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Maudire l’infâme.

Variations sur le « rire » de Jules Ferry en 1885.

Si les écarts de langage peuvent faire l’objet, dans le champ politique, de sanctions ou de rappels à
l’ordre, il en est ainsi également, au-delà des seuls mots, des gestes (Ambroise-Rendu et al., 2006), des
postures, des attitudes ou même des silences (Barbet et Honoré, 2013) lorsque ceux-ci sont jugés
inappropriés. Au-delà des règles prescriptives, du « code normatif », fournies par l’étiquette ou par le
protocole, des règles plus pragmatiques1, le « code opérationnel » du jeu politique imposent aux acteurs
politiques de savoir réagir de manière adéquate face à des situations incertaines pour déjouer toute
« fausse note » et « faire bonne figure » en toute circonstance (Goffman, 1973 et 1974). En l’absence
d’un tel « sens pratique », l’homme ou la femme politique peut se trouver fortement déprécié voire
disqualifié. Toutefois, comme l’a montré de longue date la sociologie de la déviance (Becker, 1985), ce
n’est pas seulement la conduite de l’individu qui importe mais aussi, et même surtout, la manière dont
les autres réagissent face à un propos ou un acte qu’ils estiment déplacé. Le fait crucial n’est donc pas
tant le comportement considéré comme non conforme que la réception ou la réaction sociale qui en est
faite par ceux qui l’observent et l’interprètent. C’est à travers le lot des commentaires, des jugements ou
des sentences qu’une parole ou un geste se trouve ainsi transformé en gaffe, en faute, en infraction voire
en scandale. « Le verdict d’erreur est en la matière largement performatif, il fait exister comme telle la
faute qu’il dénonce » (Le Bart et Teillet, 2004). Un fait apparemment anodin voire inventé peut ainsi
susciter une forte indignation, comme l’illustre un épisode ancien, aujourd’hui oublié2, qui met en scène
le prétendu rire (ou sourire) de Jules Ferry à la Chambre des Députés en 1885.
Si cette histoire peut apparaître a priori datée, elle permet cependant de mettre en lumière les processus
de construction sociale de la transgression en politique et de ses modes de sanction dans un moment crucial
où s’installe véritablement la démocratie représentative en France et où les « médias » de masse, à travers
la presse, prennent une place centrale. Dans cette nouvelle donne, l’habilité langagière et la maîtrise de soi
et de ses représentations revêtent un caractère déterminant dans la vie publique et peuvent garantir ou
compromettre des carrières politiques. En l’occurrence, le « rire » de Ferry se trouve happé par un flot de
gloses et un tourbillon d’images qui ne partent pas de rien mais réactivent des haines anciennes pour
construire l’homme politique en figure repoussoir, en véritable paria. C’est cette mise en récit, et la
rhétorique de l’intolérable qui l’accompagne, que nous nous proposons d’étudier.

« L’homme qui rit »

La scène prend place lors d’une séance mémorable à la Chambre des députés le 30 mars 1885 au sujet
de la politique coloniale de la France au Tonkin. Rappelons quelques éléments de contexte (voir Gaillard,
1989, p. 589-598). En 1883, après dix années de luttes, le Tonkin est placé sous protectorat français mais
la guerre se poursuit entre les Chinois et les Français. Jules Ferry est alors président du Conseil et ministre
des Affaires étrangères. Dès la fin de 1884, les difficultés commencent pour le gouvernement auquel les
crédits et les hommes sont de plus en plus difficilement consentis à mesure que la situation sur le terrain
s’enlise. La politique coloniale de Ferry suscite alors de très vives oppositions aussi bien chez les
conservateurs que chez les radicaux. Mais les attaques redoublent avec l’évacuation de la ville de Lang
Son annoncée à Paris le 29 mars 1885. En pleine nuit du 29 mars, une dépêche de Hanoï, signée du général
Brière de l’Isle, le commandant des forces françaises en Indochine, annonce en effet que les Français ont
dû évacuer Lang Son et demande des renforts. Dès le lendemain matin, la rumeur du « désastre » de Lang
Son circule et des affiches sont placardées contre les murs à Paris : on fait état de 1800 tués, blessés ou
prisonniers, la situation est comparée par les journaux à un « Sedan d’outre-mer ». Tandis qu’à la
Chambre des députés, Clemenceau prononce un sévère réquisitoire contre Ferry qu’il accuse de haute
trahison, une grande manifestation a lieu devant le Palais Bourbon aux cris de « Ferry assassin ! », « A

1 Frederick G. Bailey (1971) définit celles-ci par rapport aux règles normatives en ces termes : « Les règles normatives sont
des lignes très générales de conduite. On s’en sert pour juger des actions particulières selon les critères moraux du bien et du
mal […] Les directives nouvelles qui viennent combler les intervalles entre les normes constituent les règles pragmatiques […]
Les règles pragmatiques sont des constatations, qui ne visent pas à juger telle ligne particulière de conduite en termes de juste
ou d’injuste : elles indiquent si celle-ci sera ou non efficace. D’un point de vue normatif, elles sont neutres. Elles peuvent
fonctionner dans les limites définies par les règles du jeu, tout comme elles peuvent ne pas en tenir compte ».
2 Dans sa biographie de référence, Jean-Michel Gaillard n’y consacre ainsi qu’une phrase (1989, p. 596).
l’eau, Ferry ! ». A l’issue de la séance qui ne dure qu’une quarantaine de minutes, le cabinet Ferry est
renversé. Ironie de l’histoire, une autre dépêche qui n’arrive que le lendemain relativise beaucoup le
« désastre » - en substance, « pas de pertes sensibles, situation non compromise » - et le rapport ultérieur
de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les événements révèle que les Français avaient
eu en réalité 5 morts et 37 blessés.
Mais le 30 mars, la séance parlementaire est très houleuse et le moindre faux-pas du président du
Conseil est traqué par ses adversaires. C’est à la fin du discours de Clemenceau que survient l’incident
qui va prendre ensuite une dimension hyperbolique, notamment dans les récits de presse. Un député, le
comte de Mun, accuse Ferry d’avoir ri :

« M. le comte de Mun : On ne rit pas au Tonkin, monsieur le Président du Conseil ! Il faut que la
France sache que vous venez de rire ! (Bruit)
M. Raoul Duval prononce quelques mots au milieu du bruit.
M. le Président : Gardez le silence, je vous en prie, messieurs, monsieur Raoul Duval, vous êtes
inscrit, attendez votre tour.
M. Raoul Duval : Il y a des indignations qui ne se contiennent pas. M. le Président du Conseil riait
tout à l’heure, et nous le constatons ! (Applaudissements à droite).
A droite : Il n’y a pas de quoi rire !
M. Clemenceau : Ce sont des accusés de haute trahison… (Rumeurs au centre – Oui ! Oui ! à droite
et à l’extrême gauche) sur lesquels, s’il subsiste en France un principe de responsabilité et de justice, la
main de la loi ne tardera pas à s’abattre. (Applaudissements à droite et à l’extrême gauche).
M. Gaillard désignant M. le Président du Conseil : Il a ri encore ! (Exclamations à gauche)3 ».

Si le « rire » de Ferry fait ainsi immédiatement l’objet d’un rappel à l’ordre par les députés, c’est surtout
au cours des jours suivants que les commentaires violents s’accumulent et s’emballent, en particulier
dans la presse, pour blâmer ce prétendu rire. Alors que les journaux les plus favorables à Ferry n’en font
guère état, les autres conspuent cette réaction supposée de Ferry. Il n’est pourtant pas évident que Ferry
ait vraiment ri. Certains journaux, comme La Justice (le journal fondé par Clemenceau), n’évoquent
qu’un « cynique sourire » pour lequel « il a fallu rappeler M. Ferry à la pudeur4 ». L’éditorialiste du
Figaro met même en doute ce sourire : « Je ne suis pas certain que M. Ferry ait souri, comme on le lui
a reproché. Quant à M. Raynal, il a fait seulement une grimace qui doit être son tic dans les moments
douloureux. M. Raoul Duval a, sans le savoir, reproché le rire à "l’Homme qui rit" de Victor Hugo !
Mais ces cris : "le ministre rit, c’est infâme, etc." n’indiquent-ils point l’étrangeté de cette séance ? Oui,
ils étaient condamnés à "la mort sans phrases", eux, des avocats ! On ne voulait leur permettre que des
larmes5 ».
Bien que le rire, voire le sourire, de Ferry ne semble donc pas complétement accrédité, il n’empêche
que s’enclenche, à la suite de cette séance parlementaire, une véritable liturgie de l’indignation autour
du « rire » de Ferry. Une fois stigmatisés, les faits s’agencent dans une trame narrative, une forme de
scénarisation qui devient la parabole d’un crime et de sa nécessaire expiation. Toutefois, le rire de Ferry
donne lieu à une large gamme d’interprétations d’autant qu’il n’a pas été investi d’une intention ou d’une
explication par son auteur. Certains de ses biographes expliqueront plus tard le sourire de Ferry par le
fait que ce dernier venait de conclure un accord secret d’armistice avec la Chine qu’il ne pouvait
divulguer car il ne devait être signé que le lendemain. L’écrivain Maurice Pottecher justifie ainsi ce
sourire : « En exposant à cette Chambre, décidée à ne rien entendre ou à mettre tout en doute, des
négociations qu’il avait promis de garder encore secrètes, il risquait de fournir à la Chine un prétexte et
une chance de revenir sur sa décision. Plutôt que de manquer à sa parole et de compromettre le succès
de son œuvre, il préféra se taire, se laisser accuser. Mais dans cette situation tragique où il se sentait, il
eut la perception du comique énorme que la fureur aveugle et l’incompréhension des partis mêlent
souvent au drame des passions et des intérêts humains. Et on le vit, sous l’orage, pencher son grand
corps et sourire. […] Il souriait, oui : et que pouvaient faire de mieux, devant ce déchaînement de fureur,
devant tant d’ignorance et de mauvais vouloir, sa raison impuissante et son haut honneur souffleté »

3 Chambre des députés, séance du 30 mars 1885.


4 La Justice, 31 mars 1885.
5 Le Figaro, 1er avril 1885.
(Pottecher, 1931, p. 202). Pour sa petite-nièce Fresnette Pisani-Ferry, « ce sourire était un sourire de
mépris, celui de l’homme qui se voit traîné au rang de l’infamie, alors qu’au fond de son cœur et de sa
conscience, il sait qu’il ne le mérite pas, que la paix qu’on lui reproche de poursuive en vain est, en
réalité, déjà faite » (Pisani-Ferry, 1962, p. 285).
Mais, à l’époque, ce « rire » est généralement d’abord lu comme grossier, comme la marque de
l’arrogance et du cynisme de Jules Ferry, comme l’illustre un long article qui lui est entièrement consacré
dans Le Gaulois. On peut y lire : « Il a ri, ce drôle. Et pourquoi n’aurait-il pas ri, je vous prie ? D’abord
le rire, le rire cynique, est le dernier refuge du criminel à bout d’explications et de mensonges. Mielle6
acculé, Gamahut7 percé à jour ont ri, eux aussi, affirment les comptes-rendus judiciaires. Ensuite, un
peu de gaieté était bien permise à ce scélérat qui sait que l’impunité lui est assuré, qu’on ne lui peut rien,
et que ses juges prétendus sont ses complices réels. En 1870, une scène analogue se passa. Un ministre
des Affaires étrangères se mit à rire au nez de ses adversaires. Il faillit être écharpé. Ferry a pastiché
Gramont8, qui ne méritait pas ce châtiment posthume9». Ce dernier souvenir relatif à la guerre avec la
Prusse et la fin du Second Empire montre que cette séquence s’inscrit dans certaines réminiscences. Le
thème du rire cynique et sadique devant le spectacle de massacres guerriers est d’ailleurs un motif
récurrent des satires et des caricatures notamment. Il évoque, par exemple, la célèbre lithographie de
Daumier en 1866 « Le rêve de l’inventeur du fusil à aiguille » (figure 1) avec son personnage à la face
creuse contemplant avec un sourire immense une plaine semée de cadavres (Moncelet, 2001, p. 229).

Figure 1 : Honoré Daumier, « Le rêve de l’inventeur du fusil à aiguilles le jour de la Toussaint »,


Le Charivari, 1er novembre 1866.

Le journal satirique (monarchiste) Le Triboulet consacre, quant à lui, un long poème, au ton tragi-
comique, au rire de Ferry (voir figure 2). Si Ferry ne manque pas de raisons de rire selon le texte
parodique, celui-ci le présente comme un personnage immonde, inhumain au fond. L’anaphore « Il peut
rire » peut se comprendre ici comme une antiphrase : il faut être ignoble voire dément pour rire de façon

6 Garçon de café âgé de 35 ans et prostitué, Félix Mielle est condamné à mort le 2 mars 1885 pour l’assassinat de son amant.
Il est gracié le 22 avril 1885 (condamné au bagne en Nouvelle-Calédonie).
7 Ancien moine devenu lutteur de foire, âgé de 25 ans, Adolphe Gamahut est guillotiné le 24 avril 1885 pour l’assassinat d’une

veuve (qu’il a égorgée avec ses complices pour lui dérober 2,50 francs).
8 Agénor de Gramont fut ministre des Affaires étrangères à la fin du Second Empire. Il contribue à la déclaration de la guerre

à la Prusse et est renversé avec le gouvernement Ollivier.


9 Le Gaulois, 31 mars 1885.
si sarcastique. Le rire de Ferry devient ainsi celui d’un malade, d’un fou voire d’un démon. Deux jours
après la séance, le journal satirique (républicain) Le Don Quichotte note dans un pastiche de bulletin
télégraphique : « Les couloirs du Palais-Bourbon sont déserts. Soudain, un lugubre éclat de rire réveille
les questeurs. C’est l’écho attardé du ricanement de MM. Jules Ferry et Raynal, au moment où, dans la
séance d’avant-hier, la nouvelle de notre deuil patriotique accablait toute la représentation nationale10 ».
Le rire de Ferry apparaît alors comme une expression assez diabolique, entérinant ainsi l’analyse du rire
faite quelques décennies plus tôt par Baudelaire. Notant que « le rire est une des expressions les plus
fréquentes et les plus nombreuses de la folie » et rappelant la maxime de Bossuet selon laquelle « le
Sage ne rit qu’en tremblant », Baudelaire (1855) soulignait en effet l’essence satanique du rire causé par
la conscience de sa supériorité face au malheur des autres : « le rire est satanique […] Il est dans l’homme
la conséquence de l’idée de sa propre supériorité ».

Figure 2 : « Il a ri ! », Le Triboulet, 5 avril 1885.

De fait, ainsi associé à l’œuvre du Malin, le rire sacrilège de Ferry se prête aussi fortement à la
critique de la presse catholique qui réactive contre lui la haine portée à cette figure de la laïcité et de
l’anticléricalisme (voir Déloye, 1994, p. 81 et p. 322 et s.). « Il est tombé, l’orgueilleux qui triomphait
de Dieu depuis cinq ans, et qui riait de toutes nos angoisses », peut-on lire dans La Croix qui poursuit :
« Quelle chute, grand Dieu ! et comme la Journée d’hier est bien faite pour inspirer de salutaires
rapprochements ! Il est tombé, ce grand insulteur de Dieu et de son église, et tombé misérablement,

10 Le Don Quichotte, 3 avril 1885.


écrasé, couvert de honte et recevant jusqu’au coup de pied de l’âne du centre. […] Il s’est écroulé plutôt
qu’il n’est tombé sans protester, sans faire un geste, sans affecter ce dédain du pouvoir qui donna à
Gambetta tombant lui aussi, un peu de prestige, il s’est affaissé "comme un clown sur son derrière" et il
a ri. Trois ou quatre députés se sont levés. Celui-ci, Gaillard de Vaucluse, en montrant le poing ; ces
deux autres, MM. de Mun et Raoul Duval, en rappelant de très haut et sèchement ce misérable à la
pudeur. Quelle séance ! Les plus vieux de nos confrères parlementaires disaient n’en avoir jamais vu de
semblable. Ferry était plus verdâtre que pâle. […]. L’homme qui, depuis dix ans, a fait le plus de mal à
la Religion et à la France ; l’homme qui s’est, dans cette guerre nécessaire, moins préoccupé des intérêts
de la patrie que des siens propres, est tombé dans la honte et dans la boue au jour anniversaire des
décrets11 ».

Rire et châtiment

« Tombé dans la honte et dans la boue ». La citation de La Croix témoigne bien de ce qui est en jeu
dans cette dénonciation du rire de Ferry. Car l’acte (supposé) n’est pas en lui-même porteur du discrédit
du président du Conseil mais c’est la situation de « crise » (la configuration politique particulière de
désaveu de ce dernier) qui constitue sa réaction présumée en acte transgressif et en symbole de son
déshonneur. Autrement dit, le rire de Ferry n’est pas la cause de sa chute, mais il traduit son indignité,
son incapacité à se hisser à la hauteur de son rôle. D’abord, parce qu’il s’oppose à la nécessaire retenue
(Haroche, 1993) et à « l’expression obligatoire des sentiments » (Mauss, 1921) que suppose l’évocation
d’un désastre. A l’opposé de telles exigences, le rire de Ferry laisse supposer que ce dernier ne se
contrôle pas, ne maitrise pas ses émotions. Mais il témoigne aussi de son inaptitude à quitter
honorablement la scène. Sa carrure d’homme d’Etat est ainsi remise en cause par comparaison à d’autres
comme Gambetta au charisme bien contrôlé (Déloye, 2000): « Gambetta était tombé avec dignité
comme il sied à un homme d’Etat, dont l’opinion n’est pas partagée par la majorité : Ferry est tombé
piteusement, comme un acteur sifflé. Avez-vous vu parfois un boule-dogue attaché à un fonds de culotte,
et sur le dos de qui pleuvent les coups de bâton ? Tel était Ferry, raccroché à son portefeuille. Vainement,
de tous les côtés, ses amis lui disaient : lâchez-le. Pour le garder une heure de plus, il eût accepté toutes
les injures ; il eût baisé à son tour toutes les bottes de ceux à qui il avait fait baiser les siennes. Il se
cramponnait à la tribune. […] C’était un spectacle navrant. Il a fallu prendre le pauvre diable au collet,
et le jeter à la porte, avec toute sa bande de sous-ministres, muets comme des carpes12 ».
Même les journalistes moins hostiles à Ferry regrettent son attitude lors de la séance. « J’aurais voulu
une autre fin. Ce n’est pas par une vaine bravade que le gladiateur frappé cherche encore à "bien mourir"
et tout n’est pas vanité dans le "qualis artifex pereo13" de Néron […] Ce n’est pas d’aujourd’hui que je
connais M. Jules Ferry. Je l’ai vu, en plus d’une occasion, montrer une intrépidité personnelle rare, une
résolution virile. Ses qualités, je ne les ai pas retrouvées en lui aujourd’hui. Serait-ce que les longues
joies du pouvoir et les longs écœurements qui les doublent, font perdre aux hommes quelque chose de
leurs belles qualités natives ? Ou serait-ce encore que les maîtres des majorités, quand ils se trouvent
abandonnés par elles, ont la sensation effroyable du noyé qui disparaît sous les eaux, ou le dégoût de la
lutte de l’homme qui, tombé à la mer, ne nage plus et se dit : "A quoi bon ?"14 ». Le sarcasme de Ferry
est ainsi interprété comme un geste de dépit, la marque d’une impuissance. L’homme défait reste en
effet jugé sur sa capacité à accepter sa déchéance « tête haute » (Goffman, 1989, p. 295), avec
magnanimité. « De la même manière qu’il était attendu du supplicié l’expression ferme de son courage,
le disgracié doit prouver publiquement son contrôle des émotions, au risque sinon de subir la double
peine du ridicule qui sanctionne alors la perte de face » (Hastings, 2013, p. 107).
Les commentaires soulignent à l’inverse le manque de bravoure et d’aplomb de Ferry face à
l’adversité, face à l’hallali, au point que l’image d’un Ferry couvert de honte et physiquement anéanti
contraste avec celle du Ferry censé être hilare. Loin de toute fougue chevaleresque, Ferry apparaît
paralysé, dévirilisé, comme s’il désertait le combat. Dans Le Figaro, on lit ainsi que « c’est sous les
huées, à coups de pied au derrière, avec le mépris de sa propre majorité que M. Jules Ferry s’est effondré,

11 La Croix, 1er avril 1885.


12 Henry Maret, « L’effondrement », Le Radical, 1er avril 1885.
13 « Quel artiste périt avec moi ! »
14 Nestor (pseudonyme d’Henry Fouquier), « La chute d’un ministère », Le Gaulois, 1er avril 1885.
piteusement, misérablement, sans lutte, sans débat, comme une vessie qui se dégonfle15 ». Dans la même
veine, le bonapartiste et farouche opposant de Ferry Paul de Cassagnac représente ce dernier sous le
mode de la plus grande pusillanimité, tout en mobilisant le champ lexical de la souillure et de la puanteur
qui résonne avec les inquiétudes hygiénistes de l’époque et le délire olfactif liés à la révolution
pasteurienne (Corbin, 1981) : « IL n’est plus. Il est monté à la tribune, comme on monte au gibet, et
l’égout est sa tombe. […] Et pendant trois quarts d’heure, délai trop court pour notre suprême jouissance,
je l’ai vu buvant la honte qu’on lui versait à longs traits, absorbant le mépris dont l’air qui l’entourait
était chargé. Après avoir souri de défi, la peur avait enfin pris ce lâche à la gorge. Il tremblait, et, suprême
mensonge, il rougit. Cette tête, je la retrouverai longtemps dans mes cauchemars de nuit, plate comme
la punaise, pâle, avec des rictus, ainsi que la tête que le couperet a jetée dans le panier de son. La figure
semblait un immense crachoir, avec ses favoris humides qui faisaient gouttières et laissaient le trop
plein, liquide nauséabond, rosée naturelle de cette fleur politique éclose et grandie sur le fumier16 ».
Comme l’illustre cet extrait, le rire de Ferry est ici réduit à un sourire ou à un rictus qui témoigne de
sa nervosité mais qui n’exprime plus aucune jubilation ou légèreté. Il devient un rire d’angoisse
(Bourgain et al., 2010). Certains expliquent ainsi que Ferry rit pour ne pas pleurer. « Enfin ! il est tombé
le ministre néfaste, l’homme de Bac-Lé, de Bang-Co, de Lang Son : M. Jules Ferry. Abandonné assez
lâchement d’ailleurs par sa majorité, il est tombé sans grandeur, rusant et ergotant, ricanant même pour
ne pas pleurer17 ». De même, Paul de Cassagnac raconte : « Un instant, j’ai cru, Dieu me pardonne !
qu’il allait pleurer. Mais il a retenu ses larmes, de peur qu’elles ne l’empoisonnent en pénétrant dans sa
bouche. C’est bien ! monsieur, rentrez cela, rentrez cela, les pleurs ne sont pas permis à tout le monde
et il faut réserver cette faculté sainte aux femmes, aux mères qui sanglotent à cette heure sur leurs époux,
sur leurs fils, étendus là-bas sans sépulture, à trois mille lieues de la patrie18 ». Tout en représentant aussi
Ferry comme un pleutre, d’autres, comme Léon Bloy dans son pamphlet Le Pal, vont plus loin que
Cassagnac et l’imagine précisément passer du rire aux larmes, larmes qui ont fait l’objet d’une
dépréciation croissante au cours du XIXème siècle, « les hommes en sanglots se [voyant] renvoyés à la
féminité, à l’enfance ou à la servitude » (Vincent-Buffault, 1986, p. 189, cité par Le Bart, 2018, p. 40)
à l’instar d’ailleurs de toutes les émotions, car l’homme est censé savoir s’affranchir des chocs émotifs,
se constituer une carapace. Chez Bloy, cette stigmatisation des larmes imaginaires de Ferry s’associe à
la mobilisation d’un registre obscène voire scatologique qui traduit sa « vision excrémentielle du
monde » (Brown, 1960) : « Il paraît qu’elle a pleuré, l’horrible crapule. On a cru voir un semblant de
larmes sortir de ce vase. […] Que dira la France d’aujourd’hui des larmes de Jules Ferry ! Elles sont
tombées sur le parquet de l’étable à cochons des représentants du peuple, qui traîneront dès demain, à la
même place, compissée de cette effusion, leurs arides mamelles d’enfants de Sodome, devant l’étalon
nouveau, quel qu’il soit, de la puissance ministérielle. La France dira peu de chose, sans doute, en
courtisane oublieuse des maquereaux qu’elle a saturés. Mais on les racontera dans l’histoire, ces
inoubliables larmes du lâche qui n’a pas trouvé une parole de protestation ou de défi et qui, pleutrement,
s’en allé avec son personnel de patron de mauvais lieu, dans la plus déferlante chierie d’outrages qu’un
breneux entremetteur de saletés diplomatiques ait jamais été capable de supporter19 ».
Sans aller jusqu’à imaginer Ferry en train de pleurer, beaucoup de portraits présentent cependant
Ferry comme livide, blafard, et même anémié, puisant dans un registre physiologique voire
psychopathologique : « Décidément, M. Jules Ferry n’a point le tempérament des hommes qui vivent
longtemps. Tout à l’heure, je l’ai examiné dans un couloir, de près, au moment où il allait entrer dans la
Chambre. Ses yeux étaient étrangement congestionnés, alors que ses joues et son front semblaient privés
de sang. Les quelques mèches brunes qu’il ramène d’ordinaire sur le haut du crâne étaient
embroussaillées. La cravate et le col étaient fripés comme salis. Son gilet était complétement boutonné.
On eût dit un homme qui ne s’était point couché la nuit précédente ! Quand il fut entré dans la Chambre,
il alla tout droit devant son banc, avec la froideur d’un somnambule20 ». Quelques mois auparavant,
L’Intransigeant, le journal d’Henri Rochefort, écrivait déjà de Ferry qu’il était « un homme qui n’a pas

15 Le Figaro, 31 mars 1885.


16 Paul de Cassagnac, « IL… ! », Le Matin, 31 mars 1885.
17 La Presse, 31 mars 1885.
18 Paul de Cassagnac, « IL… ! », Le Matin, 31 mars 1885.
19 Léon Bloy, « Les larmes de Ferry », Le Pal, n°4, 2 avril 1885, p. 117-118.
20 Le Figaro, 1er avril 1885
de sang dans les veines21 ». De fait, certaines caricatures représentent Ferry à l’époque comme un
véritable vampire22 qui s’abreuve du sang des morts du Tonkin (voir figure 3). On peut noter aussi que
Ferry, « homme le plus caricaturé de son temps » selon Octave Mirbeau (1993, p. 215), est souvent
représenté avec un très long nez, proche de la trompe d’éléphant (voir figure 4), ce que Bertrand Tillier
explique ainsi : « Dans de nombreuses charges, Ferry devient une sorte d’être hybride proche de
l’éléphant, dont la lourdeur et la maladresse sont légendaires. Il faut évidemment y voir une allusion à
l’enlisement de ses campagnes coloniales, à son intransigeance et à son manque d’habilité dans les
négociations diplomatiques […]. Le nez-trompe [évoque aussi] la tromperie politique qu’il pratique au
nom de l’opportunisme et les nombreuses situations où il semble s’être trompé lui-même, par manque
de flair. Cette utilisation métaphorique du nez comme moyen de flair, tout en faisant de Ferry un animal
instinctif dénué de raison, lui retire cette "qualité" en raison de ses échecs, malgré le surdéveloppement
de son appendice nasal » (Tillier, 1997, p. 72-80).

Figure 3 : Caricature de Barentin

Figure 4 : Le Triboulet, 5 septembre 1886.

Ferry est ainsi assimilé à un être maléfique, monstrueux23 au sens propre, on rapporte d’ailleurs qu’il
« porte malheur ». Le vice de Ferry s’ancre ainsi dans une perversité foncière, ontologique qui devient

21 L’Intransigeant, 5 février 1885.


22 Sur l’imaginaire politique des vampires à l’époque, voir Philibert, 2019.
23 Michel Foucault (1999) a analysé comment, à partir du XIXème siècle, tout criminel est de plus en plus pensé comme un

monstre, comme une manifestation de la contre-nature.


repérable dans les stigmates corporels dont on l’affuble. Une telle incorporation du mal qui va de pair
avec sa déshumanisation autorise voire impose la mise à mort symbolique de l’infâme. On en appelle
au châtiment, au bannissement voire à l’exécution. Citons Le Figaro : « Quant à M. Jules Ferry, son
portrait que j’avais fait jadis devient définitif. La mort donne le dernier trait à toute figure. Il n’était
qu’un médiocre qui, pendant quelque temps, avait été un ministre heureux. […], En 1793, il y avait la
guillotine. Aujourd’hui, il n’y a plus de guillotine en politique ! Et y en aurait-il une, que M. Grévy le
gracierait... Ah ! j’ai compté, avant-hier, des moments atroces où M. Jules Ferry a dû regretter cette
guillotine de 1793, qui tuait mais laissait l’espoir de revivre superbe et pardonné dans l’histoire.
L’histoire ne peut relever un homme d’un pareil écrasement24 ».
Léon Bloy est celui qui, une nouvelle fois, pousse le plus loin l’outrance : « Il faudrait surtout ne
déshonorer aucun mode usité de châtiment, ne polluer aucun supplice. La guillotine, le gibet, le plomb
fondu, l’écartèlement, le pal lui-même, ont déjà servi pour des assassins moins abominables. […] A la
rigueur, on pourrait encore le condamner à périr sous la botte vengeresse de nos régiments inexpédiés.
Mais il faudrait tant de travail dans ce vieux derrière si défoncé ! Il serait si nécessaire de ne pas gratifier
l’ignoble giton de Gambetta d’une manière d’expiation qui lui procurât une jouissance ! Puis, à quoi
bon s’exterminer l’intellect à découvrir une ignominieuse torture en harmonie avec la putridité de cet
immonde porcher préposé à la fécale nourriture des Arène et des Monteil25 ? L’impuissance humaine de
punir éclate. Les plus dégoûtantes matières seraient souillées par le pestilentiel contact de cette
ambulante ordure. Car cet homme ferait tourner par l’urinaire odeur de ses larmes, plus fétides que
l’impureté sexuelle de la Prostituée du prophète, les fertilisantes mayonnaises des dépotoirs de Pantin et
de Bondy26 ».
Certes, la pénitence appelée contre Ferry sanctionne, bien au-delà de son rire, l’ensemble des crimes
dont on l’accable, mais le rire qu’on lui reproche autorise d’autant plus la vengeance que Ferry est accusé
de s’être affranchi lui-même de toute civilité, et n’a fait preuve d’aucun repentir. Comme si la
transgression des convenances qu’on lui imputait justifiait en retour l’effusion des paroles crues et
vengeresses qui ne tolèrent aucune indulgence, aucune rédemption, aucun compromis mais permettent
tous les lynchages et toutes les punitions (voir figure 5). Tout devient permis contre le répudié, comme
l’illustre ce récit de la sortie de Ferry de la Chambre dans L’Intransigeant : « Ferry n’a pas su affronter
la foule. On lira le récit de sa fuite. Il a gagné, par des chemins détournés, le palais qu’il n’habitera plus
sur le quai d’Orsay. Ce lâche finit comme il devait. Il est forcé de se cacher, et la vue seule de son odieux
visage, il le sent, soulèverait les crachats et les dégoûts. Cet homme plein de morgue se connaît enfin
lui-même27 ».

Figure 5 : Le Triboulet, 5 avril 1885.

24 « Deux piloris », Le Figaro 1er avril


25 « Bloy s’amuse vraisemblablement à mettre dans un même sac : le poète provençal Paul Arène, son frère, ancien membre de
la délégation de Chine à Pékin, et Emmanuel Arène, ancien secrétaire d’About, journaliste au Matin et député de la Corse ; et
Edgar Monteil, journaliste républicain ; et d’autre part, Edgar Monteil, journaliste républicain, déjà attaqué dans Le Figaro (22
mars 84) et P.-Louis Monteil, alors chef du bureau Politique de la Colonie » selon Daniel Habrekorn (1979, p. 166).
26 Léon Bloy, « Les larmes de Ferry », Le Pal, n°4, 2 avril 1885, p. 119-120.
27 « Le dernier des… », L’intransigeant 1er avril 1885.
Conclusion

Peu importe si Jules Ferry a, au cours de cette séance du 30 mars 1885, véritablement (sou)ri ou pas.
L’indignation qu’il suscite alors disqualifie l’ensemble de ses faits et gestes. Qu’il rie ou qu’il pleure,
qu’il parle ou qu’il reste silencieux, Ferry est nécessairement jugé fautif. Toutefois, la dénonciation du
rire prend une dimension symbolique spécifique, particulièrement dans ce contexte où il est question
d’un drame humain. Le rire de Ferry est censé trahir sa morgue, son indignité voire son ignominie, sa
nature diabolique ou monstrueuse. Il métaphorise l’abjection ultime.
En définitive, cet épisode apparaît assez exemplaire du processus par lequel une parole ou un geste
supposé peut être construit comme un acte de profanation à travers tout un ensemble d’opérations
discursives qui l’intègrent dans une toile de significations infâmantes. Il révèle que ce n’est forcément
tant le dérapage qui crée le discrédit que la disgrâce qui frappe déjà l’individu qui amène à traquer et à
ériger ses réactions comme déplacées, inconvenantes et intolérables. Aussi cette « mise en
transgression » du rire supposé de Ferry est inséparable de la fabrication de ce dernier comme une figure
de haine.
Cette histoire du « rire » de Ferry constitue, de fait, une forme de « cas d’école », une sorte de « scène
primitive » peut-être qui sera ensuite souvent rejouée. Ce qu’illustre l’exemple fameux de Raymond
Poincaré, brocardé comme « l’homme qui rit dans les cimetières » par le PCF (voir figure 6) qui avait
engagé une campagne anti-belliciste contre « Poincaré-la-Guerre » parce qu’il aurait ri dans un cimetière
de soldats de la première guerre mondiale lors de l’inauguration d’un monument aux morts (voir Bon,
1985, p. 539-540). Poincaré, sommé de se justifier, expliquera devant les députés qu’il ne s’agissait que
d’un rictus parce qu’il était ébloui par le soleil, mais une troisième version courut dans les salles de
rédaction parisienne : des reporters, présents lors de l’inauguration, confirmèrent que le Président avait
effectivement souri, mais ce serait parce qu’un photographe, qui cherchait le meilleur angle de vue pour
immortaliser la scène, serait tombé, en reculant, dans une tombe fraîchement creusée. Depuis, cette
image de « l’homme qui rit dans les cimetières » est devenue un lieu commun régulièrement mobilisé
lorsque le rire des acteurs politiques, dans des situations de drame, fait l’objet de polémiques, même s’il
ne suscite plus sans doute de tels scandales qu’à l’époque de Ferry ou même de Poincaré28.

Figure 6 : « Une » du journal L’Humanité, 6 juin 192229.

28 Citons par exemple la polémique ayant entouré « le rire déplacé de Nicolas Sarkozy devant les soldats endeuillés en
Afghanistan » (Le Monde, 25 août 2008) ou celle, née sur Twitter, à propos du fou rire présumé de certains acteurs politiques
pendant l’hommage national au gendarme Arnaud Beltrame (voir « Des politiques français ont-ils ri pendant l’hommage
national au gendarme tué ? », Les Observateurs-France 24, 30 mars 2018 : https://observers.france24.com/fr/20180330-
politiques-ont-ils-ri-pendant-hommage-policier-tue-france-beltrame).
29 L’image sera aussi reprise et diffusée sous forme de carte postale.
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