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La Campagne Impériale

Avec : - Tania Orloff, humaine, initiée d'Ulric (Christophe)


- John Deere, humain, patrouilleur rural (Fritz)
- Blondain, nain, combattant des tunnels (Max)
- Therdun Barbe-crade, nain, apprenti mage (Jim)
- Gilstrom Blitzbolt, gnome, pilleur de tombes (Arnaud)
- Lüdger Godichon, dit Godet, humain, milicien (Fabien)
- Cohen Krull, dit l'Aiguille, humain, soldat (le Spru)
- Pel-Andil, Elfette, archère (Cras)
MJ : Chonzan

Une chronique établie par Gribouillette Brûletorchon, scribe et principale pigiste de l'Echo d'Altdorf

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Livre 1
L'aventure que je vais vous conter aujourd'hui s'étale sur plusieurs années. Elle a
profondément remanié le monde tel que nous le connaissons et a influencé le destin d'un
grand nombre de personnes. Après des jours et des jours de procédures administratives,
j'ai réussi a rencontrer celle sans qui rien de tout ceci n'aurait pu avoir lieu, son excellence
sérénissime Tania Orloff, Grande Prêtresse d'Ulric et chargée de cours à la chaire de théologie de
l'Université d'Altdorf.

Mais sans plus attendre, je vais passer la parole a notre prestigieuse invitée, et lui demander tout de
go : mais, nom de d'là, comment cela a-t-il commencé ?

partie du jeudi 16 janvier 2014

Chapitre I : de Nuln à Altdorf

Eh bien, je crois qu'on peut dire que cette saga a débuté dans
les faubourgs les plus crasseux de Nuln. A l'époque,
fraîchement émoulue de mon initiation de future prêtresse
d'Ulric, sans un sous et ayant tout à prouver, je cherchais un
travail de mercenaire. Les hasards de mes recherches m'avaient conduit
dans les bas-fonds de la ville, où j'avais été faite prisionnière par des
truands locaux, qui me destinaient à être revendue comme esclave, ou
pire.

C'est là que je fis la rencontre des plus improbables des compagnons.


Des milliers de rats envahissaient les tunnels constituant le repaire des
bandits. Leur chef, surgissant dans ma cellule, hurla que les membres
d'une secte étaient en train de finaliser un rituel abominable à quelques
salles de là. Dans un accès de générosité que je n'ai toujours pas compris
aujourd'hui, il me libéra en me rendant toutes mes maigres possessions, afin de me laisser la
possibilité de sauver ma vie.

C'est là que je tombais sur cette troupe hétéroclite,


formée de deux nains pouilleux, d'une elfe mal dégrossie,
d'un gnome grotesque, d'une espèce de grand flandrin
maigre à faire peur, mais d'une force étonnante, d'un
milicien barbu et d'une sorte de vacher-aventurier-
gardien-de-chêvres sale et malpoli.

Comme je vous l'ai dit, à l'époque, et bien qu'ayant suivi


une éducation fort convenable, je ne détonnais pas
vraiment parmi cette racaille.

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Allons, allons, telle que nous vous connaissons, votre classe naturelle avait bien dû se
remarquer immédiatement, malgré la basse extraction de vos compagnons ?

Attention, Gribouillette, je vous avertis que la flatterie n'a aucune prise sur moi. Mais,
poursuivons. Après avoir combattu les sectaires de Nurgle dans les souterrains, en
particulier leur chef, un sorcier répugnant et le démon mineur qu'il avait invoqué, nous
avons fui les souterrains et ramené à M. Holdenhaller l'anneau objet de la mission de mes
compagnons, ce que je n'appris qu'à ce moment-là.

Après nous être fait payer par M. Holdenhaller, qui nous fournit de plus de bons compléments
d'armure à prix discount, nous nous équipâmes rapidement et partîmes en direction d'Altdorf, où
nous espérions bien trouver de l'embauche.

Je passe sur les conditions pénibles du voyage jusqu'à Altdorf.

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A ce moment, entre dans le bureau de Gribouillette, un individu à l'hygiène douteuse et à l'haleine
chargée d'alcool.

Eh là. J'ai entendu c'que vous racontez. Si c'est pas


malheureux, des conneries pareilles (Ptui !).

Et laissez pas l'autre morue vous embobiner. La vérité, c'est qu' si on avait pas été là pour sauver son
joli p'tit cul, ben d'une part elle aurait fini dans un bordel dans le
Moot, et d'autre part elle s'rait pas là pour vous en causer...

Mais je vous en prie !!! D'abord, ne crachez pas sur le tapis, et ensuite montrez le respect
qui lui est dû à la Grande Prêtresse. Je ne tolérerai pas que.....

Laissez, laissez, ma brave Gribouillette. Ce monsieur et moi sommes amis depuis longtemps,
et ça fait des années que je ne formalise plus de ses écarts de langage. Mais je t'en prie,
mon cher John, donne-nous donc ta version des faits...

Ben d'abord, y a cette histoire de main au cul : J'aurais sois-disant peloté l'elfette mal
baisée qui nous accompagnais. C't'une pure calomnie. Déjà, j'ai jamais pu blairer les grandes
bringues plates comme des limandes. Et pis, franchement, vous m'avez vu ? Ce s'rait-y
compatible avec la classe et l'éducation irréprochable dont auquelle j'ai toujours fait preuve  ? Hmm ?
Hein, ma grande pétasse, que c'est pas possible ?

(chuchotte) Tu sais qu' t'es bonne, toi ? Ca t'dirait un p'tit coup vite fait, en souv'nir du bon vieux
temps ?

(soupir) Eh ben, cette chronique commence bien. Bonjour la classe....

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partie du jeudi 6 février 2014

Effectivement, je confirme…. bon, suite à ces précisions indispensables, on peut continuer


le récit. Du voyage en diligence jusqu'à Altdorf, il suffira de dire que nous fûmes attaqués
en chemin par des mutants. Le premier mis en déroute nos chevaux et nous coûta un des
cochers de la diligence. Il fut proprement exécuté par notre combattant des tunnels,
Blondain. En essayant de récupérer les chevaux, nous arrivâmes sur les lieux d'un massacre : celui de
la diligence qui faisait le trajet dans l'autre sens. Quatre ou cinq autres mutants dévoraient ce qui
restait des passagers, dont un malheureux enfant. Un bref combat s'ensuivit, mené essentiellement
par Godet, Blondain, Barbe-crade et moi. Notre patrouilleur rural, perché sur son cheval nous fut
d'une aide très relative. Il avait l'air comme hébété. L'idée nous traversa l'esprit qu'il était peut-être
victime du syndrome bien connu sous le nom de "mou-du-genou".

Mais, bordel de mes deux, ce qu'il faut pas entendre ! Bien sûr que non. Je ne faisais que
superviser la situation en évaluant les dangers, prêt à bondir à la moindre alerte….

Oui, c'est ça, c'est ça. Après cette mise au point, je continue. En fouillant les alentours du
drame qui venait de se jouer, nous découvrîmes le cadavre d'un homme, abattu de deux
carreaux d'arbalète dans le dos.

Et bla bla bla, et patati et patata. T'as jamais su causer comme tout le monde toi. Nous
découvrîmes, j'te demande un peu… Qui c'est qui cause comme ça, d' nos jours ? J'penses
que si tu baisâtes un peu plus, tu nous emmerdûtes un peu moins.

Je peux continuer, oui ? Ou tu vas nous les briser encore longtemps ?

Pisque c'est comme ça, j'me tais. D'ailleurs mesdâââââmes, j'm'en va prendre congé d'cette
aimable assistance. J'ai d'mandé à Godet d'passer vous dire bonjour et d'veiller à c'que tu
transformes pas toute l'histoire à ton avantage, et l'voilà justement qui arrive. Serviteur.

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John Deere sort, remplacé effectivement par l'arrivée d'un grand
barbu, avec une dégaine de militaire. Sa démarche est souple et
assurée, on sent l'homme d'action, habitué à commander. Un
regard plus attentif laisse toutefois entrevoir les origines
probablement modestes du personnage : un certain négligé dans
l'habillement et une posture légèrement voûtée.

M'sieur-dames

L'homme s'approche de nous, se penche et nous gratifie d'un baisemain d'une élégance folle, à peine
gâché par une discrète flatulence, qui lui échappe à l'insu de son plein gré.

Ah, tu tombes bien, mon cher Godet, puisque la suite de l'histoire te concerne
particulièrement. Mais assieds-toi donc, mon majordome va nous faire servir des
rafraîchissements…. Edgar, s'il vous plait…

A ces mots, John Deere s'arrête net et se retourne vers nous.

Vous dérangez pas pour moi, j'pique juste une p'tite coupe de champagne et j'vous laisse.

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Revenons à notre affaire. Comme je vous le disais, nous trouvâmes ce cadavre percé de
carreaux d'arbalète. Quelle ne fut pas notre surprise en découvrant que le mort était le
sosie parfait de Lüdger Godichon, dit Godet. Nous suspectâmes immédiatement une
intervention magique, voire chaotique. Une telle coïncidence paraissait purement impossible.

Le jeu des cinq erreurs

(en recopiant son dessin, notre dessinateur a commis 5 erreurs,

à vous de les retrouver)

T'oublies de dire qu'avant cette découverte, j'avais entrepris de te faire la cour, en misant
tout sur mon charme naturel, mais en emballant mon discours de quelques compliments et
prévenances du plus bel effet.

Oui, effectivement. Si je me rappelle bien, tu m'avais demandé - avec finesse - si les


éclaboussures de sang consécutives au combat ne m'avaient pas taché le soutien-gorge.
Comme je te faisais remarquer que je n'en portais pas, tu élaboras un fantasme de corps de
garde, en imaginant que je ne portais que des bretelles "cache-tétons". Je dois t'avouer,
que j'ai connu plus romantique, comme plan drague.

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Bref, une rapide fouille du mort nous révéla de plus un document notarié, qui l'identifiait
comme l'unique héritier du baronnet von Lieberung. De plus, il portait une marque en
forme de main tatouée sur la poitrine.

De plus en plus intrigués, et avec des soupçons grandissants envers notre compagnon Godet, nous
continuâmes notre chemin jusqu'à la prochaine auberge, où les pitreries de notre bouffon Gilstom
Blitzbolt firent rire toute l'assemblée et apportèrent un peu de légèreté à cette sinistre journée.

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Le lendemain, nous arrivâmes enfin à Altdorf, capitale de l'empire. La foule était énorme, mais nous
remarquâmes tout de même deux individus, regardant fixement Godet, en faisant des signes
étranges, consistant à se mettre le doigt dans l'oreille. Comme ça ne semblait pas être une coutume
locale, nous imaginâmes qu'il s'agissait plutôt d'un signe de reconnaissance entre malfrats. Comme
Godet était bien emprunté pour y répondre, les deux individus, accompagnés par un troisième
larron, dont le signe distinctif était une grande cicatrice autour du cou, disparurent dans une
auberge. Nous essayâmes de les suivre, mais ils disparurent par une porte arrière, donnant sur
d'autres rues et nous perdîmes leur trace.

Tu sais qu'il a pas tout à fait tort, le John Deere, t'cheu ! T'es un peu chiante, avec tes
"imaginâmes" et tes "perdîmes". Tu peux pas causer comme tout le monde, tescolles ?

Désolée, mais chez moi, c'est comme ça qu'on s'exprime, pour un récit. Va falloir le
supporter encore un moment.

Après une nuit sans histoires à l'auberge (si ce n'est quelques mains aux fesses
intempestives de John Deere), nous nous rendîmes, le lendemain matin, au palais du Prince Hergard
von Tasseninck. En effet, nous avions trouvé une affichette proposant un travail au salaire alléchant
pour escorter ce prince dans les montagnes grises. Malheureusement, arrivés au palais, il s'avéra que
le prince était déjà parti, il y a deux jours à peine, avec une équipe de 6 aventuriers.

Un peu dépités, nous nous apprêtions à chercher du travail ailleurs, lorsqu'une


connaissance de John Deere, un marchand du nom de Joseph, le héla. Après une brève
discussion, il nous engagea pour acheminer des tonneaux de vin jusqu'à Bögenhafen, pour
la prestigieuse Schaffenfest.

Le salaire était misérable, mais, faute de mieux, nous acceptâmes.

T'oublies de dire que le gars avait besoin que de quatre gars pour l'escorte et que les autres
étaient engagés comme manœuvres, pour porter les tonneaux. Ce grand finaud de John
Deere avait proposé la répartition des tâches entre les membres du groupe. Si j'avais pas
été là, tu te collais le transport des tonneaux et moi l'escorte.

C'est vrai. Tu as été d'une élégance rare, sur ce coup-là. Quant à ce petit sournois de John
Deere, il ne perdait rien pour attendre. Le soir, nous rejoignîmes le brave Joseph dans une
auberge des docks, pour fêter autour d'une bonne bière notre engagement.

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La soirée commença de façon classique, avec quelques pitreries un peu ratées de notre
bouffon, lorsque débarquèrent dans l'auberge deux jeunes minets de la noblesse locale,
dans un état d'ébriété avancé. Forts de leur statut de fils-à-papa nobles, et appuyés dans
leurs excès par six gardes du corps, ils commencèrent à chercher querelle à tout le monde,
s'en prenant tour à tour à Gilstrom, puis à Blondain, sur lesquels ils renversèrent leur bière en se
moquant d'eux.

Ces derniers restèrent très dignes et ne répondirent pas à leurs provocations. Ils arrivèrent alors à ma
table, posèrent dix couronnes sur la table, en m'invitant à leur faire une fellation. Je restai de marbre,
mais ils insistèrent lourdement. Comme je ne bougeais toujours pas, ils appelèrent deux de leurs
gardes du corps, qui m'intimèrent l'ordre de les suivre dans une chambre à l'étage.

Je suivis les deux crétins dans la chambre, m'agenouillai sur demande et déboutonnai la braguette du
premier. L'autre, mort de rire, me regardait faire. Alors, d'un geste vif, j'empoignai la paire de
breloques peu glorieuse du godelureau et serrai de toutes mes forces. Le résultat fut au plus au point
jouissif, surtout pour moi….

Le hurlement de douleur du nobliau fit entrer en catastrophe les deux gardes


postés devant la porte. Profitant de la confusion totale qui régnait, je bondis
entre les deux gardes, dévalai les escaliers à toutes jambes et me précipitai
dehors, où je me perdis dans les petites ruelles sombres du port.

Mes compagnons, sentant que la suite n'allait pas leur plaire, prirent leurs cliques et leurs
claques et se ruèrent à l'extérieur. Se concertant rapidement avec Joseph, tout le monde
décida de monter sur la péniche et de ne pas attendre notre reste.

Ouais, mais sur le chemin du port, voilà t'y pas que je remarque deux gars qui nous suivent,
en essayant d'être discrets. T'cheu, mon sang fait qu'un tour, je me planque dans l'ombre
pour les laisser passer, puis je les arrête, dans l'intention de leur demander ce qu'ils nous
veulent. Je n'ai pas le temps de faire un mètre que le gars à la cicatrice autour du cou
plonge sur eux et les exécute proprement en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Puis, il se fond
dans les ombres.

J'vais contrôler l'identité de nos gaillards, et je me rends compte qu'il s'agit des deux gars qui me
faisaient des signes la veille. Je trouve également sur leur poitrine le tatouage de la main.

Mais, nom de djeu, ils étaient pourtant de mèche avec le gars à la cicatrice ???

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C'est vrai, j'avais oublié ça. On n'y comprenait plus rien. Bref, on rejoint la péniche et on
largue les amarres, direction Bögenhafen et la Schaffenfest. Tiens, je suis passée au
présent, ça va faire plaisir à mes deux esthètes de la prose rurale.

Chapitre II : En péniche jusqu'à Bögenhafen

La journée suivante se passe tranquillement, au fil de l'eau et au rythme lent de la péniche.


Notre attention est attirée par des patrouilleurs ruraux qui galopent à bride abattue sur le
chemin qui longe la rivière. Est-ce que ça aurait quelque chose à voir avec les incidents de
la nuit d'hier ?

Le soir, nous arrivons dans le petit bled de Weissbrück, où nous nous arrêtons pour la nuit. John
Deere descend avec Godet pour aller à la pêche aux nouvelles. Il semble qu'un fils de noble et deux
artisans se soient fait tuer hier soir à Altdorf. Des recherches sont entreprises, mais aucun
signalement de suspect n'est donné. Le noble aux roustons tuméfiés serait-il mort de ses blessures ?
Est-ce que cette affaire a quelque chose à voir avec nous ? Mystère.

Godet remarque alors la présence discrète de l'homme à la cicatrice. Il s'approche de lui et ils
conviennent d'un rendez-vous discret pour s'expliquer. C'est malheureusement un piège. Une
embuscade est tendue à Godet, qui ne se doute de rien. Heureusement pour lui, John Deere, qui
avait repéré le gars et a découvert l'embuscade, alerte Godet et les deux compères peuvent
s'échapper sans être blessés. Evidemment, l'homme à la cicatrice disparait une fois de plus.

partie du jeudi 13 février 2014

La porte s'ouvre et l'on voit un gnome coiffé d'un superbe chapeau entrer. Une forte odeur de poudre
noire envahit la pièce.

Salut c't' équipe ! Cesse d'embêter cette charmante gnomette Tania, c'est l'heure d'aller
faire tes bondieuseries. Et puis, tu sais pas raconter les histoires, ça manque d'humour,
alors que moi, je suis expert en la matière. Allez, ouste !

Tania se lève et quitte la pièce avec un petit air pincé, ce qui amuse beaucoup Godet.

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Désolé ma p'tite Gribouillette, notre Tania a une malformation peu commune, en tout cas
c'est la seule femme que j'connais qu'a ça ! (à voix basse) Elle a ses ragnagnas trois
semaines par mois. C'est pour ça qu'elle est toujours un peu pénible et à cran. (Gilstrom et
Godet éclatent de rire)

Hum. Est ce qu'on peut continuer l'histoire ?

Ouais ouais. Mais avant faut que j'me présente. Moi c'est Gilstrom Blitzbolt, ingénieur, chef
ballistaire et maître canonnier, mais à l'époque j'étais encore pilleur de tombe. Ouais, je
sais ça impressionne, j'ai fait un peu tous les boulots possibles, sauf fleuriste, ça c'est pour
les tapettes d'elfes. Hahahaha !

Bon bref, on en était où ? Ah ouais, l'homme à la cicatrice ! Godet il l'avait échappé belle ct' après
midi-là. Et le soir sur la péniche, on s'est dit qu'ils reviendraient pt'être la nuit et ça a pas manqué !
Vers le troisième tour de garde, y'a Godet pis l'Aiguille qui montaient la garde sur le pont et vla t'y
pas que six mecs se pointent sur la rive. Godet est v'nu nous chercher et les aut', ils ont balancé des
cocktails Molotov. Mais bon, vous auriez dû les voir, les amateurs !

Sur les six, y'en a que deux qui ont pris feu. Enfin ça faisait plus de la fumée que du feu, mais bon. 'Fin
bref on arrive sur le pont au moment où les gaillards commencent à vouloir en découdre au contact
et l'homme à la cicatrice se pointe aussi. Il s'en prend direct à not' John Deere national. On a bien cru
qu'il l'avait tué après le premier coup ! On a vu sa jambe droite danser la gigue toute seule tellement
le coup était violent. Mais ça l'a pas refroidi pour autant, le Johnny. C'est costaud, un patrouilleur
rural. Il lui a retourné une torgnole bien de chez nous. Pis Godet il l'a fini en lui coupant la guibole. Tu
t'souviens Godet ?

T'cheu, c'est clair que j'm'en souviens ! J'en ai tellement foutu partout que les autres ont
pas demandé leur reste et sont partis la kikette entre les jambes. Et en fouillant ct'e
crevure, on a trouvé un papelard qui disait que c'était un chasseur de prime et que y devait
buter ces types avec la main rouge sur le torse. Et comme je ressemblais comme deux
gouttes d'eau au type mort de la caravane, ben l'a cru qu'c'tait moi quoi.

Après on est arrivés à Bogenhaffen, et on est allés voir l'imprimeur, parce qu'on trouvait pas l'adresse
du notaire. Et tac ! Le bonhomme nous dit que l'adresse existe pas et que c'est un grand gaillard avec
une cicatrice au cou qu'a fait imprimer ça en plusieurs exemplaires. L'avait monté ça pour choper les
mains rouges. Pas con, le type !

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Carte d'une partie de Bögenhafen : on voit notamment l'Adel Ring et les entrepôts le long
d'Ostendam, dont on parlera plus tard.

Chapitre III : La Schaffenfest

Bon, c'est toi ou moi qui raconte l'histoire ?

Ensuite, on est un peu allés voir c'te Schaffenfest. Y'avait du monde partout, et on entend
un type sur un ring, qui appelle les gens pour venir se mesurer à son champion. Si j'me
souviens bien, fallait tenir 3 minutes pour gagner cinq couronnes où le battre pour en gagner dix. Là,
ni une ni deux, Blondain chaud bouillant, l'avait d'jà l' piquet à l'idée de se mesurer à Brutus. Il monte
sur le ring, alors moi je fais de même pour chauffer un peu la foule. Mais le speaker, il était pas trop
social et il m'a foutu en bas du ring, le salaud.

Le speaker y rigolait bien quand Brutus est monté sur le ring. C'est vrai que c'était un sacré morceau,
l'engin, passés deux mètres, voire deux mètres cinquante. Mais Blondain, il lui faut plus que ça pour
chier dans son froc. Le combat commence et Brutus y tente direc' de choper Blondain en lutte. Mais
Blondain, il évite et là il lui a décoché une mandale qu'aurait même fait trembler Sigmar  ! Ça l'a
assommé sur le coup, le bovin. La foule était hilare et le speaker lui, il était vert.

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Plus tard, on s'promenait dans la fête, une bière à la main et là on a bien cru que Terdûn
était au pilori ! Mais en fait c'était un nain alcoolique. Enfin, plus que les autres HAHAHA !
On a cru que c'était Terdûn, parce que sa barbe était dégueu' aussi. Mais c'était à cause des
gamins qui lui balançaient des trucs pourris sur la tronche. Et Blondain, qu'a le cœur sur la
main, il a été payer la caution pour le nain. Mais on n'est pas restés avec lui, d'jà parce qu'y
schlinguait sévère et visiblement, les gens nous regardaient d'un sale œil, quand on était avec lui.

Ensuite on entend un type près des remparts qui appelle la foule. C'était le Dr Matuzius, qui avait une
ménagerie de monstres bizarres. Et là, on entend d'la donzelle qui hurle. Et un gobelin avec trois
guiboles qui sort d'une des cages et s’enfuit par une bouche d'égout.

Mon dieu, mais c'est horrible ! Il aurait pu tuer des gens !

Ouais, ma p'tite dame. Et nous, comme on est des bons types, on a tout de suite proposé
notre aide. Après un p'tit tour chez le juge des fêtes, un gars appelé Richter, pour convenir
d'un contrat bien comme il faut, on descend dans les égouts. On a marché pendant trois
bonnes heures, on est tombés sur le pauvre nain alcoolique qui s'était fait trucider. J'vous
épargne les détails, ma p'tite Gribouillette. Mais on lui avait visiblement enlevé le cœur. Pas le
gobelin qu'aurait fait ça, à mon avis. Bref, on continue un bout, pis on tombe sur une porte quoi. On
l'ouvre et là.... Une grande salle avec un pentacle dessiné par terre, avec les bougies noires et tout.
Y'avait aussi les ossements d'un bassin de gobelin à trois pattes au sol.

Pis y'a de la fumée qu'est apparue au centre du pentacle, et là, on s'est dit que ça
commençait à dauber du cul, c't' histoire. Alors, on a pris le bassin et on est remontés
rapidos en haut. On retourne chez le juge pour lui montrer notre prise et recevoir la
récompense. Il nous dit qu'il est bien désolé, mais que la garde a déjà retrouvé le corps dans un
entrepôt qui appartient à un conseiller communal.

T'cheu, not' sang l'a fait qu'un tour. C'était quoi, cette embrouille dans laquelle on s'était encore
fourrés ? Le Gilstrom, il était franc fou de pas être payé.

Ouais, c'tait pas correct : on fait l'boulot, pis on nous jette comme un slip d'elfe. Alors on
explique ce qu'on a vu au juge. Mais visiblement, au conseil communal, z'en avaient rien à
battre de notre histoire. Affaire classée, ils ont dit au juge. Mais le juge, c'était un bon
gaillard. Il nous dit que si on lui ramène la tête de quelque chose de démoniaque qu'est sous la ville,
il nous payera minimum cinquante couronnes. On part pour redescendre et s'fritter le bidule en
dessous. Et v'la t'y pas qu'a vingt mètres de la bouche d'égout où y'avait le pentacle, je vois une
grosse enseigne. C'était le bureau du conseiller communal qu'avait l'entrepôt, où ils avaient retrouvé
le gob'.

M'étonnerait pas que çui-ci, il soit un genre de cultiste qui invoque des bidules démoniaques.

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partie du jeudi 20 février 2014

La porte s'ouvre à nouveau et la Grande Prêtresse revient dans la salle, après s'être repoudré le nez.

Merci, mon bon Gilstrom, d'avoir fort obligeamment continué l'histoire. Je pense que
Gribouillette a apprécié à sa juste valeur ton humour caustique, glacé et sophistiqué. C'est
vrai que, parfois, un peu d'élégance ne nuit pas au récit, mais je vais reprendre la suite, au
risque de faire baisser d'un cran l'humour ambiant. Je suppose que tu as quelques drôleries à mettre
au point pour ton prochain spectacle et je ne voudrais pas te mettre dans l'embarras. D'ailleurs, en
sortant quelques minutes, je suis tombé sur notre ami Cohen Krull, dit l'Aiguille, qui va venir
également éclairer le récit de ses souvenirs.

Gilstrom Blitzbolt se lève (bien qu'il soit difficile à distinguer à l'œil nu la différence entre l'état debout
et l'état assis de notre gnome préféré) et quitte la salle en bougonnant.

Voilà, voilà, on brime de nouveau le petit peuple. Ah, elle a pas changé la grande radasse.
Déjà à l'époque, elle nous courait sur le sac avec ses fines remarques. Et gna gna gna, et que
je te me fais ma sucrée en pinçant les lèvres. J'te jure, y a des coups de pieds au cul qui se
perdent.

Et Gilstrom nous gratifie d'un magnifique bras d'honneur. En passant près de Gribouillette, il ne peut
s'empêcher de lui pincer la fesse gauche et glisse un petit mot dans son corsage.

Rhôôô, ben vous alors, M'sieur Blitzbolt, z'êtes un sacré coureur.

Elle récupère rapidement le mot, le lit, pique le fard du siècle et prend la couleur de ses couettes…

Bien, si tout le monde a repris ses esprits, on va pouvoir continuer ce récit. Afin d'en avoir
le cœur net, nous décidons donc de retourner dans les égouts, afin de tenter d'éliminer la
menace du pentacle. Nous trouvons une porte magiquement fermée, qui nous empêche
d'y accéder. Malgré les efforts héroïques de Blondain, qui essaie d'enfoncer ladite porte, rien n'y fait,
nous n'arrivons pas à entrer.

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T'oublies de dire que j'm'étais tué à vous expliquer que ça
servait à rien, sauf à vous faire prendre un bain, cette
descente dans les égouts. T'cheu, moi en tout cas, c'était
exclu. Pisque vous étiez si malins, grand bien vous fasse.

Moi, j'allais plutôt tenter de filer le conseiller communal ripou.


Steinhagen, qu'y s'appelait. Ben j'ai bien fait. Parce qu'en le suivant,
discret et habile comme une hyène, voilà t'y pas qu'il perd un
papelard. Vous pensez bien qu'malin comme je suis, je l'ramasse aussi
sec. D'ailleurs, j'vous le montre, je l'ai gardé en souvenir :

Entretemps, nous avions appris que Bögenhafen était sous la coupe de quatre familles
principales, à la tête de différentes guildes de marchands : La famille Teugen, la plus
puissante, la famille Steinhagen, qui contrôlait le commerce avec les nains et les montagnes
grises, la famille Hagen, qui contrôlait les dockers, et la famille Rückbroder, en charge des
charretiers. Il ne faisait plus beaucoup de doute que le chef de toute cette clique était Johannes
Teugen, appuyé par le Conseil des familles.

Bon, ben, y se fait tard, T'cheu. On va pas s'mettre de nuit. Pis faut dire aussi qu'y fait un
peu sec. C'est pas avec tes boissons de gonzesses que tu vas désaltérer l'honnête soldat,
ma brave. Quand est-ce que tu vas apprendre les vraies valeurs, hmmm ? J'vois l'Aiguille
qui arrive, je lui laisse la place et j'vais m'en jeter un petit au troquet du coin. Si t'as pas peur d'un
p'tit pet de travers et d'une petite main - amicale - au cul, tu peux m'rejoindre quand t'auras fini. Je
risque d'y être pour un bout d'temps.

Godet sors, remplacé bientôt par une espèce de grande


bringue à l'air nonchalant : Cohen Krull, dit l'Aiguille.

Je vais prendre l'apéro en face au "Cochon qui


pue". Si t'as un moment, j't'attends. Bon
courage, et d'mande lui pas si elle est vaginale
ou clitoridienne, elle est pas d'humeur.

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Salut l'assemblée, et à propos, Tania, ma chérie ? T'es vaginale ou clitoridienne ? Hmm ?
Meuheuheu! Khof khof khof ! Rhâââââ ! Putain d'clopes !

Haussement d'épaules excédé de Tania Orloff. Hoquet de surprise suivi d'un gros soupir résigné de
Gribouillette... L'Aiguille s'assied et s'empare illico du verre de champagne laissé à moitié plein par
Godet.

Bon, je vois qu'on est toujours un peu coincée... Mais, Tania, tu m'as pas présenté la p'tite
dame un peu boulotte, là ? L'a l'air toute croquignolette...

Oui, excuse-moi mon grand, je te présente Gribouillette Brûletorchon, qui va écrire notre
saga. Mais revenons à notre récit. Le soir, on se répartit en plusieurs équipes, afin de
surveiller tout ce qui pourrait se passer. Pel-Andil, Gilstrom, Godet et John Deere suivent
Steinhagen, et voient de loin la réunion secrète des conseillers, sans en apprendre plus.

La lune est extrêmement bizarre. John Deere, quand il ne lit pas des revues coquines, fait un peu
d'astronomie et nous explique qu'elle devrait être en phase descendante. Or, elle est pleine, depuis
plusieurs jours, et on a même l'impression, suivant comme on la regarde, qu'elle forme un visage
grimaçant. Tu te rappelles du repas chez Friedrich Magirius, à Bögenhafen l'Aiguille ?

Bien sûr. Mais t'as oublié de raconter que j'avais été voir notre copain le juge Richter, la
veille. On l'avait trouvé quasi agonisant, probablement empoisonné et incapable de nous
raconter quoi que ce soit. En plein délire, le gars. Le lendemain, on s'était promenés toute la
journée, le gnome, toi et moi, et on avait l'impression persistante d'être suivis. Mais rien à faire, on
n'arrivait pas à choper nos suiveurs. On avait même essayé de leur tendre un piège, en laissant
Gilstrom à quelques pas derrière, pour les repérer, mais chiotte, impossible de les avoir. Du coup, on
s'était décidés à aller boire une p'tite mousse au bistro du coin. Le troquet était plein comme un œuf,
et tout à coup, on entend un gros type, le nez dans sa bière, qui nous dit un truc du genre "c'est
dangereux de fouiner partout. Ça énerve des gens haut placés et ça peut mal finir. Il y a assez de
boulots à Altdorf pour des petits malins dans votre genre".

Pis le gars, y sort sans demander son reste, suivi par petits groupes d'une bonne dizaine d'autres
marlous. Signe distinctif : ils ont tous une boucle d'oreille en forme de poulie avec une corde. On
apprend bientôt que c'est le signe des dockers, qui font partie de la bande à Hagen, un des chefs des
quatre familles.

Oui, c'est bien ça. Pendant la journée suivante, on se sépare afin d'obtenir plus de
renseignements. Je me rends au Temple d'Ulric, où on me dit que la prêtrise, comme celles
d'autres cultes, s'inquiète de l'apparence de la lune et recherche sa signification. Mais ils
n'ont pas connaissance de pratiques occultes dans la cité. Quant aux quatre familles, ils
apprécient leur politique et les dons généreux qu'elles font à tous les cultes en ville.

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Chapitre IV : Ombres sur Bögenhafen

Ouais. Godet et John Deere tentent d'empoigner l'affaire par un autre biais : ils vont
discuter avec un des chefs d'une famille mineure, présent à la réunion de la veille, afin de
lui faire part d'une éventuelle manipulation par les quatre familles. Le gars s'appelle
Friedrich Magirius. Il les accueille de façon sympathique et leur dit qu'il va tout nous expliquer et
nous invite tous à un repas dans un des plus beaux restaus de la ville, dont je m'rappelle plus le nom.

On décide de s'y rendre tous, avec un poil les miquettes, je dois dire, suite à c'qui était arrivé au juge.

Tu as raison. On hésitait même à y aller tous. Mais finalement, on se décide. On est


accueillis comme des invités de marque. Le repas est somptueux, avec de la truite,
spécialité de la maison, et d'excellents desserts.

Notre hôte, charmant, se refuse à parler de


notre affaire avant la fin du repas. On prend
donc notre mal en patience, en appréciant le
repas, sauf Blondain, qui est pris d'une crise
de paranoïa et jette tout par terre, sans y
toucher.

Comme promis, après le repas, Friedrich Magirius nous explique la situation : Ils font tous partie de
l'Ordo Septenerius, une société semi-secrète composée de 49 adeptes qui a pour but les profits
marchands. Avec l'aide d'un peu de sorcellerie bénigne, ils "orientent les bénéfices" à leur avantage.
Le système fonctionne à la satisfaction de tous depuis plus de cinq ans.

Ouais, le pauvre gars avait l'air tout à fait sincère. Il voulait juste pas qu'on mette nos pieds
dans leur joli petit business, au risque de tout faire péter et il nous demandait de plus nous
en mêler. On a bien tenté de lui expliquer que ça puait un peu, son histoire, et que les
grands chefs étaient sûrement en train de les niquer, il a rien voulu savoir...

On sort donc du restau. La lune commence sérieux à foutre les boules. Le visage en son centre est de
plus en plus évident. On a même l'impression qu'il nous fixe droit dans les yeux. Et la bouche a un air
démoniaque qui nous plait pas du tout.

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Le lendemain, au p'tit déj (bière et saucisse pour moi), un morveux nous apporte un mot :

On se rend donc tous ensemble au rendez-vous de Magirius. On est introduit dans son
bureau par le gamin. La décoration et les meubles sont superbes. On voit bien que les
affaires du magistrat sont florissantes. Ce n'est malheureusement plus le cas de sa santé :
ne le voyant nulle part, on passe derrière son bureau, et on tombe sur son cadavre encore chaud,
baignant dans une mare d'hémoglobine. Il a été égorgé, mais le pauvre, avant de mourir a eu le
temps de griffonner un mot avec son propre sang. Il a écrit "Entpt 13" ou "Enpt 17", c'est difficile à
dire.

On entend le gamin hurler "Au secours ! Des aventuriers ont assassiné mon maître !"

Nous n'attendons pas de voir le résultat de ces cris, et nous nous enfuyons sans demander notre
reste. Puis, nous allons nous cacher dans les égouts, en attendant que tout se calme.

Plus tard dans la journée, les plus furtifs d'entre nous, à savoir Gilstrom, Godet et Deere se
renseignent sur la position des entrepôts. La plupart de ceux-ci sont situés près des docks, sur
Ostendam Strasse. Sur le n° 13, est affiché un panneau qui le désigne comme appartenant à
Johannes Teugen.

Nous nous préparons à l'assaut.

partie du jeudi 27 février 2014

Chapitre V : Mort au Démon

Gilstrom et Godet se planquent pour surveiller chacun un entrepôt, afin d'être sûrs de ne
pas se tromper. Steinhagen et quelques manœuvres arrivent à l'entrepôt 13, suivis par les
autres conjurés, qui se font amener en carrosses l'un après l'autre.

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En début de soirée, Teugen et un jeune homme habillé en bourgeois riche arrivent, suivis
par des manœuvres qui portent manifestement un corps dans un sac de jute. Tout ce petit
monde entre dans l'entrepôt.

Nous avons toujours cette impression d'être observés, mais il est temps d'agir.

Après une rapide rasade de vodka Kislevite pour se donner du cœur au ventre, nous sortons des
égouts et approchons de l'entrepôt. L'Aiguille prend Pel-Andil sur ses épaules, et ils vont jeter un
coup d'œil dans le bâtiment, par une des fenêtres latérales. Ils nous font signe de foncer : Banzaï.

La porte est fermée, mais Godet nous la dépucelle en deux temps, trois mouvements. Les mauvaises
langues disent qu'il n'y a pas qu'avec les serrures qu'il est aussi rapide…

Je tire sur la porte pour l'ouvrir, pendant que les autres sont prêts à bondir. La porte s'ouvre
facilement et un spectacle dantesque nous apparaît :

Teugen psalmodie au centre d'un pentacle tracé au sol avec du sang. Autour du pentacle, ses
complices (Steinhagen, Hagen et les autres) sont répartis régulièrement à côté de candélabres
portant des cierges noirs. Sans grande surprise, le corps d'une jeune fille est étendu devant lui, et
Teugen tient dans sa main son cœur encore palpitant.

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A ce moment, entre dans le bureau une espèce de nain tout
rabougri, gesticulant et pestant contre Edgar, le majordome. Sa
barbe est hirsute et pleine de débris divers, de provenance
douteuse. Il porte en médaillon une superbe enclume en or,
manifestement une décoration. Il se rapproche de nous et je fais
signe à Edgar de le laisser entrer, avec un grand sourire.

Gribouillette, je vous présente Therdun Barbe-crade,


Grand-maître des Runes des Forges de Karaz Ankor.
C'est aussi un ami de longue date. Que nous vaut le
plaisir de ta visite, Therdun ?

Boarf, boarf, j'ai appris que tu racontais nos aventures à la petite dame ici présente. Je suis
venu contrôler que tu donnais une image convenable des nains. De nos jours, on a trop
souvent tendance à nous caricaturer comme des bougons alcooliques, en oubliant toute la
richesse de notre culture.

Te fais pas de souci, je suis très sensible à la bienséance et à la réputation des nains, mais si
tu ne veux pas trop la ternir, tu devrais ranger la bouteille de gnôle de Bretzelburg à 3
pistoles qui te sort de la poche….. Je continue le récit : Le petit jeune homme bien habillé
nous balance alors deux boules de feu en ricanant. En croisant son regard, il nous parait
alors évident que cette sensation d'être observés qui nous poursuit depuis plusieurs jours venait de
lui. Ils nous attendaient.

Les boules de feu éclatent au milieu de notre groupe,


provoquant des dégâts mineurs, sauf pour le malheureux
Barbe-crade, qui s'en prend une de plein fouet et se
retrouve à moitié rôti. Une forte odeur de poil de barbe
(sale) grillé emplit la pièce.

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M'en parle pas. J'en ai encore des frissons dans le dos. Bien sûr, j'ai été brûlé au deuxième
degré sur tout le corps, mais ce qui m'inquiétait surtout, c'était l'état de ma barbe, fierté de
notre famille depuis plusieurs générations. La boule de feu me l'avait toute brûlée, mais
surtout, horreur, me l'avait nettoyée des miettes que j'y cultivais depuis plusieurs années.

Je poursuis mon récit. Un certain nombre de gardes qui n'ont pas l'air très professionnels
entoure le pentacle. Nous fonçons au contact, dans le plus grand désordre, malgré la
préparation minutieuse que nous avions mise au point.

Le petit jeune homme se transforme alors en un grand démon de 2.50 m. La peur me paralyse et je
me fige sur place, bientôt entourée par deux gardes qui engagent le combat.

Blondain se rue à droite sur un groupe de trois gardes. Barbe-crade et John Deere foncent droit
devant, sur les gardes protégeant le pentacle.

Je fonce, je fonce, grmbll. Heureusement, que je fonce. On avait dit trois lignes d'attaque.
Pas un de ces ballots capable de tenir une tactique. Fallait bien que je me substitue à toi,
restée coincée derrière, comme une grande andouille d'humaine. Mais bon, faut avouer
que j'étais déjà pas bien en forme, et que j'avais oublié que j'avais renoncé à m'équiper d'une armure
correcte, pour des raisons…., disons….., d'économie. (Il fronce les sourcils). Ben quoi, je suis un nain.

Oui, mais mal t'en a pris. Un de ces petits merdeux de garde t'envoie un de ces coups
d'épée. Tu fais trois tours sur toi-même et tu t'écroule. (point de destin).

L'Aiguille va attaquer le démon. Pel-Andil tire à l'arc sur Teugen, sans effet, ce dernier étant
protégé probablement par un bouclier magique. Gilstrom tente de refermer la porte de l'entrepôt,
en bricolant avec du fil de fer.

Quant à Godet, il se livre à un petit ballet autour du pentacle, en tentant de l'effacer.

Combat farouche entre le démon et l'Aiguille. Les coups pleuvent de part et d'autre. Le démon est
plus souvent touché que Cohen, mais il possède une résistance hors du commun.

Teugen continue à psalmodier. Un premier complice se transforme en torche de fumée rose et


disparaît. Les autres ont l'air terrorisés, mais manifestement ne peuvent pas bouger.

Gilstrom, à l'entrée, n'arrive pas à bloquer la porte. Il sort son tromblon et tire sur les intrus, sans
grand effet. L'un d'eux lui retourne un coup d'épée terrible, qui l'envoie bouler à plusieurs mètres,
assommé ou pire (point de destin).

Je me bats contre un groupe de trois gardes, certes maladroits, mais acharnés. De l'autre côté de la
salle, Blondain fait de même avec un groupe de quatre, sans grand résultat non plus.

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Godet termine de balayer le pentacle, sans aucun effet
notable. Dépité, il se met alors à renverser les
candélabres, ce qui n'a pas l'air beaucoup plus efficace.

Avec un rugissement de rage, le démon balance un coup d'une


violence terrible. Le malheureux Cohen est projeté en l'air. Son
bras déchiqueté pend misérablement. (trois 6 de suite, 28 pts de
dégât, point de destin).

Evidemment, à partir de là, cette pauvre Aiguille a pas vu la suite du combat. On a bien cru
qu'il était mort, tout comme moi, d'ailleurs. Faut croire que la chance était de notre côté :
on s'en est tirés salement amochés, mais vivants.

Un à un, les complices de Teugen disparaissent en fumée rose sale. L'incantation est en
train de se terminer. Une sorte de vortex grandit au centre du pentacle. La situation
semble critique.

Un guerrier du chaos en plate noire sort du


vortex.

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Le dernier sacrifié disparait. Teugen rit à gorge déployée. Soudain, son rire se transforme en
hurlement. Le démon se retourne alors vers lui et ricane "Ha ha ha, ton âme est mienne.
Elle a toujours été mienne, mais tu m'étais plus utile lorsque tu pensais pouvoir la sauver".
Teugen disparait à son tour en fumée rose, en hurlant.

Godet l'opportuniste se glisse alors derrière le démon et lui tranche le jarret. Cette manœuvre a pris
depuis le nom de "botte de Godet".

Le démon s'écroule. Une voix puissante et grave, provenant de toute la pièce s'exclame alors :
"Gidéon, reviens-moi. Tu m'as bien servi, j'arrive !"

Et au milieu du pentacle commence à s'incarner Tzeentch, un des quatre démons majeurs du Chaos.

Devant l'inutilité de ses flèches, Pel-Andil s'était décidée à venir au contact. Elle engage le
combat avec le guerrier noir, aidée par Godet. Quelques coups portent, mais Pel-Andil
s'écoule, frappée par un énorme coup du marteau à deux mains du guerrier (point de
destin).

Nous nous rendons compte que le combat est en train de tourner en notre défaveur, et que si nous
laissons encore grandir le vortex, il sera trop tard et Tzeentch pourra prendre pied sur ce monde.
Blondain et moi rompons donc le combat avec nos petits gardouillons et fonçons au contact du
guerrier, évitant de justesse les attaques d'opportunité de nos adversaires.

Le combat tourne au baroud d'honneur désespéré.

Le guerrier noir me frappe puissamment et me déboîte la cheville. Enfin, Blondain, d'un coup
magistral arrache le bras du guerrier et le tue net. Les gardes s'écroulent, morts et le vortex se
referme.

Nous nous regardons, hébétés, en réalisant que nous avons probablement sauvé le sud de l'Empire
d'un portail du Chaos, qui aurait permis aux hordes démoniaques du Chaos d'envahir notre monde.

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Godet fait des premiers soins à tout le monde, et nous nous remettons petit à petit du
combat. Par miracle, aucun de nos compagnons n'est mort, malgré les blessures terribles
reçues.

Il faut maintenant décider de la suite à donner à l'affaire. Nous sommes toujours recherchés pour le
meurtre de Magirius. Godet essaie de nous convaincre de fuir, mais nous ne sommes pas de cet avis.
Je propose d'aller voir mes supérieurs au Temple d'Ulric, pour leur exposer la situation, pendant que
John Deere, Godet et Pel-Andil vont voir le juge Richter, en espérant qu'il s'est remis de son
empoisonnement.

L'air frais nous fait du bien. La lune a repris son apparence normale, sous forme d'un beau croissant.

J'arrive à convaincre à peu près un prêtre d'Ulric, qui accepte de me suivre à l'entrepôt pour se
rendre compte par lui-même. John Deere et les autres amènent ensuite le juge Richter, encore un
peu pâle. On commence à expliquer toute l'affaire et montrer les faibles preuves restantes.

A ce moment, arrive le "nouveau conseil communal", de braves notables avec un sourire jusqu'aux
oreilles, qui nous expliquent qu'ils ont retrouvé des preuves de la culpabilité de Teugen et des autres,
qu'ils ont donc confisqué leurs biens (re-sourire jusqu'aux oreilles) et qui nous congratulent pour nos
exploits.

Enfin, en grande pompe, arrive le grand prêtre de Sigmar, qui vient constater par lui-même et qui
confirme qu'une puissante magie chaotique a eu lieu ici.

L'aventure se termine fort bien pour nous. Nous recevons le titre de citoyens d'honneur de
Bögenhafen. Le conseil communal nous donne à chacun 300 Couronnes et les églises de la ville à
chacun 200 Couronnes.

Nous nous dispersons quelques semaines, pour nous reposer, nous équiper de neuf et, pour certains
d'entre nous, suivre l'entrainement nécessaire à de nouvelles carrières.

Fin du Livre 1

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