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Chapitre

4
Les Nombres Complexes

L es nombres complexes sont nés d’une longue série de défis et d’une envie :
Résoudre n’importe quelle équation polynomiale c.-à-d. toute équation de
la forme :

an xn + an−1 xn−1 + . . . + a1 x + a0 = 0, où an , an−1 , . . . , a1 et a0 sont des réels.

Remontons dans le temps :


— Dans N l’équation x + 7 = 6 n’a pas de solution. On construit alors l’ensemble
Z des entiers relatifs, compatible avec l’addition et la multiplication de N et
qui le contient :
N ⊂ Z.
— Dans Z l’équation 3x = 1 n’a pas de solution. On construit alors l’ensemble Q
des nombres rationnels, compatible avec l’addition et la multiplication de Z et
qui le contient :
N ⊂ Z ⊂ Q.
— Dans Q l’équation x2 = 2 n’a pas de solution. On construit alors l’ensemble R
des nombres réels, compatible avec l’addition et la multiplication de Q et qui
le contient :
N ⊂ Z ⊂ Q ⊂ R.
— Dans R l’équation x2 + 1 = 0 ⇐⇒ x2 = −1 n’a pas de solution. On construit
alors l’ensemble C des nombres complexes dont l’élément principal ajouté est
le nombre i tel que i2 = −1 solution de l’équation précédente, compatible avec
l’addition et la multiplication de R et qui le contient :

N ⊂ Z ⊂ Q ⊂ R ⊂ C.

Démontré au début du XIXième siècle, le théorème de D’Alembert-Gauss énonce :

Théorème 1 (D’Alembert-Gauss)
Toute équation d’une inconnue à coefficients complexes, admet
au moins une racine complexe.

Fin de l’histoire !

1
Chapitre 4: Les Nombres Complexes

Sommaire
I L’ensemble des nombres complexes . . . . . . . . . . . . . 4
I.1 Construction de C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
I.2 Parties réelles et imaginaires . . . . . . . . . . . . . . . . 7
I.3 Équations dans C (prélude) . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
II Nombres et Plan complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
II.1 Représentation des nombres complexes . . . . . . . . . . . 10
II.2 Conjugué d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . 12
III Module d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . 15
III.1 Interprétation géométrique du module . . . . . . . . . . . 18
III.2 Ensemble de points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
IV Argument d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . 21
IV.1 Forme trigonométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
IV.2 Argument et Angle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
IV.3 Applications en géométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
V Résumé de géométrie complexe . . . . . . . . . . . . . . . 31
VI Forme exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
VI.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
VI.2 Règles de calcul en notation exponentielle . . . . . . . . . 35
VI.3 Propriétés algébriques des arguments . . . . . . . . . . . . 36
VII Application à la trigonométrie . . . . . . . . . . . . . . . . 38
VII.1 Quelques formules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
VII.2 Linéarisation des puissances de cosinus et sinus . . . . . . 42
VII.3 Factorisation par l’angle de l’arc moitié . . . . . . . . . . 43
VII.4 Calculs de sommes de cosinus et sinus . . . . . . . . . . . 44
VII.5 « Délinéarisation » ou Polynômes de Tchebichev . . . . . 44
VII.6 Factorisation de somme de cosinus et de sinus . . . . . . . 46
VIII Équations algébriques dans C (le retour) . . . . . . . . . 47
VIII.1 Racines carrées d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . 47
VIII.2 Équation du second degré à coefficients complexes . . . . 49
IX Racines n-ièmes d’un nombre complexe . . . . . . . . . . 50
IX.1 Racines n-ièmes de l’unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
IX.2 Racines n-ièmes d’un nombre complexe . . . . . . . . . . 52
X Fonctions à valeurs complexes . . . . . . . . . . . . . . . . 54
X.1 Fonctions vectorielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
X.2 Exponentielle complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
X.3 Détermination principale du logarithme . . . . . . . . . . 58
X.4 Fonction de la forme exp ◦ϕ . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
XI Nombres complexes et transformations du plan . . . . . 63
XI.1 Alignement, orthogonalité, angles . . . . . . . . . . . . . . 63
XI.2 Transformations du plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

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Chapitre 4: Les Nombres Complexes

Un peu d’histoire :
— Les nombres complexes ont été introduits par Cardan et Bombelli au 16ième
siècle, comme moyen d’exprimer certaines racines de polynômes de degrés 3
ou 4. À cette époque, l’introduction des nombres imaginaires (via des racines
de réels négatifs) est un pur artifice.
— Ainsi, dès leur origine, les nombres complexes sont introduits pour pallier au
fait que certains polynômes à coefficients réels n’ont pas de racines dans R,
comme par exemple X 2 + 1.

— La notation i est introduite par Euler en 1777 pour remplacer la notation −1
qui n’a aucun sens ⌊1⌋ .
On démontrera plus tard que ceci implique que tout polynôme à coefficients com-
plexes se factorise en polynômes de degré 1.
Le théorème de d’Alembert-Gauss se réexprime ainsi : C est algébriquement clos,
ce qui signifie qu’il n’existe pas d’autre nombre algébrique sur C que les nombres

D
complexes eux-mêmes.

’un point de vue formel, C est défini comme le plus petit sur-corps de R
dans lequel le polynôme X 2 + 1 admet une racine (c’est ce qu’on appelle
un corps de rupture du polynôme X 2 + 1, correspondant dans ce cas au corps de
décomposition, le plus petit corps dans lequel le polynôme peut se factoriser en
polynômes de degré 1).
Le théorème de d’Alembert-Gauss, restreint aux polynômes à coefficients réels, allié
au fait que C est par définition le plus petit corps dans lequel X 2 + 1 admet une
racine, s’exprime en disant que C est la clôture algébrique de R.
Un peu d’histoire :
Le théorème de d’Alembert-Gauss est d’une importance capitale, puisque c’est ce
résultat qui motive la construction de C.
— Il est conjecturé depuis longtemps déjà lorsque d’Alembert en propose une
preuve en 1743. Cette preuve n’est pas satisfaisante, Gauss va jusqu’à la quali-
fier de petitio principii, puisqu’elle part de l’hypothèse de l’existence de racines
« fictives ».
— La première preuve complète et rigoureuse revient à Gauss, au 19ième siècle
d’où le nom qu’a laissé la postérité à ce théorème.
Ainsi, il s’agit d’un ensemble contenant un élément i, racine de X 2 + 1, vérifiant
donc i2 = −1, et muni d’une addition et d’un produit prolongeant celles de R, avec
les mêmes propriétés. En fait, la relation i2 = −1 et les propriétés de commutativité,
associativité et distributivité déterminent entièrement les opérations sur C.
⌊1⌋. On le verra.

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Chapitre 4: Les Nombres Complexes I. L’ENSEMBLE DES NOMBRES COMPLEXES

I L’ensemble des nombres complexes


I.1 Construction de C

Définition 1 (L’ensemble des nombres complexes)


On appelle ensemble des nombre complexes, noté C, l’ensemble des nombres
R2 , muni des opérations +C et ×C définies par :
— (a ; b) +C (a′ ; b′ ) = (a +R a′ ; b +R b′ ),
— (a ; b) ×C (a′ ; b′ ) = (a ×R a′ −R b ×R b′ ; a ×R b′ +R a′ ×R b).
On note :
1C = (1 ; 0) et i = (0 ; 1).

L’application iR : R R2 est clairement une injection est permet alors


a (a ; 0)
de considérer que R ⊂ C et d’identifier tout réel λ au complexe (λ ; 0). On plonge
ainsi R dans C.
Muni de cette identification, on a immédiatement quelques propriétés :

Proposition 1 (Identification des lois de R et de C)

— Les lois +C et ×C prolongent celles de R .


— Les lois +C et ×C sont associatives et commutatives .
— ×C est distributive sur +C .
— La loi +C possède un élément neutre (0 ; 0) que l’on notera 0C ou encore
0.
Tout nombre complexe z = (a ; b) possède un opposé pour +C noté −z et
tel que :
−z = (−a ; −b) .
— La loi ×C possède un élément neutre 1C = (1 ; 0) que l’on notera 1.
Tout nombre complexe z = (a ; b) non nul ⌊2⌋ possède un inverse pour ×C
1
noté et tel que :
z
!
1 a b
= ; − .
z a2 + b2 a2 + b2

Enfin, le nombre (0 ; 1) est tel que (0 ; 1)2 = (−1 ; 0). On le notera i et on a :

i2 = −1.

⌊2⌋. c.-à-d. différent de 0C = (0 ; 0). En particulier, a et b ne peuvent être simultanément nuls.

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Chapitre 4: Les Nombres Complexes I. L’ENSEMBLE DES NOMBRES COMPLEXES

La première assertion permet de noter, par abus de langage, les lois +C et ×C plus
simplement par + et ×.
En anticipant un peu les futurs chapitres d’algèbre, muni de ces lois, l’ensemble C
est un corps commutatif et, en définissant
 une loi externe λ. (a ; b) = (λa ; λb) pour
tout réel λ, l’ensemble C, +, ×, . est une R-algèbre.

Théorème 2 (Forme algébrique)


Tout nombre complexe z = (a ; b) peut s’écrire de manière unique sous la forme
z = a + ib appelée forme algébrique de z.

Globalement, comprenez que C contient R, que les opérations possèdent les mêmes
propriétés que celles de R à la différence près que l’on remplacera i2 par −1 et que
l’on regroupera les réels et les réels facteurs de i pour obtenir la forme algébrique
d’un nombre complexe.

Preuve:
Existence : Soit z = (a ; b) un nombre omplexe. On a :
z = (a ; b) ⇐⇒ (a ; 0) + (0 ; b) ⇐⇒ z = (a ; 0) + b × (0 ; 1)
⇐⇒ z = (a ; b) + (b ; 0) × i
⇐⇒ z = a + ib.
Unicité : Soient deux ouples de réels (a ; b) et (a ; b ) tels que z = a+ib = a +ib .
′ ′ ′ ′

On a alors a−a = (b −b)i ⇐⇒ (a − a ; 0) = (0 ; b − b) ⇐⇒ a = a et b = b .


′ ′ ′ ′ ′ ′

Corollaire 1
Deux nombres complexes z et z ′ sont égaux si, et seulement si

Re (z) = Re (z ′ ) et Im (z) = Im (z ′ ).

En particulier, une égalité entre deux nombres complexes pourra toujours se traduire,
si nécessaire, par deux équations entre réels.
Désormais, nous abandonnons la notation d’un complexe sous forme d’un couple, et
nous représenterons un nombre complexe sous la forme a + ib.

Remarque : La construction de C à partir de R est un cas particulier d’une construc-


tion plus générale d’« extensions monogènes d’un corps K », à la base de la théorie
de Galois : étant donné une racine α d’une équation polynomiale P à coefficients
dans K, K[α] est l’ensemble de toutes les sommes, produits, quotients qu’on peut
former à partir des éléments de K et de α.
√ n √ o √ n √ o
Par exemple Q[ 2] = a+b 2), (a ; b) ∈ Q2 , et Q[ 2] = a+b 2), (a ; b) ∈ Q2 .
3 3

De ce point de vue, C = R[i].

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Chapitre 4: Les Nombres Complexes I. L’ENSEMBLE DES NOMBRES COMPLEXES

Exemples 1 :
— z1 = 4 + 7i − (2 + 4i) = 4 + 7i − 2 − 4i = 2 + 3i.
— z2 = (2 + i)(3 − 2i) = 6 − 4i + 3i − 2i2 = 6 − i + 2 = 8 − i.
— z3 = (4 − 3i)2 = 16 − 24i + (3i)2 = 7 − 24i.

Exercice 1 : Soit z = 2+3i et z ′ = i−5. Calculer et écrire sous la forme algébrique


les nombres suivants :

1. z + z ′ Rep : 4. zz ′ Rep :
−3 + 4i 5. z 2 −5 + 12i
2. z − z ′ Rep : 7 + 2i
Rep : 19+3i Rep :

3. 2z − 3z −13 − 13i

Et d’une manière générale :

Proposition 2 (Identités remarquables dans C)


Soit a et b deux nombres complexes.

— (a + b)2 = a2 + 2ab + b2 . — (a + ib)2 = a2 + 2abi − b2 .


— (a − b)2 = a2 − 2ab + b2 . — (a − ib)2 = a2 − 2abi − b2 .
— (a − b)(a + b) = a2 − b2 . — (a − ib)(a + ib) = a2 + b2 .

Preuve: Seules, les dernières égalités sont nouvelles :


(a ± ib)2 = a2 ± 2abi + (ib)2 = a2 ± 2abi − b2 ,

et
(a − ib)(a + ib) = a2 − (ib)2 = a2 + b2 .

Vous pourrez enn fa toriser une somme de deux arrés. ⌊3⌋

2−i
Exemple 2 : Trouver la forme algébrique du nombre complexe z = .
3 + 2i
L’idée est de faire disparaître
√ les nombres imaginaires du dénominateur. On utilise
2
la même idée qu’avec les « » sachant que i = −1.
D’après la proposition (2) , (a + ib)(a − ib) = a2 + b2 . On va donc multiplier
numérateur et dénominateur par 3 − 2i ⌊4⌋ :
⌊3⌋. Dans C !

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Chapitre 4: Les Nombres Complexes I. L’ENSEMBLE DES NOMBRES COMPLEXES

(2 − i)(3 − 2i) 4 − 7i 4 7
z= = = −i .
(3 + 2i)(3 − 2i) 13 13 13

Méthode 1 (Forme algébrique d’un quotient)


Pour trouver la forme algébrique d’un quotient, il suffit de multiplier numérateur
et dénominateur par le conjugué du dénominateur.

1
Exercice 2 : Donner la forme algébrique du nombre .
2 + 3i
√ √
2−i 2 1+i
Exercice 3 : Montrer que √ √ = −i et = i.
2+i 2 1−i

I.2 Parties réelles et imaginaires

Définition 2 (Partie réelle et imaginaire)


Soit z = a + ib ∈ C.
On appelle :
— Partie réelle de z, notée Re (z) , le nombre réel a.
— Partie imaginaire de z, notée Im (z) , le nombre réel b.
Lorsque Re (z) = 0, on dira que z est imaginaire pur et on notera iR leur
ensemble.

Exemple 3 :
√  √ √ 
— Re 3 − i = 3 et Im 3 − i = −1.
— Re (4i) = 0 et Im (4i) = 4.

Méthode 2 (Montrer qu’un nombre complexe est réel ou imaginaire)


Pour montrer qu’un nombre complexe est réel ou imaginaire pur :
1. On l’écrit sous sa forme algébrique.
2. On écrit que sa partie imaginaire ou réelle est nulle suivant les cas.
3. On résout l’équation ainsi écrite.

Exercice 4 : Soit z = a + ib ∈ C tel que a2 + b2 = 1. Montrer que si z 6= 1, alors


1+z
est un imaginaire pur.
1−z

⌊4⌋. Appelée plus tard « partie conjuguée » de 3 + 2i. Vous savez pourquoi.

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Chapitre 4: Les Nombres Complexes I. L’ENSEMBLE DES NOMBRES COMPLEXES

I.3 Équations dans C (prélude)

Exercice 5 : Résoudre dans C, l’équation z = (2 − i)z + 3.

Exercice 6 : Résoudre dans C, l’équation 2iz − 1 − i = z + 2i. Rep :


z = 1 − i.

Exercice 7 :
1. Montrer, que pour tout z ∈ C, z 2 − 6z + 25 = (z − 3)2 + 16.
2. En déduire les solutions de l’équation z 2 − 6z + 25 = 0.

Généralisons la méthode !

Théorème 3 (Équation du second degré à coefficients réels)


Soit l’équation du second degré az 2 + bz + c = 0 avec a 6= 0, b et c des réels.
Cette équation admet toujours des solutions dans l’ensemble des nombres com-
plexes.
Avec ∆ = b2 − 4ac, on a :

• Si ∆ = 0, il existe une unique solu- 1: VARIABLES


tion : 2: A, B,C, D, X, Y SONT_DU_TYPE
b NOMBRE
z=− . 3: DEBUT ALGORITHME
2a 4: Lire A, B, C
5: D PREND_LA_VALEUR B 2 − 4AC
• Si ∆ > 0, il existe deux solutions 6: DEBUT SI D > 0
réelles : 7: X PREND_LA_VALEUR

√ (−B + D)/(2A)
−b ± ∆ 8: Y PREND_LA_VALEUR

z= . (−B − D)/(2A)
2a 9: FIN SI
10: SINON
• Si ∆ < 0, il existe deux solutions 11: DEBUT SINON
12: X PREND_LA_VALEUR
complexes conjuguées : √
(−B + i −D)/(2A)
√ 13: Y PREND_LA_VALEUR

−b ± i −∆ (−B − i −D)/(2A)
z= . 14:
2a FIN SINON
15: FIN ALGORITHME

Preuve: La démonstration est identique à elle de première si e n'est que l'on


n'est plus gêné par la as où le dis riminant est négatif.
La forme anonique s'é rit :
 !2 
b ∆
az 2 + bz + c = a  z + − .
2a 4a2

 Pour les deux premiers as ∆ = 0 et ∆ > 0 ont retrouve les as vus en première.

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Chapitre 4: Les Nombres Complexes I. L’ENSEMBLE DES NOMBRES COMPLEXES

 si ∆ < 0, on a −∆ > 0 d'où ∆ = (i −∆) . 2


q

On fa torise à l'aide des identités remarquables :


!2 !2√ !2
b ∆ b i −∆
z+ − 2 = z+ −
2a 4a 2a 2a
√ ! √ !
b − i −∆ b + i −∆
= z+ z+ .
2a 2a

On en déduit les deux solutions de l'équation du se ond degré az + bz + c = 0


2

dans e as.

2
√ 2 
Exemple 4 : Soit l’équation z − z + 1 = 0. On a ∆ = −3 = i 3 .
√ √
1−i 3 1+i 3
Les solutions sont donc z1 = et z2 = .
2 2
Et, on, la forme factorisée :
√ ! √ !
2 1−i 3 1+i 3
∀ z ∈ C, z − z + 1 = z − z− .
2 2

Exercice 8 (À savoir faire absolument !) : Résoudre dans C, les équations


suivantes :

1. z 2 + z + 1 = 0. 3. z 2 + 9 = 0.
√ √
2. z 2 − 3z + 18 = 0. 4. −z 2 + (1 + 3)z − 3 = 0.

Exercice 9 : Soit l’équation dans C :

z 3 − (4 + i)z 2 + (13 + 4i)z − 13i = 0. (E)

1. Montrer que i est solution de l’équation.


2. Déterminer les réels a, b et c tels que :

z 3 − (4 + i)z 2 + (13 + 4i)z − 13i = (z − i)(az 2 + bz + c).

Rep : (z − i)(z 2 − 4z + 13).


3. Résoudre alors l’équation (E).
n o
Rep : S = i; 2 − 3i; 2 + 3i .

Exercice 10 : Résoudre dans C, l’équation z 4 + 4z 2 − 21 = 0.

F.PUCCI 9
Chapitre 4: Les Nombres Complexes II. NOMBRES ET PLAN COMPLEXES

II Nombres et Plan complexes


Proposition 3
L’application f : (a ; b) 7−→ C réalise une bijection de R2 dans C.

Preuve: C'est simplement une tradu tion du théorème (2) .


Cette bijection permet d’identifier le plan complexe au plan usuel muni d’un repère
orthonormé direct (O; −→
ı;− →
):
On associe à z = a + ib ∈ C un unique point M du plan de coordonnées (a ; b) , et
un unique vecteur ~v tel que ~v = a~ı + b~.
On dit que z est l’affixe du point M et du vecteur ~v , et on écrit M(z) et ~v (z).
−→
On notera que, pour A(zA ) et B(zB ) deux points du plan, l’affixe du vecteur AB
est zB − zA .

II.1 Représentation des nombres complexes

Théorème 4
iR
— À tout nombre z = a+ ib on peut
faire correspondre, de manière M(z = a + ib)
b
unique, un point M (a ; b) d’un
plan orthonormal (O; −→u; −

v ). −−→M
O
— Réciproquement, tout point
i
M (a ; b) d’un plan orthonormal −

v
(O; −
→u; −

v ) peut être associé, de
manière unique, à un nombre O −

u 1 a R
complexe z = a + ib.
Le nombre z est alors appelé l’affixe
−−→
du point M ou encore du vecteur OM.

Le plan (O; −

u; −

v ) est appelé plan complexe .

Le côté bijectif de cette représentation vient du corollaire (1) . En effet, deux


nombres complexes sont égaux si, et seulement si leur partie réelle et imaginaire
sont égales.

Remarques : L’axe des abscisses est alors naturellement appelé l’axe des réels et
l’axe des ordonnées celui des imaginaire purs .

F.PUCCI 10
Chapitre 4: Les Nombres Complexes II. NOMBRES ET PLAN COMPLEXES

Exemple 5 : Placer dans le plan complexe les points Mk d’affixes zk :

M1
×
1. z1 = 2 + 3i
2. z2 = 3 + i M3
×
3. z3 = −1 + 2i
M M2
4. z4 = 2 − i i × 5 ×

5. z5 = i ×
M7
6. z6 = −2i O 1
M
× 8
M4
7. z7 = −2 ×

8. z8 = −i − 3 M6
×

Exercice 11 : Dans chacun des cas suivants, déterminer et représenter l’ensemble


des points M dont l’affixe z vérifie l’égalité proposée :

— Re (z) = −2, — Im (z) = 1.

Un peu de géométrie :

Proposition 4 (Affixe d’un vecteur et du milieu d’un segment)


Soient M1 et M2 deux points du plan complexe d’affixes respectives z1 = a1 + ib1
et z2 = a2 + ib2 .
−−−−→
— Le vecteur M1 M2 a pour affixe z2 − z1 = (a2 − a1 ) + i(b2 − b1 )
z1 + z2
— Le milieu I de [M1 M2 ] a pour affixe zI =
2

−−−−→ −−−→ −−−→


Preuve: M1 M2 = OM2 − OM1 . Le reste en dé oule simplement...

F.PUCCI 11
Chapitre 4: Les Nombres Complexes II. NOMBRES ET PLAN COMPLEXES

M (z1 + z2 )
b1 + b2

−−−M 2
→ + O
−−−M 1
O

M2 (z2 ) −− −→
b2 M1−M
2
b1 + b2 I
b

2 M1 (z1 )
b1

−−−
2
OM


−−−
OM 1

O a2 a1 + a2 a1 a1 + a2
2

Figure 4.1 – Affixe d’un vecteur et du milieu d’un segment.

II.2 Conjugué d’un nombre complexe

Définition 3
Soit z = a + ib un nombre complexe et M(z) un point du plan complexe
(O; −

u; −

v ) d’affixe z.
iR
— On appelle conjugué de z, noté
M (z = a + ib)
z, le nombre z = a − ib. b

i


v
O −

u 1 a R

— Le point M ′ d’affixe z est le symé-


trique de M par rapport à l’axe −b
M ′ (z = a − ib)
des abscisses.

Exercice 12 : Soit z = −3 + 5i et z ′ = 2 − 3i, calculer :

1. z 5. z + z ′ Rep :
−3 + 4i
2. z ′ z + z′ 5
Rep :
3. z + z ′ −1 + 8i 6. z × z
Rep : Rep : 34
4. z × z ′ −21 − i z′ × z′ Rep : 13

F.PUCCI 12
Chapitre 4: Les Nombres Complexes II. NOMBRES ET PLAN COMPLEXES

Théorème 5 (Fondamental)
Soit z un nombre complexe, alors :
z+z z−z
— Re (z) = . — Im (z) = .
2 2i
— z ∈ R ⇐⇒ z = z. — z ∈ iR ⇐⇒ z = −z.

— zz ∈ R+ .

Remarque : On retiendra qu’un nombre complexe est réel si, et seulement si il est
égal à son conjugué ou encore si, et seulement si le point d’affixe M(z) appartient à
l’axe des abscisses.

Preuve: On a :
z + z = a + ib + a − ib = 2a = 2 Re (z) et z − z = ✚a + ib −✚a + ib = 2ib = 2iIm (z).
Le reste est trivial omme, par exemple : z = z ⇐⇒ Re (z) = 2✁2✁z ⇐⇒ z ∈ R.
Enn, si z = a + ib est sous sa forme algébrique, alors
zz = (a + ib)(a − ib) = a2 + b2 ∈ R+ .

Méthode 3 (Nombres réels et imaginaires purs)


1. Pour montrer qu’un nombre z est réel il faut et il suffit de calculer et
montrer que z̄ = z ou Im (z) = 0
2. Pour montrer qu’un nombre z est imaginaire pur il faut et il suffit de
calculer et montrer que z̄ = −z ou Re (z) = 0.

Exercice 13 : Écrire les nombres suivants sous leur forme algébrique :


1 1 1 2
1. Rep : − i. 4. Rep : −2i.
1+i 2 2 i
1 2 3
2. Rep : + i. 2+i 1 1
2 − 3i 13 13 5. Rep : − − i.
1 3 1 −3 + i 2 2
3. Rep : − − i.
−3 + i 10 10

Aide: Appliquez la méthode (1) .

Exercice 14 : Résoudre dans C, les équations suivantes :


1. (1 + i)z − 2i = 0 Rep : z = −1 + i.
2. (1 + i)z + 2iz = 1 − i Rep : z = −1 − 2i.

F.PUCCI 13
Chapitre 4: Les Nombres Complexes II. NOMBRES ET PLAN COMPLEXES

Remarque : Une fois n’est pas coutume, que l’opération « passer au conjugué » est
compatible avec l’addition et la multiplication. Fait exceptionnel !

Proposition 5 (Propriétés du conjugué)


Soit z et z ′ deux nombres complexes, alors :
 
1. z + z ′ = z + z ′ 3. z = z 1 1
4. =
z z
 
z z
2. z × z ′ = z × z ′ 5. ′
= ′
z z
En particulier, ∀ n ∈ Z, z n = z n .

Preuve:Soit z = a + ib et z = a + ib deux nombres omplexes é rits sous leur


′ ′ ′

forme algébrique.
1. La première assertion est triviale.
2. Cal ulons et omparons :
z × z ′ = (a − ib)(a′ − ib′ ) = aa′ − bb′ − i(ab′ + a′ b)

et
z × z ′ = (a + ib)(a′ + ib′ ) = aa′ − bb′ + i(ab′ + a′ b) = aa′ − bb′ − i(ab′ + a′ b).

Don z × z = z × z . ′ ′

3. Easy.
4. Modions tout d'abord l'expression de z1 :
1 1 a − ib a − ib 1
= = = 2 2
= 2 × (a − ib).
z a + ib (a + ib)(a − ib) a +b a + b2

De la même manière z1 = a +1 b × (a + ib). 2 2

Comme a +1 b ∈ R, il est alors lair que


2 2

 
1 1 1
= 2 × (a − ib) = × (a − ib)
z a + b2 a2 + b2
1 1
= 2 × (a + ib) = .
a + b2 z

5. .
   
z 1 1 1 z
=z× ′ =z× ′ =z× = ′
z′ z z z ′ z

F.PUCCI 14
Chapitre 4: Les Nombres Complexes III. MODULE D’UN NOMBRE COMPLEXE

Exercice 15 : Dans le plan complexe, M est point d’affixe z = x + iy, x et y réels.


5z − 2
À tout complexe z, z 6= 1, on associe : Z = .
z−1
1. Exprimer Z + Z en fonction de z et z.
10zz − 7(z + z) + 4
Rep : Z + Z = .
(z − 1)(z − 1)
2. En déduire que Z est un imaginaire pur si, et seulement si M est un point
d’un cercle privé d’un point.
7 2
   2
2 3
Rep : x − +y = .
10 10

III Module d’un nombre complexe


Définition 4
Soit z = a + ib un nombre complexe et M(z) un point du plan complexe
(O; −

u; −

v ) d’affixe z.
iR
On appelle module de z, noté |z|, la
distance OM c.-à-d. le réel positif tel
que : M(z = a + ib)
b

|z |
i


−−→ v
|z| = OM
√ O −

u 1 a R
= a2 + b2 .

Exercice 16 : Calculer le module de chacun des nombres complexes suivants :

1. |3 + 4i| Rep : 5 4. |−5| Rep : 5



2. |1 − i| Rep : 2 5. |9i| Rep : 9

3. |−5 − 2i| Rep : 29

F.PUCCI 15
Chapitre 4: Les Nombres Complexes III. MODULE D’UN NOMBRE COMPLEXE

Proposition 6
Soient z = a + ib et z ′ deux nombres complexes.
— zz = |z|2 .
2 2
=a +b .
1 z
En particulier, si z 6= 0 alors = 2.
z |z|
— |z| = 0 ⇐⇒ z=0

— |−z| = |z| et |z| = |z|. — |z × z ′ | = |z| × |z ′ |.

En particulier, ∀ n ∈ Z, |z n | = |z|n .
1 1 z |z|
— = , avec z 6= 0. — = ′ , avec z ′ 6= 0.
z |z| z ′ |z |
— |Re (z)| 6 |z|. — |Im (z)| 6 |z|.

√ √ √
Remarque : Si a est un réel, |a| = a a = aa = a2 car a = a. La notion de
module dans C généralise donc celle de valeur absolue dans R.

Preuve:
 Il sut de al uler : zz = (a + ib)(a − ib) = a + b = |z| . 2 2 2

La forme de 1z = |z|z est tout de même plus sympathique que elle de la


2

proposition (1) !
 |z| = 0 ⇐⇒ a + b = 0 ⇐⇒ a = b = 0 ⇐⇒ z = 0.
2 2

Observez surtout que l'on a une équivalen e entre un zéro omplexe (z = 0 )


et un zéro réel (|z| = 0 )!
C

 a + b = |−z| = |z| = |z|


R
2 2

 |z × z | = (zz ) × (zz ) = z × z z × z = zz × z z = |z| × |z | .


′ 2 ′ ′ ′ ′ ′ ′ 2 ′ 2

Comme les nombres i-dessus sont des réels positifs, l'égalité pré édente est
équivalente à |z × z | = |z| × |z | ′ ′

 Enn, on utilise la proposition (5) :


!2
2  
1 1 1 1 1 1 1 1
= × = × = = 2 = .
z z z z z zz |z| |z|

On en déduit de même que 1


z
=
1
|z|
.
 z
z′
= |z| ×
1
z′
= |z| ×
1
|z ′ |
=
|z|
|z ′ |
.

 Doit-on vraiment montrer que a 2


6 a2 + b2 ?

F.PUCCI 16
Chapitre 4: Les Nombres Complexes III. MODULE D’UN NOMBRE COMPLEXE

2
Exercice 17 : Montrer que pour tout t ∈ R, le point d’affixe appartient au
1 + it
cercle de centre 1 et de rayon 1.

Proposition 7 (Inégalité triangulaire)


Pour tout z1 , z2 de C on a :

|z1 | − |z2 | 6 |z1 + z2 | 6 |z1 | + |z2 |.

En particulier, |z1 + z2 | = |z1 | + |z2 | ⇐⇒ z2 = 0 ou ∃ α ∈ R+ tel que z1 = αz2


c.-à-d. c’est à dire que les points d’affixe z1 et z2 sont alignés avec l’origine sur
une même demi-droite.

ATTENTION Cauchemar du prof comme l’est l’identité remarquable (a + b)2 ,


essayez de vous rappeler qu’il y a très rarement l’égalité. Je l’aurais dit, tenté, essayé,
espéré,. . .

Preuve: Pour l'inégalité de droite, on a :


|z1 + z2 |2 = (z1 + z2 )(z1 + z2 ) = |z1 |2 + |z2 |2 + 2 Re (z z )
1 2 (4.1)
6 |z1 |2 + |z2 |2 + 2 Re (z z ) 1 2 (4.2)
6 |z1 |2 + |z2 |2 + 2 z1 z2 = |z1 |2 + |z2 |2 + 2|z1 ||z2 | (4.3)
 2
= |z1 | + |z2 | . (4.4)

Inégalité entre deux réels positifs don |z + z | 6 |z | + |z |. 1 2 1 2

Pour l'inégalité de droite, il sut d'é rire que |z | = |z + z − z | 6 |z + z | + |z |


.-à-d. |z |−|z | 6 |z +z |. Par symétrie entre z et z , on a aussi |z |−|z | 6 |z +z |.
1 1 2 2 1 2 2
1 2 1 2 1 2 2 1 1 2

En on lusion, |z | − |z | 6 |z + z |.
1 2 1 2

Supposons avoir l'égalité |z +z | = |z |+|z | alors les inégalités (4.2) et (4.3) doivent
être des égalités .-à-d.
1 2 1 2

2Re (z z ) = 2 Re (z z ) = 2 z z .
1 2 1 2 1 2

Ainsi Re (z z ) ∈ R puis
1 2 +

Re (z z ) = z z =⇒ Re (z z )  = z z
1 2 1 2 1 2
2
1 2
2

⇐⇒ Re (z z ) = Re (z z ) + Im (z z )1 2
2
1 2
2
1 2
2

⇐⇒ Im (z z ) = 0 1 2
2

En d'autres termes, le nombre z z est don un réel positif λ.


1 2

Si z = 0, |z | 6 |z | est lairement une égalité.


2 1 1

F.PUCCI 17
Chapitre 4: Les Nombres Complexes III. MODULE D’UN NOMBRE COMPLEXE

Sinon, on nit en é rivant, z = z × |zz z| = |zz z| × z = |zλ|


1 1
2 2

2
2
1 2

2
2 2
2
2
× z2 = αz2 où
∈R .
λ
α= 2 +
|z | 2

Ré iproquement, si z = αz ave α ∈ R , on a fa ilement :


1 2 +

α |z2 | + |z2 | = |αz2 | + |z2 | = |z1 | + |z2 |.


|z1 + z2 | = | (α + 1) z2 | = (α + 1)|z2 | = |{z}
| {z }
>0 >0

Remarque : En remplaçant z2 par −z2 , on a aussi :

|z1 | − |z2 | 6 |z1 − z2 | 6 |z1 | + |z2 |.

Quoi qu’il en soit, on a coutume de dire qu’on majore les valeurs absolues de réels
et les modules de complexes.

III.1 Interprétation géométrique du module


Proposition 8 (Norme d’un vecteur)
Soient A(zA ) et B2 (zB ) deux points du plan complexe (O; −

u; −

v ) d’affixes res-
pectives zA et zB .
−→
— Le vecteur AB a pour affixe z− → = zB − zA .
AB
−→ −→
— ||OA|| = |zA |. — ||AB|| = |zB − zA |.

B(zB )
−−→
AB
zA

−−→B
zB −

A→

O
B
−−

A(zA )


v −→
OA
O −

u
Figure 4.2 – Inégalité triangulaire.

F.PUCCI 18
Chapitre 4: Les Nombres Complexes III. MODULE D’UN NOMBRE COMPLEXE

Si le conjugué se comporte bien avec l’addition, il n’en est rien avec le


module qui est d’une nature multiplicative.
Comme en sixième, on retrouve seulement l’inégalité dite triangulaire :
ATTENTION
|zB − zA | 6 |zB | + |zA |.
Dans le triangle OAB, la longueur du côté AB est inférieure à la somme
des deux autres OA et OB.
~ (z), alors |z| représente la distance OM
Dans le plan complexe, si on note M(z) ou U
~ Si M (z ) désigne un autre point, |z ′ − z| représentera la
ou la norme du vecteur U. ′ ′

distance MM ′ .
L’inégalité triangulaire peut s’interpréter géométriquement de la manière suivante :
~ et V
si z et z ′ représentent les affixes de deux vecteurs U ~ + V~ 6 U
~ alors : U ~ .
~ + V

Le cas d’égalité dans l’inégalité triangulaire correspond au cas où les vecteurs ~u et


~v sont colinéaires de même sens.

M ′′ (z + z ′ )




V

V
→ +

U


− M (z)
U


v

O −

u
Figure 4.3 – Inégalité triangulaire pour les normes de vecteurs.

III.2 Ensemble de points


Il s’agit de déterminer un ensemble (E ) de points M du plan complexe dont les
affixes z vérifient une certaine propriété.

Proposition 9 (Ouverts et fermés de C)


Soit ω ∈ C et r ∈ R+ .
— L’ensemble des points M(z) du plan tels que |z − ω| = r est le cercle de
centre ω et de rayon r.
— L’ensemble des points M(z) du plan tels que |z − ω| < r (resp. |z − w| 6 r)
est le disque ouvert (resp. fermé) de centre ω et de rayon r.

Remarque : « ouvert » signifiant ne contenant pas les points du cercle contrairement


au disque fermé.

F.PUCCI 19
Chapitre 4: Les Nombres Complexes III. MODULE D’UN NOMBRE COMPLEXE

r r r
b b b

ω ω ω

Disque fermé Disque ouvert Cercle

Figure 4.4 – Topologie de C.

Exemple 6 : Soit A(zA ) et B(zB ) deux points du plan complexe.


— (E ) : |z − zA | = r avec r > 0 ⇐⇒ (E ) : AM = r.

(E ) est le cercle de centre A et de rayon r.

— (E ) : |z − zA | = |z − zB | ⇐⇒ (E ) : AM = BM.

(E ) est la médiatrice du segment [AB].

Exercice 18 : Dans chacun des cas suivants, déterminer l’ensemble des point M
dont l’affixe z vérifie l’égalité proposée.

— |z| = 3. — |z − i| = 1. — |z − 1 + i| = |z − i|.

Exercice 19 : On considère le plan complexe muni d’un repère orthonormé (O; −



u; −

v ).
1. Résoudre dans C l’équation z 2 + z + 1 = 0. On appellera z1 et z2 les deux
solutions obtenues.
2. On appelle A le point d’affixe zA = 1, et B et C les points d’affixes z1 et z2 .
(a) Calculer AB, AC et BC.
(b) En déduire la nature du triangle ABC.

F.PUCCI 20
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE

IV Argument d’un nombre complexe


Dans le plan complexe muni d’un repère orthonormé (O; − →u; −

v ), la donnée de deux
réels a et b permet de définir un unique point M de coordonnées (a ; b).

IV.1 Forme trigonométrique


On peut tout aussi bien définir cet
 unique point par la donnée d’un réel positif r, la

→ −−→
distance OM, et d’un angle θ = u ; OM .

Définition 5 (Forme trigonométrique)


Soit z = a + ib un nombre complexe et M(z) un point du plan complexe
(O; −

u; −

v ) d’affixe z.

Pour z 6= 0, on appelle argument de


z, noté arg z, toute mesure de l’angle iR
orienté
b = |z| sin θ M(z = a + ib)


→ −−→
θ ≡ u ; OM [2π] .
|z |
i arg z ≡ θ
En particulier, on a : −

v

a b O −

u 1 R
cos θ = et sin θ = . a = |z| cos θ
|z| |z|
Tout nombre complexe non nul z peut s’écrire sous la forme

r = |z| ∈ R∗+
z = r(cos θ + i sin θ) où
θ ≡ arg z [2π] .

Cette écriture s’appelle la forme trigonométrique de z.

Un nombre complexe non nul a une infinité d’arguments, si θ est un argument de z


alors θ + 2kπ avec k ∈ Z est aussi un argument de z.

ATTENTION Le réel r correspond au module, on verra donc toujours bien at-


tention à ce qu’il soit un nombre réel positif .

Exemple 7 : Trouver un argument des nombres complexes suivants :


 √

 2 2✁ 2
cos θ = −

 =− √ =−
|−2 + 2i| 2✁ √2 2 3π
1. z1 = −2+2i : =⇒ θ ≡ [2π] .

 2 2✁ 2 4
sin θ =

 = √ =
|2 + 2i| 2✁ 2 2

Donc arg(−2 + 2i) = .
4
F.PUCCI 21
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE


 1
1

cos θ = √ =



 1−i 3 2 π
2. z2 = 1 − i 3 : √ √ =⇒ θ≡− [2π].
 3 3 3


 sin θ = − √ =−

 1−i 3 2
 √  π
Donc arg 1 − i 3 = − .
3

Connaissant la forme algébrique d’un nombre complexe, on peut donc obtenir son
module et son argument à partir de ses parties réelles et imaginaires.
On obtiendra√ alors
√ une mesure exacte de θ si cos θ et sin θ sont des valeurs connues
1 2 3
comme , , , 1, . . . . Sinon, on obtiendra une valeur approchée à l’aide de la
2 2 2
calculatrice.

Méthode 4 (Forme trigonométrique d’un nombre complexe)


Soit z = a + ib un nombre complexe sous sa forme algébrique.

1. On calcule |z| = a2 + b2 .
a b
2. On cherche l’angle θ tel que cos θ = et sin θ = .
|z| |z|
Une autre méthode est, le module trouvé, de factoriser par celui-ci et de recon-
naître directement cos θ et sin θ dans l’expression
!
a b
z = |z| +i .
|z| |z|

Exercice 20 : Déterminer le module et un argument des nombres complexes


suivants :

— z1 = 1 + i, — z2 = 1 − 3i, — z3 = −4 + 3i.

Exemples 8 (Factorisation directe) :



— Quelle est la forme trigonométrique de z1 = 1 + i 3 ?
√ √
1. Tout d’abord, on calcule |z1 | = 1 + i 3 = 1 + 3 = 2.
2. Puis, on factorise l’expression de z1 par |z1 | :
√ !
1 3
z1 = 2 +i = .
2 2

3. On cherche, sur le cercle√trigonométrique quel est l’angle qui a pour


1 3 π
cosinus et pour sinus . C’est [2π].

2 
2 3
π π
D’où z1 = 2 cos + i sin .
3 3

F.PUCCI 22
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE

 
   
1 5π 5π 
— Quelle est la forme algébrique de z2 = √  cos + i sin ?
3 6 6
Il suffit de calculer et développer :
 √ 
1  3 1 
z2 = √ − + i .
3 2 2

1 3
Donc z2 = − + i.
2 6

Exemple 9 : Déterminer la forme trigonométrique des nombres suivants :


 √



|1 − i| = 2

 1
cos θ = √

— z1 = 1 − i : 2


 1
 sin θ = − √


2
√ π √   π 
π

D’où r = 2, θ ≡ − [2π] et z1 = 1 − i = 2 cos − + i sin −
4 4  4
√  
π

π
= 2 cos − i sin .
4 4
 √
 − 3+i =2


 √
√ 
 3
— z2 = − 3 + i :  cos θ = −
 2

 1

 sin θ =
2
π √  
π
 
π

D’où r = 2, θ ≡ − et z2 = − 3 + i = 2 cos − + i sin −
6     
6 6
π π
= 2 cos − i sin .
6 6

Remarque : Dans certains cas, il est inutile de faire tous les calculs : la forme
trigonométrique se « voit » :
— 1 = cos 0 + i sin 0 donc |1| = 1 et arg(1) = 0
   
π π π
— i = cos + i sin donc |i| = 1 et arg(i) =
2 2 2
Exercice 21 : Écrire sous forme trigonométrique les nombres complexes suivants :

1. z1 = 3. 4. z4 = −1 + i. 6. √ 8. √ √
2. z2 = −4. z6 = −6 3+6i. z8 = 6+i 2.

3. z3 = 2i. 5. z5 = − 3 + i. 7. z7 = −5i.

Avant d’aller plus avant, un théorème simple mais qui sera d’importance en géomé-
trie :

F.PUCCI 23
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE

Théorème 6 (Caractérisation d’un réel, d’un imaginaire pur)


Soit z un nombre complexe non nul.
— z∈R ⇐⇒ arg z ≡ 0 ou π [2π] ⇐⇒ arg z ≡ 0 [π].
π π
— z ∈ iR ⇐⇒ arg z ≡ ± [2π] ⇐⇒ arg z ≡ [π].
2 2

iR

π
π 2

−π π

2

Figure 4.5 – Réels et imaginaires purs caractérisés par leur argu-


ment.

IV.2 Argument et Angle


Proposition 10 (Angle de deux vecteurs)
Soient A(zA ) et B(zB ) deux points du plan complexe (O; −

u; −

v ) d’affixes res-
pectives zA et zB .
 −→  −→  
— −→
u ; OA ≡ arg zA [2π]. — −
→u ; AB ≡ arg zB − zA [2π].
−→ − −→ zB
— OA ; OB ≡ arg ≡ arg zB − arg zA [2π] .
zA

Preuve:
−→ −−→ → −−→ − −→
OA ; OB ≡ − u ; OB − → u ; OA
zB
≡ arg zB − arg zA ≡ arg [2π] .
zA

Enn, pour la dernière assertion, il existe un unique point M tel que −OM
−→ −→
= AB
.-à-d. z = z − z . On applique alors les résultats pré édents :
M B A



→ −→ → −−→  
u ; AB ≡ −
u ; OM ≡ arg zB − zA [2π] .

F.PUCCI 24
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE

B(zB )


arg zB − zA

A(zA )

arg zA arg zB




v

O −

u

Figure 4.6 – Angle de deux vecteurs

Exemple 10 : On donne A(2 + i) et B(−1 − 2i). Déterminer les coordonnées du


−→  −→
AB, la distance AB et l’angle − →u ; AB . −→
— z− AB
→ = zB − zA = −1 − 2i − 2 − i = −3 − 3i. Donc AB (−3 ; −3).

— AB = |zB − zA | = |−3 − 3i| = 3 2.
√ 
3 2 
cos θ = − √ = − 

 3π
— 3 2 √2 =⇒ θ ≡ − [2π]. Donc
3 2  4
sin θ = − √ = − 


3 2 2


→ −→  3π
u ; AB ≡ − [2π].
4

Complétons enfin la proposition (10) par le résultat qui vous servira dans tout
bon exercice de géométrie.

Corollaire 1
Dans le plan complexe d’un repère orthonormé direct (O; − →
u; −

v ), on considère
les points A, B, C et D tels que A 6= B et C 6= D et d’affixes respectives zA ,
zB ,zC et zD .  
−→ − −→ zD − zC
AB ; CD ≡ arg [2π] . (4.5)
zB − zA

Preuve: La démonstration est identique à la pré édente :


−→ −−→ → −−→ − −→
AB ; CD ≡ −u ; CD − →
u ; AB
 
    zD − zC
≡ arg zD − zC − arg zB − zA ≡ arg [2π] .
zB − zA

F.PUCCI 25
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE

F.PUCCI 26
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE

Exercice 22 (Asie 2015) : Le plan est muni du repère orthonormé direct (O; − →u; −

v ).

1 3
On donne le nombre complexe j = − + i .
2 2
Le but de cet exercice est d’étudier quelques propriétés du nombre j et de mettre
en évidence un lien de ce nombre avec les triangles équilatéraux.
Partie A : propriétés du nombre j

1. (a) Résoudre dans l’ensemble C des nombres complexes l’équation

z 2 + z + 1 = 0.

(b) Vérifier que le nombre complexe j est une solution de cette équation.
2. Déterminer le module et un argument du nombre complexe j, puis donner sa
forme exponentielle.
3. Démontrer les égalités suivantes :
(a) j3 = 1 ;
(b) j2 = −1 − j.
4. On note P, Q, R les images respectives des nombres complexes 1, j et j2 dans
le plan.
Quelle est la nature du triangle PQR ? Justifier la réponse.

Partie B
Soit a, b, c trois nombres complexes vérifiant l’égalité a + jb + j2 c = 0.
On note A, B, C les images respectives des nombres a, b, c dans le plan.

1. En utilisant la question A - 3. b., démontrer l’égalité : a − c = j(c − b).


2. En déduire que AC = BC.
3. Démontrer l’égalité : a − b = j2 (b − c).
4. En déduire que le triangle ABC est équilatéral.

F.PUCCI 27
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE

IV.3 Applications en géométrie


À partir de la relation (4.5), on peut alors chercher des ensembles de points dont
−→ −−→
les relations sont basées sur l’angle des vecteurs AB et CD c.-à-d. des problèmes de
colinéarité, d’alignement ou d’orthogonalité.
Voici une première approche.

Proposition 11 (Colinéarité et orthogonalité)


Dans le plan complexe d’un repère orthonormé direct (O; −

u; −→v ), on considère
les points A, B, C et D tels que A 6= B et C 6= D et d’affixes respectives zA ,
zB , zC et zD .
−→ −→
A, B et C sont dis- ⇐⇒ AB et AC sont coli- ⇐⇒
zC − zA
tincts et alignés néaires non nuls ∈R.
zB − zA
−→ −−→
(AB) // (CD) ⇐⇒ AB et CD sont coli- ⇐⇒
zD − zC
néaires non nuls ∈ R.
zB − zA
(AB) ⊥ (CD) ⇐⇒ −→ −−→ ⇐⇒
AB.CD = 0 zD − zC
∈ iR .
zB − zA

Preuve: Simplement se rappeler que :


 arg z ≡ 0 [π] ⇐⇒ z ∈ R.
 arg z ≡ π2 [π] ⇐⇒ z ∈ iR.
Le reste n'est qu'aaire de tradu tion.
zC − zA  
Remarque : ∈ R ⇐⇒ ∃k ∈ R tel que zC − zA = k zB − zA .
zB − zA
−→ −→
La première assertion signifie donc simplement que deux vecteurs AB et AC sont
colinéaires si, et seulement si leur affixe zB − zA et zC − zA sont proportionnelles
dans R.
On retrouve ainsi un résultat déjà vrai pour les coordonnées des vecteurs.

Nature d’un triangle


Un exemple classique est de se poser la question de la nature d’une certain tri-
angle ABC.
— ABC est isocèle en A si, et seulement si AB = AC ⇐⇒ |zB − zA | = |zC − zA |.
— ABC est équilatéral si, et seulement si AB = AC = BC,

F.PUCCI 28
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE

−→ −→ π
ou si, et seulement si AB = AC et AB ; AC ≡ ± [2π]
 3 
zC − zA π
si, et seulement si |zB − zA | = |zC − zA | et arg ≡ ± [2π]
zB − zA 3
−→ −→ zC − zA
— ABC est rectangle en A si, et seulement si AB.AC = 0 ⇐⇒ ∈ iR.
zB − zA
−→ −→
— ABC est rectangle isocèle en A si, et seulement si AB.AC = 0 et AB = AC
zC − zA
⇐⇒ = ±i.
zB − zA

Preuve: On sait déjà que −AB.


→ −→
AC = 0 ⇐⇒
zC − zA
zB − zA
∈ iR .-à-d. ∃r ∈ R+
tel que : zC − zA
= ±ir.
zB − zA
Comme |z B − zA | = |zC − zA | , on obtient :
zC − zA
r= = 1 ⇐⇒ r = 1.
zB − zA

Con lusion : zz C − zA
B − zA
= ±i .
Exercice 23 : Déterminer l’ensemble des points M d’affixe z complexe tel que
le triangle de sommets les points d’affixes z, z 2 et z 3 soit rectangle en M.

Exercice 24 (Classique) : On se place dans le plan complexe muni d’un repère


orthonormé direct (O; −

u; −

v ).
1. Déterminer l’ensemble (E1 ) des points M d’affixes z vérifiant l’égalité :

|z − 3 + 2i| = 5.

2. Déterminer l’ensemble (E2 ) des points M d’affixes z vérifiant l’égalité :

|z − 3 + 2i| = |z + 1 − i| .

3. Soient A, B et C trois points d’affixes zA = 3 − 2i, zB = −1 + i et zC = 6 + 2i.


zC − zA
(a) Calculer le module et l’argument de Z = .
zB − zA
(b) En déduire la nature du triangle ABC.

Exercice 25 (Pondichéry 2017) : On munit le plan complexe d’un repère or-


thonormé direct (O; −

u; −

v ).
1. On considère l’équation (E) : z 2 − 6z + c = 0, où c est un réel strictement
supérieur à 9.

F.PUCCI 29
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IV. ARGUMENT D’UN NOMBRE COMPLEXE

(a) Justifier que (E) admet deux solutions complexes non réelles.
√ √
(b) Justifier que les solutions de (E) sont zA = 3+i c − 9 et zB = 3−i c − 9.
2. On note A et B les points d’affixes respectives zA et zB .
Justifier que le triangle OAB est isocèle en O.
3. Démontrer qu’il existe une valeur du réel c pour laquelle le triangle OAB est
rectangle et déterminer cette valeur.

Exercice 26 (Métropole 2015) :


1. Résoudre dans l’ensemble C des nombres complexes l’équation (E) d’inconnue
z:
z 2 − 8z + 64 = 0.
Le plan complexe est muni d’un repère orthonormé direct (O; − →
u; −→v ).
√ √
2. On considère les points A, B et C d’affixes respectives a = 4+4i 3, b = 4−4i 3
et c = 8i.
(a) Calculer le module et un argument du nombre a.
(b) Donner la forme exponentielle des nombres a et b.
(c) Montrer que les points A, B et C sont sur un même cercle ce de centre
O dont on déterminera le rayon.
(d) Placer les points A, B et C dans le repère (O; −

u; −

v ).
Pour la suite de l’exercice, on pourra s’aider de la figure de la question 2. d.
complétée au fur et à mesure de l’avancement des questions.
π π
3. On considère les points A′ , B ′ et C ′ d’affixes respectives a′ = aei 3 , b′ = bei 3
π
et c′ = cei 3 .
(a) Montrer que b′ = 8.
(b) Calculer le module et un argument du nombre a′ .
√ √
Pour la suite on admet que a′ = −4 + 4i 3 et c′ = −4 3 + 4i.
4. On admet que si M et N sont deux points du plan d’affixes respectives m et
m+n
n alors le milieu I du segment [MN] a pour affixe et la longueur MN
2
est égale à |n − m|.
(a) On note r, s et t les affixes des milieux respectifs R, S et T des segments
[A′ B], [B′ C] et [C′ A].
√  √ 
Calculer r et s. On admet que t = 2 − 2 3 + i 2 + 2 3 .
(b) Quelle conjecture peut-on faire quant à la nature du triangle RST ?
Justifier ce résultat.

F.PUCCI 30
V Résumé de géométrie complexe
F.PUCCI

Chapitre 4:
Médiatrice de [AB] :

{M(z) / |z − zA | = |z − zB |}
Le Plan Complexe

Les Nombres Complexes


ABC rectangle isocèle en D
zB − zD
⇐⇒ = ±i
ABC rectangle en C zA − zD
 
zB − zC π
⇐⇒ arg =± D
× zA − zC 2
E(zE ) zB − zC
⇐⇒ ∈ iR.
zA − zC
Axe des imaginaires C
B(zB )
purs :
R
×
F (zF ) iR = {z = −z}
|
− zA
) = |z
B
zA

−→B (z B AB
A    −→
arg zB − zA = − →
u ; AB
b bc

rA sin θA =
A(zA = a + ib = rAeiθA ) Cercle de centre B et de rayon R :

| b2 C (B ; R) = {M(z) / |z − zB | = R}
|z A
i = √ a2 +

ø
zF − zE
(AB) ⊥ (EF ) ⇐⇒ ∈ iR rA

V. RÉSUMÉ DE GÉOMÉTRIE COMPLEXE


zB − zA −
→ =

zF − zE

π v    −→
⇐⇒ arg ≡ ± [2π] . θA = arg zA = −→
u ; OA
zB − zA 2 bc

θ −
→ rA cos θA =a
O u 1
1 a
cos θ =
eiθ = cos θ + i sin θ
b
|z|

ø
b Axe des réels :
sin θ =
|z|
R = {z = z}
−b bc b

A′ (zA )
−→ −−→ −−→ −→
(AB) : AB ; AM ≡ 0 [π] ⇐⇒ AM = k AB :  
−→ −−→! zD − zC 

M(z) / arg

z − zA

≡ 0 [π] ⇐⇒
z − zA
∈ R

eiπ + 1 = 0 AB ; CD ≡ arg 
zB − zA
[2π] .
zB − zA zB − zA
31
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VI. FORME EXPONENTIELLE

VI Forme exponentielle
Définition 6
On appelle cercle trigonométrique et on note U l’ensemble des nombres com-
plexes de module 1 : n o
U = z ∈ C / |z| = 1 .

1
Remarque : z ∈ U ⇐⇒ z = .
z

VI.1 Introduction
Soit f la fonction définie de R dans C par :

f (θ) = cos θ + i sin θ.

Remarque : La fonction f associe donc à tout réel θ un nombre complexe, donné


sous sa forme trigonométrique, de module 1 et d’argument θ [2π] .
Comme somme de fonctions dérivables sur R, la fonction f est aussi dérivable sur
R et vérifie f (0) = 1.
De plus, si l’on considère deux réels θ et θ′ , on a :
— D’une part, f (θ + θ′ ) = cos(θ + θ′ ) + i sin(θ + θ′ )
 
′ ′ ′ ′
= cos θ cos θ − sin θ sin θ + i cos θ sin θ + sin θ cos θ .
   
′ ′ ′
— D’autre part, f (θ) × f (θ ) = cos θ + i sin θ × cos θ + i sin θ
 
′ ′ ′ ′
= cos θ cos θ − sin θ sin θ + i cos θ sin θ + sin θ cos θ .
Donc f (θ + θ′ ) = f (θ) × f (θ′ ).

La fonction f est donc une fonction dérivable sur R, vérifiant :

f (θ + θ′ ) = f (θ) × f (θ′ )
(4.7)
f (0) = 1.

Les seules fonctions vérifiant les propriétés (4.7) sont les fonctions du type :

f (θ) = ekθ , k ∈ R.

F.PUCCI 32
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VI. FORME EXPONENTIELLE

Déterminons le paramètre k en dérivant f :


D’une part, on a f ′ (θ) = kekθ et de l’autre f ′ (θ) = − sin θ + i cos θ. Donc ∀θ ∈ R :

kekθ = − sin θ + i cos θ.

Pour θ = 0, on obtient k = i .

Conclusion : f (θ) = eiθ c.-à-d. eiθ = cos θ + i sin θ.


Il en résulte donc une définition/théorème :

Définition 7
Tout nombre complexe z de module r et d’argument θ peut s’écrire, de manière
unique , sous la forme :

z = reiθ avec r > 0 et θ ∈] − π ; π ].

Cette écriture est appelée forme exponentielle du nombre z.

La forme exponentielle permet de lire rapidement le module et l’argument modulo 2π


d’un nombre complexe et est particulièrement bien adaptée aux calculs multiplicatifs
et à la géométrie comme nous le verrons.
En particulier, la définition précédente se réécrit de en terme d’applications :

Théorème 7
— La fonction θ 7−→ eiθ est surjective de R dans U.
Plus précisément, c’est une bijection de tout intervalle [α ; α + 2π [ sur U.
— La fonction (r ; θ) 7−→ reiθ est une bijection de R∗+ × [−π ; π [ sur C∗ .

Remarque : On verra, lorsqu’on en aura les moyens, que la première applications


 
est même un morphisme de groupes continu et surjectif de l’axe réel R, + sur le
 
cercle U, × de noyau 2πZ.

Exemples 11 : Quelques exemples classiques à retenir ou à savoir retrouver :


π
— ei0 = ei2π = 1. √ √
i π √ π
π — 2e 4 = 2 cos + i 2 sin
— ei 2 = i. 3 4
— eiπ = e−iπ = −1. = 1 + i.
π π
i π π i π π
— 2e 3 = 2 cos + i2 sin — 2e 6 = 2 cos + i2 sin
3
√ 3 √ 6 6
= 1 + i 3. = 3 + i.

F.PUCCI 33
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VI. FORME EXPONENTIELLE

Une des relations précédentes due à Leonhard Euler (1707-1783) est reconnue
comme l’une des plus belles équations mathématiques et mérite un cadre bien à
elle.

Théorème 8 (Relation d’Euler)

eiπ + 1 = 0. (Euler)

Cette relation relie d’une manière quasi-miraculeuse, les 5 constantes universelles


des mathématiques 0, 1, π, i et e et avec elles, relie, dans l’ordre, l’arithmétique, la
géométrie, l’algèbre et l’analyse.
Un nombre complexe peut donc s’écrire sous trois formes bien distinctes : algébrique ,
trigonométrique et exponentielle . Chacune d’elles sera à préférer aux autres suivant
le type de calculs à effectuer. Pensez-y !

Proposition 12
n o
U = eiθ , θ ∈ R .

Preuve: Il est lair que tout élément de module 1 s'é rit sous sa forme exponen-
tielle .
eiθ
Ré iproquement, |e iθ
|=1 donne le résultat.
Remarque : On rappelle que le réel θ est unique si on impose θ ∈ [0 ; 2π [ ou
θ ∈] − π ; π ]. On parle alors de mesure principale .


Exemple 12 : Différentes écritures du nombre complexe 1 + i 3 :

Forme algébrique Forme trigonométrique Forme exponentielle


√   
π
 
π π
1+i 3 2 cos + i sin 2 ei 3
3 3

F.PUCCI 34
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VI. FORME EXPONENTIELLE

Exemple 13 (Passage d’une forme à l’autre) :



z = 4ei 4 (Forme exponentielle)
    
3π 3π
= 4 cos + i sin (Forme trigonométrique)
√ 4 √ ! 4
2 2
=4 − +i
2 2
√ √
= −2 2 + 2i 2. (Forme algébrique)

On a aussi une autre jolie relation attribuée également à Euler qui est l’équivalent
z+z z−z
exponentiel des relations Re (z) = et Im (z) = :
2 2i

Théorème 9 (Formule d’Euler)

eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ


cos θ = et sin θ = .
2 2i

Preuve: On a :
eiθ = cos θ + i sin θ
eiθ = e−iθ = cos θ − i sin θ

La somme et la diéren e des deux expressions pré édentes donnent le résultat.

VI.2 Règles de calcul en notation exponentielle


Proposition 13

Soient z = reiθ et z ′ = r ′ eiθ deux nombres complexes sous leur forme exponen-
tielle avec r ′ 6= 0 et n un nombre entier :

— Produit : reiθ ×r ′ eiθ = rr ′ ei(θ+θ ) .


′ ′
reiθ r i(θ−θ′ )
 n — Quotient : = e .
— Puissance : reiθ = r n einθ . r ′ eiθ′ r′
1 1 −iθ
— Conjugué : reiθ = re−iθ . — Inverse : iθ = e .
re r
— ∀ (θ ; θ′ ) ∈ R2 , eiθ = eiθ ⇐⇒ θ ≡ θ′ [2π].

F.PUCCI 35
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VI. FORME EXPONENTIELLE

Remarque : Pour les calculs du type « somme » ou « différence », on préférera donc


la forme algébrique . La forme exponentielle , quant à elle, sera privilégiée pour les
calculs de produits ou de quotients.

Preuve: Rien à faire si e n'est rappeler les propriétés de la fon tion exponen-
tielle.
Pour la dernière équivalen e :
eiθ = eiθ ⇐⇒ ei(θ−θ ) = 1 ⇐⇒ θ − θ′ ≡ 0 [2π] ⇐⇒ θ ≡ θ′ [2π] .
′ ′

Exemple 14 (Produits et quotients sous forme exponentielle) :


π √ π
On considère les nombres complexes z1 = 2 ei 3 et z2 = 2 3 ei 6 :
√ i π 4 √ π
z2 4
= 2 3e 6 z2 2 3ei 6
= π
√ π π  √ 4 z1 2ei 3
z1 z2 = 2 × 2 3 × ei 3 × ei 6 π
= 2 3 ei4 6 √
√ 2 3 i( π − π )
= 4 3ei( 3 + 6 )
π π
2iπ = e 6 3
= 144e 3 . 2
√ π √ π
= 4 3ei 2 . = 3 e−i 6 .

L’analogie avec la fonction exponentielle et l’idée géniale de remarquer qu’un nombre


complexe puisse se mettre sous une forme exponentielle permet d’obtenir rapidement
et simplement grâce à la proposition (13) des propriétés sur les modules ⌊5⌋ et les
arguments. Revenons donc sur ces derniers.

VI.3 Propriétés algébriques des arguments


Proposition 14
Soient z et z ′ deux nombres complexes non nuls.
— arg(zz ′ ) ≡ arg z + arg z ′ [2π]
 
1
— arg ≡ arg(z) ≡ − arg(z [2π]
z
 
z
— arg ′ ≡ arg z − arg z ′ [2π]
z
 
En particulier, ∀ n ∈ Z, arg z n = n arg z.

ATTENTION arg(−z) ≡ π + arg z [2π].


⌊5⌋. cf. Chapitre précédents

F.PUCCI 36
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VI. FORME EXPONENTIELLE

Bien sûr, tout le monde aura remarquer que la fonction arg se comporte comme la
fonction ln avec les produits.

Preuve: La proposition (14) n'est qu'un as parti ulier de la proposi-


tion (13) en ne onsidérant que les arguments. On onsidère don deux nombres
omplexes z = reiθ et
z ′ = r ′ eiθ é rits sous leur forme exponentielle d'après la

définition (7) .
 zz = re × r e = rr e . Don arg(zz ) ≡ arg z + arg z [2π].
′ iθ ′ iθ ′ ′ i(θ+θ ′ ) ′ ′ ⌊6⌋

 re = re et si z 6= 0 ⇐⇒ r 6= 0, re1 = 1r e .En ne regardant que les


iθ −iθ

−iθ

arguments, on obtient arg z ≡ − arg z [2π] et arg z1 ≡ − arg z [2π]. ⌊7⌋

 Pour l'argument du quotient, soit on é rit que arg zz ≡ arg z × z1 ≡ arg z+arg z1 ≡ arg
     

en transformant le quotient en produit et on utilise les formules pré édentes,


′ ′ ′

soit on préfère la forme exponentielle :


 
z r i(θ−θ′ ) z
= e =⇒ arg ≡ arg z − arg z ′ [2π] . ⌊8⌋
z′ r′ z′
 La dernière assertion est une onséquen e de re 
iθ n
= r n einθ . ⌊9⌋

M(zz ′ )

|zz ′ |
M(z ′ )

|z ′ | M(z)
|z|
θ1 + θ2

θ2
θ1
O

Figure 4.7 – Dans la multiplication de deux nombres com-


plexes, les modules se multiplient et les argu-
ments s’ajoutent.

Moralité :
⌊9⌋. Sur les modules, on obtiendrait |zz ′| = |z| × |z ′ |.
1 1
⌊9⌋. Sur les modules, on obtiendrait |z| = |z| et = .
z |z|
z |z|
⌊9⌋. Sur les modules, on obtiendrait ′ = ′ .
z |z |
n
⌊9⌋. Sur les modules, on obtiendrait |z n | = |z| .

F.PUCCI 37
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VII. APPLICATION À LA TRIGONOMÉTRIE

— Les formes trigonométriques et exponentielles sont adaptés aux produits de


complexes.
— Les formes algébriques sont adaptées aux sommes de complexes.

Exemple 15 : En reprenant les notations de l’ exemple (14) , on obtient, sans


calculs :
π π π
— arg(z1 z2 ) ≡ arg(z1 ) + arg(z2 ) ≡ + ≡ [2π]
3 6 2
 
1 π
— arg ≡ − arg z1 ≡ − [2π]
z1 3
 
z2 π π π
— arg ≡ arg z2 − arg z1 ≡ − ≡ − [2π]
z1 6 3 6

VII Application à la trigonométrie


Littéralement, « trigonométrie » signifie « mesure des trois angles », donc se rapporte
aux propriétés des angles d’un triangle. On fait donc ainsi référence aux interpréta-
tions géométriques usuelles des fonctions trigonométriques.
Un peu d’histoire :
— La trigonométrie (l’étude des mesures dans le triangle) existe depuis l’antiquité
(Égypte, Babylone, Grèce), et est développée en rapport avec l’astronomie.
— Le sinus, sous sa forme actuelle, a été introduit par les indiens aux alentours
de 500 ap JC, pour l’étude des angles célestes. La première table connue date de
499, et est attribuée au mathématicien indien Aryabhata. En 628, Brahmagupta
construit une approximation de la fonction sinus par interpolation.
— Ces notions nous sont parvenus grâce aux travaux de synthèse des mathémati-
ciens arabes des 9ième et 10ième siècles (essentiellement basés dans les actuelles
Irak, Iran et Khazakstan).
— Auparavant, les grecs utilisaient plutôt la mesure de la corde, ce qui est moins
commode, mais assez équivalent.
— Le nom de « sinus » provient d’un mot sanscrit signifiant « arc », apparais-
sant dans l’ouvrage de Aryabhata, et transcrit phonétiquement en arabe, puis
déformé en un mot proche signifiant « repli de vêtement ». Il a été traduit en
latin au 12ième siècle par le mot « sinus » signifiant « pli ».

VII.1 Quelques formules


Tout d’abord quelques propriétés déjà connues et à toujours connaître :

F.PUCCI 38
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VII. APPLICATION À LA TRIGONOMÉTRIE

Proposition 15 (Symétrie de sin et cos)

— sin et cos sont 2π -périodiques.


— sin est impaire et cos est paire .
Pour tout x ∈ R,
— cos(π + x) = − cos(x) et sin(π + x) = − sin(x).
— cos(π − x) = cos(x) et sin(π − x) = sin(x).
   
π π
— cos − x = sin(x) et sin − x = cos(x).
2 2
   
π π
— cos + x = sin(x) et sin + x = − cos(x).
2 2
π +x

2 −x
2

π
2
bc

bc

π− 1
x bc bc
x

sin t
bc

−2 −1 O cos1 t 2

x
bc bc
−x
π+ −1
bc

bc

−2
2 −x

−2
π +x
−π

Figure 4.8 – Formules trigonométriques

Théorème 10 (Pythagore)
Pour tout x ∈ R,
cos2 x + sin2 x = 1.

π
À partir du théorème (10) , on obtient, en divisant par cos2 6= 0 si x 6≡ [π],
2
une autre égalité fondamentale :
π 1
∀x 6≡ [π] , 1 + tan2 x = . (4.8)
2 cos2 x

F.PUCCI 39
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VII. APPLICATION À LA TRIGONOMÉTRIE

π π π π
Exemple 16 (Expression de cos ) : Il suffit de remarquer que = − .
12 12 3 4
D’où :
π π π
ei 12 = ei 3 e−i 4
    √ ! √ √ ! √ √
π π 1 3 2 2 3+1 3−1
cos + i sin = +i −i = √ +i √
12 12 2 2 2 2 2 2 2 2

Par identification, on trouve alors :


  √   √
π 3+1 π 3−1
cos = √ et sin = √ .
12 2 2 12 2 2

F.PUCCI 40
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VII. APPLICATION À LA TRIGONOMÉTRIE

Proposition 16 (Formule d’addition)


Pour tous réels a et b, on a :

cos(a + b) = cos a cos b − sin a sin b. sin(a + b) = sin a cos b + cos a sin b.
cos(a − b) = cos a cos b + sin a sin b. sin(a − b) = sin a cos b − cos a sin b.

Pour tout (a ; b) ∈ R2 tel que tan a, tan b, tan(a + b) et tan(a − b) soient définis :

tan(a) + tan(b) tan(a) − tan(b)


tan(a + b) = et tan(a − b) = .
1 − tan(a) tan(b) 1 + tan(a) tan(b)

Preuve: C'est en ore une appli ation de la proposition (13) . Pour tous a et
b réels, on a :

eia = cos a + i sin a et eib = cos b + i sin b.

Or, e ia
× eib = ei(a+b) = cos(a + b) + i sin(a + b) mais aussi :
  
ia ib
e ×e = cos a + i sin a cos b + i sin b
 
= cos a cos b − sin a sin b + i sin a cos b + cos a sin b .

En identiant parties réelles et imaginaires, on obtient les deux premières formules.


Il sut alors de rempla er b par −b et d'utliser la parité de cos et l'imparité de sin
pour avoir la deuxième série de formules.
En prenant a = b dans les expressions de la proposition (16) , on obtient aussi :

Proposition 17 (Duplication des angles)


Soit a un réel. Alors :
— sin(2a) = 2 sin(a) cos(a).
— cos(2a) = cos2 (a) − sin2 (a) = 1 − 2 sin2 (a) = 2 cos2 (a) − 1.
2 tan(a)
— tan(2a) = .
1 − tan2 (a)

L’utilisation des exponentielles complexes permet de simplifier un certain nombre


de calculs liés à la trigonométrie. Nous présentons ci-dessous quelques méthodes à
connaître.

F.PUCCI 41
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VII. APPLICATION À LA TRIGONOMÉTRIE

VII.2 Linéarisation des puissances de cosinus et sinus


La deuxième assertions de la proposition (17) permet d’obtenir une première
linéarisation pour les expressions de degré 2 :

Proposition 18 (Linéarisation ou formules de Carnot)


Soit a ∈ R :
1 + cos(2a) 1 − cos(2a)
— cos2 (a) = — sin2 (a) = .
2 2

En retournant les formules de la proposition (16) , on obtient des formules de


développement de produit du premier ordre :

Proposition 19 (Linéarisation bis)


Soient a et b deux réels :
1h i
— sin(a) sin(b) = cos(a − b) − cos(a + b) .
2
1h i
— cos(a) cos(b) = cos(a − b) + cos(a + b) .
2
1h i
— sin(a) cos(b) = sin(a + b) + sin(a − b) .
2

D’une manière générale, pour linéariser une expression trigonométrique cosk x sin1 x
(en combinaison linéaire de termes en cos(αx) ou sin(βx), on procède comme suit :

Méthode 5 (Linéarisation de cosk x sin1 x)

1. On utilise les formules d’Euler du théorème (9) pour changer cos x et


sin x en somme de termes avec eix et e−ix .
2. On développe complètement, avec le binôme de Newton ⌊10⌋ .
3. On regroupe les termes deux à deux conjugués pour reconnaître des
cos(αx) ou sin(βx).

Exercice 27 : Linéariser cos5 (x) et cos2 (x) sin3 (x).

Exercice 28 : Z π
6
1. Linéariser sin (x). En déduire sin6 (x) dx.
0
Z π
2. Proposer plus efficace pour le calcul de sin5 (x) dx.
0
Aide: Poser u = cos(x)
n
!
X n
⌊10⌋. (a + b)n = ak bn−k .
k=0
k

F.PUCCI 42
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VII. APPLICATION À LA TRIGONOMÉTRIE

VII.3 Factorisation par l’angle de l’arc moitié

Méthode 6 (Factorisation par l’angle de l’arc moitié)



Pour factoriser une expression du type eiθ + eiθ :
θ+θ ′
1. On factorise par l’angle moitié, c’est à dire par ei 2 .

2. On utilise ensuite la formule d’Euler du théorème (9) .

Exercice 29 : Factoriser les expressions suivantes :


1. ∀t ∈ R, 1 + eit et 1 + eia .
p−q p+q
2. (a) Soient p et g des réels. Montrer que eip + eiq = 2ei 2. cos
2
(b) En déduire des formules plus aisées pour cos(p) + cos(q), cos(p) − cos(q),
sin(p) + sin(q) et sin(p) − sin(q) avec (p ; q) ∈ R2 .

Conséquence de l’ exercice (29) , une nouvelle série de formules trigonométriques :

Proposition 20
Soient p et q deux réels :
   
p+q p−q
— cos(p) + cos(q) = 2 cos cos .
2 2
   
p+q p−q
— cos(p) − cos(q) = −2 sin sin .
2 2
   
p+q p−q
— sin(p) + sin(q) = 2 sin cos .
2 2
   
p−q p+q
— sin(p) − sin(q) = 2 sin cos .
2 2

Preuve:An de ne pas tout redémontrer, il sera bon de se rappeler, à partir de


la première expression de cos(p) + cos(q), que
− cos q = cos (q ± π) et
 
π
± sin(p) = cos p ± .
2

À partir des formule précédentes, on obtient enfin :

Proposition 21 (Formules de l’arc moitié)


 
Soit x un réel tel que t = tan x
2
soit défini.
2t 1 − t2 2t
— sin(x) = . — cos(x) = . — tan(x) = .
1 + t2 1 + t2 1 − t2

F.PUCCI 43
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VII. APPLICATION À LA TRIGONOMÉTRIE

Preuve: Simple utilisation de la relation (4.8) et des formules de dupli ation de


la proposition (17) .

VII.4 Calculs de sommes de cosinus et sinus


Les nombres complexes sont utiles pour le calcul de sommes de cosinus ou sinus car
mieux vaut considérer des sommes avec eiθ qu’avec cos θ et sin θ isolément.
n
X n
X
Exercice 30 : Calculer cos(kθ) et sin(kθ).
k=0 k=0

Correction : Pour θ non ongru à 0 modulo 2π , on a :

n   sin(n + 1) θ
X nθ 2
cos(kθ) = cos
2 θ
k=0 sin
2
et

n   sin(n + 1) θ
X nθ 2
sin(kθ) = sin
2 θ
k=0 sin
2

VII.5 « Délinéarisation » ou Polynômes de Tchebichev


Il s’agit de la méthode inverse, consistant à écrire cos(nx) ou sin(nx) en fonction
des puissances de cos(x) et/ou sin(x).
La méthode repose sur les formules de Moivre :

Théorème 11 (Formules de Moivre)


Soient θ un nombre réel et n un entier.
 n
cos θ + i sin θ = cos nθ + i sin nθ.

Preuve: Magique de simpli ité grâ e à la notation exponentielle :


 n
eiθ = einθ
 n
cos θ + i sin θ = cos nθ + i sin nθ.

Un peu d’histoire :

F.PUCCI 44
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VII. APPLICATION À LA TRIGONOMÉTRIE

— Abraham de Moivre (1667, Vitry-le-François - 1667, Londres) était un mathé-


maticien ami des physiciens et astronomes Newton et Halley qu’il rencontra
lors de son exil forcé en Angleterre à la suite de la révocation de l’édit de
Nantes en 1685 et la recrudescence des persécutions contre les huguenots ⌊11⌋ .
Il faudrait théoriquement dire « formule de De Moivre », (selon la règle de
conservation de la particule onomastique pour les noms d’une syllabe, comme
de Gaulle), mais on dit plus souvent « formule de Moivre ».
— La version démontrée par Moivre est la version donnée avec les fonctions sin
et cos, le lien avec les propriétés de l’exponentielle n’ayant été découvertes que
plus tard par Euler (19ième siècle), qui est à l’origine de la notation exponen-
tielle eiθ .

Exemple 17 (Duplication des angles) : On peut retrouver les formules de la


proposition (17) avec les formules de Moivre :
 2  2

cos θ + i sin θ = e = ei2θ = cos(2θ) + i sin(2θ).

 2
Or, cos θ + i sin θ = cos2 θ − sin2 θ + 2i cos θ sin θ.

En identifiant, parties réelles et imaginaires, on obtient :

cos 2θ = cos2 θ − sin2 θ et sin 2θ = 2 sin θ cos θ

Un élève sérieux et volontaire s’appliquera à linéariser cos 3θ et sin 3θ sur la même


idée afin de vérifier qu’il a compris l’idée et maîtrise la technique. . .

Exercice 31 : A l’aide de la proposition (16) , redémontrer les formules de


l’ exemple (17) .

Pour transformer cos(nx) ou sin(nx) en un polynôme en cos ou en sin, on procède


comme à l’ exemple (17) c.-à-d. :

Méthode 7 (Délinéarisation de cos nx et sin nx)


 n 
1. On écrit cos(nx) = Re eix = Re ((cos x + i sin x)n ) grâce a la formule
de Moivre du théorème (11) .
2. On développe avec le binôme de Newton.
3. On ne garde que la partie réelle (ou imaginaire dans le cas d’un sinus).

Exercice 32 : Exprimer cos(6x) en fonction de cos(x).


⌊11⌋. protestants (ndp.)

F.PUCCI 45
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VII. APPLICATION À LA TRIGONOMÉTRIE

Les polynômes obtenus ainsi s’appelle polynômes de Tchébychev, de première espèce


pour les cosinus, et de seconde espèce pour les sinus.
On peut définir ces polynômes par récurrence et redémontrer directement à l’aide de
ces relations de récurrence et des formules de trigonométrie le fait qu’ils assurent la
délinéarisation de cos(nx) et sin(nx). La méthode ci-dessus permet alors d’obtenir
une expression explicite de ces polynômes. ⌊12⌋

VII.6 Factorisation de somme de cosinus et de sinus


Proposition 22
Si (a ; b) ∈ R2 \ {(0 ; 0)} et ω un réel, il existe (A ; ϕ) ∈ R∗+ × R tel que pour
tout t ∈ R,  
a cos ωt + b sin ωt = A cos ωt + ϕ .

Preuve: On utilise, omme pré édemment, les formules du théorème (9) .


Pour t ∈ R, on a :
eiωt + e−iωt eiωt − e−iωt a − ib iωt a + ib −iωt
a cos ωt + b sin ωt = a − ib = e + e .
2 2 2 2

Notons z = a +2 ib 6= 0 et re sa forme polaire .


−iϕ ⌊13⌋

D'où,
a cos ωt + b sin ωt = zeiωt + ze−iωt = zeiωt + zeiωt = 2 Re ze
iωt


=2 Re re i(ωt+ϕ)

= |{z}

2r cos ωt + ϕ
A
 
= A cos ωt + ϕ .

Remarque : Une telle fonction t 7−→ a cos ωt + b sin ωt est appelée signal sinusoïdal.
Physiquement, le réel A représente son amplitude, et ϕ son déphasage. Comme vu
dans la preuve, l’amplitude est alors le module de a + ib et la phase son argument.
⌊12⌋. Ceci et nombre d’autres propriétés les concernant font de ces derniers, d’excellents candidats
pour des sujets de concours. Dévorez tous les exercices parlant d’eux serait très sage de votre part.
⌊13⌋. r ∈ R+ et ϕ ∈ R. On prend un argument en notation négative simplement pour des facilités
d’écriture.

F.PUCCI 46
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VIII. ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES DANS C (LE RETOUR)

VIII Équations algébriques dans C (le retour)


Un peu d’histoire :
— La résolution d’équations polynomiales par radicaux a motivé une part im-
portante de la recherche mathématique, jusqu’à ce que Niels Abel ⌊14⌋ prouve
l’impossibilité de résoudre l’équation général du 5-ième degré par radicaux. Peu
de temps après, Évariste Galois ⌊15⌋ élucide complètement le problème, dans un
mémoire rédigé peu avant sa mort prématurée en 1832, et dans une lettre rédi-
gée à la hâte à un ami, la veille du duel qui devait lui être fatal (il avait alors
20 ans). Dans ce mémoire, on y trouve en particulier les balbutiements de la
théorie des groupes.
— Cari Friedrich Gauss ⌊16⌋ montre que les racines de X n − 1 (donc les racines
n-ièmes de l’unité), peuvent s’exprimer par radicaux si n est premier.
— Il va plus loin, en montrant que si n est un entier premier de la forme 22 + 1,
k

alors les solutions peuvent s’exprimer sous forme de radicaux carrés. Ce ré-
sultat amène la constructibilité à la règle et au compas du pentagone (déjà
connu depuis bien longtemps), de l’eptadécagone, c.-à-d. le polygone à 17 cô-
tés (Gauss en donne une construction) puis des polygones à 257 et 65537 côtés.
On ne connaît pas à ce jour d’autre nombre premier de la forme 22 + 1 appelés
k

nombres de Fermat. On ne sait pas s’il y en a d’autres.


— Pierre-Laurent Wantzel montre la réciproque en 1837 : les seuls polygones
constructibles sont les polygones dont le nombre de côtés est un nombre pre-
mier de la forme 22 + 1, ou des nombres ayant comme uniques facteurs (qui
k

doivent être simples) ces nombres premiers ou 2 (en multiplicité quelconque).


Ce théorème est connu sous le nom de théorème de Gauss-Wantzel.

VIII.1 Racines carrées d’un nombre complexe

Définition 8 (Racine carré)


On appelle racine carrée d’un nombre complexe z tout nombre complexe u
vérifiant u2 = z .

⌊14⌋. Niels Henrik Abel (1802-1829) est un mathématicien norvégien. Il est connu pour ses tra-
vaux en analyse mathématique sur la semi-convergence des séries numériques, des suites et séries
de fonctions, les critères de convergence d’intégrale généralisée, sur la notion d’intégrale elliptique ;
et en algèbre, sur la résolution des équations.
⌊15⌋. Évariste Galois est un mathématicien français, né le 25 octobre 1811 à Bourg-Égalité (au-
jourd’hui Bourg-la-Reine) et mort le 31 mai 1832 à Paris. On a donné son nom à une branche
des mathématiques dont il a posé les prémices, la théorie de Galois. Il est un précurseur dans la
notion de groupe et un des premiers à mettre en évidence la correspondance entre symétries et
invariants. Sa « théorie de l’ambiguïté » est toujours féconde au XXIième siècle. Elle a ainsi per-
mis, par exemple, à Félix Klein d’élaborer en 1877 la théorie des revêtements puis à Alexandre
Grothendieck, en 1960, de fusionner théorie de Galois et théorie des revêtements.
⌊16⌋. Johann Carl Friedrich Gauss , né le 30 avril 1777 à Brunswick et mort le 23 février 1855 à
Göttingen, est un mathématicien, astronome et physicien allemand. Il a apporté de très importantes
contributions à ces trois domaines. Surnommé « le prince des mathématiciens », il est considéré
comme l’un des plus grands mathématiciens de tous les temps.

F.PUCCI 47
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VIII. ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES DANS C (LE RETOUR)


Remarque : La notation n’a aucun sens dans C comme l’expérimenta Euler

himself en écrivant, à partir de −1 :
√ √ √ √ √ 2
1 = 12 = −1 × −1 = −1 × −1 = −1 = −1.

Proposition 23
Tout nombre complexe non nul admet exactement deux racines carrées oppo-
sées.

Preuve: Soient z = re et u = se sous leur forme exponentielle. On her he


iθ iϕ

s et tels que u = z .
ϕ 2

u = z ⇐⇒ s e = re ⇐⇒ s = r et 2ϕ ≡ θ [2π]
2 2 2iϕ iθ 2

⇐⇒ s = r et ϕ ≡ [π] (r et s sont stri tment positifs)


√ θ
2
⇐⇒ u = re ou u = re
 
√ √ θ √ θ θ
i +π
i 2 i
= − re .
2 2

D'où le résultat.
Puisqu'elle vous sera souvent demandée, voi i la preuve sous forme algébrique. On
pose, ette fois z = x + iy et on her he u sous la forme â + ib :

x = a2 − b2
et



u2 = z ⇐⇒ a2 − b2 + 2iab = x + iy |u|2 = |z| ⇐⇒  q y = 2ab
 x2 + y 2 = a2 + b2 .

Comme z 6= 0, a et b ne peuvent être tous les deux nuls, d'où :


 √  √
2
si a 6= 0 ou  ba ==
x2 +y 2 +x 2 x2 +y 2 −x
si b 6= 0.
 
⇐⇒ a = 2 2
 b = y y
2a 2b

Comme √
, et b sont positifs dans les deux as et on obtient :
q
x2 + y 2 > x2 = |x| a2 2

 r√  r√

si a 6= 0 ou  b = ±
x2 +y 2 +x x2 +y 2 −x
si b 6= 0..
 
a = ± 2 2
 y y
b = 2a a = 2b

On obtient bien exa tement deux ra ines suivant les as.


Exercice 33 : Déterminer les racines carrées de 1 + i par deux méthodes.

Correction : Les ra ines arrées de 1+i sont


s √ s√ 
2+1 2 − 1 √ π
+i = ± 2ei 8 .
4
±
2 2

On a dorénavant les moyens de revenir sur le théorème (3) :

F.PUCCI 48
Chapitre 4: Les Nombres Complexes VIII. ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES DANS C (LE RETOUR)

VIII.2 Équation du second degré à coefficients complexes

Théorème 12
Soit az 2 + bz + c = 0 une équation d’inconnue z ∈ C, à coefficients (a; b; c) ∈ C3
avec a 6= 0.
On appelle discriminant de l’équation et on note ∆ le nombre b2 − 4ac .
b
— Si ∆ = 0, l’équation a une unique solution, appelée racine double, − .
2a
−b ± δ
— Si ∆ 6= 0, l’équation a deux solutions conjuguées, , où δ est une
2a
racine carrée de ∆.

Exercice 34 : Résoudre dans C l’équation z 2 − 2iz − 1 + 2i = 0.

Proposition 24 (Relations coefficients-racines)


Soient a, b, c ∈ C tel que a 6= 0. 
b
2
z1 + z2 = − 

z1 et z2 sont les racines de az + bz + c si, et seulement si ca

 z1 z2 = .
a

Remarque : On verra que les relation entre les coefficients d’un polynômes et ses
racines se généralisent à tout polynôme de degré n ∈ N et donneront lieu à une foule
d’exercices fructueux.

Si z et z sont les ra ines de az +bz+c, les formules du théorème (12)


Preuve: 2

donnent immédiatement le résultat dans le al ul de z + z et z z .


1 2
1 2 1 2

b
Ré iproquement, supposons que z et z vérient le système z1 + z2 = −


1 2
 ca
 z1 z2 = .
a
On a : a(z − z )(z − z ) = az − a(z + z ) + az z = az
1 2
2
1 2 1 2
2
+ bz + c .
Ainsi z et z sont les bien les ra ines de az + bz + c.
1 2
2

Exemple 18 (Système non linéaire) : Pour résoudre un système de la forme


(
x+y = α
, on introduit donc l’équation z 2 − βz + α = 0.
xy = β
(x ; y) est alors le couple de solutions de cette équation du second degré (écrit dans
un ordre ou l’autre).

Exercice 35 : Trouver deux nombres complexes de somme 2 et de produit i.

F.PUCCI 49
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IX. RACINES N -IÈMES D’UN NOMBRE COMPLEXE

IX Racines n-ièmes d’un nombre complexe


Définition 9 (Racines n-ièmes)
Soit n ∈ N∗ et z ∈ C.
Une racine n-ième de z est une racine (complexe) du polynôme X n − z, donc
un nombre complexe ω tel que ω n = z .

Commençons simplement,

IX.1 Racines n-ièmes de l’unité

Définition 10 (Groupe Un )
Une racine n-ième de l’unité est une racine n-ième de 1.
On appelle Un leur ensemble.

Nous verrons plus tard que cet ensemble Un possède une structure de groupe multi-
plicatif commutatif très importante.

Proposition 25 (Caractérisation des racines de l’unité)


n k o
Un = ωk = e2iπ n , k ∈ J0 ; n − 1 K .
En particulier, Un est constitué de n éléments deux à deux distincts.

Preuve:Soit z = re un nombre omplexe sous sa forme polaire ave



θ ∈ [0 ; 2π [ .
z = 1 ⇐⇒ r e = 1 ⇐⇒ r = 1 et nθ ≡ 0 [2π]
n n inθ n

⇐⇒ r = 1 et θ ≡ 0
 

n
⇐⇒ r = 1 et θ = k , k ∈ J0 ; n − 1 K.
π
n
Il y a exa tement n ra ines distin tes.

Exemples 19 :
— Les racines carrées de l’unité sont 1 et −1 .
2iπ
— Les racines cubiques de l’unité sont 1 , j = e 3 et j 2 = −1 − j .
— Les racines quatrièmes de l’unité sont ±1 et ±i .

F.PUCCI 50
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IX. RACINES N -IÈMES D’UN NOMBRE COMPLEXE

i 2iπ
2iπ e 5
e 3

b
b
4iπ
e 5 b

−1 b b
1
O

−4iπ
e 5
b

4iπ
b

e 3
b

−2iπ
−i e 5

Figure 4.9 – Polygones réguliers à 3, 4 et 5 sommets.

 2ikπ

Pour n > 3, les points Mk e n définissent les sommets d’un polygone régulier à
n côtés.

Exercice 36 : Résoudre l’équation (z + i)n = (z − i)n dans C.

F.PUCCI 51
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IX. RACINES N -IÈMES D’UN NOMBRE COMPLEXE

Proposition 26 (Propriétés des racines de l’unité)


2iπ
Soient n un entier supérieur ou égal à deux et ω1 = e n , une racine n-ième de
l’unité.
1. Les racines énièmes de l’unité sont les puissances de ω1 : 1, ω1 , ω12 , . . . ,
ω1n−1 .
2. Si ξ est une racine n-ième de l’unité différente de 1 alors

1 + ξ + ξ 2 + . . . + ξ n−1 = 0.

3. La somme des racines n-ièmes de l’unité est égale à 0.

Preuve:
1. Depuis la quatrième, on sait que, pour tout k ∈ N, ω  = ω  . D'où le
k n n k

résultat. 1 1

2. Il sut simplement de remarquer que 1 + ξ + ξ + . . .+ ξ onstitue la somme


2 n−1

des termes d'une progression géométrique :


1 − ξn
1 + ξ + ξ 2 + . . . + ξ n−1 = = 0.
1−ξ
3. Dé oule des deux assertions pré édentes.

IX.2 Racines n-ièmes d’un nombre complexe


Proposition 27
Soit Z ∈ C∗ .
Z admet exactement n racines n-ièmes.
Si ω est une racine n-ième de Z alors les racines n-ièmes de Z sont les
2ikπ
ωe n , k ∈ J0 ; n − 1 K.

Pour trouver toutes les racines n-ièmes d’un nombre complexe Z, il suffit donc d’en
exhiber une ω et de la multiplier par toutes les racines n-ièmes de l’unité.
Géométriquement, toutes les racines n-ièmes sont donc obtenues à partir de ω par

n − 1 rotations de centre O et d’angle .
n

Soit Z = re sous sa forme polaire. On her he une ra ine n-ième ω


Preuve: iθ

de sous la forme se .
Z iα
( ( √
sn = r s = rh i
n

ω n = Z ⇐⇒ sn einα = reiθ ⇐⇒ ⇐⇒ θ 2π
nα ≡ θ [2π] α ≡ n n

F.PUCCI 52
Chapitre 4: Les Nombres Complexes IX. RACINES N -IÈMES D’UN NOMBRE COMPLEXE

Ainsi ω = √ne est don une ra ine n-ième de Z .


n i
θ
n

  omplexe z sera don une ra ine n-ième de Z si, et seulement si z = Z = ω


Un nombre n n

.-à-d. ωz = 1 ou en ore ωz ∈ U .
n
n

D'après la proposition (10) , il existe don un k ∈ J0 ; n − 1 K tel que z = ωe .


2iπ
k
n

Le nombre Z admet don exa tement n ra ines n-ièmes.


1−i
Exercice 37 : Résoudre z 8 = √ .
3−i

F.PUCCI 53
Chapitre 4: Les Nombres Complexes X. FONCTIONS À VALEURS COMPLEXES

X Fonctions à valeurs complexes


X.1 Fonctions vectorielles

Définition 11
Soient I un intervalle de R et f : I 7−→ C une fonction de la variable réelle à
valeurs complexes.
On définit les fonctions :

Re (f ) : I R
x Re (f ) (x) = Re (f (x))

et
Im (f ) : I R .
x Im (f ) (x) = Im (f (x))

Les propriétés de la fonction complexe f : I 7−→ C se ramène alors aux propriétés


des fonctions réelles Re (f ) : I −
7 → R et Im (f ) : I 7−→ R :

f: I R
x f (x) = Re (f ) (x) + i Im (f ) (x).

Théorème 13 (Continuité)
Soient I un intervalle de R et f : I 7−→ C une fonction de la variable réelle à
valeurs complexes.
f est continue sur I si, et seulement si Re (f ) et Im (f ) le sont.

Preuve: Tout repose sur l'inégalité triangulaire de la proposition (7) . Soit a


un élément de I .
Supposons Re (f ) et Im (f ) ontinues en a. Alors
f (x) − f (a) 6 Re (f ) (x) − Re (f ) (a) + Im (f ) (x) − Im (f ) (a) .

La ontinuité de f en a en dé oule.
Ré iproquement, si f est ontinue en a, on en déduit que Re (f ) et Im (f ) le sont
trivialement à l'aide des inégalités de la proposition (6) :
Re (f ) (x) − Re (f ) (a) = Re (f (x) − f (a)) 6 f (x) − f (a)
et
Im (f ) (x) − Im (f ) (a) = Im (f (x) − f (a)) 6 f (x) − f (a) .

F.PUCCI 54
Chapitre 4: Les Nombres Complexes X. FONCTIONS À VALEURS COMPLEXES

Théorème 14 (Dérivabilité)
Soient I un intervalle de R et f : I 7−→ C une fonction de la variable réelle à
valeurs complexes.
f est dérivable sur I si, et seulement si Re (f ) et Im (f ) le sont et on a :

∀x ∈ I, f ′ (x) = Re (f )′ (x) + Im (f )′ (x).

Preuve: Soit a ∈ I . La démonstration est identique à la pré édente en majorant


les quotients i-dessous suivant les besoins :
f (x) − f (a)
=
Re (f ) (x) − Re (f ) (a) + i Im (f ) (x) − Im (f ) (a) .
x−a x−a x−a

Les limites lim Re (f ) (x)x −− Re (f ) (a)


= Re (f ) (a) et′

Im (f ) (x) − Im (f ) (a) = Im (f ) (a) existant, on obtient alors :


a
→a

lim
x→a x−a
f ′ (a) = Re (f ) (a) + i Im (f ) (a).
′ ′

ATTENTION Si f est une fonction à valeurs complexes, ce n’est pas encore à


proprement parler, une fonction complexe car elle n’est pas encore « de la variable
complexe » mais plutôt un cas particulier de fonctions vectorielles. Augmenter le
but, ne pose pas vraiment de problèmes et l’on pourrait tout aussi bien considérer
une fonction à valeurs dans Rn , pour n ∈ N∗ .
n
f : I ⊂R R
  .
x f1 (t), f2 (t), . . . , fn (t)

Augmenter la source, demandera de redéfinir totalement les notions de continuité et


de dérivabilité notamment à partir d’une topologie de C à définir aussi.
On parlera alors de fonctions holomorphes qui ont de très puissantes propriétés
notamment leur analyticité. To be continued. . .

Exemple 20 : La fonction f : R C est dérivable sur R et


x
x sin(x) + i e .
on a f ′ (x) = cos(x) + iex .

Un grand nombre de résultats concernant la dérivabilité des fonctions à valeurs


réelles sont encore valables pour les fonctions à valeurs complexes.
Citons par exemple :

F.PUCCI 55
Chapitre 4: Les Nombres Complexes X. FONCTIONS À VALEURS COMPLEXES

Proposition 28
Soient f et g deux fonctions à valeurs complexes définies sur un intervalle I ⊂ R.
f
Alors, pour λ ∈ R, les fonctions λf + µg, f g et , si g ne s’annule pas sur I
g
sont dérivables sur I et on a :
!
 ′
′ ′
 ′
′ ′ f f ′g − f g′
λf + g = λf + g , fg = f g + fg et = .
g g2

Preuve:Il sut simplement d'é rire et d'identier. Montrons par exemple que
 ′
en notant f , f , g et g les fon tions réelles et imaginaires de f
f g = f ′g + f g′
et respe tivement :
1 2 1 2
g

f g = (f1 g1 − f 2g2) + i(f1 g2 + f2 g1 ).

En dérivant et en identiant, on a, d'une part :


(f g)′ = (f1′ g1 + f1 g1′ − f2′ g2 − f2 g2′ ) + i(f1′ g2 + f1 g2′ + f2′ g1 + f2 g1′ ).

D'autre part, en développant f g + f g : ′ ′

f ′ g + f g ′ = (f1′ + i f2′ )(g1 + i g2 ) + (f1 + i f2 )(g1′ + i g2′ )


= (f1′ g1 + f1 g1′ − f2′ g2 − f2 g2′ ) + i(f1′ g2 + f1 g2′ + f2′ g1 + f2 g1′ ).

D'où l'égalité.

X.2 Exponentielle complexe

Définition 12
Soit z ∈ C un nombre complexe. On définit :

exp(z) = ez = eRe(z) × ei Im(z) .

!
2+
iπ iπ 1 i e2 ie2
Exemple 21 : e 4 = e2 e 4 = e2 √ +√ =√ +√ .
2 2 2 2

Si z est réel ou imaginaire pur, on retrouve respectivement l’exponentielle réelle et


l’exponentielle définie sur les imaginaires purs.
En particulier, si z ∈ iR alors ez ∈ U.

F.PUCCI 56
Chapitre 4: Les Nombres Complexes X. FONCTIONS À VALEURS COMPLEXES

ATTENTION Ici aussi, ce n’est la fonction exponentielle complexe qui existe et


qui est définie par
e: C C
+∞
zn z
X
z e =
n=0 n!
mais seulement la définition algébrique du nombre complexe ez .
De façon immédiate, on a les résultats suivants :

Théorème 15 (Morphisme)
Soit (z ; z ′ ) ∈ C2 .
′ ′
ez × ez = ez+z .

Le théorème (15) est une propriété caractéristique de l’exponentielle.

Proposition 29 (Forme algébrique et polaire)


Soit z ∈ C.
   
— Re (ez ) = eRe(z) cos Im (z) . — Im (ez ) = eRe(z) sin Im (z) .

— ez = eRe(z) . — arg ez ≡ Im (z) [2π].

— ez = ez . 1
— ∀z ∈ C, ez 6= 0 et = e−z .
ez

Preuve:Il sut d'é rire etd'identier à partir de : 


Re cos Im (z) + i sin Im (z) .
 
z (z)
e =e

Pour la dernière assertion, pour tout z ∈ C, d'après le théorème (15) :


ez × e−z = e0 = 1.
On en déduit deux hoses :
1. La première : e ne peut être nul, pas plus que e .
z −z

2. La se onde : e est inversible pour tout z ∈ C et sont inverse est e .


z −z

Magique!

Théorème 16 (Noyau de l’exponentielle)


Soit (z ; z ′ ) ∈ C2 .

ez = ez ⇐⇒ z ≡ z ′ [2iπ],
(
Re (z) = Re (z ′ )
⇐⇒
Im (z) ≡ Im (z ′ ) [2π].

F.PUCCI 57
Chapitre 4: Les Nombres Complexes X. FONCTIONS À VALEURS COMPLEXES

Les théorème (15) et théorème (16) nous permettront plus tard de montrer
que l’application exponentielle est un morphisme continu de (C, +) dans (C∗ , ×) de
noyau 2iπZ.

Preuve: Déjà fait maintes fois. Soit (z ; z ) ∈ C .


′ 2



z z′
 ez = ez
e =e ⇐⇒
 arg ez ≡ arg ez ′ [2π] .
(
Re (z) = Re (z )

⇐⇒
Im (z) ≡ Im (z ) [2π] .
′ ⇐⇒ z ≡ z ′ [2iπ] .

Théorème 17 (Image réciproque)


Soit ω ∈ C un nombre complexe.
— Si ω = 0, l’équation ez = ω n’a pas de solution .
— Si ω 6= 0, l’équation ez = ω a une infinité de solutions définies par :

Re (z) = ln |ω| et Im (z) ≡ arg ω [2π] .

Preuve: Il sut d'é rire (en ore) les égalités entre module et argument.

Exercice 38 : Résoudre dans C, l’équation ez = 2 + i.

1 1
Correction : z ≡ ln 5 + i arctan [2iπ].
5 2

Le théorème (17) , couplé aux précédents, permet enfin de décrire l’application


exponentielle comme un morphisme continu surjectif de (C, +) dans (C∗ , ×).
Allons plus loin. . .
(Hors-Programme)

X.3 Détermination principale du logarithme


La fonction exponentielle n’est donc pas surjective sur C puisqu’elle ne s’annule
jamais. Elle n’est pas non plus injective d’après le théorème (16) . On ne peut
donc espérer définir une fonction réciproque de l’exponentielle sur C tout entier
c.-à-d. un logarithme complexe.

F.PUCCI 58
Chapitre 4: Les Nombres Complexes X. FONCTIONS À VALEURS COMPLEXES

— Cependant, comme l’exponentielle est un morphisme continu surjectif de (C, +)


dans (C∗ , ×), on pourra la factoriser en un morphisme injectif ϕ̃ comme
l’illustre le diagramme (4.10) ci-dessous :

exp
(C, +) (C∗ , ×)
z ez

p
ϕ̃
 
C
/2iπZ , +

Figure 4.10 – Factorisation de l’exponentielle complexe.

Comprenez que globalement C /2iπZ ≃ C∗ est que la bijection et sa réciproque


sont toutes deux continues pour une topologie sur C à définir. On dit que c’est
un homéomorphisme.

w = ez

Im (z) Re (w)

π
1 w0 = −ex0 1
bc

O 1 Re (z) O 1 Im (w)
−π x0 − iπ
bc

z = log w

Figure 4.11 – Exemple de domaine assurant la bijectivité de l’ex-


ponentielle

F.PUCCI 59
Chapitre 4: Les Nombres Complexes X. FONCTIONS À VALEURS COMPLEXES

— Si l’on cherche, comme dans R, à inverser la fonction exp, on est amené à


résoudre w = exp z = ex+iy pour z 6= 0 c.-à-d.
x = ln |w| et y ≡ arg w [2π] .
On est donc amené à poser une expression de la forme :

log w = ln |w| + i arg w.


Il est clair que cette expression dépend d’une détermination de l’argument. On
fait ici le choix de la détermination principale c.-à-d. l’argument dans l’inter-
valle [−π ; π [ qui nous amène à considérer des « bandes ⌊17⌋ » de la forme
n o
B̃−π = z ∈ C / − π 6 Im (z) < π ,
homéomorphe à R × [−π, π[ pour assurer la bijectivité de l’exponentielle.
Ces conditions étant réunies, on a bien elog w = e|w| × ei arg w = |w|ei arg w = w
c.-à-d. exp ◦ log = Id|C∗ . Elles sont aussi suffisantes.
— Cependant, la fonction log, ainsi construite, n’est pas continue sur C∗ . En
effet, soit x un réel strictement négatif et considérons les deux suites (un )n∈N
et (vn )n∈N de C∗ définies par

un = |x|eiπ(1− n ) vn = |x|e−iπ(1+ n ) .
1 1
et
Im (z)
Re (w)

ln |x| + iπ
π b

b
un

1 1
bc
x
O 1 Re (z) O 1 Im (w)
b
vn
−π b

ln |x| − iπ

Figure 4.12 – log n’est pas continu sur B̃−π

Par continuité de l’exponentielle sur C, on a lim un = lim vn = −|x| = x.


n→+∞ n→+∞
  
1


 log un = ln |x| + iπ 1 − −−−−→ ln |x| + iπ

 n n→+∞
Or, .
6=

  

 1

log vn = ln |x| − iπ 1 + −−−−→ ln |x| − iπ
n n→+∞
La fonction log, ainsi construite ne saurait donc être continue sur B̃−π .
⌊17⌋. ou tout autre obtenue par translation à condition de choisir une détermination de l’argument
adaptée.

F.PUCCI 60
Chapitre 4: Les Nombres Complexes X. FONCTIONS À VALEURS COMPLEXES

Pour surmonter cette difficulté et construire une détermination du logarithme conve-


nable on est amené à s’interdire les valeurs de z telle que Im (z) = −π et à définir
la bande ouverte

n o
B−π = z ∈ C / − π < Im (z) < π .

exp|B−π est alors une bijection bi-continue de B−π sur C∗ \ R∗− = C \ R− où R− est
appelée une coupure du plan complexe. La bijection réciproque, toujours définie par
(X.3), est alors continue. Plus précisément :

Définition 13 (Détermination principale du logarithme)


La fonction log définie sur C \ R− par

n o
log : C \ R− B−π = z ∈ C / − π < Im (z) < π
 y


 arcsin , si x > 0,

 |z|

 y
z = x + iy ln |z| + i ×  π − arcsin , si x 6 0, y > 0,
|z|
 −π − arcsin y , si x 6 0, y < 0





|z|

est appelée La détermination principale du logarithme.

ATTENTION l’égalité ln ex = x, usuelle dans R∗+ ne peut plus alors être appli-
quée dans C.
π π π
Par exemple, pour z = e2i 3 , on a z 2 = e4i 3 = e−2i 3 .
Si l’on choisit la détermination principale du logarithme, alors
π π
log z = 2i et log z 2 = −2i 6= 2 log z.
3 3

Retour au Programme de PCSI

X.4 Fonction de la forme exp ◦ϕ

Théorème 18 (Dérivée de composées)


Soient I un intervalle de R et ϕ : I 7−→ Cune fonction dérivable sur I.
Alors la fonction f = exp ◦ ϕ = eϕ est dérivable sur I et on a :

∀t ∈ I, f ′ (x) = ϕ′ (x) × eϕ(x) .

Preuve: On a rapidement :
= Re (e ) = eRe cos Im (ϕ) et Im (e ) = eRe Im (ϕ) .
  
ϕ (ϕ) ϕ (ϕ)
f1 f2 = sin

F.PUCCI 61
Chapitre 4: Les Nombres Complexes X. FONCTIONS À VALEURS COMPLEXES

| log z|

Im (z)

Re (z)

Figure 4.13 – Surface z 7−→ | log z|. En coloré, la détermination


principale du logarithme. Le module, étant conti-
nue sur C, on peut visualiser la singularité en 0 du
logarithme. La courbe tracée en rouge, représentant
la fonction x 7−→ ln |x|, est donc évidemment dis-
continue en 0.

Par ompositions, produits et sommes de fon tions dérivables sur I , exp f est déri-
vable sur I d'après le théorème (14) et en utilisant les formules de dérivation
usuelles, on obtient :
 ′    
eϕ = f1′ ef1 cos f2 + i sin f2 + ef1 − f2′ sin f2 + if2′ cos f2
 
= (f1′ + i f2′ )ef1 cos f2 + i sin f2
= ϕ′ eϕ .

√ 
Exercice 39 : Déterminer la dérivée n-ième de f : x 7−→ ex sin 3x .


3x

Correction : f = Im (g) g(x) = ex e
où ave g(n) (x) = (1 + i 3)n g(x).
π √
 
(n) n x
Don f (x) = 2 e sin n + 3x .
3

F.PUCCI 62
Chapitre 4: Les Nombres Complexes
XI. NOMBRES COMPLEXES ET TRANSFORMATIONS DU PLAN

XI Nombres complexes et transformations du plan


On termine cette étude des nombres complexes par un bref aperçu de l’efficacité de
l’utilisation des nombres complexes pour l’étude de la géométrie du plan et on se
rappellera que, par la construction que nous avons donnée, C s’identifie au plan R2 .

XI.1 Alignement, orthogonalité, angles


Proposition 30 (Déterminant et du produit scalaire)
Soient ~u et ~v deux vecteurs d’affixes respectives zu = a + ib et zv = c + id.
— Re (zv zu ) = ac + bd = ~u.~v . (produit scalaire canonique)
a c
— Im (zv zu ) = det (~u ; ~v ) = = ad − bc = ~u ∧ ~v . (déterminant)
b d

Il est tout de même miraculeux de retrouver dans un petit produit les critères de
colinéarité et de d’orthogonalité !

Preuve: Il sut de al uler z z = (ac + bd) + i (ad − bc) pour re onnaitre dans
les parties réelles et imaginaires les produits s alaires et ve toriels des ve teurs ~u et
v u

~v.

On en déduit aisément,

Théorème 19 (Colinéarité et orthogonalité de vecteurs)


Soient ~u et ~v deux vecteurs d’affixes respectives zu = a + ib et zv = c + id.
— ~u et ~v sont colinéaires si, et seulement si Im (zv zu ) = 0 .
En particulier, trois points A, B et C sont alignés si, et seulement si

Im ((zC − zA )(zC − zB )) = 0.

— ~u et ~v sont orthogonaux si, et seulement si Re (zv zu ) = 0 .

Remarque : Si ~v est non nul, il est parfois plus commode de caractériser la colinéarité
zu zu
par le fait que est réel , et l’orthogonalité par le fait que est imaginaire .
zv zv

F.PUCCI 63
Chapitre 4: Les Nombres Complexes
XI. NOMBRES COMPLEXES ET TRANSFORMATIONS DU PLAN

XI.2 Transformations du plan


Enfin, les transformations usuelles du plan peuvent être traduites par des fonctions
simples de C dans C, ce qui simplifie souvent leur étude ou leur utilisation.

)
~u(z u ×
M ′ (z ′ )
− z Ω) × ′
M (z ′ )
×
= k (z
M(z) z Ω×

z − M(z)
zΩ
~u ×
z−
Ω(zΩ )
O O

Figure 4.14 – Translation de vecteur ~u. Figure 4.16 – Homothétie de Ω et de rapport r.

M ′ (z ′ )
×
M ′ (z ′ )
zΩ

×
z ′−

×
θ M(z) ~u ×
zΩ M(z)
× z−
Ω(zΩ )
O O

Figure 4.15 – Rotation de centre Ω et d’angle θ. Figure 4.17 – Symétrie d’axe (D).

F.PUCCI 64
Chapitre 4: Les Nombres Complexes
XI. NOMBRES COMPLEXES ET TRANSFORMATIONS DU PLAN

Théorème 20 (Interprétation complexe des transformations du plan)


Translation : Soit ~u un vecteur du plan, d’affixe zu .
La translation de vecteur ~u correspond dans C à la fonction

tu~ : z 7−→ z + zu .

Rotation : Soient Ω un point du plan, d’affixe zΩ et θ un réel.


La rotation de centre Ω et d’angle θ ⌊18⌋ correspond dans C à la fonction
 
rΩ, θ : z 7−→ zΩ + eiθ z − zΩ .

Homothétie : Soient Ω un point du plan, d’affixe zΩ , et k un réel.


L’homothétie de centre Ω et de rapport k correspond dans C à la fonction
 
hΩ, k : z 7−→ zΩ + k z − zΩ .

Symétrie : Soit (D) une droite passant par le point A d’affixe zA , et de vecteur
directeur unitaire ~u, d’affixe zu .
La symétrie orthogonale d’axe (D) est donnée par la fonction
 
s(D) : z 7−→ zA + zu2 z − zA .

Preuve: Notons M le point d'axe z et M (z ) son image par la transformation


′ ′

onsidérée. Il sut de al uler :


Translation : MM = ~u.
−−−→ ′

Rotation : ΩM = ΩM et l'angle entre les deux ve teurs est l'argument du


−−→ −−→ ′

quotient des axes soit arg z − ω = arg e .


 
z−z ω iθ

Homothétie : ΩM = k ΩM .
−−→ ′ −−→

Symétrie : Soit θ l'argument de de z . On ommen e par faire une rotation d'angle


−θ pour nous ramener à une symétrie d'axe parallèle à l'axe des abs isses.
u

Par une translation de ve teur −−OA



, on transforme ette symétrie en la onju-
gaison.
Il sut alors de vérier que z −z z = z −z z .
′  
A A

u u

Remarque : On a supposé que ~u est unitaire, don que z est de la forme u

e . Ainsi, la multipli ation par z = orrespond à une rotation qui nous


iθ 1
u

ramène à un axe parallèle à l'axe des abs isses.


z u

Si et axe passe par O, la symétrie orrespond alors à la onjugaison ( e qui


fait partir la barre du oe ient multipli atif. Le ara tère unitaire de ~u est
important don très important.
⌊18⌋. sous-entendu dans le sens trigonométrique, ou direct.

F.PUCCI 65
Chapitre 4: Les Nombres Complexes
XI. NOMBRES COMPLEXES ET TRANSFORMATIONS DU PLAN

Exercice 40 : Caractériser la transformation associée à la fonction

f : z 7−→ 2iz + 1.

 
1 + 2i π
Correction : f est la similitude de entre Ω , de rapport 2 et d'angle .
5 2

F.PUCCI 66
Chapitre 4: Les Nombres Complexes
XI. NOMBRES COMPLEXES ET TRANSFORMATIONS DU PLAN

Un peu hors-programme
Les transformations usuelles étudiées ci-dessus s’écrivent toutes sous la forme z 7−→ az+b
ou z 7−→ az + b avec a et b complexes.
On montre que réciproquement une application de ce type correspond à une trans-
formation usuelle, ou une composée de transformations usuelles du plan :

Théorème 21 (Interprétation des transformations affines de C)


Soit (a ; b) ∈ C2 .
— Soit ϕ : z 7−→ az + b avec a 6= 0.
— Si a = 1, ϕ est une translation .
— Si a = reiθ 6= 1, il existe un point Ω invariant par ϕ tel que ϕ soit la
composée d’une rotation d’angle θ et de centre Ω par une homothétie
de rapport r et de centre Ω.
On dit que ϕ est une similitude (directe ou indirecte) de centre Ω,
de rapport r et d’angle θ.
θ
— Soit ϕ : z 7−→ az + b avec a = reiθ 6= 0 et u = ei 2 .
Alors ϕ est la composée d’une symétrie d’axe (D) de vecteur directeur ~u
et passant par A, d’une translation de vecteur α~u où α ∈ R (un glissement
le long de la droite (D)) et d’une homothétie de centre O et de rapport r.

Preuve:
 Si a 6= 1, on ommen e par trouver le point invariant Ω. Le reste s'en déduit
à l'aide du théorème (20) .
 L'homothétie étantb appliquée en dernier, on est ramené à la des ription de
z 7−→ z = z z + .
′ 2
u

On met z sous la forme z (z − z ) + z + z où ~v est olinéaire à ~u.


r
′ 2

Il sut alors de omparer les deux expressions, et en exprimant la ondition


u A A v

de olinéarité, on obtient une ondition sur la partie imaginaire de z z , et on


peut dé ider de hoisir la partie réelle nulle.
A u

Exercice 41 : À quelles transformations correspondent les applications z 7−→ iz


et z 7−→ iz ?

F.PUCCI 67
@
Index

C, 4 Extension, 5
Un , 50
i, 4 Factorisation
de sinus et de cosinus, 46
Abel, 47 Fermé
Affixe, 10, 20 de C, 19
Algorithme, 8 Fonction
Angle à valeurs complexes, 54
de deux vecteurs, 24, 25 affine complexe, 67
orienté, 21 Fonctionnelle
Angle moitié relation, 32
Factorisation par, 43 Forme
Argument, 24 algébrique, 5, 6, 14, 22, 34, 38
d’un nombre complexe, 21, 22 exponentielle, 32–34, 38
propriétés algébriques, 36 trigonométrique, 21, 34, 38
Formule
Bijection, 60 d’Euler, 35
Bombelli, 3 de Moivre, 44
Cardan, 3 Géométrie, 28
Cercle, 19, 20, 30 Galois, 47
Colinéarité, 28, 63 Gauss, 3, 47
Conjugué, 19 Grothendieck, 47
d’un nombre complexe, 12
propriétés algébriques, 14 Halley, 45
Continuité, 54 Identité
Coupure, 61 remarquable, 6
Dérivabilité, 55 Identités remarquables, 6
Disque, 19 Imaginaire
pur, 7
Ensemble Inégalité
de points, 19 triangulaire, 17
Ensemble de points, 19
Linéarisation
Équation
de cosinus et sinus, 42
dans C, 8, 47
Logarithme
du second degré dans C, 8
Détermination principale du, 58
Euler, 3, 35
détermination principale du, 61
formule d’, 35
Loi
relation, 34
associative, 4
Exponentielle, 61
commutative, 4
complexe, 56
distributive, 4
Forme algébrique, 57
Forme polaire, 57 Médiatrice, 20

1
Chapitre 7: INDEX INDEX

Méthode Tchebichev, 44
Forme algébrique d’un quotient, 7 Théorème
Montrer qu’un nombre complexe est réel de D’Alembert-Gauss, 1
ou imaginaire, 7 Transformation, 64
Trouver la forme trigonométrique, 22 du plan, 63
Module Triangle, 28, 30
d’un nombre complexe, 15, 22 Trigonométrie, 38
Interprétation géométrique du, 18
propriétés algébriques, 16, 37 Vecteur
Moivre, 45 colinéaire, 28
Formule de, 44 orthogonal, 28

Newton, 45
Nombre
complexe, 63
Nombre complexe, 4
égalité entre deux, 10
affixe d’un, 10
argument, 21
conjugué, 8, 12, 14
ensemble des, 4
forme trigonométrique, 21
imaginaire pur, 15, 24
inverse, 16
module, 15
réel, 13, 24
racine carrées d’un, 47
représentation, 10
Norme
d’un vecteur, 18

Orthogonalité, 28, 63
Ouvert
de C, 19

Partie
imaginaire, 5, 7, 45
réelle, 5, 7, 45
Polynome
de Tchebichev, 44
Pythagore, 39

Réel, 7
Racine
n-ème d’un nombre complexe, 50, 52
n-ème de l’unité, 50
carrée d’un nombre complexe, 47
d’un polynôme, 1

Somme
de sinus et de cosinus, 44
des racines de l’unité, 52

F.PUCCI 2
Chapitre 7: INDEX INDEX

F.PUCCI 3

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