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ISPP – MASTER 2 GRF

MODULE : GESTION FINANCIERE APPROFONDIE

Boubacar KONATE, Expert


Comptable, Associé Gérant du
cabinet CAEC – SARL
70 37 24 31 / 76 68 83 86
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Chap 1: Le marché des changes et le financement des


opérations réalisées avec l’étranger
I. Marché des changes : définition et acteurs
II. Fonctionnement du marché des changes

III. Utilisation du marché des changes


Chapitre 2: Les Opérations de change
I- Les cours
II- Les cours croisés
III- Le change au comptant

2
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IV- Le change à terme
V- Les déterminants du taux de change
Chapitre 3: Les Instruments de couverture classique
contre le risque de taux d’intérêt et
le risque de change
I- Les risques de marchés : Analyse des positions
II- Les instruments de gestion des risques de taux
d’intérêt organisés
III- Les instruments de gestion des risques de change
sur les marchés

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Chapitre 4: La Finance islamique
I- Les piliers de la finance islamique
II- Les produits et contrats financiers
III- Le développement de la finance islamique

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Chap 1: Le marchés des changes et le financement des
opérations réalisées avec l’étranger
Contenu du chapitre

Introduction
I. Marché des changes : définition et acteurs
1. Définition du marché des changes
2. Acteurs du marché des changes

II. Fonctionnement du marché des changes


1. Caractéristiques du marché des changes
2. Déroulement des opérations

III. Utilisation du marché des changes

5
Introduction

❖ Aujourd’hui, de nombreuses entreprises ne peuvent se développer


qu’en saisissant les opportunités de l’ouverture des économies en
particulier celles des économies émergentes. Pour certaines, la
solution passe par l’exportation sur de nouveaux marchés, pour
d’autres, par l’implantation d’une partie de leur activité à l’étranger
(délocalisation). Dans les deux cas, ces entreprises sont tenues de
financer leurs activités, de rapatrier leur profit, de se couvrir contre les
risques de change ou de taux etc. Autant d’éléments qui font appel aux
techniques et instruments développés en finance internationale à
travers le marché des changes.

6
Introduction

❖ Bref historique
▪ Jusqu’au XIXe siècle, il n’y avait pas vraiment de devise dominante.
L’or était toujours considéré comme la monnaie de réserve la plus
fiable, toutes les monnaies étaient convertibles en or. Chaque
banque centrale devait assurer la convertibilité de sa devise avec
ses réserves d’or, c’est le système de l’étalon-or.
▪ La première guerre mondiale de 1914 va mettre fin à l’étalon or. Les
pays dépensent des sommes considérables pour financer la guerre
et impriment plus de monnaie qu’ils n’en possèdent. L’inflation
augmente et les pays sont au final obligé de suspendre la
convertibilité de leur devise en or.
▪ La seconde guerre mondiale de 1939/45 marque la suprématie du
dollar. En 1944, les accords de Bretton Woods réunissant 44
nations instaurent le premier véritable Système Monétaire
International (SMI) pour réguler les fluctuations des monnaies et
restaurer une stabilité économique. Cet accord définit que seul le
dollar peut être convertible en or à un taux fixe de 35$ l’once
(ancienne mesure de poids).

7
Introduction

❖ Bref historique
Le dollar devient donc la monnaie de référence, les taux d’échange
des autres devises deviennent fixes (avec une marge de +/- 1%) et
reliés au dollar. Les banques centrales sont obligées d’intervenir
pour maintenir la parité de leur devise. Les dépréciations monétaires
entre pays deviennent impossibles ce qui assure le principe du libre-
échange. Le FMI (Fonds Monétaire International) est créé pour
réguler le Système Monétaire International (SMI).
▪ Le marché des changes a connu son sort avec l’abandon par les
USA de la convertibilité du dollar en 1971 suite à leur premier déficit
depuis 1890 (les importations augmentent à un rythme supérieur à
celui des exportations).
▪ Cette décision a mis fin au système monétaire issu des accords de
Bretton Woods qui ont pour objectif d’instaurer une parité fixe
ajustable entre les différentes monnaies de la planète.
▪ Cette décision et les accords qui ont suivi (Jamaïque en 1976) ont
consacré un libre flottement des valeurs des monnaies des
économies de la planète au gré de l’offre et de la demande.
8
Introduction

❖ Bref historique

❖ La connaissance du fonctionnement de ce marché est indispensable


pour tout professionnel intervenant dans un environnement
international.
❖ Comment fonctionne ce marché et quelles sont les règles qui président
à la détermination de la parité des monnaies entre elles ?

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I- Le marchés des changes : définition et acteurs
I.1 Définition du marché des changes

Le marché des changes est le marché sur lequel s’échangent, au


comptant ou à terme, les monnaies des différentes économies de la
planète entre elles.
Il assure la conversion, immédiate ou différée, des monnaies les unes
dans les autres.
Il détermine les taux de change (au comptant et à terme) des devises les
unes dans les autres.
Exemple: Je dispose d’un montant de 1 Millions de US Dollar (Monnaie
d’utilisation aux USA), combien de FCFA puis-je obtenir en retour ?

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I- Le marchés des changes : définition et acteurs (suite)
I.1 Définition du marché des changes

Le change est l’acte par lequel on échange les monnaies des différentes
nations. La majeure partie des actifs monétaires échangés sur le marché
de changes sont des dépôts à vue dans les banques.
Le taux de change est le prix de la monnaie d’un pays en termes de la
monnaie d’un autre.
Les transactions portent généralement sur les monnaies suivantes : Euro,
USD (Dollar des Etats Unis), GBP (Livre britannique), AUD (Dollar
australien), CAD (Dollar canadien), JPY (Yen japonais), CNY (Yuan
chinois), CHF (Franc suisse),
Et les principaux marchés se situent en Amérique : New York, Chicago,
Boston, Toronto…
En Europe : Francfort, Zurich, Londres.
En extrême orient : Tokyo, Hongkong, Singapour.

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I- Le marchés des changes : définition et acteurs (suite)
I.2 Acteurs du marché des changes

Ce marché regroupe aujourd’hui plusieurs catégories d’agents


économiques avec des objectifs spécifiques.
Les principaux utilisateurs ou acteurs sont :
❖ les Trésors publics : pour les besoins de règlements/Perceptions de
l’Etat ;
❖ les Banques commerciales : pour les besoins de leurs clients
(Transferts, opération de change, …). Elles sont des Intermédiaires,
teneurs de marché, chargées de coter les devises ;
❖ Clients finaux : Sociétés industrielles et commerciales cherchant à
satisfaire leurs besoins nés de l’exportation ou de leurs investissements
à l’étranger, les fonds de pension ou fonds de retraite, sociétés
d’assurances plaçant une part de leurs actifs en titres étrangers ;

12
I- Le marchés des changes : définition et acteurs (suite)
I.2 Acteurs du marché des changes

❖ Les courtiers : Intermédiaires rémunérés à la commission assurant la


liquidité du marché ;
❖ Les Banques Centrales : pour les besoins de leur politique monétaire
d’équilibrage de la valeur de leur monnaie contre les autres et régulent
ainsi les fluctuations du marché des changes par une action sur le taux
d’intérêt et le taux de change.

13
II- Fonctionnement du marché des changes

Le marché de change est le plus vaste marché des capitaux au monde. Il


fonctionne 24 heures sur 24 sauf les fériés cambistes. Le cambiste est un
opérateur de marché qui exerce son métier en salle des marchés d'une
institution financière. Sa fonction consiste à fixer de manière continue le
cours de change d'une ou plusieurs devises.
Il n'existe pas de marché de change physique autre que le Chicago
Mercantile Exchange (CME), où se négocient des contrats à terme sur
devises. Le « marché » est plutôt constitué d'un réseau de cambistes, des
banques, d'agents de change, de courtiers, et de gestionnaires de fonds
qui sont tous interconnectés. Les cours indicatifs et les cours exécutables
sont partagés sur des plates-formes de négociation électroniques telles
que Reuters, Bloomberg EDS et d'autres plates-formes en propriété
exclusive.

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II- Fonctionnement du marché des changes (suite)
II.1 Caractéristiques du marché des
changes

❖ Par opposition aux marchés boursiers (bourse des valeurs) qui ont une
localisation géographique précise, le marché des changes ne connaît
pas de frontières. Il y a un seul marché dans le monde, les transactions
pour une devise (exemple l'euro) se font aussi bien, et en même temps,
à paris, à London ou à New York.
❖ La confrontation des offres et des demandes de devises n'impliquent
pas que les offreurs et les demandeurs se rencontrent physiquement.
❖ « Marché réseau » ceux-ci communiquent par des instruments
modernes de transmission (téléphone, télex...) complétés par des
réseaux d'information spécialisés (Reuters, Telerate) et des systèmes
informatiques permettent d'effectuer et d'enregistrer rapidement les
opérations. Ainsi, le marché des changes apparaît-il comme
un « marché réseau » qui transcode les espaces économiques
nationaux et contribue à unifier l'économie mondiale.

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II- Fonctionnement du marché des changes (suite)
II.1 Caractéristiques du marché des
changes

❖ « Marché planétaire » de par son caractère « planétaire », le marché de


change est une organisation économique largement non règlementé, ou
plutôt « auto règlementé » où les règles de fonctionnement sont
édictées par les agents privés, ou par des institutions privés lorsque les
transactions ont lieu sur des marchés organisés.
❖ « Marché en continu » son fonctionnement fait aussi du marché des
changes le marché le plus parfait au sens où les cours de change
reflètent d'une manière rapide et complète toute l'information disponible,
car autre caractéristique, le marché des changes fonctionne en
continue. Les cours de change sont aussi cotés 24h /24h.
❖ Le marché est animé par des market makers (teneur de marché) qui
animent le marché par leur présence permanente.
❖ Les cours affichés permettent de déterminer les valeurs des devises les
unes par rapport aux autres.

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II- Fonctionnement du marché des changes (suite)
II.2 Déroulement des opérations

Des conventions sont adoptées pour les différentes opérations.


❖ date d’engagement = Date du jour de la transaction
❖ date de valeur = Date à laquelle sont débitées et créditées les comptes
de correspondants
❖ toutes les opérations au comptant ont une date de valeur égale à J+2
avec J le jour de la transaction.
Chacune des devises traitées correspond à un code internationalement
reconnu qui est composé du nom du sigle du pays et de l’initiale de la
devise.
❖ Les devises les plus traitées sur le marché sont :
❖ Dollar Américain : USD (United States Dollar)
❖ Euro : EUR (Union Européenne)
❖ Yen Japonais : JPY (Japanese Yen)

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II- Fonctionnement du marché des changes (suite)
II.2 Déroulement des opérations

❖ La livre sterling : GBP (Great Britain, Pound)


❖ Le Franc suisse : CHF
La cotation des cours consiste à fournir les quantités de monnaie
nécessaire pour acquérir une unité d’une autre monnaie.
Il existe deux conventions de cotation par rapport à un espace
économique donné :
▪ cotation à « l’incertain » : la valeur affichée constitue la quantité de
monnaie nationale nécessaire pour acquérir une unité de monnaie
étrangère.
▪ cotation au « certain » : la valeur affichée constitue la quantité de
monnaie étrangère pour acquérir une unité de monnaie nationale.
La plupart des monnaies sont cotées à l’incertain.

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II- Fonctionnement du marché des changes (suite)
II.2 Déroulement des opérations

La cotation est affichée pour une paire de devise sous la forme : devise
1/Devise 2
❖ La devise 1 est appelée : Base
❖ Devise 2 : Courante
Exemple : EUR/USD, EUR/JPY, USD/CHF ...

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III- Utilisation du marché des changes

Plusieurs raisons expliquent l’utilisation du marché de changes par les


agents économiques :
❖ pour les besoins du commerce international : en facilitant les paiements
de biens et services en devises étrangères à travers le monde ;
❖ pour les banques centrales : besoin de gestion de la valeur de leur
monnaie, elles interviennent sur ce marché afin de soutenir l’économie
en freinant la hausse de la monnaie par rapport au reste du monde ;
❖ pour les besoins des arbitragistes ; les arbitragistes sont des
professionnels constamment à l'affût des opportunités que présentent
ces différences de prix. Leur rôle contribue à lisser/effacer les
distorsions des marchés (autorégulation des marchés financiers) :
chaque fois qu'un arbitrage est possible, ces opérateurs en profitent
jusqu'à ce qu'il ne soit plus intéressant, ramenant ainsi les prix à leur
juste valeur.

20
III- Utilisation du marché des changes

Plus un marché est "parfait", liquide et transparent, moins ces


opportunités d'arbitrage apparaissent et/ou restent disponibles longtemps.
❖ pour les besoins de spéculateurs ; La spéculation financière est une
opération, ou une série d'opérations, d’achat et de vente de titres
financiers (placements, créances, contrats dérivés) et, par extension,
monétaires ( devises, taux d’intérêt...), sur un marché organisé (Bourse)
ou de gré à gré, dans l'objectif d'en tirer un bénéfice grâce à la variation
de leurs cours, tout en prenant le risque de variation inverse.
❖ pour la couverture des risques de change.
❖ etc.

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Chapitre 2: Les Opérations de change
Contenu du chapitre

I- Les cours
II- Les cours croisés
III- Le change au comptant
IV- Le change à terme
V- Les déterminants du taux de change

1
Introduction

Les opérations de change sont des opérations impliquant un échange de 2


devises. Le marché mondial des changes est extrêmement actif : la demande
induite par l'activité des entreprises importatrices ou exportatrices y est relayée et
amplifiée par la spéculation. C'est un marché de gré à gré, animé par les banques
et les brokers (ou courtiers).

2
I- Les cours
I.1. Mode de cotation

Le mode de cotation ainsi que le sens d'application du cours permet de


déterminer comment le montant de la devise de contre-valeur est calculé par
rapport au montant de la devise principale.
I.1.1. La cotation au certain
Dans certains pays comme l’Australie, la Nouvelle Zélande et les pays de la Zone
euro, la cotation se fait au certain c’est à dire combien une unité de devise
nationale vaut en devise étrangère.
Une unité de la monnaie locale est exprimée en n unités d'une devise étrangère.
Exemple :
Pour l'Euro à Paris
La cotation EUR/USD = 1,1745 signifie 1 EUR = 1,1745 USD.
Pour calculer la contre-valeur en EUR de 10 millions d'USD, on divise le montant
en USD par le cours.
10 000 000 USD = 10 000 000 / 1,1745
Soit 8 514 261,30 EUR.
3
I- Les cours (suite)
I.1. Mode de cotation (suite)

I.1.2. La cotation à l’incertain


C’est voir combien d’unité monétaire nationale il faut pour une unité monétaire
étrangère.
Une unité de la devise étrangère est exprimée en n unités de la monnaie locale.
Exemples :
Pour le Yen japonais à Tokyo.
La cotation USD/JPY = 125,72 signifie 1 USD = 125,72 JPY.
Pour calculer la contre-valeur en JPY de 10 millions d'USD, on multiplie le
montant en USD par le cours.
10 000 000 USD = 10 000 000 x 125,72
Soit 1 257 200 000 JPY.

4
I- Les cours (suite)
I.1. Mode de cotation (suite)

Pour le FCFA au Burkina Faso.


La cotation EUR/FCFA = 655,957 signifie 1 EUR = 655,957 FCFA.
Pour calculer la contre-valeur en FCFA de 10 millions d'EUR, on multiplie le
montant en EUR par le cours.
10 000 000 EUR = 10 000 000 x 655,957
Soit 6 559 570 000 FCFA.
Plus généralement, pour un couple de devise donné, le cours exprime la cotation
au certain de la devise maître par rapport à la devise secondaire et par voie de
conséquence la cotation à l'incertain de la devise secondaire par rapport à la
devise principale.
A noter que l'on emploie également et indifféremment le terme « Devise
principale » pour « Devise maître » et « Devise de contre-valeur » pour
« Devise secondaire ».

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I- Les cours (suite)
I.1. Mode de cotation (suite)

Exemple :
Pour une cotation d'EUR/JPY à 132,00, le cours représente
La cotation au certain de l'EUR par rapport au JPY.
La cotation à l'incertain du JPY par rapport à l'EUR.
La méthode qui s'applique est donc (sauf indication contraire) la multiplication.
Ici donc pour 1 million d'EUR, on a
1 000 000 x 132 = 132 millions de JPY.

6
I- Les cours (suite)
I.2. Lecture des cotations

I.2. Lecture des cotations sur le marché des changes : le cours acheteur et
le cours vendeur
Régulièrement, les Banques sont appelées par leurs clients pour des demandes
de cotation. Une cotation consiste pour la Banque en question à proposer à son
client un prix acheteur et un prix vendeur.
Le cours acheteur : c’est le cours auquel la banque achète la devise au client. On
l’appelle « buying price » ou « bid price ».
Le cours de vendeur : c’est le cours auquel la banque vend la devise au client.
On l’appelle « selling price » ou « ask price ».

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I- Les cours (suite)
I.2. Lecture des cotations (suite)

Exemple :
Un client demande à sa Banque un prix d'EUR/USD comptant (on dit aussi
Spot).
La Banque cotera 1,2530/40.
Cela signifie pour le client :
▪ Je peux vendre 1 EUR et recevoir 1,2530 USD.
▪ Je peux acheter 1 EUR et payer 1,2540 USD.
Cela signifie pour la banque :
▪ Je peux vendre 1 EUR et recevoir 1,2540 USD.
▪ Je peux acheter 1 EUR et payer 1,2530 USD.
Cette opération conclue en J verra les règlements se faire en valeur J+2 ouvrés
(pour les 2 devises).
Pour celui qui demande le prix (c’est-à-dire le client), le côté gauche
représente le cours auquel il vend une unité de la devise principale, le côté droit
représente le cours auquel il achète une unité de la devise principale.
8
I- Les cours (suite)
I.2. Lecture des cotations (suite)

Pour la banque qui affiche le cours, le côté gauche représente le cours auquel
elle achète une unité de la devise principale, le côté droit représente le cours
auquel elle vend une unité de la devise principale.
On remarquera que le côté gauche est toujours inférieur au côté droit.
 Le côté gauche s'appelle le côté demandé ou bid (prix auquel le coteur
achète). Pour une entreprise qui demande le prix, il s'agit du cours export.
 Le côté droit s'appelle le côté offert ou ask (prix auquel le coteur vend). Pour
une entreprise qui demande le prix, il s'agit du cours import.
 L'écart entre les 2 côtés s'appelle le spread. C'est le cambiste qui détermine
le spread, en fonction du montant traité, de la nervosité du marché et de son
« sentiment ». Dans un marché agité, pour un petit montant, le spread sera en
principe plus grand que pour un gros montant dans un marché calme.

9
I- Les cours (suite)
I.2. Lecture des cotations (suite)

Notons que, dans un marché normal, cette notion est valable quasiment
pour tous les types d'opérations (comptant, terme, trésorerie, etc.) qu'une
Banque digne de ce nom, se doit de coter dans les 2 sens.
Bien entendu le raisonnement est identique si notre Banque demande une
cotation à une autre Banque. Dans ce cas, la Banque demandeuse de prix se
retrouve dans la position de client vis à vis de l'autre Banque.
Dans un marché « calme » et pour une devise « non exotique », les prix sont
généralement donnés avec 5 à 6 chiffres significatifs. Pour plus de rapidité, les
cambistes parlent en points ou pips (généralement les 2 derniers chiffres).

Devise exotique : il s’agit d’une devise très peu traitée et disposant d’une
liquidité très faible. L’appellation « exotique » n’a rien à voir avec le pays ou la
taille de la devise, des devises principales ou secondaires pouvant être classées
comme devises exotiques.

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II- Les cours croisés

Les cours diffusés sur le marché correspondent aux transactions les plus
répandues : tous les jours des cours de l'Euro ou du Dollar contre toutes les
autres devises sont affichés en permanence. Pour les couples de devises qui ne
sont pas habituellement cotés sur le marché, on passe par l'intermédiaire de l'une
de ces 2 devises, afin d'établir un cours croisé ou « cross ».

Par exemple pour coter le couple JPY / CHF, le trader utilisera les cours USD /
JPY et USD / CHF. Le cours JPY / CHF = (USD / CHF) / (USD / JPY).

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II- Les cours croisés (suite)
II.1. Définition d’un cours croisé

II.1. Définition d’un cours croisé


Un cours croisé est un cours de change d'une devise contre une autre, calculé à
partir du cours de ces deux devises contre une devise commune (généralement
le Dollar).
En effet, la plupart des monnaies sont exprimées par rapport au Dollar.
On trouve également des cotations pour certaines « paires » de monnaies
importantes : EUR/GBP, EUR/JPY, GBP/JPY, etc.
En revanche, pour certains autres couples, il est nécessaire de calculer le cours
en utilisant la méthode dite de cours croisé, c'est à dire en se servant du cours
de chacune des devises contre une autre monnaie commune (en général le
Dollar).

12
II- Les cours croisés (suite)
II.2. Calcul de cours croisé

II.2. Calcul de cours croisé


Calcul d’un CHF/JPY (Franc suisse/Yen japonais)
Supposons que nous soyons une banque et qu'un client nous demande un prix
de CHF/JPY au comptant.
Ce prix ne se trouve pas spontanément, il faut donc passer par l'USD.
Sur le marché des changes, les cours de ces devises contre USD sont :
▪ USD/CHF = 1,1950/55
▪ USD/JPY = 104,82/86
Pour coter le CHF/JPY dans les 2 sens, nous devons d'abord chercher le côté
gauche.

13
II- Les cours croisés (suite)
II.2. Calcul de cours croisé (suite)

Or, ce prix est le reflet de ce que nous même (la banque) devrions faire pour
vendre du CHF contre JPY en passant par l'USD, soit :
▪ vendre le CHF contre USD, c'est à dire acheter l'USD contre CHF à 1,1955
▪ acheter le JPY contre USD, c'est à dire vendre l'USD contre JPY à 104,82
La première transaction a été faite sur le cours de droite et la deuxième sur le
cours de gauche.
Ces 2 cours signifient que 104,82 JPY valent 1,1955 CHF (= 1 USD).
donc 1 CHF = 104,82 / 1,1955 JPY = 87,68
Pour le deuxième sens, on recommence avec le côté gauche.
cette fois, le prix est le reflet de ce que nous devrions faire pour acheter du CHF
contre JPY en passant par l'USD, soit :
▪ acheter le CHF contre USD, c'est à dire vendre l'USD contre CHF à 1,1950
▪ vendre le JPY contre USD, c'est à dire acheter l'USD contre JPY à 104,86
14
II- Les cours croisés (suite)
II.2. Calcul de cours croisé (suite)

La première transaction a été faite sur le cours de gauche et la deuxième sur le


cours de droite.

Ces 2 cours signifient que 104,86 JPY valent 1,1950 CHF (= 1 USD).
Donc 1 CHF = 104,86 / 1,1950 JPY = 87,75

On peut donc dire maintenant que CHF/JPY = 87,68/87,75 ou plus simplement


87,68/75.

15
III- Le change comptant

Le change comptant ou change « spot » consiste à échanger 2 devises, à un


cours négocié, 2 jours ouvrés après la date de négociation. Cette date est
appelée la date « spot ».
Les caractéristiques principales d'une opération de change comptant sont :
▪ La devise principale
▪ Le sens: achat ou vente
▪ La devise secondaire, ou devise "prix": devise vendue s'il s'agit d'un achat,
devise achetée s'il s'agit d'une vente.
▪ La date de négociation ou "trade date"
▪ La date de valeur ou "spot date": généralement égale à la date de négociation
+ 2 jours ouvrés. Remarque : un contrat de change au comptant a une durée
de vie nulle ; il n'y a pas de « date de fin ».

16
III- Le change comptant (suite)

▪ Le montant négocié, exprimé dans la devise principale


▪ Le cours négocié
▪ Le montant dans la devise secondaire, calculé à partir du montant principal et
du cours
Les caractéristiques communes à toutes les opérations de marché :
▪ Le portefeuille de négociation ou "book", éventuellement l'identité du trader
▪ La contrepartie
▪ Eventuellement l'intermédiaire, ou "broker", par qui la négociation a été faite
▪ Les instructions de règlement : identification des correspondants (celui de la
banque et celui de la contrepartie) chez qui les devises doivent être livrées /
reçues.

17
III- Le change comptant (suite)

L'exemple ci-dessous illustre l'échange de flux espèces dans le cas d'un achat de
1 million d'Euros contre dollar

18
IV- Le change à terme

Le change à terme est un échange de 2 devises à une date (la date de valeur) et
un cours (cours à terme) négociés. Ce type de contrat permet de fixer à l’avance
un cours entre 2 devises, et donc de se couvrir contre le risque de change.
Pour les opérations commerciales de vente de biens et services libellée en
devises l’opérateur court un risque en cas de baisse du cours de la devise avant
la date de paiement. Pour les opérations commerciales d’achat de biens et
services libellé en devises l’opérateur court un risque en cas de hausse du
cours de la devise avant la date de paiement.
Les caractéristiques d'une opération de change à terme se définissent par
rapport à un cours "spot" (cours utilisé pour le change au comptant) de référence
pour les opérations du jour. La différence entre le cours spot et le cours à terme
s'appelle les "points de terme". Quand le cours à terme est supérieur au cours
comptant on parle de « report ». Quand le cours à terme est inférieur au cours
comptant on parle de « déport ».

19
V- Les déterminants du taux de change au comptant

V.1. Le taux d’inflation et le taux de change au comptant


❖ A long terme le cours d’une devise est fonction du taux d’inflation.
❖ Les variations du taux de change entre A et B dépendent du différentiel
d’inflation dans les économies de A et de B.
❖ Le taux de change entre A et B évolue en fonction du pouvoir d’achat
respectif des deux devises.
❖ C’est la différence des taux d’inflation entre deux pays qui explique l’évolution
du taux de change.

20
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

V.1.1. La loi du prix unique


Exemple simplifié
❖ Deux économies ayant le même taux d’inflation
❖ Un bien B produit avec la même fonction de production dans les deux
économies
❖ Les consommateurs des deux pays ont la même fonction d’utilité.
❖ Loi du prix unique :
La loi du prix unique établit qu’en situation d’équilibre et en l’absence de coûts
de transaction, le prix du bien doit être identique dans les deux économies.
Situation d’équilibre : le prix du bien B doit être identique dans les deux
économies.

21
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

B1,USD = B1,EUR x S1,EUR/USD


ou B1,EUR = B1,USD x S1,USD/EUR
avec B1,USD : prix du bien B en dollar à l’époque 1
B1,EUR : prix du bien B en euro à l’époque 1
S1,USD/EUR : le taux de change à l’époque 1
S1,EUR/USD : le taux de change à l’époque 1
Exemple chiffré
B1,EUR = 10 EUR B1,USD = 11 USD
→ S1,EUR/USD = 1,10 USD c’est-à-dire 1 EUR = 1,10 USD
→ S1,USD/EUR = 0,91 EUR c’est-à-dire 1 USD = 0,91 EUR
Supposons que l’euro soit surévalué :
1 EUR = 1,20 USD
B1,EUR = 10 EUR
B1,USD = 11 USD
22
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

→ Valeur en Europe du bien produit aux Etats-Unis :


= 11 / 1,20 = 9,17 EUR contre 10 EUR pour le même bien produit en Europe.
→ Conséquence :
Les importations européennes en provenance des Etats-Unis augmentent : le
produit importé coûte moins cher que la production européenne.
1 EUR = 1,20 USD
B1,EUR = 10 EUR
B1,USD = 11 USD
→ Valeur aux Etats-Unis du bien produit en Europe :
= 10 x 1,20 = 12 USD contre 11 USD pour le même bien produit aux Etats-
Unis.
→ Conséquence :
Les exportations européennes à destinations des Etats-Unis diminuent :
l’exportateur européen doit faire payer 12 USD le bien exporté pour obtenir 10
EUR.
23
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

❖ Les importations européennes augmentent


❖ Les exportations européennes diminuent
→ Conséquence ultime : Baisse du taux de change

Supposons que l’euro soit sous-évalué :


1 EUR = 0,90 USD
B1,EUR = 10 EUR
B1,USD = 11 USD
→ Valeur en Europe du bien produit aux Etats-Unis :
= 11 / 0,90 = 12,22 EUR contre 10 EUR pour le même bien produit en Europe.
→ Conséquence :
Les importations européennes en provenance des Etats-Unis diminuent : le
produit importé coûte plus cher que la production européenne.

24
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

1 EUR = 0,90 USD


B1,EUR = 10 EUR
B1,USD = 11 USD
→ Valeur aux Etats-Unis du bien produit en Europe :
= 10 x 0,90 = 9 USD contre 11 USD pour le même bien produit aux Etats-
Unis.
→ Conséquence :
Les exportations européennes à destinations des Etats-Unis augmentent :
l’exportateur européen doit faire payer 9 USD le bien exporté pour obtenir 10
EUR.
❖ Les importations européennes diminuent
❖ Les exportations européennes augmentent

→ Conséquence ultime : Hausse du taux de change

25
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

Supposons que le taux d’inflation n’est plus identique dans les deux pays.
Inflation en Europe : 5%
Inflation aux Etats-Unis : 10%
B2,USD : 11 USD (1+10%) = 12,1 USD
B2,EUR : 10 EUR (1+5%) = 10,5 EUR
→ S2,EUR/USD ?

B2,USD = B2,EUR x S2,EUR/USD


ou B2,EUR = B2,USD x S2,USD/EUR
S2,EUR/USD : 1 EUR = 12,1/10,5 = 1,1524 USD
S2,USD/EUR : 1 USD = 10,5/12,1 = 0,8678 EUR
Rappelons que :
→ S1,EUR/USD = 1,10 USD c’est-à-dire 1 EUR = 1,10 USD
→ S1,USD/EUR = 0,91 EUR c’est-à-dire 1 USD = 0,91 EUR
La variation du taux d’inflation a une influence sur l’évolution du taux de
change. 26
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

V.1.2. La théorie de la Parité des Pouvoirs d’Achat (PPA)


V.1.2.1 Définition et hypothèses
Les relations des parités offrent un cadre théorique pour analyser les relations
entre les prix des biens, les taux de change au comptant et à terme, de même
qu'avec les taux d'intérêts.
Il y a trois hypothèses qui permettent de délivrer la parité :

H1- Les marchés Financiers parfait : il n'y a ni contrôle ni coût de transaction ni


impôts....
H2- Les marchés de biens sont parfaits : les expéditions internationales des
biens peuvent avoir lieu librement, instantanés et sans coût ou tarif douanier.
H3- il y a un seul bien de consommation commun à tous

27
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

V.1.2.2 La version absolue de la théorie de la Parité des Pouvoirs d’Achat


La version dite « absolue » de la PPA stipule que sur les marchés parfois, des
biens identiques doivent avoir le même prix réel partout.
On entend la possibilité pour un agent économique d'acheter un bien là où son
prix est le plus bas, pour le vendre là où il est le plus élevé, en encaissant la
différence du prix.
En effet l'augmentation de la demande dans les pays où le prix est le plus bas
aura pour conséquence d'y faire monter le prix.
❖ Si la loi du prix unique s’applique à tous les biens, elle s’applique à un panier
composé de l’ensemble des biens ;
❖ Au taux de change près, les prix des deux paniers incluant les mêmes biens
devraient être identiques :

28
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

P1,EUR = P1,USD x S1,USD/EUR

Avec :
P1,EUR : l’indice des prix en Europe en euro en t1
P1,USD : l’indice des prix aux Etats-Unis en dollar en t1
S1,USD/EUR : le taux de change au comptant en t1
L’indice des prix à la consommation (IPC) est l’instrument de mesure de
l’inflation. Il permet d’estimer, entre deux périodes données, la variation
moyenne des prix des produits consommés par les ménages.
❖ Les vérifications empiriques de la version absolue de la théorie de la Parité des
Pouvoirs d’Achat n’ont jamais donné de bons résultats.
❖ Pour contourner ces difficultés, il est souhaitable de raisonner en terme de
variation.

29
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

V.1.2.3 La version relative de la théorie de la Parité des Pouvoirs d’Achat


On appelle :
P1,USD : l’indice des prix aux Etats-Unis (en dollar) en t1
P1,EUR : l’indice des prix en Europe (en euro) en t1
P2,USD : l’indice des prix aux Etats-Unis (en dollar) en t2
P2,EUR : l’indice des prix en Europe (en euro) en t2
S1,EUR/USD : le taux de change au comptant en t1
S2,EUR/USD : le taux de change au comptant en t2
La première formulation de la théorie de la Parité des Pouvoirs d’Achat
P2,USD / P2,EUR – P1,USD / P1,EUR = S2,EUR/USD – S1,EUR/USD
P1,USD / P1,EUR S1,EUR/USD

30
V- Les déterminants du taux de change au comptant (suite)

→ La variation en pourcentage des indices des prix des deux zones monétaires
est égale à la variation en pourcentage du taux de change.
La deuxième formulation de la théorie de la Parité des Pouvoirs d’Achat
On appelle :
rEUR le taux d’inflation en Europe
rUSD le taux d’inflation aux Etats-Unis
rUSD – rEUR = S2,EUR/USD – S1,EUR/USD
(1 + rEUR) S1,EUR/USD

si rEUR est très faible :


rUSD – rEUR ≈ S2,EUR/USD – S1,EUR/USD
S1,EUR/USD
→ La variation en pourcentage du taux de change est égale au différentiel
d’inflation entre les deux zones monétaires.
31
Chapitre 3: Les Instruments de couverture classique contre le risque de taux d’intérêt et
le risque de change
Contenu du chapitre

I- LES RISQUES DE MARCHES : ANALYSE DES POSITIONS


Les dirigeants voient aujourd'hui leurs décisions influencées par un
environnement complexe, mouvant et incertain.
Ils cherchent donc à se prémunir de cette incertitude en se protégeant
contre les risques potentiels auxquels ils sont confrontés (opérations de
couverture).
Ils peuvent être aussi amenés à utiliser ces mêmes techniques pour
spéculer (opérations de spéculation) ou tirer parti des divergences de
cours entre les marchés financiers (opérations d'arbitrage).
L'ensemble de ces stratégies, offertes aux entreprises, les obligent à
utiliser des instruments financiers soit sur les marchés organisés, soit sur
les marchés de gré à gré en souscrivant des contrats à terme, des
contrats optionnels ...

1
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.1. Définition du risque de marché

Toutefois, face à ces mouvements souvent incontrôlables des marchés, ceux-ci


créent des risques auxquels les agents économiques sont confrontés.
I.1. Définition du risque de marché
On appelle risque une menace actuelle ou future liée aux incertitudes des
marchés financiers et au comportement irrationnel des agents économiques. Ce
risque est dû, en principe, aux variations de cours ou de prix d'un actif financier
(actions, obligations, devises, créances…) que l'entreprise possède ou souhaite
acquérir.
En effet, la valeur des obligations ou des titres de créances négociables dépend
des taux d'intérêt.
La valeur des devises repose sur la parité des changes.
Enfin, le cours des actions résulte du comportement des agents économiques sur
le marché des actions.

2
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)

Il en résulte que face à ces mouvements des marchés, il est facile d'identifier trois
sortes de risques auxquels les agents économiques sont confrontés :
❖ les risques de taux d'intérêt;
❖ les risques de devises;
❖ les risques de variation des cours (actions, indices boursiers...).
Dès lors, la création des produits dérivés (options, contrats à terme...) a été
conçue afin de protéger les agents économiques contre les risques individuels et
de marché.

3
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions

I.2. La gestion des positions


Un agent économique est ou n'est pas, initialement, en position sur l'actif sous-
jacent.
En effet, pour financer ses investissements, l'entreprise cherche des capitaux à
long terme sur les marchés financiers. Pour financer ses besoins de trésorerie,
elle sollicite des concours bancaires ou émet des billets de trésorerie.
Il en résulte donc que l'entreprise se trouve en position d'emprunteur.
Etre en position d'emprunteur, c'est rechercher des ressources à long terme ou à
court terme pour financer ses besoins.
Elle cherche, aussi, en cas d'opportunités, à placer ses excédents de trésorerie
ou à accorder des prêts auprès d'autres agents économiques. Elle se trouve
alors en position de prêteur.

4
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions

Etre en position de prêteur, c'est rechercher à placer des ressources à long terme
ou à court terme pour dégager des excédents.
Ces ressources et ces excédents sont rémunérés par des intérêts dont les taux
fluctuent dans le temps en fonction du comportement des marchés de capitaux.
Cette fluctuation de taux génère un risque de taux qui correspond à la perte
potentielle que l'agent économique va subir.
D'autre part, si ses emprunts ou ses prêts sont libellés en devises, elle encourt
aussi un risque de change de par la fluctuation des devises sur le marché des
changes. Il en est de même que les dettes et créances libellées en monnaies
étrangères.
Ainsi, en fonction de sa position, l'agent économique mesure son exposition au
risque de prix. Cela lui permet de calculer les gains ou les pertes futures qu'il
encourt en cas de variation du prix de l'actif sous-jacent et de trouver, sur les
marchés financiers, des solutions adaptées pour réduire ou annuler ces risques.

5
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions

La gestion des positions consiste donc à classer les actifs (excédents de


trésorerie ou prêts) et les passifs (emprunts ou concours bancaires) susceptibles
de générer des risques. Chaque actif et chaque passif est positionné dans une
matrice permettant de faire apparaître la position nette de l'agent économique.
Les actifs et les passifs sont regroupés, dans cette matrice, par catégorie de
risque :
❖ placements et emprunts à taux fixe;
❖ placements et emprunts à taux variable;
❖ placements et emprunts en devises.
Cette matrice a la forme suivante :

6
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions

Taux Taux fixes Taux variables devises


Durée
Court terme
Long terme

Il existe donc 6 situations. Pour chaque situation, on recherche le résultat net


(c'est-à-dire la différence entre les placements et les emprunts de même
caractéristique de la position de l'agent économique face au risque).
❖ si le résultat est positif pour une caractéristique donnée, on parlera de
position longue (excédent net de placement Actif > Passif);
❖ si le résultat est négatif pour une caractéristique donnée, on parlera de
position courte (excédent net d'emprunt Actif < Passif).

7
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions

Actif Passif Actif Passif


Placements Emprunts
Placements Emprunts

Position courte Position longue

La position d'un agent économique sur un actif réel, financier ou monétaire


représente la quantité de cet actif qu'il possède augmentée de celle qu'il a à
vendre ou à recevoir et diminuée de celle qu'il a à acheter ou à livrer.
Nous aurons donc la relation suivante:
Position Quantité Quantité Quantité
sur un d’actifs d’actifs d’actifs

actif
= possédés
+ à vendre
- à acheter

8
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions

Il existe donc plusieurs catégories de positions :


❖ la position est dite nulle ou fermée si elle est égale à 0 ;
❖ la position est dite longue ou ouverte si elle est supérieure à 0;
❖ la position est dite courte ou ouverte si elle est inférieure à 0.
Le résultat [R], et donc la recherche d'instruments financiers nécessaires à la
réduction ou l'annulation des risques, c'est-à-dire les gains ou les pertes futures,
est égal au montant de la position sur l'actif sous-jacent [Q] multiplié par la
variation de prix de l'actif sous-jacent [ΔP].

R = Q [ΔP]

Le résultat dépend donc de la nature de la position (longue ou courte) et du sens


de la variation de prix (hausse ou baisse) de l'actif sous-jacent.

9
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions

NB : Ne pas oublier de prendre en compte les engagements hors bilan


(commande en cours par exemple) et intérêts courus sur créances et dettes
dans le calcul de la position de change.
Exemple1 :
A partir des informations ci-après (en dollars), calculer la position de
change en dollars.
❖ Créances clients: 20 000 ;
❖ Prêt à la filiale située aux Etats Unis: 6 000 ;
❖ Emprunts bancaires: 10 000 ;
❖ Intérêts courus sur les emprunts: 1000.
Commandes en cours
❖ Commandes de clients situés aux Etats Unis: 4000 ;
❖ Commandes à des fournisseurs situés aux Etats Unis: 9000.

10
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions

Corrigé :
❖ Avoirs + créances : 20 000 + 6000 + 4000 = 30 000.
❖ Dettes: 10 000 + 1000 + 9000 = 20 000.
❖ Position de change = 30 000 - 20 000 = 10 000 $
La position de change est dite « longue ».

11
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions

Exemple 2 :
Une entreprise dispose d'un portefeuille de titres d'une valeur de 9 000
000 € composé d’obligations à taux fixe (5,5 %) échéant en N + 4 et d'excédents
de trésorerie d'une valeur de 5 000 000 € composé de certificats de dépôt
négociables au taux de 7 % échéant dans six mois. Par ailleurs, dans son bilan
figurent deux emprunts : un emprunt obligataire à taux variable d'une valeur de 4
000 000 € remboursable in fine en N + 6 et de 6 000 000 € de billets de trésorerie
à taux fixe de 8,75 % échéant dans neuf mois.
Analyser la position de taux et expliquer le risque que court cette entreprise en
cas de hausse des taux d'intérêt.

12
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions
Analyse des positions de taux : Construction de la matrice
Taux Taux fixes Taux variables
Actif Passif Actif Passif

Durée
Long terme 9 000 000 4 000 000

Court terme 5 000 000 6 000 000

Globalement (tous termes confondus), on obtient les positions suivantes:


Taux fixe Taux variable long terme
14 000 000 6 000 000 0 4 000 000

Position longue Position courte


(elle est en situation de prêt) (elle est en situation d’emprunt)

13
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions
Il est nécessaire d’affiner la position sur les taux Fixes (court terme - long terme) :
Taux fixe à long terme Taux fixe à court terme
9 000 000 0 5 000 000 6 000 000

Position longue Position courte


(elle est en situation de prêt) (elle est en situation d’emprunt)
Conclusion:
L'entreprise se trouve en position longue sur les taux fixes à long terme de 9 000
000 € ;
L'entreprise se trouve en position courte sur les taux fixes à court terme de 1 000
000 € ;
L'entreprise se trouve en position courte sur les taux variables à long terme de 4
000 000 €.
On peut donc apprécier le risque selon la position de l'entreprise.
14
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions
En cas de hausse des taux :
→ En position longue sur les taux fixes à long terme une hausse des taux
entraîne pour l'entreprise une perte. (Elle n'obtient pas les produits financiers
attendus d'une augmentation des taux.)
→ En position courte sur les taux fixes à court terme une hausse des taux
entraîne pour l'entreprise un gain. (Elle n'alourdit pas ses charges financières
du fait d'une augmentation des taux.)
→ En position courte sur les taux variables à long terme une hausse des taux
entraîne pour l'entreprise une perte. (Ses charges financières augmentent du
fait d'un accroissement des taux.)

15
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions
En considérant que le risque encouru par un détenteur de devises est le même
que celui d'un placement à taux variable, nous aurons les situations suivantes :

Taux Baisse des taux Hausse des taux

Durée Taux fixes Taux variables Taux fixes Taux variables

Position courte Perte Gain Gain Perte

Position longue Gain Perte Perte Gain

❖ Dès lors qu'il existe un déséquilibre de position, l'entreprise est exposée à un


risque. Il faut que l'entreprise identifie ce risque pour agir. Elle peut aussi
anticiper les variations de taux et se mettre, volontairement, dans l'une ou
l'autre position.

16
I- Les risques de marché: analyse des positions (suite)
I I.2. La gestion des positions
→ une entreprise qui se met en position courte à taux fixe anticipe une hausse
des taux (réalisation de gains futurs) ;
→ une entreprise qui se met en position longue à taux fixe anticipe une baisse
des taux (réalisation de gains futurs).
La gestion de ces risques est assurée par les établissements financiers qui
interviennent sur les marchés de produits dérivés d'une part pour leur propre
compte, en vue d'améliorer leurs conditions de financement et de mieux maîtriser
leurs risques, et d'autre part pour répondre à la demande de leur clientèle et
gérer le risque des autres agents économiques. C'est pourquoi, pour réduire ce
risque, les agents économiques disposent de produits dérivés offerts soit sur les
marchés de gré à gré (généralement par l'intermédiaire des établissements de
crédit) soit sur les marchés dérivés (MATIF et MONEP).

17
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés

I II.1. Les swaps


Pour gérer les risques de marchés, les entreprises disposent d’instruments de
gestion qui sont négociés soit sur les marchés de gré à gré (il s’agit de contrats
offerts par les établissements de crédit) soit par les marchés organisés (les
bourses).
II.1. Les swaps
C’est un contrat de gré à gré qui permet à chaque partie d’échanger une dette
ayant certaines caractéristiques contre une autre dette ayant d’autres
caractéristiques et, ainsi, d’inverser les risques auxquels elle est exposée.
Chaque partie doit trouver des avantages réciproques dans cet échange.

18
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.1. Les swaps

Pour transformer une créance

Utilisation du Pour transformer une dette


swap
Pour spéculer

On distingue deux types de swaps :


❖ les swaps de taux d’intérêt ;
❖ les swaps de devises
NB : To swap = échanger (troc)

19
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.2. Les swaps de taux d’intérêt
II.2. Les swaps de taux d’intérêt
C’est un contrat de gré à gré qui permet à chaque partie de transformer les
caractéristiques d’une dette à taux fixe contre une dette à taux variable, pour un
montant donné et d’inverser les risques auxquels elle est exposée. (Le contraire
est bien sûr possible : transformer une dette à taux variable contre un taux fixe.)
L’objectif est donc d’améliorer la situation des deux parties en partageant leurs
avantages respectifs.
Les swaps de taux d’intérêt comportent les caractéristiques suivantes :
❖ à la signature du contrat, aucun mouvement de fonds n’est effectué entre les
parties ;
❖ à la fin de chaque période (l’année en règle générale), seul le différentiel
d’intérêt est versé ;
❖ les opérateurs (c’est-à-dire la contrepartie) sont en principe des banques ;
❖ la durée d’un swap est comprise entre un et dix ans ;

20
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.2. Les swaps de taux d’intérêt
❖ c’est une opération à risque, puisque la contrepartie peut être défaillante ;
❖ la nature des taux variables retenus : TAM, taux EURIBOR 3 mois, TMM…
▪ TAM : Taux Annuel Monétaire est la moyenne pondérée des taux mensuels des
douze derniers mois avec capitalisation mensuelle. C’est donc le taux de
rendement actuariel brut d’un placement renouvelé au taux du marché monétaire
pendant douze mois. Il sert de base de calcul pour certains crédits à court terme
ou les contrats (Swap, Floor, Cap … par exemple)
▪ Taux EURIBOR : (ou taux interbancaire en euros) est la moyenne arithmétique
simple des taux offerts par les banques de la zone euro.
▪ TMM ou T4M : taux mensuel pondéré du marché monétaire est la moyenne
arithmétique simple des taux moyens pondérés au jour le jour.

21
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.2. Les swaps de taux d’intérêt
Exemple :
Une entreprise a contracté un emprunt de 5.000.000 € sur cinq ans au taux fixe
de 9% remboursable in fine. Le trésorier anticipe une baisse des taux. Il conclue
avec une banque le swap suivant afin de bénéficier d’un endettement à taux
variable et de profiter de la baisse des taux.
Les caractéristiques du swap sont les suivantes :
▪ durée du contrat : cinq ans ;
▪ la banque verse un taux fixe de 7,5%
▪ l’entreprise verse un taux variable : TAM + 1,25%.
1- Quel est le risque pour cette entreprise ?
2- Schématiser les situations dans lesquelles se trouvent l’entreprise avant et
après la signature du swap.
3- Calculer les versements effectués à la fin des années suivantes si :
Fin N + 1 TAM = 6%

Fin N + 2 TAM = 7%

Fin N +3 TAM = 6,5%

22
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.2. Les swaps de taux d’intérêt
1. Le risque pour l’entreprise
C’est de ne pas pouvoir bénéficier d’une baisse de ses charges financières.
2. Schéma des situations avant et après le swap.
▪ Avant la signature du swap
Entreprise Banque
Verse à taux fixe 9%
L’entreprise est exposée au risque de taux, elle ne peut bénéficier d’une baisse
des taux et diminuer ses charges financières.
▪ Après la signature du swap

Entreprise Verse à taux fixe 9% Banque

Reçoit à taux fixe 7,5%

Verse à taux variable TAM +1,25%


.
23
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.2. Les swaps de taux d’intérêt
3. Les versements effectués à la fin de chaque année
Coût pour l’entreprise : calcul du nouveau taux d’endettement (vérification que
l’entreprise est bien passée d’un taux fixe à un taux variable).
-9% + 7,5% - (TAM +1,25%) = - TAM – 2,75% = - (TAM + 2,75%)

Taux = TAM + 2,75% nouveau taux d’endettement


On est bien passé d’un taux fixe (9%) à un taux variable. (TAM + 2,75%)

24
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.2. Les swaps de taux d’intérêt

FIN ANNEE 1 FIN ANNEE 2 FIN ANNEE 3

Hypothèse TAM 6% 7% 6,5%


Taux fixe 9% 9% 9%
Taux variable TAM + 2,75% =8,75% TAM + 2,75% = 9,75% TAM + 2,75% = 9,25%

Versements (9% - 8,75%) x (9% - 9,75%) x (9% - 9,25%) x


5.000.000 = 12.500 5.000.000 = 37.500 5.000.000 = 12.500
Différence d’intérêts Différence Différence
reçue d’intérêts versée d’intérêts versée

25
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.3. Les FRA (Forward Rate Agreement
ou garantie de taux)
II.3. Les FRA (forward rate agreement) ou garantie de taux
II.3.1. Définition
C’est un contrat de gré à gré qui permet de fixer aujourd’hui le taux d’intérêt
d’une opération future. Cette opération permet à l’opérateur de se garantir contre
une variation des taux d’intérêt.
On distingue deux types de FRA.
▪ Les FRA à terme ferme ;
▪ Les options sur FRA

II.3.2. Les FRA à terme ferme


C’est un contrat de gré à gré signé entre deux opérateurs ayant des anticipations
opposées : un acheteur et un vendeur.
▪ L’acheteur d’un FRA souhaite se couvrir contre une hausse des taux d’intérêt
(position d’emprunteur) ; il souhaite connaître le coût de son emprunt futur ;

26
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.3. Les FRA (Forward Rate Agreement
ou garantie de taux)
▪ Le vendeur d’un FRA souhaite se couvrir contre une baisse des taux d’intérêt
(position de prêteur) ; il souhaite connaître le revenu de son placement futur.
Un FRA doit comprendre les caractéristiques suivantes :
→ Le contrat doit stipuler : la date de départ, la durée, le montant du contrat
garanti, le taux d’intérêt ;
→ La durée est généralement de trois à douze mois ;
→ Le taux d’intérêt de référence est le taux du marché pour une période donnée
(généralement Euribor) ;
→ Le versement d’un différentiel d’intérêt éventuel a lieu à la date du début de
l’opération (emprunt ou prêt).

27
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.3. Les FRA (Forward Rate Agreement
ou garantie de taux)
Un FRA se déroule en trois temps :
→ Signature du contrat FRA ;
→ Date de départ de l’opération (emprunt ou prêt) et versement du différentiel
d’intérêt éventuel ;
→ Echéance de l’opération (emprunt ou prêt).
L’expression d’un FRA se fait de la manière suivante :

Contrat FRA dans 3 mois pour 6 mois

Délais entre la date de signature du Délais entre la prise d’effet de l’opération


FRA et le commencement de et la date d’échéance
l’opération

28
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.3. Les FRA (Forward Rate Agreement
ou garantie de taux)
Période d’attente période de garantie

Date de signature date de prise d’effet date d’échéance de


du FRA de l’opération de l’opération

Remarque : le différentiel est versé à la date de commencement de garantie de


l’opération. Il doit être actualisé puisque les intérêts sont postcomptés.

29
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.3. Les FRA (Forward Rate Agreement
ou garantie de taux)
Exemple
Une entreprise prévoit d’emprunter, le 1er mars N, une somme de 1.000.000€
dans six mois pour une durée de trois mois afin de régler une importante
commande.
Elle conclut avec sa banque un FRA dans les conditions suivantes :
▪ montant : 1.000.000 € ;
▪ taux garanti : 7,35% ;
▪ taux de référence : EURIBOR 3 mois
Le 1er septembre N, l’EURIBOR 3 mois est de 7,52%.
Les différentes étapes de l’opération seront les suivantes :
Période d’attente période de garantie
6 mois 3 mois
1er mars 1er septembre 1er décembre

30
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.3. Les FRA (Forward Rate Agreement
ou garantie de taux)
Dans ce cas, l’opérateur craint une hausse des taux d’intérêt à court terme. Il
achète donc un FRA.
Si l’on analyse la situation au 1er septembre N.
Le 1er septembre N, l’entreprise négocie son emprunt au taux du marché (soit :
7,52%).
Elle compare ce taux au taux garanti (soit : 7,35%).
Il existe deux solutions :
→ Taux garanti > taux du marché : l’entreprise verse à la banque le différentiel
d’intérêt (ses anticipations sont erronées puisque les taux d’intérêt sur le
marché ont baissé) ;
→ Taux garanti < taux du marché : la banque verse à l’entreprise le différentiel
d’intérêt (ses anticipations se sont révélées exactes puisque les taux d’intérêt
sur le marché ont augmenté).

31
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.3. Les FRA (Forward Rate Agreement
ou garantie de taux)
Dans notre exemple, le taux garanti (7,35%) < taux du marché (7,52%) ;
la banque verse à l’entreprise le différentiel d’intérêt.
Le montant du différentiel d’intérêt versé au début de la période de garantie sera :
1. Calcul des intérêts postcomptés (c’est-à-dire à la date d’échéance de
l’emprunt :1er décembre N).
1 000 000 x (7,52% - 7,35%) x 3/12 = 425
période de garantie
Actualisation des intérêts postcomptés sur la base du taux d’intérêt du marché
(c’est-à-dire à la date du début de l’emprunt : 1er septembre N)
X x 7,52% x 3
X+ = 425 il s’agit du taux du marché (EURIBOR 3 mois
12 au 1er septembre N).
X = 417,01

32
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.3. Les FRA (Forward Rate Agreement
ou garantie de taux)
Position d’un opérateur détenteur d’un FRA :

Acheteur d’un FRA Vendeur d’un FRA


Position Futur emprunteur Futur prêteur

Craintes Hausse des taux d’intérêt Baisse des taux d’intérêt

Si hausse Reçoit le différentiel (différence Verse le différentiel


des taux entre le taux garanti et le taux du (différence entre le taux
marché) garanti et le taux du
marché)
Si baisse Verse le différentiel (différence Reçoit le différentiel
des taux entre le taux garanti et le taux du (différence entre le taux
marché) garanti et le taux du
marché)

33
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.4. Les FRA contre terme

II.4. Les FRA contre terme


Le mécanisme du terme contre terme (forward-forward)
Il s’agit d’un contrat à terme permettant à une entreprise d’arrêter aujourd’hui le
montant et le taux d’un financement (ou d’un placement) futur. Le terme
contre terme permet donc de gérer à la fois le risque de taux et le risque de
liquidité. Les contrats terme contre terme permettent au trésorier de gérer le
risque de liquidité (assurance de pouvoir emprunter les fonds) et le risque de taux
(garantie de taux) pour les financements et les placements futurs. Contrairement
aux techniques de FRA, l’opération de couverture n’est pas séparée de
l’opération d’emprunt (ou de prêt).
II.4.1. Mécanisme
Dans le cas d’un financement à terme, la banque impliquée par l’accord de «
forward-forward » va emprunter immédiatement la somme nécessaire sur la
période allant de la signature de l’accord jusqu’au terme du financement futur, et
effectuer un placement provisoire de cette somme sur la période précédant le
déblocage du financement. 34
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.4. Les FRA contre terme

Signature début de la fin de la


contrat couverture couverture

durée d’emprunt

Période de placement
Dans le cas d’un placement à terme, la banque va emprunter sur la période
précédant l’opération de placement de l’entreprise cliente, et prêter la somme
concernée jusqu’au terme du placement futur (l’emprunt de la banque étant soldé
par le placement effectué par le client).
C’est ainsi que, dans le cas d’un financement futur, et compte tenu de la
capitalisation des intérêts, le taux du terme contre terme sera égal à :

35
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.4. Les FRA contre terme

(te x de)- (tp x dp)


df x (1 + (tp x dp) / 360)
avec : te et de : taux et durée de l’emprunt,
tp et dp : taux et durée du placement,
df : durée du forward-forward.
II.4.2. Exemple d’application
Fin juin, anticipant une hausse des taux d’intérêt dans les mois à venir, une
entreprise décide d’arrêter immédiatement les conditions d’un emprunt d’une
durée de six mois lancé dans trois mois, d’un montant de 1 million d’euros.
Elle va donc contracter, le 1er juillet un « trois mois contre six mois » avec sa
banque pour 1 M€. Pour couvrir cette opération, la banque emprunte
immédiatement sur le marché 1 M€ sur neuf mois et prête simultanément cette
somme sur le marché pendant trois mois puis à l’entreprise pendant six mois.

36
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.4. Les FRA contre terme

Le taux de l’emprunt sur neuf mois pour la banque est de 6% et le taux du


placement sur trois mois est de 5,75%.
Pour l’emprunt de 1 M€ à 6% sur neuf mois, la banque règle à l’échéance:
1.000.000x0,06x9/12 = 45.000 €
Pour le prêt de 1 M€ à 5,75% sur trois mois, la banque encaisse à l’échéance:
1.000.000x0,0575x3/12 = 14.375 €
Avant prise en compte de sa marge (sur le crédit accordé), le taux t que la
banque pourra offrir à l’entreprise sera tel que :
(1 + 5,75% x 92/360) (1 + t x 183/360) = (1 + 6% x 275/360)
D’où, t = 6,037%
Par suite, taux du « forward-forward » = 6,037% + marge bancaire (en %)

37
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.4. Les FRA contre terme

II.4.3. Synthèse
Le terme contre terme permet de figer un taux emprunteur (ou prêteur) sur une
période future. Il s’apparente au change à terme sur opérations d’import-export.
Compte tenu du facteur aggravant pour le taux du « forward-forward » que
constitue le différentiel d’intérêt (issu de la double intervention de la banque sur la
période préliminaire), cette technique ne doit être utilisée que si l’entreprise est
convaincue que la structure des taux d’intérêt va être modifiée d’une manière
significative dans les semaines ou mois à venir.

38
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
II.5. Les options sur FRA ou options sur taux d’intérêt
Ce sont des contrats de gré à gré signés entre deux opérateurs ayant des
anticipations opposées : un acheteur et un vendeur.
Ainsi, ces contrats donnent le droit à l’acheteur d’une option d’emprunter ou de
prêter une certaine somme à un taux d’intérêt fixé à l’avance, pour une certaine
durée et un certain montant. Ainsi, comme pour les options sur les marchés
organisés, l’acheteur d’une option sur FRA a le droit d’abandonner son option si
ses anticipations sont mauvaises.
Dans tous les cas de figure, il verse une prime au vendeur d’une option sur FRA.
Il existe, sur les marchés de gré à gré, trois types d’options :
• le cap ;
• le floor ;
• le collar.

39
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
II.5.1 Le cap
C’est un contrat de gré à gré permettant de se protéger contre une hausse des
taux d’intérêt en cas d’emprunt.
Il permet de fixer un taux d’intérêt plafond, moyennant le versement d’une
prime. Il permet donc à l’opérateur de bénéficier d’une baisse des taux d’intérêt.
Les caractéristiques d’un cap sont les suivantes :
▪ les primes sont versées au début de chaque période ;
▪ la durée courante est comprise entre trois et cinq ans ;
▪ le taux de référence est le taux TAM (Taux Annuel Monétaire) ;
▪ à la fin de chaque période, on compare le taux de référence (TAM) et le taux
garanti.

40
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
Il existe deux solutions à la fin de chaque période.
→ Taux du marché < taux garanti : l’entreprise n’exerce pas son option (ses
anticipations sont erronées puisque les taux d’intérêt sur le marché ont baissé).
Elle ne verse rien en fin de période, mais perd la prime versée en début de
période.
→ Taux du marché > taux garanti : l’entreprise exerce son option (ses
anticipations sont exactes puisque les taux d’intérêt sur le marché ont
augmenté). Elle reçoit en fin de période le différentiel de taux (différence entre
le taux du marché et le taux garanti), mais perd la prime versée en début de
période.

41
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
Exemple :
Une entreprise emprunte à taux variable TAM, pour une durée de cinq ans,
1.000.000€.
Elle décide une opération de couverture en achetant auprès de sa banque un cap
dont les caractéristiques sont les suivantes :
• valeur capée : 1.000.000 € ;
• durée : cinq ans ;
• taux garanti : 8% ;
• prime : 1,74%.
1. Quelles sont les craintes de l’opérateur ?
2. Dans l’hypothèse où le TAM a évolué de la manière suivante au cours des cinq
prochaines années :
Fin N + 1 TAM = 8,25%
Fin N + 2 TAM = 8,35%
Fin N + 3 TAM = 7,75%
Fin N + 4 TAM = 7,24% 42
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
Fin N + 5 TAM = 9,74%
Calculer le montant des versements effectués chaque année.
1) L’entreprise craint une hausse des taux d’intérêt qui augmentera ses
charges financières.
2) Le montant des versements effectués chaque année:
Début année Fin année 1 Fin année 2 Fin année 3 Fin année 4 Fin
1 année 5
Hypothèse
TAM 8,25% 8,35% 7,75% 7,24% 9,74%
Taux garanti 8% 8% 8% 8% 8%
Position de Evolution Evolution Evolution Evolution Evolution
l’entreprise favorable favorable défavorable défavorable favorable
Prime Prime Prime Prime Prime
-17.400 -17.400 -17.400 -17.400 -17.400
Versements
Différence Différence Pas de Pas de Différence
d’intérêts d’intérêts différence différence d’intérêt
reçue reçue d’intérêts d’intérêts reçue
2.500 3.500 0 0 17.400

Total -17.400 -14.900 -13.900 -17.400 -17.400 17.400

43
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
Conclusion
L’opération n’est pas bénéfique pour l’entreprise. Le résultat net est négatif (-
63.600 : correspond à la somme des totaux de chacune des années). Cela est dû
au coût très élevé des primes.
L’entreprise n’exerce pas son option au cours des exercices 3 et 4 et profite
d’une évolution favorable des taux d’intérêt.
1- TAM > Taux Garanti (ici 8%) Résultat = Taux garanti – prime (ici 1,74%).
L’option est exercée.
Evolution défavorable pour l’emprunt.
2- TAM < Taux Garanti (ici 8%) Résultat = TAM – Prime (ici 1,74%).
L’option n’est pas exercée.
Evolution favorable pour l’emprunt.

3- Equation du résultat : TAM – (TAM – Taux garanti) + Prime.

44
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
II.5.2 Le floor
C’est un contrat de gré à gré permettant de se protéger contre une baisse des
taux d’intérêt en cas de placement.
Il permet de fixer un taux d’intérêt plancher, moyennant le versement d’une
prime. Il permet donc à l’opérateur de bénéficier d’une hausse des taux d’intérêt.
Les caractéristiques d’un floor sont les suivantes :
▪ Les primes sont versées au début de chaque période ;
▪ La durée courante est comprise entre trois et cinq ans ;
▪ Le taux de référence est le taux TAM ;
▪ A la fin de chaque période, on compare le taux de référence (TAM) et le taux
garanti.
Il existe deux solutions à la fin de chaque période.
→ Taux du marché > taux garanti : l’entreprise n’exerce pas son option (ses
anticipations sont erronées puisque les taux d’intérêt sur le marché ont
augmenté). Elle ne verse rien en fin de période, mais perd la prime versée en
début de période.
45
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
→ Taux du marché < taux garanti : l’entreprise exerce son option (ses
anticipations sont exactes puisque les taux d’intérêt sur le marché ont baissé).
Elle reçoit en fin de période le différentiel de taux (différence entre le taux
garanti et le taux du marché), mais perd la prime versée en début de période.

46
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
Exemple
Une entreprise prête à taux variable TAM, pour une durée de trois ans, 2.000.000
€.
Elle décide une opération de couverture en achetant auprès de sa banque un
floor dont les caractéristiques sont les suivantes :
▪ valeur : 2.000.000 € ;
▪ durée : 3 ans ;
▪ taux garanti : 6% ;
▪ prime : 2,34%.
1) Quelles sont les craintes de l’opérateur ?
2) Dans l’hypothèse où le TAM a évolué de la manière suivante au cours des trois
prochaines années :
▪ Fin N + 1 TAM = 5,75%
▪ Fin N + 2 TAM = 5,85%
▪ Fin N + 3 TAM = 6,24%
Calculer le montant des versements effectués chaque année.

47
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
1) L’opérateur craint une baisse des taux d’intérêt qui lui ferait perdre des
produits financiers.
2) Le calcul des versements sera :
Début année 1 Fin année 1 Fin année 2 Fin année 3

Hypothèse
5,75% 5,85% 6,24%
TAM
Taux garanti 6% 6% 6%

Position de Evolution Evolution Evolution


l’entreprise favorable favorable défavorable

Prime Prime Prime


-46.800 -46.800 -46.800

Versements Différence Différence Pas de


d’intérêts reçue d’intérêts reçue différence
d’intérêts

5.000 3.000 0
-46.800 -41.800 -43.800 0

48
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
L’entreprise n’exerce pas son option au cours de l’exercice 3 et profite d’une
évolution favorable des taux d’intérêts.
Le résultat de l’opération n’est pas bénéfique pour l’entreprise (- 132.400). Cela
est dû au coût de la prime.
1- TAM > Taux Garanti (ici 6%) Résultat = TAM – prime (ici 2,34%).
L’option n’est pas exercée.
Evolution favorable pour le placement.
2- TAM < Taux Garanti (ici 6%) Résultat = Taux garantie – Prime (ici 2,34%).
L’option est exercée.
Evolution défavorable pour le placement.
3- Equation du résultat : TAM – (Taux garanti - TAM) + Prime.

49
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
II.5.3 Le collar ou tunnel de taux d’intérêt
C’est un contrat de gré à gré qui combine les deux instruments précédents (cap –
floor).
Il permet à l’opérateur de prêter ou d’emprunter dans une fourchette de taux.
L’objectif est d’annuler la prime décaissée, ou à défaut de la faire baisser.
Il existe deux situations :
→ Achat d’un collar : signifie que l’opérateur achète simultanément un cap et
vend un floor (position d’emprunteur). Cette opération permet à l’opérateur
de garantir un taux maximal pour un emprunt, tout en profitant d’une baisse
des taux d’intérêt jusqu’au niveau du taux du floor.
L’opérateur : verse la prime qui correspond à l’option du cap ;
reçoit la prime qui correspond à l’option du floor.

50
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
→ Vente d’un collar : signifie que l’opérateur achète simultanément un floor et
vend un cap (position du prêteur). Cette opération permet à l’opérateur de
garantir un taux minimum pour un placement, tout en profitant d’une hausse
des taux d’intérêt jusqu’au niveau du taux du cap.
L’opérateur : verse la prime qui correspond à l’option du floor ;
reçoit la prime qui correspond à l’option du cap.

51
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
Exemple
Une entreprise souhaite emprunter 8.000.000 € à taux variable TAM pour une
durée de quatre ans.
Elle décide une opération de couverture en cherchant à minimiser le coût de son
emprunt. Elle négocie auprès de sa banque un collar dont les caractéristiques
sont les suivantes :
▪ valeur : 8.000.000 € ;
▪ durée : 4 ans ;
▪ taux plafond garanti : 10,5% ; prime : 0,7%
▪ taux plancher garanti : 9% ; prime : 0,5%
1) Quelles sont les craintes de l’opérateur ?
2) Doit-il acheter ou vendre des collars ?
3) Dans l’hypothèse où le TAM a évolué de la manière suivante au cours des
quatre prochaines années :
▪ Fin N + 1 TAM = 8, 5%
▪ Fin N + 2 TAM = 10,2%
52
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt
▪ Fin N + 3 TAM = 11,5%
▪ Fin N + 4 TAM = 11%
Calculer le montant des versements effectués chaque année
1) L’entreprise craint une hausse des taux d’intérêt qui augmenterait ses
charges financières.
2) Puisque l’entreprise est en position d’emprunteuse, elle achète un collar.
C’est-à-dire qu’elle achète simultanément un cap et vend un floor.
3) Les versements que l’entreprise devra effectuer seront :

53
II- Les instruments de gestion des risques de taux d’intérêt organisés
(suite)
I II.5. Les options sur FRA ou options sur
taux d’intérêt

Début Fin Fin Fin Fin


année 1 année 1 année 2 année 3 année 4
Hypothèse
8,50% 10,20% 11,50% 11,00%
TAM
Taux plafond garanti
10,50% 10,50% 10,50% 10,50%
Taux Plancher garanti
9% 9% 9% 9%
Encaissement prime
(vente d’un floor) (1)
40.000 40.000 40.000 40.000 0
Versements primes
(achat d’un cap) (2)
- 56.000 - 56.000 - 56.000 - 56.000 0
L’entreprise ne L’entreprise ne L’entreprise reçoit L’entreprise reçoit
reçoit ni ne verse verse aucun un différentiel pour un différentiel pour
aucun différentiel différentiel ni le cap, mais ne le cap, mais ne
pour le cap, mais pour le cap, ni verse aucun verse aucun
doit verser un pour le floor différentiel pour le différentiel pour le
différentiel pour le floor floor
floor
- 40.000 0 80.000 40.000
Total
- 16.000 - 56.000
- 16.000 64.000 40.000
(1) 8.000.000 x 0,5% 8.000.000 x 8.000.000 x 8.000.000 x
(2) 8.000.000 x 0,7% (9% - 8,5%) 0 (11,5% - 10,5%) (11% - 10,5%)

54
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés

Le risque de change est le préjudice subi par une entreprise qui réalise une
opération commerciale (achat ou vente) ou une opération financière (emprunt ou
prêt) dans une monnaie différente de sa monnaie nationale.
Elle court ainsi le risque de voir le contrat se dénouer (encaissement d’une vente
ou décaissement d’un achat, remboursement d’un emprunt ou d’un prêt) à des
conditions de change différentes de celles du contrat initial, et dans un sens
défavorable.
Le risque de change apparaît, alors, chaque fois qu’une opération, quelle qu’elle
soit, est libellée dans une devise étrangère.
Les entreprises tournées vers les marchés étrangers, qu’elles soient
importatrices ou exportatrices, sont donc confrontées aux risques liés à la
volatilité des devises.
L’activité de commerce international d’une entreprise génère donc un risque de
change qui a une double nature :
→ commerciale : en tant qu’importateur ou exportateur de biens facturés en
devises étrangères ;
→ financière : en tant qu’emprunteur ou prêteur de devises.
55
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.1. Définition

III.1. Définition
Le risque de change résulte du risque de fluctuation par rapport à une autre
monnaie sur une position nette prise par l’entreprise.
La position de change est la différence positive ou négative entre les avoirs
libellés en devises étrangères et les dettes libellées en devises étrangères.
Tout comme le risque de taux, le risque de change se détermine devise par
devise.
La position de l’entreprise peut être de trois natures :
▪ fermée si la somme des créances est égale à la somme des dettes ;
▪ longue si les créances sont supérieures aux dettes ;
▪ courte si les créances sont inférieures aux dettes.
Nous aurons ainsi le tableau suivant :

56
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.1. Définition

Nature de la Evolution des Impact sur le résultat


position de change cours de change de l’entreprise
Position courte Hausse des cours Perte
(dettes > créances) Baisse des cours Gain
Position longue Hausse des cours Gain
(dettes < créances)
Baisse des cours Perte

Comme pour le risque de taux, le risque de change se gère en utilisant des


instruments soit sur le marché de gré à gré, soit sur les marchés organisés.
Gérer le risque de change, c’est donc connaître l’exposition à ce risque. Cette
mesure d’exposition passe par la détermination de la position de change
effectuée devises par devises.
Cette position de change doit comprendre : les créances nées et à naître + les
engagements à livrer (ou de vendre) et à prêter – les dettes nées et à naître + les
engagements à acheter et à emprunter.
57
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.2. Fait générateur du risque de
change
III.2 Fait générateur du risque de change
D’un point de vue comptable, le risque de change naît à la date à laquelle la
facture est comptabilisée. En effet, à partir de cette date toute modification de la
valeur de la devise jusqu’à la date de règlement pourra traduire une perte de
change.
D’un point de vue financier, c’est à la date de commande, puisque c’est à cette
date que l’entreprise a pris l’engagement de l’opération future.

58
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
III.3 Les moyens de couverture du risque de change
La couverture a pour objectif de limiter l’exposition de l’entreprise à un risque de
variation des devises.
Toute entreprise peut donc couvrir une position de change actuelle ou future en
s’efforçant de réduire ou d’annuler l’incidence que pourrait avoir une variation de
la devise de référence.
Les moyens dont dispose une entreprise sont au nombre de deux :
▪ les moyens traditionnels ;
▪ les instruments de couverture sur les marchés de gré à gré ou organisés.

III.3.1 les moyens traditionnels de couverture du risque de change


Les techniques traditionnels de couverture sont nombreuses, mais peuvent être
regroupées en deux catégories :
▪ les techniques internes ;
▪ les techniques externes.
59
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
III.3.1.1 Les techniques internes
Citons sans limitation :
❖ les clauses d’indexation monétaire qui consistent à indexer le prix du produit
sur le cours de change. Efficace, cette technique est toutefois difficilement
acceptable de la part des clients ;
❖ la compensation entre les opérations d’importation et d’exportation. Elle
suppose que les montants et les échéances soient suffisamment proches.
III.3.1.2 Les techniques externes
Citons sans limitation :
❖ la modification d’une position de change longue (c’est-à-dire : prêteuse) dans
la devise par une position inverse un emprunt, c’est-à-dire courte (position
d’emprunteuse) dans la même devise et à des conditions similaires ;
❖ la modification d’une position de change courte (c’est-à-dire : emprunteuse)
dans la devise par une position inverse, c’est-à-dire longue (position de
prêteuse) dans la même devise et à des conditions similaires ;

60
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
❖ la signature d’un contrat de couverture de change soit sur les marchés de gré
à gré, soit sur les marchés organisés ;
❖ la signature d’un contrat de couverture de change auprès de la COFACE
(Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur. C’est une
société de droit privé qui gère pour son propre compte l’assurance à
l’exportation).
III.3.2 Les instruments de couverture de change
III.3.2.1 Les contrats de change à terme ferme
Les contrats de change à terme sont de simples contrats d’achat ou de vente à
terme fixant des devises.
Il s’agit de fixer aujourd’hui le cours de la devise que l’on souhaite acheter ou
vendre plus tard (à terme).
Le change à terme est l’instrument de couverture le plus fréquent utilisé par les
entreprises. Ce sont des moyens très faciles dès lors que l’on connaît la date
d’échéance de l’opération et le montant. Ces contrats se négocient directement
entre l’entreprise et une banque.
61
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
Exemple :
Le 1er mars N, une entreprise exportatrice doit recevoir dans 6 mois 200 000
dollars. Craignant une baisse de la valeur du dollar, elle négocie un contrat de
change à terme au cours du dollar à 0,85 €.
Le cours du dollar sur le marché au comptant (cours spot) le 1er mars N est de :
0,855 € ;
Le cours du dollar sur le marché au comptant (cours spot) le 1er septembre N est
de : 0,8225 € ;
1. doit-elle acheter ou vendre des contrats ?
2. que fait-elle le 1er septembre si le cours du dollar est de 0,8225 € ?
3. que fait-elle le 1er septembre si le cours du dollar est de 0,896 € ?
1) Puisqu’elle craint une baisse du dollar, elle doit donc vendre des contrats à
terme. Inversement, un importateur qui craint une hausse du cours des
devises achète des contrats à terme. Elle connaîtra de façon certaine le
cours du dollar le 1er septembre, date de l’échéance du contrat.

62
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
2) Au 1er septembre elle exerce son contrat, c’est-à-dire qu’elle vend ses dollars
à 0,85 €. Alors que sur le marché au comptant elle ne les aurait vendus que
0,8225 €. Elle réalise un gain de :
200 000 USD x (0,85 – 0,8225) = 5 500 €.
3) Par contre si le 1er septembre le cours du dollar est de 0,896 €, elle est obligée
d’exercer son contrat, c’est-à-dire qu’elle vend ses dollars à 0,85 €. Alors que sur
le marché au comptant elle les aurait vendus 0,896 €. Elle réalise un manque à
gagner de :
200 000 USD x (0,85 – 0,896) = - 9 200 €.
Cette couverture, qui permet à l’entreprise une assurance sans coût initial
puisqu’au moment de la signature du contrat aucun paiement n’est effectué,
présente l’inconvénient majeur, pour l’entreprise, d’obliger celle-ci à renoncer à
toute opportunité de gain.
Si au jour du règlement, le cours de la devise dépasse le cours négocié à la
banque, l’entreprise réalise un manque à gagner.
63
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
C’est pourquoi certaines entreprises souhaitent recourir à d’autres instruments
financiers pour pouvoir bénéficier de gains potentiels en cas de mauvaises
anticipations.
III.3.2.2 Les swaps de devises
C’est un contrat de gré à gré qui permet à chaque partie d’échanger les services
de deux dettes libellées dans deux devises différentes.
Cette opération se fait par l’intermédiaire d’un banquier qui se charge de trouver
la contrepartie qui sera intéressée par le fait de recevoir la devise nationale de
l’entreprise qui swape.
L’échange se fait pour le montant du capital et le montant des intérêts.
Ce swap de taux d’intérêt sur des dettes libellées en devises permet de profiter
des avantages comparatifs.

64
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
Le swap de devises se déroule en trois phases :
❖ échange du nominal de chaque dette ;
❖ échange des intérêts ;
❖ remboursement du nominal de chaque dette.
Exemple :
L’entreprise BERGER a contracté le 1er septembre N un emprunt de 100 000
USD pour financer un important projet d’investissement aux Etats-Unis.
Cet emprunt est remboursable in fine le 1er septembre N+3 au taux de 5%.
Elle désire se couvrir contre une fluctuation des cours du dollar et signe un swap
de devises avec la société BURTON qui a contracté le 15 septembre N un
emprunt de 110 000 € remboursable in fine le 15 septembre N+3 au taux de
6,25%.
Le cours du dollar est de 1 USD = 0,91 €.

65
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
Principe
1. échange du nominal de chaque dette
Berger verse 100 000 USD à Burton
Entreprise Berger Entreprise Burton
Burton verse 110 000 € à Berger

2. échange des intérêts


Les deux entreprises choisissent de verser, à chaque échéance, les intérêts
respectifs de leur dette. Soit aux dates anniversaires de leur emprunt : 1er
septembre de chaque année.
Burton reçoit 110 000 € x 6,25% = 6 875 € de Berger

Entreprise Berger Entreprise Burton


Berger reçoit 100 000 USD x 5% = 5 000 USD de Burton

66
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
3. remboursement du nominal de chaque dette
Burton rend 100 000 USD
Entreprise Berger Entreprise Burton
Berger rend 110 000 €

Au plan du risque de change, le swap de devises s’apparente à une série de


contrats de change à terme.
Dans ce cas, également, l’entreprise n’a aucun coût à supporter à la date de la
négociation du contrat. Cependant, elle renonce à bénéficier de gains potentiels.

67
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
III.3.2.3 Les options de change
Il s’agit de contrats standardisés ou de gré à gré qui portent sur une certaine
quantité de devises et dont l’objet est d’assurer une entreprise contre le risque de
change, tout en profitant, éventuellement, d’une évolution favorable du cours de
la devise.
Comme tout contrat d’options, l’acheteur d’une option verse au vendeur de
l’option une prime.
Ainsi les options de change offertes sur les marchés de gré à gré se négocient
auprès d’un intermédiaire financier autre que le MONEP (Marché des Options
Négociables de Paris).
Il s’agit de contrats sur mesure offerts par les établissements financiers :
❖ soit sur des options devises/€ (achat de la devise et vente de l’euro) ;
❖ soit sur des options €/devises (achat de l’euro et vente de la devise).

68
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
Il s’agit d’options à l’européenne, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent s’exercer qu’à
l’échéance.
Une option porte en général sur une parité de 100 000.
Exemple :
L’entreprise a acheté, le 1er octobre N, des marchandises aux USA pour 300 000
USD qu’elle doit régler dans trois mois. A cette date, le cours du dollar est de
0,90 €.
Pour se couvrir contre une éventuelle hausse du dollar, l’entreprise négocie sur le
MATIF des contrats d’options USD/€, échéance décembre, prix d’exercice : 0,873
€, prime : 1,85%.
Au 31 décembre N, le cours du dollar est de 0,893 €.

69
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
Pour se protéger contre une hausse des cours, l’entreprise va acheter des
options d’achat.
Le nombre d’options =300 000/100 000 = 3.
Au moment de la signature du contrat, une prime sera versée par l’entreprise =
1,85% x 3 x 100 000 x 0,90 = 4 995.
Il s’agit du cours au comptant le jour de la
négociation du contrat
Le 31 décembre N ? Calculer le résultat de l’opération.
Le cours du dollar a effectivement augmenté. (On compare le cours au 31/12
avec le cours correspondant au prix d’exercice.) L’entreprise exerce son option,
c’est-à-dire qu’elle va acheter des dollars au prix convenu ; à savoir : 0,873 €.
Le trésorier de l’entreprise réalise un résultat :
(3 x 100 000 x 0,873) – 4 995 = 256 905 €
70
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
Qu’aurait-il fait si le cours du dollar au 31 décembre N s’était élevé à 0,825 € ?
Si le dollar cote 0,825 € il abandonne l’option et perd la prime, car le cours a
baissé (il devra débourser moins).
Toutefois, il profite de la baisse du dollar. Il peut acheter des dollars sur le
marché des devises à 0,825 €.
Le trésorier de l’entreprise réalise un résultat :
(3 x 100 000 x 0,825) – 4 995 = 242 505 €.
Le coût pour 1 USD = 0,825 + 1,85% x 0,9 = 0,84165.

compte tenu de l’effet de la prime payée


pour bénéficier de l’option.

71
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
III.3.2.4 La COFACE
Il s’agit de contrats proposés par cette compagnie d’assurances pour couvrir une
fluctuation des cours des devises.
Le fonctionnement de la COFACE est le suivant :
Un opérateur qui souhaite se prémunir contre la fluctuation d’une devise négocie
auprès de la COFACE des contrats qui lui garantissent le cours de la devise
moyennant le versement d’une prime.
A l’échéance :
❖ si l’opérateur réalise des pertes de change, la COFACE indemnise
l’entreprise ;
❖ si l’opérateur réalise des gains de change, l’entreprise indemnise la COFACE.

72
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
Exemple :
Une entreprise a vendu, le 1er août N, des marchandises aux USA pour 25 000
USD. L’entreprise américaine doit régler dans cinq mois. Au 1er août, le cours du
dollar est de 0,90 €.
Pour se couvrir contre une éventuelle baisse du dollar, l’entreprise négocie
auprès de la COFACE des contrats d’options USD/€, échéance décembre, prix
d’exercice : 0,92 €, prime : 2,12%.
Au 31 décembre N, le cours du dollar est de 0,915 €.
A la signature du contrat, une prime est versée par l’entreprise
= 2,12% x 25 000 x 0,90 = 477 €.
Il s’agit du cours au comptant le jour de la
négociation du contrat
Le 31 décembre N ? Calculer le résultat de l’opération.

73
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
Le cours du dollar a effectivement baissé. L’entreprise va vendre ses dollars au
prix convenu ; c’est-à-dire : 0,92 €.
Le trésorier de l’entreprise réalise un résultat :
(25 000 x 0,915) + 125 = 23 000 €.
Il reçoit de la COFACE la différence entre le cours de la devise à l’échéance
(0,915 €) et le cours négocié (0,92) ; soit 25 000 (0,92 – 0,915) = 125 €.
Qu’aurait-il fait si le cours du dollar au 31 décembre N s’était élevé à 1 € ?
Si le dollar cote 1,00 €, il doit verser à la COFACE le différentiel.
Le trésorier de l’entreprise réalise un résultat :
(25 000 x 1,00) - 2000 = 23 000 €.
Il verse à la COFACE la différence entre le cours de la devise à l’échéance (1,00
€) et le cours négocié (0,92) ; soit 25 000 (1,00 – 0,92) = 2 000 €.

74
III- Les instruments de gestion des risques de change sur les marchés
(suite)
I III.3. Moyens de couverture du risque de
change
Conclusion :
Bien évidemment, ces instruments doivent être étudiés avec rigueur pour savoir
celui qui correspond le mieux aux besoins de l’entreprise. On ne saurait
privilégier uniquement le paramètre « coût » pour choisir l’instrument le mieux
adapté ; il convient aussi d’étudier la souplesse, la fluidité, les accords futurs etc.

75
Chapitre 4: La Finance islamique
Contenu du chapitre

I- Les piliers de la finance islamique


II- Les produits et contrats financiers
III- Le développement de la finance islamique

1
Définition

La finance islamique est une finance dont le mode de fonctionnement repose sur
les principes de la charia. La justice, l'équité et la transparence sont les
principales valeurs retenues par ce système de finance.
La banque islamique fonctionne en conformité avec les principes d’égalité, de
justice et d’équité. Elle offre donc une alternative éthique en appliquant ces
principes à l’activité financière de ses clients en utilisant des instruments
innovants et compatibles à la sharia’a.
.

2
I- Les piliers de la finance islamique

Les piliers dits religieux de la finance islamique sont en fait les grandes valeurs
fondatrices de l’Éthique. Les limites qu’ils apportent sont réduites et gérables et
plutôt bienvenues (interdiction de la spéculation).
La Finance Islamique est fondée sur 6 piliers :
1. Pas d’intérêt, pas d’usure
L’usure (le riba) a été expressément interdite dans le Coran. Le Prophète a
maudit celui qui prend, celui qui donne, le rédacteur de l’acte et le témoin. Il est
interdit, de ce fait, d’exiger un rendement du simple fait de prêter. L’intérêt est le
prix du prêt alors que fondamentalement, le prêt ne doit générer aucun profit.
Cette interdiction est valable aussi bien pour l’intérêt contractuel sur le prêt que
pour toute autre forme d’intérêt de retard ou d’intérêts déguisés en pénalités et
commissions.

3
I- Les piliers de la finance islamique (suite)

2. Pas de spéculation, jeux de hasard…


Les opérations et les transactions doivent revêtir la transparence et la clarté
nécessaires, de manière à ce que les parties aient une parfaite connaissance des
valeurs de leurs échanges. C’est à ce titre que les opérations dont la contre-
valeur n’est pas connue avec exactitude, celles engendrant un risque excessif ou
celles dont l’issue dépend essentiellement du hasard, sont interdites (les jeux de
hasard, les contrats d’assurance classique, etc.)
3. Pas d’objet illicite ;
La finance islamique est une finance éthique et responsable. Il en découle
l’interdiction de financer toutes les activités et tous les produits qui sont contraires
à la morale islamique : alcool, drogues, tabac, armement etc. ainsi que les
produits de consommation interdits par les textes de l’islam (viandes de porc et
dérivées).

4
I- Les piliers de la finance islamique (suite)

4. Obligation de partage des profits et des pertes ;


Une seule partie ne peut, à elle seule, assumer tout le risque lié à une
transaction. De la sorte, l’autre partie ne peut se prévaloir du privilège de
transférer tous les risques sur le cocontractant. Le rendement est un corollaire du
risque et en constitue la principale justification. C’est à ce titre qu’on ne peut pas
s’engager sur un rendement fixe pour un placement, par exemple.
5. Asset backing : adossement obligatoire à un actif tangible
La finance islamique est, dans tous les cas de figures, rattachée à l’économie
réelle. Toutes les transactions financières doivent être adossées à des actifs
réels et échangeables. Ce principe, conjugué avec celui de l’interdiction de
l’incertitude excessive fait que, par exemple, les produits dérivés soient prohibés.

5
I- Les piliers de la finance islamique (suite)

6. L’interdiction de vendre ce que l’on ne possède pas


La propriété constitue la principale justification du profit généré, soit par sa
détention, soit par sa vente. Cette justification n’est qu’une traduction de la règle
précédente, du fait que la détention d’un actif fait supporter à son propriétaire des
risques justifiant son profit, le cas échéant. De ce fait, on ne peut pas vendre un
bien qu’on ne possède pas (la seule exception à cette règle est le contrat Salam),
ni vendre des actifs avant de les détenir. C’est ainsi que les activités
d’intermédiation sont fortement réglementées, les processus des financements
adossés à des montages d’achat et de revente de biens sont méticuleusement
étudiés pour respecter cette règle.
Le contrat Salam peut être défini comme un contrat de vente avec livraison
différée de la marchandise.

6
II- Les produits et contrats financiers

La finance islamique, à l’instar de la finance conventionnelle, présente toute une


gamme de contrats financiers. Selon M. KORCHI (2005), la gamme des
instruments financiers islamiques se présente sous trois formes : les instruments
de dette (Mourabaha, Istisna, Qard al-Hassan ou prêt gracieux), les instruments
de quasi-dette (Ijara ou contrat de crédit-bail), les instruments de partage des
bénéfices et des pertes (Mousharaka et Moudaraba).
→ Mourabaha
La Mourabaha est un contrat par lequel un client qui souhaite acquérir des
produits ou des biens d’équipement demande à la banque de les acheter pour les
lui revendre aux prix coûtant augmenté d’une marge bénéficiaire fixée d’accord
partie.
Le contrat de Mourabaha précise notamment la nature de la marchandise, le prix
d’achat, les changes, le prix de revient, la marge bénéficiaire, le prix de vente
ainsi que les conditions de livraison et de paiement.
La Mourabaha peut porter sur des opérations de commerce intérieur ou de
commerce extérieur.
7
II- Les produits et contrats financiers (suite)

→ Moudaraba
Le financement Moudaraba est accordé aux clients jouissant d’une bonne
moralité et d’une parfaite maîtrise de leur domaine d’activité mais ne disposant
de ressources financières leur permettant d’exploiter leur expertise.
Ainsi, dans le contrat de Moudaraba, le client apporte son expertise et la banque
apporte le financement nécessaire à la réalisation de l’opération. Sur les profits
générés par l’opération, le client est rémunéré pour son travail et son expertise,
tandis que la banque est rémunérée pour son apport en capital. Si l’opération est
déficitaire, le client perd son effort et la banque perd ses fonds.

8
II- Les produits et contrats financiers (suite)

→ Moucharaka
La Moucharaka est une formule de financement participatif. Ainsi, dans ce type
de financement, la banque et le client participent ensemble au financement d’une
opération et assument conjointement le risque au prorata de leur participation.
Les profits ou les pertes sont répartis entre le client et la banque sur des bases
fixées à l’avance d’accord des parties.
La formule de financement Moucharaka implique une parfaite connaissance du
marché et des clients afin de minimiser les risques de pertes de la banque,
d’autant plus que le financement peut être à court, moyen et long terme.

9
II- Les produits et contrats financiers (suite)

→ Istisnaa
L’Istisna’a est un contrat d’entreprise en vertu duquel une partie demande à une
autre de lui fabriquer ou construire un ouvrage moyennant une rémunération
payable d’avance, de manière fractionnée ou à terme.
Comparé aux pratiques commerciales de notre temps, l’Istisna’a s’identifie au
contrat d’entreprise : « Le contrat d’entreprise est le contrat par lequel l’une des
parties s’oblige à exécuter un ouvrage ou à accomplir un travail moyennant une
rémunération que l’autre partie s’engage à lui payer ».
La formule de l’Istisna’a permet à la Banque Islamique d’apporter son concours
dans le cadre de travaux de construction, de réfection, d’aménagement et de
finition d’ouvrages de masse.

10
II- Les produits et contrats financiers (suite)

→ Ijara
LA IJARA ou CREDIT BAIL
La IJARA consiste pour la banque à acquérir des biens qu’elle met à la
disposition du client en location. Dans ce cas, la banque perçoit un loyer pour le
service rendu.
LA IJARA WA IKTINA ou LOCATION VENTE
La banque achète des biens qu’elle met à la disposition du client sur la base d’un
contrat de location-vente moyennant paiement loyer convenu d’accord parties.
Le client verse les loyers dans un compte d’investissement islamique dont le
solde créditeur sera affecté au terme de l’opération à l’achat du bien objet du
contrat. Ce compte d’investissement dans lequel sont déposés les loyers est
rémunéré par la banque au profit du client.
La conformité de ce produit avec les principes de la shari’a en fait une formule
privilégiée et très adaptée pour l’accompagnement de certaine catégorie de
clients.
11
II- Les produits et contrats financiers (suite)

→ La Khard Hassan ou Financement gratuit


Le financement Khard Hassan est un financement consenti à titre gratuit par la
banque qui ne reçoit du bénéficiaire aucune rémunération. La seule obligation du
client consiste à rembourser à l’échéance, le montant du capital qui lui a été
prêté.

12
III- Le développement de la finance islamique

La finance islamique dans le monde


Malgré son encours estimé à plus de 1000 milliards de dollars, la finance
islamique représente seulement 1 % de la finance classique. Autrement dit, son
activité reste relativement marginale. Cette forme de finance est essentiellement
pratiquée dans les pays du Moyen-Orient qui, avec quelque 400 milliards de
dollars, représentent presque la moitié de son encours total.
Par ailleurs, on note depuis cinq ans une accélération significative de son
encours. Selon les projections d’Ernest & Young, il pourrait atteindre plus de
4500 milliards de dollars en 2020.

13
III- Le développement de la finance islamique (suite)

14
III- Le développement de la finance islamique (suite)

Quelles sont ses réelles perspectives de développement ?


Depuis les révolutions arabes, les pays d’Afrique du Nord (Tunisie, Egypte,
Maroc) représentent une nouvelle source potentielle de développement. Selon un
rapport de Standard&Poor’s publié en février 2012. Si les actifs islamiques ne
représentent pour l’instant que 5 % de l’ensemble des actifs bancaires, leurs
perspectives de croissance sont substantielles du fait des mutations
économiques et sociopolitiques que connaissent actuellement ces différents
pays.
Quelles limites au développement de la finance islamique dans le monde ?
Malgré des projections de développement encourageantes dans les pays du
Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, la finance islamique peine encore à trouver
un écho en Europe.

15

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