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Le libre-échange = Système dans lequel les échanges commerciaux entre États sont libres, cela
concerne les flux commerciaux à l’importation et à l’exportation. C’est une démarche d’ouverture des
frontières qui s’oppose au protectionnisme.
Il n’est pas une évidence historique, elle s’est développée avec une volonté de valorisation de
production interne.
Il faut distinguer le protectionnisme tarifaire (1) et non-tarifaire (2).
(1). C’est une taxe prélevée par l’Etat du pays importateur = droit de douane. Ils sont calculés en %
de la valeur des importations. Ils augmentent artificiellement les prix à l’importation. Il y a une
distorsion de la concurrence, ce qui diminue la concurrence en dépend des consommateurs.
Il y a deux types de consommations qui se répercute finalement sur le consommateur :
-consommations final (s’adresse directement au ménage)
-consommations intermédiaire (s’adresse aux entreprises).
Du fait de la décomposition de la chaine de valeur, le prix se répercute sur toute la production.
(2). L’aspect qualitatif, avec la question des normes, tel que celles pour la santé, l’environnement, la
protection des consommateurs.
L’aspect quantitatif, avec le cas extrême étant la prohibition, ou d’autre comme l’établissement
de quota.
GRAPHIQUE Indice de l’ouverture commerciale : somme des exportations et importations mondiales divisée par le PIB
mondial (en %)
Source : Douglas A. Irwin, The pandemic adds momentum to the deglobalization trend, PIIE, Realtime
Economic Issues Watch (blog), 23 Avril 2020.
Problématique : Dans quelle mesure les apports théoriques au libre-échange ont-ils été appliqués au
XIXe siècle ?
I. Le XIXe siècle a été le siècle d’une rupture théorique majeure et d’une propagation
inédite du libre-échange…
Antoine de Montchrestien ‘’nul ne gagne ce que d’autres ne perde’’. Cette citation confirme le point
de départ de l’histoire était le protectionnisme, il paraissait comme une évidence pour ne pas être les
perdants. On peut faire un parallèle avec le modèle colbertiste en France.
Pour Smith, il va aborder la thèse de la loi de l’avantage absolue qui s’oppose au mercantilisme.
Avantage absolue = désigne la capacité d'une entreprise, d'un pays ou d'un individu à produire un bien
en plus grande quantité par rapport aux autres avec un nombre de facteurs de production égal, voire
moindre
Mercantilisme = Ancienne doctrine économique (des xvie et xviie siècles) fondant la richesse des États
sur l'accumulation des réserves en or et argent.
Pour lui, il n’y a pas de raison de s’interdire d’importer, afin de bénéficier d’avantages absolue. Son
raisonnement est limité car si on ne fait qu’importer, on ne produit plus.
Mais son raisonnement a permis d’inspirer et donc l’arrivé de la thèse de Ricardo avec sa loi des
avantages comparatifs
.
- Un jeu “gagnant-gagnant” : le modèle ricardien
Un désavantage absolu peu se transformer en avantage comparatif. Même un pays qui n’aurait que
des désavantages absolus, aurai tout de même intérêts à s’investir dans la mondialisation afin de
pouvoir bénéficier d’avantages comparatifs.
Ricardo développe sa thèse avec un exemple entre l’Angleterre et le Portugal.
Angleterre Portugal
Drap 100 90
Vin 120 80
Malgré le désavantage absolu de l’Angleterre, elle a tout intérêt à être investie dans la mondialisation.
Le Portugal va pouvoir concentrer son activité de production dans une seule branche, celle ou il est le
plus productif et avec un meilleur rendement une meilleure efficacité (le vin). L’Angleterre quant à
elle va produire des Draps car c’est la branche ou elle est le moins pire.
Angleterre Portugal
Drap 100 (1 unité + 120/100 unité) = 2.2 90 (0 unité)
Vin 120 (0 unité) 80 (1 unité + 90/80 unité) = 2.125
La spécialisation permet globalement de dégager un surplus. La question qui se pose va alors être
comment va se passer l’échange entre l’Angleterre et le Portugal, autrement dit il est question de
savoir les termes de l’échange.
Pour que l’Angleterre soit gagnante, il faut que pour 1.2 unité de drap, elle obtienne au moins 1 unité
de vin. Et il faut suivre le même raisonnement pour le Portugal.
En 1846, à la mort de Ricardo qui a lutté contre ces lois, les corn laws sont abolis.
C’est une loi protectionniste qui se met en place quand le prix du blé avait tendance à trop baisser,
afin de protéger le producteur. Elle se caractérise par une fermeture des frontières.
C’est en 1815, à la suite des guerres Napoléonienne que vont être remise en cause les corn laws. Car
durant le premier empire, l’Angleterre connaissait un blocus, donc il n’y avait pas d’échanges, et par
conséquent le prix du blé était élevé. Mais, suite à la réouverture des échanges suites à la fin du
blocus, le prix du blé a été divisé par 2. Les corn laws ont donc été appliqués.
Ricardo critique ces lois car il estime qu’elles ne sont pas favorables aux consommateurs et qu’elles
profitent uniquement à la bourgeoisie. (pour l’industrie secteur secondaire).
A cette pensée, Malthus va s’y opposer, car il est favorable au propriétaire de terre. (pour l’agriculture
secteur primaire).
Par ailleurs, c’est le siècle ou le libre-échange va se mettre en place.
3. Une diffusion du libre-échange (pp 193-194, pp 195-196)
L’Angleterre est un pays pionnier dans le développement du libre-échange, et pas seulement dans le
secteur du blé.
Lorsqu’un pays est sûr de sa puissance, ils ont tendance à être libre-échangiste (unilatéral).
L’Angleterre va également bénéficier de l’ouverture de la France. Avec la signature du traiter de
commerce franco-britannique de 1860, couramment appelé traité Cobden-Chevalier, qui est un traité de libre-
échange signé le 23 janvier 1860 entre l'Empire français et le Royaume-Uni, destiné à abolir les taxes
douanières sur les matières premières et la majorité des produits alimentaires entre les deux pays.
Mais l’Angleterre va également pratiquer du libre-échange avec d’autre pays tel que la Chine ou elle va imposer
l’échange de l’opium.
La France va elle aussi développer sa politique libre-échangiste avec d’autre pays par le biais d’accord
(bilatéral).
Quand un pays bénéficie de cette clause, il va automatiquement bénéficier de toute accord plus
avantageux qui sera signé entre le pays de la clause et un autre pays.
II. … mais il faut attendre l’après-seconde Guerre mondiale pour voir émerger les
premières institutions multilatérales capables de pérenniser le phénomène
Il existe deux raisons, une première qui est institutionnelle et une autre qui est factuelle.
Le but du GATT n’est pas de détruire le protectionnisme, mais qu’il ne revienne pas.
L’histoire est marquée par une alternance entre libre-échange et protectionnisme, à partir du milieu du
XIX -ème siècles avec le premier traité franco-britannique.
L’Angleterre est resté fidèle au libre-échange, toute la fin du XIX -ème siècles, il faudra attendre la
dépression des années 30 pour que l’Angleterre retrouve une politique protectionnisme avec la
dépression.
Pour l’Allemagne, lors du retour de l’empire, ils vont d’abord mener une politique de libre-échange
pour ensuite retrouver une politique protectionnisme.
Quant au USA, ils n’ont jamais mené une politique de libre-échange durant la 2 -ème partie du XIX -
ème siècles, dû à la guerre de sécession. Alors que le sud était préférable à une politique libre-
échangiste dû à leur spécialisation dans l’agriculture. Quant au nord, il était spécialisé dans l’industrie
moderne, donc ils étaient favorables dû au protectionnisme.
Comme c’est le nord qui s’impose, c’est la raison pour laquelle les Etats-Unis menaient des lois
protectionnistes.
La Russie et le Japon ont le point commun de s’industrialiser tardivement au XIX -ème siècles.
Le déclencheur de ce processus au Japon, est le phénomène d’otarsie entrainé par les USA. Obligeant
le Japon à s’ouvrir, donc à se modernisé. En copiant l’occident pour éviter de subir l’ouverture (le
libre-échange). Pour la Russie, ils vont favoriser le protectionnisme.
Aux XIX -ème siècles, le libre-échange est donc instable, ce qui est conforté durant les années 1930,
avec la mutation. Dont le premier pays à avoir augmenter son tarif douanier est les Etats-Unis, avec
plus de 60%. Puis, à la suite, tous les pays partenaires vont appliquer la même politique. (Modèle qui
s’auto-entretient).
Pas comparable avec les chocs pétroliers, car cela n’entraine pas de dépression, mais les pays
développés vont avoir une croissance plus faible et plus chaotique.
- Une problématique évoquée dès le XIXe siècle par les théoriciens (p 171) et
les acteurs (p 195)
List, avec le protectionnisme éducateur = un pays qui n'a pas atteint le dernier stade de son
développement sera perdant s'il s'ouvre au commerce international car son industrie sera
trop faible.
Il considère que si les états germaniques ont voulu même une politique libre-échangiste
avec l’Angleterre, elle risque d’être perdante. Car l’industrialisation Anglaise est déjà bien
développé contrairement à l’Allemagne qui était une industrie naissante.
C’est un auteur libéraliste qui prône le libre-échange mais pas dans toute les conditions, ex :
celui-ci-dessus.
Ex : industrie du rail face à la concurrence Britannique.
Le protectionnisme éducateur est un protectionnisme temporaire.
L’acteur en question c’est Jule Melin s’applique essentiellement à l’agriculture. Selon lui, la
France risque d’être trop facilement concurrencé, si elle ne se protège pas, face au pays
neufs (émergents) ex : la Russie. Il existe des pays avec de meilleur condition que la
France.
Ohnaé, année 1980, triade, émergence d’un troisième pôle : asiatiques qui vient concurrencer pôle
européen et américain, il parle de monde multipolaire. But est expliqué qu’il y a une certaine
homogénéisation des niveaux de vie. Les FMN vont également contribuer à cette homogénéisation.
Les FMN sont sans partis, elles oublient leur terre d’origine.
Dunning propose un modèle afin de synthétiser les différentes manières pour une entreprise de
s’internationaliser. Pour lui, il existe 4 manières principales, dont l’une qui sont les IDE qui réunissent
3 avantages :
-ownership advantage
-location advantage
-internationalisation advantage
Le commerce entre FMN représente un tiers des échanges commerciaux mondiaux.
Problématique : Dans quelle mesure les FMN menacent-elles la souveraineté économique des Etats ?
C’est Porter qui a fait référence à ce terme, ou il oppose les firmes globales et les multidomestiques.
Firmes globales = entreprise qui tente d’imposer leurs produits sur le marché international.
Firmes multidomestiques = entreprise qui s’adapte à la spécificité de chaque marché.
Du point de vue capitaliste, la firme globale est meilleure car elle permet de réaliser une plus grande
économie d’échelle.
Existe firme qui sont un peut entre les deux avec McDonald’s, = glocalisation.
Les entreprises externalisent les services de comptabilité. Depuis les années 1980, il y a une volonté
de la part des actionnaires avoir plus de visibilité sur l’activité économique.
On arrive alors à une standardisation, dont l’origine sont les différents cabinets d’audit qui sont eux
aussi des firmes. C’est une logique d’homogénéisation, de standardisation.
Il est difficile de délimiter lorsqu’un IDE est une délocalisation. L’un des critères est la prise en
compte des importations.
En France, les FMN semblent avoir plus d’impact sur l’économie, que d’autres pays européen
comparable, du fait des délocalisations inégales.
Sur le rôle des FMN dans la désindustrialisation en France, cf “La force de ses multinationales est-elle une
chance pour la France ?”, TELOS - 2 avril 2021
Le terme est employé par les entreprises, dans une logique de rentabilité.
L’Union Européenne n’a pas été capable d’établir une homogénéité fiscale. Ex : les impôts sur les
bénéfices ; 12% en Ireland 30% en France.
Donc les FMN sont capables de mettre en concurrence les états.
Gabriel Zuckman a cherché à rendre plus transparent ce qui ne l’était pas.
Graphique : Profits des multinationales transférés dans les paradis fiscaux et perte en recettes fiscales
occasionnées par ce transfert
source : Ludvig WIER & Gabriel ZUCMAN (2022), « Global profit shifting, 1975–2019 », WIDER, working
paper, n° 2022/121.
- Une entente secrète entre les “sept soeurs” : les accords d’Achnacarry (p 131)
- Une contribution au blocage du protocole de Kyoto (p 67)
Tous les ans, le magazine Fortune publie le classement des 500 plus grandes multinationales dans le
monde sur base de leur chiffre d’affaires. Avec 31 entreprises, la France conserve depuis plus de deux
décennies le quatrième rang mondial après les Etats-Unis, la Chine et le Japon, mais devant
l’Allemagne (29 multinationales), et la Grande-Bretagne (17 multinationales). La performance
remarquable des grandes multinationales françaises est à l’opposé du déclin de la France qui apparaît
clairement à travers d’autres indicateurs économiques.
La part de marché mondiale de la France pour l’exportation de biens est passée de 6,3 % en 1990 à
5,1% en 2000, et seulement 3,0 % en 2019, la balance commerciale française, solde entre les
exportations et importations de biens, est déficitaire depuis 2004, et en 2019, ce déficit atteignait près
de 59 milliards d’euros. Le trou du commerce extérieur s'est même aggravé en 2020, à 65,2 milliards
d'euros. Enfin, depuis 1980, la part de l’industrie dans le PIB a reculé de 10 points, s’établissant à
13,4% en 2018. Comment expliquer ce paradoxe français, des multinationales très fortes et une
économie en déclin ?
La réponse tient en une phrase: les multinationales françaises sont les championnes européennes de la
délocalisation. Elles réalisent la majeure partie de leur activité et de leurs profits hors de France. Nos
multinationales ont beaucoup plus délocalisé que celles des autres pays européens à tous les niveaux.
Ce choix stratégique de développer les investissements directs à l'étranger plutôt que d’investir sur le
sol national et d’exporter, explique pour une large part le déficit commercial de la France.
Ainsi, le rapport de France Stratégie sur Les politiques industrielles en France et en Europe révèle
que l’emploi des filiales industrielles à l’étranger des groupes français correspond à 62% de l’emploi
dans le secteur industriel en France, contre 52% au Royaume-Uni, 38% en Allemagne, 26% en Italie
et 10% en Espagne. Si on considère seulement l'activité des groupes du CAC 40, 70% de leur chiffre
d'affaires est localisé à l'étranger ainsi que les deux tiers de leurs effectifs. De plus, ce processus de
délocalisation des multinationales françaises s’est fortement accentué dans la dernière décennie. Le
stock d’investissements directs étrangers détenu par les groupes français représente près de 63% du
PIB en 2019, alors qu’il était seulement de 25% en 2000.
Les multinationales françaises sont ainsi de moins en moins sensibles à la conjoncture économique de
la France. Malgré la crise du Covid, selon le baromètre des grandes entreprises françaises réalisé par
Eurogroup Consulting fin novembre et début décembre 2020, 68% des grandes entreprises françaises
interrogées se déclarent optimistes pour 2021. Elles prévoient une reprise forte de leurs activités hors
de France, mais à l'inverse, la France constitue leur principale variable d'ajustement, avec une forte
probabilité de réduction de l’emploi dans notre pays. Comment expliquer ces choix stratégiques ?
Les dirigeants de ces « multinationales françaises » sont redevables devant leurs seuls actionnaires,
comme le montre le cas récent de Sanofi. Or, dans le cas des « multinationales françaises », les
investisseurs étrangers sont très présents. Selon l'étude annuelle 2019 de la Banque de France, sur les
36 sociétés du CAC 40 résidentes en France, les investisseurs étrangers détenaient en moyenne 42,2%
du capital. Comme les autres multinationales, les multinationales du CAC 40 soignent leurs
actionnaires. Elles leur ont versé 57,4 milliards d'euros en 2018, un montant qui a augmenté de 62%
en dix ans. Ces « multinationales françaises » vont donc localiser leurs activités sur les marchés
géographiques les plus profitables, sans accorder de priorité particulière à la France.
Ce qui est alors tout à fait paradoxal, c’est alors l’intérêt du gouvernement français à mettre en avant
son patriotisme économique pour « sauver ces multinationales françaises » d’un rachat par un groupe
étranger, comme l’illustre de nombreux exemples, ou de leur éviter la faillite par des aides publiques
massives.
Contrairement aux discours de certains économistes qui considèrent que la France a abandonné « dans
des conditions hallucinantes, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, Pechiney, Lafarge, Arcelor,
Alcatel, d’Alstom » (Cahier du Cercle des économistes), la France a toujours défendu avec force ses
champions nationaux. Cette détermination du gouvernement français s’est traduite à de nombreuses
reprises. En 2004, Sanofi lance une OPA hostile sur Aventis, un groupe franco-allemand deux fois
plus gros que lui. Le Suisse Novartis, à la demande d’Aventis, veut intervenir comme chevalier blanc.
Le gouvernement Raffarin soutient ouvertement la création d’un champion français mondial et l’OPA
de Sanofi sur Aventis est un succès. En 2005, circule une rumeur d’OPA de l’américain Pepsi sur
Danone. Dominique de Villepin, Premier ministre, annonce alors la publication d’un décret sur la
protection des entreprises françaises appartenant à onze secteurs, dont l’agroalimentaire. Plus
récemment, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, s’est opposé à une éventuelle acquisition du
groupe Carrefour par la société canadienne Couche-Tard, et cette décision a été approuvée par
l’ensemble du monde politique.
Bizarrement, si le soutien du gouvernement français pour ses « champions nationaux » s’est rarement
démenti, la France, à de rares exceptions près, a laissé des start-up technologiques françaises être
rachetés par des groupes étrangers
Les entreprises françaises savent aussi qu’elles peuvent compter sur l’argent public en cas de crise.
Selon des données de la Commission européenne, avec 155,36 milliards d’euros, la France est le pays
de l’Union européenne à avoir alloué le plus d’argent aux entreprises touchées par la crise du Covid-
19. Ce chiffre porte sur la période allant de mi-mars à fin 2020 et concerne les aides d’État accordées
sous forme de subventions directes, de prêts, de garanties et d’autres dispositifs. L’Allemagne,
troisième pays européen dans ce classement, a accordé pour le moment aux entreprises un montant
d’aides bien inférieur à la France, 104,25 milliards d’euros.
Si les « multinationales françaises » continuent de se classer dans les premières mondiales, il n’en est
pas de même pour les autres entreprises industrielles françaises. Dans la nouvelle compétition
mondiale, il y a d’un côté les gagnants, « ces multinationales françaises », qui sont choyés par le
gouvernement, et de l’autre, les PME, les ETI françaises qui produisent dans une large majorité sur le
sol national, mais dont un grand nombre disparaît chaque année, et des start-ups rachetées par des
groupes étrangers. Entre le début des années 2000 et 2016, le nombre d’entreprises industrielles de
plus de 20 salariés en France a diminué de près de 40% quand il progressait de 2% en Allemagne et
reculait de 23% en Italie dans l’intervalle (Cahier du Cercle des économistes). Concernant les start-
ups, depuis 2017, quelque 500 entreprises de la French Tech ont été rachetées par des géants de la
Silicon Valley.
Ne serait-il pas plus conforme à l’intérêt bien compris de la France de se préoccuper de la production
sur le sol national plutôt que des « multinationales françaises », qui n’ont pas grand-chose de
français ? Imaginons que les aides considérables destinées à ces « multinationales françaises » soient
redirigées vers des entreprises de taille intermédiaire, et aux start-up de la French Tech.
Ce n’est pas le cas aujourd’hui : une seule de ces « multinationales françaises », Sanofi, a reçu du
gouvernement français au titre du Crédit impôt recherche 160 millions d’euros. Ce chiffre est à
comparer aux aides à l’exportation que le gouvernement français consacre cette année pour toutes les
PME, 250 millions d'euros. Le CIR qui représente un montant de 6,5 milliards d’euros ne devrait-il
pas être réservé aux PME ?
Baptisé « France Relance », le plan de 100 milliards d’euros du gouvernement français pour relancer
l’économie française comporte heureusement 35 milliards d’euros destinés à l’industrie, et en
particulier 10 milliards de baisse pérenne des impôts de production qui va bénéficier à toutes les
entreprises quelle que soit leur taille. Cependant, face à la crise économique actuelle, les grandes «
multinationales françaises » ont été les premières servies. Le ministère de l’Économie a accordé des
prêts garantis par l’État pour un montant de 5 milliards d’euros à Renault et de 7 milliards à Air
France, deux grands groupes touchés de plein fouet par la crise. Subventionner Renault, c’est en
réalité subventionner la Roumanie, le Maroc ou la Turquie, en Espagne puisque les plus grosses
usines Renault sont désormais dans ces pays, et 80% des mécaniques de Renault sont produites hors
de France. Ce soutien financier du gouvernement français à Renault n’a pas empêché cette «
multinationale française » d’annoncer en mai 2020, la suppression de 15 000 emplois dans le monde,
dont 4 600 en France. Air France envisagerait aussi de couper drastiquement dans ses effectifs dans
notre pays.
On peut s’interroger sur les raisons de ce soutien sans faille du gouvernement français à ces «
multinationales françaises ». Est-ce que la proximité personnelle des dirigeants des « multinationales
françaises » et des membres du gouvernement joue un rôle dans ce soutien ? Ils appartiennent tous au
noyau dur des élites françaises, des personnes ayant les mêmes formations, se connaissant, et
montrant hélas, souvent tous la même arrogance résultant du prestige de leur diplôme.
L’arrogance méritocratique des élites formatées sur le même modèle fait aujourd’hui l’objet de
critiques nombreuses dans les démocraties occidentales. Comme le souligne le professeur de
philosophie politique à Harvard, Michael J. Sandel, dans son dernier livre La Tyrannie du mérite, le
ressentiment des classes moyennes, comme des petits patrons, à l’égard des élites, ministres et
dirigeants de multinationales, est alimenté par l’idéologie de la méritocratie. Ces gagnants de la
globalisation se sont mis à croire que leur réussite était le fruit de leur seul travail, que ce qu’ils
gagnaient était à la mesure de leur mérite mesuré par leur diplôme.
Qu'est-ce que l'impôt mondial sur les multinationales ?
Le 8 octobre, 136 pays se sont accordés sur le lancement d’un impôt mondial sur les entreprises
multinationales. Fixé au taux de 15 % et prévu pour 2023, il pourrait mettre fin aux paradis
fiscaux et avoir d’importantes répercussions en Europe.
“Ensemble, nous pouvons instaurer un impôt minimum mondial pour assurer la prospérité de
l’économie mondiale sur la base de règles du jeu plus équitables”. Le 5 avril 2021, la secrétaire
d’Etat américaine au Trésor Janet Yellen proposait de “mettre fin à la course vers le bas” en
matière d’impôt sur les sociétés. Avec un principe simple : dès qu’une multinationale paierait
moins de 21 % d’impôts à l’étranger, son pays d’origine récupèrerait la différence.
Après plusieurs mois de négociations sous l’égide de l’OCDE (l’Organisation de coopération et
de développement économiques), c’est finalement le taux de 15 % d’imposition qui a été retenu.
Le 8 octobre, 136 (137 aujourd’hui) des 140 pays réunis dans le “cadre inclusif” de l’OCDE et
du G20 ont ainsi approuvé cette vaste réforme de la fiscalité des multinationales, dont l’entrée
en vigueur est prévue pour 2023.
Impôt mondial à 15 %
En principe, toute entreprise de l’un des pays de l’accord sera in fine imposée à 15 % sur ses
bénéfices, quels que soient les pays dans lesquels elle opère. Ainsi, une société américaine dont les
profits sont localisés dans un paradis fiscal, et qui à ce titre ne paie aujourd’hui pas d’impôts, sera
désormais contrainte d’en reverser 15 % aux Etats-Unis. Autre exemple : une entreprise française,
taxée quant à elle au taux de 9 % dans un autre pays à faible fiscalité, devra verser la différence à la
France, soit 6 % d’impôts supplémentaires.
Les entreprises concernées sont nombreuses : il s’agit de toutes celles qui génèrent plus de 750
millions d’euros de recettes annuelles et qui ont leur siège dans l’un des 137 pays signataires,
dont 26 des 27 des Etats membres de l’Union européenne à l’exclusion de Chypre.
Plusieurs aménagements ont été prévus, en partie pour convaincre les Etats récalcitrants. Les
entreprises pourront ainsi déduire, la première année, 10 % de leur masse salariale et 8 % du
montant de leurs actifs corporels (les biens qu’elles possèdent et utilisent effectivement) de leur
base imposable. Des taux qui diminueront progressivement pour atteindre 5 % dans les deux
cas au bout de cinq ans. Ainsi, une société du web réalisant 10 milliards d’euros de bénéfices en
Irlande, dont la masse salariale représenterait 4 milliards d’euros et les actifs incorporels 3 milliards
d’euros, devra verser 1,4 milliard d’euros d’impôts à l’Etat irlandais en 2023.
Les entreprises chinoises présentes dans cinq pays maximum et détenant moins de 50 millions
d’euros d’actifs à l’étranger seront quant à elles exemptées de cet impôt mondial pendant 5 ans.
Enfin, les entités publiques, organisations internationales, organisations à but non lucratif,
fonds de pension et fonds d’investissement ne sont, sauf exception, pas concernés par ce volet de
la réforme.
Selon l’OCDE, la mesure devrait fortement limiter l’évasion fiscale des multinationales et générer
chaque année “150 milliards de dollars de recettes fiscales supplémentaires”.
Révolution fiscale
Paradoxalement, ce qui s’annonce comme une révolution fiscale a été initié par l’administration
Trump, dont le mandat a pourtant été marqué par d’importantes baisses d’impôts. Depuis 2017, les
entreprises américaines sont déjà taxées à l’étranger, à deux différences près toutefois avec le
projet actuel : le taux en vigueur est de 10,5 % et non 15 %, tandis que les profits sont imposés
en moyenne et non pays par pays. Ainsi, une multinationale dont les profits sont domiciliés pour
moitié en France (taxés à 30 %) et pour l’autre moitié aux îles Caïman (0 %) est quitte : son taux
moyen d’imposition dépasse déjà les 10,5 %. En revanche, avec un système pays par pays et un taux
de 10,5 %, elle aurait dû verser 10,5 % d’impôts aux Etats-Unis sur ses profits enregistrés aux îles
Caïman.
Les propositions formulées par l’administration Biden en avril ont donné un nouveau départ aux
négociations entre la majeure partie des pays de la planète sous l’égide de l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) et du G20, inaugurées en 2016. Celles-ci
étaient jusque-là bloquées par les hésitations américaines et leur refus de viser spécifiquement les
entreprises du numérique. Outre le changement de doctrine américaine, la pandémie de Covid-19 a
également conduit beaucoup d’Etats à mobiliser des dépenses publiques conséquentes, y compris pour
aider les multinationales qui parviennent à éviter l’impôt. Et l’Europe comme les Etats-Unis ont
besoin de ressources importantes pour financer leurs plans de relance.
De manière plus générale, l’érosion de la base d’imposition des Etats, contre laquelle luttent l’OCDE
et le G20, est en partie due à l’effondrement de l’impôt sur les sociétés depuis plusieurs décennies. Un
phénomène initié par le tournant libéral des années 1980, accentué avec la crise économique de 2008
et la numérisation de l’économie. Au niveau mondial, le taux moyen d’impôt sur les sociétés est
passé de 45 % dans les années 1980 à 20 % aujourd’hui, soulignait en février dans Le Monde
Gabriel Zucman, professeur d’économie à Berkeley. Ce qui réduit d’autant la capacité des Etats
à financer des dépenses publiques, fait davantage peser le poids de l’impôt sur les individus et
accroît les inégalités.
- Depuis une décennie, plusieurs mesures limitant l’évasion fiscale des entreprises ont été
prises sous l’égide de l’OCDE et du G20, dont le “cadre inclusif BEPS” rassemblant
aujourd’hui 140 pays. Un grand nombre d’entre eux ont modifié leurs régimes fiscaux pour
les rendre moins “dommageables” vis-à-vis de leurs partenaires, procèdent à des échanges
automatiques de renseignements (fin du secret bancaire), obligent leurs entreprises à déclarer
le montant des impôts payés dans l’ensemble des pays où des filiales exercent une activité
(reporting pays par pays) ou encore à payer une TVA sur la vente de produits en ligne.
- Selon l’ONG Tax Justice Network (qui s’appuie sur les chiffres de l’OCDE), les pays
européens auraient, dans l’ensemble, perdu près de 80 milliards de dollars de recettes fiscales
en 2020 en raison de l’évasion fiscale des entreprises (celle des particuliers, sur laquelle la
coopération internationale est bien moins avancée, dépasserait quant à elle les 100 milliards
de dollars). La France en est l’un des principaux perdants, avec plus de 14 milliards de dollars
de recettes qui lui échappent chaque année.
Vincent Lequeux
En Europe, les positions sur ce nouveau projet, qui ne faisait pas l’unanimité au départ, ont fini par
converger. Après avoir plaidé pour maintenir le taux minimum de 12,5 % qui servait de base aux
précédentes discussions, Bruno Le Maire s’était prononcé en faveur du seuil fixé à 21 % “si tel était le
résultat de négociations”. La proposition américaine à 15 % a ensuite été considérée comme un “bon
compromis” par le ministre français de l’Economie. En Allemagne, le ministre des Finances Olaf
Scholz avait qualifié le projet américain de véritable “percée”.Dans les pays à la fiscalité plus
avantageuse, les réactions ont été moins enthousiastes : l’Irlande, la Hongrie et l’Estonie, hostiles au
projet initial, ont fini par s’y rallier face à la pression internationale et à la suite de modifications dans
le texte. Celui-ci mentionne désormais un impôt sur les sociétés au taux effectif minimum de 15 % et
non plus d’ “au moins 15%”, une formulation à laquelle Dublin était opposée car elle laissait la porte
ouverte à de futures hausses. De son côté, Budapest maintient que “le taux d’imposition des sociétés
de 9 % en Hongrie ne changera pas, car il y aura une solution ciblée pour collecter l’impôt
mondial”.Le Luxembourg et les Pays-Bas (lequel a profondément réformé son système fiscal depuis
quelques années), ont en revanche fait partie assez tôt des Etats signataires. La Suisse y avait
également adhéré sous réserve de prendre en compte “les intérêts des petits pays innovants” dans “la
formulation finale des règles” et de respecter “les procédures législatives des pays concernés”.La
Commission elle-même précise que “les membres du cadre inclusif ne sont pas tenus d’adopter les
règles” de l’accord mondial, mais que grâce à celles qu’elle prévoit dans son projet de directive, “les
juridictions ne seront pas pour autant dispensées d’appliquer une imposition effective correspondant
au moins au taux minimum convenu”.
Sujet n° 3 : Gagnants et perdants de la
mondialisation (Oral HEC)
Introduction : La courbe de l'éléphant (p 178)
Inspiré par un auteur Milanovic, elle décrit la distribution des revenus mondiaux entre 1988 et 2008,
quand la mondialisation a décollé. Courbe de l’éléphant
Les gagnants sont les classes moyennes des pays émergents et les élites
Les perdants sont les classes moyennes des pays développés et les pauvres
Pour une synthèse par Milanovic, cf “Qui sont les gagnants et les perdants de la mondialisation ?”, traduit par
Martin Anota - Annotations, 30 octobre 2013
Sur la déformation récente de la courbe de l'éléphant, cf « Global income inequality : time to revise the
elephant », décembre 2022, publié par le site Social Europe. Traduction de Cédric Rio de l’Observatoire des
inégalités.
I. La mondialisation favorise…
1. … les pays “émergents” parmi les PED…
Cf : sujet 2 chapitre 2.
- Une convergence conditionnelle (p 23, pp 182-183)
Ce terme est employé lorsque certaines caractéristiques permettent de les rapproché, on parle alors des
trois conditions de la convergence :
Démographie
Impact sur l’offre mais également possible sur la demande, accumulation capitale
humain
Épargne
Ex dragons, ce qui ont su mobiliser une épargne importante investissement
produits
Technologie
Pays qui ont su faire évoluer leur spécialisation. Ces pays ont eu recourt à une
croissance extravertie.
Certes on a une convergence entre pays émergent (en développement) et pays développé. Mais on a
aussi une divergence entre les pays en développement.
2. … ainsi que les classes les plus aisées parmi les pays développés…
Employer par Krugman qui évoque la situation aux USA, sachant que de manière plus globale, il y a
un renouveau des inégalités à partir 1980, dans pays développés. Mais la ou elle se creuses le plus
c’est au états unis. Parmi les éléments qui témoigne de cette divergence c’est ce qui se passe au sein
des grandes entreprises, avec une disparition des salaires entre les différents employés. En 2000, le
revenu moyen des 150 dirigeants les mieux payés possèdent un salaire 367 fois plus élevé que certains
des employés.
Pour une évocation plus générale des incidences de la financiarisation de l’économie sur les inégalités aux
Etats-Unis, cf “Les inégalités aux rythmes de la financiarisation”, à propos de : Ken-Hou Lin, Megan Tobias
Neely, Divested. Inequality in the Age of Finance, Oxford University Press, La vie des idées - 22 février 2021
Car certains pays ont eu plus de difficulté à s’intégrer à la mondialisation, Ex : Afrique. Représente
moins de 3% du commerce international.
*demande : pays avec niveau de vie assez faible en moyenne pas suffisamment moteur pour la
demande dynamise pas suffisamment les importations. ( Effet revenu)
*offre : matière première, manque de diversité, et donc on a des courts qui sont plus volatiles.
*relation entre offre et demande : l’état des infrastructures, la complexité des règles administratives
(auquel viennent se greffer de la corruption).
Inspiration de la Banque Mondiale qui se pose la question de se qui à été expérimenté dans certains
pays d’Asie peut être réalisé sur l’ensemble du continent asiatique. L’auteur va alors réutiliser cette
démarche mais en l’appliquant à l’Afrique.
Ces pays d’Asie ont connu et subie une DIPP, ce qui entraine une intégration accélérée, du au début
de la mondialisation.
Mais pour l’auteur cela va être difficile pour les pays d’Afrique de connaitre une intégration tardive à
la DIPP et par conséquent à la mondialisation.
Pour une analyse de la transposition du modèle asiatique en Afrique, cf “Le modèle asiatique, difficile à
reproduire en Afrique”, Bruno Cabrillac, Telos - 20 novembre 2018
Thèse de pierre René Giraud, années 1990 très proche de celle de Robert Reich économiste américain.
A cette époque débat entre économiste sur les inégalités, s’oppose à celle de Krugman. D’une part
ceux qui pensent que ce retour des inégalités du a l’accélération du progrès technique. De l’autre, ce
qui pense qu’elle est dû à la mondialisation.
Giraud distingue trois catégories de salariés par rapport à la mondialisation :
-les exposés
Nomade
-les compétitifs
-les protégés Sédentaire
Ces des salariés exposés connaissent risques de chômage (dû au délocalisation), contrairement à ceux
étant des compétitifs. De plus, une fois au chômage, il se pose la question de la reconversion.
*mondialisation entraine également principe de destruction créatrice
Les protégés eux sont pour Giraux protégé de la concurrence, qui travaillent dans des branches qui ne
sont pas exposé à la concurrence internationale. Pour cela, malgré leur faible qualification ils ont plus
de probabilité de garder leur emploi, mais ils sont plus exposés à une baisse de leur pouvoir d’achat.
Car ceux qui vont bénéficier, consommer ces services sont les exposés et compétitifs, mais pour qu’il
puisse continuer à les consommer, il faut que le prix proposer soit attractif.
En 2018, on parle de 44 pays qui sont partie prenante en Afrique, puis suite à sa présentation de plus
en plus crédible, on parle de 54 pays. Donc ce qui pourrai devenir une zone de libre-échange qui est
pour ce cas de figure continental.
Mais l’accord dirai même plus loin que la zone de libre-échange, avec la mise en place d’IDE.
En effet, par parce que on s’organise et on créer du régionalisme que forcément on va connaitre le
même succès que l’Asie. (cf II. 1.)
Le mercantilisme, courant antérieur aux XIX -ème siècles qui a prôné le protectionnisme. Donc
évoquer des perdants et des gagnant est un discours qui peut résonner comme mercantilisme. Ce
discours revient suite au phénomène de mondialisation qui s’emballe. Ex : Donald Trump dans ses
discours avec si la Chine est gagnante alors, les Etats-Unis sont perdants. Donc pourrai entrainer une
quête de souveraineté. (donc avec mondialisation si il y a un gagnant, il y a forcément un perdant)
Existe 3 combinaisons possibles car on appelle souvent ce type de triangles, le triangle des
incompatibilités.
Le compromis de Bretton Woods, fait référence à une conférence en 1944 pour discuter de
l’avenir des décisions monétaires internationales. Ce système a fonctionné entre 1944 et 1971.
Cette période correspond à l’internationalisation des échanges (cf. graphique intro sujet 1).
Rodrick considère qu’il n’y a pas d’intégration des économies car il considère que l’on n’est
pas encore au stade de mondialisation.
Situation postérieure au années 1980, il l’appelle « les camisoles de force dorée », correspond
à la période de mondialisation (entre 1980 et 2000). Ce qui entraine une chute de la
démocratie vivante. Car no vote n’ont pas d’impact sur l’économie. Dorée car la
mondialisation à fait des heureux.
Dernière situation qui na jamais existé, le fédéralisme, cette situation existerai avec la création
d’une gouvernance mondiale.
Source : Dani Rodrik, « Feasible Globalizations », NBER, 2002
Martin Anota évoque le fait que à partir des années 2000, il y a une prise de conscience que la Chine allait
bouleverser l’ordre mondial, illustré par l’entrée dans l’OMC de la Chine. Ces études témoignent de l’impact de
la mondialisation sur le chômage, les inégalités, etc.
Pour une évaluation empirique des effets de la mondialisation sur l’augmentation des inégalités internes
aux pays développés, cf “Le commerce international a créé des gagnants et des perdants dans les pays
développés”, Martin Anota, “ A la marge” - 09/01/2022
- Des limites
Le retour à une souveraineté à des limites. Qui va mettre en évidence les limites : les libéraux, dont la
pensée s’illustre par « laisser faire, laisser passer ».
Le New Deal, en 1933 prononcé par Roosevelt, dont l’une des mesures est le buy Américain Act,
soutien entreprises locale de la concurrence étrangère lorsqu’il s’agit de marché public. Mais, en
2021, Joe Biden poursuit ce protectionnisme américain avec le renforcement de ce buy Américain
Act.
« On pense généralement qu'il y a deux groupes qui sont les grands gagnants de ces deux dernières
décennies de mondialisation : d'abord, les très riches, ceux au sommet de la répartition nationale et
mondiale du revenu, mais aussi les classes moyennes des pays émergents, en particulier de la Chine,
de l'Inde, de l'Indonésie et du Brésil. Est-ce vrai ? Le graphique 1 fournit une réponse en montrant la
variation du revenu réel (mesuré en dollars constants internationaux ou PPA) entre 1988 et 2008 pour
différents centiles de la répartition mondiale des revenus.
GRAPHIQUE 1 Variation du revenu réel entre 1988 et 2008 pour différents centiles de la répartition mondiale
du revenu (calculée en dollars internationaux de 2005)
Quelles parts de la distribution mondiale des revenus ont enregistré les plus fortes hausses entre 1988
et 2008 ? Comme le montre le graphique 1, c’est en effet au sommet de la répartition mondiale
des revenus et parmi les "classes moyennes mondiales émergentes", qui comprennent plus d'un
tiers de la population mondiale, que nous observons les plus fortes hausses du revenu par
habitant. Le 1 % supérieur a vu son revenu réel augmenter de plus de 60 % au cours de ces
deux décennies. Les plus fortes hausses ont toutefois été enregistrées autour de la médiane : une
hausse réelle de 80 % à la médiane et de presque 70 % à ses alentours. C'est là, entre le 50ème
et 60ème centiles de la distribution mondiale des revenus que nous trouvons quelque 200
millions de Chinois, 90 millions d'Indiens et environ 30 millions de personnes en Indonésie, au
Brésil et en Egypte. Ces deux groupes (le 1 % des plus riches et les classes moyennes des pays
émergents) sont en effet les principaux gagnants de la mondialisation.
La surprise est que ceux qui sont au tiers inférieur de la répartition mondiale du revenu ont
aussi réalisé des gains importants, avec la hausse des revenus réels comprise entre 40 % et 70
%. La seule exception est les 5 % les plus pauvres de la population dont les revenus n’ont pas
varié. C'est cette augmentation de revenus au bas de la pyramide mondiale qui a permis à la
proportion de ce que la Banque mondiale appelle la pauvreté absolue (les personnes dont le
revenu par habitant est inférieur à 1,25 dollars PPA par jour) de passer de 44 % à 23 % au
cours des deux décennies.
Mais le plus grand perdant (mis à par 5 % les plus pauvres), ou tout du moins les "non-
gagnants" de la mondialisation sont ceux entre le 75ème et 90ème centiles de la distribution
mondiale des revenus dont les gains en termes de revenu réel ont été pratiquement nuls. Ces
personnes, qui constituent une sorte de classe moyenne supérieure mondiale, proviennent d’un
grand nombre d'anciens pays communistes et d'Amérique latine, ainsi que des citoyens des pays
riches dont les revenus stagnent. La répartition mondiale du revenu mondial a donc changé
d'une manière remarquable. C'était sans doute le plus profond bouleversement de la situation
économique de la population mondiale depuis la Révolution industrielle. D'une manière générale,
le tiers inférieur, à l'exception des plus pauvres, est devenu nettement plus aisé, et beaucoup de ces
gens-là ont échappé à la pauvreté absolue. Le tiers médian s'est enrichi, en voyant ses revenus réels
augmenter d'environ 3 % par habitant et par an. Les évolutions les plus intéressantes, cependant, ont
eu lieu parmi le quartile supérieur (c’est-à-dire le quart le plus riche de la population mondiale) : le 1
% le plus riche et, plus largement quoiqu’à un moindre degré, les 5 % les plus riches ont réalisé des
gains significatifs, tandis que le reste du quartile supérieur a soit très peu gagné, soit vu ses revenus
stagner. Cela s’est traduit par une polarisation au sein du quartile le plus riche de la population
mondiale, ce qui a permis au 1 % le plus riche de devancer les autres riches et de réaffirmer (surtout
aux yeux du public) leur place en tant que gagnants de la mondialisation.
Qui sont les personnes dans le 1 % le plus riche ? (…) Le 1 % le plus riche est composé de plus
de 60 millions de personnes (…). Ainsi, parmi le centile supérieur mondial, nous trouvons les 12
% des Américains les plus riches (plus de 30 millions de personnes) et entre 3 et 6 % des
Britanniques, des Japonais, des Allemands et des Français les plus riches. Il s'agit d'un "club"
encore largement composé des "vieux riches" de l'Europe occidentale, de l’Amérique du Nord et du
Japon. Le 1 % le plus riche (…) en Italie, en Espagne, au Portugal et en Grèce font tous partie du 1 %
le plus riche de la population mondiale. Cependant, le 1 % des Brésiliens, Russes et Sud-Africains
les plus riches en font également partie.
A quels pays et groupes de revenu les gagnants et perdants appartiennent-ils ? Considérons les
personnes à la médiane de la distribution de leur revenu national en 1988 et en 2008. En 1988, une
personne avec un revenu médian en Chine était plus riche que 10 % seulement de la population
mondiale. Vingt ans plus tard, une personne à la même position dans la distribution des revenus
chinoise était plus riche que plus de la moitié de la population mondiale. Ainsi, il ou elle a
devancé plus de 40 % des personnes dans le monde. Pour l'Inde, l'amélioration a été plus
modeste, mais tout de même remarquable. Une personne avec un revenu médian est passée du
10ème au 27ème centile de la répartition mondiale. Une personne à la même position en
Indonésie est passée du 25ème au 39ème centile mondial. Une personne ayant le revenu médian
au Brésil a réalisé le même gain. Elle est passée d'environ le 40ème centile de la distribution
mondiale des revenus à peu près le 66ème centile. Pendant ce temps, la position des grands pays
européens et des États-Unis est restée sensiblement la même (…). Mais si la crise économique qui
affecte actuellement les pays avancés persiste, nous ne devrions pas être surpris de trouver l’individu
médian dans le "monde riche" s’appauvrir en termes relatifs.
Alors, qui a perdu entre 1988 et 2008 ? La plupart des gens en Afrique, certains en Amérique latine et
dans les pays postcommunistes. Le Kenyan moyen est passé du 22ème au 12ème centile au niveau
mondial, tandis que le Nigérien moyen passait du 16ème au 13ème centile. (…) En 1988, un Africain
avec le revenu médian avait un revenu égal aux deux tiers de la médiane mondiale. En 2008,
cette proportion a chuté à moins de la moitié. Une personne avec le revenu médian dans les pays
postcommunistes est passée du 75ème au 73ème centile mondial. Les déclins relatifs de l'Afrique, de
l'Europe orientale et de l'ex-Union soviétique confirment l'échec de ces parties du monde à s'adapter à
la mondialisation, du moins jusqu’aux premières années du vingt-et-unième siècle. (…)
GRAPHIQUE 2 Les courbes de Lorenz pour les répartitions du revenu mondial en 1988 et en 200 8
Les courbes de Lorenz, qui présentent le pourcentage du revenu cumulé (allant de 1 à 100) sur l'axe
vertical par rapport au pourcentage de la population cumulée (allant également de 1 à 100) sur l'axe
horizontal pour 1988 et pour 2008 se croisent (…) (cf. le graphique 2). Aucune des deux courbes de
Lorenz n’est dominante. Les gains de revenu réalisés au-dessous et autour de la médiane permettent à
la courbe de Lorenz de 2008 d’être au-dessus de la courbe de Lorenz de 1988 jusqu’au 80ème centile.
Par exemple, les deux tiers inférieurs de la population mondiale ont reçu 12,7 % du revenu mondial en
2008 contre 9,3 % en 1988. Mais en raison, d’une part, de la stagnation ou du déclin des revenus réels
de la classe mondiale moyenne supérieure et, d’autre part, des gains importants réalisés par le 1 % le
plus riche, les courbes de Lorenz se sont inversées pour le dernier cinquième de la distribution. Ici, le
1 % le plus riche recevait en 2008 près de 15 % du revenu global contre 11,5 % vingt ans plus tôt.
(…) Ces résultats montrent un changement remarquable dans la distribution mondiale des revenus
sous-jacente. Nous vivons maintenant dans un monde avec un renflement autour de la médiane en
raison de la hausse significative des revenus pour l'ensemble du deuxième tiers (…) de la distribution
mondiale des revenus. (…) Nous voyons aussi l’accroissement de la richesse (et probablement aussi
du pouvoir) des personnes au sommet et, chose remarquable, la stagnation des revenus tant pour les
personnes juste en dessous des 5 % les plus riches que pour les plus pauvres dans le monde. »
Branko Milanovic, « Global income inequality by the numbers : In history and now. An overview »,
Banque mondiale, 2012. Traduit par Martin Anota
La nouvelle dynamique mondiale des inégalités de revenus
De nouvelles données font apparaître un bouleversement majeur dans la répartition des revenus
dans le monde. Au cours des 20 dernières années, les revenus ont progressé plus vite pour les
plus pauvres que pour les plus riches à l’échelle de la planète. Une analyse de l’économiste
Branko Milanovic.
Si on observe la période qui va des années 1980 à la fin des années 2000, l’évolution des revenus dans
le monde prend la forme d’une « courbe de l’éléphant », comme nous l’avions qualifiée avec
Christoph Lakner, en jaune dans notre graphique [1]. La période a été marquée par une très forte
augmentation des revenus pour la classe d’habitants du monde proche du revenu médian [2] mondial
(le point A). La croissance des revenus a été plus modeste, voire proche de zéro, pour les personnes
situées entre les 20 % et les 10 % les plus riches (les classes moyennes inférieures des pays riches) (le
point B) et pour les 5 % les plus pauvres, et montre une augmentation soudaine pour le 1% le plus
riche (le point C).
Au cours de la décennie 2008-2018, l’éléphant a disparu : la croissance des revenus est plus forte
pour les plus modestes, comme le montre la courbe violette de notre graphique. Que s’est-il
passé ?
Pour le comprendre, il nous faut revenir aux effets de la crise financière et économique de 2008.
Cette crise est restée localisée dans les pays occidentaux, dont certains ont même vu leurs
revenus diminuer. La croissance en Asie, en particulier en Chine, n’a pratiquement pas été
affectée. Selon des études du Luxembourg Income Study (LIS) sur les revenus aux États-Unis,
les 5 % les plus riches de la population des États-Unis ont perdu environ 10 % de revenus entre
2008 et 2010 si l’on tient compte de l’inflation. Pour le 1 % le plus riche, cette baisse atteint près
de 20 %. Ils ont récupéré leur niveau de revenus dans les années suivantes, mais ils n’ont
retrouvé l’équivalent de leur niveau de 2007 qu’en 2015. Cela explique pourquoi la partie de la
courbe qui représente la croissance des revenus des plus riches du monde (la trompe de l’«
éléphant ») est moins prononcée sur la période la plus récente.
La tendance se poursuit aux États-Unis ces dernières années. Le très large programme public
de soutien pour faire face au coronavirus lancé en 2020 a conduit à une réduction substantielle
des inégalités de revenus après redistribution et impôts. Le coefficient de Gini – qui va de 0 pour
une égalité parfaite à 100 pour une inégalité totale – a baissé de plus d’un point aux États-Unis,
ce qui correspond à la chute la plus importante de la moitié du siècle. Paradoxalement, ce déclin
important est survenu durant la dernière année de la présidence de Donald Trump.
[1] Pour la période 1988-2008 et la courbe de l’éléphant, voir « Global Income Distribution : from the
Berlin Wall Fall to the great Recession », Christoph Lakner, Branco Milanovic, Policy Research
Working Paper N° 6719, Word Bank, 2013.
[2] Le revenu qui partage en deux les habitants de la planète, autant gagnent moins, autant gagnent
plus.
Les inégalités aux rythmes de la financiarisation
À propos de : Ken-Hou Lin, Megan Tobias Neely, Divested. Inequality in the Age of Finance, Oxford
University Press
La financiarisation qui envahit aujourd’hui toutes les sphères de l’économie n’est pas un phénomène
uniforme et monolithique. C’est en distinguant soigneusement les différents mécanismes par lesquels
elle se déploie qu’on pourra comprendre en quoi elle produit des inégalités sociales.
À rebours de l’analyse classique qui fait de la hausse des inégalités contemporaines avant tout le
résultat d’un progrès technologique biaisé (soit un type de croissance où la demande de travail qualifié
augmente plus vite que son offre), l’ouvrage Divested. Inequality in the Age of Finance propose une
autre piste d’explication. L’augmentation des inégalités résulte de la financiarisation de l’économie
entendue non seulement comme une croissance rapide de l’activité du secteur financier, mais aussi
comme le résultat d’une transformation financière des revenus, de l’investissement, de l’endettement
et de l’épargne des autres acteurs de l’économie, notamment des entreprises non-financières et des
ménages. Ken-Hou Lin et Megan Tobias Neely proposent ainsi une synthèse cohérente et inspirante
des travaux des quinze dernières années sur la financiarisation, tout en ajoutant aussi des perspectives
nouvelles sur certaines de ses dimensions les moins étudiées comme la dette étudiante ou la crise des
retraites par capitalisation.
Cette faiblesse, s’explique avant tout par la faiblesse des revenus et par la structure des pays
très spécialisés sur des produits agricoles dont la valeur pèse peu dans les exportations
mondiales. Enfin les coûts commerciaux, qui comprennent les tarifs mais aussi toutes les
barrières non tarifaires (coûts administratifs, passage de frontière, infrastructure de transport),
sont relativement plus élevés en Afrique (et pour les biens agricoles) que dans le reste du monde.
Étudions ces déterminants gravitaires (poids économiques des pays et distance au marché) expliquant
la marginalisation de l’Afrique du commerce international.
Outre les infrastructures de transport qui sont souvent en mauvais états, les formalités
administratives pour exporter (ou encore le temps de passage à la frontière) représentent des
entraves importantes pour les exportateurs Africains. En 2018, il fallait par exemple en
moyenne 97 heures en Afrique (indicateur « time to export : border compliance » basé sur
enquête de la Banque Mondiale), contre 22 heures en Europe et en Asie Centrale pour passer les
formalités de la frontière.
Si l’on observe désormais les tarifs, qui sont plus facilement mesurables, mais qui ne
représentent qu’une part des coûts commerciaux (environ un quart du coût total) nous
constatons qu’ils sont de l’ordre de 9% pour les exportateurs de biens agricoles (voir tableau ci-
dessous basé sur une moyenne de 55 pays africains). Ce taux de protection est moins important
que les coûts tarifaires rencontrés par exemple par les exportateurs européens (11%)
principalement en raison des préférences commerciales accordées aux pays les moins avancés
(Candau et Jean, 2009).
En analysant l’accès au marché Africain, il est frappant de constater que les importations de
biens agricoles sont lourdement taxées, avec un équivalent ad-valorem de l’ordre de 18%
(contre 13% en Asie et 7% en Europe).
Ce protectionnisme Africain s’explique à la fois par la nécessité de faire rentrer des recettes
fiscales, et par le pouvoir de lobbying de certains producteurs associé à une volonté de protéger
une agriculture qui occupe une grande part de la population.
La production
La production agricole représente en moyenne 65% des emplois selon les estimations de Diao et
al. (2017), ce qui est sans aucun doute une borne basse qui ne concerne d’ailleurs que 11 pays
Africains.
Les avantages comparatifs des pays Africains au sein de ces produits agricoles sont le cacao
(21% du marché mondial), le café (6% des exports mondiale), le thé (1/5 du marché mondial), le
sucre (5%), le coton (16%), les fruits (agrumes:16%, raisins: 4%), les fruits à coques (noix de
cajou: 20%), divers légumes et poissons. En dehors de ces avantages comparatifs, une grande
partie de l’agriculture est une agriculture de subsistance.
La productivité du secteur agricole est d’une façon générale extrêmement faible par rapport aux biens
manufacturés. Il faut noter aussi que ce secteur industriel ne représente qu’une faible part de la
production, entre 4 et 8% du PIB des pays Africains.
Cette faible industrialisation est problématique, elle signifie que l’on observe en Afrique une
urbanisation sans industrialisation (Gollin et al., 2016), c'est-à-dire un déversement de la force
de travail d’un secteur agricole peu productif à un secteur tertiaire urbain informel qui l’est
tout autant. Il y a certes en Afrique des secteurs ultra-rentables tel que le secteur minier, mais
qui sont fortement capitalistique et emploient donc peu de main d’œuvre.
Conclusion
Si l’Afrique est d’une façon générale marginalisée du commerce mondial c’est parce que les revenus
y sont faibles, que les spécialisations ne permettent pas de s’insérer de façon diversifiée dans le
commerce international et enfin que l’accès aux marchés internationaux reste difficile en raison des
différentes barrières tarifaires et non tarifaires qui font obstacles aux exportations Africaines. Dans un
récent article nous avions tenté d’analyser si les accords régionaux Africains étaient en train de
modifier cette marginalisation, avec l’idée en arrière plan qu’une intégration interne pouvait
être un marche pied à une diversification des économies Africaines (Candau, Guepie and
Schlick, 2019). Nous avons notamment regardé si la demande interne naissante avait stimulé les
activités à rendements croissants souvent porteurs de croissance. Hélas nous n’avons pas trouvé
de signe d’une telle dynamique, espérons cependant qu’elle soit en cours mais pas encore visible
dans les données.q
F. Candau
PS: Si vous souhaitez imprimer ce post, vous trouverez une présentation soignée en version pdf sur
HAL qui a eu la bonne idée de créer une section "article de blog".
Références
Bruno Cabrillac
Sciences Po
Telos - 20 novembre 2018
Depuis qu’en 1991, la Banque mondiale a, dans un célèbre rapport, caractérisé le décollage
économique d’une partie de l’Asie orientale (les Tigres et les Dragons) comme un miracle et en a mis
en évidence les causes, le contraste avec les autres parties du monde en développement et,
notamment, l’Afrique a trouvé une explication consensuelle. Un investissement élevé dans le capital
physique et surtout dans le capital humain, une épargne forte, une gestion économique prudente, un
développement porté par les industries exportatrices ont permis de tirer les bénéfices en termes de
croissance d’un dividende démographique particulièrement élevé, tout en assurant une réduction des
inégalités et de la pauvreté. Pourtant, les économistes se posent la question de savoir si le reste du
monde en développement et singulièrement l’Afrique peut et doit adopter ce modèle. Plus d’un quart
de siècle après, bien que ce modèle ait été revisité fréquemment notamment par une partie des
économistes à l’origine du rapport initial, dont Joseph Stiglitz, la question reste entière. Et alors que le
miracle chinois, plus impressionnant encore que celui des Tigres et des Dragons parce qu’il est à
l’échelle de l’humanité, offre à l’Afrique une variante différente, mais dont l’efficacité est aussi
prouvée, du modèle asiatique, on ne sait si le continent peut et doit s’en saisir.
Le dernier rapport de la Banque mondiale sur le miracle asiatique (« Chevaucher la vague, un miracle
est-asiatique pour le 21e siècle », 2018) apporte indirectement une réponse partielle à cette question,
en examinant la situation des pays les plus pauvres en Asie orientale. Il note ainsi que le choix d’une
croissance tirée par les exportations de produits manufacturés qui est un des piliers du modèle
asiatique et celui auquel s’intéresse ce billet sans pour autant ignorer les autres, est moins accessible
aujourd’hui. D’une part, la concurrence chinoise reste redoutable, même pour les produits à forte
intensité de main d’œuvre et à faible valeur ajoutée. D’autre part, il devient de plus en plus difficile
d’entrer dans des chaînes de valeur toujours plus performantes et toujours plus intégrées. Enfin, la
Banque mondiale souligne que les marges de manœuvre pour mener la même politique de soutien aux
exportations que les Tigres et les Dragons (sous évaluation du change, droits de douanes réduits sur
les importations des exportateurs, incitations aux IDE…) se sont réduites. Ces arguments valent
naturellement, mutatis mutandis, pour l’Afrique et encore plus pour l’Afrique Sub-saharienne.
De fait, si les exportations de marchandises du continent ont connu une progression sensible au cours
de la première décennie, leur part dans les exportations mondiales s’est stabilisée à un niveau très bas
(2,4% en 2017 contre 7,3% en en 1948 et encore 4,5% en 1983, selon l’OMC). La marginalisation de
l’Afrique dans le commerce mondial de biens est donc concomitante à la montée en puissance de
l’Asie (14% en 1948, 19,1% en 1983, 34% en 2017). En outre, la part des exportations de biens
manufacturés dans les exportations de l’Afrique sub-saharienne reste très faible (25% contre plus de
66% pour l’ensemble du monde et plus de 80% pour l’Asie orientale). De fait, le miracle asiatique a
contribué à conforter la spécialisation de l’Afrique dans les matières premières (plus de 50% en 2016)
et ce n’est que grâce à l’augmentation du prix relatif des matières premières que l’Afrique a pu
maintenir sa part dans le commerce mondial depuis 2008. La faiblesse de l’intégration de l’Afrique
dans les chaînes de valeur globales est une des raisons de cette marginalisation. La part de l’Afrique
dans les exportations de services (moins de 2 % en 2017, selon l’OMC) et, notamment, la part dans
les exportations de services aux entreprises qui est un marqueur du rôle dans les chaînes de valeur est
encore plus faible. Comme le note le rapport 2017 sur les chaînes de valeurs internationales et sur la
base d’un autre marqueur, la part des produits intermédiaires dans le commerce, l’Afrique est
nettement en retard sur toutes les régions du monde et encore plus sur l’Asie orientale.
Ce phénomène est-il réversible ? Rien n’est moins sûr à moyen terme. D’une part, les politiques de
soutien aux exportations de produits manufacturés n’ont plus la même efficacité, dans un monde plus
ouvert et avec des systèmes de changes plus flexibles, d’autre part la concurrence de l’Asie orientale
et, singulièrement de la Chine en termes d’attractivité des investissements directs étrangers reste tout
aussi redoutable qu’en matière de compétitivité prix. Enfin, comme le note la Banque mondiale, si les
salaires nominaux sont plus faibles en Afrique, les coûts unitaires du travail y restent beaucoup plus
élevés. Or c’est cet indicateur qui est l'élément clé de l’intégration dans les chaînes de valeur. Même
si le développement des échanges intra continentaux ouvre un espoir de développer une chaîne de
valeur africaine, cet espoir est ténu et incertain, comme les projets d’intégration régionale et,
notamment, de Zone de libre échange continentale.
À plus long terme, évidemment, rien n’est joué, mais on peut se poser la question de savoir si ce
modèle de développement extraverti n’aura pas fait long feu. D’ores et déjà, des indicateurs
convergents semblent indiquer que l’âge d’or du commerce international a pris fin. Les organisations
internationales s’accordent pour pronostiquer que l’élasticité de la croissance du commerce
international à celle du PIB mondial qui était de plus de 2 au cours des dernières décennies devrait
revenir à l’unité. L’épuisement des effets de la baisse des tarifs et des coûts de transports, le
raccourcissement des chaînes de valeur, voire leur stagnation (l’indice global des chaîne de valeur est
stable depuis 2010, selon le rapport 2017 de l’OMC sur le développement des chaînes de valeur)
poussent en ce sens.
On peut aussi s’interroger sur ce que sera la prochaine phase de la globalisation. Comme le prédit
Richard Baldwin, cette nouvelle phase qui est déjà en route sera fondée sur les nouvelles technologies
qui permettent d’abolir la nécessité de la présence physique dans l’essentiel du processus de
production de services, voire de biens. Dans cette nouvelle phase, il ne s’agira plus d’attirer les
investisseurs pour construire des usines mais de former, retenir ou attirer les talents. Le montant des
investissements physiques nécessaires pour la localisation de la production sera beaucoup plus réduit,
mais la quantité et la qualité de l’investissement en ressources humaines sera, avec un cadre de vie
attractif et une forte connectivité, la clé de la localisation de la production. Sur ce plan, l’Afrique a
sans doute aussi un déficit de compétitivité avec le reste du monde émergent, mais il paraît plus facile
de le combler que de réussir à reproduire le modèle de développement par les exportations de produits
manufacturiers qui a fait la fortune de l’Asie orientale.
L’Afrique, nouvelle frontière du libre-échangisme ?
Bruno Cabrillac
18 septembre 2018
Au moment où le mouvement multilatéral de libéralisation des échanges ploie sous les coups de
boutoir américains, l’annonce par l’Union africaine, le 21 mars 2018, de la création d’une zone
de libre-échange continentale (ZLEC) en Afrique paraît d’autant plus décalée que c’est là que
se trouvent les plus grands perdants de la mondialisation. Le paradoxe n’est qu’apparent puisque
c’est le constat de l’échec de l’intégration dans l’économie mondiale à travers le commerce Nord-Sud,
comme via les échanges avec les émergents, qui est le meilleur argument, avec la faible taille de la
plupart des marchés nationaux, en faveur du développement de et par le commerce intra-africain.
Comme le souligne un récent rapport conjoint de l’OCDE et de l’Union africaine, l’intégration
de l’Afrique dans le commerce mondial n’est pas un problème quantitatif, mais qualitatif. Le
taux d’ouverture de l’économie (importations + exportations/PIB) est en Afrique d’environ
50%, un taux comparable à l’Asie et supérieur à celui de l’Amérique latine (44% en 2017). Mais
la part des matières premières dans les exportations africaines était supérieure à 50% en 2016
et la part des produits finis, inférieure à 20%. À l'inverse, la part des produits finis dans les
importations était de 63% et la part des produits semi-finis d’à peine 25%. Enfin, pour
compléter ce tableau, on notera que, selon le même rapport, le degré de complexité (ie la part de
connaissance incluse, selon la méthode de Hausmann et Hidalgo) des importations africaines est
très significativement inférieur à celui des importations en Asie ou en Amérique latine. En
grossissant le trait, si l’Afrique a, depuis une décennie, réussi à stabiliser sa part dans le
commerce mondial, à un niveau faible (2,2% en 2016 selon les statistiques de l’OMC), cela n’a
pas altéré la structure de ces échanges: matières premières contre produits finis de qualité
inférieure. Et la forte progression des échanges avec les émergents dont le poids dans le
commerce africain est devenu équivalent à celui des partenaires traditionnels a plutôt conforté
cette structure.
Dans ce contexte, le développement du commerce intra régional en Afrique constitue une voie plus
aisée que celle de l’insertion dans les flux mondiaux pour stimuler les exportations de produits finis et
créer des chaînes de valeur continentales et au-delà participer à l’industrialisation de l’Afrique qui est
un des piliers de l’agenda 2063 de l’Union africaine. Les économies africaines et, notamment, leurs
PME peuvent en effet bénéficier d’avantages comparatifs sur les marchés voisins, pour des raisons de
proximité géographique et culturelle, mais aussi des modes de consommation. Toutefois, le potentiel
de développement du commerce intra régional en Afrique reste incertain: sa part dans le commerce
total (un peu en dessous de 20% selon la CNUCED, un chiffre sans doute significativement sous
évalué en raison de l’importance du commerce informel, très largement sous régional) est du même
ordre de grandeur qu’en Amérique latine où les économies sont pourtant plus développées et plus
diversifiées. De même, la part du commerce intra régional dans les échanges de biens
intermédiaires, qui est un indicateur de l’importance des chaînes de valeur régionales est très
faible en Afrique (4%), contre 24% en Asie (16% si on exclut la Chine), mais du même ordre de
grandeur qu’en Amérique latine.
Julien Gourdon
Économiste, Agence française de développement (AFD)
Graphique 2. Commerce intra-Afrique en 2019 (en pourcentage du commerce total). Calcul des auteurs avec les
données d’UnctadStat2019 (CNUCED), Fourni par l'auteur
Regardons d’abord le contenu car s’il est trop tôt pour dresser un bilan, on peut tout de même
s’interroger sur la capacité de ce dispositif à soutenir les performances économiques des pays du
continent.
On constate que la ZLECAf entend prendre en charge les sujets déterminants pour
l’intégration dans les chaînes de valeur, ceux qui n’ont jamais ou rarement été abordés dans les
précédents accords régionaux du continent. L’accord propose des protocoles afin que les 54
pays s’entendent sur différentes règles de commerce liées aux normes des produits, des services,
de l’e-commerce, des droits de propriété intellectuelle, de la concurrence et de l’investissement.
L’objectif étant de ne pas être un simple accord commercial, mais un instrument stratégique
pour le développement et l’intégration de l’Afrique.
Les secteurs fréquemment cités comme potentiels bénéficiaires de ce nouveau cadre se situent
principalement dans l’industrie, puis dans les services et enfin dans l’agriculture. L’agro-industrie
pourrait se développer au niveau régional, en particulier si les pays parviennent à s’accorder sur les
normes sanitaires et phytosanitaires.
L’émergence du secteur pharmaceutique, apparue nécessaire avec la pandémie Covid-19,
dépendra également du progrès sur le chapitre des normes phytosanitaires, mais aussi des
accords sur le protocole des droits de propriété intellectuelle. Le secteur du textile pourrait voir se
réaliser sur le continent l’entièreté du cycle de production des vêtements, si les pays s’entendent sur
les règles d’origine des biens et sur le protocole régissant les investissements.
Les attentes sont également importantes dans les cinq secteurs des services inclus dans l’accord et
plus particulièrement pour les services aux entreprises, le tourisme, mais aussi les transports. Les
résultats dans ces secteurs seront aussi dépendants des progrès sur les annexes de l’accord liées à la
libre circulation des personnes et des protocoles d’accord sur l’investissement et le commerce
électronique.
L’étude de la Banque mondiale indique que la demande de services à des fins d’exportation de biens
devrait également progresser et bénéficier de l’instauration de la zone de libre-échange.
Les défis de l’intégration régionale et de la ZLECAf
Néanmoins, il faudra relever certains défis afin que la ZLECAf tienne ses promesses de
développement économique et parachève cet objectif d’intégration avec des politiques
d’accompagnement pour aboutir à une transformation structurelle au bénéfice du plus grand nombre.
● Trouver des terrains d’entente entre les 54 États membres
L’agenda UA 2063 porte en lui trois objectifs difficilement compatibles pour la mise en place de la
ZLECAf. Ces trois objectifs sont une intégration profonde, une large adhésion de pays et une
solidarité panafricaine. Cela forme ce que de Melo et al. appelle le « trilemme » de l’intégration
régionale en Afrique. Trouver un équilibre entre un accord avec le maximum de membres hétérogènes
et avancer en profondeur sur des questions sensibles tout en offrant un traitement plus favorable aux
pays les moins avancés sera déterminant.
● Gérer l’harmonisation avec les accords régionaux existants sur le continent
L’agenda d’intégration régionale ayant été lancé il y a presque trente ans, les pays de l’Union
africaine adhèrent à des communautés économiques régionales (CER), qui ont déjà leurs propres
règles, et parfois à des organisations (type unions douanières) qui comprennent un niveau
d’intégration supérieur à celui de la zone de libre-échange. Il faudra que les CER harmonisent leurs
règles de fonctionnement pour être au maximum en cohérence avec celles de la ZLECAf.
La mise en place de la ZLECAf créera des gagnants et des perdants au sein de chaque pays et entre les
différents États membres. Un mécanisme de compensation est prévu, mais rien n’est encore élaboré.
Nul doute que de la mise en place effective de cet accord dépendra la satisfaction des États membres
vis-à-vis de ce mécanisme. Le secrétariat de la ZLECAf anticipe déjà de proposer de l’assistance
auprès de chaque État membre pour établir des politiques d’accompagnement, afin d’offrir des
compensations à ceux qui bénéficieront le moins économiquement de cet accord. Cela sera nécessaire
afin d’éviter des blocages des pays signataires.
Surtout, les ambitions suscitées et les aspirations énoncées par la ZLECAf ne peuvent se concrétiser
sans une vraie transformation structurelle – inclusive – des économies africaines. Il faudra d’autres
réformes et des politiques d’accompagnement en lien avec les Objectifs de développement durable au
niveau national et continental (infrastructures, transformation numérique, énergies renouvelables,
genre, éducation) afin que la ZLECAf serve effectivement à la transformation structurelle en faveur
d’une plus grande productivité, d’une meilleure croissance et de création d’emplois décents, entre
autres.
Le commerce international a créé des gagnants et des perdants dans les pays développés
● MARTIN ANOTA
● A la marge - 09/01/2022
Depuis les années 1980, les inégalités de salaires et, plus largement, de revenu ont eu tendance à
se creuser dans les pays développés, en particulier aux Etats-Unis. En l’occurrence, les
travailleurs très qualifiés ont vu leurs revenus augmenter plus rapidement que les travailleurs
peu qualifiés.
GRAPHIQUE 1 Deux grandes évolutions du commerce international depuis les années 1980
Ce creusement des inégalités de revenu coïncide avec une nouvelle vague de la mondialisation
que certains ont qualifiée d’« hypermondialisation » [Subramanian et Kessler, 2013]. En
l’occurrence, les échanges internationaux de marchandises ont explosé, notamment sous l’effet du
retrait des barrières tarifaires : entre 1993 et 2008, les exportations mondiales de biens sont passées
de 13,8 % à 25,0 % du PIB mondial (cf. graphique 1). En outre, les pays en développement ont
contribué à une part croissante de ces échanges : celle-ci a quadruplé entre 1990 et 2015. Ces
évolutions tiennent toutes deux en grande partie à l’essor de l’économie chinoise, devenue la
dernière décennie la plus grande exportatrice au monde (cf. graphique 2).
GRAPHIQUE 2 Volume des exportations de marchandises chinoises à destination des Etats-Unis et de l’UE à
15 (en milliards de dollars 2019)
La théorie suggère depuis longtemps que l’ouverture commerciale des pays en développement
est susceptible de creuser les inégalités de revenu dans les pays développés. Par exemple, le
modèle Heckscher-Ohlin et ses diverses déclinaisons impliquent que l’ouverture internationale
pousse les pays à se spécialiser selon leurs dotations en facteurs. En l’occurrence, les pays
développés, relativement bien dotés en travail qualifié, se spécialiseraient naturellement dans les
tâches de production nécessitant essentiellement du travail qualifié, tandis que les pays en
développement, comme la Chine, relativement abondants en travail non qualifié, se
spécialiseraient dans les productions nécessitant pour l’essentiel du travail non qualifié. Mais en
conséquence de cette division internationale du travail, la théorie amène à prédire un
creusement des inégalités au sein des pays développés : dans ces derniers, les travailleurs
qualifiés, davantage demandés, voient leurs salaires augmenter, tandis que les travailleurs non
qualifiés, moins demandés, voient leurs salaires diminuer. Ce résultat est connu dans la
littérature sous le nom de théorème Stolper-Samuelson.
Pour autant, les estimations empiriques du lien entre commerce international et répartition du revenu
ne datent vraiment que des années 1990. C’est au cours de cette décennie que les économistes prirent
vraiment conscience que les inégalités salariales tendaient à se creuser depuis les années 1980 dans les
pays développés et qu’ils se mirent à rechercher les causes de ce phénomène. Au tournant du siècle,
le consensus était que la mondialisation commerciale n’avait au mieux qu’un effet limité sur la
répartition des revenus [Krugman, 1995 ; Feenstra et Hanson, 1999]. Le progrès technique était
considéré comme le principal coupable derrière la hausse des inégalités de revenu, si bien que la
recherche porta ensuite moins d’intérêt aux effets distributionnels de la mondialisation [Wood,
2018]. Mais cette première vague de travaux a été réalisée avant que l’économie chinoise ne
prenne véritablement son essor ou, tout du moins, à partir de données antérieures à cet essor.
Elle n’a ainsi pas pu saisir les effets que celui-ci exercerait en définitive sur la répartition des
revenus dans les pays développés.
Il a fallu attendre les années 2010 pour que la recherche étudie à nouveau minutieusement la question
du lien entre commerce international et inégalités de revenu [Rodrik, 2021b]. Les études empiriques
plus récentes portant sur les pays européens et les Etats-Unis suggèrent que l’intensification de
la concurrence chinoise à l’importation a affecté les salaires et l’emploi des travailleurs dans les
secteurs les plus exposés au commerce extérieur et pour les résidents des régions les plus
exposées au commerce international. C’est ce que confirment David Dorn et Peter Levell (2021)
dans leur nouvelle étude : l’emploi manufacturier domestique a décliné bien davantage dans les
pays qui ont connu une forte croissance des importations nettes en provenance de Chine
(comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Islande) que dans les pays qui ont gardé un
commerce relativement équilibré avec la Chine (comme l’Allemagne, la Suisse et le
Luxembourg) (cf. graphique 3). En outre, cette littérature conclut que les effets négatifs du «
choc chinois » se sont diffusés au-delà des seuls secteurs industriels exposés à la concurrence
étrangère, qu’ils ont été les plus prononcés pour les individus les moins qualifiés et qu’ils se sont
révélés être durables. Ce fut le cas aux Etats-Unis, [Autor et alii, 2013 ; Autor et alii, 2014 ;
Autor et alii, 2015 ; Autor et alii, 2021], mais aussi en France [Malgouyres, 2017a].
En se penchant sur le Royaume-Uni, Dorn et Levell confirment que le commerce avec la Chine a
contribué à détruire des emplois dans l’industrie britannique. Cela dit, ils notent aussi qu’il a
également fortement réduit les prix à la consommation. Cela s’explique non seulement par le
fait que les résidents ont eu accès, grâce à la mondialisation, à un éventail plus large de produits
à bas coût, mais aussi par la plus forte concurrence à laquelle celle-ci a soumise les entreprises
domestiques. Dans tous les cas, cette baisse des prix a pu compenser, en termes de pouvoir
d’achat, la stagnation des revenus pour les personnes affectées par la désindustrialisation :
celles-ci ont pu gagner en tant que consommateurs ce qu’ils ont perdu en tant que travailleurs
[Fontagné, 2021]. Ce n’est malheureusement pas le cas : Dorn et Levell observent que les effets
négatifs sur l’emploi et les salaires se sont concentrés sur des groupes spécifiques de travailleurs
et des régions en particulier, tandis que les gains pour les consommateurs ont été largement
dispersés parmi l’ensemble de la population.
La mondialisation commerciale a certainement contribué à ce que les pays en développement
amorcent leur rattrapage sur les pays riches à partir des années 1990 et ainsi à ce que les inégalités
entre les pays diminuent [Lakner et Milanovic, 2016 ; Milanovic, 2020 ; Chancel et Piketty, 2021].
Mais elle a également eu tendance à accroître les inégalités en leur sein, en y a créant des gagnants et
des perdants [Bourguignon, 2012].
Les récents travaux empiriques indiquent aussi que, dans les pays développés, les résidents des
territoires affectés par la concurrence étrangère n’ont pas seulement subi des pertes
financières : ils ont également souffert d’une plus forte criminalité, d’une détérioration de leur
situation sanitaire et d’un éclatement des structures familiales traditionnelles. Par le biais de ces
divers effets, la mondialisation a ainsi favorisé l’essor du populisme dans les pays développés
[Rodrik, 2021a]. Aux Etats-Unis, l’intensification de la concurrence chinoise semble ainsi avoir
fait basculer le vote en faveur de Trump lors des élections en 2016 [Dorn et alii, 2016]. En
France, elle a contribué à la progression du Rassemblement national [Malgouyres, 2017b]. Les
effets de la mondialisation sur l’emploi et le revenu s’étant révélés particulièrement persistants, il faut
s’attendre à ce qu’elle continue d’alimenter les mouvements populistes.
Références
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L'analyse économique des échanges internationaux
« (...) L’Etat peut décider de mettre en place un protectionnisme tarifaire en introduisant une taxe sur
le bien importé. On observe que la taxe induisant une augmentation du prix entraîne une perte de
surplus du consommateur (zone coloriée) relativement à la situation sans taxe.
Cependant, cette augmentation du prix du bien dans le pays induit une baisse de la demande
domestique (on passe de D1 à D2).
Ces deux triangles nommés « triangle d’Harberger » correspondent donc à la baisse du surplus global
induit par l’effet de distorsion produit par la taxe. (....) Cette situation est sous-optimale au sens de
« éPareto, car elle diminue le surplus collectif relativement à la situation libre-échangiste. Dans ce
cas, il est possible d’augmenter le surplus collectif en supprimant la mesure protectionnisme afin de
tendre à nouveau vers un optimum économique. La théorie néoclassique démontre ainsi la supériorité
relative du libre-échange.
(...) dans l’article écrit en 1994 par Gene Grossman et Elhanan Helpman intitulés « Protection for
sales » que l’on trouve les arguments principaux de cette école sur le protectionnisme. Ces deux
économistes se demandent pourquoi le protectionnisme persiste en dépit de la supériorité démontrée
du libre-échange ?
Les éléments de réponse se trouvent dans l’analyse des stratégies individuelles menées par les
hommes politiques qui poursuivent leurs intérêts particuliers en dépit de l’intérêt général. Ainsi, pour
être réélus, ils acceptent volontiers les demandes de protection des lobbies issus des secteurs ayant un
poids politique important. Ces mesures sont rarement contestées par les consommateurs malgré leur
effet délétère sur le pouvoir d’achat, car leur coût est dilué sur un nombre important d’individus, qui a
du mal à s’organiser collectivement pour mener une action contestataire du fait même de la taille du
groupe auquel ils appartiennent. Ainsi, en s’appuyant sur les travaux de Mancur Olson (Logic of
Collective Action, 1965)), ils montrent que les groupes d’intérêts de petite taille se mobilisent plus
facilement et avec d’importants moyens (comme les grandes firmes), tandis que d’autres comme les
consommateurs ont moins de facilités à se coaliser car leur bénéfice est dispersé et la tentation de
passager clandestin est augmentée par la taille du groupe. Par conséquent, le degré de protection d’un
secteur est une fonction croissante du poids politique du groupe d’intérêt. C’est ainsi que l’on peut
expliquer la forte protection du secteur agricole au Etats-Unis. Dans cette approche, le
protectionnisme est bien supposé sous-optimal économiquement car il répond à des raisons
électoralistes, qui ne sont en rien des fondements de l’efficience économique.”
Buy American Act : un protectionnisme qui cache son nom
r
L’Opinion - 14/04/2021
Depuis son investiture, Joe Biden affiche clairement son ancrage réformiste et keynésien, au travers
d’une ambitieuse politique de relance et de lutte contre la précarité, en rupture avec celle de son
prédécesseur. Pour autant, il serait hâtif d’en conclure que ce virage porte sur tous les aspects de la
politique économique américaine. En particulier, la continuité entre les deux présidents apparaît
particulièrement forte sur le front du protectionnisme : Joe Biden reste fidèle à la ligne définie par
Donald Trump dès 2016 avec son slogan du « Buy American ». Certes, le ton est moins direct et
agressif vis-à-vis des partenaires commerciaux mais, sur le fond, on relèvera que l’un des
premiers décrets signés par Joe Biden, le 25 janvier 2021, a consisté à renforcer le Buy
American Act.
De quoi s’agit-il exactement ? Le Buy American Act, promulgué en 1933 par Hoover, prévoit que
les administrations fédérales privilégient, lors de leurs appels d’offres, des produits américains.
Ce texte contenait toutefois plusieurs lacunes et exemptions, permettant aux administrations de
le contourner. Désormais, pour être qualifié d’américain, le produit final devra incorporer au
moins 55 % de composants fabriqués sur le sol américain.
De plus, le Buy American Act renforcé permettra à l’administration de choisir une entreprise
américaine, même si le prix de sa prestation est 20 % plus élevé que celui de son concurrent
étranger, alors que ce surprix était jusqu’ici limité à + 6 %.
Quel pourrait être l’effet d’une telle politique ? Une étude du Peterson Institute a estimé, avant même
le renforcement du texte en 2021, l’impact du Buy American Act sur l’économie américaine : les
résultats ne sont à vrai dire guère convaincants. Les auteurs relèvent tout d’abord que les achats des
administrations américaines, fédérales comme locales, sont d’un montant assez impressionnant : 1
809 milliards de dollars en 2017. Ce chiffre se compose de 1 674 milliards d’achats domestiques et de
136 milliards d’importations.
En second lieu, les auteurs montrent qu’en l’absence du Buy American Act, le niveau des
importations aurait été supérieur de 68 milliards. En troisième lieu, l’étude montre que cette politique
conduit à augmenter le prix d’achat des administrations de 5,6 %, ce qui s’est traduit par une facture
supplémentaire de 94 milliards de dollars. On pourrait se rassurer en se disant que ce surcoût payé par
l’administration – et in fine par le contribuable — a permis en contrepartie de sauver des emplois aux
Etats-Unis ; c’est d’ailleurs l’argument mis en avant par Donald Trump puis Joe Biden. Selon l’étude
du Peterson Institute, 358 360 emplois auraient été sauvés, notamment dans le secteur du bâtiment.
Une simple règle de trois permet alors de savoir combien coûte chaque année le fait de sauver un
emploi avec cet instrument : il suffit de diviser 94 milliards par 358 360. Cela fait un coût annuel de
250 000 dollars par emploi sauvé.
Autant dire que le « Buy American Act » a les mêmes effets qu’une politique protectionniste
classique : il équivaut en réalité à imposer un droit de douane, qui fait monter les prix et sauve
des emplois à un coût élevé pour le contribuable américain. Le renforcer risque d’amplifier ce coût
demain.
C’est l’économiste qui a le plus considéré cette théorie, il pense que la différence elle-même est un
produit. Au début année 70, stade dans lequel la société de consommation est mature. Donc les
consommateurs ont un besoin de différenciation. Il se place du côté de la demande, c’est elle qui
stimule l’échange, et plus précisément la demande de différentiation. Lui aurai répondu OUI, mais la
citation laisse entendre qu’elle ne vient pas seulement des différences. Pour lui si tous les produits
étaient les mêmes il n’y aurai pas d’intérêts pour le consommateur d’aller acheter ailleurs.
Les économistes ont même créé un indicateur au milieu des années 70’, avec Grubel et Lloyd, qui
permet de mesurer ce commerce.
I = 1 – [(Xi - Mi) / (Xi + Mi)] avec Xi et Mi qui sont les importations et les exportations de
produits.
Linder, pour lui les exportations sont le prolongement du marché intérieur [Y + M = (C + I) + X].
Possible parallèle avec le cycle de vie du produit. Qui sera repris par Vernon qui a formalisé le fait
que les entreprises en avance avaient tout intérêt à valoriser ses produits sous formes d’IDE, à un
certain moment spécifique.
Car sans différenciation, les entreprises ne pourront plus exporter du fait que sur le territoire, il
existera déjà une entreprise qui produirai déjà ce produit. C’est pour cela que pour un commerce
international, il est donc nécessaire qu’il y ait une différentiation.
2. Un commerce dominant entre pays développés
Théorie de Ngale.
- Un “goût pour la diversité”
Citation de Krugman, Ex entre Général Motors qui va vouloir se diversifier pour toucher toutes les
strates de la population et Ford qui a poursuivi son modèle unique.
Krugman fait donc référence à l’économie d’échelle, et reprend modèle de Chamberlain avec le
modèle de concurrence monopolistique, qui ne prend pas en compte le marché international. Et donc
pour Krugman cela entraine des possibilités d’échange international.
II. Un échange indirect dans la théorie des dotations factorielles (pp 162-164)
1. Un échange de dotations
- Le théorème Heckscher-Ohlin
Modèle qui explique largement la DIT traditionnelle : pays sous développé exporte des matières
premières et les pays développés exportes produits transformés.
Donc on peut caractériser la DIT comme une DIT inter-sectoriel.
2. Une substitution à l’immobilité des facteurs de production
Une des hypothèses de la théorie du modèle des dotations factorielle. Elle était déjà présente dans la
théorie de Ricardo. Donc mobilité des marchandises se substitue à une mobilité des facteurs qui n’est
pas prise en compte. C’est ce que Olin déclare, « un échange de facteurs rares contre des facteurs
abondants », exemple entre Australie et Angleterre.
Limite du capital naturel qui est immobile, c’est d’ailleurs l’unique. Il n’y a que le capital foncier
que l’on ne peut pas exporter, on ne pourra exporter que le produit de ce capital.
Si on prend on compte facteur travail et capital l’hypothèse est beaucoup moins crédible. Le plus
mobile dans le temps est le facteur capital qui est plus probable. Qui se caractérise par des IDE. Donc
les états peuvent donc freiner les sorties et entrées de capital. On parle donc de migration du capital.
Ce plus les différences de culture peuvent influencer l’immigration (ex : l’Allemagne, avec une
volonté d’intégration linguistique).
III. Un échange implicite dans la théorie des avantages comparatifs (pp 158-162)
Compare couts d’importation et exportation et si le prix importation plus faibles, il ne faut pas avoir
de scrupule à avoir recours aux importations. Il aborde également le terme de valeur travail.
Mais il y a une impossibilité d’établir des critères de base d’une DIT. Il s’intéresse à la DT mais
seulement du point de vue manufacturière, et non pas International.
Dans son modèle fictif, l’Angleterre n’a que des désavantages absolus, malgré cela, l’Angleterre a
tout de même à se spécialiser, s’intégrer à ce qui ressemble à une DIT. Un désavantage absolu peut se
transformer en avantage relatif. Ils vont faire le choix de production dans le secteur ou le désavantage
absolue est le plus faible, c’est-à-dire le drap. Ce désavantage s’illustre par le nombre de travailleur
exploité pour réaliser une même quantité de production. Par conséquent, il est question de la
productivité, (qui n’est pas le vocabulaire employé par Ricardo). Si la productivité des deux pays était
la même les deux pays n’aurai pas intérêt à entrer dans la DIT. Donc il y a une DIT, seulement parce
qu’il y a des écarts de productivité. Le but étant qu’avec cette DIT, les deux pays connaissent un
surplus. Donc au sein du même territoire, il va y avoir une mobilité du facteur travail. Cette notion de
DIT tient uniquement avec la notion de terme de l’échange.
- Une application au commerce RU-EU
Longue Exemple :
Etude de l’après 2 G-M Concerne commerce entre Etats-Unis et Royaume-Uni, reprend étude que
Krugman cite dans son livre. Il considère que les avantages relatifs (la théorie de Ricardo) sont les
éléments déterminants dans le commerce inter-branche.
D’un coté on a les USA, qui sorte renforcer de la 2 G-M. C’est le prolongement d’une tendance qui
remonte à la fin du 19 siècle.
De l’autre, l’Angleterre, a connu une perte de leadership, avec une perte d’avantage.
Cette opposition va être marqué par une productivité nettement supérieure aux USA. C’est que va
vérifier Obstfeld produit par produit. Donc Les USA ne vont avoir que des avantages absolus. Et donc
l’Angleterre ne va avoir que des désavantages absolus, mais ce n’est pas ce qui va les empêcher de
s’investir dans le DIT et donc d’exporter.
Cette profusion des ACR (accords commerciaux régionaux) remonte à la fin du 20 siècle, avec
augmentation accords régionaux. Mais limite de la portée de ces accords.
- Un effet domino
Par le fait qu’une entreprise national peut retrouver de la compétitivité uniquement grâce a ce prix de
TEC (tarif extérieur commun). Par conséquent en dépit de pays extérieurs et donc également du
consommateur.
Parallèlement, parce qu’il y a une zone de libre-échange, il y a la création de nouveau flux au sein de
cette zone régionale. En favorisant les échanges entre les pays de la zone.
Donc de par l’ambivalence, on créer des flux mais on en détruit aussi. Se pose la question du ratio
entre la création et la destruction. Celle-ci dépend de la TEC.
Ex : la CE, les pays on créer une zone douanière, mais la TEC n’était pas haut car la CE était parti
prenant du GATT.
S’applique souvent au frontière de l’état nation, donc le protectionnisme pouvait être attribué comme
nouveau car il s’appliquait au frontière de la région.
Peur de l’émergence des 4 dragons qui avaient comme volonté de se développer sur les marchés
extérieurs = croissance extravertie.
Pour une argumentation en faveur d’un renforcement de la politique commerciale européenne, cf Face au
retour du bilatéralisme, l’Europe doit renforcer sa politique commerciale, Emmanuel Combe et Antoine
Michon, l’Opinion, 11 décembre 2019
Compare politique américaine à la politique européen en prenant 3 fois plus de mesures pour la
défense commerciales, qui vise à compenser ce que les partenaires s’imposent aux USA. Le handicap
est que l’U-E n’est pas un état fédéral. Donc laisse place à des arbitrages entre les états. Donc certains
pays vont plus valoriser le protectionnisme, quant à d’autre, qui seront plus libre-échangiste.
L’Europe reproche à la Chine de pratiquer du dumping, il va y avoir une négation de l’Europe pour
connaitre les pénalités de la Chine. Donc la Chine à alors négocié avec l’Allemagne, pays qui importe
beaucoup de produit de Chine. En échange davantage de la Chine, l’Allemagne consentait à négocier
pour accorder à la Chine une peine moins forte.
II. … mais un régionalisme compatible avec un multilatéralisme “coopératif”...
Ex : le Gatt accepte que les pays passent des accords régionaux. La seule condition était de les en
informer. Donc pour les créateurs de GATT, le régionalisme n’était donc pas contraire à une structure
multiculturalisme. C’est la raison pour laquelle le régionalisme peut être perçu comme préalable pour
mieux s’intégrer au multilatéralisme.
C’est le cas de l’Afrique, qui pourrai donc appliquer dans un premier temps du régionalisme,
permettant aux entreprises de pouvoir réaliser des économies d’échelles dû à l’élargissement du
marché. Et donc par la suite de devenir plus compétitives.
En 1947 – 1994, La CEE à été un acteur central dans la carde de la signature d’un accord multilatéral.
Don cil y avait des représentant de la CEE, est non pas de chaque pays, la CEE est donc un
intermédiaire dans les négociations. Qui lors de sa création était seulement 6.
NCM = cycles de négociations, lancés à l’initiative des USA. Ils vont considérer très vite l’Europe
comme un partenaire privilégié. Le premier cycle est lancé des 1947, en négociants sur la diminution
du protectionnisme tarifaire (droit de douane). En passant de 40% à près de 5% actuellement. Ce qui
signifie que le TEC est donc très faible. Le dernier cycle de négociation commence en 1986, nommé
Uruguay et s’achève à la fin du fonctionnement du GATT. Le dossier le plus discuté durant cette
phase est l’agriculture, car jusque-là ce secteur était à l’écart des négociations, car on pensait qu’il
fallait le préserver. La raison est la caractéristique première de marché des matières premières, elle est
très volatile. Ces mesures ont permis éviter la baisse des prix, et donc des revenus. Elle s’illustre par
la PAC qui est apparue en 1962. Le point de départ provient des pays ayant une agriculture non
protectionniste de leur agriculteur. Donc pour cela ils vont réguler les prix en établissant des taxes à
l’entré. Mais également des aides avec des subventions à l’exportations.
On parle maintenant d’Union Européen depuis 1990s, depuis la création d’une monnaie commune.
ORD = organe de règlement des différends. L’un des principaux mécanismes mis en place par
l’OMC. (« composante judiciaire de l’OMC »).
Lors d’une pratique commerciale non loyale, les pays peuvent déposer une plainte. Tout d’abord, un
accord est cherché. Si un accord n’est pas trouvé, on emploie trois espères durant 15 mois pour dire
leur verdique. Mais à la fin si la procédure est en la défaveur du pays accusé, il peut faire appel.
Or l’UE est aujourd’hui à la hauteur des USA face au nombre de plainte (20%).
Ex : le bœuf aux hormones des USA, face à l’Europe et leur dépôt de plainte.
III. … et un impact relatif
- Un “modèle de gravitation”
Inspiration de la science physique. Tinbergen a établi ce modèle de gravitation, qui est comparable à
la science. C a/b = c . Ya * Yb / D a/b
Avec c = constante ; D = distance ; Y = niveau de vie ; a,b = deux pays
Pa nécessairement besoin d’institution régional pour privilégier des échanges avec des pays proches
au dépend d’échanges avec des pays lointain.
Conférence ministérielle qui concerne tous les pays membres de l’OMC, qui a lieu tous les ans. Ces
conférences ont des résultats décevants car la politique est l’unanimité. Donc arrive jamais à un
accord.
Projet d’accord entre Mercosur et UE, remonte à mais idée bloque avec tentative ressente de relance,
mais difficile avec l’Argentine.
C’est un accord entre plusieurs pays, c’est donc un régionalisme modulable, qui peut donc évoluer
avec le temps. Donc accord sans institution.
Pour une analyse du plurilatéralisme, cf “L’OMC face au défi du plurilatéralisme”, Michel Dupuy,
The Conversation - 1er mai 2022
Emmanuel Combe et Antoine Michon viennent de publier à la Fondation pour l’Innovation Politique (Fondapol)
une étude en trois volumes sur L’Europe face aux nationalismes économiques américain et chinois. Les propos
exprimés dans ce texte rédigé pour l’Opinion n’engagent en rien les institutions auxquelles les auteurs
appartiennent.
Au cours des dix dernières années, la contribution européenne à la valeur ajoutée industrielle mondiale a chuté
de 27 % à 19 %, tandis que le nombre d’entreprises européennes parmi les 500 plus importantes du monde
passait de 171 à 122. Dans le même temps, de nouveaux géants ont émergé aux Etats-Unis et en Chine dans le
numérique, les transports ou l’électronique grand public. Si la nécessité de trouver une explication à ce
décrochage européen semble faire consensus, les solutions à apporter font quant à elles l’objet de vifs débats.
À l’occasion de l’affaire Alstom/Siemens en février, tous les regards et critiques se sont tournés vers la politique
européenne de contrôle des concentrations : trop stricte, elle empêcherait l’émergence de « champions
européens » capables de conquérir les marchés mondiaux. Qu’en est-il réellement ? Rappelons tout d’abord que
le maintien d’une forte intensité concurrentielle sur le marché intérieur conditionne souvent la performance à
l’exportation. En effet, une entreprise en concurrence sur son propre marché est incitée à être efficace et
innovante en permanence. Sa productivité augmente alors au même rythme que sa capacité à se différencier de
ses compétiteurs étrangers sur les marchés internationaux. A contrario, autoriser des fusions dans le seul but de
créer des géants et en réduisant la concurrence sur le marché domestique risquerait d’entraîner une baisse des
investissements en R&D et in fine de la compétitivité. La concurrence interne n’est nullement l’ennemi de la
compétitivité externe.
De plus, un examen des données disponibles montre que le contrôle des concentrations en Europe n’est pas
aussi sévère qu’on le pense. Tout d’abord, le nombre de fusions-acquisitions notifiées à la Commission
européenne n’a cessé de progresser, pour atteindre un rythme de croissance annuelle moyen de +8,5 % ces cinq
dernières années. Ces opérations ont permis la formation de géants européens dans de nombreux secteurs, à
l’instar de l’énergie avec l’acquisition du britannique British Gas par le néerlandais Royal Dutch Shell, de
l’industrie brassicole avec l’acquisition du britannique SABMiller par le belge Anheuser-Busch InBev ou
encore des verres optiques avec la fusion entre le français Essilor et l’italien Luxottica.
Ajoutons que l’indulgence supposée des autorités américaines en matière de contrôle des concentrations n’est
pas corroborée par les statistiques. Alors que seules trois concentrations ont été interdites par la Commission
européenne au cours de la période 2014-2018, les administrations américaines ont tenté d’en faire annuler dans
le même temps vingt-deux devant les tribunaux compétents.
Seuils de notification.
Le contrôle européen des concentrations est-il pour autant exempt de toute amélioration ? Les exemples récents
d’acquisitions dans le secteur numérique n’ayant pas fait l’objet d’un examen à Bruxelles, à l’instar de l’achat
d’Instagram par Facebook, invitent à ajuster les seuils de notification. Dans une note publiée récemment par la
Fondation pour l’innovation politique, nous proposons d’octroyer un droit d’auto-saisine à la Commission
européenne sur la totalité des transactions comme cela se pratique déjà outre-Atlantique, de façon à ce qu’en
principe plus aucune ne puisse passer sous son radar. Nous suggérons également de mieux prendre en compte
les gains d’efficacité dans les concentrations, en complétant les lignes directrices existantes. Enfin, le principe
de la défense commerciale n’a malheureusement jamais fait consensus parmi les Etats membres. Les pays du
nord, de tradition libérale, voient d’un mauvais œil ces instruments qu’ils considèrent volontiers comme du
protectionnisme déguisé.
Pour autant, ce constat sur la politique de contrôle des concentrations n’enlève rien à l’acuité du problème initial
: comment protéger l’industrie européenne de pratiques anticoncurrentielles étrangères déloyales ? Pour
répondre à ce défi, l’Union européenne dispose déjà de dispositifs de défense commerciale, parfaitement
compatibles avec les règles de l’OMC. Ils permettent de corriger des situations avérées de concurrence déloyale
en taxant les importations en provenance d’entreprises étrangères pratiquant du dumping ou bénéficiant de
subventions ciblées dans leur pays d’origine.
Si ces instruments ont été récemment modernisés, leur utilisation en Europe demeure timorée comparativement
aux usages qu’en font certains de nos partenaires commerciaux. Les Etats-Unis, par exemple, se démarquent de
l’Union européenne par un recours nettement plus marqué à ces moyens de défense. Contrairement à l’idée
reçue, cette plus grande fermeté de l’administration américaine ne date pas de l’élection du président Trump.
Avant même son investiture, le nombre de mesures de défense commerciale en vigueur aux Etats-Unis était trois
fois plus important qu’en Europe, pour un volume d’importations en provenance du reste du monde à peine
supérieur.
Comment expliquer une telle différence ? Tout d’abord, l’administration européenne en charge des enquêtes sur
ces pratiques de concurrence déloyale dispose de trois à quatre fois moins de ressources que son homologue
américain. Nous proposons donc de renforcer significativement les moyens alloués à la défense commerciale.
En outre, le principe de la défense commerciale n’a malheureusement jamais fait consensus parmi les Etats
membres. Les pays du nord, de tradition libérale, voient d’un mauvais œil ces instruments qu’ils considèrent
volontiers comme du protectionnisme déguisé. Au contraire, les pays du sud, plus interventionnistes, ont parfois
tendance à qualifier de « déloyale » toute forme de concurrence étrangère (en particulier venant de pays
émergents). Ces divergences idéologiques ont un impact important, dans la mesure où les Etats membres
doivent valider toute entrée en vigueur de mesures de défense commerciale par un vote à majorité qualifiée au
sein du Conseil. Le pouvoir qu’ils ont de s’opposer à l’instauration d’un instrument constitue selon nous une
faiblesse institutionnelle importante.
L’exemple du cas de 2013 sur le dumping chinois dans l’industrie photovoltaïque en atteste : en menaçant
successivement les principaux Etats membres de l’Union de représailles, Pékin est parvenu à obtenir un accord
qui a été jugé nettement plus favorable à ce qui aurait dû prévaloir si les règles habituelles avaient été
appliquées. Nous proposons d’accorder à la Commission une totale indépendance en matière de défense
commerciale, afin de ne plus prêter le flanc à ce type de stratégie consistant à diviser pour mieux régner.
Enfin, l’Union européenne a « sur-transposé » les règles multilatérales de l’OMC relatives aux instruments de
défense commerciale, en y ajoutant des conditions additionnelles à vérifier avant d’instaurer une mesure. Les
autorités bruxelloises doivent notamment s’assurer que tout instrument de défense commerciale est dans «
l’intérêt de l’Union », c’est-à-dire qu’il ne pénalise pas plus les consommateurs qu’il ne bénéficie aux
producteurs européens. Nous proposons de supprimer cette condition pour montrer à nos partenaires
commerciaux notre volonté d’appliquer les mêmes règles qu’eux.
Un tel renforcement de la défense commerciale européenne nous semble d’autant plus réaliste qu’il s’inscrirait
dans le cadre des règles actuelles de l’OMC. Cela n’empêcherait pas par ailleurs l’Europe de continuer à œuvrer
en faveur d’une ambitieuse réforme du système multilatéral, afin que l’OMC puisse redevenir le lieu privilégié
de règlement des différends entre partenaires commerciaux. Mais dans l’attente, l’Europe ne doit pas oublier de
défendre au mieux ses propres intérêts.
Emmanuel Combe est professeur à Skema Business School. Antoine Michon est polytechnicien et ingénieur des
Mines.
L’OMC face au défi du plurilatéralisme
Michel Dupuy
Professeur d'économie internationale, Université de Bordeaux
The Conversation - 1er mai 2022
L’accord signé en décembre dernier par 67 des 164 pays membres de l’Organisation mondiale
du commerce (OMC) a fait la joie de João Aguiar Machado, représentant permanent de l’Union
européenne auprès de l’organisme. La conclusion des négociations est venue comme une
respiration pour un organisme qui n’était pas parvenu à un résultat significatif depuis 2013. Le
texte vise à simplifier les procédures administratives et réglementaires relatives aux échanges de
services, qui représentent aujourd’hui plus de 20 % du commerce mondial.
Une respiration, car l’OMC traverse aujourd’hui une crise profonde, incapable de conclure le cycle de
Doha, ouvert en 2001, et de réguler le commerce mondial. Celle qui a pris le relais du General
agreement on tariffs and trade (Gatt) au 1 er janvier 1995 ne semble également plus en mesure de
remplir sa fonction de règlement des conflits commerciaux. Les États-Unis, en particulier, se sont
opposés au renouvellement des juges d’appel de son Organe de règlement des différends.
De nombreux observateurs voient l’avenir de l’OMC dans le développement du
plurilatéralisme. Par accord plurilatéral, on désigne un traité signé entre un nombre limité de
pays en vue de libéraliser les échanges dans un secteur en particulier. Cette libéralisation peut
se faire « à géométrie variable », étant donné que disparaît le besoin d’un consensus entre un
panel très large de pays comme c’est le cas à l’OMC. La généralisation de ces accords mettrait
également fin au principe de l’engagement unique, en vertu duquel aucun thème de négociation ne
peut faire l’objet d’un accord séparé. C’est l’adage « rien n’est conclu tant que tout n’est pas conclu ».
Les accords plurilatéraux en vigueur reconnus par l’OMC sont à ce jour au nombre de quatre.
Les deux premiers sont entrés en vigueur au début des années 1980, à la suite du Tokyo round.
Ils concernent le commerce des aéronefs civils et l’octroi de marché publics et unissent
respectivement 33 et 48 parties. Le troisième, signé à l’origine par 29 participants de la
Conférence ministérielle de l’OMC qui s’est tenue à Singapour en décembre 1996, porte sur les
technologies de l’information. Outre la signature de l’accord de décembre dernier, des
négociations plurilatérales sont en cours sur le commerce électronique (86 pays participants),
les biens environnementaux (46 pays participants), les services (50 pays participants) et la
participation des Micro, petites et moyennes entreprises (MPME) au commerce international
(91 pays participants).
Avec la multiplication des accords plurilatéraux, l’OMC deviendrait alors un « club de clubs »,
selon l’expression de Robert Z. Lawrence, professeur à Harvard et ancien conseiller
économique du président Clinton. Cette dynamique de « petits pas » semble cependant conduire
à une libéralisation globale des échanges autant qu’elle risque, au contraire, de déboucher sur
une nouvelle fragmentation du multilatéralisme. Plusieurs arguments plaident en fait pour
chacune des deux thèses.
Logique d’exclusion
Il y a cependant un revers à la médaille. La multiplication des accords plurilatéraux présente
également des risques pour le multilatéralisme. Comme nous le soulignions dans une recherche
récente, le danger principal est celui d’une fragmentation du système commercial mondial.
Coexisteraient en effet deux types de pays, les « insiders », c’est-à-dire les pays membres des
accords plurilatéraux, et les « outsiders », ceux qui en seraient exclus. Parmi ces derniers,
devraient figurer la plupart des pays les moins développés. Dans les premières expériences
d’accords, il apparaît déjà que les sujets des négociations sont choisis par les pays ayant un
poids important dans le commerce mondial. Les services, le commerce des produits des
technologies de l’information, ou les marchés publics sont des sujets d’un grand intérêt pour ces
pays mais qui restent peu pertinents pour la très grande majorité des pays les moins développés.
Les pays en développement les plus pauvres ne souhaitent d’ailleurs pas adhérer à l’accord sur
les technologies de l’information, de crainte que leurs entreprises du secteur ne soient
rapidement éliminées par la concurrence d’entreprises étrangères plus compétitives.
Autre symbole de cette logique d’exclusion, aucune proposition de négociation commerciale
plurilatérale ne porte, à ce jour, sur les produits agricoles. Il s’agit pourtant là d’un secteur
dans lequel bon nombre de pays en développement sont très compétitifs.
On pourrait objecter à l’argument selon lequel les accords plurilatéraux visent à marginaliser les pays
les moins développés que ces derniers pays auront tout loisir d’y adhérer quand leurs économies se
seront développées. Soulignons cependant qu’il est difficile de rejoindre après coup un accord
commercial déjà négocié, car il devient alors difficile de faire prévaloir ses intérêts.
Problématique : Dans quelle mesure l’OMC a-t-elle permis de faire progresser le libre échange par
rapport au GATT ?
- De multiples défis
Pour un exposé des différents dossiers, cf “OMC : ces dossiers qui attendent Ngozi Okonjo-Iweala”, Le Point
Afrique - Publié le 18/02/2021, et
- Un bilan de la dernière conférence
Pour un point sur l'avancement des différents dossiers, cf “Entre pêche et Covid, l'OMC adopte à l'arrachée
un paquet de mesures "sans précédent"”, L’Express - le 17/06/2022
OMC : ces dossiers qui attendent Ngozi Okonjo-Iweala
DÉFIS. Dans une économie mondiale ravagée par le Covid-19 et marquée par la montée des réflexes
protectionnistes, la nouvelle directrice générale aura fort à faire.
Première femme à être nommée à la tête de l'Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-
Iweala va devoir remettre de l'ordre dans un chantier presque à l'arrêt du fait des coups de boutoir qu'a
assénés à l'OMC l'ex-président Trump avec ses multiples initiatives contre les organismes
internationaux symboles du multilatéralisme. La Nigériane devra en effet vite relancer une OMC
paralysée dans un contexte rendu difficile par les assauts de la pandémie du Covid-19 et les ravages
insidieux d'un protectionnisme rampant sur fond de guerre commerciale entre les États-Unis, la Chine,
l'Europe et des pays émergents ou producteurs de matières premières en difficulté. Voici les défis qui
l'attendent :
- Relancer l'OMC
Ngozi Okonjo-Iweala espère apporter un nouveau souffle à une organisation affaiblie qui doit renouer
avec l'objectif d'améliorer les niveaux de vie des populations et favoriser l'accès des pays pauvres aux
vaccins contre le Covid-19. « Je pense que l'OMC est trop importante pour être ralentie, paralysée et
moribonde », estime-t-elle dans un entretien à l'AFP mardi, ajoutant : « Ce n'est pas juste. »
Ses objectifs immédiats : faire en sorte que les vaccins soient produits et distribués dans le monde
entier, pas seulement dans les pays riches, mais aussi résister à la tendance au protectionnisme qui
s'est amplifiée avec la pandémie, afin que le libre-échange puisse contribuer à la reprise économique.
Ngozi Okonjo-Iweala prend la tête d'une institution torpillée, on ne le répétera jamais assez, par
l'administration de Donald Trump, qui était ouvertement hostile à l'organisation et avait même
bloqué le fonctionnement de l'organe de règlement des différends. En plein cœur de la tempête,
son prédécesseur Roberto Azevedo avait démissionné un an avant la fin de son mandat. Donald
Trump avait mis l'année dernière son veto à la nomination de Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de
l'OMC. C'est le nouveau président américain Joe Biden qui a débloqué la situation en
annonçant son soutien appuyé à la candidature de la Nigériane.
Genève - Les 164 États membres de l'OMC ont réussi à s'accorder sur un paquet de mesures allant de
la suppression de subventions à la pêche, à la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid,
en passant par l'insécurité alimentaire, un résultat "sans précédent" arraché après cinq jours d'intenses
négociations.
L’Express - le 17/06/2022
C'est "un ensemble de résultats sans précédent. Il y a longtemps que l'OMC n'avait pas obtenu un
nombre aussi important de résultats multilatéraux. Les résultats démontrent que l'OMC est capable de
répondre aux urgences de notre époque", a déclaré la directrice de l'OMC Ngozi Okonjo-Iweala,
devant les chefs de délégation.
La conférence avait pour ambition non seulement de s'attaquer à l'insécurité alimentaire créée par la
Russie, mais aussi supprimer des subventions qui facilitent la pêche illégale et vident les océans, lever
temporairement les brevets qui protègent les vaccins anti-Covid ou encore réformer l'OMC elle-
même.
Mais lorsque la réunion a débuté dimanche, l'espoir de conclure sur tous ces sujets était mince, tant les
divergences entre délégations restaient importantes. Mme Ngozi elle-même a rappelé qu'elle plaçait la
barre du succès à l'adoption d'un ou deux textes.
La ministérielle a duré pratiquement 36 heures de plus que prévu. C'est finalement aux alentours de
03H00 GMT que le marteau qui marque l'adoption formelle des textes a été abattu.
Valdis Dombrovskis, commissaire européen chargé du commerce, a salué "un résultant important et
de portée mondiale", mais "les profondes divergences ici confirment que l'organisation a besoin d'être
réformée en profondeur".
Katherine Tai, son homologue américaine, a préféré souligner "la rapidité" de l'OMC dans le dossier
des vaccins.
- Insécurité alimentaire -
Le texte sur l'insécurité alimentaire était très attendu, bien qu'il ne s'agisse que d'une déclaration
ministérielle.
La guerre menée par les Russes prive le monde de céréales et d'engrais, fait flamber les prix et
menace de faim des millions de gens dans le monde.
Le document adopté souligne l'importance "de ne pas imposer de prohibitions ou de restrictions à
l'exportation" qui soient contraires aux règles de l'OMC. Il demande que toutes mesures d'urgence
introduites pour répondre à des préoccupations en matière de sécurité alimentaire, comme un gel des
exportations, "soient temporaires, ciblées et transparentes", et soient notifiées à l'OMC.
Un second texte protège les achats de nourriture du Programme alimentaire mondial de restrictions
qui pourraient être imposées par certains pays.
- Pêche miraculeuse -
Jusqu'à la dernière minute, l'accord sur la pêche est resté incertain, et même si le texte est édulcoré par
rapport aux ambitions initiales, Mme Ngozi n'a pas moins revendiqué un succès.
C'était l'un des sujets phare de cette ministérielle. Les négociations sur le sujet ont été lancées il y a
plus de 20 ans et s'inscrivent dans les objectifs du développement durable de l'ONU. Il s'agit en
particulier d'interdire certaines formes de subventions qui peuvent encourager les prélèvements
illégaux.
Pour aider les pays en développement, l'OMC veut mettre en place un fonds permettant d'apporter une
assistance technique et aider leurs pêcheurs à se tourner vers une pêche plus durable.
Le texte a été critiqué par plusieurs ONG qui estiment qu'il se trompe de cible.
- Propriété intellectuelle -
Après deux ans et demi de lutte contre la pandémie de Covid-19 les États membres ont réussi à
s'accorder sur la facilitation du commerce des biens médicaux nécessaires à la lutte contre les
pandémies. Un sujet d'importance pour éviter que le commerce des ingrédients et matériels ne soit
restreint au moment où on en a le plus besoin.
La levée temporaire des brevets protégeant les vaccins anti-Covid destinés aux pays en
développement a également été adopté. Ce sujet a fait l'objet d'âpres batailles entre le lobby
pharmaceutique, des pays en développement et de nombreuses ONG. L'idée est de faciliter la
production de sérums.
"Ce fut un long combat mais c'est fait", a lâché Mme Ngozi en conférence de presse.
Médecin sans frontières estime que "ce texte échoue à garantir aux gens un véritable accès aux
matériels médicaux dont ils ont besoin, il ne lève pas les brevets de façon adéquate et il ne concerne
pas tous les pays".
Les États membres ont aussi reconduit le moratoire sur les transactions électroniques, malgré les
réticences de l'Inde et de l'Afrique du sud, qui regrettent de voir une potentielle manne douanière de
ces échanges leur échapper.
Les cinq jours de négociations intenses ont été marqués par l'intransigeance indienne sur plusieurs
dossiers, y compris sur les subventions qui contribuent à la surpêche.
Le ministre indien du Commerce, Piyush Goyal, présenté comme l'empêcheur de tourner en rond par
de nombreuses délégations, a soutenu que son pays "ne fait pas obstacle à quoi que ce soit" mais est
un "bâtisseur de consensus".