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Se trata de un tratado poco conocido que la BNAM les ofrece hoy; figura en los
catálogos como obra de un ocultista conocido en los círculos esotéricos del siglo XIX,
el Sr. Lazare Lenain -1793-1877-, que publicó varias obras que tuvieron cierto éxito en
su época.
Que yo sepa, los Arcanos sólo se publicaron una vez, en 1832. La transcripción que
presentamos hoy procede de un manuscrito de 1831 de un tal Martin, tomado
directamente del original hallado durante la demolición de la Bastilla. No me ha sido
posible comparar la versión impresa con el manuscrito, por lo que les presento este
último sin variación y tal como está, con todas sus imperfecciones, sin haber tratado
de aclarar ciertos giros que a primera vista parecen inconexos o incompletos, y ello
por respeto a su autor, que seguramente lo escribió de prisa, y probablemente
permanecerá anónimo para siempre. Este planteamiento también parece haber sido
respetado por el ciudadano Martin
Athos
EL ARCANO O LOS SECRETOS
DE LA FILOSOFÍA HERMÉTICA
DEVELADOS
CONTENIDOS
Por Lenain
Calcinar in cinerem res ignis quolibet: jude, Junctus aquoe cinis et nobile lexivium Lexivium
bene concoctum sal fiat; al hic sal Si dissolvatuo mox oleusus erit. Hoc oleum arcana si
A cenizas por el fuego, reduce bien la materia, Lava esta ceniza de la forma habitual,
Entonces el fuego forma una sal, que se disuelve y hace un aceite, El arte de
consolidarlo, si conoces sus secretos, Te da como resultado la piedra de lo perfecto.
Pero cree que sin razón, el Arte se vuelve inútil.
AMIENS I83I
PREFACE
L'original de cet ouvrage a été trouvé à la Bastille par une personne qui n'en
faisait aucun cas, et qui ne savait pas en apprécier le mérite, il fut vendu bien au
dessous de sa valeur à un adepte qui par hasard se trouvait sur les lieux.
Les Arcanes ou secrets qu'il contient sont extraits des écrits des Philosophes les
plus célèbres. L'opération du Grand Œuvre se trouve suffisamment expliquée sans
emblème ni énigme, et pour peu que l'on soit initié dans la science d'Hermès, on
obtiendra sans beaucoup de recherche ni beaucoup de travail, les plus grands
résultats.
Il y a bien des choses qui sont regardées comme des vérités qui ne sont que des
fictions, tandis que d'autres qu'on regarde comme des fictions sont de grandes vérités.
Et si les secrets de la philosophie étaient publiés, ils troubleraient l'ordre de la société.
Le sage ne doit rechercher cet art sublime et merveilleux que dans le dessein de
soulager l'humanité souffrante, en guérissant les maladies et en secourant les
nécessiteux. Car celui qui parvient au grand œuvre peut guérir toutes sortes de maux,
prolonger sa vie au-delà du terme ordinaire et acquérir des richesses à l'infini. Il doit
donc se considérer comme l'économe du grand talent que Dieu a daigné lui faire la
grâce de lui accorder, autrement, de l'aveu des sages, il ne parviendra à rien et il lui
arriverait quelque malheur.
LES ARCANES
ou Secrets de la Philosophie hermétique
dévoilés.
CHAPITRE Ier
PREMIER ARCANE
Cependant le reste qui est dans le creuset, semblable au plomb fondu, s'allumera
plus que devant, et quand il s'en sera encore sublimé à la hauteur d'un demi doigt,
vous le retirerez, ainsi que la première fois, et le mettrez avec l'autre. Continuez
jusqu'à ce que tout soit comme j'ai dit, prenant garde chaque fois que vous la retirez
de prendre le métal. Alors vous aurez l'eau sèche, dont les sages ont tant parlé, disant
qu'elle se tire des rayons du soleil, pour sous-entendre que pendant l'opération, la
matière jette une lueur et une lumière claire et éblouissant la vue ainsi que le soleil.
C'est de ce coton dont on tire le sel et l'esprit aurifique de ladite matière, comme
sera dit ci-après, qui peut convertir toutes choses aigril dès la première fois en ce sel
central, ou Mercure philosophique, que l'on a tant cherché. Aussi c'est la raison
pourquoi, les anciens et les modernes ont dit qu'ils se servaient de rosée de mai, d'eau
d'équinoxe, d'esprit de vin, d'esprit d'urine, de sel amoniac et d'esprit de sang. C'est
qu'il n'importe avec quoi l'on tire ce mercure, parce que comme j'ai dit, toutes choses
liquides peuvent servir moyennant cette cendre minérale; voici la raison pourquoi ils
ont dit que leur mercure était partout, le nommant l'esprit universel. Quant à la
cendre qui reste au fond du creuset, c'est la partie fixe d'icelle matière, et c'est ce qui
s'appelle cendre métallique avec laquelle se fixe le salpêtre, et est faite rouge comme il
va être enseigné. C'est ce qui s'appelle faire la rose des philosophes.
DEUXIEME ARCANE
des Philosophes.
Le sel que l'on retire par l'eau commune a des vertus admirables, il volatilise
tout ce qui est fixe, et fixe tout ce qui est volatil; il ôte le venin du sublimé corrosif,
comme l'arsenic et de toutes autres choses dangereuses, étant réduit en eau, ainsi que
vous le verrez ci-après. Il dissout l'or et l'argent, comme l'eau chaude la glace sans
aucun bruit ni corrosion, montant ensemble par l'alambic.
TROISIEME ARCANE
et le grand Alkaest.
Mettez ce sel dans une grande retorte, ou cornue de verre, que vous poserez sur
un petit feu de sable, et tout se fondra comme cire, et commencera à distiller en
vénules comme l'esprit de vin, qui brûle comme celui ordinaire, quoiqu'il soit
insipide. Après quoi il sortira un flegme gras et roussâtre, alors changez de récipient.
Ces liqueurs séparées, toute la matière dedans la cornue commencera à se gonfler à
plus grand feu, moyennant quoi, il s'élèvera un esprit en forme de neige, en grande
quantité apparente, comme de l'épaisseur d'un pouce qui s'attachera aux parois de la
cornue, et qui tombera quelque fois au fond à cause de l'abondance. Et ce qui s'en
échappait malgré le papier qui bouchait le récipient, rendait une si bonne odeur, ainsi
que l'avoue St Bernard de Trève en sa parole délaissée, que cela surpris le sens
comme à lui.
Cette précieuse matière contient sous la blancheur, un soufre rouge comme sang
qui est l'or cru et non mur duquel les Philosophes se servent pour animer et le rendre
teingeant et poudre de projection, comme il sera dit ci-après.
peut-être précipité ?
2 intraduisible.
QUATRIEME ARCANE
Prenez ces cristaux en fleurs blanches qui sont très volatils, et les fixez et
congelez au doux feu. Règle: retisez de coction, et cela tant qu'ils ne se précipitent
plus et qu'ils soient devenu d'un beau rouge pourpre, ce qui s'appelle faire l'occulte
manifeste, pour parvenir à cette opération, qui doit servir de modèle pour rubifier et
fixer tous les sels volatils qui sont la dernière enveloppe de l'esprit séminal du mixte
dont ils sont tirés, et qui sous leur blancheur contient ce soufre rouge vif de couleur
de pourpre et nolétique. Voici comment il faut procédé:
Prenez un matra fort rond, mettez dedans le sel volatil que vous voulez rubifier,
et qu'il n'en occupe que la sixième partie; puis siligez hermétiquement le matra et le
mettez sur le côté au sable doux, et quand il est monté sur un côté, on met le matra
sens dessus dessous, et l'on répète cela autant de fois que ce sel ne se sublime plus, et
qu'il soit devenu fixe, fusible et d'un rouge vif. Alors il est préparé, ou bien on prend
deux cucurbites qui entrent l'une dans l'autre, et après y avoir mis les sels volatils, on
lutte les deux cucurbites l'une à l'autre, avec votre verre fusible, alors on met le
vaisseau au sable et on le tourne à chaque fois que le sel s'élève, et l'on répète ce
travail jusqu'à ce qu'il ne s'élève plus et qu'il soit fixe.
Alors pour tirer la teinture de ce soufre vif, il faut faire une rose, la réduire en sel
par le vinaigre, et tirer de ce sel une liqueur comme on tire l'eau forte par la cornue.
Puis, avec cette eau ou liqueur, tirer la teinture de ce sel, la déflegmer et il en restera
au fond de la cucurbite, une liqueur grasse qui est la matière prochaine des métaux et
des minéraux, en un mot, c'est leur semence prolifique.
Mais si l'on ne veut point faire cette extraction il faut nourrir peu-à-peu ce sel
volatil rubifié avec la liqueur dite ci-dessus, jusqu'à ce qu'il en ait bu au moins dix fois
son poids, ou mieux, qu'il en soit bien rassasié. Alors le tout demeure au froid comme
au chaud dans une huile fixe semblable à celle ci-dessus, pour perfectionner l'une et
l'autre de ces huiles, on les sigèle dans un matra aux trois quart vide, puis on le tient
dix jours au bain marie, et l'on continue ainsi alternativement deux ou trois mois tout
au plus tant mieux, alors on distille le tout par la cornue, et on en sépare exactement
les fèces s'il y en a précipitées. Il en résulte une liqueur permanente que les
philosophes ont appelé Salamandre, ou huile inextingible, et de beaucoup d'autres
noms dont le détail serait trop long.
Effectivement cette huile a des vertus qui surpasse l'imagination; mais si l'on
avait la liqueur Alkaest ci-devant décrite on n'aurait pas besoin de tant tenir au bain
marie, ni en circulation puisque la liqueur Alkaest ferait l'opération sans feu et d'une
seule fois.
CINQUIEME ARCANE
Prenez une ou deux gouttes de la liqueur susdite, et mettez la dans une bouteille
de verre ou de grès, échauffez la peu-à-peu, étant rouge, jetez la dans un grand brasier
ardent, et dans peu de temps, elle se remplira, parce qu'elle attirera le feu, qui est
l'élément le plus pur que nous ayons, une semblable liqueur à elle, et qui lui sera
homogène en tout. Ainsi on ne sera point obligé de recommencer un travail aussi
difficile et aussi long que celui que nous venons d'enseigner.
la Médecine.
On peut sur ce modèle tirer de tous les métaux, les minéraux et les sels, les
soufres narcotiques dont les vertus sont prodigieuses. Mais il faut auparavant réduire
ces corps en vrai sels. Ensuite, on volatilise ce sel pour le traiter comme nous l'avons
dit précédemment, quand aux sels, il est aisé de les volatiliser en se servant pour
agent du mercure commun, qui ne tire d'eux que leurs substances moyennes qui est la
partie volatile et par conséquent la séminale.
Prenez dix parties de cette salamandre et une once d'or minéral très pur, ou à
son défaut, on prépare par l'antimoine, ou autre façon physique. Sigillez le tout dans
un matra scellé hermétiquement puis cuisez le au feu de lampe, tant et si longtemps
que le tout soit réduit en poudre rouge que l'on fermente et multiplie par la
salamandre, tant que l'on juge à propos. Cette poudre est projective et a vertu de
guérir les métaux de leur lèpre c'est-à-dire de les changer en or fin à toute épreuve.
SIXIEME ARCANE
Prenez la chaux, ou tête morte sur laquelle vous avez tiré l'une ou l'autre
salamandre ou liqueur rouge. Exposez les à dissoudre à l'air, à résoudre par
déliquium, purifiez ce qui en reviendra par le bain marie, et par le filtre, puis distillez
par la cornue, comme nous l'avons dit, et mettez ce qui distillera à part, et exposez
toujours la tête à l'air et cela tant de fois que vous le jugerez à propos.
Quand aux eaux du déliquium, il faut les purifier, puis on tire l'esprit selon l'art,
il est mercuriel, subtil, déterminé à la métallique et qui a une grande pénétration.
SEPTIEME ARCANE
*Ce qui prouve facilement que quand on est une fois parvenu à une Arcane (secret)
on trouve des abréviations qui nous empêchent de recommencer un si long et
pénible travail.
Prenez cet esprit mercuriel déterminé à la métallique, tiré par une voie ou
l'autre, imbibez en peu-à-peu de la chaux de zinc, et faites comme ci-dessus, et cela
tant qu'elle ne veuille plus boire, alors exposez la à l'air, elle tombera en délit plus
facilement que le sel de tartre. Tous les esprits insipides et mercuriels tirés du
salpêtre, du sel, du vitriol et du soufre, font le même effet de cette liqueur par
déliquium.
Il y a encore une autre voie pour tirer abondamment cet esprit mercuriel
métallique qui est de mettre cette chaux de zinc, et mieux la tête morte susdite dans
un vaisseau attractif, au lieu de sel de tartre. C'est ce vaisseau attractif que nous
appelons Trine Vaisseau: mais il faut remarquer que le vaisseau soit placé au midi
qu'une fenêtre de la chambre s'ouvre du côté du nord, que le jour soit fort serein et
que le feu qu'il faut faire dessous soit fort léger, et non capable de chasser les esprits;
en un mot c'est un feu de lampe fort doux, et par cette voie on attirera une
prodigieuse quantité de l'esprit mercuriel de l'air presque tout déflegmé et déterminé
à la métallique. Cette chaux lui servant d'aimant et de spécification. Cet esprit
mercuriel agit parfaitement bien pour la mobifixation et génération métallique et
pour faire la même opération dont il est parlé ci-dessous.
HUITIEME ARCANE
Soleil ou de la Lune pour former avec eux qu'un sel alkali que
Prenez de la chaux de zinc, faites en sorte qu'elle soit bien légère et bien blanche
dissolvez la dans un bon vinaigre d'Orléans, fermentez et distillez avec de la roquette
et du gingembre, afin de le rendre plus huileux et très piquant. Dissolvez deux ou
trois livres de ce coton de zinc, dont il est parlé dans le chapitre premier, dans ce
vinaigre, quoique toute sorte d'acide soit bon, assemblez les extractions qui seront
douceâtres et les purifiez par le bain marie dans des cucurbites de grès, jusqu'à
réduction d'huile ou de gomme, que vous mettrez chaudement dans une cucurbite de
verre distillant ensuite au sable gradué fort doux, à cause du gonflement, tant qu'il ne
sorte plus de liqueur. Alors il s'élèvera comme une neige dans la cornue qui
s'attachera comme un sel volatil aux parois du vaisseau.
C'est cette matière que les philosophes ont appelé leur sel armoniac, leur talc, le
cœur de Saturne et leur cinabre. Faites en sorte d'avoir une livre de cette matière.
Quant aux fèces qui restent au fond de la cornue après l'extraction du vinaigre, on les
réverbère et on procède à une nouvelle extraction avec du vinaigre comme il est dit
cidessus, puis on met le tout dans une cornue pour distiller jusqu'à réduction de miel
sur lequel on ajoute la liqueur qui est dans le récipient et qui se trouve avoir une
odeur de camphre. La moitié de la chaux de zinc se réduit presque en cette précieuse
neige, ou mercure physique, parce qu'elle est l'eau sèche, l'humide radical métallique,
l'or vif cru et non mur. Réservez le pour l'opération suivante.
Prenez ensuite une livre de chaux de zinc blanche et légère, avec deux parties de
salpêtre fin, et faites avec cette composition, la rose des philosophes, de laquelle nous
avons parlé; faites en sorte qu'elle soit de couleur de pourpre entourée de quelques
rayes vertes et qui forment comme une étoile que l'on appelle Rose physique, ou
salpêtre rouge. Faites résoudre à la cave sur un verre, et vous aurez une gomme rouge
que vous purifierez par le bain marie et par le filtre, puis vous la dessècherez
doucement au bain marie jusqu'à ce qu'elle soit sèche (sic), puis vous la réduirez en
poudre et en mettrez deux parties contre une de * la neige susdite, et tiendrez le tout
dans un matra à feu réglé, jusqu'à ce que tout soit bien rouge et bien fixé.
Notez que l'eau qui est passée à travers ce filtre, étant évaporée lentement,
donne un sel blanc qui est insipide et qui est Alcali.
Le vinaigre qui a enlevé la teinture étant évaporé à sec, laisse une matière noire
qui étant calcinée donne par lexivation un sel très aigre bien différent de l'autre. Mais
si au lieu de traiter ainsi le vinaigre, ce sel nitre rouge composé des deux extractions
de zinc et de salpêtre rouge résout à la cave, vous les mettez dans une cucurbite haute,
et que vous versiez peu-à-peu, par dessus, de l'huile de vitriol bien rectifié et bien
séparé de ses terres, tant que la matière ne gonfle plus et ne fasse plus d'ébullition.
Mettez ensuite cette mixtion dans une cornue, et distillez au sable réglé très fort sur la
fin, tirez tout ce qui pourra passer, et au fond du vase restera un sel blanc très fusible,
qui est le vrai sel Enixe.
Pour opérer par ce sel Enixe, fondez de l'or qui a passé par l'antimoine (une
once) mettez y peu-à-peu sept onces de ce sel fusible, et tenez le tout quatre ou cinq
heures en fusion, le remuant de temps en temps, puis versez dans un mortier chaud,
et portez le à la cave, où presque tout se résoudra en eau que l'on filtre, et ce qui reste
en arrière ou réside sur le verre et sur le filtre, est une chaux métallique désanimée
qui refondue avec le régule de Mars ou de Vénus* donne encore un peu d'or.
* Tartre ici est suivi de son sym. Une croix sur laquelle est posé un carré avec un point central.
* Les deux astres ici sont devancés de leur sym. astrologique. Idem pour les autres planètes marquées d'un
astérisque.
qui est l'esprit de l'or que l'on joint avec le cœur de saturne* puis on cuit le tout dans
un œuf jusqu'à réduction de poudre qui est de projection.
L'on peut avec le sel Enixe, extraire l'esprit de tout les métaux connus. L'on a
extrait celui de l'or*. On en tire aussi toutes les teintures, comme nous le dirons
ciaprès.
Notez que c'est ce sel, ou plutôt cette précieuse Neige, qui est le vrai sel enixe,
dont nous aurons encore occasion de parler, qui est le plus précieux cent fois, que l'or
le plus fin, puisqu'il contient l'esprit métallique aurifiant dans une grande pureté qui
ne demande qu'à ce coaguler avec l'or, afin de le fixer lui-même et de l'exalter.
NEUVIEME ARCANE
Saturne*.
Prenez trois onces d'or très pur et le fondez dans un creuset, puis projetez y
peuà-peu une once de cœur de saturne, ou encore mieux, prenez trois onces d'or très
pur revêtu de son manteau de pourpre, comme l'or de cassius, et triturez dans un
mortier de verre avec une once de cœur de saturne, puis mettez le tout dans un matra
sigillé et cuit pendant un mois. Broyez le en poudre, et mettez la mixtion susdite avec
une once de cœur de saturne, et faites comme ci dessus, répétez cette opération
quatre ou cinq fois, le plus est le mieux. Projetez ensuite cette poudre sur de l'or en
fusion, un poids sur cinq d'or, c'est-à-dire une partie de poudre sur cinq parties d'or,
et tout se réduira en poudre de projection que l'on met sur le mercure, ou sur le
jupiter étain pour aller au dégénérant, comme nous l'avons enseigné ci-devant et l'on
a un or à toute épreuve.
DIXIEME ARCANE
Quant à l'eau lorsqu'elle est évaporée, elle donne un sel blanc alkali et insipide
que les philosophes ont appelé vitriol*, parce qu'il est un vrai sel énixe qui a autant de
vertu que celui dont nous avons parlé précédemment.
Comme il s'agit de conserver à l'or sa forme et son espèce, selon les préceptes de
ceux qui ont possédés le Magistère, ou l'opération hermétique, il n'est pas nécessaire
de détruire l'or pour en séparer les principes afin de les avoir pur pour les rejoindre
ensuite, et en faire une poudre exaltée et très pure, mais il faut seulement imiter les
doreurs, qui par divers moyens, étendent l'or à l'infini, et font qu'une petite quantité
et un petit volume couvre une très grande masse. C'est là l'opération que fait le
Physicien dans le Magistère, au lieu que celle du doreur n'est que superficielle et que
celle des enfants d'Hermès est centrale et a ingré dans les plus petites parties des
métaux pour les ouvrir et leur donner les perfections de l'or minéral et toutes ses
propriétés.
C'est ce qui a fait dire à quelqu'un que la Pierre n'était qu'un sophisme, quoique
sa production en l'or que l'on fait par son moyen, soit plus haut en carat que le
minéral le plus pur, c'est ce qui fait que notre cœur de saturne qui n'est autre chose
qu'un salpêtre fixe, est amené par l'art, à la dignité métallique, c'est-à-dire, chargé des
parties soufreuses du zinc jointe au salpêtre, étant sec ou par projection dans l'or,
s'étendant sans lui faire changer de forme, il se réduit avec lui en une poudre très
subtile qui conserve son espèce que l'on a appelé Or vif ou ferment physique parce
Prenez deux livres de chaux de zinc faite selon l'art, une livre de soufre minéral
ou en canon, triturez bien le tout ensemble et passez le par un tamis fin, mettez le tout
dans un pot plat, et le tenez à un feu de suppression pendant huit à dix heures, puis
mettez le au feu de roue pendant quatre ou cinq heures, le faisant un peu rougir
pendant la dernière heure. Cassez ensuite le pot et séparez les deux matières qui s'y
trouvent, c'est-à-dire la blanche et la rouge. Lessivez la matière blanche, et vous en
extrairez une liqueur d'un jaune foncé que vous filtrerez très pur puis la distillerez
dans une cornue au sable, et il passera une liqueur claire et sans odeur que vous
exposerez au froid en hiver, et à la glace en été, et il se précipitera au fond une poudre
rouge comme sang que vous séparerez de l'eau surnageant et la sècherez proprement,
et au fond de la cornue il restera une matière noire qui est comme miel que l'on
expose quelques temps à l'air, c'est-à-dire trois ou quatre mois * ensuite on le lave et
on trouve du mercure courant presque pareil au commun, quoi que plus facile à
résoudre et à réduire parce qu'étant sublimé avec la poudre rouge, il s'en fait un
cinabre physique très lucratif.
Alors prenez cette matière quant-elle ne voudra plus attirer de salpêtre aérien,
fondez la dans un pot de grès, ne donnant que suffisamment de feu, pour tenir le tout
en fusion, on continue le feu pendant une heure, tant que le tout soit devenu d'un
* ici un carré marqué d'un point en son centre.
beau rouge pourpre, comme a la rose des Philosophes. Portez le tout à la cave sur un
verre et il s'en formera une gomme rouge que l'on traite comme la rose de
Philosophes, et on en tire les mêmes opérations.
Notez que les mêmes préparations qui se peuvent faire sur la matière rouge, se
peuvent faire également sur la blanche, mais pour que les opérations réussissent, il
faut que la chaux de zinc ne soit point éventée, mais toute fraîche faite, afin d'avoir
beaucoup d'action sur le soufre.
Notez de plus que l'esprit métallique tiré de la gomme rouge faite avec le
vinaigre et la première masse rouge dont il est parlé plus haut ou la première poudre
rouge qui s'est précipitée après la distillation de la lessive de la masse blanche, et
forme avec elle une essence qui n'a pas son pareil, tant pour la médecine, que pour la
métallique (sic). Dans le travail du Magistère, on se sert préférablement de la Chaux
de Zinc à toutes les chaux métalliques, parce qu'elle est la plus sèche et que le feu
ayant agit dessus, elle se trouve la plus privée d'humidité, c'est pourquoi elle a tant
d'activité à en reprendre d'autre pure ou impure. Cette humidité tirée des acides et
surtout du salpêtre, sert par succession de temps à attirer un sel volatil et un sel énixe
de sa terre qui est la chaux susdite, ou elle a acquit toute les qualités métalliques. C'est
pourquoi elle produit tant de merveilleux effets, c'est-à-dire qu'elle donne à l'or ce
qu'il n'a pas augmentant et étendant son soufre teingeant. Elle sépare des imparfaits
ce qui nuit pour les approcher de la dignité métallique et de la dignité royale, joignant
le métal avec le métal, on pousse ce mélange de la chaux et du salpêtre jusqu'à
rougeur afin que cette matière acquière plus de la nature du feu que l'on gradue et
pousse peu-à-peu, afin de ne pas chasser tout d'un coup l'Esprit central nitreux qui
dans cette chaux doit acquérir la nature métallique, et c'est dans cette rougeur que ce
qui était occulte est manifesté, c'est-à-dire que la partie intérieure et centrale est au
dehors et parait. Le salpêtre s'étant cuit avec la chaux de zinc qui est une terre pure et
métallique, ils deviennent pour lors un humide radical métallique qui étant sublimé
en sel volatil régénère l'or, le faisant de mort vif, le seigneur d'une telle façon, qu'une
petite quantité de cet or vif peut embraser et aurifier beaucoup de métal sur lequel on
projette. C'est pourquoi on appelle cet or vif teinture. C'est cet esprit nitreux
déterminé à la métallique qui est l'agent dont l'Artiste se sert pour faire sortir le
soufre de l'or, car sans lui il n'y a point de poudre solaire. C'est ce qui a fait dire que
dans le mercure qui est la substance dont nous parlons, est enfermé tout ce que les
inquisiteurs de la science cherchent.
Le salpêtre est une eau congelée qui renferme un esprit très mobile, c'est
pourquoi on se sert de lui pour agent afin de défendre le soufre de l'or, cependant
sans le faire sortir de la latitude métallique, mais il faut remarquer que le salpêtre
n'acquière pas cette qualité qu'il ne soit alkalisé et déterminé à la métallique. C'est ce
qui fait que par la chaux de zinc et par le feu, ces deux matières lui communiquent
toute leur vertu, ce feu vulgaire réveillant le feu central du salpêtre, c'est pourquoi ce
sel préparé, rendu sel énixe, à la vertu de dessécher l'or ou l'argent sur lesquels on le
projette de façon qu'ils se réduiront en poudre ou chaux qui a la vertu d'attirer à elle
l'humide radicale, ou la partie mercurielle des imparfaits afin de l'aurifier et de lui
donner toutes les qualités requises à l'or minéral. Ainsi le sel énixe n'est autre chose
qu'un feu minéral concentré très actif, ou plutôt la partie pure et aurifiante du zinc
jointe et unie à la partie agente du salpêtre formant une matière pure mais crue que
l'on appelle mercure physique, et que l'on doit cuire jusqu'à ce qu'elle ne change plus
de couleur et qu'elle soit d'un beau rouge fixe. C'est ce que nous appelons sel énixe,
lequel doit-être joint au mercure cuit de l'or, afin que l'union des deux matières puisse
former une fixe teingeante et aurifiante qui se rend fusible par l'interration de l'esprit
souffreux de sa nature.
Dans cette opération on donne au zinc ce qui lui manque et l'on ôte au salpêtre
ce qui lui nuit, et du mélange de ces deux matières se forme une substance que l'on
nomme sel énixe, qui fixe et jointe à l'or est cent fois plus précieux que l'or minéral,
parce qu'il contient l'esprit aurifique dans une grande pureté; car s'il n'était pas plus
parfait que l'or, il ne pourrait pas purifier les imparfaits. Ce sel énixe est joint à
l'esprit de Saturne, ou plutôt l'un et l'autre ne forment qu'un seul sel. C'est alors que
l'on aura le moyen de joindre la lune au soleil de manière que ces deux corps n'en
forment plus qu'un seul qui sera l'or vrai. Si le mercure est joint à ce sel énixe, on
unira le Jupiter étain à l'or de sorte qu'ils seront or pur, si ce sel est joint à Mars, on
unira Vénus à l'or, il en résultera un or parfait.
Ainsi la première opération que l'on fait sur le zinc est de le réduire en chaux, et
cette chaux en sel ou gomme qui renferme des fleurs talqueuses ou agent physique. Le
deuxième travail est de tirer un esprit mercuriel de la chaux de zinc par le moyen du
salpêtre, c'est-à-dire de la rose physique. Cet esprit et sec et sous la forme d'un sel
talqueux qui a une tel sympathie pour l'or, qu'il ne s'en sépare jamais. Ce sel s'attache
à la partie soufreuse de l'or, parce que lui même est un sel soufreux et minéral qui est
totalement fixé par celui-ci, tandis que l'autre est dilaté par celui-là.
DOUZIEME ARCANE
Prenez une livre de zinc minéral qui n'ait jamais été fondu, cassez le par petits
morceaux, ayez ensuite quatre livres de salpêtre de la troisième cuite, ou mieux
encore de houssage pur, si l'on peut en avoir. L'un ou l'autre ce ces salpêtres est
appelé par les Philosophes, leur eau sèche hermaphrodite. Mettez votre salpêtre dans
une cornue tubulée de grès ou de verre, qui soit bien lutée, chauffez la peu-à-peu,
jusqu'à ce que le sel soit fondu et liquide et que l'écume qui vient dessus soit
totalement disparue, en un mot qu'il soit bien liquide, ce qui s'opère en deux heures
environ, au réverbère clos à un feu gradué.
Votre salpêtre étant ainsi fondu bien liquide, ayant exactement luté un grand
récipient ou ballon au col de la cornue, jetez par la tubule de cette cornue un très petit
morceau de zinc ci-devant concassé. Si votre salpêtre est dans l'état qu'il doit être, il
fulminera comme si on jetait du charbon, et fera une détonation avec bruit, il passera
quelques étincelles dans le récipient avec une fumée blanche. S'il se fait aucune action
augmentez le feu par degré, tant que la détonation ce fasse. Projetez toujours peu-
àpeu de votre zinc par la tubule de la cornue, jusqu'à ce que vous ayez projeté le tout
observant de n'en projeter un morceau qu'après que le premier a fait son effet,
autrement on est en danger de ne pas réussir dans cette opération qui exige beaucoup
d'adresse et de précaution.
Cette opération est la même que celle pour la Rose des Philosophes, toute la
différence qu'il y a, c'est que par ce tour de main, on retient un esprit mercuriel, doux,
insipide et qui passe en vapeur dans le récipient qui se condense en une liqueur
épaisse, douce, lourde et jaunâtre dont nous donnerons les usages ci-après.
C'est un esprit semblable à celui que l'on tire en faisant les fleurs du zinc par les
ludes*. Tout votre zinc étant projeté, l'ébullition passée, et les vapeurs blanches du
ballon épaissies, augmentez le feu peu-à-peu et tenez la cornue bien embrasée au
moins pendant douze heures, comme pour faire l'huile de vitriol, le plus est toujours
le mieux. Laissez alors refroidir la cornue, retirez ce qui sera en masse dedans, et le
portez à la cave pour tomber en délit, en gomme rouge. Tirez ensuite de cette gomme
rouge toute la teinture par l'esprit de vin, que vous mettrez à part pour l'usage
ciaprès, et au fond il restera un salpêtre fixe que vous dissoudrez en eau deux ou trois
fois afin de bien purifier, ensuite vous le cristalliserez, il deviendra diaphane et
transparent comme un cristal. Il faut ensuite le résoudre et le coaguler plusieurs fois
*?
avec de l'eau de vie, pour lui ôter le goût et l'odeur l'exicivial qu'il a et qui est aussi fort
que du tartre, et quant il est ainsi préparé on l'appelle sel stomachique. Voyez l'article
ci-devant du salpêtre.
Notez que quand on purifie le dit sel il reste une tête morte qui est une terre ou
chaux de zinc qui se précipite et qui étant bien édulcorée peut-être employée à toute
sorte d'onguent ou l'on met de la céruse de saturne, parce que cette chaux est une
céruse de zinc qui a cent fois plus de vertu que celle de saturne. On peut aussi tirer
d'elle, un sel métallique blanc, doux et talqueux qui ne peut plus jamais se revivifier
en métal, et ce par quelques uns de nos vinaigres des montagnes, comme les aigres
des salpêtres, du sel, du vitriol et du soufre séparé de leur huile fixe par la chaux de
zinc, qui est une véritable concentration (sic).
Prenez ensuite tous les esprits du vin teint, et purifiez les au bain marie et par le
filtre, puis distillez par le flegme recohobé l'esprit de vin, digérez quelques jours au
bain marie, puis distillez. Recohobez et distillez quatre ou cinq fois, plus s'il est
nécessaire jusqu'à ce que l'esprit ressorte aussi flammable que vous l'y avait mis.
Alors séparez exactement le sédiment de cette teinture s'il s'en est déposé quelque
peu, puis distillez au doux bain marie jusqu'à sec dans une cucurbite de verre, au fond
de laquelle restera le soufre de zinc météorisé et animé par le soufre balsamique et
vitriol du salpêtre, que les Philosophes appellent soufre balsamique (sic).
Le soufre rouge et talqueux se donne en très petite dose, depuis cinq grains
jusqu'à dix, dans quelque liqueur que ce soit, il emporte toute sorte de fièvre et guérit
quelque fois en moins de deux heures, avec une seule prise, surtout si auparavant on
fait agir les remèdes généraux.
Tous les sels métalliques bien purs et tous les soufres météorisés, c'est-à-dire
bien exaltés et réduits au degré de pureté voulu, de même que tout les sels, corps ou
concrétions pures qui se forment par la jonction des deux liqueurs qui ont action l'une
sur l'autre et qui forment des corps neutres, doivent être rassasiés d'esprit de vin sec,
c'est-à-dire pur, puis distillé à la cornue comme vitriol ordinaire, alors il donne un
esprit doux, flammable, vénuleux et vert, qui est d'une subtilité infinie, et une huile
jaune et lourde comme le mercure, grasse et d'odeur de camphre, qui sont de
puissants agents presque généraux, qui ne le cèdent guère au grand Alkaest. On peut
même avec eux parvenir à diverses opérations particulières très lucratives, comme
nous le disons ci-après, mais surtout pour faire une essence parfaite qui peut à bon
droit être appelé or potable, puisqu'elle est la plus pure et la plus homogène qui soit
dans les mixtes.
Voyez ce qui est dit du sel stomachique de Potériul. Si on distille l'huile d'odeur
de camphre l'esprit vénuleux, il reste une tête de mort, sur laquelle on doit recohober
plusieurs fois et distiller au doux bain marie l'esprit vénuleux qui par ce moyen se
déflegme totalement et devient d'un doux sucré, d'une odeur très suave et d'une
grande activité.
TREIZIEME ARCANE
Prenez de la chaux de zinc faite par la cornue tubulée, et non par l'autre façon.
Mettez là dans un matra, versez dessus deux doigts de la liqueur jaune qui à passé
dans le récipient, quand on a fait la dite fleur, puis digérez quelque jours, ensuite
distillez et rectifiez trois fois en déflegmant exactement chaque fois. Réservez cette
précieuse liqueur à part, elle est un mercure simple.
Prenez la tête morte sur laquelle vous avez rectifié cette liqueur, et la mettez
résoudre à la cave par déliquium. Traitez ce déliquium comme a été dit au premier
arcane pour la réduction de la chaux de zinc en sel. Par la distillation vous obtiendrez
une liqueur subtile semblable à la première, c'est-à-dire un esprit universel simple,
lequel rectifié sur la chaux de zinc, le rend comme la première liqueur jaune dont
nous avons parlé, et devient une masse aimantine qui attire l'esprit de l'air déterminé
et spécifié à la métallique, et cela à l'infini; car il ne s'agit que d'avoir un peu de cette
précieuse liqueur et beaucoup de chaux de zinc, faites l'une par l'autre des deux voies,
ou par l'aludel. L'une ou l'autre des deux manières de faire une masse aimantine,
donne dans le travail un sel alkali de la même propriété et vertu, que ceux indiqués
cidevant. Ce sel alkali étant purifié et nourri par la liqueur spirituelle, que nous avons
appelé mercure simple, et cela jusqu'à ce qu'il soit fusible comme cire, réduit ensuite
en liqueur devient le mercure double. Si on le sublime au lieu de le réduire en liqueur,
on obtient l'amoniac physique blanc, qui étant cuit devient rouge. Et cette rougeur
étant extraite par le mercure simple, elle se joint intimement à lui, alors il en résulte
une liqueur huileuse et souffreuse qui est une véritable salamandre comme celle dont
il est parlé plus haut; si elle est traitée de même, elle devient une liqueur homogène
qui est le soufre vif du zinc, son soufre narcotique ou or vif philosophique sans lequel
l'œuvre ne peut être faite.
Par ces tours de main en opérations diverses il est faute de voir qu'on va à la
perfection par plusieurs chemin, soit en séparant les principes qui tombent sous nos
sens pour les purifier séparément, soit pour en former un corps spirituel pur, en
séparant de lui tout ce qui est impur, afin d'avoir un esprit purifié au suprême degré
d'exaltation.
QUATORZIEME ARCANE
Ce sel rendu fusible par la réitère à fusion, ou pour mieux dire, par l'effusion
réitéré du mercure simple, à la propriété d'adoucir, comme ceux dont on a déjà parlé,
les plus grands corrosifs, et cela dans le moment. Il précipite l'or et l'argent qui se
trouvent dans tout les métaux imparfaits; enfin tout les minéraux et pierres selon leur
catégorie, quelque mêlés et fondus qu'ils soient ensemble sans rien diminuer de la
qualité des uns et des autres. Il précipite lit par lit les différents métaux qui se
trouvent dans la même mine, les métallise et leur donne le principe phlogistique. Il
revivifie toutes les chaux métalliques, quelque travaillées et désanimées qu'elles
soient; il départi à sec l'or d'avec l'argent, en précipitant le premier en bas, pourvu
qu'on ait des creusets fait en conne. Alors pour faire la séparation totale, il s'agit que
de tremper dans l'eau forte le lingot du conne, et l'on le coupera avec la lime, et par
cette voie on fera la séparation de ces deux métaux parfaits.
QUINZIEME ARCANE
Mettez dans une cucurbite bien lutée deux onces de salpêtre rouge de l'Arcane
de la Rose des Philosophes, sur lequel vous verserez goutte à goutte six onces de
bonne huile de vitriol, qui fera grande ébullition, après lesquelles tout se mettra en
eau, laquelle étant distillée jusqu'à la dernière goutte, laisse un sel fusible comme cire,
qui au fond devient dur et blanc dont l'usage est enseigné ci-devant, et le sera ciaprès.
SEIZIEME ARCANE
Faites fondre dans l'huile métallique odorante l'esprit mercuriel et volatil du sel
que vous avez tiré par le vinaigre en précieuse neige blanche. C'est-à-dire, autant
qu'elle en pourra dissoudre, et vous aurez le double mercure que vous ferez fermenter
avec la gomme de l'or, comme il va être enseigné ci-après.
DIXSEPTIEME ARCANE
Prenez une once d'or fin, faites le fondre dans un creuset, puis jetez y peu-à-peu
deux gros de salpêtre rouge en remuant continuellement, tant que le tout soit bien
fondu et incorporé, alors tirez le creuset du feu, et l'opération est faite. C'est ce qu'on
appelle assujettir le soufre au métal, et réduire le métal en première matière, sans
qu'il perde son état, ni l'éclat métallique.
On appelle cet or ainsi préparé, or vif, ou animé. Cela fait réduisez cet or en
limaille subtile puis prenez quatre onces de sel énixe, indiqué ci-devant, que vous
ferez fondre dans un creuset d'Allemagne, étant en fusion, jetez y peu-à-peu votre or
limé, remuant continuellement pendant une heure, ou environ, après quoi vous
verrez que ce sel énixe aura englouti l'or. Mais étant exposé à l'air, le tout se résoudra
en gomme ou huile métallique, et c'est cette matière huileuse que l'on met avec cette
poudre solaire, ou or subtilisé et vif, lequel étant fondu avec cette matière huileuse, on
trouve un culot d'or qui a toute la forme du minéral, mais si exalté, à un carat si haut,
qu'il passe de plus de mille fois le commun, comme nous l'avons déjà dit. On peut
également se servir de l'or cuit avec le cœur de saturne pendant quatre ou cinq mois,
et même un mois. Cependant plus l'or sera cuit, plus haut il sera en carat.
DIXHUITIEME ARCANE
Prenez de la chaux de zinc faite par l'une ou l'autre manière, passez au tamis de
soie une livre de salpêtre fin et bien séparé de son sel commun deux livres. Broyez le
tout exactement ensemble, puis mettez le dans un creuset plat avec son couvert.
Faites un feu gradué très doux pendant douze heures, remuant de temps en temps la
matière, sans lui permettre de fondre, seulement comme si l'on calcinait l'antimoine
pour le réduire en verre. Les douze heures étant passées et le feu ayant toujours été en
augmentant, retirez le creuset et pillez la matière en poudre impalpable, puis mettez
la dans un bon creuset plat vitrifié, qui soit bien rouge et bien enflammé, le tout pour
fulminer la matière, comme on fait pour le régule ordinaire. Donnez très bon feu à la
matière afin de la faire fondre, remuez de temps en temps avec une cuillère de fer,
que vous aurez grand soin de retirer promptement pour qu'elle ne fonde pas. S'il
arrive que votre matière ne fulmine point, projetez y de temps en temps du charbon
léger ou braises, celui de saule est le meilleur, tout comme pour faire le sel
stomachique de Sotérius ou pour fixer le salpêtre par le charbon. Toute votre mixion
étant jetée, et l'ayant bien fulminée et remuée, tenez la en fonte tant qu'il paraisse sur
la superficie de votre creuset comme une rose avec ses feuilles. Aussitôt que ce signe
vous apparaitra, tirez le creuset du feu et versez la matière fondue, soit dans la
bassine nette et chaude, ou sur la plaque de .......(?) faite exprès, elle doit être bien polie
et chauffée, comme pour faire le verre d'antimoine, pilez en poudre votre matière
toute chaude, et mettez la sur un verre résoudre à la cave, vous l'y tiendrez assez
longtemps pour qu'elle soit presque toute réduite en gomme rouge, prenez cette
gomme qui contient le soufre aurifique du zinc, mettez la dans une cucurbite de verre,
avec un vaisseau de rencontre, joignez-y la tête morte qui a donné la gomme, digérez
le tout au bain marie pendant dix jours, puis distillez toute la liqueur qui a passé au
bain marie. Exposez la tête morte à la cave puis résolvez la comme il est dit plus haut
et digérez la au bain marie. Répétez cela autant de fois que mettant ce déliquium dans
une cornue il passe rouge. Amassez toutes les eaux que vous avez retirées du
déliquium, pour en tirer un bon esprit mercuriel, comme il a été dit en son lieu. Votre
gomme étant en cet état, mettez par la cornue tout ce qui passera de rouge sur le
dixième de son poids de tête morte de dessus laquelle elle est sortie, ou pour le mieux
tirer en sel alkali recohobez dessus la dite liqueur, reversez à part la liqueur rouge,
qui doit avoir été bien déflegmée à chaque recohobation, pour l'usage ci-après. Tirez
ensuite tout le sel de toutes les têtes mortes, purifiez les selon l'art, puis mettez les
dans un matra et les nourrissez peu-à-peu avec la liqueur rouge dont nous avons
parlé, résolvez, et cela tant de fois qu'il devienne fusible comme cire, alors réduisez le
en liqueur au bain marie et au sable, puis distillez jusqu'à ce qu'il soit en parfaite
pureté, et vous aurez pour résultat un dissolvant qui n'a pas de pareil.
DIXNEUVIEME ARCANE
Prenez donc l'une ou l'autre de ces liqueurs que vous voulez dulcifier, préparez
les comme nous l'avons dit précédemment, une livre et quatre onces de la rose,
digérez le tout au sable modéré pendant dix jours, déflegmez puis distillez à feu nu
par gradation selon l'art et votre liqueur ressortira en vapeur. Il sortira trois quart de
flegme et seulement un quart de liqueur, qui est une véritable huile ou essence.
Recohobez la une deuxième et troisième fois sur la tête morte et elle ressortira sans
nulle corrosion, mais douce quoique très active et pénétrante. Tous sels corrosifs
dulcifiés par ce moyen, se réduisent en une liqueur fixe qui est le seul agent qui puisse
dissoudre radicalement les soufres, tant métalliques que minéraux et les réduire en
une essence parfaite d'une grande vertu tant pour la santé que pour les métalliques.
VINGTIEME ARCANE
Réduction de ces liqueurs huileuses et soufreuses
en Essences parfaites.
Prenez le sel alkali tiré de la même matière qui a fourni la matière huileuse, qui
soit bien purifié selon l'art. Mettez le dans un matra, et l'imbibez peu-à-peu avec cette
matière huileuse, desséchant exactement à chacun nutrition. Répétez ce travail tant
qu'il soit fusible, et totalement rassasié. Alors réduisez le au bain marie et au sable, en
liqueur, que vous purifierez par la réitéré cohobation, la séparant exactement de son
flegme. Jamais on ne peut réduire les sels résous, ou liqueurs salines en essences
parfaites, c'est-à-dire pénétrantes et dissolvantes. Les essences fixes ont des
puissances infinies sur la métallique.
Les vinaigres des Montagnes se font de deux manières, soit avec les esprits, soit
avec les huiles. Nous appelons esprit, la première liqueur soufreuse qui sort par la
distillation, immédiatement après le flegme. Ces esprits sortent en vapeurs assez sales
des trois sels minéraux qui sont le salpêtre, le sel de vitriol et le soufre, ainsi que
toutes marcassites qui donnent par la distillation un esprit soufreux et qui peuvent
être mis de ce nombre; aussi sont-ils les vrais dissolvants du règne minéral et
métallique. L'esprit du tartre est l'esprit universel par quelque voie que ce soit avec
tous les autres végétaux qui donnent des esprits acides. Ils sont aussi les vrais
dissolvants et les distracteurs (?) des teintures végétales. Ils rendent fixe l'esprit acide
tiré du sang du microcosme, de l'urine et du crâne. D'autres aussi sont de ce nombre,
et sont aussi les vrais menstrues du règne animal. Aucun d'eux ne saute d'un règne à
l'autre, excepté le tartre l'urine et le mae (?) ,qui ont puissance sur les trois règnes, et
avec lesquels on peut facilement composer le feu d'enfer.
Quant aux huiles nous entendons les liqueurs les plus acides et les plus fixes des
trois règnes qui sont huileuses et colorées, elles viennent les dernières par la
distillation, aussi sont-elles les plus caustiques, elles passent en nuage ou flocon, et ne
sortent qu'à la violence du feu. Ces nuages ou flocons sont de différentes couleurs
selon la matière et des endroits qu'elles sortent. Enfin, ce que nous appelons huile est
la liqueur qui reste au fond de la cucurbite quant on en a tiré par le sable l'esprit
soufreux dans le minéral. L'huile de salpêtre est jaunâtre, et ne laisse pas que de
retenir beaucoup d'odeur.
L'esprit soufreux se distille en vapeur rouge. Celui du sel commun est jaune,
ambré, couleur de paille, il a peu d'odeur et est d'une grande âcreté. Celui du vitriol,
du soufre et de tout les semi-minéraux sont très rouge, ont différente odeur, ils
passent en fumée blanche, ou flocon semblable à de petits pétales, elles sont acides.
Dans le règne végétal on distingue l'huile de tartre, elle est d'un jaune doré fort fétide.
Toutes celles des plantes sont de la même couleur et sentent beaucoup l'empyreume,
elles passent en fumée blanche avec bruit et détonation. Celles des animaux sont d'un
jaune doré et foncé mais fort fades comme celle de l'urine et du mae, c'est d'elles dont
on a tiré le phosphore.
Toutes ces liqueurs ou huiles ne doivent point être bourbeuses ni épaisses, mais
elles doivent être purifiées selon l'art, c'est-à-dire recohobées sur un huitième de leur
poids de leur tête morte ou sel fixe. Ou bien on prend du sel d'antimoine ou de
saturne sans addition, l'un ou l'autre en poudre impalpable une livre et deux livres de
salpêtre et autre dont il a été ci-devant parlé. On distille au feu de réverbère, et à la
première distillation on a une belle huile pure, claire, simple et rouge, si elle est de
vitriol, de soufre ou d'autre minéraux. Outre ces huiles ou liqueurs acides simples, il y
en a encore des composés de beurre d'antimoine de différentes préparations et autres
liqueurs de différentes natures, qui toutes peuvent servir à faire le vinaigre des
montagnes. Voici la manière de le composer:
Avec l'esprit ci-devant spécifié prenez quatre onces de chaux de zinc préparé par
l'une ou l'autre manipulation, mettez les dans le vaisseau concentratoire, si la
cucurbite est d'un pied avec l'entonnoir à longue queue, cela sera mieux, versez peuà-
peu une livre d'esprit, sur chaque fois quatre onces de zinc, toute l'ébullition, s'il s'en
fait, étant passée, mettez toute la liqueur dans une cornue, et retirez le tiers ou le
quart de la liqueur en tant qu'il passe une liqueur acide semblable au vinaigre de vin.
Recevez cette liqueur à part, c'est notre vinaigre des montagnes, pour l'extraction de
tout les métaux et minéraux sans nul autre préparation.
La deuxième façon de faire le vinaigre des montagnes par les huiles est celle-ci.
On prend l'une ou l'autre des huiles dont il a été parlé plus haut, étant bien épurées
on les concentre peu-à-peu sur la chaux de zinc à cause de l'horrible effervescence. On
rectifie et on retire les huiles à force de feu dedans cette chaux, et la liqueur étant
distillée une seule fois, on l'affaiblit avec son propre flegme, qui soit bien pur, tant que
le goût ressemble parfaitement au vinaigre de vin, et on s'en sert comme du premier.
Les vinaigres ainsi préparés se coagulent sur les chaux métalliques et forment avec
elles une gomme qui desséchée devient un sel doux comme le saturne en sel, et cela
de tout les métaux et minéraux.
Tous les sels métalliques préparés par le vinaigre des montagnes, ne peuvent
plus se réduire en corps, mais en les distillant, ils donnent un esprit flammable et qui
passe en vénule comme l'esprit de vin d'une belle couleur soufreuse. Celui qui en
voudra voir d'avantage, peut lire l'opération suivie des enfants saturniens.
Il faut remarquer que pour faire les concentrations, on se sert d'un ballon à trois
pointes. On déflegme beaucoup plus facilement, et l'opération est bien plus courte.
On trouve l'huile dans le petit récipient, et l'esprit qui est très subtil, dans le dernier
ballon. On ne tire que quatre onces déflegmées par chaque litre qu'on emploie.
VINGT-DEUXIEME ARCANE
très promptement.
Prenez une bonne quantité de la rose des Philosophes faite avec le zinc, et de
salpêtre raffiné, au lieu d'en faire l'extraction par l'esprit de vin, qui en tire une
teinture rouge au bout de quinze jours et de quinze nuits, qui se coagule comme si
c'était du jus de viande, ou une gelée de groseille, dans laquelle est renfermé un grand
secret comme nous dirons ci-après, tant pour servir d'alkaest, ou de liqueur physique
qui nourrit tout les jus végétaux les plus vénéneux, afin d'en faire des clissus ou
essences parfaites qui n'ont rien au dessus d'elles pour la médecine que pour le vrai or
potable.
Prenez donc beaucoup de la rose des philosophes, faite selon l'art, comme il est
dit ci-devant et la dissolvez dans la rosée de vitriol bien claire ou à son défaut dans
quelques eaux distillées, filtrez et évaporez ensuite dans une marmite de fer. Alors
vous aurez un sel souffreux, triturez le avec deux fois de salpêtre fin, puis fondez le
tout dans un creuset vitrifié, ne donnez du feu que ce qu'il en faut pour tenir cette
matière en fusion. Tenez la ainsi trois ou quatre heures, puis dissolvez, filtrez et
évaporez comme ci-devant. Répétez ce travail trois fois, joignant à ce qui reste de
nouveau salpêtre fin et par ce moyen vous exalterez tellement votre soufre aurifique
du zinc qui est dans votre sel, que c'est une chose incroyable.
Réverbérez ensuite ce sel sous le moufle sans fondre, tant que de jaune qu'il
était, il devienne rouge à peu près comme si s'était du colcotar, étant en cet état,
mettez le dans une cornue sans qu'il prenne l'air, puis mettez dessus trois fois son
poids d'huile de vitriol de Vénus bien rectifié sur le zinc, ou autrement, afin qu'elle
soit totalement claire et d'une pureté infinie. Distillez ensuite à feu ouvert mais bien
réglé, toute votre huile sans quitter de vue le vaisseau, dont le col doit-être très large,
et le récipient très grand, même à deux pintes si l'on veut éviter de casser le tout. Tout
étant distillé, recohobez votre huile sur ce sel, et faites comme ci-devant afin de le
fixer et le rendre le plus fusible possible. Alors il est préparé, on l'appelle vrai sel
Enixe de zinc, dont nous allons donner l'usage ci-après.
Prenez une once d'or rubifié comme il est dit, c'est-à-dire qu'il soit exubéré et
d'une grande pureté; dissolvez le en une eau royale faite de partie égale d'esprit de
salpêtre et d'esprit de sel, l'un et l'autre concentré comme il suit. L'or étant dissous
digérez le quelques jours dans le menstrue, puis le mettez dedans une cornue, et
distillez à feu très gradué tant que votre or soit passé en huile ou liqueur bien coloré
avec le dissolvant. S'il reste quelque chose de l'or au fond, recohobez de nouvelle eau
royale, et faites comme ci-dessus, et il restera dans le fond de la cornue, une terre ou
cendre grisâtre, très légère, qui est la terre heité (?) de l'or.
Distillez ensuite au bain marie votre menstrue qui enlève l'or tant qu'il ne
distille plus rien, ne s'ennuyant pas de cette opération qui dure quatre ou cinq jours,
afin de retirer autant comme il est possible de ce menstrue qui a servi à subtiliser l'or
et au fond de la cornue restera une matière très grasse et très fusible que l'on désèche
autant qu'il est possible au dit bain marie et ensuite au sable doux afin de l'avoir aussi
ferme que du beurre et aussi facile à manier. Cette masse est très corrosive, mais elle
s'adoucie parfaitement par l'opération suivante.
Prenez ce sel et le réverbérez sur le moufle sans fondre, puis mettez le dans un
creuset et surmonté d'un autre creuset, luttez bien le tout et le tenez à feu de roue
bien doux, pendant soixante heures augmentant le feu peu-à-peu, tant qu'enfin le
creuset rougisse à la fin un peu; tenez le en cet état pendant vingt quatre heures, sans
forcer le feu, puis ouvrez votre creuset, vous y trouverez une masse poudreuse et
séparé des fèces, qui sera très jaune et lourde, dont un grain transmue une once de
saturne et de jupiter plomb ou étain, en fin or, en le projetant dessus, pourvu que ce
grain soit enveloppé dans de la cire, afin de lui faciliter le moyen de pénétrer et
transmuer la matière en fusion. On trouve ordinairement six gros d'or très fin qui
étant mêlé avec deux gros de lune la transmue aussi en or à toute épreuve.
La même opération se fait aussi sur l'antimoine et plusieurs autres sels Enixe
qui sont dans ce manuscrit.
VINGTROISIEME ARCANE
Prenez l'un ou l'autre des sels alkalis du zinc, peu importe la manière dont ils
ont été traités pourvu qu'ils soient bien purs. Prenez dis-je, quatre onces de sel alkali
du zinc et une once d'huile de soufre, ou de vitriol concentré sur le zinc, comme il a
été dit en son lieu, mettez le tout dans un matra couvert de sa rencontre, à défaut de
l'une ou de l'autre de ces huiles, de ces liqueurs ou essences parfaites ci-devant
décrites ( on peut se servir avec succès de l'une ou de l'autre de ces huiles ), cuisez le
tout au feu de sable modéré tant qu'il ne fournisse plus de liqueur. Alors remettez
environ une demi once de la liqueur soufreuse dont on s'est servi sur la masse et
cuisez comme il est dit ci-devant, ensuite mettez un gros de cette liqueur sur votre
masse, tant qu'elle soit devenue fort fusible. Alors on obtient le vrai sel triangulaire,
pour la destruction et la précipitation des métaux, avec lequel on peut séparer et
métalliser des mines et autre embarras des métaux.*
VINGTQUATRIEME ARCANE
Prenez quatre ou cinq métaux au plus et fondez les ensemble, selon les règles de
l'art, c'est-à-dire, évitant que l'on réduise en scories l'autre avant la fusion parfaite,
comme il n'arrive que trop à ceux qui ne sont pas expérimentés dans la métallurgie. Il
est de règle générale de ne jamais mettre les métaux mol, comme sont le Jupiter, et le
Saturne, avec les durs, comme le Vénus, le Mars, la Lune et le Soleil, ( l'argent et l'or )
à moins que ces derniers ne soient fort rouge et enflammés, alors on y jette le Saturne
et le Jupiter ( c'est-à-dire le plomb et l'étain ) qui dans le moment occasionne la fonte
des autres. On verra d'autres circonstances sur les métaux en parlant de la coupelle et
du Départ dans le chapitre du soleil et de la lune.
Votre mixtion étant faite et le tout bien fondu, projetez sur chaque matière, deux
onces du sel énixe susdit et tenez le deux heures en fonte, puis laissez reposer le
creuset, et lorsqu'il sera froid, cassez le et vous trouverez lit par lit vos métaux séparés
les uns des autres et rangés selon leur catégorie. Pour les séparer, il ne s'agit que de
les limer. Cette opération curieuse sert à tirer de tous les métaux imparfaits, l'or et
l'argent, avec d'autre métaux qui en peuvent contenir. On ne manque point avec ce
fameux précipitant de retirer avec grand profit, ce que les métaux imparfaits
contiennent de pur. Il faut remarquer que tout les sels centraux tirés de la famille de
Saturne, nourris par quelque liqueur huileuse faite par la chaux de zinc, ont les
mêmes vertus.
VINGTCINQUIEME ARCANE
Prenez deux onces de sel Enixe qui soit bien fusible, et une once d'or en chaux
préparé comme il est dit en son lieu, ou à défaut du sel susdit prenez pareil poids de la
gomme ci-devant décrite, positivement dans le temps qu'elle est préparée pour en
tirer par la cornue la liqueur rouge. Broyez le tout ensemble dans un mortier de verre,
alors mettez le dans un creuset vitrifié, et le tenez en fonte , deux heures, et pendant
ce temps projetez-y de temps en temps un gros de sel dont vous vous êtes servi,
jusqu'à ce que vous en ayez mis une once. Remuez la matière fondue de temps en
temps avec une baguette de bois que vous ne laisserez pas brûler dedans, et prendrez
bien garde de laisser tomber du charbon dans le creuset. Le feu ne doit pas être plus
fort que pour entretenir toujours la matière fondue. Vos deux heures étant expirées,
et l'or vous paraissant bien pénétré, versez le tout dans un mortier chaud et bien net,
puis broyez le tout chaud en poudre fine. Ayez alors un creuset vitrifié, et faites fondre
dedans autant de sel duquel vous vous êtes servi en première fois, que votre masse de
sel et d'or pèse. Alors votre sel étant en belle fonte, projetez peu-à-peu votre mélange
de sel et d'or, tenez le tout en fonte, deux heures, puis versez le dans la bassine.
Pulvérisez le exactement et le portez à la cave résoudre par déliquium; prenez ce
déliquium, et le purifiez par le bain marie et par le filtre. Ramassez exactement les
fèces de tous ces déliquium, et aussi la tête morte qui restera sur le verre.
Prenez ce déliquium purifié et le mettez dans une cornue, puis distillez à feu
gradué tout ce qui pourra passer. Mettez à part la liqueur distillée, pour l'usage
indiqué ci-après. Tirez la tête morte de la cornue portez à résoudre à la cave, vous la
résoudrez autant de fois et jusqu'à ce qu'elle ne se liquéfie plus à l'air. Purifiez à
chaque fois ce déliquium, et le distillez comme nous l'avons dit. Le tout étant ainsi
préparé, mettez toutes les liqueurs qui sont provenues de toutes ces résolutions,
distillez ensuite dans des cucurbites ou matra de rencontre et posez le tout au bain
marie réglé, pendant quarante jours, pendant ce temps prenez vos têtes mortes, et
tous les sédiments que nous avons fait mettre à part, et les réverbérez sous le moufle,
comme dans l'opération de l'antimoine pour le réduire en verre, et quant à cette
chaux métallique, Ponticité saline, mettez la dans un matra avec trois doigts de
vinaigre des montagnes au-dessus, tiré du salpêtre, du sel et du vitriol par le zinc et
tirez toute la teinture et toute la douceur selon l'art, purifiez cette extraction et
réduisez la en sel très pur pour l'usage ci-après.
Ce sel alkali du zinc empreint de l'or est le meilleur de tout pour le sel énixe, soit
avec le soufre de vitriol ou le beurre d'antimoine fait et préparé comme il a été dit.
Votre sel Alkali étant ainsi préparé, prenez la liqueur qui est au bain marie et la
distillez au même feu tant qu'elle pourra distiller, il restera au fond une liqueur rouge
que vous tiendrez au bain marie pendant dix jours, pendant ce temps déflegmez la
liqueur qui a passé au bain marie en faisant la même opération pour la déflegmer,
comme celle que nous avons enseigné à la fin du premier article ou arcane. Votre
liqueur étant déflegmée autant qu'elle le peut être, prenez la liqueur rouge qui est au
fond de la cucurbite et la mettez dans une cornue, versez dessus l'esprit déflegmé,
digérez trois jours, puis distillez par gradation tout ce qui passera clair et limpide,
aussitôt qu'il passera une liqueur rouge changez de récipient et augmentez le feu
graduant jusqu'à ce que la cornue soit rouge; quant il ne passera plus rien cessez le
feu recohobez ce qui a passé blanc sur la tête morte de la cornue digérez comme
devant puis distillez et répétez cela si souvent qu'il ne passe plus de liqueur rouge.
Assemblez ensuite toutes vos liqueurs rouges, et les digérez dix jours au bain marie,
puis retirez du dit bain marie toute la liqueur claire et non teinte qui voudra sortir, et
au fond du vase restera une vraie huile d'or animée.
Quant à la liqueur blanche qui ressort de dessus les huiles d'or, c'est un esprit
mercuriel animé, et qui a le principe aurifique; il sert à multiplier et à fermenter le
mercure double ci-devant. Quant il est réduit en poudre en cette manière, on prend
une once de mercure double réduit en poudre et on le met dans un œuf avec une demi
once de liqueur blanche de ci-dessus, on sigile le tout et on cuit au feu réglé jusqu'à
réduction de poudre. On prend cette poudre et on la remet avec la moitié de son poids
de la liqueur blanche, on cuit comme devant et on réitére ce travail tant qu'on juge
propos. Cette manipulation s'appelle incération, elle multiplie la poudre en qualité et
en quantité et on la pousse jusqu'à l'infini. Il faut remarquer qu'avec cette liqueur
blanche susdite, on peut faire avec de l'or et du mercure des minières très lucratives,
et cela promptement. On en peut faire avec la poudre susdite, et il est même bon de
remarquer en passant tout les particuliers et toutes les branches transmutatoires.
Prenez la poudre de projection, ci-devant dit et la mettez avec dix fois son poids
de mercure commun. Cuisez comme ci-devant. Prenez la masse cuite et la partager en
deux. Fondez en une partie et vous trouverez de très bon or à toute épreuve et avec
l'autre partie joignez y son poids de mercure commun. Cuisez un mois et par ainsi
vous pourrez avoir tous les mois, une moitié pour fondre, et cela tous les quarante
jours; la même chose se fait avec l'esprit quand on y a fait dissoudre de l'or ou de
l'argent à suffisance, et qu'on a réduit le tout en poudre. Tous les soufres tirés des
métaux et des minéraux et ématites distillés et animés par cet esprit mercuriel blanc,
font le même effet, et ces soufres ainsi préparés sont appelés or vif, parce qu'ils en
sont la semence, et que c'est d'eux dont la nature se sert pour former l'or dans les
entrailles de la terre, cela se pratique ainsi:
Prenez une liqueur mercurielle de quelque minéral qu'elle soit tirée pourvu
qu'on ait suivi nos préceptes. Avec cette liqueur rendez fusible le sel alkali de la même
matière. Ces deux liqueurs étant réunies en forment une homogène, qu'on appelle
mercure double. On prend du dit mercure et on en imbibe peu-à-peu du soufre de la
même matière et cela, tant qu'il soit réduit en liqueur homogène; alors cette liqueur
s'appelle soufre vif ou animé, ou or vif, parce qu'il est la partie pure du mixte dont il
est tiré. Ce soufre vif, par la cuisson réitérée devient par lui-même sans addition
poudre projective et c'est ce qu'on appelle travail du pauvre; mais pour abréger le
temps, on détruit l'or avec la liqueur mercurielle, on tire son soufre et son sel fixe, et
on dilate l'un et l'autre et puis on les réduit en liqueur, pour faire un or régénéré.
On prend une partie de cet or régénéré et autant de soufre vif, dit ci-devant, on
met le tout dans un matra lutté hermétiquement, et on cuit au feu de lampe réglé, tant
et si longtemps que tout soit réduit en poudre. On dilate cette poudre ou par le soufre
ou par l'or régénéré, le premier l'augmente en poids et non en qualité, et le second
l'augmente en poids et en qualité.
Cette première cuisson dure neuf mois et pendant ce temps tous les régimes
passent, c'est-à-dire, le noir, le blanc et le rouge vif.
Prenez du mercure très pur, dissolvez le dans l'esprit de nitre, puis évaporez et
cristallisez selon l'art. Prenez une livre de vitriol calciné à rougeur. Prenez ensuite une
once Crocus de Mars, une once de Vénus, one once de pierre ématite, et une once de
sel ana. Triturez bien le tout ensemble et sublimez dans un matra selon l'art, à fort
feu, puis vous le broierez et le sublimerez derechef avec un tiers de drogue ( ces
drogues ne sont point citées dans le manuscrit* ) et le sublimez comme ci-dessus.
Répétez cela quatre ou cinq fois jusqu'à ce que le mercure soit bien rouge, ou plutôt
pour en laver les soufres solaires qui sont dans les drogues desquelles on se sert pour
sublimer. Fixez ensuite ce sublimé par lui-même, alors prenez ces Ustum, crocus de
Mars et de Vénus, pierre sanguine, soufre d'antimoine minéral et vitriol de Chypre,
une once de chaque espèce, mettez le tout dans un matra, après l'avoir réduit en
poudre très fine, avec trois fois son poids d'huile et d'esprit de saturne. Digérez
ensuite au bain marie, huit ou dix jours, remuant de temps en temps. Distillez le par
la cornue à feu gradué, il en sortira un esprit vénuleux et une huile rouge, que vous
rectifierez selon l'art. Prenez l'huile rouge et dissolvez dedans, tant qu'elle pourra
dissoudre de son sublimé rouge et fixe de ci-dessus, puis digérez et distillez selon l'art
et vous aurez une liqueur huileuse rouge qui dissout l'or ouvert et le teint, et forme
avec lui une poudre projective sur les imparfaits avec beaucoup de profit. On peut sur
ce modèle en faire de différente espèce.
Au moyen des arcanes qui sont contenu dans ce manuscrit, vous pourrez
parvenir à la confection du Mercure des Sages, car tous les adeptes s'accordent sur ce
point, que sans leur mercure on ne peut rien, et leur mercure est de la nature de l'or.
C'est ce mercure qui joint à l'or, forme l'Azoth des Philosophes, et cet Azoth devient
par la cuisson, la poudre projective.
Toutes les recettes ci-dessus enseignent à extraire des métaux et des minéraux,
par le moyen des sels, un certain esprit métallique, qui se réduit sous la forme d'une
matière huileuse, qu'ils appellent Ciel, et ce sel est positivement le Mercure des
Philosophes, par la voie humide. Ce sel étant coagulé et sublimé, devient le Mercure
des Philosophes par la voie sèche. ( voyez les arcanes précédents )
Ce ciel est l'essence des imparfaits et leur partie pure, qui est celle par laquelle
ils émanent de l'or et le résolvent radicalement. Il ne faut point s'embarrasser quel
chemin on tient, ni quel agent on emploie, pourvu qu'ils puissent lâcher facilement
les esprits vénuleux et leur partie pure et souffreuse, qui sont les deux matières avec
lesquelles on compose le Ciel Physique qui est le Mercure des Sages par la voie
humide.
On peut tenir différent chemin, et même se servir de différente matière; mais il
faut toujours revenir à extraire des métaux, cette matière huileuse qui seule, peut
radicalement dissoudre l'or, et se souvenir qu'il n'y a que les sels qui ont ouvert les
métaux, et que des seuls métaux se peuvent tirer un Menstrue de la nature de l'or, qui
soit semblable à l'or et qui lui soit analogue. Ce n'est que dans et par les métaux, que
les métaux s'améliorent. On peut surement travailler avec plusieurs matériaux pour
extraire des métaux cet esprit de vin physique, et cette huile soufreuse, comme sont le
sel volatil de tartre, le vitriol circulé que Paracelse a regardé comme le Menstrue des
métaux.
Le vitriol de mars et de vénus gradué est très estimé par Basile Valentin ou
l'essence du vif argent vulgaire, que plusieurs ont regardé comme la semence
métallique; au reste tout ce qui peut ouvrir les métaux ou minéraux et extraire les
soufres solaires afin d'en graduer l'or, se peut pratiquer avec profit et conduire à de
grands Arcanes, car tous les secrets de la pierre, ne consistent qu'à extraire l'âme des
imparfaits pour la joindre et fixer avec l'or, afin de rendre ce dernier exhubérant et
teingeant. Cette âme des imparfaits est leur partie pure et volatile est réduite en une
essence huileuse que nous avons ci-devant appelé ciel, qui est la première matière que
les philosophes appellent leur mercure. C'est de cette seule racine qu'on peut faire la
grande Pierre, et d'elle seule sortent les particuliers.
Tout les secrets des adeptes, sont farcis de plusieurs Menstrues différents, qui
volatilisent les choses, et fixent les même choses ou autre volatil qui dissolvent ce qui
est coagulé, coagulent et corporifient ce qu'ils avaient dissout, les menstrues des
végétaux étant simples, sans alkali, ne sont que des extractions de teinture, sans
dissoudre le corps; mais par leur moyen on peut préparer de bon remède: mais pour
la métallique le menstrue des minéraux et composés, sont acides, dissolvant les corps
sans en faire d'extraction. Il est très difficile d'en faire de bon remède et les uns font
ce que les autres ne peuvent faire.
Les menstrues des minéraux composés sont d'autant plus admirables que les
menstrues des végétaux, en ce que les premiers dissolvent tout corps du règne
métallique, et réduisent leur partie pure en huile, ou essence que nous avons appelé
Ciel, au lieu que les derniers ne font que quelque simples extractions.
Voici comme on procède avec ces menstrues par gradation. Les ferments des
végétaux unis aux huiles desdits végétaux, sont des menstrues simples, ou plutôt les
sels léxivieux volatilisés par les menstrues. Par ce menstrue simple, ou en menstrue
joint au sel ammoniac ou volatil, sont des végétaux composés, avec lesquels on
compose de grands Arcanes pour la médecine. Ces menstrues végétales composées,
unies au sel de tartre, forment un menstrue acide qui est un vinaigre physique, et le
premier menstrue minéral; si au lieu de sel de tartre ce menstrue végétal composé est
joint au sel ou fossible (?), lequel Paracelse nomme son sel circulé. C'est le second
menstrue minéral. Ces deux menstrues étant joints au sel volatilisé, et enlevés par le
Mercure; c'est-à-dire, au sublimé corrosif, et bien unis ensemble ils forment le
troisième Menstrue minéral composé. Ainsi des autres, lesquels différents, ou plus ou
moins qu'on y a joint de Drogue. Tout ces menstrues sont huileux acides, dissolvant
les métaux ou les réduisent en essence.
C'est ainsi que l'on va par gradation pour obtenir le menstrue ou dissolvant
physique, et que du règne végétal on passe au minéral. C'est-à-dire, des menstrues
végétaux simples aux composés dans lesquels on dissout et volatilise les métaux. On
entend encore par menstrue composé simple le ciel physique fait avec le menstrue
composé et les métaux. C'est ce que nous appelons mercure physique simple parce
qu'il n'est pas encore fermenté.
Quelques philosophes ont prétendu que cette espèce de menstrue simple était
un phosphore lumineux qui éclairait la nuit, comme sont les phosphores tirés de
l'urine et des matières huileuses. Ils ont appelé menstrue composé le ciel physique
dans lequel on dissout l'or qui est son ferment, et que nous avons appelé Mercure
Double, ou vitriol Azoqué, ou Azoth quand il est réduit en gomme qui n'a besoin que
de feu, c'est-à-dire que de cuisson pour être réduit en poudre projective et sans rien
ajouter, ce qui a fait dire à plusieurs, que le feu ou l'Azoth suffisent pour la perfection
du Impléré (?) ou Magistère. C'est de cet Azoth que l'on tire le grand élixir, c'est-à-dire
l'or potable, ou l'or vif qui sert pour la multiplication de l'Azoth réduit en poudre et
projeté aussi sur l'or qui se réduit aussi en poudre mais qui est sèche et qui ne devient
fusible et pénétrante que quand elle a été insérée par l'or vif, ou or potable.
Cependant il ferait mourir dans le moment quiconque en prendrait, à moins qu'il ne
soit divisé et adouci par l'esprit de vin ordinaire, comme nous l'avons dit ci-devant en
parlant de la salamandre, parce qu'il est très acide, très vif et très pénétrant, étant un
feu qui embrase tout. C'est pourquoi il murit les imparfaits dans un moment, faisant
sur la terre ce que la nature met mille ans à faire dans les entrailles de la terre.
Observez que cet azoth ou or vif réduit en liqueur on peut en faire une
salamandre, on peut aussi le mêler avec l'or vif fondu et on forme un culot d'or
comme ci-devant. On peut sur ce modèle faire des ciels ou liqueurs huileuses, avec
tout les métaux, minéraux et marcassites réduit en sel, et ce sel traité comme il est dit
ci-devant est bien purifié selon l'art.
VINGTSEPTIEME ARCANE
Mettez huit ou dix parties de ce sel, et tout se changera en huile, continuez ainsi
le feu, jusqu'à ce que la matière devienne ferme et dure au fond du creuset; puis
augmentez le feu, comme si vous vouliez donner un feu de fonte, couvrant et
augmentant le charbon, le laissant ainsi environ une demi heure. Cependant vous
tremperez de temps en temps un fil d'archal dans la matière qui deviendra jaune
couleur de citron, ensuite elle deviendra noire, puante, et enfin rouge. Lorsque la
matière se trouvera en cet état, vous la renverserez dans un mortier chaud, et
lorsqu'elle sera refroidie, elle deviendra noire et se résoudra en liqueur verte.
Coagulez ou cuisez cette liqueur verte en un sel vert, ou poudre verte que vous
projetterez sur de l'argent en fusion, qui se convertira en or fin étant résout en liqueur
verte comme une émeraude, en cet état on peut s'en servir pour la santé; mais pour la
mettre en sa perfection il faut aussitôt que vous l'avez versée dans le mortier la piller
chaudement, et verser dessus peu-à-peu de l'eau de pluie ou de rosée. Cette eau
deviendra noire et puante comme une charogne. Mettez votre vaisseau en digestion
pendant quatre ou cinq jours, puis filtrez la matière par le papier gris, et votre eau
sera verte. Retirez l'eau au sable par distillation jusqu'à fixité, et il vous restera un sel
jaune qui sera aussi fusible que le beurre, que vous prendrez et mettrez dans un
fourneau avec un peu de charbon, et il fondra comme de la cire. Continuez le feu,
jusqu'à ce que vous voyiez la matière rouge au bout du fil d'archal, alors vous la
renverserez dans un mortier chaud, comme auparavant, vous la pillerez chaudement,
et la jetterez dans un bon esprit de vin qui deviendra d'abord rouge comme un rubis
que vous laisserez en digestion quatre ou cinq jours, puis vous filtrerez votre esprit de
vin, vous le retirerez ensuite par la distillation, et au fond il vous restera une belle
liqueur rouge dont vous vous servirez comme suit:
mettez une platine d'argent dans cet or réduit en liqueur et en or potable, elle se
trouvera convertie en or mais après cela cet or potable ne peut plus servir pour la
santé, mais pour toutes les maladies en général: la dose est depuis une goutte jusqu'à
neuf ou dix, dans toute sorte de liqueur, bouillon chaud, vin, bière, eau de vie, eau et
lait, suivant la commodité du malade. Si on le donne dans le terme de cette dose,
l'opération sera insensible, cette médecine, fortifie l'humeur radicale, et ôte la racine
de toute sorte de maux par une opération merveilleuse en la prenant tous les jours ou
bien de deux en trois jours; c'est un préservatif contre toute maladie accidentelle et
un correctif de tous les venins et de toutes les infusions de l'air. Si la dose est plus
grande, l'opération sera plus grande par les sueurs, crachats, urines et selles, prenez
garde de pêcher par excès ou par défaut, il faut observer un juste milieu et se tenir
chaudement. Dans les maladies contagieuses, dans les pestes et dans les fièvres, on en
donne une petite goutte à un enfant, aux plus grands, deux gouttes, aux personnes
d'un tempérament vigoureux, deux ou trois gouttes. Quand la peste règne, il faut
doubler et tripler la dose aux hommes, et bien couvrir le malade afin qu'il transpire
beaucoup.
VINGTHUITIEME ARCANE
Prenez deux onces de mercure ordinaire très pur, comme celui qui se revivifie
du cinabre, ou en faisant le beurre d'antimoine, et six onces de vin physique réduit en
sel comme nous l'avons dit, il importe peu que ce soit l'un ou l'autre de ces sels, que
l'on appelle sel amoniac physique, ou sel Enixe. Triturez le tout ensemble dans un
mortier de verre, tant que le mercure ne paraisse plus, mettez ensuite le tout dans un
matra, sigillez au bain marie tant que tout soit réduit en liqueur blanche comme du
lait, mettez le tout en liqueur dans un matra, avec une livre de mercure commun très
pur, puis le sigillez et le mettez au bain marie pendant quarante jours, puis distillez le
tout au feu de sable doux, tant qu'il passera une liqueur insipide qu'on jette,
augmentez ensuite le feu, et il sortira une excellente liqueur mercurielle.
Réservez cette liqueur à part, augmentez le feu, et il sortira une liqueur très
jaune, propre pour la fermentation. Prenez de l'or teint de couleur exubérante par le
cuivre et l'antimoine et réduit en poudre rouge selon l'art, une once, et dix onces de la
première liqueur mercurielle, sigillez le tout dans un matra, et tenez le au feu de
lampe tant que la putréfaction et la régénération soit totalement opérée. Alors mettez
le tout dans une cornue et distillez au feu de sable, et il sortira une liqueur huileuse
très rouge qui est le véritable or potable. Cuisez cette huile au feu de lampe, tant
qu'elle soit desséchée et réduite en poudre rouge, que vous projetterez, un poids sur
huit d'or en fonte, et tout se réduira en poudre que vous nourrirez peu-à-peu avec
l'huile jaune de ci-devant, tant qu'elle soit fixe et fusible, est vous aurez une poudre
qui projette sur tout les métaux, en or pur, et principalement sur le mercure.
Cette opération se peut même faire avec le Ciel des Philosophes et le mercure,
mais elle est plus longue. Elle peut aussi se faire avec l'esprit de vin Physique, pourvu
qu'il soit bien déflegmé; voici comment cela se pratique:
Prenez une livre de mercure vulgaire très pur et mettez le dans un matra, et par
dessus trois doigts du ciel des philosophes. Sigillez le tout et le tenez au bain marie
réglé tant que tout soit réduit en liqueur. Alors distillez au bain marie tout ce qui
pourra distiller, et au fond restera l'huile de mercure que l'on distille par la cornue au
feu de sable, pour opérer avec l'or comme il à été dit ci-devant, pour en faire un or
potable et une poudre projective; mais il vaudrait mieux prendre une livre de mercure
très pur, et trois livres de sel énixe, puis faire l'opération ci-devant décrite.
Pour avoir du mercure très pur il faut le sublimer avec le sel commun et le
vitriol, après l'avoir dissout en esprit de Nitre, tant de fois qu'il ne noircisse plus les
sels avec lesquels on le sublime; alors on prend une livre de ce sublimé que l'on met
en poudre, et on l'imbibe d'huile de pur délit, tant qu'il soit comme de la bouillie que
l'on mêle avec trois parties de chaux vive en poudre, on met le tout dans une cornue,
on distille avec un récipient à moitié plein d'eau et l'on a un mercure magnétique, et
propre pour l'opération susdite.
VINGTNEUVIEME ARCANE
le Mercure.
Prenez dix livres de mercure précipité corrosif ordinaire, sublimé avec les sels,
tant qu'il ne noircisse plus. Triturez le très fin avec dix onces de Jupiter ( étain )
calciné et réduit en chaux; étendez le tout sur une plaque de fer, et le posez à la cave
pour tomber en délit. Purifiez ce délit par le bain marie et par le filtre, il restera une
liqueur très grasse que vous mettrez distiller dans une cornue à feu de sable six ou
sept fois, jusqu'à ce qu'elle ne laisse plus de sédiment, ou terre traître, ensuite distillez
cette liqueur au bain marie, environ la dixième partie qui est un flegme insipide;
pesez ensuite ce qui restera au fond du vase, et sur quatre onces que vous aurez de
matière, vous y joindrez une once de sel volatil ou sel énixe ci-devant décrit; puis
mettez le tout dans plusieurs cornues et distillez au feu de sable gradué avec de très
grands ballons, tout ce qui pourra passer, pesez ensuite la liqueur qui à distillé, et
mettez-y le pareil poids du même sel, c'est-à-dire une once de ce sel énixe, en y faisant
la même manipulation, ce que vous ferez quatre fois avec de nouveau sel, et vous
aurez pour résultat une excellente eau bien préparée.
Prenez une once de mercure vulgaire très pur, et quatre onces de la liqueur
susdite, mettez le dans un matra, sigillez au bain marie bouillant et tout se dissoudra.
Distillez ensuite cette dissolution de mercure afin de la rendre pure. C'est par ce
moyen que vous dissoudrez autant de mercure qu'il vous plaira, et le réduirez en eau.
Prenez cette eau de mercure putréfiez la au bain marie pendant quarante jours. Ce
temps expiré mettez cette matière dans une cornue, distillez la au bain marie tant
qu'elle pourra distiller, et votre mercure restera au fond du vase, blanc comme neige;
versez sur ce mercure, quatre doigts de votre première liqueur qui dissout le mercure,
puis mettez le tout au bain marie quatre ou cinq jours. Le tout étant bien bouché.
Alors mettez au feu de sable, à distiller et votre mercure passera en esprit avec votre
menstrue, s'il reste quelque chose au fond de la cornue, mettez y de nouveau
menstrue et faites comme ci-devant, joignez ensuite le tout ensemble, et au fond de la
cornue il restera une tête morte noire, laquelle ne fumant plus doit-être réverbérée
dans un vaisseau pendant vingt quatre heures. Nourrissez cette terre peu-à-peu avec
la liqueur de mercure que vous avez recueillie, en retirant à chaque nutrition au doux
bain marie, un certain flegme insipide, répétez cette nutrition et imbibition tant de
fois que cette matière noire soit devenue blanche comme neige, mettez cette matière
bien desséché dans une cucurbite au bain marie, pour la sublimer selon l'art, à feu
très doux, ce qui se fera en trois jours. Cette sublimation est talqueuse, elle est appelé
Magnésie, ou amoniac physique.
Mettez ce précieux métal dans un matra, sigillez et tenez le bien au feu de lampe
réglé, tant qu'il soit fixe et ne se sublime plus, et vous aurez un vrai ciel physique
réduit en sel pour la résolution des métaux, pour la voie sèche. Cette composition est
appelée Ciel coagulé en sel.
TRENTIEME ARCANE
et Van Helmont.
Prenez aes ustum ou Vénus calciné, vert de gris ou vert des montagnes, ou vraie
mine de Vénus qui vienne de la Chine, pulvérisez le en poudre impalpable, avec deux
fois son poids de sel ammoniac sublimé une fois avec ce sel. Mettez le tout dans un
matra et sublimez selon l'art, rebroyant ce sublimé avec les fèces, procédant à une
nouvelle sublimation, comme il est dit au chapitre précédent, par quatre ou cinq fois.
Prenez ce sublimé chargé de l'esprit de Vénus autant que possible. Triturez le avec
deux fois son poids de chaux ou coton de zinc, cuisez le tout dans un matra à feu
gradué pendant quatre ou cinq jours, le plus est le mieux, puis mettez le tout dans une
cornue et distillez tout ce qui pourra se distiller. Lessivez ensuite la tête morte avec
l'eau de pluie, filtrez et évaporez à pellicule, puis recohobez ce qui est passé dans la
première distillation, et distillez au bain marie jusqu'à siccité, puis mettez à résoudre
à la cave, et distillez ce délit avec un feu fort, alors l'esprit de Vénus passera avec l'eau,
et se cristallisera au froid. Prenez ces cristaux, et les réduisez en liqueur, au bain
marie et au sable, et vous aurez la teinture huileuse de Vénus qui fait passer le soleil
ou l'or en putréfaction, avec lequel on peut faire des Arcanes merveilleux pour les
métalliques et pour la santé.
Notez que: cette teinture huileuse de Vénus étant mise trois ou quatre parties
contre une de sel commun fondu, ou sel gemme, ou salpêtre, le tout étant fondu bien
amalgamé et bien uni ensemble, laissez le refroidir. Ensuite coulez le tout dans des
moules de la grosseur d'une noisette et vous aurez la pierre de Buthler si renommée
dans le seizième siècle, laquelle étant infusée une minute ou deux dans du lait
d'amande ou autre à la propriété de guérir toutes les maladies internes en une heure
ou deux. Si vous infusez cette pierre dans l'huile d'olive ( une bouteille environ ) elle
enlève toute sorte de douleur dans l'espace d'un demi jour ou d'une nuit, en graissant
avec quatre ou cinq gouttes de cette huile, la partie douloureuse et faisant prendre au
malade, une cuillérée de lait d'amande ou de vache, dans laquelle on aura fait tremper
une minute ou deux, une de ces petites pierres. On fait prendre aussi au malade une
cuillérée du dit lait d'amande, et il sera guéri en moins de deux heures.
Quant à la liqueur qui est ressortie de votre sel Allebrot, on peut la réduire en
Ciel selon l'art, en la privant ou séparant de son flegme. Le sel Allebrot a la même
propriété que le sel admirable de Glaubert. Il rend le fixe volatil, il amollit les corps
durs, revivifie ce qui est mort et fixe l'arsenic; il convertit les poisons les plus
pernicieux en médecine salutaire.
TRENTEDEUXIEME ARCANE
Votre esprit ardent étant donc bien clair et ayant enlevé presque toute la liqueur
acide, sous la forme d'huile éthérée, mettez le dans un matra avec ladite huile, et
sigillez le tout au feu de sable doux et réglé, tant que votre huile éthérée soit bien
séparée et épaissie, et qu'elle nage sur une liqueur qui est totalement flegmatique,
laquelle vous séparerez par l'entonnoir, et vous aurez le Ciel physique des Philosophes
qui dissout l'or et l'argent radicalement, et forme avec eux une liqueur potable et
homogène, que l'on nomme Mercure des Philosophes, qui étant cuit et coagulé au feu
de sable ou de lampe réglé se réduit sans addition en une poudre projective.
C'est ainsi que l'on peut par ce procédé, tirer tous les sels et matières salines, le
Ciel des philosophes ainsi que toutes les chaux métalliques, minérales et marcassites,
et les réduire en sel pur.
Notez que tous les Ciels des Philosophes dissolvent et putréfient la chaux d'or et
d'argent, en six semaines, par le bain marie; mais si le mercure est joint au dit sel ou
Ciel, soit en le faisant soit après coup, c'est-à-dire que l'âme ou l'esprit du mercure
soit joint au ciel des Philosophes, cette fermentation ou putréfaction se fera en trois
semaines, ce qui est un grand abrégé. Mais pour que le sel ou Ciel des Philosophes,
dissolve la chaux d'or et d'argent il faut que ces chaux soient bien ouvertes.
Notez encore que les couleurs que les Philosophes disent apparaitre dans le
travail de la pierre, ne se voient qu'en deux occasions. La première dans le travail du
Ciel physique préparé avec l'or ou sans l'or. La seconde est quand on dissout l'or très
ouvert, avec le ciel physique pour en faire le mercure double physique, ou l'or potable,
pourvu que le ciel physique n'ait pas été préparé avec l'or, car si l'or rentre dans sa
composition, il n'est plus mercure physique mais mercure des sages, qui joint à l'or
pur, ne fait qu'un corps avec lui, par multiplication, sans passer par aucune couleur,
mais conservant toujours la couleur rouge qui se gradue. Car dans la multiplication,
qui n'est autre chose que l'addition du mercure des sages réduit en poudre par le feu,
que nous appelons poudre projective, ne repasse plus par aucune couleur, mais
seulement change dans le moment en sa propre nature l'or sur lequel on le projette et
le rend médicinal, et quoique l'on insère cette poudre sèche par l'effusion réitérée du
mercure double encore en liqueur, que nous avons appelé, ci-devant, or potable ou
Astre du soleil, elle ne passe point pour cela par aucune couleur, elle devient
seulement plus pénétrante, plus fondante, et plus teingeante. Ceci est l'avertissement
qu'Isaac, hollandais, donne aux inquisiteurs de la Science.
TRENTETROISIEME ARCANE
Prenez ensuite la tête morte des Philosophes et la tête morte de l'extraction des
fleurs de zinc par le vinaigre et par l'eau de vie, ajoutez y autant comme il pèse de bon
Colcotar réverbéré, dont le sel n'ait point été tiré, mettez le tout dans une cornue, avec
cinq ou six fois la pesanteur du tout de bon esprit et huile de vitriol, de soufre et des
Deseragines (?), tenez le tout au feu de sable doux, dix ou douze jours, puis distillez
tout doucement au réverbère clos avec le ballon à deux pointes; donnez sur la fin plus
de feu qu'il sera possible, et quand il ne sortira plus de fumée blanche, cessez le feu.
Alors faites l'extraction de la tête morte, avec du vinaigre très acide, acué d'esprit
volant de salpêtre, puis réverbérez cette tête morte à une nouvelle extraction, faites
cela tant qu'elle ne donne plus rien. Rassemblez ensuite toutes ces extractions,
évaporez les jusqu'à consistance de gomme, sur laquelle vous mettrez toute la liqueur
que vous avez tiré par l'opération ci-dessus, avec autant de son poids de sel de saturne
appelé sucre, digérez le tout au bain marie, pendant cinq jours, puis, distillez avec le
ballon à deux pointes très doucement, et sur la fin donnez le plus grand feu qu'il sera
possible; mettez ensuite à part la liqueur spiritueuse qui se trouve dans le dernier
ballon, la liqueur huileuse et le flegme se trouveront dans le premier. Réverbérez la
tête morte de la cornue, mettez la dans une autre cornue, et distillez au feu de sable
tout le flegme insipide. S'il passe quelque chose de vénuleux, il faut le mettre à part,
changeant de récipient, aussitôt qu'on s'en apercevra et que l'on verra une liqueur
acide. Continuez tant qu'il ne reste plus rien. Et vous aurez une liqueur très lourde,
d'un beau jaune, que vous mettrez dans un matra avec l'esprit ci-devant réservé, et le
mélange d'huile de vitriol et de gomme en gelée. Digérerez le tout un mois au bain
marie, puis distillez au dit bain marie, tout l'esprit vénuleux; puis au bain de sable le
flegme insipide et ensuite la liqueur acide et huileuse en augmentant le feu. Prenez
cette liqueur huileuse et la circulez avec son esprit ardent, puis distillez au bain marie
et au sable trois ou quatre fois, tant qu'il n'y ait plus de flegme. Circulez alors cet
esprit avec son huile tant que se fait une séparation de l'huile éthérée qui est un ciel et
une liqueur Alkaest qui dissout l'or en chaux bien ouverte.
Notez que le Ciel des Philosophes étant mis sur une chaux d'or ou d'argent bien
ouverte, en dissout la partie la plus pure et la plus soufreuse. Ensuite, on tire le tout à
clair fin, et on retire une partie du menstrue au bain marie, et au fond il reste une
matière gommeuse, qui se cristallise au fond. On appelle ces cristaux, vitriol
physique, ou vitriol Azoqué, ou Azoth, qui donne par la distillation, une liqueur sur
laquelle par la circulation, nage une liqueur huileuse, sur la surface du flegme, et c'est
cette essence, ce sperme de la pierre des Philosophes; autrement leur mercure, qui
contient en lui, tout ce que les Sages cherchent. C'est leur Azoth, auquel il ne manque
que la cuisson pour la fixité, ce qui fait dire à Riplet que le feu et l'Azoth suffisent.
TRENTEQUATRIEME ARCANE
La dose de cet or potable est de trois grains selon la force du malade, mais aux
enfants on en donne depuis une jusqu'à trois gouttes, dans du vin, de la bière, ou de
l'eau de vie, laquelle dose doit-être prise par plusieurs fois dans un jour selon le force
du malade.
TRENTECINQUIEME ARCANE
L'or potable étant versé, le mercure se trouve dur et fixe dans le fond, comme de
bon or, de la même grandeur qu'il a été mis dans le vase. Notez que si le mercure, par
erreur, n'a pas été assez éteint ni conduit au degré qu'il faut, et qu'il soit un peu noir,
il le faut ôter du vase, et le mettre dans un petit creuset et le bien faire rougir au
charbon afin qu'il reçoive la couleur convenable à l'or, répondant aux meilleurs
Ducats, ce qui sera constant dans l'examen.
Si ce travail est bien exécuté les métaux sont transmués en or fin suivant la
grandeur, la forme et la figure qu'ils auront été mis l'un et l'autre toute fois plutôt et
plus commodément que l'autre et selon qu'il a plus d'affinité avec l'or que si le métal
n'a pas été bien traité, et qu'il soit encore noir quant on l'a ôté de l'or potable, il le faut
bien faire rougir au feu, afin que l'artiste soit certain d'avoir le bon or et qu'il soit
délivré de tout scrupule. Car ni le saturne, ni l'antimoine n'ôteront rien à un tel or, ce
que l'examen fera voir.
TRENTESIXIEME ARCANE
TRENTESEPTIEME ARCANE
TRENTEHUITIEME ARCANE
de Zinc
Cette chaux est pleine d'un esprit plus puissant et plus métallique que tous les
agents qui sont au monde. Cette cendre métallique à des vertus admirables. Elle lie
tout ce qui est disjoint, comme les huiles des métaux et des minéraux, faisant qu'elles
ne se précipitent plus quand elles ont été seulement une fois distillées avec elle. Cette
cendre divise aussi ce qui est assemblé, elle sépare par le même moyen l'esprit de sel
et autres qui se trouvent dans les eaux fortes ordinaires en sorte qu'on puisse les
recevoir à part, chacun avec augmentation de ces choses, tant pour les hommes que
pour les métaux, parce qu'elle rend manifeste ce qui est occulte en chaque composé,
elle se change facilement en toutes sortes d'apparences. Si le reste des cendres qui ne
se veulent point dissoudre que difficilement, sont réduites en sel, il paraitra ni plus ni
moins que du Talc de Venise, et à cause de sa ressemblance, les Philosophes l'ont
nommé ainsi, ce qui a abusé tant de gens jusqu'aujourd'hui, qui croyaient que c'était
le talc vulgaire, duquel ils ont essayé de tirer l'huile pour blanchir le teint, comme les
anciens ont dit, déguisant leur secret, par rapport d'une chose à une autre. Cette
cendre minérale a en soi, tout ce qui est nécessaire aux curieux, ceux qui l'on connue
ont eu la matière dont on la tire, en grande recommandation, et de crainte que l'on
connaisse ce qu'elle était, il lui ont imposé plusieurs noms, comme celui de Lunaire,
d'herbe saturnienne et autres. D'aucun l'on comparée à la salamandre, à cause qu'elle
vit dans le feu, ils ne l'ont jamais mieux dépeinte que parlant du phénix qui renait de
ses cendres. D'autres l'ont nommée Lucifer, ou porte lumière, Vénus engendrée de
l'écume de la mer, parce qu'on la tire en écumant. On la nomme Dragon, à cause
qu'elle brûle comme le salpêtre. Aigle, parce qu'on en tire l'Ammoniac mercuriel. Ils
ont dit que c'est le Roi, d'autant qu'il est le plus considéré entre eux, et le lion à cause
de sa grande force. Ils disent que c'est l'âme métallique parce qu'elle vivifie tous les
métaux, et qu'elle est corps, parce qu'elle corporifie les esprits; mais elle est connue
plus communément parmi les philosophes, sous le nom de miroir de l'art, à cause que
c'est principalement par elle que l'on a appris la composition des métaux dans les
veines de la terre, comme je le ferai voir ensuite. Aussi, est-il dit que la seule
indication de nature nous peut instruire. C'est le soufre et le mercure, toujours par
nature. Le cinabre des sages duquel on a tant écrit, nous assurant que des deux on
sépare un corps moyen de très grande vertu. Il est soufre à cause de sa partie
teingeante, et combustible. Il est mercure parce qu'il est humide radical des métaux
congelé par nature, ainsi que le dit Geber. On le tire en deux façons, savoir: en volatil
et en fixe comme il est dit ci-devant. Plusieurs ont écrit la manière de préparer les
métaux, tant pour la santé que pour les richesses; mais considérant que leurs livres
deviennent inutiles faute d'argent nécessaire qu'ils ont caché au public. Je met ici la
manière de le faire, afin qu'on en puisse arriver aux effets désirés et opérer les choses
les plus curieuses et les plus merveilleuses qu'ils ont mis en lumière au moyen de leur
dissolvant qu'ils ont appelé grand Alkaest, c'est-à-dire leur eau Alkalisée, que peu de
savant possèdent faute de connaitre la cendre du vrai Alkali mercuriel dont la
préparation est décrite aux premiers arcanes.
TRENTENEUVIEME ARCANE
Cette chaux est saturnienne, elle est l'aimant de l'esprit universel et le principe
des métaux, laquelle passe par la calcination qui se fait par son propre agent dans une
matière différente capable de recevoir toutes les formes imaginable, puisqu'elle est
faite d'un métal qui seul peut-être détruit sans retour vers sa première forme. Elle a
seule la puissance de détruire radicalement toutes choses, les sels, sous la forme d'un
sperme semblable à celui de l'animal, sans qu'ils puissent jamais reprendre leur
première nature de sel.
Si on calcine le soufre commun avec cette chaux dans une chaleur convenable et
dans les proportions requises et indiquées aux arcanes précédents, on a une matière
qui se dissolve dans l'eau, on en retire facilement un soufre, un sel et un mercure.
Nous avons en seul et unique objet le Plomb, le Cuivre, l'Acier, l'Argent, l'Or et
l'Antimoine des Philosophes, nous avons aussi en cette matière générale, la matière
des pierres précieuses et communes.
De cette chaux on peut extraire par le vinaigre distillé, un sucre, un miel et une
huile douce comme du saturne commun, et par le moyen de la même chaux, on a la
sublimation du sel de tartre, et la préparation de l'esprit ardent et cordial du même
tartre. Par cette chaux et non autrement nous pouvons arriver à la connaissance des
sels Enixes et des sels Artistes (?), sans cette chaux, nous ne pouvons avoir ni le grand
ni le petit circulé de Paracelse. Elle nous donne la connaissance des sels réductifs ou
ces métaux sont comme engendrés. Elle ne donne pas une petite instruction pour le
dissolvant général. Elle donne un esprit dissolvant et non corrosif, elle donne une
huile de tartre métallique et non corrosive, elle donne aussi une huile de vitriol douce
et dorée, et un vinaigre radical et métallique.
QUARANTIEME ARCANE
Avant de parler des vertus de ce sel, nous dirons que l'on s'en sert de deux
manières, c'est-à-dire pour la voie sèche et pour la voie humide.
Pour la voie sèche sous forme de sel que l'on fait fondre dans un creuset, dans
lequel on jette la matière. Pour la voie humide en faisant dissoudre le sel en eau avec
laquelle on dissout le corps. Ce sel a la même fusion que le borax, le tartre et les plus
grands fondants, il se fond même à très peu de chaleur. C'est un grand réductif et
liquéfactif des métaux, il en est l'examinateur et le purificateur, il les éprouve sans les
consommer ou les évaporer, comme le plomb et l'antimoine se consument et se
séparent à la coupelle.
Ce sel est une eau sèche qui ne mouille point les mains, néanmoins cette eau
lave, purge et purifie les métaux, non comme eau, mais comme feu.
La fusion et coloration du cristal se fait par ce sel, on peut extraire par lui le
soufre doré de toutes choses, on peut aussi par ce sel tirer le soufre des métaux et des
minéraux sous la forme de liqueur qui est le Ciel des philosophes. Ce ciel n'a pas la
corrosion des eaux fortes, il est soufreux, salin et mercuriel et agit par conséquent sur
les choses soufreuses salines et mercurielles, de ce sel dépend la préparation du grand
et du petit circulé. Par lui les métaux rétrogradent en leur première matière, il fait
obtenir la sublimation des Alkali et leur réduction en eau. C'est par lui que l'on
obtient la coagulation et concentration des esprits. Avec lui on opère la réforme des
remèdes Galéniques et chimiques, on embaume les corps sans perte de leur cheveux
et de leurs ongles on les conserve même en leur entier. On peut également pétrifier
les plantes et les animaux. Par lui on tire la teinture de l'Aloës, du safran, de la graisse
d'Alkerme, de la Myrthe &c, les tenants en fusion en ce sel, et cela sans les brûler ni
altérer leur vertu. Par ce sel on concentre l'esprit de vin, on le sépare de son
ammoniac, de son flegme et de son soufre ardent pour en avoir la quintessence. Par le
même sel on peut extraire le soufre de l'or commun, on en sépare également le soufre
doré de l'antimoine et de tout les minéraux. On peut encore avec ce sel tirer le soufre
de Mars, de Vénus, et de l'or volatil et spirituel et aurifique, ou aurifiant de la planète
minérale. Par lui on peut donner la dureté au plomb, à l'étain, à l'acier et ôter le cri de
l'étain, il donne aussi au fer la dureté de l'acier. Il éteint l'acrimonie du précipité
corrosif, par lui on trouve un salpêtre détruit et non corrosif. En lui est caché le secret
des alkalis doux. Par lui on parvient à la connaissance du sel ammoniac des
philosophes, et à la sublimation du tartre en terre foliée d'odeur de camphre. De lui
on tire un esprit ardent métallique comme l'esprit de vin d'odeur de l'ambre, c'est lui
qui est le vrai vitriol non corrosif et aurifique des sages. Par ce sel on peut opérer une
infinité de choses merveilleuses en médecine et en chimie, il renferme en lui la
dulcification et la correction de l'arsenic, du sublimé du beurre d'antimoine, et des
poisons les plus virulents et les plus prompts. Il détruit le venin de l'Ellébare noir,
réduit en extrait celui de la vipère et de tous les animaux vénéneux. Par lui l'opium
peut être administré aux malades sans crainte. Enfin c'est par lui que l'on arrive à la
préparation de plusieurs arcanes et secrets de la médecine.
Bien que je n'ai pas en ma possession le Grand Alkaest, qui se fait du sel Enixe
dont nous venons de parler, étant passé en alkali, cet alkali en sublimé, ce sublimé
réduit en eau, et cette eau amenée par une longue circulation, en essence ou esprit; je
ne laisserais pas d'en dire les effets, les noms divers, et les propriétés que les
philosophes lui attribuent. Quelques uns ont nommé cette eau sperme, ou urine de
Saturne, pour nous apprendre que la première préparation, vient de cette chaux
saturnienne. D'autres l'ont nommé lait virginal, à cause de sa couleur blanchâtre. On
l'appelle encore sel Armoniac à cause de sa volatilité. On l'appelle Talc, quant il prend
par la sublimation la forme de terre foliée. Les Philosophes appellent encore cette
liqueur, Lunaire, leur Saturne, l'or, Jupiter, leur Mercure &c. Il n'y a plus de
recherche d'étain, ni de travaux à faire pour celui qui est possesseur d'un si grand
arcane, car il tient lieu de tout. Il sert tout à la fois de vase, de feu, et de fourneau
pour opérer. Lorsque vous connaitrez ce premier mobile, vous aurez un agent avec
lequel on peut tirer la quintessence de toute chose sans frais, sans peine et sans
longueur.
En cette eau, vous avez le vrai feu des sages qui réchauffe le vase au dedans, dit
Riplée, vous avez le sceau d'hermès, qui scelle le vase philosophique, et l'Athanor, qui
mesure le feu clibaniquement, et qui arrête les esprits fugitifs. Vous aurez un sujet qui
redresse son artiste et ne lui permet pas d'errer. Vous avez une eau mercurielle, qui a
la vertu d'extraire la teinture dorée des métaux, et de la faire passer par l'alambique.
Alors cette eau a la puissance de colorer le cristal, le verre et les métaux pour les
graduer.
Qui est la Ludus de Paracelse. Cette eau n'a pas seulement la vertu de dissoudre,
mais encore de calciner, coupeller, fulminer, et de départir dans une seule opération.
Enfin par le moyen de cette eau, il n'est pas besoin de cimenter, de fondre, de
graduer ni de précipiter, d'autant qu'il y a une infinité de chose qui surpassent nos
expériences et qui regardent les métaux et les arts mécaniques. Je renvoie les curieux
à Glauber, qui a expérimenté tout ce qu'on en peut faire.
QUARANTE-DEUXIEME ARCANE
pour la Médecine.
D'autant que ce sel est doux, il n'a pas de petits effets dans l'usage de la
médecine, pour les maladies internes ou externes, avec succès, sous forme d'eau
minérale, dont il contient les qualités comme soufre. Il a les qualités et vertus des
eaux soufreuses et sulfureuses, et comme vitriol, la vertu du vitriol et ainsi du reste.
QUARANTE-TROISIEME ARCANE
On ne doit nullement douter de cet admirable sel, et les expériences que j'en ai
fait me donnent juger de croire des choses que je n'eusse jamais pensé. Je puis
néanmoins assurer qu'il dissout les métaux sans corrosion, ce que nulle chose ne peut
faire, vu qu'il a la vertu de tirer et de précipiter tout les corrosifs. J'ai encore remarqué
qu'il sépare le soufre aurifique des métaux, des plantes et des minéraux, ce que peu de
dissolvant peuvent faire. Ce sel peut enter et transplanter le soufre sur un autre corps.
Il a la vertu de fondre le métal comme le borax, vu qu'il fond à moindre chaleur que la
cire. Il a aussi celle de séparer l'or et l'argent des métaux et minéraux, mais sans
grand profit. Il a la puissance de coupeller, fulminer et départir l'or et l'argent, mieux
que les eaux fortes, et que les eaux régales ne coupellent. Il exalte et fortifie toutes les
couleurs des peintres et teinturiers, telles que font la noirceur de l'encre, de l'ébène,
des cuirs et autres. Il facilite la fusion du cristal, ce qui le rend propre pour le vernis
des potiers et des faïenciers, il rétablit aussi les vins gâtés.
QUARANTE-QUATRIEME ARCANE
Prenez l'huile odorante métallique et acide, faite par le vinaigre de vin, ou autre
acide, ou menstrue, avec la chaux de zinc tirée de la gomme adrop simple et du sel
d'or, ou de l'or pur bien ouvert et bien préparé, tant que l'extraction et l'or et du corps
de l'or soit faite. Purifiez ensuite cette extraction, puis distillez au doux sable par la
cornue jusqu'à réduction de miel ou gomme que l'on appelle adrop composé, faites
ensuite l'extraction de cette mixtion, de ces fèces, puis distillez au doux bain marie,
tout ce qui pourra passer qui sera insipide. Versez sur le résidu de la cornue de nouvel
esprit ardent métallique et distillez comme ci-devant dit. Faites cela tant de fois que
cet esprit ressorte aussi fort qu'on l'y a mis la première fois. Alors votre gomme adrop
sera animée, que vous distillerez, et sur laquelle vous verserez à plusieurs fois votre
esprit ardent pour le bien déflegmer, et alors votre Lion vert sera bien préparé. On
peut le congeler et le réduire en essence ou ciel. On appelle cette essence ou esprit
odorat solaire, ou Lion vert pour ce qu'il lui manque la cuisson pour le fixer, car ce
n'est pas le tout de volatiliser l'or, il faut fixer cet or volatil. Il est encore appelé Lion
vert parce qu'il dissout facilement l'or, et que cette dissolution prend une couleur
verte et prête à végéter à la moindre chaleur. C'est une voie pour fixer cet or volatil.
Cet or vert peut cependant aller à la fixité par la simple cuisson, sans y joindre de
nouvel or; mais le dernier est la voie la plus courte.
C'est le Lion vert que les Philosophes appellent leur or vif, ou leur mercure qui
n'est qu'en puissance, ou leur Azoth qu'il faut cuire pour qu'il devienne poudre
projective. On peut faire cette liqueur avec l'Adrop composé, mais elle n'est pas si
parfaite ni si puissante que celle dont nous venons de parler et de donner la
description. Il n'y a que l'huile jaune et odorante qui est sortie du vitriol physique et
qui a servi à la rectification du Lion vert, qui rend pénétrant le soufre de l'or fusible et
teingeant de façon qu'en trente jours de cuisson et d'incération, on fait une poudre de
projection. Cette abréviation est de Raymond Lulle, il se servait d'or très ouvert.
Le Saturne des philosophes est la gomme Adrop composée qui contient en
puissance l'or, et qui par la distillation donne le Lion vert et l'huile fermentative de
laquelle nous venons de parler.
QUARANTE-CINQUIEME ARCANE
Prenez tel vitriol qu'il vous plaira pourvu qu'il soit perlé et totalement séparé de
son alun et de ses eaux métalliques; ou mieux, du sublimé corrosif très pur et résout
sur une plaque de fer à la cave, filtrez ce délit et le coagulez en vitriol. Prenez donc
l'un et l'autre de ces vitriols bien secs et sigilez dans un matra bien sec et à cul plat, ou
il y aura pas plus épais qu'un doigt, tenez le tout à feu de sable réglé doux d'abord,
que le vitriol soit devenu tout rouge après avoir passé par toutes les couleurs. Ceci
s'appelle vitriol fixé par lui-même avec ses propres esprits. Le vitriol de Mars et de
Vénus est excellent pour cette opération, mais il faut que ces vitriols soient d'un rouge
très vif et le plus parfait possible. Mettez ce vitriol fixé et rubifié dans une cucurbite et
en faites l'extraction avec la liqueur acide, tirée de la gomme adrop réduite en sel, ou
en sel de zinc. Rassemblez toutes ces extractions, purifiez les par le bellum et par le
filtre et distillez doucement jusqu'à réduction de miel qu'il faut nourrir et saouler
selon l'art, avec un vinaigre tiré du sel de zinc, ou le vinaigre des montagnes, puis
distillez par la cornue, il en sortira un esprit vénuleux ardent, et une huile rouge avec
un peu de flegme, il faut rectifier l'un est l'autre tant de fois que l'huile ne donne plus
de fèces et soit bien volatilisée et que l'esprit soit bien privé de flegme. Alors on joint
ces deux purs ensemble, on les sigille dans un matra, puis on les cuit au feu de sable,
tant que la dite huile éthérée, que nous appelons ciel physique se soit totalement
séparée et dégagée de la liqueur avec laquelle elle est jointe et qu'elle nage dessus
comme si c'était une huile essentielle que l'on sépare par l'entonnoir, pour la joindre
ensuite à l'or, afin d'en faire une poudre fixe, pénétrante, teingeante, et projective. Il
faut prendre de l'or bien ouvert réduit en poudre selon l'art, rouge et bien réverbéré et
le traiter comme ci-devant, ce qui fait la gomme composée à laquelle il ne manque
que la cuisson pour être poudre projective. La même chose se fait aussi de tous les
métaux comme aux fusibles réduits en sel ou vitriol fixés par eux-même et traitez
comme ci-devant, on en tire les mêmes principes.
QUARANTE-SIXIEME ARCANE
Prenez cinq livres de chaux ou coton de zinc, mettez la dans un grand matra de
verre, versez dessus trois doigts de vinaigre des montagnes, et ce vinaigre séparé de la
chaux de zinc comme il sera dit ci-après, ou au défaut de celui-là, on peut se servir de
vinaigre ou esprit acide tiré du sel ou du salpêtre par la chaux de zinc ou à défaut de
tout ceux la, de quelque vinaigre Magistral bien fort, soit de vin, de miel ou autre de
cette nature. Les dits vinaigres animés avec un peu d'esprit de vitriol, ou autres
menstrues particuliers et surtout le vinaigre des montagnes qui est propre à cette
opération. Digérez votre matière à feu doux, remuant le vase de temps en temps,
parce qu'il s'amasse une croute au fond, qui devient fort dure, et au travers de laquelle
le menstrue ne pénètre plus, vos vinaigres étant devenus fort doux et bien chargés
d'une couleur rougeâtre, ou jaune bien foncé. Découlez le dit vinaigre et remettez y en
d'autre, et cela tant que le vinaigre ne tire ni douceur ni teinture, prenez alors toutes
ces teintures et les purifiez par le filtre tant qu'elles ne laissent plus de sédiment.
Etant en cet état et en cette pureté, mettez les dans des cucurbites de verre et distillez
au doux sable, jusqu'à ce qu'il vienne une gomme fort épaisse et foncée, alors retirez
du feu, et assemblez toutes les gommes en un seul vase, tandis qu'elles sont chaudes,
car étant refroidies elle ne se peuvent plus détacher et durcissent extrêmement.
Réservez la pour l'usage ci-après. Cependant, mettez sur le fourneau de sable doux ,
avec leurs vaisseaux de rencontre, le tout doit-être bien lutté (sic).
Prenez la liqueur qui est sortie en distillant la teinture pour faire les gommes
cidessus. Animez la par un esprit salin ou acide comme il a été fait en premier, pour la
faire servir à une nouvelle extraction. Prenez les têtes mortes qui ont donné la
teinture douce, faites les bien sécher en les distillant à feu fort, afin de retirer le peu
de menstrue qui pourrait être attaché. Réverbérez les après cela à feu ouvert sous une
moufle les remuant de temps en temps comme pour calciner l'antimoine, et cela si
longtemps qu'un peu de cette chaux étant mise sur la langue, on développe un petit
goût salin. Alors faites en l'extraction de la teinture comme il a été dit ci-devant,
répétant ce travail tant que cette chaux pourra donner par ce tour quelques
imprégnations douceâtres. Réduisez le tout en gomme comme il a été dit ci-devant, le
tout bien purifié. Prenez cette gomme ainsi préparé, dissolvez la dans du flegme de
vitriol, celui qui contiendra le plus d'esprit sera le meilleur, purifiez cette dissolution
par le bain marie et par le filtre, répétez cela tant de fois, c'est-à-dire, la dissolvant
dans de nouveau flegme, purifiant et distillant au bain marie, si souvent que cette
gomme vienne d'une diaphanité sans égale.
Alors ayez de l'esprit soufreux de vitriol bien pur totalement séparé de son huile
acide, et le plus qu'il se pourra de son flegme, versez en deux doigts sur cette matière
gommeuse, fusible comme cire, digérez avec le vaisseau de rencontre pendant
quelques jours, puis retirez le flegme au feu de sable modéré; remettez ensuite d'autre
esprit, et cela, par tant de réitération que l'esprit ressorte aussi fort que vous l'y avez
mis. Alors digérez cette matière quarante jours au bain marie, puis mettez cette
gomme toute chaude et liquide dans une grande cornue chaude ainsi que le fourneau,
adaptez promptement un grand récipient lutté avec une grande exactitude, puis
distillez au feu gradué très modéré selon l'art. D'abord et à la moindre chaleur il
passera un esprit ardent très subtil, semblable à l'esprit de vin, mais insipide, par
suite des fumées blanches qui se réduiront en huile ou liqueur grasse, jaune, couleur
de jacinthe, et d'odeur de camphre. Continuez le feu jusqu'à ce qu'il ne passe plus
rien, alors tout étant refroidit, cassez la cornue et vous trouverez au col des fleurs
sublimées blanches comme neige, c'est ce que les philosophes appellent le cœur de
Saturne.
Cependant comme les chaux concentrent les esprits qui agissent sur eux, ils les
déflegment et les rendent beaucoup plus puissants, ils en font des dissolvants
audessus du commun, si l'artiste studieux en profite à propos.
Prenez, s'il y en a, ces fleurs blanches qui ont l'odeur du camphre, parce qu'elles
sont la partie fixe de la liqueur huileuse mêlée avec les différentes liqueurs qui sont
dans le récipient, mettez le tout dans un vaisseau de rencontre et digérez au bain
marie. Votre esprit ardent passera le premier en vénules tortueuses comme l'esprit de
vin, que vous recevrez tout entier à part.
Ce précieux sel est encore appelé Sel Enixe, dont nous avons eu tant d'occasion
de parler. Il est cent fois plus précieux que l'or le plus fin, puisqu'il contient l'esprit
aurifiant dans une grande pureté, qui ne demande qu'à se coaguler avec l'or vulgaire
afin de le fixer lui-même et de l'exalter. C'est lui que l'on met avec la liqueur tirée de la
rose des philosophes qui était circulée comme il est dit ci-devant produisant la liqueur
Alkaest, ou dissolvant universel. C'est lui aussi qui étant cuit jusqu'à rougeur, étant
extrait avec la liqueur tiré de sel de zinc, forme la salamandre, comme dit ci- devant.
QUARANTE-SEPTIEME ARCANE
de Mars et de Vénus.
Prenez vert des montagnes qui est une vraie mine de Vénus, d'un beau vert
velouté, duquel les peintres se servent pour faire une couleur verte. A son défaut
prenez du vert de gris de Montpellier, l'un ou l'autre le plus sec qu'il sera possible,
pulvérisez le très bien, puis faites en l'extraction avec la liqueur totale tirée du sel de
saturne vulgaire, c'est-à-dire l'esprit, le flegme et la liqueur huileuse, acide, et jusqu'à
ce que l'on en tire plus de teinture. La liqueur tirée du zinc vaudrait beaucoup mieux.
Rassemblez les extractions et les purifiez par le bain marie à pellicule, cristallisez, ou
mieux, laissez la en gomme sur laquelle vous affuserez de la liqueur acide de saturne
dans une cornue tant que le tout ressorte puant, alors digérez le tout au bain marie,
puis distillez à feu gradué comme l'huile de vitriol pendant trois jours avec le ballon à
trois pointes.
Prenez tout ce qui sera dans les deux ballons et les digérez pendant huit ou dix
jours au bain marie, puis faites en la rectification au dit bain marie et au sable afin
d'avoir une liqueur rouge bien clair, bien déflegmé et bien sec de façon qu'elle puisse
enflammer un linge qui en sera imbibé et allumé, alors vous aurez l'huile et l'esprit de
Vénus bien préparé, pour en composer la pierre de Buthler, pour la santé comme il
est dit ci-devant, ce qui se peut encore faire de la façon qui suit: Cristallisez votre
extraction quant elle sera bien pure et évaporée à pellicule, réduisez la à froid en beau
sel vert s'il sont bien purs et transparents, ils sont bien faits, et alors il faut les
résoudre et les coaguler deux ou trois fois dans du flegme de vinaigre distillé afin de le
perler, et de le rendre dans sa dernière perfection. Alors prenez ce vitriol très pur et
en mettez peu à la fois dans des matras à cul plat, n'en mettez que l'épaisseur du
doigt. Sigillez et cuisez le tout au feu de sable, jusqu'à ce qu'il soit devenu rouge
comme du colcotar ce que l'on appelle graduer, ou fixer le vitriol par lui-même avec
ses propres esprits, étant en cet état servez vous en comme il est dit ci après.
Prenez des pierres à feux ou cailloux, lavez les et les faites rougir, éteignez les
dans du bon vinaigre réitérez cela trois ou quatre fois et tant qu'ils pourront se
pulvériser facilement, mettez les en poudre très fine que vous arroserez deux ou trois
fois avec la liqueur acide tirée du sel de saturne, la desséchant doucement à chaque
fois. Prenez en une livre et deux livre de vitriol susdit, triturez et mêlez bien le tout
ensemble dans un mortier, mettez ensuite dans une cornue vide aux trois quarts, à
laquelle vous adapterez un ballon à deux pointes lutté exactement, puis distillez à feu
gradué pendant trois jours, rectifiez et séparez l'huile rouge, l'esprit ardent et le
flegme selon l'art, et vous aurez l'esprit et l'huile de Vénus bien préparés pour en faire
une médecine comme il a été dit ci-devant, ou il est parlé du feu de Vénus en la
traitant comme il a été dit au même arcane, car cette huile est le véritable feu de
Vénus. Prenez ensuite de la limaille d'acier ou de fer bien nette, mettez la dans une
cucurbite avec deux parties d'huile rouge susdite et huit ou dix parties d'eau distillée,
remuez le tout de temps en temps jusqu'à ce que la limaille soit dissoute, purifiez
cette dissolution par le bain marie et par le filtre, puis évaporez jusqu'à pellicule, et
cristallisez selon l'art. Vous aurez alors un beau vitriol dans lequel est joint le soufre
solaire de Mars et de Vénus. Calcinez ce vitriol par lui même, le fixant et graduant en
poudre rouge avec son esprit par la cornue, comme nous l'avons déjà dit. Alors
distillez par la cornue avec le ballon à deux pointes comme vous l'avez déjà fait pour
celui des vénules, rectifiez la liqueur qui sera dans le récipient, séparez en l'esprit
vénuleux qui est mercuriel, et l'huile acide rouge qui est souffreuse, puis prenez la tête
morte de ce vitriol de Mars et de Vénus que vous imbiberez avec la liqueur acide tirée
du sel de Saturne, à deux ou trois reprises, la réverbérant sous le moufle à chaque
fois, afin d'en bien extraire tout le sel central. Rassemblez toutes les extractions,
filtrez les à clair fin, évaporez les ensuite jusqu'à circonstance de gomme, avec
laquelle vous mettrez toute l'huile souffreuse de Mars et de Vénus. Digérez huit à dix
jours au bain marie, puis distillez à feu gradué, comme il est dit ci-dessus afin que
l'huile enlève avec elle l'esprit et son sel, elle aura plus de force qu'elle n'en avait
avant, alors votre vrai menstrue d'or sera préparé pour faire une pierre particulière de
cette manière.
Notez que cette huile acuée de son sel est rejointe à son esprit mercuriel, et que
le tout circulé jusqu'à préparation d'huile essentielle, forme une matière qui est le
premier être ( principe ou goul ) des métaux, ou leur mercure simple. Mais si l'on fait
l'opération et que l'on joigne à l'huile qui a dissout l'or et son esprit vénuleux et
mercurielle, et que l'on circule jusqu'à séparation de l'huile essentielle, on a une
substance que les philosophes ont appelé Azoth ou mercure double et que nous
nommons ciel physique et fermentable, qui étant cuit seul, sans autre addition se
convertit en poudre rouge fixe, fusible, teingeante et projective.sic.
Notez enfin que si l'on sublime les cristaux ou vitriol de Vénus, avec le mercure
courant vulgaire et que l'on répète ce travail deux ou trois fois, avec de nouveau
mercure, puis qu'on cuise le tout jusqu'à rougeur, et qu'on en tire la teinture avec la
liqueur acide de Saturne, le tout circulé jusqu'à ce qu'il ne reste plus de fèces, on aura
une véritable salamandre, faite avec le feu de Vénus, grandement profitable pour
toutes les maladies en général. On peut faire la même chose avec tous les sels ou
vitriols des métaux, minéraux et marcassites, si ils ont été traités de même, ils ont de
grandes vertus pour la médecine et la métallique.
QUARANTE-HUITIEME ARCANE
Procédé simple et curieux d'un Curé de
Saint Brice.
Il mettait partie égale de sel et chaux vive de zinc dans un creuset, à calciner au
feu de roue selon l'art, pendant six heures. Dans le courant des deux dernières le pot
devient tout couvert de feu. Laissez refroidir et dissoudre en eau pure, puis filtrez et
évaporez au feu doux, et réitérez cela sept fois avec nouvelle chaux vive. Ensuite il faut
le dissoudre en eau et le coaguler, et ce sel deviendra fusible et fixe comme l'or.
Lequel sel étant mis et joint au mercure dans un œuf, à feu doux, et fixait en huit ou
dix jours le mercure en Lune fine, ou argent fin. On croie qu'il amalgamait de la chaux
dans l'œuf avec le mercure pour le purifier et le déterminer. On croie également que le
sel de plusieurs Aigles, mis une fois ou deux avec de la chaux à calciner, à dissoudre et
à évaporer deviendrait fusible sans pouvoir se coaguler au feu, et deviendrait comme
l'huile fusible et incombustible.
QUARANTE-NEUVIEME ARCANE
CINQUANTIEME ARCANE
du Mercure.
Distillez le mercure dans un alambic de verre par le moyen d'une cucurbite aussi
en verre. S'il passe sans rien laisser après lui ainsi que l'eau minérale est bonne, dans
laquelle l'or et l'argent se fondent et se dissolvent comme la glace dans l'eau chaude,
elle forme après distillation une huile qui étant sublimé avec le sublimé doux et cuit
jusqu'au rouge, est une vraie poudre de projection. Elle teint et recuite encore, elle
arrête l'argent vif vulgaire. Cette huile change l'argent vif vulgaire en or dans un
moment, ce que l'huile d'or ou d'argent ne saurait faire.
CINQUANTE-UNIEME ARCANE
Eau de Mercure.
Huile de Mercure*.
pour la santé.
Prenez de l'arsenic blanc et du salpêtre, ana, une livre de chaque, pilez les et
réduisez les en poudre, mêlez les ensemble et mettez les dans une cornue ensuite
distillez à feu gradué selon l'art. Il en sortira une eau bleue qui blanchit le cuivre, mais
il faut avoir soin de bien lutter un grand ballon au bas de la cornue, et s'il arrivait que
le cuivre soit un peu fragile, c'est-à-dire un peu cassant, il faudrait le faire recuire à un
feu doux cela ferait pénétrer la teinture et fixerait davantage le cuivre.
Prenez de l'or fin de ducat ou purifié par l'antimoine, puis l'ayant fait réduire en
feuille, mettez lit sur lit, avec le sel ammoniac extrait de l'esprit de vin, dans un
creuset d'assez grande capacité et à découvert, mettez le à petit feu de charbon pour
réduire l'or de puissance en acte.
Ce qui est particulier en cet œuvre c'est que l'or est calciné avec conservation de
sa radicale substance et le précipité en a de cassint (?). Ce susdit précipité pourpre étant
fixé comme ci-dessus, vaut autant que la grand pierre des philosophes pour augmenter le
soleil.
CINQUIEME SIXIEME ARCANE
Prenez une once d'or fin et taillé comme une petite feuille de papier. Rougissez la au feu,
puis faites en une pâte avec du vif argent et passez la une fois par le linge. Broyez ensuite la
calotte qui restera au linge, avec autant de soufre vif, mettez le tout pendant une nuit dans un
creuset à petite chaleur et le soufre se consumera peu à peu. Le lendemain il faut bien le
remuer avec une vergette de fer sur la braise, pour faire brûler tout le soufre qui ne le sera
pas, et pour faire évaporer le vif argent et l'or restera au fond, bien réduit en chaux comme
une espèce de farine jaune, alors tenez la dite chaux au feu de flamme, vingt quatre heure au
fourneau de réverbération, et la première calcination sera faite. Réitérez par trois fois, avec
soufre et vif argent nouveau, comme vous avez fait, il en restera une chaux d'or impalpable,
que la seule eau Rose dissout sur le feu, puis mettez votre chaux dans un matra de terre avec
quatre doigts d'esprit de vin, sur les cendres chaudes et pendant trois heures et vous
trouverez votre eau jaune comme de l'or de ducat. Il faut la séparer puis la garder et en
remettre d'autre jusqu'à ce que tout l'or soit dissout et rendu potable pour boire; lequel a la
propriété de guérir la lèpre, la goutte, la vérole, la peste, le mal caduc, ou l'épilepsie,
l'hydropisie, et presque toutes les maladies incurables. Il renouvelle le sang, fait changer la
barbe et rajeunit la vieillesse. Il faut en prendre la valeur d'un grain tout les matins. Enfin
La céruse de l'argent fait aussi des merveilles, elle guérit toutes les écrouelles, elle se
réduit en sel de Lune ( argent ) transparente comme le cristal, elle fixe le mercure et tous les
esprits minéraux fugitifs et les rend fusibles sans s'enfuir au feu, elle ainsi que celle de l'or. Je
dis toute la céruse ou chaux, que le sel d'or se fait avec l'huile de tartre philosophale précieux
fait avec de l'eau de vie, alors tel sel renouvelle le corps et prolonge la vie.
( Nota ) La Lune ( l'argent ) se calcine aussi le sel gemme mis ensemble lit sur lit, mais il
faut prendre garde qu'elle ne se fonde car il faudrait recommencer.
et manière de l'allumer.
Ce feu perpétuel ne peut s'éteindre par le vent ni par l'eau, mais seulement par le
vinaigre et il s'allume que par le feu céleste, comme il est dit ci-dessus. On joint cette
fiole d'or potable, ou huile incombustible dans une lampe à pompe, ou lampe à
réverbère, avec une forte mèche d'alun de plume, et l'expérience de plusieurs siècles a
prouvé que l'huile ne diminue jamais, que la mèche ne se consume point et qu'il en
résulte une lumière éternelle.
Prenez cinq onces d'eau régale et faites dissoudre une once d'or fin de Ducat sur
les cendres chaudes, et quand l'or sera converti en eau jaune, gardez la séparément.
Prenez sept onces de mercure bien pur, et le plus fin d'Espagne, dissolvez le dans l'eau
régale, ou dans l'esprit de nitre, séparément dans une bouteille, et elle deviendra en
eau aussi claire que l'eau de fontaine. Mettez cette eau mercurielle, dans celle de l'or
susdit, ensuite mettez le tout dans une cucurbite de verre, pour en retirer votre eau
régale, qui sera toujours bonne; mais auparavant, mettez y de l'urine chaude, goutte à
goutte, crainte de la grande ébullition, comme à l'or pourpre de Cassius, et vous aurez
un précipité couleur de pourpre. Puis après retirez l'eau régale, et vous donnerez bon
feu à la fin, pour faire sortir tous les esprits de l'eau régale susdite, au fond vous
trouverez un précieux précipité animé de l'or et si quelque chose se sublime, il faut le
broyer avec ce qui reste au fond, et le cuire à feu doux jusqu'à ce que votre précipité
soit bien fixé et qu'il ne remonte plus en haut. Vous pourrez ci après y ajouter le sel
exubéré tiré de la Rose des Philosophes et le cuire derechef; par ce moyen vous
pourrez le manipuler à l'infini, en y ajoutant toujours de nouveau sel de la Pose, et en
faire une poudre de projection.
Pour guérir tout les corps corrompus par quelque maladie que ce soit, telle que,
la vérole, grande ou petite, les chancres, les fistules et tous les autres maux, en
prenant un gros de ce précieux précipité, en trois fois, le matin à jeun, dans un peu de
conserve rose. L'expérience a été faite sur un homme qui avait le ventre enflé et gros
comme celui d'un bœuf, il était jaune partout le corps comme un safran. En cinq jours
de temps, il fut très bien guéri, par la grâce de Dieu.
SOIXANTIEME ARCANE
Prenez eau forte faite de deux parties de salpêtre et une d'alun de roche, prenez
de votre sel exubéré indiqué ci-devant, autant qu'il vous plaira ensuite prenez de l'eau
forte susdite autant qu'il en faudra pour dissoudre ce sel, lequel se dissoudra
facilement. Alors prenez autant d'argent fin que vous avez pris de sel, faites le
dissoudre dans la même eau dans un vaisseau séparé, en prenant garde de ne point
mettre trop de cette eau.
Votre sel et votre argent étant dissouts et convertis en eau, et quand il n'y aura
plus de fèces joignez ces deux eaux ensemble, aussitôt elles fermenteront et
bouilleront, l'argent ira au fond du vaisseau comme un maton à faire du fromage.
Alors remuez et agitez le vaisseau, en incorporant les deux matières ensemble, puis
mettez le sur le fourneau à cendre tiède, et laissez la reposer un peu tant que vous
verrez l'eau dessus qui sera verte sans être troublée de ses fèces. Evacuez ensuite l'eau
dans un autre vaisseau, tant qu'elle ne sera point troublée et vous mettrez cette eau à
part.
Vous prenez alors de l'eau forte nouvelle, pareille à celle indiquée ci-dessus,
pourvu qu'elle n'ait point été mise en œuvre, jetez de cette eau sur les fèces qui sont
restées au vaisseau, après que l'eau aura été évacuée, puis remuez bien le dit vaisseau
et mettez le reposer sur les cendres. Réitérez cette opération, jusqu'à ce que la matière
soit dissoute entièrement. Cela fait, mettez la dans une cucurbite avec son chapiteau
et son récipient le tout bien lutté, distillez par le bain marie à petit feu, tant que tout
les flegmes soient dehors. Ensuite essayez à la langue, si l'eau qui se distillera sera
assez douce et quand vous sentirez qu'elle commence à piquer, ôtez la cucurbite, et
ayez soin que la matière s'évente le moins possible. Alors prenez de l'argent fin en
feuille, mettez le peu-à-peu dans la matière qui sera restée dans la cucurbite, laquelle
lui servira de nourriture. Mettez en tant que la matière en pourra dissoudre, placez la
cucurbite sur les cendres, attendu que la dissolution de votre argent se fera mieux à
petit feu. L'opération étant faite laissez refroidir le vaisseau, après quoi vous le
mettrez putréfier avec la matière, au bain, pendant quinze jours; il faut que le vase
soit bien lutté, que le lutte ait la puissance de résister à l'eau, à l'humidité du bain, qui
ne doit être que d'une moyenne chaleur, que cette chaleur soit continue et égale, car
c'est le clef de l'œuvre. Le feu doit être fait avec de la sciure, ou mottes de tau, dont se
servent les tanneurs. Si le feu est bien gouverné la matière sera dissoute dans quinze
jours, et si elle n'était pas entièrement dissoute dans cette espace de temps, il faudrait
attendre qu'elle le fut complètement par ce régime.
C'est ici le grand secret pour multiplier la pierre à l'infini, car cette congélation
doit se faire premièrement à petit feu, en second lieu vous l'augmenterez à feu moyen,
tant que tout soit congelé par ce régime. Parvenu à ce point vous posséderez l'élixir
blanc des sages, au moyen duquel vous pourrez faire la projection sur Vénus, c'est-
àdire sur le cuivre en laiton, en aussi grande et petite quantité qu'il vous plaira. Notez
bien que cette liqueur projective ne peut transmuer aucun autre métal que le cuivre,
et voici comment se fait la projection.
Prenez une partie ( une once ) de fine Lune, ou argent fin, ajoutez y sept parties
de Vénus fine, c'est-à-dire de laiton fin ou cuivre jaune, le meilleur que vous pourrez
trouver, car il en existe dans le cuivre fin une teinture, fondez d'abord le cuivre dans
un creuset, et lorsqu'il sera fondu, mettez y une partie d'argent fin en feuille, dont le
poids doit-être la septième partie de votre cuivre, incorporez les bien ensemble, puis
ajoutez y une once de la médecine indiquée ci-dessus, mêlez le tout, ensuite jetez la
matière en lingot et vous aurez pour résultat un argent très pur et très fin, à toute
épreuve pour soutenir l'examen, lequel peut servir pour guérir toutes les maladies en
général. Il a aussi la propriété de rendre le verre et le cristal malléable.
Isaac hollandais
Cette pierre ou sel solaire et lunaire guérit toutes les maladies, il détruit encore
le principe de mort qui domine toute la matière, elle fait disparaitre la tache originelle
que nous avons en naissant, même dès le principe de notre conception, depuis la
chute du premier homme. C'est le vrai Or et Argent potable des Anciens, dont la
Tourbe a dit tant de merveilles, cachant avec soin le nom, la propriété et les
opérations.
Celui qui en prendra un grain tous les jours pendant neuf jours consécutifs, se
croira transporté dans le Paradis terrestre, pensant avoir mangé du fruit qui
perfectionne la forme, l'âge, et la force de son esprit et de son corps. C'est pourquoi
les sages en usent une fois toute les semaines avec du vin chaud et il vivent en parfaite
santé jusqu'au terme prescrit par Dieu, car nul homme ne peut vivre éternellement
sur terre.
Pour ceux qui ont des maladies externes, des gangrènes dans l'intérieur du
corps, donnez leur un grain de la pierre deux jours de suite dans du vin chaud, ils
seront radicalement guéri. Mais pour consolider les ulcères, prenez trois grains de la
pierre dans deux onces de vin, laissez la liquéfier et lavez les ulcères soir et matin, et
donnez en au malade, un grain tous les jours, dans du vin, il guérira dans douze jours.
Il faut aussi jeter de ce vin avec une seringue d'argent dans les ulcères fistuleux. Pour
ceux qui on prit du poison, tel violent qu'il soit, et à quelque dose que ce soit, il faut
sur le champ leur administrer un gros de la pierre dans du vin, le poison ou venin et
toutes les mauvaises humeurs sortiront par les selles.
Notez que pour faire usage de la pierre pour la médecine, il faut la prendre avant
qu'elle ait été fondue, soit avec l'or ou l'argent, afin qu'elle obéisse plus facilement à
l'acide de notre estomac, car lorsqu'elle est fermentée avec l'or ou l'argent, elle perd
dans le moment toute sa vertu médicinale.
SOIXANTE DEUXIEME ARCANE
Il n'y a rien de si commun que de trouver dans les auteurs qui écrivent de cet
art, l'éloge de la médecine universelle, autrement dit grand Elixir des Sages; mais il
n'y a rien de si rare que de trouver la juste proportion de son usage sans danger.
Plusieurs savants loin de se procurer la vie, se sont donné la mort par imprudence,
pour ne pas avoir observé le degré de sa vertu. Nul ne doit ignorer qu'une grande
flamme en suffoque une petite. Le soleil par sa chaleur anime toute la nature, cette
chaleur étant trop excitée nous brûle. Voici le motif pourquoi il est difficile de statuer
sur une vertu qui varie selon l'adresse de l'artiste. Quelques uns à la première coction
du grand œuvre, l'ont perfectionnée à peine au centuple, et d'autres plus adroits, l'ont
perfectionnée plus qu'au millième. Cette variété contribue à l'incertitude de la
pesanteur de la dose que l'on doit employer pour l'usage de la médecine.
C'est le même procédé comme pour les maladies internes, mais il faut bien
nettoyer et éponger les plaies et les bien bassiner avec ladite liqueur, mettre dessus
une compresse ou de la charpie qui en soit bien imbibée et continuer jusqu'à guérison
qui n'excédera pas neuf jours.
Cette médecine a tant de vertu qu'en quelque partie du corps qu'il soit porté, le
mal n'y pourra demeurer. De plus, étant donné à boire à un démoniaque, incontinent
elle chasse l'esprit malin de son corps, car elle est la vraie quintessence, où il n'y a rien
de corruptible, et en laquelle les éléments sont sans corruptions.
Celui qui prendra cette médecine pendant neuf matins de suite, se frottant de
temps en temps de l'huile d'icelle, elle le rendra tellement d'esprit, qu'il lui semblera
tout d'air et léger comme un oiseau ce qui est croyable que par celui qui l'aura
expérimenté.
Fort peu de savants ont connu ou fait connaitre les admirables qualités de la
précieuse pierre, tant pour conserver le corps dans une parfaite santé jusqu'au terme
fixé par Dieu pour la fin de son existence, ainsi que les autres vertus qu'elle cache en
elle. Car elle est véritablement une médecine divine et angélique, à quoi rien dans le
monde ne peut être comparé.
Pour faire des pierres précieuses, il faut calciner le cristal pour le rendre plus
pur, le dissoudre dans le dissolvant universel pour en séparer les scories, puis le
fondre dans un vase convenable avec la dixième partie de la pierre blanche pour le
diamant. Pour le rubis et l'escarboucle, c'est le même procédé excepté qu'il faut de la
pierre rouge.
Disposez six morceaux des six métaux selon le nom de leur planète, de la
grandeur d'un Noble à la Rose d'Angleterre, et imprimez sur chacun d'eux le caractère
de la planète, le nombre de son sceau mystérieux avec le nom et le caractère du Génie
qui lui correspond à l'heure que la planète domine, puis prenez six gros de mercure,
sans lui imprimer de figure, placez ensuite les six autres métaux ( gravés avec un
burin comme dit ci-dessus ) dans l'ordre où les planètes sont placées dans le nouveau
système planétaire du ciel. Ainsi qu'il suit: Saturne, le plomb. Jupiter, l'étain. Mars, le
fer. Le Soleil, l'or. Vénus, le cuivre. Mercure, le mercure. La Lune, l'argent. Fermez
bien les fenêtres qui sont dans la chambre pour supprimer la lumière, placez vous au
milieu, fondez vos métaux dans un creuset, aussitôt qu'ils se fondront et seront bien
mêlés ensemble, versez y sept gouttes de votre liqueur sacrée, il en sortira de suite
une flamme qui éclairera toute la chambre. Ne craignez rien, il ne vous arrivera aucun
mal, et vous verrez tout le firmament au-dessus de votre tête, tel qu'il est au ciel
étoilé, le soleil, la lune avec le même éclat qu'ils ont dans le ciel, et tout disparaitra de
lui même en un quart d'heure.
SOIXANTE QUATRIEME ARCANE
Par ce moyen vous serez connu et connaitrez les sages de votre genre, qui
existent sous votre horizon. Pour savoir le nom et connaitre le domicile des
philosophes il faut se frotter les tempes avec la pierre blanche, ensuite prier Dieu
dévotement qu'il vous fasse connaître celui qui vous aura répondu, allez ensuite vous
coucher et mettez sous votre tête trois feuilles de laurier nouvellement cueilli. Arrêtez
votre imagination dans le seul désir de connaitre ce savant et dormez. A votre réveil,
rappelez vous en votre mémoire ce que vous avez vu et pensé dans votre sommeil, par
ce moyen vous connaitrez le nom et la demeure du savant. Il se pourra faire que lui
même veuille vous voir sous l'habit d'un simple individu, plutôt que sous celui d'un
personnage important, avec le désir de conférer avec vous, afin de savoir si vous êtes
plus ou moins savant que lui, pour vous éclairer ou s'instruire lui-même.
La cause de cette admirable merveille subsiste dans l'esprit universel de l'or qui
est contenu dans la pierre philosophale. Il se pourrait même encore que l'instruction
du sage qui viendrait vous visiter surpasse de beaucoup tout ce qui est indiqué dans
cet écrit parce qu'il faudrait un très fort volume pour contenir toutes les merveilles
que l'on peut faire par la vertu admirable de cette Pierre.
L'on obtint par son moyen les vertus morales ainsi que la conversation familière
avec les bons esprits. Il serait trop long de vouloir écrire toute ses vertus. Celui qui a
le bonheur de la posséder peut tout opérer dans le monde terrestre et céleste. En un
mot il possède la science des anges.
Cet art nous apprend dans une souveraine perfection, l'Astrologie, l'Astronomie,
et tous les arts de mathématique. Ayant bien observé ce qui a été écrit, on n'a plus
besoin d'étude, car toutes ces choses s'apprennent par le seul don de Dieu. Notez bien
qu'avant de faire ces grandes opérations, il faut prendre pendant neuf jours, une
petite partie de la pierre selon la méthode qui a été décrite. Alors votre entendement
et votre intelligence deviendra d'une nature angélique et vous porteront à vous
attacher uniquement à celui dans lequel réside toute la plénitude de la sagesse et de
toute science, pour parvenir à la connaissance des œuvres du très haut, telle qu'elles
sont annoncées dans la sainte écriture, et cela par un secret des plus admirable, que la
bonté du créateur a daigné montrer à une chétive créature.
Image de la Création.
Voici un secret magique qui surpasse tout ce qui a été dit et écrit jusqu'ici, et qui
s'opère par le moyen de la pierre, ce qu'ayant vu on est tout étonné. On pourra se
croire un être privilégié de Dieu, et par conséquent au rang des mortels les plus
heureux. C'est alors que vous reconnaitrez l'incapacité où vous êtes de pouvoir exalter
la gloire de Dieu, car vous verrez le miracle des Miracles.
Prenez de l'eau de pluie qui tombe sans vent et sans orage, recevez la dans des
vases neufs ou très purs, vous en préparerez la même quantité et emploierez le même
procédé indiqué ci-devant. Il faut si faire se peut que ce soit dans un jardin muré pour
n'être ni vu ni observé de qui que ce soit. Il faut choisir un jour bien clair. Alors
exposez votre vaisseau de bois contenant l'eau directement au midi, puis versez
dedans une goutte de cette huile rouge ou pierre sacrée. Aussitôt vous verrez votre
eau couverte d'épaisses ténèbres ainsi que l'a écrit Moïse dans l'histoire sacrée, quand
il nous instruit des œuvres de l'éternel, lors de la création. C'est ainsi qu'il en a été au
commencement de toutes choses. Versez au bout de trois ou quatre minutes, deux
autres gouttes, vous verrez sur la surface de l'eau toutes les merveilles que Dieu créa
le second jour de la création. Après quatre ou cinq minutes, versez en trois gouttes, et
toutes celles qu'il a faite le troisième jour seront sous vos yeux. Vous en versez quatre
gouttes à la quatrième fois, cinq à la cinquième et six pour le sixième et dernier jour,
et toujours de quatre à cinq minutes d'intervalle.
Vous lisez ici ce que j'ai écrit, ce que nul autre n'avait écrit avant moi. Pensez y
bien, voyez si ces secrets ne sont pas digne d'admiration et si sans la permission de
Dieu, il convient de révéler d'autres grands mystères, à d'autre qu'à des sages qui
possèdent réellement le grand secret du grand œuvre.
Je finis en répétant qu'il faut soigneusement conserver cet écrit; qu'il faut
craindre Dieu et l'aimer de tout son cœur; car sans son divin secours, cet art serait
plus nuisible qu'utile. Servez le donc en esprit, afin qu'il vous conduise dans la bonne
voie.
et de la sagesse
FIN
Copié sur le manuscrit original avec la plus scrupuleuse exactitude par hte Martin