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OSONS L’EMERVEILLEMENT

En ces temps de peur collective, de catastrophes plus ou moins naturelles, de misères, parler d’émerveillement
pourrait presque paraître déplacé, voire provocateur.

Tandis que notre planète s’épuise et notre humanité s’enlise dans la rationalité et la culpabilité, pourquoi
s’intéresser à ce mot qui d’ailleurs n’inspire guère les rédacteurs de dictionnaires : « état de celui qui s’émerveille »…
et émerveiller : « étonner par une sorte de merveille »…merveille : « Chose qui cause une grande admiration. Ou bien
beignet du sud-ouest ! » (Film : le goût des merveilles)

Même les philosophes s’y sont peu intéressés car il s’agit plus d’un sentiment qu’un concept….

Sur le plan du vécu nos avons tous ici pourtant connu cette sensation qui s’apparente aux émotions de l’enfance,
mais aussi sur le plan de la pensée lorsque nous sommes bouleversés en écoutant une musique, devant un paysage,
un soleil couchant, une composition artistique, les impressions du jeune initié… la liste pourrait s’allonger à l’infini.

Emotion, disais-je… le terme contient la racine de motion…du latin movere, bouger. L’émotion nous met en
mouvement.

Lorsque que nous ouvrons les travaux tour à tour le VM et les surveillants invoquent la sagesse pour présider à la
construction de notre édifice, la force pour l’accomplir puis la beauté pour l’orner. Que serait en effet la sagesse
passive et immobile sans la mettre en mouvement et que serait ce Temple sans la Beauté pour nous émouvoir…nous
étonner et nous pénétrer ? Au moment de fermer nos travaux, c’est encore le 2nd S qui devant les apprentis
s’exclamera en disant « Que la Joie soit dans les cœurs ». N’est-ce pas là un message subtil qui nous renvoie à
l’initiation de l’apprenti qui va de surprise en découvertes ? Apprenti qui deviendra compagnon puis maître en levant
progressivement le voile sur l’essentiel au fil de son parcours.

C’est dans l’univers symbolique de l’espace-temps de notre loge que se produit cette alchimie capable de provoquer
l’ouverture de notre cœur à l’inattendu, à l’étonnement qui réveille notre conscience. Conscience endormie par le
quotidien, par la carapace de lucidité et de conformisme à laquelle fait sans cesse appel la vie profane.

La maçonnerie nous invite ainsi probablement à rajouter le flou, j’irais même jusqu’à dire la poésie, à l’intelligence
des choses terrestres afin de pouvoir évoquer sans entraves les choses célestes auxquelles nous appelle le Passage
au grade de compagnon.

Profitons, mes FF, de ces instants que nous vivons dans cet atelier pour libérer nos pensées et nous laisser aller à
l’émerveillement, au rêve éveillé de l’enfant qui s’étonne de tout ce qui est nouveau à ses yeux. Revivons donc à
chaque occasion notre Rituel si puissant où chaque mot peut nous entraîner vers la Lumière qui s’y cache, nous
éblouir et entrer ainsi en osmose avec la langue symbolique.

La joie qui est évoquée en fin de Tenue par le 2nd surveillant est destinée à TOUS les cœurs, la joie se partage. Elle n’a
aucun intérêt si ce n’est jouissance personnelle éphémère. Elle rayonne… si l’on a les yeux ouverts à l‘étonnement
« on reconnait toujours un véritable enfant de la Lumière dans le monde profane ».

En conclusion, et pour faire voyager nos pensées et vous laisser les interpréter au 2nd degré je paraphraserai d’abord
Paul-Emile Victor, explorateur des extrêmes qui dit que « Vivre s’est se réveiller la nuit dans l’impatience du jour à
venir, c’est s’émerveiller que le miracle quotidien se reproduise encore » puis enfin je citerai ce conseil de l’islam :
« Vends l’intelligence et achète l’émerveillement : l’intelligence est l’opinion, tandis que l’émerveillement est la
vision ».

J’ai dit.

MINUTE DE L’ORATEUR 1 OCTOBRE 2020

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