Dans Un Autre Monde Avec Un Smartphone - Tome 15

https://noveldeglace.
com/ Dans un autre monde avec un Smartphone –

Tome 15 1 / 131
Dans un autre monde avec un
Smartphone – Tome 15
Interlude 1 : Les gardiens de Brunhild
Partie 1
Je suis un tigre. Mon nom est Kohaku. C’est un nom qui signifie « noble
protecteur ». Ça n’a pas toujours signifié ça, mais ça le signifie
maintenant. C’est du moins ce que j’avais décidé.
Et je ne suis pas n’importe quel tigre. Je commande les mammifères et les

bêtes terrestres. Après tout, je suis le Monarque Blanc, une bête céleste.
Mon maître est Mochizuki Touya, grand-duc du Duché de Brunhild. C’est

un homme incroyable.
Ce pays a été créé de toutes pièces par lui… Il n’est pas exagéré de dire
que je suis l’une des bêtes gardiennes de Brunhild.
https://noveldeglace.com/ Dans un autre monde avec un Smartphone –

Tome 15 2 / 131
Tome 15 3 / 131
Il y en a également quatre autres comme moi. Il est de notre devoir de
maintenir la paix dans cette nation ensemble. Aujourd’hui encore, je viens
de stopper deux tentatives de vol de nourriture.
« Incroyable travail, Kohaku… Tu nous as vraiment aidés. On va s’en

occuper à partir de maintenant. »
« Bien sûr. Faites de votre mieux. »
Je parlais avec un chevalier de Brunhild qui venait juste d’appréhender

les coupables. Comme lui et ses cohortes servaient aussi mon maître, je
pouvais les considérer comme des parents. Bien que… notre lien ne soit
pas aussi profond. J’étais après tout directement liée à lui.
Les habitants de la ville avaient souvent peur de ma véritable forme,

aussi, pour l’instant, j’avais conservé la forme adorable d’un bébé tigre.
Mais ceci était en fait quelque chose de bien pratique. Les femmes et les
enfants de la ville se sentaient en sécurité, et les criminels savaient que
s’ils causaient des problèmes, ils risquaient de subir la colère de ma
puissance cachée.
Il y avait quelques personnes qui regardaient mon échange avec les

gardes, ils devaient être des étrangers. Tout le monde en ville s’était déjà
habitué au fait que je pouvais parler. Avant d’accéder à son rang de
noblesse, mon souverain m’avait demandé de ne pas parler très souvent.
Mais selon lui, il était bon que je puisse parler maintenant.
« Oh, c’est Lanz et Kohaku ! Vous travaillez dur ? »
« Hm ? Ah, bonjour, Micah. »
« A-Ah, b-bonjour toi ! O-Oui, on nettoie juste une scène de crime !

Kohaku ici présent a mis à terre une paire de voleurs ! »
Devant moi et le chevalier bègue se tenait une jeune femme vêtue d’un
Tome 15 4 / 131
tablier. Ses cheveux roux étaient plutôt agréables. Son nom était Micah
et elle gérait l’auberge de la Lune d’Argent. C’était quelqu’un que mon
seigneur avait rencontré assez tôt dans son voyage. J’étais aussi
respectueuse envers elle en raison de sa gentillesse envers lui. Elle était
aussi une bonne cuisinière. J’avais toujours su que, lorsque je visitais la
Lune d’Argent, il y avait de fortes chances que je mange bien.
« Oh là là, tu travailles dur… Viens me voir plus tard, d’accord ? Je te

préparerai mon meilleur repas. »
« M… Merci ! J-J’y viendrais certainement ! »
Je ne comprenais pas ce qui n’allait pas avec le jeune garde à côté de moi.
Sa respiration était devenue irrégulière, et son visage était de plus en
plus rouge. Je me demandais s’il n’avait pas peur de moi, mais ce n’était
pas possible… Il m’avait parlé normalement, il n’y a pas longtemps.
J’étais un peu perdue.
« Très bien, je vais donc prendre congé ! Il est temps d’emmener les
coupables à la prison, et tout ça ! »
Le jeune homme et ses collègues gardes partirent avec les criminels. Si

vous voulez mon avis, les voleurs n’étaient rien d’autre qu’une plaie pour
Brunhild. J’aurais été personnellement heureuse de les réduire en
miettes, mais mon seigneur ne l’aurait pas voulu ainsi. C’était pourquoi
j’avais suivi les ordres.
« Oh ! C’est Kohakuuuuu ! »
« Vraiment ? Où est-elle ? »
« Ack… Ce n’est pas bon… C’est les enfants… Micah, je dois partir.
Prends soin de toi. »
« Pas facile d’être populaire, hein ? Eheh… À bientôt, Kohaku. »

Tome 15 5 / 131
J’avais dit au revoir à Micah et je m’étais précipitée dans une ruelle
voisine.
Au moment même où j’avais pris le tournant, j’avais sauté de mur en mur

et j’avais grimpé sur le toit. J’avais regardé en bas et j’avais vu les enfants
regarder ici et là. Ils m’avaient perdue.
C’était de bons enfants, mais je n’avais pas de temps à leur consacrer.

Après tout, j’étais très occupée.
J’avais attendu un moment, jusqu’à ce qu’ils abandonnent leur recherche

frénétique. Je leur avais silencieusement demandé de me pardonner.
Hm… Le temps est plutôt agréable aujourd’hui… Et la brise est bonne ici.
Je devrais peut-être faire une petite sieste…
« Kohaku. »
« Gwah !? »
Entendre soudainement mon nom était si surprenant que j’avais failli

tomber du toit. J’avais fort heureusement réussi à m’accrocher et à
m’arrêter juste à la dernière seconde. C’était vraiment dangereux…
J’avais levé les yeux vers la source de la voix, et mes yeux rencontrèrent
un oiseau flamboyant qui me fixait.
« Kougyoku ! Ne me fais pas peur comme ça ! »
« Ne sois pas si grossier. Je t’ai vu… Fuyant les enfants pour faire une
petite sieste, hein ? »
Merde… Elle a vu ça ?
Kougyoku… C’était une autre Bête Céleste. Tout comme moi, elle avait
été invoquée par Mochizuki Touya, qui était notre seigneur et maître.

Tome 15 6 / 131
C’était le Monarque de la Flamme qui régnait sur les créatures aériennes.
Les oiseaux étaient utiles à notre seigneur grâce à leurs capacités de
reconnaissance.
Je regrette de l’admettre, mais elle et sa famille étaient bien plus utiles à

cet égard que moi et les miens. Je pouvais invoquer des souris pour
examiner les maisons de plus près, mais sa vue d’oiseau avait toujours le
dessus. Sans parler du fait que les oiseaux pouvaient facilement traverser
les frontières sans se faire remarquer.
Les subalternes de Kougyoku pouvaient facilement chercher les fauteurs

de troubles dans la ville, mais leurs yeux et leurs oreilles s’étendaient sur
toute la nation.
Les oiseaux gardaient un œil sur la campagne et les montagnes

environnantes. Nous ne voulions surtout pas voir des bandits de grand
chemin ou des bandits se cacher près de notre territoire.
« Et alors ? Es-tu passée juste pour commenter ? »
« Non, pas exactement. J’ai juste vu quelque chose qui m’a inquiétée. Une
calèche est passée par la ville un peu plus tôt. L’homme qui en est sorti
prétendait être un marchand ambulant, mais il a l’air… Extrêmement
grossier. Les hommes qu’il prétend être son escorte ont également l’air
gênants. Je ne sais pas si je dois les juger uniquement sur leur apparence,
mais ça me semble quand même étrange. »
« Hmm… Peut-être que ce sont des voyous déguisés ? »
« C’est une possibilité, mais on ne peut pas juger sans preuve. »
Il y avait eu un incident par le passé où des criminels s’étaient déguisés

et s’étaient rendus dans le magasin d’Olba Strand. Ils avaient tenté de le
dévaliser.

Tome 15 7 / 131
Les produits de cette ville ne se trouvaient pas facilement dans les autres
pays du monde, il n’était donc pas rare de voir passer différents
marchands.
Les objets intéressants étaient tous inventés par notre maître, et il y avait
aussi d’autres objets de valeur comme des armes et des armures
fabriquées à partir de matériaux trouvés sur l’île aux donjons, îles dont
nous avions l’accès.
Apparemment, les escrocs avaient entendu parler de ces marchandises et

étaient venus tard dans la nuit pour les voler.
Nous en avions été informés immédiatement, et nous avions demandé aux

chevaliers d’entrer directement et d’arrêter les hommes. Heureusement,
aucun mal n’avait été fait au magasin de Monsieur Strand.
C’était malheureux, mais ce genre de chose arrivait plus souvent ces

derniers temps.
En tant que leader mondial, notre seigneur était plutôt jeune, et il avait
débuté comme aventurier. Beaucoup de criminels dans le monde
supposèrent à tort que c’était un enfant stupide et incroyablement
chanceux qui avait obtenu ce territoire par pure chance. Par extension, ils
pensaient que cela ferait de son pays une cible facile pour le pillage.
La plupart d’entre eux vinrent dans le pays et furent rapidement traités,

et tout cela pour quelques babioles.
Notre cher maître était certainement troublé par l’afflux de ces imbéciles.
« Très bien, alors… Nous devrions garder un œil sur ces gars-là. »
« Je compte sur toi, dans ce cas. Adieu », dit Kougyoku en battant des
ailes et en s’envolant.
Il serait bon que je suive ces étrangers… Juste après ma sieste.

Tome 15 8 / 131
C’était du moins ce que je voulais… Mais je savais que j’avais du travail à
faire. J’avais sauté du toit et je m’étais dirigée vers l’école. J’aurais
habituellement évité cet endroit, mais comme il n’y avait pas de cours
aujourd’hui, je savais que je ne serais pas assaillie par les hordes de
petits enfants.
Et quand j’étais arrivée dans l’enceinte de l’école, j’avais vu Fiana en

train d’étendre du linge. Hmm… Je ne vois la petite créature nulle part…
Fiana était la mère de Sakura, et Sakura était l’une des fiancées de mon
seigneur. Cela signifiait que son statut était supérieur au mien. J’avais
donc fait attention à ne pas être impolie.
« Oh là là, Kohaku. Bonjour à toi. Puis-je t’aider ? »
« Bonjour, Mlle Fiana. Je suis désolée pour cette intrusion soudaine, mais
pourrais-tu me dire où je pourrais trouver Monsieur Mittens ? »
Monsieur Mittens était une petite créature odieuse que Sakura avait
invoquée, et il passait ses journées à aider Fiana. Cela signifiait qu’on
pouvait généralement le trouver à ses côtés. Comme Monsieur Mittens
n’était pas une des invocations directes de mon seigneur, je ne pouvais
pas communiquer par télépathie avec lui. C’était très gênant.
« D’Artagnan ? Il est là-bas. »
J’avais regardé l’endroit que Fiana m’indiquait et je l’avais vu

recroquevillé, faisant la sieste sur une balançoire pour deux personnes
qui avait clairement été construite pour les enfants.
« Zzz… Miaou… »
Pourquoi peux-tu… Dormir pendant le travail, hein ? Ce n’est pas juste…

Juste au moment où je voulais faire une sieste, j’ai été réveillée par
Kougyoku… Alors que je grommelais tranquillement, Monsieur Mittens
Tome 15 9 / 131
ouvrit les yeux et regarda lentement autour de lui. Il avait dû sentir ma
frustration.
« … Miaou… ? Qu-Quoi ? ! D-D-Dame Kohaku ?! »
Les cheveux de Monsieur Mittens s’étaient hérissés. En quelques

secondes, ce dernier se balança d’avant en arrière et se propulsa dans les
airs, atterrissant parfaitement sur le sol.
« … À ce que je vois, tu as beaucoup de temps libre. »
« N-Non non ! Tu te trompes, je te l’assure ! Il n’y a pas de griffes à

craindre ! C’était juste une journée calme, et j’ai pris une courte pause !
C’est tout ce qu’il y a à dire ! »
Monsieur Mittens commença à cracher frénétiquement des excuses. Pour

être honnête, cela ne faisait que le rendre encore plus suspect, mais il n’y
avait aucune raison de l’interpeller. J’avais décidé de passer outre.
Je lui avais rapporté ce que Kougyoku m’avait dit, et lui avais demandé de
se renseigner.
Partie 2
« Très bien ! Athos est en route pour venir ici, je vais donc m’en occuper
après qu’il ait accepté d’escorter Dame Fiana à ma place. Je t’apporterai
mon aide dès que je le pourrai. »
« Hm. C’est bon. »
J’avais dit au revoir à Fiana et j’avais continué mon chemin. Même s’il
était l’invocation de Sakura, j’aimais bien que Monsieur Mittens travaille
en étroite collaboration avec moi.
Très bien… J’ai le temps de faire une petite sieste en attendant qu’il

Tome 15 10 / 131
rassemble des informations.
« Ooh, c’est Kohaku. Bonjour, ma chérie ! »
« Bonjour, Kohaku. »
« Tsk… »
« Pas besoin de nous faire du rentre-dedans ! »
Malheureusement, ma sieste est à nouveau terminée. Un autre ennui, ou

plutôt… une paire d’ennuis s’est mis sur mon chemin.
C’était une tortue et un serpent noir, nageant dans les airs vers moi.
Collectivement, ils formaient le Monarque Noir, et c’était d’autres bêtes
célestes que mon maître avait invoquées. Sango et Kokuyou.
« Que voulez-vous ? »
« Quelle impolitesse… ! On a trouvé quelque chose d’intéressant, on a

donc pensé qu’il fallait le signaler. »
« Hrmph… »
Les mots de Kokuyou m’énervèrent un peu. Ce type n’était pas

exactement aussi doux et féminin que Kokuyou, je me sentais parfois un
peu tendue avec lui.
« Un de nos familiers a trouvé cet objet sur le bord de la route. »
Sango laissa tomber quelque chose près de moi. Hm… ?
Ça ressemblait à une branche d’arbre. Mais j’avais ensuite remarqué

l’odeur qui s’en dégageait.
« … Bois à bêtes. »
Tome 15 11 / 131
« Exactement. C’est un morceau de matière malfaisante qui peut rendre
les bêtes magiques folles. »
Le bois à bêtes se forme lorsque des arbres ou d’autres plantes poussent

sur les cadavres de bêtes magiques.
L’odeur du bois se répandait et mettait en transe les créatures sauvages

qui le sentaient, elles s’approchaient de l’arbre et se faisaient dévorer par
lui. Il aspirait même les nutriments des gens.
Les branches de ces arbres pouvaient être traitées dans une solution
chimique pour les préserver.
Elles pouvaient ensuite être brûlées comme de l’encens, et elles

dégageaient un arôme unique. Malheureusement, cet arôme rendait fous
tous les monstres proches ayant une grande quantité de magie dans leur
corps.
Tout ce qui était sous son influence partait dans une violence insensée. Ils
perdaient toute sensation de douleur et se battaient jusqu’à la mort.
C’était une pièce d’équipement très dangereuse à utiliser et elle était

souvent employée par des chasseurs de monstres expérimentés. Ils en
brûlaient un morceau et le jetaient dans les repaires de créatures
puissantes, les poussant à se battre entre elles jusqu’à la mort.
Mais c’était toujours risqué. S’il était utilisé dans une zone bondée, il
pouvait pousser les créatures à charger et à se déchaîner en groupe.
Dans le pire des cas, cela pourrait déclencher une ruée… C’était le genre
de chose qui pouvait être utilisé pour raser une ville entière.
« Penses-tu que c’est suspect ? »
« Je pense que de telles choses apparaissent rarement sur la route. »

Tome 15 12 / 131
« Le bois à bêtes provoque l’hystérie chez ceux qu’il affecte, il a donc pu
être déposé par une créature aérienne… »
Au premier regard, cela ressemblait juste à du bois mort. La plupart des

gens seraient passés à côté. Il était fort probable qu’il se soit retrouvé
près de Brunhild par hasard, au fil du temps.
Cependant, il fallait prendre en compte la possibilité que quelqu’un

cherche à endommager Brunhild en l’utilisant activement.
« Je ne pense pas que nous devions nous inquiéter. Notre seigneur a érigé
une barrière de protection qui empêche les monstres d’entrer dans la
ville. »
« Quand même… Nous ne pouvons pas négliger le fait que cela puisse
être un acte de terrorisme. »
Kokuyou avait l’air en colère, et pour être honnête je l’étais aussi. Et

même si cet acte était vain, il était possible que quelqu’un ait essayé de
nuire à la nation de notre seigneur. Et le fait que l’auteur de l’attaque ait
supposé que notre seigneur soit assez négligent pour ne pas ériger de
contre-mesures pour des attaques de ce genre était aussi irritant. Bien
que, pour être honnête, j’étais sûre que les autres monarques et moi-
même aurions pu nous occuper des monstres en furie, quand bien même
il n’y avait pas de barrière.
J’avais demandé à Sango et Kokuyou de vérifier l’intégrité de la barrière,

juste au cas où. On ne pouvait quand même pas se permettre de négliger
ces choses.
« Devons-nous en informer notre maître ? »
« Je pense que cela n’est pas nécessaire pour le moment. Nous devrions
pour l’instant vérifier ça par nous-mêmes. Si nous prenions la peine de
l’inclure dans quelque chose comme ça, cela reviendrait à admettre notre
Tome 15 13 / 131
propre incompétence. »
De plus, j’avais le sentiment que cela pouvait être lié aux étranges
marchands dont Kokuyou avait parlé. J’avais donc décidé d’attendre
Monsieur Mittens et de voir s’il avait quelque chose à dire plus tard.
Si je découvrais qu’ils préparaient quelque chose d’étrange, je les

anéantirais tout simplement.
Je n’aurais aucune pitié envers quiconque voulant faire du mal à

Brunhild. Ils se rappelleraient fermement à qui ils s’en prenaient !
*****
Après m’être séparée de Kokuyou et Sango, j’étais retournée au château.

J’avais un peu faim. J’avais donc passé la tête dans la cuisine pour voir s’il
y avait quelque chose à grignoter.
« Le poisson jaune a mijoté et a été préparé avec succès ! »
« Bon travail ! Occupe-toi de dresser l’assiette ! »
La cuisine était remplie de cuisiniers, c’était aussi redoutable qu’un

champ de bataille là-dedans. J’avais vu Crea, le chef cuisinier, et Lu, se
démener dans la cuisine comme de vrais professionnels. Lu semblait avoir
du mal à suivre.
Pour je ne sais quelle raison, il y avait plus de monde que d’habitude

aujourd’hui. J’avais vite compris que c’était parce que les autres
dirigeants du monde s’étaient réunis au château.
Et comme je n’avais pas le droit d’entrer dans la cuisine, je n’avais pu que

jeter un coup d’œil à l’intérieur. Personne ne voulait de fourrure dans sa
nourriture, c’était compréhensible.
« Oh, Kohaku ? Es-tu là pour le déjeuner ? Attends un moment, s’il te

Tome 15 14 / 131
plaît. »
« Bien sûr. »
Alors que je me tenais à l’entrée de la cuisine, Renne, une jeune servante

en formation, me parla.
Après un court moment, Renne sorti avec mon repas sur un plateau. Elle
le portait à deux mains. D’un côté du plateau, il y avait du riz en omelette
et du sashimi, préparés par Lu. De l’autre côté, il y avait plusieurs
tranches de viande et de fromage.
« Manges-tu sur le balcon ? »
« Oui. J’apprécie ton aide. »
Renne m’accompagna et emporta mon repas sur le balcon à l’extérieur de

la salle à manger. Quand il faisait beau, j’aimais manger dans la cour, ou
sur le balcon. Mais aujourd’hui, j’avais envie de manger sur le balcon. Je
pensais que c’était le meilleur endroit pour profiter de la lumière du
soleil.
« … Hmph. »
« …Hrmph. »
Il y avait une autre personne à la table du balcon. Sa vue rendit ma

journée radieuse un peu plus sombre.
« Tu manges ici, Kohaku ? »
« Je pourrais te demander la même chose, Luli. »
J’avais plissé les yeux sur le Dragon assis en face de moi. Elle ressemblait
à un bébé, mais tout comme moi, c’était une bête céleste invoquée par
mon maître.
Tome 15 15 / 131
Pour être franche, je la détestais. Je n’aimais pas lui parler, et elle me
donnait toujours mal à la tête. J’avais faim, mais sa vue me donnait envie
d’abandonner mon repas.
Je fixais silencieusement mon repas, ignorant le dragon du mieux que je

pouvais. J’avais pris une bouchée. C’était merveilleux. Le fait que la
qualité des repas se soit considérablement améliorée ces derniers mois
me rendit heureuse. La nourriture seule était suffisante pour que je sois
reconnaissante que mon maître m’ait appelée dans ce monde.
« Kougyoku m’a rendu visite il n’y a pas longtemps… »
« Hm ? »
J’avais levé la tête et m’étais tournée vers le Dragon alors qu’elle parlait.
Je me demandais ce que Kougyoku voulait à Luli.
Ce Dragon irritant était chargé de veiller sur le château, et ses

subalternes surveillaient de temps en temps les cieux des environs
immédiats.
« Elle a dit qu’il y a des personnes suspectes en ville. N’est-ce pas censé
être ton travail ? Est-ce que tu as paressé ? »
« Oh, ce n’est pas grave. J’ai actuellement une personne très talentueuse
qui recherche des informations. »
« Oh, vraiment ? Es-tu sûre d’être au top ? Si tu fuis tes responsabilités,

notre seigneur n’appréciera pas beaucoup, non ? Es-tu sûre que tu ne fais
pas uniquement que manger et dormir ? T’occupes-tu au moins un peu de
ce pays ? »
« Silence ! J’essaie d’apprécier mon repas et tu le gâches avec ton

bavardage ! »
« Ha ! C’est tout ce qui t’intéresse, n’est-ce pas ? Parfois, je me demande

Tome 15 16 / 131
si tu as même… Bwah ! »
« Tiens ta langue, espèce de petit… Gwah ! »
Renne s’était dirigé vers nous deux, et elle nous avait pris par la tête. H-
Hey, arrête ça !
« Allez, vous deux… Si vous continuez comme ça, Touya va se mettre en

colère contre vous, non ? Profitez plutôt de votre déjeuner. »
« Gh… Mais… »
« Gah… M-Mlle Renne, s’il te plaît, ne lui dis pas ! »
C’était mauvais. Notre maître avait interdit les combats entre Luli et moi.
Même si nous ne faisions que nous chamailler verbalement, je n’avais pas
vraiment envie d’être punie à cause de ses railleries.
Après tout… La punition que j’avais reçue était… si terrible…
D’après l’apparence de Luli, elle se souvenait aussi de la punition. Elle

tremblait visiblement.
J’avais décidé de la maudire silencieusement à la place. Finalement, nous

avions été libérés de l’emprise de Renne, et Luli avait continué son repas.
« Quoi qu’il en soit, fais appel à moi si tu as besoin que je m’en occupe. Je
n’ai rien contre l’assistance aux affaires nationales. »
« Très bien. Je ne pense pas avoir besoin de toi, mais je le garderai à

l’esprit. »
Luli bâtit des ailes et s’envola du balcon. Je ne ferais appel à elle que si la
situation devenait vraiment critique.
Pour faire simple, j’avais juste besoin de m’assurer que notre maître ne
Tome 15 17 / 131
soit pas dérangé.
Après avoir terminé mon repas, j’avais demandé à Renne de m’essuyer la

bouche avec une serviette, puis j’étais retournée en ville après un bref
repos.
J’espérais que Monsieur Mittens obtienne de bons résultats suite à son

enquête.
Partie 3
Au moment où j’étais retournée en ville, un couple de chats attira mon

attention. Apparemment, M. Mittens avait découvert quelque chose.
Les chats me guidèrent vers l’arrière du bar à côté de la guilde. Là,

j’avais trouvé M. Mittens et les trois chats mousquetaires. Si j’avais
bonne mémoire, ils s’appelaient Aramis, Athos et Porthos. Lorsque j’étais
apparue devant eux, ils s’étaient tous accroupis sur un genou, comme
pour s’incliner.
« Pas besoin de vous incliner. Qu’avez-vous découvert ? »
Athos, l’un des trois chevaliers prit la parole : « Ah. Nous avons découvert
que les marchands suspects ne sont pas restés à l’auberge de la Lune
d’Argent, qui serait le point d’arrêt habituel pour les hommes de leur
profession. Au lieu de cela, ils sont restés à la périphérie de la ville, à
l’auberge de l’Harmonium de la forêt. »
Hmm… C’était intéressant, mais pas vraiment concluant. L’Harmonium

de la forêt n’était pas vraiment un mauvais endroit, mais tous les
marchands avaient tendance à rester à la Lune d’argent parce que c’était
au milieu de la ville, et un centre idéal pour les opérations
commerciales…
De plus, à cause de sa position, il y avait beaucoup de chevaliers dans le

Tome 15 18 / 131
coin. C’était l’auberge la plus sûre qu’on puisse imaginer. Le fait qu’ils
soient restés à l’Harmonium de la forêt n’était pas logique, étant donné
que cet endroit était une auberge d’aventuriers. Je m’étais dit qu’ils
avaient peut-être un problème avec les chevaliers de la ville.
« Nous avons fait le guet, mais ni les marchands ni leurs escortes n’ont
quitté leur chambre depuis un moment. Ils doivent encore être en train
de dormir. »
« Ils voyagent avec des aventuriers ? On pourrait penser qu’ils se seraient

arrêtés à la guilde… »
« De plus, voici la preuve accablante. J’ai inspecté leur cargaison, il s’agit

de plusieurs paquets de bois de bête sous une feuille de protection. Il est
fort probable que le bois de bête trouvé par les Monarques noirs soit
tombé de leur chariot. La quantité que nous avons trouvée serait
suffisante pour provoquer une ruée massive si elle était placée
stratégiquement dans toute la ville. Et même avec notre barrière de
protection en place, cela perturberait considérablement notre économie
et je suis sûr que toutes les bêtes magiques en dehors de la ville
s’approcheraient autant qu’elles le pourraient. Les routes finiraient par
être fermées, et les citoyens seraient effectivement enfermés. »
Hrmm… Ce serait vraiment mauvais. Toutes les activités commerciales

cesseraient, et nous serions incapables de nous approvisionner… Le seul
point positif serait que les aventuriers pourront se faire une tonne
d’argent en tuant les monstres…
« Je pense qu’ils ont l’intention de brûler tout le bois dans la ville la nuit !
Ils vont mettre le bois de bête à terre et ensuite se barrer d’ici ! »
J’étais d’accord avec M. Mittens. S’ils l’avaient fait en plein jour, ils
auraient été découverts en un rien de temps. De plus, le bois de bête
avait une odeur très forte qui pouvait facilement être reniflée. Il n’y avait
pas autant de gens dehors la nuit… Surtout pas dans le quartier
Tome 15 19 / 131
commerçant.
« Vous avez aussi réussi à les identifier ? »
« Nous avons réussi. Selon le réseau d’information que nous avons utilisé,
ces hommes viennent de Sandora. Ils étaient autrefois des esclavagistes.
Ils cherchent peut-être à détruire ce pays par vengeance… »
Sandora… Ah, c’est le pays esclavagiste que mon maître avait détruit. Vu
la proximité de ce pays avec la Mer des Arbres, il était logique qu’ils aient
eu accès au bois de bête.
Ils avaient probablement perdu leurs esclaves, et leur gagne-pain avec, ils
étaient donc venus ici dans un esprit de vengeance.
Ils avaient probablement pensé que, puisque c’était un si petit pays, la

destruction de son château serait facile. Quelle naïveté !
« Continuez à les surveiller pour le moment. S’ils passent à l’action,

informez-moi tout de suite. »
« Très bien ! »
Avec un peu de chance, ils partiraient sans rien faire de louche, et nous
pourrions juste confisquer le bois de bête. Mais s’ils décidaient d’agir
contre la nation, nous les éliminerions.
J’espérais qu’ils se rendraient compte de leur erreur et partiraient.
La nuit finit par tomber. Et peu après minuit, un chat était venu me
chercher.
« … Ils l’ont donc fait. »
C’était clairement des idiots. Il semblerait que je doive leur donner

personnellement une leçon.
Tome 15 20 / 131
*****
Des ombres se déplaçaient sous le couvert de la nuit. Elles se déplaçaient

dans les rues et les ruelles les plus calmes, à l’écart de toute personne
susceptible d’être réveillée à une heure aussi tardive. Dans leurs mains se
trouvaient des morceaux de bois séchés.
L’un des hommes se tenait dans une ruelle derrière un magasin et

écrasait une partie du bois avec un petit marteau.
Selon leur patron, il serait préférable d’enflammer de petits morceaux. Ils

attireraient moins l’attention de cette façon.
L’un montait la garde tandis que l’autre se mettait au travail. Mais ils
entendirent soudainement un bruit qui les fit se mettre au garde-à-vous.
« Meooow… »
Un chat noir sortit innocemment d’un buisson voisin.
« … C’est qu’un chat… »
« Les chats me font peur… Dépêche-toi avec le feu. »
« … Compris. »
Le second homme se précipita pour allumer les petits morceaux, mais il

s’arrêta à nouveau après avoir entendu un bruit.
« Meooow ! »
« Guh… Un autre chat ? Pourquoi cette ville en a-t-elle autant ? »
« H-Hey… N’est-ce pas un peu bizarre… ? »
L’homme qui allumait le feu se leva et regarda autour de lui d’un air
Tome 15 21 / 131
inquiet. Quelque chose ne tournait pas rond. Même s’il n’y avait personne
autour de lui, il pouvait sentir des regards sur lui.
« Miaou… »
« Miaou… »
« Miaou… Miaou… »
« Hiss… »
Plusieurs yeux brillaient dans le noir complet de la nuit. De sous les

porches, de la cime des arbres voisins, de la hauteur des toits voisins et
des buissons voisins.
Blanc. Noirs. Tabby. Calico. Toygers. Toutes sortes de chats émergèrent

et commencèrent à fixer les hommes.
« H-Hey… Que diable se passe-t-il ? »
« Je n’aime pas ça… ! »
« Vous avez peur, bande d’idiots ? »
Une voix résonna dans le noir, amenant les hommes à dégainer leurs
lames. Ils regardèrent autour d’eux, mais ils ne pouvaient pas identifier la
source. Ils ne savaient pas à qui appartenait la voix, ni même d’où elle
provenait.
« Savez-vous à quoi servent ces morceaux de bois ? »
« Qu-Qui êtes-vous ? ! Sortez ! »
Sous la pâle lumière de la lune, les chats rassemblés se séparèrent de

gauche à droite. Au milieu de la foule marchait un petit chat blanc. Il
ressemblait presque à un bébé tigre.
Tome 15 22 / 131
Même s’il avait l’air juvénile et peu imposant, les hommes ressentirent un
immense sentiment de crainte. Ils auraient tout aussi bien pu faire face à
un dragon.
« … Pas de réponse, hm ? Ce n’est pas grave. Vous aurez tout le temps de

répondre en prison. »
« Un chat qui parle ?! »
« C’est audacieux de votre part de supposer que je suis un chat,

débauché ! »
Une bouffée de fumée blanche s’éjecta dans l’air, et de l’intérieur de la

manifestation brumeuse émergea un énorme tigre blanc hargneux. Les
deux hommes essayèrent de crier, mais leur voix resta coincée dans leur
gorge.
« Écoutez bien, mortels. Mon nom est Kohaku ! Je suis une bête céleste,
serviteur direct du très estimé Mochizuki Touya, grand-duc de Brunhild !
Je suis l’un des gardiens de cette nation, vous m’entendez ?! »
« Qu-Qu-Quoi… ?! »
« Occupez-vous d’eux, les chatons. »
Une cacophonie de sifflements et de hurlements retentit dans la nuit. Les

hommes ne pouvaient rien faire alors qu’ils étaient envahis par plus d’une
centaine de chats sauvages. Ils étaient si immobilisés par la peur qu’ils ne
pouvaient même pas dégainer leurs épées. Ils tombèrent au sol et furent
mordus, griffés et agressés.
Et à cet instant précis, un chevalier-chat sauta du toit, sa rapière

étincelant au clair de lune alors qu’il descendait.
« C’est la fin pour vous, les gars ! Il est temps de mettre la patte sur toute
votre opération ! »
Tome 15 23 / 131
« Gwah ?! »
« Hngh ?! »
Les deux hommes arrêtèrent complètement de bouger une fois qu’ils

furent frappés par sa lame. Elle avait été enchantée avec [Paralysie].
La foule de chats cessa d’attaquer les hommes et se dispersa dans

l’obscurité.
On pouvait entendre d’innombrables petits bruits de pas de chats

marchant au loin. Seuls le tigre blanc et le chevalier chat restaient.
« Kohaku ! Monsieur Mittens ! »
« … Mon nom est D’Artagnan ! »
Monsieur Mittens posa ses mains sur ses hanches et lança un regard
furieux à Lanz, le chevalier qui l’avait interpellé et au tigre à côté de lui.
Il grommela un peu en direction de Kohaku, mais se calma au bout d’un
moment.
« Kohaku… Que se passe-t-il ici ? »
« Et bien. Ces hommes tentaient d’enflammer ce bois de bête, cela aurait

poussé toutes les bêtes magiques proches à se déchaîner et à encercler la
ville. Il y en a probablement d’autres qui font de même ailleurs dans la
ville, mais les autres chevaliers-chats ont été envoyés pour s’occuper
d’eux. Je vais m’occuper de leur chef, un marchand. Voulez-vous venir
avec moi ? »
« D’accord ! Vous trois, mettez ces deux hommes en détention. Vous

deux, allez aux autres endroits ! Le reste d’entre nous ira avec Kohaku et
Seigneur Mittens pour capturer le meneur ! »
Les deux hommes furent traînés au loin. Kohaku reprit son état de chaton
Tome 15 24 / 131
et appela les chevaliers restants.
« Écoutez-moi maintenant ! Nous sommes les Gardiens de Brunhild !

Nous ne pouvons pas pardonner ceux qui cherchent à nuire à notre
maison ! Nous les capturerons, et les forcerons à se repentir ! »
Les hommes applaudirent en réponse et suivirent le tigre blanc dans la

nuit.
Quelque temps plus tard, le marchand de Sandora et tous ses acolytes

furent arrêtés. La nuit redevint alors paisible.
*****
Je suis un tigre. Mon nom est Kohaku. C’est un nom qui signifie « noble
protecteur ». Ça n’a pas toujours signifié ça, mais ça le signifie
maintenant. C’est du moins ce que j’avais décidé. Hmm… Et aujourd’hui,
j’ai trop dormi. L’incident d’hier soir m’a quand même beaucoup
fatiguée… Mais c’est toujours une chose inconvenante à faire.
J’avais plongé mon visage dans la fontaine d’eau fraîche de la cour.

J’avais frotté une de mes pattes avant contre mes yeux. Il serait très
impoli de me présenter devant mon seigneur avec un visage endormi.
Voilà, ça devrait le faire. Je suis bien réveillée maintenant.
J’étais allée dans la salle à manger et j’avais trouvé quelque chose de

rare. Mon maître et toutes ses fiancées étaient ensemble en même temps.
Le fait qu’ils soient tous là en même temps était inhabituel.
« Bonjour, monseigneur. Bonjour, mesdames. »
« Bonjour, Kohaku ! »
Une fois que mon maître me dit bonjour, toutes les filles firent de même.
Hm… Elles avaient toutes l’air en forme, j’étais contente.
Tome 15 25 / 131
Renne apporta mon repas, et je m’étais assise à une plus petite table à
côté de leur table principale. Ooh… C’est du rosbif aujourd’hui, c’est ça ?
Je suis certainement friande de plats comme celui-ci…
Très bien… Il est temps de se mettre à table !
« Oh oui, Kohaku. J’ai entendu dire que tu avais beaucoup aidé hier. »
Au moment où j’allais engloutir mon délicieux rosbif, mon maître me

parla.
« Hm ? A- Ah, oui ! Il y avait des gens qui essayaient de faire quelque

chose de mal en ville, alors je m’en suis occupée. J’ai fait arrêter tout le
monde, ils sont en prison en ce moment. »
« C’est super, merci, Kohaku… Je suis très fier de toi, je suis sûr que tu
vas continuer. »
Il s’était approché et m’avait gentiment tapoté la tête. Ses futures

épouses firent de même, me couvrant d’éloges.
Je n’aimais pas trop qu’on me caresse, mais je mentirais si je disais que je

n’appréciais pas l’attention positive des gens qui comptaient tant pour
moi.
Pourtant, je n’avais fait que remplir la tâche qui m’avait été assignée…
Mais s’ils voulaient me féliciter pour cela, je n’allais pas me plaindre.
Mais comme je devais ma victoire d’hier aux efforts de M. Mittens et de

ses cohortes de mousquetaires, j’avais donc décidé de leur offrir un bon
repas. L’ordre des chevaliers aussi, et je ne pouvais pas oublier les chats
errants qui avaient aidé à maîtriser les deux hommes. J’étais sûre qu’ils
seraient heureux d’être reconnus pour leurs actions.
Tout en planifiant ma journée, j’avais mangé ce délicieux bol de rosbif.

C’était aussi délicieux que je l’avais espéré.
Tome 15 26 / 131
Chapitre 1 : Les émissaires d’Egret
Partie 1
« Frappe fort, Lumière ! Lance sacrée étincelante : [Javelot

étincelant] ! »
Le rayon de lumière vola vers sa cible comme une flèche.
La statue de pierre en forme de roi-singe fut anéantie.
Après cela, plusieurs tirs de [Javelot brillant] furent libérés

successivement, sans aucun chant, en direction de leurs propres cibles.
Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que les dix statues s’effondrent.
« Comment est-ce ? Pas mal, hein ? »
« Pas mal du tout. Bon travail, Sue. »
Comme Sue se mit à sourire tout en gonflant sa poitrine, je lui avais

donné une tape sur la tête. Étant donné qu’elle n’avait que 11 ans, pour
réussir ce qu’elle venait de faire… elle était extrêmement douée.
Sue avait une aptitude pour la magie de type Lumière. Les sorts de type
Lumière étaient également connus sous le nom de sorts sacrés et étaient
portés vers la défense et les soins. Ils étaient également utilisés pour
purifier la corruption.
Mais cette école de magie possédait encore de nombreuses capacités

offensives. Il y avait des sorts comme le [Javelot brillant], la [Flèche
lumineuse] et l’[Éclat lumineux] qui pouvaient brûler les ennemis avec
le feu sacré.
Sue avait appris la magie avec Linze et Leen pendant son temps libre et
Tome 15 27 / 131
elle était déjà suffisamment forte pour lancer plusieurs sorts de haut
niveau.
Elle avait également appris à se défendre auprès de Yae et de Lapis,

notre servante en chef. Elle avait également appris des techniques de
précision et de lancer de couteaux avec Cécile, notre autre servante. On
dirait qu’elle avait absorbé toutes ces connaissances comme une petite
éponge avide.
Et malgré son âge, elle était à tous les coups beaucoup plus forte que la
moyenne des aventuriers.
Le fait qu’elle ait bénéficié de ma divinité pour devenir plus forte était
possible, mais je pense qu’elle avait déjà beaucoup de talent en elle.
« Quand même, je ne suis pas encore assez forte ! Je vais être l’une de tes
épouses, je ne peux pas me laisser distancer ! Je deviendrai assez forte
pour protéger tout Brunhild ! »
Elle semblait déterminée. J’avais souri et pris une de ses mains dans la
mienne.
« Merci, Sue… Mais ne te force pas, d’accord ? Forte ou faible, ce genre

de choses ne me dérange pas. Je t’aime comme tu es, Sue. »
« Je ne vais pas me forcer, ne t’inquiète pas. Tu es important pour moi,

Touya. C’est pourquoi je dois travailler dur, alors n’hésite pas à me gâter
abondamment en guise de récompense ! »
Sue gloussa et enroula ses bras autour de mon cou. Te gâter, hein… Je ne
peux pas en faire trop, maintenant.
Je m’étais penché vers elle et l’avais serrée dans mes bras.
« Au fait, Touya… »

Tome 15 28 / 131
« Hmm ? »
« Est-ce vrai que tu as une autre femme qui te suit partout ? »
« Hein ?! »
De… De quoi parles-tu ?!
« À Babylon… Il y a une nouvelle femme, non ? Cesca me l’a dit. Elle

porte des lunettes et a un chien mignon, non ? »
« Attends ! Ce n’est pas ce que tu crois ! Elle est juste là pour l’ingénierie
et le support technique ! »
Espèce de domestique perverse et stupide ! Ne dis pas de trucs bizarres à

Sue ! Sue relâcha son emprise sur moi et poussa un petit soupir. Elle
secoua ensuite la tête et croisa les bras. Je m’étais demandé où elle avait
appris ce genre de posture désabusée.
« Mon père m’a dit que tu as l’air d’un homme qui aura beaucoup de
problèmes avec les femmes, Touya. Il m’a aussi dit de faire attention à ce
que tu n’aies pas d’ennuis avec des dames étrangères. »
« Cela n’a rien à voir avec tout ça ! »
Bon sang, Duc Ortlinde ! Ne lui dis pas des trucs bizarres comme ça…
Qu’est-ce que tu veux dire par là ? ! Des problèmes avec les femmes…
Hein… ? Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible… Ça ne peut pas être
le cas. Les problèmes doivent être terminés à ce stade, non ? Il ne va pas
continuer à se manifester, non ? Je t’en prie.
Sue continua à me sermonner un peu, malgré mes protestations. Mais je

pense qu’elle avait été correctement rassurée à la fin.
« Tu es inutile sans nous les filles, Touya ! »

Tome 15 29 / 131
« O-Oui, bien sûr… »
Comme Sue était de nouveau joyeuse, je l’avais laissée s’accrocher à mon

bras, et nous avions commencé à marcher vers le château. Le ciel au-
dessus de nous était dégagé, malgré le fait qu’il y ait eu une mauvaise
tempête quelques jours auparavant.

Tome 15 30 / 131
Tome 15 31 / 131
J’aurais pu demander aux esprits de la nature d’éloigner les catastrophes
écologiques de Brunhild, mais j’avais décidé de ne pas leur demander
d’intervenir, sauf s’il s’agissait de quelque chose de véritablement
dangereux.
« Comment va Ellen ? »
« Bien ! Son ventre a beaucoup grossi dernièrement. Je pense que je vais

avoir un petit frère. »
La mère de Sue était enceinte, ce qui pouvait être l’une des raisons pour
lesquelles elle travaillait si studieusement sur sa magie.
Sue avait même passé du temps dans la clinique de la ville du château de

Belfast et soignait les gens là-bas avec ses propres réserves de magie.
C’était vraiment une fille au grand cœur.
Cela ne signifiait pourtant pas qu’elle ne pouvait pas être un peu têtue et
nécessiteuse parfois.
« … Touya. Il y a quelque chose de bizarre là-haut. »
« Hein ? »
Sue pointa du doigt le ciel au-dessus du château.
Quelque chose volait dans cette direction, mais il était trop éloigné pour
le distinguer clairement.
« Est-ce un oiseau ? »
« [Détection lointaine]. »
J’avais projeté mon sens de la vue vers l’objet avec mon sort Néant.
Comme Sue le pensait, c’était un oiseau. Mais cet oiseau était très
Tome 15 32 / 131
inhabituel… Il y avait une personne sur son dos.
De plus, c’était un énorme oiseau. Un oiseau géant. Il était si gros que je

m’étais demandé si c’était une sorte de Béhémoth… J’avais ensuite
réalisé qu’il y en avait trois, avec un cavalier sur chacun.
Je m’étais demandé s’ils n’essayaient pas de lancer une attaque sur la

ville, mais ils changèrent de cap et se posèrent dans les plaines au nord
du château.
« … C’est un gros oiseau. »
« Il y en avait trois, en fait. Allons voir ça. »
J’avais utilisé [Téléportation] afin de nous amener immédiatement dans

les plaines. Nous étions arrivés au sommet d’une colline, devant les gens
et leurs montures.
Il y avait deux hommes et une femme. Ils portaient des vêtements assez
tribaux, ça me rappelait un peu ce que portaient les habitants de la Mer
des Arbres, mais c’était un peu différent.
Ils avaient des coiffes en plumes et des décorations en plumes qui

ornaient leurs épaules, cela me rappelait un peu l’esthétique aztèque.
Leurs tenues me rappelaient les vêtements des Amérindiens…
Hmm… Ils ont la peau rouge-brun… Quel pays a ce genre de population ?

Ne me dites pas qu’ils viennent du Monde Inversé…
« Votre Altesse ! »
Alors que je réfléchissais, le vice-capitaine Nikola et plusieurs chevaliers

étaient arrivés en courant derrière moi. Ils avaient probablement vu les
oiseaux.
Avant de m’approcher des visiteurs, j’avais attendu que Nikola me

Tome 15 33 / 131
rattrape.
« Bonjour à tous. Qu’est-ce qui vous amène dans mon pays ? »
« Je suis un émissaire d’Egret ! Notre mission dans ce pays est d’apporter

une lettre de notre roi au grand-duc de Brunhild. »
Le plus grand des trois, un homme avec des plumes blanches sur la tête,
prit clairement la parole.
Egret était un pays au sud-ouest, c’était une île relativement petite dans
l’océan qui bordait Mismede et Belfast.
D’après mes souvenirs, la nation d’Egret fut fondée par une tribu de la
Mer des Arbres qui avait navigué à la recherche de nouvelles terres. Il
semblerait que mon évaluation initiale ne soit pas si éloignée.
J’y étais aussi allé une fois. C’était quand je cherchais des morceaux de
Babylon, j’y avais trouvé le point d’accès au laboratoire de recherche. Je
n’avais pourtant pas vraiment fait de tourisme. Je n’étais allé que dans le
territoire du Dragon.
D’après ce que je sais, Egret est un endroit où il fait bon vivre… Je me

demande pourquoi ils sont venus jusqu’ici…
Je m’étais avancé vers les trois personnes et m’étais raclé la gorge.
« Très bien, j’accepte votre lettre. Je suis Mochizuki Touya, Grand Duc de
Brunhild. »
Les trois personnes pâlirent autant que leur teint le leur permettait après
avoir entendu ma présentation. Après quelques instants, ils s’étaient
agenouillés et m’avaient présenté un parchemin.
Je suppose que je n’ai pas beaucoup d’aura royale, hein… Laissez-moi

tranquille, les gars… Je sais que je suis jeune, mais le Royaume de Palouf
Tome 15 34 / 131
est dirigé par un enfant de 10 ans ! Devrais-je faire en sorte de me laisser
pousser la barbe ? Non… Ça ne m’irait probablement pas.
J’avais ouvert le conteneur et sortit le parchemin, puis j’avais brisé le

sceau de cire et commencé à lire ce qu’il disait.
Voyons voir… Hm… Hmhm… Ah…
« Qu’est-ce que ça dit ? »
« Eh bien… C’est une demande d’aide. »
Apparemment, la récente tempête avait causé d’énormes problèmes dans

le territoire d’Egret. Leurs récoltes furent détruites par des inondations
soudaines, ils avaient perdu presque tous leurs bateaux de pêche et
navires de guerre, et leurs réserves de nourriture furent anéanties. Il n’y
avait pas eu beaucoup de morts, mais beaucoup de gens furent
gravement blessés.
Ils n’avaient pas pu demander de l’aide dans des endroits comme Belfast,
Refreese ou Mismede, car ils n’avaient pas de navires en assez bon état
pour y faire escale.
C’était pourquoi ils avaient utilisé leurs oiseaux géants pour venir me
demander de l’aide.
Pour être honnête, Brunhild ne pouvait pas vraiment leur donner

beaucoup de provisions. Nous étions une petite nation, ce n’était donc
pas comme si nous roulions sur l’or. Nous devions donner la priorité à
notre propre peuple, même si cela semblait dur.
Mais je ne voyais pas pourquoi je ne pouvais pas demander aux membres

de la Société des Nations d’offrir chacun une petite offrande à Egret. S’ils
le faisaient, je pourrais alors tout transférer à Egret avec ma magie assez
rapidement.
Tome 15 35 / 131
Partie 2
Cela prendrait probablement un certain temps… Chaque pays dans le

monde avait sûrement des tas de choses à faire. Ce n’était pas comme
s’ils pouvaient simplement mettre en pause leurs opérations importantes
afin d’aider une nation étrangère.
« Pourriez-vous venir au château avec moi ? Je vais contacter les autres

nations à ce sujet, mais cela peut prendre un certain temps. En
attendant… Pourriez-vous laisser vos oiseaux ici ? »
« Très bien, merci. »
L’homme aux plumes blanches hocha la tête et s’avança. La femme, parée

de plumes rouges, marchait derrière lui. Le jeune homme aux plumes
brunes avait choisi de rester derrière et de s’occuper des oiseaux.
Après en avoir fait la demande, on m’avait dit que ces oiseaux

s’appelaient Luphus. Ils avaient été élevés sélectivement pour leur
gigantisme. Ils avaient apparemment été domestiqués par la tribu Luphu,
malgré leur statut de Béhémoth.
Cependant, la tribu entière n’avait que cinq de ces oiseaux.
Le chef des trois émissaires était l’homme aux plumes blanches, qui
s’était présenté comme Totola Luphu. La femme aux plumes rouges était
Lilicala Luphu. Ces deux-là étaient apparemment frère et sœur. L’autre
homme s’appelait Locha Luphu, et c’était leur cousin.
Sue voulait monter un des oiseaux Luphu, mais je lui avais dit que ce
n’était ni le bon moment ni le bon endroit pour ça. En plus, ça pourrait
être dangereux. Elle n’avait pas d’entraînement.
Comme je l’avais présentée comme ma fiancée, Totola et Lilicala me

regardèrent avec des yeux incrédules. Ils n’avaient cependant rien dit.
Tome 15 36 / 131
*****
J’avais fini par demander le soutien des autres pays de la Société des
Nations, et ils contribuèrent tous… Malheureusement, c’était encore loin
d’être suffisant.
J’avais finalement décidé qu’il valait mieux s’assurer qu’Egret disposait

de leur propre source alimentaire stable plutôt que de lui donner une
solution de fortune. Leur principale source de nourriture semblait être la
pêche, il suffisait donc de remplacer les bateaux de pêche qui avaient été
détruits.
Je serais capable de produire en masse des bateaux de remplacement

pour eux en utilisant l’Atelier de Babylone, mais j’attendrais une
compensation adéquate.
Mais il semblerait que, même avec cette solution, la situation n’était pas
aussi simple qu’il y paraisse.
« Même avec des navires, nous ne pouvons pas aller pêcher maintenant…
Il y a un Tentaculaire dans l’océan. »
« Oh… C’est vrai, cette bête magique qui ressemble à un calmar géant. »
Si j’avais bonne mémoire, le calmar géant était l’un des plus grands
invertébrés sur Terre, et il y avait même eu des papiers faisant écho de
spécimens capturés mesurant jusqu’à dix-huit mètres. D’après ce que
j’avais lu dans le bestiaire de la Guilde, le Tentaculaire était une bête
magique bien plus grande que cela.
Il était apparemment capable d’utiliser ses membres pour entraîner des

navires entiers dans les profondeurs obscures. Je n’arrivais même pas à
imaginer sa taille… Surtout que ce Tentaculaire particulier était
considéré comme un Béhémoth, même parmi ses pairs.

Tome 15 37 / 131
J’avais invoqué un Kraken une fois, mais même cette chose n’était pas
aussi effrayante qu’un Tentaculaire.
« Attendez, Egret n’a pas la protection du serpent ? »
D’après mes souvenirs, lorsque j’avais rencontré le Dragon autour

d’Egret, ce dernier m’avait dit que le serpent de mer était comme un
protecteur du littoral. C’était un homme au grand cœur qui protégeait les
eaux, et c’était aussi un membre de la famille de Luli.
Je ne pensais pas que quelqu’un d’aussi gentil que lui ignorerait la

présence d’un Tentaculaire féroce dans la région.
« Le serpent a combattu le Tentaculaire… Mais il a disparu peu après.

Nous ne pensons pas qu’il soit mort, mais… Nous pensons qu’il a été
vaincu. »
Oups… Il a perdu ? Je suppose que le Tentaculaire doit être vraiment

gigantesque, donc… Je me demande quel goût il a… Si je vais le tuer, ça
pourrait résoudre la pénurie de nourriture ! On pourrait même le faire
sécher pour avoir des en-cas de longue durée.
J’avais marmonné cette suggestion, mais le duo fronça simplement les

sourcils et secoua la tête. Qu’est-ce que… Allez. Vous ne mangez pas de
calmar ? Je croyais que la principale source de nourriture d’Egret était la
pêche ! Bah, je suppose que c’est juste des différences culturelles. Ce
n’est pas comme si j’allais vous forcer à en manger, surtout que je ne sais
même pas quel goût ça a !
Je n’aimais vraiment pas manger du calmar. Sa texture spongieuse était

inconfortable sur ma langue, et il gardait essentiellement la même
consistance même si on le faisait bouillir ou frire. Je n’aimais vraiment
que le calmar séché, car il avait au moins un peu de croquant.
J’avais de toute façon haussé les épaules. Je m’étais décidé à m’en

Tome 15 38 / 131
occuper.
Je n’avais pas vraiment envie de me battre sous l’eau si cela était

possible, j’espérais donc pouvoir trouver une solution…
J’avais utilisé [Rappel] sur Totola pour obtenir des informations sur la
capitale d’Egret, Retrobamba. Puis j’avais ouvert une [Porte].
Mais au moment où j’allais la franchir, Sue ouvrit la bouche.
« Stop ! Je ne veux pas rester à la maison tout le temps. Emmène-moi

cette fois-ci, Touya. Un mari doit écouter les demandes de sa femme de
temps en temps, non ? C’est la règle. »
J’avais soupiré doucement tout en marmonnant quelque chose sur le fait

que je n’allais pas exactement là-bas pour faire l’idiot. Mes autres
fiancées, qui s’étaient rendues individuellement dans la salle d’accueil à
un moment donné, avaient également décidé de venir.
Je ne pensais pas vraiment qu’il était approprié d’amener toutes mes

fiancées afin de rencontrer le roi d’Egret pour la première fois, j’avais
donc réussi à les convaincre de réduire le nombre de personnes à
seulement deux autres plus Sue. Trois personnes étaient déjà beaucoup,
mais c’était inévitable…
Ce fut ainsi qu’un match passionné de pierre-papier-ciseaux commença

entre les huit filles restantes.
Le frère et la sœur Luphu regardèrent avec confusion mes fiancées trop

enthousiastes.
Je comprends… Je vous comprends vraiment. C’est complètement

ridicule. Je sais. Mais taisez-vous, s’il vous plaît.
« Je l’ai fait ! »

Tome 15 39 / 131
« J’ai gagné… V pour Victoire… »
Linze et Sakura finirent par gagner.
Les filles qui avaient perdu demandèrent qu’on leur ramène des
souvenirs. Elles traitaient vraiment ça comme une sorte de vacances…
Étant donné que c’était une magnifique île tropicale, cela aurait été une
destination de vacances parfaite, pourtant…
J’avais décidé d’emmener Sango et Kokuyou, au cas où il y aurait des

problèmes. Je ne voulais pas qu’un conflit sous-marin éclate, mais je ne
pouvais pas écarter cette possibilité.
« Très bien… Quelle est la taille du Tentaculaire ? »
« Nous ne savons pas. Nous n’avons vraiment vu que la tête et certains de

ses membres hors de l’eau. La plupart des rapports de témoins oculaires
disent qu’il fait à peu près à la même taille que notre serpent gardien. »
… Ça veut dire qu’il fait au moins 50 mètres ! Comment suis-je censé

faire face à ça, bon sang… Si j’essaie d’utiliser [Porte] pour le faire
passer sur la terre ferme, ça pourrait marcher… Mais je pourrais
provoquer une autre inondation si je déforme accidentellement l’eau de
mer avec.
Peut-être un Frame Gear… ? Non… Ce n’est pas comme ça que ça

marche… Ou peut-être, hm… Je pense que je pourrais fabriquer de
l’orichalque pour en faire une tige et une ficelle avec [Modélisation]…
Oui, allons à la pêche…
Hm… Comment fait-on pour pêcher du calmar en fait ? J’avais souri

doucement tout en sortant mon smartphone et en cherchant des guides
sur la façon d’attraper des calmars avec une canne à pêche.
Le Royaume d’Egret était formé de deux îles distinctes. Il y avait l’île

Tome 15 40 / 131
d’Egrand, plus longue, qui s’étendait du nord au sud, et l’île de Mallet,
plus petite, qui était plus recluse et faisait environ un tiers de la taille de
l’autre.
Sue, Linze, Sakura, Sango, Kokuyou et moi nous étions tous téléportés
sur l’île de Mallet.
Les trois membres de la tribu Luphu avaient traversé la [Porte] de

Retrobamba avant nous, tandis que mon groupe se rendait sur l’île de
Mallet pour vérifier l’état du serpent de mer.
Comme la maison du serpent de mer était également la grotte qui

contenait le téléporteur qui m’avait conduit au laboratoire de recherche
de Babylone, j’avais ouvert un portail directement là. Nous étions sortis
dans la zone dégagée. L’endroit ressemblait à une base secrète, avec un
lac souterrain.
« Touya, regarde… »
Linze pointa du doigt le serpent de mer à travers l’eau. Il était allongé là

avec des blessures couvrant toute sa forme.
Le haut de son corps était couché contre le sol, tandis que le reste était
sous la surface. Du sang suintait de ses blessures, et ses magnifiques
écailles bleues saphir étaient déchiquetées et pelées par endroits.
Sa respiration était rauque et irrégulière, et il semblait avoir utilisé toute

son énergie pour ouvrir les yeux et me regarder. J’avais placé ma main
contre lui et j’avais fermé les yeux. Tiens bon, mon pote…
« Avance, Lumière ! Calme de la Déesse : [Guérison Max] ! »
Une vague de lumière se mit à onduler sur le corps du Dragon, le

guérissant en quelques secondes. Ses écailles retrouvèrent également
leur éclat et leur lustre.
Tome 15 41 / 131
« Vas-tu bien ? »
« Je vais bien. Vous avez ma gratitude, Ô Mochizuki Touya, celui qui se

tient au-dessus de Maîtresse Luli. Pardonnez-moi de vous montrer ma
disgrâce. »
« J’ai appris ce qui s’est passé par les gars d’Egret. Tu as combattu le
Tentaculaire et tu as perdu ? »
« En effet. Ils ont fait intrusion dans mon domaine, alors j’ai jugé bon de
m’occuper d’eux… Mais leurs tentacules étaient plus forts que je ne
l’aurais imaginé… Assez fort pour pulvériser mes organes et briser mes
os. »
… Assez fort pour briser les os d’un Dragon ? Je me demande si le

Tentaculaire a aussi un peu de pieuvre en lui… J’ai entendu dire que le
corps des pieuvres était principalement constitué de muscles.
Les calmars étaient aussi les invertébrés marins les plus rapides. Ils
pouvaient même utiliser la propulsion par jet d’eau pour faire des pointes
à quarante kilomètres par heure.
La situation semblait bien plus grave que je ne le pensais.
« On m’a chargé de m’occuper du monstre, alors repose-toi un peu. Une

fois que je l’aurai tué, tu pourras continuer à t’occuper d’Egret. »
« Je vous remercie… Je n’en suis pas digne. »
Le serpent de mer inclina sa tête devant moi, ce qui était un trait

humain…
Pourtant, ce que le Dragon m’avait dit m’inquiéta quand même.
« … Tu as dit “ils”, non ? Je pensais qu’il n’y avait qu’un seul

Tentaculaire. »
Tome 15 42 / 131
« J’ai bien peur que non. Il y en a plusieurs. J’ai combattu deux d’entre
eux en même temps et j’ai été obligé de fuir quand un troisième est entré
dans la mêlée. Et il est fort probable qu’il y en ait plus. »
Trois au minimum… ? La situation s’aggrave de minute en minute.
J’avais soupiré et secoué la tête, puis j’avais chassé mes mauvaises

pensées avant de faire mes adieux au Dragon. J’avais ouvert une [Porte]
vers la capitale, prêt à faire face à la situation et à en sortir.
Partie 3
« Alors c’est ça Retrobamba, hein ? Plutôt esthétique, non ? »
Sue regarda autour d’elle pendant qu’elle parlait. Elle avait raison. La
ville était située sur une colline au bord de l’océan, et nous avions une
bonne vue sur la plage de sable blanc bordée de palmiers. L’eau semblait
propre et invitante.
Si vous deviez regarder vers le ciel, vous verriez des oiseaux tropicaux
voler au-dessus de vous. Si vous regardiez le sol, vous verriez une
verdure vibrante. Les bâtiments en pierre de la ville étaient tous
magnifiques. Il y avait une tour au loin, et une sorte de sanctuaire bien
construit. Je pouvais aussi voir quelque chose qui ressemblait à une
pyramide aztèque.
Il y avait une chaîne de montagnes un peu plus loin qui était couverte
d’une verdure luxuriante. La vue du ciel bleu et de la mer bleue me
donnait vraiment l’impression que cet endroit était la définition même de
l’harmonie naturelle.
Mais en regardant d’un peu plus près, on pouvait distinguer des branches
d’arbres cassées et quelques bâtiments effondrés. Cela devait être dû à la
tempête. Aussi beau que cet endroit soit, il avait clairement été marqué.

Tome 15 43 / 131
Le bâtiment massif que j’avais vu au centre de Retrobamba était
probablement le château du roi. Nous avions décidé de traverser la ville
et de nous diriger vers lui.
« Les citoyens semblent… démoralisés ? »
« Ce n’est pas vraiment surprenant. Des Tentaculaires tournent autour de

leur île, une famine sévit, et ils ne peuvent même pas aller dans les
montagnes à cause des coulées de boue. »
Linze me fit remarquer les gens sans vie autour de nous, mais j’avais déjà
noté à quel point tout le monde semblait misérable.
Toutes les villes n’étaient pas autant touché que ça, mais il semblerait
que le moral soit au plus bas dans tout le pays.
La capitale était encore présentable, mais apparemment, les villages de

montagne et la plupart de leurs villages de pêcheurs avaient subi des
dommages catastrophiques. Il y avait eu des glissements de terrain et des
inondations un peu partout, ce qui avait provoqué des embouteillages sur
les routes entre les villes. Ils n’avaient même pas pu organiser de secours
le long de leurs routes maritimes à cause du problème des Tentaculaires.
J’avais vu une voiture tirée par des chevaux descendre la route devant
nous, bien qu’il ne soit pas tout à fait juste de l’appeler calèche. Elle était
tirée par des oiseaux. Les oiseaux ressemblaient à des autruches, sauf
qu’ils étaient beaucoup plus costauds. Leur cou était épais.
La voiture tirée par des oiseaux s’était arrêtée juste devant nous. Comme
elle n’avait pas de toit, j’avais tout de suite identifié celle qui était à la
place du conducteur. C’était Lilicala.
« Nous sommes venus vous amener à notre roi, il vous attend. »
Super, on a eu droit à un voyage gratuit jusqu’au château. Merci,

Tome 15 44 / 131
madame !
Mais à l’instant même où nous étions sur le point de monter dans le

carrosse, nous avions entendu une forte agitation sur la plage voisine.
Puis cette agitation se transforma en un véritable tumulte.
Nous avions regardé sur le rivage sablonneux et avions vu une énorme

créature ressemblant à un calmar. Elle était en grande partie submergée,
mais je pouvais distinguer une partie de sa tête, et elle utilisait ses
tentacules pour attaquer les gens en bas.
Ils peuvent s’approcher aussi près de la côte ?! L’un des tentacules s’étira
vers le bas et s’enroula autour d’un homme, l’arrachant du sol. Les
Tentaculaires étaient carnivores et se nourrissaient principalement de la
viande de requins et de baleines, mais il leur arrivait de manger des
humains.
« Avance, Eau ! Sens ma lame, à la fois froide et claire : [Lame

d’Eau] ! »
Sakura invoqua une lame d’eau, qui trancha net le tentacule qui était
enroulé autour du pauvre homme.
Il tomba au sol et s’enfuit en panique, le morceau de tentacule crachant

du sang bleu. Linze avait immédiatement suivi avec une attaque de son
côté.
« Viens, Feu ! Sphère de flammes du purgatoire : [Boule de feu] ! »
L’énorme boule de feu qu’elle avait invoquée explosa contre la tête

exposée du Tentaculaire.
« Prrrgyaaaaah !! »
Le Tentaculaire poussa un cri hideux et se retira dans les vagues en

dessous. J’avais suivi avec mes propres sorts de feu, mais le Tentaculaire
Tome 15 45 / 131
termina sa descente avant qu’ils ne l’atteignent.
« Il s’est enfui… Dommage… »
« Celui-là était plus petit que je ne le pensais. »
« C’était peut-être un bébé ? »
Bébé ou pas, c’était toujours un monstre pour moi.
Le tentacule que Linze avait tranché se tordait toujours sur la plage. Le

regarder me rendait malade.
Je pouvais comprendre pourquoi sortir sur un bateau était un problème

avec ces choses autour… Attendez, je devrais quand même vérifier si
nous avons affaire à trois de ces choses… Si je ne suis pas chanceux, il
pourrait même y en avoir quelque chose comme cinq à gérer.
« Lancement d’une recherche. Tentaculaires dans l’océan autour du

Royaume d’Egret. »
« Recherche… Recherche terminée. 53 Tentaculaires trouvés. »
« Pardon ?! »
Je pouvais à peine trouver les mots. J’avais dû vérifier à nouveau pour

voir si mon smartphone était cassé.
Même en comptant les jeunes, c’était beaucoup trop… Les calamars

pondaient des milliers d’œufs à la fois, mais selon le bestiaire, les
Tentaculaires n’avaient que des couvées de quelques dizaines, et parmi
ces œufs, moins de dix devenaient adulte.
Je m’étais demandé si ce n’était pas un autre effet involontaire de la

fusion des deux mondes…

Tome 15 46 / 131
J’avais sauté sur la plage et j’avais mis Brunhild en mode lame. J’avais
tailladé le tentacule sur le sable.
Il était recouvert d’un liquide collant qui dévia partiellement le coup, ma

coupure n’était donc pas aussi profonde qu’elle aurait dû l’être. J’avais
essayé d’enfoncer la pointe de la lame dans le tentacule, j’avais eu plus
de succès.
Le tentacule recommença à se tortiller après que je le poignardais. J’avais

l’impression que j’allais vomir.
Un manieur d’épée aussi doué que Yae aurait facilement pu couper ses
tentacules, mais cela deviendrait plus difficile avec les plus gros. Pour je
ne sais quelle raison, les lames imbibées par la magie semblaient être
meilleures ici.
« À quelles écoles de magie les Tentaculaires sont-elles faibles, Linze ? »
« Feu, Lumière, et… Oh, les sorts de foudre de l’école du vent ! Si on

parle d’Eau, des sorts de coupure comme [Lame d’Eau] font aussi des
merveilles. Un sort comme [Maelström] n’aurait pratiquement aucun
effet. »
C’était logique. Le seul problème était que les sorts offensifs de foudre,
d’eau et de feu étaient beaucoup moins utiles dans l’eau. La magie de
lumière serait également diminuée, car l’eau la réfracterait.
Peut-être que je devrais vraiment les traîner sur la terre ferme… vais-je
vraiment finir par pêcher ? Alors que je réfléchissais pour moi-même, un
homme à la peau sombre avec un panache de plumes d’or sur la tête
s’était avancé vers moi. Il était accompagné de quelques soldats. Totola
et Lilicala se tenaient à ses côtés.
Il semblait avoir une trentaine d’années. Il portait des vêtements fins qui
faisaient très amérindiens, et il avait des tatouages tribaux complexes sur
Tome 15 47 / 131
tous ses abdominaux ciselés.
« Merci d’avoir combattu la bête, Grand Duc de Brunhild. Vous avez ma

gratitude. »
« Qui êtes-vous, exactement ? »
« Je suis Lefang Letra, fils de Lelaure Cocha. Je préside le Royaume

d’Egret. »
C’était le roi lui-même. Mais comme il ressemblait vraiment à une sorte

de vétéran de guerre, je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse partie de la
royauté.
J’avais tendu la main afin de la serrer. Sa poignée était ferme et serrée. Il

avait clairement l’allure et la poigne d’un guerrier qui passait chaque jour
à travailler pour s’améliorer.
« Je suis Mochizuki Touya, grand-duc de Brunhild. C’est un plaisir de

vous rencontrer, Roi Lefang. »
J’avais présenté les filles qui se tenaient derrière moi. Au lieu de les
présenter simplement comme mes fiancées, j’avais souligné qu’elles
étaient des mages compétentes. Je ne voulais pas qu’il pense que je
traitais son pays comme un lieu de villégiature familial.
De nombreux témoins avaient corroboré l’histoire des filles qui jetaient

des sorts puissants, si bien qu’il n’avait pas eu l’air de se méfier de nous.
« J’ai lancé un sort afin de calculer exactement le nombre de

Tentaculaires présents sur l’île, et… Il y en a plus de cinquante. »
« Cinquante ? ! Impossible… Comment pouvons-nous espérer

recommencer à pêcher ? »
« Mon pays a préparé une toute nouvelle flotte de navires que vous
Tome 15 48 / 131
pourrez utiliser, il ne reste plus qu’à tuer les monstres… Il n’y a qu’un
seul problème. Je trouverais cela beaucoup plus facile si je pouvais les
traîner sur la terre ferme… »
Le roi me parla d’une petite zone côtière éloignée de la capitale sur

laquelle nous pourrions faire des folies, j’avais donc décidé que ce serait
la zone que nous réserverions afin d’éliminer les Tentaculaires.
Passons maintenant à l’autre sujet.
« Kokuyou. Peux-tu manger ça ? »
« Je ne suis pas sûre, très cher. Comme ce n’est pas vraiment

poissonneux, tu devrais pouvoir le manger. Je ne peux pourtant pas
garantir que cela a bon goût. », dit Kokuyou en haussant les épaules.
Du moins, ça ressemblait à un haussement d’épaules. C’était un serpent

et n’avait pas vraiment d’épaules.
J’avais utilisé mon [Analyse] et j’avais confirmé que ce n’était pas

venimeux. Il pouvait être mangé sans danger, mais je ne saurais pas quel
goût il avait avant de l’avoir goûté.
J’avais utilisé mon smartphone pour vérifier si le calmar cru contenait

quelque chose de désagréable, et apparemment, certaines espèces
contenaient une quantité désagréable d’ammoniaque. Heureusement,
mon utilisation de l’[Analyse] avait confirmé que les Tentaculaires
n’avaient rien de mauvais à l’intérieur.
Comme le tentacule cessa de se tordre, j’avais donc enlevé la substance

gluante et appliqué une bonne quantité de sel. J’avais ensuite sorti une
assiette du [Stockage] et j’avais coupé un mince morceau du tentacule.
J’avais également sorti de mon [Stockage] de la sauce soja et du

gingembre achetés à Eashen, puis j’avais réduit le gingembre en pâte et
Tome 15 49 / 131
j’avais mélangé le tout sur l’assiette. Regardez, mortels. J’ai apporté le
somen de calmar dans ce monde.
« Grand-Duc… Avez-vous vraiment l’intention de consommer ça ? »
« Si tout se passe comme prévu, cela pourrait mettre fin à votre famine.
Je n’aime personnellement pas trop ça, mais il y a des plats à base de
calmar similaires à celui-ci dans Eashen et dans mon pays… C’est
pourquoi ça ne peut pas faire de mal d’essayer. »
Dans la cuisine d’Eashen, le poulpe et le calmar étaient la base de

l’alimentation. Et puis… Ce n’était pas du poison, donc c’était comestible.
En quelque sorte. Tout ce que j’avais à faire était de déterminer le goût…
Partie 4
C’est tout ou rien… Les natifs d’Egret reculèrent tous, et j’avais pris mes
baguettes. J’avais ensuite avalé un peu de somen Tentaculaire dans ma
bouche après l’avoir trempé dans le mélange gingembre-soja. Huh.
« C-Comment est-ce… ? », dit Linze nerveusement.
« C’est… bien ? Je n’aime pas la texture, mais tout le reste me semble

correct. En fait, ça a bon goût. Je pense que les gens qui aiment ce genre
de choses seront contents. »
« Laisse-moi essayer… »
Sakura en goûta un peu juste après moi. Sue, Sango, Kokuyou, et puis
Linze firent de même.
« Étonnamment délicieux… »
« Pas tout à fait à mon goût. »
« J’aime bien la texture de celui-là. Je pense que si on échange les sauces,

Tome 15 50 / 131
ça peut être très agréable de bien des façons différentes. »
Elles semblaient toutes penser différemment, mais cela confirmait qu’au

moins, quelqu’un pourrait probablement l’apprécier. Ça avait le goût de
calamar et de poulpe mélangés, et c’était un peu sucré. Ça marcherait
probablement aussi si je le coupais en sashimi.
Les natifs d’Egret nous regardèrent d’un air inquiet, mais la curiosité de
Totola prit le dessus. Il prit une bouchée, puis sa sœur avait fait de même.
« … Ce n’est pas vraiment délicieux, mais ça a l’air bon. »
« J’aime beaucoup, en fait… J’aime cette sauce… »
Les avis étaient divisés sur ce repas. Après un court moment, le roi finit
par goûter la nourriture.
« … Hmph. Ce n’est pas aussi mauvais que je le pensais. Je détestais

l’idée, mais… Le fait de goûter à ce plat a dissipé ma peur. Oui, je
pourrais me voir manger ça à nouveau… Mais personnellement, je
préfère un plat plus relevé. »
Il n’avait pas spécialement apprécié, mais ça ne m’avait pas trop surpris.
Je suppose que je peux essayer d’autres recettes de calamars, alors.

J’avais commencé à concocter d’autres recettes. Calamars frits dans de la
pâte à frire, sauté de calamars aigre-doux, calamars grillés avec des
pousses d’ail, calamars au beurre dans de la sauce soja, et calamars frits
au gingembre… Après m’avoir vu préparer quelques plats, les habitants
d’Egret autour de moi commencèrent à réaliser que les Tentaculaires
pouvaient être utilisés comme ingrédient. Quelques chefs professionnels
du château furent appelés et commencèrent à préparer des plats à
l’image de ce plat de poisson dans le style d’Egret.
Les pros firent un bien meilleur travail que moi avec la nourriture. J’avais
Tome 15 51 / 131
particulièrement apprécié ce qui était appelé le « Sauté tentaculaire aux
herbes ».
Il était aussi assez facile de faire des conserves de longue durée avec du
calamar. Donc la même règle s’applique probablement aux Tentaculaires.
… Ouaip, je vais devoir pêcher les Tentaculaires présents.
L’utilisation des Frames Gears des filles avec moi rendrait probablement
cela trivial. L’Ortlinde de Sue était après tout la plus forte de toutes les
Valkyries. Nous serions certainement en mesure de tirer les Tentaculaires
de l’océan en l’utilisant.
Comme nous voulions les utiliser comme nourriture, nous devions faire
attention à ne pas endommager leurs corps. Attendez, je viens de me
souvenir… Mon grand-père m’a une fois dit la meilleure façon de tuer un
calamar ou une pieuvre… Quelque chose à propos d’un coup fatal en un
seul coup…
Je l’avais cherché sur Internet.
Voyons voir ici… Attendez… « Enfoncer un pic à glace directement dans

son front » ? Ugh… C’est vraiment dégoûtant !
*****
« Ça devrait aller, monsieur ! »
« Hm… Pas mal du tout. Je pense que cela devrait marcher parfaitement.
»
J’étais assis dans l’atelier de Babylon, regardant un navire qui venait

d’être fabriqué. Il avait la forme d’un voilier, mais il n’avait pourtant pas
de voile. Sans parler du fait que l’arrière du navire avait été remodelé en
une fine aiguille qui pointait vers le bas dans l’eau.

Tome 15 52 / 131
Le bateau devait servir d’appât pour les Tentaculaires. Comme ce n’était
qu’un simple leurre, il avait été essentiellement évidé. Il était quand
même renforcé pour éviter qu’il ne soit cassé.
En général, on pêchait le calamar en pleine mer, mais les Tentaculaires

attaquaient les bateaux. C’était pourquoi nous avions transformé le
bateau lui-même en appât. Dès que les monstres s’accrochaient,
l’Ortlinde de Sue les traînait jusqu’au rivage.
Il y avait quelques problèmes qui m’empêchaient d’utiliser la [Porte]

sous l’eau, et je devais les toucher directement pour utiliser la
[Téléportation], de plus je ne pouvais pas vraiment utiliser la
[Téléportation] sur quelque chose d’aussi énorme.
Une fois qu’ils avaient été traînés sur le rivage, Linze percera leur cœur
avec son Fragarach. En supposant qu’ils soient identiques aux calamars
en termes de structure organique, leurs cœurs seraient situés entre leurs
yeux.
D’après mes recherches, sectionner les nerfs à ces endroits clés serait
suffisant pour tuer les calamars.
De toute façon, un coup de couteau entre les yeux devrait être suffisant
pour les tuer… En théorie, du moins. Si leur cœur était situé ailleurs, il
faudrait faire avec.
Il était temps de voir si ça marcherait.
Un bruit de fracas se répercuta dans l’air alors que le géant doré atterrit
sur le territoire d’Egret.
Le Frame Gear de Sue s’élevait à trente mètres de hauteur.
Son corps recouvert d’orichalque et de phrasium le faisait scintiller sous

le soleil tropical. L’énorme ligne de pêche dans sa main était attaché avec
Tome 15 53 / 131
le bateau-leurre.
J’avais utilisé la [Modélisation] pour réduire plusieurs morceaux

d’orichalque en brins, puis les assembler. C’était plusieurs fois plus épais
que mon propre corps… Je ne pouvais donc pas imaginer qu’il se casse
facilement.
« Très bien, essayons. »
Sakura et Linze se tenaient prêtes dans leurs Frame Gears derrière

l’Ortlinde, préparées au cas où.
Le bateau-leurre que nous utilisions était relié au continent par une ligne
de pêche, je ne pouvais donc pas utiliser la [Porte] pour l’envoyer dans
les profondeurs de l’océan.
À la place, j’avais utilisé [Gravité] pour réduire son poids, puis j’avais
demandé à Linze de le porter dans les profondeurs.
J’avais sauté sur le bateau tout en demandant à Linze de nous porter, moi
et le bateau, dans l’océan.
Le bateau n’était qu’un appât, il n’avait aucun moyen de se déplacer,

c’était pourquoi Sue tirait doucement sur le fil de pêche pour le faire
bouger.
Les Tentaculaires n’avaient pas vu de bateau dans le coin depuis

quelques jours, j’espérais donc qu’ils mordraient à l’hameçon.
J’avais regardé la surface vert émeraude sous l’eau.
En raison des résidus de sable et de corail, les fonds marins étaient

généralement d’un blanc pur, mais l’eau absorbait davantage le spectre
rouge de la lumière, ce qui faisait que nos yeux voyaient l’eau et tout ce
qui se trouvait en dessous en vert émeraude.

Tome 15 54 / 131
Plus l’eau était profonde, plus la surface était bleue, mais au point où je
me trouvais, elle était à peine verdâtre. La côte à proximité était un peu
trop peu profonde pour cela. J’avais probablement besoin de sortir plus
profondément pour voir la surface devenir plus bleue. Mais alors que je
réfléchissais, un Tentaculaire sortit soudainement de l’eau et s’enroula
autour du leurre.
« C’est l’heure ! »
D’autres Tentaculaires sortirent de l’eau, s’enroulant entièrement autour

du vaisseau.
« Sue ! »
J’avais utilisé le [Vol] pour m’élever dans le ciel et j’avais crié dans mon
smartphone.
« C’est parti ! »
Le navire-leurre s’était soudainement mis à foncer vers la côte, et

l’aiguille installée dans la structure creusa dans l’un des Tentaculaires.
D’après ce que j’avais lu, les invertébrés ne souffraient apparemment pas

de la douleur, mais je me demandais si c’était aussi le cas des
Tentaculaires.
J’avais réfléchi à cela tout en regardant le premier d’entre eux être traîné
vers le rivage.
« Skraaargh ! »
Le corps massif du Tentaculaire fit finalement surface.
Il mesurait plus de vingt mètres de long, rivalisant presque avec

l’Ortlinde en termes de taille. Pourtant, ce n’était pas comme s’il pouvait
tenir debout sur la terre ferme ou autre.
Tome 15 55 / 131
Le Tentaculaire essaya d’attraper le Frame Gear de Sue, mais Sakura
intervint avec sa magie vocale pour l’immobiliser complètement.
Sans perdre un instant, l’Helmwige de Linze se précipita et perça la zone

entre les yeux du monstre avec une lame Fragarach.
« Prauuuuuuuaaaaah !! »
Le Tentaculaire cria et laissa échapper ce qui semblait être un râle

déchirant.
Son corps passa soudainement d’une couleur charnue à un blanc pâle.

C’était assez similaire aux vidéos de chasse au calamar que j’avais vues
sur internet. Le fait de voir que le Tentaculaire avait son cœur au même
endroit me soulagea.
Même si le cœur était énorme, les trois filles pouvaient s’en occuper sans
problème.
Il ne nous restait plus qu’à nous occuper du reste. J’avais regardé

Helmwige ramener le navire-leurre. J’avais ouvert une [Porte] et appelé
Reginleif.
J’avais utilisé mon Frame Gear pour transporter le Tentaculaire mort un

peu plus loin et j’avais transformé mes Fragarachs en deux grandes
lames.
« Uhh… Je pense que je dois d’abord le vider. »
J’avais tranché la créature sur les côtés et j’avais sorti ses yeux et ses
organes internes. Les organes auraient pu être délicieux, mais je n’avais
pas envie de les goûter. Essayer de manipuler un ingrédient aussi énorme
était vraiment ennuyeux.
J’avais utilisé la [Porte] pour renvoyer les organes dans la mer, où ils
allaient probablement nourrir d’autres créatures. Puis j’avais lavé le
Tome 15 56 / 131
cadavre du Tentaculaire dans de l’eau salée.
Sango et Kokuyou m’aidèrent en utilisant leur magie pour augmenter la

concentration de sel dans l’eau, puis j’avais découpé le corps du
Tentaculaire en gros morceaux. J’avais ensuite suspendu les morceaux à
des palmiers proches.
Le soleil étant fort dans ce pays, il ne faudra donc que quelques jours
pour que la viande sèche… Je ne savais pas si la viande séchée aurait bon
goût ou non d’ailleurs.
Notre principale mission ici était de tuer les Tentaculaires, le fait de les
transformer en nourriture n’était qu’un détail. Une fois qu’ils seraient
tous partis, les gens pourraient à nouveau pêcher, ils ne seraient donc
pas obligés de manger les monstres.
« Prauuuurgh ! »
Elles en avaient déjà attrapé un deuxième.
J’avais mis de côté le fait que je devais faire ça une cinquantaine de fois
d’affilée… Je ne savais pas à quel point l’effort serait fatigant.
Partie 5
« Je suis crevé… »
Il avait fallu une journée entière pour tuer tous les Tentaculaires et placer
leurs cadavres tranchés le long de la côte d’Egret.
Comme certains d’entre eux étaient assez éloignés, j’avais utilisé une
[Porte] pour les transporter (ainsi que l’eau de mer environnante)
jusqu’à notre lieu de pêche.
L’odeur du poisson étant aussi assez asphyxiante, j’avais demandé aux

Tome 15 57 / 131
Esprits du vent de rejeter l’odeur vers l’océan autant que possible.
Comme je ne voulais pas que des animaux sauvages mangent la

nourriture séchée, j’avais lancé une [Prison] à grande échelle afin
d’empêcher les bêtes sauvages de pénétrer dans la zone. Pourtant,
comme l’application du sort était très large, ce dernier était assez facile à
briser, mais je ne pensais pas que les animaux seraient assez forts pour
faire ça.
Je n’avais pas fait que des calmars frits. J’avais fini par faire des calmars
râpés et des calmars roulés… Et j’avais aussi donné les recettes à
certains chefs locaux. Ils seraient probablement capables d’utiliser ces
recettes pour faire des trucs bien meilleurs qu’un amateur comme moi.
Le soleil commençait à se coucher et une délicieuse odeur flottait sur la

plage. Le roi d’Egret demanda à ses chefs personnels de cuisiner les
Tentaculaires que je n’avais pas mis à sécher, et distribua les plats à tout
le monde dans la région.
Cette île ne semblait pas considérer le calmar comme un aliment viable

jusqu’à présent, mais les gens semblaient se rallier facilement à cette
idée.
Les brochettes de Tentaculaires grillées avaient l’air particulièrement

délicieuses.
« Pour avoir sauvé notre pays… nous avons une grande dette envers vous.
Nous n’arrivons pas à croire le nombre de navires que vous nous avez
fournis. »
« Eh, pas de problème. Et comme vous nous payez pour les navires, ce
n’est pas de la charité. Les fournitures des autres pays devraient
également bientôt arriver. Je suppose que c’est la fin de votre famine. »
J’avais forcé un sourire en demandant au roi de relever sa tête inclinée.

Tome 15 58 / 131
Nous avions regardé au large de la côte les centaines de navires que
j’avais fabriqués dans l’atelier. En fait, nous avions surtout pris des
arbres et du bois du territoire d’Egret pour les construire. Cela, ajouté à
la prime d’extermination des Tentaculaires, était une compensation plus
que suffisante pour moi.
Je ne voulais pas prendre trop d’argent à un pays qui se remettait d’une

catastrophe naturelle, j’avais donc trouvé un arrangement à la place.
J’avais utilisé ma magie de recherche pour trouver une mine d’or sur une
petite île au large de la côte d’Egret, et je leur en avais parlé. Une fois
qu’ils l’auraient exploitée, je leur ferais verser une partie de tout ce qu’ils
y trouveraient à Brunhild.
Les revenus supplémentaires de la mine les aideraient également à

reconstruire leurs villes.
Sue pilotait l’Ortlinde juste au large, lançant un large filet dans l’océan et
ramenant une grande quantité de poissons. Les poissons furent ensuite
pris par les citoyens d’Egret, qui les avaient soit ramenés chez eux ou
commencés à les cuisiner sur place.
En peu de temps, il y avait une grande variété de nourriture étalée sur le

sable.
« Ça a l’air bon… »
« Je vous en prie, mangez à votre faim. La plupart de ces poissons ont été
pêchés par vos fiancées, après tout… Ahaha… »
Il y avait beaucoup de plats de poissons savoureux alignés devant nous,

du sashimi aux brochettes grillées. Il semblerait que cet endroit ait une
cuisine similaire à celle d’Eashen, c’était sûrement dû au fait que c’était
aussi une île. Il n’y avait pas de sauce soja ici, mais de la moutarde, du
vinaigre, de l’ail et d’autres condiments à la place.

Tome 15 59 / 131
Je voulais m’assurer que le poisson avait été saisi correctement et qu’il
n’y avait pas de parasites. J’avais subtilement utilisé [Analyse] pour
vérifier, et il n’y avait aucun problème.
J’avais trempé un peu de poisson dans la moutarde, et le goût était

incroyable. C’était bien meilleur que le Tentaculaire que j’avais cuisiné
plus tôt… Ça aurait été encore meilleur avec du riz blanc.
Une fois que Sue revint sur la rive, nous avions tous commencé un repas
animé. La menace Tentaculaire étant partie, tous les habitants fêtèrent ça
en chantant et en dansant autour du feu de la plage.
Certains artistes finirent par se montrer, jouant de la flûte de pan et

chantant des chansons folkloriques près du feu de joie. Chaque fois qu’ils
terminaient, ils étaient accueillis par des applaudissements nourris.
Après un moment, Sakura se leva. Elle était probablement incapable de

se contenir plus longtemps. Elle voulait chanter. C’était donc à moi de
l’accompagner. J’avais utilisé le [Stockage] pour sortir un piano et jouer
l’air qu’elle avait demandé.
Cette chanson, hein… Je suppose que je suis le seul à me rendre compte

qu’elle n’est pas à sa place. Mais c’est une chanson de western, ce n’est
donc pas comme si quelqu’un d’autre que moi connaissait les paroles.
Cette chanson parle du manque de votre maison.
Même si elle la chantait, Sakura n’avait aucune idée de ce qu’était la

Virginie-Occidentale. Mais apparemment, le chanteur original de la
chanson n’était même pas allé dans l’État de Virginie-Occidentale quand
il avait écrit la chanson, c’était un peu drôle quand on y songeait. Mais
comme elle avait été écrite par quelqu’un d’autre, ce n’était donc pas
trop bizarre.
Les habitants d’Egret furent si enthousiasmés par sa chanson que le fait

que les paroles ne correspondaient pas à la situation actuelle n’avait
Tome 15 60 / 131
vraiment pas d’importance.
Si j’avais bonne mémoire, il y avait un film d’animation qui utilisait

beaucoup la chanson dans son intrigue. Mais le film avait fini par adapter
les paroles pour que l’héroïne adolescente puisse la chanter en japonais.
Tout comme le titre du film, c’était comme si tout le monde dans la foule
était accroché à chaque murmure du cœur de Sakura.
Une fois le refrain terminé, et la chanson entamant son deuxième couplet,

un instrument à cordes commença à jouer pour accompagner la mélodie.
Je m’étais retourné pour voir qui était l’artiste, et ce n’était autre que
Sousuke. Il était assis sur les sables voisins, grattant sa guitare.
« Huh ?! »
J’avais failli arrêter de jouer, mais je m’étais vite remis de mon faux pas.
Je m’étais demandé quand il était arrivé ici. J’avais regardé autour de moi
et j’avais soudainement vu Karen manger des sashimis avec un groupe de
femmes d’Egret. J’avais également vu Moroha et Karina faire la queue
pour des calmars grillés, tandis que Suika et Kousuke commençaient à
boire de l’alcool avec de joyeux habitants.
Oh mon Dieu… Qu’est-ce que vous faites tous ici ?! Comme j’étais en train
de jouer, je ne pouvais pas leur faire un interrogatoire musclé. Je n’avais
pas d’autre choix que de continuer ma performance alors que la sueur
perlait sur mon front.
Comme c’était des dieux, ils pouvaient se téléporter où ils voulaient, ce

n’était même pas techniquement une utilisation de la magie, juste une
petite démonstration de leur divinité.
Après la fin du spectacle, j’avais salué la vague d’applaudissements et je

m’étais dirigé vers Karen. Elle était en train de dévorer du poisson frit.
Sousuke commença à jouer un autre air, et Sakura se remit à chanter,
mais mon temps sur la scène était terminé.
Tome 15 61 / 131
« Ce truc est délicieux, tu sais ? Tu devrais en manger, tu sais. »
« Je sais que c’est bon, mais pourquoi diable êtes-vous ici ?! »
« Rosetta m’a parlé de cette histoire de Tentaculaire, tu sais ? On dirait

que c’est une bonne fête, alors on a tous voulu passer. »
Karen m’indiqua une direction et je vis Linze, Sakura et Sue, mais aussi
Yumina, Elze, Yae, Lu, Hilde et Leen, toutes assises autour et profitant de
la nourriture. Même Paula était là. Elle faisait semblant de manger.

Tome 15 62 / 131
Tome 15 63 / 131
Pour résumer, tu es venue ici avec tout le monde ?! Je m’étais dirigé vers
le roi d’Egret, et j’avais incliné ma tête en signe d’excuse. Mais ce dernier
ne fit que rire.
« J’ai sept épouses, mon ami. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter ici ! Au
contraire, c’est agréable de les voir s’entendre si bien… Je suis un peu
jaloux, ahaha ! »
« O-Oh, vraiment… ? Je suppose que ça doit être dur si vos femmes se

chamaillent, hein… »
J’avais gloussé doucement et m’étais tourné vers mon collègue polygame,

mais son visage avait pris une expression maussade.
« C’est comme… Marcher sur des coquille d’œuf… Mais les coquille
d’œuf sont faites de couteaux et de poison. Écoutez-moi, Grand Duc… La
nation prospère si votre famille prospère, assurez-vous d’apaiser toutes
les inquiétudes que vos femmes pourraient avoir. Si vous ne le faites
pas… Vous subirez un sort pire que la mort, je vous le promets. »
Il m’avait fixé avec des yeux vitreux. Il ressemblait maintenant à une

sorte de vétéran meurtri. Attendez, qu’est-ce qui vous est arrivé ?!
Quelques soldats proches m’adressèrent un sourire en coin. Il ne semblait
pas que quelque chose de grave lui soit arrivé, mais il est clair que les
conflits conjugaux qu’il avait eus avaient fini par avoir un impact sur lui.
J’avais décidé de changer de sujet, car le roi avait l’air extrêmement

déprimé tout d’un coup. J’avais décidé de lui offrir l’opportunité de faire
entrer Egret dans la Société des Nations. Son expression s’était
immédiatement éclaircie et il répondit positivement.
Il avait apparemment entendu de bonnes choses sur l’alliance de la part

de l’empereur de Refreese, et il espérait donc que nous lui laisserions
l’opportunité de nous rejoindre.

Tome 15 64 / 131
En guise de remerciement pour notre extermination des Tentaculaires, il
me déclara que nous pouvions utiliser la plage royale quand nous le
voulions, j’avais donc décidé d’organiser un séjour après la prochaine
réunion de la Société des Nations.
Il était rare d’avoir une mer aussi belle que celle que je contemplais, et
j’étais sûr que les autres dirigeants du monde aimeraient aussi la voir. Ce
serait l’occasion rêvée pour des vacances à la plage. Je devais
évidemment sécuriser la zone, mais cela pouvait facilement se faire en
jetant une [Prison] autour de la zone, interdisant ainsi toute vie marine
dangereuse.
J’avais décidé qu’Eashen, Hannock, Ryle, Elfrau et Palerius devaient

également être officiellement intronisés à la Société des Nations.
Il y avait pourtant un problème avec Eashen… Alors que la maison

Tokugawa, dirigée par Ieyahsu, était techniquement en charge de tout…
Le leader officiel d’Eashen était toujours l’Empereur. Cela signifiait que
je devrais probablement le rencontrer et lui demander la permission.
En réalité, je devrais parler des relations internationales uniquement à

l’Empereur. Ieyahsu était peut-être le seigneur féodal le plus dominant,
l’Empereur était toujours au-dessus de lui.
… En y réfléchissant, je ne sais rien de l’Empereur d’Eashen. Je ne sais

même pas si c’est un homme ou non, ni quel âge il a. Je suppose que je
demanderai à Yae plus tard.
Notre banquet se prolongea jusque tard dans la nuit, les étoiles scintillant
au-dessus de nos têtes.
Chapitre 2 : La réunion

Tome 15 65 / 131
Partie 1
« Je ne sais pas grand-chose sur le mikado. Une telle personne est bien
au-dessus de mon rang. Je dois dire que nous disons “empereur” aux
étrangers en raison de leur compréhension différente du pouvoir… Mais à
Eashen, nous préférons les appeler “mikado”. »
J’avais demandé à Yae ce qu’était l’empereur, ou plutôt, le mikado… Mais

c’était tout ce qu’elle m’avait dit en réponse.
Ce mikado semblait être entouré de mystère. Apparemment, personne

n’était autorisé à le voir, à l’exception de ses assistants personnels et
d’Ieyahsu. Je m’étais demandé s’il vivait en reclus.
J’avais donc essayé de contacter Ieyahsu afin d’organiser une rencontre.
Comme Eashen n’avait pas été intronisé dans la Société des Nations,
aucun des seigneurs féodaux n’avait de smartphones produits en masse.
Je devais donc rédiger une lettre officielle et l’envoyer par la Porte-Miroir
qui menait au palais d’Ieyahsu, puis espérer que tout se passe bien.
J’avais reçu une réponse quelques jours plus tard. La lettre disait que le
mikado serait prêt à me rencontrer. J’avais décidé d’emmener Yae à
Oedo.
« Cela fait longtemps, Touya-dono… »
« En effet, Seigneur Ieyahsu, je suis heureux de vous voir en bonne santé.

»
Ieyahsu nous avait accueillis, Yae et moi, avec un grand sourire. Il avait
l’air un peu plus gros que la dernière fois que je l’avais rencontré.
On nous avait rapidement escortés vers un salon et on nous avait servi du

thé vert. C’était d’ailleurs un très bon thé.
Tome 15 66 / 131
Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu de tatami… Eashen était si
semblable au Japon que j’avais l’impression d’être chez moi à chaque
visite.
« Merci pour le riz que vous nous avez donné, il était de qualité
supérieure et assez savoureuse. Yae en a mangé assez souvent. »
« C’est… c’est uniquement dû à la cuisine de Crea-dono ! Mes baguettes

bougeaient véritablement toutes seules ! P-p-pourquoi dis-tu une chose
pareille devant Ieyahsu-sama ?! C’est trop cruel, Touya-dono ! »
Yae commença à s’agiter et à gonfler ses joues d’embarras. Je n’avais pas

voulu dire ça de manière bizarre. Elle avait réagi de façon excessive…
En fait, j’aimais regarder Yae manger. Ça me réchauffait le cœur. La

regarder ainsi était tellement relaxant… c’était quelque chose que
j’aimais vraiment chez elle.
« Gahaha, il est bon de voir que vous vous entendez si bien tous les deux !
Lorsque Yae-dono vivait ici à Eashen, elle ne pensait qu’à la lame… Elle a
beaucoup changé. L’amour change une personne, après tout ! »
« L’amour, ah… Je-je… C’est, c’est… Uhm… Ah… »
Le visage de Yae vira au rouge. Elle le couvrit alors avec ses mains. Elle
jeta un coup d’œil entre ses doigts de temps en temps, mais elle fut
accueillie par des sourires taquins qui la firent reculer.
Gaaah, c’est trop mignon ! C’est quoi ce bordel ?! Quand est-ce que tu es
devenue si mignonne ?! Je veux te faire un câlin ! J’avais réussi à me
retenir, m’étais raclé la gorge. J’étais passé au sujet principal de notre
visite.
« Alors, à propos du mikado… »
« Le mikado n’est pas ici à Oedo. Il se trouve dans le palais impérial, situé
Tome 15 67 / 131
à Kyo… Vous ne devriez avoir aucun mal à y arriver avec votre magie de
téléportation, Touya-dono. J’aimerais également vous accompagner. »
Kyo, hein ? C’est l’ancien nom de Kyoto sur Terre… Je suppose qu’il est
logique de trouver ça ici.
J’étais pourtant légèrement ennuyé. Ieyahsu n’avait rien dit sur le sexe du
mikado.
Apparemment, les mikados d’Eashen ne s’impliquaient pas dans les

affaires politiques. Chaque seigneur féodal était censé gérer son
territoire et régler les problèmes qui survenaient dans sa propre
province. De cette façon, le pays restait parfaitement équilibré, comme
toutes choses devraient l’être.
Mais, ces dernières années, un homme avait fait surface avec l’ambition
de remplacer le mikado. Cet homme était Oda Nohbunaga.
Il avait cherché à unifier Eashen pour lui-même et à devenir le seul

dirigeant, faisant la guerre aux autres seigneurs féodaux pour avoir
l’opportunité de soumettre tous leurs territoires à son autorité. Hélas, il
fut trahi par Akechi Mitshuhide au temple Honnoji et y mourut en même
temps que son ambition.
Rétrospectivement, il était possible que l’ambition de Nohbunaga ait été

alimentée par le singe, Hashiba Hideyooshi. Maudit soit ce dieu servile et
pourri… Il était même probable que toute l’instabilité politique d’Eashen
soit de son fait.
Quoi qu’il en soit, tout ce bazar avait provoqué un déséquilibre de pouvoir

dans la structure du contrôle des terres par les seigneurs féodaux, et
Ieyahsu avait profité de cette occasion pour se hisser au sommet.
Le fait que le mikado soit prêt à me rencontrer me rendit heureux.

J’aurais été d’accord pour qu’Ieyahsu rejoigne la Société des Nations en
Tome 15 68 / 131
tant que représentant d’Eashen, mais j’avais le sentiment que les autres
seigneurs féodaux auraient pu ne pas accepter cette position.
J’avais utilisé le [Rappel] sur Ieyahsu pour récupérer les souvenirs de

Kyo, puis j’y avais ouvert un [Portail].
Yae et moi avions traversé le portail avec Ieyahsu et une poignée de ses
gardes personnels.
« Huh… Je vois, c’est donc Kyo… »
Cet endroit correspondait en tout point à ce que je m’attendais… Pour

résumer, c’était l’esthétique de Kyoto dans ces vieux drames historiques
que ma grand-mère avait l’habitude de regarder. En toute honnêteté, le
fait de le voir en chair et en os me faisait bizarre. Je me demandais si
j’allais voir des habitants ordinaires se promener en disant des phrases
toutes faites, tout droit sorties d’une pièce d’époque.
Une grande porte vermillon se dressait devant nous, et derrière nous

s’étendait une route massive qui menait à une tour à cinq étages. Cela ne
faisait aucun doute, nous étions sur quelque chose de similaire à l’avenue
Suzaku du Japon ancien.
La porte massive s’ouvrit en grinçant après qu’Ieyahsu ait parlé avec le

garde en poste.
Nous avions été guidés vers le bâtiment principal par un homme vêtu de
vêtements traditionnels d’allure royale. Nous avions ensuite enlevé nos
chaussures et nous nous étions enfoncés dans le palais intérieur, qui
ressemblait à un sanctuaire.
Pendant que nous marchions, j’avais remarqué que quelques barrières

étaient mises en place ici et là. C’étaient des sortes d’installations
défensives à des points clés, et c’était un mélange de défenses contre les
attaques physiques et magiques.
Tome 15 69 / 131
Nous avions continué à marcher dans le couloir jusqu’à ce que nous
atteignions la pièce la plus intérieure du palais. Il y avait deux grandes
portes coulissantes qui la bloquaient.
Notre guide, noblement vêtu, ouvrit les portes pour révéler un intérieur
massif, avec une plate-forme surélevée au milieu. Un rideau de soie
entourait le siège au sommet de la plate-forme.
Il y avait une présence derrière le rideau, c’était probablement le mikado

d’Eashen.
Les gardes d’Ieyahsu ayant dû attendre dehors, les portes coulissantes

s’étaient refermées. Nous avions marché vers le rideau avant qu’Ieyahsu
ne nous arrête à une courte distance de celui-ci.
« Votre Opulence… Voici le grand-duc de Brunhild, Mochizuki Touya. »
Ieyahsu avait l’air beaucoup plus raide tout d’un coup et il s’était incliné,
Yae fit de même. Leurs deux têtes touchèrent le sol en un rien de temps.
Comme je n’étais pas d’Eashen, je n’avais pas pris la peine de le faire.
Même si Brunhild était petit, j’étais quand même un chef d’État. Je ne

pouvais pas me permettre de m’incliner négligemment devant n’importe
quel autre leader mondial qui se présentait. Ou du moins, c’était ce que je
pensais… Mais j’avais fini par succomber à la pression de mes pairs et
par hocher la tête en avant. Mais je ne m’étais pas trop incliné non plus…
« Bienvenue, cher Grand Duc. C’est une bénédiction de poser les yeux sur
vous. »
Les rideaux s’ouvrirent, et la personne derrière s’avança.
La personne était effectivement une femme. Elle était vêtue d’un kimono
blanc et pêche à plusieurs couches, un junihitoe. C’était une fille
magnifique, à la peau plus pâle que la neige, et aux cheveux encore plus
Tome 15 70 / 131
blancs que sa peau.
… Eh bien. Je suppose qu’elle est plus impératrice qu’empereur, hein ? Le

fait que le mikado ne soit pas exactement genrée est une bonne chose.
Mais il y avait quelque chose en elle qui ressortait encore plus que son
teint pâle. C’était ses yeux cramoisis et les deux petites cornes qui
dépassent de son front.
Elle ressemblait à une délicate oni féminine. C’était le terme qui m’était
du moins immédiatement venu à l’esprit. Il était cependant plus probable
qu’elle soit une demi-humaine cornue plutôt qu’un oni.
« Je suis Shirahime. Je suis le mikado de cette terre depuis plus de deux

mille ans. »
« Ah… C’est un plaisir de vous rencontrer, madame. Je suis Mochizuki

Touya. »
Deux mille ans ? Est-ce que votre espèce a une longue durée de vie
comme la reine d’Elfrau ? Mais… Je n’ai jamais entendu parler d’hommes-
bêtes à cornes ou d’êtres démoniaques ayant une vie aussi longue… Et je
n’arrive pas à situer où j’ai ressenti cette présence auparavant, mais il y a
quelque chose de familier chez elle… Attendez…
« L’avez-vous déjà remarqué ? Je ne suis pas un demi-humain ordinaire.

Ma lignée est unique. Alors que mon père était de la famille des démons,
ma mère était un esprit. »
Shirahime sourit doucement. C’était donc ce que je ressentais. Elle

dégageait une aura similaire à celle des esprits.
Si un esprit s’incarnait dans une forme humaine, rien ne l’empêchait de

donner naissance. Mais le processus était encore très inhabituel, et même
dangereux. Dans le pire des cas, il pouvait absorber une telle quantité
Tome 15 71 / 131
d’énergie que l’esprit en mourrait.
Les esprits ne pouvaient pas mourir au sens où les mortels l’entendaient,

mais l’esprit réincarné ne serait toujours pas la même personne que celle
qui avait disparu. Je m’étais demandé si la mère de Shirahime avait
quand même décidé de lui donner naissance, même en sachant tout ça.
« S’il vous plaît, levez votre tête. Étant donné votre statut sur le monde
des esprits, c’est moi qui devrais m’incliner devant vous, non ?
Pardonnez-moi de ne pas être en mesure de le faire pour le moment. Je
dois garder mon calme en tant que mikado. J’espère que vous comprenez.
»
« Ah… Ne vous inquiétez pas pour ça… De qui avez-vous entendu cela,
exactement ? »
« J’ai entendu de l’un des subordonnés de l’Esprit de Glace. L’Esprit de

Glace est un peu comme une tante pour moi, donc j’apprends beaucoup
de ses pairs et de sa progéniture. »
« Si c’est le cas, qui était votre mère ? »
« L’Esprit des Neiges. C’était une mère douce et aimante. »
L’Esprit des Neiges, hein ? Cela explique donc votre physique.
L’Esprit des Neiges et l’Esprit des Glaces étaient tous deux au même
niveau, un niveau directement en dessous des esprits des piliers
élémentaires. Avoir un esprit aussi puissant sous forme mortelle était
extraordinairement rare.
Apparemment, juste après la naissance de Shirahime, sa mère constata

que ses pouvoirs diminuaient. Cela avait fini par s’éteindre.
« Je voulais vous remercier depuis un certain temps, Grand Duc. Pour ce

que vous avez fait en gérant Hashiba Hideyooshi. »
Tome 15 72 / 131
« Vous parlez de ce singe ? »
« Il est honteux pour moi de l’admettre, mais je ne pouvais pas

physiquement ou mentalement refuser ses caprices. Son ascension au
rôle de seigneur féodal fut également poussée de manière assez
insistante de sa part. »
C’était logique. Quelle que soit sa nature, il avait toujours une part de
divinité en lui. Shirahime avait la lignée d’un esprit en elle, et la plupart
des esprits étaient naturellement soumis aux dieux.
« Ieyahsu, quand vous avez géré le reste de la situation avec tant

d’habileté, j’ai senti un poids enlevé de mes épaules. Je dois vous
remercier également. »
« V-Vos paroles élogieuses sont gaspillées pour moi… », marmonna

Ieyahsu, sa tête toujours appuyée contre le sol.
Mec… Je suis sur que tu peux la soulever maintenant.
« Alors, Grand Duc. Pourquoi avez-vous pris contact avec moi

aujourd’hui ? »
« Ah, d’accord. Eh bien… vous voyez… »
Je m’étais assis et j’avais commencé à discuter de divers problèmes avec

Shirahime.
Partie 2
Elle avait officiellement approuvé l’idée qu’Eashen rejoigne la Société des

Nations, et exprimé son intérêt à assister elle-même à la prochaine
réunion. Étant donné que la prochaine réunion devait être accompagnée
d’une fête sur la plage d’Egret, je craignais que son accoutrement voyant
ne soit un peu problématique…
Tome 15 73 / 131
De plus, la chaleur tropicale pourrait avoir des effets néfastes sur une
personne née de l’Esprit des Neiges.
J’avais fouillé dans ma poche et en avais sorti deux smartphones blancs

fabriqués en série. J’en avais passé un à Shirahime et un à Ieyahsu, puis
je leur avais enseigné les principes de base.
Shirahime s’était habituée aux fonctions bien plus vite qu’Ieyahsu. Elle
avait immédiatement commencé à utiliser l’appareil photo pour prendre
diverses photos de choses dans le palais et avait même pris quelques
selfies souriants. Elle semblait en être heureuse.
« Je voulais vous demander quelque chose, Mikado. Est-ce que votre

mère… L’Esprit des Neiges est-il réapparu devant vous après avoir
disparu ? »
Si c’était durant la jeunesse de Shirahime, alors ça devait être il y a

longtemps. Ce qui signifiait qu’elle aurait dû revivre maintenant.
« … Vous devriez savoir ceci, Grand Duc. Quand un esprit disparaît, il se

réincarne en un autre. L’Esprit des Neiges n’est plus ma mère, et je doute
qu’elle réagisse en me voyant maintenant. »
Et bien qu’elle ait souri en expliquant cela, je ne pouvais m’empêcher de

sentir un pincement au cœur sur son visage. Il était vrai que l’esprit des
ténèbres était devenu quelqu’un d’autre après que je l’ai vaincu, et
qu’elle avait également perdu ses souvenirs… Mais je ne pensais pas que
cela signifiait que tout avait disparu. J’étais sûr que l’Esprit des Neiges
ressentirait une certaine parenté avec Shirahime.
« … Voulez-vous que je l’appelle ? »
« Appeler ma mère… ? Est-ce qu’une telle chose est possible ? »
« C’est possible. Il y a de fortes chances qu’elle ne se souvienne pas de

Tome 15 74 / 131
vous, vous avez raison… Mais je suis sûr qu’elle sera capable de ressentir
quelque chose. »
Shirahime hésita et baissa les yeux sur ses propres mains pendant un
certain temps. Puis elle hocha la tête.
J’aurais normalement eu besoin d’une sorte de médium, comme de la

neige fraîche, pour faire appel à un esprit comme elle… Mais comme
j’avais une position unique au-dessus de tous les esprits, j’étais sûr de
pouvoir me débrouiller sans catalyseur.
J’avais fait remonter un peu de divinité en moi et j’avais appelé le

royaume des esprits.
« Au nom de ton maître, Mochizuki Touya… Tombe sur le sol comme de la

neige fraîche, esprit ! »
Comme je l’avais dit en langue spirituelle, personne d’autre dans la pièce

ne savait ce que j’avais dit. Mais ils ne s’en souciaient pas vraiment, ils
étaient plus surpris par l’apparition soudaine de la neige qui tombait de
l’autre côté de la pièce.
La neige tombait et s’agglomérait progressivement, formant une

silhouette humaine.
Attendez. Merde. J’avais oublié que les esprits ressuscités pouvaient

changer de personnalité et même de sexe… Qu’est-ce que je fais si un
vieil homme costaud apparaissait ? Je ne veux pas causer un souvenir
traumatisant à Shirahime si elle voit sa mère adorée sous la forme d’un
vieux monsieur musclé… ! J’ai agi trop précipitamment, oh bon sang…
Après un petit moment, l’Esprit des Neiges se manifesta devant moi sous
la forme d’une belle femme. J’avais poussé un soupir de soulagement.
Tout comme Shirahime, elle avait des cheveux blancs et une peau
Tome 15 75 / 131
blanche. Elles ressemblaient à des sœurs, à part le fait que l’une d’elles
avait des yeux rouges et des cornes.
Attendez une seconde, c’est un corps physique, pas un corps spirituel.

Est-ce fait de neige ? L’Esprit des Neiges ouvrit lentement ses yeux bleus
glacés et regarda autour de la pièce. Elle fixa finalement Shirahime.
« M-Mère… ? »
L’esprit des neiges sourit à moitié dans la direction de Shirahime. J’avais

levé les yeux vers l’esprit et lui avais posé une question.
« Tu ne te souviens pas, hein ? »
« … J’ai bien peur que non. Mes souvenirs sont flous, mais mon cœur me
dit que la fille là-bas est bien mon enfant. Une belle et précieuse enfant…
Je suis certaine que je… l’aime. »
« Gh… M-Mère… Ah… »
Shirahime fondit en larmes et se mit à sangloter. L’esprit répondit en

marchant vers elle et en la tenant dans une étreinte. La mikado d’Eashen,
qui pleurait maintenant ouvertement comme une petite fille, passa ses
bras autour du dos de l’esprit et l’étreignit en retour.
Le corps de l’esprit étant formé de neige, il devait être glacé au toucher.

Shirahime ne semblait pourtant pas s’en soucier plus que ça. Son visage
en pleurs était enfoui dans la poitrine de sa mère. Étant donné qu’elle
était la fille d’un esprit, il était raisonnable de penser qu’elle avait une
grande résistance au froid.
J’avais regardé à côté de moi pour trouver Yae qui luttait pour retenir une
source de larmes en regardant ces touchantes retrouvailles… Tu as de la
morve qui coule de ton nez, Yae.
« Wah… Hic… Waaah… C’est… magnifique, c’est… »

Tome 15 76 / 131
« … Tiens, idiote. »
J’avais sorti un mouchoir et essuyé le visage de Yae. Elle était

effectivement très émotive, mais j’appréciais ce côté jeune fille innocente.
Pourtant, Yae serait probablement troublée ou en colère si je disais ça à
voix haute.
« Waaah… Hic… C’est tellement incroyable, Votre Opulence… Hic… Je-je

suis tellement heureux… »
Je m’étais retourné pour trouver la source de cette voix rauque et

larmoyante… Et j’avais vu Ieyahsu regarder vers le haut avec des larmes
coulant sur son visage. Tu pleures aussi ?! Je ne vais pas essuyer ton
visage, vieil homme !
« … Mochizuki Touya, celui qui domine les esprits. Bien que vous m’ayez
appelée ici, pourriez-vous pardonner ma demande impolie ? Je voudrais
conclure un contrat avec cette fille. »
« Bien sûr. Ça me convient, allez-y. »
Je ne l’avais pourtant pas exactement convoquée ici afin de conclure un

contrat avec elle. Comme je n’avais pas besoin de contrat pour appeler
les esprits, ça ne me servait à rien. J’avais le sentiment que les deux
femmes seraient beaucoup plus heureuses de ce résultat.
« … Je serai toujours avec toi, ma fille. Si tu souffres de douleur, de peur

ou de tristesse… Je te protégerai et te soutiendrai, mon amour. Mes
bénédictions sont toutes sur toi maintenant, ma chère petite fille. »
« Mère… »
L’Esprit des Neiges se transforma en particules de lumière et disparut.

Une petite pierre blanche resta dans la main de Shirahime.
J’avais demandé à Shirahime de me laisser voir la pierre, puis j’avais

Tome 15 77 / 131
fouillé dans mon [Stockage] pour en sortir un lingot de Mithril. Puis
j’avais utilisé la [Modélisation] pour le façonner en un bracelet. Après
cela, j’y avais incorporé la pierre. Cela permettrait à Shirahime d’avoir la
pierre d’invocation sur elle à tout moment.
Shirahime prit le bracelet pour moi et le berça doucement pendant un

moment.
« Les mots ne peuvent décrire le bien que vous avez fait pour moi
aujourd’hui, Grand Duc. Avançons ensemble vers un avenir pacifique, en
tant que dirigeants de ce monde. »
« Bien sûr. Je suis impatient de travailler à vos côtés. »
Shirahime tendit sa main, et je l’avais prise dans la mienne avant de la

serrer. Peut-être était-ce dû au fait qu’elle avait été enlacée par sa mère,
mais sa main avait une légère sensation de froid. C’était un froid doux et
apaisant.
*****
Il était temps pour la Société des Nations de tenir sa réunion prévue.

Cette fois-ci, les nouveaux arrivants, Egret, Eashen, Elfrau, Ryle,
Hannock et Palerius s’étaient joints à nous.
Bon, cette rencontre sera plus une festivité qu’une réunion. L’accent
serait mis sur le plaisir plutôt que sur les formalités étouffantes.
Palerius était officiellement devenu un royaume après s’être ouvert au

monde. Le Mentor Central avait également officiellement changé son titre
en Reine Palerius.
Ainsi, tous les pays du monde, à l’exception des royaumes de Nokia et de

Horn, étaient membres de la ligue. Il y avait maintenant dix-huit pays
unis.
Tome 15 78 / 131
Felsen et Xenoahs avaient étudié la possibilité que Nokia et Horn nous
rejoignent, mais ils n’avaient pas reçu de réponses positives.
Les deux nations souffraient apparemment de conflits internes et

n’avaient pas le temps de se tourner vers l’extérieur, ou quelque chose de
la sorte.
Comme je ne voulais pas m’immiscer dans leurs affaires, j’avais donc

décidé de les surveiller de loin pour le moment.
J’avais invité les nouveaux représentants dans la salle de jeu de Brunhild.
J’avais remis des smartphones à tous ceux qui n’en avaient pas encore
reçu et leur avais montré comment ils fonctionnaient. Tout le monde
discutait et s’entendait comme d’habitude. Certains buvaient du thé
ensemble, tandis que d’autres jouaient à des jeux.
Shirahime, la mikado d’Eashen, avait déjà reçu son smartphone. Elle

avait décidé de profiter de cette occasion pour apprendre aux autres
nouveaux venus comment il fonctionnait.
« Hm… C’est plutôt intéressant… »
Carlo Ol Hannock, roi du Royaume Hannock, composait un numéro dans

son téléphone en marmonnant.
J’avais brièvement rencontré cet homme lors de l’incident de Yulong,

grâce à l’empereur de Regulus. C’était un vieil homme à lunettes sans
beaucoup de traits distinctifs.
Pour être franc, il ressemblait au genre de type que l’on trouvait dans un
emploi de bureau. Mais malgré son apparence moyenne, j’avais entendu
dire que c’était un grand souverain. En effet, s’il n’avait pas eu de talent,
il n’aurait pas pu résister à Yulong aussi longtemps. Ça montrait bien
qu’il ne fallait pas juger un livre à sa couverture.
Tome 15 79 / 131
« Hoho, il peut faire beaucoup de choses ! Plus qu’un simple appareil de
communication… J’aimerais enregistrer quelques spectacles avec cette
petite chose. »
Le roi de Ryle, Balstra Dverga Ryle, rit joyeusement en prenant l’appel du

roi Hannock. C’était un homme petit et corpulent avec un ventre
bedonnant. Et malgré son sang nain, il s’était avéré être un homme
pacifique. Comme Ryle abritait également la plupart des nains du monde,
il représentait leur espèce au sein de la Société des Nations. Et bien qu’il
n’aimait pas boire, qu’il n’aimait pas trop se battre et qu’il aurait dû être
considéré comme l’opposé des valeurs naines… Il était en fait un assez
bon porte-parole de son peuple.
« Ooh, intéressant ! Vous pouvez même prendre des photos de vous ? »
« Ah, Dame Shirahime, à quoi sert ce bouton ? »
« Oh, celui-ci fait jaillir la lumière si vous essayez de prendre une photo
dans un endroit sombre. Vous pouvez changer le réglage manuellement,
mais je pense qu’il est préférable de le laisser sur le mode automatique. »
La reine Palerius et la reine Elfrau écoutaient attentivement les

explications de la Mikado Shirahime sur les fonctions de l’appareil photo.
Toutes trois commencèrent à prendre des selfies de groupe et à ricaner

ensemble. Elles se comportaient comme des lycéennes, alors que deux
d’entre elles avaient bien plus de mille ans…
« Notre pays est assez loin de la côte, alors je suis content de cette
chose… »
Le roi d’Egret acquiesça silencieusement en faisant glisser son doigt sur

l’écran tactile. La plume d’or sur sa tête bougeait en même temps que son
mouvement. J’étais en train de lui apprendre à envoyer un SMS. J’avais
d’abord pensé qu’il s’agissait d’un guerrier sans cervelle, mais il s’était
Tome 15 80 / 131
avéré étonnamment adroit et apprenait rapidement.
J’avais mis fin à la leçon après lui avoir appris à ouvrir et à répondre aux
textos, ainsi qu’à envoyer les siens.
Tous les nouveaux membres commencèrent à se promener, à échanger

des numéros de téléphone avec les membres établis de la ligue. Puis, ils
commencèrent à se mêler et à discuter entre eux. Le plan était d’envoyer
tout le monde à la plage privée du roi d’Egret après un passage à
Brunhild pour faire une fête.
La plage privée était aussi merveilleuse que je le pensais. Le sable était

doux et l’eau était claire… Il y avait aussi un petit sentier agréable qui
menait à une villa à flanc de falaise, avec une vue imprenable sur
l’horizon. La veille, j’avais pris le temps de sécuriser l’endroit, notamment
en installant une [Prison] autour de la zone pour empêcher toute vie
marine dangereuse de s’approcher. J’avais aussi des précautions pour
éviter les noyades, j’avais mis Sango et Kokuyou en service comme
sauveteurs d’urgence.
Après l’arrivée de tous les membres de la famille royale, de leurs familles

et de leurs gardes privés… Cela ressemblait moins à une plage privée
qu’à une plage publique. Il y avait un peu trop de monde à mon goût…
Partie 3
« Il y a beaucoup de royaux ici aujourd’hui. »
« … Oui, si un drame quelconque se passait ici, le monde entier serait

foutu. »
Yae et Elze discutaient entre elles, tandis que j’espérais tranquillement

qu’elles n’apportaient pas de mauvais présages. Elles avaient enfilé leurs
maillots de bain et étaient plus belles que jamais.

Tome 15 81 / 131
La plupart des personnes présentes avaient quitté leurs vêtements
habituels pour des tenues de plage plus appropriées. Ceux qui n’aimaient
pas vraiment la plage ou ne supportaient pas le soleil se prélassaient dans
la villa à la place.
Je portais une parka ample et un maillot de bain. Tous les maillots de bain
portés par les gens ici étaient des articles de luxe haut de gamme créés
par nul autre que la boutique de vêtements de Zanac.
Il y avait quelques enfants qui couraient joyeusement sur la plage, jouant

avec les ballons de plage, les flotteurs et autres jouets que je leur avais
fournis. C’était mignon.
Il y avait le prince Remza de Mismede, il avait dix ans, ainsi que son frère
le prince Alba, qui avait sept ans. Ils jouaient avec la princesse Lilas de
Hannock, âgée de dix ans, et sa sœur, la princesse Milneah, âgée de huit
ans.
Le roi de Palouf, qui avait environ dix ans, barbotait dans l’eau avec sa
fiancée Rachael. Si j’avais bonne mémoire, elle avait le même âge que lui.
Ils avaient l’air de s’amuser.
J’avais regardé et j’avais vu le prince de Refreese, un garçon de douze

ans nommé Redis, et la princesse de Mismede, Thea, onze ans. Ils riaient
en se roulant par terre et en se battant. Je pouvais sentir une parenté
naissante entre eux.
« Ah, le premier amour, tu sais ? C’est aussi vibrant que le soleil… tu

sais ? »
« … Te voilà… »
Karen leur jetait un coup d’œil avec un regard heureux sur son visage.
Avec son bikini rose, elle était déjà complètement habillée pour les
vacances.
Tome 15 82 / 131
« … Ne te mêle pas d’eux, d’accord ? »
« Je ne le ferai pas, tu sais… C’est leur premier amour, je ne ferai rien de

stupide… Une situation comme celle-ci est assez délicieuse comme ça… »
Délicieuse ? Ne fais pas de bêtises, bon sang… Bon, peu importe, je vais
te faire confiance pour cette fois…

Tome 15 83 / 131
Tome 15 84 / 131
J’avais haussé les épaules tandis que Karen s’enfuyait vers Yumina et
Sue. J’étais sur le point de m’asseoir sur l’une des chaises longues, mais
j’avais regardé et j’avais vu un homme allongé sur la plage, face contre
terre. Il ne bougeait pas un muscle et semblait complètement mort.
« … Que diable faites-vous, Suzerain Suprême. »
C’est un coup de chaleur ? m’étais-je demandé tranquillement, mais

j’avais tort. Spica, la garde elfe noire de Sakura, s’était approchée de moi
et m’avait raconté ce qui s’était passé.
« Eh bien… tout à l’heure, Cet Horrible Seigneur Suprême n’arrêtait pas

de prendre photo sur photo de Dame Sakura en maillot de bain. Mais elle
s’est ensuite retournée et l’a regardé fixement… Et après ça, elle l’a
traité de dégoûtant. »
D’après Spica, il s’était effondré sur place au moment même où il

l’entendit dire ça. Ce type n’allait apparemment jamais cesser d’être un
crétin.
Pour être honnête, je pouvais comprendre son irritation. Père ou pas,

prendre des photos de filles en maillot de bain était un peu bizarre.
« … Je ne veux pas qu’il attrape un coup de chaleur, pourrais-tu le traîner

à l’ombre ? »
« Certainement. »
Je ne pensais pas vraiment que le suzerain pouvait être trop endommagé

par le soleil, mais je ne voulais pas prendre de risques. Spica, ainsi que
son père Sirius, prirent chacun une des jambes du Suzerain suprême et
ils le traînèrent le long de la rive jusqu’à ce qu’ils atteignent une zone
ombragée.
« Touya… »
Tome 15 85 / 131
« Hm… ? Linze, et… Oh, la Princesse Reliel ? »
« Ça fait un moment. »
Lorsque mes yeux tombèrent sur la princesse de Refreese, je m’étais

inconsciemment mis en position défensive. En un sens, cette femme était
une ennemie très redoutable. Elle avait écrit ces dangereux livres
d’amour.
« Tu connais Linze ? »
« Je lui ai parlé par l’intermédiaire de Yumina plusieurs fois. Cette fille

est quand même une grande fan de mon travail. »
La Princesse Reliel baissa la voix en parlant. On aurait dit qu’elle ne

voulait pas que son père découvre son métier d’auteur.
Si ses livres n’étaient pas si… risqués, elle n’aurait pas besoin de le
cacher.
« Hum… Touya ? Je me demandais si… Si tu pouvais donner à Lil, euh…

un smartphone à Reliel… »
« Hm ? Pour quoi faire ? »
« Pour mes écrits, bien sûr ! Les choses que j’écris sont, eh bien…
risquées, hein ? Si je les couche sur le papier, une servante pourrait les
trouver, ou quelqu’un pourrait trouver un vieux brouillon et le dire à mon
père… Mais si j’avais un de ces appareils, je pourrais transporter mes
histoires pour toujours ! N’importe où ! Je pourrais écrire où je veux !
C’est l’aide parfaite pour l’écrivain ! »
J’avais failli tomber de ma chaise en reculant devant la princesse trop

enthousiaste. Je… je vois… Je suppose que c’est logique…
Je m’étais honnêtement demandé s’il était bon de lui en donner un. Je

Tome 15 86 / 131
sentais que je devais m’imposer et dire non, de peur qu’elle n’utilise un
autre pauvre homme comme base de son érotisme terrifiant.
Mais, alors que j’hésitais, Linze me porta le coup de grâce.
« Touya ! En fait, elle écrit aussi des pièces de théâtre ! Elle est en train
d’écrire la prochaine en ce moment même ! S’il te plaît, peux-tu l’aider ?
Elle utilisera aussi le smartphone comme aide dans ses travaux. »
Oh, une pièce de théâtre ? Cela me rappelle celle que j’ai vue à Belfast,
sur le jeune homme héroïque, Toyya, qui sauve la princesse Yuina d’un
dragon… Je crois que Reliel l’a aussi écrite…
C’était évidemment basé sur moi et Yumina, mais l’intrigue était pourtant
assez originale et saine. Je l’avais appréciée.
J’avais soupiré avant de jeter un coup d’œil vers Linze. Bon sang…
Comment puis-je dire non à une demande directe, hein ? Il n’y a rien que
je puisse faire…
Pour être honnête, la princesse Reliel n’était pas du genre à abuser de

son téléphone. Elle avait peut-être quelques bizarreries dans sa
personnalité, mais c’était foncièrement une bonne personne. C’était
quand même une amie de Yumina.
J’avais fouillé dans mon [Stockage] et j’avais sorti un smartphone de

série. Je l’avais ensuite tendu à Reliel.
« Demande à Linze de t’apprendre à t’en servir… Et s’il te plaît, ne

l’utilise pas d’une manière qui perturbe l’ordre public, d’accord ? S’il te
plaît… pense à la décence. »
« … Pourquoi fallait-il que tu le soulignes… ? Mais bon, j’y penserais…

Merci. Oh, pendant que nous y sommes, aurais-tu par hasard quelque
chose que je pourrais utiliser pour imprimer mon texte ? »
Tome 15 87 / 131
… Tu aimes en demander beaucoup, non ? Mais… J’ai effectivement
quelque chose comme ça. J’avais prévu de le distribuer aux autres leaders
mondiaux, mais ce n’est pas comme si tu pouvais demander à ton père de
l’emprunter. Il pourrait avoir des soupçons.
J’avais ouvert [Storage] à nouveau et j’avais sorti un appareil fin qui

ressemblait à un ordinateur portable.
Tout ce que vous aviez à faire était de placer une feuille de papier vierge
entre les deux moitiés de l’appareil, puis de placer votre smartphone
dessus. Il suffisait ensuite d’appuyer sur le bouton d’impression pour que
le contenu sélectionné soit transféré comme par magie du smartphone
sur le papier.
C’était quelque chose que j’avais innové tout seul. Comme je n’avais donc
pas demandé au Doc Babylon de m’aider, j’en avais une quantité limitée…
Et on ne pouvait faire qu’une feuille à la fois.
« C’est au stade de prototype, mais c’est utilisable. Ça devrait quand

même suffire pour toi. »
« Merci beaucoup ! C’est vraiment génial… Je te promets que je te

rembourserai en te donnant quelques-uns de mes nouveaux livres ! »
« Ce n’est vraiment pas nécessaire ! Vraiment ! »
Je ne voulais vraiment pas d’un cadeau bizarre comme celui-là de sa part.
Linze et Reliel étaient ensuite repartis vers la villa, vraisemblablement

pour apprendre les bases des utilisations du smartphone.
« Salut, Grand Duc. tu t’amuses bien ? »
« Bien sûr que oui. Oho, qu’est-ce que c’est ? »
Le roi d’Egret s’était montré et s’était assis sur la chaise à côté de la

Tome 15 88 / 131
mienne. Il m’offrit un certain type de nourriture. C’était sec, et cela
ressemblait à un bâton, mais cela dégageait une odeur unique.
« C’est du Tentaculaire séché, non ? »
« Tu as raison, il a enfin fini de sécher. Essaie un peu ! »
J’avais mis le bout du tentacule dans ma bouche et l’avais mordu, la

saveur s’était répandue sur ma langue. J’avais trouvé la texture assez
appétissante. Huh, c’est plutôt bon… Je suppose que c’est vraiment un
succès.
« C’est plutôt bon ! Merci. »
« Mhm. En plus, cela se marie bien avec l’alcool. Difficile de croire que
quelque chose d’aussi délicieux vienne de ces choses dégoûtantes et
visqueuses… »
« Je te comprends, oui… En fait, ça devrait bien se marier avec la

mayonnaise. »
J’avais fouillé dans le [Stockage] et j’en avais sorti un petit pot de

mayonnaise, puis j’avais plongé le Tentaculaire séché dedans. Le goût
était encore meilleur. Une sorte de condiment épicé serait probablement
super aussi…
Le roi d’Egret, qui me suivait, trempa son propre tentacule dans la

mayonnaise et l’engloutit.
« … Hmm ! J’aime beaucoup ça… Ça me donne vraiment envie de boire

une bière. »
Il m’avait invité à aller boire avec lui, mais j’avais poliment refusé en
raison de mon manque d’intérêt pour l’alcool. J’étais mineur selon les
normes japonaises, mais dans ce monde, les gens pouvaient boire de
l’alcool dès l’âge de quatorze ans.
Tome 15 89 / 131
À un moment donné, probablement convoqués par un lien psychique avec
toute mention d’alcool à proximité, les rois de Mismede et de Felsen
étaient venus et commencèrent à boire avec le roi d’Egret. Il n’avait pas
fallu longtemps pour qu’ils se mettent à chahuter et à grignoter tous les
bâtons de Tentaculaire. J’avais cherché une excuse et je m’étais
rapidement tiré de cette situation. Je n’aimais pas vraiment avoir affaire à
des gens ivres, et le fait que ces trois gars étaient naturellement des têtes
brûlées rendait le fait de rester dans les parages assez dangereux.
J’avais regardé sur la plage et j’avais vu que Moroha s’entraînait avec le

Roi Chevalier Reinhard. Avec des armes en bois, bien sûr. Je ne pouvais
pas m’empêcher de me demander si quelque chose d’aussi intense était
approprié pour une fête sur la plage…
J’avais vu Karina attraper des poissons avec son fusil harpon, et j’avais
complètement oublié que Suika était mêlée à la soirée du trio de
guerriers. Quant à la source de la musique hawaïenne qui jouait en
arrière-plan de tout cela ? Il n’avait pas fallu beaucoup de recherches
pour trouver qui jouait.
J’avais vu oncle Kousuke couper des pastèques et en distribuer des

tranches. Les pastèques de Brunhild étaient très mûres et sucrées, mais
étant donné qu’elles étaient cultivées par le dieu de l’agriculture, cela
allait de soi.
Je commençais à avoir moi aussi un peu faim. Le Tentaculaire séché était

délicieux, mais pas vraiment rassasiant. J’avais envie de manger de la
vraie nourriture.
J’avais ouvert le [Stockage] pour la énième fois aujourd’hui et j’avais

sorti un set de barbecue. J’avais recouvert la moitié du gril d’un grillage
et l’autre moitié d’une plaque chauffante en métal. J’avais demandé à
oncle Kousuke de me donner des légumes et j’avais commencé à les faire
griller avec de la viande de dragon.

Tome 15 90 / 131
Sue, Yae et Lu, trois de mes fiancées qui appréciaient le plus la
nourriture furent attirées par l’odeur.
« Ça a l’air délicieux… »
« C’est sûr, c’est vrai… »
« Tout sera en fait bientôt fini. Veux-tu m’aider à cuisiner, Lu ? »
« Bien sûr ! »
Partie 4
Lu était une cuisinière talentueuse, je lui ai donc demandé de préparer

les yakisoba pendant que je me concentrais sur les grillades. J’avais
badigeonné les épis de maïs de sauce soja et les avais remis à Sue et Yae.
« Ouf… Ouf… C’est vraiment chaud ! »
« Chauds, mais doux, miam ! »
Toutes deux commencèrent à s’enfoncer le maïs grillé dans la bouche

avec beaucoup de vigueur. J’avais commencé à ajouter de la viande de
dragon sur le gril, m’assurant de ne pas perdre de temps ni d’espace.
J’avais ensuite ajouté des légumes. Oignons, poivrons, et citrouille. Je
devais m’assurer que je contribuais à une alimentation équilibrée.
« Hoho, ça a l’air vraiment délicieux ! »
« Touya, mon garçon. Peut-on te demander d’en avoir une part ? »
« J’arrive tout de suite ! »
L’odeur s’était répandue plus loin, attirant le roi de Belfast, et l’empereur

de Refreese. Lentement, mais sûrement, plus de gens commencèrent à
entourer mon grill.
Tome 15 91 / 131
« Les yakisoba sont prêts ! »
« Je vais en goûter, Lucia ! Ça a l’air incroyable. »
« Moi aussi ! »
Le père de Lu, l’empereur de Regulus, mangea un peu de yakisoba. Puis,

son autre fille, Ellicia, fit rapidement de même.
J’avais demandé à l’oncle Kousuke de s’occuper de la cuisine et j’avais

aussi goûté un peu de sa nourriture.
Le poivre noir qu’elle avait saupoudré sur les nouilles leur donnait un peu
plus de punch, et la racine de gingembre qu’elle avait ajoutée en relevait
vraiment la saveur. J’étais étonné de constater que peu importe le
nombre de fois où je mangeais la cuisine de Lu, elle devenait de plus en
plus savoureuse.
Le roi de Lihnea ramena une bonne quantité de poissons qu’il avait

pêché, Lu continua à préparer des plats avec les nouveaux ingrédients.
Sans perdre de temps, elle préparait des plats tels que des onigiri grillés,
des côtes de porc avec un glaçage au miel, des coquilles de turban
grillées, des crevettes grillées, des okonomiyaki…
Chaque plat était plus savoureux que le précédent. Kousuke prit le relais
et commença à préparer des tomates et du fromage grillés, ainsi que des
oignons saisis. Ils étaient délicieux, eux aussi. Le gars était habile à faire
ressortir les jus naturels.
De délicieuses odeurs se mélangèrent dans l’air alors que la nuit touchait

à sa fin.
Après avoir renvoyé tous nos invités dans leurs pays respectifs via une
[Porte], j’avais fait mes adieux à nos hôtes d’Egret et j’avais ramené ma
famille à la maison.
Tome 15 92 / 131
« Ouf… Je suis crevé… »
« C’est toi qui as passé ta journée à courir partout ! »
« … Ouais, tu m’as eu là. »
J’avais souri doucement en m’affalant contre le canapé. Elze avait raison.

Comme j’avais eu beaucoup de choses à faire, la journée m’avait vraiment
épuisé.
« … C’est mal élevé de s’affaler, Touya. »
« Désolé… Laisse-moi juste le faire un peu. »
Hilde me réprimandait, mais je voulais qu’elle laisse passer pour cette

fois. J’étais si fatigué que j’avais l’impression de pouvoir m’endormir là où
j’étais… En fait, je l’avais presque fait, quand…
« Désolée de te déranger, surtout quand tu as si sommeil. »
« Whuh ?! Tu m’as fait peur ! »
J’avais ouvert mes yeux pour trouver Cesca, mon ennuyeuse bonne, avec
son visage collé contre le mien. Il était beaucoup trop près pour que ce
soit confortable ! J’avais fini par tomber du canapé à cause de la
confusion provoquée par ce réveil.
« Mon Dieu, pour que tu te réveilles avant que je presse mes lèvres
contre les tiennes pour un délicat baiser de réveil ? Tu es une vraie brute,
mon cher… »
« Ferme ton clapet ! Qu’est-ce qu’il y a ? »
Ne cherche même pas à m’embrasser, espèce de perverse !
« Il y a deux personnes aux portes du château, maître. Ils demandent une

Tome 15 93 / 131
audience avec vous, et prétendent vous avoir déjà rencontré. »
« Deux personnes ? Qui ? »
« Je ne le sais pas vu qu’ils portent des capuchons et des chapeaux. Je

n’ai pas pu distinguer leurs traits, mais c’étaient deux femmes. »
Je n’avais absolument aucune idée de qui elles pouvaient être, peut-être

étaient-elles des aventurières que j’avais rencontrées dans le passé.
« … Bon sang, espèce de sale excité. Tu as dû les mettre enceintes, non ?

Elles doivent être ici pour la pension alimentaire ! »
« QUOI ? ARRÊTE. PERSONNE N’A DIT QUE QUELQU’UN ÉTAIT

ENCEINTE ! HÉ, S’IL VOUS PLAÎT, N’ÉCOUTEZ PAS CESCA. VOUS
SAVEZ QU’ELLE EST FOLLE. JE LE PENSE ! »
Comme mes fiancées me jetèrent soudainement des regards confus,

j’avais immédiatement essayé de tout étouffer dans l’œuf. C’était nul
parce que je n’avais rien fait de mal, je ne méritais pas un tel regard !
« Ne t’inquiète pas, Touya-dono. Nous te croyons, vraiment. Après tout…

tu n’as pas le courage de faire quelque chose comme ça, non. »
« En effet. Il se trouve juste que tu attires les femmes vers toi, Touya… »
« Il est possible qu’elles pensent avoir une chance avec toi, tu n’auras
qu’à les envoyer promener. »
… attirer les femmes vers moi ? Je suis quoi, une fleur ? Un aimant ? Un
putain de poisson pêcheur ?!
J’avais décidé de découvrir qui étaient les deux personnes à la porte,

j’avais donc activé la [Téléportation] afin de m’y rendre directement.
Comme Cesca l’avait dit, il y avait deux silhouettes féminines à la porte.

Tome 15 94 / 131
Elles portaient des robes à capuche.
L’une d’entre elles me repéra et fit quelques pas en avant.
« Ça fait un bail, Touya. »
« Hm… ? Oh… Toi ! »
Même si la lumière extérieure était faible, j’avais immédiatement reconnu

le visage caché sous la capuche. Je ne l’avais vue qu’une fois auparavant,
mais elle était reconnaissable entre toutes.
« Lycee, c’est ça ? »
« En effet. Je cherche Endymion. Pourrais-tu me dire où il se trouve ? »
C’était elle. C’était l’une des rares créatures qui se tenait au sommet de
la vie des Phases. C’était une Construction Dominante, mais qui s’était
rangée du côté d’Ende.
D’après ce qu’Ende m’avait dit, elle s’était séparée de lui pour chercher
sa sœur, Ney.
Cela signifie donc que…
Je m’étais tourné vers l’autre silhouette encapuchonnée qui se tenait

encore un peu loin de moi. J’avais plissé les yeux en voyant le visage de
quelqu’un qui m’avait attaqué par le passé. Par réflexe, mon corps prit
une position défensive.
Devant moi se tenait Ney, le chef des Phases qui m’avait causé des ennuis
pendant si longtemps.
J’avais commencé à lui parler, en prenant soin de ne pas perdre la tête au

cas où ce serait un piège.

Tome 15 95 / 131
« … Ney, c’est ça ? Je suis surpris que tu sois venue ici. »
« … Tu connais mon nom ? Endymion te l’a dit ? »
« Oui, et Melle t’a aussi mentionnée. »
Dès qu’elle m’entendit prononcer ce nom, cette dernière fonça vers moi
et m’attrapa par le col. Les gardes à la porte sortirent soudainement leurs
armes, mais j’avais levé une main pour leur dire que je contrôlais la
situation.
« Salaud ! Pourquoi as-tu dit ce nom ?! Est-elle réveillée ?! La souveraine

s’est-elle réveillée ?! »
« … [Augmentation de la puissance]. »
« G-Gauugh ! »
J’avais attrapé le bras de Ney et l’avais tordu jusqu’à ce qu’elle lâche mon
manteau, puis je l’avais jeté dans les douves voisines. Elle coula jusqu’au
fond en un instant. Les Constructions Dominantes avaient des corps
lourds, elles ne flottaient pas du tout.
Après quelques instants, une énorme colonne d’eau jaillit des douves
alors que Ney atterrissait à proximité. Elle avait sauté depuis le fond.
« Misérable ! »
« Ende et Melle sont actuellement sous ma garde. Je vais y amener Lycee,

mais je ne peux pas t’emmener. »
« Qu… Quoi ?! »
« Melle veut te parler, mais elle ne veut pas que tu blesses quelqu’un. Si
tu es hostile envers moi, sur mon territoire, cela signifie que tu vas à
l’encontre de ses souhaits. Cela signifie que tu ne peux pas lui rendre
Tome 15 96 / 131
visite. »
« Comment oses-tu... Comment oses-tu ? »
Ney me hurla dessus, avec de la fureur dans les yeux. Une armure de
cristal commença à se former sur tout son corps alors qu’elle entrait dans
sa forme orientée vers le combat. Mais elle fut soudainement arrêtée par
Lycee qui se plaçait devant moi.
« Ney, calme-toi. Si tu te comportes mal ici, tu ne reverras peut-être

jamais la Souveraine. N’as-tu pas quelque chose à lui faire savoir ? »
« C’est… C’est vrai, mais il… »
« Ce n’est pas le genre de personne qui ferait du mal à la souveraine,

Ney. Et tu sais… il a tué Gila. Penses-tu pouvoir gagner contre lui s’il
décide de faire de toi son ennemi ? »
« Je… je comprends. Tu as raison, Lycee… Je dois rencontrer la

Souveraine et me calmer. Je vais donc t’écouter pour l’instant… »
Ney marmonna pour elle-même en se débarrassant de son armure de

combat. J’étais heureux de voir que Lycee lui a fait entendre raison.
J’avais l’impression que Ney était la sœur aînée, mais je dirais que c’était
plutôt le contraire vu la situation.
« Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »
« Je vais vous enfermer toutes les deux dans une barrière semblable à
celle dans laquelle se trouvent Ende et la souveraine, d’accord ? Je ne
serai pas en mesure de vous amener à eux autrement. »
« Très bien. »
Lycee acquiesça, tandis que Ney se contenta de « hausser les épaules » et

de regarder le sol. Obtenir leur consentement était plus facile que je ne le
Tome 15 97 / 131
pensais, mais Ney croyait probablement qu’elle pouvait briser tout ce que
je créais.
J’avais lancé une [Prison] imprégnée de divinité, et je l’avais projeté

autour d’elles. Je ne voulais pas qu’elles se déchaînent dans Babylon,
c’était donc un moyen efficace de les contenir.
Ney commença immédiatement à se méfier de la barrière qui les

entourait, tandis que Lycee frappait avec curiosité sur l’un des murs.
Si Ney et Melle s’entendaient, il était possible de mettre fin à tout conflit

contre la Phase régulière… Mais le moindre faux pas pouvait signifier une
guerre totale, nous devions naviguer avec précaution.
Néanmoins, tant que Ney était dans ma [Prison], elle serait au moins
contenue et empêchée de causer un sérieux carnage.
S’il s’agissait d’une construction dominante qui avaient été affectées par
la divinité du dieu maléfique, elle serait probablement capable de briser
ma [Prison], mais… Ende s’était échappé en utilisant ces trésors sacrés.
J’avais sorti mon smartphone pour prévenir Ende et Melle. Je leur avais
heureusement donné un téléphone plus tôt.
Comme ils étaient tous les deux assignés à résidence, le moins que je
pouvais faire était de leur fournir des divertissements de base comme des
livres et des jeux. Ils allaient même dès fois au Jardin de Cesca pour
traîner ensemble, et ils y étaient apparemment en ce moment même.
« Yep. Mhm. Lycee et Ney sont avec moi. Je vais monter là-haut
maintenant… Prépare-toi, tu pourrais te faire attaquer. »
Après avoir terminé ma conversation avec Ende, je lui avais raccroché au

nez. Il criait quelque chose à la fin, mais je l’avais ignoré… J’avais le
sentiment que Melle arrêterait Ney si elle tentait quelque chose de
Tome 15 98 / 131
stupide.
« Très bien, allons-y. »
Les deux femmes me firent un signe de tête, puis nous nous étions
téléportés là-haut avec [Téléportation].
Le jardin et toute sa verdure étaient particulièrement beaux sous le pâle

clair de lune. Melle se tenait seule sous un arbre proche.
Hein ? Où est Ende ? S’est-il enfui ?
« Souverain… M-Melle ! Dame Melle, je… Augh ! »
Ney se précipita vers la souveraine et… se cogna le front contre le mur de

la [Prison] où elle était enfermée.
Ouf… Hé, ne me regarde pas comme ça. Ce n’est pas ma faute.
Melle s’était approchée de nous d’un air inquiet. Il y avait déjà une
[Prison] séparée autour du Jardin et des Remparts, j’avais donc dissipé
la plus petite autour de Lycee et Ney.
« Dame Melle… »
« Bonsoir, Ney. C’est un plaisir de te voir. »
La voix de Ney était débordante d’émotion. Elle s’était immédiatement

mise à genoux et embrassa la main tendue de Melle.
Partie 5
« Lycee… Tu as l’air en forme. »
« … En effet. »

Tome 15 99 / 131
Hm ? Est-ce que Lycee vient de glousser à l’instant ? C’est plutôt rare, vu
qu’elle est habituellement si réservée.
« Touya. Merci de m’avoir amené ces deux-là. »
« Ne t’inquiète pas pour ça. Je veux juste que vous exprimiez clairement
vos sentiments ici. J’aimerais que les attaques de Phase sur l’humanité
cessent maintenant. »
« … Maintenant que je sais que la souveraine est saine et sauve, il n’y a

plus de raison d’attaquer qui que ce soit. »
« Eh bien, c’est un soulagement. Si vous aviez continué, je n’aurais eu

d’autre choix que de commettre un génocide de masse sur toute votre
espèce… Et ça aurait vraiment été ennuyeux. »
Ney me jeta un regard furieux au moment où j’avais dit cela, mais je

sentais que mon commentaire était justifié. Elle avait clairement cessé de
considérer le grand nombre de personnes qui avaient été massacrées par
les actions de son peuple.
Il était vrai que nous avons riposté et tué beaucoup de Phases, mais
riposter après avoir été frappé était un réflexe naturel. Personne au
monde ne se contenterait de se prosterner et de mourir si quelqu’un s’en
prenait à lui.
Je me souvenais d’une citation qui allait dans le sens : « Les seuls qui
devraient tuer sont ceux qui sont prêts à être tués »
J’y croyais véritablement.
« … Il te serait impossible de commettre un génocide contre nous à ce

stade. Presque tous nos soldats ont été consumés par les dorés… »
« Les dorés ? Tu veux dire ces mutants ? »

Tome 15 100 / 131
« Les mutants… ? Un nom bien étrange, mais certainement approprié.
Ces traîtres, Leto et Luto… Ils nous ont attaqués et ont converti de force
la majorité de nos soldats. Nous n’avons plus aucun moyen de nous
opposer à eux. Ceux qui ont été absorbés par eux se transforment en
dorés, en mutants… Ils ne sont plus nos proches et ils nous chassent
allègrement. »
Les cellules du dieu méchant semblaient agir comme un agent viral,

convertissant de force tout ce avec quoi il entrait en contact en un nouvel
être.
C’était un peu comme voir un virus se propager dans un film de zombies,

les infectés ne pouvant jamais revenir à la normale. Honnêtement, le fait
que leurs pires prédateurs surgissent de leurs propres rangs était un peu
ironique.
« … Étant donné que vous avez systématiquement massacré des mondes

entiers avant d’atteindre celui-ci, j’appellerais ça une justice karmique,
non ? »
« Tsk… »
Ney n’avait rien à répondre à cela. J’étais irrité par son absence de
réponse, cela me faisait passer pour un tyran.
Si quelqu’un de proche était mort à cause de la Phase, j’aurais poussé les

choses beaucoup plus loin, mais en l’état, je n’avais aucune rancune
personnelle contre leur espèce. Tant qu’ils quittaient ce monde et ne
revenaient jamais, ça ne me dérangeait pas.
« … Vous devriez tous les quatre en parler pour le moment. »
« Vous quatre ? »
Lycee inclina la tête en disant cela.

Tome 15 101 / 131
« Oui. Vous trois, et la personne qui se cache dans cet arbre là-bas. »
« … Ne me révèle pas comme ça, Touya ! »
Ende grommela doucement en sautant de la cime de l’arbre. Je pouvais

voir son écharpe dépasser des branches.
Au moment même où Ney jeta son dévolu sur lui, ses yeux
s’enflammèrent de colère.
« Endymion ! »
Elle s’était soudainement redressée et revêtit ses mains de gantelets de

cristal. Elle avait l’air en colère, ce qui m’inquiétait.
Bien que, à travers les yeux de Ney, Ende était un homme qui avait
trompé une personne qui lui était précieuse et l’avait emmenée dans un
autre monde.
« Attends un moment, Ney ! Tu ne peux pas poser la main sur Endymion !

»
« M-Mais Dame Melle, je… Ma fureur envers cet homme est… »
« C-C-Calme-toi, s’il te plaît ! C’est Melle qui te le dit, non ? »
« Comment oses-tu parler d’elle avec autant de désinvolture ! »
Ney chargea en avant, mais fut physiquement retenue par Melle au

moment ou elle essaya de donner un coup de poing.
Arrête de faire l’imbécile… Je soupirais tout en regardant Lycee. Elle

regardait la scène sans aucune expression sur son visage.
Personnellement, je me fichais qu’Ende soit frappé ou non, mais j’avais

l’impression que les choses étaient au point mort tant que cela n’était pas
Tome 15 102 / 131
résolu.
« Hey, Ende. Laisse-la juste te frapper une fois, vous pourrez avoir
ensuite une vraie discussion. D’accord ? »
« Qu’est-ce que… ? Hé ! Tu penserais différemment si c’était ton visage

qui était en jeu ! »
« Je vais te guérir, en supposant qu’elle ne te tue pas sur le coup. Cela te

convient-il, Ney ? »
« … Je dois admettre que ce ne sera pas suffisant pour me satisfaire

pleinement, mais je l’accepterai pour le moment. »
« Mais ne le tue pas, d’accord ? »
« Évidemment. L’idée de laisser vivre ce bâtard ne me met vraiment pas à

l’aise, mais Dame Melle serait sûrement triste s’il mourait. »
Je me sentais un peu désolé pour Melle, puisqu’elle semblait prise entre

les deux parties, mais c’était le moyen le plus simple de mettre fin à la
tension. Ils ne pourraient pas avoir une bonne discussion avec tout ça sur
le dos. Franchement, Ende avait probablement besoin d’une bonne
claque, mais j’avais gardé cette partie pour moi.
Quelques instants plus tard, un impact sourd retentit dans le jardin de

Babylone, et Ende traversa les airs en décrivant un arc parfait.
… Merde, c’est un home run.
*****
« Que s’est-il passé ensuite ? »
« Honnêtement, pas grand-chose. Melle essaie de convaincre Ney

d’abandonner, mais Ney veut toujours ramener Melle sur leur planète
Tome 15 103 / 131
d’origine. Cela va probablement prendre un certain temps avant qu’elles
ne parviennent à un consensus. »
J’avais retenu un bâillement en répondant à la question d’Hilde. Ils

avaient passé toute la nuit à discuter, et finirent par tourner en rond tout
le temps. C’était comme de l’eau qui tournait autour de l’égout, encore et
encore. La Phase n’avait probablement pas besoin de dormir… Ils
n’entraient dans un état de dormance, d’hibernation, que lorsqu’ils
manquaient de magie ou de soleil. C’était du moins ce qui s’était passé
avec la première Phase que nous avions rencontrée.
Si j’empêchais toute magie d’entrer dans la [Prison] et que j’aspirais

toute la magie à l’intérieur, est-ce que les trois entreraient dans cet état
de dormance ? Si je tentais quelque chose comme ça, Ende essaierait
probablement de me tuer… Mais vu que ce n’était qu’une simple
hypothèse, j’avais décidé de ne pas y réfléchir davantage.
J’avais chassé ces pensées intrusives et siroté ma tasse de thé dans une
tentative désespérée de combattre ma fatigue.
La matinée était déjà bien avancée, et tout le monde était déjà parti pour
vaquer à ses occupations. La seule personne assise sur la terrasse avec
moi était Hilde.

Tome 15 104 / 131
Tome 15 105 / 131
« Lestia a également souffert des mains de la Phase… Je suppose que mes
sentiments sont mitigés sur ce sujet. »
Je pouvais comprendre pourquoi elle se sentait ainsi. Nous essayions

effectivement de devenir amis, ou au moins de devenir neutres, avec une
partie qui avait désespérément essayé de nous tuer. Le fait que nos têtes
comprenaient les avantages, alors que nos cœurs se sentaient mal à
l’aise, était un problème très humain.
« Mais que fais-tu donc encore ici, Hilde ? »
« Ah… Je-je lisais juste un livre que Linze m’avait donné, c’est tout… »
« … Un livre de Linze ? »
Je m’étais souvenu de l’incident d’hier impliquant l’infâme princesse

auteur, et j’avais tourné mon regard avec méfiance vers le livre que Hilde
avait posé sur la table. J’avais reconnu le titre du livre comme étant une
histoire romantique populaire de Roadmare. J’avais poussé un soupir de
soulagement, heureux de savoir qu’elle ne lisait rien de… bizarre.
« Est-ce bien ? »
« Je le trouve plutôt unique, car je ne suis pas habituée à des histoires

comme celle-ci. La plupart des romans que j’ai lus dans le passé sont des
récits d’aventure et d’héroïsme. »
Hilde semblait un peu gênée en parlant. C’était compréhensible, étant

donné qu’elle avait été élevée dans une famille de chevaliers, mais je
m’interrogeais quand même sur les compétences parentales de son
père.…
« C’est un peu gênant, mais j’ai toujours apprécié les personnages de ces
histoires. »
« Tu veux dire les demoiselles en détresse ? »

Tome 15 106 / 131
« Non, les chevaliers qui les sauvent. »
« Ah, je vois. »
Ouaip, les compétences du roi chevalier en matière d’éducation des

enfants étaient très discutables.
« Mais j’ai bien compris ce que ces demoiselles ont dû ressentir

lorsqu’elles ont été sauvées… La première fois que nous nous sommes
rencontrés, tu es apparu comme venu de nulle part pour me sauver,
Touya. Alors que tu réduisais la Phase en pièces, j’avais les yeux fixés sur
toi… »
Ah oui, j’avais complètement oublié que je l’avais rencontrée pendant

l’attaque de la Phase.
« Après ça, j’ai commencé à rassembler autant d’informations que

possible sur toi… Même mon frère a trouvé mes actions étranges. Tu as
tué le Dragon Noir… Ta répression du coup d’État… Chaque histoire de
tes exploits fringants rendait mon cœur plus tendre. Il n’a pas fallu
longtemps avant que je souhaite que nous nous rencontrions à nouveau. »
Bon sang… C’est tellement embarrassant à entendre… Je suppose que si

Hilde est si directe, c’est aussi parce qu’elle est si chevaleresque… Son
frère est aussi un peu comme ça.
J’avais décidé d’effacer mon embarras en sortant une phrase mielleuse.
« Mais tu sais… si la Phase n’était jamais apparue dans ce monde, nous

ne nous serions peut-être jamais rencontrés. Nous devrions au moins les
remercier pour ça, hein ? »
« Je suppose que oui… Bien que ce soit un peu égoïste… », dit Hilde en
gloussant doucement.
« Mais c’est pour ça que quand je lis des livres romantiques comme celui-
Tome 15 107 / 131
ci, je peux me connecter avec ce que ressent le protagoniste… Des choses
comme sa solitude quand elle est séparée de l’homme qu’elle aime, ou la
frustration qu’elle ressent quand elle ne peut pas exprimer ses émotions
correctement… ou le bonheur qu’elle ressent quand son héros fringant
fait quelque chose pour elle. C’est ainsi que j’en suis venue à apprécier
ces œuvres de fiction romantique. »
Cela avait du sens pour moi. C’était un peu gênant de l’entendre dire ces
choses sur moi, mais je comprenais son point de vue.
Comme je voulais faire quelque chose pour la rendre heureuse, j’avais

ouvert la bouche.
« Alors… est-ce que tu voudrais peut-être aller voir un film romantique

avec moi ? »
« Oh ! Un film ?! Ça fait un moment que je n’en ai pas vu un. J’adorerais !

»
Hilde joignit ses mains en signe de joie. Je regardais des films avec les
filles de temps en temps, mais c’était parfois difficile, car je devais
expliquer des concepts et des technologies propres à la Terre… Cela
finissait par me faire perdre beaucoup de temps. Pour cette raison, nous
regardions généralement des films fantastiques, des comédies de base ou
des films d’action simples. Regarder un film romantique serait
certainement une première.
J’avais ouvert l’application de cinéma que j’avais téléchargée sur mon

smartphone. Dieu Tout-Puissant m’avait donné une tonne de monnaie
virtuelle afin que je puisse télécharger facilement tout ce que je voulais
sans me sentir coupable de piratage… J’avais aussi fait en sorte d’éviter
certains films pour adultes. Hmm… Ce qui serait bien…
J’avais choisi un film sur un Anglais qui possédait une librairie et qui
finissait par tomber amoureux d’une actrice d’Hollywood. J’en avais vu un
Tome 15 108 / 131
petit bout à la télévision il y a quelques années, mais je savais de
mémoire qu’il avait l’air assez intéressant.
Nous étions entrés dans le salon et j’avais fermé les rideaux, puis nous
nous étions blottis sur le canapé et nous nous étions installés.
J’avais appuyé sur lecture, et le film commença. C’était l’édition doublée

en japonais du film, mais pour une raison inconnue, les gens de ce monde
étaient capables de le comprendre. Comme j’avais été moi-même
instantanément capable de parler la langue de ce monde quand j’étais
arrivé ici, j’avais décidé de ne pas y penser et de supposer que Dieu Tout-
Puissant l’avait fait.
Alors que je pensais à des choses stupides, je pouvais voir Hilde se laisser
absorber par le film. J’avais décidé de la rejoindre.
Je me sentais gêné et embarrassé pendant les scènes plus… intimes du

film, mais Hilde semblait vraiment l’apprécier. Ça me fit chaud au cœur.
J’étais un homme chanceux.
Interlude 2 : Je suis heureux rien qu’en

dansant avec toi
Partie 1
« Et bien ! Qu’est-ce que c’est ? ! C’est vraiment possible !? C’est

incroyable ! »
« C’est vraiment si impressionnant ? »
Comme je n’avais aucune référence sur lequel me baser, je ne savais pas

vraiment pourquoi Zanac était si impressionné par l’objet que je lui avais
présenté.

Tome 15 109 / 131
« Magnifique ! Ce matériau est produit par des vers à soie lunaires, et ils
ont disparu depuis des centaines d’années ! Ce tissu est tout simplement
exquis ! Exquis, je dis bien exquis ! Ce genre de tissu est recherché par la
royauté, vous savez ! Ou tout au moins par la noblesse ! Où avez-vous
trouvé ça ? »
« Euhh… Dans un coffre dans un donjon. »
« Oho ! Peut-être que le coffre dans lequel tu l’as trouvé était enchanté
avec une magie de préservation… Il est en parfait état, ooh ! C’est
vraiment merveilleux ! »
Zanac semblait absolument ravi de ce que je lui avais apporté.
Je lui avais dit que je l’avais découvert dans le donjon, mais c’était un
mensonge. C’était en fait quelque chose que j’avais trouvé en fouillant
dans l’entrepôt de Babylone. Le morceau de tissu venait de la civilisation
Partheno, à l’époque du Docteur Babylon. C’était considéré comme une
chose précieuse même à leur époque.
Tous les trésors de Babylone étaient à moi, je pouvais en faire ce que je

voulais. Ils appartenaient à l’origine au Docteur, mais elle avait fait
semblant de s’en moquer. Elle était apparemment heureuse de vivre sa
vie de gynoïde et n’avait pas besoin d’extravagance.
Comme j’étais libre de faire ce que je voulais avec ce que je trouvais,

j’avais décidé d’apporter ce matériel à Zanac afin qu’il le vérifie.
« Vous voulez donc que je fasse quelque chose avec ce matériel ? »
« Oui. Je ne l’ai pas apporté ici juste pour m’en vanter. J’ai une fête à
laquelle je dois assister au Royaume de Palerius. Je me suis dit que j’allais
te l’apporter pour voir si on pouvait en tirer quelque chose. »
« Palerius ? Oh, cette île au nord ? »

Tome 15 110 / 131
Il semblerait que la nouvelle se soit déjà répandue chez tous les
marchands du monde, je n’étais pas trop surpris. La découverte d’une
nouvelle nation était une énorme nouvelle, surtout du point de vue
commercial.
« Oui, moi et les filles avons été invitées là-bas pour une fête. »
Je m’étais retourné et j’avais regardé plus profondément dans le magasin.

J’avais amené mes fiancées au Roi de la Mode Zanac, et elles étaient
toutes impatientes de parcourir les costumes.
« Je vois… Alors vous voulez que j’utilise ce tissu pour confectionner des
robes pour ces jeunes femmes ? »
« C’est exact. Peux-tu le faire ? »
Zanac afficha un large sourire suite à mes paroles. Il s’était rapproché de

moi. Un peu trop près même…
« Ohoho ! Bien sûr, je serais honoré de travailler avec un tel tissu. Je jure
sur mon honneur de roi de la mode Zanac, que mon peuple créera
fébrilement les meilleures choses qu’il pourra ! »
J’étais content. S’il avait évalué le tissu comme bon marché ou médiocre,
cela n’aurait pas fait de bonnes robes pour tout le monde, j’étais donc
heureux d’entendre que non seulement il était bon, mais qu’il était prêt à
remplir une si grosse commande personnalisée.
Je ne voulais pas qu’on nous voie en public habillés avec des vêtements
bon marché, nos tenues devaient être appropriées pour la royauté. Rien
ne serait pire que d’être vus à la fête dans quelque chose de vulgaire, et
qu’ensuite les rumeurs selon lesquelles Brunhild n’était pas à l’aise
financièrement se répandent…
Pour être honnête, j’avais pas mal d’argent dans mes coffres, faire faire
Tome 15 111 / 131
des robes de luxe n’était donc pas un gros problème.
« Touya, tout va bien ? »
« Ah, oui. Tout va bien. On dirait qu’on va avoir quelque chose de bien. »
Je m’étais retourné au son de la voix de Yumina, et j’avais vu les autres

filles derrière elle.
« Je vais prendre vos mesures maintenant, veuillez me suivre. »
Une vendeuse fit alors un geste vers les filles et les emmena dans une
cabine d’essayage. Cela me fit me rappeler que les filles avaient toutes
très peu mangé… Je m’étais demandé si elles étaient inquiètes pour leur
poids. J’espérais qu’elles ne se priveraient pas de nourriture jusqu’au
début de la fête.
J’avais décidé de chercher des recettes moins caloriques afin de les

donner à Créa, car des habitudes alimentaires malsaines pouvaient finir
par être catastrophiques.
« Oh, c’est vrai… Voilà… Ce sont les motifs que chacune des filles a
choisis pour sa robe… C’est bon ? »
J’avais sorti neuf feuilles de papier différentes et les avais étalées sur une
table voisine. Zanac les prit et les regarda attentivement.
« Hmhm… Je n’ai jamais vu d’aussi jolis dessins auparavant… Ils sont

vraiment charmants… Votre œil pour le design est certainement
polyvalent, Grand Duc. »
« Ahaha… »
Je n’avais pas pu lui dire la vérité, que les dessins étaient juste basés sur
des références de recherche d’images que j’avais consultées en ligne. Ce
n’était pas vraiment mes dessins.
Tome 15 112 / 131
J’avais ravalé ma culpabilité tout en continuant à parler des robes avec
Zanac.
*****
Il y avait quatre villes principales sur l’île de Palerius, une dans chaque
direction cardinale. À l’époque d’Alerius Palerius, ses quatre disciples
régnaient sur chacune des villes. Le temple avec la porte dimensionnelle
était au centre de l’île et avait un chemin qui bifurquait vers chacune des
quatre villes. Chacune de ces villes était maintenant habitée par les
descendants des personnes qui avaient été amenées dans la sécurité
relative de l’île.
L’île étant plus sûre, de nouveaux bâtiments furent construits autour du

temple central. Le but ultime était d’en faire une capitale animée, le
temple servant de palais au nouveau royaume.
Comme la capitale n’existait pas encore techniquement, la fête se

déroulait à Meridius, la capitale du sud.
Les chefs d’État du monde entier, ainsi que leurs familles, avaient été
invités à participer à la fête. J’avais naturellement été invité moi aussi.
D’ailleurs, j’étais le seul à pouvoir faire venir tout le monde sur l’île.
Chaque pays possédait un ou deux mages spécialisés dans la

téléportation ou la magie de transport, mais j’étais le seul à pouvoir faire
des bonds précis à travers les nations et à déplacer les gens à des
endroits précis à partir de mes souvenirs.

Tome 15 113 / 131
La fête avait pour but de couronner officiellement le Mentor Central en
tant que reine de Palerius.
L’île de Palerius n’avait pas de système aristocratique, mais il y avait des

lignées favorisées. Les descendants des fondateurs de la ville seraient
désignés comme les quatre seigneurs sous la nouvelle reine. C’était un
peu similaire à la structure d’Eashen.
Étant donné que Palerius n’avait pas vraiment de noblesse, la fête n’était
pas non plus très fantaisiste. Il n’y avait pas de sentiment tape-à-l’œil ou
abusif.
J’avais personnellement aimé cela, car cela me semblait un peu plus

décontracter, de la même manière qu’à Brunhild. De plus, je n’avais pas
envie de participer à une danse, ce qui m’avait soulagé. Il n’y avait
également pas trop de musique.
Comme il y avait un groupe qui jouait, un peu de musique résonnait dans

les couloirs pendant que les festivités se déroulaient.
Hmm… Un groupe… Je ne pense pas que Brunhild en ait besoin. En ce

qui concerne la musique, Sousuke est plus que suffisant.
Cela me fit quand même penser à une chose. Quelques membres de notre
ordre de chevaliers s’intéressaient aux instruments, mais ils n’étaient pas
vraiment unis. J’avais décidé qu’il serait bon de leur donner un bon
entraînement, ils pourraient devenir le groupe officiel de Brunhild… Ou
peut-être même un orchestre, s’ils étaient assez nombreux.
« Grand Duc, merci beaucoup pour tout ce que vous avez fait. »
La reine Palerius s’approcha de moi et m’adressa un sourire sincère.

Djent, chef de la ville du sud, était derrière elle.
Comme d’habitude, il garda une posture stoïque, mais je pouvais voir les
Tome 15 114 / 131
traces d’un sourire sur son visage. C’était bon de voir le peuple de
Palerius plus heureux que jamais.
« Aucun besoin de me remercier. Plutôt, merci d’avoir fondé cette nation

correctement. Je vous souhaite vraiment bonne chance, de la part d’un
leader d’un pays naissant à un autre. »
J’avais saisi la main tendue de la reine Palerius. Il était vrai que nous
étions tous deux des nations naissantes, mais l’île de Palerius avait une
histoire vieille de cinq mille ans.
La reine Palerius sourit et partit parler avec les autres membres de la

famille royale.
Les tables étaient garnies de divers plats. Je n’avais jamais vu aucun

d’entre eux auparavant, mais leur goût était à la hauteur de leur
apparence. J’avais utilisé mes mains pour arracher une portion de viande
et d’os. C’était délicieux… Quoi que ce soit, ça me rappelait les côtes de
porc.
J’avais mangé et j’avais remarqué que Sue se dirigeait vers la foule.

J’avais suivi son pas et je l’avais trouvée, s’installant près de mes autres
fiancées. Elles étaient entourées de femmes curieuses. Apparemment,
elles avaient toutes remarqué la qualité des robes qu’elles portaient.
Les filles de la famille royale et noble commencèrent immédiatement à se

pâmer devant mes fiancées et à les complimenter sur leur apparence. Les
compliments ne firent qu’augmenter lorsque Yumina mentionna avec
désinvolture que les robes étaient faites de fil de ver à soie lunaire. Elle
avait également laissé entendre que ce matériau ne pouvait plus être
obtenu.
Et bien que cela soit vrai, il y avait en fait un camion rempli de cette
matière dans l’entrepôt de Babylone. Ce qu’ils faisaient pouvait
s’apparenter à des ragots, mais ce genre d’interaction superficielle avait
Tome 15 115 / 131
son utilité. Il était important pour les dames nobles et royales de chaque
nation de parler, de s’entendre et d’échanger des informations.
De toute façon, je devais me conformer aux normes sociales. Il était hors

de question que je m’approche des filles alors qu’elles étaient toutes en
train de bavarder.
Je me mis à regarder ailleurs et j’avais constaté que Sue, Sakura et Yae

me regardaient de travers pendant que je mangeais mes côtes. On aurait
dit qu’elles en voulaient, mais qu’il n’était pas convenable ou digne d’une
dame de manger de la nourriture avec des doigts dans une si belle robe.
« Mmh… Je suis fatiguée… »
Yumina finit par se diriger vers moi, libérée des griffes des autres
femmes.
J’avais jeté un coup d’œil à ma gauche et j’avais trouvé Sue en train de se

goinfrer de snacks pendant que personne ne regardait.
« Touya, tu devrais nous aider davantage… Je ne veux pas parler à des

dames guindées toute la nuit ! »
« Franchement… Que veux-tu que je fasse ? »
Je n’avais vraiment pas le courage d’approcher cette foule. Faire un seul

faux pas signifiait risquer l’ire des femmes nobles au niveau international,
et ça ne m’intéressait pas.
Leen s’était approchée, son visage tout aussi fatigué que celui de Yumina.
« Chéri… Nous devrions peut-être changer notre couverture sur l’origine

de ce tissu… En l’état actuel des choses, les dames pourraient demander
à leurs maris d’envoyer des escadrons de chevaliers dans nos donjons. »
« Ah… Ce n’est pas bon. »

Tome 15 116 / 131
Même en fouillant tout l’endroit, ils ne trouveraient rien de tout ça. Il
serait peut-être bon d’introduire lentement le tissu en vente sur le
marché à la place.
« Ça fait longtemps que je n’ai pas assisté à une fête… Mais c’est plutôt
agréable. »
« Je comprends que tu sois habituée à cela, Hilde-dono… Mais moi, je suis

de naissance commune et je ne trouve pas cela confortable. »
Yae grommela discrètement à côté de Hilde, tandis que ses pieds

s’agitaient dans tous les sens. Elle n’aimait apparemment pas porter des
talons. J’avais discrètement lancé [Guérison] sur elle et les autres pour
soulager leurs pieds.
« Merci, Touya-dono… »
« Oui, n’en faites pas trop. On peut vous trouver des chaussures de
rechange si c’est trop. »
« Pas du tout. S’il faut le faire, on le fera, c’est ça. »
Yae montra alors un visage courageux, mais je ne voulais pas qu’elle soit
mal à l’aise. J’avais pris un peu de recul et j’avais regardé dans la pièce.
Je n’avais pas vraiment envie de parler aux personnes que je pouvais voir.
Pour les familles nobles, les fêtes comme celle-ci étaient un bon endroit
pour se mêler aux autres et essayer de former des alliances
matrimoniales avec d’autres familles importantes. Je n’avais aucune envie
de me laisser entraîner dans ce genre de conversation.
Dans mon cas, je n’avais pas d’épouses, juste une surabondance de

fiancées. Je n’en avais certainement pas besoin de plus.
J’espère vraiment que personne n’essaiera de marier ses filles avec moi.
Je m’étais décidé à m’asseoir et à arrêter de regarder les gens.
Tome 15 117 / 131
Hmm ? Pourquoi la Reine Palerius se précipite-t-elle ici ?
« Grand-Duc, vous avez un moment ? »
« … Bien sûr, qu’est-ce qui ne va pas ? »
« … Ah… Cela me peine de le dire, mais il y a des gens dans cette nation
qui s’opposent à notre ouverture vers le monde extérieur. Certains
d’entre eux causent des problèmes en ce moment. »
« Quel genre de problème ? Une attaque ? »
Protester pacifiquement pour des raisons personnelles était une chose,

mais faire du grabuge était une tout autre affaire.
Et puis, cette fête réunissait diverses familles importantes du monde

entier. C’était donc une excellente occasion de nuire aux relations
internationales. Le fait qu’ils essaient d’attaquer lors d’un événement
comme celui-ci ne me surprenait pas.
« C’est pire que ce que nous craignions, en fait… Ils tentent d’appeler les
Béhémoths à Meridius. »
Djent prit alors la parole, s’approchant de moi par derrière la reine

Palerius.
Appeler des Béhémoths ici ? Est-ce possible ?
« Je parie qu’ils utilisent du bois de bête. C’est une sorte de bois spécial
qui dégage une odeur attirant les monstres lorsqu’il est brûlé. Quelque
chose comme ça, non ? »
« Vous avez raison, mais ce n’est pas du bois de bête. Il y a une plante
séchée spéciale dans ce pays appelée herbe mystique. Quand on la brûle,
elle a des propriétés similaires au bois de bête. Elle appelle les créatures
sauvages et leur fait perdre le peu de raison qu’elles ont. »
Tome 15 118 / 131
La reine Palerius répondit rapidement à la demande de Leen. Cela n’avait
vraiment pas l’air bon.
Partie 2
« Nous avions l’habitude de l’utiliser comme outil de chasse. Quand nous

étions attaqués par des Béhémoths à l’extérieur de la barrière, nous le
brûlions et le laissions à un autre endroit pour faire diversion. »
« Et maintenant, ils les utilisent pour attirer les Béhémoths dans la ville.
Comme meridius a une barrière autour d’elle, personne ne sera blessé…
Mais l’incident va sûrement effrayer les rois et nobles que nous avons
comme invités ici. Je suis certaine que l’opinion publique de Palerius va
décliner si on laisse un tel incident se produire… »
C’était certainement vrai, et il n’y avait rien de pire qu’une mauvaise

image internationale. Qu’un événement aussi terrible se produise
pendant la cérémonie de couronnement ? Ce serait incroyablement
embarrassant.
Nous avions chassé la plupart des Béhémoths de l’île de Palerius il y a

quelque temps, mais de toute évidence, nous ne les avions pas tous tués.
Il y avait encore des sources de mana ici et là sur l’île, ce qui signifiait
que de nouveaux Béhémoths feraient surface de temps en temps.
Et même si la barrière principale séparant l’île du reste du monde avait

disparu, les barrières magiques protégeant le temple et les quatre villes
principales étaient toujours en place. Cela signifiait qu’ils étaient en
sécurité tant que les Béhémoths n’attaquaient pas en masse.
« Recherche. Localisez tous les Béhémoths dans la zone. »
« … Recherche. Recherche terminée. Affichage. »
Une carte de la zone entourant Meridius fut projetée dans l’air. C’était
Tome 15 119 / 131
encore loin, mais il y avait un seul point rouge qui se déplaçait vers nous.
Il était probablement attiré ici par un groupe de chasseurs en
mouvement. Je m’étais demandé ce qu’il fallait faire. Faire des histoires
tuerait définitivement l’ambiance de la fête, j’avais donc décidé qu’il
valait mieux s’en occuper sans que les participants le sachent.
« Dans ce cas, on devrait utiliser Brunnhilde ? Elle a une armure furtive,

elle devrait donc être capable de tirer sans se faire remarquer. »
Yumina apparut soudainement à mes côtés avec une suggestion. Cela

semblait raisonnable. Nous pourrions aussi supprimer la détonation avec
[Silence].
J’en avais parlé à la reine et j’avais négocié le cadavre du Béhémoth

comme compensation. Ce serait bien de récupérer l’argent que j’avais
dépensé pour faire faire ces robes.
« Très bien, nous allons partir. Yumina et moi irons avec Djent et
quelques chevaliers, car nous devons trouver qui attire le Béhémoth. »
« Très bien, alors. C’est bon. »
« Quant au reste des filles, restez ici s’il vous plaît. Nous ne connaissons
pas leur plan, leurs amis pourraient donc finir par essayer de perturber
directement la fête. Vous devez être là pour prendre les choses en main si
le pire devait arriver. »
« Laisse-nous faire, Touya-dono. »
Yae acquiesça fermement. Elles pouvaient facilement tirer leurs armes

des [Stockage] de leurs anneaux en cas de besoin, j’étais donc sûr
qu’elles seraient capables de se débrouiller.
Yumina et moi étions sortis de la ville avec Djent et une douzaine de

chevaliers.
Tome 15 120 / 131
« Brunnhilde ! »
Une fois que nous étions sortis de la ville, Yumina leva sa main gauche et
appela son Frame Gear à travers sa bague de fiançailles. Ce dernier
apparut en un éclair, brandissant son fusil de sniper.
« Ooh ! »
Les chevaliers furent impressionnés lorsque Yumina sauta dans le cockpit

et déclencha les fonctions furtives de la machine.
Brunnhilde s’était dissous dans l’environnement nocturne lui-même.
« [Détection lointaine]. »
J’avais projeté mes sens à environ un kilomètre de nous, mais le

Béhémoth n’était pas en vue. Je m’étais alors dit qu’il devait être un peu
plus loin, et j’avais poussé mon sens de la vue un peu plus loin. Je l’avais
finalement trouvé.
« Yumina. C’est à environ 5 km par là. »
« Bien reçu. C’est dans mon viseur. »
J’avais vu une voiture tirée par un animal d’où s’échappait de la fumée, et

un monstre qui la suivait. Le Béhémoth ressemblait à une grande chèvre
noire débraillée.
« C’est une chèvre noire. »
C’était une créature possédant de grandes cornes tordues. Ce n’était pas

un monstre particulièrement puissant, loin de là, mais cela ne signifiait
pas qu’il pouvait être sous-estimé.
Un Béhémoth faible restait quand même un Béhémoth, il était tout de

même capable de faire des dégâts catastrophiques. En plus, cette chose
Tome 15 121 / 131
faisait plus de 20 mètres de haut. Notre seul point positif était qu’il
n’était pas aussi agile qu’il aurait pu l’être à cause de son poids. S’il avait
été un peu plus athlétique, il aurait facilement rattrapé le chariot qui le
précédait. Il semblerait que les personnes qui le montaient en étaient
aussi conscientes. Elles avaient l’air terrifiées.
J’avais regardé d’un peu plus près et j’avais remarqué des morceaux
d’entrailles d’animaux sous les sabots de la chèvre noire. Elle écrasait les
autres animaux sur son passage. On aurait dit que l’herbe mystique
attirait également d’autres animaux vers elle, et les pauvres petites
choses mouraient immédiatement.
« Je suis contente que ce ne soit pas un monstre à carapace comme une

Tortue Blindée. Très bien, je ne peux pas la laisser s’approcher de la ville,
car les gens vont le remarquer. Je vais tirer. »
« [Silence] ! »
Tous les bruits dans les environs disparurent en un instant. J’avais vu une
bouffée de fumée et un flash lumineux provenant du fusil de Yumina, puis
la chèvre sombre s’effondra sur le sol. Un tir, une mort. Bon travail.
«…!…!…!»
«…!…!»
Les chevaliers applaudirent tous et sautèrent de joie, mais rien n’était

audible à cause des effets de mon sort. Je l’avais rapidement annulé.
J’avais vu grâce à mes sens projetés que les hommes dans le carrosse
étaient surpris par la soudaine averse de sang de chèvre géante.
« Je vais ouvrir un portail afin que vous puissiez attraper ces crétins. »
« Nous vous sommes à nouveau redevables. »

Tome 15 122 / 131
Je m’étais dit qu’il valait mieux capturer les gars ici et maintenant plutôt
que de laisser leurs bêtises se poursuivre. J’avais ouvert un [Portail] afin
de permettre aux chevaliers de Palerius de charger et d’encercler le
chariot. J’avais traversé le portail après eux et j’avais utilisé la magie de
l’eau pour nettoyer les feuilles brûlées.
« [Chute d’eau]. »
« Bweh ? ! »
« Urgh ! »
L’eau s’était abattue sur la tête des hommes. La fumée des herbes
brûlantes disparut, et les hommes furent également lavés dans leur
carrosse.
« Appréhendez-les ! »
Sur l’ordre de Djent, les chevaliers avancèrent. Comme il n’y avait pas
beaucoup de résistance, tous les hommes furent rapidement capturés.
« Est-ce tout ? »
« Pour l’instant. »
Yumina traversa le portail derrière moi et inclina sa tête sur le côté. La

situation n’était pas encore terminée. Pour commencer, ils devaient
encore trouver qui était derrière ce plan stupide. Mais c’était un
problème pour Palerius, pas pour moi.
J’avais regardé le cadavre de la chèvre noire. Il avait été proprement

abattu d’une balle dans le front. J’avais été étonné par la précision de
Yumina, même à cette distance… Je ne voulais pas que la chèvre noire
empeste l’endroit, qu’elle pourrisse ou qu’elle soit mangée, j’avais donc
poussé la carcasse dans mon [Stockage].

Tome 15 123 / 131
Nous avions ramené les hommes captifs à Meridius. Après nous être
séparés de Djent, Yumina et moi étions retournés à la fête.
« Bon retour parmi nous. »
« Tout va bien maintenant ? »
Linze et Elze remarquèrent notre retour et nous appelèrent. La reine

Palerius nous avait aussi jeté un regard curieux. J’avais lancé à la reine
un pouce levé et un sourire, pour lui faire savoir que tout s’était bien
passé.
« Merci beaucoup… Nous devons vous remercier pour cela… »
« Non, c’est bon. J’ai le corps du Behemoth. C’est tout ce dont j’ai besoin.
»
Je n’avais pas vraiment fait quelque chose cette fois. Yumina avait tout
fait.
« Des problèmes ici ? »
« Rien à signaler. Le poulet teriyaki est super… »
Ce n’est pas vraiment ce que je voulais dire, Sakura… Mais je suppose

que je dois être heureux de voir que tu aimes la nourriture.
« … Attends une seconde… Pourquoi est-ce qu’on dirait qu’il y a une

danse qui commence ? »
La moitié de la salle avait été dégagée, et il y avait des hommes et des

femmes qui dansaient par paires. L’orchestre jouait une valse douce,
faisant se balancer les partenaires et les faisant danser en tandem.
Attendez une seconde… Au piano, est-ce que c’est… Sousuke ? Quand es-
tu arrivé ici ?!
Tome 15 124 / 131
« Ghh… Pourquoi y a-t-il une danse ?! »
« Il n’y en avait pas de prévu, mais il semble que certains aient pensé que
la fête n’en serait pas une sans danse. Ainsi, c’est arrivé… »
« Et puis Sousuke est apparu de nulle part et a commencé à jouer de la

musique ? »
Lu hocha alors la tête. Cela semblait inutilement commode.
Il jouait actuellement la Valse des fleurs de Casse-Noisette. Je fixais le

groupe, me demandant comment ils savaient jouer quelque chose comme
ça. Leen, qui semblait lire dans mes pensées, prit alors la parole.
« Ce ne sont pas des natifs de Palerius, mon cher. Ils sont de Brunhild.
C’est le groupe qui était intéressé par l’apprentissage des instruments.
Sousuke a travaillé avec eux pendant un certain temps. »
« … Huh. »
Il y avait beaucoup d’instruments qui traînaient dans la caserne des

chevaliers. J’avais entendu dire que certains chevaliers s’y étaient
intéressés, mais je n’avais pas réalisé que Sousuke les avait déjà pris sous
son aile. Il avait dû les amener ici en utilisant sa magie de téléportation.
« Ohh… Père et Mère… »
« Hm ? »
J’avais suivi le regard de Yumina et j’avais vu le roi de Belfast danser

lentement avec sa femme. Leurs mouvements étaient délibérés et
hypnotiques. Wôw… Bien que, je suppose que ce genre de chose est
normal pour des royautés. Ils ont l’air bien… J’ai beaucoup à apprendre.
« … Je refuse de perdre. »

Tome 15 125 / 131
« Quoi ? »
Yumina me prit par la main et nous entraîna vers la piste de danse. Whoa,
doucement !
« Attends, Yumina ! Je ne sais pas danser… »
Depuis que j’étais devenu un membre de la royauté, j’avais compris qu’il

était nécessaire d’assister à des événements de ce genre. C’était pourquoi
j’avais pris quelques leçons de danse. Mais malheureusement, il était
devenu évident que je n’avais aucun talent pour cela.
Je connaissais quelques mouvements de base, mais j’étais un peu

maladroit. Franchement, je trouvais tout ça difficile.
« Tu peux faire les bases, non ? Ne t’inquiète pas. Je vais te guider, et ce

sera juste pour une chanson. »
« Et puis une avec moi, après ! »
« Alors je danserai avec toi après Lu ! »
« Espèce de petite maline… alors, je danserai après Hilde ! »
Les mots de Yumina firent sensation auprès de mes autres fiancées. Lu,
Hilde, et Sue exprimèrent immédiatement leurs désirs.
« Je ferais mieux de me contenter de regarder. »
« Uhhm… Je vais passer mon tour. »
« Moi aussi… »
« Je ne suis pas très bonne danseuse. »
« Je préfère chanter que danser… »

Tome 15 126 / 131
Yae, Elze, Linze, Leen et Sakura déclinèrent toute l’opportunité de danser
avec moi.
On dirait qu’elles étaient divisées en deux camps. Celles qui voulaient

danser, et celles qui ne voulaient pas. Mais je soupçonne que les filles qui
avaient refusé ne savaient tout simplement pas si bien danser que ça.
Mais ce n’était pas à moi de juger. Je n’étais définitivement pas doué pour
la danse. Finalement, mes protestations ne portèrent pas leurs fruits, et
Yumina me traîna dehors.
Uhh, voyons voir ici… Coudes droits… Épaules abaissées… Colonne

vertébrale droite… Oh, attendez… Je dois mettre ma main sur ses
épaules, non attendez… Sa taille ?
« Touya. »
Yumina me sourit alors que je me creusais frénétiquement la tête.
« C’est bon. Calme-toi et suis mon exemple. »
« O-Ok. »
J’avais pris une profonde inspiration et j’avais serré la main de Yumina.

Puis, j’avais bougé sur le rythme lent de la musique. Nous avions
commencé à danser comme les autres couples.
« Hmm… Cette chanson… »
« Quelque chose ne va pas ? »
« … Non, c’est bon. »
Alors que nous dansions, j’avais froncé les yeux vers Sousuke. Je me
demandais s’il avait choisi cette chanson exprès. C’était « I want you »,
d’Erik Satie. Elle avait été composée à l’origine pour une actrice
française, et le titre se traduisait par « Je te veux ».
Tome 15 127 / 131
Les paroles qui furent créées pour le morceau étaient superposées avec
une intention précise, presque érotique.
« … Hmm… »
Je m’étais demandé pourquoi Sousuke avait choisi cette chanson, mais je

ne pouvais pas m’y attarder. J’avais besoin de me concentrer.
Yumina ralentit notre danse et me lança un doux sourire.
« C’est bien de se détendre, tu sais. Tu n’as pas besoin d’être aussi tendu.
Profitons de notre danse, et allons aussi lentement que nécessaire. Il n’y a
aucune raison de gaspiller une bonne opportunité comme celle-ci. »
… Elle s’amuse… Même si je ne suis pas doué pour ça, elle a l’air
heureuse… J’avais regardé autour de moi. Tous les couples qui nous
entouraient dansaient joyeusement eux aussi. C’était bien.
« … Tu savais que j’étais tendu, hein ? Je te serrais trop fort ? Je suis

censé être un membre de la royauté, je suppose que j’étais simplement
nerveux à l’idée de donner une bonne impression. Mais tu as raison. Je ne
devrais pas m’inquiéter de ça, je devrais juste être moi-même. »
Yumina avait toujours eu le don de me faire remarquer des choses que je

n’avais pas remarquées. Elle avait aussi le don de me donner du courage
personnel.
Mes jambes commencèrent à bouger en rythme au fur et à mesure que la

chanson avançait, et un sourire sincère se dessina sur mon visage tandis
que je me laissais aller à la musique avec Yumina.
La danse commençait à être vraiment agréable. J’étais heureux de danser

avec elle.

Tome 15 128 / 131
Tome 15 129 / 131
Tome 15 130 / 131
Finalement, la chanson se termina. Nous avions alors aussi arrêté notre
danse.
« C’était amusant ! »
« Ça l’était vraiment. Tu es incroyable, Yumina. »
Yumina sourit une fois de plus. J’avais passé une main dans ses cheveux
quand Lu s’était soudainement approché de nous par-derrière.
« Yumina, c’est mon tour maintenant. On y va, Touya ? »
Ah, oui. Il me reste encore trois danses à faire… Eh bien, ça ne sert à rien
de s’en faire. Je vais m’amuser.
Yumina nous fit signe d’aller sur la piste de danse tout en rejoignant les
autres filles.
Sousuke commença une autre chanson. Cette fois, c’était « The Skater’s
Waltz » de Waldteufel.
J’avais pris la main de Lu dans la mienne et j’avais commencé un élégant

mouvement synchronisé avec elle.
Je suppose que danser n’est pas mauvais en soi, hein ? J’avais souri
doucement en continuant à danser toute la nuit.

Tome 15 131 / 131

Dans Un Autre Monde Avec Un Smartphone - Tome 15

Transféré par

Informations du document

Titre original

Copyright

Formats disponibles

Partager ce document

Partager ou intégrer le document

Options de partage

Avez-vous trouvé ce document utile ?

Ce contenu est-il inapproprié ?

Droits d'auteur :

Formats disponibles

Dans Un Autre Monde Avec Un Smartphone - Tome 15

Transféré par

Droits d'auteur :

Formats disponibles

https://noveldeglace.

com/ Dans un autre monde avec un Smartphone –

Et je ne suis pas n’importe quel tigre. Je commande les mammifères et les

Mon maître est Mochizuki Touya, grand-duc du Duché de Brunhild. C’est

https://noveldeglace.com/ Dans un autre monde avec un Smartphone –

« Incroyable travail, Kohaku… Tu nous as vraiment aidés. On va s’en

« Bien sûr. Faites de votre mieux. »

Je parlais avec un chevalier de Brunhild qui venait juste d’appréhender

Les habitants de la ville avaient souvent peur de ma véritable forme,

Il y avait quelques personnes qui regardaient mon échange avec les

« Oh, c’est Lanz et Kohaku ! Vous travaillez dur ? »

« Hm ? Ah, bonjour, Micah. »

« A-Ah, b-bonjour toi ! O-Oui, on nettoie juste une scène de crime !

« Oh là là, tu travailles dur… Viens me voir plus tard, d’accord ? Je te

« M… Merci ! J-J’y viendrais certainement ! »

Le jeune homme et ses collègues gardes partirent avec les criminels. Si

« Pas facile d’être populaire, hein ? Eheh… À bientôt, Kohaku. »

Au moment même où j’avais pris le tournant, j’avais sauté de mur en mur

C’était de bons enfants, mais je n’avais pas de temps à leur consacrer.

J’avais attendu un moment, jusqu’à ce qu’ils abandonnent leur recherche

Entendre soudainement mon nom était si surprenant que j’avais failli

« Kougyoku ! Ne me fais pas peur comme ça ! »

https://noveldeglace.com/ Dans un autre monde avec un Smartphone –

Je regrette de l’admettre, mais elle et sa famille étaient bien plus utiles à

Les subalternes de Kougyoku pouvaient facilement chercher les fauteurs

Les oiseaux gardaient un œil sur la campagne et les montagnes

« Et alors ? Es-tu passée juste pour commenter ? »

« Hmm… Peut-être que ce sont des voyous déguisés ? »

« C’est une possibilité, mais on ne peut pas juger sans preuve. »

Il y avait eu un incident par le passé où des criminels s’étaient déguisés

https://noveldeglace.com/ Dans un autre monde avec un Smartphone –

Apparemment, les escrocs avaient entendu parler de ces marchandises et

Nous en avions été informés immédiatement, et nous avions demandé aux

C’était malheureux, mais ce genre de chose arrivait plus souvent ces

La plupart d’entre eux vinrent dans le pays et furent rapidement traités,

Il serait bon que je suive ces étrangers… Juste après ma sieste.

Et quand j’étais arrivée dans l’enceinte de l’école, j’avais vu Fiana en

« Oh là là, Kohaku. Bonjour à toi. Puis-je t’aider ? »

« D’Artagnan ? Il est là-bas. »

J’avais regardé l’endroit que Fiana m’indiquait et je l’avais vu

Pourquoi peux-tu… Dormir pendant le travail, hein ? Ce n’est pas juste…

« … Miaou… ? Qu-Quoi ? ! D-D-Dame Kohaku ?! »

Les cheveux de Monsieur Mittens s’étaient hérissés. En quelques

« … À ce que je vois, tu as beaucoup de temps libre. »

« N-Non non ! Tu te trompes, je te l’assure ! Il n’y a pas de griffes à

Monsieur Mittens commença à cracher frénétiquement des excuses. Pour

« Hm. C’est bon. »

https://noveldeglace.com/ Dans un autre monde avec un Smartphone –

« Ooh, c’est Kohaku. Bonjour, ma chérie ! »

« Pas besoin de nous faire du rentre-dedans ! »

Malheureusement, ma sieste est à nouveau terminée. Un autre ennui, ou

« Quelle impolitesse… ! On a trouvé quelque chose d’intéressant, on a

Les mots de Kokuyou m’énervèrent un peu. Ce type n’était pas

« Un de nos familiers a trouvé cet objet sur le bord de la route. »

Sango laissa tomber quelque chose près de moi. Hm… ?

Ça ressemblait à une branche d’arbre. Mais j’avais ensuite remarqué

Le bois à bêtes se forme lorsque des arbres ou d’autres plantes poussent

L’odeur du bois se répandait et mettait en transe les créatures sauvages

Elles pouvaient ensuite être brûlées comme de l’encens, et elles

C’était une pièce d’équipement très dangereuse à utiliser et elle était

« Penses-tu que c’est suspect ? »

« Je pense que de telles choses apparaissent rarement sur la route. »

https://noveldeglace.com/ Dans un autre monde avec un Smartphone –