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Ils assurent qu'en sortant de cette vie, les morts passent dans un
autre monde, où ils vivent dans les mêmes professions qu'ils ont
exercées sur la terre, et qu'ils y font usage de tous les présens qu'on
leur offre dans celui-ci; mais ils n'ont aucune notion de récompense
ou de châtiment pour les bonnes ou les mauvaises actions de la vie.
Cependant il s'en trouve d'autres qui, faisant gloire d'être mieux
instruits, prétendent que les morts sont conduits immédiatement sur
les bords d'une fameuse rivière de l'intérieur des terres nommée
Bosmanque. Cette transmigration, disent-ils, ne peut être que
spirituelle, puisqu'en quittant leur pays, ils y laissent leurs corps. Là,
Dieu leur demande quelle sorte de vie ils ont menée. Si la vérité leur
permet de répondre qu'ils ont observé religieusement les jours
consacrés aux fétiches, qu'ils se sont abstenus de viandes
défendues, et qu'ils ont satisfait inviolablement à leurs promesses, ils
sont transportés doucement sur la rivière dans une contrée où
toutes sortes de plaisirs abondent. Mais s'ils ont violé ces trois
devoirs, Dieu les plonge dans la rivière, où ils sont noyés sur-le-
champ et ensevelis dans un oubli éternel.
Sur toute la côte d'Or, il n'y a que le canton d'Akra où les images et
les statues soient honorées d'un culte. Mais les habitans ont des
fétiches qui leur tiennent lieu de ces idoles.
Ils les achètent à grand prix de leurs prêtres, qui feignent de les
avoir trouvé sous les arbres fétiches. Pour la sûreté de leurs
maisons, ils ont à leurs portes une sorte de fétiche qui ressemble
aux crochets dont on se sert en Europe pour attirer les branchés des
arbres dont on veut cueillir les fruits. C'est l'ouvrage des prêtres, qui
les mettent pendant quelque temps sur une pierre aussi ancienne,
disent-ils, que le monde, et qui les vendent au peuple après cette
consécration. Dans les calamités ou les chagrins, un Nègre s'adresse
aux prêtres pour obtenir un nouveau fétiche. Il en reçoit un petit
morceau de graisse ou de suif, couronné de deux ou trois plumes de
perroquet. Le gendre du roi de Fétou avait pour fétiche la tête d'un
singe qu'il portait continuellement.
Ils s'imaginent que les plus hautes montagnes, celles d'où ils voient
partir les éclairs sont la résidence de leurs dieux. Ils y portent des
offrandes de riz, de millet, de maïs, de pain, de vin, d'huile et de
fruits, qu'ils laissent respectueusement au pied.
Les pierres fétiches ressemblent aux bornes qui sont en usage dans
quelques parties de l'Europe pour marquer la distinction des
champs; Dans l'opinion des Nègres, elles sont aussi anciennes que le
monde.
Les Nègres sont persuadés que leur fétiche voit et parle; et lorsqu'ils
commettent quelque action que leur conscience leur reproche, ils le
cachent soigneusement sous leur pagne, de peur qu'il ne les
trahisse. Quand Louis XI conjurait sa petite Vierge de détourner les
yeux pour ne pas voir les meurtres et les crimes qu'il commettait,
valait-il mieux que le Nègre cachant le fétiche sous son pagne?
Ils craignent beaucoup de jurer par les fétiches; et, suivant l'opinion
généralement établie, il est impossible qu'un parjure survive d'une
heure à son crime. Lorsqu'il est question de quelque engagement
d'importance, celui qui a le plus d'intérêt à l'observation du traité
demande qu'il soit confirmé par le fétiche. En avalant la liqueur qui
sert à cette cérémonie, les parties y joignent d'affreuses
imprécations contre elles-mêmes, s'il leur arrive de violer leur
engagement. Il ne se fait aucun contrat qui ne soit accompagné de
cette redoutable formalité. Mais Bosman remarquait que depuis
quelque temps on ne faisait plus le même fond sur ces sermens,
parce que l'argent était devenu parmi les Nègres une source
continuelle de corruption. Ainsi l'avarice l'emporte encore sur la
superstition.
Après les fétiches, rien n'inspire tant de frayeur aux Nègres que le
tonnerre et les éclairs. Dans la saison des orages, ils tiennent leurs
portes soigneusement fermées, et leur surprise paraît extrême de
voir marcher les Européens dans les rues sans aucune marqué
d'inquiétude. Ils croient que plusieurs hommes de leur pays, dont les
noms sont demeurés dans leur mémoire, ont été enlevés par les
fétiches au milieu d'une tempête, et qu'après ce malheur ou ce
châtiment, on n'a jamais entendu parler d'eux. Leur crainte va si
loin, qu'elle les ramène dans leurs cabanes pendant la pluie et le
vent. Au bruit du tonnerre, on leur voit lever les yeux et les mains
vers le ciel, où ils savent que le Dieu des Européens fait sa
résidence, en l'invoquant sous le nom de Youan-Ghoemain, dont eux
seuls entendent le sens.
Les Nègres de la côte d'Or n'ont pas d'autre règle pour distinguer les
saisons que la différence du temps. Ils le partagent ainsi en hiver et
en été. À la vérité, les arbres sont toujours verts et couverts de
feuilles: il s'en trouve même un assez grand nombre qui produisent
des fleurs deux fois l'année; mais pendant l'été, qui est la saison de
la sécheresse, une chaleur excessive semble dévorer la terre; au lieu
que, dans le temps des pluies, qui est l'hiver, les champs sont
couverts d'abondantes moissons.
Atkins, qui quelquefois avait essuyé deux tornades dans un seul jour,
assure que, de deux vaisseaux à dix lieues l'un de l'autre, l'un est
quelquefois tranquille, tandis que l'autre est exposé au plus triste
naufrage. Il se souvient même d'avoir vu l'air doux et serein près
d'Anamabo, pendant qu'au cap Corse, qui n'en est qu'à trois ou
quatre lieues, il était horriblement agité. Sans examiner, dit-il, s'il est
vrai, comme les naturalistes le conjecturent, que le tonnerre ne se
fasse jamais entendre plus loin qu'à dix lieues, il a toujours jugé que,
dans les tornados, il doit être fort près. On peut mesurer son
éloignement par la distance qui est entre l'éclair et le bruit. Atkins
parle d'une occasion où il crut entendre, à trente pieds de sa tête,
un bruit plus affreux et plus éclatant que celui de dix mille coups de
fusil; son grand mât fut fracassé au même instant, et l'orage se
termina par une pluie excessive, qui fut suivie d'un assez long calme.
Les éclairs sont communs en Guinée, surtout vers la fin du jour. Leur
direction est tantôt horizontale, et tantôt perpendiculaire.
Les Portugais ont donné le nom de terrore à un vent de terre que les
Nègres appellent harmattan, et qui est si fort dès le moment de sa
naissance, qu'il maîtrise aussitôt les vents de la mer. Il forme des
orages qui durent ordinairement deux ou trois jours; et quelquefois
quatre on cinq. Il est extrêmement froid et perçant. Le soleil
demeure caché dans l'intervalle, et l'air est si obscur, si épais et si
rude, qu'il affecte sensiblement les yeux. La nudité des Nègres les
expose à ressentir si vivement son action, que Bosman les a vus
trembler comme dans l'accès d'une fièvre violente. Les Européens
mêmes, qui sont nés dans un climat plus froid, le supportent à
peine, et sont obligés de se tenir renfermés dans leurs chambres,
avec le secours d'un bon feu et des liqueurs fortes. Les harmattans
règnent à la fin de décembre, et surtout pendant tout le mois de
janvier. Ils durent quelquefois jusqu'au milieu de février; mais ils
perdent alors une partie de leur violence. Jamais ils ne se font sentir
pendant le reste de l'année.
L'or d'Akkanez et de Fétou est tiré de la terre, sans autre fatigue que
de l'ouvrir; mais il ne s'y trouve pas toujours avec la même
abondance. Un Nègre qui découvre une mine ou quelque veine d'or
en a la moitié. Le roi partage toujours avec égalité. L'or de ce pays
ne passe jamais vingt ou vingt-un karats. On le transporte sans le
fondre, et les Européens le reçoivent tel qu'il est sorti de la terre.
Après l'or le principal objet du commerce, sur cette côte, est le sel,
qui produit des richesses incroyables aux habitans. S'ils étaient
capables de vivre dans une paix constante, cette seule marchandise
attirerait à eux tous les trésors de l'Afrique; car les Nègres des pays
intérieurs sont obligés d'y venir prendre du sel, du moins ceux qui
sont en état de le payer. Les plus pauvres se servent d'une certaine
herbe qui renferme imparfaitement quelques-unes de ses qualités.
Au delà d'Ardra, dans quelques royaumes d'où vient la plus grande
partie des esclaves, deux hommes se vendent pour une poignée de
sel.
Dans les cantons où le rivage est fort élevé, la méthode des Nègres
pour faire du sel est de faire bouillir l'eau de mer dans des
chaudières de cuivre, et de la laisser refroidir jusqu'à sa parfaite
congélation; mais cette opération est ennuyeuse et d'une grande
dépense. Les Nègres qui sont situés plus avantageusement sur une
côte basse creusent des fossés et des trous dans lesquels ils font
entrer l'eau de la mer pendant la nuit. La terre étant d'elle-même
salée et nitreuse, les parties fraîches de l'eau s'exhalent bientôt à la
chaleur du soleil, et laissent de fort bon sel qui ne demande pas
d'autre préparation. Dans quelques endroits, on voit des salines
régulières, où la seule peine des habitans est de recueillir chaque
jour un bien que la nature leur prodigue.
Les arbres vantés par Oléarius, qui étaient capables de couvrir deux
mille hommes de leur ombre, et ceux dont parle Kirker, qui
pouvaient mettre à l'abri du soleil un berger avec tout son troupeau,
n'approchent point, suivant Bosman, de certains arbres de la côte
d'Or. Il en a vu plusieurs qui auraient couvert vingt mille hommes de
leur feuillage, et quelques-uns si larges et si touffus, qu'une balle de
mousquet aurait à peine atteint d'une extrémité des branches à
l'autre. Ceux qui seront tentés de trouver un peu d'exagération dans
ce récit doivent se rappeler ce qu'ils ont déjà lu du baobab, et de la
grandeur extraordinaire des pirogues.
Ces arbres prodigieux sont une espèce de fromager, et se nomment
kapots; ils tirent ce nom d'une sorte de coton qu'ils produisent, et
que les Nègres appellent aussi kapot, dont l'usage ordinaire est de
servir de matelas dans un pays où l'excès de la chaleur ne permet
pas d'employer la plume. Leur bois, qui est léger et poreux, n'est
propre qu'à la construction des pirogues. Bosman ne doute pas que
l'arbre célèbre de l'île du Prince, auquel les Hollandais trouvèrent
vingt-quatre brasses de tour, ne fût un kapot. On en voit un près
d'Axim que dix hommes pourraient à peine embrasser.
Le raisin est bleu, gros et de fort bon goût; on croit qu'avec une
culture mieux entendue, il deviendrait aussi bon et peut-être meilleur
que celui de l'Europe.
La nature n'a point accordé au pays les herbes qui sont communes
en Europe, excepté le fluteau et le tabac, qui croissent ici en
abondance; mais Bosman trouve le tabac de la côte d'Or d'une
puanteur insupportable, quoique les Nègres en fassent leurs délices.
La manière dont ils le fument est capable d'empêcher qu'il ne leur
nuise. La plupart ayant des tuyaux de cinq ou six pieds de long, les
vapeurs les plus infectes peuvent perdre une partie de leur force
dans ce passage. La tête des pipes est un vaisseau de pierre ou de
terre qui contient deux ou trois poignées de tabac. Les Nègres qui
vivent parmi les Européens ont du tabac du Brésil, qui vaut un peu
mieux, quoiqu'il soit fort puant. La passion des deux sexes est égale
pour le tabac; ils se retrancheraient jusqu'au nécessaire pour se
procurer cette consolation dans leur misère; ce qui augmente
tellement le prix du tabac, que pour une brasse portugaise, c'est-à-
dire pour moins d'une livre, ils donnent quelquefois jusqu'à cinq
schellings (six francs). La feuille de tabac croit ici sur une plante de
deux pieds de haut. Elle est longue de deux ou trois paumes sur une
de largeur; sa fleur est une petite cloche qui se change en semence
dans sa maturité.
Les racines de la côte d'Or sont les ignames et les patates; le pays
est rempli d'ignames: ils ont la forme de nos gros navets, et se
sèment de la même manière.
Le grain que les Nègres appellent maïs est connu dans toutes les
parties du monde. Les Portugais l'apportèrent les premiers
d'Amérique dans l'île de San-Thomé, d'où il fut transplanté sur la
côte d'Or. Il avait été jusqu'alors inconnu aux Nègres; mais il a
multiplié dans leur pays avec tant d'abondance, que toutes ces
régions en sont aujourd'hui couvertes. Barbot prétend que le nom de
maïs est venu d'Amérique. Les Portugais lui donnent celui de milhio-
grande c'est-à-dire grand-millet; les Italiens le nomment blé de
Turquie.
Le riz n'est pas commun dans toutes les contrées de la côte d'Or. Il
s'en trouve très-peu hors des cantons d'Axim et d'Anta. Mais il croît
avec abondance à l'entrée de la côte.
Les ânes, qui sont aussi en grand nombre, ont quelque chose de
plus vif et de plus agréable que les chevaux. Ils sont même un peu
plus grands. Les Hollandais en avaient autrefois quelques-uns au fort
d'Axim pour leurs usages domestiques; mais ils les virent périr
successivement faute de nourriture.
Le pays ne manque point de porcs; mais ceux qui sont nourris par
les Nègres ont la chair fade et désagréable; au lieu que la nourriture
qu'ils reçoivent des Hollandais leur donne une qualité fort différente.
Cependant les meilleurs n'approchent point de ceux du royaume de
Juida, qui surpassent les porcs mêmes de l'Europe par la délicatesse
et la fermeté.