N° 24

JANVIER
2023

CERCLE APS
Autonomie • Survie • Résilience

DOSSIER DU MOIS
Préparer son équipement pour une expédition hivernale

Vers l’abondance Optimiser sa préparation La rencontre

au potager physique et mentale inspirante du mois
La serre : Contrer les excès des fêtes Irfaan Burahee,
l’atout non négligeable avec le jeûne intermittent l’agriculteur urbain

ISSN : 2813-0863 (Print) – 2673-7949 (Web)

ÉDITO
Nous sommes le 10 décembre, j’écris cet édito confortablement
installé dans ma BAD, le poêle ronronne à côté de moi et par la
fenêtre, je vois une fine pluie tomber sur les montagnes suisses.
Mais ce paysage tranquille est anormal, inquiétant même, à cette
époque le sol devrait être recouvert d’une épaisse couche de
neige depuis plusieurs semaines.
Après la sécheresse exceptionnelle de cet été qui a brûlé les sols
et forcé certains de mes voisins paysans à conduire une partie de
leurs bêtes à l’abattoir, tous nos repères sont bouleversés.
Pour nous, bien sûr, mais pour les animaux et davantage encore
pour les plantes dont les cycles que l’on pensait immuables sont
brisés par ces températures élevées.
Le climat change et il change vite. C’est dans les environnements
aux climats plus extrêmes comme en montagne que les effets
sont le plus visibles.
S’il faut évidemment prendre des mesures pour limiter ce chan-
gement, il est également vital de se préparer individuellement
aux conséquences de ce changement.
Antoine

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4 14 18 24
Préparer Le pissenlit La serre Démarrer un feu
une expédition On l’appelle aussi Valentin t’explique Sylvestre t’explique
hivernale dent-de-lion par pourquoi installer une comment trouver du pe-
Comment remplir allusion aux feuilles serre sur ton potager, tit bois sec, construire un
son sac à dos pour profondément dentées, comment choisir son foyer et dans quel ordre
une randonnée de le pissenlit est si emplacement, son maté- enflammer tes maté-
plusieurs jours en plein commun dans nos riau et pour quels usages riaux pour être sûr de
hiver ? Quand on se régions qu’on le l’utiliser. Il va t’éviter un faire partir un feu, même
prépare à affronter le consomme à toutes certain nombre d’erreurs en conditions humides.
froid et la neige, l’équi- les saisons, des feuilles et t’aider à booster ta
pement devient pri- aux racines. production !
mordial, ce n’est pas
tant une question de
confort que de sécurité !

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10 astuces Jeûne intermittent Les chaussettes Interview
de bricolage Après les excès des étanches Irfaan Burahee s’inves-
Découvre 10 astuces de fêtes, c’est le moment Ça parait impossible tit depuis plusieurs an-
bricolage qui rendent de s’essayer au jeûne in- sur le papier et pour- nées dans l’agriculture
la vie à l’atelier plus termittent ! Franck Ro- tant, Gaëtan a testé des en milieu urbain. Il a dé-
simple et t’éviteront de pers t’explique les prin- chaussettes étanches veloppé au pied de son
perdre du temps et de cipes à respecter pour conçues à l’origine pour immeuble un micro-po-
l’argent. bénéficier de ses bien- les trailers. Il lève le tager si productif qu’à
faits sur la santé phy- voile sur le mystère l’été, il prend des allures
sique et mentale. de cet équipement de forêt tropicale.
innovant.

Le 15 juin 2021, avec mon conjoint
Arnaud, nous avons quitté Paris
pour rejoindre Istanbul à pied. Ce
projet dantesque nous a ame-
Dossier du mois
né à randonner et bivouaquer
en pleine nature et par tous les
temps, durant 4 saisons. Partis
avec 8 kg chacun sur le dos, nous
avons fait évoluer notre équipe-
ment au fil des mois pour nous
adapter aux conditions météo.
Au cœur de l’hiver, nous étions en
Serbie puis en Bulgarie. Les tem-
pératures avoisinaient quotidien-
nement les - 10° la nuit et la neige
était partout sur les bords du Da-
nube comme en moyenne mon-
tagne. Autant dire que dans de
telles conditions, il faut pouvoir
compter sur son équipement.
Alors dans cet article, nous allons
vous expliquer notre stratégie
pour vivre dehors dans ce genre
de conditions. Nous vous don-
nons également en fin d’article
quelques conseils pour réussir
vos expéditions hivernales.
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DOSSIER DU MOIS
AFFRONTER L’HIVER
EN ITINÉRANCE
UN ÉQUIPEMENT À CHOISIR
EN FONCTION DE L’AVENTURE
ET DE L’AVENTURIER
Prendre en compte
vos capacités
physiques
Nous vous recommandons de
calibrer votre projet en fonction
de vos capacités physiques et
de l’ampleur de votre aventure.
Projet et équipement doivent
être pensés conjointement. Cela
concerne tant le nombre de ki-
lomètres à parcourir ou le déni-
velé à gravir chaque jour que le
poids de l’équipement à porter.
Cette prise en compte de votre
corps n’exclut en aucun cas le défi
physique. Il s’agit surtout d’évi-
ter les blessures. En randonnée,
on considère qu’un sac idéal fait
20 % de votre poids maximum.
Au-delà, vous risquez la blessure.
Prenons notre exemple. Sur notre
chemin, de France jusqu’en Tur-
quie, la traversée des alpes nous
tenait à cœur. Conscients du
challenge que cette étape repré-
sentait pour nous, nous avons
fait en sorte de la réaliser dans les
meilleures conditions possibles.
C’est-à-dire, en été, avec un sac
léger. Nous avons ainsi limité la
quantité d’équipement à empor-
ter : pas de raquettes ni de pelle,
un sac de couchage moins chaud,
etc. En hiver, nous sommes res-
tés en plaine et avons augmen-
té la fréquence de nos points de
ravitaillement, ce qui diminue
considérablement le poids du
sac. C’est d’abord comme ça que
nous avons conçu notre itiné-
raire. Cela ne veut pas dire que la
haute montagne est inaccessible
en hiver, mais s’y aventurer né-
cessite, en plus d’un équipement
adapté, une préparation physique
et du temps.
Définir le degré
d’autonomie
de votre aventure
Aller à la découverte d’espaces
désertiques, faire sa trace dans la
neige à côté de celle des loups, cela
fait rêver. Mais voyager en totale
autonomie c’est voyager lourd.
Pour notre part, nous avons fait
en sorte de ne pas dépasser 5 jours
sans ravitaillement en été et 3 en
hiver. C’est un choix fait en fonc-
tion de notre condition physique
et du poids de base de l’équipe-
ment que nous portions.
Si vous partez pour une aventure
courte, en totale autonomie vous
Ne pas confondre ce qui relève du confort
et ce qui est nécessaire à votre sécurité
Le dernier point qui peut in-
fluencer grandement le poids
de votre sac est le confort. Pou-
vez-vous dormir sur un léger ta-
pis en mousse ou vous faut-il
un matelas gonflable ? Des cla-
quettes pour le soir sont-elles
nécessaires ? Ce sont des
questions qu’on se pose lors-
qu’il fait chaud. En hiver, on ne
parle plus de confort, mais de
sécurité. Si votre équipement
est insuffisant, vous risquez de
vous épuiser, de développer
aurez la possibilité de réduire le
poids de votre nourriture grâce
à des aliments lyophilisés. Dans
le cas de notre traversée de l’Eu-
rope, cela n’était pas possible de
trouver des rations d’aliments
lyophilisés en vente. Nos ravi-
des engelures, des gelures ou
même de faire une hypothermie.
Faites une entière confiance à
vos sensations, n’acceptez pas
d’avoir froid !
Quel équipement choisir pour
ne pas avoir froid ? Comment
gérer son activité physique et
son métabolisme pour ne pas
se refroidir ? C’est ce que nous
vous expliquons dans la suite de
cet article.
taillements se faisaient dans des
Affronter l’hiver en itinérance
épiceries de village où nous ne
pouvions jamais anticiper ce que
nous allions trouver.
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Dossier du mois
LE CHOIX DE VOTRE ÉQUIPEMENT
Votre équipement doit assurer
quatre principales fonctions :
• Vous habiller et vous protéger
des intempéries ;
• Vous abriter pour la nuit ;
• Vous nourrir et vous hydrater ;
• Vous laver et vous soigner.
S’habiller
Les vêtements
C’est souvent sur ce poste que l’on
alourdit inutilement son sac. La
clef pour emporter juste les vê-
tements dont vous avez besoin
est de raisonner par couches, et
d’associer chaque couche à une
fonction.
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Votre couche de base doit
vous permettre de réguler la
transpiration. C’est le t-shirt
que vous portez en permanence
et que vous serez amené à laver.
Viennent ensuite la ou les couches
isolantes. Leur nature dépend des
conditions météo auxquelles vous
allez vous confronter. Lorsqu’on
bivouaque, il est souvent utile
d’avoir deux couches isolantes.
Une première que l’on porte pen-
dant l’activité et une seconde que
l’on enfile par-dessus lorsqu’on
s’arrête. Enfin vient la couche im-
perméable.
Une donnée importante à avoir
en tête au moment de choisir la
quantité de vêtements que vous
emportez est la fréquence à la-
quelle vous pourrez les laver.
Nous avons randonné et bivoua-
qué en Serbie et en Bulgarie par
-10°. Dans ces conditions, il est
inimaginable de faire une les-
sive. Nous avons dû régulière-
ment faire appel à l’hospitali-
té des habitants ou prendre des
chambres d’hôtel pour des be-
soins d’hygiène. En moyenne,
nous avons fait en sorte de
prendre une douche et de faire
une lessive une fois par semaine.
Cela signifie-t-il que nous avions
7 changes ? Non, nous en avions
trois. 2 t-shirts de jour que nous
portions donc deux à trois jours
d’affilée et un t-shirt de nuit. Un
de nos critères au moment de
choisir ces vêtements qui allaient
nous accompagner quotidienne-
ment tout l’hiver était donc leur
propension à sentir mauvais.
La première couche :
Pour votre couche de base, en hi-
ver, nous vous conseillons la laine
de mérinos. Elle présente l’avan-
tage de bien réguler l’humidi-
té et la température et de limiter
les odeurs. Vous serez peu gênés
par votre transpiration et n’aurez
pas besoin de laver votre t-shirt
quotidiennement. En fonction du
grammage du tissu, le vêtement
sera plus ou moins isolant. Pour
notre part, nous portions en per-
manence un t-shirt 190 g/m² et, en
journée, un pull 240 g/m2. Au ni-
veau des jambes nous avions un
collant 190 g/m2 le jour et un col-
lant 240 g/m2 la nuit. Qu’en est-
il du pull dit « polaire » ? Nous
l’utilisons en été et en automne,
son tissu est moins respirant et
plus odorant que la laine. À vo-
lume égal, la polaire va être plus
légère, mais moins chaude. C’est
pourquoi, au cœur de l’hiver, nous
l’avons abandonnée.
La deuxième couche :
Passons à la couche isolante. Ici
nous vous conseillons la dou-
doune. Le duvet est en effet le
matériau qui a le meilleur rapport
poids/isolation avec tout en haut
du podium le duvet d’oie, suivi
par le duvet de canard et enfin
les duvets synthétiques. C’est l’air
renfermé entre les petits poils des
plumes qui isolent. Ainsi, pour
connaître l’isolation apportée par
une doudoune, il faut s’intéres-
ser à la quantité de duvet qu’elle
contient et au pouvoir gonflant
de ce duvet. Le pouvoir gonflant,
mesuré en CUIN, se situe entre
400 et 800. Pour notre part nous
avons choisi d’emporter deux
doudounes. Une première, légère,
que nous portions en activité par
temps très froid et une seconde
plus chaude que nous mettions
au-dessus de la première lorsque
nous nous arrêtions. Au total
nous avions sur nous 240 g de
duvet avec un pouvoir gonflant
moyen de 700 CUIN. Attention,
ne remplacez pas votre pull en
mérinos ou votre polaire, qui
vous servent de couche de base,
par une doudoune plus chaude.
Votre transpiration risquerait de
mouiller le duvet et de réduire
l’isolation qu’il vous apporte.
Pour les jambes pas de couche
isolante, en revanche nous met-
tons au-dessus de notre collant
un pantalon léger, dont la seule
fonction est de couper le vent.
La troisième couche :
La dernière couche est la couche
imperméable ou « hardshell ».
L’imperméabilité d’un vêtement
est assurée par une membrane
qui doit vous protéger de la pluie
tout en laissant s’échapper l’hu-
midité créée par votre corps.
L’imperméabilité se mesure en
millimètre de colonne d’eau, ou
Schmerber. On considère qu’un
tissu est parfaitement imper-
méable à partir de 20 000 mm
Schmerber. La respirabilité se
mesure en RET ou MVTR. Le pre-
mier est un indice de résistance
à la transmission de la vapeur
d’eau, sans unité, tandis que le
second est un taux de transmis-
sion, exprimé en g/m2/24 h. Cela
signifie qu’un tissu respirant aura
un RET faible et un MVTR élevé.
Pour une veste de pluie respi-
rante, on se situe autour de 7 RET
ou 20 000 MVTR. Attention, ces
indices mesurent les caractéris-
tiques du tissu, pas celles du vê-
tement. Ces dernières vont beau-
coup dépendre de ses finitions
(coutures, fermeture éclair, etc.).
Dans un vêtement, la membrane
est assemblée avec une ou deux
couches protectrices. La plus ré-
Affronter l’hiver en itinérance
pandue des membranes imper-
méables est le GoreTex. Ce qu’on
appelle une composition « 3
couches », c’est cette membrane
enfermée entre deux tissus. Dans
un tissu dit « 2.5 couches », la
membrane est couverte par un
tissu côté extérieur, et par une fine
pellicule imprimée côté intérieur.
L’avantage du tissu 3 couches
est sa robustesse, celui du « 2.5
couches »sa légèreté et sa respi-
rabilité. Lequel choisir ? On vous
conseille le « 2.5 couches » pour des
sur-moufles ou un pantalon de
pluie. Pour une veste, que vous al-
lez porter quotidiennement, avec
un sac lourd sur le dos, un tissu 3
couches est nécessaire.
Les chaussures
Dans le rayon chaussure on
trouve des tiges basses, d’autres
montantes, du tissu avec
membrane imperméable, du cuir,
des chaussures 1, 2, 3 ou 4 sai-
sons… comment s’y retrouver ?
Cela va beaucoup dépendre des
conditions dans lesquelles vous
7
 allez marcher. Les chaussures
vendues comme des chaussures
d’hiver ou 4 saisons sont faites
pour la randonnée en haute mon-
tagne en hiver. Elles apportent
une meilleure isolation et la
membrane imperméable entoure
la totalité du pied de manière à li-
miter les failles qu’il peut y avoir
au niveau des coutures. L’incon-
vénient de ces chaussures est leur
poids et leur rigidité. Pour notre
part, nous avons choisi des chaus-
sures dites 3 saisons, dont nous
avons complété l’isolation avec
des chaussettes en laine épaisses.
Pourquoi le poids d’une chaus-
sure est-il important ? C’est
votre jambe qui porte la chaus-
sure et la soulève à chaque pas.
Lorsqu’on ajoute des guêtres,
Dossier du mois
des crampons ou carrément
des raquettes, on peut monter à
3 kg par pied. À vous de voir si
vos genoux en sont capables. Si
comme nous vous optez pour
des chaussures mi-saison, ne
faites surtout pas l’économie
de la membrane GoreTex ! En
dessous de 0° vos chaussures
ne sèchent pas, elles gèlent. Il
faut donc éviter au maximum que
de l’eau y pénètre.
Au moment d’acheter des chaus-
sures de randonnée, n’hésitez pas
à prendre une taille supérieure à
ce que vous auriez pris pour des
chaussures de ville. L’ensemble
du pied doit pouvoir prendre ap-
pui confortablement et tous les
muscles doivent pouvoir être sol-
licités. Vous devez sentir vos or-
teils s’étaler confortablement à
l’avant dans la chaussure lorsque
vous vous mettez sur la pointe
des pieds. En hiver, il faut aussi
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penser à la place que prennent les
chaussettes et d’éventuelles se-
melles isolantes.
Enfin, en hiver, vous aurez sû-
rement besoin d’accessoiriser
vos chaussures avec des guêtres,
des crampons ou même des ra-
quettes. Les guêtres permettent
d’assurer une jonction imper-
méable entre votre pantalon
de pluie et vos chaussures et
éviter que de la neige se glisse
dans vos chaussures au niveau de
vos chevilles. Les crampons vous
aideront à avancer sur un terrain
enneigé ou gelé. Il existe deux
types de crampons. Des cram-
pons souples, qui s’enfilent au-
tour de la chaussure et des cram-
pons rigides qui se clipsent sur
la chaussure. Les premiers sont
amplement suffisants pour la
randonnée, les seconds sont in-
dispensables si vous pratiquez
l’alpinisme sur glacier. Si vous
avez affaire à de la poudreuse, sur
une hauteur supérieure à 30 cm,
des raquettes deviendront néces-
saires. En effet, les crampons
permettent de s’accrocher à la
neige, les raquettes vous em-
pêchent de vous enfoncer.
Garder vos extrémités
chaudes
En hiver, bonnets, gants et chaus-
settes sont tout sauf des acces-
soires. Ne négligez pas la perte
de chaleur qui se fait par vos ex-
trémités !
Pour les gants vous allez faire face
à deux besoins, garder vos mains
au chaud et rester agile. Pour ré-
pondre à ces deux besoins anti-
nomiques, nous n’avons pas trou-
vé de meilleure solution que de
multiplier les paires. Il vous faut
des moufles chaudes et imper-
méables, que vous portez la plu-
part du temps. Dans les moufles
les doigts se réchauffent entre
eux par contact. En cas de pluie
vous pouvez les doubler par des
sur-moufles imperméables.
Quand vous avez besoin d’être
agiles, prenez des gants fins, ils
seront insuffisants par rapport
à la température ambiante mais
vous protègeront tout de même.
Passons à la tête, de jour comme
de nuit, elle sera au chaud dans
votre bonnet mais celui-ci n’est
pas toujours suffisant. Emportez
également un tour de cou et une
cagoule. Le tour de cou, plus lé-
ger qu’une écharpe et tout aus-
si efficace, protègera votre gorge,
et la cagoule, assurera la jonction
entre celui-ci et le bonnet.
Enfin nous avons évoqué l’impor-
tance des chaussettes et des se-
melles. Nous vous conseillons vi-
vement de choisir des chaussettes
en laine. La laine régule l’humidi-
té, elle reste relativement isolante
lorsqu’elle est humide et limite
vos chances d’avoir des am-
poules. Les semelles ne sont pas
toujours nécessaires, cela dépend
de vos chaussures et de votre sen-
sibilité. Si vous attrapez froid
par le dessous des pieds, on vous
conseille de vous procurer des se-
melles en feutre doublées d’une
feuille d’aluminium. N’ayant pas
trouvé mon bonheur en Serbie,
j’ai découpé un paquet de chips
avec une face aluminium pour
le placer entre ma semelle et le
fond de ma chaussure.

Dormir au chaud
Pour vous isoler du froid la nuit
vous avez plusieurs ressorts, en
hiver, dans la neige, on les active
tous. Tente, matelas, duvet, cha-
cun a son rôle.
La tente
Premier critère important, la
constitution de votre tente. Il
existe différentes catégories de
tentes, elles ne sont pas toutes
adaptées aux mêmes condi-
tions météos. Une tente 2 sai-
sons convient de la fin du prin-
temps au début de l’automne. Une
tente 3 saisons vous protège du
vent mais supporte mal les tem-
pératures négatives et les chutes
de neige abondantes. Une tente 4
saisons est faite pour s’adapter à
toutes les conditions météorolo-
giques.
Dans une tente 4 saisons :
• La toile extérieure vous protège
du vent et résiste au gel ;
• La structure permet de sup-
porter des chutes de neige sans
rompre ;
• La toile intérieure vous isole en
réfléchissant votre chaleur.
La température ressentie à l’in-
térieur d’une tente 4 saisons peut
se situer 3 degrés au-dessus de la
température extérieure. Ne pen-
sez pas qu’un bon duvet suffit, la
température dans la tente est im-
portante pour tous les moments
où vous serez éveillés.
En hiver, vous allez passer de
longues soirées dans votre tente,
elle doit donc être spacieuse. La
hauteur libre à l’intérieure doit
vous permettre de vous tenir as-
sis confortablement. Un espace
doit être prévu pour vos sacs, par
exemple dans les absides, entre le
double toit et la chambre. En re-
vanche, inutile de prendre une 3
places alors que vous n’êtes que
deux, la surface au sol n’est pas le
critère le plus important et l’im-
pact sur le poids est conséquent.
Nous avons choisi la tente MSR
Access 2. Pour compléter son iso-
lation et limiter les pertes de cha-
leur par le sol, nous avons utili-
sé une couverture de survie que
nous étalions par terre dans la
tente.
Le duvet
S’il y a une chose à savoir sur les
duvets, c’est ce que signifient
les températures sur l’étiquette.
La température de confort est
la température minimale à la-
quelle une femme de 60 kg dor-
mira sans sensation de froid. La
température limite de confort
est celle à partir de laquelle un
Affronter l’hiver en itinérance
homme de 70 kg a froid et se ré-
veille entre chaque cycle de som-
meil. Autrement dit, ne vous fiez
qu’à la température de confort !
Si vous faites moins de 60 kg ou
que vous êtes frileux, prenez une
petite marge.
L’autre caractéristique impor-
tante d’un duvet est sa composi-
tion. Comme pour les doudounes,
il faut regarder le poids du gar-
nissage et son pouvoir gonflant.
À poids égal, les duvets en plume
sont plus isolants, avec en tête le
duvet de plume d’oie, suivi par le
duvet en plume de canard. Ce-
pendant, les duvets synthétiques
présentent l’avantage de sécher
plus rapidement. Une caractéris-
tique importante en hiver, car la
différence de température entre
l’intérieur et l’extérieur du du-
vet entraîne chaque nuit de la
condensation dans son épaisseur.
Pour notre part, nous avons
choisi le sac Bloody Mary de
9
 Valandré. Il a un duvet en plumes
d’oie et une température de
confort de -5°. C’est un modèle
polyvalent, il s’ouvre sur toute sa
hauteur et a une collerette déta-
chable, ce qui permet de l’utili-
ser en été sans avoir chaud. Pour
les mois les plus rudes de l’hi-
ver, nous avions un drap de sac
qui augmente la température de
confort du sac de couchage de 5°
environ.

Le matelas
Ce qui vous isole dans le duvet
c’est l’air qu’il renferme. C’est
bien dommage, car lorsqu’on dort
on écrase toute une partie du du-
vet et on comprime la couche
d’air qui nous isole du froid, d’où
l’importance du tapis de sol.
Dossier du mois

Il en existe plusieurs types, des

matelas en mousse, autogonflant
ou gonflant. En hiver, seuls les
matelas gonflants vous permet-
tront d’atteindre une isolation
suffisante vis-à-vis du sol. En ef-
fet, encore une fois, c’est l’air qui
isole. Cependant, comme nous al-
lons le voir vous pouvez superpo-
ser des matelas.
La résistance thermique (ou « R
value ») mesure l’isolation que
vous apporte le tapis de sol. Elle
s’exprime en ft²·°F·h/BTU, des uni-
tés issues du système de mesure
anglo-saxon, qui ne sont générale-
ment pas précisées sur l’étiquette.
Cette valeur va de 1 à 6 et celles-ci
peuvent s’additionner si vous su-
perposez des matelas. En hiver, la
résistance thermique minimale à
prévoir est 4, si vous bivouaquez
dans la neige ou par des tempé-
ratures inférieures à -8°, on vous
conseille d’aller au-delà.
Pour notre part, nous avons voya-
gé toute l’année avec un matelas
R=4.2, au plus dur de l’hiver nous
avons ajouté un tapis en mousse
avec un R=1. Ce qui donne une ré-
sistance globale de 5,2.
Se nourrir
et s’hydrater
Le réchaud
En hiver, il est indispensable
d’avoir un réchaud qui vous per-
met de cuisiner ou de faire chauf-
fer de l’eau relativement rapide-
ment et par tous les temps. On
exclut donc tout de suite le ré-
chaud à bois que nous avions
choisi pour l’été. Prévoyez éga-
lement une gourde en aluminium.
En cas de chute de votre tempéra-
ture corporelle, cela vous permet-
tra de vous faire une bouillotte.
Quel réchaud choisir ? Cela dé-
pend de deux critères :
• Où et comment vous approvi-
sionnez-vous en combustible ?
• À quel point les conditions se-
ront-elles rudes ?

10

Le combustible peut être du gaz,
de l’alcool à brûler ou de l’es-
sence. Le plus répandu est le gaz.
Parmi les réchauds à gaz, vous
avez un système qu’on appelle
« jetboil ». Ce dernier permet de
chauffer plus rapidement en uti-
lisant moins de gaz. C’est intéres-
sant par des températures très
froides. L’inconvénient du gaz,
c’est qu’on ne trouve pas de re-
charges partout. Nous avons donc
opté pour l’alcool, que l’on peut
acheter en grande surface.
Ce type de réchaud est low-tech
et peu onéreux. On peut même
le fabriquer soi-même avec une
canette. Par temps très froid, il
faut mettre l’alcool au chaud,
dans une poche ou dans son duvet
pour accélérer le démarrage du
réchaud. La dernière alternative
est le réchaud à essence. À nou-
veau, on trouve ce carburant par-
tout et son efficacité est redou-
table par tous les temps. Mais il
est plus cher, pèse plus lourd et
dégage une odeur forte, surtout
si vous devez l’utiliser sous l’ab-
side de votre tente.
Quand vous choisissez votre équi-
pement de cuisine, pensez poly-
valence. Vous allez devoir chauf-
fer, contenir et stocker. Pour deux
personnes, l’idéal est d’avoir une
casserole et un tupperware, cha-
cun pouvant servir d’assiette. Si
vous êtes plus nombreux, ajoutez
un tupperware par participant.
Utilisez des contenants creux et
oubliez les verres et les tasses,
rien n’empêche de boire son café
du matin dans son bol de la veille.
L’eau
Pour purifier notre eau, nous
avions toujours sur nous un filtre
Lifestraw contenu dans une paille
que l’on peut utiliser de différentes
manières. On peut faire passer
l’eau par aspiration, en le vissant
sur une bouteille, en le fixant sur
le tube d’une poche à eau ou en le
plongeant dans un ruisseau. On
peut également utiliser la gravi-
té pour filtrer une grande quanti-
té d’eau en une seule fois. C’est de
cette manière que nous nous en
servons le plus souvent. On sus-
pend une poche à eau pleine à un
arbre, on branche le filtre au bout
du tube, et en dessous on place un
récipient qui accueille l’eau filtrée.
En hiver, il nous est souvent ar-
rivé de faire fondre de la neige.
S’il y en a sur votre parcours,
cela devient un mode d’approvi-
sionnement important. Pensez à
prendre une casserole d’une taille
adaptée (la neige réduit de 80 %
en fondant), cela vous permet-
tra d’économiser du temps et du
combustible. Pensez également
aux pastilles qui minéralisent
l’eau, car l’absence de minéraux
sur le long terme n’est pas bonne
pour le transit intestinal. Enfin, le
froid ne donne pas soif, mais les
besoins de votre corps ne sont pas
moins importants. La tentation
de boire moins pour porter moins
est grande, n’y succombez pas !
Hygiène et sécurité
Par des températures négatives,
la toilette se résume souvent à un
coup de lingette. Cependant, ce
que nous conseillons pour votre
trousse de toilette d’été reste va-
lable en hiver : pour vous allé-
ger, achetez des produits so-
lides ou en poudre.
Affronter l’hiver en itinérance
Dans la trousse de secours hiver-
nale, ajoutez de quoi prévenir les
hypothermies : des chaufferettes
et une couverture de survie.
Enfin, votre sécurité dépend de
votre capacité à guérir vos bles-
sures mais aussi à réparer votre
matériel. Emportez une petite
trousse contenant à minima :
• Des patchs pour réparer votre
matelas, adaptés à celui-ci. Ils
sont généralement vendus par
le fabricant du matelas ;
• Du scotch type duck tape ;
• Des ciseaux ou un cutter ;
• De la corde fine ;
• Un peu de fil de fer ;
• Une aiguille et du fil.
Autres
Nous avons passé en revue l’équi-
pement indispensable, cepen-
dant, en fonction de votre aven-
ture et de ce que vous voulez en
ramener, vous allez vous per-
mettre des extras. Certains par-
tiront avec leur guitare, de l’aqua-
11
 relle ou un drone. Assurez-vous
quand même de ne pas trop
alourdir vos sacs !

En voyage, Arnaud dessine

chaque jour, il a choisi de se limi-
ter à des carnets A5, et dessine au
stylo noir uniquement. De mon
côté, je prends des photos. J’ai re-
noncé au reflex pour prendre un
appareil hybride. Celui-ci est re-
lativement compact, tout en per-
mettant de changer d’objectif.
Nous avions également une bat-
terie, une liseuse, et chacun un té-
léphone.

Le sac
Passons au sac lui-même, com-
ment le choisir ? Les autres critères sont : avons avec nous un sac étanche
• L’ergonomie du sac, la manière pour l’électronique, un filet pour
Dossier du mois

Le premier point est le volume
du sac. Lorsqu’on part en auto-
nomie, que ce soit pour une se-
maine ou pour un an, l’équipe-
ment nécessaire varie peu. Ce qui
va faire évoluer le volume du ma-
tériel est plutôt la saison. Pour un
sac d’hiver, le volume nécessaire
est de 50 L à 70 L, en fonction de
votre degré d’autonomie et du cli-
mat du lieu où vous vous rendez.
dont on l’utilise et on accède à
son contenu ;
• Le type de dos, molletonné ou
arqué ;
• Le tissu dans lequel il est fabri-
qué.
Enfin, quelques petits équipe-
ments vous permettent d’orga-
niser votre sac et de protéger vos
affaires de la pluie. Ainsi, nous
les vêtements et une capote de
pluie qui se met au-dessus du sac
à dos.
Si vous marchez exclusivement
dans des zones enneigées et que
votre équipement devient trop
lourd vous pouvez utiliser un
traîneau de randonnée que l’on
appelle pulka.

12
 VIVRE DEHORS EN HIVER
Passons maintenant à quelques
astuces pour bien vivre vos
bivouacs hivernaux.
Attention
aux moments
de transition
L’équipement vous isole du froid
extérieur, mais ne vous réchauffe
pas. C’est décevant, n’est-ce pas ?
Dans la nature, vous êtes votre
propre source de chaleur. Vous
devez prendre soin de vous, en-
tretenir votre métabolisme
comme un fragile feu de bois. Si
vous avez froid, il faut réagir vite,
plus vous attendez pour vous cou-
vrir plus vous mettrez de temps
à vous réchauffer. Vos ennemis
sont les moments de transition,
lorsqu’après l’effort vous lais-
sez votre transpiration sécher,
lorsque vous devez vous changer,
ou enlever vos gants pour démon-
ter votre tente.
Quelques conseils :
• Dès que vous vous arrêtez,
ajoutez une couche, votre se-
conde doudoune par exemple ;
• Toujours garder un change sec
pour le soir (même s’il est sale).
Dès que la tente est montée,
changez de t-shirt et restez à
l’abri jusqu’à ce que vous soyez
réchauffé ;
• Vous enfilez un t-shirt sec le
soir, il vous faut donc remettre
votre t-shirt de marche le ma-
tin. Pour éviter qu’il soit trop
froid au réveil, gardez-le dans
votre duvet la nuit ;
• Faites le maximum pour sécher
vos affaires : papier journal
dans les chaussures le soir, fil à
linge dans la tente, pause pour
faire sécher la tente lorsque le
soleil pointe. Ne lésinez pas
sur cette étape, l’humidité aug-
mente la sensation de froid ;
• Pensez à faire sécher votre
duvet. La nuit, de l’eau peut
condenser dans son épaisseur
ce qui réduit sa performance ;
• Soyez organisé, c’est le meil-
leur moyen d’écourter les mo-
ments de transition et de ne
rien perdre dans la neige.
Choisissez bien vos
lieux de bivouac
La température ressentie dé-
pend de la température réelle, du
vent et de l’humidité. Pour pas-
ser de meilleures nuits, nous vous
conseillons de bien choisir l’em-
placement où vous plantez votre
tente :
• Protégez-vous du vent. Identi-
fiez d’où il vient, mais prévoyez
aussi l’éventualité d’un change-
ment de direction. S’il n’y a pas
de barrières naturelles, créez-
en une à partir de ce que vous
trouverez sur place. Vous pou-
vez faire un muret en pierres ou
utiliser la neige ;
• Évitez l’humidité : les fonds de
vallée, bords de rivière ou de lac ;
• Si possible, placez-vous sous un
conifère. Le couvert végétal li-
mite les échanges entre la terre
et le ciel, donc la perte de tem-
pérature la nuit est légèrement
moins importante. En plus, ses
Affronter l’hiver en itinérance
branches vous protègent de la
rosée à l’aube. Avec un peu de
chance, l’arbre vous aura aus-
si laissé un petit tapis d’aiguille
qui vous isolera de la neige.
Avec toutes ces précautions et le
bon équipement, vous pourrez
profiter pleinement de la beau-
té et du calme de la nature en hi-
ver, souvent désertée à cause des
conditions difficiles.
Bon bivouac !
Arnaud et Marie
Retrouvez les aventures
d’Arnaud et Marie sur leur page
Instagram « 4saisons4pattes »
13
 À LA RENCONTRE DES PLANTES SAUVAGES

LE PISSENLIT
Noms : Pissenlit
Nom latin : Taraxacum offici- Le pissenlit est très commun dans jusqu’en hiver. Vous pouvez donc
nale nos régions. Vous le trouverez en cueillir ses feuilles en cette période
Famille : Astéracées abondance dans les pelouses, les de l’année, mais elles sont souvent
Plante : Petite plante vivace prairies, les champs où le bétail a amères, et le plus intéressant à la fin
très commune formant des ro- pâturé, etc. Il pousse toute l’année, de l’hiver, ce sont ses racines.
settes de feuilles caractéristi-
quement découpées.
Fleurs et fruits : petites fleurs
jaunes allongées en forme de
COMMENT IDENTIFIER
À la rencontre des plantes sauvages

languettes, réunies en capi-

LE PISSENLIT
tules denses au sommet de
longues hampes nues.
Environnement : Prairies
grasses, bords des chemins,
champs et jardins. À son apparence La hampe florale simple, creuse,
Le pissenlit est une plante vivace totalement dépourvue de feuilles,
sans tige de 3 à 40 cm de haut. Il se termine par un gros capitule
naît d’une racine charnue, pro- formé de fleurs toutes ligulées,
fondément enfoncée dans le sol. d’un beau jaune d’or. Les capi-
La plante renferme dans toutes tules sont entourés d’un involucre
ses parties un latex caoutchou- de bractées allongées et aiguës.
teux blanc. Les fruits sont des akènes allon-
gés et rugueux, terminés par un
Les feuilles, groupées en rosette, bec très fin surmonté d’une ai-
sont généralement divisées en grette plumeuse.
François Couplan, lobes aigus dirigés vers le bas,
ethnobotaniste, est parfois seulement dentées, voire
l’auteur de nom- presque entières.
breux ouvrages sur
les plantes et la nature, notamment
Plantes sauvages comestibles et
toxiques. Il organise régulièrement
des stages de découverte des
plantes sauvages comestibles et
médicinales, ainsi qu’une forma-
tion complète sur trois ans (Col-
lège Pratique d’Ethnobotanique).
Retrouvez toutes les informations
sur son site : www.couplan.com.

14

À l’odeur
Le pissenlit ne dégage pas d’odeur
particulière, même quand on le
froisse.
Ses fleurs sont très légèrement
odorantes. Elles attirent en tout
cas les insectes pollinisateurs qui
en ont, bien sûr, une perception
différente de la nôtre.
USAGES ET VERTUS
Comment manger
le pissenlit
Dans le pissenlit, tout se mange,
de la racine aux capitules, en pas-
sant par les feuilles et les boutons
floraux.
Commençons par la racine, co-
mestible crue ou cuite. Mal-
gré une certaine amertume, on
la mangeait comme les salsi-
fis dans le haut-pays niçois. En
Sicile, elle est bouillie, puis ser-
vie avec de l’huile d’olive. Au Ja-
pon, on la coupe en morceaux,
on la fait sauter dans une poêle
avec un peu d’huile, puis on la
Au toucher
Le pissenlit est glabre dans toutes
ses parties. Il est parfaitement
lisse et son toucher est nettement
caoutchouteux. Cette caractéris-
tique permet de le distinguer fa-
cilement d’espèce ressemblantes,
mais nettement velues ou ru-
gueuses sous les doigts.
recouvre d’eau ou de sauce soja
et on la laisse cuire quelques mi-
nutes. Torréfiée, comme la chico-
Confusions possibles
Les pissenlits appartiennent à la
sous-famille des Astéracées ap-
pelée les Cichorioïdes. On re-
trouve parmi cette sous-fa-
mille de nombreuses plantes qui
peuvent facilement se confondre
avec les pissenlits. Toutes ces
plantes ont la même structure
florale et toutes sont comestibles.
C’est le cas des porcelles (Hy-
pochaeris spp.), des chondrilles
(Chondrilla spp.), des picrides
(Picris spp.), des crépides (Crepis
spp.), de la picridie (Reichardia
picroides), etc. Mais sur la plupart
de ces plantes, les capitules sont
portés par des tiges ramifiées,
ce qui n’est jamais le cas chez les
pissenlits. Quoi qu’il en soit, au-
cune confusion n’est possible
avec une plante toxique.
Le pissenlit
rée, elle fournit un bon succédané
du café. On la récolte pendant la
période de repos de la végétation.
15
 Ce sont surtout les feuilles que
l’on consomme. Appréciées dans
la plupart des pays de notre
continent, on les vend parfois
sur les marchés, en France, en
Autriche, etc. Si le pissenlit n’est
cultivé comme salade que depuis
le siècle dernier, la plante sauvage
est récoltée depuis l’Antiquité à
des fins alimentaires et médici-
nales. Le Taraxacum officinale est
l’un des légumes sauvages les plus
abondants en Europe occiden-
tale. Aux États-Unis, un groupe
d’amateurs organise chaque an-
née un festival du pissenlit (Dan-
delion festival), avec concours de
À la rencontre des plantes sauvages
cuisine à l’appui…
Les jeunes feuilles forment une
excellente salade de printemps
– mais aussi d’été, d’automne
et d’hiver : il suffit alors de
cueillir les tendres feuilles du
centre de la rosette. Quand elles
sont plus vieilles, les feuilles sont
meilleures cuites. Leur amertume
varie suivant la plante elle-même
et la saison.
Dans le haut-pays niçois, on fait
blanchir les pissenlits à l’eau
bouillante, puis on en prépare des
omelettes ou des pâtes vertes et on
en met dans la farce des raviolis.
En Italie, on en fait des soupes.
En Pologne, les feuilles étaient
bouillies, égouttées, puis mêlées
à du lait et à des pommes de terre
jusqu’au début du XXe siècle.
On peut planter en cave des ra-
cines de pissenlit. Les feuilles
16
qui poussent sont alors blanc-
jaunâtre, tendres et peu amères –
elles ne contiennent pas de chlo-
rophylle – et ressemblent à la
« barbe-de-capucin » issue de la
chicorée (Cichorium intybus), ob-
tenue de la même manière. D’ail-
leurs les pissenlits vendus sur
les marchés en France sont sou-
vent blanchis par buttage. Sur les
plantes sauvages. Il arrive que la
base des feuilles soit naturelle-
ment blanchie parce qu’elle pousse
en dessous de la surface du sol.
En Pologne, les hampes florales,
« pepawa », étaient rôties sur des
pierres chaudes par les bergers
comme nourriture d’agrément
jusqu’au début du XXe siècle.
Les boutons floraux sont co-
mestibles. En Dordogne, à Exci-
deuil, on les mangeait revenus à
l’huile, puis préparés en omelette
jusqu’au début des années 1970.
Ils ont fréquemment été conser-
vés au vinaigre et le sont toujours
dans les pays slaves. En Tchéquie,
on les met dans du vinaigre pen-
dant une nuit puis on les utilise
comme condiment sous le nom
de « kaprlata ». En Sicile, ils sont
conservés dans le sel, comme on
fait des câpres.
Les « fleurs » de pissenlit, plus
exactement les capitules, dé-
corent joliment les salades ou
d’autres plats. Elles possèdent
un goût agréable. Dans cer-
taines campagnes françaises, on
en prépare traditionnellement,
par cuisson avec du sucre, un si-
rop très épais nommé « miel de
pissenlit », ou « cramaillote » en
Franche-Comté. En Gruyère, on
préparait du miel de pissenlit
comme avec les « bourgeons de
sapin » – en fait des pousses d’épi-
céa (Picea abies) – en les mettant
avec du sucre dans un bocal expo-
sé au soleil. En Tchéquie, les capi-
tules sont trempés dans du miel
pendant une journée, puis on les
en retire et on les passe dans de
la noix de coco râpée ou, plus tra-
ditionnellement, dans des noix
moulues.
On en fait un thé agréable, ain-
si qu’un « vin de pissenlit », par-
ticulièrement populaire dans les
pays Anglo-Saxons (dandelion
wine), composé d’eau, de sucre
ou de miel, de levure et de fleurs,
qu’on laisse fermenter pendant
plusieurs jours. En Pologne, les
capitules servent aussi à confec-
tionner du sirop. En Charente, on
prépare traditionnellement une
liqueur de fleurs de pissenlit dont
une version artisanale est com-
mercialisée sous le nom de « Co-
chédor ».
Diverses espèces de pissenlits
sont traditionnellement consom-
mées dans la région méditerra-
néenne. En Haute Provence, la
jeune rosette du Taraxacum obo-
vatum est récoltée sous le nom
de « doucette des lavandes ». On
l’apprécie particulièrement pour
son aspect luisant et sa saveur
fine et agréable.
 Goût
Le pissenlit est connu pour
être amer. Cette saveur est
due à sa teneur en lactones
sesquiterpéniques qui varie en
fonction de l’individu, de son
âge, de son génome, etc. Dans
notre culture, elle est systé-
matiquement rejetée, tandis
qu’ailleurs dans le monde, on
l’apprécie par intérêt gustatif
autant que pour son effet po-
sitif sur la santé de l’organisme.
En Asie, par exemple, il est im-
portant que les repas, voire les
plats, soient équilibrés entre
les différents goûts. En outre, il
est facile de s’habituer à sup-
porter, puis à apprécier la sa-
veur amère.
Qualités
nutritionnelles
et médicinales
Les feuilles de pissenlit sont
riches en protéines complètes,
équilibrées en acides aminés es-
sentiels, en flavonoïdes, en vita-
mines – dont la provitamine A et
la vitamine C – et en sels miné-
raux – dont le magnésium. La ra-
cine renferme une grande quan-
tité d’inuline et de potassium. La
plante doit son amertume à des
lactones sesquiterpéniques, dont
le germacranolide. Elle contient
également des alcools triterpé-
niques et des stérols, ainsi qu’un
latex riche en caoutchouc.
Le pissenlit augmente la quantité
de bile : une décoction de feuilles
fraîches double le volume de bile
excrété, une décoction de racines
Recette : Pissenlits à l’auvergnate
Ingrédients :
• 1 échalote ;
• 2 cuillerées à soupe d’huile de
colza ;
• Sel ;
• 400 g de feuilles de pissenlits ;
• 80 g de champignons sau-
vages ;
• 1 cuillerée à soupe d’huile d’olive ;
• 2 gousses d’ail ;
• 1 cuillerée à soupe de vinaigre
de vin.
Préparation :
1. Nettoyez et lavez des pissen-
lits. Égouttez-les soigneuse-
ment ;
fraîches le quadruple. On le pré-
conise pour soigner l’insuffisance
hépatique, les crises de foie dou-
loureuses et la jaunisse. Il peut
s’avérer utile pour lutter contre
les taux excessifs de « mauvais »
cholestérol.
En stimulant la fonction biliaire,
le pissenlit favorise le transit in-
testinal et combat efficacement la
constipation.
Comme il est aussi diurétique,
le pissenlit peut être considé-
ré comme un excellent dépuratif
qui aide l’organisme à éliminer
les toxines d’origine infectieuse
ou apportées par l’alimentation
et l’environnement. Il est recom-
mandé en cas de problèmes cu-
tanés, tels l’acné, l’eczéma et le
psoriasis, d’affections rhumatis-
males ou de cellulite.
2. Coupez finement une écha-
lote et mélangez-la avec
l’huile de colza et le sel. Ajou-
tez au pissenlit grossière-
ment haché dans un sala-
dier ;
3. Coupez en morceaux des
champignons de saison et
faites-les dorer dans une
poêle avec l’huile d’olive et
l’ail haché. Salez légèrement ;
4. Retirez du feu et ajoutez le vi-
naigre sur les champignons
dans la poêle. Versez chaud
sur les pissenlits ;
5. Remuez et mangez sans
attendre pour goûter le
contraste du froid et du
chaud.
Le pissenlit
Du fait de ses principes amers,
qui stimulent les sécrétions di-
gestives, le pissenlit possède éga-
lement des vertus apéritives et to-
niques. On pourrait dire, en un
sens, que plus il est amer, meil-
leur il est pour nous !
Autres utilisations
du pissenlit
Pendant la deuxième guerre
mondiale, le latex d’une espèce
de pissenlit (Taraxacum kok-sa-
ghyz) cultivée en vastes champs
au Kazakhstan, au Kirghizistan et
en Ouzbékistan, a été utilisée par
les Soviétiques pour fabriquer des
pneus de camion afin de fournir
l’armée rouge.
François Couplan
17
 Valentin s’est mis
à la permaculture
il y a plus de 10
ans. Il s’est formé
sur le terrain, dans les alpages
et des fermes de toute l’Europe,
avant de passer sa Certification
de Designer en Permaculture.
Une encyclopédie vivante de la
permaculture !
Les serres ne sont pas totale-
ment indispensables au jardin.
Vous pouvez très bien faire vos
semis dans la maison et cultiver
des variétés rustiques qui n’ont
pas besoin de températures éle-
vées et qui résistent à la pluie.
Vers l’abondance au potager
Mais si vous en avez la possibi-
lité, aménager une serre est un
énorme atout et presque une né-
cessité en altitude et dans les ré-
gions froides. Elle vous permet-
tra d’avancer les premiers semis
à la fin de l’hiver et de prolonger
vos dernières récoltes jusqu’à la
fin de l’automne.
Voici donc les principaux types
de serres, comment s’en servir
au mieux et un focus sur le sys-
tème de la serre tunnel, efficace
et économique !
18
VERS L’ABONDANCE AU POTAGER
LA GESTION
D’UNE SERRE
LES DIFFÉRENTS TYPES
DE SERRES
On distingue deux principaux
types de serres :
• La serre à semis, pour réaliser
vos semis ;
• La serre de culture, pour plan-
ter et cultiver vos légumes.
Le concept et la structure sont les
mêmes, c’est l’aménagement de
l’abri et l’usage qui changent.
La serre de culture
Pour commencer, la serre de
culture est la plus utile. Elle vous
permettra de :
• Hâter les cultures, c’est-à-
dire accélérer la croissance des
plantes pour récolter plus tôt
et enchaîner plus rapide-
ment les cultures suivantes (au
lieu d’une seule culture de sa-
lade par exemple, vous pourrez
intercaler une courte culture
d’épinards avant, en tout dé-
but de saison) ;
• Rallonger les saisons de
culture, pour produire plus
longtemps en fin de saison ;
• Protéger vos cultures des in-
tempéries, notamment le gel,
la pluie, la neige et la grêle,
qui pourraient faire moisir les
plants, gorger d’eau les zones
de culture, voire détruire cer-
taines récoltes. (La grêle est
particulièrement destructrice).
Une serre en climat
chaud ?
Les serres sont surtout in-
téressantes, voire indispen-
sables, pour les régions froides
ou en altitude. Mais même
dans un climat tempéré à
chaud, elles sont très utiles et
peuvent permettre de culti-
ver des variétés plus tropi-
cales, comme le melon ou la
pastèque.
La serre de culture devra être
bien exposée au soleil, pour ga-
gner rapidement en chaleur au
printemps ou faire pousser des
légumes qui apprécient la cha-
leur, comme les tomates.
Rien ne vous empêche, dans
cette serre « de culture » d’ins-
taller temporairement une table
pour vos semis. Mais si vous jar-
dinez beaucoup, c’est intéressant
d’avoir une serre spécifiquement
dédiée aux semis.
La serre à semis
Dans votre serre à semis, vous
pourrez installer une table et des
étagères pour travailler et entre-
poser votre matériel, mais aussi :
• Une table à bassiner. C’est
une table creusée comme un
bac dans laquelle on verse
l’eau. Je n’arrose pas mes se-
mis par-dessus pour encoura-
ger les racines à puiser l’eau du
bac et à se développer en pro-
fondeur. Cela m’évite aussi de
sur-arroser ;
LES SERRES « FIXES »
Une serre est constituée d’une
structure (son « squelette ») et
d’un matériau isolant et translu-
cide. C’est principalement ce ma-
tériau qui va déterminer les ca-
ractéristiques de votre serre. Les
serres « fixes » sont les serres dont
la structure reste sur place toute
l’année, contrairement aux serres
tunnel dont je vous parlerai juste
après.
Vous pouvez trouver différents
types de serre, en fonction des
matériaux utilisés.
• Une cuve de récupération
d’eau de pluie, alimentée via
un tuyau relié au toit de la serre
à semis, qui vous permettra
d’avoir un stock d’eau à proxi-
mité des semis et d’augmenter
le volant thermique de la serre :
l’eau de la cuve se réchauffe
le jour et la nuit, comme elle
est plus chaude que l’air, elle
contribue à maintenir une tem-
pérature douce dans la serre.
Les semis sont particulièrement
sensibles aux températures ex- Vous pourriez techniquement
trêmes et aux variations. Pour op- chauffer votre serre à 20 °C, mais
timiser la chaleur de votre serre à ce n’est ni économique, ni écolo-
semis, vous pouvez aussi : gique, encore moins stratégique
• Choisir un emplacement bien puisque vos semis finiront par
exposé au soleil mais surtout à être plantés à l’extérieur où ils
l’abri du vent ; risquent d’être surpris par l’écart
La gestion d’une serre
• Adosser votre serre à un mur en de température… Le mois pro-
pierre, pour profiter de la resti- chain je vous expliquerai com-
tution de chaleur (sur le même ment chauffer votre serre et pro-
principe que la cuve d’eau) ; téger vos cultures du gel.
Les serres en verre serre. Il sera difficile de la répa-
Ces serres sont belles, mais rer et les débris peuvent être dan-
très fragiles… Il suffit d’un gros gereux.
orage, de grêle, d’un coup de pelle
accidentel ou d’un recul de trac- Vous pouvez opter pour du
teur mal calculé pour casser votre verre trempé, plus résistant,
19

mais les prix sont très élevés :
plus de 2 000 € pour une serre
de 11 m2 (neuve).
Si vous avez une vieille verrière
sur votre terrain, tirez en profit !
Vers l’abondance au potager
Mais pour investir dans une nou-
velle serre, ce n’est pas la meil-
leure option.
Les serres
en polycarbonate
Le polycarbonate est un plas-
tique isolant très léger et très
résistant. Il ne craint ni la grêle
ni les températures extrêmes (il
tient très bien de -40 C à 120 °C).
De plus, il se réchauffe rapi-
dement et est facile à travailler
vous-même.
20
Mais il se salit sous la pluie, se
raye facilement et peut se défor-
mer sous les vents très violents
ou la neige (déneigez régulière-
ment !). Vous devrez le nettoyer
de temps en temps pour assurer
la bonne transmission de la lu-
mière et le changer au bout d’une
dizaine d’années lorsqu’il sera
devenu opaque.
Vous en trouverez deux types :
• Le polycarbonate simple,
une seule couche de plastique
transparente ;
• Le polycarbonate double ou
« alvéolaire », plus ou moins
épais.
Le polycarbonate double est le
plus intéressant. Plus il est épais,
plus il est solide et isolant, mais
cher… Si vous en avez la possibi-
lité, une épaisseur de 10 mm est
idéale.
Avec ce polycarbonate en nid
d’abeille, veillez à bien fermer
les extrémités pour que ni l’hu-
midité ni les insectes ne s’ins-
tallent entre les couches de plas-
tique et installez une embase
au moment de mettre en place la
serre, pour optimiser son main-
tien.
Les prix sont là aussi très élevés
pour une structure neuve. Vous
pouvez compter plus de 3 000 €
pour une serre de 11 m2 en poly-
carbonate de 10 mm d’épaisseur.
Les serres en plastique
C’est l’option la plus économique
et la plus facile à bricoler vous-
même. Vous pouvez construire
la structure avec de simples pa-
lettes de bois de récupération,
mais veillez à bien choisir votre
bâche !
Privilégiez une bâche « profes-
sionnelle » avec un plastique
spécialement pour serres et
très résistant, de 200 microns
idéalement. Évitez les plastiques
de protection de sol qu’on trouve
en magasins de bricolage. Ils se
craquellent trop facilement et
risquent de laisser des fragments
s’envoler dans votre jardin (vous
ne voulez pas avoir à les ramasser
un par un…).
Évitez aussi le polyéthylène fin.
C’est la solution la plus écono-
mique, mais elle n’est pas très du-
rable et dans des régions froides,
l’isolation ne serait pas suffi-
sante (vous devriez utiliser deux
couches).
Les aérations
Les serres achetées déjà
construites en polycarbonate
et en verre ont souvent de très
petites aérations (quelques
fenêtres en hauteur), insuffi-
santes pour aérer et rafraîchir
la serre en été.
Même dans une région fraîche,
une serre mal aérée risque de
surchauffer et son sol va sé-
cher très rapidement.
LES SERRES TUNNEL
Contrairement à une serre fixe
couverte toute l’année, les serres
tunnel sont éphémères. Le plus
souvent, elles sont construites à
base d’arceaux et d’un plastique
qui peuvent être installés sur une
ou plusieurs planches de culture,
au-dessus d’un bac surélevé…
Ces serres sont faciles à
construire soi-même et sont
très économiques. Mais surtout,
Les matériaux
de récupération
Mis à part une bonne isolation,
des matériaux qui laissent passer
la lumière et des aérations pour
éviter la surchauffe, il n’y a pas
vraiment de règle pour construire
une serre.
Faites avec ce que vous avez
sous la main, cherchez des bons
plans dans votre entourage, sur
les sites de petites annonces et
soyez débrouillard pour optimi-
ser chacune de vos ressources.
elles ont l’énorme avantage d’être
très modulables. Vous pour-
rez soulever le plastique par-
tiellement ou entièrement en
fonction des températures et des
précipitations et le retirer entiè-
rement en hiver, le ranger pour le
préserver des intempéries et pro-
longer sa durée de vie.
Certes, le verre est cher à l’achat
et fragile, mais si vous avez chez
vous 15 vieilles fenêtres entas-
sées sous le hangar, autant les
utiliser ! Idem pour des bâches,
du bois de récupération pour la
structure, des tôles de PVC…
La gestion d’une serre
Il suffit de quelques bottes de
paille et de fenêtres de récup pour
confectionner une serre de for-
tune. Même si ce n’est pas parfait,
c’est déjà ça !
Construire des serres
tunnel
Comme sur la photo ci-dessus,
vous pouvez construire des pe-
tites ou des grandes serres tunnel.
Pour les petits modèles à instal-
ler au-dessus d’une lasagne, vous
pouvez vous débrouiller avec :
21
 • Des tubes en plastique creux,
type tubes de canalisations,
pour les arceaux ;
• Des fers à béton au sol, pour
faciliter l’installation des
tubes ;
• Une ficelle tendue sur le haut
pour solidariser les arceaux et
soutenir le plastique ;
• Un plastique pour couvrir le
tout.
Les grandes serres tunnel de-
mandent une installation plus
conséquente, vous pouvez en
bricoler en partie ou les acheter
Vers l’abondance au potager
toutes faites, neuves ou d’occa-
sion. Prévoyez :
• Des grands arceaux ;
• Deux portes ;
• Un large plastique ;
• Des fixations « clips » pour le
plastique.
Pour fixer le plastique au sol sur
les grands côtés, vous avez plu-
sieurs possibilités qui vont dé-
22
pendre de l’exposition de la
serre. Pour ma part, je l’ai sim-
plement fixé en pincement avec
des planches vissées dans le cadre
de la zone de culture. Ce n’est pas
l’option la plus résistante mais ça
me suffit car ma serre est proté-
gée du vent et ça me permet de le
retirer plus facilement.
Si vous ne voulez pas prendre de
risques, il est conseillé d’enter-
rer le plastique à 30 cm dans le
sol sur les côtés.
Le vent par exemple, peut ar-
racher un plastique mal fixé s’il
s’engouffre violement dans une
serre.
Faites attention quand vous choi-
sissez l’emplacement. La neige
peut déchirer le plastique voire
même plier les arceaux si elle
s’accumule sur une serre qui n’a
pas suffisamment de renforts.
De nouveau, il faut adapter votre
construction aux conditions aux-
quelles vous êtes exposé.
Investissez dans
de la qualité !
Même s’il y a de grandes chances
que votre serre tunnel ne soit pas
déployée toute l’année, elle de-
vra tout de même résister aux in-
tempéries (vent, grêle, neige, gel,
UV, variations de température…)
et durer (montage, démontage,
usure…). C’est pourquoi il est
important d’investir dans du
matériel de qualité dès le dé-
but, vous serez gagnant sur le
long-terme.
Une serre tunnel de qualité
coûte cher (beaucoup moins cher
qu’une serre en polycarbonate ou
en verre tout de même), mais vous
pouvez facilement vous arranger
pour trouver des bons plans au-
tour de chez-vous, sur les sites
d’occasion, etc. Mais méfiez-
vous des prix trop attractifs, ils
sont souvent signe d’une qualité
moyenne, voire médiocre. Mieux
vaut du matériel d’occasion de
qualité qu’une serre toute neuve
bon marché.
Lorsque vous la choisirez, faites
surtout attention à trois élé-
ments :
1. Les arceaux, ils doivent être
solides et dans des maté-
riaux résistants pour ne pas
se tordre ;
2. Des renforts au faîte et sur
les côtés ainsi que des contre-
ventements pour éviter que
la serre s’effondre.
3. La bâche plastique, sur les
mêmes critères qu’expliqués
plus haut.
 GÉRER LA TEMPÉRATURE ET L’HUMIDITÉ
La température et l’humidité sont
deux facteurs clefs à toujours gar-
der en tête pour vos cultures, ils
détermineront la qualité de vos
récoltes.
La température
La température dans les serres,
même en début de saison, peut
monter rapidement. Pour éviter
les excès de chaleur qui nuiraient
aux cultures, pensez à aérer (plus
la serre est petite, plus la chaleur
monte vite) !
En été, une serre doit pouvoir
s’ouvrir des deux côtés pour créer
une circulation d’air.
CONCEVOIR L’ERGONOMIE
ET L’EMPLACEMENT DES SERRES
Réfléchissez en amont à l’empla-
cement stratégique de votre serre
et son ergonomie en considérant :
• La proximité avec votre do-
micile, vous devrez vous y
rendre très régulièrement pour
aérer et arroser les semis ;
• La proximité avec le point
d’eau ;
• L’installation des portes ;
• L’interaction avec les autres
éléments du terrain (coupe-
vent, chaleur échangée avec les
animaux, pour la ponte, etc.).
Pour les petits tunnels, retirez le
plastique le matin des chaudes
journées et remettez-le le soir.
Pour les grands tunnels, laissez
les portes ouvertes pendant les
chaudes journées pour créer
un courant d’air, voire détachez
carrément une partie du plastique
pour ouvrir le tunnel lorsque les
températures montent trop haut.
L’humidité
Avec la chaleur, le sol des serres a
tendance à s’assécher plus rapi-
dement. Soulever le plastique
de vos serres tunnels lorsqu’il
pleut permet donc de profiter
de la pluie comme arrosage
Attention à l’entretien
du sol !
Un sol sous serre, coupé de la
pluie et de la neige, peut s’ap-
pauvrir au fil des saisons. Pour
éviter que cela se produise, pen-
sez à l’ouvrir régulièrement pour
permettre au sol de collecter la
pluie et la neige.
Astuce : laissez la terre se gor-
ger d’eau en hiver en retirant
entièrement le plastique, c’est
bon pour sa fertilité et pour évi-
ter les invasions de campagnols
naturel ! Une serre ne doit pas
vous dispenser de bien pailler vos
planches de culture !
Refermez
bien la nuit !
Une fois la journée ensoleillée
passée, pensez à bien recou-
vrir vos serres tunnel pour pro-
téger les cultures du froid de
la nuit.
La gestion d’une serre
attirés par les sols secs et meubles
des planches de culture sous
serre.
Pensez aussi à laisser le sol au
repos de temps en temps. Lors-
qu’on a qu’une serre, on a ten-
dance à y cultiver les mêmes lé-
gumes chaque année, notamment
les tomates. Pensez aux rotations
et aux périodes de repos du sol.
Valentin
23
 Sylvestre est ingé-
nieur, père de fa-
mille et passion-
né de bushcraft et
de marche ultra-­légère. Tous les
week-­ends, il part en forêt, par-
fois seul, parfois avec des amis
ou sa famille, pour tester de nou-
velles techniques et ses limites.
Quand vous partez en forêt pour
trouver des allume-feu, pen-
sez à récupérer aussi du bois
sec, à repérer des troncs ou des
branches que vous pourriez dé-
couper. Généralement, je n’ai
L’art de la vie sauvage
aucun souci pour faire prendre
mon allume-feu (la combinai-
son fatwood-écorce-résine est
imparable), mais les étapes sui-
vantes sont critiques. Une erreur
que j’ai souvent commise, c’est
de négliger la quantité de petit
bois et de branchettes pour dé-
marrer mon feu.
24
L’ART DE LA VIE SAUVAGE
DÉMARRER
UN FEU MÊME
SOUS LA PLUIE !
RÉCOLTER DU PETIT BOIS
On néglige trop souvent de ra-
masser du petit bois quand on
veut démarrer un feu. Or, c’est
souvent l’élément le plus déli-
cat. À moins d’avoir un gros al-
lume-feu chimique avec vous, ou
beaucoup de résine, il vous sera
pratiquement impossible de dé-
marrer un feu sans petit bois bien
sec.
Vous avez deux solutions, trou-
ver des branches fines de sapin
ou travailler sur du bois plus gros
pour accéder au bois sec au milieu
et le tailler en « bâton à plume » ou
en frisettes.
Le but, dans tous les cas, est
d’avoir un maximum de sur-
face sèche au contact de la
flamme dégagée par votre al-
lume-feu pour dégager rapide-
ment une chaleur vive, qui en-
flammera votre bois de taille
supérieure.
Quand on parle de petit bois, il
faut distinguer différents ca-
libres, chacun arrivant dans un
ordre précis dans la chaîne d’al-
lumage du feu. Il y a d’abord les
brindilles ou les branchettes de
la taille d’une mine de crayon,
les branchettes de la taille du pe-
tit doigt puis celles de la taille du
pouce.
Votre allume-feu ne suffira gé-
néralement pas à faire prendre
les branchettes de la taille du pe-
tit doigt et de même, si vous avez
un gros tas de brindilles de sa-
pin très sèches, vous ne ferez pas
prendre du bois plus gros que
votre pouce (sauf s’il est VRAI-
MENT très sec !). Je vous conseille
donc de respecter l’ordre et la
taille du bois que vous utilisez
et de prendre le temps (c’est par-
fois juste une ou deux minutes de
plus) pour récolter ou préparer du
petit bois en abondance !
Les branchettes
de la taille d’une mine
de crayon
Si vous êtes dans une forêt de ré-
sineux, c’est toujours la solution
la plus simple. La forme des sa-
pins ou des épicéas est ainsi faite
que leur pied reste toujours pra-
tiquement sec (la canopée fait
parapluie). De plus, les branches
supérieures « étouffent » progres-
sivement les branches inférieures
en leur coupant la lumière.
On trouve donc généralement sur
la partie inférieure du tronc des
branches mortes dont l’extrémi-
té ramifiée est fine et cassante.
Une grosse poignée de brindilles
d’environ 30 à 40 cm de long
permet normalement d’allumer
un feu. On les pliera en deux en
les cassant, pour y nicher l’al-
lume-feu.
Sous les pins, l’effet parapluie est
moins efficace, mais on trouvera
quand même assez facilement des
rameaux avec des aiguilles au pied
de l’arbre, ou des branches cassées
pendantes. Les aiguilles imbibées
de résine vous aideront à obtenir
rapidement beaucoup de chaleur
pour démarrer votre feu.
Une alternative :
La végétation sèche
Si vous n’êtes pas dans une forêt
de résineux, ou que vous avez du
mal à trouver des brindilles et du
petit bois sec, il est possible de
trouver dans certaines conditions
de la végétation sèche autre que
du bois. Elle prendra facilement
la flamme de votre allume-feu,
et dégagera suffisamment de cha-
leur (et certainement beaucoup
de fumée) pour enflammer le bois
de taille intermédiaire.
On pourra par exemple recourir
à de l’herbe sèche, ou comme sur
la photo ci-dessous à de la fou-
gère séchée.
Cette grande fougère a poussé
entre la branche de ce feuillu, et
y est restée accrochée en fin de
saison, elle est donc parfaitement
sèche et n’a jamais été au
contact de l’humidité du sol.
Si vous devez avoir recours à cette
option, mon conseil : récoltez-en
VRAIMENT beaucoup avant de
démarrer votre feu !
Les branchettes de la
taille du petit doigt
Après le petit bois très fin, il vous
faudra des branchettes pas plus
grosses que votre petit doigt, puis
progressivement des morceaux
de la taille de votre pouce et en-
fin des bûches de quelques cen-
timètres de côté ou de diamètre.
Pour les branchettes de la taille
du petit doigt, un bois très sec
reste primordial. Là aussi, vous
trouverez facilement à la base
du tronc des résineux, des bran-
chettes de 0.5 à 1 cm de diamètre
maximum (vous les aurez pro-
Démarrer un feu même sous la pluie !
bablement déjà récoltées en ras-
semblant le petit bois).
Les branchettes
de la taille du pouce
Idem pour le troisième niveau de
branchettes, de la taille du pouce
environ, vous les trouverez de la
même façon.
Pour le bois de la taille du pouce,
et au-delà, vous pouvez commen-
cer à tolérer un peu d’humidité
dans et sur le bois, mais vous ga-
gnerez toujours néanmoins à ex-
poser la partie la plus sèche du
bois à la flamme !
Lorsque vous aurez ramassé deux
bonnes poignées de chaque ca-
libre, vous aurez déjà de quoi
obtenir de bonnes flammes qui
permettront ensuite d’allumer le
reste du bois.
25
 Préserver votre petit bois de l’humidité
Quelle que soit la manière dont
vous vous serez procuré du petit
bois, vous devrez, au même titre
que votre amadou (herbe sèche,
écorce de bouleau…), le protéger
au maximum de l’humidité. Ré-
OBTENIR DES BÛCHETTES
Passons maintenant au bois en
tant que tel : des rondins de 5 à
10 cm de diamètre. Pour ces mor-
ceaux, vous pouvez commencer
à conserver toute l’épaisseur du
bois (y compris écorce et aubier)
si celui-ci n’est pas complètement
L’art de la vie sauvage
détrempé. Toutefois, vous aurez
toujours intérêt à exposer le côté
sec à la flamme, afin qu’il prenne
facilement. Si vous arrivez à tail-
ler des morceaux en forme de
coin, la partie fine du coin sera
bien sèche (issue du duramen), et
prendra feu facilement. La cha-
leur dégagée permettra de faire
sécher progressivement la par-
tie extérieure plus épaisse et plus
humide.
Si vous n’avez pas pu procéder au
débitage de morceaux dans une
grosse branche, et que vous êtes
limités à des branches ramassées,
il faudra sans doute augmenter
la quantité de branchettes dans
votre démarrage de feu, pour per-
mettre aux morceaux plus gros de
vraiment prendre feu.
Quand la forêt est détrempée,
vous pouvez accéder à du bois
bien sec au cœur d’un tronc ou
d’une grosse branche.
26
colter un beau tas de brindilles et
le laisser traîner 10 minutes sous
la pluie pendant que vous prépa-
rez le reste du matériel pour faire
votre feu n’a aucun sens.
Un arbre mort va généralement
sécher sur pied avant d’être abat-
tu par le vent. Sauf s’il a subi une
grave attaque de champignon
quand il était encore sur pied, le
centre de son tronc (on parle du
duramen et du cœur) restera sec
pendant quelques temps, l’hu-
midité ambiante l’attaquant de-
puis l’extérieur (écorce, puis li-
ber, cambium et aubier).
L’idéal est donc de trouver
un arbre mort qui n’a pas en-
core commencé à pourrir. Une
fois trouvé, attaquez-vous aux
branches de moins de 10 cm de
diamètre, au-delà vous auriez be-
soin d’une scie et d’une hachette.
Choisissez une branche que vous
pouvez casser en plusieurs tron-
çons.
Structure du bois – source afd.be
Gardez ce petit bois à l’abri, sur
une surface sèche. Couvrez-le
avec un morceau d’écorce, met-
tez-le sous une pierre, dans votre
sac à dos ou carrément contre
vous dans votre veste.
Le but est d’accéder au bois sec
au cœur du tronc (ou des plus
grosses branches), précisé-
ment au duramen, en rejetant
les parties extérieures les plus
humides.
Pour y parvenir, vous devez le
fendre avec votre couteau grâce
à la technique du bâtonnage que
je vous ai présentée au mois de
septembre.
Commencer par obtenir des de-
mis, puis des quarts, des hui-
tièmes et enfin des seizièmes
de bûche. Il suffit de rebâtonner
sur chaque morceau fendu. Ran-
gez-devant vous vos bûchettes en
les classant par leur taille.
Votre bois et votre petit bois sec
sont prêts !
 PRÉPARER LE FOYER
Pour préparer la fosse du feu, dé-
gagez d’abord les feuilles mortes,
la végétation ou la mousse qui re-
couvre le sol, puis creusez la terre
avec une petite pelle sur environ
10 cm de profondeur. Conser-
vez la terre et la végétation ou les
feuilles pour recouvrir le trou à
votre départ.
Montez une structure pyrami-
dale avec les bûchettes issues
du batonnage. Commencez par
des quarts de bûche au fond de
la fosse. Veillez à les poser à
plat, la face couverte d’écorce
contre le sol et l’autre face nue
vers le feu. Ne posez pas le bois
sec contre le sol, l’humidité pom-
perait l’énergie de la combustion.
ENFIN, IL EST TEMPS DE DÉMARRER VOTRE FEU
Les quarts de bûches servent de
plateforme sur laquelle vous allez
superposer à la perpendiculaire
des sections plus fines à chaque
étage, des huitièmes, puis des sei-
zièmes, en resserrant légèrement
votre construction.
Vous avez tous les éléments en
votre possession pour réussir
pratiquement à coup sûr, à dé-
marrer un feu. Quand la fosse à
feu est prête, rassemblez ces élé-
ments à vos pieds en commen-
çant par les allume-feu.
Gratter votre
morceau de fatwood
Pour utiliser votre fatwood, je
vous conseille de trouver un mor-
ceau d’écorce ou un bout de bois
bien plat, sur lequel vous allez
recueillir les copeaux de fatwood
à enflammer. Votre petite pelle
peut aussi convenir.
Laissez un espace au creux de
Démarrer un feu même sous la pluie !
la pyramide pour y insérer un
nid de brindilles repliées sur
elles-mêmes. Vous pouvez déjà
déposer dans ce nid une par-
tie de votre allume-feu (un peu
d’écorce et de résine).
Pour racler la surface du bâton-
net de fatwood, vous utiliserez le
dos de votre couteau s’il est meulé
à angle droit, sinon vous utilise-
rez la lame. En mettant le couteau
bien perpendiculaire au bâton-
net, faites des va-et vient en arra-
chant un peu de fatwood à chaque
mouvement descendant.
Vous pouvez appuyer la pointe de
votre bâtonnet sur la planchette
pour plus de stabilité.
Plus le tas sera gros, plus il vous
sera facile de l’allumer. Une fois
votre tas de fatwood préparé, il
ne vous restera plus qu’à y proje-
ter quelques étincelles en grattant
votre firesteel.
27
 Enflammer vos allume-feu !

J’utilise ici le dos de la lame de mon couteau Mora pour gratter

mon firesteel. Le couteau est bien calé sur le morceau d’écorce,
juste au-dessus du tas de fatwood, et c’est le firesteel qui bouge

Faites attention à ne pas disper- Lorsque le fatwood s’est en-

L’art de la vie sauvage

ser votre tas en donnant un coup flammé, placez l’écorce de bou-

de grattoir sur votre planchette.
Ce n’est pas le moment de tout
faire voler.
Pour ne pas renverser votre
tas de fatwood, le secret c’est
de garder le grattoir fixe et de
tirer la barre de ferrocérium
d’un coup sec vers soi, en ar-
rière donc, et non vers le tas de
copeaux ! Votre grattoir est assez
aiguisé pour retirer de la matière
de votre firesteel et créer des étin-
celles. Vous pouvez également
gratter votre firesteel avec le dos
de votre couteau s’il est meulé (at-
tention, pas la lame !)
leau par-dessus puis la résine.
Celle-ci va brûler assez long-
temps pour enflammer le reste
du bois : placez le tout au cœur de
votre nid de brindilles. La cha-
leur est suffisante pour chauf-
fer et sécher vos brindilles et
votre petit bois et enfin l’en-
flammer.
Remarque : vous auriez pu aus-
si déposer la résine en boules et
l’écorce de bouleau dans votre nid
de brindilles puis transférer la
flamme depuis votre planchette
vers le foyer.

N’hésitez pas à y mettre de la

force, votre mouvement doit être
franc pour obtenir une bonne
quantité d’étincelles qui sera suf-
fisamment chaude pour enflam-
mer le fatwood.

28
Nourrir votre feu !
Commencez à nourrir le feu
par-dessus, en y déposant des
brindilles, puis des huitièmes et
des quarts de bûches.
Le montage en pyramide permet
de laisser passer assez d’air pour
nourrir le feu en oxygène et faire
en sorte qu’il ne s’étouffe pas.
Tandis que les flammes
montent, le feu va aussi se pro-
pager vers le bas et progressi-
vement enflammer toute la
base pour brûler pendant long-
temps et dégager beaucoup de
chaleur.
Lorsque la construction s’aplatit
en s’effondrant sur elle-même,
vous pouvez y déposer votre
popotte pour cuisiner ou faire
chauffer de l’eau.
Pensez à planifier votre stock
de bois par rapport au temps
que vous avez prévu de rester
autour du feu. Évitez de man-
quer de bois sec et d’être obli-
gé d’aller prélever de nouvelles
branches dans la forêt pendant
que votre feu risque de s’éteindre.
Ne pas laisser plus gros sont les étapes essen-
de traces ! tielles.
Avant de quitter votre camp, Mais pour le feu, plus que pour
éteignez les braises en y versant tout autre chose dans le monde
Démarrer un feu même sous la pluie !
de l’eau. Remettez en place la du bushcraft ou de la survie, la
terre que vous avez enlevée pour pratique est essentielle, donc :
faire le trou, puis disposez les
feuilles mortes, la végétation ou Allez dehors et essayez !
la mousse par-dessus.
Sylvestre
Dans l’optique bushcraft, on es-
saye au maximum de rester dis-
cret et de ne pas laisser de traces
de notre passage. On aime tous
avoir l’impression de s’instal-
ler sur une terre vierge, pensez
à ceux qui viendront après vous
dans cette forêt !
Enfin, imaginez que vous
n’avez qu’une seule allumette
et préparez toujours votre bois
avec cette idée en tête.
Avec ces quelques éléments très
simples à mettre en place, vous
devriez gagner en aisance et en
autonomie pour allumer un feu
dans des conditions adverses :
trouver et préparer du petit bois
sec, respecter la taille et l’ordre
dans lequel vous l’utilisez, faire
sécher progressivement le bois
29

Dans cet article nous allons voir
10 astuces que vous pourrez
mettre à profit lorsque vous tra-
vaillerez le bois ou que vous bri-
Le coin Do It Yourself
colerez dans votre atelier.
Ces astuces ont pour objectif de
rendre plus agréable votre temps
passé à l’atelier, d’approfondir
vos compétences, de gagner en
précision ou encore d’économi-
ser en trouvant des alternatives
à du matériel que vous ne pos-
sédez pas.
Vous êtes prêts ? C’est parti !
30
LE COIN DO IT YOURSELF
10 ASTUCES
DE BRICOLAGE
Astuce n°1 :
Improviser un établi
provisoire
avec 3 palettes
Quand on bricole, on n’est pas tou-
jours chez soi avec tout son maté-
riel à disposition. Si vous bricolez
sur un chantier, par exemple pour
la maison d’un ami ou à l’exté-
rieur, vous aurez besoin d’un mi-
nimum de confort, surtout pour
travailler debout, votre dos vous
remerciera à la longue. Vous pou-
vez fabriquer un établi provisoire
avec 3 palettes. Pour cela, il suf-
fit d’en disposer 2 au sol sur la
longueur de leur tranche et une
troisième posée sur les 2 précé-
dentes à plat et qui fera office de
plan de travail.
Les 3 palettes tiendront toutes
seules mais vous pouvez les fixer
avec quelques vis voire avec des
serre-joints pour les solidariser
et les rendre plus stables le temps
du chantier.
C’est bien sûr une option provi-
soire, mais cela vous permet au
moins de travailler dans de meil-
leures conditions que si vous de-
viez étaler votre matériel au sol.
Vous pourrez également amé-
liorer l’établi comme bon vous
semble : ajouter une planche pour
créer une étagère ou encore vis-
ser une barre magnétique pour y
fixer des outils.
Astuce n°2 :
Créer un atelier
mobile
Si vous bricolez dans un petit ate-
lier/garage, ça vaut la peine de
mettre les machines et les outils
sur des roulettes pour les dépla-
cer facilement et moduler votre
espace selon vos besoins.
Certains de mes outils station-
naires, comme la scie à ruban,
sont équipés de roulettes qui me
permettent aussi de les déplacer
dehors lorsque je veux travailler
sous la lumière naturelle et que
le temps le permet. Ne vissez pas
des roulettes sur les machines à
bois trop lourdes, elles vont se
casser au moindre déplacement.
Une servante d’atelier que
j’ai fabriquée en bois de
récupération. J’y ai fixé des
roulettes pour la rendre mobile
et la ranger dans un coin lorsque
je ne l’utilise pas. Prenez des
roulettes pivotantes avec freins !
Astuce n°3 :
Utiliser un tapis
anti-dérapant
Quand on ponce une pièce en bois
sur l’établi, elle a tendance à déra-
per et à bouger dans tous les sens.
Pour poncer des sections de bois,
je vous conseille d’utiliser un tapis
anti-dérapant comme ceux qu’on
retrouve souvent au fond des ti-
roirs, typiquement dans nos
meubles de cuisine. Si vous n’en
avez pas déjà chez vous, vous pou-
vez les acheter en magasins pour
quelques euros. Cette astuce vaut
aussi bien quand vous poncez
avec du papier abrasif à la
main, que lorsque vous utilisez
une ponceuse électrique.
Astuce n°4 :
Nettoyer les papiers
abrasifs
En parlant de papiers de verre,
vous avez remarqué comment les
bandes abrasives s’encrassent ra-
pidement de poussières, de sciure,
de colle et de résine. Vous pouvez
nettoyer vos bandes abrasives en
utilisant des bouchons de bou-
teilles de vin (ceux qui sont en
synthétique et non en liège). Des
vieilles semelles synthétiques de
chaussures que vous n’utilisez
plus feront aussi très bien l’affaire.
Le bouchon va simplement agir
comme les gommes nettoyantes
vendues dans le commerce ! En un
passage déjà, on voit la poussière
s’effacer et le papier retrouver sa
couleur d’origine à mesure qu’on
déplace le bouchon.
Cette astuce fonctionnera sur
une ponceuse orbitale comme
sur une ponceuse à bande porta-
tive ou stationnaire. Sur la pre-
mière, le papier abrasif est cir-
culaire comme un disque tandis
que sur la seconde, il s’agit d’une
bande droite.
La technique consiste à appli-
quer le bouchon sur l’abrasif,
machine en route, en le dépla-
çant du centre vers l’extérieur.
Si vous nettoyez l’abrasif alors
que la machine est à l’arrêt, vous
devrez frotter activement avec
le bouchon et cela vous deman-
dera pas mal d’huile de coude. Je
vous recommande donc de net-
toyer les papiers abrasifs quand
votre machine tourne ! Atten-
tion, lorsque vous appliquez
le bouchon, veillez à tenir vos
doigts bien éloignés du papier.
Quand on voit la vitesse à laquelle
nos disques de ponceuses
s’encrassent, cette astuce permet
d’allonger leur durée de vie (éco-
10 astuces de bricolage
nomie d’argent et moins de gaspil-
lage), et améliore leur efficacité !
Astuce n°5 :
Tester le taux
d’humidité
des planches
Si vous assemblez des planches
entre elles alors qu’elles sont en-
core trop humides, le bois risque
de se rétracter lorsqu’il sèchera et
il y aura alors du jeu dans vos as-
semblages. Ce serait dommage de
vous apercevoir après coup que
votre desserte est toute branlante.
31
 Avant de sélectionner une
planche pour un projet en bois
d’intérieur, vous pouvez utiliser
un humidimètre. Il s’agit d’un
outil avec deux pointes à son ex-
trémité qui permet de tester l’hu-
midité présente dans le bois.
Plongez les 2 pointes dans la
planche en question et cet humi-
dimètre vous indiquera instanta-
nément le pourcentage d’humidité
présent. Cela vous permet de voir
si vos planches sont assez sèches
pour le projet que vous avez en tête.
Pour un projet d’intérieur, un taux
d’humidité qui tourne autour des
20% sera nécessaire pour éviter
que le bois ne bouge trop. Pour un
Le coin Do It Yourself
projet d’extérieur, vous pouvez to-
lérer un taux un peu plus élevé.
Bois de chauffe
Vous pouvez également
vous servir de cet appareil si
vous stockez des bûches et
que vous souhaitez attendre
qu’elles soient bien sèches
avant de les brûler. À savoir,
pour une bonne efficacité
lors de sa combustion, le taux
d’humidité du combustible
doit être inférieur à 20 %.
32
Astuce n°6 :
Un post-it vaut mieux
qu’un aspirateur
Lorsque vous percez un trou dans
un mur, positionnez un post-it
plié en dessous de la zone où vous
allez percer. Le post-it va récupé-
rer la sciure et les poussières gé-
nérées par le foret de votre per-
ceuse. Ça n’a l’air de rien comme
ça, mais ça vous évitera d’en
mettre partout sur le sol et de de-
voir passer l’aspirateur.
Astuce n°7 :
Pré-percer
les planches
Lorsque vous vissez dans une
planche, elle risque de se fendre
voire d’éclater. C’est d’autant plus
courant lorsque vous assemblez
deux planches en vissant près de
l’extrémité d’une section.
Pour éviter cela, je vous conseille
de faire un pré-perçage avant
d’introduire la vis. Utilisez une
mèche à bois d’un diamètre in-
férieur à celui de la vis.
Astuce
complémentaire
J’utilise souvent un accessoire
qui me fait gagner du temps,
c’est un « foret fraisoir », on parle
aussi de foret d’amorçage.
C’est un foret avec un fraisoir à
son extrémité, cela coûte en-
viron 10 euros et cela permet
dans le même temps de per-
cer et de fraiser. Plus besoin de
pré-percer en changeant le fo-
ret par une fraiseuse simple.
La tête de la vis vient s’en-
castrer parfaitement dans le
creux laissé par la fraiseuse,
elle ne dépasse pas de la sur-
face du bois. Cet outil vous
permet de gagner aussi en
précision. Il existe également
des forets-fraisoirs avec bu-
tée de profondeur, ce qui peut
être pratique si vous souhaitez
percer et fraiser à une profon-
deur spécifique sans traver-
ser le bois.
Astuce n°8 :
Vous n’avez pas la
bonne taille de clé
plate ? Utilisez une
pièce de monnaie
Parfois, on a beau avoir un jeu de
clés plates presque complet, on
tombe sur l’écrou qui nous ré-
siste. Si vous devez serrer ou
desserrer un écrou mais que
vous n’avez pas la clé plate de la
taille adaptée, pas de panique,
vous pouvez combler l’espace
entre la clé et l’écrou avec une
pièce de monnaie ou une ron-
delle. Bien-sûr, il vous faudra la
pièce de la bonne épaisseur, mais
fouillez bien dans votre porte-
feuille, vous finirez par trouver !
Astuce n°9 :
Bricoler une butée
de profondeur
Une butée de profondeur se fixe
directement sur le foret et sert à
percer un trou sans traverser la
planche. Au moment où le foret
atteint la butée, il s’arrête de tour-
ner sur son axe.
C’est très pratique quand on veut
percer un trou non débouchant et
s’arrêter à une certaine profon-
deur dans la section de bois.
Mais plutôt qu’acheter une butée
en magasin, vous pouvez utili-
ser un morceau de scotch que
vous fixerez sur votre mèche à
bois à la bonne distance depuis
son extrémité.
Repliez le morceau de scotch sur
lui-même pour faire un petit «
drapeau ». De cette manière le
scotch vous servira de repère et
vous saurez quand il faudra ar-
rêter de percer.
Astuce n°10 :
De la pâte à bois
maison ?
Si vous souhaitez reboucher un
petit trou sur une planche et que
vous n’avez pas de pâte à bois,
vous pouvez en fabriquer vous-
même en mélangeant de la sciure
de bois avec de la colle vinylique.
Pour les proportions, c’est un peu
à l’œil selon que vous vouliez une
consistance plus ou moins pâteuse.
Le tout, c’est que la colle serve de
liant et que la sciure devienne ho-
mogène quand vous mélangez.
Au séchage, ce sera aussi dur que
du bois.
Si en plus, vous utilisez de la
10 astuces de bricolage
sciure de bois provenant de
la planche que vous souhaitez
reboucher, vous obtiendrez la
même teinte et le trou bouché
passera inaperçu.
Conclusion
J’espère que ces astuces vous seront
utiles. Certaines vous feront gagner
en efficacité, d’autres en précision,
d’autres encore vous feront éco-
nomiser de l’argent ! Dans tous les
cas, elles vous permettront de vous
entraîner à pratiquer la « règle 22 :
débrouille-toi comme tu peux ! »,
c’est ce qu’on se dit entre pompiers
avant chaque intervention !
En matière de bricolage, c’est tou-
jours bien d’essayer de s’adapter.
Ce n’est pas parce que l’on ne pos-
sède pas l’outil spécifique pour
faire une tâche que c’est impos-
sible de la réaliser pour autant. En
plus, c’est ludique de chercher des
alternatives. Alors, bon bricolage !
Dimitri Elledge
33
 Franck Ropers,
expert en arts
martiaux et self-­
defense, est aus-
si conférencier, consultant au-
près des forces de l’ordre et
des unités d’élite de la gendar-
merie et ne cesse de se for-
mer à de nouvelles méthodes
(sophrologie, yoga, PNL…) pour
toujours s’améliorer à plus de
60 ans ! À présent, il souhaite
partager au plus grand nombre
son expérience dans la self-­
defense et l’hygiène de vie.
Optimiser sa préparation physique et mentale
Très en vogue depuis quelques
années, les magazines vantent
souvent les vertus « amincis-
santes » du jeûne pour « brûler
ses graisses abdominales ». La
perte de poids n’est pourtant pas
l’objectif premier du jeûne inter-
mittent car ce dernier n’est pas
un régime ! Gain d’énergie, moins
de grignotages, lutte contre les
maladies cardio-vasculaires et le
diabète de type 2, ses bienfaits
sur la santé sont nombreux.
De plus, le jeûne intermittent
est facile à mettre en place et
sans danger. Contrairement aux
jeûnes longs qui consistent à
ne pas s’alimenter pendant un
certain nombre de jours en se
contentant d’eau ou de tisanes,
et qui doivent être encadrés mé-
dicalement, nous pouvons tous
profiter des bienfaits du jeûne in-
termittent chez nous sans pro-
blèmes, à condition de respec-
ter quelques règles de base que
nous allons voir aujourd’hui.
34
OPTIMISER SA PRÉPARATION PHYSIQUE ET MENTALE
LES BIENFAITS
DU JEÛNE
INTERMITTENT
LE JEÛNE INTERMITTENT,
QU’EST-CE QUE C’EST ?
Le jeûne intermittent, partiel ou
« intermittent fasting » en an-
glais, est un mode alimentaire qui
consiste à alterner une période de
jeûne (privation de nourriture) et
une période d’alimentation nor-
male sur une journée de 24 h.
Attention, pendant toute la pé-
riode de jeûne, si la nourriture
n’est pas autorisée, il faut abso-
lument continuer à s’hydrater
avec de l’eau, du thé, des tisanes
ou du café (mais sans sucre). Ne
confondez pas ce jeûne avec le
« jeûne sec » (non hydrique).
Les diverses façons
de jeûner
Il existe plusieurs variantes
de jeûne intermittent qui per-
mettent à chacun de choisir le
rythme qui lui convient le mieux.
Voici les 6 formules de jeûne in-
termittent les plus connues.
Le jeûne 16/8, le plus facile
à suivre
La période de jeûne dure 16 heures
puis on s’alimente normalement
sur une fenêtre de 8 heures. Par
exemple, si vous finissez de diner
à 20 h et que vous sautez le pe-
tit-déjeuner du lendemain pour
ne manger qu’à 12 heures, dans ce
cas vous pratiquez déjà le jeûne
16/8. Il est également possible de
sauter le dîner. Vous prenez dans
ce cas une collation à 16 heures et
vous prendrez votre petit-déjeu-
ner à 8 heures le lendemain. C’est
le plus facile à suivre et c’est pour
cette raison que c’est le plus prati-
qué. On peut prendre 2 repas (12 h
et 19 h 30) ou 2 repas et une colla-
tion (12 h, 16 h pour la collation et
19 h 30) quand on a une pratique
sportive intense.
Le jeûne 20/4,
« warrior diet » ou
« régime du guerrier »
Il s’adresse plutôt à des indivi-
dus qui ont déjà l’habitude de
jeûner. La phase de jeûne dure 20
heures pour permettre au corps
de se détoxifier complètement.
Pendant la phase de jeûne, il est
possible de consommer en pe-
tites portions : des légumes frais,
des fruits frais (ou sous forme de
jus), et des protéines légères. Le
soir, pendant la plage horaire de
4 heures où vous pouvez prendre
un repas sans restriction calo-
rique. Attention, comme vous ne
pourrez prendre qu’un repas par
jour, vous risquez d’avoir des ca-
rences si vous ne faites pas stric-
tement attention à ce que vous
mangez. C’est pour ça que je dé-
conseille cette formule aux spor-
tifs qui ont besoin de réparer
leurs muscles.
Le jeûne 5/2 ou « fast diet »
Il consiste à manger normale-
ment pendant 5 jours, puis à avoir
un apport calorique réduit pen-
dant 2 jours consécutifs. Pen-
dant ces 2 jours de semi-jeûne, je
vous recommande de consommer
500 calories pour les femmes et
600 calories maximum pour les
hommes.
Le jeûne « Alter-
nate-Day-Fasting » (ADF)
ou dit « un jour sur deux »
Vous pouvez manger norma-
lement pendant un jour puis le
jour suivant vous réduisez les ap-
ports nutritifs comme le sucre et
les aliments à indice glycémique
élevé (sucres rapides et fécu-
lents, pâtes, riz, semoules) dans
le but de limiter l’accumulation
de toxines dans le corps. Il est très
peu pratiqué mais facile à suivre.
Le jeûne « One Meal
a Day » (OMAD)
Dans ce cas, vous n’allez faire
qu’un seul repas par jour. Cette
formule ressemble au jeûne 20/4
voire 23/1, puisque le principe
est de réduire le plus possible,
jusqu’à 1 h minimum, la fenêtre
d’alimentation. La difficulté, c’est
encore de réunir dans un seul re-
pas, tous les apports énergé-
tiques nécessaires pour tenir une
journée de 23 h. Comme pour le
jeûne 20/4, il est difficile de com-
bler tous les besoins en micro et
macro nutriments en un seul re-
pas, je ne le conseille donc pas à
tout le monde.
Le jeûne 36/12
Il consiste à jeûner 36 h de suite et
à manger sur une plage horaire de
12 h. C’est une méthode que je ne
conseille pas pour débuter, sauf
Les bienfaits du jeûne intermittent
si vous pratiquez déjà le jeûne
et que vous le supportez bien. Il
présente un inconvénient majeur
pour les sportifs car on perd vite
de la force et de la masse muscu-
laire. Personnellement, je le dé-
conseille car il fatigue trop signi-
ficativement.
35
 POURQUOI JE PRÉFÈRE LE JEÛNE
INTERMITTENT 16/8 ?
Le jeûne intermittent 16/8
consiste à manger sur une fe-
nêtre de 8 heures et s’abstenir
pendant les 16 heures restantes.
Le plus simple pour la majorité
des adeptes (c’est ce que je fais de-
puis plus de 10 ans) est de sauter
le petit-déjeuner, de déjeuner à
12 h et finir de dîner à 20 h. Mais
Optimiser sa préparation physique et mentale
Vous pouvez tout à fait pratiquer
ce jeûne intermittent et pratiquer
un sport en fin de jeûne. Cepen-
dant, à jeun, il ne faut pas réa-
liser des efforts physiques in-
tenses d’une durée de plus de
60 minutes, sinon vous allez vi-
der toutes vos réserves glyco-
géniques. (Le glycogène est un
glucide complexe présent dans
le foie et les muscles. Il libère
rapidement des molécules de
glucose dans le sang et est l’un
36
vous pouvez choisir la plage de 8
heures que vous voulez en fonc-
tion de vos habitudes alimen-
taires.
Pratiquer le jeûne intermittent
16/ 8 en sautant le petit déjeu-
ner est pour moi le plus pratique
parce qu’il peut facilement se
Le jeûne 16/8 et le sport
des principaux carburants de
l’organisme lors d’un effort phy-
sique).
Pour bénéficier de l’impact puis-
sant du jeûne, je vous conseille
de faire 30 minutes d’exercice
intensif (musculation, HIIT…) en
fin de jeûne et d’enchainer tout
de suite avec un repas équilibré
riche en protéines, glucides et li-
pides de qualité. Mangez dans
les 30 minutes suivant les exer-
concilier avec une vie sociale. Je
trouve ce rythme idéal puisqu’il
permet de partager plusieurs re-
pas avec sa famille ou ses amis,
sans avoir la sensation de se pri-
ver des bons moments ! Prati-
quer le jeûne ne doit pas vous
frustrer et vous couper des
autres.
cices pour bénéficier de ce que
les athlètes appellent la fenêtre
anabolique. Elle correspond à
une période durant laquelle les
muscles peuvent absorber une
plus grande quantité de proté-
ines et ainsi assurer une meil-
leure récupération.
Ainsi, vous allez optimiser vos
performances et votre santé
physique et mentale !
 LES BÉNÉFICES DU JEÛNE INTERMITTENT
Le jeûne intermittent a de nom-
breux bénéfices sur l’organisme
parmi lesquels on observe un
gain d’énergie mais pas seule-
ment :
• Quand vous mangez un ali-
ment sucré le matin, il va pro-
voquer un pic glycémique qui
va permettre d’évacuer le sucre
du sang vers les cellules. Ce pic
glycémique est immédiatement
suivi par un pic d’insuline qui
va lui provoquer une légère hy-
poglycémie, c’est un manque de
sucre dans le sang qui à son tour
va provoquer une sensation de
faim. C’est pour ça que vous al-
lez vous sentir fatigué vers 11h
et enchaîner les snacks pour te-
nir jusqu’à l’heure du déjeuner.
Le jeûne intermittent permet
de diminuer les fringales et
les envies de grignotage ;
• La baisse du taux de sucre dans
le sang provoque la sécré-
tion de l’hormone de crois-
sance. Or, cette hormone sti-
mule la lipolyse : la dégradation
des graisses les rendant direc-
tement utilisables par les cel-
lules comme source d’énergie.
Autrement dit, l’hormone de
croissance aide à « brûler les
graisses ». Elle favorise éga-
lement la croissance muscu-
laire en agissant sur la syn-
thèse des protéines. Grâce à
la hausse du métabolisme li-
pidique, le corps a une source
de carburant constante qui est
notre graisse. Votre niveau
d’énergie sera donc élevé tout
au long de la journée ;
• Comme le taux de sucre dans
le sang diminue, la production
d’insuline diminue également.
Cette baisse de la production
met le pancréas au repos ain-
si que les récepteurs de l’insu-
line. Ainsi, le jeûne intermit-
tent permet de lutter contre la
résistance à l’insuline et donc
le diabète de type 2 ;
• Sans le sucre apporté par la
nourriture, votre corps va pui-
ser dans ses réserves de graisses
pour produire de l’énergie. Le
jeûne intermittent lutte donc
activement contre les risques
de maladies cardio-vascu-
laires ;
• Il amplifie aussi le processus
naturel de renouvellement des
cellules. Ce type de jeûne active
l’autophagie et aide les cellules
à se régénérer. L’autophagie est
un véritable nettoyage cellu-
laire pendant lequel les élé-
ments indésirables ou patho-
gènes introduits dans la cellule
sont collectés et transportés
pour être dégradés. En se man-
geant elles-mêmes, nos cellules
font le tri et se débarrassent de
toutes les cellules endomma-
gées. C’est ce qui améliore la
santé du métabolisme ;
• Il favorise la régénération du
système immunitaire ;
• Il augmente le taux de testos-
térone chez les hommes et les
femmes et améliore ainsi la li-
bido. On connait l’importance
de cette hormone pour les spor-
tifs de haut niveau et les prati-
quants de musculation ;
• Il permet de vieillir plus lente-
ment et en meilleure santé ;
• La digestion, qui nécessite
une grande quantité d’éner-
Les bienfaits du jeûne intermittent
gie pour fonctionner, est mise
en pause pendant la période de
jeûne. Cette économie d’éner-
gie est donc à disposition pour
le système nerveux et favorise
la clarté mentale, la concentra-
tion, vous vous sentez reposé
et en forme. Avec mes clients,
nous avons constaté que nous
étions plus performants sur le
plan cognitif, plus efficaces,
pendant la fenêtre de jeûne ;
• Enfin et dans le même temps, la
qualité du sommeil s’améliore.
37
 À quelle fréquence pratiquer le jeûne intermittent ?

Vous pouvez choisir de jeûner par
intermittence une fois par mois,
une fois par semaine ou tous les
jours de la semaine pendant une
durée indéterminée.
L’essentiel c’est que vous vous
sentiez bien dans votre corps et
dans votre tête. Surtout ne vous
forcez pas ! Si le jeûne est diffi-
cile au début, n’hésitez pas à y
aller progressivement, écoutez
vos sensations pour voir ce qui
est plus simple à supprimer pour
vous : le dîner ou le petit-déjeuner.

CONTRE-INDICATIONS
ET EFFETS INDÉSIRABLES
Si vous êtes en bonne santé, il n’y Le jeûne intermittent est forte- si vous ne consommez pas assez
a pas de contre-indications à es- ment déconseillé aux : d’eau. Très rarement, certaines
Optimiser sa préparation physique et mentale

sayer le jeûne intermittent. Mais
pour certaines personnes ce n’est
pas recommandé.
Les personnes âgées et les per-
sonnes présentant des pa-
thologies comme le diabète
et autres maladies métabo-
liques, des maladies cardiovas-
culaires, un cancer, ne doivent
pratiquer le jeûne intermittent
qu’avec l’accord de leur méde-
cin traitant.
• Jeunes de moins de 25 ans ;
• Femmes enceintes ;
• Femmes qui allaitent ;
• Personnes ayant des antécé-
dents de troubles alimentaires.
Le jeûne intermittent peut être
difficile la première semaine et
générer des effets indésirables,
mais ils ne sont pas dangereux !
En tout premier lieu, on peut
ressentir une légère déshydra-
tation et des légers maux de tête
personnes ressentent un état de
somnolence, des difficultés d’en-
dormissement (surtout pour ceux
qui ont choisi de jeûner le soir) et
deviennent un peu irritables. Ces
effets ont tendance à passer ra-
pidement avec l’habitude, mais
s’ils persistent, reprenez votre
rythme d’alimentation normal.

38
 LES BONNES CONDITIONS POUR PRATIQUER
LE JEÛNE 16/8
D’abord, accordez-vous un temps
d’adaptation. N’hésitez pas à
commencer par deux fois par
semaine puis augmenter la fré-
quence jusqu’à jeûner 6 ou 7 jours
par semaine au bout de quelque
temps. Sachant que vous pouvez
sauter des jours de jeûne à tout
moment.
Allez-y progressivement. Vous
pouvez par exemple commencer
par décaler de plus en plus tard
l’heure du petit-déjeuner pour fi-
nir par le supprimer une ou deux
fois par semaine jusqu’à sauter
tous les petits-déjeuners de la
semaine. Il faut fonctionner aux
ressentis.
Pour la majorité de mes clients,
il est plus simple de sauter le pe-
tit-déjeuner, mais pour certains
ce sera le dîner. L’important est
de ne rien manger pendant 16 h.
Cherchez votre rythme et puis ça
deviendra une habitude.
Quand vous rompez le jeûne
intermittent, vous ne devez
pas vous jeter sur votre repas
à toute vitesse mais vous ali-
menter en pleine conscience,
en étant à l’écoute de vos sen-
sations de faim. Profitez des
phases de prises alimentaires
pour vous recharger en carburant
mais sans excès. Pas question de
se gaver en mangeant des doubles
portions pendant la fenêtre de 8 h
pour rattraper le temps perdu.
L’enjeu, c’est vraiment de trou-
ver un juste équilibre.
Le jeûne intermittent ne préco-
nise pas vraiment d’orientations
alimentaires spécifiques mais
j’invite quand même à adopter
de bons principes en évitant de
consommer des aliments indus-
triels, de boire des boissons su-
crées et plus d’un verre d’alcool
par jour.
Privilégiez des aliments pas ou
très peu transformés, des pro-
téines maigres (volaille, pois-
sons, œufs…) ainsi qu’une grande
quantité de légumes, de fruits,
des glucides en quantité rai-
sonnable et des bonnes graisses
(huiles végétales, petits pois-
sons gras). Il est vraiment très
important de manger principa-
lement des aliments sains et de
ne pas surconsommer de nourri-
ture pendant votre fenêtre de re-
pas. Le jeûne sera moins efficace
si vous absorbez des aliments de
mauvaise qualité ou un nombre
trop élevé de calories.
Pour vous aider à réduire la sen-
sation de faim je vous invite à
boire de l’eau, du café, des infu-
sions et d’autres boissons à zéro
Les bienfaits du jeûne intermittent
calorie pendant la période de
jeûne. Hydratez-vous réguliè-
rement pour pouvoir éliminer
les toxines de votre métabo-
lisme. D’ailleurs, que vous soyez
en période de jeûne ou non, c’est
la base. Mettez un point d’hon-
neur à boire au minimum 2 litres
d’eau par jour. Pour la petite as-
tuce, buvez à la bouteille, c’est
souvent ainsi qu’on boit plus.
Voilà, j’espère vous avoir convain-
cu des bienfaits du jeûne, cela fait
plus de 10 ans que je l’ai intro-
duit dans ma vie et c’est devenu
une habitude qui participe à mon
équilibre, à ma santé physique et
mentale.
Alors, à vous d’essayer ! Bon
jeûne !
Franck Ropers
39
 Gaëtan est vice-­ LE TEST DE MATOS
président et ins-
tructeur au sein
d’une associa-
tion militaire en Suisse. Grand
adepte du terrain et passion-
QUID DES
né des techniques militaires,
il passe tous ses week-­ends CHAUSSETTES
ÉTANCHES ?
à enseigner les techniques de
combat et de déplacement
tactique. Sa pratique du trek
et du bivouac l’amène donc à
utiliser et tester beaucoup de
matériel dans les conditions
les plus extrêmes !
PRÉSENTATION
La première fois que j’ai entendu
parler de chaussettes étanches,
je me suis dit, on a tout inventé !
Le pied, comme toutes les extré-
mités, est très sensible à l’humi-
Le test de matos

dité et aux variations de tempé-

rature. Et un pied froid et trempé
se répercute sur tout le confort
du corps et la solidité du mental.
Avec des chaussettes étanches,
je pourrais porter une paire de
chaussures plus légères pour mes
longs treks quitte à renoncer au
GoreTex et traverser les rivières à
gué sans me poser de questions !
Alors, est-ce la fin des pieds
mouillés ? Peut-être. Mais avant
de crier au miracle, j’ai voulu les
tester en bonne et due forme.
J’ai donc essayé pour vous les
chaussettes étanches de la
marque française Verjari.
Verjari a été fondée en 2018 par cessoire étanche peut être im-
deux sportifs français passion- mergé dans l’eau, tandis qu’un
nés de nouvelles technologies : tissu imperméable résiste à des
Antoine Verhille et François chutes d’eau mais ne peut pas
Sandjari. En fait, ils ont adapté être immergé.
la construction en trois couches
connues sur les vêtements Go-
reTex (une couche imperméable
intercalée entre deux couches
de tissu) à des accessoires tech-
niques, (bonnets, gants, chaus-
settes). La différence, c’est que
pour leurs accessoires imper-
méables, Verjari utilise une tech-
nologie sans coutures. C’est pour
ça, entre autres, qu’ils peuvent se
targuer de faire des chaussettes
étanches. Pour rappel, un ac-

40
À l’origine, Verjari a créé ces
chaussettes à destination
des trailers, parce qu’ils uti-
lisent des chaussures légères,
en mesh, qui n’ont pas de
membrane imperméable.

J’ai choisi le modèle Trek-Light en

version haute mais il existe des
modèles moins épais, en fibres
de bambou et des modèles conçus
pour des températures négatives
(le modèle Mountania). Au dos de
la pochette d’emballage on peut
lire que l’imperméabilité est me- Au toucher, le textile a l’aspect et timal et une bonne régulation
surée à 15 000 Schmerber. Ça la texture d’un chausson de plon- de la température tandis que la
s’annonce bien, à 15k Schmer- gée en néoprène. couche externe est en nylon. In-
ber, une veste de pluie résiste à tercalée entre ces deux tissus,
des averses très fortes. La partie intérieure est plus la membrane imperméable est

Quid des chaussettes étanches ?

douce, la couche est en laine mé- annoncée comme étant respi-
rinos pour assurer un confort op- rante et coupe-vent. On va voir !

41

J’enfile donc les chaussettes, mon
pied est confortablement installé
avec une sensation de coussin qui
est très agréable car elles sont plus
épaisses que des chaussettes clas-
siques. Par contre, elles donnent
une sensation étrange d’avoir le
pied étouffé, moins libre qu’avec
des chaussettes normales.
Pour les tester, j’ai choisi une
paire de baskets sans atouts, le
genre de chaussures qui prennent
bien l’eau et je suis parti aux
abords de chez moi, tester l’étan-
chéité pendant une promenade
de 45 min sous la pluie.
Le test de matos
J’emprunte des chemins boueux,
je traverse un champ d’herbes
hautes complètement trempées
et quitte à y aller vraiment, j’en-
fonce mes pieds dans les flaques.
À ma grande surprise, les chaus-
settes sont effectivement étanches
et mes pieds restent au sec.
Mais le vrai inconvénient, c’est
qu’au bout de 5 minutes de
marche, j’ai eu la sensation
d’avoir une éponge imbibée
42
LE TEST
d’eau sous les pieds. Je sentais
comme une poche de froid qui
se transmettait à mes orteils et
les chaussettes ont commencé à
faire du bruit, squitch squitch en
permanence ! Ces sensations de-
viennent vraiment désagréables
sur de longs déplacements et les
chaussettes prennent aussi au
passage quelques grammes sup-
plémentaires.
En rentrant à la maison, je véri-
fie quand même que mes pieds
soient bien secs, et je dois dire
que je suis étonné, pas la moindre
humidité. En revanche, il va me
falloir du temps pour faire sécher
la couche externe en nylon.
Sur des itinérances, au printemps
ou en été, j’ai du mal à croire que
les chaussettes respirent assez
pour évacuer l’humidité liée à la
transpiration. Comme je vous le
disais, l’aspect de la membrane
m’évoque le néoprène. Imagi-
nez-vous faire une randonnée
avec des chaussons de plongée !
Vos pieds risquent vraiment de
macérer.
 Quid des chaussettes étanches ?
CONCLUSION
Pour 40 euros, les chaussettes étanches Verjari remplissent parfai-
tement leur rôle et empêchent l’eau de pénétrer. Mais selon moi,
rien n’égale une bonne paire de chaussures en GoreTex qui sera plus
agréable à porter lors de longues randonnées sous la pluie. Si vous
voulez éviter que l’eau s’introduise par-dessus les chaussures je vous
conseille d’utiliser des guêtres. C’est très efficace et ça vaut mieux que
de s’équiper en chaussettes étanches.

Malgré tout, ces chaussettes se prêteront bien aux aventures aqua-

tiques, comme les descentes en rafting, le canoë ou le kayak, alors
faites en bon usage !

Gaëtan

43

Irfaan Burahee développe depuis
La rencontre inspirante du mois
quelques années un potager au
pied de son immeuble. Il s’ins-
pire des principes de la perma-
culture et les adapte à la dimen-
sion de son jardin. Le résultat : il a
gagné en autonomie alimentaire
en pleine ville et il participe à
donner une place au vivant dans
son sens le plus large. Si tu ha-
bites en ville, ce n’est plus une
excuse pour repousser au lende-
main tes envies de cultiver !
44
LA RENCONTRE INSPIRANTE DU MOIS
IRFAAN BURAHEE
L’ART DU MICRO-
POTAGER URBAIN
Bonjour Irfaan. Pour commen- Plus récemment, c’est lors d’un
cer, tu peux te présenter et séjour au Kenya en 2009, où j’ac-
nous décrire un peu ton par- compagnais une collègue en mis-
cours, ce qui t’a poussé à te sion humanitaire dans le plus
lancer dans un projet de pota- grand bidonville du pays, Kibe-
ger urbain ? ra, que j’ai eu l’occasion de mieux
connaître les enjeux et méthodes
Je m’appelle Irfaan Burahee, j’ai d’agriculture urbaine. J’y ai prêté
42 ans, je suis docteur en géogra- main forte à une ONG locale qui
phie du développement. J’ai choi- permet aux habitants de mettre
si une spécialisation liée à l’envi- en place des microsystèmes agri-
ronnement, ma thèse portait sur coles dans des jardins partagés
les espaces insulaires et leur ré- afin de lutter contre la précarité
silience face au tourisme et à la alimentaire et ses conséquences
mondialisation. sur la santé. Cette recherche pour
l’autonomie alimentaire m’a vrai-
Enfant, j’étais passionné par le ment impressionné.
vivant, l’écologie, la faune et la
flore, et la biologie. J’ai appris le De retour en France, j’ai été da-
jardinage auprès de mon grand- vantage sensible à la question de
père à l’île Maurice, lui-même l’alimentation durable et de la
était fermier et préservation de
avait migré dans la biodiversité. Je
la capitale du pays, « J’ai appris me suis alors lan-
où il avait fini par le jardinage auprès cé en 2010 dans la
acheter une mai- de mon grand-père création d’un pe-
son avec un jardin, à l’île Maurice. » tit jardin sur mon
c’est encore l’un balcon au rez-de-
des rares jardins chaussée à Cré-
de Port-Louis à ne pas avoir cédé teil (proche banlieue parisienne)
à la pression foncière. et j’ai utilisé mes rebords de fe-
nêtres pour cultiver un tas de pe-
tites choses. J’ai fait pousser avec
succès mes premières espèces po-
tagères et plantes aromatiques.
Le manque d’espace et surtout de
terrain ne m’a pas permis d’aller
plus loin dans mes idées. J’ai tou-
tefois pu participer au projet de
jardin partagé (et d’insertion) de
l’association Emmaüs de Créteil
au sein de laquelle j’ai contribué
à la culture des légumes destinés
à la mise en vente pour des per-
sonnes en situation de précarité.
Comment s’est passé ton ins-
tallation sur le site actuel de tes
micro-potagers urbains ?
Il y a quelques années mainte-
nant, j’ai déménagé pas loin de
Créteil, à Bonneuil sur Marne,
où je me suis installé dans un an-
cien corps de ferme des années
1920 converti en logements pri-
vés. Mon habitation est au rez-
de-chaussée en plein centre-ville
et a une petite arrière-cour et une
terrasse côté rue. Lors de la visite,
j’avais immédiatement vu le po-
tentiel de mise en valeur de ces
petits espaces que j’ai transfor-
més rapidement en micro-pota-
gers urbains. L’aventure de ces
micro-potagers urbains a débu-
té par un grand nettoyage, car ces
espaces étaient laissés à l’aban-
don. Ensuite j’ai limité l’espace,
en accord avec mon unique voisin
de l’aile d’habitation qui m’avait
donné de nombreux conseils car
lui-même était passionné de jar-
dinage. J’ai alors commencé à
cultiver le petit lopin de terre, sur
sept mètres de long et un mètre
de large.
Par la suite, j’ai installé sur les et de sensibilisation à la bonne
sols goudronnés, plusieurs bacs alimentation. Le jardinage ur-
potagers réalisés en bain, l’autopro-
matériaux de récu- duction, la mise
pération afin de « Un restaurant en place de jar-
gagner en espaces étoilé se fournit dins collectifs
cultivables. D’an- en légumes tropicaux sont autant d’ac-
l’art du micro-potager urbain
née en année, j’ai chez nous ! » tions que nous
organisé et agen- menons auprès
cé ces espaces pour de nos bénéfi-
les faire gagner en efficience et en ciaires et partenaires pour pro-
productivité avec l’aide de mon mouvoir à la fois la dynamisation
père, lui-même ancien fermier à physique, ludique et le « manger
l’île Maurice. mieux ».
Est-ce que tu as gardé un em- En moyenne, je consacre 1 h par
ploi à côté ? Combien de temps jour à jardiner et à faire des amé-
quotidien tu passes au potager ? nagements aux potagers. C’est
notamment au printemps (avec
L’activité « d’agriculteur urbain », la préparation de la terre et les
ne m’occupe pas à plein temps, plantations) et en été (lors des ar-
loin de là. C’est une passion avant rosages et des soins apportés aux
tout et je ne gagne pas ma vie grâce plantes et légumes) que j’y passe
à cela. Toutefois, le jardinage est le plus de temps. Je préfère lais-
progressivement devenu dans ser faire la nature plutôt que trop
mon quotidien une nécessité, une intervenir, le jardin gagne ainsi
philosophie même, en vue d’ap- en résilience et les différentes es-
porter des réponses à mon échelle pèces s’adaptent mieux.
à des problèmes écologiques et
d’autonomie alimentaire. Qu’est-ce que ça implique de
cultiver dans un milieu urbain ?
Actuellement, je suis directeur de
la Maison sport-santé de Créteil/ Cultiver en milieu urbain, no-
Mont-Mesly où justement nous tamment sur des petits espaces,
menons des projets de prévention implique de trouver des mé-
45

thodes pour augmenter naturel-
lement la productivité. Surtout si
on est dans une logique d’autono-
mie alimentaire. D’une part, afin
de pouvoir être en autosuffisance
La rencontre inspirante du mois
pour certaines denrées une par-
tie de l’année et d’autre part pour
pouvoir en donner ou en vendre
une partie éventuellement. Nous
consommons une large part de
ce que nous produisons mais
une autre partie est aussi des-
tinée à l’échange avec le voisi-
nage, le don et la vente à des
particuliers, des brasseries
et autres restaurateurs. Nous
avons même un restaurant étoi-
lé qui se fournit en légumes tro-
picaux chez nous. Comme nous
avons une production tout à fait
naturelle (sans pesticides et in-
secticides) et n’utilisons pas d’en-
grais chimiques, la qualité de nos
produits est gustativement in-
comparable.
As-tu eu des problèmes de voi-
sinage ou au contraire, est-ce
que tu sens que ton activité
participe à créer du lien social ?
Comme je suis situé dans une an-
cienne ferme convertie en loge-
ments, j’avais peu de voisins sur
les deux ailes. Nous n’étions que
cinq familles au total en 2017.
46
Puis des logements ont été ré-
habilités et d’autres voisins sont
venus (trois autres familles). Très
vite, j’ai compris qu’il fallait créer
de la cohésion. Ma chance était
que tous étaient déjà sensibles à
la nature et au vivant, de même
que la propriétaire qui était
très concernées par nos actions
éco-citoyennes et qui nous a lais-
sé mener à bien nos projets.
Dans un premier temps, j’ai aidé
mes voisins à créer leurs propres
petits jardins dans la cour com-
mune de la résidence. Nous avons
ainsi mis en place un potager col-
lectif avec un élevage d’une di-
zaine de poules et des coqs. Par
contre, nous avons dû rapide-
ment donner les coqs car les voi-
sins des habitations aux alen-
tours se sont plaints de leurs
chants matinaux.
Le Covid-19 et les confinements
successifs nous ont davantage
donné envie de nous entrai-
der pour produire nos légumes
et passer du temps ensemble,
sur des projets communs. L’en-
jeu a été de développer un pro-
jet d’autosuffisance au sein de
notre petite résidence de 8 lo-
gements regroupant une ving-
taine d’adultes et enfants. Au-
jourd’hui encore, nous n’hésitons
pas à nous entraider quand il
s’agit de jardinage ou autres tra-
vaux courants au sein de la rési-
dence. Cela a donc créé du lien
social et engendré un socle de so-
lidarité. Occasionnellement, nous
organisons des temps d’échange
sous forme de réunions et de dé-
gustations de nos productions.
Un prochain rassemblement sera
mis en place à l’occasion du fes-
tival AlimenTerre. Par ailleurs,
nous ouvrons nos portes aux per-
sonnes extérieures, en organisant
régulièrement des visites de nos
potagers accompagnés d’ateliers
pédagogiques.
Pour faire la promotion de nos
actions et mieux nous organi-
ser, notamment dans le cadre
d’une réhabilitation urbaine du
quartier qui impactera notre ré-
sidence, nous nous sommes re-
groupés, finalement, en Ami-
cale des locataires et avons créé
en 2019 l’ASSAMILOFF (ASSo-
ciation l’AMIcale des LOcataires
de la Ferme Fabien, dont je suis
le Président). L’association œuvre
au sein de la résidence à son em-
bellissement, à la protection de la
biodiversité en ville, au dévelop-
pement de l’agriculture urbaine,
à la sensibilisation à la bonne ali-
mentation, nous menons aussi
d’autres actions éco-citoyennes.
Faut-il des autorisations pour
commencer un potager urbain ?
Mon potager étant petit, je n’ai eu
besoin d’aucune autorisation en
mairie ou en préfecture, cela n’a
pas demandé des travaux d’amé-
nagement conséquents non plus.
J’ai juste demandé l’accord de
mes voisins pour pouvoir entre-
poser certains végétaux et une
petite serre en hiver dans le hall
de l’immeuble.

Bien entendu, j’ai eu l’accord de

ma propriétaire pour aména-
ger des espaces de la cour com-
mune en potager et embellir la
résidence, elle a d’ailleurs contri-
bué financièrement à plusieurs
projets. C’est très rare d’avoir une
propriétaire comme elle et je l’en
remercie.
Le potager côté arrière-cour s’or- manière très dense et ressemble à
Tu as quelle superficie ? Com- ganise à la fois autour de bacs po- une petite forêt tropicale en été.
ment tu as fait pour organiser tagers, de pots et aussi d’un pe-
ton potager dans un espace tit lopin de terre. En plus des D’année en année, nos mi-
restreint, pour laisser de l’es- cultures saisonnières, on a aussi cro-potagers sont de plus en
pace entre les légumes, pour planté plusieurs arbustes en pots plus productifs car j’apprends
créer des zones de polycultures (pommier, citronnier, cerisier), il à connaître les plantes qui
par exemple ? y a un grand nectarinier en pleine peuvent rapidement s’adapter

l’art du micro-potager urbain

terre (je l’ai planté en 2017). Il y à mon sol, aux contenants, au
Le potager côté rue fait environ 15 a 3 ans, je me suis lancé dans micro-climat et à l’exposition.
m2, celui en arrière-cour environ la culture de chayottes (« chou- J’apprends à connaître chaque
25m2. Le potager côté rue s’orga- chou » ou christophine) et du gi- espace, chaque recoin, et ce qui
nise exclusivement autour d’une raumon tropical (dont les graines pourrait y pousser au mieux.
dizaine de grands m’ont été rappor- Je sème autant des espèces an-
bacs potagers et tées de l’île Mau- ciennes certifiées bio que des hy-
grands pots. On y « Tout pousse rice). Ce fut une brides F1. En 2021, l’ensemble des
fait pousser des to- de manière très surprise de voir récoltes a été d’environ 150 kilos.
mates, des cour- dense et ressemble ces cultures tro- Cette année nous les avons dé-
gettes, des blettes, à une petite forêt picales se déve- passés et nous nous rapproche-
des concombres et tropicale en été. » lopper avec ai- rons sans doute des 200 kilos.
plus récemment des sance en région Nos 6 pieds de chayottes et nos 6
chayottes. Il y a aussi parisienne. Les pieds de giraumons sont supers
diverses espèces végétales d’orne- chayottes sont dans des grands productifs. À eux seuls, ils nous
ment et médicinales en pots pour bacs potagers de 300 L et se sont fourniront sans doute un total de
attirer les insectes polinisateurs et très bien adaptées. Tout pousse de 110 à 140 kilos de légumes.
apporter de la biodiversité.

47
 Comment tu t’organises pour
que tes semis passent l’hiver ?
Pour les chayottes notamment,
le pied mère peut passer l’hi-
ver sans problème à condition
de le protéger du froid sous une
bonne couche de paillis, cartons
et du tissu de chanvre. Nos pieds
de chayottes ont 3 ans pour cer-
tains déjà. Et au fil des années, ils
sont plus productifs.
Concernant les semis à propre-
ment parler, je les fais au chaud
dans mon salon dès le mois de
janvier pour les poivrons et au-
bergines, en février pour les to-
La rencontre inspirante du mois
Cependant, en proche région pa-
risienne et dans les centres ur-
bains en général, il y a un îlot de
chaleur qui maintient les tempé-
ratures plus hautes qu’à la cam-
pagne. D’année en année, on peut
planter plus tôt dans la saison à
cause des effets du réchauffement
climatique aussi. Depuis 2017, je
n’ai jamais pris en compte le pas-
sage des saints de glace pour at-
tendre de planter !
Comment nourris-tu ton sol ?
Est-ce que tu fais ton compost
dans un bac couvert pour éviter
les odeurs et les insectes dans
ton habitation ?
fourmis que nous éloignons de la
maison grâce à du marc de café.
Concernant les odeurs, elles sont
désagréables uniquement quand
j’arrose mes cultures avec du pu-
rin d’ortie.
Comment récupères-tu les
matières pour ton paillage ?
Concernant le paillage, notam-
ment en été, je l’achète dans une
animalerie proche de chez moi.
En hiver, je prends mon râteau
et je demande à des voisins vi-
vant en pavillon si je peux récu-
pérer les feuilles mortes de leurs
jardins. C’est un service des deux

mates et vers mars pour les côtés. J’en récupère facilement

courgettes et concombres. J’ai
des lampes UV horticoles basse
consommation et des petites
serres d’intérieur qui me per-
mettent de faire ces semis de ma-
nière précoce. Les jeunes plants
sont mis en serre froide en exté-
rieur courant mars et y patientent
jusqu’au mois d’avril, période à
laquelle je les plante en terre.
Je continue ensuite de les pro-
téger sous cloches de culture
quelques semaines, car on n’est
pas à l’abri de quelques heures de
gelée en pleine nuit à cette saison.
J’ai fabriqué un petit composteur une trentaine de kilos, ce qui est
il y a deux ans mais pour l’ins- suffisant pour couvrir nos es-
tant je n’ai pas récupéré le com- paces potagers.
post. Par contre, je
mets mes déchets Je récupère le fu-
de cuisine, exclu- « Je récupère le mier du poulail-
sivement végéta- fumier du poulailler. ler. Avec nos dix
riens, à même le sol Avec nos dix poules, poules, il y a as-
sous le paillage ou il y a assez pour sez pour fertiliser
je les donne à man- fertiliser nos micro- nos micro-po-
ger aux poules. potagers tagers réguliè-
régulièrement. » rement. J’ai aus-
Concernant les si des haies de
moustiques et insectes en effet ils troènes très épaisses au niveau
sont nombreux, c’est la biodiver- du micro-potager côté rue (ce qui
sité et on doit apprendre à vivre fait barrage naturel avec le reste
avec et trouver des solutions na- du trottoir) que je taille tous les
turelles. On fait attention lors de 6 mois. Le feuillage coupé de ces
l’ouverture des fenêtres, avec des haies me sert de paillis.
rideaux de voilage toujours tirés
pour faire effet de moustiquaires. La plupart de tes cultures
Du côté de l’aile où je n’habite poussent dans des bacs hors-
pas, les habitants ont installé de sol. Où est ce que tu as récupé-
véritables moustiquaires à cause ré la terre ? Comment as-tu fait
des mouches nombreuses at- pour la rendre fertile ?
tirées par la présence des chats
et du poulailler. Aussi, je laisse En effet, j’ai dû fabriquer de nom-
prospérer les araignées dans la breux bacs potagers sur mesure
maison, elles chassent les petits afin d’optimiser l’espace culti-
insectes. Il y a aussi beaucoup de vé. La terre de ces bacs provient

48
 sitif qu’elles apportent sur l’éco-
système.

Comment fais-tu pour proté-

ger tes légumes des rongeurs et
des limaces, si tu en as ?

J’ai la chance d’avoir comme voi-

sins une famille d’accueil pour
chats. C’est notamment mon voi-
sin Didier qui a mis en place dans
la cour commune plusieurs mai-
sons pour les chats. Il les nourrit
matins et soirs. Il y a donc plu-
sieurs chats qui fréquentent la ré-
sidence, ce qui permet de limiter
la prolifération des rongeurs.

du jardin attenant à l’ancienne Est-ce que tu as pu observer Concernant les limaces, un

étable. Ce jardin est la propriété des changements depuis que couple de hérissons a élu domi-

l’art du micro-potager urbain

de la commune de Bonneuil-sur- tu cultives ? cile au micro-potager. Ils s’oc-
Marne mais nous y avons cultivé cupent de manger des limaces.
un certain temps. C’est donc natu- Mes micro-potagers urbains Toutefois, lors des plantations
rellement que j’ai fait des dizaines contribuent à la biodiversi- j’utilise parfois des granulés an-
d’allers-retours avec ma brouette té, c’est indéniable. J’y ai instal- ti-limaces pour limiter les pertes.
pour récupérer un maximum de lé de nombreux abris pour in- En effet, comme il y a beaucoup
cette terre avant fermeture par sectes, des nichoirs et mangeoires de paillage au sol où s’abritent les
la mairie de cet espace pour des pour oiseaux et une maison pour limaces, ces dernières s’attaquent
questions de sécurité (déchète- hérissons. Oiseaux, chauve-
rie sauvage notamment). Un pro- souris, hérissons et insectes
jet de construction notamment y
y est en cours ac- trouvent refuge,
tuellement. J’achète « Mes micro-potagers s’abritent, ou
donc à présent des urbains contribuent viennent se res-
sacs de terreau pour à la biodiversité, taurer. La micro-
remplir mes bacs et c’est indéniable. » mare réalisée
mes pots. avec une bas-
sine en zinc
Pour fertiliser ma terre, j’y incor- de 90 L sert d’abreuvoir à de
pore du fumier du poulailler et nombreux insectes qui contri-
j’arrose avec différents purins. Je buent à leur tour à polliniser
fabrique mon propre purin d’or- nos plantes.
tie à partir de feuilles que je ré-
cupère dans notre cour. Plus Certains oiseaux s’y abreuvent
récemment, je me suis mis à aussi et se délectent des insectes.
fabriquer du purin de peaux de J’ai installé une seconde mi-
banane et du purin de feuilles cro-mare plus récemment devant
de tomates qui sont aussi de la maison au vu de l’impact po-
bons fertilisants.

49
 facilement aux plants pendant les
périodes humides. J’utilise aussi
systématiquement des coquilles
d’œufs broyés en quantité pour
éloigner les gastéropodes autour
des jeunes cultures.
Comment récupères-tu l’eau
de pluie pour arroser ?
Avec mes voisins, nous avons
mis en place dans la résidence
un système de récupération par
les gouttières des toits. Nous pou-
vons stocker jusqu’à 2 m3 d’eau.
Mais durant l’été 2022, nous
avons eu des difficultés à remplir
nos cuves. À cause de la séche-
La rencontre inspirante du mois
de 5 m sur 2 m accroché aux 4
coins à l’horizontale. J’ai orienté
la pousse des chayottes et girau-
mons afin qu’ils poussent en hau-
teur le long du filet. Cela a per-
mis de créer une épaisse couche
de feuillages sur le filet de culture
et de faire de l’ombre sur les ¾ du
micro-potager pour protéger les
plantes en dessous.
un système de plusieurs oyas à
leurs pieds qui créent une humi-
dité quasi permanente au niveau
de leurs racines. L’utilisation des
oyas a été très concluante et je
compte en mettre davantage en
été 2023. D’autant plus que j’ai pu
récupérer de petites amphores en
terre cuite qui me serviront à la
confection de ces objets.
Ces astuces ont créé un microcli-
mat favorable aussi à l’intérieur
de la maison, où la température
était très stable tout l’été. Nous
n’avons pas besoin de ventila-
teur ni de climatisation, la cha-
leur n’a jamais dépassé les 26°

resse, nous avons donc dû utiliser en intérieur durant les cani-

l’eau courante pour arroser. Une
autre méthode que j’utilise est
la récupération de l’eau de mes
aquariums et bassins pour arro-
ser le jardin. Cette eau riche en
nutriments permet aussi de fer-
tiliser naturellement le potager.
Comment tu fais pour protéger
tes cultures de la sécheresse
et des canicules ? Tu peux nous
parler un peu de ton couvert
végétal et d’autres astuces ?
Concernant le micro-potager côté
rue, la méthode que j’ai trouvée
pour protéger mes cultures en
été est de ne pas tailler les haies
de troènes. Ils ont ainsi dépas-
sé les 3 mètres de hauteur et ont
apporté beaucoup d’ombre aux
cultures, les préservant de la ca-
nicule. L’ombrage des haies a aus-
si permis de faire de l’ombre à la
façade de mon domicile.
Pour le micro-potager en ar-
rière-cour, j’ai mis en place ce que
j’ai appelé un toit végétal éphé-
mère grâce à un filet de culture
cules.
Quels sont tes projets futurs
pour gagner en autonomie ?
Sur le plan énergétique par
exemple, produire son électri-
cité, se chauffer en ville, puri-
fier l’eau de pluie ?
Pour gagner en autonomie ali-
mentaire, je souhaite rajouter
quelques bacs potagers et optimi-
ser davantage les espaces des mi-
cro-potagers. Concernant l’au-
tonomie énergétique, je souhaite
mettre en place un panneau so-
laire pouvant as-
Les chayottes et gi- surer la charge de
raumons étant des « Ces astuces ont tous les appareils
plantes des régions créé un microclimat mobiles dans un
tropicales chaudes, favorable aussi premier temps.
ils résistent bien à à l’intérieur de la Des travaux vont
la chaleur à condi- maison, où la avoir lieu après
tion de les arroser température était l’achat du corps
régulièrement pen- très stable tout l’été. » de ferme par un
dant les canicules. promoteur im-
Cette année, à cause des fortes mobilier, à cette occasion j’aime-
chaleurs, ils ont produit très pré- rais négocier avec les bailleurs
cocement. Afin de rassasier leur l’installation d’un panneau solaire
besoin en eau, j’ai mis en place sur le toit, à usage collégial. Je ne

50
sais pas si cela sera possible parce Merci pour le temps que tu les récoltes, et y poste des conseils
que notre immeuble est classé pa- nous as consacré. Comment et tutoriels divers… Je réponds
trimoine historique. peut-on te retrouver sur les ré- aussi aux nombreuses questions
seaux sociaux ? que chacun me pose.
Concernant l’eau, afin de limiter
son gaspillage, j’ai mis en place Il y a 4 ans, j’ai créé le compte L’enjeu de ces réseaux sociaux est
une technique pour récupérer les Facebook « Le micro-jardin urbain de « donner envie » aux gens de se
eaux grises issues de la vaisselle écolo » et le compte Instagram « Le lancer dans le jardinage urbain,
que j’utilise dans les WC, pour micro-potager urbain écolo ». Ce quel que soit l’espace dont ils dis-
la chasse d’eau. Il m’arrive aus- dernier rencontre un vif succès. posent. Il s’agit aussi d’inspirer
si d’utiliser cette eau pour le po- Il y a plus de 10 000 abonnées des nos followers et de leur montrer
tager lorsque j’utilise un liquide 4 coins du monde. J’y donne de le champ des possibles. J’essaye
vaisselle biologique. Chaque ac- nombreux conseils de culture en aussi de faire prendre conscience
tion de préservation de nos res- milieu urbain, je publie plusieurs de l’urgence qu’il y a à protéger la
sources compte. Je fois par semaine biodiversité en ville.
reste à l’affût et ou- des photos et vi-
vert à d’autres so- « J’essaye aussi déos pour mon- N’hésitez pas à suivre mes aven-
lutions, pour cela de faire prendre trer l’évolution tures d’agriculteur urbain sur ces
je suis des groupes conscience de des micro-pota- réseaux !
sur les réseaux et je l’urgence qu’il y a gers au fil des sai-

l’art du micro-potager urbain

lis beaucoup d’ou- à protéger la sons, les évolu-
vrages. biodiversité en ville. » tions des cultures,

51
Janvier 2023 n°24
ISSN : 2813-0863 (Print) – 2673-7949 (Web)
Directeur de publication : Antoine Ledu
Rédacteur en chef : Antoine Ledu
Editeur : APS Formations, c/o Drys Fiduciaire SA, Rue Mercerie 12, 1003 Lausanne
Imprimé en France par : Corlet Roto - 53300 Ambrières-les-Vallées
Dépôt légal : à parution
Abonnement : 37€ / trimestre (12,3€ / n°)
Contact : support@apprendre-preparer-survivre.com
Crédits photos : Vetre – Nikuwka – GraleDesign – Nazarova Mariia – Silvie Vondrejcova – ConstansMe –
Peter Turner Photography – Sonluna – NiRain – Bodor Tivadar – Egor Shilov – Alex Rockheart – Kateryna Kon –
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