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- Chapitre 2 -
Mutations économiques et émergence de la théorie des cycles
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Plan
Introduction. Des mutations économiques profondes
A- Des mutations techniques (innovations)
B- Des mutations au sein des entreprises
C- Des mutations monétaires
D- L’état de la mondialisation à la veille de la Première Guerre Mondiale
2. Emergence du concept de cycle. Un repérage statistique.
3. Emergence du concept de cycle. L’analyse théorique crises, des crises de
surproduction à l’étude du cycle « classique ».
A/ Une analyse des cycles fondée sur l’ajustement des capacités productives, Albert Aftalion
B/ La question de l’augmentation des coûts pendant l’expansion, Jean Lescure
C/ La question du crédit, Tugan-Baranovsky
Conclusion du chapitre 2
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Introduction. Des mutations économiques profondes
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A/ Les mutations techniques
▪ La seconde révolution industrielle qui émerge dès les années 1880 : alors que la vapeur est encore la principale source
d’énergie… Des innovations se développent dans les domaines de l’électricité,
✓ Usages multiples,
✓ Elle est aussi transportable : on a ainsi une facteur qui va contrebalancer le mouvement de concentration des
activités économiques (géographique mais aussi au sein de grandes firmes) puisque l’on peut produire de l’énergie à
petite échelle sans surcoût.
✓ Beaucoup d’autres inventions en découlent : moteur électrique, télégraphe (connexion croissante des marchés,
notamment des marchés financiers et multinationalisation des grandes firmes), multiplication des centrales
électriques, transports urbains…
• du pétrole de l’automobile et de l’aviation,
• dans celui des industries chimiques
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• Les effets d’entrainements de l’industrie automobile sont colossaux
✓ Aluminium (360 t en France en 1895, contre 13 483 t en 1913)
✓ Mais aussi ….Assurance, garage, location, stationnement, écoles de conduite, tourisme,
banques, travaux routiers, régulation publique….
• L’avance de la France dans l’industrie automobile porte celle de l’aviation : les mêmes
techniques sont utilisées (c’est aussi le cas dans d’autres pays: cf. en Allemagne, BMW et
les moteurs à hélices).
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• L’Allemagne est le leader
• Des applications très diverses : industrie
Dans le secteur des alimentaire, médicaments, teintes, industrie
industries chimiques… cinématographique, nitroglycérine (labor-
saving), plastiques…
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B/ Les mutations au sein des entreprises
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B/ Les mutations au sein des entreprises
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Le contexte industriel et concurrentiel
• La concentration est une stratégie qui a pour objectif de limiter la concurrence mais…
• … qui répond aussi aux besoins liés aux évolutions de la technique, i.e. exploitation des
rendements d’échelle (investissement colossaux).
• Et qui, in fine, se traduit par une modification profonde de l’organisation des firmes.
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• Organisation des firmes
✓ Rationalisation de l’organisation des firmes
Organisation scientifique du travail,
politique de réduction des coûts (taylorisme):
L’ouvrier est un automate qui doit fonctionner
au même rythme que la machine.
✓ Naissance d’une nouvelle catégorie d’acteurs, les managers.
– Les décideurs ne sont plus/ pas les propriétaires
(contrôle a posteriori)
– Cette séparation des pouvoirs est due à la séparation de la propriété et du contrôle, entre
actionnaires et dirigeants : les managers voient l’intérêt de la société, le leur, les actionnaires ont
une vision plus CT, « le » critère étant celui de la valeur de l’action.
– Avec le développement des marchés financiers et l’évolution des produits financiers, on voit de
plus apparaître une dispersion de l’actionnariat qui ne favorise pas le contrôle des firmes (vote
avec les pieds)
✓ Avènement de la production de masse qui induit le travail à la chaîne et la standardisation des pièces
→ hausse considérable de la productivité et de la production…
– Apparition du marketing de masse, de nouveaux modes de distribution,
– hausse des salaires qui contribue à alimenter la demande et in fine, l’offre.
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C/ Les mutations monétaires et financières
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L’étalon-or
▪ À la fin du XIXe, le SMI est basé sur l’or et sur la fixité des changes entre les
monnaies.
• La GB l’adopte véritablement en 1816 / la livre sterling est désormais définie en un
poids fixe d’or. L’Allemagne l’adopte en 1871, la France en 1879 (bimétallisme avant).
• La période classique de l’étalon-or – considérée comme son âge d’or – débute aux
alentours de 1875 et se termine en 1914 avec le début de la première guerre mondiale.
▪ Le stock d’or détenu par la Bank of England dépend donc des mouvements du
commerce extérieur, et la livre est librement convertie en or, ce taux de conversion
étant fixe.
• Deux courants (théoriques qui analysent les questions monétaires) s’opposent
✓ La Currency School, qui considère que la quantité de monnaie fiduciaire en circulation doit être
liée de façon stricte au stock d’or i.e. la stricte convertibilité, (approche exogène de la création
monétaire). (GB/ développement précoce de la monnaie fiduciaire).
✓ La Banking School, qui pense que la quantité de monnaie fiduciaire peut être supérieure à la
valeur de la quantité d’or détenue par une banque centrale : laisser l’initiative à la banque
centrale de réguler la quantité de monnaie en circulation (approche endogène de la création
monétaire). (France).
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▪ L’étalon-or est là pour assurer stabilité et équilibre.
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Argument 1/ la stabilité de l’or : S’il y a dans un pays pénurie d’or, le prix de l’or
s’élève, ce qui va stimuler de nouvelles découvertes (et inversement s’il y a
abondance d’or).
Cela signifie que la quantité de métal précieux dont dispose un pays, ici l’or, est
un élément essentiel au développement de son commerce extérieur et à long
terme, les besoins en métal précieux doivent être satisfaits pour faire face aux
échanges mondiaux.
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Argument 2/ la stabilité du système : un mécanisme de rééquilibrage automatique des
balances commerciales.
✓ Un déficit de la balance commerciale (X-M), avec donc X<M, se traduit par une sortie d’or, ce
qui réduit la masse monétaire en circulation dans le pays (apprécie la valeur de cette
dernière), ce qui diminue donc les prix monétaires et qui relance les X et diminue les M. On
a donc une correction du déséquilibre initial.
✓ Le mécanisme joue en sens inverse si un pays est excédentaire (masse monétaire en
circulation augmente, la valeur de la monnaie baisse, les prix (monétaires) augmentent, les
exportations baissent, les importations augmentent).
Cette hypothèse est remise en cause par les faits : on a constaté ce mécanisme seulement
très rarement … et par la loi du prix unique qui dit que s’il y a concurrence internationale,
il y a un seul prix pour un bien (on ne peut pas avoir autant de fluctuations des prix que
celle observée, au contraire, on devrait observer une convergence des prix).
Dans les faits, ce sont davantage des transferts de capitaux (entre pays excédentaires en
commerce et donc en capitaux vers les pays en demande de crédit) qui ont eu lieu plutôt
que des transferts de métaux (cf. slide 19 de ce même chapitre). 17
▪ Les critiques adressées
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• Enfin, dans la réalité, le mécanisme tant vanté de l’étalon-or ne fonctionnait pas ( ou pas
comme on le pensait) :
Les pays conservaient leurs déficits ou leurs excédents, il y avait juste une compensation
entre ces situations :
En fait, les pays excédentaires en capitaux ont investi dans les pays déficitaires et donc, il y
a eu une sorte de « compensation » via les mouvements de capitaux mais pas de
fonctionnement véritable d’un mécanisme de rééquilibrage tel qu’il a été décrit.
On a donc eu in fine un étalon-sterling qui avait ses avantages mais aussi une fragilité du
fait de sa forte dépendance à la GB.
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D/ L’état de la mondialisation à la veille de la Première Guerre Mondiale
• Les IDE représentaient à 1900-1910 à peu près autant que les investissements sur le
territoire national. Dans les années 1990, les IDE ne représentent que 10% des
investissements des pays développés.
• Le marché du travail était très intégré alors qu’aujourd’hui il y a des restrictions aux
mouvements de la main d‘œuvre.
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• La mondialisation est plus poussée aujourd’hui dans certains domaines
✓ Aujourd’hui, la mondialisation concerne toute la planète, au XIX° elle ne concernait qu’un groupe
de pays industrialisés ou en voie de l’être: une grande partie du monde est toujours isolée.
✓ Les organisations internationales n’existaient pas alors qu’aujourd’hui elle sont nombreuses et
elles jouent un rôle important dans le processus d’intégration des économies.
✓ Les firmes multinationales avaient un rôle mineur au XIXe alors qu’aujourd’hui elles sont le
moteur principal des échanges observés, que cela concerne les biens ou les capitaux
✓ Les échanges aujourd’hui consomment moins de transport (par produit, pas globalement).
L’essentiel des biens échangés sont des biens manufacturés, moins lourds et moins volumineux.
La distance est donc moins « un problème » ce qui facilite la mondialisation
✓ Et baisse aussi des coûts de transports…
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Question :
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2. Emergence du concept de cycle:
un repérage statistique
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▪ Entre le XIXe et la crise de 1929, on va assister à une rupture profonde dans le
mode de fonctionnement du capitalisme (différente nature)
▪ Entre 1816 et 1929, on identifie sur les données de l’Angleterre pas moins de
14 crises (évolution de la production, des prix, emploi dans le domaine industriel)
▪ Chacune de ces crises possède des caractéristiques qui lui sont spécifiques….
Mais on identifie aussi des traits généraux (baisse des prix, contraction brutale
de la production, nombreuses faillites, recul des salaires… avec souvent comme
détonateur, un krach boursier (effondrement soudain et important des valeurs)
▪ On va commencer à réfléchir à un concept plus général… celui de cycles.
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▪ Ce mouvement est facilement identifiable dans les statistiques,
notamment dans des séries longues.
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▪ La crise, c’est le moment du retournement de la
conjoncture, le passage de la phase d’expansion à
celle de la dépression (contraction plus ou moins
longue)…
pic
Retournement et crise
Prosperité /
expansion
recession reprise
Temps
7 à 10 ans 18/24 mois Quelques
mois 29
▪ S’il y a des régularités dans les cycles (fréquences et articulation des différentes phases) alors, il
faut rechercher une théorie (une explication générale) et ne pas se contenter d’une analyse
purement historique (factuelle) qui expliquerait ce mouvement, sa récurrence
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Business and Growth Cycles
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Question :
Comment passe-t-on de l’analyse des crises au concept de cycles dès la fin
du XIX°?
En quoi cela modifie-t-il notre perception des faits? La nature des débats?
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La vision de J. Schumpeter
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La vision de Schumpeter
le Cycle vu comme une Superposition de différentes “vagues” (3)
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Long Waves of Economic Cycles
Long Important
Prosperity Recession Depression Recovery
Waves Innovations
Industrial Revolution
1. (Division of labour, 1782-1802 1802-1825 1825-1836 1836-1845
steam engine)
Railroads, Steel
2. 1845-1866 1866-1872 1872-1883 1883-1892
Mechanization
Electricity, Automobiles,
3. 1892-1913 1914-1929 1929-1937 1938-1948
Chemical Industry
Atomic Energy,
4. Computer, Robots, 1948-1966 1966-1973 1973-1982 1982-1995
Electronics
Information and
Communication
5. 1995-
Technologies,
36 Biotechnologies
3. Emergence du concept de cycle.
L’analyse théorique des crises périodiques : des crises de surproduction à
l’étude du cycle « classique »
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B- L’analyse théorique des crises périodiques : des crises de
surproduction à l’étude du cycle « classique »
• C’est en se plongeant dans les travaux de Sismondi que Marx (1818-1883) va être le premier à
produire une théorie élaborée du capitalisme productif.
• Marx identifie le capitalisme productif non plus comme le modèle de production « en général » mais
comme un système économique particulier, historiquement daté et qu’il caractérise :
✓ Par la nature de ses deux classes fondamentales et des rapports qui les relient,
✓ Par le niveau de développement des « forces productives » et donc des techniques mises en
œuvre.
• Pour lui, et contrairement aux Classiques qui recherchaient des lois universelles, ce système
à des lois qui lui sont spécifiques et donc des crises qui lui sont propres.
* Concernant la contribution de Sismondi à l’analyse des crises, voir le chapitre 1.
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▪ Marx. Il considère que la crise est possible parce que le système capitaliste est une économie
d’échange généralisé au sein de laquelle les opérations de production et de consommation
sont disjointes :
• Les biens sont produits pour être vendus (et pas en fonction de la consommation des producteurs
comme le sous-entendait Say),
• Les échanges sont monétaires (A – M – A)
• Et donc, les désajustements deviennent possibles (ils deviennent même la règle).
• Les contraintes de valorisation rapide du capital investi dans la production supposent que la vente
des biens produits se fasse rapidement et avec un profit « suffisant ».
✓ On investit à grande échelle dans des branches qui paraissent productives
✓ mais sans aucune coordination de cet investissement
✓ la régulation a lieu seulement a posteriori mais souvent trop tard, c’est donc le marché qui sanctionne
les erreurs de prévisions.
• Contradiction de ce système : le caractère social de la production et le caractère privé de la
propriété des moyens de production et des décisions économiques.
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▪ Comme pour Malthus et Sismondi, pour Marx, la loi des débouchés est un mythe.
• On peut imaginer que les flux de capitaux sont alors redirigés vers des branches plus
profitables. Mais lorsque les désajustements sont de trop grandes ampleurs, cela n’est
pas suffisant (car l’information est imparfaite et donc les capitaux pas totalement
mobiles).
• Ce phénomène est lui-même renforcé par la baisse tendancielle des taux de profit. Cette
baisse tendancielle s’explique d la manière suivante: le seul le travail génère de la valeur
et donc, l’utilisation croissante du capital dans la production réduit in fine la valeur
produite. Une idée controversée mais discutée de nouveau au moment de la crise de
2007.
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Donc, sous l’effet de la concurrence, de l’accumulation du capital, le capitalisme crée les
conditions d’une surcapacité de production / à la demande effective.
« Il arrive un moment où le marché semble trop étroit pour la production »
Dans ce cas, le capital ne peut plus se trouver valorisé par un taux de profit suffisant.
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▪ Là est la cause immédiate des crises mais la cause profonde est à rechercher dans les
contradictions internes de ce système.
• Quand le capital ne peut plus être valorisé, il y a suraccumulation de capital (c-à-d que le
capital est en excès par rapport à la plus-value qu’il est possible d’en extraire).
• La crise est inévitable. Chute des prix et donc du taux de profit qui entraîne chute de la
production et de l’emploi et donc du pouvoir d’achat : la dépression engendre la
dépression. On est en présence d’un processus cumulatif.
▪ Les travaux de Marx demeurent inachevés (pas publiés de son vivant, le livre 3 en
1894/ participe au mythe)…
▪ … mais Marx apporte deux éléments essentiels aux débats qui portent essentiellement
sur la méthode :
• Il confirme les premières intuitions de Malthus et de Sismondi : la crise classique (Juglar)
doit être analysée comme un phénomène structurel et non plus conjoncturel.
• Les crises agissent comme une sorte de régulateur, « une solution momentanée et violente
aux contradictions existantes… qui rétablit pour un moment l’équilibre ».
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▪ Pour Marx, la crise va naître de la reprise.
✓ La concentration industrielle
Les entreprises les moins touchées peuvent racheter les plus affaiblies et trouver dans ce rachat une
source résistance plus importante aux prochaines crises
• avec une construction théorique puisque il est inscrit dans un schéma explicatif de la
dynamique des fluctuations économiques.
• La crise a un rôle spécifique dans cette dynamique.
▪ Cette construction qui s’est largement appuyée sur une première interprétation
des faits va ensuite renforcer la capacité d’observation des économistes.
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C- Le développement de la théorie :
capital, coûts et structure de production
• Entre la fin du XIXe et la première moitié du XXe, la théorie des cycles va connaître de
nombreux développements.
Ces travaux sont assez divers et pas toujours rattachés à une école de pensée; il est donc difficile
de les classer en fonction de leur cadre analytique. En revanche, on peut distinguer des grandes
catégories en fonction des facteurs que leurs auteurs mettent au centre de l’analyse des crises.
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C1/ Une analyse des cycles fondées sur l’ajustement des capacités productives.
• Albert Aftalion (d’origine bulgare, l’un des économistes français les plus connus de l’entre-deux
guerres) entre 1908 et 1913. Il développe une approche complémentaire de celle de Marx : la
question de la surcapitalisation.
• En période d’expansion, l’investissement net vient accroître les capacités productives. Cette
augmentation est due à une stimulation de la production par la demande finale.
Le « lag »
• Les profits élevés enregistrés pendant la période d’expansion ont stimulé les commandes, mais la
fabrication de ces biens prend néanmoins du temps, ce délai (ou retard d’investissement) ne
permet pas (jamais) d’avoir un ajustement correct des capacités de production (lag theory). Au
contraire, on a une tendance à une situation de surcapacité par rapport à la demande finale.
• On va donc avoir des crises de surproduction : dans une économie décentralisée, aux entreprises
non-coordonnées, la création des capacités productives ne peuvent être proportionnées à
l’évolution de la demande. => Il y a un décalage constant.
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De cette observation est né le principe dit de l’accélérateur (on le doit aux travaux de Aftalion
(1909) et de Clark (1917).
Le seul moyen de répondre à une augmentation de la demande [∆D] est alors d'augmenter les capacités de
production [∆Y] afin de produire davantage.
∆D = ∆Y
.
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▪ Les cycles économiques sont donc engendrés par un accroissement de la
demande de biens d'investissement plus important que celui de la demande des
biens de consommation.
▪ Aftalion met ainsi en évidence l'effet accélérateur qui explique une dynamique de
surinvestissement en phase d'expansion (demande accrue) et un fort recul de
l'investissement en phase de Récession (ralentissement de la demande).
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C2/ La question de l’augmentation des coûts pendant l’expansion
▪ Economiste français particulièrement célèbre pour sa thèse (1906) qui porte sur les crises
économiques.
Des crises générales et périodiques de surproduction, 1906. travaux fondateurs de l’école historique
française. Il analyse des crises mais surtout les crises de 1825 et 1907.
▪ Le principe. Au cours de l’expansion, les coûts augmentent et pèsent sur les profits anticipés.
▪ Le mécanisme : Quand la période d’essor économique se termine, les coûts s’élèveraient davantage
que les prix ce qui ne permettrait plus aux entrepreneurs d’espérer un taux de profit suffisant.
▪ L’explication. Cette hausse des coûts est due à la concurrence que se livrent les producteurs sur les
matières de base minérales et métallurgiques – qui augmentent particulièrement en phase
d’expansion – de la hausse des taux d’intérêt (plus rapide que celle du prix des marchandises), et de
l’élévation du taux de salaire (tjs engendrée par la pression de l’expansion) mais à laquelle s’associe le
rendement de la MO qui fléchit (ce rendement fléchit au fur et à mesure qu’on se rapproche du plein
emploi).
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▪ Pour Lescure, l’augmentation des prix ne suffit pas à compenser l’augmentation des coûts
qui s’opère à la fin de la période d’essor économique. Les crises proviendraient de la
variation du taux de profit et d’anticipations pessimistes des entrepreneurs qui viennent
miner l’esprit d’entreprise/les incitations à investir…
▪ IMPORTANT. Donc la baisse des profits précède celle des prix et annonce la crise
(changement ici par rapport à Juglar)
▪ Pour Lescure, on a ainsi un élément qui complète l’analyse des crises en termes de
surproduction (par rapport à la demande effective et aux problèmes de sous
consommation) en introduisant des éléments qui permettent de comprendre l’évolution
complexe de la conjoncture.
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C3/ La question du crédit
Tugan-Baranovsky (1865-1919), Ukrainien, et donc à cette époque Russe.
▪ Pour lui et contrairement aux thèses des classiques, il n’y a pas excès d’épargne de la part
des capitalistes mais insuffisance de cette dernière au regard des montants
d’investissements nécessaires.
• Le système économique serait incapable d’ajuster le flux d’épargne aux besoins de
l’accumulation qui sont croissants pendant les périodes d’expansion.
• C’est le montant du capital empruntable disponible accumulé pendant la dépression qui va
limiter l’investissement pendant la phase d’expansion : la consommation du K est plus rapide que
sa formation.
• On dit aussi qu’on a surcapitalisation / à l’épargne (vue ici comme les capitaux disponibles)
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▪ Sans doute TB va-t-il trop loin en considérant S et I comme n’ayant aucune
intersection ?
L’autofinancement est possible, Keynes qui pourtant souligne combien ces variables
sont indépendantes, n’ira pas aussi loin.
▪ L’analyse de TB sera reprise par des économistes comme Cassel ou Hayek qui
vont souligner l’importance de la construction des capacités productives.
▪ D’autres, en restant sur cette même problématique, vont néanmoins ajouter à
leur schéma de compréhension du cycle, la dynamique du crédit (von Mises
(1912), Hawtrey (1913), Robertson (1926)). On a ainsi des théories monétaires
des cycles qui émergent.
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▪ Les théories monétaires des cycles.
A cette époque (système de l’étalon-or) il était fréquent que les autorités trouvent
l’accroissement du crédit excessif (abus de crédit i.e. une expansion pas assez gagée
sur la croissance effective) et décident de le freiner. On a alors une augmentation
brutale du taux de l’intérêt qui comprime le taux de profit ce qui peut in fine,
stopper l’expansion (cela va dépendre de l’amplitude de la hausse).
▪ Keynes viendra renverser ces questions. Il montrera que l’investissement est
préalable à l’épargne grâce à l’effet multiplicateur qui, sous certaines conditions,
crée un montant d’S induite (via le revenu distribué).
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Question.
Quels sont les différents rôles associés à l’investissement dans les premières théories de
cycles?
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Conclusion du chapitre 2
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▪ Pour les économistes de la première moitié du XIXe, les crises sont
majoritairement perçues comme des accidents de nature conjoncturelle qui
viennent perturber l’accumulation du capital.
▪ Les thèses des réformateurs (comme Sismondi) qui émergent dans cette même
période, ensuite connue comme les thèses socialistes (scientifiques) prennent
progressivement de l’ampleur et on commence à envisager des sources internes
(endogènes) à ces fluctuations (accélérateur, pbl d’ajustement des capacités
productives (multisectoriel), articulation épargne (–investissement-) crédit, rôle
de la répartition du revenu…).
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▪ Cependant, à la fin du XIXe émerge aussi le marginalisme et ce, sous l’influence
conjointe de W. Stanley Jevons, Carl Menger et Léon Walras. Dans cette
approche – qui conserve la loi de Say et qui va servir à fonder l’approche
néoclassique – l’équilibre est automatique, la crise est logiquement impossible et
sa conceptualisation inexistante puisque sans objet.
▪ A côté des théories des cycles que l’on a vu émerger, la théorie néo-classique se
développe.
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▪ Logiquement, dans ce nouveau cadre théorique (qui maximise l’allocation des ressources et
garantit donc un choix rationnel, optimal…), on a une interprétation de la crise (des
déséquilibres) comme un phénomène purement exogène (dû à des facteurs extérieurs au
système).
• Des éléments externes viennent entraver le fonctionnement le libre jeu des marchés, supposés
autorégulateurs.
• L’analyse de la crise est donc déconnectée de celle de la structure de l’économie (du modèle) et
donc du mode de fonctionnement du capitalisme (la répartition en fait partie).
• Globalement, ces économistes vont donc violemment condamner les dysfonctionnements de
certains marchés et notamment les interventions publiques (jugées comme des sources de
dysfonctionnement).
✓ On va condamner les organisations politiques salariales, les syndicats qui sont vus comme des
obstacles au bon fonctionnement du marché.
✓ En effet, toute situation de sous-emploi devrait se traduire par une baisse du salaire qui à son tour
rétablit le plein emploi.
✓ On trouve ici beaucoup de libéraux comme Lionel Robbins (à noter que ce dernier va modifier son
approche au fil du temps et se rapprocher des idées Keynésiennes) ou Jacques Rueff qui vont
s’inscrire dans cette « tradition » (attention au terme, car on regroupe ici des économistes très
différents) et qui expliqueront aussi la gravité de la Grande dépression par l’intervention publique.
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