Vous êtes sur la page 1sur 538

Claude Wagschal

Dérivation, intégration
Nouvelle édition revue et augmentée

HERMANN ê ÉDITEURS
Dérivation, intégration
COJLILJECTKON MÉTHOIDJE§

www.editions-hermann.fr

lSBN 978 2 7056 8350 4

© 201 2, H ERMANN É DJT EU RS, 6 RUE DE LA SORBONNE, 75005 PARIS

Toure reproducr ion ou rep rése nrario n d e cer o uvrage, inrégral e ou parr iell e, serair illicire
sans l'aurorisario n de I' édi reur er co nsriruerair une contrefaço n. Les cas srriccemen r limirés
à usage p rivé ou de cirarion sonr régis par la loi du 11mars 1957.
Table des matières

1 Calcul différentiel 1
Sommaire 3

A Application différentiable 5
1.1 Notion de dérivée . . . 5
1. 2 Fonctions défi nies et à valeurs dans un produit . 12
1.3 Le th éorè me des accroissements finis .. .. 15
1.4 Diffé rentiabilité et différentiabilité partielle 18
1.5 Suite de fonctions différentiabl es . . . .. . 20

B Dérivées d 'ordre supérieur 24


J .6 Dérivées success ives . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.7 Fonctions défini es et à va leurs dans un produit .. . 28
1. 8 Topo logie des espaces de fonctions différentiables . 34
1.9 Formules de Tay lor . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

C Théorème des fonctions implicites 46


1. 10 Ex istence et continuité . . . . . . . . . 46
1. 11 Diffé rentiabilité de la fonction implic ite 47
1. 1 2 Théorème d' inversion locale 50
1. 1 3 Ex tre mum libre o u lié . 52

D Variété 56
1.14 Définitions . . . . . . . . . . 56
1. 15 Exemples de variétés . . . . 58
1. ] 6 Application s différentiables . 60
1. 17 Espace tangent . . . . . . . 64
1. 18 Application 1inéaire tangente 67
l. 19 Espace cotangent . . . . . . 71
l.20 Théorème des fonctio ns implicites 73
ii TABLE DES MATIÈRES

1.2 1 Sous-variété . . . . 76
1.22 Partition de l' unité 84
1.23 Le fibré tangent . . 87
1.24 C hamp de vecte urs 96

E Corrigé des exercices 101


1.25 Exerc ices du chap itre l .A . 101
1.26 Exercices du chapitre l .B . 11 l
1.27 Exercices du chapitre l .C . 126
1.28 Exerc ices du c hapitre 1.0 . 127

2 Intégration 137
Sommaire 139

A Théorie de la mesure 144


2.1 N o tion de m esure e t propriétés é lé mentaires . . . . . . . _ 144
2.2 Prolongement des mesures par la méthode de Carathéodory 157
2.3 M esures de Le besgue-Stie ltjes 167
2.4 M esures sig nées . . . . . . . . 178

B Intégrale de Lebesgue 185


2.5 Fonction étagée . . 185
2.6 Fonction mesurabl e 187
2.7 Fonction intégrable 192
2.8 Le presque partout 203
2.9 Théorèmes de convergence 2 10
2.10 Intégrale de Riemann 2 19

C Intégration vectorielle 224


2. 11 Fonctions intég rables 224
2. 12 M esurabilité . . . . . 233
2.13 Co nvergence e n moyenne . 240
2.14 Fonctions dé finies par une intégrale : continuité, dérivabilité 243
2. 1S Intégrale par rapport à une mesure signée 249
2. 16 Image d ' une mesure. . . . . . . . . 252
2. 17 Mes ure défi nie par une densité . . . 257
2. 18 Formule de c hangeme nt de variable 262

D Mesure de Radon 265


2.19 Définitions e l propriétés é lémentaires 265
2.20 Théorème de représentatio n de Riesz . 271
2.2 1 To po log ie vague, topologie étro ite 279
2.22 Limite inductive . . . . . . . . . . . . 283
TABL E DE S MATIÈR ES iii

E Produit d 'espaces mesurés 292


2.23 Mesure produi t . . . . 292
2.2 4 Le théorè me de F ubini 297
2.25 La mesure de Lebesgue 306
2.26 Form ule de c hangement de va ri abl e 309
2.27 L'algèbre de convoi uti on L 1 (Rn ) . . 3 12
2.28 Produit et convoluti on de mesures rée lles o u complexes 315

F Espaces LP 319
2.29 Espace L 00 3 19
2.30 Espaces LP 329
2.3 1 Lf
Espaces 0 c 339
2.32 Théorèmes de densité 340
2.33 Régul ari sati on par convolution 344
2.34 Le théorè me de Kolmogoro ff . 349
2.35 Le théorème de Radon-Nikodym 35 1
2.36 Dual . . . . . . . .. . 355
2.37 Convergence en mesure . . . 360

G Fonctions absolument continues 365


2.38 Déri vati on des fo ncti ons monotones 365
2.39 Fonctions à variati on bo rnée . . 370
2.40 Intégrale indéfini e . . . . . .. . 376
2.4 1 Fonctions absolument continues 378

H Formule de Stokes 382


2.42 M es ure de volume sur une variété riemannie nne 382
2.43 Théorème de la di vergence . . . . . . . . . .. 388

1 Séries de Fourier 392


2.44 Propriétés générales . 392
2.45 Convergence simple ou uni fo rme 398

J Transformation de Fourier 407


2.46 Tra nsformée de Fourier des foncti o ns intégra bles 407
2.47 Formule d ' inversion . . . . 41 3
2.48 Le théorème de Plancherel . . 4 15

K Équations intégrales de Fredholm 421


2.49 Opérateurs intégrau x à noyau de carré intégrable 42 1
2. 50 Opérateurs intégraux à noyau continu . .. . . . 426
iv TABL E DES MATI ÈRES

L Corrigé des exercices 431


2.5 1 Exerc ices du chapitre 2.A . 43 1
2.52 Exerc ices du chapitre 2. B . 446
2.53 Exerc ices du chapitre 2.C . 451
2.54 Exercices du c hapitre 2. D . 45 8
2.55 Exercices du chapitre 2.E . 468
2.56 Exercices du chapitre 2. F . 470
2.57 Exerc ices du c hapiLre 2.G . 490
2.58 Exercices d u chap itre 2. H . 493
2.59 Exercices d u c hapitre 2.I 496
2.60 Exercices du c hapitre 2.J 505
2.6 1 Exercices du c hapitre 2.K . 514

Bibliographie 517

Notations 519

Index 523
Chapitre 1
,
CALCUL DIFFERENTIEL
Sommaire

Ce chapitre expose d'abord les bases du calcul différentie l dans les espaces de
Banac h, puis introduit les premi ères notions de la géométrie différe ntielle.
Dans le paragra phe 1.1, on définit les noti o ns d 'a pplication diflë re nti able, de
dérivée et on éta blit le théorème des fonction s composées (théorème 1. 1. 1). L'é tude
des fo nctions à valeurs dans un produit d' espaces normés est é lémentaire et se
réduit à celle des fonctions composantes ; l'élude des fonctions de plusieurs va-
ri ables conduit à la noti o n de dérivée partielle (définiti on 1.2. 1). Le paragraphe
1.3 est consacré à l'étude du théorème des accroissements fini s ; ce théorè me est
fondamental car il constitue un outil parti culièrement effi cace pour établir des ma-
jorations et il est utili sé dans la plupart des démonstrations de ce chapitre . Par
exemple, il permet d 'établir q ' une fonction admettant des dérivées partielles conti-
nues est de c lasse e 1
(proposition 1.4.1), il per met d'étudie r la différenti abilité de
la limite d' une s uite de fonctions différenti ables (théo rème 1.5 .1).
La partie B étudie les dérivées d 'ordre s upé rieur. La principa le diffic ulté dans
ce do maine tie nt au fait que ces dérivées sont des applications multilinéaires et
continues ; il apparaît do nc de multiples espaces d 'applications multilinéaires et
continues et de no mbre uses ide ntifi cations dont l' objet est de simplifie r les no ta-
tions. Le paragraphe 1.8 définit sur l 'cspace e"' (!:! ; F) , Q désignant un ouvert de
OC1, une structure d 'espace de Fréchet, dite topologie e"' : il s 'ag it simplement de
la topo logie de la convergence compacte de to utes les dérivées d ' ordre ::; k. On
vérifie ensuite que l'espace e00 (r!; OC) est un espace de Montel (corollaire 1.8.3).
Les formules de Taylor sont étudiées au paragra phe 1.9 ; ces formules préc isent
le comporteme nt d ' une fonction au voisinage d ' un point a où elle est k-fois dif-
fërentiable en la comparant au polyn ôme de Taylor de degré k défi ni à l' aide des
dérivées au point a. Il est évidemment essentie l de savoir écrire ces formules en
dimen sion fini e.
La partie C est consacrée à deux théorè mes fondamentaux : le théorème des
fonctions impli c ites (théorème 1. 11 .2) et le théorème d ' inversion locale (théorème
1. 12.3). Leurs démonstrations reposent sur le théorème du point fixe, le théorè me
des accroi ssements fini s perme uant d'établir qu ' une a ppli cation adéquate est une
4 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

contractio n stric te. Ceci conduit à la notion de difféomorphisme, notion j ouant un


rôle fondamental dans l'étude des variétés.
La partie D est une introducti on éléme ntaire à la géométrie diffé rentie lle. Le
langage de la géomé trie se révèle très util e dans divers domaines de l 'analyse, par
exempl e lors de l'élude des systè mes différentiel s, d es équations aux dérivées par-
tie lles, etc ; ce langage permet d 'ex primer les propriétés de tels objets so us forme
intrinsèque, c' est-à-dire sans ré férence à un choix particulier de coordonnées lo-
cales.
Une variété X est un espace localement difféomorphe à ocn el la notion de va-
riété es t donc défini e en termes de cartes et d'atlas. Une application différentiable
entre deux varié tés est simplement une application qui est différentiable lorsqu'on
la lit dan s des cartes. Une variété n' étant pas naturellement plongée dans un espace
vectorie l, la définition de l'espace tangent e n un point x est plus subtile ; cela a un
se ns de dire que deux chemins tracés sur la variété et passant par le point x sont
tangents au point x , il suffit en fa it de lire la situation dans une carte ; on obtie nt
ainsi une relatio n d' équivale nce dont les classe d 'équival ence seront les vec teurs
tangents à la variété au point x. On peut alors définir une structure vectorie lle (théo-
rème 1. 17 . 1) sur l' ensemble TxX des vecte urs tangents a u point x, puis la dérivée
de toute appli cation différenti able qui dans cette théorie est appelée application
linéaire tangente. Le paragraphe 1.20 est consacré au théorè me des fonctions im-
plicites e t au théorè me d ' inversion locale ; on re ti end ra to ut particu lièrement le
théorème 1.20.5 du ra ng consta nt qui fournit une forme réduite particulièrement
simple de toute appli cati on de rang constant : la plupart des rés ultats ultérie urs
ne sont que des app li cations de ces théorèmes fo ndamentaux . Le paragraphe 1.2 1
étudie les sous-variétés el o n décrit les principales faço ns de les définir, d ' abord
so us forme de paramétrage, c'est-à-dire à l'aide d ' un pl onge ment, pui s sous for me
d ' équations locales, c ' est-à-dire à l' aide d' une submersion, et enfin comme graphe
d'une applicatio n.
O n établit ensuite le théorè me de partiti on de l' unité (théorème 1.22.3) qui est
l'outil permettant de passer du local au global.
Le paragraphe 1.23 est plus difficile, il a pour objet de structure r la réunio n
disjo inte T X des espaces tangents à une variété ; s ur cet espace T X , on peut dé-
fi nir une structu re de variété et même une structure de fibré vectoriel. Cette notion
d'espace fibré est fo ndame ntale ; ce so nt des espaces qui sont localement homéo-
morphes (ou difféomorphes selo n le contexte) à un es pace produit el de tels espaces
se rencontrent constamment. Ceci permet de parler de champ de vecteurs de classe
ek sur une variété. Le même procédé permet de construire le fibré cotangen t et de
défi nir la notion de forme différenti elle. On décrit e nsuite les opérations les plus
é lémentaires sur ces objets : dérivée de Lie, crochet de cham ps de vecteurs, image
par un difféomorphisme , etc .
A - Application différentiable

1.1 Notion de dérivée


On se propose de définir une noti o n de dé ri vée pour des !'o nc tio ns défi nies s ur une
partie d ' un espace vec torie l normé el à vale urs dan s un espace vec to rie l no rmé .
Av ant de do nner une définiti o n géné rale, con sidérons le cas le plus s imple
d ' une fon cti on f : I ---+ F défini e sur une partie Ide IR et à vale urs da ns un
es pace vec tori e l normé F. S i a est un po in t no n isolé de J, c'est-à-dire s i l' inte r-
secti o n ]a - é , a + é[ n (J - {a}) est no n vide quel que so il é > 0, o n dit que f est
déri va ble ou di ffé renti able a u poinl a s i la limite s ui vante ex iste

( 1.1.1 ) f'(a) = Df(a) = lim f(x) - J(a) E F.


x-+a, x;la X - a
xE I
Le point a n' étant pas iso lé dans I , le filtre 'V( a) des voisinages de a adme t une
trace s ur I - {a } et cette limite a do nc bie n un sens. Cette limi te, que nous avons
notée f'(a) ou Df(a), est appelée la dé ri vée de f a u point a.
Note La conditi o n imposée a u po int a de ne pas être isolé dans I est vérifi ée dans
les cas usuels o ù I est un inte rvalle non réduit à un po int o u un o uvert non vide .

Remarque 1.1.1 Si le filtre V(a) adme t une trace sur J n ]a, +oo[, on dit que
f :I ---+ F admet une dérivée à d ro ite a u p oint a E J, si la limite s ui vante
ex iste
( 1.1.2) f'(a) = lim f(x ) - f (a) E F.
d x-+ a ,x>a X - a
xE I
De mê me, s i le fi ltre V(a) ad met une trace sur I n] - oo, a[, o n pe ut dé fin ir la
dérivée à ga uc he
( 1.1.3 ) f' (a) = lim f(x) - f (a) E F.
9 x-+a,x < a x - a
xE !
S i le fil tre V(a) admet une trace sur J n]a , +oo[ et s ur J n ] - oo, a[, il est
clair que f est déri vable au point a si, e t seul em e nt si, les déri vées f:1 (a) e t f;(a)
ex iste nt e t sont égales, a uque l cas f'(a) = j~ ( a) = f~(a). Ces no ti o ns de d éri vée
à dro ite et à gauc he sont bie n sûr des no ti ons très partic ulières a ux fo nctio ns d ' une
vari a bl e réelle.
6 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

Remarque 1.1.2 Supposon s que toul point de 1 so it no n isolé dans 1 ; ceci est
par exemple vérifié si I est un interva lle no n réduit à un point. Nous dirons qu ' une
fo nctio n f : 1 -t F est dérivable (dans J) s i e lle est dérivable en to ut point de
1. Cec i permet de définir uœ applicatio n dérivée Df: x E 1 t-t Df(x) E F ;
si celle a pplication est continue, o n dit que f est continûmenl dé rivable ou de
e e
classe 1 e t on noie 1 (J ; F) l'e nsemble de toutes les applicati o ns <le classe 1 . e
Si j est dérivable et si l'applicati o n D j est dérivable e n un point a E I e t de
dérivée D 2 j(a), on dit que j est 2- foi s dérivable au point a, D 2 f(a) s' appelant la
dérivée seconde de j au point a. Si f est 2- fois dérivable dans I et si ! 'application
D 2 j : 1 -t Fest continue, on dit que j est 2-fois continûment dérivable ou de
e e
c lasse 2 el on note 2 (J; F ) l'ensemble de toutes ces applicatio ns. Par récurre nce,
on pe ut a ins i défini r pour to ut e nli er k 2': l des notion s de fonction k-foi s dériva ble
e n un point ou dans I et un e notion de fonction k-fois continûment dérivable o u
de cl asse ek, l e nsembl e de toutes ces fonc ti o ns é ta nl nolé e1.: (! ; F). Si on note
e 0 (I ; F) = e(I; F) l'ensem b le de ta ules les app licatio ns continues d e 1 dan s Fel
e00 (I; F) = n ~o ek(J; F) l' ensemble des application s indéfi nime nt dérivables
e
ou de c lasse 00 (! ; F), o n vérifie aisément, toute fonction dé rivable é tant continue,
que ces espaces e'(I ; F) sont des sous-espaces vectorie ls de l' esp ace vectoriel
e 0 (1 ; F) et que

(1. 1.4) ek(I ; F) c ei(J;F) pourO :::;; j :::;; k :::;; oo.


Exercice 1.1.1 Soiem I une partie de R a un point de I tel que le filtre V(a) admette une trace sur
f : I --t F une application continue au
) - oo , a[ n I et sur ]a, oo[ nI, F un espace vectorie l normé e l
point a . Montrer que j est dérivable au point a si, el seule ment s i, l'expression
t:.(h , k) = (J (a + h ) - f (a - k))/( h + k) admet une limite lorsq ue (h , k ) tend vers (0 , 0) en
restant dans JO, oo[x )ü,oo[ el tel que a+ h , a - k E I . Détenniner alors celte limite.

Exercice 1 .1.2 Exemple d e fonction continu e nulle part dérivable


So it fn : [ü, l] --+ Ill: la suite de fonction s défi nies par réc uiTence comme s uit. On pose f o(t) = t pour
0 ::; l ::; 1 cl f n. n 2 1, est la fonct ion continue , affine s ur chacun des intervalles

telle que pour 0 ::; k ::; 3"' - 1 - 1

f n(k X 3 -n+l ) = fn - 1(k X 3- n+l),

fn(k X 3-n+ 1 +3-n) = fn-i(k X 3-n+l + 2 X 3-n),

Monlrcr que la suite(],.) conve rg e uniformé me nt vers une foncti on contin ue qui n' est dérivable en
aucun point de [ü, l).
Note Le théorème de Baire permet e n fait de démontrer q ue l'ensembl e des fo nc1ions continues de
[ü, 1) dans lR nulle pait déri vables est partout dense dans l'ensemble de to utes les fo nctions continues
muni de la topologie de la convergence unifo rme [27 , exercice 2.33. 15].
1.1 NOTION DE DÉRIVÉE 7

Si la défi niti o n ( 1. 1. I) conserve un sens pour une fonction dé finie sur un ouvert
du plan complexe e t à valeurs dans un espace vectoriel normé complexe (tout ce qui
précède, à ('exception de la re marque J.1 . 1, vaut e ncore da ns ce cas), le quotient
différe nti el (f( x ) - f (a))/(x - a) n'a plus a uc une sig nificati o n lorsque les po ints
a et x appartiennent à un espace vec tori el normé de dimens ion > 1 et ne peut donc
être utili sé po ur dé finir une notion de différenti abilité. On pe ut e n fait donner une
formulation é quiva le nte à ( 1.1.l ) qui conserve un sens dans le cas généra l ; pour
cela il est commode d ' utiliser la notation s ui va nte due à La ndau.
Soient E, F des espaces vectoriels normés, n un ouvert de E et a un poi nt de
n, une fonction f : n ~ Fest dite un pe tit "o" de X - a lorsque X tend vers a s i
(Vs> 0)( :35 > O)('v'x E n)( JJx - aJJ: : ; ô ===> llf(x)JJ : : ; sJJx - aJJ);
o n écrit a lors f( x) = o(x - a) ; on notera que cec i implique f(a) = 0 et que f
est continue a u point a.
L a définition (1.1.1) s'écrit a lors
f(x) - f(a) - (x - a)f'(a) = o(x - a),
ce qui conduit à la définiti on suivante.
Définition 1.1.1 Soient E, F des espaces normés, n un ouvert de E, une appli-
cation f : D ~ Fest dite dérivable ou différentiable en un point a E D s' il existe
une a pplication linéaire continue T E L(E; F) telle que
f( x) - f(a) - T(x - a) = o(x - a) ;
cette application Test alors unique : on la note f' (a) ou D f (a) et on l 'appelle la
dérivée de f au point a.
L'uni cité de T se vérifie facilement. E n effet, soie nt T 1 e t T2 deux a pplications
linéa ires continues de E dans F te ll es que
f(x) - f(a) - Ti(x - a) = o(x - a) , i = 1,2;
e n posant T = T1 - T2 , on en déduit par différence T(x - a) = o(x - a) ; po ur
tout E > 0, o n pe ut donc trouver ô > 0 te l que B' (a; 5) c n ( n est o uvert) e t
JJTy JJ ::; sJJy J si JJyJJ : : ; ô; ceci prouve que JJTJJ ::; c quel que soit s > 0, d 'où
T = 0 et T1 = T2.
Note Il est important, bie n que cela ne soit pas nécessa ire, de supposer n ouvert
pour assurer lunicité de la dérivée.
Si f est dérivable au point a, on a donc
f( x ) - f(a) - Df (a ).(x - a) = o(x - a)
où la dérivée Df(a) : E ~ F est linéaire continu e et nous avo ns noté
D f (a ).(x - a) la valeur de cette application a u point :r - a.
On observera qu' aux normes de E e t Fon peut subs tituer des no rmes équi-
valentes sans modifier la différentiabilité de f ni la valeur Df(a) de l' éventue ll e
dé rivée e n un po int a.
Remarque 1.1.3 Si n est un o uvert de JK, la dé finition précédente conduit à une
dé rivée qui est une application linéaire continue de lK dans F, a lors que la pre miè re
8 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

dé finiti on ( 1. 1.1) conduit à une dé rivée qui est un é lé me nt de F . Le li e n e ntre ces


deux définitions est e n fait très s imple : i 1 ex iste en e ffe t une isomé trie linéaire
entre les espaces L(IK; F) e t F, à savo ir l' a pplicati on
ip : T E L(IK.; F) >--+ T(l) E F ,
l'applicatio n réc iproque associant à un vecteur y E F l' application linéaire conti-
nue,\ >--+ ,\y. Si Df(a) E L(IK; F) désig ne la dérivée de f au point a conformé-
ment à la définition l.1 . 1, on a
Df(a ).(x - a)= (x - a) Df(a) .1 = (x - a) ip(Df(a))
et par conséquent D f (a ).l est la dérivée de f au point a au sens de ( 1.1.1 ). Dans
la pratique, on utili se la mê me no tation Df(a), l'écriture utilisée, Df (a) .(x - a)
ou (x - a) Df(a) , indiqua nt s i Df(a) doit être considéré comme un é lément de
L(IK; F) ou comme un élément de F.
Remarque 1.1.4 Lorsque F = !K., la dérivée D f (a) appartient au dual de E.
Lorsque E est un espace de Hilbert, il ex iste d'après le théorè m e de F. Riesz [27,
théorème 3.29.2] un unique vecteur grad f(a) E E, appelé le gradi e nt de f au
point a, te l que
( 1.1.5) D f(a).x = (x lgrad f(a)) pour tout x E E.
Il est c lair qu ' une fonction différe nti able en un point a est continue e n ce point
et que l' ensemble de to utes les a pplicatio ns f : n -+ F différentiabl es en un
po int a En constitue un sous-espace vectoriel de l' espace vectoriel d es fonctions
continues e n ce point, l'opérate ur de dérivation f >--+ D J(a) é ta nt alors linéaire.
Si une appli cation f : 0 -+ Fest dérivable dans n, c ' est-à-dire en to ut point
de 0 , on peut considérer l' a pplication dérivée
Df: x E 0 >--+ Df(x ) E L(E;F);
si cette application est continue, on dit que f est continûment dérivable o u continû-
e e
ment différe nti a ble ; o n dit a uss i que J est de classe 1 e t o n note 1 (f2 ; F) l'en-
semble de toutes ces a pplicati o ns, ensemble qui est évide mme nt un sous-espace
vectoriel de l'espace e(O; F) (noté égale me nt e0 (0 ; F)).
Note Lorsqu ' il est utile de préc iser le choix du corps !K., on parle de fonction IK.-
différentiable. Si E et F sont des espaces vectoriels complexes, on pe ut les cons i-
dérer a fortiori comme des espaces vectoriels réels ; toute application C- linéaire
éta nt IR- linéai re, une fo nctio n C -différentiable est a fortiori IR-différentia ble (la ré-
ciproque est en général fausse). Comme nous le verrons ultérieurement, les fonc-
tio ns <C-d iffére ntiables (q u 'on appelle des fo nctio ns ho lomorphes) jouissent de
propriétés exceptionnelles, mais dans ce c hapitre la nature du corps ne j o ue au-
cun rô le.
Exemple 1.1.1 Toute applicati o n consta nte est continûme nt dérivabl e, l'applica-
tio n dérivée étant identique ment nulle.
Exemple 1.1.2 Soit T E L (E; F), alors T est dérivable e n tout po int x de E
et DT(x ) = T ; l'ap plicati on dérivée DT : x E E >--+ T E L(E; F) est une
application constante et, par conséque nt, Test de c lasse 1 . e
1.1 NOTION DE DÉRIVÉE 9

V érifio ns le théorème des fonctions co mposées.


Théorème 1.1.1 Soient E, F, G des espaces vectoriels normés, fl et n' des ou-
verts de E et F, f : fl ---+ F. g : n' ---+ G des applications telles que f (0,) c n'.
1. Si f est différentiable en un point a E n et si g est différentiable au point
b = f(a) , l 'app lication composée g o f: fl ---+ Gest différentiable au point a et
( l.1.6) D(g o f)(a) = Dg(f(a) ) o Df(a) E l(E ; G).
2. Si Je t g sont différentiables dans net n' (resp. de classe C1 ). alors g o J
est différentiable dans n (resp. de classe e1 ).
Preuve 1. Étant donné que Df(a) E L(E;F) et Dg(b) E L(F; G), on observe
que Dg(f(a)) o Df(a) est une application linéaire et continu e de E dans G,
com m e doit l' être l'éventuelle dérivée D(g o f)(a).
On peut écrire
J(x) = f(a) + Df(a). (x-a)+<p(x) , x E fl,
g(y) = g(b) + Dg(b).(y - b) + 4;(y) , y E n' ,
d'où
h(x) = g(f(x)) = g(b) + (Dg(b) o Df(a)).(x - a) + Dg(b) .cp(x) + 1/J(J(x))
et il s'ag it donc de prouver que Dg(b ).<.p(x) + 'lf; (f(x )) = o(x - a). Étant donné
que llDg(b).cp(x)ll :::; llDg(b) ll ll'P(x) ll et que ip(x) = o(x - a), il est clair que
Dg( b) .ip(x) = o(x - a). Par ailleurs 4;(y) = o(y - b): pour tout E > 0, il ex iste
5 > 0 tel que ll ·iP(Y)ll :::; cl lY - bll si llY - bll :::; 5, d'où
ll ·iP (f(x))ll :::; é llf(x) - f(a) ll si ll f( x) - f(a)ll :::; 5;
d' après la différentiabilité de f au point a, il ex iste une constante c > 0 et un
nombre TJ > 0 tels que llf(x) - f(a)l l :::; c llx - ail si llx - all :::; 'f/; il en rés ulte
que
ll ·iP(f(x))ll :::; cdx - ail si llx - ai l:::; min(TJ, 5/c)
et cec i prouve que 'lf; (J(x)) = o(x - a) .
2 . Supposo ns f et g de cl asse e1 ; l'applicati on X f-7 Dg(J(x)) 0 DJ(x ) est
alors continue en tant que composée des applications continues
x E fl r-+ (Dg(f( x)), Df(x)) E L(F; G) x L(E ; F),
(u, v) E l(F; G) x L(E; F) H u o v E l(E; G) ,
la continuité de la première appli cation rés ulta nt des hypothèses faites surf et g ,
la seconde applicatio n étant bilinéaire et continue. Ceci prouve que g o f es t de
classe e1 . Q.E.D.
Exemple 1.1.3 Dérivée partielle suivant un vecteur On dit qu ' une fo nction
f :n ---+ F admet au point a E n une dérivée partiel le sui vant un vecteur X E E
si l' application ip : t r i f(a + tx), défi nie au voisinage de l' origine de JR, admet
une dérivée en 0 ; on pose alors
( 1.l.7) Dxf(a) = Dip(O) = lim f(a + tx) - f(a) E F.
t -t O, t ,.00 t
10 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

Si f
est différentiable au po int a, le théorè me des fonctions composées mo ntre que
f admet des déri vées partie lles suivant tout vecteur de E et que
Dxf (a) = Df(a).x . E n particulier, si E = lK1 et si (ei h : O i'.'O l est la base cano-
nique de JK1, les dérivées parti elles DeJ(a), si elles ex istent, sont notées Dif(a)
ou (àf / àxi )(a): si f est diftë re nti able a u point a, on a Dif (a) = D f( a). ei .
Remarque 1.1.5 Soit F 1 un sous-espace vectoriel de F, no tons
·i : F 1 -+ F l' inj ection ca nonique qui est linéaire conti nue . Si une application
f : Q -t F 1 est différentiable en un point a E Q , l' application i o f : Q -+ Fest
di ffére ntiab le au poi nt a. Réci proquement, supposons l' application i o f diffén:n-
tiabl e au point a ; si le sous-espace F 1 est fermé, on peut alors affirm e r que f est
différentiable au point a. En e ffet, posons T = D( i o !) (a) E L ( E ; F) ; o n a alors
pour tout x E E , T r: = limt-+O, t o;éO(f (a + tx) - f (a)) / t et, F 1 étant fermé, cec i
montre que T est à va leurs d ans le sous-espace F 1 ; Test donc une application
linéaire co ntinue de E dans F 1 et il est alors év ident que f est diffé re nti abl e au
point a e t que D f (a) = T.
Exercice l.1.3 Soit E un espace normé i= {O} , montrer que la norme 11 • 11 E _, IR n'est pas
différentiable à l 'ori gi ne.

Exercice 1.1.4 On considère l 'espace de Banach 11 = Lt (N; IR) (27, paragraphe 3.24], montrer que
la norme 11 •\lt : 1t -+ IR n ' est différentiable en aucun point de 11 [raisonner par l' absu1·de, on rappelle
[27, théorème 3.24.5] que to ute forme linéaire continue sur 11 est de la forme
X = (x n ) >-+ I: ~= O XnEn OÙ Ç = (Çn) E 1 00
] .

Exercice 1.1.5 On considère l 'espace de Banach 100 100 (N ; IR) muni de la nonne
\lx \\ 00 = sup n \xn \. Montrer que l 'application ll • ll oo 100 -+ IR est différentiab le en un point
x E 100 si, et seu lement si , il existe un ent ier n o 1el que supn # nu lxn l < l\xl \oo [on p o urra raisonner
par l' absurde: si la norme est différentiab le au poi nt x t!I de déri vée T E (100 ) ' , on a pour tout h E 100 ,
Th = lim t-t o, t j'o(l lx + l h ll oo - \l x \l oo )/l . L orsqu ' i l ex iste no tel que l\ x ll oo = \x,. 0 \, vérifier
d' abord que Th = ± h,,u sui van t le si gne de x.,. 0 ; lorsque \xn l < llx l\ 00 pour tout n , vérifier que
Th = 0 dès que h n = 0 sauf po ur un ense mbl e fini d'entiers n ; écrire ensuite la d éfinition de la
différentiabi lité pour conclure dans chaque cas] .

Exercice l.1.6 On considère l'e space de Banach E = e(T; IR), f = [O, l] , pour la norme de la
topologie de la convergenœ uni forme li / li = sup xE / \J( x )I . M ontrer que la norme
\l• ll = : E -+ IR n'est di fférentiable en aucun point de E [on suppose la nonne différentiable en
un point f i= 0 et de dérivée TE E ' ; si xo est tel que \l fl \oo = l/ (xo)I, montrer que n écessairement
T h = h (x o), h E E, et obten ir un e contradic ti on en revenant à la définition de la di fférentiabilité] .
Exercice 1.1.7 Soi1 C une par1ie co nvexe complète non vide d ' un espace préhilbe1tie n réel E , pour
tout x E Eon noie Pcx l a proj ec ti on de x sur C. Montrer que l 'appli cation
f : x >-+ d(x, C) = llx - Pcx \I
est différenti able dans l'ouven E - C [on pose g(x) = f (x) 2 , montrer que
2(x1 Pc a - Pc ( a + x)) + ll x ll 2 :S g (a + x ) - g(a) - 2(xl a - Pc a) :S \\xl l
2

el, en utili sant le corollaire 3.28.4 de [27], en déduire que


lg(a + x ) - g (a) - 2(xla - Pca ) \
2
:S ll x ll ].
1.1 NOTION DE DÉRIVÉE 11

Exercice 1.1.8 Soient E un espace préhil bertien rée l el r< une panic compac1e non vide ; pour to ut
x E FJ, on pose f (x) = d(x , K ) et on noie prKx l 'ense mble compac t non vide des proj ec1i ons de x
sur K.
O n considère la fonction g(x) = f (x )2 et, pour a , x E E , on pose

A= 2 inf (x la - y) ;
y E prga

on note yo E prf(a un poin t tel que A = 2(xla - yo) .


1. M ontrer que, pour tout t E IR et tou1 z E pr 1<( a + t x)
2
2t(xl yo - z ) 2
+ t2 11xll :S: g(a + t x) - g(a) - li\ :S: t llxll 2
2 . M onlrer que, pour tout c > 0, il ex iste 8 > 0 tel que
(0 < t ::::; 6 z E F< el lla+tx - zll : : ; l a+ lx - yo ll) = (xlyo -z) 2: -é

[ raisonner par l'absurde].


3. En déduire que la fonction h t H g(a + tx ) est dér ivable à droile et à gauche en 0 et
déterminer h~(O ), h ~( O ).
4. Montrer que la foncti on g ad mel au point a une déri vée pa11ielle sui vant tout vecteur x E E si,
et seul ement si, le point a admet une uni que proj ecti on sur K .
5. M ontrer que la fonc1ion g est différentiable au point a si, e1 seulement si, le point a ad mel une
unique proj ec1ion yo sur J( [mon1rerque 2. subsiste sous la forme sui vante: pour tout e> 0, il existe
6 > 0 tel que, si llxll : : ; 6, z E }(et lia+ x - zll ::::; lia+ x - Yo Il. alors (xlyo - z) 2: -E: llxll J.
6. En déduire que la fonction f est différentiable en un point a E E - }( si, et seulement si , a
aclmer une unique proj ecti on sur K.
Exercice 1.1.9 Soi t J IR --) IR une fonc1ion de classe e=
telle que, pour IOUt X E IR, il ex isle
un enti er n 2: 0 tel que U " f (x) = O. Cet exercice a pour objel de démon1rer que f es l alors un
po ly nô me.
On pose Fn = { x E lR ; Dn J (x) = O} el 0 = u~=O Fn.
1. M ontrer que 0 est un ouvert de IR paito ut dense [ulil iser la propsition 2.28.4 de [27]] et q ue sur
toule co mposante connexe de 0 f esl un poly nôme.
2. M ontrer que J-1 = lR - 0 est sans poinl isolé.
3 . On se propose de vérifi er que H = 0 ; on rai sonne par l'absurd e : on suppose H non vide.
a. En utili sant le lhéorème de Bai re, montrer qu ' il ex iste un entier n el un intervall e ouve11
]a, b[ t el que 0 oj ]a, b[ nf-1 c Fn.
b. M ontrer que ]a, b[ nH C Fn+k pour 1out entier k 2: 0.
c. Soil ]a, ,6[ une co mposante connexe de l'ouvert non vide] u , l> [ no, il ex i ste un poly nô me
P E IR [x] lei que f = P sur ]a, ,6 [ ; montrer que le degré de P esl < n [noter que l ' un des points a,
fJ appa rtient à HJ .
d. En déduire que f est un polynôme sur ] a, b[ et une contradicti on.
4. Conclure.
Exercice 1.1.10 Soienl E, F des espaces normés, !1 un voisin age ouvert de 0 E E et f : !1 --r F
une fo n c1ion continue telle que f (O) = O. On considère la propri été sui vante

il ex iste une appl,icati on linéaire T : E --f F telle que, p o ~r toute fonction colllinue
P' ) g: [O, l] --f E den vable en 0 tell e que g(O) = 0, la fon ction f o g : g - 1 (!1) --f F , bien
{
défini e au voi sinage de 0 E [O, l ], est déri vab le en 0 et (f o g)'(O) = T(g' (0)).

1. Si f possède la propriété ('.P), montrer que l' application T esl nécessa irement donnée par la
formule
. f(l x )
Tx = hm - - , x E E.
l --+ 0 l
l> O
2 . Si f est différentiable en 0, montrer que f possède la propriété ('.P) et déterm i ner T.
12 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

3. On suppose E de d imensio n finie et on se propose de prou ver que, si f possède 1a propri été(~'),
alors f est différentiable en O. On raisonnera par l 'absurde: on suppose que f n'est pas différenti able
en O.
a. Montrer alors qLt ' i 1ex iste ê > 0 et une suite (xn) de !1 tendanl vers 0 telle que

Il f (xn) > ê 11Xn11 pour tout entier n ,


- Txn 11

la suite (llxnll) est strictement décroissante et 0 < llxn Il < 1.


b. En utilisant le fail que E est de dimension finie, montrer qu 'on peut supposer convergente la
suite (xn / ll xn Ill : on pose
l = lim ~EE.
n->oo llxn ll
c. On définit une fonction g : [O, 1J -+ E en posant

0 pour t = 0,

g( l ) =

l Xn

xo
l - llxn+ill
llxnll - llxn + 1ll
+ Xn+ I

Montrer que celle fonction 9 esl continue et que g(O)


llxnll - t
llxnll - ll xn+ 1ll

cl. Montrer qu ' il ex iste 0 :S À n (t ) :':'.: l tel que


= O.
pour

pour
llxn+ 1 li :':'.: t :':'.:

llxol l :':'.: t ::::; 1.


ll xn Il.

g(l ) Xn Xn+ l
- = Àn(l )ll-- + (1 - Àn( t) J- - - pour l/xn+ I Il:':'.: l :S llxn Il
l Xn 11 11 Xn+l 11
et en déduire que g est dér ivable en 0 et que g' (0) = l.
e. M ontrer que

(J o g )' (0) = lim Jll(Xnll)


n--t cx:> Xn

et conclure à l' aide de a.

1.2 Fonctions définies et à valeurs dans un produit


d'espaces normés
On considère dans ce paragraphe une fonc tion f définie sur un ou vert d ' un n
produit fini d 'espaces normés E = 1 Ei et à vale f1'. =
urs dans un produit fini
d 'espaces normés F = fl;~ 1 F 1 , so it f : r2 c E -t F .
Nous noterons Pi : E -t E i et qj : F -t F1 les projections canon iques. On
peut en outre définir des injections Ài : E i -t E et µ j : F1 -t F de la façon
suivante: si y appartient à Ei> >.i( Y) est le point de E dont toutes les projections
sont nulles à l' exception de la projection d ' indice i qui vaut y ; µj est dé fini de
façon analogue. Il est clair que tou tes ces applications sont li néaires continues et
que
l
( 1.2. J) pio Ài = l s,, Pio >.,., = ÜSi 'i -/-i', LÀioPi = I E,
i= l
m
( 1.2.2) q1 o µ j = I F;, qj o µ j' = 0 si j -j. j' , L µ i o qJ = h .
j = l
1.2 FONCTIONS DÉFINIES ET À VALEURS DAN S UN PRODUIT 13

A la f on assoc ie les m applications composantes


fonction
fj qi o f
0 --.+ Fj. La derniè re rela1ion ( 1.2.2) montre que
f = I:.;:
1 µ,i o fj. Une application linéaire continue étant de c lasse
1
, le théo- e
rème des fo nctions composées permet d'énoncer la
Proposition 1.2.1 La fonction f est différentiable en un point a E 0 (resp. diffé-
rentiable dans n, de classe e1 ) si, et seulement si, les applications fj sont diffé-
rentiables au point a ( resp. différentiables dans D, de classe e1) et on a alors
m
(l.2.3)
j = l

Note On utili sera la notation f


(fj )i ~j ~ m ou même plu s simple ment f = (fi) :
=
ceci consiste à identifi er les ensembles '.f(rl ; IT;:
1 Fi) et IT ~: 1 :F(fl ; Fj). On vé-
rifie d 'autre part que l'application T i-+ (T1 ), Tj = q1 oT, induit un isomorphisme
d'espaces vectoriels de l'espace L(E; fl;:
1 Fi) sur fl~: 1 L(E; Fi) ; modul o cet
isomo rphi sme, la seconde relation ( 1.2.3) s'écrit simpleme nt D f(a) = (Dfj(a)).
Tenons co mpte maintenant du fait que E est un espace produit, c 'est-à-d ire
que f est une fonction del variables Xi E Ei , 1 :::; i :::; l. Si a = (a;) est un point
de D, notons ()i : Ei -+ E l' applicatio n affine
()i (xi) = a+ ..\i(x.; - ai) = (a1 , ... , a.;- 1, xi , a;+1 , ... ,a1)
et considérons l'appli cation f o ()i : ()j 1 (fl) -+ F qui est définie sur l'ouvert
(),j 1 (f2) et qui n'est a utre que l'application partielle
f (a1 , ... , ai - 1, •, a .;+ i, ... , a1) : Xi >-+ f (ai, ... , a; - 1, X;, ai+1, ... , a1).
Avec ces notations, on peul donn er la
Définition 1.2.1 On dit que f admet au point a une dérivée partielle par rap-
p art à x; si l'application f o ()i est dérivable au point a; ; la dérivée
D(f o Bi)( ai) E L(Ei; F), notée Dd(a) ou (of /ôx;)(a), s'appelle la dérivée
partielle de f par rapport à xi au point a.
Si f est diffé rentiable au point a, le théorème des fonctions composées mo ntre
que f admet des dérivées partiell es et que
( 1.2.4) D;f (a) = D j(a) o ..\i E L(Ei; F);
d'après (1.2. 1), on a donc l'express ion suivante de la dérivée de f en fonction de
ses dérivées partie lles
L
( 1.2.5) D f(a) = L D;f (a) o Pi,
i= l
ce qui peut s'écrire égale ment
L
( 1.2.6) Df(a ).x = L D;f(a). x; si x= (x;) E E.
i= l
Remarque 1.2.1 Si f
est différentiable dans D, ces relation s montrent que j est
de c lasse et si, et seule ment si, f ad met des dérivées partielles continues, cec i
14 CHAPI TRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

sig nifi ant que les ap plicatio ns x >--+ DJ(x) den da ns L(E;; F) so nt continues.
Comme no us le verrons ulté rieure me nt (propos iti o n 1.4. 1) l'ex istence de dé rivées
partie lles continues s uffit po ur ass urer la différentia bilité de f ; par contre, une ap-
plication admettant des déJivées partielles n'est pas nécessaire ment diftërentiable,
ni mê me continue.
Remarque 1.2.2 Lorsque E; = OC pour tout 't, soit E = oct, la notion de déri -
vée partielle par rapport à X; coïnc ide avec la notion de dérivée partie lle s ui vant
le -tièm e vecteur de base e; (exemple 1.1.3), modulo l' isomorphi sme e ntre F el
L(OC; F ).
Si on combine les formu les ( 1.2.3), ( 1.2.4) et ( 1.2.5), e n supposant f différe n-
tiable au point a, on consta te que les fonction s fj ad mette nt des dérivées partielles
D;f j(a) E L(E; ; FJ) e t que
l m
( 1.2 .7) D f(a) = L L µ j o Ddj(a) o p;, DdJ(a) = q1 o D f (a ) o À;,
i= l j = l
rel a ti o ns qui exprime nt la dérivée de j en fonction de ses dérivées partie lles et
inversement: la dé rivée D f (a ) est donc dé terminée par la matrice, appelée ma trice
dérivée, cons tituée des dérivées partie lles DJ1 (a) E L(E;; Fj).
Lorsque E = !Kt, F = lKm, on pe ut considérer les dé rivées partielles D;fJ(a)
comme des scalaires v u l' isomorphi sme entre OC et L(OC; OC) ; la matrice déri -
vée est alors une matrice de scalaires, appelée matrice jacobienne d e f, qui est
simple ment, d'après ( 1.2. 7) , la représentation matricielle de l'application linéaire
Df(a) E L(lKt; ocm ) par rapport a ux bases canoniques de oct et ocrn ; on obser-
vera que vi s à vi s de cette représe ntation , on doit co nsidé rer 'i comme l' indice de
colonne e t j comme l' indice de lig ne . S i l = rn , la ma trice j acobie nne est une
matrice carrée de scalaires, ce qui permet de définir le jacobie n de f a u point a
(1.2.8) J(f)(a) = dél (Dd1(a)).
Le jacobien de f = (Jj )i ~j~ t est parfois noté D(f1, .. . , ft) / D (x 1 , • •. , Xt).
Remarque 1.2.3 Soit D un ouvert. de JR 1 e t j : !1 -+ lR une application
dériva ble e n un point a E n, alors Df(a).x = L~= l D;f(a)x; po ur tout
x = (x; h <·i<l E JRt. Muni ssons JRt de la struc ture hilbe rtienne usuell e dé finie par
le produit ~c~laire euclidie n (xly) = L~= l x;y;. La formule précéd e nte montre
qu'on a alors (remarq ue 1.1.4) grad f(a) = (DJ(a))i ~;~ l·
Le théorème des fo ncti o ns composées et les re la tions ( 1.2.7) perme tte nt d ' ex-
plicite r les dé ri vées partielles d ' une fo nction composée . Do nnons- nous un troi-
sième espace normé G = f I Z= i Gk> produit d'une fam ill e finie d'espaces normés
G1.: ; notons r 1.: : G --7 Gk cl v k : G1.: -+ G les projec ti ons et injecti ons cano-
niques. On a alors la
Proposition 1.2.2 Les hypothèses étant celles du théorème l . l . I, on a
m
( 1.2.9) D ;(g o f)k(a) = L D gk(j(a))
1 o D;fj(a) E l(E;; G1.:) ;
j= l
1.3 LE THÉORÈME DES ACC ROISSE MENTS FIN IS 15

autrement dit, la matrice dérivée de g o f au point a est égale au produit de la


matrice dérivée de g au point f (a) et de la matrice dérivée de f au point a.
Preuve D'après (1.2.7) et le théorème des fo nctions composées, on a en e ffet
D i(9 o f)k(a) = rk o D(g o f)(a) o À;= rk o Dg(J(a)) o Dj(a) o À.; ,
soit e n tenant compte de la dernière relation ( 1. 2.2)
m

Di(9 o j)k(a) = L rk o Dg (J(a)) o µ J o q1 o Df(a) o Ài,


j=l
ce qui prouve ( 1.2.9). Q .E .D.
Lorsque E , F et G sont de dime nsion fini e e t de mê me dimen s ion, on en déduit
le
Corollaire 1.2.3 Si E = F = G = IK1 et sous les hypothèses du théorème 1. 1.1,
on a
J (g o f)(a) = J(g)(J(a)) x J (J )(a).

1.3 Le théorème des accroissements finis


Le th éorème des accroissements fini s est un théorème do nnant une majoration de
J (b) - f (a), appelé accroissemenr de la fonction e ntre les poin rs a et b, sous des
hypothèses appropriées portant sur la déri vée . Il s' agit essentielle ment d' un rhéo-
rèmc concernant des foncti ons d ' une variable rée lle et nous all ons nous intéresser
d ' abord à de telles fo nctions.
Note Rappelons que le théorème de Rolle pour des fonc tions à valeurs rée lles,
ex iste nce d ' un poinr c te l que f(b) - J(a) = f'( c)(b - a), ne s ubsiste pas pour
des foncti ons à valeurs vectorielles comme le montre déjà l'exemple de la fonction
à vale urs complexes f(t) = exp (27r'it) s ur [O, 1]. En fait, ce théorème n'apprend
rien s ur la fonction f s i on ne possède pas par ailleurs une propri été de f' sur tout
l' inte rvalle ]a , b[, vu que le point c n'est pas connu .
Théorème 1.3.1 Première forme du théorème des accroissements finis Soient
F un espace normé, f : [a, b] ---+ F, g : [a, b] ---+ lR deux fonctions continues,
dérivables à droite dans ]a, b[ et telles que
( 1.3. 1) l l f~(x ) l l ::; g~(x ) pour tout x E ]a, b[.
On a a lors
( 1.3 .2) llf(b) - f(a)ll ::; g(b) - g(a).
Preuve Soit é > 0, noro ns I l'ensemble des y E [a, b] tels que
( 1.3 .3) \lx E [a, y], llf(x) - f(a)ll ::; g(x ) - g(a) + c (x - a) + é.
Il est clair que I est un intervalle d'ori g ine a. Nous all ons démontrer que
I = [a, b] : cec i prouvera que l' inégalité ( 1.3.3) est vérifiée po ur x = b et tout
é > 0 , donc pour é = 0, et on en déduira a insi le théorème .
16 CHAPITR E 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

Notons c = s upJ l'ex trémité de I . On observe d 'abord que a < c car ( l.3.3)
est vérifié pour x suffi samment voisin de a d ' après la continuité de f et g. On
observe e nsuite que c E 1 car ( 1.3.3) est vérifié pour tout x E [a, c [, donc pour
x = c. Po ur vérifier que c = b, raisonno ns par l' absurde e n supposant a < c < b.
Les fon cti ons f et g éta nt dérivables à droite au po int c, il existe y E ] c, b[ tel que,
pour tout x E Je,
y],

Il f(x; =~(c) - fd(c)ll ~ ~ ' lg(x; =~(c) - gci(c)I ~ ~'


d 'où
llf(x) - f (c)ll ~ llfd(c)ll (x - c) + ~ (x - c),
gci(c)(x - c) - ~ (x - c) ~ g(x) - g(c).
Compte te nu de l' hypothèse ( 1.3. 1), cec i montre que
11/(x) - f(c)ll ~ g(x) - g(c) + E (x - c) pour to ut x E [c, y ];
le point c appartenant à I , nous savons e n outre que
llf(c) - f(a) ll ~ g(c) - g(a) + E (c - a)+ E;
les deux inégalités qui précèdent prouve nt que y E I , ce qui est absurde vu que
y>c = s up I. Q.E.D.
En prenant g(x) = k x, on obtient le
Corollaire 1.3.2 Soit f : [a, b] -+ F une fonction continue, dérivable à droite
dans ]a, /J [ et telle que l fd(x) Il ~ k pour tout x E ]a, b[, alors f est lipschitzienne
llf(x) - f (y) Il ~ k lx - YI pour tout x , y E [a, b].
Lorsq ue k = 0, on o bti ent en partic ulier le
Corollaire 1.3.3 Soit f : [a, b] -+ F une fon ction continue, admettant dan s ]a, b[
une dérivée à droite nulle, alors f est constante.
En pre nant f = 0 dans le théorème 1.3 . 1, on obtient
Corollaire 1.3.4 So it g : [a, b] -+ lFt une f onction continue, admettant dans ]a, b[
une dérivée à droite 2: 0, alors g est croissante.
Revenons au cas des fonctions définies sur un ouvert d'un espace normé E .
Rappelons que, a et b étant deux points de E, que [a, b] (resp. ]a, b[) désigne le
segment fe rmé (resp. ouvert) d' ex trémités a et b, c'est-à-dire l' image du segment
[ü, l ] (res p . JO, 1[) par l' application t >--+ ta + (1 - t) b. N ous avons alors le
Théorème 1.3.S Deuxième forme du théorème des accroissements finis Soient
n un ouvert d 'un
espace no rmé E, a et b deux points de n tels que [a, b] c n
et j : 0 -+ F une application continue en tout point du segment f ermé [a, b],
différentiable en tout point du segment ouvert ]a, b[, alo rs
( 1.3.4) l f (b) - /(a)ll ~ llb - ail sup llDf(x)ll ·
xE ]a,b[
1.3 LE THÉORÈME DES ACCROISSEMENTS FINIS 17

Preu-ve Considérons la fonction ip(t) = f(at + (1 - t)b), t E [O, l ] ; cette fon c-


tion est co ntinue sur [O, 1], dérivable sur ]O, l [ d 'après le théorème des fonct ions
composées et Dcp(t) = Df(at + (1 - t)b).(a - b), d ' où
l Dip(t)ll : : : llb- ail s up llDJ(x)ll·
x E ]a ,b[
Lorsque la fo nction D f n'es t pas bornée, il n' y a év idemment rien à démontrer, si-
non le théorème résulte du corollaire 1.3.2 appliqué à la fonction cp sur l' intervalle
[O, l ]- Q.E .D.
Corollaire 1.3.6 Soit f : n -t F une fonction différentiable définie sur un ouvert
convexe telle que Il D f (x) Il :::; k pou r tout x E fi, alors f est lipschitzienne, soit
llf(x) - f(y) Il : : : k llx - Yll pour tout x, y E fi.
Preuve Dire que n est convexe s ig nifi ant que [x , y] c n dès que X et y appar-
tiennent à D, on peut appliquer le théorè me précédent. Q.E.D.
Corollaire 1.3.7 Soit f : n -t F une fo nction différentiable définie su r un ouvert
connexe, admettant une dérivée nulle, alors f est constante.
Preuve Étan t donné un po int a E ri, co nsidérons l'ensemble
A = {x E O ; f (x) = f(a)} . Ce t ensemble A est non vide car a E A e t il
est fermé d'après la continu ité de f . Le corollaire 1.3.6 montre que, si x E A,
n
toute boule ouverte B (x; r) contenue dans est nécessairement contenue dans A,
une b o ule étan t convexe. Ceci prouve que A est ouvert et, l'ouvert é ta nl supposé n
connexe, il en résulte que A = n, ce qui prouve le corollaire. Q.E.D.
Le théorème des accroisse meonts fini s est un résultat profond ; c'est un outil
particulièrement efficace, par exemple pour effectu er des majorations. Ce théo-
rè me sera constamment utili sé dans la s uite.
Exercice 1.3.1 Soient F un espace normé, f : [a , b] -+ F une fonction continue, dérivabl e à
droite sur ]a, b[, si l'appl ication Jd,
: ]a, b[ -+ F' est continue en un point xo E ]a, b[, montrer que f est
dérivabl e en cc point xo [appliquer le théorème des accroi ssements fini s à la fonction
x t-t f( x) - Jd, (xo)x ].
Exercice 1.3.2 So ient I un intervall e ouvert de ~ . F un espace normé et f :J -+ F' une fonction
dérivable. On considère la fonct ion g : I x T -+ F défini e par

g(x,y) = f (y) - f(x) si x=f-yet g(x , x) = Df (x) .


y - x
Si f est 2-fois déri vable en un point a E I , montrer que g est déri vable au point (a , a) et calculer sa
dérivée [appliquer le théorème des accroissements fini s à l a fonction

h :x t-t f( x) - f(a) - (x - a) D f (a) - (x - a) 2 /2 x D 2 f(a )].

Exercice 1.3.3 Soient E, F des espaces normés, !"1 un ouvert de E, a un point de n et


f !:1 -+ F une application continue. Si f est différentiable dans !1 - { a } et si l ' appli cati on
x E !:1 - {a} H D f (x) E L(E;F)adrnetune limiteTquand x tend versa enrestantdans!1,
111011U"er que f est différentiab le au point a et que D f (a ) =T [appliquer le théorème des accroisse-
ments fini s à la fonction g: x >-+ f(x) - Tx] .
18 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

Exercice 1.3.4 Soient E, F des espaces no rmés, n un ouvert de E er f : !l -t P une a ppli cati on
différentiable. Montrer que l' application D f : !l ~ .l (E ; F ) est continue en un po int a E n si, et
seulement si , pour tout c > 0 , il ex iste 8 > 0 tel que

11/(a + h) - J(a + k) - Df(a) .(h - k ) ll S e llh - kil pour llh ll S ô, llk Il S 8.


Exercice 1.3.S Soient E, F des espaces normés, n un ouvert de E et f : !l -t F une applicati on.
On s uppo se qu ' il ex iste une applicatio n continue T : n ~ L(E; F) telle que pour tou t x E net to ut
hE E
li m f (x +th ) - f (x) = T(x). h .
t --> 0 ' t7'0 t
Montre r que f est de classe e1 et que D f (x) = T(x) pour tout x E !l [appl iq uer le théorè me des
accroisse ments fini s à la fon ction g (t ) = j (x + lh ) - tT(x). h] .
Exercice 1.3.6 Soient E , P des espaces normés, E est supposé de dimension > 1, soien t n un
ouven co nvexe de E, a un poi nr d e !l et f :n- {a} ~ F une application différe nti able te lle que
llD J (x) Il : : : k clans !l - {a}. Montre r que ll f (x) - / (y)ll : : : k llx - Yll pour to ut x, y E n - {a} .
Exercice 1.3.7 So ient F un espace normé, f : [a , b] ~ F une fonction continue, d é rivab le à d roite
dans ]a , b[ et soit C une partie convexe fermée de P telle que Jd.( x ) E C pour to ut x E ]a , b[. Mo ntrer
que (f (b) - f (a))/( b- a) E C [soient c > 0, C , = {y E F ; d(y , C) Sc } et u E ]a , b[, considé rer
l'e nsemble Ides y E [·u, b] te ls que (f( x) - f (u)) / (x - u) E C, pour to ut x E ]·u , y]].
Exercice 1.3.8 Fonction convexe 1. Soit f : [a, b] ~ ~ un e fonc tion convexe, montre r que f est
dérivab le à droite et à gauche dan s ]a , b[, que la fo nct ion fd. : ]a, b[~ ~ es t croissante et co ntinue à
droite, que la fo nction j~ : ]a, b[ ~ ~ es t cro issante e l continue à gauche. En utilisant! ' exerc ice 1.3 .1 ,
montrer q ue f est dérivab le sau f au plus en une infinité dénombrab le de points.
2. Soit f : [a , b] ~ ~ une fonction continue, dé ri vable à droite dans ]a, b[. s i la fonction
fd. : ]a , b [ ~ ~ est c roi ssante, mo ntrer que J est convexe.
Exercice l.3.9 Soient F un espace normé e t f : [a , b]
~ F un e fonction dé rivab le à droite
au point a. Montrer que la fonction li/ li x >--t llf(x)ll est dérivable à droite au point a et que
l (l lJllJ~ (a) I S 1
1/ d.(a)ll [on pourra ut ili ser le fait que la fonction défin ie s ur ~
<p (t ) = 11/(a) + tfd. (a)ll
est convexe, do nc dérivable à droite en 0 d' après l'exercice 1.3 .8).

1.4 Différentiabilité et différentiabilité partielle


Proposition 1.4.1 Soit j: D--+ F une fo nction définie sur un ouvert D d'un pro-
du it fini d'espaces normés E = rr:=l
E i. Alors, f est de classe e si, et seulement 1
si, f admet des dérivées partielles Dd : Q --+ L(Ei; F) continues.
Preuve D 'après la remarq ue 1.2. 1, il s'agit de prouver que J es t diffé re ntiable si
elle admet des d érivées partielles co ntinues. M ontro ns la différentiabilité e n un
point a = (ai ) E r! ; la dérivée de j au point a, si elle ex iste, est nécessaire me nt
donnée par la formule ( L 2.6), soit Df(a).x = L::=l Di](a). xi, x = (xi ) E E .
Posons
l
A(x) = f( x) - f(a) - 2:::: Dd(a) .(xi - ai );
·i = l
1.4 DIFFÉRENTIABILITÉ ET DIFFÉRENTIABILITÉ PARTIELLE 19

nous utili serons a lors l' ide ntité sui vante


l
A(x) = L (g.;(x;) - 9i(ai ))
i= l

g;(Ç) = f(a1,. .. , a;- 1, Ç, Xi+ 1 , ... ,xi) - D;f(a).Ç.
Étant donné c > 0, il ex iste ô > 0 tel que
l
B = IJ B(ai; ô) C 0 et llD;f(y) - Dif (a) Il ::; c pour tout y E B ct to ut ·i;
i= I
cec i est possible d 'après la continuité au point a des d ériv ées partiell es D;f . Si x
appartient à B, la fon cti o n g.; est dé fini e el dérivable dans la boule B( ai; ô) e t
Dg;(Ç) = Dd(a1, . . . , ai- li Ç, xi+1,. . .,x1) - Dd(a) ,
d 'où llDgi(Ç)ll ::::; c pour Ç E B(a;; ô) . D'après le théorè me des accroisse me nts
fini s, o n en déduit que ll 9i(xi ) - 9i (ai) ll ::; c llxi - ailj po ur x E B, d'où
l
llA(x) ll ::::; c '°' llxi - a; ll
L_,
i= l
si max l\x; -
l < ·t < l
- -
ail\ < 5
et cec i prouve la diffé rentiabilité de f au point a. Q.E.D.
Note Dans la dé mon strati on précédente, il fa ut bi en comprendre en qu oi le théo-
rè me d es accroi ssements fini s est essenti el. D' après la dé finition même de la dé ri -
vée p a rtielle Dd et sa continuité, on co nstate que g; (Ti) - gi(ai) = o(xi - a;)
lorsqu e les variables xi+ 1 , .. . , Xt non ex plicitées dans g; sont fi xées ; ceci ne s uffit
pas p o ur conclure ; par contre le théorème des a ccroi sseme nts fini s permet d' o bte-
nir une majorati o n uniforme par rapport à ces variabl es. Bi e n sûr cette diffic ulté ne
se présente pas pour i = l , ce qui permet de préci ser la pro positio n 1.4.1 : po ur que
f soit diftërenti able en un po int a, il suffit que f admette des dérivées pa rti e ll es
dans n dont l - 1 sont continues au point a.
Exercice 1.4.L Soient ll un o uve11 de E1 x E2 et f : 0 --+ F une fo nction admeuanl des dé ri vées
pai1ie ll e s
D if : ll --+ L(E1 ; F) e t 02}': 0 --+ l (E2; F).
On suppose qu ' il ex iste une constante !v1 ;:::: 0 telle que

Il D1f(x)ll.c(E, ;F ) S M , llD2f(x) ll.c(E2 ;F ) s M po ur tout x E ll.


Montre r que f est cominu .

Vo ici une applicati o n très simple du résulta t précédent.


Corollaire 1.4.2 Soit f E .l (E 1 , ... , E1; F) une application multilinéaire conti-
nue, alors f est d e classe e1 et
l
( 1.4. 1 ) D f(a) ..'.C = L f(a 1, . . . , a .;- 1,x;, a i+ 1, .. . , at)

où a = (a;) et x = (xi).
20 CHAPITRE 1 CA.LCUL DIFFÉRENTIEL

Preuve Les appli cali o ns xi r--t f(ai, ... ,ai- i ,Xi,ai+ 1 , ••. ,at) sont linéa ires
e
conlinues, donc de classe 1 et
D;f(a).xi l(a1 , .. . , ai- 1,xi, ai+1, ... ,at) .
=
Vérifi ons que l'applicatio n D;f : a E n ; = 1 Ej r--t D;f(a) E .C(Ei; F) esl
1
continue. Noton s Pi : n ; = l Ej -+ TI j = l Ej l' applicalio n linéaire continue dé-
#i
finieparpi(a) = a' où a' = (a 1 , ••• , ai- i , ai+I,···,at). Notons par ai lle urs
l(a' , .) E L(Ei; F) l'application linéaire conlinue
Xi >-t f(a1 , .. . ,ui-1,xi,ai+1, ... ,at) .
Si 11111 désigne la norme de l' appli cation multilinéaire continue 1, on a
l

llf(a',xi)ll :=:: ll fll Il llaj ll x llxill


j=l
j=f·i
et par conséquent ll f(a', . )11 :=:; 11111 TI~ = l llaJll· Ceci prouve que l 'application
#i
g : a' >-t f(a' , .) de TI~ = I Ej dans L(Ei; F), év idem me nt multilinéaire, est
j =fi
continue. On e n déduit que l'application D;f = g o pi est contin ue. Autrement dit,
f admel des dérivées partiel les continues ; d'après la proposition précédenle, f est
donc de classe C 1 et la form ule ( 1.4. 1) résulte de (1.2.6). Q.E.D.
Corollaire 1.4.3 Soient E 1 , E2, E et F des espaces normés, B : E 1 x E 2 -+ F
une application bilinéaire et continue, u : D -+ E 1 et v : D -+ E 2 des applications
définies sur un ouvert D de E, différentiables en un point a E D. Alors, la fonction
w(x) = B(u(x) , v(x)) est différentiable au point a et
( 1.4.2) Dw(a).x = B(Du(a).x,v(a)) + B(u(a), Dv(a).x), x E E.
Preuve La fonction w peut s'écrire w = B 0 'P où 'P : n -+ E1 X E2 est l'ap-
plication x r--t (u(x) ,v(x)); vu la proposiLion 1.2.1 et le coro llaire précédent, le
th éorème des fonctions composées montre que w est diftërentiable au point a ; on
a en oulre Dw(a) = DB( cp (a)) o Dcp(a) où d'après (1.2.3)
Dcp (a).x = (D·u(a).x , Dv(a).x)
et par conséq uent
Dw(a).x = DB(u(a), v(a)).(Du(a).x, Dv(a).x)
et on conclut avec (1.4. 1). Q.E.D.
Note Lorsque E 1 = E2 = E = F = IK et si B est la multiplication dans IK, on
notera que ( 1.4.2) est s implement la form ule usue lle de dé rivation d' un prod uit
(uv)'(a) = u'(a)v(a) + u(a)v'(a).

1.5 Suite de fonctions différentiables


On considère une suite ln : 0 -+ F de fonctio ns différentiables convergeant
simplement vers une applit:ation f e t on se propose de répondre aux questions
1.5 SUITE DE FONCTION S DIFFÉRENTIABLES 21

s uiva ntes : la fonction f est-ell e différenti able e t, en cas de réponse pos iti ve, a-l-
o n D(limn--Hxi f n) = limn-->oo Dfn? li s'agit do nc d'ex pliciter des hypothèses
autorisant la permutation de la dérivation et du signe "limite". Les théorèmes per-
mettant la permutation de de ux limites reposent généralement s ur des hypothèses
de convergence uniforme (voir par exempl e [27 , exercice 2.27 .7]). Nous ferons ic i
des hypothèses de convergence uni forme locale portant sur la s uite des dérivées.
Rappelons [27 , exercice 2.27.5] la signification de cette notion de convergence :
étant donné un espace topo logique X et un espace métrique Y, on dit qu'une
suite Un) d 'applications de X dans Y converge localement un iformé ment vers
f : X --+ Y si tout point x E X admet un vo isinage V Lei que la suite Un 1v)
converge uniformément vers flv. Lorsque les fonctions in so nt continues, il e n
est d e même de i .
O n a alors le
Théorème 1.5.1 Soit in : n c E --+ F une suite de fo nctions différentiables
( resp . de classe e1 ) telle que la suite D in : n --+ L(E; F) converge localement
uniformément.
1. Si la suite Un) converge simplement vers f, alors la convergence
est localement uniforme, f est différentiable (resp. de classe e1 ) et
Df (x) = limn-->oo Dfn(x) pour tout x E n.
2. Si Fest un espace de Banach, sin est connexe et s'il existe au moins un
point a E n tel que la suite Un(a)) converge, a lors la suite Un) converge simple-
ment et les conclusions de /.subsistent.
Preuve Notons g la limite de la suite (D J".n) .
1. Soit a un point den, il ex iste une boule B(a ;r ), r > 0, conte nue dans n
telle que la suite (D f n) converge uni fo rmément vers g sur cette boule. D'après le
théorème des accroissements finis, pour tout x E B (a; r), on a
llfr(x) - iq (x) - Ur(a) - fq(a) )ll :::;
( 1.5 . 1)
{ ll x - all X SUPç E B(a;r) ll DJ~(Ç) - Dfq(Ç)ll.
D'après la co nvergence uni fo rme sur B( a; r) de la suite ( D fn), pour tout c > 0, il
ex is te un e ntier no tel que supçEB(a;r) llD fr(EJ - D ]q(E,) Il :::; c si p, q 2 no , d 'où
llfr(x) - fq(x) - Ur(a) - fq (a))ll :::; c llx - ail si p, q 2: no.
Utilisons la convergence simpl e de la suite Un), le principe du prolongement des
inégalités prouve que
llir(x) - f(x) - (J~(a) - f(a)) l :::; c llx - all si P 2 no ,
d'o ù
llfr(x) - f(x)ll :::; lifr( a) - f(a) Il +cr si p 2: no el x E B(a; r).
Cette inéga lité prouve que la suite U n) con verge uniformément s ur la boule
B(a ; r) ; cette suite converge donc locale ment uniformément.
22 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

M ontrons e nsuite qu e f es l diflë re nti able e t que D f = g. On a avec les nota-


tio ns précédentes
llf(x) - f(a) - g(a) .(x - a)ll ::; llf( x) - f (a) - Up(x) - f~(a)) ll

+ llfp(x) - fp(a) - D fp (a).(x - a)ll + ll D fp(a) .(x - a) - g(a) .(x - a)ll ·


Lo rsque p 2'. no el x E B(a; r), le premier et le troi siè me Lerme se m a j o re nt par
é llx - ail d'après ce q ui précède . Quant au second terme, p é tant fixé 2'. n 0 , il
ex iste ô > 0, ô::; r, tel qu ' il se majore par é llx - ail si x E B(a;ô) d 'après la
d ifféren tiabi li té de fp au point a. Ceci prouve q ue f est diffé re ntiable a u po int a et
q ue Df(a) = g(a).
Lorsque les fonctio ns f n sont de classe e1 , g est continu e n tant que limite
uniro rme locale de fonc tio ns continues e t ceci prouve que f est de classe 1 . e
2. Il s'agit de vérifie r que la suite Un) converge s imple me nt. Noto ns A l'en-
semble des points x E n te ls que la s uite Un (x)) conve rge. Cet ensemble est non
vid e par hypo thèse ; mo ntro ns qu ' il esl à la foi s ouvert et fermé, cec i pe rme ttra de
conclure.
Or d'après (l. 5. 1) o n a
llf p(x) - fq(x) ll ::; llfp(a) - f q(a) ll + llx - ail x s up ll D f p(Ç) - Df~(Ç)ll·
ÇEB(a;r)

Pre no ns a E A e t x E B(a ;r), celle inégalité mo ntre que la s uite Un ( x) ) est de


Cauchy dans l'espace de Banach F ; il en rés ulte que A con tient la bo ule B(a; r)
et ceci prouve q ue A est o uvert.
Vérifi ons ens uite que A est fe rmé dans n. Soit X un po int a ppartena nt à l' adhé-
re nce de A da ns D ; il existe une boul e B( x; 2r) contenue da ns!:! sur laquelle la
suite (D f.n) converge uni fo rmé m e nt. La bo ule B(x; r) re ncontra nt A, c ho is issons
un po int a E A n B (x; r) ; é ta nt donné que B(a ; r) C B(x ; 2r), la s uite (D fn)
conve rge uni fo rmément sur la bo ul e B(a ;r) ; le raisonne me nt effectué po ur dé-
mo nt rer qu e A est un ensembl e o uve rt nous dit a lors que B(a ;r) C A; étant
do nné que x a pparti ent à ce tte bo ule B(a; r) , cec i pro uve que x a pparti e nt à A qui
est do nc bie n fermé. Q .E.D.

Remarque 1.5.1 L'introduction de la convergence uniforme locale est inévitable


dans le théorème précédent ; e n général, la convergence de la s uite Un) n'est pas
uniforme, même si la suite (D f n) converge uniformément : la suite fn(x) = x/n,
x E IR, est un exemple très s imple d ' une telle situa tion. Cepe nda nt, s i est un n
convexe bo rné et si la s uite (D f n) converge uniformé me nt, a lors la s uite Un)
converge uni formément dès q u'e ll e converge simple ment. O n pe ut en e ffe t écrire
le théorè me des accro isseme nts fi ni s e ntre de ux po ints quelconques de n, a u lie u
de ( 1.5. 1), o n a
llfp(x) - f~ (x) - Up(a) - f q(a))ll::; diam (!:!) x s up ll Dfp(Ç) - Dfq(Ç) ll
ÇErl
el on raiso nne e nsui te com m e pour le théo rème.
1.5 SUITE DE FON CTION S DIFFÉRE NT IABLES 23

Remarque 1.5.2 Lorsque E est un produit fini d 'espaces no rmés, les formul es
( 1.2.4) et ( 1.2.5) montre nt que la suite (D fn) co nverge uni for mé me nt (resp . loca-
lem e nt uni fo rméme nt) s i, e t seul e ment s i, les sui tes des dérivées partie lles (Ddn),
1 ::; i ~ l , converge nt uni fo rmément (resp. localement uni fo rm é ment). Avec les
hyp o thèses du théorè me 1.5. 1, la fo rmule ( 1.2.4) mo ntre que
D.;( lim fn)(a) = lim Ddn(a) po ur to ut a E r!.
n -700 n-+oo
Remarque 1.5.3 Le théorè me 1.5. l subs iste, avec la mê me dé m onstratio n, po ur
des fo nctio ns défi nies sur un intervall e de R.
B - Dérivées d'ordre supérieur

1.6 Dérivées successives


Soient E, F des espaces normés, n un ouvert de E el f : n ----+ F une application .
On dit que f es t 2-fois différe nti able en un point a E n
s i f est différ e ntiable au
voisinage de a et si l'application D f : x 1-t D f(x), qui est défini e au voisinage de
a, est différe ntiable en ce point ; la dérivée de cette fonction au point a, D(D f)(a),
est appelée dérivée seco nde de f au point a et est notée D 2 f (a). On observera que
D 2 f(a) appartient à l' espace L(E; L(E; F)) .
li est alors faci le de définir par récurrence une notion d'appli cation k-fois dif-
lë rentiable. A cet e ffe t, posons
Eo = F et é'.k+ i = L(E; é'.k) pour k E N.
Supposons définies la notio n d'application k-fois différentiable e n un p o int a E Ç2
e t la notion de dérivée d 'ordre k, cette dérivée Dk f(a) appartenant à é'.k. Nous di -
n
rons alors que f est (k+ 1)-fo is différentiable en un po int a E si f est k-fois dif-
férentiable au voisinage de a e l si ! 'application Dk f : x >--+ Dk f (x), qui est donc
défi nie au vo isinage de a, est différe ntiable au point a ; la dérivée D(Dk !)(a) au
po int a de cette application sera notée Dk+ I f(a) et sera appelée dérivée d 'ordre
k + 1 de f au point a ; on observera que Dk+ 1 f (a) appartient bien à l'espace
L(E; Ek). c'est-à-dire à é'.k+ 1.
Une fonction k-fois différe ntiable dans fl sera dite k-fois continûment diftë-
re ntiabl e o u de classe ek si )' applicati on D k f : X E n
H Dk f (x) E Gk est
continue ; l'ensemble de toutes les applications de classe ek est noté Ck(O ; F) ;
c'est un so us-espace vectoriel de l' espace ek - 1 (0; F) .
Une fonction est dite indéfi niment diftërentiab le ou de classe e=si elle est
de classe ek pour tout e ntier k ; si e00 (O; F) désigne l' ensemble de toutes ces
fo nctions, o n a donc

n
OO

e 00 (0 ; F) = ek(O ; F)
k =O
et C00 (0 ; F) est un sous-espace vectorie l de tous les espaces e1c(O; F).
Remarque 1.6.1 Soit f : Q -+ F une app lication k-fois différentiable au voisi-
nage d ' un point a E 0 ; par définition, f est k + 1-fois différentiable au poi nt
1.6 DÉRIVÉES SUCCESSI VES 25

a si , et seule me nt s i, l'application Dk f est dirfé rentiable a u point a, auq ue l cas


Dk+ 1 f(a) = D(Dk f)(a). Plus généralement, f est k + 1-fois différentia bl e a u
po int a si, et seul e ment s i, l'applicati o n Dk f es t L-fois diffé re ntiable au poi nt a,
auq uel cas Dk+l f (a) = D 1(D"' f)(a ).
Venons-en à une remarque importante concernant l'écriture e l la m anipul a-
tion des dérivées d 'ordre supérieur. Cons id éro ns d 'abord le cas d' une dérivée
seconde ; si f est 2-fois différentiable au poi nt a, D 2 f (a) appa rtie nt à l'espace
C. 2 = L(E; L(E; F)). Il se trouve qu'il ex iste une isométrie linéaire de cet es-
pace sur l'espace L 2 (E 2 ; F) des appli cations bilinéaires con tinues de E 2 dans F,
à savoir l' applicatio n qui à u E L(E; L(E; F) ) associe l'applicatio n
( 1.6. 1) cp(u): (x, y) E E 2 r--+ (u .x).y E F.
En fa it, cp(u) sera e ncore noté u : a utre me nt dit, nous ne d istinguero ns pas les
espaces C. 2 e t L 2 (E 2 ; F). En particulier, l' app li catio n
(x,y) E E 2 H (D 2 f(a ).x).y E F
sera encore notée D 2 f(a) ; ceci cons iste d onc à noter D 2 f( a).(x, y) ce qui é tait
noté (D 2 f(a). x ).y. En principe, cec i ne doit pas condu ire à des erreurs, l'écriture
utilisée indiqua nt com me nt est co ns idérée la dé ri vée seconde.
Plus générale me nt, il ex iste une isométrie linéa ire de ck s ur l'espace Lk(Ek ; F)
des a pplicatio ns multilinéaires co ntinues de Ek dans F , à savoir l'application qui
à 'U E ëk assoc ie l'appli catio n multilinéaire con tinue
( 1.6.2) (xJh $J9 E Ek H ( ... ((u.xi).x2) .... Xk - 1). xk E F.
Si f est k-fo is différe nti a ble au point a, o n pourra alo rs cons idé rer D kf (a) comme
un é léme nt de Lk(Ek; F).
Note Si on considère les dérivées comme des applicati o ns multilin éaires, la rela-
tio n D(Dkf)(a) = Dk+ 1 f(a) n'est plus vraie que modulo une certain e isom é-
trie ; en effet, le premier membre a ppartie nt à l'espace L(E ;Lk(Ek ;F)) , a lors
que le second appartie nt à L 1,;+i(Ek+l; F ) el l ' isométrie à pre ndre en compte est
l' applicatio n qui à u E [., (E ; L k (Ek ; F)) associe l'application
(xj )i $j $k+l E Ek+l H (u.x1).(x2, . . . ,Xk+I) E F.
De m ême la re lation Dk+ 1f(a) = D 1(Dk J)(a) va ut mod ul o une cert.aine isomé-
trie e ntre les espaces L k+l (Ek+l; F) et L 1( E 1 ; L k( Ek ;F)), que le lecte ur ex pli-
citera aiséme nt.
Exemple 1.6.1 No us avo ns vu qu ' une application linéaire continue
T E L(E; F) est de c lasse C1 et que DT : E -+ L(E ;F) est l'application
co ns tante et égale à T . Il en résulte que T esl d e classe C00 el q ue DkT = 0 po ur
k ?:. 2.
Exemple 1.6.2 Soit B : E 1 x E 2 --+ F une applicatio n bilinéaire continue. N o us
savons (coroll a ire 1.4.2) que B est de classe C1 et que
DB(a1 ,a2 ).(x 1,x2 ) = B(a1 ,x2 ) + B (x1,a2 );
26 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

l'application a E E 1 x E 2 H DB( a) E L(E1 x E 2 ; F) est donc linéaire el


continue ; il en résulte que B est de classe e=,
que Dk B = 0 pour k 2: 3 el que
2
D B(a).(x, y) = B(xi, Y2) + B(y1,x2) pour (x1, x2), (y1, Y2) E Ei x E2.
Exercice 1.6.1 Soi t E un espace préhilbertien réel, monLrer que l'application
ip : x E E >-1 ffxll E 1R est de classe e= et calculer ses dérivées .
2

Il est important d'observer qu'il y a un certai n arbitraire dans le choix des


isométries que nou s avons utili sées. Par exemple, au lieu de (l .6. 1), nous aurions
pu considérer tout aussi bie n) 'application
(x, y) E E 2 H (u .y). x E F ;
de même l' isométrie ( 1.6.2) dé pend d ' un choix non justifié de la numérotation des
variables x 1 . Il se trouve que le choix de ces isomé tries est sans influence en calcul
différentiel , vu le
Théorème 1.6.1 Soit f : Q -+ F une application k-fois différentiable en un point
a E Q, alors la dérivée d 'o1dre k, Dk f(a), est une application multilinéaire,
continue et symétrique de Ek dans F ; autrement dit, si a est une permutation de
[l, k],
Dk f(a).(x1, ... ,xk) = Dk f(a) .(xa(l) >. .. , Xa(k))
pour tout (xi, . .. , xk ) E Ek.
Preuve 1. Supposons d 'abord k = 2. Nous allons montrer que

(D - j.()
9
a .X ).y = .
1tm A(t,x, y) , x, y E
E,
t-tO, t tôO t2

A(t, x, y) = f(a + t(x + y)) - f(a + tx ) - f( a + ty) + f(a);
cette dernière express ion, définie pour t suffisamment petit, étant symétrique en
x, y, on obtiendra bi en le résultat vo ulu : (D 2 f (a).x) .y = (D 2 f(a).y) .:r.
Soit B(a; 2r) C Q une boule sur laqu elle f est différentiable. La fonction A
est alors bien définie pour ltl llxll < r et ltl llYll < r . En outre, si ltl llxll < r, la
fo nction
g('fJ) = f(a + t(x + 17)) - f(a + t'f}) - t 2(D 2 f(a).x).17
est définie et différentiable dans la bou le B(O; r/ltl). D'après le théorème des ac-
croissements finis, on a donc
( 1.6.3) l g(y) - g(O) l ~ llYll sup IJDg(·17)ll·
r1E JO,y[

Or
Dg('fJ) = t D f(a + t(x + ·17)) - t Df(a + t ·17) - t2 D 2f(a).x ,
d'où
llDg(77)ll ~ ltl l Df(a + t( x + '/"/)) - Df(a) - D2 f(a) .t( x + 77)11
+ltl ll DJ(a + l'l1) - Df(a) - D2 f(a).t·17ll-
1.6 DÉRIVÉES SUCCESSI VES 27

Écrivons alors que f est 2-fois diftë renti abl e a u poi nt a. Soit c > 0, il ex iste
c5 E JO,r[ tel que
llDf(a + h) - Df(a) - D2 f(a).h ll :S € llhll s i llhll :S 6.
On e n déduit que
llDg(77)il :S € itl 2 (llx + 1111 + 111111) si ltl llx + 7Jll :S c5 et ltl l r/11 :S ô,
d 'où
sup llD9(77) l :S c lti2 (llx ll + 2llYll) s i itl (llxll + llYll) :S c5.
17E ]O,y(
D 'après ( 1.6.3), ceci prouve (x et y sont fixés) que g(y) - g(O) = o(t 2 ) e t cec i
permet de conclure car
g(y) - g(O) = A(t, x, y) - t 2 (D 2 J(a) .x).y.
2. On raiso nne ensuite par récurrence ; supposons le théorème démontré jus-
qu 'à l' ordre k. La dérivée d'ordre k + 1, Dk+ l f(a) E L(E; lk(Ek; F)), est la
dérivée au po int a de la fonction x H Dk f(x), fonction qui , d 'après l' hypo-
thèse de récurrence, prend ses valeurs dans le sous-espace év idemm ent fermé des
appli cation s multilinéaires continues el sy métriques. D'après la remarque 1.1 .5,
Dk+l f(a) .x1 est une application multilinéaire continue sy métrique de Ek dans
F ; e n d 'autres termes, l'application
(x1, ... ,xk:+1) H Dk+ 1f(a) .(x1, ... , Xk+i)
est une fonction sy métrique des variables x 2 , ... , xk+l· To ute permutation po u-
va nt s'écrire comme un produit de transpositions, il suffit alors de vérifier que
Dk+ 1 J(a). (x1, x2, X3, ... , Xk+ 1) = Dk+l f (a) .(x2, X1, X3, . . . , Xk+i),
c 'est-à-dire
D 2(Dk - l f)(a).(x1 ,x2) = D 2(Dk- l f) (a).(x2,x1) E L k- 1(Ek - 1; F) ,
qui résulte de 1. appliqué à la fonction Dk - l f. Q.E.D.
Indiquons comment se généralise le théorème 1.5.1 . En raisonnant par récur-
re nce, on obti ent le
Théorème 1.6.2 Soit f n : 0 c E -t F une suite de fonctions de classe <::k où k
est un entier ?: 1 telle que la suite D k fn : rl -t Lk(Ek; F) converge localement
uniformément.
1. Si pour tout j E [O, k [la suite ( D J f n) converge simplement, alors la conver-
gence est localement uniforme, limn-700 f n est de classe ek et
DJ( li m fn) = lim Dj fn pourO :S j S k.
n -too n -+cx:>
2. Si F est un espace de Banach, si 0 est connexe et si, pour tout j E [O, k [,
il existe au moins un point aJ E 0 tel que la suite (DJ f n(aj)) converge, alors les
suites (DJ f n) convergent simplement et les conclusions de /.subsistent.
3. Si Cfn) est une suite de fonctions de classe e00 telle que pour tout entier k la
suite (Dk f n) converge localement uniformément, alors limn-+oo f n est de classe
e00 et
D k ( lim f n ) = lim D kfn pourtout entierk .
n -too n ~CX)
28 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

Remarque 1.6.2 Le mê me énoncé va ut encore pour des fonctio ns définies sur un


intervalle de lll.

1.7 Fonctions définies et à valeurs dans un produit


Nous conservons les notations du paragraphe 1.2 : on considère une fo nction
f : Q ---+ F dé fini e sur un ouvert n d ' un espace normé E = ft=i E i et à va-
leurs dan s l'espace F = Il;"=1 F1.
La proposition 1.2. I se généralise comme suit
Proposition 1.7.1 La fonction f est k-fois différentiable en un point a E 0 ( resp.
dans 0, de classe ek, de classe e00 ) si, et seulement si, les applications fj = qj 0 f
sont k-fois différentiables a u point a E 0 (resp. dans 0, de classe e", de classe
e00
) et on a alors

m
(1.7.1)
j=l
Preuve Le théorème étant acquis pour k = 1, on raisonne par réc urre nce ; sup-
posons le théorème démontré jusqu'à l'ordre k . Si la fo nction f est (k + 1)-fois
diffé rentiable au point a, e lle est k-fois différentiable au voisinage de a et on a
donc Dk fj(x) = % o Dkf (x) pour x voisin de a; ceci montre que la fonction
x >-+ Dk J1(x) est la composée des appli cations x i--+ Dk f(x) E Lk(Ek ; F) et
·u E [,k(Ek ; F) >-+ qj o u E Lk(Ek ; F1 ) ; la première app li cation est différen-
ti ab le a u point a par hypothèse el la seconde application est e00 en tant qu ' applica-
tion linéaire conti nue ; d' après le théorè me des fo nctions composées, les fonc ti ons
Dk fj sont donc différentiables au point a et pour tout h E E
D(D"' fi )(a).h = q1 o (D(Dk f)(a).h) E Lk(Ek ; F1 ) ,
ce qui prouve la première re la ti on ( l.7 . 1) à l'ordre k + 1. On démontre de même
que f est ( k + 1 )-fois différentiable si les fj le sont, ainsi que la seconde relatio n
( 1.7 . 1) à l' ord re k + l. Ceci prouve que f est k-fois différentiable au point a si, el
seulement si, les fonct ions f j le sont el ceci prouve également les relat io ns (1.7 .1),
relations qu i montrent que f est de classe ek si, et seulement si, les fonctions f 1 le
sont. Q .E.D.
L'isomorphisme T >-+ (TJ). où T1 = qj o T, de Lk(Ek; IT;'= l F1 ) sur
fl;: 1 Lk(Ek ;F 1 ) permet d'écrire simplement (1.7. 1) sous la forme
Dk f(a) = (Dk fj(a)) .
L es considérat ions précédentes vont nous permettre d'établir le théorè me des
fonctions composées.
Théorème 1.7.2 l es notations étant celles du théorème 1. 1. 1, si f est k-fois dif-
f érentiable au point a (resp. dans n, de classe ek, de classe e00 ) et si g est k-fois
e
différentiable au point f(a ) (resp. dans n', de classe ek, de classe 00 ), alors g o f
est k-fois différentiable au point a ( resp. dans n, de classe ek' de classe e00 ).
1.7 FONCTIONS DÉFINIES ET À VALEUR S DANS UN PRODUIT 29

Preuve Le théorè me est acqui s pour k = 1 ; supposo ns le démo ntré jusqu 'à
! 'ordre k :;::: 1 et s upposons f et g ( k + 1 )-foi s di lfére nti abl e aux points a e t
f (a) . Les fon cti o ns f e t g é tant k-foi s d ifférentia bl es au vo isi nage de a et f (a) ,
on a D(g o J )(x ) = Dg(f(x )) o D f( x) po ur x vo is in de a. L' applicati o n
x H D(g o f)( x ) est la composée des a pplicatio ns
x H (D g(f( x )), Df (x )) E l (F;G) x L(E ; F)
et
(u , v) E l(F; G) x L(E ; F) H u o v E L(E ; G).
e
La se conde est de classe 00 e n tant qu 'applicatio n bilinéa ire continue. Qua nt à
la pre miè re, elle est k-fo is diftë re ntiable au po int a d'après la proposition 1.7 .1
car l' a pplication x H D g(f (x )) est k-foi s différenti able a u po int a d 'après )' hy-
pothèse de récurre nce e l les hypothèses sur f et g . E n utili sant de no uveau l' hy-
pothèse de récurre nce, o n constate que l'applicatio n x H D (g o f)( x ) est k- foi s
différenti able au po int a, ce qui sig nifie que g o j est (k + 1 )-foi s diffé renti abl e au
point a.
L e mê me rai sonne me nt par récurre nce mo ntre que gof est de c lasse ek lo rsque
f e t 9 le sont. Q.E.D.
E xercice 1.7.1 Avec les notations du théorème 1. 7.2, on suppose f el g 2- fois différentiables au x
points a et b = f (a ) respecti vement, montrer que
D 2 (g o J )(a) .(h , k ) = D 2 g(b).(Df (a ). h , D J(a) .k ) + Dg(b ).(D 2 J (a).(h, k )),

pour toul h , k E E .

Pour des foncti o ns dé fini es sur un produit d 'espaces no rm és, nous avons intro-
duit (définiti on 1.2. l ) la notion de dérivée parti e lle ; ce sont des dérivées partie lles
du premier ordre. Nous allo ns dé finir ma intenant les dé ri vées partie lles d 'ordre
supé rieur par récurre nce sur l' ordre de dé riva tion .
D onno ns-nous k enti ers i 1 , . .. , ·i k appartenant à l' inte rva ll e [l , l] ; no us diron s
que f adm et au point a une dérivée partie lle d ' ordre k pa r rapport à xi ,, . . . , xik ,
notée Di , .. . Di< j (a), si f admet une dé rivée partie l le d ' o rdre k - 1 par rappo rt à
Xi 2 , • . . , Xie pour tout x vois in de a, soit Di2 • • . Dik f (x ), qui adme t une déri vée
partie lle par rappo rt à xi, ; o n pose a lors
D i1 .. . D;e f (a) = D ;, (D.; 2 . .. D;k f)(a) ;
il es t clair que cec i constitue bi en une dé finitio n par récurre nce e t que
Di , .. . Dik f(a) E L(Ei 1 ; L(Ei2 ; . . . ; L(E.;k; F) ... ) ).
On observe que l' applicatio n qui à un é lé me nt u de cet espace d' applicati ons li-
néa ires et continues associe l' applicati o n
(x.; 1 , . . . , Xi k) E E i1 x . . . Eik H ( . .. ((u.xi,) ..T i 2 ) . . . ).x;k EF
est un isomorphi sme s ur l' espace [, (Ei, , . . . , Eik; F) des a pplications multili-
néa ires et continues de B; , x . .. Eik da ns F ; ceci nous pe rmet de co nsidére r la
dérivée partie lle Di, . . . Di,f (a) c omme un é léme nt de ce de rnier espace, c'est-
à-dire de noter plu s s imple me nt D i 1 • . . D;J (a).( x .;" . . . , Xie ) ce qui était no té
(... (Di, .. . Dik f (a). xi ,) .Xi 2 ... ).xik ·
30 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

Lorsque 'i 1 = ... = i1,; = i, la déri vée partielle corresponda nte est no tée plus
simple ment D f f( a) E 1.,k(Ef; F).
O n a alo rs
Proposition 1.7.3 Si f est k-fois différentiable en un point a, f admet d es dérivées
partielles d'ordre ::; k et on a
( 1.7.2) D; 1 •• • D ;J(a).(x;,,. .. ,x;,) = Dkf(a) .(>..; (x; 1 1 ), • • • , À;,_(xi. ))
pourtout(x; 1 , • • • ,xi.) E E;, x ... x E.;. et
l l
( 1.7.3) D"' f (a).(x 1 , ... , xk) = L ... L Di, ... D;k f (a).(x.~ 1 ,. •• , :rf.)
·i 1=l i·= l
pour tout xJ = (x{ , . . . , xf) E fJ:=i E i. On peut également écrire ces relations
sous la f orme
( 1.7 .4) Dii ... D;" f (a) = Dk f (a) o (>..; 1
, • • • , >.;.),
l l
( 1.7.5) Dk f (a) = L ...L D.; 1 •• • Di,f(a) o (p; 1 , • . • , p;, ),
i 1= 1 ·i c = l

où nous avons noté (Ài 1 , ••• , À-;• ) l 'application linéaire continue


(x; 1 , ••• , xi,) E E.;, x ... x E i. r-+ (>.i1 (xit ), . . . , Ài• (xi.)) E Ek
et (Pi, , . . . , Pi,. ) l 'application linéaire continue
(x 1, . .. ,xk ) E E k >--+ (p.; ,(x 1 ) , . .. , p.; .(x"')) E E; , x . .. x B i.-
Preuve Lorsque k = 1, la propos iti on esl acquise d ' a près ( 1.2.4) et ( 1.2.5). On
raisonne ensuite par réc urrence ; la propos itio n étant é ta blie j usqu 'à l'ordre k, é ta-
bli ssons la à l'ord re k + 1. Si f est (k + 1)-fois diftë renti able au po int a, f est
k-fo is différenti a ble a u vois inage de a e t, vu l' hypothèse de récurrence, f admet
des dérivées partie lles d'ordre ::; k et o n a po ur tout x voisin de a
D.;, ... DiJ(x ) = Dk f( x ) o (>.., ,, ... , >.;.).
La fon ctio n x r-+ Di 1 • •• Di. f( x ) est do nc la composée des deux a pplications
x r-+ D"' f( x) E L k(Ek; F) et
'P : u E L1,;(Ek; F) r-+ ·u o (>.i,, ... , Ài•) E 1., (Ei" ... , Eic ; F).
La première application est différentiable au point a par hypothèse et la seconde esl
e00
e n ta nt q u ' a pplication li néaire continue. Il e n résulte que l a fo nction
Di, ... D;k f est di ffé re ntiable au point a ; elle adme t do nc des dérivées partielles
et on a, d' a près le théorème des fo nctions composées el ( 1.2.4),
D;0 (D; 1 .. . D;J) (a) = (/) o D (Dk f) (a) o Àiu, 1 S io :S l ,
d'où
Di0 (Di 1 • •• D ;J)(a).x;., cp(D(D"' f)(a).>. icJCx; 0 ) )

(D (D"' f) (a).À.; 0 (xio)) o ( À;w . ., >..;.)


1.7 FONCTI ONS DÉF INIES ET À VALEURS DANS UN PRODUIT 31

et, par conséquent,


(D;0 (D;, .. . D;k f)(a) .x; 0 ).(x; 1 , . .. , x, ,J

(D(D kf)(a) .Ài0 (x; 0 )) .(>.i, (x; J , ... , Ài ,.(Xik )).


Cec i prouve ( l.7.4) à l' ord re k + 1. La fo rmul e (1.7.5 ) se déduit de ( 1.7 .4) vu
l' ide ntité
l l
L ...L (À i [l . . . ) À ;k ) 0 (p,, 1' . . . ) Pi, ) = I E' . Q.E.D .
i 1= l ik = l
L a propos iti on 1.4. 1 se gé néra li se ainsi.
Proposition 1.7.4 Une fo nction f : ri c TI:=l E i --t F est de classe C".k si, et
seulem ent si, elle admet des dérivées partielles d'ordre k
D;, ... Di, J : ri -t L (E, 1 , • • • , Ei,; F) continues.
Preuve Notons d 'abord que, si f est de classe C".1.:, a lors elle adme t des dérivées
partie lles d' ordre k continues d 'après (1.7.4). Po ur démontrer la réciproque, o n
rai so nne par récurrence ; s upposons la propos iti on établie à l'ordre k et soit f une
fo nction admettant des dérivées partie lles d ' ordre k + 1 continues. Alors les d é-
rivées parti elles d 'ordre k sont continues: elles sont en effet de classe C". 1 d ' après
la pro pos ition 1.4.1 vu qu 'elles admettent des d é ri vées partielles pre mières conti -
nues par hypothèse. Il en rés ulte que f est de classe ek d ' après l' hypothèse de
réc urrence et o n a donc ( 1.7 .5) qui montre que Dk f admet des dérivées partie ll es
pre mières continues ; cec i prouve (propos ition 1.4. 1) que Dk f est de classe C". 1 , ce
qui sig nifie que f est de classe 1
. eH Q.E .D .

Corollaire 1.7.5 Une fonc tion f : ri c TI:=


1 E i -t F est de classe C".
00
si, et
seulem ent si, elle admet des dérivées partielles continues de tout ordre.
Exercice 1.7.2 Montrer que toute appl ication mul tilinéaire co ntinue est de classe e
00
.

L a propriété de sy métrie du théorè me 1.6.1 et la relation (1.7 .2) mo ntre nt q ue


pour t oute perm utati o n a de [l , k]
D; 1 • .• Di, f (a).(xi , , .. . , x; J
( 1.7.6)
{
D ;"< i J .. . Diryck J (a).(xi"< 'l' . . . , x ;"<' ).
Il en r és ulte, en particulier, que les dérivées parti e lles D~ f (a) sont des appli catio ns
multilinéaires continues symé triques de dan s F. Ef
L orsque tous les espaces fac teurs E ; so nt égaux à !K., les dérivées partiell es
peuve nt être cons idérées comme des vecteurs de F et la relati on ( 1.7.6) signifie
simple ment que
( 1.7 .7 )
et par co nséquent il n' y a pas lie u de préciser dans quel ord re sont effectuées les
déri vati ons. Nous noterons Œ; le nombre d ' indices ij égaux à i E [1, l] ; la dériv ée
partie lle Di, . .. D ;kf (a) sera a lors notée D°' f (a) où a = (a 1, . .. , 0:1) E N 1,
32 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

l'ordre de dérivation k est alors égal à lai = I:~= l a; ; a est appelé un multi-
indice d e dérivation, lai est appelé la longueur de a.
Si a, /3 E N 1 so nt deux multi -indices de dérivation et si f est lai + l,81-fois
différentiable e n un point a, on a d' après ( 1.7 .7)
(1.7.8) n cx+f3 J(a) = Dcx (D f3 f)(a) = D f3 (D C> f)(a)
où a+ /3 = (o:i + /1; ) si a = (o:;) , ,B = (,Bi )·
Note Il n' y a év idemment pl us rie n de semblable dans le cas général : par exemple,
la relation ( 1.7.6) signifie pour les dérivées partie lles secondes que
DiDj f(a) .(xi, Xj) = D1Dd(a) .(xj,Xi ) où Xi E Ei,Xj E E 1 ;
autrement dit, l'application D 1 Dd(a) E L(EJ , Ei ; F) est la composée de l'appli -
cation (x 1,x;) E Ej x Ei >--+ (x;,xj) E E; x E1 et de l'application
DiD1f(a) E L(E;, E1; F).
Remarque 1.7.1 Si fn : Q c It=i E; --+ Fest une suite de fonctions de classe
e1.:, les formules (1.7.4) et (1.7.5) montrent que la suite (Dk fn) converge simple-
ment (resp. uniformément, localement uniformément) si, et seulement si, toutes
les dérivées partielles d 'ordre k convergent simplement (resp. uniformément, lo-
calement uniformément). Sous les hypothèses du théorème 1.6.2, on a alors pour
toute dérivée partielle d ' ordre j -::; k
lim Di 1
n~oo
••• D;f1 n = D; 1 • • . D; ( lim j",, )
J n --+oo
avec une convergence uniforme locale et, en particulier, lorsque tous les espaces
facteurs Ei sont égaux à lK
lim D e. f n = D°' ( lim f n ) pour lai :S k.
n--).OO n40C>

Reprenons la situation du corollaire l .4.3 ; lorsque tous les espaces facteurs


Ei sont égaux à JK, on peut donner une formule utile pour les dérivées partielles
de la fonction x r i B(u(x), v(x)) .
Proposition 1.7.6 Formule de Leibniz Soient E 1 , E 2, E et F des espaces nor-
més, B : E1 X E 2 --+ F une application bilinéaire et continue, u : n --+ E1 et
V : n --+ E 2 des applications définies sur un ouvert n de E, kjois dijférentiables
en un pointa E Q(resp. de classeek).Alors, lafonctionw(x) = B('u(x),v(x))
est k-fois différentiable au point a ( resp. de classe ek ). En outre, si E = JK1 et si
u et v sont k-fois différentiables au point a,

(1.7.9) D°'w(a ) = L (~)B (Df3u(a), D°'-f3v(a)) (L eibni z)


(3~œ

pour tout a E N 1 tel que 1ni :S k, la sommation portant sur les mufti-indices
,BE N1 tels que ,B :::; a, c'est-à-dire tels que ,Bi :Sa;, 1 :S i :S l, et

(a)/3 - Il ·i = l
a; !
,Bi ! (a; - ,Bi) ! .
1.7 FONCTIONS DÉFINIES ET À VALEURS DANS UN PRODUIT 33

Preuve La formule de Leibniz étant trivi alem e nt vérifiée pour lo:I = 0, il s uffi t de
vérifier sa stabilité par dérivation. D'après ( l .4.2), on a

DiDO'.w(a) = L (;)
(B(DiD 13 u(a), n o. -f3 v(a) )+B(Df3 u( a), Dino: -f3 v(a)) ).
/3 <o:
Posons 8i = (5ij)i $j $l où Ôij = 0 si ·i of. jet ôii = 1 ; si a' = a+ 5.;, la formu le
précédente peut s'écrire
D a' w(a) = L c(o:', /3')B (D f3 ' u(a), D°'' -/3' v(a)),
/3' <a.'

si f3; = 0,

si 1 :::; /3~ :::; o:i,

s·i f3; = ai +1
et o n vérifie que , da ns tous les cas, c( o:' , {3') = (~'.). Q.E.D.
Exercice 1.7.3 Les notations étant cell es de la propos ition 1.7.6, si J est un sous-ensemble de l'in -
tervall e [l , k] de N, on pose J' = [l, k] - J, l = Card (J), l' = Card (J'), XJ = (xi) ·i EJ E E 1 et
xp = (x;)i EJ' E E 1' si x = (xih ::;i ::; k E Ek ; on pose en fin

BJ(a) .x = B(D 1u(a).xJ , D 1'v(a).xJ' ).


Lorsq u e J = 0, on convient que BJ (a).x = B(u(a) , Dkv(a).x) et on fa it une conventio n ana log ue
lorsq ue J' = 0. Mo ntre r alors que
Dkw(a).x = L BJ (a).x pour tout x E Ek
J

où la sommation poite sur l'ensemble de toutes les pait ies de [l , k].


Exercice 1.7.4 1. Montrer que la fo nction u : IR -+ IR dé fini e par ·u(t) = exp (- 1/t) pour t > 0 et
u(t) = 0 pour l ::;
0 este = .
2. En déduire que la fonction cp : IR 1 -+IR définie par cp(x) = u(l - llx ll 2 ) où 11 • 11 désigne la
norme euc lidienne de l' espace IR1 est e 00 •
3. Soient a E JR 1 et r > 0, on pose

'Pa,r(x) = X -
<p ( -
a)
-. - .
7

Montrer qu 'on obtient ainsi une fonction e 00 te lle que

'Pa,r(x) > 0 pour x E B(a; r) et 'Pa,r(x) = 0 pour x E IR 1 - B(a; r).

Exercice 1.7.5 1. Soient E, (ll•llil iE l• un e. l.c. séq uentie llement com plet et (xn) une s uite de E
te lle que L ~= O ll xn Il i < oo pour tout i E I. Montrer que la série L ~=O Xn est converge nte.
2. Soient E un espace de Fréchet et (xn) une suite de E. Montrer qu ' il ex iste des ên > 0 tels que
la séri e L ~=O ênXn soit convergente [on notera que la to pologie de E pe ut être définie par une s uite
croissante de semi -normes].
3. En utili sant 2 ., montrer le résultat sui vant: soie nt 0 un ouveit de IR 1 et F une paJt ie fermée de
rl, alors il ex iste une fo nction f E e 00 (rl), f 2': 0, telle que F = f - 1 ( {O}) [écrire
OO

rl-F = LJ B(an;rn)
n=O
34 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

e
et utiliser (exercice 1.7.4) des fonction s f n E 00 (fl) telles que / ,:;-
1
( {O}) = ri - B (an ;r,,) ].
4. Soit F un fermé de fl , montrer qu' il existe une fonction f E e 00
(!1) telle que F = supp f si,
et se ulement si, F = F [on rappelle que le suppon de f est l ' adhérence dans ri de l 'ense mble des x
tels que f (x) ~ 0] .
5. Si A et B sont deux fermés di sjoints de ri, déduire de 3. qu ' il ex iste une fonction <p E e00 (!1)
telle que

Note Ce rés ultat est plus précis que celui que nous établirons sur une variété (corollaire 1.22.6).

1.8 Topologie des espaces de fonctions différentiables


Étanl donné un ouvert D de OC1 el un espace normé F , on se propose de définir une
topologie d'e.1.c. sur l'espace ek(Q; F) de toutes les appli cations de Q dans F de
c lasse ek OÙ Ü ::::: k ::::: OO.
Pour tout compact no n vide]( C fi et to ut entier k, on pose pour f E ek(Q; F)
( 1.8.1 ) llfllK,k = s up l D" f(x)ll
xE K
l<> l:S k
où la norme de D" f (x) est ca lculée dans l' espace F . li est c lair qu 'on définit ainsi
une sem i-norme sur l' espace ek(Q; F) ; cet espace sera alors muni de la topologie
d 'e. l.c. définie par la famille des semi -normes ll·llK,k lorsque K décr it l' ensemble
X des parties co mpactes no n vides de Q ; cette topo logie sera appelée topologie
ek. L'espace e00 (Q; F) est muni de la topologie, dite topo logie e00 , associée à
l'ensemble des sem i-normes ll ·llK,k où ]( décrit X e t k décrit N.
Note Lorsque k = 0, l'espace e0 (Q; F) est simpleme nt l'espace de toutes les fonc-
tions con1inues de Q dan s F e t la topologie e0 est la topolog ie de la convergence
compacle [27, paragraphe 3.9].
D'après la définition mê me des semi -normes une suite Un) converge vers f
dans l'espace ek (Q; F) si, et se ulement si, pour lOUl lai ::::: k, la s uite (D" fn)
converge vers D" f uniformé ment sur tout compact.
Remarque 1.8.1 On peut préciser ceci de la façon suivante. Supposo ns que, pour
tout lal :S: k, il exis te une fonction fa : D --+ F te lle que la s uite (D" fn)
converge vers fa uni formément sur tout compact, alors la suite Un) converge dans
l' espace ek. En effet, d' après le théorème 1.6.2 et la remarq ue 1.7.1 , la fonction
f = limn_, 00 fn est de classe ek et f c. = D" f pour lai :::; k et cec i prouve le
rés ultat souhaité.
Proposition 1.8.1 La topologie ek, 0 ::::: k ::::: OO, est métrisable et, si F est un
espace de Banach, /'espace ek(D; F) est un espace de Fréchet.
Preuve 1. La topologie ek est sé parée. En effet, si llfllK,k = 0 pour tout]( E X
e l tout entier k dans le cas e00 , en prenan t ]( = { x} e t k = 0, on constate que
f(x) = 0 ce qui permet de conclure [27, proposition 3.2.9].
1.8 TOPOLOG IE DES ESPACES DE FON CTIONS DIF FÉRENTIABLES 35

2. Soit (Kj) une s uite de parties compactes de Il telle que to ut compac t de


Il soit contenu dans l' un des Kj, alo rs la fam ille dénombra ble de semi -norm es
li· liK 2 ,k est équi vale nte à la fa mi lie ( 1.8.1) et cec i pro uve que la topologie est
métri s able [27 , théorè me 3.4.6] .
3. Lorsque Fest un espace de Ba nac h, vérifi o ns que l'es pace ek(Sl ; F) est
compJ et. Soit Un) une sui te de Cauchy ; cec i si,gni fie que pour to ut lai :S: k la s uite
(D a. f n ) est une sui te de Cauchy dans l'espace des fonc tions continues e(ll; F)
muni de la topologie de la convergence compac te, espace qui est comple t [27 ,
coroll aire 3.9. 10]. Il e n résulte qu ' il ex iste, p() ur lai : : ; k , une fo nc tion continue
f a. E e( n ; F) telle que la suite (D°' fn) conve rge vers f o: uniform ém ent sur tout
compact ; d 'après la re marq ue 1.8. 1, cec i prouve q ue la suite Un) conve rge vers
f po ur la topologie ek. Q.E. D.
Note L orsq ue Fest di ffé rent de {O}, la topo logie ek, 0 ::; k ::; OO , ne peut ê tre
dé fini e par une norme . En effet, tout vo isinage de 0 contient une bo ul e de la form e
{f E Ck(n ; F) ; llJllK,j :S: E}, E > 0, avec j = k lorsque k est fini ; une te ll e
bo ul e contie nt la dro ite engendrée par toute fo nc tio n nulle sur un vois inage de K e t
il n 'est pas diffic ile de construire de tell es fo nc ti ons non ide ntique me nt nulles. Cec i
pro uv e le résul tat souhaité car, dans un espace no rmé, la bo ul e unité ne contie nt
auc un sous-espace vec torie l différe nt de {O}.
e
L o rsque 0 ::; k < l ::; OO , on a év idemment 1(f!; F) c ek(Sl ;F) e t l' in-
jecti o 11 canonique est continue. Lorsque F = JK, nous allo ns vérifi er que ce tte
inj ec t i on est compac te .
L es espaces ek(n; IK) seront notés s imple ment ek(O ). On a alo rs la
Proposition 1.8.2 Toute partie bornée de l 'esp ace ek+ 1(n), k E N, est relative-
ment compacte dans l 'espace ek(Q).
Preuve Soit B une partie born ée de l'espace ek + 1(1l) et so it (KJ) une sui te de
compacts de Il telle que to ut compac t soit co nte nu dans l' un des co mpac ts K j .
Pour t out multi-indice a te l que lai :S: k et to ut entier j , on dé fin it l 'application
'Po:,j: f E ek+ 1 (rl) <-+ D rx flK; E C(Kj )·
On munit l' espace e(Kj) de la topologie de la convergence uni fo rme ; I' appli ca-
tio n 'P o, j est é vide mme nt linéa ire continue. Jl en rés ul te que 'Pa., j (B) est borné,
mo ntron s que 'Po:,j (B) est relati veme nt co mpac t, c' est-à-dire équicontinu vu le
théorè me d'Ascoli [27 , théorè me 2.34 .5]. On vérifie l'équi co ntinui té e n un po in t
a E K j . Soit B'(a; r) une boule compac te centrée a u point a conte nue dans S1 e t
soit x E B 1(a; r), appliquo ns le théorème des accroisseme nts fi nis à la fo nctio n
g(t) = na. f( (l - t)a + tx) ; on a g'(t) = I::=l D iD 0 f (( l - t)a + t x )(xi - ai ),
d 'où
l
lg( l ) - g(O)I :S: MLi= l
lxi - ail o ù N = sup
i; E B' (a ;r)
ID /3 f(Ç)I.
l/3 1$ k+l
Cec i mo ntre l'éq uicontinu ité vo ulue. On considère a lo rs l' espace
TI~ o CTi o: l$ k 'Po:, j (B) ; cet espace est mé trisable [27, corolla ire 2.22.3] et corn-
36 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

pact d'après le théorème d e Tychonoff. Il en résulte que, de toute suite Un) de B,


on peut extraire une sous-suite U n,,) telle que, pour tout lad ::; k et tout entier j ,
la suite (ifJa,JUn,,)) converge uniforméme nt, c ' est-à-dire, vu le choix de la suite
(KJ), telle que la suite (D°' I n,,) converge uniforméme nt sur tout compact den et
ceci s ignifie précisément (remarque 1.8. 1) que la suite U n,, ) converge dans ! 'es-
pace ek(n). Ceci prouve que Best relativement compact pour la topologie ek.
Q.E.D.
Corollaire 1.8.3 L'espace oe Fréchet e 00
(n) possède la propriété de Montel :
tout borné est relativemenl compact.
Preuve Une partie bornée B de l'espace C00 (n) est bornée, donc relativement
compacte d ' après la proposition précédente, dans chacun des espaces ek(n). No-
tons Bk l'adhérence de B dan s l'espace ek(O), alors comme dans la démonstra-
tion précédente l' espace Il ~=O Bk est métrisable et compact et par conséquent, de
toute s uite Cfn) de B , on pe LJt extraire une sous-suite qui converge dans l'espace
e
ek(!l) pour tout k, donc dans l' espace 00 (n) . Ceci prouve que Best relativement
compact. Q.E.D.
Si on s'intéresse à l'espace des fonctions de classe ek sur un intervalle com-
pact, on peut définir une structure topologique sur ces espaces de la façon sui-
vante . Lorsque k est fini , on défi nit une norme sur l'espace ek([a , b] ; F) en posant
llf lloo = maxa ::;t::; b llf(t)l l pour toute fonction continue f : [a, b]-+ F, puis
llfl lk = m ax llD j fll oo pour f E Ck( [a, b] ; F).
0 '.'0 J S k
Quant à l'espace C00 ([a , b]; F), on le munit de la famille de semi-normes
(l l· lldk EN· On obtient ainsi llne topolog ie plus fine que la topo logie de la conver-
gence uniforme, donc séparée. Cette topologie étant définie par une famille dé-
nombrable de sem i-normes est donc métrisable. On a alors la
Proposition 1.8.4 Si F est un espace de Banach, les espaces ek ([a , b]; F ),
0 ::::: k < OO, sont des espaces de Banach et l 'espace C00 ([a, b]; P) un espace
de Fréchet.
Preuve Soit Un) une suite de Cauchy de l'espace ek([a , b] ; F), alors pour tout
0 ::; j ::; k lorsque k est fiui et pour to ut j lorsque k = oo, la suite ( Dj j~) est
de Cauchy dans l'espace C( [a, b]; F) mu ni de la norme ll• lloo et, cet espace étan t
complet, cette s uite converge ; notons 9J sa limite. D 'après la remarque 1.6.2, la
fo nction 9o est de classe e"
et D j 9o = 9j · Ceci montre que la s uite (D j fn )
converge uniformément vers Di 90 ; autrement dit, la suite Un) converge vers 90
dans l' espace Ck( [a, b]; F) , œ qui pe rmet de conclure. Q.E.D.
Exercice 1.8.1 On considère les espaces ek = ek ([a, b] ; JK), O :S k :S oo, muni s de le ur topologie
d' espace de Banach ou de Fréchet (proposition 1.8.4) et on se propose de vérifier que le sou s-espace E
des fonctions polynômes est partout dense.
t. Lorsque k est fini , établir qL1c E est den se dans ek en rai sonnant par récurrence.
2. Pour k = oo, noter que Ul• llkl est une suite croissante de semi -normes et utiliser t.
3. En déduire que les espaces ek sont séparab les.
1.9 FORMULES DE TAYLOR 37

Exercice 1.8.2 On cons idère J' espace de Fréchet séparable e00 = e00 ([a , b]; !K) (exerc ice 1.8. 1).
Montre r que l' opérateur de dé ri vation D : e 00
---+ e 00
est hypercyclique [27 , e xercice 3.4.4] [utili ser
l'opérateur S défini par
(Sf)(x) =Le f (t ) dt , a ~ x ~ b,
et vérifier que les suites (Dk f) et (S k f) convergent vers 0 pour tout poly nôme f] . Ceci montre
qu ' il ex iste des fonct ions f E e
00
dont l'orbite LJ);°=0 {0k f} est dense et l'ense mble des J E e 00

possédant cette propriété est même partout dense.

1.9 Formules de Taylor


Une fonction différentiable e n un po int se comporte au voisinage de ce point
comme une fonction affi ne ; lorsque f est k-fois différentiable, il est possible,
comme no us all ons le voir, de préciser l'allu re de f.
n
Soit f : c E -+ F une fo nc tio n k-fois différentiable en un point a E si h n;
est un vecte ur de E, nous noterons hk E Ek le vecteur dont toutes les composantes
sont égales à h ; Dk f (a ).hk désignera alors la vale ur del ' app licati on multilinéaire
Dk f (a) E Lk(Ek; F) e n ce point hk.
Lorsque E = JK, Dk f(a) peut être considéré comme un vecteu r de F , à
savoir le vecte ur Dk f(a).Ik, h est un scalai re et D kf(a).hk s'écrit simple me nt
Jik Dk f(a) où hk est bi e n entendu h x ... x li. Cec i exp lique la notation adoptée
dans le cas général.
On a alors le
Théorème 1.9.1 Formule de Taylor (premifre forme) Soit f :n c E -7 F une
fonction k-fois différentiable en un point a E Q, alors
k .
( 1.9.1) f(a + h) = L D 1 f(a). h~J. + o(llh llk')
j=O
1 ()
où L'o n convient que D f(a). ~! = f (a).
0

Preuve Pour k = 1, il s'agit simpl emen t de la définition de la diffé rentiabilité e n un


point. Nous raiso nnerons alors par récurrence ; supposons le théorème démontré
jusqu'à l'ordre k - 1 où k 2: 2 et soit f u11 e fo nction k-fo is diffé rentiable a u
point a. Soit B(a ; r) c n une bo ule sur laquelle f est (k - 1)-fois différentiable,
considérons la fonc ti o n définie s ur la boule B ( O; r)
k .
g(x) = f(a + :r) - L D J f(a). x~ ;
j=O J.
ell e est dé ri vable : en effet, l'application x E E >--+ DJ f (a) .x1 E Fest la compo-
sée des de ux applications
r.p : x E E >--+xi E Ej et (x 1 , ... ,xj ) E E l>--+ Dlf(a).(x 1 , .. . ,xj) E F ;
la première applicatio n est linéa ire continue et o n a donc D r.p (x ) = i.p ; La se-
conde application est multilinéaire continue, donc dérivable e t sa dérivée au point
38 CHAPI TRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

(x 1 , ... , Xj) est égale à, d'après (l .4.1),


j

(y1 , ... , Y)) E Ej >---) L DJ f(a).(x1 , ... , X;- 1, y;, Xi+1, ... , x j) E F ;
i= l

l'application multilinéaire D Jf (a) étant sy métrique, cette dérivée au point x1 est


donc égale à
j

(y1 , ... , Yj) E E 1 >---) L(DJ f(a).x1 - 1 ).y; E F.

Ceci prouve que l' applicaticm x >---) D1 f (a).x1 est dérivable, de dérivée égale à
j DJ f(a). x1 - I E l(E; F) et, par suite, on a

f;
k . 1
Dg (x) = Df(a + x ) - Dj f(a). (jx~-l)! .
D'après l' hypothèse de réc urrence appliquée à la fonction D f , pour tout E > 0, il
existe ô E JO, r[ tel que llDg(x)ll : : ; E llxllk- l si llxll : : ; ô. D' après le théorème des
accroissements fini s, on en déduit que llg(h) - g(O)ll : : ; cil hllk si llhll : : ; ô, ce qui
prouve le théorème à l' ordre k . Q.E.D.
Exercice 1.9.l Soit f : ri c E __, F une foncli on de classe Ck.
1. Soit a E 0, montrer que, po ur tout c > 0, il ex iste ô > 0 tel que
k .
(1.9 .2) llf(x) - 2::= Di j(y). (x ~' y)l Il :Sc llx - vllk
j=O J.

lorsq ue x , y E 0, llx - ail :S ô et l Y- ail :S ô [raisonner par réc urre nce sur k].
2. En déduire que, pour to ut compact K C ri et to ut E > 0, il ex iste ô > 0 tel que l' inégalité
( 1.9.2) soit vérifiée dès que x , y E K et llx - Yll :S ô.
On définit le reste de la formule de Taylor à l' ordre k par
k l j
rk(h) = f(a + h) - L D J f(a).~;
j =O J.
le théorème précédent signifie que rk( h) = o(llhllk). Pour k = 0, le théorème
des accroissements finis précise le comportement de ce reste ; nous al Ions d' abord
généraliser le corollaire l.3.2.
Proposition 1.9.2 Soit f: [a, b]--+ F une fonction de classe ek, k E N, (k + 1)-
f ois dérivable sur ]a, b[ telle que 1
1Dk+ 1 f(x) ll : : ; M pour a < x < b. On a alors
~ . (x - a)J
f (x) = L D 1 f(a) ï + rk(x), a ::::; x ::::; b,
j =O J.

(x - a)k+i
(1.9.3) llrk(x) ll :S M (k + l )!
1.9 FORMULES DE TAYLOR 39

Preuve Pour k = 0, la proposition résulte du corollaire 1.3.2. Supposons donc le


théorème démontré jusqu'à l'ordre k - 1. On a par dérivation

D f(x) = t
j = l
Dj f(a) (~ :-_aiJ)~
J
1
+ Drk(x),

ce qui prouve que Drk est le reste de la formule de Taylor à l' ordre k - 1 pour la
fonction Df. D'après l'hypothèse de récurrence, o n a donc
1

llDrk(x)l l ~ M(x ~!al = MD((~;:~~~ )


et il suffit d'appliquer le théorème 1.3.1 pour conclure. Q.E.D.
Théorème 1.9.3 Formule de Taylor (deuxième forme) Soit f : c E -+ F n
une fonction (k + 1 )-fois différentiable et soient a , a+ h deux points de fi tels que
[a,a + h] c n. On a alors
k /1
f(a + h) = LD1 f(a).2i + rk(h)
j= O J.

(1.9.4)

Preuve On pose ip(t) = f (a+ th) et on applique la proposition précédente à cette


fonction ip : [O, l] -+ F
k
~ 1 .
ip(l) = L ~D 1 ip (O) + rk(h)
j = O J.

où DJ ip(t) = DJ f(a + th).hJ el

(1.9.5) llrk(h)ll ~ sup llDk+ 1cp( t)ll x (k 1 )' '


O< t < l +1 .
ce qui permet de conclure. Q.E .D.
Note Comme pour le théorème l.3 .5, il suffit en fait d'hypothèses sur le segment
[a,a + h] : il suffit que la fonction t >--+ j(a + th) vérifie les hypothèses de la
proposition 1.9.2. La formule de Taylor, comme le théorème des accroissements
finis, est essentiellement une formule s'adressant à des fonctions d'une variable
réelle.
Lorsque E est de dimension fini e, il est év idemment utile de savoir écrire
la formule de Taylor avec les dérivées partielles de la fonction. Supposons donc
E = IK1. Si h = (hi, . . . , h1) est un vecteur de E, on pose
h a -_ /1o 1 x ... x f1a, pour tout a -_ (a i ) I S i S l E i'1
1 1
,,.Tl
.

D'après (l.7.3), on a alors


l l
Dk J (a).hk = L ...L D;1 • •. H ;J(a) h;, x . . . x hi, ,
i1= l i, = l
40 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

ce qui prouve que Dkf(a) .hk est une somme de termes de la forme
na f (a) ha où lo:I = k. Le nombre de fois qu 'apparaît le terme D°' f(a) ha est
égal au nombre de k-uples ('i1 , ... , i1.;) E (1 , LJk tels que le nombre d ' indices ij
égaux à i soit exactement o:i : ce nombre est donc k!/ o:! où o:! = a 1 ! x ... x o: 1!.
Il en résulte que
nk f(a) . hk = ~ D°' J(a) ha
k! L..,, o:!
lal =k
et la formule de Taylor s 'écrit

( 1.9.6) J(a + h) = I: n af(a) 1ha + r1.;(h) 0: .


lal'.'O k
où le reste r1.; se majore d'après ( 1.9.5) par
ha
( 1.9.7) 11r1.;(h)ll :::::: sup 11 2::: n a J(a +th) 1 11·
O< l < l lal =k+ l o:.
Exercice 1.9.2 Soieni Il un ouvert convexe d ' un espace normé E et f : Il--+ lR une application.
1. Si f est différentiable, montrer que f est convexe si, et seulement si,

( 1.9 .8) f(x) - f (y ) ?: D f(y) .(x - y) pour tout x , y E Il.


2 . Si f est 2- foi s différentiable, montrer que f est convexe si, et seulement si,
2 2
(1.9 .9) D j (x ) .h 2': Opourtout x E rlettout h E E .

Exercice 1.9.3 Théorème de Borel Étant donné une famille quelconque de réels Ca , o: E N1, on se
propose de co nstruire une fonction j E C00 (JR. 1 ; IR) tell e que D 0 f (O) = Ca pourtout a. On procédera
de la façon s ui vante .
1. Soit u la fonction définie à l'exercice 1.7.4, on pose v (t) = c u(l - t 2 ) o ù c est tel que
J::' 00
v (r) dr = 1, puis w (l) = J~= v ( r) dr et, si a et b sont des rée ls tel s que a < b,

Oa, b(t) = w ( - 2- t - -b + - . a)
b- a b- u
Montrer que cette fonction Oa, b : JR:--+ lR est C00 , que 0 :S Ba ,b :S 1,

Oa,b(t) = 0 po ur t S a et B<t ,b(t) = 1 pour t ?: b.

2 . Si O < a < b, construi re en utili sant. 1. une fonction cp E C00 (JR 1) te lle que

0 :S <p S 1, cp(x) = 1 pour llxll Sa et ip(x) = 0 pour llxll ?: b


où llxll désigne la norme eucl idienne de x.
3. On c ho isit une fonction <p E C00 (1R 1 ) vérifiant 2. avec a = 1/ 2 et b = 1 et on considère la
série
x o.
f(x ) = ~ cp(t a x) ca - , x E IR 1.
~1 o:'
a EN

Montrer qu ' il est possible de chois ir les réels t a > 0 te ls que celle série et to utes les séries obtenues
par dérivation terme à terme convergent uniformé ment [on po urra vérifier qu 'on peul prendre l a = l si
lco.I S 1 et t 0 = lcal si lcn l 2': 1]. En déduire que la somme f(x) de cette série définit une fonction
C00 et que D" f(O) = Co. pour tou t a:.
1.9 FORMULE S DE TAYLOR 41

Exercice 1.9.4 Formule de polarisation Soient E, F des espaces vectoriels,


f : Ek --t F une application multilinéa ire symétrique, mo ntrer que
l
f(x1, ... ,xk)= k'
2
k L e 1x ... XEkf.(E1x 1 + ... +ekxkY
•E {- l , l}'°

pour to ut (x 1 , ... , xk) E Ek. En déduire que Loute appli cati on multilinéaire symétriq ue est détermi -
née pa1- ses valeurs sur la di agonale de Ek.

Exerci ce 1.9.5 Soit f : I! C E -+ F une appli cat ion k -fois di fférenti able en un point a E I!, on
suppose qu ' il ex iste f o E F et, pour 1 ~ j ~ k , des applications f i E ,(, j ( Ei; F ) telles que

k hi
/(a+ h ) - L h-:i = o(llhllk)
j =O ] ·

M ontre r qu'on a alor s Di / (a) .hi = f i .hi, 0 ~ j ~ k , pour tout h E B. L orsque les applicati ons
f i so nt sy métriques, en déduire que Di f (a) = /i(a) [util iser l'exercice 1.9.4] .
Exercice 1.9.6 L es notati ons étant ce ll es du théorème des fonctions composées (théorème 1. 1.1 ), on
suppose f et g k -foi s différenti abl es aux points a et b = f (a) respecti vement.
1. M ontrer que, pour tout x E B,

k! . . . . .
Dk(g o j )(a).xk = Lk
L -:i-:ïDJ g(b) .(0' 1 j(a ).x' 1 , .•. , D 'J f(a ).x'J)
i = l iEN•i, lil = k i.].

+
où i = (-i1, . .. ,ii ) E N*i, lil = i 1 + ... ii [on pourra composer les développements de Tay lor à
l 'ordre k des fonctions f et g, puis utili ser l' exercice 1.9.5].
2. Retrouver lorsque k = 2 le résultat de l'exercice 1. 7. 1.
3. L orsque E = F = IK, déduire de 1. l a formule

oü la somme porte sur l 'ensemble des a: = (0::1 , ... , Œk) E Nk vérifi ant l' éq uation

Cl<] + 20:2 + ... + k o: k = k.

Exercice 1.9.7 Soient F un espace normé et f : f -+ F , f = [a, b], une fo nction de classe 2 . On e
pose M, = sup xE I llDk f (x)ll, 0 ~ k ~ 2, et 21 = b - a.
1. Soient xo E I et À > 0 tels que l'intervalle J = [xo - À, xo .>-] soit contenu dans [ , montrer+
alors que

llD/(x) ll ~ TMo + >-Nh pour tout x E J


et en déduire que

M1 ~ TMo + >-Nh pour to ut À E ]ü,1].


2. Si l 2: (M0 /Nh) 112 , montrer que M 1 ~ 2(MoM2) 1 2
/ et cette inégalité ne peut pas en
2
généra l être améliorée [utili ser la foncti on x t--t x - 1/2].
E xercice 1.9.8 Étant donné un ensemble I et un rée l l < p < oo, on co nsidère ) 'espace de Banach
[P = /P(I ; JR ) [27, paragraphe 3.24).
l ,a. Montrer qu' il ex iste une constante c 2: 0 telle que, pour tout réel t,
42 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

b. En déduire q ue, po ur 0 < q ::; m in (p , 2), il ex is te une consta nte c > 0 tell e que, po ur to ut
a , b E IR,
l la + W- lal" - palal" - bl
2
:S c 161'1 (la i + lb l)p-q.
2. Montre r que l'appli cat ion f :x E l" r-+ ll x l l~ E IR est di ffére nti abl e et que

Df(x). h = p L x; lx;IP- 2
h;
iE J
o ù x = (x.; )i E / E LP, h = (h ;).;E t E LP.
3. En déduire que l'application ll • llP est différentiabl e en tout point x =J 0 et calc u le r sa déri vée.
Exe rci ce 1.9.9 Éta nt do nné une sui te 1vJ = (Mn ) de réels > 0, on note eM l'espace vectorie l des
fo nctio ns u E e=(IR) pour lesque lles il ex iste une constante c 2'. 0 te lle que

ID" u (x )1::; c"+ 1 !Vl n po urto ur x E IR et to ut n E N.


On ne modifie év idemmenl pas l'e space eM e n multipliant la suite M par une cons lanle e1 on peut
donc suppose r Mo = 1.
Le bu1 de ce pro blème est de m o ntrer qu ' on peut touj o urs supposer la suite M logarithmiquement
convexe , c ' est-à-dire !VI,~ ::; Nf ,. _ 1 Nl n+ 1 po ur to ut n 2'. 1.
1. Soil n un e ntier ::'.: 0, on pos e, pour lx l ::; l , Tn(x) = cos n (arccosx).
a . Montre r qu 'on définit ains i un polyn ôme Tn de degré n , appelé polynôme de T chebycheff.
b. Vérifi er q ue T 11 est soluti o n de l'équatio n différentielle

( 1.9. 10) (x 2 - l)y 11 + x y' - n 2 y = 0,


puis par dérivation q ue, pour tou1 e mier k ,

( 1.9. 11 ) (x 2 - l ) D k+ 2 T 11 (x) + (2k + l )xDk+ITn(x) - (n 2 - k 2 )DkT,,(x) = O.

c. En déd uire que IDkT,, (O)I ::; nk po ur to ut net to ut k .


2. On s uppose n 2'. 1 et on pose x1 = cos(j 7r / n ), 0 ::; j ::; n , et
n
q;(x) = rr
j=O
x-x·
- . - 1-. . , 0 :Si:S n.
x,, - X3
j#•i

a. Montrer que T,,(x) = L::;': 0 (- l )i q;(x) [o n rappe lle [27 , exercice 3. 12.4] que, po ur tout
polynô me P de degré ::; n, P (x) = ;:;': 0 P (x;) q;(x) ].
. 11 - k
b. Si n - k est pai r, mon tre r q ue (- 1)'' 1- - 2- Dk q;(O) 2'. O.
J. Soit J-> un polynôme de degré n ::'.: l te l q ue IP (x ) I::; 1 sur [- 1, l ], montrer que

ID k P(O) I ::; nk pour to ut e ntier k 2'. O.

[no1er que 1Dk P (O) I ::; ;:;': 1 IDkq;(O)I et utiliser l,c. et 2. lorsq ue n - k est pair ; lorsq ue n - k
est impair, introduire le polynôme Q(x) = (l/2)[P(x) + (-l)k P(-x)] ].
4. Soi1 f : [-1, l] --+ Ill! une fonction de classe en où n est un entier 2'. 2, on suppose qu 'i l existe
des cons1a ntes Mo , Mn > 0 telles que l/(x)I ::; Mo et ID 11 f (x)I ::; Mn po ur lxl::; 1.
a. Soit 0 < k < n, montrer q ue

[écri re f (x) = P(x) + r(x) où P(x) = l:j'~~ D J j (O)xJ /j ! et utilise r 3.]


b. En appl iq ua nt le résultat précédent à la fo nction x r-+ f (ax) où 0 < a ::; 1. e n déduire que

ID k f (O) 1 ::; 2ek max(M~ - k /n M,~ ln, nk Mo)

[on choisira a = ( Mon!/ M n ) l/ n si M 11 2'. Mo n ! e t a= n! 1 1n / n sinon] .


1.9 FORMULES DE TAYLOR 43

5. Soit j : lR --+ IR une foncti on de classe en oü n 2:: 2, on pose


M1.; = supjDkf(x)I E [0,+oo], 0 :<S; k :<S; n .
xER

On suppose Mo et M.,, fini s.


a. M ontrer alors que, pour tout ent ier k E JO, n[, Nh est fi ni et fVTk '.'O 2é M6 - k/ n fVl~ / n
[appliquer 4. à la fonction x H f(ax + b), a > O].
b . En déduire qu e, po ur 0 :<S; j < k < l S n,
l - J,: J,.; - j

Nh :<S; 2é- j M T=J M t=J'


1 1

Revenons à l'étude de l 'espace eM et supposons d'abord lirn inf.,,_, 00 M,; l n fini .


6,a . Lorsque li m i n fn-> oo NJ.,;/n = 0, montrer que C:. 11-1 se rédui t il l'es pace des foncti ons cons-
tantes [il ex iste une sous-s ui te f:; = Nr~l,n ., qui converge vers 0 ; utili ser alors 5,a. avec k = let
n = ni ].
b . L orsque 0 < lim inf.,,_, 00 M.~ /n < oo, montre r que eAI = e Nr' où !VI' = (!VI:,) avec
M .;, = 1 pour tout n [il ex iste une sous-suite Nln ; tell e que Mn ., S m n' , m > 0 ; utili ser alors 5, b.
pour j = n ;, k = n et l = n;+ il .
7. L orsque li mn->oo rvr~/n = OO, on définit d'abord une suite M· = (NI;,) logarilhmiquernent
convexe de la façon sui vante.
a. On pose an = log Ni n et on définit par réc urrence une suite strictement croissante d 'entiers
(n.;); ;:: 0 avec no = 0 et une suite stri ctement croi ssa nte (f3; );;:: 1 de réels en posant

/3i+ l = in f an. - O:n i pour i 2: 0


n > n ·i n - '11 i

et en appelant n; + 1 le plus grand enti er > n , tel que

On note f : [O, oo[--+ lR la fo ncti on dont le graphe co nti ent les points (n;, an , ) pour ·i E Net qui est
affine s ur chacun des inter vall es [n;, n;+ 1 ]. On pose a .;1 = f( n ), M,~ = e"~,. M ontrer que
M;' :<S; !VI;, M~ , = M.,, , pour tout i 2:: 0 et Mt 2
:<S; M.;'_ 1 Mt+ 1 pour tout i 2:: 1.

Note L a fonction j est convexe, son graphe est appelé le polygone de Newton assoc ié à la suite de
points (n, an).
b. En utilisant 5,b. momrerque eM = eM •.
Note D ans l'ouvrage [ 15] de S. M andelbrojt, on trouvera des inégalités analog ues il celles de la questio n
5., mai s plu s préc ises, et même optimal es, et pour des fo ncti ons définie s sur un intervalle quelconque.
Exercice 1.9.10 Théorème de prolongement de Whitney Soient k E N un entier, F un fermé de
!Rn et f a : F --+ IR, la i S k , des appli cations. Pour tout x E IRn ettout a E F, on pose

et, pour tout x , y E F et tout lai S k,


R~(x, y ) = f a (x) - 0°T;(x)

1. S' il ex iste une application f E e1c( 1Rn) telle que f c. = 0 ° fil" po ur tout jaj :<S; k, mo ntrer
que po ur tout a E F et tout E: > 0, il ex i ste > 0 tel que o
( 1.9. 12) (x , Y E F, llx - a il S Ô et llY - a il S 8) ===? I R~(x , y)I S é llx - Yl lk - la l
44 CHAPI TRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

pour tout lo l '.:'.'. k [noter que D °' T/: (x) = Ll /3 l:S k - l<> I ! <>+/3(a)(x - a) i3 / (3! et utili ser l'exerc ice
1.9.1J.
L'objet de cet exercice est de démontrer que réc iproq uement, sous l'hypothèse ( 1.9 .12), il ex iste
une fonct ion J E e k(JR•) telle que I <> = D0 II F pour tout lai '.:'.'. k.
2. Lorsque F = JR• , si pour tout a E !Rn et tout t: > 0, il ex iste ô > 0 tel que

( 1.9. 13) (x E IR" et llx - ai l '.:'.'. 6) =- IR~(x, a)I :-::; t: llx - allk - 1<>1

pour tout loi '.:'.'. k , montrer que f o est de classe ek sur !Rn et que f 0 = D 0 f o, lai '.:'.'. k [raisonn er
par récurrence sur k].
3. Soi t 0 < 'Y < 1, on se propose d' abord de construire une fami lle (ai)iE I d'éléments de
!1 = !Rn - F telle que
( 1.9. 14) !1 = LJ B(a;;'"y2r.; )où ri = d(a i,F),
iE l

il ex iste un entier Net, pour x E, Q , un voisinage V de x tel que


( 1.9. 15) { Card {iE I ; V n Oi f. 0} '.:'.'. N ou Q; = B(ai;''!Ti).

On procédera de la façon sui vante. Soit t: > 0, pour tout m E Z, on pose

Fm = { x E Q ; d (x,F) = ( 1 +t:)"' }.

a. M ontrer qu ' il existe une pa11ie A m C l"',11 tell e que

( 1.9 16) (Vx, y E Am)(x f. y =:. ll x - Yll :'.". t: (1 + t: )n1) ,


( 1.9. 17) ('v'x E Fm)(3y E Am)(llx - Yll '.:'.'. t: (1 + t: )"')
[utili ser l ' exerc ice 2. 10.9 de [27]] .
b. Soit x E Sl, il existe m E Z tel que (1 + t:) m '.:'.'. d( x, F) < (1 + t:)"'+ 1 , montrer que
d(x , Fm) < t: (1 + t:)m [so it y E F tel que d(x, F) = llx - Yll . observer qu' il ex iste un point
z E [x, y[ cel que d(z, F) = (1 + t:yn' ].
c. On pose A = U.mEZ Am et, pour a E A , r a = d(a , F ), montrer alors que
!1 = U aEA B(a ; 1 2 ra ) dès que 0 < é < 1 2 /2.
Si on note (a;)iE / la famille cle tous les éléments de A , ceci prou ve ( 1.9.14). li s'agit ensuite de
prou ver ( 1.9 . 15).
d. Pour tout x En. prenons V = B(x ; 1r) où r = d (x , F) et soient a , b E A, a f. b, tels que
B(a;')'ra) n B(x ;1r) el B(b;/rb) n B(x;1r ) soient non vides.
Montrer que
1 -')' 1 +1
(1.9. 18) - - r < r" < - - r
1 +1 - - 1 -')'
etendéd uirequellx - all ~ (2'Y/(l -'Y) )r .
On peut supposer a E Ap, b E Aq où p '.:'.'. q ; montrer que lla - bll :'.". é( 1 + t: ) P el en déduire
que
1 - 'Y
(1.9.19) lia - bll :'.". t:
1
+'Y r.
Vérifier alors ( 1.9. 15).
4. Soit 0 < 'Y < ii < let soit eE e 00
(Rn) (exercice 1.9.3) tel que

= 1 pour ll xll '.:'.'. ')', O( x) = 0 pour llxll :'.". ô.


0 :-::; 0 :-::; 1, O(x )

On pose îf;;(x ) = O((x - ai)hr;) , îf; = Li E / î/Ji el 'P·i = 'lf;.;/'t/J. Montrer que 'Pi E e= (n),
supp 'Pi C n i, 0 '.:'.'. <p; '.:'.'. 1, Li E / <p; = 1 sur Q et qu ' il ex iste, pour tout o E N" , une constante
Co 2': 0 tel le que

( 1.9.20) ID "'"'··(
..-i
x)I < d( x,Co
- F) l<>I
pourtout x E !1.
1.9 FORMULES DE TAYLOR 45

S. On suppose que les fonctions (!0 ) vérifient(l.9.12) et on pose

six E F,

si x E fi

où bi E Fest tel que lia; - bi 11 = d(a ;, F).


a . Montrer que, pour tout a, b E F, to ut x E IRn el loi :::; k,

D"' T/;:(x) - D 0 Tt(x) = L


l/llS k- lal
b. Soient a E F et lai :::; k, montrer que, pour toul t:: > 0, il existe t5 > 0 tel que
(x E Il et llx - ail :S: ô) =>ID" f (x) - D"'T/;:(x)I ~ é llx - allk - la l

[noter que pour x E Il,

D " f(x) - D" T,~(x) = L 2.:::( ~ )Dilcpi( x) [D 0 -ilTt, (x) - D a-/l r;(x)];
/lSa iE l

lorsque f3 = 0, maj orer D 0 T~ (x) - O°'Tt, (x) en utilisant a. et lorsq ue f3 > 0, observer que

L D il<p; (x) [D a -/l rt, (x) - D°' -il T/;: (x) ] = o fl <p; (x) [ D°' -il Tt, (x) - D"-il Tt( x) ]
i EI

pour to ut b E F ; on choi sira b E F tel que llx - bll = d(x, F) et on rai sonnera comme dans le cas
f3= O].
c. On pose pour loi :S: k

f a (x) si x E F,
g°' (x) = {
D °' f(x) si x E O.

Montre r que ces fonctions (g°') vérifient l'hypothèse de 2. el en déduire que f est de classe ck sur JRn
et que n cx
fi F = f "' pour tout la i :; k: ceci prouve le théorème annoncé de Whitney.
6. Théorème de Whitney C00 On se donne des fonctions f " : F --+ IR pour tout o E Nn et on
suppose que ( 1.9. 12) est vérifié pour tout entier k, alors il existe un e fonction f E C00 (lRn) tell e que
D a fi F = f °' pourtout O.
On pourra raisonner de la faço n suivante. Soit (P k) une suite de réels > 0 telle que
limk --+oo Pk = 0 ; pour i E !, on pose A ; = {k E N; r ; :S: Pk }, k; = 0 si A; = 0 et ki = m ax Ai
si A i est non vide. Alors la fonction

si x E F,

si x E 11

répond à la question [vérifier que 5,b. vaut pour tout k E N ].


Note Lorsque Fest réduit à un point, on retrouve le théorème de Borel (exercice 1.9.3).
Note L'exercice 2.33.2 ex plique, lorsque Fes t compact , co mment le théorème C00 peut se déduire du
théorèm e ck.
C - Théorème des fonctions implicites

Étant donné des ensembles E, F et G, une partie n de E x F et une app lication


f: r2 --+ G, on se propose d 'étudier l'équation f(x , y) = c où c E G, l'inconnue
étant y E F . Les résultats que nous donnerons seront locaux : plus préc isé ment,
nous étudieron s celle équation au voi sinage d' une solution (a, b) E n donnée a
priori et nous montreron s, sous des hypothèses appropriées, qu 'au voisinage de
cette solution l'équation admet une unique solution y = i.p(x) ; la fo nction i.p est
alors appe lée la fonction implic ite définie par l'éq uation f(x , y) = c.
Une fois acquises l'existence et l' unicité de la fonction implicite, on peut étu-
dier sa continuité lorsq ue E et F sont des espaces topologiques et, plus générale-
ment, son caractère ek lorsque ce sont d es espaces normés.
Nous montrerons ensuite comme nt o n peut en déduire le théorème d ' inversio n
locale.

1.10 Existence et continuité de la fonction implicite


Théorème 1.10.1 Soient E un espace topologique, F et G des espaces de Banach,
n un ouvert de E X F, f: ri --+ G une application continue, (a, b) un point den.
On p ose c = f (a , b) et on fait les hypothèses suivantes.
} . l 'application f (X , •) est différentiable en tout point y te/ que (X , y) E Q ;
on note Dyf : Q -* L(F; G) l'application dérivée,
2. l'application Dyf: Q --+ L(F; G) est continue au point (a, b),
3. l'application linéaire et continue D yf (a , b) : F --+ G est un isomorphisme
de F surG.
Alors, il existe un voisinage ouvert A x B C n de (a, b) et une fonction conti-
nue i.p : A --+ B tels que l 'équation f( x , y) = c admette, pour tout x E A, une
unique solution appartenant à B, à savoir y = i.p(x ).
Preuve Nous allons nous ramener à la situation de la proposition 2.26.4 de (27] .
A cet effet, posons u = Dy/( a, b) E Isom( F ; G) et
g( x,'lJ) = - u - 1 (f(x , y) - c) + y ;
alors g : n --+
Fest une appli cation continue telle que g(a , b) = b et la relatio n
"f(x, y) c" est équ ivalente à "g(x, y) = y''. L' application g(x, .) est différe n-
=
tiable et Dyg(x , y) = - u - 1 o Dyf(x, y) + l p ; ceci prouve que Dyg(a, b) = 0
1.11 DIFFÉRENTIABILITÉ DE LA FONCTION IMPLICITE 47

e t, vu l'hypo thèse 2., il ex iste un voisinage ouvert 0 du point a et une boule ou-
verte B(b; r) tels que 0 x B(b ; r) C f! et llDyg(x,y) ll ::; k < 1 po ur tout
(x, y) E 0 x B(b ;r). D'après le théorème des accroissements finis , o n a donc
llg(x, Yi) - g(x , Y2) Il ::; k llY1 - Y2ll pour (x , Y1) , (x, Y2) E 0 x B(b; r).
La propos ition 2.26.4 de (27] appliquée à la fonction g: 0 x B(b;r) -+ F fournit
a lors les asse rtio ns du théorème. Q.E.D.
Le théorème affirme l'éq uivale nce
((f( x, y) =c et (x,y) E A x B) {:=:> (y = cp(x) el (x,y) E A x B) ,
le point x apparte nant à A , l'équatio n f (x, y) = c n 'admet qu ' une solution appar-
tenant à B ; comme le montrent des exemp les simples, l'éq uatio n peul fort bien
posséder d'autres soluti ons n'appartenant pas à B.
Remarque 1.10.1 Si l'un des espaces F , Gest de dimension finie , il s sont néces-
sairement tous deux de dimension finie et de même dimension, vu qu'ils doivent
être isomorphes d ' après l' hypothèse 3. ; celle hypothèse signifie alors que le jaco-
bien de f (x, . ) a u point (a , b) est non nul.

1.11 Différentiabilité de la fonction implicite


Lorsque E est un espace normé, on peut s' intéresse r à l'éven tue lle différentiabilité
de la fonction impli c ite. Nous allons d'abord montrer que toute so lution conti-
nue de l'équation j(x, y) = c est différentiable lorsq ue f est différentiable. Plus
précisément, on a le
Lemme 1.11.1 Soient E, F et G des espaces normés, A x B un ouvert de E x F,
(a, b) E A x B, f : A x B -+ G une application diffërentiable au point (a, b)
telle que Dyf(a , b) soit un isomorphisme de F sur G. On pose c = f (a, b) et
on suppose donnée une application r.p : A --+ B continue au poinl a telle que
r.p( a) = b et f (x, rp(x)) = c pour tout x E A. Alors, <p est différentiable au point
a et
(1.lJ .l) D rp (a) = - (Dyf(a , b)) - 1 o D xf(a, b) .
Preuve Si rp est différentiable au point a, sa dérivée es t bien donnée par la formule
( 1.1 l . 1) : en effet, le théorème des fonctions composées appliqué à la fonction
x >--+ f (x, r.p (x )) montre que
Dx f(a , b) + Dyf(a ,b) o Dcp(a) = O.
Si nous posons P = D xf(a , b) et Q = D yf (a, b) , il s'agit donc de vérifi er que
r.p (x) - r.p(a) + (Q - 1 o P)(x - a) = o(x - a).
D ' après la diffé rentiabilité de f au point (a, b) , nous savons que
( 1.11 .2) e: (x, y) = f(x, y) - f (a, b)- P( x - a) - Q(y - b) = o(l lx - ail+ llY - bll)
et nous avons
48 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

( 1.11.3) <p(x) -<p(a) + (Q- 1 o P)(x - a)= - Q- 1 (c(x, <p(x)));


et il s'ag it do nc de démontrer que é(x , <p (x)) = o(x - a).
Soi t é > 0 tel qlle c llQ- 1 li ::; 1 / 2, d'après ( 1.11. 2), i1 ex iste 8 1 > 0 tel que
( 1.11 .4) llé(x,y) Il ::; c ( llx - ail + llY - bll) si llx - ail + llY - bll ::; 81;
d'après la continuité de <p au point a, il existe 82 > 0 tel que
(1.11.5) llx - ail+ ll<p(x) - <p(a)ll ::; 81 si llx - ail ::; h
D' après ( 1.1 1.3) , ( 1.1 1.4) et ( 1.11.5 ), on a donc
ll cp(x) - <p(a)ll ::; llQ- 1 0 Pll llx - ail+ é ll Q- 1 li (llx - all + llcp(x) - <p(a)ll)
dès que llx - ail ::; 82 e l ceci prou ve que
llip(x) - <p(a) ll ::; c llx - ail si llx - ail::; ô2
où la constante c = 2 li Q- 1 o Pll + 1 ne dépend pas de c. Yu ( 1.11.4) e t ( 1.11.5),
on a donc 11.s(x, cp(x))ll ::; E (c + 1) llx - ail si llx - ail ::; ô2 el ceci pro uve que
.s(x, ip(x)) = o(x - a) . Q.E.D.
Combiné avec le théorè me 1. 1O. 1, ce lemme montre que <p est diffé re ntiable
au point a s i, outre les hypothèses de ce théorème, on suppose f diffé re nti able au
point (a, b) . Plus généralement, o n a le théorème sui vant.
Théorème 1.11.2 Soient E un espace normé, F et G des espaces de Banach, Il
un ouvert de E x F, f : Q -+ G une application, (a, b) un point de D. On pose
c= f (a, b) et on fait les hypothèses suivantes.
/ . L'application f est différentiable (resp. de classe ek où 1 ::; k < oo),
2. l 'applicationDyf: D -t .l(F;G) est continue au point (a,b),
3. l'application Dyf (a, b) : F -+ Gest un isomorphisme de F su r G.
Alors, il existe un voisinage ouvert A x B C Q de (a, b) tel que
a. pour tout x E A, l 'équation f( x, y) = c admet une unique solution
y = ip(x) E B,
b. pour tout ( x , y) E A x B, Dy f (x, y) est un isomorphisme de F sur G,
c. l 'app lication ip : A -+ B est différentiable ( resp. de classe ek) et
(1 .11.6) Dcp(x) = - (Dyf(x, <p(x)))- 1 o D,J(x, <p(x)).
Note On notera que 2. est vérifié dès que f est de classe e1 .
Preuve Nous allons d'abord d é montrer le théorème lorsque f est différen-
tiable. D'après le 1héorème 1.1 0. 1, il existe un voisi nage ouvert A1 x B 1 c Q
de (a, b) 1e l que, pour tout x E A 1 , l'équation f( x, y) = c ad mette une unique
so lution y = cp(x) E B 1 et l' application cp : A 1 -+ B 1 est continue . D'après
le théorème 3. 19.8 de (27] et les hypothèses 2. et 3 ., il existe un voisinage ou-
vert A 2 x B 2 C At x B 1 de (a, b) te l que Dyf(x, y) E Isom(F; G) pour tout
(x ,y) E A 2 x B 2 . Si on pose A = A 2 n ip- 1 (B 2) et B = B2, les propriétés
a. et b. sont vérifiées et la propriété c. rés ulte du lemme 1. 11 . 1 appliqué au point
(x,<p(x)). (à suivre)
1.11 DIFFÉR ENTIABILITÉ DE LA FONCTION IMPLICITE 49

Pour dé montrer que cp est de classe ek lorsque f l' est, la formule (1 . 11.6)
montre qu ' il fa ut étudi er la di ffüre ntiabilité de l'applicati o n u >-+ u - 1 de
Isom (F; G) dan s L(G ; F).
Proposition 1.11.3 Soient F et G des espaces de Banach, l'application
1
h: u E Jsom(F;G) ri u- E L (G;F)
est de classe e 00
et
1
(l.I 1.7) Dh(u).v = - u - Lo vo u - où v E L(F;G).
Preuve D'après le théorème 3.19.8 de [27] , l'e nsemble fsom(F ; G) est un o uvert
de ,l ( F; G) et on peul donc parler de la diftë re nti abililé de h ; rappelons éga le me nt
que h est continu .
1 • Montrons d' abord que h est diffé rentiab le et que sa dérivée est d onnée par la
formule ( 1.11.7). Cette dérivée Dh( u) doit ê tre une application 1inéaire continue
de L (F; G) dans L(G; F) ; il e n est bien ainsi de l'application v r i - u- 1 ovou - 1 .
On a pour v suffi samme nt petit
E(v) (u + v) - 1 - u- 1 + u- 1 o v o u- 1
(u + v) - 1 o (u - (u + v)) o u - 1 + u - 1 o v o u - 1
(u- 1 - (u +v)- 1 ) ovo u - 1 ,
d 'où llE (v)ll :::; llu- 1 - (u + v)- 1 ll llvll llu- 1 ll ; la continuité de h montre que
E( v) = o( v ), ce qui prouve la différenti abi lité de h et la formule ( 1.1 1.7).
2. Montron s ensuite que h est de classe e1 . L'app lication
Dh: Isom(F; G) ---+ L(L(F;G) ;L(G;F))
est la composée des de ux applicati ons
h x h: u E Isom(F ; G) ri (h(u) , h(u) ) E L(G;F) x L(G ;F) ,
'lj; : (u 1 , u2) E L(G ; F) x L(G; F) H ·l/J (u 1, u2) E L(l(F; G) ; .l(G; F))
où i/; ( u 1, u 2) désigne l'applicati on linéai re continue
·l/J (u1,u2): v E L(F; G) r i - u1 o v o u 2 E l(G ;F).
L'application h x h est continue car h est continue et 1/; est bilinéa ire continu ce
qui prouve que Dh = 'lj; 0 (h X h) est continu ; h est donc de cl asse e1 .
3 . Supposons établi que h est de c lasse e1.: et montron s que h est de cl asse
ek + l. En effet, h X hestdeclasse ek et ·tj; estC 00 en tant qu 'application bilinéaire
continue ; il en résulte que Dh est de classe e1-.:, ce qui sig nifi e que h est de classe
ek+ 1 . Q.E.D.
Remarque 1.11.1 Soient n un ouvert d'un espace normé E et
u: D ---+ lsom(F; G) c L (F ; G)
une a pplication différentiable en un point a E O . La propos iti on précédente montre
que l 'application
u- 1 : x E S1 H (u(x) ) - 1 E .l(F; G)
50 CHAP ITRE 1 CALCUL Dl FFÉRENTIEL

est dif1ërenti a bl e au poi nt a e t que


Du- t(a) .x = - u- 1
(u) o (D'u(a ).x) o u - 1 (a) E J:.,(F;G).
Lorsque F e t G so nt de dime ns io n fini e et de même dimension, cette formul e
do nne la déri vée de l ' inve.rse d ' une matrice inversible et dé rivable.
En partic ulie r, lorsq ue F = G = JK, cette formule se réduit simple me nt à
(1 / u)' (a) = - u' (a )/ u2 (a).
Nous po uvon s mainte na nt ac hever la pre uve du théorè me 1. 11 .2.
Preuve du théorème 1.11.2 (s uite et fi n)
e e
Si f est de c lasse 1 , alors cp est de classe 1 d ' a près ( 1.1 1.6) et l a continuité
de )'application h. Ra isonnons a lors par réc u1Te nce ; supposons démontré que 'P
est de classe e" lorsque J est de classe e1.: . Alors, s i J est de classe e"+1 , cp est
de classe e" ;
le théorè me des fon ctions composées et la proposition précédente
montrent que l' appli cation
<.[): x E A t-t (Dxf (x ,cp(x) ), - (Dyf( x , 'P(x))) - 1 ) E J:.,(E; G) x L(G ; F)
est de classe e".
Étant donné que D'P = \[! o <l> où Ill est l'application bilinéaire
continue, donc de classe e00 ,
IJ! : (u ,v) E L(E;G) x J:.,(G ;F) t-t - v o u E J:.,(E ;F),
le Lhéorème des fo nc tio ns composées montre que D 'P est de classe e1.:, cequi
signifie que cp est de c lasse ~k +l. Q .E.D.

1.12 Théorème d'inversion locale


Le t héorè me d ' invers io n locale peut être cons idé ré comme un cas p a rtic uli er du
théorème des fonctions impli c ites , mais ava nt d' é no ncer ce théorème, examinons
le cas d' un ho méomorphi sm e.
Proposition 1.12.1 So ient E et F des espaces normés, net O' des ouverts de E
et F et f : n -+ n' un homéomorphisme différentiable en un point a E n. Alors,
/'application f - 1 : œ -+ Q est différentiable au point b = f (a) si, et seulement
si, Df(a) est un isomorphism e de E sur F, auquel cas
(1.12.1) D(f- 1 )( b) = (Df(a))- 1 .
Preuve Si f - 1 est di ftë rentiable au point b, le théorè me des fon ctions composées
mo ntre que D(f - t)(b) oD f (a) = le el D ](a) o D(f- 1)(b) = l p, ce qui prouve
que D f (a) est un isom orphi sme de E sur F et la formu le ( l. l 2. 1). L a réciproque
résulte du lemme 1.11 .1, la fonction 1- 1 éta nt une so lution continue de l'équatio n
(d ' inconn ue x ) f (x) - y = O. Q .E.D.
S i l' homéomorphi sme f es t différentiable dan s 0 et s i Df(x ) es t un isomor-
phi sme de E s ur F pour tout X E n, l'application f - 1 est diffé re ntiable da ns œ;
o n d it alors que f est un difféom orphi sme de 0 sur n'. Plus général e ment, ceci
conduit à la définition s ui vante.
1.12 THÉORÈME D'INVERSION LOCALE 51

Définition 1.12.1 Un homéomorphisme f : Q ----t n' de classe e,k, 1 S: k S: ex:>,


tel que f - 1 soit de classe e,k est appelé un ek-difféomorphisme.
La proposition précédente et le théorème 1. 11 .2 permettent d ' é noncer le ré sul-
tat s uivant.
Prop<>sition 1.12.2 Soient E et F des espaces de B anach, S1 et n' des ouverts de
E et F, un homémorphisme f : n -+ œde classe ek, 1 ks: s:OO, est un ek_
difféomorphisme si, et seu lement si, D f (X) est, pour tout X E n, un isomorphisme
de E sur F.
Lorsque f : S1 -+ Q' n 'est plus s upposé être un homéomorphi sme, no us o b-
tie ndrons des rés ultats locaux e n utili sant le théorèm e des fo ncti ons implicites. On
s' intéresse ma intenant à l'équ ati on f( x ) - y = 0 o ù x est l' inconnu e: par rapport
à la s ituati o n du théorème des fonctions implicites, il fa ut do nc permute r le n o m
des variables. Le théorème 1. 11 .2 fournit a lors le résultat suivant.
Théorème 1.12.3 Théorème d'inversion locale Soient E et F des espaces de
Banach, Q un ouvert de E, f : S1 -+ F une application et a un point de Q. On
pose b = f(a) et on suppose que
J _ f est différentiable ( resp. de classe e,k, 1 S: k S: oo ),
2_ l'application D f: Q -+ L(E; F) est continue au point a,
3. l'application D f (a) est un isomorphisme de E sur F.
A lors, il existe un voisinage ouvert A x B du point (a , b), A C Q , tel que fÏA
soit u n dijjëomorphisme (resp. un ek-difféomorphisme) de A sur B.
Preuve D'après le théorème 1.11.2, il existe un voisinage o uve rt A 1 x B 1 du point
(a , b), A1 C Q, tel que, pour tout y E B 1, l'équation f( x ) = y adm e tte un e unique
soluti o n x = cp (y) E A 1 et tel que ip : B 1 -+ A 1 soit différentiable (resp. de classe
ek). Posons A = A 1 n f - 1(B1) et B = B1, a lors fJA est une bijection de A sur
B dont la bijection réciproque est l'appli cation cp : B --+ A. Q.E.D .
Ce résultat local conduit à la défin itio n suiva n te.
Définition 1.12.2 Soient E et F des espaces normés et Q un ouvert de E, une
application f : S1 -+ F est appelée un e,k -difféomorphisme local si, pour tout
.1: E Çl, il existe des voisinages ouverts A x C Q et B x de x et f (x) tels que fi A.,
soit un ek-difféomorphisme de A x sur B x.
Du th éorè me d'inversion locale, on en déduit le
Corollaire 1.12.4 Soient E et F des espaces de Banach, ri un ouvert de E et
f : Q --+F une application de classe e,k telle que, pour tout x E Q, D f (x) soit
un isomorphisme de E sur F, alors f est un Ck -difféomorphisme local.
Un difféomorphisme local f: Q -+ F n' est pas nécessaire ment injectif, d o nc
n 'est pas en gé néral un difféomorphi s me g loba l comme le montre l' exemple très
simpl e z E tC* >-t z 2 E tC*. On remarquera cependant qu'un difféomorphi sme
local est une application ouverte d 'après la défi nition même d'un difféo morphi sme
local ; en particulier, f (Q) est un ouvert de F.
E n fa it, on a le critère s uivant.
52 CHAPITRE 1 CA LCUL DIFFÉRENTIEL

Proposition 1.12.5 Un ek-difféomorphisme local f : n ~ Fest un ek-difféo-


morphisme den sur f(O) si, et seulement si, f est injectif.
Preuve La co ndition est év idemment nécessaire. Réc iproquement, si f est injectif,
f étant une application o uverte, f (0.) est un ensemble ouvert et f es t un homéo-
morphi s me de 0 sur / (0.). Les applications f et f - 1 sont de classe ek car elles le
sont localement ; ceci montre que f est un ek-difféomorphi sme . Q.E.D.
Note Un théorème d'invers ion g loba le (Hadamard-Lévy) sera présenté ultérieure-
ment lors de l'étude des revêtements [28 , exercice 1.7.1 l-
Exercice 1.12.1 Soient E un espace de Banach, S1 un ouvert convexe de 1'J et f : n --+ E une
application de classe ek, 1 ~ k s OO, telle que Il D f(x) Il ~ c pour tout X E n où 0 ~ c < 1.
M ontrer que 1 E - f est un ek-di fffornorphisme de S1 sur son image.
Exercice l.12.2 Soient E un es pace de Hilbert réel et f : E --+ E une fonction de classe e1 tell e
que
(D f (~) .hlh) :'.:'. c llhll2 pourtout x , h E E
où c est une constan te > O.
1. M ontrer que f est un di fféornorphi smc local [utili ser le lemme de L ax-Mil gram [27, propositi on
3.34. l ]l
2,a. M ontrer que

(J(x ) - J (y)lx - y) :'.:'. cllx - Yll 2 pourtout x, y E E


[utiliser le théorème des accroissements finis] et en déduire que

llf(x) - f(y)ll :'.:'. c llx - Yll pour tout x, y E E.

b. En déduire que f est injectif el que f (E) est fermé.


3. M ontrer que f est un difféo rnorphisme de E sur E.

1.13 Extremum libre ou lié


Rappelo ns d ' abord la termi11ologie uti lisée. Soit f : X ~ IR une fo nction défi-
nie sur un ensemble X , un point a E X est appelé un minimum absolu de f si
f(a) = minxEX f(x) . Si X est un espace topologique, o n dit que a E X est un
minimum relatif s' il ex is te un voi sinage V de a tel que f(a) ::; f(x) pour tout
x E V ; un minimum relatif est dit strict si on peut trouver un voisinage V de a tel
que f (a) < j (x) pour tout x E V différent de a.
On a bien évidemment des notions analogues de maximum absolu, etc. Lorsque
le poi nt a est un maximum ou un minimum de f e t que l'o n ne veuille pas, ou que
l'o n ne puisse pas, préc iser la nature de ce point, o n parle alors d 'extremum.
Dans ce paragraphe, on se propose de donner des condi tions nécessaires d' ex-
tremum . Traitons d'abord le cas élémentaire où f est dé finie sur un ouvert d' un
espace normé.
Proposition 1.13.1 Soient E un espace normé, Q un ouvert de E et f : D ~ ~
une application différe11tiab le. Si un point a E 0. est un extremum relatif de f ,
alors D f (a) = O.
1.13 EXTREMUM LIBRE OU LIÉ 53

Preu"e Pour tout x E E, la fonction t r i f (a+ tx) défini e au voisinage de 0 E R


présente un extremum relatif au point t = 0 ; sa dérivée Df(a).x est donc nulle
et, ceci étant vrai pour tout x E E, on a bien D f(a) = O. Q.E.D.
Un point a E f2 vérifiant Df(a) = 0 est appelé un point critique de f ; un
tel point n'est pas nécessairement un extremu1r1. Avec des hypothèses supplémen-
taires, il est parfois possible de préciser la nature du point critique, par exemp le en
utilisant la formule de Taylor (exercice 1.1 3.2).
Exercice 1.13.l Soi ent 0 un ouvert d' un espace normé et f : ri -+ IR une fonction convexe et
différentiable. Si a E 0 est un point critique de/, montrer que a est un minimum abso lu de f [utiliser
l'exercice 1.9.2].
Exercice 1.13.2 Soient 0 un ouvert d' un espace normé E et l : 0 -+ IR une appli cation k-fois
différentiable où k est un entier 2: 2. Soit a E 0 un point c ritique de f tel que Di f (a) = 0 pour
1 ::; j ::; k - 1 et Dk /(a) 1" O.
1. Si a est un minimum relatif, alors k est pair et Dk j(a).xk 2 0 pour tout x E E [appliquer le
théorè me 1.9. 1 à la fonction t >-+ f( a + lx)]
2. S'i l ex iste c > 0 tel que Dk f(a).xk 2: c ll x llk pour tout x E E, alors k est pair et a est un
minimum relatif strict.
3. Lorsq ue E est de dimension finie , montrer que la co ndition de 2. équivaut à Dk f(a).xk > O
pourtout x E E - {O}.
Note Lorsque k = 2, cette dernière condition signifie que la forme bilinéaire D 2 / (a) est définie
positive : on dit alors que a est un point critique non dégéné ré.

La proposition précédente suppose la fonction définie sur un ouvert Sî. Si f est


définie sur ladhérence TI de n, il est importa11t d 'étudier les éventue ls extremum
de f sur la frontière de n. Nous allons nous placer dans une situation quelque
peu différente, mais qui revient à supposer que localement celle frontière est l'en-
semb l e des zéros d'une fonction suffi sammenl régu lière.
n
On se donne un ouvert d'un espace normé et des applicat io ns j : --+ R, n
g : Q --+ G, G étant un espace normé, et on se propose d'étudier les extremum
de la restriction de f à g- 1 (0) ; un tel extremum est appe lé un extremum lié de f
associé à la liai son g = O. On a alors la condition nécessaire suivante.
Théorème 1.13.2 Soient E un espace normé, F et G des espaces de Banach et n
un ouvert de E x F. On se donne une application f : S1 -+ R différentiable, une
application g : f2 -+ G de classe e 1 et on pose V = {( x, y) E f2; g(x, y) = O}.
Soit (a, b) un point de V, on suppose que
(J.13.1) Dyg(a,b) E lsom(F;G).
Alors, si le point (a , b) est un extremum relatif de flv, c'est-à-dire un extremum
relatif de J lié par la relation g(x , y) = 0, il existe une forme linéaire continue
A E G', appelée multiplicateur de Lagrange, telle que
(1.l3.2) D f(a, b) +A o Dg(a, b) = O.
Preu"e D'après le théorème 1.11.2, il existe un voisinage ouvert A X B c n
du point (a, b) et une fonction cp : A -+ B de classe e 1 tels que les relations
"(x,y) E A x B et g(x,y) = O" et "(x,y) E A x B et y = cp(x)" soient
54 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

équivalentes. Si le point (a , b) est un extremum de f v, le point a est un extrem um


1

de la fonction x E A r-+ j(x, ip(x)) E R et, d 'après la proposition précédente, on


a donc
D ,J(c , b) + D yf(a , b) o D ip(a) = 0
et, vu que Dcp (a) = -[D yg (a, b)J- 1 o Dxg(a , b) , ceci prouve que
Dx f(a , b) - Dyf(a , b) o [Dyg(a , b)] - 1 o D xg(a , b) = O.
On ob serve alors que la relation sui vante est toujo urs vérifiée
D yf (a , b) - D'!!f (a , b) o [Dyg( a, b) i- 1 o Dyg(a, b) = 0
e t par conséquent Df(a, b) + A o Dg( a, b) = 0 o ù
(1.13.3) A = - D yf(a , b) o [Dyg(a, b)] - 1 E G' ,
ce qui prouve le théorème. Q.E.D.
Un point (a, b) E V vérifiant la condition ( 1. 13.2) es t appelé un point critique
de f pour la liai so n g = O.
Remarque 1.13.1 On notera qu ' il existe au plus une forme linéaire i\ E G' véri-
fiant ( 1.1 3.2), elle est en e ffet nécessairement donnée par ( l .13.3).
Nous avons considéré des fonc tions définies sur un ouvert d'un produit d'es-
paces normés afin de forrnu Ier l'hypothèse ( 1.13 . 1), essentielle pour appliquer le
théorème des fonctions implicites. Ceci est essentiel, mais arbitraire : dans la pra-
tique, la décomposition en produit de l'espace sur leque l sont défi nies les applica-
tions Jet g n'est pas donnée. Lorsque les espaces E, F et G sont de dimension
finie, il n'est pas difficile d 'obtenir une formulation indépendante de toute décom-
position.
On considère donc des fonctions
J : ri C Rn --+ R et g : ri C llr --+ JRP;
e
on suppose f différentiable e t g de classe 1 . On a do nc G = RP et, pour ap-
pliquer le théorème précédent, il faut écrire IRn sous la forme E x F où F doit
être isomorphe à JRP d 'après ( 1.13 . 1) et tel que Dyg( a) E Isom (F; G) où a est
un point donné de V. Ceci prouve qu'il faut supposer n 2'. pet même n > p:
en effet, si n = p le théorèm e d ' inversion locale montre que a est un point isolé
de V. Quant à la condition Dyg(a) E Isom (F; G), elle signifie simplement que
Dg( a) E ,.C, (IRn; JRP) est de rang p. Ces considérations co nduisent à l ' énoncé sui -
vant.
Corollaire 1.13.3 Soient f : Q c IRn --+ R une application différentiable, n étant
un ouvert de !Rn, fj : f2 --+ JRP une application de classe e1 OÙ n > p 2'. 1, a un
point de V = g - 1 (0) tel que L'application linéaire Dg( a) E L (F; G) soit de rang
p. Alors, si a est un extremum relatif de f lié par la relation g = 0, il existe des
réels Àj E IR, 1 ::::; j ::::; p, tels que
]J

(1.13.4) Df(a) + 2:: >.. JDgJ(a) = 0 où g = (9Jh <5o J<5o p·


j= l
1.13 EXTREMUM LIBR E OU LIÉ 55

Preu-ve Compte tenu des remarq ues qui précédent, le théorème 1.1 3.2 monlrequ'il
ex is te une forme linéaire A : JR.1' -t IR te lle que Df(a) +A o Dg(a) = 0;
si (ei )i :s; j :S: p est la base canonique de JRP, o n obtient le résultat vo ulu e n posant
ÀJ = A( eJ ). Q.E.D.
La recherche des points c ritiques de l'extrem um lié consiste donc à résoudre
le sys tème d'équations numériques
Dd(a) + L~= I . ÀJDigJ(a) = 0, 1 :S: i :S: n,
( 1.1 3.5)
{
9J(a) = 0, 1 :S: .J :S: p,
système de p + n équations dont les inconnues so nt, d ' une pan les n coordo nn ées
(ai) 1 ::;;:s; n du point a, d 'autre part les p i nconnues auxiliaires ( Àj h :s;J'.Ô P• appelées
rnulti pli cate urs de Lagrange . On observera que les poi nts critiques de l'extrem um
lié de f par les relations g 1 = 0, ... , gp = 0 sont s impl ement les points critiqu es
de l' extremum libre de la fonction f + L~= l Àj9J·
Remarque 1.13.2 L'hypothèse essenti elle que Dg( a) est de rang p s ig nifi e que les
p formes linéaires Dgj (a) E ..C (!Rn; IR) sont linéairemen t indépenda ntes et éq ui-
vaut à l' uni cité des multiplicateurs de Lagrange. Dan s la pratique, il ne sera donc
pas utile de vérifier que Dg( a) est de rang p: si on constate que les multiplicateurs
sont déterminés de faço n unique, il e n sera bien ainsi.
Exercice 1.13.3 On considère dans !Rn t ' ouve1t ri = {x E ~n; Xj > 0 po ur tout j} el la fonction
f : ri ---+ IR définie par la formu le J( x) = x 0 o ù x = (x i , . .. , Xn ). a = (ai , . . . , an), les °'1 sont
des rée l s > 0 donnés et x 0 = x~ l x ... x x~"'.
1. Ét udier les extremum de f liés par la relation I:,'/= 1 x j = 1.
2. En déduire q ue

(x1 X ... X Xn)l / n


X + +xn
:<; - 1 - · - - - pourtout xj 2'. 0
n
(la moyenne géométrique est plus peti te que l a moyenne arithmétique).
D - Variété

1.14 Définitions
É tant donné un espace topolog ique séparé X, une carte de X de dime nsion n, où
n est un entier ;:::: 0, est dé fini e par la donnée d ' un ouvert U de X el d ' un homéo-
mo rphi sme rp U -+ cp( U) de U sur un ouvert cp(U) de ocn où
lK = lR ou C ; une te lle carte sera no tée c = (U, cp).
Étant donné deux cartes de X, c = ( U, rp) et c' = (U' , ip' ), 1'application , dite
c hangement de cartes,
1
cp' 0 ip - : cp(U n U' ) -+ cp'(U n U')
est un homéomorphi sme. Si ce tte application est un ek -diffëomo rphi sme où
k E Nu { oo}, on dit qu e les cartes c et c' sont ek-compatibles. Lorsque k = O, on
considérera que deux cartes so nt touj ours e 0 -compatibles.

U'

cp

~~~i)~(U')

Une fa mille (ci)iEf, Ci = (U.; , cp;), de cartes de X deux à deux ek-c o mpatibles
te ll e que (U.;)iEI soit un recouvreme nt ouvert de X est appe lée un atl as de classe
ek ; on dit alors qu' un te l all as définit s ur X une structure de vari é té différen-
tia ble de cl asse ek et de dime ns ion n, dimension qui sera notée dim X o u dim ocX
lorsq u'on désire précise r la natu re du corps. Lorsque k = 0, on parl e de variété
1.14 DÉFINITIONS 57

topologique ; dans ce cas, il n' y a e n fa it a uc une structure différe ntiable sur X qui
est s impleme nt un espace loca leme nt homéomorphe à ocn.
Note Si on s'en tie nt stric te me nt a ux définiti o n s, l'ensemble vide est une variété
de dimensio n n quel que so it l' e ntier n. Dire qu' un espace to po logique X est une
variété de dime ns io n 0 s ig nifie simple ment que la topolog ie de X est la topo logie
discrète.
La définiti o n d ' une structure de variété doit être précisée de la faço n suiva nte.
On dit que deu x atlas A et A' sur X sont équiva le nts s i A UA' est encore un a tl as ;
on dé finit ainsi une relation d 'équi vale nce sur l' e nse mble des atl as de classe ek et
on considère que deux atl as éq uivale nts défin issent la mê me structure de variété
sur X : au tre me nt dit, une structure de vari é té s ur X est une classe d'équival e nce
d 'atlas de classe e1.:. Bie n entendu , une var ié té de classe Ck est a fortiori de c lasse
s s
eJ pour 0 j k .
Sur une variété X dont la structure est définie par un atlas A , toute carte
c = (U, rp) e1.:-compatible avec toutes les cartes de A sera appelée une carte de
X ; s i x E U, on dira que c est une carte au point x ou un système de coordon -
nées locales e n ce point ; les coordonnées (x 1 ( x ), ... , xn (x )) du point ip (x ) sont
appe lées les cordonnées locales de X dan s la cane c. Si on note pri : ocn
---+ lK la
projection d ' indice i, on pose

o n a alors pour tout x E U


ip(x) = (x 1 (x ),. .. ,xn (x )) e t ip = (x 1 , ... ,xn).
Remarque 1.14.1 Du po int de vue topol og ique, une variété est séparée pa r défi-
nition , donc localement compacte. Notons également que toute variété es t loca-
le ment co nnexe ; tout po int ad me t même un système fondamental de vois inages
connexes par arc , toute variété est donc localem e nt connexe par arc [27, exerc ice
2.40. 10], on en déduit qu ' une variété co nnexe est connexe par arc.
Remarque 1.14.2 S i o n impose a ux changeme nts de carte d 'ê tre des difféomor-
phi sm es analytiq ues (notio n qui sera étudiée ultérieureme nt), on dit que X est
une variété a nalytique . Lorsque JK. = JR, o n parle de varié té a nalytique réelle et,
lorsq u e IK = <C, de variété ana lytiq ue complexe ou de variété holo morphe ; dans
ce cas, toute variété de cl asse e 1 est a nalytique car toute fo nction «:::-d iffé re nti able
est an alytique co mme nous le montrera la théorie de Cauchy. To ute varié té ana ly-
tique est év ide mment de classe e = . Notons égaleme nt que to ute variété analytique
comp lexe pe ut ê tre co ns idérée comme une variété analytique rée lle ; o n a alors
clim c X = 2 dim lR X.
Remarque 1.14.3 Sous-variété ouverte Soi t U un ouvert d' une variété X muni
de la topo logie induite par celle de X , s i (U1 , rp 1 ) est une carte de X,
(Un U1 , rp 1 lu) est une carte de U dite induite par ce lle de X . On vérifie que de ux
cartes de X équivalentes indui sent des cartes éq uiva lentes. Si ( ( ui ' ip.; ) ) iE I est un
atl as de X, ( (U n U;, <p; [unuJ ) iE J est un atlas de U et des atlas équivalents s ur X
58 CHAPITRE 1 CALCUL Dl FFÉRENTIEL

induisent des atlas équi vale nts s ur U. Cec i permet de définir sur U une structu re
de variété d e même c lasse e t même dimension que celles de X ; cette structure est
dite induite par celle de X e t o n dit que U est une sou s-variété ouverte de X.
Exemple 1.14.1 Soit E un espace vectorie l de dimension fini e n ; o n munit E
de la topologie canonique qui est une topologie d 'espace de Ban ach. Toute bijec-
ti on linéaire i.p : E --+ ocn
dé finit un e carte de E et l'atl as réduit à cette seule
e
carte défi nit sur E une struct ure de variété de classe 00 (et mê me an a ly tiq ue) de
dimen sion n. Celle structure de variété ne dépend pas du choix de la bijection li-
néaire i.p: e n effet, si ip' est une autre bijection linéaire, l'application c.p' o ip- 1 est
un isomorphi sme de ocnsur lui - même et, a fo rtiori , un di fféo morphis m e.
Sauf av is cont raire , un espace de dime nsion fini e et, e n parti culi er sera ocn,
toujours muni de cette structure canonique de varié té. Il en rés ulte que sur tout
ouvert de ocn il ex iste une s tructure cano nique de variété en tant que sous-variété
ouverte de ocn.
Par exe mple, l'espace vectori el 1\IIn(lK) des matrices carrées d' ordre n es t de
dimension n 2 et le groupe linéa ire GL(n , JK) en est une sous- variété o uverte [27,
théorème 3. 19.8].
Remarque 1.14.4 Variété produit Soie nt X 1 , X 2 des variétés de cl asse ek et
de dimension n 1 et n 2 , l' espace X = X 1 x X 2 est mun i de la to p o logie pro-
d uit. Si c1 = (U1,'f?1) e t c2 = (U2,tp2) sont des cartes de X 1 et X 2 ,
c1 x c2 = (U1 x U2 , l.fJ 1 x 4?2), où ( 1P1 x r.p2 )(x1 , x2) = (1P1(x1), tp2(x2) ), est une
carte s ur X dite produit des cartes c 1 et c2. Si A1 = (c1 ,i ) iE I et A2 = (c2 ,J)J EJ
sont des atlas de X 1 et X2 , A = (c 1,i x C2,J) (i,J)E i x J est un atlas d e X dont la
cl asse d'équi vale nce ne dépe nd que de celles des atl as A 1 et A 2 . On dé finit ainsi
un e su·ucture de varié té s ur X de classe ek et de dimension n 1 + n 2 . On dit que
X est la variété produit des varié tés X 1 et X 2 .
Exercice 1.14.1 Soit X une vari éLé dénombrable à l ' infini [27, exerc ice 2.35. 10].
1. M o ntrer que X admel un atlas dénombrable el en dédu ire que X admet une base de topol ogie
déno mbrable.
2. M ont rer que la topo logie de X est métri sable [ ulili ser l 'exercice 2.36.8 de [27]].
3. M ontrer que to ut so us-espace l ocalement com pact de X est dénom brable à l' in fin i.

1.15 Exemples de variétés


Co nsidérons d'abord la sphè re unité §n de R.n+ l
§n = {x E R.n+ I ; llxll2 = l}
o ù llxll dés ig ne la norm e e ue lidie nne de x. Muni de la topologie induite par celle de
R.n+1, §n est un espace compact que nous allo ns munir d ' un e structure de varié té
e
de classe 00 et même analy tique.
Notons (ei )O<i<n la base canonique de R.n+i et (xi )o<i<n les coordonnées
d ' un point x da ns ~eue base ; ide nti fions R.n à l'hy perpl a~ de Rn+ 1 d 'éq uation
1.15 EXEMPLE S DE VARIÉTÉS 59

x 0 = 0 et si x = (xi)o :s; ;:s;n, posons x' = (xi )i :s:; ;s n· La projecti on stéréogra-


phiqu e à partir du po int eo, VJeo : §n - { eo} ---+ Rn, est un homéomorphi sme de
§ n - { e0 } sur Rn ; o n vérifi e e n effet que, pour to ut x E §n - { eo} et tout y E rn;.n,

x' - 1 llYll 2 - 1 2y
(1.15 . 1) 'PeJx) = 1 - xD et 'Peo (y) = llY 112 + 1 eo + llYll2+ 1 ·
De même, la projection stéréographique à partir du po int -e 0 ,
'P-eu : §n - {-eo} --+ Rn, est un homéomorphisme de §n - {-eo} s ur rn;.n
do nn é par la formule
x' - 1 1 - llYll 2 2y
(l.15 .2) 'P -eu(x) = 1 + xD et 'P-eo(Y) = 1 + llYll2eo + 1 + llYll2 ·
On obtient ainsi de ux cartes (§ n - {eo},cpe0 ) e t (§n - { -eo} , 'P-eu ) de la
sphère §n ; ces cartes sont C00 -compatibles car, pour y E rn;_n - {O},

('P-eo o cp; / )(y) = 11~12 '


ce qLLi montre que l'application c hangement de carte
'P -eo o 'P;ol : rn;_n - {O} --+ JR.n - {O}
est m ême un difféomorphisme analytique. Ces de ux cartes constituent donc un
atlas défi nissant sur la sphère §n une struc ture de variété a na lytique réelle de di-
me nsion n.
Considérons ensuite les espaces projectifs IP'n(K), n ::;:: 1. Rappelons [27, pa-
ragraphe 2.38] que 1P'n(1K) = ocn+i - {O}/R où Rest la re la ti on d 'équivale nce
sur JK:n+l - {O}, (:Jt E IK*)(x = ty) ; muni de la topolog ie quotient, l'espace
IP' n (K) est compact et la surjection canonique '7r : JK.n+l - {O} --+ lP'n(lK) est une
application continue e t ouverte.
D éfi nissons un a tlas sur IP' n (JK) de la faç() n s uivante. On note (xi)o <i<n les
coordonnées d ' un point X de JKn+l e t on pose - -
O; = {x E ocn+i - {O} ; xi -/- O}, U; = 7r(Oi)·
Ces e nsem bles Ui sont ouverts et (U;)o :s;iSn est un recouvre men t ouvert de IP' n (JK.).
On définit e ns uite des applications 'lj;; : Oi --+ pa r ocn
xo xi - 1 xi+l xn )
1/Ji(x) = ( ---,-, . . . , -.- , - .- , ... ,-..,.. , x E O;;
x' x' x' x'
ces fonctions éta nt homogènes de degré 0, il ex iste des fonctions <p; : U; ---+ !Kn
telles que 'Pi o 7r = 1/Ji- Ces fonctions 'Pi sont continues d 'après la continuité
des fcrnctions ·l/Ji [27, proposition 2.24.3 ] ; 'Pi est une bijection dont la bijectio n
réc iproque B; : !Kn --+ U; est donnée par la formule
ei (Y ) = 7r (Y1 , .. . ,y,i 1 , yi+ l , .. . , yn) ouy
(l· · ·15 ··3) ' = (Y i) l SiSn·
L' application ei étant continue d ' après la continuité de 7r, cec i montre que 'Pi est
un ho méomorphis me de Ui sur !Kn et (U;, cp; ) est une carte de l'espace projectif
IP'n(K) . Vérifions que les n + 1 cartes (U; , 'Pi), 0 :S ·i :S n, constituent un atlas:
soit 0 :S i < j :S n, no us allons vérifie r que l'applicatio n changement de carte
60 CHAP ITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

cp1 o cpi 1: cp; (U; n Uj) ----+ cpi (Ui n U1 ) est un difféomorphisme analytique.
Observons d ' abord que U; n U1 = 7r(Oi) n 7r(0 1) = 7r(Oi n 0 1) : en effet, si
X E 7r(O;) n 7r(Oj), il ex i ste 'U E O; e t V E 0 1 tel que X = 7r(-u) = 7r(v),
d'où ·u,v E O; n Oj d 'après la définition de la relation d 'équivalence R et par
conséquent x E 7r(Oi n 0 1) . On en déduit que
'Pi(Ui n U1) = 1/J; (O.; n 0 1) = {y E lKn; yJ #- O}
et

alors
('P1 0 cp,jl )(y) (cpj o rr)(yl, ... ' yi, 1, yi+ 1, ... ' y n)

'l/J1 (y1, ... 'yi, 1, yi+ l , ... ' y n )

(~; ,... )~; ):j )y:: 1 ) ... ' y:~ 1 ) y:; l , . - . ) ~: )


et cec i prouve que r.p1 o 'Pi J est analytique dans l'ouvert cp; (U; n Ui) e t, en per-
mutant les indices i et j, qu'il s'agit bien d'un difféomorphisme analytique. On
obtient ainsi sur IP'n(lK) une structure de variété analytique de dimension n.
Note Nous montrerons ultérieure ment (paragraphe 1.21) que la structu.re de variété
de la sphère §n est induite <l ' une faço n naturelle par celle de l' espace JRn+l _ La
situation est différente pour les espaces projectifs, ces espaces n'étant pas naturel-
le ment plongés dans un espace de dimension fini e (exercice 1.2 1.7).

1 .16 Applications différentiables


Dan s toute la suite, nou s s upposerons pour simplifier que toutes les variétés sont
e
de classe 00 ; préciser pour chaque énoncé quelle doit être la régularité minimale
des variétés ne présente pas en général de difficulté .
Définition 1.16.1 Étant donné deux variétés X et Y de dimension l et m, une
application continue f : X ----+ y est dite de classe ek , k E :Nu {OO} si, pour
toutes cartes ( U, cp) et (V, ·if;) de X et Y , ['application
(1.16.1) F = ·if;o f O<p- l: cp(U n r 1 (V)) --+ ocm
est de classe ek.
En toute rig ueur, on devrait écrire cp- 1 lip (Unf - '(V)) et fl unf - ' (V), la première
app lication é tant à vale urs dans Un f - 1 (V) et la seconde à valeurs dans V. On
observera que, j étant continu , cp(U n f - 1 (V)) est un ouvert de IK1 et cela a
do nc un sens de dire que F est de cl asse ek. Lorsque k = 0 , on convient qu ' une
e
fonction de classe 0 est simpl ement une fonction continue. On notera ek(X ; Y )
l'ensemble de toutes les fonctions de X dans Y de classe ek .
L' application F défi nie c i-dessus est appelée l' ex pressio n locale de j dans les
cartes (U, cp) et (V, 1/;) ; si on no te (x 1 , ... , x1) les coordonnées locales d ' un point
1.16 APPLICATIONS DIFFÉRENTIABLES 61

x E U n f - 1 (V) et (y 1 , . .. , ym) les coordon nées locales du point y = f (x ), la


relatirn y = f( x ) équivalente à 'lj; (y) = F( 1.p (:c )) s ' écrit donc
yi = F i(x 1, ... ,x1) , l :S: i :S: m,
où F = (Fi )1 <i< m· Dire que f est de classe ek signifie que ces fonctions
p i : 1.p(U n f - 1 (Y)) --+ IK sont de classe ek : autrement dit, les coordonnées
loca les de f (x ) sont des fonctions de classe e k des CO<Jrdonnées locales de X .

Note Lorsque X et Y sont des variétés analytiques, on dit qu ' une application conti-
nue f : X --+ Y est analytique si so n express ion locale ( 1 .16.1) est analytique ;
lorsq u e IK = <C, on dit auss i que f est holomorphe .
Il est évidemment essentiel de comprendre comment se transforme I' expres-
sion l ocale de f lorsqu'on change de cartes. Si (U', r.p')et (V' , 1/;') sont deux autres
cartes de X et Y et si F' = 'l/J' o f o r.p' - 1 est l'expression locale de f dans ces
cartes, on a alors
F' = (1// o'lj; - 1 ) o ('lj;o f o ip- 1
) o (ipo<p' - 1
)

dans l'ouvert r.p'(U n U' n 1- (V n V')) et cette formule montre que F' se déduit
1

de F e n composant à gauche et à droite par les difféomorphismes changements de


cartes 'lj/ o ·t/J- 1 et 'Po r.p'- 1 .
Cette remarque permet de donner une caractérisation utile des fonctions de
classe ek qui ne suppose pas a priori la continuité des fonctions.
Lem•ne 1.16.1 Une application f : X -+ Y est de classe ek si, et seulement si,
pour tout a E X , il existe des cartes (U, r.p) au point a et (V, 'lj;) au point b = f(a)
telles que f (U) C V et
F = 'ljJ o f o <p - 1 : rp( U) ---t JKm

soit de classe ek.


Preuve La condition est nécessaire. E n effet, soie nt (U' , r.p') et (V, 1f;) des cartes
aux points a et b = f(a) ; f étant continue, 1- 1 (V) est un voisinage ouvert de a,
62 CHAPIT RE 1 CA LCUL DIFFÉRENTIEL

posons U = U' n f - 1 (V) e 1 'P = <p'j u, alors (U,cp) est une carte au point a telle
que f(U) C V.
La conditi o n est suffisante. Noto ns d 'abord que f est continu au point a, donc
en to ut point, car Jiu = ·t/J - 1 o F o <p est continu . Considérons alo r s des cartes
(U' , ip') et (V', 'If/) de X et Y et soit a E U ' n 1
r
(V'), b = f(a) . Il ex iste des
cartes (U, <p ) au point a e t (V, 1/J) au point b = f (a) vérifiant les hypothèses du
lemme. Alors, da ns !'ouve rt ip' (U n U' n f - 1 (V')) on a
·t /J'of oip' - 1 = ( ·~/ o ·tj; - 1 ) o (1/Jofoip - 1 ) o (ipoip'- 1 );
l'application 't/J' 0 f 0 ip' - 1 est donc de c lasse ek dans cet ouvert, donc de classe
ek a u vois inage de <p 1 (a) e l il en rés ulte qu 'elle est de classe ek dans l'ouvert
cp'(U' n f - 1 (V')). Q.E.D.
Ceci perme t de préc iser que dans la dé finition 1.16. 1, il suffit de vérifier la
condi tion pour les cartes appartenant à des a tlas ( ( U;, l.Pi ) )iE r et ( (Vj , 'l/JJ ) )J EJ de
X et Y. E n effet, ce tte conditio n éta nt réalisée, soit a E X ; il ex ist e des cartes
(Ui,lfJi) et (VJ,'l/JJ) aux points a et b = f(a), on pose U = Ui n f - 1 (Vj) et
<p = ip; lu ; les cartes (U, c.p) et (V, ·l/J ) = (Vj , 't/JJ) vérifient les hypothèses du
lemme et par conséquent f es t bi en de classe ek .
Exemple 1.16.1 Repre nons l'exemple des espaces projec tifs étudiés au paragraphe
1.1 5. On observe d'abord que la surjection canonique 7r : ocn+ 1 - {O} ---+ IP'n(IK)
est e= et même analytique : e n effet, cette ap plication est continue et d a ns la carte
(U;, <pi) sa représentation locale '!/J.; ='Pi o 7r est analytique dans l'ou'Vert Oi.
Considérons ensuite une fonction f : IP'n(IK) -+ Y à valeurs dans une variété
Y, alors la fonction g = f o rr : oc:n+i - {O} -+ Y est homogè ne de degré 0,
c'est-à-dire g(tx) = g(x) pour tout x E oc:n+l - {O} et tout t E OC*. Inversement,
si g : oc:n+ 1 - {O} -l Y est un e fo nction homogène de degré 0, il ex iste une unique
fo nctio n f : IP'.,, (OC:) -+ Y tel le que g = f o rr. D' après une propriété fo ndamentale
des topologies quotients [27 , proposition 2.24.3], f est continu si, el se ule ment si,
g est con tinu . Plu s généralement, f est de classe ek, 0 :::; k :::; oo si, et seulement
si, g est de cl asse e1.:. En effet, dans la carte (U;, 'Pi ) la fonction f se lit de la façon
sui vante : pour tout y = (y'' )i s;i$n E ocn, o n a d' après ( 1.15.3)
(f o <fi 1)(y) = (J o B;)(y) = g(y1 ' .. . ' y'' , 1, y i+ t ' . . . 'yn).
Ct:ci montre le résultat voulu et, si Y est une variété analytique, que f est analy-
tique si, et seulement si, g est analytique. Autrement dit, l'étude des fonctions de
classe el.: sur IP'n (lK.) équi va ut à I' étud t: des fonctions homogènes de degré 0 sur
oc:n+ l - {O} et ayant la même régul arité.
Remarque 1.16.1 Si f : X -+ F est une fonction défi nie sur une variété X à
valeurs dans un espace normé F, nous dirons que f est de classe ek, 0 :::; k :::; oo,
si, pour toute carte (U, <p) de X, l'applicatio n f o cp- 1 : cp(U) -+ F est de classe
e1.: ; nous noterons ek(X ; F ) l' ensemble de toutes ces fo nctions. Étant do nné que
(Àf + µg ) or.p- 1 = ,\f o<p - 1 + µg o<p - 1 , cet e nsemble ek(X; F) est un sous-espace
vec toriel de l'espaœ vectoriel '.J(X; F) de toutes lt:s applications de X dans F.
1.16 APPLICATIONS DIFFÉRENTIABLES 63

Lorsque Fest une algèbre no rmée [27, défi nition 3. 19.2], l' espace ek(X ; F) est
uneso us-algèbrede l'algèbre'.f(X;F)car(f x g) orp- 1 = (f orp- 1 ) x (g o<p- 1 ),
e n notant mulliplicativement la loi de co mpos itio n intern e . Lorsque F = IK, cette
a lgè bre est si mple ment no tée ek(X).
Lorsque F es t un espace vectoriel de dimension finie m muni de sa structure
canonique de variété, cet.Le défi niti on est cohé re nte avec la défi niti o n 1. 16 . l car,
pour t o ute bijection linéaire ·~J : F --1 IK"1, l' applicati on f o <p - L est de c lasse ek
si, e t seulemen t s i, l' applicatio n ·t/J o f o rp- 1 est de classe eA:. D e même, lorsque
X est un ouvert U d'un espace vectorie l Ede dimensio n finie L, celle définition
coïncide avec celle du parag rap he 1.6 car, s i <p est une bijection linéai re de E s ur
JK1, la seule carte (U, 'P lu ) constitue un atlas de U et dire que f o <p - 1 est de c lasse
ek éq ui va ut à d ire que f est de c lasse ek a u sens du paragraphe 1.6 .
N otons également le
Thé~rème 1.16.2 Soient X, Y et Z des variétés, f E e1.:(X; Y ), g E ek(Y ; Z),
alors g o f E e1.:(X; Z).
Preuve Noto ns l,m,n les dimensions de X,Y,Z. Soient a E X, b = f(a) e l
c = g(b ). Il ex iste des cartes (U,<p) au point a, (V,1/J ) et (V' ,7/J') a u point b,
(W, X) au point c telles que f (U) c V, g(V') c W et les app li cati ons
·t/Jo f o cp - L: cp(U )--1 !Km , X o g o 1j/- l :1/J'(V' )-+ Jl(n,
sont de classe e1.:. Posons U' = Un 1- 1 (V n V') et <p' = 'Plu·, alors (U' , c.p') est
un e carte au point a telle que h(U') c W où h = g o f et l' application
X o h o <p - 1
= (X o g o 1/J' - 1 ) o (1/J' o 'lj;- 1 ) o (1/J o f o <p - 1
) : <p' (U') -+ !Kn
es t de classe e" . Q.E.D.
V o ic i quelques exe mples é lé me nta ires concernant les sous-varié tés ouve rtes et
les variétés produits.
Remarque 1.16.2 Soit U une sous- vari été o uve rte d'une variété X, alors l'i njec-
ti o n canonique i : U --1 X est e00 • E n effet, cette injecti o n cano nique est conti-
nue ; en outre, une carte (V, ·tf;) de U est égale ment une carte de X car il ex iste
une carte (V', ·tf;') de X telle que V = Un V', ?j; = 1,b' lv et l'application i a dmet
po ur représentation locale dans ces cartes l'applicat ion ide ntique de ·ijJ (V). De ce
résul lat, on e n déduit qu e, s i Y est une autre variété et s i f : X -+ Y est une
applicati on de classe ek, alo rs l'application j 1u = f o i : U --t Y est de c lasse
e". M entionno ns à ce sujet que le fait pour une fonction d 'être de classe ek est
une propriété locale : ceci signifi e que, s i (U;) iE I est un recouvrement ouvert de
X, une appli cat io n f : X --t Y est de classe ek si, et seul e ment s i, pour to ut i les
appli cati ons fl u, : U; --1 Y sont de classe e1c .
E n effet, si A; est un at las de Ui,
u iE I A i est un atlas de X et ceci s u ffü pour conclure.

Remarque 1.16.3 Soient X 1 et X2 deux variétés de dimension n 1 et n 2 e t soit


X = X1 X X2 la variété produit, alors les projections pri : X --1 x i sont e00 . Ces
projections sont en effet continues ; en o utre, so ient (U;, <p;) des cartes de X i et
64 CHAPITRE 1 CALCUL Dl FFÉRENTIEL

(U1 x U2, 'Pi x <p 2) la carte produit, alors la représentati o n locale


cp 1 o pr 1 o ('P i x 'P 2 ) - 1 d e pr 1 dans ces cartes est simpl ement l 'application
(xi,x2) E ('P1 X '{J2)(U1 X U2) H X[ E ocn 1 ; ceci montre que la première
e
projection est 00 et on vérifie de mê me que la seconde proj ection est 00 . e
Soient Y une autre variété et f : Y --7 Xi x X2 une appli catï o n, on pose
f = (f1 , h) où f ; = pr; o f, alors f est de c lasse e1.: si, et seulement si, les
application s f; : Y --7 X ; sont de cl asse e1.:. La condition est nécessaire, les
projecti o ns étant e00 • E n fait, si (V, ·t/; ) est une carte de Y, on a
(<p1 X i,?2) Of O 'lj; - l = ('P 1 o fi o 't/J- 1, </)2 o f2 o ·tj;- l)
et cec i démontre directement ! 'équivalence annoncée .
Considérons enfin un point a2 E X 2, alors l' app lication
h: xi E Xi H (x 1, a2) E X i x X2
est e'Xl. En effet, dan s les cartes (Ui , 'P L) et (U1 x U2 , 'P i x cp 2), la représe ntation
locale de h s'écrit simplement x 1 H (x 1 , 'P2(a2)). Si f : X 1 x X2 --7 Y est de
classe ek, cec i montre que l 'application partielle X J --7 f (x1 , a2) est de c lasse ek
et il en est de même de l'application x 2 H f(a 1 ,x 2 ) où a 1 E X 1 .

1.17 Espace tangent


Dans le cadre des espaces no rmés, le concept même de dérivée consiste en une ap-
proximation de la fonction par une fo nction affi ne. Lorsqu 'on étudie des fo nctions
défi nies sur une variété et à valeurs dans une variété, il n'est év idemment pas pos-
sible de parler directement d 'applicati on linéaire tangente tant que n ' o nt pas été
défi nis des espaces vectoriel s adéq uats. Par contre, comme nous allons l'expliquer
ci-dessous, il est possible de dé finir la notion de deux app lications ta ngentes ; il
s'agit en fait d'une relation d 'équivale nce et le quotient de l'espace des germes de
fonction s par cette relation d' équivalence conduit précisément aux espaces vecto-
riels intéressants. En d ' autres termes, o n définira l'application linéaire ta ngente à
une app li cation donnée comme étant la classe d' équ ivale nce de toutes les app lica-
tions tangentes à cette applicat ion.
On considère donc deux variétés X et Y, deux applications f et g définies
dans un voisinage ouve rt d'un point a E X , à valeurs dans Y et de classe ei et on
suppose que ces fonctions ont la même valeur au point a, soit b = f (a) = g(a).
On dit alors que f et g sont tangentes au point a si, pour tou tes cart es (U, 'P) au
point a et (V, 't/;) au point b, les représe ntations locales de f et g , F = 'ljJ o f o <p - 1
et G = '!/; o g o cp- L, fonctions bien dé finies au voisi nage du point <p (a), ont
même dérivée en ce point. Pour vérifier que deux applications sont tangentes, il
suffit de vérifier la condition précédente pour un seul co uple de cartes (U, <p) et
(V, ·t/;): en effet, s i (U' ,'P') et (V' ,·t/;') sont deux autres cartes aux points a et b
et si F' et G' sont les express ions locales de f et g dans ces cartes, o n sait qu 'au
voisinage du point cp' (a) F' = \[! o F o <I> et G' = \]! o G o <I> où \JI et <I> sont des
1.17 ESPACE TANGENT 65

difféo mo rphi s mes ; d 'après le théorè me de dérivatio n des fonctions composées,


F e t G ont mê me dé rivée au point ip(a) si, et seulement s i, F' et G' ont m ê me
dé rivée au point ip'(a).
La re latio n "j et g sont tangentes au po int a" est é videmment une re la ti o n
d ' éqLJivalence s ur l' ensemble l a,b(X; Y) des couples(!, U) o ù U est un voi s inage
e
ouvert de a E X et f : U --+ Y une fon c ti on de classe 1 telle que f(a ) = b.
Nou s all ons nous intéresser a u cas particulier où on remplace X et Y par IK
e t X respecti ve ment. Le quotient de l'ense mble l o,x(IK; X), où x E X , par la
re lation d 'équivalence précédemment dé finie s' appelle alo rs l'espace tangent à X
a u point :c el sera noté TxX. Un élé me nt de TxX sera appelé un vecteur ta ngent
(nous allons effectivement défi nir une s tructure vectorielle sur TxX) à X au po int
x . Dire que deux fonctions "(, ô E lo ,x (IK ; X) sont tangentes s ig nifie que, pour
une carte, donc pour toute carte (U, <p) a u point x
(1.17 . 1) D(ipo-y)(O) = D(<p o ô)(O);
si v E:: T."' X est un vecteur tangent, D ( <p o 'Y ) (0) ne dépe nd donc pas du choix du
re présentant -y E v et on pe ul dé finir l'application (n = dim X)
(1.17.2) <p. : v E T xX H D(<po-y)(O) E !Kn pour 1 E v.

Note Supposons OC = IR e t soient /, ô E lo ,x(IR ; X ), il ex iste é > 0 tel que 'Y et


ô soient défi ni s sur l'interva lle ] - é, é [ , alors / et 5 sont des chemins de classe
e1 tracés dans X et, lus dans la carte (U, ip ), on obtient des chemins r = <p o 1
et 6. = <p o ô tracés dans !Rn. Si on inte rprète r comme décrivant le mouve me nt
d'un point maté ri el, DI'(t) représente la vitesse de ce point à l'instant t et dire que
'Y e t ô représentent le mê me vecteur tange nt sig nifie donc que les vecteurs vitesses
Dr(t) et D6.(t) coïncident à l' insta nt t = O. Si le vecteur DI'(O) = Dti.(O ) est
non nul , ceci s ig nifie que les trajectoires sont tange ntes au point tp (x ).
On a alors le théorè me s uiva nt.
Théorème 1.17.1 L'application <p. : T."' X --+ ocn est une bijection qui permet
de définir une structure vectorielle sur T xX par transport de celle de ocn. Cette
structure vectorielle ne dépend pas du choix de la carte (U, <p) au point x et TxX
est un espace vectoriel sur IK de dimension n = dim X.
Preuve 1. L'applicatio n 'P• est injective. En effet, soient v, w E TxX te ls que
ip. (v) = ip. (w), c'est-à-dire D(<p o-y)(O) = D(<p o 5)(0) où / E v, ô E w; les
applications 'Y et ô sont donc tan gentes e n 0 e t par conséquent v = w d 'après la
définition mê me de TxX.
2. Vérifions e nsuite la surjectivité . Soit h E ocn, posons
'Y (t) = ip- 1 (ip(x) + th) ;
cette fonction est dé fi nie pour ip(x) + th E <p ( U), do nc dans un voisinage de
e
0 E IK ; el le est de c lasse 00 car sa re présentation locale dans la carte ( U, <p)
s'éc rit t H ip(x ) + th ; e n outre, "f (O) = x et D(<p o -y)(O) = h, soit ip.(v ) = h si
v est la classe d 'équival ence de"(.
66 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

3 . M ontro ns que la structure vectorie lle ains i obte nue s ur TxX ne d é pe nd pas
de la carte (U,cp) . Soi t (U' ,c.p' ) une autre carte au point x, il s' agit de vérifier la
1inéarité de la bijec tio n ip~ o c.p :;- 1 : ocn --+ ocn. Soient 1 la fo ncti on dé fi ni e e n 2. et
v sa classe d ' équi valence, o n a cp* (v ) = h, d' où
(ip: o <p; 1 )(h) = ip:(v) = D( ip' 01)(0)
e t, d 'après le théorème des fo nc tion s co mposées,
D (ip' o 1)(0) = D(ip' o cp- 1 )(ip (x)). D (<p o 1 )(0) = D (<p' ocp- 1 ) (cp(x)). h.
Il en résulte que
( 1.17.3)
e l l'applicatio n <p~ o <p:;- 1 es t donc bien linéaire. Q .E.D.
Note On o bservera qu e to ut vecteur tan gent v E T.'" X est la classe d' éq uivalence
d ' une applicatio n 1 E Jo ,x(OC ; X) de classe ecxi.
No tons ( ei )i-s;i$n la base cano nique de ocn , a lors ( <p:;- 1 ( ei )) 1$i$n est une base
de l'espace tange nt TxX qu ' o n appe lle le re père nature l assoc ié à la carte ( U, <p ) ;
si <p = (x 1 , ... , xn ), les vecteurs de base du repère na ture l sont notés (cette nota-
ti on a priori surpre nante sera justifiée ulté rie urement)

( 1.17.4) ~
a = cp.- 1 (ei )
u x"
ou (a/ axi )x s i o n ve ut préciser qu ' il s ' agit du repère naturel de (' espace tangent
au point x .
Si v E Tx X est un vecte ur tangent, no to ns (v i)i $·;$n ses coordonnées dans le
re père nature l ; o n o btie nt a lors la formule , dite expression locale de v,
v = I:: ~= l viéJ/ âxi que nou s écrirons

V = V~
i a
u x'
e n utili sant la conventi o n de sommation muette d ' Ein ste in qui consist e à sommer
sur tout indi ce répé té de ux fois ; on observera que dans toutes les formul es un in-
dice répé té se trouve une fois e n pos ition s upérieure, une foi s e n pos ition inférieure
e l on convie nt qu ' un indice en position supérie ure a u dénominate ur est e n fait e n
position in férieure, etc.
Bie n entendu, l'expression locale d'u n vecte ur ta ngent dé pe nd du c ho ix de la
carte au point x. Soient (U, <p), (U', cp' ) deux cartes au point x, si cp = (x1, .. . ,xn),
cp' = (x' 1 , . .. , x' n ), <p' o cp- 1 : cp( U n U') --+ cp'(U n U') est le difféom orphisme
1
c hangement de cartes qu ' on note ( x 1 , . .. , xn ) r--+ ( x' , . . . , x'n) e t si ( ô x'i / âxJ)
est sa matrice jacobie nne au po int cp (x ), o n a d ' après la formu le (1 . 17 .3)
a â ri
cp: ( ~ ) = (cp: 0 <p;
1
)(ej ) = D (cp' 0 ip- 1 )(cp(x)). ej = ax . ei,
~ ~
c'est-à-d ire
a âx''; a
( 1.17 .5)
éJxj âxJ âx'i ·
1.18 APPLICATION LINÉAIRE TANGENTE 67

On pe ut év ide mme nt permuter le rô le des de ux cartes, c'est-à-dire cons idé re r le


1
difféomorphi s me réciproque <p o ip' - : a u li ell de con sidé re r les coord onnées lo-
1
cales (x' , . . . , x'n ) comme des fon c ti ons des coordo nnées locales (x 1 , .. . , xn),
on considére les x1 comme des fon c ti ons des x' i do nt la matrice jacobi enne au
point ip'(x) es t la matrice inverse de la précéde nte, so it
::i ri ::i j
(1.17 . 6) ~ .::!___ = Ji
fJxJ àx' " k
où <l'k désigne le sy mbole de Kro necker. On e n déduit que

(1.17 . 7 )
a f)xl ô
fJxt'i ox'i &x1 .
Si v E TxX est un vec te ur ta ngent, on a

V =
.a
VJ - = V1
or'' à
-- --
fJxJ fJxJ ox'' ,
c'est-à-dire, e n no tant v'i les coordo nnées de v da ns le repè re (ô / âx'i ),
,., ox'i ,'
(l.17 . 8) v = - -. v1 l < i<n
éJxJ ' - - '
et de m ême
_ âx1 ,i .
( J.17.9) V1 - - . V , l < ] < n.
âx'' - -
Note Un vecte ur tangent es t dit con travari ant car la m atrice qui pe rmet de passe r
des vj aux v'i (formule ( 1. 17 .8)) est la matrice qui permet de passer des a/ éJx' i
aux D/àxj (formul e ( 1.17.5)).
Remarque 1.17.1 Soit E un espace vecto rie l de dimensio n finie net so it U une
sous-variété o uverte de E . A to ute bij ectio n linéaire ip : E -+ ocn , on assoc ie la
ca rte 1Plu : U -+ ocn de U e t la bijecti o n linéaire (cpJu). : TxU-+ ocn . C eci
pe rmet de dé finir une bijectio n linéaire ip - 1 o ( IPI u ). : T.'C U -+ E . Cette bijecti on
linéaire ne dé pe nd pas du choix de ip. En effet, s i ip1 est une autre bij ecti o n linéaire,
on a d ' après ( 1.17 .3)
(ip' Ju). 0 (1Piu) .; 1 = D(ip' lu o (<p jll ) - 1 )(<p(x)) = ip' o cp- 1 .
Cette bijecti o n naturelle ip- 1 o (ipJu ). pe rmet d ' ide ntifie r l'espace tangent T..-cU
à l'es pace vecto ri e l E . Ce tte identificati o n peut s'expliciter de la faço n s uiva nte.
Soit v E TxU un vec te ur tangent et soit / E Jo,x(lK; E) un re présentant de v, a lors
(ipJu ).(v) = D (ip o 1)(0) = <p(D1 (0)) ,
d 'où D 1 (0) = (ip - 1 o (1Plu ).) (v) ; le vec teur D1 (0) E E ne dépe nd donc que de
la classe d'éq ui vale nce v de / e t l' ide nti fica tio n déc rite ci-dessus consiste à poser
V = D 1(0) E E.

1.18 Application linéaire tangente


Après avoir défini la no tion d' espace tange nt, il est possible de d éfinir ce lle d' ap-
plicati on linéaire tangente. O n cons idère une application f : X -+ Y de c lasse
68 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

e1 où X el Y sont des vari étés de dimension let m. Soient a E X , b = f(a ) et


(U, cp), (V,Vi ) des cartes au.x points a et b ; si F = 1/J o f o ip - 1 est l' expression
locale de f, on a DF( cp(a)) E ..C(JK1; ocm) ce qui permet de dé finir un e application
linéaire
(J.L 8. I)
qu ' on appelle l'appli cation linéaire tangente à f au po int a. Il est é videmment
essentiel de vérifier que cette définiti on de Taf ne dépend pas du choix des cartes
(U, cp) e t (V, 1/J ). En e ffet, soient (U', cp'), (V', 1/J') des cartes aux points a et bel
F' ='If;' o f o cp'- 1 l'ex press io n locale de f dans ces cartes, alors
F' = (1// o 1p- 1 ) o F o ( cp' o cp - 1 ) - 1,

d 'où, d'après ( 1.17.3),


o ip~- ,
1
DF'(tp'(a)) = ·lfJ: o ·l/J:; 1 o DF(cp( a)) o cp.
ce qui pro uve le résultat vo ulu .

Remarque 1.18.1 La signification géométrique de la définition ( 1. 18 .1) est la sui -


vante. Soit / E Jo,a(IK; X), alors f o / E Jo,b(lK; Y) et sa classe d 'équivalence ne
dé pend que de celle de I: e n e ffet, soient (U, cp) e t (V, ·lfJ ) des cartes a ux points a
et b, on a ·t/; o J o / = F o tp o "(, d'où D('l/J o f o 1)(0) = DF(cp(a)). D (ip o 1)(0)
et cec i prouve bien le résultai vo ulu . Alors, si v E TaX est la classe d 'équivalence
de "(, Taf. v est simpl ement la classe d 'équivalence de f o 1 : d ' après ( 1.18. 1) et la
form ule précédente, o n a en effet
·l/;.(Ta f. v) = DF(ip(a) ).ip. (v) = DF( cp(a)). D (cp o 1)(0) = D(·t/J o f 01)(0) .
Munissons les es paces TaX et nYdes repères nature ls assoc iés a ux systèmes
de coordo nnées locales cp = (x 1 , ... , x 1) et 'l/J = (y 1 , ... , ym). Noton s (e1 )i 'Sc ]'Sc l
el (e;) 1s ·i "'O m les bases cano niques de 1K1 e t ocm, a lors la dé finition ( 1.1 8. 1) s' in-
terprète de la façon sui vante. On a

1/J. (T"f.-
a)
. = DF( cp(a)).e 1 = - , (cp(a)) e~
api
xJ8 xJ 0
où F = (P)1 s i"'Om• c'est-à-dire
a api a
(1 .18.2) Taf.~
uxJ
= -;:;-::-(cp(a))
uxl
~
uy'
et ceci signifie que, dans les repères naturels, Taf admet pour matrice représenta-
ti ve la matrice jacobie nne de type (m, l) (8Fi / fJx1 (cp( a)) ) . On en dé duit que
. &Fi a .a
(l.18 .3) Taf.v = v 1 -;;-:-(cp(a)) - . où v = v1 - . E T"X.
V' X1 8 y" 8 x1
Note D'après la défi niti on ( 1. 18. 1), de ux applicati ons f ,g : X --t Y de classe e1
te lles que ](a) = g(a) sont tangentes au point a si, et seulement si, T a f = Ta9·
Une appli cation constante f : X --t Y est év ide mme nt de c l asse e00
et
Txf = 0 pour tout x E X.
1.18 APPLICATION LINÉAIRE TANGENTE 69

Exercice l.18.l Soient X, Y des variétés, f , g : X -t Y des applications de classe e1 .


1. On suppose que Tx f = T x g pour tout x E X, montrer que l'ensem ble

A = {x E X ; f(x) = g(x)}

est à la fois ouve11 et fermé. Si X est connexe et s' il exi ste un point a E X tel que f(a) = g(a ), en
déduire que f = g.
2. Si T x f = 0 pour tout x E X , montrer que f est constante lo rsque X est connexe.

Remarque 1.18.2 Lors que f : X ---+ F est une fo nctio n de cl asse C1 à valeurs
dans un espace normé F, o n cons idère la représentation loca le
f o cp - 1
: cp(U) ---+ F
e t o n définit l' applicatio n linéaire ta ngente par la form ule
(1. 18.4) Taf = D(f ocp- 1 )( <.p(a)) ocp, E L(TaX;F).
Lo rsq ue Fest un espace de dime nsion finie m muni de sa structu re ca nonique de
variété, cette définition coïncide avec la définition ( 1. 18. 1) compte tenu de I' ide n-
tification de l'espace tangent nF avec F (remarque 1.17. 1) : s i ·1/J : F -+ ocm est
une bijection linéaire, o n a en effet
1f;; 1 o D('lj; o f o cp- 1 )(cp (a)) o 'P• = ( ·~i:; 1 o ·t/_; ) o D(f o cp- 1 )(cp(a)) o cp*
et, modulo l' ide ntifi cation de nF et F, ·1/;:; 1 o i/; est l' ap plication identique de F,
ce qui prouve bien le résultat annoncé .
Lorsque F est une algèbre no rmée, étant donné deux applications
e
f , g : X ---+ F de classe 1 , on a alors pour to 11t V E TaX
(1.18.5) Ta(f x g) .v = (T0 f.v) X g(a) + f(a) X (Tag.v).
E n effet, d'après la formule (l.4.2), on a
Ta(! x g).v = D((f x g) o cp- 1 )(cp(a)).cp . (v)
D(J o cp- 1 )(cp(a)).cp.(v) x g(a) + f(a) x D (g o cp- 1 )(cp(a)).cp.(v).
=
Lo rsque F = JK, o n obtient la form ule de dérivation d'un prod uit
(1.18.6) Ta(f X g) = g(a) Taf + f (a) Ta9·
Lorsq ue X est une sous -varié té ouverte U d ' un espace Ede dimension finie l,
on ide ntifie TaU et E e t si <p : E -+ JK1 est une bij ection linéaire, on a
D(f o cp- 1 )(cp(a)) o (<plu). = D f(a) o (cp- 1 o (<plu ).)
et avec les ide ntification s faites on a simpl ement Taf = Df(a) E L(E ;F) .
Exercice 1.18.2 So ient X une vari été et f :X -t IR une fonctio n de classe C1 .
1. Si a E X est un extrem um relatif de f , montrer que Ta f = O.
Un point a E X tel que Tcif = 0 est appe lé un po int critique de f .
2. On suppose f de cl asse C2 . So ient a E X un point cri tique de f , ( U, ip) une carte au point a
et F = f o ip- 1 la représentation l ocale de f dans cette ca1te. Soient v E T 0 .X un vecteur tangen t et
1 : ] - c, s[ -t X un chem in de classe C2 tel que 1 (0) = a et ip. (v) = D(ip o 1 )(0).
a. On pose g = f o 1, montrer que

D 2 g(O) = D 2 F(ip (a)) (ip.(v) , ip. (v))


70 CHAPITRE 1 CALCU L DIFFÉRENTIEL

el en déduire qu 'on peut définir une forme bilinéaire sy mét rique s ur Ta X, appelée hess ienne de Jau
point a et notée Hcssa (!), pa1· la formul e

( 1.1 8 7) Hessa(J).(v ,w) = D 2 F( i.p( a)).( rp.(v),rp*(w)) , v,w E TaX.

b. Si la forme Hessa (!)est définie positive, montrer que a est un minimum relatif stri ct [utili ser
l'exercice 1.13.2].

Soit f une fonction défini e au voisinage d ' un point a E X, à val e urs dans OC
et de classe C1 et so it v E TaX un vecteur tangent ; on définit la dérivée de f au
poi nt a sui vant le vecte ur v par la for mul e
( 1.1 8.8) (Lvf)(a) = Taf.v E OC.
Si on note F = f o cp-L l'ex pression locale de f dans les coordonnées locales
cp = (x 1 , .•• ,xn), on a donc
8 8
(1.18 .9) F( cp(a))siv = vi ,, .
(L vf)(a) = v;
8 x• ux'
En particulier, la;ax' f = fJF /Bxi. Ces formules justifient les notations adoptées
pour les vecteurs de base du repère naturel.
Théorème 1.18.1 Soient X, Y et Z des variétés, f E C1 (X; Y) et g E C1 (Y; Z),
alors pour tout a E X
( 1.18. 10) Ta(g o f) = Tf(a )goTaf.
Preuve Soient (U,<p), (V, ·iP) et (W,X) des cartes aux points a, f(a) et g(J(a)),
si F et G sont les expressions locales de f et g dans ces cartes, H = G o F est
l'expression locale de g o f, d 'où
Ta(g o f) x,;- 1 o DH('P(a) ) o 'P•
X,;- 1 o DG('1/; (f(a))) o l(J. o 1(.;:; 1 o DF('P(a)) o cp.,
ce qui permet de conclure. Q .E.D .
Remarque 1.18.3 Soie nt U une sous-variété ouverte d ' une variété X, si (V, 1/J) est
une carte de U, donc de X, en un point a E U, l' injection canonique i : U -t X
admet pour représentation locale dans ces cartes l' application identique de ·l(J( V)
(remarque 1.16.2) . Vu la définition ( 1. 18.1 ), on en déduit que l'application linéaire
Tai : TaU -t TaX est une bijection qui permet d'identifier les espaces tangents
TaU et T0 X. Si Y est une autre variété et f : X -t Y une application de classe
C 1 , on a T 0 (J o i) = Taf o Tai, d ' où TaUlu) = Taf vu que Tai = Ir.. x d ' après
lidentification précéde nte.
Remarque 1.18.4 Soient X 1 et X 2 des variétés, X = X 1 x X2 la variété produit
et a = (ai, az) un point d e X. Soit 'Y E Jo ,0 (0C; X), alors 'Y = (11, 'Y2) où
î ·i E Jo ,a, (OC; X.;) et, si (U; , 'Pi) est une carte au point ai>
(cp1Xcpz) 0"( = (cp1 O"(J,'P2 O"fz),
d'où
1.19 ESPACE COTANGENT 71

Cette fo rmule mo ntre que les classes d 'équi valence v 1 et v 2 de / I et 1 2 ne dé-


pende nt que de la c lasse v de ')', ce qui i>ermet de définir une applicati on
v >-t ( v1 , V2) de Ta X d ans Ta, Xi x Ta2 X 2 pa r la fo rmule
( J.l 8 . l I) (4?1 X <p2)* (v) = ('P1*(v1) , <pz , (v2) ) E JK.n 1 X JKn 2 •
Cette fo rmul e montre que cette applicatio n ·u H ( v 1 , v2) est une bijecti on
linéaire de TaX sur Ta 1 X 1 x Ta 2 X2 et o n pe ut donc ide nti fie r l'espace tangent
TaX aup roduitdes es paces tangentsTa , X 1 x Ta2 X2 .
Éta nt donné une vari été Y, considéro ns alors une application f : Y --+ X 1 x X 2
e
de c lasse 1 , soit f = (f1,h) où les fo ncti on s f i : y -+ x i sont de classe e 1
(rem a rque 1.1 6.3). So ie nt a E Y, b = (b 1 , b2) = f(a) , (V, ·t/;) une carte au po int a
et (Ui ,'f?·i) une carte au point bi. Si F = ( ip 1 x ip 2 ) o j o ·ljJ - 1 est la représentati on
local e de f dans ces cartes, o n a F = (F1 ,F2 ) où F; = ip; o f i o 'lj;- 1 est la
représentati on locale d e f i et pour tout vec teur tange nt v E TaY, on a
(1P1 X ip2)* (Ta f.v) DF('lf; (a )):1A (v )

(DF1 ( 'lf; (a)) .·t/;*( v), DF2( 1/J (a) ). 1/J* (v))

( 'P1* (Ta fi .V), <pz* (Tah ·V) )


et pa r conséqu ent d 'après ( 1. 18. 11 )
( 1.1 8. 12) Taf. v = (Tafi.v , Taf2. v) E Tb X1 x Tb X2.
1 2

Considérons e nfi n une application J : X l X X 2 --+ y de cl asse e1 . So ie nt


a = (a 1 ,a 2 ) E X 1 x X 2, b = f(a), (U; , <p ;) et (V,'lj;) des cartes aux po ints a;
et b. Si F = ·t/; o f o ('Pi x <p 2 ) - 1 est la représentation locale d e f , on constate
que F(.,<,o 2 (a 2 )) et F(ip 1 (a 1 ) , . ) sont les rei>rése n tarions locales de j( . ,az) et
f (a1 , , ). Il en résul te que, po ur tout v = (v1 , v2 ) E Ta1 X1 x Ta 2 X2,
'l/J*(Taf.(·u1 , v2)) = DF(1P1(ai) , 'Pz( a2)).(4?1 x 4?2 )*(v)
DF( ip i ( a1), ip2 ( a2)) .( ifJh ( v1) , (<p2*( v2))

D1F( <p1(ai) , 1P2 (a2)) ·'P1* ( v1) +- D2F('P i (a1) , 1P2 (a2) ) .!pz* (V2)
c'est-à-dire
( l.1 8. 13) T af.( v 1,v2 ) = Ta ,J(. , a2).v1 +Ta 2 f (a 1, • ).v2 E nY.
On o bserve ra que les fo rmul es ( l.1 8. 12) et ( l.1 8. 13) générali sent les fo rmules de
dérivation des fo ncti ons défini es o u à valeurs d ans un produit d 'espaces normés.

1.19 Espace cotangent


Soie nt X une variété d e dimension n, a E X et j : X --+ lK une fonction de cl asse
C1 , a lors Taf est une form e linéaire sur l'espace tangent TaX , donc appartie nt au
dual de cet espace. Le dual T;X de l'espaceTaX s'appelle l' espace cotangent à
la variété X au po int a et un vecte ur de cet es pace es t appe lé un vecteur cotangent.
72 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

La forme linéaire Taf est d onc un vecte ur cotangent qu 'on note df(a) et qu ' on
appelle la diftërentielle de f a u poi nt a. Noto ns < . , • > le crochet de dualité e ntre
les espaces r;X el T{LX , on a a lors po ur tout V E T{LX
< df (a) , V >= Taf.v = (Lvf)(a).
Si <p= (x1, . . . , xn) est un systè me de coordonnées locales au point a et si
F = f o c.p - 1 est l'express io n locale de f, la formule précéde nte peut s'écrire
. âF . â
< dj (a ), v >= vi -;::>' (cp (a)) si v = v i - ..
uxi 8 xi
En particulier, e n pre nant po ur fo nctio n f l'une des fonctions xi , on obtient
< dxi (a) , v >= vi, d 'où (en notant s implement dx i la diftë rentielle de xi au
point a)

< dX i , - âxJ. >= ui:i1·


8
et ceci mo ntre que les n form es dxi, 1 :::; 'i :::; n, constitue nt la base duale de
la base (â/âxi) qu ' on appe ll era le repère naturel de l'espace cotangent. Dans le
re père naturel, la diffë re nti e11e de la fon c tion J s'écrit simplement
8
( 1.19. 1) df(a) = F( cp(a))dx i
8 xi
et le crochet de dualité

<W,V >= W; V
i
SI W
' d
= Wi X V = V -
i ·i â ··
8 xi
li faut savoir comment se transforme nt les coordonnées d ' un vecteur cotan-
gent lorsqu 'on c hange de coordo nnées locales. Soit c.p' = (x' 1 , ... , x ' n) un a utre
systè me de coordonnées locales au point a. La formule ( 1.19.1 ) où nous prenon s
f = x'J s'écrit
. âx'J .
(1.19.2) dx '1 = - -_ dxi
âxi
et de mê me
. â x1 .
(1. 19.3) dx 1 = --. dx 'i.
éJx'''
Si w = w1 dxJ = w;dx 'i est un vec te ur cotangent, o n e n déduit que
oxJ
(1.19.4) W~ = ~Wj·
ux''
On constate que la matrice qui perme t de passer des Wj aux w~ est celle qui
permet de passer des [) / ox j a ux [) / ox'i (formule ( 1.17.7)) : on dit qu , un vecteur
cotangent est covariant. On observera que les indices des coordonnées d ' un vecteur
cotangent sont placés e n pos iti on in fé rieure ; ceci est une règle générale qu' il faut
respecter: pour un obj et co ntravariant (un vecte ur tangent par exemple) les indices
sont e n position supéri eure, alors que pour un objet covariant, ils sont e n position
in f'érieure .
1.20 THÉORÈME DE S FON CTIONS IMPLICITES 73

1.20 Théorème des fonctions implicites


Une bij ecti on f : X --+ Y de classe ek, k :::'.'. 1, don1 la bij ection réciproque est
de cl asse ek est appe lée un e k-difféomorphis me ; s' il ex iste un difféomo rphi sme
de X sur Y, on dit que les variétés sont difféo mo rphes. Le théorème précéde nt
mo ntre qu ' on a alors Taf o Tf(a)f - 1 = I r 1caJY el TJ(a )f - 1 o Ta f = I r.,x ;
des variétés difféomorphes sont do nc nécessairem ent de même dimension . Une
applicati on f : X --+ Y est appe lée un ek-difféomorphi sme local si, po ur tout
x E X, il existe des voisinages o uverts A et B de x et f (x ) tels que fl A so it un
ek-diffëomorphi sme de A sur B . Un difféomorphi sme local est une appl icati o n
ouve rte et la propos ition 1. 12.5 s ubs iste avec la même démonstra ti o n : un ek_
difféomorphisme local j : X --+ Y est un e" -difféo morphi sme de X surf (X) si,
et se ulement si, f est injectif.
Exemple 1.20.1 Soil (U, cp) une carte d ' une variété X de dime nsion n , alors I' a p-
plication cp : U --+ cp(U) en tant qu 'application de la sous-variété ouverte U
dans l'ouvert cp(U) de Kn muni de sa structure canonique de variété est un e=-
difféomorphisme. En e ffet, la seule carte (U, c.p ) constitue un atlas de U et la repré-
senta ti on locale de cp s'écri t c.p- 1 o cp = I"'(u), l' applicatio n cp est donce= et po ur
tout point a E U, Ta'P = f oc,. otp* = cp* . On vérifie de mê me que la rep résentati on
locale de cp - 1 est I <p(U) • cp- 1 est donc e 00 et T <p(a)('P- l) = ('P* )- 1 . Cec i prouve
que 'Pest un e 00 -difféo mo rphisme. Réc iproquement, to ut C00 -difféomo rphi sme
cp : U --+ tp (U) d'un ouve rt U de X s ur un ouvert cp( U) de ocn
définit une carte
(U, 1.p) de X car, si (U' , cp' ) est une carte de X , l' applicatio n c hangement de carte
cp- 1 otp' : c.p(U n U' ) --+ cp' (U n U') est un dil'féomorphi sme e n tant que composé
de di fféo morphismes.
L e théorème des fo ncti o ns implicites peul alors s' écrire de la faço n suivante.
Théorème 1.20.1 Théorème des fonctions implicites So ient X 1 , X 2 , Y des va-
riétés, f : X1 X X 2 --+ y une application de classe e", k ~ 1, a = (a1 , a 2)
un p oint de X1 x X2, b = f(a), on suppose que T02 f(a1 , •): Ta2 X 2 --+ TbY
est u n isomorphisme. Alors, il existe un voisinage ouvert A 1 x A 2 de a tel que,
pour /out x = (x1, x2) E A1 x A2, T x2 f( x 1, • ) soit un isomorphisme de Tx 2 X 2
sur T f (x) Y et tel que, pour toul x i E A1, /'équation f( xt, x2) = b admette une
unique solution X2 = g( x 1) E A2, l'application g : A 1 --+ A2 est de classe ek et
pour /out X i E A1
1
( l.20.1) T x 1 9 = - (Tg( xi) f (x1, . )) - o T x,f(. , g(x1)).
Preuve So it (Ui , c.pi ) et (V, 't/J ) des cartes locales aux po ints a.; et b telles que
f (U1 x U2 ) C V et so it F la re présentatio n locale de f dans ces cartes ; cette
fonc tion F : c.p1(U1) X 'P2 (U2) --+ ocn, n = dim Y, est de classe ek. Posons
Œi = 'Pi (ai), a = (a 1, 02), /3 = F(a) = 1/;( b). La fo nction f (a1 , . ) adm et
la fonction F( a 1 , .) pour représentatio n locale (remarque 1.18.4) e t l'hypoth èse
sig nifie que D 2 F(a) est un isomorphi sme de Kn2 sur ocn
si ni = dim X i. Le
74 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉ RENT IEL

théorè me résulte donc du théorème 1. 1 1.2 des fon ctions implicites. Qu a nt à la for-
mul e ( 1.20. 1), posons <I>(x 1 ) = f(;r:1 , g(x 1 )), c'est-à-dire <I> = f o h o ù h est
l'appli calion x 1 >-+ (x 1 ,g(xt)). On a d'après ( 1.1 8. 12) T x1 h.v1 = (v 1 , Tx 1 9.v 1)
où V 1 E T.T, X 1 e t T, , CI> = Th (x, )f 0 Tx, h, d' où
T x , <I>. ·v1 = T(x, ,g(x ,) )f.(v1 ,Tx,9·V1) ,
soit d'après ( 1.1 8. 13)
T x 1 <I>. v 1 = T x J (. , g( x 1)) .v1 + Tg( x,) i( x 1, . ).(Tx 1 g.v1),
ce qui peut s'écrire
Ti;, <f> = Tx ,J( •, 9(x1)) + Tg(x )f (x1, •) o T.i;, g.
1

Étant donné que la fo nction <I> est constante, T.'" <I> = 0, ce qui permet d e conc lure.
1

Q.E.D.
On en déduit le théorème d ' inversio n locale qui suiL.
Théorème 1.20.2 Tnéorème d'inversion locale Soient X et Y des variétés,
f : X -t Y une application de classe e1.:, k ~ 1, a E X et b = f (a), on
suppose que Tai est un isom01phisme de Ta X sur nY, alors il existe un voisi-
nage ouvert A x B de (a, b) rel que f iA soit un C:?,k-dijféomorphisme de A sur B ;
on a de plus
Tb(JIA) - 1 = (Taf) - 1.
Corollaire 1.20.3 Soient X et Y des variétés, i : X -+ Y une application de
classe ek, k ::::: 1, telle que, pour tout X E X, Txf soit un isomorphism e de T xX
sur TJ( x)Y, alors J est un ek-difféomorphisme local.
Indiquons enfi n une généralisati o n du théorème d' inversion locale. É tant donné
une appli cation f : X -+ Y de classe e1 , on définit le rang de f en un p o int a E X
comme étant le ra ng de l'appli cation linéa ire tangente Taf. soit
( 1.20.2) = rg Tai = dim lm Taf;
rga i
si (U, cp) et (V, 'if') sont des cartes a ux points a et f (a) et F la représentation
loca le de f dans ces cartes, le rang de f est égal au ra ng de l'applicati o n linéaire
DF(cp(a)) , c'est-à-dire a u rang de la matrice j acobienne (DJFi(cp(a))).
Proposition 1.20.4 Soient X une variété de dimension l,
f = (J')1 ~i~ m: X-+ !Km
une application de classe ek, 1 ::::; k ::; oo, de rang constant égal à r < m au voisi-
nage d' un point a E X. On suppose en outre que la f onction
f = (P)i ~i~ r : X -t Kr est de rang r au p oint a. Alors, il existe des voisi-
nages ouverts A de a E X et B 1 du point }(a) E !Kr tels que f(A) c B 1 et des
fonc tions gi : Bi -+ IK, r + 1 ::::; i ::::; m, de classe ek telles que, pour to ut X E A ,
c1.20.3) r(x) = f(J 1 (x), ... , F(x)), r + 1 ::::; i ::; m.
Preuve En considérant la re présenta tion loca le de f dans une carte au po int a,
on peut supposer que X es t un voisi nage ouvert de 0 E IK1, en re mplaçant f
1.20 THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 75

par f - f (0) que f(O ) = 0, que f est de rang r e n to ut point de X et que


6. = dé t (Djf i(O))i :Soi,j :Sor =/= O.
Soit <p : X --t JK1 l'application défi nie par
( ·) -_ (j· l (X ) , ... , j"r( X·),X.r+l ,. .. , X
'{IX .l) ,.
on a cp (O) = 0 et le jaco bi en de <p en 0 est égal à 6. ; d 'après le théorè me d' in-
versi on loca le, il existe des voisinages o uve rts A C X e t B de 0 E JK:1 tels que
'P IA : A --+ B soit un ek-diflëomorphis me ; on pe ul en o utre supposer que B est
de la forme B 1 x B 2 où B 1 et B 2 sont des voisinages ouverts connexes de l' orig ine
de Kr et oct- r respective ment. La fon cti o n g = f o <p - 1 : B --t ocm est de classe
ek, g (O) = 0 et
g ( y ) __ ( y 1 , .. . , .y r , gr+1 ( y ) , . .. , gm( y )) pour ,y -_ ( y i) I:So i:So l E B .
La formul e Dg(y) = Df(cp- 1 (y)) o D(cp - 1 ) (y) montre que l' image de Dg(y)
coïncide avec ce lle de D f (<p - 1 (y)) ; la matrice dé rivée de g es t d one de rang r ;
étant do nné que Djgi (y) = ôj pour 1 :::; i , j :::; r , o n e n déduit q ue Djgi(y) = 0
pour i, j > r e t, B 2 é tant con nexe, les fonctions gi so nt donc indépendantes des
variables yr+ 1 , . .. , y 1• Étant donné que f = g o <p, cec i perme t de conclure. Q.E.D.
Note On dit que les fo nc tions (fi) son t fo nctionn ellement dé pendantes. Lorsque
X = IK1, si les p sont des formes linéaires s ur X , on observera que les fonctions g·i
sont linéaires ; cette proposition est donc une vers ion non linéaire d ' une pro prié té
class ique concernant des formes linéa ires sur un espace de dimensio n finie.
Théorème 1.20.5 Théorème du rang constant Soient X et Y des variétés de
dimension let m, f : X --+ y une application de classe ek, 1 :::; k ::; OO, dont le
rang r est constant au voisinage d 'un point a E X, alors il existe d es coordonnées
loca l es <p = (x 1 , . . . , x 1), ·ij; = (y 1 , ... , ym) aux points a et b = f(a) telles que
<p(a) = 0, ·ij;(b) = 0 et telles que la représentation locale de f soit l'application
(x 1 , ... , x 1 ) H (.'.C 1 , ... , Xr , 0, . .. , 0).
Preuve Grâce à des cartes aux points a e t f (a), on se ra mè ne à la situa ti on de la
proposition précédente. Lorsque r = m , on a
(f ocp- l)(y) = g(y) = (y t , ... ,yr )
et le théorème est dé montré dans ce cas. Lorsque r < m , on définit une fonction
·ij; : Et X ocm - r --+ JK!n e n posant
,,/,
'!-' (y ) -_ ( y l , ... , y r , y r+l - gr + l( y 1, . .. ,y
, r) , ... , y m - g m( y 1,. . . , y r )) .)
cette fon ctio n est un ek -difféomorphi sme de B1 X IKm-r s ur lui-mê me, le difféo-
morphis me réc iproque étant
,,1
'f/,- l( y ) - me
- ( y l , ... ,yr , y r+ l + gr+l( y 1 , . . .,yr) ,. .. , 'y m +g y 1 , ... , yr )).,
on a alors
1
('i/; o f o <p - )(y) = (y 1 , ... , yr , o, .. . , 0) E IKm
et ceci prouve le théorè me. Q.E.D.
Exercice 1.20.1 Soien t X , Y des variétés et f : X ---+ Y un e appli cation de cl asse e localement
1

de rang constant : ceci si gnilk que, pour tout a E X, i 1 ex i ste un voisin age ouve11 U de a tel que
l 'appli cation x H rg x f soit constante sur U . Si X est con nexe, montrer que f est de rang constant.
76 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

1.21 Sous-variété
Soient n el p des e nti ers Lcls que 0 ::::: p ::::: n, les coordonnées d' un point X de ocn
éLant notées (x 1 , . . . , xn ), nous ide ntifierons le so us-espace vectoriel
{x E ocn; xP+l = ... = xn = O} et l'espace JKP.
Définition 1.21.1 Soit X une variété de dimension n, une partie Y de X est ap-
pelée une sous-variété de X de dimension psi, pour tout x E Y , il existe une carte
(U, <p) de X au point x telle que <p(U n Y ) = <p(U) n JKP.
Lorsque p = 0, ceci signifie que Y est une partie di scrète de X et lorsque
p = n qu e Yest un ouvert de X.

<p(U)
l!(P

lKn

Une sous-variété sera toujours munie de la structure de variété définie de la


façon suivante. On munit d'abord Y de la topologie induite par cell e de X. On
observe ensuite que, si (U, <.p ) est une carte de X e n un point x de Y te lle que
c.p(U n Y) = c.p(U ) n JKP, alors (U n Y , 1PlunY) est une carte de Y de dimens ion
p ; de plus, si (U, ip) et ( U' , <p') sont deux te lles cartes, les cartes (Un Y, c.p lunY)
e
et (U' n Y, <p'IV'nY) sont 00 -compatibles: en effet, posons
1
'l/J = 1PlunY, 'l/J' = 'P lu'nY,
alors l'application changemen t de cartes
'l/; 1 o 'l/J- 1 = <p 1 o ip- 1 1cp(unu')nIK1· : <p(U n U') n l!(P -+ <p1 (U n U ') n JKP
est de classe e00 . L'ensemble de toutes ces cartes (U n Y, iplunY) constitue donc
un atlas de Y e l défi nit par conséquent une structure de variété sur Y de dimension
p. L'entier n - p est appelé la cod imension de Y dans X ; il sera noté codi mx Y .
Par exemple, une sous-variété de codimension 1 est appelée une hype rsurface de
X . Lorsque Y est un ouvert de X, la structure de variété ainsi dé finie sur Y est
bien ce lle qui a été définie précédemment à la remarque 1. 14.3 .
1.2 1 SOUS-VARIÉTÉ 77

Si Y est une sous-variété d e X, l' inj ectio n canonique i: Y ---+ X est e 00


car
dans les cartes (U, <p) et (Un Y, 'P lun Y) elles 'écrit simpl ement
(x 1 , . .. ,xP) >--+ (x 1 , .. . , xP,O, -·. , 0).
Notons enfin que si Y est une sous-variété de X et 0 un ouvert de X, a lors
0 n Y est une sous-variété de la sous-variété ouverte O.
Note Si X n'est qu ' une variété de classe ek, on obtient s ur Y une structure de
variété de c lasse ek. Si X est une variété analytique (réelle o u comp lexe), on
obtie nt sur Y une structure de variété analytique .
Exercice 1.21.1 Soit X une variété dénombrable à l 'infini, montrer que toute sous-variété est dé-
nombrabl e à l' infini (utili ser l 'exercice l. t 4. 1].

Proposition 1.21.1 Soient Y une sous-variété de X et Z une variété, une appli-


cation f : Y ---+ Z est de classe ek si, et seulement si, pour tout x E Y, il existe
un voisinage ouvert U de x dans X et une fonction g : U ---+ Z de classe ek telle
qu e j = g sur U n Y.
Preuve La condition est nécessai re. En effet, l'injection canonique i : Un Y --+ U
est eoo ;VU que j 1Un Y = g O 'l, lapplicati on f' est de classe ek.
Réciproquement, so it (U, <p) une carte de X au point x tel que
<p(U n Y) = <p(U) n lKP ; en substituant à U un ouvert plu s petit, on peut supposer
que <.p(U) est de la for me V x W où V est un ouvert de JKP et W un vo isinage
ouvert de 0 E JKn - p. L'application F = f o('PlunY)- 1 : V ---+ Z est ek et, en
notant pr 1 : V x W ---+ V la première projection , on constate alo rs que la fonction
g = F o pr 1 o <p : U ---+ Z possède les propriétés voulues. Q.E.D.
Proposition 1.21.2 Soient Y une sous-variété de X et Z une variété, une appli-
cation f : Z ---+ Y est de classe ek si, et seule1nent si, l'application i o f : Z --+ X
est de classe ek, i désignant l 'injection canonique de Y dans X.
e
Preuve L' application i étant 00 , si f est de classe ek, il e n est de même dei o f.
Inversement, supposons i o f de classe e"' ; soient (V, 'lj;) une carte de Z en un
po int z E Z et (U, cp) une carte de X au point f( z ) vé rifi ant les propriétés de la
définition 1.21.1 ; si F = t.p o f o 'lj; - 1 : 'lj;(V n 1- 1 (U)) ---+ lKn, n = dim X,
est la représentation loca le dei o f, dans les cartes (V, ·i/J) et (U n Y , '-P lunY) la
représentation locale de f es t pr 1 o F où pr 1 : JKP x JKn - p ---+ JKP, p = dim Y,
est la première projection . L'application F étant de classe ek, il e n est de même de
l'application pr 1 o F. Q.E.D.
Définition 1.21.2 Étant donné deux variétés X et Y, une application f : X --+ Y
de classe e00 est appelée une immersion si, pour tout X E X, l'application linéaire
tangente T,J: TxX ---+ TJ( x)Y est injective.
Dire que f est une immersion signifi e donc que le rang de f est égal à la
dimension de X et on a donc nécessairement dim X :::= dim Y. On observera que,
d 'après le théorème du rang constant, toute application injective de ra ng constant
est une immersion.
78 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

Par exemple, s i Y est un e sous-varié té de X, l' injecti o n canonique i: Y --+ X


est une immers io n car, avec les notati o ns de la définitio n l.2 l.I , dan s les cartes
(U, <p) e t (U n Y, IPlun Y) e ll e s 'écrit (x 1, ... , xP) H (x 1 , ... , xP, 0, ... , 0 ), ap-
plication q ui est bien de rang p . L'applicatio n linéaire injective T.'"i : TxY --+ TxX
permet d ' ide ntifie r l'espace tange nt à Y au po int x à un sous-espace vectorie l
de l' espace ta ngent TxX . D 'après la d éfiniti o n mê me de l' applicati on linéaire
tangente et d 'après l' inc lu sio n Jo ,x (IK; Y) C Jo,x (IK; X), cette identi fi catio n est
l' identification naturelle du quotient de l 'espace Jo,x (IK; Y ) à un sous-espace du
quotient del' espace lo ,x (K; X). Si (8/ ax·i ) i:o;i:o;n est le repère nature l de l'espace
tangen t TxX, x EU, on observera que, pour x E U n Y, (â/âx i )i ~i-S p est le re-
père nature l de T xY associé à la carte (U n Y, iplun y). Si f : X ~ Z est une
e
application de c lasse 1 à valeurs dans une a utre variété Z pour to ut x E Y o n a
T, (f ly) = T.'" f o Txi c' est-à-dire, compte tenu de l'identification préc éde nte,
( 1.2 1.1 ) Tx(fly) = Txflr.,Y·
E n partic ulier, si Y est un e sous-variété d ' un espace vectoriel E de dime nsion
fini e, l'espace ta nge nt T.'" Y en un point x E Y s' ide ntifie à un sous-es pace vecto-
rie l de E . Cet espace tangent est s implem e nt l'ensembl e des vecte urs D "f( O) E E
o ù 'Y décrit l'ensemble Jo,x (K; Y), D'Y(O) désigna nt la dérivée de/ en ta nt qu 'ap-
plication à valeurs dans E. L 'espace affi ne x + TxY est alors appelé l'espace affin e
tangent à Y au pointx.
Si Y est une sous-variété de X, l' injectio n i : Y --+ X est une immersio n.
Réci proque me nt, é tant donné une imme rsio n injecti ve f : X -+ Y, f (X) n'est
pas nécessaire me nt une sous-varié té de Y. Par exemple, l' application j : IR--+ JR 2
défin ie par
2 2
f(t ) = ( t(l + t ) t(l - t ))
1 + t4 ) 1+ t4
est une immersio n injecti ve do nt l' image est la lemniscate de Bernoulli qui n'est
pas une sous-variété de IR 2 : ce n'est év ide mme nt pas une sous-variété de dime n-
sio n 0 ou 2 et ce n'est pas no n plu s une sous-varié té de dime nsion 1, l'ori g ine
n' admettant pas de voisinage ho méomorphe à un interva lle de lR.
Cec i conduit à la dé finition suivante.
Définition 1.21.3 Une immersion f : X --+ Y est appelée un plongement si f est
un homéomorphisme de X sur f(X).
O n a a lors la
Proposition 1.21.3 Si f : X --+ Y est un plongement, f (X) est une sous-variété
de Y et f est un difféomorphisme de X surf (X).
Preuve N otons pet n les dimensions de X et Y et so it a E X . D'ap rès le théo-
rème du rang constant il exis te une car te (U, ip) a u point a et une carte (V, 'l/J )
au poin t b = f(a) te ll es q ue la représenta tio n locale F de f soit d e la forme
(x 1 , _ .. , xP) H (x 1 , .. _, xP, 0, _. _, 0) ; bien e nte ndu , on peu t sup poser
f (U) C V . L'application J étant un homéomorphisme de X sur f(X) , f(U)
1.21 SOU S-VARI ÉTÉ 79

est un ouvert de f(X), donc de f(X) n V v u q ue J(U) C V. On e n déd ui t que


î/J(f ( U) ), c 'est-à-dire F( ip(U) ), est un ouvert de 'l/; (J(X) n V) ; il ex iste donc un
ouvert 0 1 de 'l/J (V) te l que
F( r.p(U)) = 01 n '0 (f(X) n V).
D'autre part, F( r.p(U)) est un ouvert de JKP x (O} ; il ex iste do nc un ouvert 0 2 de
7j)(V) tel q ue
F(r.p(U)) = 02 n (IK.P x {O}).
Poso ns 0 = 0 1 n0 2, on a alors
F( cp (U)) = 0 n '0 (f(X) n V ) = 0 n (JKP X {O} ).
Cons idérons alors la carte (V' ,'tP 1 ) o ù V' = 'if;- 1 (0) et '0' = '1
/l lV' ; il s'agit d ' une
carte au point bcar F( r.p(a)) E 0, d' où 7j)(f(a)) E Oet b = f(a) E 'lj;- 1 (0). O n
a d 'a utre part
1/J'(J(X) n V') = 't/>(f(X) n v n'l/;- 1 (O)) = 'l/i(f(X) n V) n o ,
d'où 1/J'(f(X) n V ' ) = 0 n (IICV x {O}) et ceci prouve que f(X) est un e so us-
varié té.
L'applicati on f est alors un difféomo rphisme de X sur f (X), car sa représe n-
tati on locale dans les cartes (U, cp) et (V' , 't/>') est l'app li cation identique. Q.E.D.
S i f: X --+ Y est un pl ongement, l'appli cation li néaire tangente Taf, a E X,
est u n isomorphi sme de TaX sur l'espace tange nt T J(a) f(X), d'où
( J.2 1.2) Tf(a )f(X) = (Ta f)(T~X), a E X.
S i f : X -+ Y est un di fféo morphi sme e l si X ' est une sous-variété de X,
alo rs flx' : X ' -+ Y est une immersio n d ' après ( 1.2 1. l), do nc un plongement. Il
en résulte que Y' = f(X ' ) est une sous-variété de Y , que flx ' est un di fféo mor-
phism e de X ' sur Y ' et que TafÎT., X', a E X', est un isomorphi sme de TaX' sur
Tf(a)Y' .
Remarque 1.21.1 Si Y est une so us-varieté de X, l' injection canoniq ue
i : Y --+ X est év idemment un plongement. Ceci peut ê tre préc isé de la faço n
sui vante : soient X une variété, Y une partie de X sur laq ue lle est donnée une
struc ture de variété, alors Y est une sous-var ié té de X si, el seulement si, l' in-
jec ti o n canonique i : Y -+ X est un plongement. En effet, s i cette conditio n est
réali sée, la propositio n 1.2 1. 3 pro uve que i(Y ) = Y est une sous-vari été de X et
que i es t un difféomorphi sme de Y muni de sa struclure de variété sur Y en ta nt
que sous-vari été de X.
Proposition 1.21.4 Transitivité Soient X u11e va riété, Y une sous-variété de X
et Z une partie de Y, alors Z est une sous-va1·iété de X si, et seulement si, Z est
une sous-variété de Y.
Preuve Notons i : Y -+ X et j : Z -+ Y les i11jections canoniques ; l'app licat ion
i est un pl ongement. L'espace X et le sous-espace Y indui sent la mê me to pologie
sur Z el, Z étant muni de cette topo log ie, les injecti o ns j : Z -+ Y et i o j : Z -+ X
sont des homéomorphi smes sur leur im age.
80 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

1. Si Z est une sous-variété de Y , l' application j est un pl ongeme nt et la for-


mule T z (i o j ) = Tz·i o Tz.i , z E Z, montre que i o j est une imm ersio n, donc un
plongement et ceci prouve qu e Z est une sous-variété de X.
2. De même, si Z est une sous-variété de X, la mê me formule montre que j est
une immersio n e t, comme précédemment, on en déduit que Z est une so us-variété
de Y. Q.E.D.
Exemple 1.21.1 Sous-variété paramétrée Soient U un ouvert de JKP et
f : U -+ ocn un plongement, alors X = j (U ) est une sous-varié té de lKn :
on dit que X est une so us- variété paramétrée et que f es t un paramé trage qu ' on
écrit
y i = 1·i (X l , • .. , X P) , 1 :::; Z· :::; n .
D 'après ( 1.21.2), l'espace ta rtge nt e n un point f(a) , a E U, est donné par la for-
mule Tf(a)X = D j(a)(JKP); si ( ej )i ~ j ~ p est la base canonique d e JKP, les p
vecteurs Df(a) .ej, c' est-à-dire
(Dj f L(a) , ... , DJr(a)) , 1 :::; .i :::; p ,
constituent une base de cet es pace vectorie l.
Exemple 1.21.2 Soient X 1 et X 2 des variétés et soit a 2 E X 2 , a lors 1·application
h : x 1 E X 1 H (x l , a 2 ) E X 1 x X 2 est un plongement : les notati ons étant celles
de la remarque 1.1 63 , la représentati on loca le de h, à savoir x 1 H (x 1 , <p 2 (a 2 ) ) ,
montre que h est une immers ion et par ai lleurs h est un homéomorph isme de X 1
sur X 1 x {a2 } . On en déd uï1 que X 1 x {a 2 } est une sous-variété de X 1 x X 2 et
que h est un difféo morphis me de X 1 sur X 1 x {a 2}.
Indiquons une autre façon de définir des sous-vari étés ; cette méthode permet
de donner de très noinbre ux exem ples .
Proposition 1.21.5 So ient X et Y des variétés, f : X -+ Y une application de
classe e00 , de rang constant et égal à r, alors pour tout b E f (Y), Z = f - 1 (b)
est une sous-variété de X de codimension r et pour tout a E Z , TaZ = Ker Taf.
Preuve Soit a E Z , il ex is te des cartes (U, <p ) e t (V, '!j! ) aux points a etb = f(a) vé-
rifiant les propriétés du théorème 1.20.5 el de plus on peut supposer
f (U) C V. O n a alors rp(U n Z ) = <p(U ) n ({O} x JK1-r), ce qui prouve que
Z est une sous-variété de dimension l - r, c ' est-à-dire de codimens i on r . On a
d ' autre part Taf lr,.z = 0 c ar l' application f lz est constante; il en résulte que
TaZ C Ker Taf ; on no te e nsuite que l = dim Ker Taf + dim lm Taf, ce qui
prouve que Ker Taf est de dimension L- r ; les espaces Ker Taf e t Ta Z sont donc
de même dimensio n et par c<Jnséquent coïncident. Q .E.D.
En partic ulier, si U est un o uvert de JK1 et si f : U -+ lKm est une application
e 00
de rang constant et égal à r, pour tout b E f (U), X = f - 1 (b) est une sous-
variété de codimension r et TaX = Ker D f(a), a E X.
No us allons vérifier q ue loca lement une sous-variété peut touj ours être défi nie
par le procédé décrit ci-dessus. Introdui sons d'abord la notion sui vante .
1.21 S OUS-VARIÉT É 81

Définition 1.21.4 Une application f : X --+ Y de classe e00 est appe-


fée une submersion si, pour tout x E X, l 'application linéaire tangente
T.,J : TxX --+ Tf(x) Y est surjective.
Dire que f est une submers ion signifie do nc que le rang de f est égal à la
dime nsio n de Y et on a do nc nécessaire ment dim Y :::; dim X.
Remarque 1.21.2 Soit f : X --+ Y une application de classe e= et soit
a E X , supposons l' applicatio n tange nte T 0 / injecti ve (resp. surjecti ve) ; si F
est la représentati on locale de f dans des caJtes ( U, \?) et (V, ·tj.;) a ux po ints a et
f (a), cec i signifie que le rang de la matrice j aco bienne (DjF'(cp (a))) est égal à
dim X (resp. dim Y), donc de rang max imal ; il en résul te qu ' il ex iste un vo isin age
ouve rt 0 de a te l que, po ur tout x E 0, le rn ng de l'applicatio n T x f est encore
égal à dirn X (resp. dirn Y) . Autrement di t, il ex iste un voisinage ouvert 0 de a tel
que f Io soit un e immersion (resp. un e s ubme rs ion).
Exemple 1.21.3 Soient X 1 et X 2 des variétés, alors les projecti o ns
pri : X 1 x X 2 --+ X, sont des submersions. E n effet, les notati o ns éta nt ce lles
de la remarque 1.16.3, la représentati on locale de pr; est donnée par la formule
(x1 , X2) E cp1(U1) X 'P2(U2) r i Xi E JKn'.
Proposition 1.21.6 So it X une variété de dimension n, une partie Y d e X est
une sous-variété de codimension psi, et seu le1nent s i, pour tout x E Y, il existe un
voisinage ouvert U de x et une submersion f : U --+ JKP telle que Un Y = f - 1(0).
Preuve La condition est suffisa nte : d 'après la pro positi o n précéde nte, U n Y est
une sous- variété de U, do nc de X, de codime nsion p.
La co ndi tio n est nécessai re. S i Y est une sous-variété de codim ension p , il
ex iste une carte (U, 'P) au point x E Y telle qu e
cp(U n Y) = ip(U ) n ({O} x !Kn - p).
C ons 'd
1 '
erons 1a · · pr .. ( x.1 , ... , x n) E !&.
proJecuon rvn t-+ ( x.1 , . . . , x·P) E rrrp
m. et po-
sons f = pr o ip : U --+ JKP, alors f est une submersion car pr est sa représentati on
locale dans la carte (U,ip) et Un Y = f - 1 (0), ce qui prouve le résultat vo ulu.
Q.E.D.
Exercice 1.21.2 Montrer q ue toute s ubmersion est une application o uverte [u1ili ser le théorème du
rang constant] .

Exercice 1.21.3 Soit f X -) Y une submersio n, montrer que, pour to ut a E X, il ex iste un


voisi n age ouvell 0 du poinl b = f( a) et une immers ion g : 0 --+ X telle que f og = lo [utiliser le
théorè me d u rang co nstan l] .
Exercice 1.21.4 So ient X, Y des varié tés e t f : X -) Y une appl ication e= de rang constant.
1. On suppose que f n'est pas une submers io n.
a. Mon1rer que, pour tout a E X, il ex iste u n voisinage ouvert 0 de a 1e l que f (0) soit
d ' intérieur vide.
b. Lorsq ue X est dénombrable à l'infini , e n déduire que f(X) est maigre [o n pourra utili ser le
fa it que X est un espace de Linde liif [27, exerc ice 2.36.21, pui s ! 'exercice 2.30.3 de [27]].
2. On suppose X dénombrable à l'in fi ni , Y non vide. montrer que
82 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

a. toute app lication f : X -7 Y surjective de rang constant est une s ubmersion [noter que Y est
un espace de Baire (27, théorème 2 .35.3]] ,
b. to ute bijection f :X --+ Y de rang con stant est un difféomorphi s me.

Voic i quelques exe mpl es de sous-variétés définies à l' aide de la proposition


1.21.6.
Onconsidèrel'applicaLio11j : Rn+ 1 - {0} -t R défini e par f(x) = 2
0 (xi) . L.?=
Éta nt do nné que D 1 J(x) = 2 xJ, la forme linéaire D f (x) E .C(Rn+ ; IR) n' est pas 1

identiquement nulle et f est donc une submersion. On en déduit que §n = f - 1 (1 )


est une sous-variété de JRn+ 1• On obtient ai ns i une struc ture de variété sur §n qui
coïncide avec celle définie au paragraphe 1.15. En effet, il suffit de vérifier que,
pour cette structure de sous -varié té, les a pplicatio ns 'Peu : §n - { eo} -+ Rn el
<fJ-eu : § n - { -e 0 } -t IR'" sont des difféomorphismes : les formules ( 1.15 . 1),
(1.15.2) montrent bien que les applications 'Peo ' 'P;,1 , 'P -e o et 'P=!u sont 00 vu e
les propositions 1.21.1 el 1.2 1.2. D'après la propositi on 1.2 1.5, l'espace tangent
1'.,,,§n est l'hyperplan {h E Jî 11 + 1 ; (:rlh) = O} o ù (•I•) est le produit scalaire
e uc lidie n us uel sur R11 + 1 .
Cons idérons l'application dé te rminant
dét : A E .ccoc:n ) >-+ dét A E K
f = dét é ta nt ho mogène de degré n , on a (Eule r)
Cette app li catio n
D f (A).A = n f (A ) et cec i montre que f induit une s ubmersion s ur le groupe li-
néaire GL(n ,JK). Il e n rés ulte que le sous-groupe linéaire spéc ial
SL(n, JK) = {A E GL(n , K ) ; dé t A = 1} est une hypersurface du gro upe li-
néaire.
Cons idérons e nfin le gro upe orthogonal
O(n) = {A E GL(n, IR); A tA = JIR,. }.
Soit f : L(IR.11 ) -t l(R 11 ) l'applicatio n j(A) = A 1A. E n écri vant f comme la
composée des appli cations A r i (A , tA) e t (A, B) r i AB, o n vérifie que
Df(A).B = A tB + B tA, A, B E .C(IR. 11 ).
fi e n résulte que le noyau de Df(A) est l' ensemble des endomorphi smes
B E L(IRn) tels que A tB + B 1A = 0, c'est-à-dire tels que l'opérate ur B tA soit
a nti symé trique. En notant r.p: .C(!Rn)-+ L(Rn) l'application linéaire B H B tA,
Ker Df(A) est l' image réciproque par r.p du sous-espace vec tori e l de s endomor-
phismes antisymétriques, sous-espace vectoriel de dimension n(n-1)/2. Lorsque
A appa rtient au gro upe linéaire, r.p est une bijection et il e n rés ulte que
n(n - 1)
dim Ker Dj(A) = s i A E GL(n , R).
2
Ceci pro uve que la restricti<m de f a u gro upe linéaire est de rang constant : le
gro upe o rthogonal O(n ) est donc une sous-variété du gro upe linéaire de dime nsion
n(n - 1) /2.
Exercice 1.21.5 Soit X une variété, on dit que deu x sous-variétés Y et Z de X sont trans verses si,
po ur tout x E Y n Z, Tx X = Tx Y+ T xZ . Montre r alors que Y n Z est une sous-variété de X et
1.21 SOUS-VARI ÉTÉ 83

que Tx (Y n Z) = T x Y n T x Z [soient U un vo isin age o uvert de x E Y nZ dans X et f : U -+ JKP,


p = cod im x Y , une submersion telle que Un Y = f - 1 (0), si i clési gne l' injection ca nonique de Z
dans X , véri fier que f o ·i : Un Z-+ !KY est une submers ion au voi sinage de x ].

Exercice 1.21.6 1. Montrer que la surjecti on canonique rr : ocn + 1 - {O} -+ 1Pn( IK) est une sub-
mersio n et que Ker 'l"'.,;7r = !Kx pour tout x E ocn ·V l - {O}.
2. Lorsque IK: = IR, en déduire que la restri ction rr' §" -t 1Pn. (IR) de 7r à la sphère §"' es t
un difféo morphi sme l ocal Jétant donné des espaces vec toriel s F, G , une appli cation linéaire Sllljecti ve
u : F -+ Cet E un sous-espace vectori el de F, on observera que ui E : E -+ Gest surj ecti ve si , et
se ul em ent si , F = E +Ker ·u ].
3. De même, lorsque IK = <C , véri fi er que 7r 11 = rr i52 .. + i : § 2"+ 1 -+ IP'n (<C) est une submersi on.
Exercice 1.21.7 On considère l' appli cati on f : IR."+ 1 -+ JR 2n + 1, f = (Jk)o·s;k 9 n• définie par

f k(x) = L x 1xk - j, x = (xl)o::;j ::; n .


j E J;.

où J k = {j E N ; 0 S j :S n et k - n ::; j ::; k}.


1 . Montrer que l'appli cati on J : JRn+ 1 - { O} -+ IR 2 "+ 1 est un e immersion [soit a E JR"'+ 1 - { O} ,
il ex is te 0 :S k :S n tel que a 0 = .. = ak - 1 =
0, ak ~ 0, vériiicr que le détermina nt fonctionnel
D(/1" , . . . , Jk+")/ D (x 0 , ... ,xn )(a) est non nul] .
2. On note7r 1 : §" -t IP'n(IR.) l a surjection canonique de §" sur lP'n(IR.), montrerqu ' il ex i ste une
uniqu e appli cati on g : IP'n(IR.) -+ IR 2 "+ 1 telle que f = g o 7r 1 . Vérifier que g est une application
e
inj ect i ve de classe 00 [utili ser l' exercice 1.2 1.6] .
3. En déduire que g : IP'n (JR) -+ 11~ 2 n+ 1 est un plonge ment.
Note Plus gé néralement on démontre que, pour toute variété rée lle X dénombrable à l ' infini et de
dimension n , il ex iste un pl onge ment de X dans l 'espace JR. 2 n+ t (théorème de Whitney) [on pou rra
consulter l 'ouvrage de De Rham 122]] .

Voici enfin une dernière faço n de définir des sous-vari étés.


Proposition 1.21.7 Soient X, Y des variétés et f : X -7 Y une f onction de classe
e=, alors le graphe G de f est une sous-variété de X x Y ; si pr 1 : X x Y -7 X
désigne La première projection, l 'application pr 1 le est un difféomorphisme de G
sur X et, pour tout x E X , L'espace tangent T (x,f(x)) G est le graphe de l 'applica-
tion T x f: TxX -7 TJ (x) Y .
Preuve Soit g : X -7 X x Y l' application d éfi nie par g(x) = (x,f(x)) , celle
application es t un homéo morp hisme de X sur G ; d' autre part, pour tout v E TxX,
Tx9-V = (v, T_1J .v), l'appli cation tangente T xg est par conséque nt inject ive et ceci
prou ve que g est un plongement. Il en résulte que Gest une sous-variété de X x Y
et que g est un difféo morphi sme de X sur G ; l' applical ion réc iproq ue pr 1 Je est
par conséquent un difféomorphisme de G sur X . De plu s,
T(x.f(x))G = Txg(T_.,, X) = {(v, Tx f.v ); v E TxX },
ce qui prouve que T(x,f(x))G est le graphe de T..-,J Q.E.D.
Toute sous-variété de lKn peut être défi ni e localem ent comme un grap he. Consi-
dérons en effet une sous-var iété X de lKn de dimen s ion p el soit a E X. D ' après
la propositio n 1.2 1.6, il ex iste un voisin age ouvert U de a e t une submersion
f : U -7 lKn - p telle que U n X - 1- 1 (0). Si f = (f ; )p+ l ~ i ~ n· la matrice
jaco bienne (D 1f"(a)), p + 1 ::; ·i ::; n, 1 ::; j :S n, est clone de rang n - p;
84 CHAPITRE 1 CALCUL Dl FFÉRENTIEL

quitte à permuter les coordo nn ées x 1 , . .. , xn, on pe ul s upposer inve r s ible la ma-
trice (D1 r (a))p + l ~ ·i,j:Sn· D 'après le théorème des fonctions implicites, il ex iste
un voisinage ouvert A x B c U C lKY x ocn - p de a et une fonction g : A -+ B
de classe e00 tels que la propriété suivante soit vérifiée : un point X E A X B
appartient à X si, el se ule ment si , xi = gi(x 1 , ... , xP) pour p + 1 ::::; i ::; n où
g = (g i )p+ l :S·i:Sn· Autrement dit, (A X B) n X est le graphe de ! 'application
g : A -+ B . L'espace tangent TaX est le sous-espace vectoriel de Kn constitué
des vecteurs de la forme (h, Dg (a). h) lorsque h décrit JK.P.
Précisons la signification géométrique de la cond ition
r
dét (D1 (a) )p+1::;i ,i :Sn =/:- O.
Si pr 1 : JKP x JKn - p --7 [KP dés igne la première projection , cette condi li o n signifie
que l' application pr 1 J ~r..x est un isomorphi sme de TaX sur JKP. En effet , dire que
cette application est injec tive signifie que
(h E TaX e t h 1 = ... = hP = 0) ==::} h =0,
c'est-à-dire
n
(L Djfi(a)h) = 0 pour tout p + 1 ::::; i::::; n) ==::} h = 0
j=p+ l
et cec i signifi e bien que la matrice (DJfi(a) )p+l :Si,J:S n est inve rsible .

1.22 Partition de l'unité


Da ns ce paragraphe, to utes les variétés sont supposées réell es, aucun résultat ne
s ubsiste da ns le cas complexe (cec i tient au fait qu ' une fonction holomorphe à
support compact est ide ntiquement nulle) . La construction s ur une variété de divers
objets se réduit localement à des constructions s ur un ouvert de !Rn. Le passage du
local au g lobal nécess ite un outil permettant de reco ller les objets construits loca-
lement ; l'outil essenti e l dans ce domaine est le théorème de partition de l' unité
que nou s allons établir.
e
Si X est une variété , rappelons qu 'on note 00 (X) l'espace vectoriel des
e
fo nctions <p : X -+ lK. de classe 00 • Par ailleurs, le s upport de toute fonction
<p : X -+ lK est, par définiti on, l'adhérence de l'ensemble des x E X tels que
rp( x) =/:- 0 ; ce support, noté s u pp rp, est donc une partie fermée de X. Si À E lK
est un scalaire non nu 1, on a évidemment
( 1.22.1) s upp (>. rp) = s upp <p
et, si rp, 1/J : X -+ lK son t deux fo nctions,
( 1.22.2) s upp (<p + 'lf;) c supp <p U supp '</; .
e
On note 'D(X) l'ensemble d e to utes les fonctions f E 00 (X) dont le support est
compact ; dans un espace séparé, la ré uni on de de ux parties compactes étant com-
pacte el toute partie fermée d'un espace compac t étant compacte, les formules qui
précèdent montrent que D(X) est un sous-espace vectori e l de l' espace 00 (X). e
1.22 PARTITION DE L.:UNITÉ 85

Voici d 'abo rd de ux le mmes préliminaires.


Lemme 1.22.1 So ient 0 un ouvert de Rn et :r: 0 E 0 , alors il existe une f onction
8 E 'D(lRn) dont le support est contenu dans 0 telle que 0 ::::; B ::::; 1 et B = 1 dans
un voisinage de x 0 .
Preuve On utilise la fonction r.p de la question 3. de l'exerc ice 1.9.3 ; si a et b sont
suffisamme nt petits, la fonction x r+ r.p (x - x 0 ) convient. Q.E.D.
Lemme 1.22.2 Soient X une variété, J( une partie compacte de X et 0 un voisi-
nage ouvert de K, alors il existe une fon ction réelle r.p E '.D(X) telle que r.p :;::: 0
sur X, r.p :;::: 1 sur K et supp r.p C O.
Preuve Pour tout x E K , soit (Ux, ·~;x) une carte a u point x telle que
Ux C O. D ' après le le mme précédent, il ex iste (/c E '.D(lRn ), n = dim X, tel que
0 ::::;: Bx ::::; 1, supp Bx c 't/Jx (Ux ) et Bx = 1 dan s un voisinage o uvert Vx de ·t/Jx (x ).
On considère la fonction 'Px : X --+ lR éga le à Bx o 't/Jx dans Ux et à 0 dan s X - Ux.
On défi nit ain s i une fonction e00 : e lle est en effet C00 dans l' o uvert Ux ; e lle
est d ' autre part identique me nt nulle dans X - L x où L x dés igne le suppo rt de la
fonction Bx o ·l/Jx et, ce support étant compact, X - L x est un ensemble ouve rt ;
la fonction 'Px est donc C00 sur les ouverts Ui: e t X - Lx dont la ré uni on est X,
ce qui prouve qu ' e lle est C00 sur X. On o bs erve e n outre que cette fonction 'Px est
pos itive, à s upport compact co nte nu da ns Ux, donc dans 0, e t que 'Px = 1 sur le
voisinage ouvert Wcr = ·1/;; 1 (Vcr ) du po int x. D 'après la compacité de K, il ex iste
une partie finie A de K telle que (Wx ) xE A so it un recouvre me nt de J( ; la fonc-
tion r.p = L xEA 1Px possède a lors les propriétés voulues : e ll e est bie n à support
compac t contenu dan s 0 car
supp r.p C LJ supp 'Px C 0
xE A
et une réunion finie de compac ts est com pacte. Q.E .D.
Le théorè me de partition de l' unité est a lors le s uiva nt.
Théorème 1.22.3 Partition de l'unité Soit X une variété dénombrable à l 'in-
fini et soit (Oi) iE J un recouvrement ouvert de X, alors il existe des fonctions
'Pi E e00 (X) telles que la famille (supp 'Pi )iEI soit localement finie [2 7, exercice
2.10.4] et
0 ::::; 'Pi ::::; 1, supp 'Pi c O i et2.::
'Pi = 1 sur X.
iE l
On dit que ('Pi )i EI est une partition de l'un ité sur X subordonnée au recouvrement
(Oi);E J·

Preuve La dé monstration est analogue à celle de 1' exercice 2 .36. 14 de [27] .


1. On tra ite d ' abord le cas d ' un recouvrement dénombrable (Un) localeme nt
fini constitué d' ouverts re lative ment compacts. Tout espace locale me nt compac t
dé nombrable à l' infini étant normal [27, exercice 2.36.2], il ex iste d'après l' exer-
cice 2.36.3 de [27] un recouvrement ouvert dé nombra bl e (Vn ) tel que V n c Un
86 CHA PITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

po ur to ut n. L'ensemble V n é ta nt compac t, il ex iste d'après le le mme 1.22.2 des


fo ncti ons On E 'D(X) telles que
Bn 2'. 0 sur X, Bn 2 1 s ur Vn e t supp Bn c Un.
La fo nction e e
= L~=O Bn est 00 car la somme est locale me nt fi nie el f) ::::: 1
s ur X ; o n pose alors 'Pn = Bn/B et on o bti ent ainsi une partiti on de lunité (<pn)
subordonnée a u reco uvre me nt (Un) ·
2. Dans le cas gé néral, il ex iste [27 , exercice 2.35 . 11 ] un reco uvremen t ouvert
dénombrable (Un) locale ment fini plus fin que le recouvrement (O;)iEJ et consti-
tué d ' ouverts relativemen t compacts. Le raiso nnement est a lors identiq ue à celu i
d u point 2. de l 'exercice 2.36. 14 de [27]. Q.E.D.
Lorsque l'ouvert Oi es t relative me nt co mpac t, la fo nc ti o n 'Pi est à support com-
pac t. En gé né ral , les fo nc ti o ns r.p; ne sont pas à s upport compact ; par e xemple, si
le recouvre me nt ( O i ) se réduit au seul ouve rt X, la fon c tio n r.p est nécessaire ment
constante e t égale à 1.
Corollaire 1.22.4 Soient X une variété dénombrable à L'infini, K un compact
de X et (O i ) ·i E I un recouvrement ouvert fini de K, alo rs il existe des f onctions
'Pi E 'D(X) telles que
o :::; cp., :::; 1, supp 'Pi c oi et 2..:: 'Pi = 1 sur K.
iE J
On dit que ('Pi )iE I est une partition de L'unité sur K subordonnée au recouvrement
(Oi ) iE f ·
Preuve Soit 0 un voisinage ou vert relati vement compac t de K [27 , p ropos itio n
2.35. IJ, posons 0~ = 0 n Oi . O n a alors X = (X - K) U LJi E I 0~ ; d 'après le
e
théorème 1.22.3, il existe des fo nctions <p, 'Pi E 00 (X) telles q ue 0 s; 'Pi :::; 1,
s upp r.p c X - K, sup p 'P·i C O~ c O.; el cp + L.;E r 'Pi = 1 sur X. Il en rés ulte que
L iE I 'Pi = 1 s ur K et, O~ é la nt relativement compact, '-Pi est à support compac t,
ce qui pro uve le rés ultat vo ulu . Q.E.D.
En pre nant un reco uvre me nt de}( réduit à un seul o uvert, ceci pe rmet de pré-
ciser le lemme 1.22.2.
Corollaire 1.22.5 Soient X une variété dénombrable à l 'infi ni, J( une p artie com-
pacte de X et 0 un voisinage ouvert de K , alors il existe une f onction r.p E '.D (X )
telle que 0 :::; <p :::; 1 sur X, <p = 1 sur K et supp <p c O.
e
Mentionnons e nfi n la version 00 du théorème d'Urysohn [27, théorème 2.36. I].
Corollaire 1.22.6 Soient X une variété dénombrable à L'infini, A et B deux fer-
e
més de X disj oints, alors il existe une fo nction r.p E 00 (X) telle que
0 :::; <p s; 1, r.p = 1 sur A et <p = 0 sur B.
Preuve O n considère les o uverts U = X - A et V = X - B do nt la r éunion est
e
X. D ' après le théorème 1.22.3, il existe des fo nc tions r.p , 'ljJ E 00 (X) te lles que
0 :::; <p, 't/J :::; 1, supp r.p C V, su pp 'ljJ C U el 'P + 'ljJ = 1 dans X. On a a lors 'P = 1
sur A car ·i/J = 0 sur A el r.p = 0 sur B car le s uppo rt de r.p est conte nu dans V .
Q.E.D.
1.23 LE FIBRÉ TANGENT 87

Exercice 1.22.1 Soient X une varié té dénombrable à l'înfit1i et E un espace no rmé.


1. Soit F une partie fermée de X, on dit qu ' une fonti on j : F -r E es t de classe ek , 0 ::; k S: oo,
s' il ex iste une fon ctio n g E ek (X ; E) tell e que j = glp . Montrer l' équivalence des proprié tés
sui vantes.
a. f : F -r E est de cl asse ek,
b. pour to ut x E F , il ex iste un voisinage ouvert Or: de x e t une fo ncti on 9 x E ek(O x ; E) te ls
que j = 9x sur F n Ox ,
c. pour tout voisinage ouvert U de F il ex iste une fonction g E ek( X ; E ) qui pro longe f e t
dont le support est conte nu dans U
[pour vérifier que b => c, soit V un voisinage de F te l que V C U [27, exercice 2.36.2], utili se r
une partition de lunité subordonnée au recouvre ment ouve rt de X co nstitué des o uverts ( O x n V) x E F
et de X - F ] .
2. Soit Y une sous-variété de X.
a. Montrer qu ' il ex iste un ouve rt 0 :J Y te l que Y so it ferrné da ns 0 [utili ser les exerc ices
2.20.2 et 2.35 .8 de [27 ] ].
b. En déd uire que, pour tout ou vert U te l que Y C U C 0 et toute fo nct io n f E e k( Y ; E), il
ex is te une foncti on g E Ck ( O; E ) qui prolonge f et à s u ~ po rt dans U, le support étant calc ulé dan s 0
[utili ser la proposition 1.2 1. J et l'exercice 1.2 1.1] .
c. En partic ulie r, si Y une so us -variété fermée de X, une foncti on f :Y -+ E est de cla sse
ek s i, et se ule ment si, elle se pro longe e n une fo nction g : X --+ E de classe ek .

1.23 Le fibré tangent


Si X est une variété, on a défini pour to ut x E X l'es pace tangent TxX ; il
n'exi ste a priori aucune relatio n entre les espaces tange nts T xX et TyX en de ux
po ints di stincts x et y. Si pour to ut x E X, on se do nne un vec te ur
tangent v( x ) E T xX, on so uhaite cepe ndant définir la continuité
de l'application x >-+ v(x), sa différentiabilité , son caractè re e;k, etc. Cec i est
poss ible si X est une sous-vari été de oc:n car l'espace TxX a été ide ntifié à un so us-
espace vectorie l de ocn
et il s uffit de con sidérer l'applicatio n précédente comme
une application V : X -+ ocn
telle que v(x ) E Tx X pour tout X. Dans le c as
général , nous allons montrer qu ' il est possible de structure r la réunio n di sj o inte
T X des espaces tange nts en une variété : une application v : X -+ T X telle que
v(x) E Tx X pour tout x E X sera alors appelée un champ de vecteurs (tangents)
et c e la aura un sens de dire qu ' un champ de vecte urs est de classe e,k.
La structure qui sera définie sur TX es1 en fait plus riche il s'agit d ' une
structure d' espace fibré dont vo ici la définitio11 .
Définition 1.23.1 Soient X, B et F des espaces top ologiques, 7T : X -+ B une
application continue surjective, on dit que X est un espace fibré de base B et de
fibre type F si
pour tout b E B, il existe un voisinage ouvert 0 de b et un ho-
(l.23 · 1) { méom orphisme VJ : 0 x F ---} 7r- 1 ( 0 ) tels que 7r o c.p = pr 1
où pr 1 : 0 x F -+ 0 désigne la première proj ection.
Pour simplifier le langage, nous dirons que rr : X ---} B est un espace fi -
bré ou une fibrati on, 7r sera appelé la surject io n canonique el to ut ouvert 0 de
88 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

B vérifi ant la propr iété ( 1.23.1) sera appelé un ouvert de tri viali sation. Pour tout
b E B, Fb = ?r - J (b) s' appe lle la fibre au point b. Étant d onné que
{b} x F = pr1 1 (b ) = ip - 1 c1r- 1 (b)) = cp - 1 (Fb), l'application 1P l{b} x F est un ho-
méomorphisme de {b} x F sur Fb: toutes les fibres Fb sont donc homéomorphes
à la fibre type F.

O x F

L'exemple le plus simpl e d'espace fibré consiste à prendre X = B x F et


7r = pr 1 : B x F --+ B ; cet espace fibré est dit trivial. La définiti on même
d' un espace fibré consiste à dire précisément qu ' un espace fibré est localement
homéomorphe à un espace fibré trivial.
On dit qu ' une fibration 1r : X --+ B est tri vialisab le si B est un ouvert de
triviali sation, autrement dit, s' il ex iste un homéomorphi sme cp : B x F --+ X tel
que 7r o cp = pr 1 .
Remarque 1.23.1 Un espace fibré est appe lé un fibré vectoriel de ra ng n si la fibre
type Fest l'espace vec toriel Kn muni de sa topologie canonique, s i toutes les fibres
Fb, b E B, sont muni es d ' une structure vectorielle et si, dans la définition 1.23. 1,
on peut choisir l'o uvert 0 e t l' homéomorphisme cp tels que, pour tout a E 0, la
bijection x E F t-7 1.p(a , :c) E Fa so it linéaire. Toutes les fibres sont alors de
dimension n.
Définition 1.23.2 On dit qu 'un espace fibré 7f : X --+ B est un espace fibré de
de classe ek si X , B et F sont des variétés de classe ek, si 7r : X --+ B est une
application de classe e k et si, pour tout b E B, il existe un voisinage ou vert 0 de
b et un e k-difféomorphisme <p: 0 X F --+ 7f - 1 (0) tel que 7f 0 cp = pr1.
La surj ection 7r est alors une submersion car 7rln - 1 (O) = pr 1 o cp- 1 où pr 1 est
une submersio n. JI en résulte que toutes les fibres Fb sont des sous-vari étés de X.
En outre, ip l {b} x F est un difféomorphisme de {b} x F sur Fb : toutes les fibres Fb
sont donc difféomorphes à la fibre type F.
On définit de même les noti ons de fibré analytique et de fibré holomorphe
lorsq ue OC = <C. Un fibré vectorie l de classe ek est un fibré de classe ek qui vérifie
en outre les ex igences de la remarque 1.23. 1. On dit qu ' un fi bré vectoriel de rang
n de classe ek 7r : X --+ B est tri vialisable s' il existe un ek-d ifféo morphisme
1.23 LE FIBRÉ TANGENT 89

'P : B X ocn --+ X tel que 7f 0 'P = pr1 el te l que, pour tout b E B , ! 'application
h i--+ rp(b, h) soit un isomorphi sme de !Kn s ur la fibre Fb .
Mentio nnons e nfin un cas particulie r de cette notion d 'espace fibré, il s'ag it de
la n oti on importante de revêtement.
Définition 1.23.3 Un espace fibré 7f : X ---+ B de fibre type F est appelé un
revêtement si la topologie de F est la topolog ie discrète. On dit alo rs que X est
un revêtement de B.
Avec des notati ons légèrement diffé rentes, on a alors la carac té ri sati on s ui -
va nte.
Proposition 1.23.1 Soient X, Y des espaces topologiques non vides, 7f : Y ---+ X
une application continue, on suppose X connexe. Alors, Y est un revêtement de X
si, et seulement si,
pour tout x E X, il existe un voisinage ouvert 0 de x et
( 1. _) une f amille non vide (O.;)iEf d 'o uverts de Y d isj oints deux à
23 2
{ deux tels que 7f- l( 0) = U iE/ 0.; e t tels que 7flo, : Oi --+ 0
soit un homéomOJphisme pour tout i E I.
Preuve 1. La conditi on est nécessaire. Si 7f : Y --+ X est un revêtement, no ton s 1
la fibre type. Pour tout x E X, il exi ste un vo isinage o uvert 0 de x e t un ho méo-
mo rphi sme 'P : 0 x 1 --+ 7r - 1 (0) te ls que 7f o cp = pr 1 . L'ense mble J est d onc
no n vide et, pour tout i E 1, 0 x {i} est un o uvert de 0 x 1, il en résulte que
O.; = rp( 0 x {i }) est un ouve rt de 7f - 1 ( 0 ), donc de Y ; ces ouverts Oi sont dis-
j oints deux à deux, 7f- l (0) = U.i E l Oi et 7flo,. : 0.; --+ 0 est un homéomorphi sme
1
car n lo; = pr1 ocp; OÙ 'Pi= 'Plo x{i} : 0 X {i } --+ Oi es t un homéomorphi s me .
2. Réciproquement, si ( l.23.2) est véri fié, il est cl air que l'appli cation n est
alors su1jective el, e n notant l x l'e nsembl e I , on a 7f- 1 (x) = U.iEr, {xi} où Xi est
l'unique po int de oi tel que n( xi) = .T ; il en résulte que Card l x = C ard 7f - l (x).
Montron s qu 'on peut cho isir l'e nsemble I x indépenda nt de x, c 'est-à-dire que
Ca rd n - 1 (x) = Card 7r - 1 (a) pour to ut a,x E X. Posons
A = {x E X ; Ca rd n - L( x ) = Card 7r - L (a) }.
Ce t ensembl e est non vide vu que a E A. Soi t x E A, alors 0 C A d 'après
(J .2 3.2), ce qui prouve que A est ouvert ; enfin , soit x E A, alors 0 rencontre A
el, s i y E An 0, Card 7f - 1 (x) = Card n- L(y), ce qui pro uve que x apparti e nt à
A e t que A est fermé. L'espace X éta nt connexe, on en déduit que A = X e l le
rés ultat voulu.
On dé finit alors une bijecti o n cp 0 x I --+ 7f- 1 (0) en posant
rp(x,i) = (7rloJ - 1 (x) ; on a évidemme nt no <p = pr 1 et, si I est muni de
la to pologie di scrète, 'P est un homéomorphi sme car, pour tout ouvert U d e 0,
cp(U x {i}) = 7f - 1 (U) n O.; et (cp- L)lo,( Y) = (7r(y), ·i), y E O;. Cec i pro uve
que 0 est un ouvert de tri viali sati on et par co nséquent Y est un revêtement d e X.
Q .E.D.
Un revêteme nt dont la fi bre est fini e el adme t n éléme nts est appe lé un re vête-
me nt à n fe uillets.
90 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

Exercice 1.23.1 M ontrer que §n est un revêtement à 2 feuillets de l 'espace projectif IP'n (IR) vis à vis
de la suij ecti on n' : § 11 ---l IP'n(IR ) (exercice 1.2 1.6) [on pose O i = { x E §n ; x·i f= O}, 0 ~ 'i ~ n ,
Ui = ?r' (O.;) et O f' = {x E § 11
; ±xi > O} ; vérifier que les applications n'lo ± : O .' f -t Ui sont
des difféomorphi smes] . Montrer que ce revêtement. n'est pas tri vialisabl e [utiliser I ~ connex ité de §" ] .

Exercice 1.23.2 Cet exercice a pour obj et de démontrer que n" § 2 11 + 1 -r IP'n ( <C) (exercice
1
1.2 1.6) est un espace fibré C00 de fibre type § . L'espace projectif IP'n( IC ) est muni de sa structure de
variété réelle sous-j acente à sa struct ure com plexe.
Soient x = (x 0 , .. . , xn) E 1C 11 + 1 et t E IC, alors t x est bien défini ; l orsqu e t E § 1 et
X E § 2 "+ L, on notera que l X appartient à la sphère § 2n + 1 . On pose oi = { X E 2 n+ 1 ; xi f= 0} , s
0 ~ ·i ~ n , el ui = 1f 11 ( o i).
1. On définit une application ·l/J : Ui ---l Oi de la façon sui vante. Soit y E U;. il exist e x E Oi tel
que y = n "( x ) , onpose 'lj;(y) = t x où l = x ·i / lxi l.
a. M ontrer que 'l/J (y ) ne dépend pas du choix du point x E Oi tel que y = n"(x ).
b. M ontrer que 'l/J est C00 [lire 'l/J dans la ca11e (U;, <p;) définie au paragraphe 1.15].
c. Montrer que n" o ·if;= I u, ; en déduire que 'l/J est une immersion el que

1.',µ (ypi = lm T 'y'lf; EEl Ker T .p(y)n" .

2. Soit~; E § 2 n + l , on posey = -n;"( x ), montrer que l'applicati on 0 : t E § 1 1---) t x E § 2 n+l


est un plongement, que lm 0 = r"'.y 0[1 Fy = n 11 - 1 (y). En déduire que 0 induit un difféomorphi sme
de § 1 sur Fy el que 'T xFy = Ker 1."x n" = lm T 1 O.
3. On défi nit une application <p : U; x § 1 -t O ; par <p(y , t) = t 'lj;(y) où (y , t) E U ; x § 1 .
a. Montrer que <p est un difféomorphisme de Ui x § 1 sur O; [vérifier que cp est une bijection
C00 , pui s que <p est une submersion en utili san t la formu l e (1.18. 13)] .
b. En déduire l e résultat an noncé.

Soit X une variété de dimension n ; nous allons définir une struc ture d 'espace
fibré sur la réunion disjointe des espaces tangents à X, c'est-à-dire sur l 'ensemble
( 1.23.3) TX = u{
xE X
x} x TxX.

Si (x, v) appartient à T X , v est un vecteur tangent au point x. On d éfi nit une


application 7r : T X --+ X en posant 7r(x, v) = x. Si (U, <p ) est une carte de X, on
définit une application 'tP : 7r - ] (U) --+ X en posant u ocn
1
( 1. 23 .4) ·t/J : (X, 'V ) E 7r - (U) i--+ (X, <p * (V)) E U X JKn ,
(/) . : TxX --+ Kn étant l' isom orphi sme dé fini par (1.17 .2). On notera que cette
applicatio n 'l/J est une bijectio n et que
rr- 1(U) = LJ {x} X TxX.
xEU

Grâce à celle bijection , on peut transporter sur 7r - 1 (U) la structure de variété de


l'espace produit U x ocn
el il s'ag it do nc de recoller ces variétés. La proprié té fon-
damentale qui permet d' e ffectuer ce recolle ment est la sui vante. Soient (U;, <p; ),
(U1 , C{Jj ) deux cartes de X , d ' après ( 1.17.3) on a
(<pi* o <pi,,1 ).h = D((/Jj o <pi 1 )(<p; (x )).h pour tout x E Ui n Uj et tout h E lKn ;
il en résulte que la bijection (Ui n U1) X ocn--+ (Ui n uj)
<l) i j : X ocn d éfi nie par
(1.23.5) <I>.; j : (x, h) i--+ (x, ('-Pj • o <pj. }) .h)
1.23 LE FI BRÉ TAN GENT 91

est e00 ; la bijecti o n réc iproque <J?ji é ta nt égal e me nt e00 , ceci mo ntre que les ap-
pli cations <Pij sont des di fféo morphi s mes.
Nous allo ns traite r une s ituation plus générale qui perme ttra, p ar exem ple, de
définir une structu re d 'espace fi bré sur l'ensem ble des te nseurs sur une varié té. La
situation e nv isagée est la suivante. On se don ne une vari été X de dime ns io n n,
pour tout x E X un espace vec toriel Fx de djme nsion pet, pour to ute carte (U, <p)
de X et tout x E U, un isomorphi sme zp. : Fx -+ J:KP : cet isomo rphi sme dé pe nd
év idemme nt du choix du point x E U . O n fait l' hypothèse sui vante: pour to utes
cartes (Ui, <f!i ), (Uj ) <{Jj) de X, la bijection <li ij : (Ui n uj) X JKP -+ (Ui n uj) X JKP
o <p .~ ). h )
1
( 1.23.6) <J? iJ: (x , h) H (x, (IPj •
est e ; comme précéde mment, o n e n déduit que cette bijectio n est un difféomor-
00

phi s me . On pose alors

x EX

on note Ir : Y -+ X la smjecti on Ir( x, v) = :r::, v E Fx , et pour to ute carte (U, <p )


de X, 'ljJ : Jr - 1 (U) -+ U x JKP la bij ection
1
( 1.23.7) '1/J: (x,v) E Jr- (U) H (x,r.p . (v) ) E u X JK;P .
On notera que, po ur to ut x E X , Ir - 1 (x) = { x} x Fx ; la bijec tio n
v E Fx r-+ (x ,v) E {x} x F.'C pe rmet d e d éfini r une struc ture vecto rielle sur
{x} x Fx par transpo rt de celle de F.r-
On définit d 'abord une to pologie sur Y.
Lemme 1.23.2 Il existe sur Y une uniq1.te topologie telle que l'application
7r : Y r-+ X soit continue et telle que, pou r to ute carte (U, ip) de X, l'appli-
cation correspondante 'ljJ soit un homéomorpfzisme de n - 1 (U) sur U x lK.P. Cette
top ologie est séparée.
Preuve 1. S' il ex iste sur Y une topo log ie T "Vérifiant les propriétés vo ulues e l si
(U, <p ) est une carte de X, on observe que n - 1 (U) est un o uvert de Y et que la to-
pologie induite p ar 'J sur Jr - 1 (U) coïnc ide a'lec la topologie obte nue par tran sport
de cell e de U x JKP par la bijecti o n 1/J.
Il e n résulte cec i. No to ns ( (Ui , <pi) )iE / l 'atlas de X constitué de to utes les
cartes de X, 'l/Ji : n - 1 (Ui) r-+ Ui x JK.P l'applicati o n 'ljJ associée à la carte (Ui, <pi)
et 'J'i la topo logie s ur Jr - 1 (Ui) te lle que 'l/Ji so it un homéomorphisme. Al o rs, il
s'agit de démo ntre r qu ' il ex iste sur Y une unique topo log ie 'J tell e que, pour tout
i E J, Jr - 1 ( U;) so it ouve rt da ns Y et 'J induise sur 7r - l ( Ui ) la to pologie 'Ji. Il s u ffit
alo r s d' utili ser! 'exe rc ice 2.20 .3 de [27] , c'est-à-dire d 'en vé rifier les conditi o ns a.
et b.
a. On vérifie d 'abord que, po ur to ut i, j E J , n - 1 (Ui) n 7r- 1 (UJ) est ouvert
da n s Jr - 1 (U; ) pour la to pologie 'J;, c'est-à-dire que 1/Ji(7r- 1 (Ui) n Ir - 1 (UJ)) est
un ouvert de ui X lK.P. Or,

Jr - l (U;) n 7r - l (Uj) ·= 7f - l (U; n Uj) ,


1
d 'o ù ·!/Ji (Jr - (Ui) n Jr - 1
(UJ)) = (Ui n UJ) x JKP, ce qui pe rme t de conc lure.
92 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

b. Vérifions ens uite La co11dition b. Soit A une partie de n - 1 (U; n UJ ), il s'agit


de vérifier que A est ouvert pour la topologie 'Ji si, et seulement si, A est ouvert
po ur la topolog ie T 1 . En effet, il s uffit de remarquer que
·t/J1 (A) = (1/;j o 'l/Jj 1 )('lf!i (A) ) o ù l'application
·t/J1 o 1/J:: 1 : ( U; n u1) x ocr --+ (u i n u1) x ocr
est un homéomorphisme ca.r (1/;j o ·~Jj )(x , h)
1
= (x, ('PJ* o ip;,.1).h), soit
'tPj 0 '!/Ji l = cp ij.
La topologie T possède les propriétés voulues. L' application 7r : Y --+ X est
bien continue car l' ensemble d es ouverts Ui contenant un point x de X est un
système fondamental de vois inages de ce point.
2. Vérifions enfin que cette topologie est séparée. Soient (x , v ), (y , w) deux
é léments di stincts de Y. Si x: -:/- y, il ex iste des cartes ( Ui , 'Pi ) et (U1 , cp1) aux
points X e t y telles que u i n uj = 0, d 'où 7r - l (U;) n n - 1 (U1) = 0 et, si X = y,
o n a v -:/- w et il ex iste une c2rte (Ui, cp; ) au point x ; il s uffit alors d'utiliser le fait
que la topologie T; est séparée. Q.E.D.
La co nstruction d 'un e strncture de variété sur Y utili sera le lemme é lémentaire
suivant.
Lemme 1.23.3 Recollement de variétés Soient X un espace topologique séparé,
(Xi)iE I un recouvrement ou vert de X ; on suppose que chaque X ; est muni d'une
structure de variété tfe même dimension tel que, pour tout ·i, j E J, X i et X 1
induisent la mêm e structure d e variété sur X ; n X 1. Alors, il existe sur X une
unique structure de variété induisant sur chaque X ; La structure de variété donnée.
D e plus, si A i est un atlas de X.;, A = LJiE I A ; est un atlas d e X.
Preuve 1. Vérifions d' abord l'unicité d ' une tell e structu re. Supposo n s données
deux stru ctures de vari été s ur X répondant à la questi on e t notons X et X' les
variétés correspondantes. Alors, l'application identique l x : X --+ X' est un
difféomorphisme car sa restriction à c haque X; est un difféomorphisme sur X ; vu
que X el X' induisent sur X.; la même structure de variélé et ceci prouve le résultat
vou lu .
2. Si A ; est un atl as de X i, vérifi o ns ensuite que A = LJiE I A i est un atlas de
X; il s'agit de vérifier que to ute carte (Ui,'Pi) de Xi et to ute carte (U1,cp1) de
X 1 sont compatibles. Or, (Ui n X 1 , cp;lu,nx1 ) est une carte de X ; n X 1 pour la
structure induite par celle de Xi et (U1 n X;, 'P1iu1 nxJ est une carte de X; n X 1
pour la structure induite par œ lle de X 1 et, ces de ux structures induites coïncidant
par hypo thèse, ces deux cartes sont compatibles, ce qui prouve le résultat vou lu .
3. On obtie nt ainsi une struc ture de variété sur X. Cette structure induit sur X ;
la structure donnée sur X ; : en effet, si ( U, cp) est une carte de X appartenant à
l' alias A , cette carte induit s ur X.; une carte compati ble avec toutes les cartes de
X i d' après 2. Q.E.D.
Si (U, cp ) est une carte de X , considérons l'applicati on
1
cp X ip*: 7r - (U)--+ cp(U) X JK:P
1.23 LE FIBRÉ TANGENT 93

dé fini e par
( 1.23.8) (r.p X cp.)(x, v) = (cp(x), r.p. (v)), X E u,V E Fx .
On peut alors é tablir le théorè me sui va nt.
Théorème 1.23.4 Il existe sur Y une unique structure de variété de dimension
n + p telle que l'application 7r : Y -+ X soit continue et telle qu e, pour toute
ca rte (U, 'P) de X, l'application 'ljJ : 7r - 1 (U) -7 U x JKP définie par (1.23. 7) soit
un difféomorphisme. De plus, (7r - 1 (U) , cp x cp.) est une carte de Y et, lorsque
(U, cp) décrit un atlas de X, l 'ensemble de ces cartes constitue un atlas de Y.
L'application 7r : Y -+ X définit sur Y une structure de fibré e')O ; ce fibré est
un fibré vectoriel de rang p et la fibre en un point x E X est l 'espace vectoriel
{x} X Fx.
Preuve 1. D 'après le le mme 1.23.2, il ex iste une unique topologie sur Y te ll e que
l'application 7r soit co ntinue e t te lle que 'If; soit un homéom orphis me. Cet ho méo-
mo rphi sme pe rme t de transporte r s ur 7r - 1 (U) la structure de variété produit de
U x JKP . Notons ((Ui, cp;))i El l'atlas de X constitué de toutes les cartes de X
et 'l/J; : 7r - 1 (U;) -+ U; x JKP ! ' application 'If; associée à la carte (U.; , cp.;). Vé-
rifions l' hypothèse du le mme 1.23.3: soit i , j E J, il s'agit de vérifi er que sur
7r - (Ui) n n - (Uj), n - (1/;) e t 7r - (UJ) induisent la mê me s tructure de variété
1 1 1 1

et ceci résulte du fait que l'application


<l?;J = 'l/Ji o'l/Jj 1 : (U; n Ui) x JK.P-+ (U; n UJ) x JKP

est un difféomorphi sme par hypothèse.


On défi nit ains i une struc ture de variété sur Y qui vérifi e les propriétés vo ulues.
2. Si (U, cp) est une carte de X, (U,B) où
8: (x , h) E U X JK.P -+ (cp(x), h) E cp(U) X JK.P
est une carte de U x JKP e t cette unique carte est un atl as de cette variété. E n
co mposant avec le difféomorphisme '1/;, on en déduit que (7r - 1 (U) ,cp x cp. ) est
une carte de Y e t, d ' après le le mme 1.23.3 , si ((Ui, cp; ) ) ;E J est un atlas de X,
l'e nsemble des cartes ((n- 1 (U; ), 'P·i x cp;. )) iE I est un atlas de Y.
e
3. On vérifie e nsuite que l' application 7r: Y-+ X est 00 . En effet, da ns les
cartes (U, cp) e t (7r - 1(U) , 'Px cp. ), e ll e s'écrit (x, h) E cp(U) x JKP >-+ x E r.p(U).
D 'autre part, cette appli cation est é vide mme nt surjective et, po ur tout x E X ,
1
7r - (x) = {x} x Fx . E nfin, 'ljJ : 7r - 1 (U) -+ U x JKP est un diftëomorphi sm e tel
qu e pr 1 o 'ljJ = 7r où pr 1 : U x JKP -+ U dés ig ne la pre mi ère projection ; ceci
montre que 7r : Y -+ X est une fibrati o n de fibre type IKT. Il s ' agit e n fa it d ' un
fibré vec toriel vu que l'applicatio n 1/J(x, .) : v E Fx e-+ r.p.(v) E JKP, où x E U,
est linéaire. Q.E.D.
Ce théorème perme t de défi nir sur T X une structure d 'espace fibré vectorie l de
rang n; cette struc tu re est caractérisée par le fa it que l'application 7r: T X ---+ X
est e00 e t que, pour toute carte (U, cp) de X, l'application 'l/J : 7r - l ( U) ---+ X u ocn
dé fini e par ( 1.23.4) est un difféomo rphi s me. On dit que T X est le fibré tangent à
la variété X ; cette variété est de dimensio n 2n.
94 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTI EL

Si (U, <p) est une cane de X , (IT- 1(U) , <p x <p* ) est une carte du fibré tan -
gent T X . Soit (x , v) un point de U x T xX ; noto ns (x 1 , ... , xn ) les coordonnées
locales de x da ns la carte (U,<p) . Le vecte ur tangent v s'écrit v = vi B/ àx'' où
(à /ox'') e st le repère nature l de l'espace tangent T xX; il en résulte que
<p. ( v ) -_ ( v l , . . . , v n) e t ceci· montre que ( x 1 , . .. , x.n , v 1 , .. . , v n ) son t Jes co-
ordonnées locales de (x, v ) dans la carte (IT - 1 (U) , <px r.p, ) du fibré tangent TX .
Remarque 1.23.2 Soit E un espace vec torie l de dimension finie n et soit U une
sous-variété ouverte de E . Si <p : E -+ ocn est une bijection linéaire, la seule carte
(TU, 'Plu x ('Plu)*) est un atlas de TU et l' application
'P lu X (r.p lu). : T U -+ i.p(U ) X ocn
est un difféomorphisme. Par compositi on avec le diflëomorphisme
(y, h) E cp(U ) X ][{n r i (i.p - 1 (y) , <p- 1 (h)) E U x E ,
on en déduit que l'appli catio n
(x, ·v) E TU ri (x, (r.p - 1 o (i.p lu ). )(v)) E U x E
est un difféo morphisme et ce difféomorphisme ne dé pend pas du choix de la bi-
jection <p (remarque 1.1 7 . 1). Ceci montre que le fibré tangent TU est trivialisable .
On identifiera TU et le fibré tri vial U x E, cette identification est cohé rente avec
celle des espaces tangents T"U et de l'espace vectorie l E .
Soient X , Y des variétés de dimension l, m et so it f : X -+ Y une appli -
cation de c lasse ek , k 2 1. On défi nit une application , dite application tangente,
T f : T X -+ TY par
( 1.23.9) Tf: (x , v) E TX ri (f( x) , T :c f. v ) E TY.
Soient (U, cp) et (V, ·ij;) des cartes de X et Y telles que f(U ) C V et soit
F = ·t/J o j o i.p - 1 : i.p(U) -+ ocm
l' express io n locale de f. Dans les cartes
(7r- 1 (U) , <p X r.p, ) et (IT- 1(V) , ·tjJ X ·i/J, )
de TX et TY, on vérifie que l'ex pressio n locale de Tf est l'application
(x, h) ...-+ (F( x ), DF(x) .h) de r.p (U ) X ][{1 dans ·i/J(V) X ocm.
Ceci montre en par-
ticulier que ! 'applicatio n T f es t de classe ek - l : autrement dit, la dé ri vée d ' une
application de c lasse ek est de c lasse ek- l.
Considérons enfin des variétés X 1 , X 2 , Y et une a pplication
f : X1 X X 2-+ y de classe ek, k 2 1. Alors, l' application
Tf: TX1 x TX2-+ TY
est de classe e k - 1 . Étant donné a2 E X 2 e t v 2 E Ta2 X 2, composons cette applica-
tion avec l' applicati on x 1 E X 1 ...-+ ((x 1 , 0) , (a 2 ,v2 ) ) E TX 1 x TX2, application
évidemment de classe e00 ; on obtient ainsi une application de classe ek-l qui
d' après la form ule ( 1.1 8. 13) s'écrit
(1.23. 10) x1 E X1 ri (f( x1, a2), Ta2 f (x1, •).v2 ) E TY.
1.23 LE FIBRÉ TANGENT 95

Exercice 1.23.3 Un groupe G muni d' une structure de variété est appelé un goupe de Lie si les
1
ap pli cati ons (x, y ) >-+ xy de G x G dan s G et x H x - de G dans G so nt C00 .
1. Pour tout x E G, montrer que l ' application rx : y H xy E G (translation à gauche) est un
difféomorphisme.
2. On note e l'élément neutre du groupe, montrer que l 'appli cation <p : G x TeG -r TG définie
par cp(x , v) = (x , Ter x ·v) est un difféo morphi sme [pou1· vérifier que <pe t <p - 1 sont utili ser les c=
forinules ( 1.1 8. 13) et ( 1.23. 10)] .
3. En déduire que le fibré tangent à tout groupe de Lie est trivi alisable.
4. Montrer que § 1 muni de sa structure usuelle de groupe multiplicatif est un groupe de Lie ; le
fibré tangent T § 1 est donc tri vialisabl e.
Note On dit qu ' une variété est parall éli sable si son fibré tange nt est trivialisable ; par exe mple, on peut
dém o ntrer que les seul es sphères parallélisables sont § 1 , s; 3 et § 7 .

De mani ère tout à fait semblable, on peut définir une structure d' espace fibré
sur la réunion disjointe des espaces cotangents à une variété X . On pose
(l.23. 11) T* x = LJ {x } x r;x
x EX

etrr: (x ,w ) E T*X H x E X.
Étant donné une carte (U, ip) de X, pour définir la structure du fibré tangent,
nou s avons utili sé la bijection 'P• : TxX --7 !Kn caractérisée par la propri été
ip. (8/ox i ) = ei où (ei ) est la base canonique de JKn. Défini ssons de même une
bijection linéaire 'P: : r;x
--t JKn par 'f!:(rtxi) = ei où (ci) est la base cano-
nique de !Kn. Les deux espaces JKn qui appara.issent dans ces définiti ons sont mi s
en dualicé en posant < w, v > = w; vi si w = (w 1 , . .. , wn) , v = (v 1 , .. . , vn ). La
base (ei) est alors simplemenc la base duale de la base (e;) . V érifions alors que
I t - J
(1.23 .12) 'P. = 'P. .
On a en effet
< tip; 1 (dxi),ej >= < dxi,<p; 1 (ej) > =< dxi,8/8xj >= ôj.
Il e n résulce que, pour toutes cartes (U;, <p;), (UJ, 'Pj ) et tout x E U; n Uj,
,
'Pj• 1- 1
o 'f!.;* =
t - 1 o t '{!.;.
'f!j* =
t( 'f!i• ü
- 1)
ipJ* =
tD( 'f!i o 'f!j- 1)( '{!j (X )) .
1
On e n déduit que l'application <D;J : (x, h) H (x, cpj. o ip;-;_ ).h es t un difféo mor-
phisme de ( U; n Uj) x JKn sur lui-même et on peut donc appliquer le théorème
1.23.4. Il exisce sur T * X une unique structure d 'espace fibré vectoriel de rang n
e
telle que 1' applicacion n soit 00 et te lle que, pour toute carte (U, cp) de X, l 'appli-
cacion
'!/;: (x,w) E n - 1 (U) H (x,ip:(w)) E U x ocn
soit un difféomorphisme ; l' espace T * X est appelé le fibré cotangent à X.
De plus, soit (x, w) E X u r;
X , si (x 1 , ... , xn) sont les coordonnées locales
de x dans la carte (U, ip) et si w = w; dxi, alors (x 1 , ... , xn, w 1 , ... , wn) sont les
coordonnées locales de (x, w) dans la carte (ir- 1 (U) , ip x <p: ) du fibré cotangent
T*X.
96 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

1.24 Champ de vecteurs


Étant donné une fibrati on n : X --+ B, une application s : B --+ X est appelée une
sec ti on si nos = I a ; autrement dit, pour tout b E B, s( b) appartient à l a fibre Fb .
e
Lorsque X est un fibré 00 , on peut parler de section de classe ek, 0 :::; k :::; OO.
Plus généralement, si A est une parti e de B, toute application s: A --+ X telle que
7r o s = I A est appelée une secti o n au dessus de A
Si X est une variété, une section du fibré tangent est appe lée un champ de vec-
teurs (Lan ge nts) ; un champ de vecteurs v : X --+ T X est donc une a pplication
x t--t (x , v(x) ) telle que 'v(:c) E TxX pour tout x E X. Sig na lons l' a bus de lan-
gage assez fréquent qui consiste à appeler champ de vecteurs la seule application
x t--t v(x). Si (U, <p) est une carte de X, dans le repère nature l (â / âxi) au point
x E U, on peut écrire
. â
(1.24. 1) v(x ) = v''(x)~, x E U,
ux'
où les v i so nt des fonctions dé fini es s ur U et à vale urs rée ll es ou complexes . La
dé finition des cartes (7r - 1 ( U) , cp x rp*) du fibré T X montre que le champ de vec-
te urs v es t de classe e" si, e t seule me nt si, ces fonctions vi : U --+ IK sont de classe
e" quelle que soit la carte (U, rp ) appartenant à un atlas de X.
Réc iproquement, supposo ns données, pour toute carte (U, rp) appartenant à un
atlas A de X, n fo nctions vi : U --+ IK, 1 ::; i :::; n, vérifi ant ( 1.17 .8), c'est-à-dire
v' i (x) = (âx'i/âxl )(<;>i (x) )vl(x) pour to ut x E Ui n Uj o ù nous avons noté
vli : U' --+ IK les fonctions assoc iées à la carte (U' , cp'). Alors, il est clair qu'il
ex iste un unique champ de vecteurs v sur X tel que, dans Lo ute carte (V, cp) E A ,
on a it v(x) = vi(x)â/âx'; p()Ur x E U.
On définit une structure vecto riell e sur l'ensemble des champs de vecteurs de
cl asse ek de la façon suiva nte : soient v, w : X --+ T X de ux c hamps d e vecteurs
de c lasse e"e t>. , µ E :OC, o n défi nit le champ ÀV + µw en posant
(>.v + µw)(:r:) = >.v(x) + µw(x) E T."C X.
Par aille urs, o n sait multiplie r un champ de vecteurs v : X --+ T X par une fonction
f : X --+ IK e n posant (J v) (x) = f( x)v(x) E T."C X . Dans le repère naturel
associé à une carte, ceci co nsiste à poser (>.v + µw) i(x) = >.vi(x) + µwi(x) et
(fv)i(x) = f( x)vi(x).
Remarque 1.24.1 Lorsque U est une sous-variété ouverte d ' un espace vectoriel E
de dimension fi nie, un chamJl de vecteurs sur U (de classe ek) est simplement une
u u
app licatio n X t--+ (x, v(x)) de dans X E (de cl asse ek) d 'après l' ide ntification
du fibré tangent TU et de U x E (remarque 1.23.2).
Exercice 1.24.1 Soient X une varié té et Y une so us-variété. Si v : X -+ T X est un champ de
vecteurs sur X te l q ue v(x) E T r Y pour tout x E Y, la restriction de v à Y est un champ de vecteurs
sur Y . On se propose d'étudi er la réciproq ue. Soit w : Y -+ 'l'Y un champ de vecte urs s ur Y de classe
ek , Ü ::0 k; ::0 OO.
l . Mo ntrer que, pour tout a E Y , il existe un vo isinage ouve11 Ua de a et un champ de vecteurs
x H v(x) sur Ua de classe ek tel q ue v lu.,n Y = wlu,. .
1.24 CHAMP DE VECTEUR S 97

2. On suppose que X est une vari été réelle dénombrnble à l ' infini . Soit 0 un voisin age ouve11 de
Y te l que Y soit fermé dans 0 (exercice 1.22 .1 ) el soit U un ouven de X tel que Y C U C 0, montrer
qu ' i 1 ex iste un champ de vecteurs v sur 0 de cl asse e1.: q ui prolonge w et à support dans U, le support
de v étant par défi nition l 'adhérence dans 0 de l' ensem!Jlc des x E 0 tels que v(x) of O [ rai sonner
comme dans l'exercice 1.22. 1]. L orsque Y est une sous-vuiété ferrnée de X, on peut prendre X = O.

Une secti on du fibré cola ngent T * X est appelée une forme différe ntie ll e (de
degré 1) sur X . Une fo rme différentielle w : ;:r; >--+ (x , w(x)) s'écrit dans le repère
naturel (d.Ti ) assoc ié à une carte (U, <.p )
( 1.2 4. 2) w(x ) = w; (x ) d.Ti , x EU,
où les wi sont des fon c ti o ns dé fini es sur U et à valeurs da ns JK. On peul alo rs dé-
velopper des co nsidé ratio ns a nalogues à ce ll es concerna nt les c ha mps de vecte urs
ta nge nts. En partic uli er, on sait dé finir une s tructure vec to riel le sur l e nsemble des
fo rmes diflë re nti elles de classe ek, on sa it mu lliplie r un e fo rm e diffé re nti e lle par
une fo nc ti o n f : X ---+ JK, etc.
S i f : X ---+ lK est une fo nction de cl asse t;k, k ~ 1, sa différe nti elle définit une
form e diffé rentie lle de c lasse ek - l qui dans un systè me de coordonnées locales
s'écr it
DF
df (x ) = - . (cp(x)) clx', x E U
8 x'
où F est la représentati on loca le de f.
Si v e t w sont respectiveme nt un cha mp de vecte urs e t un e form e diffé re nti e lle
de classe ek, o n définit une fo nc ti o n < w, V >: X --+ lK de classe ek en posant
< w , v > (x) =< w(x ), v (x) > où ce de rni e r croche t est le c rochet de dua lité
entre T.'" X et r;
X ; dans un système de coord onnées locales, o n a d onc
( l.24. 3) < w , v > (x ) =< w(x ), v(x ) >= wi(x ) vi(x ).
En partic ulier, e n pre na nt po ur w la diffé re ntielle d' une fo nc tio n f : X ---+ lK de
e
cl asse 1 , on pe ul définir la déri vée de Li e de f sui vant Lill c ha mp de vec te urs V e n
posant
( 1.24 .4) (L .vf)( x ) =< df( x ),v (x ) >,
c ' es t-à-dire da ns un systè me de coordo nnées locales
. DF
( 1.24 .5) (L v f) (x ) = v'(x) - . (<p (x)), x E U
8 x'
et c e lte formul e mo ntre que la fon ction L .vf : X --+ IK est de c lasse ek si V es t de
cl asse ek et f de classe e1.:+ 1 . On no te ra que v i = L vxi .
Si v, w sont des champs de vecte urs el f ,g : X ---+ lK des fo nc ti ons de classe
e1 , on vérifie a isément les fo rmules suiva ntes.
L v+w f = ,[,.v f + ..C wf , L v(f +. g) = ..Cv. f + L vg ,
( 1.24 .6)
{ L v(fg ) = f ..Cvg + g..C vf , -l gv f = g,.C v f ·
Proposition 1.24.1 Soient v, w : X ---+ TX des champs de vecteurs de classe
ek, k ~ 1, il existe un unique champ de vecteurs, noté [v, w], tel que pour toute
98 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

fonction f: X -+ IK de classe Ck, k 2: 2,


( 1.24.7) L[v,w ]f = L vLw f - LwL,J
Dans un système de coordonnées locales r.p = (x1, ... , xn ), si v
w = wi8/8xi, on a
. .awi . avi
( 1.24.8) [V ' Wl i
-
- v1 - - - w1 -
axJ' axJ··
Ce champ [v, w] est appelé Le crochet de lie des deux champs v et w.
Preuve Si un tel champ de vecteurs ex iste, on a nécessairement [v , w]i = L[v,w]Xi,
d ' où
[v , w li -- L v 'w·i - L wV i -- V j awi
Ô .
xJ
- j âvi
W â ,·
xJ
Vérifio ns ensuite que (1.24.8) définit bien un champ de vecte urs. Soit
r.p' = (x' 1, ••• , x'n) un seco nd système de coordonnées local es. On a
v'i = Bxf'i/âxjvJ, w'i = 8x'i/8xj wJ,
d' o ù
"' li
, .uw
V 1 - -. - W
ij âv t·i
- -.
. â (-
J -.
V
âxli
-W
k) -
j â (-
W - -.
âx'i
-V
k)
âx'J âx'J oxJ 8xk âxJ oxk
âx'i ( . àwk . av k )
- - vJ - -. - w1 - -.
oxk àxJ âxJ
el ceci pro uve le rés ultat voulu .
Mo ntrons enfi n que ce clia m p [v, w] satisfait à ( 1.24.7). Si F est la re présenta-
tion locale de f, on a

v1.- a ( aF ) . a ( aF )
- . w'-. - w 1 - -. v ' -.
8xJ ax·' ax1 Ôx'
. 8wi . av·i ) âF
( v1 -â . - w1 xJ -â
xJ x'
-a.
. = ,(,(·u'wJ f· Q.E.D.
On notera que l' applicatio n (v,w) H [v , w] est bilinéaire, que [v, v] = 0 et
que [v, w] + [w , v] = 0 quels que so ient les champs v et w.
Exercice 1.24.2 1. Soient v , w : X -t T X deux champs de vecteurs de classe e1 et j , g : X -t 1K
e
deux fonctions de classe 1' mon trer que

[f v,gw] = fg[ v,w] + (JLvg)w - (g.Lwf)v.

2. Soient ·u, v , w : X -t TX des champs de vecteurs de classe e2 , vérifier l' identité, dite de
Jacobi ,
[[u,v], w] + [[v,w],u] + [[w,u],v] = O.

Ex pliquons enfin comm e11t on définit les images directe et réciproque d' un
cha mp de vecteurs par un difféomorphi s me. Étan t d onné un difféo morphisme
f : X -+ y de c lasse ek+ 1 et un champ de vecteurs V : X -+ T X de classe
Ck, l' image de V par j est défi nie par
1
( 1.24.9) f .(v) = Tf o v a r : Y -t TY;
1.24 CHAMP DE VECTEURS 99

on obtient ainsi es t un champ de vecteurs sur Y de classe ek qui s'ex plic ite d onc
sous la forme
f *(v): y i-+ (y, T1 - • (y) .v(f - 1 (y)))
si on note x t--+ (x , v(x)) le champ v. Dans des coordonnées locales (x 1 , .. . , xn)
et ( y1, ... , yn ), s i v(x) = v1 (x )o / ox1 et si F est la représe ntation locale de f, le
champ J*(v) s'écrit

f * (v) (f (x)) = v1 (x) ~F' (x ) a.


IJXJ 0 y'
Si w : Y ---+ TY est un champ de vecte urs sur Y de c lasse ek, on définit son
image réc iproque par f par
(1.24. 10) f*(w) = (Tf) - 1 o w o f: X--+ TX;
en coordon nées locales, si Gest la représenta1ion locale de f - 1 , on a
f*(w)(x) = w1(f(x)) oG' (f (x)) ~.
OX 1 f):r;J
Note L'étoile en position inférieure dés ig ne une image direc te, e n position supé-
rieure une image réciproque.
Exercice 1.24.3 Soient f : X -7 Y un difféomorphi sme, v: X -7 TX, w : Y -7 TY des
champs de vecteurs et g : Y -7 lK une fonction de classe e 1 , montrer que
(.l j . (v) g) o f = .l v (g o J ) et L f • (w) (g o J) = (.lw g) o f.
Exercice 1.24.4 Soient f :X -7 Y un difféomorphi sn-ie, v , w: X -7 T X des champs de vecteurs
de classe C1 ' montrer que
f . ([v,w]) = [f .(v), f. (w) ].
On peut dé finir l' image réciproque d' une forme différenti elle w: Y ---+ T *Y
par toute applicatio n f : X ---+ Y de classe e1 de la façon suivante . S i
v : X ---+ T X est un champ de vecteurs, on pose
( 1.24. 11) < f*(w)(x), v(x) >=< w(J(x)), Txf.v(x ) > .
Vérifions qu'on défi nit bien ain si une forme diffé rentielle sur X. Dans des coor-
données locales (x 1 , ... ,x 1) et (y 1 ,. . .,ym), on a v(x) = v1(x)8/éJxi,
w(y) = wi (y )dyi et la définition précédente devient
EJFi .
< f*(w)(x) , v(x) >= wi(f(x))-. (x)v1 (x )
0 xJ
où Fest la représentatio n locale de j , soit
8Fi .
(1.24.12) f*(w)(x) = wi(J(x))-. (x)dx1 .
8 xJ
Si (x 11 , .. . , x'1) est un second système de coordonnées locales et F' la repré-
sentation locale correspondante de f, posons
EJFi EJF'i
n
Hj = W 1 OXj e t nt
~ lj
1
= W OXlj 1

on a alors
. EJF'i . EJxk EJFi oxk
S1'. = w' - -. = w' - -. - - = --Ok
J ox'J ox'J EJxk ox'J
100 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

et, d'après la formule ( 1.19.4), cec i prouve que J*(w) est une forme différentielle
sur X ; cette form e différentielle est de classe ek si f est de classe ek+i et w de
c lasseet.:.
On notera que ( 1.24 . 12) s'obtient simpl ement e n rempl aca nt dans la formule
w(y) = wi (y)dy'i, y par f (x )et dy i par la différentielle de la fonction x H f i(x).
E - Corrigé des exercices

1.25 Exercices du chapitre 1.A


EXERCICE 1.1.1
Si f est dérivable au point a, pour tout c: > 0, il existe 8 > 0 tel que
(IÇI S 8 et a + Ç E !) ===}- llf(a + Ç) - f(a ) - J'(a)Çll :::; c: IÇ I,
d' où
llf (a+ h) - J(a - k) - j' (a)(h + k) Il S E(h + k) si 0 < h , k :::; a+ h, a - k E l o,
et ceci prouve que D.(h, k) tend vers f'(a) lorsque (h, k) tend vers (0 , 0) en restant dans
JO, oo[ x JO, oo[.
Réciproquement, su pposons qu'il existe l E F et, pour tout c: > 0, 8 > 0 tel que pour
0 < h , k S 8, a + h, a - k E l

l lf(a+h),~{(a - k) - zllSc: .
Vu la contin uité de j au point a, en faisant tendre k vers 0 on obtie nt

llf(a + h;, - f(a) _lll Sc: siü < h S 8,a+h E l ,


ce qui prouve que f est dérivable à droite au point a et que f~(a) = l. On vérifie de m ê me
J;
que j est dériva ble à gauche au point a et que (a) = l , ce qui permet de conclure.
EXERCICE 1.1.2 - EXEMPLE DE FONCTION CONTINUE NULLE PART DÉRIVABLE
La définition de f n à partir de f n- 1 pe ut s'i nterpréter de la façon suivante. Soit
I = [a,a + 3 - n+ 1 J, a = k x 3 - n+ 1 , l ' un des i nterva ll es sur leque l la fonction f n - 1
est affine ; on divise cet interva lle en trois intervalles égaux, soit
h = [a , a + 3- n], fz =[a+ 3- n, a + 2 X 3-" ] etf3 = [a+ 2 X 3- n,a+ 3- n+ 1 ].
Sur chacun de ces intervalles, la fonction f n est affine ; f n el f n - l coïncident aux ex trém i-
tés del, sur h eth la pente de f n es t double de ce lie de f n-1 et sur h opposée à ce lle de
f n- l·
1. La définition de la suite Un) montre que pmr 0 S k S 3n - 1
sup lfn+1(t) - f n(t)I = (1/3) lfn((k + 1)3 -n ) - f n (k X 3- n)I
k x3 - "' :S t :S( k+l) 3 - "
et, sil désigne l'unique entier tel que 3l :::; k S 3l + 2,
IJn((k + 1)3-n ) - fn(k X 3- n)I S (2/3)1fn -1 ((l + 1)3- n+l) - fn - 1(l X 3- n+ l)I.
li en rés ulte que

sup lfn+1 (t) - fn(t)I ( -2)n


::=:; -1
O:St:S l 3 3
102 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

et ceci mo ntre que la suite (in) converge uniformément vers une fonction continue f.
Six est un point de la forme k x 3- n, 0 S k S 3- n, on observera que J(x) = f p(x)
pour tout p ?: n.
2. Montrons que f n'est dérivable en aucun po int de [O , l] . Considérons d'abo rd un
point a E [O, l] qui n'es t pas de la forme k x 3 - n ; notons k(n ) l' unique enti er tel que
k(n) x Tn < a < (k(n) + 1)3- n et posons
J ((k(n) + 1)3 - n) - J (k(n) X 3- n)
Pn = 3- n .
D' après les remarques initiales, on a Pn = 2Pn - l ou Pn = - Pn - 1 ; il en résulte que la suite
(Pn) ne converge pas: en effet, si la suite (Pn) admettait une limite l, cette limite se rait non
null e car la suite (IPnl) est croissante el IPnl 2: IPol = 1 ; il en résu lte qu e Pn = - Pn - 1
dès que n est suffi samment g r and, d'où l = - l et l = 0, ce qui est contradi ctoire. Vu
l' exercice 1.1 . 1, ceci montre qu e f n'est pas dérivable au point a.
Lorsque a est de la forme k x 3-nu où 0 S k < 3-nu, on pose pour n ?: no
J (k X 3-no + 3- n) - J(k X 3- nu)
p~ = 3- n .
On a alors Pn +1 = 2pn pour n ;:: n o ; cette suite (Pn) ne peut donc converger et la fonction
f n'est donc pas dérivabl e à droite au point a. Lorsque a = 1, un raisonnement analogue
montre que f n'est pas dérivabl e à ga uche en ce point.
EXERCICE 1.1.3
Supposons différentiable en 0 l' application f : x H llxll. Soit h E E, l'application
t H f(th) = ltl llhll
serait al<Jrs différentiable e n 0 et, en choisissant h =/= 0, o n obtient
ainsi une contradiction.
EXERCICE 1.1.4
Raisonn o ns par l'absurde, supposons l' appli cation l ·lh différentiable e n un point
x = (xn) E l 1 : il ex iste alors Ç = (Çn) E l 00 tel que , pour h = (h n ) E i1,

( 1.25. 1)
n=O n= O n= O
i= n, o n obtie nt
En pre nant h de la fo rme h .n = h E R et h p = 0 pour p
lx'fl + hl - lxnl - hÇn = o(h),
ce qui signifie que l ' application x H lxl de lR dan s lR est dérivable au point Xn et de dérivée
Çn. li en résul le que nécessairement Xn i= 0 et que Çn = +1 si Xn > 0 , Çn = - 1 si Xn < O.
Soit 0 < E < 1, d ' après ( 1.25. 1) il existe l5 > 0 tel que
()()

n= O
La suite (xn) convergeant vers 0, choisisso ns un entier no tel que
lxn 1 S 15 /2 et prenons hnu = - Çnu 15 et hn = 0 pour n =/=
0 no ; on obtient al o rs
llxn Çn 151 - lxnul + 151 S €15, c'est-à-dire 2 (15 - lxn I) S
0 - 0 0 € 15, d 'où 15 S E: Ô et
par conséquent E ?: 1, ce qui est absurde vu le choix de c . L'applicati on li• Ili ne peut do nc
être d ifférentiabl e.
EXERCICE 1.1.5
Si la norme 1 ·11= est différentiab le en un poi nt x, qu 'o n peut supposer# Od'après l'exer-
1.25 EXERCICES DU CHAPIT RE 1.A 103

cice 1.1.3, et de déri vée '1' E (L00 )' , on a pour tout h E t=


llx + t hll oo - llxl loo
'l'h = lim
t -+ 0 , t f' O
1. Supposons d'abord qu ' il ex iste un enti er no tel que llx lloo = lxnu 1 et, pour fi xe r les
idées, supposons Xn.n > O.
a. Montrons alors que nécessairement 'J 'h = h nu. On a
llx +t h ll oo 2 IXno+t h,. 0 1

Soit lo > 0 tel que tol hno l :::; x.,, 0 , pour ltl :::; ta on a alors
lxn. 0 + l h nu l = Xnn + t h n0 = llx lloo + t hn,,,
d'où llx + t h lloo - llxlloo :::;: t h n0 el par conséquent T h = h no ·
b. Si supnt'nu lxnl < Xn 0 , prenons h E L00 1e l que
2 li h lloo S:: Xnu - Sll p lxn l ;
ri f:= no
on a alors llx + hl loo = x,. 0 + hn0 , d'oli llx + h ll oo - llxl loo - hn0 = 0, ce qui prou ve
que la norme est di rtë renti abl e en un tel point :r: et de déri vée h >--+ hn. 0 . Lorsq ue Xno < 0,
la dérivée est h H - hn()"
c. Lorsque supn#no lx nl = x,, 0 , mo ntro ns CJU C la nonne n'est pas di tTéren1i able en
x. S' il ex iste n 1 =/= n o tel que llxll oo = lxn 0 = lxr-i I, on doit avoir d'après l ,a 'J 'h = h,, 0
1

el 'J 'h = ± h,,,, ce qui est absurde. On peut donc supposer lxn 1 < Xnn pour tout n =/= no .
Soit 0 < é < l , il ex iste ô > 0 tel que
1llx + h lloo - (x ,,0 + h n 0 ) 1 S:: é li ii ll= lorsque Il h ll oo ::; Ô.

Cho isissons un entier n1 =/= no tel que Xn 0 - lxn , I ::; ô et prenons hn 0 = - ô, hn 1 = ±ô


tel que lxn 1 + hn1 1 = lxn 1 1 + ô el hn = 0 lorsque n est dilTérent de no et n t ; on a a lors
llx + h lloo = lxn 1 I + Ô, d' où
llxn , + c5 - (Xno - J) I:::; E Ô,
1

soit
i5 :::; llxn11 - Xn 0 + 2<51 S:: E Ô
et 1:: 2 1, ce qui est absurde vu le choix de 1:: .
2 . Lorsque lxnl < ll xl loo pour tout n , prenons h te l que l'ensemble
{n E N; h,, =/= O} soit fini ; alors, llx + lh lloo = llxll oo dès que test suffisam ment
petit et par conséquent T h = 0 pour de tels h. Soi10 < 1:: < 1/ 2, il existe ô > 0 Lei que
lllx + hlloo - llx lloo - 'l 'h l S:: é llh lloo lorsque ll h lloo:::; Ô.
Cho isissons un entier no tel que llx ll oo ::; lxn 0 1 + 6 /2 et prenons h.,, = 0 pour n # no et
hn 0 = ± ô tel que llx + h lloo = lx,. 0 1+ ô ; on obli ent alors
i5/ 2 :::; llxno l + <5 - llxl lool S:: E Ô,
ce qui est absurde vu le choix de é .
EXERCICE 1.1.6
On raisonne par l' absurde en supposant la norme différen1iabl e en un point/ =!= 0 et de
dérivée 'J' E E' . Soit xo tel que llJ'llcxi = lf (xo)I. Quille à changer f en - f , on peut
supp oser f (xo) > O.
1. On vérifie d'abord que, pour tout h E E,
Th = li m Il/ + t hll oo - li / li = = h( xo) .
t -; O,tt' O t
Soit ta > 0 tel que to lh(xo)I ::; f (xo) ; pour ltl ::; ta, on a
Il!+ th lloo 2 If (xo) + t h(xo) 1 = f (x o) + t h(xo) = Il f lloo + l h.(xo),
104 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

d'où Il! + thll oo - Il f lloo ~ U i(x o), inégalité qui prouve le résultat annoncé.
2. D' après la différentiabi lité, il existe donc, pour tout é > 0, ô > 0 tel que
Ill!+ h lloo - (f (x o) + h (xo)) I S é llhll oo si llh ll oo S Ô.
Prenons 0 < € < 1, on peul lro uver une fo ncti on h E E telle que
llhll oo = 6 , h(xo) = - ô et Il/ + hll oo ~ llf ll oo·
On a alors llf + h lloo - (f (xo) + h(x o)) ~ 5, d' où c5 S di ce qui est en contradiction
avec le choix de é.
EXERCICE 1.1.7
On a lia + x - Pc al l2 =l ia - Pc al l2 + 2(x la - Pc a) + llxll 2 , d'où
2
g(a + x) S g(a) + 2(xl a - Pc a) + ll x ll .
De même,
2 2 2
lia+ x - Pc (a + x)ll = lia - Pc (a + x) ll + 2(xla - Pc (a + x )) + llx ll ,
d'où g(a + x) ~ g(a) + 2(x la - Pc (a + x)) + llxl l où
2

(x la - Pc (a + x )) = (xl a - Pc a) + (x lPc a - Pc (a + x)) ,


ce qui prouve les inégalités annoncées:
2 2
2(x Pc a - Pc(a + x )) +- llxl l S g( a + x) - g(a) - 2(xla - Pc a) :S ll x ll
1

On remarq ue ensuite [27, corollaire 3.2 8.4] que


2
l(xl Pc a - Pc (a +- x))I S llxl l llPc a - Pc(a + x)ll S llxll ;
il en résulte que 2(x lPc a - Pc(a + x )) + llxll ~ - llxll . Ceci montre que
2 2

lg(a + x ) - g(a ) - 2(x la - Pc a)I S llx ll ;


2

g est donc diftërentiable au poi11t a E E et Dg (a) .x = 2(xl a - Pc a).


Lorsque a E E - C, g( a ) f. 0 et la diffërentiabilité de f résulte de ce lle de g car
J = <p o g où la fonction <p : t r-+ t 1 ! 2 , l > 0, est différentiable.
EXERCICE 1.1.8
On re marquera d'abord que l'e11sembl e pr;( x = {y E I< ; ll x- vll = d(x , I<)} est une par-
tie fermée, donc compacte, de f( . On notera ensuite que la fonc tion continue
y t-+ 2(xla - y) est bornée sur le compact prKa et atteint ses bornes.
2 2 2 2
1. On a lia + tx - Yoll = Il a - Yoll + 2l(xla - Yo) + l ll xll , d'où
2 2
g(a + tx) S g(a) + tA + t llxll •
Pour tout z E '}J1'g(a + lx) , on a
2 2 2
g(a + tx) = lia + t x - z ll = lia - z ll + 2t(xla - z) + t211 x ll ,
d'où
g(a + tx) 2 g(a) + tA. + 2t(xlyo - z) + t 2 llxll 2
et ceci prouve les inégalités voul ues.
2. On raisonne par l'absurde. On suppose qu'i l existe € > 0, une suite ln > 0 conver-
geant vers 0 , une suite Zn E I< tels que
lia + l n X - Z n Il S lia + l nX - Yoll et (x lyo - Zn ) <-€.
On peut supposer, ](étant co mi>ac t, que la suite (zn) converge vers z E I< ; en passant à
la limite on obtient
li a - z Il S lia - Yoll et (xlyo - z) S -€.
D'après la premi ère inégalité, on a nécessa irement lia - zll = lia - Yoll . d'où z E ']J1·Ka
el (xla - Yo) S (x la - z) d' afJrès le choix de yo, soit (xlyo - z ) ~ 0, ce qui contredit la
seconde inégalité.
1.25 EXERCICES DU CHAPITRE 1.A 105

3. En choisissant z E JYtK (a+ tx), on en déduit que, pour 0 < l S o,


- 2té: + t [[ x[[ S g(a + tx) - g(a) - LA S t [[ x [[
2 2 2 2

et, par conséquent, la fonction h : t >--+ g(a + tx) est dérivable à droite en 0 et
h~(O) = A = 2 inf (x la - y) .
y E pr1<cz.
En changeant x en -x, on en déduit qu e h est dé ri vable à gauche en 0 et que
h~ (O) = 2 sup (:i;[a - y).
y Epr 1<a
4. Ceci montre que g ad met au point a une dérivée partielle suivant le vecteur x si
(x[ a - y) ne dépend pas du choix du point y E prF< a, c'est-à-dire si (x[y - y') = 0 pour
tout y , y' E '[Yl'J(a. Cette condition est réalisée pour tout x E E si, et seulement si, le point
a n'admet qu ' une projection sur]( comme on le voit en prenant x = y - y'. On a alors
Dxg(a) = 2(x[a - yo) où yo désigne la proj ection de a sur K.
5. La condition est nécessaire d'après 4. Récipmquement, supposons que a admette une
unique projection sur ]( notée yo. D' après l ., on a
2 2
2(x [yo - z) + llx [[ S g(a + x) - g(<i) - 2(x[a - Yo) S [[xll
pou r tout z E pr K (a + x) .
o
Soit E > 0, il ex iste > 0 tel que
([lx ll S o,z E I< el lia + x - z ll S li a + x - yo[ I) ===> (x lyo - z ) 2': -El lxll-
Sinon, il existe une suite (xn) de E convergeant ve rs 0, une suite (zn ) de [(convergeant
vers z telles que
lia + X n - Zn [I S lia + X n - Yoll et (xn [Yo - Zn ) < -s[l xnl l·
En passa nt à la limite clans la première inégalité, on obtient
[[ a - z [i S lia - Yol[, d'où z = yo. La seconde inégalité impliqu e Xn i= 0 et, en po-
sant x;, = xn/ [lxn[I. on a (x~ I Yo - Zn ) < -E où [ [ x~ll = 1 ; à la limite on obtient
0 S -E, d'où une contradiction.
Ceci montre que
g(a + x) = g(a) + 2(x[a - Yo) + o(x) ;
g est donc différentiable au point a et Dg(a).x = 2(x[a - y0 ).
6. Lorsque a E E - K, f (a) est non nul et la différentiabi lité de f équivaut à celle de
g, ce qui conduit au résultat voulu.
EXERCICE 1.1.9
1. Par hypothèse IR = LJ~=ü Fn, les F.,, sont fermés et IR est un es pace de Baire ;
d' après la proposition 2.28.4 de [27], 0 est partout<lense.
Soit a E 0, il ex iste n tel que a E Fnet il ex iste donc E > 0 tel que ]a -E , a+s[ C Fn.
Il en résulte que, sur cet intervalle ]a - E , a + s [, j est un polynôme de degré < n. Ceci
montre que la fonct ion !Io est analytique et le principe du prolongement analytique montre
que j est un polynôme sur la composante connexe de 0 qui contient le point a .
2. Supposons que H admette un point isolé a. Alors , il ex iste E > 0 tel que
]a - E , a + s [ n H = {a} ; d'après 1., il existe des polynômes P, Q E IR[x] tels que
f = P sur ]a - E , a[ et f = Q sur ]a, a+ E[ ; on en déduit qu ' il existe un entier n tel que
Dn f = 0 sur ]a -s,a+ E[ - {a}, donc sur ]a - E, a + E[par continui té et il en résulte que
]a - E, a+ E[C Fn, d'où a E 0, ce qui est absurde.
3,a. L'espace H est un espace de Baire et If = LJ~= 0 (H n Fn) ; si H est non vide, il
existe un entier n tel que H n Fn soit d'intérieur 11011 vide clans H : ceci signifi e qu ' il existe
un intervalle ouvert ]a , b[ tel que 0 i= ]a , b[ n H C Pn .
106 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

b. Vérifions qu'on a alors] a, b[ nH c Fn+I· Soit x E ]a, b[ nH, H étant sans point
isolé, il ex iste une suite X j E ]a..,b[ nH, X j =f. x, qui converge vers x, d ' où
D"+1J(:r;) = lim Dnf(xj ) - D"f(x) = O.
J-+oo Xj - X

Ceci prouve que ]a , b[ nH C Fn + 1 e t, par réc urrence, on a donc ]a, b[ n H C Fn+k pour
tout entier k 2:: O.
c . L'o uvert ]a, b[ nO est non vide vu que 0 est partout den se d'après 1. Soit ]a , /3[
une composante connexe de cet ouvert, l'inclusion ]a, /3[ c ]a, b[ est stricte car ]a, b[ n H
est non vide ; il en résulte que l 'un des points a , /3 appartient à ]a , b[ et ce point appartient
donc à H , ]a, /3[ étant une composante connexe de] a , b[ no. On peut supposer par exemple
a E H. li ex iste un polynôme l' tel que f = P sur ]a, /3 [, d'où D J f = Di P sur ]a, ,B[ et,
par continuité, Dj P(a) = D i j(o:) = 0 pour j ~ n d'après 3,b. Vu la formule de Taylor
au point a pour P, ceci prouve que le degré de Pest< n.
d. Il en résulte que D " f = 0 sur ]a, b[ no, donc sur ]a, b[ d'après a. Cec i montre que
f est un polynôme sur cet inteIValle, ce qui contred it le fait que ]a, b[ n H est non vide et
par conséqu e nt H = r/J.
4. On a donc 0 = IR et j e5t un polynôme d'a près 1.
EXERCICE 1.1 .10
1. Soit x E E, prenon s g(t) = -tx, on a g(O) = 0 et g' (0) = x . La fonction
t t-7 (j o g)(t) = f(tx),
bien définie au voisinage de 0, est par hypothèse dérivable en 0 et de dérivée Tx, ce qui
prouve que
Tx = Lim J(tx).
t -+ D t
t >D

2. Si f est différentiable en 0, le théorème des fonctions composées montre que f o g est


dérivable en 0 et que (j o g)' (0 ) = D f (O).g' (0), ce qui prouve que f possède la propriété
('.P) e t que 'L ' = /'(O).
3,a. Si f est différentiable en 0, il résulte de 2. que j' (0) = T. Par conséquent, pour
tout E > 0, il existe ô > 0 tel qœ
(x E 0 et llxll ::; ô) =? 11/(x) - '.L'xll ::; E llxll -
Si f n'est pas différentiable en (), il existe donc E > 0 et, pour tout ô > 0, x E 0 tel que
llxll ::; ô et llJ(x) - 'L'xll > r llxll- En pre nant ô = 1/2, on obtient un point xo E 0
te l que 0 < llxoll < 1 et llJ(xo) - '.L'xoll > E llxoll- Ensuite, par récurrence, en prenant
Ôn+L = llxnll/2 on obtient u n poi nt Xn+1 E 0 Lei que 0 < llxn+1ll ::; llxnll/2 et
llJ(xn+1) - '.L'x n+1li > E l xn-t1li- Cette suite (x,,, ) tend vers 0 et la suite (llxnll) est bien
strictement décroissante.
b. La suite (xn/llxn Il) appartient à la sphère unité de E qui est compacte, l'espace E
étant de dimension fini e. Cette suite admet une sous-suite convergente (de limite notée l) ,
qui vérifie les propriétés voulues; on la note e ncore (xn).
c. La fonction g est affine , donc continue, sur chaque intervalle [llxn+1li, llxn Ill; elle
est donc continue sur ]0 , l ] . On remarque ensuite que llg(t) 11 ::; llxn Il pour
t E [llxn+1 li , llxn 1
1], donc pour t E JO, llxn Ill et ceci montre que g(t) tend vers 0 lorsque t
tend vers 0 par valeurs > O. Ceci prouve que g est continu.
1.25 EXERCICES DU CHAPITRE 1.A 107

d. On vérifie que

-g(t)
.-l = À n (t. ) - Xn
- + (1 - Àn
( · ))
l - Xn
,-. --l --Il
l
pour 1IXn+1II S t S Il X n I1
11
Xn 11 11 X n-f l

À n (t) = llxn ll t -l lxn +1 li
t llxn ll - llxn-1111
On en déduit que
g(t)
Il-t- Xn Il Il
llxnll ::::; llxn-1-ill - llxnll
· -
Xn+l Xn Il
et cette inégalité montre que g(L)/t tend vers l lorsq ue t tend vers 0 par valeurs > O.
e. La fonction f possèdant la propriété ('.P) , on en déduit que
(J o g)'(O) = lim (J o g)( ll xn.l l) = lim f(x ,,, ) .
n -+oo llxn Il n -+oo ll xn Il
Vu que
f(x n ) T(
Il ~ - llxn ll
Il >E Xn )

et que '1' est nécessairement continu , E étant de dimension finie, on obtient


ll(J o g)'(O) - Tl ll 2 E > 0,
ce qui contredit la définition de T car l = g' (0).
EXERCICE 1.3.1
On considère la fonction 9'(x) = f(x) - f~(x 0 ) :c ; cette fo nction est co ntinue sur [a,b],
dérivable à droite sur ]a, b[ et 9'~(x) = f~(x) - j~(xo). La fonction f~ étant continue au
point xo par hypothèse, pourtout s > 0, il existe <5 > 0 tel que 114'~( x) Il ::::; s si lx - xo 1 ::::; <5,
d'où
llY'(x) - 9'(xo)ll S s lx - xo l si lx - xo l S 8
d'après le théorème des accroisse ments finis, c'est-à-dire
11/(x) - f(xo) - f~(xo)(x - xo)ll :::; s lx - xo l si lx - xo l S <5.
Ceci prouve que f est dérivable au point xo.
EXERCICE 1.3.2
Le théorème des accroissements finis appliqué à la fonction
h: J; H f( x ) - f (a) - (x - a) D J(11) - (x - a) 2/2 x D 2 f(a)
montre que pour tout x, y E J, x =/= y ,

ll f(y)Y -- ~( ;) _ D/(a) - ~2 (x+y - 2a)D J(a)ll s


3 2 sup llDh(z)ll ,
X zE Jx,y ]
c'est-à-dire
1 2
llg(x,y) - g(a , a) - 2(x +y - 2a) D f(a) ll S sup llDh(z)ll
zE[x, y ]
où Dh( z ) = D f (z) - D f (a) - (z - a) D 2 f (a) ; lorsq ue x = y, cette inégalité est encore
vérifiée d'après fa défi nition même de g(x , x ) et g( a, a). L'application f étant 2-dérivable
au point a, pour tout s > 0, il existe <5 > 0 tel que
(z E I et lz - al S 6) ==;- llDh( z) ll S Elz - al.
Prenons x = a + h, y = a + k avec lh l ::::; <5, lkl ::::; 8; tout z E [x, y] s'écrit
z = a + th + (1 - t)k, 0 ::::; t S 1, d'où lz - a l S 5 et lz - a l ::::; lhl + lkl ; il en
108 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

résulte que
1
llg(a + h , a+ k) - g(a , a) - 2(h + k) D 2 f(a)ll SE (lhl + lkl).
Ceci prouve que
1 2
llg(a+ h , a + k) - g(a , a) - 2(h + k) D J(a)ll = o(lhJ+ lkl)
et il en résu lte que g est dérivable a u point (a , a) el que
1
D g(a, a).(h, k ) = (h + k ) D 2 J (a).
2
EXERCICE 1.3.3
La fonction g : x >--+ f (x ) - 'l 'x est dérivable dans 0 - {a} el a pour
dérivée Dg(x) = Df(x) - '!' . Soit E > 0, vu l' hypothèse il existe 8 > 0 te l que
JJDg(x) JJ S E si Jlx - aJI S 8, x =I a. D' après le théorème des accroisse ments fini s,
on en déduit que Jlg(x) - g(a) J I S E JJx - alJ si Jlx - aJI S 8 el ceci signifie précisément
que f est dé1i va ble au point a e t de dérivée '1 '.
EXERCICE 1.3.4
1. Montrons que la condition est nécessaire. Appliquons le théorème des accroissements
finis à la fo nction x H J(x) - D f (a ).x dont la dérivée est D J(x) - D J( a)
JJJ(a + h) - f(a + k) - Df(a,) .(h - k)JJ S JJh - kJJ s up JJD/(~) - Df(a)JJ.
( E Ja+ h ,a +k[
Soit s > 0, d'après la continuité au point a de la fonction Df, il existe 8 > 0 tel
que JIDJ(x) - Df(a) IJ :S: E pour Jlx - aJJ S 8. Prenons JJhJJ S 8 et JJkJJ :S: 8, si
~ E [a+ h , a + k], on aalors JJÇ - aJI S 8, d' où
IJ J(a + h) - f(a + k) - D f(a).(h - k)JJ SE JJ h - kJJpour JJhJJ S 8, JJkJI S 8.
2. Réci proquement, choisissons k tel que JJkJJ < 8 ; d'après la différenti abilité de f au
point a + k , il ex iste 81 > 0 te l que , pour IJh - kJI S 81
Jlf(a + h) - J(a + k) - DJ(a + k) .(h - k)JJ SE JJh - kJJ .
Vu l' hypothèse, si JJhJJ
::; 8 et IJ li - kJJ S 81, on a donc
llDJ(a+ k).(Ji - k) - Dj (a).( h - k) ll S 2E IJ h - kJJ.
Ceci pro uve que, pour JJylJS min(81 , 8 - JJkJJ),
IJDJ(a + k).y - DJ(a).yJ J:S 2E JJylJ ,
c'est-à-dire JJDJ(a + k) - Df(a)JI S 2E sous la seule hypothèse JJkJJ < 8.Ceci prouve la
continuité de la dérivée au point a.
EXERCICE 1.3.5
Soit x E 0, on considère la fonction g(t) = j(x + th) - tT(x ).h qui est défini e sur [O, l]
si h est suffisamment petit et on a
g(l + u ) - g(t) = J (x+ (t+u)h) - f( x+ th) - T(x) .h ;
'U 'U
il en résulte que g est dé1ivable sur [O, l] et Dg(t) = 'l'(x + th).h - T(x) .h. Soi t E > 0,
d'après la continuité de '1 ' au point x il existe 8 > 0 tel que IJ'l'(x + y) - 'l'(x)JJ :SE si
IJyJJ S Ô, d' où
IJ 'l'(x + th) .h - 'l'(x:).hll SE JJhJJpour tout t E [O, l] si JlhlJS 8 ;
1.25 EXERCICES DU CHAPITRE 1.A 109

vu le théorème des accroissements finis , on a llg(l) - g(O) ll :::; f ll h ll si ll hll :::; ô et ceci
signifie que f est dérivable au point x et de dérivée '/' (x) ; f est bi en de cla sse e 1 d'a près
la continuité de ] '.
EXERCICE 1.3.6
Soient x, y deux points de rl - {a}. Si le pointa n'appartient pas au seg ment [x,y]. on peut
appliquer le théorème des accroissements fini s et on obtient 11/(x) - /(y) ll :::; k llx - Yl l·
Lorsque a E [x , y], étant donné que dim E > 1, Oil peut tro uver un vecteur z E E tel que
les vecteurs y - a et z soient linéairement indépendants. On constate alors que le segment
[x, y+ f z] pour t: > 0 ne contient pas le poi nt a et, si f est suffisamment petit, ce segment
est contenu dans S1 - {a} , donc (théorème des accroissements finis)
ll J(y + ê z ) - f (x) Il :S k llY + ê z - xll;
pour conclure, il suffit de faire tendre t: vers 0, f étant continu car dérivabl e.
EXERCICE 1.3.7
La fonction y >-+ d(y , C ) étant continue et comexe, on notera d'abord que C, est un
voisinage fermé convexe de Cet, C étant fermé, qu e C = 0 0 C, . n
L' ensemble J est évidemment un intervalle d 'rn-igine 'U: u apparti ent à J car il n'ex iste
pas de x appartenant à ]u, u]. Étant donné que f~( u) E C, (f (x) - f (u)) / (x - u) ap parti ent
à C , dès que x > ·u est suffisamment voisin de u et ceci montre que 1 est de la form e [u, cl
où ·u < c :::; b. De plus, c E J car J est fe rmé d'après la continuité de f et le fait que C , est
fermé. On a donc I = [u, c].
Montrons que c = b ; raisonnons par l'absurde , supposons u < c < b. On a c E / ,
donc (J(c) - f(u))/( c - u) E C, et, C, étant un voisinage de C, il existe ô > 0 tel que
(f( c + h) - f( c) )/h E C, pour 0 < h :::; ô. D'après la convex ité de C, , on en déduit
c- u j (c) - f( u) h f( c+ h ) - f (c) C
c - u+ h c- u + c - u + 1i Ii E ''
c'est-à-dire (J( c + h) - f (u))/(c + h - u) E C, pour 0 < h :::; ô, ce qui contredit la
défi nition de c.
Ceci prouve que (f(b) - f( u))/(b - u) E Co: pour tout ·u E ]a, b[; en faisant tendre ·u
vers a, on en déduit que (j(b) - f(a))/(b - a) E C , pourtout t: > 0, d'où
(J(b) - f(a)) /(b - a) E C,
ce qui prouve le résultat voulu.
EXERCICE 1.3.8 - FONCTION CONVEXE
1. Supposons a < x <y < z< b, alors d'a près la convexité de j
f (y) :S
2
- y f( x) + '.lJ -
x J( z ),
z- x z - x
f(y) - f( x) < f( z ) - J(x) < j( z) - j(y).
y - x - z- x - z- y
Étant donné un point J;0 de ]a, b[, on en déduit que pour l < 0 < h < k
f( x o + l) - f (xo) < f(xo + h) - f (xo) < f (xo + k) - f (xo).
l - h - k ,
l'application h >-+ (j(xo + h) - f (xo)) / h, définie pour h > 0 suffi samment petit, est donc
croissante et bornée inférieurement ; ceci montre l'existence de la dérivée à droite f~( xo ).
De plus, si x < y , soit h > 0 et k > 0 tel que :c < x + h < y < y+ k, on a alors
'(x) < f (x+ h) - f(.T) :; f(y +k) - f(y)
fd - h k
110 CHAPIT RE 1 CALCUL DIFFÉRE NTIEL

d'où en fa isa nt tendre k ve rs 0, f~(x) ::; f~(y): la fo ncti on fd est donc bien croissa nte.
E nfin, si a < x < y < z < b
f~ (x) :'::: fd(x + 0) :'::: fd(Y) :'::: /(z) - J(y) ,
z- y
d'où
f°J(X + 0) :'::: j( z ) - j(y)
z- y
et en faisant tendre y vers x, puis z vers x on en déduit , grâce à la continuité de f au point
x [27, exercice 3.8.2], fJ(x + 0) ::::; fd(x) , c'est-à-dire la continuité à droite de la dérivée à
droi te id·
L'ex istence et les propriétés de la dérivée à ga uche s'obti ennent simplement en re mpl a-
çant f par l'application x >--+ f( -x ).
L'ense mble des points de di sco nti nuité d ' une foncti on monotone étant déno mbrabl e
[27, exe rc ice 2.20.7] , ! 'exercice l .3. 1 montre qu ' une foncti on convexe est dériva ble sau f au
plus e n une in fi nité dénombra ble de poi nts.
2. Soient a ::; x < y < z ::; b. La fo ncti o n x >--+ - f (x) - (y - x)fd(Y)
est continue sur l' interva lle [a, y] et admet sur l' interva lle ]a, y[ une déri vée à droite
- ! d(x) + ! d(Y) positive ; ce tte fo ncti on est donc croi ssante (coro ll aire 1.3.4), d 'où
- f (x) - (y - X )f d(Y) :'::: - f (y),
c'es t-à-dire
f(y) - f(x) ::::; ! d( y) .
y- x
De même, o n vérifie q ue la fo n ct ion z >--+ f( z) - (z - y)fJ(Y) est croissante sur [y, b] et
par conséquent f(y) ::::; f( z ) - (z - y)fd(y) , soit
f J(Y)::::; f( z ) - f(y) .
z- y
Ceci prouve que , pour a ::; x < y < z ::; b,
f (y) - J(x) < /( z) - f(y)
y- x - z- y '
soit
J(y) ::; z- y f (x)+ y - x f( z ),
z- x z- x
ce qu i pro uve que f est convexe.
EXERCICE 1.3.9
Soit E > 0, la fonction f étant dérivable à droite au point a, il ex iste o> 0 tel que
llf(a+h)- f(a) - hfd(a)l l s;EhsiO ::; h ::; o,
d'où
( 1.25.2) l llf(a+ h)ll - llf(a) + hfd(a)ll I : : ; Eh si 0 ::::; h ::::; O.
La fo nction convexe <p (l) = Il/ (a) +t f d(a) Il étant dériva ble à d ro ite en 0, on pe ut supposer
en o utre que lip(h) - rp(O) - h rp~ (O) I::; Eh si 0 ::::; h ::::; c'est-à-dire o,
( 1. 25.3) 111 /(a) + hf~(a) I / - llf(a)I/ - hrp~(O) / ::; Eh si 0 ::; h ::; o.
De ( 1.25.2) et ( 1.25.3) , on déd uit 111 f (a + h) Il - Il/ (a) Il - hrp~(O) ::::; 2E h si 0 ::::; h ::; o.
Ceci pro uve q ue la fo nction 11111 est dérivable à d roi te au point a et admet pour dé ri vée
'P~( O). Étant donné que 111/(a +- lt)ll - llf(u) ll I :': : llf(a + h) - J(a)ll, en d ivisant par
126 EXERCICES DU CHAPITRE 1.B 111

h > 0 et e n faisant te ndre h vers 0, on obti e nt l' inéga lité annoncée .


EXERCICE 1.4.1
Vérifions la con tinuité de f e n un point (a 1 , a 2 ) E Q . Soit r > 0 tel que
B(a1;r) x B(a2;r-) C O.
La fonct ion
X1 E B(a1 ;r) H f(x1,a2) E F
est dérivable et sa dérivée D1 f( x1, a2) est bornée rar M. D'a près le th éorè me des accrois-
se m ents fin is, on en déduit que
llf (x1 , a2) - f (a1 , a2) Il :S: M llx1 - a1 Il pourtour :r1 E B(a1; r ).
On cons idère ensuite, x1 E B(a1; r) étant fix é, la fonction
x2 E B(a2;r) H f(x1,x2) E F.
Cette fonction est dérivab le e t sa dé rivée D2f(x1, :c 2 ) es t bornée par M, d ' oll
llf(x1,x2) - f(x1 , a2) ll :S: M llx2 - a211 pour tou t (x1, x2 ) E B(a1; r) x B(a2;r ).
Vu l ' inéga li té triang ulaire , on en dédu it que
llf(x1 ,x2) - f(a1, a2)11 :S: M (llx 1 - ail!+ llx2 - a211)
pourtour (x1, x2) E B( a1; r) x B(a2; r) . Ceci prouve que f est loca lement lipschitzienne,
donc continue.

1.26 Exercices du chapitre 1.8


EXERCICE 1.6.1
2 2
On a <p(x + h) - <p(x) = llx + hll - llxll = 2 (hlx) + llhll ce qui mo ntre que <p es t
2

dérivable au point x et que D <p(x) .h = 2 (hlx ), soit Dr.p(x) = 2 (•l x) E E'. L'a pplication
X >--7 Dcp(x) de E dans E' est linéa ire continu e, donc exi; de plus

D 2 <p(x).(h, k) = 2 (hlk) et D7 <.p = 0 pour j 2 3.

EXERCICE 1.7.1
On pose A. = g o f , d 'o ù DA(x) = Dg(J(x)) o ]) f (x) ; l'a pplication x r-+ DA(x) est la
composée des appli cations
<[>: x H (Dg(J(x)) , Df(x)) E L(F; G) x L(E;F),
ifi : (u , ·u) E .C(F; G) x L(E; F) Hu o v E ,C(E; G).
On a DA.( x) = (ifi o if>)(x), d ' où D 2 A(a) = Dlf./( <l?(a)) o Dil>(a) où
il>(a) = (Dg(b) , Df(a)) el D<J>(a).h = (D 2 g(b).(Df(a) .h), D 2 f(a).h).
L'application ifi éta nt bilinéaire co ntinue, la formul e (1.4.1) montre que
D 2 A(a).h = 'Jl(D 2g(b). (D f(a).h) , D f(a))
+ ifi(Dg(b) , D 2 f (a) .h)
(D 2 g(b).(Df(a).h)) o Df(a) + Dg(b) o (D 2 f(a).h )
2 2
soit (D A.(a).h).k = (D g( b) .(D f ( a) .h) ).(D f (a).k ) + Dg( b) .( ( D 2 f (a) .h). k ) , ce qui
prouve la formu le vou lue.
EXERCICE 1.7.2
Soit f E ,C(E1 , ... , E1 ;F) une app li cation multilinéaire conti nue; on sai t (coro ll aire
1.4.2) que f est de classe C1 et que ses dérivées J>artielles premières sont données par la
112 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

formule
D;f(a) = f(a1 , . . . , ai- 1, •, ai+i, ···,al)·
e
Po ur démontrer que f est de classe 00 , on raisonne alors par récurrence sur l ; on no-
tera que le rés ultat est acquis pour l = 1, toute application linéaire continue étant de
c lasse C00 • On observe ensuite que la dérivée partielle D;f(a) est indépend a nte de ai ;
autrement dit, l' applicati on a >-+ D;f(a) peut s'écrire com me la composée d e l'applica-
ti on Q f-t (a 1, ... , a i - J, Ui+l, ... , az) qui est linéaire Continue, donc de classe C00 , et de
l'appli cati on ( a1, ... , a;- 1, ai+1 , ... , az) >-+ Dd( a) qui est une application multilinéaire
continue de 0 1j _ 1 E1 dan s L( Ei; F ), donc de classe C00 d ' aprè s l' hypothèse de récur-
Ji'i
rence. L' app lication f admet des dérivées partielles premières de classe C00 : e lle est donc
e
de cl asse 00 .
EXERCICE 1.7.3
Lo rsque k = 1 la formule se réduit
Dw(a).x = B(Du(a) .x , v(a)) + B(u(a) , Dv(a) .x).
On raisonne donc par récurrence sur k . Soit x = (x1, ... , Xk + 1) E Ek+ 1 , on pose
x ' = (x2, ... 'Xk+1) E E k ; la fonct ion <p : y E n >-+ Dkw(y).x' E Fest différen-
tiable au poi nt a et
D<p(a).x1 = (D(Dkw)(a).x1).x 1 = Dk+ 1 w(a).x.
D'autre part, J étant une partie de [2, k + l j, notons <pJ la fonction
y E r2 >-+ B J(y) .X J E F; on a
11
DVJ J(a) .x1 B(D 1+1 u(a) .(x 1, XJ ), D v (a).xp)
+ B(D 1u(a).xJ , D 1'+i v(a) .(x1 , XJ'))
où J' = [2, k + l ] - J , d' où en considéra nt J comme une partie de [l , k + l]
D<p J(a) .x1 = B(l} u J(a).x + fü(a).x .
Ceci prouve le résultat voulu car une partie de [l,k + l], ou bien ne contie nt pas 1 et
s'ide ntifie à une pa rti e de (2, k -+ l ], ou bien contient 1 et s'écrit {l} U J où J est une partie
de [2, k+l]
EXERCICE 1.7 .4
1. On démontre que ·u est de classe ek pour tout k en raisonnant par récurrence sur k.
La fonction u est évidemment continue vu que limt->O , t > O exp (- 1/ t) = O. Supposons
démontré le fa it que u est de classe ek- l ; on constate que, pou r t > 0 , Dku ( t) est de la
forme P(t)t - 2kexp (- 1/ t) où Pest un polynô me, donc tend vers 0 lorsque t te nd vers O.
Vu l'exercice 1.3.3, ceci montre que u est k-fois différentiable en 0 et que Dku(O) = 0: u
est donc de classe ek, d'où le résultat an noncé.
2. La fonction <p est C00 d'après le théorème des fonctions composées vu que la fonction
X f-t l xll est C •
2 00

3. résulte de la définition même de u.


EXERCICE 1. 7 .5
1. Étant donné que
p+ q p+ q

lll: x,, 1 ;~ Lllxnlli,


n= p ·n = p
1.26 EXERCI C ES DU CHAPITRE 1.B 11 3

le c1·itère de Cauchy pe rmet de conclure.


2. Soit (ll•lln) un e suite croissa nte de se mi- normes dé fini ssa nt la topologie de E :
cec i es t possible d' a près le théorè me 3.4.6 de [2 7] . Soit Ôn > 0 une suite telle que
L;~=O 6,, < oo. Cho is isso ns Sn > 0 te l que llsnXn lln ::; 6,, ; on a alors pour 0 ::; j ::; n
llénXnllj S llénXn ln S Ôn.
li e n rés ulte que, pour tout j E N, la sé ri e L::':=
'o
lle:nxn Ili converge et, d 'a près l ., la séri e
L;~=O énXn conve rge.
3. Soit (an) une suite den - F partout dense, prenons r,, = d(an, JR.1 - (n - F)),
alor s
n- F = LJ= B(an;rn).
n.= 0

En e ffe t, si X E n - F et si r = d(x, JR. 1 - en - F) ), il ex iste n te l qu e d( x, an) < r / 2,


on a alors T n 2: r/2, d 'où x E B(an; rn) .
D'a près l'exercice 1.7.4 , il existe des fo ncti ons fn E e00 (n), f.,, 2: 0 , tell es que
f.;:- 1 ({0}) = r! - B(an;rn)
et, d 'arrès 2. des én > 0 te ls qu e la sé ri e L::':= ' os n f n converge dans l'es pace C00 (n).
Noto ns fl a so mme d e celle séri e. Cette fo nctio n est positi ve et f (x) = 0 si, et seul e ment
si, f n(x) = 0 pour tout n, c'est·à-dire x E F', ce qui prouve le rés ultat voulu.
4 . S' il ex iste une foncti o n f E e00 (n) telle que F = supp f , o n a F = 0 oü
O = {x E r!; / (x)f O}
c F et F c F et on en déduit que F = F.
est un ouvert, d' oü 0
Réciproquement, s i F = F, il ex iste une fon ction f E e = cn) te lle que
r 1
({ ü}) = f2 - P,
d 'où 0 = F et su pp f = F = F, ce qui pe rmet de conclure.
S . D'a près 3., il exi ste des fo ncti ons f , g E e oc ( il) telles que
A = r 1
({ 0} ) et B = g - i ( { 0}) .
Les e nse mbles A et B étant di sj oints, (f + g)( x ) > 0 pour tout x E n. Il e n résulte que la
fo nc ti on <.p = g/(f + g) est bien défi ni e, e00 et possède les propriétés voulues.
Note Ce derni er résultat constitue une ve rsion e
00
du théorè me d ' Uryso hn (27, théo rè me
2.36. 1] .
EXERCICE 1.8.1
1. L e résultat est acquis pour k = 0 d 'a près le théorème de We ierstrass. Supposons le
rés ultat démontré pour k et soit f E ek+ 1 . Soit E > 0, il ex iste un polynôme p te l que
ll Df - Pllk S é. Soit Q le po lynôme te l que
DQ = Pet Q(a) = f (a).
On a, d 'a près le théorè me des acc roisse ments fini s ,
lf (x) - Q(x) I lf (x) - Q (x) - (f(a) - Q(a))I
S (b - a) maxa ~ x9 IDJ(x) - DQ(x )I S (b - a) s
et ceci montre que
ll J - Qllk+t S rnax(l,( b - a)) s,
ce qui pe rmet de conclure.
114 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

2. Soit f E C00 et soit (t:k ) une suite de réels> 0 tendant vers O. D'a près 1., pour tout
entier k, il existe un polynôme Pk tel que III - Pk llk :::; Ek. La sui te (P1) converge alors
vers f dans l'espace e00 car, pour j 2 k,
ll/ - P1llk :::; llf - P1ll 1 :::;EJ,
d'où le résultat vou lu.
3. Quant à la séparabi lité des espaces Ck, on remarque que l'ensem ble dénombrable F
des po lynômes à coefficients dalls Q ou Q + iQ est dense dans E, donc dans Ck. En effet, si
P = z:::;:, 1
0 a1x est un polynôme, il existe des suites (a1,n) de Q ou Q + iQ qui convergent
vers a1. En posant Pn = 2:;{: 0 a1 ,nx1, on obtient une suite (Pn ) qui converge vers P dans
ck car ek est un e. v.t.
EXERCICE 1.8.2
Il est clair que S(C 00 ) c C00 , que D o S = l eoo el que limk -+oo Dk f = 0 si J
est un polynôme vu que Dk j = 0 dès que k est suffisamment grand. D'au tre part, si
1
f( x) = (x - a) / l! , on a
k . (x - a)k+l
(S j)( x) = (k + l)!
et, pour j :::; k + l,

d'où
i k - (b - a)k+l - J
llD (S J)ll oo - (k + l - j)! ,
semi-norme qui tend vers 0 lorsque k tend ve rs l' infini , ce qui prouve que limk-+ oo Sk f = 0
et ceci vaut encore par linéaiité pour tout polynôme. Le sous-espace des polynômes étant
dense dans C00 , ceci prouve que lopérateur de dérivation est hypercyclique.
EXERCICE 1.9.1
On pose F(x , y) = f (x) - L~=O D1 f(y) .((x - y)i / j!) pour x, y E n.
1. Lorsque k = Il! (x) - J(y) 11
0, ! 'inégalité s'écrit E e t, vu que :::;

llf(x) - f(y)ll :::; llf(x) - f(a)ll + llf(y) - f(a)ll, la continuité de f permet d e concl ure.
On raisonne alors par récurre nce sur k. On suppose la propriété démontrée pour les fonc-
ti ons de classe ek - I et on cons]dère la fo ncti on G : X H F(x , y), y E n étan t fixé ; cette
fonction G : 0 -+ Fest de c lasse Ck et

DG(x) = Df(x) - ~Di f(y). (x :--- y)i - i


~ (J - 1)!
J= l
D'après l' hypothèse de récu1Tence, pour é > 0 il existe /5 > 0 tel que B' (a; 15) c net
llDG(x) ll:::; E ll::i: - Yllk - l
pour llx - ail :::; 15, llY - ail :::; 15,
et, d'après le théorème des accroissements finis , on en déduit que
llG(x) ll = llG(::i:) - G(y)ll :::; llx - Yll x sup llDG(Ç)ll
~ E Jx ,yJ

et, pour Ç E [x, y ], Il DG(Ç) Il :::;; E llÇ - y llk- J :::; E llx - Yllk - J, ce qui permet de conclure.
2. On raisonne par l'absurde. li existe a lors E > 0 et des suites (xn) et (Yn) de K telles
que llxn - Ynll:::; I /n,n 2 1, et llF(xn,Yn)ll > é llxn - Ynllk· D'après la compacité de
K, il existe de s sous-s uites co n verge ntes (x,. 1 ) et (Yn 1 ) ; l' inégalité llx,. 1 - y,. 1 Il :::; l /n1
1.26 EXERCICES OU CHAPITRE 1.B 115

montre que ces sous-suites converge nt vers la mê me limite a. Dès que L esl suffi samment
grand, l' inégalité llF(xn,, Yn 1 )Il > E: llxn, - y,,, Ille co ntredit alors ( 1.9.2), d 'où le résultat
vou lu.
EXERCICE 1.9.2
1. Si f est convexe, on a f(tx + (1 - l)y) :S tj(x) + (1 - t)j(y) pour 0 :S l :S 1, d'où
J( x) - J (y) 2'. f(tx + (1 - l t)y) - f(y ) pour 0 < t :S 1,
d 'o ù ( 1.9.8) en fai sa nt tendre t vers O.
Réc iproqueme nt, si ( 1.9.8) est vé rifi é, on a poUL- tout X , y' z E n
f (x) - f( z) 2'. Dj( z).(x - z),
f( y) - f( z) 2'. Dj( z).(y - z) .
Prenon s z = lx+ (1 - t )y, 0 :S l :S 1, alors t(x - z) + ( l - t)(y - z) = 0, d'où
t(f(x) - f (z)) + (1 - t)(f(y) - f (z) ) 2'. 0,
c' es l-à-dire f (z) :S tf(x) + (1 - t) j (y) .
2. La form ul e de Taylor s'écrit
f( x +th) = f( x) + Wf(x). h + ~t2
2
D 2 f (x). h 2 + r( l )
où r (t) = o(t 2 ) et, si f esl convexe, o n a d'après (1.2.2) (1 /2) t 2 D 2 f (x).h 2 + r(t) 2 0;
en di visant par t2, pui s en fa isa nt tendre t vers 0, 011 obtient ( 1. 9.9).
Réc iproquement, soit x, y E n, on considère la fonc ti on
g(t) = f(y + t(x - y)) - f (y) - tD J(y ).(x - y) , 0 :S l :S 1.
Cette fonction est 2-fois déri vab le el
Dg(t) Df(y + t(x - y)).(x - y) - Df(y).(x - y)
+ t(x - y) ).(x - y) 2 2'. O.
D 2 f(y
La fon cti on Dg esl donc croissante, d 'oll Dg(t) 2 Og(O) = 0 ; il en résulte que la fonc tion
g es t croissa nt e, d'où g(l) 2 g( O) = 0 , ce qui prouve ( 1.9.8) et la convex ité de f .
EXERCICE 1.9.3 - THÉORÈME DE BOREL
1. La foncti on v esl e= el v( t) est nul pour ltl 2'. 1. La fonctio n w es t C'. 00 , w(t) = 0 pour
t :S - 1, w(t) = 1 pourt 2'. 1 et 0 :S w :S l d 'après le choix de la constante c; on en
déduit de suite les propriétés de la fo nctio n Ba ,b·
2 . La fo ncti on B(t) = O_b2,-a2 (t) O_b2,- a2(- t) es t C'. 00 , O(t) = 1 pour ltl :S a 2 ,
B(t) = 0 pour ltl 2 b2 et 0 :S 0 :S 1. li en résulte que la fo ncti on x >--+ O(llxll2 ) possède
les prnpriétés requi ses.
3. Posons
x"'
f (x)
0 = (f)(lax)ca 1
ex.
et so it fJ E N1 un mulli-indice de dérivati on, on a

D 13 f o(x) = L (~) D 11 -' V' (t"x) t )f--Y ICa {:~-~)! .


--r So
--r Sf3
Le multi-i ndi ce f3 étant fix é, nous all ons démontre r que la sé ri e
( 1.26. 1) L L ( fJ) D /3--y (f)(t a x)t!;i-' 1c0 -x-·
'Y
°'_--Y_
(ex - -y) !
a 1:S.a
--rSf3
116 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

est normal ement so mmable avec les ta proposés. On observe d 'abord que les fonct ions
D /3-'Y ({! so nt uniformément bornées et, lorsque n /3-'Y ({!(tax) es t non nul , on a nécessai-
re ment lltaxll :::; 1, d'où Jx"'- 1 1 < t;; 1 °'-'
1. Vu que t!f-"1 1t;; 1"'-'YI = t!fl-l<>I, le terme
gé néral de (l .26. 1) se majore par
t ~l- 1<>1
A a,"f = M13 lcal (a - i )!.
et il s'agit de prouver que la so rume
tl /31-1<>1
L lcal (~ - 1 )!
L" "!:':"'
"!S/3
est finie . A cet e ffet , on pe ut excl ure un nombre fini de termes ; on peut donc supposer
lai > l,61, on a alors lca l t ~ l-l a l :::; lcal t;; 1 :::; 1 ; il en résulte que Aa,'Y:::; !VF13 /(a - 1) !
et


~ 1 ~ 1 l
L
cx:'.".'Y (
Œ
-
1.
)' = La 1a. = e < oo.
et la somme 2.:: "IS/3 . .. est finie , ce qui permet de co nclu re.
La fonction f est donc e00 d'après le théorème 1.6.2 et la remarque 1.7. 1 ; de plus

D 13 J(O ) = L (~) D 13 -°' rp(O)t)f -"' lca


aS/3
et tous les termes éta nt nuls sauf peut-être le terme correspondant à a = ,6, o n en déduit
D 13 f(O) = c13 . c'est-à-dire le résultat souhaité.
EXERCICE 1.9.4 - FORMULE ClE POLARISATION

En utilisant le caractère multilinéaire. on a d'abord


k k

f.( ê 1X1 + ... +ckxkf = L ... L E; 1 x ... x E; <f(xi"·· .,xi") .

On a d'autre part
2 s·i {i1, .. ., ik} = {l, ... , k}
L ê1 X ..• X Ek X êil X ..• X Eik ={ 0k
si {ii, ... , ik} # {l , ... , k} .
EE{-1,l)k
En effet, on a
ê1 X ... X Ek X êi :i X ... X Eik = 1 si {i1, ... , ik} = {l , ... , k}
et l'ensemble {- 1, l}k a exactem ent 2k élémen ts.
Lorsque {·i 1 , . . . , ik} =F {1 , ... , k }, on a par exemple i j =F k pour tout j et la somme
précédente s'écrit
L ( E 1 x ... Xc1;; - 1 Xci 1 x ... x c;,. -E1 x ... x Ek-1 x Ei 1 x ... x E-; ") = O.
EE {- l , l) k - 1
Il en résulte que
L E1 x ... x Ek f-( c1X1 + ... + Ekxk)k = 2k L f(x .; 1 , ••• , Xi")
<E ( - 1,1} "
1.26 EXERCICES DU CHAPITRE 1.B 117

o ù la som me porte sur l'ense mbl e des ·i (ii , ... ,ik) E [l ,k]k te ls que
{i 1 , . . . , ik} = {l , ... , k}, e nse mbl e aya nt k! élé ments et ceci permet de conclure vu
la sy mét rie de f,
On en déd uit évidemment qu ' une forme multilinéaire symé trique J : Ek -+ F null e
sur la di agonal e de Ek est identiqu e me nt null e.
EXERCICE 1.9.5
D'après la formu le de Ta ylor, il s'ag it de démontrer que
k
L f J ,(h1 /j !) = o(llhllk) =} (fj. h J = 0 pou r 0 ~ j ~ k)
j =O
En faisant tendre h vers 0, on constate d ' abord qu e f o = O. Supposons avo ir d émo ntré que
f o = fi .h = ... = f ; N = 0 avec 0 ~ i < /.; ; on a alors
k
L kW /j!) = o( l hllk) ;
j = i+ I
remplaçons h par th, pui s divi sons par t i+ 1 , on obti_e nt
k .
'""' ·t j -(i+ l ) f · hJ = 0 (tk - (i + l ))
D J· ï '
j = i+ 1 ]·

d'où f ; + 1 .hi+ 1 = 0 en faisant tendre t vers O. Ceci prouve le résu ltat voulu.
L orsq ue les applications f 1 sont sy m étriqu es, l' exercice 1.9.4 montre que
D1 j(a ) = fj.
EXERCICE 1.9.6
1. Soient x E E, y E F tels que a+ x E !l , b + y E !l', on a
k . k .
xJ y1 .
f (a + x) = L
j=O
D1 J(a).~
J.
+ rk(x) , [g(b +y) = L D g(b).~
j =O J.
1
+ sk (Y)
où rk(x) = o(llx ll k), sk(Y) = o(l lYllk) ; si h = g o f , on en déduit
k . j
h(a +x ) = h(a) + LD1g(b).14 +sk(y)
j= l J.
où y = 2=:=! D i f(a) .(xi/i !) + rk(x) . On constate d 'abord qu ' il existe une constan te
c 2: 0 tell e que llYll ~ c llx ll po ur tout x s uffisa mment petit ; il en résu lte que
s1,; (y) = o(llxllk). Dans le déve loppeme nt de D 1g( b) .y1 , les termes qui co nti ennent rk(x)
sont o( llxln e t les autres termes so nt de la fo rme
1. . ~· ·. ~
D g(b).(D' ' f(a ).-.1 , ... , D'" f(a). - .1 )
i1 . lj .
OLJ i 1, ... , so nt des e nti e rs apparte nant à l' inte rvalle [l , k ]. Lorsque
i1
i 1 + .. . + iJ > k, le terme correspondant est o( llxllk) e t le dévelo ppe me nt de Tay lor
de h à l' ordre k est donc
k 1 1 " ·i . . x 'i.1 k
h(a +x) = h(a) + L L 1
"'ID g(b).(Di f(a).~ , ... , D 1 f (a).0)+o ( llxll .
j = l iEN' i , Ji J:S; kJ. Zi . J ·

Vu l' e x ercice 1.9.5, on en déduit la formu le proposée.


2. Pour k = 2, on obtient
( 1.26.2) D h (a) .x = Dg( b) .(D f (a) .x ) + D g(b) .(D f(a) .x , D f (a,).x) ;
2 2 2 2 2
118 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

o n en déduit q ue
D 2 h(a) .(x 1, x 2) = Dg(b ) .(D 2f(a) .(x 1, x 2)) + D 2g(b).(Df(a) .x1, Df(a).x2).
En effet, dans celte fo rmule le second me mbre, en tant que fonc ti o n de (x 1 , x 2 ), est une
for me bi linéaire continue symétrique qui coïncide sur la diagonale de E 2 avec D 2 h(a)
d'après ( 1.26.2) ; d'après l'exe1·cice 1.9.4, cette forme bilinéaire est nécessa ire ment la déri -
vée seconde D 2 h (a).
3. Lorsque E = F = IK, L s' éc rit
k
Dkh (a) = L L ~ 1ïD 1 g(b) Di 1
f (a) x ... x Di1 j ( a) .
i = 1 iEl'l~J, lil = k i . J.
On peut regrouper les termes identiq ues. A cet effet, noto ns Œt le nombre d' indices iq éga ux
à l E [l , k]. On a alors
( 1.26.3) ]_Di1 f(a) X .. . X D' j J(a) = (Df(~)\°'l X ... X cr~f(a)) °' k
i! l! O] X ... X k! °' k

On observe que j = IŒI et a1 + 2a 2 + ... + kŒk = k car lil = k. Si a E Nk est un


multi -ind ice vérifiant cette identité, poso ns j = IŒI, il y a alo rs exactement loi !/ a! indices
'i E f':l• 1 tels que l'il = k pour lesque ls o n a ( 1.26.3) et ceci prouve la formule vou lue .
EXERCICE 1.9.7
1. Soit x E J, la fo rmul e de Taylor permet d 'éc rire
f (xo ± À) = f( x ) + Df(x )(x o ± À - x ) + r±(x )

(xo ± ~ - x) M2.
2

llr± (x)ll S
On en déd uit J(xo + À) - f(xo - >.) = 2>. D f(x) + r +(x ) - r _ (x), d'où
M 2 2 2
2>.llDJ(x)ll S 2Mo + T ((xo + À - x) + (xo - À - x ) )
S 2Mo + l\lh((xo - x) 2 + >. 2 ) S 2Mo + 2,\ 2 l\lh,
d' où le rés ultat voulu.
Soit À E JO, L], a lo rs p our to ut x E I , on pe ut trouver un x 0 tel que
x E [xo - À,xo +À] c l , d'où Mi S Mo/À + ÀM2.
2. Lo rsque L ~ (Mo / M 2) l 2 , prenons À = (M0 /!Vh) 1l 2 , on o btient alors
1

11 2
Mi S 2 (MoNh) .
Montrons que cette inéga lité pe ut être une égalité. Pre nons f (x ) = x 2 - 1/ 2 sur
l' intervalle J = [O, l ], alors Mo = 1/ 2, M1 = M2 = 2, d' où M1 = 2 (M0 M 2 ) 1 l 2 .
EXERCICE 1.9.8
l ,a. La fo ncti on u(t) = Il +tlP - ltl P- ptlW- 2 est une foncti on continue de t: la fonctio n
t >-t titlp- 2 bien définie pour t i= 0 se prolonge par continuité en 0 et vaut 0 e n ce point
car p > l. Il en résulte que la fonc ti o n ·u (t)/(l + ltl)P- 2 es t bornée sur tout compact et il
s'agit donc de comrôler la fonction u à l' infini .
Lorsq ue l > 0, on a ·u (t) = (1 + t)P - t" - ptp- i et en posant v(T) = u( l / T), T > 0,
o n a v (T) = T- p w(r) où w(T ) = (1 + T)" - 1 - pT et la fo ncti o n T t-t (1 + T)" éta nt
e 00
sur l' interva lle [O, oo[, la fo rmul e de Taylor à l' ordre 2 montre que lw(T) 1:=:; cT 2 pour
0 s sT 1 par exe mple , d' où j'U(t)i s
c tp- 2 pour t :0:: 1, pui s iu(t) I c (l + 2
savec w-
une autre constante c.
1.26 EXER CICES DU CHAPITRE 1.8 11 9

Une étude analog ue lorsque t tend vers - oo pcnne t de c<mclure.


b. Lorsque b = 0, l' inéga lité proposée est vérifi ée q uelle que soit la constante c.
Lorsq ue b -=/= 0, en posant t = a/ b, l' inégalité devi ent
111 + W- 2
IW - rtlW - 1::::: c(1 + ltl)p - q
qui résulte de l ,a. vu que q ::; 2.
2. O n remarquera d'abo rd qu e la fa mille (x ;lxilp- 2 hi ) est so mm able d'après l' in-
éga lité de Holder: en effet, la fa mille ( lx; IP- 1 ) appa rtient à l'es pace [P/(p - J), h à l'es-
pace [Pet (p - 1) / p + l /p = 1. L' inégalité de Holder mo ntre de plus que l'a pplicati on
h t-t p L iE I Xi lxilP- 2 h; est une fo rme linéaire co ntinue sur [P comme doit l'être la dé ri-
vée d e f.
On choisit q tel que 1 < q < pet q ::; 2, d'après l ,b. el l'i néga lité de HOlde r on a a lors
2:)1 -T; + h;I" - 2
lx;IP - px; lx;lp- h ;) ::; c L lh ; lq( lx ; I + lh,i)"- q
iEI iE T

::::: c (2:1h;lp) ~ ( 2:)1x;I + lh; IY) 7


·i. E 1 iE J
et, x E [Pétant fi xé, celle derni ère ex pression se maj ore par cllhll~ pour llhllP ::; l car

( L (lx; I + lh;l)P)
7 ::; ( llx ll v + llhllp)p - q = c.
i EJ
Étant do nn é qu 'on a c hoisi q > 1, cette expressio n est un o(l lhll" ) et ceci pro uve le résult at
voulu.
3 . L'applicati on t >--+ t 1 I P étant déri vable pour l op 0, le théo rè me des fo nc ti ons co m-
posées montre que la norme 11· llv est di ffé re nti able e n de hors de l'ori gine et de déri vée
h >--+ llxll~- p '2: xi lx;lp- h ; .
2

iE J

EXERCICE 1.9.9
l ,a. S i x = cosO, on a par dé fin iti o n '1~,(x) = cosnO, qu antilé qui ne dépend pas du c hoix.
2: 0, on en déduit que
de() te l qu e x = cos (} _En choisissa nt () tel que s ir1(}
'l'.n(x) Re einO = Re (cos e + i s in e)n = me (x + i /l - x 2)n

ln/ 21 ( )
~ ;;. xn- 2k( - l )k(J _ x2)k,

o ù [n/2] désigne la partie enti ère de n/2 ; cette formul e montre bi en que '1~1 est un po ly-
nôme d e degré n.
b. On a y = cos ne 0C1 x = cosO, d 'où
y' = - nsinnO x O', y"= - n sin n(} x ()" - n 2 y x 0' 2 .
e
La re lati on X = cos donn e par déri vati on
2
1 = - s in {;I X 0' , Ü =- sin 8 X()' ' - X X {)' .
O n e n déduit
s in 2 () x y" - ns in ne x s in 2 (} x ()" - n 2 y x ( - s ine x 0') 2

nsin nO x sin(} x x x 0' 2 - n 2 y = x y' - n 2 y,


ce qui prouve ( 1.9. 10).
On vé rifi e ensui te ( 1.9. 1 1) par récu1Te nce sur k : pour k = 0 il s'agit de ( 1. 9. 10) et e n
déri va nt ( 1.9.1 l)k, on obtie nt ( l.9. l l)k+ 1 .
120 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENT IEL

c. Étant donn é que Dk'Fn = 0 pour k > n , on peut suppose r 0 ::; k s; n. D'après
( 1. 9. 11 ), on a D k+ 2 '1'n(O) = - (n 2 - k2)Dk 'l 'n(O) , d 'o ù IDk+ 2 '1 'n(O) I S n 2 1 Dk '1~( 0)1
si 0 ::; k ::; n . Pour conc lure, il suffit de vérifier que IDk'l 'n (O)I ::; n k pour k = 0 , 1. Or,
d 'a près la formul e de l ,a., 'l 'n(O) = 0 si n est impair et 'l 'n (O ) = (- 1)" / 2 si n est pair.
Lo rsque n est pa ir, '1 ~ est pair, donc D'J~,( O) = 0 et, lorsque n est impair, soit n = 2m+ 1,

(2m2m+ l) (- l )m = n( - l )(n- 1)/2'


D'.F,,,(O) =
ce qui fournit les inégalités voulues.
2,a. On a Xj =cos avec ej =j1T
()j d'où
/n, 1~,(Xj) = cos nej = co s j7f = ( - l) j;
d 'a près la formu le d' in terpo lati on de Lagra nge [27, exercice 3. 12.4] , on en dé du it que
n
T,, (x) = 2:( - 1 )iq;(x).
'i = O

b. Étant donné que l'a pplication j t--t Xj est décroi ssa nte, on obse rve qu e
n
( - 1); II (x ; - x1) > O.
j=O
j 'f i
On pose r i (x) = fT'.J=o ( x - x J) ; on vé rifie a isé ment par récurrence que
# ·i
Dkri(x) = k ! L II (x - Xj), 0 S k S n ,
J E!h jE J
0 [1 la somme porte sur l' ense mbl e Ok des parties de [O, n] - { i} à n - k élé me ms (l orsque
k = n, on convie nt que LJE 0 ... = 1). O n en déduit, n - k étant pair,
( 1.26.4) Dkri (O ) =k! 2: XJ où XJ =II x;.
J Eok iE J
Soit J E Ok. supposo ns qu ' il ex:iste j E J , j =F n - i, tel que n - j r:f_ J ; alors
J' = J U {n - j } - {j} E Ok el XJ + xy = 0 , vu que Xj + Xn - j = O. Ceci mo ntre que
dans la l'o rmu le ( 1.26.4), on pe ut se co nte nter de sommer sur les J E () k vérifi a nt
(Vj E J )(j =/:- n - ·i ==? n - j E J ).
Al o rs, ou bien n - i rf_ J , o u bie n n - i E J. Si n - i r:f_ J , l' ense mble J est la issé invariant
par l'applica ti on j t--t n - j et, n - /,; é ta nt pair, dans le produi1 XJ, on a (n - k) /2 termes
< 0 et (n - k)/2 termes > O e t par conséque nt, ( - l ) (n- k) f 2x 1 > O. Si n - i E J,
l' ensemb le J - {n - i} est laissé invariant par l'application j t--t n - j ; cet ensemble
ayant un nombre impair d'é léme nts, l'un est nécessaire ment égal à n/2 (ce qui impose n
pair) et x 1 = O.
Ceci prou ve le résultat voulu.
3. On a P(x) = L:;'=o P(x;)qi (x) , d 'où Dk P( O) = L7=o
P(x;)Dkq.;(O) et, vu que
IP(x) S l , ID kP(O)I S L ~= o IDk qi( O)I . Lo rsque n - k es t pair, on a d ' après 2,a. et 2,b.
1

n
IDkP (O)j S (- l )(n - k) / 22= ( - l fDkq;( O) S (- l )(n-k)/ 2Dk1 ',,..(0),
i=O
d 'où IDk P(O) I ::; nk d 'après l ,c.
Lo rsq ue n - k est im pair, le polynô me Q(x) = ~ [P(x) + (- l )k P (- x )] est de degré
::; n - 1, donc ID kQ(O)I ::; ( n - l )k ::; nk d'après ce qui précède, ce qui permet de
conclure vu que Dk P(O) = Dk Q(O).
1.26 EXERCICES DU CHAPITRE 1.8 121

4 ,a. D'après la formu le de Tay lor, on a f(x) = P(x) + r (x) où


n. - 1

P(x) = L Di j(O)xi / j ! e t lr(x) I ::::: M,. / n! ,


j =O
d 'où IP(x)I :::; Mo+ Mn/n ! pour tout lxl ::; 1. D'après 3., on en déduit que

IDk f(O)I = IDk P(O)I ::::: nk (Mo + ~;i).


b. App liquons a. à la fon cti on x H f (ax), on obtient
k nk ( an )
( 1.26. 5) ID f (O)I :'.::: k
Mo+ 1Mn.
a n.
Lo rsqu e M n 2:: Mon!, prenons a = (n!Mo / M n ) I / n, alors
Dk J(O)I < nk ( _NIn_ ) k/ n 2/Vl0 = 2 ( _ n _ )'° .
Ml - k/n !V!k/n
I
- n !!Vfo n !1 /n ° "
où n / n !1 fn:::; e : e n e ffet, ex= L: ~=O x"/ n !, d'où e" 2:: n "/n!. On en déduit a ins i
IDk J(O)I :::; 2ek M~ - k /n M,~ /n .
L orsque Mn :::; Nfon !, prenons a = n! 1 ln jn (on a bien a ::; 1, vu que n ! :::; nn);
a lo rs , l /a ::; e ct(l.26.5)s'écrit
IDk f (O)I ::; eknk Mo( l + an) ::; 2e'nk Mo.
Ceci prou ve que
ID kf (O)I ::::: 2e'° m ax(M~ - k / n M~ /n, n k Mo)
5,a. On co nsidère la fonction g(x ) = J( ax + b), a > O. On a Dk g(O) = ak Dk j ( b) ;
on déduit de 4 ,b. que , pour tout b E IR et tout a > 0,
aklDk f (b)I ::; 2ek max(M~ - k / n M~ 1 n ak, nk Mo) ;
en divi sant par ak et en faisant tendre a vers + oo, on obtie nt
IDk j (b)I :::; 2ek M~ - k /n M~ ln,
ce qui prouve le résultat voulu.
b. On a pplique a. à la fonction Di f en rempl aça nt net k par l - j et k - j res pecti -
ve me nt.
6,a. L' hypothèse signifie qu ' il ex iste une sous-s uite (M~{ n ; ) qui co nverge vers 0 ; on
pose Ci = M.~{ " ' . Soit u E eM, il existe c 2:: 0 te l que IDnu(x ) 1 ::::: cn+l M ,, . Utilisons
5,a. avec k = l et n = n ;, on obtient [rappelon s qu e Mo = 1]
IDu(x) I :::; 2e(cMo) 1 - l / n ; (cn;-t-l Mn.,) 11"' :::; 2ec 2 c ·i
et, e n faisant tendre i vers l'infini , on e n déduit Du(x) = 0: u est donc constante. Ceci
mo ntre que la c lasse CA/ Se réduit à )'ense mble des fo nctions constantes, toute cl asse f: M
co nte n ant cet e nse mble.
b. Dire que lim infn->oo M~ 1 " est fini sig nifie qu ' il ex iste une so us-suite (M~ {n' )
bornée, soit Nln,:::; m'" · Soit ·u E e.M, alors IDn" u(x )I ::; c(cm)°" ' et d' a près 5,b. on
déduit qu e, pour n i < n < n; + 1,
n n - n · n .i .n_1.+ i:. "". n ·i ± l ~ n
ID u(x)I :::; 2e 'c(cm) "•+ 1 " • (cm) "•+ 1 - " •· :::; 2c(ecm)
el cec i prouve qu ' il ex iste une constante L 2 0 te ll e que ID nu(x)I ::; D" +i pour tout x E lR
et tout n E N. On a donc u E C1v1' où M ' = (Jvl~ ), M;, = 1. Réciproque ment, supposons
u E eM ' : il ex iste c 2 0 tel que ID " ·u(x ) I::::: cn+ l. L'hypothèse lim infn->oo M~ /n > 0
s ig nifi e qu ' il ex iste une constante m > 0 te ll e que Mn 2:: m n pour tout n ; on a a lors
cn+ l ::::: c'"+ ' Nl n dès que c' 2 max (c, c/m) e l pa r conséquent ·u E eM .
122 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

Ceci prouve queeAI = e/\l ' ·


7,a. On observe d'a bord que /3i+ 1 et n i+ 1 sont bien défi ni s vu que (on/n) tend vers
l'i nfini . D'a près la définiti o n mê me de /Ji+ i, tous les points (n, a,,) avec n ;::::: n; sont
sirués au dess us de la droite passant par le point (ni , a,,, ) et de pente /3;+1 · On en déduit
d ' un e part que a:, S on, soit Nr;, :::; Mn, d ' autre part que la fo ncti o n f est convexe, d ' où
2aT S 0;_ 1+ aT+i et, par co nséquent , M;' 2 S M;'_ 1 !VI;*+ 1 .
b. li est clair que C::.111 • c e1v1 vu que M * :::: M. Réciproquement, soit 'U E eM : il
existe c 2': 0 tel que ID'nu(x)I S cn+i M n. Pour n i < n < n i+i· on a alors d'après 5,b.
vu que M;,, = M n,
~ ~
ID"u(x )I :::: 2en - H; cn-1-l (M,:;) "<+1- n; (M~·i-1- 1) '" + ' - " '
et d'après la convexité logarithmique de M *
IDnu(x)I S 2e"cn+l M~,
ce qui pro uve le résultat voulu.
EXERCICE 1.9.10 - THÉORÈME DE PROLONGEMENT DE WHITNEY
1. O n vérifie que
(x - a) f3
D""r;( x) = L ! a+f3 (a) (3!
lf3 19·- lal
On raisonne par récurren ce sur l 'o rdrc a de dérivation , la fo rmul e éta nt tri viale m e nt vérifi ée
pour a = O. On a

DjDa'J'/:(x) = L ! a+f3 (a) (x(·i _r:l;-);;


lf3 19- lal J
(3J~ l

où Ôj = (t5})1 .,;;.,;,., ôj désignant le sy mbo le de Kro necker ; e n posa nt fJ' (3 - Ôj, on


obti e nt
( a) f3' X -
D 1 D"' '1 a'k(x) = L
lf3 '19 - (lol+l)
f (a-l-<5;)+f3' (a) -'---(3-,--'!-

ce qui prouve le résultat vou lu . On a donc


........- (x - y) f3
( 1.26.6) R~(x, y) = f a (x) - L f a+f3 (Y) (3!
lf3 1<; k- lal
et la propriété ( 1.9.12) résu lte donc de l'exercice 1.9. 1, la fo ncti on D a f étant de classe
ek- lal.
2. Vérifions d'abord que les fonctions f a so nt continues. D'après ( 1.26.6), on a en effet
R~(x, a) = f a(x) - f a (a) + R'(x)
o ù R' (x) tend vers 0 lorsque x te nd ve rs a. Vu l' hypothèse ( 1.9. 13), on e n d éduit que
f a (x) - f a (a) tend ve rs 0 lorsque x tend vers a, ce qu i prouve le résultat voulu .
Ceci dé montre en particulie r le rés ullat pour k = O. On raison ne ensuite par récu1Tence
sur k . On suppose le rés ultat acqui s po ur k et on le vérifi e pour k + 1. On remarque d'abord
q ue, si les fonctions (Ja )1 a1<;k+ 1 vérifient (1.9. 13)k+ 1, alors les fonctions (Ja )1 0 19 vé1i-
fient (1.9. 13)k: en effet, pour lal S k ,
(x - a)f3
R~(x, a) = R~+ (x , a)
1
+ L f a+p (a) /3! ;
lf31 =k+l - lal
1.26 EXERCICES DU CHAPITRE 1.B 123

d' après (1.9.13)k +1 où nous prenons E = l , on o btient un ôo > 0 et, po ur


llx - ail S ô S 60, on a alors
1R~ (x, a) 1S llx - allk+I-l«I + c llx - ail k+I-la 1 S (c + l )ô llx - ailk- l«I,
ce qui prouve (l.9.13)k. On en déduit que f o est d e c lasse ek e l que f a = D 0 f o pour
lai ::;; k.
Lorsque lnl = k , o n a d 'après (1.9. 13)k + 1
. . (x - a) il
) a(x) - L f o+f3 (a) (3! = o(x - a),
1(3 1:s 1
c' est- à -dire
n
f °' (x) - f cx (a) - L f a+sj(a) (xj - aj ) = o(x - a)
j=l
et cec i prouve que f a est différentiable au point a et que DJ/o. (a.) = f 0 +s 1 (a.), d'où le
rés ulta t voulu.
3,a. On co nsidère l'ense mbl e A des parties A de Fm telles qu e llx - Yll 2 E(1 + Eym
pour tout x, y E A, x # y ; ordonné par inclusion, l'e nse mble A est inductif [27, exercice
2.1O.9] et toute parti e max imale Am E A vérifie ( 1. 9. 16) el ( 1.9.17).
b. Soient x E Q, m E Z tel que (1 + E)m :S; d(x, F) < (1 + E)rn +i et y E F
tel que d( x, F) = llx - Yl · La fonction <p : t H d(tx + (1 - t)y , F) est continue,
<p(O) = d(y,F) = 0 el <p(l) = d(x,F) 2 (1 + E)m ; d 'après le théorème des valeurs
intermédi aires, il ex iste clone un t E ]ü, l ] tel que <p( t) = (1 +E ym . Ceci prouve qu ' il exi ste
un po int z E [x, y[ te l que d( z , F) = (1 + E )rn , donc z E Fm, et
llx - zll = llx - Yll - llY - zll < (1 + t:)'n+l - (1 + E )m = E (1 + é)m ,
et, vu que z appa1tient à Frn, ceci prouve qu e d(x, F m ) < E (l + Eym.
c. Soit X E net soit m E ;:z tel que (1 + E) 111 ::;: d(x, F) < (l +Er + l ; d'a près b.,
il ex is te y E Frn te l que llx - yll < E(l + Eym el d 'après (1.9. 17) il exi ste a E Arn c A
tel que llY- ail SE (l + Et', d ' où
llx - a.li S llx - Yll + llY - a.li < 2é (1 + E)m .
Il en résulte qu e x E B(a ; 1 r a) dès que 2E (1 +E)m ::;: 1 2r a, c'est-à-dire dès que 2E ::; 1 2
2

2
vu que ra = (1 + E)m. Ceci prouve que Q = LJiE f B(ai; 1 ri) dès qu e 0 < E < 1 /2.
2

d . Soit y E B(a; 1ra) n B(x; 1r), alo rs


(1 - 1)r S d(y, F) S (1+1)r et (l - 1)ra S d(y , F) S (1 +1)ra
el par conséquent (1 - 1 )r ::; (1+1)ra, (1 - 1)r a ::;; (1+ 1 )r, ce qui prouve (1.9.18).
On en déduit que
llx - ail S 1(r + ra) S 1 ~I r.
Lorsque p = q, on a lia - bl l 2 E (1 + E ) P d'après (1.9 .1 6) et lorsqu e p < q
1
lia - bll 2 d(b, F) - d(a, F) = (1 + t:)q - (1 + E )P
2 (1 + E)p+l - (1 + E) P = E(l + E)P.
Étant d o nné que ( (1 - 1)/(l + 1 ) )r ::;; ra = (1 + E )P, on en déduit ( 1. 9. 19) .
Cec i montre qu ' il ex iste de ux constantes ex, (3 > 0 tell es que
llx - ail S
ar et li a - bll 2 (3r.
Si A x dés igne l'ensem ble des a E A tel s que B(a;1ra) n B(x; -yr) f' 0, on en déduit que
les boules ouvertes B(a; (3r/ 2), a E A x, so nt di sjointes deux à deux et contenues dans la
124 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

boul e ouverte B( x; (a + /3/ 2)r). Il en résulte que


Card A x x vol B(0 ;/3r / 2) :::; vo l B(O; (a + f3/ 2) r),
soit Card A x x (f3/ 2t:::;: (a+ (3/ 2)" et ceci prouve (1.9.15).
4. La fonction 'lj;; est e = su r ~n , 0 :::; 1/J; :::; 1 el supp'l/Ji c B'(ai;1ôri ), d'où
supp 1f).; c O; = B(a;;Îri). La somme 1/J = L: iE I 1f'.!i est loca lement finie d 'après
( 1.9. 15), donc définit une fonction e00 sur ]Rn _ Pour tout x E 0, il existe i E I tel que
x E B(ai; --y2 r i ), d ' où Il(x - ai )/rri Il < Î et par conséq uen t 1f'.!i (x ) = 1 ; ceci prouve que
1/J 2: 1 sur n. On en déduit que les fo ncti o ns 'Pi sont bien dé finie s sur 0 et de classe 00 ; e
on a évide mment su pp 'Pi c ni.
0 :::; 'P·i :::; 1 et L;EJ 'Pi = 1 sur O.
Vérifions (1 .9 .20). On a 1D "'1f'.ii(x) I :::; Car; 1" 1et, pour x E Oi, d( x, F ) :::;: (1 +1)r;,
d' où une inégalité de la for me ID 0 1f'.ii (x) I :::; ca d(x , F) - 1"1 pour tout x E O. On a une
estimati on analogue pour 1jJ d 'après ( 1.9. 15). On vérifie alors ( 1.9.20) par récurrence sur
lnl. Pour a: = 0, 0 :::; r.p; S 1, et on conclut grâce à la formule

1/JD"r.pi = D"'1/J; - L (~ )D" - 13 1/J DfJ r.p;.


f3So
/3#0
5,a. Posons T =D 0
1'/:( x ) - D 0 Tbk(x), on a
~ ~
13
1' =
L.,
f
o+fJ a
( ) (x - a)
(3 ! - L.__,
Jo+"f (b) (x - b)"Y '
1
l/J ISk- 1"'1 h l Sk- 1<> 1 'Y·
(x - b)"t = ~ (x - a) fl (a - bp-f3
Î! L....,, (3! (1 - (3)! ,
f3S"!
d' où
,,, (x - a) 13 ( ~ . (a - bp -fJ )
, L ,B! f a+f3 (a) - L....,, f a+"l (b) ('Y- (3 )!
l/3 1Sk - lal hlS k- la l
'Y2.f3
(x - a) f3 ( (a - b)"t )
L ,B! f a+f3 (a) - L f a+f3+"! (b) r! ,
l/3 1Sk - lol l'YIS k -la+fJ I
ce qui prouve le résultat voulu.
b. On ad' après 4.
J(x) - 1:(x) = L <p; (x)['l~(x ) - 1:(x)] pour x E n ,
iE I
d'où
Da f(x) - D a1:(x) = L L(~ )DfJ(f); (x) [Da -{31~ (x) - Da -f31:(x)] .
/35,a zEf
Lorsque (3 = 0, ils' agit de majorer
L <p; (x) [Da'lt,( x) - D" T:(x )] .
iE f
D' après (1.9. 15), il suffit de chaque majorer chaque terme
<pi(x)[Da'lt;(x) - D 0 1~ (x)];
on peul donc supposer x E n i et, vu que 0 :::; 'Pi :::; 1, on est rame né à majm·er à

A = D "''l'/: (x) - D 0 11:,(x) = L (x - ,a)'Y R~+"l (a, b.; ).


h lSk- 1<>1 'Y ·
1.26 EXERCICES DU CHAPITRE 1.B 125

On a ll x - b;ll S (1 + Î)r-.;, (1 - Î )r; S d(x, F) S:: llx - ail, d 'où


S (1 + Î)/ (1 - 'Y) llx - ail et llb;
llx - b;jl - ail S 2/( 1 - Î) llx - ail ·
Soi t E > 0, il en résulte qu ' il ex iste 8 > 0 tel que po ur ll x - ail S i5
IR~+,.(a, bi )I S € lia - bi llk-lo+rl .
On en d éduit une constante c > 0 telle que, pour ll:z: - a il S 6,
(x - Ia)'Y .Rka+-y ( a , b·)I
i
<
_ Cê Il X - a llk-1<> 1
T 1

et ceci prou ve le résultat vo ulu pour le terme fJ = O.


L o r sque fJ > 0 , on a 2::.; E J D f3 'Pi(x ) = 0 pour x E net il en résulte que
LP!3 r.p;(x) [D 0
- 13 1 ~ (x) - D "- 13 T;(x) ] = L,of3 r.p;(x)[D 0 -f31 t, (x) - D"-f3 '.1 t(x)]
iE / iE J
pour to ut b E F. On choisit b E F tel que llx - bl l = d(x , F). Étant donné que
ID 13 cpi(x)I S cd(x, F) - 1/31 , il s'agit de majorer
B = D"'- 13 '.1 ~ (x) - D "- 13 '1t(x) = L (x - bi)"Y
1
R~-f3+ 1 (b;, b)
h l$k- lo l+ lf3 1 Î ·

lorsque x E !li. Or llx - b;il S ((1 +Î)/ (1 - Î) )li(x , F), d'oC1 (x - bi)'Y S c d(x , P ) hl.
1 1

On a d' autre part


llb - ail S llx - bll + llx - ail S 2 llx - a il et ll bi - a il S 2/( 1 - Î) llx - a il ·
On en déduit un 6 > 0 tel que, pour llx - ail S i5
IR~ -{3+-y (b;, b) I S € llb - /)i llk-la l+lf3 l- l-Y I
où ll b - b; ll S ll x - bl l + llx - b; ll S 2/(1 - Î) d(:z: , F). 11 existe donc une constante c > 0
tell e que, pour llx - ail S 15, IBI S es d(x, F)k -l'-"l+ lf3 I et cec i permet de conclure vu que
d(x , F) S llx - all .
c . L orsque a E 0, pour vérifi er ( 1. 9. 13) on peut supposer x E n et ( 1.9. 13) s'écrit
alors
D a f( x ) - L D a+f3 f (a) (x ~!a)f3 = o(llx - allk - lal);
1/3 19-1<>1
il ne s'agit en fait que de la formul e de Taylor pour la fonction f ln qui est c=.
Si a appat1i ent à F , ( 1.9.1 3) résulte de (1.9. 12) lorsque X E F et lorsque X E n, il
s'agit d e la questi on b. précédente.
D' après 2. , cec i prouve que la fonction f est de classe Ck sur JRn et que D"' flF = f 0
pour tout lai S k.
6. On reprend le rai sonnement de 5,b. Lorsque j3 = 0, il s'agit de maj orer pour X E n i
A' = D " 'l '/:(x) - ]) "' 'J bki (x).
On cherche a pri ori 0 < i5 S (1 - Î )Pk : étant donné que (1 - 'Y)ri S llx - ail, lor sque
llx - ail S i5 on a r.; :::; pk, d'où ki 2'. k . On peut alors éciire
0 ~ (x - bi )13
A - A' = D °' 'J 'k'
b ; (x) - D '1'k(x)
b., = L ! a+f3(bi) fJ! ,
k- lal < 1/31'.S k;- l"I
d' où IA - A' I S c llx - b; llk-H -lal et vu que llx - b;ll :::; (1+1)/( I -1) ll x - ail, o n en
déduit que IA - A'I S c 15 llx - allk - la l, ce qui dC>nne le résultat voulu dans ce cas.
Lorsqu e fJ > 0, il s'agi t cl e maj orer B' =
D c. -f3 1bk, (x) - D 0 - 13 1t(x);
B' - B = D a-f3 'J b~i (x) - D0 -
13 '1'U x),
126 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

d'où IB' - BI :Sc llx- b;l lk+ J - la l+l fJI :S cod( x , Fl- lol+l iS I, ce qui permet de conclure.
Le rai sonne ment de 5,c. prouve que f est de classe Ck et que D 0 !I F = f pour tout
0

lad :::; le et, ceci valant quel que soit le , on obtient le résultat vo ulu.

1.27 Exercices du chapitre 1.C


EXERCICE 1.12.1
Posons g = l e - J, alors Dg(x) = le - Df(x) est un iso morphisme de E sur E
d' après la proposition 3.1 9.6 de [27] ; d'après le théorème d' inversion locale, g est un Ck-
difféo mo rphisme local. D'après le théorème des accroissements fini s, f est une contraction
stricte ; il en résulte que g est injectif et la proposition 1. 12.5 montre alors que g est un
ck -difféomorphi sme.
EXERCICE 1.12.2
1. D'après la proposition 3.34-.I de [27], Df(x) est un isomorphi sme de E pour tout
x E E ; f est donc un diffé omorphi sme local.
2,a. Considérons la fonctio11 d' une va riable rée lle cp : l >-+ (f (t x + (1 - t)y)l x - y);
cette fo nction es t de classe et e l
i.p'(t) = (D f (tx + (1 - t)y) .(x - y)lx - y) 2 c ll x - Yll 2 •
On en déduit que la fonctio n t >--+ rp( l) - et llx - Yll 2 est croissante, d'où
2
cp( l ) - cp(O) 2: c llx - Yll ,
soit (f(x) - f (y) lx - y) 2: c ll::x - Yll 2 pour tout x , y E E. D'après l' inéga lité de Cauchy-
Schwarz, on en déduit c llx - y 1 2 ::; 11 / (x) - f (y)ll llx - Yll , d'oli
c ll x - Yll :S llf(x) - / (y)ll·
b. Ceue inégalité montre que f est injecti ve. Vérifions ensuite que f (E) est fermé .
Soit (xn) une suite de E telle que la suite (J(xn)) converge ; notons y la limite de cette
suite. L' inégalité c llxp - xqll :::;; llf (xv)- f (xq)ll montre que la suite (xn) est de Cauchy ;
elle est donc conve rge nte et, si :i; est sa limite, on a y = limn--->oo f( xn) = f (x) et ceci
prouve que y appartient à f (E) qui est donc bi en fermé.
3. Le difféomorphi sme local f étant injectif est un difféomorphi sme de E surf (E) et
f(E) est un ouve rt de E; f(E) étant fermé, on en déduit que f(E) = E (E est connexe !)
et ceci prouve le résultat voulu .
EXERCICE 1.13.1

D' après la formule (1.9.8), on a en effet f (x) - J(a) 2: D f (a). (x - a) pour tout x E !1,
c'est-à-dire J(a) ::; J(x).
EXERCICE 1.13.2

1. La fo nction g : t t--t f (a + tx) est défini e au voisinage au l = 0 et, d'après la formule


de Taylor, on a
k
g(t) - g(O) = Dk f(a).xk ~! + o(ltlk).
Si Dk f( a).xk est non nul , g(t) - g(O) est du signe de Dk f(a). xk tk dès que test suffi-
samment petit. S i a est un minimum relatif, on a donc Dk f (a) .xk tk 2: 0 pour t petit. li en
1.28 EXERCICES DU CHAPITRE 1.D 127

résulte qu e k est pair car, Dk f (a) étant différent de 0, il exi ste x tel qu e Dk f (a).xk f= 0
d'a près l'exercice 1.9.4; on en déduit que Dk f (a ). xk ;::: O.
2. En changeant x e n - x , on constate d' abord que k est nécessairement p air. On a
1 k . k k
f (a + x) = f (a) + k! D f (a).x + o(llxll ),
d'où f (a + x ) ;::: f(a) + fi llxllk + o( llx llk) et il e n résulte que f(a + x) > f (a) si ll::rll
est assez petit, ce qui prouve que a est un minimum re latif strict.
3. L orsqueE est de dimens ion finie, supposo nsDk f ( a) .xk > Opour tout x E E - {O}.
La boule unité de E éta nt compacte, il existe une con stante c > 0 telle que D k f (a) .xk ;::: c
pour llxll : : : 1, d' où Ok f (a) . Xk ;::: cll xllk pour tout X pa r homogé néité.
EXERCICE 1.13.3
1. On p ose <p (x) = x " + >{2:7=1 x 1 - l) o ù À E l!t . D'après le coroll aire 1. l 3.3, les poi nts
critiqu es de l' extremum lié s'obtiennent en résolv;i11t le sys tème d 'équati ons D J<p (x ) = 0 ,
1 ::=; j ::=; n, c'est-à-dire
a J· x"' + À x J· = 0 ' l <-
J. <
-
n1
{
L7=1 X j = 1.

En somm ant les premi ères équ ati ons, on obti ent ,\ = - la i x"' o ù lai = L~= l °'J et, par
conséquent, x 1 = °'J/lal. On observera que le multipli cateur de Lagra nge À est uniqu e,
le coro llaire 1.1 3.3 est donc applicable et fo urnit un seul point critique de l 'extremum lié.
La fon c tion f étant null e sur la fro ntière de S1 et étant pos itive dans S1 , il s'ag it en fa it d ' un
max imum absolu . En posant S = {x E S1; 2:~'= 1 :Cj = 1}, on vérifie alors que
œ"
mtx f = lall°'I.
1
2 . Prenons O'. j = 1/ n, on a alors a" = l / n et ln l =
1, d' où (x1 x ... x Xn ) /n ~ l / n
sur S. E n rempl aça nt x 1 par Xj / 2:7=
1 X j , on obtie nt! ' inégalité voulue

( X 1 X . .. X Xn )
l/n
:::::
X1 + .. . +- Xn .
pOUI tout
.
Xj ;::: o.
n

1.28 Exercices du chapitre 1.D


EXERCICE 1.14.1
1. L' esp ace X est la réuni on d'une suite ( K p) de parti es compac tes. Pour chaque p, il exi ste
une fa mille fini e ((U;, cp; ) ) iE I ,, de cartes te lle que Kp c U;u,, U; ; posons 1 = Jp, u;=O
al ors A = ((U;, <p; )) iE I est un atlas déno mbra ble de X. C haque U; homéo morphe à un
ouvert de JKn admet une base de topol ogie dé nomJHabJ e '.B ; et 23 = U iE I '.13; est al ors une
base dé nombrabl e de la topologie de X.
2. L a topolog ie de X est métri sable d'après lexercice 2 .36.8 de [27] .
3. T out sous-espace de X admet une base de top ologie déno mbrabl e ; tout sous-es pace
localement co mpact de X est donc dénombrable à l ' infini d' après le même exercice .
EXERCICE 1.18.1
1. L' en se mbl e A est fermé d' après la continuité de f et g, l'espace Y étant séparé. Soie nt
a E A , b = f (a ) = g(a) , il exi ste des ca1tes (U, <p ) et (V, 1/J) aux points a et b; si F et G
128 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉ RENTIEL

sont les re prése ntations locales de f et g dan s ces cartes, on a DF(x) = DG(x) pour tout
x suffisamment voisin de r.p(a) ; il en résulte qu e F = Ga u voisinage de ce point r.p(a),
d ' où j = g au voisinage de a e t cec i prouve que A est ouvert.
Si X est connexe et s' il ex i ste a E X tel que f (a) = g( a), A est non vide et par suite
A = X, ce qui prouve que j = g.
2. rés ulte de 1. en prenant pour fonction g la fonction constante x H f (a) où a est un
point de X.
EXERCICE 1-18.2
1. Soi l ( U, r.p) une carte au point a, alors la fonction F = f o r.p - 1 admet un extremum au
point cp(a), d'où DF(r.p(a)) = ()et 'l ~ f = O.
2,a. On a g = F o (r.p o /'), d'où Dg(t) = DF((r.p o 'T)( t)).D( r.p o 'T )(t) et
2 2
D g(t) = D F((r.po'Y)(t )).(D(r.po1)(t) , D(r.p o1 )(t)) + DF((r.p o1)(t)) .D 2 (r.po1)(t).
Vu que DF((r.p o î')(O)) = DF(r.p(a)) = 0, on en déduit que
D 2 g(O) = D 2 F(r.p(a)) .(r.p . (v), r.p.(v)).
La dé finition de g, à sa voir g = f o / , montre que D 2 g(O) ne dépe nd que de f et 'Tet la
formule précédente montre en fait que D 2 g(O) ne d épend que de v et non du choix de 'Y ·
Une forme bilinéaire sy mé trique étant dé terminée par ses valeurs sur la diagonale (exercice
1.9.4) , la formul e (1.18.7) définit bien une forme bilinéaire symétrique sur l' espace tan-
gent 'l ~ X, l'expression D F( tp( a)). ('P• (v), 'P• (w)) ne dépendant pas du choix de la carte
2

(U, 'P )-
Note On observera que la hessienne de j au poi nt a n'es t bien définie que si a est un point
critique del-
b. Si la hess ienne de f aLJ point a est défini e positive, D 2 F('P(a)) est une forme
bilinéaire sy métrique sur 11r, n = dim X, définie positive ; on en déd uit (exercice 1. 13.2)
que r.p( a) est un minimum re latif stri ct de F, ce qui permet de conclure.
EXERCICE 1.20.1

Soit a E X, posons A = { x E X ; rgx f = rga !} . li est clair que cet ensemble non vide
est ouve rt. D' autre pai1, soit x E A, alors il existe un voisinage ouvert U de x tel qu e f lu
soit de rang constant et, vu que U n A est non vide, rgy f = rga f pour tout y E U el en
particulier po ur y = x. Ceci prouve que A est fermé et, X étant connexe, on en déduit que
A = X.
EXERCICE 1.21 .1

Toute sous-variété de X étant localement compacte est dénombrable à l'infini d'après


l'exercice 1.14. 1.
EXERCICE 1.21 .2
Soient f : X -r Y une submersio n, l = dim X, m = dim Y , alors m :S l. Soit 0 un ouvert
de X, montron s qu e J(0) est un ensemble ouvert, c'est-à-dire que, pour tau t a E 0, f (0)
est un voisinage de b = f (a). D' après le théorème du rang constant (théorème 1.20.5), il
existe des cartes (U,r.p) et (V,1/.>) aux points a etbtelles que r.p (a) = 0, 1/;(b) = 0, U c 0,
J(U) c Vet
('l/! o f o r.p- 1 )(x 1 , •• . ,x1 ) = (x1, ... ,xm) pour tout (x 1 , ... ,x1) E 'P(U).
Les prnjections sur un espace pmduit étan t ouvertes, si F = 'lj! o f o 'P- 1 , ceci montre que
F( 'P( U)) est un ouvert de K m, donc de ·i/;(V) et il en résulte que f (U) est un ouvert de V ,
1.28 EXERCICES DU CHAPITRE 1.D 129

donc de Y. Par suite, f(U) est un vo isinage de b et, vu qu e j( U) c J(O), a fortiori j(O)
est un voisinage de b.
EXERCICE 1.21.3
Posons L = dim X, m = dim Y, alo rs m ::; l. D ' aprè s le théorème du rang constant
(théorème 1.20.5), il ex iste des cartes (U, 'P) et (V, 1/.;) aux points a et b telles que 'P(a) = 0,
1/;(b) = 0, J(U) c V et
('1/Jo f o'P-l )(x 1 , ... ,x 1 ) = (x 1 , . .. ,xm) po urto ut (x 1 , ... ,x 1 ) Ei.p(U).
Posons F = 'lj; o f o 'P- 1 : i.p(U) ---+ 1/;(V). Quille à réduire U, on peut supposer
'P(U) = U1 x U2 où U1 et U2 sont des ouverts de !Km et 1K1- m. On considère la fonc-
tion G : U1 -+ i.p(U) défin ie par
G(x 1 , ... ,xm ) = (x1, .. . xm, O, . . . , 0) E <p(U) C lK 1 .
On a U 1 c 'ljJ (V) ; o n pose 0 = 1/; - 1 ( U1) ; Gest alors la re prése ntat ion loca le d e la
fo ncti ong = 'P- l o C o'lj; : 0 ---+ U; g est une imn1ersio n et on a é vide mment f o g = I o .
EXERCICE 1.21.4
l ,a. Notons let m les dimensio ns des variétés X , Y e t r le ra ng de f. D'après le théo rème
du rang constant (th éorème 1.20.5 ), il existe des ca1tes ( U, i.p) et (V, ·If;) aux points a et f (a)
te ll es que la représentation loca le de f s'écrive
(x 1 , ... ,xr, 0, ... , 0) .
(x 1 , .. . , x 1) >--7
On peut supposer f(U) C V. Soit W un voisin age o uvert de j(a) tel que W C V (l 'es pace
Y est localement compact, donc réguli er [27 , coroll a ire 2.35.2]), posons 0 = r 1
(W) ;
alors 0 est un voisinage o uvert de a et /(0) c W C W c V. li en résulte que f(O)
coïncide avec! 'adhére nce de f (0) dans V et l' intérie ur de f (0) dans Y avec son inté ri eur
dans V car V est ouvert. É tant donné que 1/J : V ---+ -ij;( V) est un homéomorphi sme, pour
conc lure il suffit de remarque r que 1/;(j( 0)) c (JK' x {O}) n 'lj) (V) où ce derni er ense mbl e
est fermé et d' intérieur vide dan s 1/;(V) ca r r < m.
b . D'après a., il existe un recouvreme nt ouvert (Oi) iEI de X te l que J(O; ) soi t
d'intérie ur vide. L' espace X étant un espace de Linde tof [27, exercice 2.36.2], il existe [27,
exercice 2.30.3 ] un sous-recouvrement dénombrable ( O;) iE D, D partie dénombrable d e I ;
étant donné que f (X) = u iED f (Oi), o n en déduit qu e J(X) est maigre.
2,a. L'espace Y est un espace de Baire [27, 1héorème 2.35.3] et, si f n'est pas une
su bmersion, Y = f (X) est maig re, ce qui es t absu1-d e si Y est no n vide.
b. D' après a., f est une submersion et, en tant qu ' app li cati on injective de rang constant,
f est un e immersi o n ; autrement dit, 'l 'a f : 'l~X -+ 'l j(a) Y est un iso mo rphi sme pou r to ut
a E X . li en résulte (corollaire 1.20.3) que f est un difféomorphisme local injecti f, ce qui
permet de conclure .
EXERCICE 1.21 .5
Soit x E Y n Z, d'a près la proposition 1.2 1.6 il ex iste un voi sin age ouvert U de x
et une submersion f : U ---+ JKP, p = codim x Y, tell e que Un Y = f - 1 (0) . Soit
i : Z ---+ X l' injectio n canonique, considérons l'application f oi : U n Z -+ KP, o n a
Un (Y n Z) = (! o i) - 1 ( 0). Mon tro ns qu e f o i est une submers ion dans un voisinage de
x dan s Z, c'est-à-dire (remarque 1.2 1.2) que 'l ~ (j o i): 'l ~Z---+ JKP est Slllj ective.
Soit h E JKP, il s'agit de prouver l'ex iste11ce d ' un vecteur 'V E 'l ~Z tel que
'l ~ (j o i).v = h ; posons w = T xi .v E 'l ~ X, é t ant donné que 'l',; i('l ~Z ) = 'l ~Z, il
s'agit de déterminer un w E 'l'x Z tel que 'l ~ f. w = h. Or, f étant une subm ersion, il ex iste
130 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

w0 E 'l 'x X tel que 'l 'x f. wo = h et, vu l' hypothèse, wo s'écrit wo = w + w' où w E 'l 'xZ,
w' E 'l 'x Y . On observe alors que 'l 'x f. w' = 0 car 1'x Y = Ker '1 ~ / , d'où 'J 'x f.w = h, ce
qui prouve le résultat vo ulu .
Quant à l' espace tange nt à Y n Z au point x , on a
'l 'x (YnZ) = Ker'l '::, (! o i) = ('1'xi) - 1 ( Ker 'l 'x /) = ('1 'xi) - 1 (T'x Y) ,
d'où 'l 'x( Y n Z) = 'l 'x Y n '1 ',;Z.
EXERCICE 1 .21.6
l.Lasurjectioncanonique 7f: JKnt- 1 - {0} --+ IP'n (IK)est anal ytique(exempl e 1.1 6. 1). Dans
l' ouvert O; et la carte (U;, cpi) (paragraphe 1.15), on considère sa représentation locale
1/Ji : Oi --+ IK" de 7f, soit
xo x i- 1 x i+ l xn )
Wi (x) = ( ---,-, ... , - ..-, - .- , ... , ---,- , x E Oi ;
xi xi xi xi
on a alors Ker'.l 'x 7r = Ker D 'ljJi(x) pour x E Oi et la re lation
h = (h 1 )os i s n E Ker D 'lf;i (x )
signifie
1 J1 xi h i 0 0 < .< . -1- .
xi i - (x'' )2 = pour _ J _ n , J 1 i,

soit hi = (x1/xi ) hi, c 'est-à-dire h = ÀX où À = 1i·•/xi E !K. Ceci prouve que le noyau de
'l 'x 1f est la droite !Kx. li e n rés ulte que 'l ',;7r est surjecti ve car
dim 'l 'x7r(IK" 11 ) = n + 1 - dim Ker 'l 'x 7r = n.
L'application 7r est donc une submersion.
2. On a 'l 'x7r 1 = 'l 'x 7rlr,s" et JR"+ 1 = 'l 'x§" E& !Rtx pour tout x E §". Si u: F--+ G
est une application linéaire su1j ective, il surfit donc de vérifi er que u!E est surjecti ve si, et
seulement si, F = E + Ker u. En effe t, cette conditi on est suffi sante: soit y E G, il existe
x E F tel que u(x) = y et x peut s'écrire x = xo + x 1 où xo E E et u(x1) = 0, d' où
u(xo) = y . Réciproquement, si ulE est surjective, soit x E F, il existe xo E E tel que
·u(xo) = ·u (x), d'où x - xo E Ker u ; il ex iste donc x 1 E Ker ·u tel que x = xo + x 1, ce
qui prouve que F = E + Ker -u.
Ceci prouve que l'application 1 'x 7r' est surjective, donc injective, les espaces tangents
T x§" et '.1'.,,' (x)IP'n (IR) étant de même dimension n. D'a près le théorème d' inversion locale
(théorème 1.20 .2), 7f 1 est un difiéomorphisme local.
3. Lorsque IK = C, on observe de même que cn+i = T,§ 2 " + 1 + Cx.
EXERCICE 1.21.7
1. On a pour 0 S k .::; n et 0 ::::; l S n
Dlfk+ 1( a) = L ak+ l-j + L ai
j EJ• +• j EJ• +•
j =l k+l-j =l
et k , l appartenant à J k+l. Dd'o-1-1(a) = 2 a". Lorsque l < m S n, on vérifie de même
que
Dm f k+ 1(a) = 2ak+l - m = 0 si k +l- m 2: 0,
D,,.fk+l(a) = 0 si k + l - m < O.
Ceci prouve que
D (f k fk +n)
. ~· · ·' (a) = (2ak)n+L =/= O.
D (x , ... , x")
1.28 EXERCICES DU CHAPITR E 1.0 13 1

On e n déduit que f est une immersio n.


2. L'a pplication n' est la swjection ca nonique de §n su r §"'/ R' assoc iée à la re lat io n
d 'équi va le nce R' dont les c lasses d'équivale nce sont les co uples {x , - x }, x E §n_ L'exis-
te nce et l' unic ité de g rés ulte donc simpleme nt du fait que f es t pa ire. L'application n'é tant
un difféomorphi sme local (exerc ice 1.2 1.6), l' application 9 es t e=. Quant à l'injectivité
de g, elle rés ulte de la propri été suivante : so ient x, y E §" te ls que f( x) = f( y), a lors
x = ±y. En effet, soit k E [O, n] le plus grand ent ie r te l que xi = y j = 0 pour 0 s; j < k.
On a a lors f 2k( x) = (xk) 2 et f 2k (y) = (yl.:) 2 , d'oi::1 xk = ± y1.:. Supposons é tabli que
xj = ±y1 pour 0 s; j < l où k < l < n. On a
J k+L(x) = 2xkxl + h( xk+1, . . . ,xl - 1)
o ù h est une fo nction paire ; o n e n déduit xkxl = ykyl, d 'où x 1 = ± y 1 vu que xk = ± yk
et que xk ·l =/= O. Ceci prouve par réc urrence que x = ±y.
3. L'appli cation g est un e immersion ca r f est une imme rsion e l rr' une sub mers ion.
L'espace IP'n(IR) est compact e t g est une inject io n continue, il en résulte que g est un
homéomorp hi s me de IP'n(IR) su r son image et cec i prouve que g est un plongement.
EXERCICE 1.22.1
1. Il est c lair que a => b et c => a. Vérifi ons que b => c. L'es pace X étant normal [27,
exerci ce 2.36.2], il existe un vo isi nage ouvert de \/de F te l que V C U. Pour tout :c E F,
il existe un voisinage ou vert O x de x et une fonct io n 9x E ek (Ox; E) tel s qu e J = 9x
sur F n Ox. Considérons alors une partition de l' unité sur X subordonnée a u recou vre m en t
ouve n constitué des ouverts (Ox n V) xEP et X - F, so it ('Px ),EP et <p. Notons 'l/Jx la
fonction
'Px9x dans Ox n V
'l/Jx ={
0 dans X - Oxn V.
Cette fonction est de classe ek: en effet, si C x dés ig ne le support de <px, on a Gx c Ox n V
e l X est la réunion d es ouverts Ox n V et X - Gx s ur lesque ls 'l/Jx est de c lasse ek.
Re m a rquo ns que le support de 'l/Jx est co nte nu dans Gx ; la famille (s upp 'l/Jx )xE P est donc
loca le ment fini e e t il e n résulte qu e la fonction g =
L xE F'l/Jx est d e classe ek, la so mme
éta nt loca lement finie, e t que son support est conte nu dans V. Po ur y E F, on a e n o utre

g(y) = L 'Px(Y)9x(Y) = ( L 'Px(Y)) J(y) = J (y)


xEPy xEF·y
o ù Fy = {:c E F; y E Ox n V} et cec i prouve que g prol onge f.
2,a. Y est un sous-es pace loca le ment co mpact de X ; Y est donc loca leme nt fermé [27,
exerci ce 2.35.8] et, d 'après l'exerc ice 2.20.2 de [27] , il existe donc un ouvert 0 ::i Y te l
que Y soit fe rmé da ns O.
b. On en déduit qu e Y est une sous-va ri é té fe rmée de O. D'après la proposition 1.2 1. 1,
il suffit alors d'utiliser 1. en substitu ant 0 à X, 0 éta nt dénombrable à l' infini (exe rc ice
1.2 1. 1 ).
c. Si Y est une sous-variété fe rmée de X, on peut prendre 0 = X, d'où le résultat
voulu.
EXERCICE 1.23.1
On utili se la proposition 1.23. 1 de [27] . L'espace IPn(IR) est connexe [27, exerc ice 2.40.8] et
la famill e (U;)o :<; i :<; n est un recouvreme nt o uvert de IP'n(IR). Étant donné que
1
n' - (U;) = ot U O ;_- , il suffit de vérifier que les app licat ions 7r'l 0 ~ : O°t --+ U; sont des
132 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

difféomorphismes. Ces app lications sont des bijections [on notera que n' est la su1jection
canon ique de §n sur §n / R' = IP'n(IR) où R' est la relati on d'équivalence dont les classes
d 'équi valence sont les couples { x, - x }]. D'après l'exercice 1.2 1.6, rr' est un difféomor-
phisme local, ce qui permet de conclure.
Si ce revêtement étai t tri vialisable, § " serait homéomorphe à IP'n(IR) x { - 1, l } et ce
dernier espace n'étant pas connexe, cec i est absurde.
EXERCICE 1.23.2
l ,a. Soient x , x' E Oi tel s que ir" (x) = rr" (x'), autrement dit x' = Àx où À E § 1 . On a
alors
' x'i >..xi -
t = - = - = Àt
lx'il lxil '
d ' oli t' x' = Xt x >. x = t x et ceci montre que ·tj; est bien dé fini.
b. On considère la carte (U; ,ip; ), ip;: U; -t en (paragraphe 1.15); l'application
0; = ip; 1 : en -t U; est donnée par la formule
O;(y) = rr"(( L+ llYll2) - 1;2(y1, . .. ,y\ l ,yi+1, . .. , yn)),
où y = (y'i)i:s;·;:s; n E C'", 11· 11 désignant la norme euclidienne de en = IR 2 " . On en déduit
que
(1/J oO.;)(y) = (1 + llYll2) - 1;2(y1 , ... , yi, l , yi+1, ... ,y")
et ceci mont re que 'If; est e00 •
c. D' après la définition de 'I/; , on an" (1/J(y)) = n" (t x) si y = rr" (x), d' où n" ( 1/J( y)) =
n"(x) = y, soit n" o î/; = l u,. On en déduit que
'1 ',p('y) rr" o 'l 'y1/J = 'J'y(Iu;) = lr" u,;
ceci montre que l'application tange nte 'J 'y1f; est injective: 1/; est une immersion. On en déduit
également que lm 'l 'y'lj;n Ker '1°',p(y) rr" = {O}. Or, n" est une submersion (exe rcice 1.2 1.6),
donc de rang 2n ; la sphère § 2"-+ 1 étant de dimension 2n+ 1, on en déduit que Ker '1 ',p( y)n"
est de dimension 1. D'autre part, 1/; étant une immersion, lm 'J 'y'lj; est de dimension 2n.
L'espace tangent '1 ',;,( yjD; étant de dimension 2n + 1, on en déduit bien que
'l ~ (yjD; = lm 'ly 'I/; EB Ker '1 ',p( y)n".
2. L'application 0 est la restriction à § 1 de l'appli cation linéa ire, donc e=,
01 : tEe t-7 lx E en+l;
l'application e est donc e00 • On a en outre D0 1 (t).h = h x, h E e, d'où 'l!O.h = hx
pour h E '1 !§1 ; ceci montre que l'application 'l!O est injective et par conséquent 0 est une
immersion, donc un plongement, le cercle unité § 1 étant compact. Quant à l'image de 0, on
a lm (} = {lx ; t E § 1} = rr" - 1 (y) = Fy . Ceci prouve que Fy est une sous-variété de
e
§ 2 "+ 1 , que est un difféomorphisme de § 1 sur Fy et que 'l~Fy = lm '1'10. D'autre pan,
n" étant une submersion, 'J ~ Fy = Ker'J ~ rr" (propositi on 1.2 1. 5).
3,a. Soit x E O.; , si rp(y, t) = x avec (y , t) E U; x § 1 , on a nécessaireme nt
11
rr"(rp(y, l)) = rr"(t ·ijJ(y)) = n (1/;(y)) = y
d'après l ,c., c'est-à-dire y = rr"(x). On a alors
xi
rp( y , t) = t îf;(y) = l 'l/; (rr"(x)) = t --,. x,
1x' 1
ce qui montre que rp(y, t) = x si, et seulement si, t = xi /lxil et ceci prouve que rp est une
bijection.
1.28 EX ERCICES DU CHAPITRE 1.0 133

Dire que 'Pest e00 équi vaut à dire que les applications t H r.p(y , l) et y H ip (y , t)
sont ~OO , c' est-à-dire, 1/; étant e00 ' que les applicati ons t t--7 t z , z E § 2 n -H , de § 1 dans
§ 2 n - 1 el z H t z de § 2 '11-\- 1 dans § 2 n+ l sont e00 • Pour la première appli cati on cela ré-
sulte de 2. ; quant à la seconde, il s'agit de la restri c ti on à § 2 "+ ' de l'application li néaire
z E cn+ L H t z E i[n + l
P o ur tout (v1 , v2) E '-l ~U; x Ti §'. on a alors d' après la fo rmule ( 1.1 8. 13)
T(y, t)'P- (v1, v2) = 'l ~<p( • , l ). v 1 + 'l'tcp ( y , . ).v2 ,
où 'Fy ip(. , t ).v1 = t 'l ~î/J . vi et, en posant v2 = t w 2, w2 E 1 '1 § 1 ,
'l 't ip(y , . ).v2 = t 'l 'iip( y , . ):w2 = t'l\O.w2,
() dési gnant l' application t H t 'ljJ (y ) de § 1 dans § 2 "+ 1 . Il en résul te que
lm 'l (y ,t)'P = t (lm '-1 ~1/; + lm T1 0) ,
soit d ' après 2. lm 'l (y,t) 'P = t( Im '-1 ~ '1/J + Ker'l'.p(y)7r" ), d'o ù
lm 'l (y,tJ'P = t 'l '.p(y)Oi = '1~ 'f! (y ) O i
d' après l ,c. et ceci mon tre que 'P est une submersion.
Vu que U ; x § 1 et O i sont de même dimension 2n + 1, 'P est également une immers ion,
donc un diffëomorphi sme local et, ip étant bijecti f, on en déduit que 'P est un difféo mor-
phi sm e.
b. En outre, 7r 11 ('P(Y, t)) = 7r 11 (t 'l/J (y) ) = n"('l/J (y)) = y , soit 7r 11 o 'P = p r 1 ;
les o u verts U; , 0 :::; i s; n , constituant un recouvreme nt de IP'n(C), on en déduit que
7r 11 : § 2 " +1 --+ lP'n (IC) est une fi brati on de fibre type § 1 : § 2 n -t- l est un fibré en cercl e
au-de ssus de lP'n (C) .
EXERCICE 1.23.3
1. L' application lx est une bijecti on, de classe e= d 'après la dé fi niti on même d' un groupe
de Li e ; la bijection réc iproque l x- 1 est éga lement de classe e00 , ce qui prouve que /x est
un difféomorphisme.
2. L'application ip est une bijection car 'l ~lx : 'J ~ G --+ TxG est un isomorphi sme ;
d' après le théorème des fo ncti ons composées, on a en outre ('-1~1x ) - 1 = 'l 'xlx- 1 et la
biject ion réciproque est donc donnée par la fo rmule
1
ip - (x , w) = (x ,'l 'xlx- 1.w ) , (x , w) E TC.
N otons / : G x G --+ G l' appli cation (x, y ) >--7 x y . Appliquons la fo rmule ( 1.23 .10)
en p1-e nant pour fo nction f cette fo nction / , a z = e et v2 = v E '.l ~ G ; étant donné que
1 ( X' • ) = lx ' on en déduit que la fon ction X H (x, 'l"e rx. V ) de G dans 'l'G est e=. Qu ant
à la fonction V >--7 (x , 'l ~ lx .V) de '_l ~ G dans {X} X '1 'x G , ell e est 1inéaire donc e= et ceci
prouve que r.p est e00 •
É tudi ons de même l' ap plication 'P- 1 . Notons ·i/J : c X G --+ G l'applicati on C00
(x , y) t--7 x - 1 y . D' après la fo rmule (1.1 8. 13), on a
'-l'x ,yî/J-( v , w) = 1"',;î/J( . , y) .v + 'l"y'lf; (x, . ) .w pour ( v , w) E 'l 'x G x 'l ~ G
où '1'.y 'lj; (x, . ).w = 'l~ lx - 1 .w. En notant ·i : TG --+ 'l'G x '1'C l' applicati on
(x,w) H (( x, O), (x, w)) ,
on e n déduit que ('l'î/J o i)(x , w ) = (e, 'l'x l x- 1.w); ceci montre que l' app lication
(x, w) H Ï °x l x- 1.W est eoo et il e n est de même de r.p - 1 .
3. Étant donné que 7r o 'P = pr 1 et que, pour tout x E G , r.p induit un isomorphisme de
{x } x 'l~ G sur ?r - 1 (x ), on en déduit que 'P dé finit une tri vialisation du fibré '1 'C.
4 . L'applicati on 1 : § 1 x § 1 --+ § 1 définie par 1 (x, y) = x y est la restriction à § 1 x § 1
de l' applicati on (x , y) E I[ X I[ H xy E IC, appl ication de cl asse e00 ; ceci prouve que 1
134 CHAPITRE 1 CALCUL DIFFÉRENTIEL

00 1 1 1 1
es t C . L' app lication X E § H x - E § est la restricti on de l'application x H x- - - - - ·
définie sur ic· el de classe C00 , ce qui permet de conclure : le cercle unité § 1 est un g=====
de Lie, do nc trivia li sable.
EXERCICE 1 .24.1
n
1. Notons la di mens ion de X el pcelle de Y . Soit (U, cp) une carte de X au point a-••••
que cp( U n Y) = cp(U) n JKP ; on peut choisir U tel que cp(U) = V x W où V es
ouvert de JKP et vV un voisinage ouvert de 0 E !Kn - v. Montrons que cet ouvert U conv ii::=:=:~::::i
Si (â/fJx'') 1 5'iSn est le re père naturel de l'espace 'J~ X en un point x E U, (8/âxi)i:::;;:;;;:;;;:;;;:;;;
est le repè re naturel de l'espace 'J ~ Y au point x E Un Y associé à la carte (Un Y , 'P lu - - - - ·
et dans ce repè re on a
p . â
w(x ) = ~w ' (x )-., x EU nY,
~ x'I.
i= l
8
oll les fo nctions w i U n Y ---+ IK sont de classe Ck. Lorsq ue 1 :S i :S p, on consi- - - - -
les fonctions wi = w i 0 (cp lun Y)- l : V ---+ lK; ces fonctions sont de classe ek e
'/)Tl : V X w -+ V es t la première projection , les fo ncti ons 'Ui = wi
0 pr1 0 cp : u - -- --
sont de classe ek et prolongent les fonc ti ons w·i. Lorsq ue p + 1 ::; i ::; n, on prend vi = = = = =
Le champ de vecteurs SL1r U
n . Ô
v (x ) =~
~
v' (x ) ;::;--:-,
ux 1
x E U,
i= l
esl de classe Ck el v lunY = wl u.
2 . Le rai sonnement est analog ue à celui de l'exercice 1.22. 1. On remarq u e que
un espace localement compact dénombrable à l' infi ni (exe rcice 1.21. 1), donc normal=====
note V un voisinage o uvert de Y tel que V C U. D' après 1. , pour tout a E Y il exist=====
vo isinage ouvert Ua dea el un cham p de vecteurs 'Va sur Ua Lei que valuanY = wlua·
peul su pposer Ua C V ; o n considère le recouvrement ouvert de 0 constitué des ouv - - - -
(Ua)aE Y et 0 - Y et une partition de l' unité associée ( cpa)aE Y, cp. On note v~ le c ha m ~---­
vecteurs sur 0 égal à <pa'Va sur Ua e t à 0 sur 0 - Ua . Le champ de vecteu rs v = LaEv - - - - -
répond alors à la question.
EXERCICE 1.24 .2
1. Soit h : X ---+ lK une fonction de classe e'xi , d 'après les fo rmul es ( 1.24.6) on a
Llfv,gwJ h LjvL gw h - LgwLjuh = f L v (9L wh) - gL w(f-C vh)
Jg,l vL wh + f LvgL wh - J g.CwL vh - gLwJLv h
fg,l[ v,wJ h + f L vgLwh - g.CwfLvh
et ce dernier Lerme est la dérivée de Lie de h selon le champ de vec t====~
fg[ v, w] + (f L vg)w - (gL w f) v , ceci prouve que
[Jv, gw] = Jg[v , w] + (!L vg)w - (gLwf)v.
2. Posons n = [[u , v], w] et soit f : X -+ lK une fo nction de classe o n a alors e=,
J:., CI' J L [-u,v ]L wJ - L wL Ju ,vJ J
LuLv L wJ - L vLuL.wJ - .CwLuLvJ + LwLuLuf·
Par permutati on ci rcul aire des c hamps ·u , ·v, w, o n obtient ainsi troi s identités qui pars ~---­
mation donnent 0 ; cec i prouve que la dérivée de Lie de j selon le c hamp de vecteurs
[['U , 'v], w] + [[v, w], 'U] + [[w,'u], v]
1.28 EXERCICES DU CHAPITRE 1.D 135

vau t 0 : cc cha mp est donc nul.


EXERCICE 1.24.3
Vérifions la pre mi ère formu le, la seconde s'en déduit ai sé ment. On a
L v(9 o J)(x) < d(g o f)(x) , v(x) >=< dg(f(x)) o 'l 'x f , v(x) >
= dg(f(x)).('l 'x f. v(x ) ) =< dg(f(x)), 'l 'x f. v(x) >
= < dg(f(x)),f. (v)(j ( x)) >= (L J.(v)9)(f(x))
ce qui prouve le rés ultat vou lu.
EXERCICE 1.24.4
Soit 9 : Y -t lK une fonction de classe C2 , o n ad' après l' exercice 1.24.3
(J:, f . (l u,wl)9) 0 J L[v,wl (g 0 f) = ,(,v[, w (g 0 !) - L wL v(g 0 J)
L v((J:, J.(w)9) O / ) - L w((J:, J.(v)9) O !)
(J:, J. (v)[, J.(w)9 ) 0 J - (J:., f.(w )J:, J.(u)9) 0 J
(Lrf.(v),f.(w) J9 ) 0 f ,
d'OLJ Lf. ([u,w])9 = Lrf.(v),f. (w)J9 , et par conséque nt f.([ v, w]) = [f . (v), f . (w) ].
Chapitre 2
,
INTEGRATION
Sommaire

Ce c hapitre présente la théorie de l'i ntégrale de Lebesgue sur un espace mesuré.


La parti e A expose les é léments de la théorie de la mes ure nécessaires pour
co ns truire ensuite l'intégrale de Lebesgue. Après avoi r défini la notion même de
mesure sur un e nsemble X et expli c ité les propri étés é lémenta ires d' une me-
sure défini e sur une tribu, le paragra phe 2. 1 ex pliqu e co mment à toute fonction
F : IR--+ ~c roissante et continue à droite on p eut assoc ier une mesure µ p, ap pe-
lée mesure de Lebesgue-Stieltjes, défi ni e s ur la semi-algèbre des intervalles de la
forme ]a , b]. Le paragraphe 2.2 prolonge ensuite celle mesure à la tribu boré lien ne
de lR et, plus généralement, la méthode de Carathéodory permet de prolonger to ute
mesure dé fini e sur une semi-algèbre S à la tribu e ngendrée par S (théorème 2.2.3).
La démonstration de ce théorème de prolo ngement est délicate : e ll e consiste à
prolonger la mesure à l' ensemble de toutes les parties de X, mais ce prolonge-
me nt n'est pas une mesure, ni même add itif, ce n'est qu' une mesure extérie ure
(défi nilion 2.2.1) mais sa restricti o n à la tribu e ngendrée par S est une mesure qui
prolonge la mesure initiale. Lorsq ue la mesure initiale est a-fi nie (définition 2.2.3),
ce prolongement est unique (théorème 2.2.8). On définit ensu ite les noti ons d'en-
semb le négligeable (défi nition 2.2.4) et d'espace mesuré complet (défi niti on 2.2.5)
et nous montrons que tout espace mesuré peut être complé té (théorème 2.2.10). Le
paragraphe 2.3 applique ces divers théorèmes aux mesures de Lebesgue-Stieltjes
et établit la régularité de ces mesures : il s'agit d ' une propriété fo ndamen ta le qui
établit une relation entre la structure d 'espace mesuré et la structure topo log ique
de R. On établit e nfin l' invariance par translati on de la mesure de Lebesgue. L e
paragraphe 2.4 étudie les mesures signées, c'est-à-dire à valeurs dans ~ U { +oo},
et réduit cette étude à celle des mesures pos itives grâce au Lhéorèrne de décompo-
siti o n de Hahn -Jordan (théorème 2.4.2).
La partie B construit d'abord l' intégrale de Lebesgue. Celle construction
est en fa it particulièrement simple. On défi nit d'abord l' in tégra le des fonct ions
étagées pos1t1ves (paragraphe 2.5) et on observe que l 'appli cation
J
f i--+ f dµ est croissante ; on peut alors définir l' intégrale de toute fo nction f qui
est la limite d'une suite croissan te Un) de fonc tions étagées positives en posant
140 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

J J
f dµ = limn-too fn dµ. On vérifie que cette définition ne dépend p as du choix
de la suite Un)· Les fonctions f obten ues par ce procédé sont les fo nc tio ns mesu-
rab les positives , la notion de fonction mesurable aya nt été étudi ée au paragraphe
2.6. Ceci conduit à la noti o n de fonction intégrable (définition 2.7 . 1). On expose
ensuite les propriétés de natLJre a lgé brique de l' intégrale ainsi construite : toutes
ces propriétés sont fondamentales . Le paragraphe 2.8 s'intéresse à l'égalité presque
partout pour la raison fondamenta le suivante : s i deux fonctions mesurables f , g
ne diffèrent que sur un ensemble de mesure nulle, f est intégrable s i, el seule-
ment si, g est intégrable et les intégrales de f et g sont alors égales. Ceci conduit
en particulier à la notion de fonction définie presque partout (remarque 2 .8. l). Le
paragraphe 2 .9 expose les théorèmes de convergence. Tous les théorèmes de ce
paragrap he sont fondamentaux: théorè me de la convergence monotone, théorème
de Beppo- Lev i, lemme de Fatou et e nfin le célèbre théorè me de Lebesgue, dit de
la co nverge nce dominée. On é tudie e ns ui te l'espace des fonctions intégrables et on
montre que l'espace L 1 est complet (théorème de Riesz-Fischer). Le paragraphe
2.10 fait le lie n avec l' intégrale de Riemann et prouve que toute fonction intégrable
au se ns de Rie mann l'est au sens de Lebesgue et que les intégrales coïncident.

O n définit e nsuite dans la partie C l' intégrale de fonctions à valeurs dans un


espace de Banach. Pour des fo nc tion s à valeurs positives, l'ordre naturel sur lR+
jouait un rô le fondamental ; la mé thode utilisée ici , dûe à Bochner, es t donc néces-
sairement différente et consiste essentiel lement à complé te r) 'espace des fo nctions
étagées intégrables pour la topo log ie de la conve rge nce e n moyenne: cec i conduit
à la définition 2. 11 .2. On obtient alors aisément les propriétés é lém e ntaires de
l'intégrale et, en partic ulier, la caractérisation fo ndam enta le de l' intégrabi lité que
constitue le théorème 2. 11 .6. Ces propriétés nous permettent d'établir la formule
fondamentale du calc ul intégra l, la formu le d ' intégration par parti es pour des fonc-
e
tio ns de c lasse 1 ainsi que la formule de Taylor avec reste intégral. Le paragraphe
2. 12 a pour objet l'étude des fonctions µ-mesurables . Cette é tude, assez dé licate,
cond uit dans le cas gé néral au théorème 2. 12.2, théorème qui montre e n particu-
lier que, si la mesure es t ü-fi nie et J'espace de Banac h séparable, une fonction est
µ-mesurable s i, et seule me nt s i, e lle est T-mesurable (corollaire 2. 12 .3). Dans le
cas topologique, c'est-à-dire lorsque la mesure est régulière, le théor è me 2. 12.8
d ' Egoroff permet d'établir un lien e ntre la mesurabilité et la continuité (théorème
2.12.9). On étudie ensuite la convergence en moyenne (paragraphe 2. 13). Le para-
graphe 2. 14 est consacré à l' ét ude des intégrales de fonctions dépendant d'un para-
mètre ; tous les théorèmes de ce paragraphe reposent sur le théorème d e la conver-
ge nce dominée et sont constamment utili sés dans la pratique. Le paragraphe 2. 15
étudie la mesurabilité et l' intégrabilité par rapport à une mesure sign ée ou com-
plexe; cette étude est éléme ntaire, to ute mesure complexe étant la combina ison de
quatre mesures positives. Le paragraphe 2. 16 définit l' image directe d'une mesure
µ et le théorème 2.16.3 expliq ue comment une intégrale par rapport à cette me-
sure image se réduit à une intégrale par rapport àµ. On introduit enfin (paragraphe
SOMMAIRE 141

2 . 17) les mesures admettanl une dens ité par rapport à une mesure do nnée, le lhéo-
rè me 2. 17.2 caractérise les fo nc ti o ns intégra bl es par rappo rt à de te ll es mesures .
C eci nous permet d'établir une fo rmule de c ha ngeme nl de vari a ble dans l'intégral e
de L e besgue sur R (théorè me 2. 18.2).
L a partie D est consac rée à l'étude des mesures de Rado n, c'est-à-dire à l' é tude
du dual de l'espace C0 (X) des fonctio ns co ntinues à suppo rt compac t s ur un es-
pace locale ment compac t X. Le paragraphe 2 .19 donne une défini lion élé menta ire
des m esures de Rad o n qui ne nécess ite pas de topolog ie s ur l'espace C0 (X) et
é ta blit (théorè me 2. 19.3) que l'espace M(X; R ) des mesures de Radon est un es-
pace de Riesz ; ce théorè me est l' ana logue du théorème de H a hn-Jordan pour les
mes ures abstra ites. Le pa ragraphe 2 .20 a po ur o bjet de fa ire le li en avec les me-
s ures abstraites et es t co nsacré a u théorème 2.20 . 1 de Riesz qui affirm e que to ute
m esure de Radon pos ilive est de la forme 'P H J
cp dµ où µ est mesure régu-
li è re . La topo logie vague , qui est la topologie fa ible sur l'espace M (X) assoc iée
à la dua lité e ntre les espaces eo(X) et !VI(X), est défini e a u pa ragraphe 2 .2 1 ;
o n n o tera le théorè me fondamenla l 2.2 1.1 . Toute fon cti on continue bornée é tant
intégrable par rapport à une mesure de Rado n bo rnée, on pe ut définir sur l'es pace
J\!h( X) des mesures bornées une autre lopo logie faible, appe lée to polog ie élroite,
lo po log ie assoc iée à la dua lité e ntre les espaces Mb(X) e t eb(X) des fo nc ti o ns
continues bornées. L' inté rê t de cette to po logie tie nt au fait qu'une limite étroite
de m esures de proba bilités est e ncore une mesure de probabilités. Le pa ragra phe
2.22 est consacré aux limites induclives d ' e .l.c. e t aux premiè res proprié tés de ces
espa c es. Cec i perme t de définir une to po logie d' e. l.c. sur l 'espace C0 (X) do nt
le du al est précisément l' e nsembl e des mesures de Rad on ; o n dispose a in s i sur
!Vf(X) d ' une topo logie fo rte, à savo ir la to po logie de la co nvergence uniform e sur
to ut borné. La propos itio n 2.22.6 est une exte ns ion du théorè me du g raphe fermé et
le théorè me 2 .22.8 éte nd le théorè me d ' Al aogl u et le coroll a ire 3. 16.4 de [27] ; e n
parti c ulier, to ut ensemble borné de mesures de R adon est vag uement relati ve me nt
corn p ac t. O n étudie e nsuite assez bri èveme nt une classe impo rtante da ns les a ppli-
cati o ns de limite inducti ve, à savo ir les limites inductives s tri ctes qui possède nt de
bo nnes proprié tés (théorè me 2.22. 13) ; pa r exe mple, lorsque X est un espace lo-
cale m ent compac t dé no mb rable à l' infini , l'espace C0 (X) es t une limite indu c ti ve
stric te.
L a parti e E s' intéresse au produit de de ux es paces m esurés (Xi, 'Ji , µ i ),
i = 1 , 2 ; lorsque les mesures µ i sont a- fini es, le lhéorème 2.23.6 é ta blit
l'exi ste nce d ' une unique m esure µ sur la tribu produit te ll e que
µ(A 1 x A2) = µ 1 (A 1 ) x µ2(A2) pour to ut A i E 'I.;. On é ta blit e ns uite le théo-
rè me 2.24.2 de Fubini qui ram è ne le calc ul d' une intég rale s ur l'espace produit à
ce lui de deux intégrales success ives s ur les es paces facte urs. Ce lhéo rèm e permet
d 'éta blir des formul es d ' intégrati o n par parties (pro pos iti o ns 2.24. 10 e t 2.24 . 1 1)
plu s générales que la formul e usue ll e re lati ve à des fonc ti o ns de classe e 1 ; o n en
dédui t e nsuite la seconde formul e de la moyenne. On é tudi e e nsui te le mesure de
142 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Le besgue sur !Rn (paragraphe 2.25) do nt les propri étés sont analogues à celles de
la mes ure de Lebesg ue sur R et on établit la fo rmule de changement de variable
(théorème 2.26.2). On explique ens uite comment le théorème de Fubini permet de
convoler deux fo ncti ons intégra bles ; on o btient ainsi une structure d ' a lgèbre de
Ba nach sur l espace L 1 (!Rn ) (coro ll aire 2.27 .6). On explique enfin assez briè ve-
me nt comment on peul dé finir le produit de deux mesures réelles ou complexes,
ce qui permet de co nvoler des mes ures rée lles ou complexes défi nies sur la tribu
borélienne de !Rn, opération généralisant la convolution des fo nctions intégrables.
La partie F est consacrée à l' étude des espaces de Lebesgue. Le paragraphe
2.29 présente l'esp ace L 00 des fo nctio ns essentie llement bornées. On s' intéresse
ensuite (paragraph e 2.30) à l'espace des fo nctions de pui ssance p iè me -intégrable.
On notera l' inégalité de Hôlder (coroll aire 2. 30.3) qui joue un rôle essentiel dan s
l'étude de ces espaces. On étend ensuite les résultats obtenu s pour p = 1 : théo-
rè me 2.30.8 de la conve rgence d ominée, théorème 2.30. 10 de Riesz-Fischer, etc.
Da ns R '1, l'étude des translatio ns conduit à la continuité en moyenn e d 'ordre p
(théorème 2.32.7), outil fonda me ntal pour l' étude de la régularisation par convo-
lution (théorè me 2.33.2). C eci permet d 'établir, grâce au théorème d ' Ascoli , le
théorème 2.34. 1 de Kolmogoro ff caractéri sant les parties compactes de l' espace
LP(Q), 0. éta nt un o uvert de Rn. En utili sant la propri été fond amentale d es espaces
L 2 d 'être des espaces de Hilbe rt, on établit le théorè me 2.35 .3 de Radon-Nikodym
carac térisant les mesures adme ttant une de nsité, théorème qui perm e t d 'obte ni r
une descripti on concrète du dua l des espaces LP (théorème 2.36. 1). No us é tudi ons
e nfin la conve rgence en mes ure et ses liens avec la convergence presque partout et
la convergence d ans LP.
La partie G est consacrée à l' étude des fonc ti ons d ' une variable réelle. On
éta blit d 'abord le célèbre théorème de Lebesgue de dérivabilité des fon ctions mo-
no tones. O n montre e nsuite que toute fo nctio n à variation bornée est la diffé rence
de deux fon cti ons croi ssantes (théorème 2 .39.3 de Jordan) ; de telles foncti ons
sont donc dé rivabl es presque parto ut. On caractérise enfin (théorème 2.41. 3) les
fonctions pour lesquelles on a la formul e fo ndame ntale du calcul intégral , à savoir
la for mule f (x) = f( a) + j~x f' (t) dt ; cette caractérisation, dûe à Lebesgue, re-
pose essentie llement sur le théorème de Radon-Nikodym et conduit à l a notion de
fonc tion absolument continue.
La partie Ha pour objet d ' établir une fo rmule d ' intégration par parties à plu-
sie urs dimensions ( théorème 2.43. 1). Cette formule est présentée dans Le cadre des
variétés ri emanniennes sur lesque lles o n peut définir une mesure nature lle (propo-
siti on 2.42.3) d é fini e à partir de la métri que de la variété. En outre, sur une variété
riemanni e nne o n sa it défi nir le gradi ent d' une foncti on et la di vergence d ' un champ
de vecteurs, d 'où la défi niti on d u lapl ac ien d ' une fo nction.
La partie I es t un e introductio n à la théorie des séries de Fourier. N o us préci-
sons d' abord le comporteme nt des coeffic ie nts de Fourier : le mme de Ri emann-
Lebesgue, fo ncti ons à variatio n bornée, de classe e1.:. La théorie des espaces de
SOMMAIR E 143

Hilbert permet d 'établir la convergence en moyenne qu adratique pour des fo nc-


tion s de carré intégrable. No us présentons e nsuite le tliéorè me de Diric hlet-Jord an
concernant les fo nc ti ons à va ri atio n bornée e t 1a convergence uni forme de la série
de Fourie r des fo nc tions continues et à variatio n bornée. Au lecte ur inté ressé par
ces questions, nous ne pouvons que conseille r l'o uvrage d e réfé re nce d 'A. Zyg-
mund [30].
La tran sformation de Fourier (partie J) est d'abord défi nie s ur ! 'espace des
fonct ions intégrables ; cette transformati on échange régul a rité et corn porte me nt à
l'infini , propri été é léme nta ire, mais fo ndame rlla le. On établit e ns uite la formule
d ' inversio n pour les fo nctions intégrables dont la transformée de Fourier est inté-
g rable (théorème 2.47. 1). Cec i permet d 'établfr que la tra nsformation de Fourier
est un iso morphi s me topo log ique de l' espace de Schwartz S des fonct ions à dé-
croissance rapide s ur lui-mê me ; par dua lité, ceci perme ura de dé finir ulté ri e ure-
me nt la transformée de Fourie r de toute di stribution Lem pé rée. Grâce à la formule
d ' inversion , o n vérifie e nsuite que la transformation de Fourier est une isomé tri e
sur S pour la norme L 2 , ce qui perme t, pa r den si té, de prol o nger la transfo rma ti on
de Fourier à l'espace L 2 e t d 'établir le théorèm e de Plancherel (théorè me 2.48.2).
Les opé rateurs intégra ux (partie K) fournissent de no mbreux exemp les d ' opé-
rateurs compacts ; en particulier, e n pre nant des noyaux de carré intégrabl e, on
o btie nt to us les o pérate urs de Hilbert-Schmidt sur les espaces L 2 . O n mo ntre a in si
que l 'étude des équation s intégrales de Fredholm relève de la théorie des opéra-
te urs compacts. Nous montrerons ultérie ureme nt que de no mbreux pro bl èmes a ux
limites à une dime nsion, appelés problè mes de Sturm-Liouvi lle, se ramènent à de
te lles équatio ns intégra les.
A- Théorie de la mesure

2.1 Notion de mesure et propriétés élémentaires


Avan t d'aborder la théorie de la mesure proprement dite, il est utile d 'indiquer quel
est l'objec tif essentiel de celte théorie.
La constructi on d' une mesure sur un ensemble, par exemple sur l' intervalle
[O, l], est en fait la première étape de la constructio n de l'intégrale de Lebesgue.
L'aba ndo n de l'intégrale de Riem ann tie nt à plu sieurs raisons et, en particulier, à
la diffic ulté d'effectuer des passages à la limite dans cette intégrale. Si une s uite
f n : [O, 1J --+ R de fo ncti ons Rie mann- intégrables converge simpl eme nt, la limite
n' est pas nécessairement Rie mann-intégrable et, si o n suppose qu 'elle l' est, on n'a
pas nécessaireme nt

(2. 1.J ) lim


n-+oo j ·l
J".n (t) dt =
11 lim fn(t) dt .
n -+oo
0 0
Les passages à la limite ne se fo nt a isément que sous des hypothèses de conver-
ge nce uni forme, mais de te ll es hypothèses ne sont pas optimales comme le mo ntre
l' exemple très simpl e suivarll. Soit (an) une suite de nombres réels, on pose
2n an t si 0 ::; t ::; 1/ 2n,
f n( t) = 2an (1 - nt) si l / 2n ::; t ::; 1/ n ,
{
0 si l /n::; t ::; 1.
Cet.te suite (!,,) converge simplement ve rs 0 que lle que soit la suite (an) et con-
verge un iforméme nt si, et se uleme nt si, la suite (an) conve rge vers O. P ar ai lle urs,
on a
1
fo fn( t ) dt = an/2n
et la s uite des intégrales des fn co nverge vers 0 si, et seule ment si, la s uite (an/n)
te nd vers 0 , conditi on plus fa ible que la précédente .
L'idée fondamentale de L ebesgue es t d'o btenir (2 . L.1 ) pour toute suite crois-
sante (f~ ) de fo nc tions positives, modul o une hypo thèse de régularité qui est en
fait très faib le et to ujours vérifiée dans la pratique. A cet effet, on tente de dé finir
l'intégrale des fo nctions les plus simples, à savoir les fo nctions caractéristiques
des parties A d' un ensemble X , par exemple <le l' intervalle [O, l ] [rappe lons que
2.1 NOTION DE MESURE ET PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTAIRES 145

la fo nctio n ll A esl égale à 1 s ur A e l à 0 sur le compl éme ntaire de A ] : si ce la est


poss i ble, on pose

µ(A) = 11
ll A(t) dt
et o n dit qu e µ(A) esl la mes ure de A. S i (A 11 ) est une s uite cro issante de pa rt ies
de [O , l ], ex iger (2.J.l) pour la suite croissante de foncti o ns Un), où fn = ll A.,,,
signifie essentie lleme nt que µ est une mesure et la s ituati o n idéale serait donc de
di sposer d ' une mesureµ : '.P([O, l]) --* IR dé fii1i e sur l' ensemble de to utes les par-
ties de [O, l ]. La s ituatio n est e n fa it plus complexe c ar on démo ntre qu ' il n'est pas
possible de mes urer toutes les parties de [O, 1) e t ce fait complique sé rie useme nt la
théo1·ie.
É tant donné un e nsemble X, nous a l Ions d o nc nous inté resser à des appli ca-
tions dé finies sur un sous-e nse mble de '.P(X ) e t à valeurs clans R. O n ne pe ut se
conte nter de fo nc tio ns à val e urs fini es ; il est, par exemple, nature l de dire que la
mesu re de IR est + oo. Nous avo ns besoin de pro lo nger l'add iti o n e n tanl qu 'appli-
cati o n de R x R clans R ; ce prol o ngement se fera à R xi - {( oo, - oo ), (- oo, oo)}
en posant
x+ (+oo ) = (+oo) +x = + oo si x E ] - oo,+oo],

x +( - oo ) = (- oo ) + x =- oo s1 x E [-oo, + oo [;
ain si dé fini e, l'add iti o n est associati ve, commutative et continue, R étant muni d e
sa topologie usue lle [27, exemple 2.13.5). On o bservera que la règ le de simplifi ca-
ti on
x + z = y+ z ==> x = y
n'esl valab le que s i z est fini .
L'app licati on x H - :r: de R dans lR se prolo nge de façon nature ll e à R e n
posant - (±oo) = =t=oo . C ec i permet de clé llnir x - y = x + (- y) po ur tou t
(x, y) ER x R - {(+ oo, + oo ), (- oo, - oo) }-

Remarque2.1.l L'addition n'est pas dé finie aux deux po ints (+00, - 00 ) e t


(- cx::i , + oo ); o n ne donne pas d e sens à (+CXJ) + (- oo) et à (- oo) + (+ oo ).
Ceci nous conduira à é limine r l' un des de ux po ints +oo o u - oo et à ne considé re r
e n fa it que des applicatio ns à vale urs cla ns R U { + oo} = ] - oo, +oo] .

S i e est une partie de '.P(X), no us a ll ons cons idérer clans ce qui suil des fonc-
e
tions défini es sur e t à valeurs dans R U {+ CXJ} ou à valeurs dan s un espace d e
B anach E . Voic i une premi è re défin iti on.

e
Définition 2.1.1 Soient c '.P(X) un ensemble de parties de X tel que 0 E e et
µ: e --* RU {+oo } (ou E) une application telle queµ((()) = O.
l . On dit que µ est additive si, pour tout A, B E e tel que A U B E e et
A n B = ((J, on a µ (Au B) = µ(A) + µ (B) .
146 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2. On dit que µ est a-ailditive, ou que µ est une mesure, si pour toute suite
An E e telle que LJ:=o An E e et Ap n Aq = 0 pour tout p =/=- q, on a
oo oo n
(2 .1.2) µ( LJ
A n) = Lµ(A n) = nl~~ Lµ(Ap)·
n=O n=O p=O
Si A appartient à e. µ(A) est alors appelé la mesure de A.
Si µest additive, la condition µ(0) = 0 éq uivaut à dire queµ n'est pas identi -
queme nt égale à +oo. En e ffet , s' il existe A E e tel que µ(A ) soit fini. l'additivité
montre que µ (A ) = µ(A U Çl) = µ (A )+ µ(0) , d' où µ (0) = O.
On notera que la a-additivité implique l' additi vité: dans (2 . 1.2). il suffit de
prendre Ao = A, A 1 = B et A n = 0 pour n 2:: 2.
La définition (2.1 .2) de la a-additivité mérite des explications. Lorsque µ est
à valeurs dans un espace de Banach E, elle sig nifi e que la série de terme général
µ(An ) est convergen te et de somme µ(A). Étant donné que, pour toute permuta-
tion 7r : N ---t N, A = LJ: =oAn = LJ: =o A7r(n)> cette série est commutati vement
converge nte et, vu l' exercice 3.20. 1 de [27], la s uite (µ (An)) est donc som mable et
de somme µ(A) ; lorsque E est de dimensio n finie, cec i éq uivaut à dire que la série
L~=O µ(A n) est absolu men tconvergente. Lorsqueµ est à valeurs dan s Ru{+oo },
(2. 1.2) sig ni fie que la limite limn-->oo L:; =Oµ(A p) existe dans RU { +oo }. Cette
limite est donc soit fi nie, soit égale à + oo ; si elle est fini e, tous les µ(An ) sont
nécessairement finis et, d 'après la remarque précédente, la série L:: =o µ(An) est
abso lument convergente.
Lorsqueµ est à vale urs dans ÏÎ+, la limite figurant dans (2. 1.2) exis te toujours :
si (xn) est une suite qu e lconque de i+, toute partie finie de N étant co nten ue dans
un inte rvalle de la forme [O, 1i], on a simpleme nt
n
lim
n -HXJ
.I:xp
p=O
= s up L
J E'.T( N) p E J
XP E i+,

où '.J'(N) dés igne l'e nsemble des parties finies de N. Plus généralement, rappelons
[27 , paragraphe 3.2 1] que, pour toute fam ille (x ;);EI de i+, on pose
L X·i=
iE l
s up L
JE'.f{f} iE J
X; E ÏR+,

où '.J'(/ ) est l' ensemble des parties fini es de / . La quantité LiE J X; est alors fini e si,
et seul ement si, ( x ; ); EJ est une famille sommable de R auquel cas cette quantité
est la somme de la famille . De plus, si (hJÀ E /\ est une partition de 1, on a la
formule de sommati on par paquets (3.22.5) de [27]
(2 . 1.3) L Xi =L L X; E ÏR+.
iE f ÀE /\ iE f ;;

Si (x .;,j ) (i, j) E I x J est une famil le de i+, en écrivant


] X J = u{
iEf
i} X J = u
j EJ
J X {j} ,
2.1 NOTION DE MESURE ET PROPRI ÉTÉS ÉLÉMENTAIRES 147

on en déduit la formul e
(2. 1.4) L X;,j= LL Xi,j LL Xi,j E ~+ - =
( i, j )E l x J iE J j E J j E J iE f

Exemple 2.1.1 Mesure atomique Étant do m1é un ensembl e X et une application


p : X --+ ÏÏi+, on dé finit une mesureµ : '.P(X) --+ ÏÏi+, d ite mesure a tom ique
assoc iée à p, en posant
µ(A) = L p(x) pour tl) ut A E '.P(X) .
xE A
Le fa it que µ soit une mesure résulte de la forlllule (2. 1.3).
S i p : X --+ E est une application à valeu rs dans un espace de Banac h te lle
que la fam ille (p(x))x EX soit sommable, le théorème 3.22.2 de [27] mo ntre que
µ : Y(X) --+ E est une mesure .
E n prenant pour p l' applicati on consta nte e t égale à 1, on obtient la mes ure,
dite m es ure de dénombre ment,
Card A si A es t fini ,
µ( A) =
{
+ oo si A es t infini .
É tant donné un po int a E X, prenons po ur p la fo ncti on caracté ristique de {a} ,
on obtient la mesure notée Ôa, dite mesure de Dirac au point a,

~
si a E A,
ôa(A) = {
si a tf. A.
É tant donné q ue nous allons nous consacrer essentielle ment à l'étude des m e-
sures positives, c'est-à-dire à vale urs dans R r. une mesure positive sera appe lée
simplement une mesure s i aucune ambiguïté ne pe ut en résulter.Un e mesure à va-
leurs dans ~ U { + oo} (resp. dans C, dans un espace de Banac h E) sera appe lée
une m esure signée (resp. complexe, vectorielle) .
D ans la définiti on 2.1 . 1, aucune hypothèse n'est fa ite sur l'ensemble de parties
e; i 1 serait é videmment plus simple de travailler avec des ensembles de parties
stables par ré union fini e ou dé nombrable. C eci conduit a ux définitio ns suivantes.
Définition 2.1.2 Un ensemble S C '.P(X) d e parties de X est appelé une semi-
algèbre si on a les propriétés suivantes
( S1) 0 E S et X E S,
( S2) pour tout A, B E S, alors An B E S (stabilité par intersection fini e),
(S) {pour tout A E S, il existe une f amille finie (Ai) iE l d 'ensembles de
3
S disjoints deux à deux telle que X - A = LJ iE l A i.
Note L' introducti on de cette structure de se ini-algèbre est essentielleme nt tech-
nique ; l' intérêt des semi -algèbres tient au fa itq ue le produit de de ux se mi -algè bres
es t en core une se mi-algè bre (lemme 2.23 .1 ) alors que le pro duit de deux tribus (no-
tion d éfinie c i-dessous) n 'est pas en général u.ne tribu, ma is seul e ment une semi -
algè bre.
148 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Exemple 2.1.2 So it I = ]a,i3 [, - oo ::; o: < f3 ::; +oo, un intervalle ouvert non
vide, on note S(J) l'ensemllle des parties de I constitué de l'ensemble vide et
des intervall es de la forme a, b] où a ::; a < b ::; f3 en convenant, lorsq ue
J

b = f3, que ]a, ,8] = ]a, /3[. [l est clair qu 'on obtient ainsi une semi-algè bre sur
J , le compl éme nta ire d' un intervalle ]a, b] s'écrivant comme la réunion disjointe
d 'au plus deux intervalles de la même forme .
Définition 2.1.3 Un ensemble A c '.P(X) de parties de X est appelé une algèbre
si on a les propriétés suivanus
(Ai) X E A ,
(A 2 ) pour tout A, B E Jl, alors A - B E A (stabilité par différence).
On en déduit que l'ense mble vide(/) = X - X appartient à toute algèbre. Voici
deux autres caractérisations <l ' une algèbre qui sont utiles dans la pratique.
Proposition 2.1.1 Un ensemble A c '.P(X) de parties de X est une algèbre si, et
se ulement si, on a (Ai) et
(A ) {pour tout A, B E A , alors An B E A (stabilité par inte rsection
3
fi rue),
(A ) {pour t~ut A _E Jl, alors X - A E A (stabilité par passage au
4
complementaire ),
ou bien si, et seu lement si, OJI a (A 1 ), (A 4 ) et
(A 5 ) pour tout A , B E Jl, alors AUB E A (stabilité par réunion finie).
Preuve Si A est une algè bre , (A 3 ) résulte de la formul e An B = A - (X - B),
(A 4 ) résulte de (Ai) et (A 2 ) e t enfin (A 5 ) résu lte de
A U B = X - ((X - A) - B) .
Réciproquement, ( A 3 ) et (A 4 ) (resp. (A 4 ) et (A 5 ) ) impliquent (A 2 ) d'après l'iden-
tité
A - B = An (X - B ) = X - (X - A) u B. Q.E.D.
Toute algèbre est donc uœ semi-a lgèbre.
Une algèbre est donc stab le par toute opération de type fini construite à partir
de la réunion, de l'intersecti()n et de la diftërence. La structure d'algèbre ne suffit
pas du point de vue de lanalyse, essentiellement en raison de cette stabi lité de type
fini ; on a besoin d ' une structure plus riche que nous allons définir.
Définition 2.1.4 Un ensemble 'J C '.P(X) de parties de X est appelé une tribu si
on a les propriétés suivantes
(T1) X E A ,
(T ) {pour tout A E 'J, alors X - A E 'J (stabilité par passage au com-
2
plémentaire),
(T ) {pour toute suite An E 'J, alors LJ~=ü An E 'J (stabilité par réunion
3
dénombrable).
2.1 NOTION DE ME SURE ET PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTAIRES 149

Une tribu est do nc une algèbre stable par ré un ion dénombrable ; vu la stabilité
par p assage au complé me ntaire, une tribu est s ta ble par intersec ti o n dénombrab le
et, dans la définition précéde nte, on peut subs tltue r à l'axiome (T3 ) l'ax iome
(T) {pour toute suite An E 'J, alors n::"=oAn E 'J (stabilité par inte r-
4 section dénombrable).
Exercice 2.1.1 Montrer que toute tribu infinie est non cl énombrab le [raisonner par l'absurde, so it T
une tribu infinie dénombrable, pour tout x E X on pose

'Jx = {A E 'J; x E A} et A x = n
A ET .,.
A,

montre r qu ' il existe une panie B de X telle que (A..:) xEB soit une pa1tition de X].

Un co uple (X, 'J) constitué d ' un ensemble X et d'une tribu 'J sur X est a ppelé
un espace mesurable et o n dit alors que X est muni d' une struc ture d'espace me-
surable ; un ensemble A appartenant à la tribu 'J est dit mesura ble. S i on se donne
e n outre une mesureµ : 'J ---+ i+, o n dit que (X , 'J,µ) es t un espace mesuré et
que X est muni d ' une structure d'espace mesuré. Lorsque µ(X) = 1, o n dit que
(X, 'I,µ) est un espace de probabilité, les é léments de la tribu 'J sont appelés les
événements et µ(A) la probab ilité de l'événement A E T
Exercice 2.1.2 1. Soient (X , 'J) un espace mesurable ec J1i T ---+ ffii+. i E / , une fami lle de
mesures. On pose, pour tout A E 'J, µ(A) = I:iE I µ.;( A ), 111ontre1· q ueµ est une mes ure que l 'on
note µ = I: iE l µ ;.
2. Par exemp le, si µest la mesure atomique assoc iée à une foncti on p X -+ ÏR+, on a
µ = L xEX p(x)ôx.

Le premier problè me que se propose de résoudre la th éori e de la mesure est de


cons truire des espaces mes urés et, e n particulier, de consLruire sur IR une su·uc ture
d 'espace mes uré, c'est-à-dire une tribu 'Jet lln e mesureµ : 'J ---+ i+, telle que
tout intervalle appartienne à la tribu e t que sa mesure soi t égale à sa longueur. Plus
précisément, on mo ntrera que l'applicationµ: S(IR. ) --+ i+ telle que µ(A) soit la
lo ng ueur de l' inte rvalle A est une mesure s ur la sem i-algè bre S(JR) e t il s'ag it de
prolonger cette application e n une mesure sur une tribu contenant S(IR ). Ce pro-
blè m e est e n fa it difficile e t sa résolutio n nécessite d 'assez lo ngs développements,
mais il est essentie l de le fa ire afi n de définir ensuite l'intégra le de Le besgue.
Le le mme suiva nt va no us permettre de défi nir les noti ons d' algè bre et de tribu
e nge ndrées par un e nsemble de parties.

Lemme 2.1.2 Soit (A;) ;E J une fami lle d 'algèbres sur un ensemble X, a lors
n iE T A; est une algèbre sur X. De même, si ('Ji )iEI une famille de tribus sur
X, a lors n iE I T ; est une tribu sur X.
Précison s qu ' il s'agit de l' intersecti o n d' u11e fa mille de parties de '.P(X), au tre-
ment dit
nA;
= {A E '.P(X); A E Ai pour to ut i E J}.
iE J
150 CHAPITRE 2 INTÉG RAT ION

La dé monstration du lemm e est donc immédi ate. On en déduit cec i : si e est un e n-


semble de parties d e X , l' intersectio n de toutes les algèbres (resp. tribu s ) contenant
e est encore une a lgèbre (resp. une tribu) et c ' est la plu s petite (pour l' inclusion
entre parties de P(X)) a lgèbre (resp. tribu) contenant e ; on l' appe lle l' algèbre
(resp. la tribu ) engendrée par e.
Si A (resp. 'J) est l'algèbre (resp. la tribu) engen-
drée par e, on a e c A c Tet 'J est la tribu enge ndrée par A .
La description de l'algèbre engendrée par une semi-algèbre est très simple.
Lemme 2.1.3 Soit S une semi-algèbre sur un ensemble X , l'algèbre engendrée
par S est l'ensemble des ré 111tions de toutes les fami lles finies d 'ensembles de S
disjoin ts deux à deu.x.
Preuve Soit A l'e nsembl e d e toutes ces réunion s. D'après (A5 ), cet e nsemble A
est contenu dans lalgè bre e ngendrée par S. Il s' agit donc de vérifier que A est une
algè bre. Vérifions (A 1 ) , (A3) et (A 4 ). On note d ' abord que (Ai) résulte de (S1 ).
D'autre part, soit A, B E A , c ' est-à-dire A = LJi E I A i , B = LJj EJ B j où I , J
sont des e nsembl es fini s, les A i (resp. les Bj) appartie nne nt à Set sont disjoints
deux à de ux ; on a alors
AnB =
(i ,j) E i x J
cc qui mo ntre que A n B E A d'après (S2 ) et cec i prou ve (A 3 ). Quant à (A 4 ),
avec les mê mes no tatio ns, o n a X - A = n i E I (X - A i ) ; X - A; appartient à
A d'après (S3) e t, A étant stable par intersection fini e, ceci montre que X - A
appartient à A. Q.E.D.
Note En général , il n'exi ste a ucune constructi on, même par réc urren ce (dénom -
brable), de la tribu engendrée ; on ne dis pose d 'aucun critère d' apparte nance (autre
que la définitio n) à la tribu e ngendrée et ceci est la source de nombreuses difficultés
de la théorie.
Exercice 2.1.3 Soit (A ; )t <-i<n une famille fini e de parties d ' un ense mble X. On nol e ë l'ensemble
de toutes les appli catio ns de [l~ n] dans { - 1, l} el, pour c E ë, on pose A ,, = n :~ l A <(i ) i où
A- ; = X - A; .
1. Montrer que la famill e (A, le: Et: est une p<U1ition de X et en déduire que l' algèbre A engen-
drée par la fa mille (A ;) est éga le à l'ense mble des réuni ons de toutes les sous-familles de la famille
(Ae:).;:EE ·
2. Montrer que Card A :s; 2 (2 " ).
Exercice 2.1.4 Pour tout ensemble de parties e C '.P(X), on pose
ê= {A - B; A , BE e},
puis eo = e et Cn+ l = ê.,, pour IOUI entier n . On suppose que 0, X E e .
1. Montrer que A = U~o ê,i. est l'al gèbre engendrée par e.
2. Si e est infini , en déduire que Card .Il = Card e [utiliser le théorème 1.9.9 et l e mme 1.9.4 de
[27)].

Si µ : S -+ ÏR+ est une mesure dé fini e sur une semi -algèbre, il est alors élé-
menta ire de prolo nger µ en un e mesure s ur l'algèbre enge ndrée par S. On pe ut plus
généraleme nt s' intéresser au prol ongement de foncti ons additives, ma is la simple
addi ti vité ne suffi t pas et o n ut ilisera la noti on sui va nte.
2.1 NOTION DE MESURE ET PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTAIRES 151

Défi11ition 2.1.5 Soient e c '.P(X) un ensemvle de parties de X telle que 0 E C


etµ : e --+ IR. u {+oo}(ou E) une application telle que µ(0) = O. On dit queµ
est f-additive si, pou r toute famille finie (Ai ) iE I d' en.sembles de(; disjoints deux
à deux et dont La réunion appartient à e, on a

µ(LJ Ai ) = Lµ (Ai )·
iE l ·iE f
U11e fonction f-additive est év idemme nt additive e l une fonction additive défi-
nie sur une algèbre est f-additive.
Proposition 2.1.4 Soient S une semi-algèbre, Jl l'algèbre engendrée par S et
µ : S --+ ÏR+ une fonction f- additive, alors il existe une unique fonction addi-
tive v : Jl --+ ÏR+ qui prolonge µ. De plus, si µ est une mesure, v est une mesure.
Pretave 1. Soit A E Jl, il exi ste une famille finie (Ai) iE I d 'ense mbles de S
di sjoints de ux à deux telle que A = u i E / A i . S'il existe une fonction additive
li : .A --+ ÏR+ qui prolonge µ , on a nécessa irem ent v(A) = L iE J µ(A;). Ceci
prou "e l'unicité d' un éventuel prolongement. Quant à l'ex istence, il s ' agit de véri-
fi e r que v(A) ne dépend pas du choix de la famille (A;). Supposons que
A = LJj E J B 1 où J est fini et où les B1 appartiennent à S e l sont disjoints
de ux à de ux. Les ensembles A i n B 1 appartiennent à S d'après (S2 ) ; la famille
(A; n B 1 )J EJ constitue une partition finie de A i et, µétant !-additive, o n a donc
µ(Ai) = LJ E J µ(A in BJ) , d 'où
Lµ (A;) = L L µ (Ain BJ) = L µ(Ai n BJ)·
iE J i EJ j E J (i,j )E l x J

En considérant la famille (Ai n B 1 )iE J, on vérifie de mê me que


Lµ(B 1 ) = L µ(Ai nB1 ) .
j EJ ( i ,j) E i x J

Ceci prouve que I:i E J µ (A;) = Lj EJ µ( Bj )- La fonction li : Jl -t ÏR+ est donc


bie n définie.
2. On vérifie ensuite que li est additive. Soient A, B deux e nsembles di sjoints
de Jl ; on pe ut écrire
A = LJ A; et B = LJ B j
i EJ .i E J
où I et J sont finis, les A; (resp. les B 1 ) appartiennent à Set sont di sjoints deux à
de ux. li en résulte que AUE est la réunion des ensembles Ai et B 1 qui constituent
une famille finie d 'ensembles de S disjoints d e ux à deux et par conséque nt
v(AUB) = Lµ(A ;) + Lµ ( BJ) = v(A) + v(B) ,
iE J j EJ

ce qui prouve l'additivité de v.


3 . Lorsqueµ est une mesure, vérifions que v est une m es ure . Soit (An) une
suite d'ensembles de A disjoints deux à deux dont la réunion A appartient à A. On
152 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

pe ut écrire

iEl jEJ.,.
où les ensembles I et l n sont finis, A i, Bj E S, les (A i ).iEI sont disjoints deux
à deux ainsi que les (BJ )j E.J,. ; bien entendu , on peut supposer les ellsembles l n
di sjoints deux à de ux.. On a
v(A) = Lµ(A i )etv(An) =
L µ(BJ)·
i El jEJ,,
Posons J = LJ~= ü ln, J est dénombrable et les (Bj )j EJ sont di sjoi nts de ux à
de ux. Étant donné qu e Ai = LJJEJ(Ai n Bj), Bj = LJiE 1 (Ai n Bj), on a d 'après
la Œ-additivité de µ
µ(A i ) = 2::1.AAin BJ)etµ(BJ) = Lµ(A inBj ),
j EJ i E/
d'où

i E / jEJ (i,j) EI x J
d ' après la formule (2.1.3). On a de même
OO OO

L L µ(Bj) = Lµ (BJ)
n=O n=Oj EJ ,. j EJ
L L µ (A i nBJ) = L µ(A ; n Bi)
j EJ iE l (i ,j)E f x J
et ceci prouve que v(A) = 2=:=o v(An) et la Œ-additivité de v. Q .E.D.
Voici les premières propriétés des mesures définies sur une semi-algèbre.
Proposition 2.1.5 Soient S une semi-algèbre et µ : S -+ ÏR+ une jonction f-
additive.
1. Soient A , B E S tels que B C A, alors µ(B) S µ(A) : µ est une application
croissante. En outre, si A - B appartient à S et siµ ( B ) est fini, on a
µ (A- B) = µ(A) - µ (B).
2. Soient A E Set (An) une suite d 'ensembles de S disjoints deux à deux, alors
OO OO

U
An C A ===> L Jl(An) S JL(A).
n=O n=O
3. Soient A, Ap E S, 0 ::::; p S n, alors
n n
A C LJ Ap ====? µ (A) S Lµ(A p) (so us-additivité).
p=O p=O
4. On suppose queµ est une mesure, soient A E Set (An) une suite d'en-
sembles de S, alors
OO OO

A C LJ An ====? µ(A) S L µ( An) (cr-so us-additivité).


n =O n=O
2.1 NOTION DE MESURE ET PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTA IRES 153

Preuve En prolongeantµ à l'algèbre A engendrée par S, on pe ut supposer queµ


est définie sur une algèbre.
1 . Étant donné que A = B U (A - B) où A - B E A d'après (A 2 ),
on a µ(A) = µ (B) + µ(A - B), d' où µ(B) :::; µ(A) et, si µ (B) es t fini ,
µ(A - B) = µ (A) - µ(B).
2. On a LJ;=oAr c A pour tout entier n où LJ;=oAv appartient à l' algèbre
A; d'après 1. et l'add iti vité deµ, on e n déduit
n n

p= O p= Ü

et ceci permet de conclure.


3. On peut écrire
n n

p= O p=O

p- 1
Bo = An A 0 , Bp = A n Ap - LJ Bq pour 1 :::; p :::; n.
q= O
Ces ensembles Bp appartiennent à l'algè bre A, sont disjoints deux à deux et
Bp C Av ; d'après l' additivité deµ , on en déduit µ(A ) = z::=;=Oµ(B p) e l d'après
1. µ(Bp) :::; µ(Av), ce qui permet de conclure.
4. Le raisonnement est semblable au précédent. On écrit
OO OO

n =O n=O

n - 1

Bo = A n Ao , Bn = An An - LJ B 11 pour n 2'. 1.
p= O
Ces ensembles En appartienne nt à l'algèbre A, sont di sj oints deux à deux et
E n C An ; on en déd uit µ(A) = L ~= O µ(Bn) d'après la u-additivité de µ el
on conclut com me ci-dessus. Q .E.D.
Proposition 2.1.6 Soit µ : S --+ ÏR+ une mesure définie sur une semi·algèbre S.
1 . Soit (An) une suite croissante d'ensembles de S dont la réunion LJ~=ü An
appartient à S, alors
OO

(2.1.5) µ( LJ An) =
n =O
li m µ(An)= s upµ (An ) (continuité supérieure).
n-+oo n EN

2. Soit (An) une suite décroissante d 'e nsembles de S dont l'intersection


n~= o An appartient à S, alors s'il existe un entier n tel que µ(An) soit fini, on a

(2.1. 6) µ( n
OO

n=O
An) = n-+oo
lim µ(An) = inf µ(An)
n EN
(continuité inférieure).
154 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve Comme pour la proposilion précédenle, o n peut supposer que la mesureµ


est définie sur une algèbre A .
1. Notons d ' abord que, d ' après la propos ilio n 2.1.5 1 , la suite (µ(An)) esl crois-
sante.
S' il existe un e nlier n te l que µ(An) = +oo, on a limn-too µ(An) = +oo el
µ(LJ~= O µ(A n)) = +oo d 'après la cro issance deµ , ce qui dé montre (2. l.5) dans
ce cas.
Si µ (An) est fini pour toul n, on a
OO OO

LJ An = Ao U LJ (An+l -
An)
n=O n=O
où les e nsembles Ao, An+l - An appartie nne nt à A e t sont disjoints de ux à deux ;
d' a près la cr-additivilé de µ , on a donc
OO OO

µ( LJ An) = µ(Ao) + L µ(An+l - An);


n=O n=O
d ' après la proposition 2.1.51, on a µ(An+l - An) = µ(An+l) - µ (An), d 'où
OO n
µ( LJ An) = µ(Ao) + n-too
lim L (µ(Ap+1) - µ(Ap)) = lim µ(A n+ i) ,
n-too
n=O p=O
ce qui prouve le résultal vou lu .
2. On observe que la s uite (µ(An)) est décroissanle ; vu l'hypothèse, on peut
do nc s upposer tous les J.L(An) fin is. La suite (Ao - An) est a lors une suite crois-
sante dont la ré uni on est Ao - A en posant A = n~=ü An . D 'après 1 ., o n a donc
µ(Ao - A) = limn-HX> µ(Ao - An) ; µ(A) e t µ(An) étant fini s, o n a
µ(Ao - A) = µ(Ao ) - µ(A) et µ(Ao - An)= µ(Ao ) - µ(An) ,
d'où µ(Ao) - µ(A) = µ(Ao) - limn _, 00 /.t(An) et o n conclut en utili sant le fait
que µ(A 0 ) esl fini. Q .E .D.
On notera que la propriété de co ntinuité infé rie ure suppose µ(An) fini po ur
n assez gra nd, alors qu ' auc une restriction de ce type n'est faite pour la conti-
nuité s upérie ure . La continuité inférie ure pe ut e n effet ê tre e n défaut s i o n ne fait
pas cette hypolhèse de finitude. Par exemple, si µ : '.P(N) --t R+ est la mesure
de dénombrement, prenons An = [n, +oo[ ; on obtienl ai ns i une suile décrois-
sante d 'ensembles d'i nlerseclion vide el µ(An) = +oo pour tout n a lors que
µ(n::"=o An) = µ(0) = O. On peut évidemment s'étonner de ce comporte menl
différe nt des s uites croissantes et décroissantes : celle dissymétrie a pour orig ine
le fa il que µest à valeurs dans R+, e l no n pas dans lR.
Exercice 2.1.5 Soient (X , T , µ ) un espace mesuré et (A n) une suite d'e nsembles rnes urab les, on
pose

hmin fAn=
n--t oo
OO

LJ n
OO

n = O p= n
Apel lim s upA n=
n-+oo
n LJ
OO

n = Op= n
OO

Ap.

Mo ntrer que ces ensemb les sont me surables, que


µ(lim inf An) :<:::: li m inf µ (A,,),
n--too n-+oo
2.1 NOTION DE MESURE ET PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTAIRES 155

el, s' il ex iste un e nt:ie r n te l que µ ( LJ ~ n A p) soit fin i, qu e

µ(l im s upA n) :::0: li m supµ(A n) .


n--+oo n-)-cx::i

Exercice 2.1.6 So it (X , 'J, µ) un espace mesuré et s o it (A n) une s uite d ' ensembles de 'J te lle que
2::';°= 0 µ(An) < oo, montre r que µ (lim SUPn-too An ) = O.
Exercice 2.1.7 Lemm e de Borel-Cantelli Soit ( X , 'J, µ ) un espace mesuré te l que µ (X ) = 1.
1 . So it (A; )i E / une famille d'ense mbles de 'J tell e que, po urtoute parti e fini e J E '.f(l ),

(2.1.7) µ( n A.,)= n
iE J ·i E J
µ (A ; ) .

On dit al ors que le s é véne me nts (A ;) sont indépe ndants. Lorsque J = 0, on convie nt que
n iE 0 ... = X e l I1 iE 0 ... = 1 de telle sorte que (2 . 1.7) est to ujo urs vérifié dans ce cas.
a. Montrer que, pour toutes parties fi ni es di sj ointes J, K E :J(f),

µ( n
iE J
Ain n
iE K
(X - Ai) ) = II µ ( Ai) II (1 -
iE J
X
iE K
µ ( A ;) )

[raiso nner par récurre nce sur le cardinal de K].


b. En déduire que (2. 1.7) est équi valent à

(2 .1.8) µ( n(X - Ai) ) = II


iE J iE J
(1 - µ ( A ; )) po urtout J E '.f(J) .

2 . Soi t (An) une suite d 'ensem bles de 'J vé rifi a nt la proprié té (2. 1.7) et telle que
l::':°= o µ( An) = +oo, montrer que µ(l im s upn-+ oo A ,.) = 1 [écrire

li m in f(X - 11.,, )
n--+ oo
=
OO

LJ Br o ù B p =
p= O
n
n= p
OO

(X - An),

puis B p = n ~ P B pq où B p q = n %=r( X - A ,,) et utiliser l ,b. pour majorer la mesure de Bpq (on
rappe l le q ue l - x :S e-x pour tout x E ~)] .

Voic i un dernier exempl e de mesures, il s 'agit des mesures de Le besgue- Sti e ltjes.
Cel e xemple est fo ndamental car, d' une part il permettra de construi re la mes ure
de L e besgue, d ' autre part on obtie nt ainsi to utes les mesures intéressantes s ur lR.
C es mesures seront d 'abord dé fini es sur la se mi-algèbre S(I) (exemple 2. 1.2) .
Si F : I -+ lR es t un e fo ncti on croissante co ntinue à dro ite, o n pose
F(a ) = \im F( x ), F(/3 ) = lirn F( x )
x-->a x--> {3
x>a x<f3
et
(2. 1.9) µ p(0) = 0 et = F( b) - F (a), a S: a < b ::::; /3 .
µp(]a ,b])
Nous all ons vé rifier que µ p : S(I) -+ R+ est une mesure. Nous utili serons le
Lemme 2.1.7 So it ]ap , bp[ C I , 0 ::::; p ::::; n, une fa mille fin ie d 'intervalles ouverts
recouvrant un. interva lle compact [a, b], alors
n
F(b) - F(a) ::::; L (F(br) - F(ap) ).
p=O
156 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve On ra isonne par récllrre nce sur n; lorsque n = 0, on a [a ,b] c ]a0 , b0 [,


d 'où F(b) - F(a) 'S F(bo ) - F(ao) d'après la croissance de F. Supposons le
le mme démo ntré pour n - 1. Il existe un inLervalle ]ap , bp[ qui contie nt le point b
et o n pe ut supposer qu ' il s'ag it de l'intervalle ]an, bn[.
Si an ~ a, on a
n
F(b) - F(a) ~ F(bn) - F(an) ~ L (F(bp) - F(ap)) .
p=O
Si a < an < b < bni on a [a , an] c LJ;:~ ]ap, bp[, d ' où, d'après l'hypothèse
de réc urrence,
n- l

F(an) - F(a) ~ L (F( bp ) - F(ap)).


p=O
On a d 'autre part F (b) 'S F( bn), d'où F(b) - F(an) ~ F(bn) - F(an) el, vu
l' inégalité précédente, cec i pe rmet de conc lure. Q.E.D.
Proposition 2.1.8 Quelle q11e soit la fon ction F : I --+ R croissante et conti-
nue à droite, l'application µp : S(I) --+ ~+ est une mesure, appelée mesure de
Lebesg ue-Stieltjes associée à F. Lorsque Fest l'application identique, la mesure
µp correspondante est appelée la mesure de Lebesgue.
Note La fo nc ti on Fest appe lée la fo nctio n de ré partiti o n de la mesure µp.
Preuve 1. On vérifie d 'abord que µp es t !-additive. Considérons des intervalles
disjoints Jp = ]ap, bp] E S(J), 0 ~ p 'S n, te ls que la réunion J = LJ;=üJP ap-
pa rtienne à S(J), soit J = ]a , b] . Quille à modifier la numérotatio n de cette famille
finie d'intervalles, on peut supposer que
a = ao < bo = a1 < b1 = .. . = an < bn = b;
on a alors
n n
µp(J) = F(b) - F(a) = L(F(bp) - F(ap)) = L µp(Jp)·
p=O p=O
2. Soient J,, = ]an, bn] E S(J) une suite d' interva lles disjoin ts dont la ré union
J = LJ:=o Jn appartient à S (1), soit J = ]a, b] . M ontron s que
OO

µ p( J ) ~ 2= µ p( l n);
n=O
vu la propos ition 2.1.5 2 , cec i prou vera la a-additivité de µp.
Soient E > 0 et En > 0 une suite de réels telle q ue I::=o En ~ E. Pour
chaque e ntier n tel que bn < /3, on peul trouver un réel 0 < lin < /3 - bn tel
que F(bn + Ôn) ~ F(bn) +En d 'après la continuité à droite de F a u point bn
et, si bn = /3, on prend Ôn = O. Po ur to ut intervalle compact [a' , b'] C ]a, b], o n a
[a' )b'] c u:=o ]an, bn + c5,,,[ et, d 'après Borel-Le besgue, il ex iste Ull e ntier n tel
que [a', b'] C u;=O ]ap , bp + c5p[ et,VU le le mme 2. 1.7,
n n n
F(b') - F(a') 'S °L,(F (bp + Ôp) - F(ap)) ~ L (F(bp) - F(ap)) + L EP,
p=O p=O p= U
2.2 PROLONGEMENT DES MESURES PAR LA MÉTHODE DE CARATHÉODORY 157

d'où
OO

F(b') - F(a') :S L(F(bn) - F(an)) + E.


n= O
On obtient le résultat voulu, d ' une part en faisant tendre a' vers a, F étant continu
à droite au point a lorsque a > a, d'autre part en prenant b' = b si b < (3, sinon
on fait tendre b' vers (3 ; il ne reste plus ensuite qu'à faire tendre E vers O. Q .E.D.
A ce stade de l'exposé, il est essentiel de comprendre, sur l' exemple le plus
simple de la mesure de Lebesgue, que nous n'avons dit que bien peu de choses. En
effet, nous avons s imple ment écrit, et apparemment d 'une façon fort compliquée,
que l a longueur de l' intervall e ]a , b] est égale à b - a. Cette mesure n'est dé finie
pour l' instant que sur l'algèbre e ngendrée par la sem i-algèbre S(IR). Le problème
fondamental, résolu dans le paragraphe suivant, est le prolongeme nt de cette me-
sure à la tribu engendrée par S(IR) . Ce prolongement se fera d'abord à tout '.P(IR),
mais ce ne sera pas une mesure ; on obtient seu lement une mesure extérieure, no-
tion que nous a llons définir et étudier maintenant.
Exercice 2.1.8 Soient Jl une algèbre sur un espace compact X et I' : A -+ ÏR+ une fonction additive
telle que , pour tout c > 0 et tout A E Jl, il ex iste B, C E JI tel que
B C A C Cet µ( C - B) ::=; c .
M ontrer alors queµ est une mesure Lsi (An) est une suite d'ensembles de Jt di sjoints deux à deux
dont l a réunion appartient à A , utili ser des ensembles B , Cn E A tel s que B C A, An C Cn,
µ (A - B) :S: ê'. , µ (Cn- An) :Scn OÙ ê'. n > Oet L: ~= o ê'.n :Sc ].

2.2 Prolongement des mesures par la méthode


de Carathéodory
Définition 2.2.1 Soit X un ensemble, une application µ * : '.P(X) -+ IR+ est ap-
pelée une mesure extérieure si
(2.2.1) µ * (0) = 0,
pour tout A, B E '.P(X),
(2.2.2) A c B ====? µ*(A) :S µ *(B) (µ * est une application croissante) ,
pour toute suite A n E '.P(X),
OO OO

(2.2.3) µ* ( LJ An) :S 2..:: µ*(An) ( a-sous-additivité).


n=O n= O

Toute mesureµ : '.P( X) -7 IR+ est une mes ure extérieure d 'après la proposition
2.1.5 4 ; inversement, une mesure extérieure 11'est pas en général une mesure, ni
même une fonction additive. L'intérêt essentiel des mesures extérieures réside dans
le théorème 2.2.1 qui dit que la restriction deµ, * à une cerLaine tr ibu sur X est une
mesure ; à toute mesure extérieure, on peut donc associer une mesure et ceci sera
à la base même du théorème de prolongement étudié dans ce paragraphe . La tribu
à laquelle nous venons de faire a llusion sera défi nie de la façon suivante.
158 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Définition 2.2.2 Carathéodory Soit µ* : '.P(X) --+ ÏR+ une mesure extérieure,
une partie A E '.P(X) est dite µ*-mesurable si.
(2 .2.4) pour tout E E '.P(X), µ*(E) = µ*(E n A) + µ*(E - A).
Cette défin iti o n m ys téri e use, dont la seule justificati on réside da ns les th éo-
rè mes qu i vo nt être éta bli s, est une propriété d 'additivité de µ * re lative à la réunion
des deux ensembles di sj oints En A et E - A. Remarqu ons que, d 'après la a--sous-
additivité, on a toujours
µ*( E ) :=:; µ*( E n A )+ µ*(E - A) ;
l' inégalité opposée étant vérifiée dès q ue µ*(E ) = +oo , on pe ut dire q ue A est
µ *-mes ura bl e si, et seul eme11t si, pour to ut E E '.P(X) tel que µ*(E) < oo, on a
(2.2 .5) µ*(E ) 2: µ*(En A)+ µ*(E - A).
On a alors le
Théorème 2.2.1 l 'ensemble M des parties µ*- mesurables est une tribu et lares-
triction deµ* à JY( est une mesure.
Preuve 1. On vérifi e d 'abord que M est une algè bre. Vérifio ns (A 1 ), c'est-à-dire
que X est µ *-mesura bl e; e 11 effe t, (2.2.4) s' écrit simple ment µ*(E ) = µ*(E).
Vérifi ons e ns uite (A 2 ) ; soient A , B E JY( et soit E E '.P(X) tel que µ* (E) soit
fini. D' après (2 .2.4), o n a
µ*(E ) = µ*(E n B) + µ*(E - B) ,
µ*(E - B) = µ *((E - B) n A) + µ*((E - B) - A) ;
e n addi tio nnant ces de ux égalités et en s implifiant parµ* (E - B) qui est fini car
µ*(E - B) :=:; µ*(E) < oo, on obtient
µ*(E) = µ,*(E n B) + µ*((E - B) n A)+ µ*((E - B) - A).
Noto ns que E - (A - B) = (E n B) U ((E - B) - A), d 'o ù, vu (2 .2.3),
µ*(E - (A - B)) :S: 1;,*(E n B) + µ*((E - B) - A)
et, par conséquent
µ*(E) 2: µ*( (E - B) n A) + µ*(E - (A - B))
et, vu que (E - B) n A = En (A - B ), ceci montre que (2.2.5) es t vérifié par
A- B.
2. On vérifie ensuite que M est une tri bu et que la res triction deµ* à cette tribu
est une mesure. Soit (An ) une suite d' ensembles µ *-mesurables de ré union A ; il
s'agit de vérifier que A est µ,*- mesura ble. On peut supposer les An di sjoints deux
à de ux : en effet, posons A~ = Ao et A~ = An - LJ;~~ Ap pour n 2: 1 ; M étant
une algè bre, on obtient a ins i une suite (A~) d'ense mbles de JY( di sj o ints deux à
de ux et de ré union A.
Montrons alors que, pou r to ut E E '.P(X) et to ut entier n,

(2 .2.6)
n
µ* (E n En) = I >*(E n Ap) où E n=
p= Ü
un

p=Ü
Ap.
2.2 PROLONGEMENT DES MESURES PAR LA MÉTHODE DE CARATHÉO DORY 159

On raisonne par récurrence sur n, la propriété é tant vérifiée pour n = O. Supposons


(2.2.6)n démontré et écrivons que B n est µ "·mesurable en substituant E n Bn+l
à E dans (2.2.4) ; on obtient
µ* (E n Bn+i) = µ*((En Bn+1) n Bn) + µ"((E n Bn+1) - Bn)
où (E n Bn+i) n Bn = E n Bn et (En Bnt-1 ) - Bn = E n An+1, d 'où
µ*(E n Bn+i) = µ *(En B,,,) + µ*(En An+ 1)
et cec i prouve (2 .2.6)n+l compte tenu de (2.2. 6)n·
On a par ailleurs, B n étant µ*-mesurable
µ*(E) = µ*(En Bn) + µ*(E - Bn) ,
d'où, vu (2.2.6)n el la croissance deµ *,
n
µ*(E) ~ L µ*(E n A p) + µ*(E - A)
p= O
et par conséquent
(X)

(2.2.7) µ*(E) ~ L µ*(E n An)+ µ*( E - A) ;::: µ*(En A) + µ* (E - A)


n =O
en utili sant la O"-sous-additivité de µ* .
Il e n résulte d'abord que A est µ*-mesurable et M est donc bi e n une tribu.
On en déduit égaleme nt que dans (2.2.7), les inégalités sont e n fa it des égalités ;
en particulier, en prenant E = A dans la 1>remière de ces égalités, on obtient
µ*(A) = I::::='= o µ*( An) et cec i prouve que la restriction deµ* à M est une me-
sure. Q .E .D .
Exercice 2.2.1 Soient X un espace métrique etµ* : '.P(X) -+ ~+ une mesure extérieure. L'objet
de cet exercice est de démontrer l' éq uivalence des de ux ~ropriétés suivantes:

(2.2.8) tout ouve11 de X estµ ' -mesurable ,

pour to ut A , B E '.J'(X), A # 0, B f 0 et d(A, B) > 0,


(2.2.9) { alorsµ*(A U B) = µ*(A)+ µ * ( B) .

1. Pour montrer (2.2.8) ===> (2.2.9), écrire que X - A estµ* -mesurable en prenant E = AU B
comme ensemble test
2. Pour prouver la réciproque, so ient 0 un ouvert non vide et E E '.P(X) te l queµ* (E) < oo ;
on pose, pour tout entier n 2: 1, Fn = {x E X ; d( x, X - 0) 2: l/n} et

G1 = F1, Gn+l = Fn+ l - Fn pourn 2: 1.


Établ ir alors les inégalités sui vantes

(2.2.10) µ*(En Fn) + µ*(E - 0) S µ*( E),


OO

(2.2 11 ) µ*(En r"n ) S µ*(EnO)S µ*(E n Fn)+ 2::= µ* (EnGk),


k= n + l
n n
(2.2 12) L µ*( En G2k + 1) S µ*( E ) et L µ*(En G2k) S µ*(E).
k= O k= 1
En déduire que limn -->oo µ*(E n F,,) = µ* ( E n O) et conc lure.
160 CH APITRE 2 INTÉGRATION

Exercice 2.2.2 M esure de Hausdorff Soit X un espace métriq ue séparable, pour toul e > 0 et tout
a> 0, on pose
OO

µ;( A)= inf I)ctiam An)°', A E '.P( X ),


'.R .,( A ) n = O

où '.R 0 (A) désigne l' ensemb le des reco uvrements dé nombrables de A par des ensembles dont le dia-
mètre est s; E:. On convient que le diamètre de lensembl e vide est égal à O.
1. Montrer que µ ; : '.P(X)-+ i+ est une mesure ex térieure.
2. Montrer queµ ; s; µ;, si 0 < e' s; E:.
3. On poseµ" (A) = sup 0 0 ;•;( A), montrer queµ * est une mesure ex té rieure.
4 . En utilisant l'exercice 2.2. 1, montrer que tout ouvert de X estµ* -mes urable.

Nous allons utiliser cc t héorè me pour prolonger une mesure défi nie sur une
semi-algèbre, so it µ : S --t ÏR+ ; il faut donc construi re une mesure ex t érieureµ *
qui prolonge µte ll e que la tribu des ense mbles µ *-mes urabl es contienne S ; par
res tri ction à cette tribu on obtiendra une mes ure prolongeantµ .
Nous construi ro ns des m esures extérieures en utili sa nt la proposition sui vante.
Proposition 2.2.2 Soien1 e c '.:P(X) un ensemble de parties de X tel que
0, X E e et µ : e --t i+ une application telle que µ (0) = 0, on p ose, pour
tout A E '.:P(X),
OO

(2.2. 13) µ* (A) = inf L µ(An)


'.RA n = O

où '.RA désigne L'ensemble de tous les recouvrements dénombrables (An) de A


par des ensembles An appwtenant à e. Alors, µ* : '.:P(X) -+ IR+ est une mesure
extérieure, dite mesure extérieure associée àµ.
Preuve On notera d 'abord que '.RA est non vide : o n obtient e n e ffet un recouvre-
ment de A en prenant An = X pour tout n. La fonction µ* est donc bi en définie
et à valeurs dans IR+. E n prenant An = 0 pour tout n, on co nstate queµ * (0) = O.
S i A C B, alorsµ* (A) ::::; µ,* (B) car tout recouvrement de Best un recouvrement
de A.
Montron s queµ* est a-so us-additive. Soit (An) une suite de parties de X de
ré union A, so ient c > 0 et (en) une suite de rée ls > 0 telle que 2.:::::='= o En ::::; E.
D'après la définition d'une borne inférieure, il existe des ensembles An,p E E,
(n, p) E N2 , tels que

An c uOO

]J= Ü
A n,p e t
OO

L µ (An,p) ::::; µ*( An) + En,


p= Ü

d ' où
OO

A C LJ An ,p et L µ(An ,p) ::::; L µ*( A n)+ E


(n,p)EN 2 (n,7J)EN 2 n=O

et, (A 11 ,p)(n ,p)EN2 étant un recou vrement dénombrable de A par des ense mbles de
e, ceci prouve que µ*( A ) :::; L :=: ='= oµ*(An)+ E, d'où la a-so us-additivité deµ *
en fai sant tendre E vers O. Q .E.D.
2.2 PROLON GEMENT DES MESURES PAR LA MÉTHODE DE CARATHÉODORY 161

Théorème 2.2.3 Soient S une semi-algèbre sur un ensemble X et µ : S --+ R+


une mesure, alors la mesure extérieure µ* associée à µ p rolonge µ , la tribu M
des ensembles µ*-mesurables contient S, don c la tribu 'J engendrée par S. Les
restrictions de µ * à 'Jet à M sont donc des mesures qui prolongentµ.
Preuve 1. Montron s que µ * prolonge µ . Soit A E S, en prenant Ao = A e t An = 0
pour n ::'.'. 1, o n con state d 'abord que µ*(A) ::; µ (A). L' inégalité opposée rés ulte
de ]a <T-sou s-additivité de µ (propos ition 2. 1.54 ).
2. JI nous res te à vérifier que M contie nt S. Montrons d'abord que, po ur tout
E,A E S,
(2.2.14) µ (En A) + µ * (E - A) ::; µ(E) .
D'après le lemme 2. l.3, E - A appartenant à l' algèbre engendrée par S, o n a
E - A = u i E I Ai où (Ai) iE I est une fa mille finie d 'e nsembles des di sjo ints
deu x à deux. On a donc E = (En A) U LJ iE f A ; et, d'après la u-additi vité de µ ,
µ (E) = µ (E n A ) + L µ (A ;)
iEf
et ( 2.2. 14) en rés ulte vu la définiti on de µ * (E - A) .
Ceci va nous permettre de montrer que tout A E S est µ *- mes urabl e. Soit
E E '.P(X) , pour tout é > 0 il existe un reco uvrement dénombrable (En) de E par
des ensembles En de S tel que
OO

n=O
et, d 'après (2.2. 14), µ (En n A) + µ*(En - A) :S Jt(En), d'où
OO OO

L
µ (En n A) + L
µ *(En - A) :::; µ *(E) +é ;
n=O n=O
la a-sous-additivité de µ * montre alors que
µ*(En A) + µ*(E - A) ::; µ*(E) + é
et, > 0 étant arbi traire, ceci pro uve que A est µ*- mesurabl e.
é Q.E. D.
On peut appliquer le théorème 2.2.3 à une mesure défini e sur une tribu ; la
formule (2.2.13) se simplifi e alors de la façon sui vante.
Pr()position 2.2.4 Soient (X, 'J, µ ) un espace mesuré etµ * la mesure extérieure
associée à µ, alors
(2.2 .15) µ *(A) = inf µ (E ) po u1- tout A E '.P(X).
B E'J
B~A

Preuve Soit E E 'J, E :J A, on obti ent un r ecouvrement dénombrabl e de A e n


posant A 0 = E et A n = 0 pour n ::'.'. 1, d 'où µ*(A) ::; µ( E) et ceci montre que
µ* (A) :S inf B E 'J µ (E) .
B~A
Inversement, soit é > 0, il exi ste une suite En E 'J te lle que
OO OO

A C LJEn et L
µ (B,,) :S µ*(A) + é,
n=O n=O
162 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

posons B = LJ~=O Bn E T , d'après la a-so us-additivité deµ, on en d éduit que


µ(B) ~ µ*( A) + E el ceci permet de conclure. Q.E.D.
Corollaire 2.2.5 Soient (X , T , µ) un espace mesuré et µ* la mesure extérieure
associée à µ, alors pour to1tt A E '.P(X) il existe B E T tel que A C B et
µ*(A) = µ(B) .
Preuve Soit (en) une suite d e réels > 0 convergeant vers 0, a lors il existe Bn E 'J
te l que A C Bn et µ (B n) ::; µ*(A) + En. Soi t B = n~= O B n E 'J, alors B :J A
et µ*( A) ~ µ(B) ::; µ(B n) <:: : µ *( A) + En. ce qui perme t de conclure en passant
à la limite. Q.E.D.
Exercice 2.2.3 Soient (X , '.T, µ ) un espace mesuré, µ* la mesure extérieure associée ൠet (An)
une suite de parties de X ; on su ppose qu ' il ex iste des Bn E '.T di sjoints deux à deux tels que
An C B n, montrer que

On peut se demander ce que l'on obtie nt lorsq u'on itère le procédé utili sé dans
le théorème 2.2.3 ; quell e est la mesure extérieure assoc iée à µ*l'J, à µ *IM? La
ré ponse est fo urnie par la proposition suivante.
Proposition 2.2.6 Soient ec '.P(X) un ensemble de parties de X tel que
0, X E e. e
µ : ---+ iR+ une application telle que µ(0) = 0, µ* la mesure exté-
rieure associée ൠet e' un ensemble de parties de X contenante, alorsµ* = v*
OÙ V : e' --t R°+ est la restriction deµ * à e'.

Preuve Soit A E '.P(X), notons '.R (resp. '.:R') l'ensemble des recouvrements dé-
nombrables de A par des ensembles de e (resp. e'). É tant do nné que '.R c '.R' , on
a
OO OO

v*(A) =
inf " µ *(An) <::::: inf" µ* (Bn)·
'.R'L '.RL
n=O n=O
On remarque ensuite que, po ur to ut B E e, µ*(B) <::::: µ(B) : en effet, en prenant
Bo = Bel Bn = (/J pour n ;:::: 1, o n obti ent un recouvrement dénombrable de B
par e.
des ensembles de Il en résulte que v*(A) <:: : µ*(A).
Pour démontrer l'i négalité opposée, soit E > 0 , il existe des ensembles
An E e' tel s que
OO OO

A c LJ Anet Lµ *(An) <::::: v*(A) +E,


n=O n=O
d'après la a-so us-additivi té de µ *, on en d éduit que µ * (A) <::::: v*(A) + E et par
suite µ*(A) <::::: v*(A). Q.E.D.
La si tuati on étant ce ll e du th éorè me 2.2.3, cec i montre que, pour tout e nsemble
de parties e :J S, µ* est encore la mesure extérieure associée à la restriction de µ *
à e. Compte tenu du corollaire 2.2.5 , on obti ent en particulier le résultat s uivant.
Corollaire 2.2.7 Soient µ : S ---+ ÏR+ une mesure définie sur une semi-algèbre S,
µ* la mesure extérieure associée ൠet 'J la tribu engendrée par S, alors pour tout
A E '.P(X) il existe B E 'J tel que A c B et µ*(A) = µ*(B).
2.2 PROLON GEMENT DES MESUR ES PAR LA MÉTHODE DE CARATH ÉODO RY 163

Le théorè me 2.2.3 est un théorème d 'ex iste nce qui a ffirm e que to ute mesure
défi nie sur une semi-algèbre se prol onge à la tribu engendrée 'J ; e n o utre, la for-
mule (2.2.1 3) fo urnit un pro lo ngeme nt à une tribu M co ntena nt 'J. Comme n ous
le verro ns, l'inclusio n 'J c M peut être stricte : nous ex pliquerons d a ns un ins-
tant pour quelle raison il e n est a insi. Auparava nt, intéressons- nous à l' éventuelle
uni cité du pro lo ngeme nt. No us savo ns déj à qu ' il ex iste un unique pro longem e nt
à l'algè bre engendrée pa r S (pro pos itio n 2. 1.4 ), pa r contre, l' unicité d u pro lo nge-
me nt à la tribu e ngendrée peut être en défaut (exercice 2.2 .5) et l' unic ité ne vaut
q ue sous des hypothèses supplé menta ires que nous all ons expli citer.
L' unic ité sera établie pour des mesures Œ-fi ni es, notion do nt vo ici la défi nitio n.
Définition 2.2.3 Soit S une semi-algèbre, un e mesure µ : S ---+ R+ est dite Œ-
fi nie si X peut s'écrire comme la réunion d 'une suite croissante d'ensembles de
S d e mesure fi nie, ou bien s'il existe une partition dénombrable de X constituée
d 'e nsembfes de S de mesure fi nie.
Lorsqueµ : A ---+ ïR+ est une mes ure dé fü1ie sur une algèbre, les de ux propri é-
tés fi gurant da ns cette définiti o n sont e n fa it éq uiva lentes .
Une mes ure µ est di te fini e si ell e est à vale urs dans IR+ ; lorsqueµ est dé fini e
sur une semi-algèbre, cec i équiva ut à dire que µ(X) est fini d 'après la croissance de
µ . Toute mesure fini e est é vide mment Œ- fini e. Les mesures de Lebesgue-S tie ltjes
/J F sont Œ- fini es car o n pe ut écrire
OO

1 = ]a, ,8[ = LJ ]an, /3nJ, G: < O'.n < /3n < /3 ,


n=O
o ù (an) est une s uite décroissante convergeant vers a e t (/3n) un e sui te cro issante
convergeant vers ,8 ; µF(]an, /3n]) = F(/3n) - F(an) est fi ni .
Exercice 2.2.4 Suit (X, '.T) un espace mesurable Lei que {x} E '.T pour tout x E X. On di t q u' une
mes ureµ : '.T -7 ÏR+ est di ffuse si µ( { x } ) = 0 pour tout x E X
Montrer que toute mesure µ : '.T--+ ÏR+ a- fini e peut s'écrire sous la formeµ = µd +µa o il µ d
est une mesure di ffuse, µa une mes ure atomique et que cette écriture est unique [pour se ramener à une
mesure fi nie, si X = LJ ~= O Xn est une pa1t iti on de X où les Xn E '.T so nt de mesure fini e, on pourra
con sidérer les mesures µ n : A H µ(A n X,,) et uti ti ser l 'exercice 2. 1.2].

Théorème 2.2.8 Hahn Soient S une semi-algèbre, 'J la tribu engendrée par S et
µ : S ---+ ÏR+ une mesure Œ-fin ie, alors il existe une mesure et une seule définie sur
'J q ui prolonge µ.
Pr~uve l. Supposons d 'abord µ (X) fini . L e théorème 2.2.3 fo urn it un pro lo nge-
me nt à la tribu 'J que nous noto ns e ncore µ . M o ntrons que to ut autre pro longem e nt
v : 'J ---+ R+ coïncide avec µ. Soit A E 'J et so it (An) un recouvre me nt dé no m-
brable de A par des e nsembles de S, d 'après la Œ-sous-additivité de v, o n a
OO OO

v(A) ~ L v(An) L µ(An),=


n=O n =O
d 'où v(A) ~ µ* ( A) = µ(A).
164 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Pour dé montre r l'inéga lité opposée, il suffit de s ubstituer X - A à A, ce qui


donne v(X - A) ::::; µ,(X - A) ; o n observe que v(X) = µ(X) est fini et, par
conséquent, v(X) - v(A) ::=; µ(X) - µ,(A), d'où µ(A) ::::; v(A), ce qui permet de
conclure.
2 . Dans le cas a-fi ni , supposons par exemple que X = LJ~= O An où (An) est
une suite croissante de S te l le que µ(An) < oo. Considérons alors deux mesures
v, v' : 'J ---+ i+ prolongeantµ el définissons deux mes ures vn , v~ : T ---+ lR+ e n
posant
Vn(A) = v(A n An) e t v~(A) = v'(A n An)·
Ces deux mesures coïnc ident sur la semi-a lgèbre S avec la mesure finie
A ri µ(A n An). Il résulte de 1. que ces mesures vn e t v~ coïncide nt sur 'J.
D'après la continuité supérie ure des mesures, on a alors, pour tout A E T,
v(A) = n4oo
lim v (A n An) = lim v'(A n An) = v'(A),
n--?CXJ

ce qui prouve le résultat voulu . Lorsque X admet une partition dénombrable consti-
tuée d 'e nsembles de S de mesure finie, le raisonnement est anal ogue en utili sant la
a-additivité des mesures. Q .E.D.

Exercice 2.2.5 Sur IQl, on considère la semi -al gèbre S cons1i1uée de l 'ensemble vide e1des intervall es
]a, b] où a , b E Q, -oo ::; a <b ::; +oo. Monlrer que S engendre la tribu '.P(IQl) el que la restriction
à S de l a mesure de dénombrement admet une infinité de prolongement à '.P(<Q). Ceci monlre que le
théorème 2.2.8 peul être en défaut lorsque la mesure n'est pas a-fi nie.

Comme nous l'avons anno ncé, examinons les lie ns ex istant entre les tribus 'J
et M . Voici une prem ière dé finiti o n.
Définition 2.2.4 Dans un espace mesuré (X , 'J, µ) , une partie N de X est dite
négligeable si elle est conte11ue dans un ensemble A de la tribu de mesure nulle,
soit
N c A E 'Jet µ(A) = O.
Tout e nsem ble conte nu dans un e nsemble négligeable est lui-même n égligeable.
No to ns également qu ' une réunion dénombrable d'ensembles négligeables est né-
g ligeable car une réunion dénombrable d'ensembles mesurables e t de mesure nulle
est mesurable e t de mesure nulle d'après la a-sous-additivité deµ. Un ensemble
négligeable, si il est mesurable, est évidem me nt de mesure nulle, mais un ensemble
négligeable n'est pas nécessairement mesurable. Ceci condui t à la défi nition sui-
vante.
Définition 2.2.5 Un espace mesuré (X, 'J, µ)est dit complet si tout ensemble né-
gligeable est mesurable ; on dit aussi que la tribu est complète ou que la mesure
est complète.
Le théorème 2.2. 1 nous don ne un exemple d'espace mesuré complet.
Proposition 2.2.9 Soientµ *" une mesure extérieure et Jv( la tribu des ensembles
/t*-mesurables, alors l'espace mesuré (X, M , tt*IM) est complet.
2.2 PROLON GEMENT DES MESU RES PAR LA MÉTHODE DE CAR ATH ÉODORY 165

Preuve En effe t, tout e nsemble négligeable est de mesure extéri eure nul le d'après
(2.2.2) et to ut e nsemble de mesure extérieure nulle est µ*- mesurable toujours
d'ap rès (2.2.2). Q .E. D .
Le théorème qui suit mo ntre qu' il est to ujo urs possi ble de compléter un espace
mes uré.
Th~orème 2.2.10 Soient (X, 'J, µ) un espace mesuré et N l'ensemble des pa rties
nég ligeables de X , alors
T = {A u N; A E 'Jet N E :N}
est une tribu contenant 'Jet il existe une uniqu e mesure µ : T -+ i + prolongeant
µ. L 'espace mesuré (X , T,µ) est complet : cet espace mesuré est appelé le com -
plét é de l 'espace mesuré (X , 'J, µ ). En outre, si (X , 'J' , µ' ) est un espace mesuré
complet tel que 'J c 'J' et µ' IT = µ, alors T C 'J' etµ ' l'f = µ.
Pre uve 1. L'~n sembl e vide étant négligeable, T contie nt 'Jet par suite X E T. Il
est clair que 'J est stable par réuni on dénombra ble puisqu ' il en es t ainsi de '.Tet de
N. Vérifi ons enfin que Test stable par passage au compl é mentaire, cec i pro uvera
que Test une tribu . Soit A E 'J, N E :N, il ex iste B E 'J tel que N C B e t
µ(B) = O. On a alors X - A U N = (X - A U B) U C où X - A U B E 'J e l
C = B - A U N E N, ce qui pro uve le résul tat voulu .
2. Montrons ensuite l' ex istence et l' uni cité d ' une mesureµ: 'Ï -+ i:+ prolo n-
geant µ. Soit A E 'J, N E :N, il ex iste B E '.T te l que N C B et µ(B) = 0, d 'où
A C AU N C A U B où µ (A) = µ(A U B). Cec i pro uve que, si µ: T -+ ÎR+ est
une mesure prolongeant µ, o n a nécessa irement
µ(A u N) = µ,(A).
Cec i prou ve l' unic ité d ' un éventuel prolongement. Quant à l'ex istence il fa ut
d ' abord véri fie r que la fo rmule précéde nte dé fi nit bien une appli cation sur T, c ' est-
à-dire que µ(Ai) = µ (A2) si A 1 U N 1 = A2 U N2 où A, E 'Jet N ; E :N. O r, il
ex i ste B; E 'J te l que µ (Bi) = 0 et Ni C Bi , d 'où A 1 C A 2 U N 2 C A 2 U B 2 e t,
par conséq uent, µ (Ai) :::;: µ (A 2 U B 2 ) = µ (A 2 ) et de même µ(A 2 ) ::; µ(Ai), ce
qui pro uve le résultat vo ulu . Il est clair ensuite queµ prolongeµ et queµ est une
mesure en utili sant le fait queµ est une mesure et qu ' une réunion dénombra bl e de
nég ligeables est négli geable.
3. Mo ntrons que la tribu T est complète pour cette mesure. Soit E = A UN E T
un ensemble de Ji- mesure nulle et F une partie de E, alo rs µ (A) = 0 et par suite
E est négligeable et il en est donc de mê me de F, soit F E :N C T, ce qui pe rme t
de conclure.
4. Montro ns ensuite que (X , T,µ) est le plus pe tit espace mesuré compl et
co ntenant l' espace (X, 'J, µ ). Autre ment dit, soit (X , 'J' , µ' ) un espace mesuré
co m plet te l que 'J C 'J' e t tel que µ' pro lo nge µ. Al o rs, on a nécessaire me nt
:N C 'J' vu que la tribu 'J' est compl ète et que µ' prolonge µ et par suite T C 'J' ;
d 'autre part, d'après l' unic ité précéde mment é tablie µ ' l;y = µ . Cec i prouve le ré-
sultat souhaité. Q.E.D .
166 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Exercice 2.2.6 Soient (X , 'J, µ, ) un espace mesuré o--fini , M E '.P( X ) et 'J' la tribu engendrée
par 'J U {1\I}, cet exercice a pour obj et de construire une mesure sur 'J' qui prolonge µ . Lorsque
'J f '.P(X), en prenant !vl r/; 'J, ceci montre qu ' il est toujours possible de prolonger la m es ure µ à une
tribu strictement plus grande que T.
l ,a. Montrer qu ' il existe un ensemble F E 'J, M C F, tel que tout ensemble mes urable
A c F - NI soit de mesure nulle [l orsqueµ* ( M) est fi ni , utili ser le coroll aire 2.2.5].
b. En déduire qu ' il ex iste un ensembl e E E 'J, E C M, tel que tout ensemble mesurable
A C M - e soit de mesure nul le.
2. Montrer que
'J' = { (A n M) u ( B n (X - M)) ; A , B E 'J}.
3. On pose G = F - E, montrer que, pour tout 0 ::::; t ::::; l , on définit une mesure v 1 : 'J' --7 iR+
qui prolongeµ en posant, pour C = (An M) U ( B n (X - M)) ,
vi(C) = µ (C n (X - G)) + tµ (A n G) + (1 - t) µ, (B n G)
où l'on convient que À x (+oo) = +oo lorsque À > 0 et 0 x (+oo) = O.
4. Montrer que µ, (G) = 0 si, e t se ulement si, N! E '.T, auquel cas 'J' C '.T et vi
= µ; h ·1.
> 0, soit 0 :::; l < l ' ::::; 1, comparer vi et vt'·
5. Lorsque µ,(G)
Reprenons la situation du théorème 2.2.3. Soitµ : S-+ ~+ une mesure défini e
sur une semi -algèbre, notons encore µ la restriction de la mesure extérieure à la
tribu 'J engendrée par S ; on obtie nt ainsi une mesure sur la tribu 'J qui prolonge la
mesure initiale (rappelons que ce prolongement n' est pas nécessairement le seul).
La tribu JvC étant complète pour la mesure µ* jM, ce qui précède montre que
'.f c M etµ = µ *l'.f·
L' inclusion 'J C JvC peut être stric te (exerc ice 2.2.7 ), mai s lorsque la mesure
µ : 'J-+ R+ est O"-finie, no us allon s montrer qu ' on a l'égalité.
Théorème 2.2.11 Soientµ : 'J -+ ~+ une mesure a-finie, µ* la mesure exté rieure
associée à µ, alo rs, si JvC est la tribu des ensembles µ *-m esurables, /' espace me-
suré (X , JvC , µ*IM) est le complété de l 'espace mesuré (X, 'J, µ).
Preuve JI s'agit de démontrer que T = JvC, c ' est-à-dire que tout ensemble A µ *-
mesurable appartient à la tribu T.
1. On suppose d 'abord µ *( A ) fini . D'après le corollaire 2.2.7 , il ex.i ste B E 'J
tel que A C B e t µ *( A) = µ*( B) . La restriction deµ * à JvC étant une mesure
et µ*(A) étant fini , on en déduit que µ*(B - A) = O. Utilisons de n o uveau le
corollaire 2.2.7, il existe C E 'J tel que B - A C Cet µ*(C) = µ*(B - A)= O.
On a alors A = (B - C) u (An C) où B - C E 'Jet An C c C où C E 'J est
de mesure nulle, ce qui prouve que A appartient à T.
2. Dans le cas général, l'espace X peut s' écrire comme la réunion d ' une suite
croissante d 'ensembles An E T de mesure fini e. On a alors A = LJ~= 0 ( A n An)
où A n An E M e tµ *(An A n) ::; µ*(An) = µ (An) < oo . Les ense mbl es AnAn
appartenant à T d 'après 1., cec i pe rmet de conclure. Q .E.D.
Exercice 2.2.7 Soient X un ense mbl e non dénombrable, 'J la tribu constituée des part ies de X qui
sont dénombrables ou dont le co mpl émentaire est dénombrable, µ, : 'J --7 iit~ la restri ction à 'J de
la mesure de dénombrement. Montrer que la tribu 'J est complète et que toute partie d e X est µ,* -
mes urable, so it 'f t M.
2.3 MESURES DE LEBESGUE-STIELTJES 167

2.3 Mesures de Lebesgue-Stieltjes


Nous allo ns appliquer les rés ultats du paragraphe précéde nt aux mes ures de Le bes-
g ue -Stie ltj es. La tribu e ngendrée par la semi-algèbre S(R) es t la tribu borélienne
de lR dont voici la définition .
Définition 2.3.1 Soit X un espace topologique, la tribu engendrée par l 'ensemble
() des ouverts de X est appelée la tribu borélienne de X .
Une parti e de X appartenant à la tribu boré lienne est a ppe lée un boré li e n.
D'après (T2 ), toute partie fermée est un boré li en.
Po ur décrire la tribu boré lie nne d ' un sous-espace, nous utiliserons le le mme
suivant.
Lemme 2.3.1 Soient X 1 , X 2 des ensembles et h : X 1 --+ X 2 une application,
pour tout ensemble de parties e2 c '.P(X2), on pose
h- 1 ( e2) = {h- 1 (A); A E C2}.
Si e2 est une semi-algèbre (resp. une algèbre, une tribu), h - 1 (C 2 ) est une semi-
alg èbre ( resp. une algèbre, une tribu). De plus, si A2 (resp. 'I2) est l 'algèb re ( resp.
la tribu) engendrée par C2 , alors h- 1 (A 2 ) (resp. h - 1 (T2 )) est l 'a lgèbre (resp. la
tribu) engendrée par h- 1 (e 2 ).
Preuve 1. S i e2 est une semi-a lgèbre, 1i- 1 (e 2 ) est une semi-algèbre d 'après les
formules
h- 1(0) = 0, X1 = 1i - 1 (X 2), h - 1 (AnB) = h- 1 (A) n 1i- 1 (B) ,
X1 - h- 1 (A) = h- 1 (X2 - A) = LJ h- 1
(A;) si X 2 - A = LJ Ai
·i E l
e n notant que les ensembles h- 1 (A;) sont di sjoints deu x à de ux s' il e n est ainsi
des A.;.
Si C2 est une algèbre (resp. une tribu ), h - 1 (C 2 ) est une a lgèbre (res p. une tribu)
d'après les formules
OO OO

n=O n =O
2. Soit A 2 l'algè bre engendrée par C2. M o ntron s que to ute a lgè bre A 1 conte nant
1i- 1 (C 2 ) contient h- 1 (A 2 ), cec i prouvera que h- 1(A 2 ) est l'algè bre e nge ndrée
par 1i- 1 (C 2 ) . Posons
A; = {A E '.P(X2); h- 1 (A) E A 1}.
Les formu les qui précèdent montrent que A~ est une algè bre ; cette a lgèbre contient
e 2 car h- 1 (e 2 ) c A 1 , e lle contient do nc A 2 e t ceci s ig nifi e que A 1 conti ent
1i- 1 (A2).
3. De mê me s i 'J2 est la tribu e ngendrée par C2 e t si 'J1 est une tribu qui conti ent
h- 1 (C 2 ), on constate que T& = {A E '.P(X2 ) ; h- 1(A) E 'J1 } est une tribu qui
168 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

conlient T 2 e t ceci pro uve que T 1 contient h- 1 (T2 ) qui est donc bien la tribu
e ngendrée par h - 1 (C 2 ). Q .E.D.
L'ensemble de parties h - 1 (e2) sera appelé l'image réciproq ue de e 2 par h.
Considérons en particulier une parlie Y d'un ensemble X et l'injection canonique
e
i: Y -+ X; l'image réc iproque i - 1 (e) d'un ensemble de parties c '.P(X) sera
notée ey et sera appelée la trace de e sur y ; on notera que
Cy = {A n Y;A E e} .
Si e est une sem i-algè bre (resp. une algèbre, une tribu), alors Cy est une sem i-
a lgèbre (resp . une algèbre, une tribu) ; si A (resp. T) est l'algèbre (resp. la tribu)
e ngendrée par e, alors Ay (resp. T y) es t l' a lgèbre (resp. la tribu) engendrée par
ey.
Si X est un espace topo log ique et Y un sous-espace de X, la tribu borélienne
de Y est simplement la trace sur Y de la tribu borélienne de X d'après le lemme
2.3. 1 vu que les ouverts de Y so nt les traces sur Y des ouverts de X ; de plus, si
Y est un boré lien de X, les boré liens de Y sont simplement les borélien s de X qui
sont contenus dans Y.
Étant donné une sem i-algè bre S sur X, prenons Y E S ; une se mi-algèbre
étant stable par intersection fini e, A n Y appartient à S dès que A appartient à
S : autreme nt dit, si on identifie tout ensemble de parti es de Y à un en semble de
parties de X, on a Sy CS et Sy est l'ensembl e des A c Y qui appartie nnent à S.
Siµ: S -+ Z est une application définie sur Set à valeurs dans un ensem ble Z, la
restriction de µà Sy est donc bie n défi nie el sera notée µy. On a alors le résultat
immédiat qui suit.
Lemme 2.3.2 Soient S une semi-algèbre sur un ensemble X, µ : S -----1 i"+ une
mesure et Y E S, alors µy : Sy -+ i"+ est une mesure, appelée mesure induite
sur Y par la mesure µ.
Soient (X, T , µ ) un espace mes uré, Y E T, l'espace mesuré (Y, Ty, µy ) est
appelé un sous-espace mesuré. Notons la propriété suivante.
Lemme 2.3.3 Soient (X, T, µ) un espace mesuré, (Y, Ty , µy) , Y E 'J, un sous-
espace mesuré, alors la complétée T y de la tribu T y pour la mesure µy est la
trace sur Y de la tribu Tet la mesure µy coïncide avec la mesure induite "{iy.
Preuve Soit A U N E T, c 'est-à-dire A E T, N C B E T, µ(B) = 0, alors
(A u N) n y = (An Y) u (N n Y) où A n y E 'J'y, N n y c B n y E Ty et
µy (B n Y) = µ(B n Y) = 0 ; ceci prouve que (AU N) n Y E 'J y. Réciproque-
ment, soit A UNE 'Jy, c'est-à-dire A E 'Jy, N C B E 'Jy, µy(B) = 0, alors
A,B E 'Jet µ(B) = 0, d'où A U N E Ty ; en outre,
µy (A u N) = µy(A) = µ (A)= µ(AU N) ,
ce qui pro uve la dernière assertion. Q .E.D .
Tout intervalle de IR, quelle que soit sa nature, est un borélien e n tant que
réunion dénombrable d' intervalles fermés.
2.3 MESUR ES DE LEBESGUE-STI ELTJES 169

Lemme 2.3.4 La tribu borélienne '.B( R) de IR est engendrée par la semi-algèbre


S(JR).

Preuve Tout interva lle ]a, b] é tant un boréli en, la tribu 'J engendrée par S(JR) est
co ntenue dans '.B(IR). Po ur dé mo ntre r l' inc lusio n opposée, il suffit, d'après le co-
rolla ire 2.4 1.5 de [271, de vérifi er q ue to ut intervalle o uve rt appartient à 'J. Or,
]a, b[ = LJ:=v]a , b - l / n] o ù a < b - l / p, ce qui perme t de conc lure. Q.E. D.
Po ur to ute partie Ide IR, no to ns S( I ) la trace sur Ide la semi -a lgèbre S(IR) ;
lo r sque I est un inte rvalle o uvert no n vide , on notera que S(I) est bi e n la semi -
algè bre défi nie à l' exemple 2. 1.2 . D'après le lemme 2.3. 1, la tribu borélie nne '.B(J)
de I est e ngendrée par la semi -algè bre S(I).
Étant donné un interva lle o uvert non vide 1 =] a , /J [, considéro ns a lo rs la me-
sure µF : S(I) --+ îR+ associée à une fo nctio n F : 1 --+ IR c roissante e t continue
à droite . Cette mesure éta nt O'- fini e, e lle se prolo nge de faço n unique à la tribu bo-
réli e nne e n une mes ure que no us noto ns encore µF : '.B(I) --+ R+ . Enfi n, e n com-
plé ta nt la tribu bo réli e nne vis-à- vi s de cette mesure, on o btie nt une tribu L F (I) et
un e unique mesure e ncore notée µp : Lp(I) --+ îR+ qu ' o n appelle la mesure de
Le besgue-Stie ltj es assoc iée à F ; lo rsque I = IR, la tribu [, F(I) sera notée plus
s impleme nt J:.,p. Lorsque Fest l'applicatio n ide ntiqu e de JR, soi t F( x ) = x , la
tribu Lp se no te J:., et s'appelle la tribu de Le besgue ; un ensembl e appa rte na nt à
cette tribu [, est d it Le besgue-mesurable. O n dé montre (exercices 2.3. 1 e t 2 .3.7)
qu e les inclus io ns '.B(JR) c [, c '.P( JR) sont strictes: e n parti culie r, il exi s te des
parties de IR qui ne so nt pas Le besgue-mesura bles .
Tout poin t a E I est fermé, do nc a ppartie nt à la tribu boré lienn e. Po ur calc uler
la mesure de {a}, on écrit {a} = n :=l]a - l / n,a] et, d 'après la continuité
infé ri eure de la mes ure, o n a
µF({a}) limn-+= µF( ]a - l / n ,a]) = lim n_, 00 (F(a) - F(a - l / n))

F(a) - F(a - 0).


La mesure de {a } est do nc égale au saut de la fo ncti o n F au po int a ; e l le est
no n nulle si, e t seule me nt s i, F présente une di sco ntinui té au point a. En pa rtic u-
lie r , pour la mesure de Le besgue tout point est de mes ure nulle et il en est d o nc
de m ê me de to ute pa rtie dé no mbrable. On se gardera bi e n de croire que réc ipro-
que ment un ensemble de mes ure null e est nécessaire me nt déno mbra ble (exerc ices
2.3 _I et 2.3.3). La seul e proprié té év ide nte des ensembles de mesure nulle po ur la
mesure de Lebesgue est que ce sont des e nsembles d ' inté ri eur vide car to ut inter-
vall e o uvert no n vide esc de mesure su·icte me nt pos iti ve.
On pe ut ca lcule r la mesure de to ut intervall e conte nu dans J. Po ur un inte rva lle
o uvert ]a , b[ c I , a :::; a < b < /3 , o n écri t ]a, b[ = ]a, b] - { b}, d 'où
µ F(]a , b[) = F(b) - F(a) - (F(b) - F(b - 0)) = F(b - 0) - F(a)
et ceci va ut encore lorsque b = f3 vu que F(/3 - 0 ) = F( f3 ) d'après la défi ni-
ti o ri de F( f3 ). Po ur un inte rva lle fe rmé [a, b] C 1, a < a :::; b < (3, o n éc rit
170 CHAPITR E 2 INTÉGRATION

[a, b] = {a }U ]a, b], d 'où


µp([a, b]) = F(b) - F(a) + (F(a) - F(a - 0)) = F(b) - F(a - 0) .
Exercice 2.3.1 Montre r que l 'ensemblc de Can1or C [27 , exercice 2.6.2] est de mesure d e Lebesgue
nulle. En déduire que Card L = Card '.P(IR) e1, si 'B esl la lribu borélienne de IR, que 'B f= L [utili ser
le corollaire 2 .29. 12 de [27]].
Note Pour la construcli on d'ense mble Lebesgue-mes urabl e n' appa1tenan1 pas à la tribu boré lie nne, voir
1' exercice 2 .6. 1.

Exercice 2.3.2 La fonction de Leb esgue On dé finit une fo ncli on f : C --t [O, l], C désignanl
l'ensemble de Camor [27, exercice 2.6.2) , de la façon sui vante. Si x = L-~= l °'n 3 -n E C,
°'n E {O, 2}, on pose J (x) = I:;:"=1 an.2 -(n+l).
1. Montrer que f a la mê me va leur aux extré mités de chaque intervalle Eni·
Ceci perme! de pro lo nger J en une fonclion g : [ü, l ] --t [ü, l] en prenant g co nstante sur Eni et
égale à la valeur de f aux extrémités d e cel in1ervall e.
2. Montrer que les fonct ions f cl g sont croissantes, surjec ti ves, a-htildé rie nnes où
a = log 2/ log 3 el non ,B-hêildériennes pour ,B > a.
3. Montrer que g est dérivable en tout point x E [O, l] - Cet que g'( x) = O. Montrer que g n'est
déri vable e n aucun point de l'ense mbl e de Cant or.
4. On pose h (x) = (x + g(x))/2, montrer que h est un homéomorphis me de [ü, l] s ur [ü, l ] el,
µd ésignant la mesure de Lebesg ue, que µ(h(C)) = 1/2 alors que C est de mes ure nulle (exercice
2.3. 1).

Exercice 2.3.3 Soit D = u~= o {an } une partie dénombrable de [O, 1] parto ut dense. Pour IO UI
é> 0 et to ut emier n , on pose

pui s O(é) = [ü, l] n U ;:"=O O.n(é) e t A = n~ l 0( 1/ p). Montrer que A est un boré lien de mesure
nulle pour la mesure de Lebesgue. D'après l'exemple 2.28.1 de [27], ce1 ensemble A n'est pas dénom-
brable ; on obtient ain si un borélien non dénombrable de mes ure nulle ; de plus, A est dense dans [ü, l]
et son complé me ntaire [O, l] - A est maigre !
Exercice 2.3.4 Ensemble de Cant or modifié 1. On modifie la construct ion de l'ense mble de Cantor
[27 , exercice 2.6.2] de la façon s ui van1e . On se donne un nombre réel k 2'. 3 et on pose
E1 = E11 = J1 -
2
1.; , ~ + 1.; [. L'ensemble [O, 1] - E 1 es1 la réunion de deux intervalles fermés,
1
2
1

chac un étant de longueur ~ (1 - .l) > fr ; on note E21 et E22 les interva lles ouverts de longueur fr
centrés sur les interva lles de [ü,iÎ-
E1 et on pose E2 = E2 1 U E22 . Montrer qu 'on peut définir ainsi
par récurrence une su ite (En·i h<;< 2 .. - 1, n 2'. 1, d ' intervalles ouverts disjoints de long ueur 1.;1,. . On
21 1- l - - OO
pose En= u i = l Eni el C(k) = [ü, l] - U n= l En.
2. Montrer que C( k) est un ensemble compac t, d'intérieur vide et de mesure de Lebesgue ~ :::~.
Note C(3) est l'ensemb le 1riadique de Camor.

La tribu ,l F dépend de la fonction F ; pour la mesure de Lebesgue, n o us avons


indiqué que.lp =J '.P(R); voici un exemple pour lequel ,l p = '.P(R).

Exemple 2.3.1 So ient (xn) une suite de points dis tinc ts de lR e t l:~=O Pn une
série convergente où Pn 2: O. On dé finit une fonction croissante F : IR ---+ lR par

F(x) = L Pn·

1
2.3 MESURES DE LEBESGUE-STIELTJES 171

Vérifions que celte fonction esl continue à droite. Pour tout h > 0, o n a
F( x+ h) - F( x ) = 2:= Pn·
x c: x,,. S x+ h
é > 0, il ex iste un e ntier no tel que L ~.,.,, Pn :::; é et il ex iste 8 > 0 te l que
Soit 0
Xn \t ]x , x + 8] pour 0 :::; n < no; o n a a lors F( :r: + h) - F( .7:) :::; é dès que
0 < h ::::; 8, ce qui prouve la continuité à droite a u point x. So il µ p la mesure de
Lebesgue-Sti eltjes associée à F, o n a
µp( ]a,b]) = F(b) - F(<i) = L Pn
a < x.,. Sb
et cette formule mo ntre que, s ur la sem i-algèbre S(IR), la mesure µp coïncide avec
la m esure atomique associée à la fo ncti o n p : lR --+ lR+ valant Pn a u point Xn
et 0 ai lle urs. D ' après le théorème 2.2.8, ces <le ux mesures coïnc ide nt s ur la tribu
boré lie nne '.B(JR). Le borélie n B = lR - LJ~= 0 {xn} é tant de mesure nulle pour
la m esure atomique est donc de mesure nulle pour la mesure µ p ; il e n résulte
que toute partie de Best négligeab le pour µ F. Toute parti e de LJ:=
0 { :r:n} é tant
borélie nn e e n ta nt que réunion dénombrable de fermés, la définition même de la
tribu compl étée montre que J:.,p = '.P(JR). De p lu s, l' unicité du prolongement à la
tribu complétée (théorème 2.2. 10) montre que µp : '.P(IR) --+ IR+ est s impl eme nt
la mesure atomiq ue assoc iée à la fonction p.
L' intérêt des mesures de Le besgue-Stieltjes rés ide dans le fa it qu 'on obtient
ain s i toutes les mesures sur IR po ur lesque ll es les compac ts sont de mesure finie.
Proposition 2.3.5 Soitµ : '.B(I) --+ ÎR+, I = ]et, /3[, une mesure définie sur la
tribu borélienne de I telle que tout compac1 soit de mesure finie, alors il existe
une fonction F : I --+ IR croissante et conti11ue à droite, unique à une constante
additive près, telle queµ = µF .
Preuve Soit a E J, o n pose
- µ(] x , a]) .si et < x < a,
F( x) = 0 .si x = a,
{
µ (]a, x]) .si a < x < fJ.
Les intervalles ]x , a] e t ]a, x] é ta nt de mesure finie d ' après l' hypothèse, o n dé finit
bien ains i une fonction de I da ns JR. Cette fo11ction est cro issante : par exemp le, si
a < x :::; y, on a ]a, x] C ]a, y], d'où 0 ::::; µ( ]a, x ]) ::::; µ(]a, y]), soi t
0 < F( x) ::::; F(y). Vérifions que Fest cofitinu à droite. Lorsque a < x < /3 ,
o n a ]a, x] = n:=1 ]a, X+ l /n] et en Utili sant la continuité inférie ure de la mesure
µ
F(x) = µ( ]a, x]) = lim µ(]a, x
n ~oo
+ l /n]) = lim F( x + l / n)
n ,oo
= F(x + 0) .
Lorsque X = a, on écrit 0 = n:=l]a, l / n ] et le mê me raisonnement montre que
F(a + O) = O. Lorsque Π< X < a, o n a ]x , a ] = u:=p]x + l / n, a], X+ l / p < a,
et o n conclut grâce à la continuité supérie ure.
172 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

O n re marque ensuite qu e les mesures µe t µF coïnc ident sur la se mi -algèbre


S(I), donc sur la tribu borélien ne d ' après le théorème 2.2.8, ces mesures étant
a-fi nies.
Si F , G : 1 --+ IR sont deux fo ncti ons croissantes, continues à d roite telles
que µp = µc, on a µp (]a, x]) = µc(]a, x]) pour to ut a < x < /3,
d'o ù F(x) - G(x) = F(u ) - G(a) et ceci vaut encore pour x = a d 'après la
continu ité à droite. Lorsque o: < x < a, on écrit M'(]x, a]) = µc(] x, a]) et la
conclusion est la mê me. Ceci prouve que F et G ne diffèrent que d ' une constante.
Q.E.D.
O n peut définir et étud ier les mes ures de Lebesgue-Stieltjes sur tou t intervalle
de lR que lle que soit sa nature. Ex pliquo ns par exemple comme nt cec i pe ut être fa it
sur un interva lle compac t ; le mê me procédé s' applique à tout intervalle.
Proposition 2.3.6 Soient 1 = [œ, /3] un intervalle compact et F: 1 --+ IR une fonc-
tion croissante et continu!? à dro ite, alors il existe une unique mesure
µp : 'B(J) --+ lR définie sur la tribu borélienne de 1 telle que
µ F([a , b]) = F( b) - F(a) pour tout a S b S /3 .
Preuve On prolonge Fen uœ fon ction G : lR--+ lR croi ssante e t conti11ue à droite
en posant G(x) = F(œ) polir x S a et G(x) = F( /3 ) pour x :'.:'.'. {3 . On définit
alors la mesure µ F com me la mes ure induite sur 1 par la mes ure µ 0 . L a mesure
µpé tant fini e vu que µp( [a, ,B]) = F( ,B) - F(œ), elle est dé terminée de façon
uni q ue par sa restricti on à la sem i-algèbre S(J) ; cette sem i-algèbre éta nt la trace
sur I de la semi -algèbre S(JR) est constituée de l' ensemble vide et des intervalles
[a, b] où œ :::; b ::::; /3 e t ]a, b] où a S a < b S /3.
O n a alors
µp([a, b]) = F(b) - F(œ) et µp(]a, b]) = F(b) - F(a).
O n remarque e nsuite que ]a, b] = [a, b] - [a, a] ; si µF([œ, b]) = F(b) - F(œ) et
µp([a , a]) = F(a) - F(a) , on a nécessairement µF(]a, b]) = F(b) - F(a) , ce
qui pro uve la propositio n. Q. E.D.
Note On peut dé finir ensuite la tribu complétée Lp(J) et pro longer la m esure µ F
à celle tribu .
Étudions maintenant une propriété fondamentale des mesures de Lebesgue-
Stieltjes : ces mesures sont régulières. Voici la définition de cette propriété.
Définition 2.3.2 Soit (X, T , µ) un espace mesuré où X est un espace topologique
séparé, la tribu T contenant la tribu borélienne de X. On dit que la mesure µ est
régulière si
(2.3. 1) tout compact est de mesure finie,
(2.3.2) µ(A) = inf µ(O)pourtoutA E T ,
O:::>A
OE<'.l
(2.3.3) µ (O) = sup µ(K) pour tout 0 E ('.)
!{ CO
!{ EX
où(') désigne l'ensemble des ouverts de X et X l'ensemble des parties compactes.
2.3 MESURES DE LEBESGUE-STI ELTJES 173

Note L'espace é ta nt séparé, les compac ts sont fermés, ce sont d onc des boréli e ns.
C ette définiti o n établit un lien e ntre de ux struc tures, à savoir la structure to po-
log i q ue e t la struc ture d'espace mes uré ; une mesure régulière est dé te rminée dès
que la mes ure des ouverts o u des com pac ts est connue. Cec i pe rme ttra ulté ri e ure-
me nt de fa ire le lie n e ntre les notio ns de co ntinuité et d ' intégrabili té .
La propriété (2.3.2) pe ut ê tre préc isée de la faço n sui va nte.
Proposition 2.3.7 Soit µ : 'J --+ ÏR+ une mesure régulière et soitµ * la mesure
extérieure associée ൠ, alors
(23 .4) µ*(A) = inf µ(O) pour tout A E '.P(X) .
O:i A
OEO
Preuve So it c > 0, il ex iste des e nsembles A,, E 'J tels q ue
OO OO

Ac LJ A,, et L µ(A ,,) :::; µ*(A) + c.


n= O n= O

Soit (c,,) une s ui te de rée ls > 0 te lle que I:;=:'= 0c,, '.':: E ; d 'après (2 .3.2), il ex iste
des ouve rts 0,, :J A,, tels que µ(O,,) :::; µ (A,,)+ E,,. L'ouve rt 0 = u ~= Ü 0,,
con tient A et µ ( 0) :::; I: ~=O µ( 0,,) :::; µ*(A) + 2c, cec i pro u ve le résul tat voulu .
Q.E.D.
Corollaire 2.3.8 Soit µ : 'J -t ÏR+ une mesure régulière, alors la mesure
µ : 'J -t ÏR+ est régulière.
Pre u ve La seule pro pri été à véri fie r est (2.3. 2) et elle résul te de la proposi ti on
précédente vu queµ = µ*l:r· Q .E.D.
Nous a uro ns beso in pour la dé mo ns tra ti o n d u théorè m e 2. 12.9 de la propos iti on
suivante qui compl ète (2 .3.3).
Proposition 2.3.9 Soitµ : 'J --+ ÏR+ une mesu re régulière, alors pour tout A E 'J
de m esure finie
(2.3.5) µ(A) = sup µ(I<).
KCA
K EX

Preuve 1. S upposons qu ' il ex iste un compac t H conte nant A e t soit E > O.


L'ensemble H - A éta nt mesura ble, il ex iste un ouve rt 0 :J H - A tel que
µ (O) :=:; µ(H - A) + E , d ' où µ(O - (H - A)) '.':: c , H - A é ta nt de mesure
fini e . L'e nsemble H - 0 es t compac t, co nte nu da ns A e t
A - (H - 0) c 0 - (H - A),
d'o ù µ(A - (H - 0)) :=:; E et µ(A) :=:; µ(H - 0) + E , ce qui
pro uve le résultat
vo ulu da ns ce cas.
2. Dans le cas général, A étant de mesure fini e, il ex iste d'après (2 .3.2) un
ouvert 0 de mesure fi nie con tenant A. Soit E > 0, il ex iste d' après (2.3.3) un
compact H c 0 tel que µ(O) :::; µ( H ) + E e t d 'après 1. un compac t J( C A n H
te l que µ(A n H ) :::; µ(K) +c. Étant do nné que A - K c (0 - H )u (AnH - K) ,
on e n déduit µ(A - K) :::; 2E, d'où µ(A) ::; µ(K) + 2E e t le rés ultat voulu. Q.E.D.
174 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Corollaire 2.3.10 Soitµ : 'J -+ ïiî+ une mesu re régulière, alors tout A E 'J de
mesure finie admet une partition de la forme B U LJ: =oK n où les ensembles Kn
sont compacts et B E 'J est de mesure nulle.
Preuve Soit E n > 0 une suite convergeant verso; d 'après la proposition précédente
il ex iste un com pact Ko C A tel que µ(A - Ko) :::; Eo e t, par récurrence, on
construit une suite (Kn) de compacts contenus dans A, disjoints deux à deux telle
que µ(A - LJ;=üK p) :::'.:En . L'ensemble B = A - LJ:=oK n est alors de mesure
nulle. Q.E.D.
Lorsque l'espace X est une réunion dénombrable de compacts, la définition
de la régularité se simplifie. Nous notons Q' l'ensemble des fermés de l'espace
topologique X.
Proposition 2.3.11 Soit (X , 'J, µ) un espace mesuré où X est un espace topolo-
gique séparé réunion dénombrable de compacts et où 'J contient la tribu boré-
lienne '.B de X . On suppose que tout compact est de mesure finie : la mesure µ est
donc Œ-finie. Alors, les propâ étés suivantes sont équivalentes.
(2.3.6) la mesureµ est régulière,
(2.3.7) µ(A) = inf µ(O) pour tout A E 'J,
O :J A
OE O

(2.3.8)
pour tout A E 'J et tout E > 0, il existe 0 E a tel que
{ 0 :J A et Jl ( 0 - A ) :::; E,
pour tout A E 'J et tout E > 0, il existe F E ('.)' tel que
(2.3.9) { F C A et µ(A - F) :::'.: E.
On a alors
(2.3 . 10) µ(A) = sup µ(K) pour tout A E 'J,
KCA
K EX
la tribu 'J est contenue dans la complétée de la tribu borélienne pour la mesure
v = µl 'B> La mesure Ti: 'i3 -+ lR+ est régulière et prolongeµ.
Preuve 1. Si la mesure est régulière, on a (2.3.7).
a. Montrons q ue (2.3.7) ~ (2.3.8) . La mesure étan t Œ-fi nie, il ex iste une
partition de X de la forme X = LJ:=oX n où X n E 'J est de mesure finie.
Soient A E 'J, E e t En des réels > 0 tels que I:::=oEn :::; E, il exis te des ou-
verts On :J A n X n tels que µ(On) :::'.: µ(A n X n) +En , d'où, µ(A n X n) étant
fini , µ(On - A n Xn) ::::: En. L' ouvert 0 = u:=Ü
On contient A el
OO

n =O
ce qui prouve le rés ultat vou lu.
Réciproquement, (2.3 .8) implique (2.3.7). En effet, si µ(O - A) :::; E, on a
µ(O) ::::: µ(A)+ E.
b. On vérifie ens uite que (2.3 .8) équivaut à (2.3.9). Si (2.3 .8) est vérifié, soit
A E 'J, il existe un ouvert 0 :) X - A tel que µ(O - (X - A)) :::; é , d'où un
2.3 MESURES DE LEBESGUE-STIELTJES 175

fe rmé F = X - 0 C A te l que µ( A - F) :S é , ce qui prou ve (2.3.9). On vérifie


de m ême que (2.3.9) implique (2.3.8).
c . Il nous reste à vérifi er que (2 .3.9) impl ique que la mesure est rég uli ère.
Éta nt donné que (2.3 .7) est acqui s, il s'agit de véri fie r (2.3.3) ; nous a ll ons pl us
gé néralement établir (2.3. 10). Soit A E 'J et soit é > 0, il ex iste un fe rmé
F c A tel que µ(A) :S µ(F) + é . Ce fermé pe ut s'écrire F = LJ~=o Kn où
(Kn) est une suite croissante de compac ts. On a µ(F) = limn-+= µ (Kn)· S i
µ (A) = +oo, alors µ (F) = +oo et limn-7oo µ (Kn) = +oo, ce qui pro uve
(2.3. 10) dans ce cas . L orsque µ (A) est fini , µ (F) est fini e t il ex iste un entier
n te l que µ (F) :S µ (K n) + é , d'où µ (A) :S µ(Kn) + 2E, ce qui prouve le résultat
vo ulu .
2. Montro ns que tout A E 'J appartient à La tribu co mpl étée~. Soit (en) une
suite de rée ls > 0 conve rgeant vers 0, d 'après (2.3.8) et (2.3.9) il ex iste des o uverts
On et des fermés Fn tels que Fn C A C On etµ( On - Fn) :S En. Posons
B1 = LJ ~=o Fn et B2 = n~= o On ; on obtient ain si des boréli ens qui véri -
fie nt B1 C A C B2 et B2 - B1 C On - Fn, d'où µ(B2 - Bi) :S: é n et par
co n séquent µ(B 2 - Bi) = O. Il e n rés ulte qu e A appartie nt à la tr ibu '13 et que
µ(A) = µ(B 1 ) = v(A), ce qui prou ve que v j>rolonge µ .
Le fa it que la mesure ïJ so it réguli ère résulte du corollaire 2.3.8. Q .E.D.
Corollaire 2.3.12 Les hypothèses étant celles de la proposition 2.3. 11, on suppose
la m esure µ régulière, soit Y E 'J, alors la mesure induite µ y : Y -+ IR+ est
régulière.
Preuve On se réfère à la d éfini tion 2.3.2. La propriété (2.3. 1) est év idemme nt
vérifiée ; (2.3.3) résulte de (2.3. 10). Quant à (2.3.2), soit A E 'J y, () dés ignant
l'en sembl e des ouve rts de X, on a
µ y(A) = µ (A) = inf µ,(O) ;:::: inf µ(On Y) ;:::: µ (A),
O :::i A D :::i A
O E <'.J O E <'.J
d'où µy(A) = in f o :::i A µ (On Y) ; lorsque 0 décrit l'ense mble des ouverts de X
O E <'.J
con tenant A, 0 n Y décrit l 'ensemble des ouverts de Y contena nt A, ce qui permet
de c onclure. Q.E.D.
Exe rcice 2.3.5 1. Soit X un espace métrique, '.B la tribu borélienne de X et µ : 'l3 -+ lR+ un e
mes ure fini e, momrer que, pour to ut A E 'l3

(23 .11 ) µ(A) = inf µ(O) = sup µ(F)


0 :-) A FCA
O EO F E O'

[si 'Test l'ense mble des boréliens vérifiant (2.3. 1 1), on mont rera que '.Test une tri bu contena nt (')' : pour
vérifier que 'J est stable par réunio n dénombrable, si A 71 E 'J, il ex iste On E (') , Fn E (')' tels que
Fn c An c On et µ( On - Fn) :S ê /2"; pose r 0 = u ~= O 0,,, F = U ~':,,o Fn où no est te l que

µ( LJ Fn - F) Sc].
n =O
2. Soit X un espace métriq ue co mplet séparable, on se pro pose de vérifi er q ue to ute mes ure fin ie
µ: 'l3 -+ IR+ est réguli ère. li s'agit d'établir (2.3.5).
176 CHAPITRE 2 INTÉGRATI ON

a. On le fait d ' abord pour .A = X de la façon sui vante. Soit (ak) une suite partout dense,
montrer que, po urtout entier n 2 1 et tout t: > 0, il existe un entier k( n) tel que
k(n)
(2.3. 12) µ( LJ B'(ak; 1/n)) 2 µ (X) - c/2n
k=O

Montrer alors que]( = n~= l LJ~ ~"d B'(ak ; 1/n) est compact et que µ (X - J<) :<::: c .
b. Soient A E 'Jet e > 0, il existe un fermé F C A, tel que µ ( A ) :<::: µ(F ) + E: ; ](désignant
le compact construit en a., vérifier que µ(A) :<::: µ(F n K) + 2 E: et conc lure.
En ce qui concerne les mes ures de Lebesgue-Stie ltjes, on a alors le
Théorème 2.3.13 Soit 1 = ]a, ,B[ un intervalle ouvert non vide de lR, a lors toute
mesure de Lebesgue-Stieltjes µp : L p( I) --+ i:+ est régulière.
Preuve Les hypothèses de la proposition 2.3 .11 é tant év idemment satisfaites, nou s
allons vérifie r (2.3 .7). Soit A E ,G F(J) et soit E > 0, d'après (2.2. I 3) i1 ex iste un
recouvrement de A de la forme A c LJ~=o ]an, bn] tel que
OO

L (F( bn) - F(an)) :::; µ p(A) + E.


n=O
Soit (En ) une suite de réels > 0 telle que .L ~= O En :::; E. Lorsque bn < {3, d'après
la co ntinuité à droite de F , il existe 0 < Ôn < (3 - bn tel que
F(bn + Ôn) -
F(an) :::; F(bn) - F(an) +En;
lorsque bn = = O. Posons alors On =]an, bn + Ôn[, on a
{3, on prend Ôn
µ p(On) :::; F(bn) - F(an) +En ; l'ouvert 0 = LJ~=o On contient A e t
OO OO

µ p(O) :::; L µ,p(O,.,) :::; L (F(bn) - F(an)) + E:::; µ p(A) + 2s


n =O n =O
et ceci prouve le résul tat voulu . Q.E.D.
Le coroll aire 2.3. 12 montre alors que toute mesure de Lebesgue-Stie ltjes défi -
nie sur un intervalle compac t (proposition 2.3.6) est également régulière .
Indiquons une dernière propriété spéc ifique à la mesure de Lebesg u e sur R à
savoir son invariance par tran slation : il s'agit maintenant d' un lien entre la struc-
ture d 'espace mesuré et la structure de groupe a bélien pour l'addition.
Voici d'abord une définition . Soient (X, 'J) un espace mesurable el f : X--+ X
une bijection, on dit que la tribu 'J est invariante par f si f ('J) = 'J, c'est-à-dire
si une partie A de X appartient à 'J si, et seulement si, f (A) appartient à T Une
mesureµ: 'J --+ i:+ es t alms dite invariante par f si µ(f(A) ) = µ(A) pour tout
AET
Pour donner des exempl es de tribu invariante, nous utiliserons la proposition
sui van te.
Proposition 2.3.14 Soient X et Y des espaces topologiques, '.B(X) et '.B(Y) les
tribus boréliennes de X et Y et f : X --+ Y une application continue, alors
J- 1 ('.B(Y)) c '.B(X): l'image réciproque par une application continue de tout
borélien de Y est un borélie11de X.
2.3 MESURES DE LEBESGUE-STIELTJES 177

Preuve Noton s CJ(X) e t CJ(Y) l'ensemble des ouverts de X el Y ; d ' après la


conlinuiLé de f, on a f - 1 (CJ(Y)) C CJ(X) c 'B(X). D ' après le lemme 2.3 .1,
r
f - 1 (0(Y)) engendre la tribu f - 1 ('B(Y)), d ' où 1 ('13(Y)) c 'B(X). Q.E.D.
Note L' image continue d ' un boré li en n'es t pas nécessairemen t un boré li en (erreur
célè bre dûe à Lebesgue) ; cec i esl à l' orig ine de l'élude des espaces ana lytiques
[27, paragra phe 2.29].
Corollaire 2.3.15 So ient X, Y des espaces topologiques, f : X ---+ Y un ho-
méomorphisme, alors f( 'B(X)) = 'B (Y). En particulier, la tribu borélien.ne d 'un
espace topo logique X est invariante par tout lwméom.orphisme de X sur X.
Sur R, nous a ll ons utili ser les homéomo rphis mes
ho:,/3 : x H cxx + (3 où o:, f3 E R, a =/= 0.
Pou r ex= 1, on obti ent s imple me nt la Lrans laLion x >-+ x + (3 . On a alors le
Théorème 2.3.16 La tribu de Lebesgue/.:., est invariante par l'homéomorphisme
h 0 ,13 et siµ : /.:., ---+ ÏR+ est la mesure de Lebesg ue
p.* (h 0 ,;3 (A)) = lo:I µ*(A ) pour tout A E '.P(R).
En particulier, la mesure de Lebesgue est in.variante par toute translation.
Preuve Notons '13 la tribu boré li enne de lî ; d'après le coroll aire 2.3. 15 , ell e est
invari ante par ho:,/3 · Les applicati ons
B H µ(h a,;3 (B)) et B H lcxl µ (B)
dé fini ssent de ux mesures sur la tribu boréli e nne qui coïnc ident s ur la se mi-algèbre
S(IR.) el qui sont Œ- finies s ur cetle semi-a lgèbre ; d'après le théorème 2.2.8, e lles
coïncident s ur '13. Ceci montre que µ(h a,;3 (B)) = lal µ (B) pour Lout borélie n B
el cette formule montre que l'e nsemble des boréliens de mesure nul le esl invariant
par ha,;3 ; il en est donc de même de ! 'ense mble N des parti es nég li geables e l ceci
prouve que la tribu de L e besgue es t invari ante par hu,;3.
D'après les propositions 2.2.4 el 2.2.6, on a alors pour tout A E '.P(ffi.)
µ *(h a ;3 (A)) inf µ (B) = inf µ(h o: ;3 (B))
' B E'B BE 'B '
B :> h .. .1,(A) B :> A
inf lcxl µ(B) = lcxl µ* (A),
B E 'B
B :> A
ce qui permet de concl ure. Q.E. D.
Exercice 2.3.6 Soit µ : '.B -+ IR+ une mes ure défi nie sur la tri bu borélienne de IR invaria nte par
tran slation. On pose a = µ (JO, 1]) et on suppose 0 <a < +oo. Montre r que µ = aµo oli µo est la
mes ure de Lebesgue [mo ntrer que µ (J O, x]) = ax po ur to ut x > 0 en traitant d 'abord le cas 0 [1 x est
rati o nnel] .
Exercice 2.3.7 Existence d 'ensemble non Lcbcsgue-1nesurable O n considère s ur l' intervalle J0, 1J
la re lat ion d'équi valence "x - y E IQl" et on note (Ai )i E l la partition de ]ü, l J const.ituée de l' ense mble
des classes d'équi valence.
1. Soit J : f -+ JO, l J une fo ncti on de choix, c'est-à-dire une fonction telle que / ('i) E Ai
pour tout ·i, on pose E = f(I ) e t on propose de dé montrer que cet ense mble E n'est pas Lebesgue-
rnes urable. A cet effet, pour to ut r E JO, l] n <Ql, on pose
E,. = ((r + E) U ((r - 1) + E))nJO, 1J.
178 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

a. Montrer que les ensembles Er forment une partition de JO, l J.


b. Si E appartient à L, il en est alors de même des ensembles Er et, µ désignant le mesure de
Lebesgue, µ (E) = µ (E,. ).
c. En déduire une contradi cti on.
2. On se propose de montrer que Card (3'(1R) - L ) = Card '.P(IR).
a. M ontrer que Card 1 = Card lR [on pourra utili ser le théorème 1.9.9 de [27]] .
b. M ontrer que ! 'ensemble des foncti ons de choix f : 1 ---7 JO, l] est équipotent à 3'(1R) et
conclure.

Exercice 2.3.8 1. Construire une suite (An)n ?. l de boréliens de [ü, l] di sj oints deux à deux tell e
que
a. A,, est d ' intérieur vide et µ(An) = 2-n oùµ désigne la mesure de Lebesgue,
b. l'ensembl e des composantes connexes de [O, lJ - u ; =I A p constitue une suite (/j' )j?. l
d ' intervalles ouverts tels que µ(A n + ] n l j') > 0 pour tout n 2: 1 el tout j 2: 1.
[rai sonner par récurrence sur n ; prendre pour A 1 un ensembl e de Cantor C ( k ) avec k 2: 3 tel que
µ( C ( k )) = 1/ 2 (exercice 2.3.4) ; poser ensuite œj = µ(/j' ) et sur chaque fj' centrer un ensemble de
Cant or mod ifié Cj' C I'/ tel que µ (Cj ) = œj /2 ; prendre alors An+ i = LJ~ 1 Cj ; pour vérifier
que A n+ l est d ' intérieur vide, noter que An+ ] est contenu dans l'ensemble maigre u;;;!;~ A p]
2. Montrerquel 'ensembleA = LJ~= l An est unensemble maigre, queµ(A) = l , que [ü, lJ - A
est un ensemble non mai gre de me sure nulle et que A el [ü, l] - A sont tous deux partout dense et
d'intérieur vide.
3. On pose H = U.~=O A 2n+1. montrer que, pour tout inter valle ouvert non vide f C [ü, 1]. on
a µ (! n H ) > Oetµ (! - H ) > O.

2.4 Mesures signées


L'étude des mesures signées se ramène à celle des mesures positives grâce au
théorème fo ndame ntal que n ous a llons établir.
S i (X, 'J) est un espace mes urable, nous noterons M(X , 'J; lR U {+oo}) l' en-
semble de toutes les mesures s ig nées µ : 'J --+ lR U {+oo }. Il ne saurait être
question de dé finir une structure vectorie lle sur cet ensemble: on peut év idemme nt
additi onner de ux mesures sig nées, mai s il n'est pas toujours possible de faire la dif-
fére nce de deux mesures sig nées, vu qu'on ne donne pas de sens à (+oo ) - ( +oo).
Dans ce qui suit, nous serons amenés à fa ire la diftërence µ = µ 1 - µ, 2 de de ux
mesures signées où µ2 : 'J -t R est à vale urs fi nies ; une telle différence µ est
parfaitement bien définie et µ est une mesure signée. Réciproq uement, nous dé-
mo ntrerons que toute mesure sig née pe ut s'écrire comme la différence µ 1 - µ 2 de
deux mesures positives, µ 2 é ta nt à vale urs finies .
Nous utiliserons sur M(X , 'J; lRU { +oo}) la relation d ' ordre induite par l' ordre
produit sur l'ensemble de toutes les appli cations de 'J dans lR U { +oo}: a utrement
dit, on note µ :::; v la relation
(VA E 'J) (µ(A) :::; v(A) ).
Définissons enfin les notions de variation totale et de variati on totale positive
et négative. Étant donné une mes ure signée µ : 'J --+ lR U { +oo }, on pose, pour
2.4 MESURES SIGNÉES 179

tout A E 'J,
(2.4 . 1) µ + (A) = sup L µ(A,) (variation totale positive) ,
'.T iE /

(2.4.2) µ _ (A) = - inf""


y 0 µ(Ai) (variation totale négative) ,
iE l

(2.4.3) lµl(A) = sup L lµ(Ai)I (variation totale)


'.f iEI
où '.J désigne 1'ensemble de toutes les familles finies ( A i )iEI d 'ensembles de
'J contenus dans A et disjoints deux à deux. On définit ainsi des applications
µ ± , lµI : 'J ---+ Ili+ : en effet, en prenant pour famille (Ai) la famille réduite à
l'ensemble vide, on constate que µ+(A) etµ_ (A) sont positifs vu que µ(0) = O.
On ne confondra pas la fonction lµ I et la fonction Ac-+ !µ(A)I, c'est-à-dire on ne
confondra pas lµl(A) et lµ(A)I .
La définition de la variation positive et négative se simp lifie comme suit. On a,
pour tout A E 'J,

(2.4.4) µ + (A) = sup µ(B) et µ _ (A) = - inf µ(B) .


B CA BCA
B ET B ET
Vérifions par exemple la première formule, la seconde se démontre de façon
simi laire. En prenant pour famille (Ai) la famille réduite à un ensemble B E 'J
contenu dans A, o n constate d'abord que µ+ (A) 2'. sup Be A µ(B). D'autre part,
BET
si (Ai )i EI est une famille appartenant à '.J, B = u iE f A i appartient à 'J, B c A et
µ(B) = I>EI µ(Ai ); il en résulte que µ + (A) ::; supscA µ(B) , d' où l'égalité.
' BET
Voici un résultat préliminaire indispensable pour ce qui suit.
Proposition 2.4.1 Toute mesure signée µ : 'J ---+ lR U { +oo} est bornée inférieu-
rernent.
e
Preuve On pose = {A E 'J; inf BCA µ(B ) =-OO }.
BET
1. Montrons que
(2.4.5) (VA E e)(Va E JR)(::JB E e)(B c Aet µ(B) ::; a).
On raisonne par l'absurde. Supposons qu'il existe A E e
et a E R tel que pour
tout B E C, B c A, on ait µ(B) > a. Étant donné que A appartient à e, il existe
Ao E 'J, Ao c A, tel que µ(Ao) ::; a et par conséquent Ao f/:_ e. Il existe donc un
réel a0 tel que µ(B) 2'. ao pour tout B E 'J contenu dans Ao . Pour tout C E 'J,
C c A, on a
µ(C) = µ(C - Ao) + µ(C n Ao) 2'. µ(C - Ao) + ao
et, A appartenant à e, ceci montre que A - A 0 appartient à e. On peut donc trouver
un e nsemble A 1 E 'J tel que A 1 c A - A 0 et µ(Ai) ::; - 1. L'additivité deµ
montre alors que µ(A 0 uAi) ::; a - 1 ::; a. On peut alors répéter à partir de A 0 UA 1
le raisonnement fait à partir de A 0 . Par récurrence, on peut donc construire une
180 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

s uite (An )n>l d 'ensembles de 'J, di sj o ints de ux à de ux et telle que µ (An) :S: - 1
po ur tout n-~ 1. D 'après la a--add iLiv ité deµ, on a alo rs µ( LJ~= l An) = - oo
el cec i est absurde, µ ne prena nt pas la vale ur -oo par hypothèse. Cec i prouve
(2.4.5).
2. Raisonno ns a lors par l' absurde. S i µ n'est pas borné inférie ure m e nt, X ap-
partient à e el, d 'après (2.4.5), il exi ste une suite décroissante (An) de 'I telle que
µ(A n) :S: - n . Poso ns A = n ~=o A n. d 'après la a--additi vité deµ o n a
OO

µ(An) = µ(A) + L µ (Ak - Ak+1).


k=n
Cec i mo ntre, µ(An) étant fl 11i , que la séri e de te rme général µ(Ak - Ak+i) est
convergente ; en fa isant tendre n te nd ve rs l' infini dans la rela tio n précéde nte, on
o btie nt µ (A) = - oo, ce qui est abs urde. Q .E. D.
Cette propos iti o n mo ntre e n partic ulier queµ _ est à vale urs finies. On a al ors
le
Théorème 2.4.2 Théorème de Hahn-Jordan So it µ : 'J --+ R U { +oo} une
mesure signée.
/ . Les applications JL+ : 'J --+ R+, µ _ : 'J --+ R+ et lµ I : 'J --+ R+ sont des
mesures positives et
(2.4.6) µ = µ+ - µ _, lµ I = µ + + µ _ ,
(2.4.7) µ+ = s up (µ , O) , µ _ = - inf (µ , O) .
En outre, la décomposilion µ = µ + - µ _ de µ en différence de deux mesures
positives est la plus petite c1t1 sens suivant: si µ 1 : 'J --+ IR+, µ 2 : 'J --7 R+ sont
deux mesures positives telles que µ = µ 1 - µ2, on a µ + :S: µ 1 et µ _ S:: µ2. La
mesure lµI est la p lus petite mesure positive telle que
(2.4.8) jµ(A) :S: jµj(A) pour tout A E 'J.
1

2. ll existe une partition lfe X de la forme X= P U N où P , N E T telle que


(2.4.9) µ _ (P) = 0 et µ+(N) = O.
On a alors
(2.4. 10) µ(A) 2:: 0 pour tout A E 'J, A C P ,
(2.4. 11 ) µ (A) ::; 0 pour tour A E 'J, A C N ,
(2.4.12) µ +(A ) = µ (A n P) etµ _ (A) = - µ(A n N) pour tout A E 'J.
P r eu ve 1,a. Vérifions d' abord queµ = µ + - µ _ .Soient A E 'Jet B E 'J tels q ue
B C A, on a
(2.4. 13) µ (A) = µ(B) + µ (A - B).
S i µ(A - B) es t fi ni , on a
µ(B) = µ(A) - µ(A - B ) S:: µ(A) + µ _ (A)
el, si µ,(A - B) = + oo , (2.4. 13) mo ntre que µ(A) = +oo et l'inégalité
µ(B) :'.::: µ(A) + µ _ (A) est encore véri fiée. Il e n résulte que
µ +( A) :S: µ ( A) + µ _ (A),
2.4 MESURES SIGNÉES 181

soit µ+(A) - µ _ (A) ::::; µ(A), µ_ (A) étant fi11i. Pour démontrer l'inégalité oppo-
sée, on observe que, d'après (2.4. 13), µ(A) ::; µ(B) +µ+(A), d'où en prenant la
borne inférieure sur B, µ(A) ::::; µ+(A) - µ _ (A) et ceci prouve le résultat voulu.
b. On montre ensuite queµ _ est une mes ure. On observe d'abord que µ _
est croissante d'après sa définition même. Soit (An) une suite d'ensembles de 'J
disjoints deux à deux et de réunion A, pour tollt B E 'J, B C A, on a
OO OO

µ(B) = L µ(B n Ar,) ~ - L µ _ (An)


n=O n=O
et, en prenant la borne inférieure sur B, JL (A) ::::; I: ~= O µ_ (An)· Pour prouver
l'inégalité opposée, considérons des ensembles Bn E 'J, Bn C An ; d'après la
croissance deµ _ , on a
n n n
µ _ (A) 2'. µ _ ( LJ Ap) 2'. - µ( LJ Br) = - L µ(Bp)
p=O p=O p=O
d'où, en prenant la borne supérieure sur les Br, µ _(A) 2'. I:;=Oµ _ (Ap) et par
conséquentµ _ (A) 2'. I: ~=O µ _(An), ce qui prouve le résultat voulu.
c. Étant donné queµ + = µ + µ _ , on e11 déd uit queµ + est également une
mesure.
Les autres assertions de 1. seront démontrées au point 3. ci-dessous.
2,a. Construisons une partition de X vérifiant (2.4 .9). Soit (En) une suite de
réels > 0 telle que la série I: ~=O En soit convergente; µ _ (X) étant fini, il ex iste
des ensembles An E 'J tels que µ _ (X) ::::; - µ(An) + En, d'où
µ _ (X - An) = µ _ (X) - µ _ (An) ::; - 1L(An) + En - µ _ (An) = En - µ +(An)
et ceci prouve que µ+(An) ::::; En et µ _ (X - An) ::::; En.
On pose alors
N = liminf An et P = X - N = limsup(X - An)·
n --700 n-+oo
D'après l' exercice 2.J.5, on a µ+(N) ::::; liminfn _, 00 µ + (An) 0, d 'où
µ+ (N) = O. D'après la croissance deµ _, on a par ailleurs
OO OO

p=n p=n
et on en déduit queµ _ (P) = O.
b. Montrons que la partition obtenue vérifie (2.4.10) et (2.4.11). Soit A E 'J,
A c P, on a µ(A) = µ+(A) - µ _ (A) où 0 ::::; µ _ (A) ::::; µ _ (P) = 0, d'où
µ _ (A) = 0 et µ(A) = µ+(A), ce qui prouve que µ(A) 2'. 0, soit (2.4 .10). On
vérifie de même (2.4.11).
c. Montrons qu'on a alors (2.4.12). On a µ+(An N) = µ _ (A n P) = 0,
d 'où
µ+(A) = µ + (A n P) + µ+(A n N) = !l+(A n P) - µ _ (A n P) = µ(An P),
µ _ (A) = µ _ (A n P) + µ _ (A n N) = µ _ (An N) - µ+(A n N) =-µ(A n N ).
182 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

3,a. Vérifions que jµ I = JL+ + µ _ ; ceci prouvera en partic ulier que jµj est une
mesure. D'après la défi niti o11 de jµ j, o n a d ' abord pour tout A E 'J
jµj(A) ~ jµ(A n P) I + jµ(A n N)I = µ+(A ) + µ _ (A).
D'autre part, soit (Ai) iE J une fami lle d'ensembles appartenant à ~. posons
A ±= U iEit Ai où I+ = {i E / ; µ (A;) ~ O} et L = {i E / ; µ(A; ) < O},
a lors
L lµ ( A ;)I = µ(A+ ) - µ(A _ ):::: µ+ (A+)+ µ _ (A _ ) :::: µ+ (A) + µ _ (A) ,
iE I
d ' où jµj(A) :::; µ+( A )+ µ _( A ) et le rés ultat voulu.
b. Mo ntrons que µ+ = s up (µ , 0). Étant donné que µ (A) µ+(A), il est s
clair queµ + est un majorant d e {µ , O}. Il s'ag it donc de montrer que toute mesure
positive v majorant µ majore µ+. On a en effet, pour tout A E 'J, d'après la
croissance de v µ + (A) = µ (An P) v(A n P) s s
v(A). On vérifie de même
queµ _ = - inf (µ , 0) .
c . Soient µ 1 : 'J --+ iR+, µ2 : 'J -+ IR.+ de ux mesures te lles queµ = µ 1 - µ 2 .
D'après (2.4. 12), on a alors
µ+( A) = µ(A n P) = µ1(A n P) - µ2(A n P) :::: µi(A n P) :::: µ1(A) ,
µ _(A) =- µ(A n N) = µ2( A n N) - µ1(A n N) :::: µ2(A n N) < µ 2(A)
et cec i prouve que la décompositi on deµ en différe nce de de ux mesures pos itives
est la plus petite.
d . Vérifi ons (2.4.8): on a
jµ(A)I = IJL+(A) - µ _ (A)I :::: µ+ (A)+ µ _(A) = jµj (A).
Enfin , soit v : 'J -+ 'i+ une mesure telle que jµ (A) I s
v(A) pour tout A E 'J.
So it (Ai)iEr une famill e d 'e nsembl es de 'J appartenant à '.f, alors
L jµ(Ai) 1 S L v(Ai) = v(LJ A ;) S v(A) ,
·i E I iE / iEI
d 'où lµ j(A) s v(A) . Ceci prouve que jµ j est la plus petite mesure positive véri -
fiant (2.4.8). Q .E.D.
Exemple 2.4.1 Voici un exemple simple de décomposition de Hahn-Jordan . Soient
(xn) une s uite de points dis ti ne ts d ' un ensemble X, (Pn) une suite de IR telle que la
série I:~=O Pn so it absolument convergente etµ : '.P(X) -+ IR. la mesure atomiq ue
associée, c'est-à-dire
µ(A) = L Pn OÙ A E '.P(X).

On a a lors
µ+( A) = L Pn et µ _(A) = - L Pn ·
cc., E A x,. E A
p.,,>0 p,. < 0
Quant à la décomposition de l'espace X, elle n'est pas unique e n général ; toute
partition X = P U N tell e que
P -::; LJ {Xn } el N -::; LJ {Xn}
p ... > 0 p,. < 0
2.4 MESURES SIGNÉES 183

con vient et ce so nt les seules.


L'espace NI(X, '.T; IR) des mesures à vale urs finies est un sous-espace vec toriel
de l'espace vectoriel de toutes les applicati o ns de 'J dans R Cet espace es t muni
d ' une relation d ' ordre compatibl e avec sa stru cture vectorie lle selon la définiti on
suivante.
Définition 2.4.1 Un espace vectoriel E muni d'une relation d'ordre est appelé un
esp ace vectoriel ordonné si
(EO L) pourtout x,y,z E E, x ::; y ==? x + z::; y + z,
(E02) pour tout x E E et tout .À 2 0, x 2 0 ==? .Àx 2 O.
Un espace vectoriel ordonné est appelé un espace de Riesz si toute pa rtie à
deux éléments admet une borne inférieure et une borne supérieure.
Dans un espace de Riesz, on pose pour tout x E E
X+ = s up (x, 0), x _ = (- x)+ = - in.f (x,O) et lxl = X+ + x _ ;
x+, x _ et lxl s'appellent respectivemen t la partie positive, la parti e négative et la
valeur absolue de x . On a alors x = x+ - x _ : en effet, d ' après (EOL), on a po ur
tout x, y,z E E, s up (x + z, y + z) = s up( x,y) + z, d 'où
x+ - x = s up (x, 0) - x = s up(O, - x) = (- x)+ = x _ .
Il e n résulte que
1 1
x+ = -(x + lxl ) et x _ = - (lxl - x).
2 2
L'espace NI(X, '.T;IR) est év ide mment un espace vectoriel ordonné; le fait que
ce soit un espace de Riesz résulte par exe mpl e du lemme suivant.
Lemme 2.4.3 Un espace vectoriel ordonné E est un espace de Riesz si, et seule-
ment si, pour tout x E E, la borne supérieure x+ = s up(x, 0) existe.
Preuve Montrons que deux é lé ments quelconques x et y de E admettent pour
borne s upérieure z = (x - y) ++ y. On a (x - y) + 2 0 e l (x - y)+ 2 x - y, d'où
z 2:: y et z 2: x , ce qui prouve que z majore x e t y. D' autre part, s i t maj ore .Y: e t y,
alors t - y maj ore x - y el 0, donc (x - y)+, e t par co nséquent t majo re z , ce qui
prouve que z est la borne supé ri eure de x e l y.
Montrons q ue {x , y} admet une born e inférieure. Or, dire que t minore x et y
sig nifie que - t majore - x el - y ; il en résulte que - s up (- x , - y) est la borne
infé ri eure de x et y. Q.E.D.
L'espace NI(X, '.T; IR) est donc un espace de Riesz:µ+ elµ _ sont sim ple ment
les parties positive el négative deµ et lµ I e n est la valeur absolue.
Exercice 2.4.l Soit NI(X, 'J; E) l 'ensembl e des mes u1·es 11 : '.T ---+ B à valeurs clans un es pace de
Ban ac h E ; cet ense mble est un sous-espace vecto ri el tl e l 'espace vectoriel de to utes les applicati ons
de '.J clans E.
1. M ontrer que toute mes ureµ E M(X , 'J; E) est born ée [utili ser la proposition 3. 16 .9 de [27]].
On munit l 'espace M (X, '.T; E) de l a norme de la topo l ogi e de la conve rgence uniforme

11 1~11 = sup llµ(A)ll·


A E'T

2. Montrer que l 'espace NJ(X , 'J; E) est un espace de Banach.


184 CHAPITR E 2 INTÉGRATION

3. Lorsque E = R montrer que

11µ11 :S lµl(X) :S 2 ll µl l

eten déd uire que, sur l'espace M(X , '.T; JR(), l' application µ H lµl(X) est une norme équi vale nte à la
norme llµll.
Exercice 2.4.2 Soit µ : T -+ E une mesure à valeurs dans un espace de Banach E, on définit la
variat ion totale de µ par
lµI (A) = s up L llµ(A;)ll, A E T,
'.f A iE I
où '.f A désigne l'ensemb le de toutes les familles finies (A;); EJ d' ensembles de 'J contenus dans A et
disjoints deux à deux.
1. Montrer que lµI : 'J-+ ÏR+ est une mes ure et que c'est la plus petite mesure positi ve telle que

liµ(A)ll :S jµl(A) pour tout A E 'J.

2. On dit queµ est à variat io11 bornée si jµj (X) est fini et on note M vb( X , 'J; E) l'ensembl e
des mesures à variation bornée. Montrer que cet ensemble est un so us-espace vectoriel de l'espace
M(X , '.T; h"J ) sur leque lµ. H 1 1~1(.X) est une norme d 'espace de Banach [on pourra utiliser l'exercice
2.4. l].

Exercice 2.4.3 Soit µ,,, 'J -r IR U { +oo} une suite croissante de mes ures et soit
µ (A) = supn µ, n(A), A E 'J, montrer queµ: 'J -r IR U {+oo} est une mesure [traiter d 'abord le
cas de mesures positives, puis étudier les s uites décroissantes de mesures positives finies]_
Exercice 2.4.4 Dans l'espace ordonné M(X , 'J; IR), montrer que to ute famille non vide majorée
admet une borne supérieure [soit (JJi)iE I une famille de mes ures majorée, on vérifiera que la borne
supérieure de cette fami lle est donn ée par la fo rmul e

µ, (A) = sup L µ ;(A;), A E 'J,


iE J

où la borne supérieure porte s ur l'en semble de toutes les familles finies (A;); E J • J E '.f(I) ('.f(J)
désignant l'ensemble des parties finies de J), d'ensembles de 'J disjoints deux à deux et contenus dans
A].
8 - Intégrale de Lebesgue

2.5 Fonction étagée


Étant do nné un espace mes uré (X, 'J, µ),o n d éfi nit l' intégrale des fonctions carac-
téristiques des e nsembles mesurables comme s uit

/ 11. A dµ = µ(A) pour tout A E '.T.

On obtie nt ainsi une ap plication f H J f dµ, qui est définie sur l'ensemble d es
fo n c tions (11. A)A ET et il s'agit de prolonger cette appli cation à un ensemble de
fonctions de X dans R" aussi vaste que possible, ce prolongement ayan t de bonnes
propriétés . On souha ite d ' abord que l'application f H Jf dµ soit lin éaire e t la
première étape consiste donc à défi nir lintégrale des fo ncti ons appartena nt à l'es-
pace vectoriel engendré par les fo nctions (11..A )A E'.J; cec i n'est pas toujours pos-
sibl e: par exemple, si A, B E 'J sont tels que µ(A) = µ(B ) = +oo, la form ul e

/ (Il.A - 11. s)dµ = J 11..A dµ - / 11.Bdµ


n'a aucun sens pui squ'on s'i nterd it d'écrire +oo - (+oo ). Ceci va nous contrai ndre
dans un premier temps à nous intéresser uniquement à des fo nctions positives.
Étant donné un espace mesurable (X , 'J) , no us noterons é'.(X, T; R ) , o u plus
simplement é'. si auc une confus ion n 'est à craindre, le sous-espace vectori e l de
l'espace vectoriel '.f(X; JR.) de toutes les app lications de X dans lR. e ngendré par
l'en semble de fo ncti ons (Il.A) AET· Une fonction appartenant à cet espace vectorie l
est appelée une fo ncti on 'J-étagée ou plus simple ment une fo nction étagée. Une
fonction étagée peut donc s' écrire
(2.5.1)
iE J

où (Ai)i EI est une fa mille finie d 'ense mbl es de 'Jet ai E R.


Une fonction étagée admet toujours une écriture de la forme (2.5 .1) où la fa-
mille (Ai) est une partition finie de X constituée d 'ensembles Ai appartena nt à '.T.
Ceci se vérifie par récurrence sur le nombre d 'é lém ents de 1 : lorsque Card I = 1,
la fonction f = a11. A pe ut e n effet s'écr ire f = a11. A + 011.x - A et si
f = LiEI ai11. A., + b11. B où la famille (A;) est une partition finie de X, f peut
186 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

alors s'écrire

iE 1 iE J

et les ensembles (Ai - B)iEI• (Ain B)iE / constitue nt bien une partitio n fini e
de X. De pl us, la fonction caractéri stique de l' e nsemble vide étant la fo ncti on
ide ntiquement null e, on pe ut to uj ours supposer que les A i sont non vides.
Notons E+ l'ensem ble de to utes les fo nctions étagées positives. Si
J = LiEI a; li. A, est une fonction étagée où (A;);E f est une partition finie de
X avec A; E 'J, A i =/= 0, dire que f est posi tive sig nifie q ue ai 2'. 0 pour to ut i. On
définit alors ! ' intégrale d ' une telle fonctio n par

(2.5.2) ff dµ = L
·i E [
ai µ (Ai) E ÏR+

où on fa it la conve nti on 0 x (+oo ) = 0 ; cette convention est naturelle : e lle


implique en effet q ue l' i nté~ ral e de la fo nction 0 llx, c'est-à-di re de 1a fo nction
ide ntiquement null e, est nulle que X soit de mesure finie ou non.
J
Bien entendu, il faut vérifier que le nombre f dµ ne dépend pas de l'écriture
de f. Autrement dit, supposons

f = La; li.A, = L b1 ll sj
iE f jEJ

où a.;, b1 2'. 0, A;, B J E 'Jet (A;), (BJ) sont des partitions fin ies de X. Il faut
alo rs vérifier q ue
2.:aiµ(A i ) = LbJµ(BJ)·
iE ( j EJ

Poso ns CiJ = Ai n B J E 'J, ces e nsem bles sont d isjoints deux à deux et
Ai = u j E J C;j. Bj = u iE I cij ; d 'après l'add itivité deµ on en dédui t que

µ(A ;) = Lµ (C; 1 ) et µ(B 1 ) = L µ(CiJ) ·


j EJ iE J

On remarque enfin q ue a;= b1 si C;j =/= 0, donc a fo rtiori lorsque µ(CiJ) =/= 0 et
par conséquent

Laiµ( Ai) = L aiµ(CiJ) = L bjµ(Cij) = L bJµ(B1),


iE [ ('i,j) E f X J (i,j)ElxJ jEJ

cec i pro uve le rés ul ta t vo ulu .


L' in tégrale des fo nctio ns étagées pos itives est donc bien défini e ; on n o tera que
celte intégrale peut être égale à +oo . O n a d 'autre part les propriétés élé me nta ires
suivantes .
Proposition 2.5.1 / . Soient f", g E ë+ et a, f3 2':: 0, alors af + f3g E ë+ et

/ (a f +(3g)dµ =a / Jdµ +f3 j' gdµ.


2.6 FONCTION MESURABLE 187

2. L'application f ri J f dµ de é'. + dans IR+ est croissante: soit f , g E é'. +,


alors
1 :::: g =} I 1 dµ s: I g dµ.

Preuve Étant donné deux fonctions f , g E é'.t-> on remarque qu' o n peut toujours
trouver une partition finie (A;)·iE I de X où A i E 'J, Ai =F 0, telle que
f = L a;ll. A, et g = L b;11.A, où a;, b; :::'.: O.
iE J ·i E f

1. On a alors a. f + f3g = L iE I( a.a; + ,Bb;)ll A,, d' où

/ (aJ + /3g) dµ = ~(aa; + /3b;)µ(A 1) = a ~a;µ(Ai) + ,B~b-iµ(A;)

a J f dµ + /3 Ig dµ .
2. L'inégalité f S: g signifi e a;::; b;, d'où

/ f dµ = ~a;µ( A ;) ::; ~ b;µ(A;) = / g dµ. Q.E.D.

Cette proposition montre que, pour toute fonction étagée positive


f =L iE I a;ll A, , a; :::'.: 0, on a f dµ J = Li E f a.i µ(A ;) que lle que soit la fa-
mille fini e (A;) d' ensembles de 'J.

2.6 Fonction mesurable


Le prolongeme nt de l'intégrale repose sur le principe très simple suiva nt. Soit (fn)
une suite croissante de fonctions étagées positives, toute suite monotone de R é tant
convergente, une telle suite converge simplement ; notons f : X --+ lR+ sa limite.
D 'après la proposition 2.5.1, la suite (J fn dµ) est croissante, donc converge nte ;
on défi nit alors l' intégrale de f comme la limite de cette suite (j f n dµ) . Cette dé-
fi nition nécess ite d 'être justifiée, ceci sera fait au paragraphe s uivant. Auparavant,
étudions l'espace des fonctions qui sont des limites simples de fonctions étagées ;
cet espace est tout à fait remarquable comme nou s allons l'expliquer.
Voici une première défi nition .
Définition 2.6.1 Soient (X, T) un espace mesurable, Y un espace topologique,
('.)(Y) l 'ensemb le des ouverts d e Y, une fonction f : X --+ Y est dite 'Y-mesurable,
ou simplement mesurable, si 1- 1 (0(Y)) C 'J, c'est-à-dire si
(2.6.1) pour tout ouvert 0 de Y, f - 1 ( 0) E 'J.
Nous noterons M(X, 'J; Y) l'espace de toutes les fonctions mesurables de X
dans Y .
Si A est une partie de X, la fonction nA : X --+ R. est mesurable si, et seule-
ment si, A appartient à T, c'est-à-dire si, et seulement si, A est mes urabl e.
188 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Remarque 2.6.1 Si 'J1 et 'J2 sont deux tribus sur X telles que 'J1 C 'J2 , toute
fonctio n 'J1 -mesurable est é\lidemment 'J2 -mesurable .
La définition 2.6. 1 peut être précisée de la façon sui vante .
Lemme 2.6.1 Soient (X , 'J) un espace mesurable, Y un espace topologique, e
un ensemble de parties de Y engendrant la tribu borélienne '.B(Y) de Y et soit
f : X -+ Y une application, alo rs les propriétés suivantes sont équivalentes
1. f est mesurable,
2. pour tout borélien B E '.B(Y), f - 1 (B ) E 'J,
e,
3. pour tout A E f - 1 (A) E 'J.
Preuve 1 =? 2 L' ensemble 'J' = {A E '.P(Y ); f - l( A) E 'J} est une tribu ; si
f est mes urable, cette tribu contient (')(Y) e t par conséquent elle contie nt la tribu
borélienne, ce qui prouve 2.
2 =? 3 car e c '.B(Y) .
3 =? 1 La tribu 'J' contie11l e,
do nc la tribu borélienne de Y et, a fortiori, (')(Y).
Q .E.D.
E n prenant pour espace mesurable (X , 'J) un espace topologique X muni de
sa tribu borélie nne, on obtient la notion de fonction borélienne, so it
Définition 2.6.2 Soient X , Y des espaces topologiques, '.B(X) et '.B(Y) leur tribu
borélienne, une application j : X -+ Y est dite borélienne si
f - 1 ('.B( Y)) c '.B (X) .
En particulier, toute applicati on continue est borélien ne.
Remarque 2.6.2 Considérons s ur R. la tribu borélienne '.B et la tribu de Lebesgue
L. Une fo nction f : lR. -+ Y L -mesurable est dite Lebesgue- mes ura ble ; étant
donné que '.B c L , toute fo nctio n borélienne est Lebesgue-mes urab le mais la ré-
ciproque est inexac te : en effet, soit A E ,.C - '.B (exercice 2.3. l ), la fonction
ll A : IR-+ IR es t Lebesgue-mesurable, mais n' est pas borélie nne.
On a év idemment la propriété s ui vante.
Proposition 2.6.2 Soient (X , 'J) un espace mesurable, Y et Z des espaces topo-
logiques, f : X -+ Y une application mesurable et g : Y -+ Z une application
borélienne, alors l'application g o f : X -+ Z est mesurable.
En particulier, la composée de deux applications boréliennes est borélienne :
si X, Y el Z sont des espaces topologiq ues et si les applicati ons f : X -+ Y,
g: Y -+ Z sont boréliennes, l'application g o f: X -+ Z est borélienne.
Remarque 2.6.3 Soient (X ,'J) un espace mesurable, Z un espace lopologique,
Y un sous-espace de Z et i : Y -+ Z l' injection canonique, alors une application
f : X -+ Y est mesurable si , et seu lement si, i o f : X -+ Z est mesurable. E n
effet, si f e st mesurable, i o f est mesurab le car ·i est continue, donc bo rélienne .
Inversement, si ·i o f est mesurable et si 0 est un ouvert de Y, il ex iste un ouvert
U de Z tel que 0 = Un Y , d'où f - 1 (0 ) = (i o f) - 1 (U) E 'J.
2.6 FONCTION MESURABLE 189

Les a ppli catio ns :r; H x+ = max(x, 0), x H x _ = - min(x, 0) et :r H lx l


de IR dans lui -mê me étant continues, o n obti e nt la
Proposition 2.6.3 Soit f : X --t R une app lication mesurable, alors les applica-
tions!+ = max(f, 0), f - = - min (f, 0) et lfï de X dans R+ sont mesurables.
P our caractériser la mesurabilité des fo nc tions à vale urs complexes, nous u tili -
serons le lemme s ui vant.
Lemme 2.6.4 Soient (X, 'J) un espace mesurable, Y1 et Y2 des espaces topo lo-
giques admettant une base de topologie déno mbrable, Y = Y1 x Y2 l'esp ace
produit et pri : Y --t Y; la projection d 'indicei, alors une application f : X -+ Y
est mesurable si, et seulement si, les applications pri o f : X --t Y; , i = 1, 2, sont
mesu rables.
Preuve Les projec ti o ns étant continues , s i f est mesura ble, les applicati o ns
f i = pri o f so nt mesurabl es. Réci proque me nt, tout o uve rt de Y peut s 'éc rire
co mme une ré uni on dénomb rable d 'ouverts de la forme 0 1 x 0 2 où O; est un
ouve rt de Y; et f - 1 (0 1 x 02) = f1 1 (01) n ! 2- 1(0 2), ce qui permet de conc lure.
Q.E.D.
Proposition 2.6.5 So it (X , 'J) un espace mesurable, une application f : X -+ C
est m esurable si, et seulement si, les applications IRe f , '2Sm f : X --t IR sont
mesu rables. Si f est mesurable, l'application fi : X -+ IR+ est mesurable.
1

Pre uve La pre mière asse rtion résulte du lemme et la seconde de la continuité de
l'applicati on z H lzl de C dans lR+. Q.E.D.
C01·01Iaire 2.6.6 Soient f ,g : X -+ C des applications mesurables, alors les
applications f + g et f g sont mesurables.
Pre uve L'appli cati on (f,g) : x H (f(x) , g(x)) de X da ns C 2 est mesura bl e
d'après le lemme 2.6.4. On conclut en util isa nt la conti nui té des appli cati o ns
(z, z ') H z + z' et (z, z') H zz' de C 2 dans C. Q.E.D.
Toute applicati on constante étant mesurable, on en dédui t que M(X , 'J; q
est un sous-espace vectorie l, et même une sous-algèbre, de l'algè bre complexe
'.r(X;C) de to utes les applicati ons de X dans C. Il en résulte que M(X , 'J; JR ) est
une sous-algèbre de l'algè bre réell e '.r(X; lR). Muni de la relation d 'ordre us ue ll e
(V.x E X)(f(x) ~ g(x)), cet espace M(X , 'J; IR) est év ide mment un espace vec-
torie l ordonné et même un espace de Riesz d 'après le lemme 2.4.3 et la propos iti on
2.6.3 ; f + est la partie pos itive de f, f - sa partie négative et If 1sa valeur abso lue.
La fo nction 11. A pour A E 'J étan t mesurable, to ute fo ncti on étagée est mesura ble ;
l'esp ace ë(X, 'J; JR) des fo nctions étagées est e n fait une so us-algè bre de l' algè bre
M(X, 'J; IR).
Pour des fo nc tio ns à valeurs réelles, on a d es critères très simples de mes u ra-
bilité qui résul te nt du lemme sui vant.
Lemme 2.6.7 Chacun des ensembles de parties
([- oo, a[)a E!ft1 ( [- oo, a]) aE!ft , (]a, + oo Dam et ([a, + oo])aEIR
engendre la tribu borélienne de R
190 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve Considérons par exemple la tribu T e ngendrée par l'ensemble


([-oo, a [) aEIR et notons '.B la tribu borélienne de i. Les intervalles [- oo, a [ étant
o uverts, on a T C '.B . Pour démontrer l'inclusion opposée, on vérifie que to ut ou-
vert 0 de i appartie nt à T O n a 0 = (0 n R) U A où 0 n IR est un ouve rt de IR vu
que i induit sur IR la topologie de IR e t A est une partie de { - oo, +oo }. Tout ouvert
de R pe ut s'écrire comme une réunion dénombrabl e d ' intervalles ouverts bornés ;
par conséquent, il s uffit de vérifier que les ensembles ]a, b[ ( - oo < a < b < +oo ),
{-oo} e t {+oo} appartie nnent à T C ec i résulte alors des formul es suivantes
OO

]a, b[ = [-oo, b[- [-oo, a], [-oo, a] = n [-oo, a + l / n[ ,


n= l
OO OO

{- oo} = n [- oo, - n[ , {+ oo} = R - LJ[- oo, n[.


n= l n= l
On traite de même les troi s a utres cas. Q.E.D.
De ce lemme et du lem m e 2.6. 1, o n déduit la
Proposition 2.6.8 Soif f : X ---+ i une application, alors les propriétés suivantes
sont équivalentes
/. f est mesurable,
2. pour tout a E IR, L'ensemble {x E X ; f (x ) < a} appartient à T,
3. pour tout a E IR, L'ensemble {x E X ; f (x ) ::::; a} appartient à T,
4. pourtout a E JR, L'ensemble {x E X ; f( x ) > a} appartientàT,
5. pourtouta E JR, l'ensemble {x E X ; f( x ) 2: a} appartientàT.
Remarque 2.6.4 Si X es t un espace topo logique, co ute fonction f : X ---+ i
s.c.s. o u s.c.i. [27, paragraphe 2. 14] est borélie nne d ' après les caractérisatio ns pré-
cédentes. Si I est un intervalle de IR, on e n déduit égalem e nt que toute fonction
monotone f : I ---+ i es t boré lien ne, l' image réciproq ue par f de tout intervalle
é tant un intervalle.
Exercice 2.6.l Existence d 'ensemble Lcbesguc·mesurable non borélien On définit une fonction
f : [O, l[ -+ C, C désignan l l' ensemble de Can1or [27, exercice 2.6.2] , de la façon s uivan1e. Toul
x E [O, 1 [ admet un unique développement de la forme x = l:: ~= l Dn/2"' où °'n E { 0 , 1} , les °'n
n' é1an1pas1ou s égaux à 1 à pan ir d 'un certai n rang; on pose alors j (x ) = E ~= J 2n.,.,,/3"-
l . Mon1rerq ue l' application f est strictement croi ssante.
2. Soit A une partie de [O, 1[ non Lebesgue- mesurable (exercice 2.3.7), montrer que f (A) E L-'B
[pour vérifier que f(A) EL, utili ser l 'exercice 2.3.l ; pour montre r que j(A) n'es1 pas un borélien,
raisonner par l' absurde et utili ser le fait que f est boré lienne].

Ces caractérisati ons vont no us permettre de prouver qu'une limite simple de


fonction s mesurables est encore mesurable .
Proposition 2.6.9 l. Soit f n : X ---+ iR une suite de fon ctions mesurables, alors
les applications
sup f n, inf f n , lim sup f n et lim inf ]:,,,
n EN nEN n -+= n-+ oo
sont mesurables.
2.6 FONCTION MESU RABLE 191

2. Soit f n : X --+ IR (o u C ) une suite de fo nctions mesurables convergeant


simplement vers f, alors la fonction f est mesurable.
Preuve 1. Il suffit de véri fie r la mesurabili té des e nve loppes s upérie ure et infé ri e ure
et cette mesura bilité rés ul te de
OO

{x E X; s up fn( .x) :::; a} = n {x E X; fn( x ) :::; a} ,


n EN n=O
OO

{.r E X ; inf f n(x ) 2: a} = n {x E X ; fn( x) 2: a}.


n EN
n= O
2. Lorsque les fo ncti ons j",. sont à vale urs da ns JR, 2. résulte de 1. vu que
li m n -too f n = lim s upn-+oo f n par exe mpl e . Lorsque les fo nc tions f n so nt à
vale urs com plexes, o n note que la s ui te ('Re f n ) (resp. ('::sm f n) ) converge vers
(~e f ) (resp. ('::smj)) et o n utili se la propositi o n 2.6.5. Q.E.D.
O n observera l'ex traord inaire stab ili té de l 'espace M(X, '.T; C) des fo nctions
mes urab les ; il est to ut à fa it remarq uab le qu e to ute limite s impl e d ' un e s uite
de fo ncti ons mesurabl es soit mes ura bl e. Po ur la mesure de Lebesgue sur JR, il
fa ut fai re a ppel à l' axiome de cho ix po ur pro uver l' ex iste nce de fo nc ti o ns no n
Lebesgue- mesura bles.
Toute fon ctio n étagée é tant mes ura bl e, to ute limite sim p le d ' une su ite de fo nc-
ti o ns étagées es t mesurable. Nous all o ns dé mo ntre r que, réc iproque m ent, to ute
fo nction mesurable est la limite d ' une suite de fo nc tions é tagées. Autre me nt d it,
da ns l' espace '.fs( X ; IR) muni de la topo logie de la converge nce sim ple , l'espace
M d es fo nc tions mes urables est l'adhére nce séquentiell e de l'espace ê des fo nc-
ti o n s étagées et M est séque nti elle ment fer mé dans l' espace '.f8 (X;R) ; cec i est
évid e mment tout à fa it re marq uab le.
P our e ffectuer le pro longement de l' in tégrale, o n a beso in d u rés ul tat p lus pré-
cis q ui sui t.
Proposition 2.6.10 To ute fo nction mesurable positive f : X -+ IR+ est la lim ite
d'une suite c roissante de fonctions étagées positives.
Preu ve Pour to ut enti e r n, o n pose

An,v = .r- 1 ([~ , P;


1 2
[) pour O :::; p :::; 2 n - l , An,2 2 .. = r 1
([2n , +oo]) .
Ces ensembles sont mesura bles et constitue nt une partiti o n de X. Posons
fn I::~:~ p/2n 11. A,, ,,, · O n obtie nt a insi une s uite croissante Un)
de fo ncti ons étagées positives qui conve rge vers f : e n effet, s i f (x) est fini ,
0 :::; f(.x ) - fn (x) :::; 2- n dès q ue 2n 2: f (r) et, si f (x) = + oo, fn(x) = 2n.
Q.E. D.
Remarque 2.6.5 Lorsque f est une fonc ti o n bornée , la suite U n) construite dans
la dé mo nstra tio n précéde nte converge uni fo rmé ment.
Exercice 2.6. 2 Montrer q ue toute fonct ion mes urable positi ve f X -+ ÎR+ pe ut s'écrire
f = L:::::"=o an ll A,, où 0 ::::; a,, < oo, An E T.
192 CHAP ITRE 2 INTÉGRATION

Une fonction mesurable f: X --+ R s'écrivant f = f + - f _ , on en déduit, vu


la proposition 2.6.3, le corolla ire s ui vant.
Corollaire 2.6.11 Toute fon ction mesurable f : X --+ Rest la limite d 'une suite
de fon ctions étagées.
Ceci permet a lors de co mpl éte r le coroll aire 2.6.6 lorsque f e t g sont des fonc-
tio ns à vale urs dans i. On ne pe ut défi nir la somme de ces de ux fonctions que si
(f (x) , g(x) ) est différent de ( +oo, -oo) et de (-oo, +oo) pour to ut x . Q uant au
produit fg, il est toujours bien défini car on convie nt que
0 x (±oo) = (±oo) x 0 = 0,
ma is la multiplication ainsi prol o ngée à R n'est pas continue a ux points (0 , ±oo)
e t (±oo, O).
Proposition 2.6.12 So ient f , g : X --+ R deux fon ctions mesurables.
1. Si (f(x),g(x)) E R - {(+00,-00), (- 00,+oo )} pour tout x E X, la
fonction f + g est bien définie et elle est mesurable.
2. La fonction f g est mesurable.
Preuve Il existe des suites U n) e t (gn) de fonctions é tagées qui convergent vers f
e t g.
1. La suite Un+ 9n ) es t alors une suite de fonc ti o ns é tagées qui con verge vers
f + g, ce qui prouve sa mesurabilité.
2. On pose A = {x E X ; f( x) g(x) = O}, pui s f~ = fn 11 x - A,
g~ = gn11. x - A ; la sui te de fo nc tio ns étagées (f~g~) converge alors vers f g, ce
qui pe rmet de conclure. Q .E.D.

2. 7 Fonction intégrable
On se donne un espace mesuré (X, 'J, µ). On notera E+ l'espace des fonctions
é tagées pos itives e t M+ l'es pace des fon ctions mesurables pos itives. Étant donné
une fonction f E M+, il existe (proposition 2.6. lO) un e suite croissante Un)
de E+ qui converge ve rs f ; la suite (J f n dµ) étant croissante, o n d éfi nit alo rs
l'i ntégrale de f par
(2.7. I )
J f dµ = lim j fn dµ ER+ .
n~oo

Note Cette intégrale sera ég2le ment notée j~ f dµ lorsqu ' il sera utile de préc iser
qu ' il s'ag it de l' intégrale sur tout l'espace X .
Il faut vérifier que la limite figurant dans (2.7 . 1) ne dépend pas du choix de la
s uite Un) ; à cet effet, nous utili serons le lemme sui va nt.
Lemme 2.7.1 Soient U n) llne suite croissante de E+ et g E E+ tels que
g:S: limn ~oo f~ , alors
2.7 FONCTION INTÉGRABLE 193

Preuve Soit 0 :::; t < 1, posons B n = {x E X ; f",.( x ) ~ tg( x )}. Les fo nctions
i n - tg étant étagées, donc mesurables, les e nsembles B n sont mesurables. L'hy-
poth èse g ::::: limn-HX) in et le fa it que t soit < 1 montre nt que X = u~= O B n
et de plus, la sui te Un) étant croissante, la st1ite (Bn) est croissante. D' après la
proposition 2 .5 . l , on en déduit que

(2.7 .2) t J g11. s,, dµ ~ J i n11 B,, dµ ~ I i n dµ .

La fo ncti on g peu t s'écrire g = L iE t a ; ] A , (a; ~ 0 , I fini , A i E 'J) et


g11. s,,
= L iE J a ; ll. A;na,, , d'où

J gll B,, dµ = Laiµ,(A; n Bn)·


i EJ
La s uite (Ain E n ) est une s uite croissante de réunion A; ; d ' après la contin uité
supérieure de la mesureµ, on en déduit que

nl~~ 1 g1l.B,, dµ = L a,µ(A;) = ; · gdµ


iE I
et, e n passant à la limite dans (2 .7 .2), on obtient

t J g dµ :S n-+oo
lim fn dµ;

ceci étant vérifié pour tout 0 ~ t < 1, on peut conclure. Q.E.D.


Considérons alors de ux s uites croissantes U n) et (gn) de ë+ convergeant vers
i E M+ . On a gp ~ limn-+oo in pour tout e ntier p, d'où d'après le lemme

j. gp dµ ~ n-+oo
lim / f n dµ

et en passan t à la limite

lim ; · 9p dµ :S lim
p-+ oo n-+OCJ
I f n dµ.

En permutant le rôle des deux suites Un) et (gn), on a en fa it l'égalité et ceci


montre bien que la définition (2.7.1) de l' intégrale de f ne dépend pas du choix
de la suite Un). On définit ainsi une application f >-+ Ji dµ de M + dans lR+ qui
prolonge l'i ntégrale des fonctions de ë+ : e n effet, lorsque i appartient à E+, on
peut prendre comme s uite Un) la suite constante et égale à f.
L'intégrale d'une fonction de M + peut êt re égale à +oo ; ceci conduit aux
définitions suiva ntes.
Définition 2.7.1 Une fonction mesurable positive est dite µ -intégrable, ou sùn-
plement intégrable, si son intégrale est finie. Une fonction f : X -+ lR est dite
intégrable si les fonctions i + et i - sont intégrables et on définit alors l 'intégrale
de f par
J f dµ = J f+ dµ - I f- dµ E R
194 CHAPITR E 2 INTÉGRAT ION

Enfin, une f o nction f : X ---+ C est dite intégrable si les fonctio ns 'Re f et
CSm f sont intégrables, l'intégrale de f est alors définie par

/ f dµ = J 'Re f dµ + i J CSm i dµ E C.
Toute fo nc ti o n intég rabl~ est nécessaire me nt m esurable . La fon ction carac té-
ristique 11. A d ' un e nsemble mes urable est intégrable s i, et seuleme nt si, la mesure
de A est fi nie ; o n dit alors q ue A est un e nsemble in tégrable. Une fo nction étagée
positive Li E J ai 11 Ai (ai 2: 0, 1 fi ni , A; E 'J), est intégrable si, et seuleme nt si,
11(A;) est fini dès que ai est > O.
É tablissons les propriétés é lémentaires de l' intégrale ain si définie. On vérifie
d'abord que la proposi ti on 2 .5.1 subsiste po ur des fon ctions mesurables positives.
Proposition 2.7.2 1. Soient { , g E M + et o:, f3 E li~+ alors a i + f3g E M + et

/ (af +(3g)dµ = a J i dµ +f3 / gdµ .

2. L'app lication f H Jj dµ de M + dans IR+ est croissante: soit f , g E M +


alo rs
f sg ===} /idµ ::::: J g dµ .
Preuve 1. La fo nctio n a f + f3g est mesurable d 'après la propos itio n 2.6. 12 .
a. O n véri fie d ' abo rd qLJe J a f dµ = o: Ji dµ po ur to ut a E IR+. Soie nt (an )
une suite croissa nte de R+ convergeant vers a et U n ) une suite croissante de ë +
convergeant vers f , alors la s uite ( o:n f n ) est une suite cro issante de
ë+ convergeant vers o:i : e n effe t, lorsque ( o:, i (x )) est différent d e (0, + oo)
et de ( +oo, 0), la continuité de la multipl icati on permet de conclure ;
lorsque (a, i (:c) ) = (0, +DO), a f( x ) = 0 e t °'n = 0 pour to ut ent ie r n, d 'où
an i n (x ) = 0 ; lorsque (a ,J(x) ) = ( +oo, 0), f n (x ) = 0 pour to ut n, d 'où
a f (x) = an f n(x) = O. Compte te nu de la pro positio n 2.5 . l , o n e n déduit que

j. a f dµ = lim ; · Œn fn dµ
rt-+oo
= lim Œn ; · f n dµ
n---7CXJ

et o n véri fi e que limn---+oo °'n J i n dµ = o: J f dµ e n raisonnant comme précéde m-


me nt, ce qui permet de conclure.
f
b. On vérifie ensuite que (f + g) dµ = Ji dµ + J g dµ. Soient Un) et (gn)
deux suites croissantes de ë-t convergeant vers f et g. On ad' après la proposition
2.5.1
/ Un -+ 9n ) dµ = J i n dµ + J 9n dµ
et il s uffi t de passer à la lim ite pour concl ure .
2. On suppose f :::; g, d 'où (avec les no tatio ns de l ,b.) j~ :::; limn-too 9n po ur
tout e ntier p et d ' après le lemme 2.7 . 1

JJ p dµ :::; j~~ / 9n dµ = J g dµ ;
on conclut en passant à la limite . Q .E .D.
2.7 FONCTION INTÉGRABLE 195

La seconde propriété montre que

(2.7 .3) J f dµ = sup ; · <p dµ pour toul


'PS I
f E M+.
ipEE.+
Voici les premières propriétés fondamentales de l'intégrale de Lebesgue.
Théorème 2.7.3 1. Une fonction mesurable j : X --+ ~ (ou <C) est intégrable si,
et seulement si, la fonction lfl : X --+ lR"+ est intégrable ; on a alors

(2 .7.4) 1/ f dµI ::::: I lf ldµ .

2. Soient f, g : X ---+ i." des fonctions intégrables telles que j ::; g, alors
/ f dµ ::::: / f] dµ.

3 . Soit f : X --+ i." (resp. q une fonction intégrable et soit a E R (resp. <C),
alors la fonction af : X ---+ R (resp. IC) est intégrable et

/ af dµ = a/ f dµ.

4. Soient f, g : X ---+i." (resp. IC) deux fonctions intégrables telles que


(f( x), 9(x)) E i." - {( +oo, -oo), (- DO, +oo )} pour tout x E X,
alors la fonction f + 9 est intégrable et

Ju + g) dµ = J f dµ +/ g dµ .

Preuve Supposons d'abord les fonctions à va.leurs réelles, le cas complexe sera
exam iné au point 5. c i-dessous.
1. Soit f : X --+ i." une fonction mesurable, les fonctions J±, lfl sont mesu-
rables (proposition 2.6.3) et lfl f + + f _ , d ' où (proposition 2.7.2)
J J J
lfl dµ = f + dµ + f - dµ et ceci montre que l'i ntégrabi lité de f équivaut
à celle de Ill En outre,

If =If I
fdµ I f + dµ - f _ dµI ~/ i+dµ+ Jf _ dµ = f lfldµ.
f
2. Si f+ ::; f-
~ g, on a 9+ et 2: 9- , d'où
J f + dµ ::::: / g+ dµ et / f - dµ 2: / g_ dµ,
ce qui permet de conclure.
3. On a, pour a 2- 0, (af)+ = af+, (af _ ) = af_ et, pour a ::; 0,
(af)+ = - af_ , (af) _ = - af+ et on conclut avec la proposition 2.7.2.
4. La fonctio n f + g est mesurable (proposition 2.6. 12) et If + gl ~ lfl + lg l,
d'où
I If+ gl ~ JIJI + J
dµ dµ 191 dµ <OO
196 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

et, vu 1., cec i prouve que f + 9 est intégrable. Pour calculer l' intégrale de f + 9,
on écrit f + 9 = (f + g)+ - (f + g) _ = ! + + 9+ - U- + 9_), d' où
(f + 9)+ + f - + 9 - = (f + g) _ + !+ + 9+·
E n effet, en u n po int x E X o ù f( x) > - oo et 9(x) > - oo, les fo nctions f _ ,
9- et (f + g) _ sont fini es a u po int x et la formule résulte de la précédente ;
lo rsq ue f(x) = - oo ou g(x) = - oo, la fo rmule est tri vialem ent véri fiée, les de ux
membres valant +oo. D'après la proposition 2.7.2, on a alors

J+ (f g) + dµ + / f- dµ +/ 9- dµ = / (f + g)- dµ + Jf + + J
dµ 9+ dµ
et o n en déd uit l'additiv ité de l' intégrale.
5,a. Montrons q u' une foncti on mesurable f : X --+ <C est intégrable si, et
seuleme nt s i, lfl es t inLégrallle. Les fonctio ns Ref , 'Sm f et Ill sont mesurables
(p roposi tion 2.6.5) et on a Il l :S 15Re fi+ l'Jm fi, d 'où (propos ition 2.7.2)

/ If 1dµ ::::; j IRe f i dµ + j l'Jm fi dµ.


S i f est intégrable, c'est-à- dire si les fonctions SRe f et 'Jm f sont intégrables,
l' inégalité précédente montre, vu 1. , que lf l est intégrable. La réc iproque s'obtient
de faço n simil aire e n utilisant les inéga li tés l5Re f 1:S 1f1 et l'Jm f 1:S Ill
b. Soient f : X --+ C une fo nction intégrable et a = a + i{3 E C. La fonction
g = af est mesurable (corollaire 2.6.6) et on a
R e g = aSRe f - {3'2'sm f, 'Sm 9 = et'Sm f + {35Re f ,
ce q ui mo ntre que g est intégrable d'après 3. et 4. et q ue

j gdµ = j (aRe f - {3'2'smf) dµ + ·i j (œ'Jmf + f3 5Re f) dµ ;


en uti lisant 4., on obtient

j g dµ = (a + ip) ( j SRe dµ +i j 'Sm f dµ) = a j f dµ.

c. Soie nt f , g : X --+ C deux fo nctio ns intégrables. La fo nction f + g est


mesurable (coroll aire 2.6.6) et If+ gl :S lfl + 191 ; les fonctions If 1et lgl sont
intégrables d'après a., d'où

j If+ g Idµ:::: Jlfl + J191


dµ dµ <OO,
ce qui prouve que If + gl est intégrab le et f + g est donc intégrable d'après a.
Pour calc ul er l'intégrale de f + g, on note que 5Re(f + 9) = Ref + R e g et
'Jm(j + 9) = 'Sm f + C:Smg, d ' où

j (f + g) dµ = J (SRe f + R e g) dµ + i j ('Jm f + 'Sm g) dµ


et, en uti lisan t 4., on obtient bien f(f + g) dµ = f dµ + gdµ . J J
d. Vérifio ns enfin l 'iné~a l ité (2.7.4). Il ex iste t E C, ltl = 1, tel q ue t f dµ J
soit réel. Posons g = tf ; d'après b., on a g dµ = t f dµ E JR, d'oùJ J
2.7 FON CTION INTÉGRABLE 197

J g dµ = J Re g dµ et
l/f dµI = II gdµ,I = 1/ Re gdµl '.S f1 Re gldµ 5, / lfldµ.
Q.E.D.
Ces propriétés de base nécessitent que lques commenta ires. E n ce qui concerne
la propriété 1., l' hypothèse de mesurabilité e st esse ntie ll e : s i A E '.P(X) - 'J, la
fo nc tion f = :Il. A - :Il.x - A n'est pas mesurable, donc ne saurait être intégrable,
alors que la fonction If 1, qui n' est autre que la fo ncti on co nstante et égale à 1, est
intégrable dès que µ(X) est fini . L'intégrabilité d' une fonction mesurab le équivaut
à ce lle de son module : les intégrales de Lebesgue sont, en ce sens, des intégrales
"absolument convergentes". 11 résulte de l. et d e la propositi o n 2. 7 .2 le coro llaire
suivant.
Corollaire 2.7.4 Soit f : X -7 i (ou q une [()nction mesurable telle que Ill :::; g
où g : X -7 i + est intégrable, alors f est intégrable et

1/f dµI ::::: I gd11.


Ce coro ll aire est constamment utili sé: pour vérifier qu' une foncti o n mesurable est
intégrable, il suffit de la majorer par une fo nc ti.on intégrable.
Si µ(X) est fini, les fon ction s constantes ét ant intégrables, on en déduit le
Corollaire 2.7.5 Si µ(X) est fini, toute fonction f: X -7 i (ou <C) mesurable et
bornée est intégrable et

1/ f dµI 5' µ (X ) x ;~f lf(x)I.


On note L 1 (X,'J,µ ;IR) (resp . L 1 (X, 'J, f.t;i), L 1 (X, 'J, µ ;C) ) l' espace de
toutes les fo nctions intégrabl es f : X --t IR (resp. f : X --t IR , f : X --t C ). Se-
lon les c irconstances, on utili sera des notations plus simples te ll es que ,,C 1 (X; IR),
,,C L(X), etc. L'espace ,,C 1 (X, 'J, µ ; i ) muni de l' ordre us uel
('c/x E X)(f (x) <:; g(x))
est un espace ré ticulé, c 'est-à-dire
Corollaire 2.7.6 Soient f , g : X -7 i deux jonctions intégrables, alors Les fonc-
tions sup(f, g) et inf(f, g) sont intég rables.
Preuve Les fo nctions sup(f, g) e t inf(f, g) sont mesurables d 'après la proposition
2.6.9 et e lles sont intégrables car e lles sont m ajorées e n modul e par lfl + lgl.
Q.E. D.
Les propriétés 3. et 4. montrent que l' espace ,,cL (X, 'J, µ ;IR) (resp. ,,C 1 (X, 'J, µ ; C))
est un sous-espace vectori el de l'espace vectoriel '.J(X ; IR) (res p. '.J(X; C )) et que
l' application f H J f dµ es t une forme lin éaire sur cet espace vectori el. Dans le
cas r éel, ceci peut être précisé en utilisant la termino log ie s ui va nte. Sur un espace
vectorie l ordonné E, une forme linéaire T : E -7 IR est dite positive si T x ~ 0
pour tout x ~ O. Ceci équi va ut à dire que T x :S Ty dès que x :::; y. Le corollaire
198 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2.7 .6 et le lemme 2.4.3 mo11trent que l'espace ,.!} (X, 'J, µ ; JR) est un espace de
Riesz et, vu la propriété 2. du théorème 2.7.3, on a donc le
Corollaire 2.7.7 L 'espace ,CL(X, 'J, µ; JR) est un espace de Riesz et /'application
f H J f dµ est une forme li11éaire positive.
Exercice 2.7.1 Soit f : X -7 Î (ou iC) une fonction intégrable, le support de f est l'ensemble
suppf = {x E X ; f (x) i= O} (i l s'agit ici d ' une notion de support purement ensembli ste) . Montrer
que le support de f est a-fini , c'es1-à-dire esl une réunion dénombrable d ' ensembles mesurables de
mesure fini e.

li est possible d'expliciter 1' intégrale par rapport à une mesure atomique (exem-
ple 2.1.1). Traitons d' abord le cas très simple d ' une mesure de Dirac.
Exemple 2.7.1 Mesure de Dirac On considère l'espace mesuré (X, ':P(X), tSa)
où Ôa est la mes ure de Di rac e n un point a E X. Toute fonction est mesurable et,
si f est une fonction étagée positive, on a J f dtSa = f(a). D' après la définition
(2 .7 .1), cette formule vaut encore pour toute fonction f: X --+ R+. On en déduit
qu ' une fo ncti o n f : X --+ lR est intégrable si, et seulement si, f(a) est fini , que
to ute fonction f : X--+ <C esl intégrable et dans les deux cas on a f dtSa = f(a). J
L'espace .G 1 (X; IR.) (resp . .G 1(X; q) est donc l'espace vectorie l '.J(X; JR) (resp.
'.J(X; C)) de toutes les applications de X dans lR (resp. q et la forme linéaire
f H J f dtSa est la forme lilléaire f H f(a).
Exemple 2.7.2 Mesure atomique On considère l'espace mesuré (X, '.P(X) , µ)où
µest la mesure atomique aSS()Ciée à une fonction p : X --+ R+. Toute fo nction est
mesurable.
Calcu lons d' abord l'intégrale d' une fonct ion étagée positive f E E+ Une te ll e
fonctio n peut s 'écrire f = Li E I a;.Il A, où a ; 2: 0 et (A;) iE I est une partition finie
de X avec A ;#- 0. D' après la formule (2.1.3), on a

J
f dµ = La;!l(A;) =
iE J
L L
iE ! xE A;
a ;p(x) = L
xE X
p(x)f(x)

car a; = f(x) si x E A ;.
Si f: X --+ R+ est une fonction positive, la formule (2.7.3) montre alors que

I f dµ::; L p(x)f(x).
xEX
Pour toute partie finie A de X, soit A E '.J(X), posons f A = f .Il A ; on a
I
f A = L xEA f(x) .Il {x}• d' où fA dµ = LxE A p(x)f(x) et, vu que f A ::; f, on
e n déduit que

j .f dµ 2: :iup L
A E ~(X)xEA
p(x)f(x ) = L
xEX
p(x)f(x).

Ceci prouve que, pour toute fonction f positive,

I f dµ = L p(x )f(x) .
xEX
2.7 FON CTION INTÉGRABLE 199

Une telle foncti on est donc intégrable si, et seulement si, la fa mi li e (p(x )f (x)) xEX
est une famill e sommable de lR+. Le même rés ulta t subsiste pour une fo nc tion
f : X ----1 R d'après le théorème 2.7.3 1 et la propos ition 3.2 1.5 de [27] : une telle
fo nc tion est intégrable si, et se ulement si, (p(x)f(x)tEx est une fa mille som-
mabl e de lR; ceci implique que p(x)f(x) doit être fi ni quel que soit x.
Po ur calculer l'intégrale de f , on écrit f = f+ - f - ; o n a f + = f ll x+ où
X + = {x E X; f(x) 2 O} et f - = - f ll x _ où X _ = {x E X; f(x) < O},
d'où
/ f + dµ = L p(x)f(x) et / f - dµ = - L p(x) f(x)
xEX+ xE X _

et, p ar conséq uent,

/ f dµ = / f + dµ - / / - dµ = L p(x) f (x).
xEX
Considéron s en parti culier la mesure de dé nombrement. Pour des raisons qui
s'expliqueront dans un instant, cha ngeons de n otation. Soit (J, '.P( I) , µ) l'espace
mes uré où µ est la mesure de dénombre ment Sltr un ense mble I . Une fo ncti on inté-
grable f : I ----1 Rest nécessaire ment à vale urs dans IR. Noto ns (x i)i EI la fo ncti on
f , alors f est intégrable si, et seule ment si, la fa mille (x., )iEI est sommable et on
a a lo rs
(2.7 .5) / fd µ = L Xi·
iEi
1 1
Cec i montre que L (I ; lR) = l (! ; JR) (pour la dé finiti on et l' étude des espaces /P,
vo ir le paragraphe 3.24 de [27]). On vérifie de s uite qu 'on a les mêmes rés ul tats
po ur des fo ncti ons à valeurs compl exes : une famille (xi)iEI de C est intégrable
pa r r apport à la mesure de dé nombrement si, et seuleme nt si, la fa mill e (xi)iEf
est une fa mille so mm abl e de C e t on a tolljours la for mul e (2.7.5) ; de plus
,Cl(J ;C) = tl(J;<C).
L ' intégrale étudiée jusqu 'à présent porte sur tout l'espace X. O n a très so uvent
beso in d ' intégrer se ule ment sur une parti e d~ X. É tant do nné une partie mesu-
rabl e Y E 'J, cons idérons le sous-espace mesuré (Y, 'Jy, µ y) (lemme 2.3.2). Si
f: Y ----1 R (ou C) est une fo ncti on 'Jy -mesurnble positi ve ou µ y- intégrable, on
pose

[ f dµ = j~ 1 dµy.
Une tell e intégrale peut toujo urs s'écri re comme une intégrale sur X. E n effet,
no to ns f 0 l'unique prolo ngeme nt de f nul sur X - Y, so it

~
sur Y,
0
f = {
sur X - Y.
On a alors le
200 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Lemme 2.7.8 1. L'application f est 'Jy-mesurable si, et seulement si, f 0 est 'J-
mesurable.
2. Si f est une applicatio1i 'Jy-mesurable positive, alors

(2.7.6) j~ f dµ = j~ f 0 dµ.
3. L'application J est µy-intégrable si, et seulement si, f 0 est µ-intégrable et
on a alors (2.7.6).
Preuve 1. Soit 0 un ouvert cle IR. (ou C), on a d' une part
r1(0) = (fo) - 1(0) n Y,
d ' autre pan (f 0 ) - 1 (0) = f - 1 (0) si 0 r:fc 0 et (f 0 ) - 1 (0) = 1- 1(0) u (X - Y)
si 0 E 0 ; ceci permet de co nclure.
2 . Si f = li. A où A E 'Jy , c'est-à-dire A c y et A E 'J, on a 1° = n A, d'où

/ f dµ = µy (A) = µ(A) = / ] Adµ = / / 0 dµ.


ly lx lx
Par linéarité, on en déduit la formule (2.7.6) pour toute fonction 'Jy- étagée posi-
tive. Si f est une fonction 'Jy-m es urable posi tive, il existe une suite croissante Un)
de fonctions '.Ty- étagées pe>sitives convergeant vers f, la suite (f~) est alors une
suite croissante de fonctions T- étagées positives convergeant vers / 0 et d 'après la
définition même de l'intégrale

l/y f dµ = Jim
n-+oo
rj
/y
n dµ = [im
n-+oo 1/X f~ dµ = 1rX JO dµ.
3. []résulte de 2. et du théorème 2.7.3 1 que f est µy-intégrable si, e t seuleme nt
si, J0 est µ -intégra ble. On e>btient alors (2.7.6) e n écrivant cette formule pour f ±
dans le cas réel , puis pour ~e f et CSm f dans le cas complexe. Q.E.D.
Si f : X -+ i: (ou C) est défini s ur tout X et si fi Y est 'Jy-mes urable positive
ou bien si f iy est µy-intégr2b le (on dit alors que f est intégrable sur Y), on pose

j~fdµ = j,J lydµ.


On notera que
r 1 dµ = lrx Jll
}y
y dµ

vu que f ny est le prolongement de fi Y par O.


On observera également que, si f est intégrable sur X, alors f est intégrable sur
tout Y E 'J car la fonction f 1 y est intégrable sur X vu que lflly l ::; Ill et on a

i f~ 1dµI ::::: fx111 dµ.


Voici un lemme élémenta ire très utile dans la pratique .
Lemme 2.7.9 Soient Y, Z E 'J deux ensembles disjoints et une application
f:Y U Z -ti:(ouC).
1. f est 'JYuz- mesurable si, et seulement si, f'IY et f lz sont respectivement
'J y-mesurable et 'Jz -mesurable.
2. 7 FONCTION INTÉGRABLE 201

2. Si f est 'JY uz -mesurable positi ve, alors

c2.7 .7) r
} yuz
t dµ = }yr J dµ + ; Z· 1dµ,.
3 . f est intégrable sur Y U Z si, et seuleme nt si, f est intégrable sur Y et sur
Z , o n a alors (2.7. 7).
Preuve En e ffet, posons g = fÏY e th = f lz, o n a alors g 0 = f 011. y , h0 = f 0 11. z
et f 0 = g0 + h 0 et ceci suffit pour conclure. Q.E.D.
Indiquons enfin une proprié té importante de ! ' in tégrale.
Proposition 2.7.10 Absolue continuité de l'intégrale Considéro ns une fo nction
positive intégrable f : X --+ i:+. alors j~ f dµ tend vers 0 lorsque la m esure de
Y tend vers 0, c'est-à-dire

(2.7 .8) ('rk > 0)(:35 > O)(VY E 'J) (µ (Y) :::; 5 ===;. [ f dµ :::; é}
Preuve D'après la définiti on même de l' intégrale, il ex is te une fo nction g 'J-étagée
te lle que 0 :::; g :::; f et f x U - g) dµ :::; é , d' où

[ f dµ = l (f - g) dµ +[ g dµ :::: é + j~ g dµ .
Il s'ag it donc de prouve r la pro priété po ur la fon cti on g, or g = ~iE I ai li. A , o ù
a ; ~ 0, I est fini et A ; E 'J. On a alors

f gdµ = L aiµ (Ai n Y):::; (La;) µ (Y)


}y iE I iEI

et ce ci permet de conclure. Q.E.D.


Exemple 2.7.3 Intégrale de Lebesgue-Stieltjes Cons idérons la mesure de Le-
besg ue-S tieltjes µp : .l p (I ) --+ i:+ assoc iée à une fo nc ti on cro issante e t continue
à d ro ite F : I --+ IR défini e sur un intervalle I = ]a, ,B[q ue nous supposons o uvert
pour fi xer les idées. Soit Y E .lp (l ) un ense mble mesurable, si une applicati on
f: Y --+ ïR (ou C ) est Lp -mes urable positive ou µp- intégrable, l' intégrale de f ,
appe lée intégrale de Lebesgue-S tie ltjes de f pa r rapport à F , sera notée

[ f dF = [ fd µ p .
Lo rs que Fest l'application ide ntique de IR, c'est-à-dire lorsque µ p est la m esure
J
de L ebesgue, ces intégrales sont notées y f (x) dx , ce qui conduit à noter dx la
mes ure de Lebesgue.
Soit [a, b] un intervalle compact contenu dans I , co nsidérons une fon cti o n
f : [a , b] --+ ïR (ou C ) mesurable positive ou intégrable, en écri va nt
f = f 11.Ja, b[ + f(a) ll. {a) + f( b)ll. {b)•
on constate que

{ j dF = { j dF + f(a) (F(a) - F(a - 0)) + f(b) (F( b) - F( b - 0));


J [a, b] J ]a,b [
202 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

les intégrales sur [a, b] et ]a , b[ ne sont pas e n général égales. Elles le sont si F
est continu aux points a e t b. En partic ulier, si la fo nction F esl continue (c'est
par exe mple le cas de la mes ure de Lebesgue), on pourra noter f dF l' intégrale
de f sur tout intervalle d'extrémités a et b, a :S b, quelle que soit la nature de
J:
l'intervalle. On pose alors

1af dF = - lb f dF pour a :S b
et, co mpte tenu du lemme 2. 7.9, on a

le 1b + 1cf
J dF = f dF dF
que ls que so ie nt a, b, c E J.
M entionnons la première formule de la moyenne.
Prop()sition 2.7.11 Première formule de la moyenne Soient f : [a, b] -+ R une
fonction continue et g : [a,b] -+ R+ une fonction intégrable positive, alors il
existe E, E [a , b] tel que

1b f (t)g(t) dt = f(E,) 1b g(t) dt.

Preuve On a mg(t) :S j (t )g(t ) :S Mg (t) où m = minf et M = max f , d'où


m lb lb
g(t) d t :S J(t)g(t) dt :S M lb g(t) dt .
La fonction J étant continue, il suffit d'utiliser le théorème des valeurs intermé-
diaires pour conclure. Q.E.D.
Pour des intégrales de Lebesgue-Stieltjes, la formu le de la moyenne peut s' écrire
de la façon sui vante .
Prop()sition 2.7.12 Première formule de la moyenne Soient F : [a, b] -+ R une
fonction croissante continue à droite et f : [a, b] -+ R une fonction continue, alors
il existe E, E [a, b] tel que

(2.7.9) / fdF = f(E,)(F(b) - F(a)) .


} [a,b]
Preuve Avec les mêmes notations, on am :S f(t) :S M, d'où

m (F(b) - F (a )) :S / j dF :S M(F (b) - F( a) )


J [a,b]
et on conclut de la même façon . Q.E.D.
Exercice 2.7.2 t . Soit f : [a, b] -+ Ji; une fo nction c roissante, on pose

F(x) =lx f ( t ) dt , a S x S b.

Montre r que Fest dérivable à droite et q ue Fd (x) = f (x + 0 ), a S x < b. En déduire que F est
convexe [uti liser l'exercice 1.3.82].
2.8 LE PRESQUE PARTOUT 203

2. Si f : [a, b] ---+ lR esl une foncti on co nvexe, monl rer q ue

f(x) = f (a) +lxJ~(t) dt, a :S: x :S: b

[utili ser le corollaire 1.3.3].

2.8 Le presque partout


ÉLa nt donné un espace mesuré (X, T , µ), on dit 4u ' une rela tion R(x) s ur X, nolée
égale me nt R , es t vraie pour presque to ut x E X, ou que R est vrai e presque
pa rto ut, s' il exi ste un e nsemble négli gea ble N tel que la re lati o n R(x) soit vraie
po ur tout x E X - N. On éc rit alo rs "R µ - p.p." ou "R p.p.".
Un pre mie r exempl e important est l'égalité presque pa rtout. On dit que de ux
fo nctio ns f , g : X ---+ Y à vale urs da ns un e n semble Y sont égales presque par-
to ut si la relation " f (x) = g(x)" est vraie po ur presque to ut x; on écrit a lo rs
"f = g p.p." e t on note '.Rµ la re la ti o n ains i défini e sur l'ensembl e '.f(X; Y).
Dire que f et g sonl égales presque pa rtout sig nifi e simple me nt que l' ensembl e
{x E X; f(x) f= g(x)} est nég ligeable.
Lemme 2.8.1 La relation '.Rµ est une relation d 'équivalence sur /'ensemble
'.f(X; Y) de toutes les applications de X dans Y.
Preuve La relati o n '.Rµ est é videmme nt ré fl ex ive, sy métrique et la tra ns iLivi té ré-
s ulte de l' inclusion
{x E X; f(x) f= h(x)} C {x E X ; f(x) i- g(x)} U {x E X; g(x) f= h (x)},
la ré unio n de deux ensembles négligea bles é tant négligeable . Q .E.D.
On notera [f] la classe d 'équivale nce de f : X ---+ Y.
S i Y est muni d ' une struc ture vec tori e lle su r IK = IR (o u q, la rela tio n '.R1, est
compatible avec la structure vectori elle de l'esp ace '.f(X; Y), c'est-à-dire
f = g p.p. ===;. o: f = o:g p.p. pour tout a E IK ,

(f• = g p.p. e[ 1·/ = g I p.p. ) _____, 1· + g = f'/ + gI p.p ..


----->..

cec i permet de définir un e structure vecto rielle s ur l' espace qu otie nt '.f(X; Y )/'.Rµ
e n posant, po ur [f], [g] E '.f(X; Y)/ '.Rµ e t a:, j3 E lK,

(2.8. 1) o:[f] + f3[g] = [a f + ~g] où f E [f],g E [g] .


Une fo nctio n f : X ---+ Y nulle presque partout est dite nég ligeable ; d a ns
l'esp ace vectorie l quoti ent, ceci signifie s imple me nt que [f ] = O.
Exercice 2.8.1 Construire une foncli on f : lR ---+ lR su1jecti ve nulle presque partout [ ut ili ser le fail
que 1' ensemble de Can tor a la pu issance du continu [27, exercice 2.6.2] et est de mes ure nulle (exercice
2.3 .1 ) ]

E n ce qui concerne la mesurabili té, on a le résultat suivant


204 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Proposition 2.8.2 Soient (X, '.T, µ)un espace mesuré, Y un espace topologique et
f ,g : X --+ Y deux fonctions égales presque partout, si f est '.T-mesurable. alors
g est T-mesurable. Par suite, si la mesure est complète, f est '.T-mesurable si, et
seulement si, g est 'J-mesura/Jle.
Preuve Il existe un ensemble A E T de mesure nulle te l que f (x) = g(x) po ur
x E X - A, d ' où 1- 1 (0) - A = g - 1 (0) - A pour tout ouve rt 0 d e Y et par
conséquent g- 1 ( 0) = (f- 1 (0) - A) u (g - 1 (O)nA) . L'ensemble 1- 1 ( 0) - A est
mesurable d'après la mesurabilité de f et l'ensemble g- 1 ( 0) nA est négligeable ;
ceci montre que g- 1 (0) appartient à la tribu complétée T, d ' où le résultat voulu .
Q.E.D.
Lorsq ue la mesure est complète, on pe ut donc modifier arb itrairement une
fonction mesurable sur un e nsem ble de mesure nulle tout en conservant sa me-
surabilité ; en pa rticulier, to ute fonction négligeable est a lors mesurable. Il n'en
est plus de même lorsque la mes ure n'est pas complète ; si N est un en semble né-
g li geable non mesurable, la fo nction ] N est nulle presque partout, mais n'est pas
mes urable. Par exemple, sur lR muni de la mesure de Lebesgue, si f = g p.p. et si
f est boréli enne, g est Lebesgue-mesurable mais n'est pas en général borélienne.
Revenons aux propriétés de l' intégrale. On a d ' abord la
Proposition 2.8.3 Soit f : X ---+ li une fonction intégrable, alors f est fini
presque partout, c'est-à-dire l'ensemble {x E X; lf(x)I = +oo} est de mesure
nulle.
Preuve L'ensemble A = {:r E X; lf(x)I = +oo} est mesurable d ' après la
mesurabilité de f et (+oo) >< Il. A ::; lfl D 'après la proposition 2.7 .2, o n e n déduit
J
qu e ( +oo) x µ(A) ::; lfl <1µ < oo et cec i montre que µ(A) est nécessairement
nul. Q.E.D.
Note En prenant pour mesure la m es ure de dénombrement, on retrouve le corol-
laire 3.20.5 de [27] pour des fa milles de lR ou de C.

Proposition 2.8.4 Soit f E M+ une fon ction mesurable positive, alors


J f dµ = 0 si, et seulement .si, f est négligeable.
Preuve L'ensemble A = {:.r E X; f( x) > O} est la réunion de la suite crois-
sante An = {x E X ; f (x) 2': 1 / n}, n 2': 1. D'après la continuité supérieure
de la mesure, on a µ(A) = limn--+oo µ(An) · On a d'autre part n A" ::::; nf, d'où
J
µ (An) ::; n f dµ = 0, et par conséquent µ(An ) = 0 et µ(A) = O.
Réciproquement, supposo ns f = 0 p.p .. Toute fo nctio n étagée positive cp ::; f
est a fortiori nulle presque partout Si cp = LiEI ai n A., où a; 2': 0 et (A;)iE/ est
une partition fini e de X avec A i E '.T, ceci sign ifie que µ(Ai) = 0 dès que ai > 0
J
et par conséq ue nt <p dµ = LiEI aiµ( A;) = O. D 'après la form ule (2.7.3), on en
déduit que l' intégrale de f est nulle. Q.E.D.

Exercice 2.8.2 Soit j : X --+ C une fonction intégrab le telle que 1J j dµI = J lfl dµ, montrer
qu'i l existe t E <C. ltl = 1, tel que 1fi = tf p.p ..
2.8 LE PRESQUE PARTOUT 205

Corollaire 2.8.5 Soit f : X ---+ ii (ou C) une fonction mesurable nulle presque
partout, alors f est intégrable et d'intégrale nulle.
Preuve La fonction lf l est m esurable, nulle presq ue parto ut, donc d' intégrale null e
d'après la propos iti o n précédente ; cette fonction Ill est donc intégrable et cec i
prou ve que f est intégrable e t l'intégrale de f est nulle vu que 1 f dµI '.'::'. lfl dµ . J J
Q .E.D.
Corollaire 2.8.6 Soit f : X ---+ ïR (ou q une fonction intégrab le, alors f = 0 p.p.
si, et seulement si, j~ f dµ = 0 pour tout A E 'J.
Preuve Supposons f = 0 p.p., a fortiori fll- A = 0 p.p. , d ' où j~ f dµ = 0 d'après
le corollaire précédent.
Réciproquement, supposons JA
f dµ = 0 p o ur tout A E 'J. Si f est à valeurs
réelles, o n pose
A + = {x E X ; f( x ) 2: O} et A _= {x E X; f( x ) '.'::'. O} ;
ces e nsem bl es sont mesurables et f'+ = f ll A+' f - = - fllA _ . Vu l' hypothèse, o n
J
a f± dµ = 0, d'où f± = 0 p.p. d ' après la proposition 2.8.4 e t f = 0 p.p .. S i f
est à vale urs complexes, o n a

i 'Re fdµ = i C:Smfdµ = 0 pour tout A E 'J,


d 'où 'Re f = C:Sm f = 0 p.p. d'après ce qui précède et par suite f = 0 p.p .. Q.E.D.
Corollaire 2.8. 7 Soient f, g : X ---+ ïR (o u <C) deux fonctions mesurables telles
que f = g p .p., alors f est intégrable si, et seulement si, g est intégrable, auquel
cas
lf dµ = l gdµ.
Preuve Supposons f intégrable. Il existe un ense mble mes urable A de mes ure
nulle telle que f = g sur X - A, d 'où g = f:Il x - A + g ll A. La fonction fllx - A
est intégrable et la fon ctio n gllA est mesurable e t nulle presq ue partout, donc
intégrable et d ' intégrale null e. 11 e n résu1te que g est intégrable e t que
J J
g dµ = fllx - A dµ. De même, on pe ut écr ire f = fllx - A + fll. A et le mê me
J J
argument prouve que f dµ = fllx - A dµ, ce qui permet de conclure. Q.E.D.
Exercice 2.8.3 Inégalité de Jensen So ient (X , 'J, µ) un espace mesuré te l que µ(X) = 1,
f : X --+] a , b[ (- oo S a < b S +oo) une fonction intégrab le et <p : ]a, b[--+ ~ une fonction
convexe telle que <p o j so it intégrab le. Montrer que J f dµ E ]a, b[ et que

'P (J J dµ ) s J'P 0 J dµ .

L e corolla ire 2.8.7 montre que l'intégrale d ' une fonction intégrable f ne dé-
pe nd que de sa c lasse d'équivalence [il Ceci conduit à introduire l'espace quotie nt
(2.8.2) L 1 (X, 'J, µ; JK) = L 1 (X, 'J, µ ; JK) / '.Rµ, lK = lR (ou q,
1 1 1
espace qui sera a ussi noté L (X ; IK:) , L (X) ou même L selon les circonstances.
Un élément [f] E L 1 est une classe d 'équivale nce de fonctions intégrabl es ; un
206 CHAPIT RE 2 INTÉGRATION

abus de langage très répandu con siste à parler de fonc tions appartenant à l'espace
L 1 alors qu ' il s'agit de cl asses de fo ncti ons : on dira "soit f E L 1 une fon ction
intégrable".
Note Il n' y a pas lieu d ' introduire l'espace quotient .l 1 (X; lR)/'.Rµ pour la rai-
son sui vante. L' injection can onique de l' espace .l 1 (X ; IR;) dans l'espace .l 1 (X; i:)
induit une injectio n sur les espaces quotients et cette inj ecti on est e n fait une
bijection. En effet, cette affirm ation signi fie que, pour to ute fo nction intégrable
f : X ---+ JR, il ex iste une fonction intégrable g : X --+ IR; telle que f = g p.p. et
cela résu lte de la proposition 2.8.3.
L'espace L 1 (X;IK) est un sous-espace vectoriel de l'espace vectoriel
'.f(X; IK)/'.Rµ ; sa stru cture vectorielle est donc dé finie par la formule (2. 8.1). Le
corollaire 2.8.7 pe rmet de dé finir l' intégrale d ' une classe de fonctions intégrables
en posant, pour [!] E L 1 ,

(2.8 .3) l [f] dµ = l f dµ où f E [f],

l'intégrale J f dµ ne dépendant pas du choix du représentant f. On a alors la


Proposition 2.8.8 L'application [f] >--+ J[JJdµ est une f orme linéaire sur l'es-
pace vectoriel L 1 .
Preuve Soie nt [f], [g] E L 1 , a, f3 E IK et f E [f], g E [g], on a alors d 'après les
défi nitions et la linéarité de ! ' intégrale sur .l 1

/ (cx[f] + ,B[gl) dµ l [af + /1 g] dµ = ex /1 + dµ /3 l g dµ

a / [J]dµ+f3 l [g]dµ ,
ce qui pro uve le résultat voulu . Q.E.D.
Exemple 2.8.1 Po ur la mesure de Dirac (exemple 2.7 .1), f g p.p. signifie
f (a) = g(a) ; on p eut donc dé finir l'application
[f] E :f(X ; Y )/'.Rµ >--+ f (a) E Y où f E [f]
et celle applicatio n est une bij ection. Lorsque Y = lie, cette bijecti on induit une
bijection de L 1 (X; IK) sur K.
Pour la mesure de dénombrement (exemple 2.7.2), on a simplement
L 1 (J;llC) = L 1 (I;lK) = l 1 (J;lK) ,
car l'ensem ble vide est le seul ensemble de mesure nulle.
On peut se dem ander que ll es sont les relati ons e ntre les espaces .l 1 (X, 'J, µ ; JK)
et L 1 (X, T, µ; JK) d ' une part et les espaces L 1 (X, 'J, µ ; JK) et L1(X, 'J, µ ;JK) d 'au-
tre part. On a év ide mment
L 1 (X , 'J, µ ;lK) c .l 1 (X,T ,µ ;lK)
et l' inclus ion est stri cte si la m es ure n'est pas complète. Quant aux espaces quo-
tients, nous all ons montrer q u'i ls coïncident ; à cet effet, no us ut iliserons la
2.8 LE PRESQUE PARTOUT 207

Proposition 2.8.9 Soient Y un espace topologique admettant une base de topo-


logie dénombrable et f : X ---t Y une fonction T-mesurable, alors il existe une
fonction g : X --+ Y 'Y-mesurable telle que J = g p.p ..
Preuve Soit (On) une base de la topologie de Y, on a f - 1 (0n) = An
U Nn où
An E 'Jet Nn est négligeable ; il existe donc Bn E '.T de mesure nulle tel que
Nn c Bn. L'ensemble B = U~=o Bn est mesurable et de mesure nulle. Soit y un
point de Y, on pose
f( x) SI T E X - B,
g(x) =
{ y si T E B.
On a év idemme nt f = g p.p .. Vérifions que 9 est 'Y-mesurable. Tout ouvert de Y
s'écrivant comme une réunion d' ouverts de la base (On), il s'agit de vérifier que
g- 1 (On) appart ient à 'J. Si y n' appartien t pas à Ornon a
1
g - (0n) = r 1
(0n) n (X - B) ,
d'où
OO OO

p= O p= Ü
popn

ce qui permet de conc lure. Lorsque y E Om on a


g- 1 (0n) = (J - 1 (0n) n (X - B)) U B
qui appartient bien à 'J d'après ce qui précède. Q.E.D.
1
Cette proposition montre que l' inj ection canon ique de l'espace L (X, 'J, µ; JK)
dans l'espace [, 1 (X, T, jl; IK) induit une bijection de l'espace L 1 (X, '.T, µ; IK) sur
l'espace L 1 (X , T, jl; IK).
De la proposition 2.8.9, on en déduit en particulier le
Corollaire 2.8.10 Soient Y un espace topologique admettant une base de topo-
logie dénombrable, A une partie de lR appartenant à la tribu de Lebesgue J:., et
f : A --+ Y une fonction Lebesgue-mesurable, alors il existe une fonction boré-
lienne g : A -1 Y telle que f = g p.p ..
Voici un second exemple important de relation vérifiée presque partout. Étant
donné un espace mesuré (X, 'J,µ), un ensemble ordonné Y et deux fonctions
f ,g : X --+ Y, on dit que f ::::; g p.p. s'i l ex:iste un ensemble négligeable N tel
que J(x) ::::; g(x ) pour tout x E X - N. On obtient ainsi une relation reflexive et
transitive mais qui n'est pas e n général anti symétriq ue; il ne s'agit donc pas d ' une
relation d'ordre. Si f = f' p .p. et g = g' p.p., on constate que f ::::; g p.p. im-
plique f' : : ; g' p.p. ; ceci permet de définir s ur l' espace quotient '.f(X ; Y) /'Rµ. une
relation notée [!] ::::; [g] : cette relation sera vérifiée par définition si f ::::; g p.p. où
f E [!] et g E [g]. On obtient alors une rel ation d'ordre sur l'espace '.f(X; Y) /'Rµ.,
la relation étan t antisymétrique car f :::; g p.p. et g ::::; f p.p. implique f = g p.p.,
donc [f] = [g] .
208 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Proposition 2.8.11 Soit Y un espace vectoriel ordonné, alors l 'espace


'.f(X; Y) /'.Rµ est un espace vectoriel ordonné. Si Y est un espace de R iesz, L'es-
pace '.f(X; Y) / '.Rµ est un espace de Riesz et
(2.8 .4) [!]± = If ± ] et 1[f] 1= [ lf l ] oil f E [fl.
Preuve l. Soit Y un espace vectoriel ordonné, mo ntrons que l'espace
'.fµ = '.J(X; Y) / '.Rµ est un espace vectorie l ordonné. Soient [f], lg] , [h] E '.fµ
te ls que [fl ::::: [gl et so it j E [f], g E [g], h E [hl, on a f : : : g p.p., d'où
f + h :::; g+ h p.p . et par conséquent [f + hl :::; [g + h], soit [fl + [hl :::; [g] +[h l, ce
qui prouve (E0 1 ). Vérifions ensuite (E0 2 ) . Soit [f] 2 0, c'est-à-dire f 2 0 p .p. ;
po ur tout À 2 0, o n a a lo rs >.f 2 0 p.p., d' où .\[fl = [Vl 2 0 el ceci pro uve le
résul tat voulu .
2. On suppose que Y est un espace de Riesz. On remarque d'abord que, si
f = g p.p.,on a!+ = 9+ p.p. , d'où U+l = [g+l · Cec i montre que, pour [fl E '.1µ,
o n dé finit bien un éléme nt de '.fµ e n posant [!]+ = [f+l où f E [f]. Mo ntrons
que [il + = sup(O, [fl), cec i démonLrera que 3"µ est un espace de Riesz d 'après le
le mme 2.4.3. Soit f E [/ ], 011 a 1+ 2 0 el f + 2 f , d ' où [! l+ 2 0 et [!] + 2 [f let
cec i montre que [!]+est un maj orant de {O, [f]} . Si [gl est un majorant d e {O, [/]},
on a g 2 0 p .p. et g 2 f p.p. pour J E [f l et g E [gl, d' o ù g 2 J+ p .p. et par
su ite [gl 2 If + l = [fl + . ce q ui prouve le rés ultat vo ulu .
O n peul a lors écrire, si f E [f],
[fl - = 1- f l + = 1(- fl + l = If - l,
1[f l1 = Ill + - [fl- = U+l - [f_ ] = [/+ - f -l = [!fil· Q .E.D .
Notons M(X ; JR) l' es pace vectoriel de toutes les fo ncti ons mesura bles de X
da ns lR. Étant do nné que f + est mesurable (resp. intégrabl e) si f est mes urable
(resp. intégrable), o n en déduit le
Corollaire 2.8.12 Les espaces M(X ;JR)/'.Rµ et L 1 (X ;JR) sont des espaces de
Riesz.
L'application [f] >-+ f[J] dµ est une fo rme linéai re pos itive sur l 'espace de
Riesz L 1 (X ; JR) : en effet, si [fl 2 0, on pe ut touj ours choisir un re présentant
f E [f] tel que f 2 0 partout.
Exercice 2.8.4 Soit f : X -+ nt une fonction intégrable telle que JA f dµ 2'. 0 pour tout A E T,
montre r que f 2'. 0 p.p ..
R emarque 2.8.1 Fonction d éfinie presque partout Soit f : X --+ Y une fo nc-
ti o n à valeurs dans un e nsernble Y, modi fie r f sur un ense mbl e de mesure nulle
ne change pas sa classe d'équi vale nce [!] E :f(X; Y) / '.Rw Il en rés ulte qu ' il
n'est pas utile de défi ni r f sur tout X pour dé fini r un élément bien déterminé
de '.f(X ; Y )/'.Rµ, il suffit de défi nir f sur le compl éme ntaire d' un ensemble négli-
geable. Cec i conduit à la noti on de fo nction défini e presque partout. É ta nt do nné
un ensemble négligeab le N C X, une fo nction f : X - N --+ Y défi nie sur le
comp lémentaire de N est appe lée une fo nction définie presq ue partout et on fera
2.8 LE PRESQUE PARTOUT 209

l'abus de langage consistant à dire "soit f : X ---+ Y une fo nction définie presque
partoul''. On remarquera que les rela ti o ns d 'éqllivalence ~µe l ~µ coïncide nt ; une
fonction définie presque partout po ur la mesure µ est a ussi une fo nctio n défi nie
presque partout pour la mesureµ, et réciproque me nt.
Soient f : X - N ---+ Y et g : X - N' -t Y deux fonctions définies presque
partout, N, N' E N, nous dirons que f el g s<J11t égales presq ue partout s' il existe
un e nsemble négligeable N" E N te l que N " ~ NU N' e t f = g sur X - N" ;
on écri t alors f = g p.p .. On défi nit ainsi une re lation, notée~µ, sur l'e nsemble
des fo nc ti ons définies presq ue partout qui e st évidemment une re lat ion d'équi-
vale n ce et l'espace quotient s' identifie au quo tient '.f(X ; Y) / '.Rµ , toute fonction
définie presque partout étant éga le presque p a1·tout à l' un quelconque de ses p ro-
longements à to ut X. Nous no te rons [f ] E '.J(X; Y ) / ~µ la c lasse d'équivalence
d' une fonction défi nie presq ue parto ut.
Si Y est un espace vectoriel et s i f, g : X ---+ Y sont de ux fo nc ti ons défi nies
presq ue partout, il ex iste un e nsem bl e néglige11ble N te l que f el g soient dé finies
sur X - N; o n note alors oJ + (3g, a,/3 E TIC, la fo nc tio n définie presq ue p ar-
tout par (a.f + (3g)(x) = a.f( x) + (3g( x ) pour x E X - N . On a év idemment
[a. f + (3 g] = a.[f ] + /3[g].
S i Y est un e nsemble ordonné e t s i f ,g : X ---+ Y son t de ux fo nctions définies
presque partout, on dit que f :::; g p .p . s'i l exjste un ensemble nég ligeab le N tel
que f e t g soie nt toutes de ux définies sur X - Net tel que f( x ) :::; g( x) pour tout
x E X - N. Ceci signifie que [f] :::; [g].
N ous dirons qu ' une fo ncti o n f : X -+ ïR (ou q définie presque partout estµ-
mes u rable s' il existe une fonction <p : X ---+ iR (o u q partout définie T-mes urable
Lei le que f = <p p.p. ; la propos iti on 2.8.2 mo ntre alors que to ute a utre fonction cp
possédant les mêmes propriétés est T-mesurab le.
Une fonction f : X ---+ ïR (o u q défi nie presque partout sera dite µ- intégrable,
ou simp lement intégrable, s'i l ex is te une fonction ip : X ---+ ïR (o u C) partout
définie µ,- intégrab le telle que f = <p p.p. ; si ·l/J : X ---+ ïR (ou q est une a utre
fonction partout définie telle que f = ·t/J p.p., on a ip = ·ijJ p.p., donc ·!/J est T-
mes u rable d' après la propos itio n 2.8.2 ; le corollaire 2.8.7 mo ntre a lors que ·t/; est
J
µ,-intégrable e t que cp dJI J 1f; dµ,. On peut donc définir l' intégrale de f e n
posant
(2.8_5)

où r.p : X ---+ ÏR (o u q est n' importe quelle fonction partout définie éga le à f
presque partout.
Une fonction f défi ni e partout peut év idemment être considé rée comme une
fonc tio n définie presque partout. Dire que f, e n tant que fo nction défini e presque
partout, est µ- mesurable (res p. µ-intégrable) s ig nifi e que f , e n tant que fonction
définie partout, est T- mesurable (resp. µ,- intégrable selo n la définition 2.7 . 1).
On vérifie aiséme nt que le théorè me 2.7 .3 subsiste pour des fonct ions définies
210 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

presque partout avec les modificati o n suivantes. Pour 2., o n suppose f ~ g p.p ..
Po ur 4., la seule hypothèse à faire est que les fonctions défini es presque parto ut f
e t g sont intégrab les : la fonc1ion f + g e n ta nt que fo nc ti on définie presque partout
est en effet bie n dé finie grâce à la propos itio n 2.8 .3.
La notion de fonction d éfinie presque partout est très utile dans la pratique
car elle permet de se dispe n ser de dé finir les fonction s s ur tout ! 'espace ; il n'est
mê me pas utile de préciser l 'ensemble négli geable sur le complé mentaire duquel
J est défini car la c lasse de j ne dépend pas du choix de cet e nsemble.

2.9 Théorèmes de convergence


Étant do nné un espace mesuré (X, 'J, µ )et une suite fn : X -7 i (ou <C) de fonc-
tions intégrables convergeant simple me nt vers f, on se propose de répondre aux
de ux questions s uivantes. La fo nctio n f est-elle intégrable e t, s i f est intégrable , a-
J J
t-o n J dµ = limn--too f n dµ? Il se trouve que, sans hypo thèse s upplé mentaire,
la réponse à ces questi ons est négative. Sur lR muni de la mesure d e Lebesgue, la
s uite de fonction s intégrables f n = n [- n ,n] converge vers la fo nc ti on consta nte et
égale à 1 qui n ' est pas intégmble. La s uite}~ = n ll1o,i / n[ converge vers la fonc-
ti o n ide ntique ment null e qui est intégrable, ma is J~= f n(x ) dx = 1 et la suite des
intégrales des fo nctions f n m converge pas ve rs O.
O n peut définir s ur les espaces ,(, Let L 1 une to polog ie, appelée topo logie de la
convergence e n moyen ne qui fo urnit une réponse pos iti ve à la second e question .
Bie n év idemme nt, il s'agira e ns uite d 'établir des liens e ntre cette convergence et
la convergence s imple.
Soit f : X -7 i (o u C) une fonction mes urable défi nie presque partout, on
pose

l fll1 = Jlfl dµ E i +.
D 'après la proposition 2.7.2, o n a, pour to ut a E li(, llafll1 = lai llflh et si
f , g sont de uxfonctions défi11ies presque partout dont la somme est bien définie
presque parto ut Ili +gll1:::; l fll1 + ll9lli- Ceci mo ntre e n parti culier que 11·111 est
une semi-norme s ur l'espac<: vectorie l L 1 (X ; lK) ; la topo logie d ' e.l. c . associée
à celle semi- norme s'appell e la topologie de la convergence e n m oy enne . Dire
qu ' une suite Un) de L 1 con'1e rge e n moye nne vers f E L 1 signifie que

(2.9. 1) lim
n --700
f
llf - Jnlh = lim
n---7CX)
11 - fn ldµ = O.
Étant donné que

1/ -1 ~ JIf -
f dµ f n dµ I f n l dµ ,
o n en déduit que J f dµ = litDn--t= J f n dµ, c ' est-à-dire
(2.9.2) ; · fün f n dµ = lim ; · f n dµ .
n -?ex:> n---700
2.9 TH ÉORÈMES DE CO NVERG EN CE 211

La conve rgence en moyenne perm et donc d e passer à la limite sous le s ig ne


d ' intégration mais on notera bie n que la limite limn_, 00 fn est un e li mite au sens
de la topolog ie de la convergence en moyenne.
L a topolog ie de l'espace L 1n'est pas en général séparée; en effet, fl f ll1 = 0
sig nifie que f es t nulle presque partout. Il e n résulte que si une suite U n ) converge
ve rs f e n moyenne, alors elle conve rge en moye nne vers 9 E l 1 si, et seul ement si,
f = g p .p .. O n obti ent un espace sépa ré en effectu ant le quotient par le noyau de la
semi -norme, c 'est-à-dire le quotie nt par la re la ti on d'équi valence '.Rµ- A utrem ent
dit, p our toute (cl asse de) fo nctions f E L1 (X; IK) , on pose

(2.9 .3) llfll1 = Jlfl dµ E lR+.


On o btient ainsi une norme sur l'es pace L 1 e t la topologie correspo ndante est
e ncore appe lée topologie de la co nvergence e n m oyenne.
Remarque 2.9.1 Soient fn : X ---+ iR: (ou <C) une suite de fo ncti o ns intégrables
dé finies presque partout et f : X ---+ iR: (ou <C) une fo nction intégrabl e d é fi -
nie presque partout, on dit que la suite Un) converge vers f e n moyenne si la
suite ([fnll converge vers [f], c'est-à-dire si (2 .9. 1) es t vérifié. On a alo rs (2 .9.2).
Nous ne définiron s pas de topologie sur l' espace des foncti ons intégrabl es défini es
presque partout.
Remarque 2.9.2 L' injec tion cano niqu e de L'es pace l 1 (X, '.T, 1;,; IK) dans l'espace
L 1 (X , T,µ; IK) induit un e isométrie linéaire de l'espace L 1 (X , '.T, µ ; IK) s ur l'es-
pace L 1 (X, 'f, µ; IK).
Remarque 2.9.3 Soient (X, '.T, µ) un espace mesuré e t Y E '.T, cons idérons le
sous -espace mesuré (Y, '.T y, µ y) et notons simplement L 1 (X) et L 1 (Y) les es-
paces de fo ncti ons intégrables sur X et Y, L 1 (X) e t L 1 (Y) les espaces quo-
tie nts. Pour to ute fo nction f : Y ---+ lR (ou CC ), noto ns J0 le prolongement de
J à tout X nul sur X - Y. On dé finit a in si une injec tion linéaire f >--+ J0 de
L 1(Y) dan s L 1 (X) qui est continue car l f ll.c1(Y) = l f 0 ll,e1 (X)· Étant do nné
que f = f' p.p. implique J0 = (f 1 ) 0 p.p., cette injection induit une a pplication
<Il : L 1 (Y) ---+ L 1 (X) dé fini e par <D( [f]) = [f 0 ] où f E [J] ; o n vérifie a isém ent
que cette application est linéaire, inj ective e t que ll<ll( [f ]) ll u (X) = Il [!] Il Ll(Y)·
Cette application <Il est s urjective si, e t seule me nt si, X - Y est de mesure nulle.
On e n déduit le résultat s uivan t. Étant donné des ensembles mesurables Y, Z E 'J
tels que µ (Y U Z - Y n Z) = 0 , autrement dit tels qu e Y et Z ne diffère nt que
par un ensemble de mesure nulle, a lors il exis te une isométri e naturell e entre les
espaces L 1 (Y ) et L 1 (Z). Par exempl e, pour la mesure de Lebesgue, il n' y a pas
lie u de distinguer les espaces L1 ( [a, b]) et L1 (] a , b[).
Venons-en aux théorè mes de convergence ; le premi er théorème co ncerne des
suites croissantes de fon cti ons mesurables positives et sa démonstrati on re pose
esse ntielleme nt sur la définiti on de l' intégrale sur M + . Il s'agit d ' un théorè me
fondamental dont on déduira tous les autres théorèmes.
212 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Théorème 2.9.1 Théorème de la convergence monotone Pour toute suite crois-


sante f n : X --+ i + de fonc tions positives et mesurables, on a

J Iim fn dµ
n~cx:i
= lim ; · fn dµ E ÎR+.
n ~oo

Preuve On observera que la sui te Un ) étant croissante est co nvergente, notons f


sa limite ; de même la suite ([ fn dµ) est convergente d'après la proposition 2.7.2.
Pour tout entier n, il ex iste une suite croissante Un,kh EN de é'. + convergeant
vers fn· Posons 9k = supo<n<k fn ,k· Observons qu ' une enveloppe supérieure
finie de fonctions étagées est encore une fonction étagée : si <p = L iE J a i11. A,'
'ljJ = Li EI b;11. A, où ai , bi ::::>: 0, Ai E 'Jet (Ai)'i EI est une partition finie de X,
o n a sup(<p,1/J) = L iE I m ax (ai, b-;) 11. A, · Il en résulte que les fonctions gk sont
étagées positives et la suite (gk) est évidemment croissante . Pour 0 :::; n :::; k, on a
fn ,k '.'::: fn '.'::: f b d ' où f n,k S 9k '.'::: fk et, en faisant tendre k, puis n vers l'infini,
o n obtient successivement f n '.'::: limk---+= gk '.'::: f , pui s f '.'::: limk---+ = gk '.'::: f
et ceci montre que f = limk_,= g1c. La suite (gk) étant une suite cro issante de
J
é'.+ convergeant vers f, on e n déduit que f dµ = limk_,oo J gk dµ. En intégrant
J J J
l' inégalité fn ,k '.'::: 9k '.'::: fk , on a fn ,k dµ '.'::: gk dµ '.'::: f k dµ, d'où en faisant
tendre k vers l'infini

J fn dµ '.'::: j f dµ '.'::: lim


k ---too
J fic dµ
et on conclut en faisant tendre n vers l'infini. Q.E.D.
Corollaire 2.9.2 Soit f n : X ---+ i+ une suite de fonctions mesurables positives,
alors
j cf fn)
n= O
dµ = fj
n=O
f'.,,dµ.

Preuve La suite de fo nctio ns I:;=Ofv est une suite croissante de M + convergeant


vers L~=O fn· Q.E.D.
Exercice 2.9.l On suppose µ(X ) fini . Soit f : X ---+ i (o u q une fonction mes urable; pour tout
ent ier n, on pose An = { x E X ; 1f(x)1 2: n}. Montrer que f est intégrable si, et se ulement si , la
série :L ~= O µ(A n) est convergente.
Exercice 2.9.2 Soit f : X __, R (o u q une fonction mesurable ; pour tout entier n E Z, on pose
An = { x E X; 2n- l < lf(x) 1 S 2n }. Montrer que J est intégrable si, et seulement si, la série
I: ~=-oo 2n µ(An) est convergente .

Exercice 2.9.3 Soit (An) une s uite d 'ensembles mes urables, pour tout entier k on note Bk l'e n-
semble des x qui appan iennent à au moins k ensembles An . Montrer que Bk est mesurable et que
kµ(Bk) S :L ~= O µ(A n) [utiliser la fo nction f = :L~= O Il A,J. Si la série I:~= O µ(An) est
convergente, en déduire que presque tout x n'appartient qu 'à un nombre fini de An.
Si (An) est une suite croissante d'ensembles mesurables, (11.A,,) est une suite
croissante de E'.+ et le théorème de la convergence monotone se réduit à la conti -
nu ité supérieure de la mesure ; pour des suites décroissantes, il est donc nécessaire
de faire une hypothèse suppl émentaire.
2.9 THÉORÈMES DE CONVERGENCE 213

Proposition 2.9.3 Soit f n : X --+ IR+ une St-lite décroissante de fonctions inté-
grables positives, alors f = limn--+oo f n est intégrable et

j. lim fn dµ
n --+CXJ
= lim ;· f n dµ E lR+.
n ---tcx:i

Preuve L' intégrabilité de f résulte de 0 ::::; f ::::; f 0 . Considérons l'ensemble me-


surable A = {x E X; fo(x) < oo} ; alors µ (X - A) = 0 (proposition 2.8.3) et
f n(x) est fini pour tout x E A . li en résulte que les fonctions fo11A - f nll. A sont
bien définies et (foll.A - fn11A) est une suite croissante de M+ convergeant vers
Joli.A - fll.A ; d 'après le théorème de la conve rgence monotone, on a donc

d 'oi:J
! Uo ll. A - f11A) dµ = lim ;· Uoll.A - f n ll. A) dµ ,
n --+oo

J fo11A dµ - J fll.A dµ = J fo11 A dµ - }~,~ J f n11 A dµ


et

J f ll. A dµ = lim ;· fn:ll.A dµ ;


n --+oo

ceci permet de conclure vu que f = fll.A p.p. et fn = fn 11 A p.p .. Q .E .D .


Pour des suites monotones de fonctions intégrables no n nécessairement posi-
tives, on a le
Théorème 2.9.4 Beppo-Levi Soit f n : X --+ lR1. une suite monotone de fonctions
intégrables, alors f limn--+oo fn est intégrable si, et seulement si,
J
limn --+oo f n dµ est fini ; la suite Un) converge alors vers f en moyenne, c 'est-
J
à-dir e f dµ = limn--+oo f n dµ. J
Preuve On peut supposer la s uite Un) croissante, en la remplaça nt éventuellement
par l a suite (- f n)· Posons A = {x E X; lfo(x )I < oo}; cet ensemble est
mesurable, µ(X - A) = 0 et les fo nctions f n 11 A - foll.A sont bien définies. La
suite Un11 A - Joli.A) est une suite croissante de fonctions intégrables positives
convergeant vers ]li.A - fo11A, d 'après le théorème de la convergence monotone
on a donc

Les fonctions fn sont intégrables et f n = fn11.A p.p., on en déd uit

(2.9.4) J (JJJ.A - fo:ll.A) dµ = nr:.,~ I fn dµ - J fo dµ .


Ceci montre que la fonction positive f11A - fo:Il.A est intégrable, e t par conséquent
J
que la fonction f est intégrable, si, et seuleme nt si, limn--+oo fn dµ est fini. On
J J
a alors, d'après (2.9.4), f dµ = limn--+oo J'-n dµ el cec i éq uivaut à dire que la
suite (f,,) converge vers f en moyenne car il s 'agit d 'une suite monotone. Q .E.D.
Cor<>llaire 2.9.5 Les suites monotones de ,.C, 1 qui convergent simplement vers une
fonction de L 1 convergent en moyenne.
214 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Exercice 2.9.4 Soitµ : '.T ---+ iR+ une mes ure régulière sur un espace séparé X (défi riition 2.3.2) et
f :X ---+ ~ une fonction intégrable .
1. Montrer que, pour tout e: > 0, il existe une fonction intégrable s.c.s. g : X ---+ [- oo, +oo[ et
une fonction intégrable s.c. i. h : X ---+ ]- oo, +oo] telles que g :S f :S h et J(h - g) dµ, :S e: [lorsque
f est pos itive, écrire f = L ~= O a 11 Il A.,,, an > 0, An E '.T, µ (An) < oo (exercice 2.6.2) et prendre
g = I:;;:=Oan ilJ(.,,, h = L~= O an il o.,. où K n est compact, On o uvert et Kn C A,, C On
(utili ser la proposition 2.3.9)).
2. En déduire qu ' il existe une suite croissante Yn : X ---+ [-oo, +oo[ de foncti o n s intégrabl es
s.c.s. et une suite décroissante (hn): X --+ ] - oo, +oo] de fonctions intégrables s.c.i. telles que

9n :S f S hn , f = SUP9n = infhn p.p .


n n

et
If dµ = s~p I 9n dµ = i ~f f h,, dµ .

Exercice 2.9.5 1. Soit (fi)iE I une s uite générali sée [27, exemple 2.11.5) croissante de
L1 = L 1 (X; JR ) ; on suppose qu' il existe g E L 1 te l que fi :S g pour tout i. M ontrer que la
suite généra li sée (fi) est bornée supéri eurement dans L 1 et qu 'elle converge dans 1) vers sa borne
supérie ure [on pose a; = J fi , dµ. a = s upiEl a;, soit (e:n) une suite de réels > 0 convergeant vers
0 , construi re une suite croissante ('ion) de I telle que a - e:n S a .;,, S o e l montrer que f = sup"' fi.,,
est la borne supérieure cherc hée].
2. En déduire que toute famille (f;)i E / non vide et majorée de L 1 admet une borne supérieure
[uti tiser la fa mille (!J) où f J = supiE J ];, J décrivant l'ensemble des parties finies non vides de I] .

L'étude des s uites non monotones repose s ur le lemme de Fatou.


Théorème 2.9.6 Lemme d~ Fatou Soit fn : X -+ iR+ une suite de fonctions
mesurables positives, alors

(2.9.5) ; · liminf fn dµ ::; lim inf;· fn dµ .


n -+oo n -H:x::i

Preuve Posons 9n = infv::=:n fv, la s uite (gn) est une suite cro issante d e fo nction s
mesurables positives qui conve rge vers f = liminfn ---+oo f n· D'après le théorème
de la convergence monotone, on a donc

j .f dµ = lim
n -700
f 9n dµ.

On a d'autre part 9n ::; fn. d 'o ù J9n dµ ::; J fn dµ, d 'où


f fdµ = lim jgndµ ::; liminfjfndµ.
n-400

On en déduit le critère d'intégrabilité suivant.


n---*cx:i
Q.E.D.

Corollaire 2.9.7 Soit f n : X -+ iR+ une suite de fonctions mesurables positives


convergeant simplement vers f telle que lim infn-->= J fn dµ soit fini, alors f est
intégrable et

I f dµ ::; liminfj.fndµ.
n ---+cxi

Note L'inégalité (2.9.5) peut être stricte et la condition d ' intégrabilité du corollaire
n'est qu ' une conditi on s uffisante comme le montre l'exemple suivant. Sur lR muni
de la mes ure de Le besgue , la s uite fn = n 2 :Il.1o,i/n[ converge simpl ement vers
2.9 THÉORÈMES DE CONVERGENCE 215

la fonction identiqueme nt nulle, fonction intégrab le et d' intégrale nulle, alors qu e


lim i nfn--+oo }~00 in (:c) dx = +oo.
Pour des suites quelconques de fonction s i11tégrables, il fa ut substituer au le mme
de Fatou le résultat suivant.
Proposition 2.9.8 Soien t in : X --+ îR une suite de fonctions intégrables et
g : X --+ fil: une fonction intégrable.
l. Si lim infn--+oo i n est intégrable et si in :::: g pour tout n, alors

(2 .9 .6) ; · lim inf in dµ ::; liminf ;· f n dµ .


n --+ oo n --+cx:i

2. Si lim s up n--+oo fn est intégrable et si fri ::; g pour tout n, alors

(2 .9 .7) jlimsupindµ :::: lim s upjfndµ.


n --+oo n --+<xi
Preuve 1. Posons A = {x E X; lg(x)I < oo } , l'ensemble A est mesurable e t
X - A est de mesure nulle . Les fo nctions f 11 nA- g:ll. A sont bien dé finies e t ce
sont des fonctions mes urabl es pos itives . D'après le le mme de Fatou, on a

; . liminf U nTI A - g:ll. A)dµ ::; lim i.nf ;· (fn :ll. A - g:ll. A) dµ;
n --+ cx:> n --+cx:i
les fo nctions f n, li m infn--+ oo in et g étant intégrables et X - A étant de mesure
null e, on e n déduit

; . liminf j",,, dµ - ; · g dµ ::; liminf ;· fn dµ - ; · g dµ


n--+ oo n --+oo
el cec i permet de conc lure.
2 . se déduit de 1. e n considérant la suite ( - i n) · Q .E.D.
Note L' hypothèse i n :::: g po ur tout n avec g E L 1 peut s'écrire infnEN jn E L 1 .
On notera que les de ux hypothèses "liminfn --+oo i n E L 1 " et " infn EN i n E L 1 "
son t indé pendantes. Sur IR muni de la rnesure de Lebesgue, prenons par
1
exemple i n = 11. [-n ,n] el 9n = - 11. [n,n+ l]• on a lim infn--+oo in r/ L alors que
1 1 1
infn EN in E L e t liminfn --+oo 9n E L alors que infnEN 9n t/. L .
La proposition précédente va nous perme ttre d 'éta blir le théorè me de la conver-
gence dominée, théorème fondamental dû à Le besgue. N ous utili serons la no ti o n
s uivante.
Définition 2.9.1 Soient (X, 'J, µ ) un espace m esuré, Y un espace topologique,
i n : X --+ Y une suite de fon ctions définies presque partout et i : X --+ Y une
fon ction définie presque partout, on dit que la suite Un) converge presque partout
vers i s 'il existe un ensemble négligeable N tel que toutes les jonctions i n. f
soient bien définies sur X - N et tel que, polir tout x E X - N, La suite Un (x ))
converge vers f( x).
Même si l'espace Y est sé paré, la limite d'une s uite conve rgeant presque pa r-
to ut n'est pas unique, e ll e n'est dé termin ée que modulo la re lation d' équi vale nce
'.Rµ-
En ce qui co ncerne la mesurabilité d'une limite presque partout de fonctions
mesurables parto ut définies, on a le rés ultat suiva nt.
216 CHAPITR E 2 INTÉGRATI ON

Proposition 2.9.9 Soient Y un espace métrique et f n : X --+ Y une suite de


fonctions '1-mesurab/es con\Jergeant presque partout vers f : X --+ Y, alors f est
'1-mesurable.
Preuve Il existe un ensemble A E 'J de mesure nulle tel que la suite U n1lx - A)
converge partout vers f 1l x - A · Vu la proposition 2.8.2, on peut donc supposer que
la suite Un) converge partout vers f . Soit 0 un o uvert de Y ; posons
B = lim infn-+oo J;; 1 (0) et montrons que
(2.9.8) r 1
(0) c Bc r 1
(0).
Soit x E 1- (0), c'est-à-dire f(x) E 0; l'ensemble 0 étant un voisi nage de
1

f (x), il ex iste un entier n tel que f p(x) E 0 pour cout p 2: n, soi r


x E np~n f; 1 (0) C B . Si x E E, il existe un entiern te l que x E n p::'.". n f; 1 (0),
so itfp(x) E 0 pourtoutp 2 n, d 'o ù f(x) E O et cec i prouve(2 .9.8).
Soit F un fermé de Y, posons On = {y E Y ; d(x , F) < 1/n }, n 2 1 ;
on a F = n~= l On = n~= l On et, d 'après (2.9.8), il existe En E 'J tel que
f - 1 (0n) c En c f - 1 (0n), d 'o ù f - 1 (F) = n~= l En E T. Ceci prouve que
~image réc iproque par f de tout fermé, donc de tout ouvert, appartient à la tribu
'J. Q.E.D.
Théorème 2.9.10 Théorème de la convergence dominée
Soit f n : X --+ IR(ou CC) une suite de fonction s intégrables convergeant
presque partout vers une fo11 ction f : X --+ IR (o u C) mesurable, o n suppose
qu'il existe une fonctio n intégrable g : X --+ IR+ telle que
(2 .9.9) pour tout entier n, 1fn1 :::; g p .p. ,
alors f est intégrable, la suite Un) converge vers f en moyenne et par conséquent
J f dµ = limn-+co JJn dµ.
Note Si la mesure est compl ète, l' hypothèse de mesurabilité de f est s uperflue
d'après la propos ition 2.9.9.
Preuve Une ré union dénombrable d ' ensembles de mesure nulle étant de mesure
nulle, il existe un ensembl e A E 'J de mesure nulle tel que la suite U n1l x - A)
converge simp lement vers f1x - A, que g(x) < oo pour tout x E X - A et que
lfn 1lx-AI :::; g11. x -A· Autrement dit, on peut supposer que la suite Un) converge
simplement vers f, que g est à valeurs finies et que Ifni :::; g partout.
On en déduit d ' abord que Ill :::; g et, f étant supposé mesurable, ceci prouve
que J est intégrable (corolla ire 2.7.4). La suite (If - fnl ) converge s implement
vers 0 e t If - fnl :::; 2g ; d'après la propositio n 2.9.8, on en déduit

lim s upj If - f n ldµ :::; 0,


n -+oo
d ' où
0 :::; lim inf
n ---+oo
j If - fnl dµ :::; lim sup
n----too
j If - f nl dµ :::; 0

et par conséquent lirnn-+oo J If - f nl dµ = O. Q.E.D.


2 9 THÉOR ÈMES DE CONVERG ENCE 217

L e théorème de la convergence dominée est d ' une très g rande effi cac ité e t ex-
trêm eme nt simple à utili ser dans la pratique, la. seule hypoth èse à véri fier est I' hy-
poth èse de dominati o n (2.9 .9).
Par exempl e, si la mesure de X est fini e, on pe ut prend re pour g une fon c ti on
cons tante et, par conséquent, une suite de fo nct io ns intégrabl es uni for mément bor-
nées qu i converge simplement converge en moy enne. On note ra qu ' il n'y a auc une
hypo thèse de convergence uni fo rme, il s uffit de borner uniform éme nt les fo ncti o ns
par une constante.
L e théorème de la conve rgence dominée s ubsiste pour des fo ncti ons dé fini es
pres que partout (re marque 2.8. 1) ; en prolo ngeant les fon ctio ns à tout X, il s uffit
d 'écrire le théorème 2.9. 10 sur l'espace mesu1-é (X, 'f, µ).O n notera que dans ce
cas l ' hy pothèse de mesurabilité fa ite surf es t s uperflue comme le confirme la
Proposition 2.9.11 Soit f n : X -+ iR (ou CC) une suite de fonctions définies
presq ue partout µ -mesurables convergeant presque partout vers une fonctio n
f : X -+ R (ou C) dé.fin ie presque partout, alors f est µ-mesura ble.
Preuve So ient <fJn, cp : X -+ R (ou C) des fo11ctions partout défini es pro longeant
les f o nc ti ons fn et f. Ces !'.9ncti ons cpn sont '.F-mesura bles et convergent presque
parto ut vers cp qui es t donc 'J- mesurable d'après la propos ition 2.9.9 et cec i prou ve
que j est µ -mes urabl e. Q.E.D .
Exercice 2.9.6 1. Soi t f n : X --+ IR+ une suite de fonct ions intégrab les convergeant presque partout
J
vers une fonction f: X --+ i+ intégrable tell e que f dµ = Ji mn -+oo J
fn dµ. M ontrer que la suite
Un) conve rge vers f en moyenne [étudier la suite (f - fn) + J.
2. M ontrer que ce résultat ne subsi ste pas en généra l si on ne suppose plus les fo nctions positives.

Exercice 2.9.7 Soit f : X --+ i (o u IC) une foncti on intégrable, montrer que, pour to ut € > 0, il
ex i ste un ensemble mes urab le A de mesure fini e tel que

r
l x-A
lfl dµ :S ê et su p IJ(x) 1<
xEA
OO

[pose1· An = {x E X; l/n :S lf(x)I :S n} et étudier la sui te f n = f ll. A,, ].

Le théorème de la convergence dominée n'est pas très comm ode pour l'étude
des séries car il nécessite de dominer les so mmes partiell es. Vo ici un résultat mi e ux
adapté qui dit en fa it que dans l'espace L 1 to ute série abso lument convergente est
conv ergente.
Théorème 2.9.12 Soit fn : X-+ R (o u q une suite de fonctions intégrables telle
que l a série L ~= O [ [j~ [[ 1 soit convergente, alors il existe une fonction intégrable
f : X -+ lR (o u <C) telle que, pour presque tout x, la série L~= O f n(J:) soit
abso lument convergente et de somme f (x ), de plus la série L ~=O fn converge en
moyenne vers f et, par conséquent,

(2.9. 10)
218 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve Posons F = L~=O Ifni, d'après le corollaire 2.9.2 on a

/ Fdµ = f/
n=O
lfnldµ = f
n=O
llfnll1 <OO.
Ceci montre que F est intégrable, donc fini presque parto ut ; il ex i ste un en-
semble mesurable A E 'J de mes ure nulle tel que, pour tout x E X - A, la
série L ~=O Ifn(x) 1 soit con"ergente. Ceci montre que la série L~=O f n :Il.x - A est
absolument convergente, notons f : X ---+ lR (ou C) sa somme ; cette fonction f
est mes urable . Pour presque tout x, la série L~=O fn(x) converge absolument et a
pour somme f(x) . La s uite (:L;=O
j~) des sommes partielles converge donc vers
f presque partout et 1 :L;=ofpl ::; F pour tout n où Fest intégrable. Le théo-
rème de la convergence dominée montre alors que la s uite des sommes partielles
converge vers f en moyenne, ce qui prouve le résultat voulu. Q.E.D.
On e n déduit le
Théorème 2.9.13 Riesz-Fischer L'espace L 1 (X, 'J, µ ; lR ou C) est un espace de
Banach.
Preuve Le théorème précéde nt montre que toute série absolument convergente est
convergente e t il suffit d' utillser la proposition 3.19.5 de [27] . Q.E.D.
Ce qui précède va nous permettre de préciser les lie ns entre la convergence
presq ue partout e t la convergence en moyenne. Une suite qui conve rge e n moyenne
ne conve rge pas nécessaire me nt presque partout. Voici une exemple très s imple.
Sur lR muni de la mes ure de Lebesgue, on considè re la suite fo = Il ro, 11,
fi = :Il.[0 ,1/2],h = ]_ [1 / 2,l] , h = :Il. 10,1/3], f 4 = Il 11/3,2/3J, f 5 = U. 12/3, 1], etc.
Cette suite converge en moyenne vers 0, mai s ne converge e n auc un point de [O, l ].
On a cependant la
Proposition 2.9.14 Soit f n : X ---+ "i (ou q une suite de fon ctions intégrables
convergeant en moyenne vers une fon ction f: X ---+ "i (ou <C), alors il existe une
fonction intégrable g : X ---+ ÏR+ et une sous-suite Un,) qui converge presque
partout vers f telle que f nk :S: g pour tout k.
1 1

Preuve Soit A E 'J un ensemble mesurable de mesure nulle tel que les fo nctions
fn et f soient finies sur X - A, e n considérant les fonctions f nll x - A et fll x -A
on peut donc supposer les fonctions f net f à valeurs finies .
Soit ( El.:) une suite de réels > 0 telle que Ek < :L%:o oo. La suite Un) étant
de Cauchy dan s L 1 , il existe une sous-suite Unk) telle que
llf n, +1 - f nc 111 :S: Ek ,

d' où L~=O llfn '+ , - fn. li 1 < oo. D 'après le théorè me 2.9.12, il existe une
fo nction intégrable f' : X ---+ lR (ou q te lle que, pour presque tout x, la sé-
rie :L%:oUnk+i - f n.J(x) soit absolument convergente et de somme f'( x ) ; de
plus, la série converge ve rs f' e n moyenne. Il en résu lte que la sous-s uite (j',, k)
converge presque partout et en moyenne vers fn o + f'. Cette sous-suite conver-
geant en moye nne vers f , on a f = fn o + f' p.p. ; cec i montre que la sous-suite
2. 10 INTÉGRALE DE RIEMANN 2 19

Un") converge presque partout vers f. Montron s qu 'e lle est dominée par une fo nc-
ti on. intégrable . Posons F = 2::=: o lfnk+i - f"nk le coroll aire 2.9.2 mo ntre que 1 ;

cette fo nction est in tégra ble et on conclut en no tant que 1fnk 1~ lino1+ F. Q .E .D.
L' hypothèse de domination dans le théorème de la co nvergence dominée n' est
qu'une condition suffi sante de convergence e!l moye nne ; cepe ndant, si une s uite
converge en moye nn e, il existe toujours une sous-sui te qui converge presque par-
tout et qui est dominée par une fo nction intégrable. Cec i montre bi en le carac tère
tout à fa it remarqu able du théorème de la convergence do minée, théorème très
simple et dont les hypothèses sont optimales en un certa in sens.
Exe rcice 2.9.8 Tout nombre réel x E [ü, l[ admet un développement dyadique
x = I:; ~= l ü.n (x)/2n , a 11 (x ) E {O, l}, el ce déve loppe ment est unique sauf pour un ensemble
dénombrable, donc de mesure nulle. On considère la fonct ion définie presque partout
_ _I: _ cq (x ) + . .. + ü.n (x)
f n (X ) - 2 n
.

1. M ontrer que, pour tout enti er p 2: 1,

k)
i o
l n
f n(x)P dx = '""'
~
k =O
(
nk ) (
-1 - ~
2 n
P 1
--:-·
2n

2 . M ontrer que

Li
OO

n= l 0
1
4
f n(x ) dr: < OO
el en déduire que
a i( x ) + .. + ü.n (x) L
ni~~ n = 2" pour presquetout x .

2.10 Intégrale de Riemann


L'o bj et essentie l de ce paragra phe est de montrer qu ' une fo nctio n Ri emann -int-
égra ble est Le besgue- intégrable et que les intégrales sont égales. Le lecteur po urra
ain s i utili ser les mé thodes de calcul développées pour les intégrales de Riema nn ;
en fait, ces méthodes de calcul (intégrati on par parties, change ment de varia ble,
etc) seront justi fiées ultérieurement pour des Îlltégrales de Lebesg ue, donc dans un
cadre plus général.
Soit [a, b] un intervalle compact, une parti e fini e 6. de [a, b] contenant les po ints
a et b est appe lée une subdivision de [a, b] et se ra notée
6. : a = X1 < X2 < . . . < Xn+ l = b.
La fi nesse 16.I d ' une telle subdi vision est définie par 16.I = max 1 ::; i :Sn lx;+l - xi l·
L' inclusion induit sur l'ensemble des subdivi sio ns de l' intervalle [a, b] une re lation
d'ordre qui en fa it un ensemble filtrant et, si A C tJ.', on dit que la subdivi sio n 6.'
est plus fine que 6..
C onsidéron s une fo ncti on bornée f : [a, b] -+ R, pour to ute subdi vision
6. : a = x 1 < X 2 < .. . < X n+I = b, on pose
mi = inf f (x ), Mi = s up f (x )
Xi '.S x :S x i+ 1 x .i:::; x ::; x .i + l
220 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

et on définit les sommes de Darboux


n n
se; = L m i ( xi+ l - xi ), St::,. = L M;(xi+1 - xi)·
i= l
On notera que
(2.10.1)
On dit alors que f est Riemann-intégrable si s up 6 s 6 = inf 6 S 6 , la borne supé-
ri eure et la borne inférieure é tant prise sur lensemble de toute s les subdivisions de
l' intervalle [a, b]. L' intégrale de Riemann de f est alors par définition cette valeur
commune, soit

'.R l b f (x ) dx = s up se:. = inf Se; .


la t::. 6
L'application .6. ri se; étant croissante, la suite généralisée [27, Exemple
2. 11.5] ( s 6 ) converge vers sa borne s upérieure ; de même, la suite généralisée
(Sc:.) converge vers sa borne inférieure. Dire que f est Riemann-intégrable signi -
fie que les suites (s 6 ) et (Sd ont la même limite.
Lemme 2.10.1 Une fonction. bornée f est Riemann-intég rable si, et seulement si,
il existe une suite croissante (.6.k ) de subdivisions dont la finesse tend v ers 0 telle
que lim k-+oo s c::., = limk-+ O<J Sc::. ,.
Preuve La condition est év ide mment suffisante . M ontrons qu'elle est n écessaire.
Soit (t:k) une s ui te de rée ls > 0 convergeant vers 0, construisons par récurrence
une suite croissante (L\k) d e subdi visions dont la finesse tend vers 0 telle que
I - Ek :::; se:. , :::; I ::::; Sc:. ,., ::::; I + E k où I est l' intégrale de f. Pour k = 0, il
suffit d'u tili ser l' hypothèse <l' intégrabilité de f: il ex is te des subdivi s ions L\ 0 et
L\ 0 telles que I - Eo ~ s 6 ;, :::; I ::::; S 6 ;; ::::; I + Eo et on pre nd L\ 0 = L\ 0u .6. 0.
Supposons L\ 0 , . .. , Ôk -I c<Jnstruits ; il existe des subdivi sions Ll~ et ô% telles
que I -E k ::::; s 6 ~ ::::; I ::::; St::.~ ::::; I +E k ; d ' après (2. IO. I ), il suffit alors de cho isi r
une subdivisio n .6.k :J Ôk - 1 U .6.~ U .6.%telle que lbkl :::; l.6.k - 11 / 2. Q.E.D.
Si une fonction f : [a, b] --+ lR est intégrable au sens de Le besgue, c'est-à-dire
pour la mesure de Le besg ue, nous noterons L J: f( x ) dx son intégrale. On a alors
le
Théorème 2.10.2 Soit f : [a, b] --+ lR une fo nction bornée.
1. Si f est Riemann-intégrable, f est Lebesgue-intégrable et

(2. 10.2) '.R jb f( x) dx =L 1bf( x )dx.


2. l a fonction f est Riemann-intégrable si, et seulement si, l'ensemble de ses
points de discontinuité est négligeable.
Preuve Pour toute su bdivi si on .6. : a = x 1 < x 2 < ... < Xn+ l = b, on pose
A 1 = [x1 , x2] , A i = ]x; , x .;+iJ pour 2 ::::; i ::::; n,
n n

91::. = L mili A.; et Ge:. = L Mi ]_ A.;·


·i = I i= l
2.10 INTÉGRALE DE RIEMANN 221

On agti :S f :S GD. et

86. =L lb 9fi(x)dx,Sti =L 1b G6 (x)dx .

Si (lik) est une suite croissante de subdivisions, la suite (g 6 ,J est croissante


et la suite (GD. k) décroissante. Posons g = supkgtik e t G = infkGti" · On a
év idemment g :S f :S G. D 'autre part,

L .lb 96.k (x) dx ::::; M (b - a) et L Lb GD., (x) d::r ~ m (b - a)

où m = inf f et M = s up f ; d'après le théorème de Beppo-Levi , on en déduit


que g et G sont Lebesgue-intégrables et que

lirn s6 k = J:., {b g( x) dx et lirn Stik = L lb G(x) dx.


k -+oo la k-+ = la
1. Supposons f Riemann-intégrable, d'après le lemme qui précède il existe une
suite croissante (lik) de subdivisions telle que

'.R {b f( x )dx= lim 8t::." = lirn 56.,..


Ja k -+oo k -+oo
li en résulte que

'.R lb f( x) dx = J:., 1b g(x ) dx = L lb G(x ) dx.

Étant donné que g :S f :S G, ceci prouve que f = g = G p.p. et par conséquent f


est Lebesgue-intégrable et on a (2.10.2).
2 . Soit (lik) une suite croissante de subdivisions dont la finesse tend vers 0,
l'ensemble A = LJ ~ 0 lik est dénombrable, donc négligeable. Notons D l'en-
semble des points de discontinuité de f. Monlrons que
(2.10.3) D - A = { x E [a, b]; x tf. A et G(x) - g(x) > O}.
A cet effet, calculons loscillation [27, (2.18.3)] de f en un point x tf. A.
On remarque que, pour x tf. A, il existe un unique intervalle compact h dont
l'intérieur contient x et dont les extrémités sont deux points consécutifs de lik
et, la finesse de lik tendant vers 0, la suite (Jk) est un système fondamental de
voisinages de :r: . Il en résulte que
w(f;x) inf diam f(h) = inf(supf - inf f)
k k h h
inf(Gti k(x ) - Qt::. k(x)) = G(x) - g(x )
k
et ceci prouve le résultat annoncé, f étant continu au point x si, et seulement s i,
w(f; x) = 0 (27, proposition 2.18 .5].
Alors, si f est Rieman n-intégrable, nous avons montré que g = G p.p. et
par conséquent D est négligeable. Réciproquement, si D est négli geable, o n a
g = G p.p., d' où limk-+ oo 86.k = limk-+oo Sak et ceci prouve que f est Riemann-
intégrable. Q.E .D.
222 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Il est asez remarquable que la caractérisation des fonctions Riemann-intégrables


utilise la notion d'ensemble de mesure nulle au sens de Lebesgue. On notera en
particulier que toute fonctio11 continue f : [a, b] ---+ ~ est Riemann-intégrable.
Remarque 2.10.1 Une fonction bornée f : [a, b] ---+ <C à valeurs complexes est
dite Riemann-intégrable si les fonctions réelles ~e f et CSm f sont Riemann-inté-
grables et lintégrale de f est alors définie par la formule

'.R lb J(x)dx = '.R 1b~e f(x)dx +i'.R lb CSm f(x)dx .

Il est clair que le théorème 2.10.2 est encore vrai dans le cas complexe.
L'intégrale de Riemann 11e peut être définie que pour des fonctions bornées
définies sur un intervalle compact. Ceci cond uit à la notion d' intégrale impropre.
Pour fixer les idées, considérons une fonction f : [O, +oo[---+ IR définie sur une
demi-droite. Si cette fonction est Riemann-intégrable sur tout interva lle compact
[O, A], A > 0, on dit que f admet une intégra le impropre sur [O, +oo[ si les in-
tégrales '.R J0A f (t) dt admettent une limite lorsque A tend vers +oo et l' intégrale
impropre de f est alors définie par la fo rmule
00 .A
(2.10.4) '.R
10
l(t) dt = lim '.R
A-++oo 1
0
f(t) dt .

On peut évidemment défi nir une noti on d' intégrale impropre au sens de Le-
besgue. Si f est Lebesgue-i11tégrable sur [O, A] pour tout A > 0, on dit que f
admet une intégrale impropre (au sens de Lebesgue) sur [ü, +oo[ si les intégrales
J:., J~A f (t) dt admettent une limite lorsque A te nd vers + oo et l'intégrale impropre
de f est définie par

(2. 10.5) l j0
·oo
l(t) dt = lirn
A -++oo
L
1A
0
f(t) dt.
Bien entendu, si f admet une intégrale impropre au sens de Riemann, elle admet
une intégrale impropre au se11s de Lebesgue et les intégrales sont égales. Une fonc-
tion admettant une intégrale impropre au sens de Riemann peut être intégrable au
sens de Lebesgue ; autrement dit, un e intégrale impropre au sens de Riemann peut
être propre au sens de Lebes2ue ! C'est par exemple le cas des fonctions positives.
Proposition 2.10.3 Soit f : [O, +oo[---+ ~+ une fonction positive admettant une
intégrale impropre au sens de Riemann, alors f est intégrable au sens de Lebesgue
et les intégrales sont égales.
Preuve Soit (An) une suite croissante de réels > 0 tendant vers +oo, posons
f n = fil. [o,A,,] ·La fonction f est Riemann-intégrable, donc Lebesgue-intégrable,
sur l' intervalle [O, An]· La suite Un) est donc une suite croissante de fonctions me-
surables positives convergeaJlt simplement vers f et, vu le théorème de la conver-
gence monotone,

lj·oo f
0
(t) dt = lim
n-+oo
l Jo/ A,, f(t) dt = lim '.R
n-+oo
1·A, J(t) dt = '.R j'
0 O
00

f(t) dt .
2.10 INTÉGRALE DE RI EMANN 223

Ceci permet de conc lure. Q .E.D.


Ceci montre qu ' une intégrale impropre au se ns de Le besgue concerne essen-
tie ll e ment des fon ctions osc illa ntes . L'exe mpl e le plus simpl e est la fonction
I:~= O a n :Il. [n ,n+l] qui admet un e intégrale impropre sur [ü, oo [ si la série I::=oan
est c onvergente, mai s qui n' est Lebesgue-intégrable que si cette série est absolu-
me nt convergente .
Note Il n'y a pas de notati o n s pécifique aux jnrégrales impro pres et il fa ut bie n
se garder d' appliquer à de te ll es intégrales les théorèmes générau x concerna nt les
fo nc ti ons intégrables sur un espace mes uré.
C - Intégration vectorielle

2.11 Fonctions intégrables


Étant donné un espace mesuré (X, 'J, µ), on se propose de définir l' intégrale de
fonct ions f : X ---+ E à valeurs dans un espace de Banach E sur lK = IR (ou C).
On s' intéresse d ' abord, comme dans le cas de fonctions à valeurs réelles, à
l'espace des fonctions étagées. On no te c(X, 'J; E) l'espace vectoriel des fonc-
tions f : X ---+ E qui peuvent s'écrire
(2. 11 . 1) f = L aill A,
·iEl
où (Âi) iEI est une fami lle finie de 'J et ai E E ; une telle fonction est dite 'J-
étagée. On vérifie, comme d ans le cas scalaire, qu 'on peut toujours supposer que
(Ai)iE I est une partition finie de X et, cette conditio n étant réalisée, f est dite
µ-intégrable , ou s impleme nt intégrable, s i
(2. 11 .2) ('ch E l)(µ(A i ) = +oo ====? ai = 0);
l' intégrale de f est a lors défi11ie par

(2. 11.3) / f dµ = L aiµ(Ai) EE


i EJ
où nou s convenons que 0 x (+ oo) = O.
Vérifions que l' intégrabi lité de f ne dépend pas de l écriture de f. Supposons
f = L iEi a; Il A, = L jEJ h11l. B; où ai ,bj E E, Ai, BJ E 'Jet (Ai ), (BJ) sont
des partitions fini es de X . Supposon s vérifiée la propriété (2. l l.2) et montrons que
bJ = 0 dès que µ(B 1) = + oo. Considérons les e nsembles CiJ = Ai n B 1 E 'J;
la fami lle (CiJ )iEl est une partition finie de B1 et, si µ(BJ) = +oo, il existe donc
i E 1 tel q ue µ (C.;J) = +m, d ' où µ(Ai) = +oo et a; = 0; étant donné que
C;j est non vide, on a a.; = b1, d 'où bi = O. Ceci prouve que l' intégrabilité de
f ne dépend pas de son écri ture. On vérifie alors comme dans le cas scalaire que
l'i ntégrale de f ne dépend pas non plus de l'écriture de f.
c c
Nous noterons 1 (X, 'J,µ ; E), ou simplement 1 (X;E) , l'espace de toutes
les fonctions é tagées intégrables . On a alors la
Proposition 2.11.1 l'espace è 1 (X; E) est un sous-espace vectoriel de l 'espace
2.11 FONCTIONS INTÉGRABLES 225

E( X , 'J; E) , l'application f >--+ J f dµ de G1 (X ; E ) dans E est linéaire et


(2. 11.4) Il! fdµ ll :<:::;
1
f 11f ll dµpourtou t f E E (X ; E).
Preuve 1. So ient f , g E E1 (X;E), on peut trouver une partition finie (Ai )·iEJ,
A i E 'J, telle que J = L iE f ai ll A, et g = L iE I bi ll A , où a .;, bi E E. Soit
a., /3 E JK., on aalors a.f +/3g = LiEf( a.ai + f:i bi).Il. A,· Si µ(A;) = +oo , on a
ai = b.; = 0 d' après l' intégrabilité de f et g, d 'où o:ai + (3bi = 0 et cec i prouve
que la fo ncti on a. f + (3 g es t intégrable ; il est clair alors que

f ca.J +/3g)dµ = a. f taµ + /3 j 9 dµ.


2. Si on note llf ll l'application x >--+ llf(x) ll , on a 11111 = L iE I llai llll A, ;
cette fo ncti on est donc étagée positi ve et J Ili Il dµ = L ·i EI ll ai lJµ(A;). L'i négalité
(2. 1. 1.4) résulte donc de l' inéga lité triangul a ire vu la définition (2. 11 .3). Q .E.D.
J
Pour prolonger l'application j E E, 1 >--+ f dµ E E, nous utili serons la no ti on
de m esurabilité qui suit.
Définition 2.11.1 Une fon ction f : X -+ iR (ou E) définie presque partout est
dite µ-mesurab le s 'il existe une suite (j~) de fonctions 'J-étagées qui conve rge
presque partout vers f.
L a mesurabilité de f est une notion qui dépend du choix de la mes ure µ
sur la tribu 'J : on parle donc de fo ncti on µ- mesurable. On observera égale ment
qu ' une fo nction µ-mesurable est V-mesura bk. Réciproq uement, une fo nctio n µ,-
mes urable est µ-mesurabl e : en effet, si Un) es t une suite de fo nctions '.f-étagées
convergeant preque partout vers f, il ex iste des fonction s 9n 'J-étagées te ll es que
f n = 9n p.p. et la suite (gn) converge presque partout vers f. La notion de fonc-
tion mesurable est donc la même sur l'espace (X ,T, µ) et sur l'espace mes uré
complété (X, '.f, µ).
Pour une fo nction j : X -+ îR" (ou <C) à valeurs rée lles ou complexes, la dé-
finition de la mesurabilité que nous venon s cle donner coïncide avec cell e de la
remarque 2.8. 1.
N otons les propriétés sui van tes.
Proposition 2.11.2 1. Soient f , g : X -+ iR (ou E) deux fonc tions définies presque
partout égales presque partout, alors f est µ-mesurab le si, et seulement si, g est
µ-mesurable.
2. Soient f , g : X -+ îR" (ou E) deux fonctions définies presque partout µ-
mesurables et a, /3 E IR?. (ou OC), alors la fonction définie presque partout a.f + (3g
est µ -mesurable.
3. Soient E , F des espaces de Banach, j : X -+ E une fonc tion définie
presque partout µ -mesurable et g : E -7 F une fonction continue, alors
g o f : X -+ F est µ-mesurable.
E n particulier, l'espace M(X , 'J, µ ; E), n<Jté égaleme nt M(X; E) , des fonc-
tion s f : X -+ E partout défin ies et µ-mesura.bles est un sous-espace vectori e l de
l'espace '.f(X ; E).
226 CHAPITR E 2 INTÉGRATION

En prenant F = R et g = 11·11, on e n déduit le


Corollaire 2.11.3 Soit l : X ---+ E une f onction définie presque partout µ-
mesurable, alors la fon ction llf Il : X ---+ R+ est µ-mesurable.
Ceci permet de donner la dé finition suivante.
Définition 2.11.2 Une fon ciion l : X ---+ E définie presque partout est dite µ-
intégrable, ou simplement intég rable, s'il existe une suite Un) de C1 qui converge
presque partout vers l telle que

(2. 11.S) lim


n--+=
JIll - l nll dµ = O.
Toute fonction intégrabl e est do nc µ -mesurable ; la fon c ti on Il! - fn Il est donc
µ -mesurable et pos itive et l' intégrale figurant dans (2. 11 .5) est bien définie. L' in-
tégrale d'une fonction intégrable sera définie de la façon suivante. La s uite Un)
vérifiant les propriétés de la dé finition 2. 11 .2, on remarque que la s uite (J fn dµ)
est une s uite de Cauchy de B car, d 'après (2. 11.4),

Il / f p dµ - J f q dµll :::; j llfp - fq ll dµ :::; JIl! - fpll dµ + JIl! - fq ll dµ.


Cette suite est donc convergente ; no us poserons

(2 . 11 .6) ;· f dµ = lim j fndµ E E.


n--+=
Il fa ut vérifier que lintégrale de f ainsi définie ne dépend pas du c hoix de la suite
Un). Soit (gn) une autre suite de E, 1 convergeant presque partout vers f te lle que
J
limn--+= Il! - 9n Il dtt = O. D ' après (2. 11.4 ), on a alors

Il / f n dµ - j 9n dµ ll :::; j llfn - 9nll dµ :::; JllJ - fnll dµ + JIl / - 9nll dµ


J
et ceci prouve bi e n que lirnn --t= fn dµ = limn--+= 9n dµ . J
Toute fonction T-étagée é tant égale presque partout à une fon ctio n T-étagée, on
pe ut dans la définition 2. 11 .2 re mpl acer l'espace (X , 'J, µ ) pa r l'espace (X, T,µ),
ceci ne modifie ni la notio n d' intégrabilité, ni la valeur des intégrales. On notera
e nfin que, pour une fonction f de E, 1 , l'intégrale dé fini e par (2. 11 .6) coïnc ide avec
la définition (2. 1 1.3) car on peut prendre pour s uite Un) la s uite constante et égale
à f.
D'après les définitions m êmes, on a en outre la
Proposition 2.11.4 So ient f , g : X ---+ E deux fonctions définies presque par-
tout égales presque partout, alors f est µ -intégrable si, et seulement si, g est µ -
intégrable, auquel cas les intégrales sont égales.
Remarque 2.11.1 Lorsque E = R (o u C), les définition s qui précède nt coïn-
cident avec celles de la rema rque 2.8. 1. E n effe t, on observera d 'abord qu ' une fonc-
tio n de E, 1 est intégrabl e selo n la défi nition 2 .7 .1 : s i f E ë 1 s'écrit
f = L iE I a i n A ., o ù (A.;) est une partiti o n finie de X, o n a Ill = L iE I lailnA,,
J
d 'où lfl dµ = L iE I la-;lµ(Ai) e t cette qua ntité est finie si, e t se ule m ent si, la
2.11 FONCTIONS INTÉGRABLES 227

condition (2.11 .2) est satisfaite. Considérons al ors une fonction f : X -+ R (ou <C)
défi nie presque partout. Pour vérifier que lintégrabilité de f en tant que fonc-
tion défini e presque partout équivaut à l' intégrabilité selon la définitio n 2.11.2, en
considérant un prolongement de f à tout l'e space X, la proposition 2.11.4 nous
autorise à supposer f définie partout. Si j est intégrable se lon la définition 2.11.2,
les fonctions f - fn sont µ-intégrables (selon la définition 2.7 .1) dès que n est
suffisamment grand et, par conséquent, f est intégrable selon cette défi nition et la
suite Un) converge vers f en moyenne ; l' intégrale de f selon la définition 2.7.1
est alors bien donnée par la formule (2.1 1.5). Réciproquement, supposons f µ-
intégrable selon la définition 2.7 .1 ; lorsque f est positive, f étant '.Y-mesurabl e, il
existe une suite croissante de fonctions T-étagécs convergeant simplement, donc
en moyenne, vers f, ce qui prouve que f est intégrable selon la définition 2.11 .2.
Pour une fonction à valeurs complexes, on se ramène au cas précédent en considé-
rant sa partie rée lle et sa partie imag inaire, puis leur partie positive et négative.
Notons L 1 (X, 'J, µ; E), ou simplement ,.C 1 (X; E) , l'espace de toutes les fonc-
ti ons f : X -+ E partout défi nies et intégrables. On a alors le théorème su iva nt.
Théorème2.ll.5 L'espace L 1 (X;E) est un sous-espace vectoriel de l 'espace
M( X; E) des fonctions mesurables et l 'application f H J f dµ de l 1 dans E est
linéaire. De plus, soient f, g : X -+ E deu:r fonctions définies presque partout
intégrables et a, /3 E K, alors la fonction af + f3g est intégrable et

(2.11.7) f( af +/3g)dµ = a j fdµ +/3 J gdµ.

Preuve Il suffit de vérifier la dernière assertion. li existe des suites Un) et (gn) de
ë. 1 convergeant presque partout vers f et g telles que
lim ; · llf
n ---7CXJ
- fnll dµ = 0 et lim
n ---7CX)
J119 - 9nll dµ = O.

La suite (afn + f3 gn) est une suite de ë. 1 convergeant presq ue partout vers af + (3g
et limn-Hx1 J llaf + /3g - (afn + f3 gn)l l dµ = 0, vu l' inégalité
Jllaf + f3g - (oJn + /3gn)ll dµ :::; lai J Il f - fnll dµ + l/31J llg - 9nll dµ.
Ceci prouve que af + (3g est intégrable et, de plus,

J (af+/3g)dµ = n lim
ce qui prouve (2.11.7) .
---too
;·(o:fn+f3gn)dµ = a lim j fndµ+ /3 lim ; ·gn dµ,
n ---+oo n ---+CX)

Q .E.D.
Générali sons le critère d'intégrabilité du théorème 2.7.3 1.
Théorème 2.11.6 Une fonction d éfinie presque partout µ-mesurable f : X -+ E
est intégrable si, et seulement si, l 'application llfll : X -+ R+ est intégrable et on
a alors
(2.1 1.8) Ill f dµll :::; J 11111 dµ.
N ous utili serons le
228 CHAP ITRE 2 INTÉGRATION

Lemme 2.11.7 Soit f : X -t E une fonction définie presque partout µ-mesurable,


alors il existe une suite (}',,)de fonctions 'J-étagées convergeant presque partout
vers i telle que Il f n Il :::; 2 li / Il p.p. pour tout n .
Preuve On peut supposer f partout définie. Il existe une suite (gn) de fonctions
'J-étagées qui converge vers i presque partout. La fonction Ilf Il est 'Y-mesurable
et les fonctions ll9n Il sont 'J-mesurables, il en résulte que les ensembles
An= {x E X ; ll9n(x)ll :::; 2lli(x)l l}
appartiennent à la tribu 'f e t s' écrivent A n = Bn U Nn où Bn E 'J, Nn E N .
On pose i n = gnll a,, ; cm obtient ainsi des fonctions 'J-étagées telles que
llfnll :=; 2 llJl l·
Montrons que la suite Un) converge presque partout vers f. Soit x E X - N
où N est l'ensemble négligeable N = LJ: =o Nn, on suppose en outre que
J( x ) = limn_, 00 9n(x). Alors, si f( x) ~ 0, on a f',,(x) = 9n(x ) dès que n
est suffi samment grand et par conséquent i(x) = lirnn_,= f n(x). Si f( x) = 0,
on a in(x) = 0, d'où limn-+oo f n(x ) = f( x) . Q.E.D.
Preuve du théorème 2.11.6 Si i est intégrable, llfll est µ-mesurable (corol-
laire 2.1 l.3) et, avec les notations de la définition 2. l l.2, Ili Il :::; Il! - fn ll + Il!n Il
où la fonction Il f - f n Il est intégrable dès que n est suffisamment grand, ce qui
prouve que llf Il est intégrable.
Réciproquement, supposons f mes urable et Il! Il intégrable. D ' après le lemme,
il existe une su ite U n) de fonctions 'J-étagées convergeant presque partout vers f
telle que Il!n Il ::; 2 ll f Il p.p. ; les fonctions llfn Il sont intégrables et il en rés ulte que
les fonctions f n sont intégrables : j',, étant étagée, l' intégrabilité de f n équivaut à
celle de llfn 11- On en déduit Il f - in Il :::; 3 llf Il p.p. et, d ' après le théorème de
J
la convergence dominée, lirnn_,= Ili - f nll dµ = 0 ; ceci montre que f est
J J
intégrable e t que f dµ = litnn_,= fn dµ. On a d' autre part, d'après (2. l 1.4)

Il/ f n dµ ll :::; / llfnll dµ


et, d'après le théorème de la convergence dominée,

lirn /
n-+oo ll f n ll dµ = / ll fl l dµ ,
d 'où

Il / j dµ ll = }~~11 / fn dµ ll :::; / llJll dµ


et ceci prouve le théorème. Q.E.D.
Les corollaires 2.7.4 et 2.7.5 s'écrivent alors comme suit.
Corollaire 2.11.8 Soit f : X ---+ E une fonction définie presque partout µ -
mesurable telle que Il / Il < g p.p. où g : X ---+ IR+ est intégrable, alors f est
intégrable er
2.11 FONCTIONS INTÉGRABLES 229

Corollaire 2.11.9 Si µ(X) est fini, toute fon ction f : X --+ E µ-mesurable et
bornée est intég rable et

Il / f dµll ~ µ(X) X ;~f llf(.T) ll·


Voici un dernier résultat général.
Théorème 2.11.10 Soient E, F des espaces de Banach, T E L(E; F) une ap-
plication linéaire continue et f : X --+ E une fonction définie presque partout
intégrable, alors l'application T o f: X--+ Fest intégrable et

(2. l 1.9) l T o f dµ = T ( / f dµ).


Preuve On vérifi e d'abord le théorème lo rsq ue f = L iE I ai Il A; est une fo nction
étagée intégrab le. L'application T o f = LiEI T(ai) Il A, est étagée intégrable
[s i (Ai) est une partition de X, µ(A i ) = +oo implique a; = 0 et, a fortior i,
T(ai) = O] et
l To f dµ = ~T(ai)µ(Ai) = r(/ f dµ ),

ce qui prouve le résultat vo ulu dans ce cas.


c
Dans le cas gé néral, il existe une su ite (f~ ) de 1 convergeant presque partout
J
vers f telle que limn___, 00 llf - fn ll dµ = 0 ; a lors la suite (T o fn) est une suite
de ë 1 qui converge presque partout vers T o f et te ll e que
llT 0 fnll ~ llTll llf - f nl l,
f - T 0

d'où li mn___, 00 J llT o f - T o fnll dµ = 0 et cec i prouve que T o f est intégrable


e t que

l T o f dµ lim
n --+cx:i
fr 0 fn dµ = r(/ fndµ)
lim
n --700

r(J!!~ /ln dµ) = r(/ f dµ);

cec i prouve le théorème. Q.E.D.


Exercice 2.11.1 Soit J = [ü, l] muni de la mesure de Lebesgue notéeµ et so it E un es pace cle
Hilbert réel admetta nt une base hilbertienne dénombrable (en )n EN · On pose ln = ]2-C n+t), 2- n J,
211
n E .N, et on considère la fonction f :f --7 E valant n+J en sur In. Montrer que, pour tout T E E' ,
la fonction T o f : J --7 IR est µ - intégrab le (on dit que f est faiblement intégrable) , mai s que f n 'est
pas µ-i ntégrable.

Lorsque E est de dimension finie, on pe ut alors préciser les propriétés d es


fonctions mesurables et intégrables.
Corollaire 2.11.11 Une fon ction f = (fi)1 Sei Se l : X --+ lK 1 définie presque
partout est µ -mesurable ( resp. intégrable) si., et seulement si, les applications
fi : X --+ lK sont µ-mesurables ( resp. intég rables) et, si f est intégrable,
j .f dµ = (j' fi dµ) l Sc i :<; l
.
230 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve Si pr; : IK1 -+ lK. désigne la projection d ' indice i, on a fi = pr; o


J et ceci prouve (proposition 2.11.2 3 et théorème 2. 11.10) que, s i f est mesu-
rable (resp. intégrable), les a pplications f; sont mes urables (resp. intégrabl es). De
plu s, si J est intégrable, on a d 'après (2. ll.9) f J; dµ = pr;(j f dµ), d 'où
I J dµ = U J; dµ)1 <;<1 ·
Réc iproq uement,~ i ( e; ) l <:'.'.i:<ô l est la base canonique de IK1, on a J = L~= l J;e;.
Si les fonctions f ; sont mesurables (resp. intégrables), il s'ag it donc de vérifier que
les fonction s f ;e; : X --+ IK1 s ont mes urables (resp. intégrables) . Pour la mesura-
bilité, il suffit d ' observer q ue f ;ei est 'J-étagée si J; l' est. Quant à l' intégrabilité, si
f ; est intégrable, f ie; es t mes urable et llf ;e; ll = lf; l l e;ll, ce qui prouve que f; e;
est intégrable (théorème 2. 11.6). Q.E.D.
Corollaire 2.11.12 1. Soit f n : X -+ JK1 une suite de fonctions définies presque
partout µ -mesurables et convergeant presque partout vers f, alors J est µ-me su-
rable.
2. Une fonction f : X --+ IK1 partout définie est µ -mesurable si, et seulement
si, f est T-mesurable.
Preuve 1. résulte du corolla ire précéde nt e t de la proposition 2.9 .9.
2. Une fonction f : X --+ JK1 µ -mesurable est T- mesurable d 'après la pro-
position 2.9 .9 car toute fo nc ti o n 'J-é tagée est 'Y-mesurable. Réciproque me nt, s i J
est T-mesurable et si 0 est un ouvert de IK, on a J ;- l ( 0) = 1- 1 (pri 1 ( 0)) E T
e t ceci montre que f ; est T-mes urabl e, c'est-à-dire µ -mesurable ; J est doncµ-
mesurable d 'après le corollafre précédent. Q .E. D.
Pour des fonctions à valeurs dan s un espace de Ba nac h de dime ns ion infinie,
ces proprié tés ne s ubsiste nt pas en général ; ces questions seront é tudi ées a u para-
graphe sui van t.
Les considérations développées a u paragraphe 2.7 concernant l'intégrati o n sur
un sous-espace valenl pour des fonctions à valeurs dans un espace de Banach. Si
f : Y -+ E es t une fonction dé fini e presque partout sur une partie mesurable
Y E 'J de X, o n note J 0 le prolongement de J qui vaut 0 sur X - Y ; on obtient
ainsi une fo nc ti o n définie presque partout sur X . Le le mme 2.7 .8 s'écrit a lors de
la façon suivante.
Lemme 2.11.13 Une application J : Y -+ E définie presque parto ut est µy-
mesurable ( resp. µy-intégrable) si, et seulement si, l'application J 0 : X -+ E est
µ-mesurable (resp. µ- intégrable) et, lorsque f est µy-intégrable, on a

l
}y
f dµ = rJ
lx
0
dµ.

Preuve 1. Si J est µy-mesurable, il existe une suite Jn : Y -+ E de fonctions 'Jy-


étagées qui converge presq u e partout vers f. La suite (f~) est alors une suite de
fonctions 'Y-étagées convergeant presque parto ut vers J 0 qui est donc µ-mesurable .
Réciproquement, si f 0 est µ, -mesurable, il existe une suite Jn : X -+ Ede fonc-
tion s 'J-étagées qui converge presque partout vers J 0 . La suite Uni Y) est alors
2. 11 FON CTION S INTÉG RA BLES 231

une suite de fon c tio ns 'Jy -étagées convergeant presque pa1·to ut vers f qui est d o nc
µy- mesurable .
2. S i f est µy -intégra ble, il ex iste une suite Un) de fon cti o ns 'Jy-étagées inté-
gra bles qui converge presque part out vers f te lle que lim n -+oo fy llf - f n Il dµ = O.
La s uite (f~) est alo rs une suite de fo ncti ons 'J-étagées inLégra bles qui converge
presque parto ut vers f° e t d ' après (2 .7 .6) limn-+oo fx
llf 0 - f~ll dµ = 0 ; ceci
pro uve que J est µ -intégrable et, étant do nné que fx f~ dµ = fy f n dµ ,
0

j .f
X
0
dµ = lim ; ·
n -+oo X
lim f ln dµ = r f
f~ dµ = n-+oo }y }y
dµ.

Réc iproqueme nt, si J0 est µ- intégrable, f es t µy -mes urable d 'après 1. et d 'après


(2.7 .6) J~ Il ! Il dµ = J:x llf 0 11 dµ < oo, ce qui prou ve que f esl intégrable. Q.E.D.
No us laissons le soin au lecteur de récrire le le mme 2.7 .9 .
S i f : X --1 E est un e fo nc tio n dé fini e presque parto ut µ- mes ura ble (res p . µ-
intégrabl e), la restri c tio n f 1y de f à Y E 'J es tµ y- mesurable (resp . µ y -intégra ble)
car le pro longeme nt de f ÏY par 0 est simple 1nent la fon c tio n f ll. y . S i f est inté-
grable sur X, f est donc intégra ble sur to ut e nsemble mes ura ble Y.
On notera enfin que les considé rati o ns c o11 cern ant les intégral es de Le besgue-
Stie ltjes (exemple 2.7 .3) s ubs istent da ns le c as vectoriel.
Vo ic i une a pplication intéressante de la proposition 2.7 .10 concern ant les inté-
gral es dé fini es . lntroduisons la no ti on de fon ction locale m ent intégrable.
Définition 2.11.3 So it µ : 'J --1 R+ une mesure rég ulière, une fo nction.
f : X --1 R (ou E) définie presque partout est dite localement intég rable s i f
est intégrable sur tout compact.
Toute fo nc ti o n intégrable est évidemme nt locale me nt intégra ble.

Proposition 2.11.14 So ient I un intervalle de .IR, a E I et J : I --t E une fo nction


définie presque partout localement intégrable pour la m esure de Lebesg ue, alors
la fo nction F : I --1 E définie par

(2 .1 1.10) F(x ) = 1x J (t) dt


est continue. Si f est intég rable, Fest uniformément continue.
Preuve Soient x, x' E J, o n a

llF(x') - F(x)ll :::; ll x' llJ(t)l l dtl


el il suffit d ' utili ser la propos iti o n 2.7 . LO. Q.E.D.
L orsque f est continu , Fest e n fa it de classe C1 . Vérifion s d 'abord qu ' une
fo nc tio n continue est locale ment intégrable.

Proposition 2.11.15 Soit I un intervalle de lR, alors toute f onction. continue


f :I--1 E est localement intégrable.
232 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve Si I = [a, b] es t un intervalle compac t, montrons que f est intégrable.


D'après le coroll a ire 2. 11 .9, il s'agit de vérifier que f est µ-mes urable. Soit c > 0,
la continuité uniforme de f montre qu ' il existe une subdi vision de [a, b]
a= X1 < X2 < ... < Xn+ I = b
telle que, pour x E [xi, x.;+1], 11/(x) - f( xi)ll :::; c. Posons 'P = f(xi) 11. A, I::?=l
où Ai = [xi,xi+ i[ pour 1 :::; i :::; n - 1 et An = [xn , Xn+1], t.p est une
fonction 13-étagée, '.B dési2nanL la tribu borélienne de I ; étant donné que
s upxE[a,b] 11/(x) - <p(x)ll :::; c, on en déduit que f est la limite uniforme d'une
s uite de fonctions étagées. Q.E.D.
Proposition 2.11.16 Soient I un intervalle de Ra E I et f: I -+ E une fonction
continue, alors la fo nction F : I -+ E définie par (2. 11.10) est de classe e1 et
F' = f.
Preuve La fonction F esl bien d éfini e d ' après la proposition précédente. Soit x E I
e t soit h E ~* tel que x + h E I , on a

A(h) = F(x + h) -
h
F(x) - f(x) = .!_
h lx
r +"[f(t) - f( x)] dt.

D'après la continuité de f au point :r:, pour tout c > 0 i1 ex iste ô > 0 tel que
11/(t) - /(x) ll :::;
c pour lt - xi :::; J. Il en rés ulte que llA(h)ll :::; c si lhl:::; J, ce
qui prouve le rés ultat voulu. Q.E.D.
O n en déduit la formule fo ndame ntale du calcul intégral : pour Loute fonction
e
F : I -+ E de classe 1 el tout a, X E I
(2. 11.11 ) F(x ) = F(a) + 1xF'(t)dt.
Vu le corollaire 1.4.3, on en déduit la formule d'intégration par parties sui vante.
Corollaire 2.11 .17 Soient B, F , G des espaces de Banach, (x , y) H xy une ap-
plication bilinéaire continue de E x F dans G notée multiplicativement et
u : [a, b] -+ E, V : [a, b] -+ F des applications de classe e1 ' alors

(2. 11.1 2) 1b D u(t)v(t) llt + 1b u(t) Dv (t) dt = u(b)'u( b) - u(a)v(a).


On peut également établir la formule de Taylor avec reste intégral.
Proposition 2.11.18 Soit f : [a, b] -+ E une fonction de classe ek+1, k E N,
alors, pour tout x E [a, b],

(2. 11.1 3) J(x) = ~ Dif(a) (x-_ 1a)J + ( x D k+ 1 f(t) (x- t)k dt.
,[___,
j =O
J. lna k.1
Preuve On considère la fonction g : [a, b] -+ E défi nie par
k .
g(t) = L Di f(t) (x -_1t)J.
j=O J.
Ce ue fonc tion est d e classe C et 9 (t) =
1 1 1
D k+ f (t)(x - t )k / k! ; il suffit d 'écrire
g(x) = g(a) + J~T g' (t) dt pour conclure. Q.E.D.
2.12 MESURABILITÉ 233

Théorème 2.11.19 Formule de Taylor (troisième forme) Soient S1 un ouvert


d'un espace normé E, F un espace de Banach, f : Q -+ F une application
de classe ek+ 1 et soient a, a+ h E ri tels que [a, a + h] C ri, alors
k
(2 .lJ.14) f(a+h) = LDjl(a).J! +
hj 1'0
1
ok+ 11(a + th).hk+l
. (1 - t)"
k! dt.
J= Ü

Preuve On applique la proposition précédente à la fonct ion g: [ü, l ]-+ F dé finie


par g(t) = f(a +th). Q .E.D.
Lorsq ue E est de dimension finie, cette formu le s'écrit
h°' .
(2. 11.15) f(a + h) =L D°' 1(a) 1 +(k+l)
a.
h,fr
I
a.
L l·I
0
D°' l(a+th)(l - t)k dt.
lal:'::k Jol= k+ I

2.12 Mesurabilité
On se propose d'étudier plus précisément les propriétés des fonctions mesurables
dans le cas général, puis dans le cas où X est muni d' une structure topolog ique.
Dans le cas général, on souhaite examiner si les propriétés du corollaire 2.1 1. 12
subsistent pour des fonctions à valeurs dans un espace de Banach de dimension
in fi ni e. Les réponses sont en général négatives . La limi te d' une suite de fo nctions
mesurables convergeant presque partout n'est pas nécessairement mesurable et,
si toute fonction µ-mesurab le est T-mesurable comme nous le démontrerons, la
réc iproque est inexacte.
Proposition 2.12.1 Soit 1 : X -+ E une .fonction µ-mesurable, alors 1 est T-
mesurable et
(2.12. l) il existe A E 'J de mesure nulle tel que f (X - A) soit séparable.
Preuve 1. Toute fonctio n 'J-étagée étant 'J-rnesurable, il en est de même de toute
fo nction µ-mesurable d 'après la proposition 2. 9.9.
2. Il existe une suite Un) de fo nctions 'J'-étagées convergeant vers 1 presque
partout ; il en résulte qu'il existe un ensembl e A E 'J de mesure nulle tel que
l(X - A) c LJ~=ü fn(X) et cet e nsemble est séparable car les ensembles ln(X)
sont finis. Q.E.D.
Nous all ons démontrer la réciproque avec une hypothèse supplémentaire sur
1.Nous dirons que f est à support a-fin i si le support del, à savoir l'ensemble
supp 1 = {x E X ; J(x) =1- O}, est contenu dans une réunion dénombrable d 'en-
sembles mesurables de mesure finie.
Exemple 2.12.1 Toute fonct ion f : X -+ E intégrable est à support a-fini car
supp 1 = u~= l An où An = {x E X; llf(x) Il 2". l / n} E T est de mesure finie:
on a en effet Il A,. :=::; n 11111, d'où µ(An) :=::; n J
111 1 dµ < oo .
Théorème 2.12.2 Une fonction 1 : X -+ E à support a-fini est µ-mesurable si,
et seulement si, elle est T-mesurable et vérifie (2. 12. 1).
234 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve Ils' agit de démontrer que les conditions sont suffisantes. Vu la proposi tion
2.11.2 1 , on peut supposer que f(X) C F où Fest un sous-espace séparab le de
E. Soit (an) une suite dense dans F, posons
An,p = f - l (B(an; l / (p + 1) )) pourn , p EN,
n
Bo,p = Ao,p et Bn+l ,p = An+l ,p - LJ Bt ,p·
l=O
La fonction f étant 'J-mesurable, ces e nsembles appartiennent à 'Jet, pour tout
entier p, la suite (Bn,p)nEM est une partition de X. li existe d'autre part une suite
croissante d'ensembles Yp E 'J' de mesure finie de réunion Y telle que su pp f c Y.
Soit (t:r) une suite de réels > 0 telle que la série L:; o€psoit converge nte ; on a
µ(Yp) = L;~= 0 µ(Yp n Bn ,p) < oo et, par conséquent, il ex iste un entier np tel
que
OO

(2 . 12 .2) L.: µ(Yp n Bn,p) :::; Ep·


n=n,,+ I

Montrons que la suite de fo nction s 'J-étagées


si x E Y n Bn,p avec 0 :::; n :::; np,
n11

SI XE (X - Y) U (Y - LJ Bn ,p) ,
n =O
converge presque partout vers J, ceci prouvera le théorème.
Lorsque x E X - Y , f(x) = f~(x) = 0 et la suite Uv(x)) converge vers f( x).
Soit x E Y, pour chaque entier p, il existe un unique entier n~ tel que x E Bn;,,v·
S'il existe un entier q tel que n~ :::; np pour tout p 2: q, on a fv(x) = a11 ;, pour
p 2: q, d'où llf(x) - fp(x) ll :::; l / (p + 1) , ce qui prouve que la suite Uv( x))
converge vers f(x) pour un tel x. L'hypothèse faite sur x sig nifie que

xE un LJ Bn ,p·
q= Op= qn= O
Ceci prouve que l 'ensemble des x pour lesque ls la suite (j~(x)) ne converge
pas vers f(x) est contenu dans l'ensemble Y n D où D = lirn s upp-+oo Dp
et Dv = LJ~= n,,+i Bn,p· La suite (1j) étant croissante de réunion Y, on a
µ(Y n D) = lim1_, 00 µ(Y1 n D) et il s'agit donc de démontrer que µ(Y'j n D) = O
pour tout j. On a
OO OO

Yi n D = n LJ }j n Dr
q= Op= q

et, la suite (1j) étant croissante, 1j n D c LJ;:qYv n Dr pour tout q 2: j;


vu (2.12 .2), on en déduit que P,(Y1 n D) :::; L:; qEp pour tout q 2:: j , d'où
P,(}j n D) = 0 et ceci prouve le théorème. Q .E.D.
2. 12 MESURABILITÉ 235

Corollaire 2.12.3 So ient (X, 'J, µ ) un espace mesuré a-fini et E un espace de


Banach séparable, une f onction f : X ---+ E est µ -mesurable si, et seulement si,
elle est 'f-mesurable.
Corollaire 2.12.4 Soit f n : X ---+ E une suite de fon ctions µ- mesurables à sup-
port a-fini (par exemple des f onctions intég rables) convergeant presque partout
vers f , alors f est µ-m esurable.
Preuve On observe que f est 'f-mesurabl e d ' après la proposition 2.9.9 e t que f est
à support CJ-fini ; il s uffit d' appliquer le théorème 2. 12.2. Q .E .D.

Corollaire 2.12.5 Soient (X, 'J, µ ) un espace mesuré CJ-fini et f n : X ---+ E une
suite de fonctions µ-m esurables convergeant presque partout vers f, alors f est
µ -m esurable.
Exercice 2.12.1 Théorème de Pettis 1. Soient (X , 'J,µ) un espace mesuré a- fini et E un espace de
Banach réel, une fo ncti on f : X - l E est dite fa ible me nt mes urable si, pour to ut T E E' , ! 'appli cation
T o f : X - l IR est µ -mes urable. Mo ntrer que f est µ, -me s urabl e si, et seul e ment si,
a . f est faibl e me nt mesurable,
b. il ex iste A E '.f de mes ure nulle tel que f (X - A) soit séparable.
[pour montrer que les conditi ons sont suffi santes, considére r une s uite (Yn) de nse d ans
f ( X - A) et une suite Tn E E' telle que llTn Il = L, Tn ·Yn = llYnIl [2 7, corollaire 3. 13. 11] ;
montrer que ll J(x)ll = s upn ITn (f(x))I pour x E X - A et en dé duire que llJll est µ -mes urabl e
et, plus généralement, que llf(•) - ail est µ- mesu rabl e pour tout a E E; conclure a lors grâce a u
théorè me 2. 12.2]
2. Si l' espace de Banac h E est séparable, en déduire qu ' une fonction f : X --t E e st µ -mesurable
si, e t seulement si, elle est l' est faible ment.
3. Si l'espace E n 'est pas sé parable , les conclus ions de 2. peuvent être e n défaut : soie nt I = [O, l]
muni de la mes ure de Lebesgue et E un espace de Hil bert admetlanl une base hilbertie nne (etltEI·
montrer que la fo ncti on f :J --t E défini e par f(t) = e 1 est faibl ement mesurable mais n'est pas
µ -me surable.

L e corollaire 2. 12.5 ne subsiste pas en général lorsque la mesure n'es t pas CJ-
fini e ; il est do nc nature l d ' introduire la notio11 suivante.
Définition 2.12.1 Une f onction f : X ---+ E (au E) est dite µ f -mesurable si pour
tout A E 'J de mesure finie l'application f ll. A est µ -mesurable.
Notons JV(f (X, T, µ ; ïR ou E), ou simplem ent JV( f (X ; ïR o u E), l' espace de
toutes les fon ctions µ f -mesurables. Toute fo!lction µ-m esurable est évide mment
µ f -mesurable, soit
(2.12.3) M(X; ïR ou E ) c JV(f (X,ïR ou E).
Exemple 2.12.2 Soit (J, :P(I ), µ ) l' espace mesuré oùµ est la mesure d e déno m-
bre ment. Toute fon cti o n f : 1 ---+ E es t µ/ -mesurable alors qu ' une fonction µ,-
mes urable est nécessairement à image séparable d'après la propositi on 2. 12. l. Si
E est un espace de Ban ach non séparabl e et si Card E ~ Card J, il ex iste une
surj ection f : 1 ---+ E et cette appli catio n f n'est pas µ -mesurabl e ; l' inclu s ion
(2. 12.3) est donc stricte.
236 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

D ' après la proposition 2 .11 .2 2 , l'espace Mi (X ; E) est un sous-espace vecto-


riel de l'espace vectoriel '.J(X ; E) de to utes les applications de X dans E. On a en
o utre les propriétés suivantes.
Proposition 2.12.6 /. Soient f ,g : X --t i (ou E) deux fonctions égales presque
partout, alors f est µ f -mesurable si, et seulement si, g est µf -mesurable.
2. Soient E , F des espaces de Banach, f : X --t E une fonction µf -mesurable
et g : E --t F une fonction continue, alors g o f: X --t Fest µ!_mesurable.
3. Si f : X --t i (o u E) est à support a -fini, f est µ -mesurable si, et seulement
si, f est µ f -mesurable.
4. Si f n : X --t i (ou E ) est une suite de fonctions µ ! -mesurables convergeant
presque partout vers f, alors f est µ!-mesurable.
5. Soit Y E 'J, une fonction f : Y --t i (ou E) est µ{-mesurable si, et
seulement si, la f onction f 0 : X --t i (o u E) nulle sur X - Y qui prolonge f est
µ f -mesurable.
Preuve 1. résulte de la proposition 2.11.2 1 vu que fll.A = gll. A p.p ..
2. Vu que (g o !)li.A = (g o (fllA)) x ll A, la proposition 2.11.2 3 fournit le
rés ultat voulu.
3. Il existe une suite croissante An E 'J telle que µ(An) < oo et
s upp f c u:=Ü An ; les fonctions fll. A... sont µ-me surables e t la suite (fllA., )
converge s implement vers f qui est donc µ-mes urable d ' après le corolla ire 2. 12.4.
4 . résulte du corollaire 2 .12.4.
5. résulte du le mme 2. l l.1 3 vu que, pour tout ensemble A E 'Jy, J 0 11. A est le
prol o ngeme nt par 0 de la fonction f ll A. Q.E.D.
Remarque 2.12.1 Nous dirons qu ' une fonction f: X --t i (o u E) définie presque
partout est µ1-mesurable s'i 1 existe une fonction g : X --t i (o u E) partout défi -
nie µ!-mesurable telle que f = g p.p. ; toute autre fonction g telle que f = g p.p.
est alors µ!-mesurable d'après la proposition 2.12.6 1 .
Nous allons mainte nant étudi er la mes urabilité lorsque X est e n outre muni
d ' une structure topologique, la mesure étant réguliè re ; nous allons établir des re-
lations très inté ressantes e ntre la continuité et la mesurabilité. Cette é tude repose
s ur le théorème d'Egoroff q ui é tablit un lien entre la convergence simp le et la
convergence uniforme pour des s uites de fo nctions mesurables.
Définition 2.12.2 Soit Y un espace métrique, on dit qu'une suite de fonctions
f n : X --t Y converge presque uniformément vers une f onction f : X --t Y
si, pour tout € > 0, il existe un ensemble A E 'J de m esure ::; € tel que la suite
Unix - A) converge uniformément vers f lx - A·
Lemme 2.12. 7 Si une suite (fn ) converge presque uniformément vers f , alors elle
converge presque partout vus f .
Preuve En effet, pour tout entier k 2: 1, il existe Ak E 'J de mesure ::; 1 / k tel que
la s uite U ni x -Ac) converge uniformé ment vers flx -Ak · L'ensemble
A = n ~ 1 A k E 'J est de mesure nulle e t la suite U n(x)) conve rge vers f( x )
2.12 MESURABILITÉ 237

pour tout x E X - A, ce qui prouve que la s uite Un) co nverge presque pa rtout
vers f. Q.E.D.
Il e n résulte que la limite d ' une suite conve rgea nt presque uniformé me nt n 'est
bie n dé fini e que modulo la re la tion d ' équi va len ce '.Rw
Théorème 2.12.8 Egoroff On suppose µ(X) < oo et on considère une suite
fn : X --+ R (ou E) de fonctions µ-mesurables, alors La suite Un) conve rge
presque partout vers une fonction f : X --+ IR (ou E) si, et seulement .si, elle
con verge presque uniformément vers f.
Preuve li s'agi t de dé mo ntre r que la co ndition est nécessa ire. On suppose que la
suite Un) co nverge presque partout vers f. li existe un ensemble B E 'J de mesure
nulle te l que, pour tout x E X - B, la s ui te (fn(x)) conve rge vers J(x).
N otons d une distance sur R défi ni ssant la topologie de R [le cho ix de cette
distance importe peu, toutes les distances définissant la topo logie de IR sont e n
e ffet uniforméme nt équi valentes, l'espace R étant compact] ; lorsque les fonctions
sont à valeurs dans un espace de B anac h E, d désigne la distance assoc iée à la
norme de E, so it d(y, z) = llY - zll- Po ur to ut entier j ~ 1, on pose alors
An,j = {x E X - B ; d(f( r: ), fn(x)) ::; 1/j} .
Ces ense mbl es appartiennent à la tribu T. En effet, lorsq ue les fonctions f , fn
sont à valeurs da ns i:, e lles sont T- mesura bl es (proposition 2 .9.9) ; la fonction
(!, j~ ) : X --+ R x i: est T-mesurable (le mme 2.6.4) et l' a ppli cation
d : IR x R --+ IR est continue ; on en déduit que ! 'application .r r-+ d(f (x ), fn ( x))
est 'T-mesurab le et les e nse mbles An ,J appartiennent do nc bi e n à T. Lorsque les
fonctions f , j~ sont à vale urs dans un espace de Banac h E , f est µ- mes urab le
(corollaire 2.12.5) et la fonction l f - fnl l es t µ -mesurable d'après le coroll a ire
2. I l .3, ce qui permet de conc lure éga le me nt dan s ce cas.
La suite Un (x)) converge vers f (x) s i, e t se ulement si, X E B = n~ l Bj où
B 1 = lim infn-.oo An ,j ; d' après l' hypo thèsep;(X - B) = 0, d ' o ù µ(X - B1) = 0
po ur to ut j. O r, X - B 1 est égal à linte rsectio n de la suite décroissante

(u
OO

(X - Ap ,J) )nEN·
p= n
La mesure éta nt fini e, la continuité inférie ure de la mesure m o ntre que
limn -+oo µ(x -n; n Aµ,J ) = O. Soit c > 0 et soit (c j) une s uite de réels > 0 telle
que L~ 1 é j ::; é , alors il ex iste un e ntier nj t e l queµ (X - n;nj Ap,j) ::; Cj.

Posons

A=X - nn
OO OO

An,J ET,
cet e nsemble est de mesure ::; é d 'après la a-so us-additi vité de la mesure. De plus,
si x E X - A, on a d(f(x) , f n(x)) ::; l / j p o ur tout jet tout n ~ ni, ce qui
prouve le résultat voulu , A étant conten u da ns un e nsemble appartenant à 'Jet de
mê me mesure. Q.E.D.
238 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Note Il n'ex iste pas en général d'ensemble A E 'J de mesure nulle tel que la
suite Un) converge uni forméme nt vers f sur X - A. Prenon s X = JO, 1[ muni
de la mesure de Lebesgue e t la suite f n = n ]o ,i / n[• n : :'.". 1 ; cette suite converge
simplement vers 0 et, si A est un ensemble de mesure nulle, X - A rencontre
]O, l /n [, d'où supxEX - A lf,,,(x)I = 1 quel que soit n. On notera éga lement que le
théorème d 'Egoroff ne subs iste pas lorsque X est de mesure infinie : sur IR muni
de la mesure de Lebesgue, la suite f n = Il [n ,n+l] converge simpleme nt vers 0,
mais le théorème est en défa ut dès que c < 1.
Théorème 2.12.9 Soitµ : ':J -7 ÏR+ une mesure régulière sur un espace topolo-
gique séparé X, une fonct ion f : X --t ïR (oll E) est µ !-mesurable si, et seu lement
si, f possède les propriétés équivalentes suivantes.
pour tout compact ]( C X et tout c > 0, il existe un compact
< · 1 .4) { Ki c K tel que µ (K - Ki) ~c et l'application f'IK, est continue,
2 2

tout A E 'J de mesure finie admet une partition de la forme


(2. 12.5) A = B u LJ~= ü I<n où les ensembles Kn sont compacts, les ap-
{ plications f K., sont continues et B E 'J est de mesure nulle,
1

pour tout compact K, une partie N de K est négligeable si, et seule-


(2.12.6) ment si, N n L est négligeable quel que soit le compact L C X tel
{ que l 'application flL soit continue.

Preuve 1. Supposons l'applicatio n f µf -mesurable et vérifions (2. 12.4 ).


a. Vérifions d'abord la propriété (2.1 2.4) pour une fonction
'J-étagée f = L ·;E J ai n A, , a ; E E, Ai E 'Jet (A;)iEr est une partition fini e
de X. Soie nt E > 0, (éi )iE l une famille de réels > 0 telle que L iE I Ei ~ é et K
une partie compacte de X, l' ensemble A ; n ](étant de mes ure fini e, la propositi on
2.3.9 montre qu ' il ex iste un compact K i c Ai n K tel que µ(A in J{ - Ki) ~ci
L'ensemble K 1 = LJiE f K ; est a lors compact, contenu dans]( et µ (K - K1) ~ é.
La fo nction f étant constante et égale à ai sur K ;, l' image réc iproque par fÏKi de
toute partie de E est la réunion d'une sous-famille de la famille ( K i )iE I ; l espace
X é tant séparé, cette image réc iproque est compacte, donc fermée dan s Ki ; ceci
prouve que l'image réciproque par fÏK , de tout fer mé est fermée, flK , est donc
continu .
b. Si f est µf -mesurable, to ut compact ]( étant de mesure finie, la fonc-
tion f ilK est µ-mesurable et il existe donc une suite Un) de fo nctions 'J-étagées
convergeant presque parto ut vers fll i<. D'après le théorè me d 'Egorotf appliqué
sur le sous-espace (K, 'JK , µg ), il ex iste un ensemble A E 'JK tel que µ(A) ~ c
et te l que la s uite UnlK - A) converge uniformément vers flK - A· L 'ensemble
]( - A étant de mesure finie, il ex iste (proposition 2.3.9) un compact K' C K - A
tel que µ (K - A U K') ~ E . Do nnons-no us alors une suite (en ) de rée ls > 0
telle que 'L ~=O En ::; c. D ' après a., il ex iste des compacts K n C I(' te ls que
µ(K' - K n ) :::; En et tels que les appli catio ns f:,,IK.. soient continues. L 'ensemble
K1 = n~=Ü Kn est compact, co ntenu dans](' et µ(K' - K1) ~ L ~=O én ~ €,
2. 12 MESURABILITÉ 239

d'où µ(K - K 1 ) ::; 3c . E n o utre, la suite de fo nctio ns con tinues UnlKJ converge
un iforméme nt vers fÏK, qui est d onc continu .
2. On montre que (2 .12 .4) implique (2. 12.5) . Soit A E 'J un e nsemble d e
mesure fini e, do nno ns- nous une suite en > 0 convergeant ve rs O. D 'après la pro-
0
pos ition 2.3.9, il exi ste un compac t K C A te l que µ(A - K 0) ::; c o e t, d 'après
(2. 12.4), un co mpact Ko C K te l que µ(K
0 0- Ko) ::; c o et fÏI<u so it continu ;
on a donc µ(A - Ko) ::; 2c 0 . E n itérant ce raisonnem e nt, o n construi t par ré-
curre nce une sui te (Kn) d e compacts di sj o ints de ux à d e u x te ll e que K n C A,
µ(A - LJ; = ü Kp) ::; 2c n et f lK,, est continu. L 'ensembl e B = A - LJ:=o Kn est
alo rs de mes ure nulle, ce qui pro uve le résultat voulu .
3. O n vérifie e nsui te la mesurabilité de f lorsque (2. 12.5) est satisfait.
a. Vé rifi o ns d ' abo rd la propriété sui vante : soient K une partie com pacte e t
f : X ~ E une applicatio n te ll e que l 'applicati o n f lK so it continue, a lors f ll J<
est µ -mes urab le . D ' après le le mme 2.11. 13, il s'agit de vérifie r que f II< est µ/\-
mesura ble . Utiliso ns le théorè me 2.12.2. La fo ncti on fi K est à suppo rt u-fi ni v u
que K est de mes ure fini e , e lle est continue do nc 'Jw mesura bl e et son image est
un compac t métrisabl e, do nc séparable. Cec i pe rme t de co nclure.
b. Considérons a lors une fo nction f : X ~ E vérifia nt la propriété (2. 12.5)
et so it A E 'J un e nsembl e de mesure fini e. li s'agit d e vérifie r que f ll A est
µ -m es urable . Avec les no tati o ns de (2. 12.5 ), la série 2= ~=ü f ll. K.,. d e fo ncti o ns
µ-m esurables d 'après 2,a. converge presque parto ut ve rs / Il A, ce q ui pro uve le
résultat vo ulu grâce a u corolla ire 2. 12.4.
4. Véri fio ns que (2. 12.5 ) implique (2. 12.6). Soient K un compac t et N C K
tels que N n L so it nég li geable quel que soit le compact L te l qu e f IL soit continu.
To u t compact é tant de mesure fini e, K pe ut ~,éc rire K = B u LJ:=o Kn où les
co mpac ts Kn sont te ls que / II<,, est continu et B E 'J est d e mesure nulle. A lo rs,
les e nsembles N n Kn et N n B son t négligeables et il en rés ulte que N est
nég ligeable.
5 . Vérifi ons enfin que (2. 12.6) impliq ue (2. 12.4 ). Soit K un compact, o n pose
a = su p µ(L) où la bo rn e s upérieure porte s ur l'ensemble L des parti es com-
pac tes L C K te ll es que fÏ L soit continu . Il ex iste une suite croissante (Ln) d e
L te lle que a = s up µ (Ln) ; posons A = LJ~=ü Ln, a lo rs a = µ(A) e t
µ(K - A) = µ (K) - µ (A) = µ (K) - a e t il suf fit de dé m ontrer que
µ(K - A) = O. D' après (2. 12.6), il s'agit do nc d e véri fie r que, po ur tout com-
pac t L te l que !IL soit continu , µ(Ln (K - A)) = O. R a isonnons pa r l'absurde,
supposons µ(Ln (K - A)) > 0 ; alors, il existe un compact
M c L n (K - A)
tel que µ (M) > O. On o bserve que / IM est continu car M C Let, par s uite ,
f lMuL ,, est continu q ue l que soit n, so it 1\1[ U Ln E l. E n o utre,
µ (M U Ln ) = µ (M) +µ(Ln) > a
dès que n est suffi samme nt g rand , ce qui co ntredit la dé finiti o n de a e t prouve le
rés ultat vo ulu . Q .E.D.
240 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Corollaire 2.12.10 Soit µ : T ---7 ~ + une mesure régulière sur un espace topolo-
gique séparé X, réunion dénombrable de compacts, une fonction
f: X -t R (ou E) est µ -mesurable si, et seulement si,
une partie N de X est négligeable si, et seulement si, N n L est
(2 . 12.7) négligeable quel que soit le compact L C X tel que l'application
{ f IL, soit continue.

Preuve La mesure étant a-fin ie, la propos ition 2.12.6 3 et le théorème précédent
prouvent que f est mesurable s i, et seulement si, la propriété (2. 12.6) est vérifiée.
Il es t clair que (2. 12.7) implique (2 . J2.6). Réciproquement, supposons (2. 12.6) vé-
rifi é e t soit N C X tel que N n L soit négligeab le pour tout compact L tel que f 1 L
soit conti nu . L'espace X es t la réunion d ' une s uite (Kn) de parties compactes ;
soit L une partie compacte telle que !IL soit continu , alors N n K n n Lest négli -
geable et, d 'après (2.12 .6), on e n déduit que N n Kn est nég ligeable ; une réunion
de négli geabl es étant nég ligeable, ceci prouve que N es t négligeable. Q.E.D.
Corollaire 2.12.11 Siµ est une mesure régulière, toute fonction continue est µ f -
mesurable.
Rappelon s que le supporl d ' une fonction f : X ---7 E est par définiti on l'adhé-
rence de l'e nsemble {x E X ; f(x) =/:- O} . On a alors le
Corollaire 2.12.12 Siµ est un e mesu re régulière, toute fonction continue à sup-
port compact f : X ---+ E est intégrable et

(2. 12.8) Il/ fdµll ~ µ(K) X,;~~ llf(x)ll où K = supp f.


Preuve La fo nction f est µ 1- mesurable d 'après le corollaire précédent, doncµ-
mesurable (proposition 2.12.6 3 ) et on conc lut avec le corollaire 2. 11.8 vu que
llJll ~ M ll.K où M = s upxEX llf(x)ll· Q.E.D.
Corollaire 2.12.13 Si µ est une mesure régulière, toute fonction continue
f: X -t E est localement Ïfltégrable.

2.13 Convergence en moyenne


Si f :X -t E est une fo nction définie presque partout µ - mesura ble, on pose

(2. 13. 1) 111111 = / ilflldµER+.

Pour tout a E JK, o n a llafll 1 = lai Il! li 1 et, si f, g : X -t E sont deux fonctions
définies presque partout µ -mesurables, Ili+ glh ~ 11 1111 + llgll1 ; llfl li = 0 équi -
va ut à f = 0 p.p .. Comme dans le cas scalaire, cec i montre que ll • lli est une semi -
norme sur l'espace l 1(X ; E ) qui définit une topo logie, dite topologie de la conver-
gence en moyenne. Dire qu ' une suite Un) converge vers f en moyenne sig nifie
J J
que lim"--+oo llf - }~,I l dµ = 0 et ceci implique f dµ = limn-+= f n dµ. J
2. 13 CONVERGENCE EN MOYENNE 241

Cette topologie n' est pas en général séparée, la limite en moye nne n'est définie que
modulo l'éga lité presque partout. Ceci cond uil à définir l'espace vectoriel quotient
(2. 13.2) L 1 (X, 'J, µ ; E) = J:}(X ,'J, µ ;E) / 'Rµ
noté égale ment L 1 (X ; E). Pour toute c lasse de fo ncti ons [f ] E L 1 (X ;E), on pose
(2. 13.3) / (fJ dµ = / f dµ E E où f E [f] ,
cette derni ère intégrale ne dépendant pas du cho ix du représentant f d'après la
prop os ition 2. 11 .4. On défi nit ainsi une application linéa ire [!] H J[J] dµ de L 1
dans E. Étan t donné que f = g p.p. implique llf Il = llgll p.p., on note Il (f] li la
classe de la fo nction llf Il où f E [f] et on défi nit une norme sur l'espace L1 en
posant
(2. 13.4) Il [f] Ili = / Il [rJ Il dµ.
La topologie sur L 1 définie par cette norme s' appelle encore topologie de la conver-
gence en moyenne. On a év idemment

(2.13.5) Il/ f dµll : :; li/Ili 1


pour tout f E L (X ; E)

et par conséquent
Proposition 2.13.1 L'application f H J f dJL de L 1 dans E est linéaire continue
de norme :::; 1.
D 'après la définition même d' une fo nctio n intégrable, on a d'autre part la
Proposition 2.13.2 Dans l'espace L 1 (resp. L 1 ) le sous-espace vectoriel E1 ( resp.
1
(, / ':Rµ) est partout dense.

Le théorème de la convergence dominée subsiste dans le cas vectoriel.


Théorème 2.13.3 Théorème de la convergence dominée Soit fn : X --+ E une
suite de fonctions définies presque partout il1t ég rables convergeant presque par-
tout vers une fonction f : X --+ E telle que
(2. 13.6) pour tout entier n, llJnll :::; g p.p. ,
où g : X --+ IR+ est intég rable, alors f est intégrable, la suite Un) converge vers
f en moyenne et par conséquent J f dµ = liin.n->cX> J fn dit.
Preuve Le corolla ire 2. 12.4 montre que f est µ-mesurable . Étant donné que
llfll <::; g p.p. d'après (2. 13.6), f est intégrable d'a près le coroll ai re 2. 11.8. On
a d'autre part llf - fnll :::; 2g p.p.; d'après le théorème de la convergence do-
minée scalaire on a limn-too J llf - fnll dµ = 0, ce qui prouve le résultat vo ulu .
Q.E.D.
Le théorè me 2.9 . 12 subsiste dan s le cas vectoriel.
Théorème 2.13.4 Soit f n : X ---+ E une suite de fonctions définies presque par-
tout intégrables telle que la série 2='.':"=o llfn 1
11 soit convergente, alors il existe
une f onction intégrable f : X --+ E telle que, pour presque tout ::r:, la série
242 CHAPITRE 2 INTÉGRATIOt-J

L:: =o f n(x) soit absolume11t convergente et de somme f (x), de plus la série


L:: =o f n converge en moyenne vers f et, par conséquent.

(2. 13.7) Jcf= f n) f Jfn


n=O
dµ =
n =O
dµ .

Preuve La dé monstration est identique à celle du théorème 2.9. 12 en utilisant la


fo nctio n défi nie presq ue parto ut F = L::=o llfnll - Q.E.D.
On en déduit le
Théorème 2.13.S Riesz-Fischer L'espace L 1 (X ; E) est un espace de Banach.
La propos ition 2.9. 14 sulJs iste éga leme nt avec la même dé monstration .
Proposition 2.13.6 So it f n : X - t E une suite de fonctions défin i es presque
partout et intégrables convergeant en moyenne vers une f onction f : X -t E,
alors il existe une f onction intégrable g : X -t lR+ et une sous-suite (J~k) qui
converge presque partout vus f telle que l l J~k Il ::; g p.p. pour tout k.
Exemple 2.13.1 Considérons l'espace mesuré (I, 'Y(I) , µ) oùµ est la mesure de
dé nombrement. Soit f = (x i) i E I : I -t E une appli cation de I dans E. Si f est
intégrable, la famil le ( x;) est absolument sommable d' après le théorème 2. 11.6
et l' exempl e 2.7.2. Réciproqu e ment, si la famille (xi ) est absolument sommable,
c'est-à-dire si la fonction Il f Il est intégrabl e, l'ensemble J = {i E I ; xi of::- 0} est
dé nombrable [27, corolla ire 3.20.5] et pe ut donc s'éc rire comme la réunion d' une
suite croissante (Jn) de parties finies. Posons f n = f ll J,, ; ces fonctions sont
étagées et la suite (J~) conwrge simplement vers f qui est donc µ -mes urable et par
conséquent intégrable d ' après le théorème 2. 11 .6. On a d'autre part llfnll : : ; llfll,
J J
d'où f dµ = limn-+oo f n dµ d ' après le théorème de la convergence dominée
et la famille (x;) étant sommable on e n déduit que

j .f dµ = li m ; · f n dµ = lim "'""
n -+oo n-700 L-t
iEJ,,
Xi = "'"" Xi·
~
iE /

Ceci pro uve que ,[ } (I ; E) = L 1 (I ; E) = l 1 (I ; E) et que les normes définies sur


les espaces L 1 et l 1 coïncide nt, so it

11f 11L = f 11I11 dµ = L:: 11x&


iE I
Exercice 2.13.1 Soit f n : X -+ E une suite de foncti ons intégrables convergeant presque partout
vers une fonc tion f : X -+ E.
1. On suppose J .f
J intégrabl e et J dµ = 1im,,_, 00 f n dµ , montrer que
pour tout é > 0, il ex i st ~ un ensemble A E '.T de mesure finie, une foncti o n intégrable
2 38
< · 1 · ){ g : X -t IR+ et un entier 11, tels que, pour p 2: n, llf pll : : '. g sur A et Jlfx - A fp dµJJ : : '. c.
[d ' après l ' exercice 2.9.7, il ex iste Liil ensemble B E '.T de mesure finie tel que 11111 dµ ::::'. é J:.x: -B
et sup 8 111 11 < oo ; d 'après le théo rème d' Egoroff, pour tout ô > 0 il ex iste A E '.T, A C B,
µ(B - A) :::; ô te l que la suite Cfn ) converge uniformément vers J sur A ; montrer que cet ensemble
A convient avec un choi x adéquat d e ô J.
2.14 FONCTIONS DÉF INIES PAR UNE INTÉGRALE : CONTINUITÉ, DÉRIVABILITÉ 243

2 . M onLrer que f est intégrable er que la suite Un) converge vers f en moyenne si, et se ulement
si,

pour tour E: > 0, il ex i ste un ensemble A E T, une fonction intégrab le g: X ---t IR+
<2 · 13 ·9> { et un entier n tels que, pour p 2'. n, llfpll :S gs ur A et fx - A 1
1/pll dfJ, :S ë .
3. M ontrer que (2 . 13.8) ne suffit pas et que (2. 13.9) n'est pas nécessaire pour que f soit intégrabl e
et que JJ dµ = limn -+oo J f n dµ .

2.14 Fonctions définies par une intégrale : continuité,


dérivabilité
On se propose d ' applique r le théorè me de la convergence do minée po ur étudi e r la
continuité et la dérivabi lité de fon c ti o ns dé finies par une intégrale dépe ndant d ' un
pa ra mè tre.
Théorème 2.14.1 Soient (X , 'J, µ ) un espace mesuré, E un espace de Banach,
Y un espace à base dénombrable de voisinages (par exemple métrisable), A une
partie de Y, a un point de Y adhérent à A et f : X x A -+ R (ou E) une fonction
vérifiant les propriétés suivantes
(2. 14.1) pour tout y E A , la fonction x H f (x, y) est µ-m esurable,
(2. 14.2) pour presque tout x E X , la limite ylim
-+a
f( x , y) existe ,
yEA

il existe une fon ction intég rable g: X -+ i+ telle que, p our tout
(2. 14.3) {
y E A et pour presque tout x E X , llf (x,y) ll : : ; g(x).
On considère la fonction F: A -+ IR (ou E) définie par

(2 . 14.4) F(y) =;· f( x, y) dµ .


X
Alors, la/onction définie presque partout x H limy-+a f(x , y) est µ-intég rable,
yEA
F(y) adrn.et une limite lorsque y tend vers a en restant dan s A et

(2. 14.5) lim F(y)


y -+ a
= ;·, li m f( x, y) dµ.
y -+ a
yEA .''( y E A

Preuve Pour tout y E A, la fon c ti on x H f (x, y) est µ- intégra ble d' après (2. 14.1)
el (2. 14 .3) ; la fonction Fest donc bie n définie. Notons cp : X -+ E la fonction dé-
finie presque partout cp( x) = lirn y-+ ci f (x, y). Pour toute sui te (Yn) de A conver-
yEA
geant vers a, on a cp (x ) = lirnn-+oo f (x, Yn) p.p. De plus, llJ(x, Yn) Il : : ; g(:r) pour
presque tout x ; d' après le théorème de la convergence dominée, la fo nc tion cp est
intégrable et
lim F(yn ) = ; · cp(x) dµ,
n 4cx:> .} (

ce qui prouve le rés ultat voulu. Q.E.D.


244 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Note L'hypothèse faite sur Y est essentielle, e lle perme t de se ramener à la li -


mite d ' une suite : le théorème de la convergence dominée ne concerne que des
suites de fon c tion s, il n' y a ri e n d'analog ue pour des fillres de fonction s. On no-
tera également la significatio n de l' hypothèse (2. 14.3) : pour tout y E A , il ex iste
un e nsembl e négli geable Ny tel que llJ(x, y)ll :::; g(x) pour x E X - Ny. Ceci
n'i mplique pas qu ' il existe un e nsemble négligea ble N tel que llf(x, y)ll :::; g(x)
pour (x, y) E (X - N) x A ; l' hypothèse faite est plus faible, mai s s utlit, car
on se ramène à une suite (Yn) et une réunion dénombrable de négligeables est
négligeable .
Le théorème précédent implique le résu ltat fondamental s uivan t.
Théorème 2.14.2 Soient (X, 'J, µ)un espace m esuré, E un espace de Banach, Y
un espace à base dénombrable de voisinages (par exemple, métrisable), a un point
de Y et f : X x Y -+ i (ou E) une fon ction vérifiant les propriétés suivantes
(2. 14.6) pour tout y E Y , la fonction x H f( x, y) est µ -mesurable,
( . .?) {pour ~resque tout x E X, la fonction y ri f (x, y) est continue
2 14
au point a,
il existe une fon ct ion intégrable g : X --+ i+ telle que, pou r tout
c2. 14.8) { y E Y et pour presque tout x E X , Il f (x, y )Il :::; g (x ).
Alors, la fonc tion F : Y -7 IR (ou E) définie par (2. 14. 4) est continue au point a.
En ce qui concerne la différenti ab il ité, on a le
Théorème 2.14.3 Soient (X, 'J, µ ) un espace mesuré, S1 un ouvert d'un espace
normé E , G un espace de Banach et f : X x S1 --+ G une application telle que
(2. 14.9) pour tout y E 0 , la f onction x H f(x , y) est µ-intégrab le,
pour presque tout x E X, la fonction y r i f( x, y) est différen-
(2. 14 · 1O) { fiable ( resp. de classe e1 ),
l'application x E X H Dyf(x, y) E L(E; G), qui est d éfinie
(2 . 14.l l ) { bl
presque partout, est µ -mesura e,
il existe une f onction intégrable g : X --+ i + telle que, pour
2 4 2
( · 1 · 1 ) { presque tout X E X et tout y E n, llDyf (x , y) Il :::; g( x ).

Alors, la f onction F : fi --+ G définie par(2. 14.4) est différentiable (resp. de classe
e1 ), la fonction définie presque partout X H Dyf(x, y) est intégrable et
DF(y) = f
(2.14.13)
lx Dyf(x,y)dµ.
Preuve R appelo ns d'abord que ,l (E; G) est un espace de Banach ; cela a donc
un sens de parle r de fo nc ti ons à valeurs dans L (E; G) intégrables. Les hypo-
thèses (2. 14. 11 ) et (2. 14.12) montrent que l'applicalio n défini e presque partout
x r i Dyf( x, y) est µ- intégrable.
1. Vé rifions que Fest différe nti able en un point a E 0 et, plus préc iséme nt,
que
F(a + h) - F(a) - (fxDyf(x , a) dµ) .h = o(h).
2. 14 FO NCTIONS DÉFINI ES PAR UNE INTÉGRALE • CONTI NUITÉ, DÉR IVABILITÉ 245

L'app licat ion u t-+ u.h de L(E; G) dans G étant linéaire continue, o n a d 'après le
théorème 2. 11 .10
(j ,Dyf(x, a) dµ) .h = l:cJ Dyf(x, a) .hdµ
X
et il s'ag it de véri fier que

l [!(x, a + h) - f (x, a) - Dvf(x, a).h] dµ = o(h),


c'est-à-dire, e n posant c.p(x, h) = f(x , a + h) - f(x, a) - Dyf(x , a).h, que

(2. 14. 14) nl~~ jX


c.p(x, hn) d _
llhnll µ - 0
pour toute sui te (hn) de E - {O} te lle que a + hn E net qui converge vers O.
N ous all o ns utiliser le théorème de la co nvergence dominée. Posons
<J?(x , y) = f(x, y) - Dyf(x, a).y;
pour presque tout :r:, la fo ncti on y t-+ <I> (::r, y) est bien défi ni e, di ffére ntia ble
d 'après (2. 14. 10) et Dy'P(x , y) = Dyf(x , y) - Dyf(x,a) . D ' après (2 .14 . 12),
pour presque tout x E X et pour to ut y E f2, on a llDy'P(x , y)JI ::; 2g(x). Po ur
presque tout x, on peut appliquer le théorème d es accro issements fi nis : pour tout
h suffisa mme nt petit, llil>(x , a + h) - <J?(x , a)JI ::; 2g(x)Jlhll p.p et par con sé-
q ue n t llc.p( x, hn) Il/Ilhn Il ::; 2 g(x) p.p. ; étant clo nné que la sui te ( c.p(x, hn) /Il hn Il)
converge vers 0 presque partout d 'après (2. 14. 10), le théorème d e la conve rgence
dominée permet de conc lure.
2. Lorsque la fo nctio n y t-+ f(x, y) est de classe e1 pour presque tout X, la
fo rmul e (2.1 4. 13) montre que Fest de cl asse ~ 1 vu le théorème 2. 14.2. Q .E.D.
Note Le même théorème subsiste lorsque Q e~ t un intervalle de R
Note L' hypothèse (2 .1 4. 12) signi fie qu ' il existe un ensemble nég li geable N te l que
llDyf(x, y)l l ::; g( x ) po ur tout (x, y) E (X - N) x O. On ne peut se conte nter
de l' hypothèse " pour tout y E Q et presque to ut x E X, llDyf(x,y)ll ::; g(x)."
L' utilisation du théorème des accroissements fini s ne permet pas de se rame ner à
une s uite (y,,) comme dans le théorème 2. 14. 1.
Remarque 2.14.1 Lorsque ! 'espace E es t de dime nsion fi ni e, l' hypothèse
(2 .14.11) est superflue. E n effet, si E = JK1 et si Pi : JK1 --+ IK dés ig ne la pro-
j ecti o n d ' indi ce i, on a Dyf(x , y) = 2:.:~ = l Dd(x , y) o Pi p.p. et les fo nc ti o ns
défini es presque partout x E X t-+ D;f(x,y) E L(JK; G) sont µ- mesura bl es :
en effet, Dd(x, y). l = limn-+oo n [f (x, y + ejn) - f( x, y)] p.p. où (eih :S i:Sl
désig ne la base canonique de JK1 ; il en rés ul te (corollaire 2. 12 .4) que les fo nc-
ti ons x r-+ Dd(x, y).l sont µ- mesurables ; compte te nu de l' isométrie linéaire
Tt-+ T. l de l'espace L(lK;G) s ur G, on e n déduit la mesura bilité des fo ncti o ns
x t-+ D;f(x, y) d'après la propositio n 2.11 .2 3• puis de la fonctio n x H Dyf( x, y)
d 'ap rès la même pro positi on.
P our vérifier qu ' une fo ncti on dé fini e par une intégrale est de classe ek, on
utili se le théorème suivant.
246 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Théorème 2.14.4 Soient (X, 'J, µ ) un espace mesuré, D un ouvert d'un espace
normé E, G un espace de Btmach et f : X x D -+ G une application telle que
pour presque tout x E X, la fonction y H f(x, y) est de classe
(2. 14.15) { ek OÙ 1 ::::; k < OO,
pour tout y E Q et tout 0 ::::; j ::; k, les Jonctions définies presque
2 14
( . · 16) { partout x E X H D0J(x, y) E L 1(E1 ; G) sont intégrables,
il existe une fonction intégrable g : X -+ ÏR+ telle que, pour
2 4 17
( · 1 · ) { presque tout x E X et tout y E D, llD; J(x, y)ii '.': : g(x) .
Alors, la jonction F: Q ---+ G définie par (2. 14.4) est de classe ek et
(2. 14.18) Dl F (y ) = r DU( x, y)dµpourtoutO ::::; j ::::; k .
Jx
Preuve Le résultat étant acquis pour k = 1, on raisonne par récurrence sur k. Sup-
posons le théorème établi po~r k - 1. Avec les hypothèses du théorème, on vérifie
d'abord que Fest de classe ~k - 1 . Considérons une boule ouverte B(a; r) c D,
d ' après le théorème des accr<Jissements finis, on a, pour presque tout x E X et tout
y E B(a; r), llD;- 1 f(x, y) - D~ - l f( x, a)il '.': : r g( x), d'où
ll D~ - 1 f(x , a)il + rg(x).
llD;- 1 /(.t, y)il '.': :
Vu l'hypothèse de récurrence, on en déduit que Fest de c lasse e1c- 1 s ur B(a; r),
donc sur D, et que la dériv ée D" - 1 F est donnée par la formule (2. 14.18). On
conc lu t en remarquant que Dk - l Fest de classe e1 , le th éorè me étant acq uis pour
k = 1. Q.E.D.
Si, pour presque tout X E X , la fonction y H f(x , y) est e00 , o n en déduit
e
évidemment un cri tère pour <1 ue F so it 00 : on suppose d ' une part que, pour tout
k e t tout y, les fonctions x H D;J(x, y) sont intégrables, d' autre part qu ' il ex iste
des fonct ions intégrables g1;; : X -+ ÏR+ tell es que, pour presque tout x et tout
y E D, llD~f(x,y) ii ::::; 9k(x).
Lorsque Q est un ouvert d' un espace de di mens ion finie, on en déduit le
Corollaire 2.14.5 Soient (X, 'J, µ) un espace mesuré, D un ouvert de OC1, G un
espace de Banach et f : X >< D -+ G une application telle que
pour presque tout x E X , la fonction y H f( x, y) est de classe
\. - ·, 1:::: k '.':::OO,
(2. 14.19) { r.>k
pour tout y E 12 et tout lai ::; k (c 'est-à-dire tout a lorsque
(2. 14.20) k = oo), les f onctions x E X H D~f( x, y) E G, qui sont
{ définies presque partout, sont intégrables,
pour tout lai = k lorsque k est finie. t pour tau!__a lorsque k = oo,
(2. 14 .2 1) i/ existe des fon ctions intégrables 9a : X -+ ~+ telles que, pour
{ presque tout x E X et tout y E D, llD~f(x , y)ii : : ; 9a(x ).
Alors, la fonction F : D -+ G définie par (2.14.4) est de classe e1c et pour tout
lai : : ; k (c'est-à-dire pour tout a lorsque k = oo)
(2. 14.22) D ° F (y) = ; · n; f (x , y) dµ.
X
2. 14 FONCTIONS DÉFINIES PAR UNE INTÉGRALE : CONTINUITÉ, DÉRIVABILITÉ 247

Preuve Il suffit de re marquer que l'applicatio n x i--+ nif (x , y) est intégrable s i, et


seul e me nt s i, les applicatio ns x i--+ D~ f(x , y) sont in1égrables po ur tout lo: I = j
e t que l' hypothèse de do minatio n (2 .14.17) équ ivaut à (2. 14.2 1). Q.E.D.
D ans la pratique, 1' utilisati on de ces différents théorèmes est extrê memen t
simple, les seul es hy pothèses mé rita nt d ' ê tre vérifiées é tant les hy pothèses d ' in-
tégrabilité e l de domin ati o n ; à ce propos, o n rappe ll e que la continui té et la d éri-
va bilité sont des propri étés loca les. Vo ic i un exemple simple concern ant la fo ncti on
ga mma
r( z) = 1=e - 1
e- t dt;
cette fo nc tion, bie n défini e pour R ez > 0, est d e classe e 00
et

~e z > O.
00

Dkf'( z) = fo (log t)kt z- Je-t dt po ur

E n effet, supposons 0 < xo < R ez < x 1, o n a


l logtiktx 0 - 1 e - t si 0 <t :=::; 1
l(Jogt) ktz- l e- t l::::; .
{ l logt ikt x 1 - 1 e - t si 1 :=::; t
et cec i montre (corolla ire 2. 14.5) que la fo ncti on r est e 00
dans la bande
0 < x 0 < Rez < x 1 , do nc dans le de mi -pla n ffie z > O.
Remarque 2.14.2 Le résul tat de continui té de la propositi on 2. 11 . 14 peut se dé-
duire du théorème 2. 14.2. Si f : I -+ E es t une fo nctio n intégra ble, I désig nant
un inter vall e de R , o n a (en supposant a ::::; x po ur fixe r les idées)

F(x) = l x f(t) dt = j f (t) ll [a,xJ(t) dt ;

l' hypothèse (2.1 4.8) est bien vérifiée vu que llf( t ) ll [a,xJ (t)il ::::; llf(t)il; quant à
(2 .1 4.7), soit o: E J, la fon ctio n x t-7 f (t) ll [a ,x] (t) est continue au poin t o: dès que
t =/= o:, do nc po ur presque tout t. Par contre, o n note ra que le théorème 2. 14.3 ne
sa ura it s'appliquer, l' hy po thèse (2. 14. 10) n 'éta nt vérifiée que s i f est négli geab le.
Exercice 2.14.1 1. Mo ntrer que
·(k+l ),,. 1s in tl 2 .
1 k7r
- - dl
t
>
- (k + ] )7r
et e n d éd uire q ue la fonction t >-+ s in t/ l n'est pas in tégrable sur ]O, +oo[.
p our tout entier k >
-
0

2 . En e ffectu ant une intégration par pallies, montre r q ue pour 0 < A < B
B s in 1
t dl < -2
l/,
A
-
l - A
e t en déd ui re que l'in tégrale imp rop re

! :=
1O
+00 s in l
-dt =
t
.
l im
A -++oo
1A
O
sin t
-dt
t
ex iste.
P our calcul er cette intégrable impropre, o n cons idère la fonction
+00 .

<p ( X ) =
1 0
e
- l x 8 111
-
t
t d
t.
248 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

3. M ontrer que cp(x ) est bi en défini pour x > 0, que la fonction <p : JO, +oo [-; R est de classe
e1 et que
cp' (x) =- { +oo e-tx sin tdt = __L_ .
lo 1 +X 2
M ontrer que lim x-->+oo'P ( x) = 0 et en déd uire que cp(x ) = t - a rctgx où arc t g dés igne la
fonction réc iproque de la fonction t g : ] - 7f / 2, rr / 2[-; lit
4. M ontrer que

1!
00
A
+ sin t 1 2
e-tx_t-dt S: A pourtout A > O,x> O

Cl
sint
1
A
lim ( 1 - e-t.i:) - - dt = 0 pour tout A > O.
x-t O,:c> O o l
5. Montrer que 1 = rr/ 2.
Exercice 2.14.2 Soient ll un ou ve11 de JR 3 , F = IR3 - f1 et µ : 'B -; IR+ une mes ure régulière
finie défini e sur la tribu borélienne de F . Si li• li est la norme euclidien ne de IR 3 , on pose
dµ (l )
f (x) =
J llx - tll
P
- - - pour tout x E fl ,

où la mes ure a été notée dµ(l ) pour préci ser qu ' il s' agit del ' intégrale de la fonc tion t >--+ llx - 111 - 1 .
Montrer que la fonction J :Q -; IR est e00
et harmonique, c ' est-à-dire que 6.f =LI= Djf 1 = O.

Exercice 2.14.3 Noyau de Poisson dans le demi-plan On considère le demi -plan


H = {(x, y ) E IR 2 ; y > O}

et la foncti on P : H -; IR (noyau de Poisson) définie par


1 y
P( x, y) = - -?- - .
7r x- + y 2

Soit f : R -; C une fonction mesurable et bornée, on pose

(Pf) (x, y ) = 1_: j (t )P (x - t,y ) dt pour (x, y) E H .

1. Montrer que la fonction P f : H -; C est bien défini e, qu 'elle est bornée et q ue

( PJ) (x, y) = -1 Joo f(x+yT) - 2- -. . dT


7f -OO T +1
2. Si la fonction f est conti nue en un point xo E IR, montrer que ( P f) ( x, y) converge vers f (xo)
lorsq ue (x, y) E H tend vers (xo, 0).
3,a. On pose 01 = o/ox et 02 = o/oy, montrer que, pour tout entier k , l EN, o~à~P(x , y) est
de la forme
Pk,1(x, y )
(x2 + y2) k+t+1
où Pk, l est un polynôme, polyn ôme de degré ::; J,; +
21 par rappon à x.
b. Montrer que P f est de classe e=.
c. Calcu ler le laplacien de P j , c 'est-à-dire (or+
â~ ) ( P J) .
4. On prend f (t ) = e-it
a. V érifier que (P j )(x, y ) =
j (x)g (y ) où g : JO, oo[-; C est de classe e=.
b. M ontrer que g est soluti on d' un e équation différentielle linéaire du second ordre et en déduire
explicitement g.
2.15 INTÉGRALE PAR RAPPORT À UNE MESURE SIGNÉE 249

2.15 Intégrale par rapport à une mesure signée ou


complexe
Étant donné une m esure signéeµ : 'J ---+ RU { +oo}, une fo nction f : X - N ---+ Y
à valeurs dan s un e nsemble Y et défi nie sur le compléme ntaire d ' un ensemble N
négligeable pour la mesure lµI es t dite défi nie presque partout. O n se réfère ic i
aux e nsembles de lµl-mes ure nulle, c'est-à-dire de µ+ -mesure nulle et µ _ -mesure
nulle ; lorsque µ est une mesure signée, les ensembles de µ-mesure nulle ne joue nt
auc un rôle particuli er. On peut alors donn er la dé finition suivante.
Définition 2.15.1 Une fon ction f : X ---+ i (ou E) définie presque partout est dite
µ -mesurable (resp. µ -intégrable) si elle est lµ l-m esurable ( resp. lµ l- intégrable).
Toute fonctio n intégrabl e est donc mesurable . L'étude de la mes urabi lité e t de
l' intégrabilité par rapport à une mesure signée utili sera la proposition é lémentaire
qui suit.
Proposition 2.15.1 Soient µ 1 , µ 2 : 'J ---+ R+ deux mesures positives et
f : X ---+ i (ou E) une fonction définie (µ1 + µ 2)-presque partout, alors f
est (µ 1 + µ 2 )-mesurable (resp. (µ 1 + µ 2 )-intégrable) si, et seulement si, elle est
µ 1 -m esurable et µ 2 -mesurable ( resp. µ 1 -intég rab le et µ 2 -intégrable). De plus, si
f : X ---+ i + est (µ 1 + µ2)-mesurable ou si f : X ---+ i (ou E) est (µ1 + µ 2) -
intégrable, on a dans i+ ou dans R (ou E)

(2.15. 1) / t d(µ 1+µ2) = l fdµ1 + l f dµ2 .


Preuve On observera d ' abord que f est définie µ ;-presq ue partout, un ensemble
(µ 1 + µ 2)- négligeable étant µ i-négligeable.
1. Si f est (µ 1 + µ 2)-mesurable, il ex iste une suite de fonct ions étagées qui
converge vers f (µ 1 + µ 2 )-presque partout, don c µ i -presq ue partout et cec i prouve
que f est µ i- mes urable. Réc iproq uement, si f est µ i-mesurable, il ex iste une
suite (fin ) de fonctions étagées qui converge µ i -presq ue partout vers f ; il ex iste
donc A i E 'J, µ i(Ai) = 0, telle que la suite (j;n(x)) converge vers f( x) pour
:.z; E X - A ;. La suite fn = fi n 1L x - A, + hn ]_ A, - A2 est alors une suite de fonc-
tions étagées qui co nverge vers f1Lx - A,nA 2 , donc (µ 1 + µ 2 )-presque partout vers
f car A1 n A2 est de (µ 1 + µ2)-mesure nulle e t cec i prouve que f est (µ 1 + µ 2)-
mes urable.
2. Soit f : X ---+ i+ une fonctio n défi ni e (µ 1 + µ 2 )-presque parto ut,
il existe une fonction g : X ---+ i+ partout défin ie, 'Y-mesurab le et telle que
f = g (µ 1 + µ2) - p .p.. Il suffit alors de vérifier (2.15.1) pour la fo ncti on g.
Or, cette formu le est trivialeme nt vérifiée pour les fon ctions étagées positives et,
en considérant une suite croissante de fonctions étagées positives convergeant vers
g, la définiti on mê me de l'intégrale permet de conc lure.
3. Si f : X ---+ i (ou E) est une fo nctio n (µ 1 + µ 2)-intégrable, f est (µ 1 + µ 2 )-
mesurable, donc µ i-mesurable et la formu le (2. 15. 1) app liquée à la fonction llfll
250 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

montre que f est µ ;-intégrable. Réc iproqueme nt, si f est µ .;- intégrable, f estµ ;-
mesurable, donc (µ 1 +µ 2)-mesurable et la formule (2. 15. 1) appliquée à la fon ction
Il! Il montre q ue f est (µ 1 + µ2)- intégrable.
Quant à la fo rmule (2. 15 .1), lorsque f est à valeurs réelles, il suffit d 'écrire la
formul e pour f + et f - .
Lorsque f est à vale urs dans un espace de Banac h E, la formule étant vérifiée
lorsque f est une fo nction é tagée (µ 1 + µ 2 )- intégrable, il suffit (propos ition 2. 13.2)
de montrer que les applications linéaires

f H J f d(µ1 + µ 2) et f H J f dµ1 +/ f dµ 2

défini es sur l' espace l 1 (X , 'J, µ 1 + µ 2 ; E) el à valeurs dan s E sont continues. Ceci
est é vident pour la premi ère applicati on et, pour la seconde, on a

11/ f dµ1 + f J dµ 2l l ~/ 11111 dµ 1 + / 11 111 dµ 2 ~/ 11 111 d(µ 1 + µ 2) = llfll 1,


ce qui prou ve le rés ultat voulu . Q .E.D.
Si µ : 'J ---7 JR; U { +oo} est une mesure signée, on en d éduit le
Corollaire 2.15.2 Une f onc tion f : X ---+ iR (ou E) définie presque partout
est µ-mesurable (resp. µ-intégrable) si, et seulement si, elle est µ +-m esurable et
µ _ -mesurable (resp. µ +-intégrable et µ _ -intégrable).
Si f est intégrable, o n défi ni ra a lors l intégrale de f par la formule

(2 .15.2) J fdµ = I fdµ + - / Jdµ _ E E .


On vérifie de sui te que l'espace M(X ; E) des fo ncti ons parto ut défini es µ - mesu-
rabl es est un sous-espace vectoriel de l' espace vectoriel de toutes les f o nctio ns de
X dans E, q ue l' espace l 1 (X; E) des fo ncti ons intégrabl es en est un sous-espace
vectoriel et que l'appli cati on f H J
f dµ de J:, 1 dans E est linéa ire. M e ntio nnons
la propriété s ui vante.
Proposition 2.15.3 Une fon ction f : X ---7 i' (o u E ) définie presque partoutµ -
mesurable est µ -intégrable si, et seulement si, l 'application llf ll est !µ !-intégrable
et on a alors
(2 . 15 .3) Il/ f dµll ~ J 11!11 dlµI.

Preuve La fo nction f est µ-i ntégrable si, et seulement si, ell e est lµl-in tégrable,
c ' est-à-dire si, et seulement si, llf ll est lµ l- intégrable.
O n a alors

Il / f dµl l ~I llf ll dµ + + J 11 !11 dµ _ = J llfll dlµ !. Q .E.D.

Considérons enfin une m esure complexeµ : '.T ---+ <C. O n définit la p artie réelle
et la partie imagi naire de la m es ureµ en posant, pour tout A E '.T,
ORc µ) (A) = ~c µ ( A) et (~mµ)(A) = S'mµ(A);
2. 15 INTÉGRALE PAR R APPORT À UN E MESURE SIGNÉE 25 1

on d éfi ni t ainsi deux mesures signées Re µ , 'Smµ : T --+ IR telles que


µ = !Re µ + ·i 8 mµ.
Il ex iste d'autre part (exerc ice 2.4.2) une mesure positi ve lµ I : T --+ lR+ , qu ' on
appe lle la valeur abso lue deµ, qui est la plus petite mesure pos itive te lle que
(2.15.4) lµ (A)I S: lµ l(A) pourtour A E 'J.
Noto ns que
(2 .15.5) l!Re µ I :::; lµ I et l'Sm µ I :::; lµI.
On a en effet l(!Re µ )(A)I S: lµ(A) I ::::; lµ.l(A) , d'où la premi ère inégalité vu que
l!Re µ I est la plus petite mesure positi ve maj orant la mesure !Re µ . On vérifi e de
mêm e la seconde inéga lité. On a d 'autre part
lµ (A)I ~ l!Re µ(A) I + l'Smµ(A) I '.".: l!Re µl(A) + l'Smµ l(A)
et, par conséquent
(2.15 .6) lµ I ::::; l!Re µ I + lsmµ I.
On e n déduit que la mesure lµI est finie et qu ' un ensemble A E 'J est de 1µ1 -mesure
null e si, et seulement si, IRe µl(A) = l'Sm µl (A ) = O.
Une fo nction f : X - N --+ Y à va leurs dans un ensemble Y défini e sur le
complémentaire d ' un ensemble N nég ligeable pour la mesure lµ I est dite défini e
presque partout. On conserve alors la défi nilï on 2. 15. 1 de la mesurabilité et de
l' intégrabilité.
Lemme 2.15.4 Une f onction f : X --+ lR (ou E) dé.finie presque partout est
µ-m esurable ( resp. µ -intégrable) si, et seulement si, elle est 'Re µ -mesurable et
'Sm µ -mesurable ( resp. !Re µ- intégrable et 'S·m µ-intégrable).
Preuve 1. Si f est µ-m esurable, il exi ste un e s ui te de fo nction s étagées qui converge
vers f lµ l-presque partout, donc l!Re µ !-presque parto ut et l'Sm µ l-presque partout
d'après (2. 15.5), ce qui prouve que f est !Re µ-m es urable et 'Sm µ -mesurable .
R éciproquement, si f est Re µ -mes urable et :Sm µ-m es urable, il ex iste des
suites de fo nctions étagées U n ) et (gn ) qui converge nt vers f l'iRe µ l-presque
parto ut et P m µ!- presque partout respectiveinent ; il exi ste donc A , B E T tels
que l!Re µ l(A) = l'Sm µ l(B) = 0 et tels que les suites Un ll x - A) et (gn ll x - B )
convergent vers f ll x - A et fll x - B respecti vement. Il en résulte que la sui te de
fonc tions étagées Un ll x - A + gn ll A- B) converge vers f ll x - AnB, do nc vers f
1µ 1-presque partout, vu que A n B est de 1µ 1-ines ure nulle d 'après (2.15.6).
2 . L' assertion concernant l' intégrabilité résulte simplement des inégalités s ui-
vantes dans lR+

J llf ll dl!Re µ I ::::; J llfll dl µ I, Jllf ll d1'25m µ I ::::; J


ll f ll dlµ\
et
j 11!11d lµI ::::; j ll f ll d\Re µI + j llfl l dl'SmµI. Q.E. D.
252 CHAPITRE 2 1NTÉGRATION

Si f : X ---+ i (ou E) , où E est un espace de Banac h complexe, est une


fo nction défini e presque partout µ -intégrable, on définit l' intégrale de f par la
formul e
(2 . 15.7) l f dµ = / f d(Re µ) +i / fd(';:smµ) EC (o u E) .
Il est cl air que l'ensemble M(X ; E) des fonctions f : X ---+ E µ-mesurables
est un espace vectorie l comple xe, que l'espace;:, 1 (X; E) des fonction s µ -intégra-
J
bles en es t un sous-espace vectoriel et que l' application f r i f dµ de ;:, L dan s
E est linéaire. Il est clair égale ment qu ' une fonction f définie presque partoutµ-
mesurable est µ -intégrable si, et seulement si , la fonctio n llf Il est lµl - intégrable.
Vérifions que la formule (2. ]5 .3) va ut encore, soit

(2 .15 .8) Il/ f dµ ll s / 11111 d lµI .


Lorsque f = 11. A, A E 'J, cette fo rmule se réduit à l' inégalité (2.15.4). Si
f = ai ll A;, ai E E, A i E 'J, est une fonc tion étagée intégrabl e, on peut
z=i E l
supposer les ensembles (Ai) disjoints deux à deux et lµl(A i ) < oo, d'o ù

1 /t dµ ll = ll~aiµ(Ai)ll ~ ~ llaill lµ(A i )I s ~ llai l lµl(A i) = /llfll d lµI .

Dans le cas général , il ex iste une suite Cfn) de fo ncti o ns étagées intégrables conver-
J
geant lµl-presq ue partout vers f telle que limn-+= ll f - fnll d lµI = 0, d'où
J Il f 11 d lµI = limn-+= J 1 1 1~11 d lµ I. On a d'autre part
l /U - f~)d(3?eµ) l S / llf - fnl l d lR e µ I S / llf - f nlldl µI ,
d'o ù

j .f d (Re µ ) = lim ; · fn d(Re µ ).


n -+=
J
On vérifie de même que J d( ';:sm µ) = limn-+= J f n d('2sm µ) et, par consé-
quent, J f dµ = limri-+co J f n dµ. Il suffit alors d 'écrire (2.15 .8) pour chaque
fonction f n, pui s de passer à la 1imite pour conclure.

2.16 Image d'une mesure


Étant donné de ux espaces m esurables (X;, 'Ji), une application h : X 1 ---+ X 2 est
dite ('J1 , 'J2 )-mesurable si h - 1 ('J2 ) C 'J1 , c'est-à-dire s i h- 1 (A 2 ) E 'J1 pour tout
A2 E 'J2 . Lorsque X 2 est un espace topologique muni de sa tribu boré lienne '13 2 ,
dire que h est ('J1 , '13 2 )- mesurable signifie simplement que h est 'J1 -mesurable.
Dans tout ce paragraphe, on suppose l'application h ('J1 , 'J2 )-mesu rable, on a
alors le
Lemme 2.16.1 l . Soit f : X 2 -+ Y une application à valeurs dans un espace to-
pologique Y 'J2 -mesurabLe, alors l'application f o h : X 1 ---+ Y est 'J1 -mesurable.
2. 16 IMAGE D'UNE MESURE 253

2. Réciproquement, pour que toute fonction f : X 2 --+ Y soit 'J2-mesurable si


f o h est 'J1 -mesurable il faut et il suffit que
'J2 = {A E '.P(X2); h- 1 (A) E 'I1}.
Preuve Soit 0 un ouvert de Y, on a (f o h) - 1 ( 0) = h- 1 (f- 1 ( 0) ).
1. Si f est 'J2-mes urable, f - 1 (0) E 'J2, d' où (f o h) - 1 (0) E 'J1 d' après la
mes urab ilité de h et ceci prouve que f o h estT1 -mesurabl e.
2. La conditio n est nécessaire: si f = n A,A E '.P(X2), on af o h = ll1i- '(A ) et
dire que f oh est 'J1 -mesurable implique f 'I2-1nesurable sig nifie que h- 1 (A) E 'J1
implique A E 'J2. Réc iproquement, si f o h est T1 -mesurable, h- 1 (f - 1 ( 0)) E 'I1 ,
d'où 1- 1 (0) E 'J2 si 'J2 = {A E 'Y(X2); h- 1 (A) E '.Ti} , ce qui prouve que f est
'Jr mesurable. Q.E.D.
Donnon s-nous une mesure µ, 1 : 'J1 --+ µR U { +oo} (ou E), E désignant un
espace de Banac h, et posons
. l
(2.16.1) µ 2( A2) = µ i(h- (A2)) pour tout A2 E 'J2.
On défi nit ainsi une mesure µ 2 : 'J2 --+ lR U { t-oo} (ou E) : si (A2n ) est une s uite
d'ensembles di sjoints de 'J2 de réunion A 2 , ht suite (h- 1 (A 2n)) est e n effet une
suite d'ensembles di sj oints de 'J1 dont la réunion est h- 1(A 2 ). Cette mesure est
appelée l' im age (directe) de µ 1 par h et sera notée µ, 2 = h *(µ, 1 ) ; elle est positive
si µ, 1 est positive.

Proposition 2.16.2 Soient µ 1 : 'J1 --+ îR+ une mesure pos itive et µ 2 = h*(µi) la
mes ure image.
J. Soit f : X 2 --+ Y une application à valeurs dans un ensemble Y définie
µ 2 -presque partout, alors f o h: X 1 --+ Y est d éfinie µ 1 -presque partout.
2. Soit f : X 2 --+ i: (ou E), E désignant un espace de Banach, une application
définie presque partout µ 2 -mesurable, alo rs l'application f o h est µ 1 -mesurable.

Preuve 1. Si f est bi en défi ni e sur X 2 - A 2, f o h est bien définie sur


X 1 - h - 1 (A 2) ; de plus, si A 2 E 'J2 est de µ, 2-m esure nulle, 1i- 1 (A2) est de
µ, 1-mesure nulle et cec i prouve que f o h est dé fi nie presq ue partout.
2. Notons d' abord que si cp = L iE I a ; ll A, i , a ; E IR (ou E ), A2; E 'J2, est une
fonction 'I2-étagée, alo rs cp 0 h = LiEI a ; nh -'(A2 i ) est une fonction 'Ji-étagée . s i
f est µ 2-mes urable, il existe une suite ('Pn) de fonctions 'J2-étagées qui converge
µ 2 -presque partout vers f ; la suite ('Pn o h) est alors une suite de fonctions 'Ir
étagées qui converge µi-presque partout vers f o h: si (cpn( x2 )) converge vers
f( x2) pour x2 E X 2 - A2 où A2 E 'J2, JL2(A2) = 0, a lors (( 4?n o h)(x 1))
converge vers (f o h)(x 1 ) pour x 1 E X 1 - h - 1(A2) et h - 1 (A2) E 'J1 est de
µ, 1 -mesure nulle. Ceci prouve que f o h est µ 1 -mesurable. Q.E.D.
On a alors le théorème sui vant.

Théorème 2.16.3 Soient µ 1 : 'J1 --+ îR+ une mesure positive et µ 2 = h*(µi) la
mesure image.
254 CHAPITRE 2 INTÉG RAT ION

/ . Soit f : X 2 -+ IR+ it11e application défini e presque partout µ r mesurable,


alors on a dans ~+
(2. 16.2)

2. Soit f : X 2 ---+ ~(o u E ), E désignant un espace de Banach, une application


définie presque partout µ r rnesurable, alors l'application f est µ 2 -intégrable si,
et seulement si, f o h est µ 1 -intégrable et on a (2.16.2) dans IR (o u E).
Preuve 1. O n pe ut supposer la fo nction f partout défini e et 'J2-mesurable : en effet,
si f , g : X 2 -7 IR+ sont de ux foncti ons égales µ 2-presque partout, les fon ctions
f o h e t g o h sont égales µ 1 -presque partout.
Lorsque f = nA,
où A2 E 'J2 , f oh = n h - 1(A 2) et la formu le (2.16_2) se réduit
à la définition de la mesure ;i 2 ; par linéarité cette fo rmule est donc vé rifiée pour
toute fonction Tr étagée positive. Si U n ) est une suite croissante de fonctio ns T 2 -
étagées positives convergeant vers f , Cfn oh) est une suite croi ssante d e fonction s
'J1-étagées positives co nvergeant vers f o h ; la formul e (2. 16.2) résulte alors de la
défini tion même de l' intégrale.
2. Étant donné q ue l f ohll = llf lloh, la form ule (2. 16.2) app liquée à la fonction
Il/ Il montre que f est µ 2-intégrable si, et seulement si, f o h est µ 1 -intégrable.
Quant à la formul e (2. 16.2), on o bserve d' abord que, si f = n A2 o ù A2 E 'J2,
µ 2(A2) < oo , alors f o h = li. A , o ù A 1 = h- 1 (A2) E 'J1 est de µ 1 -mesure finie ;
la fo rmule (2. 16.2) est donc vraie pour de te lles fon ctions f et, par linéarité, po ur
toute fo nc tion T 2-étagée intégrable . Pour une foncti on f µ 2- intégrable, qu ' on peut
supposer partout dé finie, il s uffit de vérifier q ue lt:s app licati ons linéaire s

f H I f
f x2
dµ 2 et f H r
J.x1
f 0 h dµ l

sont continues sur J' espace -l 1 (X2, 'J2 , µ 2; E ). Ceci est évident po ur la première
appli cati on et, quant à la sec onde, on a d ' après (2.16.2)

11/'(1 f 0
h dµi ll s; LIl f 0
hll dµi = j~2 11111 dµ2= 11111],
ce qui permet d e co nclure. Q.E.D.
L es rés ultats précéden ts pe uve nt être complétés dans le cas topolog ique. Nous
utili serons le le mm e de topo log ie sui vant.
Lemme 2.16.4 Soient X un espace compact, Y un espace séparé, Z un espace
topologique, h : X -+ Y une application continue et f : Y ---+ Z une application
telle que f o h : X -+ Z so it continu. alors f Ïh(X) : h( X) ---+ Z est continu.
Preuve C onsidérons sur X la re lation d 'équivalence '.R " h(x) = h(x' )" et no-
tons 7r : X
X / '.R la s urjec tio n canonique. Le graphe G de '.Rest fermé car
-7
G = (h x h) - 1 (D. y) où h x h : X x X ---+ Y x Y est l' applicati o n continue
(x , x' ) H (h(x ), h (x' )) et .6y la di ago nale de Y qui est fermée (27, Proposition
2.2 1.5]. Vu l' exercice 2.32.2 de (27] , on en déduit que l'espace quotie nt X / 'R est
compact. Noto ns g : X / 'JI. --7 h(X) l' unique appli catio n telle que h = g o 7r ;
2.16 IMAGE D' UNE MESURE 255

cette application g est une bij ectio n co ntinue [27, exerc ice 2.24.2], do nc un ho-
méomorphi sme [27 , coro ll a ire 2.3 1. 12]. L' application f o h = flh (X) o g o 7f étant
continue, il e n est de même de f l1i(x ) o g [27 , propositi o n 2.24.3] et, g é ta nt un
homéomorphisme, cec i permet de conclure. Q.E.D.
Théorème 2.16.5 Soient Xi ('i = 1, 2) des espaces localement compacts dénom-
brables à l 'infini, '.B i la tribu borélienne de Xi, µ 1 : '.13 1 -+IR+ une mesure régu-
lière eth : X 1 -+ X 2 une application. continue telle que
(2. 16.3) pour tout compact]( C X 2 , 1i- 1 (J<) est de mesure /mie.
1. La mesure image µ 2 = h *(µ 1 ): '132 -+ lR+ est régulière.
2. Une partie N de X 2 est µ 2-négligeable si, et seulem ent si, 1i- 1 (N) est µ 1 -
négligeable.
3 . Une fonc tion f : X2 -+IR (ou E) définie presque partout est µ 2-mesurable
si, et seulement si, f o h: X 1 -+ ~ (ou E) est µ 1 -mesurable.
4. Une partie A de X 2 appartient à la tribu complétée 132 si, et seulement si,
1i- 1 (A) appartient la tribu complétée 131 .
5. Une f onction f : X 2 -+ IR (ou E) définie presque partout est µ 2- intég rable
si, et seulement si, f o h: X 1 -+ IR (ou E) est µ 1-intég rable et on a alors

(2 . 16.4) ;· fdµ 2 = ; · J o hdµ 1.


_."\'2
, X1
Preuve 1. Tout com pact de X 2 é ta nt de mesure finie d'après (2. 16.3), il s'agit de
vé rifie r (2 .3.8).
a. Vérifions d 'abord la régularité de la mesure 11.2 lorsq ue l' espace X 1 est
compact. Soient A2 E '13 2, A 1 = 1i- 1 (A2) E '.B 1 et E > 0 , la mes ure µ 1 é tant
réguli ère il ex iste un ouvert 0 1 => A 1 tel que µ 1 (0 1 - A 1 ) ::; é . L'ensemble
X 1 - 0 1 est fermé, do nc compact, o n en déduit que l' ensemble F 2 = h( X 1 - Oi)
est co mpac t, do nc fermé et que 0 2 = X 2 - F 2 est un ensemble o uvert On vérifie
aisé ment que A2 C 02 et h - 1 ( 0 2 - A2) C 01 - A 1 . Il e n rés ulte que
µ 2(02 - A2) = µ1 (h- 1 (02 - A2) ) ::; µ 1(01 - Ai) ::; E,

ce qui prouve le résultat dans ce cas .


b. Dans le cas gé né ral , l' espace X 1 pe ut s'écrire X 1 = LJ:=o
K n où les
e nse mbles Kn sont compacts . S upposons d ' a bo rd A E '13 2 conte nu dans un o uvert
U re lativement compac t. Appliquon s a. e n pre n ant ](11 po ur espace co mpac t muni
de la mes ure induite µ 1 IK,, , qui est réguli ère (corolla ire 2.3 . 12), el pour appli -
cati o n h la restri ction d e h à Kn. Soient E > 0 et En > 0 une suite te lle que
I:::=o En S E, il existe un ouvert On => A te l que µ1 (h- 1 (On - An) n K n) S En
et, vu l' hypothèse faite sur A, quitte à substituer l'ouve rt On n U à l'ouve rt On,
o n peut supposer µ2 ( On) fini . Posons B = n~=ü On E '132, on a A c B e t

h- 1 (B - A) = n
OO

n= O
1i- 1 (0n - A) c
OO

LJ h -
n=O
1
(0n - A) n K n,

d 'où µ 2(B - A) = µ 1 (h - (B - A)) ::; L ~o En :::'. E. Cons idérons les o uve rts
1

O~ = n;=o Op, alors (O~) est une suite décroissante d 'ou verts de mesure finie
256 CHA PITRE 2 INTÉGRATION

d' intersection B, d ' où µ 2 (B - A) = limn-+oo µ2(0~ - A) d'après la continuité


inférieure des mesures et il existe donc un entier n tel que µ2(0~ - A) ::; 2 E , ce
qui prouve le résultat voulu .
c. Lorsque A E '13 2 est quelconque, écrivons lespace X 2 [27, exercice
2.35. IO] comme une réunion dénombrable d 'ouverts relativement compacts, soit
X 2 = u ~= O Un. Soient E > 0, En > 0 tels que .L~=Ü En ::; E, il exi ste un ouvert
On ::) A tel que µ2(0n - A n Un) ::; En, alors 0 = u~=Ü On est un ouvert
contenant A et
OO OO OO

n =O n =O n =O
d'où µ 2(0 - A) ::; L ~=Ü µ 2(0n - A n Un) ::; .z::::=ÜEn ::; E, ce qui permet de
conclure.
2,a. Si N C X 2 est µ 2 -négligeable, il exi ste B E '13 2 tel que N C B et
µ 2 (B) = 0, d 'où h- 1 (N) c h - 1 (B) où h - 1 (B) E '13 1 e t µ 1 (h- 1 (B)) = 0, ce
qui prouve que h - 1 (N) est µi-négligeable.
b. Réc iproquement, soit N C X 2 tel que h - 1(N) soit µi-négligeable. Dan s
un premi er temps, supposon s l' espace X 1 compact. La mesure µ 1 étant régulière,
pour tout e> 0, il existe un o uvert 0 1 C X 1 tel que h - 1(N) C 0 1 et µ 1 (0 1) ::; E.
L'ensemble X 1 - 0 1 étant fermé, donc compact, F 2 = h(X 1 - 0 1 ) est com-
pact, donc fermé ; 0 2 = X 2 - F 2 est ouvert et on vérifie que N C 0 2 et
h - 1 (0 2) C 0 1 . Il en rés ulte que
µ2(N) :":: µ2 (02) = µ1 ( h - 1 ( 02)) :::; µ1 ( 01) :":: E,

ce qui prouve que N est µ 2-négligeable.


c. Dans le cas général , l'espace X 1 peut s'écrire comme la ré union d' une
suite (Kn) de parties compactes. Considérons l'application hlK.. : Kn --+ X 2
et munissons K n de la mesure induite µ 1 !K,, pour laq uell e h- 1 (N) n K n est
négligeable. La mesure µ 1IK ., étan t régulière (corollaire 2.3. 12), on pe ut appliquer
b. : l' ensemble N est nég ligeable pour la mesure A r i µ 1 ( h - 1 (A) nKn). Il ex iste
donc un borélie n Bn E '132 tel que N c Bn et µ 1 (h- 1 (Bn) n Kn) = O. Poson s
B = n;'=o Bv E '.132, alors N c B et h - 1(B) n Kn c h- 1 (Bn) n K n, d'où
µ 1 (h - 1 (B) n Kn) = 0 pour tout n; on en déduit que µ 1 (h- 1 (B)) = 0, c'est-à-
dire µ 2 (B) = 0, ce qui permet de conclure.
3. Si f est µ 2 -mesurable, j oh est µ 1 -mesurable d'après la proposition 2.16.2.
Pour démontrer la réciproque, la mesure µ 2 étant O"- fini e d'après (2. 16.3) el l' hypo-
thèse sur X 2 , il s'ag it, d'après le théorème 2.12.9 de vérifier ceci : so ie nt K C X 2
un compact, N c Ktels queNn L soit µ2- négligeable pour tout com pact L c X 2
tel que J IL soit continu, alors N est µ z-négligeable.
D'après 2., il s'agit de vérifier que h - 1 (N) est µ 1-négligeable. On a
h - (N) c 1i- 1 (K) où 1i- 1 (K) est de mesure finie; d ' après la mesurabilité de
1

j o h, (2. 12.5) montre que h - 1 (1<) ad met une partition de la forme


h - 1 (K) = A u LJ:=oKn où les ensembles Kn c X 1 sont compacts, les res-
2.17 MESURE DÉFINIE PAR UNE DENSITÉ 257

trictions f o hlK,, sont continues et A E '1'> 1 est de mesure nulle. D'après le


lemme 2.16.4, les applications f lh (K,,) sont continues. D' après l' hypothèse, on
en déduit que N n h(Kn) est µ 2 -nég ligeab le; d'après 2., h - 1 (N n h(Kn)) est
µ 1 -négligeable et on a h- 1 (N) n K n C h- 1 (N n h(Kn)). Ceci prouve que
h - l ( N) n Kn est J.l 1 -négligeable pour tout 11 et par conséquent h- 1 (N) est µ 1 -
nég l igeable, ce qui prouve le résultat souhaité.
4. résulte de 3. appliqué à la fonction f = ]_ A·
5. résulte de 3. et du théorème 2.16.3 2 . Q.E.D.

2.17 Mesure définie par une densité


Soit (X , 'J, µ)un espace mesuré et soil g: X --7 ïR+ une fonction définie presque
partout µ-mesurable . Pour tout A E 'J, on pose

v(A) = i gdµ ER+

Notons de sui le la propriété suivante. Soient 9, g' : X --+ ïR+ deux fonctions défi-
nies presque partout mesurables telles que g = g' p.p., alors JA
g dµ = J~ g' dµ
pour tout A E 'J. Ceci montre que, pour étudier les propriétés de l' application v ,
on peut toujours supposer que g est partout définie et 'J-mesurable.
Cette application v : 'J --+ ïR+ est en fait une mesure : en effet, supposons g
partout définie et 'J-mesurable, alors v(0) = 0 et si (An) est une suite d'ensembles
de T disjoints deux à deux et de réunion A, on a g].A = L ~=O g].A ,, et il suffit
d ' appliquer le corollaire 2.9.2.
Plus généralement, soit g : X --+ R une fonction définie presque partout µ-
mesurable telle que la fonction g_ soit µ-intégrable ; on notera que les fonctions
9± sont définies presque partout et mesurables. On peut alors dé finir les mesures
positives

V±(A) = Lg± dµ , A E 'J,

et, la mesure v _ étant finie, la mesure signée v = 11+ - v_ ; on écrira e ncore la


définition de v sous la forme

v(A) = L gdµ E lîU {+oo }

même lorsque g n'est pas intégrable. Cette mesure v ne dépend que de la classe
d 'équivalence de g. On remarque ra que v+ e t v _ sont bie n les parties positive
et négative de v. En effet, supposons g partout définie et 'J-mesurable et posons
P = { x E X ; g( x) ;::: O} et N = X - P. Pour A E 'J, on a v(A) = v+(A) ;::: 0
si A C Pet v(A) = - v_ (A) S 0 si A C N ; s i on note v± la parti e positive el
la partie négative de v, ceci montre d'après (2.4.4) que v'_(P) = v~(N) = 0 et
par conséquent X = P U N est une décomposition de Hahn-Jordan de l'espace X
258 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

relativement à la mesure v . On ad' autre part

v+(A) = } ' g+ dµ = ; · gdµ = v(A n P)


A AnP
et, vu la formule (2.4.12), ceci prouve que v+ est la partie positive de v ; on vérifie
de même que v _ en est la partie négative. On en déduit que

(2. 17 .1) lvl(A) = llgldµ , A E 'J.


Considérons enfin une fonction à valeurs complexes g : X ~ C µ-intégrable,
alors la formule
v(A) = L g dµ E C

défi nit une mes ure complexe v : 'J ~ C. On a en effet v = ?Re v + i"Sm v où

ORe v)(A) = l ?Re gdµet ("Smv)(A) = L "Smgdµ.


Dans toutes les situatiom envi sagées ci-dessus nou s dirons que la fonction g
est la densité de la mesure v par rapport à la mesure µ ou que g est la dérivée de
Radon-Nikodym de v par rapport à µ ; on écrit alors
dv
dv = gdµ et g = - .

Nous établirons ultérieurement (théorème 2.35.3) une caractérisation très simp le
des mesures admettant une densité par rapport à une mesure donnée.
Exemple 2.17.1 Soit g : [a , b] ~ IR+ une fonction intégrable, on pose
G(x) = a+ J: g(t) dt, a E R On défi nit ainsi une fonction G : [a, b] ~ IR
continue croissante , notons dG : '.B ~ IR+ la mesure de Lebesgue-Stieltjes qui
lui est assoc iée, '.B désignant la tribu borélienne de [a, b]. Alors, la mesure dG
admet une densité par rapp<lrt à la mesure de Lebesgue, à savoir la fonction g.
En effet, la mesure µ de densité g par rapport à la mesure de Lebesgue vérifie
µ([a ,x]) = fax g(t)dt = G (x ) - G(a) et ceci montre que les mesures dG etµ
coïncident sur la semi-algèbre S([a, b]), donc sur la tribu borélienne 'B.
Dans ce qui suit, nous utiliserons le lemme suivant.
Lemme 2.17.1 Soit f : X ~ IR ( resp. g : X ~ C) une fonction T-mesurable
telle que g_ ( resp. g) soit µ-intégrable et soit dv = gdµ la mesure de densité g.
Soit A E 'J un ensemble de vl-mesure nulle, alors l'ensemble
1

B = {x E A;g(x)=f-0}
est de µ-mesure nulle.
Preuve 1. Lorsque g est à valeurs réelles, on peut écrire B = LJ ~= l Bn où
B n = {x E A; lg(x)I 2:: 1/n}; on a alors lvl(Bn) 2:: (l / n)µ(Bn) où
lvl (Bn) = 0 car lvl(A) = O. d'où µ(Bn) = 0, puis µ(B) = O.
2. Lorsque g est à valeurs complexes, ORe v)(A) = ("Sm v) (A) = 0 et d'après
1. on en déduit que l'ensemble
B = {x E A; ffieg(x) =f- O} U {:I: E A ; "Smg(x) =f- O}
2. 17 MESU RE DÉFINIE PAR UNE DEN SITÉ 259

est de µ -mesure nulle. Q.E.D.


Cons idérons a lors un e fo nctio n g : X ---+ lR d éfini e µ- presque pa rto ut, µ-
mesu rable te lle que g_ so it µ -intégrable el soit dv = gdµ la mesure de de nsité g.
Si f : X---+ R (o u E) es t une fo nc tio n parto ut définie, la fo nc ti o n fg est év ide m-
me nt définie µ- presque parto ut. Lorsque f n'est défi nie que v- presque parto ut,
la fon cti o n fg n'est pas e n général défini e µ- presque parto ut, un ensemble lvl-
négli geable n'étant pas nécessa ire me nt µ - négli gea ble. Nous alo ns mo ntre r, g râce
au le mme 2. 17. 1, qu ' il est cepe nd a nt possible d e définir le produit des fo nc ti o ns f
e t g.
A cet effet, co nsidérons des fon c tio ns g , g' : X ---+ R pa rto ut dé fi ni es, 'J-
mesura bles, égales µ -presque parto ut et te lles que g_ et g'_ so ie nt µ- intégra bles ;
o n a alors dv = gdµ = 9 1dµ . Considérons d'autre part des fo ncti o ns
f, f' : X ---+ R (o u E) parto ut définies égales v- presque paJto ut. N oto ns A , B E T
des e nsembles te ls que lv l( A) = 0, µ (B) = 0, f = f' sur X - A e t g = 9 1
sur X - B . On a alo rs f( x) g(x) = f'( x )g'(x) si x E X - A U Bou b ie n s i
x E A - Best te l que g(x) = 0 ; autre me nt dit, f g = f' 91 s ur X - B UC où
C = {.r E A - B; g( x ) =/= O} ; Best de µ- mesure nulle et il e n est de mê m e de
C d'après le le mme 2. 17. 1. Cec i m o ntre que f g = J' 91 µ- p.p. ; autre me nt dit, la
c lasse d'équi vale nce po ur '.Rµ de f g ne dé pe nd que de la cl asse d 'équi va le nce de
f po ur '.R,, et de celle d e g po ur '.Rµ-
S i g : X ---+R est une fo nc tio n dé fini e µ- presque partout e t f : X ---+ R (o u E)
une fo nc ti o n défini e v - presque paJto ut, ceci conduit à dé fini r le produit f g e n po-
sant (fg)( x) = J (x )g(x) lo rsque f et g sont défini s au point x e t (fg)( x ) = 0
lorsque g est défini au po int x et g( x) = 0, que f soit dé fini o u non au po int x .
Plus préc isément, soie nt Net M des e nsembl es µ- négligeables e t lvl -négligeables
respective ment te ls que g soit défi ni s ur X - N el f sur X - M, o n pose a lo rs
f(x)g(x) s·i x E X - M UN,
(fg)( x) =
{ 0 s·i x E X - Net g(x) = O.
O n o bti e nt ainsi une fo nctio n f g défi nie µ- presque parto ut : e n effet, soient
A , B E 'J tels que M C A, N C B , lvl(A) = µ(B) = 0 e t te ls que la fo nc-
ti on g' : X ---+ R défini e par
g' (x) = g( x ) si x E X - B et g'(x) = 0 si x E B
soit T- mes urabl e ; on a a lors
N U {x E M - N; g(x) =f. O} c B U {x E A - B ; g'( x) =/= O}
et ceci pro uve (le mme 2. 17.1 ) que fg est défini µ-presque parto ut. D e plu s, s i o n
no te J' : X ---+ R (ou E ) la fo nction défini e pa r
J' (x ) = j(x ) si x E X - A e t J' (x) = 0 s i x E A,
o n a f = f' v- p.p., g = g' µ -p.p . e t f g = J' g' µ- p .p. Cec i mo ntre que la c lasse
d 'équi vale nce de f g ne dépe nd que d e celles de f e t g.
Bie n e nte ndu , o n pe ut déve lo ppe r des cons idérations a nalogues lorsque g est à
vale urs complexes.
260 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

La mesurabilité et l' intégrabilité par rapport à une mesure admettant une den-
sité se caractérisent alors de la façon s uivante .

Théorème 2.17.2 Soient g : X -+ IR une fonction définie µ-presque partoutµ -


mesurable telle que 9- soit µ-intégrable, dv = gdµ la mesure de densité g, E un
espace de Banach et f : X -+ i" (ou E) une fon ction définie v-presque partout.
1. La fonction f est v -mesurable si, et seulement si, la fonction
f g: X -+ i" (ou E) est µ-mesurab le.
2. Si les Jonctions f , g sont positives et si f est v-mesurable, on a

(2. 17 .2) I j dv = / fgdµ E i°+.

3. La fonction f est v-intégrable si, et seulement si, la fonction fg est µ-


intégrable et on a alors (2. 17. 2) dans IR (ou E).
Preuve Vu les considérations développées ci-dessus, on peut supposer les fonc-
tions fet g dé finies partout et la fonction g 'J-mesurable.
f es t v-mesurable, il existe une s uite f n : X -+ IR (ou E) de fonctions
l ,a. Si
'J-étagées qui converge vers f lvl- presque partout ; notons A E 'J un e nsemble de
lvl-mesure nulle tel que la suite (fn( x) ) converge vers f( x) pour tout x E X -A
et posons f~ = f,,)l.x - A, alors la suite(!~) converge simplement vers fllx - A. 11
existe d'autre part une suite 9n : X -+ IR de fonctions 'J-étagées qui converge sim -
plement vers g. Les fo nctions f~gn sont 'J-étagées et la suite (f~gn) converge
vers fglix - A· On remarque ensuite que (fg ll x - A)(x) = (fg)(x) pour tout
x E X - B où B = {x E A ; g(x) i- O} E 'Jet cet ensemble Best de µ -mesure
nulle d' après le lemme 2. 17 . 1, ce qui prouve que fg est µ-mesurab le.
b. Réciproquement, supposons la fonct ion f g µ-mesurabl e. Posons
A = {x E X ; g( x) = O} E 'J; l'ensemble A est de lvl-mes ure nulle et
f = fll.A + f ll. x - A· La fonction f il. A est nulle v-presq ue partout, donc v-me-
surab le. Quant à la fonction f li x - A, e lle peut s'écrire fll x - A = h x f g où
l / g(x) six E X - A ,
h(.'C ) =
{ 0 six E A.
Cette fo nc ti on h est 'T- mes urable car h = ip o g où ip : IR -+ IR est la fonction
borélienne ip(x) = lj::i; si x i- 0 et ip(O) = O. En utili sant des suites de fonc-
tions T-étagées convergeant vers h et vers f g µ -presque partout, on construit une
suite de fo nction s T-étagées convergeant vers fll.x - A µ-presque partout, donc v-
presque partout, tout ensemble B E 'J de µ-mesure null e étant de li+ mesure nulle.
Ceci prouve que f ll x - A es t v-mesurab le et f est donc bien v-mesurable.
2. Lorsque les fonctions f et g sont positives, pour démontrer la formule
(2. 17 .2), on peut suppe>ser ces fonctions 'J-mesurab les. Cette formu le se réduisant à
la d éfiniti o n de la mesure v lorsque f est la fonction caractéristique d ' un ensemble
de la tribu 'J, elle est encore vraie par linéarité pour toute fonction 'J-étagée posi-
tive. Si U n ) est une suite croissante de fo nctions 'J-étagées positives convergeant
2. 17 MESURE DÉFINIE PAR UNE DENSIT É 261

f , la suite (Jng) est alors une suite croissante de fon ctio ns '.J- mesurab les positi ves
conve rgeant vers f g et o n conclut g râce a u théorème de la convergence monotone.
3. Si f es t v-mes urable, on a d 'après (2. 17. J) et (2. 17.2)

/ llfll dl1/I = / llfl lgl dµ


el ceci prouve que l'i ntégrabilité de f pa r rapport à la mesure v équi vaut à celle de
f g par rapport ൠ.
V érifi ons la formule (2. 17 .2) lorsque g est pos itive; é tant vérifi ée par to ute
foncti on f '.J-étagée v-intégrabl e, il suffit (proposition 2. 13.2) de véri fier que les
applicatio ns linéaires de ..G 1 (X, '.T, v; E) dan s E

f H / f dv e t f H / f g dµ
sont continues. Ceci est év ide nt pour la pre mière, qu ant à la seco nde o n a

1 / 1 g dµll ::; / 11111gdµ = J 11I11 dv = 111111,


ce qui pe rmet de conclure. Dans le cas général, o n écrit

/ f dv = / f dv+ - / f dv_ = / f g+ dµ - / fg _ dµ = ./ fg dµ
e t cec i achève la dé mo nstratio n du théorème. Q .E. D.
L orsque g : X ---+ C est une fo ncti on à valeurs complexes, la mesure dv = gdµ
est une mes ure comple xe. Du théorè me précéde nt, on déduit le
Corollaire 2.17.3 Soient g : X ---+ C une fonction v-intégrable, dv = gdµ la me-
sure complexe de densité g et E un espace de Banach complexe, alors une f onction
f : X ---+ E défin ie v-presque partout est v-1nesurable (resp. v-intégrable) si, et
seule ment si, f g est µ-mesurable ( resp. µ-intégrable) et, si f est v- intégrable, on
a
(2 . 17.3) J f dv = l fgdµ E E.
L es fo rmul es (2. 17 .2) et (2. 17 .3) sont des formul es de changement de mesure et
no us pe rmettront d 'établir ultérie ure me nt des fo rmules de c hange ment de variables
dans les intégrales multiples par exempl e.
D ans un cadre to pologique, no us utili serons la proposi ti on s uiva nte.
Proposition 2.17.4 Soient X un espace locale ment compact d énombrable à L'in-
fini, '.B la tribu borélienne de X, µ : '.B ---+ ÏIÎ+ une mesure régulière et g : X --+ IR+
une f onction localement intégrable, alors la mesure d1/ = gdµ est régulière.
Preuve To ul compac t é ta nt de v- mesure finie, il s'agit de vérifi er (2.3 .8).
1. Soit A E '.B, supposons d ' abord A conte nu dans un ouvert U rela tive ment
compact. Soit E > 0 , la fo ncti o n gll u étant intégrable, d 'après la propos ition
J
2.7. 10, il ex iste ô > 0 tel que 8 gll u dµ ::; E. pour tout borélie n B E '.B de mesure
::; ô. La mesureµ é tant réguli ère, il ex iste un ouvert 0 :::> A tel queµ ( 0 - A) ::::;o,
d'o ù 1/(0 n U - A) ::; E. , ce qui pro uve le résultat voulu dan s ce cas particulie r.
262 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2. Dans le cas général , l 'espace X pe ut s'écrire comme la réuni on d ' une suite
(Un ) d 'ouverts relati ve me nt compac ts (27, exercice 2.35. 10]. Soient é > 0 et
En > 0 tels que I;~=O E:n :S é. D 'après 1., il existe des ouverts On tels que
A n Un c On c Un et v(On - A n Un) :::; En; posons 0 = LJ ~= 0 0n, on
obtient ainsi un ouvert 0 conte nant A et 0 - A = LJ~= 0 (0n - An Un), d' où
v(O - A) :S L~=o én ::=:; é . Q.E.D.
Exe rcic e 2.17.1 Soit µ 'J -+IR U { +oo }(ou IC ) une mesure s ignée ou complexe et soit
g : X -+ E une fonction µ, -intégrab le, pour tout A E 'J on pose v( A) = J
A g dµ, . Montrer que
v : '.T-+ E est une mesure et que sa variation totale (exe rcice 2.4.2) est donnée par la formu le

(2. 17 4 ) Jv J(A) = l JJg JJ dJµJ


[véri fie r la formu le lorsqueg est une fo nction étagée intégrable, puis si (g.,,) est une suite de fonctions
intégrabl es convergeant en moyenne vers g e t v,, désignant la mesure assoc iée à 9n. m ontrer que la
suite (Jv.,,J(A )) converge vers Jvj (A) quel que soit A E '.T].

2.18 Formule de changement de variable dans l'intégrale


de Lebesgue
Soient 1 = ]a, b[ un inte rvalle o uvert de IR; et 'P : I --+ IR; + une fo nction localement
intégrable ; étant donné a E I et c E R, on pose

(2 .18. 1) <l?(x) = c+ lx cp (t)dt ;


on défi nit ainsi une fo nction croissante continue. O n considère l'intervalle
J = <I>(I) (on ne peul a priori rie n d ire de la nature de cet interva lle) e t on munit
I el J de leur tribu boré lie nne 'B 1 , 'BJ et de le ur mesure de Lebesgue µ 1 , µ J. O n
a alors le lemme sui vant.
Lemme2.18.1 Ona<I>*(<pdµ,1) = dµJ.
Preuve [l s'ag it de démontrer que, pour to ut borélien B E 'BJ,

J.lJ(B) = (cpdµ r )(<I>- 1 (B)) = { ip (t)dt .


l<P - 1 (8)

Prenons pour borélien un intervalle B = 1Yo,y 1 1 C J; l'application <I> étant


croissante et continue, <I> - 1 (B) est un intervalle lxo,x 1 1 C I où Yi= <I>(xi ) [si
x 0 =a, on conv ient que <I>(x 0 ) = <I>(a + 0), c'est-à-dire <I>( - oo) si a = -oo, el
on fa it une conve ntion analogue si x 1 = b], d'o ù

{
J<P- (8)
1
cp(t) dt = ;·xicp (t)
:ro
dt = <I>(xL) - <I>(xo) = YI - Yo = µ J(B).
Cec i prouve que la mesure d e Lebesgue µJ et la mesure if?* ( cpdµ1) coïncident sur
tout intervalle, donc sur la se mi -algè bre S( J) ; ces mesures é tant a-fini es sur S( J),
le théorème 2.2.8 montre q u e ces mesures coïncide nt s ur la tribu boré li enne 'BJ .
Q.E.D.
On en dédu it le
2. 18 FORMULE DE CHANGEMENT DE VARIABLE 263

Théorème 2.18.2 Soit f : J ---+ îR (ou E) une f onction définie presque parto ut.
1. La fonction x H f (iJ?(x) )cp(x) est défi.11.ie presque partout sur J et elle est
mesurable si, et seulement si, f est mesurable.
2. Si f est mesurable positive, on a dans îR+
(2 . 18.2) 1 f(y)dy = l f(<Ji(x:))cp( x) dx.
3. La fonction f est intégrable si, et seulement si, lafonction x >-+ f (<I>(:r ) )cp(x)
est intégrable et on a alors (2. 18.2) dans R (oit E ).
Preuve On notera d'abord que la mesure cpdµ, 1 est régulière d'après la propos iti on
2. l 7.4 et que, pour tout compac t K C J, <Ji- 1 (K) est de mesure finie pour la
mes ure cp dµ r car (cpdM) (iJ? - 1 (K)) = J..LJ(K) d 'après le lemme 2.18.1. Cec i
permet d' utili ser le théorème 2. 16.5.
L a fo ncti on x >-+ j(iJ? (x))cp(x) est définie presq ue partout d'après la proposi-
ti on 2.16.2 2 et les considérations qui précèdent le théorème 2. 17.2 ; elle est mes u-
ra bl e si, et seule ment si, f est mesurab le d'après les théorèmes 2.16 .53 et 2.17.2 1 .
Enfi.n , 2. et 3. rés ultent des théorèmes 2. 16.3 et 2. 17 .2. Q .E.D.
S i <I> : I ---+ IR est une appli cation croissa11te de classe e1 , (2. 18.1) est vérifié
en prenant c = <P(cx) et cp = if?'; la fo rmul e (2. 18.2)s'éc rit alors(J = <I>(J))

1 f (y) dy = 1 f (iD(:c) )<P' (x) dx .


Si iD : I ---+ R est décroissante et de c lasse et, en écrivant la formule précédente
pour la fonction - <P , on a - <P( J ) = - J où - J est l' image de J = <l>(J) par
l'application y H - y et on obti ent
r f(y) dy = ;· . j (- y) dy = 1r·j(<Ji(x))( - <I>'(x) ) dx.
JJ - J
Que <I> so it croissante ou déc roissante, on a dGnc dans tous les cas

j .f(y) dy 1·f (<l>(x)) x l<P'(x)I dx .


J
=
I
N ous allons en déduire le
Corollaire 2.18.3 Soient ni, ·i = 1, 2, des O~t ve rts de R munis de la mesure de
Lebesgue, <I> : 01 ---+ çh un homéomorphisme de classe e1 et f : fh ---+ iR (ou E)
une application définie presque partout.
1. La fonc tion f est mesurable si, et se ulement si, l'application
X f--7 f (<l> (X)) X <l>' (X)
1 1

est m esurable.
2. Si f est mesurable positive, on a dans lit+

(2. 18.3) j~f(y)dy = j f (<I>(x )) x l<I>'( x)ldx .


3. La fon ction f
est intégrable si, et seulement si, la fonction
x f--7 f(<I>( x) ) x l<I>'(x) I
est intégrable et on a alors (2.18.3) dans R (ou E).
264 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve Il s' agit de démontrer que l' image par <I> de la mesure l<I>'ldµ 1 est la mesure
de Lebesgue dµ 2 , c'est-à-dire que

µ 2(B) = / 1<I>'ldµ1
} q, - 1(B )

pour tout boré lien B E 'B2. Or, on pe ut écrire rii = u~=O In où U n ) est une
s uite d'intervalles ouverts disj o ints deux à deux . On a alors rl2 = u~= O Jn où
les intervalles ouverts Jn = iI? (In) sont disjoints de ux à deux et, d'après ce qui
précède et le corollaire du théorème de la convergence monotone ,

µ2(B) = f µ 2(B n l n)
n=O
=fin= O <I> - 1
(B)n f ,.
l<I>' l dµ1 = 1.
<J> - 1 (B)
l<I>'ldµ1 ,

ce qui permet de conclure. Q .E.D.


D - Mesure de Radon

2.19 Définitions et propriétés élémentaires


Dan s Loute celle partie, X désig ne un espace lr>cale ment com pact. On note X l'en-
semble des parties compactes de X et, po ur [{ E X, eK(X) l'ensembl e de to utes
les a pplicati ons continues ip : X ---+ OC, OC = IR (o u C), à support contenu da ns
K. C et espace eK(X) est un sous-espace vec toriel fe rmé de l' espace de Banac h
eb(X) des fo nc tio ns continues bornées sur X muni de la no rme de la topolog ie de
la convergence uniforme qui sera notée 11· 11= ; muni de la norme ll· lloc,, l'espace
eK(X) est donc un espace de Banach. On note enfin C0 (X ) l' e nsemble de to utes
les fo nctions continues rp : X ---+ OC do nt le s upport est compac t, soit
eo(X) = LJ Cz<(X) .
K E '.JC
Lors qu ' il sera utile de préciser Je corps OC, on notera ces différents espaces
CK(X; OC), Co(X; OC), etc.
On pe ut a lors donne r la définiti o n d ' une mesure de Radon .
Définition 2.19.1 On appelle mesure de Radon sur X toute f orme linéaire
À : Co(X) ---+ OC dont la restriction à chaqur? sous-espace CK(X) , K E X, est
continue.
E n d 'autres te rmes, une fo rme lin éaire À : C0 (X) ---+ lK est une mesure de
Rado n si, po ur to ut compact K C X, il ex is te une constante CK 2': 0 te ll e que
(2. 19. 1) l>-(ip)I ::::: C f( ll'P lloo po ur tC> ut ip E ef((X) .
Nou s noterons alo rs 11 -'l lK la norme de la fo rme linéaire con tinue Àlc/( ( X)• so it
(2.19 .2) 11>-llK = sup l>-(ip)I.
<pEe K (X) ,ll'P llcxo 9
Lors que lK = CC, o n parle de mesure de Rado n complexe el lo rsque OC = lR de
mes ure de R ado n réelle .
L ' exemple suivant perme ttra de compre ndre cette défi nition. Pre no ns X = R
toute fo nctio n rp E eo(IR) co ntinue à sup port compact est in tégrabl e par rapport à
la m esure de Le besgue et

ll :oo rp (t) dtl :::; CK ll'P lloo po urto ut ip E eK(lR)


266 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

où CK est la mesure du compact K . La forme linéaire 'P >--+ J~;: 'P(t) dt est donc
une mesure de Radon s ur JR. qu'on appelle la mesure de Lebesgue. On notera que
cette forme linéaire n'est pas continue sur l'espace e 0 (JR) muni de la topologie de
la convergence uniforme : en e ffet, soit 'P : JR --+ JR une fonction continue telle que
<p(t) = 1pour0 ::; t ::; 1etl = 1~:: 'P(t) dt =J 0, posons 'Pn(t) = (l /n)<p(t/n),
n 2 1 ; la suite ('Pn) converge uniformément vers 0 alors que 1~:: 'Pn(t) dt = l.
On note M(X ;IK), ou simplement M(X), l'espace des mesures de Radon
sur X ; cet espace M(X ) est un sous-espace vectoriel de l' espace vectoriel de
toutes les formes linéaires sur e 0 (X) . Nous définirons ultérieurement une topo-
logie d' e.l.c. sur l'espace e0 (X) telle que M(X) e n soit le dual topologique;
l'exemple de la mesure de Lebesgue montre qu'il ne saurait s'agir de la topolo-
gie de la convergence uniforme. Ceci conduit à la définition suivante: une mesure
de Radon À E M(X) est <lite bornée si À est une forme linéaire continue sur
e 0 (X) muni de la topolog ie de la convergence uniforme, c'est-à-dire s'il existe
une constante c ?: 0 telle que
IÀ( 'P) 1::s; c l 'P l oo pour tout 'P E eo(X) .
Si on pose
(2. 19.3) ll.\ll = s up ll.\llK E lR+,
K EX
dire que À est une mesure bornée sig nifie que ll.\ll est fini et cette quantité est alors
la norme de À en tant que forme linéaire et continue sur e 0 (X) muni de la norme
1 ·1100 • On o bservera que, si X est un espace compact, toute mesure de Radon est
bornée : autrement dit, M (X) est le dual topologique de l'espace de Banach e( X)
pour la norme 1 ·ll oo·
Nous allons nous intéresser aux mesures de Radon réelles et définir sur lespace
M(X ; JR) une structure d' espace de Riesz .
Une forme linéaire À sur l'espace vectoriel réel eo(X; JR) est dite positive si
(2. 19.4) (Vcp E eo(X))('P ?: 0 ===;. À(cp) 2 0).
Ceci équ ivaut à dire que l'application À est croissante, soit
(2. 19.5)
Plus généralement, une forme linéaire À sur l'espace vectoriel complexe e 0 (X; C)
est dite positive si À('P) est réel et positif pour toute fonction 'P E eo(X; JR) posi-
tive.
Le fait pour une forme linéaire d'être positive suffit pour qu ' une telle forme
soit une mesure de Radon.
Proposition 2.19.1 Toute forme linéaire positive sur e0 (X) est une mesure de
Radon.
Preuve l. Supposons d ' abord lK = R Soit.\ : e 0 (X) --+ JR une forme linéaire
positive et soi t J( une partie compacte. D ' après le corollaire 2.36.6 de (27], il
existe une fonction f E eo (X ; JR) telle que 0 ::; f ::; 1 e l j = 1 sur K . Pour
2.19 DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTAIRES 267

toute fonction r.p E eK(X; JR), on a - llr.plloof ::; r.p 'S IJ r.pll f,
00 d 'où d'après la
cro issance de À
- IJr.plloo>-(f) ::; À(<p) 'S llcplloo.-\(f),
soit l.-\(r.p) I 'S Jl cplloo >-(f) e t ceci prouve que À est une mesure de Radon .
2. Lo rsque JK: = <C, on re marque d 'abo rd que À(r.p ) est rée l dès que <p est
à valeurs réelles car À( r.p) = À(r.p+) - À(r.p- ). li e n rés ulte que la restricti o nµ
e
de..\ à 0 (X ;IR) est une for me linéaire pos itive, donc un e mesure de R ado n réelle
d 'après 1. Po ur <p E eK(X; C ) à valeurs complexes, on pe ul a lo rs
écrire À(r.p ) = µ (?Rer.p) + ·iµ(2sm r.p ) où ffie cp,CSm<p E eK(X;IR), d ' où
I>-( <p )1 ::; 2llµllK llcpll oo et cec i montre que À es t une mesure de Radon . Q.E.D.
N otons M+(X) l'ensemble des mesures d e Radon réell es e t positives, on a
alo rs la
Proposition 2.19.2 La relationµ - À E M+(X) , qui sera notée À ::; µ,est une
relation d 'o rdre sur M(X; IR) qui est alors un espace vectoriel ordonné.
Preuve Il est clair que la re latio n µ - À E .M +( X) est réflex ive el tra ns itive. Quant
à l' antisymétrie, siµ - À E M+(X) el À - µ E M+(X), on a À(r.p) = µ( cp)
po ur Lo ule fonction <p E eo(X) positive , donc po ur toute fo ncti o n cp E eo(X)
vu que <p = 'P+ - r.p_ o ù les fonctions <p± E eo(X) sont pos itives. li est c lair
éga le ment que l'espace Jvl(X; JR) muni de cette relatio n d 'ordre est un espace
vectoriel ordo nné. Q.E.D.
Théorème 2.19.3 L'espace vectoriel ordonné M(X ; JR) est un espace de Riesz.
De plus, si À+ et ), _ sont les parties positive et négative de À E AI(X ; IR) et
l>-1= À++ À_ sa valeur absolue, on a
(2.19.6) >-+(r.p ) = sup >.('ljJ )pour r.pE eo(X) ,r.p?. O,
1/;Eeo (X)
0 $ •t/J$<p
(2. 19.7) l>- l(r.p) = sup À('t/;) pour r.p E eo(X) , r.p?. 0
1/;Eeo( X)
l·t/J I:5'P
et
(2.19.8) P ll = ll.-\+ll + ll>-- 11ER+ .
Par conséquent, la mesure À est bornée si, et seulement si, les mesures À+ et À_
sont bornées et l'espace Mb(X ; JR) des mesures réelles bornées est un sous-espace
de Riesz de l'espace M(X ; IR ).
N ous utili serons le lemme suivant.
Lemme 2.19.4 Soient E un espace de Riesz réel, E+ = {x E E ; x > 0} et
À : E + --+ lR+ une application positive additive, c'est-à-dire telle que
À(x+y) = ,\(x )+À(y)pourtout x, y E E +.
Alors, il e.xiste une unique forme linéaire v : E --+ lR qui prolonge À.
Preuve Si v : E --+ lR est une forme linéaire qui prolonge À , on a nécessa ire me nt
(2.19.9) v(x) = >.(x+) - À(x _ ) pour tout x E E
268 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

et il s'ag it de vérifier que (2 . 19.9) définit une forme linéaire.


1. Vé rifions d ' abord que v est additive . Soit x, y E E, o n a
x + y = (x + Y)+ - (x + y) _ = x+ - x_ + Y+ - y_,
d 'où (x + Y)+ + x _ +Y- = (x + y) _+ x+ +Y+ el, d'après l'additivité de À,

>.( (x + Y) +) + .X(x_) + À(Y - ) = >.( (x + Y) - ) + .X(x+ ) + >.(y+) ;


on e n déduit que v(x + y) = v(x) + v(y).
2. M ontrons ensuite que
(2. 19. 10) >.(ax) = a>.(x) pour tout a :;::: O,x E E+.
On remarque d ' abord que (2.19. LO) est vérifié po ur to ut rationnel a :;::: 0
d'après l'additivité de À . Si a est un réel :;::: 0, pour to us rationne ls r, s tels que
0 '.:'.: r S a S s, on a alors r>.(x) = >.(rx) S >.(ax) S >.(sx) = s>.(x) et o n en
déduit (2.19. 10).
3. M o nt ro ns e nfin que
(2 .19 . 11 ) v(ax) = a v(x) po ur to ut rée l a el to ut x E E .
Lorsque a est :;::: 0, on a (ax )± = ax±, d' où
v(ax) = >.(ax+) - >.(ax _ ) = a>.(x+) - a>.(x _ ) = av( x ).
Lorsque a est S 0, on a x + ( - x) = 0, d'où v(x) + v( - x) = 0 d'après l'additi vité
devet, par conséq uent, v(a x) = v(( - a)( -x )) = - av( - x ) = av(x) . Q.E.D.
Preuve du théorème 2.19.3 1. M o ntro ns d 'abord que M(X ; JR.) est un es-
pace de Riesz. Vu le le mme 2.4.3, il s'agit de dé montrer que la bo rne s upérie ure
À+ = s up (À, 0) ex iste po ur tou t À E M(X). Or, s iµ E M+(X) majore À, on a
.X(îf; ) S µ( ·t/; ) S µ( cp) pour tout rp, ·t/; E eo(X) te l que 0 S ·t/;::::; r.p , d 'o ù
µ( cp ) :;::: s up >.('If;) .
·</JEeu( X)
O ~·</J~tp

Noto ns et(X) l'ensemble des fo nctions <p E eo(X) qui sont posi ti ves; nous
all ons mo ntre r que ! 'applicatio n .X+ : et (X) --+ lR+ définie par (2.19.6) vérifie les
hypothèses du le mme précéd ent e n prenant po ur espace de Riesz l'espace eo(X).
On e n déd uira que À+se prolonge e n une forme linéa ire sur e0 (X) ; éta nt positive,
il s'agira d'une mesure de Radon qui , d'après les considérations initiales, sera la
borne supérieure de À et O.
a. En prenant 't/; = 0 dans (2.19.6), on conslale d'abord que À+ (<p) esl positif.
b. O n vérifie ensuite que À+ (<fJ ) esl fini . Soit K le s upport de <p, si
0 ::::; 't/; S <p on a alors 't/J E eK(X), d'où l.X(!/J)I S Cl( 11 1/i lloo S Cg ll (f'l loo et
Ü :::::: À+ (rp ) S CJ( ll'Plloo ·
c. Vérifio ns e nfin l' add iti vi té de À+. Soie nt (f' 1 , (f'2 E et(X), po ur to ut
'If; E eo(X) tel que 0 S 'l/J S <p 1 + (f'2, on a À+((f'1 + (f'2 ) :;::: >.('t/J ) d 'après
la défi niti on de À+ ; en pre na nt 1/1 de la forme 1/1 = 't/; 1 + 't/;2 où 't/;; E eo(X),
0 ::::; ·t/J; S <p;, o n o btient
À+(<p t + 1P2)::::: À('t/;1 +1/12) = .X('t/;i) + .X('!/J2)
2.19 DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTAIRES 269

et, e n passant à la borne supérieure sur de tels '(Pi


À+ ('P1 + cp2 ) 2". À+(\9 1) + À+('P2 ).
Pour démontrer l'inégalité opposée, soit E. > 0, il existe 1/; E C0 (X) tel que
0 ::;: ·If.; S cp 1 + <p2 et À+ (<p1 + <p2 ) :".'. ,\ (?/J ) + E.. Posons 1/;1 = inf(1/;,cp1) et
1/; 2 = 1/; - 1/; 1. Ces fo nctions ·1/Ji appartiennent à ! 'es pace Co(X) ; on a évidemment
1/; = 1/Ji + ·lj.;2 et 0 S 1/;i S 'Pi : cec i est c lair pour i = 1 et, pour i = 2,
·lj.; 2 = sup(O , ·tjJ - i.pi) où ·tjJ - cp 1 :".'. i.p 2 . Il en résulte que
À+(!.p1 + \92 ) :".'. .\(1/;1) + ,\('lj.;2 ) ;t-é::::: À+(cp 1) + À+('P2 ) + é
et ceci permet de conclure.
2. Vérifions la formule (2.19.7) . On a .\_ = (- .\)+, d'où
L (cp) = sup .\ (-'lj.;' ) pour cpECt (X)
'lj;' E eo(X)
os ,µ' S'P
et
l,\l( cp) = sup ,\(1/; - 1/;')pour cpE Cci (X) .
·,P ,'lj;' Eeo(X)
OS'lj;,'lj;'Sy

Si on pose e = ·If.; - 1/J' E C0 (X), on a alors IB I :".'. cp et réc iproquement, si


e E Co (X) est tel que IBI S i.p , alors e peut s'écrire e = 'ljJ - ·tjJ' où 0 S ·tjJ, ·if/ ::;: cp,
il suffit de prendre 'ljJ = B+ et 1/ = e_. On en déduit la fo rmul e (2. 19.7).
3. Vérifions enfin Ia formule (2. 19.8). On a À = À+ - ,\ _ , d'où
l.\(i.p)I s l.\+ (i.p ) I + IÀ- (cp)I ~ Cll.\+11+ 11>-- ll) ll'P ll=
et par conséquent 11,\11 S ll .\+l l + 11 >- - 11- Si li.À.li = +oo, on a donc l' égalité . On
peut donc supposer 11,\11fini, c'est-à-dire la mesure À bornée.
On a d 'autre part
ll.\ +l l = sup l.\+ (cp)I = sup À+(ip) = s up À+(<p ) ,
y E eu(X ;[ - 1,1]) yEeo( X ; [- 1 , 1]) <pEC\, (X;[O, l ])

d' o ù d' après (2.19.6)


ll .\+ ll = sup À(cp) .
yEeo( X ;[0,1 ] )

Étant donné que,\ _ = (- À) +, on a


11.\- ll = sup ( - .\)(cp).
yEeo( X ; [D ,11)

Ces fonnules montrent que llÀ± Il :".'. ll.\l l : les mesures À± so nt bornées. Soit c > 0,
il existe donc des fonctions ip, 1; E Co(X ; [O, l]) telles que
11.\+l l + 11,\- 11 :".'. ,\( cp) - ,\(1/;) + é

et <p - ·tjJ E Co (X ; [- 1, 1]), d'où ll À+ Il+ 11,\- 1 ~ ll.\ ll +t: et ceci prouve le résu ltat
voulu. Q.E.D.
Toute mesure de Radon À : C0 (X) ---+ R peut donc s'écrire comme la diffé-
rence de deux mesures positives, soit À = À+- .\_ ; la valeur absolue de la mesure
270 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

À, soit [,\[ = s up(À, - À) = 1' + + ,\ _ ,est donc la plus petite mes ure positive telle
que
[,\( ip)[::; [>.[(ip) pour tout ip E C(j(X ; R).
On en déduit po ur r.p E C0 (X; IR)
i>- (r.p)[ = i>-(r.p+) - À(r.p- )[ ::; i>-(r.p+)l+i>.(ip- )[ ::; i>-[(ip+ )+i >-i (ip _ ) = i>- i([ r.p[ )
et ceci montre que i>-1 est aussi la plus petite mesure posi ti ve telle que
(2.19.12) [>-( r.p) 1 ::; 1À[([r.pl) pour tout ip E Co( X ; JR).
Cette inégalité admet l'exte nsion suivante. Si À E M(X; JR) est une mesure de
Radon réelle, ell e se prolonge de façon unique en une forme <C'.- linéaire s ur l' espace
Co(X ;q en posant pour to ut r.p E Co(X ; q
À(cp) = ,\ (?Rer.p) + i >- ('Smip) .
On définit bien ain si une fo rme <C'.- linéaire car ,\ (iip) = iÀ(r.p ) ; en outre
[,\(ip)[ ::::; 2 li>-[[K[[ r.p [[ = si <p E CK(X ;<C'.)
et ceci montre que À est une mesure de Radon complexe. On a alors
(2. 19. 13) [À(ip)[ ::; [À[(jr.p[) pour tout ip E C0 (X; q.
En effet, soit z E C tel que 1z 1 = 1 et À(zr.p ) ~ 0, d 'après (2. 19.12) on a alors
[À(ip)[ = >.(zip) = >-(?Re (zip)) ::; j>.[([ ip[ ).
L'étude des mesures de Radon réelles se réduit donc à celle des mesures pos i-
tives. Il en es t de même des mesures de Radon compl exes. E n effet, si
À E M(X; q est une mesure complexe, on définit d'abord la mesure conjuguée
de la mes ure À en posant "X( <.p) = À(cp), pui s la partie rée lle et la partie imagin aire
de À par
>. + >:
?Re >. = - - et ':SmÀ = - - .
>. - >:
2 2·i
On définit ain si des mesures de Radon complexes telles que >.. = ~e À + i'Sm À. Si
µd ésigne l' une des deux mesures ?Re À ou 'Sm À, on observe que µ (ip) est réel dès
que ip est à valeurs réelles : la restriction v deµ à C0 (X; JR) est donc une mesure
réelle et, si r.p est à valeurs complexes, on peut écrire
µ(cp) = v(?Reip) + iv(':Smip).
Posons alors, pour tout r.p E Co(X ; q ,
µ ± (cp) = v± (~eip) + iv±('Smip).
On obt ient ainsi deux mes ures complexes µ ± telles que µ = µ + - µ _ et ces
mesures sont pos iti ves . Cec i pro uve que toute mesure complexe À pe ut s'écrire
>.. = >.. 1 - >.. 2 + i(>. 3 - ,\ 4 ) où les mesures complexes À.; sont positives.
On notera qu ' une mesure complexe À est bornée si, et seulement si, les mesures
rée lles ~e >.. et 'Sm À sont bornées.
2.20 TH ÉO RÈME DE REPRÉS ENTATION DE RI ESZ 27 1

2.20 Théorème de représentation de Riesz


Éta nt donné un espace localement compac t X et une mesure régulière
µ : 'B -+ R+ défi nie s ur la tribu borélienne '.B de X, toute fon ction continue à
support compact <p E eo
(X; IK) est µ- intégrable et l'application r.p ~ cp dµ est J
une m es ure de Radon pos iti ve sur X. Nous al Io ns dé montrer qu'on obtient a insi
toutes les mes ures de Radon pos iti ves sur X.
Théorème 2.20.1 F. Riesz Soit À E NI(X; IK) une mesure de Radon positive,
alors il existe une unique mesure régulière µ, : 'B -+ lR+ définie su r la tribu
boré lienne '.B de X telle que

(2 .20 . 1) À(r.p ) = l cp dµ pour tout <p E e o(X;IK).


De p lus, on a
(2.20 .2) i!>-11 = µ(X)
ÏR+.E
Par conséquent, la mesure À est bornée si, et seulement si, la mesureµ est fi nie.
On peut supposer lK =lit En effe t, si le thé orème es t acqui s dans le cas rée l et
si À est une mesure de Radon compl exe positi ve, la restricti o n de À à e0 (X; ~ )est
une mesure de Radon rée ll e positive e l il ex is te d onc une unique mesure réguli è re µ
J
te ll e que,\( r.p ) = r.p dµ pour r.p à vale urs réel les, do nc pour cp à valeurs co mplexes
vu que

À(cp ) = À(~ecp) + iÀ(~mt.p) = f ~e t.p dµ + ·i / "Sm.t.p dµ = / <p dµ.


La formul e (2.20.2) dans le cas compl exe sera démontrée au cours de la dé mo ns-
trati o n du théorème.
D ans tout ce qui suit, nous supposero ns d o nc lK = R La mesureµ sera dé-
fini e comme la restricti on d' une mesure ex téri eure à la tr ibu boré lienne, mes ure
exté rie ure défi nie par les fo rmules s ui vantes:
(2.20 .3) µ*(O) = s up À(<p) pour tout ouvert 0 E ('.)
où la borne supérie ure porte s ur l'ensemble des fon cti ons t.p E e0 (X ; [O , l]) d ont
le s upport est contenu dans 0,
(2.20.4) µ*(A) = inf µ*(O) po ur tout A E '.P(X) .
O:JA
OE<'.J
La d éfiniti on (2.20.3) montre que µ*(O) ::::; µ *(O') si 0 , O' E <'.l sont tels que
0 C O' ; il en résulte que sur ('.) les dé finiti o ns (2.20J) el (2.20.4) sont cohé re ntes.
Lemme 2.20.2 L'application µ* : ':P(X) -+IR?.+ est une mesure extérieure.
Preuve JI es t clair que µ *(0) = 0 et que µ * es t une appli cation croissante .
1. M ontro ns que, pour to ut 0 1 , 0 2 E G,
µ *(01 U 02) ::::; µ *(OL) + µ *(02).
Soit <p E eo (X; [O, 1]) à support dans 0 1 U02, posons]( = su pp <pet soit (<p 1 , cp 2 )
une partiti on de ! ' uni té sur ]( subordo nnée a u recouvrement 0 1 U0 2 [27, théorè me
272 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2.36.7] ; o n a a lors <p = cp 1 <p+cp2cp o ù 'Pi'P E C0 (X ; [O, l ]) est à suppo rt dans O; ,


d' où
..\(cp) = ..\(Cf11<p) + ..\(cp2cp) :::; µ*(01) + µ*(02)
et le résultat vo ulu en pre na11L la borne supérie ure sur <.p.
Pour toute suite finie (Op)O S: pS:n de('.), on en déduit par récurrence que
n n
µ*(LJ op)
:=; Lµ*(O p)·
p=O p=O
2. Soient (An) une suite de parties de X, E > 0 et (En) une sui te d e réels > 0
te lle que I::':"=oEn < E. Il ex is te des ouverts On => An te ls que
µ*(On) :::; µ*( A n)+ En· Posons A = LJ:':"=oAn, 0 = LJ:':"=oOn e t soit cp E
Co(X ;[O, l]) à s upport dans 0 ; ce support é tant compac t, il ex iste un e ntier n tel
que s upp cp c LJ~=o Op, d 'où
n n oo

..\(cp) :=:; µ* ( LJ Op) :=:; L


µ*(Op) :=:; L µ*(An) + é.
p=O p=O n=O
En prenant la borne supérie ure sur tp, on en déduit que
CXl

µ *(O) S L µ*(An)+ é
n=O
et ceci prouve la a-sous-add itivi lé deµ * vu q ue A C O. Q.E.D.
Voici de ux a utres form ules permettant de calculer la mesure extérie ure des
ouverts et celle des compac ts .
Lemme 2.20.3 Pour tout ou vert 0 E ('.), on a
µ*(O) = sup µ*( K).
K CO
K EX
Preuve Il s'agit de vérifi er que, pour to ut a < µ*(0), il ex iste un compac t K C 0
tel que a :::; µ*(K) . D' après (2 .20.3), il ex iste '-P E Co(X ; [O, l ]) à suppo rt dans 0
tel que a :::; ..\( cp ). Prenons po ur J( le s upport de cp : on a a lors>.( cp) :::; µ * (U) pour
to ut ouvert U => K , d' où >. (c.p) :::; µ*( K) et, par conséque nt, a :::; µ*( K). Q.E.D.
Lemme 2.20.4 Tout compact K E X est de mesure extérieure finie et
µ*(K) = inf ..\(tp)
où la borne inf érieure porte sur l 'ensemble des fonctions cp E C0 (X; [O, 1]) égales
à 1 sur K.
Preuve O n notera d 'abord q ue cette borne inférie ure porte s ur un ensemble non
vide d 'après le corollaire 2.36.6 de [27]. Noto ns<!? cet ensemble.
1. Vérifions d'abord q ue µ*(K) :::; ..\(tp) pour tout cp E <!? . Soie nt cp E <I>,
0 < E < 1, Oc = {x E X; cp(x) > E}. Cet ouvert Oc co ntient K, d ' où
µ*(K ) :::; µ*(O,:). Soi t ·If; E eo(X ; [ü, l]) une fo nction à support d an s 0 0 , on a
etf; S ip , d'où EÀ( 1jJ) :::; >. (<p) et par conséque nt µ* (Oc) :::; C 1 ..\ ( <p). Cec i montre
2.20 THÉORÈME DE REPRÉ SENTATION DE RIESZ 273

que µ*(I<) ::; 10- 1À(<p) pour tout c E JO, l[, d 'o ù le résultai a nnoncé. Il e n rés ulte
que µ*(I< ) ::; inf À( <p).
2 . Pour dé mo ntrer l' inégalité opposée, soil é > 0, d 'après (2.20.4) il existe un
ouve rt 0 :J ](tel que µ*(O) ::; µ*(I<) + é ; d'après le coro ll aire 2.36.6 de [27],
il existe <p E <[> à support dans 0, d ' où ,\( <p ) ::; µ* ( 0) ::; µ* (K) + c el cec i éta blit
la formule vo ulue, formule qui montre que µ*( K) est fini. Q.E.D.
C e de rni er le mme va no us permettre d'établir la propriété d'additivité sui vante.
Lemme 2.20.5 So ient Ki, K 2 deux compacts disjoints, alors
µ*(K1 u K 2) = µ* (K1) + µ *(K2) .
Preuve Soit é > 0, d 'après le lemme 2.20.4 il existe <p E eo(X; [O, l]) égale à
1 sur K 1 U I<2 lei que À(<p) ::; µ*(K 1 U K 2 ) + é. D'après la propositi o n 2.36.5
de [27], il existe f E e(X ; [O , l]) tel que f = 1 sur K 1 e t f = 0 sur K 2 . On
peut écrire <p = f <p + (1 - J)<p où les fonctions j <p el ( 1 - f) <p appartie nnent à
e0 (X; [O, l ]) et f r.p = 1 sur K 1 , (1 - J) <p = 1 sur K 2. Il en résulte que
µ*(K1) ::; À(f<p) etµ *(K2) ::; ,\((1 - f)r.p),
d 'où µ* (K1 ) + µ* (K2) ::; ,\( <p) ::; µ* (K1 U K 2) + é et cec i prouve que
µ *(K1) + µ*(K2) ::; µ*(K1 U K2) .
La sous-additi v ité deµ* permet de conclure. Q .E.D.
Lemme 2.20.6 Tout borélien estµ* -mesurable.
Preuve 1. Mo ntron s d 'abord qu'un ensemble A est µ*-mesurable si, et seulem ent
si,
(2.20.5) µ *(O) ~ µ* (On A) + µ*(O - A) pour to ut o uvert 0 E O.
Il s'agit de démontrer que la condition est s uffi sante. Soit B E '.P(X), pour tout
ouvert 0 co nte nant B on a (2.20.5), d'où, µ* é tant croissante,
µ*(O) ~ µ*(B n A) + µ*(B - A)
et µ *(B) :;::: µ*(B n A)+ µ*(B - A) en prenant la borne in fér ie ure sur 0, ce qui
prouve le résultat voulu .
2. Mont ro ns que tout fe rmé Fest µ *- mes urable. Soit 0 un o uvert el soient I<1
une partie compacte de 0 - F, K 2 une partie compacte de 0 - K 1 , o n a a lors
K 1 U K 2 C 0, d 'où (lemme 2.20.5)
µ *(O) ~ µ*( K1 U K 2) = µ*( Ki) + µ *(K2).
E n pre nant la borne supérieure s ur K 2 , on obti ent d 'après le lemme 2.20.3
µ*(O) ~ µ*(Ki) + µ*(O - K1)
et, étant donné que 0 n F c 0 - K 1 , µ* (0) 2: µ*(Ki)+µ*( 0 n F). E n pre nant
enfin la borne supérieure sur Ki, on obtie nt (le mme 2.20.3)
µ* (O) ~ µ*(O - F) +µ*(On F)
et 1. permet de conclure. Q .E.D.
Preuve du théorème 2.20.1 1. V érifions d 'abord l' unicité . Soient
µi : 'B -+ ÏR+ , i = 1, 2, deux mesures rég ulières te ll es que À( 4?) = <p dµ ; J
274 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

pour tout cp E C0 (X). Montron s que µ 1 (K ) = µ 2 (K ) pour to ut compact K ; ceci


prouvera que µ 1 = µ2, ces mesures étant réguli ères. Soit E > 0, d'après (2.3.2)
il existe un o uvert 0 ::::i K te l que µ 1 ( 0) ::; µ 1 (K) + é et, d 'après le corollaire
2.36.6 de [27], une fo ncti on cp E C0 (X; [O, l ]) à support dans 0 et égale à 1 sur
K . On a alo rs
µ 2(K )= jn Kdµ2 ::; j cp dµ 2 = / p dµ 1 ::; j1lo dµ 1 = µ 1(0) ::; µ 1(K) +E,
d 'où µ2(K) ::; µ 1 (K) et d e même µL(K) ::; µ 2 (K) , ce qui prouve Je rés ultat
voulu.
2. La restriction µ de µ* à la tribu boré li enne 'B est une mesure régul ière
d 'après (2.20 .4) et les lemmes 2.20.3 et 2.20 .4 . M ontrons que

(2.20.6) >.(ip) ::; j cp dµ pour tout cp E C0(X);


e n remplaça nt cp par -<.p, on obciendra I' inégalicé opposée et (2.20.1).
Soit c > 0 et soit ip E C0 (X), ip(X) éta nt compact il ex isce une partition fi nie
de cp(X) constituée de fe rmés de di amè tre ::; é , soit cp(X) = LJiEI A;. Posons
B i = ip- 1 (Ai) n ]( oü K dés ig ne le support de cp ; ces e nse mbles B ; so nt des bo-
ré liens et constituent une partiti o n de K. Posons m i = sup B , cp et Nfi = sup B , cp ;
o n a 0 ::; M ; - m i ::; E . Soit (j > 0, d ' après (2.20 .4) et la co ntinuité de cp, il ex iste
des ouverts O i ::::J Bi tels q ue µ(O i) :S µ(B;) + (jet s up 0 , cp :S lvf; + ô.
Considérons a lors une partici on de l' uni té ('Pi)iE/ sur K subordonnée au re-
couvrement ( O ;)iE I [27 , théorème 2.36.7], on a cp = L iE I cp;cp, d' où
>. (cp) = L >. (ip.;cp) ::; L (Mi + ô) >.(<pi)
·iE f iE I
et >. (cpi) ::; µ(O i) d 'après (2 .20 .3), d'où >.(cp.;) ::; µ (Bi)+ 5 et
>.(c.p ) ::; L_)M.;+ ô)(µ(Bi ) + ô).
·i Ef
Cec i étant véri fié po ur tout 5 > 0, on en déduit que
>.(cp) :S: L Miµ(B i ) :S: l::Cmi + t: )µ(B;) :S
iEf iE l
j cp dµ + t:µ(K).
et ceci prouve (2.20.6).
3. Vérifions (2.20.2). D'après (2.20. 1), on a i>.(cp)I :S ll'Pll 00 µ(X), d'où
ii>.ii ::; µ (X). D'après (2.20.3), on a
µ(X) = s up >.(<p);
<pEeo (X ;(O,l))
on notera que cec i vaut aussi da ns le cas complexe car la mesureµ est a lo rs la me-
e
sure associée à la restrictio n de >. à 0 (X ; JR). O n o bserve en suite que
>.( cp) ::; i >.11 po ur cp E Co (X; [O , 1]), d 'où µ(X) ::; Il >.il et cec i permet de conclure.
Q.E.D.
Le théorème de Riesz assoc iant à toute mes ure de Radon positive >. une unique
mesure réguli è reµ, cec i permet d ' utiliser to utes les notions développées pour un
2.20 THÉORÈME DE REPRÉSENTATION DE RIESZ 275

espace mesuré. En particulier, une fonction f : X --+ iR (ou E), E dés ig na nt un


espace de Banach, sera dite À-mes urable si elle est µ-mesurable, ,\-intégrable si
elle est µ-intégrable et on posera

J f d,\ = / J dµ .
Ceci permet de définir l'espace L 1 (X) des fonctions intégra bles par rapport à ,\,
J
l'espace quotient L1(X), etc. En particulier, lapplication f >-+ f d,\ dé finie sur
l'espace L 1 (X; K) des fonction s intégrables f : X --+ K est une forme linéaire
continue (pour la to polog ie de la convergence e n moyenne) qui prolonge la mesure
de Rado n À.
Plus généralement, si ,\ = À+ - ,\ _ est une mesure de Radon réell e, aux
mesures positives À± on pe ut associer des mes ures réguliè res JL±, à la mesure
l>-1 = À+ + ,\_ est a lors associée la mesure lµI = µ+ + µ _ d 'après
l'unicité qu 'affirme le théorè me de Riesz. Nous dirons alors qu ' une fonction
f : X ---+ iR (ou E) est ,\-mesurable (resp. À-intégrable), s i elle est ,\± -mesurable
(resp . À± -intégrable), c'est-à-dire µ ± -mesurable (resp. µ ± -intégrable) et, d'après
la proposition 2.15 .1, ceci s ignifie que f est l>.1-mesurable (resp . l..\l- intégrable).
On d éfi nit l' intégrale de f par

Jf J
d,\ = f dÀ+ - Jf d,\ _
et, d 'après (2.15.1), on a

(2.20.7) 11/ / d>-11 ~/ 111 11 d1>-1 ,


formule qui généralise (2.19.13).
Remarque 2.20.1 Image d'une mesure de Radon Soient Xi, i = 1, 2, des es-
paces localement compacts, '.13; leur tribu boré lienne, ,\ 1 une mesure de Radon
positive sur X 1 , µ 1 : 'B 1 ---+ iR+ la mesure rég uli ère qui lui est associée. Étant
donné une application borélienne h: X 1 ---+ X 2 telle que h - 1(K) soit de mesure
finie quel que soit le compact K c X 2 , on peut définir une mesure de Radon sur
X2 en posant
À2 : r.p E eo(X2) r-+ 1· X1
cp o f dµ1 E IR.

La fonction r.p o h : X 1 ---+ lR est en effet boré lienne et, s i K est le support de r.p,
lr.p o hl ~ llr.pl loo 11K o h = 11(/)llooll.h - l(K) ;ceci montre quer.p o hestµ1-intégrable
et que
~ 1
11· r.p 0 hdµ1 I /11 (h- (K)) llr.p ll oo si (/) E eg(X2).
X1
On en déduit que ,\ 2 est une mesure de Radon positive sur X 2 ; on l' a ppe ll e
l' image de ,\ 1 par h e t on la note h*(..\ 1 ). Notons µ 2 : '.13 2 -+ ÏR+ la m esure
régulière associée à À2 . Le lie n avec les images de mesures abstraites (paragraphe
2.16) est le suivant. Supposons les es paces Xi dénombrables à l'infini et l' a ppli-
cation h continue, alors µ 2 est l' image par h de la mesure µ 1 d'après le théorème
276 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2. 16.5 : en e ffet, µ 2 et h. (µ 1 ) sont deux mesures régulières et les mes ures de Ra-
don qui le ur sont assoc iées coïncident, l' unicité qu 'affi rme le théorèm e de Ri esz
fournit le résultat voulu .
Exercice 2.20.1 Soie nt>.. E M(X ; Jœ.) une mesure de Radon , }( un e pa11ie compacte de X , V un
vois inage co mpact de K et E: > 0, montrer qu ' il ex iste une fonction 1/J E eo(X) telle que 11/JI ~ 1,

supp ·if; C V et l 1.>..l(K ) - .>. (1/i)I ~ E: [utili ser le lemme 2.20.4 et la formule (2 .19.7)].
Exercice 2.20.2 Soie nt X un espace compact et E = e,, (X ) l' es pace de Banach des fonctions
continues f : X -t lK pour la no rme de la topolog ie de la convergence uni forme. Montre r qu ' une suite
U n) de E converge vers f pour la topologie faible u(E, E') s i, e l seu lement si, on a les propri étés
sui vantes :
a. la suite U n) est bornée dan s E,
b. la s uite U n ) converge s imple me nt vers f.
Le théorème de Riesz concerne les mesures de Radon positives. Si
À = À+ - ). _ est une mesure de Radon réelle, aux mes ures positives À± on
peut associer des mesures régulièresµ ± , mais lorsque µ+(X) = µ _ (X) = + oo,
il n'est pas possible de faire la différenceµ + - µ _ . Nous allons donc nous limiter
aux mesures de Radon bornées et montrer que le dual de l'espace 0 ( X; lR) muni e
de la norme li · li = est en fait isomorphe à l'espace des mesures signées régulières
et finies.
Voici d ' abord quelques compléments concerna nt la régularité des mes ures fi-
nies. Pour une mesure positive finie, la proposition 2.3.9 montre que la définition
2.3.2 se simplifie de la façon s uivante.
Lemme 2.20. 7 So ient X un espace séparé, 'J une tribu contenant la tribu boré-
lienne de X, alors une mesureµ : 'J ----t lR+ est régulière si, et seulement si,
pour tout A E 'J et tout c > 0, il existe un ouvert 0 et un
2 20 8 { compact K tels que K C A C 0 et µ( 0 - K) ::::: c.
( · · )
On en déduit le
Lemme 2.20.8 Soient µ , v : 'J' ---+ IR+ deux mesures.
1. Si 0 :::; µ :::; v et si v est une mesure régulière, alors µ est une mesure
régulière.
2. La mesure µ + v est régulière si, et seulement si, µ et v sont d es mesures
régulières.
Définition 2.20.1 Soient X un espace séparé, 'June tribu contenant la tribu boré-
lienne de X, une mesure signéeµ : 'J---+ ïR U { +oo} est dite régulière si la mesure
positive lµI : 'J ---+ ÏR+ est régulière.
D'après le lemme 2.20.8, une mesure sig née fini e µ : 'J ---+ lR est rég ulière si, et
seulement s i, les mesuresµ ± sont régulières.
Exercice 2.20.3 Soient X un es pace séparé réunion dé nombrab le de compacts, 'J une tribu conte-
nant la 1ribu boré lienne de X.
1. Soient µ , v : 'J -t llt+ deux mesures positi ves.
a. Si 0 :::; µ :::; v et si v est une mesure régulière, montrer queµ e st une mesure régulière.
b. Montrer que la mesureµ + v est régulière si, et seu lement si, µ, et v so nt des mesures régu lières.
2.20 TH ÉORÈ ME DE REPRÉSENTATION DE RIESZ 277

2. Montrer qu ' une mes ure signéeµ : T --+ IR U { + oo} est réguli ère si , et seulement si , les mesures
µ ± sont régui ières.
Exercice 2.20.4 Soit X un espace localement compact dénombrable à l ' in fini métri sable et so it '.B
la tribu borélienne de X.
1. Montrer qL1e tout ouvelt de X est une réuni on <lénombrable de co mpacts [utili ser l 'exerci ce
2.36.8 de [27]] .
e
2. Soi t 0 un ouvert de X, montrer qu'i l existe une suite croissante 'P n E 0 (X; [ü, l ]) conver-
geant vers -0. o [utiliser le corollaire 2.36.6 de [27] ].
3. M ontrer qu ' une mes ure signéeµ : '.B --+ iR U { +co} tell e que tout compact est de mes ure fini e
est réguli ère [siµ est positive, so it µ 1 : '.B --+ iR+ la mesure réguli ère te ll e que J <p dµ = J i.p dµ' pour
tout 'P E eo(X); mont rer que µ(O) = µ'(O) pour tout ouvert 0 et conclure avec la propositi on
2.3 .1 ] ].

Notons Mr eg (X) l' espace de toutes les mesures réguli èresµ : '.B ---7 IR ; il est
clair que cet espace est un sous-espace de Riesz de l'espace de Riesz lilf(X, '.B; IR)
de toutes les mesures signées finies.
On définira une norme s ur l'espace !VJ(X, '.B ; lî), donc sur l'espace Mr eg(X),
de la faço n suivante. Étant donné un espace mesurable (X, 'J) el deux mesures
sig n ées µ 1 , µ z : 'J ---7 R on a d'après (2.4.3)
c2.20.9) lµ1 + µ z I :::; µ1 I + lµ 2 I 1

et, pour toute mesure signéeµ : 'J ---7 IR, toul rL E R,


(2.20.10) laµ I =l ai IJLI·
On en déduit le
Lenune 2.20.9 L'app licationµ r i lµ l(X) e5t une norme sur l'espace vectoriel
M(X, 'J; lî).
Preuve Vu (2.20.9) et (2.20.10), il suffit d'observer que µ = 0 éq ui va ut à
ltLl(X) = O. Q .E.D.
Note D'après l'exercice 2.4. 1, cette norme est équivalente à la norme de la topo-
log ie de la convergence uniforme ll µ ll = s upAET lµ(A) I el l'espace M(X , 'J; IR)
est un espace de Banach.
Rappelons que lVh(X) désigne l'espace d es mesures de Radon rée ll es bor-
nées ; muni de la norme (2. 19.3), cet espace est un espace de Banach. O n a alors
le
Théorème 2.20.10 L'application <J.> : µ E Mr eg(X) r i À E lVh(X) où
À(<p) = J r.pdµ, <p E eo(X;IR), est une isométrie linéaire et un isomorphisme
d'espaces ordonnés, c'est-à-dire
(2.20. 1l) µ :::; µ' <===? <I>(µ) ::::: <J.>(µ').
Preuve Si µ : '.B ---7 IR est une mesure rég ulière, Lo ute fo nct io n <p E 0 (X) est e
J
µ-intégrable et la fo rme linéaire À : r.p r i <pdµ est une mesure de Radon bornée
de n orme :::; lµl(X) d'après (2.15.3). L'application <J.> est donc bien définie et elle
est év idemment linéaire.
1. Vérifions que <J.> est surjective. Soit À = À+ - ,\ _ une mesure de Radon bor-
née. D'après les théorèmes 2. 19.3 et 2.20.1, il existe des mes uresµ± E Mreg (X)
278 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

telles que À ± = <[>(µ ± ) et, Vll la linéarité de <[>, À = <I>(µ) si µ = µ + - µ _ . Ceci


prouve la surjectiv ité de <I> .
2. Vérifions que<!> est un isomorphisme d 'espaces ordonnés. Soitµ E Mreg(X)
une mesure régulière, il s'agit de démontrer queµ est positive si, et se ulement si,
<[>(µ) est une mesure de Radon positive. Il est clair que µ 2'. 0 implique À 2'. O.
Réciproq uement, su pposons À 2'. 0, c'est-à-dire f <p dµ 2'. 0 pour tout i_p E et(X)
et montrons que µ est positive. Soit A E 'B un borélien et soit E > 0, d 'après
la régularité deµ il existe (lemme 2.20.7) un ouvert 0 el un compact K tels que
K C A C 0 et lµl(O - K) :::; E et, d' après le corollaire 2.36.6 d e [27] , une
fonction <p E eo(X; [O, 1]) égale à 1 sur K et à support dans O. On a a1ors

I <p dµ+ :::; µ + (O), J <pdµ _ 2'. µ _ (K),

µ +(O) :::; /t+(A) + E, µ _ (K) 2'. µ _(A) - E,

d'où
j cp dµ = j <p dµ+ - f <p dµ _:::; µ+(A) - µ _ (A) + 2c = µ(A) + 2c

et ceci vaut pour tout E > 0, donc µ(A) 2'. <p dµ 2'. O. J
3. Montrons enfin que <J> est une isométrie, c'est-à-dire que 11>.ll = lµl(X).
Soientµ ± les parti es positive e t négative de µ ; <I> étant un isomorphi sme d'espaces
ordonnés, À ± = <[>(µ ± ) sont Les parties positive el négative de À . D' après (2. 19.8)
et (2.20.2), on a alors
lµ l(X) = µ + (X )+ JL(X) = ii>.+ 11 + IJ-'-IJ= ll.\11
et ceci ac hève la preuve du t1iéorè me. Q .E.D .
Corollaire 2.20.11 L'espace J\lf,. e 9 (X) muni de la normeµ H lµl(X) est un es-
pace de Banach.
Exercice 2.20.5 Soit E = e( [O, 1]) l'es pace des fonct ions continues f : [O, l] -+ lR ; muni de la
norme Ilf l = s up 0 :o; 1 :o; 1 IJ (t ) 1
. E est un espace de Banach. Pourtoul f E E el tout entier n 2: 1, on
pose (n iè me pol ynô me de Bernstei11)

Bn(f)(t) = t ( n ) tj( l - t )n-j f( j_ )où( n )= _n'. ,,. ,.


j= O J n J (n J).J.

1. Montrer que l'application Bn : f >-+ Bn (f) de E dans E esl linéaire continue et que la suite
(Bn) est équicontinue.
2. Pour tout entier k 2: 0, on ncte h la fonction h (t) = l k.
a. Montrer qu e
t (l - t) d
Bn(fk:+1)(t ) = - - - B n( fk )(t) +tBn (/k) (t) .
n dt
b. En déduire que
Bri(fk)(t) = an ,k tk + Pn,k( t )
où an ,o = 1, an ,k+ I = (1 - k / n )a n, k• Pn ,k est un polynô me de degré :<::: k - let il existe une
constante Mk telle que les coefficien ts de Pn,k soient majorés e n module par Mk / n .
c. Montrer que la s uite (Bn ( fk)) converge uni formément vers fk .
3. Montrer que, po ur tout f E E, la s uite (Bn (f)) converge uniformément vers f.
2.21 TOPOLOGIE VAGUE , TOPOLOGIE ÉTROITE 279

4. Soit À une mesure de Radon sur [O, l]. on pose m, = >.(Jk ) (moment d'ordre k) et

m n ,j = t (- l )k ( ~ }nj+k·
k=O

M ont.-er qu ' il ex iste une constante c ;:::: 0 tell e que, pour tout entier n ;:::: 1,

(2.20. 12) t (; )
J= Ü
lmn - j ,jl S C.

5. Réciproquement, étant donné une suile (m.k) de rée ls vérifiant (2 .20 .12), montrer qu'il ex iste
une unique mesure de Radon À sur [O, l ] telle que .X(fk) = m.k pour tout k [définir À sur le so us-
cspace vectoriel F des polynômes en posant >. (fk) = mk, en utilisant 2,b. montrer que, pour tout
polynôme p, >.(p) = li rnn -+ oo .X( Bn (P)) et en déduire que 1À(p) I S c llPll J.
6. Montrer qu ' il ex iste une mes ure de Radon positive À sur [O, l] telle que >. (fk) = m.k pour tout
k si, et seulement si, m n ,j 2: 0 pour tout n , j 2: O.

2.21 Topologie vague, topologie étroite


L' application bilinéa ire (<p, >. ) r-+ >.(<p) met les espaces eo(X) el M(X) en dualité
[27, paragraphe 3. 15]. En effet, si >.(<p ) = 0 pour Loul <p E e 0 (X), on a év ide m-
ment,\ = O. D'autre parl, pour toul a E X la fo rme linéaire Ôa : <p r-+ tp(a) est une
mes ure de Radon qu 'on appe lle la mesure de Dirac au po int a. Alors, si >.(rp ) = 0
pour Lout ,\ E M(X), en prenant>. = Ôa on obti ent ip(a) = 0 el ceci quel que soit
a E X, donc <p = O. Le crochet de dualité sera noté < À , <p > . Ceci pe rmet de
définir sur l' espace M(X) la topolog ie faib le ü(M(X) , e 0 (X)) ; cette topo logie
faible, appelée topologie vague, est donc définie par les semi - normes
(2.21.1) 11 >- ll 'P = 1 < >.,ip > 1 où ip décrit eo(X).
Rappelons que cette topolog ie est séparée et qu'une suite (Àn) de mesures de Ra-
don converge vers>. pour cette topologie si, et seulement s i,
< >. , <p > = lim < >.n , <p > pour toul <p E eo(X);
n-+oo
on dit alors que la suite (>.n) converge vag uement vers >. .
Voici une application importante du théorè me de Banach-Steinhaus.
Théorème 2.21.l Soit (>.n ) une suite de mesures de Radon telle que, pour tout
ip E eo(X), la suite ( < Àn , <p > )admette w 1e limite notée < À, <p >. alors>. est
une mesure de Radon et la suite (>.n) converge vaguement vers >.. En outre, pour
tout compact K c X, il existe une constante Cr< ;::: 0 telle que
1 < À n, <p > 1 :::; CK ll 'P ll oo pour tout net !OUI <p E eK(X) .
Preuve L' espace eK(X) étant un espace de Banach, le théorème de Banach-
Stei nhaus [27' théorème 3.12.10] affirme que la restrictio n de À à e K(X) est une
forme linéaire el conti nue, ce qui prouve que À est une mesure de Radon s ur X.
Quant à la dernière assertion, e lle signifie que la suite (>.nl e i<(XJ) esl équiconli-
nue, équicontinu ité qui résulte de la propos itio n 3.12.8 de [27] . Q.E.D .
280 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Exercice 2.21.1 So it (An) une suite de mesures de Radon convergeant vaguement vers À , montrer
que ll>- 11 ::; lim infn -->oo Pn 11- Si les mesures À n sont bornées, la mesure À est donc une mesure
bornée.
Exercice 2.21.2 Soit X un ensemble, mun i de la topologie discrète X est un espace localement
co mpact.
1. Pour toute mesure de Radon.À E !vl(X) el tout x E X , on pose f(x) = .>-(11. {xj). Montrer
que l'application cp : À H f est une bijection de !vJ (X) sur '.T(X; JK) et un isomorphism e topologique
de l'espace M (X ) muni de la topologie vague sur l'espace '.f, (X ; JK).
2. En déduire que la 1opol ogie vague est métri sable si, et seulement si , X est dénombrable.

Si >. E M 0 (X) est une mesure de Radon réelle bornée [on se limite ici à
des mesures réelles, des considérations analogues peuvent être développées pour
des mesures complexes en u ti 1isant le fait que toute mesure complexe bornée peut
s'écrire >. 1 + ·i.\ 2 où les Ài sont des mes ures réell es bornées], toute fonction >.-
mesurable bornée t.p : X -+ IR est >.- intégrable ; en particulier, toute fonction
r.p E eb(X) = eb(X; IR ) continue et bornée est >.-intégrable. D'après (2 .20.7),
on a de plu s 1Jx t.p dÀ I S Il >. li ll'P ll00 , ce qui prouve que l'applicatjon linéaire
r.p >--+Ix t.p d>., notée encore À, est une forme linéaire continue sur ! 'espace eb(X)
dont la norme est égale à ll>- 11 - On se gardera bien de croire, d ' une part qu 'on ob-
tient ainsi toutes les formes linéaires continues sur l'espace eb (X) , d ' autre part
qu'une forme linéaire continue sur l'espace eb(X) est déterminée par sa restric-
tion à eo(X), l' espace eo( X) n'est en effet pas dense dans eb(X) lorsq ue X est
un espace localement compact non com pact : l'adhérence c0 (X) de 0 (X) dans e
eb(X) est l'espace des fonctions continues sur X tendant vers 0 à l ' in fini (27 ,
exercice 3.9.4].
On peut alors définir une dualité entre les espaces eb(X) et Nh(X) en posant

< >. , tp >= / , t.p dÀ pour r.p E eb(X) , >. E Mb(X) .


Toute mesure de Dirac étant bornée, cette forme bilinéaire met bien les espaces
eb(X) et Ah(X) en dualité. La topologie faible u(Mb(X) , eb(X)) s'appelle la
topologie de la convergence étroite ou, simplement, topologie étroite. Cette topo-
logie est év idemment plus fine que la topologie induite par la topologie vague. On
peut préciser le lien entre ces deux topologies de la façon suivante.
Proposition 2.21.2 Une suite (À.,, ) de mesures de Radon positives et bornées con-
verge étroitement vers une mesure positive et bornée À si, et seulem ent si, elle
converge vaguement vers À et llAl l = limn--+oo 11 >-nll-
Preuve Si la suite (\n) converge étroitement vers À, elle converge vaguement
vers À et, la fonction constante et égale à 1 appartenan t à l'espace e&(X), la sui te
f
11>.nll = x d>..n converge vers 11>.ll = fx d>. .
Réciproq uement, soit (>.n) une suite convergeant vaguement vers À tell e
que ll>- 11 = limn--+oo 11>.n ll- Soit t: > 0, il existe '!/; E eo(X ; [ü, 1]) tel que
11>. ll - t: :S >. ('</;) S ll Àl l et un e ntiern tel que, pour p ~ n,
11 ,\ 11 - t: S 11>-Pll S 11>.ll + t: el 11 >..l l - 2t: S Àp('lf;) S ll>-11 +E .
2.21 TOPOLOGIE VAGUE, TOPOLOGIE ÉTROITE 281

Soit <p E C':b(X), on a


< À - Àp , <p >=< À - Àp, 'lj;cp > +< À, (1 - 'if; )cp > - < Àp , (1 - ·lf;)cp >

1< > 1::; ll'Pll= < À, 1 - '~J >= ll'Pll=(ll>-11- À('l/J )) ::; cll'Pll oo·
À, (1 - 'lf; )cp
On vérifie de même que 1< Àp , (1 - ·1/J )<p > 1::; 3cll'Pll= et, par conséq uent,
1< À - Àv, 'P > 1:S: 1< À - À p,'l/J<p > 1+4cll 1Pll =,
cec i prouve que < À , cp >= limn-+= < >.n, cp >, la suite (>-n) convergeant
vaguement vers À . Q.E.D.
Si (Àn) est une suite de probabilités conve rgea nt étroitement vers À, ceci montre
que À est une mesure de probabilités.
Remarque 2.21.1 Lorsq ue X est un espace compact, on a
C':o(X) = eb(X) = e (X)
et, par conséq uent, la topo log ie vague et la topologie étroite coïncident. Lorsque X
est un espace localeme nt compact non compact, la topologie étroite est strictement
plus finie que la topol ogie vague : si (.'Ln) es t une s uite de X convergeant vers le
point à l'infini de X, la suite (ôx,,) converge vag ue ment vers 0, mais ne converge
pas é tro iteme nt car e ll e ne pourrait converger que vers 0, alors que llôx,,11 = 1. La
convergence é troite év ite à la masse de fuir à l'i nfini.
Exercice 2.21.3 So it co (X) l es pace des fonction s CC> ntinues <p : X --t IR qui tendent vers 0 à
l' infini ; muni de la norme de la topologie de la convergence uni forme, cet espace est un espace de
Banach et e o(X ) est den se dans co(X) [27, exercice 3. 9.4]. Soit A,, E !Vh (X) une suite de mes ures
de Radon rée ll es bornées et soit À E !Vh(X).
L. Montrer que la suite ( Àn) converge vers À pou1· Ia topol ogie faible u (M b( X ), co (X )) si, et
se ulem ent si , elle est bornée, c'est-à-dire supn JI Àn Il < oo, el converge vaguement vers À.
2. Si la suite (.Xn) converge pour la topologie étroite, en déduire qu 'e ll e est bornée.
Exercice 2.21.4 Soient À n, À E M[,'- (X) des mes ures de Radon réelles bornées el positi ves.
L. Si la suite (Àn) converge étroitement vers À, montrer que, pourtoul borélien A dont la frontière
est À- négligeable, la suite (Àn (A)) converge vers À(A) [on pose 0 = A, F = A el soit c > 0 , en
utili sa nt (2 .20.3) montrer qu ' il ex iste un entier n tel que >. p( 0) 2'. À( 0) - é pour tout p 2'. n, puis
appliquer ce rés ultat à X - F pour conclure] .
R éciproq uement , on suppose que X est un espace localement compact métri sable cl que, pour tout
borélien A dont la frontière est À-négligeable, la suite (,\.,, (A) ) converge vers .X(A) et on se propose
d' établir que la suite ( .Xn) converge étroitement vers À en ra isonnan1 comme suit.
2 . So it F une partie fermée de X , on pose

F, = {x E X ; d(x, F ) :St:}, O e = {x E X; d(x , F) < t:}.


a. Montrer que
OO

Fr (Fe ) C Fe- O eC Fe- LJ 1".- i;noù no > l /ro


n = no

et en d éduire que À( l-'r (Fe )) :S À(F, ) - limn ->oo À(FE- l / n).


b. En utilisant le fait que l 'ensemble des points de di scontinuité d'Lme fonction monotone est
dénombrable, montrer qu ' il ex iste une suite décro issante de réel s éj > 0 convergeant vers 0 telle que
À(Fr (F, _;l = 0 pourtout jet en déduire que lim supn-? oo À n (F ) :S À(F).
282 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

3. Mo ntre r que, pourtout o uvert 0 de X , lim infn --+oo Àn(O) 2 ..\ (0).
4. Soit <p E eb(X) , ip 2 O. Po ur t 2 0, o n pose Bi = { x E X; <p(x) 2 t}.
a . En utili sant le théorè me de Fubini , montrer que, po ur to ute mesureµ E M:(x),

{ "° µ (Bi) dl = f <p dµ ,


lo lx
pui s que
lim s up
n--+oo
r <p dÀn ~ ; · ip dÀn
Jx X
[utili ser 2,b. et la propositi on 2.9.8).
b. En utilisant l'ensemble B~ = { x E X ; ip(x) > t} , é tablir de mê me q ue

1irn inf r
·n--too } X
'P d..\n 2 r
} X
<.p d>.n.

5. Déduire de ce qui précède que la suite (>..n) converge étroite ment vers À.

6. Si X = IH:, on pose F(x) = >.( ]- oo, x]), F,,(x) = Àn( ] -oo, x]). Si la suite (..\n) converge
étroitement vers >., mo ntrer qu e la su ite (Fn(x)) converge vers F( x) en to ut point de continuité de F.
Réciproquement, si la suite ( Àn) est bornée el si la suite (Fn (x)) converge vers F (x) en to ut point de
continuité de F, la suite (..\n) converge étroi tement vers,\ [soient <p E eo(ffi;) et E > 0, construire une
fonction e n escalier 'lj; = I:;~ 1 a.; O. Jx ;, x;+il telle que ll'P - 'l/;ll ~ E, la fonction F' é tant continue
en les points x;, e n déduire que la s uite ( < ..\.,, , 'lj; > ) conve rge vers < >. , 1/J >, pui s que la suite
(< Àn , <p > ) converge vers < >., <p > et conc lure grâce à la proposition 2.2 1.2].
Exercice 2.21.5 Condition de Prokhorov Soient Àn , ,\ E f\lh(X) des mes ures de Radon réelles
bo rnées, montrer que la suite (>..n) converge é troite me nt vers ,\si, e t se ul e ment si, elle converge va-
gue ment vers,\ et vérifi e la co nditim , dite de Prokhorov,

(2 .21.2) (\fi:: > O)( ::JK E '.K)(Vn E N)( IAnl (X - K ) ~ E).

On pourra procéder comme suit. Vfrifier d ' abord qu 'on peul supposer,\ = 0, puis que la conditi on
(2.2 1.2) est éq ui vale nte à la co nditim

(2.21.3) (VE> 0)(31( EX) (::ln E N)(Vp E N)(p 2 n * IApl(X - K ) ~ E).

Pour démontre r que les conditi ons sont nécessaires, raisonner alo rs par l'absurde et co nstruire par
réc unence (il s'agit d ' une mé tho de de bosse g lissante similaire à cell e utilisée pour prouver le lemme
3.24. 18 de (27]) une sous-suite (An,), des suites de compacts di sj o int s de ux à deux (!<1) et (Lj) où
Lj est un voisinage compact de F<j e t des fonctions 'PJ E eo(X) te lles que
(2.21.4) l..\n)(X - Lo U ... U Lj-1 U Kj) ~ E, IAn; l(J<j) 2 4i::,

(2.2 1.5) l'PJI ~ 1, supp 'Pj C Lj el llÀn; l(Kj) - Àn, (c.pj)I ~ E,

(2.21.6) IAn ('PJ)I ~ Ej po urto utn 2 n j+ t ,

où (Ej ) est une s uite de réels > 0 telle que I: ~ o Ej ~ E [utili ser l'exercice 2.20. 1]. En considérant
la fonction <p = I: ~ o 'PJ, e n déduire une contradic tio n.

On peut munir l'espace C::0 (X) de la topologie faible Œ(C 0 (X), M(X)) ; l'es-
pace M(X) e n est alors le dual topologique [27, proposition 3.15.3] . Pour définir
d'autres topo logies sur l'espace Alf(X), on a besoin d'une topologie plus forte sur
l'espace C0 (X) ; celte topologie, définie et étudiée dans le paragraphe suivant, est
une topologie de limi te inductive.
2.22 LIMITE INDUCTIV E 283

2.22 Limite inductive


Soit E un espace vec toriel rée l o u complexe e t soit (Ei) une famille de so us-
espaces vecto rie ls telle que E = LJ,iEf E i ; o n suppose c haque Ei muni d ' une
topo log ie 'Ji d 'e. l.c . On se propose de défi nir sur E une topologie d 'e .1.c. te ll e que
to utes les inj ecti o ns cano niques ji de Ei da ns E so ient co ntinues. L'ensemble [
des topo logies sur E vé rifi a nt celte propriété es t non vide : en effe t, la topo logie
grossière, dé fini e par la famille de semi -normes réduite à la semi-norme ide ntique-
me nt nulle, appartie nt à E. . En o utre, si une topologie appa rti e nt à E, toute topo logie
d 'e. l.c. mo ins fine appartient à E ; nous allons m o ntrer que E admet un plus g rand
é lé m ent ; a utre ment dit, parmi toutes les topo logies d'e. 1.c. sur E re nda nt conti-
nues les inj ectio ns de Ei dans E il en ex iste un e plus fine que toutes les autres .

Théorème 2.22.1 L'ensemble des topologies d 'e. L. c. sur E pour Lesquelles routes
Les injections canoniques .ii : Ei --+ E sont continues admet un plus grand élément
qu 'on appelle La topologie Lùnite inductive des topologies T ; ; on écrit alors
E = limindEi .
iEJ
Une semi-norme sur E est continue pour cette topologie si, et seulement s i, sa
restriction à chaque E ;. est continue.
Preuve Si une topolog ie 'J dé fini e pa r une famille (ll·ll)oEAde semi -no rmes a p-
partient à c, les restric tions de ces semi -norm es ll·lla à c haque sous-espace Ei
so nt continues. Il en résulte que la to po logie la plus fine répondant à la quest ion
s'obtient en prenant l' ensemble S de to utes les semi-normes sur E dont les restric-
ti o n s à chaque Ei sont continues ; cet e nsemble S est no n vide car la semi - norme
ide ntiquement nulle appartient à S. Il est c la ir a lors que les injec tion s cano niques
j,; sont continues e t qu ' une se mi-norme sur E est continue s i, et seulement s i, elle
appartient à S. Q.E.D.
Note La to po logie limite inductive induit s ur c haq ue E; une to po logie moins fine
que la to po logie de Ei et e n gé néral stric teme nt moin s fine. S i les topolog ies des
es paces E; sont séparées, la topologie limite induc ti ve n'est pas nécessaire ment
séparée e t il n'existe pas de critère simpl e de séparation .
Les voisinages de 0 d' une li mite induc ti ve d 'e. l.c. pe uvent se décrire comme
suit.
Proposition 2.22.2 Soit E = limindiE f E; une Limite inductive d 'e. L. c., un en-
semble convexe équilibré V C E est un voisinage de 0 dans E si, et seulement si,
V n Ei est un voisinage de 0 dans E 1 pour tour 'i E J.
Preuve La conditio n est nécessaire d 'après la continuité des injections cano niques
j i. R éc iproquement, so it V C E un e nse mbl e convexe équilibré tel que V n Ei
soit un voisinage de 0 da ns E i pour to ut 'i ; alo rs V est absorbant car V n E i est
absorbant dans Ei e t sa jauge jv est do nc une se mi-norme d' après le le mme 3. 14.2
de [27]. On observe alors que, pour tout é > 0, l'ensembl e {x E E ;; jv(x) :::; c}
284 CHAPITRE 2 INTÉGRAT ION

contena nt c (V n Ei) est un voisinage de 0 dans E; ; on en déduit que la semi -


norme .iv ls., : E i -+ R.+ est continue en 0, donc continue [27, le mme 3.3.7] . Vu
la carac térisati o n des se mi- normes continues sur E, cec i prou ve que la semi-norme
Jv est continue et V contenant {x E E ; Jv(x) < 1} est un voisinage d e O. Q .E .D.
Rappe lons que nous noto ns f (A) l'enveloppe convexe de A .
Corollaire 2.22.3 Soit E = limindiEf E ; une limite inductive d 'e. L. c., alors l'en-
semble des enveloppes convexes f( LJiE r Vi) où Yi décrit un système fo ndamental
de voisinages équilibrés de 0 dans E i est un système f ondamental de voisinages
de 0 dans E.
Preuve L' ensemble V = f( LJ;E J V;) est convexe équilibré en tant qu ' enve loppe
convexe d ' un e nsemble équilibré [27 , exercice 3. 14.2] e t V n E i :::> V; est un
voisinage de 0 dans Ei, donc V est bien un voisinage de 0 dans E. D'autre part,
tout voi sinage de 0 dans E c ontient un voisinage convexe V et

V = u(V n E i ) = r ( u(V n E ;))


iE / iE I
où V n E ; es t un voi sinage de 0 dan s Ei, donc contient un voisinage Yi d ' un
système fondamental de voisinages équilibrés de 0 dans E i et ceci montre que V
contient f (LJ;E J V;) . Q.E.D.
La continuité des appli cations linéaires défini es sur une limite inducti ve se
carac térise de la faço n sui va nte.
Proposition 2.22.4 Soient E = lim indiEI Ei une limite inductive d 'e. l.c. et F un
e. L. c., alors une application linéaire T : E -+ Fest continue si, et seulement si,
sa restriction TIE, : Ei -+ F à chaque sous-espace E ; est continue.
Preuve La condition est nécessaire d 'après la continuité des injecti ons canoniques
f ;. Réciproquement, soit li · li une semi -norme continue s ur F, alors l' application
x >--+ llTxll est une semi -norme s ur E dont la restriction à chaque Ei est continue ;
cette semi- norme es t do nc continue, ce qui prouve la continuité de T. Q.E.D.
En particulier, une form e linéaire T : E -+ OC est continue s i, et se ulement si,
sa restriction à c haque sous-espace Ei est continue.
Cec i va nous permett re d ' interpré ter la définiti on d' une mesure de Ra don. Étant
donné un espace localement compact X , les espaces eg(X), K E X , munis de la
norme de la topologie de la convergence uniforme notée 'JK, sont des espaces de
Banach et on peut donc munir l'espace eo(X) de la topologie limite inductive de
cette fa mille d'espaces de Banach, soit
(2.22.1) eo(X) = lim ind eK(X).
K EX
Une mesure de R adon s ur X est al ors simple ment une forme linéa ire e t continue
sur l' e.l.c. eo(X) et l'espace NI(X) des mesures de Radon est le dual de cet es-
e e
pace 0 (X) . Sauf indication contraire, l' espace 0 (X) sera toujours muni de cette
topo logie de limite inducti ve que nous notons 'J. La topo log ie 'J est pl u s fine que
la topolog ie de la conve rgence uniforme ; ell e est donc séparée. Il e n r ésulte éga-
leme nt que la topologie 'J indui t s ur chaque sous-espace eK(X) la topo logie 'JK :
2.22 LIM ITE INDUCTIVE 285

en effet, cette topologie induite 'Jle,< est plus fin e que 'JJ< d ' après ce qui précède
e t e lle es t mo ins fine d 'après la continuité de l'injection cano nique de el< (X) da ns
eo(.X).
Exercice 2.22.1 Cet exercice a pour objet de démontrer que la topologie vague sur M (X) est mé-
tri sable si, et seul ement si, X est un ensemble dénombrable muni de la topologie di scrète . La condition
est suffi sante d'après l 'exercice 2.2 1.2 .
l. Montrer que eo(X) est de dimension dénombrable [27, exercice 3. 15.3) et en déduire qL1e les
sous-espaces CK (X) sont de dimension finie [utili ser! 'exercice 3.5.3 de [27)].
2 . Montrer que tout ouve11 relati vement compact 0 est fini et que X induit sur 0 la topologie
di scr ète [ soient x 1, . . . , X n n points di stincts de 0 , construire des voisinages ouverts Oi c 0 de Xi
di sj o int s deux à deux, pui s des foncti ons 'Pi E e(X ) à support contenu dan s Oi telles que cp,(xi) = 1
et observer que ces fonctions son t linéairement indépendantes] .
3. En déduire que la topo logie de X est la topologie cli scrète, pui s que X est dénombrable.

R eveno ns à la s ituation gé nérale et notons l e lemme sui va nt.


Lemme 2.22.5 Soit J une partie de 1 telle que
pour tout i E J, il existe j E J tel que E i C Ej et
(2.22.2) { l 'inj ection canonique de E i dans E 1 est continue,
alors E = u iE J E; et lim indiE I Ei = lim ind iE J E;.
Preuve li est c lair d'après (2.22.2) que E est la réunion de la sous-famille (Ei )·iE J.
Notons 'J1 la topologie limite inductive dé finie par la fami lle (Ei )iE J et 'J1 celle
dé fini e par la so us-famille (Ei) iE J· Yu que J C 1, on a 'J1 :::; 'J1 . Lorsque E est
muni de la topologie 'J1 , les injection s canoniques de E.; dans E so nt continues
lors que i E J , donc a fortior i pour i E 1 d' a près l' hypothèse (2.22.2) el ceci
montre que 'J1 :::; 'J1, d 'où le résultat voulu. Q.E.D.
Lorsq ue X est un espace compac t, o n a e0 ( X) = e(X) , la sous-famill e réd uite
au seul espace e(X) lui -mê me vérifie la condition (2.22.2) et la topologie limite
inductive (2.22. 1) est la topo logie de la convergence uniforme.
Lorsque X est un espace localement co mpact dénombrable à l' in fini non co m-
pact, la topologie (2.22. 1) est stricteme nt plus fine que la topologie de la conver-
gence uniforme. En effel, on pe ut alors construire une mes ure de Radon non bornée
de la façon s ui vante. D'après l'exercice 2.35 .10 de [27] , l'espace X est la ré union
d ' une s uite (On) d 'ouverts relativeme nt co mpacts telle que On C On+l pour tout
n; il ne pe ut ex ister d'enti e r no tel que On = On+l pour n ;::: n 0 car o n aurait
X = On 0 et l'espace X serait compact. Il en résulte qu ' il ex is te une sous-suite
(On k) 1e lle que Onk i- Onk+ 1· Posons Uk = Ond l - Onk e t choisissons des
points Xk E Uk ; on obtient a insi des vois inages ouverts Uk de Xk di sj oints d e ux
à deux . Soit (ak) une suite de JK, pour ip E eo(X) la série L ~o a kip (x k) est
convergente car l'ensemble {k E N; <p(xk) i- O} est fini ; ceci montre que la
série L ~ o akÔxk est vague me nt conve rgente (théorème 2.2 1. 1) et que sa somme
défi.nit une mesure de Rado n À = L~o akÔvk . Calculons la norme de celte me-
s ure de Radon. On ad' abord
OO

l..\(ip)I :::; (L iaki) llipll oo ,


k=O
286 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

d' où llÀll :::; I:~o lakl · Montrons qu ' on a en fait l'égalité, c'est-à-dire que, pour
tout entier N, L:~=O lak l S Pli. D 'après le corollaire 2.36.6 de f27l, il existe
des fonctions 1Pk E eo(X; [O, l]) telles que lfJk(xk) = 1 et à support dans Uk.
Soient bk E K des scalaires tel s que lbkl = 1 et akbk = lakl et soit
cp = I:~=O bklfJk E eo(X), on a alors ll1Pll 00 :::; 1 et À(cp) = L:i:=o lak l, ce
qui prouve le résultat annoncé. Lorsque I:%':o la1.: 1= +oo, on obt ient ainsi une
e
mesure de Rado n non bornée ; la topo logie de l'espace 0 (X) est alors strictement
plus fine que la topologie de la convergence uniforme e t cependant elle induit sur
chaque sous-espace eK (X) la topologie de la convergence uniforme.
Lorsque l' espace X est un espace localement compact dénombrable à l'infini ,
il existe une suite croissante (Kn) de compacts telle que tout compact soit contenu
e
dans Kn dès que n est suffisamment grand. La suite ( g,. (X)) vérifie alors la
e
condition (2.22.2) et 0 (X) est la limite inductive de cette suite d 'espaces de Ba-
nach, ce qu ' on écrit sous la forme
(2.22.3) eo(X) = limind
n --too
eK.,(X).
Une caractéri sation des applications linéaires et continues à valeurs dans une
limite inductive est donnée par le résultat suivant.
Proposition 2.22.6 Soient E = lim ind iE l E ; une limite inductive d'espaces de
Fréchet et F = lim indn-+oo Fn une limite inductive d 'une suite d'espaces de
Fréchet, on suppose F séparé. Soit T : E -+ F une application linéaire, alors les
propriétés suivantes sont éqt1ivalentes
1. L'application Test continue.
2. Le graphe de Test fermé dans E x F.
3. Pour tout i E I , il e:xiste un entier n tel que T(E;) C Fn, l'application
TIE, : E; -+ Fn étant linéaire et continue.
Preuve li est clair que 1 ====? 2 et que 3 ===;. 1 d 'après la proposition 2. 22.4.
2 ===;. 3 On suppose que le graphe G de Test fermé. L' indice i E I é tant fixé,
posons Gn = G n (E.; x Fn), alors Gn est fermé dans E; x Fn et Gn est donc
un espace de Fréchet. Si pr- 1 : E; x Fn -+ E ; désigne la première projection,
le théorème de l'applicatio n ouverte [27, théorème 3.11.1] affirme que ou bien
pr 1 ( Gn) est maigre, ou bien pr1 ( Gn) = E ;. Or, E; = LJ~= o pr1 ( Gn.) ; les en-
sembles pr 1 ( Gn) ne peuvent donc pas Lous être maigres car E; serait inaigre et E;
est un espace de Baire. li en résulte qu ' il existe un entier n tel que pr 1 ( Gn) = E;,
c'est-à-dire T(E;) C Fn. L'application linéaire TIE, : E; -+ Fn est a lors conti-
nue car son graphe Gn est fermé et il suffit d'utiliser le théorème du graphe fermé
[27, corollaire 3.11.5] . Q.E.D.
On en déduit par exemple le coroll aire sui vant.
Corollaire 2.22.7 Soient X un espace localement compact dénombrable à l'infini
et Y un espace localement compact, une application linéaire T : e0 (Y) -+ e0 (X)
est continue si, et seulement si, pour tout compact L C Y, il existe un compact
2.22 LIMITE INDUCTIVE 287

K C X tel que T(eL(Y)) C eK(X), l'application linéaire


TleL(Y) : eL(Y)---+ er<(X)
étant continue.
On peut défi nir une topologie forte sur l'espace l\IJ(X) en tant que dual de
l'esp ace e0 (X). On rappelle que, si E est un e. l.c . séparé, la topologie forte sur E'
est la topologie de la convergence uniforme sur tout borné de E ; cette topologie
est définie par la famille de semi-normes l •ll B où B décrit l'ensemble des bornés
deEet
\\x'\ls = sup 1 < x', x > 1, x' E E'.
x EB
La topologie forte est plus fine que la topologie faible a(E', E) ; toute parti e for-
tement bornée du dual E' est faiblement bornée. Le corollaire 3.16.4 de [27] se
généralise alors comme suit.
Théorème 2.22.8 Soit E = lim indiEI E i une limite inductive d'espaces de Fré-
chet, on suppose E séparé. Soit A une partie de E', alors Les propriétés suivantes
sont équivalentes.
1. A est faiblement borné, c'est-à-dire pour la topologie a(E', E).
2. A est équicontinu.
3. A est fortement borné.
4. A est faiblement relativement compacte.
Nous utiliserons le lemme suivant.
Lemme 2.22.9 Soient E = lim ind iEI Ei une limite inductive d'e.L. c., Fun e. l.c.
et A C L(E; F) un ensemble d'applications linéaires continues de E dans F; on
pose A; = {Tl E , ; T E A} C L(Ei; F). Alors, A est équicontinu si, et seulement
si, A i est équicontinu pour tout i.
Preuve Supposons A équicontinu , pour tout voisinage V de 0 E F, il existe un
voisinage W de 0 E Etel que T(W) C V pour tout T E A, d'où Ti (WnEi ) C V
et ceci prouve l'équicontinuité de Ai.
Réciproquement, supposons les ensembles A i équicontinus. Soit V un voi si-
nage convexe équilibré de 0 E F, alors wi = n TEAr i- l (V) est un voisi nage de
0 dans Ei. Posons w = n TEA r - 1 (V), alors w est un ensemble convexe équili-
bré et W n Ei = Wi ; d 'après la proposition 2.22.2, West un voisinage de 0 E E
et ceci prouve l'équicontinuité de A. Q.E.D.
Preuve du théorème 2.22.8 1 =? 2 On suppose A faiblement borné, c'est-à-
dire supx' EA 1 < x', x > 1 < oo pour tout x E E, alors Ai C E~ est faiblement
borné, donc équicontinu d 'après la proposition 3.12.8 de [27] e t A est équicontinu
d'après le lemme précédent.
2 =? 3 d'après la proposition 3.12.2 de [27].
3 =? 1 comme nous l'avons indiqué ci-dessus.
4 =? 1 car, dans un e.l.c., toute partie relativement compacte est bornée.
2 =? 4 Il s'agit de reprendre sous une forme légèrement diffé rente le raisonne-
ment du théorème d' Alaoglu [27, théorème 3. L6.2]. Soit A une partie équicontinue
288 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

de E' , a lors l'ad hérence A de A dans l'espace :f8 (E; IK) est contenue dans E' et
est équicontinue [27, proposition 3. 12.3] ; A est donc l' adhérence faible de A et,
A étant faibl ement borné, il en est de mê me de A . Il résulte alors du théorème de
Tycho noff que A est une partie compacte de l'espace :f8 (E;IK), donc de E~ et
cec i prouve que A est fa ible ment relativement compact. Q.E.D.
Dans le dual de telles 1imites inducti ves, on parlera do nc de parties bornées
sans préc iser s' il s'agit de la topo logie faib le ou de la topologie forte. En par-
ticulier, to ut ensem ble borné de mesures de Radon est vaguement re lativement
compact. On peut donner un critère simple de métrisabilité des ensembles bor-
nés qui repose sur le lemme suivant et qui est une conséquence immédiate de la
proposition 3. 12.5 de [27].
Lemme 2.22.10 Sail E un e. l.c. séparé er séparable, sur toute partie équicontinue
de E' la lopologiefaible a-(E', E) est métrisable.
Lemme 2.22.11 Sail X un espace localement compact dénombrable à l'infini mé-
trisable, alors l 'espace e0 (X) est séparable.
Preuve L'espace X peut s'écrire comme la réunion d ' une s uite (On) d'ouverts re-
lativement compacts te lle que O n C On+ l pour tout n . Soit K une parti e compacte
de X, il existe n te l que K C On ; l' espace de Banach eK(X) s' identifie alors à un
sous-espace de l'espace de B anach eu( On) qui est séparable [27, exerc ice 3.25.2] .
Il en résu lte que les espaces CK(X) sont séparables. Posons Kn = On, la form ule
(2 .22.3) montre a lors que l'espace e0 (X) est séparable: si Dn est un e ensemble
dénombrable den se dan s eK,. (X), l'ensemble dénombrable D u~=O D n est
dense dans eo(X). Q.E.D.
On en déduit la
Proposition 2.22.12 Soit X un espace localement compact dénombrable à l 'infini
métrisable, alors sur tout ensemble borné de mesures de Radon sur X la topologie
vague est métrisable. En particulier, toute suite bornée de mesures de Radon sur
X admet une sous-suite qui converge vaguement.
Preuve En effet, toute partie bornée de M(X) étant équicontinue d ' après le théo-
rème 2.22 .8, il suffit d'appliquer les deux lemmes qui précèdent. Q.E.D.
Exercice 2.22.2 Soit X un espace localement compact dénombrable à l' infini métrisable et soit
( Àn) une suite bornée de mesures de Radon réelles bornées vérifiant la condition de Prokhorov (2.21.2)
de l'exercice 2 .2 1.5. Montre r qu ' il ex iste une sous-suite (.\nk ) convergeant étroitement.

La topolog ie de l'espace e0 (X) est séparée et induit sur chaque sous-espace


eK(X) la topologie initialement donnée ; ces deux propriétés peuvent être en dé-
faut pour une limite inductive générale. Ceci conduit à dé finir une catégorie parti-
culière de limite inductive que nous all ons étud ier.
On se donne un espace vectoriel E et on suppose que E est la réunion d'une
suite croissante (En) de sou s-espaces vectoriels, chaque En étant muni d' une to-
pologie 'In d'e. l.c . On munit E de la topologie limite inductive définie par cette
2.22 LIMITE INDU CTIV E 289

sui ce de sous-es paces. O n dit a lo rs que cetce limite inducti ve est scri cte s i
(2.22.4) En est fe rmé da ns En+l
et
(2.22.5) la topo logie 'Jn+l indui t s ur En la topolog ie 'Jn .
Par exem ple, la limite inducti ve (2.22.3) es t stric te.
Théorème 2.22.13 So it E = lim indn-+oo E.n une limite inductive stricte, notons
'In La topologie de En et 'J celle de E.
/.La topologie 'J induit la topolo[?ie 'In sur En.
2. Si les topologies 'In sont séparées, la topologie 'J est séparée.
3. Les sous-espaces En sont fermés dans E.
4. Une partie B de E est bornée dans E si, et seu lement si, elle est contenue
et bornée dans l 'un des sous-espaces En.
5. Une suite (xJ) de E converge vers x E E si, et seulement si , il existe n tel
que En contienne la suite (x j) et x, la suite (x:j) convergeant vers x dans En.
No us utili seron s le le mm e sui vant.
Lemme 2.22.14 Soient E un e. l. c., F un sous-espace vectoriel fermé et
a E E - F, alors si V est un voisinage convexe équ ilibré de 0 dans F, il existe un
voisinage convexe équilibré W de 0 dans E tel que
a rf. W et V = W n F.
Preuve Il ex iste un vo isinage W 1 E V E( O) te l que V = W 1 n F e t un vois-
nage convexe équil ibré W 2 E V E( O) te l que lV2 c W 1 . N otons W 3 l' e nvelo ppe
convexe de V U W 2 ; l'ensemble V U W2 étant équil ibré, W 3 es t é quilibré [27,
exerc ice 3. 14.2).
On a év idemme nt V C W 3 n F, mo ntrons qu ' on a e n fait l'égalité. To ut po int
:r: E W3 s'écrit x = ty + (1 - t) z o ù 0 ::; t ::; 1, y E W 2 et z E V ; s i x appa rtient
à F, a lors ty E F donc, ou bie n t = 0 a uqu e l cas x = z E V , ou bi en y E F
auquel cas y E W 2 n F C V e t x E V, V é ta nt convexe. Cec i pro uve le rés ulta t
a nnoncé.
Le sous-espace F é ta nt fe rmé, il ex iste un vo isinage convexe équilibré
W 4 E 'VE(O) te l que (a + W 4 ) n F = 0, c'est-à-dire a rf. F + W 4 . O n pose
a lo rs W = W 3 n (F + W 4 ) ; West un vo is inage convexe équilibré de 0 E E e n
tant qu ' inte rsecti o n de de ux voi sinages co nvexes équilib rés ; W ne co ntie nt pas le
po int a et
Q .E.D.
Preuve du théorème 2.22.13 1. La topologie 'J ind uit sur En un e to po log ie
mo ins fi ne q ue 'Tn d 'après la continuité de l' injection ca nonique de En da ns E.
[nverseme nt, so it Vn un voisinage convexe équil ibré de 0 dans En ; vu les hy-
po thèses (2.22.4) et (2.22 .5), le le m me 2.22.14 montre q u' il ex is te un vo is inage
co nvexe équili bré Vn +l de 0 dans En+ I te l q ue Vn = En n Vn+ l e t, par récur-
ren ce, un voisinage convexe équilibré Vn +k de 0 da ns En+k te l que
Vn+k - 1 = En+k - 1 n Vn +k pour to ut e nti er k 2: L
290 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Alors V = U~ o V,,+k est un ensembl e convexe [l a suite (Vn +k) est une s uite
croissan te de convexes] éq uilibré et c'est un voisinage de 0 E E d'après la propo-
sitio n 2.22.2 car V n En+k = Vn+k pour k ::'.'. 0 et E est la limite inductive de la
s uite (En+kh?. O· Étant do nn é que Vn = V n E"' Vn esl un vo isinage de 0 E En
pour la to pologie induite par celle de E, ce qui prouve la résultat vo ulu .
2. On vérifie que l'ensemble {O} est fermé, ceci prouvera que l'espace E est
séparé [27 , exerc ice 12.3]. Soit x E E un poinc adhérenc à {O} ; il ex iste n tel que
x E En , alors x est ad hérent à {O} dans En d ' après 1., d ' où x = 0 vu que En est
séparé.
3. Soit a E E - En, montrons que E - En est un voisinage de a ; cec i prouvera
que En est fermé dans E. li ex is te un entier k :2: 1 te l que a E En+k e t, En étant
fermé dans En+k> un voisinage convexe équilibré V.i+k de 0 dans En+k rel que
(a+ Vn+k) nEn = 0. D' après la démonstration de 1., il existe un voisinage convexe
équilibré V de 0 dans E tel que Vn+k = En+k n V, d'où (a+ V) n En = 0 et le
résultat vo ulu .
4. Une partie bornée de En es t bornée dans E d 'après la continuité de l' injec-
tion canonique de En dans B.
Réc iproquement, so it B une partie bornée de E et s upposons B et., En que l
que soi t n. Par récurrence, on pe ut a lors construire une suite (xk) de B el une
sous-suite (En, ) telles que x1,; E En,_+1 - En,.. Soit (ék) une suite de réels > 0
convergeant vers 0, d'après le lemme 2.22. 14 il existe des vo isinages convexes
éq uilibrés V1,; de 0 dans E"" tels que
C/,; X J,; rf_ Vi+i et Vi = Vi+1 n En,..
L'ensemble V = Ur'= oV1,; est alors un voisinage convexe équilibré de 0 dans E
car E esc la limite inductive de la suite (En,) et ce voisinage ne conti ent auc un
E1.:X1.: alors que la suite (Ek.Tk) converge vers 0, la suite (x 1J étant bornée . Ceci
prouve qu'il ex iste un enti e r n te l que B C En et Best une partie bornée de En
d'après 1.
5. La condition est év idemme nt suffisante vu la continuité de l'injec ti on cano-
nique de En dans E. Réc iproquement, une suite (xj) convergente étant bornée,
il ex iste un sous-espace En conte nant la suite (xj) et sa limite x; la suice (xj)
converge alors vers x dans E n d'après l . Q .E.D .
En parciculier, si X est un espace localement compact dénombrable à l' infini ,
une partie B de l'espace t:'. 0 (X) esc bornée si, et seulement si, il existe un compact
J( c X tel que toutes les fo nctions de B aient leur support contenu dans J( et
sup<pEB ll'Plloo <OO .
Exercice 2.22.3 Soit E = lim indn--+oo En une limite inductive stri cte d'e.l.c.
1. Si les espaces En sont séque11ticllement complets, montrer que E est séquentielle ment co mpl et.
2 . Si la s uite (En) est s1ricteme nt croissante, montrer quel 'espace E n' est pas un espace de Baire.
3. En déduire qu ' une limite inductive stricte d'une suite st rictement croissante d'e.l.c. séquentie l-
lement complets ne pe ut être métrisable.
Exercice 2.22.4 Espaces de Silva Soi t E un espace vectoriel réunion d' une suite cro issante (En)
de so us-es paces vectoriels, chaque E ,, est supposé muni <l ' une structure d'espace normé telle que les
2.22 LIMITE INDUCTIVE 29 1

injec li ons canoniques de En dans En + Lsoicnl compacl es ; la limile inducli ve E = lim indn -+= E .,,
es1 a l ors appelée un espace de Sil va.
1. (Ques1ion prél iminaire) Soien l E un e.l.c. séparé, B une panic convexe bornée éq uilibrée el F
le so us-espace vectoriel engendré par B.
a. M ontrer que Best une parli e absorbante cle F'.
b. M ontrer que la jauge j : F --+ IR+ de B est une norme sur Fel, F é1anl mun i de celte norme ,
que l ' inj ec1ion canonique de F dans E est co ntinue.
c. On suppose que E est un espace normé el que B est une parlie co mplèle de E, montrer que
F' es t un espace de Banach.
On suppose déso rmai s que E = lim ind n -+oo E n esl un espace de Sil va.
2. Monlrerqu ' il ex iste une suile (F ,, ) d 'espaces de Banach telle que E ,., C F,., C Er<-1-l avec des
inj ec1 ions cano niques cont inues el la boule uni lé de J<'n é1an1 compac1e dans En + 1 [soient Bn la bou le
unil é de En. B,.. son ad hérence dans E n+ L, prendre pour espace Fn l'espace vec1oricl engendré par
Bn muni de la j auge de B.,,].
3. Montrer qu' une panie A de E esl fermée si, et seulement si, A n E ,, est fermé dans En pour
tout n [pour démontrer que la condi1i on esl sufll san1e, si A n F,, est fermé dans Fn pour toul n el
si x rf. A , il ex iste un entier n lei que x E Fn, conslru ire al ors une suile croi ssanle (Vn +kh >o
de voisinages convexes éq uili brés de 0 dans Fn+ k telle que (x + Vn+d n A = 0, Vn+k élant
compact dans Fn +k+I· vérifier ensuite que V = U%°=o Vn+k esl un voisinage de 0 dans E tel que
(x +V) n A = 0]
4. En déduire que tout espace de Si l va E es t séparé el qu ' une partie A de E es t fermée si, el
se ul e ment si, ell e est séq uenliell emenl fermée.
5. M ontrer qu ' un ensemble B C E est borné si, et seul ement si, il esl con1enu el born é clans l ' un
des E n [pour démontrer que la con di1i on est nécessaire, on noie B n la boule unilé de Pn, on peut
supposer que Bn C B n+ I et on mont re qu ' il existe un enti er n lei que B C nB,, en raisonnant par
l 'abs urde ; il ex iste al ors une suite (x n ) de B telle que Xn </. nBn ; construire une suile de boules
fermées B ;, C Bn centrées en 0 E Fn et de rayon > 0 lelles que

Xn </. n ( B 0 + .. . + B~ ) po ur lout enlier n , k ;

utili ser alors le voi sinage de 0 r ( LJ~= O B~ ) ] . En déduire que toute panie bornée de E est relati vemen l
co mpacte.
6. M ontrer qu ' une suite (x 1 ) de E converge vers x si , et se ulemenl si, il existe n lei que En
contienne la suite (x 1 ) et x, la suile (x 1 ) convergeant vers x dans En .
7. Si l 'es pace E est métrisable, montrer que E est de dimension finie [so i1 (Vi,;) un systè me
fondamenlal dénombrable décroissant de vo isin ages de 0, on noie B n la boule uni lé de E n et on peul
supposer que Bn C B n+ I ; on suppose qu'aucun voi si nage Vk n' est borné, donc Vk <t nBn pour
lout k el tout n ; en déduire des Xn ,k E Vk tel s q ue Xn ,k </. nBn ; on pose X n = Xn ,n, montrer que
la suile (xn) co nverge vers 0 al ors qu'elle n ' es1 pas bornée ; concl ure avec le coro llaire 3. 7.5 de (27]].
8. Soit X un ense mbl e dénombrable, muni de la topologie di scrète X esl un espace localement
compact dénombrable à l ' infini . Montrer que l a topol ogie de l'espace eo(X ) esl la topologie d 'e.l.c.
défi ni e par la famille de 1outes les semi -normes sur eo(X) [27, exercice 3. 15.5] e1 que cet es pace est
un espace de Si l va qui est métri sable si, et seulement si, X est fi ni.
Note En prenant X = Nn , l'espace eo (N"') s' idenlifie na1urellemen1 à l 'espace vecto riel E = JK(x]
des poly nômes à n indéterminées x = (x 1, . .. , Xn) el si Ek esl le so us-espace des pol ynômes de
deg r é :::; k , sous-espace de dimen sion finie q u'on muni! de sa topologie canonique d'espace de B anach,
on a alors E = lim indk -+oo Ek ; cel espace E est un es pace de Silva non métri sable el le dual E~
est i somorphe à l 'espace OC (N" ) muni de la topo logie produit d'après l 'exercice 2.2 1.2, espace qui
s' ide n1ifi e naturellement à l 'espace vec lori el F = OC [(x]] des séries formelles à n indétermi nées. Si
P = L a EN" p 0 x" esl un pol ynôme ({ a E N"; P<x # O} est fini) el si Q = L aE N" q 0 x °' est une
série formel le, le crochet de dualité en1re les espaces E et F s'éc rit d' après l'exercice 2.2 1.2

< P, Q >= L P 0< Cf et ·


0 EN'11
E - Produit d'espaces mesurés

2.23 Mesure produit


Étant donné de ux espaces mesurés (Xi, 'J,,, µ ;), i = 1, 2, on se propose de cons-
truire une structure d'espac e mes uré sur l' ensemble produit X = X 1 x X 2 . Il
s'agit de cons truire une tribu 'J s ur X et une mesure µ : 'J ---t ÏR+ ; on sou-
haite que tout e nsemble de la fo rme A 1 x A 2 où Ai E 'Ji appartie nne à la tribu
'J et que µ(A 1 x A2) = µ 1(A 1) x µ 2(A 2) (on rappe lle la convention
0 x (+oo ) = (+oo) x 0 = 0): cette exigence est na turelle si l'o n se re fère
par exemple à la notion d 'aire dans le plan.
Afi n de simpli fie r l'ex. posé, no us no us limitons à l' étude du produit de deux
espaces mesurés ; l'ex.tensio n à un produit fi ni d'espaces mesurés ne présente pas
de d iffic ulté particulière et sera utili sée sans précision suppléme ntaire, n e serait-ce
que dans JR.n.
Si ei est un ensemble de parties de Xi, on pose
e1 x e2 = {Ai x A2 ; A; E e;}
et o n note e1 0 e2 la tribu e ngendrée par e l X e2. Le produit de de ux tribus n'est
qu ' une sem i-algè bre et on a plu s générale ment le
Lemme 2.23.1 Soit S; une semi-algèbre sur Xi, alors S 1 x S2 est une semi-algèbre
sur X.
Preuve Il est clair que (Si) est vérifié ; (S2 ) résulte de la formul e
(A1 x A2) n (B1 x B 2) = (Ai n B1) x (A2 n B 2).
Quant à (S3), X - A 1 x A2 est la réunion disjointe des de ux e nsembles
(X 1 - A 1 ) x X2 et A 1 x (X2 - A 2) et chacun d'eux s'écrit comme une réunion
finie d 'ensembles disjoints de S1 X 82 vu que si vérifie (S3). Q.E.D.
Cec i montre que 'J1 x 'J2 est une semi -algèbre et la tribu e ngendrée 'J1 0 'J2
est a ppelée la tribu produit.
Si A est une partie de X et ai un point de X;, la section de A selo n ai est notée
A(a1 ) = {x2 E X2 ; (a1 ,x2) E A} e t A(a2) = {x i E X1; (x1, a 2) E A }.
On a alors le
Lemme 2.23.2 Soit A E 'J1 0 'J2, alors
(2 .23. 1) A (a 1 ) E 'J2 et A(a 2 ) E 'J1.
2.23 MESURE PRODUIT 293

Preuve Notons ('; l'ensemble de toutes les parties de X vérifiant (2.23 .1). Il est clair
e
que con ti ent 'J1 x 'J2 et, l' application A H A(ai) commutant avec la réunion et
le passage au complémentaire, que e est une tribu. Il en résulte que cette tribu e
con tient la tribu 'J1 ® 'J2, ce qui prouve le lemme. Q.E.D.
Si A appartient à la tribu produit 'J1 ® 'J2, les appli cations
X1 E X1 H µ2(A(x1)) E iR+ et x2 E X2 f--1 µ 1 (A(x 2)) E iR+
sont donc bien définies . Lorsque A = A 1 x A 2 E 'J1 x 'J2, on a
µ2(A(x1)) = µ 2(A2) ll A1 (x1) etµ1(A(x2)) = µ1(Ai)nA 2 (x2) ,
d'o ù
J~, µ2(A(xi)) dµ1 j~
(2.23.2) µ 1(A1) x µ2(A2) = =
2 µ1 (A(x2))
Lorsque les mesures µi sont Œ-finies, nous allons montrer que ces intégrales con-
dµ2.

servent un sens pour to ut A de la tribu produit 'J1 ® 'J2 et définissent une mesure
sur cette tribu. A cet effet, nous utiliserons la notion de classe monotone. Un
ensemble M de parties d ' un ensemble X est a_ppe lé une classe monotone si, pour
toute suite (An) de M croissante ou décroissante, alors u~= O An ou n ~=O An
appartient encore à M.
Lemme 2.23.3 Toute tribu est une classe monotone et une classe monotone qui
est une algèbre est une tribu.
Preuve La prem ière assertion est évidente. QLJant à la seconde, soit M une classe
monotone, on s uppose de plus que M est une algèbre. Montrons que M est stable
par réunion dénombrable, ceci prouvera que M est une tribu . Soit (An) une s uite
de JY[, les e nsembles Bn = LJ;=oAp appartiennent à M car M est une algèbre
et, la suite (Bn) étant croissante, LJ~=O Bn E M, ce qui permet de conc lure étant
donné que LJ~=ü An = LJ~= O fln . Q.E.D.
L'intersection n iE/ M i de toute famille (Jvli)iEI de classes monotones est une
classe monotone ; étant donné un ensemble de parties('; C '.P(X), il existe donc
une plus petite classe monotone contenant e qu'on appelle la classe monotone
engendrée pare.
Proposition 2.23.4 Soit A une algèbre, la tribu engendrée par A coïncide avec la
classe monotone engendrée par A.
Preuve Notons 'Jet M la tribu et la classe monotone engendrées par A. Toute tribu
étan t une classe monotone, on a A c JY( c '.J. D'après le lemme qui précède, il
s'ag it donc de vérifier que M est une algèbre. Pour tout A E '.P(X), on pose
MA = {B E '.P(X); A - B E Met B - A E M} .
Il est clair que MA est une classe monotone et que, si A E A, a lors A C MA, d'où
M c MA. Ceci sign ifie que
(A E A et B E M) ====> B E MA.
On remarque a lors que B E MA équiva ut à A E JY(B et, par conséq ue nt, B E M
implique A C MB , d'où M C Ms ; cec i prouve que si A et B appartiennent à
294 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

M, a lors A E M 8 , c'est-à-di re A - B E M. On e n déduit que M est stable par


diffé rence, c'est donc une a lgèbre. Q.E.D.
Ceci va nous permettre d 'étab lir le résultat suivant.
Proposition 2.23.5 Soient (Xi, T ;, µ;), i = 1, 2, deux espaces mesurés a-finis,
alors pour tout A E 'J1 0 'J2 les applications
x 1 E X1 >-1 µ 2( A( x1)) E ÏR+ et X2 E X 2 >-+ µ1(A(x2)) ER+
sont T 1-mesurable et T 2 -mesurable respectivement.
Preuve 1. Lorsque les mesures sont fi nies, soit M l'ensemble des A E 'J1 ® T 2
vérifiant les conclusion s de la proposition . Il est clair que M contient 'It x 'J2. Nous
a llons montrer que M est ur1e classe monotone contenant lalgèbre engendrée par
'J1 x 'J2. D' après la propos ition 2.23.4, cec i prouvera que M = 'J1 0 '.J2.
a. Montrons que M est une classe monotone. Soit (An) une suite croissante
(resp. décroissante) de M de réunion (resp. d ' intersection) A. Les suites (An (x 1 ))
et (An(x 2 )) de 'J2 et 'J1 sont croissantes (resp. décroi ssantes) de réunion (resp .
d ' intersection) A(x 1 ) et A(x2 ). D ' après la continuité supérieure (resp. intërieure)
des mes ures, on a
µ2(A(x1)) = lim JL2(An(x 1)) et µ1(A( x2)) = lim µ1(A n(x2 ))
n--+ oo n--+oo
et ceci prouve que A apparti ent à M .
b. Vé rifions e nsuite que M contient l'algèbre engendrée par T 1 x 'T2. D'après
les lemmes 2.1 .3 e t 2.23. 1, i 1 s'ag it de vérifier que A U B appartient à J\1 dès que
A et B so nt deux ensembles disjoints ap partenant à M. En effet, les e nsembles
A(x 1 ) et B(x 1 ) étant disjo ints, l'additi vité de la mesure µ 2 montre que
µ 2 ((A u B)(xi)) = µ2(A( x i)) + µ2(B( x i))
et ceci prouve que l' applica1ion x 1 >-1 µ2( (A U B)(x 1 )) est 'J1 -mes urable ; de
même, l' application x 2 >-+ µi((A U B)(x 2 )) est 'J2-mesurabl e et on peut donc
concl ure.
2. Dans le cas général, l'espace X ; est la ré union d' une suite croissante (X;n )
d'ensembles de 'I; de mesure finie. Soit T in la trace sur X;n de la tribu T ;, alors
'Jin x 'I2n est la trace s ur X1n x X2n de 'J1 x T2 et, d ' après le lemme 2.3. 1, la
tribu 'J1n 0 'J2 n est la trace de la tribu 'J1 @ T2. Considérons alors un ensemble
A E T 1 0 T 2 et soit An = .An (X 1 n x X2n). L'ensemble A est la réunion de la
suite croissante (An) et, d'aJJrès la continui té supérieure des mesures, on a donc
µ2(A(xi)) = lim JL2(An(x1))etµ1 (A(x2)) = lim µ1(An(x2))
n--+ oo n--+ oo
et il s'agit de vérifier la mesurabilité des fonctions x 1 >-+ µ 2 (An(xi)) et
X2 >-+ µ 1 (A 11 (x2)). Or, ces fo nctions son t nulles sur X 1 - X1n et X2 - X2n
et le urs res trictions à X ln e t X 2 n sont 'J111 -mesurable et 'I2n-mesurable d'après 1.
vu que An a ppartient à 'J1n 0 'J2 n. ce qui permet de conclure. Q.E.D .
Nous pouvons établir ma inte nant le théorème fo ndamental qui suit.
Théorème2.23.6 Soient (X;, T ;, µ ;), i = 1,2, deux espaces mesurés a -fini s,
alors il existe une unique m esure µ 1 ® µ 2 sur 'J1 0 'J2, appelée mesure produit,
2.23 MESURE PRODUIT 295

telle que
(2 .23.3) (µ1 ® µ 2)(A1 x A2) = µ1(A1) x µ 2(A2) pour tout A; E Ti .
En outre, pour tout A E T 1 @ T2 on a

(2.23.4) (µ1 ® µ2) (A) = ; · µ 2(A(x1)) dJL1 =


X1
jX2
µ1(A( x2)) dµ2.

Preuve Grâce à la propositio n 2.23.5 , on peut défi nir deux applicatio ns


v i : 'J1 ® 'J2 --+ i:+ par

v1(A) = 1 · µ 2(A(xt))dµ1etv2(A) = 1 · µ 1 (A(x2))df.1,2·


x, ~

Il s'agit de deux mesures. En effet, o n a év ide mment v1 (0) = 0 e t, s i (An)


est une suite d'ensembles de T 1 ® T 2 disjoints deux à deux et de réunion A,
alo r s (An(.r 1 )) est un e s uite d'ensembles de T 2 disjoints de ux à deux de réunion
A(x1), d'où µ 2(A(xi)) = L:::°= 0 µ2(An(x 1 )) d'après la cr-add itivité de µ 2 et
v 1 (A) = L ~= D 1/1 (An) d'après le corollaire 2.9.2 . On vérifie de même que v2 est
une mesure.
Les mesures v i prolongent l'app licatio n J.L : A 1 x A 2 H µ 1 (A 1 ) x µ 2 (A 2 )
qui est donc une mesure s ur la se mi -algèbre 'J1 x 'J2 e t cette mesure est cr-fi nie.
D ' après le théorème 2.2.8, les mesures v 1 et v2 sont égales e t constituen t l' unique
mesure pro lo ngeant µ à la tribu 'J1 ® 'J2 , ce qui prouve le théorème. Q .E.D.
D'après le théorème 2.2.3, la mesure µ 1 ®µ2 est la restrictio n à la tribu 'J1 ® 'J2
de la mesure extérieure
OO

(2.23.5) µ*(A) = inf"' µ1(A 1n) X µ2(A2n)


'.R ~
n=O
où ~dés i gne l'ensemble de tous les reco uvreme nts dé nombrables de A par des
ensembles de la forme Ain x A2n E 'I1 x 'J2.
Étan t donné de ux espaces mesurés cr-fi ni s (X;, 'Ji, µ ;), no us avo ns donc défini
une structure d 'espace mesuré sur X 1 x X 2 , à savoir l'espace mesuré
(X 1 x X 2 , 'J1 ® 'J2 , µ 1 ® µ 2 ). Lorsq ue l'une des mesuresµ; n'est pas cr-fin ie,
le théorème peut être e n défaut (exerc ice 2.25. l ) et dans tout ce qui s uit les me-
sures sont supposées cr-fi ni es.
Corollaire 2.23.7 Soit A E 'J1 ® 'J2, alors les propriétés suivantes sont équiva-
lentes.
/. A est de µ 1 ® µ2-mesure nulle.
2. A(x t) est de µ 2-mesure nulle pour presque tout x 1 E X 1 .
3. A(x2 ) est de µ 1 -mesure nulle pour presque tout x2 E X2.
Remarque 2.23.1 Soie nt µi, vi : i:+ des mesures a-fi nies, alors
'Ji --+
(µ1 + v1) ® (µ 2 + v2) = µ1 ® µ 2 + /L1 ® v2 + //1 ® µ2 + V1 ® //2.
En effet, les de ux membres de ce tte égalité so nt des mesures cr-fi ni es qui coïncident
sur la sem i-algèbre 'J1 x 'J2.
296 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Exercice 2.23.1 Soient (X, '.T, µ ) un espace mesuré u-fi ni , '.!3 la tribu boré lienn e de IR, v : '.!3 -+ lR+
la mesure de Lebesgue et J : X -+IR une fonct ion 'J-mesurab le.
1. Momre r que la fonc ti on (x, y) H y - f(x) est 'J © '.!3- mesurable et en déduire que le graphe
de f appartient à la tribu 'J © '.!l et est deµ © v- mesure nulle .
2. Si f est positive, montrer que A = { (x, y) E X x IR:.; 0 :::; y :::; / (x)} appartient à la tribu
'.T 0 '.!let que(µ 0 v)(A) = fx f dµ .
L'espace mesuré produit n'est pas en général complet, même lorsq ue les es-
paces facteurs le sont. Par exemple, prenons (Xi, 'Ji ,µ.;) = (E.,L,µ) où
µ : L --+ iR+ est la mesure de Lebesgue, alors l'espace mesuré (~ 2 , L 0 L, /t 0 µ)
n'est pas co mplet. En effet, soit A E '.P(IR) un ensemble non Lebesgue- mesurable
(exercice 2.3.7), alors l'ense mble A x {O} n' appartient pas à la tribu L ® L d' après
le lemme 2.23.2 bien qu ' il soit contenu dans l'ensemble IR x {O} qui appartient à
L x Let qui est deµ 0 µ-mesure nulle. On notera donc 'Ji 0 'J2 la tribu complétée
de la tribu 'J1 0 'J2 pour la mesure µ1 0 µ2 et µi 0 µ 2 l'unique mesure sur cette
tribu qui prolonge la mesure µi Q9 µ 2 , Avant de compléter la tribu 'Ji 0 'J2, on peut
au préalable compl éter les tribu s 'Ji ; cec i conduit au même espace mes uré produit
d'après le lemme suivant.

Lemme 2.23.8 On a Ti ©'J2 = 'Ji !Zl'J2 et µ1 0 µ2 = 7J, 1©µ, 2.


Preuve Soit A E 'J1@'.Jz, alors A = BUN où N c C, B ,C E 'Ji 0 'J2 et
(µ 1 @ /J, 2)(C) = O. li en résulte que B, C E '.J\ Q9 T 2 ; on observe ensuite que les
mesures µ 1 0 µ 2 et µ1 0 µ, 2 coïnciden t sur la semi-algèbre 'J1 x 'J2, donc sur la
tribu engendrée 'J1 0 'J2 (théorème 2.2.8) et par consé- quent (µ 1 0 µ2 )( C) = O.
Ceci prouve que A E '.J\ ©'f2 et que (µi 0 µ 2)(A) = (Jii ©Ji2)(A).
Inverseme nt, montron s que T 1 x T 2 C 'J1 Q9'J2. Soit A E Ti x T 2, alors
A = (A 1 u Ni) x (A 2 U N 2 ) où N; c B.;, Ai , B; E T; et µi(B ;) = O. Il en résulte
que A = (Ai x A 2) U N où Ai x A2 E 'J1 x 'J2 et
N = (A1 X N2) u (N, X A2) u (Ni X N2)
est conten u dans un ensemb le de 'J1 Q9 'J2 de µ 1 Q9 µ 2-mesure ~ull e..:_ Cec i prouve
que A E 'J1 Q9'J2 , d'où l' inclusion an noncée; on e n déduit que 'Ji 0 'J2 C 'J1©'J2.
De plus, o n a
(Jii 0 ]12)( A) = Jii (A1 U N1)7J,2(A2 U N2) = µ, (A1)µ2(A2) = (µ1 181µ2)(A) ;
autrement dit, les mesures µ 1 &i iJ,2 et µ 1© µ2 coïncident sur la semi-algèbre 'J 1 x'J2,
donc sur T 1 0 T 2 (théorème 2.2.8). On en déduit T 1 0 T 2 C 'J1 ©'J2 d' après la
caractérisation de l'espace mesuré complé té (théorème 2.2.10), ce qui permet de
conclure. Q.E.D.
Lorsque A appartient à la tribu complétée 'Ji 0 'J2, il faut substituer au lemme
2.23.2, à la proposition 2.23 .5 et à la formule (2.23.4) la
Proposition 2.23.9 Soit A un ensemble appartenant à la tribu 'Ji©'J2.
1. L'ensemble A(xi) appartient à la tribu T2 pour presque tout x 1 et A(x 2 ) à
la tribu T 1 pour presque tout x2.
2.24 LE THÉORÈME DE FUBINI 297

2. Les fonctions x 1 >--+ p;2 (A(x 1)) et x2 r+ µ; 1(A( x2) ), qui sont donc définies
presque partout, sont µ 1-rnesurable et µ 2-mesurable et on a

(µ1 ® µ2)(A) = ; · ïi 2 (A(x1))dµ .1 = ( µ1 (A( x2 ))dµ2.


x, l x2
Preuve Raisonnons par exe mple s ur les sections A(x 1 ).
L L' ensem bl e A pe ut s'éc rire B U N où N C C, B, C E T 1 0 T2 et
(µ 1 0 µ 2)(C) = O. On a a lors A(x 1) = B(x1) U N( x i) où N(:r; L) C C(x1)
e t B (.r 1 ), C(x 1 ) a pparti e nne nt à T 2 d 'après le lemme 2.23.2. D 'après le coroll a ire
2.23.7, µ 2 (C(xi)) = 0 pour presq ue tout x 1 e t cec i prouve que N(xt) est µ 2 -
négligeable pour presque tout x 1 ; o n e n déduit que A(xt) E T2 pour presque tout
X1.
2. Ce qui précède mo ntre e n o utre que La fo nctio n défin ie presq ue partout
x 1 r-t µ; 2 (A(.r 1 )) est égale presque partou t à la fonction x 1 >--+ µ 2( B (x i)). On
e n déduit que la fonction X t >--+ µ; 2 (A(x 1 )) est µ 1-mesurable et que

j . ï1
X1
2(A(x1)) dµ1 = ; · µ 2(B(x1))
Xi
d~t1 = (µ1 l/9 µ 2)(B) = (µ1 0 µ 2)(A),

ce qui prouve le résultat voulu. Q.E.D .

2.24 Le théorème de Fubini


Aya nt défini une structure d'espace mesuré produit, il s'agi t ensui te d'établir des
c ritères d'intégrabilité par rappo rt à la mesure prod uit et de donner des métho des
de calcul des intégra les s ur l' espace produit.
Voici d' abord une re ma rque pré limina ire cDncern ant les fo ncti o ns définies pres-
que partout. Si f : X 1 x X 2 -+ Y est une fonction dé fini e presque pa rt o ut à va le urs
dans un ensembl e Y , il ex iste un e nsemble A E T 1 1/9 T2, (µ 1 © µ 2)(A) = 0, tel
que f soit défini s ur X 1 x X 2 - A ; o n e n déduit que la fonction f (., x 2 ) est bien
définie sur X 1 - A(x2 ) , donc presque parto ut pour presq ue tout x 2 E X 2 d'après
le coro llaire 2.23.7. De mê me, la fonction f (xi, .) est définie presque partout pour
presque tout x 1 .
En ce qui concerne la mesurab ilité, on a alors la

Proposition 2.24.1 / . Soient (Xi , Ti), i = 1, 2, deux espaces m esurables, Y un


espace topologique et f: X 1 x X2 -+ Y une application T 1 @T2-mesurable a lors,
pour tout x.; E Xù les applications partielles j (. , x 2) et f (xJi . ) sont respective-
ment T1 -mesurable et T 2-rnesurable.
2. Soient (Xi, Ti , µ .;), i 1, 2, deux espaces mesurés CJ -.finis et
f : X 1 x X2 ---+ IR (o u E), E étant un espace de Banach, une application définie
presque partout µ 1 0 µ 2-mesurable, alors l 'application f (. ,x2 ) (resp. f (x 1 , . ))
est µ 1 -mesurable pour presque tout X2 (resp. JL2-mes11rable pour presque tout x 1 ).
298 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve l. Soit 0 un ouvert de Y, alors A = f - 1(0) E 'Ji ® 'J2 et


(f(. ,x 2)) - 1(0) = A(x 2 ) ; vu le lemme 2.23.2, l' applicati on f( . ,x 2 ) est 'J1-
mesurabl e. On vérifie de mê me que l'applicati on f (x 1, . ) est 'J2- mesurable.
2. Si f : X 1 xX2 --+ i (ou E) est une fo nction défini e presque parto ut µ 1® µ 2-
mesurable, il ex iste une sui te f n : X 1 x X 2 --+ lR (ou E) de fonctio ns 'J1 ® 'J2-
é tagées qui converge presque partout ve rs f. Il e n résulte que la suite (fn ( . , x 2 ))
conve rge presque partout vers f( ., x2) pour presque tout x2 : en effe t, si A E
'J1 ® T2, (µ 1 0 µ 2 )(A) = 0, est tel que f soit bien définie sur X 1 x X 2 - A
et que la suite (f11 (x 1,x2) ) converge vers f(x1,x2) pour x E X1 x X2 - A, la
s uite (f11 (. ,x2 )) converge vers f( . ,xz ) sur X 1 - A(xz). Pour conclure, il suffit
de rema rquer que, si <p = Li EI a; ll A , est une foncti o n 'J1 Q9 'J2-étagée, alors
<p( . , x2) = L iE I a ,i nA,(x2) ( . )est une foncti on 'J1 -étagée d 'après le lemme 2.23.2.
De mê me, on vérifi t: que l(x 1 , . ) est µ 2-mesurable pour presque tout x 1 E X 1 .
Q.E.D.
Veno ns-en au théorème fo nda mental de F ubini . Les intégrales par rapport à la
mesure µi Q9 µ2 seront notées Jx 1 xx, f (xi, x2) dµi Q9 dµ 2 ou Jx, xx 2 f dµ1 ® dµ2
ou plus simplement fx 1 xx 2 f dµ1 dµ z .
Théorème 2.24.2 Fubini / _Soit f : X1 x X2 --+ i + une application 'Ji ® 'J2 -
mesurable, les applications

}~
(2.24.1) X1 E X1 >--+
2 f( x 1,x2 )dµ2 E i°R+,

(2.24.2) X2 E X2 >--+ f f(x1 , x2) dµ1 E iR+


lx,
sont T1 -mesurable et 'J2-me.surable respectivement et on a dans i+

(2.24.3) ; ·, r

x, x X2
f dµ1 dµ2 = ; ·, (
X1
r, f
l x2
dµ2 ) dµi = ; · (;·, f dµ 1) dµ 2.
X2 x,
2. Soit f : X 1 x X2 ---7 i"R+ une f onction définie presque partout µ 1 ® µ z-
mesurable, alors l 'application définie presque partout (2.24. l) (resp. (2.24.2)) est
µi- mesurable (resp. µz- mes urable) et on a encore (2.24.3).
3. Soit f : X 1 x X 2 -1 iR (ou E), E désignant un espace de Banach, une
fonction définie presque partout µ 1 ® µ 2-mesurable.
a. La fonction f est µ 1 Q\I µ2-intégrable si, et seulement si, l 'une des intégrales
répétées

est finie.
b. Si f est µi 0 µ2-in tégrable, la fo nction f (. , x2) ( resp. f ( x 1, . )) est JL i -
intégrable pour presque tout xz ( resp. µz- intégrable pour p resque tout xi), les
fonc tions définies presque partout

x1 >--+ ; · f( x 1, x2) dµ2 et x2 >--+ ; · f(xi , x2) dµi


X2 X1
2.24 LE THÉORÈME DE FUBINI 299

sont respectivement µi-intégrable et µ 2 -intégrable et on a touj ours (2.24.3) dans


IR (0 11 E).
Preuve 1. Lo rsque f est la fonction carac té ri stique d' un ensemble A E 'J1 0 'J2 ,
le théorè me résulte de la propos iti o n 2.23.5 et du théorème 2 .23.6. Par 1inéarité,
le théorè me est donc vrai pour toute fo nct io 11 'J1 Q9 'J2-étagée positive. Dans le
cas gé néra l, s i f est une fonction 'J1 Q9 '.f2 - mesurable positive, il ex iste une suite
cro issante Un) d e fonctions 'J1 ® 'J2-étagées positives qui conve rge vers f. La s uite
Un (x 1 , . )) est une suite croissante de fo nction s 'J2 -étagées positives qui converge
ve rs f( x 1 , . ) ; d'après la dé finition mê me de l' intégrale, o n a

f f dµ 2 =
JX 2
lim
n --+CXJ
1· X2
fn dµ 2.

Ceci prouve que la fonction x 1 ri fx f( x 1 , x 2 ) dµ 2 est 'J1 -mesurable e t, la li-


2
mite ci-dess us é tant la limite d ' une suite cro issante, le théorème de la conve rge nce
mo n otone mo ntre que

;~ 1 (j~2 f dµ2 ) dµ1 = nl~~ fx 1


(L 2
f n dµ 2) dµ1

où cette derni è re intégrale est égale à


"-' I X..-\... 2
_.
J,,
v f n dµ 1 dµ 2, le théorè me étant acquis
J \.

po ur les fonctions étagées pos itives. D 'après la dé finiti o n même de l' intégrale, on
en d éduit la pre mière égalité (2.24 .3) e t o n vérifie de mê me la seconde.
2. Notons d 'abord que les applications (2.24.1) et(2.24.2) sont dé fini es presq ue
partout d ' après la proposition 2.24. 1 2 . D 'après la proposition 2.8.9 , il ex iste une
fonction g : X 1 x X 2 --+ "i+ parto ut défL11ie 'J1 0 'J2- mes urable te lle que f = g p.p ..
On a
f f dµ1 dµ2 = ; · gdµ 1 dµ2.
Jx1 x X 2 X1 xX2
et f (x 1 , . ) = g( x 1 , .) p.p. po ur presque tout x1, d' où

j . f( x 1,
.X~2
x2) dµ 2 = j
)( 2
g(x1 , x2 )dµ 2 pour presque tou t x 1 ;

l'application x 1 r i fx 0 g( x 1 , x 2 ) dµ 2 é ta nt 'JL -mesurable d 'après 1. , l'application


(2 .24. I) est µ 1 - mesurable e t

jx,'r (fr fdµ 2)dµ] = fr (j, gdµ 2)dµ1 ;


l x2 l x. 1 X. 2
ceci prouve la pre mière égalité (2.24.3), la formule étant acquise pour g d 'après
1. ; la seco nde égalité se vérifie de la m ême fa çon.
3,a. Le critère d'intégrabilité résulte de 2. e t du théorè me 2.11.6.
b. On suppose d ' abord que f est une fon c tion 'J1 Q9 'J2-étagée intégrable,
soit f = LiETai Il A; o ù I est fini, ai E IR (o u E), Ai E 'J1 0 'J2 et
(µ1 0 µ2)(A i ) < oo. On a alors f( x 1, x2 ) = I iE Tai n A,(x t)(x2). D 'après
(2.23.4), la fonction x 1 H µ 2 (Ai(x i)) est µ 1 -intégrabl e, do nc finie presqu e par-
tout. li e n résulte que la fonction x 2 H f (xi, x2) est µ 2-intégrable po ur presque
300 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

tout x 1 et

j ·,
X2
f (x 1,x2)dµ 2 = l : a ,;µ 2(Ai(x 1 )) pourpresque to ut x 1 .
'i E /
Ceci montre que la fonction défi ni e presque partout x 1 H fx 2
f( x 1 , x 2) dµ 2 est
/J, 1 -intégrable et que

j ' (),\r.2
X,
f dµ 2) dµ1 = L ai( µ1 181 µ2)(Ai) = ; ·
iE l
'
X i x .X 2
f dµ1 dµ 2.

Dan s le cas général , d' aprè s le lemme 2. 11.7 il ex iste une suite Cfn) de fo nc-
tion s 'J1 0 'J2-étagées intégrables qui converge presque partout vers f te lle que
llfnll :S gp,p, où 9: X1 x X2--+ ÏR+ est une fonction intégrable. Ona alors
(2.24.4) ; ·
X1 XX 2
f dµ,1 dµ2 = litn r
n ----too } X1 x X 2
f n dµ1 dµ2.

La suite de fonction s x 2 i-t f n (x 1 , x 2 ) converge presque partout vers l a fonction


x2 i-t f( x 1, x2) pour presque tout x 1 et llfn(x1, •)Il :S g( x 1, . ) p ,p, pour presque
tout x1 , D'après 2, , la fo ncti on défini e presque partout x 1 r-t fx g(x 1 , x2 ) dµ 2 est
2
µ 1 -intégrable, donc fini e presque partout, ce qui signifie que la fonction
x 2 H g (x 1 , x 2 ) est M- intégrable pour presque tout x 1 . D 'après le théorème de
la converge nce dominée, on e n déduit que la fonction x 2 r-t /( x 1 ,x 2 ) est µ r
intégrable pour presque tout x 1 et

j'< f (x i , x2 ) dµ 2 = }~~ /'< f n(x 1, x2 ) dµ 2 pour presque tout x1 .


2 2

De plus, on a

ll 2
f n( x1 ,x2 ) dµ2ll :S /'< 2
g (x 1, x2) dµ2 pour presq ue tout x 1

et, la fonction défini e presq ue partout x 1 i-t f x ,, g(x 1 , x2 ) dµ 2 étant µ 1- intégrable,


le théorè me de la convergence dominée monire que la fo nction défini e presque
partout x 1 i-t j~ 2 J (xi, x2) dµ 2 est µ 1 -intégrable et que

Jx i
r (j' )(2
fdµ2 ) dµ1 = lim ; · (
n--+oo X1 Jx2
r fndµ2 ) dµ1 = lim r fndµ1d µ 2,
n----t o:J } X 1x X 2
le théorème étant acq uis pour d es fo nctions étagées intégrables. D 'après (2 .24 .4),
ceci prouve q ue

r, , f
J,\, x X 2
dµ1 dµ 2 = r, (lx2r, 1 dµ 2)
lx, dµ1

et la seconde formule s' obti e nt en permutant les indices 1 et 2. Q.E.D.


Dans la pratique, l' utili sat ion du théorème de Fubini est très simple : l' intégra-
bilité de f s'obtient en vérifiant que l' une des intégrales répétées de la fonction llf Il
est finie, on peut ens uite écrire (2.24.3). Précisons bien que pour vérifier l' intégra-
bilité, il est essentie l de cons idérer la fo nction Ilf Il : on peut donner des exemples
(exercice 2.24. 1) de fonction s f non intégrables pour lesq ue ll es les deux intégrales
répétées figurant dans (2.24 .3) existen t et sont égales .
2.24 LE THÉORÈME DE FUBINI 301

Exercice 2.24.1 Soit f : IR 2 - {O} --+IR la fonctim f (x , y) = xy(x 2 + y 2 ) - 2 . Calculer les


intégrales

L(f 1

1
L J(x , y) dx) dy et L(l
1

1 1
f (x, y) dy )dx

et montrer que f n'est pas intégrable sur [- 1, 1] 2 [on pourra calculer l' intégrale de f sur [ü, 1]2 ] .
Exercice 2.24.2 En utilisant la formule l/x = J0 00
e- t x dt (x > 0) et le théorème de Fubini ,
f 000 s in x/x dx.
calculer l'intégrale impropre

Le point 2. du théorème 2.24.2 affirme que les applications (2.24.1) et (2.24.2)


sont mesurables dès que f: X 1 x X 2 ---+ iR+ est une application µ 10 µ 2 -mesurable
positive. Plus généralement, pour des fonctions à valeurs dans un espace de Ba-
nach, on a le résultat suivant.
Pre> position 2.24.3 Soit f : X 1 x X 2 ---+ Ïiî (ou E) une jonction définie presque
partout µ 1 ® µ 2 -mesurable telle que, pour presque tout x 1 , L'application définie
presque partout x 2 H f(x 1, x 2 ) soit µ 2-intégrable, alors L'application définie
presque partout

X1 E X1 H / f(x1, x2) dµ2 E ~ (ou E)


X2
est µ 1 -mesurable.
Note Lorsque f est à valeurs dans iR, ce rés ultat s'obtient immédiatement à partir
du théorème 2.24.22 en écrivant f = f + - f - .
Preuve Lorsque f est la fonction caractéristique d' un e nsemble A E 'J1® 'J2, il
ne s'agit que de la proposition 2.23.5. Par linéarité, le résultat est acquis pour toute
fonction 'J1® 'J2-étagée. Dans le cas général, il existe, d'après le lemme 2. 11.7, une
suite Un) de fonctions 'J1 ® 'J2 -étagées convergeanl presque partout vers f telle
que llfn ll :S 211/11 p.p .. Il en résulte que, pour presque tout x 1, la suite (f11 (x 1, . ))
converge vers f(x1,•) presque partout et llJn(x1 , •)ll :S 2l lf(x1 , •) llP·P·· Ceci
montre que, pour presque tout x 1, les fonctions f n (:c 1,.) sont µ 2-intégrables et,
d 'après le théorème de la convergence dominée,

r
j X2
f(X1, X2 )dµ2 = lim ; · fn( X1,X2)dµzp .p.
n --+oo X2
Ceci permet de conclure vu le corollaire 2.12.5. Q.E .D.
Voici une première application du théorème de Fubini . Nous utiliserons les
lemmes suivants.
Lemme 2.24.4 Soient (X, 'J, µ) un espace mesuré, f, g : X ---+ iR des fonctions
définies presque partout µ-mesurables, alors la fonction fg : x H f(x)g(x) est
définie presque partout et µ-mesurable.
Preuve Il est clair que la fonction fg est définie presque partout. Montrons que
cette fonction es t µ-mesurable. Il existe des fonctions f', g' : X ---+ iR partout défi-
nies 'J-mesurables telles que f f' p.p. et g g' p.p .. On a a lors
fg = f' 9 1 p.p. et, la fonction f' g' étant 'J-mesurable d'après la proposition 2.6.12 2 ,
ceci prouve que la fonction fg est µ-mesurable . Q .E.D.
302 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Lemme 2.24.5 Soient f ; : X i ---+ R (o u E) des fonctions définies presque partout


µ ;-mesurables, alors les f onctions (x 1, x2 ) H f ; (x; ) sont définies presque partout
et µ 1 0 µ 2- mesurables.
Preuve Raiso nnons sur f1 par exemple et considérons la fonction
<p : (x 1,x2 ) H / 1 (xi). Si fi est bien dé fini e s ur X 1 - A 1 o ù A 1 E 'J1,
µ 1 ( A 1 ) = 0, <p es t bie n défini e sur X 1 x X 2 - A 1 x X 2 , donc presque par-
tout. Il existe une su ite f n : X 1 ---+ lR. (ou E) de fo nctions 'J1 -étagées qui converge
presque partout vers fi. Posons 1Pn(x 1, x2) = fn(xi), alors 'Pn est 'J1 0 'Jr
étagée : si A 1 E 'J1, la fo nc tion (x 1, x2 ) H 11 A1 (x 1) est simpleme nt l a fo nction
11. A,xx2 • Par a illeurs, la s uite ('Pn) converge presque parto ut vers cp qui est donc
bie n µ 1 0 µ 2 -mesurable. Q.E.D.
Proposition 2.24.6 Soient j , : X ; ---+ R+ des applications définies presque par-
toutµ ; -mesurables, alo rs la jonction
fi 0 h: (x 1, :r2) E X1 x X 2 H fi (x 1)h(x2 ) ER+
est défin ie presque partout, µ 1 0 µ 2-mesurable et

(2.24.5)

Preuve La fo nct ion h 0 fz e st défini e presque parto ut et µ 1 0 µ r mesurable


d' après les lemmes précéde 11ts. Util isons alors le théorème de Fubini , g râce à la
proposit ion 2.7.2 1 on a

r
Jx1xX2
fi 0 hdµ1 d µ 2 = j "T ( {Tf1
X1 Jx2
0 h dµ 2) dµ 1

= ; ·, ( ;·, h dµ 2) fi dµ1 = ; ·, fi dµ 1 X ; · f2 dµ 2
X1 X2 X , X2
et ceci prouve le rés ultat vo ulu . Q.E.D.
Corollaire 2.24.7 Soient f ; : x i ---+ R+ des applications définies p resq ue partout
µ ;-mesurables telles que les mesures f ;dµ ; soient <J-jinies, alors
U1dµ 1) 0 (hdµ 2) = U1 0 h) (dµ1 0 dµ 2).
Preuve La mesure À = (j 1dµ 1 ) 0 (hdµ 2) est l'unique mesure sur 'J1 0 'J2 telle
que, pour tout A; E 'J;,

À(A1 XA2) =J fidµ1 X; · hdµ2


A1 A2
et, si µ = U1 0 h )(dµ 1 ® dµ 2), on a

µ (A1 X A2) = J A 1 XA2


fi @hdµ1dµ 2,

d' où À(A 1 x A2) = 1i(A 1 x A2) d ' après la proposition précédente, ce qui permet
de conclure. Q.E.D.
Dans le même ordre d ' idées, voic i une générali sation de la propositio n 3.22.4
de (27].
2.24 LE THÉORÈME DE FUBINI 303

Proposition 2.24.8 Soient E, F, G des espaces de Banach, fi : X 1 ---+ E et


h : X 2 ---+ F des fon ctions définies presque partout µ 1-intégrable et µ, 2 -intégrable
respectivement et B : E x F ---+ G une application bilinéaire continue, alors la
fonction
B(f1, h) : (x1, x2) E X1 x X 2 H B(fi (xi), f2(x2)) E G
est µ 1 @ µ r intégrable et

j ·- , B(f1, h) dµ1 dµ2 = B ( /·_ fi dµ1 , ;·,


X1 x X2 X1 X 2
h dµ2) .

Nous utiliserons le
Lemme 2.24.9 Soient (X, 'J, µ) un espace mesuré, f : X ---+ E et g : X ---+ F
des fonctions définies presque partout µ-mesurables, alors la fonction
B(J, g) : x H B (J(x ), g(x)) est définie presque partout et µ-mesurable.
Preuve Il est clair que la fonction B(f, g) est définie presque partout. Montrons
que cette fonction est µ-mesurable . li existe cles s uites Un) et (gn) de fonctions
'J-étagées qui convergent presque partout vers f et g ; les fonctions BCJn, 9n) sont
'J-étagées car, pour Ai E 'J, a 1 E E et a 2 E F, on a
B(a1llA 1 , a21l.A 2 ) = B(Cli, a2)llA 1nA2 •
Si la suite Un) (resp. (gn)) converge ver!> f (resp. g) sur X - A 1 (resp.
X - A2) où A1, A2 E 'J, µ(A i ) = 0, la suite (B(fn, 9n)) converge vers B(f,g)
sur X - A 1 U A 2 , donc presque partout et ceci prouve le résultat voulu. Q.E.D.
Preuve de la proposition 2.24.8 Vu le s lemmes 2.24.5 et 2.24.9, la fonc-
tion B(J1 , h) est définie presque partout et elle est mesurable. On a d 'autre part
llB (fi , h) Il ::; llBll llfill @llhll, l' intégrabilité de B(h h) résulte donc de celle
de la fonction llfi Il @llh Il (proposition 2.24.6) . En utilisant deux fois le théorème
2.1 1.JO, on a alors

B (j.
..-Yi
h dµ1 , f_ h
lx. 2
dµ2)

et on conclut avec le théorème de Fubini. Q.E.D.


Le théorème de Fubini permet d'établir des formules d ' intégration par parties
plus générales que (2. l l.12).
Proposition 2.24.10 Étant donné des espaces de Banach E, F et G, une applica-
tion bilinéaire continue (x, y) H xy de E x F dans G notée multiplicativement,
on considère des jonctions continues U : [a, b] ---+ E et V : [a, b] ---+ F et on
suppose qu'il existe des fonctions intégrables u : [a, b] ---+ E et v : [a, b] ---+ F
telles que

U(x) = U(a) +lx u(t) dt , V(::r) = V(a) +lx v(t) dt .


304 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

On a alors

(2 .24.6) lb U(t)v(t) dt + lb u(t)V(t) dt = U(b)V(b) - U(a)V(a).

Preuve Les fonction s U, V étant continues, donc bornées, on notera d'abord que
les fonctions t H U(t)v(t) et t H u(t)V(t) sont intégrables. On a alors

l 1b(uc(L)+ 1tu(1)d1 ) v( t )dt


U(a)(V(b) - V(a)) + 1b(1tu(1) d1 ) v(t) dt .
La fonction ( t, T) H u( T )v( t) étant intégrable sur [a, b]2, donc sur
{(t , 1) E [a, b]2; a ::; T ::; t}, le théorème de Fubini montre que

1 U(a)(V(b) - V(a)) +lb (j\(t)


u(1) dt) d1

U(a)(V(b) - V(a)) +lb u(1)(V(b) - V(1)) d1

U(a)(V(b) - V(a)) + (U(b) - U(a))V(b) -1bu(1)V( T) d1,


ce qui permet de conclure. Q.E.D.
Pour des intégrales de Stieltjes, on a le rés ultat suivant.
Proposition 2.24.11 Soient F, G : l --+ lR, l = [a, b], des fon ctions croissantes et
continues à droite, alors

(2.24 .7) l F dG + 1 G( . - 0) dF = F(b)G(b) - F(a)G(a)


et, si F et G sont des fonctions positives,
(2.24.8) d(FG) = FdG + G( . - O)dF.
Preuve 1. On écrit 12 = T 1 U T 2 où
2 2
T1 = { (X ' y) E 1 ; a :::: 'Y < X :::: b} et T2 = { (X' y) E 1 ; a :::: X :::: y :::: b}
et on intègre la mesure produit dF ® dG sur 1 2 . D'après le théorème de Fubini, on
a
f
11
(1' [a ,x [
dG)dF(x) = f (G( x - 0) - G(a)) dF(x)
11
J G(x - 0) dF(x) - G(a)(F(b) - F(a)),

f( J~.~
11
{ dF)dG(y) = 11f (F(y) - F(a))dG(y)
l F(y) dG(y) - F(a)(G(b) - G(a)).
2.24 LE THÉORÈME DE FUBINI 305

JI suffit de re marquer alors que

j dF ® dG = (F(b) - F(a,))(G(b) - G(a)).


2

2. Lorsque les fonction s F e t G sont posi1ives, la fo nc tio n FG est croissante,


continue à droite e l la mesure de Lebesg ue-Stieltjes d(FG) est bien dé fini e. li s uffit
alors de vérifie r que les mes ures finies d(FG ) e t FdG + G( . - O)dF coïnc ide nt sur
la semi -algè bre S(I) et, comme nous l'avons ex pliqué a u co urs de la démo nstra tion
de la propos itio n 2.3.6, il suffit de vérifi er que
d(FG)([a ,/)]) = (FdG + G( . - O)dF)([a, /)])
po ur to ut /) E [a , b] et cec i résulte de 1. Q.E.D.
Lorsque F e t G sont positives, o n e n déduit par exemple que, pour to ute fonc-
tio n f : 1 -+ îR (ou E) intégrable par rapport à la mesure d(FG),

j t d(FG) = jJFdG + j tc(. - O)dF.


La formu le d ' intégration par parties (2.24.7) va no us pe rme ttre d 'établir la
seconde fo rmule de la moyenne.
Proposition 2.24.12 Seconde formule de la moymne Soient f : [a, b] -t IR
une fon ction monotone et g : [a , b] -+ lR une fon ction intégrable, alors il existe
Ç E [a, b] tel que

(2.24.9) 1bf(t)g (t) dt = f(a + 0) 1çg(t)dt + f(b - lb g(t)


0) dt.

Preuve On pe ut supposer la fonction f c ro issante : si f est décroissante, o n ap-


plique la formu le à la fonction c ro issante - f. E n outre, o n pe ut supposer f continu
à droite et continu au point b : e n effet, il s uffit de subs titue r à f la fonction f' dé-
finie par f' (t ) = J(t + 0) pour a~ t < b e t J'(b) = f (b - 0) ; les fonctions f et
J' n e diffère nt que sur un ensemble dé nombrable, donc de mesure null e.
On pose a lo rs

G(x) = 1x g(t)dtet G±(x) =lx 9±(t)dt .


Les fonctions C± sont croissantes e t continues ; d'après (2.24.7), on a

f bf dG± + ;:b G± dj = J (b)G±(b)


et la mesure dG ± admettant 9± pour densité par rapport à la mesure de Le besg ue
(exemple 2.17 . 1)

1b f(t)g±(t) dt+ 1b G±df = f(b)G ±(b) ,


d' où

1b f(t)g(t) dt + 1b Gdj = J(b )G(b) = J(b) 1b


g(t)dt.
306 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

D ' après la première fo rmul e de la moyenne (2.7.9), il ex iste Ç E [a, b] te l que


rb l~
la G dJ = (f(b) - / (a)) la g(t) dt,
d 'où

lb f (t)g(t) dt = j(b ) lb
g(t) dt - (f (b) - f (a)) 1 f, g(t) dt

j(a) 1 f,g(t) dt+ f(b) ib g(t) dt


e t ceci pro uve le rés ultat voulu. Q.E.D .
La seconde formule de la moyenne co nstitue un outil efficace pour é tudier des
intégrales impropres, en partic ulier lorsque la régularité des fonctions n'est pas
suffisante pour effectuer des intégrations par parties. Voici un exemple classique.
On considère une fonction f : JO , +oo[--+ R intégrable sur JO, A[
quel que soit A > 0 et on s uppose que la fonction f peut s'écrire f = Eg où
E: ]O, +oo[--+ R+ est une fonction positive, décroissante e t tendant vers 0 à l' in-
fini et g : JO, +oo[--+ IR une fonction localement intégrable telle qu'il existe une
constante c :'."'. 0 pour laq uell e

Il B
g(t) dt l :::; c pour tout 0 < A :::; B.
Alors,!' intégrale impropre s uivante ex iste

/OO J(t) dt = lim l Af (t) dl;.


lo A -t= lo
En e ffet , d' après la seconde form ule de la moyenne, pour tout 0 < A :::; B, il
ex iste Ç E [A, B J te l que

LBf(t ) dt = E(A + 0) j~E g(t) dt+ E(B - 0) l Bg(t) dt ,


d 'où
1 LBf(t) dt l :::; 2œ(A)
e t le critè re de Cauchy permet d e conclure.
Cc résultat montre par exemple l'existence de l'intégrale impropre f0
00
sin t / t dt.

2.25 La mesure de Lebesgue


La mesure de Lebesgue sur R.n sera dé fini comme le produit den m esures de
Lebesgue. N o us note rons 'B .; et ,li les tribus de Borel e t de Le besg ue de c haque
espace fac te ur e t µi o u dx ; les mes ures de Lebesgue.
On peut alors définir les espaces mes urés
n n n n
( Rn, @ '.1L;, QS} µ ;)et (R.n, QS} Li, QS} µi)
i= l i= l
2.25 LA MESURE DE LE BESG UE 307

où @:~ 1 '.Bi et @~ 1 J:., i dés ignent les tribus engendrées par '.B 1 x .. . x '.Bn et
J:., 1 x ... x Ln ; on peut e nsuite compléte r ce s espaces mes urés, ce qui conduit
au m ême espace mesuré (le mme 2.23.8). L a c omplétée de la tribu ®7= 1 '.B i par
rapport à la mesure de Le besgue sera notée J:., (JR.n ), ou sim ple ment J:.,, et s' appelle
la lribu de Lebesgue de Rn . La mesure de Lebesgue sur R n, qui est donc dé fini e s ur
J:.,, sera notée (o n omettra la barre qui coiffe les @) µ1 ® · . . © µn ou dx 1 ® · . . ©dxn
ou plus simple ment dx si x = (x 1 , .. . ,xn ) ·
On véri fie d'abord que ®7=i '.B i est la tribu borélie nne de Rn.
Lemme 2.25.1 Soit Ci un ensemble de parties de X i tel que X i E C.; et soit 'Ji la
tribu engendrée par ei,
a lors '.T1 © '.T2 = 1 121 C2. e
Preuve Étant donné que el X e 2 c '.T1 X '.T2, il s' agil de vérifier que toute tribu 'J
con tenant el X e 2 contient 'J1 X 'J2. O r, {Ai E 'J'(X 1) ; Ai X X 2 E 'J} es t une tribu
sur X i qui contient e 1 car X2 E C2 ; cene tribu contient do nc '.T1 ce qui signifie
que A1 x X 2 E 'J po ur to ut A 1 E 'J1 ; de mê me, on vé rifie que Xt x A2 E 'J
pour tout A 2 E 'J2 et, par inte rsection , on e n d éduit que A 1 x A 2 E 'J pour to ut
A.; E 'J;, ce qui prouve le rés ul tat voulu . Q.E. D .

Lemme 2.25.2 Soient X ;, i = 1, 2, deux espaces topologiques admettant une base


de t opologie dénombrable et '.B i la tribu bo rélienne de X ;, alors '.13 1 © '132 est la
tribu borélienne de X1 x X2.
Preuve Si <'.\ est l'en semble des ouverts de X ; , o n a '.13 1 © '.B 2 = ('.) 1 © c:i 2 d 'après
le lemme précédent. Notons('.) l' ensembl e des ouverts de X 1 x X 2 et '.B la tribu
boré lienne de X 1 x X 2 ; on a évidemment 0 1 x 02 c 0 , d 'où 0 1 © ('.) 2 c '.B.
Par aill eurs, vu l' hypothèse faite sur les espaces Xi, tout ouvert de X 1 x X 2 est
une réunion dénombrable d 'ensembles de ('.) 1 x ('.) 2 , d 'où ('.) C 0 1 © ('.) 2 et par
con séquent '.B C 0 1 © 0 2 , ce qui permet de conclure. Q.E. D .
Ceci montre que, sur R 2 , '.B 1 © '13 2 est la tribu boré lienne de !R2 . Plu s généra-
lem ent, la tribu ®7=1 '.B i est la tribu boréli e nne de Rn.

Exercice 2.25.1 On considère les espaces mesurés ([O, l ], '.B; , µ ;), -i = 1, 2, où '.13; est la tribu
boré lienne de [O, l], µ 1 : '.!3 1 -+ ÏR+ est la mesure de Lebesgue et M : '.132 -+ ÏR+ est la restri ction
à '.132 de l a mesure de dénombrement. Si A est la diagonal e de (0 , 1]2, montrer que le théorème 2.2 3.6
est e n défaut.

La mesure de Lebesgue sur !Rn possède les mêmes propriétés que la mesure
de L ebesgue sur R. Tout d 'abord, si Si , 1 ::::; ·i :':'. n, désignent n exempl a ires de la
semi-algèbre S(R), la semi -al gèbre (lemme 2.23.1) S1 x . .. x Sn engendre la tribu
bor é lienne de Rn d 'après les lemmes 2.25. l et 2.25 .2 ; il e n résulte (théorè mes
2.2.8 et 2.2 . 10) que la mesure de Lebesgue est l'unique mesureµ : L -+ ÏR+ te lle
que

µ(Il A i ) = Ilµ i (Ai ) po ur1out AiE Si;


i= l i= l
308 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

de plus, µ est la restrictio n à la tribu de Lebesgue de la mesure extérieure


µ* : '.P (~n) --7 R+ défini e p ar
OO n
(2,25, 1) µ * (A) = i~fLil ( bir - aip)
p=Üi= l
o ù '.R désigne l' ensembl e des recouvrements déno mbrables (A,,) de A par des pa-
vés de la fo rme Ar = TI ~ 1 ]a,;p, b;p],
La mesure de Lebesg ue est régulière el, plus généralement, on a la

Proposition 2.25.3 Soient X;, i = 1, 2, des espaces localement compacts dénom-


brables à L'infini métrisables, '.Bi Leur tribu borélienne et µ; : '.Bi --7 ~+ des me-
sures régulières, alors La mesure µ 1 0 µ 2 : '.B --7 R+, où '.Best la tribu borélienne
de X 1 x X 2 , est régulière,
Pre uve Notons d'abord que '.B = '.B 1 0 '13 2 d'après le le mme 2.25.2 et l'exercice
2.3 6.8 de [27] . Notons ensuite que tout compact K de X 1 x X 2 est de mesure
fini e car K C K 1 x K 2 où Ki = pri K . 11 s' agit donc de vérifier (2.3 .7 ). Notons
µ = µ 1 0 µ 2 la mesure prodLJit.
J, Considérons d'abord un boré lien de la forme A = At x A 2 o ù
A; E '.B,; est de µ i-mesure fi nie. So it é > 0, il existe des ouverts O.; ~ A i tels que
µ i( O;) ::; µ i( Ai ) + c, d'où µ(01 x 0 2) ::; (µ1(A 1 + é))(µ2(A2 + i=:)) et cette
dernière qu antité tend vers µ(A) lorsq ue é tend vers 0, ce qu i pro uve le résultat
voulu da ns ce cas partic uli er.
2. Supposons ensuite A E '.B co ntenu dans un boré lien de la fo rme B 1 x B 2
o ù B; E '.13; est de mesure fi ni e. Étant donné é > 0, il ex iste un recouvre ment
dé nombrable de A de la forme A c u : =o(A1n X A2n ) où A;n E '.B;, Ain c B;
e t I:: =o µ1(A1 n)µ 2(A2n) ::::; µ (A) + é. Soit én > 0 une suite de réels telle que
I::=o En ::; é ; les ensembles A ;n étant de mesure fini e, il ex iste d'ap rès a. des
o uverts O;n ~ A ;n tels que
µ1 (01n)µ 2( 0 2n)::; µ1 (A1n)µ 2( A 2n) +En,
d'où 2::~= 0 µ1(01n)µ2(02n) ::; µ(A) + 2é et par suite µ(0) C µ(A)+ 2é où
0 = u :=o(01n X 02n) est un o uvert contenant A, ce qui prouve le résultat voulu
dans ce cas.
3. Dans le cas général, il existe une parti tio n X = u :=o(B1n X B2n) où
B;n E '.13;, µ;(B;n ) < oo. Posons An = An (B1n x B2n) et soient é > 0, En > 0
des réels tels que L ~=O En ::; é. D'après 2., il ex iste des ouverts On ~ An te ls
que µ(On) ::; µ(An)+ én , d' où µ(O) ::; µ(A) + é o ù 0 = LJ::"=o On. ce qui
pro uve la régularité de la mesureµ. Q.E.D.
On en déd uit la

Proposition 2.25.4 La mesure d e Lebesgueµ : J:., --7 ~+est régulière.


2.26 FORMU LE DE CHANGEMENT DE VARIABLE 309

2.26 Formule de changement de variable


On se propose d' étendre le coroll aire 2. 18 3 à des intégrales de Lebesgue dans
JR.n. On se donne des ouverts Sl;, ·i = 1, 2, de lR" et un e1-difféomorphi sme
<.P : f!i -+ S1 2 ; rappelons qu 'on note ( J <I>) ( x) le jacobien de <.Pau point x. Notons
'B; l a tribu boréli enne de Sl.; et µ; : 'B; -+ ÏR+ la mesure de Lebesgue. O n a alors
la
Proposition 2.26.1 On a dµ2 = <.P*( IJ<.P ldµ1) .
Preuve Il s' ag it de démontrer que, pour tout borélien B E '13 2 ,

(2 .26. 1) M(B) = 1 IJ <.Pldµ 1


<1> - l (B )
ou, ce qui est équivalent, que, pour toute fonction boréli enne posi ti ve
f : fl 2 -+ ÏR+ ,
(2 .2 6.2)

1. Voici une remarque préliminaire. Soie nt O;, i = 1, 2, 3, des ouverts de !Rn et


<.P : Q1 -+ S12, <.P : 0 2 -+ 0 3 des e 1-difféomorphismes. Alors, (2.26.2) est vé rifié
po ur <.P ' o <I> dès que (2 .26.2) est valide pour <D et <D'. E n effet, so it f : \2 3 ~ lî+ une
ronc ti on borélienne, on a alors en utilisant (2 .26.2) pour <.P' et <I> success ivement

r fd µ3 = Jri2
Jo.3
r f o <I>' x lJ<.P ' ldµ 2 = Jn1
l f o (<D' o <.P) x l( J <D' ) o <P lxl J<.Pldµ 1
où 1 (J<.P') o <.Pl x IJ<.PI = IJ (<D' o <.P)I , ce qui permet de conclure.
2. Le résultat étant acqui s pour n = 1, on raisonne par récurrence sur n : on
suppose (2.26.1) établi pour n - 1.
a. On écrit <D = (<.P 1 )i ::;J::; n et on suppose qu 'il ex iste i ,j E [l ,n.] te l que
<I>1 ( x)= x; ; pour simplifi er les écritures, on suppose i = j = 1 et on pose
x ' = (x 2 , . . . , X n ) E lRn - 1 . Pour tout réel ::r: 1,o n définit les sections en x 1 (ce sont
des ouverts)
Sl;(x 1) = {x' E lîn - l ; (x 1, x' ) E rli} , i = 1, 2,
et, si fl1( x 1) est non vide, o n définit un e1 -difféomorphisme ex, de î2 1(x 1)
sur l2 2 (x 1 ) en posant Gx 1 (x 1 ) (<D2(x),. . . , <.Pn (x )) . Il est c lai r que
l( I GxtlCx' )I = l(J <I>)(x )I. Posons
A = {x 1 E lR; 0 1(x i) -=/- 0} = {x 1 E R; 02 (x 1 ) -=/- 0}
et soit B c S1 2 un borélien. En notantµ' la mesure de Lebesgue sur lRn- 1 , o n a
d' après le théorème 2.23.6

µ2(B) = j~ µ' (B (x i)) dx 1 ,


pui s , d'après l' hypothèse de réc urrence,

µ2(B) =; ·( ( _ . l(J8x1 )( x')I dx ' ) dx 1.


A Je, 1
1
(B(x , ))
310 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

On remarque e ns uite que e ; /(B(xi)) = <r> - 1(B)(x 1 ) et, par conséque nt,

µ 2(B) =; ·( f . l(J8 x1 )(x')ld.x')dx 1 = { . l(J<P)(x)ldx


A } .,,- 1 (B} (x 1 ) ff> - (B)
1

d 'après le théorème de Fubi11i, ce qui prou ve le résultat voulu dans ce cas partic u-
lier.
b. On mo ntre ensuite que, pour tout a E D1, il existe un voisinage ou-
vert 0 1 (a) de a, 0 1 (a) c D 1, te l que (2.26. 1) so it vérifié pour tout boréli en
B c <t>(0 1 (a)) . L' application<[> étan t un diftëomorphisme, il existei , j E [l ,n]
tel que D i <f>j(a) f 0; pour si mplifier les écritures, on peut s upposer i = j = 1.
Considérons l'application YI: D 1 ---+ JRn défi nie par \ll(x) = (<f>t(x),x'); on a
l( J\ll) (a)I = ID1<f>1(a)I f 0 ; d ' après le théorème 1.1 2.3, il ex iste un voisinage
ouvert 01(a) x 02(a) du point (a, \ll (a) ) , 01(a) C fl 1 , tel que
\li: 0 1(a) ---+ 0 2 (a) so it un e 1 -d ifféomorphi s me. Posons O~(a) = <I>(0 1 (a)) ,
e
alors 0 = <f> o \ll - 1 es t un 1 -di fféomorphi sme de 0 2 (a) s ur O~(a). Le difféo-
morphisme <I> : 01 (a) ---7 o~ (a) est donc le composé <f> = e 0 li! des de ux
diftëo morphi smes \li: 0 1(a) ---+ 02(a) et 8: 0 2(a) ---+ O&(a). Ces de ux difféo-
morphismes vérifient l'hypothèse de 2.: cec i est év ide nt pour \li, quant à on a e
81(x) = <f>i(IJ! - 1 (x)) = <l?1(Y) où x = \ll(y), c'est-à-dire 81(x) = X1. Vu 1.,
cec i permet de conclure.
c. L'espace flt étant dénombrable à l ' in fi ni , du recouvrement ouvert
( 0 1 (a) )aErl, on peut extraire un sous-recouv rement dénombrable, puis constru ire
une partition de D1 de la forme f2 1 = LJ ~=o Bn où les ensembles Bn sont bo-
réliens et tels que (2.26 .1) soit vérifié pour tout borélien B contenu dans l' un des
<I>(Bn)· A lors, si Best un borélien quelconque de D2, on a B = LJ~= o Bn <I>(Bn),
d'où

µ2(B) = f
n=O
µ2(B n <I>(Bn)) = f, }q,f - .
n=O 1
IJ<T>ldµ1
(B)nB,.
= r
f p- 1
IJ<I> l dµ1
(B)
d'après le coroll aire du théorème de la converge nce monotone. Q .E.D.
Ceci prouve qu ' un boré lie n B de D 2 est de mesure nulle si, et seuleme nt si,
f<P - ' (B) IJ<T>I dµ 1 = 0 et, la fonction J<f> ne s'ann ulant pas, cela si g nifi e que
<I> - 1 (B) est de mesure nulle. On en déduit qu'une partie A de D 2 appartient à
la tribu de Lebesgue de D2 si, et seulement si, <[> - 1 (A) appartient à la tribu de
Lebesgue de f2 1. En particulier, la tribu de Lebesgue de ]Rn est invariante par tout
isomorphi sme linéaire T E [som (lRn) et,µ désignant la mesure de Lebesgue,
(2.26.3) µ(T(A)) = ldet Tl x µ(A) pour tout A E L(JRn) ,
vu que IJTI = ldet Tl . La mesure de Lebesgue est donc invariante par tout iso-
morphisme linéaire T de déterminant ± 1, par exemple par toute transformation du
gro upe orthogonal.
On en déduit également que la mesure de Lebesgue est invariante par tra ns-
lation et, plu s généraleme nt, s i h af3 : ]Rn ---+ ]Rn désigne le difféomorphisme
ho:(3(x) = ox + f3 où li'. E IR'., a f 0, f3 E JRn, la tribu de Lebesgue est invariante
2.26 FORMULE DE CHANGEMENT DE VARIABLE 311

par hcv.(3 et
(2.26.4) µ(h cv. f3 (A)) = larµ(A) pour tout A E L(R").
Un ra isonnement identiq ue à celui du théorème 2.3. 16 montre que les formu les
(2 .26.3) et (2.26.4) valent encore pour la mesure extérie ure µ * et tout A E '.P(IRn).
La proposition 2.26. 1 permet d'établir une formule de changement de variable
dans l'intégrale de Lebesgue. En raisonnan t comme pour le théorème 2. 18.2, on
obtient le
Théorème 2.26.2 Soit f : fb ---+ R (o u E) une fonction définie presque partout,
alors la fonction f o il'> x 1J <J>I est définie presque partout sur 01 et elle est mesu-
rab le si, et seulement si, f est rn.esurable.
J. Si f est mesurable positive, on a dan s IR+
(2 .26.5) r f(y) dy = ln,{
Jn2
f(1> (x)) X l(Jil'>) (x)I dx.

2. L 'application f: 0 2 ---+ R (ou E) est intégrable si, et seulement si, l'appli-


cation f o il'> x 1J<!>1 : 0 1 ---+ i" (o u E) est intégrable et on a alors (2.26.5) dans
IR (ou E).
Par exemple, si f : R" ---+ R (ou E) est une fonction mesurable positive ou
une fonction intégrable, o n a

(2.26.6) k. f(x) dx = lor k. f(Πx + (3) dx.


Le passage e n coordonnées polaires relève égaleme nt de ce théorème. On
co ns idère l'appli cation 1>: f2 1 ---+ 02, où
0 1 = JO, +oo[ x JO, 27r[, 0 2 = JR2 - J - oo, O[ x{O} ,
dé fini e par il'>( r, 8) = (r cos e, r sine) ; <I> est un E00 -difféomorphi sme et
1 ( J <I>) 1 (r , B) = r. L'ensemble J - oo, O[ x {O} é tant de mesure nulle dans R 2 , une
fonction f: n ---+ R (ou E) définie presque partout sur un ouvert 0 de JR 2 est me-
surable (resp. intégrable) si, et seulement si, la fo nction (r, B) H f (r cos e) r s in B) r·
est ruesurable (resp. drd8- intégrab le) et, lorsqu e f est positive mesurable ou inté-
grable, on a
f f(x, y) dxdy = f f(r cos8,rsin B) rdrde,
ln Jif> - l(n)
ce qui s'écrit, lorsq ue Q = R 2 par exemp le,

{ f (x, y) dxdy =
~. o
j'00

f
Jo
2
rr f( r cos e, r sin B) rdrdB.
Voici une appli cation simple de ce qui précède. On considère l' intégrale
I = J~ e- x
2
dx . Grâce au théorème de Fubi ni , on a
12 = r 2
e - (x +Y
2
) dxdy = ( CXJ f
2
7r e- r2 rdrd() = 7T,
1111.2 Jo Jo
d ' où
(2.26.7)
312 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2.27 L'algèbre de convolution L1 (IRn)


Nous nous proposons de dé finir une sLructure d ' algèbre de Banac h sur l'espace
L 1 (JRn ; JK), l'espace ~n éla nl muni de la mesure de Le besgue. On notera que le
produit de deux fo nc lions intégrables n'est pas en général intégrable : pa r exemple,
sur lR la fonction f( x) = lxl- 1 / 2 11.[- i,ij(x) esl intégrable alors que j 2 ne l' est
pas ; la lo i de composit ion q ui va no us intéresser n'est donc pas la mu ltiplication
ordi naire des fonctions .
Considérons plus générale me nt des fonctions à valeurs vectorie ll es. Donnons-
no us une fois pour toutes lrois espaces de Banac h E, F et G et une application
bi linéaire continue de E x F dans G notée multiplicative ment, soit (Ç , ' I) t-+ Ç·ry,
que nous supposerons de norme ~ 1, c'est-à-dire llf.''1 1 ~ l f.11 11·'711- É ta nt donné
deux fon ctions f : lR" -t E , g : JRn -t F définies presque partout et intégrables
par rapport à la mesure de Lebesgue, nous all ons démontrer que la fonc ti o n

(f * g)(x ) = l. f( x - y)g(y) dy
est définie pour presque tout x et est intégrable.
On a d 'abord besoin du lemme suivant.
Lemme 2.27.1 Soit f : JRn -t lR (o u E) une fon ction définie presque partout
mesurable, alors la fonction
F: (x ,y) E R n x Rn>-+ f(x - y) E JR (ou E)
est définie presque partout e t mesurable.
Preuve Si la fonction f est bie n dé fi nie sur m;n - B où B est un boré lien de mesure
nulle, la fonction Fest bien d éfinie s ur IR 2n - T - 1 (B) en notant T l'application
(x , y) r-+ x - y; cetteapplicati o n Tétan t continue, T- 1(B) est un boré li en de!R 2 n
el il s' ag it de vérifier que ce boré li en est de mesure nulle. Or, pour tout y E ]Rn,
on a T - 1 (B)(y) = y + Bel y+ Best de mes ure nulle d 'après l'invaria nce par
translatio n de la mesure de Lebesgue ; vu le corollaire 2.23.7, T - 1 (B) est bien de
mes ure nulle.
Quant à la mes urabilité de F, il ex iste une suite f j : !Rn -t R (ou E) de
fo nc ti ons '.B (JRn )-étagées qui converge presq ue partout vers f. Posons
Fj(X, y) = fj(X - y).
Ces fo nctions Fj sont '.B(IR 2 n)-étagées car ll. s(x - y) = ll. ,. - ' (B) (x , y) et
T-
1
(B) E '.B (IR 2 n ) si B E '.B(JRn ). D' autre part, si la s uite (fj ) converge vers
f s ur R n - B, la s uile (Fj) converge vers F sur R 2n - T - 1 (B) et, s i Bes t un
bo rélien de Rn de mes ure null e, T - 1(B) est un borélien de JR 2 n de mes ure nulle.
Ceci prouve la mesurabililé de F . Q .E. D.
Pour des fonctio ns positi ves, o n a a lors la
Proposition 2.27.2 Soient f , g : JRn -7 R+ des fon ctions définies presque partout
mesurables, alors La fonction
U *.9 )(x) = r f( x - y)g(y ) dy E lR+
Jllil "
2.27 L'.ALGÈBRE DE CONVOLUTION L 1 (1111.") 313

est bien définie pour tout x E JRn, la fonction f * g : Rn --+ R+ est mesurable et
ona Ili *9111 = llill1llDll1 dans i+ .
Preuve La fonction définie presque partout y r-+ f (x - y) est mesurable (théorè me
2.26.2) ; vu le lemme 2.24.4 , la fonction y i-+ i(x - y)g(y) est mesurable et la
fonction f * g est donc bien définie.
La fonction (x , y) i-+ i(x - y)g(y) est définie presque partout et mesurable
d' après les lemmes 2.24.4, 2.24.5 et 2.27.1. D'après le théorème de Fubini, la
fonction f * g est donc mesurable et

k~f * g)(x ) dx = L{k,, i (x - y)g(y) dy )dx = L{l,, f( x - y) dx )g(y) dy


où j~,, f( x - y) dx = f 1111.,, i(x ) dx d'après (2.26.6), d'où

k,,U* g)(x ) dx = k,, f( x ) dx x k,, g(y) dy ,

soit Ili* 9 lli = llf ll1llg lli- Q.E.D.


Pour des fonctions à valeurs dans des espaces de Banach, on a d'abord, d ' après
les lemmes 2.24.9, 2.24 .5 et 2.27 .1, le résultat suivant.
Lemme 2.27.3 Soient f : Rn --+ E et g : Rn --+ F des fonctions définies pres-
que partout mesurables, alors la fonction
(2.27. l) <p : (x, y) E lRn x Rn >--+ i( x - y)g(y) E G
est définie presque partout et mesurable.
Théorème 2.27.4 Soient f : lRn --+ E, g : lRn --+ F des fonctions définies pres-
que partout intégrables, alors, pour presque tout x E JRn, la fonction
y E ]Rn >--+ f( x - y)g(y) E Gest intégrable, la fonction définie presque par-
tout
(2.27.2) Cf* g)(x) = / f( x - y)g(y) dy ,
) 1111. ,,
appelée produit de convolution de f et g, est intégrable et
(2.27.3)
Preuve La fonction mesurable ip définie en (2.27 .1) est intégrable d'après la propo-
sition 2.27.2car1 11.p(x , y) ll ::S: lli(x - y )l l llg(y)ll- D'après le théorème de Fubini,
la fonction y >--+ i(x - y)g(y) est intégrable pour presque tout x et la fonction
définie presque partout j * g est intégrable. Pour presque tout x, on a

Il (!* g)(.T)ll ::S: l,, llf(x - Y) ll llg(y) ll dy ,

d'où (2.27.3) d'après la proposition 2.27.2. Q.E.D.


Le passage aux espaces quotients ne présente pas de difficulté. En effet, si
f , f' : ]Rn --+ E et g, g' : R n --+ F sont des fonctions définies presque partout
telles que f = f' p .p. et g = g' p.p., il est clair que les fonctions
y t--7 f(x - y)g(y) et y >--+ f'( x - y)g'(y) sont égales presque partout. On peut
314 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

donc dé finir le produit de convo lutio n de deux cl asses de fonctions intégrables


[f] E L 1 (IRn; E), [g] E L1 (IRn ; F) en posant
[f] * [g] = [f * g] où f E [f] e t g E [g].
On a alors le
Corollaire 2.27.5 L'application
(f, g) E L 1 (1Rn;E) x L 1 (1Rn; F) H f* g E L 1 (1Rn; G)
est bilinéaire continue de norme ~ 1.
Corollaire 2.27.6 Soit E une algèbre de Banach, la loi de composition
(! , g) H f * g définit sur L1 (!Rn ; E)
une structure d 'algèbre de Banach et cette
algèbre est commutative lorsque l'algèbre E est commutative.
Preuve 1. Pour démontrer que L 1 (1Rn; E) est une algèbre, le seul point à vérifier
es t l'assoc iativité, c'est-à-dire que, si f , g, h E ,C, 1 (IRn; E) sont troi s fonctions
in tégrables, alors (f * g) * h = f * (g * h) p.p .. On a pour presque tout x

((f * g) * h) (x) = L. (L. f (x - y - z) g( z ) dz ) h(y) dy;


l'application Ç E E H Ç·ry E E, ry E E, étant linéaire continue, le théorè me
2.11 .10 prouve que

((f * g) * h) (x) = L. (1. f( x - y - z )g(z )h(y) dz )dy P-P·


et, en effectuant le changement de variable z = u - y,

((f * g) * h )(x) = 1. (1. f (x - u)g(u - y) h (y) du) dy P-P··


Montrons que l'applicati on i[> : (u , y) H f(x - u)g(u - y)h(y) est intégrable
pour presque tout x. D'après le théo rè me 2.26.2 et le lemme 2.24.5, l a fo ncti on
(u , y) H f( x - ·u) est mes urable; la fonc tion (u , y) H g(u - y)h(y) est mesu-
rab le d'après le le mme 2.27.'3 ; la fonction i[> est donc mesurable d'après le lemme
2.24.9. On a d'autre part
llil'.>(u,y)ll :::; l f(x - u)ll l g(u - y)ll llh(y)ll
et
1"x!R" llf(x - u) 11 llg(u - y)ll l h(y)ll dudy
= L. (1. llf(x - y- z)ll llg(z)ll dz ) llh(y) ll dy
= ((ll fl l * llYll) * llhll)(x)
et cette fo nction est intégrable d 'après le théorè me 2.27.4 , donc finie presque par-
tout. Cec i montre q ue <I> est intégrable pour presque tout x. Pour presque tout x ,
on peut do nc app liquer le théorème de Fubini , soit

((f * g) * h)(x) = L. (1. f(x - ·u)g(u - y)h(y) dy) du p.p.


2.28 PRODUIT ET CON VOLUTION DE MESURES RÉELLES OU COMPLEXES 315

e l, l 'applicati on T/ >--+ E,ry, E, E E, étant linéaire continue

((f * g) * h)(x) 1. ( J(x - u) 1. g(u - y)h(y) dy ) du p.p.

1. f( x - u)(g * h)(u) du p.p. = (f * (g * h))(x) p.p.,

ce qui prouve le résu ltat voulu .


2. Lorsque l'algèbre E esl com mutative, il en est de mê me de l' algèbre
L 1 (1Rn; E) ; il s'agi t de vérifier que, pour to utes fo nctions intégrables
f,g E L 1 (lr;E), (f * g)(x) = (g * f)( x) p.p., c'est-à-dire
{ f(x - y)g(y) dy = { g(x - z )f( z) dz p.p.
liw.n J~n
qu 'on obtient en effectuant le changement de variables y = x - z . Q .E.D.
E n particulier, la convolution défin it une structure d'algèbre de Banach com-
mutative sur l'espace L 1 (Rn; IK). Nous montrerons ultéri e urement que cette al-
gèbre n'admet pas d 'é lément unité.
Exercice 2.27.1 So ient f , g : [O, +oo [-+ IC deux fo nctions intégrables (resp. localement inté-
grab l es), montrer que la fonction

(f*g)( x) =foxf (x - y)g(y ) dy

es t dé fini e pour presque tout x :O:: 0 et que la foncti on définie presq ue partout f * g : [O, +oo [--+ IC est
intégrable (resp. localement i ntégrable).

2.28 Produit et convolution de mesures réelles ou


complexes
Après avoir défini le produit de deux mesures positi ves a- fini es, il n'est pas diffic il e
de d éfin ir le produit de de ux mesures rée ll es ou co mpl exes.
Théorème 2.28.1 Soient (X;, T;), i 1, 2, deux espaces mesurables,
µ .; : X; -+ lK, lK = IR (ou C), deux mesures réelles ou complexes, alors il existe
une unique mesure µ 1 ® µ2 : 'J1 ® 'J2 -+ lK telle que
(2.28. 1) (µ 1 ® µ2)(A 1 x A2) = µ1(A1) x M(A2) pour tout A i E 'J;.
L 'application
(2.28.2)
de J\l[(X 1 , 'J1; IK) x M(X2, 'J2; IK) dans M(X 1 x X2, 'J1 0 'h OC) est bilinéuire
et
(2.28.3)
Lorsque les mesures µ ; sont des mesures réelles, on a
(2.28.4) (µ1 ® µ 2)+ = µl + ® µ,2+ + µ1 - 0 µ 2-,
(2.28.5)
316 CHAPITRE 2 INTÉGRAT ION

Nous utili seron s le lemme sui vant


Lemme 2.28.2 So ient (X, 'J') un espace mesurable et S une semi-algèbre engen-
drant 'J.
/. Soient µ, v : 'J --+ lR deux mesures réelles telles que µ ::; v (resp. µ = v )
sur S, alors µ ::;: v ( resp. µ = v ) sur 'J.
2. Soientµ : 'J --+ Ce t v : 'J --+ ~+deux mesures telles que jµ(A )I ::; v (A)
pour tout A E S, alors IJ.L I ::;: v.
Preuve 1. On note M l'ensemble des A E 'J tels que µ(A) ::; v(A) ; d'après
l' hypothèse M contient S ; on vérifie q ue M est une classe monotone conte nant
l'algèbre engendrée par S, la propos ition 2.23.4 permettra de conclure.
So it (An) es t une suite c roi ssante ou déc roissante de M de réuni on ou d' inter-
sec tion A, on a d 'après la co ntinuité supérieure et inlë rieure des mes ures finies J.l ±
et V± , µ (A) = lim n-+= µ (An) et v(A) = limn-+oo v (An) et cec i montre que M
est une cl asse monotone.
Véri fio ns ensuite que A UB E M si A et B sont deux ensembles de M di sjo ints,
ceci prouvera que M contient l'algèbre engendrée par S vu le lemme 2. 1 .3. li suffit
d'écrire
µ(A u B) = µ(A)+ µ (B) ::; v(A) + v(B) = v(A u B).
2. Le ra isonnement est s imil aire. On considère l'ense mble M des A E 'J tels
que lµ(A)I :S v(A); en utili sa nt la continuité supérieure et in tërieure d es mesures
µe t v, on montre que M = 'J. Pour conclure, on utilise le fa it que jµI est la plus
petite mes ure positive tell e que jµ(A) 1::; jµj (A) pour tout A E 'J. Q.E.D.
Preuve du théorème 2.28.1 1. On montre d' abord l'ex istence d' un e unique
mesure véri fia nt (2.28. 1).
a. Supposons d'abord le s mesuresµ ., rée lles. On définit a pri ori µ, 1 0 !J.2 par
la formule
(µ 1 © µ 2)(A) = (µi+ 0 J.l2+ + µ1 - 0 J.l2-)(A) - (µ i+ 0 µ2 - + J.L 1- 0 J.l2+)(A).
On obtient ainsi une mes ure rée ll e qui véri fi c (2.28. 1). Quant à l' un ici té, elle ré-
sulte du le mme 2.28.2.
b. Lorsq ue les mes ures µ i sont complexes, notonsµ: leur partie réell e etµ~'
leur partie imaginaire. On pose alors µ 1 0 µ 2 = v' + iv" où
(2.28.6) v' = µ~ 0 µ~ - µ~ 0 µ~, v" = µ~ 0 µ~ + µ~ ® µ~.
On défin it ainsi une mesure complexe qui vérifie (2.28. 1). Quant à l' uni cité, si v
est une mes ure telle que v(A 1 x A2 ) = µ 1 (A 1 ) x µ 2 (A 2 ) pour tout A; E 'Ji, on
a nécessa irement 5Re v = v' et CSrn v = v" sur la semi -a lgèbre 'J 1 x 'J2 , donc sur
la tribu 'J1 0 'J2 d'après le le mme 2.28.2.
2. Soie nt J.li, v.; : 'Ji --+ ~ des mesures réelles. Alors, les mesures
(µ1 + V1) 0 (µ 2 + v2) et J.ll 0 µ 2 + µ1 0 V2 + V1 0 µ2 + V1 0 V2
coïncident sur la semi -algèbre 'J1 x 'J2 , donc sur la tribu 'J 1@'J2 d'après le lemme
2.28.2. On vérifie de même que (cx 1µ1) ® (0:2µ2) = 0:1cx2µ 1 ® µ2, a .; E R
2.28 PRODUIT ET CONVOLUTION DE MESURES RÉELLES OU COMPLEXES 3 17

Ceci prouve que l'applicatio n (2 .28 .2) es t bilinéaire lorsque IK = JR . Dans le cas
co mplexe, les applications µi H µ ; el µi H 1
µ;
é tant JR-linéa ires, on e n déduit, vu
les formules (2.28.6), que l'a ppli cation (2.28.2) est IR-bilinéaire. Pour co nc lure , il
suffit de vérifier que ( iµ 1 ) 0 µ2 = µ 1 0 ( iµ 2) = 'i (µt 0 µ2 ), ce qui est immédi at.
3. Vérifio ns e nsuite (2.28.3). Pour tout Ai E T;, on a
l(µ1 0 µ 2)(A1 X A2)1 lµ1(Ai)I X lµ 2(A2)I :::; lµ1l(A1) X lµ2l(A 2)
< ( lµ1l @ lµ2 l) (A t X A2)
e t, vu le le mme 2.28.22 , cec i prou ve que 1111 0 µ 21 ::; lµ1 l 0 IMI· Vérifi ons l'in-
éga lité opposée, c'est-à-dire d 'après le lemme 2.28.2 que, po ur tout A ; E T i,
( lµ1 l @ lµ 2l ) (A1 X A2) :::; lµ 1 0 µ 2l(A1 X A2) ·
O n peut supposer IJ1,,; l(Ai) > 0, soit 0 :::; ai < lµ;l (A;) ; d ' après la formule
défi nissant lµ ;I (exerc ice 2.4.2), il ex iste une tàmille finie (A ;J) JEJ, d 'e nsembles
de '.r:; di sjo ints deux à deux contenus dans A i te ll e qu e a ; :::; LJ EJ; Iµ .; (A ;J ) I, d'où

a1a2 :::; L l(µ1 0 1L2)(A1j X A 2k) I;


(j ,k )EJ1 x h
cec i montre que a 1a2 :::; 1µ 1 0 µ 2 l(A 1 x A2) e t on en déduit le rés ultat voulu.
4. Quant à (2 .28.4) et (2.28.5), si µ = µ 1 ® µ 2 , on a d ' après (2.28.3)
lµI = µl+ 0 µ 2+ + µ1 - 0 M- + µ1 - 0 µ2+ + µ l+ 0 µ 2-
et o n conclut en utili sant les formulesµ + = ( lµ I + µ) / 2 elµ _ = (lµ I - µ) / 2.
Q .E.D .
Corollaire 2.28.3 Soient µi : 'J.; -+ <C des 11zes1'res complexes et f i : X; -+ C
des fonctions définies presq1'e parto1't µ ;-intégrables, alors la fon ction
fi QSI h : X1 x X2 -+ <C est µ 1 0 µ r intégra/Jle et
(fidµi) 0 (f2dµ 2) = (fi 0 h)(dµ1 0 dµ 2) .
Preuve On remarque que l'appli cation
(f;, µ; ) E [, 1 (X;; <C) x M(X;, 'J;; C) H f idµ i E M(X;, 'I;; q
est bilinéai re . En écrivant les mesuresµ ; (resp. les fonctions f ; ) comme des co m-
binai sons linéaires de qu atre mesures (resp. fonctions) pos itives , o n se ramène au
corollaire 2.24.7 , l' intégrabilité de fi 0 h résultant de (2.24.5). Q .E.D.
Exercice 2.28.1 1. Soient f , g : lR -+ iR des fonct ions local ement intégrab les telles que, pour tout
a, b ER a < b,
l bf( x) dx '. : lb g (x) dx .
M ontrer que f '.':: g p.p. [l orsque f et g sont intégrables, LJlilise r le lem me 2.28.2] .
2. On cons idère la suite f n : ~-+IR où f n(x) = sinn:r:. Montrer que, pourtout a , b E IR,

li m
n -Hx) la
b
f n(x) dx= O, lim
n ----looo
lb
a
b- a
f n(x )2 dx = - -
2

el en déduire que la suite U n ) n'ad met pas de sous-s uite convergeant presque partout alors que cette
suite est relat i vement compacte dans l'espace '.fs( IR; IR) pour la topologie de la convergence simple.
318 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Expliquo ns ensui le comme nl on peul convoler des mesures dé fini es sur la tribu
boré li enne 'B (!Rn) de !Rn. On noiera T l' application
T: (x1,x2) E !Rn X !Rn>--+ X1 + X2 E !Rn;
celle appli calio n esl ('13(1Rn) , '.B(Rn))-mesurable . Si µ i : 'B(!Rn) ---+ i+ sont de ux
mesures positives ()- fini es ou s i µ ; : 'B(!Rn) ---+ C sont de ux mesures complexes,
l' image par T de la mesure µ 1 @ µ 2 est appel ée le produil de conv o lution des
mes ures µ 1 et µ 2 , soil
(2.28.7)
Cette défi nition générali se la convolution des fo nctions é ludiées au p aragraphe
2.27 . On a e n effet les résultats s uivants.
Proposition 2.28.4 Soient f i : Rn ---+ R+ des f onctions définies presque partout
mesurables telles que Les mes ures f idx soient a-finies, alors
(f1dx) * (hdx) = (fi * h) dx.
On a le même résultat Lors que les fo nctions f i : !Rn ---+ C sont des f onctions
dé.finies presque partout intég rables.
Preuve 1. Lorsque les fon ctions f ; sont positives, soit B un boré lien de Rn, on a

I (Cf1dx) * (hdx)) (B) = ; · (fidx 1) @ (hdx2 )


T - 1 (8)

j.
r -
fi( x i)f2(x2) clx 1dx2 =
1 (B)
r
lRnxR"
h(x i)h( x2) ll a(x1 +x2) dx 1dx2,

soit en posanl x 1 = y e t en effectua nt le changemenl de va ri ables x 2 = x- y

I = l"x'iR" fi(y)h(x - y) ll s(x) dx dy


el, d 'après le théorème de Fub ini ,

I = { ( f' f 1(Y)h( x - y) dy )dx = { (fi* h)(x) dx ,


la l~.. la
ce qui prouve le résulla t vo ulu.
2. Lorsque les fo nc tions f i sont intégrables, elles pe uvent s'écrire comme la
combinaison linéaire de quatre fonctions positives intégrables. On se ramène alors
à 1. en ulilisant la linéarité des appl icalions fi >--+ f;dx et la bilinéarité des appli -
cations (µi, µ2) >--+ µ1 * µ2 et (fi, h) >--+ h * h Q.E.D.
F - Espaces LP

2.29 Espace L 00
Con sidérons d 'abord des foncti ons à valeurs réelles. Étant do nné un espace mes uré
(X, 'J, µ)e t une fo nctio n f : X ---t R dé fini e presque parto ut, on défi nit la borne
supérieure essentie lle et la borne in fé rieure essentielle de f co mme suit
(2.29. 1) M 00 (f) = sup ess f( x) = inf{a E i"; f :::; ap.p.},
xEX

(2.29.2) m 00 (f) =inf ess f(x) = sup{a


xE X
E i"; f 2'. ap.p.}.

Observo ns dès ma intenant que, si f , g : X ---t i" sont de ux fo nctions dé fini es


presque partout égales presque partout, alors
M 00 (f) = M 00 (g) et m 00 (f) = m 00 (g).
Étant donné que m 00 (f) = - M 00 (- f), co ntentons-nous d 'établir les proprié-
tés d e la borne supérieure essentielle. Vo ic i d 'abord une caractéri sation utile.
Proposition 2.29.1 Soit f : X ---t R une fonction définie presque partout, a lo rs
la b orne supérieure essentielle de f est caractérisée par les deux prop riétés sui-
vantes.
1. Pour presque tout x, f( x ) : '.'.: M 00 (f).
2. Pour tout a E lR tel que a < M 00 (f), l 'ensemble { x E X ; f (x) > a} n'est
pas négligeable.
Note L'ensemble { x E X ; f (x) > a} est bie n dé fini à un e nsemble négligeable
près.
Preuve O n peut supposer f partout dé fi nie ; vérifions a lors les pro priétés 1.
et 2. La propriété 2. résulte de la définiti on m ê me de M 00 (f). Quant à la pro-
prié té L., il s'ag it de vérifier que l'e nsemble A = {x E X; f( x ) > M 00 (f)} est
nég ligeabl e. Or, A = LJ~= l An où les ensembl es
An = {x E X; f( x ) > M 00 (j) + l /n}
sont négligeables d'a près la dé fini tion de NI°" (f), ce qu i permet de concl ure .
Réciproqueme nt, so it M E i" tel que f :::; M p.p. et tel qu e, pour to ut a < M,
{x E X ; f( x ) > a } ne soit pas négligeable. A lors, M 00 (j) :::; Met a < M 00 (f)
dès que a < M, d ' où M = M 00 (f). Q.E.D.
320 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Ceci montre en partic ulier que


m 00 (f) ~ J(x) ~ M 00 (f) pour presq ue tout x.
Si la mesureµ n'est pas identiquement nulle, c'est-à-d ire si µ(X)-=/- 0, on a donc
m 00 (f) S M 00 (f) et il exi ste une fonc tion g : X -+ iR partout dé finie telle que
f = gp.p. et m 00 (J) ~ g( x) ~ M 00 (J ) pour tout x. Lorsque µ(X) = 0, on a
M 00 (f) = - oo et m 00 (J) = +oo.
Proposition 2.29.2 /. Soit J: X -+ iR une fonction définie presque partout et
0 < À < oo, alors
(2 .29.3) M 00 (Àf) = >.M00 (J) .
2. Soient f , g : X ---7 R. deux fonctions définies presque partout te lles que la
fon ction f + g soit définie presque partout et telles que la somme M 00 (f) + .M00 (g)
soit bien définie , alors
(2 .29.4)
Preuve 1. s'obtient de suite d'après les définition s mêmes de M 00 (f) et M 00 (>.f) .
2. On peut supposer M 00 (f) < oo et M 00 (g) < oo , alors pour tout
a > M 00 (J) , b > M 00 (g), 0 11 a J ': : ap.p. e t g ~ bp.p., d ' o ù J + g ~ a+ bp.p.
el NI00 (f + g) S a + b, ce qlli prollve le rés ultat vou lu . Q .E.D .
Considérons e nsllite, E dés ignant un espace de Banach, une fonction
f : X ---7 iR (o u E) défini e presque partout ; on définit la borne essentielle de
f par
(2.29.5) 11111 00 = inf{ a E îR+; 11111 ~ ap.p.} E R+.
On observera que l f lloo = Noo (llfll) si µ(X) -=/- 0 et llf lloo = 0 si µ(X) = O.
Des proposition s 2.29. 1 et 2.29.2, on dédui t les résultats sui vants.
Proposition 2.29.3 Soit f : X -1 iR (ou E) une f onction définie presqu e partout,
alors la borne essentielle de f est caractérisée par les deux propriétés s uivantes.
1. l f(x) l ~ llfll oo pour presque tout x,
2. pour tout 0 ~ a < llfll oo. l'ensemble {x E X; l f (x)ll > a} n 'est pas
négligeable.
Proposition 2.29.4 1. Soit j : X ---7 iR (ou E) une fonction définie presque par-
tout et À E R. (ou IK), alors
(2.29.6) 11>-Jlloo = l>-1 llflloo·
2. Soient f , g : X ---7 iR (ou E) deux fonctions définies presque partout telles
que la f onction f + g soit dé.finie presque partout, alors
(2.29.7) Il/ + 9lloo ': : llflloo + ll9lloo·
S i f , g : X --+ iR (ou E) sont de ux fo nc tions défini es presque partout égales
presque partout, on a llflloo = ll9ll oo· Pour to ute classe de fonctions
[j ] E '.f(X;R(ou E)) / '.Rµ,
on pe ut donc poser Il [f] lloo = llfll ou où f E [fl
2.29 ESPACE L 00 321

On dit qu ' une foncti on f est essentiell ement bornée si 1 11 100 est fini ; cec i
sig nifie qu ' il ex iste une fonction partout défini e g : X-+ IR (ou E ) bornée, égale
à f presque partout et telle que 1 111100 = supxE X l g(x)ll- On note '.f00 (X ; E)
l'en semble des fon ctions f : X -+ E parto ut défini es et essentiellement bornées ;
cet espace est un sou s-espace vectoriel de l'espace vectori e l '.f(X; E) sur leque l
11·11 00 est une semi- norme d ' après la propos iti o n 2.29.4. La topologie défini e par
cette se mi-norme n' est pas e n gé néral séparée. Étant donné que 1 1111 00 = 0 signifie
f = Op.p., sur l'espace quotient '.f00 (X ; E)/'R'", 11·1100 est une norme.
Proposition 2.29.5 Une suite Un ) de '.f00 (X; E ) converge ve rs f E '.f00 (X; E)
dan s l'espace '.f00 (X; E) si, et seulement si, ii existe un ensem ble négligeable N
tel que la suite Unlx - N) converge uniformément vers J lx - N-
Preuve l. Si la suite Un) converge vers fdans l'espace '.f00 et si C: k > 0 est une
suite co nvergeant vers 0, pour to ut k, il exi ste lin entier nk te l que Il! - fv lloo::; C: k
po ur p ~ nk ; i1 exi ste donc un e nsemble négligeable Nk te l que
s up llf(x) - J,,(x) ll S c: k pour p ~ nk·
xEX - Nk
L'e nsembl e N = LJ ~ 0 Nk est négligeable et
s up Ilf (x ) - f v(x) Il S Ek pour p ~ nk ,
xE X - N
ce qui prouve que la suite U lx - N) converge unifo rméme nt vers f lx- N·
2. S ' il ex iste une ensemble négli geable N tel que la suite U lx - N) converge
un ifonné mcnt vers f x - N, pour tout c; > 0 i1existe un enti er n tel que
1

su p llJ(x) - fv(x)ll S t: pour p ~ n,


xE X - N
d ' où llf (x) - f ,,(x)ll ::; c: pour presqu e tout :r, soit Il l - fvlloo Sc po ur p ~ n.
Q.E .D.
Proposition 2.29.6 L'espace :.t= (X; E) / :Rµ est un espace de Banach.
Preuve So it ([fn]) une suite de Cauchy de l' espace '.f00 (X; E )/ 'Rµ et soie nt
f n E [l n] des fon ctions bornées . É tant d onné une s uite C: k > 0 co nvergea nt
ver s 0, il existe des entiers n k te ls que Il f v - f q Il00 ::; Ek po ur p, q ~ nk . Les
ensembl es N,, ,q,k = {x E X ; llf,,(x) - lq( x )ll > c;k} sont donc négligeables
lorsque p, q ~ nk ; l'ensemble
OO OO CXl

N = LJ LJ U Np ,q,k
est négligeabl e et su p xE X- N llf,,(x) - fq(x) ll ::; Ekpour p , q 2'. nk.Ceci mo ntre
que la suite U nlx - N ) est de Cauc hy dans l' espace des fonctions bornées
'.fb (X - N; E) muni de la norme de la topo log ie d e la convergence uni fo rme et,
ce t espace étant complet [27, théorème 3.9.5], cette suite converge uniformém e nt
ver s une foncti on f E '.fb(X - N ; E) . Prolo ngeons f par 0 en dehors de X - N ;
on obti ent ainsi une fonction bornée 1°: X --7 E et la suite U nl x - N) conve rge
322 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

uniformé me nt vers J 0 1x - N, ce qui prouve que la suite ([ f n]) converge vers [f 0 ]


dans l'espace 3"00 (X ;E) . Q .E.D.
Définition 2.29.1 On note L 00 (X, 'J, µ ; E), ou simplement ..C 00 (X; E), l 'ensemble
des fonctions f :X --+ E µ! -mesurables essentiellement bornées.
Si f appartient à cet espace L 00 (X; E), il ex iste une fonctio n g : X --+ E µ !-
mesurable, bornée te lle que J = g p .p. et llflloo = s upxE X llg(x)ll-
On définit l' espace quotient
L 00 (X, 'T, µ ;E) =L
(X;E) = ..C 00 (X;E)/'.Rw
00

L'espace L 00 (X ; E) est un so us-espace vec tori e l de l'espace 3"00 (X; E) et l' es-
pace L 00 (X; E) un sous-espace de 3"00 (X; E) / '.Rµ.
Exemple 2.29.1 Soient 1 u11 e nsemble e t µ : 'Y(J) --+ i+ la mes ure d e dénom-
bre me nt, on a alors ,C, 00 (J ; E ) = L 00 (1; E) = 100 (1; E) .
Remarque 2.29.1 N ous dirons plus gé né ra le ment qu ' une fonction dé fiflie presque
partout f : X --+ E appartient à l ' espace ,C, 00 si f est µ !-mes urable et essen-
tie llement bornée, c ' est-à-dire s i sa c lasse d'équivalence [f] appartien t à l'espace
L= (X; E). Ceci sig nifie qu' il ex iste une fonctio n g : X --+ E partout définie,
µf - mes urable, bornée telle que f = g p.p ..
Lemme 2.29.7 L' espace L 00 (X; E) est f ermé dans 3"00 (X ; E) / '.Rw
Preuve Soit Un) une s uite de l' espace ..C 00 (X; E) convergea nt vers f dans l'es-
pace '.t00 (X; E). Tl s'ag it d e démontrer que f appartie nt à l'espace L 00 , c'est-
à-dire que f est µ !-mesurable, ce qui résulte des propositio ns 2.29.5 e l 2. 12.6 4 .
Q .E .D .
Note Si, dans la définition des espaces ,(, 00 , on substitue la µ -mesurabilité à la µf -
mes urabilité, rien ne pe rm et d' affirmer que ce le mme vaut e ncore, sauf lorsque la
mes ure est a -finie (corollaire 2. 12.5).
On e n déduit le théorème.
Théorème 2.29.8 L'espace L00 (X; E) est un espace de Banach.
Proposition 2.29.9 Soient E, F et G des espaces de Banach et so it (Ç, 17 ) f--t Ç17
une application bilinéaire continue de Ex F dans G notée multiplicativement que
nous supposons de norme ::; L Soient f E ..C 00 (X; E) et g E L 00 (X; F), alors
fg E L 00 (X;G) et
(2.29.8) llfglloo :S: llflloo ll9ll oo·
Preuve Pour to ut A E 'T de mes ure fini e, on a IlA(f g) = (Il Af)( Il Ag) ; d 'après le
le mme 2.24 .9, la fonction f g est µ !- mesurable. On a d 'autre part Ili Il :S: llflloo p.p.
et 11911 :S: 119 l oo p.p., d'o ù llJg ll :S: llf l oo ll9 ll oo p.p., ce qui prouve (2.29.8). Q .E. D.
En passant au x quo tients, o n e n déduit une applicatio n bi linéaire continue
(f, 9) f--t fg de L 00 (X;E ) x L 00 (X; F ) dans L= (X;G) de norme :::; L E n
particulier, s i E est une a lgèbre de Banac h, l'espace L 00 (X ; E) es t une a lgè bre de
Banach.
2.29 ESPACE u xo 323

Pour des fonctions à valeurs rée lles f : X ---+ "R, lorsq ue µ(X) =f 0, dire que f
est essentie llement bornée signifie que M 00 (j) et m 00 (f) sont finis. On a a lo rs la
Proposition 2.29.10 Inégalité de la moymne Soient f E L 00 (X; JR) et
g E l 1 (X; IR+ ), alors la fonction fg est intégrable et

m oo (f) ; · g dµ :::; ( fg dµ :::; M co (J) ; · g dµ .


X lx X
Preuve On peut supposer µ(X) =f O. La fonctiGn f g est µf -mesurable et à support
(}-fi ni car g est à s upport a- fini, donc fg est µ- mesurab le e t
m cxo (f)g :::; fg :::; M xo (f)gp.p.,
ce qui permet de conclure. Q.E.D .
Pour étudie r la séparabili té des espaces LC>O , nous utili serons les rés ultats s ui -
va nts. Étant donné un espace mesuré (X, '.T, µ),on pose
'.J1 = {A E '.P(X); A n B E T pour to ut B E T de mesure finie}
et, pour A E T 1 ,
si
µ1 (A) = { µ(A)
+ oo si
Lemme 2.29.11 Soit (X, T, µ)un espace mesuré, alors T 1 est une tribu contenant
Tet µ 1 : T 1 ---+ "R+ est une mesure prolongeant la mesureµ.
Preuve Il est c lai r que '.J1 conti e nt Tet que µ 1 prolongeµ.
1. Vérifions que T 1 est une tribu. On a évidemment X E T 1 . Soient A E T 1
et B E T de mes ure finie, a lo rs (X - A) n B = B - A n B appartient à T, ce
qui prouve que X - A appartient à T 1 . Si (An) est une suite de T 1 et B E T un
ensemble de mesure fi nie, l ' e nsemble
OO OO

(LJ A n) n B = LJ (An n B)
n=O n=O

appartient à Tet on e n déduit que T 1 est stable par réunion dénombrable.


2. On a µ 1 (0) = O. Vérifions que l'application µ 1 est croissante. Soient
A , B E T 1 tels que A C B . Si µ 1 (B) = +oo, o n a év idemme nt µ 1 (A) :::; µ 1 (B).
Si µ 1 (B) est fini , B appartient à T; il ex iste C E T de mesure fini e et un e nsemble
négligeable N te ls que B = CUN, d'où A = AnB = (A n C) u (A n N) et cec i
montre que A appartie nt à T; o n e n déduit µ 1 (A) ::; µ 1 (B) d'après la croissance
deµ.
So it (An) une suite d'ensembles de T 1 disjoints deux à deux de réunion A. S' il
existe un n tel que µ 1 (An) = +oo , a lors µt(A) = +oo d'après la croissance de
µ 1 etµ 1 (A) = L::= 0 µ 1 (An)- S ino n, tous les e nsembles An appar tie nne nt à Tet
la a-additivité de µ 1 résulte de ce lle deµ. Q.E.D .
Note Lorsque la mesureµ est a-finie, T 1 = 'Jet µ 1 = µ.
Lemme 2.29.12 Une fonction f :X ---+ "R (ou q est µf -mesurable si, et seule-
ment si, elle est T1 -mesurable.
324 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve D ire que f est µ!-mes urable signifie que, pour tout B E 'J de mesure fini e,
la fonction f ll B est 'f-mesurable, c'est-à-dire que, pour Loue ouvert 0 de i: (o u C),
(fll s) - 1 (0) E T. Or,
f - 1 (0) n B si Ost' O,
(f ll B)-l (O) = { (f- 1 (0) n B) U (X - B) si 0 E0

et cec i pro uve que laµ/ -mesurab ilité de f éq ui vaut à f - 1 ( 0) n B E 'J', c'est-à-
dire à f - 1 (0) E 'J1 pour to11L ouvert 0 de i: (o u q, ce qui permet de conclure.
Q.E.D .
On vérifie aisément que ('Ji) 1 = 'J1 . En effee, so it A E ('J1 ) 1, alors pour to ut
B E 'J1 de µ 1 -mesure fini e on a A n B E 'J1 = 'J1 ; il en résulte que, pour toue
B E 'J de µ - mes ure finie, An B = (An B) n B E Tet ceci montre que A
appartie nt bie n à 'J1 .
Cette proprié té montre, vu le le mme 2.29.12, qu ' une foncti o n
f : X -+ i: (o u <C) es t µ !_ mes urab le si, et seule me nt s i, e lle est µ{ -m esurable.
Les ensem bles nég li geables pourµ e t µ 1 étant les mêmes, les relations ~µ et 9<µ 1
coïncide nt et par conséquent
L 00 (X , 'J, µ ; IK) = l (X,'J1 , µ1 ; IK), L 00 (X, 'J, µ ; IK) = L 00 (X, 'J1, µ1 ; IK).
00

Ces espaces seront donc no lés L 00 (X; IK) e t L 00 (X ; IK) sans qu ' il soit utile de
préciser s' il s'agit de l'espace mesuré (X, 'J, µ)ou de l 'espace (X, 'J1 , µ 1 ) .
On a a lors la
Proposition 2.29.13 Le sous-espace ê.(X, 'J1 ; IK) / 9<µ des classes de fonctions 'J1 -
étagées est dense dans L'espace L 00 (X; IK),
Preuve Soit f E L 00 , il existe une fo nction g : X -+ lK 'Ji-mesurabl e, bornée
te lle q ue f = g p.p .. D'après la remarq ue 2.6.5 , il existe une suite de fo nctions 'J1 -
é tagées qui converge uniformé ment vers g, donc vers f dans l'espace L 00 d' a près
la propos itio n 2.29.5. Q .E .D.
Note Lorsque 'J1 -=/=- T, l'ensemble des classes de fonction s 'J-étagées n'est pas
de nse dans L =. E n effet, soit A E 'J1 - '.f, a lo rs la fonction n~ appartient à J' espace
L 00 mais, n'étant pas '.f- mesurable, ne saurai t ê tre la limite presque partout d'une
suite de ronctions 'J-étagées
Introduisons e nfin la notion d'atome.
Définition 2.29.2 Soit (X, 'J, µ)un espace mesuré, un ensemble A E 'J de mesure
> 0 est appelé un atome si, pour tout B E 'J, B C A, ou bien µ (B) = 0 , ou bien
µ(A - B) = O.
Si A E 'J est un ato me, alors tout e nsemble mesurable B C A de mesure stric te-
me nt positive est e ncore un atome.
Sur '.P(X), la relation 11. A = 11 8 p.p. est une re lation d 'équivalence que no us
no to ns '.Rµ,, La c lasse d'équivalence de A E P(X) sera noeée [A]. Lorsque
A, B E 'J, la re lation [A] = [B] s ignifie que A U B - A n B est de mesure
nulle, autrement dit que A et B ne diffèrent que d' un e nsemble de mesure nulle.
2.29 ESPACE L = 325

Si [A] = [B], on notera que µ(A) = 1i(B) e t que A est un atome si, et seul eme nt
si, Best un atome.
Exercice 2.29.1 Soit (X , '.T, µ ) un espace mes uré a -fi ni, alors tout atome est de mesure fini e et
l'ensemble des cl asses d'équi valence d'atomes est déno mbrabl e [examiner d'abord le cas où µ ( X) est
fini] .
Exercice 2.29.2 Soit (X, '.T, µ) un espace mesuré sa ns atome et soit A E '.T tel que 0 < µ(A) < oo.
1. M ontrer que, pour tout é > 0, il ex iste B E 'J, B C A, te l que 0 < µ(B) ::; é .
2. M ontrer que, pour to ut é > 0, il ex iste une partiti on fini e (A;);Ef de A telle que A ; E '.T,
µ ( A ; ) ::; r; [pour tout B E 'J, poser

m(B ) = su p µ( C ) ,
CE'J,CC B
/t ( C):'Ô<

cons truire une suite (An)n 2': l d'ensembles de 'J disj oints deux à deux telle que
n
(1/ 2)m(A - LJ A p) ::; µ(A n+1 ) ::; r; pour tout n
p= l
et écrire A = LJ~=ü Ap où Ao = A - LJ~= l Ap].
3. En déduire que, pour tout 0 < b< µ(A), il ex iste B E 'J, B C A, tel que µ (B) = b.

Proposition 2.29.14 Soit (X , 'J, µ ) un espace mesuré, alors les prop riétés sui-
vantes sont équivalentes.
/ . L'espace L 00 (X; JK) est séparable.
2. Toute f amille (Ai) d 'ensembles de 'J1 disj oints deux à deux et de mesure> 0
est fi nie.
3. L'ensemble 'Ji/~µ est.fini.
4. L'espace L 00 (X ; JK) est de dimension finie.
Preuve 1 ~ 2 Supposon s qu ' il existe une suite (An) d 'ensembl es de 'J1 di sj oints
de ux à deux de mesure > 0 et montron s que l'espace L 00 n'est pas séparable.
Po ur toute partie Id e N, posons A1 = U n Ef An et fI = 11. A 1 • On obtient ainsi
un e famill e non dénombrable (fi ) l E'J'(N) de fo nctions 'Ji-mes urables et bornées
tell e que llh - h lloo = 1 si I "!=- J . Ceci prouve que L 00 n'est pas séparabl e .
2 ~ 3 Si l'ensemble 'Jif'R 1, est infini, on construit une suite (An) d'ensembles
de 'J1 disj oints deux à deux et de mes ure > O. A cet effet, on considère l'e nse mbl e
A d es classes d 'équivalence d 'ato mes de l'espace (X, Ti, µi).
a. Lorsque l' ensemble A est infini , il existe une suite (Bn) d 'atomes te lle que
[Bp] i- [Bq] si p -=f. q. On pose
OO

An = Bn - LJ (Bn n Br)·
p=O
p o;i n

O n remarque que En - BP o u Bp - Bn est d e mesure > 0, les ensembles Bn étant


des ato mes ; ceci montre que les ensembles Bn n Bp sont de mesure nulle e t par
co n séquent µ 1 (An) = µ 1 (Bn) > O. Les e nsembles (An) éta nt disj oints de ux à
de ux , cec i permet de conclure.
326 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

b. Lo rsque l'ensemble Jt est fini , il ex iste n atomes (Bi )i ~i~n di sjoints de ux


à deux tels que tout atome so it équivalent à l' un des B ;. On pose
B = X - LJ~= l B i .
Montrons que Best de mesure > O. On raisonne par l'absurde . On suppose
µ 1 (B) = O. Pour to ut A E ':Tt , on pe ut écrire
n

A = (A n B) u LJ (A n B i)·
i=l
L'ensemble A n Best de m es ure nulle et, si µ 1 (A n Bi) > 0, [A n B i] = [B i].
Ceci montre que l' ensemble A est équivalent à l'ensemble u iE I Bi où I désigne
l' ense mble des i E [1, n] tel s que µ1 (A n Bi) > O. On en déduit que l 'ensemble
'J1/ 'Il..µ est fini , ce qui est co ntraire à l'hypothèse.
On remarque e ns uite que tout ensemble mesurable C C B n'est pas un atome
vu qu ' un tel ensemble n'est équivalent à aucun des Bi. En particulier Bo = B
n'étant pas un ato me, il existe Bt E 'J1 tel que B 1 C Bo e t µ 1 (Bi) > 0,
µ 1 (Bo - B 1 ) > O. Par récurre nce , on construit ainsi une suite décroissante (Bn)
d 'e nsembles de 'J1 telle que µ, 1 (Bn - Bn+i) > 0 pour tout entier n. Il suffit alors
de prendre An = B n - Bn+J. po ur conclure.
3 => 4 En effet, la proposition 2.29. 13 signifie que l'ensembl e des classes de
fo ncti ons ([n A])AE'Ti est un ensemble total dans L 00 .
Il est c lair enfin que 4 ==?- 1. Q .E.D.
Exercice 2.29.3 1. Soient X un espace séparé, 'J une tribu sur X con tenant la tribu borélienne et
µ : 'J -t i+ une mesurt:! régulière. Si A E 'J est un atome de mesure finie, montrer qu'il ex iste un
po int a E A tel que µ ( { a } ) = µ (A ) [en utili sant la proposition 2 .3.9, montrer qu ' il existe un co mpact
f< C A tel que µ (K ) = µ(A), puis considérer la famille (K ;);E J de tous les compacts K ; c K de
mes ure > 0 et vérifier que l' intersecti on cle cette fami lle est réduite à un pointJ .
2. Soitµ : l -t iR+ la mesure de Lebesgue sur !Rn. Montrt:!r que, pour tout ensemb l e A E l de
mes ure > 0, il existe un ense mble B E .C tel qut! B C A et µ (B ) > 0, µ (A - B ) > O.
3. En déduire que, pour tout A E .C cle mes ure > O. l' espace L 00 ( A ; !K) n'est pas sé parable.
La proposition 2.29. 13 va nous permettre d'étudier le dual de l' espace
L 00 (X )
00
=L 00 (X ;IK) ; cette étude est tout à fait semblable à ce lle du dual de
J'espace 1 [27, théorème 3.24. 1O] . La proposition 2.29. 13 montre que l'applica-
ti on linéaire
(2.29.9) <l> : TE (L 00 (X))' t-+ <I>r E '.f('J1 ; OC) où <I>r(A) = T([ll. A])
est injective. On note alors E l'ensemble des applications <p E '.f('J1 ; IK) vérifiant
(2 .29. 10) ip (A U B ) = ip( A ) + ip( B) pour tout A , B E 'J1 tel que A n B = 0,
lllPll = sup L i E i lip(Ai)I est fini, oli la borne s upéri eure
(2.29. 11 ) porte sur l'ensemb le de toutes les familles fini es (Ai)
{ d' ensembles de 'J L disjoints deux à deux ,
et
(2.29.12) <p(A) = 0 pour tout A E 'J1 de mesure nulle.
Il est c lair que E est un sous-espace vectoriel de '.f('J1; IK) el que <p >-+ l <f?ll est une
norme sur cet espace. On a a lors le
2.29 ESPACE U '° 327

Théorème 2.29.15 L'application linéaire <I> : TH <Pr est une isométrie linéaire
du dual de l'espace L 00 (X) sur l 'espace E.
Preuve 1. On vérifie d 'abord que <I>:r appart:ie nt à E. Soie nt A , B E '.T1 de ux
ensembles di sj oints, alors [IlAuB] = [IlA + 1La ] =[RA]+ [ll a], d ' où
<I>r(A U B) = T ( [Il A] + [IlB] ) = T([lLA]) + T([ll a]) = <I> r (A) + <I>r(B)
et cec i prouve (2.29. l 0). Vérifi ons (2.29. lL ). Soit (Ai)iE / une fa mille fi nie
d' e nsembles de '.T1 di sj oints deux à deux. So it ai E lK de module 1 tel que
IT ([ll A,]) I = aiT([ll A,]), d 'où l<I>:r(Ai )I = a,T([llA,]) et
L l<I>:r(Ai )I = T(L a.;[llA,]) ;
iEI iEl
on e n déduit que

iE J
vu que Il LiE/ aill AJ oo ::; 1. Cec i prouve que ll<I>rl l est fini et ll<I>r ll ::; ll Tll-
Qu a nt à (2.29.1 2), si µ 1 (A) = 0, [11. A] = 0, d 'où i.D r( A) = O.
2. Vérifi ons ensuite que l'applicati on cI> est surjective. Soit r.p E E, o n d é-
finit d 'abord une forme linéaire S sur l'espa.ce ë(X, 'J1 ) de la façon suivante.
Toute fon ction 'Ji-étagée pe ut s'écrire J = L iE 1 a;ll. A., où ai E lK e t (Ai)
est une parti tion fini e de X constituée d 'ensembles de T 1 ; on pose alors
S(f) = L iE I air.p(A.; ). Cette applicati on S est bien défini e car S(f) ne dé pe nd
pas de l'écriture de f. En effe t, si f = Lj EJ bj lL B J où aj E lK e t (Bj) est une par-
tition fini e de X constituée d' ensembl es de '.J i , on ar.p(A;) = LjEJ r.p(Ai n BJ )
d'après l' additi vité de r.p, d 'où L iE J a;r.p(Ai ) = L iu LJEJ a;r.p(A; n Bj ) et de
mê me LJ EJ bjr.p(Bj) = L ;EJ LJEJ bjr.p(Ai n B J)· Étant donné que ai = bj
lorsque A; n BJ est no n vide, on e n déduit le rés ultat souhaité.
Vérifions que l' appli cation S : ë(X, 'Ji) ---+ IK est linéaire. Si f et g sont
deux fonctions étagées, on pe ut trouver une partition fini e (A; ) ;E J de X te lle que
f = L iE I a; ll. A., et g = LiEI bill. A, où A ; E 'I1, ai, bi E lK. Soient a:, f3 E lK,
alors a. f + f3g = LiEf(a.a ; + f3 bi )11 A, , d' où
S(a. f + f3g) = L (a.a; + /3b;)r.p(Ai) = a.S(f) + f3 S(g).
iEJ
Montrons ensuite que S (f) ne dépend qlle de la classe d 'équivalence de f .
Conservons les notations précédentes et supposons f = g p.p., c'est-à-dire a ; = b;
lorsque µ 1 (A; ) > 0; étant donné que r.p(A; ) = 0 lorsque µ 1 (A;) = 0, on a bi en
S(f) = S(g).
Ceci permet de dé finir un e application linéaire [S] : ë(X, 'J1 )/'.Rµ ---+ lK e n po-
sant [S]([f ]) = S( f) où f E [il M ontron s qll 'elle est continue pour la topo logie
induite par celle de l'espace L 00 . Si J = L ;u a; ll A., , on a Ill 1
100 = max;E J la;I
où J = {i E l ; µ1(Ai) > O} , d 'o ù
l[S]([f ]) I = IS(f)I ::; l f lloo L lip(A;)I '.'.:'.: 11Jlloo l 1Pll i
iEJ
328 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

ceci prouve que [S] est une forme linéaire contin ue de norme '.'::: ll'Pll· Elle se
prolonge donc en une forme linéaire continue T sur L = (x) de norme '.'::: ll'Pll et
'P = <I>r vu que <I>r(A) = T([Il.A]) = S( Il. A) = <p(A). Ceci prouve que <I> est
surj ec tive et, d'après 1., on a ll<I>rll = llTll, ce qui prouve le théorème. Q.E.D.
Étudion s ensuite les parti es fortement compactes de l'espace L 00 (X ;lK). Si
[f] est une classe d'équivale nce de fonctions de X dans lK et si A est une partie
non vide de X , on définit le diamètre essentiel de [f](A) par
d iam ess [f](A) = inf diam f (A ).
/E[f]
On a alors le

Théorème 2.29.16 Une partie A de L 00 (X ; JK) est relativement compacte si, et


seulement si, les propriétés s1tivantes sont vérifiées.
(2 .29. 13) A est une partie bornée,
( ){pour tout E > 0 , il existe une partition finie (Ai ) de X telle que
2 29 14
· · A ; E 'J1, Ai f 0 et diam ess [f] (Ai) ::; E pour tout [f] E A et tout i.
Preuve 1. Si A est relativement compact, A est borné. Le sous-espace
E = ë(X , 'J1 ; JK) / '.Rµ étant partout dense, l'e nsem ble des boules ouvertes
(B( [J]; c)) [J]EE est un recouvrement du compact A ; il existe donc une famille
finie ([fk])k EK de classes de fo nctions 'Ji-étagées telle que A c u kEJ( B([h]; c ).
Choisissons des représenta nts fk E [/k], il existe une partition finie (Ai) iE I de X
telle que A i E '.J1 , A i f 0 et des scalaires ak ,i E lK tels que fk = I:iE 1 ak ,i Il. A,.
Pour tout [f] E A, il ex iste k tel que Il[!] - [fk] l oo '.': : E , soit
lf(:r: ) - a k,i l '.'::: E: pour presque tout x E A ;.
Il en résulte qu ' on peut cho isir f E [! ] tel que lf(x) - uk ,i l ::; E: pour tout x E A;,
d'où f (Ai ) C B'(ak ,ii c) et par conséq uen t diam ess [!](A;) ::; 2E, ce qui prouve
(2 .29.14)
2. Réciproquement, les propriétés (2.29. 13) et (2.29.14) étant vérifiées, mon -
trons que A est précornpact. Soit [f ] E A, il ex iste une fonction f E [!] telle que
diam J(Ai) '.'::: 2r:: pour tout i. Soit r = sup [f]EA Il [!] Il=· Lorsque µ1 (Ai) = 0,
on peul cho isir f tel que f = 0 sur Ai et, lorsque µ 1 (A;) > 0, il existe a E A ;
tel que lf(a)I ::; ·r, d' où IJ(x)I ::; r + 2E: pour x E Ai. Ceci mon tre qu'on
peut choisir un représentant f E [f] tel que diam f(Ai) ::; 2c pour tout i et
s upxE X IJ(x)I ::; r + 2r::. Considérons alors une partition finie (BJ)J EJ du disque
{t E lK; ltl ::; r + 2c} où les BJ sont des boréliens non vides de diamètre
::; E ; choisissons des points bj E BJ. Pour tout i, il ex iste j(i) E J tel que
f(A i) n BJ (i) f 0, d' où lf(x) - bJ (i) I ::; 3c pour x E A i et, par conséq uent,
llf - L ·iE l bj(i)Il AJ oo '.'::: 3 c. Ceci montre que l' ensemble des boules fermées de
rayon 3c dont les centres sont les classes des fonctions I:iE I bJ(i) llA,, où i f-7 j( i )
décrit l' e nsemble des applications de I dans J, est un recouvrement de A et, cet
ensemble étant fini , cec i prouve que A est précompact. Q.E.D.
2.30 ESPAC ES LP 329

2.30 Espaces LP
Éta11t do nné un espace mesuré (X, 'J, µ), un es pace de Banach E, un no mbre réel
0 < p < oo e t une fo nc ti on f : X -+ iR (o u E) défini e presque parto ut e t µ -
mesurable, o n pose (si f est à valeurs dans iR, llfll signi fie lf l)

llfllr = (J~ llfllr dµ ) l /p E iR+.

On dit que f est de pui ssa nce p iè me_ intég ra ble, o u que f apparti e nt à J:,P , si
llfl Ir est fini . On note U(X, 'J, µ ; E) o u s i1n ple ment J:,P(X, E) l'e nsembl e de
toutes les fon ction s f : X -+ E parto ut dé fini es µ -mesura bles tell es que Il f l r soit
fini. Pour p = 1, il s'ag it bi en de l'espace des foncti o ns µ-intégrabl es. On pe ut
vér:ifie r dès mainte na nt que J:,P(X; E) est un sou s-espace vecto riel d e l'espace
M(X;E) des fo nctio ns µ -mesurables. On no te d 'abord que 11-\Jllr = l>-1ll f llr
po ur to ut À E lK : s i f apparti ent à J:,P(X; E), il en est donc de mêm e de >.f.
Lo rsque 1 ::::; p < oo, la convexité de la fo nction t >--+ tP sur [O, oo[ mo ntre que
(a+ b) P ::::; 2r- 1(aP + bP) pour tout a, b 2': 0 et on en déduit que, pour to utes
fo n ctions f , 9 : X -+ iR+ défini es presque parto ut µ- mesura bles

(2.30. 1) llf + 911~ : : ; 2r- l ( ll f ll~ + 1 1911~) , 1 ::::; p < 00 .


Ce tte inéga lité subs iste po ur des fon ctions f , g : X -+ E d éfini es presque parto ut
µ- m esurabl es car

llf + 9 11~::::; 1111111+11911li~ e t 11 llf ll l v = llfllr, 1111911llr = l 9llr·


Lorsque 0 < p ::::; 1, on re marque que (a + b)P ::::; aP + bP po ur tout a, b ?': 0: en
effe t, la fon ction ip(t) = 1 + t1) - (1 + t)P est 2': 0 pour tout t ?': Ocar ip(O) = 0 et
ip'( t ) = p[tP- 1 - (1 + t)P- 1 ] :?: O. On e n déduit comme précéde mme nt que, po ur
to ~tes fon cti ons f, 9 : X -+ E défini es presque partout µ-m es urables

(2.30.2) Ili + 9 11~::::: l l f ll~ + 1 19 1 1 ~,o < P ::::; i.


Les inégalités (2.30. l ) e t (2.30.2) mo ntre nt que f + g E J:,P(X ;E) dès que
f, g E ,l P(X; E) e t cec i prouve bie n que J:,P(X; E) est un espace vecto rie l.
On introduit l' espace vec to riel quoti e nt
LP(X, T , µ ; E ) = J:,P(X , 'J, µ ;E) / '.R 1,
que nous noterons égale me nt LP(X; E). Si f , 9 : X -+ iR (o u E) sont de ux fon c-
tions dé fini es presque pa rto ut µ-m esurabl es telles q uc f = 9 p.p., on re ma rqu e qu e
l f llr = ll9llp· Si [!] est la classe d 'équivale nce d' une fon c ti o n f : X -+ iR (ou E )
défini e presque pa rtout µ -mes urable, cec i pe rme t de poser

Il [f] llr = (/~ Il [f ] llPdµ) l/p = llfllr où f E [f].


Lo rsque p 2 1, no us all o ns montre r que ll· llr es t une semi-norme s ur l'es pace
vectori el J:,P(X ; E) . No us utiliserons l' in éga lité de Holder qu e vo ici .
330 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Proposition 2.30.1 Soient j', g : X -+ i+ des f onctions définies presque partout


µ -m esurables et 1 :::; p, q :::; oo des réels tels que l / p + l / q = 1, alors
(2 .30.3) llfgll 1 ::;: llf llP ll9llq (inégalité de Ho/der).
Note Lorsque 1 /p+ l / q = 1, on dit que pet q sont des indices conjugués. Lorsque
p = q = 2, l' inégalité de Holder s' appelle l' inégalité de Cauchy-Schwar z. Lorsque
p = oo, on convient que 1/m = 0 et on a alors q = 1.
Preuve 1. Si p = oo, do nc q = 1, il s'ag it de véri fier que llfg ll1 :S l lfll ooll 9lh
qui résul te de l' inégalité f9 :::; llf ll 00 gp.p .. On trai te de même le cas p = 1,
q =OO.
2. Lorsque 1 < p , q < m , on peut supposer ll f llP et llg llq non nuls : en effet,
11 / llP = 0 signifi e f = Op.p., on a alors f g = Op.p. d'où ll fgl l1 = 0 et l' inégalité
est évidente ; il en est de mê me si ll9llq = O. L'inégalité étant d'autre part vérifiée
lorsque 11/llP = +oo ou ll9 l q = +oo, on peut supposer 0 < llf llp, ll 9llq < oo.
Utili sons alors le lemme 3.24. 1 de [27] . Pour tout a , b ~ 0, on a
aP bq
ab < - + - .
- p q
Prenons a = f(x)/ llJl lP et b = g (x)/l lgllq. on a al ors
f(x) g (x ) 1 f (x)P 1 g(x)q
llJllPl lYllq ::; Pllfll~ + q llg llg p.p.
et, e n intégrant,

f,/"gdµ < ~ + ~ = 1
ll f llvllgllq - P q
ce qui prouve l' inégalité voulue. Q.E.D .
Corollaire 2.30.2 Soient f, g : X -+ i+ des f onctions définies presque par-
tout µ -mesurables et p , q, r trois nombres réels de l'intervalle JO, oo] tels que
l / p + l / q = l / r, alors
(2.30.4) llfg llr ::;: llf llvll9 llq (in égalité de Ho/der).
Preuve 1. Lorsque r = oo, on a p = q = oo et f :S Ilf lloo p.p., g :S 119ll oo p.p.,
d'où fg :::; llfllooll9llooP·P· et Il/9l loo :S llf lloollglloo-
2. Si 0 < r < oo, on pose p' = p/r, q' = q/r, alors l /p' + 1/q' = 1
et ll(fgtll1 ::; llrllP'llYrllq'· On remarque ensuite que ll(fg) 'îl1 = llfgll~,
llrllv' = 1 1 !11~ et llg'l lq' = 11 91 1~. ce qui permet de conclure. Q.E.D.
L' inégalité de Hôlder (2.30.4) subsiste pour des fon ctions à valeurs d ans i: il
suffit de remarquer que pour toute fo nction f : X -+ i défini e presque partout et
µ- mesurable, on a Il f l v = 11 If l llv quel que so it p E ]O, oo]. Pour des f"c.mcti ons à
valeurs dans un espace de Ba nach, on a le
Corollaire2.30.3 So ient E , F et G des espaces de Banach, (Ç,r7) t---+ Ç·17 une
application bilinéaire wn.tinue de E x F dans G notée multiplicativem ent que nous
supposons de norme ::;; 1 et p, q , r E ]O, oo] des réels tels que l /r = 1 )p + l / q.
2.30 ESPACES LP 331

Si f : X -+ E et g : X -+ F sont des f onctions défi nies presque partout µ-


mesurables, alors
(2.30.5) lli g llr :S: lli llPl lg llq (inéga lité de Ho/de r).
Preuve La fonction défini e presque partout f g : X -+ G est µ-mes urable
d'après le lemme 2.24.9. Il suffit alors de remarquer que lli llP = 11 ll ill llP'
1191 1!/ = 11llgll llq et llig llr :S: li ll i ll ll9 ll llr· Q.E.D.
Exe rcice 2.30.1 Soit f : X -+ IR+ une fo nction µ -mes urable, on pose
l = {p E JO, oo]; llf[lp < oo) .
O n s uppose q ue f n'est pas négli geab le.
1. Mon trer que I est un intervalle noté IP1 ,P2I. 0 :::; Pl :::; p2 :::; oo, e l que la fo nction
x H log llflli ;x est convexe sur l ' intervalle ]l / p2, l / p1[, image de l' inte rva ll e IPi , p2I par l'ap-
pli cation x H l /x.
2. E n déduire que, pour 0 < p :::; q :::; oo,

(LPnLq)(X;E ) c n
p 5:_ r $. q
L'( X ;E).

3. Montrer que la fonction <p : p E [p1, p 2] H ll fl IP E IR+ est continue (lorsque Pl = 0 , on


conv ienl que [p1 , p2] = ]Pt , p2]).
Corollaire 2.30.4 So ient f , g : X -+ ÏR+ des f onctions définies presque partout
µ-m esurables et 1 ::;: p ::;: oo, alors
(2.30.6) Il i + gllP :S: lli llP + ll 9l lP (in égalité de Minkowski ).
Preuve L' inégalité étant acqui se pour p = 1 et p = oo , on peut supposer
1 < p < oo. Remarquon s que (2.30.6) est trivialement vérifié lorsque
Ili + 9 llP = 0, on peut supposer llf + g llv =1- O. Notons en outre que (2.30.6)
est vérifié lorsque Ili + g ll P = oo d'après (2 .30 . L), on peut supposer Il i + gl lP fini .
On écrit alors (f + g)P = i(f + g)p- J + g(j + g)P- l p.p., d'où, d'après
l' in égalité de Hêilder,
1 1
ll(f + g)P ll1 :S: llJl lPll(f + g)P- llq + ll 9llrll(f + g)P- 11"
où q est l' indice conjuqué de p. On a

ll(f + g)P- 1llq = (l (J + g) (p- l)q dµ ) l/q = (l (f + g)P dµ r/q


car (p - l )q = pet cec i montre que
Ili + gll ~ ::::: ( llillp + ll9l l p)l l f + g ll ~ 1 q .
Ceci permet de conclure vu que Il i + g ll P est fini non nul et p - p / q = 1. Q.E.D.
Si i , g : X -+ E sont des fon ctions défini es presque partout µ -mesurables et
si 1 ::;: p ::;: oo, on a
Ili + g ll v = li Ili + 911llP S 11l li ll+ 11911ll v :S: lli llr + llg llP,
soit Il i + gll P :S: llil lP + ll9l lp· Ceci montre que l · llP est une semi-norm e sur
l'espace vectoriel ,l P(X ; E) . La topolog ie définie par celle se mi-norme est appelée
332 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

topologie de la convergence e n moyenne d'ord re p ; lorsque p = 2, o n parle de


convergence en moyenne quadratique. Cette to pologie n'est pas séparée en général
car llfllP = 0 s ignifie f = 0 p.p. ; la li mite d ' une suite n'est bien d éfinie que
modulo la relation d'équivalence '.Rµ- Dire qu ' une suite Un) de LP converge en
moyenne d 'ord re p vers f E [, P signifi e q ue

(2 .30.7) l im ; · If - f n lp dµ = O.
n---7CXJ ..X.

Sur l' espace quotient L P(X; E), l'application l ·llP est alors une norme et la
topologie défini e par cette norme s'appelle encore la topologie de la convergence
en moyenne d ' ordre p. Dire qu ' une suite Un) de L Pconverge en moyenne d'ordre
p vers f E LP s'écri t toujours sous la fo rme (2 .30 .7).
Lorsque 0 < p < 1, ll· llPn'est plu s une semi-norme sur l'espace [,P ; on pe ut
cependant définir sur l'espace LP une topolog ie d 'e. v.t. qui est métrisable et te lle
que la convergence se trad ui se touj ours par la condi tion (2.30 .7) (exercice 2.30. 3).
Exemple 2.30.1 Soient 1 un ensemble et µ : 'Y(I) -+ ÏR+ la mes ure de dé nom-
brement, alors J:,P( J; E) = LP(J ; E) = LP( J ; E) quel que soit p E JO, oo] o ù les
espaces [ P (I; E) so nt défi nis et étudiés dans [27, paragraphe 3.24].
Exercice 2.30.2 Soient (X i, T; , µ.;), 'i = 1, 2, des es paces mes urés a-fini s, f : Xt x X 2 -+ iR+
une fonct io n µ1 0 µ 2- rnesurable et p ;::: 1, montrer que
1 11
(fxl([2 JdMrdµ1)1 p s[
2
(L, J Pdµ1 ) pdµ 2

[on peut supposer f '.T1 0 î2-rnes urable et p > 1, so it q l' indice conjugué de p, on pose

g = f(f j Pdµ1) - l (pqs i f·. j1'dµ1 # 0etg = 0si { jPdµ1 = 0;


l x, _x 1 l x,
1 = g(fx 1 f P dµ1) 1 I pq p.p., pui s utili ser! ' inégalité de Holde r] .
vérifier que
Exercice 2.30.3 Soit 0 < p < 1, on pose
d(f,g) = [ 111 - 9llP dµ pour f , g E LP(X;E).

1. Mo ntrer que d est une di stance sur LP (X; E) invarian te par translation e t que cette distance
définit une topologie d'e.v.t.
2. On suppose l'espace mesuré (X , '.T, µ. ) sans atome.
a. Soit f E LP(X; E), on pose a= Il 111~. En utilisant l'exercice 2.29.2, montrer qu'il existe
A E '.Ttelq ue
r IJJllPdµ. = lx-A
lA
( llfllPdµ = a/2.

b. En déduire que l'enveloppe convexe de toute boule fermée B'(O;r) , r > 0, est égale à
L P(X; E), p uis q ue le dual de LP(X; E) est réduit à {O}.
Note On notera q ue ce dernier rés ultat n'est nu lle ment contradictoire avec celui de l' exerc ice 3.24.6 de
[27] relatif à la mes ure de dénombrement.

Exercice 2.30.4 Soit f n: X -+ E une suite de fonctions de LP, 1 S p < oo, convergeant presque
partout vers une fon ction f : X -+E de J:,P, montrer que la suite(!,,) converge vers f en moyenne
d' ordre psi, et se ule ment si, ll JllP = li mn -+oo ll f n llP [po ur vérifier q ue la condition est suffi sante,
on pourra utili ser la fo ncti on 9n = 2P - l (llJllP + llfn llp ) - Il! - f n llp].
2.30 ESPACES L P 333

Exercice 2.30.5 1. Soit 1 < p < oo, en utili sant l' inégal ité de l' exercice 1.9.8, montrer que l'appli-
catio n <T> : f E L P(X; IR ) >--+ l i / li~ E IR est différentiable e t que

DiJ>(f).h = p L 2
! IJ IP- hdµ.

2. En déduire q ue l' appl ication 11• ll P est différenti able e n to u1point f i 0 et calcule r sa dé rivée.
Exe rcice 2.30.6 Soient p tel que 0 < p < 1 et q le n<Jmbre réel te l que 1/ p + 1/ q = l (on notera
que q < 0).
1. Soient f , g : X ---7 ~+ des fonct ions mes urabl es telles que 0 < Jx gq dµ < oo (on convient
que oq = +oo), montrer que dans iR+

ll Jgl h 2 (L JP dµ r /p >< (L gq r/q dµ

[se rame ne r au cas où g(x) > 0 pour tout x , p ui sécrireJP = rpij; où rp = (f g)P, ij; = g-P et utili ser
l' inégalité de Holdcr pour majorer ll 'Pi/J ll 1 ] .
2. S i f , g : X ---7 IR+ sont des foncti ons mes urabl es, en déduire q ue

[se rame ner au cas où 0 < Il/ + gllP < oo, pui s s ur A = {x E X; (f + g)(x) > O} écrire
(f + g)P = J(f + g)P - 1 + g(f + g)P - 1 e t uti li ser I .].
L'inégalité de Hë:ilder peut s' inlerpréler d e l a façon s uivante.
Propos ition 2.30.5 Les hypothèses étant celles tlu corollaire 2.30.3, soient
f E LP(X;E), g E Lq(X;F) , alors fg E .l r(X;G ) et llfgl lr :S llJllPll9llq·
Preuve Lorsque p, q el r sont fini s, il s uffit d 'utiliser le corollaire 2.30.3. Lorsque
p = q = r = oo, le résultat est acq ui s d 'après la proposition 2.29.9. E nfin , si
p = oo, q = r étant fini , la fonction f est µ1- mes urabl e, la fo nction fg est donc
µ f - mesurable ; de plus, fo ncti on g apparte na nt à ,lq est à support o--fi ni , il en
résulte que le support de fg est o--fi ni et cette fo nction f g est donc µ-mesurable .
On a a lors llfgll q :S ll fl l ~ll 9llq p.p. et o n obtient le résultat voulu e n intégrant
cette inégalité. Q.E.D.
Lorsque 1 ::; p, q, r ::; oo, on en dédui t e 11 passant aux espaces quoti ents une
applicati on bilinéaire continue de norme :S 1
(2.30.8) (f, g) E LP(X ;E) X L"(X ; F) H fg E Lr(X ;G) .
En partic ulier, le produit de deux fonctio ns de carré intégrable est intégrable.
Exercice 2.30.7 Inéga lité de Hiildcr généralisée 1. Soient p , Pi E ]O, oo], 1 S i S n , des no mbres
réel s tels que l / p = I:;'=1 l / Pi et soit J.; : X ---7 iR+ des fonctions µ -mesurables. Montrer que
ll TI~ 1 fi llv ::::: Il7=1 llf illp,.
2. Soient E, E; des e spaces de Banach et (6 , ... , <!;ri. ) H Ç1 x ... x Çn une app lication multili -
néa ire con tinue de TI7=t E .; dan s E notée multiplicative ment et de norme S l. Soit f ; E ,CPi (X ; Ei),
montrer que l' a pplicati on TI7=1 f i : x >--+ fi (x) x ... x f n (x ) apparti en1 à l'espace ,CP(X; E) et
que llTI:'=1 lil lP S TI~ 1 ll /;llv .-
Voici une dernière app lication de l'inégalité de Hèilder. Il n'y a e n général
auc une inclus io n entre les di vers espaces L P. Lorsque la mesure est la mes ure
de dénombrement, on pourra se reporter à )'exerc ice 3 .24.6 de [27] ; lorsq ue la
mes ure est finie on a le résultat sui va nt
334 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Proposition 2.30.6 Si µ(X) est fini et si 1 ::::; q ::::; p ::::; oo, on a


c J:, P(X; E) c Lq(X ; E) c ,.C 1(X ; E) ,
,.C 00 (X; E)
L (X; E) c LP(X; E) c Lq(X ; E) c L 1 (X ; E)
00

et l 'injection canonique de L Pdans Lq est linéaire continue de norme inférieure à


µ (X )1 / q- 1/ r_
Preuve On peul supposer q < pet on pose 1/r = l / q - l /p. On applique la
proposition 2.30.5 en prenant E = E, F = JK, G = E, pour application bilinéaire
l'application (x, À) t-7 Àx de Ex IK:. dans E qui est bien continue de norme
::::; 1, (p,q ,r) = (p,r, q), f E LP(X;E) et g = 1. On obtient alors l' inégalité
llfllq : : : llfllrlllllr où lllllr = µ(X) 1 /r est fini, ce qui prouve que f appartient à
,eq . En passant aux espaces quotients, ceci prouve que l' injection canonique de LP
dans L<J est linéaire continue de norme ::::; µ(X) t/ r_ Q.E.D.
Exercice 2.30.8 On suppose µ, (X) < oo. Soit f : X -+ IR+ une foncti on mesurable, on suppose
qu ' il existe un réel p > 0 tel que f E ,i;P(X) .
1. Montrer que f E ;:,q (X ) pour tout 0 < q ::::; p.
2. Montrer que lim q -->O 111113 = µ,(X) et en déduire que
q >O

+oo si µ, (X ) > 1,
lim
q-->0
11/llq= { 0
q> O
si 0 < µ, (X) < 1.

3,a. Montrer que la frn1cti on <.p : ~+ -+ IR définie par <p( q) =


(xq - 1) / q est croissa nte quel que
soit x > O.
b. En déduire que la fonction ( log f )+ est intégrable et que

lim
q -+0
q> O
j. -f " -- dµ, = f, logfdµ
X q
1
X

en posant j X log f dµ, = fx ( log}) t- dµ, - f_J( (Iog J) _ dµ, E [-oo, oo[.
c. M ontrer que
lim llJllq =exp ( log fdµ si µ (X) = 1.
q -+ O
q> O
Jx
Exercice 2.30.9 Étant donné une fonction mesurable k : IR+ -+ IC, IR+ =JO, + oo[ , cet exercice a
pour objet l 'étude de l' opérateur

(Tf)(x) = fo 00

k(y)j(xy) dy.

1. Si f : JR+ -+ IC est une fonction mesurable, montrer que l'application (x, y) -t f(xy) de
(IR+) 2 dans IC est mesurable.
2. On suppose les foncti ons j , k : IR+ -+ IR+ mesurables et positives ; on se donne un rée l
1 < p < oo et on note q l' indice conjugué de p. Montrer que l a fonction T f : IR+ -+ i+ est
mesurableetque llTJllP ::; cll fll poit

c= 1 00

k(y )y - l /p dy E i+

[pour maj orer (T f)(x), on pourra éc rire k (y) f (xy) = l(y)g(x, y) où

l(y) = k (y)l f qy - 1/P'l , g(x, y) = k(y)l f pyl /p q f (xy)


2.30 ESPACES L P 335

et utiliser l ' inégalité de Hiilder].


3. Soit k : rn:+
---+ IC une fonction mesurable telle que

Mk = fo 00

lk(y) ly - l fp dy < OO.

a. M ontrer que, pour f E ,GP( IR.+ ), (T J )(x ) est défini pour presque tout x , que
Tf E LP(IR.+) et que llT fl lP :::; Nh 11/llp
b. En déduire que T induit un e applicati on linéaire continue de L P(IR.+) dans lui -mêm e de
norme :::; !vh.
4. Exemp les.
a. Pour f E ,GP( IR.+ ), on pose (Tf)(x) = (1/x)JJ;' J (y)dy. Montrer que (Tf)(x) est bi en
défini pour tout x > 0, que la fonction T f : IR.+ ---+ C est contin ue, qu ' elle appartient à ,GP( IR: ~_) el
que llTJllP:::; p/( p - 1)11/llP (inégalité de Hardy).
b. Pour f E .CP(IR.+ ), on pose (Tf)(x) = J0°" f(y)/(x+ y)dy. Montrer qu e (Tf)(x) est
bien défini pour tout X > 0, que la fonction T f : IR~\- --+ IC es t C00 ' qu 'elle appartient à ,.CP(!R.' iJ el
que llT fi lP :::; M llfllP où M = f0
00
Y - l / p /(1 + y) dy .
Voici quelques propriétés é lémentaires des fonctions appartenant à J:,P.
Proposition 2.30.7 Soient (X , 'J, µ)un espace mesuré et 1 ::; p < oo.
/ . Soient f , g : X ---+ iR des fon ctions appartenant à J:,P, alors les fon ctions
sup(J,g) et inf(f,g) appartiennent à J:, P. L'espace ,G P(X ; JR) est un espace de
Riesz.
2. Une fon ction f : X ---1 iR appartient à [psi, et se ulement si, les applications
f ± : X ---1 R+ appartiennent à ,lP.
3. Soient E et F des espaces de Banach, T E L(E; F) une application linéaire
continue de E dans F et f : X ---1 E une fonction appartenant à f-P, alors
l 'application T o f : X ---1 F appartient à f- P.
4. Une fonction f = (fi )i :::; i :::; t : X ---1 lK 1 appartient à f- P si, et seulement
si, les fonctions f i : X ---1 OC appartiennent à f-P. En particulier, une fon ction
f : X ---1 C appartient à J:, P si, et seulement si, les fonctions ~e f , 'Sm f : X ---+ lR
appartiennent à ,l P.
Preuve 1. Les fonctions sup(f, g) et inf(f, g) sont µ,- mesurables el majorées en
module par la fonction If 1+ lgl qui appartient à ,lP, ce qui permet de conclure. Le
fait que l' espace f-P (X; IR) est un espace de Riesz résulte alors du lemme 2.4 .3 .
2. La condition est nécessaire d ' après 1. Ell e est suffisante vu que f = !+- f - .
3. La fonction T o f est µ-mesurable d'après la proposition 2.11.2 3 et
llT o /Il :S l Tll llfll, ce qui prouve que l'application T o f appartient à f-P.
4. Le rai sonne ment est identique à celui effectué pour le corollaire 2. 1 1.11.
Q.E.D.
Les propriétés topologiques des espaces ,CP pour 1 < p < oo sont tout à fait
simi laires à celles de l'espace L 1 . Voici d 'abord le théorème de la convergence
dominée dans f- P.
336 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Théorème 2.30.8 Théorème de la convergence dominée dans [,P


Soit fn : X ---+ R" (ou E) une suite de fonctions définies presque partout ap-
partenant à [,P, 1 ::; p < oo, et convergeant presque partout vers une fonc tion
f : X ---+ lR (ou E) telle que
(2.30.9) pour tout entier n, Il fn Il ::; g p.p.,
où g : X ---+ R+ appartient à LP, alors f appartient à [,Pet la suite (f~) converge
vers f en moyenne d'ordre p.
Preuve Les fonctions f n étant à support u -fini , le corollaire 2.12.4 montre que f
est µ-mesurable . On a llfll ::; g p .p . et f appartient do nc à lP. On a d'autre part
llf - fn Il :::; 2g p .p. ; d' après le théorème de la convergence dominée scalaire on
J
a limn-+= llf - fnllP dµ = 0, ce qui prouve le résu ltat voulu . Q.E.D.
Théorème 2.30.9 Soit fn : X --7 R (o u E) une suite de fonctions définies presque
partout appartenant à [,P telle que la série L::::"=o llfnllPsoit convergenle, alors il
existe une fonction J : X -1 IR (o u E) appartenant à [,P telle que, pour presque
tout x, la série L::::"=o fn(x) soit absolument convergente et de somme f (x ), de
plus la série I::::"=o fn converge vers f dans LP.
Preuve La démonstration est identique à celle du théorè me 2.9. 12 en utili sant la
fonction défi nie presque partout F = L::::"=o llfnll dont on vérifie qu 'elle ap par-
tient àLP. Q.E.D.
On en déduit le
Théorème 2.30.10 Riesz-Fischer L'espace LP(X ; E), 1 :::; p ::; oo, est un espace
de Banach.
La proposition 2.9. 14 subsiste avec la même démonstration.
Proposition 2.30.11 Soit f.n : X ---+ R (ou E) une suite de fonctions définies
presque partout appartenant à [,P convergeant en moyenne d'ordre p vers une
fonction f : X ---+ R (ou E ), alors il existe une fonction g : X --7 lR+ de [,Pet
une sous-suite Un e) qui converge presque partout vers f telle que llf~k Il ::; g p.p.
pour tout k.
Indiquons enfin une propriété fo ndamen ta le des espaces L 2 .
Théorème 2.30.12 Si E est un espace de Hilbert, l 'espace L 2 (X ; E) est un es-
pace de Hilbert, la norme 11 · li2 étant associée au p roduit scalaire

(2.30.10) (fig) = j~ (f(x)lg(x))E dµ


où (•l•)E est le produit scalaire sur E .
Preuve Si f , g : X ---+ E so nt des fonctions de l' espace L 2 , la fonction
x r--+ (J(x) lg( x ))s est intégrable d'après la proposition 2.30.5 qui subsiste pour
des applications sesqui linéaires continues. Il est clair que l'i ntégrale de cette fonc-
tion ne dépend que des classes d' éq uivalence de f et g, ce qui permet de donner
un sens à (2.30.10). On constate a lors aisément que (2 .30. 10) est un produit sca-
laire sur L 2 dont 11·11 2 est la norme associée. Le théorème de Riesz-Fischer permet
d'affirmer que L 2 est un espace de Hi lbe rt. Q.E.D.
2.30 ESPACES LP 337

E n particulier, l'espace L 2 (X; IK) est un espace de Hilbert dont le produit sca-
!aire s'écrit
(2.30.11) (fig) = ; · fg dµ .
X
Exercice 2.30.10 Soient 1 :S p , q, r :S oo tels que l / r = l /p + l/q, g : X --t IK une classe de
funclion mesurable telle que, pour tout J E V ' (X; IK) , on ait fg E L'"(X; JK).
1. En utili sant le théorème du graphe fermé, montrer qL1e l'application

<!>: f E LP(X;IK) H Jg E U(X;IK)


est cont inue et en déd uire une constante c 2 0 telle que llfg llr :S cll!l lP pour tout J E LP(X ; JK) .
2. L orsqu e p = oo, en déduire que g appartient à Lq(X ; IK) .
3. Lo rsque q = oo, p = r étant fini , on suppose qt1e, pour tout A E 'J tel que µ (A) = oo, il
ex ist e B E T, B c A , tel que 0 < µ (B) < oo. Montre1· que g E L 00 (X; IK) [on pourra introduire
l 'ensemble A = {x E X; lgl(x) 2 a} où a > O].
4. Lorsque pet q so nt fini s, on suppose que, pour tout A E Tte l que µ(A) = oo et tout b > 0, il
ex isteB E T, B C A , tel queb :S µ (B) < oo.
a. M ontrer que, pour tout A E 'J de mesure fini e, 1 911.4 Il q :S c.
b. M ontrer que, pour tout a > 0, l 'ensemble A = {x E X; lgl(x) 2". a} est de mes ure fini e
[rai sonner par l'abs urde].
c. En déduire que g est à support o--fi ni, pui s que 9 E L" (X; lK).
Note Les hypothèses sur l a mesure sont vérifiées par toute mes ure o--fi nie, ain si que par la mesure de
dénombrement, ce qui permet de retrouver les rés ult ats de l'exercice 3.24.2 de [27].
Exercice 2.30.11 Inégalités de Clarkson
1. On suppose d'abord 2 :S p < oo.
a. M ontrer que, pour tout 0 :S t :S 1,

(l+t)P+ (1 -t)P::S 1 +
-2- -2- 2(1 t)P

[on p ourra introduire la foncti on

<p(t) = 2
1 ( tp
1 + 1) - t + 1) + t1 - 1) p], Ü < t :S'. 1,
.lp [ ( 1
2
]! (

éc ri1·e <p' (t) = -( p/tP+ 1 )B(t) et étudi er la fonction 0 ].


b. En déduire que, pour tout a , b E IR,

1a;b1P +la;blP :S ~(jaJP+ JbJP).


c. Soit f ,g E LP(X; IR), montrer que

(2.30 .1 2) Il1 ; Il:+ Il f; Il: s ~ rn 111 ~ + 11911 ~).


g g

2. On suppose ensuite 1 < p < 2 et on note q l' indice conju gué de p.


a. Soit 0 < s < 1, montrer que l a fonction h : JO, oo[ --t IR défi nie par h (x) = (1 - sx) / x est
décrnissan te.
b. M ontrer que, pour 0 <s< 1,
2(1 + sq)p-I S (1 + +
s)P (1 - s)1'

en procédant comme suit. On rappelle que, pourtout jx j < 1 ettout réel a,(l+x)a = L k=O( ~ )xk

( ~ ) = 1 et ( ~ ) = a( a- 1) x .. ~!x (a - k + 1) pour k 2". 1.
338 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

V érifier alors <1ue

~(2 - p) X ... X (2k-p) 21.;( h ( -


L - - - - - - - -- s
2k - p) ( 2k ))
- - h --
k=O (2k - l)! p - l p - 1

et que chaque terme de cette sé rie est 2:: 0 grâce à a.


c. En dédu ire que, pour tout 0 :::; t :::; 1,

( 1 -t t)q + (1 - t)q :::; 2(1 + tp)q - l


[poser s = (1 - t) / (l + l)] .
d. En déduire que, pour f , g E L P(X;IR),

(2.30.13)

[remarq uer que

uti li ser al ors l 'exercice 2.30.6, puis c.].


3. Déduire de ce qui précède que les espaces LP(X ; ~), pour 1 < p < oo, sont uniformément
convexes [27, exercices 3. 14.9 et 3. 16.4], donc rétlexifs.

Exercice 2.30.12 Soit t.p : IR+ -t IR+ une fonction continue croissan te, on pose

<l>(x) =fox<p(l) dl , x E IR+.


Celle fonction cJ> est convexe (exer cice 2.7.2). On suppose en outre <l?(x) > 0 pour x > 0 et qu'il
ex i ste une constante !vl > 0 tel le que

<l?(2x) :::; f\11 <J>(x) pourto ut x E IR+.

Soit (X, T, µ) un espace mesuré, on note L ~, l 'ensemble des classes de fonctions mes urables
J : X-+ !R telles que<I> o lfl E Lt(X).
l ,a. Montrer que, pour tout À 2' 0, tout entier k 2:: 0 et tout x 2:: 0, <1>(>. x) :::; Mkél>(>.2 - kx) et
en déduire que, pourtout À ~ 0, il existe MÀ 2' Otel que <1>(>.x) :::; M-'<l>(x ).
b. En utili sant la convexi té de <l> montrer que, pour tout x 2:: 0,

<I>(x/>. ):::; ( l / >. )<!>(x ) po urtoutÀ ~ let<l>( x) :<::::E <I>(x/E) pourtoutO <E :=;; l.

2,a. Montrer que L<P est un so us-espace vectoriel de l' espace des classes de fonctions mesurabl es
[on vérifiera d' abord l'invariance par homothétie, pui s on remarquera que

<l>(x +y) :::; ( 1/2)(<1>(2x) + <l>(2y))].


On pose, pour f E L ,t.,

llJ ll •l• = infJ1 0[111 = {À > 0; 11<1> o (l /l / >.)llt :::; l} .


b. M ontrer que lt •l l•t• est une norme sur L ,1, [on vérifiera d 'abord que 11 est non vide, puis que

(À E I 1 et J.i 2:: >.) ==> J.i E JJ].

3. Exempl e. On prend <p( t) = tP - t. Déterminer l' espace L,v et la norme ll•lt •t,.
2.31 ESPACES Ll'oc 339

2.31 Espaces Lf c0

Éta nt donné une mesure régulière µ : T -+ IR+ sur un espace topologique X


séparé (défi niti on 2.3.2), un espace de Banach E et un réel 1 :S p < oo, une
fonction f : X -+ E définie presque partout µ-mesurable est dite loca lement
de puissance p iè me_ intégrable si, pour tout compact K C X, la fo nction f lK
appartient à l'espace ;:,r, c'est-à-di re si

l fllrJ<==: (1(ll f llpdµ ) l /p <OO.

Lorsque p = oo, nous diro ns que f : X -+ E est localement essentie ll ement


bornée si elle est µ-mesurable et essentiellement bornée s ur tout compact K c X,
c'est-à-d ire s i
l flloo,K = llflKlloo = supess llJ(x)ll <OO .
xE K
On note Lf0 c(X; E), 1 S p :S oo, l'e nsemble des fo nctions f : X -+ E
partout définies µ-mesurables localement de puissance pième_intégrable si p est
fini et locale ment essentiell eme nt bornées lorsq ue p = oo. On obtie nt ans i des
sous-espaces vectoriels de l'espace M( X ; E) des fo nctions µ-mes urab les. S ur ces
espaces vectoriels, les applications f H llf llrJ< sont des sem i-norm es et, lorsque
J( d écrit l ensembl e X des parties compactes de X, la fa mille d e semi-normes
( 11 • l I p,I<) K EX définit sur l'espace Lf0 c (X; E) une topologie d'e.l.c.
On note Lf0 c(X; E) = Lf0 c(X; E) / 'Rµ les espaces vectoriels quotients. Étant
donné que f = g p .p. implique llfllrJ< = ll9llrJ<, on peut dé finir des sem i-normes
sur ces espaces quotients en posant
Il [f] llr,K = llf llrJ< oùf E [il
L'espace Lf0 c(X; E) sera muni de la topologie d'e.l.c . définie par la fa mille de
sem i-normes Cll·llv,K)KEX·
Tout compact étant de mesure fin ie, la proposition 2.30.6 montre qu ' on a les
inclusions sui vantes pour 1 S q S p S oo, toutes les injections canoniques étant
continues,
L ~c (X ; E)c Lfoc (X; E) c Lioc (X ;E) c ;:,foc (X; E) ,
L~c (X ; E) c Lfoc(X ; E) c Lioc(X ;E) c Lloc(X ; E).
Notons également les inclusions
J:,P(X; E) c Lf0 c(X; E) et LP(X; E) c Lf0 c(X; E) pour 1 S p S oo
qui résultent de l' inégalité llfllrJ< :S llfllr pour tout f E LP(X; E), inégalité qui
montre en outre que les injections canoniques sont continu es.
Voic i une caractéri sati on uti le des fonctions de Lf0 c(X ; E).
Proposition 2.31.1 Soit X un espace localement compact ( resp. un ouvert de Rn
muni de la mesure de Lebesgue), une fonction µ-mesurable f : X -+ E appar-
tient à l'espace Lf0 c(X; E), 1 S p :S oo, si, et seulement si, <p f E LP(X ; E) pour
340 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

tout r.p E C0 (X ; IR) (resp. to ut r.p E 'D(X ; IR) ). De plus, la famille de semi-normes
f H llcpf lJP, r.p décrivant eo(X; IR) (resp. 'D(X; IR)), définit la topologie de l'es-
pace .lf0 c(X ; E).
Preuve Soient f E .lf J X ;E) e t r.p
0
E Co(X ;IR), si]( désig ne le suppo rt de r.p,
on a IJr.p fllP ~ ll'P lloollfllp,K < oo, ce qui pro uve que r.p f appartient à l' espace
U(X;E) .
Réciproq uement, soit K un compact de X ; d'après le coroll aire 2.36.6 de
, il existe un e fon ction r.p E C0 (X; [ü, l ]) égale à 1 sur K. On en déduit
11111111( ~ llcpfll, d 'où llfllp,r< ~ ll cpfllP < oo, ce qui prouve le résultat voulu .
Lorsq ue X est un ouvert de IR.n, on utili se le coro ll aire 1.22.5.
La dernière asserti on résulte des inégalités écri tes. Q.E.D.

Proposition 2.31.2 Si X est un espace localement compact dénombra ble à l'in-


fini, les espaces Lf0 c(X ; E), 1 ~ p ~ oo, sont des espaces de Fréchet.
Preuve 1. Vérifi ons que la topologie est séparée. Soit f E Lf0 c(X; E) tel que
llfllp,l( = 0 pour tout compac t K , alo rs f = Op.p. sur K, donc sur X, l'espace
étant une ré union dénombrable de parties compactes. Cec i prouve que l' espace
Lf0 c(X; E) est séparé.
2. La topologi e est métrisable car il ex iste une suite (Kn) de compac ts telle
que tout compact soit conte nu dans l' un des Kn [27 , exercice 2.35. 10]. La topo-
logie de Lf0 c( X; E) est donc définie par la fam ille dénombrable de se mi -normes
(11 • llp,K,, ).
3. Mo ntro ns e nfin que toute suite de Cauchy (fj) de l' espace Lf0
c(X; E)
converge dan s cet es pace. Soit (Kn) une suite croissante de compacts telle que
tout compact soit con tenu dans l' un des Kn . La suite (Jj IKJ é ta nt de Cauchy
dans l'es pace J:,P(Kn ; E) conve rge dan s cet espace vers une fonction f../Jn· On dé-
finit une fonction c.p : X -+ E e n posa nt <p(x ) = IPn(x) s i x E I<n - I <n- l pour
n 2: 0 où JC 1 = 0. Étant donné qu e 'Pn = IPrn p.p. sur Kn s i n :::; m, o n a
<p = 'Pn p.p. s ur I<n. Cec i montre que 'PI K,, E LP(J<n; E) po ur to ut n ; vu que
cp = limn-loo <p :Il. 1<,,, on e n d éd uit que c.p es t µ-mesurable et, to ut compact apparte-
nant à l'un des K n, la fonction cp appartient à ! 'espace .lf0 c(X ; E) et la suite (fj)
converge vers cp dans cet espace. Q .E. D.

2.32 Théorèmes de densité


Considérons d 'abord les espaces LP(X ; E), 1 ~ p < oo, s ur un espace me-
suré quelconque. On observe qu ' une fo nctio n 'J-étagée est de puissance p iè me_
intégrable si, et seul ement si , e ll e est intégrable : a utre ment dit,
E, 1 (X;E) = (ê n LP)(X ;E)
quel que soi t 1 ~ p < oo . La proposition 2. 13.2 se générali se alors comme suit.
2.32 THÉORÈMES DE DENSITÉ 341

Proposition 2.32.1 Soit f : X -+ E une fonction mesurable telle que l 'ensemble


1 = {p f
E .lP(X; E)} soit non \!ide, alors il existe une suite Un) de
E [l , oo [;
f, 1 qui converge vers f dans J:,P quel que soit p E I. En particulier, dans l 'espace
J:,P(X;E) (resp. LP(X;E)), 1 :S p < oo, l e sous-espace vectoriel 1 (X;E) c
( resp. c1 (X; E) / 'Rµ) est partout dense.
Preuve D'après le lemme 2.11.7, il ex iste urie suite U n ) de fonctions 'J-étagées
convergeant presque partout vers f te lle que llJnll :S 21
1111 p .p. pour tout n. D 'après
le th éorème de la convergence dominée dans J:,P, la suite Un) converge vers f dans
J:,P quel que soit p E I . Q.E.D.
Corollaire 2.32.2 Soit E un espace de Bana ch séparable non réduit à {O}, alors
l'espace LP(X; E), 1 :S p < oo, est séparable si, et seulement si, il existe une
suite (An) d'ensembles de 'J de mesure fin ie telle que, pour tout € > 0 et tout
A E 'J de mesure finie, il existe un entier n te 1que µ(A U An - A n An) :S E .
Preuve Si l'espace LP(X; E) est sépara ble, étant donn é un point a E E - {O}, le
sous-espace des classes des fonctions de la forme all. A, o ù A E 'J est de mesure
finie, est séparable. Il existe donc une suite An E 'J, µ(An) < oo, telle que, pour
E. > 0 et A E 'J de mesure fini e, il ex iste un e ntier n tel que Il Il. A - 11. A,, I l~ :S E. ,
c'est-à-dire µ(A U An - An An) :S E. et cec i prouve que la conditi o n est nécessaire.
Réc iproquement, montron s que la conditio n est suffi sante. Soit D un e partie
dé n o mbrable de E partout dense et so it f = L iE I a i ll A, une fonction é tagée
intégrable. Soit E. > 0, il ex iste des b.; E D tels que llai - bill :SE et des entie rs n i
tels que µ(A i U An, - Ain An, ) :S E.P . Posons g = L iE I bill. A,,, , on a

Il! - 9llr < l)a; - b;ll l 1LA,llp + L llbill llll.A, - li. A,.., llP
iE l iEf
< E. L (µ(A i )) P + E 2:(11aill + €)
11

iEi iE f
et, cette qu antité tendant vers 0 avec E. , la proposition précédente montre qu e l'en-
semble dé nombrable des classes de foncti ons de la forme 'L iE I b;ll. A, où I est une
partie finie de N et bi E D est partout dense. Ceci permet de conclure. Q .E. D.
Corollaire 2.32.3 Soitµ : 'J -+ ïR+ une mesure régulière sur un espace Locale-
ment compact X admettant une base de topologie dénombrable et soit E un espace
de B anach séparable, alors L'espace LP(X ; E), 1 :S p < oo, est séparable.
Preuve Soit (En) une base de topolog ie dénombrable d e l'espace X et soit A E 'J
de m es ure fini e. Pour tout E. > 0, il existe un ouvert 0 ::::> A te l qu eµ( 0 - A) ::;: E.
JI ex iste une sous-suite (En,) dont la ré unio n est 0 et
l
µ (O) = lim µ(
l -too
LJ En");
k=O

il ex iste donc un entier l tel que µ( 0 - E) :S € où B = LJ~=ü Bn, . On a alors


A U B - A n E c (0 - A) U (0 - E), d 'où µ(AUE - A n B) :S 2E. Les
342 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

e nsembles Bn, é tant nécessaire ment de mes ure fini e, cec i montre que la condi-
tion du coro ll aire précédent est vérifiée par l'ensemble dénom brabl e constitué des
réunions fini es de Bn de mes ure fini e. Q .E.D.
Sous les mê mes hypothèses, soit A E T, l'applicati on qui , à une fonction
f : A -7 E associe son pro lo ngement par 0 en dehors de A, perme t d ' identi -
fier l'es pace LP( A ; E) à un so us-espace vectoriel de l'espace LP(X; E) ; l' espace
LP(A ;E) est donc séparab le. Ces rés ultats s'appliquent e n partic uli er à la me-
sure de Lebesgue sur !Rn. Pour tout ensemble A c JR.n appartenant à la tribu de
Lebesgue, les espaces LP(A; E), 1 :::; p < oo, sont séparables dès que E est
séparable.
Proposition 2.32.4 Soit µ, : 'J -7 R+ une mesure régulière sur un espace loca-
lement compact X, dans l 'espace [,P(X; E) (resp. LP(X; E)), 1 ::; p < oo, le
e
sous-espace vectoriel eo(X ; E) ( resp. 0 (X; E) /'Rµ ) est partout dense.
Preuve Soienr A E T de m esure fi nie et é > 0, d 'après la proposi ti o n 2.32. 1 il
s'agi t de construire une l'o nct ion <p E eo(X;JR) tell e que ll :Il A - 'P ll P :::; E . La
mesure étant réguliè re, il ex is te un ouverr 0 et (propositio n 2.3.9) un compacr K
tel s que K C A C 0 el µ,( 0 - K) :::; EP. D'après le coroll a ire 2.36.6 de [27], i1
ex iste une fo nctio n cp E eo (X; [O, 1]) éga le à 1 sur [(el dont le support est contenu
dans O. li en résu lte que l:Il A - 'Pl :::; :Ilo - K, d 'où li:ll A - <p llv :::; µ,( 0 - K) l /p :::; E,
ce qui permet de co nclure. Q.E.D.
Remarque 2.32.1 Lorsque f E ([,Pt n [,P 2 )(X; E), 1 :S Pi < P2 < oo, le
raisonnement précédent montre qu'il existe une suite (j~) de l'espace 0 (X; E) e
q ui converge vers f dans [,P t el dans [,P 2 • Vu l' inégalité de Hêilder, o n en déduit
(exercice 2.30. 1) qu e, quel que so it p E [p 1 ,p 2 ], f appartient à l'espace [, P( X ; E)
e t que la s uite Un) converge vers f dans [,P.
Lorsq ue to ut ensemb le négligeable est d ' intérieur vide, deux fo nc ti ons conti-
nues égales presque partout coïncident partout d 'après le principe du pro lo ngement
e
des identités [27, corollaire 2. 17.4] ; l'espace quotient 0 (X ;E)/'Rµ. s'i dentifie
a lors nature lleme nt à l'espace eo(X; E) q ui est donc dense dans LP(X ; E). Ceci
s'applique e n particulier lorsq ue X est un ouvert de JR.n muni de la mesure de Le-
besgue : un ouvert non vide contenant un pavé de la forme [1~= 1 ]ai, b.;[, a i < b;,
est en effet de mesure strictement positive. En outre, en substi tuant au corollaire
2.36.6 de [27] le corollaire 1.22.5, le raisonnement de la proposition 2.32.4 prouve
le
Théorème 2.32.5 Soit 0 un ouvert de JR.n, l'espace '.D(n; E) est dense dans
L P( <J ; E) quel que soit 1 :::; p < oo.
Remarque2.32.2 Lorsque f E ([,Pt n [,P 2 )(n ;E), 1 :::; p 1 < p 2 < ()(), il ex iste
une suite (f~) de l'espace '])(X ; E) qui converge vers f dans [,Pt el da ns [, P2 ,
donc dans [,P quel que soi t p E [pt, P2].
En cc qui concerne les espaces Lfoc' on a la
2.32 TH ÉORÈMES DE DENSITÉ 343

Proposition 2.32.6 Soit µ : T -+ lR+ une mentre régulière sur un espace locale-
ment compact X dénombrable à L'infin i, alors l 'espace LP(X; E) (resp. LP(X; E))
est d ense dans Lf0 c(X; E) (resp. Lf0 c(X ; E)) quel que soit 1 ::::; p < oo. Il en
résulte que l'espace eo(X; E) (resp. eo(X; E)(Rµ) est dense dans Lf0 c(X; E)
(resp. L f0 c(X ; E)) et, si rl est un ouvert de Illn, que l'espace 'D(O; E) est d ense
dans Lf0 c(rl; E) quel que soit 1 ::::; p < oo.
Preuve Soit (Kn) une suite cro issante de cümpacts tell e que tout compact so it
contenu dans l' un des Kn et soit f E Lf0 c(X; E); posons fn = f ll. J<,, , a lors
fn E LP(X; E) et llf - f nllp,K = 0 dès que K C Kn ; cec i prou ve q ue la s uite
Un) converge vers f dans Lf0 c et, par conséq ue nt, que ,(,P est de nse d ans Lfoc·
Les autres asserti ons résultent a lors de la propos ition 2.32.4 et du théorè me 2.32.5 .
Q.E.D.
C e qui précède va nous permettre d'étudier les opérateurs de translation. So it
h E Rn, à to ute fo ncti on (défi nie presque partout) f : Rn -+ Eon assoc ie la
fo nction
ThÎ. : x E Rn f---1- f(x + h) E E.
Rappelons que f est mes urable si, et seulement si, Thf est mes urable (théorèm e
2.26.2 ). E n outre, llTh f llr = Il! llP' 1 ::::; p ::::; oo, et, par conséque nt, f appartie nt à
l' es pace ,.CP(JR.n; E), si, et seule ment s i, Th}. apparti ent à cet espace. Notons e nfi n
que f = g p .p. implique Th f = Th9 p.p., ce qui permet de poser Th [f] = [Thf]
où f E [f] ; on en dédui t un opérate ur TJi : LP(Rn; E) -+ LP(Rn; E) qui est une
isom étrie linéaire quel que soit 1 ::::; p ::::; oo.
Lorsque p est fini , on a alors le
Théorème 2.32.7 Continuité en moyenne d'ordre p Soit f E LP(Rn; E),
1 :::=:; p < oo, alors Thf converge vers f dans LP(Rn ; E) lorsque h tend vers
0, soit
(2.32. 1) lirn / llf(x + h) - f (x) llP dx = O.
h --+ 0 } IR"

Preuve Soit E > 0, d'après la propos iti o n 2.32.4 il ex iste cp E C: 0 (Rn; E) te l que
Il! - 'PllP : : ; E, d 'o ù llThf - Th'Pllr : : ; E et
llT1if - f llr : : ; llTh(f - ip)llr + llThcp - 'Pllp+ llf - cpllr : : ; 2E + llT1icp - <pllr
et il s'agit donc de démontrer le théorème püur la fo nction ip. Sü it K le support
de cp, on a alors supp Thcp = - h + K ; supposons par exemple l hll : : ; 1, a lo rs
supp rhcp C K 1 où K 1 dés ig ne le vo isinage fe rmé d'ordre 1 du compac t K. Il
en résulte que lh,ipll : : ; ll'Pll00 :Il. K1 pour llhll : : ; 1. D 'après la continuité d e cp,
T1icp converge simplement vers cp lorsque h te nd vers 0; la fo ncti on ll'Pll00 Il. 1<c
appartenant à ,.C P, le théorème de la convergence dominée dans ,.cr montre que
T1icp converge vers cp dans ,CP lorsque h tend vers O. Q .E.D .
E n prenant pour fo nction f la fo ncti on caractéristique d ' une ensemble m esu-
rabl e de mesure fini e, on en déduit le
344 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Corollaire 2.32.8 Soit A c Rn un ensemble de la tribu de Lebesgue de mesure


finie, alors
(2.32.2) lim µ(Au (h + A) - A n (h +A))= O.
h -+ 0
Voici une première application de la continuité en moyenne.
Proposition 2.32.9 Soient E, F et G des espaces de Banach, (Ç, 'I)) H Ç·T/ une
application bilinéaire continue de Ex F dans G de norme:::; 1, f E ,CP(JRn ; E),
g E .lq(Rn; F) où 1 ::::: p :S oo et q est l'indice conjugué de p. Alors, la fonction

(f * g)(x) = L,, f(x - y)g(y) dy


est bien définie pour tout X E nr, la fon ction f * g : JR'll --+ Gest uniformément
continue, bornée et llf *g ll=::::: ll fllPllgllq· On en déduit une application bilinéaire
continue de norme ::::: 1
(f,g) U(Rn;E) X U(JR'll;F) f--t f *9 E eb(IR.n;C) .
E
Preuve La fonction y f--t f (x - y) appartient à LP, la fo nc tion y H g(y) à
0, d 'après l' inégalité de Hèilder (f * g)( x) est donc bien définie pour tout x
et Il(!* g)(x)ll : : : l f llr ll9llq; la fonction J * g est donc une fonction bornée.
Montrons que cette fonction est continue. On a

(J * g)(x + h) - (! * g)(x) = L. (f(x +h - y) - J( x - y))g(y) dy,


d'où
ll(J * g)(x + h) - (! * g)(x)ll : : : lhJ - /llP llgllq
et la continuité en moyenne permet de conc lure lorsq ue p est fini . Lorsque p = oo,
on perm ute le rôle de f et de g. Q .E.D.
Exercice 2.32.1 1. Soi t µ : L ~ R+ la mes ure de Lebesgue sur rn;n et soit A E L de mesure > O.
Montrer que A - A est un voisinage de 0 [en utili sant k coroll aire 2.32.8, montrer que An (h +A)
est non vide lorsque h est suffisa mme nt pe tit]
2. Soit A C rn;n te l queµ* (A) > 0, mo ntrer qu ' il ex iste une partie B C A n'apprute nant pas à
la tribu de Lebesgue L [sur llr", on considè re la relation d'équi valence x - y E <Qln et o n note E une
partie de mn obte nue en choisissant un po int clans chaque classe d 'équi valence, montre r qu ' il ex iste
r E <Qln tel que An (r + E) r/. .G].
Exercice 2.32.2 Lorsque l < p < oo, établir la proposition 2.32.9 en raisonnant de la façon sui-
f * g est également uune
vante : si jet g sont des fonctions continues à s upport compact, vérifier que
foncti on continue à supprnt compact, puis utili ser la proposition 2.32.4 ; de plus j *g tend vers O à
l'i nfini [utiliser l'exercice 3.9.4 de [27]] .

2.33 Régularisation par convolution


Étant donné une fonction p : Iltn -+ lit, on pose pour tout E > 0
p,:(x) = E- "p(x/E).
2.33 RÉGULARISATION PAR CONVO LUTION 345

A toule application f : ]Rn -+ E, on assoc ie , lorsque cela a un sens, les applica-


tio n s j~ : JRn -+ E définies par

(2.33.1) J~ (x) = (f * p 0 )(x) = L. f (y)po(x - y) dy.


No u s diron s que JE: est une régulari sée par convolution de f : no us montrerons
en e ffet que f "' hérite des propriétés de régularité de p. On se propose d' éiudier le
comportement de f 0 lorsque E te nd vers O.
Auparavant, il nous faut compléLer le théor ème 2.27.4 qui défi niL la convo lée
de deux fo ncti ons inLégrables.
Proposition 2.33.1 Soient E , F et G des espaces de Banach, (Ç , 17) r-+ Ç17 une
application bilinéare continue de E x F dans G notée m.ultiplicativement de
norme ::; 1, f E ,CP (IRn; E) où 1 ::; p ::; oo, g E ,(} (IRn; F), alors la fonction
y r l f( x - y)g(y) est intégrable pour presque tout x E JRn, la fon ction définie
presque partout
(2.33.2) (f * g)( x ) = L. f( x - y)g(y) dy
appartient à l'espace ,CP et
(2.33.3) l f *9 [[p::; llfllP[[g [[1(inégalitéde Young) .
Preuve Le résul tat est acqui s lorsque p = 1 (théorème 2.27.4) el lorsque p = oo
(proposilion 2.32.9), on pe ut supposer 1 < p < oo ; o n note q l'indice conju g ué
de p. D ' après l'inégalité de Hôlder, o n a

L. Il! (x - Y)ll l g(y) Il dy L. l f (x - Y ) ll l g(y) ll11P[ [g( y) l 11qdy


{
< (JR . 11/(x - y)[[P[[g(y)[[dy) 1/p[ [g [[ ~ /q
et cette de rnière intégrale est finie pour presque tout x car il s'agit du produit de
convolution des fonctions intégrables llJllP et [[g[[. Ceci montre que la fonction
y r i f( x - y)g(y) est intégrable pour presque tout x, la fonction définie presque
partout f * g est alors mes urable d 'après la prnposition 2.24.3 et
Il!* g[l~ : : : l llfllpll1 llglli ll9lli
1
q = llfll ~ llg lli,
ce qui permet de conclure. Q.E.D.
Exercice2.33.1 Soient l ~ p, q, r ~= tel s que l / p + l / q = 1 + l /r, J E LP(!Rn;E ) et
g E ,GQ(JR'\ F ). Montrer que (f * g)(x) = f11.,, J(x - y )g(y) dy est bien défini pour presque tout x ,
que f * g E ,er (X; G) et que llJ * 9llr ~ llfllv ll9llq [on note p' l'indice conju gué de p , q' l ' indice
conjugué de q, on remarque que l / r + l / p' + l / q' = let on utilise l ' inégalité de Helder généralisée
(exercice 2.30.7) en écri vant
llf (x - y)ll llg(y)ll = llJ(x - y)ilp/r llg(y)ilq/r X 11/(x - y)ll 1- p/r X llg(y)ll 1 - qf r].
Venons-en à l'étude des fonctions JE: ; dan s toute la suite nous supposerons la
fonction p intégrable et
(2.33.4) { p( x ) dx = 1.
J~,,
On pe ut alors établir le rés ultat suivant.
346 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Théorème 2.33.2 On suppose que p : lRn --+ Rest intégrable et vérifie (2.33.4).
! . Soit J E LP(~n ; E), 1 S p < oo, alors f " est définie presque partout,
j~ E ,.GP(JRn; E) et f, converge vers f dans LP Lorsque E tend vers O.
2. Soient f E Lf0 J IRn; E), 1 S p < oo, et p E e~( Rn; lR), 0 S k :S oo, alors
f~ (x) est défini pour tout x, fe E e1c(1Rn; E), D °' f" = f * D"p" pour tout lai S k
et f 0 converge vers f dans ,.Cfoc lorsque E tend vers O.
Preuve 1. Vu la proposi ti on 2.33. 1, il s'agit de vérifier que j~ converge vers f dan s
L P. On a
j~ (x) = r J(x -t:z )p(z) dz
j lR"
e t, d'après (2.33.4 ),

f(x) - f"(x) = L. (J(x) - f( x - Ez ))p(z ) dz .


On en déduit
llf(x) - fo(x)ll S L. llf(x) - f(x - Ez)ll IPl( z ) dz .
Lorsque p > 1, en écrivant IPI = jp j1 /PIPl 1 /q où q est l' ind ice conjug ué de p, o n
obtient grâce à l'i néga lité de Ho lde r

llf( x) - f, (x)ll :S (l.[lf(x) - f( x - Ez) llP IPl(z) dz ) l / p ( l.[Pl(z) dz ) l / q.


O n e n déduit que, quel que soit l S p < oo, il existe une constante c ?: 0 te lle que
llf(x) - f o(x)ll Sc (l . llJ(x) - f(x - Ez)llP IPl(z) dz ) l/ p'
d 'où, d'après le théorème de Fubini,

Il! - f~ ll~ < cP 1. (l . llf(x) - f(x - Ez)llP IPl(z) dz ) d.r;

< d' 1. (}~. llf(x) - f(x - Ez)llP dx ) IPl(z) d z .


Soit A > 0, o n a ll f - fo l l~ S I1 + h où

I1 cP r ( r llf(x) - f( x - Ez)ilp dx) IPl(z) dz


j llzll:::: A J IR"

< (2c)Pllfll~ r
Jll zll:::: A
IPl(z) dz
Cl

12 = cP r (l 11/(x) - f (x - éz)llp dx) IPl(z) dz.


Jll zll <A JIR"
Soi t ô > 0 , la fonction pétant intégrab le, il existe A > 0 tel que I 1 S ô. D 'après
la co ntinuité e n moyenne d'ordre p, il ex iste Eo > 0 tel que llf - ri.fil~ S ô si
llh ll S EoA ; o n e n dédu it que, po ur 0 <ES t:o,
I2 s cPô r
l ll zll <A
IPl(z) dz s cPJllPll1·
2.33 RÉGULARISATION PAR CONVOLUTION 347

Ceci montre qu'il existe une constante c :::'.'. 0 telle que Il! - f0 ll~ < cô pour
0 < E ::::; Eo, ce qui prouve le résultat voulu.
2,a. Notons K le support de la fonction p, le support de la fonction
y H Pc: (X - y) est égal à X - EK, d 'où
llf(Y)Pc: (.x - Y)ll :S llPlloo l f(y)llllx- Œ(Y)
et, f étant intégrable sur tout compact, ceci montre que f 0 (x) est bien défini pour
tout x.
b. Montrons que la fonction f c: est de classe ek sur toute boule ouverte
B(O; r), r > O. En dérivant formellement, on o btient pour lai : : ; k

D°'fc: (x) = ~" f(y)D œpc: (x - y)dy;


d'après le corollaire 2.14.5 il s'agit alors de dominer la fonction
Y H f(y)D °'pc: (X - y)
par une fonction intégrable indépendante de x lorsque x reste dans la boule B(O; r).
Soit M > 0 tel que la boule B'(O; M) contienne le support de p, alors le support
de La fonction y H D°' Pc: (x - y) est contenu dans la boule B' (x; E M), donc dans
la boule B(O; r + EM) six E B(O; r) ; on en déduit
llf(y)D°'pc:(x - Y)ll :S llD°'Pc: ll oo llf(y)llllsco;r+c1\.1)(Y) pour x E B(O ; r)
et ceci prouve le résultat voulu .
c. La fonction f~ étant continue appartient à l'espace lfoc· Montrons que f c:
converge vers f dans lf0 c lorsque E tend vers O. Conservons les notations précé-
dentes et posons g = flls(o;r+M)> alors g E ,CP(JRn; E), donc gc: converge vers g
dans ,CP. On remarque ensuite que f = g et f c: = g, sur B (O; r) si 0 < E ::::; 1 et
ceci prouve que limc:-+0,c:>OIl f - f c: llrJ< = 0 si le compact K est contenu dans la
boule fl(O; r), ce qui permet de conclure. Q.E.D.
Le théorème précédent permet de donner une autre démonstration du théorème
2.32.5 qui repose sur la remarque suivante.
Soient f E Ly0 c(Rn; E) et p E 'D(lRn;IR) ; supposons, pour simplifier les
écritures, le support de p contenu dans la boule unité de lRn. Alors, si A est le
support de f, le support de JE: est contenu dans le voisinage fermé d'ordre E de A,
soit
(2.33.5) supp JE: C Ac:= { x E JR,.,; d(x,A) ::::; E}.
En particulier, si f est à support compact, il e11 est de même de f c:·
Considérons alors une fonction f E ,.C,P(Q; E). L' ouvert Çl peut s'écrire comme
la réunion d' une suite croissante (Kj) de parties compactes ; la suite (fllK1 )
converge vers f dans ,.(,P d'après le théorème de la convergence dominée et, étant
donné ô > 0, il existe donc une fonction g E ,.C,P(O; E) dont le support A est
compact et telle que Il! - gllv ::::; ô. Soit g 0 E ,.C,P(JRn; E) le prolongement de g
par 0 en dehors den et posons g~ = g 0 * P E où p E 'D(lRn; JR) à support dans
la boule unité vérifie (2.33.4). La fonction g2 appartient à l' espace 1J(1Rn; E) et,
d'après (2.33.5) et le théorème 2.33.2, il existe E > 0 tel que supp g~ c A E: c n
348 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

et 119° - g~llP :::; c5; on a alors 9 c = g2ln E 'D(f1;E) et llg - 9 0 llP :::; c5, d'où
llf - 9e llP :::; 2o et ceci prouve le théorème 2.32.5.
Voici un dernier résultat, utile pour l'étude du dual de l'espace e~.
Proposition2.33.3 Soient j E ek(JR.n;E), 0 :::; k < oo, et p E 'D(R..n;R..) véri-
fiant (2.33.4), alors f 0 E e00 (lRn; E) et f 0 converge vers f pour la topologie ek
lorsque E tend vers O.
Preuve La fonction f, este= d'après le théorème 2.33.2. M ontrons que, pour tout
lai ::; k,
Do: f e(x ) = 1,, Do: f( x - y)pe(Y) dy.

Étant donné r > 0 , il s'ag it, d'après le corollaire 2.14.5, de dominer la fonction
y H D°' f(x - y)p0 (y) par une fonction intégrable indépendante de x lorsque
.r reste dans la boule ouverte B(O; r). Soit K 0 le support de p0 et L l'image du
compact B'(O; r) x K 0 par l 'application continue (x , y) H x - y ; Lest compact,
posons c = supL llD" fil ; o n a alors
llD °' f(x - y)pe(Y)l l:::; cl pe(Y)I pour x E B(O ;r)
et ceci prouve le résultat voulu.
On en déduit que

D°' f( x ) - D°' f e(x ) = 1" (Do: f (x ) - D°' f( x - Ez ))p( z ) dz.


Soit NI > 0 tel que la boule B'(O ; M) contienne le support de pet soi t ]( une
partie compacte de !Rn. On pose K' = {x E lRn; d(x , K) :::; M} . D ' après
la continuité uniforme de na
f s ur le compac t K', pour tout c5 > 0 , il ex iste
0 < Eo :::; 1 tel que
ll Do: f( x) - D" f (x') ll :::; c5 pour x,x' E K' tel que ll ::r - x 'll S EoM,
d' où
llD" f( x ) - D °' f( x - a )l l :::; c5 pour x E K, z E supp pet 0 <E :::; Eo .

On e n déduit que

'~~k llDO: J( x ) - n o: j , (x )ll :::; c51. lp(z )I dz pour 0 < E:::; Eo


et ceci prouve le résu ltat voulu. Q.E .D.
e
Exercice 2.33.2 T héorème de W hitney 00 Lorsque Fest compact, on se propose de déduire le
e
théorème de prolongement de Whi triey 00 du théorème e"(exercice 1.9.10). On se donne donc un
compact I< de lRn, des fonction s f a : }( __, IR, a E Nn, vérifiant ( 1.9. 12) pour tout k E N. Pour tout
k E N, il existe donc des fonctions fk E e k( JR" ) telles que f n = D"" fk lK pour lad :S k . 11 s' agi t
alors de construire une fonctio n f E e= (JR"') telle que f "' = D"' Jî K pour tout a.
En multipliant ces fonctions f k par une fonction de 'D(!Rn ) égale à 1 dan s un voisinage de J< , on
peut supposer ces foncti ons à support compact.
Nous utilisero ns les rés ultats préliminaires sui vants. Pour 8 > 0, on pose
}(ô = { x E !Rn; d( x, I< ) ::; 8} et L {J = { x E !Rn; d(x , K ) 2 8}
Soit p E 'D (IRn), 0 '.':: p '.':: 1, à support dan s la boule unité de !Rn et tel que JR" p(x ) dx = 1. On
pose p0 (x) = ô-n p(x/8).
2.34 LE THÉORÈME DE KOLMOGOROFF 349

1 . On pose
'Pli = ll L28 *Pli soit <po(x ) = { Pô(X - y) dy.
j L 2 ;;
Mont.rer que 'Pli E C00 (1Rn), 0 ::::; 'Pli ::::; l, supp 'Pli C L15 , 'Pô = 1 sur L 3 J et il ex i ste des constantes
c0 te lies que
ID 0 <pJ(x) I ::::; Ca ,, - 1a1 pour tout X E nr .
2. Soit g E Ck(IR") tel que D 0
glK = 0 pour la i S k.
a. M ontrer que

[utili ser l' exercice 1.9. I ].


b. On pose g0 = 'Po9 E Ck( !Rn ), montrer que g 0 = 0 sur K 0 et que, pour tout lai : : ; k , 0 ° g0
converge uniformément vers 0 ° g lorsque ô tend vers O.
c. En déduire que, pour tout E: > 0, il ex i ste une foncti on h E ck (!R") telle que h = 0 dans un
voisi n age de K , supp h C supp g et

(2.33 .6) Slip s up ID 0 g(x) - D 0 h(x)I ::::; c.


l<>l:S k xE R"

cl . Si, de plus, f est à support compac t montrer qu 'on peut choisir h dans l' es pace '.D(IR" ), h = 0
dans un voi si nage de}( et vérifi an t (2.33.6) [effectuer une régularisation par convolution].
3. Revenon s à la construction de la fonct i on f. So ient E: 1;; > 0 des réels tel s que L ~ o E:k < oo.
La fonctionfk+ 1 - fk vérifiant les hypothèses de 2,d . il existe une fonct ion 9k E '.D(!Rn) null e au
vo isinage de K telle que

s up sup ID 0 (!k + 1 - h - 9k )(x )I S E: k.


la l:s; k xEIR "

M on. trer alors que la fonction

f = f o + _L)!k+1 - fk - 9k)
k =O
répond à la question.

2.34 Le théorème de Kolmogoroff


Étant donné un ouvert D de JR.n, on se propose de caractériser les parties fo rte ment
compactes de l'espace L P( D; lK), 1 ::::; p < oo.
Étant donné une fonction f : D ---+ lK, no us noterons f 0 : 1_n ---+ lK son
pro l ongeme nl par 0 en dehors de D.
Théorème 2.34.1 Kolmogoroff Soit n un O il Vert de ~n. une partie bornée A de
L P( Q; JK), 1 ::::; p < oo, est relativement compacte si, et seulement si,
pour tout é > 0, il existe ô > 0 te l que, pour tout f E A e t tout
2 34
( · · I) { ll hll : : '.: 8, llT1if 0 - J 0 11v : : '.: c
et
pour tout c > 0, il existe un borélien borné B c n tel que
(2.34.2) / ) l/p
{ ( Jn _ lf(x )IP dx :::; c pour tout f E A .
8
350 CH APITRE 2 INTÉGRATION

Note La propri é té (2.34. 1) est appelée équicontinuité en moyenne d ' ordre p. Quant
à la propri été (2.34.2), on o bservera qu 'elle est vérifiée si 0 est un ou-vert borné :
il s uffit de prendre B = O.
Preuve 1. Montrons que les conditions sont nécessai res. Si A est re lativement
compact, A est précompact. [I ex iste une famill e finie (fi),; EJ de fonctions appar-
tena nt à A telle que A c LJiEI B(f;; c). On a alors
llT1if0 - ! 0 11P S 11Th(f0 - !f)ll" + llT1i f? - !?l lP + III? - f 0 11P
et si I E A , en choisissant i te l que f E B(f;; c),
0 0
llT1J - I 11P S 2é + llThf? - f.?11";
tou te partie fini e de LP étant é videmment équicontinue en moyenne d'ordre p, on
en déduit (2.34. 1).
Quant à (2.34.2), soit (Kj) une suite croissante de compacts de ré union 0 ,
alors

(fn _J[<xW dx) l /pS (1_)f (x) - fi(x)IP dx ) l/ p+ (fn_,Jf;(x)IPdx ) l/ p,

d'où
(fn _ K II( x ) IP dx) l / p S é + (j~-K lf'i(x)IP dx r / p.
j J

D'après le théorème de la converge nce dominée, on a

lim / lf;(x)I" dx = 0
J --'>rx> l n - Kj

et, la famille (f,;) étant finie, ceci permet de conclure.


2. Réc iproque ment, s upposons les conditions (2.34. 1) el (2.34.2) vérifiées.
On pose J( = B , alors J( est une partie compacte de Rn ; après régularisation
par convo lution nous allons montrer qu'on peut appliquer le théorèlll.e d' Ascoli
dans l'espace eu(I< ;OC). Soit p E '.D(Rn;IR) tel que p(x) dx = 1, on pose fr "
If = t 0 *Pô ; d ' après le théorè me 2.33.2, o n sait que 1§
E (L" n 00 ) (Rn ; OC) et e
on a montré que

11/0 - Jf 11~ S c" /" ( / lf 0 (x ) - J0 (x - ôz)IP dx ) IPl(z) d z;


Jiw. .. I~ .
d'après (2.34.1), il existe donc 6 > 0 tel que
0
(2.34.3) 11/
Jf 11" Sc pour tout f E A.
-
Considéro ns a lors l' ensemble C = UJIK; f E A} ; C est une partie de l'espace
eu(K;JK). On a lfJ(x)I S llf llv llPôllq si q est l' indice conj ugué de p el C est
donc une partie bornée de eu(I<; OC). On a e n outre

IJ2(:c) - ff (x')I < (1. lf (x - y) - f


0 0
(x' - y)IP dy ) l/pl l P<>llq
< ClITx-x' f 0 - f 0 llP
el C est donc équicontinu d 'après (2.34 .2). D'après le théorème d ' Ascoli , on en
déduit que C es t précompact : il existe une famille finie (f;) ;E r de fonc ri o ns de A
2.35 LE THÉORÈME DE RADON-NIKODYM 351

telle que, pour tout f E A , il existe i E I tel que


(2.34.4) sup lff(x) - ff 8(x )I ::::;; Eµ (K) - l fv.
xE J{ '

On a alors

Il l - fi llv :-=:; (fn _ )f(x JIP dx )11v + (j~_)f, (x)IP dx )11v +


(j. rln K
lf(.r ) - fi(x )IP dx)l / p,
d'où, d'après (2.34.2) et (2.34 .3),

Ill - fill v :S 4c + (j.


nnK
IJS(:r:) - fi~6(x) lv dx)i;v,
et, par conséquent, Ill - fi llv :S 5c d ' après (2.34.4). Ceci montre que les boules
B(fi; 5c), i E I, recouvrent A qui est donc précompact et, LP éta nt complet, A
est relativement compact. Q.E.D .

2.35 Le théorème de Radon-Nikodym


La caractérisation du dual de l'espace LP utilisera le théorème de représentation
intégrale de Radon-Nikodym que voici.
Nous avons défini au paragraphe 2.17 la 11otion de mesure admettant une den-
sité par rapport à une mesure donnéeµ, soit v (A) = JA
g dµ. Toutes ces mesures
possèdent la propriété que v(A) = 0 dès que µ(A) = O. Nous allons montrer,
sous certaines hypothèses, que cette propriété caractérise les mesures admettant
une densité par rapport ൠ; ceci est év idemment tout à fait remarquable.
Définition 2.35.1 Soit (X , '.T, µ) un espace mesuré, une mesure
v : '.T -+ lR U { oo }(ou <C ) est dite absolument continue par rapport ൠsi
(2.35.1) (VA E T)(µ(A) = 0 ===? v(A) = 0) .
Notons le
Lemme 2.35.1 Une mesure signée v est absolument continue par rapport ൠsi,
et seulement si, les mesures V± sont absolument continues par rapport à µ.
Preuve Il est clair que v est abso lume nt continue par rapport ൠsi V± le sont, vu
que v = v+ - v_ . Réciproquement, si µ(A) = 0, avec les notations du théorème
de Hahn-Jordan o n a µ(A n P) = µ(A n N ) = 0, d'où v+ (A) = v(A n P) = 0
et v _(A) = - v(A n N) = O. Q .E.D.
Lemme 2.35.2 Une mesure complexe v : '.T -+ <C est absolument continue par
rapport à µ si, et seulement si, sa variation totale lvl : '.T -+ lR+ est absolument
continue par rapport à µ.
Preuve En effet, v est absolument continue si, et seul ement si , les mesures R e v et
"Sm v le sont et les inégalités (2. 15 .5) et (2.1.5.6) permettent de conclure. Q.E.D.
352 CHAPITRE 2 INTÉGRATI ON

Théorème 2.35.3 Radon-Nikodym Soient (X, '.T, µ) un espace mesuré a -fini et


v : '.T -+ R U { oo} une mesure signée absolument continue par rapport à µ, alors
il existe une f onction g : X -+ R U { oo} '.T-mesurable telle que g_ soit intégrable
et
(2.35.2) v(A ) = )~ g dµ pour tout A E '.T.
En outre, g est unique modulo la relation d'équivalence :R.w La mesure v est a-
finie si, et seulement si, g est fini presque partout et elle est est finie si, et seulement
si, g est µ.-intégrable. Enfin, si v est une mesure positi ve, on peut choisir g positive.
Preuve 1. On suppose d 'abord les mesures µ et v pos1t1ves e t
finies. Notons L 2 (µ + v) e t L 2 (µ + v) les espaces l 2 (X, 'J, µ + v ; R) e t
L 2 (X, 'J, µ + v ; JR). Nous allo ns utiliser le thé orème de re présentation d e F. Riesz
dans l'espace de Hilbert L 2 (J" + v ).
a. Soitf E L 2 (µ + v), alors f a ppartie nt à l'espace L 2 (X, 'J, v) et, la mesure
v é ta nt finie, f est v-intégralJl e ; on a e n o utre

1
jx. fdv l ::; v(X) l/2 ( ;·x lfl 2dv) 1/ 2
::; v(X)l /2 11/llL2(µ+v)·
Ceci montre que l'applicatiGn f H f
x f dv est une forme linéaire continue sur
l' espacede HilbertL 2 (µ + v ). Il existe donc une fonction h E L 2 (µ + v) te lle que

j . f dv = ; · jh d(µ
X X
+ v) po ur to ut f E L 2 (µ + v) ,
soit
(2.35.3) { f(l - h)dv = ( fhdµ po urtout f E L 2 (µ + v).
lx lx
b. On peut supposer que h est la classe d 'équi vale nce d ' une fonction 'J-
mesurable que nous notons encore h. Mo ntrons que 0 ::; h(x) < 1 pourµ + v-
presque to ut x. On pose
Ao = {x E X ; li(.7:) < O} et A1 = {x E X ; h(x) ~ l} .
Pre nons f = n Au dans (2.35 .3) ; les mes ures é tant fini es, on notera que n Ao
appartient bie n à l'espace L 2 (µ + v) ; on a a lors

) . ( 1 - h) dv
Au
~ 0 et jAu
h dµ ::; 0

et il en résulte que j~ 0 hdµ = 0, d 'où µ(Ao) = 0 et, d 'après l'absolue continuité,


v(Ao) = O. De même, e n prenant j = nA,, on a

) . (l - h ) dv ::; Oet j. hdµ ~ µ(A1 ) ~ 0,


A, Ai
d'où µ.(Ai) = 0 e t v(A 1 ) = 0 d 'après l'absolue continuité.
c . Ceci montre qu 'on peut c hois ir h te l qu e 0 ::; h(x) < 1 pour to ut x . La
rela tion (2.35.3) étant vérifiée po ur to ute fonction f 'J-étagée, le théorè me de la
converge nce monoto ne montre qu ' elle est vé rifiée po ur toute fon cti on positive 'J-
mesurabl e et, e n partic ulie r, po ur f = n. A/( l - h) o ù A E 'J ce qui prouve (2.35.2)
avec g = h/( 1 - h).
2.35 LE THÉORÈME DE RADON-NIKODYM 353

2. On s uppose ens uiLe la mesureµ finie et la m esure v pos itive et a - finie. Il


ex is Le alors une partition (An) de X Lelle que An E 'Jet v(An) < oo. Soient
µ A,,. : 'JA,. ---+ R + et v A,. : 'JA,. ---+ R+ les. mesures induites. La mesure v A,.
é tanl absolume nt continue par rappo rt à µA ,. , il existe d ' après 1. une fo nction
9n : An ---+ R+ 'JA ,, - mesura ble telle que
v(A) = L 9n dµ pour tout A E 'JA,..·
Soit g~ le prolonge ment de 9n par 0 en deltors de An ; la fonction g~ est 'J-
mesurable ainsi que la fonction g = =~=O g.~ et

v(A) = f
n =O
v(A n An) = f 1g~
n=O A
dµ = ( gdµ ,
}A
ce qui prouve que v admet une de ns iLé par rapport àµ, et cette de nsité est à valeurs
da n s R+ .
3 . On suppose toujours la mesure µ finie e t la mesure v positi ve, mais que cette
mes ure v n'est pas Œ-finie.
a. On vérifie d 'abo rd l' ex iste nce d 'un ensemble X 0 E 'J tel que
µ(X - X 0 ) > 0, la mesure induite vx 11 est a-finie et, pour tout A E 'JX u ,
(2.35.4) µ(A) = v( A) = 0 ou bi e n (µ(A) > 0 et v(A) = oo).
A cet e ffet, on pose e= {A E 'J ; v(A) < oo }- Cet e nsem ble de parties é tant
e
stable par réunion finie, il existe une s uite croissante (An) de Le lle que
lim µ(An ) = sup µ(A ).
n -;oo A Ee

On pose Xo = LJ~=o An. La mesure induite vx0 est év ide mment a- fini e . Vé-
rifions que µ (X - X 0 ) > 0 : supposons µ(X - X 0 ) = 0 , d 'après l'absolue
continuité on a alors v (X - X 0 ) = 0 e t la mesure v serait Œ-fini e, contraire-
me nt à l' hypothèse . Vé rifions enfin (2.35.4). [l s'agit de vérifier que l'o n ne pe ut
avoir µ (A) > 0 et v(A) < oo po ur A E Tx-0 • On aurait e n effet A U A n E e,
µ (A U An) = µ(A )+ µ(An), d 'où, la mesureµ étant fini e, donc bo rnée supé rie u-
re m ent par µ(X),
lim µ(A U An) = µ(A)+ lim µ(An) > sup µ(B)
n-; oo n _,oo B Ee
et ceci est évidemment absurde.
b. La mesure vx 0 é ta nt Œ-finie, il existe d ' a près 2. un e fonction
go : Xo ---+ R+ 'Jx 0 -mesura ble te lle que
v(A) = L 90 dµ pour tout A E 'Jx 11 •
Posons
sur Xo ,
g= { : sur X - Xo.
Pour tout A E 'J, on a alors
v(A) = v(Xo n A) + v (A - X 0 ) = ( gdµ + v (A - X 0 ).
Jx onA
354 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Si v(A - X 0 ) = oo, on a µ(A - X 0 ) > 0, d'où

v(A - Xo) = J gdµ


A - Xo
etcecivaut égale mentlorsquev(A - X 0 ) = Ocarµ(A - X 0 ) = O. Ceci p ro uve que
la mesure v admet g po ur de ns ité par rapport ൠet o n notera que cette fonction g
n'est pas finie presque partout.
4 . Lorsque la mesureµ est a-fi nie et la mesure v positive, il existe une partition
(An) de X telle que An E Tet µ(An) < oo. Un raisonnement identique à celui
de 2. montre que v admet une densité g : X ---+ i+ par rapport àµ, den si té finie
presq ue partout si, et seulemen t si , la mesure v est a-fi nie.
5. Dans le cas général d ' une mesure signée, 4. montre q u' il ex iste des fo nctio ns
9± : X -t R + 'J-mesurables, 9- é tant µ-intégrable , te lles que

V± (A ) = j~ 9± dµ pour tout A E 'J.

Posons g = 9+ - 9- ; la partie négati ve de 9 est plus petite que g_ , donc intégrable


e t on pe ut écrire (2.35.2). Étant donné que v(X) = J~'C 9 dµ, cette dens ité 9 estµ-
intégrable si, et se uleme nt si, v(X) est fini .
6. Quant à l' unic ité. Soie111 9, h : X ---+ RU { oo } deux fo nctions 'J-mes urables
te lles que 9- et /i_ soient intégrables cl

l 9+ dµ - L 9- dµ = j~ h+ dµ - 1 h_ dµ pour tout A E 'J.

Posons F = 9+ + h_ et G = h + +9- · alors J~ F dµ = JA


Gdµ pour tout A E 'J.
En prenant A = {x E X ; F (x ) > G(x) }, on constate que µ(A) = 0, c'est-à-dire
F :::; Gp.p. ; on vérifie de même que G :::; Fp.p., d'où F = Gp.p. etg = hp.p .;
cec i achève la preuve du théorème. Q.E.D.
U ne mesure complexe v : 'J ---+ C étant absolument conti nue par rapport àµ
si, et seu lement si, les mesure s 3te v et ÇSm v le sont, on en déduit le
Corollaire 2.35.4 Soient (X, 'J, µ) un espace mesuré a-fini et v : T ---+ C une
mesu re complexe absolument continue par rapport à µ , alors il existe une fo nction
9 : X -t C µ -intégrable, unique modulo la relation d'équivalence '.R 1,, telle que

v(A) = j~ 9 dµ pour tout A E T.

Le théorème de Radon-Nikodym peut être en défaut lorsque la mesureµ n'est


pas a- finie (exercice 2.3 5. 1).
Exercice 2.35.1 Soient X un ense mble non dénombrable, 'J la tribu constituée des parties 4ui sont
dénombrables o u dont le comp lémentaire est dénombrable et µ : 'J _, i"+ la restriction à 'J de la
mesure de dénombrement. M ontre1- que la mesure finie v : 'J --+ ~+ dé finie par v(A) = O si A est
dénombrable et v(A ) = l si X - A est dénombrable est absol ument continue par rappo11 à µ, mai s
que cette mesure n'admet pas de densité par rappon à µ .
Exercice 2.35.2 L 'objet de cet exerc ice est d' établir le théorème suivant. Soienl (X , T) un espace
mesurable cl Àn 'J _, IC une suite de mes ures telle que, pour tout A E 'J, la su ite (.\n(A))
2.36 DUAL 355

adme ue une limite notée .X(A), alors À '.T -+ IC est une mesure (Nikody m). Ce résultat est, pour
des m esures abstraites, l ' analogue du théorème 2.2 1. 1 rela tif à des mesures de Rado n. Rappelons que
la dé m onstrati on du théorème 2.2 1. 1 repose sur le théorèm e de Banach- Steinhaus ; on utili se ra ici un
théor ème de Vilali -Hahn-Saks.
1. Soient (X, '.T, 1~) un espace mesuré et v : '.T -+ IC une mesure abso lument continue par rappo11
àµ, rnonlrer que
('v'é > O)(:Jô > O)('v'A E '.T)(µ,(A ) :S ô = ii; l(A) :S é)

[en rni sonnant par l'absurde, si (én) est une suite de réel s > 0 telle que L; ~= O E:n < oo, construire une
suite A,, E '.T telle que µ (A,,) ::; én el lvl(A n) ;::: é , pui s util iser l'ensemble A = lim supn -+oo A,.].
2 . Soit (X , '.T, µ ) un espace mesuré.
a. Soit '.To l 'ensemble des A E '.T de mesure fini e. M ontrer que l' ensemble des cl asses de fonc-
ti ons [llA] o ù A E '.To est une partie fermée de l 1 (X ; JR ) et en déd uire que '.To / '.Rµ est un es pace
mét.-ique complet pour la distance

d( [A] , [B]) = µ (A U B - An B ) o ù A E [A] , B E [B].


b. Si À : '.T -t IC est une mesure abso lument continue par rapport à µ, , montrer que .X(/\) ne
dépe nd que de la cl asse d'équi valence de A ; o n pose [>.]( [A]) = .X(A) pour A E '.To ; en utili sant 1.
montrer que l ' application [.X]: '.To/'Rµ -t IC est continue.
3. Soient (X , '.T, µ, ) un espace mesuré et À n: '.T -t C une suite de mes ures absolument continues
par rnpport à µ telle que, pour to ut A E '.T, la suite ( An(A )) admette une limite.
a. Pour tout entier p , q, on pose

Ap ,q = {A E '.To / 'R 1, ; l[.X p](A) - [.Xq](A) I :S é} o ù é > 0

et f l n = n p2: n A p, q· En utilisant le t héorème de Bairn, m ontrer que l ' un des ensembl es An est
q2: n
d' intéri eur non vide.
b. En déduire que, pour to ut E: > 0, il ex i ste ô > 0 tel que, po ur tout A E 'J tel que µ(A) ::; o
et to ut entier n, o n ait i >- n 1 (A) ::; E: (théorème de Vit ali- Mahn -Saks) .
4. On considère un espace mesurable (X , '.T) et une suite À n : '.T -t IC de mesures telle que, pour
tout A E 'J, la suite (.Xn (A)) admette une limite notée .X( A).
a. So it (én) une suite de rée ls > 0 telle que L; ~=O E: n < oo, o n pose

M ontrer que µ : 'J -t IR.+ est une mes ure (ut i li ser! 'exer cice 2.4. 1) et en utili sant 3. que, pour to ute
suite décroissante (Ak) d 'ensembles de '.T d' intersecti on v ide, li mk-+oo i>-n 1 (Ak) = 0 uni formém ent
par 1·apport à n .
b. En déduire que À : '.T -t IC est une mesure (théorème cle Nikodym).

2.36 Dual
Théorème 2.36.1 Soient (X, T , µ) un espace mesuré, 1 ::::; p < oo et q l'in-
dice conjugué de p. Lorsque p = 1, on suppose la mesure Œ-jinie. Pour tout
g E LCJ(X;IK), on pose

(2.3 6. 1) if> 9 (j) = j~fgdµ oùf E LP(X;IK).


Alo rs, l'application if> 9 est une fo rm.e linéaire continue sur LP(X; JK) et if> est une
isom étrie linéaire de LCJ (X; JK.) sur le dual de l 'espace L P(X ;JK.).
356 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve 1. D 'après l'inéga lité de Holder, <J> 9 (f) est bie n défini et
[<I> 9 (f)[ ::; llfllr [[9[[q,
ce qui mo ntre que <J> 9 est une fo rme linéa ire continue sur LP de norme ::; [[9[fq ·
L'applicatio n linéaire <J> : Lq ----+ (LP)' est do nc continue de norme ::; 1 .
2. O n dé mo ntre d'abo rd le théorème lo rsque la mes ure est fini e.
a. So it T E (LP)' un e fo rme linéaire continue s ur LP ; pour f E f:,P, o n
pose T(f) = T ([f]) . Pour LOU( A E 'J, la fonction n A appartenant à J::,P , on peut
définir une fonction v : T ----1 lK par v (A) = T( ll A)· On obtient ai nsi une mesure
v : T ----+ IK : si (An ) est une suite d'ensembles de 'J d isjoi nts de ux à
deux de réunio n A , o n a D. A = I::=o
n A,. , la série convergeant dans
D ' d 'a près le théorè me de la converge nce do minée da ns ,CP, et par
conséque nt T( ll A) = I::=oT( ll AJ· Si µ(A) = 0, o n a [ll A] = 0, d 'où
v(A) = T([llA]) = 0 ; la mesure v es t do nc absolume nt continue p ar rapport
àµ. D'après le théorèm e d e Radon- Nikodym, il ex iste une fo nc tion intégrable
y E L 1 (X; JK) te ll e que

(2 .36.2) T( ll A) = ; · 9 dµ po ur to ut A E T.
A
b. Mo nt ro ns que, pour toute fo nc tio n f E J:.,P, la fo nc tio n f9 est intégrable et

(2.36.3) T(f) = !'( j 9 dµ.

D'après (2.36.2), ceci est acq uis pour tou te fo nctio n 'J-étagée . li suffi t ensuite de
tra iter le cas d ' une fo ncti o n f pos iti ve apparte nant à J:.,P. Soit Un) une s uite crois-
sante de fo nc tio ns positives 'J-étagées convergea nt vers f. Posons
A1 = {x E X; 'Re g(x) 2 O,'Sm9(x ) 2 O},
A2 = {x X;'R e g(x) 2 0,'Sm9(x ) < O} ,
A3 = {x E X; 'Re g(x) < 0, 'Sm9(x) 2 O},
A 4 = {x E X; 'Re g(x) < 0, 'Sm9(x) < O}.
O n obti ent ains i une par titi o n de X . La suite (fn ll A;) est une suite cro issante de
fo nctions positives 'J.étagées conve rgeant vers fll A, ; la convergence ayant lieu
dans ,lP, la continuité de Tet le théorè me de la converge nce mo notone prouve nt
q ue

T(f ll AJ = lim T(fnn. A,)


n -too
= lim
n---too } X
r fn ll A,9dµ = ; · f D. A, gdµ.
X
Cec i prouve que les fo nc ti o ns f ll A,9 sont intégrables, la fo nction
f9 = L1= 1 f D. A,9 est do nc intégrab le. E n o utre,
4

T(J) = 8T(f n. A,) = 84

lx/ll A,9dµ = [ f9dµ ,

ce qui prouve (2.36.3).


2.36 DUAL 357

c. Montrons ensuite que g appartien t à Lq lorsque p > 1, do nc


1 < q < OO. Considérons la fo ncti on a:: c -1 c défini e par o:(z ) = z/lz l si z -1 0
et cx(O) = 0 ; cette fonc tion est borélienne. 0 11 pose alors, pour tout entier n,
a(g(x))lg(x)lq - l si lg(x)lq - l ::; n,
9n(x) = {
a(g(x))n s1 lg(x)lq - l > n.
On obti ent ain si des fo ncti ons 9n T-mes urables et bornées qui appartie nnent
donc à ,lP et, d'après (2.36.3), T(gn) = J~ 9n9 dµ. On a IYn l :::; lglq - l, d'o[1
l9n lp- l ::; lgl et l9nlP :::; l9n9I = 9n9; on ell déduit
l l
IYnlP dµ :::; Yngdµ = 'I'(gn) ::; llTl l ll 9nllv ,
d'où
(L IYnlp dµ)
11
q :::; 11r 11.

La s uite (lg11 IP ) étant une suite cro issante convergeant vers lglq, le théorème de la
convergence monotone mon tre que g appartje nt à lq et que llgllq ::; llTll ; ceci
montre la surjectivité de <Pet, vu l ., que llT ll = llY llv, c'est-à-d ire que <Pest une
isométrie.
d. Lorsque p = 1, mo ntrons que g appartient à J- = . Soit a ~ 0 te l que
l'en semble A = {x E X; lg(x)I ~ a} soit<le mes ure strictement positive. Dans
(2.36.3), prenons f(x) = a(g(x)) Il. A(x), on obti ent

T(f) = i IYI dµ 2 aµ(A),

d'o ù aµ (A) ::; llTll ll flli ::; llTll µ(A) et, par conséquent, a ::; llTl l- Cec i montre
que g appartient à;:_ = et que 11 911 = :::; llTll, ce qui pro uve également le théorème
dans ce cas.
3,a. Dans le cas général, soit A E 'J, l'appl ication f H f° qui , à une fo nction
f : A --+ lK associe la fo nction f 0 : X --+ K null e sur X - A qui pro longe f,
est une injection de ,lP(A) dans ,lP(X) ; e n passant aux espaces quoti ents, cette
appli cation induit une injection linéaire contï11u e iA : LP(A) ---+ LP(X). Si Test
une fo rme linéaire continue sur LP(X), T o 'LA es t une forme linéaire continue
sur LP(A). Si A est de mesure fi ni e, on dédui t de 2. ceci : il ex iste une fo nction
9A E Lq(X) nulle sur X - A te lle que

T(f) = {
lx f 9A dµ pour tout f E f-P(X) tel que f = 0 sur X - A.

En outre, 9A est un ique modulo la relati on ~JL et


(2.36.4) llYA llq = llT 0 iA Il :::; llTll·
b. Supposons p > 1 et posons M = sup Ilg A llq ::; llTll où la borne s upérieure
por te sur l'ensem ble des A E 'J de mesure fin ie. Il ex iste une sui te An E 'J,
µ(An) < oo, telle que M = limn-+= llYA,. llq· Soit Bn = LJZ=oAk E T, cet
ensemble est de mesure fi nie et YB,. IA,, = 9A " p.p., d'où llYe,. llq ~ llYA.. llq et par
358 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

suite M = limn --+oo ll9s,, Il q. La suite (Bn) étant croissante, on peut par récurrence
choisir les fonct ions 9B... telles que DB..+ i = gs,. sur Bn ; posons 9n = 9B,., on
obtient ai nsi une s uite (gn) cc>flverge nte dont on notera g la limite. La suite (l9nlq)
étant croissante, on a ll 9llq = limn--+oo ll9n llq = M :::; llTll d'après le théorème de
la convergence monotone . Cec i montre que g appartie nt à ;:,q (X).
Pour achever la démonstration du théorème, il reste à prouver que
T(f) = J)( f g dµ pour tout j E U(X) et, d'après la densité des fo n ctio ns éta-
gées intégrables, il suffit de le faire pour f = ne où C E 'J est de mesure fini e.
Étant donné que T( ll c) = Jx 9c dµ, il s' agit de vérifier que gc = g11.c p.p .. Or,
9C = 9n p.p. sur Bn , donc sur B = u~=O B n ; il en résulte que
ll9cll q = ll 9 llq + llgc 1lc - sllq = lVI + llgc llc-sl lq
et, vu que ll9c llq :::; M , on e n déduit que gc = 0 p.p. sur C - B, ce qui permet de
conclure.
c . Lorsque p = 1, on suppose la mesure O"-fi nie. Soit (An) une s uite crois-
sante d 'ensembles de 'J de 1nes ure finie de réunion X. Comme précédem ment,
on peul construire des fonctions !:ln E J:, = (X) telles que 9n = 0 sur X - An,
f
9n+ L = 9n sur An et T(f) = x J9n dµ pour toute fonction f E L 1 (X) nulle s ur
X - An. La s uite (gn) converge vers une fonction g E L 00 (X) et 11 9 11 oo :::; llTll-
Pour toute fonction f E L 1 (X), on a alors

T(f ll A,, ) = r fgn


lx
dµ = ; · fg nA,, dµ .
X
Les sui tes (fnAJ el (fg 11. A J convergent vers f et f g respectivement dans L 1
d'après le théorème de la convergence dominée et on e n d éduit que
T(f) = fx fg dµ, ce qui prouve le théorème. Q.E.D.
Corollaire 2.36.2 Les espaces de Banach LP(X ; OC) pour 1 < p < oo sont ré-
flexifs.
Preuve Soi t T E (LP)" un e forme linéaire continue sur (LP)', alors T o <I> est une
fo rme linéaire continue sur Lq et il ex iste donc f E LP te l que

(T o<I>)(g) = f fgdµpo urtout g E U .


lx
Autrement dit, < T ,<i> 9 >((D')",(L")')=< <i> 9 , f >((L1')',V') el, l'application
<I> : Lq -+ (LP)' étant surjective, ceci montre bien que l'espace L P est réflexif.
Q.E.D .
L'es pace L 1 n'est pas réflexif en général. Si la mesureµ est O"-fini e e l si l'es-
pace L 1 (X; IK) est séparable , a lors cet espace n'est réflexif que si il est de d ime n-
sion finie : en effet, l'espace UXJ est alors séparable car son dual fort est séparable
(27, proposition 3. 17.10], donc de dime nsion fi nie d'après la proposition 2.29. 14,
ce q ui permet de conclure.
Le théorème 2.36. 1 permet de donner une caractérisation des sui tes d e LP(X ; OC)
faiblement convergentes, c'est-à-dire convergentes pour la topologie affaiblie
O"(LP, (LP)').
2.36 DUAL 359

Corollaire 2.36.3 Une suite bornée Un) de LP(X;IK), 1 < p < oo, converge
fa iblement vers f E LP(X; IK) si, et seulement si, pour tout A E 'J de mesu re
fi nie, la suite (j~ fn dµ ) converge vers f dµ . JA
Pre uve L'espace des cl asses des fo nctions étagées intégrables étant de nse dans Lq,
l /p + l/q = 1, l' ensembl e des classes des fo nctions Il. A o ù A décrit l'ensemble
des parties mesurables de mes ure fi nie est total dans LG . La propos ition 3. 16. LL de
[27] fo urnit alors le rés ultat vo ulu . Q.E.D .

Exe r cice 2.36.l Soit (!11 ) une sui te born ée de LP(X; JK), 1 < p < oo, qui converge presque
part o ut vers une fo nction f E LP(X; IK). Montrer que la suite Un) converge fai bl ement vers f ,
c'est-à-dire pour la topologie a(LP, (LP)') [util iser le coroll ai re 2.36.3 et le théorè me d 'Egoroff].

Corollaire2.36.4 Une suite bornée Un) de L 1 (X;IK) convergefaiblement vers


f E L 1 (X; IK) si, et seulement si, pour tout A E 'J, la suite (j~ fn dµ) converge
vers JA f dµ .
Pre uve Lorsque la mesure est ()- finie, ceci rérnl te de la proposition 2.29. L3 vu la
propositi on 3. 16. 11 de [27) . Dans le cas général, la condition est nécessaire car
l'application f >--+ j~ f dµ est une fo rme linéaire continue sur L 1 . Pour vérifie r
que la conditi on est s uffisa nte , toute fo nctio n intégrable étant à support ()- fini e, il
ex is te une partie A E 'J de mesure ()-fi nie tell e que f = 0 et fn = 0 sur X - A.
Con sidéro ns l'injecti on i : L 1 (A) -+ L 1 (X) induite par l'applicati o n h i-+ h 0
où h 0 est le pro longeme nt de h par 0 en dehors de A ; cette injectio n est linéaire
continue. Posons g = f iA E L 1 (A) et 9n = fn lA E L1(A)_ La mesure induite µ .A
étant CJ-fin ie, la suite (gn) converge vers g pour la to polog ie CJ(L 1 (A), (L 1 (A))') :
pollr to ut S E (L 1 (A)) ', la suite (S(gn)) co nverge vers Sg. Soit T E (L 1 (X))',
alor s Toi est une form e linéaire continue sur L 1 (A) et, par conséque nt, la suite
( (T o i)(gn)) converge vers (Toi) (g ), ce qui permet de concl ure car i(gn) = fn
et ·i (g) = f. Q.E.D .
Exe rcice 2.36.2 Montrer qu ' une suite bornée Cfn) de L 1 (X; IK) converge faibleme nt si, et se ule-
me1u si, po ur tout A E '.T, la s ui te (fA fn dµ ) admet un e li mite [lorsque la mesure est a- fin ie, utili ser
le tlléorème de Nikodym (exercice 2.35.2), pui s le théorème de Radon-N ikodym].

Exe rcice 2.36.3 Soit (X, T , µ, ) un espace mes uré tel que { x} E '.Tet µ( {x}) > 0 pour tout x E X,
mmlt:rer qu ' une suite Un) de L 1 (X; JK) faiblement convergente converge en moyenne [si la sui te
Un) converge fai blement vers f, montrer, en utilisant le coroll aire 2.36.4, que la suite Un) converge
simplement vers f, pui s observer qu ' il existe un e nse mble déno mbrable A C X tel que f n = 0 sur
X - A et utiliser le théorè me de Vitali -Hahn-Saks (exerc ice 2.35.2)].
Note On retrouve ainsi le théorème 3.24. 17 de [27 ].

Exe rcice 2.36.4 Soient I = [ü, l], Cu(!) l'espace des fo nctions contin ues f : I -+ tC mu ni de la
norme de la topologie de la convergence uniforme, notée 1 1• 11 00 , et E un sous-espace vectorie l de cet
espace Cu(!) qu'on suppose fermé dans LP(I) où 1 < p < oo. On se propose de démontrer que E
nécessai rement de d imension fini e.
1. Montrer que E est fermé dans Cu(!) et en déd uire que s ur E les normes 11 •11 = et ll •llr sont
équi valentes [utili ser le coro llaire 3. 11 .4 de (27]] .
2. So it B = {f E E; 11/llr ::; 1} la boule uni té de (E, ll•llp)
360 CHA PIT RE 2 INTÉGRATION

a. Soit U n ) une suite de B, montrer qu ' il ex iste une sous-s uite Un<) qui conver ge pour la to-
pologie affaiblie (l(E , E') ve rs une 1imite notée f [utili ser la propositi on 3. 17.8 et le théorème 3. 17. 11
de (27]].
b. En utili sant les formes li~ éaires Ôx f --; f (x), montrer que la suite Unk) converge
simpl ement vers f, pui s que l a convergence a lieu également dans LP.
c. En déduire que Best relative ment co mpact et conclure.

2.37 Convergence en mesure


Soie nt (X, 'J, µ,) un espace mesuré e t E un espace de Banach, o n dit qu ' une suite
fn : X --+ E conve rge e n mes ure vers f : X --+ E s i
(2.37.1 ) Jim µ,*({x E X; llJ (x) - f n(x )ll :::'.'. E}) = 0 pourtout c > O.
n -HX J

La limite d ' une suite convergeant e n mesure n' e st définie que modulo la rela-
ti on d 'équi vale nce '.Rw En effet, s i la suite Un) converge en mesure v ers f , elle
conve rge en mesure vers toute fon c tio n g égale presque partout à f car l' ensemble
{.x E X; ll g( x) - f n(x) Il 2: E} es t conte nu dans la réunion
{x E X ; ll J (x) - g(x) ll > O} U {x E X ; ll J (x) - fn(x)ll ~ é},
d'où
µ,*({ x E X ; llg( x)- fn( x)ll : :'.'. c}) :::; µ*({ x E X ; llf(x)- fn(x ) ll 2 E}).
Réc iproque ment, s i la suite Un) conve rge e n mesure vers f et g, l' ensemble
{x E X ; Il f (x) - g(x ) Il 2': €} éta nt conte nu dans la ré uni o n
{x E X ; ll J (x) - f n(x)ll 2': E/2} U {x E X; llg(x) - fn(x)ll ~ E/2} ,
o n a µ*({x E X; llf(x) - g(x)ll : :'.'. E}) = 0 pour to ut €> O. Il en r és ulte que
l' ense mbl e
DO

{x E X ; llf (x) - g( x)l l > O} = LJ {x E X; llf(x) - g(x)ll 2': l /n}


n= l
est nég ligeable en ta nt que réunion de négligeables, ce qui prouve que f = g p.p ..
No us allo ns é tud ier les relations ex is ta nt e ntre la convergence presq ue parto ut,
la convergence en moyenne et la convergence e n mesure. Intéressons-no us d' abord
à la convergence presque parlout e t à la convergence en mesure.

Proposition 2.37.1 Une suite Un) convergeant presque uniformément vers f con-
verge en mesure vers f.
Preuve Éta nt donné €> 0, posons An = {x E X; llf(x) - J'.n(x)ll :::'.'. E}. Soit
ô > 0, i 1 ex. iste un e nsemble A E 'J de mes ure :::; ô te l qu e la s ui te
Unix -A ) converge uni fo rmément vers f lx-A; il ex iste donc un e ntie r n tel que
.A Il f (x) - Jp (x) Il < E po ur p :::'.'. n . C ec i mo ntre que, po ur p :::'.'. n,
s upxE X -
Ap C A, d 'où µ*( Ap):::; µ(A) :::; ô e t ceci pro uve le résultat voulu . Q .E.D .
Yu le théorème d ' Egoroff, o n e n déduit le
~.37 CONVERGENCE EN MESURE 361

Corollaire 2.37.2 Si µ(X) < oo, une suite f"n : X ---+ E de fonctions µ-mesu-
rables qui converge presque partout vers unefonction f : X ---+ E converge en
mesure vers f.
R éc iproq uement, une suite qui converge en mesure ne converge pas nécessai-
re m e nt presq ue partout comme le mo ntre l'exemple donné page 2 10 ; no us al Ion s
montrer qu'il ex iste cependant toujours une sous-suite co nvergea nt presque par-
tout.
N ous utili serons la noti on suivante. On dit qu'une suite fn : X --+ E est une
sui te de Cauchy en mesure si, pour tout E > ()el tout ô > 0, il ex iste un enti er n
tel que
(2.3 7 .2) µ*({x E X; llfr(x ) - fq( x )ll 2':e}) ::; 5 pourtout p,q 2: n.
Proposition 2.37.3 Une suite f n : X ---+ E c<Jnverge en mesure si, et seulement si,
elle est de Cauchy en mesure ; il existe alors 1me sous-suite qui converge presque
uniformément, donc presque partout.
Preuve 1. L'ensemble {x E X; llfp(x) - fq(x) ll 2 E} étant co ntenu dans l'en-
sem ble
{x E X; llJ(x) - fp(x)ll 2: c/2} U {x E X; llf(x) - fq(x)ll 2 E/2} ,
si la suite Un) converge e n mesure vers f, e lle est de Cauchy en mesure.
2,a. Réc iproquement, so it U n) un e suite de Cauchy en mes ure. Soit ( Ek) une
sui te de réels > 0 te lle que la série 2::%':0 E k soi t convergente. Par récurrence, on
cons truit une suite (nk) strictement cro issante telle que
µ*({x E X; llfn(x) - fn , (x)ll 2: El:}) ::; Ek pourtout n 2 nk,
d'où µ*(Ak) :::; Ek où A1c = {x E X ; llf',.,,,+1 (x) - fn, (x)ll 2: ck}. Posons
B1 = U%°=t Ak, on a µ*(B1) :::; 2::%': 1 Ek = 7/l où lim1 _, 00 'T/t = O. Considérons
alors un x r/. B1; sil :::; i < j, on a llfn,(x) - fn 1 (x)ll ::; :z=~:~ Ek ::; ru e t ceci
montre que la sous-suite Un" lx- Bi) est de Cauchy pour la norme de la topologie
de la co nvergence uniforme ; il e n résulte que la sous-suite Un") converge unifor-
mém ent sur X - B 1 quel que soit l'entier l. D'après le corollaire 2.2.5, il ex iste
C1 E 'J tel que B1 c C1 et µ(C1) = µ*(Bt) <::::; 771 · L'ensemble C = n ~o C1 E 'J
est d e mesure nul le et la sui te (fn" ( x) ) co nverge pour tout x E X - C. Il ex iste
donc une fo nction f : X ---+ E te lle que, pour tout l, la suite Un . lx -Ci ) converge
uni for mément vers flx - Ci. La mes ure de C 1 convergeant vers 0, ceci montre que
la s uite Un") converge presque uniforméme nt vers f, donc presque partout vers
f.
b. Montrons que la suite Un) co nverge vers f e n mesure. Soit E > 0, l' e n-
semble {x E X; ll f(x) - fn(x)ll 2: é} est contenu dans la réuni o n
{ x E X ; llf(x) - fnk (x)ll 2: é/2} U {x E X; llfn(x) - fn" (x)ll 2: c/2}.
Soit ô > 0, la suite Un.) co nvergeant presque uniformément vers f, il ex iste
d 'après la propositio n 2.37. 1 un e ntier l tel que, pour k 2 l, la mesure ex térieure
de l' ensemble {x E X ; llf(x) - fn "(x) ll 2 e/2} so it :::; ô. La suite Un) é tant
362 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

de Cauchy e n mesure, on peu t c hoisir l tel que la mes ure ex térieure de l'ensemble
{x E X ; llfn( x ) - fn , (x)l l 2 é/2} so it '.':'.: ô pourtoutk 2 l etlout n 2 nk,ce
qui permet de conclure. Q.E.D .
Exercice 2.37.1 Soit (J,,) une su ite bornée de LP(X ; IK), 1 < p < oo, qui conver ge en mesure
vers une fonc1ion f E LP (X ; K ) , n onlrer que la suite Un) converge faibl ement vers j, c 'est-à-dire
pour la topo logie a(LP , (LP)') [raisonner par l 'absurde en u1ilisan1 le corollaire 2.36.3 et l 'exercice
2.36. 1].

Examinons ensuite les re lat ions e ntre la convergence en moyenne d'ordre pet
la convergence en mesure.
Proposition 2.37.4 Une suite f n : X --+ E de J:,P(X ; E), 1 '.':'.: p < oo, qui
converge vers f : X -+ E dtms J:,P converge en mesure vers f.
Preuve Posons An = {x E X ; llf(x) - fn(x)ll 2 é} où E > 0 ; ces ensembles
An appartiennent à la tribu 'Jet éll.A,. :S l f - fnll, d 'où
é µ(An)J f p :S llJ - f n llP
el ceci montre que la mesure de An tend vers 0 lorsq ue n tend vers l' infini . Q.E.D.
Exercice 2.37.2 Monlrer qu ' une 1·onc1ion f : X -; E appartient à .lP(X; E) , 1 :':'. p < oo, si, el
seulemcnl si, il existe une suite (/ n) de foncli ons étagées in1égrables qui converge vers f en mesure et
qui esl de Cauchy en moyenne d 'ordre p .

Exercice 2.37.3 Soit Un) une suite de .lP (X ; E), 1 :S p < oo, convergeant en mesure vers
JE .lP( X ; E) el telle que IJJllP = Iim,,__,= llfnllP, monlrer que la suile Un) converge vers f dans
.l P [ra isonner par l 'abs urde el utili ser l 'exercice 2.30.4].

Une suite qui converge e n mesure ne converge pas nécessairement en moyenne.


Par exe mple, sur [O, l ] muni de la mesure de Lebesgue, la suite f n = 11. [o , i / n]•
n 2 1, converge vers 0 en mesure, mais cette suite ne converge pas en moyenne :
en e ffet, d ' après la proposition 2.37.4, elle ne pourrait converger en moyenne que
vers 0 a lors que l fn11 1 = 1. On a en fait le résultat suivant.
Proposition 2.37.5 Soit fn : X --+ E une suite de J:,P(X; E), 1 :S p < oo, et soit
f : X --+ E une fonction , alors f appartietlt à J:,P(X ; E) et la suite Un ) converge
vers f en moyenne d 'o rdre psi, et seulement si,
(2.37.3) la suite Un) converge en mesure vers f,
pour tout é > 0, il existe ô > 0 tel que
(2 .37.4) { pour tout A E 'J le
I mesure :S us: et tout n,
JA llfnllP dµ :S E
pour tout E > 0, il existe A E 'J de mesure finie tel qu e
2 37 5
< · · ) { J:"K - A llfnllP dtl :S é pour tout n.
Preuve 1. Montrons que les conditi ons sont nécessaires . La conditi on (2.37.3) est
nécessa ire d'après la proposi1io n 2.37.4.
Vérifions la nécess ité de (2.37.4). Soit é > 0, il ex iste un entier n 0 te l que
Ill - f n ll P :SE pour n 2 no e t, d ' ap rès la proposition 2.7 . 10, il ex iste ô > 0 tel
2.37 CONVERGENCE EN MESURE 363

qu e, pour A E 'J, µ(A) :::; 6, o n a it

(L l fllv dµ) l/p :::; (L l f:, , llPdµ) l/p:::;


E et E si 0 :::; n < no.

Lorsque n ;:::: n 0 et µ(A) :::; ô, on a a lors

(L llfnllp dµ) l/p :=:;: (j~ llJllPdµ) l/p + (l l f - f nllp dµ) l/p '.S 2E

et ceci prouve (2.37.4).


Quant à (2.37 .5), d ' après l'exercice 2.9. 7 il existe A E 'I de mesure finie te l
qu e

(L _A llfll Pdµ) l/p :SE e t (jX:-AllfnllPdµ ) 11P:::; E. si 0 :::; n < no.

Po ur n ::'.'. no, o n a alors

(jX-Allfnl lPdµ)11p:::; (j~- A llf11Pdµ)1 1 + llf - fnllp s; 2E, p

ce qui perme t de conclure.


2. Po ur vérifier que les conditions so nt suffi santes, on mo ntre que la suite Un)
es l d e Cauchy dans J:, P ; ceci prouvera que la suite converge dans [, P vers une
fo nctio n g, donc e n mesure et par conséquent f = g p.p., d' o[1 le résultat voulu.
Soit s > 0, d 'après (2.37.5) il ex iste A E 'J de mes ure finie tel que, pour to ut

n, ( f x - A llfnll Pdµ f / r :::; E, d'où

l fq - frl lp:::; 2E + (j~ llfq - f ,. l Pdµ) l/p.


Posons Ag,r = {x E A; llf q( x ) - f,.(x)l l 2:: 2s '} E T o ù s' > 0 est tel que
2E' µ (A) 11P :::; E. On a

(i 1 fq - f r llp dµ)
117
l/p:::; 2c'µ(A) 11P + (L,, .~l fqllp dµ) ,+ (l,,.!lf,. llp dµ) p,
11

d 'o ù

Posons An = {x E X ; llf (x)- f n(x )ll ::'.'. E 1 } e t choisissons ô > 0 conformément


à (2 .37.4); d 'après (2.37.3), il existe un enti e r n tel que µ(Aq) :::; ô/ 2 pour q ::'.'. n,
d 'o ù p:(Aq ,r) :::; c5 pour q, r ::'.'. n vu que Aq,r C Aq U A r. Étant donné qu ' i1 ex iste
des e nsembles Bq ,r E 'I te ls que Aq ,r C Bq ,r et µ (Bq ,r) = p:(Ac1,,.), o n en d éduit
que llfq - fr llP :::; 5E, ce qui prouve le résultat a nnoncé. Q .E.D.
Corollaire 2.37.6 Soit f n : X -t E une suite de l P(X ; E) telle que
llf:,., 11 :::;
g p.p. où g : X -t IR.+ appartie nt à J:,P (X; IR.+ ), alors la suite Un)
converge dans J:, P si, et seulement si, elle con.ve rge en mesure.
Preuve li s'agit de dé montrer que la suite (j:,,,) conve rge da ns J:, P dès qu 'e lle
coriverge e n mesure. Il suffit d'appliquer la proposilion précédente, la condition
364 CHAPITR E 2 INTÉGRATION

(2.37 .4) résulte de la propos iti on 2.7. 10 appliquée à la fonction gP el la condition


(2.37.5) de l'exerc ice2.9.7. Q.E.D.
Exercice 2.37.4 Théorème de convergence de Vitali Soit l n : X -+ E une suite d e LP(X; E)
convergeant presque partout vers une fonct ion1 : X -+ E , montrer que 1 apparti ent à LP( X ; E)
el que la suite (in) converge vers f dans [,P si , et seulement si , les propriétés (2.37 .4) el (2.37.5)
sont vérifiées [pour vérifier que ces conditions sont suffi santes, traiter d'abord le cas µ,(X) < oo en
ut ilisant le corollaire 2.37 .2 et la proposition 2.37 .5, puis dans le cas général vérifier que la suite Un)
est de Cauchy clans [,P].
Exercice 2.37.S Top ologie de l a co nvergence en m esure Pour toute fonction 1 : X -+ E, on pose
N(f) = i n f{e: > O; µ,*(A j) :<::: e:} E [0,+oo]

où A/ ={x E X; lll (x)ll 2: e:} en convenant que inf 0 = +oo.


1. M ontrer que, pour toutes foncti ons 1, g : X -+ E,
a. N(j + g) :<::: N(f) + N(g),
b. 1 = 0 p.p. = N(J) = O.
2. M ontrer qu ' une suite Un) co nverge ve rs 1 en mesure si, et seulement si,

lirn N (j - l n)= O.
n -+oo

3. M ontrer qu ' une suite Un) est de Ca uchy en mesure si, et seulement si, pour tout é > 0, il ex iste
un entier n tel que N(jp - l q) :<::: e p ourrout p , q 2: n.
4. Pour toute classe de fonction [!],on pose N([f]) = N(j) où 1 E [f] ; rno ntrer que sur
l 'espace vectoriel quotient F = '.f(X; E) / 'R,,,, on défi nit une di stance invariante par translation en
posant
d(J , g) = min( 1, N(j - g)) où 1 , g E F.
Une suite(!,.) de foncti ons co nverge en mesure vers 1 (resp. esl de Cauchy en mes ure)s i , et seulement
si, la suite ([in]) converge vers If] po ur la topologie assoc iée à la distance d ( resp. esl de Cauchy pour
la distance d) . L 'espace F muni de la d istance d est co mplet.
5. M ontrer que l ' acldition (I, g) t-+ 1 + g de F x F clan s Fest continue.
6. Soit f o une (c lasse)de fonc tion s véri fi ant l a propriété

(2.37 6) (\Io > 0)(3t > O)(µ*(Aj0 ) :<::: 8) .

Soit Ào E IK, montrer que l'a ppli cati on (>.,!) t-t >. j de IK x F dans Fest continue au p oint (Ào , l o)
[soit (À.,,, l n) une suite convergeant ve rs (>.o , fo), écrire

Aolo - >-nfn = (>.o - >.n)fo + Àn(fo - J.,,)].


7. On suppose X de mes ure finie, on note M l'espace des fonctions µ,-mesurables, montrer que la
distance d induit sur l 'espace M/'Rµ une topologie d'e.v. l. métrisable et complet.
8. On suppose que, po11r tout r > 0, il existe une partition finie de X de la forme X = LJiE l A;
où A; E 'Jet µ (A;) S r.
a. Montrer que, dans l'espace M (R,,,, l 'enveloppe convexe de toute boule fer mée B'(O; r),
r > 0, est égale à M/'.Rw
b. En dédui re q ue le dual de l 'es pace M/'Rµ est réd uit à {O}.
G - Fonctions absolument continues

2.38 Dérivation des fonctions monotones


L'objet de ce paragraphe est de démontrer le théorème de Lebesgue affirmant que
toute fo nction monotone est dérivable presq ue partout.
Théorème 2.38.1 Lebesgue Soit f : [a, b] -t R une fonction croissante, alors f
est dérivable presque partout, f' ~ 0 p.p., la fonction f' est intégrable et
·b
(2.3 8. 1) j a f' (t) dt :::; f (b) - J(a).
P our démontrer ce théorème, on inu·odu it les nomhres dérivés de Di ni . On pose
. f( x+ h) - f( x)
6. hf(x) = h si x,x + h E [a,b],h -=1- 0,
et
D:j f( x) = lim sup6.hf(x) , Di f(x) = lim inf 6.hf( x),
h~ O h~O
h >O h >O
Dt f (x) = lim s up 6.hf (x), D; f ( x ) = lim inf 6.hf (x).
h~ O h~ O
h<O h <O

On obtient ainsi des fonctions DI f : [a, b[ -7 R+ et Dt f :]a, b] -1 R+ telles


que
0<-
n d- 1· <
-
D d+ j · et 0 <
-
D 9- j <
-
D+
g
j ·.
Lemme 2.38.2 Les fon ctions DI f et Dt f sont boréliennes.
Preuve Vérifi ons par exemple que la fo nction DTf est borélie nne. Po ur s impli-
fier les écritures, on peut prolonger j e n une fo nction cro issante de IR dans IR en
posant f( x) = f(a) pour x < a et f( x) = f(b) pour x > b. Étant d onné q ue
(] - 1/n, 1/n[)n::?: l est un système fo ndamental de voisinages de 0, on observe
d'abord que D;! J(x) = infn::?: l sup 0< h< l /n 6.hf(x). Il s'agit donc de vérifier
que la fonct ion x >--+ s u p 0 <h < k 6.hf(x), k > 0, est borélie nne. Posons
A(x) = sup 6.1if (x) et B(x) = su p 6.1i f( x)
O<h< k O<h < k
hEQ
et montro ns que A(x) = B(x), cec i pro uvera le rés ul tat vo ulu . N oto ns que
B(x) :::; A(x).
366 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Soit A < A(x), il existe h E JO , k[ tel que A < 6.1J(x), alors pour
h' E ]h , k [ n Q suffisamment voisin de h on a d'après la croissance de j
A < f (x f( x) < J( x + h') - f( x) < B(x)
+ h) -
- h' - h' -
et ceci prouve que A(x) :<; B(x) , d'où A(x ) = B(x). Q.E.D.

Proposition 2.38.3 La fonction D j f est intégrable et


(2.38 .2) lb D j j(t) dt :<; J (b) - j(a).

Preuve Il s'agit de démontrer que J:


cp(t) dt :'.':: f(b) - f (a) pour toute fonction
cp : [a, b] -+IR+ '.B-étagée te lle que 0 :'.':: cp :'.':: Dj f où '.B désig ne la tribu borélienne
de [a , b]. D'après la régularité de la mesure de Le besg ue, on pe ut supposer cp de
la forme I: iE I ai li K , où I es t fini , a., ~ 0 et les ensembles K i C [a, b) sont
compacts ; une telle fonction <p est s.c.s. Soit é > 0, posons

<I>(x ) = f(x) - J(a) - lx cp(t) dt + E(x - a),

A = { x E [a, b) ; <P(x) ~ O} el mon tron s que b E A , cec i prouvera le lemme.


Il est c lair que a E A, A est donc non vide ; posons c = sup A. Montrons que
c appartient à A . On peut supposer a < c :::; b, il existe une suite (xn ) de [a , c[ n A
convergeant vers c, d 'où

<P( c - 0) = f(c - 0) - J(a) - le cp(t) dt + c (c - a) ~0


et a fortiori <I>( c) ~ 0, so it c E A.
Montrons ensu ite que c = b. On raisonne par l' absurde, on suppose a :::; c < b.
li existe 'Y tel que cp (c) < Î < D j f (c) + r:: et, la fonction cp étan t s.c.s., il existe
ô > 0 tel que ip( t) :::; 'Y pour lt - cl :::; ô, t E [a, b]. D' après la défi nitio 11 même de
D;j f (c), il ex iste .x E Je, c + ô] n [a, b) tel que
f(x) - f( c)
"/:'.':: +r::,
x-c
d 'où

J(x) - J(c) ~ "f(X - c) - r::(x - c) ~ lx ip(t) dt - r::(x - c ),

et par conséquent <P(x ) - <I>(c) ~ 0 ; ceci prouve que x appartient à A, ce qui est
absurde d' après la définition de c. Q.E.D.
Il en résulte que la fonction Dd, f est intégrable. Cl en e st de mê me de la fonc-
tion Dt f , donc de D9f : en effet, la fonction g : x H - f (- x) d éfin ie sur
l'intervall e [- b, - a] est croissante et Dt f( x) = Dj g( - x) ; e n outre,

la D~
b j(t) dt = {bD;j g( - t) dt =
Ja
;·-a
- b
Djg(t) dt :'.':: g( - a) - 9( - b) ,
2.38 DÉRIVAl lON DES FONCTIONS MONOTON ES 367

d'où
(2 .38.3) 1bn: f(t) dt ~ f (b) - f(a).

E n termes de mesure, la sig nification des inégalités (2.38.2), (2.38.3) es t la


sui vante. Soit a ~ x < y ~ b et soit g : [x, y J --+ lR la fo nction telle que f = g sur
]x,y [et g(x) = f(x+O),g(y) = f(y +O) [o n convie n1quef(b+O) = f( b)] ;cette
fo nc tion g est cro issante et n;j f(t) = nt g( t) pour t E Jx, y[. D 'après (2.38.2),
on a donc

1Ynt f (t) dt ~ f(y + 0) - f( x + 0) pour a ~ x < y ~ b.


La fo nction t r-+ f (t + 0) est croissante et corttinue à droi te [27, exercice 2.20.7] ;
nous noterons df(t + 0) la mesure de Lebesglle-Stie ltjes qui lui est assoc iée. L' in-
éga lité précédente s ig nifie alors q ue la mesure n;j f (t) dt est maj orée par la me-
sure df (t + 0) s ur la semi-algèbre S([a, b]) , do nc sur la tribu bo rélie nne '.B (lemme
2.28.2). Pour tout boré lien B E '.13 de [a, b] , Oil a do nc

(2.38.4) l nt f(t) dt ~ l df(t +0).

On a évide mme nt la même inéga lité pour D";J j(t) et les fo nctio ns nt f(t).
N otons (xn) la suite fini e ou in fi nie des points de di scontinuité de f [27, exer-
cice 2.20.7] et Sn = f (xn + 0) - f( xn - 0) le saut de f a u point Xn [on convient
que f(a - 0) = f(a) et f(b + 0) = f(b)] ; o n rappelle que la série L~= O Sn est
convergente. On associe alors à f la fo nctio 11 , dite fo nction de saut de f, défini e
com me sui t
s(x) = f( x) - f( x - 0) + L Sn , x E [a, b].
Proposition 2.38.4 l a fonction de sauts : [a, b] -+ IR est croissante et la fonc tion
f - s est croissante et continue.
Pre uve On véri fie que la fo nction s est croi ssante. On a s(a) = f (a) - f(a - 0) = 0,
d'où s( a) ~ s(x) si a ~ x ~ bet, pour a < :r: < y ~ b,
(2.38.5 ) s(y) - s(x) = f(y) - f(y - 0) + f(x +0) - f( x ) + L Sn ,
x<x.,,,< y
d'où s(x) ~ s(y) .
V érifions ensuite la croissance de f - s. Si a <x ~ b, on a
L Sn ~ f(x - 0) - f(a),

d'où f( x) - s(x) 2'. f(a) = f(a) - s(a). Si a <x < y ~ b, o n a


L Sn ~ f(y - 0) - f(x+ O) ,

d'où s (y) - s(x) ~ f(y) - f( x ), soit f( x ) - s(x) ~ f(y) - s(y) .


368 CHAPITRE 2 1NTÉG RATION

Mo ntTons enfin que la follction f - s est continue. On a


s(x) = f(x) - f(x + 0) + L sn;

la fonction x t--+ f( x + 0) est continue à droite [27 , exerc ice 2.20.7), ainsi que la
fonction x >--+ L x,, <x Sn (exemple 2.3. 1), ce qui prouve que f - s est continu à
droite. De mê me, les fo nctio 11s x >--+ f (x - 0) e t x >--+ 2= x,. <x Sn sont continues à
gauche, donc f - s est con ti!lu à gauche, ce qui permet de co nclure. Q.E. D.
Grâce à la proposition 2_38.3, on peut établir la dérivabilité presque partout de
la fonction de saut.
Proposition 2-38.5 La fonction de saut s est dérivable presque partout et
s' = Op.p ..
Preuve La fonction f - s étant contin ue, o n a (f - s)(x + 0) = Cf - s)(x),
d 'où s(x + 0) = L x,, <x s,,, ; la mesure ds(t + 0) est do nc la mesure atom ique
défi nie par la suite (xn} et les poids (sn) (exemple 2.3. 1). Si Best le borélien
[a, b] - u~=Ü{ :rn}, l' inégalité (2.38.4) mo ntre que

!~ D :J s(t)dt ::::; ;~ ds(t + O) = O.


Cec i montre que la fon ction Dt s est nulle presque partout sur B, donc sur [a , b].
Il en rés ulte que la fonction o;; s est nulle presque parto ut sur [a , b] ; la fo nction
s est donc dé rivable à droite presq ue partout et s~ = 0 p.p. E n utili sant I' inéga-
lité (2.38.4) pour n;s, s
on vérifie de même que est dérivable à gauche presque
pa rtout et que s~ = 0 p.p., ce qui permet de conclure. Q.E.D.
Preuve du théorème 2.38.1 D 'après la proposition précédente, o n peut sup-
poser la fo nctio n f continue ; noto ns df la mesure de Lebesgue-Stieltjes dé fini e
par f . La fonction Di f est intégrable, d onc finie presque parto ut ; il ex iste un
borélie n B C ]a, b[ le l que l 'ense mble [a, b] - B so it de mesure null e et tel que
D;J, f(x) soit fini pour to ut x E B. No us a llo ns alors démontrer que

(2.38.6) dj(B) ::::; lb D;J, J(t ) dt .


1. Expliquo ns auparavant comment "on en déduit le théorème. D 'après l' inéga-
lité (2.38.4 ), on a

1nt6
J (t) dt = j~ nt f(t) dt ::::; df(B) ::::; lbn;;, f(t)dt
et, en app liquant ce rés ultat s ur l'intervalle [x, y] où a ::::; x < y ::::; b,

1y Dt J(t) dt ::::; 1Y D;J, f (t) dt .


D 'après lexercice 2.28 .1, ceci montre que Dt f : : ; D;J, f p.p .. Ce résultat appliqué
à la fonc ti o n X >--+ - f (- x ) rnon tre que nt f ::::; D9 f p.p., d 'où
n d+1· <
- n g- 1 <- n g+J -< n d - 1· pp
..
2.38 DÉRIVATION DES FONCTIONS MONOTONES 369

et il en résulte que les quatre nombres dérivés sont finis et égaux presque partout,
ce qui signifie que f est dérivable presque partout.L' inégalité (2.38.1) résulte a lors
de (2.38 .2) et ceci prouve le théorème.
2. Soit E > 0, il ex iste (exercice 2.9.4) une fonction s.c.i. intégrabl e
cp : ] a , b[ >--+ i:+ telle que Di f : : ; cp et

lb cp(t) dt ::::; lb DJ. f (t) dt+ r:: .


Posons '!/; = cp + E et montron s que
(2.38.7) df(B) ::::; lb 'l/! (t)dt.

On e n déduira df (B) ::::; J:


D;J, f (t) dt+ r:: + e( b - a) et cec i prouvera (2.38.6).
Soit n un entier ;::::: 1, notons On l' ensemble des x E ]a, b[ te ls qu ' il existe
y E ]x + l / n , b[ vérifiant
f(y) - f( x) < 1Y ·iP (t) dt .
Ces ensembles On sont o uverts car l'inégalité précédente est encore véri-
fiée po ur x' suffisamment voisin de x d 'après la conti nuité de l' application
X~ f(y) - j(x) - J; 1/J(t) dt.
Montrons que B C LJ~= l On. Soit x E B, D;J, f (x) étant fini , on a
D;J, f (x) < 'ljJ(x) ; soit / tel que D"J, f(x) < / < 1/J(x). La fonction ·1/J étant
s.c.i ., il existe ô > 0 tel que 'ljJ(t) 2: / pour t E [x - ô, x + J] n ]a, b[ et, d' après la
définition même de Di f(x), on peut donc trouver un point y E ]x, x + J[ n ]a, b[
tel que (f(y) - f (x) ) / (y - x) < 'f, d'où

f(y) - f(x) < 1(y - x) ::::; lv 'lj;(t) dt


et ce ci prouve que x appartient à l' un des On.
La suite (On) étant croissante, on e n déduit que df (B) ::::; s upn> l df (On) et il
suffit de vérifier que df(On) ::::; J~ 1/;(t) dt pour tout n , c'est-à-dire-que, pour tout
compact K C On,

dj(K) ::::; 1\/; (t) dt.


Si K est non vide, posons x 1 = inf K E On, il existe y 1 E ]x 1 + l /n, b[
tel que f(y 1 ) - f( xi) ::::; J; 1 1f;(t) dt. Si K n [y 1 , b] est non vide, o n
1
pose x2 = inf K n [y 1, b] E On, il existe alors Y2 E ]x2 + l / n , b[ te l que
f(Y2) - f(x2) ::::; J}!22 1f;(t) dt . Par réc urrence finie, on construit ainsi une suite
finie [xi , Yi], 1 ::::; i ::::; p, d'intervalles compacts qui recou vrent K et telle que
a < X1 < Y1 ::::; x2 < . . . ::::; Xp < Yv < b . On a a lors

df(K ) ::::; f
i= l
df([x i , Yill = f UCYi) -
i= l
J (xi) ) ::::; /b
a
1/J(t) dt

et ceci achève la preuve du théorème. Q.E.D.


370 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Remarque 2.38.1 L' inégalité (2.38. 1) peut être stricce co mme le monlre la fonc====
tio n de Lebesg ue (exercice 2.3.2) g : [ü, l ] ~ [ü, l] dont la dériv ée es t nul L
presque partout alors que g( 0) = 0 et g( 1) = 1.
Exercice 2.38.1 Soit f : [a, b] --+ IR une foncti on déri vabl e dont la dérivée est intégrable, montr· = = = =
que j (b ) - f (a ) = J: f' ('l ) dl [soit € > 0, il ex iste (exercice 2.9.4) une fonctiCllll_ __
<p [a, b] --+ [-oo, oo[ s.c.s. intégrable tell e que cp :S !' el J: f' ( t) dt :S J: <p (t) dt + €, Cllll---
pose <t>(x) = f (x)
- f(a) - J:
<p( t ) dl + e:(x - a) et A = { x E [a , b]; <l>(x) 2': O} , raisonn= = = =
alors comme pour la propos ition 2.38.3 1.

Exercice 2.38.2 Soit f n [a, b] --+ IR une suite de fonctions croissantes tell e que la sériiiiiiiiiiiiiii
f = I.:: .~=O f n converge simplement , montrer que f est une fo ncti on crois sante el q~--­
f' = L~= O f~ p.p. (théorè me de Fubini ) len utili sant les sommes panielles Sn = I.::~=O f p. montr· = = = =
d'abord que la série L::~=O f :, converge presque panout et que L:: ~= O f:, '.S f' p .p. ; pour démomr·= = = =
que la suite (s;,) converge versJ' presque panout , construire une sous-suite ( sn ,) te lle que la sériiiiiiiiiiiiii
L,'J;'=0 (f (b)-sn, (b)) converge et appliquer le résultat précédent à la série de Lenne gé n éral J -sn ,

2.39 Fonctions à variation bornée


Étant donné une fonction f : [a , b] ~ E à valeurs dans un espace de Banac h ~--­
pour touce subdivi sion 6 : a = x 1 < x 2 < . .. < Xn+ l = bon pose
n
v1(!::!.; a, b) = 2::: llf(xi+i) - f(xi)ll
et on définit la variation tota le de f par
Vr(a , b) = sup v1(6 ; a, b) E 'i+
c.
où la born e supérieure po rte sur l'e nsembl e de toutes les subdi vision s de l' intei====
va lle [a , b]. Vu l' inégalité triangul a ire co ncernant la norme de E, on notera qu
v1(!::!..; a, b) <:::; v1(6 1 ; a, b) si !::!.. C !::!.' .
Exercice 2.39.1 Soit / ,, [a, b] E une suite de fo nct ions convergeant simplement veir:::::= = =
f : [a , b] --+ E, montrer que V1(a, b) :S lim infn -tcx> Vr.. (a, b) .
Pour tout intervalle [x, y J C [a, b] , no us noterons V1 (x, y) la variation totale d
f sur [x, y] ; on observera que Vr(x,x) = 0 et que
(2.39. 1) llf( x) - f(y)il <:::; Vr(x,y) poura <:::; x <:::; y <:::; b.
Proposition 2.39.1 Pour toute fon ction f : [a , b] ~ E, on a
(2.39.2) Vr(x,z) = V1(x, y) + V1 (y,z ) sia :<:::; x <:: ; y <:: ; z <:::; b.
Preuve Soient 6. 1 et 6 2 d es subdi visions des intervalles [x, y] et [y, z], a(o.----
6. = 6 1 U 6. 2 e st une subdi vis ion de [x,z] e t
v1( !::!..1 ;x,y) + vr( !::!. 2; y ,z ) = vr( l::!. ;x, z) S Vr (x ,z),
2.39 FONCTIONS À VARIATION BORNÉE 371

d'où Vf (x, y) + Vf (y, z ) ::; Vf (x, z ) ; d'autre part, si 6. est une subdivision de
[x,z], on a 6. U {y} = 6. 1 U 6. 2 où 6. 1 et ~ 2 sont des subdivisions de [x,y] et
[y, z], d'où
v1(6.;x ,z) ::; v1(6. U{y };x,z) = v1(6.1; x,y)+v1(.6.2;y,z)
::; V1(x,y) + V1(y ,z)
et par conséquent V1 (x, z ) ::; V1(x,y) + V1(y ,z ), ce
qui permet de conclure.
Q.E.D.
On en déduit en particulier que V1 (a, x) S: V1 (a, y) si a ::; x ::; y ::; b et ceci
prouve que la fonction x H V1 (a, x) définie sur [a, b] et à valeurs dans îR+ est
croissante. Soient f, g : [a, b] ---+ îR+ deux fonctions et À, µ E K, alors
(2.39.3) v>.J+µ 9 (a, b) ::; 1>-IVf(a,b) + lµ IV9 (a ,b) .
Si ll· lli, 11·112 sont deux normes équivalentes sur E, il ex iste des constantes
c; >0 telles que c1 l xll 1 ::; llxll2 ::; c2llxll1 pour tout x E E; si on note VJ(a, b)
la variation totale de f relative à la norme li· lii, on a alors
(2.39.4) c 1 Vj(a, b) ::; Vj(a ,b) S c2V} (a , b).
On dit alors que f est à variation bornée si sa variation totale est finie. Deux
normes équivalentes définissent la même nütion de fonction à variation bornée
d'après (2.39.4). On note Vb([a, b]; E) l'ensemble de toutes les fonctions à varia-
tion bornée ; d'après (2.39.3), cet ensemble est un sous-espace vectoriel de l'es-
pace vectoriel de toutes les applications de [a,b] dans E et l'application
f >-+ V1(a, b) est une semi-norme sur cet espace vectoriel.
Toute fonction à variation bornée est bornée car
llf(x)ll ::; llf(a)ll + llf(x) - f(a)ll ::; llf(a)ll + V1(a, b).
Exercice 2.39.2 Montrer que sur l ' espace Vb([a , b]; E) des fonctions à variation bornée
llJllvb = llJll oo + Vt (a , b) est une norme d'es pace de Banach.
Soient E, F et G trois espaces de Banach, (Ç, 71) H f,'f/ est une application
bilinéaire continue de Ex F dans G de norme ::; 1 et f : [a, b] ---+ E, g : [a, b] ---+ F
des applications, on a alors
llf(y)g(y) - f(x)g(x)ll ::; ll9ll oollf(y) - f(x) ll + 11.flloollg(y) - g(x)ll,
d'où
V1 9 (a,b) ::; ll9l loo VJ(a,b) + llflloo Vg(a,b)
et ceci montre que la fonction f g est à variation bornée lorsque les fonctions jet
g le sont. En particulier, si E est une algèbre de Banach, l'espace Vb([a, b]; E) est
une algèbre.
La variation totale hérite des propriétés de continuité de f.
Proposition 2.39.2 Soit f : [a, b] ---+ E une fonction à variation bornée continue
à droite (resp. à gauche) en un point c E [a, b], alors la fonction x H V1 (a, x) est
continue à droite ( resp. à gauche) au point c.
372 CHAPITRE 2 INTÉG RATION

Preuve 1. Supposons la fonction f continue à gauche e n un point c E ]a, b]. Soit


c > 0, il exi ste une s ubdivi sion 6 : a = x 1 < ... < Xn+ i = c de l' inte rvalle [a , c]
te lle que V1 (a, c) S VJ (6 ; a, c) + c. D 'après la continuité à gauche de f , il existe
x E ]xn, Xn+d tel que Il! (x7l+1) - f (x) Il SE, d ' où e n posant 6 1 = ~ U { x}
V1(a, c) S v1(fl 1 ; a, c) + c S V1(a , x) + 2E S V1(a, c- 0) + 2E;
cec i mo ntre que V1(a, c) S V1(a, c - 0) e t la continuité à gauche de la variation
to tale.
2 . Si f est conti nue à droite en un poin t c E [a, b[, la fo nction g : [- b, - a] -7 E
défi nie par y(x) = f( - x) est continue à gauche a u point - c; étant donné que
V1(a,x) = V1(a,b) - V1(x , b) = V1(a, b) - V9 (- b, -x ), o n conclut grâce à 1.
Q .E .D .
Remarque 2.39.1 Lorsque E est de dimension finie, soit (eJ)l SJ SP une base de
E; prenons comme norme sur E, llxll = L:~= l lxJ I si x = L:~= l XjCJ. Toute
fo nc tio n f : [a , b] -7 E s ' écrit f = L:~= l f :Je:i et o n a
p

v1 (fl ;a, b) = L VJ; (fl ;a, b).


j=l
Ceci m ontre que f es t à variati o n bornée s i, e t seulement si, les fon c-
tio ns fj : [a, b] --+ lK sont à vari ati o n bornée. E n e ffet, on a d ' un e part
v
v f J (t:i.; a, b) S VJ (.6.; a, b) S V1 (a, b) et d 'autre part v f (6 ; a, b) :=:; L:~= l 1, (a , b) .
Toute fo nc ti on mono tone f : [a, b] --+ lR est év ide mme nt à vari ati o n bornée et
V1(a ,b) = lf (b) - f(a)I. Il en résulte que to ute fo nc tion apparte nant à l'espace
vectorie l e ngendré par l'ensembl e des fo nc ti ons mo notones est à var iati o n bor-
née. On observera qu ' une telle fo nctio n s'écrit s imple ment comme la différence
de deux fo nc ti ons croissantes . Nous all ons dé mo ntre r que, réciproque ment, toute
fo nctio n f : [a ,b] --+ lR à vari atio n bornée est la di ffére nce de deu x fo nctio ns
c roi ssantes. Autre me nt dit, l'es pace Vb([a, b]; JR) est exac tement l'espace vectorie l
e ngend ré par l 'ensernble des fon ctio ns mo noto nes .
Pour éta blir celle proprié té, no us utili serons les notions de variatio n totale po-
s itive et négative. S i fl : a = x 1 < ... < Xn+I = b est une subdivision de
l'intervalle [a, b], posons
I+ = {i E [l , n]; f(x;+1) - f(x ., ) :2: O}, L = {i E [1, n]; f(x;+1) - f(x;) :=:; O},
et
PJ(f::i. ; a,b) = 2...)J(x;+i) - f( x; )) , n1(!::i.; a, b) = - L (J( x;+i) - f( x; )).
iE L
O n défi nit alors la vari ati o n totale positi ve e t la variati o n totale négati ve de f sur
l' inte rvalle [a, b] par
P1(a, b) = suppJ(f::i.; a, b) E i"+ e t N1(a , b) = supn1(!::i.;a,b) E i"+.
6 6
Étant donn é q ue
p f (.6.; a, b) + nt (fl ; a, b) = v f (fl; a, b), pf (.6.; a, b) - n f ( 6 ; a, b) = f (b) - f (a),
2.39 FONCTIONS À VARIATION BORNÉE 373

on a
2p1(!:::.;a,b) = v1( !:::.; a , b) + f(b) - J(a),
{ 2n1(!:::.;a , b) = v1( !:::. ;a,b) - (f(b) - f(a)) ,
et, en prenant la borne supérieure sur toutes les subdivisions de [a, b], on obtient
(2.39.5)2P1(a, b) = V1(a, b)+ f(b) - f(a) , 2Nt(a, b) = V1(a, b) - (f(b) - J(a)).
Ces relations permettent d'établir l'additivité de la variation totale positive ou
négative, c'est-à-dire (a ::::; x ::::; y ::::; z ::::; b)
PJ(:c ,z ) = P1(x,y) +P1(y,z) et N1 (x,z ) = N1(x,y) + N1(y ,z ).
En effet, on a par exemple
2P1(x, z) V1(x , z ) + f( z ) - f( x ) = V1( x, y) + V1(Y, z) + f( z) - f( x )

2Pt(x,y) + 2P1(y, z ).
On en déduit que les applications x H P1 (a, x) et x H N1 (a, x) sont croissantes.
Lorsque f est à variation bornée, les relations (2.39.5) montrent que la varia-
tion totale positive et la variation totale négative sont finies. Ces mêmes relations
écrites sur l'intervalle [a, x] montrent que, si f est contin ue à gauche ou à droite en
un point c E [a , b], il en est de même des fonctions x H P1 (a, x) etx H N1 (a , x ).
On a alors le théorème suivant.
Théorème 2.39.3 Jordan Toute fonction f : [a, b] ---7 IR à variation bornée est la
différence de deux fonctions croissantes, soit f = g - h où g(x) = f (a)+P1 (a, x )
et h ( x ) = N f (a , x) ; si f est continue ( resp. continue à gauche ou à droite), les
fonctions g et h sont continues ( resp. continues à gauche ou à droite). En outre,
si f = g' - h' est une décomposition de j en la différence de deux fonctions
croissantes, alors la fon ction g' - g = h' - h est croissante.
Preuve 1. On a f( x) = f(a) + PJ(t::..; a, x ) - nt(!:::.. ; a, x) et, en prenant la borne
supérieure sur toutes les subdi visions de l' intervalle [a, x],
f( x) = f(a) + P1(a, x) - N 1 (a , x).
2 . Soit f = g' - h' une décomposition de f en diffërence de deux fonc-
tions croissantes. Si a ::::; x ::::; y ::::; b, la fonction g' - f étant croissante, on a
f(y) - f(:r:) ::::; g'(y) - g'(:r;) ; si!:::.. est une subdi vision de l' intervalle [x, y], on
en déduit que PJ(t::.; x, y) ::::; g'(y) - g'(x), d'où P1(x, y) ::::; g'(y) - g'(x ), soit
P1(a , y) - P1(a,x) < g'(y) - g'(x) et ceci montre que la fonction
x ~ g' (x ) - P 1 (a, x) est croissante. Q .E.D.
Il en résulte que toute fonction f : [a , b] ---7 1R à variation bornée est dérivable
presque partout et que sa dérivée est intégrable. Plus généralement, on a le
Corollaire 2.39.4 Soient E un espace de Banach de dimension finie et
f : [a, b] ---7 E une fonction à variation bornée, alors f est dérivable presque
partout, sa dérivée est intégrable et
(2.39.6) llf'll1 :S V1(a , b) .
374 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve D'après la remarque 2.39. 1 et le théorème 2.38. 1, le seul point à vérifier


est l' inégalité (2.39.6). Soi t a :<: : x :<: : x + h :<: : b, on a
Il! (x + h) - f( x)l l ~ V1 (x, x + h) = V1 (a, x + h) - V1(a , x ),
en di visant par h # 0 e t en p assa nt à la limite, on obtient llf' (x ) Il :S Vj (a, x) p.p.,
d'où d 'après (2.38 .1)
rb rb
la llf'(x)ll d.x ~ la V}(a,x) dx :'::'.: V1(a, b). Q.E.D.

Le théorème de Jordan peut s' interpréter de la façon suivante. Considérons


le quotient de l' espace Vb( [a, b]; JR) par le sous-espace vectoriel des fonctions
cons tantes, quotient isomorphe au sous-espace E des fo nc ti ons à variation bor-
née nulles au point a. On définit s ur E une relation d 'ordre e n décrétant que f :<: : g
si g - f est une fonction croissante. On obtient ainsi un espace vectoriel ordonné.
Cet espace est en fait un es pace de Riesz. En effet, soit f E E, dire qu ' une fonc-
tio n g' E E majore 0 et f s ig nifie que g' est une fo nctio n croissante te lle que la
fo nctio n h' = g' - f soit c roissante, d'où f = g' - h' et, vu le théorème de Jor-
dan, la fo nction g' - P1 (a , . ) est croissante, ce qui prouve que g' majore P1( a, . ).
Le le mme 2.4.3 montre que E est un espace de Ri esz et que P1 (a , .) es t la partie
positive de f ; o n en déduit que N f (a , •) en est sa partie négative et V1 (a , . ) sa
va leur abso lue.
Si f : [a, b] -+ lR est une fonction à variation bornée continue à droite, les
fo nction s x H P1(a , x) et :i: H N1(a , x) sont croissantes et continu es à droite ;
ceci permet d ' associer à f une mes ure signée finie df : '.B -+ lR définie sur la tribu
borélie nne de [a , b] en posan1
(2 .39.7) df = dP1(a , x ) - dN1(a , x).
Cette mes ure es t appelée la mes ure de Lebesgue-S tieltjes assoc iée à f. D'après
le lemme 2 .28.2, cette mes ure est déterminée par ses vale urs s ur la semi-algèbre
S([a , b]) , soit df( [a,x]) = f (x ) - J(a) si a :': '.: x :': '.: b et df(] x, y]) = f(y) - f(x)
si a :<: : x < y :S b ; étant donné que ]x, y] = [a, y] - [a , x] , la mes ure df: '.B-+ lR
est l' unique mesure fini e telle que df ( [a, x]) = f (x) - f (a) pour tout x E [a, b].
Montrons que (2.39.7) est la décomposition de Hahn-Jorda n de la mesure df ,
c'est-à-dire que dP1(a, x) en est sa partie positive et dN1(a, x) sa partie négative.
Nous utili serons le lemme s uivant.
Lemme 2.39.S Soit µ : '.B -+ lR+ une mesure finie définie sur la tribu boré-
lienne de [a, b], alors il existe une fontion g : [a, b] -+ lR croissante continue à
droite, unique à une constaJl/e additive près, et un unique réel o: ~ 0 tels que
µ = dg + o:ôa.
Preuve On considère la mes ure finie B H µ(B n [a, b]) dé fini e sur la tribu boré-
lienne '.B (JR) de ~- D'après la proposition 2.3.5, il ex iste une fonction
g0 : R. -+ lR croissante continue à droite telle que µ(B n [a, b]) = dg 0 (B)
pour tout B E '.B(JR). Poso ns g = g0 ![a ,b] et o: = g0 (a) - g0 (a - 0) , on a alors
µ([a,x]) = g0 (x) - g0 (a 0) = g( x ) - g(a) + o: pour a :<: : x :S b. Ceci prouve
2.39 FONCTIONS À VARIATION BORNÉE 375

que les mesures µ et dg+ aôa coïncident surla semi-algèbre S( [a, b]), donc sur la
tribu borélienne de [a , b] d'après le théorè me 2.2.8. Ceci prouve l' ex istence.
Quantàl ' unicité,onanécessairementa = µ({a}).Sig,g': [a,b] -+ lR
sont des fonctions croissantes continues à droite telles que dg = dg', on a
dg([a ,x]) = dg'([a, x]) pour tout x E [a, b], d'où g(x) - g(a) = g'(x) - g'(a) et
ceci prouve que g - g' est une fonction constante. Q.E.D.
V érifions alors que la mesure dP1(a ,x) est la partie positive de df. Soitµ
une mesure positive majorant df ; il s'agit d e démontrer queµ majore la mesure
dP1 (a, x). D'après le lemme, il existe une fonction g : [a, b] -+ lR croissante
continue à droite et a 2:: 0 tels queµ = dg+ aôa . Pour a :S x < y :S b, on a
dj(]x ,y]) :S dg(]x , y]) vu que ôa(]x , y]) = 0, soit j(y) - f(x) :S g(y) - g(x)
et ceci prouve que la fonction h = g - f est croissante, d 'où f = g - h où les
fonctions g et h sont croissantes ; d'après Je théorème de Jordan, on en déduit que
la fonction x >--+ g(x )- P1 (a, x) est croissante et, par conséquent, dP1 (a, x ) :S dg,
ce qui prouve le résultat annoncé.
On en déduit que la mesure dN1 (a, x) est la partie négative de la mesure df et
que sa valeur absolue est la mesure dV1 (a, x ), soit
(2.39.8) ldfl = dV1(a, x).
Considérons plus généralement une fonction à variation bornée à valeurs com-
plexes f : [a, b] -+ C que nous supposons continue à droite. On note alors df la
mes ure complexe d('!Re f) + id('25m f) ; cette mesure df : '.B --7 C est l'unique
mesuretellequedf( [a,x]) = f(x)-f(a) pourtout x E [a, b]. Montrons que sa
variation totale est encore donnée par la formule (2.39.8). Pour toute subdivision
a = x 1 < .. . < Xn+l de )'intervalle [a, x], on a
n n
_l]f( xi+ 1) - f(xi)I = L ldf(]xi,Xi+iDI :S ldfl([a,x]) ,
i= l i=l

d'où V1(a, x) :S ldfl( [a, x]) et ceci prouve que dV1 :S ldf l. Vérifions ensuite
que ldf(A)I < (dV1 )(A) pour tout A E S([a, b]), ceci prouvera que
ldf I :S dV1 d ' après le lemme 2.28.2. On a en effet If (x) - J(a) :S V1 (a, x ), soit
1

ldf([a ,x]) :S (dV1)([a,x]), et de même ldf(] x,y])I :S V1(x , y) = (dV1)(]x , y])


pour a :S x < y :S b. Ceci prouve la formule (2.39.8).
La formule d ' intégration par parties (2.24.7) peut alors s'exprimer de la façon
suivante.
Proposition 2.39.6 Soient f , g : I ---+ C, 1 = [a, b], des fonctions à variation
bornée continues à droite, alors

(2.39.9) 1fdg + 1 g(. - 0) df = J(b)g(b) - f(a)g(a).

Preuve Les fonctions f et g étant des combinaisons linéaires de quatre fonctions à


valeurs réelles, croissantes et continues à droite, il suffit d' observer que les divers
termes de la formule (2.24.7) dépendent linéairement de F et de G. Q.E.D.
376 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Remarque 2.39.2 Arc rectifiable Rappelons qu ' une applicatio n continue


f : [a , b] --+ E est appelé e un chemin ou un arc tracé dans E ; o n dit que f
es t un arc rectifiable si f est à vari ati on bornée et V1 (a, b) est alors appelé la lon-
gueur de l' arc. L' exemple le plus simple est le segment joignant deux points x el
y, seg ment défini par l'application f(t ) = tx + (1 - t)y, t E [O, l ]. Étant donné
que llf (t) - f( s ) ll = (t - s )ll x - y ll, 0 :::; s :::; t :::; 1, la longueur d ' un tel segment
est égale à llx - Yll· Si b.. : a = X 1 < ... < Xn+l = b est une subdivis ion de
l' interva ll e [a , b] , la s uite de segments [f( x; ), f(x i+ 1 ) ], 1 :S i :::; n, d éfinit alors
une li gne polygonale de lon gueur v f (b.. ; a, b) ; on dit qu e cette ligne polygonale
est inscrite dans larc f . Cec i montre que la longueur d ' un arc rectifiable f est sim-
plement la borne supé rie ure de la longue ur des lignes po lygonales inscrites dans
f.
Lorsque E est de dime ns ion finie, on a llf'll 1 :S V1(a , b). Par exempl e, si
E = JRP es t muni de la norme e uc lidie nne et si f = (fj)i 5, j$p, on a
lb ]J 1/ 2
la (~ Jj(t) 2 ) dt ::; V1(a, b)
et l' inégalité peut être stricte.

2.40 Intégrale indéfinie


Un exemple fo ndamental de fo nction à variat ion bornée est l' intégra le indéfi ni e
d'u ne fo nction intégrable.

Proposition 2.40.1 Soit f : [a , b] --+ E une fon ction intégrable, alors la f onction
F : [a, b] --t E définie par

(2.40. 1) F(x) =lx f(t) dt

est une fon ction continue à variation bornée et VF(a , b) :S llf ll L·


Preuve La continuité d e F est acquise (proposition 2. 11.1 4). Soit
b.. : a = x 1 < ... < Xn+I = b une subd ivision de l' intervalle [a, b], on a
F(x;+1) - F(x;) = J:,·+' f (t) dt, d 'où llF (xi+1) - F(x;)l l :S J:,'+' ll J (t)l l dt
et v p(b.. ;a, b) :S 111111 ; cec i pro uve que Fest à variatio n bornée, ainsi que l' in-
égalité annoncée. Q.E.D.
Lorsque E est de dimension finie , on en déduit que Fest dérivable presque
partout. On a alors le
Théorème 2.40.2 Soient E un espace de Banach de dimensio n finie et
J : [a, b] --+ E une f onction intég rable, alors la fon ction F définie par (2.40. 1)
est dérivable presque partout, F ' = f p.p. et
(2.40.2) Vi;> (a , b) = llF'llt·
2.40 INTÉG RAL E INDÉFINIE 377

Preuve 1. Montro ns d 'abo rd que F ' = f p.p .. Prol ongeons f par 0 en de ho rs de


[a,b], notons f 0 ce prolo ngeme nt et poso ns f~ = Pc * J0 où p = ll ]- t ,O[· La
fo ncti on J 0 es t intégrable et la fo nction Pt: est bornée, on en déduit que J~ ( .x ) est
dé fini pour tout x E lR ; d 'après le théorè me 2.33.2, la fo nc ti on j~ est intégrabl e
et f 2 converge vers J0 e n moyenne lorsque € te nd vers O. On a d ' a utre part

J~(x) = -
11· f
€ ~
0 (x - y) dy = -1 ;·:t+cJ (y)dy.
(y) ll]- 1,o[ - -
€ € X
0

S i x es t un po int de [a, b[ où Fest dériva ble, cette fo rmule mo ntre que f 2 (x)
co nve rge vers F' (x) . S i o n pose Jt: = J~l[a , b]• f t: converge donc vers F' presq ue
pa rto ut. É tant donné que j~ co nverge vers f e n moyenne, il ex iste (propos iti o n
2. 13.6) une s uite E j > 0 convergeant vers 0 tel le que la suite (f"j ) co nverge ve rs
f presque partout et cec i montre que F' = f p.p.
2. D'après la propos itio n 2.40. 1, on a Vp(a, b) :::; llF'll 1 , d ' où l'égalité d'après
(2.39 .6). Q.E. D.
É tant donné un intervalle J de IR, une fo nc ti on J : I --+ E localeme nt i nté-
g rabl e et a E J, on déduit du th éorè me précéde nt que la fo ntion continue
F : I --+ E dé finie par

F(x) =lx J(t) dt, x E J,

est dé ri vable presque parto ut e t que F' =f p.p.


Remarque 2.40.1 Lorsq ue J : [a, b] --+ IR es t une fo nctio n intégrable à vale urs
réelles, ce qui précède pe ut être précisé de la façon suivante. La mesure dF adm et
f po ur densité par rapport à la mesure de Lebesgue : en effet, si dµ = J dt, o n a
dF([a, x]) = dµ( [a, x]) = F(x) pour to ut x E [a, b], ce qui pro uve que les me-
s ures fi nies dF et dµ coïnc ide nt sur la se mi -algèbre S([a, b]), do nc sur la tribu bo-
ré lie nne (lemme 2.28.2). O n sait d'autre part (paragraphe 17) que la décom pos iti o n
de H a hn -Jordan de la mes ure dF est dF = dF+ - dF_ où F±(x) = }~~ f± (t) dt
[les fo nctions F± ne sont pas en général les parti es positi ve et négati ve de F ] . O n
en dé duit dPp(a , x) = dF+(x), dNp(a, x) = dF_ (x) et en calcul ant la mesure
de l i nte rvalle [a, x]

Pp(a,x) =lx ! +(t)dtet Np (a,x) = l" f - (t)dt,


d 'où
Vp(a , x) =lxlf(t)I dt ;
o n re trouve ain si (2.40 .2) sac hant que F ' = f p.p.
Exercice 2.40.1 Soit f : IR -; E une fonction localement intégrable.
1 . Montrer que, pour tout a E E,

li m -1
h --> 0 ,h ;"O h
j""o llJ(x+t) - a lidt = llf(x) - a ll Pourpresque tout x

[utili ser le théorème 2.40.2].


378 CHAPITRE 2 INTÉG RATION

2. En déduire que

li m -l
h -+ 0 , h ofa O h
1h
o
llf(x + l) - f (x)ll dt = Op.p.

[so it N une pai1ie négligeab le telle que f( IR - N) soit séparable (proposition 2. 12. t) et so it (on) une
suite dense dans f (IR - N), écrire 1. pour chaque o,,, puis x étant choisi convenableme nt, c hoisir On
te l que llJ(x) - onll S ê ] .
3. Vérifi er que

lim
h --t O,h ,< O
-l
h
1ho
ll f (x + t) - f(x - t) - 2/ (x)ll dt = Op.p.

Note On note L f (ensemble de Lebesgue de f) l'e nsemble des x te ls que

lim
h -+0, h i"'O
(l / h) rhllJ(x + t ) -
fo
J(x) ll dt = 0

et un point x E L f est appelé un po int de Lebesgue de la foncti on f . Le co mplé mentaire de L f est


nég ligeable.

Le théorème 2.40.2 conduit au problème fondamental de caractériser les fonc-


tions qui sont des intégrales indé finies de fon ctions intégrables ; ce problème sera
résolu au paragraphe suivant. De telles fonction s sont continues et à variation bor-
née mai s ces conditions nécessaires ne sont pas suffi santes comme le montre la
fo nction de Lebesgue (exerc ice 2.3.2).

2.41 Fonctions absolument continues


Une foncti on f : [a, b] -+ E est dite absolument continue si, pour to ut E: > 0 ,
il existe /5 > 0 tel que, pour toute famill e finie (]ai, bi[);EJ d ' intervalles o uverts
contenus d ans [a, b] et disj oints de ux à deux, on ait
(2.4 l.I ) L (bi - a;) :::; ô =} L 11 / (b;) - / (a;)ll :::; c.
iE f iEJ
li est cla ir que deux normes équi valentes sur E défini ssent la même notion de
fonction absolument continue. Nous noterons Ac([a, b]; E) l' ensemble de toutes
les fo ncti ons absolume nt continues ; cet ensemble est év idemment un sous-espace
vectoriel de ! 'espace vectoriel <:?([a, b]; E) de toutes les fonctions continues de
[a, b] dans E.
Soient E, Fel G troi s espaces de Banac h, (Ç, 77) >--+ Ç77 une application bili-
néa ire continue de E x F dans G de norme :::; 1 et f : [a , b] -+ E, g : [a, b] -+ F
des applications, alors l' inég alité
11/(b;)g(bi) - f(a.;)g(ai) ll :::; ll9lloo 11/(bi) - / (ai )ll + 11/lloo llg(b;) - g(ai) ll
montre que l' application fg : [a, b] -+ Gest abso lument continue lorsque f et g
le sont. En parti culier, si E est une algèbre de Banach, l'espace Ac([a , b]; E) est
une algèbre.
2.41 FONCTIONS ABSOLUMENT CONTINUES 379

Remarque 2.41.1 Lorsque E est de dimension finie, une fonction f : [a , b] -+ E


est ab solument continu e si, et seulement si, avec les notatio ns de la remarque
2.39. 1 les fonct ions f 1 : [a, b] -+ lK sont absol11ment conti nues.
Exercice 2.41.1 1. Soient j : [a , b] -t [a , /]] une fonct i on absolument con tinue et g : [a , ,6] -t E
une fonction lipschitzienne, montrer que la fonction g o j : [a, b] -t E est absolument cont inue.
2. Si f : [a, b] -t IR est une fonction absolument cont inue qui ne s' an nul e pas, alors la fonction
1/ f est absolument continue.

Exercice 2.41.2 Soient j [a, b] -t [a , ,6] une fo nction absolument: contin ue croi ssante et
g : [n ,/J] -t E une foncti on absolument continue, 111011trer que la fonctio n gof [a, b] -t E
est absolument contin ue.

Proposition 2.41.1 Toute fonction absolumait continue f : [a, b] -+ E est à va-


riation bornée et la fonction x >-+ V1 (a , x ) e>t absolument continue. Si E = lR,
les fonctions x >-+ P1(a , x ), x >-+ N1 (a , x) et x >-+ V1(a , x ) sont absolument
continues.
Preuve 1. Dans la définition (2.4 1.1 ) de l'abso lue continuité, prenons s = 1. Soit
L'i. : a = x 1 < ... < X n + l = b une subdivi sion de finesse :::; ô, alors la variation
totale de f s ur chaque inte rvalle [xi, xi+ 1 ] est :=:; 1 et cec i montre que f est à
variation bornée sur l'intervalle [a, b].
2. Avec les notatio ns de (2.4 l. I ) soi t L'i.i une subdivisio n de [a i, bi], on a alors
L iEI vJ (Ai; ai, b;) :::; s , d ' où LiEJ V1 (a;, bi ) :::; s en prenant la borne supérie ure
sur l' ensem bl e de toutes les s ubdivi sion s L'i.i. On en déduit que
L(VJ(a, b;) - V1(ri , ai )) S: s
iE f
et cec i montre que la fonction x >-+ V1 (a , x ) est absolument continue.
3. Lorsque E = R l'espace A c([a , b] ; lll) étant un e space vectoriel, o n en
déduit l'absolue continuité des fo ncti ons Pf (a , . ) et N 1 (a , . ). Q .E.D.
R eprenons l'exemple fo ndame ntal de l'intégrale indéfi ni e d 'une fonction inté-
grabl e.
Proposition 2.41.2 Soit f: [a, b] -+ E une /onction intégrable, alors lafonction
F : [a, b] -+ E définie par (2.40. 1) est absolu1nent continue.
Preuve On a

~ llF(bi) - F(ai )ll s ~ 1~' llf (t)il dt = j~ llf(t)il dt


où 0 désigne l' ouvert u iEl]a; , b; [ dont la mesure de Lebesgue est précisément
!a quantité L iEI(b; - ai )- L'absolue contim1ité de F résulte donc de l' a bso lue
continuité de l' intégrale (proposition 2.7. 10). Q .E .D.
O n a alors le théorème fondamental s ui vant dû à Lebesgue.
Théorème 2.41.3 Lebesgue Étant donné une fonction f : [a, b] -+ R., les proprié-
tés suivantes sont équivalentes
1. f est absolument continu,
380 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2. f est continu, à variation bornée et la mesure df est absolume nt continue


par rapport à la mesure de Lebesgue,
3. f est dérivable presque partout, f' est intégrable et

(2.4 1.2) f(x) = f(a) + 1xf'(t)dtpourtout x E [a, b] .

Dans ces conditions, f' est la dérivée de Radon-Nikodym de la mesure df par


rapport à la mesure de Lebesgue.
Preuve 1 =? 2 Si f est abs()lument continu, f est continu et à variation bornée
d'après la proposition 2.4 1.1. Montro ns que la mesure df est a bsolume nt continue
par rapport à la rnesLJre de Lebesgue. Soit B un boré lien de mesure d e Lebesgue
nulle; il s'agit de démo ntrer que df(B ) = Oet, vu que df({a}) = df ( {b}) = 0 , on
n
peut s upposer contenu da ns l' intervall e ouve rt ]a, b[. So it c > 0, il existe ô > 0
vérifiant (2.4 1. l ) et, d 'après la régularité de la mesure de Le besgue, il ex iste un
ouvert 0 de mesure ::::: ô te l que B C 0 C ]a, b[. Cet ouvert 0 s'écrit comme une
réunio n dénombrable d ' interva lles ouverts conten us dans ]a, b[ et di sj oin ts de ux. à
deux, soit 0 = LJ~= 0 ]an , bn [ · Pour tout enti er n, on a L.:;=
0 (bp - ap) ::::: ô, d 'où
L.:;=O(f(bp) - f(a p) ) ::::: c el par suite L.:':=0 (f(bn) - J(an)) ::::: €,c'est-à-dire
df(O) ::::: €. Ceci montre quedf (B) ::; c pour to ut €> 0, d 'où df(B ) = O.
2 => 3 La fonc tio n f est déri va ble presque partout en tant qu e fonction à
vari ation bornée e t sa déri vée est intégrab le. D 'après le théorème 2.35.3 de Radon-
Nikody m, il ex is te une fonction intégrable g : [a, b] --+ lR telle que df = g dt . E n
partic ulier, dj( [a, x]) = J (x) - f(a) = J:
g( t ) dt et, d 'après le théor ème 2.40.2,
f' = gp.p., ce qui permet de conclure. Ceci montre e n outre que f' est la dérivée
de Radon-Nikody m de la mes ure df par rapport à la mesure de Lebesgue.
3 => 1 d 'après la propos ition qui précède. Q.E.D.
D ' après le théorème 2.17.2 3 , on déduit le
Corollaire 2.41.4 Soit g: [a, b] --+ lR une fonction absolument continue, alors une
fonction f : [a, b] --+ IR (ou E) est dg -intégrable si, et seulement si, la f onction f g'
est intégrable par raJJporl à la mesure de Lebesgue et

1b f dg = 1b f(t)g'(t) dt.

En utilisant le théorème 2.40.2, on obtient le


Corollaire 2.41.5 Soient E un espace de Banach de dimension finie et
f : [a, b] --+ E une jonction absolument continue, alors f est dérivable presque
partout, sa dérivée est intégrable et on a

(2.4 1.3) f(x) = j(a) +


J(Lt J'(t) dt pour tout x E [a, b], V1(a, b) = llf'lh·
De plus, la fonction f est co11stante si, et seulement si, f' = 0 p.p.
Lorsque E = JR.P est muni de la norme euclidienne, cec i montre que la lon-
gueur d ' un arc absolument continu f : [a, b] --+ JRP est donnée par la formule
2.41 FON CTION S ABSOLUMENT CON TINUES 38 1

us uelle

(2.41 .4) V1(a , b) =lb(ta j= l


f j(t) 2 )112 dt .
Toute fo nction lipschitzienne est évide mment absolument continue . L orsque
E est de dimension fini e, o n a la caractéri sation s ui va nte.
Corollaire 2.41.6 So ient E un espace de Banach de dimension .finie, une fonction
f : [a, b] --t E est Lipschitzienne si, et seulement si, elle est absolument continue,
sa dé ri vée appartenant à l 'espace l = .
Preuve Si f est lipschitzienne, ell e est abso lum e nt co ntinue, donc déri va bl e presque
parto ut ; il existe d ' autre part une constante c 2: 0 telle que
ll f (y) - f( x )l l ~ c llv - x ll po ur tout x, y E [a, b]
et ceci montre que, si f est dérivable au po int x, llf ' (x ) ll ~ c, donc J' a pparti ent
à l'espace l 00 •
R éc iproqueme nt, si f est absolument co ntinue et si f' E l 00 , il ex iste une
co ns tante c 2': 0 te lle que 11!'11 ~ c p.p .. D'après (2.41.3), on a

f (y) - f (x ) = 1YJ' (t) dt ,


d 'où llf(y ) - f( x ) ll ~ c llY - x ll, ce qui perm et de conclure. Q .E .D.
Remarque 2.41.2 La formul e d ' intégrati o n par parti es (2.24.6) pour des fonc-
tions à vale urs réelles o u complexes pe ut s 'écrire de la façon sui vante. So ie nt
f, g : [a, b] --t lK de ux fo nctions a bsolument continues, al ors
(2.4 1.5) lb f( t) g'(t ) dt + lb J' (t)g(t) dt = f(b)g( b) - f (a)g(a).
Cette formule rés ulte de (2.24.6), mai s pe ut se démontrer directe ment e n re m ar-
quant que la fo nction fg est absolument continue et que (fg )' = f g' + f' g p.p.
Exercice 2.41.3 1. M ontrer que l'espace Jtc([a, b]; E ) des fonc ti ons absolument conti nues est un
sous-espace fermé de l 'es pace Vb ([a, b]; E) muni de la norme ll•llvb(exercice 2. 39.2).
2 . L orsque E est de dimension fi nie, montrer que s ur ce sous-espace A c la norme ll•llvb est
équi valente à la norme f H llfll oo + llf' 111.
Exercice 2.41.4 Soit f : ]a, b[ _, Ill: une fonction convexe, montrer que f est absolument continue
sur to ut intervalle co mpact [a: , /J] cont enu dans ]a, b[ [véri fier que j est lipsc hit zienne sur [a: , /J]] .
Exercice 2.41.5 1. Soit f [a , b] _, Ill: uœ fonc ti on à vari ation bornée telle que
la foncti on x H V1 (a , x ) soit absolument continue, montrer qu e f est absolument continue [ m on-
tre r que les fonctions Pi (a , • ) et N i (a , • ) sont absolument co ntinues] .
2. M ontrer qu' une fonction à vari ation bornée f : [a, b] --l IR est absolu ment con ti nue si , et
seulem ent si, V1 (a , b) = llf' li1 .
H - Formule de Stokes

2.42 Mesure de volume sur une variété riemannienne


É tant donné une variété (réel le) X de c lasse e=
et de dimension n 2': 1, on se
propose de dé finir sur X un e mesure pos itive. Nous a llons nous restreindre a u
cas des varié tés riemanni e n11es s ur lesque lles i 1 ex iste une mesure na ture lle, dite
mesure de volume. Dans le cas général, lorsque X est dénombrable à l' infini , le
théorème de partiti on de l' unité permet de construire des mes ures positives sur X,
mais il n 'y a pas de mes ure priviligiée.
Une structure riemanni e nne sur X est défi nie par la do nnée s ur chaque es-
pace tangent TxX d'u ne s tructure hilbertienne, c'est-à-dire d ' une fonne bilinéaire
g( x) : TxX x TxX -+ lR symétrique défi nie positive ; on suppose en outre que la
e
fl èche x H g( x) est 00 en un sens qui sera préc isé dans un instant. O n dit que g
est une métrique riemannienne s ur X et que (X,g) est une variété riemannienne.
Dans la pratique, on omettra de mentionner la dépendance en x et on notera simpl e-
ment g(u, v) ou (ul v) le produit scalaire de deux vec teurs tange ntsu , v E T.""X.
Si (U,ip), ip = (x1, ... ,x·n), est une carte au point x, on au = u·i a/ax·i e t
V = vi8jfüi, d'où

. 1. où Qij = g (- a. , - a .) .
(ulv) = 9ij u'v
8 x' 8 xJ
La matrice (9ij ) est symétrique définie positive ; son déterminant, qui jo uera un
rôle important dans la suite, est donc > 0, soit
(2.42.1) G = dét (g;j) > O.
1
Si ip' = (x' , ... , x'n) est u11 autre système de coordonnées locales au point x, on
a d'après (1.17.7)

(2.42.2)

si e= ip o ip' -
1
est le difféomorphi sme changement de cartes ; on e n d éduit que
(2.42.3) c' = J(B) 2 x c o e.
e
Nous supposerons que la métrique X H g(x) est 00 , c'est-à-dire que, pour
e
toute carte (U, ip), les fonctions% : ip(U) -+ lR sont 00 ; la formule (2.42.2)
montre qu ' il suffit de le vérifier pour les cartes d ' un atlas de la variété.
2.42 MESURE DE VOLUME SUR UNE VARIÉTÉ RIEMANNIENNE 383

Remarque 2.42.1 L' hypothèse précédente pe lll s'exprimer dan s le langage des es-
paces fibrés, par exempl e de la façon suiva nte. Pour to ut x E X, notons
Fx = r;,oX l' espace vectorie l des formes bilinéaires g : T.'C X X TxX --+ lR
(la notati on adoptée est e mpruntée à l'algèbre tensorielle, une forme bilinéaire s ur
un espace vectoriel étant par dé finiti on un tenseur 2-fo is covariant); cet espace
vectoriel est de dimen sion p = n 2 . Si (U, r.p) es t une cane au point x, l' application
r.p*: Fx--+ JRP défi nie par r.p. (g) = (giJ) où giJ = g(8/8xi, 8/fJx]) est un iso-
morphi sme. Les bijecti ons (1.23.6) sont a lors e = d 'après (2.42.2) et le théorème
1.23.4 permet de défi nir une struc ture de fibrée= sur l'espace
T 2 ,0 x = u{x}
xE X
X r ·;,' 0 X
de base X e l dont la fibre au point x est l'espace r;,o
X ; ce fibré est un fibré
vectoriel de ra ng p. Une métrique rie manni enne sur X esLalors une secti on e = de
ce fibré, so it g: X --+ T 2 ,oX , te lle que, po lir tout x E X , la fo rme bilinéa ire g( x)
soit symétrique et défi nie positive .
Si f : X --+ lR est une fonct ion de c lasse C 1 , sa différentiell e df( x ) est
une forme linéaire sur l'espace tangent TxX, il ex iste donc un uniqu e vecteur
g rad J( x) E T.'C X, qu 'on appell e le gradie nt de j, te lle que
< dj(x), v >= (grad j(x) lv ) pour tout v E TxX.
Dans un système de coordonnées locales, si grad j = (grad J) i 8/8xi , o n a
via f j [)xi = 9ij (grad f) ivj
d 'où, en notant (gii) la matrice inverse de la matrice (g;J ),
.. 8J a
(2.42.4) grad f = g' 1 - . - . .
8 x J 8 x•
Si f est de cl asse ek, k > 1, cette formule montre que grad f est un c ha mp de
vecteurs de classe ek - l _
Sur une variété riemannienne, on sait défi nir la divergence d ' un champ de vec-
teurs v : dans un système de coordonnées locales 'P = (x 1 , ... , xn ), on pose
1 8 ( r;::; .) 8v; 1 8G .
(2.42.5) div v = . r;::; - ,. vGv' = - . +G- -, v'.
vG 8 x' 8 x' 2 8 :r'
Il faut vér ifier qu 'on défi nit bien ainsi un e fonction div : X --+ R., c'est-à-
dire que la définition précédente ne dépe nd pas du choix des coordonnées loca-
1
les. Soit t.p 1 = (.r' , . .. ,x' n ) un autre systè me de coordonnées locales, on a
vti = 8x' j /8xi ,vi, d'où
ov' j 8 2 xti EJxk . ax'i 8·vi oxk fPxtJ axk 1 ôv'
- - = - - -. - -v'+ - - - - - - = V+ - 1 .
8x'j 8xi[Jxk oxti [)xi 8xk a xti Ôx'oxk 8xtJ ÔX
E n notant () <p o <p 1 le difféomorphi sme changement de cartes, on a d 'après
(2.42.3)
1 DG' ti 1 8J(B) ti 1 8G 8x; 11 1 8J(8) 8xti ; 1 ôG ;
- - - -.v = - - - -1-. v +- - . - -. v = - - - - -. - - v + - -. v
2G ' &x'J J (B) 8x J 2G 0x' 8x' 1 J (O) axo 8x 1 2G 8x 1
384 CHAP ITRE 2 INTÉGRATION

el il s'agit de vérifier que pour tout 'i


â 2 x,j ôxk 1 âJ(fJ) ôx,j
(2.42,6) ' k- . +--- . - . = 0,
Ôx'ux' ux'J J(fJ) âx'J ux'
Nous utiliserons le lemme sui vant.
Lemme 2.42.1 Soir A = (aij) une matrice carrée inversible d 'inverse ( bij ), on
suppose que les coefficients Clij sont des fonctions dérivables d'un paramètre réel
t , alors si 6. est le déterminant de A, on a
1 d6. _ b daij
6. dt - ji dt·
Preuve Notons (mij) la matrice des mineurs de la matrice A, alors
bij6. = (- l) i+jmji el, ( - l )i+Jrn;1 étant le coe ffi c ient de a,;1 dans le développe-
ment du dé terminant 6.,

~~ = ( - l) i+jm,ij d:;j = 6.bJi d:;J. Q.E.D.


On a alors J(fJ) = J(fJ - 1 )- 1, d 'où
i uJ(B)axtJ 1 a1cB- 1 )ax,j 1 a1ce- 1)

J(fJ) âx'j âxi - J(fJ- 1) oxt1 ()xi - J(fJ - 1) âxi


e t, J(e- 1 ) étant le déterminant d e la matrice (8xt1 /oxk), le lemme prouve que
1 1
_1_8J(B) 8x' __ 0xk !!._(âx' )
J(B) âx'J ()xi - 8x 11 o xi âxk
el ceci prouve (2.42 .6).
Voici une rormule util e : s i f est un e fo nction et v un champ de vecteurs, on a

d .I V (J V ) = i -Ô
frv a . ( V1r.c1·
0 V i) = fd I' V V+ V i -of. ,
0 x'
vG x'
d ' où
(2.42.7) div (fv ) = f div v + (grad fl v).
On définit e nfin le laplac ie n d'une fonction par
6.f = div grad f.
Si f et g sont deux fo ncti ons, on a alors
(2.42 .8) div (f grad g - g grad f) = f 6.g - g 6.f.
En effet, d ' après (2.42.7) on a
(f grad g) = f 6.g + (grad flgrad g)
div
el une formule analog ue en permutant f el g, ce qui permet de conc lure.
L'exempl e le plus simpl e de variété rie ma nni enne consiste à prendre !Rn , ou
un ouvert de ~n, dont l'espace tange nt e n un point s' identifie à !Rn qu'on munit
de sa structure euc lid ie nne usue lle : le produit scalaire de de ux vecte urs tangents
'U, v E ~n est donné par ( ulv) = 'uivi. On a alors G = 1. Le gradient d 'u ne fo nc-
tion f est s implement le vecteur grad f = (of /oxi )i <-i<n· La divergence d ' un
champ de vecteurs v va ut div v = âvi / oxi et !':l.f =
de f .
t:
1 D ?f est le lap lac ien
2.42 MESURE DE VOLUME SUR UNE VARI ÉTÉ RI EMANNIENN E 385

Remarque 2.42.2 Sous-variété riemanniem1e Si Y est une sous-varié té d ' une


varié té ri ema nnienne (X,g), l'espace tangent T xY e n un po int x E Y s' ide ntifi e
à un sous-espace vec to rie l de l'espace TxX . Le produit scala ire de T xX induit un
produit scala ire sur TxY e t on obtient ain s i une stru cture rie mannienne sur Y :
o n dît que Y est une sous-varié té riemannie nne de X . Par exemple, la stru cture
e uc lidie nne de Rn induit sur toute sous-varié té de Rn une str ucture riemannie nne .

J>o ur construire la mesure de volum e d ' une variété rie ma nnie nne (X, g), o n dé-
finit d 'abord une mesure sur le do maine de c haque car te ( U, cp) de X. On cons idè re
sur ip(U) la mesure de de nsité G(x) 112 pa r rapport à la mesure de Le besg ue dx e t
son im age par l'h oméomorphi s me <p - 1 , soit dvu = ip*(G( x ) 112 dx); celle m e-
sure <fou défini e sur les boré lie ns de U est régulière d 'après le théorème 2. 16.5 e t la
propositi on 2.17.4. D'après les théorè mes 2. 16.5 e t 2. 17 .2, une fo nc ti o n
f : U ---+ îR (ou E) est dvu- mesurabl e (resp . dvu- intégra ble) s i, et seule me nt
s i, la fo nc ti on x t-7 (f o cp- 1 )(x )G(x) 112 dé fini e s ur cp( U) est dx- mesura ble ( resp.
dx- intégrabl e) ; si f est positive mesura ble o u intégrable, o n a a lors

(2.42 .9) lfU


dvu = 1
<p( U)
(J o cp- L)(x)G(x)
1 2
1 dx .

L a mesure dvu é ta nt réguli ère, il lui est associé une mesure de Rado n s ur U
que n o us noto ns encore dvu et il s'agit de reco ller ces mesures de Rado n.
D ' une façon généra le, é tant donné une mesure de Radon À sur un espace loca-
le me nt compac t X et un ouvert U de X, la mes ure À induit un e mesure Àu sur U:
si f : U ---+ ~est une fon cti o n continue à s upport compact, o n pose simple me nt
>-u(J ) = >.(f 0 ) où J0 : X ---+ Res t le pro lo ngeme nt de f par 0 e n de hors de U.
S i À et >..' so nt deux mesures de Rado n sur X, o n dit que ces mes ures coïnc ide nt
sur U, et o n écrit >. = À' sur U, si >-u = À ~ ; ceci s ig nifie que >. (!) = N(f) po ur
toute fon ctio n continue f : X ---+ IR à suppo rt compac t conte nu dans U. O n a a lo rs
la

Proposition 2.42.2 Soient X un espace localement compact, (Ui )iEI un recou-


vrem ent ouvert de X et, pour chaque i, une mesure de Radon À ; sur U;. Alors, il
exist e une unique mesure de Radon >. sur X telle que >.u, = À ; pour tout 'i s i, et
seule ment si,
(2.42. 10) Ài = Àj sur U i n Uj po ur fottt i ,j E J .

Preuve La condition est évide mme nt nécessaire : s i une mesure À ré po nd


à la questio n, on a À ; = >- lu,, d 'o ù >-;! u,nu1 = >- lu,nu; et de m ê me
Àj lcr ,nU; = À lu,nu1 , ce qui mo ntre que À i e t À j coïnc ide nt s ur Ui n Uj .
R éciproque ment, soit f : X ---+ ~ une fon ction continue à support compact.
S i I< est un compact co ntena nt le suppo rt de f, il ex iste un sous- recouvre me nt
fini ( Ui) iE J de K. Soit (CfJi ) iE J une partitio n de l' unité sur }( subordo nnée à ce
recou vre ment [27 , théorè me 2.36.7] . On a alo rs f = I;i E J cpd o ù la fo nctio n
conünue cpd a son suppo rt conte nu da ns Ui. S' il ex iste une mesure À ré ponda nt à
386 CHAP ITRE 2 INTÉG RATION

la question, o n a néœssa ire rnent


(2.42.11 )
iE J
Ceci pro uve l' unic ité d ' une tell e mesure. Quant à l'ex istence, il faut d 'abord vé-
rifier q ue>.(!) ne dépend ni du choix du compact K , ni du choix du so us-recou -
vrement (Ui)i EJ et de la partition de l' unité (ipi) iE J · Soient K' un aLJtre compact
contenant le s upport de f , (U;· ) i ' E J ' un sous-recouvrement fi ni de K' et (cp;, ) i'E J '
une partition de l' unité associée. On a ipd = L i'E J ' 'PilP;.f et la fonction IPi'P;, f
a son s upport contenu dans Ui n U;•, d'où

2-.=>- i(<fJd)
iE /
= 2=
(i ,i' )E / x i '
Ài (<fJi'P'.· f)

et de mê me
2-.= Ài' (cp;. f) = 2= À.;• ( <fJi'P'. · f) ;
i 1E / 1 (i ,i' )E / X i '

vu l'hypothèse (2.42. 10), on a Ài(ip;<p;,f) = Ài' ('Pi'P;,f) et cec i prouve bien l' in -
dé pendance souhaitée.
La fo nctio n À : eo (X) --+ lR est donc bie n défini e . La formu le (2.42. 1 1) montre
qu 'e lle est linéaire continue sur l' espace e1<(X), donc>. est une mesuTe de Radon
sur X. Si le s upport de f est contenu da ns l' un des U.;, l' e nsemble réduit à cet
ouvert Ui est un sous-recouvrement du support de f ; on a a lors f = <pif, d ' où
>.(!) = >.i (J) et ceci montre que À et Ài coïnc ident sur U;, ce qui ac hève la
dé monstra tio n. Q.E.D.
On en déduit la
Proposition 2.42.3 Sur une variété riemannienne (X , g), il existe une unique me-
sure de Radon dv, appelée mesure de vo lume de X, qui pour lOute ca rte (U, ip)
induise sur U la mesure dvu .
Preuve Si (U, ip ), (U' , ip ') son t deux cartes de X, il s'agit de vérifier que
1
dvu = dvu• s ur U n U'. Notons B = <p o ip' - le difféomorphisme changement de
cartes et soit f : X --+ R une fo ncti on continue à support compact contenu dans
U n U' . On a d'après (2.42.3) et la formu le (2.26.5) de changement de variable
1
/ (J oip- 1 )(x)G(x ) 1 12 dx = / (J oip' - )(x')G' (x' ) 112 dx'
J <p(UnU') J <p'(UnU')
et ceci permet de conclure. Q.E.D.
Le ca lcul d' une intégrale par rapport à la mesure de volume se ramè ne donc
dan s chaq ue carte à celui d'une intégrale de Lebesgue. Dans la pratique, il fa ut
d 'abord déterm iner la densité G. Voici quelques exemples simples con cernant des
sous-variétés paramétrées de JR.n.
Soient U un ouvert de JRP et 'l/J : U --+ JR.n un plongement. On munit la variété
X = 1/J(U) de sa struc tu re de sous-variété riemannie nne de JR.n. Notoris
xk = ·c/}(t 1, . . . , tP) , 1 :::; k :::; n,
2.42 MESURE DE VOLUM E SUR UNE VARI ÉT É RI EMANNIENNE 387

le paramétrage de cette sous-variété X. L'application V;- t : X --+ U est une carte


de X et le repère nature l est donné par
8 8'1jJ 1 â'ljP .
8tJ = ( âtj ' ... ' 8tJ ) ' 1 ::::; J ::::; p,
d 'où
8 a " 81/Jk fh/J k
% = ( ati 1at1 ) = 2=
k= l
ati at1 ·
Lorsq ue p = 1, X est une courbe paramétrée
xk = 1/l(t), 1 ::::; k ::::; n , a < t < b.
La m es ure de volume sur X est notée ds et s'appelle la mesure curvi li gne. On a
8 n â'lj} 2
0 = 9 l l = 118tll = L(m)
k= l
et li ntégrale d ' une fo nction f par rapport à cette mesures' écrit
r rb n âij;k 9 1/2
lx f ds =la f('l/J(t)) ({; (Tt)") dt.
En particulier, le volume ds(X) de X va ut
fb n o'q;k 2 i/2
ds(X) =ln (2::( Tt) ) dt E ïR+;
a k= l
d'après (2.4 1.4), ce volume est simpl ement la l o ngue ur de l' arc 'l/J.
Lorsque p = n - 1, X est une hypers urface, la mesure de vo lume est appe lée
mesure superficielle. Par exemple, so it § 2 la sphère de JR 3 . Uti lisons les angles
d'Eul er pour paramétrer cette sphère, soit
x = cosB coscp, y = cost9sin cpet z = sinB
où - n/2 < B < 7r / 2, 0 < <p < 2n. Bien e nte ndu, on obtien t seulemen t un paramé-
trage de § 2 - A où A = {(x, y, z) E § 2 ; x 2 0 el y = O}, mais cet e nsemble est de
mesure nul le pour la mesure s uperfic ielle sur § 2 . E n effet, dans un e variété rieman-
nien ne X dénombrable à l' in fin i, to ute sous-variété Y de dimens ion p < dim X
est d e mesure nulle car on peut construire une famille dénombrable (Un, 'Pn) de
cartes dont les domaines recouvrent Y telles que 'Pn(Un n Y) = 1Pn(Un) n JRP et
ceci mo ntre que Un n Y est de mesure null e. Il suffit alors d'observer que A est
conte nu dans une sous-variété de dimension 1.
O n a alors
:B = (- sinBcoscp, - sinB sin <p,cosB), ~ = ( - cosBsin <p,cosBcos<p, O)
d'où 9u = 1, 922 = cos 2 B et g 12
= g2 1 = 0 et par conséque nt
2
G = 9n922 - 9Î2 = cos g
En n otant da la mesure supe rficielle, on obtient ainsi la formu le
12 2
{ f da =
l s2
j 7r f 7r j (cosBcos<p,cost9sin cp,sinB) cosBdBd<p.
- 7r; 2l o
388 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2.43 Théorème de la divergence


Le théorè me de la di ve rge nce donne une formul e d ' intégratio n par parties à plu-
sie urs dimension s. La situa tion envisagée est la suivante. On se donne une varié té
rie mannienne (X , g) de dimensio n net un ouvert Sl de X do nt la fronti ère r est
n
une hypers urface de c lasse C00 ; on s uppose en outre que est local ement d ' un
se ul côté de f, c'est-à-dire que, po ur tout XE f , il exi ste une carte (U, ip ) au point
x te lle que
(2.43. 1) ip(U n D) = cp(U ) n R'.;:_ et ip(U n r) = ip(U) n nr - 1
où R'.;:_ = {x E Rn ; X n > 0}. Dans ces conditions, nous dirons que Sl est un
ouve rt régulier.
Dans la carte ( U,cp), on pose 9iJ = g(8 / éJxi, éJ / fü1 ) , G = dét (gij ) et on note
dv la mesure d e volume s ur X. Les n - 1 vecteurs (éJ / éJxi) ts_ j5_n- l con stituent
le repère nature l de l' espace tangent Txr assoc ié à la carte (Un r , ipl unr ) ; il en
résulte que la mesure s uperficie lle dau nr est l' image par l'applicati on ('Pl unr )- 1
de la mes ure H (x' )dx' où dx ' = dx 1 ... dxn - L est la mesure de Lebesgue de
lRn - I et
(2 .43.2) H = dét (gij) L5_ i ,j 5_ n - l ·
L'orth ogonal du solJs-es pace Txr est de dimension 1 ; un vecte ur unitaire
N = NiéJ/ôxJ engendrant œ t orthogonal vérifie
g' l NJ = 0 pour 1 -< i <
- n - 1 et g'l· Ni Ni = 1 ·,
on en déduit que N1, ... , N " est so lut ion du système linéaire
(2.43.3) 9ij Nj = 0 p our 1 :'.S: i :'.S: n - 1 et 9nj Nj = 1/ Nn
el, d ' après les formul es d e Cramer, cec i montre que Nn = (l / Nn)( H / G), d ' où
(N") 2 = H / G. On définil a lors le vecteur norm al unitaire extérie ur N par la
conditio n
(2.43.4)
li fa ut vérifier qu e ce vecteur N ne dé pe nd pas du choix de la c arte (U, 'P )
vé rifiant (2.43. l). Si N' est le vec te ur dé fini à partir d ' une a utre carte (U', ip') ,
les vecte urs unitaires N et N ' engendrant le même espace de dimen s ion 1, on a
N = ± N' ; on a d 'autre pan Nn < 0 et N'n < 0 et, par conséque nt , pour mon-
trer que N = N', il s uffit de vérifier que les vecteurs 8/éJxn et 8/ôxin pointent
dans le même demi-espace dé fini par l' hyperplan Txf de TxX, c' est-à-di re que
éJxn / éJx'n > 0 s ur ip' (U n U' ) n :JRn - 1 . Or, si on note B = ip o i.p' - 1 le di ttëomor-
ph isme change ment de cartes, on a B(x' ) = 0 si x'n = 0 el B(x' ) > 0 si x'n > 0,
d 'où àB / éJx'" > 0 sur ip' (U n U') n :JRn - 1, ce qui prouve le résultat vo ulu .
La formule (2.43.4), pui s la réso lution du systè me linéaire (2.43.3), montrent
que les fo ncti ons Ni sont e= sur ip(U) n :JRn - l ; on a do nc construit une sectio n
N : r -+ T X du fi bré T X a u dess us de r et cette secti on est de classe e00 .
Nous di rons qu' une fo nc tio n j : Sl -+ E , E dés igna nt un espace de Banac h,
n
est de classe ek jus4u 'au bord si J esl la restriction à d ' une fo nctio n de classe
2.43 THÉORÈME DE LA DIVERGENCE 389

e,k d é finie sur tout X ; nous noterons encore J : X ---+ E tout prolongement de
f de classe e,k ; la fonction f est donc bie n défi nie sur TI et f Ir : r ---+ E est de
classe e,k . Le support d ' une telle fonction f : ~ ---+ E sera par dé finition celui de
f : 0 ---+ E ; nous pourrons donc parler de fo!lction de classe e,k jusqu 'au bord e t
à support compac t.
O n pe ut de même définir la notion de champ de vecteurs V : [l ---+ T X de
cl asse ek jusqu'au bord et défi nir son support ( dans TI).
On pe ut alors établir le théorè me prin c ipal.
Théorème 2.43.1 Théorème de la divergence Soient X une variété riemannienne
dénombrable à l 'infini, n un ouvert réguliertle X de frontière r et V : n ---+ T X
un ch amp de vecteurs de classe t'. 1 jusqu'au bord à support compact, alors

(2.43.5) f div V dv = ( (VIN) da .


ln Jr
Preuve Le support J( de V est une partie compac te de O. Pour tout x E K, i 1ex iste
une carte (U, <p) au point x ; lorsque x appartient à 0, on peut supposer U c net,
lorsque x appartient à I< nr , on pe ut s upposer q ue cette carte vérifie (2.43. 1) et que
<p( U) est de la forme A x B où A est un ouvert de Rn- l et B un intervall e ouvert.
D'après la compacité de K, il ex iste une famille finie de cartes ( ( U;, ip;)) i E I de la
forme précédente dont les domaines recouvrent K . Soit (<p;); E J un e partition de
l' unité sur J( subordonnée à ce recouvrement (corollaire 1.22.4), si V est un champ
de vecteurs sur X prolongeant le champ de vecteurs donné, on a V = L iE T <p; V
et, /f>i étant t'. 00 à support compact contenu dan s U;, <p;V est un champ de vecteurs
e
de classe 1 à support compact contenu dans Ui. Il s'agit donc de démontrer le
théor ème lorsque V est un champ de vecteurs de c lasse t'. 1 à s upport compact
conte nu dans le domaine d ' une carte du type décrit précédemment.
1 . Dans le cas d'une carte (U, <p) tell e que U C 0, V ir = 0 et il suffit d 'obser-
ver que, pour tout 1 ::; i ::; n,

f o:oo.; ( J(;yi) dx = O.
j ip( U) uX

2. Lorsque (U, ip) est une carte vérifiant (2.43. 1) et telle que
<p(U) = A x B c :nr - 1 x JR,
il s'agit de vérifier que, pour tout 1 :::; i :::; n,

(2.43.6) j( A xB)nJR+
8
8X
.; (vcvi) dx = ; ·
A
9;1 viN 1 m dx'
où d x' = dx 1 ... dxn - 1 .
Lorsque i cJ n, le premier mem bre est nul car l'application xi r+ JGVi est à
support compact et il en est de même du second membre vu que 9 iJ N1 = O.
Lorsque ·i = n, (2.43.6) s'écrit

-i ( Jevn ) (x' , O)dx' = L9njVnNJffi dx'


390 CHAPITRE 2 INTÉGRATION .

e t il suffit de noter que - JG = 9nJNj Jii pour Xn = 0 d'après (2.43.4) vu que


9nJNJ = I / N n. Q .E.D.
Remarque 2.43.1 La mê me dé monstration permet d'établir la formul e (2.43.5)
sous des hypothèses plus faibles . On ne s uppose plus ! 'ouvert D réguli e r ; on sup-
r
pose seule me nt que est une hypersurface contenue dans la frontière den et que
D est locale ment d ' un seul côté de f . La normale unitaire extérieure N : f --+ T X
est alors bien définie . La formule (2.43.5) est e ncore vérifiée s i V : --+ TX n
e
est un champ de vecte urs de classe 1 jusqu ' au bord à support compact tel que
s upp V n Fr (f2 ) c r .
Si f : D --+ R. est une fo11ction de c lasse e1 jusqu ' au bord, on définit la dérivée
normale de f le long de r par
âf
(2.43.7) éJN = f lN )
(grad
Si (V, <p ) est une carte vérifiant (2.43.1 ), on a âf / éJN = NJ â f / âxJ.
Les hypothèses étant celles du théorème 2.43. 1, on a alors
Corollaire 2.43.2 formule de Green Soient f, g : D --+ R. des fon ctions de classe
e2 jusqu,au bord à support compact, alors
j~ U b.g - g flf) dv = l (f :~ - :~) g da.
Preuve On applique la formule (2.43.5) a u champ de vecteurs
V = f grad g - g grad f
et on utilise (2.42 .8)et le fait que (VIN) = fog /oN - gof / oN. Q.E.D.
Soient D est un ou ve rt régulier de R.n muni de sa structure e uclidie nne et f :
e
D --+ R u ne fonction de classe 1 jusq u' a u bord à s upport compact, e n appliquant
la fo rmul e (2.43.5) au c hamp de vecteurs V = f eJ, (eJh :S J'.'O n désig n an t la base
canonique de Rn, on obtient la formule

(2.43.8) /~ DJf dx = [ f NJ da où N = NJ eJ.


Exercice 2.43.1 1. Soielll (X , g ) une variété riemannie nne et f , g : X ---+ IR des fonc tions de classe
C2 ' montrer que
l::. (fg) = f !:::.g + g t::.f + 2(grad fl grad g),
t::. (! 2 ) = 2ft::.f + 2l lgrad !11 2 .
2. Si la variété est COlllpacle connexe, en déduire que toute fon cti on harmonique, c'est-à-dire toute
foncti on f : X ---+IR de classe C2 telle que t::.f = 0 , est constante [utiliser le théorème 2.43. J].
Exercice 2.43.2 Une démonstration du théorème de Brouwer
On note B = {x E !Rn ; (x 1 ) 2 + ... + (xn ) 2 :':: l} la boul e unité de !Rn, l' objet de cet exerc ice
est de prouver que toute ap plication c ontinue f : B ---+ B admet un point fi xe .
1. En utili sant le théorè me d 'a pprox imation de We ierstrass (27, théorè me 2.36.1], montrer qu ' il
suffit suffit d e traiter le cas d ' une fo nction f : !Rn--+ ~ n de classe C00 te lle que f (B) c B .
On suppo se désormais que f : ~ " --+ IR" est une fonction C00 telle que f(B) C Bet on raisonne
par l' abs urde : on suppose que f i B 11 ' admet pas de point fi xe .
2. Montrer qu ' il ex iste 15 > 0 et une foncti on..\ : B( O; 1 + 15) ---t IR de classe C00 telle que
g(x ) = x + À(x)(x - f (x )) E §n- I po ur tout x E D(O; l + 15) et g( x ) = x pour x E § " - 1 .
2.43 THÉOR ÈME DE LA DIVERG EN CE 391

3. Étant donné un ouvert 11 de l!t n+ 1 , on considè re une foncti on h : Il -t ]Rn de c lasse e00
. On
note (x 0 , ... , xn) les coordo nnées d ' un point x de IRn -H , on pose h = (hih s, J:S, n et

D (h 1 , ... , hn) )
L::. i (x) = ., n. (x, 0 S i :::; n ,
D(x 0 , ... ,x , ... ,x)
o ù le c hapeau supprime le te rme coiffé. Montre r que
n
I ) - 1)' D iL::.i (x) = O.
i=O

4.0npose h (x 0 ,x) = x+x 0 (g(x)-x) oü x 0 E!R etx = (x1, ... ,x"') E B(O;l+ô),p uis

l (x 0 ) = l L::.o(x 0 ,x) dx .

Montr er q ue 1(0) # 0, 1(1) = 0 et Dol(x 0 ) = 0 en u ti lisant la form ul e d 'intégration par parties


(2.43. 8). Conclu re.

Exercice 2.43.3 Le théorè me de Brouwer (exercice 2.4-3.2) est encore vrai po ur to ut convexe com-
pact n o n vide C de IRn : to ute a ppli catio n continue f :C -t C admet un po int fi xe [o n peut supposer
que 0 E C, on note alors 0 :::; p Sn le plus grand entier tel q u' i 1 ex iste p vecte urs x1, ... , Xp de C
linéai1·ement indé pendants et E l'espace vectorie l engendré par ces p vecte urs, montrer q ue CC E et
q ue C est d 'intérie ur non vide dans E; utl ili ser alors l'exercice 3. 14.4 de [27]].
Exercice 2.43.4 Le théorème de Schauder 1. Cet exerc ice se pro pose d 'établir le théorè me sui vant
dû à Schauder : soient E un espace normé et C C E une partie convexe compacte no n vide, a lors to ute
application continue f : C -t C admet un point fixe. O n procédera co mme suit.
Soit k 2:: 1 un enti er tel q ue dia m C > 2/ k , il ex iste des po ints x 1 , ... , XN E C tels q ue
N
Cc LJ B(xj; 1/k);
j= l

on considère l'ensemb le convexe co mpact Ck = I'( {x1, ... , XN}) C C et o n défi nit une applicatio n
c
h : -t ck par
N
L Àj ,k(x)xj
fk(x) = J =~ où .À j,dx) = d(x,C - B(xj; l /k)) .

L: >-j ,k(x)
J= l

a. Montrer que fk est bie n dé fin i, continu et que fk (C) C Ck.


b. Véri fie r q ue llfk(x) - xll < 1/ k pour to ut x E C.
c. L'applicati on fk o f : Ck -t Ck ad met un po int fi xe Yk d 'après le théorème de Bro uwer
(exerc ice 2.43.3). Soit (Yk,) une so us-suite convergeant vers y dans C. Vé rifi er q ue y est un point fi xe
de f.
2. En déd uire le rés ul tat sui vant : soient E un espace de Banach, C un convexe fermé no n vide de
E et f: C -t C une applicatio n continue telle que f(C) so it re lativeme nt compact, alo rs f adme t un
point fixe [considérer l' ensemble convexe compact C' = r(J(C)) [27, proposition 3.8.7], noter que
f (C' ) C C' et utiliser I ].
1- Séries de Fourier

2.44 Propriétés généra les


Une fon cti o n f : R ---+ <C est dite 2Jr-périodique si
(2.44. 1) j (x + 27r) = j (x ) po ur to ut x ER
N o us noterons C2.,,.(1R; C), ou simpl eme nt C2 .,,., l'espace vecto riel d e to utes les
fon c ti o ns f : R ---+ <C co ntinues e t 27r-périodiques. Une foncti o n f E C2.,,. étant
bornée sur l'intervall e compac t [ü, 27r] est bo rnée sur R ; l'espace C2.,,. est do nc un
sous-espace de l'espace Cb (IR; q e t ce sous-espace est évidemme nt fermé lors-
qu ' o n munit l'espace eb de la no nne de la topologie de la convergence uniforme.
O n e n déd uit q ue, muni de la norme
llfll oo = s up lf(t)I où a ER,
a :::'. t :::'. a +27f
l'espace C2 .,,. est un espace d e Banac h.
Plus généra le ment, no us noterons e~.,,., 0 ::; k ::; oo, l'espace v ectorie l des
fo nc tio ns f : R ---+ «:: de c lasse e1.: e t 27r-périodiques.
La défin itio n de la périodic ité pe ut être générali sée de la faço n sui vante : une
fo nc tio n f : R ---+ <C défi nie presq ue partout sera d ite 27r-périodique si
(2.44.2) f (x + 2Jr) = f( x ) pour presque to ut x E R;
on notera qu ' il ex iste alors une fo nctio n g parto ut définie véri fi ant (2.44. 1) e t
te lle que f = g p.p. : il suf fi t de choisir une fo ncti o n g : [ü, 27r[ --t <C telle que
f(x) = g(x) pour presq ue tout x E [ü, 27r[, puis de prolonger g à R par périodi -
cité. Bien entendu, lorsque j est une fonctio n continue, les définitions (2.44.1) et
(2.44.2) coïncident.
Étant donné un réel 1 ::; p ::; oo, o n note alors L~.,,.(R; q, ou s implement ,.C,~7f
l'espace vec to rie l des fo nc ti ons f : R ---+ <C 27r-pé riodiques qui appa rtie nne nt à
) 'espace Lf0 c(R; C ). S ur cet espace vectorie l, o n défi ni t une semi -norm e e n posant
s i p est fini
/ a+2.,,. ) l/p
(2.44.3 ) l f llp = ( Ja lf(t)IP dt où a E R

e t si p = oo
(2.44.4) llfll= = s up ess lf(t)I OLJ a ER
a:::'. l :::'. a+21f
2.44 PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES 393

Ces semi-normes indui sent des normes sur les espaces quoti ents
L~n = L~rr f 'Rw
D'après l' inégalité de Holder, on a les inclusions suivantes où toutes les injections
canoniques sont continues
e2" c l~ c L~rr c L~rr et C2n c L~ c L~n c L~rr·
Lemme 2.44.1 l es espaces L~rr' 1 ::::; p :::: oo, sont des espaces de Banach.
Preuve En effet, l'application de restriction f H fl[o,27r] induit une iso métri e
linéaire de l'espace L~rr sur l'espace de Banach LP([O, 27r]) . Q.E.D.
Notons enfin la propriété fondamentale de l' espace L~rr d'être un espace de
Hilbert, le produit scalaire s'écrivant
/ a+27r
(fig) = Ja J(t)g (t) dt .

Lemme 2.44.2 l'espace c~ est dense dans L~1r pour 1 :::: p < OO.

Preuve Il suffit d'observer que 'D(]O, 27r[) est de nse dans LP(]O, 27r[) (théorème
2.32 .5) : soient f E L~7r et E > 0, il existe g E 'D (]O, 27r[) tel que
llJ - 9llL''(]0,2n[) :SE
et, en prolongeant g par périodicité, on obtient une fonction h E telle que C~
Il! - hllr :::: E. Q.E.D.
D 'après le théorème d 'approximation trigonométrique de Weierstrass [27, théo-
rème 3.26.2], l'ensemble des polynômes tJigo110111étriques est dense dans C 2 7r ,
donc dans L~rr' 1 ::::; p < oo, d'après le lemme précédent. Autrement dit, en posant
en (t) = eint I /2,n, la famille de fonctions ( en )nEZ est tota le dan s les espaces eh
et L~ 71 , 1 :::: p < oo . Cette famille est en fait une famille orthonormale, donc une
base hilbertienne de l'espace L~7r· Ceci conduit à définir les coefficients de Fourier
de toute fonction j E L~rr par
l 1 ·a+2rr _
(2.44.5) en(!)= r.c. J(t) e- int dt,n E Z;
y27r a

la série (1/ /2,ir) Lna cn(f)eint (il s'agit en réalité d' une famille indexée par Z)
est appelée la série de Fourier de f et on écrit

(2.44.6) J rv ~ 2..: Cn (f) eint.


V 2 71" n EZ
Bien entendu, deux fonctions égales presque partout admettent la même série de
Fourier.
Lorsque f E L§rr, on a simplement cn (J) = (f len ) ; d 'après la théorie des
bases hibertiennes [27 , corollaire 3.31.2] , on a d onc le théorème suivant de conver-
gence en moyenne quadratique.
Théorème 2.44.3 Soit f E L §n, alors la série de Fourier de f est sommable
dans L~n et de somme f. l'application f H ( Cn (!)) nEZ est un isomo1phisme
394 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

d'espaces de Hilbert de l 'espace L~1r sur l 'espace l 2 (Z;C) et par conséquent,


pour tout f , g E L ~TC'
(2.44.7) llfll3 = L lcn(f)l 2 (identité de Parseval) ,
n EZ

(2.44.8) (JJg) = L Cn (f) cn(g).


n EZ
La définition même de la série de Fourier de f se rétère implicitement à la
structure hilbertienne de ! 'espace L 2 e t lorsque f E L~n n'appartient pas à l' espace
L 2 on ne peut plus rien dire de simple concernant cette série de Fourier.
On peut d'abord vérifier que la s uite des coefficients de Fourier te nd vers 0 en
utilisant le résultat suivant.
Proposition 2.44.4 Lemme de Riemann-Lebesgue Soit f E ..!:1( ffi:; <C), alors

(2.44.9) lim / f (t )eiE,t dt = 0 où Ç E fi: .


IE, l-> oo } ITf.
Preuve Lorsque Ç est différent de 0, effectuons le changement de variable
t = T + (7f / Ç) ; étant donn é que ei7r = - 1, on obtient

F(Ç) = j~ J(t)eif.tdt =- lf(T+(7r /Ç) )eiE,r dT,


d'où
2JF(Ç) J:S lif(t) - f(t + (7r/ Ç)) dt
1

et o n concl ut grâce à la continu ité e n moyenne (théorème 2.32.7). Q.E.D.


Bien ente ndu, on en déduit que so us les mêmes hypothèses

lim / f (t) cos Çt dt = 0 et lim / j(t) sinÇt dt = O.


lf. 1->oo J~ lf. 1->oo J'Jf.
Corollaire 2.44.5 Soit f E L~ n ' alors liml nl-> oo cn(J) = O.
Preuve O n appl ique le résultat précédent à la fonction égale à f sur l' intervalle
[O, 27r] et nulle en dehors de cet intervalle. Q.E.D.
Ceci montre que la suite c(j) = (en(!)) appartient à l'espace co(Z) des suites
convergeant vers O. M ontrons que l' application, év idemment linéaire, f 1--7 c(f)
de L~7r dans c0 (Z) est injective, c'est-à-dire la
Proposition 2.44.6 Soient f , g E ,G~rr deux fonctions telles que c(J) = c(g ), alors
f = gp.p ..
Preuve Soit f E .q , . tel que c(f) = 0, il s'agit de vérifier que f = 0 p .p. Noton s
d 'abord que J~ 7r f(t)P(t) dt
2
= 0 quel que soit le polynôme tri gonométrique P.
Soit g E e27r• pour tout é > 0 il ex iste un polynôme trigonométrique P tel que
JJg - Pl lcxi :S s, d 'où
l 2
-rr f(t)(g(t) - P(t)) dtl :S cJlfJJ1
2.44 PRO PRI ÉT ÉS GÉN ÉRAL ES 395

et cec i mo ntre que J~7r f(t)g(t) dt = 0 pourto ut g E C27r· La mesure compl exe
sur l' inte rvalle JO, 2n[ de de nsité f par rapport à la mesure de Lebesgue est do nc
la mesure nulle e t par conséque nt f est nulle presque par to ut s ur JO, 2n[, d onc s ur
IR d 'après la péri odi c ité. Q .E.D .
L'es pace c 0 (Z) e n ta nt que so us-espace ferm é d e l'espace L00 (Z) [27, exerc ice
3.9.5 ] est un es pace de Banac h lo rsqu 'on le munit de la norme
llcll= = SUPnEZ lcnl, c = (en)· O n a a lo rs le
Corollaire 2.44.7 L'application linéaire
<I> : f E L~7r H c(j) E Co (:l)
est co ntinue, inj ective et à image dense.
Preuve La continuité de <I> résulte de l'inégalité lc11 (f) I :::; (ljJ2;) llf Ili · L' image
de <I> contie nt L2 (Z) = <I>(L§7r ) qui est dense d ans c0 (Z) e t il e n es t a fortiori de
mê m e de <I>(L~7r ). Q.E.D.
O n pe ut mo ntrer que l'appli cation <I> n'es t p as s urjec ti ve (exerc ice 2.45. 1).
Ce qui précède ne dit rie n quant à la rapidité de la co nvergence vers 0 de la
suite des coeffi c ie nts de Fourier ; comme nous a ll o ns le mo ntrer, cette ra pidité est
intimeme nt liée à la régularité de la fo nc tion f. Vo ic i un prem ier résultat é lé men-
taire.
Proposition 2.44.8 Soit f E L~7r une fonction telle que c(f) E L1 (Z), alors La
série de Fo urier de f est normalement sommaole de somme f et f est une fonction
continue.
Preuve La série de Fo urier de f est normale me nt sommabl e car
llcn(f)enll oo = (1 / y'2;) 1cnCf)I.
Sa somme g appartie nt à l'espace C2 7r e t d'après le th éorè me 2.9. 12
2
Cn (g) = __!__
2n
L }{ 1' Cp (f) ei (p - n )t dt = Cn (f).
p EZ 0

Vu la propos itio n 2.44.6, f = g p.p. et ceci prouve que f est continu e (en tant que
classe de fo nctio ns) . Q.E.D .
Ceci mo ntre que, dès que f présente des di scontinuités, la convergence vers 0
de la suite ( Cn (!)) ne pe ut être que lente. Pa1 exe mple, si f E L~rr est la fo nctio n
défi nie par f(t) = n - t po ur t EJ O, 2n[, on a co(f) = 0 e t cn (f) = ../21r/ (in)
po u1- n -1- 0 : les coeffi c ie nts de Fourie r tende nt vers 0 co mme c/n. Plus généra-
leme nt, no to ns Vb ,27' l'espace vec torie l des fon cti o ns f : IR --+ C 2n-pé ri odiques
à variati o n bornée sur to ut inte rva lle compact, c'est-à-dire à va ri atio n born ée s ur
une p éri ode [a, a + 2nJ.
Proposition 2.44.9 So it f E Vb ,27', alors
1 V1 (o, 2n)
lcn(f)I :::; J2; lnl , n f= O.
396 CHAPITRE 2 INTÉG RATION

Preuve Montrons d'abord qu ' on pe ut supposer la fonction f continue à droite.


Vu que f(t) = f(t + O)p.p., les fo nctions f et f( . + 0 ) admettent les mêmes
coeffi c ients de Fourier. On a d ' autre part Vf( •+o)(O, 2n) ~ V1 (0, 2n). En effet, si
0 = x 1 < .. . < Xn+ 1 = 27r est une subdi vision de l'intervalle [O, 2n], on a
n n
'"""
,L_,
If (xi+1 + 0) - f( xi + O)I = lim '""" lf (xi+ l
é--+ Ü,E> û ,L_,
+ c) - J (x ,; + c)I
i= l i= l
et
n
L lf(xitl + c) - f (xi + c)I ~ V1(c, 2n + c ) = Vt(O, 27r) .
i= l
D 'après la fo rmule d ' in tégrati o n par parties (2.39.9), o n a alors po ur n -1- 0
l 1 ·271" e- int
Cn(fl = - - - . df ,
12-ff o - m
d ' où
1 1 f 271"
lcnCf)I ~ v&fnÏ Jo ldf l
et on conclut grâce à (2.39 .8). Q.E.D.
Soit A c, 2 7r l'espace des fon cti ons 2n-périodiqu es absolument continues sur
to ut in tervalle compac t, c'est-à-dire sur une péri ode [a , a+ 2n] ; si f appartient à
cet espace, alors f' E ,l~7r·
Proposition 2.44.10 Soit f E A c,2 1,., alors
. 1 11 f 'Ili
lcn(f )I ~ v&H'n -1- 0,
et la série de Fourier de J' s'obtient en dérivant terme à terme la série de Fo urier
de f , soit cn Cf') =in en(!) et

f' rv ~L in Cn (f )eint.
V 2 7r n EZ
Preuve D' ap rès la formule d ' intégration par parties (2.4 1.5), on a pour n -1- 0
Cn(J) = _ _ 1_ r 27r f'(t) e-int dt = Cn Cf')
V27f Jo - m in
el, pour n = 0,
co(f') =
v 2n
~ fJ27r
o
f'(t)dt = ~(f(2n) - f(O)) = O,
v2n
ce qui permet de concl ure. Q.E.D.
Corollaire 2.44.11 Soit j E .Ac, 2 71" tel que f' E ,l ~7r' alors la série de Fourier de
J est norma lement sommable et de somme f.
Preuve On a en Cf) = cn (J' )J('in) pour n -1- 0 où c(J') E l 2 (Z) et la suite (1 /n)
appartient égaleme nt à l'espace 12 . D ' après l'i négalité de Cauc hy-Schwarz, on en
déduit c(J) E l 1 (Z) e t o n conc lut avec la propos itio n 2.44.8. Q.E.D.
2.44 PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES 397

Proposition 2.44.12 Soit f E e~;; 1, k 2: 1, tel que Dk - If E A c,27T, alors


. 1 llD" fÏl1
lcn(J) I::::; y'2ii lnJ"' 'n ~ O.
Réciproquement, soit f E L~7T tel que lcn (f) :S c/ lnl°' pour n of. 1 0 où c 2: 0, a
E e~.;; .
1
est un réel > k et k un entier 2: 1, alors f
Pre11 ve Par intégration par parties, on a po ur n of. 0
2
Cn(f) = ~ { n D" f(t) e( ~i)n~ dt
v2n Jo ·t n
et on e n déduit la majoration annoncée.
Réciproquement, si lcn(f)I : : ; c/lnl°' pom n of. 0, dérivons la série de Fourier
de f terme à te rme j fo is ; la série obtenue
_ l_ L Cn (f) (in )1 eint
V2Jr n EZ
converge norma lement si 0 ::::; j ::::; k - 1 et, d'après le théorème 1.6.2, on en déduit
que f es t de classe ek - l. Q.E.D.
Exercice 2.44.1 So il f , g E .G~"' montrer que la foncti on

(f*g)(x) = fo 2
" f(x - y)g(y)dy

est détinie pour presq ue tout x, qu ' elle appartient à l'espace Là" el que en U*9) = v'21rcn(f)cn (g ).
Lorsque f, g E .G~,,., vérifier que f *g E C2rr el que la série de Fourier de f *g est normalemenl
so m1nable et de somme f.
Exercice 2.44.2 Théorème de Bernstein On note C~;_", 0 < a :S 1, l'espace des fonctions f
2rr-périodiq uestelles que lf (x + h) - J (x)I :S clhl°' po url outxet tout h.
1 . On pose g(t) = f (t + h) - f(l - h), montrer que cn (9) = 2-icn (f) sin nh el en déduire que

L lcn (J'Jl2 I sinnhl


2
:S ci hl
2
a
nE Z

2. Pour tout entier p 2 0, e n prenant h. = rr2 - P - 2 montrer que

2= ienul12 ::; cr2pa.


2r <:;ln l<:; 21,+1

3. Lorsque 1/2 < °' :S 1, en déduire la convergence de la séiie I:n EZ ln l11 2 +"lcn(f)l 2 , puis
ce lle de la série I:n EZ lcn (f) 1 : la série de Fourier de f est normalement so mmable et de somme f.
Exercice 2.44.3 Théorèmes de Cantor-Lebesgue et de Denjoy-Lusin On note L la tribu de Le-
besgue de IR etµ : L :--+ IR+ la mesure de Lebesgue . Étant donné deux suites (an) et (bn) de nombres
réels, on cons idère la sui te de fonctions

un(t) = ancos(nt +On), l Elit


. Soi t A E L un ensemble de mesure fini e Œ = µ(A ) < =·
a. Montrer que
lim
n -+oo
fA
cos( nt+ b,,) dt = 0

[utiliser le lem me de Riemann-Lebesgue].


398 CHAP ITRE 2 INTÉGRATION

b. En déduire q ue
l i1n
n ---tCXJ
JA
2
cos (nt + bn} dt = a/2.

2. On suppose a > 0 et que, pour tout t E A, limn->oo un(t) = O. Mo ntrer alors que
limn-t oo an = 0 (théorème de Cantor-Lebesg ue) [on pourra raisonner par l'absu1-de : si la suite
(a 11 ) ne converge pas vers 0, montre r qu' il ex iste c > 0 et une so us-suite (an,) telle que lan, 1 2'. c
po ur tout k, noter que

el, en utilisant l ,b., obtenir une contradiction].


3. On note u: IR: - t iR+ la fonc ti on u(l} = I::~= l l·un(t)I et on s uppose qu ' il ex is te B E .l de
mes ure finie > 0 tel que u(t) soit fini po ur t E B: autrement dit, on suppose la série I:: ~= l un(t)
absolument convergente pour t E B.
a. On pose Bk = {t E B ; u(t) 2'. k} , k E N. Montrer que lim k->oo µ(Bk) = O.
b. En déduire un ensemble A E .l de mes ure fini e a > 0 tel que ·u so it borné suc A.
c. Montrer que ·u es t intégrable sur A.
cl . Montrer que pour tout en tier n 2'. l

l I cos(nt + bn}I dt f= 0,

puis, en utili sant l ,b. qu ' il ex iste une constante c > 0 telle q ue

l 1 cos( nt + b,.) 1 dt 2'. c pour tout ent ier n 2'. 1.

e. Montrer que

j A
u(t) dt 2'. c t
n=l
lanl·

f. En déduire q ue la série de fo nctions I::~= 1u 11 est normalement convergente (théorè me de


De nj oy-Lusin).

2.45 Convergence simple ou uniforme


Étant do nné une fon cti on f E ,q7r, on défin i! les sommes partie lles
n l {271" n
(Snf)(x) = ~7T L cp (f )e·ipx = 2n Jo f (t) ( L eip(x- t)) dt.
/27r p=-n 0 p=-n

Ona

L
n
eipt = e - int L
2n
e ipt =e -·inte- - -
. ---
i(2n+ l)t _ 1 sin Zn+ 1 t
2

p=- n p= O
eû - 1 sin ~
et on dé finit le noyau de Diric hl et par
1 sin Zn+ l t
D n(t) = -2
. 2t ;
7r sm 2
celle fonctio n esl un polynô me trigono mé trique el e lle appartient donc à l'espace
e~ ; notons en outre que ce tte fonc ti on est paire. On peul alors écrire les sommes
2.45 CONVERGENCE SIMPLE OU UNIFORME 399

Sn f sous diverses form es que voici :

(Snf)(x) = 127r f (t) Dn( X - t)dt = 1 2-lr f( x+t) Dn(t)dt ;


on en déduit
(Snf)(x) = ~j rr/2 f( x + 2t) sin(2~! + l )t dt,
7r - rr/2 sm t
d 'où
12
(2.45. 1) (Snf)(x) = ~ /" [f( x + 2t) + f( x - 2t)] sin( 2 ~ + l )t dt.
7r o f s111 t
En prenant pour fonction f la fonction constante et égale à 1, on a (Snf)( x ) = 1
pour tout entier n ~ 0, d' où

(2.45.2) / 2rr Dn(t) dt = ~ r /2 sirL (2~ + l )t dt = 1.


fo 7r f o sm t
Remarque 2.45.1 Ce qui précède permet de déterminer la valeur de l'intégrale
impropre f0 sint/ tdt (exercice 2. 14.1). En effet, la fonction t H l /sint - 1/t
00

définie sur lintervall e JO, 7r /2] se prolonge en 0 par continu ité vu que
1/ sin t = l / t + o(t) ; d 'après le lemme de Riemann -Lebesgue, il en résulte que
·rr/2 1 - -1) sin(2n + l )tdt = 0,
lim
n ---7 00
j Ü
( -.-
SlJ1 t t
d'où d' après (2.45 .2)

.
11m
n ---700
1"/
0
2
sin(2n + l )td
t
t 7r
= -
2'
soit limn__, 00 J~ n+l)rr/ sin t/tdt = 7r/2 et ceci montre que
2 2

00
sin t
1
7r
(2.45.3) - dt = -.
0 t 2
Exercice 2.45.1 1. Montrer que l' appli cation <P : f E L~rr t--7 c(f) E co(Z) n' est pas surjective
en rai sonnant de la façon suivante. Si celle appli cati on était surj ective, remarquer qu ' il e1' iste rait une
constante c ~ 0 telle que Il f ll 1 ::; c s upnEZ lcn (!) 1pour tout f E L~,,., pui s prendre f = Dn
et vérifier que li m n->oo IlDn li 1 = oo [la quantité Ln = Il 0,. li 1 est appelée la n ième constante de
Lebesgue].
2. En déduire que <P(L~rr) est maigre dans co (Z) ; <P( L~ .,.. ) est donc à la fois d' intérieur vide et
partoul de nse.
Exercice 2.45.2 Étant donné un point x E IR, 0 11 considère les formes linéaires continues
Tn E (e2,,.) ' défi nies par Tn f = (Snf)(x).
l. Montrer que llTn Il = Il Dn li 1 et en déd uire, e n utilisant l'exercice 2.45. 1, que la suite (Tn )
n'est pas équ icontinue.
2. En déduire, grâce au théorème de Banach-S1ei nhaus, que l' e nsemble des f E e2,,. te ls que
la suite ((S.,,f)(x)) soit bornée est mai gre. En partic ulie r, l'e nsemble des f E ei,,. tels que la suite
((S.n.f)(x) ) converge est mai gre, donc d' intérieur vide.
400 CHAPITR E 2 INTÉGRATION

Exercice 2.45.3 Théorème de Fcjér Soit f E q", on définit les sommes de Fejér p ar
l n-1
(an } )(x) = - L (Sp f) (x)où nestun entier ~ 1.
n p=O

1. Montrer que

(aTi f) (x) = fo 2
" f (x + t )Fn(t) dt
où la foncti on Fn. appelée noyau d e Fejér, désigne le polynôme trigonométriq ue

Fn(t) = _l_ [ sin ~ ] 2.


2rm sin ~

2. Vérifier que J~" Fn (t ) dl = 1.


3. 0 11 note E l'un des espaces de Banach e2" ou L ~,. . l S p < oo. Montrer que l'application
f an f est une appli cati on linéaire continue de E dans E de norme :S l. En déduire que, pour tout
H

f E E, las uite (anf) converge vers f dans l 'espace E [on pourra utili ser le coroll ai re3 . 12.6 de [27]].
Exercice 2.45.4 Soit f E .q.,,. et soit x E IR, on suppose que les limites à gauche et à droite f (x±O)
ex istent.
1. Montrer que la suite ((an f) (x)) défi nie à l' exercice2.45 .3 converge vers
(1/2)(f(x + O) + j (x - 0))
[on pourra écrire

(unf)(x) - f( x + O); f (x - O) =Io"[f (x + l) + f (x - t) - (!(x + 0) + f (x - ü)) JPn(l) dl


e1 g ... = It ... + g ... J.
2. En déduire que, si la suite ((Snfl(x)) admet une limite, cette limite ne p eut être que
(l / 2)(f (x + 0) + f (x - 0)) [on observera que la suite (an f ) s'obtient à partir de la suite (Sn/) par
la méthode de sommation de Ce~àro [27, exercice 3.19.3]] .

Proposition 2.45.1 Principe de localisation Soient f E L~ 11., x E R et l E C,


alors la suite ( (Snf)(x)) converge vers l si, et seulement si, il existe <5 E JO, 7r /2]
tel que
+ l )t
(2.45.4) lim
n-+oo i 0
ô

Preuve D 'après (2.45 . 1) el (2.45.2), on a


.
[l (x+2t) + f( x - 2t) - 2l]
sin (2n
Sll1
.
t
dt = 0

= ~ ("'/ [f(x + 2t) + j(x - sin( 2 ~1 + l)t dt


2
(Snfl(x) - l 2t) - 2l]
7r Jo Slll t
et la fonction t H [f (x + 2t) + f (x - 2t) - 21] /sin tétant intégrable sur [ô, 7r /2],
le le mme de Ri eman n-Lebesgue prou ve que

lirn -
1 i·rr/ 2
[f.(x + 2t) + f( x - 2t) - 21]
s in( 2n + l )t
. dt = 0 ,
n-+oo 7r 8 S in t
ce qui permet de co nc lure. Q.E.D.
Ceci montre que l 'éventue lle convergence de la suite ((Snf)(x)) ne dépend
que des valeurs de f a u vois inage du point x ; ce résulta t est assez surprenant car
la définiti on des coe ffi cients de Fourier de f fait intervenir les valeurs de f sur
toute une péri ode.
2.45 CONVERGENCE SIMPLE OU UNIFORME 401

Corollaire 2.45.2 Soit f E .q 7r, alors l = limn_, 00 (Snf)(x) dès que la/onction
t >--+ (f( x + 2t) + f( x - 2t) - 2l) / test intégrable au voisinage de O.
Preuve On a en effe t
f( x - 2t) - 2l] sin (
2
[J(x + 2t) + ~ + l )t
smt
= [f (x + 2t) + f( x - 2t) - 21]
_t_ sin( 2n + l)t
t s in t
et la fonct ion t >--+ t/ sin test contin ue bornée sur [O, ô] . La condition (2.45.4) est
do nc vérifiée d'après le lemme de Riemann-Lebesgue. Q.E.D.
C eci montre par exemple que la suite ((S n fl(x)) converge vers f( x ) si f est
dérivable à droite et à gauche au point x e t, plus gé néralement, s' il ex iste une
cons tante c?: 0 telle que
lf( x + t) - f (x)I ::; c IW' pour ltl ::; 6 où 0 < a ::; 1.
E n ce qui concerne les fonction s à variation bornée, on a le théorèm e sui va nt.
Théorème 2.45.3 Dirichlet-Jordan Soit f E .G~71' une fonction à variation bor-
née au voisinage d 'un point x , c'est- à-dire sur un inte rvalle de la forme
[x - 26, x + 26] où 0 < 6 ::; rr / 2, alors
lim (Snj)( x ) = f (x + 0) + f (x - 0).
n -+oo 2
Nous utiliserons le lemme suivant.
Lemme 2.45.4 Soit <p [ü, 6] --+ <C une fonction à variation bornée telle que
<p ( + 0) = 0, alors
8

1
sin Çt
lim <p (t) - - dt = O.
Ç-+oo a t
Preuve On peut supposer <p à va leurs rée ll es el croissante. Soit E. > 0, il ex iste
17 E JO, 6] tel que 0 ::; <p (t) ::; E. pour 0 < t ::; T/ et

1
0
8
'P () sin-
t - Çtdt -
t
-11'/ 0
'P ()sin
t -- Çtdt +
t
1'
1)
0
<p ()
t -sinÇtd
- t.
t
La dernière intégrale te nd vers 0 lorsque Ç tend vers l' infini d'après le le mme de
Rie mann-Lebesgue. D'après la seconde formule de la moyenne (2.24.9), il ex iste
0 ::; f/ 1 ::; 7] tel que
··r7 sin Çt sin Çt 1·ri-
j0
ip(t)-- dt = <p(fl
t
- 0)
ry' t
dt ,
d ' où
111'/ <p(t)si~ Çt dtl ::; d \1[
où M = s up A ,B 1 J:
sin t / t dt l, ce qui permet de conclure. Q.E.D.
Preuve du théorème 2.45.3 D'après le principe de locali sation, il s'ag it de
vérifier que

j · [f(x + 2t) + f (x- 2t) - (f(x + O) + f( x - O))] + 1 )t


0
sin(2n
lim . dt = O.
n -+oo 0 smt
402 CHAPITRE 2 INTÉG RATION

La fo nction t t-t f( x + 2t) + f( x - 2t) - (f (x + 0) + f( x - 0)) est à variation


bornée s ur [ü , ô] et il e n est de mê me de la foncti o n t t-t t/ sin t qui est e n fa it e =.
li suffit d ' appliquer le le mme. Q.E.D.
Sous des hypothèses appropriées, o n peut établir des résultats de convergence
uniforme, ma is ceci es t assez: dé li cat car il faut vé rifi er que to utes les m ajorations
sont uni fo rmes. Voici un résultat de ce type.
Théorème 2.45.5 Soient A une partie fermée de IR invariante par la translation
tt-t t + 2?T et f E .q.,,. une fonction continue en tout point de A ; on suppose qu 'il
existe T/ > 0 tel que f soit à variation bornée sur l'intervalle [a - TJ, a + '7] quel
que soit a E A: on dit alors que f est localement à variation bornée au voisinage
de A. Sous ces hypothèses, la suite (Snf) converge uniformément vers f sur A.
N o us utili serons les lemmes suivants.
Lemme 2.45.6 La su ite (J:
<p(t) sin( 2n + l )t dt) converge uniformém ent vers 0
lorsque <p décrit une partie compacte de l'espace L 1 ([a, b]).
Preuve Posons T 11 <p =1 : ip(t)
s in(2n + I )tdt ; o n dé finit ai nsi des formes li-
néaires conti nues sur vu que ITnc.p l :S: llcpll 1 et la suite (Tn) est équico n-
LL([a, b])
Linu e. Celle suite conve rgeant simple me nt vers 0 d 'après le lemme de Ri e ma nn -
Le besgue, e lle converge uniformé me nt sur to ute pa rtie compacte de L 1 ([a, b])
d 'après la remarque3. 12. I d e [27]. Q.E.D .
Considérons les fo nctions n- périodiques
't'x (t) = f(x + 2t) + f( :i: - 2t) - 2f(x);
le urs restrictio ns à un intervalle com pact [a , b] appartie nn e nt à l'espace L 1 ( [a , b]).

Lemme 2.45.7 L'ensemble des fonctions <px l[a,b] lorsque x décrit A est une partie
compacte de L 1 ([a, b]).
Preuve É tant donné que <px = 'Px+21f , o n peut supposer que x appartie nt a u com-
pact A n [O, 2?T]. On e n déduit qu ' il suffit de vérifie r la continuité de l' app licatio n
t-t 'Px l[a,b] de IR da11s L ( [n, b]). On peut écrire
1
x

ll'Px+h - <pxl!L ' ([a,b]) :S: 1b lf (x + h + 2t) - f( x + 2t)1 dt

+ 1b If(:.+ h - 2t) - f(x - 2t)I dt+ 2(b - a)lf(x + h) - f(x)I.


Le de rni er terme tend vers 0 lorsque h te nd vers 0 d ' après la continuité de f a u
point x. Par ai li eurs, s upposons 1hl :S: 1 et notons g la fo nc tio n égale à f sur
[x + 2a - 1, x + 2b + l] et nul le e n dehors de cet interva lle, alors

la
lb lf( x + h + 2t) - f(.r + 2t)I dt :::;: rlg(x +
~
h + 2t) - g(x + 2t)1 dt
et cette intégrale te nd vers 0 d'après le théorè me 2.32.7. On tra ite de même l' inté-
grale 1: lf(x +h - 2l) - f (x - 2t)I dt . Q.E.D.
2.45 CONVERGENCE SIMPLE OU UNI FOR ME 403

Lemme 2.45.8 Lorsque 5 > 0 tend vers 0, fa variation totale de la fonction cpx
sur l 'intervalle [ü, 15] converge uniformément vers 0 lorsque x décrit A.
Preuve On peut supposer que x appartient au compact A n [O, 2n]. On remarque
ens uite que v 'P x (0 , 5) ::;; V1 (x - 215, X+ 215) . Rai sonnons alors par l' abs urde, c'est-
à-dire supposons qu'il ex iste é > 0, une suite :r: n E A n [O, 2n] et une suite On > 0
convergeant vers 0 telles que V1( xn - 2ôn, Xn + 25n ) 2: é pour tout n. L'ensem bl e
An [ü, 2n] étant compact, on peut supposer que la suite (xn) converge, notons
a E A sa limite. Les suites (xn - 215n) et (xn + 25n) co nvergent vers a ; vu la
continuité de f au point a, la proposition 2.39.2 montre que V1 (x n - 25n, Xn + 25n)
converge vers 0 , ce qui est contradictoire. Q.E.D.
Preuve du théorème 2.45.5 Rappelon s que
~
('r/ 2 cpx (t) sin(2~i + l)t dt.
(Sn f)( x ) - f (x) =
7r 0 J
sm t
J. Étant donné é > 0, on montre d'abord l'ex istence d' un rée l 5 E JO, 7r / 2] te l
que
5
Jo
('
cpx(t)
sin(2n
t
+ l)t dt 1
::;; é pe>urtout x E Aettoutn.
1

La fonction cp x pour x E A est à variation bornée sur l' intervalle [ü, 77/ 2] et,
d'après la formule d' intégration par parties (2. 39.9), on a pour x E A et
0 < 5 < 77/2

Ii =1°cpx (t ) sin( 2nt + l)t dt = - 1ôgç(t)dcpx (i + 0) + cpx (O + O)gç(ô)


0 0
où Ç = 2n + 1 et
() -1t
gç t -
0 T
ÇT dT
sin -
- _;·Etsin T d
-
0
--
T
T.

Il existe une constante M tel que lg.; (t) 1 ::;; M pour tout Ç et tout t , d'où
IJil :=;; M(Vip,( .+O)(O , ô) + lcpx(5 + 0) 1).
D'après lacontinuité de f en tout point du compact An [O, 27r], <px (5 + 0) converge
uniformément vers O. Quant à la variation to tale de la fonction cpx (• + 0), si
0 = t 1 < . .. < t n+ I = 5 est une subdivision de l' intervalle [O,ô], on a
n n
~ lcpx(ti+l + 0) - cpx(i; + O)I = lim ~ lcpx(t;+1 + T) - cpx (t .i + T) I,
L.__., T-> Ü,T > Ü ~
i= l i= l
d'où Vip , (o+O) (0, ô) ::;; V'P x (0, 5+ 0) et le lemme 2.45.8 montre que V'Px(•+O ) (0 , 5)
converge uniformément vers 0, ce qui prouve le résultat annoncé.
2. Étudions ensuite l' intégrale
·6 1 1
I2 =
o 1
cpx (t)g(t) sin(2n + l)t dt où g(t) = -.- - -;
sm t t
la fonction g appartenant à) 'espace L 00 ([O, 5] ), ['application r.p H cpg de L 1 ( [O, 5])
dans lui -même est linéaire continue ; vu le lemme 2.45.7, l'ensemble des fonctions
404 CH APITRE 2 INTÉGRATION

(1Px9) xEA est une parti e co mpac te de L 1 ([0, ô]) et, d'aprè s le lemme 2.45 .6, il
ex iste un entier p te l que llz 1::; E. pour to ut n ::'.'. pet tout x E A .
3 . La fon ctio n 1 /sin t ap partena nt à l' espace L 00 ([5, 7r /2]), le même raisonne-
ment montre que l' intégrale
2
sin(2n + l )t d 7r/ (· )
. i '-P:c t
/ 8 sm t
converge uniformément ver s 0 lorsque x décrit A et ceci prouve le théorème.
Q.E.D.
Corollaire 2.45.9 Soit f E e 27r n Vb ,27r • alors la suite (Sn f ) converge uniformé-
ment vers f .
Exercice 2.45.S Théorème de Di ni-Lipschitz
1. Soit f E e271-, on définit le 111odule de continuité de f par

w(5 ) = su p lf (s) - f (t)I, ô > O.


ls- tl '.5/J

Cet exercice se propose de démonuer que la suit e (Sn f) converge uni formément vers f si w( ô) log ô
tend vers 0 avec 6. O n pourra raiso nner de l a façon sui vante.
a. On pose 'Px (t ) = J( x 2t) + +
J (x - 2t) - 2f (x ), 1/Jx (l) = 'Px (l) /s int et
Ôn = n/ (2n + 1), montrer que

I =( 2rr) [(S,, j )(x) - J(x) ] =; {"'/21/Jx(t)sin (2n+ l )tdt - 1 -rr /2-/J.,.


1/Jx(t+ôn)sin (2n+l) tdt
0 -c51t

et en déduire que I = L;t=I Ji où

li =
-rr/2-5,, [
'lf;x(t)-'lf;x(t + ô,.) s in(2n+ l )t dt , /z =
l
1 -rr /2
. 1/Jx( l)sin(2n+ l )tdl ,
1 ô,, -rr/2-IJ,.

[3 =
lo
5
/' " 1/Jx( t ) sin (2'T! + l )tdt , ] 4 = -1°:· - Il,.
1/Jx( t + Ôn) sin (2n + l )t dt.
b. Montrer que

1 1 Ôn
0 :::; -.- - . . :::; c 2 pour 0 < t :::; 7r /2 - Ôn
sml s 111 ( t + ôn) t

et en déduire une maj oration de la forme

lfil :::; CÔn fr/2 l'P:;t) I dl+ C1 -rr/2 l'Px(l) - ~x(l + Ôn)I dt .
/),. ô,,

c. M ontre r que 0 :::; sin (2n + 1 )t/ sin t :::; en pour 0 < t :::; Ôn et en déduire que

Traiter de même l' intégrale 14.


d. Étant donné c > 0, on ch<Ji sil 8 > 0 tel que l'Px( t) I :::; c pour ltl :::; 8 et tout x, pui s utili ser
les maj ora tions qui précèdent l orsque Ôn :::; ô pour conclure.
2. En pa11icul ier, si J appart ient à l 'espace e~: . 0 < Œ::::: 1, défi ni à l'exercice 2.44.2, la suite
(S,,l) converge uni formément vers f .
2-45 CONVERGENCE SIMPLE OU UNIFORME 405

Exercice 2.45.6 Exemple de Kolmogorov Cet exerci ce se propose de construire une fo ncti on
f E L~n do nt la série de Fourier di verge presque partout ( Kolmogorov, 1923).
Étant donné un entier n 2 1, o n pose
47rj
a j = - - - pour 0:::: J. :::: n
2n + 1
el on considère des entiers (mj) 1 :s;J :s; n vérifi ant

n4 ::; m1 , 2mj ::; 'ITTj+1 pour 1 ::; j ::; n - 1,


{ 2rrtj + 1 est un multiple entier de 2n + 1pour1 ::; j ::; n .
On d éfinit des pol ynômes tri gonométriques Pn par
1 n
P,,(l) = - L Fm ) x - a j)
n j=I
où F,, dés igne le noyau de Fej ér (exercice 2.45.3).
1. Montrer que, pour lout m 2 0, n 2 1,

Fn si m 2n- l,
Sm(Fn) = m n - m
{ -Fm+--Dn si m :::: n - 1,
n n
où Dn désigne le noyau de Dirichlet.
2. En déduire que Sm j (Pn) = T1 + T2 où

1 " 1n · - m 1·
T2(x) = - L '
DmJ(x - a ; ).
n i = J+l m;
3. Pour maj orer le terme T1, on procèdera comme suit.
a. Montrer que, pour tout e ntie r m 2 1,
co
si O :::: l :::: 7r,
Fm(t) ::; mt2 Co
{ si 7r :::: t :::: 21f ,
m(27r - t) 2

OÙ CO = 7r/ 2 .
b. Montre r que, pour tout x E [O, 27r] e t tout 1 ::; j :::: n,
1
lx - aj 1:::: 21f - 2.
n
c. On pose
n
I j = ]aj - l/n 2 , aj + l /n 2 [ c ]0,21f[, 1 :::: j :=; n, et Ln = LJ JJ.
j =l
Momrer que µ (L n) ::; 2/n, µdésignant la mes ure de Lebesgue.
d. Soient 0 ::; x ::; 21f, 1 ::; j ::; m, m 2 n 4 , montrer que

lx - ail 2 l /n 2 ==> Frn(x - aj )::; c-0.


e. En déduire que
406 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Ce qui précède prou ve que

IS,,,;(P,,)(x)I ?: IT2(x)I - co pour x E [ü, 27r] - L,, .


Pour minore r IT2 ( x )1, o n pose pour l :S j :S n et c >0

Mn ,j(E) = { xE [aj - L,aj]i ls in


2
m
1
2
1
+ xl :Sc }, Mn( c) = Û Mn,j( E).
j= I

4. Montrer q ueµ( M 11 (c )) :S c1 c où c 1 = 27r [o n pourra introd uire les e nti ers


,
rn · = 2m 1 +1 EN

J 211 + 1

et o bserver q ue U j - 1 :S x :S a 1 signifie27r(j - l )mj :S


2
rn;+i
x :S 27rjmj ].
5. O n pose N,, = [a 111 _ v'ïîl , 27r], mon trer que lirn n--+oo µ (N,,) = O.
6. On considère alo rs un point x te l que 0 :S x :S aln -v"iïJ• il ex iste donc l :S j ::S n - fo, te l
que Uj - l ::s :s
X Uj.
a. Mo ntrer qu ' il ex iste une constante c ?: 0, ne dé pendant ni de x, ni den, tell e que

2m
l1!2(x)I ?: c s in - -1-+-lx 1 x In n
1 2
[on o bse rvera d 'abord que
m ; - m 1· l 2m · +l
---~ ?: - et que - -1- - a.; E 27rN].
rn; 2 2

b. On pose M,, = Aln(( In n) - 112 ). Mo ntrer qu ' il ex iste une constante c ?: 0 tell e que

IT2(x) I ?: c( In n) 112 po ur x E [O, 27r] - M,, U Nn .

7. Dédu ire de ce qui précèd e qu ' il ex iste une constante c ?: 0 et, pour x E Bn où
Bn = [O, 27r]- L n U M n U Nn. un entier l = l (n , x) te l que

IS1(P,,)(x)I ?: c( ln n) 1 l 2
.

Écri vons Pn sous la fo rme


p .,.
P,,( x ) = L C1i,pe ·ipx
p = - 1.Ju

e t, s i A,, = (ln n) 112 , soi! (nk) uœ s uite stri cteme nt croissante de N* te ll e que
OO

L A ;;-~/2 <OO.
k =O

Choisissons enfin une suite (qk) de N telle que

Pn 11 :S qo et qk + Pn" < l/k ~ J - P'"' +' pour k EN.


8. Montrer que la série
OO

f( x) = L e ·iq<-c P,,"(x)A .;:;-,,1 /2


k=O
converge absolument dan s l'espace L~ .,.. c l que sa série de Fo urier diverge s i x E lirnsupk --+oo B,,",
donc presq ue partout [on notera d' abord que la séri e de Fourier de f est essentiellement la série dont
e lle est la somme et que si cette série de Fourier converge po ur un x E lirn s u pk --+oo B,,k , alors ses
somme s partielles sont bornées et o btenir une contradiction grâce à 7.].
J - Transformation de Fourier

2.46 Transformée de Fourier des fonctions intégrables


On considère de ux espaces JRn ; les coordonnées d'un point x (resp. O de JRn
sero nt notées X j (resp. Çj),
1 ::::; j ::::; n ; on m et ces deux espaces e n dualité a u
moyen de la forme bilinéaire
n
< x,Ç >= :L:::Xjçj·
j = l

Étant donné une fonction intégrable f : Rn -+ C , on définit la transformée de


Fourier de f par la formule

(2.46. 1) ('.Jj)(Ç) = f(Ç) = (27r) - n/ 2 }~ .. e-i<x,Ç> j(x)dx.


Cette fonction est bie n défi nie vu que le-i<x,Ç> f( x)I = lf(x) I E L 1 (JRn).
D e mê me, s i g : ]Rn -t <C est une fonction intégrabl e, on dé finit la transformée
de Fourier inverse de g par la fo rmule

(2.46.2) ('.f- 1 g)(x ) = (27T) - n/ 2 l. ei<x,f,> g(Ç) dÇ .

L a tra nsformée de Fourier d'une fonction intégrabl e n'est pas en général inté-
grable. Par exemple , po ur n = 1 si f = 11[- a ,a) • a > 0, o n a po ur Ç f= 0

f(Ç) = (27r) - 1/ 2 ; ·a e-ixÇ dx = (27rr 1;2 e-m~ la = f!.. sinaÇ


- a - 'tÇ - a Ç V;
et cette formule vaut encore po ur Ç = 0 e n pro longeant la fonctio n Ç f-+ sin aÇ / Ç
par continuité e n 0 , c'est-à-dire en posant sinaÇ/ Ç = a pour Ç = 0, car
f(O) = (27r) - 1! 2 f~a dx = ~a. On obtie nt ai nsi une fonction f dont la
tran sformée de Fourier j n'est pas intégrable. Dans le cadre où nous nous sommes
placés, la transformation '.f- 1 ne peut do nc être la transform ation réc iproque de la
transformation '.f ; la te rminologie adoptée est cependant justifiée com me no us le
verrons ulté rie ureme nt.
N ous no us conte nte rons de décrire les propriétés de la transformati o n de Fou-
rier, celles de la tran sformat io n de Fourier inverse s'en dédui sent immédiate me nt
vu les formu les
(2.46.3)
408 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

si J désigne la foncti on x >----+ J (-x).


On notera que la transformée de Fourier d' une fonction défini e presque par-
tout intégrable est bien définie . Remarquons également que deux fonction s inté-
grables égales presque partout admettent la même tran sformée de Fourier ; on peut
donc définir la tran sformée de Fourier d' une classe de fonction s [!] E L L (Rn) par
[f] = J
où f E [f] est un re présentant de la classe [il
Notons Cb(JR.n) l'espace des fonctions continues bornées f : Rn --+ <C ; muni
de la norme llf lloo = sup xE R" lf(x)I, cet espace est un espace de Banach.
Théorème 2.46.1 Soit f E t:., L (Rn), alors J est une fonction continue bornée et
(2.46.4) sup l}(Ç) I :S (27r) - n12 llflli·
ÇElR"

Autrement dit, L'application '.J' : L 1 (Rn) -+ eb(Rn) est Linéaire et continue de


norme ::; (27r) - n/ 2 . De plus, f(Ç) tend vers 0 quand Ç tend vers l'infini.
Preuve La fonction Ç >--+ e -i<x,t;> f( x ) étant continue, la continuité d e rés ulte J
du théorème de la converge11ce dominée vu que le- i <x,Ç > f( x )I = lf(x)I . On en
déduit évidemment l'inégalité (2.46.4).
J
Montrons ensuite que tend vers 0 à l' infini ; il s'agit d 'étendre le lemme de
Ri emann-Lebesg ue en dimen sion n . Utili sons la continuité en moyenne d'ordre 1
de l' intégrale: soi t E. > 0, il ex ist.c 8 > 0 tel que
llf (x+ h) - f (x) ll1 :S:E. dès qucllh ll = max lh1I :::; 8.
l 'S J 'S n
Supposons alors llÇll 2 ?rô - ; il ex istej E [1,n] te l que IÇ1I ?: 7rc5 - 1 . Posons
1

h1 = 7r / ç1, h1.; = 0 pour k -=J. j et, dans l' intégrale (2.46. 1), e ffectuons le change-
ment de variables x 1 = y 1 + hj ; on a < h, Ç >= 7r, d ' où e -·i<h,t;> = - 1 et par
conséquent
(2.46.5) Î(O = - (2 7r) - n/2 l. e-i<y,Ç> f(y + h) dy ,
d'où
(2.46.6) 2 }(Ç) = (27r) - n/ 2 L,, e-i<x,t;> (f( x ) - f(x + h)) dx,
et
(2.46.7) 2 l}(Ç)I :S: (27r) -nf 2 l. lf(x + h) - f(x)I dx.

Étant donné que llh ll :::; 5, on e n déduit que 2 IÎ(Ç) I :::; (27r) - n/ 2 E., ce qui prouve
le résultat voulu . Q.E.D.
Rappelons que (T1if)(x ) = f( x + h) , h E Rn. On a alors la
Proposition 2.46.2 /.Soie/li J E .l 1 (:11~n) eth E Rn, alors
(2.46.8) T1if(Ç) = ei< h,t;> f (Ç) et '.J' (e-i< • ,h> f)(Ç) = (r1iÎ )(Ç).
2. Soient J ,g E .l 1 (1Rn), alors
(2.46.9) J;g(f.) = (27r)n/ 2 Î(f.) X g(Ç).
2.46 FONCTION S INTÉGRABLES 409

Preuve 1. Vé rifions par exemple la premi ère formule. On a, e n e ffectuant le c han-


ge me nt de variable y = x + h ,

;](E,) = (2n) - n/ 2 1. e- ·i<x,E, >f( x + h) dx


(2n) - n/2 k,, e-i<y- h,Ç> f(y )dy = ei< h,E,> f (E,).

2. Rappelons que la fonction f * g est définie presque partout et que cette


fo nctio n est intégrable. On a

h (E,) = (2n) -n/ 2 / e-i<x,E,> ( / f (x - y)g (y)dy ) dx;


j lR" j lR,.
o n p e ut utili ser le théorème de Fubini car

l "xiR"lf( x - y)g(y) idx dy = llfll1 llgll1 < oo .


On obtient alors
h(E,) = (2n) - n/2 l,, e-i< y,E,>g(y) (L. e- i<x- y,f» f (x - y) dx ) dy ,
d'où
h (E,) = 1. e-i< y,f. >g(y)f(E,) dy = (2 rrr / 2 ./(E,) X .§([,),
ce qui prouve le rés ultat voulu. Q.E.D.
Examinons e nsuite comment se dé rive une transform ée de Fourier et comme nt
se calcule la transfo rmée de Fourier de la dérivée d ' une fonction.
Proposition 2.46.3 Soit f : ffi. -+ <C une fon ction de classe e1, intégrable ainsi
que sa dérivée première D f , alors
(2.46.10) Df(E,) = iE, }(E,).
Preuve La fonction f éta nt intégrable , on a

f (E,) = (2n) - 1 l 2 /
JIR
e-ixE, f(x) dx = (2n)- 1 l 2 lim
A~~ -A
;·A
e- ixE. f (x ) dx .

Pour E, =/= 0, o n a par intégration par pa rties

f(E,) = (2n) - l / 2 lim { e- ix f.. f( :r ) IA


A ~oo - zE, - A
- jA-'té,
- A
e- i.xE, Df(x) dx } .

Montron s que f( x ) te nd vers 0 à l' infini . On a f( x ) = f(O) + fô"" Df(t) dt et


la foncti on D f étant intégrable, f(x) admet une limite qua nd x te nd vers +CXJ ou
- CXl ; cette limite ne pe ut ê tre que nulle, la fonction .f é tant intégrable. Tl e n rés ulte
que
J\ E,) = (2n) - 1l 2 / e~ixE, Df(x )dx = }:__Df(E,) .
JIR iÇ 't{,
Ceci prouve (2.46. J0) pour E, =/= 0, do nc pour tout E, d ' après la continuité de jet
de Df. Q.E.D.
Pour des fonction s den variables, on e n déduit la
410 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Proposition 2.46.4 Soit f: IR"--+ c une fonction de classe ek, 1 :::; k :::; OO, telle
que toutes les dérivées partiel/es D°' f d 'ordre [a[ :::; k soient intégrables, alors
pour tout ex E N", [a:[ :::; k,
n
(2.46.1 1) Dc:J(o = (iÇ)°' ho où (iÇ)°' =II (if.J>°'j,
j= L

d 'où
(2.46.12)
Preuve On raisonne par réc urrence sur l' ordre total [a[ de dérivation . Pour a = 0,
la formule (2.46. 1 1) est év idente. Soit a E Nn , a i= 0, on peut écrire l'opérateur
D°' sous la forme D 0 = Di D f3 où 1.81 = [a[ - 1. Notons x' = (x 1 , . . . , Xj, ... , Xn)
les variab les autres que Xj (le chapeau ' supprime le terme qu ' il coiffe) e l de mê me
posons Ç' = (6, . .. , ~j, ... ,f.n) · D'après le théorème de Fubini , on a

Dof(Ç) = (27rtn/ 2 / e-i<,c',(> ( { e -ixJf.J DjD/3 f( x) dx 1 ) dx';


}[Rn- L }IR
les fonctions x 1 r-+ Df3 f( x) e l x 1 t---7 DJDf3 f (x) étant intégrables pour presque
Lout x', la proposition 2.46.3 montre que

Dof(E,) = (27rt"/ 2 ( e-i<x'.(> (if.J { e-ixJEJ D/3 f(x) dx1 ) dx' ,


}IR"- ' lw.
c'est-à-d ire Da]:(ç) = ·iE,1 iJr3J(f.)
o ù iJrif(Ç) = ('iç) f3 f(Ç) d'après l' hypothèse
de récurre nce e t cec i permet de conclure. Q.E.D.

Corollaire 2.46.5 Les hypothèses étant celles de la proposition 2.46.4, pour tout
polynôme P E qç] de deg ré :::; k, la fon ction P(f,)Î(f.) est bornée.

Des hypothèses de rég ula rité sur f, c'est-à-dire de différentiabilité de f et d ' in-
J
tégrabilité de ses déri vées, indui sent un comportement de à l' infini . Inversement,
on a la
Proposition 2.46.6 Soit f : IRn C une fonction telle que les fonctions
x r-+ x°' f( x) soient intégrables pour tout a E Nn, [a[ :::; k où k E N. Alors,
j est de classe e" et
(2.46.13) D 0 ](E,) ='.f[(-ix)°'J(x)](E,) pour [a[:::; k,
d 'o ù
(2.46.14)
Preuve O n peut app liquer le coro llaire 2. 14.5. Q.E.D.

Exem ple 2.46.1 Si f : JRn --+ C esl une fonction intégrable, nulle e n dehors
e
d'un compac t, sa transformée de Fourier est donc de classe 00 • En partic ulier, la
transformée de Fo urier d ' une fonction j E eo(lR") continue à support compact
est de classe e=.
2.46 FONCTIONS INTÉGRABLES 411

L es propositions 2.46.4 et 2.46.6 condui se11 t à introdui re l' espace de Schwartz


des fo ncti ons à décroissance rapide. On note S =
S(!Rn ; <C) )'espace de toutes les
fonctio ns f : R n ---+ C de classe e=
telles que, pour tou t a, f3 E Nn,
(2.46. 15) ll f lla,/3 =s up lx°' D fi j( x)I < oo .
xEIR"
Il est clair que S est un sous-espace vectori e l de l' espace e= (Jr ) et que ce
sous-espace est stable par déri vati on. On m unit l'espace S de la fain ill e dénom-
brable de semi-normes ( ll · ll a,,13 ) et de la to pologie d'e.l.c . qui lui est assoc iée;
cette topolog ie est séparée, donc métri sable , car elle est plus fine que la topolog ie
de la conve rgence unifo rme.
Lemme 2.46.7 L'injection canonique de S dans C00 (Rn ) est linéai re continue.
Preuve Pour tout compac t K C Rn et tout e nli er k, on a en effet
11/ ll K,k = sup ID °' f( x )I :'S sup llfl lo,,13 · Q.E.D.
xE K l/31< 1.:
l<> l'.:: k -
Proposition 2.46.8 L'espace S est un espace de Fréchet.
Preuve Soit(!,,,) une sui te de Cauchy de l'espace S. D'après le lemme précédent
cette s uite est de Cauchy dans l'espace de Fréc het C00 (R n) (proposition 1. 8 .1),
e
elle converge donc pour la topologie 00 vers une fonction J E 00 . Soit E > 0 e
et soit a, (3 E Nn , il ex is te un entier n tel que, pour tout p , q 2: n et tout x E lR n,
lx°' D fi (JP - fq)( x)I :'S E . Il en résul te que lx°' Df3 (f - fq)( x) I ~ E pour tout
q ~ net tout x, ce qui pro uve que J - fq, donc f, appartie nt à S et que la s uite
U n ) converge vers J pour la topologie de l'espace S. Q.E.D.
E n ce qui concerne les espaces de Lebesg ue, on a le
Lemme 2.46.9 Pour tout 1 ::; p ::; oo, on a l 'inclusion S C LP(JRn) et l'injection
can onique est linéaire continue.
Preuve Lorsque p = oo, il suffit de remarquer que llf llcxo = llf llo,o- Lorsq ue p est
fini, on pe ut écrire pour to ut entier N 2: 0
ll fllr :S s up 1(1 + lx l2 ) Nf( x) I x 11(1 + lx l2 ) -N llr
xEllt'"

où lxl = CI:;7=1 x]) 112 dés igne la no rm e e uclidien ne de x ; la fo nc tion


x t----1 (1 + lx l2 ) N f(x) est bornée car le produit d ' un po lynôme et d'une fonction à
décroissance rapide est borné d'après (2.46. 15) ; d'autre part, Il (1 + lxl 2 )- N llr est
fini dès que N est suffisamment grand (N > n / 2p). On en déduit que
Il/ ll r :S: c s upl a l'.::2N ll f lln,o et cec i prouve le r ésultat vo ulu. Q.E.D.
Toute fonction C00 à support com pact étant à décroissance rapide, on a donc
en résumé
(2.46. 16)

No tons enfin le lemme s uivant.


Lemme 2.46.10 So ient P E C[x] un polynôme et f E S, alors PJ E S.
412 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Preuve D 'après la formule <le Leibni z, on a

D fi (P J) = L ( f3 )D{:J--y p X D 'Y f ;
-y<Ç,{:J Î

il en résulte que xet D f3 (P !) (x) est une combinaison linéaire de termes d e la forme
xliD-Yf(x) et tous ces te rmes sont bornés d' après (2.46. 15), ce qui permet de
conclure. Q .E.D.
Établi ssons que l' espace S est stable vis-à-v is d e la trans formation d e Fourier.

Proposition 2.46.11 La tra11sformation de Fourier induit une application linéaire


continue de S dans S.
Preuve JI est clair que la transformation de Fourier est bien dé finie sur S vu l' in-
clusion S C L 1 (1Rn). Soit f E S, pour tout f3 E Nn la foncti on x H xfi f(x)
appartient à l' espace S, donc est intégrabl e ; la propos ition 2.46.6 mo ntre que j
est ecxi et que D f3 j(Ç) JC(( - ix)fi f( x ))(Ç) ; en o utre, la fo nctio n
x 1-1 (- i x )f3 f( x ) apparte nant à S, to utes ses dérivées sont intégrables; d ' après
f
la propos ition 2.46.4, la fo nctio n (iÇ) et D f3 (Ç) est la transformée de Fo urier de la
fonction DŒ( (- ix )f3 f (x )) . On e n déduit que
(2.46. 17) JÇ" D 13 /(Ç)j :'S (27r) - n/ 2 jjDet ( (- ix )13 f( x) ) lli < OO.

Cec i prouve qu e j apparti e nt à Set, vu la continuité de l' injection cano nique de S


dans L 1 , il ex iste une cons tante c ~ 0 et des entie rs k, 1 tels que
llfllet,/3 :S c sup llD et ((- ix)13 J( x ))l l-Y,li :S c sup ll fll -y ,li
1-Yl'é: k,lôls;1 hlSk+ l/31
lô l'é, l+ let l
et cec i prouve la co ntinuité de l 'applicati on f 1-1 J de S dans lui-même. Q.E.D.
2
Exemple 2.46.2 En dimension 1, considérons d' abord la fo ncti on f c: (x ) = e-c:x
où t: est un paramètre > O. Cette fo nctio n appartient à l' espace S : en effet,
x1 Dk fc: (x ), j, k E N , est de la forme P (x)j~ (x) où Pest un po lynôme e t est donc
borné. Pour calc ul er la transformée de Fourier de f c: , on rema rque que
f~ (x )= - 2t:xfc: (x ), d 'où ( pro pos ition 2.46.4et 2.46. 15)iç}c: (Ç) = - 2 ié (/c: )' (Ç) ,
soit (}, )' (Ç)+ (Ç/2t:) f c: (Ç) = O. Il en résulte que f ,,(Ç) = c e-t.2 / 4 c: où la constante
c se détermine e n re marquant que

c= f c: (O) = (27r) - 1l 2 l e-c:x dx


2
= (27ré) - 1! 2 ~ e- t
2
dt = (2t: ) - 112
2
vu que J~ e- t dt = Ji[. Ceci prouve que
(2 .46. 18) f c: (Ç) = ~ e-t.2! 4 c: .
y 2é
Considéron s plus généra lement sur ]Rn la fonction
2
(2 .46. 19) g 0 (x) = c-c: lxl où t: > 0,
2.47 FORMULE D'INVERSION 413

lxl désignant la norme euclidi enne de x . Vu que gE(x ) = f17=l f"(x 1 ), celte
fo nc lion appartient à l'espace S et sa transformée de Fourier est donnée par la
formul e
n
gE(Ç) =II J~ ( Çj) ,
j=l
c'est-à-dire
(2.46.20)

Exercice 2.46.1 M ontrer que l'algèbre de convolution L1 (!Rn) n'admet pas d' élément unité [on
pourra raisonner par l ' absurde, c'est-à-dire supposer qu ' il ex iste une fonction e E L 1 (!Rn ) tell e que
f = f *e = e*f pourtout f E L 1 (!Rn) , puis utili ser la transformation de Fourier] .

2.47 Formule d'inversion


On se propose de démontrer le théorème suivant.
Théorème 2.47.1 Soit f E L 1 (JRn ) tel que E L 1 (JRn ), alors J f
Autrement dit, on a la formu le, dite formule d 'inversion,
(2.47.1) f(x) = (2n) - n/ 2 / ei<x,Ç> f (Ç)dÇ.
}{Rn
Preuve Il s'agit de démontrer que
(2.47.2) f( x ) = (2n) - n / ei <x,Ç > ( / e- i<y,Ç > f(y) dy) dÇ.
j lR ,. jlR"
Il est essentiel de comprendre qu 'i l n'est pas possible d'appliquer le théorème
de Fub ini, la fonction (y , Ç) H If (y) 1 n'étant pas dy 0 dÇ-intégrable. On intro-
duit dans l' intégrale (2.47 .2) un facteur de convergence qui permettra d'appliquer
le théorème de Fubini. On se donne une fonction p : !Rn -+ C intégrab le telle
que JIR p(x ) dx = 1 et telle que sa transformée de Fourier soit intégrable et que
2
p = '.f- 1 ('.fp) : par exemple, la fonction p(x) = (27r) - nf 2 e - lxl / 2 convient
(exemple 2.46.2). On pose, pour é > 0,

IE(x) = (2rr) - n/ 2 1 2
.. ('.fp)(éÇ) e'i<x- y,Ç > f(y) dy dÇ.

La fonction (y , Ç) H ('.fp)(éÇ) if(y) I étant dy © dÇ-intégrabl e, le théorème de


Fubini montre que

IE(x ) = 1. ('.fp)(éÇ) e'<x,Ç > f (Ç)dÇ;

la fonction '.f(p) étant continue bornée, en faisant tendre c vers 0 on obtient grâce
au théorème de la convergence dominée
(2.47.3) lim IE(x) = / ('.fp)(O) ei<x,Ç >f(Ç)dÇ
~::8 j iR ''
414 CHAPITRE 2 INTÉG RATION


('J'p)(O) = (2rr) - n/ 2 l. p(x) dx = (27r) - nf 2 ,
d'où
(2.47.4) lim Jê(x) = (27r) - n/ 2 r ei<x,E,> Î(EJ df, = ('J'- 1 Î)(x).
~-;8 J~ ..
O n a d 'autre part, toujours d'après le théorème de Fubini ,

IE(x ) = l. PE(x - y)f(y) dy


car
l.~'J'p) (EE,)e'i<x,E,> df, = L.<'J'p) (f,) ei<x,E,> /E df, / én = (2rr )n/ 2
(1/ é r p(x / é ).

On peut appliquer le théorè me 2.33.2: Jê converge vers f dans L 1 (1Rn) lorsque c


tend vers 0; par conséquent, il ex iste une suite (éj) de nombres > 0 qui converge
vers 0 tell e que la suite (IE1 ) converge vers f presque partout. Yu (2.47.4), on e n
déduit que f( x) = ('J'- 1Î) (x) pour presque tout x, ce qui prouve le théorème.
Q.E.D.
Corollaire 2.47.2 Soit f E L1 (IRn) tel que Î E L (IRn ), alors f est une fonction
1

continue qui tend vers 0 à l'infini.


Corollaire 2.47.3 La transformation de Fo urier 'J' : L 1(IRn) --+ eb(JRn) est une
application linéaire injective.
Corollaire 2.47.4 La transformation de Fourier est un isomorphisme topologique
de S sur S dont la bijection réciproque est la transformation de Fourier in verse
'J'- 1.
Preuve D 'après le théorème 2.47 . 1, on a f = 'J'- 1 ('J'J) pour tout f E S, vu que
j ES c L 1 (1Rn). D'après (2.46.3), on e n déduit que
J = y - l('J'J) = 'J'('J'f) = 'J'('J'- lf),
1
so it f = 'J'('J'- f), S étant stabl e par conjugaiso n. Cec i prouve que 'J' est une
bijection linéaire de S sur S do nt la bijec ti o n réciproque est 'J'- 1 ; ces bijections
sont continues d' après la proposition 2.46.11, ce qui permet de conclure . Q.E.D.
Exercice 2.47.1 Soit c0 (1R) l 'espace des fonctions continues <p: IR-+ C qui tendent vers Oà l ' in-
fini ; muni de l a norme IJ •lloo de l a lopologie de la convergence uni forme, cet espace est un espace de
Banach. Cet exercice a pour objet de démontrer que la transformation de Fo urier
'.f : L 1 (IR) -+ co(IR) n' est pas surjec ti ve .
Si n est un entier. on pose f n =
ll. 1- n,nJ e l g,, = p * f n où p : IR -+ IR est une fonction 00 à e
support compact telle que J~ p(x ) dx # O.
1. M ontrer que sup.,,_ l 9n lloo < oo.
2. Montrer que fin E L 1(IR) et que lima-->oo llfln Ili = +oo [dans l' intégrale fa l.9n(f.) I dE,,
effectuer le changement de variable E, H E,/n, puis utili ser le lemme de Fato u].
3. Déduire de ce qui précède que l 'applicati on ::r: L 1 (1R)-+ co(IR) n'est pas surjective [si cette
application étail surjecti ve, noter qu' il ex isterait une constante c > 0 telle que llfln li 1 '.'::'. c ll9n lloo
pour tout ni et que '.f(L 1 (l!lt)) est mai g,r<:: dans co( IR) .
2.48 LE THÉORÈME DE PLANCHEREL 415

Exercice 2.47 .2 Théorème de P. Lévy On définit la transfo rmée de Fourier de toute mes ure de
Radon rée lle bornée À E Mb (IRn) par

1. Montrer que l a foncti on À : IR" --t C est cont.inueet born ée .


2. M ontrer que, pour tout <p E J) (!Rn),

l. À(Ç) cp(Ç) dÇ = l. cj>(x) dA (x ).

3. En déduire que l 'applicatio n linéaire,\ --t À est injecti ve.


4 . Soit (Àj) une suite de Nh( IRn ) convergeant étroit ement vers À E Nh( IR" ). M ontrer que la
suite (Àj) est éq ui continue en utili sant l a conditi on de Prnkhorov (exercice 2.21.5) et, vu l 'exercice
2.2 1.3, en déduire que la suite (Àj) converge vers À uni fo1111ément sur tout co mpacl.
5 . Réciproquement, soit (Àj ) une suite de mes ures de Radon bornées et pos iti ves telle que la suite
(Àj) converge si mpl ement vers une foncti on ·If; : IR'" --t continue en O.
a. M ontrer que la suite (À j ) es t bornée et que 'ljJ E L 00 (Jw.") .
b. Soi t ( À]k) une so us-suite co nvergeant vaguement vers À, montrer que l a mesure À est bornée,
positi ve et que À = 'lj;p.p. En déduire que l a mesure À ne dépend pas du choix de l a sous-suite, pui s
que l a sui te (Aj) converge vaguement [ utiliser la propos iti o n 2.22. 12].
c. Si À est la limite vague de l a suite ( À j ), montrer que À(O) = '!/J (O) , en déduire que
!l>-1 1 = li rn j->oo 11>-j Il et que la suite ( À j ) converge étroi tement vers À (théorème de P. Lévy).

2.48 Le théorème de Plancherel


Nou s nous proposons de définir la transformée de Fourier d' une foncti on apparte-
nant à l'espace L 2 (JR") ; la définition (2.46. 1) ne peut être utili sée, une fo ncti on
de carré intégrable n' éta nt pas e n général intégrable. Nous raisonnerons par den-
sité. L'espace 'D (!Rn) étant dense dan s L 2 (lîn), a fortiori l espace S es t dense
dan s L 2 (1Rn). Nous allo ns d 'autre part démontrer que la transformati on de Fou-
rier '.J: S --+ S est continue lorsq u'on munit l'espace S de la topologie L 2 ; cec i
nou s permettra d ' appliquer le théorème de prolo nge ment des applicati o ns linéaires
continues.

Lemme2.48.l Soit f E S, alors 111112 = llfh


Preuve On a d'après la formule d ' in vers ion

llf Il ~ = L,. 2
IJ(x) 1 dx = (2n) - " 12 l . (L.f (x) e·i<x,Ç> f (é,) dé, ) dx .

La fonction (x, Ç) <--+ If (x) l IÎ(Ç) 1étant dx ® dÇ-intégrable, le théorème de Fubini


et la défi niti on de la tran sformation de Fourier montrent que

l fll~ = (2n) - " 12 L. (l,,


f(Ç) e- ·i<x,Ç> f( :r:) dx) dé, = ll Îll~· Q.E.D.
416 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Théorème 2.48.2 Planchel'el La transformation de Fourier '.J': S ---+ S et la trans-


format ion de Fourier inverse '.J'- 1 : S ---+ S se prolongent de manière unique en des
applications linéaires et continues de L 2 (!Rn) dans L 2 (1Rn) qui sont encore notées
'.J' et '.f- 1 Ces applications sont des isom.étries de L2 (1Rn) sur lui-mê me et '.J'- 1
est l 'app lication réciproque de '.J'. Si f E L 2 (1Rn), '.J'f E L 2 (1Rn), noté également
j, est appelé la tran~Jormée de Fourier d e f et '.f- 1 f E L 2 (1Rn) sa transformée
de Fourier inverse. Si f et g sont deux fonctions de L 2 (1Rn ), on a donc
(2.48 .1)
Preuve D'après le lem me 2.48. 1, la transformation de Fourier '.J' : S --t L 2 (!Rn)
est linéaire continue, l'espace S é ta nt muni de la topologie L 2 . L'espace S é ta nt
de nse dans L 2 et L 2 éta nt un espace de B a nach, le théorè me de prolongem e nt des
applicat ions linéa ires et continues montre que '.f se prolonge de manière unique e n
une application linéaire continue '.J': L 2 (IR")---+ L 2 (1R"). Il e n est de m ê me de la
tra nsforma ti on de Fourier inverse.
On a f = '.f- 1 ('.f f) po ur to ut f E S, donc po ur to ut f E L 2 (R") d 'après
le principe du prolo ngement des ide ntités ; de mê me f = '.J'('.J'- 1f) po ur tout
f E L 2 (1R.n). Ceci montre que '.f et '.J'- 1 sont de ux applications réciproques l' une
de l' autre.
Enfin, le le mme 2.48. 1 et le principe du prol o ngeme nt des ide ntités montre
que '.J' est une isomé trie et il e n est de mê me de '.J'- 1 . Une isométrie préservant le
produit sca lai re, on obtient la seconde form ule (2.48. 1). Q.E.D.
Si f est une fo nc tion de l'espace L 2 (1R"), et no n plus une classe de fo nc ti o ns,
sa transformée de Fourier sera par défi nitio n un représentant quelconque de la
transformée de Fourier de la classe de f ; cette tran sfo rmée de Fourier n 'est do nc
définie que mod ulo l'égalité presq ue partout.
Lorsque f E (L 1 n L 2 ) (IR'"), c'est-à-dire lorsq ue f est à la fois inLégrable et
de carré intégrable, ce qui précède conduit à deux dé finition s de la tran s formée de
Fourier de f. On a d ' une part la transformée de Fourie r de f e n tant qu e fo ncti o n
intégrable, notons la JL'· d 'a utre part la transformée de Fourier fourn ie par le
théorè me de Planchere l que no us noterons Ù2. li est év ide mme nt essentiel de
vérifier que fu = fL 2. Or, il ex is te (remarque 2.32.2) une suite UJ) de l' espace
'.D(lRn) qui converge vers f à la fois pour la topologie L 1 et la topologie L 2 •
D ' après le théorème 2.46. 1, la suite (f~) converge uniformément vers JL
1. D 'après

le théorème de Plancherel , la suite (f~) converge vers f~2 dans l'espace L 2 ; il


ex iste do nc une sous-suite qui converge presque partout vers JL2
et il e n rés ulte
J
que JL 1 = L2 presq ue partout, ce qui prouve le rés ultat voulu .
E n effec tuant une troncature, o n obtie nt la propos ition s uivante.
Proposition 2.48.3 Soit J E L 2 (1R. 11 ), alors
(2.48 .2) Jco = (2rr) - nf 2 lim r
A-? <X> J lx lSo A
e -'i<x,Ç> f( x) dx

où la convergence a lieu dans l 'espace L 2 (1R.n).


2.48 LE THÉORÈME DE PLAN CHER EL 41 7

Preuve Notons ip A la fon cti on caractéri stique de la bo ul e B(O; A) et posons


fA = f lPA· D'après le théorème de la convergence do minée dans L 2, o n a
J
f = li mA-+= f A dans L 2 , d' où = limA-+= JA dans L 2 d' après le théorè me
de Pl ancherel. Par aille urs, la fo ncti on fA es t in tégrable, la boul e B (O; A) éta nt de
mes ure fini e ; la tran sformée de Fourier de f A est donc d onnée par la formule
}A(Ç) = (2n) - n/2 1 e- i<x,Ç> f( x ) dx
lxl:SA
et cec i permet de co nc lure. Q .E .D.
On a év idemment un rés ultat analog ue pour la transform ati on de Fourier in-
verse. Il est évidemme nt essentiel de compre ndre que dans (2.48.2) la limite do it
être pri se au sen s de la topologie L 2 . Toute suite convergente dans L 2 contena nt
un e sous-suite convergente presque partout, 0 11 e n déduit qu ' il exi ste une suite (AJ)
tendant vers l' infini te lle que
}(Ç) = (2n) - n/ 2 lim / e - i <x,Ç> f (x ) dx po ur presque tout Ç.
j lxl S A J
J-+ =
Le même résultat vaut pour la tran sform atio n de Fourier inve rse ; on e n déduit le
Corollaire 2.48.4 So it f E ,.C 2 (IRn) tel que Jsoit intégrable, alors
(2 .48.3) f (x ) = (2n) - n/ 2
/ . ei<x,E,> f (é,) df, pour presque tout x
1111."
et la f onction f est égale presque parto ut à w 1e f onction continue.
En ée qui concerne la convolution, notons la
Proposition 2.48.5 So ient f E L l (Rn) et g E L 2 (IRn ), alo rs
(2.48.4) j;g(Ç) = (2 n) n/ 2 } (Ç) X g(Ç).
Preuve D 'après la propositi on 2.33. 1, la fon ctio n f *g apparti ent à l'espace L 2 (l~n) .
La fo rmule (2.48.4) est acquise lorsque g appartient à L 1 (1R" ), donc à l'espace S
qui est dense dans L 2 (1Rn ). L'applicati on linéaire g >-+ :.f(J * g) de L 2 (R" ) da ns
lui- même est continue d ' après l' inégalité de Young (2.3 3.3) et le théorème de Pla n-
che rel. De même, l' application linéaire g H / x g es t continue d ' après le théorème
J
de Plancherel et le fa it que est une fon ction continue bornée. Le principe du pro-
longement des ide ntités donne le résultat vo ulu. Q .E.D.
Exercice 2.48.1 La fo rmule (2.48.4) pe ut s' écrire f *9 = (27fr/ 2 '.J('.J- 1 f x '.J- 1 g). Montrer que,
sous celle forme, celle formule subsiste po ur f ,g E L 2 ( ~ n) et par conséquent f *g E ~f ( L 1 ( ID; n )) .
En particulier, f * g e st une fon ction continue q ui te nd vers 0 à l' infini , confor mé ment à l'exerc ice
2.32.2.
Exercice 2.48.2 1. Ca lculer la tra nsformée de Fouri er d e la foncti o n f = n. 1_1 , 11 et, e n utili sant le
théo rème de Pl anche re l, e n déduire que

l (si;Çr dÇ = 7r.

2. En utili sant la fon ction g( x ) = (1 - lxl/ 2) n.1 _2 ,21 (x), véri fie r de même que

1(- dÇ = -7f.
4
s in Ç) 2
1R Ç 3
418 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

3. En déduire la valeur de l' intégra le

Exercice 2.48.3 Soit f E L 2 (1R), pour 1o ut h E IR, h op 0, on pose

!:>.1J = Th f - f E L2(1R).
h
On supose qu'il existe une suite ( lin). hn op 0, convergeant vers 0 te lle que la suite (!:>.h,J) soit
bornée dans L 2 (1R): a utrement dit , on suppose qu ' il ex iste une constante c 2: 0 telle que

'in E N, ll~1i,Jll2 :Sc.


1. Momrer que '.J( Thj)(Ç) = eihf, ('.fj)(E,) [on pourra raisonner par densité] el e n déduire la
tran sformée de Fouri er de b.. 1i f .
2. En u1ili sant le lemme de Fatou , montre r que

3. Soit g E L 2 (JR) tel que la fon cti on E, >--+ f,g(Ç) appartienne à L 2 (1R), montrer que la fonction g
est intégrable [on pourra écrire f~= lg (Ç)I df, = f içi ::; i · .. + f jçl> l .. ., pui s utiliser l' inégalité de
Cauchy-Schwarz].
4. Déd uire de ce qui précède que f est une fonc1ion continue .
Exercice 2.48.4 En u1ilisant les fo ncti ons !ci = n /-a,a/• a 2: 0, et le théorème de Plancherel,
montre r que, pour to ut a , b 2: 0 ,

1.
R
si11(aÇ) si n (bf,)
- - -- - -
2
Ç
. ( )
df, = n mm a, b .

Exercice 2.48.5 1. Si f : IEI. --+ C esl une fonction intégrable paire, montre r que sa 1ra nsfonnée de
Fourier s'écrit

(J'f)(Ç) = /!; fo 00

cosxf,f(x) dx.

Soit a > 0, o n co nsidère la fo11c1i on f a: IR--+ IR défi nie par f a(x) = e-a lxl.
2. Calculer la 1ransformée de Fo urier de f a el e n déduire les formules

€- alxl = ~ { OO COSXE, __ a_ dÇet j 'OO dÇ 7r

n Jo E,2 + a2 o (ç2 + a2)2 4a 3


3. Soi! a > 0, on pose
a
9a(t;) = ç2+a2·

a. Soient a, b > 0, montrer que le produit de convolution (ga * 9b) (Ç) est bien défini pour !out
Ç et que 9a * 9b est une fonction co1t1inue.
b. Calcule r ce produil de comolulion et en déduire la vale ur de 1' intégrale

r df,
j R (Ç2 + a2)(ç2 + b2).
Exercice 2.48.6 Théorème de Marcinkicwicz 1. Soil (X , '.T, µ) un espace mesuré cr-fini , pourtoute
(classe de) fonc1 io n mesurable f : X --+ C on définit une fo nc1ion À f : IR+
--+ ÏR+ en posam

>-1(s) = µ({ x E X ; IJ(x)I > s}), s > O.


a. Montrer que la fo nct ion.\ J est décroissante, donc borélienne.
2.48 LE THÉORÈME DE PLANCHEREL 419

b. Montrer que
11!11 ~ = P f'" s p- l >-1( s) ds si 1::; p < OC>.
c. On pose
SUPs> o s>.1 (s) 1 1P si l :::'. p < OO,
ll J ll ; = { llf ll oo si p = OO.
Montrer que llf ll; S llJ llP·
d. Pour tout a > 0, on note f a la fonction
f (x) si l/ (x)I : :'. a,
f a(x) =
1 a J (x)
IJ (x)I
si l/ (x) I ~ a

etfa = f - f a . Si J E LP(X) et si 1 S Po < p < Pl S oo, véri fier que f a E LP 1 ( X) e t


fa E LPU(X) .
S oient (X , 'J, µ )et (X ', 'T' , µ' ) des espaces mesurés <T-fini s, E un sous-espace vectorie l de l' es-
pace :M(X ; C )/'Rµ. des cl asses de fo ncti ons µ- mes urabl es e t T : E _, :M(X' ; C )/'R 1, , une a ppli ca-
tion linéaire. On dit que T est de type (p , q) o ù 1 :S: p, q ::; oo s'il ex iste une constante c ::'.:'. 0 te lle
que
ll T f llq :::: c llJ llP pour to ut f E E
et que Test de type faible (p, q) si

llTf ll ~ S c llfl lP pour to ut f E E .


Dire que T est de type (p, q) signifie que T (E n LP (X) ) C Lq(X') et que l'appli catio n
T IE n Ll' (X ) :En L P(X) _, L q(X') est linéaire continue pour les topologie s LP et L q respec-
ti vement. On notera égale ment que , si Test de type (p , q), a lors Test de type faible (p , q).
L'objet de cet exercice est a lors de démontrer le théorème d' inte rpo lati on de Marc inkie wicz :
on suppose que ('<If )(! E E => f a E E ) et que Test de type fai ble (po , qo) et (p 1, q1 ) o ù
1 S Pi S qi S oo, qo < qi , a lors Test de type (p , q) s i
1 l l - t 1 t l - t
- = - + - -,- = -+ - - O< t < l
p Po Pl q qo QI

On po urra raisonner de la faço n sui vante selon les va leurs des Pi et q.;.
2. On suppose d' abord Q1 fini et Po < P 1 . Soit f E E tel que ll J llP = 1.
a. Pour tout a > 0, montrer que >.r1 (s) ::; ÀT J,. (s / 2) + Àrj,, ( s / 2) e t en déduire que

ÀT J(s) S c s - q1 ll f a ll g\ + cs- qo l l Îa ll i~ .
b. Vérifier que À f ,, = À f ll1 o,a J et À j,, (s) = À f (a + s ) . En déduire que
Àr J (s) S c (la tP 1 - l Àf (t) dt) qi/p i +c (1 00
(t - a)Pu - l ÀJ (t) dt ) Qo/ Pu ,

puis que

+ 100 sq - qu - t(1= (t - a) Po - 1.>. J(l)dt ) qo/ Po ds } .


c. Dans la majoration précédente , o n prend a de la forme s-Y , r > O. En utilisant l'exercice
2.30.2 et avec un choix convenable de /, montrer que les intégrales fi g urant dans cette inégalité se
majorent par llf l l ~ ( q i / Pi ) et llfll ~(qo / Pu), pui s conclui-e.
420 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

3. L orsque (/I est fini e l PI < po, rai sonner de même en permutant le rôle de f a et Îa-
4. Lorsque (/1 est fi ni et po = P1 = p , éc rire simple1flent

llT/11~ = q { 1
"' sq- >..r1 (s) ds pui s Io°" .. . fo=
1
••• + 1=...
et majorer chacune des intégrales.
S. Lorsq ue q1 = oo, on di stin guera les cas sui vants.
a. Si Po = PI = p, remarquer que >..r1( s) = 0 si s 2'. llT /Il =·
b. Lorsque Po < P1 = oo. si llT /Il= :S M1 li/li =· poser a = s/(2M1) et remarquer que
>.n. (s/2) =o.
c. Lorsque Po < P1 < oo, soit f E E tel que 11 /llP = 1, montrer qu'il existe une constante
c 2'. 0 telle que llT fa 11 ~ :S c aP• - p et, en prenant a = (s/ A )'Y où 'Y = pif (Pi - p) > 0, en
déduire q ue pour A suffi sa mment grand llT fa Il = :S s/2 et concl ure com me en b.
d. Lorsque PL < Po < oo, remarquer que llfa li Pi :S aP• - p si 11/llp = 1, pui s rai sonner
comme à la question 3.
Cec i ac hève l a preuve du théo rème de Marcinkicwicz.
6. Soi ent 1i LP• (X) -f Lq • (X') , ·i = 0 , l , des appli cations linéaires continues telles que
To = 'l'i sur (LP0 n L P• )(X ), l es hypothèses étant ce ll es du théorème de Marcinkiewicz, montrer
qu ' i l ex iste une unique appli cati on linéaire T : LP 0 (X)+ LP1 (X) - f M(X')/'.Rµ' tel le que T = T'.;
sur LP i(X) et vé ri fier que T induit une appli cation linéa ire continue de L P(X) dan s L'' (X').
7. Applications
a. So it f E L~,, , l < p < 2, montrer que la suite c(J) des coe ffi cients de Fourier de f
appa11ient à lq (Z) où q est l ' indice conjugué de pet que llc(!) llq :S !VI 11/llp pour tout f E L~,,.
h. M ontrer que l a transformat i on de Fourier '.J : S --+ S se prol onge de manière unique en une
appli cati on linéaire continue '.J: [,P( JRn ) -+ L"( IR") où 1 < p < 2, q étant l ' indice conjugué de p,
soit 1 '.f f llq :S M Il f llP pour tout f E LP (IR") (i négali1 é de Hausdorff- Young).
,
K - Equations intégrales de Fredholm

2.49 Opérateurs intégraux à noyau de carré intégrable


On considère de ux espaces mesurés CT-fin is (X, 'Jx,µ ), (Y, 'Jy , v) et l'es pace me-
suré produit (Z , 'Jz, À) où Z = X x Y, 'Jz = 'Jx © 'Jy e t À = µ © v . On se donne
une fonct ion K: Z -+ IK apparte nant à l'espace L 2 (Z) e t o n se propose d ' étudi er
l'opérate ur intégral

(2.49. 1) (TK f)( x ) = l K (x, y)f(y ) dv(y ).


La fonct ion K est appelée le noyau de l'opérale ur TJ( .
Proposition 2.49.1 1. Pour presque tout x E X , la fonction K(x , . ) appartient à
! 'espace L 2 (Y) .
2. Soit f E L 2 (Y), alors (TK f)( x ) est bien défini pour presque tout x et la
fonction définie presque partout TK f appartient à l'espace [, 2 (X).
Preuve 1. L'application K(x, . ) est mes urable pour presque to ut x (proposition
2.24. 1) et, la fonction K appartenant à l'espace L 2 (Z),
r r
l l Kll~ = dµ( x ) IK( x , y)l2 dv(y) <OO ;
Jx }y
il en résulte que la fo nction défini e presque partout x >-+ fy IK(x , y) l2 dv(y)
est inlégra ble, do nc fi nie presque partout, ce qui s ig nifie que la fonction K (x, . )
appa rlient à L 2 (Y) pour presque tout x .
2. La fonctio n TK f est donc défini e presque partout ; cette fonction est mesu-
rable d'après la proposition 2.24.3 et, pour presque to ut x ,

l(TKJ)(x)I ::; (L IK(x,y)l2 dv (y ))


112
11 1112,
d'où
(2.49.2)
Cec i prouve que TF< f appartient à l'espace L 2 (X). Q.E.D.
Il est c lair que la classe d' équivalence de TK f ne d é pend que de celle de f ;
par p assage au quotie nt, on obt ient un o pérateur lin éa ire de L 2 (Y ) dans L2 (X)
qui sera encore noté TK : L 2 (Y) ---+ L 2 (X) et cet o pérateur est co ntinu de norme
::; llKll2 d ' après (2.49.2). Nous allons vérifier que cet opérateur es t de Hilbe rt-
Schrnidt [27, paragra phe 3.35] . Nous utilisero ns le le mm e sui vant.
422 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Lemme 2.49.2 Dans l 'espace L 2 (Z), le sous-espace vectoriel L 2 (X) 0 L 2 (Y)


est partout dense.
Preuve Le sous-espace L 2 (X) 0 L 2 (Y) étant le sous-espace e ngendré par l'en-
sembl e des fo nctio ns de la forme u ® v où u E L 2 (X) et v E L 2 (Y), il s'agit de
vérifier ceci : soit j E J::, 2 (Z) tel que

(Jiu ® v) =;z· f(x , y)'u(x )v(y) d>. = 0 pour to ut u E J::,


2
(X) , v E L 2 (Y) ,

J
alors f = 0 p .p. On a en particulier A x B f d>. = 0 pour tout A E 'Jx et tout
B E 'J y de mesures finies ; ceci va ut a fortiori pour la partie réell e e t la partie
imaginaire de f qu'o n peul donc supposer à valeurs réelles . Les mesures µel v
é tant a-fi nies, le théorè me de la co nvergence monotone montre que

j AxB
l+ d>. = ; ·
AxB
f- d>. pour tout A E 'Jx , B E 'Jy.
La mesure À é ta nt a- fini e et f étant intégrabl e sur tout ensemble C E 'J' de mesure
finie, les mesures
C E 'J ri fc f± d>. E iR+
sont a-fi nies ; ces mesures coïncide nt sur 'Jx x 'Jy, do nc sur 'Jx ® T y (théorème
2.2.8). Ceci prouve qu e fc f d>. = 0 pour tout C E 'J, d'où j = 0 p.p. Q.E.D.
Corollaire 2.49.3 Soient (ei ) iEI et (/J)JE J des bases hilbertiennes de L 2 (X) et
L 2 (Y), alors (ei ® fj) (i ,j ) E l x J est une base hilbertienne de L 2 (Z).
Preuve La famille (ei 0 fJ) (i,j)E J x J est une fami lle orthonormale vu que
(e; 0 1·.1j ei' 0 f .j' ) -- ( e; 1e;' ) (Jj If'j ' ) -- uri.;' uj
s:/ -- u(
;:(i'
·i , j,j'
) ),
e t, d'après le le mme, il s'agit de vérifier que cette fami lle es t totale da ns le sous-
espace L 2 (X) 0 L 2 (Y). Soie nt u E L 2 (X), v E L 2 (Y) e t E: > 0, il ex iste u0
(resp. v 0 ) a pparte na nt à lespace vectoriel e ngendré par la fa mi 1le ( e; ) (resp. (11))
te ls que llu - 'uoll :SE e t llv - vol! ::=:: E: ; on a alors
u ® V - 'Uo ® Vo = (u - uo) 0 Vo + u 0 (V - Vo) )
d 'où !lu 0 v - uo 0 vol! ::=:: E (l!u!I + l!vl! + é) ; uo ® vo appartenant à l' espace
vectoriel engendré par la fami lle ( e.; 0 fj), ceci pe rme t de conclure. Q.E.D.
Proposition 2.49.4 So it j E L 2 (Z), l 'opérateur TK : L 2 (Y) ---+ L 2 (X) est un
opérateur de Hilbert-Schmidt, donc compact, et l!!TKl!I = llKll2-
Preuve Avec les no tati o ns du corollaire précédent, on a par définition [27, lemme
:US. Il
1(TK fj' le.;)12)1 /2
j EJ (i,j) Ef x J

j .(}f'y K(x, y)fJ(Y) dv ) e; (x) dµ


X

jz.K(x, y)ei (x )fJ(Y) d>. = (K lei 0 YJ.


2.49 OPÉRATEURS INTÉG RAU X À NOYAU DE CARRÉ INTÉG RA BLE 423

Or, ( ei Q9 f 1 ) est également une base hi lberti cnne de L 2 ( Z) ; par conséq ue nt,
11 2
llKll2 = ( L l(Klei c>9 7j)l2)
(i,j) E f x J
et cec i permet de co nclure. Q.E.D .
O n notera que l'opérateur TK ne dé pe nd que de la cl asse d 'équivale nce
du noyau J(: en effet, si J( = I<'p.p., les fo nctions y H I<(x , y)J(y) et
y >--+ I<' (x, y)j(y) sont égales pour presque to ut x (coro ll aire 2.23.7 ) el, par
conséquent, Tr<f = TK ' f p.p. O n peut do nc défi nir une application, év idemment
linéai re,
(2.49.3)
Nous allons vérifie r que cette appli cati on est surjective ; autre ment dit, les opéra-
teurs TI< so nt de Hilbert-Schmidt et, lorsque J( décri t L 2 (Z), on obtient a insi to us
les o p érate urs de Hilbert-Schmidt de L 2 (Y) dans L 2 (X).
Proposition 2.49.5 L'application (2.49.3) est une isométrie Linéaire surjective.
Preuve L'applicati on T préservant la norm e, e lle est à image fermée, car com-
plète. Il s' ag it do nc de vérifi er qu ' elle est à image dense ; à cet e ffet, vérifions
que celle image contient l'e nsemble des opérateurs de ra ng fi ni qui est dense da ns
L 2 (Y ); L2 (X)) [27 , propositi on 3.35.7]. Soit S E '.}{(L 2 (Y) ; L2 (X)) un opéra-
teur d e ra ng fini et soit (eih :Si:S n une base hilbertie nne de S (L 2 (Y)) . O n a a lors
n
S(f) = L Si (f) e; où S ;(f) = (S(f)l e;) = (JIS* ei ),
i= l
d'où
Si(f) = l (S* e;)(y)f (y) dv

l (t
et

S(J)(x) = e; (x)(S* e;) (y))f(y) dv,

ce qui prouve que S est un opérateur intégral à noyau dans L 2 (X) Q9 L 2 (Y). Q.E .D.
Pour ex pli c iter l'a lternati ve de Fred holm [27, théorème 3.33.3], il est néces-
sa ire de détermine r l'adjoint de l' opérate ur TK.
Proposition 2.49.6 Soit I< E L 2 (Z) , alors l'adj oint de l'opérateur TK est donné
par
(2.49.4) (Tt<g)(y) = j~ I<(x, y)g( x ) dµ( x ) pour g E L 2 (X).

Lorsque (X, T x , µ) = (Y, T y , v ), l'opérateur TK est hermitien si, et seu lement


si,
(2 .49.5) I<(x , y) = I<(y ,x)p.p. ;
on dit alors que le noyau J( est hermitien, symétrique lorsque lK = ~.
424 CHAPITRE 2 INTÉGRAT ION

Preuve D 'après le théorème de Fubini, on a pour f E L 2 (Y) et g E ,C 2 (X)

(Tx f ig) = j~ (fv1q x, y)f(y) dv ) g(x) dµ = i (fx


f(y) K(x , y)g(x) dµ )dv
et cec i prouve (2.49.4).
Lorsque X = Y, on e n déduit que l'opérateur Tf( est hermitien si, e t seulement
si, Tg = TL où L(x, y) = K (y ,x), c'est-à-dire K = Lp.p. d 'après l' injectivité
de l'application (2.49.3), d 'où le résultat vo ulu . Q.E.D.
De la théorie des opérateurs compacts et en particulier du théorème 3.33.3 de
[27], on en déduit les propriétés sui va ntes. On suppose (X, T x , µ) = (Y, T y , v)
et on considère l'équation >..f - T 1( f = g, so it

(2.49.6) >..j(x) - ( K(x , y)f(y) dµ = g(x) où g E L 2 (X).


Jx
Lorsque À est différent de 0, cette équation est appelée une équation intégrale de
Fredholm de de uxième espèce. Lorsque À = 0, on obtien t l'équation intégrale de
Fred ho lm de premi ère espèce qu 'on écrit hab ituellement sous la forme sui va nte

(2.49.7) 1· X
K (x, y)f(y) dµ = g( x) où g E L 2 (X).
Lorsque À n'appartient pas a u spectre de lopérateur Tl(, l'équation (2.49.6) admet
une uniquesolution f E L 2 (X) quelquesoit g E L 2 (X). LorsqueÀestunevaleur
propre non null e de TK, le sous-espace propre assoc ié est de dimension fini e n>- et
(2.49.6) admet une solution si, et seulement si, g est orthogonal aux solutions de
l'équation
Àh(x) - j~ K(y ,x)h(y)dµ = 0,
so it nA relati ons linéaires linéairement indépendantes et l'espace affi n e des solu-
tions est alors de dimen sion no>-.
Lorsque l' opérateur Tf( est sy métrique si JI( = lR ou normal si OC= C, on peut
utiliser le théorè me 3.34 .8 de [27] .
Proposition 2.49.7 Supposons l 'opérateur TK symétrique si OC = R ou normal
si OC = C, notons (ei) iE l une base hilbertienne de vecteurs propres de l 'espace
L 2 (X), soitTxei = À.;e;.
1. Soit f E L 2 (X), la famille (À;(fle.; )e; ) est absolument sommable dans
2
L (X) et de somme TK f, soit
(2.49.8) TK f = L À.;(flei)e;.
iE /

2. La famille (À ;e; (x)ei(Y)) est sommable dans L 2 (X x X) et de somme K,


soit
(2.49.9) K( x, y) = L Àie; (x) e; (y).
·iE I
Preuve 1. On a f =L ·i E J (f lei)eiau sens des fa milles sommables dans L 2 (X),
d'où TK J = L iE J À.; (fl ei ) e;. M ontrons que cette fami lle est e n fait absolument
2.49 OPÉRATEURS INTÉGRAUX À NOYAU DE CARRÉ INTÉGRABLE 425

sommable. La famille (>.i \EI appartient à l'espace 12 (1) d ' après la propos ition
3.35.8 de [27) e t il e n est de mê me de la fami lle ((Jï ei ))iE J ; il en résulte que la
fam ille (Ài (f lei )) iE I appartient à l'espace l 1 (l), ce qui permet de co nclure .
2. On a a u sens des fami lles somm ables dan s L 2 (X x X)
K( x, y) = L (Kj e; 0 e1) ei (x)e1(Y)
( i, j ) El X l

où (I< je; ® eJ) = (TI< e1 1e;) = Àj(eJlei ) = >.1 8f,ceq ui permet de conclure.
Q.E.D.
S ous les hypothèses de cette proposition , s i >. fj a(Tr<) U {O}, la solution de
(2.49 .6) s'écrit d 'après la formule (3.34 .10) de [27]
=~ (gj ei) .
L.., >. _ ,.\, e.,
(2 .49 .10) f
iEl '
ce qui pe ut s'écrire
g l~ >..;
(2.49 . 11 ) f = );" + );" L.., À _ À (gj e; )ei .
·i E J i

Dans cette dernière formule la fami lle(>.;/ (>. - >.i )(gj ei) e; ) est non seule ment
sommable, mai s absolume nt sommable dans L 2 (X) : en e ffe t, cette fa mill e est le
développement de >.j - g = TF< f sur la base hilbertienne (ei) e t il s uffit d ' utili ser
la propos ition 2.49.71 .
Considérons la fonction
l~ ). . -
(2.49. 12) R>.(x , y) = );" L.., >. - ' ,\ ei( x )ei (y) ;
iE f '
cette fonction est bien définie et appartie nt à l' espace L 2 (X x X) car la fami ll e
(>.;/ (À - Ài )ei ® ei) est sommable dan s L 2 (X x X) : en effet, i 1ex iste une constante
c > 0 telle que i>. - \i l ~ c pour tout ·i e t la famille (\ / (À - Ài )) appartient donc
à 12 (1). Pour tout g E L 2 (X), l'application]( E L 2 (X x X) H TKg E L 2 (X)
étant linéaire et continue, la formule (2.49. 11 ) peut s'écrire

(2.49.13) f( x ) = g~) + j~ R>. (x , y)g(y)dµ .


En ra ison de cette formu le, R>. est appe lé le noyau résolvant de l' éq uati on intégrale
(2.49.6).
R emarquons enfin que
1 Ài Ài 1 >.;
);"À - Ài = >. 2 + .\ 2 À - À; ;
la formu le (2.49. 12) peut alors s' écrire d ' après (2 .49.9)

(2.49. 14)
1
R>.(x, y) = >. 2 K(x, y)
1 ~
+ >. 2 L.., ,\ _ \
>. 2 -
ei(x )ei (Y)
iE J i

où il apparait maintenant une fami lle absolument sommable dans L 2 (X x X) car


la fami lle ( >.TJ (À - Ài)) appartie nt à l'espace l 1 (J).
426 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Note Rappelons qu 'une famille absolument sommable dan s L 2 (X), par exemple,
est absolument sommable pour presque tout x (théorème 2.30.9).
Exercice 2.49.l Soient (X;, T;, µ ;), 1 S i S 3, des espaces mesurés a-fi ni s, f( 1 E L 2 (X 1 x X2)
eti(2E.l 2 (X2 X X 3). Montrerque T1< 1 oTK2 = TKoù

J((x1,x3) = ; · J(i(x1,x2)K2(x2,x3)dµ 2
X2

etvérifierq uel!Kll2 S llK1ll2llK2ll 2-


Exercice 2.49.2 Soient (X, T, µ ) un espace mesuré a-fini et K E .C 2 (X x X). On définit pour
tout entier n 2: 1(exercice2.49. 1) les noyaux itérés K.n E L 2 (X x X) par (Tg )n = T 1c, .
1. Soit g E .l 2 , montrer que, pour l>.I > llJ(ll 2, l'unique solution dede l' équation Àf - Tl< J = g
est donnée par la formu le

f(x) = g(x)
À
+ f, R,>.(x,y)g(y)dµ(y)
X
2
où le noyau résolvant R,>. E L ( X x X) est donné par la série absolument con vergente dans
L 2 (X x X)
R (x 1) = ~ Kn(x,y).
>- 'Y L >.n+1
n= l
2. Avec les hypo thèses de la proposition 2.49.7 , montrer que, po ur to ut n 2: 2,

K,,(x , y) = LÀie;(x)e;(y)
iE /

où la fami lle est absolu ment sommable dans L 2 (X x X) [utili ser la proposition 2.49.7 1 e n prenant
pour fonction fla fonction x >-+ K ,._ 1(x,y) ].

2.50 Opérateurs intégraux à noyau continu


Soient X el Y des espaces com pacts, µ : '.B x -+ R+ e l li : '.By -+ R+ des
mesures régulières définies sur les tribus borélie nnes de X el Y ; o n observera
que ces mesures sont fini es, X et Y é tant compacts. On notera e(X) et e(Y) les
espaces de fonctions continues sur X et Y à valeurs dans IK ; ce sont des espaces
de Banach pour La norme de la topo logie de la converge nce unifo rme notée l ·lloo·
Soient J(: X x Y -7 IK un noyau continu et TK l'opérateur intégral (2.49 . 1) qui
lui esl associé.
Proposition 2.50.1 L'opérateur TK : LP(Y) -+ e(X) est compact pour tout
1 :S: p :S: OO.
Preuve Soil f E LP(Y), on a IK(x, y)f(y)I :S: llI<îloo lf(y)I el, la mesure li étant
finie, f est intégrable, ce qui prouve que (TK f)(x) esl bien défini pour tout x.
Montrons que la fonction TK f est continue. Soient a E X et c > 0, pour tout
b E Y il ex iste des voisinages ouverts Vb el Wb d e a et b respec ti vement tels que
II<(x, y) - K(a , b)I ::;: é pour XE vb e l y E Wb ,
d' où
IK( x,y) - I<(a,y)I :S: !K(x,y) - I<(a,b)I + IK(a,y) - I<(a,b)I ~ 2c.
2.50 OPÉRATEURS INTÉGRAU X À NOYAU CONTINU 427

Le re couvrement o uvert (Wb)b EY contient un sous-recouvrement fini (Wb)b EB, B


est une partie fini e de y ; alors V = n bEB Vb est un voisinage de a e t
s up IK(x, y) - I<(a, y) I :::; 2E pour tout x E V,
yEY
d'où
(2.50 .1) l(TK f)(x) - (TK f)(a)I s; 2cllfl l1 po ur tout x E V
et ceci prouve la continuité de TK f au point () _
L 'opérate ur TJ( : L P(Y) -+ e(X) est év idemment linéaire. M ontrons qu'il
est compact, c'est-à-dire qu e l' image de la boule unité de LP(Y) est re lative-
ment compacte dans e(X) . D ' après le théorème d' Asco li [27, théorème 2.34.5],
il s'agit de démontrer que cette im age est simplement bornée et équicontinue. So it
.f E LP(Y) te l que llf ll P :::; 1 et soit q l' indi ce c onju gué de p, on a
l(TI<f)(x )I :::; llKl l=l lf ll1 :; llK lloo v(Y) 11q
et, d 'après (2.50.1),
l(T1<f)( x ) - (TKJ)(a)I s; 2c v(Y ) 1/ q pourtout x E V,
ce qui permet de conclure. Q .E.D.
Considéron s l'application f E e(Y) H [f ] E LP(Y), [f] désig nant la classe
d'équivalence de f pour la re lati on d 'équivalence '.Rv (rappelons qu ' il s' agit d ' une
injec tion si tout ensemble v-négligeable est d ' intérieur vide) ; cette application
linéaire étant co ntinue, l'opérateur TK induit un opérate ur compact de e(Y) da ns
e(X ) et, grâce au même argument, un opérateur compact de LP(Y ) ou e(Y ) da ns
Lq (X) pour tout 1 :::; p , q :::; oo. Lorsque p = q = 2, on obtie nt un opérate ur
compact de L 2 (Y) dans L 2 (X ), ce que nous sav ions déjà d' après la propositi on
2.49.4 vu que ecx X Y ) c L (X X Y ).
2

Lorsque X = Y elµ = v, on pe ut se de mander q uel est le lie n entre le spec tre


de TK en tant qu' opérateur sur e(X) et le spectre de TK considéré comme opéra-
teur sur L P(X) . Considéron s d 'abord une va leur propre non null e ,\
de TK E L (e(X)) et so it f E e(X), f f= 0, tel que TK f = >.f. On a a lors
TK [f ] = [TK f ] = >. [j] et [f] n' est pas nul : e n effet, si f = Op.p., T K f = 0
parto ut, d' où f = O. Ceci mo ntre que ,\ est uœ vale ur propre de Tr< E L(LP(X))
et que [f ] est un vecteur propre assoc ié. Réciproquement, soit À une valeur propre
non nulle de TK E L(LP(X)) ; il exi ste [f] E LP(X), [f ] =/= 0, tel q ue
TK [f ] = .\ [f], c'est-à-dire TK f = .\f p.p. ; la fo nction g = TKf/À est conti-
nue d 'après la propos iti on 2.50.l et f = g p.p., d' o ù TI< g = T1<f = Àg ; cec i
montre que ,\ est une valeur propre de TK E L(C(X ) ).
E n rés umé, le spectre de TI<, à l'exceptio n de 1a valeur 0, es t le même que
l'on considère TK comme un opérateur sur C(X) ou LP(X ) ; en o utre, le sous-
espace propre dans L P(X) est simplement l' image du sous-espace propre (associé
à la même valeur propre) dans e(X) par l'application f 1--t [f] ; on observera
enfin que cette application est inj ective sur ce sous espace-pro pre d ' après ce qui
précède.
428 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Lorsque p = 2, on peut alors préciser les propriétés des opérateurs de Hilbert-


Schmidt TK à noyau continu sous les hypothèses de la proposition 2.49.7. Rappe-
lons qu 'on note (e; );EJ une base hilbertienne de vecteurs propres; lorsque ei est
un vecteur propre associé à une valeur propre non nulle, on peut supposer que ei
est la classe d ' équivalence d 'une fon ction contin ue, notée encore ei. On a alors la
propos ition suivante.
Proposition 2.50.2 Sous les hypothèses de la proposition 2. 49. 7, les familles figu-
rant dans les formules (2.49_8), (2.49.J 1) et (2.49.14) sont absolument sommables
pour tout x (ou tout (x, y )) et uniformément sommables.
Preuve 1. Dans la formule (2.49.8), la fami lle (A;(f lei )ei ) est uni fo rm é ment som-
mable car il s'agit de l' image de la famille sommabl e ((Jl ei )ei ) par) 'application
linéaire con tinue TK : L 2 (X) ---+ C(X) [il est év idemment essentiel de choisir les
fonctions ei continues lorsque ..\i est non nul]. On a d'autre part
A(x ) =L l..\i (fl e; )e.; (x )I 5 (L 2 112
l(Jl ei )l ) x (L
l(TK e;)(x)l2)
112
iEl iEI iE/

(T1<e.;) (:r) = 1·
X
K (x, y) e;(y)dµ(y ) = (K(x, . )ie;),
d 'où A(x) 5 llf ll2llK(x , •) 11 2 < oo pour tout x E X, ce qui prouve l'abso lue
sommabilité.
2. L a fa mille fi gurant da11s (2.49. 11 ) possède les mêmes propri étés car il s'agit
du dévelo ppement de Tg f s ttr la base hilbertienne (e.; ).
3. Qu ant à la famille fi gurant dans (2.49. 14 ), on remarque que, pour toute partie
finie J c 1,

LI..\ ~T>.e; (x)ei (Y)I S ~ (L


2
l>-il lei (x)i2 )
112 2 2 112
(L l..\; l lei(Y)l )
·i E J ' iEJ iEJ
où c = inf; I..\ - Ài 1 > O. Cec i montre qu ' il s uffit de vérifier qu e la fami lle
(l..\;l 21e; (x )l2) est uniformément sommable.
A cet effet, éc rivon s la formu le (2 .49.8) en prenant pour fonct ion fl a fo nc tion
z H K(y , z ), y étant fi x.é. D'après 1., o n o btie nt, pour tout x el tout y,
L K( x,z )K(y, z) dµ( z ) = ~ l..\; l2 ei (x )e.; (y)
car
(f ie;) = j'
X
f( z )ei(z) dµ (z ) = ; · K(y , z)ei (z ) dµ( z ) = 'Xiei (Y) ;
X
pour x = y, on en déduit que

LiE I
2 2 2
i>.;i le; (x ) 1 = ; · IK(x, z )l dµ( z )
,y
et ceue intégrale est une fonction continue de x car il s'agit de la vale ur de l' opé-
rateur T IKl 2 s ur la fo nction constante et égale à 1. On peut alors appliquer le théo-
rè me de Dini [27, théorème 2.3 1. 15] à la suite généra li sée des somm es parti ell es
2.50 OPÉRATEURS INTÉGRAUX À NOYAU CONTINU 429

J t--+ LiEJ IÀ; l2 le;(x)l 2 où J décrit l'ense mble des parties fini es de I: on e n
dédu il ainsi que la famille ( IÀil 2 le; (x ) l2 ) est uniforméme nt sommabl e. Q.E.D.
Corollaire 2.50.3 Le noyau résolvant R;., : X x X -+ IK est continu.
Quant au développement (2.49 .9) du noya u K sur la base hilbertienne ( ei ©ej ),
la famill e n'est pas en généra l simpl emen t sommable. O n a cepe nda nt le rés ultat
remarq uab le qui suit.
Théorème 2.50.4 Mercer On suppose que tout ouvert non vide de X a une me-
sure > 0 et l'opérateur TK hermitien positif, alors
(2.50 .2) K(x , y) = L À;e; (x) ei(Y ) pour tout (x ,y) E X x X ,
iE f
où la famille est absolument sommable pou r tout ( x, y) et uniformément som-
mable.
Preuve 1. Le noyau K est hermitien, donc rée l sur la diagonale de X x X. Mon-
trons que K (x,x) : '.'.: 0 pour tout x. Raisonnon s par l'absurde; on suppose qu'il
ex iste a E X tel que K( a, a) < 0, alors il ex iste un voisinage ouvert V de a tel
que ('R.e K)( x,y) S 15 < 0 pour tout (x , y) E V x V.Prenonsf = ll v E L 2 (X ),
(TK J I!) étant réel on a
(TKflf) = { (Re K)( x,y) dµ(x)dµ(y ) S: <5 µ(V) 2 < 0,
l v xv
ce qui contred it le caractère pos itif de l'opérateur.
2 . Pour toute partie finie J de I , posons
K1 (x, y) = K( x, y) - 2..:.: À;ei(x)ei(Y) ;
i EJ
le noyau K 1 est évidemment herm itien e l il es t positif car
(TKJflf) = (TF<flf) - L.> il Cf lei)l
1
2
= L 2
A;l (Jï ei ) l ::'.'.: O.
i EJ iE/- J
D'après 1., on a donc K J(x, x) ::'.'.: 0, soit
LÀi le; (x)l2 ::; K( x,x) S: ll I <lloo;
·i E J
étant donné que
L IÀ;e;(x)ei(Y)I S: (L À; le.;(x) l 2
) L/ Z (L Ài le;(y) l 2 112
) ,
iEJ iE J i EJ
on e n déduit
(2.50.3) L IÀie; (x) e; (y) I S (LÀ; le;(x)i2)
1 2
/ ll K ll,1:;2 S llK lloo ·
iEJ iE J
Ceci montre que la famille (>.;e;(:r:)ei(y)) est absolument sommable pour tout
(x, y ) et uniformément sommable pour tout x fixé d 'après le critère de Cauchy ;
sa somme ](' (x, y) est donc continue en y. On a d'autre part pour tout f E ..C 2 (X)

r K'( x, y)f (y) dµ = L À;(f lei) e; (x) = (TK f)( x ) = ; · K(x , y)f(y) dµ
lx iE l X
430 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

el il e n résulte que K(x,y) = I<'(x,y) pour presque tout y, donc pour tout y ,
d'après la continuité en y de ces fonctions . Cec i prouve (2.50.2). On en déduit
I<( x, x) = LiEr -\lei(x)l 2 où la sommabilité est uniforme d'après le théorè me de
Di ni . L'i négalité (2.50.3) et le critère de Cauchy montrent a lors que, da ns (2.50.2),
la sommabilité es t uniform e. Q .E .D.
Corollaire 2.50.5 Sous les hy pothèses du théorème 2.50.4, la famille ( À i ) est som-
mable et
LÀi = / , K (x,x) dµ .
iE l .\

Preuve D 'après (2.50.2), on a (comme no us l' avo ns déjà re marqué)


K( x,x) = L ·iEJ >.ile; (x)l 2 el il suffit d' intégrer celle re lation pour obtenir le
résultat voulu . Q .E.D.
Exercice 2.50.1 Dans l' exercice 2.49. l , on suppose les espaces X i compacts el l es mesures µ i
définies sur les tribus boréliennes el régu l ières. Soient !<1 E e(X1 x X 2). K 2 E e(X2 x X 3),
montrer que le noyau I< tel ((Lie Ti< , o T 1<2 = TK peut être choisi continu.
Exercice 2.50.2 Dans l' exercice 2.49.2, on suppose l 'espace X compact el la mesure µ défi nie sur
la tribu borélienne el régulière. Soit!< E C:(X X X).
1. M ontrer que la série défini ssant le noyau résol vant R>. = L ~= l K n/ >.n+ 1 , 1->- 1> llI<ll 2, est
normalemen t convergente [on pourra vérifi er que

2. Avec les hypothèses de la prnposi tion 2.49.7, montrer que

K,, (x, y )= L >.;'ei(x)ei(Y)


iE 1

où la fami lle est absolument sommab le pour tout (x, y) et uni formémen t sommable. En déduire que

2:>-? = f K 11 (x,x) dµpo urn 2". 2.


iE / fx
L - Corrigé des exercices

2.51 Exercices du chapitre 2.A

EXERCICE 2.1.1
O n suppose do nc qu e 'J est une tribu infinie dénombrable et on pose
'Ix= {A E 'J ;xE A}et A x= n
A E'.Tc.,
A.

Cette inte rsectio n porta nt sur un ense mbl e dénombrabl e , les ense mbles A x ap parti ennent à
la tribu 'J. Mo ntro ns que A x n Ay # 0 ==;. A x = Ay. En effe t, soit y '/:. A x, l' e nse mbl e
X - A x appart ient à la tribu et co nti ent y et, par co nséqu ent, Ay C X - A x. c'est-à-dire
A x n Ay = 0. Ceci mo ntre que A x n Ay # 0 implique y E A x , donc Ay c A x . O n a de
même Ax C Ay, d ' o ù A x = Ay , ce qui prouve le rés ultat ann oncé .
É tant do nné qu e x E A x, X est la ré uni o n de la fa mill e (A x)xE X· Ces ense mbl es A x
ne so nl pas en gé néral to us di stincts, mais o n pe ut trouver un e parti e B de X telle qu e
(A x) x EB soit une parti tion de X. On observera al o rs que B est dé nom brabl e ca r 'J est
déno mbrable.
M ontrons ensuite qu e A = U xEA Ax pour tout A E 'J. Posons A' = U xE A A x. Étant
donn é qu e A x conti ent x , on a A C A' . D 'a utre r>art, A a ppartenant à la tribu , Ax C A
pour t out x E A, d 'où A' c A et on en déduit que A = A' .
Ceci montre que Test égal à l'e nsemble des ré uni o ns de to utes les sous-fa milles de la
fa mill e (A x )xE B· Si l'ense mble B était fi ni , la tr ibu 'J serait fini e et, si B éta it un e nse mbl e
infini déno mbrable , la tribu 'J aura it la pui ssance du co ntinu. Dans tous les cas, on o bti e nt
une contradi cti on.

EXERCICE 2.1.2
1. On a évidemment µ (0) = O. Soit (An) une suite d 'e nsembl es de 'J di sj oints de ux à de ux
et de réuni on A . On a d 'a près la fo rmul e (2. 1.3) de somm ation par paquets
OO OO OO

iEJ n=O n = O iE l n=O


ce qu i permet de conclure.
2 . On considère la mes ure µ = 2=x EX p( x) ôx . Pour t o ut A E '.P(X), on a
µ (A) = L p(x)ôx(A) = L p(x)
xE X xEA
432 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

et ceci montre que µ est la mes ure atomique associée à la fonction p.


EXERCICE 2.1.3
1. Soient é, é
1
E c, on a
n

i= l
si A e n A 0 , est no n vide, A , (l)i n A e '(i)i est non vide quel que soit i E [l ,n] et par
conséquent é = é 1• Pour tout x E X et tout i, il ex iste é; E { - 1, l} tel que x E A 0 , ;, d'où
x E A e. On en déduit que X est la réunion de la fami lle (A 0 ) eE t: qui est donc une partition
de X .
Cette partition étan t finie, l'ensemble A' des réun ions de toutes les sous-familles de la
fa mille (A, ) eEt: est une algèbre et cette algèbre étant év idemment contenue d ans l'algèbre
A engendrée par la famille (A ;) coïncide avec cette dernière .
2. On a Card c = 2" , d'où Ca rd A ::; Card '.P(c) = 2<2 "> .
EXERCICE 2.1.4
1. Par récurrence, on constate q ue e.,. est contenu dans ! 'algèbre A enge ndrée par C ;
A' = U ::"=o Cn est donc conte11u dans A. On observe ensuite que e c ê s i 0 E e ; on
en déduit que la suite (Cn) est croissa nte et il en résulte que A ' est stable par différence.
Étant donné que X E e c A', cec i montre que A ' est une algèbre ; cette algè bre contenant
e coïnci de avec A.
2. D'après la définition de ê, on a
e
Card :S Card ê :S Card (e x e).
Si e est infini , on a donc Ca rd ê = Card e d'après le théorème 1.9.9 de (27], d ' où
Card C.,. = Card pour tout entie r ne
et, vu le lemme 1.9.4 de [27], o n Cil dédu it que Card A = Carde.
EXERCICE 2.1.5
1. Une tribu étant stable par réuni on et intersection dénombra ble, les ensembles
B = lim infn--+= A.ne t C = lim supn--too An appartiennent bien à la tribu T .
2. Vérifions ensuite la premi ère inégalité. Posons Bn = n ;:n Ap. Cette suite (Bn )
étant croissante et de réuni on B , la proposition 2. 1.6 prouve que µ(B) = limn--t oo µ(B,.).
Par aill eurs, Bn C Ap pour tout p 2 n , d' où µ (Bn) ::; infp2'. n µ (Ap) et ceci montre que
µ(B) ::; li m inf µ(A p) = lim inf µ(A n).
n----Jooo p~n. n--+ oo

3. On pose Cn = U ;:n Ap. La suite ( Cn) est une suite décroissante d 'intersection
Cet il existe un entier n tel que Cn soit de mesure finie . On peut donc utiliser la conti-
nuité inférieure de la mesure (propos iti on 2. 1.6), soit µ (C) = limn --+= µ(C,,..) et, vu que
Cn ::i Ap pourp 2 n,µ(Cn) 2: s upp2'. n µ(A p), d'où
µ.( C) 2: l im sup 1.1,(Aµ) = lim su p µ(An).
n.--+oo 1, ~ n n-+ oo

EXERCICE 2.1.6
On a lim supn---+oo A,. = n~=oBn où Bn = U;:n Ap, d'où d'après la a-so u s-additiv ité
OO

Jt(lim Slip A,,) :S {t(Bn ) :S


u.-+oo
L µ(Ap) ,
p = n,
2.51 EXERCICES DU CHAPITRE 2.A 433

ce qui permet de conclure.


EXERCICE 2.1 .7 - LEMME DE BOREL-CANTE LLI
l ,a. La propriété est vérifiée pour K = 0 quel que soi t J E '.J(l) d'après l'hypothèse. Soient
J, J( E '.J(J) deux parties fin ies disjointes et io r/:. J U K ; vérifions la propriété pour J
et K u {io} en la supposant acquise pour K quel que soit J E '.J(I) tel que J n K = f/J.
Posons
B = nAi n n(X - Ai ),
iEJ i EK
on a B n (X - A; 0 ) = B - Ai11 n B, d'où µ(B n (X - Ai0 )) = µ(B) - µ(A i11 n B).
Vu que
A; 0 n B = Ai n n
(X - Ai),
iE JU{ io }
n
i E J<
on peut utiliser l' hypothèse de récurrence et on obtient
µ(B n (X - Aio )) = (1 - µ(A io)) X TI µ(A i) TI (1 - µ(A i)) ,
X
·i E J iE /(
ce qui permet de conclure.
b. En prenant J = 0 et J( = J , on obtient (2.1.8) qui est donc équivalent à (2. 1.7).
2 . Posons B = lim infn->DO (X - An) ; il s' agit de vérifier que µ(B) = O. On a

B =
DO
LJ
Bp où B p =
p=O
(X - An)
n= p
n
et la suite (Bp) est croissante, d' où µ(B) = limp-+oo µ(B p). li s'agit donc de montrer que
µ(Bp) = 0 pour tout p. On écrit
DO
n n
q

Bp = Bpq où Bpq = (X - A n), p ::; q;


q= p n= p

la su ite (Bpq}q-:::_ p étant décroissante, µ(Bp) = limq->oo µ(B pq). D'après 1,b, on a alors
q q

µ(Bpq) = TI (1 - µ(An)) :$ exp ( - L µ(A n ))


n= p n= p

vu que 1 - x::; e-x pour tout réel x. La série I:; ~=O µ(A n) étant divergente, en passant à
la li1nite lorsque q tend vers l'infini, on obtient µ(Bp) = 0, ce qui prouve le résultat voulu.
EXEFICICE 2.1.8
Soit (A n) une suite d'ensembles de A disjoints deux. à deux telle
que A = LJ ~=o An E A. Vu la proposition 2.1.5 2, il s'agit de démontrer que
µ(A) ::; I:~=O µ(A n). Étant donné € > 0, soit (En ) une suite de réels > 0 telle que
I: ~= o " n ::; E. D'après l' hypothèse, il existe des ensembles B , Cn E A te ls que
B c A , An c Cn, µ(A - B) :::; € etµ(Cn - An) :::; €n.
Ona
Bc A = u cu
DO

n= O
An
n=O
OO

Cn

Vu la compacité de B, il existe un entier n tel que B c u;=OCp, d' oü B c u;=OC p.


D' ap1·ès l'additivité deµ, on en déduit, vu la proposition 2.1.53,
n n
µ(B) ::; Lµ( Cp) ::; L(µ(Ap) + €p) ,
p= O p= O
434 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

d 'où µ(B ) s; L ~= 0 µ(A n) + €. Élan t donné que µ(A) s; µ(B) +€,on e n déduit que
µ(A ) s; L :':'=
° oµ(An )+ 2€, ce qui permet de conclure.
EXERCICE 2.2.1
1. On écrit que l'ouvert X - A estµ *-mesurable en prenant E = AU B dans la form ul e
(2.2.4), soit
µ'(A u B) = µ*((A u B) n (X - A))+ µ '((Au B) - (X - A)) ;
la di sta nce de A à B étant stric tement positive, on a An B = 0 et on en déduit que
(A U B) n (X - A) = B et (AU B) - (X - A) = A ,
ce qui permet de conclure.
2. On obse rvera d'abord que (Fn) n?:. 1 est une suite croissante de fermés d e réunion O.
La di stance des ense mbles En Fn et E - 0, lorsqu ' ils so nt non vides, étant 2: l /n,
on a d'a près l' hypothèse (2 .2.9)
µ* (E n Fn) + µ'(E - 0) = µ* ( (En Fn) u (E - 0)) s; µ'(E)
ce qui prouve (2.2. I 0).
On a ens uite EnO = (En Fn) U LJ ~= n+ i (E nGk ) d 'où (2.2. 1 l)d'après la a-sous-
additivité de µ* .
Quant à (2.2. 12), il suffit d e re marquer qu e la di stance des ense mbl es (lo rsq u' ils sont
non vides) Gk et Gk+l est stri c te ment positive sil est supérieure à 2 ; on en d éduit

t µ '(EnG 2k+ 1) = µ'( Ü <EnG2k + 1)) s; µ*(E) ,


k= O k=O

tµ*(E n C2k) = µ*( Ü (EnG2k)) s; µ*(E),


k= I k= I
ce qu i établit (2.2. 12).
La série de terme géné ral µ* ( E n Gn) est convergente d 'a près (2.2 .1 2) ; vu
(2 .2. 11 ), lirn ,,_, oo µ '(E n En) µ'(En 0) et (2.1. 1) montre alors que
µ*(En 0) + µ*(E - 0) :S µ '(E) et ceci pro uve que 0 estfi*-mesurable.
EXERCICE 2.2.2 - MESURE DE HAUSDORFF
1. On vérifie d'abord qu e '.R., (A ) es t non vide. E n effet, l'es pace étant séparable, il ex iste un
e nse mbl e déno mbrable D parto ut dense; l'ensemble des boules (B(x; t:/2)):xED est alors
un recouvrement dénombrable de X , donc de to ute partie A de X, et chacune d e ces boules
a un diamètre s; €. Ceci montre queµ; est bien défini .
On observe ensuite queµ ; (0) = 0 en prenant le recouvrement se rédui sant à l'e nsemble
vide. Si AC B, alors '.R.,( B) C '.R.,( A), d 'où µ;(A) s; µ;
(B). Vérifions enfin la a-sous-
add iti vité. Soit (An) une suite de parties de X de réunion A et soit ô, 6,, des r éels > 0 tel s
que 2-:::"=o On s; o. Il ex iste des e nse mbl es An,p, (n,p) E f\l2 , de d iamètre :S E tels que
OO OO

An C LJ An,p et L(diam An ,p)" s; µ ; (An)+ O,.,


p= O p= O
d' OLI
OO

A C LJ A n,p et L (diam An ,p)


0
s; L µ ; (A,,)+ Ô;
(n, p) EN2 (n,p)EN2 n =O
on en déduitµ ; (A) s; 2-::::"= o µ ; (A,,) + oet la a-sous-addit ivité deµ ; .
2.5 1 EXERCICES DU CHAPITRE 2. A 435

2. Si 0 <€ S
1
€,on a '.Re'(A) C '.R, (A) , d'où /L~(A) S /l; ,(A) .
3. En passant à la borne supéri eure dans µ; (r/J) = 0 et µ;(A) S /l ; (B) si A C B, o n
obtimt µ* ((/J) = 0 etµ * (A) S µ* (B). Quant à la a--sous-additivité, si (A n) est un e suite
de pai-ties de X de réuni on A, on a
OO OO

n= O n =O
ce qui permet de conclure.
4_ Soient A et B deux parties non vides de X te lles qu e d(A , B) > O. D'après la a-
sous-additivité, on a µ*(AU B) s
µ*(A)+ µ*(B) . Montrons l' inéga lité opposée. Soient
0 < s < d(A , B), o
> 0 et (Cn) un recouvrement dénombrable de AU B par des
ensembles de diamètre S s tel que
OO

2)diam Cn)"' S µ;( AU B) +O.


n=O
Noton s N1 (resp. N2) l'ense mbl e des n tels que Cn rencontre A (resp. B); ces ense mbl es
Ni el N2 sont disjoints d 'après le choix de €, d'où
(L + L )(diam Cn)"' S µ;(AU B) +o.
n E N1 nEN2
On re marque e nfin qu e (Cn)n E Ni (resp. (Cn)n EN 2 ) est un recouvrement de A (resp. de
B), d ' où

ceci prouve queµ ; (A)+µ ; (B) S µ ; (A U B) + 5 e t on obt ient le résultat vou lu en passant
à la li mite lorsque s tend vers O.
EXERCICE 2.2.3
Notons A la réunion des ense mbl es An. D'après le corollaire 2.2.5, il existe des ensemb les
C, Cn E 'J tels qu e A C C, An C Cn et µ*(A) = µ( C), µ*(A n) = µ( Cn). Posons
D.,, = B n n C,, n C , ces ense mbl es appartienne nt à '.Tet sont disjoints de ux à deux ; on
a An C Dn C Cn, d 'où µ*(An) S µ*( Dn) = µ (Dn) S µ (Cn) et par conséquent
µ*(An)= µ(Dn). 11 en résulte que
OO OO OO

Lµ *(An) = Lµ(Dn) = µ (D)oùD = LJ D,, .


n=O n=O n= O

Éta nt donné que A C D C C, on a µ*(A) S µ*(D) = µ(D) S µ( C), d'où


µ*(A) = µ(D) , ce qui permet de conclure.
EXERCICE 2.2.4
l ,a. On peut d'abord vérifier l'unicité. Siµ = µd + µa où µd est une mesure diffuse et µa
une mesure atomique, on a µ( {x}) = µa( {x}) e t ceci montre que µ a est nécessa ire men t
la mesure atomiqu e associée à la fonction p : X -t lR+ où p(x) = µ( {x}). Quant à la
mesu.re µd, soit X = LJ ~=ü Xn une partition de X où les Xn E 'J sont de mesure finie, on
a alo.-s µd(A) = L:~=o µ d(A n Xn) et µ(A n Xn) = µ c1(A n X., ) + µa(A n X,,) pour
tout A E 'J. On remarque alors que µa(A nXn) est fini e t que J.la(An Xn) S µ(A nXn) :
en efJet, pour toute partie linie B c A n Xn, on a µ a(B) = µ(B) S µ(A n Xn) · Ceci
436 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

pro uve que l' on a nécessairement


OO

n=O
Ceci prouve l' unicité.
b. Quant à l'existence, il s'agit de vérifier que les formu les précédentes définissen t
une mesure diffuse telle que µ = µd + µa. On remarque d'abord que les application s µn
sont des mesures positi ves ; d'après l'exercice 2. 1.2, µd est bien une mesure positive. Cette
mesure est diffuse carµd( {x }) = µn({x }) où n est tel que x E X n, d'où
µd( {x}) = µ( {X}) - µa( {X}) = O.
On a enfin µ(An X n) = µ n (A) + µ a(A n X n ) el en sommant ces re lati o ns on obtient
µ(A) = µd(A) + µ a(A), ce qui prou ve le résultat voulu.
EXERCICE 2.2.5
On remarq ue que tout ensembl e réduit à un élément apparti ent à la tribu 'J engendrée par S:
on a en effet, pour a E <Q!, {a} = n'.: °=1 ]a- 1/n, a]. Toute partie A de Q étant dénombrable
appartienL donc à 'J, vu que A = U a E A {a}. Ceci prouve que 'J = '.P(Q).
Soient µ la mesure de dénombrement sur Q et v sa restricti on à S ; on a v(0) = 0
et v(] a, b]) = +oo. Pour tout >. > 0, >. µ est une mesure sur '.P(Q) [on conv ient que
>. x ( +oo) = + oo] ; toutes ces mesures sont diflë remes, mais elles ont toutes la même res-
triction à S, à savoir v. Ceci prouve bien que la mes ure v ad met une infinité de prolongement
à la tribu enge ndrée par S.
EXERCICE 2.2.6
l,a. Supposons d' abord µ"(M) fini . D'après le corollaire 2.2.5, il ex iste F E 'J tel que
!v1 C Fel µ"(M) = µ(F) . Montrons que tout A E 'J tel que A c P - M est de
mes ure nulle. On a, en effet, NI C F - A et, A étant de mesure fini e vu que A c F ,
µ(F') = µ*(M) :S µ (F - A) = µ (F) - µ(A) , d' où µ(A) = O.
Dans le cas a- fini , il existe une partition de X de la forme X = U~ o X.11 où les
X,, E 'J sont de mesure finie. On pose Mn = M n Xn. Étan t donné queµ " (Mn) est fini ,
il existe des ensembles F,, E 'J, Mn C F,, C X n. tels que tout A n E T contenu dans
Fn - Mn soit de mesure null e. Montrons que F = U:'.:"=of~, convi ent. On a b ien F E 'J el
M C F ; soit A E 'J, A C F - M, alors A = U~= o A,. où An = An X 11 c F" - M11
est de mesure nulle, donc A esl de mesure nulle, ce qui prouve le résultat voulu.
b. Appliquons le rés ultat précédcntàX - M . Il ex iste E E 'Jtel queX- M c X - E,
donc E c M, Lei que tout A E 'J tel que A c (X - E) - (X - M), c'est- à-dire tel que
AC !vl - E, soit de mesure nulle.
2. Définissons 'J' par la formu le proposée. En prenant A = B, on co11state que 'J'
conticnL 'Jet en prenalll A = X et B = 0 que NI E 'J'. Il est clai r que T' est contenu
dans la tribu engend rée par TU { M} et démontrer que 'J' est cette tribu engendrée revient à
vérifier que 'J' est une tribu . La stabil ité par réuni on dénombrabl e est évidente ; la stabilité
par passage au complémentaire résu lte de la fo rmule
X - (A n NI) u (B n (X - M)) = ((X - A) n M) u ((X - B) n (X - M)).
3. On observe d 'abord que la fo rmule proposée a un sens: C n (X - G) appa rtient bien
à 'J car C n (X - G) = (A n E) U (B n (X - F)). Il fa ut ensui Le vé rifier que Vt est bien
définie sur 'J', c'est-à-dire que vi (C ) ne dépend pas de l'écriture de C. Suppe>sons que
c = (A 1 n J\1) u (B1 n (X - Ai)) = (A2 n M) u (B2 n (X - M) )
2.5 1 EXERCICES DU CHAPITRE 2 A 437

o ù A; , B; E 'J. On a alors At n M = A2 n Met B1 n (X - f\1/) = B2 n (X - M). Éta nt


donné que C = (F - M) U (M - E), il en résulte que
A1 n G - A2 n G = (A, - A2) n (F - M)
d ' où µ(A 1 n G - A 2 n G) = 0 d'après le choix de F ; on en déduit que
µ( A 1 nC) = µ (A 1 n A 2 nC). Demême, on aµ(A 2n C) = µ (A1nA2nC)e tparco nsé-
quentµ(A1 nG) = µ (A2nG). On démontre de la mê me faço n c1ue µ (B1nC) = µ( B2nG)
e n utili sa nt le fait B1nC - B 2n C = (B1 - B 2) n (M - E) . Ceci prouve que Vt : 'J' -+IR+
est bien défini.
En prenant A = B E 'J, donc C = A, on a
llt (A) = µ(An (X - C)) + t µ (An C) + (1 - t) µ (An C:) = µ(A),
ce qui prouve qu e lit prolonge µ.
Vérifi ons enfin que Vt esl une mesure. Soil Cn = (A,, n M) U (Bn n (X - M))
une suite d'ensembles de 'J' di sjoints deux à deux. Posons A0 = Ao , B 0 = 8 0 et
A~ = A n - LJ;:~ Ap, B~ = En - LJ;~:~ Bµ pour n 2 l , on obtient a in si des A;,
disjoints et des B;, di sj oints. Étant donné que les ensembles A ,, n M sont disjo ints deux
à de ux, ainsi que les B,, n (X - M), on a Cn = (A;, n M) U (B;, n (X - M)) , d'où
llt(C,,) = µ( Cn n (X - C:)) + t µ(A~ n C) + (1 - l) µ(B.~ n C) et la u-addilivité de lit
résulte de celle deµ.
4. Si µ(G) = 0, Jvl = EU (M - E) où M - E C G, donc M apparti e nt à la tribu
c o mpl étée T. Réciproquement, supposons M E 'J, il ex iste a lors des ensembles J\!l; E 'J
tel s que M 1 c M c M 2 el µ(M2 - M1) = 0 ; on peut alors écrire
C = (F - M) U (M - E) c (F - M 2) U (Mi - E) U (M2 - M1)
où les deux prem iers e nsembles sont de mesure null e d'après le choix de E el F. Ceci
montre que C est de mesure mill e.
Lorsqueµ( G) = 0, JvJ appartenant à T, on a 'J' c Tet

llt(C) = µ(C n (X - G)) = µ(C).


5. Si µ (C) > 0, prenons A = X , B = 0, do nc C = M, on obti ent alors
llt(J\!!) = µ(Mn (X - C)) + t µ(C:) = µ(E) + t µ(G).
Si µ(E) el µ( C:) sont fini s, ceci montre que les mesures Vt et vt,, t # t' , sont di ffé rentes.
De même, on vérifie qu e llt(X - M) = µ(X - F ) + (1 - t ) ft(C) , la conclu sio n esl donc
identique si µ(X - F) et µ (C) sont finis. Lorsque µ (G) est infini , les mesures llo et v1
sont différe ntes dès que µ(E) ou µ (X - F) es t fini .
EXERCICE 2.2. 7
L'en semble vide étant le se ul ense mble de mesure null e pour la mesure de dénombre me nt,
il est clair que la tribu est compl ète pour cette mes ure.
Montrons ensuite que la mesure extéri eure µ' associée ൠest la mesure de déno m-
brement. Soil A une paiti e de X n'a ppartenant pas à 'Jet so it (An) un reco uvrement dé-
nombrable de A par des ense mbles de 'J ; l'ense mbl e A n'étant pas dénombrable, l' un des
A,, est nécessairement infini , d 'où I:: =o µ (An) = +oo et µ *(A) = +oo. Ceci prouve le
résultat annoncé.
La mesure ex téri eure µ * étant une mesure, toute partie de X est µ *-mesurabl e, soit
Jv{ = '.P(X) et il en ré sulte que T # M. Ceci montre que le théorème 2.2.11 peut ê tre en
438 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

défa ut lorsque la mesure n'est pas a- fini e.


EXERCICE 2.3.1
Conservons les notati ons de l'exe rci ce 2.6.2 de [27] . On a, µ désig nant la mesure de Le-
besg ue, µ(En,i ) = 1/3'", d 'o ù µ(En) = 2" - 1 /3n. D'après la a-addi ti vité de la mesure ,
on e n déduit que
OO OO 2n - l
µ( LJ En) = L ~ = 1,
n= l n= l
d 'où µ,(C) = µ([O , l] - LJ: =i En) = O.
L' ensemb le de Can tor C étant de mesure nulle, toute partie de C est négli gea ble,
d ' où Card .l 2 Card '.P(C). L'ensemble C aya nt la puissance du co ntinu, ceci mo ntre que
Card ,[, 2 Card '.P(IR) et , L étant co ntenu dans '.P(IR), Card J:., = Card '.P(IR). La tribu bo-
ré lie nne '.B de IR ayant la pui ssa nce du continu d ' après le corollaire 2.29. 12 de f271 , on a
'.B i= .l.
EXERCICE 2.3.2
1. On notera que j est à valeurs dans [O , l ], vu que 0 ~ j(x) ~ L:: =1 T" 1. Les
extré mités d' un intervalle E,.i s'écrivent
n-1 ex:> n.- 1
a= L oi3- j + L 2x 3-j etb = L Oj3- j + 2 x 3-n ,
j=I j = n+I j=l
où Oj E {0, 2} , d'oC1
n-1 oo n.- 1
f(a) = L o)r(J+ l ) + L 2 X r<J+ l ) =L OjT(j+J) + 2-n,
j =l j = n+l j=l
n- 1

J(b) =L a 1 r<J t-l) + r'',


j = l
ce qui montre quef (a) = f(b).
2,a. Vérifions qu e f est croissante. Soient
OO OO

X = :L:.: o,.3 - n E Cet y = L f3n 3- n E C, O'.n,f3n E {0,2},


n=l n= l
te ls que x < y ; notons p le plu s pe tit entier tel que °'P i= /3p. On a alors °'P = 0 et (3p = 2:
en effe t, si Op = 2 et f3v = 0, on aurait
OO OO OO

L a,.3 -n 22 X 3- p e l L f3n3-n ~ 2 L 3-n = 3- p,


n= p n= p n = p-t-1
d 'où y <x et une contradiction. On a alors
p- 1 OO p- 1

t (x) ~ 2..:.: ao,,2 - <n+l) + 2= 2- " = 2= °'"r<n+l ) + 2- p,


n= I n = p+l n= l
p- 1
J(y) 2 2= °'"r<" +1 + rp >
n= l
et ceci pro uve que f(x) ~ J(y) . Il en résulte que la fo ncti on g est croissa nte.
b. M o ntrons que f est surjec ti ve. Tout y E [O, l] peul s'écrire y = l: ~= L anT" où
an E {O, l} , d ' où y = j(x) pour x = 2:::"=1 2an3-n qui apparti ent bien à l'e nsemble de
Cantor.
2.51 EXERCICES DU CHAPITRE 2.A 439

c . Étudions le caractère holdérien de f. Soit x, y E C, x < y, e t co nse rvon s les


notations de a. On a
OO OO

y - x22x3 - p - 2 2..:= 3- n = 3- P, f (y) - f( x)S L T 11


=TP+1,
n = p+ 'I n = J>

d 'où
[f(x) - f(y) [ S 2 X e - p log
2
S 2[x - y[ 0
où a: = ::~~-
Ceci montre que f est a- hüldérie nne ; il en est de mê me de g. Si f est ,B- ho ldérie nne,
montrons que nécessa irement f3 ::; a:.
Prenons x = 0 et y = 2 x 3- n, d'où f (x ) = O
e t /( y) = 2- 11 • S' il exi ste une constante c > 0 telle que 2- n ::; c(2 x 3- n) fl, la suite
(3/3 /2) 11 est bornée, d 'où 3/3 ::; 2, soit f3 ::; o.
3. Lorsque x E [O, l ] - C, x appartient à l' un des interva lles ouverts Bni sur lesquels
g est constante el, par conséquent, g est dérivable au point x e t g' (x) = O.
Soit x = I:::'."=1 On3 - n E C. Soit j 2 1, on pose Xj = ~~= l f3n3-n E C où
f3n = On si n f= j , f3J = 2 si Cl'. J = 0 et f3J = 0 si Cl'.j = 2. On obtient une suite (xj) de C
qui converge vers x telle qu e Xj f= x pour tout j . On a
[x - Xj [ = 2 X 3 - J et IJ(x) - J(xJ) l = r 1 ;
on en déduit que [f(x) - f( x1)[/[x - xi[ tend vers +oo lorsque j tend vers l'infini et ceci
montre que f n' est pas dérivable au point x.
4. L'a pplication h : [O, l] --+ [O, l] est continu e, stric1ement croissante et h(O) = 0,
h(l) = 1 ; il s'agit donc d ' un homéomorphisme. L' image de Eni est un intervall e ouvert
de longueur moitié car ga la même valeur aux ex trémités de cet intervalle. On en déduit
que la mesure de h( [O, l ] - C) vaut 1/ 2, d' où µ(h ( C )) = 1/2 .
EXERCICE 2.3.3

L' ensemble O(ê) est l' intersection du fermé [O, 1] et de l'ouvert LJ ~= o On(ê ) ; il s'agit
donc d' un boré lien et A est un borélien en tant qu ' intersection dénombrable de boréliens.
D 'après la a-sous-additiv ité de la mesure de Lebesg ueµ , on a
OO

µ(O (ê)) ::; L 2 ;rt = 4 ê.


n= O
La s uite (0(1 /p) ) é tant décroissante, la continuité inférie ure de la mesure prouve que
µ( A) = lim p--> oo 4/p = O.
EXERCICE 2.3.4 - ENSEMBLE DE CANTOR MODIFIÉ

1. On notera d'abord qu 'on a bien ~( 1 - f;) > car ~(1 - f; -b- )- -b-
2 ~· M ontron s e nsuite
que la construction est poss ible. Supposons construits les intervall es Epi pour 1 ::; p ::; n
te ls que [O, l ] - u;=I Ep soit la réunion de 211 intervalles fermés disjoints deux. à deux. ,
chaque imervalle étant de longueur
} n 2p - I

211 ( 1 - 2..:kP) .
p= I

Ceci est bien vérifié pour n = 1. On observe que la quantité précédente est > l / k 11 +1 car
ceci équivaut à
n+ l p- J
2
~- < l
L kP
p= l
440 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

et cette inégalité esL bien vérifiée vu que


n+ I 2µ - 1 ~
2 p- 1 l
"~ - kP < "0 - /;;P = -
/;; - <
2 - !.
p= l p= l
li est donc possi ble de ccmrer sur chacun de ces intervalles un intervalle ouvert de longueur
l / k "+l et, en les supprimant , il reste 2n+i interval les fe rmés di sjoints deux à deux de
longueur
1 n 2p- 1 1 1 n -H 2p- l

2n+l (] - L
p= l
k P ) - 2/;;n + I = 2n+l ( l - L
p= l
/;;P ) ·

Ceci prouve que la constructio n peut se poursuivre.


2. L'ensemble C(k) est fermé, e n tant qu ' intersecli on de fermés, donc compact. Il est
d' intérieur vicie: en e ffet, C( k) ne peut contenir d' imervalle ouvert non vicie vu que C(k)
est contenu dans [O, l ] - LJ; _ 1 Eµ qui est la réunion de 2n interval les fermés disjo ints dont
la longueur ::; l / 2n tend vers O.
Calculons la mes ure de Lebesgue de C (k ). On a
~ 2n- I 1 /;; - 3
µ( C(k)) = 1 - " - _ = 1 - - = - .
~ k" k- 2 k- 2
n = 1

EXERCICE 2.3.5
1. Il est c lair que 0 E 'Jet, la mesure étant fini e, que 'J est stable par passage au complé-
mentaire. Montrons que tout fe rmé F appartient à 'J, c'est-à-dire que
µ(F ) = inf µ(O) .
0 -:J F
O EO
On utilise le rait que F = n~= I On où On = {x E X ; d(x,F) < l /n}. Les ensembles
On sont ouverts et constituent une suite décroissa nte, d'où µ(F) = inf ,, ~ 1 µ(O n) d'après
la continuité inférieure de la mesure, celle mesure étant finie. Ceci pro uve que <'.>' c 'J.
On vé1ifie enfin que 'J est stable par réunion dénombra bl e. On raisonne comme ce la est
ex pliqué dans l'énoncé . On obtient ainsi un ouvert 0 el un fermé F tels que F c A c 0
où A = LJ~=o A ,,. On a alors

µ(O - F) ::; µ(o - LJ F,, ) +E:S p.(LJco,.- F")) +e:


n=O n= O

:; f n 0
2~' +t: = 3 €
et ceci permet de conclure.
2,a. La suite (ak) étant partout dense, pour tout entiern 2': 1, X = 0 B' (a1.:; 1/n).u;::
D'après la cont inui té supéiieure de la mesure, pour tout € > 0, on peut trouve r un entier
k(n) tel que (2.3. 12) soil véri li é. D'après sa définiti on même, l'ensemble f( est précompact
et ferm é, donc complet, et on en déduit que f( est compact. De pl us,
OO l
µ(X - K) ::; € L 2"" = €.
n= l
Ceci prouve la fo rmu le (2.3.5) lorsque A = X .
b. On a µ (F - K )::; µ(X - K) ::; €, d'où
1-i(F) = µ ( F - K ) + µ(F n K) ::; € + µ(F n K).
2.51 EXERCICES DU CHAPITRE 2.A 44 1

Vu que µ(A) :::; µ(F) + r;;, on en déduit que µ(A) :::; µ(P n K) + 2E et, F n }(étant
compact, ceci permet de conclure.
EXERCICE 2.3.6
1. Pour tout enti er q ;:::: 1, on a JO, l J = UZ,=1 J(k - l )/q, k/ q], d 'où
q

a = µ(JO, 1]) = L µ(](k - l) /q, k/q]) = q µ(JO , l/q])


k= 1
d'après l' inva ri ance deµ par tran slat ion. Ceci prouve que µ(]O , 1/ q]) = a/ q.
Soit p un en ti er ;:::: 1, alors JO,p/ qJ = Uk=1 ](k - 1) /q,k/qJ et com me précédemment
on e n dédu it µ (]O,p/ q]) = pµ(]O , l /q]) = ap/q.
2. Soit x un réel > 0, il exis te une suite croissante de rat ionnels rn > 0 te ls que
X = lim n-+oo T"n ; alors JO, xJ = u~= O JO, rnJ et, d'après la con tinuité supérieure ,

µ(JO, x]) = lim µ(JO, r 11 ])


n--+oo
= n--+oo
lim arn = ax.
On e n déduit que, pour -oo < a < b < +oo, µ (]a, b]) = µ(] 0, b - a]) = a( b - a) et ceci
vaut encore pour -oo :::; a < b :::; +oo d 'après la continuité supérieure. Ceci montre que
les mesuresµ et a µ 0 coïncident sur la semi-algèbre S(IR) ; é tant a-fin ies, elles coïnc ident
sur la tri bu borélienne.
EXERCICE 2.3.7 - EXISTENCE D'ENSEMBLE NON LEBESGUE-MESURABLE

l ,a. Soient r, s E JO , lJ n Q te ls que E ,. n E , =f 0 ; alors, il ex iste x , y E E tel que


r' + x = s' +y où r' = r ou r - 1 et s' =s ou s - 1 ; il en résulte que x - y E Q, d'où
x = y, r' = s' el par co nséquent r = s. Les e nsembles Er so nt donc disjoints deux à deux.
Montrons que leur réunion est JO, lJ. Soit x E JO, l], il ex iste une c lasse d'équivalence Ai
qui contient x, d'où x - y E Q si y = f(i) ; on a - 1 < x - y :::; 1, d'où x = r + y ou
x = (r - 1) +y avec r E JO, lJ n Q, soit x E E,.. Les e nsembles E.,. constitue nt bien une
partition de JO, l J.
b. Si E appartient à la tribu de Le besg ue, il en est de même de E,. d 'après ! ' invariance
par translation de celle tribu. Siµ est la mesure de Lebesgue, les ensemb les (r+ ~)n JO, l Jet
((r- l) +E)n JO, l J étant disjoints et la mesure de Lebesgue é tant in varian te par trans lation,
on a
µ( (r + E)n JO, l]) + µ(((r - 1) + E)n JO, l ])
µ( (r + E)n JO, l]) + µ((r + E)n Jl, 2]) = µ(r + E) = µ (E) .
c. D'a près la u-addtivité deµ, on en déduit que
1 = µ (] O,1]) = L.,. µ (E,.) = I >,(E)
r
et ceci est absurde: si µ(E) = 0 , on obtient 1 = 0 et, si µ(E) > 0, 1 = +oo. L' ense mbl e
E n'est donc pas Lebesgue-mesurabl e.
2,a. Une fonction de cho ix étant une injec ti on de 1dansJ0, l ], on notera d'a bord que
Card 1 :::; Card JO, l J = Carel IR.
On obse rve ensuite que chaque A i est infini dénombrable , don c équipotent à Fi ; notons
'{J.t : N -t Ai une bijection de Fi sur A ;. L'a pplication ip : (i,n) t-+ 'Pi(n) est a lors une
bijection de 1 X N sur u iE f Ai. c'est-à-dire sur JO, l J. Il en rés ulte que
Ca rel IR = Card JO, lJ = Card (I x Fi).
L'ense mbl e I ne peut être fin i vu que JO , lJ n'est pas dénombrable, clone Carel N :::; Carel 1
442 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

et, d 'après le théorème 1.9.9 de [27], Card IR ::; Card (I x I) = Card 1. On en déduit que
Card l = Card IR.
b. Notons '.f l'ensemble de toutes les fonc tions de choix ; si f , g E '.f sont deux
fonc tions de choix différentes, les ensembles f (I) et g(I) sont différents. Ceci montre que
Card '.f ::; Card '.P(JR) et que Card '.f ::; Card ('.P(JR) - L ). Pour obtenir le résultat annoncé,
il suffit de démontrer que '.f est éq uipotent à '.P(IR). Or, mod ulo le choix d' une bijection de
J sur lR et de bijections de Ai sur N, il exi ste une bijection naturelle de '.f sur l'ensemble
'.f(IR; N) de toutes les applicati<Jns de lR dans N et on a évidem ment
Card '.P(R) = Card ::F(lR; {O, 1}) ::; Card '.f(JR; N) = Card '.f,
ce qui permet de conclure.
Note Ce dern ier raisonnement montre que Card NR = Card '.P(IR).
EXERCICE 2.3.8
1. On pose A 1 = C(4); on a alors ~i(A1) = 1/2. Le complémentaire de A1 est bi en la
réunion d'une suite d 'intervalles ouverts di sjoints deux à deux. Supposons construits les
boréliens Ap pour l ::; p ::; n . Sur chacun des intervalles Fj, on peut centre r un Cantor
modifié Cj' c Ij' tel que µ(en = o.'J /2 où o.'J = µ(T/) : en effet, poson s L = a'J et
soit l/2 < À < l, effectuons sur un ensemble de Cantor C(k) une homothétie de rapport
À suivie d' une trans lation convenable pour centrer l'ensemble ÀC(k) sur l' inte rvalle rin ; il
suffit alors de choisir k :;::: 3 tel que
k - 3 l
À-- = -
k - 2 2'
ce qui est possible car l/ 2 < >..
Alors, A n+ 1 = LJ;: 1 Cj est un borélien qui ne rencontre pas les Ap pour 1 ::; p ::; n,
An+ 1 n fj' = Cj, donc µ (An +1 n 1;') = a'J /2 > O. Montro ns par récurrence que
µ(A.11) = rn ; on a 1.i(A1) = 2- 1 et
1-
2 ~
µ ( A n t ·l ) = _!: Lµ (I J") = ~2 (1 - ~
L _.!:_) = -2n+
2P l.
j = l p= l

Étan t donné que [O, 1] - LJ;~; A p = LJ;: 1 (!j - Cj), l'ensemble des composantes
connexes de cet ensemble est bien une suite d' intervall es ouverts.
Enfin, l'ensemble l j' - C'j' est ouvert, ne re ncontre pas An+i. donc ne re ncontre pas
An+ 1 et ceci prouve que An + l est contenu dans l'ensembl e u;~; Ap . Les ensembles Ap
en tant que réunion dénombrable de compacts d'intérieur vide sont maigres, il est donc de
même de u;~ll Ap et a fortiori de An 1-1 ; [ü, l ] étant un espace de Baire, on e n déduit que
An+ 1 est d' intéri eur vide.
2. L'ensemble A= U::-'=i A 11 est maigre en tant que réun ion dénombrable d'ense mbles
maigres; l'i mervall e (0 , l] éta nt un espace de Baire, A est d' intérieur vide et (0, l] - A est
donc partout dense. L'ensemble [O, l ] - A ne saurait être maigre, sinon l'interva lle [O, l J le
serai t et, étant un espace de Baire, serait d'intérieur vide, cc qui est absurde. On a
= l
µ(A) = L 2" = 1,
n= L
donc [O, l ] - A est de mesure nulle. li en résu lte que [O, l] - A est d' intérieur vide, donc A
est partout dense.
3. Considérons un interva lle ouvert non vide 1 C [O, l ] et soi t J un intervalle ouve n
2.5 1 EXERC ICES DU CHAPITRE 2. A 44 3

non v ide relati ve ment compact dans 1. On remarque que µ(Tj') = a'/ ::; 1/ 2" car
n n
µ( [O, l ] - u A p)
p= I
= 1- L
p= J
l/2p = 1/2";

la suite (l/2n) convergea nt ve rs 0, il ex iste un entier no tel que, pour n ~ n 0 , si l' un des
intervalles Ij' rencontre J, alors il est contenu dans r. Pour tout n , il existe effecti vement un
j tel que I j' rencontre J: en effet, l'ensemble LJ;=1Ap étant cl ' intéri eur vide (car maigre),
l'ensemble u;:l f j' est partout dense.
Ceci prouve que pour tout n ~ n 0 , il existe j 2 1 tel qu e f j' c ! , d'oli
An+1 n I :::i An+1 n Tj => Cj
et par conséquent µ(A n+1n1) > 0 pour tout n ~ no. Il en résu lte que µ( I n H ) > 0 et,
vu q ue I - H :::i I n I< oli K = LJ~= l A 2n, on a égalementµ(! - H) > O.
EXERCICE 2.4.1
1. Po ur tout x' E E', x' o µ : 'J--+ lR est une mesure signée, donc bornée. Ceci signifie que
(x' o µ)('.T) est une partie bornée de lR, c'est-à-dire que µ('.T) est une partie de E fa ible ment
bornée, donc fo rtement bornée d'après la propositi on 3. 16.9 de (27). Ceci prou ve queµ est
born ée.
2. L'espace M(X, 'J; E) est donc un sous-espace vecto rie l de l'espace J'"b('.T; E) de
toutes les app licati ons bornées de '.T dans E et on pe ut le muni r de la norm e de la topo logie
de la convergence uniforme. Montrons que l'espace M(X, 'J; E) est alors complet, c'est-à-
dire fermé dans '.J'b(T; E), ce dernier espace étant complet.
Soit (µ n) une suite de mesures conve rgea nt uni for mément versµ; il s'ag it de dé mon-
trer queµ est une mesure. Soit (Aie) un e suite d' ensembles de 'J disjoints deux à deux et de
réu ni on A, on a
k
µ n(A) = Lµn(A 1)+ µ n(Bk)où Bk =
j =O
uOO

j=k+ l
A j.

Ceci montre que li mk->oo µn(Bk) = 0 et en passan t à la limite qu e


k

µ(A) = Lµ(A1 ) + {t (Bk)·


j=O
li s'agit alors de vérifier que limk ->oo µ(Bk) = 0; or, ll µ(Bk )ll :S Ilµ - µ nll + ll J.i,,(B1Jll
et ceci permet de concl ure.
3 . On note d'abord que lµ (A) I :S lµl( A) ::; lµ l(X) pour tout A E '.T, d'où
llµ ll ::; lµl(X). On a d'autre part, avec les notati ons du théorè me 2.4.2
lµl(X) = µ + (X) + µ - (X) = µ(P) - µ(N) :S 2 ll µl l
et ceci prouve les inégalités voulues.
Vérifions que l'app li cationµ t--7 lµl(X) est une no nne sur l'espace NI(X , '.T; lR).
Soie nt µ E NI (X, 'J; JR) el a E lR, la défi niti on (2.4.3) de lµ I montre qu e laµI = lai lµ I,
d'où iaµ l(X) = lai lµ l(X) et, si µ1 , µ 2 E M(X , '.T; lR), la même formu le momre que
lµ1 + µ 21 :S lµ1 I + lµ2I, d'où l' inégalité triangulaire lµ1 + µ 2l(X ) :S lµ1 l(X) + lµ 2l(X).
Ceci montre que l'applicati onµ t--7 lµl(X) est un e semi-norme et, d'après les inégalités
précédemment établies, qu ' il s'agit d ' une norme équi valenle à la norme {l H llµ ll-
EXERCICE 2.4.2
l ,a . On notera d'abord que 1µ1(0) = 0 et que l'application lµI est croissante
444 CHA PITRE 2 INTÉGRATION

Considéron s ensuite une SL1ite (An) d'ense mbles de 'J di sjoints deux à deux et de
réuni on A el soit (A;) iE f une fa mille appartenant à '.7, posons A;n = A; n An ; la fa-
mill e (A;n) ·iE J est une fa mille fini e d'ensembles de 'J disjoints deux à deux et contenus
dans An et par conséquent
OO OO OO

L llµ(A;)ll = 2= ll :L µ(A ;n )ll S LL llµ(A;n)ll S L lµ l(An),


iE / iE J n=O i E I n= O n=O
d'où lµl(A) S I:::'= o lµ l(An), Pour démontrer l'inégalité opposée, vé ri fions d'abord que
lµI est additive. Soient A, B E 'J deux ensembles di sjoints, étant donné que lµl(0) = 0,
l' inéga li té précédente montre que lµl(A U B) S lµ l(A) + lµl (B). On a donc l'égalité si
lµl (AUB) = +oo. Lorsq ue lµ l(A UB) est fini , il en est de même de lµl(A) e t de lµl(B) ;
soit €> 0, il existe une fa mill e fi nie (A;) ;E r (resp. (Bj) jEJ) d'ensemb les de 'J di sjoints
deux à deux et contenus dans A (resp. B) tell es que
lµ l(A) S L llJL(A;)ll + e et lµl (B ) S L llµ (Bi)ll +E,
iE/ jE J
d'où
lµ l(A) + lµl(B) sL llµ(A ;) ll + L llµ(Bj)ll + 2€
·i E I j EJ

et par conséquent lµl(A) + lµl(B) S lµl(A U B) + 2e, ce qu i prouve que


lµl (A) + lµl(B) S lµl (A u B ) et l' additi vité.
Revenons alors à la démonstration de la Œ-additi vité et conservons les notations intro-
duites ci-dessus. On a d'après la croissance de lµI et l'addi ti vi té

lµl (A ) 2 lµI ( ÜAp)


p= O
= tp= O
lµl(Ap)

et e n passa nt à la limite lµl(A) 2:: I:::"=o lµl(An), ce qui permet de conclure.


b. Soit v: 'J ~ ÏR+ une mes ure positi ve te lle que ll µ (A)l l S v(A) pour LouL A E 'J.
Alors, pour toute fa mille (A,);Er appartenant à :Y, on a
L llµ(A;)ll S L v(A;) S v(A) ,
iE I iE J
d'où lµl (A) S v(A) et ceci prouve le résultat annoncé,
2,a. Soient /.t, v: 'J ---t E deux mesures el a E 1K, on a évidemment
Iµ + vl(A) S lµ,l(A ) + lvl(A) et lnµl(A) = lnl lµl(A) pour tout A E 'J;
ceci prouve que l'espace Mvb(X, 'J; E) des mesures à variati on bornée est un sous-espace
vectoriel de l'espace M(X, 'J; E) et que l'applicationµ H lµl(X) est une semi-norme sur
cet espace vectoriel; il s'ag it en fait d' une norme car lµ l(X) = 0 implique lµ l(A) = 0,
donc µ(A) = 0, pour tout A E T
b. Soit (µn) une suite de Cauchy dans l'espace Mub(X, 'J; E). On remarque que
llµll = s u pA ET llµ(A )ll S lµ l(X). La suite (µ ,,.)est donc de Cauchy po ur la norme
de la topologie de la conve rge nce uni fo rme ; d' après l'exercice 2.4. 1, celle suite converge
uni formément vers une mesureµ. Soit i:: > 0, il ex iste un entier n tel que lµP - µq 1(X) S e
pour p, q ;::: n. Pour Loute fa mille fin ie (A;)i EI d' ense mbles de 'J disjoints deux à de ux, on
a donc L ;E J Il (µ p - J.lq)(A;) Il S é et en fa isant tendre q vers l' infini
2= 11<µp - µ)(Al ll s €,
iE J
d'o[1 lµP - µl(X) S E pour p 2 n, Cec i prouve que la mesure µp - µes t à variation
2.51 EXERCICES DU CHAPITRE 2.A 445

bornée, clone la mesure µest à va ri ation bo rnée, e t la suite (µ n ) co nverge vers µclans
l'es pace Mvb(X , 'J; E) qui est clone complet.
EXERCICE 2.4.3
Dans cet exercic e, si (µ 11 ) est un e suite cle mesures telle que, pour tout A E 'J, la suite
(J.tn(A)) admette une limite notée µ(A) , nous dirons que la suite (µ n) converge vers J.L,
que µ soit une mesure ou non.
1. Soienl µ 11 : 'J --+ R+ une suite croissante cle mesures positives etµ = su p n µ .,, .On
a évidemment µ(0) = O. Soit (Ak) une suite d 'ense mbl es cle 'J disjoints deux à cieux cle
réu nion A, alors
OO OO

µn(A) = Lµ n(A k) :S'. Lµ(Ak) ,


k=O k =O
d'où µ(A) ::; L: %"'=o µ(A k)- Pour tout enti er L, o n a d' autre part L:~ =O J.L n (A k ) ~ J.L n (A)
et e n passant à la limite L:~ =o µ(A k ) ::; µ(A) , ci' où L:~=o µ(Ak) ::; µ(A) el cec i prouve
que µ est une mes ure.
2. On cons idère ensuite une su ite décroi ssa nte cle mesures µ .,, : 'J --+ lR+ positives
finies et on poseµ = inf 11 µ ,,. Alors, (µ 0 - µ ,, )est une sui te croissa nte de mesures positives
convergeant vers µ 0 - µq ui est donc une mesure finie et on en déduit queµ = µo - (µ 0 - µ)
est une mesure.
3. Si µ ,, : 'J --+ IR U { +oo } une suite croissante cle mesures sig nées et siµ = s up 11 µ n,
la suite (µ.,, + ) est une suite croissante de mesures positives co nvergeant vers un e mes ure
À : 'J' --+ i:+ cl ' après 1. et la suite (µ ,, _ ) es t une s uite décroi ssa nte de mesures positives
finie s convergeant vers un e mesure v : 'J --+ IR+ cl' après 2. Ceci montre que la suite (µ n)
converge vers À - v etµ = À - v est bien une mes ure.

EXERCICE 2.4.4
On suppose qu ' il ex iste une mesure À : 'J --+ lR te lle que J.L;::; À pou r tout i et on pose
µ(A) = s up I.>·; (A;), A E 'J,
iE J
où la borne supérieure porte sur l'ense mble de to utes les fam illes fini es (Ai )·iE J , J E '3(1)
(':J'(I) désignant l' ense mble des parties finie s de 1 ) , d'ensemb les de 'J disjoints deux à deux
et conten us dans A.
Étant donné que L; EJ µ;(A;) ::; >-(A), on note que µest à valeurs dan s IR.. En
pre n ant la fam ille réduite à un seul ensemble A; , i E 1, on cons tate ensu ite que µ ma-
jore la fami lle (µ ; ). D'autre part, si µ ' est une mesure majora nt la famill e (µ ; ), on a
L iE Jµ ;(A ;) ::; µ' (A), ce qui prouve qu e µ ' majoreµ . Le se ul point à démontre r est
donc queµ est bien un e mes ure.
On vérifie que p est add iti ve. Soient A 1 , A 2 E 'J deux ensembles disjoints de ré union
A, pour tou te fami lle fini e (B; );E J, J E 3'"(1) , d 'e nse mbles de 'J di sjoints deux à deux et
co ntenus dans A , on a en posant B1; = A 1 n B ; et B2; = A2 n B;
I;µ ;(B;) = LJ.L;(Bli) + I:
µ ;(B 2i ) :s: µ (A1) + µ (A2),
iEJ iE J iE J
d 'où µ( A) ::; µ(A1 )+ µ(A 2). D'a utre part, soit é > 0, il exi ste des fami lles fini es (B1i )iE J
et (B2; );EJ , J E 'J( J), d' ensembles de 'J di sjoints deux à deux et contenu s dans A1 e t A2
446 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

te lles que

'i E J iE J
d'où

i EJ
et ceci prouve que µ(A1) + µ (A 2) ::;: µ(A)+ 2 E, d'où µ(Ai) + µ (A2) ::;: µ (A) cl
l'additiv ité,
Vérifions ensuite queµ est O'-additive. Soit (A n) une suite d'ensemb les de 'J disjoints
deux à deux cl de réunion A, on a
OO

µ(A) = L µ(Ap) + µ(B,,) OÙ Bn = LJ Ap


p= O p= n + l
c l il s' agit de démontrer que lim ,._, 00 µ (Bn) = O. On a 0 ::; µ - µ ,; ::;: ,\ - µ i el la suite
( B,,) est décro issante et d' intersec tion vide. D'a près le théorème de Hahn-Jorda n, la mesure
,\ - µi se déco mpose en la diffé re nce de deux mesures positives à valeurs fi ni es ; la conti-
nuité inférieure appliquée à chacunt: de ces mesures montre que limn-->oo (,\ - µ, i) (Bn) = 0,
d 'oü limn-+oo (µ - /-"'i )(Bn) = 0 et on conclut en util isant la cont in uité inférieure pour la
mesure µ ; ,

2.52 Exercices du chapitre 2. B


EXERCICE 2.6 .1 - EXISTENCE D' ENSEMBLE LEBESGUE-MESURABLE NON BORÉLIEN
1. D'après la caractérisation [27 , exercice 2.6.2] des points de l't:nsemble de Cantor, on
notera que f( x) appartient bien à C , Soiem x = 2:;:'=1 an / 2", y = 2:;:'=1 /3,./2" deux
points de l'intervall e [O, 1 [ tt:l s que x < y ; notons p le plus petit entier tel qu e Op =/= (3p ;
on a °'r = 0 el (3p = 1 : en effet, si on avait °'P = 1 et /3p = 0, on aura it alors
p- 1 . p- 1 p- J
"\'L""' °'"'
OO

l "\'""' an "\'""' 1 "\'""' an 1


x 2 2" + 2r et Y ::; L ~ + L 2"' = L 2" + 2r '
n. = 1 'n = "l ri = p+ l n = l

d' oü x 2 y, cc qui est abs urde. On en déduit que


2 2 l
L
OO

f(x) - f(y) ::; - 3P + 3n =- 3P


n - p--t-l

et ceci prouve que f est strictement croissante.


2. Soit A une partie de [O, l[ non Lebesgue-mesurab le, l'ensemble de Ca ntor étant
de mesure null e, f(A) est négli geable, donc appartient à la tri bu de Lebesgue. Si l'en-
semble f(A) étai t un borélien, la fonc tion f étan t monotone, do nc borélienne, l'ensemble
A = r 1
(J(A)) serait un borélien. Ceci prouve le résul tat voulu .
EXERCICE 2.6.2
Soi t f : X --t ÎR+ une fo nction mesu rable positive, il existe (proposition 2.6. 10) une
suite croissante U n) de fo nctio ns étagées pos iti ves qui converge vers f, Montrons qu'on
peut trouvt:r unt: suilt: (an) dt: réel s te ls que 0 ::;: an < <Xl , une suite (An) d 'ensembles
2.52 EXERCICES DU CHAPITRE 2.B 447

mesu rables et une suite strictement croissa nte (Nn ) d ' e ntiers te ls que, pour tout n,
N.,,_

fn = 2: a pllA,, .
p=O
On rn isonne par réc urre nce sur n . Pour n = 0 , la p ropriété est évidente ; on éc rit ensuite
f n+1 f n + 9n oi:1 9n est un e fo ncti on étagée positi ve qu i peut s'écrire
9n = z= :,;;~~. + I ap 11 AP' 0 :S: a p < oo, An E '.J, Nn < Nn+ l · Cec i prouve le rés ul -
tat annoncé et o n en déduit J = li mn-> oo Z:: ~,;; 0 a pn Ap = L ~=O an 11 A... ·
EXERCICE 2.7.1

Pou1- tout enli er n 2'. 1, on pose An = {x E X; IJ(x) I 2'. l / n } ; ces ense mbles sont
mes urabl es, supp f = u~= l An et 11. A,. ::::: n lf l, d ' où µ(A n ) ::; n J
Il l dµ < OO; ceci
prou ve que les ense mbl es A n sont de mesure fini e et le résultat voulu .
EXERCICE 2. 7 .2
1. La fo ncti on j est mesurable et bornée, donc inlég rabl e sur tout interva lle [a, x]. Soient
a :S: x < b et 0 < h ::; b - x, on a
A=
F(x + h ) - F (x) ;·x+h
· - f (x + 0) = -11! X (f(t) - f (x + 0)) dt.
h
Pour 1:: > 0, il exi ste /5 > 0 te l que 0 :S: f (t) - f (x + 0) ::; c si x < t ::; x + 15,
d 'où 0 :S: A ::; c pour 0 < h ::; ô. Ceci pro uve que F est dérivable à droite e t que
F~(x ) = f( x + 0).
D 'après l' exerc ice 1.3. 82 , la foncti on Fest convexe.
2 . On pose
F (x ) = l"f~ (t) dt,
alors 1~ = f~ et, d 'a près le coroll aire 1.3.3, f( x ) = f(a) + F (x ).
EXERCICE 2.8.1

L' en se mbl e de Cantor ayant la pui ssa nce du co ntinu, il existe une bijec ti on i.p : C _, IR.
Soit f : lR. _, lR. le pro longement de i.p nul sur lR. - C, cette fo ncti on est su1j ecti ve car i.p
l' est et elle est null e presque partout vu qu e l' ense mbl e de Cantor est de mesure nulle .
EXERCICE 2.8.2
On c hoisit t E C, lt l = 1, tel quel J f d1-i soit réel e t posi tif. On pose g = tf , on a alors
\f f dµ\ = I/ gdµ I = / g dµ = / 'Re gdµ :S f 111dµ ,
d' où f ( lfl - 3:kg) dµ = Oet, la fo ncti on lf l- R e g étant positive, on en déduit que (propo-
siti011 2.8.4) If 1= 5R.e g p.p ., c'est-à-dire 191 = 5R.e g p.p .. Ceci mo ntre que "Sm g = 0 p.p.,
d'où 19 1= g p.p., soit Il l = t f p.p ..
EXERCICE 2.8.3 - INÉGALITÉ DE JENSEN

1. M ontrons que J j dµ > a. On peut s uppose r a fini. O n a a :S: f , d'où


a= J J J
adµ ::; f dµ. On ne peut pas avo ir j dµ = a car la fo ncti on positi ve f - a serait
d ' intégra le null e, donc (proposition 2.8.4) nulle presque partout, ce qui contredit le fa it que
f (x) > a pour tout x. Les mêmes arguments pe rme ttent de dé montrer que J f dµ < b.
448 CHAPITRE 2 INTÉG RATION

2. Pour a < x < y < z < b, o n a établi (exercice 1.3.8) l' inégali té
ip(y) - cp (x) < ip(z) - cp(x) < ip( z ) - ip(y) .
y- x - z-x - z- y
On en déduit cec i : soit t E ]a, b[, i 1 existe un réel ,\tel que
ip(u) - ip(t) - >.(u - l) 2: 0 pour tout ·u E Ja, b[,
d' où ip (f (x)) - ip(t ) - >.(f(x) - t) 2 0 pour tout x E X et en intégrant

f <po fdµ -ip(l) - ,\(J fdµ - t) 2: 0 .


On obtient le résul ta t voul u en prena nt t = J / dµ .
Note L' hypoth èse d' intégrabilité de <p o f ne peut être supprimée. Prenons X = JO, l [ muni
de la mesure de Lebesgue, a = 0, b = l et f (x) = x, une fonction convexe 'P : JO, 1[-+ lR
n' est pas nécessa irement intég.-able.
EXERCICE 2.8.4
On pose A = {x E X ; J(x) < O} , An = {x E X ; l(x) :<; - 1/n} pour tout entier
n 2: 1. Ces ensembles sont mesurables et la suite (An) est une suite croissant e de réuni on
A , d'où µ (A ) = li mn--+oo µ ( An). On a par aill eurs n JA / dµ :S - µ (A n); d'après
l' hypothèse, on en dédui tµ ( An) = 0, d' où µ(A) = 0 et ceci pro uve que f 2 0 p .p ..
EXERCICE 2.9.1
On observe que 2"::= :;"= 1 UA,. :S Ill :S E:=oUA,.. D'après le coroll aire 2.9.2, on en déduit
que

f
n= l
µ (A n) :'S j ll J :'S f

n= O
µ (An)

et ceci perme t de conclu re car A 0 =X est de mes ure fi nie par hypothèse.
EXERCICE 2.9.2
O n observe que
OO OO
1
2 n = -ro n = -(X)
d'où d'après le corollaire 2.9.2

~ f
n = -(X)
2" µ(An) S j Ill dµ :'S f 11.=-oo
2" µ(An)

et ceci permet de conclure.


EXERCICE 2.9.3
1. On considère la fo nction mesurab le pos iti ve / = 2"::= .~= o n. A,.. Dire qu e x apparti ent à au
moinskense mb lesAns ignifie qu ej(x) 2: k,autrementdit Bk = {x E X ; f(x) 2: k} .
Il en résulte qu e Bk est mesurabl e et que (coro ll aire 2.9.2)

kµ(Bk) S l, jdµ :<; j jdµ = ~ µ(An) ·


2. Si la série L ::°= o µ(An) est converge nte, on a limk --+oo µ (Bk) = 0 el par conséquent
l'ense mble B = n r:o Bk est de mesure nulle. Dire que X apparti ent à B signi fia nt que X
2.52 EXERCI CES DU CHAPITRE 2.B 449

appa rtient à une infinité de An. ceci prouve bien que presque tout x n'appartient qu ' à un
nombre fini de A,, .
EXERCICE 2.9.4
l ,a. On suppose d 'abord que J : X ---t R+ est une fo nctio n intégrable positive. D' après
l'exe rcice 2.6.2 , j pe ut s'éc rire f = I: ~= 0 an ll A,,. . 0 < an < oo (on peul évide mment
J
suppose r an op 0) el A,, E 'J. D'après le coroll aire 2.9.2, on a j dµ = I::':°= o anµ( A n)
et les ensembl es A,, so nt donc nécessaire men t de mesu re fini e. Soit é > 0 e t soit (én )
une s uite de réels > 0 te lle que I: ~= O anén :S é . D'après la for mule (2.3.2) el la pro-
position 2.3.9, il ex iste des o uverts On et des co mpacts Kn tels que K n C A ,, C 0 ,, ,
µ,(On) :S µ( An) + én et µ(A n ) :S µ (Kn) + én . Posons
N OO

9 = L an 1L K .., eth = L an ll o,,


n= û n= O
oü n ous choisissons N tel que I: ~= N+ L an µ (A n ) :S é : ceci est possible, la série
I: ~= O anµ( An ) étant convergente d'après l' intégrabilité de f. On a év ide mm ent
9 :S j :S h. La fo ncti on g : X ---t IR+ est s.c.s. car les compacts so nt fer més, intégrab le car
les co mpac ts so nt de mes ure fi ni e et

J OO N

J dµ = Lan µ( An) :S Lan µ(Kn) + Lanén +


n=O n=O
N

n= O
OO

L
n = N+ l
a,, µ( A n ) :S J g dµ + 2c.
La fonction h : X ---t R + est s.c.i. en tant que li 1nite d ' une suite croissa nte de fo ncti o ns
s.c.i . (27, propos iti on 2. L4. l) el, d ' a près le co rol laire 2.9.2,

J hdµ = fanµ( On ) :S f)a n µ(A n ) + anEn ) :S


n= O n=O
J f dµ + é .
J J f
On e n déduit h dµ :S g dµ + 3c, soit (h - g) dµ :S 3é, ce qu i prouve le résultat vo ulu
lorsq ue f est positive.
b. Dans le cas gé néral, o n écrit j f + - f -, il ex iste des fonctions
9± : X ---t lR+ s.c.s. intégrables, des fo ncti ons h ± : X --t IR+ s.c. i. intégrables telles que
f
9± :S f± :S h± et (h ± - 9 ± ) dµ :S é. On en déduit 9+ - h _ :S ! + - f - :S h+ - 9 - oi1
9+ - h _ : X ---t [-oo, +oo [ est s.c.s. intégrable eth+ - 9- : X ---t ] - oo, +oo] es t s.c. i.
intégrable. O n a h + - 9- - (g+ - Ji _ ) = h+ - 9+ + (h- - 9- ), d 'oü

/ (h+ - g _ - (g+ - h- ))dµ :S 2é.


2. Soit (én ) une suite de réels > 0 convergeant vers 0, il ex iste des fo nc tions
y:., : X--t [-oo, +oo[ intég rables s.c.s., h;, : X --+ ]-oo, +oo] intégrables s.c. i. telles qu e

J
9:., :S f :S 1i:, et (h~ - 9;, ) dµ :S t: n. On pose 9n = SUPo::;p:<:;n g~, h:, = info-:; p:<:; n h~.
On o bti ent ai nsi une suite croissa nte (g,,) de fo nc ti ons intégrables s.c.s . et une suite décrois-
sante (hn) de fo nction s intégrables s.c.i . te lles que 9n :S J :S hn el (h n - 9n) dµ :S En. f
Posons 9 = supn 9n, h = infn hn ; on a g :S f :S h et, d'après le théorème de Be ppo-Levi,
J f
ces fonctions g eth sont intégrables, g dµ = s up,, g,, dµ el h dµ = in f n hn dµ . J J
J
Il en ré sulte que 9dµ = J
hdµ et, vu qu e g :S h, o n en déduit que 9 = h p.p., d 'où
f = 9 = hp.p ..
EXERCICE 2.9.5
l ,a. On pose a ; = J f ; dµ e l a = s upiE 1 a; ; l'hypothèse fi :S g implique a :S: J g dµ :
450 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

et est do nc fini . Soit (En) une sui te de réels > 0 convergeant vers 0, on cons truit par ré-
cu1Tence une suite croissa nte (i,,) de 1 telle que et - En ::; et;.,, ::; li'.. Po ur n = 0 ,
ceci est immédi at d'après la défi niti on de et. On ra isonne alors par réc urrence : supposons
io, ... ,i n construits, il ex iste j E I tel que et - En+ 1 ::; O.j ::; et et, l'e nse mbl e J étant
fi ltrant, il ex iste in+1 E f tel que ik ::; in+L po ur 0 ::; k ::; net j ::; in+L ; o n a alo rs
li'. -En+i ::; etj ::; et;,,+ 1 ::; et, la suite gé né rali sée (et;) étant croissante.
b. Mo ntrons que la borne supéri e ure J = supn f ;,. ex iste. Une réuni o n d éno mbrab le
d'ense mbl es de mes ure null e é 1an1 de mesure null e, il ex iste une suite croissa nte ('Pn ) de
I} telle que 'Pn E fi . . , 'Pn S ()où() E g . D 'après le théorème de Beppo-Lev i, la foncti on
J
<p = s upn 'Pn est intégrable et r.p dµ = et ; on pose f = [ip]. On a 'Pn ::; <p, d 'où fi, , ::; f
pour tout n. D ' autre part, soit J' E L 1 te l que f;, , ::; J' et soit ip' E J' ; o n a alors
'Pn ::; J' p.p., d 'où <p '.':: <p p.p. el J ::; J', ce qui prouve que f est la borne s upérie ure de
1

J
la suite (fi.. ) e t que j dµ = a.
c. Montron s que f es t la bo rne supéri e ure de to ute la fami ll e (!;), c'es t-à-di re que
f ; ::; f po ur tout i E ! . La suite (Cf; - /;,,) + ) es t une suite décroi ssante de L 1 qui
converge vers Cf; - !) + . D'a près la pro positi on 2.9.3, on a

l (l; - ])+ dµ = Li m
n -+oo
j CJ; - ];,.)+ dp.

où (f; - /;,, )+ = su p(O, f; - fi,,) = s up(f;,,, fi) - fi,, ::; g - f;,,, d'où
J (J; - f;,, )+ dµ ::; a - a ;,. ::; En
f
et ceci prouve q ue (f; - f) + dµ = 0, d ' où(!; - !)+ = 0, c'es t-à-dire f ;::; f.
d . On vérifie q ue la suite généra li sée (f.;) co nverge vers f. On a
J' J dµ - En ::; J /;,, J
dJ.l ::; j dµ ; il en résulte q ue, po ur tout ·i ~ in,

J f dµ - En S J f i dµ S Jf dµ,
soit Il ! - f;ll1 ::; En et cec i prouve le résultat voulu.
2. Soit (f;)iE I une fa mill e no n vide et maj o rée de L 1, notons J"*(I) l'e nsemble des
pa rti es fini es no n vides de / el JJ = s upi EJ f; pour] E J"* (I) ; l'e nse mble:T*( / ) ordo nné
par inclusion es t filtra nt et l 'a pplica ti on J H f J est croissa nte ; le résultat v oulu résulte
do nc de 1.
Note Les rés ultats précéde nts so nt en gé néral fa ux da ns l' es pace ,f}. Par exe mple, sur lR
muni de la mesure de Lebesg ue, soit A c [O, l J un ense mbl e non Le besgue- mesurable ; o n
considère la fa mille (Ja) aE A où f a= 11. {a} · Soit f E .G 1 une fo ncti on intégra ble maj ora nt
la famille (la), on a nécessairement 11. A ::; jet, n A n'étant pas intégrable, il existe a E lR?.
tel que f(a ) > n A(a). Considérons alors la fonction g définie par g(x) = f( x) si X=/= a
et g(a) = n A(a) ; cette fonction est intégrable, majore la famille (fa) et g(a) < f(a) ; il
en résulte que f ne saura it être la bo rne supérie ure de la fa mill e (fa).
EXERCICE 2.9.6
1. O n pe ut supposer toutes les fo ncti o ns à va le urs fini es ( propositi on 2.8.3 ). La suite
(J - f n)+ converge vers 0 presqu e partout el 0 ::; (J - f n)+ ::; f. D'après le théo-
rème de la converge nce do minée, limn ->oo j'(J - fn) + dµ = O. Étant donné que
lim,,_,oo J(! - f ,.) dµ = 0, on en déd uit que li m n->oo J(J - fn) - dµ = 0 e t, par consé-
J
quent, lim n->= If - f.nl dµ = 0 , ce qui prouve le résultat vou lu.
2. S ur lR muni de la mes ure de Lebesgue, considérons la sui te de fa ne-
2.53 EXERCICES DU CHAPITRE 2.C 451

li ons f.n = n( "D. 1o,i / nl - "D.1- i/n ,01)- Cette suite converge vers 0, J fn dµ = 0 alors que
I lfnldµ = 2.
EXERCICE 2.9.7
Les e nsembles A,, = { x E X ; 1/ n S If (x) 1 S n} sont mesura bles, de mesure fi ni e car
n A,, S ni f I. la suite (An) est croissante et, si A est la réuni on des A ,.,
X - A = Bu C oü B = {x E X; J(x) = O} , C = {x E X; IJ(x)I = +oo }.
L'ensemble C étant de mesure nu lle, la suite fn = f"D. A,, conve rge presque partout ve rs
f , do nc en moyenne d'a près le théorème de la converge nce do minée vu que If,, 1 S lfl.
Il ex. iste donc un enti er n tel que llf - fnl l1 Sc: , c'est-à-dire fx - A,, lfldµ S c: car
If - J.,.I = lf l"Il x-A,, · O n a d'a utre part supxEA,. lf(x)I ::; net ceci montre que l'en-
semble An convient.
EXERCICE 2.9.8
1. É tant donné une sui te de n nombres a1, ... , a,, tels que o; E {0, l }, on observe que,
pour
n Ü'i n Ü'.i l
L 2i
i= 1
<x< L
i= l
2i+2n'
on a f ,, (x) = (1/ 2) - (01 + ... + o,,..)/n. Ceci montre que, pour tout 0 S k ::; n, la
fo nc tion f n est constante et égale à (1/2) - (k/n) sur ( ~ ) intervalles de longueur l/2n.
Ceci donne la fo rmule pro posée.
2. On calcule les sommes L:: ·~=okP ( ·~ ) pour 1 S p S 4 ; ceci permet ensuite de
ca lc uler l' intégrale proposée. On obtient une expression de la fo rme
·l À
jo fn(x) 4
n
dx = 2 + ~
n
el il en résulte que la séri e 2:::';°=1 Ilf~ 111 est conve rge nte. D'après le théorème 2.9. 12, la
série 2:::':°= 1 f,4,(x) conve rge pour presque tout x et ceci montre en particulier que la sui te
Un ) converge vers 0 presque partout, ce qui est le résultat de mandé.

2.53 Exercices du chapitre 2.C


EXERCICE 2.11.1
D'a près le théorème de Riesz, il ex iste y E E tel que 'l'x = (x ly) pour to ut x E E ; posons
Xn = (xlen) et Yn = (y le,, ), on a alors 'J.'x = L::=oXnYn, d'où ('1' o J)(t) = n2_: 1 y,,
pour t E In. Il en résulte que T o f est mesurable et que

("1 l(T o f)(t)ldt


}o
= f
n +1
n= O
~IYnlT (n+ l)
n = O 2( n + 1)
= f IYn l

et cette quantité est fini e car (y,,) E L . Ceci prouve que T o f est intégrable.
2

On a d'autre part
] 00 ')"

1 O
llf (t) ll dt = 2:: - -- 2 - (n+l)
n=On + 1
= +oo,
452 CH APITRE 2 INTÉGRATION

do nc f ne saurait être intégra ble d 'a près le théo rème 2.11 .6.
EXERCICE 2.12.1 - THÉORÈME DE PETTIS
1. Les conditio ns sont nécessaires d'après les propositions 2.11.2 3 el 2. 12. 1.
Pour démontrer que les conditi o ns sont suffi santes, on co nsidère une suite (Yn) dense
dans f(X - A) et une suite Tn E E' te lle qu e llTnll = 1 el '1;,y,, = ll Ynll : une te ll e suite
ex iste d'a près le coro ll aire 3. 13. 11 de [271. Soit x E X - A, il existe une sous-s uite (Yn.)
convergeant vers f( x). On a
11 /( x)JI = kli-too
m llYnk ll = lim 'l 'n. Yn k = lim l'l'n<y,,,I
k-too k-t oo
et,vuqueJ'l ;,,yn" - 'l 'n. f( x)I S llYn, - f( x)ll convergeversO,
11/(x)ll = lim ITn.f(x)I.
k -too

Étant donné que 1'1~, f (x)I S 11 /(x)l l, ceci montre que llf(x)ll = sup,. 1'1~/(x)I, d 'où
Il! 11 = s upn ITn o fi p.p. el il en rés ulte que la fonction li/li est µ-mesurab le.
Pour tout a E E, la fonction j - a vé1i fi ant les mê mes hypothèses que f, la fonc ti o n
x H llJ(x) - ail est µ-mesurable .
Montrons que f est Y- mes urabl e ; d'a près le théorè me 2.1 2.2 ceci prouvera que f est
µ-mesurab le. Soit 0 un ouve rl de E, on a 1
r
(0) = 1
r
(0 n J (X - A)) u B o ù
B = 1- (0 - f(X - A)) est conten u dans A, donc appartie nt à T. Par ai lle urs,
1

0 n f(X - A) est un o uvert du so us-espace séparable f (X - A) ; d'après la démo nstration


de la proposition 2. 10.7 de [27] , on en déduit que cet ensemble s'écrit comme une réunion
dénombrabl e de bou les ouvertes, c'est-à-dire d' ensembles de la forme B(a; r) n j(X - A)
où a E J(X - A) et r > 0, don t l' image réciproq ue par f s'écrit
{x E X; 11 /(x) - ail < r} n r 1
(f(X - A)).
L'e nsemb le {x E X ; llJ(x) - ail < r} appart ient à T d 'après la mesurabilité de
x H 11/(x) - aJI et l'ensemble 1
r
(f(X - A)) s'écrivant (X - A) U B où B C A
appartient également à T ; ceci prouve le résultat voulu .
2. résulte triviale ment de 1.
3. Soit '1' E E' , d'après le théorème de Ri esz il existe y E E tel que T x = (xly)
pour tout x E .E, c 'est-à-dire 'l 'x = L t E I XtYt en posant Xi = (xl et), Yt = (yl e i) . li en
résulte que l' app li cation T a f est l'app li ca ti on t t-7 Yt· É tant donné que Liu
1Yrl 2 < oo,
l'ensemble { l E I ; Yt #- O} es t dénombrable, donc de mesure nulle et ceci montre que
l'application '[' o f est nég li geab le, donc µ-mesurable ,µ désignant la mesure de Lebesgue .
L'a pplication f es t donc faiblement mesurable.
Montron s que, pour tout A E L de mesure nulle,](! - A) n' est pas séparable. Rai -
sonnons par l'absurde, supposons J(J - A) sépara ble. L'a pplicat ion j étant injective, il
existerait une pa11ie dé nombrable D C I - A telle que f ( D) soi l dense dans f (! - A) ; D
est dist inct de I - A ca r D est de mesu re nulle alors que J - A ne l'est pas, il existe donc
t E I - A U D. Vu que J(D) = U iE 0 {e t} , on pou rrait alors trouver une suite (ln) de D
telle que la suite (e i ,.) converge vers e1 et ceci est absurde car ll e1 - et,, Il = vl2 d ' après le
théorème de Pythagore.

EXERCICE 2.13.1
1. La fonction li/li étant intégra ble, il ex iste d'après l' exe rcice 2.9.7 un ensemb le B E 'J de
2.53 EXERCICES DU CHAPITRE 2.C 453

mesure fini e tel que


/ llfll dµ S s et s up llJ ll < <X l.
lx-B B
Soit o > 0 tel que t5 sup 8 llf ll S s ; d' ap rès le théorème d' EgorotT, il existe
A E 'J, A C B, µ(B - A) S o
Lei que la suite U n ) converge uniformément vers f
sur A. La suite U n 11. A) convergeant uni formément vers fll.A et A étant de mesure fi nie, la
convergence a lieu en moyenne d' après le théorème de la convergence
dominée, d'où J~ f dµ = limn->oo JA
fn dµ . Vu l'hypothèse, on en déduit que
/ fdµ =
lim { f,,dµ
l x-A n->oo f x -A
et par conséq uent il ex iste un entier n tel que pour p 2 n

IJL _ A fpdµll :::; é + Il l - A fdµll ·


On a d'autre part

lll _fdµll S l _Jiflldµ = l_ ~l flldµ + fs_} J lldµ SE +ôs~pllfll S 2 s,


d'où

En outre, en choisissant n suffisamment grand o n peut supposer que, pour p 2 n,


llf pll S ll J ll + 1 sur A, d'où llfpll S g sur A où g = M ll. A avec M = supA llf ll + 1 et,
g étant intégrable, ceci prouve (2. 13.8).
2. Si la suite U n ) converge vers f en moyenne, la suite (llfn ll) converge vers 11111en
moyenne d'après l' inégalité 111!11 - llfn ll I S llf - fnll ;la nécessité de (2. 13.9) résu lte
donc de 1.
R éciproquement, si (2.13.9) est vérifié, montrons que la suite (f.n) est de Cauchy en
moyenne ; ceci prouvera que cette suite converge en moyenne vers une fonction intégrable
g , d'où f = g p.p. d'après la proposition 2. 13.6 et le rés ultat vou lu . Soit E > 0 et soient
A , gel n conformément à (2. 13.9). On note d' abord que la sui te (fnll. A) converge en
moyenne d'après le théorème de la convergence dominée ; cette suite est donc de Cauc hy
en m oyenne: il ex iste un entiern' tel que JA
llfp- fq ll dµ s:; s pour p, q 2 n' . On a d'autre
pan

l -Allfp- fqll dµ l -A S llfp ll dµ + l -Allfq lldµ S 2é


pour· p, q 2 n . On en déduit que llfp - fq Ili S 3 E pour p , q 2 m ax( n , n') et ceci prouve
le résultat voulu.
3. On considère une suite (a 1 ) de~ telle que la séri e z:= ;,:
0 a1 soit convergente, mais
non absolument convergente et on pose f n = I::7=o a1 11. [i,J+J [. Ces fo nctions f n sont in-
tégrables pour la mesure de Lebesgue et la suite (/ri ) converge simplement vers la fo nction
f = I:;,:
0 a111. IJ,j +il qui n'est pas intégrable car

1 0
00

lf(t)I dt = f j =O
la1I = +oo.
La cGndition (2 .13.8) est cependant satisfaite. Prenons en effet A de la forme A = [ü, n[ , on
a If Pl S g sur A où g = sup1 la1i x ll 1o,n[· Choisissons alors n tel que
454 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

J L~= n aj J S E pour tout p 2: n, on a alors

If '' fp(t) dt l = I~ ajl SE pour p 2: n,


ce qui prouve (2. 13.8).
Quant à la conditi on (2. 13.9), elle n'est pas nécessaire. Prenons X =JO, l[ muni de
la mesure de Lebesgue, f n = n( ll. 10,1/n l - ll p - 1/n, 11), n 2: 1. Cette su ite de fonctions
1
intégrables converge sin1pleme nt vers 0 el f ol f n dt = 0, la suite (f0 f n dt) converge donc
bien vers O. Cependalll, la condition (2. 13.9) ne peut être vérifiée, car la s uite Cfn) ne
converge pas en moyenne.
EXERCICE 2.14. 1
1. On a
/ '+ 1)" JsintJ 1 / (k+ l)-rr 2
}br - l - dt 2: (k + L)rr Jkrr Jsin tJ dt = (k + l) n'
d'où
00
+00 Js in tJ
1 O
- t - dt 2: L
k= O
et cec i momre que la fo11c ti on s in t/ t n'est pas intégrable sur JO, +oo[.
2
(k + l) n = +oo

2. Par intégration par parties, on a


s int B costlB cost JB

A J
-dt = --- -
t l A A
- 2 dt
t

- - < -l . + -1 et
costlBI
8
cos-tdl
- 11·
t <
13
-dt -_ -1 - -l . j'
lt A - A B A t 2 - A t2 A B
On en déduit que
8

l 1 A- A
sin-t cl
- l 1 < -2.

Vu le critère de Cauchy, ceci montre que la limite lim A->+oo j~A s i7 t dt exis te, ce qui si-
gnifie que l' intégrale impropre ]~~ 00 s i ~' t dl ex iste.
3. Posons f(t,x) = e - t:c sint/ l, la fonction t >--+ f (t , x) est continue sur JO,+oo[
et J/ (l,x)J S e- t x ; la fonction t >--+ e - lx étant illlégrable pour x > 0, ceci prouve que
cp(x) est bien défi ni pour x > O. Pour 0 < xo :::; x, on a JJ(t, x) J S e-lxu et , la fonction
t r-+ e- lxu étant intégrable, la fonction <p i::st continue d'après le théorèmt: 2. 14 .2.
La fonction X >--+ f (l , X) est de classe e 1 et admet pour dérivée - e - t.c sin t ; étant
donné que je- l x s in tj S e - lxo pour X 2: Xo, la fonction <p est de classe e 1 d'après le
théorème 2.14.3 et
1 00

Calcul ons cp', on a


t.p
I
(x) = -
1
0
e
- tx ·
srn ldt.

· oo e t (·i - x) 1t= +oo 1 X+ i


0
j dt = - - -
e- l xe·il
i - x l=O x - ·i
..
L+ x2
En prenant la partie imaginaire, on obtient cp'(x) = - 1/ (1 + x 2 ).
On a limx -> += f( l,x) = 0, vu la majorati on Jj(t,x) J S e- txu pou1- x 2: xo et
le théorème de la co nvergence dominée , on en déduit que limx->+oo cp(x ) = 0, d'où
cp(x) = ~ - a rctgx.
2.53 EXERCICES DU CHAPITRE 2.C 455

4 . En intégrant par parties, on a


f, B 1 + tx IB
!
B e- t x e- tx
- - s in tdt = - --cos t - - 2- e-tx cos tdt.
A t l A A l
Le te rme intég ré se maj ore pa r l / A + l / B, quant à la dernière intégrale on remarque
(1 + u) e- u ::::; 1 pour tout u 2: 0 et on obtient donc la même majorati o n qu'à la question
2., soit
•B - tx 2
lj
1

A T s in tdt ::::; A '


d' où, en passa nt à la limite,

ll +oo e~tx s in tdtl ::::; ~·


On a par ailleurs li m x-> O,x> ü(l - e-lx ) s in t / t = 0 pour tout t > 0 et, vu que
0 ::::; 1 - e-u ::::; u pour ·u 2: 0,

(
sin t 1 ::::; x ::::; Ls10
1 -e - tx ) -t- .
<x::::; 1.
1
D'après le théorème de la converge nce dominée, o n e n déduit que

5. On peul éc1ire
li m
x--> 0 ,x> O 0 1 A
(1 - e
- tx sint
) - dt = 0 pour tout A > O.
t

j·A-t-t
0
sin.. d·t -- 1· A(l - e - lx ) -sin-l d·t
0 l
+ l Ae - t x -s in-t d t ,
0 t
d 'où
1
(1
Jo sint
- t-dt - 2 ::::;
7rl 1 (A
Jo (1 -e
- lx Sin t
)-t-dt
1 2
+ larc tg xl + A .
1

Soit E > 0, choisissons A > 0 te l que 2/ A ::::; c pui s x > 0 tel que

Il A (1 - e-tx ) si~ t dtl ::::; € e t 1a rclg x i ::::; é,

on a alors
s in t ni
11 - t
A
dt - - < 3€
0 2 - '
ce qui permet de co nclu re.
EXERCICE 2.14.2
Si X apparti ent à n, p = d(x, F) est > 0, d'où llx - t11- 1 ::::; p - 1 ; la fonct io n contin ue,
donc borélienne, t H ll x - t ll- 1 est bornée et, par conséquent µ-intégrable , la mesure étant
finie.
M ontron s qu e la fonction f est e = . Soit a E N3 , on vérifi e par réc urre nce sur la i que
D~ ( l l x - tll - ) = Pa (x - t)llx - t ll- 21" 1-
1 1

où P o: est un polynôme de degré ::::; lnl : on a en e ffe t,


D j (P<> (x - t)j jx - t jj- 2lo: l-l) = D1Pa (x - t)llx - tl l- 21°'1- L

t) x 2(x 7 - t ) llx - tll - 21"1-3 .


+ P" (x -
li ex. iste une consta nte c 2: 0 tell e que IP<> (x - t)I :S: c(l + llx - t ll " ) pourto ut t, x E IR ,
3

d' où ID~ (llx - tll - 1 ) 1 ::::; c(l + llx - tll 0 )llx - tll - 210 1- 1 . Sin' est un ouvert re lativement
compact de S1, il existe donc une constante c°' 2: 0 telle que ID~ ( llx - tll - ) 1: : ; c°' pour
1
456 CHAPITRE 2 INTÉG RATI ON

tout x E f.!' et tout t E F et, d'a près le coroll aire 2 . 14.5, ceci prouve que f est e
00
dan s
Q' , donc da ns f.! , et que

D o. f (x) = {' D~ (llx - tll - 1 ) dµ (t ) .


}p
Éta nt donné que DJ(Jlx - tll - 1 ) = - JJx - tlJ - 3 + 3(x j - t 1) 2 JJx - tJJ - 5 , on constate que
f est une fo ncti on harmoniqu e .
EXERCICE 2.14.3 - NOYAU DE POISSON DANS LE DEMI-PLAN

1. La fonction t >-+ f (t)P(x - t , y) est mesurable et, f étant borné,


lf(t)P(x - l, y) I ::; M P(x - t , y) ;
la fo nctio n t >-+ P(x - / , y) es t co ntinue intégrable , donc P f est bien défin i e t

J(P J)(x , y)J ::; NI


7f
1=
-OO
y
(X - t )2 + y 2
dt = M
7r
1=
-OO +
_ Y_
t2 y2
dt

j\I[ ; ·OO ~ = M.
7f -oo T2 +[
De plus, en posa nt t = x + YT ,

(P J)(x , y) = ~ j""'
7f _
00
J (t) (
X - l
~2 + Y2 dl = .:!:,
7f
1= _
00
f (x + yT) T 2d + .l
7
.

2. Lorsque (x, y) converge vers (xo , 0), f (x + yT) converge vers f (xo), d onc d' après
le théorème de la converge nce dominée

li m
(.c,y)->(Io ,0 )
(P J)(x, y ) = 11°"
-7r _ 00
J(xo) - 2dT
-
T + .1 = f( xo ).
3,a. O n a Po ,o(x , y ) = y/ rr et degréx Po,o = O. On raiso nne a lors par réc urre nce, on a
2
Pk+1,1(x , y) = (x + y2)81Pk ,t (x , y) - 2(k + L + l )xPk,t(x,y )
et
2
Pk ,t+1(x, y) = (x + y 2 )â2Pk ,1(x , y) - 2(k + l + l )yPk ,t(x, y),
d'o ù

et
degréxPk ,1+1 ::; deg réxPk ,l + 2 ::; /..; + 2(1 + L).
b. On montre que P f es t de cl asse e00 et que, po ur tout (k, L),
/,; l .
8 1 ô 2 (Pj )(x, y) - ;
, _ l / +oo f(t) ((x _Pkt),t(X+- yt , y)
-oo 2 2 )k+l+ i dl .
Il s'agit de dominer la fonction
. P1.: ,1(x- l,y)
9x,y · l t-7 f(l) ((x _ t) 2 + y 2) k+l+l
pa r une fo ncti on intégrabl e de t indépe ndante de (x, y), tout au moins loca le me nt.
Posons !J = ] - a, a[ x ]yo , y 1 [ où a > 0 et 0 < Yo < y 1. La fon ction
(t ,x, y) >-+ 9x, y(t)
est continue, donc bornée Sur le compacl [- 2a, 2a] X °IT ; il ex iste C :2: Ü tel que, pour tout
(x , y) E !1,
l9x ,y(t)J ::; c si JtJ ::; 2a .
La fonction l >-+ P1,; ,1(x - t , y) est un polynôme de degré ::; k + 2l dont les coe ffi cients
sont des polynômes en (x )y)' donc bornés sur le compact n ; il existe donc une co nstante
2.53 EXERCICES DU CHAPITRE 2.C 457

c :;:: 0 telle que , pour tout (x, y) E Il,


IP1,; ,1(x - t , y)I S c ltlk+ 21 si ltl :::: 2a .
On a, pour - a < x < a et lt l :::: 2a,
lx - tl :::: lt l - lx l :::: ltl - a:::: ltl / 2.
Il en résulte que, pour (x , y) E Il,
4
(
x- l
~2 + y2 S t 2 si lt l :::: 2a
On e n déduit une constante c :::: 0 telle que, pour tout ( x, y) E D,
l9x,y (t) I :S c 1tl k+ 2 l- 2 (k+l+l ) = c ltl- k- 2 si lt l :::: 2a.
En résumé, on a, pour tout (x , y) E Il,
si Il l < 2a ,
l9 x, y(t) I :S { :lw k- 2
si ltl :::: 2a
et - k - 2 < - 1, ce qui prouve l' intégrabilité de la fonction dominante.
c. On vérifie que
2 1 2y(3x 2 - y 2 ) . 2 . 2
Ô1 P(x,y) = - ( 2 ) et &2 P(x,y) = - 8 1 P( x , y) ,
7r 2 3
X +y
d'où 11P(x , y ) = 0 et !1 (P J) = 0: P f est une fonction harmonique dans le demi-plan H
et, si f est continu , P f se prolonge en une fonct ion continue sur H val ant f sur la fronti ère
de fi , c'est-à-dire sur l'axe des abscisses.
4 ,a . On a
(P f)( x, y) = ~ 1_: e-i(x-\-·y-r ) T2d: 1 = J( .r:)g (y)


gy 1
( )= -
! OO e -•iyT-dT-.
7r -oo T2 + 1
et g(y) = (P f)( O,y), doncgestdeclasseC= .
b. On a ~(P f) = 0, d'où J" (x)g(y) + f( x )g" (y ) = 0, so it g" (y ) - g(y) = O. li en
résulte que g(y) = c+eY + c -e-y . Or g est borné car lg(y) I = l(P f )(O, y) 1. donc c+ = O.
D'après 2., g(y) tend vers l lorsque y tend vers 0, d'où c_ = 1 et g(y) = e - Y.
EXERCICE 2.17.1
1. Vérifions d'abord que v : 'J --+ E est une mesure. En écrivantµ comme la co mbinaison
linéaire de quatre mesures positives, on peut supposer la mesu re µ positive . Soit (A n ) une
suite d'ensembles de 'I disjoints deux à deux et de réunion A. On a gll A = 2:::",:°_0 g ll A,,

~ llgll A,, Ili = ~ L . 11911dµ, = i 11911 dµ <OO;

d'après le théorème 2.13.4, la série L ~=o 9-U. A,, converge vers 9 -U. A en moyenne, d'où
v(A) = L -:'.:=° ov(An ).
2. On remarque ensuite que llv (A)l l S JA
llYl l d lµI d' après les formules (2.15.3) ou
(2. 15.8) ; étant donné que A >--+ JA
llDll dlµI est une mesure positive, il résulte de l'exercice
2.4.2 que lvl(A) :S JA1191 1dlµI. Ceci montre que lvl : 'J --+ lR+ est une mesure finie.
3. Soit 9 = Li EI a; llA, une fonction étagée intégrable : f est un ensemble fini,
a; E E, A; E 'I, lµ l(A; ) < oo et les ensembles A ; sont disjoints deux à deux. Pour
458 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

to ute fami lle finie ( Bj )jEJ ; d'ensembles de 'J disjoints deux à deux telle que Bj c A;, on
a pou rtout A E 'J
lvl(A) 2 LL llv(A n BJ)ll = L lla;ll L lµ(A n Bi)I
iE J jE.J; iE I j E J .;
car
v( A n Bi) = j .g dµ
A nB 1
= a;µ( A n Bi ) si j E k

On remarque ensuite que (A n B i )ju, est une fa mill e finie d'ensembles de 'J di sjoints
deu x à deux contenus dans A n A; et, inversement, que toute fa mille ayan t ces propriétés
est de cette forme. Il en résulte que

lvl(A) 2 L
iE J
lla;ll lµl(A n Ai) = j A
llgll dlµI.
Ceci prouve la formule voulue lorsque g est une fo nction étagée intégrable.
4. Soi t (gn) une suite de fonctions intégrabl es conve rgeant en moye nne ve rs une fo nc-
ti on g. Notons Vn : 'J -+ E la mesure associée à la fonc tion 9n· Soit E > 0 , il ex iste un
r
entier n tel que, pour p 2 n, llg - gpll dlµI ::; €. Soi t A E 'T, l'entier p 2 n étant
fixé, il existe une partition finie ( A ;)iE J (resp. (Bi )j E J) de A constituée d'ensembles de T
di sjoints deux à deux telle que
0S lvl (A) - L llv(A;)ll S €et 0 S jvpj(A) - L llvp(BiJ ll S €.
iE/ j EJ
Posons C;i = A; Il Bi, on a alors
0S lvl(A) - L llv(C.;j)ll SE, 0S lvpl(A) - L llvv(CiJ) ll SE
(.;,j)E l x J (i,j)E l x J
et
1 L llv(C;i) ll- L llvp(C;j)lli s
(i,j)E i x .J (i,j)E J X J

L llv(C;j) - vp(C;i)ll S / llg - 9v ll djµj SE ,


(i,j)E l x .J

d'où llvl(A) - hl (A)I S 2 E pour p 2 n, ce qui prouve que lvl(A) = limn--+oo lvnl(A).
On a d'autre part

l ll9lldlµI = ,,1!...~ l llgn lld lµI .


Ceci montre que, si la formu le (2. 17.4) est établie pour les fonctions gn. elle est également
vraie pour g. Étant donné que l 'cspace des fonctions étagées intégrables est de11Se dans L 1 ,
ceci permet de conclure.

2.54 Exercices du chapitre 2.D


EXERCICE 2.20.1
D' après le lemme 2.20.4, il ex iste rp E C0 (X; [ü, 1]) tel que rp = 1 sur f( et
i>-i(rp) - E S i>-l(K) S i>-l(rp). Soit e E Ca(X; [ü, l ]) tel que e = 1 sur J( et
e
su pp C V, on a alors Brp E Co( X; [O, 1]), Brp = 1 sur K, supp B<p c V et Bcp ::; ip, d'où
i>-l(Brp) S l>-i('P) et i>-l(Bcp) - E S i>-l(K) S l>-l(Brp). Utilisons ensuite la formu le
2.54 EXERCICES DU CHAPITRE 2.D 459

(2 . 19.7). Il ex iste une fonc ti on 1/; E eo(X) telle qu e 11/11::; O<.p et


À(1/;) ::; IÀ l(B'P) ::; >. (1/;) + .=:;
o n a a lors 11/11::; 1, su pp 1/; c supp B'P c V et >.('lj.;) - E ::; IÀI (K) ::; >.( 1/;) + .=: .
EXERCICE 2.20.2
S i la sui te (f,,) converge faib lement ve rs f , ell e est bornée [27, proposition 3. 16. I 0] cl, pour
tout a E X, la suite ( < Oa, f,, > ) converge vers < Oa, f >, ce qui signifie que la suite
(f,,) converge simpl ement vers f.
R éciproquement, les conditi o ns a. et b. éta nt vérifiées, il s'agit de dé montrer qu e, pour
toute mesure de Radon>. E E' = M(X), la s uit e ( < >. , f n > )co nve rge vers < >. , f >.
To ute mes ure de Radon éta nt la co mbinaison linéai re de quatre mes ures positives, on peut
suppose r À positive et, vu le théorème de Ri esz 2.20. 1, il s'ag it de dé montrer qu e pour toute
mesure réguli ère ~t : '.13 -t IR+

{ J dµ
} X
= li m
n --+oo
jX
fn dµ

et cec i résulte du théorème de la co nvergence dom inée.


EXERCICE 2.20.3
l ,a. On utili se la caractéri sati on des mesures ré gui ières de 1a propos ition 2.3. l I. Tout co m-
pact est de v-mesure fini e, donc de µ-m es ure fini e. Soit A E 'Jet soi t .=: > 0, il ex iste un
ouvert 0 C A tel que v(O - A) ::; é , d'où µ(O - A) ::; t:, ce qui prouve que la mesure µ
est réguli ère.
b. se vérifi e de façon semblab le.
2. Par définition, une mesure sig née µ est réguli ère si la mesure
lµI = µ + + µ _ est réguli ère, donc si les mes ures Jl± sont rég uli ères d 'a près l ,b.
EXERCICE 2.20.4
l . D'après l'exercice 2.36.8 de [27], l'espace X admet une base de topologie déno mbrable.
Tout ouvert de X est un espace localement compact admettant une base de topologie dé-
nombrabl e, donc dé nombrable à l'infini d' après le mê me exercice e t ceci prouve que tout
ouvert de X est une réuni on dénombrable de compacts
2 . Tout ouve rt 0 peut donc s'éc1ire comme la réuni on d'une suite croissante (Kn) de
co mpacts. On construit la su ite ( 'Pn) par réc urre nce . D'après le corollaire 2.36.6 de [27],
il existe une fonction 'Po E eo(X; [O, l ]) te lle que 'Po= 1 sur K o et supp 'f)o c 0, puis
par récurrence il existe 'Pn+1 E eo(X; [O, l ]) telle que 'Pn +1 = 1 sur K n+1 U supp 'Pn et
supp 'Pn -H C O. On obtient ainsi une suite ( <pn) aya nt les propriétés voulues.
3. D'a près l' exercice 2.20.3, o n peut suppose r que la mesureµ est positi ve. Toute fonc-
J
ti on cp E eo(X) étant µ-intégrabl e, la forme linéaire 'PH 'P dµ est une mesure de R ado n
positive. D' après le théorème 2.20.1, il existe une unique mes ure réguli èreµ' : '.13 -t lR+
te ll e que
/ 'Pdµ = / 'Pdµ' pour tDut <p E eo (X).

D' après 1. et le théorème de la convergence monotone, on en déduit que µ(O) = µ' (O)
pour tout ouvert O. La mesureµ' étant rég uli è re, la proposition 2.3. 1 1 montre qu e, po ur tout
boréli en B E '.13 et tout é > 0, il ex iste un o uvert 0 et un fermé F tels que F C B C 0
et µ 1 ( 0 - F) ::; é ; l'ensem ble 0 - F étant o uvert, on en déduit que µ(O - F) ::; E et la
460 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

mesureµ est donc rég ulière d'après la proposition 2.3.11.


EXERCICE 2.20.5
l. L'application Bn : E ---+ E est évidemment linéaire et

JBn(f)(t)J :s: (t (; )
j=O
1
t (1 - t r- 1 )11!11 = 11!11;
ceci prouve la continu ité de En et JJBnJI :S: 1. On a en fait J IE n Il = 1 vu que B n (J) = f
si f est la fo ncti on constante e t égale à l. Il en résulte que la suite (En) est équicontinue
d'après la proposition 3. 12.1 de [27].
2,a. On a

d'où

t(l - t) :l Bn(fk)(t ) f(; ) t1( l - tt- 1 (j - nt)fk(~)


j =O
nBn(fk+1)(t) - nlBn(fk)(t) ,
soit
t(l - t) d
Bn(fk+1)(l)--- =d Bn(fk)(l) + lBn(fk)(t).
n t
b. Pour k = 0, Bn(fo) = fa, d'où En(fo)(t) = an ,o + Pn,o(t) avec an ,o = 1 et
Pn,o = O. On raison ne alo rs par récun-ence sur k ; on a
t(l- n
Bn ( f .k-t-l )( l·) -_ - - t-)(·kan,k t k - 1 dPn,k( l·)) + an ,d.k+1 + .tPn,k ()
+ ---;;;-- t ,
d' où la formu le voulue avec
t(l - t)dPn,k ()
k:
Pn,k+ 1(l) = ;_an ,d
.k
+ -- n----;;;- t + tPn,k ()l
et les coefficie nts de Pn,k sont bien majorés en modu le par une ex pression de la fo rme
Nh / n vu qui:! Jan,kl :S: l.
c. On en déduit que

OÙ an ,O = an ,l = l i:!t
l k- 1
an ,k = ( 1 - ;:) X ... X ( 1 - - - ) pour k 2 2j
11
on en déduit que limn-+oo an ,k = 1 et limn---too IJB,,(fk) - Ali = o.
3. La suite (En) est équico ntinue et elle converge simplement sur le sous-espace F des
polynômes qui est dense dans E [27, théorème 3.26.1]. Il en résulte que la suite (B,,(f))
converge dans E pour tout f E E [27, corollaire 3. 12.6] el, si B(J) = limn --->oo En(f) ,
B : E ---+ E est linéaire contim1. Étant donné que BJF = h d'après b., E(f) = f pour
tout f E E d'après le principe du prolongement des identités et ceci prouve le résultat
voulu .
4. On remarque que
n- j
tJ( I - t t - 1 = t1 °"( - l)k( n -k j )tk ,
~
k= O
d'où
n- j .

.\(tl( J - t) n- j) = I ) - 1l( n~J )m1+k = mn - j,j


k=O
2.54 EXERCICES DU CHAPITRE 2. D 461

et

À(Bn(f)) = t (
j =O
7)mn-1,d(~)·
On en dédu it que

1t (7) mn-j,j f(~)I S


j =O
llÀll llBn(J)ll S 11>-ll ll Jll -

Choisissons, l'enti er n étant fi xé, la fonct ion f E E te lle que li/li = 1 et


mn - j,jf(j/n) :::: 0, J(j/n) = ± 1;
on obtient alors (2.20. 12) avec c = Il Àl l-
5. On défin it une for me linéaire À sur le sous-es pace F en posant
À(fk) = mk. la suite (/k) est en effet une base de cet espace vectoriel. L' hypoth èse
(2.20. 12) implique que
i>-(Bn (/)) I S c il/ li pour tout f E F.
D' après 2,b., fk - B,,(fk) = Q n,k où Qn ,k est un polynôme de degré S k dont les
coefficients sont majorés par M{/n ; il e n résulte que
k

À(fk) - À(Bn (/k) ) = L A;,,k mi où I A~i, k l S M{/n


j=O
et ceci montre que la suite (>-(Bn(/k))) converge vers À(fk ). Par linéarité,
À(p) = li mn-> oo À(Bn(P)) pour tout polynôme p. Étant donné que IÀ(Bn(P)) I Sc llPll,
on obtient en passant à la li mite l>-(p) 1 S c llP ll· Autrement dit, À est une form e linéaire
continue sur F et cette for me linéaire cont inue se prolonge donc de façon unique e n une
forme linéaire continue sur E, c'est-à-di re en un e mesure de Radon .
6 . Si À est une mesure de Radon positive, alors m,, ,1 :::: 0 vu que m n,j = >-(ti (1 - t)" ).
Réciproquement, on suppose m,, ,1 :::: 0 pour tout n , j :::: O. Montrons que la cond ition
(2.20 . 12) est alors sati sfaite. On a

t ~(
1= 0 k= O
- 1) k ( ] ) ( n ~j ) m i+k

n l
LL(- l/-1 ( n )( n- j )m1
l= O j = O J t- j
et, pour 0 S t S n,
l . l

2::C- 1)1-j (] )( 7=J) = ( ~- )2::C- 1)1-j( ~) = ü;


1= 0 j=O

ceci prouve que L,7=o ( ] )lm n-j,j 1 = 0, la condition (2.20. 12) est donc bien vé rifiée.
D 'après 5., il ex iste donc une unique mesure de Radon À telle que À(fk) = mk. Cette
mesure de Radon est positi ve. En e ffet, soit f E E, f :::: 0; l'express ion de >..(Bn(f) )
obtenue à la question 4. montre que À(B,,(J) ) :::: 0, d' où >-(f ) :::: 0 en passant à la limite.

EXERCICE 2.21.1

On a 1 < Àn, r.p > 1 S ll Ànl l ll'P lloo pour tout r.p E eo(X) , d'où
1 < À,r.p>1 S li m infll>..n ll ll'Plloo,
n~oo
462 CHAPITRE 2 INTÉGRAT ION

ce qui prouve le résultat vou lu.


EXERCICE 2.21.2
Les parties compactes de X son t les parties fini es et toute fo nction de X dan s IK est conti-
nue. Il en rés ulte que les es paces eK (X) sont de dimension finie égale au cardinal de ](
el la topologie de la converge11ce uniforme sur ces espaces est leur topologie ca nonique
d'espace de Banac h.
L'applica ti on cp est évidemme nt linéaire. Quant à la bijectivi té, si f E :F(X; IK) est
donné, il existe une unique forme linéaire À sur e 0 (X) telle que ,\(11. {x}) = f (x) pour tout
x car l'ensemble des fonctions ( Il. {xJ) xE X est une base de l'espace eo(X) et toute forme
li néaire sur e 0 ( X) est une mesure de Radon, les espaces e K (X) étant de dimension finie.
La topologie vague sur M (X) est définie par les sem i-normes À >-+ I>-( cp) 1où cp décri t
e 0 (X) el cette ramille de semi -normes est équi valente à la sous-fa mille À >-+ 1,\( 11. {x}) 1où
x décrit X. Il en résulte que cp est un isomorphi sme de M(X) muni de la top ologie vague
sur l' espace J"(X;IK) muni des semi-normes f >-+ lf(x)I, x E X, et ces semi-normes
défi nissent précisément la topolog ie de la convergence simple.
b. Celle assertion résulte de la proposition 2.21. 17 et du coroll aire 2.22.3 de [27].
EXERCICE 2.21.3
1. Étant donné que e 0 (X) c c0 (X), la topologie faib le a(Mb(X), c0 (X)) est plus fine que
la topologie vague. Une suite (Àn) qui converge vers À pour la topologie a( Nh (X) , co(X))
converge donc a fortiori pour la topologie vague et elle est bornée [27, proposition 3. 16.5),
c'est-à-dire supn 111>-nl11 < oo où 111Àn111 désig ne la norme de>.,, en tant que forme linéaire
continue sur co(X) . Étant donné que eo(X) est dense dans co (X), on a
11 >-nll = 111>-nlll el par conséquent sup 11 11>-n ll < oo. Réciproquement, si une suite bor-
née (>.,, ) de mesures de Radon bornées converge vaguement vers >., elle converge pour la
topologie a(l\lh(X), co(X)) d 'après le corollaire 3.12.6 de [27].
2. La topologie de la convergence étroite est plu s fine que la topologie a(Mb( X) , c0 (X) ),
ce qui permet de conclu re.
EXERCICE 2.21.4
1. Soi t é > 0, d'après la formu le (2.20.3), il existe une fonction cp E eo(X; (0, l]) dont le
support est contenu dans 0 telle que >.( cp) :::; >.( 0) :::; À( cp) + é . La suite ( Àn ) convergea nt
étroitement vers>., donc vag ue ment, il existe un entier n tel que l>.( cp) - Àp(4')1 :::; é pour
tout p :;:: n . Étant donné que Àp (<p) :::; Àp( 0) , on en déduit que
Àv(O) ~ ,\(0 ) - 2é pour toutp :;:: n.
Appliquons ce résultat à l'ouve11 X - F: il existe un entier, qu 'on peut encore noter n, tel
que >-v(X - F) :;:: >.(X - F) - 2€ pour tout p ~ n , d'où
Àv(X) - Àp (F) :;:: >.(X) - >-(F) - 2€ pour p ~ n .
La suite (Àn) convergeant étroitement vers À, À(X) = lirnn-+oo Àn(X) ; o n peut donc
supposer que Àp(X) :'::'. >. (X) + f pour p ~ n, d'où Àp(F') :::; À(F) + 3€ et on en déduit
que
À( 0) - 2t: :::; Àp(O) :::; Àp(F) :::; >.(F) + 3€ pour p :;:: n.
Par hypothèse À(O) = ,\(F) = ..\(A) , par suite
>-(A) - 2.s :::; Àµ( A) :::; À(A ) + 3€ pour p 2 n ,
ce qui prouve le résultat voulu .
2.54 EXERCICES DU CHAPITRE 2.D 463

2,a. L' ensembl e f'e est fermé, l'e nsembl e O " est ouvert et O " c Fe ; il en résulte que
la fronti ère de F, est contenu dans Fe - 0 0 et on déduit la formu le proposée, d 'o ù
,\(Fr (F, )) :::; ,\(F, - Oe) = ,\(Fe) - .\(O" ) = >..(Fe) - lim >..(F,_ 1/n),
n --+oo
d ' après la continuité supéri e ure des mesures, la suite ( F" _ 1 ;n ) étan t croissante.
b. L'application E ---+ >.. (Fe) étalll croissante, l'ense mble de ses points de discontinuité
est dé nombrable, ce qui permet de construire la sui te ( E j). On a alors d 'après l' hypothèse
vu que ,\(Fr (Fej )) = 0
limsup Àn(F) :::; lim s upÀ n (F, J = >..(Fej ).
'1i -+oo n------too
La suite (Fe; ) étant décroissante d'intersec ti on F, la continuité infé ri eure des mesures pe r-
met d e conclure .
3. li suffit d'app liquer le résultat précédent au fermé X - O.
4,a. D'après le théorème de Fubini

1=~i(Bt) 1=(l dt = nn, (x) dµ) dt = L(1 00

lln, (x) dt) dµ = l 'P dµ.


La suite (>..n(X)) converge vers ,\(X), la fronti è re de X étanL l'ensembl e vicie; il e xiste
clone une constante c :::: 0 telle que Àn (Bt) :::; Àn (X) :::; c pour tout net tout t et on peut
utiliser la proposition 2.9.8, les intégrales en t ne portant qu e sur l' intervalle [O, ll'P l ], d 'où

lim s up ( '{! d,\n = lim sup


n--+oo JX n--+oo
r=
Jo
Àn(Bt) dt :::; f'
Jo
00

lim s up Àn(Bt) dt.


n-+CX)
Les ensembles Et étant fermés, on a d'après 2,b.

lim sup ( 'P d>-n ::;


n--+oo Jx Jo
f 00 ,\ ( Bt) dt = JX
'Pd,\.

b. Le raisonnement est identiq ue, les ensembles B; étant ouverts, on utilise 3.


5. On en déduit que la suite ( < Lan, <p > ) converge ve rs ( < la , i.p > ) pour toute fonc-
tion <p E Cb(X) positive, donc pour toute fonction 'P E Cb(X) e n éc rivant
<p = <p+-'P-·
6. Si Fest continu au point x , ,\( {x}) = 0 vu que,\ est la mesure de Lebesgue-Sti e ltjes
associée à F et il suffit d'appliquer 1.
Réciproquement, d'après la proposition 2.21.2 il s'agit de vérifier que la suite (>.. n)
converge vaguement vers À. Soit <p E C0 (R) et soit E > 0, !' ensemble des points de discon-
tinuité de F étant dénombrable , on construit aisément une fonction en esca lier
1
'ljJ = L::~ l ai n]x, ,x;+ I telle que Il 'P - 'l/Jll :::; é , la fonction F étant continue en les points
Xi. On a alors
n
< Àn, 7./J >= 2.:ai Àn(] Xi,Xi+1]) = L ai (F( x;+1) - F(xi))
i= l -i = l
et il en résulte que la suite ( < Àn, 'ljJ > )converge vers < À,1/1 > .On a alo rs
1<À '{! > - <Àn, 'P > 1 < 1<À, '{! - '!/; > 1+ 1 < À - Àn, 1/J > 1+ 1<Àn, 'P - 'l/J > 1
1

:S: (supn 11>-nll + 11>..ll)i:: + 1<À - Àn,7./J > 1


et il existe donc une constante c :::: 0 te lle que 1 < À,'{! > - < Àn , <p > 1 :::; Cé , ce qui
perme t de concl ure.
EXERCICE 2.21.5 - CONDITION DE PROKHOROV
l ,a. Vérifions d'abord qu'on peut supposer ).. = 0, c'est-à-dire que la condition
(2.2 1 .2) est équiva lente à la condition obtenue en remplaçant Àn par ).. - Àn. Supposons
464 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

l>-nl(X - K) S € pour tou t n , alors 1>- - >-ni S 1>-1 + l>-nl d'après (2.20.9), d'où
I>- - Àn l(X - K) S l>-l(X - K) + l>-nl(X - K) pourtout n.
La mesure l>-1 étant régulière et fini e, il existe (2.3.3) un compact F<' c X tel que
i>-l(X - F<') ::::; i:: , d'où I>- - Ànl(X - !(") ::::; 2i:: si K" = K u K '. En utili sant l'i négalité
l>-nl :<; 1>- 1+ i>- - >-n i. on vérifie de même que la condition (2.2 1.2) pour À- Àn implique
la condition (2.2 1.2) pour À n.
b. li est clair que (2 .2 1.2) im plique (2.2 1.3). Réciproquement, si (2.2 1.3) est vérifié,
comme précédemment, on montre qu' il ex iste un compact K ' c X tel que
i>-Pl(X - K') Si:: pour (0 ::::; p < n ,
d'où l>-nl(X - K") :<; c pour tout n où K" = l( U K' et ceci prouve (2.2 1. 2).
c. Mont ro ns ensuite que les conditi ons sont suffisantes. On suppose que la suite (>. 11 )
converge vaguement vers 0 et que (2.2 1.2) est vérifié. Soit cp E eb(X), il s'agit de démon-
trer que la suite ( < >. 11 , c.p > ) converge vers O. Soit 'l/J E e 0 ( X; [O, l ]) tel que '</; = 1 sur K ,
on a < Àn, cp >=< >..,. ,'1/;cp > + < Àn, (1 - ·tf;)cp > ; la suite ( < Àn, 't/;cp > ) converge
vers 0 car 'lj;cp E eo(X) et

l < Àn,(l - 'lj;)cp > I l/ '( l - 't/;)cpdÀn l S ll'Pl loo / . dl>-nl


X X- K
S ll'Pll oo l>-nl(X - K ) S i:: ll'Pll oo ,
ce qui permet de conclure.
d. Réciproquement, on suppose que la suite (>.n) conve rge étro itement vers 0, mais
que (2.21.3) n'est pas vérifié. li ex iste donc i:: > 0 et, pour tout compact K et tout entier n ,
un entier p 2 n tel que l>- 1,I(X - F<) 2 5c .
Prenons l( = 0 et n = 0, il ex iste donc un entier n o tel que l>-no 1(X) 2 5i:: ;
d'après (2.3 .3), il existe un compact Ko tel que l>-nul(X - Ko) Sc el il e n résulte que
l>-nol(Ko) 2 4€. Soit Lo un voisinage compact de K o, d'après l'exercice 2.20. 1, il existe
cpo E eo(X) tel que l'Pol S 1, supp cpo C Lo et 11 >-nu l(Ko) - Àn 0 (cpo)I Si:: . Ceci prouve
(2 .2 1.4) et (2.2 1.5) pour j = O.
On raisonne ensuite par réc urrence : on suppose construits n1, F<1 , L 1 et cp 1 pour
0 S l S j vé rifi ant (2.2 1.4), (2.2 1.5) el (2.2 1.6). Étant donné que limn-+oo Àn('Pj) = 0, il
existe un entier n H 1 > n J tel que l>-n('P1 )I :<; €J pour n 2 n1+1 et
j

i>-nJ+ 1 l(X - LJ Li ) 2 5i::;


i=O
soit [{H I c X - u~=O Li un compact tel que i>-ni+1 l(X - u~=O L ; u Kj ~1) € ; on s
a alors l>-n,+, l(K1 ~ i) 2 4c; si L J+ t est un voisi nage compact de Kj+1 contenu dans
X - u~= O Li, on peut alors construire une fonction 'Pi+l ayan t les propriétés vo ules.
On considère alors la fonc tion c.p = E ~o '{Jj E eb(X) ; 0 11 peut écri re

1 < À nj , cp > 2
1 J/ .
LJ
c.p dÀ n J 1- ~ 1;: .'P
i=O L,
dÀ n; 1- 1/ _
X
.i . 'P dÀn ,;
U i :;::;: U Li
1

Ji J
cp d>-,,;J = 1>-.,,, cc.pj)1 2 1>-nj 1(K1)-é 2 3i::,

I
f
L ,
cp d>..,,, 1 = l>-n , (c.pi) I S ci , O S i S j - J ,
2.54 EXERC ICES DU CHAPITRE 2. 0 465

el, pa r conséquent,
j - 1

1 < Àn;, 'P > 12 2é - 2= éi 2é


-i = O

et cec i co ntredit le fai t qu e la sous-s uite (Àn:i ) converge é troite menL vers O.
EXERCICE 2.22.1
1. Si M(X) est métrisable, l'es pace t:o(X) est de dime nsion dénombrabl e [27 , exercice
3. 15.3] ; les espaces de Banach t:K(X) sont donc de dimension fini e d 'après [27, exercice
3.5.3].
2. Pour construire les voisinages ouverts O;, on ra isonne par réc urrence sur n, la pro-
priété étant évide nte pour n = 1. On pose A = {x 1 , ••• , x,.. } e l B = {Xn + i} ; on dé fi nit
ain si d eux co mpacts di sjo ints et, le so us-espace 0 éta nt séparé, il s admetten t des voisinages
ouve rts di sjoints, soient 0 A c 0 et On-1- 1 c 0 ; il suffi t alors d ' utili ser l' hy po th èse de
récurrence da ns l' es pace 0 A pour les n points xi, ... , Xn. L'existence des fo ncti ons 'Pi
résulte alors du coroll aire 2.36.6 de [27]. Ces fonctions so nt linéairement indépe ndantes :
si I.:;;=1 Ài 'P i (x) = 0, pour x = x ; on obti ent À; = O. li en rés ulte que la dimensio n de
e1<(X) où K = 0 est 2 n ; d 'a près 1. , ceci montre q ue 0 est nécessairement fini . Le
sous-espace 0 est séparé et fini , donc di scret.
3. Soit x un point de X et soit 0 un voi sinage ouve rt re lati ve ment co mpact de x ;
d'après 2., {x } est ouvert dan s 0, donc dans X et cec i prou ve que X est un espace di sc ret.
Il en rés ulte que les fo nctions :D. {x } apparti ennent à l'es pace t: 0 (X) et, étant linéaire ment
indép endantes, X est déno mbrable d' après 1.
EXERCICE 2.22.2
D'a près la pro positi on 2.22. 12, il ex iste une sous-s uite qui converge vag uement, do nc étro i-
teme nt d'après l'exerci ce 2.2 1.5.
EXERCICE 2.22.3
1. Soit (xj) une suite de Cauchy de E. Dans un e.l.c., to ute suite de Cauchy étant born ée,
le théorème 2.22.13 momre qu ' il ex iste un enti er n tel qu e Xj E E,, pour tout j. D'a près
le mê me théorème, on sait que E induit sur En la topologie de En ; il en résu lte que (xi)
est une suite de Cauchy de En el elle converge don c dan s En et, a fo rti ori , dans E. Ceci
prouve que E est séquenti elle ment co mpl et.
2. Lorsque la suite (En) est stri ctement croi ssante, En est un sous-es pace stri ct de
E, donc est d ' intéri eur vide. Les es paces En étant par ailleurs fermés dans E (théo rè me
2.22. 13), l'espace E est maigre dans lui -même et n'est do nc pas un es pace de Baire .
3. Si la topologie de E était métri sa ble, E se rait un espace de Baire d'après 1. et le
théorème de Baire [27, th éorème 2.28. 1], ce qui contredit 2.
Note Par exemple, si X est un es pace locale ment compac t, non co mpact et dénombrabl e à
l' infini , l'espace t: 0 (X) n'est pas métri sa ble .
EXERCICE 2.22.4 ESPACE DE SILVA

l ,a. T out élé ment x de F peut s'écrire x = L iET À;Xi oli À; E IK, x; E B et 1 est un
ense mbl e fini ; soit >.. E IK, l' ensemble B étant co nvexe équilibré, >..x appart ient à B dès
466 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

que L; EI 1ÀÀi1 ::; 1, do nc dès que À est suffisamment petit et ceci prouve que B est une
partie absorbante de F.
b. La jauge j de Best une semi-norme sur F d'après le lemme 3. 14 .2 de (27] . Mon-
trons que la topologie sur F défi nie par cette seul e semi-norme est plus fine que la topologie
induite par celle de E. Soit li ·li une sem i-norme défini ssant la topologie de E ; B étant
borné, il ex iste c 2: 0 te l que llxll ::; c pour x E B . Soit x E F, pour tout À > j(x ), on
a x E ÀB , d'où Jlxll ::; Àc e t on en déduit que llxll ::; c j(x), ce qui prouve le résultat
annoncé.
La topologie sur F' définie par la semi-norme j est donc séparée et ceci montre que
celte semi-norme est une norme.
c. Soi t (xn) une suite de Cauchy de F ; cette suite étant bornée, on peut supposer
grâce à une homothétie que j(xn) < l pour tout n, d'où Xn E B et, B éta nt une partie
complète de E, la suite (xn) conve rge vers x E B pour la topologie de E. S oit é > 0, il
existe un entier n tel que j (xp - Xq) < é pour p , q 2: n, d' où Xp - x,1 E é B et, B étant
fe rmé dans E, x - Xp E éB pour p 2: n, d'où j(x - xp) ::; é et ceci prouve que la suite
(xn) converge vers x pour la topologie de F.
2. On note Bn la boule unité de En et B = En son adhérence dans E,,+ l ; cet en-
semble Best un convex.e borné équilibré en tant qu 'adhére nce d' un convexe borné équilibré
[27, proposition 3.8.4 et lemme 3. 14.3] ; d'après 1. , l' espace vectoriel Fn engend ré par B
muni de la jauge j de B est un espace normé et cet es pace est un espace de Banach car B
est compact dans En +1, donc complet.
L' injecti on canonique de Fn dans En+1 est continue d'après 1. Quant à l' injection
canonique de En dans F,,, six E Bn , on a x E B , d'où j(x) ::; 1 et cec i montre que
j(x) ::; llxllE., pour tout x E B,,, d'où le résultat voulu.
Vérifions enfin que B est 1a bou le unité de f 'n , ceci prouvera que cette bou le unité est
compacte dans E n+ I ·Si x E B, on a j(x) ::; 1. Réciproquemen t, si j(x) ::;: 1, x E À B
pour tout À > l ; pour tout entier k 2: l , il ex iste donc Yk E B tel que x = (1 + (l / k))Yk
et, B étant compact dan s E,. + 1 , il ex iste une sous-suite (yk,) qui converge vers y E B dans
E n+ l · En passa nt à la lim ite, on en déduit x = y E Bel le résu ltat vo ulu.
3. La condition est nécessaire d'a près la continuité des injections canoniques de En
dans E. Réciproquement, supposons An En fe rmé dans En pour tout ne t soit :c !{;A ; la
continuité des injections canoniques de Fn dans En+1 montre que An L~ est fe rmé dans
Fn pour tout n. li existe un entier n tel que x E Fn.
On construit par récurrence une suite croissa nte (Vn 1. k)k ~ o de voisinages convexes
équ ilibrés de 0 dans Fn 1 k tel le que (x + V,, 1-k) n A = 0, Vn -i k étant compact dans
F,,-i k+l· Pour k = 0, An 1'"",, étant fermé dans 1'"",,, il existe une boule fermée Bn de F'n
centrée à l'origine telle que (x + Bn) n A = 0 ; nous prenons a lors Vn = Bn, Vn étant
compact dans En+ J, donc dans F ,,+1, d'a près 2. Supposons construi t le voisinage Vn+k .
on construit alors Vn +k+ 1 co mme sui t. L'ensemble A n Fn+k+1 est fermé dans Fn+k + i .
(x + Vn+k ) n A = 0 e t x + V.i+ k est compact dans Fn+k + l ; il ex iste do nc une bou le
fermée Bn+k + 1 de F, ,+k+ 1 centrée à ! 'origine telle que (X+ V.i+k + B n+k+ 1) n A = 0 ;
montrons que Vn+k+1 = r(V,, +k U B 11 .t-1.; + 1) conv ient. On observe d'abord que Vn+ k+ i
contenant Bn+ k+l est un voisi nage de 0 E F n+ k+ 1. que Vn+ k+1 est con vexe équili-
bré en tant qu 'e nveloppe convexe d' un ensemble équilibré et que 11,,+k c V.i +k+ I · Par
ailleu rs l'ensemble Vn +- k + B n+k+ I étan t convexe et contenant Vn+k U Bn+k+ I. on a
V.i+k ·i l C V; ,+k + B,.+k +1 el par conséquent (x + Vn+k+ 1) n A = 0. Enfin, 11,,+k+ t est
2.54 EXERCICES DU CHAPITRE 2.0 467

compact dans Fn + k+2 en ta nt qu'image du co mpact [ü, l] x Vn -t-k x Bn+k+l par l'a ppli-
cation continue (t, y , z) 1-7 ty + (1 - t) z.
On pose V = U~= o V,,+k ; cet ense mbl e est con vexe équ ilibré et V n Fn+k :) Vn +k ;
E éta nt la limite inductive de la suite (Fn+k)k : O: O· la proposition 2.22.2 montre que V es t
un vo isinage de 0 dans E. On a d 'autre part (x + V) n A = 0, ce qui prou ve que le
comp lémentaire de A est un vo isi nage de chacun de ses points el A est donc ferm é.
4. L'e nse mble {O} est fermé d 'a près 3. et E est donc sé paré.
Une partie fermée est évidem ment séquen ti elle ment ferm ée. Réciproquement, si un e
partie A est séque ntie lle me nt fermée , les ense mbl es A n E 11 sont séque nti elle ment fermés
dans En, donc fermés et A est fermé d'après 3.
5,a. La condition est év ide mment suffi sante d 'après la continuité de l' injec ti on cano-
nique de En dans E. Réciproquement, supposons que B soit une pa rti e bornée de E.
En multipliant la norme de F,.+ 1 par une constan te, o n peut to uj ours supposer que
llxllF.. +1 ::; llxll F,. pour tout x E Fn, c'est-à-dire Bn C Bn+ I en notant Bn la boule
unité de Fn. On démontre a lors qu ' il existe un enti er n te l que B C nBn, ceci prouvera
que Best con tenu et borné dans Fn, donc dans En+l· On ra isonne par l'absurde: on sup-
pose que B <t- nBn pour tout n. Il ex iste alors x,, E B te l que Xn !/: nBn. Construi sons
des boules fer mées B.~ c B,, ce ntrées en 0 E F,, et de rayon > 0 telles que
(2.54. 1) Xn !/: n( Bb + .. . + BU pour tout entier n, k.

On prend B0 = Bo ; on a alors Xn !/: nB0pour tout n car Bh C Bn. Supposons construites


les bo ules B 0, ... , B~ telles que la propriété (2.54.l)n,k soi t vérifiée pour tout n. On re-
marque alors que , pourn :::'.'. k + 1 et B~+ 1 C Bk+i. on a Bô + ... B~+ 1 c Bk+1 c B,,
et par conséq uent (2.54.l)n,k-l-l est vérifié po ur n :::'.'. k + 1 quel que soit le c hoix de
B~ + i C Bk+t· Il s'agi t d onc de choisir B~ + 1 C Bk+1 tel que (2.54.l)n,k+l soit vérifié
pour 1 S n :S k. Poso ns A = u ; = I {xj/j} ; les ensembles A et Bô + -.. + B~ son t des
co mp acts disjoints de Fk+1 et, par conséquent, il ex iste une boule fermée B~+ 1 C Bk+ 1
ce ntrée en 0 E Fk +1. de rayon > 0 et te lle qu e An (Bô + ... + B~ + 1 ) = 0 ; ceci ac hève
la construction des boules B~.
P osons V = r( U ::"= o B.~) ; V est convexe équilibré en tant qu 'envelop pe convexe
d' un ensembl e éq uilibré et V n Fn :) B~ ce qui prouve que V est un voisinage de 0 dans
E. On remarqu e enfin que V est contenu dans l'ensemble convexe U ::'.=° 0 (B0+ .. . + B~)
el il e n résulte que Xn !/: n V pourtout n el ceci es t a bsurde vu que la suite (xn/n)n : o: 1 te nd
vers O.
b. Soit B une partie bornée de E, alors il existe n tel que B soit contenu et borné dans
En ; il en résu lte que Best relativement compact dans En+1 et a fortiori dan s E.
6 . La conditi on est évidem ment suffi sante. Réciproque ment, s i la suite (xj) conve rge
vers x dans l' espace E, e lle est bornée et il existe donc un enlier n tel que Xj E En pour
tout j , la suite (xj) étant bornée dans En. L'injection de En dans En+1 éta nt co mpacte,
il existe une so us-suite qui converge dans En + 1 e t sa limite est nécessai rement x. Ceci
montre que x est la se ul e valeur d'adhérence de la suite (xj) dans En+1 et il en résulte [27,
corollaire 2.3 1.2] qu 'elle converge vers x dans En+l·
7. Si l'espace E est métrisable, l'origine ad met un système fondamental dénombrable
décroissant (Vi) de voisinages de O. On démontre que l' un de ces voisinages est borné,
donc relativeme nt compact d'après 5. : vu le corollaire 3.7 .5 de [27], ceci prouvera que E
est de dimension finie.
On raisonne par l'absurde, on suppose qu'aucun des voisinages Vi, n'est borné. Si B,,
468 CHAPITR E 2 INTÉGRATION

désigne la boule unité de E n (on peut suppose r Bn C B n+1), on a donc Vk rt. nB11
pour tout n et to ut k . C hoisisso ns des points Xn,k E Vi tels que Xn,k !/. nB.n et posons
Xn = Xn ,n· On a Xn E V n, la suite (xn) converge donc vers O. Cette suite (xn) est donc
bo rnée ; d'après 5., il ex iste un entier l et une constante c ;::: 0 tel le que Xn E c B 1 pour tout
n, d 'où x,, E nBn pour n 2 m ax(l, c) et cec i contredit le fa it que Xn !/. nBn pour tout n .
8. La topolog ie 'J dé fini e par la fa mill e de to utes les se mi -no rmes est sé pa rée [27, exer-
cice 3. 15.5) et, les sous-espaces eK(X) étant de dimensi on fini e, elle induit sur ces so us-
espaces le ur topologie canonique. La topologie 'J étant la topolog ie d'e.l.c. la plus fine
possible, c'est la limite inductive des topologies des sous-espaces CK(X). D 'après 7. , la
topologi e 'J est métrisab le si, e t se ul e ment si, C0 (X) es t de dimension finie , c'est-à-dire si,
et se ul ement si, X est fini .

2.55 Exercices du chapitre 2.E

EXERCICE 2.23.1

Soit 0 un ouvert de 1
1. On vérifi e que les fo nction s <p: (x, y) H y et 1f; : (x, y) H f (x) sont 'J@'B- me surables.
Ro n a <p- 1 (0) = X x 0et 1/J- (0) = f - 1 (0) x R
ce qui permet
de conclure.
Poso ns F( x, y) = y - f (x), alors le graphe de f est éga l à F - 1 (0) ; ce graphe appar-
ti ent donc à la tribu 'J © '.B et il est de mesure nulle d 'après le coroll aire 2.23.7.
2. On a A = { (x, y) E X x R!; <p(x, y) 2 0 et F(x, y) :::; O} et, pa1· co nséquent,
A E 'J @'.B . Pour ca lculer la mesure de A, on utili se la formul e (2.23.4); pourtout x E X,
on a A(x) = (0, f (x)] et v(A(x) = f( x), d ' où

(µ 181 v) (A ) = L v(A( x) ) dµ = L f dµ .

EXERCICE 2.24.1
La fonc ti o n x H xy(x 2 + y 2 ) - 2 est une fo nction continue impa ire , donc d' intégrale nulle
sur lintervall e [- 1, l ]. On e n d éduit que

! 1(l11 f(x , y)dx )dy = 0

et de même la seconde intégrale est nulle.


La fonc ti o n f n'est cepe nd ant pas intégrable sur [- 1, 1]2. La fo ncti on f é tant positive
sur (0, 1] 2 , on peut calcLJler son intégrale sur cet ensemble en utilisant le théorème de Fubini.
On a pour 0 < y < 1
t
Jo (x2
xy
+ y2)2 dx =
1 y Il
- 2 x2 + y2 o 2y(l
1
+ y2),
d'où j~ j~ f( x, y) dx dy = +oo, ce qui prouve que f n'est pas intégrable.
1 1

EXERCICE 2.24.2
D'après le théorème de Fubini , on a pour tout A >0
fo A(1 fo (foAe-ixsin x clx)dt
00 00

foA s i: x dx = e- t x dt) sin x dx =


2.55 EXERCICES DU CHAPITRE 2. E 4 69


- lx . e-(t-i)x - e-< t +i)x
C S tn X =
2i
et on en déduit aisément que
1
1
A - lx . e-t A .
e s1n xdx = - 2- - - - - - (cosA+ ts m A)
0 t + l t2 + l
et par conséquent
00
s in X
1 o
A

et, pour A ;::: A 0 , on a


-.-· dx
X
=-
7r

2
-
; ·

0
e- tA
- 2--(cosA
t +L
+ tsin A) dl

- tA
1t~+ 1 (cos A + t s in A)I :<::: e- tA
0
(t + 1) E L 1 ( [0, +oo[) .
D' ap1·ès le théorème de la conve rgence dominée, la limite li mA ->oo J; sin x /x dx ex iste,
ce qui prouve l'existence de !' intégra le impro pre fo"'" sin x/x dx el
00

1
S ill X 7r
- - dx= - .
o X 2

EXERCICE 2.25.1
On n otera d'abord que A est un borélien en tant que fermé, donc A E '.131 0 '.13 2. Pour
x1 E [O, l ],on a A(x1) = {xi}, d'où µ 2(A(x1)) = 1 et, pour x 2 E [O, l ], A(x2) = {x2},
d'où µ 1(A(x2)) = O. On en déduit qu e

1.
10,11
/.L 2( A(x1))dµ1 = l e1 {
1 10, li
µ 1(A(x2)) dµ 2= 0 ;

ceci p rouve que la formule (2.23.4) n'est pas vé ri fiée. Bien entendu , on observera que la
mesure µ 2 n'est pas a -finie.
EXERCICE 2.27.1
1. Lo rsque les fo ncti ons J, g sont intégrables, noton s J 0 , g° : IR --+ C leur prolonge ment
par 0 à tout IR. La fon cti on J 0 * g0 est dé fini e presqu e partout et est intégrabl e (théorè me
2.27.4 ) ; il suffit alors d ' observe r que J * g est la restriction de J0 * g 0 à IR+ .
2 . Lorsque les fon cti ons J, g sont localement intégrabl es, on remarqu e d'abord que la
fo nct ion (f: (x , y) H J (x - y)g(y) définie sur {(x, y) E R 2 ; 0 :<::: y :<::: x}estl a restri cti o n
de la fonction mes urable (x , y) H J0 (x - y)g 0 (y ). Cette fo ncti on 9? est donc mesura ble
el, d'après le théorème de Fubini , on a pour tout A :;::: 0

1 A(1 xl9?(x, y)I dy )dx = 1A(~Al9?(x , y)I dx) dy :<:::1 îf(x)I dx x fo Îg(y)I dy <=.
D' après le théorème de Fubini , on en déduit qu e (f * g) (x) est bien dé fini pour presque tout
x E [O, A] el que la fonction dé fini e presque partout J * g est in tég rabl e sur [O, A]. Ceci
prouv e le résultat voulu.
EXERCICE 2.28.1
1. En ra isonnant sur les fon cti ons J 1L1-n,nJ et g 1l. J-n ,nl• on peul supposer les fon cti ons
J et g intég rabl es ; on peut éga lement supposer ces fon ctions à va leurs réelles finies. On
considère alors les mesures dµ = J dx et dv = gdx ; ces mesures réelles dé fini es sur la
tribu boréli enne de IR vé rifient µ :<::: v sur la semi-algèbre S(IR) , donc sur la tribu boréli e nne
470 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

d'après le lemme 2.28.2. Cec i signifie que, pour tout borélie n B E '.B(R) ,

l f (x) dx::; l g(x) dx.


En appliquant l'exercice 2.8 .4 à la fo ncti on g - f , on obtient le résultai voulu .
2. Ona

et
a l
b f n (x) dx = cos na - cos nb
n

b f ( ·)2 d _ b - a
a

d ' où le résultai annoncé.


ln X X - 2 +
s in 2na - sin 2nb
4n '

Supposons qu' il existe une sous-sui Le(!,.,) qui converge presque partout vers f . D' après
le théorème de la convergence dominée, on a alors pour tout a, b E R

;·bf (x) 2dx = b ~ a ;


lba
f (x ) dx = 0 et
a -
D'après 1. et la première relati on, on en déduit f = 0 p .p. et ceci est contradictoi re avec
la seconde relation. On notera que, d'après le théorème de Tychonoff, la s uite (!,.,) est
relativement compacte pour la topologie de la convergence simple.

2.56 Exercices du chapitre 2.F

EXERCICE 2.29.1
1. Si µ (X) est fini , soient n atoines (A i)i :<:; i:<:; n tels que [A;] =/= [A 1] si i =/= j. Posons

B; = A; - LJ (A ; n A1).
j = I
j/oi

Étant donné que A ; - A J ou A 1 - A.; est de mesure > 0 lorsqu e i =/= j , A i n A 1 est de
mes ure nulle el par conséqu ent [A;] = [Bi]. Soit E > 0 tel que µ(A;) 2 i::, les ense mbles
B; étant disjoints deux à deux , on en déduit que n t:::; µ (X) et ceci montre qu ' il ex iste un
nombre fini de classes d'équi vale nce d' atomes de mesure 2 i:: , ce qui perme t de conclure
dans ce cas.
2. Lorsq ue la mes ure est a- fini e, il ex iste une partition dénombrable de X, soit
X = LJ:':'=o X,,, où les ensembles Xn E '.T sont de mes ure finie. Si A esL un atome, on
a A = LJ::"=o An où An = An Xn et, la mesure de A étant > 0, il exi ste un enlier p tel
que µ(Ap) > 0 et par conséque nt µ(An) = 0 pour n =/=p. Ceci montre que la mesure de A
est fin ie et qu e Loul atome est équivalent à un atome contenu dans l' un des X n. Une réuni on
dén ombrable d'ensembles dénoinbrables étan t dénombrable, on en déduit le r ésultat voulu
d'après 1.
EXERCICE 2.29.2
1. L'ensemble A n'étant pas un ato me, il existe des ensembles di sjoints B, , B2 E T tels
que A = 81 U B2 et µ(B;) > 0 ; vu qu e µ(A) = µ(Bi) + µ(B 2), on en déduit qu ' il
ex iste B E '.T, B c A, te l que 0 < µ(B) ::; µ(A)/2. En itérant ce résultat, o n peut alors
conclure.
2.56 EXERCICES DU CHAPITRE 2.F 4 71

2 . D'après 1. on a m(A) > 0 , il existe donc A1 E 'J, A i c A tel que


m(A) / 2 5 µ(A i ) ::;: t:. Si µ(A - A 1) = 0, on peul écrire A = A 1 U (A - A1 ) et
le rés ultat est acquis. Si µ (A - A i ) > 0, il ex iste A2 E 'J, A2 c A - Ai , tel que
m(A - A1)/ 2 5 µ(A 2) 5 t: . Par récurrence , ou bien on construitune suite fini e Ai , . . . , A ,,
d'ensembles de 'J contenus dans A, di sjoints deux à deux tell e que µ(A - LJ~= 1 A p) = 0
auqu e l cas le résul tat voul u est dé montré, ou bien on construi t une suite (A ,. ).,. ;::: 1 d' en-
sembl es de 'J contenus dans A , di sjoints deux à deux telle que
1
2m(A - u"' A p) S µ(A n+1) ::; € pour tout n ;:;>: .1.
p= l
Posons alors B o = A - LJ~= l A n, l'applicati on B H m(B) étant cro issante,
n
m(Bo) S m(A - LJ A µ) S 2µ (An+1)
p= l
et, vu que E ~= l µ(An) ::; µ(A) < CXJ , µ (An ) tend vers 0 quand n tend vers l' infini et
ceci prouve que m(Bo ) = 0, d' où µ (Bo) = 0 d' après 1. On a alors
n OO

Ao = A - LJ Ap = Bo U LJ A p,
p= l p= n + l

d'où µ (Ao ) ::; .Z::::;:°= n + i µ (A n) ::; € dès que n est suffisa mment grand , ce qui permet de
conclure.
3. En prenant t: = 2- n , on construit par récurrence, pour tout entier n , une partiti on
fini e A = LJiEI ,, A;' telle que A i' E 'J, µ(A i') S T " et te ll e que, pour j E l n+ 1, il
ex iste i E !,, tel que Aj+ i C A ;' . On construit ensuite par récurrence des parties J 11 de J,,
tell es que la sui te Bn = LJiEJ ,, A ;' soit croi ssante et b - 2- n S µ(Bn ) S b. L'ense mble
B = u~= I Bn répond alors à la question.
EXERCICE 2.29.3
l. D' après la proposition 2.3 .9, il existe un compact K C A tel que µ (!<) > 0 et, A
étant un atome, µ (K ) = µ(A). Notons alors (K;);EI la fa mille de tous les compacts
K ; C I< de mesure > O. On remarque que µ (K ;) = µ (A ). D'autre part, la fa mille (K ;)
est stable par intersection fini e ; e n effet, K ; n I<i est co mpact et de mesure > 0, sinon
K ; - I<j et I<j - I<; sont de mesure > 0, d' où µ( K ; - I<j) = µ (I<j - J<; ) = µ (A )
et µ (X; U l<j ) = 2µ (A) , ce qui est absurde. Si l'intersectio n L = n iE I K ; était vide, il
ex iste rait une sous-famill e fini e d' intersecti on vide et cette intersection étant l'un des K; ,
on obtient une contradicti on, les K ; de mesure > 0 étant non vides . Ceci prouve que Lest
un compact non vide.
Montrons que ce compact Lest de mesure > 0 et par conséquent que µ(L) = µ(A ).
Supposons µ (L) = 0, alorsµ(!< - L) = µ(A) et il existe (proposition 2.3.9) un compact
K' c I< - L de mesure > 0, ce qui contredit la définiti on de L.
Montrons que L est réduit à un point. Soit a E L, montrons que {a} est de mesure
> 0, ce qui prouvera que le compact {a } apparti ent à la fami lie (J<;) et, par conséquent,
que L = {a} , d' où µ( {a}) = µ (A) . Raisonnons par l' absurde. Si µ( {a}) = 0, l' ensemble
L - {a } est de mesure > 0 et il ex iste donc (proposition 2 .3 .9) un compact L' C L - {a}
de mesure > 0, ce qui est contraire à la dé finiti on de L.
2 . Soit A E L de mesure > O. Si A est de mesure finie , tout point étant de mesure nulle
pour la mes ure de Lebesgue, 1. montre que A n'est pas un atome, ce qui signifie qu ' il exi ste
472 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

un ensembl e mesurable B C A tel que µ(B) > 0 el µ(A - B) > O.


Si A est de mesure infini e, la mesure de Lebesgue étant a- fini e, il existe une suite crois-
sante (An) d'ensembles mesurables de mesure finie telle que µ(A ) = limn -+oo µ (An) ;
l'ensemble B = An convient alors dès que An est de mesure > 0, c'est-à-dire dès que n
est suffisamment grand.
3. Le résultat précédent permet de construire par récurrence une suite décroissante (An)
d'ensembl es mesurables tell e que Ao = A el µ(A n ) > 0, µ(An - An+i) > O. La suite
(A n - A.,. ~ 1) est alors une suite infini e d' ensembles mesurables, disjoints deux à deux et de
mesure > O. D' après la proposition 2.29. 14, l'espace L 00 (A ;IK) ne saurait être séparable.
EXERCICE 2.30.1
l ,a. Soit r, s E J, 0 < r < s < oo , et soit r < p < s, il ex iste t E JO , l [ tel que
l / p = t /r + (1 - t) /s, d'où d'après Holder
llJÏ lv S llJ tl lr; illJ ' -l ll s/{1 - l) = l lJll ·~· llJ ll! - l.
Ceci montre que llf llv est fini, donc p E l el
log llJl lP S l log ll Jll·· + (1 - t ) log llf ll s·
b. Soit r E J, supposons oo E J el soit r < p < oo, alors

(2.56. 1) llJ llP = (l r -r rdµ) l / p ::; ll fll ~-r)/pll fll~/p,


d'où 11/llP < oo, soit P E l et log llJl lP S (p - r) / p logll/ll oo + r/p log llfllr Olt
1/p = (p - r)jp X 0 + (rjp) >< (1/r).
li résulte de a. et b. que I est un intervalle et que l'application x >--+ log llflli ;x est
convexe sur ll / p2, l /ptl.
2. résulte de suite de 1.
3. D'après l'exercice 3.8.2 de [27] , la fonc ti on 'Pest continue sur l' inte rvalle ouvctt
]p1 ,P2[.
a. Vérifions la continuité de 'P aux points Pt et p2 lorsque 0 < Pi < oo . Raisonnons
par exemple au point p1 . Posons A = {x E X; f(x) 2 l} ; on peul supposer f 'J-
mesurab le, alors A E 'J el

j . rdµ
X A
dµ +
= ;· r
l x-A
rdµ . r
L'applicati on p r i /P D. A est croissante et l'application p r i r nx-A est décroissante.
En utilisant le théorème de la converge nce monotone et la propos ition 2.9.3 sur les suites
décroissantes de fonct ions intégrables positives, on déduit que

li m ; · rdµ = ; · r 1
dµ +; · r 1
dµ = ; · r 1
dµ .
~;;; 11 X A X - A X

Ceci prouve la continuité à droite au point p, de l'application p >--+ 11!11 ~ , donc de <p .
b. Mont ro ns enfi n la continuité de 'P au point p2 lorsque p2 = oo. L' inégalité (2.56. 1)
mon tre que li m supp-+oo Il/ llv S llJ Il = lorsque oo E 1 et cette inégalité est encore vé rifi ée
lorsque 11 /l loo = oo. Soit 0 S a < li / li = , l'ensemble A = {x E X; J(x) 2 a} E 'J
n' est pas négligeable cl anA S f , d'où aµ(A) ' IP S llfll p el u S li111 infp-+oo llf llv ; on
2.56 EXERCICES DU CHAPITRE 2.F 473

en déduit llfl loo S lim infp--> oo llf llP et le résultat voulu .


EXERCICE 2.30.2
Noton s d'abord que les fon ctions positi ves dé fini es presque partout

x1>-+ f f (x1, • )dµ 2 et x2>-+ j f( .,x2)Pdµt


X2 X,
sont respecti ve ment µ 1-mesurable et µ 2-mesurabl e d'après le théorème de Fubini ; les deux.
termes de l' inégalité sont donc bien défini s da ns R+ e t ne dépendent que de la classe d 'équi -
valence de f. On pe ut donc supp oser f '.T1 @ '.T2-mesurable. Notons enfin qu 'on peut sup-
poser p > 1, le résultat étant acqui s lorsque p = 1 (on a même l'égalité !).
S oit q l' indice conjugué de p, on pose A2 = { x2 E X2 ; f x 1 fP dµi = O} E T2,
- 1/pq
. ) _
g ( X 1 , X2 -
{0
f (x1,x2)
x1(1f(x 1,x2)Pdµ 1 )
si (x1,x2 ) E X1 x (X2 - A2),

si (x1,x2 ) E X1 x A2.
Cette fo nction gest T1 0 T2 -mesurable. Soit B = {(x1,x2) E X1 x A2 ; f (x1,x2) i' O}.
D'après la définiti on de A2, pour tout x2 E A2, la coupe B(x2) est de mesure nulle ; il en
résulte que Best de mesure null e et par conséquent f est nul presque partout sur X1 x A2 ;
ceci p rouve que f = g (j~ fP dµ 1 ) 1 /p q p.p. D'après l'inégalité de Holder, on a alors
1
J X
2
f dµ 2 S (J/ X
2
gP dM
) l /p
X
( /
JX 2 (/,Xi jP dµ 1) 1/p
dµ 2
) 1/ q
,
d 'où

L,(L 2
f dµ 2r dµ1 s L,(L 2
gPdµ 2) dµ l X (L,(L, jPdµ 1r
1
pdµ 2r
1
q.

On a d 'autre part pour x2 E X2 - A2

L, gP dµ 1 = L, r dµi x (L, r dµ,1 ) -l/q = (J~, r dµ 1) l / p


car 1 - (1/q) = l /p ; cette relation vaut encore pour x2 E A2 et on en déduit que

r , gP dµ 1dµ 2 = lrx (Jx,r r dµi)


l x,xx. 2 2
l /p dj.L2 ,

ce qui permet de conclure vu que l + (p/ q) = p.


EXERCICE 2.30.3
1. Éta nt donné que (a+ b)P S aP + bP pour tout a, b 2 0, si f ,g, h E U (X;E),
on a ll f - hl l S Il! - gll + 119 - hl l, d'où Ill - h llP S Il/ - gllP + l g - hllP et
d(f , h ) S d(f , g) + d( g , h), ce qui prouve l'inégalité triangulaire. Les autres axi omes
d ' une di stance sont év idemment vé rifiés . Cette dista nce est invari ante par tra nslation.
M ont rons que la topologie défini e par d est une topologie d'e. v.t. Sur LP x LP, pre no ns
comme distance
d((f, g) , (fo , go)) = d(f, g) + d(fo , go) s i (f, g) , (fo , go) E U x LP.
Ona
d(f + g, f o + go) L Il!+ g - (fo + go)ll1' dµ

S LIl! - f ollP dµ + L llg - gol lr dµ S d(f , fo) + d(g, go),


474 CHAPITR E 2 INTÉGRATIO N

ce qui prouve la continuité de l 'addition au point (fo ,go).


Quant à la continuité de l'application (>" f) r-+ Àf de K x LP dans LP, soient (>..n)
une suite de IK convergeant vers À et Un) une suite de L P conve rgeant vers f , on a
Àf - ).nfn = À,,(! - fn) +( À - À.,)J,
d'où
d(Àf, À,,f,,) S } ) >..n(! - f n) llP dµ + fx 11(>.. - Àn) f llP dµ
S IÀn lPd(f, f n) + I>. - Ànlp j )JllP dµ ,
ce qui permet de conclure.
2,a. On pose ll(A ) = J~ llJllPdµ , A E 'J. On obtient ainsi une mesure li : 'J -+ IR+ et
l'es pace mesuré (X, 'J, li) est sa ns atome. En e ffet, soit A E 'J tel que ll(A) > 0 ; si A est
un atome pour la mesure li , posons A+ = {x E A; f( x) #- O} , alors ll(A + ) = v(A) > O
et A + est un ato me pour la me sure li . li en rés ulte que µ(A + ) > 0 et si B E 'J, H c A+ ,
est tel que li( B) = 0, on a nécessairement µ( B) = 0 ; ceci prouve que A+ es1 un atome
pour la mesure µ et, vu l' hypot hèse, ceci montre bien que la mes ure li est sans a1o me.
D'après l'exercice 2.29.2, il existe donc A E 'J tel que ll(A) = a /2.
b. Avec les notati ons précédentes, on peut écrire f = (g + h)/2 où g = 2fUA,
h = 2/Ux -A · On a alors
fx 119llp dfl = 2p i llJllP dµ = 2p- I a
et de même f x llhllP dµ = 2p- l a ; les fo nctions g et h appartiennent donc à la bou le
fermée B' (O; 2P - 1 a). Par itération, on en déduit que f appartient à l' enveloppe convexe de
la boule fermée B'(0 ;2"(p - l)a) pour tout entier ne t 2n(p- l) '.': '.: r pour n s uffisamment
grand vu que p < 1, ce qui permet de conclure.
Soit 'J' une forme linéaire el continue sur l'espace L P, il ex ister > 0 tel que 11'/I '.': '.: l
pour f E B'(O; r). Tout f E LP s'écri t f = L iE I À-J i où f est fini , 0 S À i S 1,
L i E I À; = let f i E B' (O; r). On a alors 'J 'f = L iE J À -i ÏJi , d' où

11'/ I s I.>i ITfi 1'.': '.: L À i = 1.


iE I iE /
Cec i montre que 1' esl borné, d onc identiquement nul : si non, il ex iste f tel que '1 'f of. 0 e1
1'1 '(>.J)I -t oo quand À -t oo .
EXERCICE 2.30.4
La condition est évidemment nécessaire. Montron s qu'e lle est suffisante, on a
llf - fnll 1' S (llfll + llfnll)P S 2p- l(llJllP + llf,.llP),
la fonction 9n cst donc 2': 0 el la suite (g,,) converge presque partout vers la fonction
2PllJllP. D' après le lemme de Fatou, on en déduit
fx
2p 11Jllpdµ S li,~~f l(
2p- I (llJllP + 11/nll p) - llJ - f nllp) dfl

et, vu l' hypol hèse, ceci montre que lim s upn-+ oo fx Il / - fnllP dµ = 0, d'où
li m llf - fnllP= 0
'n~ (X.)

et le résullat voulu.
EXERCICE 2.30.5
1. On noiera que la fonction /Ill p - 2
h est bien dét-inie : lorsque f (x) = 0, on convient que
2.56 EXERCICES DU CHAPITRE 2.F 475

f( x ) I f (x) IP- 2 h(x) = O. Cette fonction est intégrable car f' IJI P- 2 E LP/( p- JJ, h E L1' et
(p - l) / p + l / p = 1. Posons
I = l (If + hlp - lf'l v - pflf lp- 2h) dµ.
Choisssons q·te l que 1 < q < pet q :::; 2 ; d' après 1'exercice 1.9.8 , il existe une constante
c ;::: 0 tell e que
III :::; cfxlhlq ( 11 1+1 hlr - q dµ
et, vu que q/ p + (p - q) / p = l, l'inégalité de Ho lcler prou ve que
II I :::; cl l lh lq llv;qll (1/1 + lhlJl'- qll v/ (p- q) = cllh l l ~ l l l/ I + lhl 11 ~ - q·
Vu que q est > 1, ceci prou ve que I = o(h), d'où le résultat annonçé.
2. L'applicati on t i-+ t 1 IP étant dérivable pourt # 0, on en déduit que la nonne ll· llP
est différentiab le en dehors de l' ori gine et de dérivée
h t-+ 11!11~-p l f lf lp- Zh dµ .

EXERCICE 2.30.6
1. La fonction gq est intégrabl e, donc finie presque partout , ce qui signifie que g > 0 p .p.
En substituant à g une fonction > 0 éga le à g pœsque partout, on peut donc supposer
g(x) > 0 pour tout X. On peut alors écrire r
= 'PW où 'P = (fg) P, 'lj; = g- P. Preno ns
p' = l / p > 1 et soit q' l'indice conjugué, c'est-à-d ire q' = p' / (p' - 1) = 1/ (1 - p). On
a alors ll 'P1/J ll1 :::; ll 'Pl lv' 111/Jllq' où

ll'P llp' =
car - pq' = p/ (p - 1) = q, d' où
(l fg dµ r et 11 1/Jll q' = (i g'I dµ r - p

l rdµ :::; (l fgdµ ) p( L gqdµ ) l- p.

En é levant cette inéga lité à la puissance l / p, on obtient le résultat voulu vu que


(1 - p) / p = - l / q.
2. L' inégalité est évidemment vérifiée si llf + gllP = oo . Lorsque llf' + g llv = 0,
on a f + g = Op.p., donc f = g = Op.p. et llf' llP = ll9ll P = 0 : l'inégalité est
encore vérifiée dans ce cas. On peut donc supposer 0 < Ill + g llv < oo. On pose
A = {x E X ; (!+ g)(x) > O}; lorsque x E X - A, f( x ) = g(x ) = O. En ra i-
sonnant sur A, on peut donc supposer (! + g)(x) > 0 pour tout x. On peut alors écri re
U + g)I' = !U + gJP- 1 +- g(f + g)P - 1.
On peut utili ser 1. car(! + g) (p - L)q = Cf + g) 1' et 0 < f xU + g) Pdµ < oo. On obti ent
ainsi Il/ + g ll ~ 2'. (Il/ ll P+ ll 9ll P) llf' +gll ~/ q , ce qui pe rmet de conclure vu que p - p/ q = 1.
EXERCICE 2.30.7 - INÉGALITÉ DE HÔLDER GÉNÉRALISÉE
1. Pour n = 1 et n = 2, le résultat est acq ui s. On raisonne par récurrence. On écrit
l / p = l / q + l / r où 1/ q = 2:~ 1 l / p; et r = P n-t-1 · D'après l'inégalité de Holder,
n+ l n

Il TI fill v :::; Il TI / ; llq ll llf'n+1llP.. + 1


i= l 'i = l
et, d'après l' hypothèse de récurrence, Il rr;1=1fd p, :::; n: 1llfi llPi' ce qui permet de
conclure.
476 CHAPITRE 2 INTÉGRATl()N

2. Le raisonnement est a na logue à celui de la propositi on 2.30 .5.


EXERCICE 2.30.8
1. On remarque que r r
:'S L + JPpour 0 < q :'S p, la fo nction est donc intégrable, µ(X )
étant fini.
2. On a limq-->0,q>O r
= L, d'où limq-;O,q>O11111g = µ(X) d'après le théorème de
la convergence dom inée. li en résu lte que llfllq tend ve rs +oo si µ(X) > 1 et vers 0 si
0 < µ(X) < 1.
3,a. On vérifie que r.p'(q) = îf;(xq)/q2 où îf;(y) = y log y - y+ l ; il suffit alors
d' observer que îf;(y) :'.'. 0 pour y > O.
b. On pose A = {x E X; 0 < j(x) < l} . La fonc ti on (1 - r )/qest positive sur A;
pour x E A , l'a pplicati on q H (1 - j(x)q)/qest décroissanteet ( 1 - j(x)q)/qconverge
vers - log j(x) lorsque q tend vers O. D'après le théorème de la convergence monotone, on
en déduit que
lim
~-;:g 1·1 - r
- - d 1.t =-
q A A
logjdµ = ;·
X
1
(logj) _ dµ E IR+. -
De même, la fonction (r - l )/q est positive et intégrable sur B = X - A ; pour
x E B, l'application q >-+ (j(:i:)q - l) / q est croissante et (j(x)q - l )/q co nverge ve rs
log f (x) lorsque q tend vers O. D'après la propos ition 2.9.3 , log f est intégrable sur B et
lim
~ -;:g
1
j .-
B
r --1dµ = ;· log j dµ ; · (log n+ dµ.
q D
=
X

Ceci prouve le résultat vou lu .


c. On pose
'Uq = fr X
dp, - 1 el L = { log j dµ.
l x.
On a li mq-;O,q>OUq = 0 et limq-; O,q >O'uq / q = L, d'où li m q --> O ( I / q) log( 1 + ·uq) = L,
q>O
c'est-à-dire limq-; O,q >O llfllq = exp r:( log j dµ . Ceci permet de conclu re.
EXERCICE 2.30.9
1. La fo nction c.p : (JR+) 2 -+ JR:,
définie par <.p(x, y) = xy est continue, donc borélienne. Si
f : JR+ -1 IC est mesurable, pour tout ou vert 0 c IC, 1- 1 ( 0) = B UN où Best un bon~­
lien de IR~" et N un ensembl e négli geable. On a alors(! or.p ) - 1 (0) = 'P- 1 (B) Ur.p - 1 (N)
où 'P - 1 ( B) est un borélien et f./! - 1 ( N) c <.p - 1 ( C) où C est un borélien de mesure nulle.
Montrons que le borélien r.p- 1 (C) est de mesure nu ll e: ceci prouvera que (j o <.p ) - 1 (0)
appaitient à la tribu de Lebesgue. Or, pour tout y > 0, on a
<p- (C)(y) = {x E JR~; x y E C} = (1/y)C
1

où (l/y)C est un borélien de mesure nulle, ce qui permet de conclure, toutes les sections
en y de r.p - 1 ( C) étant de mes ure nulle.
2. La fonc ti on y H k(y )j( xy) étant mesurable positi ve, ('l'j) (x) E lR+ est bien défini
pour tout x > O. D'après 1. et le théorème de Fubini 2.24.22, la fonction 'l 'f : JR~ -1 i"
est mesurable. D'après Hi:ilder, on a alors
('l'j)(x) :'S (i= k( y)y- tfp dy) 1/ q (i= k(y)yl fq f(xy)P dy) i /v'

soit
roo )1/p
('J'f)(x) '.S c t/ q ( f o k(y)yl f qf(xy)P dy
2.56 EXERCICES DU CHAPITRE 2. F 477

el
('1'.f) P(x ) S c pf q 1=k(y )yl f qf( x y)P dy.

La fonction (x, y) H k(y)y 1 f q f( x y)P étant mesmable posilive d' ap rès 1., on a d' ap rès le
théorème de Fubini
11'1'/ Il ~ S cpf q l''"(la~(y)y 1 1 q f (x y) Pdy ) dx S cp/q {'"(la l'(x y )l' dx ) k(y) y 1 / q dy
oll

d' oll
llTJll~ S c1' 1 q llfll~ 1=k(y )y- l fp dy = cPl lJlœ
et cec i prouve le résultat vo ulu .
3,a. La fo nction y >-7 k (y)f( x y ) est mesurable et, d' ap rès 2., la fonction
x H ] 0°" lk(y)f( xy) Idy appartient à ,G P(IR+ ); elle est donc fini e presque partout. Ceci
montre que la fonc tion y H k(y)f (x y) est intégrable pour presque tout x : la fo ncti on
'l'j : IR'i-. ---t IC est donc défi nie presque partout el c11e est mesurable d'après la propositi on
2.24. 3. Étant donné que
l(TI) (x) I s 1=lk(y)f(xy) Idy ,
il résulte de 2. que ll TJ llP S M k Ilf llP, ce qui prouve que 'l'f appartient à l' espace ,GP(R+ ).
b. 11 suffit d'observer que f = g p.p. implique '1 'j = 'l'g p.p ..
4,a. Si f: R+ -+ IC appartient à L 1' (R+), f est intégrable sur JO, x [ quel que soit x > 0
et 'l 'f est une fonction continue sur R+ (proposition 2. 11.1 4). On prend k = Il io, 11 , on a
alors
yl - 1/p Il p
1
1 _
Mk = y 1 / p dy = -. - - = - - < OO
0 l - l )p 0
p- 1
el l' op érateur associé à cette fonction k est donné pa r
('1'.f)( x ) = /1 f (xy) dy = ~x Jor
Jo
J(y) dy ,
ce qui permet de conclure.
b. On notera d'abord que, pour toul x > 0 et tout réel l > 1/ q, la fo nction
y H (x + y) - 1 appartient à ,G<i (R+ ) car
(x + y) - lq + l 1=
j 0
·oo - l
(x +y) q dy =
- lq + 1 0
x - l q+ l
= - -
lq - 1
< CXJ.
En particulier, la fonction y >-7 (x + y) - 1 appartient à L q(R'i- ) et, vu l'inégalité de Holder,
ceci prouve que ('l'f)(x) esl bien défini pour tout x > O. La fonction (} : x H (x + y) - 1
est e 00 elD~ IJ(x ) = (- l )kk!(x + y) - (k+ tl, d'oll

ID;(f~~)I :S k!lf(y)I x (xo + y) - (k+l) pourx ;::: x 0 > O


el, la fonct ion y >--+ k!IJ(y)I x (x o + y) - (k+l ) étant intégrable, le coroll aire 2.1 4.5 montre
que TJ est e = sur R+.
On remarque ensuite que '1' est l'opérateur associé à la fonction k(y) = (1 + y) - 1 vu
que
r=f (y) dy
1 0
00 J (x y) dy =

l +y }0 x + y
478 CHA PITRE 2 INTÉGRATION

e l on a
·oo Y- 1/ p
J.!h, =
0 J
- - dy < OO.
l +y
D 'a près 3., ceci mo ntre qu e 'L'f E ,CP(JR+) et que ll TJllP :S: J\lhllfllP·
EXERCICE 2.30.10
1. En termes de fonctions , il s'agit de vérifier que, s i Un) est une s uite de [,P convergeant
vers 0 dan s ,CP telle que la suite (f,,g) co nverge vers h dans .l''', alors h = 0 p.p .. D'après
les propositions 2.29.5 et 2.30.11, il existe une sous-suite U n,) convergeant vers 0 presque
partout telle que la sous-s uite (J,.,g) co nverge vers h presque partout, ce q ui permet de
conclure . L' inéga lité proposée exprime la continuité de l'application linéaire <I>.
2. Lorsque p = oo, donc q = r , o n a llfgllq :S: cllflloo po ur tout f E L =. En
parti culi e r, pour f =
1, llgll<i :S c, donc g ap parti ent à L q .
3. Soit A = {x E X ; lgl(x) 2: a}, a > O. On a a ll A :S: lgl, d'où llallAfll P:S: cllfllp
pour tout j E LP. Supposons µ(A) > O. Alors, si µ (A) est fini , prenons f = Il A ; on
obti ent aµ(A) 1I P :::; cµ(A) 1 1P, c'est-à-dire a :::; c. Si µ(A) est infini , vu l'hypothèse il
ex iste B E 'J, B c A, 0 < µ(B) < oo ; prenons f = Il s, alors co mme précédem ment on
obtient a :::; c. Ceci montre que g E L e t que ll9lloo :::; c.
00

4,a. Soit A E 'J de mes ure finie et soit n un e ntier. On pose f ,, = 0 sur X - A et, sur
A,
IYl'ilP(x) si lgl<il P(x) :S: n ,
fn(x) =
{ n si lgl<1 /P(x) 2 n .
O n définit ainsi une suite (!,. ) de LP telle que f n :S: IYlq/p, d' où IYI 2 Ji'.1q
et lf,.gl 2 fi', 1" vu que p/ q + 1 = p/ r. On en déduit que llf.~ 1 "11,. ::; cll fnllP, soit
llfnll~ 1 " :S
cllf,,llP et par conséquent l fnlll;/q :S: c. La suite Un) est croissa nte, converge
vers IYlq/pnA, le théorème de la co nverge nce monotone prouve que 11 IYlq/ p -n A11~/ q :::; c,
c'est-à-dire (j~ IYI q dµ) l / '1 :S c.
b. On suppose qu'il ex iste a > 0 te l que µ(A ) = oo. Pour tou t B E T, B c A, tel
que b :::; µ( B) < oo, on a a ll a :S: IYI et, pour f = ll a, on en déduit li all a 11 r :S: cll llallP,
d' où ab 1 / q :::; c, ce qui est absurde dès que b est suffi samment gra nd. Ceci montre que µ(A )
es t fini pour tout a > O.
c. Étant donn é que le support A de g est la ré uni on des ensembles
An = {x E X; lgl(x) 2 l /n}, n 2 l;
ce suppo rt est a-fini. La suite (A,,) étant croissante, on a llYllq = limn-+ oo (JA ,, lglq dµ) 1fq
d' après le théorème de la convergence monotone et ceci montre que g appartient à L q el
que llY l q :S: c.
EXERCICE 2.30.11 - INÉGALITÉS DE CLARKSON
l ,a. Il s'agit de vérifier que la l'onction 'P est positive. On a ip' (t) = - (p/tP+ 1)O(t) où
O(t) = ~- ;P ((1 + w-1+ (1 -
t)p-i ).
2 2
On a O'(t) = - ~(( l + t) P- - (1 - t)P- ) :::; 0 car p 2 2, donc 0 est décroissante;
étant donné que 0(1) = 0, 0 est une fonction pos itive. li en résulte que t.p esl décroissante
et, vu qt1e i.p(I) = 0 , r.p est bien positive.
2.56 EXERCICES DU CHAPITRE 2.F 479

b. On peul supposer a, b ;::: O. Si a = 0, l' iné galité s' écrit bP/ 2p- l S bP/ 2 qui est
bi en vérifié car p ;::: 2. li en es t de mê me si b = 0 et on peut donc supposer 0 < b a. En s
posant t = b/ a, l' inégalité se réduit alors à celle de a.
c. 11 suffit d' intégrer l' inéga li té
1f;glp +1f; g IP S ~ ([j[P + [g[P)_
2,a. 11 s' agit de la question 3,a. de l'exercice 2J0.8.
b.On a
~((l + s)P + (1 - s)P) - (1 + sq y - 1

=f[H ~
k= O
)(s k + (- l) ks k) - ( p~l ) skq]

=~[( ;k )s2k- ( P~ 1 )skq]

=
f [(
k= l
P )
2k s
2k _ ( p- 1 )
2k - 1 s
( 2 k- l ) q _ ( p- 1
2k
)s2kq]
~(2 - p) x .. . x (2k - p) 2k A
= ~ S X k
k= I (2k - l)!

p(p - 1) p - 1 ( 2k - l)q - 2k p - l 2 kq -2k
Ak = - - -s +- -s .
2k(2k - p) 2k - p 2k
On no te que
. 2k p 2k - p
(2k - l )q - 2k = 2k(q - 1) - q = - - - - = - -,
p - 1 p- 1 p- 1
2kq - 2k = 2k(q - 1) = 2 k E..=__!._ - p - l = p(p - l )
p - 1 ' 2k - p 2/;; 2k(2k - p)
et, par conséquent,
2
Ak = h( k - P) - li(~) .
p-1 p- 1
Étant donné que 0 < (2k - p)/(p - l) < 2k/(p - 1), a. montre que Ak ;::: 0 et, pétant
< 2, o n en déduit le résultat voulu.
Note L e développement de (1 + x )a est simplement le développement de Tay lor à ! 'ori gine
de la d étermination holomorphe qui vaut 1 à l'ori gine de la fon ction >--+ (1 + da ns le z zt
di sque unité.
c. L' inégalité étant vérifiée pour t = 0 et t = 1, on poses = (1 - t) / (l + t) dans
l' inéga lité de b.. On a 1 + s = 2/(1 + t) et 1 - s = 2t/ (1 + t) , d 'où
1 - t) q] p (
21
[ +( l+t p- l
s
(
l+t
2 )
+ l+t,p 2t )

cc qui permet de conclure car q(p - 1) = pet l /(p - 1) = q - 1.


d. On remarque que

11f~g 11: = (L1f ~g 1 P dµ)q / p = (JJ 1 ~g 1q(p- l) di~r/p = 111 J~gn1 p- l

r; Il: +r; Il:


car p = q(p - 1). D'après l'exerci ce 2.30.6, on en d éduit que

g g s1
11f;glq+1 f; g l'l llp-1.
480 CHAPITR E 2 INTÉGRATl()N

On vérifi e ensuite comme en l , b. que, pour Lout a , b E IR,

1a;b1q+la;blq S ca1 P;1w r - J'

d'où
l (If; g lq + 1J;g 1qr -1dµ s l IJ IP; lglP dµ ,

soit
1r; g 1q + 11 ; g 1q11p-l s ci 111 ~; 11 g 11 ~ r-l
et le résu ltat voulu.
3. Soit f,g E LP(X;IR) Lei que ll!llP 1, ll9llP s s l el ll (f + g) /2 11'.P ::::: 1 - ô où
0 < o < 1. Lorsque 2 S p <=,on a alors d'après l,c.,
11U - g)/211~ s
1 - (1 - ot,
quantité qui te nd vers 0 lorsque ô tend vers O. Ceci montre que l'espace LP(X ; IR) est
uniformément convexe. Lorsque 1 < p < 2, on a ll (J - g)/2lli S 1 - (1 - ô)q, ce qui
permet de conclure également dans ce cas.
EXERCIC E 2.30.12
l ,a. On raisonne par récurrence sur k, la propriété étant vérifiée pour k = 0 el k = 1.
On suppose démontré que <P(,\x) S l\llk<P(>.2 - kx); vu l' hypothèse faite sur <P, on a
<P(y) S M<P(y/2),d'où en prenant y = >.rkx
<I>(>-x) S Mk<D(>.rkx) S Mk+ 1 <D(>.r<k+ 1 >x) ,
ce qui permet de conclure.
Choisissons, À 2: 0 étant fi xé, k tel que >.2 - k S 1 et posons M>. = Mk ; la fon ction
<I> étant croissante, on a
<P(>-x) S M>.<P(>.Tkx) S l\II>,<I>(x).
b. On a <t>(O) = 0 et, pour À ::;:: 1, x/ À = x/ À + (1 - 1/ À)O, d'où
<P(x/ ,\) S (1/ >.)<P(x) pour tout x 2: 0
d'après la convexité de <P. En posa nt c = 1/ À et en remplaçant x par x/ t: , on a 0 < c S l
et <P(x) S c<I>(x/c ) pour tout x 2: O.
2,a. Soient f E L p et À E ~.d'a près 1. on a <P(l>-l x) S M 1>. 1<P(x) , d'où
<P 0 (l>.JI) s
M1 >-1 <I> 0 IJI
et ceci prouve que la fonction <I> o (l>-J 1) est intégrable, soit Àf E L.p [on notera que <P
étant continu, <J:> o Ill est mesurable dès que f est mesurable].
Soient f ,g E L,., d 'après La convexi té de <P
<P(x +y) S ~(<P(2x) + <P(2y)) ,
d'où
CD 0 If+ 91 s <l> (If I + Jgl) s ~<]>
0 0 (21/1) + ~<]> 0 (2Jgl)
et ce tte dernière fo nction est intégrable vu que 2j et 2g appartiennent à l'espace Lp .
Ceci prouve que L .p est un espace vectoriel.
b. Vérifions que 11 est no n vi de . D'après l ,b., pour À 2: let f E L.p , o n a
<l> o (Ill/>-) s (1 / >-)<P o IJI,
2.56 EXERCICES DU CHAPITRE 2.F 481

d'où
ll <P o (IJI/ À) li1 :::; (1/ -\) ll<P o lfllli
et ceci montre que ll <Po(I Jl / À)l l1 tend vers 0 lorsque À tend vers l' infini el, par conséquent,
À E I 1 dès que À est suffi samment grand .
Vérifions ensuite que
(À E I 1 etµ 2 À) ==? µ E I t ·
En effet, d'après la croissance de <P, <P (x/ µ) :::; iP (x / >.), d'où iP o (If 1/ µ) :::; iP o (If I/ >.)
et
ll<P 0 (lfl / µ) ll1 :::; ll<P 0 (lf l/>.) lli :::; 1,
ce qui prouve le résultat voulu.
Ceci montre que I1 est une demi-droite de la forme 1l J ll<I> , oo[.
Soit f E L p tel que 11111 '1' = O. Alors, d'après l ,b., on a, pour 0 < E:::; 1,
iP 0 Il l :::; EiP 0 ( lfl /E),
d'où
ll<P 0 IJI111 :::; E ll<P 0 (lfl /êll l1 S: E
car l'hypothèse llfll<I> = 0 signifie ll<P o (lf l/ E)l l1 :::; 1 pour tout E > O. Ceci montre que
ll<P o lf llh = 0, d' où iP o lfl = Op .p. et f = Op.p. vu que <P(x) > 0 pour x > O.
Soit f E L1,, µ E IR, vérifions que llµfll <I> = lµl llJll<I> · Notons que
llµfll'1' = lllµ IJ ll '1';
on peut supposer µ ;:: 0 et même µ > 0 vu que llOll 't> = O. On remarque ensuite que
À E IµJ équivaut à>./µ E I1 et, par conséquent IµJ = µI1 , d'où
llµJ ll<I> = inf fµ J = µ inf I 1 = µ llJ ll<1>-
Quant à l'inégalité triangulaire, soient f , g E L<p, À > llJ ll1' etµ > llg ll<1.. On a
x+ y À X µ y
-- = ---+---
À+µ À+ µ À À + µµ '
d'où
x+y
iP ( - - ) < --<P
À
À+ µ - À+ µ
-
À
(X) + --<P
µ
>. + µ
(Y
- )
µ
et
<P 0 ( If+ gl) < <P
À+ µ -
0 ( ltl + lgl) < _À_<I>
À+ µ - À + JL
0 (l11) + _>. +11_. µ <P (ll).
À
0
µ
Étant donné que
ll<I> 0 ( IJl / >.)1 11 :::; 1, ll<P 0 (lg l/µ)111 :::; i ,
on en déduit
gl) Il < _ À_ + _ µ_ =
Il i[> ( If+
0
À+ µ l - À +µ À+ µ
1
,
ce qui prouve que Il f + gll<1> :::; ,\ + µ et, ceci valant pour tout À > Ilf 11'1' et toutµ > llg 11,p ,
on en déduit Ili + gll<1> '.'::: llfll <1> + llgl l<P·
3. Si J(t) = tP- 1, on a <P(x) = xP /p el, par conséquent , Lq, = LP(X). Si f E L q,,
alors
ll!ll <1> = inf{À > 0; (l /p)ll lJY/>.Pll1 '.'::: l}
et
~ 11 111 p 11 = ~11111 ~ < 1
p ,\P 1 p ,\P -
482 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

équivaut à À 2 p- pllfllP· Ceci prouve que 1 111<1, = p- pll!llP· La norme 1 • l <D est équiva-
lente à la norme ll•llP·
EXERCICE 2.32.1

1. La mesure étant a-fi nie, il existe B E ,G tel que B c A et 0 < µ(B) < oo. On a alors
B - B c A - A et ceci montre qu' on peut supposer A de mesure finie.
Soit h E iœ.n, lorsque An (h +A) = 0, on a
µ(Au (h + A) - A n (h +A)) = 2µ(A)
et cette quantité doit tendre vers 0 avec h d'après le corollaire 2.32.8. Il en résulte que
A n (h +A) # 0 dès que h est suffisamment petit : ceci signifie qu' il ex iste E > 0 tel
que h E A - A pour llhll < E et, par conséquent, A - A contient la boule B(O; i::), ce qui
permet de conclure.
2. On peut écrire A = U ,.EQl " An (r + E), d'où
µ* (A) ::; L µ*(An(r+E)).
r EQ>"
Lorsque A n (r + E) est mesurable, sa mesure est nécessairement nulle d'après 1. : en
e ffet , A n (r + E) - A n (r + E) est contenu dans (IRn - IQln ) U {O} , donc ne peut être
un voisinage de O. La mesure extérieure de A étant > 0, les ensembles A n (r + E) ne
peuvent être tous mesurables et il existe donc r E <Ql" tel que An (r + E) !/; L ; l'ensemble
B = A n (r + E) répond à la questi on.
EXERCICE 2.32_2

Lorsque jet g so nt des fonctio ns continues à support compact, la fonction j * g est continue
d 'après le théorème 2.14.2 et elle est à support compact : si f (x) = g(x) = 0 pour lxl 2 A,
alors (f * g)(x) = 0 pour lxl 2 2A. Considérons alors l'applicati on bilinéaire
B: (f ,g) E LP(R"; E) x Lq( lœ.";F) >---+ f *9 E '.h (IR" ; C) .
Cette application bilinéaire est continue lorsqu 'on munit l' espace des fonction s bornées
'.fb(IR" ; C) de la norme de la topologie de la convergence uniforme. Vu que
B(eo(lR"; E) x eo(IR"; F)) c eo(R"; C)
lexercice 3.9.4 de [27] affirme que
B(eo(lRn; E) x eo (IR"; F)) c co(R'\ C) ,
ce qui prouve que f * g est une fon cti on continue qui tend vers 0 à !'i nfini .
EXERCICE 2.33. 1

Le résultat est acquis lorsque r = oo (propositon 2.32.9) et lorsque p = 1 ou q = 1 (pro-


position 2.33.1), on peut supposer l < p , q, r < oo. Soient p' et q' les indices conjugués de
pet q. On a alors
11 1 11 l l
- + - + - = -+- - 1 +-+- = l.
r p' q' p q p' q'
On peut écrire
llJ(x - y)il llg(y)il = llJ(x - y)ll p/r llg(y)llq/r X ll J(x - Y)ll 1-p/r X ll9(Y)ll 1 - q/r
e t, d'après l'inégalité de Hiilde r gé nérali sée,

L. llJ(x - y)ll llg(y) il dy : :; (L.llJ(x - Y) llPllg(y)ilq dy) l /r X

(1. 111cx - y)ilp dy) l /q' (L.11g(yJ11q dy) l /p'


2.56 EXERCICES DU CHAPITRE 2.F 483

ca r
(1 - ~) q' = pet ( 1 - ~ )p' = q.
La pre mi ère intégrale du seco nd mem bre est le prod uil de c<Jnvoluti on des fonctions Il! llP
et 11911q el, ces fonctions étant intég rables, cette intégra le est donc fini e pour presqu e tout
x. Ceci montre que la fonction y >-+ f (x - y)9(y) est intégrab le pour presqu e tou t x ; la
fonct io n défini e presque parto ut f * 9 est a lors mesurabl e d 'après la propos ition 2.24 .3 et
Ili* 91 1 ~ :::: 11111~ llglli 11111~p/q' 119 ll~q/p'
ce qui permet de conclure car
rp rq
p + - = rel q +- = r.
q' p'

EXERCICE 2.33.2- THÉORÈME DE WHITNEY C00

1. li es t év ident que (/)8 E C00 (1Rn) et qu e 0 :::'.'Po :::'. l.


Vé ri fio ns que supp 'P6 C L 0 , c'est-à-dire que '-Pô(x) = 0 lorsque d( x , K) < 5. Ceci
résulte du fait que B(x; 5) n K2 8 = 0 dont la vérificatio n est immédiate : si llx - Yll < 8,
on a
d(y , K) :::'. d(x, K) + ll:c - Yll < 28,
d'où y rf_ K 20 -
y éri fions ensuite que 'Pô = 1 su r L 36. Si x E L3ô, o n a en effet B( x; 8) C K28 ca r
llx - Yll < 5 ==?- d(y , K) ::::: d(x, K) - llx - Yll :2': 26.
On a d'autre part
" () = r
D 'Pô X } L 2i;
1 1 Q (x - y)
5n Jl n lD p -5- dy ,
d'où
ID"'P8 (x) I :::'. 51~ 1 L.ID"p(z) dzl =
6~: 1 .
2,a. Uti li sons l'exerc ice 1.9.b en prenant K i po ur co mpact K. Pour tout E > 0, il
ex iste 8 > 0 tel que

(x, y E K1 et llx - Yll :::'. ô) =?- 119(x) - L D" 9(y). (x :,y) " Il : :'. E llx - Yll k.
lal 9
Prenons 0 ::; 5 ::; 1 et x E K s, il ex iste alo rs y E K tel que llx - Yll ::; 8 et l'i négalité
précédente se réduit à ll9(x) Il ::; r:: llx - y Il k, ce qui permet de co nclure.
b. On a supp 'P6 C L 0 , d'où 9ô(x ) = 0 si d(x, K) < 8, donc pour d(x, K) ::; 5 par
continuité, ce qui prouve que 98 = 0 sur K o.
On a d'autre part g 0 - 9 = 0 sur L3ô , d ' où su pp (98- 9) C K 38 et il s'agit de démontrer
que pour lal ::; k
sup ID" (98 - g) I
/(3i;

co nve rge vers 0 lorsqu e ô tend vers O.


Soit lai ::; k, a lors D" 9 E c;k - lo l(JRn) et, d 'après a., pour tout r:: > 0, il existe
0 < i5 ~ 1 tel que s up K30 ID"9I ::; E clk - lol_ On a alo rs

D" (9ô - g) = L (~
/35,a
)n13 1.p8D"'- 13 9 +('Po - l)D" 9
/3# 0
484 CHAPITRE 2 INTÉGRATION


Sllp l('Pcî - l )D 0 gl S: sup ID 0
gl S: éÔk -lol S: é
/{~· /{ 36
et
sup ID,e <p.iDo-/3gl :::; c c5-l,81éÔk - lol+l,81:::; Cé,
K:Jo
ce qui permet de conclure.
c. ré sui te de b.
d. Si h E e~ (!Rn) est une foncti on vérifiant c., on considère la !"oncti on h 8 = p 8 * h ;
celte foncti on appartient à l'es vace 'D(IR"), elle est nulle dans un voi sinage de Ksi c5 est
suffi samment petit et, d 'après la propos iti on 2.33.3, hJ converge vers h pom la topol ogie
ek lorsque 6 tend vers O. Étant donné que, pour 0 < c5 :::; 1, il ex iste un co mpact contenant
le support de toutes les foncti ons hJ, on peut choisir c5 tel que
sup sup ID 0 0
h(x) - D hc(x)J S: é
lo l::; k xER'"
et ceci permet de conclu re.
3. On vérifie que la série converge pour la topologie ek quel que soit k. Écrivons cette
séri e sous la forme
k- 1 OO

fk - L: g1 + ~)Ii +t - ft - 91).
l= O l= k

L a fonc ti on Fk =fk - L~,:0 9 1appartient à l 'espace ek ; quant à la série k: L ~ k


elle conve rge dans l'es pace
1

e"
(IR") d'après le choix même des 9k· Cec i montre que f est
G = .. "
e
bi en défini et 00 . On a d' autre part, pour Jod:::; k,
D° Fkll< = D 0 h lK = f o et D Gk!J<
0
=0
et cec i montre que f possède les propri étés voulues.
EXERCICE 2.35.1
li es t cl air que '.Test une tribu , une réuni on dénombrable d'ensembles dénombrables étant
dénombrable. Le seu l ensemble de µ-mesure nulle étant l'e nsemble vide, la mesure v est
abso lument continue par rappo 1t à µ . Supposons qu ' il existe une fonction f : X -+ IR+
'Y-mesurable telle que v(A ) = J~ f dµ pour tout A E 'J. Prenons A = {a} où a E X ,
alors 11(A) = 0 et JAJ dµ = f (a), d'oli f (a)= 0 el ceci montre que f = 0, ce qui est
absurde, la mesure /1 n' étant pa s la mesure nulle.
EXERCICE 2.35.2
1. Rai sonnons par l'absurde, c'est-à-dire supposons qu ' il ex iste é > 0 et, pour tout [J > 0,
un ensemble A E 'J tel que µ(A) :::; c5 et JvJ(A) 2: é. Étant donné une suite de réels En > O
telle que 2:::"=oEn < CXJ , il ex..iste donc des ensembles A n E 'J tels que µ,(An) :::; En et
lvl(A.,.) 2: E . Posons A =
lim supn->oo A.," alors

µ (A) :::; µ(LJ Av) S: f év


p= n p= n

et cec i montre que µ(A) = 0, a lors que


00

lvJ(A) = lim lvJ (


n-too
LJ Av) 2: é,
p= n

ce qui e~l contradictoire avee l ' absolue conti nuité de Jvl.


2.56 EXERCICES DU CHAPITRE 2.F 485

2,a. Soit (ll A,J, An E 'Jo. une suite convergente de L 1 de limite f. Il existe une sous-
suite ( "ll A,") convergeant vers f presque partout ; o n a nécessaire ment f = 0 (ou 1) p .p .,
il exist e donc A E 'J tel que f = ll A p.p. et, f éta nt intégrable, A appartient à 'Jo. Ceci
prouve que l'ensemble des classes de fonctions [nA] où A E 'Jo est une partie fermée, donc
compl ète, de l'espace de Banach L 1 (X ; ~)- Pour A, B E 'J0 , on a
L 111. A - Il al dµ = µ(A u B - An B);
on en d éduit que 'J0 /'Rµ, est un espace métriqu e complet pour la di stance
d([A], [B]) = µ(A u B - An B) oli A E [A], B E (B].
b La relation (A] = [B] signifie 1i(A U B - An B) = 0, c'est-à-dire
µ(A - B) = µ(B - A) = 0,
d'où v(A - B) = v(B - A) = 0 d'après l'absolue continuité et >.(A) = >.(B) . On peut
donc d éfinir une app licati on (>.] : 'Jo/'Rµ, -+ IR en posant [>.]( [A]) = >.(A) où A E [A].
Montrons que cette app lication est continue. Soit E > 0, il ex iste ô > 0 vérifi a nt la
proprié té de 1. Soit ( [An]) une su ite de 'Jo/'Rµ, convergeant ve rs [A] pour la distance d: il
existe un entier n tel que µ(A U Ap - A n Ap) ::; ô pour p 2'. n, d'où µ(A - Av) ::; ô
o.
et µ(A p - A) ::; Étant donné que >. (A) - >.(A v) = >. (A - Ap) - >.(Ap - A), o n en
déduit i>.(A) - >.(Ap)I ::; 2o: pour p 2'. ne t le résultat vou lu.
3,a. Les ensembles Ap,q et An sont fe rmés d'après la continuité de [>.vJ et (>.q]. Pour
tout A E 'J, la suite (>-n(A)) est de Cauchy ; on en déduit que, pour tout A E 'Jo / 'Rµ, la
suite ( [>.n] (A)) est de Cauchy et ceci signifie que, pour tout E > 0, 'Jo / 'Y..,, est la réunion
des en sembles An . Cet espace étant complet, l' un des ensembles An est d'intérieur non
vide d 'après le théorème de Baire.
b. li suffit de démontrer que, pour tout E > 0, il ex iste ô > 0 tel que µ(A) :::; ô
implique l>.n (A)I ::; E pour tout n. En effet, si cette propri été est vérifiée, on a
l(me>.n)(A)I So: etl(S'mÀn)(A)I ::;c siµ(A) ::;5.
En ap pliquant le théorème de Hahn-Jordan à la mesure Re À n, on obti ent
l(Re >.n)+(A )I = l(ReÀn)(AnP) I ::; cet l(ITTdn) - (A)I = l(He>.n)(AnN) I :::; E
si µ(A) :::; ô, d'où IReÀnl(A) :::; 2E; on vé rifie de même que l<;Jm>.nl(A) :::; 2o: e t, vu
(2. 15. 6), ceci montre que
l>.nl(A) S IITTe>.nl(A) + l8'mÀnl(A) ::; 4o: si µ(A )::; <Î.
Il existe alors d'après a. un entier n, B E 'Jo et r > 0 Lei que An contienne la
boule fermée centrée au point (B] et de rayon r. Autrement dit, pour tout A E 'J0 te l que
µ(AU B - A n R) ::; r, on a i>.p(A) - Àq(A)I ::; E quel que soit p , q 2'. n .
Considérons alors un ensembl e A E 'J0 tel que µ(A) :::; r. On peut écrire
A = Ai - A2 où A1 = Au B , A2 = B - A;
on remarque que A; U B - A ; n B c A, d'où µ(A., U B - A; n B) ::; r et par conséque nt
i>.p(A;) - Àq(A;) I ::; E pour tout p, q 2'. n. Vu que A2 c Ai, on a pour p, q 2'. n
l>-p(A) - Àq(A)I ::; l>-p(A1) - Àq(A1) I + i>.p(A2) - >.q(A2)I::; 2c,
d' où
i>.p(A)I::; l>.n(A) I + 2c pourp ~ n.
D'après 1., il ex iste 0 < ô ::; r te l que, pour A E 'J tel que µ(A) :::; 6 et tout 0 ::; p :::; n,
on ail i>. p(A)I ::; o:.11 en résulte que, pour A E 'Jte l que µ(A) ::; ôettout p, i>. p(A)I :::; 3o:
et ceci prouve le résultat voulu.
486 CHAPITR E 2 INTÉGRATION

4,a. La série défini ssant µ est absolumen t converge nte dans l'espace de Banach
NI (X , '.T; IR) (exercice 2.4. 1) e t, par conséqu ent, µ est une mesure . Les mesures >.,, so nt
absolument continues par rapport àµ. Soit (Ak) une suite décroissante de T d ' inte rsectio n
vide, alors la suite (µ(Ak)) tend vers 0; d'a près 3., la suite (l>-nl(Ak))kEN converge vers
0 uniformé me nt en n.
b. La fonction À : 'J --+ IC es t évidemme nt additive et, si (A1,;) est une suite d 'en-
sembles de '.T di sjoints deux à d eux et de réuni on A, on a >. (A) = E~ =o >.(Ak) + >.(B1) où
B 1 = U;:"=t+i Ak est une suite décroi ssante d'i ntersection vide, d'où lim t---H•o >.(Bt) = 0
d 'a près a., ce qui prouve la a -additivité de À et le théorème.
EXERCICE 2.36.1
Soit A E 'J de mes ure fi ni e, il s'agit (coroll aire 2.36.3) de vérifier que la suite (j~ f n dµ)
converge ve rs j~ f dµ. Posons g,. = 1J - f n 1, nous mo ntrerons que la sui le A g,, dri) (J
converge vers O. Soit t: > 0 , d 'après le théorème d 'Egoroff il existe H E 'J, B c A, te l que
µ(A - B) S E et la suite (gn) co nve rge uni formément vers 0 sur B. La suite (gn) étant
bornée dans LP , on a (1/p + I / q = 1)

! A- B
9ndµ :S µ (A - B)l/ qll9nllP S CE 11 '1•
D'après la conve rge nce uniforme de la suite (g,,), la suite (f8 9n dµ ) converge vers 0 , d ' où
un enti er no te l que J~ g,, dµ :S po ur n E 2: no et on en déduit JAg.,, dµ Sc:+ c E 1/ q pour
n 2: n 0 , ce qui prouve le résultat vou lu.
EXERCICE 2.36.2
La conditi on est évidemment nécessaire. Montrons qu 'e ll e est suffi sa nte. D' après le corol-
laire 2.36.4, il s'agit de démontrer l'ex istence d ' une fonction f E L 1 telle qu e, pour tout
A E '.T, la suite (JAJ,, dµ ) co nverge ve rs JA
J dµ. Poso ns >.(A) = limn---+ oo f n dµ ; JA
d'après le théo rè me de N ikodym,,\ : 'J --+ IK es t une mesure et cette mesure es t év ide mmen t
absolument co ntinue par rapport à la mes ureµ . Si la mes ureµ est a-fi ni e, il ex iste, d ' après
le théorème de Radon-Nikodym, une fonction intég rable f E L telle que >.(A) =
1
f dµ, JA
ce q ui permet de concl ure. Dans le cas généra l, il ex iste un ense mbl e B E 'J de mesure a-
fini e tel que fn = 0 sur X - B ; posons g,. = f nls, alors ce qui précède mo ntre qu ' il
ex iste une fo ncti o n g E L 1 ( B) telle que

j A
g dµ = li m ; · 9n dµ pour tout A E 'J, A C B.
n-tCXJ A

Si f E L 1 (X) est le prolongement de g par 0 en dehors de B, on en déduit que

j.f
A
dµ = lim
n---tCXJ
j
A
f n dri pour tout A E 'J
et ceci prouve le résultat vo ulu.
EXERCICE 2.36.3
D'après le coroll aire 2.36.4, po urtou t x E X, la s uite (J{x) fn dµ) co nverge vers f{ x ) f dµ
si la suite (f,,) converge faib lement vers f . Or, on a
r
J {x )
fndµ = µ({ x}) f n ( x) et r
} (x)
fdµ = µ({x})J(x) .

Si 0 < µ({ x }) < oo, on e n déduit que J(x) = lim,,---; 00 f,,(x) el si, µ({x}) = oo, les
fonctions f et fn étant intégrables, o n a nécessa irement f( x) = f ,.(x) = Q_ Ceci montre
que la suite Un) converge simplement vers f.
2.5 6 EXERCICES DU CHAPITRE 2.F 487

On observe ensuite qu e toute fonction intégral>l e f : X --+ lK est à support dénom-


brable. En effet, pour tout enliern 2'. 1, l'ensemble Bn = {x E X ; If (x )Iµ({x}) 2'. l / n}
est fini car, pour toute parti e finie B C B n , on a lfl il B S IJI, d'où Card B S nllflli- Il
ex iste donc un ensemble dénombrable A C X tel que toutes les fonctions f et f ,, soie nt
nu lles sur X - A . Cet ensemble A peut s'écrire cr> mme la réuni on d' une suite croissante
(Ak) d' ensembles finis et on a

llJ - fnlli = ; · IJ - f n l dµ + ;· If - fnl dµ.


Ak A - Ak
Utili sons le théorème de Vitali-Hahn-Saks en prenant pour mesures

Àn(A) = l U- f ,, )dµ, A E 'J;

on a l>-nl(A) = j~ If - fnl dµ. Soit s > 0, la suite (A - Ak) éta nt décroissante d'inter-
section vide, il ex iste un entier k tel que

f If - !nidµ s s pour tout entier n.


l A- A k
On a d 'autre part

/ lf - f nldµ = L lf(x) - fn(x)lµ({ x})


Ak xE Ak

et, A1c étant fini, ces intégral es convergent vers 0 quand n tend vers l' infini. On en déduit
s
un enti er n tel que Il! - fp ll 1 2s pour tout p 2:: n, ce qui prou ve le résultat vou lu.
EXERCICE 2.36.4
1. L' injecti on canonique i : Cu (I) --+ U (J) étan t continue, E = i - 1 (E) est fermé dans
l' espace Cu(I). Il en résulte que E est complet aussi bien pour la norme ll•lloo qu e pour
la norme 11 · ll v ; sur E, ces deux normes sont donc équ ivalentes d' après le théorème de
Banac h.
2,a. Vu qu e 1 < p < oo, l'espace P(I) est réflexif (corollaire 2.36.2) et E , en tant
que sous-espace fermé est ré fl ex if [27, propositi on 3. 17 .8] et, d'après le théorème 3. 17. 1 1,
la suite Un) ad met une sous-s uite (!,, k ) faib lement convergente ; on note f E E sa li mite.
b. Les formes linéaires Ôx : f --+ f (x) sont continues sur E pour la norme 11 ·1100 , donc
pour La norme 11 • llP d' après 1. 11 en résulte que la s uite (Ôx (in ,)) conve rge vers (Ôx (f) ),
ce qui signifie que la suite Un k) converge simplem ent vers/, donc dans LP(I) d 'après
le thé()rème de la convergence dominée. Ceci prollve qu e la boule unité de (E , ll•ll P) est
relativement compacte et, vu le théo rème de F. Ri esz, E est de dimension finie.

EXERCICE 2.37.1
Si la suite (in) ne converge pas fa iblement vers f, il existe (coroll aire 2.36.3) un ense mble
A E 'J de mes ure fini e tel que la suite (JA (! - j,.,) dµ) ne converge pas vers O. On peut
donc trouver une sous-s uite Un k) telle qu e

(2.56. 2) il U - f n.) dµI ~C> O.

D'a près la proposition 2.37.3, on peut en outre supposer que la suite (!nk) converge presque
partout vers f. D'après 1. , cette sous-suite UnJ converge faibl ement vers f , ce qui est
488 CH APITRE 2 INTÉGRATION

conLradicLoi re avec (2.56.2).


EXERCICE 2.37.2
SoiL f E ,C,P(X; E), il existe (propos iti on 2.32. 1) une suite Un) de fonction s étagées inté-
grables qui converge en moyen ne d'ordre p vers f. Cette suite est donc une suite de Cauchy
en moyenne d'ordre pet el le converge vers f en mesure d'après la propositi o n 2.37.4.
Réciproquement, soit Un) llne suite de foncti ons étagées intégrab les qlli converge vers
f en mesure et qlli est de Ca uchy en moyenne d'ordre p. Cette suite converge dans/] vers
une fonction g E .U(X; E), donc en mesure (proposi tion 2.37.4) ; on a riécessairement
f = g p.p. et il en résulte que J appartient à V(X; E).
EXERCICE 2.37.3
Si la Sllite (/n) ne converge pas vers f dans ,CP, il existe une SOlls-suite Un,. ) telle qlle
(2.56.3) llf - fn,. llP 2 c > 0 polir lOlll k.
D'après la proposition 2.37.3 , on peut en outre supposer que la SOLI S-suite (Jn,. ) converge
presque partout vers f, donc dans J:,P d'après 1., ce qui contredit (2.56.3).
EXERCICE 2.37.4 - THÉORÈME DE CONVERGENCE DE VITALI
Les conditions sont nécessaires d 'après la proposition 2.37.5 . Vérifi ons qu'e lles sont suffi-
santes.
a. Lorsque µ(X) est fini , la suite (in) converge vers f e n mesure d'après le corollaire
2.37 .2 et on conclut grâce à la proposition 2.37.5.
b. Dans le cas généra l, il ex:iste un ensembl e A E 'J de mesure finie tel que
1/
(f>( _Al lfnllPdµ) P :Ss pourtout n,

d'où llf q- frl lP S 2s + (j~ 1 1/q - f,llP dµ) 11P. L'ensemble A étant de m esure finie , la
suite Un IA) converge vers f IA dans J:, P(A ; E) d'après a. ; cette suite est donc de Cauchy. li
existe un entier n tel que (JA ll Jq- f ,llP dµ) 11P SE pourq , r 2 n , d'où llfq - f,.llP S 3 s
pour q, r 2 n. Ceci prouve que la suite U n) est de Cauchy dans ,CP , don<: converge nte
dans [,P vers une fonc ti on g E [,P(X ; E) el on a nécessaire ment f = g p.p. d'après la
proposition 2. 13.6, ce qui permet de conclure.
EXERCICE 2.37.5 - TOPOLOGIE DE LA CONVERGENCE EN MESURE
1. Posons I1 = {s > 0 ; µ' (A[) :::;: E }. Si f 1 est non vide, c'est un intervalle de la forme
IN(!) , +oo[. En effet, pour 0 < é S E on a Aj' C Aj, d'où
1
,

µ * (A'/) S µ * (A J) S
1
E S
si E E f f
é

et par conséquen t t:' E I f.


a. On peut supposer N(J') et N(g) fini s, soit s 1 > N(J) et s 2 > N(g), alors
µ*(Aj') :S é 1 et µ' (A~ 2 ) S E2; étant donné que A/~~" 2 C AJ' U A ~ 2 , on en déduit
:a"
µ *(A/ 1 2 ):::;: s 1 +E 2 et cec i permet de conclure.
b. Si f = 0 p.p. ,on aµ* (.Jl j ) = 0 pour tout s> 0, d'où N(!) = O. Réciproquement,
si N(!) = 0, on aµ* (A j) :::;: c pour tout E > 0 ; soit (s,.) une suite de réels > 0 telle que
.L~=oEn SE, alors
OO

{x E X ; f( x) of. O} = LJ Aj",
n= O
2.56 EXERCICES DU CHAPITRE 2.F 489

d ' oC1 µ,*( { x E X; f (x) i O}) ::; L; ~=O En ::; E e t ceci prou ve que f est négli geabl e .
2 . On peut supposer f = O. Si la suite (fn) converge ve rs 0 en mes ure, pour tout
E > 0 , li mn-+oo µ*(A j ,J = 0 el en particuli er il existe un en ti er n te l que, pour p 2 n ,
µ* (A'.f,,) ::; E , soit N(Jp) ::; E et ceci s ig nifi e que (N(Jn )) tend ve rs O.
Réciproq uement, supposons que (N(Jn )) tende ve rs O. So it E > 0 e l soit 0 < i5 ::; E: ,
il ex is t e un enti er n tel que N(Jp) < r5 pour p 2 n, d ' où µ*(A },,) ::; r5 el par conséqu ent
µ* (A }·.,,) ::; µ*(A},J ::; r5, ce qui prouve qu e la suite Un) conve rge ve rs 0 en mesure.
3. se démo ntre de faço n similaire.
4. On a év idemment d(f , g) = d(g , f) ; d'a utre part d(f , g) = 0 s ig nifie
N(f - g) = 0, soit f = g d'après l ,b. On a enfin N(f - h) ::; N(f - g) + N(g - h),
d ' oü l ' inégalité tr iangu laire. Toutes les autres asserti o ns so nt év ide ntes. Le fait que l' espace
Fest complet rés ulte de la proposition 2.37.3.
5. On vérifie la continuité de l' additi on en un po int (fo , go) en écri va nt

N(f+g - (Jo + go)) S:: N(f - fo) + N(g - 90) ,


d ' oü d(f + g, f a + go) ::; d(f , fo) + d(g , go).
o
6. Soit > 0 et soit t > 0 te l que µ *(A~0 ) ::; ô. Étant don né E: > 0, il exis te un enlier
n tel que IÀo - Àplt ::; E pour p 2 n; il en résu lte qu e ll(Ào - Àp)fo(x )ll 2'. E implique
o
x E A ~0 , d'oùµ *( {x E X; ll(Ào - Àv)fo(x )ll 2 c } ) ::; pour tout p 2 net ceci prouve
qu e la suite ((Ào - Àn )fo) converge vers 0 en mesure .
Quant à la suite (Àn(Jo - f n )) , soit E > 0, il existe c >0 te l que IÀnl ::; c po ur tout
n ; poso ns o = E/ c. On a a lors
{x E X ; llÀn(/o - f n) (x)ll 2 E} C {:c E X; ll(fo - f n) (x) ll 2 ô}
et o n e n déduit que la suite ( Àn(/o - f n )) converge vers 0 en mes ure. Étant donné q ue

Àofo - Àn f n = (Ào - Àn )fo + Àn (fo - f n),


la sui Le (Àofo - À,,fn) converge vers 0 en mesure d'après 5. et cec i prouve le résultat vou lu.
7. On vé1ifie que la conditi o n (2.2. 1) est vé rifi ée par toute fonction f : X -7 E µ-
mes urabl e. En effet, la suite (Aï) est une suite déc roissante de T d' intersection vide et la
co ntinuité in férie ure de la mesure fournit le résultat voulu .
On en déduit une topologie d 'e.v. l. métrisable sur l'es pace 'M/ 'Rw Pour vérifi e r qu e
cet espace es t complet, la distance étant invariante par tran slati o n , il suffit de montre r que
cet es pace est fermé dans l' espace F, c ' es t-à-dire que, si une suite (fn) de fonctionsµ -
mesurabl es co nverge en mes ure vers f, alors f est 11-mesura ble . Or, il ex iste un e so us-su ite
qui co nverge presque parto ut vers f d' après la proposition 2.37.3 et o n conc lu t g râce au
corol La ire 2. 12.4.
8,a. Soit f E 'M/'.Rµ et soit n le nombre d'é léments de I, on pose f ; = n fil.A ; ;
ces fo ncti ons f ; sont µ-m esurables et f = (1/n) L ·iE f f; : f est do nc un e co mbinai so n
co nvexe des fonctions (f;)iE I· O n note enfin que, pour to ut f > 0, Aj , C A; et par suite
N(J; ) <:::: r, d ' oü f ; E B'(O ;r) si 0 < r ::; 1 ; si r 2 1, la boule B'(O; r ) est déjà égale à
to ut l' espace. Ceci prouve le rés ultat voulu.
b. Un raisonnement identique à celui de l'exercice 2.30.2 montre alors qu e
(M / '.Rµ)' = {O}.
490 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2.57 Exercices du chapitre 2.G

EXERCICE 2.38.1
D'après l'exe rcice 2.9.4, il ex is 1e une fo ncti on r.p : [a, b] --+ [-oo, oo[ s.c.s. i.ntégra ble telle
que r.p:::; J' et J: j'(t) dt :::; J:<.p(t)dt + E:. On pose

<P(x) = f (x) - J(a) - lx r.p(t) dt+ E(x - a)

el A = {x E [a,b]; <I>(x) 2: O}.


Nous allons montrer que b appartient à A. Ceci prouvera que

lb <p(t) dt :::; J(b) - f (a) + t:(b - a) ,


d 'où

lb f'(t) dl :::; J (b) - f(a) + s (b - a) + E:


el, par conséq uent, J:
f' (t) dt ::; f (b) - f (a) et on obtient l' inéga lité opposée e n appliquant
cc rés ultat à - f , ce qui permet de co nclure .
On observe d ' abord qu e a apparti e nt à A qui est do nc non vide. On pose c = s up A.
A lors c apparti ent à A . En effe t, si c > a il ex iste une sui te (x n) de [a, c[ nA conve r-
geant vers c; la s uite (<P(x,,)) convergea nt ve rs <I>(c), on en déduit <P(c) ~ 0, c'est-à-dire
c E A. Montrons que c = b. On raisonnt! par l'a bsurde, on suppose a :::; c < b. On a
<p(c) < J'( c) +s, soit1 tel que <p(c) < r < J'( c) + s . La fo nction <pétant s.c.s. et f étant
dérivable au poin t c, il existe 6 > 0 tel que <p(t) :::; 1 pour lt - cl :::; 6, t E [a, b], et

1:'.S j(t) - f( c) + s pourt E ]c,c+ô]n[a,b].


t - c
Soit x E Je, c + 5] n [a , b] , on a

f( x) - f( c) + t: (x - c) 2: 1 (x - c) 2: lx <.p(t) dl.

li en résu lte que

<I> (x) - <P( c ) = f(x) - j(c) - lx <.p (t) dt+ t: (x - c) 2: 0,

soit x E A , ce qui est contraire à la définition de c.

EXERCICE 2.38.2

1. Les fonctions définies presque partout f~ sont positives, la somme de la sé ri e L::'=o f~


est do nc définie p resque partout e n tant que fo nction à va le urs dans lR+. On pose
s,, = I:;=o f p· Il est c lai r que les fo nclions f, s,, et f - s.,. son t croissa ntes, donc dé-
rivables presque partout. On en déd uit que s;, : :;
J' p.p. ; étant donné que s;, : :;
s;,+l p.p.,
ceci montre que L~=o f~ :::; j' p.p. ; la série I::'= o f;, converge donc presq ue parto ut.
2. Soit (t:k) une sui te de réels > 0 tell e que I:~=o E:k < oo et soit (sn,) une so us-suite
telle que f (b) - sn, (b) ::; E k, a lors la série L:'J:
0 (! - sn,) converge norma lernent. D'après
1., la série L: o;'= 0 (f' - s;,,) co nverge presque partout et il en rés ulte que la suite(!' - s~,)
converge presque partout vers 0 , œ qui signi fic que la suite (s:,,) conve rge presque partout
2.57 EXERCICE S DU CHAPITRE 2.G 491

vers f' et ceci permet de conclure.


EXERCICE 2.39.1
Soi t 6.: a = x1 < ... < Xv+ i = b une subdivi s io11 de l' interva ll e [a, b], on a
p

L l fn(Xi-t-1) - f n(x i) ll S Vr,, (a,b),


i= l
d' où
p

~ ll f(x;+1) - f(xi) ll S li minf V1,, (a , b),


~ n-7CX1
i= l
c'est-à-dire v f (~ ; a , b) S lim i nf n -+oo V1,, (a , b). li suffit de prendre la borne supérie ure
sur l'ensemble des subdivi sions de [a, b] pour concl ure.
EXERCICE 2.39.2
1. Éta nt donné que 11·1 100 est une norme sur l'es pace Vb [on rappelle que toute fo nctio n à
vari ation bornée est bornée] et f t-7 V1(a , b) une semi-norme, il est clai r que ll•ll vbest une
norme.
2. Soit (!,, ) une sui te de Cauchy pour cette norme, donc pour la norme 1 1·lloo ·
li en résulte que la suite(!,,) conve rge uniform ément vers une fo nctio n f : [a,b] -+ E.
Soit c > 0, il ex iste un entier n tel que Vfp- J,,(a , b) S s pour p , q :;:: n , d'où
v 1,, - J,, ( ~ ; a , b) S s pour toute subdi v i s i o n~ de [a , b]. En passant à la limite, on en dé-
duit que Vfp- J(~ ; a,b) S s pour tout p :;:: net toute s ubdi v i s ion~ - En prenant la borne
supéri eu re sur l'ensemble des subdivi sions de [a, b], on obtient Vr,. _ f (a , b) S s pour tout
p:::: n . Ceci montre que f v - f est à variation borné e, donc j est à variation bornée, et que
la suite Un) converge vers j pour la semi -norme f r-+ v1 (a, b), ce qui permec de conclure.
EXERCICE 2.40.1
On pose F(x) = fox Il! (t) - etll dt ; cette fonctio11 est dérivable presqu e partout (théorème
2.40.2) et F' = Il! - nll p.p .. On a d'autre part
F(x + h)
h
- F(x)
=
1
h fx
r+h llJ(t) - ail dt = h1 1hllJ(x + t) - ail dt ,
0
ce qui permet de conclure.
2. D' après la proposition 2.12. 1, il ex iste un ensemble négligeable N tel que f (R - N)
soit sé parable ; soit (O'.n) une suite dense dans f (IR - N) , d'après 1. il existe un ensemble
négligea ble Nn tel que

lim
h -+0, h # O
i
-h 1·oh llf(x + t) - a n Il dt = llf (:r: ) - Ctn Il pour tout x E IR - Nn.

L'ense mble N' = N U LJ~= ü N n est négligeable. Soit x E R - N' et soit s > 0 , il exi ste
un entier n tel que llf(x) - O'.nll SE et on a
11/(x + t) - f(x)ll S llf(x + t) - O'.n ll + 1 /(x) - O'. nll,
d' où
~ lhllf(x + f(x)ll ~ l' llJ(x +
t) - dt S t) - O'.n Il dt + E
et, vu que x n'appartient pas à N n, il existe ô > 0 tel que
0 S~ lh llf(x + f(x)ll lhl
t) - dt :S: 2s pour S ô, h f= O.
492 CHAPITRE 2 INTÉG RATION

Ceci prouve le résultat vou lu .


3. Il suffit d'appliquer 2. après avoi r écri t

1 hllf(x + t) - f( x - t) - 2/(x)ll dt '.':::: l 'll/(x + t) - / (x)ll dt

+1 hll f (x - l) - f (x)l l dt .

EXERCICE 2.41 .1
11 ex iste une constante c 2: 0 telle que llg(y) - g(x )Il :::; c IY - xi pour tout x, y E [a,/)]. Si
(]a; , b; [); EI est une fa mi lie fini e d' intervalles ouverts contenus da ns [a, b] et disjoints deux
à deux, on e n déduit
L
ll(g o /)(b,) - (go f)(a-;)11 '.': : c L
lf(b., ) - f (a;) I
iE J iE/
et ceci prouve que g o f est abso lument continu dès que f l'est.
2. li ex iste une constante c > 0 te ll e que, ou bien f (x) :;:: c pour tout x,
ou bien f( x ) :::; -c pour tout x. Supposons par exemple f( x) :;:: c pour tout x, alors
f ([a, b]) = [a, fl] où 0 < l\' :::; (3. La fonct ion y H l / y étant de classe C1 s ur l'intervalle
[a, /)] est lipschitzienne et il suffit d'appliquer 1.
EXERCICE 2.41.2
Soit ê > 0, il ex iste c5 > 0 tel que, pour toute fa mill e finie (]a; , /);[); E / d' intervalles ouverts
contenus da ns [a, /3] et disjoints de ux à deux, on ait
L(/3; - a;) '.': : 8 => L llg(/);) - g(a;)ll '.': : ê.
iE J iE/
Si (]a;, b;[) ·i EI est une famille fini e d' intervalles ouverts contenus dans [a, b] et disjoints
deux à deux , la fonc tion f étant croissante, ()/(a;) , j (b;)[); EJ est une ramill e finie d' inter-
valles ouverts contenus dans [fr,,8] et disjoin ts deux à deux ; il en résulte que
L(f(b;) - f(a;)) :::; 6 => L 11 (go f)(b ;) - (go J)(a;) Il :::; E.
i EJ i EJ
La fonction f étant absolument co ntinue, il ex iste T/ > 0 tel que
L (b; - a;) '.': : TJ => LCf(b;) - f (a;)) :::; 6
·i Ef iEI
el ceci permet de conclure.
EXERCICE 2.41 .3
1. Soit f une fonction appartenant à l'adhérence Ac dans J'espace V b, il s'agit de démontrer
que f est absolument continu . Soit ê > 0, il existe g E A c lei que Il! - gll vb :::; E:. D' après
l'absolue continuité de g, il existe 8 > 0 tel que, pour toute famille fin ie (]a;,b;[) ;E J
d' inti::rvall cs ouverts contenus dans [a, b] et disjoints deux à deux, on ait
L(b; - a;) '.': : 8 => L llg(b;) - g(a;) ll :::; ê.
iE I ·i E I
On en déduit
Lllf(b;) - /(a;)ll '.': : LllC/ - g)(b;) - (! - g)(ai)ll + Lll9(b;) - g(a;)ll,
iE I ·i E l iEI
d'où
Lll/(b,) - f(a.;) 11 '.': : V1 - 9 (a , b) + Ll\g(b;) - g(a;)ll '.': : E: + Lllg(b; ) - g(a,)JI.
·i E l ·i EI
2.58 EXERCICES DU CHAPITRE 2.H 493

Ceci m ontre que


L(b; - ai ) ::::: 8 '* L llJ(bi ) - J(a;)ll ::; 2.s
iE J iE I
et j es t donc bien absolument continu .
2. résu lte du corollaire 2.4 1.5.
EXERCICE 2.41.4
Soit ex ::; x <y ::; (J, vu l'exercice 1.3.8 on a
j~(a) ::; J(y) - f(x) ::; J' (fJ)
y - X 9

el ceci prouve que f est lipschitzienne sur [ex , ,B], donc absolument continue.
EXERCICE 2.41.5
1. Étant do nné que f(x) = j(a) + P1(a,x } - N1 (a, x), il s' agit de démontrer
que les fonctions P1(a , . ) et N1(a , . ) sont absolument continues. On remarque que
P 1 (x, y) ::; V1(x,y) pour a ::; x ::; y ::; b. Soit (]a; , b;[);E r une famille finie d' inter-
vall es ouverts contenus dans [a, b] et disjoints deux à deux , on a donc
P1(a , bi ) - P1(a , ai ) = P1(a;, b; ) ::; V1(ai, bi) ::; V1(a , b-i) - V1(a , a ;),
d'où
°LcP1(a, b;) - P1(a , a; )) ::; °LCV1(a , b;) - V1(a , a;))
iE J ·i E f
et ceci prouve que l'absolue continuité de V1(a , . ) implique celle de P1(a , . ). On vérifie
de mê me l' abso lue continuité de N1(a, .) .
2. La condition est nécessaire d'après le corollaire 2.41.5. Montrons qu'ell e est suffi-
sante. On a par hypothèse

V1(a , x) + V1( x, b) = lx t IJ'(t) 1dt + If' (t) I dt


et, d'après le corollaire 2.39.4,

lxIf' (t) 1dt ::::: v,(a, x) el 1" If' (t) I dt ::::: V1(x , b).
On en dédui t que, pour tout x E [a, b], Vf (a , x ) = Jax 1J' (t) 1 dt et ceci montre que V1 (a , •)
est ab solu ment continue (proposition 2.41.2). On conclut grâce à 1.

2.58 Exercices du chapitre 2.H

EXERCICE 2.43.1
1. On a grad (fg) = fgrad g + ggrad f et on obtient le résultat vou lu d'après (2.42.8). La
seconde formule s'en dédui t en prenant f = g.
2_ Si f est une fonct ion harmonique , on a

l t:,.(!
2
) dv = 2 l 2
llgrad 111 dv.
La formu le (2.43.5) où nous prenons 0 = X, donc r = 0, et V = grad (! 2 ) montre que la
prenùère intégrale est nulle ; il en résulte que J~ llgrad Jll 2 dv = 0, d'où grad f = O. La
494 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

différentielle de f est donc nulJc el, X étant connexe, f est constante.


EXERCICE 2.43.2 - UNE DÉMONSRATION DU THÉORÈME DE BROUWER
1. Soit f : B -t B une fo ncti on continue, pour tout t: > 0 il existe, d'après le théorème
de Weierstrass, un polynôme P tel que lf( x ) - P(x )I :::; é pour tout x E B. On en déduit
que, pour x E B , IP(x) I :S 1 + é , d'oLI

IJ (x) - ;~x~ I S lf( x) - P( x)I + 1 : é IP(x) I S 2E.


Posons Q = P / (1 + t:) , on obtient ainsi un polynôme tel que Q(B) C B et
lf( x) - Q(x ) I :S 2t: pour x E B .
Ceci montre qu ' il exi ste une suite (Pj ) de polynômes qui converge ve rs f uni fo rmément
sur B et tels que Pi( B ) c B. Si le théorème est acquis pour chacun des pol ynômes Pi , il
ex iste Xj E B te l que Pj (xj ) = Xj el, la boule unité B étant compac te, modul o l'extraction
d' une sous-suite on peut suppose r que cette suite (xi) converge; notons x E B sa limite.
La suite (Pj ) convergeant uniformé ment vers f , la suite (Pi (xj )) co nverge vers f (x), d'où
f (x ) = x et ceci prouve que x est un point fixe de f.
+ >- ( x - f( x)) Il = l s'écrit
2. Le point x E IR.n étant fixé, la relati on ll x
2 2 2
Jlx - f( x )l l >- + 2(x Jx - f (x ))>- + llxll - l = 0
dont le di scrim inant est ~(x) = llx - f(x)l l2 + J(x lx - f(x)) l2 - Jlx - f (x) JJ2 11 .xll 2 .
Lorsque Jl xll < 1, on a évidemment 6.(x) > O. Lorsque llx ll 1,
6.(x) = l(xJx - f (x))J 2 ; supposons Ll.(x) = 0, c'est-à-dire x et x - f( x ) orthogo-
naux, alors (Pythagore) Il/ (x) 11 2 = ll xJ J2 + llx - f (x ) 11 2 > 1 car x - f (x) =I 0 et ceci est
absurde vu que f (x) E B . Ceci montre que Ll. > 0 sur B et il ex iste do nc ô > 0 tel que
6. > 0 sur B( O; 1 + 5). On prend alors
- (xlx - f (x)) + fo{X)
.>-(x ) = llx - / (x)ll2 ·

La foncti on À : B (O; l + ô) -+ IR est C On a JJg(x)ll = 1 par construction et, pour


00

x E § n - I , ~ = (xJx - f (x)) car (xlx - f( x) ) = 1 - (x if(x )) 2: 0, d ' où À(x) = Ü


et g(x ) = x.
3. Si Vk = (D kh 1 , • •• , Dkh" ), on a Lli = déL (Vo, .. . , V; , ... , V,. ), d'oL1
n
O;ll; = L dét (Vo, .. . , Di \lj , . . . , IÎ'.;, ... , V,,)
j =O
icli

L" éij dét (D; Vy, V 0 , ... , V;, . .. , V}, ... , V,, )
j =O
j/. ·i
1
OLI é·iJ = (- J)i si j < i e t é,j = (- 1) H si j > i. Vu que DNJ = D jVi , on en déduit
que
n
L( - I ) ' Di ~i =L 'T/·ij dét (Di \lj, Vo , . .. , V; , ... , \Îi, ... , V,.,.)

où TJ;J = (- l r EiJ + (- 1)i é ji = 0, ce qui prouve le résultat voulu .


4. On a h( O, x) = x , d'oL1 f
6.o(O, x) = l el l (O) = 8 dx est non nul. On a d'autre
part h( 1, x) = g(x) E §"- 1 , d'où Z::::j'=1 gJ(x )Dkgj (x) = 0 et, g(x) étant non nul , ceci
prouve que 6.o( l , x) = 0, d' où 1(1) = O.
2.58 EXERCICES DU CHAPITRE 2.H 495

Pai· dérivati on sous le signe d' intégration , on a d ' après 3 .

Dof (x
0
) = Î)- 1r+
i= I
1
lB
0
D ;t:::,.i(x ,x) dx

et, d'après la formul e (2.43 .8),

{ Dd1;(x0 , x) dx = { . i::,.,(x 0 , x)Ni da


la J s,. - 1
où N = (N i) l S i S n désigne la normale unitaire e xté ri eure à la sphè re §n- 1 . Cette de rni ère
intégra le est en fa it null e ca r h( x 0 , x) = x lorsque x E §n- i , d 'où D 0 h( x 0 , x) = 0 et
lli(x 0 , x) = 0 pour 1 ::; i ::; n. Il en rés ulte que Dol (x 0 ) = 0, la fo ncti on l es t donc
consta nte ce qui est contradictoire avec les propriétés I (O) -=/=- 0 e t I (l) = O. Cec i prouve
que l' hypoth èse que f n' admet pas de point fixe est absurde et le th éorè me de Brouwer est
donc d émontré.
EXERCICE 2 .43.3
Lorsque p = 0 , C = {O} et le théorème est évidemment vérifi é. Lorsque p 2 l , d 'a près
la dé finiti on même de p , tout vecteur x de C est uri e combinai sosn linéa ire de x 1 , ••• , xp
et ceci prouve que C c B. On remarque ensuite que l'enve loppe convexe r(O , x 1 , . . . , xp )
est co ntenu dans C qui est donc d ' inté ri eur non vide dans E. L' exerci ce 3. 14.4 montre
a lors que C est homéo morphe à la boule unité de JRP et le théorè me de Brouwer permet de
conclure.
EXERCICE 2.43.4 - LE THÉORÈME DE SCHAUDER

l ,a. L'ensemble Ck est convexe compact d'a près la proposition 3.8.5 de (27] . L'applicati on
fk es t bien dé fi ni ca r C - B(x j; l / k) est non vide vu que cliam C > 2/ k et Àj,k ( x) ne
peut ê tre nul pourtoutj car ÀJ,k(x) = 0 signifi e x E C - B(xJ; l / k) et
N

n (c - B(x7; l /k:)) = 0.
j = l

Il est c lair qu e h( C) c Ck et que fk est con tinu.


b . Soit x E C, alors soit x E B(xj ; l / k) et llx - Xj Il < l / k , so it x rfc B(x1 ; l / k) et
ÀJ,k(x) = 0, d'où
N

L À1, k(x) ll x - xi ll
llfk(x) - xll S J = l N < l / k.
I: Àj ,ic(x)
J= L

c . On a Yk, = /k, (J (yk,)) et, en posa nt z1 (Yk,), d'a près b.


= j
llYk, - f (Yk, )Il = 11/k, (z1) - z1Il < 1/ k1 ,
d 'où f (y) = y e n passa nt à la limite.
2. L'espace E étant co mpl et, f( C) est précompact ainsi qu e ['(j(C)) d'après la pro-
postion 3.8.7 de (27] et ceci prou ve que C' es t co nvexe com pact. Vu que j ( C) c C,
on a r'(J(C)) C C car C est convexe, d' o ù C' c C ca r C est fermé. On e n déduit
f (C') C f (C) c C'. On peut donc appliquer 1. à la restriction de f à C', ce qui permet
de conclure.
496 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

2.59 Exercices du chapitre 2.1

EXERCICE 2.44.1
Soit a ;::: 27r, posons J'( x) = f (x) si x E [- a - 27r, a] et /' (x) = 0 si x If. [- a - 27r, a],
g'(x) = g(x) si x E [O, 27r] e t g'(x) = 0 si x If. [ü, 27r]. On obtient ainsi des fonctions
/' , g' : ~ --+ IC intégrab les. L a fo ncti on (!' * g' )(x) = J~ /' (x - y)g' (y) dy est donc
défi nie presque partout el intégrab le (théorème 2.27 .4). Lorsque x E [-a, a], on a

* g')(x) = f[2'"
(!' o f( x - y)g(y) dy ;
ceci prouve que la fonction f * g est définie presque partout el localement intégrable ; il est
d'autre part clair que cette fonct ion est 27r- périodique et, par conséquent, j * g E .C~,,.. Le
même raisonnement et la propositi on 2.32.9 montrent que, si f et g appartiennent à l'espace
,(,~,,., (j * g) (x ) eSl définie pour IOUt X Cl que j * g appartient à J' espace e2.,...
Calculons les coeffi cients d e Fourier de f * g ; d'après le théorème de Fubin i, on a
1
.j2ir fo
rh(fr2,o ,. f (x - ) .
y)g(y) dy e-inx dx

-l- l 27r (l2rr }'(x - y)e - in( x- y) d x ) gy


( ) e - iny d x
V2ir 0 0

,.;2;cn (f) cn (g) ,


d'où en(!* g) = ./2ifc,. (J) cn(g).
Lorsque f ,g E l~,,., la formu le précédente montre que c(j * g) appartient à l'espace
L1 (:1:) et, d'a près la proposi tion 2.44.8, la séri e de Fourier de f * g est norm alement som-
mab le el de somme f * g.
EXERCICE 2.44.2 - THÉORÈME DE BERNSTEIN
1. On a
Cn (g) = _ l_ [2"' (J(t + h) - J(t - h ))e - 'iîit dt = Cn( f )(ein h - e-inh) ,
vf'h fo
d 'où cn(g) = 2ien(J) sin nh. La fonction g appartenant à l'espace .C ~,,. , on a
L lcn(!)12 I sin n h l2 = 11911~
nE Z
et, vu que lg(t)I S c l2 hl ", llg l I ~ S c lhl 2", ce qui prouve l' inégalité vo ulue.
2. Lorsque h = 7rrv- z el 2P S lnl S 2v+ 1 , on a 7r/4 S lnlh S 7r/2, d'où
= c r v , on obtient l' inégalité
2 20 2 0
1 sin nhl ;:=:: 1/2 ; étant donné que h

L 2
lcn(f)l S cT
2
P".

3. On en déduit
L lnll /2-t-o lcn(f)l2 S c 2(I /2+o)(p+ l )-2po
21J .$ Jnl :S'2P+ J
où 2P / 2+a)(v+ i )- 2 v " = c' 2vC l/Z -a) et la série de terme général 2v(l /Z-<> ) étant conver-
gente lorsque a > 1/ 2, cec i montre que la séri e l:n EZ lnl 1! 2+ 0 len (J)i2 est convergente.
D' après l' inégalité de Cauchy-Sc hwarz, on alors
12 112 0 12
L lc,,(f)l:S (2: 112 0
lnl + IG,i (f)l
2
)1 (2.:=
lni - - <oo. )1
nez.• nEZ• nE Z*
2_59 EXERCICES DU CHAPITRE 2.1 497

D'après la proposition 2.44.8, la séri e de Fourier de f est donc normalement som mable et
de so mmef_
EXERCICE 2.44.3 - THÉORÈMES DE CANTOR-LEBESGUE ET DE DENJOY-LUSIN

l ,a. On a cos(nt + bn) = cosntcosbn - s in ntsi nbn; les fonct ions ll A(t)cosnl et
n_ A(t) sin nt sont mesurables et majorées en modul e par la fonction intégra ble ll A(t) ; e lles
so nt donc intégrab les. D'après le lemme de Riemann -Lebesgue, on a d' autre part

lim ; · cosntdt = lim sinntdt = O,


n --+oo A n--+ oo J(A
ce qui permet de conclure.
b. On éc rit cos 2 (nt+ bn) = 1/2 + (1 /2) cos 2(nt + bn), d 'où
L 2
cos (nl + bn) dt = ü./2 + (1/2) L cos2(nt + bn) dt
et, d 'a près a.,
lim
n--+ oo
fA
cos (nt
2
+ bn) dt = a/2.
2. Si la suite (an) ne te nd pas vers 0, il ex iste c > 0 et un e so us-suite (an") tell e qu e
2
lank 1 2: c pour tout k. Étant don né que 1 cos xi 2': cos x, on a

(2.59 .l ) L lcos(nkt + bn,)ldt2: L 2


cos (nkt + bnk )dt.
On remarque e nsuite que
lcos(nkt+ bnk) I = lun,(t)I l~nk(? I ::;
c an,
et ceci montre que la suite (cos(nkt + bnk)) conve rge simplement vers 0 sur A; étant
dominée par 1, fonction intégrable sur A, le théorème de la convergence dominée mo ntre
que
li m
k --+oo
fA
1 cos(nkt + b,,,,JI dt = O.
D'après l ,b. et (2.59.1 ), on en déd uit 0 2: ü./2 et un e contradi ction.
3,a. La fonction u étant mesurab le, les ense mble s Bk sont mesurables e t de mesure fini e
vu qu eµ( Bk) ::; µ(B) < oo. La suite (Bk) est décroissante et d'intersection vide, u étant
fi ni sur B. D'après la continuité inférieure de la mes ure, on en déduit que
lim µ(Bk) = µ(~) = O.
k --+oo

b. Étant donné que µ(B) est > 0, il existe k: E N tel que µ,(Bk) < µ(B). Posons
A = B - Bk. alors A est un ense mbl e mesurable de mesure finie > 0 et u(t) ::; k pour
tout t E A.
c . La fo nction u est mesurable et bornée sur A de mesure finie, donc intégrable su r A.
d. Si I n = J~ 1 cos(nt+bn)I dt = 0, la fonction t H cos (nt + bn) est null e presque
partout sur A : ceci est absurde, ca r l'ense mble des zéros de cette fonction est dé nombrable,
donc de mesure nulle, alors que A est de mesure > O. On a d'autre part

In 2: l 2
cos (nt + bn) dt
et cette dernière intégrale converge vers a/2 lorsqL1e n tend vers l'infi ni . li existe donc un
enti er no te l que In 2: ü./4 pour n > no. On en déduit In 2: c > 0 pour tout entier n 2': 1
où c = min(a/4, li , ... ,ln0 ) .
498 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

e. D'après le corollaire du théorème de la convergence monotone, on a

/A·u(t) dt=~ l lun(t)I dt = ~ lan lln,


d'où

l ·u(t) dl ?. c ~ lanl·
Vu c ,, ceci montre que la séri e I: ~= 1 1an1 est convergente.
f. On remarque que supt ER l·un(t)I S la.,.I : la série I:; ~= l ·u.,. est donc normalement
convergente sur IR.

EXERCICE 2.45.1
1. On suppose <[>surjective, alo rs il> est une bijection linéaire continue d'après le corollaire
2.44.7, donc un isomorph isme d'après le théo rème de Banach [27 , coroll aire 3. 11 .3]. Ceci
prouve qu'il existe une constante c > 0 tell e que li/Ili S c supnEZ lcn (J)I pour tout
f E L~ ... Prenons pour f le noyau de Dirichlet Dn(t) = (l/27r) I::;=-neipt. On a

cp(Dn) = l /y"2; pour IPI S n el cp (Dn) = 0 pour IPI > n,


d'où ll<f>(Dn) ll oo = l /~. On a d'autre part

- 1
llDnlli--
12" 1
.
sm--
(2n+ 1)t l
2- .
. t dt ?. -
1 · (2n+1)t 1
1 1 271' s m - 2 -
t
_ l 1 (2n+l)rrlsin ul
dt - - --du
27r o sm 2 2 1r o 2 7r o u
et ceci prouve que limn->oo llDnlli = oo. L'i négalité llDnlli S c llil>(Dn)ll oo est par
conséquent en défa ut dès que n est suffisamment grand.
2. Le théo rème de !'application ouverte [27 , théorème 3. 1 1.1] montre qu e il>( Là .. ) est
maigre, donc d'intérieur vide. L'image il>( L1 .. ) contenant l 2 (Z) est pano ut dense.

EXERCICE 2.45.2
1. On a

(Sn f) (x) = 1 2
.- J(t)Dn(t - x) dt ,

d'où l'C, /I S ll! llaa llD nlh et par conséquent 111 ;., ll :S: llDnlh· Mon trons qu'on a en fait
l'égalité. On définit une fonction € E L~,, par
€( t) = 1 si Dn (l - x)?. Oet é(t) = - 1 si Dn(t - x) < O.
D'après la densité de e271' dans L~rr• il ex iste une suite (€ 1 ) de e271' qui converge presque
partout vers E et, vu que IEI :S: 1, en tronquant ces fonctions € j on peut supposer IEJ 1 S 1.
D'après le théorème de la convergence dominée, la suite (1;,€1 ) conve rge vers llD11 lli el,
en passant à la li mite dans 1' inégalité p;,E11 S 11'1~, 11 11 €1ll oo :S: ll T,, 11, on obtient 1' inégalité
voulue llDnll1 :S: ll'l ;,11. Étant donné qui;: limn->oo llDnlli = oo d'après l'exercice 2.45. 1,
ceci montre que la suite ('1 ;., ) n'est pas éq ui continue.
2. D'après le théorème de Banach-Steinhaus [27, proposition 3. 12.7], l'ensemble
{! E C2,,; sup l(Sn /)(x) I < oo}
n
est maigre, donc d' intérieur vide. On observera que cet ensemble est partout d ense, la suite
2.59 EXERCICES DU CHAPITRE 2.1 499

(S,, J) (x) convergeant ve rs f (x ) lorsque f est un polynôme trigonométrique.


EXERCICE 2.45.3 - THÉORÈME DE FEJÈR
1. On a (S.,, f)( x) = J;.,, f( x + t)D,, (t) dt, d'où
(anf)(x) = 1 2
.,, f (x + t)Fn(t)dl

1 n- 1 sin 2p+l t
Fn (t) =- ~ 2

2mr L.., s in !:.
p= O 2

On a

2m· ( sin D 2

Fn(t ) =
n - 1
2:: sin
p= O
l

2 sin
2
p; ]
t=
l
2 'L[cos
p= O
n- 1
pt - cos (p+ l )t]

=i - ~osnt =(sin ~t r
Ceci prouve la formul e annoncée.
2. Prenons pour fon ction f la foncti on constante et égale à 1. On a Sn f = 1 pour tout
n 2 0 , d'où Œnf = 1 pour tout n 2 1 et ceci prouve que l' intégral e sur une péri ode du
noyau de Fejér va ut 1.
3. On notera que an f, en tant que polynôme trigonométrique, appartient aux espaces
E et que l' applicati on an : E -7 E est linéa ire.
Lorsque E est l'espace C::2 11., le noyau de Fejér étant positif on a d'après 2.
2-rr

d'où llanl l.c (E) S 1.


llan f lloo S llf lloo
1 0
Fn( l ) dt = l f lloo ,

Lorsque E = L~.,,, on a

l(Œn /) (x)I S 1 2
" IJ (x+t) IF,,(t)dl
et, d'après le théorème de Fubini ,

12-r (1 i f (x + t)IF,,(t ) dt )dx S 1"(1 i J (x + t) I dx ) Fn(t) dt = ll f Ili·


2 2 2
llŒn f li 1 S
Lorsque E = L ~" ' 1 < p < oo, so it q l' indice conjugué de p, écri vons
Fn = F~ IP F,; 1" et utili sons l' inégalité de Hblder

J(a,. J)(x)J s (1 2
" 11cx+tWFn(t ) dt)1
1
p (fo 2
.,, F',. (t)dt r
1
".

Grâce à 2. et au théorème de Fubini , on a alors

JJŒnflJr S (1 (12-r lf (x + t)JP Fn(t) dt ) dx )


2
.,, l /p

(fo "(1 .,,1 1 cx + tWdx ) Fn(t)dt r


2 2 1
< p = 11111p·
Ceci permet de conclure dans tous les cas.
Lorsque f (t) = eipt, on a Œn f = (n - JpJ)/n f si n ~ Jpl , ce qui montre a,, f
converge vers f dans l'espace E. Autrement dit, la suite (an) converge simplement sur une
partie totale de E. Cette suite étant équicontinue, le coroll aire 3.1 2.6 de (27] montre que la
500 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

suite (o-n) co nve rge simplement vers une application linéaire continue o- E L(E); étant
donné que o-(P) = P pour tout polynôme trigonométrique P , o- est l'a pplica ti on identique
et, pour tout f E E , la sui te (o-n f) co nverge donc vers f , ce qui prouve le théorème.
EXERCICE 2.45.4
1. La formule proposées' obtie nt en utili sa nt le fa it que Fn est une fonction 2rr-périodique
paire d ont I' imégrale sur une période vaut l. Soit é > 0, il ex iste ô E JO , rr] te l que
lf (x + t) + J (x - t ) - (j (x + 0) + f (x - 0))1:::; é pourO :::; t ::; ô,
d 'où
l(CTnf) (x) - f(x + 0); J (x - 0) 1:::; é

+ sup Fn(t) f"lf"(x+t) + f( x - t) - (f( x+ O) + J (x - O))ldt .


o::;t S" } li
On remarque e nsuite que
1
s up Fn(t) < - - - - -2
2nrr (s in .5/ 2)
o:::;tS" -
et ce ue dernière quantité tend vers 0 lorsque n tend vers l' infini . On a d'autre part

1"1 f (x + t) + f (x - t) - (J(x + 0) + f(x - O))j dt :::; 11 !Ili +rrl f (x + 0) + J (x - O) I


et ceci permet de conclure.
2. résu lte de l'exercice 3.19.3 5 de [27]: si la suite ((Sn f)( x )) converge vers l, la suite
((o-n f) (x )) converge égaleme nt vers l.
EXERCICE 2.45.5 - THÉORÈME DE DINl-LIPSCHITZ
1. On peut supposer n 2: 2 par exe mpl e ; on a alors 0 < Ôn :::; rr / 5.
a. Ona
(S,J )(x) - f( x) = -
l 1-r /21/Jx (t) s in (2n + l )tdt ,
7r 0
d'où
~ j "/
2
(Snf)( x) - I( x ) = - -li " î/!x (l + Ôn) s in (2n + l )tdt
- Ô,i
e t, si [ = (27r)((Sn f)( x ) - f( x)), e n sommant ces deu x formules on obtient
r 12 r 12-o ..
I = Jr 1/J, (t) s in (2n + l )t dt - J_ î/Jx (t + Ôn) s in(2n + l )t dt .
0 -~

Ceci permet d' écti re 1 = I:::=l Ji com me cela est proposé.


b. On peut écrire
A =s_lin__ -~1-~
lsin(t + ôn)
2 s in ôn/2 cos(l
s in t s in ( t
+ Ôn/2)
+ Dn)
où, pour 0 < t ::; rr / 2 - ô,,,
0 S 2s in On / 2 cos (t + Ôn/2) :::; Ôn e l s in t s in(t + Ôn) 2: (sin t) 2 c l
2 2

vu que s in l 2: (2/ 7r)l. Ceci montre que 0 :::; A :::; c ôn/t2 . On a d ' autre part
1 1 ] 'Px (l) - 'Px (l + Ôn)
î/Jx( l ) -1/Jx (t + ôn) =<px(t ) [ -.-
S in 1
- . (l + ") +
8 111 Un
.· (t + ")
Sin Un

où sin(t + Ôn) 2: sin l 2: c l, d ' où


12 12
I 1 < c ô {" l'Px (t)I dt + c {" l'Px (t) - 'Px (t + Ôn ) I dt .
I l - n Joli,.
t2 } ;; t ô,.
2.59 EXERCICES DU CHAPITRE 2. 1 50 1

c . On a, pour 0 < t S On,


0 < s in (2n + l )t < (2n + l ) -sint -t <
- s in t - - en .
On en déduit que

De mê me, on a

[4 = - /li"
-~
Wx (t + ô,, ) s in (2n + l )t dt = fn 0
2
1i" Wx (l) s in(2n + l )t dt ,
d' o ù
IJ4I s en 12/j" 1<p, (t)I dt.
d . Soit o> 0 tel que l1Px(t) I S E po ur ltl S 15 et to ut x . S i 0 < On S o, on a
con l~ l<p:~l)I dt S c OnE 1~ ~; S c é
et, la fo ncti on t >--+ 11Px(t)l/t2 étant uniformément bo rnée sur [8,n / 2],
2
CO / .,,./ l'P x. (t) I dt< CO
n j /j t2 - n,

quantité qui tend ve rs 0 lorsqu e n tend vers l' infini . Ceci prouve que dans la maj orati o n de
111l lc premi er te rme tend vers O. Quant au seco nd rerme , on a

Jl/'7r1
2
c i ,, 1ip x (t) - <p (t + o
lx n
)1dt [
S c "-!(25n) log 7r/ 2 - log5,,,
]
quantité qui tend vers 0 vu l' hypothèse. Cec i mo ntre que li converge uni fo rmémen t ve rs O.
Ex amin ons ! ' intégrale h Pour n ~ 2, Ôn S n / 5 e t la fo ncti on t >--+ Wx (l ) s in (2n + l )t
est uniformément bornée sur l' interva lle [n / 2 - n J5 , 7r / 2], d'ol! lh l S c On-
On a e nfin pour 0 < Ôn S o,
lh l S c nÔn é S Œ et une majorati on anal og ue de J4, ce
qui ac hève la pre uve du théo rè me.
2. Lorsqu e }' E e~;,." , on a w(5) S c o" et le th éo rè me de Dini -Lipsc hitz s' appliq ue : la
suite ( S'.n f) co nverge uni fo rmément vers f.
EXERCICE 2_45.6 - EXEMPLE DE KOLMOGOROV

1. Posons e n ( t) = ein t / /27i pour n E Z . O n a


si m < IPI ,
S m(ep ) = { O
ep si m ~ IPI -
Vu qu e
1 n
Dn =
V
fëC.
27r
L
p =- n
ep,

o n en d éduit
si m ~ n,

si m :s; n .
On a e nfin
l n - 1 .
Fn = -
n
L Dp , n ~ 1,
p= O
502 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

d'oü
si m 2 n - 1,

Sm(Fn) = { : ·(nLi-1 Dp + nL-1Dm ) si m S n - l.


'/l,
p= O p= m
ce qui permet de conclure.
2. résulte clairement de 1.
3,a. On a
2
1 s in mt 1 1
Fm(t) = - - - -2- < -----.
2111:1r [ s in ~ ] - 2m7r(s in ~)2
PourO S t S on a sin (t / 2) ~ t / 7r, d' oü
'Ir ,

1 7r 2 'Ir Co
Fm(l) S 2m7r fJ = 2mt 2 = mt 2 ·
Pourrr S t S 27l',
Co
Fm(t) = Fm (t - 27r) = Fni(27r - t) ~ (2 )2 .
m 'lr - l
b. En utili sant la décroissance de la fonction n H (2n + 1) / n , on a, si x 2 aJ, 2

47r l
x - a 1 < x - a 1 < 27r - - - < 2n - -
- - 2n + 1 - n 2
et, si x S aj,
47l'n 1
a1· - x < a - ~c < - - < 2JT - - 2 .
- " - 2n + 1 - n
c. Les inclusions Ji C JO , 2n[ résu ltent des inégalités écrites ci-dessus. On a d' autre
part

µ(Ln ) S
n
°"
2
~
j= 1
2
µ(JJ) = n X - 2 = -.
n n
d. Si l /n S 2
lx - aJ 1S rr, on a d'après 3,a.
4
Fm(X - aj) = Fm(l x - aJl) S ( co )
2
S con ~c0 .
m x - a1 m
Sin S lx - ai 1S 2n, on a d'après 3,a. et 3,b.,
con 4 Co
Fm(X- aJ) S m (2 n - Ix- aJ l) 2 ~ m S Co. -

e . Vu que mi / m i S 1 si i2 j + 1, on a pour x E [0 , 2n] - Ln


1 ~
L
j

0 ~ 'li( x) ~ ~(L Fm,(x - a.i) + FmJ(X - ai)) S co.


i= l i = j+I
4. Posons
, 2m1+ 1 N*
mi = 2n + 1 E
·
Si aj - 1 S x S a1,ona
. _ ) ,__ 2mi + l 41r(j - 1) 2m1 + 1
2 7r (J 1 m 1 - 2 2n + 1 < - 2
X<- 2mi2+ 1 - 4rrj
-
2n + 1
= 27rJ'm1'-.
Posons
M~, 1 (c) = {y E [27r(j - l)mj, 2njmj ]; 1 sin YI Sc}.
Ona
2.59 EXERCICES DU CHAPITRE 2.1 503

et, vu les propriétés de périodicité et de parité du sinus,


/.t(M~ , 1 (c )) rnj µ({y E [0 , 2n]; siny l ::; E}) 1

4rnj µ({y E [O, n / 2] ; sin YI 1 ::; c })

d'où
2 2
µ(Mn ,J (E)) ::; . m j 2irf = - - 2nc
2m1 + 1 2n + 1
el
2n
Ji(Mn(c)) ::; - - 27rc::; 2nf .
2n + 1
5. li suffit de vérifier que limn -+= a[n - vnJ = 2n, soit lim n -+cxo p/ n 1 si
p= n - fo.Orp ::; n - fo < p+ l,d'où
1
.l _ _!:__
rn _ _.n!:_ -< E.n -< 1 - -vn'
-
ce qui permet de conclure.
6,a. On remarque d'abord que
rn; - rnJ 1 . .
------'- -> -2 pour ·i -> J +l car m i · >
_
2mJ .
m ;
On a e nsuite
_si_n_-_""-=2-'~+=_(x_·_-_a_,_)
2 1
_ 1
D mj (X - a; ) - 2n . x- a ·
sm - - ' 2
Olt
2mj +1 2m j +1~ _ ') ,. '. N
2 a; = 2 2n + L - -mmJ E 2n ,
d 'o ù
. 2m 1+ 1
Dm.; (x - a;) = f-s1_n_-_-
x~~-=-"-=-.x_·
7r s m T

On a d'autre part
0 -<sin a ; 2- x <
-
a; - x
2
<
-
a ; - a1- 1
2
et par conséquent


n 1 2n + l n 1 2n + l n+l - j 1
La
i= j + l i
- a - 1
J
= 4;:- L
i= J+ l
i+l - j = ~ L
k= 2
k'
soit
n -1- l - j
2m1· + 1 1
1 1
l'12(x)I 2: 471" 2 s in 2
x L 1
k.
k =2
On a par ailleurs
n-1-1 - j 1 r n + 2- j dt
L k 2: }
2
t = ln(n + 2 - j) - ln 2
k= 2
et
ln(n + 2 - j) - ln2 2: ln(2 + vn) - ln2 ,
504 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

d 'où une constante c 2: 0 telle qu e


n+l-j

"""' _!_ ::; c In n,


~ k
k= 2
ce qui permet de co nclure.
b. résulte de a.
7. résulte de 6 ,b. en prenan1 l = m i : on notera que, d'après la constru c ti on faite à la
questi on 6., l'enlier j dépend den e l de x.
8. On a
lleiqk • Pnk ( 0 )A;;:~ 12 l i1 = llPn, Ili A ;;:~ 12 li1
el, les fonctions Pnk éta nt positives , l'exercice 2.45.3 montre que
{ 27'
llPnk li 1 = Jo Pnk (x) dx = 1

el ceci prouve que la sé ri e converge absolumenc dan s l'es pace L~-rr·


On a d 'autre pan
Pu1;:

p = - pnk

On observe que Qk - Pk ::; p+ q1.: ::; Qk + Pk où les interva lles [qk - Pk , qk + pk] sont disjoints
d'après le c hoix des enti ers qk. li en résulte que la série de Fourier de f est simplement la
séri e dont e lle est la somme, une fois éc rite sous la forme
OO
~ ipx
~ Cpe
p= O
vu qu e q 0 - p 0 2: O. Si, pour une va leur de x, celle sé1i e converge il existe une co nstante
C 2: 0 telle que
p

IL cpeipxl ::; C pour tout P 2: 0,


p= O
d'où
p'

1LCpe·ipx 1 ::; 2 C pour LOU! 0 ::; P ::; P'.


p= P
Étant donné que po ur tout enti er l
e iq"'' S l (Pn.1.; )( X )A nk
- 1/ 2
P' .
est de la forme Lv= P cve'Px, on a
- 112 1 <
eiqk"'S1(Pn1.; )(x)A nk _ '2C ,
l

soit
IS1(Pnk)(x)I S 2C A~f,.2.
Prenons x E Bn" el l = L(n k, ::r ). D'après 7., on a
IS1(Pnk)(x)I 2: cAn, ·
Si x appartient à lim supk->oo Bnk, c'est-à-dire si x appartient à une infinité de E n,, les
deux inégalités précédentes so nt contrad icto ires dès que nk est suffi samment gra nd. Ceci
prouve que la sé ri e de Fourier de f diverge pour x E lim supk->oo B ,,, .
On remarque enfin que, d' après l'exercice 2.1.5 et les questi ons 3,c., 4. e l 5. ,
µ( lim s upB,, k) 2: lim s u pµ(B n, ) = 27r
k-too k -+oo
2.60 EXERCICES DU CHAPITRE 2.J 505

et cec i permet de conclure.

2.60 Exercices du chapitre 2.J


EXERCICE 2.46.1
On suppose que f = f * e = e * f pour tout f E C1(JR") ; d'après la propositi on 2.46.2,
on en d éduit J = (27r)"/ 2 J x ê. Choisissons f tel que Î ne s'annul e pas (exemple 2 .46.2),
alors ê est une fonction constante qui tend ve rs 0 à l' infini (théorème 2.46.1 ), la fonction ê
est do nc nulle et il en résulte que f = 0 quel que soit la fonclion intégrabl e f.
EXERCICE 2.47.1
1. La f oncti on 9n est e00
à support compact et

9n (x) = l~, p(x - y) dy ,

d'où ll9n lloo S 11IPI111.


2. D'après la proposition 2.46.2, on a 9n = (27r) 1 12 p/,, où p E S c L1 (IR) et
} ,, E co(lR) C L00 (JR), donc g,, est intégrable et

ll9n ll 1 = c 1 lfJ(Œ [ sinçnÇ [ dÇ =c 1 lp(Ç/n) I [si~ Ç [ dÇ.

Étant d onné que p(Ç/n) converge vers p(O) lorsqu e n tend vers l' infini et que p(O) =!= 0 par
hypothèse, le lemme de Fatou montre que
c f [sinÇ[dç S liminf ll9nl l1
JIR Ç n--+c:x>
où c est une constante> O. La fonction Ç H s in Ç/ f, n'étant pas intégrable, ceci montre le
résulta t voulu.
3. Les fonctions 9n et !Jn étant intégrables, [ln est la transformée de Fourier de la
fonct ion Ç H 9n(-Ç) d'après le théorème 2.47. 1. La transformation de Fourier
'.J : L 1 -7 eo(IR) est une appli cation linéaire continue injecti ve; si elle était surjective,
ce sera il un isomorphisme d'après le théorème de Banach : i 1ex isterait une constante c 2 0
1
telle que li/ Ili S cllÎll = pour tout J E L et, en particulier, ll!Jn ll1 S cllgn ll = po ur tout
entier n , ce qui est absurde. L' application '.f n'est donc pas suijective et, d' après le théorème
de !'application ouverte, son image est donc maigre dans c 0 (IR).
EXERCICE 2.47.2 - THÉORÈME DE P. LÉVY
1. Toute fonct ion continue et bornée étant >.-intégrable, .5.(ç) est bien défi ni et la fo nction
5. : JR" -+ IC est continue d'après le théorème de la converge nce dominée vu que
le- i<x,.;> = 1. On a de plus 1.5.(ç) 1 S (27r) - " 12 l>- l(JR") = (27r) - " 12 ll>-ll, ce qui prouve
1

que >.. est borné.


2. On peut supposer la mesure À positive. La fonction (x,Ç) H e-i<x,Ç > <p(Ç) étant
d>. 0 dÇ-intégrable, le théorème de Fubini montre que
1. 5-(f,)cp(Ç)dÇ = (27r) -n/2 L. ( L. e-i<x,Ç> d>.( x) ) <p(f,)dÇ

(27r) - " 12 L. (L. e- ·i<x ,Ç>cp(Ç) df,) d>.(x) = L. '{;(x) d>.(x) .


506 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

3. Si >. = 0, on a j~ ,, tP aÀ = 0 pour tout 'P E S, d'où 'P dÀ = 0 pour tout IR"


'P E Set a fo rtiori pour tout c.p E 'D(IRn). Considérons alors une fonction <p E eo(!Rn)
et soit p E 'D(R") tel que JR..
p(x) dx = l ; on sait (proposition 2.33.3) que
'P< = 'P * p, E 'D(IRn) converge vers <p uniformément sur tout compact el, si le support
de p est contenu dans la boule unité, le support de <p, est contenu dans le voisinage fermé
..
d'ordre f du support de <p. Étant donné que fil.,, ip, dÀ+ = J~ ip, dÀ - , le théorème de la
.. ..
convergence dominée prouve que J~ 'P dÀ+ = J~ <p dÀ- , d'où À+ = À - , c'est-à-dire
À= O.
4. Ona
>-1(Ç + h) - >-1m= (27r) -n/2 r ( e-i<x.~+h>-e - ><x,€> )dÀj(x) ,
JR"
d'où
l.\1(Ç + h) - \(ç)I :::; c L. le - i<x,h> - li dl Àjl·
Soit f > 0, d'après l'exercice 2.2 1.5 il ex iste un compact }( C !Rn tel que
l>..11 (IR" - K) :::; f pour lOUl j, d'où
l.\j (Ç + h) - Ài (ç)I :::; cl 1e-i<x,h> - l i dlÀj 1+2Cf.
On a d'autre pan d' après le théûrème des acc roisse ments fini s
l e - i <~. h > - l i :::; 1<:c, h >1 :::; llx ll ll h ll
et il existe donc ô > 0 tel que le -i<x,h> - l i :::; f pour llhll :::; ô el tout x E K . On en
déd ui t que
1>-1(ç + h) - .:\j (Ç)I :::; CEIÀj l(K) + 2Cf
pour Il hll :::; ô. On note e nsuite que 1Àj1 ( J<) :::; 1Àj1 (R") = Il Àj Il (théorème 2.20. 10) ; vu
l'exercice 2.2 1.3, ceci montre q Lte la SUile c>.j) est équicontinue ; convergeant simplement
ve rs .X d'après la définiti on mê me de la topologie étro ite, elle conve rge uniformément sur
tout compact (corollaire 2.34.4).
5,a. On a ll..\111 =< >.1, l >= .:\1(0) et, la suite (.:\j (O)) étant convergente, la suite
(Il Àj 11) est bornée. D'après 1., 111/ill oo :::; c s up1 ll Àj Il, d'où 1/; E L 00 (IR").
b. Soit (ÀJ<) une sous-suite convergea nt vag uement ve rs À ; la mesure À est évidem-
ment positi ve el elle est bornée d'après l'exercice 2.21.1. D'après 2., on a
L. .\J.(Ç)cp(Ç)d~ 1. = cp(x)dÀ J<(x) pourtout <p E L (1R")
1

el 1>.h COI :::; (27r) - n/ 2 ll..\J, Il ; vu le théorème de la converge nce dominée, on en déduit
que
i}°!!,~L.. .\h(Ç)<p(Ç)dÇ = L. îji(Ç)c.p(Ç) dÇ pourtout <p E L (R"').
1

La suite (ÀJc) étant bornée et convergeant vaguement vers..\, elle converge pou r la topologie
faibl ea(Nh(IRn , co(IR" )) (exercice 2.2 1.3)el, vuque<j; E co(!Rn) si <p E L 1 (R" )

kl~rr;._,L, cp (x)dÀ j"(x) =


1
1. cp (x)dÀ(x) = L. .\(Ç)<p(Ç)dÇ
pour tout <p E L (IR" ). Cec i montre que
1. ('l/;(Ç) - 5.(Ç)) cp (Ç) dÇ = 0 pour toul <p E 1
L (IR").

e
la fo ncti on = 'lj; - ). appartient à l'espace L 00 (IR") et la forme linéaire continue sur
L 1 (Rn) <l'> o : 'P >-+ j~,, fJ(Ç)<p(ü dÇ est nulle; étant donné que ll<Poll = llB lloo (théorème
2.60 EXERCICES DU CHAPITRE 2.J 507

2.36. 1), on en déduit que 5. = 'l/; p .p.


L' appli cation À >--+ .5. étant injective, ceci montre que la mes ure À ne dépend pas du
choi x de la sous-suite ( À1k ).
Il existe d'autre part un compact vague contenant la suite (>. 1 ) (théorème 2.22.8) et ce
compact est métrisable (propositi on 2.22. 12) ; on t n déduit [27 , coroll aire 2.3 1.2] que la
suite ( ÀJ) converge vaguement.
c . Les fonc ti ons 'l/; et 5. étant continues en 0, pour tout E > 0 il existe 8 > 0 tel q ue
l'l/;(Ç) -'l/;(O)I :::; E et 15.(0 - 5.(0) I :::; E pour llÇll :::; 8. Étant donné que 5. = 'lj; p.p., il
existe Ç tel que llÇ ll :::; o et 5.(Ç) = 'lj;(Ç), d'où 1) (0) - 'l/;(O)I ::::; 2E et ceci mon tre que
5.(0) = 'l/;(O). Ceci signifie que 11>.ll = lirn1_, 00 ii>-1 11· Vu la proposition 2.2 1.2, la suite
( ÀJ ) conve rge étroitement ve rs À.

EXERCICE 2.48.1
Éta nt donné g E L 2 (~"), on observe que l'appli ca ti on f t-t j * g est linéaire continue
de L 2 (IR" ) dans '.fb(~") et que l' app licati on f >-7 (2n)"12J ('.f- 1j x '.f- 1g) est linéaire
continue de L 2 (~n) dans C::b(~") , les espaces '.fb (!Fr) el eb( ~" ) étant muni s de la norme
de la topologie de la convergence uni forme. Ces deux applicati ons coïncident sur le so us-
es pace Ca(IR" ) qui est dense dans L 2 (~"), ce qu i permet de conclure.
EXERCICE 2.48.2
1. On vérifie qu e f(Ç) = ~ sin Ç/ Ç. D'après le théorème de Plancherel, 1
1111 2 = 1lfll2,
d'où
l l l ~ci;Çr dx = dÇ

i ci~Çr =
Cl

dÇ 7r .

2. Calcul ons la transformée de Fourie r de la fo11ction g. On a

g(Ç) = -1-
J27T
/2 . -2
If 1·2 1 ·1
e-ix.; (1 - 2-)dx
2
=· -
7r ()
cosxÇ dx - - ·l -
v'2ii
;·2
a
cosxÇ x x dx
2
[i sin 2Ç - - 1- f cos xÇ x x dx.
V; ç V2ii la
Par intégrati on par parties, on a

1 a
2
c
COS X<, X X
dX = -
s in xÇ
-
Ç
X X
1
2

a
-
1 a
2
si11xÇ d
--
Ç
X =
s in 2Ç
2- -
Ç
cos2Ç - l
+- - --
Ç2 '
d' où
' () = _l_ l - cos2Ç = {f s in2 Ç
g.; v'2ii e v; e ·
On a d' autre part
f ( 1 - 2x)2dx = 34(x2 -
2 2
2
11911 2 = / -2
(
1- 2lxl ) 2dx = 2 la ·)3
l
1a2= 34
et on e n déd uit que

soit

1( R
sinÇ) ''
-
Ç
_ 2n
dÇ - - .
3
508 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

3. D'après le théorème de Pl ancherel, on a (f ig) = (fig), soit

l1 ( l - l~I ) dx = ~ h( si ~ E, ) 3 df,

l 1

1
( 1- l~I ) dx = z l( 1- ~) dx = -2 ( ~ - 1)2 1: = ~
et ceci montre que

EXERCICE 2.48.3
1. La for mule est acqui se pour· f E L (~), donc pour f E S qui est dense dans
1

2
L 2 (~). L'application linéaire f >--+ 'J(n.f) de L (R) dans lui-même est continue car
11'J(T1,J) 112 = i1Thfl l2 = III 112. De même, l'application linéa ire qui à f associe la fonction
E, >--+ ei" ~ ( 'Jf)(E, ) est continue l' U que l l e·i h~ ('.Jj )(E,) l l 2 = ll'.ffll 2 = 11!1'2. L e principe du
prolongement des identités permet de conclure.
On en déduit que
ei hç - 1
:J(b.1if)(Ç) = h ('.ff)(Ç) .
2. On a
11~"1 11~ = De·ih~i- 1 n ('.ff) (Ç) 12 dE,.

La suite ((eih,,ç - 1)/hn) conve rgeant vers if,, le lemme de Fatou montre que
2
{ ç2 1('.fJ) (Ç)l df,
}IR
~ liminf
n.---+oo
l ~1i,,f ll ~ ~ c 2 .
3. On peut écrire

rlg(Ç)ld~ = J1ç1r ~ 1 lg(E,)ldÇ+


}R
f
} IÇl> l
lg(Ç)ldE,

où, d'après l' inéga lité de Cauchy-Schwarz,


112
r lg(Ç)l<i,E, ~ 2 112 (!J1ç1~ 1 lg (Ç)l 2 dE,)
J 1ç1 5' 1
<oo
et

IE.l - 1 lf.g(~)ldf.~ (f 1ç1 - 2 dç) ~ (f


11

1çg(E,)1 2 dç) ~00,


11

f lg(t;)ldf.= /
f 1ç1>1 f 1ç1>1 j l(l> l } IE;.l>l
la fonction E, r-+ IÇl- 2 étant intégrable sur l'ensemble IE.I > 1. Ceci prouve que la fonction
g est intégrable.
4. D'après 2 . et 3., la fonctio n 'J f est intégrable et on en déduit (corollaire 2.48.4) que
f est une fonction continue.
EXERCICE 2.48.4
Rappelons que
('.f f a) (Ç) = .
V{i; sinçaE,
Soient a, b 2: 0, les fonctio ns f o et f b appartenant à l' espace L 2, on a d'a prè s le théorème
2.60 EXERCICES DU CHAPITRE 2.J 509

de Pl a ncherel
r fa(x)fb(x) dx = ~ r sia(aÇ) : in (bÇ) dÇ.
f 11. 7r JR Ç
Si 0 ::; a :S b, on en déduit
r sin (aÇ)ç2sin(bÇ) d" = 7ra,
JR <,

et ceci prouve la for mule voulue.


EXERCICE 2.48.5

1. On a
(':Ff)(Ç)

et, si f est paire,

('.JJ)(E,) = (27r) - 1 ! 2 fo'xo (ei xf. + e-ixf,) f( x ) dx = if 1 DO cosxÇ f (x) dx .


2. La fonction f a est intégrable et paire, d' où

Î a(t; ) = If; 1 00

cosxÇ X e-ax dx.


In tégro ns par parties, on obtient

I =j -<Xl
cosxÇ X e- ax dx = cos xÇ X
-ax
_e - \DO - 1DO -Ç sin xÇ X e-ax dx
0 -a o 0 a
= -1 - ~t ;·DO sin xÇ X e - ax clx
a a 0
e-ax
= -1 - -Ç ( s in xÇ x - - \DO +- l oo -Ç cosxÇ x e- ax dx ),
a a -a o 0 a
d' où
1 ç2
l = - - -2l
a a '
soit
l = ~et}a(Ç)
Ç+a
= V'"ir
fi~. ç +a
La fonction Îa étant intégrable, la fo rmul e d' inve rsion prouve qu e
f a(x) =If; 1 00

cosxÇ X Î a(Ç) dÇ,


soit
e - al x l -- -2 ;·OO
cosxÇ cz-2 a dÇ.
7r o <. + a

L a fo ncti on f a appartenant à L 2 (1R), on a llfall2 = llÎal l2 d'après le théorème de


Planc h erel ; or
510 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

d'où

L)Q ce
!ça2)2 4:3 -
2
3,a. On a 9a, 9b E L (1R), il en résulte que la fonction T/ H 9a(E, - ri )gb('IJ) est
intégrable pour tout E, ; de plus
a b l b
O< x --- < - x---
- (E, - 17)2+a2 T/2+ b2 - a T/2+ b2
et cette denière fonction éta nt in tégrable, le théorè me de la co nve rge nce dominée prouve
que 9a * 9b est une fonction co11tinue.
b. On a d' ap rès 2.
- ( ) _ y{ir
9a x - 2 e-a lxl , 9b- ( x ) -_ y{ir2 e- bl xl ,
d'où , d 'a près la proposition 2.46 .22 ,

'.f(ga * gb)(x) = (2n) 112 :'.'.. e-( a+b)l:cl = (2n) 112 :'.'.. {i'.f(ga+b )(x) = n'.Y(ga+b )(x)
2 2V;
et, par co nséq uent, 9a * 9b = rrga+b p.p. , donc partout les fo nctions étant continues. En
particulier,

(ga * 9b)(O) =
r ab
JR(E,2 + a2)(E,2 + b2) dE, =
7r
7r9a+b(O) = a + b '
d'où
f dE, 7r
la (Ç + a 2 2 )(E,2 + b2 ) - ab(a + b) ·
Note Pour a=b, on retrouve le résu ltat de 2.
EXERCICE 2.48.6 - THÉORÈME DE MARCINKIEWICZ
1,a. On notera d'abord que À f ne dépend que de la classe de f , >. f est donc bien défini si f
es t une classe de fonction mes urabl e. li est clair que la fonction >. 1 est décroissante, donc
boré lienne (remarq ue 2.6.4).
b. On peut supposer j 'J-mes urab le; on a alors ÀJ (s) µ(A s) où
A,= {x E X; lf(x)I > s}, d 'où
T =Pl'" sp-J >..1 (s) ds = p 1"° (L IlA.,dµ )sp-tds.
La fonction (s , x) i-+ n. A, (x) est 'J @ '.B- mesurable ('.B désignant la tribu boré lienne de iR+)
car il s'agit de la foncti on caracté ri stique de l'e nse mble
{(x,s) EX x IR~; IJ(x) I > s} = cp- 1 (1R~)
où la fo nc Li on cp : (x, s) >-+ IJ(::i:)I - s est 'J 0 '.B-mesurable. D'après le théorè me de Fubini,
on en déduit que

r= p L(1~p-] IlA,(x) ds ) dµ = p L(lf(x)~p- l ds ) dµ = Llflp dµ = lllll~-


c. On peu t supposer p fini , a lors

l i/li~ 21· A,
IJIP dµ 2 sP µ(A s) = sP ÀJ(s),
d'où s>.1(s) P :S: l l J ll ~ et 11111 ~ :S: llJllP·
11

d. Soit f E U(X) , 1 :::; po < p < p, :::; =· Étant donné q ue lfal ::;; a, il est c lair
que f a appa ni ent à l'es pace L 00 (X). Lorsque JJ1 est fini , l' ensemble A a est ù e mesure finie
2.60 EXERCICES DU CHAPITRE 2.J 511

car lllll ~ 2 aPµ(Aa) et on en déduit que

[ fa [[ ~: = l ya[P' dµ + l- A~fa[Pl dµ S aP' µ(A a) +ap, - p l - A,lflp dµ <OO ,


ce qui prouve que fa appa rti ent à LP 1 (X) . Qua ni à la , o n a [}a 1 :; If [ ll A" et, vu q ue
Po - P < 0,
[[}a[[~~ S ; · [f [Po dµ S aPo - P
Au
fA 11
lf lpdµ <OO.
2,a. On a f = f a+ ]a, d'où Tf = 'l'fa + T}a, et [Tf [ '.".'.: [Tfa[ + [Tfa[. Soit s > 0,
si [('l'f)(x)[ > s, on a nécessairement [(T'fa)(x) 1 > s/2 ou [('l'fa)(x)[ > s/2, d'où
ÀTJ (s) s; ÀTf<, (s/2) + ÀT 1Js/2) e t, Tétant de type faible (pi, Qi),
ÀTJa(s/2) '.".'.: cs - nllfall~~,ÀTtJs/2) '.".'.: cs-q"llla[ [~~:,
ce qui permet de co nclure.
b. Sis 2 a , l'ense mble {x E X; [fa(x)[ > s} est vide, d'où À1 (s) = 0 et, si 0

0 < s < a, {x E X; lfa(x)[ > s} = {x E X; IJ(x)[ > s}, d'où Àfa (s) = >.1(s). Ceci
prouve que Àfa = >.1ll10,a[ ·
Quant à la, on a la(x) = 0 si lf(x)[ :S a et
]a(x) = f(x) lff;~~~ a si [f(x)[ 2 a,
d'où [}a(x)[ [f(x)[ - a si [f(x) [ 2 a. On en déd uit que lfa(x)[ > s s ignifie
[f( x) [ > a+ s, soit >.1Js) = ÀJ(a + s) . Grâce à l ,b., on en déduit la majorati o n an-
noncée de Àrf (s). La majorati on de [['l'f llZ en réstt lte vu l ,b.
c. En pre nant a = s-Y avec Î > 0, on a
li = 1o=sq-q, - l(fo s-, t P1- lÀJ(t)dt)q1 /P 1ds
1o=(Io=ll 10 ,s-r r(t)s(P1/qi)(q - q1 - 1)tP1 - 1>.1(t)dt) qiJp1 ds .

Utilisons) 'exercice 2.30.2, o n obtient (on notera que q, /p1 ?: 1)

li :::; (Io=(L~., sq - q1 - l ds r1( Ql tPl - 1A1(t) dt r l /P l

et, vu que q - Q1 < 0,

(lor=t -,
q - <q E'..L ) q1/P1
li :::; X ' Il + Pl - l ÀJ(t) dt .

C hois issons/ tel que (q - q1) h x (P1/q1) + P1 = p, c'est-à-dire (vu que p < pi)
/ = Q1 - q X Pl = 1 - (q/q1) > O·
P1 - P Q1 1 - (p/p1) '
on obtient alors h :::; c llfll ~('1J /P d = c vu qu e ll!llP = 1.
De même, on a

h := 1o= (1~ (t - s-Y to - l


Sq - qo - l Àf (t) dtr o/Po ds

1o= (Io = ll js'"l ,= ls(po/qo)(q - qo - l)(t - sî)Po - lÀJ(t)dt ) qu /Po ds

:' : (fooo (lot t - î)


1/-, sq - qo - l ( S (qo/i>o)(pu - 1) ds) po/qu ÀJ(t) dt) qo/Po.
512 CHAPITR E 2 INTÉGRATION

Effectu ons le c hangeme nt de variable O" = s'Y, on a


t1h
J
1 sq - qo - l(t - s 'Y )(qo / Pu)(pu - 1) ds

1t O" (l /'Y )(q - qu - 1) (t _ 0


)(qo / Po)(pu - 1) (l //)O"(l /'Y )- 1 dO"

et e n posant O" = tr
J = c t (l h)(q- qu)+(qu/ Pu)(pu- 1) 1 1
7
(1/'Y)(q - qo- 1) (1 - r)(qu/po)(po- 1) dT

o ù celle dernière intégrale esl fi11i e car (l h )(q - qo) > 0 et (q0 /po)(Po - 1) +1> O. Il
e n résulte que

Ona
1 - (q/q1) 1 - t - (1 - t(q / qo)) 1 - (q / qo)
/ =
1 - (p/p1) 1 - t - (1 - t(p/ po)) 1 - (p/po) '
c'est-à-dire (q - qo)h x (po/ <10) +Po = pet ceci prouve que

/2 S C (1 00

tp- l ÀJ(t)dt) qu/ Pu = cJJJ JJ~(qo/Pu) = c .


On a donc l Tf llq S csi ll!llP = 1, d'où ll1'f llq S c ll! llP pour loul f E E, ce qui pe rmet
de conc lure.

3. L orsqu e q1 esl fini el p1 < po, o n peul écrire l'i négalité

JJTJJl~ Sc
{1 00 sq- q, - l (j'OO (t - ar - .>..1(t)dt ds
0
a
1 )q1/P1

r t po - l ÀJ(t) dt
Prenons a = s'Y avec /< 0, alors
+
1
sq- qo - l Jo
0
00 ( ) qu / Pu ds } .

!~ 100 Sq - qu -1 (1s~ t Pu - 1 ÀJ(t) dt) Qu / Po ds


100 (100 ll10,s~1(t)s(Po/qo)(q-qo-l) tpo-l ÀJ(t) dt) qu/Pu ds

S (1=(1t1;. ., sq- qo - l ds) Po/qu t pu - l ÀJ(t)dt) qo/Po


e t, vu que q - qo > 0,
J~ S
(Io= 0
'' -~'"'
t- "" + Po - lÀJ(t)dt ) 'lu / Po .
- x -:m

et on conclut comme précédemment e n c ho isissant 1 te l que (q - qo)! x (Po/ qo) + Po = p,


c'est-à-di re
1 = 1 - (q/qo) < O.
1 - (p/po)
2.60 EXERCICES DU CHAPITRE 2.J 513

De même, on vérifie que


I~ l )O sq-<n - l([~ (t - s' )P' - 1 >.J(t)dtr t!P! ds
s (1"° (f sq - q1 (t - s 1: , - 1 ds) ' ) ( q1 / J1 )(P1 - 1 ) Pl / q1 >.1(t) dt ) q1 /P 1


J' ! "° sq- <11 - l(t -
tl h
ds s')(q 1/p i) (p1- 1 )

_lt a(l h)( q -q1 - 1) (t _ a) (q1 /pi)(v1 - 1) (l//)O"(l h)- 1 da

c 1t a (lh)(q - q, ) - 1 (t _ O") (q1 / P1)(P1 - I ) da,

ce qui permet de conclure comme en 2,c. vu que


(l /'y )(q - q1) > 0, (q1 / P1) (P1 - 1) +1 > O.
4. On a ÀTJ( s) S cs-q' ll! lli' et qo < q < q1, d'où

ll'l'f 11% c 1 sq- l >.r 1(s) ds Sc {l ~q- qo - l


00

llfl li0 ds + f00sq- q 1 - 1 l lf11 ~ 1 ds }


1 1
S c { q - qo + q1 - q }
si llfll P = 1.
5,a. Étant donné que >.r1(s) = 0 si s 2 llTfl l= , on a
•JI Tfll oo { llTflloo
llTJ l l~ = q j 0
1
sq - >.r1(s )dsSc Jo sq - q 0 - l l fl l~0 ds,
1

OÙ llTJll oo S c llJllP, d' où l l'L'fll~ SC ll'L'fll &;- qi, 11 fll i 0 SC llflli .


b. On a llTfll oo S M1 llf lloo où M1 > 0, si a = s/(2M1) on a
ll'L'fall oo S Mi llfal loo::; aM1 = s/ 2,
d'où À rfa (s/ 2) = O. Prenons f E E tel que llJl lP = 1, alors
ll'L'fll~ S c 1=Sq- qo - l llfall~~ ds

j'"° sq - qo - l ( {"° (t - s/ (2M )) Po - l ÀJ(t) dt) qo/Po ds


S c
0 l s/(2 M1 )
1

Sc1"° (12M1sq- qo - 1(t - s/(2M1)) (qu/Po)(pu - l)ds) >.1(t) dt) qo/Pu


t Po/qo

et en posant s = 2NhtT
·2fVf1t
J"
j a sq - qo - 1(t - s/(2 M 1)) (qu/Po)(pu - 1) ds

C [q - qu 1 (qu/Po)(pu-1) 1l 7
q- qu - l(l _ T)(qo /Po)(po- 1) dT '

ce qui permet de conclure car q - qo > 0, (qo/Po) (Po - 1) +1 > 0 et


(po/qo)(q - qo) +Po = P
car Po / qo = p/q .
c. Ona
514 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

Olt t P 1_ , s aP 1- ve- 1 pour 0 < t < a vu que p1 - p > 0 ; on en dédui t


ll'L'fall~ S caP' - p l'o
t p - l ÀJ(t) dt S cavi - P si 11/llv = l.

Prenons a = (s/A)' Olt I = pif( p1 - p) > 0; l' inégalité précédente montre que
ll'L'falloo S s/2 dès que 1
c aP - p S ( a 1h A / 2 Y', c'est-à- dire c S (A/2)P', donc
dès que A est suffisa mment grand. On a alors ÀT ! " (s/2) = 0, d'où

ll 'L'f lli S C r=
Jo
S q - qu - I ( j'oo
(s/ A P
(t - (s/A)'Yyo - \t(t)dt)q"/Po ds;

le raisonnement est alors analogue à celui de 2,c.


d.Lorsquep1 < po < OO, on a 11'1'/all oo S cllfal lv1 et lfa l S lfl llA,. ,d'où
Ili a li ~~ S r
} Au
lfl PI dµ S aPI - p !Au
lf lp dµ S a P I - p.

Si a = (s/Af1, 1 = ( 1 - (q/qo))/( 1 - (p/po)) < 0, on vérifie comme précédemment


'la
que ll'L Il oo S s/2 si A est suffi sa mment gra nd, d'où
r oo ( r (s/ A)" ) Qu / Po
111'/lli Sc Jo sq- qu - I Jo tPo- l ÀJ(t) dt ds;
on conclut alors comme à la qu esti on 3.
6. Pour tout f = fo + fi E E = LP" (X) + LP 1 (X), on pose
1'f = 'l 'o f o + 'l ] fi
el on remarque q ue 'l 'j ne dépend pas de la décomposi tion de f étant donné que 'l 'o = 11 sur
LP" (X) n LP' (X) par hypothèse. On défin it ainsi une application linéai re
'l' : E -t M(X') / '.Rµ' te lle que 'l' = 'l i sur LP'(X ). Si f E E, fa, do nc f a, appar-
tient à E car IÎal S Ill S l!ol +-Ili 1E E. D'après 1,d. , on a L1' (X) C E et le théorème
de Marci nkiew icz permet de concl ure.
7,a. On sait que l'applicatirn f H c(f) est li néaire con tinue de L ~rr dan s l 00 (Z) et de
L~" dans t2(Z). On peut donc appliq uer 6. en prenant
(po, q o) = (2, 2) et (p1 , q1) = (1, =) .
Si l /p = (t/2) + 1 - t = 1 - (t/ 2), 0 < t < 1, on a l / q = t /2 = 1 - (l / p) , donc q est
l' indice conjugué de p, ce qui permet de conclure.
b. L' uni cité d' un éventuel prolonge ment linéaire continu résulte de la den sité de S dans
LP(IR"). Étant donné que J' es t linéaire continu de L 1 (IR") dans L 00 (1Rn) e t de L 2(1Rn)
dans L2 (1R"), on défin it J' : H '(!Rn) -t U (IRn) comme cela a été ex pli q ué en 6., les
valeurs des p; et q; étant les mêines qu 'en a.

2 .61 Exercices du chapitre 2.K

EXERCICE 2.49.1
Soit f E .G 2 (X3), on a
('1'1< 1(TK 2J))(x1) = L 2
K 1(x1 , x2) ( l , K 2(x2 , x 3)f(x3)dµ3) dµ 2.
On observe que
l x x :J IK 1(x1 , x2) K i(x2, x 3)f (x3)I dµ2dµ 3 = C'LiKi I (1'1K 2 il/I)) (:1:1)
2
2.61 EXERCICES DU CHAPITRE 2.K 515

où cette derni ère fo nction appartient à l'espace l 2 (Xi ) ; elle est donc fini e presqu e parto ut.
Ceci m ontre qu 'on peut applique r le théorème de Fubini pour presque tout x 1 . O n o btient
ainsi p our presque tout x 1

('1'1<i('l 'K2 /))( x1) = r, ( r_I<1 (x1,x2) K 2(X2 X3)dµ 2)f(x3)dfl3


1
1)\" l J\ 2
où, pour presq ue to ut x 1, la fonc ti o n x2 >--+ K 1(xJ, x2)K2(x2, x3) est µ 2- intégra bl e pour
presqu e tout X3, do nc pour presque tout (x1 , x3). Ceci mo ntre qu e la fo ncti on [(est dé finie
presq u e parto ut De plu s, les fonctions K 1 (x 1 , , ) et ](2 ( . , x 3) appartenant à L 2 (X 2 ) po ur
presqu e tout x 1 et presque to ut x 3 res pective ment, o n a
IT<(x1, x3 )I S ll K1(x1,•)ll2'1 K2(•,X3) ll2 p.p. ,
d' où
11 1<11 ~ S { llF<1(x1, •) ll ~ llJ<2 (., x3 ) ll~dµ1dµ3 = ll K1ll~llJ<3ll~·
l x, xx 3
Ceci m ontre qu e K appa rti ent à l'es pace .l 2 (X1 >< X 3) et qu e '1 '1<, o TK 2 est l'opé rateur
intégral de noya u K .
EXERCICE 2.49.2
1. Étant donné que llT1< Il S llK ll2. tout À te l que l..\I > l Kll 2 appa rti ent à l'e nse mble
résolvant el l' unique soluti o n de l'équati on >.f - 'J'x f = g est f = L..C::=o 'l'l~ g/ x n+l o ù
la séri e converge absolument dans L 2 (X), soit

f .( X ) = g(x)
À
+~ j F<n(x , y) (· ) d ()
L.., , À"+l g y µy .
n= l .X
D'après l'exe rc ice 2.49. 1, o n a ll Knll2 S llKll~, d'où
~ llF<nll2 < ~ Il Kii~ < 00
.~ l..\ln+l - .~ l>.ln+l
et cec i prouve q ue la sé ri e

R>. = f Hn
n= l l..\I n-t-1
est ab solument convergente dans L 2 (X x X) ; o n a d'a utre part
~
L..,
j IKn(X, y)g(y)I
l>.ln+l
d (· ) < ~
µ Y - L__,
llI<n(X, •)ll2llgll2
l>.ln+l
ri = l X n = l
et ce tte dern ière qu antité est finie po ur presque to ut x : en effe t, posons
u,,(x) = llKn(x, .)11 2/ l>. ln+i ,
alors

~ llunll2 = ~ l x llJ<n(x, .)ll 2dft(x)


OO OO ( r . . 2 )l/2l>.ln+I
1 llKnll2
= ~ l>.ln+l < =;
OO

la séri e I: ~= l ·u n est donc absolument convergente d ans L 2 (X), e ll e converge donc presque
partout, ce qui prouve le résultat annoncé. Po ur presq ue to ut x, il est donc légitime de per-
muter le signe so mme et le signe d' intégrati o n, cc qui permet d 'écrire la soluti on sous la
forme
f( x ) = g~) + L R >. (x,y)g(y)dµ(y) .
2. On a
I<n(x,y) = { K( x,z )K,, - 1(z, y)dµ( z ),
lx
516 CHAPITRE 2 INTÉGRATION

c'est-à-dire K n (x, y) = ('1'1<}') (x ) où f dés igne la fo nction x >-+ K n- 1(x, y) qui appar-
ti ent à L 2 (X) pour presq ue toul y. li en rés ulte que K n(x , y) = L iE I Ài(fl e; )e;(x) où,
po ur presqu e to ut y , la fami lle est absolume nt sommab le dans L 2 (X), donc pour presque
tout x ; il en résulte que cette fa mill e est absolument sommable pour presque tout (x , y).
On a d' autre part

(f Jei ) = /, K n-l (z, y )ei (z) dµ( z ) = ('1 ~(,. _ 1 e; )(y) = (('1 '1( )n - 1e; )(y) = >-;1 - 1 e;(y)
X
car 'l 'Ke; = 'X;e; (27, propositi on 3.34.5] et par conséquent
H n(x,y) = I> ~e;(x)e;(y)
iE I
où la famille est absolument som mable pour presque tout (x, y) . En fai t, o n a l' absolue
so mmabilité dans L 2 (X x X) ca r la fa mille (>-'.' ), pour n 2: 2, appartient à l 1 (1).
EXERCICE 2-50.1
On pose
K(x 1,x3) =/, X2
K1( x 1,x2 )I<2(x 2,x3 )dµ 2,
cette foncti on est bien dé fini e pour tout (x1 , x 3). Soit (a1,a3) E X 1 x X 3, on a

I< (x 1, x:i ) - K(a 1, a3) = ; · [K1 (x1 , x 2)F<2(x2, x 3) - F<1(a1 , x2)K2 (x2, x3)
X2

+ K 1(a1 , x2) K 2(x2, ::r3 ) - I<1 (a1 , x2 )K2(x 2, a3)] dµ 2,


d'où
IK(x 1,'.C3) - i(( a1 , a3) I::;: llK2ll oo ; · IK1(x1 , x 2) - K1(a1 ,x2)I dµ 2
X2

/~
+ ll JCll=
2 IK2(x2,x3)- K 2(x2, a3)ldµ 2.
Un ra isonne ment identique à celui effectué pour la propositi on 2.50. 1 perme t d' en déduire
la continuité de K a u point (a 1,a 3).
EXERCICE 2.50.2
1. On vér ifie par récurrence que, pour tou t enti er n 2: 0,
IKn+2 (x,y)J ::;: ll K (x , . )I J 2 llK( . , y)ll 2 JIJ<l l ~·
Pour n = 0 , il s'agit si mpl emen t de ! ' inéga lité de Ca uchy-Sc hwarz, pui s
IK n+3(x, Y)I ::;: llKn+2(x, •) Jl2l lK(. , Y)ll2 :S Il K (x, • )ll2l lK l l 2ll K Jl~ll K ( . , Y)I J2,
ce qui permet de concl ure. Il e n résulte que llKn+2ll= ::; c IJKll2 et on en dédu it que la
série I:::"=i Kn/ Àn+t est normalement sommable lorsque J>-J > JJK1l2.
2 . L'absolue sommab ilité résulte de la proposition 2.50.2 car Kn est l' image par 'li<
de la fonct ion x >-+ Kn- 1(x , y) (exercice 2.49.2). Quant à l' uniforme so mmabilité, on
re marque qu e, à l'except ion d' un nombre fini d' indices i, l>-;I" ::; l>-il2, d'où
2
l>.i'e; (x) ei(Y)I :S l>-; l le; (x)e; (y)I
e t le raisonne ment de la proposition 2.50.2 permet de co nc lure .
Pour x = y , on obtient Kn (x , x) = L ;E J >-i le; (x)l 2 e t, par intégrati on,

1..:>:· lrx I<n(x,x)dµ.


1E J
=
Bibliographie

[l] BOURBAKI , N., Éléments de Mathématiques, Intég ration, Herm ann , Paris,
1965.
[2] BOURBAKI, N., Éléments de Mathématiq1t es, Variétés différentielles et analy-
tiques, Fascicule de résultats, Hermann , Pari s, J97 1.
[3] B OUY SS EL, M .,Jntégrale de Lebesgue, mesure et intégration, Cépadues-Édition ,
Toulouse, 1996.
[4] CARTAN, H. , Calcul différentiel, Hermann , Paris, 1967.
[5] CHAMBERT-LO IR, A. et FERMIG IER, s., Exercices de Mathématiqu es pour
l'ag régation, Analyse 2, Masso11 , Paris, 1995.
[6] CHOQUET-BRUHAT, Y., Géométrie différentielle et systèmes extérieurs, Du-
nod , Paris, 1968.
[7] DEMAZURE, M., Géométrie, Cours de !' École Polytechnique, 1982.
[8] DIEUDONNÉ , J., Éléments d'analyse, To1ne 1, 2 el 3, Ga uth ier-Villars, Paris,
1968 et J970.
[9] DUNFORD , N . and SCHWARTZ, L. , Linear operators, Interscience Publi shers,
Inc., New York, 1967.
[10] H ALMOS, P., Measure theory , Van Noostrand , New York, 1964.
[11] H ELGASON, S., Differential geometry, Lie groups, and symmetric spaces,
Academic Press, lnc., London, l 978.
[12] KOBAYASH 1, S. AND NOMI ZU, K., Foundations of differential geometry, Vol.
I and Il, lntersc ie nce Publishers, New York, 1963.
[ 13] L EB ESG u E, H. , Leçons sur l'intégration et la recherche des font ions primi-
tives, Gauthier-Villars, Paris, 1904.
518 BIBLIOGRAPHIE

[14] MALGRANG E, B ., ldea/s ofdijferentiablefunctions, Oxford University Press,


London, 1966.
[15] MAND ELBROJT, S., Séries adhérentes, régularisation des suites, applica-
tions, Gauthier-Villars, Paris, 1952.
[16] MATAGN E, R. , "Les espaces de Silva", Bull. Soc. Royale Sciences Liège, 12,
p. 754-768, 1964.
[17] MATSUSHIMA, Y., Difjerentiable manifolds, Marcel Dekker, Inc.New York,
1972.
[ 18] MEY ER, P.A ., Probabilités et potentiel, Hermann, Paris, 1966.
[19] MILNOR , J .W. , Topologyfrorn the dijferentiable viewpoint, The University
Press of Virgi11ia, Charlottesville, 1965.
[20] NARA SIMH AN, R., AniJLysis on real and complex manifolds, Masson & Cie,
Paris, I 968.
[2 1] NEVEU, J ., Calcul des probabilités, Masson & Cie, Paris, 1964.
[22] DE RHAM , G., Variétés différentiables, Hermann, Paris, 1960.
[23] RUDIN, W. , Real and complex analysis, McGraw-Hill, New York, 1974.
[24] SCHWARTZ, J.T., Non-linear functionnal analysis, Gordon and Breah, New
York, 1969 .
[25] SCHWARTZ, L., Cours d 'Analyse de /'École Polytechnique, 1965 .
[26] STERNBERG, S., Leclllres on dijferential geornetry, Prentice-Hall, Inc . En-
g lewood Cliffs, New Jersey, 1964.
[27] WAGSCHAL , C., Topologie et analyse fonctionnelle , Hermann, Paris, 1995,
2003, 2012 .
[28] WAGSCHAL, C., Fonctions holomorphes, équations différentielles, Hermann,
Paris, 2003, 2012.
[29] WAGSCHAL , C., Distributions, Analyse microlocale, Équations aux dérivées
partielles, Hermann, Paris, 2011.
[30] ZYGMUND, A. , Trigon()metric series, Cambridge University Press, 1959.
Notations

f'(a) ou Df(a) : dérivée de f au pointa . .. . . . .. .... .. . ... ..... .. . 5, 7

fd(a), J; (a) : dérivée à droite, à gauche de f au point a .... . .... . . . 5


grad f(a) : gradient de f au point a ... . . . ............. . . .. . .... 8

Dxf(a) : dérivée partielle suivant le vecteur x . . .. .. .. ...... .. . 9

D;f(a), (of / ax;) (a) : dérivées partielles . ...... . ... . . . . ....... . .. .. . . IO, 13
J(f) ou : jacobien de f ..... . ................... ...... ..... 14
D(fi , . . . , ft) / D(x1, . .. , x1)
Dk f (a) : dérivée d'ordre k ..... . ... . ... . ......... . . .... .. .. 24
: espace vectoriel des fonctions f : 0 -+ F
de classe ek . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Di, . . . Dik f(a) : dérivée partielle ...... .. .. . . . ... . . . .. .. .. ... . . . ... 29

D°" f(a) : dérivée partielle . .. .. ... . ... .. ... ...... . ... . .. . . . . 31

ll•llK,k : semi-normes définissant la topologie C".k . . . .. •.... .. 34

TxX : espace tangent au point x . ... .. .. .. . .... . . . ... . ... 65

(Ojâ xi ) : repère naturel de l'espace tangent . .. .. . . .. . . ....... 66

T af : application linéaire tangente ... . ... . .. .. . .. ... . ... . 68

(L.u f)(a) : dérivée de f suivant le vecteur v . . . . .. .... .. ... . . . . 68

Hessa (f) : hessienne de f au point a . . .. .. . .... ... .... . ...... 70

T; X : espace cotangent au i>oint x .... ... . . .. . .... . ...... 71

df(a) : diffürentielle de f au point a .. . . ... . . ............. 72

rga f : rang de f au point a . . .. . . ..... .... ..... . . . .. . .... 74

codimx Y : codimension d' une sous-variété Y de X . .. . .. .. . . . . 76

GL(n, IK) : groupe linéaire ....... . . . .. ... ... ... . . . ........ . .. 82


520 NOTATIONS

SL(n,IK) : sous-groupe linéaire spécial ........ ............... 82

O(n) : grou pe orthogona l ............................ . ... 82

supp cp : supp ort de la fonction cp : X ---+ IK ......... . . ...... 84

'.D(X) : espace des fonctions 'P : X ---+ lK 00 à suppo rt e


co111pac t .......................... .......... ..... 84
TX : fibré ta ngent .. .... .. .. ... ... ... ............ ..... . 93
Tj : application tange nte ........... . ..... . . . .......... 94

T*X : fibré cotan gent ...... . ... . .. ...... . .......... ..... 95

Lvf : dérivée de Lie de f suivant le champ de vecteurs v .. 97

[v,w] : crochet de Lie des champs v et w ........... . ... . . 98

: mesure de Dirac au point a ....... . . ... . .. . . ... ... 147

S(J) : semi-algèbre sur lintervalle ouvert I . . .. .. .. . .. .. . 148

µp : mes ure de Lebesgue-Stieltjes associée à F .. . . . ... . 169


Lp : complé tée de la tribu boré lienne vis-à-vis de la
mesure µ p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
;:, : tribu de Lebesgue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

C(k:) : ensemble de Cantor modifi é .... .... ........ . . ... . l 70


M(X, 'J; IR U { +oo}) : ensemble des mesures sig néesµ : 'J ---+ IR U { +oo}. 178
µ = µ+ - µ _ : déc()mpositi on de H ahn-Jordan ........... .... .... 180

M(X, 'J; E) : espace vectoriel des mes uresµ : 'J ---+ E . . . . . . . . . . 183

M-ub(X, 'J; E) : espace vectoriel des mesuresµ : 'J ---+ E à variation


bornée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
ê(X, 'J; E) : espace vectoriel des fonc tions f : X ---+ E
'J-étagées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185, 224
ê+ : espace des fonctions 'J-étagées positives . .... ...... 186
M(X, 'J; Y) : espace des fonctions f :X ---+ Y 'J-mes urabl es . . . . 187

M+ : espace des fo nctions 'J-mesurables positives . . . . . . . 192


1
L (X, 'J, µ ; E) : espace des fo nctions f :X ---+ E µ- intégrables 197, 227
f jdF : intégrale Lebesgue-Stie ltjes .... ................ .. 20 1
LL(X, 'J, µ ; E) : espace vectorie l des classes de fonctions f : X ---+ E
µ -intégrables ...... ......... . . ........... .. . 205 , 24 1
NOTATIONS 521

: espace vectoriel des fonctions f : X --+ E


'J-étagées intégrables _. ..... .... ......... . ....... 224
M(X, 'J, µ; E) : espace vectorie l des fo nc tions f : X --+ E
µ-mesurables ....... ... ...... ........ ... . .. .... . 225
Mf (X, 'J, µ ; E) : espace des fonctions f : X --+ E µf -mesurables . .. 235

h*( µ1) : image de la mesure µ 1 par h . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253

eK(X) : espace vectoriel des fo nc ti ons continues


f : X -+ lK à suppori dans K . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265
eo(X) : espace vectoriel des fonctions continues
f : X --+ lK à support compact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265
M(X;lK) : espace vectoriel des mesures de Rado n sur X ...... 266

M+(X) : espace des mes ures de Radon positives ...... .. .... 267

Mb(X) : espace vectoriel des ITTesures de Radon réelles


bornées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267
e{j(X) : ensemble des fonctions ip E C0 (X) positives ... ... 268

Mreg(X) : espace vectoriel des 1nesures régulières sur X . . .... 277

lim indiE J E; : limite inductive des espaces E; ............... . ... 283

: tribu produit ....... ... ............... . .. . ....... 292

: mesure produit . ... ... .. .. . .... .... ..... . ........ 294

: produit de convolution des fonctions f et g .. . ..... 312

: produit de convolution des mesures µ 1 et µ2 ....... 3 18

m 00 (J), MooCf) : borne intërie ure et supér ie ure essentielle ..... . . ... 3 19

'.f00 (X; E) : espace vectorie l des fo nctions f : X -7 E


essentie lleme nt bornées .. . . ...... .......... . ..... 32 1
;:,oo cx, 'J, µ; E) : espace vectoriel des fonctions f : X --+ E
µf -mesurables et esse ntiellement bornées .. .. .. ... 322
L 00 (X, 'J, µ ; E) : espace vectoriel des cJ asses de fo nction s f : X --+ E
µf -mesurables et essen tie llement bornées .. . .. . ... 322
LP(X,T , µ ; E) : espace vectoriel des fonctions f : X --+ E µ-mesura-
bles de puissance p iè me_ intégrable ..... . ....... . . 329
LP(X, T , µ ; E) : espace vectoriel des classes de fo ncti o ns f : X --+ E
µ-mesurables de puissance pième_intégrable .. ..... 329
522 NOTATIONS

: espace vectoriel des foncti ons f : X ---+ E locale-


ment d e pui· ssance
. · , . bl e ..... . ........ . 339
p ième -mtegra
: espace vecto riel des cl asses de fon ctions f : X ---+ E
localement de pui ssance p ième_ intégrable .... . .... 339

li · li p,f\ : semi-normes dé fini ssant la topologie de l' espace


,lfoc ........................................... 339

: variittion total e de f : [a, b] -+ E sur l' intervalle


[a, b] ..................... . ................... .. 370
: espace vecto riel des fo nctions f : [a, b] ---+ E à vari a-
tion bornée . .. . . .. . ... .. .... . .. . ............. . .. 37 1
: variati on totale positive et négati ve de f : [a, b] -+ E
s ur !' interva lle [a, b] ........... . .... . . . ..... . .... 372
A c([a , b];E) : espace vecto riel des fo ncti ons f : [a, b] ---+ E absolu-
ment continu es ......... . . . ........... . ......... 378
grad f : g radient de f : X -+ R (X variété riemannie nne) .. 383
div V : di vergence d ' un c hamp de vecteurs v sur une variété
r iemannie nne ................................... 383
: laplacien d' une fo nction f s ur une vari été rie m an-
nienne ......................................... 384
: espace des foncti ons f : R -+ <C continues
2n- périodiqu es ...... . . ..... .......... . ....... .. 392
: espace des fo ncti ons f : R-+ <C de classe c:;k
2n- péri odiques ..... . . . .. . . ..... ....... ..... . .. . 392
: espace des foncti o ns f : R -+ <C localement d e pui s-
sance p, ième - mtegra
· ' , ·od.1ques . . . . . . . . . 392
bl e et 2n- pen .
: espace des foncti o ns f : R -+ <C localement à
variation bornée et 2n-périod iq ues ......... ....... 395
Ac, 27T(R; <C) : espace des fonctions f : R -+ <C localement abso-
1ument continues et 2n-périodiques ........... .. . . 396
Dn(t) : noya u de Dirichle t ............. . ....... .. .. .. . .. 399

Fn(t) : noya u de Fej ér ................... . . . ..... . ...... 400

J"f ou j : trans formée de Fourier de f ........ .. ..... ....... 407


s : espace de Schwartz des fo nctions à décroissance
rapicle .......................................... 4 11

Il • lla,/3 : semi -normes défi ni ssant la to pologie de l'esp ace S. 4 11


Index

A
absolue continuité de l' intégrale .. 201 complété d ' un espace mesuré ... . 165
absolument continue (fonction) .. 378 continuité en moyenne d'ordre p . 343
_ _ _ _ _ _ _ _ (mesure) . . . 351 continuité supérieure et inférieure 153
accroissements finis (théorème des) 15 convergence dominée (théo-
additive (fonction f-) . . . . . . . . . . . 15 l rème de la) ... 216, 241, 336
algèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 _ _ _ _ _ en mesure (topo-
application linéaire tangente ...... 68 logie de la) ............ 364
atlas ..... .... .. .... .... .. . ...... 56 _ _ _ _ _ en moyenne (topo-
atome ................. . ....... 324 logie de la) ....... 21 1, 241
_ _ _ _ _ monotone (théo-
atomique (mesure) ......... . .... 147
rème de la) . ........ ... 212
_ _ _ _ _ presque uniforme .. 236
B
convexe (fonction) ............... 18
Beppo-Levi (théorème de) . . ..... 213
coordonnées locales (système de) .. 57
Bernstein (polynômes de) ........ 278 cotangent (fibré) .............. . .. 95
_ _ _ _ (théorème de) ......... 397
critique (point) ............... 53, 69
Borel (théorème de) ....... .. ..... 40 crochet de deux champs de vecteurs 98
Borel - Cantelli (lemme de) ... .. . 155 curviligne (mesure) ...... .. ... .. 387
borélien .................... ... . 167
borélienne (fonction) ............ 188
D
_ _ _ _ (tribu) ... ........ .... 167
Darboux (sommes de) . .......... 220
Brouwer (théorème de) . . . . . . . . . . 390 définie presque partout (fonction) . 208
Denjoy-Lusin (théorème de) . .... 397
c dénombrement (mesure de) ...... 147
Cantor-Lebesgue (théorème de) .. 397 dérivée à droite (à gauche) .... ..... 5
Cantor modifié (ensemble de) .... 170 _ _ deLie ............... . ... 97
carte . ........ ..... . . . ........... 54 _ _ (matrice) . ..... .. ...... . . . 14
Clarkson (inégalités de) ......... 337 _ _ suivant un vecteur ... ... 9, 70
codimension . . ................. .. 76 diaITiètre essentiel ....... . ....... 3 28
complet (espace mesuré) . . ...... 164 difféomorphisme ......... . . .. 51, 73
524 INDEX

difféomorphi sme local . .. .... . 5 1, 73 Ho lder (inégalités de) . . 330, 33 1, 333


différentiell e d ' une fonction . .. . ... 72 hypersurface .. . .. .. . ... .. . .. .... 76
diffuse (mesure) .... ............ 163
Dini (nombres déri vés de) .... ... 365 1
Dini -Lipsc hitz (th éorème de) . ... 404 image d ' une mes ure .. . . .. .. 253, 275
Dirac (mesure de) . ... ...... ..... 147 immers ion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Dirichlet (noyau de) ............. 399 implicites (théorème des fo nc-
Dirichlet-Jordan (théorème de) . .. 401 tio ns) .... 44, 48 , 73
divergence d ' un champ de impropre (intégrale) ... . . .. . . . ... 222
vecteurs .. ...... 383 induite(mesure) ..... . ..... . .. .. 168
_ _ _ _ (théorème de la) .. . .. . 389 intégrabl e (ensemble) .. . . . .... .. 194
_ _ _ (fonction) .. . 193, 226, 249
inversion loca le (théorème d ') . 51 , 74
E
Egoroff (théorème d') . .... ... .. . 237 J
espace vectorie l ordonné . . . . . . . . 183 Jaco b'1 ('d · ,d )
1 ent1te e ........... . . . .
98
essentielle (borne) ..... .... .. .. . 3 19
j acobien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 14
étagée (fonction) ........... ..... 185
j acobienne (matrice) . . . . . . . . . . . . . 14
étroite (topo logie de la conver-
Jensen (i négalité de) .. ... . ... ... 205
gence) ..... . . . . 280
Jordan (th éorème de) ...... . ..... 373

F K
Fatou (lemme de) ... . ..... . ... . . 2 14
Kolmogoroff (exemple de) . ...... 405
Fejér (théorème de) .... ... .. . . .. 400 _ _ _ _ _ (théorème de) .. .... 349
fibration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
fib ré (espace) .... ......... . ..... . 87 L
__ vectorie l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Lagrange (m ultiplicate ur de) . . .. .. 53
forme différentie ll e .. .. .... . . .... 97 lap lacien .... . . ... . ..... . . . . .... 384
fo rmule (première) de la moye nn e 202 Lebesgue (constantes de) ........ 399
_ _ _ (seconde) de la moyenne . 305 _ _ _ (ensemble de) .. ... .. .. 378
Fubini (théorèmes de) ...... 298 , 3 10 _ _ _ (la fo nction d e) . . .. . .. . 170
_ _ _ (mesure de) ......... .. 156
G _ _ _ (théorème de) . .. . 365, 379
gradient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 363 _ _ _ - mesurable (ensemble) 169
Green (formule de) ............. 390 _ _ _ - Stieltjes (intégrale de) 201
_ _ _ - Stie ltjes (mesure de) . . 156
H Leibni z (formul e de) ..... . . . .. ... 32
Hahn (théorème de) . . . . . . . . . . . . . 163 Lévy (théorème de) ...... . . ... .. 415
Hahn-Jordan (théorème de) . . . . . . 180 Lie (dérivée de) .. .. .. .. .... ..... . 97
Hardy (inégalité de) .. . . .... .... . 335 _ (groupe de) .. . .. ... . . ... . .. . . 95
Hausdorff (mesure de) . . . . . . . . . . 160 limite inductive stricte ...... ... .. 289
Hausdorff-Young (inégalité de) . . . 420 linéaire spéc ial (sous-groupe) .. .. . 82
hess ienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 localement intégrable (fonc ti o n) . . 23 1
INDEX 525

local i sation (principe de) ........ 400 R


Rado n (mesure de) ... .. . .... . ... 265
M Rado n-Ni kodym (dérivée de) .... 258
Marc inkiewicz (théorème de) 418 _ _ -Nikody m (théorème de) ... 352
Mercer (théorème de) . . . . . ...... 429 rang constant (théorème du) ....... 75
mesurable (ensemble) . .......... 149 _ d ' une application . ... ........ 74
_ _ _ _ (es pace) . ..... . . ..... 149 recoll ement de variétés ........... 92
_ _ _ _ (fonction) ... .... .... . 187 rectifi able (arc) . . . . . . . . . ... .. .. . 376
µ -mesurable (fonction) ... .. 225, 249 rég ulière (mesure) . . . . . . . . . . . . . . L72
µf -mesurable (fonction) ......... 235 répartitio n (foncti o n de) . . . . . . . . . 156
µ *-m esurabl e (ensemble) . .. . ... . 158 re père naturel ..... ... . . .. ........ 66
mesure .. . .... . .. ... . ...... . ... 146 revête me nt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
_ _ _ de volume ........... ... 386 Riemann -Lebesgue (lemme de) .. 394
_ _ _ extérie ure . . . . . . . . . . . . . . 158 ri emanni enne (mé trique) . ... . . .. 382
mesuré (espace) ......... .... .. . 149 _ _ _ _ _ (variété) . . . . . . . ... 382
Minkows ki (inégalité de) ..... . .. 33 1 Riesz (espace de) . . . . . . . . . . . . . . . l 83
moment d'ordre k . . ..... .... . .. 279 Riesz-Fischer (théorème
monotone (classe) .... .... . .... . 293 de) .. . .. 2 18, 242, 271 , 336
moye nne (inégalité de la) .... . . .. 323
s
Schauder (théorème de) . . . . . . . . . 39 l
N
Schwartz (espace de) . ... . . ..... . 41 1
négli geable (e nsemble) ..... . .... 164
sec ti o nd ' unfibré .... . . .... . .. . .. 96
_ _ _ _ (fonction) .. . .... . ... 203
semi-a lgè bre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Nikodym (théorème de) .. .. .. .. . 355
O'-additivité ... . .. ... ....... .... 146
norm a le unitaire ex térie ure .... . . 388
O'-S()US-additivité .... . ...... . .... 152
O'-finie (mesure) . .... ........... 163
0 signée( mes ure) ...... . .... .. .. . . 147
orthogonal (groupe) .... .......... 82 Sil va (espaces de) . . . ............ 290
sous-additivité . . ................ 152
p sous-espace mesuré . . . . . . . . . . . . . 168
parallélisabl e (variété) ...... . . .... 95 sous-variété (ouverte) . ..... .. 76 (55)
partition de l' unité . .......... .. .. 85 _ _ _ _ paramétrée . . . .. ... .. . 80
Pettis (théorème de) . . . .. . .. .... . 235 _ _ _ _ riemannienne . . . . . . . 385
Plancherel (théorè me de) .. .... .. 416 submersion ... ... ....... . ... .. .. . 81
plongement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 superfic iel1e (mesure) ..... .. .... 387
Poisson (noyau de) dans le
dem i-plan .. .. . . 248 T
polarisati on (formule de) .... ..... 41 tangent (espace) .... ... . .. . ...... 65
proba bilité (espace de) .... ..... . 149 tangente (application) .. . .... . . 64, 94
produit (variété) .. ........... .... 58 Taylor (formules de) . ... . 37, 39, 233
Prokhorov (condition de) ........ 282 Tchebycheff (polynôme de) ... . ... 42
526 INDEX

tribu ........................... 148

V
vag ue (to po logie) .. . ........ . . . . 279
valeur absolue d ' une mesure
complexe ... ... 25 1
variation bornée (fonction à) ..... 37 1
_ _ _ _ _ _ (mesure à) ... . .. 184
variation totale d' une mes ure . . . . 179
Vitali (théorème de con-
vergence de) . . . 364
Vitali -Hahn-Saks (théorème de) 355

w
Withney (théorème de prolon-
gement de) . 43, 348

y
Yo ung (in égalité de) . .... ... .. .. 345
Ac l1evé d ' imprimer en mars 20 12
par la Sté ACORT Europe
www.cogetefi .com

Dépôt léga l à parution

imprimé en France

Vous aimerez peut-être aussi