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A la fin de l'année 1930, il est impossible d'ignorer la Grande Dépression : des millions de personnes sont
sans emploi, les frontières se ferment et les partis extrémistes font recette. La mondialisation, entendue au sens
de l'ouverture et de l'interdépendance des économies de marché, bat visiblement de l'aile et, à Moscou, la
Troisième Internationale annonce déjà que la dernière crise du capitalisme vient de commencer.
Le célèbre économiste anglais John Maynard Keynes est interrogé sur son sentiment quant aux perspectives
de l'économie mondiale et les journalistes s'attendent à une réponse pessimiste qui serait bien dans l'air du
temps. Keynes répond tranquillement « Le moteur a simplement calé à la suite d'une fausse manœuvre. Mais
ce n'est pas parce que nous avons des problèmes de batterie qu'il faut en conclure que nous devrons bientôt
rouler de nouveau en chariot et que l'automobile a fait son temps. ».
La mondialisation est un phénomène ancien qui connaît une accélération depuis les années 1980. C’est un
processus de mise en concurrence des territoires par le capitalisme libéral anglo-saxon. La mondialisation est
organisée par un certain nombre d’acteurs étatiques et privés. La mondialisation déchaîne les passions
notamment dans les vieilles nations industrielles d’Europe ou d’Amérique du Nord qui se sentent menacées
par la croissance économique de nouveaux pays. Elle a généré d’importants flux qui ont, à leur tour, modifié
la hiérarchie économique mondiale.
La mondialisation est donc au final un sujet de fort débat dans plusieurs aspects. Pour s’y faire il est important
d’abord de se concentrer sur l’aspect conceptuel avant de voir les acteurs, l’évolution des systèmes productifs
et les problématiques et défis des espaces dans la mondialisation.
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La mondialisation donc se caractérise par une expansion des flux d'échanges, de capitaux et d'informations,
ainsi que par la mobilité internationale des personnes. Ce n'est pas un phénomène nouveau la
mondialisation, au sens défini précédemment, commence vers 1820. La fin du XIX' siècle et le début du
XXe siècle, ainsi que la seconde moitié du XXe siècle ont été les périodes de plus forte croissance soutenue
de l'histoire mondiale. Il semble que les pays qui se sont ouverts au reste du monde obtiennent de meilleurs
résultats que les autres. Il est important donc de s’intéresser aux grandes étapes historiques de
développement de ce processus de mondialisation.
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comme grandement offensé et aurait été fort surpris du transformations qualitatives dans le domaine du «
moindre obstacle » (1920, pp. 20-21). concernèrent », de la mobilité des acteurs, dans la diffusion de
l'information doivent inévitablement avoir des répercussions
Dans quelle mesure les approches quantitatives peuvent-elle quantitatives : si la mondialisation est partout, on doit la
éclairer le débat, à défaut de le trancher ? Car ces retrouver dans les chiffres de l'ouverture !
Trois dimensions mesurables de l'ouverture économique sont traditionnellement distinguées (elles sont déjà en filigrane dans le texte de
Keynes) : une dimension humaine, une dimension financière et une dimension commerciale.
Les historiens économistes font ressortir l'intensité exceptionnelle des mouvements migratoires de l'Europe vers l'Amérique entre les
années 1840 et 1910 et notamment le pic record de la période 1895-1910. Jamais de tels niveaux n'ont été retrouvés sur la période récente
caractérisée par un contrôle des flux migratoires Sud-Nord (Leboutte (2002)).
De même, ils insistent sur le haut niveau de l'intégration financière internationale en régime d'étalon-or classique. En combinant plusieurs
indicateurs Obstfeld et Taylor (2004) tendent à confirmer la vision d'une intégration financière internationale très forte fin 19' début
vingtième qui n'aurait été retrouvée que très récemment dans les années 1990. Paul Bairoch (2002) insiste sur l'importance du stock
d'investissements directs étrangers à la Belle Epoque, il culmine en 1913 pour les pays d'Europe occidentale à 20-22 %, ce maximum
historique n'a pas été retrouvé dans les années 1990. Sur la base des seules dimensions humaines et financières, la « balance » pencherait
plutôt en faveur de l'avant 1914... Mais évidemment d'un point de vue analytique, comme d'ailleurs sur celui des effets réels
d'entraînement, la dimension commerciale de l'ouverture est la plus décisive. En pourcentages du PIB les exportations atteignent des
niveaux élevés à la veille de la Première Guerre mondiale qui, eux aussi, ne seront dépassés qu'assez tard à la fin du XXe siècle. Notre
ouvrage privilégie cet angle d'attaque de la mesure de l'intensité de la mondialisation. Nous proposons de mettre successivement en
perspective historique les dimensions commerciale et financière de la mondialisation entre le début du XIX' siècle et le début du XXI'
siècle.
Bertrand BLANCHETON, Histoire de la mondialisation, Debeock, 2008.
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