 3
Π −3Π
T iO 3
Π −3Π
ZrO 3
Π −3Π
OH 2
Σ −2Π
CN 2
Σ −2Π
H2 O

6.6.8 Intensité de raies spectrales


L’intensité d’une raie spectrale est liée au nombre de transition par seconde
entre les deux niveaux. Le nombre de transitions dépend lui-même du nombre
d’atomes qui peuplent le niveau et la probabilité de transition d’un niveau à
l’autre. Dans le cas d’une raie d’émission entre deux niveaux m et n, le nombre
d’atomes dNm effectuant spontanément la transition m −→ n pendant le temps
dt s’écrira :
dNm = Amn Nm dt (6.32)
où Amn s’appelle la probabilité de transition spontanée du niveau m au niveau
n. Cette probabilité est de l’ordre de 107 à 108 sec−1 pour les raies permises. Si
l’atome passe spontanément du niveau m au niveau inférieur n, pour le faire pas-
ser du niveau n au niveau m, il faut lui fournir une certaine quantité d’énergie,
soit sous forme d’énergie cinétique (choc électronique) ou sous forme de radia-
tion. Dans ce cas, la radiation devra avoir la fréquence
∆mn
νnm = . (6.33)
h
La densité du rayonnement s’écrira ρν et vaut :
1
Z
ρν = Iν dω. (6.34)
c Ω
ω étant l’angle solide sous lequel on voit la source de rayonnement de l’endroit
où est situé l’atome absorbant. Dans le cas d’un atome soumis au rayonnement
de densité ρν le nombre d’atomes passant du niveau n au niveau m dans le
temps dt s’écrira :
dNm = Bmn ρν Nm dt, (6.35)
avec Bmn est la probabilité d’émission induite. Entre les coefficients Bmn , Bnm
et Amn , appelés aussi coefficients d’Einstein existent les relations
gn
Bmn = Bnm , (6.36a)
gm
8πhν 3 gn
Amn = Bnm , (6.36b)
c3 gm
6.6. L’ATOME EN MÉCANIQUE ONDULATOIRE 77

où gm et gn sont les poids statistiques des niveaux m et n. Le poids statistique


d’un niveau g vaut 2J +1. On l’appelle vie moyenne du niveau g = 2J +1. Les co-
efficients Amn , Bnm se calculent par la mécanique quantique. En Astrophysique,
on utilise fréquemment des quantités proportionnelles aux Amn appelées forces
d’oscillateur f . La force d’oscillateur d’une transition en absorption n −→ m
est reliée à Amn par la relation

8π 2 e2 ν 2 gn
Amn = fnm , (6.37)
mc3 gm

6.6.9 Elargissement de raies spectrales


En fait, les raies spectrales ne sont jamais tout à fait monochromatiques,
car la largeur des niveaux d’énergie n’est pas nulle. La forme ou profil d’une
raie spectrale est liée au profil du coefficient d’absorption de la raie kν . Entre ce
coefficient qui représente l’absorption d’un atome à une fréquence déterminée
et le coefficient Bik lié à l’absorption dans toute la raie, on peut montrer qu’il
existe la relation :
Z ∞
c
Bik = kν dν, (6.38)
hν 0
Dans les atmosphères stellaires, les principales causes d’élargissement des raies
spectrales sont :
a. L’effet Doppler : Les atomes ne sont pas au repos, mais animés de
mouvements relatifs désordonnés dus à l’agitation thermique. Ils vont
donc absorber et émettre à des fréquences légèrement différentes. La
distribution des vitesses étant maxwellienne, le coefficient d’absorption
aura lui aussi un caractère maxwellien. Il sera d’autant plus large que la
température sera élevée.
b. L’amortissement par radiation est lié au fait que sur les états n et
m, la vie moyenne des atomes n’est pas infiniment courte. Le principe
d’incertitude de Heisenberg stipule en effet que ∆E∆τ ≈ 2π h
ou ∆ν∆τ ≈
1
2π . La vie moyenne étant de l’ordre de 10 −8
sec, il en résulte une largeur
de niveau ∆ν ≈ 2π∆τ1
ou tout simplement, ∆ν ≈ 1, 6 × 107 sec−1
c. L’amortissement par chocs : Les chocs entre atomes ou entre les
atomes et les électrons contribuent également à élargir les niveaux. Dans
les atmosphères stellaires, l’élargissement par chocs joue un rôle d’autant
plus important que la densité des particules est plus élevée.
d. Elargissement par effet Stark : Dans les atmosphères stellaires, un
grand nombre d’atomes étant ionisés, il se crée des champs électriques
au voisinage des atomes. Ces champs électriques ont pour effet de di-
viser les niveaux d’atomes tels que l’hydrogène et l’hélium ionisé en un
certain nombre de sous niveaux. La distance de ces sous-niveaux dépend
de l’intensité du champ et, par suite de la variabilité de celui-ci, due
aux déplacements continuels des particules chargées, la distance entre
78 CHAPITRE 6. NOTIONS DE SPECTROSCOPIE

les sous-niveaux varie constamment. Ainsi, on n’observe pas une série de


transitions discrètes, mais toute une gamme de transitions qui donnent
statistiquement l’impression d’un élargissement du niveau. Cette divi-
sion d’un niveau sous l’influence d’un champ électrique s’appelle, l’ef-
fet Stark. L’élargissement par effet Stark joue un rôle important pour
l’élargissement des raies de l’hydrogène. Cet élargissement est d’autant
plus important que le champ électrique moyen est plus élevé, c’est-à-dire,
que la densité des particules chargées (ions et électrons) est plus forte.
Tous ces mécanismes d’élargissement agissent simultanément, mais, par suite
de leur nature différente, ils n’ont pas la même importance aux différents points
de la raie. On peut dire, sans entrer dans les détails, que l’effet Doppler joue un
rôle important pour la détermination du coefficient d’absorption au centre de
la raie, tandis que les autres mécanismes d’élargissement prédominent dans les
parties extérieures, dites ailes de la raie.

6.6.10 Absorption dans le spectre continu


Nous avons vu précédemment que, outre les transitions entre niveaux dis-
crets, il existe des transitions vers les états continus, qui en fait, correspondent
à un détachement de l’atome, d’un électron, c’est-à-dire à une ionisation de
l’atome. Le coefficient d’absorption dépend de la fréquence. Pour la fréquence
limite d’ionisation correspondant à la différence d’énergie entre le niveau en
question et le continuum, il prend une valeur maximum. Dans le cas de l’atome
d’hydrogène, le coefficient d’absorption est proportionnel à ν −3 . Dans les at-
mosphères stellaires, les principaux absorbants dans le spectre continu sont
l’hydrogène neutre, l’hélium et l’ion H − . En plus de l’absorption proprement
dite (où l’énergie fournie par le rayonnement est convertie en énergie potentielle
de l’atome), il existe une diffusion (où le rayonnement absorbé est réémis à la
même fréquence) par les électrons libres (diffusion indépendante de la longueur
d’onde) et par les atomes et molécules (diffusion proportionnelle à λ−4 ). Ce der-
nier mécanisme constitue une source d’opacité importante pour l’atmosphère des
étoiles froides. L’absorption à partir du niveau 2 commence à 3646 Å et diminue
vers les λ inférieurs. A partir du 3 è me niveau, l’absorption commence à 8203
Å et décroı̂t vers les λ inférieurs. On conçoit donc qu’il se présente des disconti-
nuités dans le coefficient d’absorption continu, celui-ci augmentant brusquement
à 912, 3646, 8202 Å,....
Chapitre

7 Les Spectres stellaires

7.1 Les Spectres stellaires et leurs classifications


Les spectres des étoiles, tout comme le spectre solaire, montrent un conti-
nuum strié de raies d’absorption. Quelques fois, des raies d’émission se super-
posent au spectre habituel. D’une étoile à l’autre, la longueur d’onde, l’intensité
et le profil de raies spectrales varient beaucoup, de même que la répartition de
l’énergie dans le spectre continu. Cette répartition du spectre continu, acces-
sible avec les spectroscopes très modestes, a été le premier critère utilisé pour
classer les spectres stellaires. Un système de classification basée sur la couleur
de la radiation prédominante dans les spectres fut proposé par Secchi, en 1868,
à l’observatoire du Vatican. Les étoiles ont été arrangées par Secchi en 1868 en
quatre catégories suivant les caractéristiques de leur spectre :
Mais le travail de la classification spectrale fut essentiellement l’oeuvre de
Pickering et ses collaborateurs à l’observatoire de Harvard au début du XXe
siècle. Ainsi les étoiles sont rangées par type spectral et ceux-ci sont désignés
par la séquence :

O−B−A−F −G−K −M

Table 7.1 – Catégories d’étoiles


Etoiles Spectres
1 Bleu-blanche sans raies métalliques
2 Jaune raies métalliques
3 Oranger-Rouge bandes moléculaires larges d’intensités
décroissantes vers le rouge
4 Rouge-Rubis bandes moléculaires larges d’intensités
décroissantes vers le violet

79
80 CHAPITRE 7. LES SPECTRES STELLAIRES

A l’origine l’ordre devrait être alphabétique, mais il a fallut rapidement le mo-


difier. C’est une séquence par ordre de température superficielle décroissante. A
cette séquence on ajoute un type W à gauche et trois autres (R, N et S) en pa-
rallèle à M . Les étoiles R et N sont dites carbonées car leur spectre présente des
bandes de la molécule de carbone. Les étoiles S se caractérisent par des bandes
de l’oxyde de zirconium. Les types spectraux O A B F..., sont caractérisés par

Figure 7.1 – type spectral

la couleur du spectre continu et par les raies d’absorption de certains éléments.


A son tour, chaque classe est divisée en principe en 10 groupes, appelés types
spectraux et désignés par l’un des chiffres 0, 1, 2, ..., 9 placé à la suite de la lettre
de la classe. Par exemple le type G, contient les sous-types G0, G1, ...G9. Ainsi
on a, par exemple, successivement et par ordre de température superficielle
décroissante A0, A1, A2, A3, A4, A5, A6, A7, A8, A9, F 0, F 1, F 2, F 3, ...
Cependant, toutes les subdivisions ne sont pas utilisées. Entre les types suc-
cessifs, il existe une gradation régulière des chiffres utilisés. Pour mettre en
évidence quelques particularités du spectre, on utilise certaines lettres minus-
cules comme préfixe ou suffixe : Préfixes :
a. Préfixes :
— c : indique que les raies concernées sont remarquablement fines. Exemple :
étoile cygni : classée cA2. Il s’agit d’une étoile supergéante.
— g : étoile géante.
— d : étoile naine (dwartf).
b. Suffixes :
— n : caractérise des raies larges et diffuses
— s (sharp) : désigne des raies bien définies mais moins fines que celles
notées c.
— e (émission) : indique la présence de certaines raies d’émission ; mais
ne s’emploie que pour les classes O, A, B, M .
— v : désigne des spectres variables.
— k : indique la présence de la raie interstellaire CaII à λ = 3933 Å.
— p : indique que le spectre est particulier.
7.2. CARACTÉRISTIQUES DE CLASSES SPECTRALES. 81

Table 7.2 – Type spectral des étoiles


Type spec- Couleur Temp. (K) Caractéristiques spectrales
tral
O Bleu T > 3 × 104 HeII, HeI, CIII, SiIV, HI
faibles.
B Bleu-blanc 3 × 104 à 104 HeI, SiII, SiI, O, M gHI plus
intense qu’en O.
A blanc 104 à 7, 5 × 103 HI et CaII.
F Vert 7, 5 × 103 à 6 × 103 métaux neutres et ionisés une
fois.
G Jaune 6 × 103 à 5 × 103 métaux neutres.
K Orange 5 × 103 à 3, 5 × 103 métaux neutres et bandes
moléculaires.
M Rouge T < 3, 5 × 103 bandes moléculaires.

Sur cette base de classification, au moyen de clichés pris au prisme objectif


fut édifié le célèbre Henry Draper Catalogue (HD).

7.2 Caractéristiques de classes spectrales.


Les spectres de types O à M sont illustrés dans le Tableau7.2. La classe W
des étoiles dites de Wolf-Rayet se distinguent par la présence de raies d’émission
larges et intenses de CII, CIII, CIV, OII à OV I (type W C) ou de N III à
N V ( type W N ). Quant aux étoiles R et N , elles sont dites carbonées, car leurs
spectres présentent des bandes de la molécule de carbone ou plus exactement,
elles constituent des objets montrant un spectre intense du carbone moléculaire
C2 et du cyanogène CN tandis que le type S montre des bandes d’oxyde de
Zirconium ZrO. Les étoiles Wolf-Rayet (W ) sont des étoiles très chaudes, de
température atteignant les 100000K. Leur spectre contient de l’hélium neutre
et ionisé. Elles sont subdivisées en W C contenant en plus des raies d’émission
du carbone et de l’oxygène et en W N contenant, en plus, des raies d’émission
de l’azote plusieurs fois ionisé.
La classe O est caractérisée par la présence des raies de l’hélium ionisé HeII,
de la série des transitions du niveau n = 4 vers les niveaux supérieurs (série de
Pickering). On observe aussi les raies de SiIV et CIII, outre la présence des
raies de la série de Balmer de HI. Dans les étoiles de la classe B prédominent les
raies de la série de Balmer ainsi que pour les raies de HeI, de la série 2 3 S −n 3 P 0
et 2 3 P − n 3 D et 2 1 P 0 − n 1 D. Dans les classes B0 et B1 on peut aussi observer
des raies de SiIV et SiIII . Les raies de SiII à 4128 et à 4130 Å du doublet
3 2 D − 4 2 F 0 appartiennent dans les classes B3 et B5. La raie M gII à λ = 4481
Å est plus intense que la raie de HeI à la longueur d’onde λ = 4471 Å dans la
classe B9. Lorsqu’on passe de la classe A0 à la classe A9, les raies métalliques de
F eII T iII deviennent de plus en plus intenses tandis que le spectre est dominé
82 CHAPITRE 7. LES SPECTRES STELLAIRES

par les raies très intenses de Balmer. La classe F se caractérise par l’apparition
de la bande G due au radical CH, à la longueur d’onde λ = 4300 Å. Les raies de
Balmer restent intenses, mais les raies de H et de K dues à CaII, c’est-à-dire le
doublet 4 2 S − 4 2 P 0 aux longueurs d’onde 3968 et 3933 Å les surpassent. Dans
les étoiles G, les raies de H et de K sont de loin les plus intenses ; le nombre
et l’intensité des raies métalliques de F eI, CrI, M nI, T iI etc y sont fortement
accrus. L’œil n’est plus frappé par l’apparition des raies de la série de Balmer.
Dans les étoiles K, la raie F eI à λ = 4325 Å est plus intense que la raie Hγ
tandis que les raies de H et de K passent par un maximum. La bande de CH est
aussi très intense. L’apparition des bandes de T iO à 4762 et 4954 Å caractérise
les étoiles de la classe M où la raie à 4226 Å de Ca prédomine.

7.3 La luminosité absolue des étoiles.


On appelle luminosité d’une étoile, l’énergie (exprimée en watt) fournie par
unité de temps et intégrée dans toutes les directions et sur toutes les longueurs
d’onde. La luminosité se calcule à partir de l’ensemble des flux monochroma-
tiques observés et corrigés de l’absorption atmosphériques. La connaissance des
parallaxes trigonométriques et des parallaxes dynamiques des étoiles doubles
montrent pour les étoiles des classes F et M un étalement important des étoiles
en luminosité intrinsèque. Cette dernière est caractérisée par la magnitude de
l’étoile,vue à une distance de dix parsecs, appelée magnitude absolue de l’étoile
et représentée par M majuscule.
La Parallaxe trigonométrique, C’est une méthode de triangulation qui consiste
à voir l’étoile de deux positions différentes, d’évaluer l’angle séparant les deux
positions apparentes de l’étoile sur le fond du ciel et de déduire l’éloignement de
l’étoile sachant la distance qui sépare les positions d’observations. La parallaxe
annuelle est le demi-angle sous lequel on voit l’orbite de la Terre. C’est donc
aussi l’écart angulaire entre les deux positions apparentes de l’étoile sur le fond
du ciel vue à un intervalle de six mois. Le parsec (pc) est une unité de distance
utilisée pour mesurer l’éloignement des étoiles. Une étoile est à une distance de
un parsec lorsque la parallaxe de l’étoile est d’une seconde d’arc. Le parsec est
donc la distance depuis laquelle on verrait le rayon moyen de l’orbite de la Terre
sous un angle de un seconde d’arc.

1pc = 3, 086 × 1016 m = 206265U.A. = 3, 26a.l.

7.3.1 Magnitude apparente et magnitude absolue


Soit une étoile de magnitude apparente m, ayant un éclat apparent e, situé
à une distance d parsecs. Alors on peut écrire que :

m = −2, 5 log(e) + Cste. (7.1)


7.3. LA LUMINOSITÉ ABSOLUE DES ÉTOILES. 83

Sa magnitude absolue M étant celle si l’étoile était à une distance D = 10parsecs,


alors :

M = −2, 5 log(E) + Cste. (7.2)

L’éclat d’une étoile étant inversement proportionnel au carré de sa distance, on


a:
e
m − M = −2, 5 log ,
E 2 
10
= −2, 5 log ,
d2
= 5 log(d) − 5. (7.3)

Ainsi, si on obtient la magnitude apparente d’une étoile (par comparaison à celle


d’étoiles étalons ou par mesures photométriques) et si on trouve la magnitude
absolue de cette étoile par analyse spectroscopique (en utilisant le diagramme
H-D par exemple) alors on peut trouver la distance de cette étoile. La différence
des deux magnitudes m − M est ainsi appelée module de distance, car à partir
de cette différence, on peut trouver la distance d’une étoile.

7.3.2 Relation Masse-Luminosité


La luminosité L d’une étoile est définie comme :

L = 4πr2 σT 4 . (7.4)

La Terre reçoit une puissance de Po = 1374W par mètre carré. En notant do la


distance moyenne entre la Terre et le Soleil (l’Unité Astronomique), la luminosité
du Soleil sera :

Ls = 4πd0 2 Po
= 3, 82 × 1026 W.

Pour une étoile quelconque, on a la relation entre sa luminosité L, son rayon R


et sa température superficielle T par rapport à ceux du Soleil (respectivement
Rs et Ts ) :
 2  4
L R T
= (7.5)
Ls Rs Ts
Une expression approximative de la luminosité L d’une étoile en fonction de sa
masse M est :
   
L M
ln = 3, 45 ln . (7.6)
Ls Ms

La relation (7.3) entre la magnitude apparente m et la magnitude absolue M


n’est pas entièrement correcte, car elle ne tient pas compte de l’affaiblissement
84 CHAPITRE 7. LES SPECTRES STELLAIRES

de la radiation de l’étoile due à la matière interstellaire. En fait la relation s’écrit


pour les magnitudes visuelles :

Mv = mv − 5 log(d) + 5 − Av , (7.7)

où Av ≈ 0, 9magn/kpc. Vraisemblablement, des astres qui différent fortement


par leur luminosité intrinsèque devaient montrer, dans leur spectre, quelques ca-
ractères distinctifs. Effectivement, dès 1914 on a constaté (Adams et Kohlschüst-
ter) que dans quelques étoiles très lumineuses, appelées géantes, certaines raies
d’ions métalliques, tels que :

SrII : 4077 et 4215Å


T iII : 4161 et 4399Å
F eII : 4233Å

étaient particulièrement intenses, tandis que les raies :

CrI : 4324Å
CaI : 4435Å et 4454Å
T iI : 4535Å

étaient très faibles. De plus, dans les étoiles géantes, les bandes violettes de CN
sont beaucoup plus fortes que dans les étoiles de luminosité plus faible, appelées
naines et qui constituent la majorité d’objets observés. Dans les étoiles de la
classe B, les magnitudes absolues sont difficiles à déterminer puisque leur paral-
laxe trigonométrique est trop faible pour être mesurée. On a, par ailleurs montré
que pour les étoiles de classes A et B, l’aspect de raies de l’hydrogène dépend
de la luminosité. Les raies de la série de Balmer sont relativement étroites et
bien définies dans les étoiles de grande luminosité tandis qu’elles sont larges et
intenses dans les étoiles à faible luminosité. Ces différents critères spectrosco-
piques ont permis de déterminer les magnitudes absolues d’objets dont on ne
pouvait mesurer la parallaxe trigonométrique.

7.4 Le diagramme de Hertzsprung-Russell (dia-


gramme HR)
7.4.1 Description générale
Les premiers travaux de classification des étoiles en fonction de leur cou-
leur remontent à 1880, avec la classification de Harvard. Utilisant les obser-
vations essentiellement obtenues par W. Huggins, A. Secchi et H.C. Vogel,
E.C Pickering et A. Cannon purent établir un classement des étoiles 7 types
spectraux représentés chacun par une lettre. Ainsi, on dinstingue les classes
O, B, A, F, G, K, M , qui vont des étoiles les plus bleues et donc les plus chaudes,
vers les plus rouges, dont la température de surface est plus froide. Afin de
7.4. LE DIAGRAMME DE HERTZSPRUNG-RUSSELL (DIAGRAMME HR)85

préciser leur classification, chaque classe est subdivisée en 10 sous classes, al-
lant de 0 à 9. Ainsi, une étoile du type A5 est située juste au milieu entre les
classes B0 et A0. La classification de Harvard est une classification en classes de
couleurs. Elle s’est par la suite affinée et la présence ou non de certaines raies
dans les spectres est devenu un critère dans la classification. La température des
couches externes des étoiles détermine leur couleur. Leur masse détermine leur
luminosité intrinsèque, c’est-à-dire leur magnitude absolue. Il est donc logique
de construire des diagrammes montrant une observable relative à la couleur
des étoiles en fonction d’une observable relative à leur luminosité. De tels dia-
grammes, fondamentaux pour se représenter de façon synthétique les principales
caractéristiques des étoiles vues à la même distance, ont été proposés pour la
première fois entre 1905 et 1913 par E. Hertzsprung et H.N. Russell. Ils sont
connus depuis sous le nom de diagrammes de Hertzsprung-Russell, ou encore
diagrammes HR. Les étoiles ne se répartissent pas de façon aléatoire dans le
diagramme HR, mais se regroupent dans des zones bien précises. Par ailleurs,
elles se déplacent dans le diagramme au cours de leur vie. Le diagramme HR
constitue un outil essentiel dans notre compréhension de la façon dont évoluent
les étoiles. L’évolution stellaire représente un pan entier de l’astrophysique mo-
derne. C’est la prédiction de l’endroit où se trouvent les étoiles dans le dia-
gramme HR et la comparaison avec les observations qui guide les modifications
à apporter aux modèles. Il existe plusieurs versions du diagramme HR. Le pre-
mier compare la température de surface et la magnitude absolue. Il s’agit du
diagramme HR dans la version proposée par Hertzsprung et Russell. La me-
sure de la température nécessitant l’observation de spectres, elle est souvent
impossible ou en tout cas grandement limitée par les moyens d’observation.
On se contente donc souvent de remplacer la température effective par un in-
dice de couleur. La conversion de ce dernier en température fait intervenir des
modèles et est donc moins précise qu’une mesure directe de la température en
spectroscopie. Les diagrammes en question s’appellent des diagrammes couleur-
magnitude. Ils permettent des études comparatives entre étoiles, comme par
exemple la détermination des populations stellaires des amas d’étoiles et des
galaxies ainsi que la comparaison de leurs âges.
Dans cette construction graphique du diagramme de Hertzsprung-Russell,
chaque étoile est un point repéré en ordonnée par sa brillance (Luminosité ou
magnitude absolue) et en abscisse par son type spectral (ou température de
surface). En réalisant un tel graphique pour un amas d’étoile, H.N. Russell
identifie ainsi trois zones de peuplement :
1. La séquence principale qui regroupe une grande majorité de la population
des étoiles. Le Soleil est au milieu de cette zone.
2. La zone des géantes rouges. (très brillantes mais plutôt froides)
3. La zone des naines blanches (très chaudes mais plutôt sombres).
Un tel diagramme constitue un puissant outil d’analyse car il permet de tirer
des conclusions sur la masse, la taille, la composition chimique, l’âge et le stade
évolutif d’une étoile. La luminosité est exprimée en luminosité solaire (L ). Le
rayon des étoiles s’exprime en comparaison avec la rayon du Soleil (R ).
86 CHAPITRE 7. LES SPECTRES STELLAIRES

Figure 7.2 – Diagramme Hertzsprung-Russel

Figure 7.3 – Position des différentes classes de luminosité dans le diagramme


HR

7.4.2 Classification bidimensionnelle des étoiles


En 1905 E. Hertzsprung propose de séparer les étoiles froides en deux catégories :
les étoiles très lumineuses et les étoiles moyennement lumineuses. Peu à peu, les
7.4. LE DIAGRAMME DE HERTZSPRUNG-RUSSELL (DIAGRAMME HR)87

travaux E. Hertzsprung et de H. N. Russel ont généralisé la notion de deux


catégories d’étoiles se distinguant par leurs dimensions et non par leurs masses.
On a prit l’habitude de les appeler géantes et naines. Plus tard on a introduit
les supergéantes. Le Diagramme Hertzsprung-Russel ou Diagramme H-R est

Figure 7.4 – Position des différentes classes de luminosité dans le diagramme


HR

obtenu en portant en abscisse le type spectral (ou l’indice de couleur B-V) et


en ordonnée la magnitude absolue M ou l’éclat intrinsèque de l’étoile (ou la
luminosité en échelle logarithmique, par exemple).

Selon que la luminosité est calculée sur une bande spectrale bleue B (autour
de 436nm) ou visible V (aux alentours de 545nm), la magnitude absolue est
notée MB ou MV . La constante est choisie aujourd’hui telle que les magnitudes
absolues du Soleil dans les bandes B et V soient MB = 5, 48 et MV = 4, 83.
Quand on considère la totalité du spectre électromagnétique, des ondes radio
aux rayons gammas, et pas seulement une bande spectrale donnée, on parle de
luminosité bolométrique, et donc de magnitude bolométrique. Les magnitudes
absolues des étoiles s’étendent généralement de −10 à +17 en fonction de leur
type spectral : une supergéante bleue a une magnitude absolue descendant jus-
qu’à −10 tandis qu’une naine rouge en a une pouvant aller jusqu’à +17. Le
Soleil avec une magnitude absolue de +4, 8 se situe à peu près à mi-chemin de
ces deux extrêmes.
88 CHAPITRE 7. LES SPECTRES STELLAIRES

7.4.3 Magnitude absolue des objets du Système solaire


Les objets du système solaire comme les planètes, les comètes ou les astéroı̈des
ne font que réfléchir la lumière qu’ils reçoivent du soleil et leur magnitude appa-
rente dépend donc, non seulement de leur distance à la Terre, mais aussi de leur
distance au Soleil. La magnitude absolue de ces objets est donc définie comme
leur magnitude apparente s’ils étaient situés à une unité astronomique du soleil
et une unité astronomique de la terre, tout en étant avec un angle de phase de
zéro degré (plein lune, toute la surface visible depuis la terre est éclairée).
Pour un corps situé à une distance r de la Terre et a du soleil, la relation
entre sa magnitude (relative) m et sa magnitude absolue, notée H, est donnée
par la formule :

m = H + 5 log(r) + 5 log(a) − 2, 5 log(χ), (7.8)

où χ représente la phase de l’objet (χ = 1 pour la pleine lune, 0, 5 pour un


quartier et 0 pour la nouvelle lune) ; r et a doivent être exprimées en unités
astronomiques.

7.4.4 Taille des étoiles dans le diagramme HR


La luminosité des étoiles ou, de façon équivalente, leur magnitude absolue,
dépend directement de leur rayon. La luminosité d’une étoile de rayon R est
exprimée par

L = 4πR2 σSB Tef f 4 , (7.9)

où σ est la constante de Stefan-Boltzmann. En prenant le logarithme, il vient

log (L) = 2 log (R) + 4 log (Tef f ) + C. (7.10)

Les étoiles d’un même rayon se trouvent donc sur une droite dans un diagramme
couleur magnitude puisque la magnitude est proportionnelle au logarithme du
flux et la couleur proportionnelle au logarithme de la température. La valeur du
rayon fixe l’ordonnée à l’origine de la droite. Ainsi, plus le rayon de l’étoile est
grand, plus la droite est haute dans le diagramme. Dans la Figure 7.2, la droite
R = 1R se situe environ sur la séquence principale, où se trouve le Soleil.
Les constantes dans la relation (7.9) peuvent être éliminées en rapportant les
observables aux valeurs pour le Soleil. On a alors
 2  4
L R T
= . (7.11)
L R T

Une étoile de rayon R située à une distance r de la Terre sous-tend un angle


minuscule égal à
R
α= (7.12)
r
7.4. LE DIAGRAMME DE HERTZSPRUNG-RUSSELL (DIAGRAMME HR)89

où encore en seconde d’arc


360 × 3600 R
α =
2π r
R
= 206265 ×
r  
R/R
= 4, 65 × 10 ×
−3
. (7.13)
r[pc]
L’étoile la plus proche du Soleil, α Cen est située à 1, 3pc de nous ce qui lui
confère un rayon de quelques millièmes de seconde d’arc. Pour observer un tel
rayon, il faudrait un télescope dont la limite de diffraction est au moins égale
à cette valeur. Un tel télescope, s’il devait fonctionner dans le domaine visible,
devrait avoir un diamètre de plus de 120m de diamètre. Pour cette raison la
mesure directe des rayons stellaires ne peut se faire que dans des étoiles binaires
en mesurant la durée des éclipses provoquées par l’une des étoiles sur son com-
panion. Encore faut-il connaı̂tre l’inclinaison de l’orbite relative des deux étoiles.
Depuis 2002, le Very Large Telescope, à Cerro Paranal au Chili fonctionne en
mode interférométrique. La plus grande séparation entre ses 4 télescopes op-
tiques est de 200 m, lui permettant ainsi de mesurer le rayon des étoiles les
plus proches de la Terre. Ce ne sera qu’avec des interféromètres spatiaux qu’il
sera possible de constituer de grands échantillons d’étoiles avec un rayon me-
suré de façon précise pour réellement contraindre les modèles de formation et
d’évolution stellaires. En attendant les interféromètres spatiaux, c’est la pho-
tométrie des étoiles (mesure de leur flux) couplée à la spectroscopie, donnant
une estimation de la température, qui permet d’estimer les rayons stellaires. Le
flux monochromatique reçu sur Terre d’une étoile de température effective Tef f
est simplement
 2
R
f λ = Fλ
r
= Fλ α 2 , (7.14)
où Fλ est la puissance rayonnée par l’étoile. Le flux de rayonnement total,
intégré sur toutes les longueurs d’onde (le flux qui correspond à la magnitude
bolométrique de l’étoile), est donné par la Loi de Wien,
fbol = Fbol α2
= σSB Tef f 4 α2 , (7.15)
Ou encore de façon équivalente
L = 4πr2 fbol
= 4πR2 Fbol
= 4πR2 σSB Tef f 4 . (7.16)
Une fois connue la distance r à l’étoile, on mesure L ou Tef f ou la magnitude
absolue, toutes trois liées, et l’on estime R.

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