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Nature des changements produits par une mission d'audit

interne
David Autissier
Dans Comptabilité Contrôle Audit 2001/2 (Tome 7), pages 87 à 103
Éditions Association Francophone de Comptabilité
ISSN 1262-2788
ISBN 2711734145
DOI 10.3917/cca.072.0087
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DavidAwtssln
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
PAR I.JNE MISSION DAUDIT INTERNE

Nature des changements


| ., o o

produrts Par une mlsslon


d'audit interne
David Atmssnn
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Conespndome: DavidAtmssnn
ESA - Université Paris XII
Institut de recherche en gestion
La Pyramide 80, avenue du général de Gaulle
-
94000 Créteil
Té1.:01 45 17 66 2l-Fax.:01 45 L7 66 03
E-mail : autissier@univ-paris I 2.Ê

CoMl'lABnrrÉ - Cor.rrnôrp - Aupn / Tome 7 - Volume 2 -novembre 200 I (p' 87 à 103)


David Awtssten
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
88 PAR ['NE MISSION DAUDIT INTERNE

Introduction
Le mot changement est caractérisé par son ambivalence. Il symbolise rout aussi bien le progrès que le
risque de perdre un existant connu. C'est une manière de représenter l'évolution d'un objet dans le
temps et l'espace et d'expliquer les raisons de cette même évolution. En raison de cette ambivalence et
de son Grractère dynamique, le changement nécessite un travail de définidon pour s'enrendre sur le
terme et appréhender un corpus théorique sociologique et managérial. Comprises comme des expli-
cations de l'évolution entre deux situations, les théories du changemenr social, organisées à partir
d'une typologie proposée par Boudon (1984), nous ont permis d'avancer une définition du change-
ment. I-lanalyse de travaux en gestion portant sur le changement organisationnel a fait apparaître une
hétérogénéité de définitions en fonction de ce que les auteurs entendaienr par organisation. Selon
différentes acceptions du terme organisation, le changemenr esr apparu comme une adaptation envi-
ronnementale, un réaménagement des contrats, une reconfiguration des valeurs et/ou un mode d'ac-
tion. Ces différentes définitions ont montré que le changement organisationnel résultait de processus
de planification, de référencement, d'émergence et d'expérimentation. Définis par des propriétés, ces
quatre processus ont pu être renseignés empiriquement sur dix études de cas en audit interne pour
aPponer des éléments de réponse à la problématique suivante : quels sont les changemenrc organi-
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sationnels produis par une mission d'audit interne ?

La plupart des travaux de recherche sur l'audit portent plus généralemenr sur les phases instru-
mentales du dispositif : constitution des rapports (Renard, 1994), techniques statistiques (Cooper
Lybrand et IFACI, 1992), thèmes à auditer (Bouquin et Bécour, 1991 ; Raffegeau et al1992) ou
les utilisations financières des rapports par les banquiers (Hougthon, 1983; Gul, 1987) et les
actionnaires (Holt et Moizer, 1990). Dans une optique organisationnelle, cer article s'interroge sur
I'impact d'une mission d'audit interne dans une organisation et la nature des changements qu'elle
produit.
Pour cela, ce travail a mobilisé un terrain de recherche constitué de missions d'audit interne réali-
sées à EDF dans un cadre de recherche-action. Exploité par une méthodologie de recherche qualita-
tive, le terrain a permis la formalisation de douze mécanismes synthétisés en trois processus de chan-
gement caracrérisés par un mouvement de dualité entre différentes dimensions.

ffi Le changement s un concepr por," appréhender


l'évolution des sociétés et des organisations
l.ongtemps considéré comme un événement extérieur arD( systèmes sociaux, le changement apparaît
de plus en plus comme I'une de leurs composantes. Le flux d'action, dans lequel les individus sont
projetés pour existeq mobilise et reproduit les ressources des systèmes sociaux, crânt ainsi une dyna-
mique. Les théories du changement se marérialisent par des lois qui renrent d'expliquer commenr une
société, une organisation ou un individu se uansforme. Une exploration des sciences sociales nous a
permis d'énoncer une définition générale du changement et de l'envisager selon quatre dimensions
observables empiriquemenr sur des missions d'audit interne.

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David ÂunsstBn
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
PAR UNE MISSION D,AUDIT INTERNE 89

t;rfït'Ëgtj.'*f.:+ Les origines sociologqoo du changement: explication de


l'évolution des sociétés
Dans un ouvrage de 1969, intitulé Social Change anà History, Nisbet, historien des sciences sociales,
définit le changement social comme une tentative de modélisation, sous la forme de lois universelles,
de l'évolution de la société. Il en résulte des théories du changement social dont l'objectif n-est pas
dexpliquer u.te situation mais une évolution entre deux situations. Il s'agit d'analyser les
raisons qui ont fait passer un objet dune situation tà une situation f,+ I affn den dégaçr des
lois de l'érolution
Les théories du changement social cherchent à décrire les propriétés des situations t et / + I pour
ensuire essayer de dégager des lois de changement vérifiables dans d'aures contextes que ceux qui ont
servi à leur formalisation. Pour I'obrention dun tel résultat, les théories du changement socid partent en
général du constat en /+ 1, reconstruisent le point 4, et se livrent ensuite à des programmes dhypothèses
et de tests. Iæ changement n'est pas une situation mais une dynamique entre deux situations qui ne peut
être appréhendée en rant que telle mais qui peut simplement être reconstruite à partir de caractéristiques
( avant, et., après u. Selon Boudon (1984), ces différentes théories peuvent êue organisées, en fonction
des lois qu elles énoncent, en quaûe catégories. Elles se matérialisent par des tendances, des lois condi-
tionnelles, des explications circonstancielles et des liens de causalié (tableau l).
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Tableau 1. Typologie des théories du changement social
TrÉorurs ou
DÉnilmoil Exrmpus DE TnAvAUx
olAI'lGEMEllI SqIAr

La recherche de Y=ax+b Loshky et Wilcox (1974) avec


tendances. -+ Avec 2 o/o
de croissnce, le niveau d'instruction aug- l'évolution démographique.
mente de 0,5 point.

La proposition de lois 5i x, alors y Parson (1970) à propos de l'impact


conditionnelles. -+ 5i /a crorsance économique augmente, alors le niveau de l'industrialiçtion sur l'organi-
d' i nstruction augm ente. sation de la famille.

llénonciation Pour avoir y, il faut passer par t et z Les travaux de Kuhn (1 970) sur les
d'explications -s L'augmentation de la richesse permet le financement révolutions scientifiques.
circonstancielles. d'infrastructuræ scolairæ gratuites et accesib/es â tous.

La définition de liens y, parce que z


Si x, alors Weber (1964) pour le rôle joué par
de causalité. -+ un contexte de partage égalitaire de la richesse, la religion protestante dans le
Dans
l'augmentation de la croissance engendre une hausse du développement du fonctionne-
n ivea u de I' i nstructio n. ment capitaliste.

Source: Boudon. 1984.

Dans sa cririque des théories du changement social, Nisbet (1969) fait état de la relativité des résul-
tats obtenus compte tenu du fait que la situation antérieure est bien souvent reconstruite a Posteriori.
Il critique le fait que les lois de changement, définies comme des théories, constituent le corpus d'une
discipline, alors que ces dernières ne sont que des hypothèses d'explications locales. Pour Nisbet
(1969),ces lois ne peuvent constituer le programmel d'un champ scientifique. Malgré ces limites, que
l'on pourrait transposer à d'autres domaines de la science, les théories du changement ont fait I'objet
de nombreux travaux tant au niveau de la sociologie que du management.

C-oMpllBturÉ- CoNrRôrr-AuoIr /Tome 7-Volume 2 -novembre 2001 (p.87 à 103)


DavidArmssrrn
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
90 PAR UNE MISSION D'AUDIT INTERNE

Nous n'irons pas plus loin dans le domaine de la sociologie, et les auteurs mentionnés dans le
tableau I ne sont que des exemples pour illustrer les différentes formes que peuvent prendre les théo-
ries du changement social. Ce détour par la sociologie nous a permis de donner une définidon du chan-
gement et de montrer la relativité des théories du fait de leur fon degré de contextualisation. Les diffé-
rentes définitions, en raison de leur unité d'analyse qui est la société dans son ensemble, sont caracéri-
séespar des explications structurelles. Dans les quatre configurations illustrées dans le tableau l, le
changement résulte d'une modification de propriétés structurelles du système < société o sans traiter de
l'action des individus.

f$$*iffi;}|$ Les di-ensions du changemenr organisatio,.,,el


Des travaux en sociologie des organisations (Selznick, 1948; Etzioni, 1972; Crozier et Friedberg,
1977) ont montré I'importance de l'individu dans le fonctionnement et la transformation des entre-
prises. Avec I'objectif d'appréhender la notion de changement organisationnel dans le cadre d'une
relation u volontarisme/déterminisme >, nous avons privilégié quatre couranrs théoriques qui, sans
nier I'une ou l'autre panie de la relation, privilégient le caractère strucrurel ou individuel. Du point
de vue ( structure u, le changement est perçu comme une adaptation environnementale (théorie de
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la contingence) ou un réaménagement des contrats (théorie des coûts de transaction). Iiangle
( acteur ) nous offre une définition du changemenr en rermes de reconfiguration des valeurs
(approche néo-institutionnelle) et de processus d'expérimentation (modèle du garbage can). Ces
quatre définitions, en relation avec des approches théoriques, doivenr être comprises comme des
grilles de lecture nous permettant d'observer empiriquemenr les manifestations d'un changement
processuel (Nisbet, 1969). Cette observation empirique nous permettra de répondre à la probléma-
tique initiale et de discuter de l'opposition théorique u volontarisme/déterminisme D pour
comprendre le changement organisationnel.

Si I'on considère I'organisation comme une entité ffnie et indépendanæ de son environnemenq,
ls chnngement organisationnel est une adapation environnementale. En faisant référence aux dréo-
riciens de la contingence (Lawrence et Lorsch, 1973),le changemenr esr perçu comme une menace
externe qui oblige I'organisation à évoluer. Lenvironnement produit des contraintes et des oppomrnités
qui créent des changements lorsque les entreprises les intègrent dans leur fonctionnement. Selon
Chandler (1959), ces adaptations se matérialisent par des phases de crises courres entourées de longues
périodes de stabilité. Une des variables de changement dans I'environnemenr esr la technologie qui
entraîne une remise en cause des avantages concurrentiels à chaque innovation majeure.

Si I'on considère l'organisation comme un ensemble de contrats, le changement organisa-


tionnel s'apparente à un réaménagement des relations contracrtuelles entre les acteurs.
Lentreprise a sa raison d'être dans une économie des coûts de transaction (Coase, 1988). Pour
Dalham (1979), une entreprise devra chercher à diminuer ses coûts de transaction qui comprennenr
les cotts de recherche d'information, de négociation, de décision, de surveillance et d'exécution. Une
entreprise est constituée d'une série de contrats, sur la base de relations contribution/rétributionr, qui
<<

Pamage les ressources et la valeur créée. Le changement consiste à modifier les modes contracuels ou
les règles qui président à ces mêmes modes (Raynaud, l9S9).

CoMPTÂBrurÉ - CoNtnôlE - Auprr / Tome 7 - Volume 2 -novembre 2001 (p. 87 à 103)


DavidAunsstnn
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
PARUNE MISSION D'AUDIT INTERNE 9t
Si I'organisation est déffnie com'''e une institution, le changement est identiffé à une leoonff-
guration des valeurs. Pour Barley et Tolben (1995), l'insdtution se définit par qu:rtre phases successives :
l) I^a codifuatîoa: les valeurs de I'institution sont utilisées par les acteurs dans leurs interactions.
2) I^a màse en réserue: les acteurs revendiquent que les valeurs sont désormais des codes à observer.
3) La ré?lîcatîaa: les comportements des acteurs développent de multiples udlisations des valeurs.
4) L'objeaîaation et fextermalîsatîon: les valeurs deviennent des principes d'organisation qui
peuvent être appliqués à d'autres institutions.
Selon Segrestin et Sainsaulieu (1986), I'entreprise est un ( foyer identitaire D pour les acteurs qui y
voient une entité de valeurs à part entière. Le changement résulte de I'interaction permanente entre
l'entreprise et la société. Cette interaction conduit à l'émergence de nouvelles valeurs qui vérifient ou
contredisent celles en cours dans les entreprises.
Si l'on considère I'oryanisation comme u" lieu où læ objectifr se construisent dans l'activitô
le changement est un mode daction. Sur la base d'observations empiriques, Cohen, March et Olsen
(1972) ont montré qu'une organisation, caractérisée par des objecdfs obscurs et des modes de fonc-
rionnement flous, pouvait être appréhendée par le modèle dit de la poubelle 2. Les objectifs sont
obscurs car ils ne sont pas définis antérieurement à I'action mais se construisent au cours de sa réali-
sation. Le changement riest plus cet élément externe qui conuaint, mais le processus de fonctionne-
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ment de I'organisation (Pemigrew, t985) au cours duquel les acteurs vont co-construire leurs actions
et leurs objectifs. IJorganisation se trouve projetée dans I'action au cours de laquelle elle doit être en
mesure d'incrémenter sa stretégie (Quinn, 1980) et d'opérer des arrangements organisationnels
(Pettigrew, 1987).
En partant de l'hypothèse que les quatre courants mentionnés précédemment ne sont pas opposés
mais complémenraires, les quatre définitions du changement organisationnel constituent quatre
dimensions d'un même concept qui peuvent être étudiées simultanément sur une même réalité.

$it Quatre.fi-ensions du changement organisationnel


lr changemenr a éré défini comme un processus de transformation entre deux situations. Les accep-
tions de I'organisacion et les définitions du changement s'y rapportant nous permettent d'avancer
quatre processus représentant la dynamique de transformation des systèmes sociaux. Ces quatre
processus correspondent à l'évolution de quatre variables (les contraintes, les contrats, les contin-
gences et la conscience pratique des aceurs) qui constituent une hypothèse de modèle théorique du
changement organisationnel observable empiriquement.
Déffni comme une adaptation environttementale, le changement devient un processus de
planiftcation. Le changement est une donnée exogène qui fait I'objet d'une analyse en termes de
contrainres au niveau de l'organisation. Ces dernières entralnent des décisions d'adaptation selon un
processus de planiûcation qui alloue des ressources dans le temps et l'espace. Ce processus de planifi-
cation peut être observé à panir de l'évolution des contraintes perçues par les acteurs. læs contraintes
correspondent à ce qui leur est imposé (Burns et Stdker, 1961).
Déffni comme un réaménagement des contrats, le changement est un prooessus de
rêférrencement Dans des environnemens incenains, la prévision est difficile, voire impossible. Il est
préférable de laisser l'organisation trouver son mode de réalisation au travers de ses opportunités

C,oMprâBurrÉ - C;ovrnôrc - Auorc lTomeT - Volume 2 -novembre 2001 (p. 87 à 103)


David AurnssrBn
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
92 PAR UNE MISSION DAUDIT INTERNE

d'apprentissage. tiobjectif du changement ne vise pas à agir sur les choses mais à leur donner un nouvel
éclairage. IJimpact du changement est plus une modification des systèmes de signification (\0'eick,
1995) et des relations contracnrelles qui en découlent. Ce processus de référencement peur être repéré
par l'évolution des modalit& conuactuelles mises en æuvre par les acreurs au sein des groupes.
Déffni comr'e une reconffguration des valeurs, le changement est ul procelsus démelgence.
[æ changement n'est pas rythmé par des décisions mais par des effets de position (Boudon, 19S6). Il
émerge de combinaisons entre le contexte et les messages véhiculés par les acteurs lors des interactions.
Ces combinaisons produisent des constructions souterraines de sens qui émergent lorsqu elles devien-
nent actives, iest-à-dire lorsque leur sens s'assimile à une action en cours. Ce processus d'émergence peut
être repéré par l'évolution des condngences. Celles-ci expriment ce que les acteurs jugent important.
Déffni comme un mode daction, le changement est un processus d'expérimentation. Le
changement ne résulte pas uniquement de déséquilibres, mais de l'implication d'acteurs assez puis-
sants pour le porter, Ie communiquer et le faire panager (Koenig etThiétart, 1994).
Iæ changement n'impose pâs une façon de faire mais expérimente de nouveaux modes de fonc-
tionnement pour que les individus se constituent un portefeuille de réponses (Nystrom et al,, 1976).
Ce processus d'expérimentation peuc être repéré par le concept de conscience pratique (Giddens,
1984). La conscience pratique exprime les modalités selon lesquelles les acteurs enregistrenr les stimuli
de l'extérieur pour les relier à leurs activités3.
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Tableau 2. Les processus de changement et leurs variables d'observation
DÉrrumou or fonenrrsmoru n
LEs Pnoccssus DE <IIANGEMENT TrnMes o'ossmvnnoN
DU CHANGEMENT

Une entité indépendante de l'environ- i Processus de planification I Les contraintes perçues par les acteurs.
nement : changement = une adapta- i -+ Contraintes extérieures qui entral-
tionenvironnementale. ! nent une réponse planifiée
Un ensemble de contrats : change- i Processus de référencement i Les contrats qui existent entre les
ment =un réaménagement des i --r Modification des relations contrac- | groupes d'acteurs.

Une institution : changement = une i Processus d'émergence I Les contingences : ce que les acteurs
reconfiguration des valeurs. i -+ Construction de nouvelles significa- I jugent comme important.
tions dans les interactions.

Lieu où les objectifs se construisent ] Processus d'expérimentation I Conscience pratique : modalités par
dans l'action : changement = un mode i -r Construction d'un portefeuille de I lesquelles les acteurs relient les stlmull
d'action. i réponses. I externes à leurs activités.

Le changement est un concept pour appréhender l'évolution entre deux situations. Appliqué à
l'organisation, ce concept peut être envisagé selon quatre dimensions (adaptation environnementale,
reconfiguration des valeurs, réaménagement des contrats, mode d'action) qui résultent de quatre
Processus (planification, référencement, émergence et expérimentation) par lesquels les conrrainres,
les contrats, les contingences et la conscience pratique des acteurs se transforment (tableau 2). Pour
répondre à la problématique initiale, nous avons renseigné ces termes ( avant )) et ( après u sur dix
missions d'audit interne définies comme des processus u Pensé, Construit, Assimilé et Analysé n
producteurs de messages d'écarts, de diagnostics et de solutions.

CoMPTABILITÉ - C,oNTRôLE - Auprr / Tome 7 - Volume 2 -novembre 2001 (p. 87 à 103)


David AuïsslER
NATUR.E DES CHANGEMENTS PRODUITS
PARUNE MISSION D'AUDIT INTERNE 93

ffi Les changements d'un aufit interne


Laudit interne esr une fonction de contrôle de l'entreprise confiée à des professionnels dont le but est
d établir des comparaisons entre des siruations réelles et des normes applicables à ces mêmes situa-
tions. Il vise à s'assurer de la pertinence des dispositifs de gestion par un processus o Pensé, Consmtit,
et Analysé ,. Le r6ultat de cette comparaison peut être une liste d'écarts, un diagnostic et/ou
'4ssirnih
des solutions qui permettent d'identifier et de traiter les éventuelles déviances. Dix missions d'audit
inrerne, réalisées dans le cadre d'une recherche-action à EDR ont été formalisées en études de cas et
traitées par une mérhodologie qualitative pour I'obtention de réponses managériales et théoriques à la
problématique du changement.

Laudit interne s itn processus de contrôle


IJorganisation industrielle de I'entreprise du XIX siècle a remplacé une partie de la régulation du
marché externe par la coordination administrative interne ('\il7illiamsom, 1975 ; Chandler, 1989).
IJexpression organisationnelle s'est matérialisée par un triptyque Objectif/Règbs/Ressources , dont
"
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l'adéquation a été confiée à la gestion avec I'audit interne o comrne l'actiuité qui applique en toute indl-
pendance des procédures cohérentes et dzs normes d'examm m uue d'éualuer l'adlqaation et lefonaionne-
nent dz tout ou partie dzs actions menées dans une organisation par rêférence à dzs normes, (Bouquin et
Renard, 1991,p. l1). Ilauditinterneestunprocessusorganisédontlebutestd'évaluerlaconcor-
dance enrre des normes et des réalités. Les normes peuvent êue constituées par des objectifs straté-
giques, des règles internes et des références externes, Ce travail de concordance s'obtient par l'articu-
lation d'actions (Autissier, 1997) qticonsistent successivement à penser, construire, assimiler et analy-
ser le contenu d'une mission d'audit interne (encadré l).

Encadré 1
Les phases de I'audit interne

o La phase a Pensé r de l'audit interne consiste à définir le domaine à auditer et les référentiels auxquels ce domai-
ne sera comparé. Cette phase est à l'initiative du commanditaire de l'audit qui cherche à avoir une vue sur un territoire
(un service, un métier; un prolet, etc.) qui pose un problème ou suscite une interrogation. Cette phase est très souvent
matérialisée par une lettre de mission.
. la phase < Construit n a pour objectif, en fonction des termes de la phase < Pensé >, de bâtir une représentation
de l'unité auditée pour que cette dernière puisse être rapprochée du (ou des) référentiel(s) mobilisé(s). Le résultat de cette
phase est un rapport d'audit qui fait apparaître les référentiels mobilisés, la représentation du domaine audité et les dif-
férences observées.
. [a phase a Assimilé u communique aux audités le résultat de l'audit et les actions qu'ils doivent conduire pour cor-
riger les déviances révélées. C'est au cours de cette phase que les auditeurs argumentent et que les audités s'engagent
dans des actions correctrices.
o [a phase < Analysé n est un retour d'audit qui vise à reproduire la représentation de la phase < Construit r sur les
points à corriger après un laps de temps au cours duquel les audités ont eu à mettre en place des actions corectrices.
Cette phase peut déboucher sur une analyse finale statuant définitivement sur la mission d'audit interne ou conduire à
de nouvelles actions dont les résultats feront l'objet d'une nowelle phase < Analysé r.

CoMprABûrrÉ- CoNrRôLE-AuDtr /Tome 7 -Volume 2 -novembre 2001 (p.87 à 103)


David AurrssrEn
NATURE DES CT{ANGEMENTS PRODUITS
94 PAR LTNE MISSION D'AUDIT INTERNE

Ces quatre phases se différencient dans leur réalisation en fonction de la lettre de mission.
Des travaux poftant sur I'analyse des lettres de mission (Autissier, 1999) ont monrré que sous l'ex-
pression audit interne coexistaient trois formes différentes (encadré 2) :

- l'audit interne u É,valuation o qui définit des écans et formule des recommandations ;

- l'audit interne < Exploration > qui répond à une inrerrogarion par un diagnostic ;

- l'audit interne o Explication > qui part du constat d'un problème er exige de I'auditeur qu'il
propose des solutions.

Encadré 2
Typologie de l'audit interne

. faudit interne a Évaluation r a pour objectif de déterminer des recommandations à partir d'un référentiel et d'une
réalité bien circonscrits par la demande du commanditaire. En général, le commanditaire donne, dans sa lettre de mis-
sion, le territoire, les thèmes à auditer et les référentiels à mobiliser. Le rôle de l'auditeur consiste à se procurer le (ou les)
référentiel(s) et à observer la réalité désignée pour déterminer des écarts.
o L?udit interne c Exploration u est identifiable dans la définition de sa mission sous la forme d'interrogations, Les
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auditeurs internes sont dans une situation où ils doivent trouver des réalités à observer et des référentiels à mobiliser
pour répondre aux interrogations. lls doivent construire ces deux éléments pour bâtir un diagnostic de la situation. Ce
travail produit un diagnostic servant de ressources au commanditaire.
. faudit interne n Explication > a la particularité de présenter un (ou des) problème(s) dans sa lettre de mission. ll
ne s'agit ni d'une évaluation d'une situation, ni d'un diagnostic sur un point qui suscite l'interrogation, mais d'un pro-
blème qui se pose à tout ou partie de l'organi*tion. llauditeur est alors dans un rôle de prescripteur. ll doit rechercher
des explications à un problème et proposer des solutions. Pour cela, il va rechercher des causes à des conséquences iden-
tifiées par le problème posé.

ffi Construction d'études de cas et de matrices qualitatives


Notre intégration au sein de la mission d'audit interne de la Direction des études et des recherches
d'électricité de France et notre participation à des actions du même type nous ont permis d'observer
dix missions d'audit interne et de les formaliser sous forme d'études de cas (Yin, 1984). En ayant l'ob-
jectif premier de conserver toute la richesse inductive (Eisenhardt, 1984) perceptible par norre
présence active au cæur même des processus, chaque étude a été formalisée par un document d'une
dizaine de pages présentant successivement I'entité auditée, les auditeurs, le cadre conjoncturel, les
phases < Pensé, Construit, , ssimik et Ana$sé , et I'aval de I'audit. Les dix études de cas ont éré classées
en fonction de leur type, tel que cela a été défini précédemment. Ce travail avait pour objecdf d'ana-
lyser les missions d'audit interne en fonction des messages qui étaient adressés aux audités. Ces
messages, considérés comme des événements stimulants au changemenr, pouvaient être des écans
pour les audits évaluation, des diagnostics pour les audits exploration er des solutions pour les audits
explications (tableau 3).

Col{pr:erturÉ - CoNTRôLE-Auort /Tome 7 -Volume 2 -novembre 2001 (p.87 à 103)


David Aurtsstrn
NAruRE DES CHANGEMENTS PRODUITS
PAR UNE MISSION DAUDIT INTERNE 95
Tableau 3. Caractéristiques des audits des études de cas
No Auon TYpr Cmrcrrurrt

I Audit du département Système d'information et de documentation Évaluation ÉcARTS

2 Audit du département ContrôldCommande Évaluation ÉceRrs

3 Audit du département Site de Clamart Évaluation ÉcARTS

4 Audit du département Retour d'expérience Évaluation ÉcRnrs

5 Audit thématique : perception et utilisation de la doctrine Exploration DIAGNOSTIC

Audit de faisabilité d'un référentiel pour l'entreprise Exploration DIAGNOSÏIC

7 Audit du département Environnement Évaluation Écnnrs

6 Audit de benchmarking sur les coûts industriels Exploration DIAGNOSTIC

9 Audit thématique sur le personnel non statutaire Explication SOLUTIONS

Audit d'opportunité pour un outil informatique de classement


10 Explication SOLUTIONS
d'archives

Avec I'objectif d'exploirer les études de cas pour illustrer la transformation des contraintes, des
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contrars, des contingences et de la conscience pratique des acteurs, des diagrammes ont été construits.
Ils illustrent les valeurs ( avant > et < après , des variables, tout en indiquant les phases de I'audit qui
ont panicipé à leur évolution. Il a ainsi été réalisé dix diagrammes inspirés de la matrice dynamique,
du diagramme des événements et du diagramme causal développés par Huberman et Miles (1991).
Chaque diagramme a ensuite été synthétisé dans des tableaux illustrant l'évoludon des variables et les
moments de changement dans le processus d'audit. En amenant les faits à témoigner pour faire émer-
ger une connaissance applicable à ces mêmes faits, cette recherche s'inscrit dans un cadre de recherche-
action. La synchronisation entre la recherche et la pratique professionnelle ainsi que le besoin de
modifier la réalité pour la connaltre (participation à des actions d'audit) vérifient la bipolarisation
d'une recherche-action que Liu (1992) définit par les six points suivants :

- I-e p"io"ipe dunité entre la recherche et l'action : à partir de son poste dauditeur, le cher-
cheur a été en relation permanente avec les acteurs et a participé avec eux à la transformation d'une
situation par laquelle il peut comprendre et restituer un phénomène. Selon Lewin (1947), o lz réakté
à kquelh se rëJhe un conce?t dans les scimces sociales iéablit à partir du rnoment où lbn peut la nans-
fonner plutôt que lnrsque lbn se contente àc I'obsmter >.

- I* pri""tpe dinteraction entne le phénomène et I'action : I'interaction permanente avec l'ob-


jer étudié rour au long de la recherche nous a permis de nous constituer de multiples représentations
aidant à sa compréhension. La réalité n'est ni la condition ni le résultat de la recherche, mais un
ensemble de perceptions et de représentations des acteurs (Berger et Luckman, 1966) que la recherche
tente de comprendre en y parricipant.

- I"e principe douvcrture : la recherche n a pas eu pour objectif de décrire une situation mais d'ap-
préhender son évolution dans le temps pour la comprendre comme processus. Il s'agit de décrire un
phénomène par l'observation précise des conséquences de son évolution dans un contelce qui joue le
rôle de révélateur. I.a compréhension d'un phénomène dans une optique de découverte et non de véri-
fication exige une attenrion globalisante des faim produits par ce même phénomène (Mucchielli, 1991).

CoMr"[aBrurÉ, - CoNTRôLE - AUDII / Tome 7 - Volume 2 -novembre 200 I (p. 87 à 103)


David Atrrtsstpn
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
96 PAR UNE MISSION DîUDIT INTERNE

- I* p"io"ipe des valeurs partagées : la réalité ne doit pas être I'objer de lois universelles ni de
faits singuliers, mais plutôt de valeurs partagées par différents acteurs. En utilisant des données rela-
tives aux personnes et portées par elles, la recherche, dans une optique de sociologie compréhensive, a
tenu compte de ces valeurs pour représenrer les situations.
- It ptio"ipe de pluralité et de complémentarité des représentations : chaque manifestation
lisible d'une mission d'audit (interviews, présentation de résultats, etc.) a été l'occasion de nombreuses
représentations qui, par addition, opposition et complémentarité, ont produir une démonsrrarion
contingente à une problématique précise.
- Connaissance locale et connaissance générante : pour Merton (1963) et Lakatos et Musgrave
(1974),la connaissance s'organise selon trois niveaux qui sont les explications locales, les carégories
théoriques de moyenne portée et les propositions méta-théoriques. ks explications locales sont des
descriptions de situations contextualisées. Les catégories théoriques de moyenne portée sont des
regrouPements par thèmes des explications locales. Et les propositions méta-théoriques rapprochent
les catégories précédentes de concepts théoriques pour donner du sens aux explications locales.

ks dix diagrammes et tableaux obtenus ont été rapprochés par type d'audit (évaluation, explora-
tion, explication) dans le cadre d'une analyse tranwersale. Il a ainsi été possible de proposer, pour
chaque variable et pour chaque type d'audit (4 x 3 = 12 possibilités), des mécanismes de changemenr
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en relation avec des phases de l'audit. Ces différents mécanismes ont été agencés dans des schémas sur
lesquels figurent les phases de l'audit et les dimensions du changement afin d'obtenir un processus de
changement par type d'audit. Ces résultats managériaux ont ensuite été analysés pour avancer une
déûnition du changement organisationnel.

ffiH Tirois processus de changemenr pour I'aufit interne


IJanalyse transversale des dix diagrammes et tableaux de synthèse par rype d'audit a produit douze
mécanismes de changement (un par variable et par type d'audit) observables sur trois phases. Le
premier résultat de l'analyse tranwersale a été de constater que les changements des variables se réali-
sent à trois moments particuliers qui sont Ia communîcation du rappoft d'audit" la mîse en @uûre
dcs actions conectrices et Ie retour Xæpérience vn Ia mise ùt æuue dcs actîans conectrbes Ces
trois moments reprennent une strucrure ternaire que l'on retrouve dans le modèle u dégel, change-
ment, gel o de Lewin (1936) et dans I'approche de Mintzberg et W'esdey (1989) à propos des modes
de management du changement. Ces deux auteurs distinguent la phase de prépararion du change-
ment par un petit groupe d'acteurs (mclnuinp, une phase de généralisation (chnin@ et une phase de
transformation des modèles de représentation des acteurs (uprootin@, Le changement apparalt
comme un enchaînement de phases de stimulation, d'appropriation et de transformation. Dans
I'exemple de I'audit interne, ces trois phases se produisent respectiyement à la communication du
rapport, lors de la mise en place d'actions correcrices et à l'occasion de l'analpe sur la pertinence des
actions engagées.
Lanalyse transversale a également montré une régularité entre les phases et la transformation des
variables. Les contraintes opèrent leur changement lors de la communication du rapport d'audit. Les
contrats et les contingences changent à l'occasion de la mise en æuvre des actions correctrices. La
conscience pratique des acteurs évolue à la fin du processus d'audit interne, lors de la réalisation d'un

CoMprABILrrÉ - CoNTRôLE - Auotr / Tome 7 - Volume 2 - novembre 2001 (p. 87 à 103)


DavidAurtssten
NATURE DES CFTANGEMENTS PRODUITS
PAR UNE MISSION DîUDIT INTERNE 97
retour d'expérience sur les résultats des actions engagées. Ce constat montre que le changement peut
être représenté comme une succession de phases caractérisées par l'évolution de certaines dimensions.
En référence aux rravaux de Beckard et Hams (I977),le changement organisationnel n'esc pas un
processus continu et insécable mais un ensemble de transformations structuré par des phases et des
dimensions. Afin de déterminer la nature des changements produits par une mission d'audit interne,
les quatre variables déûnies au préalable ont été renseignées par rapport aux trois phases précisées
précédemment et agencées dans un graphe pour les trois types d'audit.

Nature des changements produits paf, rrn audit,. Evaluation >

Les audits u évaluation o produisent un rapport qui mentionne une liste d'écarts par rapport à un réfé-
rentiel partagécontracnrellement. Cette formalisation conduit les acteurs à interpréter des contraintes
générales d'ordre macroéconomique en projets locaux les concernant. Une contrainte générale d'en-
treprise sur le thème de la réduction des cotts a été transformée en un projet libellé de la manière
suivante : u Diminution des frais généraux liés aux déplacements de l0 o/o ,. Les contrats enue les
acteurs, au moment de la mise en cuvre des acdons correctrices, se calquent sur les dispositifs projets
liés à la résolution des problèmes soulignés par l'audit. Cette mise en projet des contrats tend à rendre
ces derniers plus courts et devant faire I'objet d'une renégociation permanente. Parce que les actions
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sont sous la responsabilité d'un ecteur ou d'un groupe restreint de personnes, les contingences devien-
nent de plus en plus individuelles. Dans sa phase de mise en Guvre des actions correctrices, I'audit est
moins un diagnostic global qu'un ensemble d'actions locales pour lesquelles il faut des résultats à court
rerme. Cette opérarionnalisation parcellaire des actions correctrices pousse les acteurs à favoriser une
approche plus opérationnelle (figure 1). À ce sujet, un audité avait cité : o On n'est pas k pour dire où
on ua mais pourfaire aaancer le nauire ,,

Figure 1. Le processus de changement d'un audit rt Évaluation r (écarts)

Conscience
i Conscience pratique stratégique -+
prauque

Contingences
I

-t
I
-;.;;;il- -1i
I
Conscience pratique opérationnelle
--

I i^1ri'i'y'loi"i
I

-J _
I
Contrats long terme
I -+ Contrats court terme
_l
I
Contraintes Contraintes macroéconomiques
I
-r Projets microéconomiques
Rapport Actions Retour
d'audit c0rrecttves d'audit

Les écarts transforment des contraintes générales en projets locaux qui individualisent et
raccourcissent les dations contractuelles dans un climat d'opérationnalisation.

CoMpT BIUTÉ- C-orvrnôr.n-Auotr /Tome 7 -Volume 2 -novembre 2001 (p.87 à 103)


David ALi'nssrER
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUTTS
98 PAR UNE MISSION DAUDIT INTERNE

Nature des changem€nts produits paf, un audit < Exploration >

Les audits u exploration o produisent des diagnostics sur un thème qui pose un problème ou suscite
une interrogation. Ces diagnostics démontrent le bien-fondé ou non des craintes etlou questionne-
ments. Ils transforment les suppositions informelles en contraintes formelles. Par exemple, pour I'au-
dit 5 sur le thème de la doctrine, I'idée selon laquelle il y avait trop de doctrine est devenue : o 20 o/o
de la docnine sont réellenzent utilisés r. La mise en æuvre d'âctions correctrices ne peut être réalisée par
un individu mais exige la participation d'acteurs en provenance de différentes strucnrres en relation
avec le thème étudié. La nécessaire transversalité des actions correctrices collectivise les conuats et
oblige les acteurs à travailler ensemble sur les solutions envisageables. ks contingences passent d'un
stade de diagnostic à un stade prospectif, Selon un audité, < l'important n'e$ pas tant dz saaoir que l'on
fait mal que de faire mieux ,. Cette fuite prospective conduit les acreurs à délaisser leur exisrant au
profit de scénarii d'évolution qui, s'ils ne sont pas rapprochés de cet exisranr, risquent de rester des
projets viruels (figure 2).

Figure 2. Le processus de changement d'un audit ( Exploration r (diagnostic)


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Conscience
j Conscience pratique de l'existant
pratique I

--'l _i Consciencejratique en scénaz,


- -
Contingences
I Contingences de diagnostic
I + Contigences prospectives
J__
I Contrats individuels
| -r Contrats collectifs
J__ l__
I
Contraintes informelles I

-+ Obligations formelles I

Rapport Actions Retour


d'audit correctives d'audit

Iæs diagnostics formalisent des bruits informels en contrainæs transvercales qui obligent les
acteurs à s'organiser collectivement porrr proposer des scênarii dont I'opérationnalisation est
fonction de la capacité des individus à les conÊonter à la râlité.

'$r#.ff*fl.*+i$ Nature des changements produits par un aud.it < fulication >

læs audits o explication u produisent des solutions en réponse à un problème jugé grave er urgenr par
les commanditaires. Ces solutions, lorsqu'elles sont communiquées, externalisent les contraintes. Pour
l'audit qui porte sur la main-d'æuvre non statutaire (tableau 3), les audités ont pris conscience, après
la communication du rapport, de l'importance des risques juridiques liés à certaines prariques. Les
solutions préconisées remettent en cause certains territoires et contrats. Ne pouvant restructurer en
totalité un système dont ils sont acteurs, les audités préêrent menre en place des srructures d'interface

CoMprÂBIUrÉ- CoNrRôLE -Auorr /Tome 7 -Volume 2 -novembre 2001 (p.87 à 103)


DavidArmssmn
NAruRE DES CHANGEMENTS PRODUITS
PARUNE MISSION DAUDIT INTERNE 99
dont la mission esr de gérer I'opérationnalisation des solutions et la transformation du qrstème. En
général, ces interfaces sont consdnrées par des acteurs des structures devant faire I'objet de réformes.
Cette mise en parallèle structurelle permet d'opérer des transformations sans qu'un sentiment de
sabordage émerge. Dès lors, pour les audités, l'important rt'est pas tant de s'opposer aux solutions vali-
dées que de rechercher à exploiter au mieux ces dernières pour justifier l'existant, tenter de maîtriser
les évolutions et se trouver une place dans les scénarii futurs. Dans le cadre de cette exploitation, la
conscience pratique des acteurs mobilise davantage les actions validées par la hiérarchie que la règle
(les normes à appliquer).

Figure 3. Le processus de changement d'un audit a Explication > (solutions)

Conscience j Conscience pratique de la règle -->


pratique
---1-
, C3nlcience3ratique h i{grchi qge

Contingences
I Contingencesd'acceptation
| -+ Contigences d'opposition
_J_
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I Contrats réels
Contrats | -+ Simulation de contrats
- l__
Contraintes .;;;;À;,;;;-1
risques
--r Contraintes de I
I

Rapport Actions Retour


d'audit correctives d'audit

Les solutions externalisent les contrainæs et induisent des relations contracnrelles avec des
interfaces dans lesquelles les acæurs tentent d'exploiter la situation en rccherchant les pratiques
validées par la hiérarchie.

Èîùlj i#ffiffi Vers une définition duale du changement


Les dotrze mécanismes et les trois processus obtenus en réponse à la question : o Quels sont bs change-
menE produits par une mission dbudit inteme ? , font apparaitre le changement comme un mouvement
de dualité entre différentes dimensions qui sont :
- macro/micro (changement des contraintes pour l'audit u Evaluation o) ;
- couft terme/long terme (changement des contraintes pour l'audit o Évaluation o) ;
- collectif/individuel (changement des contrats pour I'audit o Exploration , et changement des
contingences pour l'audit n Evaluation o) ;

- formeVinformel (changement des contraintes pour I'audit u Exploration ,) ;


- stratégique/opérationnel (changement de la conscience pratique pour faudit u Évaluation ,) ;
- existant/fi.rtur (changement des contingences et de la conscience pratique pour l'audit
u Exploration o) ;

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David AurrssrEn
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
100 PAR UNE MISSION D'AUDIT INTERNE

- interne/externe (changemenr des conrrainres pour I'audit n Explication ,) ;


- réel/virtuel (changement des contrats pour I'audit u Explication >) ;
- acceptation/opposition (changement des contingences pour I'audit u Explication ,) ;

- local/global (changement de la conscience pratique pour l'audit n Explication ,).


La dualité entre ces dimensions ne qymbolise par leur opposition mais leur résolution réciproque.
Dans l'introduction, le changement a été défini comme un concept dual qui symbolise simultané-
ment la pene d'un existant et la recherche d'un futur meilleur. Cette signification duale peut, à panir
des résultats obtenus et en tenant compte de leur relativité en fonction du terrain et du modèle théo-
rique testé, être définie comme un mouvement entre toutes les dimensions citées précédemment.
Dans cette optique, Gharajedaghi (1982) a défini le changement comme un mouvement résultant des
tensions entre des tendances opposées telles que n intégration-différenciation ,,, << collectivité-indivi-
dualisme o et o stabilité-changement )). Perret (1993) a également avancé une conception duale du
changement sotls une forme paradoxale en citant les dilemmes suivants : u être différent sans êrre
effrayant, conduire le changement sans engendrer le chaos, je vous ordonne... d'adhérer, définir le
changement sans pouvoir le connaître u. Le changement nalt d'une différence enrre un état vécu et un
état désiré (Hasfi et Fabi, 1987), et engendre des relations de dualité entre différentes dimensions
spadales, temporelles, organisationnelles et cognitives.
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Pour déûnir le changement, nous avons théorisé la relation u volontarisme/déterminisme > à partir
de quatre courants qui privilégient le caractère structurel ou individuel sans toutefois nier I'une ou
l'autre des options. la définition ainsi obtenue et sa confrontation au terrain nous ont montré que
celui-ci ne s'inscrivait pas dans une relation de causalité mais de dualité entre les éléments strucnrrels
et l'action des individus. Cela pose le problème de la définition d'un corpus rhéorique qui définisse
I'organisation en termes de dualité. Ce retour sur les théories nous conduit à poser la problématique
suivante : comment construire une théorie de I'organisation fondée sur la dualité ( acrion/srrucflrre )) ?
Pour apporter des élémens de réponse à cette question, nous avançons l'idée d'utiliser la théorie de la
structuradon sociale de Giddens (1984) développée en sociologie.
En postulant le mouvement dynamique, c'est une théorisation féconde dont l'originalité réside
dans l'appropriation simultanée de I'objet et de l'individu par I'interaction. læ principal intérêt de la
théorie de la structuration pour la gestion est qu elle ne considère pas l'organisation comme une struc-
ture formelle mais comme un lieu de structuration. IJorganisation ne résulte pas de relations causales,
par opposition entre I'action et la structure, mais d'une relation de dualité au cours de laquelle I'action
et la structure se construisent par récursivité. La théorie de la strucnrration est un moyen pour se posi-
tionner entre le courant structuro-fonctionnaliste et les sociologies interprétarives, iest-à-dire entre
I'objet et I'individu en privilégiant l'interaction. Développée à un niveau macro-social, la théorie de la
structuration ne peut être utilisée dans le domaine de la gestion des entreprises telle qu elle a été
formulée initialement par le sociologue britannique. Autissier et \?'acheux (2000) ont regroupé les
principaux concepts de la théorie de la strucnrration en quatre thématiques qui sont :
- routinisation et institutionnalisation : dans I'action, I'agent recherche une sécurité ontologique,
une autonomie de contrôle dans des routines prévisibles qu'il institutionnalise par des relations entre
les pratiques et les pouvoirs ;

- la dualité du structurel : la théorie de la structuration postule que l'action (ce qui se fait) et la
structure (les moyens mobilisés dans I'action) se codéterminent par récursivité dans les interactions ;

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David Aunssten
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
PARUNE MISSION DAUDIT INTERNE 101

- l'acteur compétent : Giddens (19S4) définit un modèle de stratification de l'action au sein


duquel la compétence, envisagée comme la capacité à comprendre en quoi la perception que l'indi-
vidu a de sa situation d'action modifie sa manière d'"git, est associée inextricablement à l'acteur sous
la formule de I'acteur compétenr ;

- les phénomènes émergents : les systèmes d'action engendrent leur propre logique de fonction-
nement avec des conséquences non intentionnelles.
Ces quatre thématiques et leur développement managérial constituent peut-être l'architecture
d'une théorie ( structurationniste , de l'organisation.

Conclusion : le changement et la dynamique sociale


À I'issue de ce travail de recherche, caractérisé par un terrain et un cadre théorique, nous pouvons
avancer la définition suivante du changement : le changement est le mode daction de tous les
systèmes sociauxpar lequel ces derniers se dotent de propriétés spatiales, temporelles' cognitives
et organisationnelles par des mécanismes de dualité (entre les dimensions macro-micro, long
teme-court terme, collectif-individuel, formel-informel, stratégique-opérationnel, existant-
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futur, interne-€xteme, réel-virtuel, acceptation-opposition, localAlobal). À la question : u Quels
sont les changements produits par une mission d'audit interne ? o, nous avons répondu par trois
processus types et une définition générale. Les trois processus constituent des résultats de moyenne
porrée utilisables par les auditeurs et tous les acteurs qui produisent des documents de gestion sous la
forme d'écarts, de soludons et de diagnostics. læs transformations des variables représentant les quatre
dimensions du changement organisationnel,ont montré des relations de dualité entre divers concepts
qui illusuenr la dynamique des systèmes sociaux. Ces différentes relations de dualité entre les dimen-
sions développées précédemment pourraient être résumées par la dualité u action/suucture o dont les
propriétés et les fondements sont envisagés par Giddens (1984) dans la théorie de la structuration
sociale.

l{oles tique de la manière suivante : u Tout ce que les


acteurs savent (ou croient) des conditions sociales,
t. Le mot programe est emprunté au théoricien des en particulier ce qu'ils savent des conditions de
sciences Lakatos (1994) qui le définit @mme leur propre action, mais qu ils ne peuvent expri-
o I'ensemble fut ,èSlo à partir dzsquelles ane corn- mer de façon discursive. o

munauté se stractare et déuelopPe un charnp scimti-


fique r. Pûlrryslie-
Koenig (1987) en a donné une traduction plus AtntssInn D. (1997), uInternal auditing : A Control
élégante qui est le modèle de l'auberge espagnole. Process of Thinking, Constructing,
Ce modèle, appelé le Garbage Canr, ætvalide si Implementing and Analyzing ,, Actes du & congrès
"
les préférences des décideurs sont incertaines, Ies IAAER et AFC, ESCP Paris.
liens entre les entrées, les actions et les sorties du
ArmssnR D. (1999), u Ilimpact des démarches qua-
processus décisionnel sont mal connues et la par-
lités sur les processus d'audit interne : vers une
ticipation des acteurs est fluctuante.
nouvelle rypologie de I'audit interne ,, Actes du
3. Giddens (1 984, p. 440) défink la conscience pra- IG congrèsA-FC, Bordeaux, pp. 312-320.

Coturrestr:rÉ - Corrnôt-e - AuoIr / Tome 7 - Volume 2 -novembre 200 I (p. 87 à 103)


David AurrsstER
NATURE DES CHANGEMENTS PRODUITS
r02 PAR UNE MISSION D'AUDIT INTERNE

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