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Watchman Nee

Deux manières de vivre

ISBN 2-88152-086-3

Traduit de l’anglais Titre original:

Two Principles of Conduct Copyright de l’édition française 1982

Editions « Le Fleuve de Vie » Chemin des Brandards 56 2000 Neuchâtel - Suisse lefleuvedev ie@b
luewin. ch www.lefleuvedevie.ch

2 Cor. 5 :7 ; Mat. 17:3, 5, 8 ; 1 Cor. 4 :4 ; Gen. 2:8-9, 16-17

Dieu créa l’homme et lui prépara une nourriture pour sa subsistance. L’homme tirait son existence
de Dieu et c’était l’intention de Dieu que l’homme dépende de lui durant toute sa vie. La vie que Dieu
avait donnée devait être maintenue au moyen d’une nourriture appropriée que lui-même fournissait.

« Puis 1 ’Eternel Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l ’orient, et il y mit

l ’homme qu 'il avait formé. L Eternel Dieu fit pousser du sol

des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l ’arbre de la vie au milieu du
jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Gen. 2 :8-9). Par ces deux arbres différents,
Dieu nous montre en termes imagés deux manières différentes de vivre sur terre : le principe qui
gouverne la conduite de certaines personnes est la connaissance du bien et du mal, tandis que
d’autres personnes sont gouvernées par le principe de la vie.

Prenons un peu de temps pour considérer ces deux principes différents, puisqu’ils touchent à la vie
des enfants de Dieu. Remarquons tout d’abord que, bien qu’un chrétien puisse être gouverné
principalement par l’un ou l’autre de ces principes, toutes ses actions ne sont cependant pas
obligatoirement gouvernées par le même principe.

Qu’est-ce que le principe du bien et du mal ?

Si notre conduite est contrôlée par le principe du bien et du mal, chaque fois que nous

devons prendre une décision, nous nous demandons d’abord : « Est-ce juste ou faux ? Est- ce que ce
serait bien ou mal de faire cela ? » Beaucoup de

chrétiens hésitent avant d’entreprendre une certaine chose et se posent continuellement toutes ces
questions. Ils ont décidé de faire ce qui est juste ; ils désirent éviter tout ce qui est mauvais et mener
une vie en harmonie avec ce qu’ils considèrent être le christianisme. Aussi soupèsent-ils
scrupuleusement toutes leurs actions. Ils examinent attentivement chaque situation et ne vont de
l’avant qu’une fois persuadés qu’une certaine manière d’agir est bonne. Ils essayent d’agir d’une
façon qui soit convenable pour un chrétien ; ainsi, ils sont toujours en alerte pour choisir entre le
juste et le faux et pour faire uni¬quement ce qu’ils considèrent comme juste.

Mais la Parole de Dieu dit : « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car
le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement » (Gen. 2 :17). Agir selon ce qui est en apparence
d’un niveau moral élevé, rejeter tout ce qui est mauvais et choisir uniquement ce qui est bon, ce
n’est pas vivre en chrétien. C’est vivre sous la loi ; c’est agir selon l’ancienne alliance, non selon la
nouvelle. Agir de cette manière, c’est se conformer à un standard religieux ou éthique : c’est tout à
fait en dessous du standard chrétien.

Le chrétien et la vie

Qu’est-ce que la vie chrétienne ? C’est la vie de Christ en nous. Si vous êtes chrétien, vous possédez
une nouvelle vie et quand vous devez décider d’agir, vous ne vous demandez pas si c’est juste ou
faux, mais quel effet cela produira sur la vie qui est en vous : comment cette nouvelle vie en vous va-
t-elle réagir ? Il est très surprenant de voir que le but visé par tant de chrétiens consiste uniquement
à se conformer à un niveau éthique, bien que ce que Dieu nous ait donné par la nouvelle naissance
ne soit pas une quantité de règles et d’ordonnances auxquelles il nous demande de nous conformer.
Il ne nous a pas amenés à un nouveau Sinaï pour nous donner une nouvelle série de
commandements « Tu feras » et « Tu ne feras pas ». La vie chrétienne ne nous demande pas
d’examiner le juste et le faux de chacune de nos actions, mais de tester la réaction de la vie divine
dans tout ce que nous entreprenons. En tant que chrétien, vous possédez maintenant la vie de Christ
et vous devez tenir compte de la réaction de sa vie. Lorsque vous songez à faire quelque chose, si la
vie en vous s’intensifie et vous engage à la faire, s’il y a une réponse positive de la vie intérieure, s’il y
a l’onction en vous (1 Jean

2 :20, 27), vous pouvez alors la faire avec confiance. C’est la

vie intérieure qui vous l’a indiqué. Mais si, lorsque vous vous demandez si vous devez faire un certain
pas, la vie commence à s’affaiblir en vous, vous saurez que vous ne devez pas faire ce pas, même s’il
semble très raisonnable de le faire.

Réalisez-vous que la conduite de beaucoup d’incroyants est réglée selon le principe du «juste» ou du
«faux».

Qu’est-ce qui différencie le chrétien de l’incroyant si le même principe les gouverne tous les deux ?
La Parole de Dieu nous montre clairement que le chrétien est dirigé par la vie de Christ et non par un
code de morale extérieur. Il y a quelque chose de vital à l’intérieur du chrétien, quelque chose qui
répond à ce qui est de Dieu et réagit contre ce qui n’est pas de lui ; ainsi nous devons prendre garde
aux réactions qui viennent de l’intérieur de nous- mêmes. Quand la source vivante qui est en nous
jaillit en réponse à une suggestion, nous devrions la suivre, mais quand elle décline, nous devrions
repousser cette idée. Nous ne devrions pas nous laisser gouverner par des faits extérieurs ou par des
raisonnements, qu’ils viennent de nous-mêmes ou d’autrui. Certaines personnes peuvent approuver
quelque chose, et lorsque nous pesons le « pour » et le « contre », il se peut que nous pensions que
cette chose est bonne ; mais que dit la vie intérieure à ce propos ?

Le standard transcendant de la vie

Lorsque vous réalisez que le facteur déterminant de la conduite de tout chrétien est la vie, vous
savez alors que vous ne devez pas seulement éviter tout ce qui est mauvais, mais aussi tout ce qui
n’est bien qu’extérieurement. Seul ce qui résulte de la vie chrétienne est une conduite chrétienne,
c’est pourquoi nous ne pouvons pas consentir à agir si cette action ne jaillit pas de la source de la vie.
Souvenons- nous de la Parole de Dieu : « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et
du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras ». Remarquons que « bien et mal » sont mis
ensemble ici, et en opposition à « bien et mal » nous trouvons la « vie ». Le standard de la vie est un
standard transcendant.

Au début de ma vie chrétienne, je cherchais avec persévérance à éviter tout ce qui était mal, et je me
mettais délibéré

ment à faire ce qui était bien. Il semblait que je faisais des progrès splendides. En ce temps-là j’avais
un collaborateur qui avait deux ans de plus que moi et nous n’étions jamais d’accord. Les différences
qui nous opposaient ne concernaient pas nos occupations personnelles ; nos désaccords se
manifestaient au sujet de questions publiques. Nous nous disputions également en public. Je me
disais : « S’il veut faire ce travail de cette manière- là, je protesterai parce que ce n’est pas juste ».
Mais peu importe la manière avec laquelle je protestais, il refusait toujours de céder. Mes arguments
se trouvaient sur la ligne du juste et du faux ; les siens reposaient sur le fait qu’il était plus âgé que
moi. J’avais beau avancer des arguments irréfutables pour prouver qu’il avait tort et que j’avais
raison, il présentait sa preuve unique et incontestable pour justifier tout ce qu’il faisait : il avait deux
ans de plus que moi. Comment pouvais-je réfuter ce fait ? Ainsi, il gagnait toujours la partie.
Extérieurement il avait le dessus, mais moi, intérieurement, je ne cédais

pas. Son absurdité me froissait et je restais fermement attaché à mon opinion qu’il avait tort et que
j’avais raison. Un jour, je m’en suis plaint auprès d’une sœur aînée dans le Seigneur, une sœur qui
avait une grande expérience spirituelle. Je lui expliquai le cas. Je présentai mes arguments et je lui
demandai d’arbitrer. Etait-ce lui ou moi qui avait raison ? C’était ce que je voulais savoir. Elle sembla
ignorer le juste et le faux de toute l’affaire et en me regardant droit dans les yeux, elle me répondit
tranquillement : « Tu aurais mieux fait de faire ce qu’il te disait ». Je fus entièrement insatisfait de sa
réponse et pensai en moi-même : si j’ai raison, pourquoi ne pas reconnaître que j’ai raison ? Si j’ai
tort, pourquoi me dire de faire ce qu’il me dit ? Aussi je lui demandai : « Pourquoi ? » « Parce que,
me dit-elle, dans le Seigneur, le plus jeune doit se soumettre à l’aîné ». « Mais, ré¬pondisse, dans le
Seigneur, si le plus jeune a raison et que l’aîné a tort, doit-il se soumettre?» En ce temps-là, j’étais
étudiant au lycée et je n’avais appris au

cune leçon de discipline, aussi je donnai libre cours à ma contrariété. Elle sourit simplement et dit
encore une fois : « Tu aurais mieux fait de faire ce qu’il te disait ».

Plus tard, il allait y avoir un baptême et trois d’entre nous devaient en porter ensemble la
responsabilité - le frère qui avait deux ans de plus que moi, un frère qui était sept ans plus âgé que lui
et moi- même. « Maintenant, voyons ce qui va se passer, me dis-je en moi-même. Je dois toujours
faire ce que toi, qui es mon aîné de deux ans, me dis - vas-tu toujours faire ce que ce frère, qui est
ton aîné de sept ans, te dit ? » Nous avons parlé les trois du travail, mais il refusa d’accepter les
suggestions avancées par son aîné. Sur chaque point, il insistait pour que ce soit fait selon son idée.
Finalement, il nous renvoya tous les deux avec cette remarque : « Laissez-moi faire, je peux très bien
me débrouiller seul ». Je me demandai de quelle sorte de logique il s’agissait : « Tu insistes pour que
je t’obéisse toujours parce que tu es mon aîné, mais toi, tu n’as pas besoin d’obéir à ton aîné ». Je me
rendis sur-le-champ vers la même sœur et je lui exposai le problème. Je lui demandai son verdict. «
Ce qui me contrarie, dis-je, c’est que ce frère ne se préoccupe pas de ce qui est juste et de ce qui est
faux ». Elle se leva et me demanda : « N’as-tu jamais vu jusqu’à ce jour ce qu’est la vie de Christ ?
Tout au long de ces derniers mois, tu as maintenu que tu avais raison et que ton frère avait tort. Ne
connais-tu pas la signification de la croix ? » Puisque le seul point que je mentionnais était la question
d’avoir raison ou tort, elle m’attaqua sur mon propre terrain et me demanda : « Penses-tu avoir
raison de t’être conduit comme tu l’as fait ? Penses-tu avoir raison de parler comme tu as parlé ?
Penses- tu avoir raison d’être venu vers moi pour m’exposer ces problèmes ? Il se peut que tu agisses
d’une façon raisonnable et juste, mais même si c’est le cas, qu’en est-il de ce qui réagit en toi ? Est-ce
que la vie en toi ne proteste pas contre ta propre conduite ? »

Je dus admettre que même lorsque j’avais raison du point de vue humain, la vie en moi déclarait que
j’avais tort.

Le standard chrétien ne donne pas uniquement son verdict sur ce qui n’est pas bien, mais également
sur ce qui paraît bien extérieurement. Beaucoup de choses sont justes selon le standard humain,
mais le standard divin les condamne parce qu’il leur manque la vie divine. Le jour dont je viens de
parler fut le premier où je vis que si j’allais vivre dans la présence de Dieu, toute ma conduite devait
être réglée par le principe de la vie, et non par le principe du juste et du faux. Depuis ce jour, j’ai
commencé à voir de plus en plus clairement que, lorsqu’il est question d’une façon d’agir, même si
certains déclarent qu’elle est juste, et que chaque aspect de cette façon d’agir montre qu’elle est
juste, je dois cependant être très sensible aux réactions de la vie de Christ en moi. Quand nous
avançons dans une voie qui paraît bonne, la vie en nous devient- elle plus forte, ou s’affaiblit-elle ?
Est-ce que l’onction confirme que le chemin que nous suivons est juste, ou est-ce que l’absence
d’onction indique que l’approbation divine est retenue ? Le chemin de Dieu pour nous ne nous est
pas montré par des signes extérieurs, mais par des réactions intérieures. C’est la paix et la joie dans
l’esprit qui nous indiquent le sentier de la vie chrétienne.

Un jour, je visitai un certain lieu. Un frère qui le critiquait fortement y était également invité. Il savait
que cet endroit avait beaucoup à offrir spirituellement, mais il désapprouvait ce qui y était fait et
faisait constamment des comparaisons défavorables avec l’endroit d’où il venait. Durant les deux ou
trois mois pendant lesquels nous étions ensemble, ses critiques dépassaient celles de tous les autres.
Un jour, il alla trop loin, aussi lui dis-je : « Pourquoi restes-tu donc ici ? Pourquoi ne pas faire tes
bagages et partir ? » « Je ne peux pas à cause de cela », dit-il en montrant son cœur ; « chaque fois
que je me prépare à sortir, la paix

dans mon cœur s’en va. Une fois déjà je suis parti, et je suis resté quinze jours éloigné, mais j’ai dû
demander la permission de revenir ». « Frère, dis-je, ne vois- tu pas ces deux différentes lignes de
conduite - celle qui est déterminée par la vie, et celle qui est déterminée par le juste et le faux ? » «
Oh, dit-il, je n’ai pas essayé de partir qu’une seule fois, mais un grand nombre de fois, et à chaque
fois mon expérience a été la même : aussitôt que je me prépare à partir, quelque chose me retient.
Même si beaucoup de ce qui est fait ici est faux, il est également faux que je parte ». Ce frère, ayant
vu qu’il y avait beaucoup d’aide spirituelle à recevoir dans cet endroit, décida d’y rester et de
rencontrer Dieu.

Les faits extérieurs ne gouvernent pas nos décisions

Une des conceptions les plus erronées parmi les enfants de Dieu est de penser

que les actions sont déterminées par ce qui est juste et ce qui est faux. Ils font ce qui est juste à leurs
yeux, ils font ce qui leur paraît être juste selon leur passé, selon leurs années d’expériences. Un
chrétien devrait baser chacune de ses décisions sur la vie qu’il a en lui. C’est là quelque chose de
totalement différent. Je désire que vous voyiez qu’un chrétien ne doit pas arriver à une autre
décision que celle que la vie lui indique. Si la vie en vous réagit pour faire une certaine chose, alors
faites-la ; mais si la vie en vous diminue, arrêtez- vous immédiatement.
Je me rappelle être allé à un certain endroit où les frères travaillaient vraiment avec efficacité. Dieu
les employait réellement. Si vous me demandiez si leur travail était parfait, je devrais vous répondre
que non et qu’il y avait encore beaucoup de choses à améliorer. Humblement, ils m’ont demandé
d’exposer tout ce que je voyais qui n’était pas correct. Je leur fis donc un certain nombre de
remarques. Mais aucun changement ne se produisit.

Cela m’a-t-il ennuyé ? Absolument pas ! Je pouvais uniquement indiquer des faits extérieurs qui
avaient besoin d’être améliorés ; je ne pouvais pas voir ce que Dieu faisait intérieurement, et cela
aurait été une folie de ma part d’y toucher. Je n’osais pas conseiller Dieu sur ce qu’il devait faire dans
leurs vies.

Dans un autre endroit que j’ai visité, les frères n’évangélisaient pas. Ils m’entretinrent de cette
question et me demandèrent si je ne pensais pas qu’ils devraient annoncer l’Evangile. « Selon
l’Ecriture vous devriez le faire », répondis-je. Ils admirent qu’ils ressentaient la même chose, mais ce
qui était surprenant, c’est que Dieu ne leur donnait pas la vie pour aller évangéliser. Dans de telles
circonstances, si nous connaissons Dieu, nous ne pouvons que rester silencieux, car notre sentier est
tracé par sa vie seule et non par le juste et le faux. Frères et sœurs, le contraste entre ces deux
principes de vie est immense. Tant de gens se posent encore cette question : « Est-ce qu’il est juste
de

faire ceci ? Est-ce mal de faire cela ? » La seule question que le chrétien doit se poser est la suivante :
« Est-ce que la vie diminue ou augmente en moi quand je songe à faire cela ? » La réaction de la vie
divine en moi doit déterminer point par point le parcours que je dois suivre. C’est là quelque chose
de crucial.

Ecoutez-le !

Sur la montagne de la transfiguration, Moïse était présent et il représentait la loi. Elie était aussi
présent et il représentait les prophètes ; le standard de la foi était là et le standard prophétique était
également présent. Mais Dieu imposa silence à ces deux standards qui étaient qualifiés pour parler
au cours de la dispensation de l’Ancien Testament. Il dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le
! » Aujourd’hui, le standard du chrétien n’est ni la loi ni les prophètes, mais Christ, le Christ qui habite
en nous. C’est pourquoi la question n’est pas : « Ai-je raison ou ai-je tort ? » Mais : « Ai-je la
confirmation de la vie divine ? » Nous verrons souvent que ce que nous approuvons par nous-
mêmes, la vie en nous le désapprouve. Quand c’est le cas, nous ne pouvons pas faire ce qui nous
semble bon.

La vie divine doit être satisfaite

Je me souviens de l’histoire de deux frères qui cultivaient tous les deux des champs de riz. Leurs
champs étaient au milieu d’une colline. D’autres champs se trouvaient plus bas. Pendant les périodes
de grandes chaleurs, ils amenaient de l’eau durant la journée et dormaient pendant la nuit. Une nuit,
alors qu’ils dormaient, les fermiers qui possédaient des champs plus bas que les leurs percèrent un
trou dans le canal d’irrigation qui entourait les champs des frères et firent ainsi couler toute l’eau sur
leurs propres champs. Le lendemain matin, les frères devinèrent ce qui s’était passé, mais ne dirent
rien. Ils remplirent à nouveau les conduites d’eau et la nuit suivante, l’eau fut volée une seconde fois.
Le lendemain matin, quand ils découvrirent que les fermiers leur avaient refait la même farce, ils ne
se plaignirent aucunement. N’étaient-ils pas des chrétiens ? Les chré¬tiens ne doivent-ils pas être
patients ? Ce même jeu fut répété sept nuits de suite et durant sept jours successifs, ces deux frères
souffrirent l’injustice en silence. On pourrait penser que de tels chrétiens, capables de se laisser
traiter ainsi jour après jour, sans jamais émettre un reproche, devaient être remplis et même
déborder de joie. C’est surprenant à dire, mais ils n’étaient pas du tout contents et leur
mécontentement les éprouvait à tel point qu’ils présentèrent le problème à un serviteur de Dieu.
Ayant exposé leur cas, ils lui demandèrent : « Comment se fait-il qu’après avoir souffert cette
injustice une semaine entière, nous soyons toujours mécontents ? » Ce frère avait de l’expérience et
répondit : « Vous êtes mécontents parce que vous n’êtes pas allés jusqu’au bout. Vous devriez
d’abord irriguer les champs de ces fermiers et ensuite les vôtres. Retournez chez vous et essayez, et
vous verrez si oui ou non vos cœurs trouveront le repos après cela ». Ils acceptèrent d’essayer et s’en
allèrent. Le matin suivant, ils étaient debout plus tôt que d’habitude et leur première tâche fut
d’irriguer les champs des fermiers qui leur avaient volé leur eau -avec persistance. Il se passa cette
chose étonnante : plus ils travaillaient dans le champ de leurs persécuteurs, plus ils étaient remplis
de joie. Une fois qu’ils eurent fini d’aiToser leur propre terrain, leur cœur était dans un repos parfait.
Quand les frères eurent répété cette même opération pendant deux ou trois jours, les fermiers les
appelèrent pour s’excuser et ajoutèrent : « Si c’est cela le christianisme, nous voulons en savoir
davantage ».

Nous voyons ici la différence entre le principe du juste et du faux et le principe de la

vie. Ces deux frères furent très patients, n’était-ce pas juste ? Ils avaient travaillé par une chaleur
intense pour irriguer leurs champs de riz et avaient souffert sans se plaindre que d’autres volent leur
eau, n’était-ce pas très bien ? Qu’est- ce qui pouvait bien manquer pour qu’ils n’aient pas le cœur en
paix ? Ils avaient fait ce qui est juste et bien. Ils avaient fait tout ce que l’homme pouvait demander
d’eux. Mais Dieu n’était pas satisfait. Ils ne trouvaient pas la paix dans leur cœur parce qu’ils
n’avaient pas considéré les exigences de sa vie. Quand ils se conformèrent à son standard, la joie et
la paix jaillirent dans leurs cœurs. Les exigences de la vie divine doivent être remplies ; ainsi, nous
n’osons pas manquer de satisfaire Dieu.

Qu’est-ce que le sermon sur la montagne ? Que nous est-il dit dans les chapitres 5 à 7 de l’Evangile
de Matthieu ? Ne nous est-il pas dit que nous ne devons pas être contents avant d’avoir satisfait aux
exigences de la vie que Dieu a mise en nous ? Le sermon sur la montagne ne nous dit pas que tout est
pour le mieux, pourvu que nous fassions ce qui est juste. L’homme dirait : « Si quelqu’un te frappe
sur la joue, pourquoi présenter l’autre ? » Si vous acceptez une telle offense sans rendre de gifle,
c’est que vous avez certainement atteint le dernier degré de la maîtrise de soi. Mais Dieu dit quelque
chose d’autre : si, lorsqu’on vous frappe sur une joue, vous ne faites que baisser la tête et vous en
aller, vous verrez que la vie intérieure ne sera pas satisfaite. Il n’y aura pas de satisfaction en vous
jusqu’à ce que vous ayez tendu l’autre joue à celui qui vous a frappé, pour recevoir le même
traitement. Agir ainsi prouvera qu’il n’y a pas d’amertume en vous. C’est le chemin de la vie.

Beaucoup de gens disent que les chapitres 5 à 7 de l’Evangile de Matthieu sont exigeants, que c’est
au-dessus de nos forces. Je l’admets. C’est une véritable impossibilité. Mais le point important est
celui-ci : vous avez une vie en vous, et cette vie vous dit qu’à moins que vous ne fassiez ce que le
sermon sur la montagne exige, vous ne trouverez pas de repos. Toute la question consiste en ceci :
marchez-vous sur le chemin de la vie ou sur le chemin du bien et du mal ?

La plénitude de la vie doit être en nous

Parfois, un frère agit stupidement. Vous pensez que ses actes exigeraient une ex¬hortation ou un
reproche. Ainsi, un jour, vous vous mettez en route pour aller chez lui. Oui, vous devez absolument
lui parler une bonne fois, c’est vraiment juste ! Il a eu tout à fait tort. Vous arrivez à la porte et levez
la main vers la sonnette. Mais quand vous êtes sur le point de sonner, votre main retombe. Alors
vous vous demandez : « N’est-ce pas juste de lui parler ? » Le problème n’est pas de savoir si c’est
juste de lui parler, mais si la vie divine en vous vous le permet. Vous pouvez exhorter ce frère et il est
possible qu’ il reçoive votre exhortation avec courtoisie et qu’il promette de faire ce que

Dieu dit, mais plus vous prêcherez à ce frère, plus la vie qui est en vous diminuera. Quand vous
retournerez chez vous, vous devrez admettre que vous avez eu tort.

Un jour, j’ai rencontré un frère qui était dans le besoin. Il était très pauvre et ne pouvait s’attendre à
aucune aide venant d’une institution ou d’une personne quelconque. Aussi ai- je pensé que je devais
sûrement faire quelque chose pour lui. A ce moment précis, je ne vivais pas dans l’abondance ; ainsi,
c’était pour moi un grand sacrifice que de lui venir en aide. J’aurais dû être plein de joie quand je
partageai avec lui l’argent dont j’avais bien besoin, mais c’était tout le contraire. Je ne sentais pas la
vie en moi et une voix en moi me disait : « Tu n’as pas agi dans la vie, tu as simplement agi sur la base
de ta gentillesse

naturelle en répondant à un besoin humain. Dieu n’a pas exigé cela de toi ». Arrivé chez moi, je dus
confesser mon péché et demander pardon au Seigneur.

Nos actes doivent être contrôlés par la vie

Frères et sœurs, laissez-moi vous répéter que toute notre conduite doit être déterminée, non par le
bien et le mal, mais par la vie qui est en nous. Si vous agissez sans vous soucier de l’exigence de cette
vie, même si ce que vous faites est bien, vous vous trouverez face à la réprobation de Dieu. Nous
devons discerner la vie de la mort. Si ce que j’ai entrepris a fait diminuer la vie en moi, même si
l’intention semblait bonne, je dois confesser mon péché devant Dieu et chercher son pardon.

Dans 1 Corinthiens, Paul dit : « Car je ne me sens coupable de rien ; mais ce n ’est pas pour cela que
je suis justifié. Celui qui me juge, c ’est le Seigneur » (4 :4). C’est facile de distinguer le bien du mal,
mais Paul n’était pas gouverné par le bien et le mal. Même quand il ne se sentait pas coupable
d’avoir fait quelque

chose de faux, il n’osait cependant pas affirmer que tout était en ordre en lui. Il confessait que le
Seigneur était son juge. Au tribunal, c’est le Seigneur qui nous jugera, mais sa vie est en nous
maintenant et elle dirige notre chemin. Pour cette raison, Paul dit dans 2 Corinthiens 5 :7 : « Nous
marchons par la foi et non par la vue ». Nous ne prenons pas de décisions sur la base d’un standard
extérieur, légal, mais sur la base d’une vie intérieure. C’est un fait que le Seigneur Jésus-Christ
demeure dans les croyants et qu’il s’exprime constamment en eux ; c’est pourquoi nous devons
devenir sensibles à sa vie et apprendre à discerner ce que sa vie dit. Un grand changement aura lieu
en nous quand notre conduite ne sera plus réglée par le principe du bien et du mal, mais uniquement
par le principe de la vie.

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