Vous êtes sur la page 1sur 17

Cours TCI-2022/23-3LCFI

Chapitre 4
Financement des transactions
internationales

Plan
1.Les instruments de paiements internationaux
2.Les techniques de paiements internationaux
3.Le financement des exportations tunisiennes

Introduction
Les ventes internationales de marchandises présentent certaines particularités propres étant donné
qu’elles font intervenir des parties contractantes appartenant à des pays différents ayant des
systèmes économiques, politiques, juridiques et culturels très distincts. De plus, dans les
transactions internationales, la livraison de la marchandise et le paiement du prix ne sont pas
simultanés. Ces facteurs doivent être pris en considération lors de l’élaboration du contrat qui va
lier l’importateur à l’exportateur en vue de définir les moyens de paiements les plus appropriés
1
pour la couverture des risques de non-paiement. En matière de commerce international, il existe
plusieurs instruments et techniques de paiements qui vont de l’ordinaire aux sophistiqués dont le
choix dépend largement de la nature de la relation qui existe entre les deux parties.

Le choix du mode de paiement approprié se fait selon plusieurs critères dont le plus important est
le niveau de confiance. La sélection du moyen de paiement adéquat pour une opération
internationale est un facteur déterminant du succès de l’opération, car une bonne vente est une
vente payée.

 L’exportateur cherchera à obtenir un mode de paiement qui lui offrira le maximum de


sécurité et de rapidité et qui lui garantira en plus de maintenir sa marchandise en
propriété jusqu’au paiement intégral.
 L’importateur, quant à lui, va essayer de trouver un moyen de paiement lui permettant
d’examiner la marchandise avant de payer afin d’être sûr que la marchandise est
conforme à la commande, en souhaitant de payer le moindre coût.

Instruments et techniques de paiement : Quelles sont les différences ?

Avant de parler des techniques de paiements utilisées dans les transactions internationales, il est
important de bien faire la distinction entre les instruments de paiement et les techniques de
paiement.
En termes simples, un instrument de paiement a pour finalité le transfert des fonds du payeur
vers le payé ; soit le débit du compte du payeur et le crédit du compte du bénéficiaire. La
technique de paiement quant à elle a pour but de s’assurer que toutes les conditions sont réunies
pour que le paiement soit effectué. On parle aussi de technique de sécurité de paiement.
L’objectif premier d’une technique de paiement est d’éviter le non-paiement. La technique de
paiement englobe l’instrument de paiement comme on peut le voir dans le schéma ci-dessous.
Lorsque les parties (importateur et exportateur) établissent le contrat, il est préférable d’indiquer
quelle technique et quel instrument de paiement seront utilisés pour éviter des malentendus et des
déceptions plus tard.

2
1. Les instruments de paiements internationaux
On désigne par instrument de paiement, la forme matérielle ou outil d’encaissement dont dispose
les entreprises pour se faire payer ou rembourser leurs dettes. Dans le commerce international, on
peut utiliser principalement quatre instruments : le chèque international, la lettre de change, le
billet à ordre et le virement.

1.1. Le chèque international


C’est un écrit par lequel une personne appelée tireur donne l’ordre à un banquier (tiré) chez lequel
elle a des fonds disponibles, de payer à vue une certaine somme à un bénéficiaire.

Le chèque est un mode de paiement très utilisée à l’échelle nationale pour effectuer des opérations
au comptant. Cependant, il est relativement peu utilisé dans les transactions internationales, et ce,
pour plusieurs raisons. En effet, l’exportateur qui se fait payer par chèque, procède à son
encaissement auprès de sa banque, qui réexpédie le titre à la banque étrangère sur laquelle il est
tiré et attend le règlement, pour créditer le compte de son client. Cette opération nécessite un
certain délai de réalisation qui peut avoir des conséquences sur la trésorerie de l’exportateur.
L’encaissement du chèque va occasionner aussi des frais à payer à la banque.

3
1.2. La lettre de change ou traite

La lettre de change est un effet de commerce très utilisé dans les ventes à crédit. C’est un écrit
par lequel le vendeur (l’exportateur) ou encore le tireur donne l’ordre à l’acheteur (l’importateur)
appelé le tiré ou à son banquier de lui payer une somme d’argent à une date bien déterminée.

L’exportateur qui tire une ou plusieurs lettres de change sur l’importateur, lui demande de les
accepter, c’est-à-dire de prendre, par sa signature, l’engagement de les payer à l’échéance.

L’acceptation du tiré permet généralement au tireur d’obtenir auprès de sa banque l’escompte de


sa créance (payer l’effet avant l’échéance moyennant une retenue).

A retenir

 La lettre de change est un effet de commerce émis à l’initiative de l’exportateur


 La lettre de change dispose de nombreux avantages qui en font un instrument de paiement
assez fréquemment utilisé en commerce international, notamment dans le cadre du crédit
documentaire.

1.3. Le billet à ordre

Il s’agit également d’un effet de commerce qui est utilisé en commerce international. Il
s’apparente à la lettre de change avec la différence essentielle qu’il est souscrit par l’importateur.
En effet, l’importateur (le client) prend l’initiative et établit lui-même le document par lequel il
s’engage à payer à l’exportateur (fournisseur) une certaine somme à un délai déterminé
(reconnaissance de dette). Ceci explique le fait que le vendeur préfère utiliser une lettre de change,
plutôt que de laisser à l’acheteur l’initiative de l’émission de l’effet de commerce.

A retenir : le billet à ordre est :

 Est un effet de commerce émis à l’initiative de l’importateur


 Très rarement utilisé en commerce international

4
1.4. Le virement bancaire international

C’est le moyen de paiement le plus simple et le plus rapide. Il s’agit d’une opération de transfert
ordonnée par l’importateur qui demande à sa banque de débiter son compte d’un montant bien
déterminé, au profit d’un bénéficiaire dont le compte est crédité de ce montant.

Il peut être transmis par courrier, télex ou encore par un réseau de télécommunications privées
gérées par ordinateur : le virement SWIFT (Society for Wordlwide Interbank Financial
Telecommunications) appuyé sur l’EDI (échanges de données informatisées). Il s’agit d’un
système privé d’échanges de messages télématiques entre banques adhérentes. Le virement
SWIFT est à privilégier chaque fois que les relations le permettent : il est le moyen de
transmission le plus rapide, le plus souple et il est peu coûteux. Autres avantages : impossibilité
de perte, vol ou falsification puisqu’il n’y a pas de support papier et impossibilité d’impayé.

A retenir : Instrument de paiement = Moyen de paiement pour transférer les fonds de


l’acheteur vers le vendeur et ainsi annuler la dette.

2. Les techniques de paiements à l’international


Les techniques de paiement concernent les méthodes utilisées pour activer le moyen de paiement
prévu dans le contrat. Elles sont rattachées à l’organisation et à la sécurité du règlement ainsi
qu’à la vitesse avec laquelle il sera réalisé. Grâce à ces techniques de sécurité de paiement,
l’exportateur expédie les marchandises avec une quasi-certitude d’être payé. L’importateur ne peut
prendre possession des biens qu’en échange d’un instrument de paiement.
La complexité de la technique de paiement augmente avec le niveau de garantie souhaité par
l’exportateur. Plus la garantie de paiement est sûre, plus la technique sera élaborée et plus sa
mise en œuvre sera coûteuse. Une technique ne peut pas être adaptée à toutes les situations et
doit être choisie au cas par cas.
Il est important aussi de noter qu’une technique de paiement apporte la sécurité aux deux parties
et pas à une seule. C’est pourquoi les banques de chacune des parties prélèvent des frais lors de
l’utilisation d’une technique de paiement. Ceci renforce l’importance de bien mettre par écrit dans
le contrat quelle technique et quel instrument sera utilisé. Il y aura des conséquences financières
de part et d’autre.
5
2.1. L’encaissement simple
L’encaissement simple est une procédure par laquelle l’exportateur demande à l’importateur le
règlement de la somme due sans aucune autre formalité. Selon le moment où intervient le
paiement, il offre plus ou moins de sécurité à l’exportateur.

A. Le paiement sur facture


L’exportateur demande le règlement lors de la remise de la facture soit au comptant (dès réception
de la facture), soit à crédit (avec un délai de règlement). Dans ce cas, la technique offre peu de
sécurité, l’initiative du règlement appartenant au client alors que la marchandise est déjà expédiée.

B. Le paiement anticipé
 L’acompte à la commande : l’acheteur verse une partie de la somme due avant la livraison
des marchandises. Il est ainsi engagé par l’opération, même si la garantie de paiement reste
limitée à ce montant.
 Le paiement total de la facture avant expédition : dans ce cas, la garantie est maximale
pour le vendeur. Mais elle est difficilement acceptable par l’acheteur, qui règle la totalité
de la facture avant d’avoir reçu les marchandises.

C. L’utilisation de l’encaissement simple

Cette technique présente l’avantage de la simplicité pour un coût réduit mais, exception du cas
où l’importateur règle la totalité de la facture avant expédition des marchandises, elle présente peu
de garanties. Elle est donc à utiliser avec des clients avec qui l’entreprise entretient des relations
de confiance. Elle peut également être utilisée dans le cas où l’entreprise a mis en place d’autres
garanties de paiement, comme des garanties bancaires ou l’assurance-crédit.

2.2. Le contre remboursement


Cette technique donne au transporteur final de la marchandise un mandat d'intermédiaire
financier. Le transporteur ne livrera la marchandise à l'importateur que contre son paiement. Le
transporteur se chargera donc de l'encaissement du prix et de son rapatriement pour le compte du
vendeur, moyennant une rémunération. Cette technique s'utilise pour des opérations de faibles

6
montants. Le règlement peut s'effectuer au comptant, par chèque ou par acceptation de lettre de
change.

Schéma de la technique « contre remboursement »

2.3. La remise documentaire


A. Définition

La remise documentaire (ou encaissement documentaire) est une opération par laquelle un
exportateur mandate sa banque de recueillir une somme due ou l'acceptation d'un effet de
commerce par un acheteur contre remise de documents. Il s'agit de documents commerciaux
(factures, documents de transport, titres de propriété, ...) accompagnés ou non de documents
financiers (lettres de change, billets à ordre, chèques ou autres instruments analogues) pour obtenir
le paiement d'une somme d'argent.

Attention !

Ne confondez pas encaissement documentaire et encaissement simple ! Le terme «


encaissement simple » vise un encaissement par la banque de documents financiers non
accompagnés de documents commerciaux. L'encaissement simple n'est pas une technique de
paiement documentaire.

B. Les formes de l’encaissement documentaire

La remise documentaire peut se faire selon trois formes :

7
 Documents contre paiement (D/P) : la banque située à l'étranger ne remettra les
documents que contre paiement immédiat. Cette formule présente une bonne sécurité pour
l'exportateur. Celui-ci reste néanmoins soumis au risque de refus des documents et de la
marchandise par l'acheteur.
 Documents contre acceptation (D/A) : la banque située à l'étranger ne donnera les
documents à l'acheteur que contre l'acceptation par ce dernier d'une ou plusieurs traites
payables à une échéance ultérieure. Cette formule n'offre pas de garantie sûre au vendeur,
puisque le règlement de l'acheteur n'interviendra qu'à l'échéance de la traite. L'exportateur
veillera donc à demander un aval de la banque sur les traites afin d'éviter le risque
d'insolvabilité.
 Paiement par virement : l’exportateur, dans ce cas, renonce à toute sécurité bancaire de
paiement et adresse directement et à ses risques les documents à l’importateur qui
effectuera le paiement sans aucune contrainte. Ce procédé dépend généralement de la
qualité des relations qui lient l’exportateur et l’importateur et au niveau de confiance entre
eux. Cette technique est très souvent utilisée pour des petits montants.

C. Acteurs et mécanisme de l’encaissement documentaire

Cette technique fait intervenir quatre parties (parfois seulement trois) :

 Le donneur d'ordre (ou remettant) : c'est le vendeur qui donne mandat à sa banque. Il
rassemble les documents relatifs à l'encaissement et les transmet à sa banque avec l'ordre
d'encaissement.
 La banque remettante : il s'agit de la banque du vendeur. Elle contrôle les documents
et les transmet à une banque correspondante, qui sera chargée d’encaisser le montant à
payer, dans le pays de l’acheteur, suivant les instructions fournies par l’exportateur.
 La banque présentatrice : c'est la banque à l'étranger chargée de l'encaissement
(banque de l’acheteur). Cette banque effectue la présentation des documents à l'acheteur
et reçoit son règlement ou sa traite, conformément aux instructions reçues de la banque
remettante.
 Le tiré (acheteur) : c'est celui à qui doit être faite la traite selon l'ordre d'encaissement. Il
s'agit de l'importateur.

8
Schéma de la technique de remise documentaire

Remarque :
La technique de remise documentaire implique que la responsabilité de la banque
remettante se limite à la bonne exécution des instructions données. Cette banque
n'assume aucun engagement ni responsabilité dans l'hypothèse où les instructions
qu'elle transmettrait ne seraient pas suivies. Il en va de même en ce qui concerne les
retards, les pertes en cours de transmissions, la qualité des traductions, la qualité de la
banque présentatrice, ... C'est ce point fondamental qui distingue la remise
documentaire du crédit documentaire. Dans le cadre du crédoc, il s'agit d'un réel
engagement d'une banque qui se porte garante en cas de défaut de paiement de
l'acheteur. Ce n’est pas le cas pour la remise documentaire !

9
D. Avantages et inconvénients de la remise documentaire
Les avantages de la remise documentaire sont les suivants :
 L’acheteur ne pourra pas retirer la marchandise en douane sans avoir préalablement réglé
à sa banque le montant de la remise documentaire
 La procédure est plus souple que le crédit documentaire sur le plan des documents et des
dates
 Le coût est faible
 Il s'agit d'un mode de paiement souple et moins onéreux qu'un crédit documentaire
 Pour l'importateur, il offre pratiquement les mêmes garanties que le crédit documentaire
 L'importateur peut dans certains cas inspecter la marchandise avant de payer ou d'accepter
la traite
 Par l'utilisation de la traite, l'importateur peut entrer en possession de la marchandise avant
que le paiement ait eu effectivement lieu. Il peut réaliser un bénéfice à la vente et acquérir
les fonds suffisants pour payer sa lettre de change. La remise documentaire peut donc
constituer un mode de financement.

La remise documentaire comprend également des inconvénients :

 Cette technique ne protège pas l'exportateur du risque de change


 Si le client ne se manifeste pas, la marchandise est immobilisée. Il faudra la vendre sur
place à bas prix ou la rapatrier et donc payer à nouveau des frais de transport. Dans ce
contexte, il est important que le vendeur donne à la banque présentatrice dans la lettre
d'instructions les modalités à prendre pour préserver la marchandise dans l'hypothèse où le
client ne lèverait pas les documents.
 L'acheteur peut invoquer de nombreux motifs pour ne pas payer. C'est la raison pour
laquelle un acompte à la commande est fortement recommandé pour éviter cette situation
 Il n'y a aucun engagement des banques intervenantes. L'entreprise pourra pallier cette
difficulté en demandant à l'importateur l'aval d'une banque sur sa traite (dans le cas d'une
remise D /A)
 Le mécanisme est déséquilibré entre l'importateur et l'exportateur. Ce dernier risque
beaucoup plus dans l'opération.

10
2.4. Le crédit documentaire
Dans une vente internationale, un exportateur (vendeur) ne sera pas prêt à livrer la marchandise
tant qu’il n’aura pas la certitude d’être payé ou, au moins de disposer d’une garantie de paiement.
L’importateur, quant à lui, ne sera pas disposé à payer tant qu’il n’aura pas la certitude de recevoir
la marchandise.

L’exportateur et l’importateur sont, par conséquent, confrontés à deux problèmes. L’exportateur


cherche un mode de paiement qui lui offre le maximum de sécurité et de rapidité de paiement. En
revanche, l’importateur essaie de trouver un mode de paiement qui lui permet d’examiner la
marchandise avant de payer. Afin de résoudre ces problèmes, plusieurs solutions ont été
développées par la pratique de vente internationale, dont le crédit documentaire qui assure aux
deux parties toutes les garanties souhaitées.

A. Définition du crédit documentaire

Un crédit documentaire, appelé aussi « lettre de crédit » est un engagement écrit et pris par une
institution financière (banque émettrice), conformément aux instructions données par un
acheteur (donneur d’ordre), en faveur d’un vendeur exportateur (bénéficiaire) de lui verser
un montant dans un délais prescrit et contre remise de documents déterminés. L'objet de ces
documents est de rendre vraisemblable l'exécution correcte des obligations de l'exportateur. Ces
documents seront ensuite transmis par la banque à l'acheteur contre remboursement, pour que ce
dernier puisse prendre possession de la marchandise.

Le crédit documentaire est un mode de paiement très répandu en commerce international, qui a
été uniformisé mondialement, grâce à des règles précises institutionnalisées par la Chambre de
Commerce Internationale (CCI).

La technique du crédit documentaire répond donc à une double exigence :

 Faire bénéficier l'exportateur d'un engagement bancaire émanant de la banque de


l'importateur, et distinct du paiement effectif de l'importateur (la banque s'engageant à
payer, même si l'importateur éprouve une quelconque difficulté à le faire)
 Donner l'assurance à l'importateur que la garantie bancaire ne sera levée que si le vendeur
peut montrer qu'il a correctement exécuté ses propres obligations contractuelles.

11
B. Acteurs et mécanisme du crédit documentaire

Le crédit documentaire implique quatre parties :

 Le donneur d’ordre : C’est l’acheteur qui a négocié un contrat commercial avec un


fournisseur étranger, il donne à sa banque les instructions pour l’ouverture du crédit
 La banque émettrice : C’est la banque de l’acheteur étranger qui, après avoir reçu
des instructions de son client, émet le crédit documentaire, c’est à dire procède à son
ouverture
 La banque notificatrice ou confirmatrice : c’est la banque correspondante de la
banque émettrice dans le pays du vendeur. Elle va notifier au vendeur l’ouverture du
crédit documentaire en sa faveur. Dans le cas d’une lettre de crédit confirmée, elle
s’engage à payer le bénéficiaire en retour des documents conformes.
 Le bénéficiaire : C’est le vendeur qui est le bénéficiaire de l’engagement bancaire
d’être payé.

Schéma de la technique de crédit documentaire

12
C. Les différentes formes de crédit documentaires

Les crédits documentaires peuvent revêtir plusieurs formes selon les critères de sécurité recherchés
par l’une ou l’autre des parties et selon les modalités de paiements choisis.

 Paiement à vue : Si la banque notificatrice est mandatée pour payer les documents, elle
vérifie leur conformité et règle l’exportateur. Dans ce cas, elle peut accorder à l’exportateur
une avance en attendant l’encaissement définitif des fonds auprès du banquier émetteur.
L’opération se fait donc sur la base du donnant-donnant, paiement contre documents
conformes.
 Paiement par acceptation : Le vendeur tire une traite, non pas sur son acheteur, mais sur
une banque qui l’accepte en échange des documents conformes au crédit documentaire,
lorsque la traite est acceptée le vendeur peut l’escompter auprès de sa banque.
 Le paiement différé : Une date de paiement du crédit est convenue au moment de la
conclusion du contrat commercial, entre l’acheteur, et le vendeur. Cette date d’échéance
est clairement indiquée sur la lettre de crédit par exemple « paiement à 30 jours »
 Le paiement par négociation : La banque notificatrice achète les documents au
bénéficiaire du crédit et les revend ensuite à la banque émettrice. La banque prélève sur le
bénéficiaire du crédit, une commission et des intérêts pour un nombre de jours
correspondant sensiblement à l’envoi des documents à la banque émettrice et au retour des
fonds.
 Le crédit révocable : C’est un crédit qui peut être amendé ou annulé par la banque
émettrice à tout moment et sans avis préalable du bénéficiaire. Le banquier a, en effet, la
faculté de révoquer le crédit, s’il estime par exemple que la situation de son client n’inspire
plus confiance. Cette forme de crédit ne représente qu’une sécurité de paiement relative.
 Le crédit irrévocable : Ce type de crédit documentaire repose sur l’engagement
irrévocable de la banque émettrice vis à vis du vendeur d’effectuer un règlement sous
réserve que le vendeur présente les documents conformes aux instructions de l’acheteur, le
banquier ne peut annuler son engagement même si son client est en position financière
délicate. Le crédit irrévocable comporte l’avantage de garantir le risque commercial, et il
comporte une date limite d’expédition des marchandises. Mais il ne garantit pas le risque
politique.

13
 Le crédit documentaire irrévocable et confirmé : C’est la forme la plus sûre, il comporte
un double engagement, celui de la banque émettrice et celui d’une banque dans le pays du
vendeur (banque notificatrice ou tierce banque).
D. Les crédits documentaires spéciaux
 Crédit revolving : c’est un crédit dont le montant peut être renouvelé sans qu’il soit
nécessaire de donner de nouvelles instructions à la banque émettrice.
 Crédit Red Clause : La banque notificatrice consent une avance au bénéficiaire avant
remise des documents.
 Crédit transférable : Utilisé en cas de sous-traitance ou d'opérations de négoce, ce crédit
comporte une clause par laquelle le premier bénéficiaire désigne un ou plusieurs seconds
bénéficiaires.

A retenir
Différences entre le crédit documentaire et la remise documentaire
Bien que la remise documentaire soit plus simple, plus rapide et moins chère que le crédit
documentaire, ce dernier tient une place prépondérante et est très utilisé comme mode de règlement
à l’international. Il est en effet le seul à présenter une sécurité suffisante pour les deux parties.

3. Le financement des exportations tunisiennes

La Tunisie a adopté une politique de développement des exportations par la mise en place des
techniques de financement des exportations permettant aux entreprises exportatrices de faire face
à leurs besoins de trésorerie et d’accomplir leurs opérations dans des meilleures conditions. On
distingue normalement les divers modes de financement par la durée de leur remboursement.
 Le court terme : moins qu’un an (ou 18 mois)
 Le moyen terme : de 1 à 7 ans
 Le long terme : plus que 7 ans

3.1. Les modes de financement à court terme


Les crédits de court terme sont connus sous le nom de « crédits de gestion » ou « crédits de
fonctionnement »

14
A. Les crédits de préfinancement des exportations
Ce crédit est défini comme étant un concours destiné à couvrir les besoins occasionnés par la
préparation d’un stock marchand destiné à l’exportation ou à l’exécution de services à l’étranger.
Il est accordé aux entreprises soit dans le cadre de leur activité normale d’exportation, soit dans le
cadre d’un marché d’exportation bien spécifique (huile d’olive, dattes, agrumes)
B. La mobilisation des créances nées sur l’étranger
Ce crédit permet aux exportateurs, qui ont accordé à leurs partenaires étrangers des délais de
paiement inférieurs à 18 mois, de recevoir le montant de leur créance dés qu’elle prend naissance.
Il leur suffit de mobiliser cette créance auprès d’une banque. Ce crédit ne peut être consenti qu’en
dinar. Donc, il est nécessaire de calculer la contre-valeur en monnaie nationale des créances
libellées en devises.
C. Les avances en devises
Il s’agit d’une anticipation sur l’encaissement de la créance. Ce mode de financement permet à un
exportateur créancier en devise pour 3 mois (par exemple) d’emprunter tout de suite les devises
qu’il attendait pour le même montant et la même durée et rembourse son emprunt avec le paiement
de la créance. Cette opération constitue pour l’exportateur une méthode de protection contre le
risque de change.
D. Les acceptations bancaires (escompte sur des montants élevés)
Il s’agit d’un financement sur 180 jours au maximum, permettant à un exportateur de rapatrier le
produit de son exportation avant son échéance et portant sur des transactions importantes libellées
en dollar américain (minimum 500000 USD).
E. L’affacturage ou le factoring (sous-traitance)
Il s’agit de transférer les créances sur l’étranger d’un exportateur à un tiers appelé factor. Cet
intermédiaire se charge d’opérer le recouvrement des créances et de garantir le financement. Le
factor permet donc de simplifier la gestion de trésorerie de l’exportateur et de gérer les délais de
paiements accordés aux clients par l’exportateur qui sera payé tout de suite. En contrepartie, le
factor perçoit une commission qui peut atteindre 2,5 % du montant de la facture (varie en fonction
du risque) en plus des agios qui sont indexés sur le taux monétaire bancaire.

15
Pour en savoir plus

L'affacturage est une technique de financement et de recouvrement de créances mise en œuvre par
les entreprises et consistant à obtenir un financement anticipé et à sous-traiter cette gestion à un
établissement de crédit spécialisé : l'affactureur ou, en anglais, le factor.

Source : https://www.affacturage.fr/definition/affacturage/

3.2. Les types de financements à moyen et long terme


En Tunisie, les crédits à moyen et long terme sont des crédits destinés à financer une créance née
sur l’étranger dont le délai de règlement dépasse 360 jours. Les crédits à moyen terme ne peuvent
pas dépasser 7 ans, alors que les crédits à long terme, ont une durée supérieure à 7 ans mais ne
dépassent pas les 15 ans.

A. Le crédit fournisseur

C’est un crédit consenti par une banque à un exportateur tunisien qui a offert un délai de paiement
à son acheteur. Il est habituellement plus utilisé dans le cas d’exportations dont les montants se
situent entre 100000 USD et 5000000 USD pour des termes de 3 à 5 ans.

B. Le forfaitage

C’est une forme particulière de financement par achats d’effets de commerce. Son but est de
convertir des ventes à crédit à moyen terme, en ventes au comptant. Le forfaitage consiste à
l’action d’un établissement de crédit s’engageant à prendre en charge une transaction réalisée
auprès d’un client étranger. Contrairement à l’affacturage, il s’agit d’un contrat forfaitaire. La

16
banque assurant le forfaitage (appelée forfaiteur) s’engage à avancer, à l’exportateur, la
trésorerie due à la transaction.

Cette solution permet à l’entreprise souscrivant cette option d’encaisser immédiatement ses
fonds tout en ne contraignant pas son client à un payement immédiat. L’organisme financier
assurant le forfaitage devient donc le nouveau créancier du client. Il prend la
responsabilité de clôturer la transaction sans recours contre l’entreprise qui l’a sollicité.

C. Le crédit-bail international

Dans le cas d’un crédit-bail international, le fabriquant (exportateur), après avoir trouvé un client
étranger, vend son bien à une société de location tunisienne laquelle à son tour le loue au client
étranger.

Cette technique de financement permet à l'importateur d'avoir une solution de financement sous la
forme d'un leasing, et à l'exportateur de faciliter la vente de ses marchandises. Elle acquiert les
marchandises à l'exportateur puis les loue sous la forme d'un crédit-bail à l'importateur.

Pour en savoir plus

Le crédit-bail est l'équivalent pour les entreprises de la location avec option d'achat. Mieux connue
sous le nom de " leasing ", il s'agit d'une opération financière par laquelle un établissement de
crédit dénommé le "crédit-bailleur" donne en location à un crédit-preneur des biens d'équipement,
tels que de l'outillage, une voiture, un parc automobile ou des biens immobiliers. A un moment
quelconque du contrat mais, le plus souvent à l’échéance, le crédit-preneur peut décider de devenir
propriétaire du ou des biens qui ont été l'objet du contrat. Le contrat contient donc de la part du
bailleur, une promesse de vente dont la réalisation reste subordonnée au paiement du prix fixé à
l'avance augmenté des intérêts et des frais.

17

Vous aimerez peut-être aussi