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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

La suite du livre 2010


« Guérir la Terre »

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Voici des témoignages, astuces, expériences


de personnes qui vivent et travaillent autrement

Table des matières


Introduction de Philippe Desbrosses..................................................................................... 4
Chapitre 1.............................................................................................................................. 5
Démonstration de comment travailler autrement.................................................................. 5
Chapitre 2............................................................................................................................ 16
Démonstration qu’il est possible de rémunérer éthiquement nos maraîchers.....................16
Chapitre 3............................................................................................................................ 20
Démonstration d'une microferme........................................................................................ 20
Chapitre 4............................................................................................................................ 26
Démonstration de ce nouveau métier de Guide Jardinier....................................................26
qui répond à un besoin en développement...........................................................................26
Chapitre 5............................................................................................................................ 31
Démonstration que l’on peut manger mieux et moins cher en bio...................................... 31
Chapitre 6............................................................................................................................ 39
Démonstration que l’on peut faire vivre décemment une famille sur un hectare de terre...39
Chapitre 7............................................................................................................................ 44
Démonstration de la dépendance urbaine à l’autonomie rurale..........................................44
Chapitre 8............................................................................................................................ 49
Démonstration de vie autonome et harmonieuse entre les humains et la nature.................49
Chapitre 9............................................................................................................................ 53
Démonstration de comment devenir explorateur de la nature............................................. 53
Chapitre 10.......................................................................................................................... 58
Démonstration d’une autre civilisation : l’Afrique..............................................................58
EPILOGUE..........................................................................................................................65

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Témoignages, astuces, expériences


de personnes qui vivent et travaillent autrement

Introduction de Philippe
Desbrosses

Parmi les initiatives qui fourmillent autour


de la Ferme de Sainte-Marthe et qui y prennent
racine avec les hommes et les femmes qui les
incarnent, nous présentons celles avec
lesquelles nous entretenons une collaboration Philippe Desbrosses à l'Unesco
active et plus exactement un partage dans
l’expérimentation et la démonstration.

Nous inaugurons ainsi une nouvelle façon de


vivre et de travailler.

Philippe DESBROSSES

Ferme de Sainte Marthe

Remerciements
• Remerciements aux auteurs
• Remerciements à Philippe Desbrosses
• Remerciements aux lecteurs (le prix de
cet ebook est versé à l'association)

Ce livre électronique (ebook) est


réalisé par l’équipe rédactionnelle
du site www.intelligenceverte.org

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Chapitre 1

Démonstration de comment travailler autrement

Jean-Yves FROMONOT est Directeur des Ressources Humaines d’une grande


multinationale américaine, avant de changer de vie en 1995. Il travaille à temps
partagé, ce qui lui permet de découvrir la liberté de faire ce qu’il lui plaît.

Aujourd’hui, EthnoDéveloppeur, il enseigne la méthode alternative de mettre en


route son activité de vie, en suivant les lois naturelles.

Une façon de vivre et travailler autrement, facile et sûre parce que progressive et
réversible ; elle est donc parfaitement adaptée au développement durable.

Jean-Yves Fromonot, EthnoDéveloppeur


http://www.formationsbio.com/travailler-autrement
info@formationsbio.com

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Parmi les expériences réalisées et enseignées par IntelligenceVerte sur le site de


la ferme de Sainte Marthe se trouve celle de Travailler Autrement. Il n’y a pas un
système habituel de travailler et un système autrement ; il existe de multiples
façons de travailler différemment du modèle de notre civilisation.

Parmi les autres façons de travailler :

- Imaginez un pays ou il n’y ait qu’un seul mot pour exprimer la notion de «
vendre » ou « prêter » ou « donner ».
- Imaginez une entreprise qui fonctionne comme votre corps : un ensemble
de cellules et d’organes sans chef, et qui collaborent librement pour
l’harmonie de l’ensemble.

Comment est-ce possible et


comment ce genre de comportement contribue à guérir la terre ?

Le biologiste Albert Jacquard nous démontre dans ses conférences que la


compétition est la cause principale des maux que l’humain inflige à notre planète.
Vivre en soi et non en fonction des autres diminue la compétition et la pression
sur la planète.

Depuis notre enfance, nous consacrons la majorité de notre énergie et de notre


temps à se conformer à ce que les autres attendent de nous. De même, nous
sommes formatés à prendre pour vrai que qui est dit par les autres avant de
vérifier par nous-mêmes nos idées. Notre civilisation a ce défaut de ne pas savoir
former les jeunes, aux us et coutumes du pays d’accueil, sans casser leur
aspiration à être ou réaliser quelque chose de particulier.

Notre premier réflexe est de travailler comme les autres, de faire les mêmes
métiers que nos connaissances, de demander la permission d’exercer telle ou
telle activité. Et pourtant, comment fait le premier humain qui invente un métier qui
n’existe pas encore ?

Curieusement, de nos jours, la mise en route des aspirations de beaucoup


d’humains contribue à soulager la planète.

Seulement voilà, chacun est pris dans un système où il ne voit


pas comment gagner sa vie sans copier le modèle existant du
monde du travail.

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Pourtant, certaines entreprises tentent ce pari de travailler autrement. Pour l’avoir


expérimenter au centre de formation de la ferme de Sainte Marthe, nous pouvons
dire que ce n’est pas le statut, comme par exemple une SCOP (Société
coopérative de production), qui fait la différence, mais les humains qui la
composent.

Après bien des tâtonnements sur 10 ans, nous pouvons dire que deux conditions
préalables doivent être réunies :

– chaque membre doit être indépendant,


– et avoir les mêmes valeurs que le fondateur de l’entreprise.

Voyons ensemble des astuces parmi d’autres pour travailler autrement :

- Les 10 clefs pour travailler autrement


- Comment être indépendant sans stress ni capitaux

Les 10 clefs pour travailler autrement

➢ Avoir envie de changer de vie


➢ Accepter son cadre de référence
➢ Trouver son activité de vie
➢ Parler de soi au présent
➢ Appliquer les lois naturelles
➢ Choisir un support juridique simple
➢ Privilégier le lien social, le contact direct
➢ Générer des revenus par son activité de vie
➢ Se donner du temps et ne jamais abandonner
➢ Rencontrer ceux qui nous précèdent sur le chemin

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• Avoir envie de changer de vie


La majorité de nos rêves sont les rêves des autres, ceux de la civilisation qui
nous entoure (maison, amour, enfants, argent, vacances, etc.). Il s’agit de trouver
à quoi cela aspire en nous. Je dis bien à quoi « cela » aspire. En effet, il ne s’agit
pas d’un processus mental, il ne s’agit pas de fuir une situation sociale et/ou
économique qui ne nous satisfait pas ou bien de faire différemment des autres
parce que nous ne pouvons pas atteindre les mêmes objectifs que les autres.
Cela doit venir du plus profond de nous même.

• Accepter son cadre de référence


Ne fuyons pas notre environnement économique et social, voire culturel. Nous
avons le droit de convaincre les humains de changer mais pas de les forcer. Et
surtout, c’est plus facile de travailler autrement en s’adaptant à son
environnement. Être en opposition avec les valeurs en cours attire des
résistances qui freinent voire empêchent notre désir de travailler autrement.
Paradoxalement, la vie économique, sociale, administrative, est devenue
tellement compliquée que comme dans la nature, il se créé des espaces de
libertés.

• Trouver son activité de vie


Bien entendu, nous ne trouvons pas notre activité de vie en claquant des doigts.
C’est un travail d’observation de soi-même et surtout d’écoute de ce que les
autres perçoivent de nous-mêmes. En effet :
- il y a ce que nous sommes,
- il y a ce que nous croyons que nous sommes,
- il y a ce que les autres perçoivent que nous sommes.

Or ceux-ci sont souvent plus près de la vérité de notre être que nous même.
C’est aussi un processus pendant lequel nous découvrons progressivement ce
pourquoi nous sommes fait dans la vie. Il s’agit donc, à partir d’une première
hypothèse, de se mettre en route.

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• Parler de soi au présent


Chaque fois que nous parlons de nous au passé, les autres - mais surtout notre
moi profond - entendent que « nous avons été » et qu’aujourd’hui nous ne
sommes rien. Chaque fois que nous parlons au futur, les autres - mais surtout
notre moi profond - entendent que « nous espérons être ceci » et qu’aujourd’hui
nous ne sommes rien. Si par exemple vous aspirez à être jardinier et que chaque
fois que vous parlez de vous, vous dites votre ancien métier, vous ne recevrez
aucune aide pour être jardinier. La vie est ainsi faite : celui qui est dans la
réalisation attire naturellement à lui ce dont il a besoin.

• Appliquer les lois naturelles


Un exemple de loi naturelle : ce qui pousse lentement dure longtemps.
Pratiquons l’auto-développement comme dans la nature. Il est vrai qu’avec
beaucoup de capitaux, on peut financer beaucoup de pub et vendre n’importe
quoi : « vu à la télé ». Néanmoins, même avec beaucoup d’argent disponible,
votre activité de vie est plus solide si elle se développe en respectant les lois de
l’univers, du bon sens et de l’éthique.

• Choisir un support juridique simple


Hélas ou tant mieux, nous ne pouvons vivre dans notre civilisation sans avoir un
statut. Cependant, trop de personnes pensent que le statut va générer des
revenus, parce qu'effectivement, la majorité de la population est dans ce cas
(salarié, fonctionnaire, retraité, etc.). Or il s’agit d’exercer notre activité de vie et
non pas de faire de la gestion administrative qui coûte plus que cela ne rapporte.
Heureusement, il existe des solutions qui permettent de consacrer tout son temps
à communiquer sur son activité de vie au lieu de « remplir des papiers ».

• Privilégier le lien social, le contact direct


Que cela nous plaise ou non, nous ne vivons plus en relation directe avec la
nature. Ce sont les autres qui nous apportent ce dont nous avons besoin. Et
curieusement, au lieu de privilégier le contact direct avec les autres, notre
civilisation développe l’anonymat, la plus grande distance possible entre le
producteur d’un bien ou d’un service et le consommateur de ce bien ou service.
Efforçons nous de relationner directement, sans intermédiaire
(salarié ou société ) entre nous et les bénéficiaires de notre
activité de vie. Ceci nous permet de recevoir ce dont nous avons
besoin pour vivre sans pour autant être à notre tour un prédateur.

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• Générer des revenus par son activité de vie


C’est parce que nous sommes éduqués à gagner notre vie en fonction d’un statut
et non de notre travail qu’il nous est souvent difficile de recevoir la juste
rétribution de notre activité. La gratuité ou un prix bas est toujours la fausse
excuse pour un mauvais service, pour un job que l’on fait uniquement afin de
gagner de quoi faire vivre sa famille ou s’enrichir. Exercer son activité de vie est
autre chose : sans aller jusqu’à laisser chacun donner ce qu’il peut ou pense
devoir donner, en échange de notre service, il est facile d’expliquer ce qu’est un
juste prix. Lorsque nous sommes dans notre activité de vie et non dans la
recherche d’argent, la rétribution de nos services devient un juste milieu entre ce
que cela coûte et ce que chacun peut payer.

• Se donner du temps et ne jamais abandonner


Le temps nécessaire à travailler autrement, voire à changer de vie, est égal au
temps passé à votre conditionnement actuel. Même si une prise de conscience
peut être rapide, suite à un choc positif ou négatif, la modification de nos
comportements induits depuis l’enfance demande du temps. De plus, si nous
allons trop vite dans la mise en œuvre, nous ne pouvons ralentir si les
circonstances adverses le nécessitent. Avoir « Le nez dans le guidon » nous fait
confondre l’objectif final avec les objectifs intermédiaires. L’astuce est de
consacrer chaque jour un peu de temps à son activité de vie ; le secret est de ne
jamais abandonner.

• Rencontrer ceux qui nous précèdent sur le chemin


En lisant ces lignes vous êtes dans le « savoir ». Notre éducation nous fait croire
qu’il suffit de lire des livres pour réaliser des choses. Cela aide à la prise de
conscience. Cependant, tous ceux qui l’ont vécu savent que le vrai moyen pour
avancer de manière solide et pérenne est le « savoir faire ». Rencontrer ceux qui
réalisent déjà ce que vous souhaitez faire est plus efficace que d’écoûter les
conseils de ceux qui enseignent ce qu’ils ont lu dans des livres. Cela peut suffire,
néanmoins, l’aide la plus précieuse est le « savoir être », c'est-à-dire la force, la
conviction que vous recevez de celui qui est si passionné qu’il ne peut
s’empêcher de transmettre.

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Comment être indépendant sans stress ni capitaux ?

- Vous ne pouvez changer rapidement d’emploi !


- Ce que vous devez savoir sur la création d’entreprise ou être
indépendant !
- Il existe une méthode qui réussit toujours car basée sur les lois naturelles !
- Comment se faire aider ?
- Comment vous allez réussir
- Pourquoi est ce si difficile de faire des choses simples ?
- Vérifiez par vous-même !

Comment réussir son changement de vie professionnelle sans s’endetter et


sans stresser ?

Vous rêvez de changer de vie et surtout, de travailler autrement, mais comme


beaucoup de personnes, vous ne pouvez changer brutalement d’emploi :

- pour des raisons de sécurité financière certes


(Chacun doit assurer ses moyens d’existences et ceux de sa famille)

- mais aussi pour des raisons de confiance, se sentir prêt et être sûr de
l’avenir.

Effectivement, changer de boulot, créer son entreprise, son activité personnelle,


coûte de l’argent : étude de marché, stage de formation, mettre au point son
activité (produit ou service), trouver des locaux, se faire connaître, selon l’activité
embaucher du personnel, faire un business plan, emprunter pour financer les
premières dépenses, monter des dossiers...

Ah ! J’oubliais ! Dès que vous vous déclarez, les solliciteurs arrivent et vous
recevez des avis à payer, que ce soit des administrations ou des intermédiaires
privés.

En fait, rien ne vous oblige à subir ce parcours du combattant. D’ailleurs, pendant


que vous effectuerez ce parcours, il faudra vivre parfois un à deux ans avant que
vous ne receviez le revenu de votre activité.

Si vous n’avez pas d’économie, c’est encore de l’argent


à emprunter.

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Tout ceci est certes utile ! Cependant un à deux ans sont passés …

- vous n’avez toujours pas vendu et vous avez peur de vendre


- vous avez déjà dépensé beaucoup d’argent !
- vous êtes découragé !
- vos relations doutent de vous !
- vous hésitez !
- vous avez peur de perdre la sécurité !

Et les ennuis commencent :

- votre banquier vous harcèle


- votre famille vous laisse tomber
- votre éventuel salarié vous envoie au prud'hommes
- vous ne savez plus comment payer vos dettes
- vous n’êtes plus crédible
- on se moque de vous

Une autre méthode....

Il existe une autre méthode qui réussit toujours parce que basée sur les lois
naturelles. Observez la nature, elle se hâte lentement, n’abandonne jamais,
s’adapte et combine sa biodiversité
pour réussir.

Regardez le chêne : il se développe tout seul, il pousse très lentement mais


résiste aux tempêtes car il a pris le temps de s’enraciner profondément. Son bois
est solide et quand vous le brûlez, il fait des braises qui chauffent bien.

Alors, avant de mettre un support juridique à votre projet, faites le d’abord


pousser. Évitez de dépenser de l’argent, investissez seulement ce que vous avez
gagné.

Travailler d’abord pour vous et vos clients


et non pour les banques ou l’administration

Sachez voir les ressources qui sont autour de vous au lieu de payer ce
qui existe déjà au profit des intermédiaires !

Le plus surprenant ?

On trouve souvent plus facilement un job de salarié en cherchant


à être indépendant.

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Comment faire ?

- Trouver son activité de vie ! Attention, il faut vraiment que cela vienne de
vous et non de ce que votre environnement économique vous suggère...
Vous pouvez être aidé en écoutant les impressions de personnes
bienveillantes qui vivent déjà de leur activité de vie.

- Comment ? en se mettant en route sans attendre d’être prêt... Évidemment


c’est plus facile de trouver son activité de vie avec l’aide de ceux qui vous
précèdent sur le chemin.

- Gardez toujours la sécurité et vos moyens d’existence en ayant un job


provisoire parmi ceux que désire le monde dans lequel vous vivez... Et
développer les astuces qui vous permettent de faire les deux. Vous
trouverez facilement en consultant ceux qui l’ont déjà fait.

- Ne cherchez pas en premier la sécurité car vous l’avez déjà... Et n’hésitez


pas à copier les méthodes de ceux qui ont déjà franchi le pas.

- Ne parlez pas de votre nouvelle activité avant d’avoir élaboré tous les
arguments et appris les techniques de communications simples et
éprouvées... Entraînez-vous avec ceux qui savent déjà.

- Soyez attentifs à ceux qui seraient éventuellement intéressés par vos


services... Discutez longuement avec ceux qui ont réalisé quelque chose
d’équivalent à votre activité de vie.

Comment se faire aider ?

- Consultez des personnes qui ont déjà entrepris un changement...


Comment quelqu’un qui n’a jamais vécu ce que vous souhaitez peut-il vous
conseiller ?

- Confrontez vos idées auprès des gens qui vivent déjà de manière libre,
sans compétition, sans lutte de pouvoir et en harmonie avec leur
entourage.

Attention ! Il ne s’agit pas de trouver en premier une structure,


mais de réaliser son activité de vie, le plus librement possible.
Cela peut se faire sous statut salarié ou indépendant.

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Comment allez-vous réussir ?

- Vous allez passer tout votre temps sur la présentation de votre activité de
vie et non sur l’administration juridique et financière. Cela va attirer vers
vous 4 choses :

o des indications sur la manière d’en parler


o ce que vous avez besoin pour continuer
o le besoin des autres d’utiliser vos compétences
o le statut juridique que vous prendrez quand le moment sera venu

- Vous allez dépenser seulement ce que vous gagnez parce que vous allez
utiliser des moyens peu onéreux ; soit que vous les faites vous-même, soit
vous les empruntez le temps que vous puissiez investir.

- Vous allez apprendre comment combiner vos besoins de sécurité et


comment vous lancer dans l’aventure, ceci en préparant 3 choses :

o des structures simples qui rassurent vous-même et votre entourage


o la possibilité de prendre du recul si nécessaire
o en créant une ou des voies de secours

- Vous allez développer la confiance en vous par un entraînement progressif


sous forme de jeu. En effet, il ne s’agit pas de convaincre à tout prix mais
de découvrir comment mon activité de vie convient aux autres et surtout,
comment ils veulent que vous en parliez.

Vous allez réussir à tous les coups parce que vous vous donnez du temps et que
vous n’abandonnerez jamais.

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Vous hésitez ?

Vous avez raison ! Vous devez d’abord rencontrer des personnes :

- qui développent ces méthodes différentes


- qui utilisent les secrets des lois naturelles
- qui s’adaptent à la vie sociale en restant libres
- qui osent prendre leur temps pour réussir à long terme
- qui sont plus préoccupées de leur bonheur personnel que
de faire comme tout le monde

Heureusement, il y a des réseaux qui permettent sous forme de formation de


découvrir et apprendre tout ce savoir naturel et si simple.

Pourquoi est-ce si difficile de faire des choses simples ?

Parce qu'enfants, nous avons été éduqués à :

- prendre pour vrai ce que les autres nous disent


- se conformer à ce que les autres attendent de nous,

au lieu de découvrir par nous même nos possibilités.


Et parce que votre inconscient a été formaté par d’autres, il n’accepte plus d’être
formaté par vous-même. Vous irez donc plus vite en laissant votre cerveau
échanger avec ceux qui vivent déjà ce à quoi ils aspirent.

La vie est un long fleuve tranquille si vous nagez dans le sens du courant. À
condition que ce soit au milieu du courant de votre vie et de la civilisation dans
laquelle vous avez été élevée.

Maintenant, si votre intuition et votre raison vous suggèrent qu’il y a peut-être


quelque chose à explorer dans cette méthode différente, venez le vérifier par
vous-même dans les week-ends Travailler Autrement de
www.intelligenceverte.org

Et compte-tenu que cette manière de Travailler Autrement est


longue et sûre, il vaut mieux commencer de suite. Vous ne risquez
rien à essayer car même si vous décidiez de ne pas la suivre ou
de la commencer plus tard, vous passez un bon moment et
découvrez des trucs et astuces qui facilitent la vie professionnelle.

Jean-Yves Fromonot

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Chapitre 2

Démonstration qu’il est possible de rémunérer


éthiquement nos maraîchers

Le centre de formations bio Sainte Marthe, les associations Intelligence Verte et


Potagers de Sainte Marthe, développent le maraîchage éthique.

Aujourd’hui, les dernières générations de paysans (remplacés par les exploitants


agricoles) habitués à travailler dur pour pas grand-chose ne sont pas
renouvelées. Les générations qui suivent veulent les 35 heures, les congés et un
revenu proportionnel à leur travail. Quoi de plus légitime !

Si nous voulons avoir dans notre « pays » des « gens » qui produisent localement
de quoi nous nourrir correctement, nous devons changer nos comportements de
payer le moins cher possible les agriculteurs. Le maraîchage éthique est une
solution afin de faire face à la pénurie de maraîchers de proximité, qui nous
fournissent des légumes frais et de qualité.

Maraîchage Ethique
http://www.intelligenceverte.org/Legumes-frais-bio.asp
info@intelligenceverte.org

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Le maraîchage éthique est un ancien métier d'avenir au sein de l'agriculture


biologique. Cette réalisation est mise en œuvre par les associations « Intelligence
Verte » et « Potagers de Sainte Marthe » sur le domaine de la ferme de Sainte
Marthe en Sologne, qui réunit les premiers éléments dont nous avons besoin.

Par la suite, ce projet se développe et en d’autres lieux en fonction des leaders


formés. Nous restons toujours ouverts à de nouveaux collaborateurs car c’est ce
qu’il y a de plus difficile à trouver.

Comment cela se passe ?

Chaque maraîcher est indépendant sous statut exploitant agricole ou statut auto-
entrepreneur selon le lieu et les circonstances. En effet, les expériences en
salariat et en bénévole ont échoué. De plus, il s'agit d'une pépinière pour aider de
futurs maraîchers indépendants. Apprendre à être autonome fait partie du projet
expérimental.

Chaque maraîcher travaille sa parcelle de terrain entre 0.5 et 1 hectare (c’est lui
qui choisit) ; il facture à l’association « Potagers de Sainte Marthe » qui est
gestionnaire du projet, le nombre de paniers produits. Il peut être aidé
manuellement, ponctuellement et gracieusement par des membres des Amaps.

Chaque maraîcher décide du choix des légumes (environ 25 variétés minimum)


en accord avec la clientèle et le formateur principal.

Chaque maraîcher décide également de ses heures de travail.

Chaque maraîcher est accompagné par les formateurs du centre de formation de


la ferme de Sainte Marthe qui cultivent eux-mêmes des parcelles. Les
maraîchers bénéficient de la synergie (équipement, clientèle, notoriété, etc.) de
IntelligenceVerte et de la ferme de Sainte Marthe.

L’objectif est de 100 paniers


par semaine par hectare par
maraîcher sur 8 mois pour
commencer, puis 10 puis 12
mois quand l’association aura
des serres.

Le matériel est fourni par l’association.


La clientèle (4 Amaps) est fournie par
l’association.

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Nous développons la transparence (le prix du panier comporte progressivement


tous les coûts sans tricher) :

➢ coût du terrain
➢ coût d'achat des matières premières
➢ coût d'achat des équipements
➢ coût de la logistique
➢ coût du maraîcher indépendant
➢ coût des charges sociales
➢ coût de la gestion (assurances, banque, comptabilité, téléphone-internet,
commercial, impôts, etc.)

Nous expérimentons une autre manière de concevoir les relations de travail.


Chaque maraîcher signe une convention de partenariat avec l'association.

L’engagement réciproque est de tout Ceci dit, nous n'avons pas le choix.
faire pour convaincre les Devant tous les blocages de notre
consommateurs de payer civilisation, les citoyens se prennent en
progressivement un prix de panier qui charge et trouvent des solutions.
permette aux maraîchers de gagner L'important est d'essayer.
2000 euros net par mois sur 12 mois.
Nous estimons qu’en dessous de ce Nous expérimentons d'autres manières
revenu pour le maraîcher, les de vivre et travailler ensemble. Il n'y a
consommateurs ne sont pas éthiques pas de salarié dans nos activités. Nous
mais restent dans le schéma sommes tous partenaires et
conventionnel d’exploitation du monde indépendants. Les valeurs et le terrain
agricole. sont nos critères de collaboration.

Nous comprenons les difficultés


financières de beaucoup ; cependant
nous ne sortirons pas de ce problème
en demandant aux agriculteurs de
financer la solidarité. C'est à la
collectivité dans son ensemble d'aider
ceux qui en ont besoin à se nourrir
convenablement.

En attendant, il existe la solution santé,


c'est à dire manger moins et mieux :
www.NouvelleCuisineBio.com

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Prix du panier de maraîchage éthique


Le but est de procurer au maraîcher un revenu net de 2 000 € net mensuel sur 12
mois, avec une production de 100 paniers par semaine, pendant 32 semaines, sur
un hectare, sachant que le maraîcher travaille en moyenne annuelle 50 heures
par semaine.

Coût du panier entre 5 et 7 kg de fruits et légumes différents.

- 0,63 € Location et/ou entretien du terrain


(2000 € annuel divisé par 3200 paniers)
- 2,19 € Compost-eau-électricité-essence-semences-cageots-tuteurs-etc.
(7000 € annuel divisé par 3200 paniers)
- 2,81 € Tracteur-arroseuse-serres-matériel-véhicule-etc.
(9000 € annuel divisé par 3200 paniers)
- 1,25 € Dépl.-collations-assurances-taxes/diverses-banque-poste-tel.-etc.
(4000 € annuel divisé par 3200 paniers)
- 1,25 € Constitution fonds de roulement et investissement, ex : serres
(4000 € annuel divisé par 3200 paniers)
- 7,50 € Revenu maraîcher
(2000 € mensuel net * x 12 mois = 24 000 € annuel divisé par
3200 paniers)
- 3,38 € Charges sociales 45 %
(10 800 € annuel divisé par 3200 paniers)
- 1,00 € TVA = 0,05 x coût du panier = 1 €

* pour 50 heures par semaine, cela fait 9,22 € net par heure
(50 heures x 4,33 semaines = 217 heures et
2000 € salaire mensuel net / 217 heures mensuelles = 9,22 €)

Soit 20 € le panier sans livraison

- 1,88 € Livraisons : location/amortissement/entretien camionnette


(6000 € divisé par 3200 paniers)
- 1,08 € Livraisons : Temps passé par producteur ou un(e) aide :
environ 10h x (7,50 + 3,38) €
main d’œuvre x 32 semaines = 3482 €
(3482 € divisé par
3200 paniers = 1,08 €)

Soit 23 € par panier avec livraison

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Chapitre 3

Démonstration d'une microferme

Charles et Perrine Hervé-Gruyer ont créé en 2003 la ferme biologique du Bec


Hellouin. Charles, ancien marin, et Perrine, ancienne juriste, ont radicalement
changé de vie pour créer un centre de permaculture en Normandie.

Soucieux d’explorer les pratiques agricoles les plus écologiques qui soient,
inspirés par les années passées auprès des peuples premiers, ils expérimentent
des outils encore peu connus en France, comme la permaculture. Des demandes
de stages de plus en plus nombreuses et l’intérêt des scientifiques les ont menés
à organiser des formations.

Charles et Perrine réalisent actuellement un projet de recherche, « Maraîchage


biologique permaculturel et performances économiques », en partenariat avec
l’INRA, AgroParisTech, la Fondation de France, la Fondation Lemarchand pour
l’équilibre entre les Hommes et la Terre, la Fondation Léa Nature, la Fondation
Terra Symbiosis, la Fondation Lunt, la Fondation Pierre Rabhi et la Fondation
Picard. Le but est de démontrer qu'il est possible de créer une activité viable sur
1000 m2 de culture maraîchère bio.

Aux éditions Actes Sud est publié leur livre « Permaculture, Nourir les hommes,
Guérir la terre ».

Perrine et Charles Hervé-Gruyer


http://www.fermedubec.com
charleshg@wanadoo.fr

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

« Sur notre ferme, au Bec Hellouin, nous cherchons à développer une forme de
maraîchage biologique diversifié dans lequel la machine est remplacée par la
main humaine. La ferme tire donc son énergie principalement du soleil, avec un
recours aussi réduit que possible aux énergies fossiles. Nous expérimentons
différentes « bonnes pratiques » remontant, pour certaines, à des civilisation
anciennes, d’autres étant au contraire à la pointe de l’innovation.

Notre ferme n'est pas la réduction d'une ferme mécanisée, mais l'extension d'un
grand jardin.

Les débuts sont difficiles sur les plans techniques et économiques. Mais une
ferme ne se réduit pas à des chiffres. Le succès social de la ferme est
inversement proportionnel à son chiffre d'affaire. Nous réalisons que nos
aspirations ne sont pas si différentes de celles de la majorité de nos
contemporains. Nous avons suivi notre coeur en créant cet espace renaturé et les
visiteurs sont touchés. Nous comprenons qu'une ferme peut produire bien
davantage que de la nourriture pour les corps : elle nourrit également les
émotions, l'âme de nos visiteurs, et répond à un besoin croissant de reconnexion
avec la nature.

Un jour, je vois un vieux monsieur en costume-cravatte, très digne, assis au bord


de la rivière avec notre dindon sur les genoux. Cette image me frappe d'autant
plus que le volatile est de taille ! Sans l’avoir prémédité, nous devenons une sorte
d'interface entre nos contemporains, largement citadins, et le monde paysan, un
monde de plus en plus marginalisé par la société française, qui a ses codes et sa
culture et reste, reconnaissons-le, difficile à pénétrer pour le non-initié. Beaucoup
de paysans subissent depuis des siècles le mépris de ceux qu'ils nourrissent, et y
répondent parfois par une légitime méfiance. »

Le défi permaculturel du Bec Hellouin

Charles et Perrine ont créé la ferme du Bec Hellouin, en Normandie, en vue de


développer une microferme dans laquelle tout se fait dans le sens de la vie. C'est
en fait de la micro agriculture bio-intensive qui pourrait se définir ainsi, pour
reprendre le titre de l’ouvrage de John Jeavons qui est l’un de leurs inspirateurs :
comment faire pousser plus de légumes que vous ne l'auriez cru possible sur
moins d'espace cultivé que vous ne l'imaginiez ?

En cherchant à faire alliance avec la nature, en tirant parti des services rendus
par les écosystèmes, on obtient une microferme belle, productive et généreuse.

L’un des secrets de la productivité des


microfermes, c'est l'attention portée au sol :
l’objectif est d’obtenir un sol sain, vivant et bien
équilibré. Les ravageurs disparaissent alors
d'eux-mêmes. Les maraîchers parisiens du

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

XIXème siècle l'avaient déjà compris : pour répondre à la demande croissante et


la baisse des prix, ils faisaient de la micro agriculture intensive : ils associaient et
diversifiaient les cultures.

Une méthode originale s’est alors progressivement mise en place au Bec


Hellouin. C’est une synthèse de "bonnes pratiques" assemblées dans un cadre
permaculturel : 20 points, 20 éléments essentiels pour construire une agriculture
économiquement viable et susceptible de contribuer à la régénération de
l'environnement.

Lancement d’un programme de recherches

Pour donner un fondement scientifique aux pratiques novatrices développées à la


ferme, un programme de recherche est initié. Une « ferme virtuelle » de 1 000 m2
cultivés est modélisée dans les jardins de la ferme du Bec Hellouin.

Voici les questions qui se posent au départ de l'étude :

• Dans un système de maraîchage en permaculture sans mécanisation,


quelle est la surface de culture nécessaire permettant de dégager un
revenu décent pour un travailleur souhaitant s’installer et avoir des
conditions de travail acceptables ?

• Quelle est la performance économique susceptible d’être obtenue sur une


surface limitée, fixée arbitrairement à 1000 m2 ?

• Quelle est la charge de travail nécessaire à la réalisation de cette


performance sur 1000 m2 et comment se répartit-elle au cours de l’année ?

• Quelle est la performance écologique de ce système ?

Il était généralement admis qu’il fallait un hectare pour créer une activité
maraîchère.

Une surface de 1 000 m2 cultivés (soulignons qu’il s’agit bien de mètres carrés
cultivés, il faut donc ajouter les allées, les aires de compostage, le bâti), a été
définie au cœur des jardins, en excluant volontairement les espaces trop
atypiques, comme les îles-jardin.

Cette « ferme virtuelle » comprend 70 parcelles. L’équipe entreprend de


comptabiliser tout ce qui rentre dans ces parcelles (temps de travail par type de
tâche, intrants), et tout ce qui en sort, à la botte
de radis près. De même, l’ensemble des outils et
équipements (serres, systèmes d’irrigation...),
nécessaires aux cultures, a été listé et chiffré.

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Conclusion de l'expérience, un an après :

• Sur une année, le chiffre d’affaire dégagé a été de 32 000 euros, pour une
charge de travail dans les jardins de 1 400 heures.

• 1 000 m2 cultivés en maraîchage bio permaculturel selon la méthode de la


Ferme du Bec Hellouin permettent donc de supporter une activité à temps
plein.

• Le chiffre d’affaire a été déterminé en accordant une valeur économique à


la production maraîchère. Cette valeur a été fixée à partir de grilles
tarifaires provenant de différentes sources, en premier lieu celle réalisée
par le GRAB HN, donnant les tarifs moyens en vente directe des légumes
bio pour la Haute Normandie.

• Le temps de travail, 1 400 heures dans les jardins, représente 29 heures


par semaine. Il faut y ajouter le temps passé en entretien du site,
commercialisation, tâches administratives, etc, estimé à 30 % des heures
travaillées dans les jardins. On arrive alors à une charge de travail annuelle
de 2 100 heures par an, soit en moyenne 44 heures par semaine, en
ménageant 4 semaines de vacances. Ceci reste très raisonnable pour un
maraîcher, qui de plus ne perd pas de temps en transports pour se rendre
à son travail.

• Les bons résultats économiques des meilleures parcelles étaient dus aux
associations de culture et à la densité qu’autorise un travail manuel.

Pour l’année suivante, le chiffre d’affaire augmenta sensiblement, dépassant


39 000 € : la micro--agriculture a un potentiel productif bien supérieur à ce que
nous imaginons généralement.

Apprendre à voir les choses différemment

Au fil des ans, les recherches effectuées à la ferme du Bec Hellouin nous
amènent aux constats suivants :

- L’approche permaculturelle, croisée avec diverses influences glanées aux


quatre coins du monde, permet de produire, en travaillant à la main sur 1 000 m2
cultivés, sensiblement autant de légumes qu’un hectare cultivé avec un tracteur
(voir les rapports intermédiaires de l’étude sur le site www.fermedubec.com).

- Au sein de la profession, un hectare est la


surface minimale jugée nécessaire pour installer
un maraîcher bio mécanisé. Dans cette
configuration, le maraîcher est obligé de couvrir
toute la surface, ou quasiment, de ses cultures. Il

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reste peu de place pour planter des arbres, des haies, creuser des mares,
construire un logement. La ferme reste alors un milieu fortement artificialisé,
même en bio.

- Prenez le même hectare, supprimez le tracteur et concentrez les cultures


légumières sur un dixième de sa surface environ. Imaginez tout ce que vous
pouvez faire avec les 9 000 m2 ainsi libérés : entourer la parcelle de haies
fruitières, planter une forêt-jardin du côté des vents dominants, construire une
maison bioclimatique pour le maraîcher et sa famille, creuser des mares et y
pratiquer l'aquaculture (ou la production de spiruline si le climat le permet), planter
un pré-verger, élever une vache, des moutons ou un animal de trait, installer une
basse cour, des ruches...

- A surface égale, il devient possible de créer un véritable agroécosystème


diversifié, une microferme procurant du travail à deux, trois ou quatre personnes.
La sécurité économique est accrue du fait de la pluriactivité. Il devient plus
envisageable de créer un petit point de vente pour cette production diversifiée.

- Le fait de réunir en un même lieu des cultures, des arbres et des animaux
permet à la microferme de devenir autonome en matière organique, en tirant
partie des multiples ressources offertes.

- Un tel lieu est beau et il y fera bon vivre !

Qu'en est-il de la qualité de vie ?

Quelle est la qualité de vie offerte par une ferme qui est l’extension d’un grand
jardin et non la réduction d’une ferme mécanisée ? Il est bien évidemment
impossible de répondre à une question aussi subjective, mais force est de
reconnaître que cette forme nouvelle de maraîchage bio permaculturel offre des
tâches très variées, pratiquées en immersion dans la nature, qui rendent
l’exercice de la profession globalement épanouissant et agréable.

Si une surface cultivée de l’ordre de 1 000 m2, comme au Bec Hellouin, permet
de produire, toute l’année, l’équivalent de 60 à 80 paniers de fruits et légumes
hebdomadaires, alors le moindre jardinet, la plus petite courette devient une
ferme potentielle. Une pelouse de 200 m2, avec une bonne terre et un jardinier
compétent, est susceptible de produire une douzaine de paniers hebdomadaires,
un balcon de 10 m2, près d’un panier !

Charles et Perrine Hervé-Gruyer

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Comment vivre d’une microferme ?

Formations Bio Sainte Marthe, l’Ecole de Permaculture du Bec Hellouin et


Intelligence Verte développent l’enseignement du concept de microferme.

Qu’est-ce qu’une microferme ? Un territoire d’un hectare autour d’une


production sur 1000 m2 qui permet de nourrir localement une population et de
subvenir aux moyens d’existence d’une famille.

Voici les étapes pour apprendre à vivre d'une microferme : 3 formations.

1ère étape au centre de Formations Bio de Sainte Marthe


En 50 jours consécutifs : http://formationsbio.com/agriculture-bio-et-filieres

• Découvrez le secteur bio


• Elaborerez et vérifier votre projet
• Apprenez à cultiver et à vendre éthiquement
• Découvrez le développement naturel & progressif
• Créez votre réseau et trouvez votre terre

2ème étape à l'école de permaculture du Bec Hellouin


En plusieurs stages de 3 à 5 jours : http://www.ecoledepermaculture.org

• Les fondements de la permaculture et de l’agroforesterie


• La microagriculture permaculturelle
• Comment créer avec la complicité de la nature
• Comment économiser du temps et des équipements

3ème étape : Individualisation avec Formations Bio Sainte Marthe


• Apprenez concrétement avec un maraicher bio cet ancien métier d’avenir
« EthnoMaraicher »
• Formation de 350 à 700 heures en situation : 50 % cours sur le terrain et
50 % application pratique

Planning
• La 1ere étape doit être faite avant la 2éme et la 3eme
• Vous pouvez faire la deuxième étape pendant la 3eme
• Chaque étape a un cout différent et une inscription indépendante des autres.
• Cela permet d’équilibrer dans le temps l’acquisition des connaissances et
de la pratique en plusieurs modules, à
suivre quand c’est le moment.
• Cette mise en œuvre progressive et
pratique de votre réalisation vous assure
efficacité, économie, facilité, absence de
stress.

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Chapitre 4

Démonstration de ce nouveau métier de Guide Jardinier


qui répond à un besoin en développement

Hervé Valoteau est guide jardinier bio, animateur nature,


conférencier, encadrant sur le jardin potager pédagogique
de la ferme de Sainte Marthe et président/animateur de
l’association BiHaNat (Bien être Harmonie Nature). Cette
association de sensibilisation à la mise en pratique de
méthodes respectueuses de l’environnement forme, informe
et partage ses passions depuis 2004 sur 4 thèmes phares :
jardin bio, habitat écologique, alimentation saine, fours et
séchoirs solaires. Elle compte pas moins de 150
adhérents…

Co-animateur de stages de jardin bio au Centre Permanent


d’Initiative pour l’Environnement d’Azay le Ferron (36) au
côté de Bernard BERTRAND (Auteur de nombreux
ouvrages sur la nature dont le célèbre « Purin d’ortie et compagnies ») aux
éditions du TERRAN. Intervenant occasionnel sur Radio France Bleue Berry Sud
(RBS) pour des conseils jardin, rédacteur de chroniques sur le jardin bio sur le
site Intelligence Verte, Hervé est aussi créateur/animateur de jardins potagers
pédagogiques dans des écoles et des centres de loisirs…

Hervé Valoteau
http://www.formationsbio.com/jardinage-bio
herve.valoteau@free.fr

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De technico-commercial à guide jardinier bio, de la sécurité dépendante à


l’autonomie libre…

J’avais 29 ans quand je suis devenu propriétaire d’une maison et d’un lopin de
terre de 780 m2 dans le parc naturel régional de la Brenne dans l’Indre. Je n’avais
jamais vraiment jardiné avant, tout au plus accompagné et regardé mon père et
mon grand-père, mais je ne me rappelais pas avoir semé, planté, travaillé la terre.
Ces accompagnements auprès de ma famille m’ont cependant initié à quelque
chose en lien avec la nature, ce n’est que plus tard que je l’ai compris.

Me voilà donc avec ce lopin et l’envie d’y commencer un jardin. Je trouve un bon
soutien et un bon encouragement auprès de mon père qui jardine depuis sa plus
tendre enfance et qui répond rapidement à ma demande en venant m’aider à
débuter mon premier jardin en 2000.
J’achète quelques ouvrages et commence à me passionner pour ce milieu d’une
richesse insoupçonnable. Cela ne me quittera plus !

En 2003, alors que je consulte le catalogue des graines de la ferme de Ste


Marthe, je tombe sur une formation longue pour apprendre l’Agriculture biologique
et ses filières. C’est décidé, je deviendrai agriculteur, paysan ou jardinier, je
travaillerai en relation avec la nature.

Il est temps pour moi d’entamer une nouvelle carrière et de laisser derrière moi
cette profession de technico-commercial dans une grande entreprise industrielle
et de trouver « Mon Autonomie ».

C’est aussi un peu à cette époque que je rencontre Paul et Josette, lui grand
jardinier, elle grande cuisinière, et tous deux amoureux des produits sains et
respectueux de la nature. Paul sera mon « mentor », mon soutien lors de mes
premiers pas en conférences, mon apprenant, celui qui m’a transmis le plus en
terme de connaissances et d’expériences de jardin. Fort de ses 38 années de
jardinage bio, je considérais qu’il avait une réponse ou a minima un avis éclairé à
toutes les questions que pouvaient se poser les jardiniers que je côtoyais.

Fin 2003, je pars en Sologne faire ma formation de 50 jours : un souvenir


inoubliable, des graines semées en moi qui ont germé, grandi, fleuri et ont produit
de beaux fruits et légumes.

De retour chez mon employeur qui avait consenti à me laisser libre pendant 50
jours pour préparer ma transition, il fallait s’y remettre, continuer un travail qui me
nourrissait financièrement mais ne
m’apportait plus ni créativité, ni émotion
de plaisir et de joie. Il fallait mettre en
place de nouvelles choses pour mon
activité future. Et lorsque Paul et Josette

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

m’ont proposé de créer l’association BiHaNat, c’est avec plaisir que j’ai répondu
présent.

Développer une association ayant pour but de transmettre et partager des


informations sur le jardinage biologique, c’était une aubaine, j’allais pouvoir me
faire plaisir, apprendre encore sur le jardinage, partager mes expériences, mes
valeurs, ce que j’avais acquis lors de ma formation à Ste Marthe, retrouver de la
créativité pour rendre accessible au plus grand nombre toutes ces informations.
J’avais trouvé une nouvelle nourriture… ni financière, ni matérielle, mais tout
aussi importante voire peut-être plus. Je comprenais le sens des mots « Etre,
faire, avoir » si chers à beaucoup de sages. Si j’étais heureux et en accord avec
mes convictions, je ferais des choses ayant du sens pour moi et j’aurais la
récompense à la hauteur de mon investissement, si ce n’est plus… Les choses
devaient venir de l’intérieur de moi pour donner naissance à des choses à
l’extérieur de moi.

Je pouvais enfin m’extraire de cette pensée sociétale très présente : si j’avais ci


ou ça, je ferais ci ou ça et je serais heureux. Le modèle que notre bonheur
dépende d’une chose extérieure à nous ne me correspondait plus.

L’association BiHaNat, un condensé des valeurs que nous portons « Bien-être,


Harmonie, Nature » a vu le jour en mars 2004 grâce à un conseil d’administration
de 9 personnes. Les occasions de nous faire connaître ne se sont pas faites
attendre : en mai de la même année, nous étions invités sur la foire exposition de
Châteauroux sur un espace de 100 m2 afin d’y faire la promotion du jardinage
écologique pendant 10 jours. Ce fut un immense plaisir et de belles rencontres qui
ont été suivies par des émissions sur la radio locale RBS tout l’été pour donner
des conseils sur ce type de jardinage. Puis s’y sont ajoutés les conseils de cuisine
saine, et quelques années plus tard, des adhérents passionnés d’habitat
écologique en cours de construction ou de rénovation nous ont rejoints avec
l’envie de rajouter une thématique à notre communication. BiHaNat prenait de
l’ampleur et le « Ha » signifiant Harmonie pouvait bien s’accorder avec Habitat,
quel heureux « hasard ». Bien sûr, cette thématique allait de soi dans les liens
que nous voulions avoir et la cohérence de nos valeurs et de nos objectifs :
cultiver biologique, manger sainement et habiter écologique.

BiHaNat grandissait et avec elle je m’épanouissais tout en étant toujours rattaché


à mon travail de technico-commercial car je ne savais pas encore quel métier
créer, quand le faire et comment le faire. Je ne me sentais vraiment plus à ma
place dans ce job qui ne m’apportait plus ce dont j’avais besoin. Plusieurs fois j’ai
bien failli tout envoyer bouler, partir,
démissionner, après quoi mes peurs de
manquer me rattrapaient et je capitulais,
tout penaud et peu fier de moi. Mon
entourage me soutenait et m’a permis de
continuer à croire que le jour viendrait
où…

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Il ne fallait pas brusquer les choses, faire confiance à la magie de la vie, honorer
et remercier chacune de mes activités professionnelles ou associatives, garder à
l’esprit qu’elles avaient autant de valeurs car elles me nourrissaient, différemment
soit, mais j’avais besoin des deux. Le moment venu, un petit signe me
parviendrait pour opérer le changement.

En mars 2005, un an après la création de l’association, le chef de groupe de mon


job de technico-commercial vint me voir : « Hervé ton poste va être supprimé, il
faudrait que tu réfléchisses à la fonction que tu pourrais prochainement occuper ».
Assis, je restais bouche bée et balbutiais un « euh… oui ! » Je réalisais que le
signe que j’attendais était celui-ci, il était temps pour moi de passer à autre
chose : allier mes passions et y créer une activité professionnelle.

Je me suis rapidement fait rattraper par mes peurs de manquer d’argent et j’ai
donc décidé de prendre une année sabbatique afin de voir si quitter cette grande
entreprise et cette sécurité n’était pas la plus grosse connerie de ma vie alors que
tant de gens autour de moi n’avaient qu’une idée en tête : trouver un emploi
stable avec la sécurité financière. Quel paradoxe ! Moi j’avais tout ça et cela ne
me rendait pas heureux, j’aspirais à autre chose.

Réfléchir et mettre en place pendant un an ma nouvelle activité professionnelle


me permettrait de me sentir plus à l’aise si je ne démissionnais pas tout de suite.
J’allais quitter le monde de la fonction publique et tous les avantages qui s’y
rattachent pour me diriger vers le monde de l’agriculture, l’environnement :
l’inverse de ce qu’avait fait mon père ! J’allais devoir reprogrammer mes manières
de fonctionner pour réussir et me forger une foi « en béton ».

Mais les choses se passent plutôt bien lorsque l’on a confiance et tous les
éléments concourent à vous mettre sur la voie de votre épanouissement lorsque
c’est « JUSTE » pour vous.

Je continuais activement à développer l’association et rencontrais plein de gens,


participais à des réunions pour connaître et me faire connaître dans les réseaux
d’associations qui partageaient les mêmes valeurs que nous. Renseigner,
conseiller les personnes que je rencontrais aussi sur les stands que nous tenions
à BiHaNat, sur le jardin écologique avec toujours de la recherche et de
l’expérimentation terrain, je me régalais.

C’est lorsque l’on m’a demandé sur un salon bio à Châteauroux de faire une
conférence sur le jardin bio que j’ai
trouvé le métier qui allait me convenir.
Jardinier bio, cela allait de soi, mais
j’avais envie d’y ajouter une particularité :
« guide », car ce qui me plaisait le plus

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

était de conseiller, former, informer, accompagner, et ce mot résonnait plutôt bien


à mon oreille.

Voilà, j’étais maintenant Guide jardinier bio et je comptais bien développer ce


nouveau métier qui n’existait pas dans les registres officiels !

Je développe maintenant cette activité depuis 2007 en diverses déclinaisons et


toujours en utilisant les multiples potentialités de l’outil jardin.

- Du conseil aux particuliers pour mettre en place un jardin écologique


(inventaires, état des lieux, plans, projets et découverte des méthodes de
jardinage…)

- De l’accompagnement lorsque le conseil nécessite un suivi et une aide


ponctuelle ou périodique pour réaliser sur le terrain.

- Des conférences tout public sur les thèmes jardinage, biodiversité, plantes
sauvages, auxiliaires du jardinier… sur des salons, foires, fêtes des plantes,
ou à destination d’associations écologiques et/ou environnementales…

- Des formations au centre de formation de la ferme de Sainte Marthe (ou j’ai


moi-même été formé) sur le jardin potager pédagogique pour les stages
longs ou pour des stages en week-end.

- Des ateliers pédagogiques après des enfants (de la maternelle au collège)


ponctuels ou suivis.

- Des travaux d’entretien de jardins chez des particuliers avec des méthodes
écologiques, des tailles douces et des soins aux arbres fruitiers…

Faire de son activité de vie le prolongement de ses passions, avoir le sentiment et


même la conviction de faire quelque chose « qui a du sens », se réjouir de
partager et toujours apprendre, se nourrir des échanges et rester humble et plein
de gratitude devant les cadeaux de la vie, avoir le choix, se sentir acteur de sa
vie, prendre ses responsabilités et assumer l’ensemble de ses expériences est
une liberté d’une richesse insoupçonnable…

Et surtout SEMER, tout autour de soi dans le plus grand respect et avec
beaucoup de joie car celui qui Sème, S’aime et les graines de l’amour doivent
d’abord pousser en soi avant d’être
redistribuées…

Hervé Valoteau

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Chapitre 5

Démonstration que l’on peut manger mieux et moins


cher en bio

Pascale Fromonot assure depuis 15 ans, aux côtés de


Philippe Desbrosses, la direction du Centre Pilote de
Formation de la ferme de Ste Marthe. Son attachement
à une cuisine familiale et saine l’a conduite à
développer une cuisine résolument ancienne et
moderne à la fois.

Aujourd’hui, elle enseigne comment « manger


autrement en bio ». Elle fait la démonstration qu’il est
possible de se nourrir sainement et économiquement.

Pascale Fromonot
www.nouvellecuisinebio.com
pascalefromonot@wanadoo.fr

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Formatrice « manger autrement en bio » depuis une vingtaine d’année, je suis


convaincue que guérir la terre passe par l’alimentation.

Oui, il y a un choix à faire, oui nous devons modifier notre alimentation, oui nous
devons passer au-delà du qu'en dira-t-on, répondre positivement aux
questionnements suscités par une autre manière de se nourrir, osons le
changement, osons manger autrement en bio.

Un choix à faire :

Nous mangeons en moyenne trois fois par jour, alors quelle alimentation, quels
produits ? A nous de choisir :

Ceux issus d’agriculture conventionnelle, emplis de pesticides et de produits


chimiques, d’élevages intensifs avec des animaux enfermés, stressés, nourris aux
antibiotiques, aliments irradiés, et j’en passe…

Ou aliments issus d’une agriculture naturelle, biologique, respectueuse de


l’homme et de l’environnement, et d’élevages dans le respect de l’animal et de
son environnement naturel…

Plus l’agriculture est intensive, plus elle utilise d'engrais chimiques et de


pesticides. Nous sommes de gros consommateurs de pesticides et engrais
chimiques de synthèse, pour rappel :

- La France est le premier pays de l’Union Européenne et le 3ème pays


mondial après les USA et le Japon qui utilise les pesticides,

- Le marché européen est le 2ème marché mondial d’utilisation des


pesticides.

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Changement de notre alimentation :

Notre alimentation a complètement changé en un demi-siècle, le bouleversement


s’est installé dès la fin de la seconde guerre mondiale où il a fallu résoudre une
question cruciale : nourrir tous les gens qui avaient du se rationner pendant cette
période douloureuse. S’est alors naturellement instaurée la politique de la quantité
au détriment de la qualité, sans penser aux conséquences à long terme.
Nous sommes aujourd'hui témoins des conséquences d'une telle décision :

 la terre n'en peut plus. Nous la faisons trop travailler sans qu'elle puisse se
ressourcer pour nous donner le meilleur d'elle,
 les lobbies des produits chimiques de synthèse en tous genres font
pression,
 nous produisons trop et il y a un gâchis incroyable qui pourrait nourrir tous
ceux qui meurent de faim,
 les pesticides ancrés dans notre corps et dans la nature mettent des
dizaines d'années à disparaître,
 on a conditionné le consommateur à ne pas payer cher pour se nourrir

Nous avons le devoir de modifier nos habitudes alimentaires :

 La première raison d'adopter une alimentation bio est donc de protéger


notre santé contre les dangers des pesticides dont nous trouvons des
résidus dans tous types d’aliments dits « conventionnels ».

Nous connaissons mal les conséquences à long terme des pesticides dans
notre corps, mais certaines études montrent le lien qui pourrait exister avec
certaines maladies, notamment le cancer. Manger bio nous garantit
l'absence de pesticides.

 La deuxième raison d'avoir une alimentation bio est de protéger la terre,


l’eau, l’air, la biodiversité. Les pesticides de l’agriculture conventionnelle et
les grandes cultures détruisent les sols et la biodiversité, polluent les eaux
et suppriment même les liens sociaux.

Modifier notre alimentation est devenu une nécessité absolue, c’est un acte
de conscience environnementale, c’est aussi un acte de militantisme pour
montrer que nous ne sommes pas d'accord avec le système actuel si
destructeur.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Qu’est-ce que manger autrement en bio ?

Manger autrement va naturellement, doucement et progressivement, nous


apprendre ou nous réapprendre à :

Consommer des légumes et des fruits quotidiennement

Privilégions les fruits et légumes frais et bio qui ne contiennent pas de résidus de
pesticides, que l'on n'a pas besoin d'éplucher, qui contiennent plus de matière
sèche… Qu'ils soient frais ou séchés, ils sont riches en vitamines, oligo-éléments
et minéraux.

Afin de bénéficier de tous les apports nutritionnels, apprenons à ne plus éplucher


les fruits et les légumes bio car c’est la peau qui contient le plus de nutriments !
Dans mes ateliers, je vois tellement de personnes qui épluchent par habitude : il
faut désapprendre ces gestes automatiques, et redécouvrir le plaisir de manger la
peau, tellement goûteuse…

A l’inverse, éplucher les fruits et légumes de cultures industrielles est


indispensable, car c'est la peau qui contient le plus de résidus de pesticides. Par
exemple, savez-vous combien une pomme reçoit de traitements ? Une moyenne
de 27, parfois 30 traitements de pesticides pour la production d’une pomme !
Pauvre pomme et pauvre terre...

Privilégions les fruits et les légumes de saison, et locaux, en réapprenant les


saisons et les temps des récoltes pour les différentes variétés : ne pas chercher
des fraises à Noël ou des asperges en automne. Tout naturellement, en passant
par des Amap, ou par des producteurs locaux, nous retrouvons les saisonnalités
des aliments.

Réapproprions-nous les légumes anciens, oubliés pour d’obscures raisons.


Goûtons les tomates anciennes, jaunes, noires, blanches… les salades diverses
et variées, les cucurbitacées… chaque légume se décline sous des variétés
diverses, avec des saveurs chaque fois différentes.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Redécouvrir l’association céréales – légumineuses – légumes

Redécouvrons l’infinie variété de céréales et de légumineuses. Qui n’a jamais


goûté de l’orge, du millet, de l’amarante, ou du boulgour de sarrasin, et pour les
légumineuses, des azukis ou des lentilles corail ? Et redécouvrons les mille et une
manières de les cuisiner pour un plat délicieusement savoureux.

Savez-vous qu’il y a autant de protéines dans 100 gr de viande ou de poisson que


dans 100 gr de légumineuses ? Et pour que notre corps assimile tout à fait ces
protéines végétales, l’idéal est d’associer une légumineuse avec une céréale.

Utiliser des produits complets ou semi-complets

Céréales ou légumineuses, complètes ou semi-complètes ont des avantages


énormes. Elles sont plus nourrissantes car une partie de l’enveloppe du grain est
conservée, elles sont riches en nutriments, en vitamines et en minéraux, et en
fibres. Les fibres jouent un rôle important dans la régulation de la flore intestinale
et du transit. La plupart des aliments industriels sont raffinés et donc par
conséquent, dépourvus de fibre.

Cuisiner différemment

Ne suivons plus une recette « à la lettre » dans un livre de cuisine, mais au


contraire, sachons l’adapter en fonction des aliments que nous avons dans le
placard et dans le réfrigérateur, en fonction des légumes du moment.

Pour que « Bio » soit synonyme de « Bon »

Choisissons des produits de qualité, goûteux et nutritifs, en favorisant les circuits


courts, les produits de proximité et de saison, et en privilégiant les petits
producteurs. Beaucoup de petits maraîchers se mettent au bio : ils respectent la
terre, cultivent en petite quantité mais de qualité. Ils appliquent le principe de la
diversité des cultures pour une protection mutuelle des plantes.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Et la viande ?

Réduisons notre consommation de produits animaux, viande ou poisson, et


privilégions la très bonne qualité en choisissant des produits animaux bio, ou
fermiers si l’on connait bien l’éleveur. Là aussi privilégions les circuits courts.

La qualité du produit varie selon ce qu'on donne à manger à l'animal mais aussi
selon sa qualité de vie. Une mauvaise qualité de vie d'un animal se répercute
automatiquement dans notre corps, et dans la terre.

La viande bio de qualité diminue moins à la cuisson : peut-être plus chère au


départ, on s’y retrouve en fin de cuisson …

Enfin, on mange différemment : au lieu du 70 ou 80% de viande et 20 ou 30% de


légumes ou céréales dans l’assiette, on passe à 70 ou 80% de céréales et de
légumineuses et 20 à 30% de viande.

Et le « qu'en dira-t-on » ?

Passer au-delà du « qu’en dira-t-on » : aliments qu’ils ne connaissaient sans


que vont penser les gens de moi si je doute pas,
fais un repas différent, sans viande ni
poisson ? Je me souviens parfaitement - Je souhaitais retrouver une envie de
la première fois où j’ai osé inviter des cuisiner, ayant un ras-le bol de faire
amis en changeant le menu dit toujours la même chose, d’utiliser
« classique ». J’avais décidé cette toujours les mêmes produits,
soirée là de ne pas faire de viande,
pour plusieurs raisons : - Et puis… cela revenait cher et j’étais
face à un dilemme : soit je modifie mes
- J’étais de plus en plus sensibilisée par repas, soit je reçois moins d'amis, le
les problèmes environnementaux, et je portefeuille ne suivant plus… Il n’était
voulais m’impliquer à mon niveau, pas question pour moi ni d’acheter des
produits de moindre qualité, ni de
- J’avais envie de démontrer que l’on moins recevoir pour une question
pouvait faire un repas très sympa en bassement matérielle, il me fallait
mangeant « différemment », trouver une astuce !

- J’étais curieuse de voir la réaction


d’amis, de leur faire découvrir des

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Et voilà comment tout a commencé …

J’avoue ne pas avoir dormi la nuit précédente, avoir été nouée toute la soirée, je
n’ai pratiquement rien mangé tellement j’avais peur du « qu’en dira-t-on », de ce
que mes amis allaient penser ! Un repas sans le plat de viande traditionnel ! Notre
culture et notre conditionnement sont un frein énorme ! Osez, osons, le résultat
est étonnant !

Questionnements et Interrogations

Passé les préjugés du qu'en dira-t-on, nous devons être attentifs aux réflexions et
interrogations des personnes qui découvrent cette autre manière de se nourrir :
« Je vais encore avoir faim à la fin du repas ! Ce n’est pas un vrai repas. Manger
ainsi une fois peut-être, mais pas au quotidien et à tous les repas ! Cela ne va pas
me nourrir ! Je ne vais pas avoir un repas équilibré ! Je vais être carencé en
protéines, en vitamines, en minéraux, en oligo-éléments... »

Je me suis rendue compte que pour un grand nombre de personnes, manger un


repas « autrement » c'est-à-dire sans produit animal, est synonyme de « repas
annexe », et beaucoup pensent qu’ils n’auront pas assez mangé… Et c’est quasi
systématique que ces mêmes personnes viennent me voir à la fin du repas pour
me dire qu’ils sont bluffés parce qu’ils ont bien mangé, ils ont aimé, et… ils sont
rassasiés !

La peur nous conditionne, et nous avons le devoir de rassurer.

Dans un second temps, les réflexions que j’entends sont : « Je n’ai pas les
moyens de manger bio, cela revient bien plus cher ». Par méconnaissance, les
personnes pensent qu’il suffit de prendre un menu classique avec : entrée, plat
principal composé d’une viande ou d’un poisson, fromage et dessert avec des
ingrédients bio : alors là bien sûr, le porte monnaie va exploser !

Il y a donc tout un apprentissage d’aborder un repas « autrement », en modifiant


tout doucement ses habitudes alimentaires, cela ne se fait pas du jour au
lendemain.

Quand on a compris le processus, cela


devient très facile, et cela devient
naturellement une cuisine inventive et
créative à chaque repas.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Osons le changement

Se mettre à la cuisine bio, c'est contribuer à casser les préjugés selon lesquels le
bio est réservé aux riches, selon lequel on revient des dizaines d'années en
arrière en passant tout notre temps en cuisine, selon lequel le bio n'est pas
meilleur pour notre santé ou l'environnement, selon lequel le bio ne peut pas
nourrir la planète.

Osons changer, osons faire face, osons susciter les questions autour de nous...
osons protéger notre santé et notre planète tout simplement...

En prenant conscience de notre corps et de ce qu’on lui donne à manger, nous


prendrons naturellement conscience de notre environnement, et nous aurons
envie de le respecter.

Pascale Fromonot

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Chapitre 6

Démonstration que l’on peut faire vivre décemment une


famille sur un hectare de terre

Patrick Maliet est arrivé à 17 ans


sur le territoire et ne l’a pas quitté
depuis 1978 pour en devenir le
Chef d’exploitation. Aux cotés de
Philippe Desbrosses qu’il a
secondé en permanence, il a
vécu toute l’épopée et les
expériences de la ferme ces
trente dernières années.

Aujourd’hui, il raconte sa
nouvelle aventure et son rêve en
devenir, qu’il mène parallèlement
à ses fonctions de responsable
d’exploitation. Son challenge :
faire la démonstration que l’on
peut faire vivre décemment une
famille sur un hectare de terre.

Patrick Maliet
http://www.lespaniersduvaldeloire.fr
anthemisbio@orange.fr

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Anthémis Walden ou la vie dans les jardins


Anthémis est une camomille qui ressemble à une petite marguerite. Elle arrive à
se développer dans les sols pauvres et secs et pousse même en plein milieu des
chemins compactés. Anthémis, c’est le nom de la parcelle de terre de 1 ha 20 que
lui a cédé Philippe Desbrosses sur sa terre familiale et devant notaire pour qu’il
puisse s’y poser et réaliser son rêve car il est très difficile autrement pour un jeune
d’avoir accès au foncier.

Le champs était tous les ans jaune au mois d’avril pendant la floraison des
ravenelles, puis rouge à la floraison de la petite oseille et ensuite blanc et jaune à
la floraison des anthémis. Dans ces conditions si par chance les céréales semées
à l’automne n’étaient pas étouffées par toutes ces adventices, on pouvait
procéder à la récolte. Malheureusement, le rendement ne payait même pas les
frais d’intervention de la moissonneuse! C’est souvent le cas dans la Sologne des
étangs, autrefois appelée « Grande Sologne » et répertoriée comme l’une des
terres les plus pauvres en raison de son inaptitude à la production de céréales.

Par contre, cette terre a des atouts. Dans les années 50 – 60, la famille
Desbrosses y cultivait des asperges (c’est à dire qu’elle est très sableuse et
jamais inondée l’hiver). Pour un jardin ce n’est déjà pas mal ! Patrick, chef de
culture de la ferme Ste Marthe le jour, et le soir transformé en petit lutin qui,
parfois avec sa lampe frontale, fouille, on ne sait quoi, dans le Jardin d’Anthémis...

Walden est le titre d’un livre de Henri David Thoreau. J’ai le souvenir de n’en
avoir lu qu’une dizaine de pages quand j’avais douze, treize ans et ça a suffi pour
imprégner ma vie de cette quête de l’harmonie et de l’homme dans la nature. Je
dois avouer que ma sensibilité d’adolescent me rendait malade de voir la barbarie
de mes aînés contre la nature. J’avais mal aux tripes quand mes parents
prenaient le périphérique parisien.

Et la rébellion grandissant a eu raison de ma scolarité. Je ne voulais pas


entendre parler de produits chimiques, ni d’engrais et j’ai fini par partir en plein
milieu de première année de BEPA (Brevet Professionnel Agricole).

Le lendemain j’ai pris mon vélo à la recherche d’un paysan bio.

Et c’est Philippe Desbrosses qui m'a ouvert


ses portes. Depuis j’y suis encore, 33 ans
plus tard !

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

29 095 € et 19 098 kg : ce sont le chiffre d’affaire et le poids de légumes produits


sur 4000 m². J’en suis le premier surpris, car l’historique de la parcelle sur cette
terre pauvre de Sologne, ne laissait pas entrevoir pareil rendement dès la
première année de culture (2009). Voilà qui est encourageant pour mon
expérimentation.

Mais j’ai toujours mal à ma conscience comme quand j’étais ado. Certes je
n’utilise pas de produits chimiques, mais suis-je vraiment dans un système de
production généralisable pour la planète sans la détruire ? Comment rester
cohérent avec mes idéaux écolo et ma vie de tous les jours ?

Combien de fois mes aspirations pour un monde meilleur restent des vœux pieux
si je ne peux pas les mettre en application ? On sait depuis plus de 10 ans qu’il
nous faudrait 3 à 6 Planètes Terre pour supporter le mode de vie occidental. Ce
qui est certain, c’est l’épuisement des ressources fossiles ; elles sont encore
maintenant exploitées comme si on les croyait inépuisables… Voilà le luxueux
dilemme pour un agriculteur bio français, mais honorable challenge que je me
suis donné sur Anthémis.

Mais bien sûr, je ne suis pas seul à vivre dans une cabane, j’aspire comme tout le
monde à l’obtention d’une maison pour ma famille évidemment, en éco-
construction (je pense la construire avec la terre qui est sous mes pieds, en
briques d’argile compressée et en pisé. J’ai déjà débité les poutres et le bardage
avec le bois de la forêt d’à côté. Pour le chauffage je compte sur la serre en verre
qui est mon lieu de production de légume, mais aussi pour l’agrément et le
chauffage d’ambiance ainsi que l’eau de récupération pour les sanitaires. Et la
lumière ? Elle sera produite par une éolienne de 2 Kw/h et plus tard par quelques
panneaux photovoltaïques...).

Et puis j’emploie des salariés qui méritent un salaire, j’ai des fournisseurs qui ont
besoin que je les paye et il existe des lois sociales et économiques qu’il faut bien
assumer, faute de mieux pour l’instant.

Alors comment guérir la Terre sans guérir l’Homme de ses appétits


déraisonnables, en complète ignorance des besoins des autres et des
générations futures ?

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Apprendre à guérir la Terre passe par la mise au point des modes de vie en
adéquation avec ce que la Terre peut porter durablement. Il ne faut pas escompter
des miracles des institutions existantes mais plus sûrement des miracles que
chacun peut faire en apportant une pierre à l’édifice. Rien ne sert d’être parfait
pour commencer de là où on est. Il faut simplement s’y atteler.

Anthémis, l'espace du possible

Anthémis est un espace du possible, en constante adaptation si elle veut devenir


une exploitation libre, viable et qui serve de témoignage. Elle doit justement,
comme les autres entreprises, démontrer sa viabilité économique et
environnementale, sinon elle restera une idée de plus « New Age » sur mes
étagères.

En un an, Anthémis a produit 19 tonnes de légumes, mais combien de gazole


pour les livraisons a été nécessaire ? Combien d’équivalent pétrole pour toutes
les fournitures et plastiques de serre ? Sûrement encore trop. Les solutions
existent, il faut s’en convaincre et les essayer.

Pour le jardin, j’ai abandonné le labour et j’utilise le tracteur moins de 8 heures par
an (pour le broyage et l’épandage de fumier). Pour l’irrigation, je récupère l’eau de
drainage (650m3) et les quelques kilos de nitrate qui s’écoulent de ma parcelle.
Pour la fertilisation, je récupère ou j’achète de la matière organique d’une scierie
et d’un éleveur de chevaux.

Pour les autres amendements, j’utilise des poudres de roches de carrières


voisines. Pour le travail du sol, je fais tout à la main. Je suis moi-même très
surpris de voir le sol se travailler tout seul une fois que le tracteur reste dans son
garage !

Là est le secret ! Je suis parti de l’un des sols les plus pauvres de France, quand
la vie biologique y est bien installée, le sol redevient intense, les récoltes le
deviennent aussi. Par exemple les arbres des forêts alentours poussent mieux
naturellement et de façon beaucoup plus durable que si l’homme venait à les
labourer pendant des dizaines d’années.

Il y a des évidences tellement grosses


que nous restons aveugles au miracle
permanent de la Nature.

Pour guérir la Terre, il faut tout


simplement arrêter de la rendre malade.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Comme nous-mêmes, victimes d’une mauvaise hygiène, ou d’une attitude


suicidaire en coupant la branche sur laquelle nous sommes assis. Mais comment
un homme malade peut s’occuper sainement de la Terre s’il ne se respecte pas ?
Peut-il l’aimer s’il la pille sans mesure ? Les principales solutions pour guérir la
Terre sont connues d’une majorité d’êtres humains.

Heureusement, peut-être, les Maîtres du monde sont tellement préoccupés de


garder leur pouvoir, qu’ils ne voient pas les graines des herbes sauvages germer
dans les jardins des consom’acteurs et autres citoyens d’avant-garde.
Individuellement c’est à chacun d'entre nous de faire le choix de se remettre en
question avant d’attendre que le voisin le fasse un jour.

Pareil pour passer à l’acte. Si on accueille toutes les opportunités qui s’offrent à
nous et si on applique la simplicité volontaire, la vie devient suffisamment
généreuse pour nous rendre heureux durablement sans que l’on ait à envier quoi
que ce soit d’autre.

En réalité, rien nous empêche d’être libre et de rompre les barreaux de la prison
que nous choisissons de supporter... Ni les gouvernements, ni les geôliers ne
peuvent nous empêcher de penser librement et d’agir en conséquence. En
France tout au moins, nous avons la chance d’exprimer encore, dans une certaine
mesure, notre différence et notre originalité. Profitons-en !

Patrick Maliet

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Chapitre 7

Démonstration de la dépendance urbaine à l’autonomie


rurale

Patrick et Brigitte Baronnet sont un couple emblématique dont la démarche


internationalement reconnue a de quoi inspirer les nouveaux citoyens de la
planète et générer un enthousiasme sans retenue.

Aujourd'hui, Patrick et Brigitte Baronnet démontrent qu'un style de vie écologique


est non seulement possible, mais réparateur.

Brigitte et Patrick BARONNET


http://www.heol2.org/
maison.autonome@orange.fr

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Notre histoire, notre maison autonome

Nous étions deux, Brigitte et moi en 1970. Nous sommes aujourd'hui, 30 ans
après, plusieurs dizaines de milliers à s'être rencontrés un peu, ou plus
longtemps, chez nous, comme une famille de pensée qui s'élargit pour porter
l'espoir concrétisé d'un monde plus responsable.

Déambuler entre les vasques d'eau vive, les plantes aromatiques sous cette
grande fleur qui tourne au fil du vent, là-haut à 18 mètres, clamant avec
persévérance que le rêve est possible, rencontrer les photopiles qui, comme les
tournesols, suivent le soleil, le chauffe-eau solaire auto construit, les bassins
filtrant les eaux grises, plantés de roseaux et qui fleurent la menthe aquatique,
cette butte verdoyante cachant sous ses pieds 8000 litres de la meilleure eau que
le ciel nous prodigue, ce potager généreux qui nous réjouit le palais à chaque
repas, ce dôme aux 84 facettes, présence sereine qui accueille le visiteur.

Plus de facture d'eau depuis 30 ans, plus de facture d'électricité depuis 13 ans et
ce, pour la vie, plus de loyer depuis 25 ans, construire sa maison afin d'éviter
d'économiser une fois et demi son prix auprès des banques. Nos 4 enfants ont
partagé une vie simple sur un seul demi salaire. En revanche, un savoir-faire qui
s'enrichit, une confiance mêlée d'audace pour inventer sa vie en dehors des
balises du prêt-à-porter culturel et technique, créer son cadre de vie et de pensée,
se déconditionner des fausses évidences qui nous font croire qu'il-est-impossible-
de-faire-autrement et qui nous font passer à côté de cette Vie, simple et profonde,
qui nous est donnée et qu'on découvre souvent trop tard.

Cette maison autonome, nous la voulions pour nous dans un premier temps, pour
asseoir la réalité de nos rêves : balayer devant sa porte le temps qu'il faut pour
vérifier sa crédibilité. Nous la souhaitions aussi reproductible pour le plus grand
nombre, non comme modèle à recopier, mais comme élan à expérimenter,
comme enthousiasme à réjouir le monde, comme des marches et des idées au
service de la Vie.

Nous avons reçu plus de 60 000 visiteurs à travers la visite de notre maison. Nos
conversations débordent largement les questions techniques et se prolongent des
heures durant autour de ce qui fait le sens
de nos vies : comment organiser son
quotidien autour des fonctions vitales telles
que boire, manger, construire sa maison
avec les matériaux locaux, terre, paille,
chanvre ou bois, gérer ses déchets, quitter
progressivement nos dépendances
matérielles et psychiques pour mettre en
œuvre une autre réalité.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Éducation et pédagogie

Notre visée est fondamentalement politique : cet art d'organiser les conditions de
l'harmonie entre l'homme et son environnement, ce sentiment profond
d'appartenance aux autres soi-mêmes et à cette Terre qui nous porte... Bref, une
action auto-éducative pour apprendre à « vivre juste »

Simplifier le quotidien, lui donner du sens en aimant les choses de la vie pour
reprendre le goût de vivre. Aménager la transition d'une croissance "matérielle"
vers une croissance des consciences. Telle devrait être l'âme du message
pédagogique aujourd'hui.

Le rôle de l’école n’est-il pas, à la mesure du niveau de compréhension des


élèves, de remettre en cause les concepts qui organisent le pillage et la
destruction des équilibres écologiques ?

J'ai pour ma part fait acte politique en quittant l'Education Nationale pour avoir
trop entendu pendant plus de 20 ans qu'il fallait préparer les élèves à la loi de la
jungle, à la concurrence économique. Comment peut-on concilier de telles
affirmations avec un discours sur "l'éducation à l'autonomie " ?

L'eau de pluie

Nous buvons l'eau de pluie depuis 13 ans. C'est une des meilleures eaux à boire,
faiblement minéralisée donc épurative, " 2000 fois moins polluée que la moyenne
des eaux souterraines " (Joseph Orszagh).

Moyennant des précautions dans le captage et le stockage, l'eau est et sera


gratuite pour les enfants de nos enfants. Investissement de départ: terrassement,
2 citernes de 4 m3, pompe et filtration : 1500 euros.

Consommant pour la maison 8 fois moins d'eau que la moyenne des Français,
nous bouclons la saison sèche aisément.

Les toilettes à litières

35 % de l’eau, chèrement potabilisée, est


gaspillée pour gérer nos déchets qui
devraient impérativement retourner à la terre
et 40% des eaux de surfaces sont polluées
par les chasses d’eaux. Ainsi, les toilettes
sans eau sont une pédagogie formidable et
nous "engagent" tous les jours avec
insistance dans le vécu de notre
appartenance à la Terre.

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En effet : je mange, je digère, je donne mon présent à l'humus en y rajoutant 2


louches de sciure. Je le composte avec méthode en y ajoutant les autres déchets
organiques et de la paille. Le compost mûr réintroduit dans le jardin fertilise
généreusement nos légumes et nos arbres et je mange à nouveau les fruits de
cette alchimie. La boucle est bouclée. Je participe au cycle de la vie et je
comprends que ce recyclage autorise la continuité de l'humus et de l'humain. Je
comprends ma reliance à la Mère nourricière. Cette technique est simple,
économe, efficace.

L'autonomie électrique : le soleil et le vent

Une éolienne prototype, 6 m² de photopiles, une consommation 4 fois moindre


que la moyenne des Français, avec cependant tout le confort, nous ont permis de
couper le cordon ombilical nous reliant au « monopole ». Aujourd'hui, tout est au
point, simple, efficace.

Le bilan financier et énergétique de notre maison laisse les moteurs de formule 1


loin dernière nous : le simple fait de créer une richesse à partir des déchets
engendre un rapport proche de 100% puisque la matière première est gratuite !

En apprivoisant les règnes vivants pour bâtir un mode de vie, nous nous sommes
créés une abondance car ces ressources là sont inépuisables. La pluie : les
citernes se remplissent. Le soleil : les légumes poussent, la maison et l'eau sont
chaudes. Le vent : l'éolienne tourne et charge nos batteries.

Le potager

Le jardin potager est l’objet de toutes nos convictions et de tous nos soins, sans
doute l’activité à laquelle nous consacrons le plus de temps. Près de la moitié de
notre alimentation consiste en crudités journalières, qui nous procurent en
abondance, plaisir du goût et de la vue, fibres, vitamines et oligo-éléments
assimilables en abondance et surtout vitalité, puisque ces aliments biologiques
sont cueillis les instants qui précèdent le repas.

Parce que nous sommes 66 fois plus


productifs que l’agriculture industrielle (The
Ecologist n°7), nous estimons en
conscience, qu’il est de notre devoir de
citoyen de continuer à cultiver nos légumes.

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En 1997, 5000 personnes ont visité notre maison lors de notre premier
Ecofestival. Sous la pression de leurs demandes, nous avons organisé des visites
mensuelles un samedi par mois, des stages de formation : terre, paille, chanvre,
gestion de l’eau, chauffe-eau solaire, éolien, des journées de « projet de
maison ».

Nous avons édité un livre : « De la maison autonome à l’économie solidaire » afin


de répondre aux questions techniques mais aussi relatives à notre mode de vie et
de penser. Nous avons construit une maison neuve de 70 m² : la Maison 3 E, pour
moins de 25000 € de matériaux et une autre de 30 m² pour 10000 € tout compris.
DVD, livres pour enfants, télés et conférences poursuivent notre action auprès du
plus grand nombre.

Ayant quitter l’Education Nationale pour des raisons de conscience, nous


recevons des centaines d'élèves des Écoles Publiques, les universitaires, les
associations, des élus de tous horizons et hauts fonctionnaires.

Nous tentons avec nos partenaires d'installer dans chaque département français
des Écocentres comme le nôtre et recevons des stagiaires en formation qui
n’auront aucune peine à trouver du travail.

Bref, nous avons du mal à croire à la fatalité et au scepticisme. L’audace paye,


pour nous comme pour tous ceux qui ont des convictions.

Nous pouvons tous vivre heureux en divisant par 4 ou 5 nos consommations.

En cela, nous détenons l’immense pouvoir de transformation de la société


humaine à travers notre expérience. « L'exemple n'est pas le meilleur moyen de
convaincre : il est le seul » Gandhi.

Brigitte et Patrick BARONNET

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Chapitre 8

Démonstration de vie autonome et harmonieuse entre les


humains et la nature

Yohan CATENNE, élagueur-grimpeur


et amoureux de la nature, est un
chercheur de vie autonome. Sa
recherche l’a conduit à découvrir une
alternative de vie où l’art de la nature
aide l’homme à vivre
harmonieusement avec lui-même et
ses semblables.

Aujourd’hui, il réalise sur le lieu de la


ferme de Sainte Marthe un habitat
autonome maison et jardin. Ses
connaissances en taille des bonsaïs et
jardins japonais l’ont tout naturellement
désigné pour développer le jardin
mandala.

Yohan CATENNE
yohancatenne@gmail.com

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Les outils qui ont été mis à ma disposition par « le hasard », afin de révéler la
beauté de la vie sur cette planète sont le jardin de Bonsaï de M. Jean-Luc Salles
près de Tours et le jardin Mandala de la Ferme de Sainte-Marthe. Le premier m’a
conduit au deuxième et le deuxième m’a ramené au premier pour réunir les deux.
Entre temps, j’ai pu faire des rencontres enthousiasmantes avec des êtres vivant
leurs rêves.

Le jardin de Bonsaï m’a apprivoisé. Le jardin Mandala m’aide à me dépasser.

Philippe Desbrosses m’ayant offert la mission d’en être le gardien, j’ai accepté
celle-ci comme un sacerdoce pour expérimenter une vie simple en m’installant par
mes propres moyens sur le site de la Ferme. Pour ce qui est de se débarrasser
du superflu, les arbres et la philosophie de Pierre Rabhi m’ont beaucoup aidé.
Chez eux, rien d’inutile – l’exemple de la sobriété heureuse.

Pour le Bonsaï, la beauté des fleurs ou d’un Mandala, leur utilité est plus
subjective et pourrait faire partie du superflu. Pourtant, ils nous aident à prendre
conscience qu’ils sont des êtres vivants à part entière. En nous offrant des
moments intenses de calme, de vide, de contemplation et d’éveil, ils nous
reconnectent vers les choses essentielles que sont la nourriture, le partage,
l’amour et nous relient aux cycles naturels. Ce sont les messages inestimables
qu’ils nous inspirent.

J’ai choisi pour faire prendre conscience de l’Utile de me servir de l’Inutile, c'est-à-
dire au regard du matérialiste de ce que nous nommons l’Art. C’est pourtant cette
voie vers l’Art qui nous élève au statut de créateur. Ce que nous appelons inutile
matériellement parlant nous aide dans notre introspection et évolution.

Acceptons que rien n’est Inutile dans ce monde. Qu’il existe de l’unité dans la
diversité. Que tout est interdépendant et relié dans l’instant présent. Que nos
actions entraînent des réactions et dans l’époque actuelle,
surtout des déséquilibres.

Soyons persuadés que la Nature est là pour les rétablir et pour nous aider, corps
et âme.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Notre rôle n’est-il pas de magnifier tous ces cadeaux généreusement offerts plutôt
que de lutter sans cesse pour toujours plus ou soit-disant mieux. La Nature nous
montre le chemin vers ce paradis perdu, ce jardin d’Eden enfoui sous nos peurs,
nos confusions qui empêche d’entendre ses cris d’amour et son appel au secours
pour nous-mêmes …

En détruisant l’harmonie de cet univers, nous risquons de nous chasser


définitivement du Paradis après l’avoir transformé en enfer. De grâce, écoutons
notre cœur car c’est à lui que la Nature parle en langage privilégié, comme une
mère à ses enfants. Puis mettons en pratique ce rêve de partage et d’unité.
Comme l’a si bien dit Gandhi « Soyons le changement que nous voulons voir
dans le monde » et « apprenons à vivre simplement pour que d’autres puissent
simplement vivre ! »... Mais dans la société actuelle, la simplicité s’avère presque
hors-la-loi.

Cette loi des hommes où ce qui s’appelle « économie » est devenu une course au
gaspillage, une surenchère permanente à la surconsommation. On nous explique
que le bois est une énergie renouvelable, mais qu’en est-il si on brûle en deux
hivers ce que l’arbre met 200 ans à produire, et la forêt des millénaires… Où est
l’économie ?

La plus écologique des énergies n’est pas celle qu’on utilise, mais celle qu’on
économise ! Donc tant pis pour la Sainte Croissance, les chiffres fictifs et les
ordinateurs immangeables qui nous détournent des vraies valeurs.

Connectons-nous aux plantes, aux éléments (l’eau, l’air, la terre et le feu) qui ont
sculpté patiemment les œuvres d’art naturel qui nous entourent et qui tiennent
compagnie à mes Bonsaï. Que ce soit au Jardin Mandala de la Ferme de Sainte-
Marthe, ou dans la campagne qui vous entoure, rejoignez l’association
« Redécouverte de notre Nature ». Nous vous y accueillerons avec joie.

Yohan CATENNE

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Petit Glossaire :

Bonsaï, littéralement « arbre en pot » Art millénaire transmis de la Chine au


Japon par les moines bouddhistes. Les vieux Maître l’enseignent à leurs élèves,
pendant des années. Puis quand ils les considèrent prêts, ils les envoient à la
recherche de leur arbre. Il faut considérer cette pratique comme une quête
spirituelle de la perfection. De la nôtre, à travers celle de la nature.

Mandala, en sanskrit signifie cercle, point, centre, et représente une forme


géométrique ou une organisation d’éléments autour d’un centre. Il est présent
dans toutes les cultures, sous des traditions et apparences diverses, flocon de
neige, cristaux de glace, iris de l’œil, coquille d’escargot, rosaces des cathédrales,
fleurs, etc…

Les moines bouddhistes les dessinent à l’aide de poudres colorées. Les Navajos
comme des peintures de guérison. Pour tous, c’est un support à la méditation,
une représentation symbolique de la perfection et de l’harmonie de l’univers.

Il y a des Mandala permanents et des Mandala éphémères. Ces derniers sont


créés pour quelques jours ou quelques heures et leurs éléments sont dispersés
ensuite dans l’environnement ou le cours d’eau le plus proche. Ils symbolisent
l’impermanence des choses.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Chapitre 9

Démonstration de comment devenir explorateur de la


nature

Jacky Dupety est un exemple d’itinéraire inattendu : voici un citadin qui après quelques
années de vie urbaine décide de vivre à la campagne. Parti pour être maraicher, il
n’imaginait pas qu’il deviendrait un véritable explorateur de la puissance créatrice de la
nature.

Mais surtout, son exploration n’est pas exotique. Elle est à la portée de tous, dans cette
campagne française si riche d’enseignement naturel. Aujourd’hui, il diffuse son
enseignement : comment utiliser la simple et économique puissance d’auto régénération
de la nature. Parmi toutes les méthodes naturelles, il enseigne l’utilisation extraordinaire
des arbres et des champignons.

Jacky Dupety
dupety.family@wanadoo.fr

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De la forge à l'atelier du maitre

Le souvenir qui hante le tréfonds de mon cœur : ce jardinet près de la forge du


grand-père Alfred avec cette porte qui ouvre sur la campagne de cette Beauce
des années 50 ! Et ce buste de cheval dans l'entrebâillement de ce passage…
avec le regard de cet animal qui m'invite au voyage. Et oui ! Celui qui invective le
ciel, les mains dans les poches, pourfendeur, comme il disait, de cette alliance du
sabre et du goupillon qui fait le malheur des hommes, oui cet homme est mon
grand-père.

Et il y a bientôt cinquante ans, à partir de 1965, je retrouve cette invitation au


voyage intérieur. Dans le grand dessein de représenter « LA VIE », je dessine
pendant quelques années à l'école des Arts Appliqués, la remise en cause de
notre vision de la réalité. Le monde, la réalité, ne sont pas ceux que l’on nous
présente. Cette remise en question contribue à nourrir les racines de ma
mémoire.

Et tous ces doutes qui me prennent, comme une mémoire défaillante ! Jour après
jour, je construis, déconstruis et construis à nouveau, comme une symphonie faite
du bruissement des feuilles agrippées à leur rameau.

Dans un large mouvement circulaire, je raccroche à nouveau des bribes de


mémoire : mon enfance, cette odeur de cire et le piano droit sur lequel mes doigts
heurtent les touches blanches et noires... Et à nouveau cet appel « la musique est
infinie ». Je casse le carcan et me retrouve dans une flottille de saxophones, pour
recomposer ma musique intérieure. Je passe quelques années à faire tourner des
sons, des boucles, cette musique organique, les années 70 à 80 Urban Sax
(http://www.urbansax.com/).

Avec ces rencontres, je croise le chanteur Evariste et retrouve quelques années


plus tard Joël Sternheimer, le même homme mais cette fois le chercheur. Il
s'intéresse ainsi aux relations possibles entre la croissance des plantes (et plus
généralement la synthèse de protéines) et leur exposition à des séquences
musicales, assisté par sa jeune épouse japonaise.

Une autre passion m'étreint. Est-elle avouable ? Les bagnoles ! Et pendant une
décennie, je monte mon « petit business » autour des automobiles anciennes des
années 1950. Mais il s'agit encore de mobilité, et d'immobilité puisque ces sujets
de « collection » ne circulent que très peu.

Demeurer en région parisienne implique


d'accepter beaucoup de choses, mais un jour,
je me rends compte que c'est inacceptable. À
nouveau changement de chemin, la mémoire
qui noue et renoue les connexions : moi enfant
dans le jardin familial, avec ces odeurs de terre,
son goût de légume cru, de fruit juteux, de

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

genoux terreux. Et c'est ça que je suis venu rechercher, avec Françoise et nos
deux fils.

Je mets en marche une demande de formation : « mais voyons monsieur, il faut


faire vos formations au CNAM de Paris et au CESI d'Evry. Vous ! Partir à la
campagne ? Devenir paysan (en fait les mots employés, c'est « exploitant
agricole ») , ça n'est pas sérieux ! » D'un seul coup, j'avais le sentiment d'être un
traitre !

Et oui, je souhaite une formation en agriculture biologique à la Ferme de Ste


Marthe. Finalement, le financement est accepté, et dès l’accord de Ste Marthe
c'est le tourbillon, le maelstrom. Combien étions-nous de tous horizons ? Assez
peu du monde agricole classique, mais un sacré échantillonnage humain. Je me
souviens d'avoir eu de ces rires enthousiastes, quelquefois des
incompréhensions, mais toujours cette impression de me rattacher aux arbres qui
en Sologne n'ont pas le développement de ces vieux chênes du Quercy.

Cette année 1998, tout s'organise : la formation, le stage qui a suivi, la vente du
pavillon de la région parisienne, l'inscription des enfants dans l'école du village, la
mutation de Françoise du Val de Marne vers le Lot, chercher et trouver de quoi se
loger. Un an après, nous signons une promesse d'achat pour une ferme. Nous
n'osons pas trop y croire… cette ferme dans cette combe. Quel rêve s'accomplit
là ?

Et nous voici 16 ans après dans le grand bouillon du partage et du don du savoir-
faire, de l'expérience, je parcours les pays en incitant à la pratique de cette
découverte du Professeur Lemieux, les Bois Raméaux Fragmentés.

Maintenant retraité, je lève le pied concernant le maraichage qui ruine le dos, il


faut bien le dire ! Et je me consacre à la culture des plantes tinctoriales et à leur
cueillette. Françoise se consacre au fil de laine et à la teinture naturelle de ce
filtre. Dans ce secteur, il y a vraiment beaucoup à faire. Savez-vous que les
molécules des plantes dont on se sert pour teindre les vêtements restent actives
plusieurs années durant et peuvent donc avoir un rôle important sur notre santé ?

Cette expérience de croiser des hommes qui nous invitent dans leur être intime et
qui nous donnent ce que l'on veut bien prendre pour permettre les grandes
interconnexions du vivant : c'est l’expérience que je vous souhaite !

L'arbre, voyageur immobile ?

Cet appel, cette invitation au « voyage


immobile », à nouveau je l'ai entendu de nos
« frères » les arbres ! Quelle mémoire est en

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jeu dans ce voyage ? Un être vivant « ouvreur » de perception nous offre sans
doute une partie du signal du départ.

Dans cette technique, ce protocole, ce matériau qu'on désigne sous le nom de


Bois Raméal Fragmenté (BRF), ce partenaire incontournable des arbres, c'est le
monde fongique : les champignons. Transmetteur, porteur d'informations, nous
l'avons confondu avec le végétal jusque dans les années 1970, hier en quelque
sorte !

Or nous savons maintenant qu'il est beaucoup plus proche de l'animal. Lui aussi
est un peu notre frère. Il n'y a que les champignons qui ont la capacité de digérer
la lignine, aucun représentant de la faune n'a ce pouvoir.

Il se déplace pour certaines espèces jusqu'à plus d’un kilomètre par jour ! Sa
capacité à connecter le monde qui nous est invisible, le sol, ne serait-il pas le
vecteur de la transmission de la mémoire universelle ? Qui d’autres nous unirait
avec le plus petit des êtres vivants du sol ?

Ce mycélium, que l'on ose appeler avec dédain « pourriture » blanche, brune ou
grise, dont le corps, à l'instar des insectes, est composé de chitine, a la capacité
de tisser des liens, des connections, des symbioses que nous avons, en partie
seulement, identifiés. Leur densité est incroyable : 10 cm3 de sol peut héberger 1
kilomètre de filaments ! Un individu est capable de coloniser 900 hectares de sol !

Ce qu'on appelle maintenant l'agent MYC nous décrit les relations de


communication entre une spore de champignon et la racine d'un végétal. Ces
deux êtres de mondes différents (végétal et fongique) sont capables de
s'interroger mutuellement sur une relation symbiotique dans laquelle les deux
partenaires ont tout à gagner !

Alors ce monde qui communique avec beaucoup plus d'efficacité que nos
technologies a-t-il cette fonction de résilience que nous ne savons pas encore
apprécier ?

La mémoire du sol est-elle portée par l'arbre, ou l'arbre est-il enceint de


mémoire(s) ? La gestion de cette mémoire est-elle à l'œuvre lorsque nous
changeons les informations du sol, qui d'agricole redevient forestier ? Ce stock
d'informations est-il au service de la complexification, comme le décrit Edgar
Morin ? C'est tout cela ! Et sans aucun doute la réalité est encore plus complexe.

Ce voyage, je le complète maintenant par un


outil et une perception intime de la terre.
Utilisant les ocres des causses du Quercy, je
souligne les lignes de forces telluriques, je frotte
les traces des trajets de mémoires et je tente de
fixer l'immanent.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Le phénomène est universel

Dans le cadre d'un ambitieux projet de développement humain et naturel,


Françoise, mon épouse, et moi, avons rencontré, Fouzia Delaite et Noël Nel de
l'association AFEMAC (http://www.afemac.eu/)

Les Bois Raméal Fragmentés (BRF) sont au centre de ce vaste programme afin
de sortir le hameau d'El Hamri au Maroc du cycle climatique qui de sub-aride
risque de devenir aride. Planter des arbres est une parade qui se répand partout
où les conditions deviennent humainement intenables.

Pour remettre le cycle de vie en route et inciter à pratiquer le jardinage vivrier,


nous lançons une opération « 1000 arbres pour El Hamri ». Le premier diagnostic
était un brin pessimiste : peu d'épaisseur de sol, sol soumis à l'érosion
hydraulique et aérienne. Nous avons donc fait notre première intervention en
février 2014. Quelques profils de sol m'ont incité à prendre les premiers
témoignages comme un peu légers.

En effet, contrairement aux Causses du Quercy où le sol est vraiment très maigre
(chez moi 30 centimètres d'épaisseur et c'est bien le maximum), à El Hamri, on
trouve plus de 60 centimètres de sol, et avec, pour couronner ce profil, la
présence importante de mycéliums. Oui, en climat sub-aride, voire aride, les
champignons sont encore là, en attente de ce qui les nourrit : la lignine !

Donc ce programme de plantation d'arbres va servir dans 3 ou 4 ans à fournir


l'aliment préféré des champignons, par l'élagage et la taille des arbres fruitiers,
notamment, et remettre en « marche » le cycle du vivant.

Jacky Dupety

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Chapitre 10

Démonstration d’une autre civilisation : l’Afrique

Pierre Gevaert est l’un des principaux acteurs historiques


du mouvement Bio européen. Fondateur de la société
LIMA en Belgique, co-fondateur des principales
organisations professionnelles qui ont permis le
développement et la reconnaissance officielle de
l’Agriculture Biologique, il mène depuis une quinzaine
d’années une mission de restauration des agricultures
vivrières en Afrique, en finançant via l'association « Sahel
People Service », qu'il a créée, l’accès à l’eau par la
construction de puits dans les zones désertiques. Il nous
explique son engagement :

« Aujourd’hui, l’Afrique va nous surprendre »

Pierre Gevaert
http://www.sahelpeopleservice.com/
pierre.gevaert@wanadoo.fr

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

L’idée des « oasis en tous lieux » lancée par Pierre Rabhi il y a déjà plusieurs
années connaît de plus en plus de réalisations pratiques sur le terrain, non
seulement en France, mais surtout là où leur création permet aux grandes
familles paysannes de survivre. Il s’agit de la bande subsaharienne qui s’élargit
chaque année un peu plus et qui traverse l’Afrique d’Est en Ouest : le Sahel
Africain.

Cette renaissance des oasis où Sahel People Service, en partenariat avec Terre
et Humanisme s’implique avec passion, patience et ténacité, est facilitée par deux
faits qui n’existent pas en France :

1 - Les terres appartiennent à l’État. Malgré les abus des baux de très longue
durée accordés aux pays Asiatiques qui manquent de terres face à leur
démographie galopante, ces terres cultivables sont encore mises à disposition
selon les besoins des paysans locaux.

2 - Contrairement aux pays modernisés, le tissu agraire, même endommagé est


toujours vivant. Il est blessé par les monocultures de coton et d'arachides qui ont
détruit les petites parcelles entourées de haies vives et de diguettes antiérosives ;
mais il n’est pas mort et ne demande qu'à renaître. Les céréales locales sorgho et
mil sont encore très appréciées par les paysans habitués à la frugalité. L'entraide
et la solidarité du peuple africain agraire sont toujours là, sans oublier la qualité
légendaire des femmes. Autant de points qui laissent à penser que ce continent
pourrait être mieux protégé que nos pays dit développés, si nous le laissons vivre
à son rythme.

L’épuisement des terres agricoles

Avant de parler des oasis africains, qu’en est-il en France ? Les oasis ou éco
villages ne démarrent pas vraiment malgré les innombrables initiatives louables
en ce sens. C’est d’autant plus regrettable que nos terres agricoles s’épuisent
chaque année un peu plus à cause de la disparition des dernières fermes
familiales remplacées par les immenses « exploitations » agricoles qui détruisent
en polluant les restants d’humus et d’eau. Sans parler d’une urbanisation rapide
qui rase les derniers beaux hameaux de nos ancêtres.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Tout cela est dû, d’une part, au pétrole bon marché dont sont issus les intrants
agricoles qui ont permis d'industrialiser le plus noble, le plus indispensable des
métiers pour en faire une affaire de rentabilité financière à très court terme. Et
d’autre part, à la propriété privée garantie par la constitution. Elle empêche un
réaménagement du territoire en faveur du nombre grandissant de familles qui
aspirent à une vie autonome, solidaire et agro écologique à la campagne.

Le déblocage de cette situation ne sera possible que le jour où une crise


alimentaire générale, générée par un problème pétrolier majeur viendra faire
doubler ou tripler le prix du pétrole par rapport à celui de 2010. Ce scénario est
proche, l’épuisement des ressources pétrolières et le désordre mondial sont le
résultat d’un système industriel urbain basé sur la croissance économique
mondialisée et incontournable.

Revenons à l’Afrique. Officiellement, ce continent est dit « en croissance


économique enviable » malgré la crise mondiale. Cette croissance tient
uniquement à l’exportation des ses richesses minières non renouvelables alors
même que 50 à 90 % (selon les pays) de leurs populations deviennent chaque
année encore plus pauvres.

Heureusement, le tissu agraire est toujours présent et aspire à renaître vers une
prospérité durable. Prenons l’exemple du Sénégal qui semble avancé en matière
de création d’oasis. L'association de paysans « AFAFA » (aide aux forces vives
Africaines par la formation à l’agro écologie) délègue ses animateurs dans un
village.

Après les salutations respectueuses au chef du village et aux anciens, le même


scénario se déroule.

Les paysans présents expriment avec force l’urgence de leur besoin en eau et en
bois pour cultiver et se nourrir. Ces villages ont perdu leur jeunesse car à la
période de la soudure, cette période où les greniers sont vides et la nouvelle
récolte se fait attendre, on peut manger moins d’une fois par jour !

Devant ce constat, une association Occidentale sera tentée de consacrer ses


ressources à payer des puisatiers locaux et des plants forestiers, pensant ainsi
résoudre leurs problèmes. Cette méthode tant de fois utilisée est souvent vouée à
l’échec.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Les multiples initiatives dites « humanitaires » échouent si souvent et n'arrivent


pas à pérenniser leurs actions. On a tendance à vouloir imposer l'action depuis
l'extérieur et surtout parce qu'on néglige cette loi ancrée au plus profond de nous-
mêmes : « donner et recevoir ».

Les animateurs leur proposent de s’organiser pour mettre en place un comité pour
gérer la mise en place d’oasis reforestées.

Avant les colonisations, les Sahéliens étaient indépendants de l'extérieur. Ils


étaient autonomes en semences et engrais. La végétation était luxuriante et la
nappe phréatique était peu profonde. Ils pouvaient avec la pelle et la pioche se
creuser les puits aisément.

Aujourd’hui, les puits sont plus profonds et pour les pérenniser, il est nécessaire
de les cimenter. Les paysans sont dépendants de matériaux à acheter, mais avec
quel argent ?

De même pour les semences, les pesticides et les engrais qu'imprudemment nos
agronomes ont amenés, pour les dissuader de les fabriquer eux-mêmes au profit
des semences sélectionnées et des engrais chimiques et pesticides, alors qu’ils
savaient produire leurs propres composts et semences qui ne leur coûtaient rien
et qui étaient mieux adaptés à leur région.

La proposition de l'association Sahel people Service, en collaboration avec Terre


et Humanisme, est de mettre à disposition de AFAFA des fonds collectés en
France et en Belgique auprès des donateurs généreux. Le but est de faire
renaître l'agroécologie en permettant aux paysans, grâce à une avance de fonds
remboursable sans intérêt au terme de trois ans, de se faire creuser, par les
puisatiers locaux, un puits autour duquel ils construisent une oasis reforestée et
bien clôturée avec les moyens végétaux locaux pour leur permettre d'y pratiquer
les cultures vivrières toute l'année au lieu des quelques mois de pluie annuels.

Ils s’engagent aussi à respecter les conditions agro écologiques du contrat


(interdiction de brûler les matières organiques ni d’utiliser des engrais chimiques
et pesticides, aménagement des diguettes anti érosives, clôture de l’oasis avec
les épineux et les euphorbes locaux pour se protéger des animaux, fabrication du
compost et des pesticides naturels comme le Neem, participation aux formations
organisées au centre agroécologique tenu par AFAFA...).

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Plus de 190 puits ont été creusés à ce jour, 200 autres sont prévus avant fin 2011,
et plus si nous dégageons des moyens. Chaque oasis devenue vivrière grâce à
l'eau non épuisable parce que protégée par les diguettes anti érosives, peut
assurer pour des générations toute la famille composée en moyenne de 12 a 15
personnes.

Les jeunes foyers n'ont plus envie d'aller risquer leur vie dans une aventure
incertaine hors de leur région. C'est dans cette région, d'une superficie d'un petit
département Français qu'a été implanté un centre agro écologique qui en fait ré-
enseigne aux paysans leurs propres traditions à l'exception de certaines de leurs
coutumes telles les trop grands troupeaux qui sur-pâturent ou les brulis, coutumes
qui pouvaient exister lorsque le pays était vert et peu peuplé.

Parce que le peuple Sahélien est digne et fier, il croira en la démarche. Chacun
s’engage dans un contrat au lieu de recevoir un cadeau qu’il jugera humiliant et
sans lendemain. Dès cet instant, le puits va lui appartenir et il va, grâce à l’eau,
pouvoir nourrir sa famille décemment et même avoir un surplus d’argent
nécessaire à l’éducation et à la santé. Le puits et l’oasis seront désormais
entretenus pour une prospérité durable.

Mener entièrement cette opération AFAFA demande un soutien technique pour


une organisation locale solide aussi bien dans la gestion des ressources
humaines et financières. Tous les villages ne peuvent pas assurer cette tâche !
Sahel People Service répond à cette demande avec respect et vigilance pour
consolider la structure.

Déléguer une personne étrangère sur place pour piloter le tout ? Initiative vouée à
l’échec car seule la responsabilité sur l’ensemble des éléments y compris le suivi
des remboursements et le suivi du respect des clauses agro écologiques pourra
être pérenne.

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Une nouvelle espèce en voie d'apparition

Où en est AFAFA ?

Avec « Sahel people service » qui émis par sa banque. Il faut croire que
assure le financement des opérations, là-bas, l'alphabétisation des femmes
peut-on parler d’une parfaite réussite ? est en avance sur celles de certaines
D’une réussite certainement, mais pas régions sahéliennes !
encore parfaite dans tous les villages
concernés. En France, nous avons proposé cette
stratégie en attendant qu'un jour le
C’est la raison pour laquelle l’affût des ministère de l'immigration, en France,
demandes nouvelles est désormais veuille bien nous recevoir pour
préalablement conditionné à cette entendre dire que la jeunesse
organisation locale dont dépend le Sahélienne aspire de pouvoir rester au
succès sans risque de bavures. pays. De sorte qu'avec une partie
minime du budget consacré aux
Comme 400 creusements de puits problèmes migratoires, il est
entourés d'oasis re-forestés ont été parfaitement possible de freiner
promis avant fin 2011, toute notre l'arrivée des migrants. En 2008, 6000
attention se focalise sur la recherche personnes, en majorité sénégalaises,
dans chaque village de la personne sont mortes au cours du trajet. C'est
capable d'assumer cet encadrement. dramatique et tout a fait évitable par un
En premier lieu nous avons pensé aux travail en amont comme expliqué ci-
femmes si vaillantes pour ce rôle. dessus.
Hélas la pauvreté chronique des
familles ne leur a très souvent pas Tous les villages, sénégalais, maliens,
permis de fréquenter l'école, bien burkinabés et nigérians, sont en fait
nécessaire pour assumer cette tâche. des éco villages qui, à la différence de
chez nous, ont la possibilité de ne pas
C’est pourtant la formule du professeur devoir dépendre des intrants agricoles
Junus au Bengladesh qui paye dans extérieurs. Ils peuvent les obtenir à la
chaque village une femme capable ferme même.
d'encadrer les millions de microcrédits

Pour nous occidentaux, en panne à tous les niveaux, qu'ils soient écologiques,
financiers, sociaux, sanitaires, éducatifs ou même moraux, nous avons beaucoup
à apprendre ou à réapprendre des populations africaines noires sahéliennes qui
sont parvenues à survivre avec si peu grâce à l'entraide et la solidarité, qui chez
elles sont aussi normales que de respirer.

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Beaucoup de ces qualités existaient en Occident avant les deux guerres


mondiales. Jusqu'en 1950, l'agriculture familiale assurait la production alimentaire
sans épuiser les sols, sans polluer la nature, sans dépenses énergétiques
excessives.

C'étaient nos aïeux, ils représentaient avec les artisans villageois près de 80 % de
la population. Ils travaillaient dur, souvent en chantant. Ils savaient que leur
mission était sacrée. Pour preuve, chaque maison, chaque étable, chaque portail,
chaque mur, chaque sentier, était bâti avec goût, équilibré, avec cette esthétique
parfaite que nous enseigne la nature.

La disparition de l'agriculture familiale prépare un génocide mondial, pouvons-


nous encore l'éviter ? Est-ce que la culture biologique, âprement combattue
pendant un demi siècle et aujourd'hui enfin reconnue pourra relever le défi ? Rien
n'est moins sûr, d’autant qu’au moindre incident pétrolier qui peut arriver à tout
moment, la production alimentaire ne pourra plus nourrir les 6,5 milliards que
nous sommes aujourd'hui.

Il n'y aura pas d'autre solution qu'une migration rapide vers la campagne pour y
vivre, produire et consommer localement. Reste le problème de l’aménagement
du territoire actuel qui ne permet absolument pas cette migration oh combien
salutaire.

Faudra-t-il vraiment y être contraint et forcé par les précarités alimentaires à venir
pour que nos législateurs se mettent au travail en ce sens ? Lorsqu'on en parle
aux jeunes, ils semblent plutôt enthousiastes à l'idée d'un meilleur partage et
surtout d'une vraie convivialité dont leur âme a le plus besoin.

L'Afrique noire, à condition d'arrêter de piller ses ressources et aussi en leur


permettant de se prendre en main de façon autonome, loin des illusions et
promesses modernistes, peut s'en sortir mieux que nous parce qu'ils ont les
terres, le soleil, l'eau et surtout un esprit respectueux envers la nature et aussi
des attitudes contemplatives ou spirituelles qu'un matérialisme pur et dur essaye
de détruire.

En Occident, on parle de « pouvoir d'achat » pour tenter d’être heureux, alors que
la population noire africaine fête la vie à tout moment avec son sourire
communicatif et son humour permanent et... la gratitude envers le créateur !

Pierre Gevaert

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EPILOGUE

Faites vous aussi partie de cette nouvelle espèce en voie d’apparition ?


Bienvenue et envoyez nous donc votre expérience.

C’est l’avantage d’un livre électronique : il peut être mis à jour. Chaque nouvel
ajout sera diffusé dans le bulletin mensuel de IntelligenceVerte et mis sur le site ;
le lecteur pourra ainsi le télécharger gratuitement afin de l’ajouter à son achat
d’origine.

Le livre physique « Une nouvelle espèce en voie d'apparition » est disponible.


Pour plus d'informations ou pour le commander, rendez-vous sur cette page.

Vous avez envie d’en faire partie et ne savez pas comment faire ?

Eh bien rencontrez ceux qui vous précèdent. La formation professionnelle


continue de « Formation Bio Sainte Marthe », qui se situe en amont d’un
processus de changement, peut vous aider :
http://www.intelligenceverte.org/JobBio.asp

À bientôt,

JeanYves Fromonot
Info@intelligenceverte.org

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