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Cours de Macroéconomie

et Finance Internationale

Equipe pédagogique de Macroéconomie


Responsable: Pr Ousmane Papa KANTE
Octobre 2017
Objectifs du cours:

1)Comprendre les fondements des théories des


échanges internationaux.

2) Appréhender la mesure des échanges


internationaux à travers la balance des
paiements, et les conséquences de la
Mondialisation à travers l’intégration
commerciale et financière des économies.
Objectifs du cours(suite):

3) Comprendre le rôle et les conséquences des


activités des firmes multinationales dans
l’économie mondiale.

4) Analyser les choix d’un pays en matière de


régimes de change notamment via les effets
des politiques économiques en économie
ouverte (modèle IS-LM-BP).
PLAN DU COURS
MODULE 1:
LES THEORIES DES ECHANGES INTERNATIONAUX

I. INTRODUCTION
II. LES THEORIES CLASSIQUES DES ECHANGES
INTERNATIONAUX (SMITH, RICARDO, HOS)
III. LES APPROCHES MODERNES DES ECHANGES
INTERNATIONAUX.
PLAN DU COURS

MODULE 2 :
ECHANGES INTERNATIONAUX, BALANCE DES
PAIEMENTS, MONDIALISATION ET DEVELOPPEMENT

I. LA BALANCE DES PAIEMENTS ET SES COMPOSANTES


II. INDICATEURS DE COMPETITIVITE D’UN PAYS ET
EXCEDENTS COMMERCIAUX
III. MONDIALISATION ET DEVELOPPEMENT
PLAN DU COURS
MODULE 3
FIRMES MULTINATIONALES ET INVESTISSEMENTS
DIRECTS ETRANGERS
I. DEFINITION ET TYPOLOGIES DES FIRMES
MULTINATIONALES
II. L’ANALYSE ECONOMIQUE DES FIRMES
MULTINATIONALES
III. LES CONSEQUENCES MACROECONOMIQUES DE
L’INTERNATIONALISATION DES FIRMES
PLAN DU COURS

MODULE 4
REGIMES DE CHANGE ET POLITIQUES ECONOMIQUES
I. APERCU GENERAL DU SYSTÈME MONETAIRE
INTERNATIONAL (SMI)
II. TAUX DE CHANGE ET REGIMES DE CHANGE
III. CHOIX DU REGIME DE CHANGE ET POLITIQUES
ECONOMIQUES A TRAVERS LE MODELE IS-LM-BP
1.
BIBLIOGRAPHIE
CHAKRABARTI A. (2001) : « The Determinants of Foreign Direct Investment : Sensitivity Analyses of
Cross-Country Regressions », Kyklos, vol. 54, Fasc.1, 89-114.
2. FLEMING J.M. (1962): Domestic Financial Policies under Fixed and under Floating Exchange Rates.,
International Monetary Fund Staff Papers, Vol. 9, p. 369.379.
3. FONTAGNÉ L.(1999) : « L’investissement étranger direct et le commerce international : sont-ils
complémentaires ou substituables ? », Document de Travail de l’OCDE, DSTI/DOC (99)
4. FRANKEL J. & ROMER, D. (1999), .Does Trade Cause Growth?, American Economic Review, Vol.
89(3), p.379.399.
5. KRUGMAN, P. & OBSTFELD, M. (2006) : Economie internationale, Pearson, 2006-09-22.
6. MUCCHIELLI, J.-L. et PUECH, F. (2003). Internationalisation et localisation des firmes multinationales :
l'exemple des entreprises françaises en Europe. Economie et Statistique 363-364-365: 129-144.
7. MUNDELL R. (1962), .The Appropriate Use of Monetary and Fiscal Policy under Fixed Exchange Rates.,
International Monetary Fund Staff Papers, Vol. 9, p. 70.79.
Sites internet:
• OCDE : www.oecd.org, Perspectives économiques, semestriel
• FMI : www.imf.org, World economic outlook, semestriel
• BM: www.wb.org , rapport annuel
MODULE 1:

LES THEORIES
DES ECHANGES
INTERNATIONAUX
I. Introduction

• De manière générale la Macroéconomie internationale


est la branche de l’économie s’intéressant aux relations
économiques, commerciales et financières entre les
pays. Elle concentre une grande partie de son attention
à l’analyse des taux de change, de la compétitivité, et du
développement des pays.
• Elle revêt en cela une importance capitale pour
l’analyse des grands enjeux économiques et
financiers internationaux.
I. Introduction (suite)

 Avant de s’intéresser à l’analyse des relations


commerciales et financières entre les pays, il convient
de se demander les raisons qui poussent un pays à
échanger ses produits avec d’autres pays.

 En d’autres termes, il est important de comprendre les


fondements des théories des échanges internationaux.
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
1. Théorie des avantages absolus (Adam Smith)
Dans un contexte de libre-échange, chaque pays a
intérêt à se spécialiser dans la production du bien
pour lequel il dispose d’un avantage absolu et
donc de la productivité la plus forte. En d’autres
termes, il produit ce bien à un coût inférieur à
celui d’un autre pays, et pourra ainsi utiliser son
surplus de production pour acheter d’autres biens
qu’il a renoncé à produire lui-même.
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
1. Théorie des avantages absolus (suite)
Exemple: soit une situation décrivant deux pays (le
Mali et la Côte d’Ivoire) produisant chacun deux
biens (le drap et l’huile d’arachide). Les biens
sont homogènes entre les pays. La question
fondamentale qui se pose à chaque pays est de
savoir s’il a intérêt à échanger avec l’autre pays
(ouverture commerciale), ou s’il ne serait pas
souhaitable pour lui de fermer ses frontières
(situation d’autarcie).
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
1. Théorie des avantages absolus (suite)
Les heures de travail nécessaires à la production d’une unité de chaque
bien dans chacun des deux pays sont données dans le tableau
suivant:
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
1. Théorie des avantages absolus (suite)
La productivité (production par unité de facteurs de
production) dans les deux pays est donnée dans le tableau
suivant:
II. Les théories classiques des échanges internationaux
(suite)
1. Théorie des avantages absolus (suite)
Si on raisonne en termes de productivité, le Mali n’a aucun
avantage absolu par rapport à la Côte d’Ivoire sur le drap et
l’huile d’arachide (la Côte d’Ivoire produit à meilleur coût ces
deux biens). Selon la théorie des avantages absolus, le Mali
n’a donc aucun intérêt à ouvrir ses frontières pour échanger
ces biens avec la Côte d’Ivoire (pas d’échanges possibles) car
ce serait risquer que les Maliens achètent tout en Côte
d’Ivoire, et donc que l’économie malienne s’effondre.
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
1. Théorie des avantages absolus (suite)
Mais il y a un problème majeur…
Qu’arrivera-t-il si un pays ne dispose d’aucun
avantage absolu?
Autrement dit que produira-t-il si tous les pays avec
lesquels il échange produisent tous les biens avec plus
de facilité (à un meilleur coût) que lui?
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
2. Théorie des avantages comparatifs (David
Ricardo)
Ricardo tente de répondre à la limite de la théorie des avantages
absolus en introduisant le concept d’avantages comparatifs.
Selon lui, dans un contexte de libre-échange, chaque pays
devrait se spécialiser dans la production du bien pour lequel il
dispose d’un avantage comparatif et donc de la productivité la
plus forte ou la moins faible comparativement à ses
partenaires. Avantages mutuels entre les pays participant à
l’échange.
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
2. Théorie des avantages comparatifs (suite)
En reprenant l’exemple précédent, on cherche à déterminer
l’avantage comparatif de chaque pays. Pour cela, il faut
s’intéresser aux productivités comparées avec celles des
autres pays. Pour savoir dans quelle production le Mali doit
se spécialiser, il faut comparer sa productivité pour chaque
produit avec celle de la Côte d’Ivoire.
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
2. Théorie des avantages comparatifs (suite)
En regardant le tableau précédent des productivités, on a:
• Rapport entre la productivité de l’huile au Mali et celle de l’huile en
Côte d’Ivoire: (1/120) / (1/80) = 0.66
• Rapport entre la productivité du drap au Mali et celle du drap en
Côte d’Ivoire: (1/100)/(1/90)= 0.9
On constate ici que le désavantage du Mali est moins important pour
la production de drap que pour celle de l’huile d’arachide, car sa
productivité relative est meilleure (0.9 contre 0.66 pour l’huile). Le
Mali a donc un avantage comparatif dans la production de drap
par rapport à la côte d’Ivoire.
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
2. Théorie des avantages comparatifs (suite)
Intéressons-nous à présent au cas de la Côte d’Ivoire. Dans quelle
production doit-elle se spécialiser? Observons les
productivités comparées:
• Rapport entre la productivité de l’huile en Côte d’Ivoire et celle de
l’huile au Mali: (1/80) / (1/120) = 1.5
• Rapport entre la productivité du drap en Côte d’Ivoire et celle du
drap au Mali: (1/90)/(1/100)= 1.11
La Côte d’Ivoire a donc un avantage comparatif dans la production
de l’huile par rapport au Mali (productivité relative meilleure
pour l’huile).
II. Les théories classiques des échanges
internationaux (suite)
2. Théorie des avantages comparatifs (suite)
• Situations avant et après l’ouverture commerciale
Avant l’ouverture commerciale, pour produire 2m de drap il fallait au total 190h
de travail (1m pour 100h au Mali + 1m pour 90h en Côte d’Ivoire), et 200h de
travail pour 2L d’huile d’arachide (120+80). Compte tenu des avantages
comparatifs de chaque pays, le Mali se spécialise dans la production de drap
et la Côte d’Ivoire dans celle de l’huile d’arachide. Donc pour produire à
présent les 2m de drap, le Mali disposant de 220h au total initialement va
utiliser 200h (100h*2), économisant ainsi 20h. Il peut maintenant consacrer
ces 20h supplémentaires à produire plus de drap par exemple. La Côte
d’Ivoire abandonnant la production de drap, et disposant de 170h initialement,
va utiliser 160h pour produire les 2L d’huile (80h*2). Elle économise ainsi 10h
de travail. Au total, ce sont 30h de travail qui sont économisées (ou sont
utilisées pour produire davantage de marchandises). Les deux pays
bénéficient ainsi de la spécialisation et de l’ouverture commerciale.
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
3. Modèle HOS (Hecksher-Ohlin-Samuelson):
 Cette théorie stipule que le commerce international serait en
effet expliqué par les avantages comparatifs mais fondés non
pas sur des différences dans les techniques de production
mais plutôt des différences en termes de dotations en
facteurs de production (capital, travail qualifié, non
qualifié..).
 Dans un contexte de libre-échange, chaque pays doit se
spécialiser dans la production du bien qui utilise son
facteur de production relativement le plus abondant.
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
3. Modèle HOS (suite):
Principales hypothèses?
 Facteurs de production (travail+ capital) mobiles à l’intérieur
des pays mais immobiles à l’international.
 Dotations factorielles différentes entre les pays.
 Même technologie de production à rendements factoriels
décroissants.
 Pas de barrières douanières ni de coûts de transport.
II. Les théories classiques des échanges internationaux
(suite)
3. Modèle HOS (suite):
Le principe est simple: selon la loi de l’offre et de la demande, le prix
du capital est élevé dans les pays où le travail est relativement
plus abondant, tandis qu’il est faible là où le capital est le facteur
de production dominant. Le prix du travail (salaires) suit la même
logique. Par conséquent, les pays fortement dotés en capital
auront des coûts de production inférieurs pour les biens dont la
production est plus intensive en capital qu’en travail. Ces pays
disposeront donc d’un avantage comparatif dans ces industries.
Inversement les pays dont la dotation principale est le travail
profiteront d’avantages comparatifs dans des productions
intensives en travail.
II. Les théories classiques des
échanges internationaux
(suite)
3. Modèle HOS (suite):
Limite??
 Le Paradoxe de Leontief: alors même que les USA disposent
d’un des taux de capital par tête les plus élevés au monde, ils
exportent des biens relativement plus intensifs en travail.
 Cependant, les travaux de Becker et de Keesing (1966) ont mis
en évidence que le travail qualifié pouvait être considéré comme
du capital. Le travail intègre ainsi du capital sous forme
humaine.
III. Les nouvelles approches
des échanges internationaux
1. Les nouvelles caractéristiques des échanges internationaux
Les études empiriques mettent en évidence deux principales caractéristiques
non prises en compte par les théories traditionnelles:
 L’accroissement des échanges intra-branches(produits similaires)
surtout dans les pays développés (par exemple échanges de voitures entre
la France et L’Allemagne).
 Plus les pays sont similaires, plus ils tendent à échanger entre eux
(surtout le commerce Nord-Nord qui représente la plus grande part du
commerce mondial).
 Comment expliquer ces faits alors que les théories traditionnelles
stipulent des échanges de biens différents avec des pays de niveaux
de développement différents??
III. Les nouvelles approches
des échanges
internationaux(suite)
2. Les approches modernes du commerce international
Trois approches développées dans ce cours:
 La théorie de Linder ou approche par demande représentative.

 L’approche néo-technologique (Posner-Vernon).

 L’approche de l’économie géographique (Krugman)


III. Les nouvelles approches
des échanges internationaux
(suite)
 La théorie de Linder: fondée sur le concept de demande
représentative qui exerce une influence sur les échanges. Les goûts
des consommateurs peuvent différer entre deux pays de telle
manière à générer des échanges entre eux (échanges voitures
contre voitures entre deux pays développés basés sur les
différences de goûts).

 Comme les pays dont le revenu par tête est semblable tendront à
présenter des conditions de demande semblables, toute exportation
ultérieure se dirigera principalement vers les pays présentant des
conditions de demande et donc un revenu par tâte semblable au pays
d’origine.
III. Les nouvelles approches
des échanges internationaux
(suite)
 L’approche néo-technologique:
• Les origines de la spécialisation ne reposent pas sur la plus ou
moins forte abondance de facteurs, mais sur les produits issus de
l’innovation.
• Echanges en concurrence monopolistique (rente monopolistique
pour les initiateurs de l’innovation avant que cette dernière ne soit
imitée par les autres entreprises).
• Explication des échanges internationaux à travers les différentes phases
du cycle de vie d’un produit. Du lancement du produit nouveau jusqu’à
sa banalisation, une logique concurrentielle pousse les entreprises à
l’échange international.
III. Les nouvelles approches
des échanges internationaux
(suite)
 L’approche par l’économie géographique:
 Selon cette approche, la justification des échanges internationaux n’est
plus basée sur les avantages comparatifs, mais plutôt sur les économies
d’agglomération.
 Ces économies d’agglomération entrainent des externalités positives produites
notamment par la concentration dans la même région d’un nombre important
de clients et d’entreprises.
 Par exemple la région la plus importante offre des débouchés plus importants. Si
les coûts de transport entre les deux régions sont élevés, les entreprises auront
tendance à se localiser à proximité de ce marché final, malgré les coûts du travail
souvent plus élevés. Mécaniquement, cela accroît le nombre de fournisseurs
ayant intérêt à se localiser eux aussi dans la région la plus importante. Il y a donc
un effet boule de neige.
MODULE 2 :
ECHANGES INTERNATIONAUX,
BALANCE DES PAIEMENTS,
MONDIALISATION ET
DEVELOPPEMENT
I. La balance des paiements et ses
composantes

• Balance des paiements (BP): décrit les opérations de la nation résidente avec
l’étranger et classées selon leur nature (commerciale, financière, et monétaire). La BP
permet de calculer des indicateurs intéressants pour l’interprétation du commerce
international (termes de l’échange, degré d’ouverture..).

• Composantes de la BP:
 Compte des transactions courantes ou compte courant (importations et
exportations de biens et services, revenus et transferts courants comme les aides,
dons, dividendes et intérêts ..).
 Compte de capital (achat/vente d’actifs non financiers comme les licences
d’exploitation, et les transferts de capital comme les remises de dette et les aides à
l’investissement).
 Compte financier (mouvements de capitaux tels que les IDE, investissements de
portefeuille, réserves de change ..).
I. La balance des paiements et ses
composantes (suite)

• Principes d’élaboration de la (BP)


Par convention, l’établissement de la BP s’effectue selon le principe
de la partie double (toute transaction donne lieu à deux
enregistrements de signes contraires et de même montant). C’est ainsi
que les ventes à l‘étranger sont enregistrées comme des crédits
tandis que les achats de marchandises, de services ou de capitaux
sont enregistrés comme des débits.
Du fait de la comptabilisation en partie double, la balance des
paiements est toujours équilibrée. C’est seulement ses composantes
(compte courant, financier …) qui peuvent connaître des périodes
de déséquilibre.
II. Indicateurs de compétitivité d’un pays
1. Définition et intérêt de la compétitivité pour un pays

 La compétitivité peut être définie sous plusieurs angles et joue un rôle majeur
pour le développement d’un pays.
 Du point de vue d’un pays, la compétitivité représente sa capacité à
améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants et de leur procurer
un haut niveau d’emplois et de cohésion sociale.

 Du point de vue d’une entreprise, la compétitivité désigne sa capacité à


fabriquer et à vendre des biens et services, de manière à générer de façon
durable un revenu et un niveau d’emplois relativement élevés, tout en étant
exposés à la concurrence internationale.
II. Indicateurs de compétitivité d’un pays (suite)
2. Les différents types de compétitivité

Il convient de distinguer différents types de compétitivité:


• Compétitivité-prix
• Compétitivité hors-prix.
• Compétitivité-coût.
II. Indicateurs de compétitivité d’un pays (suite)
2. Les différents types de compétitivité
- Compétitivité-prix à l’exportation d’un pays
• On étudie le rapport prix à l’exportation des concurrents (moyenne
pondérée) / prix d’exportation du pays d’origine, exprimés dans une
monnaie commune.
• Une hausse de l’indicateur signifie une amélioration de la
compétitivité-prix des exportations du pays d’origine.
• On prend en compte l’ensemble des concurrents ou les principaux
concurrents du pays.
• Pour établir cette compétitivité-prix, on tient compte des coûts de
production des entreprises, du taux de change (une dépréciation
améliore la compétitivité-prix du pays), et du comportement de marge des
entreprises (part de bénéfice dans les prix de vente des entreprises).
II. Indicateurs de compétitivité d’un pays (suite)
2. Les différents types de compétitivité
- Compétitivité-hors prix
• C’est la dimension hors-prix de la compétitivité: qualité des produits,
innovation, services accompagnant les produits, capacité de l’entreprise à
s’adapter à la demande diversifiée soit par rapport aux goûts, soit par rapport
aux revenus…
• Avantages:
- Rentes de monopole (concurrence monopolistique) donc taux de marge
plus élevé. Possibilité d’augmentation des prix avec baisse limitée de la
demande.
- Plus faible concurrence frontale avec les concurrents.
II. Indicateurs de compétitivité d’un pays (suite)
2. Les différents types de compétitivité
- Compétitivité-coût du pays
• On se focalise généralement sur les coûts salariaux unitaires.
• On étudie le rapport: coûts salariaux unitaires des
concurrents (moyenne pondérée) / coûts salariaux
unitaires du pays d’origine, exprimés dans une monnaie
commune.
• Une hausse de l’indicateur signifie une amélioration de la
compétitivité-coût des exportations du pays.
III. Mondialisation et développement
En Macroéconomie internationale, la Mondialisation (ou Globalisation)
fait référence à trois concepts principaux:

 les flux de biens et services (ouverture commerciale);


les flux financiers (ouverture ou intégration financière);
les flux migratoires (mobilité internationale du travail).

La question fondamentale que l’on se pose est d’apprécier l’impact de la


Mondialisation sur la croissance et les inégalités de revenus au sein des
pays.
III. Mondialisation et développement (suite)
On observe historiquement trois grandes vagues de Mondialisation: la
période 1870-1914, ensuite la période 1950-1980, et enfin à partir de
1980 (source Banque Mondiale)
.
III. Mondialisation et développement (suite)
1. Mondialisation, croissance, et inégalités de revenus

En Théorie, les effets de la Mondialisation sur la croissance et la réduction des


inégalités de revenus sont positifs dans la mesure où la libéralisation
commerciale crée les conditions propices en améliorant l’accès aux technologies,
aux biens et services et aux capitaux. La Mondialisation peut donc être un facteur
important de convergence de revenus entre pays riches et pauvres.

A cet effet, la théorie de Stolper-Samuelson met en évidence que les


inégalités de revenus baissent dans les pays en développement du fait de
l’ouverture commerciale. En effet, les pays en développement disposent
généralement d’une main-d'œuvre peu qualifiée abondante comparativement
aux pays développés. Lorsqu’ils s’ouvrent au commerce, ces pays sont donc plus
compétitifs dans les secteurs à faible intensité de qualification et ces secteurs se
développent. La demande accrue de travailleurs faiblement qualifiés entraîne
une hausse de leurs salaires par rapport à ceux des travailleurs qualifiés.
III. Mondialisation et développement (suite)
1. Mondialisation, croissance, et inégalités de revenus

Cependant les faits empiriques (Rapport OMC sur le commerce


mondial) mettent en évidence des résultats ambigus en fonction des
zones d’intérêt. Si on observe une augmentation de la croissance et une
réduction des inégalités de revenus dans certains pays (Asie orientale:
Malaisie, Corée, Singapour…); dans d’autres, la croissance s’est
accompagnée d’une augmentation des inégalités de revenus (Afrique,
Amérique Latine...).

 une divergence plutôt qu’une convergence de revenus entre pays


riches et pauvres.
Comment expliquer ces résultats contraires à la théorie?

Deux idées principales: la géographie et la qualité des institutions.


III. Mondialisation et développement (suite)
2. Mondialisation, développement, géographie, et qualité des
institutions

 Le facteur géographique est le déterminant principal du climat et des dotations en


ressources naturelles, et peut aussi jouer un rôle essentiel dans les frais de transport et le
degré de diffusion des nouvelles technologies en provenance de régions plus avancées.
Par conséquent, elle influe notablement sur la productivité agricole, la qualité des
ressources humaines, ainsi que sur l’efficacité du commerce.

La qualité des institutions impacte considérablement la réduction des


inégalités dans les pays en développement (Rodrik et Subramanian, 2003). Ces
auteurs montrent que de meilleures institutions et une meilleure protection des
droits de propriété accroissent les investissements et stimulent le progrès
technologique, et donc les revenus. De toute évidence, le problème de mauvaise
gouvernance (notamment de corruption et de mauvaise gestion de
l’investissement public et de l’aide publique au développement) nuit
considérablement au développement économique des pays pauvres.
MODULE 3:
FIRMES MULTINATIONALES
ET INVESTISSEMENTS
DIRECTS ETRANGERS
I. Définitions et rôle
 Définitions
• Diversité des définitions

• Une Firme Multinationale (FMN) est une entreprise qui possède au moins
une filiale (dans un pays étranger). Elle devient donc multinationale lorsqu’elle
entreprend un investissement direct étranger.

• Ce sont des firmes généralement de grande taille, dont l’organisation et la


gestion sont le plus souvent centralisées, développant leur activité productive
grâce à des filiales implantées dans plusieurs pays (au moins une filiale à
l’étranger).

• Exemples de FMN au Mali: Orange, Total, Shell…


I. Definitions et rôle (suite)

• Rôle majeur des FMN dans l’économie mondiale

• « Les mouvements internationaux de capitaux, les firmes multinationales,


revêtent une importance considérable dans les relations internationales ; leurs
descriptions et la compréhension de leur logique devient alors primordiale pour
comprendre les évolutions actuelles et futures de l’économie mondiale »
[Mucchielli J.-L. et al, (1982)]

• L’une des plus concrètes caractéristiques des activités des FMN dans le Monde est
l’Investissement Direct Etranger (IDE).

• On considère généralement qu’une FMN effectue un IDE lorsqu’elle détient au


moins 10% du capital d’une entreprise étrangère. Il y a donc là une logique de
contrôle durable sur l’entreprise étrangère. En deçà de 10%, on dit qu’il y a
investissement de portefeuille.
I. Definitions et rôle (suite)
Quelques données sur les FMN (sources: OMC, Banque Mondiale)
 L’emploi des filiales des FMN s’élevait à 72,6 millions en 2007 (contre 20 millions en 1982).
 Plus des 2/3 du commerce mondial est réalisé par les FMN.
II. Typologies des FMN
On peut classer les FMN selon deux principaux critères:

• Critère 1 : selon le type de relations entre la firme et les pays


d’origine et d’implantation (H. Perlmutter, 1965).

• Critère 2 : Selon la stratégie et l’organisation de l’entreprise (M.


Brooke et L. Remmers, 1973 et Michalet et Delapierre, 1976).
II. Typologies des FMN (suite)
Selon le Critère 1, les FMN peuvent être classées en trois catégories:

• La firme ethnocentrique
» Tournée vers son pays d’origine dont elle reste très
dépendante.
» Organisation et gestion très centralisées, laissant peu
d’initiatives aux filiales.
» Capital des filiales en totalité ou en quasi-totalité détenu par la
société mère.
» Capital de la société mère entièrement détenue par des
nationaux du pays siège.
» Dirigeants et même parfois les cadres supérieurs des filiales
ont la nationalité du pays d’origine.
II. Typologies des FMN (suite)
• La firme polycentrique
» Axée sur les pays d’implantation.
» Grande marge d’initiative, des compétences et des
responsabilités étendues laissées aux dirigeants des filiales.
» Groupe très décentralisé, avec éventuellement une
participation de capitaux et des pouvoirs publics locaux au
contrôle des filiales.

• La firme géocentrique
» Intégré mondialement.
» Etat-major cosmopolite, capital du groupe partagé entre des
détenteurs de plusieurs nationalités.
» Firme décentralisée.
» Son activité relève d’un plan d’ensemble élaboré en étroite
collaboration avec les dirigeants des filiales.
» Toute forme d’affiliation nationale tend à disparaître.
II. Typologies des FMN (suite)
Dans la réalité quelles catégories de FMN existent vraiment selon le
Critère 1?

 La plus grande partie des FMN dans le Monde appartient au premier


type (ethnocentrique).

 Les FMN du deuxième type (polycentrique) se révèlent instables et


non viables.

 Il n’existe pas de FMN du troisième type (géocentrique).


II. Typologies des FMN (suite)
Selon le Critère 2, on peut classer les FMN en fonction du niveau
de développement de leurs activités et de leurs stratégies.

• 3 types en fonction de leurs stratégies:


Stratégie commerciale ou phase de la filiale-relais (création
des filiales par pure stratégie commerciale, se faire connaître et
avoir plus de débouchés).

Stratégie productive ou phase de la filiale-atelier (on intègre la


dimension optimalité des coûts, compétitivité..).

Stratégie de développement des activités intangibles


(développement des activités tertiaires, localisation des sièges
sociaux dans les paradis fiscaux..).
III. Analyse économique des FMN
• Trois grandes questions :

• « Pourquoi » une firme souhaite-t-elle devenir FMN ?

• « Comment » une firme souhaite s’internationaliser ?

• « Où » est-il souhaitable qu’elle s’implante ?


III. Analyse économique des FMN (suite)
Pourquoi?
 La théorie éclectique de Dunning (1981) ou OLI
 Selon cette théorie, la FMN doit avoir des avantages sur les firmes locales pour
compenser les handicaps d’entrée sur le marché local (surmonter des barrières
culturelles et linguistiques et s'adapter à une nouvelle marche des affaires dans
un environnement souvent hostile, subir les coûts de communication avec ses
filiales à l'étranger , risque de confiscation..).

 Ces avantages se résument à l’acronyme OLI (O = Ownership; L =


Location; I= Internalisation).

 La firme multinationale doit avoir certains avantages de propriété ou spécificité


(« Ownership"), tels que la possession de brevets ou une aptitude supérieure à
organiser certaines activités. En effet, c’est cet atout (marque, savoir faire…)
qui permettra à la firme d’avoir un avantage sur ses concurrents et de
surcompenser les coûts liés à la multinationalisation.
III. Analyse économique des FMN (suite)
Pourquoi?
La théorie éclectique de Dunning (1981) ou OLI
 La localisation (« Location") de la production jouera un rôle.
D'une part la production se localisera près de la source des
matières premières lorsque les coûts de transports sont élevés.
D'autre part la politique commerciale - et plus généralement les
politiques économiques d'un pays détermineront la localisation
des FMN.

 Ensuite il y a la question de l‘Internalisation. La théorie de la


FMN met l'accent sur le transfert de technologie qui s'effectue
souvent mieux à l'intérieur d'une firme (société-mère et sa
filiale), que par un système de licences d'exploitation (avec
d’autres entreprises).
III. Analyse économique des FMN (suite)
Comment s’internationaliser?

 « Par Greenfield investment »


• création ex-nihilo d’un nouvel établissement dans un pays étranger.

 « Par Fusions et Acquisitions » (F&A) : (encore nommées F&A transfrontalières)


• la FMN fusionne ou acquiert une firme existante. Ce mode
d’internationalisation est de loin le plus important dans le monde (en général)
et tout particulièrement dans les pays développés.
 « Par Joint-ventures » (JV) : co-entreprise avec mise en commun des connaissances et
des avoirs. Plusieurs JV peuvent être différenciées : deux entreprises étrangères créent
une nouvelle entreprise dans un pays, une entreprise étrangère crée une nouvelle entité
avec une entreprise privée locale, ou enfin avec une participation du Gouvernement
local.

 « Par Brownfield investment » : rachat d’un établissement mais changement de


l’organisation, de l’activité par le nouvel investisseur (situation hybride entre
l’acquisition et le greenfield).
III. Analyse économique des FMN (suite)
Où se localiser?
 La Demande
• se localiser dans des zones qui offrent un meilleur accès à la demande. Ces localisations
« centrales » leur permettent au mieux de se rapprocher de leurs débouchés potentiels. Elles
limitent de ce fait les coûts de transport vers les consommateurs et/ou vers leurs fournisseurs.
.
 Les Coûts
 La Présence d’autres entreprises
• les FMN peuvent également rechercher la proximité d’autres firmes pour bénéficier
d’externalités positives (externalités technologiques). Cette d’agglomération spatiale sera
toutefois limitée par l’existence d’externalités négatives. Les études confirment que la
présence de firmes (locales ou étrangères) sur le territoire exerce finalement un pouvoir
attractif .
 La Politique d’attractivité du pays hôte
• Les politiques d’aménagement du territoire, les subventions, les allégement fiscaux aux FMN
qui choisissent de se localiser dans les régions concernées ont des effets réels mais limités.

 Autres déterminants
• déterminants économiques (qualité des infrastructures, variation du taux de change, du taux
d'inflation…)
• déterminants sociaux (proximité en termes de culture, de goûts…)
• déterminants politiques (insécurité…)
IV. Les conséquences de la multinationalisation des
entreprises
1. Pour
les pays en développement
 Positives (création d’emplois, transfert de technologies, diversité des produits
pour les consommateurs, baisse des prix liée à la concurrence, augmentation
des recettes fiscales..).

 Négatives ( externalités négatives des activités productives (pollution),


problème de souveraineté de l’Etat, fragilité des industries locales face à cette
forte concurrence…).

2. Pour les pays riches


 Positives (rapatriement des bénéfices pour investissement et
innovation, diversités des produits..).
 Négatives (délocalisation de la production, pertes d’emplois..).

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