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Pourquoi la mondialisation se traduit-elle par une maritimisation du monde qui reflète ses inégalités,
ses tensions et ses formes de coopération ?
- échanges matériels-> marchandises et vrac liquide (ex: pétrole) ou sec (ex: charbon, céréales). Ces
échanges se font à 90 % par voie maritime et le trafic maritime mondial est passé de 2,6 milliards de
tonnes en 1970 à 11 milliards de tonnes en 2017 (X4).
- échanges immatériels->informations passant par les câbles sous-marins y compris les transactions
financières. Ils ont été multipliés par 5 depuis 1995 (environ 5/6 milliards de personnes connectées à
internet aujourd’hui).
La mondialisation résulte d’abord de choix politiques qui ont permis de faire du monde un vaste marché
organisé selon des règles néolibérales qui reposent sur 3 principes :
-le libre-échange entre les états contre tout protectionnisme (= baisse des taxes douanières)
-la dérégulation des économies contre le droit du travail, au profit de la loi du marché c’est-à-dire de
la libre-concurrence des entreprises et des travailleurs qui sont tous en compétition.
-la réduction du rôle de l’Etat dans l’économie : disparition de l’Etat-providence, baisse des impôts et
des aides sociales, privatisation des entreprises et des services publics pour ouvrir de nouveaux
marchés aux entreprises privées.
Le néolibéralisme est une idéologie théorisée par les économistes américains de l’Ecole de Chicago (autour de
Milton Friedman) dans les années 1950-1960. Elle s’est d’abord imposée dans les pays d’occident au début des
années 1980 et surtout :
->aux Etats-Unis sous la présidence de Ronald Reagan (1980-1988)
-> au Royaume- Uni à l’époque de Margaret Thatcher, premier ministre de 1979 à 1992.
A cette époque le néolibéralisme est proposé par ces dirigeants comme une réponse à la crise
économiques des années 1970 qui a marqué la fin des « Trente Glorieuses » (période de forte
croissance économique de 1946-1973) surtout après les chocs pétroliers de 1973 et 1979
(augmentation brutale du prix du pétrole).
Ensuite, les puissances occidentales (Etats-Unis, Europe..) ont imposé le néolibéralisme aux pays du
Tiers-Monde (pays pauvres d’Afrique et d’Asie) en 1989 en conditionnant les prêts accordés par le
FMI (fonds monétaire international = banque alimentée par les pays riches) à l’adoption de règles
néolibérales qui retiraient à ces pays la possibilité de protéger leurs économies (déjà fragiles) de la
concurrence des puissances économiques (on leur fait signer une sorte de pacte, le « Consensus de
Washington -> p205, partie histoire du manuel).
La diffusion du néolibéralisme se poursuit ensuite après la fin de la Guerre Froide (1947-1991) qui
coupait le monde en deux blocs (2 modèles : libéralisme vs communisme). Ainsi en 1995, la fondation
de l’OMC (organisation mondiale du commerce) à laquelle adhère progressivement presque tous les
états du monde impose ces règles à l’ensemble des échanges commerciaux, y compris à ceux de la
Chine qui entre à l’OMC en 2001.
La mondialisation néolibérale a transformé le monde en vaste marché mettant en concurrence tous les
territoires et travailleurs. Elle permet aux FTN (Firmes transnationales qui exercent leurs activités dans
plusieurs pays ; ex : Apple) de mettre en place une division internationale de la production (fondée sur la théorie
des avantages comparatifs : je produis là où c’est le plus avantageux en terme de qualification et de prix de la
main d’œuvre).
Trente Glorieuses : expression (de Jean Fourastié, économiste français) qui désigne la période de forte croissance
économique dans les pays occidentaux de 1946 à 1973 fondée sur la croissance de la production industrielle stimulée par
la croissance démographique, les gains de productivité (grâce au taylorisme et au fordisme = travail à la chaine,
rationalisation des méthodes de production, etc.) et les débuts de la société de consommation qui stimule les besoins
d’équipement des ménages en nouveaux produits. Elle se traduit par un plein emploi, une augmentation des profits des
entreprises et des salaires, donc un enrichissement collectif qui permet de financer les états-providence d’inspiration
keynésienne qui se sont mis en place dans les pays occidentaux après la 2GM.
L’idéologie néo-libérale hostile au keynésianisme a été théorisée par l’Ecole de Chicago, un groupe d’économistes dirigé
par Milton Friedman qui prônent le désengagement de l’Etat dans l’économie donc la baisse des impôts et des politiques
de redistribution sociale, la disparition des entreprises et des services publiques qui doivent être privatisés (pour ouvrir de
nouveaux marchés) , la libéralisation (libre concurrence à l’intérieur du pays , libre-échange entre les pays contre toute
mesure protectionniste ), la dérégulation (refus de l’état de réguler l’économie par des lois au profit de la loi du marché,
celle de l’offre et de la demande y compris dans le domaine financier ).
FTN /FMN: Firme transnationale ou multinationale. Entreprise qui exerce ses activités (production, commerce) dans
plusieurs pays où elle possède des filiales. La production se faire dans les espaces jugés les plus optimum en fonction de
la théorie des avantages comparatifs (ex : conception dans les pays développés, production dans les pays à bas coût de
main d’œuvre , etc.)
Délocalisation (p42) : transfert d’une activité économique (ex : une usine, des bureaux..) dans un autre pays où les coûts
de production sont moins élevés (salaires, taxes, charges sociales).
B. ..et la mer est le principal support de la mondialisation ce qui se traduit par une
maritimisation des économies
->la maritimisation des économies est le fait qu’elles soient de plus en plus dépendantes des
échanges maritimes qui représentent 90 % des échanges mondiaux et 99% des échanges
d’informations (cables). Cette évolution a été rendue possible grâce à une véritable révolution du
transport maritime depuis les années 1960 qui a rendu le cout du transport marginal (très très faible)
dans les couts de production.
Cette révolution repose sur 3 éléments majeurs :
La liberté de navigation en Haute Mer (eaux
internationales qui ne sont sous la souveraineté
d’aucun état).
La spécialisation et le gigantisme des navires
->La spécialisation est le fait d’adapter
chaque navire à un type de
marchandise : pétroliers, vraquiers (p
42), minéraliers, porte-conteneurs…
->le gigantisme c’est le fait que les navires sont de plus en plus gros pour rentabiliser
les voyages en transportant+ :
-pétroliers qui peuvent transporter plus de 500 000 t de pétrole
-porte-conteneurs qui peuvent transporter jusqu’à 24 000 EVP depuis 2023 (navire
MSC), soit 24 000 conteneurs de 6 m de long et 33 m3 (EVP = équivalent 20 pieds=
petit conteneur = 33m3 )
Vidéo : Conteneur, la vie en boite (3.5 mn) :
https://www.youtube.com/watch?v=UBVwequu8xM
La conteneurisation apparue dans les années 1960 consiste à généraliser le transport de tout type de
marchandise dans des conteneurs, des boites métalliques de dimension standard (3 dimensions) alors
qu’avant, les marchandises étaient toutes transportées dans des cargos polyvalents Cela a permis de
rationaliser les processus de chargement et de
déchargement dans les ports qui se sont équipés
de terminaux spécialisés (quais équipés de
portiques de déchargement automatisés) et qui
sont devenus des plateformes logistiques (hubs)
entre transport maritime et transport terrestre.
Le conteneur a ainsi permis de développer des
chaînes logistiques multimodales combinant
tous les types de transport (train, route, bateau)
d’un point A à un point B. La travail des logisticiens est de mettre en relation tous les acteurs de la
chaine logistique.
Conteneur (p42): grande boite métallique aux dimensions standardisées pouvant contenir tout type de produit
Conteneurisation (p42): diffusion puis généralisation de l’usage du conteneur pour le transport des marchandises à
tous les moyens de transport (navires, camions, train, avion) et à l’ensemble du Monde depuis les années 1960
Logistique : gestion des flux combinant plusieurs moyens de transport
Maritimisation : les économies sont de plus en plus dépendantes des échanges maritimes ce qui se traduit par une
littoralisation des hommes et des activités.
Multimodal : qui combine ou met en contact plusieurs moyens de transport (ex : un conteneur est multimodal, un
terminal portuaire multimodal)
Vraquier : p 42
C- La maritimisation entraine une littoralisation accrue des hommes et des activités
Exemple : la Northen Range qui dessert la mégalopole européenne (p71) et où se situe le Port du Havre
(8e port de la façade).
Ici nous allons légender les informations au fur et à mesure puis à la fin nous réaliserons le croquis.
Intégration = participation
La principale route maritime mondiale Est-Ouest est l’épine dorsale de la mondialisation
La principale route maritime mondiale où circulent la majorité navires de marchandises et qui correspond
aussi aux principaux axes des câbles transocéaniques où circulent l’information et les transactions
financières relie…
-l’Asie-Pacifique (de Singapour au japon en passant par la Chine) principal pôle de production industrielle
du monde et sa façade maritime qui regroupe 75% des plus grands ports mondiaux, surtout en Chine
(Shanghai)
-l’Europe (UE surtout) desservie par la façade maritime de la Northen Range et dont le plus grand port est
Rotterdam au débouché de la mégalopole européenne.
-L’Amérique du Nord (Etats-Unis surtout) desservie par ses façades atlantique (qui dessert la Mégalopolis
américaine centrée autour de New-York) et Pacifique (autour de Los Angeles).
-dans le sens Est-Ouest, de l’Asie vers l’Europe ou l’Amérique car l’Asie-pacifique exporte plus qu’elle
n’importe alors que les autres pôles importent plus qu’ils n’exportent (balance commerciale déséquilibrée à
son profit).
-la portion qui traverse le Pacifique (Asie -> EU) plus que l’Atlantique (EU <->Europe)
-la portion qui relie l’Europe à l’Asie Pacifique en passant par le détroit de Gibraltar, la Mer Méditerranée, la
Mer Rouge, l’Océan Indien et la Mer de Chine qui est aussi la route du pétrole qui approvisionne l’Europe et
l’Asie depuis le Moyen-Orient.
P Pétrole
Des routes secondaires relient l’axe majeur à des périphéries actives qui participent à la mondialisation mais n’en
sont pas les moteurs :
Routes secondaires
A
Produits agricoles
C Charbon
= vrac solide et liquide avec des trajets directs et sans escales du producteur au consommateur
AFRIQUE DU SUD Pays émergents notamment les BRICS = pays qui se développement vite et participent de plus en plus
aux échanges (pôles secondaires)
Des espaces restent en marge de la mondialisation et participent faiblement aux échanges comme les PMA
d’Afrique et d’Asie centrale (moins de 1% des échanges)
On peut donc dire que les échanges maritimes reflètent bien l’inégale intégration de la mondialisation.
- Détroit : bras de mer naturel entre deux terres (ex : Gibraltar, , Bosphore, Pas de Calais, Malacca le plus
emprunté du monde entre Malaisie et Indonésie )
Détroits majeurs situés sur la route du pétrole :
1-Gibraltar entre Atlantique et Méditerranée, Maroc et Espagne
2-Bab el-Mandeb à la sortie de la Mer Rouge (piraterie, rebelles houtistes)
3-Ormuz à la sortie du Golfe Persique (menace de fermeture par l’Iran en tension avec les pays arabes et les
Etats-Unis)
4-Malacca entre Indonésie, Malaisie et Singapour ; stratégique pour la Chine ; le plus emprunté du monde
(cf croquis)
Canaux interocéaniques : voie navigable artificielle reliant 2 océans (Suez, Panama).
Deux canaux aménagés à la fin du 19°s sont stratégique car ils évitent le contournement des continents
5-Suez (Egypte) à l’entrée de la Mer Rouge (24 000 EVP max)
6-Panama (Panama) en Amérique centrale entre Mer des caraïbes et Pacifique.(15 000 EVP max) (cf p50)
Liberté de navigation : principe juridique du droit de la mer (Convention de Montego Bay, 1982) qui établit le droit
de naviguer pour tout navire de façon libre en haute mer (partie des mers et océans en dehors de toute souveraineté)
et dans les zones décrétées libres par le droit international comme les passages stratégiques majeurs (ex : le détroit
de Malacca). Les grandes puissances surveillent les passages stratégiques pour garantir cette liberté (patrouilles, bases
navales militaires).
2. Des espaces maritimes au cœur des rivalités géostratégiques des puissances
Pour garantir la liberté de navigation et sécuriser leurs approvisionnements, les puissances mondiales et
régionales militarisent certains espaces maritimes stratégiques qui deviennent le cadre de leurs rivalités :
Puissance : capacité d’influence d’un état (politique, économique, culturelle…)
Flottes et bases militaires américaines (première puissance navale mondiale) très présentes dans
l’Océan Indien, Mer de Chine et Océan Pacifique mais aussi sur toutes les mers et océans du monde
(7 flottes).
Flottes et bases militaires chinoises très présentes dans l’Océan Indien, près du détroit de Malacca
et en Mer de Chine méridionale où la Chine considère que cet espace maritime lui revient de droit
et est en conflit avec les états riverains (Vietnam, Philippines..). Elle n’y ne supporte plus la très forte
présence américaine dans la région héritée de la 2GM (bases japon, Philippines + flottes + pb de
Taiwan, etc.) et elle militarise certains ilots inhabités (= défense avancées). Ces dernières années,
elle développe sa marine de guerre pour rivaliser avec celle des Etats-Unis, première puissance
navale mondiale.
Ports et terminaux portuaires contrôlés par la Chine formant le « collier de perles » le long de la route
stratégique qui la relie au Moyen-Orient qui fait partie d’une stratégie plus globale de développement de
« Routes de la Soie » pour développer et sécuriser son hinterland terrestre et son avant-pays maritime. -Pour
sécuriser ses approvisionnements en hydrocarbures et ses exportations en produits manufacturés, la Chine a adopté la
stratégie du collier de perles en contrôlant des terminaux portuaires tout au long de la route qui la relie au Moyen-
Orient (par ex en proposant une aide financière aux pays bordiers pour la construction de ports).