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REYMOND, Jacques-André
Reference
REYMOND, Jacques-André. Le traitement fiscal des fusions de sociétés anonymes.
Genève : Georg, 1975, X, 285 p.
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:143526
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JACQUES-ANDRÉ REYMOND
LE TRAITEMENT
FISCAL
DES FUSIONS DE
SOCIÉTÉS
ANONYMES
LE TRAITEMENT FISCAL
DES FUSIONS
DE SOCIÉTÉS ANONYMES
MÉMOIRES PUBLIÉS PAR LA FACULTÉ DE DROIT DE GENÈVE
N° 47
JACQUES-ANDRÉ REYMOND
Docteur en droit
Licencié es sciences commerciales
Chargé de cours à l'Université de Genève
LE TRAITEMENT FISCAL
DES FUSIONS
/ /
DE SOCIETES ANONYMES
GENÈVE
LIBRAIRIE DE L'UNIVERSITË
GEORG & c1• S.A.
© 1975 by Librairie de l'Université Georg & Cie S.A.
Droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays.
AVANT-PROPOS
Jacques-André REYMOND
Avril 1975.
ABRÉVIATIONS
***
L'agrandissement ou la diversification d'une entreprise peut se réa-
liser par divers moyens : prises de participations dans d'autres sociétés,
fusions et absorptions, contrats et accords de droit privé (Organschaft-
vertrage), formations de sociétés communes (Joint ventures), unions
personnelles, etc.
La présente étude, ainsi que l'indique son titre, est limitée à la forme
de concentration la plus complète, celle de la fusion, ce terme étant
cependant pris dans un sens large, qui sera défini plus bas.
Il est évident que la réunion de deux ou plusieurs sociétés, plus que
n'importe quelle autre forme de coopération et de concentration, se heurte
à de nombreux obstacles psychologiques et légaux. Parmi ceux-ci, les
obstacles et problèmes fiscaux, qui font l'objet de cette étude, sont, peut-
être, les plus importants et les plus complexes. Mais il serait faux de·
penser que leur élimination suffirait à rendre praticables et faciles les
concentrations par fusion, en particulier sur le plan international. Les
problèmes relevant du droit des sociétés, du droit antitrust, etc., sont
aussi de nature à freiner ou bloquer les opérations de concentration.
***
Dans un sens très large, le terme « fusion » s'applique à toute opé-
ration impliquant un transfert de patrimoine en échange d'actions. Dans
un sens plus restreint, il s'applique à la réunion de deux ou plusieurs
sociétés en une seule, soit par absorption d'une ou plusieurs sociétés
par une autre, soit par formation d'une société nouvelle. C'est dans ce
sens qu'il sera utilisé ci-après, à moins que le contexte n'indique qu'il
doit être pris dans son sens le plus large.
Un transfert de patrimoine en échange d'actions peut s'effectuer de
plusieurs manières :
1. Fusion proprement dite,. app~lée aussi « combinaison » ou « fu-
sion avec création d'une société nouveHe » en droit français, « fusion
par formation nouvelle» (Verschmelwng durch Neubildung) en droit
allemand, « fusion parfaite » (fusione perfefta) en droit italien, « réunion
INTRODUCTION 3
de plusieurs sociétés anonymes » en droit suisse, et « consolidation » en
droit anglo-saxon.
Deux ou plusieurs sociétés sont dissoutes et forment simultanément
une nouvelle société à laquelle elles apportent leurs patrimoines (soit
l'actif net après règlement du passif, soit actif et passif), en échange
d'actions qui sont remises aux actionnaires des sociétés dissoutes. Cette
remise de titres peut se faire soit directement par la société nouvelle, soit
par l'intermédiaire des sociétés « absorbées » 1 ; ainsi le droit belge
fait une distinction entre «fusion directe» et « fusion indirecte».
2. Absorption, dite aussi « annexion » en droit français, « fusion par
absorption» (Verschnzelzung durch Aufnahme) en droit allemand, « in-
corporation » ou « imbrication >.) en droit italien, « fusion » en droit
suisse, et « unification » (merger) en droit anglo-saxon.
Une ou plusieurs sociétés sont dissoutes et simultanément font ap-
port de leur patrimoine à une société préexistante, en échange d'actions
émises par cette société, qui sont remises aux actionnaires des sociétés
absorbées.
Plus fréquente que la fusion proprement dite, 'l'absorption n'entraîne
pas la création d'une société nouvelle.
Selon certaines législations, l'acquisition de tous les titres d'une
société par une autre équivaut à une absorption, la société à action-
naire unique étant ou devant être dissoute et liquidée (stock merger).
A côté de la fusion, on trouve d'autres formes de concentration plus
ou moins apparentées.
7. Echange d'actions
a) Une société acquiert toutes les actions (ou une partie des ac-
tions) d'une autre société et, augmentant son capital, remet les titres
nouvellement émis aux actionnaires de la première société, en échange
de leurs actions. Ainsi qu'on l'a noté, cette opération aboutit automa-
tiquement à une absorption lorsqu'il s'agit de l'acquisition de l'ensemble
du capital social et que la société à actionnaire unique n'est pas tolérée
(c'est le cas en Belgique, par exemple).
Cette forme de concentration, qui permet d'acquérir des participations
sans mise de fonds, joue un rôle considérable en pratique.
b) Les actionnaires de deux ou plusieurs sociétés apportent leurs
actions à une nouvelle société (éventuellement à une société préexis·-
tante), en échange d'actions émises par cette société.
Contrairement aux opérations précédentes, les échanges d'actions
n'impliquent pas le transfert d'un patrimoine commercial ou industriel.
Afin de limiter le champ de cette étude, ils ne seront pas analysés
ci-dessous. Il ne sera pas fait d'autre mention non plus de la création
d' «actions jumelées», qui constitue, elle aussi, un mode de concentration.
***
On notait, au début de cette introduction, que si le phénomène de
la concentration est aujourd'hui au premier plan, c'est que la grande
entreprise jouit d'avantages importants. Un autre motif de l'intérêt
porté aux concentrations est leur développement sur le plan international.
Non seulement le phénomène de la concentration prend-il alors un as-
pect politique prononcé, qui n'est pas de notre ressort, mais encore est-il
à l'origine d'une foule de nouveaux problèmes, de toute nature, et notam-
ment de problèmes fiscaux.
En effet, si les fusions nationales (c'est-à-dire les fusions de sociétés
ayant leur siège dans un même Etat) ne se heurtent plus aujourd'hui à
des obstacles fiscaux insurmontables, la plupart des Etats ayant adopté
des régimes d'imposition spéciaux qui rendent ces opérations prati-
cables, les véritables fusions internationales demeurent irréalisables ou
d'un coût prohibitif. C'esi dire l'intérêt que présentent les travaux entre-
pris dans le cadre du Marché commun, concrétisés, en matière fiscale,
µar la proposition de directive du 15 janvier 1969, dont l'application
devrait multiplier les fusions entre sociétés des neuf Etats de la Com-
munauté.
1l n'est d'ailleurs pas exclu, et il serait souhaitable, que les solutions
adoptées ou proposées par la CEE servent d'exemple, ou d'inspiration,
6 INTRODUCTION
2
CHAPITRE PREMIER
GÉNÉRALITÉS
A. INTRODUCTION.
1 Voir Cahiers de droit fiscal international, vol. XLVIII a et LVb ; IFA 1963
et 1970.
12 EXPOSÉ DES PROBLÈMES
tation des loi1s 2 , on ne saurait dire qu'il soit observé, ou qu'il doive
l'être, au niveau de leur élaboration. L'utilisation de la loi fiscale à des
fins économiques et conjoncturelles n'a, au contraire, rien d'exceptionnel,
ni l'application d'un traitement spécial à certains processus économiques
particuliers. Dans ce contexte, une dernière remarque s'impose. Les obs-
tacles fiscaux qui se dressent devant la concentration d'entreprises, no-
tamment en Suisse, ne proviennent pas d'une volonté de l'Etat de péna-
liser les fusions, mais, plutôt, du fait que Ies lois fiscales ont été éla-
borées avant l'essor des concentrations et ne contiennent, sauf rare
exception, aucune disposition relative au traitement de ces complexes
opérations.
*
**
Les considérations qui précèdent justifient partiellement le caractère
essentiellement libéral du régime proposé et examiné dans les pages qui
suivent.
- Un traitement favorable s'inscrit dans la logique du système en
vigueur, compte tenu du fait que les concentrations de sociétés
ne mettent pas fin à une situation de double imposition.
- Une pénalisation fortuite et irrémédiable d'un processus écono-
mique important - que la législation extra-fiscale ne condamne
pas - est foncièrement insatisfaisante.
A. FUSION ET SCISSION.
1. Généralités.
pages qui suivent, ou tels ceux mis au point par divers Etats étrangers 1>.
L'expérience helvétique démontre que ces mêmes arguments peuvent
jouer un rôle important, lorsque la loi ne contient aucune disposition
expressément applicable aux fusions. Ainsi, la doctrine suisse admet
généralement que, malgré la cessation d'assujettissement qui caractérise
à la fois une dissolution et une liquidation, le fisc ne peut sans autre
assimiler la première à la seconde, et soumettre aux impôts de « liqui-
dation » une société dissoute par fusion ou absorption. Sans doute, ne
s'agit-il pas de se fonder simplement sur une interprétation littérale
de la loi. L'utilisation du terme « liquidation » par la loi d'impôt - à
moins qu'elle ne se réfère expressément à la notion de liquidation du
droit civil - ne prive pas ipso facto le fisc du droit d'assimiler une dis-
solution à une liquidation : l'indépendance du droit fiscal justifie, selon
les cas, qu'il soit donné à une notion de droit privé utilisée par la loi
fiscale un sens différent 6. Mais dans le cas des fusions et absorptions,
il est indéniable que la dissolution qui intervient n'a qu'une apparente
similitude avec une véritable liquidation, caractérisée par la répartition
du patrimoine de la société liquidée entre ses actionnaires. Cette thèse
trouve, en outre, quelque appui sur le principe, énoncé par plusieurs
lois fiscales helvétiques, de la succession fiscale, conformément auquel
les obligations fiscales d'une société dont le patrimoine est transféré à
une autre société sont reprises et assumées par cette dernière : c'est une
reconnaissance implicite du fait qu'une société dissoute continue de vivre
au sein de la société absorbante, qu'elle a perdu sa personnalité juri-
dique, mais conservé son existence économique 1. Certains auteurs, enfin,
mettent l'accent sur l'absence de toute contreprestation accordée à la
société dissoute par la société reprenante 8 • Cette seule caractéristique,
estiment-ils, exclut toute réalisation et, par conséquent, toute imposition
des réserves cachées de la société absorbée.
Aucun de ces arguments n'est absolument irréfutable. S'il est vrai
que la société absorbée ne reçoit aucune contreprestation, n'est-ce pas
précisément la preuve qu'elle est en fait virtuellement liquidée, pui1s que,
agissant pour le compte de ses actionnaires, elle fait apport de son pa-
trimoine à la société absorbante, en échange d'actions remises à ces
derniers ? Quant au principe de la substitution fiscale, inséré dans la loi
sans référence, même implicite, aux fusions, il impose une simple reprise
de dette, garantissant au fisc le paiement des impôts dus par la société
apporteuse jusqu'au moment de son absorption.
Si Je fait que la société absorbante reprenne le patrimoine de la so-
ciété absorbée à sa valeur comptable n'est naturellement pas suffisant,
en lui-même, pour justifier une exonération d'impôt (on ne saurait con-
fondre « comptabilisation» et « réalisation»), il est, à juste titre, consi-
déré comme une condition indispensable de cette exonération. On peut,
toutefois, se demander comment, de lege Lata, et si l'on accepte la thèse
selon laquelle la dissolution de la société absorbée n'est pas assimilée
à sa liquidation, il est possible d'obliger la société absorbante au main-
tien des valeurs comptables, mais d'imposer la société absorbée, si cette
exigence n'est pas respectée. A ce sujet, on doit noter que les actionnaires
de la société absorbante ont tout avantage à ce que la société absorbée
fasse apport d'un patrimoine réévalué et que les actionnaires de cette
société supportent le poids de l'impôt sur les plus-values. Il est de toute
manière illogique de décider si une société est ou non liquidée en fonc-
tion du comportement d'une autre société.
L'existence d'arguments contradictoires, dont aucun n'est réellement
péremptoire, suffit à démontrer que si la reconnaissance d'un régime
d'exonération fondé sur une loi qui méconnaît la concentration n'est
pas exclue, elle n'est pas garantie non plus et risque d'être laissée à la
discrétion de !'Administration fiscale. Par ailleurs, il est difficile d'éviter
des inégalités, sinon au prix d'interprétations teintées par des préjugés
économiques. Ainsi, l'octroi d'un régime d'exonération est difficilement
compatible avec une loi prévoyant l'imposition des plus-values, non
seulement en cas de liquidation, mais lors de toute cessation d'assujet-
tissement o. Ainsi, le traitement favorable des scissions ou, en Suisse, des
fusions de sociétés à responsabilité limitée, qui ne peuvent intervenir
sans liquidation des sociétés scindées ou absorbées, exige, non plus
d'admettre qu'une dissolution n'est pas assimilable à une liquidation,
mais qu'une liquidation au sens du droit des sociétés n'est pas assimi-
lable à une liquidation « fiscale». Cette interprétation n'est sans doute
pas inconcevable 10, et si l'on reconnaît le droit du fisc, le cas échéant,
de s'écarter des notions du droit privé pour fonder une imposition, on
doit aussi reconnaître, dans d'autres cas, le droit des contribuables à
o Ainsi, la loi vaudoise du 26 novembre 1956 sur les impôts directs cantonaux
prévoit que « les sociétés qui sont dissoutes ... paient, lors de la cessation de
l'assujettissement ... un impôt annuel unique sur les bénéfices en capital et les
augmentations de valeur réalisées pendant la période de calcul et la période
de taxation » (art. 61, al. 3).
10 Voir RDAF 1972, p. 302 (arrêt du 20.6.69).
IMPOSITION DES SOCIÉTÉS REPRISES 19
Société A Société B
Société BA ou AB
Société A Société B
(1) Société BA
(2) Société BA
(3) Société BA
(4) Société AB
A notre avis, ce dernier bilan devrait être admis, quel que soit le sens
de l'absorption, ou, peut-être, serait-il plus logique encore de donner
à la nouvelle société la possibilité de reporter la perte encourue par la
société B :
(5) Société AB ou BA
Société A Société B
Société A Société B
50 % ac-
tions B 100.000 100.000 Capital Actifs 300.000 100.000 Capital
(valeur réelle : (valeur réelle :
150.000) 100.000 Réserve 400.000) 100.000 Réserve
Autres
at'tifs 200.000 100.000 Passifs 100.000 Passifs
(yaleur réelle :
250.000)
Société BA
En effet, le fisc n'est pas ici privé de son droit à l'imposition ultérieure
des plus-values, qui lui est garantie par le maintien des valeurs comp-
tables, et la condition essentielle mise à l'application du régime du sursis
est formellement remplie. En revanche, on peut juger choquant que par
la scission, c'est-à-dire par une opération préalable « interne» (effectuée
par une société et ses actionnaires sans que des tiers y soient parties)
et uniquement motivée par des considérations fiscales, les contribuables
réussissent à échapper aux impôts qui auraient été dus si le résultat
désiré '--- la vente d'une branche d'activité - avait été obtenu en
suivant la voie « normale ».
Il n'est pas facile de trouver un juste équilibre entre la prétention
légitime du fisc d'empêcher des abus (et, à cette fin, de se fonder sur
la réalité économique d'une transaction) et le droit des contribuables
d'organiser leurs activités de manière à payer le moins d'impôts pos-
sible. Ainsi, dans l'exemple choisi, le caractère abusif de la scission n'est
pas aussi marqué qu'il paraît à première vue : puisque les actionnaires
auraient pu céder les actions de leur société (avant la scission) sans
conséquence fiscale, pourquoi ne pourraient-ils aliéner leurs nouveaux
titres (après la scission) en bénéficiant du même avantage?
De toute manière, la présence d'un impôt éludé ne doit pas être
admise trop facilement, ni sur la base de présomptions trop minces.
Par ailleurs, le fisc ne saurait vouloir percer à jour tous les abus. Une
fusion, quelle qu'elle soit, et notamment l'absorption d'une petite entre-
prise par une grande société, peut être une vente camouflée. Si les titres
de la société absorbante sont cotés en bourse, particulièrement, les
actionnaires ou, peut-être, l'actionnaire unique de la société reprise
aura la possibilité de transformer ses titres en espèces sans difficulté
et, si les gains en capitaux ne sont pas imposables, sans payer aucun
impôt. Il n'en aurait pas payé davantage, cependant, s'il avait vendu
ses actions à la société reprenante. C'est, en fait, cette dernière qui trouve
un éventuel avantage à l'absorption : elle peut acquérir tous les biens de
la société reprise sans avoir à la liquider.
Mais il sera rarement possible de déterminer de manière précise si
le mode de paiement (espèces ou actions) d'un patrimoine a été choisi
pour des motifs fiscaux ou économiques, et on ne saurait trouver là le
criterium d'une distinction entre « bonnes » et « mauvaises » fusions. Seuls
les abus manifestes peuvent, et devraient, être pénalisés.
IMPOSITION DES SOCIÉTÉS REPRISES 27
Société A Société B
1. Première solution.
Société A Société B
1) Lors de la liquidation de B
a) des plus-values d'un montant de 400.000 ;
b) un dividende de liquidation de 400.000, mais dont 200.000 versés
à A, qui bénéficiera vraisemblablement d'un privilège holding.
1) Lors de la liquidation de A
a) des plus-values d'un montant de 200.000 ;
b) un dividende de liquidation de 200.000.
30 EXPOSÉ DES PROBLÈMES
2. Seconde solution.
Société A Société B
19 A moins, toutefois, que le régime holding dont elle bénéficie exonère les
bénéfices réalisés lors de la vente d'une participation. Dans un tel cas, la
situation est similaire à celle obtenue dans la troisième solution (ch. 3, ci-
dessous).
20 Sous réserve, ici encore, que la société A, devenue une pure holding, ne
bénéficie pas d'une exonération pour les bénéfices réalisés lors de la vente ou
de la distribution de ses participations. Si tel est le cas, cette solution ne peut
être adoptée.
IMPOSITION DES SOCIÉTÉS REPRISES 31
société faisant l'apport (la société A), c'est-à-dire, par celle qui évite
effectivement une imposition immédiate. Par ailleurs, cette solution,
comme la précédente, rend pratiquement inexistante la possibilité d'une
vente camouflée.
En revanche, le fisc se trouverait désavantagé si, par la suite, la
société B était liquidée la première, car la plus-value sur les actions B
serait réalisée par le dividende de liquidation encaissé par la société A 2 1 •
Le fisc pourrait, en effet, imposer :
1) Lors de la liquidation de B
a) des plus-values de 200.000 ;
b) un dividende de liquidation de 400.000, dont 200.000 versés à A,
qui bénéficierait vraisemblablement d'un privilège holding.
1) Lors de la liquidation de A
a) des plus-values de 200.000 ;
b) un dividende de liquidation de 200.000.
3. Troisième solution.
Société A Société B
l) Lors de la liquidation de A
un dividende de liquidation de 200.000,
2) Lors de la liquidation subséquente de B
a) des plus-values de 400.000 ;
b) des plus-values de 400.000.
C. CONCLUSIONS.
A. IMPÔTS DIRECTS.
1. Fusion et scission.
Société A Société B
Société BA
Société BA
ab) Les actions des deux sociétés n'ont pas la même valeur.
Plus fréquemment, Ie montant des réserves des deux sociétés, pro-
portionnellement à leur capital, n'est pas équivalent ; dès lors, si l'on
veut maintenir les actionnaires de chacune des sociétés sur un pied
d'égalité, le montant de l'augmentation de capital effectuée par la
société reprenante ne correspond pas au montant du capital de la société
reprise.
Sans doute, est-il souvent possible d'assurer l'équivalence des ré-
serves par une opération préliminaire. Lorsque la société dont les actions
ont la valeur vénale la plus haute a des réserves ouvertes, elle peut,
préalablement à la fusion, transformer ces réserves (ou une partie d'entre
elles) en capital, et, distribuant des actions gratuites à ses actionnaires,
rétablir la parité entre les titres des deux sociétés.
L'exemple qui suit reprend les chiffres du précédent, mais la valeur
vénale du patrimoine de la société A a été estimée à 425.000, au lieu de
300.000.
Société A Société B
Société AB
Société A Société B
Société A
Société BA
Société AB
Société A Société B
Société BA
Société BA
Société A Société B
Société AB
Société A Société B
une réserve pourrait être faite, quel que soit le sens de la fusion, si cette
dernière était effectuée dans le but de bénéficier de la compensation
des pertes et bénéfices des deux sociétés.
En pratique, la reprise des pertes de la société absorbée n'est géné-
ralement pas accordée 3 6. La raison n'en est pas tant que le législateur,
ou le fisc, mette davantage l'accent sur l'aspect juridique des fusions
(la dissolution des sociétés reprises) que sur leur caractère économique
(la réunion des sociétés reprises et reprenantes) ; c'est plutôt qu'il crai-
gne, s'il adoptait une autre solution, que des sociétés n'absorbent sys-
tématiquement des entreprises en pertes, afin de profiter de celles-ci.
Ainsi que nous l'avons noté, ce problème pourrait trouver une solution
de compromis, selon laquelle le report des pertes ne serait refusé que si
la concentration avait pour but exclusif ou principal d'en prendre
avantage.
B. IMPÔTS INDIRECTS.
Les fusions et les autres opérations de concentration dont i'I est ici
question entraînent, d'une part, une augmentation du capital de la société
bénéficiaire, et, d'autre part, un transfert d'actifs et de passifs d'une
société à une autre. L'émission d'actions nouvelles est généralement
soumise à des droits de timbre, d'apport, ou d'enregistrement. De leur
côté, les transferts de patrimoine donnent fréquemment lieu à la percep-
tion de diverses contributions, telles que taxes sur la valeur ajoutée, droits
de mutation ou d'enregistrement immobilier, impôts sur les reprises de
passif, etc.
Ces droits et impôts peuvent constituer une charge onéreuse et con-
tribuer à rendre prohibitif le coût d'une fusion. De lege Lata, et en
!'absence de dispositions particulières, les opérations de concentration
bénéficient rarement d'un régime de faveur. Les arguments économiques
1. Droits d'apport.
cours de son existence, alors que le montant imputable serait limité aux
droits payés sur le capital nominal de cette société, au moment de sa
tondation. Il nous semble, dès lors, que le principe d'exonération est
plus satisfaisant, mais qu'il serait juste de le tempérer par l'assujettis-
sement au droit d'apport des éventuelles actions gratuites distribuées
aux actionnaires de la société reprise, puisque de telles actions, qui im-
pliquent une capitalisation de réserves, ne constituent indubitablement
pas des titres de remplacement.
En cas de pseudo-fusion ou d'apport partiel, un régime d'exonéra-
tion est à la fois plus facile et plus difficile à justifier. Etant donné que la
société apporteuse demeure en existence, et que ses actions ne sont pas
annulées, on ne saurait prétendre que ces dernières sont remplacées par
1es actions nouvelles émises par la société reprenante. Mais si le capital
de la société reprise n'est pas « transféré » à la société bénéficiaire, ou
« reconstitué » en son sein, il est, en quelque sorte, « dédoublé » : les
actions de la société reprise et les actions nouvelles de la société repre-
nante représentent, directement dans un cas, indirectement dans l'autre,
le même patrimoine ; il n'est donc pas injustifié d'admettre que l'apport,
dans la mesure où il a les caractéristiques d'une concentration, et non
d'une vente s1, bénéficiât d'une exonération similaire à celle qui, par
hypothèse, serait accordée aux fusions et aux absorptions.
C. CONCLUSIONS.
38 C'est d'autant plus vrai qu'il n'est pas rare que les droits d'enregistrement
immobilier frappent des transactions (tels les transferts d'actions de sociétés
immobilières) qui, formellement, n'entraînent aucune mutation : si le principe
de la réalité économique est appliqué au détriment des contribuables, il pourrait
l'être aussi, dans certains cas déterminés, à leur profit.
50 EXPOSÉ DES PROBLÈMES
A. GÉNÉRALITÉS.
Société A Société B
Société BA
Société A Société B
Société BA
Société AB
3. Paiement de soultes.
Société BA
1. Personnes physiques,
2. Entreprises et sociétés.
D. CONCLUSIONS.
CAS PARTICULIERS
PARTICIPATIONS RÉCIPROQUES ET CROISÉES
ET SOCIÉTÉS ACTIONNAIRES D'ELLES-MÊMES 49
Société A
Société B
Société BA
51 Voir ci-dessus, Chapitre IV, litt. B, ch. 2, pp. 57 et ss. Les actionnaires
de la société A autres que la société B bénéficient d'une attribution d'actions
gratuites.
52 Voir ci-dessus, Chapitre III, litt. A, ch. 1, litt. ab, pp. 39 et ss.
PARTICIPATIONS RÉCIPROQUES ET CROISÉES 67
Société BA
Société BA
Cette fois, le fisc est assuré d'imposer dans l'avenir des plus-values
de 475.000, si la société aliène ses propres actions - ce qui est pro-
bable - et qu'elle est imposable sur le bénéfice réalisé. Le dividende de
liquidation se montera, en principe 53, à 450.000, les droits du fisc étant
par conséquent garantis sous les mêmes réserves que celles mentionnées
dans l'exemple précédent.
Société AB
Société AB
C. PARTICIPATIONS CROISÉES.
Société A Société B
Société B
Société B
Société BA
Société BA
Société BA
3. Résumé et conclusions.
Liquidation Absorption
Selon les principes énoncés plus haut, le dividende (1) doit être im-
posé, à moins que la société mère n'eût bénéficié d'un privilège holding
en cas de liquidation de la société reprise ; l'apport (2) ne donne lieu à
aucune imposition.
b) La situation se complique Iorsque la société reprise (la société A
dans les exemples qui précèdent) détient des actions de la société repre-
nante (B), qui sont incluses dans le dividende (1) ou dans l'apport de
fusion (2).
- Quant aux plus-values, dans la mesure où ces actions sont annu-
lées ou distribuées, la société A doit acquitter l'impôt sur le bénéfice de
liquidation afférent à sa participation, puisque la société B n'en garantit
pas l'imposition ultérieure. Au contraire, dans la mesure où la société B
conserve ces titres, aucune imposition immédiate ne se justifie.
- Quant au dividende, l'annulation des actions B n'a pas de consé-
quence particulière, dans la mesure où elles faisaient partie du dividende
(1) : elles auraient également été annulées (dans l'hypothèse où le droit
commercial l'exige) en cas de liquidation de la société A. En revanche,
les titres qui font partie de l'apport de fusion (2) présentent un cas parti-
culier. En effet, en cas de liquidation, ils auraient été distribués aux au-
tres actionnaires de la société A et auraient été imposés à titre de divi-
dende ; plus tard, lors de la liquidation de la société B, ils auraient donné
droit à un dividende. En cas d'absorption, ces titres sont (ou peuvent
être) également distribués aux autres actionnaires de la société A, mais,
au lieu de l'être à titre de dividende de liquidation, ils le sont en vertu de
57 Cette dualité peut être contestée, on l'a vu, si la société mère est auto-
risée à être sa propre actionnaire. En effet, si elle augmente son capital afin
de s'attribuer ses propres actions en échange des actions de la société absorbée,
la plus-value sur les actions annulées est transférée sur les actions nouvellement
émises. Dans un tel cas, le patrimoine entier de la société reprise constitue un
apport de fusion.
PARTICIPATIONS RÉCIPROQUES ET CROISÉES 77
la fusion. Le fisc, de ce fait, paraît subir une perte potentielle. Tel est
bien le cas en matière d'impôt à la source, et aussi en matière d'impôt
sur le revenu, si ces « autres actionnaires » sont des personnes physiques
et si le montant du dividende de liquidation dépend de la valeur nomi-
nale des actions. En revanche, s'il s'agit de personnes morales ou d'entre-
prises, la perte du fisc n'est qu'apparente : en cas de liquidation, les
actions B auraient été imposées à titre de dividende et comptabilisées à
leur valeur vénale, de telle sorte que, lors de la liquidation subséquente
de la société B, elles ne donneraient lieu à aucun dividende imposable;
en cas d'absorption, les titres ne sont pas imposés à titre de dividende,
mais ils sont inscrits à leur valeur comptable et donneront droit à un
dividende imposable lors de la liquidation de la société B.
Ainsi, la conclusion apparemment logique selon laquelle le fisc de-
vrait pouvoir imposer immédiatement le montant de la différence entre
Je dividende qui résulterait d'une double liquidation et celui qui lui est
assuré après l'absorption n'est pas nécessairement juste. De toute ma-
nière, il y a une part d'arbitraire dans la comparaison des situations de
liquidation et d'absorption. En cas de liquidation de la société A, par
exemple, il n'est nullement certain que la société B reçoive (et annule) 375
actions B.
Dès lors, la solution la plus simple consisterait à ignorer les consé-
quences de l'annulation de titres. Seule serait imposé (à moins qu'il ne
bénéficie d'un privilège holding) le dividende de liquidation effectivement
distribué à la société absorbante - c'est-à-dire la partie du patrimoine
de la société absorbée afférente aux actions de cette société détenues par
la société absorbante, sans égard au fait que ce patrimoine comprend des
titres de la société absorbante qui seront peut-être annulés ou remis aux
autres actionnaires de la société absorbée.
Société A Société B
Société AB ou BA
Société AB ou BA
CONCLUSIONS
A. CONCEPTIONS DE BASE.
B. LE RÉGIME DU SURSIS.
La présente étude est restreinte aux aspects fiscaux des fusions na-
tionales, c'est-à-dire, des concentrations opérées entre des sociétés ayant
leur siège dans un même Etat. Il est cependant évident que ces concen-
trations, particulièrement lorsqu'elles réunissent de grandes sociétés, au-
ront souvent des incidences internationales importantes.
Tel sera le cas, par exemple, si la société reprise possède des im -
meubles ou des établissements stables dans un ou plusieurs Etats tiers.
Par suite de l'apport et du transfert de la propriété de ces biens à la
société bénéficiaire, l'Etat de situation sera fondé à imposer les plus-
values qu'ils recèlent et à prélever des droits de mutation ou d'autres
contributions indirectes. Les conventions de double imposition confirment
d'ailleurs ce droit, en prévoyant que les gains réalisés lors de l'aliéna-
tion de biens immobiliers ou d'établissements stables sont imposables
au lieu de situation.
Cette imposition constitue un sérieux obstacle aux fusions nationales,
à l'exception des apports partiels ; la société apporteuse est contrainte à
subsister, de manière à demeurer propriétaire des immeubles ou établis-
sements situés à l'étranger. La seule autre possibilité serait de transfor-
mer préalablement l'établissement en filiale, pour autant qu'une telle
transformation - qui implique elle aussi un transfert de propriété -
n'entraîne pas d'imposition.
Ce problème pourrait trouver sa solution dans le cadre, soit d'une
convention multilatérale, soit des conventions de double imposition tra-
ditionnelles, qui seraient modifiées de manière à prévoir un sursis à l'im-
position des plus-values, soit encore d'un accord sur les fusions interna-
tionales.
Des complications peuvent également surgir au niveau des action-
naires de la société apporteuse. Le régime de sursis qui leur est géné-
ralement accordé par l'Etat dont relèvent les sociétés qui fusionnent
n'est évidemment pas applicable (sauf au niveau des impôts à la source) à
ceux d'entre eux qui sont résidents d'un Etat tiers ; la différence entre la
valeur d'acquisition ou comptable (ou éventuellement la valeur nomi-
nale) des titres annulés et la valeur vénale des titres reçus en échange
risque, par conséquent, d'être imposée par l'Etat de domicile, à titre de
dividende de liquidation ou de gain en capital.
Ce problème pourrait également trouver sa solution dans le cadre
d'une convention multiilatérale ou d'un accord sur les fusions interna-
86 EXPOSÉ DES PROBLÈMES
eo Selon l'art. 15, ch. 6, de cette convention ( du 10 mars 1964) : «En cas
de fusion de sociétés résidentes d'un seul des deux Etats contractants, les attri-
butions gratuites d'actions ou de parts sociales de la société absorbante ou
nouvelle, résidente du même Etat, ne sont pas considérées dans l'autre Etat
contractant comme constituant des distributions de revenus. »
On notera, par ailleurs, que le protocole des négociations de la nouvelle
convention germano-suisse du 11 août 1971 contient la disposition suivante
(ad art. 26) : « Les autorités compétentes se mettront en rapport, sur la base
des dispositions de l'article 26, pour examiner, dans le cas de restructurations
d'entreprises (transformation, incorporation d'un établissement stable dans une
société filiale, fusion, scission d'entreprises), comment des rigueurs inéquitables
provenant de la législation interne peuvent être évitées. »
DEUXIÈME PARTIE
SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
7
SOLUTIONS ÉTRANGÈRES 89
Cette étude est centrée sur la Suisse. Or, on le verra plus loin, dans
la Troisième Partie, la Confédération et les cantons suisses n'ont adopté
aucune législation fiscale (sauf de rares exceptions) concernant la con-
centration d'entreprises. Les régimes spéciaux appliqués par les Adminis-
trations compétentes, plus ou moins uniformes et constants, non publiés,
sont fondés sur une interprétation extensive de certaines dispositions
légales ou, plus souvent, sur des impératifs économiques justifiant une
entorse à la loi. Une telle situation n'est pas satisfaisante.
Les Etats qui nous entourent, en revanche, ont mis en vigueur des
textes légaux relatifs aux concentrations, ou, du moins, à certaines for-
mes de concentrations. Si, d'une manière générale, l'examen des solutions
adoptées par d'autres Etats constitue une procédure nécessaire à la per-
fection des lois et de leur interprétation, cet examen se justifie davantage
encore lorsqu'un texte, nécessaire, fait défaut.
La compréhension des régimes de faveur décrits p'ius bas (lettre B,
ch. 3 de chaque chapitre) exigeait, au préalable, un bref examen des
règles du droit des sociétés, et une description sommaire du système
fiscal en vigueur, en particulier des conséquences d'une liquidation de
société, dans chacun des Etats choisis. Il est évident, en effet, que ies
régimes d'imposition des fusions sont, dans une certaine mesure (par-
fois modeste) liés aux possibilités et techniques du droit commercial, et
que les concentrations qui ne satisfont pas les conditions particulières
prévues par la loi d'impôt sont, en principe, traitées comme des liquida-
tions de sociétés : les régimes spéciaux sont « de faveur », précisément
parce qu'ils permettent d'éviter les conséquences, coûteuses, d'une liqui-
dation.
On ne peut nier, par ailleurs, que les différences importantes existant
entre les systèmes fiscaux des Etats choisis et de la Suisse réduisent
sensiblement la valeur d'exemple des régimes examinés. Ainsi, la liqui-
dation d'une société belge n'a pas de conséquence fiscale au niveau des
actionnaires. Le système américain, quant à lui, permet d'escamoter le
problème, capital en Europe, des plus-values de la société reprise, puis-
que les bénéfices de liquidation ne sont imposés qu'entre les mains des
actionnaires. Le régime néerlandais, enfin, ne s'applique qu'aux « fusions
économiques ».
SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
LE SYSTÈME ALLEMAND
(RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE)
La loi sur les sociétés par actions du 6 septembre 1965 1, à ses articles
339 à 358, fixe les conditions et règle la procédure de deux opérations
de concentration, dites « fusions par transfert» (übertragende Verschmel-
zung), dont la réalisation intervient par un transfert de biens à titre
universel, en échange d'actions, sans liquidation des sociétés faisant
l'apport. Ces opérations sont :
1. la fusion au sens strict (Verschmelzung durch Neubildung), et
2. l'absorption (Verschmelzung dur ch Aufnalzme).
La fusion doit être approuvée par les actionnaires des sociétés en
cause, à la majorité des trois quarts (article 340 AktG). L'attribution de
soultes en espèces est admise jusqu'à concurrence d'un montant égal
à 10 % de la valeur des nouvelles actions (article 344 AktG).
Une autre forme d'absorption :
3. la transformation par fusion (umwandelnde Verschmelzung), est
prévue par la loi sur la transformation des sociétés de capitaux et des
sociétés minières du 12 novembre 1956 2 • En vertu de cette loi, la « trans-
formation » d'une société de capitaux, et notamment d'une société ano-
nyme, s'effectue par le transfert de son patrimoine à l'un de ses action-
naires (qui peut être une société). Par suite de ce transfert, la société ap-
porteuse est dissoute.
B. DROIT FISCAL 4.
a) Impôts directs.
aa) Impôt sur les sociétés (Korperschaftsteuer) 6, Sous réserve des dis-
positions des conventions de double imposition et de certaines règles de
droit interne destinées à éviter les doubles impositions (crédit d'impôt,
- au taux de 15% sur les bénéfices distribués ; le taux réel est ce-
pendant plus élevé (23,44%), car le montant de l'impôt sur les bénéfices
distribués, qui n'est pas déductible, est lui-même soumis à l'impôt sur
les bénéfices non distribués. Depuis 1968, le Korperschaftsteuer a été ma-
joré de 3%. Par ailleurs, une surtaxe additionnelle de 10% frappera les
bénéfices réalisés entre le t•• juillet 1973 et le 30 juin 1974 s.
Les dividendes de source allemande distribués à une société mère
(c'est-à-dire, une société qui détient au moins 25% du capital de la
société distributrice) bénéficient d'un traitement particulier (article 9
KStG). Dans la mesure où ils sont redistribués aux actionnaires de la
société mère, ils ne sont soumis à aucun impôt (Schachtelprivileg). Si la
société mère les met en réserve, ils sont soumis à un impôt complémen-
taire de 36% (Nachsteuer), de telle manière que l'imposition totale (au
niveau de la filiale et au niveau de la mère) s'élève à 51 %, exactement
comme si la filiale n'avait pas distribué ses bénéfices.
Le fameux concept de l'Organschaft concerne également les relations
entre sociétés mères et filiales allemandes : si une société mère détient
plus de 50% du capital nominal d'une société fille, et si les deux sociétés
sont étroitement liées d'un point de vue commercial et administratif,
elles peuvent convenir (aux termes d'un accord écrit ratifié par une ma-
jorité qualifiée des actionnaires) que les bénéfices ou les pertes de la
filiale seront ajoutés aux bénéfices de la société mère ou déduites de
ceux-ci, comme si les deux sociétés ne formaient qu'une seule entité.
Selon les projets de réforme fiscale actuellement en cours, le système
du double taux, qu'il était prévu d'abandonner, serait maintenu (taux de
.56% et 36%). assorti néanmoins d'un régime d'imputation au niveau des
actionnaires, tel qu'il est connu en France et en Belgique 9 •
1 Les sociétés contrôlées par des personnes physiques (au moins 76 %),
et dont le capital, formé d'actions nominatives, est d'un montant supérieur à
DM 5 m peuvent choisir entre les taux normaux de 51 %-15 % et des taux
0
spéciaux, de 49 % sur les bénéfices non distribués et de 26,5 % sur les béné-
fices distribués.
s Tax News Service 1973, Part 1, Europe, 8.
9 Voir Droit et Affaires, N° 196 (1°' mai 1971), Allemagne, pp. 5 et ss., et
Germany, Reform of Corporation Tax ; Eur. Tax., Vol. 11 (1971), N° 6, p. 1/149.
Voir aussi The Taxation of Companies in Europe, op. cit., §§ 417 et ss. et
Tax News Service 1973, Part 1, Europe, 50.
94 SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
b) Impôts indirects.
ba) Droit d'enregistrement (Gesellschaftsteuer). La loi relative au
Kapitalverkehrsteuer du 24 juillet 1959 prévoyait la perception d'un
droit d'apport, ou d'enregistrement, de 2,5 % de la valeur nominale
des titres émis par une société anonyme (ou de la valeur vénale des ap-
ports, si elle était plus élevée que la valeur nominale des actions).
Cependant, par suite de l'adoption par le Conseil de la CEE, en date
du 17 juillet 1969, d'une directive concernant les impôts indirects frap-
2. Le régime de liquidation.
3. Le régime de faveur.
a) Impôts directs.
aa) Au niveau des sociétés.
1) Fusions et absorptions. Le reg1me de faveur du droit allemand
est fondé sur le système du sursis à l'imposition. Dans la mesure où
la taxation ultérieure des plus-values est assurée, celles-ci échappent à
une imposition immédiate, tant en ce qui concerne l'impôt sur les so-
ciétés (article 15, par. 2, KStG) que l'impôt professionnel (article 7
GewStG). Seul le bénéfice d'exploitation réalisé entre la fin du dernier
exercice précédant la concentration et la date de cette dernière est
soumis à l'impôt.
Les conditions mises à l'octroi du régime de faveur sont les suivantes :
- La société reprise doit faire apport de tous ses actifs et passifs.
- Les sociétés reprises et reprenantes doivent être des sociétés natio-
nales.
b) Impôts indirects.
ba) Droit d'enregistrement. La directive de la CEE sur les rassem--
blements de capitaux prévoit que le droit d'apport perçu « lorsqu'une ou
plusieurs sociétés de capitaux apportent la totalité de leur patrimoine,
ou une ou plusieurs branches de leur activité, à une ou plusieurs sociétés
de capitaux» (article 7, ch. 1, litt. b) est réduit de moitié. Conformé-
ment à la loi de décembre 1971, le taux applicable en cas de fusion a
donc été fixé à 1 % 26.
24 Art. 1 KStO.
211 Rulinf{ de la Bundesfinanzhof de Nordrhein-Westfalen du 16 décem-
bre 1958, Bundessteuerblatt 1959 III, p. 30.
26 La directive du 9 avril 1973 (voir note 13, ci-dessus) prévoit que le taux
applicable dès le l"' .ianvier 1976 ne devra pas dépasser 0,5 %.
CHAPITRE II
LE SYSTÈME BELGE
B. DROIT FISCAL a.
a) Impôts directs.
aa) Impôt des sociétés. Cet impôt, auquel sont soumises toutes les
entreprises ayant la personnalité juridique qui ont leur siège social, ou
leur principal établissement, ou encore leur siège de direction en Bel-
gique 5 , est en principe perçu sur le bénéfice mondial des sociétés, tel
qu'il résulte du bilan annuel. Il faut naturellement réserver les dispositions
des traités, ainsi que certaines règles de droit interne (crédit, imposition
à taux réduit) destinées à éviter ou réduire la double imposition.
Les impôts ne sont pas déductibles des bénéfices imposables. Le
report des pertes ( « carry-forward ») est généralement de cinq ans (pour
les sociétés formées entre le ter janvier 1967 et le 31 décembre 1970, ou
après le 31 décembre 1971, les pertes encourues pendant les cinq pre-
mières années sont déductibles sans limitation de temps).
b) Impôts indirects.
ba) Droit d'enregistrement 10. Le taux de ce droit, prélevé sur les
actifs correspondant à une contribution en capital (c'est-à-dire l'actif
net), est de 2 % 11. n correspond ainsi aux dispositions de la directive
communautaire du 17 juillet 1969 sur les rassemblements de capitaux 12 •
bb) Taxe sur la valeur ajoutée 13. La T.V.A. est généralement préle-
vée au taux de 18 %. En principe, lorsqu'un patrimoine est apporté à
une société, la partie du stock qui ne correspond pas à une contribution
en capital, mais à une reprise de dette, est soumise à la T.V.A.
s Il est également perçu sur les intérêts et peut être imputé par le créancier
(personne physique ou morale) sur ses impôts personnels.
o Ce crédit était précédemment égal aux 15/70 du dividende brut.
10 Code des droits d'enregistrement, d'hypothèque et de greffe, art. 115 et ss.
11 La loi du 30 décembre 1970 sur l'expansion économique (Gazette Officielle
du 1er janvier 1971) exonère du droit d'enregistrement les sociétés constituées
dans certaines régions économiquement défavorisées.
12 Voir ci-dessus, Chapitre I, note 13.
18 Code de la Taxe sur la valeur ajoutée, loi du 3 juillet 1969.
LE SYSTÈME BELGE 105
2. Le régime de liquidation.
3. Le régime de faveur.
a) Impôts directs.
aa) Au niveau des sociétés.
1) Fusions et absorptions. Prévu à l'article 124 C.I.R., ce régime de
faveur accorde une exonération temporaire de tout impôt sur le béné-
fice de liquidation : l'imposition en est en effet retardée jusqu'au moment
de sa réalisation au sein de la société absorbante.
L'application de ce régime de sursis, facultatif et accordé sur demande,
est subordonnée aux conditions suivantes,
- La société absorbée doit faire apport de l'ensemble de son patri-
moine. Le règlement préliminaire du passif n'exclut cependant pas l'ap-
plication du régime spécial.
- Les apports doivent être rémunérés exclusivement par des parts
représentatives de droits sociaux ; le paiement d'une soulte peu importante
est pourtant admissible. En outre, cette seconde condition n'a pas à être
remplie lorsque l'absorption résulte de l'acquisition par la société absor-
bante de la totalité du capital soci:-ll de la société reprise : il n'y a pas,
en effet, dans un tel cas, de véritable apport.
- Si la dissolution de la société absorbée n'a pas été décidée directe-·
ment en vue de son absorption ou de sa fusion, les liquidateurs ne doivent
pas avoir déjà procédé à la répartition d'une partie de l'actif en exemp-
tion d'impôt 21.
- La société absorbante ou nouvelle doit avoir son siège social, ou
son principal établissement administratif, ou sa direction effective en
Belgique.
-- La société absorbante doit reprendre le patrimoine apporté à sa valeur
comptable, ou, plus exactement, se baser sur cette valeur pour calculer
les amortissements ultérieurs, ainsi que les moins-values et plus-values
réalisées lors de la cession d'actifs apportés ou lors de sa liquidation
subséquente.
Les bénéfices réservés et les provisions non imposées de la société
absorbée peuvent être repris par la société absorbante, mais pour un
montant qui n'excède pas la différence entre la valeur réelle du patri-
moine apporté et le capital libéré (et revalorisé) de la société absorbée ;
cette limitation n'est cependant pas applicable aux provisions pour dé-
biteurs douteux.
Les pertes reportées de la société absorbée ne peuvent être déduites
des bénéfices de la société reprenante 22.
- Lors de la liquidation ultérieure de la société absorbante, le capital
qui sera pris en considération pour le calcul de la cotisation spéciale
sera égal au montant du capital revalorisé de la société reprise et de la
société reprenante au moment de la concentration, sans égard à la valeur
du patrimoine apporté ou au montant de l'augmentation de capital de
la société absorbante {des contributions ultérieures au capital de cette
société sont naturellement prises en considération).
2) Absorption d'une filiale. Lorsqu'une société absorbe une société
dans laquelle eHe détient une participation, les règles qui précèdent
sont applicables, sous réserve des ajustements suivants.
- Les bénéfices réservés et les provisions non imposées de la société
fille absorbée ne peuvent être repris que dans la proportion correspondant
au <-. dividende de liquidation », c'est-à-dire au rapport entre le montant
des actions détenues par la société absorbante et la totalité du capital
de la société absorbée. La différence constitue un gain en capital qui
sera imposé lors de sa distribution (notamment lors de la liquidation de
la société mère).
- Lorsque la société absorbante sera liquidée, le montant du capital
pris en considération pour le calcul des plus-values soumises à la coti-
sation spéciale correspondra au montant du capital (revalorisé) de la
société absorbante augmenté du montant du capital (revalorisé) de la
société absorbée qui était détenu, avant l'absorption, par des action-
naires autres que la société absorbante.
-- Si la valeur des actifs apportés correspondant aux actions de la
société absorbée détenues par la société absorbante est plus basse que
la valeur attribuée à ces actions par la société absorbante, cette dernière
enregistre une perte. L' Administration belge en admet en principe la
déductibilité. Il est, cependant,. évident que cette perte est purement comp ..
table, lorsque la valeur réelle des actifs repris est supérieure à la valeur
comptable des actions détenues par la société absorbante. La déduction
en est pourtant admise, à moins que la société reprenante n'ait acquis
les titres de la société reprise avec l'intention de l'absorber 23 • En outre,
la perte sera ignorée par le fisc, si les actionnaires des deux sociétés
sont les mêmes et si les titres de la société reprise ont été acquis à un
prix ,exagéré par la société reprenante, de manière à enregistrer une
moins-value au moment de l'absorption.
3) Absorption d'une société mère. Lorsque la société absorbée détient
une partie du capital et des réserves de la société absorbante, la reprise
du patrimoine de la société mère à sa valeur comptable aurait pour
effet, si les règles générales étaient appliquées, de réduire d'un mon-
tant correspondant à ce capital et ces réserves les plus-values imposables
de la société reprenante. C'est pourquoi, lors de la liquidation ultérieure
de cette société, le capital et les réserves de la société mère ne seront
pris en considération que dans la proportion correspondant au rapport
entre, d'une part, la valeur réelle du patrimoine de la société absorbée
diminuée de la valeur réelle des actions de la société absorbante qu'elle
détenait, et, d'autre part, la valeur réelle du patrimoine total de la
société mère.
4) Scissions. Un Arrêté Royal du 18 avril 1967 24 a mis les scissions
effectuées jusqu'au 31 décembre 1969 au bénéfice des dispositions ap-
plicables aux fusions. Ce régime temporaire a été prorogé à fin 1969 2 5,
pui.s rendu permanent par une loi du 13 avril 1971 26,
5) Pseudo-fusions et apports partiels. L'apport d'un patrimoine en
échange d'actions remises à la société apporteuse est, en principe, assi-
milé à une vente, et le bénéfice qui peut en résulter, égal à la différence
entre la valeur comptable de l'apport (revalorisé pour tenir compte de
la dépréciation monétaire) et la valeur des actions reçues, est soumis à
l'impôt des sociétés - dont le taux est réduit à 21 % si les actifs
aliénés ont été détenus pendant plus de cinq ans.
Cependant, conformément à !'Arrêté Royal du 4 mars 1965 27 , la
société apporteuse peut sur,seoir à cette imposition, si les conditions
suivantes sont remplies.
·- L'apport doit être rémunéré exclusivement au moyen d'actions de la
société reprenante.
-- La société recevant l'apport doit avoir son siège social ou son prin-
cipal établissement administratif en Belgique.
24 Moniteur Belge du 20 avril 1967. Cet Arrêté est fondé sur la loi du
31 mars 1967.
25 Loi du 23 décembre 1969 ; Gazette Officielle du 30 décembre 1969.
26 Moniteur Belge du 7 mai 1971.
21 Moniteur Belge du 30 avril 1965. Cet Arrêté est fondé sur l'article 40,
par. 1, ch. 2, C.I.R.
110 SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
b) Impôts indirects.
ba) Droit d'enregistrement. Conformément aux dispositions de la
directive de la CEE sur les rassemblements de capitaux, ce droit est
prélevé au taux de 1 %. Ce taux réduit est applicable aussi bien aux
scissions et aux apports partiels qu'aux fusions et absorptions 3o.
bb) Taxe sur la valeur ajoutée. Les fusions, absorptions et scissions,
qu'elles soient ou non privilégiées en matière d'impôt des sociétés, ainsi
que les apports bénéficiant d'un traitement spécial, échappent à la T.V.A.
be) Droit de mutation. La situaNon est la même qu'en matière de
T.V.A., à une exception près : l'absorption consécutive à l'acquisition
par une société de la totalité du capital-actions d'une autre société est
assimilée à une vente par I' Administration de l'enregistrement et le droit
de 12,5 % doit être acquitté sur la valeur des immeubles dont la société
est propriétaire n.
LE SYSTÈME FRANÇAIS
1 Pour un résumé des dispositions applicables, voir jura Europae, Droit des
Sociétés, France, sect. 30.70 ; Editions Techniques juris-Classeurs, Paris (mise
à jour : t •r mai 1972).
LE SYSTÈME FRANÇAIS 113
B. Droit fiscal. 2
a) Impôts directs.
aa) Impôt sur les sociétés. Contrairement au Korperschaftsteuer alle-
mand et à l'impôt belge des sociétés, cet impôt - auquel sont assujetties
toutes les sociétés de capitaux ayant leur siège social effectif en France 4
- n'es1 en principe pas perçu sur leur bénéfice mondial, mais uniquement
sur leurs revenus commerciaux de source française, et sur leurs revenus
de capitaux mobiliers de source française ou étrangère. Les profits im-
ac) Contribution des patentes 13. Cet impôt local comprend, d'une
part, une taxe fixe, et, d'autre part, une taxe proportionnelle basée sur le
genre et la dimension de l'entreprise, la valeur locative de ses installa-
tions, ainsi que le nombre de ses employés. Le taux de la patente varie
de l % à 7,5 % du chiffre d'affaires.
ad) Taxes sur les salaires. La plus importante, dite « taxe sur les
salaires», est prélevée au taux de 4,25 %. Diverses autres taxes, notam-
ment d'apprentissage (0,5 %), de formation professionnelle (dont le taux
atteindra 2 % ~n 1976) et de construction (2 %) sont calculées sur la base
des salaires versés par les sociétés.
b) Impôt> indirects.
ba) Droit d'enregistrement. Selon le droit actuellement en vigueur,
le montant net de l'apport fait à une société est soumis à un droit
de 1 % 1 4 , tandis que la partie de l'augmentation de capital de la société
bénéficiaire qui excède le montant du capital de la société apporteuse
est soumise à un droit de 12 % 15 • L'agio n'est soumis à ce droit que si
et lorsqu'il est capitalisé.
Depuis le 1er janvier 1972, la France aurait dû mettre en vigueur
les dispositions de la directive communautaire sur les rassemblements
de capitaux 10 (taux de 1 % à 2 % de la valeur vénale des apports).
bb) Droit de mutation 11. Les transferts de biens immobiliers et de
biens mobiliers sont soumis à un droit, respectivement de 16 % et de
4,2 %, dans la mesure où ils correspondent à la prise en charge du
passif de la société apporteuse.
be) Taxe de publicité foncière 1 8. Cette taxe, de 0,6 %, est perçue
sur la valeur des apports immobiliers.
bd) Taxe sur la valeur ajoutée 19. Le taux de la T.V.A. est habituel-
lement de 20 % 20.
2. Le régime de liquidation.
3. Le régime de faveur.
a) Impôts directs.
aa) Au niveau des sociétés.
1) Fusions et absorptions. Le régime de faveur du droit français est
fondé sur la loi (N° 65-566) du 12 juillet 1965, qui est incorporée au
C.G.I., complétée par une ordonnance du 29 septembre 1967. Ce régime
combine les différentes méthodes qui peuvent être utilisées pour réduire
le coût fiscal des concentrations : sursis à l'imposition, taxation à taux
réduit, et délai:; de paiement. Son application est facultative 28 mais ne
peut être partielle. Elle est, en outre, soumise à la condition que l'opé-
ration, au total, résulte en un gain pour la société absorbée.
25 Il a été introduit par une loi de 1963 et modifié par la loi de réforme
fiscale de 1965 (art. 18).
20 Art. 115(1) C.O.I. Dans le système français, la remise d'actions par la
société reprenante aux actionnaires de la société reprise serait, en l'absence
d'une disposition expresse contraire, assimilée à une attribution gratuite d'un
revenu mobilier et imposée à ce titre.
21 Art. 159(2) C.0.1.
28 Le désir de pratiquer des amortissements sur la valeur vénale des apports
peut être une raison de ne pas demander le bénéfice du régime de faveur.
LE SYSTÈME FRANÇAIS 119
20 A noter qu'une fusion peut être opérée avec effet rétroactif, sous certaines
conditions prévues par un ruling (B.O. 41-2-72) du 13 juillet 1972 : le fisc doit
en être informé à l'avance ; la période de rétroactivité ne doit pas dépasser
six mois (sauf autorisation spéciale) ; la rétroactivité ne doit pas procurer
d'avantages en matière de report des pertes de la société reprise.
ao Un gain est à long terme lorsque l'actif en cause a été détenu pendant
deux ans ou davantage. Cependant, seul le montant de la différence entre le
prix de cession et le prix de revient constitue un bénéfice à long terme. Le
gain qui correspond aux amortissements effectués (différence entre prix de
revient et valeur comptable) est à court terme.
3 1 Ce délai (précédemment de dix ans) est prévu par la loi citée dans la
note 6, ci-dessus.
9
120 SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
36 Art. 210 A (1) C.G.I. Les concentrations opérées avant le I "' avril 1973
ont bénéficié d'une exonération complète.
37 Art. 210 A (1) C.G.I. Ici encore, une exonération complète a été accordée
aux absorptions effectuées avant le 1°' avril 1973.
38 Régime fiscal des Fusions de Sociétés, Bulletin Officiel des Contributions
Directes et du Cadastre (1966).
39 Journal Officiel du 30 mai 1971, p. 5254.
122 SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
b) Impôts indirects.
ba) Droit d'enregistrement. Les fusions bénéficient d'un régime par-
ticulier, prévu par la loi du 12 Juillet 1965. Le montant net de l'apport
est soumis à une taxe fixe de Fr. 150.- (au lieu du droit de 1 %),
alors que la partie de l'augmentation de capital de la société bénéficiaire
40 Cette durée a été portée à trois ans pour les apports effectués du 1•• jan-
vier 1967 au 31 décembre 1970 (art. 3 de !'Ordonnance du 28 septembre 1967).
41 Cette exonération profite aux actionnaires étrangers, seuls soumis à une
retenue à la source sur les dividendes.
LE SYSTÈME FRANÇAIS 123
excédant le montant du capital de la société reprise est soumise à un
droit de 1,2 % (au lieu de 12 %) 42.
Par suite de l'entrée en vigueur, dès le t•r janvier 1972, de la direc-
tive communautaire sur les rassemblements de capitaux, la France a
l'obligation de réduire de moitié le taux normal du droit d'apport (qui
ne peut, lui-même, dépasser 2 % de la valeur nette du patrimoine trans-
féré) 43 • Ce taux réduit est également applicable en cas de scission ou
d'apport d'une branche d'activité, opérations qui bénéficient actuellement,
dans la mesure où elles sont agréées par le Ministère des Finances 44,
du régime de faveur accordé aux fusions (taxe fixe de Fr. 150.- et taux
réduit de 1,2 %). Les apports partiels profitent en outre d'un privilège
particulier, soit d'une exonération du droit de 12 % ou 1,2 %, lorsque
la société apporteuse ne distribue pas à ses actionnaires les titres rému-
nérant son apport ; en cas de distribution dans l'année 4 5 suivant la
concentràtion, le droit de 12 % ou 1,2 % n'est dû que sur la différence
entre la valeur nominale des actions distribuées et le montant de l'éven-
tuelle réduction de capital effectuée par la société apporteuse ; enfin, la
capitalisation de la prime de fusion (ou «prime d'apport» dans le cas
particulier) n'est que partiellement imposée 46,
bb) Droit de mutation. La direction communautaire n'a pas d'inci-
dence sur ce droit, dont les taux ont été mentionnés 47. En revanche, la
loi du 12 juillet 1965 a accordé une exonération aux opérations de
concentration.
be) Taxe de publicité foncière. Les fusions sont également exonérées
de cette taxe, normalement prélevée au taux de 0,6 % 4 8.
bd) Taxe sur la valeur ajoutée. Les fusions n'entraînent aucun assu-
jettissement particulier à cette taxe : les sociétés reprises sont dispensées
de tout versement de T.V.A., tandis que leurs droits à déduction et leurs
obligations de reversement sont tranférés aux sociétés bénéficiaires.
42 Art. 672 et 719 C.0.1. La taxe fixe n'est pas perçue si le montant du
droit de 1,2 % est supérieur à Fr. 150.-.
43 Voir ci-dessus, Chapitre l, notes 13 et 26.
44 Art. 719 (1 ter) C.O.I.
45 Ce délai était porté à trois ans pour les apports effectués avant le
1er janvier 1971.
46 Ruling 11° 9537 (1965).
47 Voir ci-dessus, ch. 1, litt. bb.
48 Art. 841 bis (10°) C.0.1.
CHAPITRE IV
LE SYSTÈME NÉERLANDAIS
l) Fusion et absorption.
a) Une société (ou plusieurs sociétés) transfère l'ensemble de son
patrimoine à une autre société, préexistante ou nouvelle, en échange
d'actions de cette société. La société reprise est ensuite liquidée.
b) Les actionnaires d'une ou de plusieurs sociétés cèdent leurs titres
a une autre société, préexistante ou nouvelle, en échange d'actions de
cette société. Les premières sociétés sont ensuite liquidées.
1 Nieuw Burgerlijk Wetboek, art. 2.1.12. Bien que cette partie du nouveau
code ait été adoptée, il est probable qu'elle ne sera pas mise en vigueur sous
sa forme actuelle.
2 Voir A. van Oven et M.V.M. van Leeuwe, La fusion de sociétés anonymes
en droit néerlandais ; Rapport au Colloque international de droit européen,
Bruxelles 1961 ; Ets. Emile Bruyant, Bruxelles 1962, pp. 107 et ss.
LE SYSTÈME NÉERLANDAIS 125
B. DROIT FISCAL a.
a) Impôts directs.
aa) Impôt sur les sociétés (Vennootschapsbelasting) 5, Comme le
Korperschaftsteuer allemand et l'impôt belge des sociétés, le Vennoot-
schapsbelasting est perçu sur le bénéfice mondial des sociétés anonymes,
b) Impôts indirects.
ba) Droit d'enregistrement ( I<apitaalsbelasting) 10 • Les Pays-Bas ont
mis en vigueur les dispositions de la directive communautaire sur les
rassemblements de capitaux et ont fixé à 2 % le taux du droit d'apport.
Ce taux était précédemment de 2,5 %.
bb) Droit de mutation (Overdracl1tsbelasting) 11. L'acquisition d'une
propriété immobilière est soumise à un droit de mutation de 5 %. Con-
trairement à l'ancienne loi, qui partageait la charge fiscale entre l'acheteur
et le vendeur, le texte en vigueur assujettit le seul acheteur. Lorsqu'un
immeuble fait partie d'un patrimoine apporté à une société, en échange
d'actions de cette dernière, il est exclusivement soumis au droit d'enre-
gistrement de 2 %.
be) Droit sur les transactions boursières (Beursbelasting) 12. Les
transactions de titres en bourse sont soumises à un droit de 0,12 %.
bd) Taxe sur la valeur ajoutée (Omzetbelasting) rn, Elle est norma-
lement prélevée au taux de 16 %.
2. Le régime de liquidation.
3. Le régime d'aliénation.
a) Impôts directs.
aa) Au niveau des sociétés.
1) Transfert de l'intégralité d'un patrimoine en échange d'actions.
L'imposition du bénéfice en capital réalisé lors d'une pseudo-fusion ou
20 Wet lb, art. 39. Voir The Taxation of a Sale or other Alienation of a
« Substantial Interest » in a Corporation in Europe ; Eur. Tax., Vol. 5 (1965),
N° 4, p. 90.
21 Wet lb, art. 57 (1) (9).
22 Wet Vb, art. 7.
130 SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
b) Impôts indirects.
ba) Droit d'enregistrement. Sous l'ancienne loi, l'application d'un taux
de faveur de 0,75 % (au lieu de 2,5 %) pouvait être obtenue, avec l'accord
du Secrétaire d'Etat aux Finances, et à condition que l'opération de
LE SYSTÈME AMÉRICAIN
(ÉTATS-UNIS)
B. DROIT FISCAL a.
a) Impôts directs.
aa) Impôt sur les sociétés. Le principal impôt direct auquel sont sou-
mises les sociétés américaines est l'impôt fédéral. Cependant, quarante-
trois Etats prélèvent également une corporation fax, dont le taux varie
entre 1 % et 8 %. L'impôt fédéral est prévu par l'Internal Revenue Code
(IRC), ensemble de dispositions extrêmement complexes et détaillées, qui
a été plusieurs fois revisé et refondu. La version actuellement en vigueur
est celle de 1954, modifiée en 1964 et 1969.
b) Impôts indirects.
ba) Droit de timbre (documentary stamp taxes). L'émission d'actions
était autrefois soumise à un droit de timbre fédéral de 1 % de leur
valeur vénale, et les transactions de titres à un droit de 0,4 %. A l'heure
actuelle, seuls quelques Etats, notamment New York, prélèvent des droits
de timbre.
Les mutations immobilières sont soumises à un droit de timbre fédé-
ral de 0,55 %. Plusieurs Etats imposent les transferts immobiliers, soit
au moyen de droits de timbre, soit par un impôt spécial.
bb) Impôt sur Les ventes (sales taxes). L'Etat fédéral prélève une
série d'acdses sur divers produits (alcool, tabac, carburant, etc.). D'autre
part, la plupart des Etats et des grandes villes soumettent les ventes au
détail, et parfois en gros, à une taxe, dont le taux varie entre 2 %
et 6 %.
2. Le régime de liquidation.
20 Sec. 336 IRC. La société demeure naturellement imposable sur ses béné-
fices d'exploitation, jusqu'au terme de sa liquidation.
21 Barris 1. Bittker and James S. Eustice, op. cit., p. 7-41.
22 Voir litt. b, ci-dessous.
23 Sec. 337 (b) !RC.
140 SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
parce qu'elle avait acquis les titres annulés à un prix supérieur au montant
du produit de la liquidation, non seulement elle ne peut déduire cette
perte 30 , mais C'ncore sera-t-elle imposable sur les plus-values afférentes
aux actifs de sa filiale, lorsqu'elle les aliénera. Dans un tel cas, la
qualité de société mère est un handicap et, afin d'éviter l'application de
la sec. 332 IRC, une société sera tentée de se défaire d'une partie de sa
participation, dans la mesure où elle dépasse 80 %, avant de liquider sa
filiale 3o.
3. Le régime de faveur.
(b) la filiale est absorbée par la société tierce, dont les actionnaires
échangent leurs titres contre des actions (avec droits de vote) de la
société mère, qui obtient le contrôle de la société absorbante 39 •
Type C Pseudo-fusions (assets acquisitions). Cette catégorie englobe
les transterts de pratiquement tous les actifs d'une société, en échange,
uniquement, de titres (avec droits de vote) de la société reprenante ou
d'une société qui contrôle cette dernière 4-0. Selon la jurisprudence, « pra-
tiquement tous (substantially ail) les actifs», signifie au moins 85 %,
mais ce pourcentage peut être réduit si les biens retenus servent au
paiement de créanciers 41 • La condition d'une rémunération en actions
n'exclut pas la reprise de passifs ; en outre, la loi autorise la société
reprenante à remettre à la société apporteuse d'autres biens que des
actions, pour autant que cette soulte (reprises de dettes incluses) ne dé-
passe pas 20 % du patrimoine transféré 42.
Type D Pseudo-! usions, scissions et apports partiels complétés par
un spin-off, un split-off 011 un split-up 4a. Il s'agit du transfert de tout
ou partie des actifs d'une société à une ou plusieurs autres sociétés,
préexistantes ou nouvelles, réalisé de manière telle que (a) la société
reprise et/ou un ou plusieurs de ses actionnaires détiennent (immédia-
tement après le transfert) le contrôle des sociétés reprenantes, et (b) la
participation (actions ou autres papiers-valeurs) de la société reprise
dans les sociétés reprenantes soit ultérieurement remise à ses action-
naires, soit par une simple distribution, soit par un échange de titres,
soit dans le cadre d'une liquidation de la société reprise 44 •
46 Le Tulle v. Scofield, 308 U.S. 415 (1940). Pinellas lce & Cold Storage
Co. v. Comm., 287 U.S. 462 (1933).
47 Voir, par exemple, Roebling v. Com., 143 F. 2d 810 (1944).
48 Groman v. Comm., 302 U.S. 82 (1937).
49 Miller v. Comm., 84 F. 2d 415 (1936). En revanche, ces actionnaires mino-
ritaires sont imposés. Voir Borris 1. Bittker and James S. Eustice, op. cit.,
p. 14-21.
50 Rev. Rul. 66-23.
51 Gregory v. Helvering, 293 U.S. 465 (1935).
144 SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
5s Sec. 358 IRC. Ces règles d'estimation n'ont naturellement pas d'application
si la société reprise est liquidée, notamment dans une concentration du type A.
59 Sec. 1032 IRC.
60 Rev. Rut. 57-278.
61 Sec. 362 (b) IRC.
62 Sec. 381 IRC. Ces dispositions sont applicables aux concentrations des
types A et C, mais elles ne le sont pas aux divisions, soit, sauf exception, aux
réorganisations du type D.
63 libson Shops v. Koehler, 353 U.S. 382 (1957).
64 Pour une analyse détaillée, voir Borris 1. Bittker and James S. Eustice,
op. cit., pp. 16-1 et ss.
65 Cet exercice raccourci compte pour une année dans le calcul des années
de carry-back et carry-/ onvard.
66 Borris I. Bittker and James S. Eustice, op. cit., p. 16-20 (qui contient
d'ailleurs un bon résumé de ces règles). Les complications du système sont en
particulier provoquées par l'existence du carry-back.
146 SOLUTIONS ÉTRANGÈRES
LE SYSTÈME SUISSE
CHAPITRE PREMIER
FUSIONS CANTONALES
1 Il faut naturellement réserver les cas où les statuts d'une société prévoient
des quorum de présence ou de vote plus sévères.
DROIT DES SOCIÉTÉS i53
2 Le mot « nouvelle » est mal choisi. Il aurait fallu dire : « les actions nou-
velles de la société absorbante... ».
154 FUSIONS CANTONALES
10 Bürgi (op. dt., p. 919, N. 10) semble admettre, en revanche, que plusieurs
sociétés puissent être absorbées.
11 JdT 1962, p. 126.
12 E. Steiner, Von der Liquidationssteuer im Falle der Fusion; Revue Fiscale
1952, p. 223. - F.Th. Zweifel, Fusionen von Aktiengesellschaften und ihre
Steuerprobleme ; Revue Fiscale 1957, p. 65. - E. Ouhler, Vorsicht hei der
Fusion von Aktiengesellschaften ; Revue Fiscale 1957, p. 243. - M. Pichon, La
fusion d'entreprises et les problèmes que cette opération soulève au point de vue
juridique et fiscal ; Revue Fiscale 1958, p. 160. - H. Masshardt, Fragen aus dem
Oebiete der Besteuerung von Liquidationsgewinnen bei der Wehrsteuer; Archi-
ves 28, p. 193. - S. Koch, Die übernahme der Aktiven und Passiven einer
Tochter-Oesellschaft durch die Mutter-Oesellschaft und deren Folgen für die
Wehrsteuer ; L'Expert-Comptable Suisse 1960, p. 41. - E. Kiinzig, Die eidge-
nossische Wehrsteuer, pp. 63 et ss. et 417 et ss.; Verlag für Recht und Gesell-
schaft A.O., Base! 1962. - H.P. Flüge et H. Masshardt, Le régime fiscal
applicable aux concentrations d'entreprises - Rapport national au XVII•
Congrès international de droit financier et fiscal, Paris 1963 ; RDAF 1963,
p. 173. - H. Masshardt, Fusion, transformation et scission d'entreprises ; Archi-
ves 32, p. 177. - Federal Taxation of Corporate Mergers in Switzerland ; Eur.
Tax., Vol. 4 (1964), N°" 18 et 20, pp. 167 et 207. - Gutachten 1 (1964). -
]. Suter, Die Fusion von Aktiengesellschaften im Privatrecht und im
Steuerrecht; Verlag Schulthess & Co. A.G., Zürich 1966. - M. Pichon, Fusions
d'entreprises; Revue Fiscale 1966, p. 152. - H. Oberhaensli und H.K. Luescher,
Finanzielle Aspekte der Unternehmenskonzentration ; Schweizerische Bankgesell-
schaft 1968. - E. Schiirrer, Die Besteuerung der stîllen Reserven bei Umwand-
lungen, Zusammenschlüssen und Teilung von Unternehmungen ; Revue Fiscale
1968, p. 475. - E. Fleischli, Die steuerlichen Auswirkungen von Aktiengesell-
schaften auf die beteiligten Unternehmen ; St. Oaller Diss., Verlag P.O. Keller,.
Zürich 1969. - Ch. Constantin, Les problèmes fiscaux soulevés sur le plan
national et en particulier sur le plan international par la fusion d'entreprises -
Rapport national au XXIV' Congrès international de droit financier et fiscal,
Bruxelles 1970; Revue Fiscale 1970, p. 129. - Outachten li (1970). - Th. Faist,
Steuerliche Behandlung der Zusammenschlüsse, Teilungen und Umwandlungen
von Unternehmen ; Archives 38, p. 481. - A. Haessig, La société holding, la
société de base et la concentration d'entreprises ; Archives 39, p. 305. -
E. Kiinzig, Unternehmungskonzentrationen, eine steuerrechtlîche Studie ; Verlag
Stiimpfli & Cie A.G., Bern 1971. - E. Kiinzig, Der Begriff der Realisation von
156 FUSIONS CANTONALES
ainsi qu'un impôt dit de défense nationale (IDN), qui est un impôt
direct frappant ile revenu des per·sonnes physiques, le rendement net et
le capital et l·es réserves des personnes morales. Les taux maxima de
l'IDN sont fixé~ par la constitution.
A part l'IDN, l'imposition directe est réservée aux cantons, et chacun
des vingt-cinq cantons et demi-cantons assujettit les personnes physi-
ques et morales à des impôts sur le revenu ou le bénéfice, ainsi que sur
la fortune ou le capital et les réserves. Les cantons sont par ailleurs
seuls compétents pour prélever des impôts sur les transactions mobilières
et immobilières (droits d'enregistrement et de mutation).
Il convient donc de considérer tour à tour le régime fédéral et les
régimes cantonaux.
A. LE RÉGIME FÉDÉRAL.
- La scission.
« Il doit ,s'agir d'une sc1ss1on réelle, c'est-à-dire d'une division de
l'entreprise en deux ou plusieurs exploitations du même genre, qui sont
continuées comme telles, sans changement. C'est pourquoi, par exemple,
on ne reconnaît pas comme scission d'entreprise la division d'une société
holding ou d'une société immobilière en plusieurs sociétés individuelles,
ni le démembrement d'une société commerciale ou de fabrication en une
société d'exploitation et une société immobilière. » 2 8
Il n'est pas exclu, d'ailleurs, que les scissions doivent être rangées
parmi les opérations de la première catégorie, exonérées en vertu de Ia loi.
Le Tribunal fédéral, en effet, tout en notant, dans un récent arrêt 29 ,
que le traitement des scissions demeurait controversé, paraît enclin à
les assimiler aux fusions. Sa position est, à première vue, illogique,
puisque, dans sa décision du 3 juin 1960 30 , il avait justifié la non appli-
- La fusion partielle.
Cette opération, qui n'a pas été examinée en détail dans la présente
étude, est un apport partiel, caractérisé par le fait que la société appor-
teuse réduit son capital social et que ses actionnaires reçoivent, en
échange de leurs titres annulés ou diminués de valeur, les actions émises
par la société bénéficiaire.
Si !'Administration applique le régime du sursis à ce type de concen-
tration s5, elle paraît le dénier, en revanche, aux pseudo-fusions et ap-
ports partiels, au sens où nous les avons définis, lorsque la société
reprise - et non ses actionnaires - reçoit et conserve les actions que la
société reprenante émet en rémunération de l'apport. La doctrine, à ce
sujet, est divisée. Alors que Kanzig estime qu'aucune imposition ne se
justifie, tant que la société reprise ne redistribue pas à ses actionnaires
les titres de la société reprenante 3 6, les auteurs du Gutachten II jugent
que ces titres constituent une contreprestation qui entraîne inévitablement
la réalisation des plus-values afférentes aux biens transférés 3 7 , De lege
Tata, cette dernière opinion nous paraît seule soutenable ss.
39 C'est le cas de toutes les sociétés anonymes suisses (art. 3, ch. 2°, AIN).
40 L'AIN (art. 58) permet, d'une part, la compensation de la perte de l'une
des deux années de calcul avec le bénéfice de l'autre, et, d'autre part, la déduc-
tion de la perte subie pendant la période de deux ans précédant la période de
calcul.
41 C'est cette exigence qui exclut l'octroi du régime de sursis aux pseudo-
fusions et aux apports partiels.
162 FUSIONS CANTONALES
M. F.
M.F.
46 Selon cet article, l'impôt sur le rendement net se réduit du montant qui
correspond au rapport existant entre le rendement des actions ou parts sociales
des sociétés auxquelles la société contribuable participe et le total du rendement
brut.
47 ATF 98. lb. 404 (voir p. 413).
48 Commentaire IDN, p. 254. Voir aussi Gutachten II, p. 178 (opinion
minoritaire).
49 Gutachten II, p. 174.
50 E. Kiinzig, Unternehmungskonzentrationen, op. cit., pp. 83 et 84. Contrai-
rement à ce que prétend le Tribunal fédéral dans I' ATF 98. lb. 404 (p. 415),
Kiinzig n'est pas favorable à l'imposition des réserves ouvertes de la filiale.
Voir, à ce sujet, la note de l'auteur, Agiogewinne - Fusionsgewinne; Archives
42, p. 251.
164 FUSIONS CANTONALES
M. F.
M.F.
51 ATF 98.lb.404.
52 Outachten II, pp. 177 et 178; E. Kanzig, Unternehmungskonzentrationen,
op. cil., p. 86.
LE RÉGIME FÉDÉRAL 165
M. F.
Actifs 50.000 100.000 Capital Actifs 300.000 100.000 Capital
100 % actions 100.000 Réserve (valeur réelle : 100.000 Réserve
Filiale 250.000 100.000 Passifs 4-00.000) 100.000 Passifs
M.F.
61 F.F. 1972.Il.1275.
62 R.0. 1974.I.1 l. Les dispositions concernant le droit de timbre sur les
primes d'assurance n'entreront en vigueur que le 1•• janvier 1975.
as Voir ci-dessus, Première Partie, Chapitre Ill, p. 47.
64 F.F. 1972.11.1292. Le Conseil fédéral a constaté, en outre, que la solution
choisie se tenait dans les limites de la réglementation actuelle de la CEE.
65 Si, par exemple, Ciba et Geigy ont préféré une absorption plutôt qu'une
fusion, parce que la première opération entraînait le paiement d'un droit
d'émission de 50 millions de francs, au lieu de 100 millions, environ, elles choisi-
raient vraisemblablement la même solution sous l'empire de la nouvelle loi,
afin de réaliser une économie de 25 millions.
LE RÉGIME FÉDÉRAL 169
66 F.F. 1972.11.1291.
170 FUSIONS CANTONALES
de capitaux mobiliers » (article 1). Cet impôt « a pour objet les intérêts,
rentes, participations aux bénéfices et tous autres rendements... des
actions, parts sociales et bons de jouissance émis par des sociétés
anonymes ... » (article 4). L'article 20 de !'Ordonnance d'exécution de
la loi fédérale sur l'impôt anticipé du 19 décembre 1966 (OIA) définit
le « rendement imposable d'actions » comme « toute prestation appré-
ciable en argent faite par la société aux possesseurs de droits de par-
ticipation, ou à des tiers les touchant de près, qui ne se présente pas
comme un remboursement des parts au capital social versé existant au
moment où la prestation est effectuée». Enfin, l'article 22 OIA, qui
régit les cas de dissolution et de liquidation, exige le paiement spontané
de l'impôt « dans les trente jours après chaque répartition d'une part
à l'excédent de liquidation».
Lorsqu'une société est dissoute ou liquidée par suite d'une fusion,
d'une absorption ou d'une ·Scission, aucune prestation n'est faite direc-
teme.nt par la société dissoute à ses actionnaires. En revanche, ceux-ci
obtiennent, par son intermédiaire, en échange du patrimoine qu'elle a
transféré à la société reprenante, la remise d'un certain nombre d'actions
dont la valeur vénale totale est en principe égale à la valeur vénale
du patrimoine apporté.
Il en est de même en cas de fusion partielle, lorsque les actions
émises par fa société reprenante sont distribuées aux actionnaires de
la société faisant l'apport (qui réduit son capital) en échange d'une
partie de leurs anciens titres. Dans la mesure où la valeur vénale des
actions de la société reprenante remises aux actionnaires de la société
apporteuse dépasse la valeur nominale de leurs titres annulés, ces action-
naires bénéficient d'un « excédent de liquidation » soumis, en principe,
à l'impôt anticipé, conformément aux dispositions précitées.
Société A Société B
Société BA
Société BA
Société BA
Société A Société B
Société BA
justifié. Ce n'est, à notre avis, que dans le cas (rare) où les réserves
de la société reprise servent effectivement à reconstituer le capital de
la société reprenante qu'elles doivent être soumises à l'impôt.
- Il reste enfin à examiner les conséquences de l'absorption d'une
filiale. Si l'on en croit la doctrine, le prélèvement de l'impôt n'intervient
que dans l'hypothèse où la société mère a acquis les actions de la filiale
au-dessus du pair so.
F. M.
Société M.F.
F. M.
Actifs 200.000 100.000 Capital Actions F 100.000 Capital
(valeur réelle : 50.000 Réserve 100.000
300.000) 50.000 Passifs (valeur réelle :
250.000)
80 W.R. Pfund, op. cil., p. 206. Voir aussi Ch. Constantin, op. cil., p. 142.
81 En revanche, le système de la déclaration est applicable, sur la base de
l'art. 24, al. 1, c, OIA (voir note 75, ci-dessus).
J,E RÉGIME FÉDÉRAL 177
Société M.F.
notre avis (sauf dans la rédaction adoptée par la loi bernoise), une base
bien convaincante à un régime de sursis. Dès lors, chaque cas d'espèce
est réglé par la voie de négociations et de transactions entre le fisc et
les contribuables (ou leurs mandataires). Faute de disposition légale, il
n'existe naturellement, sauf rare exception, aucune jurisprudence et peu
de commentaires concernant le traitement fiscal des opérations de fusion.
Cette situation est regrettable et tant l' Administration que les contri-
buables sont placés dans une position inconfortable : la première, parce
qu'un certain réalisme économique l'entraîne souvent à accepter une
transaction d'une légalité douteuse ; les autres, parce qu'ils ont un rôle
de quémandeurs, sollicitant un régime « de faveur».
Ce n'est pas seulement la complexité des opérations de fusion qui
décourage le législateur helvétique. Ce sont aussi leurs aspects politiques :
la concentration d'entreprises est considérée par certains comme un phé-
nomène typiquement « capitaliste», dont ils soulignent automatiquement
les caractéristiques monopolistiques et inhumaines. C'est dire qu'un projet
de loi sur les fusions déclencherait inévitablement, en tous cas dans
quelques cantons" un débat où la fiscalité passerait rapidement au
second plan.
La tendance actuelle est, néanmoins, d'établir un régime légal. II y a
peu de temps encore, une seule loi cantonale (celle du canton de Lucerne)
contenait une réglementation des fusions. Elles sont aujourd'hui au
nombre de quatre. De même, en l'espace de trois ans, trois ouvrages
importants ont été publiés, en langue allemande, qui sont consacrés
exclusivement au traitement fiscal des concentrations d'entreprises 9 6.
99 Il n'est pas exclu que le projet de loi modèle cantonale (et par conséquent
la loi argovienne) doivent être interprétés de la même manière.
100 Arrêt non publié, cité dans RDAF 1973, p. 11.
LES RÉGIMES CANTONAUX 183
13
184 FUSIONS CANTONALES
101 Ibid., p. 73. L'auteur estime que si la société apporteuse conserve les
titres qui lui sont remis par la société reprenante, elle n'en a pas la libre
disposition, ce qui exclut une réalisation fiscale.
1os Gutachten II, pp. 87 et 88 (fusions), et p. 91 (fusions avec liquidation).
109 Ibid., p. 90.
110 Ibid., p. 100.
111 Voir ci-dessus, litt. A, ch. 1, litt. a, pp. 157 et ss. Le principe du sursis
est encore défendu par j. Suter, op. cit., notamment pp. 238 et 249.
112 E. Fleischli, op. cil., p. 127 (citant l'arrêt Spar- und Leihkasse Zurzach in
Fusion).
11s Ibid., pp. 129 et ss.
114 Ibid., p. 145.
115 Première Partie, Chapitre II, litt. A, ch. 1, pp. 16 et ss.
LES RÉGIMES CANTONAUX 185
Ainsi que nous l'avons souligné à plusieurs reprises 119 , nous pensons
que la société mère reçoit effectivement un dividende, mai's que le mon-
A vrai dire, nous ignorons dans quelle mesure les textes susmention-
nés (quand ils permettent l'imposition de l'agio) sont effectivement
appliqués lors d'une fusion. Il ne paraît pas, en tout cas, qu'ils le soient
toujours, certains cantons permettant, dit-on, des amortissements spé-
ciaux qui compensent la prime de fusion, d'autres jugeant que cette
dernière ne peut être assimilée à une prime d'émission normale. Il
s'agit là, de toute évidence, de pratiques administratives sans véritable
base légale.
bon sens 126 • L'agio n'a pas le caractère d'un revenu, puisqu'il a pré-
cisément pour objet d'équilibrer la prestation des actionnaires sous-
crivant les nouveaux titres et la contreprestation de la société qui les
émet : grâce à la prime d'émission, ces actionnaires reçoivent des titres
dont la valeur vénale est égale au montant de leur apport, et, en même
1emps, égale à la valeur vénale des anciens titres de la société. En
d'autres termes, l'agio accroît simultanément, et d'un montant équivalent,
les réserves de la société et la valeur des actions qu'elle émet.
Si l'agio n'est pas un revenu, il est exclu - tous les auteurs en
conviennent -· de le traiter néanmoins comme tel, sur la base d'une
ioi qui n'en prévoit pas expressément l'imposition. Ainsi la pratique des
cantons d'Obwald et de Schwyz, apparemment seuls en cause en cette
matière, serait arbitraire et contraire à l'article 4 CF. Cette manière
de voir n'est, cependant, pas totalement convaincante.
Si une loi, comme celle des deux cantons en cause, prévoit l'impo-
sition de tous les montants attribués aux réserves (Einlagen in die Re-
.~erven), il nous paraît difficile de trouver arbitraire une interprétation
qui conclut à l'imposition de la prime d'émission, dans la mesure où
celle-ci est attribuée à fa réserve légale et n'est pas employée à des
amortissements ou à des buts de prévoyance (cf. article 671, alinéa 2,
ch. 1, CO).
Plus intéressante et plus importante est la question de savoir si les
dispositions des lois cantonales qui prévoient ou permettent l'impo-
sition de l'agio ne sont pas elles-mêmes arbitraires et contraires à
l'article 4 CF. A cet égard, on peut se demander si la distinction faite
par iles lois bâloise, appenzelloise et vaudoise entre l'agio correspondant
aux réserves ouvertes et l'agio correspondant aux réserves latentes
(dit aussi überagio) a une quelconque justification.
Société A
Société A
132 Il n'est pas rare, en revanche, que la loi autorise l'Etat à prélever une
contribution indirecte en se fondant sur la réalité économique. C'est ainsi que
le transfert du capital social d'une société immobilière ou la concession d'un
droit de superficie est généralement assimilée à une mutation immobilière. Le
Tribunal fédéral a même admis que de telles assimilations soient effectuées en
l'absence d'une disposition légale expresse (voir, par exemple, jdT 1950, p. 18).
133 C'est le cas de la loi zurichoise (art. 180, litt. d, StO). La même exception
se retrouve dans plusieurs lois cantonales sur les gains immobiliers.
134 Outachten II, p. 100. Contra, E. Fleischli, op. cit., p. 72.
135 Voir note 132, ci-dessus.
136 Seul le fisc, selon le Tribunal fédéral, peut invoquer la théorie de la
réalité économique (RDAF 1947, p. 20).
137 Sem. jud. 1973, p. 743 ; 1964, p. 273.
138 Les textes en cause figurent dans !'Annexe 1.
192 FUSIONS CANTONALES
FUSIONS INTERCANTONALES
Section /. -- INTRODUCTION
A. GÉNÉRALITÉS.
fiscalité après la fusion (l'impôt sur les sociétés est plus lourd dans
certains cantons que dans d'autres) ; sans compter tous les motifs
extra-fiscaux qui conduiront à fixer la société reprenante dans un canton
plutôt que dans un autre. Faut-il en conclure, dès lors, que la fusion
intercantonale doit inévitablement entraîner l'imposition des réserves
latentes des sociétés reprises? Le problème, heureusement, n'est pas
aussi simple.
Dans l'optique de la mise au point d'un régime de sursis comparable
à celui accordé aux fusions cantonales, il est essentiel, sans s'arrêter
aux aspects comptables des concentrations intercantonales, d'en dis-
cerner les conséquences matérielles : une fusion intercantonale, en effet,
ne provoque pa5 nécessairement un transfert d'actifs d'un canton dans
un autre. Si les sociétés participant à l'opération de concentration sont
des sociétés commerciales ou industrielles, un tel transfert sera en fait
exceptionnel ; les terrains, immeubles, fabriques, bureaux, entrepôts, etc.,
de la société reprise changent de propriétaire, mais leur localisation
demeure inchangée. En d'autres termes, la société reprise se transforme
en succursale ou autre établissement stable de la société reprenante,
soumis - dans une mesure et à des conditions qu'il conviendra d'exa-
miner plus en détail - à la souveraineté fiscale du canton dont relevait
la société reprise. Il en va d'aiHeurs de même de l'exploitation qu'une
société transfère à une autre société, établie dans un canton différent,
dans le cadre d'une pseudo-fusion ou d'un apport partiel.
Mais avant d'examiner, tenant compte de ces considérations, les
modalités possibles d'un régime des fusions intercantonales, il sied
encore de tracer les limites de la souveraineté fiscale des cantons, au
moment où ces concentrations sont réalisées.
16 Voir ci-dessus, Chapitre I, Section II, litt. B, ch. 1, pp. 180 et ss.
INTRODUCTION 203
11 Voir E. Kanzig, op. cit., pp. 194 et 195. Cet auteur estime que les cantons
sont en droit, par une disposition expresse de la loi, de prévoir l'imposition
des réserves latentes en cas de fusion intercantonale. Il ne fait, cependant,
aucune mention de la question des établissements stables.
204 FUSIONS INTERCANTONALES
C. SITUATION ACTUELLE.
S'il est difficirle de donner des informations précises sur les reg1mes
cantonaux en vigueur en matière de fusions cantonales, H est plus
malaisé encore de connaître leur pratique en matière de concentrations
intercantonales.
Le fait qu'une loi cantonale ne conti'enne aucune disposition concer-
nant les transferts de siège, et que ceux-ci ne soient pas taxés, ne signifie
pas que ce canton exonère les fusions intercantonales. Inversement, le
fait qu'une loi cantona<le prévoie expressément l'imposition des transferts
de siège ne préjuge pas du traitement de ces fusions, puisque, ainsi
qu'on l'a noté plus haut, la loi, en ce domaine, n'est pas toujours
appliquée.
Selon une enquête effectuée en 1961-1962 1s (relative à seize cantons)
et les renseignements complémentaires d'une plus récente étude rn (qui
ne concerne que trois cantons), les pratiques cantonales, relativement
libérales, seraient les suivantes :
Si, à notre avis, les articles 4 et 46, alinéa 2, CF, excluent l'impo-
sition des réserves cachées des sociétés reprises, lors de fusions inter-
cantonales (pour autant que les fusions cantonales bénéficient d'un
régime de sursis), cette question est controversée 25 et le demeurera tant
que le TF ne l'aura pas tranchée. On peut craindre, d'ailleurs, qu'elle
ne lui soit jamais soumise, tant il est peu vraisemblable que des sociétés
effectuent une concentration intercantonale sans avoir, au préalable,
obtenu du fisc l'assurance d'un traitement favorable.
Dans ces conditions, il paraît plus réaliste de proposer un régime
qui concilie les intérêts des cantons et des entreprises, plutôt que d'in-
voquer, sans résultat pratique, des dispositions constitutionnelles dont
l'interprétation est discutée.
Logiquement, ce régime de compromis, ainsi que nous le relevions
plus haut, et ainsi que le proposent les auteurs du Commentaire zuri-
chois 2s (mais avec cette différence qu'ils le jugent conforme à la cons-
titution), consisterait à autoriser la taxation des seules réserves dont
l'imposition postérieure n'est pas garantie, conformément aux règles
relatives à l'imposition des entreprises intercantonales. Mais si ce prin-
cipe est simpl~ à énoncer, il n'est pas facile à appliquer. Lorsqu'une
fusion n'entraîne pas la création d'un domicile fiscal secondaire (com-
mercial ou immobilier) de la société reprenante dans le canton dont
relevait la société reprise, il est clair que ce dernier canton - selon le
compromis proposé ·- sera en droit d'imposer la totalité des réserves
cachées de la société reprise. Lorsque, au contraire, la société dissoute
se transforme en établissement stable ou autre domicile secondaire de
la société reprenante, le canton en cause participera à l'imposition des
bénéfices de la société absorbante. Mais, et c'est là le problème fonda-
mental, ses droits à l'imposition ultérieure des plus-values qu'il sur-
seoirait à taxer lors de la fusion seront-ils équivalents ou comparables
aux droits qu'il aurait eus si Ia fusion n'avait pas eu lieu, ou si elle
avait été effectuée entre des sociétés du même canton ?
L'un des objets de l'examen, fait dans la section qui suit, des règles
d'imposition des entreprises intercantonales est de déterminer si une ré-
ponse précise et satisfaisante peut être donnée à cette question. Mais,
pour le canton de la société reprise, le traitement des plus-values n'est
pas l'unique aspect d'une concentration intercantonale. Plus important,
peut-être, encore, parce que plus immédiat, est le problème de l'imposition
annuelle des bénéfices d'exploitation (et de la fortune) des sociétés
fusionnées. Dans la mesure où le canton de la société reprise peut
craindre que la concentration, nonobstant fa création d'un domicile
fiscal secondaire de la société reprenante sur son territoire, ne réduise,
année après année, le montant de ses recettes fiscales, il ne sera guère
enclin à renoncer à l'imposition immédiate des réserves de la société
reprise. Ce problème justifie, lui aussi, un examen détaillé des règles
d'imposition des entreprises intercantonales. Enfin, il va de soi que la
manière dont seront répartis entre les cantons les bénéfices de la société
reprenante n'est pas sans intérêt pour les entreprises concernées (elle
peut notamment déterminer le sens de la fusion), même si l'article 46,
alinéa 2, CF leur donne l'assurance essentielle qu'elles ne seront pas
imposées à double.
Section II.
2s L'art. 46, al. 2, CF n'a qu'une portée intercantonale. Il ne peut être invoqué
en cas de double imposition internationale (sauf en matière immobilière) ou
cantonale (ATF 92.l.349) ni, d'ailleurs, en cas de double imposition économique.
Enfin, faut-il noter que l'interdiction de la double imposition ne vise que les
impôts, à l'exclusion des émoluments et des charges de préférence (JdT 1961,
p. 93).
20 ATF 93.I.241.
30 Voir Annexe IV.
31 L'art. 46, al. 2, CF interdisant la double imposition virtuelle, un canton ne
peut taxer des revenus soumis à l'imposition d'un autre canton, même si ce
dernier ne fait pas usage de son droit (voir jdT 1968, p. 308).
a2 jdT 1970, p. 586, et arrêts cités.
208 FUSIONS INTERCANTONALES
-- Carrière 42 ;
40 ATF 40.I.197 ; JdT 1911, p. 590 (la société en cause avait son siège à
Zurich et sa direction commerciale dans un autre canton ; la qualité d'établisse-
ment stable fut reconnue au siège, où habitait le président du conseil et d'où
venaient les directives légales et administratives ; l'arrêt ne fait allusion à
aucune véritable «installation»).
41 jdT 1927, p. 254 (fabrique de chocolat) ; ATF 51.1.395 (fabrique de
textiles) ; 40.1.197; 37.1.269 (atelier de réparation d'une entreprise de wagons-
restaurants) ; 32.l.62.
42 ATF 27.1.434.
43 ATF 34.1.495.
44 Arrêt non publié du 21.9.1928 (Locher, §8,1,C,5, N° 4b) ; JdT 1921,
p. 273; 1912, p. 406; 1911, p. 209; 1905, p. 42.
45 Arrêt du 24.6.1932 (Schlumpf, op, cil., p. 162, note 24).
46 Arrêt non publié du 3.6.1932 (Locher, §8,1,C,5, N° 4h) ; jdT 1916, p. 270.
Selon l'ancienne jurisprudence du Tribunal fédéral, de telles installations ne
constituaient pas un établissement stable.
47 JdT 1920, p. 333; ATF 40.1.69.
210 FUSIONS INTERCANTONALES
Rarement, dans les affaires qui lui ont été soumises, le Tribunal
fédéral a-t-il jugé que la présence d'une entreprise dans un canton
ne permettait pas de conclure à l'existence d'une véritable installation.
On peut citer le siège statutaire d'une société, en particulier d'une hol-
ding ou d'une société financière, lorsque la direction effective est exercée
dans un autre canton s1 ; une commandite 52 ; une boîte postale et un
compte de chèques postaux 5 a ; la voiture avec atelier de réparation d'une
maison de radios 54 ; les titres et livres comptables qu'une banque en
liquidation a confiés à une autre banque, chargée de la liquidation 55 ;
ou encore les vingt moutons qu'un contribuable élevait sur un domaine
(de vacances) de 20.000 m2 56,
Par ailleurs, un immeuble ne constitue pas à lui seul un établis-
sement stable. En revanche, il crée, bien que le Tribunal fédéral l'ait
parfois contesté 57, un domicile fiscal secondaire 5s. Quelle que soit la
terminologie utilisée, la propriété d'un immeuble 5o entraîne un assujettis-
sement à l'impôt, quant à cet immeuble, dans le canton où il est situé.
Quant à la permanence des installations, elle est le plus souvent
incontestée ; abstraction faite de deux décisions 00, les seuls arrêts ot't
le Tribunal fédéral a réellement examiné la question de la permanence
concernent les chantiers de construction.
bb) Bureaux.
Le terme de «bureau» n'a pas de signification précise, qu'il s'agisse
de son aspect extérieur ou de l'activité qui s'y déroule. La jurisprudence
que l'on peut réunir sous cette rubrique est donc extrêmement variée.
En règle générale, les bureaux d'une entreprise répondent à la définition
de l'établissement stable. Les rares exceptions concernent certains bu-
reaux de chantiers, parce que, comme ces derniers, ils n'ont pas la
permanence requise, ou des bureaux qui n'ont qu'une activité purement
interne, dans le cadre de l'entreprise 8s.
i) Les bureaux administratifs, chargés de tâches de comptabilité, de
facturation, de correspondance, constituent des établissements stables 84.
15
216 FUSIONS INTERCANTONALES
94 jdT 1953, p. 338; ATF 74.1.451 ; 47.1.296; jdT 1919, p. 630 (premier
arrêt rendu par le Tribunal fédéral, en matière d'agences, en application de sa
nouvelle jurisprudence). Voir aussi les arrêts non publiés («La Suisse») des
17.9.1926 et 25.11.1932.
95 JdT 1954, p. 403.
96 Arrêt du 4.11.1953 (Locher, §8,l,D,3, N° 16).
97 ATF 61.1.254.
98 JdT 1925, p. 217.
99 ATF 51.1.395; JdT 1920, p. 528.
100 JdT 1928, p. 314.
101 Arrêt non publié du 23.4.1937 [Locher, §8,1,C,4 (b)] ; jdT 1929, p. 568.
102 ATF 38.1.478.
103 ATF 35.1.327.
104 ATF 34.1.495.
1 05 JdT 1936, p. 533 (société en commandite dominée économiquement par le
commanditaire). Voir RDAF 1960, p. 245, où l'indépendance de l'« agence»
(société gérant les affaires d'une compagnie d'électricité), fut au contraire recon-
nue (arrêt du 3.6.1959).
218 FUSIONS INTERCANTONALES
100 RDAF 1971, p. 288 (arrêt du 12.11.1969); JdT 1939, p. 311; ATF
59.I.272. Voir aussi deux arrêts non publiés des 2.6.1939 et 14.2.1941 (Locher,
§8,1,E, N° 1). Plusieurs décisions concernent des fondations de famille : ATF
55.I.373 ; JdT 1928, p. 473; 1927, p. 167.
101 ATF 59.1.287. Voir aussi JdT 1939, pp. 315 et 316, et l'arrêt non publié
du 3.5.1950 (Locher, §8,IIl,B, N° 3).
108 Arrêt du 28.10.1948 (Locher, §8,1,C,4, N" 7).
100 JdT 1955, p, 53; 1937, p. 52.
ENTREPRISES INTERCANTONALES 219
de toute l'entreprise dont ils font partie» 110 • Ici encore, cette interpré-
tation paraît juste quant à son principe 111, mais en désaccord évident
avec le texte qu'elle prétend traduire.
En application de cette jurisprudence, le Tribunal fédéral a pu recon-
naître la qualité d'établissement stable à une installation qui ne réalisait
que 0,75 % du chiffre d'affaires total d'une entreprise, cette quote-part
représentant déjà frs. 45.000.-112. D'une manière générale, les cas dans
lesquels la présence d'un domicile secondaire a été niée, faute d'une
activité suffisante, sont très rares et d'une importance marginale 118.
simple et le plus équitable, n'a de valeur absolue que pour les actifs
réellement immobilisés. H est, en revanche, insuffisant pour les biens
dont le lieu de situation peut être modifié à volonté (par exemple, des
titres) ou dont la localisation, d'un point de vue économique, paraît
artificielle ou irrelevante (tel un dépôt situé dans un canton mais exclu-
sivement utilisé par l'établissement d'un autre canton).
La jurisprudence a ainsi développé les règles suivantes.
a) Actifs immobilisés et localisés. Les immeubles, terrains, machines,
outillage, moules, mobilier d'une société de fabrication, de même que
les sous-centrales, transformateurs, conduites d'une entreprise électrique,
les docks et débarcadères d'une entreprise de navigation, le réseau d'une
compagnie de chemins de fer, etc., sont toujours imposables au lieu où
ils sont situés 116 • Il en va en principe de même pour les marchandises,
produits, produits en cours de fabrication, projets en cours, et matières
premières, mais il ne s'agit plus d'une règle absolue 111. Il peut se justifier,
dans certains cas, de répartir ces biens au prorata des actifs réellement
localisés 11 8 ou de les attribuer aux établissements avec lesquels Hs
ont un lien économique distinct 119. Parfois, certains biens sont répartis
sur les mêmes bases que le revenu de l'entreprise. Ainsi, les marchandises
d'une société commerciale ont été divisées entre ses établissements en
fonction de leur chiffre d'affaires 1 2 0 ; les bateaux et le combustible d'une
entreprise de navigation ont été répartis en fonction du trafic de voya-
geurs et de marchandises 1 2 1 ; le matériel roulant et les pièces de re-
change d'une compagnie de chemins de fer ont été attribués aux cantons
selon la relation entre la longueur du réseau établi sur leur territoire
et les revenus afférents à ces différents réseaux 1 2 2 •
b) Comptes mobiles. La répartition des débiteurs, effets de change,
comptes bancaires, comptes de chèques postaux, obligations, valeurs
en caisse, etc., dépend du genre de l'entreprise 123.
116 ATF 52.I.238; jdT 1925, p. 104; 1920, p. 333; ATF 45.1.178; 45.1.41 ;
JdT 1916, p. 270; ATF 40.1.197; 16.631.
111 RDAF 1962, p. 168 (arrêt du 10.2.1960); ATF 52.1.238 (on notera que
dans cet arrêt, les avoirs en caisse furent considérés comme actifs localisés).
118 ATF 58.l. l.
119 JdT 1911, p. 209 (stocks de charbon et matériaux de construction d'une
entreprise électrique attribués à deux usines) ; arrêt non publié du 14.2.1936
(stock d'approvisionnement - câbles, lampes, compteurs - d'une entreprise
électrique répartis en proportion de l'énergie consommée par chaque réseau ;
automobiles de l'entreprise attribuées en fonction des actifs localisés).
120 jdT 1951, p. 403. Voir aussi JdT 1954, p. 190 (stocks de carburant situés
dans des dépôts qui ne constituaient pas des établissements stables).
121 jdT 1916, p. 270.
122 jdT 1920, p. 333.
123 Pour une vue d'ensemble de cette répartition, voir ]dT 1937, p. 52.
ENTREPRISES INTERCANTONALES 221
124 ATF 36.1.399. Voir aussi les arrêts non publiés cités par Locher, §8,II,B,
2c, N° 11, concernant des entreprises électriques.
125 ATF 58.1.1 (les titres et crédits en banque furent répartis en fonction des
actifs localisés et des participations).
126 Arrêt du 8.7.1946 (Locher, §8,IJ,B,2c, N° 12).
127 JdT 1925, p. 104. Cette répartition a été critiquée par certains auteurs
qui considèrent que ces succursales règlent elles-mêmes diverses dépenses, etc.,
et qu'une part des comptes de caisse devraient leur être attribués (voir F.
Reyrenn, L'imposition des entreprises à établissements multiples dans les
cantons suisses ; A. Julien, Genève 1932, pp. 120 et 121).
12s jdT 1967, p. 523; 1920, p. 333.
129 jdT 1916, p. 270.
130 Arrêt non publié du 31.5.1924, cité dans jdT 1937, p. 52.
131 JdT 1937, p. 52.
132 JdT 1967, p. 523 (siège statutaire et commercial dans un canton et
direction générale dans un autre).
133 Arrêt non publié du 30.4.1937 (Locher, §8,Il,B,2c, N° 10); ATF 52.I.238;
JdT 1925, p. 104 ; ATF 45.1.178 ; 40.1.197. Voir aussi jdT 1920, p. 186 (répar-
tition forfaitaire selon l'importance de chaque établissement).
222 FUSIONS INTERCANTONALES
134 ATF 58.l.l ; 52.1.238. Voir aussi les arrêts non publiés cités par Locher,
§8,Il,B,2d, N°• 1, 3 et 4.
135 ATF 52.1.238. Il ne suffit pas qu'il existe un lien plus ou moins étroit
entre la succursale et la filiale (ATF 58.1.l ).
136 Arrêt du 22.5.1926 (Locher, §8,ll,B,2d, N° 2).
137 jdT 1968, p. 615; ATF 64.1.253. Précédemment, le Tribunal fédéral avait
jugé que de tels fonds devaient être imposés là où ils «travaillent» : JdT 1924,
p. 593 ; ATF 41.1.77 (cet arrêt ne concerne pas une banque) ; ATF 10.436.
138 RDAF 1966, p. 284 (arrêt du 3.3.1965). Voir aussi ATF 61.1.190, concer-
nant l'attribution de prêts hypothécaires accordés par une succursale.
139 ATF 58.1.l ; 46.1.31 ; JdT 1916, p. 270; ATF 40.1.197. Voir aussi les
deux arrêts non publiés des 29.6.1942 et 2.6.1949 (Locher, §8,Il,B,4, N°• 2 et 4).
ENTREPRISES INTERCANTONALES 223
Exemple:
Société X
Le canton A, auquel a été attribué 1/5 des actifs, peut imposer 1/5
du capital et des réserves, soit 300 : 5 = 60, ou, selon l'autre méthode,
100 - (200 : 5) = 60. S'il tient compte des réserves cachées, il n'est pas
autorisé à les ajouter sans autre à sa part (60 + 50 = 110), car il ne
respecterait plus le principe de la déduction proportionnelle des dettes.
En revanche, il peut tenir compte des réserves cachées afférentes aux
actifs attribués au canton B, évalués selon la même méthode, et calculer
sa part de la manière suivante : 120 - (200 : 5) = 80.
2. Eléments du revenu.
144 Ce principe est rappelé dans une multitude d'arrêts. Voir, par exemple,
Archives 42, p. 346 (arrêt du 2.6.1971), jdT 1968, p. 308; 1946, p. 50; ATF
61.1.340; jdT 1930, p. 21 ; 1921, p. 177; ATF 42.I.130; 37.1.266, 273 et 355;
]dT 1912, p. 406; ATF 36.l.576; 23.I.500.
145 Cette règle trouve pourtant son exception en matière immobilière ; voir
ci-dessus, litt. C, ch. 2, litt. a, 2).
146 P. Petermann, La jurisprudence du Tribunal fédéral en matière de double
imposition d'entreprises industrielles ou commerciales, notamment de sociétés
d'assurances; RDAF 1949, pp. 149 et 205 (voir p. 155).
ENTREPRISES INTERCANTONALES 225
selon les règles mentionnées plus haut. Mais cette méthode serait rare-
ment équitable. Si, par exemple, une société ayant son siège et ses
moyens ed production dans un canton A (peut-être un canton rural où
les taux d'impôts sont bas) établit ses bureaux administratifs dans un
canton B (canton urbain ayant davantage de prestige et plus d'attrait
pour le personnel supérieur), ce dernier canton ne recevrait qu'une quote-
part négligeable des bénéfices.
Le Tribunal fédéral n'a pas adopté une méthode de répartition uni-
forme. Il s'estime tenu de choisir pour chaque entreprise, ou genre
d'entreprise, le système qui lui convient le mieux 147, même si ce souci
d'équité est, c'est inévitable, la source de complications nombreuses.
a) La méthode directe.
Cette méthode, consistant à se baser sur le solde des comptes de
pertes et profits des divers établissements, jouit de la primauté : elle
doit être utilisée chaque fois qu'elle est praticable 148. Elle exige natu-
rellement la présence de comptabilités séparées, mais d'autres conditions
doivent être remplies. En premier lieu, il importe que les établissements
(le plus souvent de véritables succursales) bénéficient d'une certaine
indépendance administrative et constituent une unité commerciale, ou
industrielle et commerciale, dont les résultats ne soient pas exagérément
influencés par l'activité du siège 149 • En second lieu, « la méthode directe
ne devra être suivie tout au plus que lorsque l'entreprise sera organisée
de telle sorte qu'on soit assuré qu'il ne se produit pas de déplacement
de bénéfices d'un établissement à un autre» 15o. Ces deux conditions
sont d'ailleurs liées car une succursale indépendante tiendra, généra-
lement, à ce que ses comptes fassent ressortir les mérites de sa gestion 151 •
La méthode globale directe ne doit naturellement pas être confondue
avec la méthode du cloisonnement 152 • Si l'une des succursales subit une
perte, celle-ci est répartie entre les autres établissements, au prorata
du bénéfice qu'ils ont réalisé. En revanche, la succursale en perte ne se
voit pas attribuer une partie du bénéfice, contrairement à ce qui aurait
153 jdT 1948, p. 178 ; arrêts non publiés des 14.7.1933, 30.9.1938 et 29.5.1947
(Locher, §8,11,C,4, N°' 5, 7 et 10).
154 ATF 49.1.33; voir aussi JdT 1946, p. 50.
155 Archives 42, p. 346 (arrêt du 2.6.1971); ATF 81.1.212; arrêt non publié
du 29.5.1947 (Locher, §8,Il,C,4, N° 10); ]dT 1946, p. 50; ATF 56.1.230; 49.I.33.
156 Ibid.
157 ATF 56.1.230.
ENTREPRISES INTERCANTONALES 227
e.iœrcices ayant précédé l'émission et en attribuant un préciput de 10 %
au siège central rns. Un autre problème consiste à déterminer dans quelle
mesure une succursale peut déduire les intérêts qu'elle verse au siège
sur ses avances, et dans quelle mesure un établissement est autorisé à
déduire les intérêts payés à un autre établissement lorsque ce dernier
lui a confié pour gestion et placement les fonds qu'il a recueillis. Ainsi
qu'on l'a noté plus haut, ,Je Tribunal fédéral a jugé qu'un quart des fonds
devait être attribué à la succursale qui les avait réunis : la déduction des
intérêts est par conséquent admissible dans la même proportion 159,
D'autre part, les intérêts versés au siège sur ses avances sont déductibles
dans la mesure où celles-ci constituent un véritable prêt et non un capital
de dotation 1ao.
La méthode directe, malgré la primauté de principe dont elle jouit, est
rarement utilisée pour des entreprises autres que des banques. Le Tri-
bunal fédéral l'a appliquée à une société qui produisait des produits
chimiques dans deux cantons et les vendait dans un troisième 161 , Il l'a
appliquée également à la répartition du bénéfice provenant d'une parti-
cipation à une société simple engagée dans des travaux de construction
routière 162. Il l'a, enfin, choisie pour une entreprise exploitant une école
dans deux cantons ; aucun préciput ne fut accordé au siège dont l'influ-
ence sur les résultats des succursales était jugée négligeable 163,
178 JdT 1924, p. 585; 1921, p, 177; 1920, p. 178; ATF 40.1.197; 36.I.ll ;
36.1.20.
179 ATF 51.l.395 (cet arrêt contient une explication détaillée justifiant le
taux choisi de 10 %). Voir aussi ATF 52.1.238 (capitalisation à 5 %), arrêt non
publié du 8.4.1927 (Locher, §8,II,C,2a, N° 4) ; ATF 36.l.l 1 (capitalisation à
4 %), et 36.1.20 (capitalisation à 4 %).
180 Voir JdT 1923, p. 404 (attribution de salaires de voyageurs de commerce)
et les arrêts non publiés des 15.7.1932 et 15.5.1936: Locher, §8,II,C,2c, N° 4
(attribution des traitements de la direction et de l'administration).
181 Arrêt non publié du 4.2.1946 (Locher, §8,Il,C,2c, N° 5).
182 Arrêt du 22.12.1937 (Locher, §8,ll,C,2a, N° 6: capitalisation à 10 %).
183 ATF 51.1.395 (capitalisation à 10 %). En revanche, le Tribunal fédéral
n'a pas admis de prendre en considération la force motrice utilisée par une
usine électrique, considérant que sa valeur se reflétait suffisamment dans celle
des installations nécessaires à la produire (arrêt non publié du 4.2.1946 ;
Locher, §8,ll,C,2c, N° 5).
184 RDAF 1964, p. 282 (arrêt du 28.11.l 962). Voir aussi l'arrêt non publié
du 20.9.1940 (Locher, §8,ll,C,6, N° 21). Le siège d'une holding mixte, notamment,
ne reçoit aucun préciput (ATF 58.1.1 ).
185 jdT 1921, p. 177 (activité du siège d'une banque).
186 Arrêt non publié du 4.2.1946 (Locher, §8,II,C,2c, N° 5) ; JdT 1921, p. 529
(attribution au siège d'un préciput de 25 %) ; JdT 1912, p. 406; ATF 31.1.77.
Voir aussi (répartition internationale) ATF 32.1.508 et jdT 1921, p. 279.
187 ATF 51.1.395 (préciput de 25 %).
188 JdT 1927, p. 254.
189 Arrêts non publiés des 31.5.1935 et 26.9.1929 (Locher, §8,Il,C,2a, N° 5).
230 FUSIONS INTERCANTONALES
201 jdT 1946, pp. 58 et 59. Cet arrêt est parfois cité à tort comme indiquant
les limites du droit de reprise en droit fiscal suisse. Or, il ne s'agit que des
redressements autorisés lors de la détermination des quotes-parts, et non pas
du bénéfice imposable. Voir aussi Archives 42, p. 346 (arrêt du 2.6.1971) ; ATF
93.l.415; l'arrêt non publié du 6.4.1955 (Locher, §8,11,C,la, N° 9); ATF 42.1.130.
208 Une provision pour ducroire, par exemple, doit être mise à la charge
de la succursale ou des succursales qui ont conclu des affaires risquées :
Archives 42, p. 346 (arrêt du 2.fl.1971).
200 jdT 1946, pp. 61 et 62. Voir aussi l'arrêt non publié du 11.7.1946 (Locher,
§8,11,C,lb, N• 7); ATF 56.l.231, et les arrêts cités dans la note 144, ci-dessus.
210 jdT 1946, p. 62, et arrêts cités.
211 Voir l'exemple (concernant des amortissements) figurant dans jdT 1929,
p. 139.
234 FUSIONS INTERCANTONALES
225 Arrêt Ruf: JdT 1937, p. 477; arrêt Koch: jdT 1940, p. 337; arrêt
Ganz : JdT 1940, p. 468.
22s Voir aussi JdT 1954, p. 22.
221 ]dT 1973, p. 3.
ENTREPRISES INTERCANTONALES 237
b) Gains en capitaux.
Le revenu d'un immeuble soumis à la souveraineté fiscale du canton
où il est situé comprend aussi le bénéfice en capital réalisé sur la vente
de cet immeuble, ou sur la cession d'un droit d'emption 23 6. Ce principe
est applicable sans égard au fait que le bénéfice d'aliénation est soumis
à l'impôt ordinaire sur le bénéfice ou à un impôt spécial 23 7 ; si l'impôt
238 Ibid.
239 JdT 1954, p. 118.
240 ATF 92.1.461 (extraits dans RDAF 1967, pp. 307 et ss.).
241 jdT 1958, p. 58.
242 Archives 33, p. 298 (arrêt du 18.12.1963).
243 ATF 92.1.461.
244 Ibid.
245 jdT 1968, p. 313.
246 Ibid.
247 ATF 88.1.337.
248 RDAF 1967, p. 303 (arrêt du 9.11.1966).
249 jdT 1967, p. 315.
250 RDAF 1967, p. 303 (arrêt du 9.11.1966) ; Archives 36, pp. 65 et 66
(arrêt du 27.4.1966).
ENTREPR !SES INTERCANTONALES 239
selon la loi du canton 26s, pour déterminer le taux de l'impôt 269. Quant
à ce dernier, le fait qu'il soit plus ou moins élevé ne peut donner lieu à
un cas de double imposition 270.
Section Ill.
A. GÉNÉRALITÉS.
B. PROBLÈMES DE RÉPARTITION.
1. Fusion et scission.
274 Les biens immobiliers servant à l'exploitation d'une entreprise sont soumis
aux règles ordinaires de répartition, et non à l'imposition exclusive du canton
de situation (voir, par exemple, arrêt du 9.12.1969; RDAF 1971, p. 350).
CONDITIONS D'UN RÉGIME COMMUN 245
reprenante, jouent un rôle équivalent en cas de pseudo-fusion ou d'apport
partiel. Ces opérations, cependant, entraînent en principe la création
d'une situation de double imposition qui peut, le cas échéant, assurer
au canton de la société reprise une garantie supplémentaire. Son exis-
tence dépend, d'une part, on l'a noté déjà, des règles applicables à
la comptabilisation des titres de la société reprenante, et, d'autre part,
du régime fiscal accordé à la société apporteuse. Si celle-ci devient -
notamment à la suite d'une pseudo-fusion - une holding pure, dont les
bénéfices (tant les dividendes que les gains en capital) sont exonérés
de tout impôt, il n'y a alors aucune double imposition et la situation
du canton de siège est effectivement la même qu'en cas de fusion. Si
la société reprise ne jouit pas d'un privilège holding, ou si ce privilège
est restreint aux dividendes, le canton de siège obtient une garantie
supplémentaire (indirecte) à l'imposition ultérieure des plus-values du
patrimoine apporté, dans la mesure où les titres reçus en échange de
ce patrimoine sont comptabilisés à la même valeur que l'était l'apport
lui-même. En matière de revenus d'exploitation, la garantie supplé-
mentaire (indirecte elle aussi) que pourrait constituer l'imposition des
dividendes encaissés par la société apporteuse est évidement aléatoire
(la société reprenante n'est nullement obligée de déclarer des dividendes)
et exceptionnelle (les dividendes bénéficiant le plus souvent d'un privilège
fiscal).
3. Conclusions.
1. Régimes possibles.
a) Sursis inconditionnel.
Le premier système, de loin le plus simple, et à notre avis le seul
eonforme à la CF, consiste à accorder une exonération complète aux
plus-values de la société reprise, pour autant que le patrimoine apporté
soit repris à sa valeur comptable par la société reprenante, et pour
autant, aussi, que les concentrations cantonales bénéficient du même
régime.
Si nous avons, en principe, écarté cette solution, c'est qu'elle nous
paraît peu réaliste et difficilement susceptible d'être admise par les
cantons, tant que le problème constitutionnel demeurera irrésolu. Mais,
peut-être, sommes-nous trop pessimiste, puisque, sauf erreur d'inter-
CONDITIONS D'UN RÉGIME COMMUN 247
2. Projet d'accord.
PROJET
Article 1
Article 2
Article 3
Article 5
B. CONCENTRATION D'ENTREPRISES.
1. Ouvrages et thèses.
2. Articles et rapports.
I.
1. APPENZELL RHODES EXT. (Oesetz über die direkten Steuern für den Kanton
Appenzell A. Rh. vom 27. April 1958)
Art. 8, al. 5 : übertrligt eine juristische Person Aktiven und Passiven auf
eine andere, so sind die von ihr geschuldeten Steuern von der übernehmenden
juristischen Person zu entrichten ....
Art. 14, al. 2 : ... übertrligt eine juristische Person Aktiven und Passiven auf
eine andere, so sind die von ihr geschuldeten Steuern von der übernehmen-
den juristischen Person zu entrichten.
Art. 66, al. 2 : Bei den juristischen Personen gilt ausser der Liquidation
oder Fusion einer Oesellschaft auch der Wegzug aus dem Kanton ais
Beendigung des Steuerpflichts. Die Berechnung der jahressteuer von den
ausserordentlichen Einkünften ist nach dem Einkommenssteuertarif für
natürliche Personen vorzunehmen.
Art. 7, al. 3 : Bei der Fusion von Oesellschaften hat die übernehmende
Oesellschaft die von der übernommenen, bis zum Zeitpunkt der Obernahme
von Aktiven und Passiven geschuldeten Steuern zu entrichten.
Art. 12: Sofern sich die Beteiligungsverhliltnisse bloss unwesentlich lindern
und keine buchmlissige Aufwertung stattfindet, konnen die bisherigen
Ertragssteuerwerte übernommen werden bei
18
264 ANNEXES
5. BALE-VILLE (Gesetz über die direkten Steuern vom 22. Dezember 1949)
Art. 5: Nach dem Tode eines Steuerpflichtigen haben die Erben die Steuer-
erkliirungen und die schon geschuldeten oder noch festzusetzenden Steuern
vor der Verteilung des Nachlasses zu bezahlen.
Die entsprechende Pflicht trifft die Gesamtrechtsnachfolger einer juristi-
schen Persan.
6. BERNE (Gesetz über die direkten Staats- und Gemeindesteuern vom 29. Ok-
tober 1944)
Art. 17, al. 4 : Obertragt eine juristische Persan Aktiven und Passiven auf
eine andere juristische Persan, so hat diese die von der übernommenen
Gesellschaft für die früheren Steuerjahre geschuldeten Steuern sowie die
Steuern für die ganze laufende Veranlagungsperiode zu entrichten.
Art. 42bis, al. 2 : Obernimmt eine bestehende oder eine zu diesem Zwecke
gegründete Gesellschaft (OR Art. 748, 749 und 750) wiihrend der Veran-
lagungsperiode siimtliche Aktiven und Passiven einer oder mehrerer anderer
ANNEXES 265
8. LUCERNE (Gesetz über die direkten Staats- und Gemeindesteuern vom 27. Mai
1946)
Art. 18, al. 3 : übertriigt eine juristische Persan Aktiven und Passiven auf
eine andere juristische Persan, so sind die von ihr für die laufende
Veranlagungsperiode geschuldeten Steuern von der übernehmenden juristi-
schen Persan zu entrichten. Die Organe der aufgelOsten juristische Persan
haften daneben solidarisch.
Art. 55, al. 3 : Schliessen sich Unternehmen zusammen, ohne dass dabei
an einzelne lnhaber von Beteiligungsrechten eine Ausschüttung, eine
Verschiebung der anteilsmiissigen Beteiligungsrechte oder eine buchmiissige
Aufwertung erfolgt, so unterbleibt eine Besteuerung des Liquidations-
gewinnes. Das gleiche gilt, wenn die vorstehenden Voraussetzungen sinn-
gemiiss gegeben sind, auch bei der Umwandlung und Teilung von Unter-
nehmen. Die Besteuerung gemiiss §19 Abs. 1 Ziff. 7 bei giinzlicher
Verlegung eines Geschiiftes oder von Teilen desselben in einen andern
Kanton bleibt vorbehalten.
13. SCHAFFHOUSE (Oesetz über die direkten Steuern vom 17. Dezember 1956)
Art. 15: Obertragt eine juristische Persan Aktiven und Passiven auf eine
andere juristische Person, so sind die von ihr für die laufende Veranlagungs-
periode geschuldeten Steuern von der übernehmenden juristischen Person
zu entrichten.
14. SOLEURE (Oesetz über die direkte Staats- und Oemeindesteuern vorn
29. Januar 1961)
Art. 23, al. 2 : Obertragt eine juristische Person Aktiven und Passiven auf
eine andere, so sind die von ihr geschuldeten Steuern von der übernehmenden
juristischen Person zu entrichten ....
Art. 36 : Keine Besteuerung tritt ein bei
15. URI (Steuergesetz des Kantons Uri vom 16. Mai 1965)
Art. 8, al. 3 : übertriigt eine juristische Person Aktiven und Passiven auf
eine andere juristische Person, so sind die von ihr für die laufende Steuer-
periode geschuldeten Steuern von der ilbernehmenden Person zu entrichten.
17. VAUD (Loi sur les impôts directs cantonaux du 26 novembre 1956)
Art. 61, al. 3: (Voir Annexe Ill.)
Il.
1. IMPOSITION.
2. BALE-VILLE (Gesetz über die direkten Steuern vom 22. Dezember 1949)
Art. 73, al. 2 : Zum steuerbarem Reinertrag gehüren :
2 ....
c) gli aumenti dei fondi di reserva o fondi speciali, compresi gli
importi provenienti dai premi di emissione di nuove azioni in caso di
aumento del capitale.
II. EXONÉRATION.
4. SCHAFFHOUSE (Oesetz über die direkten Steuern vom 17. Dezember 1956)
Art. 44, al. 2 : Kein steuerbarer Ertrag entsteht durch Kapitaleinlagen von
Anteilsinhabern und Mitgliedern einschliesslich Agio.
III.
PRINCIPALES DISPOSITIONS DES LOIS CANTONALES CONCERNANT
LE TRAITEMENT FISCAL DES TRANSFERTS DE SIEGE
(PERSONNES MORALES)
2. APPENZELL RHODES EXT. (Oesetz über die direkten Steuern für den Kanton
Appenzell A. Rh. vom 27. April 1958)
Art. 20, al. 2: Bei Unternehmen, die nach Obligationrecht buchführungs-
pflichtig sind, gehüren zu den Betriebseinkünften auch die Kapitalgewinne
aus verbuchten Wertvermehrungen und aus Veriiusserungen von Sachen
und Rechten, sowie die Liquidationsgewinne bei Aufgabe oder Veriiusserung
eines Betriebes ....
ANNEXES 271
Art. 50, al. 2 : Endet die Steuerpflicht durch Verlegung des Sitzes oder
Ortes der tatsiichlichen Verwaltung sowie durch Aufhebung oder Verlegung
einer Betriebsstatte in einen anderen Kanton oder ins Ausland, so unterliegen
die aus nicht versteuertem Ertrag gebildeten offenen und stillen Reserven
ebenfalls einer vollen jahressteuer.
12. SCHAFFHOUSE (Gesetz über die direkten Steuern vom 17. Dezember 1956)
Art. 11 : Die Steuerpflicht juristischer Personen ... endet mit ... der Ver-
legung des Sitzes oder der Verwaltung ausserhalb des Kantons oder der
Aufgabe der im Kanton steuerbaren Werte.
Art. 18bis : Der Verausserung von Vermogensstücken gleichgestellt ist ...
die Verlegung eines Betriebes oder einer Betriebstatte in einen andern
Kanton oder in das Ausland.
Art. 44, al. 3: Art. 18bis ... werden sinngemass angewendet.
Art. 117, al. 2 : Hart die Steuerpflicht auf .. ., so ist neben der Steuer vom
übrigen Einkommen bzw. Ertrag auf folgenden, in der Bemessungs- und
in der Veranlagungsperiode erzielten Einkünften eine voile Jahressteuer
zu entrichten :
a) auf Liquidationsgewinnen bei teilweiser oder ganzlicher Aufgabe oder
Verausserung eines Geschaftsbetriebes.
274 ANNEXES
14. TESSIN (Legge tributaria dell'l 1 aprile 1950 e successive modificazioni sino
al 24 marzo 1966)
Art. 66, al. 2 : L'imposta sui benefici di liquidazione è dovuta anche quando
la persona giuridica, pur senza sciogliersi o mutar secte, compie operazioni
che hanno corne conseguenza la scomparsa di tutti gli elementi imponibile
per i quali era finora tassata ne! Cantone.
15. THURGOVIE (Oesetz über die Staats- und Gemeindesteuern vom 9. Juli 1964)
Art. 7, al. 2 : Die Steuerpflicht der juristischen Personen ... endet mit ... der
Verlegung des Sitzes oder der Verwaltung ausserhalb des Kantons oder
der Aufgabe der im Kanton steuerbaren Werte.
Art. 68, al. 2 : Bei Beendigung der Steuerpflicht ... ist für ausserordentliche
Einkünfte, wie Kapitalabfindungen, Liquidationsgewinne, Lotteriegewinne
und verbuchte Wertvermehrungen, welche in der Steuerjahr oder in die
Bemessungsperiode fallen, eine voile Jahressteuer zu dem für dieses Ein-
kommen oder diesen Ertrag allein massgebenden Satze zu entrichten.
(Vollziehungsverordnung zum Oesetz über die Staats- und Oemeindesteuern
vom 2. Dezember 1970)
Art. 48, al. 1 : Ein Liquidationsgewinn im Sinne von Art. 68 Abs. 2 des
Steuergesetzes entsteht nicht nur bei der zivilrechtlichen Liquidation,
sondern auch bei der Aufgabe eines Oeschiiftsbetriebes im Kanton infolge
Geschaftsverlegung ausserhalb des Kantons oder bei der Aufhebung einer
Betriebsstatte im Kanton.
al. 2 : In diesen Fiillen gelten ais Liquidationsgewinn aile stille Reserven
im Zeitpunkt der Beendigung der Steuerpflicht im Kanton ...
16. URI (Steuergesetz des Kantons Uri vom 16. Mai 1965)
ANNEXES 275
Art. 21 : Ais Einkommen gelten die gesamten Einkünfte an Oeld oder
Geldwert ... insbesondere
17. VAUD (Loi sur les impôts directs cantonaux du 26 novembre 1956)
Art. 61, al. 3 : Les sociétés qui sont dissoutes, ainsi que celles qui trans-
fèrent leur siège hors du canton ou qui cessent d'y avoir des éléments impo-
sables, paient, lors de la cessation de l'assujettissement ... un impôt annuel
unique sur les bénéfices en capital et les augmentations de valeur réalisées
pendant la période de calcul et la période de taxation.
18. ZüRICH (Gesetz über die direkten Steuern vom 8. juli 1951)
Art. 13, al. 2: Die Steuerpflicht juristischer Personen ... endet mit ... der
Verlegung des Sitzes ausserhalb des I<antons oder der Aufgabe der im
Kanton steuerbaren Werte.
Art. 58, al. 1 : Werden im Steuerjahr, in dem die Steuerpflicht endigt, ausser-
ordentliche Einkünfte wie Kapitalabfindungen, Liquidations- oder Lotterie-
gewinne erzielt, so werden sie dem in diesem Steuerjahr steuerbaren Ein-
kommen oder Ertrag zugerechnet ; ausgenommen sind die Kapitalabfin-
dungen und Liquidationsgewinne, die gesondert vom übrigen Einkommen
besteuert werden.
IV.
DEFINITIONS DE L'ETABLISSEMENT ST ABLE
CONTENUES DANS LES LOIS CANTONALES
e) ... ais Betriebstiitte gilt jede feste Einrichtung, in der ein wesentlicher
Teil einer Erwerbstiitigkeit ausgeübt wird.
11. URI (Steuergesetz des Kantons Uri vom 16. Mai 1965)
Art. 21, al. 2: Ais geschaftlicher Betrieb im Sinne dieses Gesetzes gilt
jede selbstiindige, auf Gewinnerziehung gerichtete Erwerbstiitigkeit, aus-
genommen die landwirtschaftliche.
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. .. . . .. .. .. 1
PREMIÈRE PARTIE :
B. Le régime du sursis 82
1. Au niveau de la société reprise 82
2. Au niveau de la société reprenante 82
3. Le cas des sociétés mères et filiales 83
4. Au niveau des actionnaires . . . . . . 84
DEUXIÈME PARTIE :
SOLUTIONS E:TRANOÈRES
TROISIÈME PARTIE :
LE SYSTÈME SUISSE
CONCLUSION .. 253
BIBLIOGRAPHIE 259
ANNEXES . . . . 263
I. Dispositions des lois cantonales concernant les concentra-
tions de sociétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
II. Dispositions des lois cantonales concernant l'imposition ou
l'exonération de l'agio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268
III. Principales dispositions des lois cantonales concernant le
traitement fiscal des transferts de siège (personnes morales) 270
IV. Définitions de l'établissement stable contenues dans les lois
cantonales . . . . . . 275
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Ml!MOIRES PUBLŒS PAR LA FACULTI! DE DROIT DE OENE:VE
Hors série.
Recueil de travaux publié à l'occasion de 1' Assemblée de la Société
Suisse des Juristes, à Genève, du 4 au 6 septembre 1938. 1938, 364 pages.
Fr. 20,-
Recueil d'études de droit international en hommage à Paul Guggenheim.
1968, relié toile, 928 pages. Fr. 100,-.