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Les acteurs du marché des

Matières Premières
Filières, Producteurs, Négociants et Acheteurs
I- L’Analyse par filières
• Comptabilité nationale : équilibre emplois ressources compatible
qu’avec un découpage horizontal (par produit) de l’économie
• Introduction du concept « filières » (problème: définition, d’où
pluralité des définitions)
• Définition la plus globale :    »une filière est composée de la
succession des étapes technologiques de productions distinctes et
séparables associées à l’utilisation d’une ressource donnée ou à
l’obtention d’un produit déterminé »
1-L’épaisseur d’une filière
• Au moins une extrémité.
• Son origine ou son aboutissement est un produit (filière cuivre, filière électricité nucléaire…)
2- La frontière des filières:
• Il existe une interdépendance étroite des différentes activités (surtout les PI); dans chaque processus
de transformation, plusieurs produits interviennent (conso inter ou biens d’équipement)
• Exemple: l’industrie textile qui utilise des fibres naturelles, des fibres et des fils synthétiques et
artificiels, devrait avoir en amont la culture et l’élevage et la pétrochimie (en amont de laquelle il y a
l’industrie pétrolière..)
• Besoin d’identifier les frontières d’une filière
3- La structure des filières : une succession d’étapes
Extraction

Minerai
Raffinage Déchets
Métal
Transformation

Produits semi-finis
L’analyse par filières appliquée aux marchés
internationaux des produits agricoles
• L’approche par les branches de la compta nat
• L’approche par le mode de production (Marx)
• L’approche par filières
En partant des définitions les plus étroites vers les plus larges:
-La filière industrielle au sens strict : transformations possibles d’un produit sans
envisager de stades commerciaux (filière carbonate de soude, filière palmier à huile)
-La filière « produit »: différents stades de transformation industrielle et
commerciale d’une MP (la filière porc)
-La filière « globale »: les points précédents + tout l’environnement de la filière :
l’Etat et ses administrations, agents financiers, les centres de recherche et de
développement
II- La stratégie des producteurs
Le Groupe de Bogota
Tentative de cartellisation par les producteurs de café

• Groupe de Bogota: 8 pays producteurs de café d’Amérique latine (Brésil,


Colombie, Mexique, Salvador, Guatemala, Costa Rica, Honduras et
Vénézuela). Leur production = 57% de la production mondiale en 78-79.
• Objectif de ce groupe: Cartel suffisamment puissant , pour influencer à la
hausse les cours du café. Ensuite, le stabiliser à des niveaux rémunérateurs.
• 2 événements importants permettant de comprendre les problèmes
soulevés par la création et la disparition du groupe de Bogota:
1- La gelée brésilienne du 18 Juillet 1975
2- La réactivation de l’Accord International du café début octobre 1980, qui
met fin à toutes les tentatives unilatérales d’organisation du marché
Etapes
• L’avant- gelée de 1975
• La phase de hausse des prix qui a duré 22 mois
• La phase de baisse (aussi longue)
• La création du groupe de Bogota et ses interventions sur le marché
• La cessation de ses activités en Octobre 1980 et sa liquidation
1- L’avant- gelée
Caractéristiques:
- Un marché extrêmement stable et des prix sans grandes fluctuations
- L’accord international du café (de 1968) régularise le volume des exportations et
garantit aux producteurs un prix minimum
- Excédent de production (surtout entre 1962- 1965) d’où une hausse des stocks (surtout
au Brésil). Baisse des stocks à partir de 1965.
- Forte progression de la consommation mondiale jusqu’en 73-74
- Coûts de financement peu élevés des importateurs et industriels

Période 1960- 1975:


-Lente détérioration des conditions de la production du café
-Une progression régulière de la consommation mondiale
2- La gelée du 18 Juillet 1975
Bouleversements du marché du café pendant 5 ans:
- 50% du parc caféier détruit
- Production brésilienne compromise pour au moins 4 ans (de 23
millions de sacs à 7 millions de sacs en 76)
Mais cette chute a été compensée par la hausse de la production dans
d’autres pays, surtout Colombie et Amérique centrale
3- La phase de hausse
Les conséquences de la gelée:
-La perspective de pénurie provoque une psychose chez les acheteurs. Surtout que les
pays producteurs organisaient « la rétention »
-Spéculation (opérations sur les marchés à terme)
-Les prix passent ainsi de 4.5 à 36 Francs par kilo.
- Nouvelle situation à partir du début de 1977. L’Accord International du Café perdait de
sa signification et était gelé + les acheteurs avaient bcp augmenté leurs couvertures.
Conséquence: déplacement rapide des stocks des pays producteurs vers les ports des
pays consommateurs. La consommation était finalement plus élastique que prévu, d’où
un ralentissement net de la demande (-15% en moyenne).
D’où une baisse des cours.
4- Phase de baisse
• Malgré des tentatives de stabilisation des cours par les producteurs et une
nouvelle gelée en Aout 1978.
• La consommation était au plus bas, les habitudes d’achat ont changé.
A l’initiative du Brésil et de la Colombie, 8 pays producteurs d’Amérique latine
ont établi un constat d’échec:
Manque de coordination des politiques commerciales: en période de hausse,
tous étaient unanimes à relever les prix; à la baisse ce fut la course suicidaire à
la vente, chacun voulant assurer la commercialisation de sa récolte avant les
autres (Hausse brutale des exportations de la Colombie en 1978).
D’où la décision fin 1978 de constituer un groupe de producteurs pour mettre
en place une politique de soutien: création du groupe de Bogota
5- La création du groupe de Bogota et ses
activités
• Au début, c’était un club où chacun, soucieux de défendre les prix du
café, apportait ses idées
• Le champ des activités du Groupe s’est limité à des opérations de
soutien sur les marchés à terme de New York et de Londres soit sous
forme d’opérations spéculatives d’achats et de ventes de contrats à
terme; soit sous forme de réception de cafés
3 phases marquantes du Groupe de Bogota
1- Injection d’argent frais dans les bourses du café. Reprise de l’équilibre et les cours ont repris.
Constitution d’une belle trésorerie grâce aux bénéfices. La gelée de Juin 1979 accélérait la reprise.
Le groupe apparaissait comme la solution idéale aux problèmes des pays producteurs
2- 1979- 1980: Phase de consolidation: On a pu constater que dans une tendance baissière, il sera
très difficile d’enrayer le mouvement (le freiner pas l’arrêter). Le cas avec les perspectives de
surproduction entre Juin 79 et Février 80. Mais fin 79, la trésorerie du groupe était insuffisante
pour continuer à exercer une influence sur les cours. L’Administration US (CFTC) a demandé au
groupe de se transformer en Société Commerciale: constitution de PANCAFE en Janvier 80 (Siège
au Panama).
Mais le groupe était trop « long » et ayant une trésorerie amputée par les financements coûteux
des stocks
3- Déclin et fin du Groupe: absence de gelée et donc stabilisation de la production (et même
surproduction). Impossibilité de soutenir les cours faute de moyens financiers .
L’offre mondiale de café était largement suffisante et la demande était morose
6- La liquidation du groupe de Bogota
Raisons de la chute brutale des cours de l’été 1980:
-Stocks à nouveau importants dans les ports des pays consommateurs
-Baisse de la demande au niveau de la torréfaction
-Récoltes à nouveau très suffisantes pour équilibrer l’offre et la demande : pas de
risques de pénurie et réapparition des risques d’excédents
-Situation économique mondiale mauvaise affectant les habitudes des consommateurs
-Des fluctuations monétaires ( surtout Dollar et Livre Sterling)
-Incapacité de PANCAFE de renverser la tendance baissière faute de liquidités
Réunions de l’Accord International du Café
• Stabiliser les cours
• Distribution de quotas annuels et trimestriels aux pays producteurs en fonction des exportations réalisées
au cours des 3 dernières années. Les Africains se sont sentis lésés.
Pourquoi le Groupe a cessé d’exister après seulement 2 ans ?
Conditions nécessaires pour qu’un produit soit cartellisable :
-Produit stratégique indispensable (pas le cas du café)
-Produit peu substituable : pas le cas du café non plus
-Produit dont la production reste entre les mains d’un petit nombre de pays ayant les mêmes affinités
politiques, les mêmes idéologies, voire les mêmes religions et dont le taux de dépendance reste faible
notamment concernant les recettes d’exportations du produit en question.

La vie d’un cartel de producteurs d’une matière agricole peut difficilement dépasser 2 ans, période au cours
de laquelle on sort d’une situation de relative pénurie pour entrer dans une phase d’anticipation de la
surproduction.
III- Les négociants internationaux
• Début 1981: Grandes manœuvres financières au niveau international (fusions
et OPA)
• Apparition de nouveaux acteurs au côté des classiques organismes financiers,
bancaires ou d’assurance (American Express, Prudential Insurance..) et des
grandes firmes industrielles et pétrolières (DuPont, Mobil, Seagram’s..): De très
grandes sociétés de négoce internationales de MP
• De petite taille sur la scène financière internationale jusqu’aux années 70;
• 1972- 1975: bouleversements du commerce inter des MP + instabilité générale
des marchés (énergétiques surtout)
• Auj, les sociétés de négoce inter de MP sont parmi les agents les plus
dynamiques du capitalisme inter
3 tendances sur la période Janvier- Septembre
1981
• Concentration du négoce inter autour de quelques entreprises non
spécialisées (poly- produits)
• Diversification de ces entreprises
• Intérêt pour des activités de négoce de firmes multinationales
industrielles ou financières
Concentration du négoce
• Mars 1981: rachat par Cargill, 1er négociant mondial en céréales, de Ralli Brothers, 1er négociant mondial
en coton
• Ralli Brothers avait été une filiale du groupe Slater Walker puis du groupe Bowater (pâte à papier,
matériaux de construction…)
• Cargill était leader du marché mondial des céréales et oléagineux et présent sur le marché des métaux et
devenait le 1er négiociant mondial en fibres textiles. Cargill s’intéressait aussi au négoce pétrolier
• Philip Brothers, l’autre grand du négoce: investissement méthodique du négoce des MP et association
avec le négociant anglais Cocoa Merchants pour investir le marché du cacao
• Phibro est passé du domaine des métaux, au pétrole au sucre aux céréales et enfin au cacao
• Le grand négociant en pétrole Mark Rich se diversifiait vers les métaux et les céréales
Cette concentration du négoce inter des MP sur qques grandes entreprises s’est faite à partir du « boom »
des MP en 72/74.
Plus de nouveaux venus : le « droit d’entrée » à payer (réseau d’information et de communication) est de
plus en plus élevé.
Diversification du négoce
• Annonce fin juin 1981 du rachat par Philip Brothers de la banue
d’affaires et maison de courtage new Yorkaise Salomon Brothers pour
550 millions $, d’où la création d’un organisme financier et
commercial international de 1er plan, plus complet qu’une firme
comme Merryl Lynch, l’objectif étant de créer la 1ère « Merchant
Bank » du monde
• Les autres diversifications plus classiques (limitées à la filière
industrielle de leur produit principal)
• Ces diversifications industrielles n’ont pas toutes réussi
L’arrivée d’intérêts extérieurs
• Le négoce des MP a attiré les convoitises extérieurs (pas toujours à succès)
• Par exemple, le désengagement complet du groupe Bowater : vente de Ralli Brothers et de
R.J Rouse (café, cacao, sucre, caoutchouc) au groupe Mercantile House
• Cause: impossibilité pour une société à la gestion classique de s’accommoder des
irrégularités du négoce
• Rachat du négociant international ACLI (1er négociant de café, et aussi cacao, caoutchouc)
par Wall Street Donalson, Lufkin et Jenrette (DSJ), la 16ème banque d’affaires US
(développement des nouveaux marchés à terme d’outils financiers)
• Le négoce intéresse aussi des entreprises des filières de transformation, comme les
grandes multinationales minières: rachat par Pechiney Ugine Kuhlman de la firme de
courtage et de négoce Brandeis Goldschmidt
• Le négoce international des MP a ainsi définitivement quitté les arrières salles des
entrepôts portuaires pour se situer à l’avant-scène du capitalisme financier international
IV- La politique des acheteurs: Exemple de la stratégie
d’achat du groupement d’importation des métaux (GIRM)

• La GIRM a été créée en 1939


• Elle agit sur le marché comme un négociant en achetant lui-même et en
revendant à ses clients à leur demande (pas vraiment une stratégie)
• Méthode de gestion de toute société de négoce: prévision, diversification de
ses sources d’approvisionnement et gestion interne légère mais stricte
La production du cuivre:
2 sources d’approvisionnement pour les industries utilisant le cuivre: les
mines et la récupération.
Les sources d’approvisionnement:
Des pays comme les USA et la Russie sont à la fois grands producteurs de
minerais et grands consommateurs de métal, disposant ainsi d’une industrie
métallurgique nationale puissante capable de traiter leurs minerais et leurs
déchêts
D’autres pays industrialisés comme l’Europe et le Japon bien que n’étant pas
de grands producteurs, ont une industrie métallurgique non négligeable
Mais des pays comme le Chili, Zambie, RDC et le Pérou ont des quantités de
métal raffiné largement supérieures à leurs besoin alimentant ainsi les
grands pays industrialisés non mineurs
2 structures de commercialisation
-Les producteurs qui vendent soit directement soit par le canal d’agents
établis dans les principaux pays consommateurs
-Les négociants qui ayant acheté des déchets ou des concentrés les font
transformer par les métallurgistes et vendent le métal raffiné pour leur
propre compte

Les transports et le stockage


Contrats déjà passés et tonnages définis (par qualité et forme), les services
« transport » des producteurs, des négociants et des utilisateurs vont veiller
à l’acheminement du produit, avec l’objectif essentiel que les usines
utilisatrices disposent à tout moment du métal dont elles ont besoin pour
leurs fabrications
Formation des prix
London Metal Exchange (LME) et New York Commodity Exchange (COMEX)

La couverture des risques


Risque de fluctuations quotidiennes et parfois importantes des prix cotés
sur une bourse, surtout que les marges sont très limitées
+ risque de change
Stratégie du GIRM
- En matière d’approvisionnement, diversification autant que possible des
sources d’approvisionnement (principaux exportateurs sont des
fournisseurs: Zambie, RDC, Chili et Belgique + d’autres producteurs
Allemands, US, Australiens, Britanniques, Canadiens , Péruviens et Polonais)

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