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CONTES D'ANDERSEN
COLLECTION ENFANTINE
EN COULEURS
Contes d'Andersen
ADAPTÉ POUR LES ENFANTS
PAR
FRANC-N OHAIN
AVEC
HUIT GRAVURES EN TROIS COULEURS
PARIS
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
La reine de neige 1
Grand Claus et petit Claus 40
Histoire de Poucette 60
Le Briquet 80
La petite marchande d'allumettes
Les souliers rouges
............. 99
io5.
TABLE DES GRAVURES
Pages.'
Kay et Gerda s'asseyaient à côté de leurs
petits rosiers Frontispice.
« Savez-vous où est le petit Kay 16
Et elle baisa ses joues, qui devinrent roses. : 36
« Prenez ma place dans ce sac », dit Petit
Claus 56
Poucette vint habiter avec la taupe 69
« Voilà un joli soldat qui deviendra riche », dit
la Sorcière 81
Et maintenant, la petite fille était assise sous
un arbre de Noël
A travers la lande elle dansait ......... 102
114
LA REINE DE NEIGE
mon oeil !
»
Etla douleur était si vive, que cela, disait-il,
lui « correspondait » presque dans le cœur.
Et il clignotait de l'œil, mais Gerda avait
beau regarder, elle ne pouvait rien voir.
« Allons ! dit enfin le petit garçon au bout
d'un moment : çà doit être parti ; mon cœur
ne me fait plus mal. »Et de nouveau, ils se
mirent à tourner les pages du livre d'images.
Mais le verre n'était pas parti de son œil
et un petit éclat s'était même glissé presque
dans son cœur.
Car voici la vérité.
Il faut que vous sachiez que vers ce temps-
là, des petits démons extrêmement méchants
avaient fabriqué un miroir merveilleux, le
plus abominable du monde. Si quelqu'un
regardait dans ce miroir, il voyait tout ce
qu'il y a ici-bas de vilain et de laid, et il
oubliait tout ce qu'il y a de bien et de beau.
Quand les garçons et les filles regardaient
dans leur miroir, les méchants petits démons
ne se tenaient pas d'aise.
Un jour,.dans leur joie, ils négligèrent de
bien serrer la poignée du miroir, qui était
très glissante, en sorte que le miroir tomba
et se brisa en mille petits morceaux.
Et depuis lors, l'odieux miroir faisait plus
de mal que jamais car ses éclats volaient-
sur tout le monde, et si l'un d'eux volait
dans l'œil de quelqu'un, c'est tout ce qu'il
y a ici-bas de vilain et de laid, que ce quel-
qu'un, dorénavant, allait voir ; et si l'un d'eux
glissait dans le cœur de quelqu'un, alors,
oh alors, le cœur de ce quelqu'un devenait
!
et elle l'embrassa.
Oui, le petit Kay avait froid, mais il eut
encore bien plus froid après le baiser de la
Reine de Neige. Et ce froid lui saisit le
cœur, bien que son- cœur fût déjà à demi
glacé.
« Je vais mourir de froid », pensait le
petit garçon.
Mais ce fut l'affaire d'une minute. Un
second baiser de la Reine de Neige le plon-
gea dans un tel engourdissement qu'il oubliait
tout, et Gerda et la grand'mère de Gerda,
et sa propre famille.
« Assez de baisers, pour cette fois, dit la
Reine de Neige : je ne veux pas vous voir
mourir » Mais le cœur de Kay était déjà
!
murmuraient-elles. »
Mais la petite Gerda croyait qu'elle n'avait
pas jeté ses souliers assez loin.
Elle vit un petit bateau amarré dans les
roseaux, elle y monta et se penchant le plus
qu'elle pouvait, elle jeta ses souliers rouges
encore plus loin dans la rivière.
Mais, voici que le bateau glissa d'entre les
roseaux et se mit à voguer doucement à la
dérive.
Gerda effrayée, poussa des cris.
Les petits oiseaux l'entendaient, mais ils
ne pouvaient pas la secourir. Ils volaient
seulement autour d'elle en chantant.
De-ci, de-là, le flot emmenait le bateau, le
long des collines et des champs à l'ombre
des arbres.
« Peut-être vais-je vers le petit Kay ? » pen-
sait Gerda. Et à cette pensée elle cessa de
crier et fut presque joyeuse.
Après un long, long temps, elle vit un
beau jardin qui descendait vers la berge de
la rivière. C'était un jardin de cerises, et
dans le jardin il y avait une toute petite
maison avec un toit de chaume et d'amusantes
petites fenêtres rouges et bleues.
Et à la porte se tenaient debout deux pe-
tits soldats de bois. Ils la saluèrent quand
elle passa près d'eux. Gerda les appela, mais,
puisqu'ils étaient en bois, ils ne pouvaient
,lui répondre.
Gerda appelait de plus en plus fort.
Alors la porte de la petite maison s'ouvrit,
et il en sortit une très vieille, très vieille
femmè. Elle tenait un grand bâton recourbé
dans sa main et, sur la tête, elle portait un
grand chapeau de soleil, sur lequel il y avait
de belles fleurs peintes.
« Pauvre petite ! » dit la vieille femme. Elle
attrapa le petit bateau avec son bâton re-
courbé et l'attira à terre. Puis elle fit sauter
Gerda hors du bateau, et lui demanda :
« D'où venez-vous, chère petite enfant ! »
Gerda dit à la vieille femme comment
elle avait perdu son petit camarade, et était
partie à travers. le monde pour le recher-
cher.
« Le petit Kay n'est pas ici, dit la vieille
femme, mais il peut venir et vous pouvez
rester avec moi jusqu'à ce qu'il vienne. »
Alors elle emmena Gerda dans sa maison,
ferma la porte et lui donna des cerises. Et
pendantqu'elle mangeait les cerises, la petite
vieille se mit à lui peigner les cheveux avec
un peigne d'or et pendant qu'on la peignait
ainsi, Gerda oubliait le petit Kay.
La vieille femme était une sorcière et elle
avait jeté un sort sur Gerda pour lui faire
oublier le petit Kay. Ce n'était pas qu'elle
fût méchante, mais elle s'ennuyait toute
seule, et elle voulait garder auprès d'elle
la petite Gerda; et comme, pour cela, il
fallait bien lui faire oublier son petit cama-
rade, c'est pour cela qu'elle avait peigné
la chevelure de Gerda avec un peigne ma-
gique.
Puis, pendant que la petite fille mangeait
les cerises, la vieille femme courut au jar-
din, et du bout de son bâton recourbé tou-
cha tous les rosiers qui aussitôt rentraient
sous terre : si Gerda voit les rosiers, avait
pensé la vieille, elle se souviendra des petits
rosiers qui poussaient sur la fenêtre, dans
les petites caisses, et alors, ah ! alors, com-
ment pourrait-elle oublier le petit Kay !
Mais maintenant les buissons de roses
avaient disparu, Gerda pouvait venir dans
le jardin.
Quelles fleurs il y avait, dans ce jardin !
ment.
Mais il ne pleura pas longtemps. Séchant
ses larmes, il commença à arracher la peau,
de son 'cheval mort, puis il la suspendit pour
la faire sécher au vent.
La peau fut bientôt sèche et Petit Claus 1
la mit dans un sac, la chargea sur ses épaules-,
et partit pour la vendre à la ville pro-
chaine.
La route était longue, jusqu'à la ville, et
traversait une grande et sombre forêt. Et
le vent sifflait dans les branches des sapins
qui se courbaient devant la tempête.
Car une tempête s'était élevée et Petit
Claus avait perdu son chemin. Et voici que
maintenant il faisait complètement noir, et
que Petit Claus, perdu dans la forêt toute
sombre, ne pouvait espérer atteindre la ville
ni rentrer dans sa maison.
Cependaht, à quelque distance il y avait
des lumières. Petit Claus marcha dans leur
direction. Aussitôt, il arriva devant la porte
d'une grande ferme. Toutes les fenêtres
étaient fermées, mais leslumières qui l'avaient
guidé brillaient encore à travers les fentes
des volets.
Petit Claus, frappa hardiment à la porte.
La fermière ouvrit mais quand Petit Claus ^
direction de la ferme.
C'était le fermier lui-même. Cè fermier était
un fort bon homme, mais qui avait une manie.
Il ne pouvait supporter la vue d'un sacris-
- tàin. Voir un sacristain le
rendait enragé.
C'est pourquoi le sacristain était venu visiter
la fermière pendant l'absence du fermier.
.
Quand le sacristain entendit le pas du
cheval, il fut très effrayé et demanda où se
cacher à la fermière.
« Mèttez-vous dans ce coffre vide, dit-
elle. On n'ira pas vous chercher là » Et en
!
de disparaître de la table !
un sacristain.
— Un sacristain répéta le fermier. Quel
!
faites-le voir
-'
!
-
sure.
Que peut vouloir faire Petit Claus avec
une mesure, se demanda Grand Claus. Et
très adroitement il enduisit de suif le fond
de la mesure.
— Grâce à ce suif, pensait-il, un peu de ce
qu'il mettra dans la mesure restera collé au
fond et alors je saurai ce qu'il aura mesuré.
Et ce fut précisément ce qui arriva.
Quand la mesure lui fut rendue, Grand
Claùs s'empressa de regarder dedans. Eh !
bien, là, collés au suif qu'y avait-il donc de
brillant ? Était-ce possible ? Trois pièces
d'argent Petit Claus était donc riche ? Il
!
irait le voir.
Et il y alla.
— Où diable avez-vous eu tout cet argent ?
demanda Grand Claus,
— Mais le plus simplement du monde,
répondit Petit Claus : en vendant hier, la
peau de mon cheval.
— Quoi dit Grand Claus tout cela pour
!
paiera de sa vié »
!
lui.
« Oh le scélérat pensait
! ! Petit Claus, en
le voyant faire, il voulait me tuer ».
Le lendemain soir, Grand Claus rencon-
tra Petit Claus dans un sentier près du vil-
lage.
Grand Claus le regarda avec etonnement :
« Quoi ! vous n'êtes pas mort? Je croyais
vous avoir tué la nuit dernière.
— Oui, vous êtes un scélérat, dit Petit
Claus. La nuit dernière, en effet, vous êtes
venu dans ma chambre, avec une hache
et vous avez essayé de me tuer. Mais je
n'étais pas dans mon lit, où reposait ma
grand'mère morte ; et c'est elle qui a reçu
le coup de hache dont vous allez être puni.
Alors Grand Claus eut peur, Petit Claus
n'allait-il pas raconter son crime ?
Furieux, il s'empara de Petit Claus et le
fourra dans un sac qu'il avait apporté.
« Cette foisjevais vous noyer,
dit-il, et alors
vous ne raconterez plus jamais d'histoires ».
Mais il y avait loin, du chemin jusqu'à la
rivière, et Petit Claus n'était pas aisé à por-
ter. Il ruait et se démenait si bien que Grand
Claus fut bientôt las.
La route passait devant une église. Les
gens chantaient aux sons de l'orgue.
Grand Claus déposa le sac près de la
porte de l'église. Il voulait aller écouter un
peu de musique avant de s'en aller plus loin.
Petit Claus était solidement lié dans le
Il
sac. ne pouvait pas s'échapper. Ainsi pen-
sait Grand Claus.
« Holà ! holà » criait
! Petit Claus dans le
sac. Il se retournait et ruait, mais en vain ;
il n'en pouvait sortir.
Or, justement vint à passer un très vieux
gardeur de bestiaux, avec des cheveux blancs
sur la tête et un long bâton à la main. de Il
menaitdevant lui son troupeau de vaches et
bœufs. L'un d'eux courut contre le sac dans
ylequel se trouvait Petit Claus, et le renversa.
« Au secours !
au secours cria
! Petit Claus,
je suis si jeune pour mourir! Aidez-moi-à
sortir du sac.
— Et moi qui suis si vieux, et qui ne puis
arriver à mourir, dit le vieux bouvier.
— Ouvrez le sac et mettez-vous à ma place
si vous voulez mourir, dit Petit Claus.
Alors le vieillard délia le sac et Petit Claus
en sortit lestement et le vieux bouvier tout
joyeux y prit sa place.
« Surveillez mon troupeau, » dit le vieil
homme, comme Petit Claus le liait soli-
dement dans le sac.
Peu après Grand Claus sortait de l'église
et rechargeait le sac sur ses épaules. Cette
fois le sac lui sembla moins lourd et il est
vrai que le bouvier pesait moitié moins que
Petit Claus.
Grand Claus parvint à la rivière. Elle
était large et profonde, et il y jeta le sac.
Puis il cria, tellement il était sûr qu'il par-
lait bien à Petit Claus : « Maintenant, res-
tez où vous êtes, là du moins vous ne racon-
terez plus jamais d'histoires. »
Grand Claus marcha vers sa maison/
mais en atteignant le carrefour, il s'arrêta,
frotta ses yeux, regarda et les frotta de nou-
veau.
Etait-ce un rêve ? Il avait devant lui le
Petit Claus qui menait un superbe troupeau
de bétail.
« Est-ce vous? cria Grand Claus. Ne vous
ai-je pas noyé il y a quelques heures ?
— Il est exact que vous m'avez jeté dans la
rivière, répondit Petit Claus sans s'émouvoir.
— Et où avez-vous trouvé ces bœufs
magnifiques et ces vaches, demanda Grand
Claus, au comble de la stupeur.
— Mais ce sont des vaches et des bœufs
marins. Je veux vous dire toute l'histoire,
dit Petit Claus. Car il me faut vous remer-
cier de tout cœur de m'avoir jeté dans la
rivière ! Songez que me voici, de nouveau,
sur la terre ferme et possesseur du plus
riche troupeau Certes j'ai eu très peur
!
sons !
Ils trouvèrent la tige verte qui mainte-
nait la feuille sur laquelle Poucette était
assise. Cette tige, ils la mordirent avec leurs
dents tranchantes, ils la mordirent tant qu'ils
la coupèrent, et que la feuille dégagée, flotta
sur l'eau, emportant Poucette.
« Libre ! libre ! chantait-elle, et son rire
s'égrenait comme un carillon, libre! libre » !
jamais M. Mulot !
Cependant, quand il venait visiter sa voi-
sine la Taupe, Poucette était bien forcée de
Lui faire les honneurs de ses chansons. Quand
elle eut chanté « Oiselle, oiselle, volez vers
ma maison, » et « Venez danser, garçons et
âlles » M. Mulot, au comble du ravisse-
!
jamais !
chercher.
Quand il revint, la sorcière prit la corde
et tira, tira, jusqu'à ce que le soldat fût de
retour sur la grande route, exactement
comme devant. Mais, il y avait cette diffé-
rence que, maintenant, le soldat était riche;
et un homme qui a de l'or dans ses poches,
de l'or dans son sac, de l'or dans son cha-
peau, de l'or dans ses bottes, cet homme-là
n'est plus du tout comme un pauvre soldat
qui s'en revient de guerre.
« Q'allez-vous faire avec le briquet ? de-
manda le soldat.
— Cela n'est pas votre affaire, dit la sor-
cière. Vous avez l'or, donnez-moi le briquet !
Maudite vieille ! cria le soldat, que la
fortune rendait arrogant : maudite vieille !
elle.
— Il ne faut pas, ce soir, laisser la Prin-
cesse seule, dit la Reine. Elle pourrait avoir
peur si elle venait à rêver de nouveau. Et
la Reine pria une vieille dame qui vivait à
la Cour, de passer la nuit avec la Princesse.
Mais qu'aurait dit la Reine, si elle avait su
que le rêve de la Princesse n'était pas un
rêve ?...
Le soir venu, le soldat pensa qu'il vou-
drait bien revoir la Princesse.
Il frotta le briquet, et un de ses chiens
apparut.
« Amenez la Princesse, » ordonna le sol-
dat, et le chien bondit pour exécuter aussi-
tôt l'ordre de son maître.
La vieille dame était assise à côté du lit
de la Princesse. Elle avait entendu tout ce
que rêvait la Princesse.
Mais elle-même rêvait-elle donc mainte-
nant? La vieille dame se pinça. Non,
elle était parfaitement éveillée : pourtant
elle voyait là, devant elle, un chien, un
véritable chien, un chien en chair et en os,
avec des yeux grands comme des soucoupes.
Le chien enleva la Princesse et s'enfuit,
mais bien qu'il courût très vite, la vieille
dame trouva encore le temps de mettre son-
bonnet avant de s'élancer à sa poursuite.
Comme, elle soufflait la vieille dame tout
du long du chemin ! Comme elle courait la '
fidèle vieille dame Elle arriva juste à. temps
!
moi, grand'mère » !
pas de couronne !
Par exemple, les souliers de la princesse
firent l'admiration de Karen : ces souliers
de maroquin si souple et brillant, non,
jamais Karen n'avait rien vu d'aussi beau !..
Puis vint le temps pour Karen d'être con-
firmée. A cette occasion, la vieille dame
voulait la vêtir et la chausser de neuf.
Elles allèrent ensemble chez le cordonnier.
Quelle joie pour Karen, de contempler tant
de belles chaussures ! Mais le plaisir était
moindre pour la vieille dame qui n'y voyait
pas très clair.
Ah! justement! Il y avait une paire de
souliers rouges, des souliers de maroquin
rouge, tout pareils à ceux que portait la
princesse Ce sont ceux-là, vous pensez, qui
!
glisser en dansant. »
La vieille dame donna un sou au soldat et
entra dans l'église avec Karen.
Tout le monde, comme la première fois, et
aussi toutes les statues, regardaient encore
les souliers rouges.
Karen s'agenouilla devant l'autel, mais
elle ne pouvait penser à autre chose qu'à ses
souliers rouges.
Des chœurs s'élevèrentdansl'église, Karen
ne les entendit pas. Elle pensait à ses sou-
liers.
Quand on dit le Pater, elle oublia de
prier. Elle ne pensait qu'à ses souliers. -
Enfin, le service terminé, tout le monde
quitta l'église.
La vieille dame monta dans sa voiture et
Karen la suivit à pied.
Comme elle passait, le. vieux soldat qui.
était sous le porche s'écria : « Regardez donc!
de tout...
Comme Karen aurait voulu se reposer !