Vous êtes sur la page 1sur 2

Nouvelle : 24h d’un immortel HLP

Nous sommes en été 2018, à Paris. Tous les habitants de la ville sont dehors dans des parcs,
à la piscine bref, profite de la douce météo. Tous, sauf deux gars, Aurélien et Guillaume,
assis, affalé sur leur vieux canapé en cuir. Ils sont colocataires et habitent un trois pièce dans
le 14e arrondissement avec un loyer beaucoup trop élevé pour ce que c’est. Leur
appartement est sale, la vaisselle n’est pas faite et il y a des sacs et des boites de fast-food
parsemé un peu dans toutes les pièces. Ils travaillent tous les deux en tant que livreurs dans
une pizzeria en bas de chez eux, c’est pratique, ils n’ont pas besoin de trop bouger pour aller
au travail et en plus ils ont des réductions sur les pizzas, le job de rêve. Bref, ils ont une vie
un peu banales de jeunes qui procrastinent. Une vie banales à une seule exception près, les
deux sont immortels.

Il y un peu plus de 200 ans, en 1789 ils avaient 24 ans et ils habitaient déjà à Paris. Ils
vivaient dans une maison, si on pouvait appeler ça une maison. C’était plus proche d’une
écurie que d’une maison quand on y entrait, mais peu d’importance. Leur maison était juste
à côté d’un petit manoir où demeurait un mystérieux scientifique. De nombreuses rumeurs
circulaient, des rumeurs qui disaient que ce scientifique faisait des recherches sur
l’immortalité, ce qui intriguait énormément nos deux amis. Le 14 Juillet, alors que le soleil
rayonnait, au sol régnait le chaos et le désordre. Tout le monde était dans les rues et nos
deux amis profitèrent de ce désordre pour aller visiter la maison voisine. Par chance le
voisin était dans les rues avec la foule et les amis ont eu le champ libre. Ils arrivent dans une
pièce qui ressemblait à une sorte de laboratoire de savant fou. Là, ils y virent une fiole
contenant un liquide verdâtre et sur laquelle il y avait inscrit « fiole d’immortalité ». Les
rumeurs étaient donc vraies, les deux copains se regardèrent, et sans un mot ils
acquiescèrent chacun de la tête et burent une gorgée. Et voilà, c’est à peu près comme ça
qu’ils sont devenus immortels, depuis ce jour ils ont gardés le même âge et la même
énergie.

De retour, en 2018 on retrouve nos deux amis dans leur appartement duquel émanait une
odeur assez mauvaise de transpiration et de friture. Les deux étaient là, ils fusionnaient avec
le canapé pendant qu’il jouait au jeux-vidéos, une chose qu’ils trouvaient extrêmement
impressionnante étant donné l’époque dans laquelle ils ont grandis. Cela faisait plusieurs
mois qu’ils étaient restés comme ça sans rien entreprendre, à travailler le soir, manger et
dormir toute la journée. Mais aujourd’hui ils ont décidé que cette situation avait trop duré,
ils vont chercher une nouvelle activité qu’ils n’auraient jamais fait durant toutes leurs
longues vies. Guillaume dit à Aurélien :
- Franchement t’en as pas marre là ? On reste là à attendre que le temps passe. Viens on se
bouge, on fait un truc ! Regarde comme il fait beau t’as pas envie de sortir?
- Ouais j’suis chaud mais tu veux faire quoi ?
- Bah j’sais pas un truc nouveau, ça fait trop longtemps qu’on est là, je veux découvrir des
choses.
- OK, je te suis mais par contre ça va être compliqué de trouver une activité sachant qu’on a
quasiment fait tout ce qui est possible d’imaginer.
- C’est pour ça, il faut qu’on se mette à chercher maintenant parce que ce sera pas facile.
- On commence par quoi ?
- J’aurais bien aimé tester un sport.
- On va chercher mais je crois qu’on a déjà tout fait.
Les deux colocataires se mirent à faire des recherches sur tous les sports qui ont existé un
jour sur terre pour en trouver un auquel il n’aurait jamais joué. Hélas au bout d’une heure de
recherche intensive, toujours rien. Ils avaient bel et bien joué à tous les sports, du hockey sur
gazon jusqu’au lancer de poids en passant par le jeu de paume et bien d’autres sports
disparus.

Au bout d’un moment Aurélien dit à Guillaume :


- Bon bah désolé mais je crois qu’on les a tous passé en revue et il y a aucun sport auquel on
n’a jamais joué.
- Ouais j’en ai bien l’impression.
- On peut essayer de cuisiner ?
- Pourquoi pas, on cherche une recette ?
Ils sont donc partis à la recherche de nouvelle saveur, ils ont feuilleté d’innombrables livres
de cuisine mais cela en vint. Il faut dire qu’ils aiment bien manger des bonnes choses, alors
durant leur vie ils ont énormément cuisiné. Ils ont dû abandonner aussi l’idée de cuisiner.

- J’aurais bien aimé voyager, voir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures, et on est sûr
de n’avoir pas visité la terre entière, dit Guillaume.
- Moi aussi j’aimerai bien, seulement t’as oublié un petit détail.
- Quoi donc ?
- Voyager ça coûte cher et on roule pas sur l’or au cas où tu l’aurait pas remarqué.
Effectivement leur maigre salaire de livreur de pizza suffisait pour combler leur besoin
vitaux mais n’était clairement pas suffisant pour leur permettre le luxe de partir en voyage.
- Enfaîte on est bloqué ici et on a rien à faire, quelle vie !

Aurélien se tourna vers la bibliothèque, il la fixa longuement avant d’avancer :


- T’as vu la bibliothèque ? Elle est énorme, on a qu’à chercher un livre qu’on a pas lu.
- On peut tester mais je crois pas qu’il en reste.
Les deux amis observèrent un par un tous les livres de la bibliothèques et encore une fois la
même conclusion, ils avaient déjà tout lu et ne ressentait aucun plaisir à relire le même livre
2 fois.

Désespérés, ils se rassirent sur le canapé en cuir sans dire un mot. Il n’avait plus d’idée et
était dégoûtés par tous les échecs qu’ils venaient de traverser. Une bonne heure passa sans
que personne ne rompe le silence. Soudain, Guillaume regarda vers le bureau et compris
immédiatement. Il avait en effet aperçu un stylo et du papier. Guillaume dit :
- Mec, j’ai trouvé. On va écrire.
Durant toute un vie si longue qu’ils avaient eu l’occasion de lire des milliers de livres, aucun
des deux n’avaient eu l’idée de s’exprimer par l’écriture.
- Écrire sur quoi ?
- Sur nous, sur notre situation. Pour exprimer tout ce qu’on a sur le cœur mais que l’on ose
pas dire à l’oral.
- J’aime bien l’idée, t’as raison. On va écrire.
Et c’est ainsi que les deux prirent le stylo et les feuilles. Guillaume avait le stylo en main il
était chargé d’écrire la première phrase et il commença son œuvre par « Nous sommes en
été 2018, à Paris ».

Vous aimerez peut-être aussi