Vous êtes sur la page 1sur 38

REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

Union – Discipline - Travail


------------------------

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR


ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
------------------------

Institut National Polytechnique

Félix Houphouët-Boigny (INP-HB)

DEPARTEMENT DES SCIENCES DE LA TERRE ET DES RESSOURCES MINIERES


(STerMi)

COURS DE GEOLOGIE GENERALE


(Version 2016)

CLASSES D’INGENIEURS DE CONCEPTION 1ère ANNEE


ECOLE SUPERIEURE DES TRAVAUX PUBLICS (ESTP)

Par TIEMOKO Tonga Paul


Ingénieur des Mines
Enseignant-Chercheur

1
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION
CHAPITRE I- L’UNIVERS ET LE SYSTÈME SOLAIRE
I- l’univers et ses composantes
II- Le système solaire

CHAPITRE II- LA TERRE


I- Structure externe de la terre
II- Structure interne de la terre

CHAPITRE III- LES OBJETS GEOLOGIQUES

I- Les minéraux
II- Les roches

CHAPITRE IV- LES PHENOMENES GEOLOGIQUES


I- Géodynamique interne
II- Géodynamique externe

CHAPITRE V- LES METHODES DE RECONNAISSANCE DES ROCHES


I- Concepts généraux
II- Méthodes d’identification

CHAPITRE V- LA GEOLOGIE DE LA COTE D’IVOIRE


I- Contexte géologique africain
II- Géologie de Côte d’Ivoire

1
INTRODUCTION GENERALE

 Définition et objectifs
La géologie est, comme son nom l’indique, la science de la terre. Elle comprend l’étude des parties de la
terre directement accessibles à l’observation, et à l’élaboration des hypothèses qui permettent de
reconstituer leur histoire et d’expliquer leur agencement.
Le but de la géologie est avant tout historique : reconstituer l’histoire des temps passés et en tirer toutes
les conséquences pour l’époque actuelle. Vu sous cet angle, l’ambition de toutes études géologiques est
en quelque sorte la reconstitution du film des événements jusqu’à l’époque actuelle, laquelle n’est qu’une
image parmi d’autre qu’on peut replacer dans une longue suite qui lui donne tout son sens. La méthode
géologique n’est donc pas expérimentale dans son essentiel : elle est historique. En effet, l’analyse des
phénomènes actuels se prête à l’expérience mais il n’est pas toujours facile d’en situer la signification
dans la suite des événements qui se sont succédé au cours du temps.
En effet, l’analyse de certains caractères des roches peut faire appel à des méthodes chimiques,
mathématique, mais ces données très précises obtenues doivent être replacées dans une perspective
géologique par un raisonnement historique. Les conséquences de ce raisonnement peuvent parfois être
vérifiées par la géologie appliquée, ce qui pourrait apparaître comme une sorte de géologie
expérimentale. Mais en fait, le but essentiel de la géologie appliquée est de prévoir à ce que les
recherches, toujours très coûteuses soient limitées au minimum. En ceci, la position du géologue est celle
du médecin : Il doit fonder un diagnostic sur un ensemble de données immédiates et n’opérer qu’à coup
sûr, évitant les expériences sur le patient. C’est pourquoi, chaque jour science plus exacte, la géologie
demeure aussi un art et que, historien ou médecin de la terre, le Géologue exerce un beau métier.

 Disciplines de la géologie
Géophysique – géodésie – volcanologie – sédimentologie – géologie structurale – géochimie –
géomorphologie – paléontologie – stratigraphie – pétrologie – hydrologie - hydrogéologie –
minéralogie – géochronologie - tectonique des plaques – télédétection.

 Point de rencontre avec les autres sciences


La géologie est en pleine expansion au point de perdre son unité. En effet, ses diverses branches tendent
à se multiplier et à se mêler aux branches issues des autres sciences.
- Biologie par la paléontologie ;
- Chimie par la géochimie et la pétrographie ;
- Physique par la tectonique avec utilisation de géophysique ;
- Mathématique : liaisons multiples et moins précises (statistiques des espèces paléontologiques,
analyse des séries sédimentaires, calcul des contraintes en tectonique...
- Géographie par la géomorphologie, etc.

2
CHAPITRE I- L’UNIVERS ET LE SYSTEME SOLAIRE

I- L’UNIVERS ET SES COMPOSANTES


1– Quelques définitions
 L’univers est l’ensemble de tout ce qui existe. On l'appelle également le Cosmos ou l'Espace
lorsqu'on parle du milieu extraterrestre ;
 La cosmologie est l’étude de la structure, de l’origine et de l’évolution de l’Univers ;
 L’Astronomie est la science des corps célestes. (céleste est un mot qui est relatif au ciel) ;

2- L’échelle des distances pour mesurer l’Univers


 L’année lumière (Al): c’est la distance parcourue en un an par la lumière
1 Al = 9,46.10-12 km
 L’unité astronomique (UA) : c’est la distance entre la terre et le soleil
1 UA = 150 000 000 km environ
 Parsec (pc) : distance d’un astre (depuis le soleil) dont la parallaxe annuelle (angle formé par
deux droites menées du corps observé à deux points d'observation) correspond à 1 seconde.
1 Parsec = 206 265 UA = 3,23 Al = 3100 milliards de km

3- La hiérarchie de l’univers
 Une galaxie est une entité de base de l’Univers. Elle est constituée de milliards d'étoiles
 Un amas est constitué de milliards galaxies
 Un superamas est constitué de quelques à plusieurs milliers d’amas

Une galaxie

Un amas

Un superamas
Figure 1 : Structure de l’univers

3
Notre Galaxie appelée "la voie lactée" n’est qu’une parmi des milliards de galaxies ; elle est constituée
de milliards d’étoiles, le soleil n’est qu’une de ces étoiles.

Figure 2 : La voie lactée

4- L’âge de l’univers
L'âge de l'Univers a été estimé à 15 ± 5 milliards d'années. Il a été obtenu par trois méthodes
indépendantes les unes des autres :
 le mouvement des galaxies,
 l'âge des plus vieilles étoiles (en examinant leurs spectres)
 l'âge des plus vieux atomes

5- Les dimensions et la survie de l’Univers


Les dimensions et la survie de l’Univers dépendent d’une valeur critique de sa masse qu’on note VC :

La masse de l'Univers > VC forces de gravitation importantes


L’univers serait fini et il s'effondrera sur lui-même =Big Crunch

La masse de l'Univers < VC forces de gravitation faibles


L'expansion se poursuivra éternellement en s'accentuant.
L'univers serait spatialement infini
4
La masse de l'Univers = VC
Rapprochement des objets massifs et l'expansion sera ralenti sans jamais s'arrêter
L'Univers est dit "plat".

Figure 3 : Représentation du devenir de l’univers

II- LE SYSTEME SOLAIRE


1- La formation
Le système solaire s’est formé il y a environ 5 milliards d’années à partir d’un gigantesque nuage de gaz
(essentiellement de l’hydrogène) et de poussière, qui s’est lentement effondré sur lui- même du fait de la
gravitation. La majeure partie de la matière du nuage s’est rassemblée au centre pour former le Soleil.
Lorsque la pression et la température ont été suffisantes, les réactions nucléaires ont débuté et l’étoile
s’est mise à briller. Des « grumeaux » secondaires de matière se sont formés à différentes distances du
Soleil pour donner naissance aux planètes. La rotation initiale du nuage sur lui-même a d’abord provoqué
son aplatissement en forme de disque. Sa trace se retrouve aujourd’hui dans la révolution des planètes
qui tournent toutes dans le même sens et presque dans le même plan.

2- Les principaux objets du système solaire


Dans le système solaire, un certain nombre d’objets évoluent autour du soleil, ce sont des planètes et
leurs satellites éventuels, des planètes naines, des astéroïdes, des comètes.
5
2.1- Les planètes
Elles sont subdivisées en deux familles :
 planètes telluriques : Mercure, Vénus, la Terre et Mars qui présentent une surface rocheuse
solide et essentiellement constituées de silicates et de fer.
 Les planètes « gazeuses » (ou géantes) : Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, essentiellement
constituées d’hydrogène et d’hélium.

2.2- Les satellites


Elles peuvent être classées en trois groupes :
 Les planètes naines correspondent à une catégorie nouvelle qui regroupe des satellites de
certaines planètes, par exemple, Pluton (anciennement rangée chez les planètes est maintenant
considérée comme une planète naine).
 Les astéroïdes ont une composition voisine de celle des planètes telluriques mais sont plus petits
et de forme plus irrégulière. La plupart évoluent au sein d’une ceinture installée entre les orbites
de Mars et de Jupiter, tandis que d’autres plus lointains, forment la ceinture de Kuiper.
 Les comètes sont des amas de glaces (eau et gaz gelés) et de poussières. Situées bien plus loin du
Soleil que les planètes, elles peuvent parfois dévier de leur trajectoire et s’en rapprocher. Des
glaces se vaporisent alors et les gaz accompagnés de poussières forment leur queue.

6
Figure 4 : Les principaux objets du système solaire

7
CHAPITRE II : LA TERRE

II- : STRUCTURE EXTERNE


Comme la plupart des autres planètes, la terre possède des enveloppes de fluides : l’atmosphère et
l’hydrosphère. Ces deux enveloppes ne sont pas indépendantes car l’eau à l’état gazeux (vapeur) est aussi
un des constituants de l’atmosphère. La Terre présente deux singularités majeures :
• son atmosphère riche en dioxygène
• l’eau présente sous trois états différents (vapeur, liquide, glace) dans la gamme des températures
existant à sa surface.

1- L’Atmosphère
 Structure et composition : L’atmosphère terrestre (figure 5), couche épaisse de 800 km mais
dont 99,9 % de la masse est contenue dans les cinquante premiers kilomètres structurés en
plusieurs étages. On a de haut en bas :
- l’ionosphère.
- La thermosphère
- La mésosphère
- La stratosphère
- La Troposphère

 L’effet de serre
Certains gaz atmosphériques agissent sur le rayonnement solaire incident et réfléchi : l’ozone
absorbe une partie du rayonnement ultraviolet incident, tandis que la vapeur d’eau, le dioxyde de
carbone et le méthane absorbent une partie des rayonnements infrarouges émis par le sol échauffé.
Ces derniers gaz renvoient à leur tour un rayonnement infrarouge en direction du sol, qui à son
tour s’échauffe et engendre un nouveau rayonnement infrarouge, et ainsi de suite : c’est l’effet
de serre.

8
Figure 5 : Structure, composition de l’atmosphère terrestre et effet de serre

2- L’hydrosphère
Les océans couvrent plus de 70 % de la surface du globe. Ils couvrent un peu plus de 360.106 km2 et
sont répartis en quelques grands domaines :
- L’océan Atlantique
- L’océan Pacifique : il représente à lui seul 50 % de la surface océanique globale
- L’océan Indien
À côté de ces grands océans, il existe de nombreux domaines marins de taille plus modeste :
• les océans austral et arctique ;
• des mers épicontinentales telles la Manche et la Mer du Nord ;
• des mers marginales telles la Mer de Chine ;
• des mers « intramontagneuses » comme la Méditerranée et la mer Noire.

Conclusion
La Terre est une des planètes telluriques du système solaire. Du fait de sa distance au Soleil et de la
présence de son atmosphère qui déterminent conjointement la température moyenne au sol, la Terre est
singulière par la coexistence de l’eau sous ses trois états et par le fait que la Vie s’y est développée.
Planète de vie, la Terre est aussi une planète vivante : l’énergie solaire anime la dynamique de ses
enveloppes externes tandis que sa surface rocheuse témoigne, par le volcanisme et la sismicité qui s’y
expriment ainsi que les déformations qui l’affectent, de l’existence d’une dynamique interne.

9
II- : STRUCTURE INTERNE
1- Connaissance de la structure interne
La Terre est constituée d’une série de couches concentriques de propriétés chimiques et/ou
physiques différentes. La structure interne de la Terre a été mise en évidence en grande partie grâce à
l’étude de la propagation des ondes sismiques émises pendant les grands tremblements de terre.
Les autres informations concernant la structure et la composition interne de la terre proviennent
de :
 l’échantillonnage direct de la croûte terrestre,
 l’étude des morceaux de roches du manteau supérieur remontés par certains volcans,
 l’étude des météorites,
 et les travaux expérimentaux de laboratoire (étude du comportement des minéraux du
manteau à haute pression–haute température grâce à l’utilisation de la cellule à enclumes
de diamant).

2- Structure selon la composition chimique


Selon la composition chimique, on distingue trois parties principales : la croûte, d’épaisseur allant de
10 à 70 kilomètres, puis le manteau, qui s’étend de la base de la croûte jusqu’à une profondeur de 2900
kilomètres et enfin le noyau.

2.1- La croûte terrestre


La composition chimique de la croûte est connue par l’observation directe des roches (le plus grand
forage jamais réalisé, celui de la presqu’île de Kola en Russie, atteint 12 kilomètres de profondeur) et par
l’étude des ondes émises par les séismes proches ou par les séismes provoqués. La croûte est divisée
en deux parties : la croûte continentale et la croûte océanique.
o La croûte continentale s’étend de 30 à 70 km (l’épaisseur maximale est atteinte sous les régions
montagneuses) et possède près de la surface la composition moyenne des granites. Sa
composition passe vers 5 ou 10 km de profondeur à celle de roches plus pauvres en silice
(granodiorites et andésites), puis à une composition basaltique (gabbros, entre 15 et 70 km de
profondeur).
o La croûte océanique est épaisse de 8 à 10 km et constitue le plancher des océans. Sa
composition est basaltique.

La base de la croûte est caractérisée par un brusque changement de densité (2,9 à 3,3 g/cm3). Un
géologue croate, Andrija Mohorovicic a découvert en 1909 l’existence d’une discontinuité dans la
propagation des ondes sismiques. On appelle discontinuité de Mohorovicic ou Moho, la discontinuité

10
sismique qui marque la limite entre la croûte et le manteau. Le Moho est situé à environ 35 km (jusqu’à
70 km sous les grandes chaînes de montagnes) sous les continents, et à environ 10 km sous les océans.

2.2- Le manteau
 Localisation : Sous le Moho jusqu’à environ 2900 km. Le manteau occupe 81% du volume de
la Terre et représente 67% de sa masse. On y distingue deux étages qui font frontière commune
à 670 km de profondeur : le manteau supérieur et le manteau inférieur.

 Composition moyenne : celle d’une roche nommée péridotite (composée d’olivine, de


pyroxène et de grenat). La composition chimique moyenne du manteau ne change pratiquement
pas, mais la minéralogie du manteau varie en fonction de la profondeur. Notons que les 300
derniers kilomètres du manteau inférieur forment une zone fortement hétérogène sur les plans thermique
et chimique. On pense que la base du manteau est le siège d’importantes réactions chimiques
entre les silicates du manteau et le fer liquide du noyau.
Une ultime discontinuité située à 2900 km de profondeur, sépare le manteau inférieur du noyau. Elle

se traduit par une augmentation de densité de 5,5 g/cm3 à 10 g/cm3 : c’est la discontinuité de
Gutenberg, découverte en 1913.

2.3- Le noyau
 Localisation : Le noyau constitue la partie centrale de la Terre. Il est divisé en deux couches :
le noyau externe (liquide) (la brusque interruption de propagation des ondes S à la limite
entre le manteau et le noyau indique que le noyau externe est liquide) et le noyau interne ou
graine (solide), séparé par la discontinuité de Lehmann à 5150 km de profondeur. A cette

limite, la densité passe de 12,3 g/cm3 à environ 13,3 g/cm3, et atteint 13,6 g/cm3 au centre de
la Terre, soit à 6371 km.

 Composition : le noyau serait formé de fer et d’un peu de nickel.


Cette hypothèse s’appuie sur la composition chimique d’une classe de météorites (les météorites
de fer) considérées comme les restes des noyaux de petites planètes (astéroïdes) différenciées.

3- Structure selon les propriétés physiques


Des discontinuités sismiques ont été mises en évidences dans le manteau de la Terre et sont dues
principalement aux changements des propriétés physiques. On distingue ainsi : la lithosphère,
l’asthénosphère et la mésosphère. Cette division de la structure interne du globe est à la base de la
théorie de la tectonique des plaques.

11
3.1- La lithosphère
Elle est caractérisée par sa rigidité et son élasticité. La vitesse des ondes sismiques est élevée. Son
épaisseur est de 100 km en moyenne (70 km sous les océans et 130 km sous les continents). La
lithosphère est composée de la croûte terrestre (océanique et continentale) et d’une partie du
manteau supérieur (manteau lithosphérique).

3.2- L’asthénosphère (J. Barrell, 1914, du grec asthenos, sans résistance)


Elle est située sous la lithosphère et se compose de roches qui ont une rigidité faible, relativement
malléables. Les températures dans cette région sont proches du point de début de fusion partielle de la
péridotite. L’asthénosphère est divisée en deux parties :
 L’asthénosphère supérieure, qui s’étend entre 120 km et 250 km, appelée LVZ (low
velocity zone) : zone à faible vitesse de propagation des ondes sismiques. C’est la
couche où la péridotite subit une fusion très faible, ce qui lui permet de se déformer
facilement. Dans cette zone, il n'existe pas de diminution en densité ou en composition. Elle
est de même composition que le reste du manteau, mais elle est moins rigide, moins
élastique et plus ductile que le manteau environnant.

o L’asthénosphère inférieure, qui s’étend de 250 km (350 km) à 670 km de


profondeur. Les roches redeviennent relativement rigides. Une discontinuité sismique a été
mise en évidence dans cette couche à 400 km de profondeur. Elle est due à un changement
de la structure de l’olivine (qui est l’un des principaux minéraux de la péridotite).
Lorsqu'on comprime les cristaux d'olivine en laboratoire à une pression correspondant à
400 km de profondeur, les atomes se réarrangent en formant un polymorphe plus dense.
Dans le cas de l'olivine, le réarrangement d'atomes ressemble à la structure que l'on
trouve dans la famille de minéraux appelée spinelle. La densité d'olivine augmente de 10%.
On appelle discontinuité sismique à 400 km, l'augmentation des vitesses des ondes
sismiques due à la transition polymorphique olivine-phase « spinelle » (ne pas confondre
avec le minéral spinelle, non silicaté).

3.3- La manteau inférieur ou mésosphère (du grec meso, moyen ou milieu)


Il qui s’étend de 670 km à 2900 km de profondeur. Cette couche est caractérisée par une nouvelle
discontinuité sismique à une profondeur de 670 km. La densité du manteau augmente de 10%. Cette
discontinuité serait due aux conditions de température et de pression à cette profondeur qui conduisent
à une nouvelle transformation minéralogique, les minéraux de l’asthénosphère inférieure seraient
remplacés par un assemblage de minéraux de type perovskite silicatée et d’oxyde de magnésium.
Notons aussi que cette discontinuité correspond aussi à la profondeur maximale des foyers des
tremblements de terre.
12
Figure 6 : Structure interne et composition de la Terre

Conclusion
La Terre est essentiellement solide. La seule zone liquide à l’intérieur de la Terre est le noyau externe.
La LVZ dans le manteau supérieur est une zone où existe un début de fusion très faible, mais n’est pas
liquide. Enfin, il existe près de la surface, au-dessous des volcans actifs, des chambres magmatiques où
existent des magmas liquides. Le magmatisme est donc un phénomène exceptionnel. L’état solide à
l’intérieur de la Terre malgré des températures élevées est dû aux fortes pressions qui y règnent et qui
empêchent la fusion des roches. Le noyau externe liquide est responsable du champ magnétique externe
de la Terre. Les courants de convection qui agitent le fer liquide produisent un effet dynamo qui
engendre le champ magnétique.

13
CHAPITRE II- LES OBJETS GEOLOGIQUES

I- LES MINERAUX
1- Définitions
Un minéral est un solide naturel, possédant une composition chimique définie et une structure atomique
ordonnée (cristal). L’étude cristallographique et chimique a permis de déterminer 7 systèmes cristallins
correspondant à 7 formes géométriques ou 7 solides primitifs.

2- Morphologie des cristaux


Les cristaux se forment par la répétition en trois dimensions d'une unité de structure. Les surfaces qui
limitent les cristaux, les faces des cristaux, dépendent de la forme de cette unité et des conditions de
croissance. Les relations angulaires, la taille et la forme des faces sur un cristal sont des aspects de la
morphologie des cristaux.
On décrit une maille d’un solide donné, et par conséquent un réseau donné, par ses paramètres : l es
trois côtés a, b et c du parallélépipède et les trois angles α, β et γ, situés entre ces trois côtés (figure
ci-dessous).

Figure 7 : Maille et paramètres d’un réseau à trois dimensions

Les 7 systèmes cristallins peuvent ainsi être décris par leurs paramètres :
• Système triclinique : a ≠ b ≠ c ; α ≠ β ≠ γ
• Système monoclinique : a ≠ b ≠ c ; α = γ = 90° ≠ β
• Système orthorhombique : a ≠ b ≠ c ; α = γ = β = 90°
• Système hexagonal : a = b ≠ c ; α = β = 90° ; γ = 120°
• Système rhomboédrique : a = b = c ; α = β = γ ≠ 90° ; α < 120°
• Système quadratique : a = b ≠ c ; α = γ = β = 90°

14
3- Classification des minéraux (Le critère est variable en fonction des auteurs.)
3.1- Classification selon la nature des radicaux anioniques
En fonction de la nature des radicaux anioniques présents dans l’assemblage des minéraux, les roches se
divisent en huit groupes mais habituellement on les regroupe en deux grandes familles :
- Les minéraux silicatés : ils constituent 90% des matériaux qui existent ;
- Les minéraux non silicatés : le silicium n’entre pas dans la structure.

 Les minéraux non silicatés


 Minéraux dépourvus d’oxygène
 Eléments natifs Minéraux constitués d'un seul élément. (Au, Pt)
 Halogénures [Cl] 1-, [F] 1-, plus rarement [I] 1- et [Br]1-.
 Sulfures [S] 2- , comprend aussi [As] 3-, [Sb] 3-, [Se] 2-, [Te] 2-.
 Sulfosels [AsS3], [SbS3], [AsS4], [SbS4], [As4S13], etc..

 Minéraux oxygénés, non silicatés


 Oxydes & hydroxydes [O] 2-, [OH1-, comprend aussi [Nb2O6]2-, [Ta2O6] 2
 Carbonates [CO3] 2-, comprend aussi [NO3] 1-.
 Borates [BO3] 3-, [B2O5] 4-, [B7O13] 5-, etc..
 Sulfates [SO4] 2-, comprend aussi [CrO4] 2-, [TeO3] 2-, [SeO3] 2
 Tungstates, Molybdates* [WO4] 2-, comprend aussi [MoO4] 2-.
 Phosphates [PO4] 3-, comprend aussi [AsO4] 3-, [VO4] 3-, [SbO4] 3-.
* souvent classés avec les sulfates

 Les minéraux silicatés


L’élément de base déterminant la forme des réseaux cristallins des minéraux est le tétraèdre [SiO4]4-.

Les silicates représentent plus d'un quart des minéraux à la surface du globe. Cette abondance a amené à
une classification spécifique. Celle-ci fait intervenir des notions structurales, c'est-à-dire fonction de
l'enchaînement des tétraèdres. Les charges négatives favorisent le greffage ou l’attraction des cations.
Les silicates et alumino-silicates sont divisés en 6 sous-classes.
 Nésosilicates [SiO4] 4-.
 Sorosilicates [Si2O7] 6-.
 Cyclosilicates [Si3O9]6-, [Si4O12]8-, [Si6O18] 12-.
 Inosilicates [SiO3]2-, [Si4O11]6-.
 Phyllosilicates [Si2O5]2-, [AlSi3O10]5-, [Al2Si2O10]6-
 Tectosilicates [AlSi3O8]1- , [Al2Si2O8]2-, [Al2Si3O10]2-, [Al2Si7O18] 2

15
II- LES ROCHES
Une roche est un agrégat naturel de minéraux. Il existe trois familles de roches : magmatiques,
sédimentaires et métamorphiques.

1- Les roches magmatiques


1.1- Généralités
Les roches magmatiques proviennent de la cristallisation du magma. Le magma est un mélange liquide
de silicates, d’alumino-silicates et parfois de carbonates, de température élevée (au moins 800°c)
contenant des minéraux et des gaz dissous ou combinés, qui donnent naissance à des roches par
solidification (ou refroidissement). Les magmas peuvent prendre naissance dans la croûte ou à la base de
la croûte (dans le manteau supérieur). Sept groupes de minéraux composent plus de 95 % en volume
de toutes les roches magmatiques. Il s’agit de : l’olivine, les pyroxènes, les amphiboles, les
feldspaths (plagioclases et feldspaths potassiques), les micas et le quartz.

1.2- Classification des roches magmatiques


Les roches magmatiques peuvent être classées de plusieurs manières. Les classifications les plus
utilisées sont celles basées sur :
 le lieu de mise en place des roches magmatiques (classification texturale);
 la composition minéralogique (classification minéralogique quantitative) ;
 la composition chimique (classification chimique).

1.2.1- Classification selon la granulométrie (ou texture) de la roche


Plusieurs phénomènes interviennent dans l’ascension du magma et déterminent la texture des roches
qui seront formées après son refroidissement. Selon la taille des cristaux et le degré de refroidissement
du magma, on distingue les roches magmatiques plutoniques, périplutoniques et volcaniques.
o Dans les roches plutoniques, le refroidissement très lent du magma conduit à la formation de
gros cristaux bien formés. La texture de la roche est dite phanéritique (ou grenue). La taille
moyenne des grains est de 3 à 5 mm.
Exemples : Granite,diorite, Gabbro.

o Les roches périplutoniques (ou hypovolcaniques) sont des roches de semi-profondeurs à


minéraux constituées de cristaux en grains non visibles à l’œil nu, ou à peine discernable à
cause du refroidissement assez rapide du magma ; Exemples : dolérite.

16
o Au contraire, le magma qui donne les roches volcaniques refroidit beaucoup plus
rapidement. Les cristaux sont beaucoup plus petits (microlithiques : du grec micro = petit
et lithos = pierre) et la texture de la roche est dite aphanitique. Parfois, le refroidissement
du magma est tellement rapide que la roche volcanique ne possède pas de cristaux. La
roche présente alors une texture vitreuse. La structure des roches volcaniques peut être
litée, ou en coussins (si le magma a refroidi sous l’eau). Exemples : Rhyolite, Andésite,
Basalte.

1.2.2- Classification selon la composition chimique de la roche


Selon la composition chimique (et de la couleur), on distingue les roches felsiques, les roches mafiques
et le roches ultramafiques :
o Les roches felsiques (fel = feldspaths et sique : silice), sont issues de magmas
visqueux riches en silicium (Si) et en aluminium (Al). Les principaux minéraux sont
clairs (quartz et feldspaths). Exemple : le granite, la rhyolite, la syénite.

o Les roches mafiques (ma = magnésium et fiques = fer) sont issues de magmas très
fluides enrichis en fer (Fe) et en magnésium (Mg). Les principaux minéraux sont
foncés (pyroxènes et amphiboles).

o Les roches ultramafiques : composées essentiellement de minéraux mafiques.


Exemple : péridotite, pyroxénite.

1.2.3- Classification basée sur la teneur en silice SiO2


Parmi les oxydes principaux des roches magmatiques, c’est la silice qui domine. C’est pourquoi, la
première façon de classer les roches magmatiques suivant la composition chimique est basée sur la
teneur en SiO2. On peut ainsi distinguer :
 Les roches acides : SiO2 > 65 % ; cas des granites et rhyolites.
 Les roches intermédiaires : 52 % < SiO2 < 65 % ; cas des andésites et diorites.
 Les roches basiques : 45 % < SiO2 < 52 % ; cas des basaltes et gabbros.
 Les roches ultrabasiques : SiO2 < 45 % ; cas des péridotites et dunites
L’adjectif « acide » vient du terme « acide silicique » qui désignait autrefois SiO2,
l’adjectif « basique » vient de « base » (Ca, Mg, Fe…).

1.2.4- Classification basée sur degré de saturation en silice


On utilise le terme saturation (ou degré de saturation en silice) pour distinguer les roches ayant un
17
excès de SiO2 (roches contenant du quartz), de ceux qui n’en contiennent pas. On distingue ainsi :
- Une roche sursaturée : roche qui contient du quartz.
- Une roche saturée : roche qui ne contient pas de quartz, ni de feldspathoïde.
- Une roche sous-saturée : roche qui contient du feldspathoïde, et/ou de l’olivine (pas de
quartz).

1.2.5- Classification basée sur la coloration des principaux minéraux


Les roches magmatiques sont composées d’une dizaine de minéraux essentiels qui peuvent être classés
en fonction de leur couleur en deux classes :
 Les minéraux blancs (ou minéraux cardinaux) (Quartz, Feldspaths, Feldspaths, mica
blanc, feldspathoïdes)
 Les minéraux colorés (Olivine, Pyroxènes, Amphiboles, Micas noirs)
Selon la proportion et la nature de ces minéraux, les roches sont classées en :
Roches hololeucocrates (blanches) 0-10 %
Roches leucocrates 10-35 %
Roches mésocrates 35-65 %
Roches mélanocrates 65-90 %
Roches holomélanocrates (noires) 90-100 %

1.2.6- Classification de Streckeisen (Internationale, U.I.S.G.)


Cette classification, basée sur les proportions de minéraux présents dans les roches et sur
l’incompatibilité existant entre le quartz et les feldspathoïdes (Tectosilicate voisin des feldspaths mais
moins riche en silice, donc sous saturé. Ex. Leucite, néphéline), est représentée par deux triangles
équilatéraux ayant une base commune (figure 3.A.). Les sommets du triangle supérieur sont occupés
par le quartz (Q), les feldspaths alcalins (A) et les plagioclases (P). Les sommets du triangle inférieur
sont occupés par les feldspaths alcalins (A), les plagioclases (P) et les feldspathoïdes (f). Les
feldspaths alcalins sont représentés par l’orthose et la microcline, les plagioclases par les
feldspaths calco-sodiques (An50 à An100). Cette classification s’applique aux roches contenant moins
de 90% de minéraux ferromagnésiens.
Pour les roches volcaniques, on utilise la même procédure, à condition de pouvoir déterminer la composition
minéralogique (parfois difficile à cause de la finesse des minéraux). Les roches plutoniques sont en majuscules,
les roches volcaniques en minuscules. (Fig. 8).

18
Figure 8 : Classification des roches magmatiques (1)

19
Figure 9 : Classification des roches magmatiques (2)

20
2- Les roches sédimentaires
Les roches sédimentaires proviennent de l’accumulation et la consolidation de sédiments. On
l e s classe en trois types : roches détritiques (clastiques), chimiques et biochimiques.
Les roches détritiques proviennent de l’accumulation de débris de roches pré-existantes.
Exemple : Grès, shale.
Les roches chimiques proviennent de la précipitation de composés chimiques.
Exemple : les évaporites (le sel).
Les roches biochimiques proviennent de l’accumulation de débris d’origine
organique. Exemple : le charbon.

La formation d’une roche sédimentaire passe par les étapes suivantes :


 altération (ou météorisation) de la roche mère ;
 transport du sédiment ;
 dépôt du sédiment ;
 compaction et cimentation (lithification ou diagenèse).

Les roches sédimentaires se caractérisent par une structure litée et par la présence de fossiles.
Les principaux minéraux des roches sédimentaires sont :
- la calcite dans les calcaires,
- la dolomie dans la dolomite,
- les minéraux argileux (kaolinite, smectite, micas) dans les argiles.
- la halite, le gypse et la sylvite dans les évaporites,
- le quartz et le feldspath dans les roches détritiques (grès).

3- Les roches métamorphiques


3.1- L’origine des roches
Ce sont des roches qui résultent des transformations texturales et minéralogiques que des
roches magmatiques, sédimentaires et même métamorphiques soumises à des conditions de
pression et de température différentes de celles de leur genèse. En effet, en fonction de l’intensité
des nouvelles conditions de température (augmente avec la profondeur et/ou avec la mise en
place des roches magmatiques plutoniques ou volcanique) et de pression (augmente avec la
profondeur et de faite des contraintes), de nouveaux minéraux vont apparaître au détriment des
éléments chimiques des minéraux préexistants. La roche aura subit une plus ou moins grande
orientation de sa structure en vue de s’adapter aux nouvelles conditions de température et de
pression.

21
Les principales textures des roches métamorphiques sont la schistosité et la foliation.
o la schistosité correspond à un feuilletage plus ou moins serré des roches sous
l'influence de contrainte tectonique.
o la foliation correspond à une différentiation pétrographique entre des lits clairs et
des lits sombres (gneiss).

3.2- Les types de métamorphisme


En fonction de l’élévation de la température et/ou de la pression, on distingue plusieurs types de
métamorphisme dont les plus importants sont le métamorphisme de contact et le métamorphisme
régional.
o Le métamorphisme de contact (thermométamorphisme) se produit autour d'une
intrusion magmatique où les roches sédimentaires se transforment en des roches
métamorphiques appelées : cornéennes. Ces roches ont des minéraux qui ne
présentent pas d'orientation préférentielle.
o Le métamorphisme régional (ou général) (thermodynamométamorphisme) est
caractérisé par des températures élevées et des pressions fortes. Il est lié à la
formation des chaînes de montagnes et donne naissance aux roches
cristallophylliennes (roches cristallines ayant des feuillets riches en phyllites tels que
les micas).
A côté de ces deux grands types, il existe :
- le métamorphisme de pression (dynamométamorphisme) ;
- le métamorphisme d’impact météorique ;
- le métamorphisme de cisaillement ;
- le métamorphisme hydrothermal ;
Les différents degrés de métamorphisme (dans le métamorphisme général) sont identifiés
par des ensembles de minéraux symptomatiques appelés paragenèse minéralogiques. On
définit dans le métamorphisme général, trois zones de température et de pression : Epizone
(métamorphisme faible), Mésozone (métamorphisme moyen) et Catazone (métamorphisme
fort),

22
3.3- Les roches métamorphiques
Tableau I : Les roches métamorphiques
Séquence pélitique Séquence granitique Séquence basaltique
(boue, gains très fins)
Roches
Pélite, argile Granite Basalte
Degré de métamorphisme
Epizone
Schistes sériciteux, Métabasaltes
Métamorphisme faible Protogyne
chloriteux
Faciès Schistes verts
Mésozone
Métamorphisme Amphibolites
Micaschistes Gneiss
moyen
Faciès Amphibolites
Catazone
Métamorphisme fort Granulites Gneiss ou granulites Gneiss, pyroxénites
Faciès Granulites

III- METHODE DE RECONNAISSANCE DES ROCHES

1- Définitions
 La pétrographie (du grec petra, pierre, et graphein, écrire) : Sciences de description et
de classification des roches.
 La pétrogenèse : étude des mécanismes de formation des roches.
Pétrographie + pétrogenèse = Pétrologie.
 La pétrologie (du grec logos, discours, parole) : Science de description, de classification
et d’interprétation de la genèse des roches.

2- Intérêt de la pétrographie
 Scientifique : Reconstituer l’histoire de la Terre.
 Economique : E x p l o i t e r l e s matières premières minérales
 Technologique : Construire des ouvrages d’art à partir d’études géologiques des
terrains.

3. Méthodes descriptives
Les méthodes descriptives se basent sur :
 l’identification des minéraux dans les roches ;
 la détermination de la proportion des minéraux dans les roches ;
 la détermination de la structure et la texture des roches.

23
o la structure d’une roche désigne l’aspect ou la forme que prend la roche tel
qu’on peut l’observer à l’œil nu sur un affleurement rocheux (échelle
macroscopique). Exemple : structure litée, massive, rubanée.

o La texture d’une roche désigne l’agencement, la granulométrie et la forme


géométrique des minéraux tel qu’on peut les observer au microscope
polarisant (échelle microscopique).

La pétrographie est basée sur l’examen des lames minces des roches sous le microscope
polarisant pour déterminer avec précision les minéraux et leurs proportions dans les roches.
Le microscope polarisant (appelé aussi microscope pétrographique) est l’outil de base de la
pétrographie. C’est un microscope spécialisé conçu pour déterminer les propriétés optiques
des minéraux. Son grossissement peut atteindre 1000x et permet d’identifier les grains
des minéraux très petits.

2-. Méthodes géochimiques


Les méthodes géochimiques consistent à déterminer à l’aide de différents instruments
analytiques la composition chimique de la roche. Les méthodes géochimiques sont plus fiables
que les méthodes descriptives. Par contre, elles sont plus coûteuses et ne permettent pas une
identification instantanée des roches sur le terrain, les échantillons doivent être ramenés au
laboratoire. Exemple d’appareillage : spectromètre de fluorescence X, spectromètre à émission
plasma, microsonde électronique, etc.

24
CHAPITRE IV : LES PHENOMENES GEOLOGIQUES

I- LA GEODYNAMIQUE INTERNE
Elle a pour objet l’étude de tous les phénomènes qui se déroulent à l’intérieur du globe terrestre.
Ces phénomènes se manifestent à la surface de la terre sous la forme de volcanisme; séisme ;
sources chaudes ; magnétisme et sous la forme de mouvements des plaques terrestre. Ce sont
surtout les mouvements des plaques qui vont faire l’objet de notre étude. Ces mouvements sont au
nombre de trois à savoir, la subduction, l’expansion et les failles transformant.

I.2- La tectonique des plaques


La théorie de la tectonique des plaques, développée à la fin des années 1960, a eu des incidences
énormes sur toutes les Sciences de la Terre : c’est une théorie scientifique planétaire unificatrice
qui nous fournis un cadre unique dans lequel s’intègrent toutes les observations géologiques
(déformation des roches, sismicité, volcanisme, métamorphisme…). Cette théorie est basée sur
la notion de plaques tectoniques.

Selon cette théorie, la lithosphère est découpée en un certain nombre de plaques (six grandes
plaques et de nombreuses microplaques) rigides qui bougent les unes par rapport aux autres en
glissant sur l'asthénosphère. Ce mouvement définis trois types de frontière entre les plaques :

 Les frontières divergentes : là où les plaques s'éloignent l'une de l'autre et où de


la matière fondue, montant de l’asthénosphère, est ajoutée sur les bords de chacune
des deux plaques. C’est ce qui se produit au niveau des dorsales océaniques au milieu
des océans actuels.
 Les frontières convergentes : là où l’une des deux plaques s’enfonce sous l’autre,
comme on l’observe au niveau des zones de subduction. Un autre type de frontière
convergente est celui où deux plaques entrent en collision, là où se forme la
plupart des chaînes de montagnes intracontinentales.
 Les frontières transformantes : là où deux plaques glissent latéralement l'une
contre l'autre, le long de failles; dans ce cas il n’y a ni destruction, ni création de
matière.

Actuellement, il existe à la surface du globe 14 plaques tectoniques, chacune de ces


plaques peut comporter à la fois de la lithosphère océanique et de la lithosphère

25
continentale. Trois plaques seulement sont entièrement océanique : la plaque Pacifique,
Nazca et Cocos (figure 3).

Le mouvement des plaques s’effectue en réponse à la libération de la chaleur interne


de la terre. En se dissipant, cette chaleur met en mouvement ses couches internes et
externes. Cette chaleur provient de deux sources :

o la première source est héritée de l’époque de sa formation par accrétion il y’a


4,55 milliards d’années ;
o la deuxième source provient de la désintégration des éléments radioactifs (U,
Th, K..).

La chaleur se propage par différents mécanismes de conduction et de convection. Dans les


couches solides, elle est transmise par conduction, alors que dans les masses liquides se
développent des courants de convection. Ces courants seraient, dans la zone externe du noyau,
responsables du champ magnétique terrestre, et dans le manteau, responsables des processus liés
à la tectonique des plaques.

Le mouvement des plaques tectoniques est assuré par les grandes cellules de convection dans
le manteau, qui sont le résultat du flux de chaleur qui va du centre vers l'extérieur de la terre.

26
Figure 10 : Les principales plaques lithosphériques et leurs frontières.

27
Figure 11 : Subduction océan- continent le long d’une marge active

Figure 12 : Exemple d’expansion de dorsale atlantique


28
Figure 13 : Schéma organisationnel d’une faille transformante océanique

4- Les autres phénomènes (points chauds)


En dehors des zones de limite des plaques terrestres ; des volcans peuvent apparaitre en plein
milieu de plaque. Ces volcans sont appelés points chauds (ou hot spot). On a également des
sources chauds et les geysers qui correspondent aussi à des phénomènes de géodynamique interne.
L’Island est situé sur une ride médio-océanique. (Ce pays utilise les sources chaudes pour le
réchauffage et pour faire des cultures sous serre)

II- LA GEODYNAMIQUE EXTERNE


1- Le cycle des roches (Figure 14)
Dans le cycle des roches, le magma occupe une position centrale : il en est le point de
départ et le point d'arrivée du cycle.

La première phase du cycle est constituée par la cristallisation du magma, un


processus qui conduit à la formation des roches magmatiques. Le magma peut
cristalliser en surface, et les roches magmatiques formées sont dites : volcaniques. Les

29
roches volcaniques sont donc exposées à la surface de la Terre. Si le magma cristallise
en profondeur, il donnera des roches plutoniques. Les roches plutoniques sont
amenées à la surface lors du soulèvement et l’érosion des terrains par les processus
dynamiques de la tectonique des plaques, lors de la formation de chaînes de montagnes
par exemple.

A la surface, les roches magmatiques subissent les processus associés à l'énergie


solaire - chauffage, refroidissement, vent, pluie - et la circulation d'eau météorique.
Ces roches s'altérèrent et se décomposent en grains individuels qui sont transportés
par l'eau, la glace et le vent pour former un dépôt meuble, un sédiment (graviers,
sables, boues). Ce processus est appelé sédimentation. Puis ce sédiment se transforme
progressivement en roche sédimentaire selon un ensemble de processus qu'on appelle
la diagenèse. Les roches sédimentaires sont les plus communes à la surface terrestre
parce qu'elles forment une couche mince au-dessus de la croûte terrestre.

L'enfouissement de cette roche sédimentaire (dans les chaînes de montagnes par


exemple) implique des changements de la température et de la pression ambiantes. Les
roches sédimentaires se transforment alors en roches métamorphiques.

L’érosion des roches métamorphiques et des roches sédimentaires produira aussi des
sédiments et éventuellement des roches sédimentaires.

Le retour au magma par la fusion des roches boucle le cycle

2- L’altération des roches


C’est un processus chimique qui se traduit par l’hydrolyse des minéraux, la mise en solution de
certains éléments chimiques et l’accumulation sur place d’autres éléments chimiques ainsi que
d’autres minéraux.
En général en climat intertropical, l’altération est beaucoup plus intense et entrainela mise en
solution du sodium (Na+), du magnésium (Mg++), du potassium (K+) et du dépôt sur place de fer
(Fe), de silice (Si) et d’aluminium (Al). Ce phénomène entraine la formation des latérites.

2- L’érosion des roches


C’est la désagrégation mécanique sous l’effet de la variation de la température, du vent, des
racines des arbres, des cours d’eau, des pluies, etc. L’érosion entraine :
30
- L’émiettement
- La dilatation thermique
- La fragmentation en blocs
- Etc.
3- Le transport
Le transport se fait par le vent ou l’eau soit en suspension, par roulement, par saltation ou par mise
en solution.

4- Le dépôt
Lorsque l’énergie nécessaire au transport s’atténue, les éléments se déposent en commençant par
les plus grossiers et les plus denses. Les éléments les plus fins vont le plus loin possible.

5- La diagenèse
C’est l’ensemble des phénomènes qui affectent une roche sédimentaire après son dépôt et avant
son métamorphisme. Les étapes sont :
- La compaction : consolidation des sédiments meubles ;
- La cimentation : jonction des grains entre eux ;
- La recristallisation : entre les grains, des minéraux nouveaux vont apparaitre pour
participer à la cohésion de l’ensemble ;
- La métasomatose : apport de matières de l’extérieur.

31
Figure 14 : Le cycle des roches (d’après www.usgs.gov, modifié)

32
CHAPITRE V : GEOLOGIE DE LA COTE D’IVOIRE

I- LA COTE D’IVOIRE DANS LE CONTEXTE GEOLOGIQUE AFRICAIN


1- Les noyaux cratoniques
Le continent Africain comprend trois cratons (cf. figure 1) qui sont :
- le craton du Kalahari, au Sud ;
- le craton du Congo au nord du précédent ;
- le craton Ouest Africain, à l’Ouest.

Le craton Ouest-africain est une vieille plate-forme granitisée et stabilisée (Bessoles, 1977) depuis
la fin de l’Orogenèse Eburnéenne. Il est limité au Nord par l’Anti-Atlas, au Sud par l’Océan
Atlantique, à l’Ouest par la zone mobile panafricaine des Mauritanides et Rockélides et à l’Est
par la zone panafricaine des chaines Pharusides, Dahoméyides et Gourma.
Il comprend au Nord, la dorsale de Réguibat, au Sud la dorsale de Man (Léo) et est couvert sur
une grande partie de sa surface par les formations sédimentaires d’âge protérozoïque supérieur
des bassins de Tindouf au Nord, de Taoudéni dans sa partie centrale et du bassin voltaïque dans
sa partie Orientale (cf. figure 2).
S’inscrivant grossièrement dans un carré dont les côtés seraient les coordonnées de 5°N et 10°N
(latitude), 3°W et 8°W (longitude), la Côte d’Ivoire est un pays de l’Afrique de l’ouest dont la
limite méridionale est constituée par une partie du golfe de Guinée. Elle est entourée à l’ouest par
le Libéria et la Guinée, au nord par le Mali et le Burkina Faso, à l’est par le Ghana et au sud par
l’océan Atlantique. Du point de vue géologique, la Côte d’Ivoire s’intègre dans la partie Sud de
la dorsale de Man. Elle comprend deux domaines principaux séparés par la faille du Sassandra
et un bassin sédimentaire dans sa partie sud. Son histoire se confond avec celle du craton Ouest
Africain. Il se résume en deux mégacycles:
- le mégacycle Libérien (3000 à 2400 Ma) au cours duquel s’est produite l’orogenèse
libérienne (2800 à 2400 Ma) aboutissant à la formation d’un noyau libérien qui sera
repris plus tard par l’orogenèse éburnéenne;
- le mégacycle Eburnéen (2400 à 1500 Ma) marqué par l’orogenèse éburnéenne (2000 à
1800 Ma) responsable de la mise en place d’un ensemble de roches plutoniques. A la fin
de ce cycle, le territoire ivoirien acquiert une stabilité géologique qu’il conservera jusqu’à
ce jour.

La Côte d’Ivoire est formée de deux unités géologiques de surfaces très inégales (cf. figure 7) :
le socle cristallin (97,5% du territoire) et le bassin sédimentaire (2,5% du territoire).

33
Figure 15 : Noyaux cratoniques de l’Afrique d’après CLIFFORD [1968a], ROCCI [1965] ET
KENNEDY [1964].
1. Noyaux cratoniques majeurs. 2. zones péricratoniques activées orogéniquement du
Précambrien terminal au début Paléozoïque. 3. Ages supérieurs à 700 M.a., dans ces zones.
4.Ages 680-580. Katangien. 5. Ages 580-450. Damarien (Orogénie panafricaine). 6. Ages 450-
350. 7. Zones de socle rajeuni. 8. Zones de plissements. 9. Fractures profondes. 10. Aires
marines secondaires et tertiaires.

Figure 16 : Carte géologique schématique de l’Afrique occidentale


d’après CHOUBERT et al., 1968a, modifiée.

34
Figure 17 : Carte schématique de la Dorsale de Man
(modifiée, d’après Gbélé [2000] et Milési et al., [1989]).
1. formations post-birimiennes (âge  1,8 Ga). 2. sédiments, volcanosédiments et volcanites birimiens
indifférenciés du domaine paléoprotérozoïque. 3. granitoïdes indifférenciés du domaine
paléoprotérozoïque. 4. zone de transition archéen/paléoprotérozoïque. 5. domaine archéen. 6. contact
chevauchant. 7. couloirs décrochant.

35
2- Géologie de la Côte d’Ivoire
2.1- le domaine archéen
Encore appelé "domaine Kenema-Man" se situe à l’Ouest de la faille du Sassandra. Dans ce
domaine Archéen, les roches se différencient entre 3,3 et 3,5 Ga du manteau (âge modèle Nd).
Les formations granulitiques les plus anciennes sont datées à 3050 ± 10 Ma (âge monozircon).
Des zircons hérités dans des paragneiss indiquent un héritage continental, au minimum à 3,2 Ga.
Ce domaine est marqué, comme l'ensemble de l'Archéen de la dorsale de Man, par l'événement
magmatique et métamorphique majeur qu'est le Libérien (Camil, 1984 ; Kouamelan et al. 1994,
1995). La datation des assemblages minéraux a permis de mettre en évidence un recyclage
important des formations archéennes durant l'événement Birimien. Ce recyclage s'effectue dans
des conditions de température assez élevées (700 à 800°C), vu la remise à zéro partielle ou totale
des géochronomètres U-Pb et Sm-Nd. Il est essentiellement localisée au Sud de la faille de Man-
Danané, où prédominent des gneiss migmatitiques à biotite.
Une étape précoce survient vers 2250 ± 30 Ma. L'influence majeure a lieu vers 2100 ± 40 Ma avec
(1) la décompression isotherme de granulites archéennes de haute pression (850 ± 30°C et 10 ±
kbar) vers des conditions de plus basse pression (720°C ± 30 et 7 ± 1 kbar) et (2) la fusion de
sédiments pour donner des gneiss migmatitiques à biotite (monazite à 2074 ± 7 Ma). L'âge modèle
Nd à 3,2 Ga et la présence de cœur hérité dans les zircons montrent l'origine archéenne de ces
formations.

2.2- le domaine baoulé-mossi


Le domaine paléoprotérozoïque ou domaine Baoulé-Mossi est situé à l’Est de la faille du
sassandra et se prolonge jusqu’à la frontière du Ghana, en ce qui concerne la Côte d’Ivoire.
Il est occupé par les formations dites dakaliennes et birimiennes. Ces formations ont été
structurées par les orogenèses burkinienne entre 2,4 et 2,2Ga, (LEMOINE, 1988) et éburnéenne
entre 2,2 et 1,8Ga. Tout comme l’orogenèse libérienne, les orogenèses éburnéenne et burkinienne
ont été accompagnées de la formation de roches magmatiques et de roches métamorphiques
d’origine sédimentaire et magmatique.
Les roches magmatiques sont essentiellement les granitoïdes (granites, granodiorites, gabbros,
tonalites….) et les roches métamorphiques sont généralement du faciès schistes verts à
amphiboles (métabasaltes, métadiorites, schistes….).

Il convient de signaler qu’un domaine dénommé "domaine SASCA" est situé dans le sud-ouest et
drainé par les fleuves sassandra et Cavally. Il présente des caractéristiques de transition entre le
domaine Kénema-Man et le domaine Baoulé-Mossi.
36
3- le bassin sédimentaire
Le bassin sédimentaire est très peu étendu avec une superficie émergée de 8000 km2 (onshore) et
une superficie immergée de 40000 km2 (offshore),soit au total 2,5% du territoire national. Il est
divisé en deux zones distinctes par une grande faille normale d’orientation E-W appelé « faille
des lagunes » ou « faille bordière ».
- Au nord de cette faille, la couverture sédimentaire(300 m d’épaisseur) est composée de
calcaires coquillés, de marnes et des argiles ou silts datant du tertiaire et du
secondaire(continental terminal).
- Au sud, on a les formations récentes (du quaternaire) constituées par des alluvions, des
argiles, des sables, des cuirasses latéritiques, etc. sous lesquelles s’enfonce le socle
précambrien à l’ouest.
En générale les formations sédimentaires sont discordantes sur le socle granitique et schisteux.

Figure 18: Schéma simplifié des ensembles géologiques en Côte d’Ivoire


D’après la carte géologique au 1/1000 000 de la Côte d’Ivoire de Tagini [1972], modifiée
Légende :
1. Formations post-birimiennes ; bassins sédimentaire côtier, 2. Batholite de Ferké : granitoïdes à deux
micas associés ou non aux structures décrochant méridiennes, 3. Bassins sédimentaires et volcano-
sédimentaires, 4. Granitoïdes calco-alcalins localisés dans les bassins sédimentaires, 5. Volcanisme et
volcano-sédiments indifférenciés, 6. Granitoïdes et granites rubanés gneiss et migmatites indifférenciés
(âges supérieurs à 2,4 Ma), 7. Domaine archéen, 8. Ages des formations.

37

Vous aimerez peut-être aussi