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MENTIONS LEGALES :
en date de la publication.
Introduction de Philippe
Desbrosses
Philippe DESBROSSES
Remerciements
• Remerciements aux auteurs
• Remerciements à Philippe Desbrosses
• Remerciements aux lecteurs (le prix de
cet ebook est versé à l'association)
http://www.facebook.com/unenouvelleespeceenvoiedapparition
Une nouvelle espèce en voie
d'apparition
www.intelligenceverte.org – copyright 2011 –
Page 4
Une nouvelle espèce en voie d'apparition
Chapitre 1
Une façon de vivre et travailler autrement, facile et sûre parce que progressive et
réversible ; elle est donc parfaitement adaptée au développement durable.
- Imaginez un pays ou il n’y ait qu’un seul mot pour exprimer la notion de «
vendre » ou « prêter » ou « donner ».
- Imaginez une entreprise qui fonctionne comme votre corps : un ensemble
de cellules et d’organes sans chef, et qui collaborent librement pour
l’harmonie de l’ensemble.
Notre premier réflexe est de travailler comme les autres, de faire les mêmes
métiers que nos connaissances, de demander la permission d’exercer telle ou
telle activité. Et pourtant, comment fait le premier humain qui invente un métier qui
n’existe pas encore ?
Après bien des tâtonnements sur 10 ans, nous pouvons dire que deux conditions
préalables doivent être réunies :
Or ceux-ci sont souvent plus près de la vérité de notre être que nous même.
C’est aussi un processus pendant lequel nous découvrons progressivement ce
pourquoi nous sommes fait dans la vie. Il s’agit donc, à partir d’une première
hypothèse, de se mettre en route.
- mais aussi pour des raisons de confiance, se sentir prêt et être sûr de
l’avenir.
Ah ! J’oubliais ! Dès que vous vous déclarez, les solliciteurs arrivent et vous
recevez des avis à payer, que ce soit des administrations ou des intermédiaires
privés.
Tout ceci est certes utile ! Cependant un à deux ans sont passés …
Il existe une autre méthode qui réussit toujours parce que basée sur les lois
naturelles. Observez la nature, elle se hâte lentement, n’abandonne jamais,
s’adapte et combine sa biodiversité
pour réussir.
Sachez voir les ressources qui sont autour de vous au lieu de payer ce
qui existe déjà au profit des intermédiaires !
Le plus surprenant ?
Comment faire ?
- Trouver son activité de vie ! Attention, il faut vraiment que cela vienne de
vous et non de ce que votre environnement économique vous suggère...
Vous pouvez être aidé en écoutant les impressions de personnes
bienveillantes qui vivent déjà de leur activité de vie.
- Ne parlez pas de votre nouvelle activité avant d’avoir élaboré tous les
arguments et appris les techniques de communications simples et
éprouvées... Entraînez-vous avec ceux qui savent déjà.
- Confrontez vos idées auprès des gens qui vivent déjà de manière libre,
sans compétition, sans lutte de pouvoir et en harmonie avec leur
entourage.
- Vous allez passer tout votre temps sur la présentation de votre activité de
vie et non sur l’administration juridique et financière. Cela va attirer vers
vous 4 choses :
- Vous allez dépenser seulement ce que vous gagnez parce que vous allez
utiliser des moyens peu onéreux ; soit que vous les faites vous-même, soit
vous les empruntez le temps que vous puissiez investir.
Vous allez réussir à tous les coups parce que vous vous donnez du temps et que
vous n’abandonnerez jamais.
Vous hésitez ?
La vie est un long fleuve tranquille si vous nagez dans le sens du courant. À
condition que ce soit au milieu du courant de votre vie et de la civilisation dans
laquelle vous avez été élevée.
Jean-Yves Fromonot
Chapitre 2
Si nous voulons avoir dans notre « pays » des « gens » qui produisent localement
de quoi nous nourrir correctement, nous devons changer nos comportements de
payer le moins cher possible les agriculteurs. Le maraîchage éthique est une
solution afin de faire face à la pénurie de maraîchers de proximité, qui nous
fournissent des légumes frais et de qualité.
Maraîchage Ethique
http://www.intelligenceverte.org/Legumes-frais-bio.asp
info@intelligenceverte.org
Chaque maraîcher est indépendant sous statut exploitant agricole ou statut auto-
entrepreneur selon le lieu et les circonstances. En effet, les expériences en
salariat et en bénévole ont échoué. De plus, il s'agit d'une pépinière pour aider de
futurs maraîchers indépendants. Apprendre à être autonome fait partie du projet
expérimental.
Chaque maraîcher travaille sa parcelle de terrain entre 0.5 et 1 hectare (c’est lui
qui choisit) ; il facture à l’association « Potagers de Sainte Marthe » qui est
gestionnaire du projet, le nombre de paniers produits. Il peut être aidé
manuellement, ponctuellement et gracieusement par des membres des Amaps.
➢ coût du terrain
➢ coût d'achat des matières premières
➢ coût d'achat des équipements
➢ coût de la logistique
➢ coût du maraîcher indépendant
➢ coût des charges sociales
➢ coût de la gestion (assurances, banque, comptabilité, téléphone-internet,
commercial, impôts, etc.)
L’engagement réciproque est de tout Ceci dit, nous n'avons pas le choix.
faire pour convaincre les Devant tous les blocages de notre
consommateurs de payer civilisation, les citoyens se prennent en
progressivement un prix de panier qui charge et trouvent des solutions.
permette aux maraîchers de gagner L'important est d'essayer.
2000 euros net par mois sur 12 mois.
Nous estimons qu’en dessous de ce Nous expérimentons d'autres manières
revenu pour le maraîcher, les de vivre et travailler ensemble. Il n'y a
consommateurs ne sont pas éthiques pas de salarié dans nos activités. Nous
mais restent dans le schéma sommes tous partenaires et
conventionnel d’exploitation du monde indépendants. Les valeurs et le terrain
agricole. sont nos critères de collaboration.
* pour 50 heures par semaine, cela fait 9,22 € net par heure
(50 heures x 4,33 semaines = 217 heures et
2000 € salaire mensuel net / 217 heures mensuelles = 9,22 €)
Chapitre 3
Soucieux d’explorer les pratiques agricoles les plus écologiques qui soient,
inspirés par les années passées auprès des peuples premiers, ils expérimentent
des outils encore peu connus en France, comme la permaculture. Des demandes
de stages de plus en plus nombreuses et l’intérêt des scientifiques les ont menés
à organiser des formations.
Aux éditions Actes Sud est publié leur livre « Permaculture, Nourir les hommes,
Guérir la terre ».
« Sur notre ferme, au Bec Hellouin, nous cherchons à développer une forme de
maraîchage biologique diversifié dans lequel la machine est remplacée par la
main humaine. La ferme tire donc son énergie principalement du soleil, avec un
recours aussi réduit que possible aux énergies fossiles. Nous expérimentons
différentes « bonnes pratiques » remontant, pour certaines, à des civilisation
anciennes, d’autres étant au contraire à la pointe de l’innovation.
Notre ferme n'est pas la réduction d'une ferme mécanisée, mais l'extension d'un
grand jardin.
Les débuts sont difficiles sur les plans techniques et économiques. Mais une
ferme ne se réduit pas à des chiffres. Le succès social de la ferme est
inversement proportionnel à son chiffre d'affaire. Nous réalisons que nos
aspirations ne sont pas si différentes de celles de la majorité de nos
contemporains. Nous avons suivi notre coeur en créant cet espace renaturé et les
visiteurs sont touchés. Nous comprenons qu'une ferme peut produire bien
davantage que de la nourriture pour les corps : elle nourrit également les
émotions, l'âme de nos visiteurs, et répond à un besoin croissant de reconnexion
avec la nature.
En cherchant à faire alliance avec la nature, en tirant parti des services rendus
par les écosystèmes, on obtient une microferme belle, productive et généreuse.
Il était généralement admis qu’il fallait un hectare pour créer une activité
maraîchère.
Une surface de 1 000 m2 cultivés (soulignons qu’il s’agit bien de mètres carrés
cultivés, il faut donc ajouter les allées, les aires de compostage, le bâti), a été
définie au cœur des jardins, en excluant volontairement les espaces trop
atypiques, comme les îles-jardin.
• Sur une année, le chiffre d’affaire dégagé a été de 32 000 euros, pour une
charge de travail dans les jardins de 1 400 heures.
• Les bons résultats économiques des meilleures parcelles étaient dus aux
associations de culture et à la densité qu’autorise un travail manuel.
Au fil des ans, les recherches effectuées à la ferme du Bec Hellouin nous
amènent aux constats suivants :
reste peu de place pour planter des arbres, des haies, creuser des mares,
construire un logement. La ferme reste alors un milieu fortement artificialisé,
même en bio.
- Le fait de réunir en un même lieu des cultures, des arbres et des animaux
permet à la microferme de devenir autonome en matière organique, en tirant
partie des multiples ressources offertes.
Quelle est la qualité de vie offerte par une ferme qui est l’extension d’un grand
jardin et non la réduction d’une ferme mécanisée ? Il est bien évidemment
impossible de répondre à une question aussi subjective, mais force est de
reconnaître que cette forme nouvelle de maraîchage bio permaculturel offre des
tâches très variées, pratiquées en immersion dans la nature, qui rendent
l’exercice de la profession globalement épanouissant et agréable.
Si une surface cultivée de l’ordre de 1 000 m2, comme au Bec Hellouin, permet
de produire, toute l’année, l’équivalent de 60 à 80 paniers de fruits et légumes
hebdomadaires, alors le moindre jardinet, la plus petite courette devient une
ferme potentielle. Une pelouse de 200 m2, avec une bonne terre et un jardinier
compétent, est susceptible de produire une douzaine de paniers hebdomadaires,
un balcon de 10 m2, près d’un panier !
Planning
• La 1ere étape doit être faite avant la 2éme et la 3eme
• Vous pouvez faire la deuxième étape pendant la 3eme
• Chaque étape a un cout différent et une inscription indépendante des autres.
• Cela permet d’équilibrer dans le temps l’acquisition des connaissances et
de la pratique en plusieurs modules, à
suivre quand c’est le moment.
• Cette mise en œuvre progressive et
pratique de votre réalisation vous assure
efficacité, économie, facilité, absence de
stress.
Chapitre 4
Hervé Valoteau
http://www.formationsbio.com/jardinage-bio
herve.valoteau@free.fr
J’avais 29 ans quand je suis devenu propriétaire d’une maison et d’un lopin de
terre de 780 m2 dans le parc naturel régional de la Brenne dans l’Indre. Je n’avais
jamais vraiment jardiné avant, tout au plus accompagné et regardé mon père et
mon grand-père, mais je ne me rappelais pas avoir semé, planté, travaillé la terre.
Ces accompagnements auprès de ma famille m’ont cependant initié à quelque
chose en lien avec la nature, ce n’est que plus tard que je l’ai compris.
Me voilà donc avec ce lopin et l’envie d’y commencer un jardin. Je trouve un bon
soutien et un bon encouragement auprès de mon père qui jardine depuis sa plus
tendre enfance et qui répond rapidement à ma demande en venant m’aider à
débuter mon premier jardin en 2000.
J’achète quelques ouvrages et commence à me passionner pour ce milieu d’une
richesse insoupçonnable. Cela ne me quittera plus !
Il est temps pour moi d’entamer une nouvelle carrière et de laisser derrière moi
cette profession de technico-commercial dans une grande entreprise industrielle
et de trouver « Mon Autonomie ».
C’est aussi un peu à cette époque que je rencontre Paul et Josette, lui grand
jardinier, elle grande cuisinière, et tous deux amoureux des produits sains et
respectueux de la nature. Paul sera mon « mentor », mon soutien lors de mes
premiers pas en conférences, mon apprenant, celui qui m’a transmis le plus en
terme de connaissances et d’expériences de jardin. Fort de ses 38 années de
jardinage bio, je considérais qu’il avait une réponse ou a minima un avis éclairé à
toutes les questions que pouvaient se poser les jardiniers que je côtoyais.
De retour chez mon employeur qui avait consenti à me laisser libre pendant 50
jours pour préparer ma transition, il fallait s’y remettre, continuer un travail qui me
nourrissait financièrement mais ne
m’apportait plus ni créativité, ni émotion
de plaisir et de joie. Il fallait mettre en
place de nouvelles choses pour mon
activité future. Et lorsque Paul et Josette
m’ont proposé de créer l’association BiHaNat, c’est avec plaisir que j’ai répondu
présent.
Il ne fallait pas brusquer les choses, faire confiance à la magie de la vie, honorer
et remercier chacune de mes activités professionnelles ou associatives, garder à
l’esprit qu’elles avaient autant de valeurs car elles me nourrissaient, différemment
soit, mais j’avais besoin des deux. Le moment venu, un petit signe me
parviendrait pour opérer le changement.
Je me suis rapidement fait rattraper par mes peurs de manquer d’argent et j’ai
donc décidé de prendre une année sabbatique afin de voir si quitter cette grande
entreprise et cette sécurité n’était pas la plus grosse connerie de ma vie alors que
tant de gens autour de moi n’avaient qu’une idée en tête : trouver un emploi
stable avec la sécurité financière. Quel paradoxe ! Moi j’avais tout ça et cela ne
me rendait pas heureux, j’aspirais à autre chose.
Mais les choses se passent plutôt bien lorsque l’on a confiance et tous les
éléments concourent à vous mettre sur la voie de votre épanouissement lorsque
c’est « JUSTE » pour vous.
C’est lorsque l’on m’a demandé sur un salon bio à Châteauroux de faire une
conférence sur le jardin bio que j’ai
trouvé le métier qui allait me convenir.
Jardinier bio, cela allait de soi, mais
j’avais envie d’y ajouter une particularité :
« guide », car ce qui me plaisait le plus
- Des conférences tout public sur les thèmes jardinage, biodiversité, plantes
sauvages, auxiliaires du jardinier… sur des salons, foires, fêtes des plantes,
ou à destination d’associations écologiques et/ou environnementales…
- Des travaux d’entretien de jardins chez des particuliers avec des méthodes
écologiques, des tailles douces et des soins aux arbres fruitiers…
Et surtout SEMER, tout autour de soi dans le plus grand respect et avec
beaucoup de joie car celui qui Sème, S’aime et les graines de l’amour doivent
d’abord pousser en soi avant d’être
redistribuées…
Hervé Valoteau
Chapitre 5
Pascale Fromonot
www.nouvellecuisinebio.com
pascalefromonot@wanadoo.fr
Oui, il y a un choix à faire, oui nous devons modifier notre alimentation, oui nous
devons passer au-delà du qu'en dira-t-on, répondre positivement aux
questionnements suscités par une autre manière de se nourrir, osons le
changement, osons manger autrement en bio.
Un choix à faire :
Nous mangeons en moyenne trois fois par jour, alors quelle alimentation, quels
produits ? A nous de choisir :
la terre n'en peut plus. Nous la faisons trop travailler sans qu'elle puisse se
ressourcer pour nous donner le meilleur d'elle,
les lobbies des produits chimiques de synthèse en tous genres font
pression,
nous produisons trop et il y a un gâchis incroyable qui pourrait nourrir tous
ceux qui meurent de faim,
les pesticides ancrés dans notre corps et dans la nature mettent des
dizaines d'années à disparaître,
on a conditionné le consommateur à ne pas payer cher pour se nourrir
Nous connaissons mal les conséquences à long terme des pesticides dans
notre corps, mais certaines études montrent le lien qui pourrait exister avec
certaines maladies, notamment le cancer. Manger bio nous garantit
l'absence de pesticides.
Modifier notre alimentation est devenu une nécessité absolue, c’est un acte
de conscience environnementale, c’est aussi un acte de militantisme pour
montrer que nous ne sommes pas d'accord avec le système actuel si
destructeur.
Privilégions les fruits et légumes frais et bio qui ne contiennent pas de résidus de
pesticides, que l'on n'a pas besoin d'éplucher, qui contiennent plus de matière
sèche… Qu'ils soient frais ou séchés, ils sont riches en vitamines, oligo-éléments
et minéraux.
Cuisiner différemment
Et la viande ?
La qualité du produit varie selon ce qu'on donne à manger à l'animal mais aussi
selon sa qualité de vie. Une mauvaise qualité de vie d'un animal se répercute
automatiquement dans notre corps, et dans la terre.
Et le « qu'en dira-t-on » ?
J’avoue ne pas avoir dormi la nuit précédente, avoir été nouée toute la soirée, je
n’ai pratiquement rien mangé tellement j’avais peur du « qu’en dira-t-on », de ce
que mes amis allaient penser ! Un repas sans le plat de viande traditionnel ! Notre
culture et notre conditionnement sont un frein énorme ! Osez, osons, le résultat
est étonnant !
Questionnements et Interrogations
Passé les préjugés du qu'en dira-t-on, nous devons être attentifs aux réflexions et
interrogations des personnes qui découvrent cette autre manière de se nourrir :
« Je vais encore avoir faim à la fin du repas ! Ce n’est pas un vrai repas. Manger
ainsi une fois peut-être, mais pas au quotidien et à tous les repas ! Cela ne va pas
me nourrir ! Je ne vais pas avoir un repas équilibré ! Je vais être carencé en
protéines, en vitamines, en minéraux, en oligo-éléments... »
Dans un second temps, les réflexions que j’entends sont : « Je n’ai pas les
moyens de manger bio, cela revient bien plus cher ». Par méconnaissance, les
personnes pensent qu’il suffit de prendre un menu classique avec : entrée, plat
principal composé d’une viande ou d’un poisson, fromage et dessert avec des
ingrédients bio : alors là bien sûr, le porte monnaie va exploser !
Osons le changement
Se mettre à la cuisine bio, c'est contribuer à casser les préjugés selon lesquels le
bio est réservé aux riches, selon lequel on revient des dizaines d'années en
arrière en passant tout notre temps en cuisine, selon lequel le bio n'est pas
meilleur pour notre santé ou l'environnement, selon lequel le bio ne peut pas
nourrir la planète.
Osons changer, osons faire face, osons susciter les questions autour de nous...
osons protéger notre santé et notre planète tout simplement...
Pascale Fromonot
Chapitre 6
Aujourd’hui, il raconte sa
nouvelle aventure et son rêve en
devenir, qu’il mène parallèlement
à ses fonctions de responsable
d’exploitation. Son challenge :
faire la démonstration que l’on
peut faire vivre décemment une
famille sur un hectare de terre.
Patrick Maliet
http://www.lespaniersduvaldeloire.fr
anthemisbio@orange.fr
Le champs était tous les ans jaune au mois d’avril pendant la floraison des
ravenelles, puis rouge à la floraison de la petite oseille et ensuite blanc et jaune à
la floraison des anthémis. Dans ces conditions si par chance les céréales semées
à l’automne n’étaient pas étouffées par toutes ces adventices, on pouvait
procéder à la récolte. Malheureusement, le rendement ne payait même pas les
frais d’intervention de la moissonneuse! C’est souvent le cas dans la Sologne des
étangs, autrefois appelée « Grande Sologne » et répertoriée comme l’une des
terres les plus pauvres en raison de son inaptitude à la production de céréales.
Par contre, cette terre a des atouts. Dans les années 50 – 60, la famille
Desbrosses y cultivait des asperges (c’est à dire qu’elle est très sableuse et
jamais inondée l’hiver). Pour un jardin ce n’est déjà pas mal ! Patrick, chef de
culture de la ferme Ste Marthe le jour, et le soir transformé en petit lutin qui,
parfois avec sa lampe frontale, fouille, on ne sait quoi, dans le Jardin d’Anthémis...
Walden est le titre d’un livre de Henri David Thoreau. J’ai le souvenir de n’en
avoir lu qu’une dizaine de pages quand j’avais douze, treize ans et ça a suffi pour
imprégner ma vie de cette quête de l’harmonie et de l’homme dans la nature. Je
dois avouer que ma sensibilité d’adolescent me rendait malade de voir la barbarie
de mes aînés contre la nature. J’avais mal aux tripes quand mes parents
prenaient le périphérique parisien.
Mais j’ai toujours mal à ma conscience comme quand j’étais ado. Certes je
n’utilise pas de produits chimiques, mais suis-je vraiment dans un système de
production généralisable pour la planète sans la détruire ? Comment rester
cohérent avec mes idéaux écolo et ma vie de tous les jours ?
Combien de fois mes aspirations pour un monde meilleur restent des vœux pieux
si je ne peux pas les mettre en application ? On sait depuis plus de 10 ans qu’il
nous faudrait 3 à 6 Planètes Terre pour supporter le mode de vie occidental. Ce
qui est certain, c’est l’épuisement des ressources fossiles ; elles sont encore
maintenant exploitées comme si on les croyait inépuisables… Voilà le luxueux
dilemme pour un agriculteur bio français, mais honorable challenge que je me
suis donné sur Anthémis.
Mais bien sûr, je ne suis pas seul à vivre dans une cabane, j’aspire comme tout le
monde à l’obtention d’une maison pour ma famille évidemment, en éco-
construction (je pense la construire avec la terre qui est sous mes pieds, en
briques d’argile compressée et en pisé. J’ai déjà débité les poutres et le bardage
avec le bois de la forêt d’à côté. Pour le chauffage je compte sur la serre en verre
qui est mon lieu de production de légume, mais aussi pour l’agrément et le
chauffage d’ambiance ainsi que l’eau de récupération pour les sanitaires. Et la
lumière ? Elle sera produite par une éolienne de 2 Kw/h et plus tard par quelques
panneaux photovoltaïques...).
Et puis j’emploie des salariés qui méritent un salaire, j’ai des fournisseurs qui ont
besoin que je les paye et il existe des lois sociales et économiques qu’il faut bien
assumer, faute de mieux pour l’instant.
Apprendre à guérir la Terre passe par la mise au point des modes de vie en
adéquation avec ce que la Terre peut porter durablement. Il ne faut pas escompter
des miracles des institutions existantes mais plus sûrement des miracles que
chacun peut faire en apportant une pierre à l’édifice. Rien ne sert d’être parfait
pour commencer de là où on est. Il faut simplement s’y atteler.
Pour le jardin, j’ai abandonné le labour et j’utilise le tracteur moins de 8 heures par
an (pour le broyage et l’épandage de fumier). Pour l’irrigation, je récupère l’eau de
drainage (650m3) et les quelques kilos de nitrate qui s’écoulent de ma parcelle.
Pour la fertilisation, je récupère ou j’achète de la matière organique d’une scierie
et d’un éleveur de chevaux.
Là est le secret ! Je suis parti de l’un des sols les plus pauvres de France, quand
la vie biologique y est bien installée, le sol redevient intense, les récoltes le
deviennent aussi. Par exemple les arbres des forêts alentours poussent mieux
naturellement et de façon beaucoup plus durable que si l’homme venait à les
labourer pendant des dizaines d’années.
Pareil pour passer à l’acte. Si on accueille toutes les opportunités qui s’offrent à
nous et si on applique la simplicité volontaire, la vie devient suffisamment
généreuse pour nous rendre heureux durablement sans que l’on ait à envier quoi
que ce soit d’autre.
En réalité, rien nous empêche d’être libre et de rompre les barreaux de la prison
que nous choisissons de supporter... Ni les gouvernements, ni les geôliers ne
peuvent nous empêcher de penser librement et d’agir en conséquence. En
France tout au moins, nous avons la chance d’exprimer encore, dans une certaine
mesure, notre différence et notre originalité. Profitons-en !
Patrick Maliet
Chapitre 7
Nous étions deux, Brigitte et moi en 1970. Nous sommes aujourd'hui, 30 ans
après, plusieurs dizaines de milliers à s'être rencontrés un peu, ou plus
longtemps, chez nous, comme une famille de pensée qui s'élargit pour porter
l'espoir concrétisé d'un monde plus responsable.
Déambuler entre les vasques d'eau vive, les plantes aromatiques sous cette
grande fleur qui tourne au fil du vent, là-haut à 18 mètres, clamant avec
persévérance que le rêve est possible, rencontrer les photopiles qui, comme les
tournesols, suivent le soleil, le chauffe-eau solaire auto construit, les bassins
filtrant les eaux grises, plantés de roseaux et qui fleurent la menthe aquatique,
cette butte verdoyante cachant sous ses pieds 8000 litres de la meilleure eau que
le ciel nous prodigue, ce potager généreux qui nous réjouit le palais à chaque
repas, ce dôme aux 84 facettes, présence sereine qui accueille le visiteur.
Plus de facture d'eau depuis 30 ans, plus de facture d'électricité depuis 13 ans et
ce, pour la vie, plus de loyer depuis 25 ans, construire sa maison afin d'éviter
d'économiser une fois et demi son prix auprès des banques. Nos 4 enfants ont
partagé une vie simple sur un seul demi salaire. En revanche, un savoir-faire qui
s'enrichit, une confiance mêlée d'audace pour inventer sa vie en dehors des
balises du prêt-à-porter culturel et technique, créer son cadre de vie et de pensée,
se déconditionner des fausses évidences qui nous font croire qu'il-est-impossible-
de-faire-autrement et qui nous font passer à côté de cette Vie, simple et profonde,
qui nous est donnée et qu'on découvre souvent trop tard.
Cette maison autonome, nous la voulions pour nous dans un premier temps, pour
asseoir la réalité de nos rêves : balayer devant sa porte le temps qu'il faut pour
vérifier sa crédibilité. Nous la souhaitions aussi reproductible pour le plus grand
nombre, non comme modèle à recopier, mais comme élan à expérimenter,
comme enthousiasme à réjouir le monde, comme des marches et des idées au
service de la Vie.
Nous avons reçu plus de 60 000 visiteurs à travers la visite de notre maison. Nos
conversations débordent largement les questions techniques et se prolongent des
heures durant autour de ce qui fait le sens
de nos vies : comment organiser son
quotidien autour des fonctions vitales telles
que boire, manger, construire sa maison
avec les matériaux locaux, terre, paille,
chanvre ou bois, gérer ses déchets, quitter
progressivement nos dépendances
matérielles et psychiques pour mettre en
œuvre une autre réalité.
Éducation et pédagogie
Notre visée est fondamentalement politique : cet art d'organiser les conditions de
l'harmonie entre l'homme et son environnement, ce sentiment profond
d'appartenance aux autres soi-mêmes et à cette Terre qui nous porte... Bref, une
action auto-éducative pour apprendre à « vivre juste »
Simplifier le quotidien, lui donner du sens en aimant les choses de la vie pour
reprendre le goût de vivre. Aménager la transition d'une croissance "matérielle"
vers une croissance des consciences. Telle devrait être l'âme du message
pédagogique aujourd'hui.
J'ai pour ma part fait acte politique en quittant l'Education Nationale pour avoir
trop entendu pendant plus de 20 ans qu'il fallait préparer les élèves à la loi de la
jungle, à la concurrence économique. Comment peut-on concilier de telles
affirmations avec un discours sur "l'éducation à l'autonomie " ?
L'eau de pluie
Nous buvons l'eau de pluie depuis 13 ans. C'est une des meilleures eaux à boire,
faiblement minéralisée donc épurative, " 2000 fois moins polluée que la moyenne
des eaux souterraines " (Joseph Orszagh).
Consommant pour la maison 8 fois moins d'eau que la moyenne des Français,
nous bouclons la saison sèche aisément.
En apprivoisant les règnes vivants pour bâtir un mode de vie, nous nous sommes
créés une abondance car ces ressources là sont inépuisables. La pluie : les
citernes se remplissent. Le soleil : les légumes poussent, la maison et l'eau sont
chaudes. Le vent : l'éolienne tourne et charge nos batteries.
Le potager
Le jardin potager est l’objet de toutes nos convictions et de tous nos soins, sans
doute l’activité à laquelle nous consacrons le plus de temps. Près de la moitié de
notre alimentation consiste en crudités journalières, qui nous procurent en
abondance, plaisir du goût et de la vue, fibres, vitamines et oligo-éléments
assimilables en abondance et surtout vitalité, puisque ces aliments biologiques
sont cueillis les instants qui précèdent le repas.
En 1997, 5000 personnes ont visité notre maison lors de notre premier
Ecofestival. Sous la pression de leurs demandes, nous avons organisé des visites
mensuelles un samedi par mois, des stages de formation : terre, paille, chanvre,
gestion de l’eau, chauffe-eau solaire, éolien, des journées de « projet de
maison ».
Nous tentons avec nos partenaires d'installer dans chaque département français
des Écocentres comme le nôtre et recevons des stagiaires en formation qui
n’auront aucune peine à trouver du travail.
Chapitre 8
Yohan CATENNE
yohancatenne@gmail.com
Les outils qui ont été mis à ma disposition par « le hasard », afin de révéler la
beauté de la vie sur cette planète sont le jardin de Bonsaï de M. Jean-Luc Salles
près de Tours et le jardin Mandala de la Ferme de Sainte-Marthe. Le premier m’a
conduit au deuxième et le deuxième m’a ramené au premier pour réunir les deux.
Entre temps, j’ai pu faire des rencontres enthousiasmantes avec des êtres vivant
leurs rêves.
Philippe Desbrosses m’ayant offert la mission d’en être le gardien, j’ai accepté
celle-ci comme un sacerdoce pour expérimenter une vie simple en m’installant par
mes propres moyens sur le site de la Ferme. Pour ce qui est de se débarrasser
du superflu, les arbres et la philosophie de Pierre Rabhi m’ont beaucoup aidé.
Chez eux, rien d’inutile – l’exemple de la sobriété heureuse.
Pour le Bonsaï, la beauté des fleurs ou d’un Mandala, leur utilité est plus
subjective et pourrait faire partie du superflu. Pourtant, ils nous aident à prendre
conscience qu’ils sont des êtres vivants à part entière. En nous offrant des
moments intenses de calme, de vide, de contemplation et d’éveil, ils nous
reconnectent vers les choses essentielles que sont la nourriture, le partage,
l’amour et nous relient aux cycles naturels. Ce sont les messages inestimables
qu’ils nous inspirent.
J’ai choisi pour faire prendre conscience de l’Utile de me servir de l’Inutile, c'est-à-
dire au regard du matérialiste de ce que nous nommons l’Art. C’est pourtant cette
voie vers l’Art qui nous élève au statut de créateur. Ce que nous appelons inutile
matériellement parlant nous aide dans notre introspection et évolution.
Acceptons que rien n’est Inutile dans ce monde. Qu’il existe de l’unité dans la
diversité. Que tout est interdépendant et relié dans l’instant présent. Que nos
actions entraînent des réactions et dans l’époque actuelle,
surtout des déséquilibres.
Soyons persuadés que la Nature est là pour les rétablir et pour nous aider, corps
et âme.
Notre rôle n’est-il pas de magnifier tous ces cadeaux généreusement offerts plutôt
que de lutter sans cesse pour toujours plus ou soit-disant mieux. La Nature nous
montre le chemin vers ce paradis perdu, ce jardin d’Eden enfoui sous nos peurs,
nos confusions qui empêche d’entendre ses cris d’amour et son appel au secours
pour nous-mêmes …
Cette loi des hommes où ce qui s’appelle « économie » est devenu une course au
gaspillage, une surenchère permanente à la surconsommation. On nous explique
que le bois est une énergie renouvelable, mais qu’en est-il si on brûle en deux
hivers ce que l’arbre met 200 ans à produire, et la forêt des millénaires… Où est
l’économie ?
La plus écologique des énergies n’est pas celle qu’on utilise, mais celle qu’on
économise ! Donc tant pis pour la Sainte Croissance, les chiffres fictifs et les
ordinateurs immangeables qui nous détournent des vraies valeurs.
Connectons-nous aux plantes, aux éléments (l’eau, l’air, la terre et le feu) qui ont
sculpté patiemment les œuvres d’art naturel qui nous entourent et qui tiennent
compagnie à mes Bonsaï. Que ce soit au Jardin Mandala de la Ferme de Sainte-
Marthe, ou dans la campagne qui vous entoure, rejoignez l’association
« Redécouverte de notre Nature ». Nous vous y accueillerons avec joie.
Yohan CATENNE
Petit Glossaire :
Les moines bouddhistes les dessinent à l’aide de poudres colorées. Les Navajos
comme des peintures de guérison. Pour tous, c’est un support à la méditation,
une représentation symbolique de la perfection et de l’harmonie de l’univers.
Chapitre 9
Jacky Dupety est un exemple d’itinéraire inattendu : voici un citadin qui après quelques
années de vie urbaine décide de vivre à la campagne. Parti pour être maraicher, il
n’imaginait pas qu’il deviendrait un véritable explorateur de la puissance créatrice de la
nature.
Mais surtout, son exploration n’est pas exotique. Elle est à la portée de tous, dans cette
campagne française si riche d’enseignement naturel. Aujourd’hui, il diffuse son
enseignement : comment utiliser la simple et économique puissance d’auto régénération
de la nature. Parmi toutes les méthodes naturelles, il enseigne l’utilisation extraordinaire
des arbres et des champignons.
Jacky Dupety
dupety.family@wanadoo.fr
Et tous ces doutes qui me prennent, comme une mémoire défaillante ! Jour après
jour, je construis, déconstruis et construis à nouveau, comme une symphonie faite
du bruissement des feuilles agrippées à leur rameau.
Une autre passion m'étreint. Est-elle avouable ? Les bagnoles ! Et pendant une
décennie, je monte mon « petit business » autour des automobiles anciennes des
années 1950. Mais il s'agit encore de mobilité, et d'immobilité puisque ces sujets
de « collection » ne circulent que très peu.
genoux terreux. Et c'est ça que je suis venu rechercher, avec Françoise et nos
deux fils.
Cette année 1998, tout s'organise : la formation, le stage qui a suivi, la vente du
pavillon de la région parisienne, l'inscription des enfants dans l'école du village, la
mutation de Françoise du Val de Marne vers le Lot, chercher et trouver de quoi se
loger. Un an après, nous signons une promesse d'achat pour une ferme. Nous
n'osons pas trop y croire… cette ferme dans cette combe. Quel rêve s'accomplit
là ?
Et nous voici 16 ans après dans le grand bouillon du partage et du don du savoir-
faire, de l'expérience, je parcours les pays en incitant à la pratique de cette
découverte du Professeur Lemieux, les Bois Raméaux Fragmentés.
Cette expérience de croiser des hommes qui nous invitent dans leur être intime et
qui nous donnent ce que l'on veut bien prendre pour permettre les grandes
interconnexions du vivant : c'est l’expérience que je vous souhaite !
jeu dans ce voyage ? Un être vivant « ouvreur » de perception nous offre sans
doute une partie du signal du départ.
Or nous savons maintenant qu'il est beaucoup plus proche de l'animal. Lui aussi
est un peu notre frère. Il n'y a que les champignons qui ont la capacité de digérer
la lignine, aucun représentant de la faune n'a ce pouvoir.
Il se déplace pour certaines espèces jusqu'à plus d’un kilomètre par jour ! Sa
capacité à connecter le monde qui nous est invisible, le sol, ne serait-il pas le
vecteur de la transmission de la mémoire universelle ? Qui d’autres nous unirait
avec le plus petit des êtres vivants du sol ?
Ce mycélium, que l'on ose appeler avec dédain « pourriture » blanche, brune ou
grise, dont le corps, à l'instar des insectes, est composé de chitine, a la capacité
de tisser des liens, des connections, des symbioses que nous avons, en partie
seulement, identifiés. Leur densité est incroyable : 10 cm3 de sol peut héberger 1
kilomètre de filaments ! Un individu est capable de coloniser 900 hectares de sol !
Alors ce monde qui communique avec beaucoup plus d'efficacité que nos
technologies a-t-il cette fonction de résilience que nous ne savons pas encore
apprécier ?
Les Bois Raméal Fragmentés (BRF) sont au centre de ce vaste programme afin
de sortir le hameau d'El Hamri au Maroc du cycle climatique qui de sub-aride
risque de devenir aride. Planter des arbres est une parade qui se répand partout
où les conditions deviennent humainement intenables.
En effet, contrairement aux Causses du Quercy où le sol est vraiment très maigre
(chez moi 30 centimètres d'épaisseur et c'est bien le maximum), à El Hamri, on
trouve plus de 60 centimètres de sol, et avec, pour couronner ce profil, la
présence importante de mycéliums. Oui, en climat sub-aride, voire aride, les
champignons sont encore là, en attente de ce qui les nourrit : la lignine !
Jacky Dupety
Chapitre 10
Pierre Gevaert
http://www.sahelpeopleservice.com/
pierre.gevaert@wanadoo.fr
L’idée des « oasis en tous lieux » lancée par Pierre Rabhi il y a déjà plusieurs
années connaît de plus en plus de réalisations pratiques sur le terrain, non
seulement en France, mais surtout là où leur création permet aux grandes
familles paysannes de survivre. Il s’agit de la bande subsaharienne qui s’élargit
chaque année un peu plus et qui traverse l’Afrique d’Est en Ouest : le Sahel
Africain.
Cette renaissance des oasis où Sahel People Service, en partenariat avec Terre
et Humanisme s’implique avec passion, patience et ténacité, est facilitée par deux
faits qui n’existent pas en France :
1 - Les terres appartiennent à l’État. Malgré les abus des baux de très longue
durée accordés aux pays Asiatiques qui manquent de terres face à leur
démographie galopante, ces terres cultivables sont encore mises à disposition
selon les besoins des paysans locaux.
Avant de parler des oasis africains, qu’en est-il en France ? Les oasis ou éco
villages ne démarrent pas vraiment malgré les innombrables initiatives louables
en ce sens. C’est d’autant plus regrettable que nos terres agricoles s’épuisent
chaque année un peu plus à cause de la disparition des dernières fermes
familiales remplacées par les immenses « exploitations » agricoles qui détruisent
en polluant les restants d’humus et d’eau. Sans parler d’une urbanisation rapide
qui rase les derniers beaux hameaux de nos ancêtres.
Tout cela est dû, d’une part, au pétrole bon marché dont sont issus les intrants
agricoles qui ont permis d'industrialiser le plus noble, le plus indispensable des
métiers pour en faire une affaire de rentabilité financière à très court terme. Et
d’autre part, à la propriété privée garantie par la constitution. Elle empêche un
réaménagement du territoire en faveur du nombre grandissant de familles qui
aspirent à une vie autonome, solidaire et agro écologique à la campagne.
Heureusement, le tissu agraire est toujours présent et aspire à renaître vers une
prospérité durable. Prenons l’exemple du Sénégal qui semble avancé en matière
de création d’oasis. L'association de paysans « AFAFA » (aide aux forces vives
Africaines par la formation à l’agro écologie) délègue ses animateurs dans un
village.
Les paysans présents expriment avec force l’urgence de leur besoin en eau et en
bois pour cultiver et se nourrir. Ces villages ont perdu leur jeunesse car à la
période de la soudure, cette période où les greniers sont vides et la nouvelle
récolte se fait attendre, on peut manger moins d’une fois par jour !
Les animateurs leur proposent de s’organiser pour mettre en place un comité pour
gérer la mise en place d’oasis reforestées.
Aujourd’hui, les puits sont plus profonds et pour les pérenniser, il est nécessaire
de les cimenter. Les paysans sont dépendants de matériaux à acheter, mais avec
quel argent ?
De même pour les semences, les pesticides et les engrais qu'imprudemment nos
agronomes ont amenés, pour les dissuader de les fabriquer eux-mêmes au profit
des semences sélectionnées et des engrais chimiques et pesticides, alors qu’ils
savaient produire leurs propres composts et semences qui ne leur coûtaient rien
et qui étaient mieux adaptés à leur région.
Plus de 190 puits ont été creusés à ce jour, 200 autres sont prévus avant fin 2011,
et plus si nous dégageons des moyens. Chaque oasis devenue vivrière grâce à
l'eau non épuisable parce que protégée par les diguettes anti érosives, peut
assurer pour des générations toute la famille composée en moyenne de 12 a 15
personnes.
Les jeunes foyers n'ont plus envie d'aller risquer leur vie dans une aventure
incertaine hors de leur région. C'est dans cette région, d'une superficie d'un petit
département Français qu'a été implanté un centre agro écologique qui en fait ré-
enseigne aux paysans leurs propres traditions à l'exception de certaines de leurs
coutumes telles les trop grands troupeaux qui sur-pâturent ou les brulis, coutumes
qui pouvaient exister lorsque le pays était vert et peu peuplé.
Parce que le peuple Sahélien est digne et fier, il croira en la démarche. Chacun
s’engage dans un contrat au lieu de recevoir un cadeau qu’il jugera humiliant et
sans lendemain. Dès cet instant, le puits va lui appartenir et il va, grâce à l’eau,
pouvoir nourrir sa famille décemment et même avoir un surplus d’argent
nécessaire à l’éducation et à la santé. Le puits et l’oasis seront désormais
entretenus pour une prospérité durable.
Déléguer une personne étrangère sur place pour piloter le tout ? Initiative vouée à
l’échec car seule la responsabilité sur l’ensemble des éléments y compris le suivi
des remboursements et le suivi du respect des clauses agro écologiques pourra
être pérenne.
Où en est AFAFA ?
Avec « Sahel people service » qui émis par sa banque. Il faut croire que
assure le financement des opérations, là-bas, l'alphabétisation des femmes
peut-on parler d’une parfaite réussite ? est en avance sur celles de certaines
D’une réussite certainement, mais pas régions sahéliennes !
encore parfaite dans tous les villages
concernés. En France, nous avons proposé cette
stratégie en attendant qu'un jour le
C’est la raison pour laquelle l’affût des ministère de l'immigration, en France,
demandes nouvelles est désormais veuille bien nous recevoir pour
préalablement conditionné à cette entendre dire que la jeunesse
organisation locale dont dépend le Sahélienne aspire de pouvoir rester au
succès sans risque de bavures. pays. De sorte qu'avec une partie
minime du budget consacré aux
Comme 400 creusements de puits problèmes migratoires, il est
entourés d'oasis re-forestés ont été parfaitement possible de freiner
promis avant fin 2011, toute notre l'arrivée des migrants. En 2008, 6000
attention se focalise sur la recherche personnes, en majorité sénégalaises,
dans chaque village de la personne sont mortes au cours du trajet. C'est
capable d'assumer cet encadrement. dramatique et tout a fait évitable par un
En premier lieu nous avons pensé aux travail en amont comme expliqué ci-
femmes si vaillantes pour ce rôle. dessus.
Hélas la pauvreté chronique des
familles ne leur a très souvent pas Tous les villages, sénégalais, maliens,
permis de fréquenter l'école, bien burkinabés et nigérians, sont en fait
nécessaire pour assumer cette tâche. des éco villages qui, à la différence de
chez nous, ont la possibilité de ne pas
C’est pourtant la formule du professeur devoir dépendre des intrants agricoles
Junus au Bengladesh qui paye dans extérieurs. Ils peuvent les obtenir à la
chaque village une femme capable ferme même.
d'encadrer les millions de microcrédits
Pour nous occidentaux, en panne à tous les niveaux, qu'ils soient écologiques,
financiers, sociaux, sanitaires, éducatifs ou même moraux, nous avons beaucoup
à apprendre ou à réapprendre des populations africaines noires sahéliennes qui
sont parvenues à survivre avec si peu grâce à l'entraide et la solidarité, qui chez
elles sont aussi normales que de respirer.
C'étaient nos aïeux, ils représentaient avec les artisans villageois près de 80 % de
la population. Ils travaillaient dur, souvent en chantant. Ils savaient que leur
mission était sacrée. Pour preuve, chaque maison, chaque étable, chaque portail,
chaque mur, chaque sentier, était bâti avec goût, équilibré, avec cette esthétique
parfaite que nous enseigne la nature.
Il n'y aura pas d'autre solution qu'une migration rapide vers la campagne pour y
vivre, produire et consommer localement. Reste le problème de l’aménagement
du territoire actuel qui ne permet absolument pas cette migration oh combien
salutaire.
Faudra-t-il vraiment y être contraint et forcé par les précarités alimentaires à venir
pour que nos législateurs se mettent au travail en ce sens ? Lorsqu'on en parle
aux jeunes, ils semblent plutôt enthousiastes à l'idée d'un meilleur partage et
surtout d'une vraie convivialité dont leur âme a le plus besoin.
En Occident, on parle de « pouvoir d'achat » pour tenter d’être heureux, alors que
la population noire africaine fête la vie à tout moment avec son sourire
communicatif et son humour permanent et... la gratitude envers le créateur !
Pierre Gevaert
EPILOGUE
C’est l’avantage d’un livre électronique : il peut être mis à jour. Chaque nouvel
ajout sera diffusé dans le bulletin mensuel de IntelligenceVerte et mis sur le site ;
le lecteur pourra ainsi le télécharger gratuitement afin de l’ajouter à son achat
d’origine.
Vous avez envie d’en faire partie et ne savez pas comment faire ?
À bientôt,
JeanYves Fromonot
Info@intelligenceverte.org