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CHAPITRE III.
Je n'y puis rien comprendre.
Musique de Boieldieu.
MYSTÈRE.
OPIUM.
SONGE.
C'était une merveilleuse villa qui se mirait aux flots bleus de l'Adriatique,
avec ses arbres verts, ses majestueuses colonnades et ses escaliers de
marbre blanc, baignés par une mer indolente...
—Une foule de gondoles aux riches dorures, recouvertes de tentes et de
rideaux de pourpre se balançaient amarrées aux dalles, et, impatientes,
battaient l'eau de leurs deux grandes ailes satinées qui, chose étrange, leur
tenaient lieu de rames et de voiles.
—On entendit une musique mélodieuse... des sons vibrants et sonores
comme ceux de l'harmonica,... aériens comme ceux des harpes éoliennes.
Et puis de belles filles pâles, avec des yeux noirs, des cheveux noirs et un
ineffable sourire sur leurs lèvres roses, se placèrent dans les barques en
jouant d'une lyre d'ébène.
Et cette harmonie suave et mélancolique remplissait les yeux de larmes,...
de larmes douces comme celles qu'on répand à la vue d'un ami retrouvé.
Alors les gondoles s'animèrent, tendirent leurs ailes argentées à une brise
odorante, qui, traversant de vastes bois d'orangers et de jasmins, apportait
une senteur délicieuse, et la petite flotte s'éloigna doucement.
À l'arrière de chaque gondole une place était réservée, et les jeunes filles y
jetaient incessamment des fleurs qu'elles effeuillaient en chantant à voix
basse je ne sais quelles mystérieuses paroles dont la mélodie faisait pourtant
battre le cœur.
Mais les gondoles frémirent de joie, agitèrent tout à coup leurs grandes
ailes, et, formant un demi-cercle, volèrent avec rapidité au-devant d'un petit
esquif aux voiles blanches, manœuvré par un seul homme.
Cet homme, c'était Brulart, c'était le comte, c'était Arthur... mais beau,
mais noble, mais paré....
D'un bond il fit disparaître son canot, sauta dans une des gondoles, et
regagna le palais de marbre escorté par les filles pâles aux yeux noirs, qui
continuaient leurs chants d'une harmonie ravissante.
—Et s'étendant avec délices sur les fleurs qu'elles avaient effeuillées, il
attira une des jeunes femmes sur ses genoux:
—Oh! viens; que j'aime la douceur de ta voix, que j'aime ton sourire...
dénoue tes cheveux au vent... que je les sente caresser mon front... donne...
Oh! donne un baiser de ta bouche amoureuse... j'en ai besoin, j'ai tant
souffert! Oui, au lieu de vous, mes sœurs, j'ai vu en songe des êtres noirs et
difformes! au lieu de notre beau lac limpide, de ses rivages fleuris... une
mer triste et brumeuse, un ciel gris et sombre! puis un vaisseau sans
pourpre, sans dorure et sans femmes... un homme qui se tordait sur des
cadavres, en poussant des cris horribles... au lieu de cette mélodie, de ce
langage pur et doux, j'ai entendu je ne sais quels éclats rauques et
discordants!...
Et puis, horreur!... je me voyais, moi, couvert de haillons, me jetant ça et
là, au milieu de cette bizarre et étrange tourbe d'hommes affreux, parlant
leur langue, riant de leur rire, tuant avec leur poignard... moi, moi, si noble
et si fier...
Oh! quel rêve, quel rêve!... oublions-le... oui... ces souvenirs déjà lointains
s'effacent tout-à-fait.... À moi, mes femmes! à moi, mes sœurs! franchissons
ces degrés; entrons sous cette coupole étincelante de lumière... mettons-
nous à cette table couverte de vermeil, de cristaux et de fleurs....
Tout disparaissait.
CHAPITRE I.
Vienge par mer al duc den k'il ara boen vent:
Tôt sa navie amaint, si n'i demort noient.
Robert Wace .—Roman du Rou et des ducs de
Normandie.
LA FRÉGATE.