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Le chariot élévateur :
un véhicule répandu,
mais incompris
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Recherche l’IRSST
Définition et étude
des risques pour la SST
La vraie teinte des
emplois verts
Sommaire
Dossier
Recherche à l’IRSST
7 Le chariot élévateur :
un véhicule répandu,
mais incompris
17 Définition et étude des risques pour la SST
La vraie teinte des emplois verts
Les chariots élévateurs sont
partout : dans les chantiers de 19 Énergie solaire
construction, dans les usines photovoltaïque
d’assemblage, dans les centres Nouvelle industrie,
de tri de matières recyclables, nouveaux risques ?
dans les garages, etc. 7
21 Pathologies de l’épaule
Vers une meilleure
compréhension et un
meilleur traitement 19
Rubriques
24 Indicateurs d’accidents du travail
3 Mot de la rédaction et de maladies professionnelles
Le chariot élévateur sous tous les angles… Un site Web décode les données statistiques
44 L’Entrevue
Jacques Forest
Collaborateurs
ce qui concerne les chariots élévateurs. Finalement, en page 26, c’est aux
Philippe Béha, Jacques Millette, Loraine Pichette,
Claire Thivierge, Maura Tomi
dispositifs de retenue dans les chariots élévateurs qu’on s’intéresse.
Direction artistique, production De plus, vous trouverez dans le magazine un grand reportage portant
et retouche numérique des photos
Hélène Camirand sur l’entente signée en 2005 entre le ministère de l’Éducation, du Loisir
Photo de la page couverture et du Sport (MELS) et la CSST, qui vise à intégrer la santé et la sécurité
Denis Bernier
du travail (SST) dans la formation des futurs travailleurs. Vous verrez que
Impression
Imprimeries Transcontinental inc. les milieux de formation professionnelle et technique du Québec pren-
Tirage
27 000 copies
nent de plus en plus en charge l’intégration de la SST dans leurs institu-
Comptabilité
tions. Plus concrètement, vous pourrez lire de quelle façon le Collège
Isabelle Lachance
Ahuntsic et le Centre d’électrotechnologie Pearson ont vécu la phase de
Abonnements
Abonnez-vous en ligne : sécurisation des machines dans les institutions d’enseignement lancée
www.csst.qc.ca/AbonnementPAT
par la CSST et le MELS.
© CSST-IRSST 2014
La reproduction des textes est autorisée pourvu La précarité des énergies fossiles et leurs effets sur l’environnement
et la santé ont contribué à l’essor de l’énergie solaire photovoltaïque.
que la source en soit mentionnée et qu’un exemplaire
nous en soit envoyé :
CSST
1199, rue De Bleury
Dans le contexte d’une recherche financée par l’IRSST, des chercheurs
C. P. 6056, succursale Centre-ville
Montréal (Québec) H3C 4E1 ont dressé un portrait des risques liés à la santé et à la sécurité du tra-
vail rencontrés tout au long du cycle de vie des panneaux photovoltaï-
Tél. : 514 906-3061, poste 2184
Téléc. : 514 906-3016
Site Web : www.csst.qc.ca
IRSST
ques, depuis l’extraction des matières premières nécessaires à leur
505, boulevard De Maisonneuve Ouest
Montréal (Québec) H3A 3C2 fabrication jusqu’à leur recyclage.
Tél. : 514 288-1551
Téléc. : 514 288-7636 Cette recherche en a inspiré une autre sur les « emplois verts »,
un terme de plus en plus utilisé, parfois à tort, pour qualifier certains
Site Web : www.irsst.qc.ca
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec emplois qui ne répondent pas toujours aux principes du développe-
Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec
ISSN 0840-7355 ment durable. Deux articles à lire dans la section Recherche à l’IRSST
du magazine.
NOUVEAUTÉS
Tout le monde peut être touché par un accident de travail, comme cela a été le cas pour Laurier, Jocelyne, Line, Robin et Wilkinson.
Ces affiches visent à sensibiliser les employeurs et les travailleurs, ainsi que leurs proches, à l’importance d’agir pour rendre tous
nos milieux de travail sécuritaires :
228 travailleurs se blessent 228 travailleurs se blessent 228 travailleurs se blessent 228 travailleurs se blessent 228 travailleurs se blessent
chaque jour au Québec chaque jour au Québec chaque jour au Québec chaque jour au Québec chaque jour au Québec
DC900-1020RO (2014-09)
DC900-1020WI (2014-09)
DC900-1020LA (2014-09)
DC900-1020JO (2014-09)
DC900-1020LI (2014-09)
Si on savait à l’avance… on ferait tout pour empêcher que ça arrive. Si on savait à l’avance… on ferait tout pour empêcher que ça arrive. Si on savait à l’avance… on ferait tout pour empêcher que ça arrive. Si on savait à l’avance… on ferait tout pour empêcher que ça arrive. Si on savait à l’avance… on ferait tout pour empêcher que ça arrive.
Ensemble, il faut agir pour rendre tous Ensemble, il faut agir pour rendre tous Ensemble, il faut agir pour rendre tous Ensemble, il faut agir pour rendre tous Ensemble, il faut agir pour rendre tous
nos milieux de travail sécuritaires ! nos milieux de travail sécuritaires ! nos milieux de travail sécuritaires ! nos milieux de travail sécuritaires ! nos milieux de travail sécuritaires !
> Écoutez l’histoire de Laurier à sionsavait.ca > Écoutez l’histoire de Jocelyne à sionsavait.ca > Écoutez l’histoire de Line à sionsavait.ca > Écoutez l’histoire de Robin à sionsavait.ca > Écoutez l’histoire de Wilkinson à sionsavait.ca
cité d’empêcher les particules de pénétrer à travers un vêtement de protection varie beaucoup d’un
particules solides :
guide à l’intention
des employeurs
et des travailleurs
vêtement à l’autre et dépend du matériau qui le constitue, de sa conception, de son état et de la façon
de le porter.
www.csst.qc.ca
RÉÉDITIONS RÉIMPRESSIONS
Rapport annuel de gestion 2013 Protocole pour l’administration
DC 400-2032-7 • Rapport d’épinéphrine
Outre la présentation de la CSST, le Rapport annuel de gestion 2013 (RAG 2013) contient DC 100-489-5 • Fiche
les résultats obtenus par l’organisme en ce qui concerne les objectifs de son Plan straté- La fiche décrit les signes et les symp-
gique 2010-2014 et ses différentes ressources (humaines, financières, informationnelles et tômes qui justifient l’administration
matérielles). On y précise également de quelle façon la CSST contribue au développement d’épinéphrine en cas de piqûres d’insecte.
durable par son plan d’action en la matière, et comment elle répond aux exigences gouverne- On peut y consigner les renseignements
mentales. Le RAG 2013 présente également les états financiers de la CSST et ceux du Fonds à transmettre au technicien ambulancier
de la santé et de la sécurité du travail. Grâce à de nombreux tableaux, le document trace un ou au service médical consulté.
portrait des principales réalisations de la CSST en 2013.
Gestion sécuritaire de l’amiante
L’ajustement rétrospectif de la cotisation de 2015 – Employeurs formant un groupe
DC 100-1668 • Dépliant
DC 200- 1442-13 • Document relié spirale
Ce dépliant résume les dispositions
Ce document à l’intention des employeurs décrit les conditions d’assujettissement à la réglementaires concernant la gestion
tarification rétrospective, les règles visant la demande de regroupement et de renouvelle- sécuritaire de l’amiante entrées en
ment de la demande, les exigences à satisfaire et les mesures prises en cas de faillite vigueur le 6 juin 2013.
d’un employeur.
Au garage
Par Julie Mélançon
Dans un garage, bien que l’utilisation des ponts élévateurs est monnaie
courante, elle n’est pas sans risques. Pour les besoins de notre démonstration,
une camionnette a été soulevée. Éloïse peut ainsi enlever la biellette de direc-
tion pendant que Frédéric remplace la transmission. Toutefois, de nombreux
dangers guettent nos deux travailleurs. Fort heureusement, c’est une mise en
scène étayée par quelques retouches photo. Les travailleurs n’ont en aucun
temps été mis en danger ! Pouvez-vous dire quelles erreurs ont été commises ?
tion sont soutenues par les films d’animation Napo sur les glissades et les trébuchements de l’Agence européenne
pour la sécurité et la santé au travail.
Sources : Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, Eurogip, Gouvernement de la Colombie-Britannique, INRS, Kluwer, OSHA,
Radio-Canada, WorkSafeBC
Le chariot élévateur :
un véhicule répandu,
mais incompris
Par Laura Pelletier
!
Le 23 février 2007, dans une usine de transformation de particulière, car leurs gaz d’échappement
bois, à Farnham, des travailleurs ont été incommodés après contiennent du monoxyde de carbone (CO).
avoir été exposés à des taux de monoxyde de carbone de Ces émanations peuvent causer une intoxi-
cation, dont les symptômes sont les nausées,
100 ppm, soit trois fois la norme permise. Quelle était la source de les maux de tête et la fatigue. Une intoxi-
l’échappement de gaz ? Un chariot élévateur. L’inspecteur de la CSST cation plus grave conduit à une perte de
avait constaté lors de sa visite que le système de ventilation ne conscience et peut aller jusqu’à la mort. Pour
fonctionnait pas. éviter l’intoxication, « l’employeur doit s’as-
surer du bon fonctionnement du chariot à
!
Le 23 janvier 2013, gyrophares et les clignotants
dans une entreprise permettent eux aussi d’indi-
quer la présence et l’activité
de récupération
du chariot élévateur aux
située à Granby, une tra- autres travailleurs.
vailleuse a perdu la vie lorsque La charge, le mât et la
le chariot qu’elle conduisait structure du chariot sont des
s’est renversé. La cariste ne éléments qui constituent des
portait pas sa ceinture de obstacles non négligeables à
sécurité. Lors du renversement,
elle a été expulsée de son Le chariot élévateur
Photo : Shutterstock
Maîtriser la conduite
Une quarantaine de chariots élévateurs en
porte-à-faux — aussi appelés « à contre-
Les chariots élévateurs en porte-à-faux ont un équilibre particulier, puisqu’ils
poids » — circulent dans l’entrepôt d’Ikea.
L’équilibre de ces véhicules est très particu- n’ont que trois points de stabilisation. Les charges portées devraient donc res-
lier. Ces derniers sont munis d’un poids, situé pecter la capacité de levage du chariot et être bien installées sur ses palettes,
à l’arrière du véhicule, qui leur permet de puis sur les fourches du chariot.
au-delà de la manutention
Guillaume, jeune commis d’entrepôt, en est à sa deuxième journée de Avant toute chose, l’article 256 du RSST nous
enseigne que le chariot doit être conforme
travail chez l’important magasin à grande surface Tout pour vous. Son aux normes retenues, en fonction de son
superviseur lui demande d’aller lui chercher plusieurs boîtes contenant des année de fabrication. Son inspection et son
meubles en pièces détachées et de les transporter jusqu’au stationnement, entretien sont évidemment obligatoires,
selon l’article 245 du RSST. Une plaque
et ce, à l’aide d’un chariot élévateur. Or, Guillaume n’a jamais conduit cet signalétique doit être apposée sur l’appa-
engin ni même reçu de formation en ce sens. Soucieux de répondre aux reil et une indication de la charge nomi-
nale du chariot élévateur doit apparaître
demandes de son nouvel employeur, il empile le lourd chargement. Il se sur le chariot3. La manutention des charges
fraie un chemin à travers les nombreuses boîtes entassées un peu partout doit se faire conformément à l’article 255
et ses collègues qui circulent. Arrivé au stationnement, il effectue un du RSST. Un dispositif de retenue, tel
qu’une ceinture de sécurité, des portes
virage afin d’être en bonne position pour le déchargement. Lors de cette grillagées, une cabine fermée et un siège
manœuvre, le chariot élévateur se renverse et l’écrase. Guillaume décède enrobant ou à oreilles est exigé, comme
prévu à l’article 256.1 du RSST. Cela a pour
des suites de cet événement. Comment prévenir un tel accident ? objectif d’éviter que le cariste ne soit
écrasé par la structure du chariot en cas
de renversement. Ces dispositifs doivent
être maintenus en bon état et utilisés.
Les obligations générales encadrée divisée en deux volets et précisée
de l’employeur à l’article 256.3 du RSST. Dans un premier L’environnement de travail
L’employeur a l’obligation d’utiliser les temps, le cariste participe à une formation L’accident de Guillaume a mis en scène des
méthodes visant à identifier, à contrôler et théorique portant, notamment, sur les problèmes liés à l’environnement de tra-
à éliminer les risques au travail ainsi que notions de base relatives aux chariots élé- vail et à l’utilisation d’un chariot élévateur.
d’informer adéquatement le travailleur sur vateurs, au milieu de travail, à la conduite L’entretien des lieux est important. Ceux-ci
ceux-ci, comme le prévoient les paragraphes du chariot ainsi qu’aux règles et aux doivent être dégagés, au niveau, bien
5 et 9 de l’article 51 de la Loi sur la santé mesures de sécurité. Dans un deuxième éclairés et exempts de surfaces glissantes4.
et la sécurité du travail1 (ci-après « la Loi »). temps, le cariste reçoit une formation pra- Cette obligation s’applique tant pour les
L’employeur responsable d’un établisse- tique sous la supervision d’un instructeur. surfaces intérieures qu’extérieures. Piétons
ment dans lequel on utilise un chariot élé- Celle-ci porte notamment sur les activités et caristes doivent également se partager
vateur peut satisfaire à cette obligation en liées au chariot élévateur : démarrage, la route. Bien que chacun doit veiller à sa
se dotant notamment d’une politique. déplacement, arrêt, manutention de propre sécurité et à celle des autres, l’em-
Celle-ci peut contenir, notamment, les ren- charges et toute autre manœuvre néces- ployeur pourra créer, lorsque c’est néces-
seignements en lien avec la formation du saire à la conduite. Cette formation pra- saire pour protéger les travailleurs, des
cariste, les règles d’utilisation à respecter, tique est réalisée, d’abord, à l’extérieur de voies de circulation réservées aux chariots
l’équipement, la conduite du chariot, la dési- la zone réservée aux opérations courantes, élévateurs. L’utilisation d’un signaleur
gnation des emplacements dangereux, etc. si cela est possible. Puis, elle sera complétée pourrait aussi être nécessaire dans cer-
dans la zone habituelle de travail. Dans cer- taines circonstances5.
La formation des caristes : taines situations, telles que l’acquisition L’utilisation d’un chariot élévateur n’est
le conducteur du chariot élévateur d’un nouveau chariot élévateur, des modi- pas à minimiser. Il est important de s’as-
Le nouveau travailleur ne doit pas être fications apportées à ce dernier ou en cas surer que toutes les règles sont respec-
laissé à lui-même et il ne doit surtout pas de performances faibles du cariste, l’em- tées afin d’éviter qu’un autre travailleur
« apprendre sur le tas ». Comme prévu par ployeur devra évaluer si des cours de per- soit victime du même accident de travail
l’article 256.2 du Règlement sur la santé et fectionnement seront nécessaires afin que que Guillaume…
la sécurité du travail2 (ci-après « le RSST ») l’employé remplisse ses obligations.
l’âge minimal pour être cariste est 16 ans.
L’employeur ne doit donc pas, en vertu de Le chariot élévateur et
l’article 53 de la Loi, faire exécuter tout tra- les méthodes de travail 1. chapitre S-2.1.
2. chapitre S-2.1, r. 13.
vail impliquant un chariot élévateur par un L’utilisation d’un chariot élévateur comporte
3. RSST, articles 249 et 250.
travailleur qui n’a pas atteint l’âge minimal. plusieurs règles qui doivent être respectées, 4. RSST, articles 6, 14, 15 et 288.
Le cariste doit recevoir une formation tant par le cariste que par l’employeur. 5. RSST, article 253.
11e remise des Remise des Colloque Auto Rencontres spéciales sur les
Grands Prix SST Grands Prix SST Prévention réfrigérants dans les arénas
22 avril 2015 20 mai 2015 27 mars 2015 27 novembre 2014
Laval (Québec) St-Jean-sur-Richelieu Québec (Québec) Sept-Îles (Québec)
(Québec)
10e Gala national des Renseignements
Renseignements www.apsam.com/
Grands Prix SST 11 Colloque en SST
e
autoprevention.org evenements
5 mai 2015 et 10e remise des
Québec (Québec) Grands Prix SST
27 mai (Sept-Îles)
Forum SST 28 mai (Baie-Comeau) Via Prévention
6 mai 2015
Québec (Québec) Gestion de la Santé et la Sécurité pendant les opérations
de démantèlement des wagons endommagés
10 Colloque en SST
e
Anjou (Québec)
et 11e remise des
25 novembre 2014
Grands Prix SST
13 mai 2015 Renseignements Renseignements
Sherbrooke (Québec) www.csst.qc.ca viaprevention.com
Renseignements Renseignements
www.bridgingthegap gestes.net/colloque-2015- Renseignements
safely.com/ du-dim-gestes/ www.asfetm.com
Aussi…
Énergie solaire
photovoltaïque
Nouvelle industrie,
nouveaux risques ?
Pathologies
de l’épaule
Vers une meilleure
compréhension et
un meilleur
traitement
Actualités
En fait, on dispose de peu d’information pour définir avec justesse les emplois.
Des chercheurs se sont intéressés à cette question à l’issue d’une recherche sur la
santé et la sécurité des travailleurs de l’industrie de l’énergie solaire photovoltaïque
(Lire Énergie solaire photovoltaïque – Nouvelle industrie, nouveaux risques ?).
R e c h e r c h e l ’ I R S S T
Dans un premier temps, Joseph durable. La finalité de l’emploi est verte, PT – Est-ce la première fois que
Zayed, professeur associé au Département même si l’emploi lui-même comporte des l’IRSST s’intéresse aux emplois
de santé au travail et santé environnemen- risques. verts ?
tale de l’Université de Montréal et respon- JZ – Nous nous sommes intéressés aux
sable du champ de recherche sur la PT – Quels sont les principes à emplois verts d’abord dans l’optique de
prévention des risques chimiques et bio- respecter pour définir un emploi documenter les effets des changements
logiques de l’IRSST, répond à nos questions vert ? climatiques sur la santé des travailleurs.
pour démystifier ce qu’est un emploi vert. JZ – D’abord, la Loi sur le développement On associe souvent les gaz à effet de
durable comprend 16 principes. Dans le serre, à juste titre d’ailleurs, à l’accéléra-
Prévention au travail – Qu’est-ce cadre de nos travaux, nous en avons tion de ces changements. De fil en
qu’un emploi vert ? dégagé cinq que nous considérons aiguille, on a tenté de réduire l’émission
Joseph Zayed – De manière générale, on comme intéressants à retenir dans la des gaz à effet de serre d’où le dévelop-
peut dire qu’un emploi vert vise à réduire définition d’un emploi vert. Ce sont les pement plus soutenu de l’économie verte
l’empreinte écologique. Il y a cependant mêmes cinq principes que ceux qui figu- et de la filiale des emplois verts.
quelques zones grises. Par exemple, rent dans la deuxième orientation de la Quand nous avons commencé à do-
l’énergie éolienne réduit l’empreinte éco- Stratégie québécoise sur le développement cumenter l’effet des changements clima-
logique associée à l’énergie nucléaire ou durable visant à « réduire et gérer les tiques sur la santé des travailleurs, cela
à l’énergie produite à partir du carbone. risques pour améliorer la santé, la sécu- nous a donné une douzaine de pistes de
Par contre, on oublie que les personnes rité et l’environnement ». Nous avons éta- recherche. La question des emplois verts
qui construisent les rotors de ces éolien- bli que, pour être vert, un emploi doit était omniprésente. De plus, notre recher-
nes peuvent être exposées à plusieurs répondre à au moins un de ces cinq prin- che coïncidait avec une décision impor-
sortes d’huiles chimiques. cipes, que voici : tante de l’Organisation mondiale de la
Pour fabriquer les panneaux solaires • Il promeut la santé et la qualité de vie santé (OMS) de réorienter un de ses axes
de l’industrie photovoltaïque, on utilise des citoyens ou s’en préoccupe ; prioritaires vers les emplois verts plutôt
souvent du cadmium. Or, il s’agit d’une • Il participe à la protection de l’environ- que de le maintenir spécifiquement et
substance cancérogène. Les travailleurs nement ; exclusivement vers les changements
qui la manipulent doivent donc être pro- • Il favorise l’éducation, l’accès à l’infor- climatiques. Nous avons alors décidé de
tégés, tout autant que des travailleurs mation et à la recherche et stimule canaliser nos énergies en ce sens.
associés à d’autres types de substances l’innovation ; Par la suite, j’ai voulu poursuivre mes
chimiques potentiellement dangereuses • Il participe à la prévention, l’atténuation recherches sur la santé et la sécurité du
qui n’occupent pas des emplois dits verts. ou la correction des dommages envi- travail dans l’industrie photovoltaïque, ce
Mais qu’est-ce qu’un emploi « vert » ? ronnementaux ; qui m’a amené à souhaiter obtenir un
À quelle définition répond-il et quels prin- • Il favorise le principe de précaution en portrait d’ensemble des emplois verts.
cipes doit-il respecter ? Il existe de nom- cas de risque de dommages environne- Nous avons donc démarré une recherche
breuses définitions. Une équipe de travail mentaux. sur ce sujet. Les résultats devraient nous
que je dirige s’est penchée sur la ques- L’utilisation de ces principes permet permettre d’élaborer, au cours des
tion et un rapport piloté par Erwan Che- également de souligner les « nuances de prochains mois, une programmation de
neval, agent de recherche, sera bientôt vert » des emplois en question. On peut recherche sur ce thème pour les cinq
publié. Nous avons choisi de proposer une dire que certains de ceux-ci, qui ne années à venir. Dans une perspective de
définition inspirée des approches de répondent par exemple qu’à un ou deux prévention et de réduction de l’exposi-
grandes institutions comme le Pro- des critères, sont « vert pâle ». C’est le tion, une telle programmation visera à
gramme des Nations Unies pour l’envi- cas de nombreux emplois qui réduisent déterminer et à définir les nouvelles
ronnement (PNUE) et le gouvernement de façon indéniable l’empreinte écologi- orientations de recherche dans le
du Québec entre autres. Cette définition que, mais dont les conditions de travail domaine des emplois verts en fonction
est la suivante : Peut être considéré sont parfois difficiles. des travailleurs qui auront été détermi-
comme vert tout emploi visant directe- nés comme étant le plus à risque.
ment à réduire l’impact environnemental
des activités humaines et qui souscrit Marjolaine Thibeault
aux principes du développement durable. Pour en savoir plus
Les emplois verts, qui peuvent requérir
des habiletés et des connaissances spéci- ADAM-POUPART, Ariane, France LABRÈCHE, Audrey SMARGIASSI, Patrice
fiques, impliquent le développement, l’in- DUGUAY, Marc-Antoine BUSQUE, Charles GAGNÉ, Joseph ZAYED. Impacts des
novation ou l’utilisation de technologies, changements climatiques sur la santé et la sécurité des travailleurs, Rapport
de techniques ou de procédés adaptés. R-733, 45 pages. www.irsst.qc.ca/-publication-irsst-impacts-des-changements-clima-
tiques-sur-la-sante-et-la-securite-des-travailleurs-r-733.html
Alors, travailler au recyclage est-il un
emploi vert ? Ultimement, le recyclage Les conférences prononcées lors de l’animation scientifique Bioaérosols et emplois
réduit l’empreinte écologique et souscrit verts en octobre 2013. www.irsst.qc.ca/bioaerosols-et-emplois-verts.html
à plusieurs principes du développement
Photo Ersol-Wikipedia
Panneaux
Énergie solaire solaires
photovoltaïque photo-
voltaïques ?
Nouvelle industrie, Les panneaux solaires
nouveaux risques ?
photovoltaïques fonctionnent
grâce à des matériaux dits
semi-conducteurs, comme le
silicium ou le tellurure de
cadmium. Ceux-ci absorbent la
La précarité des énergies fossiles de l’industrie du photovoltaïque (PV), il lumière du soleil et la transfor-
et leurs effets sur l’environnement et la faut en comprendre tout le cycle de vie : ment en énergie électrique.
santé ont contribué à l’essor de l’énergie de l’extraction des matières premières C’est l’effet photovoltaïque. Les
solaire photovoltaïque. Des chercheurs ont jusqu’au recyclage, en passant par l’ins- photons de la lumière du soleil
dressé un portrait des risques liés à la tallation des panneaux. À chaque étape activent les électrons du
santé et la sécurité du travail (SST) rencon- correspond un certain type d’emploi. La silicium ou du tellurure de
trés tout au long du cycle de vie des pan- plupart sont traditionnels, comme les cadmium, générant ainsi de
neaux photovoltaïques, depuis l’extraction emplois d’ingénieur, de chimiste, de tech- l’électricité de façon continue.
des matières premières nécessaires à leur nicien en métallurgie, de couvreur ou
fabrication jusqu’à leur recyclage. d’électricien. On les retrouve donc dans Source : www.solaire-infos.com
Illustration : IStock
Pathologies de l’épaule
Vers une meilleure compréhension
et un meilleur traitement
Des chercheurs ont réalisé une angle droit, il y a un genre de petite sonnes âgées de plus de 65 ans ont une
avancée majeure des connaissances, tant assiette légèrement concave, qui est la rupture d’un des muscles de la coiffe.
d’un point de vue technique que scientifi- glène, sur laquelle repose la tête humé- Mais il n’y a pas que l’âge qui fasse des
que, en élaborant une méthode d’analyse rale. Au-dessus de cette petite assiette se dommages ; un traumatisme peut égale-
morphofonctionnelle tridimensionnelle trouve l’acromion, un petit bout d’os qui ment causer une rupture. C’est aussi le
(3D) de l’épaule à la fois précise et peu in- dépasse, à l’extrémité de notre clavicule. cas de gestes répétitifs, comme la manu-
vasive. Cette étude permettra d’améliorer C’est sur l’acromion que viennent s’accro- tention en hauteur ou l’utilisation d’un
la compréhension des pathologies de cher plusieurs muscles stabilisant fauteuil roulant.
l’épaule et, à terme, le diagnostic, la prise l’épaule. » « Ce qui est étonnant, ajoute Nicola
en charge et la qualité de vie des person- Hagemeister, c’est que certaines person-
nes qui en souffrent. Rupture de la coiffe des rotateurs nes ont des ruptures de la coiffe et n’ont
« Beaucoup de personnes ayant des pro- que peu de douleur ou de perte de fonc-
Biomécanique de l’épaule blèmes à l’épaule souffrent en fait d’une tion. D’autres, qui présentent le même
Nicola Hagemeister est ingénieure bio- rupture de la coiffe des rotateurs. Cette tableau diagnostique à l’imagerie, ont
médicale et chercheuse à l’École de tech- coiffe est un ensemble musculaire relié extrêmement mal et ne peuvent pas
nologie supérieure. « L’épaule, en gros, aux os par des tendons, explique Nicola fonctionner. On ne comprend pas encore
c’est la sphère située au bout de l’os du Hagemeister, un peu comme une main vraiment pourquoi.
bras – la tête de l’humérus – qui s’arti- dont les doigts viendraient se poser sur « Si les muscles de la coiffe n’arrivent
cule sur une surface relativement plane, notre épaule depuis l’extérieur. La coiffe pas à stabiliser la tête de l’humérus sur
la glène. La musculature autour, notam- presse la tête de l’humérus sur la glène, la glène, le deltoïde, qui est un muscle
ment la coiffe des rotateurs et le deltoïde, sur laquelle elle repose. Avec l’âge, les très fort, va avoir tendance à tirer la tête
assure la stabilité de l’articulation. Pour tendons perdent de la qualité, il se fait de l’humérus vers le haut quand la per-
élever le bras, il faut que la tête humé- comme des trous dedans. Quand on parle sonne lève le bras. S’il n’y a pas d’autres
rale (la sphère) puisse glisser et rouler de rupture, cela ne veut pas dire que le muscles pour éviter cela, la sphère vien-
sur la glène. On peut imaginer l’omoplate tendon est complètement arraché, mais dra buter sur l’acromion. C’est ce que les
comme une feuille de papier, collée dans qu’il est percé, donc beaucoup affaibli. » gens ressentent comme un coincement,
notre dos. Au bout de cette feuille, à On estime que presque 50 % des per- et cela peut créer de la douleur. »
Automne
Hiver 2011
2014-2015 Prévention au travail 21
R e c h e r c h e l ’ I R S S T
Objet de recherche
Les chercheurs ont voulu concevoir un
protocole d’imagerie fonctionnelle qui
serait éventuellement utilisable en Clavicule
clinique. Il s’agissait d’une imagerie per- Omoplate
mettant aussi de comprendre la fonction
et les mouvements entre les os. « Nous
vo u l i o n s t ro u ve r, p o u r s u i t N i co l a
Hagemeister, des indicateurs qui pour-
raient nous dire que tel mouvement ou
tel facteur crée de la douleur ou de
l’incapacité fonctionnelle chez la per-
Illustration : Wikipedia
sonne. Pour le moment, c’est un proto-
cole assez compliqué du point de vue
technique.
« Nous avons d’abord numérisé très
précisément des épaules de cadavres,
pour pouvoir modéliser en 3D les varia-
tions morphologiques qui existent dans
la population. C’est impossible de le faire
sur des sujets vivants à cause des doses différentes directions de l’espace. Puis deltoïde avoisine l’aisselle, elles ne s’exer-
de radiation impliquées. Cela nous a nous avons fait des analyses morpholo- cent pas tellement vers le haut, mais
donné un modèle géométrique en 3D giques, comme l’inclinaison de la glène. qu’elles poussent plutôt la tête de
moyen, représentatif des proportions Est-elle vraiment verticale (normale) ou l’humérus vers la glène.
générales d’une épaule humaine. Ensuite, un peu inclinée vers le haut ou vers le
des sujets ont subi un examen radiolo- bas ? Tout est question de stabilité et De belles surprises
gique à basse dose avec sept positions nous recherchons des indices radio- « C’est intéressant, ajoute la chercheuse,
d’élévation du bras, de face et de profil. logiques de cette stabilité. » parce qu’on avait vu, déjà, que des gens
La dose résultante de toutes ces radio- suivant un programme de réadaptation
graphies équivaut à celle d’une radiogra- Deuxième volet du projet qui renforce uniquement le deltoïde
phie normale. On identifie alors des Les chercheurs ont examiné les images antérieur récupéraient mieux que
points anatomiques visibles sur ces ima- obtenues de l’examen par résonnance d’autres. Là, on a démontré que ces fibres
ges et on les introduit dans le modèle magnétique (IRM) de 90 sujets. On y voit antérieures pourraient remplacer partiel-
géométrique moyen en 3D pour adapter la coiffe des rotateurs, ainsi que le del- lement la coiffe et jouer le même rôle,
sa forme à celle de l’os du patient, afin toïde, un gros muscle assez large qui en- d’une façon vraiment mécanique.
de construire une représentation tridi- veloppe l’épaule au complet. Il se divise « De plus, on s’attendait à ce que les
mensionnelle personnalisée de chaque en trois parties, situées à l’avant, sur le sujets plus gravement atteints présentent
sujet. » dessus du bras et à davantage une ascension de la tête
Comme les cher- l’arrière. Avec ces humérale. Or, il semble que ce ne soit pas
cheurs voulaient « Disposer d’autant de données, IRM, les chercheurs déterminant pour distinguer les deux
trouver des indices ont reconstruit une groupes. Par contre, nous avons pu
à la fois sur la morphologie et sur
mesurables qui image en 3D de tou- démontrer que de tout petits déplace-
seraient reliés à la
la fonction, dans un même projet, tes les couches ments dans le plan de l’assiette de la
fonction de l’épaule, est d’une richesse incroyable. » musculaires de cha- glène, de l’avant vers l’arrière du corps et
chaque sujet a aussi — Nicola Hagemeister que personne, pour même dans l’autre plan, la tête de l’hu-
rempli un question- ensuite représenter mérus s’éloignant et se rapprochant de
naire destiné à le deltoïde comme la personne, pourraient permettre de faire
recueillir des données à cet effet (peut-il un ensemble de ficelles partant d’au- une distinction entre des patients très
lever les bras au-dessus de la tête, sou- dessus du coude, passant par-dessus, en atteints et d’autres moins. Ces transla-
lever une charge, etc. ?). Cette évaluation avant et en arrière de l’épaule pour aller tions, notamment celles de l’avant à
donne un score (sur 100) du sentiment s’accrocher sur l’acromion, au-dessus de l’arrière, seraient donc des indices
du patient à l’égard de sa capacité fonc- l’épaule. d’instabilité intéressants à étudier. »
tionnelle. « Nous voulions regarder si ce Après avoir estimé par calcul mathé-
score fonctionnel était corrélé, par exem- matique les forces que ces ficelles pou- Un lien avec la posture ?
ple, à de petites translations de la tête vaient représenter, les chercheurs se sont « Un étudiant français au doctorat
humérale par rapport à la glène, dans les rendu compte qu’à l’avant, là où le travaille en ce moment avec l’École
Les activités courantes du Groupe connaissance et sur- La préoccupation de diffuser ces connaissances à plus grande
veillance statistiques (GCSS) consistent à produire, élaborer, ana- échelle a fait naître l’idée de créer un site Web entièrement
lyser, interpréter et diffuser des indicateurs numériques pour dédié à la diffusion de dossiers thématiques tirés de rapports
différentes thématiques de recherche de l’Institut. Aussi, à la que l’Institut publie. Mis en ligne en mai dernier, ce site, inti-
suite de la parution de tout recensement de la population que tulé Statistiques sur mesure, s’adresse tout autant aux milieux
divulgue Statistique Canada, il produit des indicateurs quinquen- de travail qu’à la communauté scientifique. Comme premier
naux. Cependant, la production de tels indicateurs aux cinq ans thème, il dresse un portrait des lésions professionnelles selon
ne permet pas de détecter les changements à court terme. Or, le genre. La page d’accueil pose d’emblée la question : « Au tra-
une étude réalisée en 2009-2011 a démontré qu’il était possible vail, les hommes se blessent-ils plus que les femmes ? » Il s’avère
de dégager des indicateurs statistiques annuels, lesquels servi- en effet que les tâches liées à l’emploi ainsi que la nature et
raient à déceler plus rapidement les exigences des conditions du
l’évolution des risques ou de la travail peuvent différer en fonction
gravité des accidents et des du sexe. Cela peut avoir comme
Les analyses des secteurs d’activité, des catégories
maladies du travail. Le GCSS a conséquence d’élargir des écarts
donc entrepris de faire l’analyse professionnelles et des populations à risque dans les risques pour la santé ou la
globale des données annuelles permettent de détecter des tendances, fournissent sécurité des travailleurs.
pertinentes à la santé et à la des données sur des problématiques spécifiques, À la suite de cette entrée en
sécurité du travail, ainsi que de font ressortir des enjeux de recherche et guident matière, le site Web affiche trois
celles qui sont propres à certains fenêtres, sous les titres « En savoir
thèmes pour lesquels elles sont
les orientations stratégiques de l’IRSST.
plus », « Beaucoup plus » et « Pour
disponibles. tout savoir ». Dans chacun des cas,
L’Institut élabore par ailleurs il suffit de cliquer sur l’onglet
des dossiers thématiques en se fondant sur ces données vali- « Consulter » pour accéder à leur contenu. La première de ces
dées scientifiquement. Citons, à titre d’exemple, les liens entre pages présente une fiche résumée et simplifiée du sujet dont
l’âge et la fréquence ou la gravité des lésions. Il présente ces il est question. La deuxième donne accès au document intégral,
contenus dans une variété de formes (vidéos, fiches téléchar- soit les statistiques générales concernant le propos développé,
geables, documents illustrés et graphiques). les types de lésions et leur description ainsi que les groupes
La masse de données statistiques qui émane de l’IRSST, bien concernés. Quant à la dernière page, elle fournit toutes les réfé-
qu’essentielle aux chercheurs et aux gestionnaires de la santé rences sur les statistiques utilisées concernant le thème traité.
et de la sécurité du travail, peut cependant sembler parfois Explicite et intelligible, le site Statistiques sur mesure permet
ardue à d’autres qui s’y intéressent. Un effort de vulgarisation ainsi de trouver rapidement des renseignements pointus de
permettrait-il de rendre ces notions complexes plus accessibles ? même que de saisir une image globale ou détaillée de la
60,2 %
42,2 %
49,8 %
NON MANUEL
25,1 %
17,0 %
20,5 %
MIXTE
matière abordée. Et c’est bien ce qu’annonce le chapeau qui consultent sont ainsi en mesure, non seulement d’obtenir une
le coiffe : Des statistiques en santé et en sécurité du travail pour vue distincte d’une thématique donnée, mais aussi de mieux
y voir plus clair ! comprendre les déterminants de certains facteurs susceptibles
d’avoir une influence sur la fréquence et la gravité des risques
Prochainement à l’affiche pour la santé et la sécurité des travailleurs. Ils seront donc
Le dernier-né des sites Web de l’IRSST s’enrichira au fil du temps informés sur des éléments à considérer pour assurer le res-
d’autres thèmes, dont les lésions professionnelles selon l’âge, pect de l’intégrité physique des personnes et mieux outillés
le coût des lésions attribuables au travail et les accidents rou- pour guider le choix de moyens de prévention adaptés à la
tiers au travail. Une autre section, disponible sous peu, présen- réalité du travail.
tera un aperçu de la démarche méthodologique. Elle contiendra
aussi certaines mises en garde sur l’utilisation des données Claire Thivierge
publiées. Selon Marie Larue, présidente-directrice générale de
l’Institut, en adaptant ces connaissances statistiques parfois
arides aux besoins des milieux de travail, le site « jette un Pour en savoir plus
éclairage nouveau sur certaines situations tout en rendant
largement accessibles les données les plus intéressantes » http://statistiques.irsst.qc.ca/
que les scientifiques ont compilées et analysées. Ceux qui le
Extrait de la fiche : Lorsque les sièges sont dotés d’appuie-bras, il est préférable qu’ils soient
rabattables. En présence de retenues aux hanches, les boucles mâle et femelle de la ceinture
devraient être accessibles du côté interne des retenues ; lorsque ces parties sont du côté
externe, il devient plus laborieux d’attacher la ceinture.
chercheurs qui ont examiné leurs com- raient minimiser les obstacles, par exem- La grille incluse dans la publication
posants mécaniques n’ont pas été en me- ple aménager les aires de circulation pour est conçue pour guider les personnes
sure de recommander un modèle alliant favoriser les déplacements du chariot responsables de choisir les ceintures de
à la fois sécurité, confort et besoins vers l’avant plutôt qu’en marche arrière. sécurité des chariots élévateurs. Elle fait
associés à la tâche à effectuer en toute La deuxième partie présente les ressortir les éléments et les critères qui
situation. Le choix d’une ceinture efficace options qu’offrent les composants de facilitent le choix du modèle convenant
repose donc sur une analyse des besoins, la ceinture, dont les ancrages, la sangle le mieux au besoin, ainsi que diverses
en tenant compte des particularités du façons d’améliorer l’état des lieux et de
siège du chariot élévateur, de celles du favoriser le port du dispositif de retenue.
dispositif de retenue, des utilisateurs de Cette grille peut être téléchargée du site
l’engin et du travail à accomplir. Le Certains caristes descendent Web de l’IRSST ou remplie directement
modèle approprié au contexte devrait de leur chariot et y remontent en ligne.
permettre au cariste de conserver une « Ces documents, précise Sylvie Beau-
toutes les 2,6 minutes
certaine mobilité corporelle, ne pas nuire grand, professionnelle scientifique à
à son confort et être facile à boucler et
en moyenne. l’IRSST et auteure principale de la fiche
à déboucler. technique, permettront d’effectuer un
choix éclairé, surtout si les caristes y par-
Le dénouement et les boucles. Elle passe en revue les ticipent en exprimant quels sont leurs
En vue d’aider les préventeurs, les respon- avantages et les désavantages des rétrac- besoins et les solutions les mieux adap-
sables de l’entretien et les fabricants de teurs manuels, à blocage automatique et tées à leur situation. » Voilà qui bouclera
chariots élévateurs dans le choix de cein- à blocage d’urgence. Un tableau indique la boucle et contribuera à réduire le
tures de sécurité favorisant la protection les meilleurs choix en fonction de trois risque de la conduite des chariots
des caristes, les chercheurs ont collaboré critères : sécurité, mobilité corporelle élévateurs.
avec un groupe de travail provenant de et confort, ainsi que simplicité du
secteurs industriels variés, conduit par la mécanisme. Claire Thivierge
conseillère en transfert des résultats de
la recherche Marie-France d’Amours, pour
élaborer un résumé de l’information sur
Pour en savoir plus
le sujet. La publication qui en résulte est
BEAUGRAND, Sylvie, Christian LARUE, Denis RANCOURT. Chariot élévateur – Comment
succincte, bien illustrée et agrémentée de choisir la ceinture de sécurité, Fiche technique RF-800, 6 pages. www.irsst.qc.ca/-publica-
capsules rapportant des cas vécus. tion-irsst-chariot-elevateur-ceinture-rf-800.html
La première section du document BEAUGRAND, Sylvie, Christian LARUE, Denis RANCOURT. Chariot élévateur – Comment
Chariot élévateur – Comment choisir la choisir la ceinture de sécurité – Grille de travail, DI-800, 5 pages. www.irsst.qc.ca/-publica-
ceinture de sécurité invite d’abord à agir tion-irsst-chariot-elevateur-ceinture-de-securité-di-800.html
sur l’environnement du travail pour limi- RANCOURT, Denis, Sylvie BEAUGRAND, Christian LARUE, Geneviève MASSON. Ceinture de
ter les activités susceptibles d’occasion- sécurité pour chariots élévateurs à contrepoids – Étude préliminaire de critères normatifs et
ner des inconvénients liés au port de ce d’utilisabilité, Rapport R-765, 88 pages. www.irsst.qc.ca/-publication-irsst-ceinture-de-secu-
dispositif. Elle suggère que le cariste, le rite-pour-chariots-elevateurs-contrepoids-etude-preliminaire-de-criteres-normatifs-et-d-
superviseur, l’acheteur, le personnel d’en- utilisabilite-r-765.html
tretien et le fournisseur soient associés « La ceinture de sécurité dans les chariots élévateurs – Exploration des modèles existants
à la démarche. Elle propose ensuite des et de leur utilisabilité », Prévention au travail, automne 2013, pages 24-25. www.irsst.
qc.ca/media/documents/fr/prev/v26_03/24-25.pdf
possibilités d’améliorations qui pour-
Actualités
Publication Conférence Vidéo Entente Recherche
Nouvelles publications
Toutes les publications de l’IRSST peuvent être téléchargées gratuitement de son site Web : www.irsst.qc.ca
Nouvelles publications
SST et nettoyants à base de bactéries
et d’enzymes
Les nettoyants et dégraissants à base de bactéries
et d’enzymes, de plus en plus répandus dans les
milieux de travail, doivent être utilisés avec précau-
tion. C’est la conclusion d’une monographie basée
sur une revue de la littérature, de consultations et
d’observations de milieux de travail où l’on utilise
ces produits, souvent promus comme étant verts et
atoxiques, mais pour lesquels on ne possède que
des données fragmentaires sur leur composition et Microorganismes et maladies pulmonaires
leurs effets sur la santé. des travailleurs de fermes
Puisque les biofontaines qui emploient des pré- Présents entre autres dans les fermes laitières, les poulaillers et les
parations bactériennes contiennent parfois des bac- usines d’épuration des eaux usées, les microorganismes appelés Archaea
téries pouvant présenter un risque infectieux pourraient jouer un rôle dans les maladies pulmonaires profession-
modéré, les chercheurs recommandent entre autres nelles. Pour la première fois, des chercheurs ont démontré, sur des
aux travailleurs le port de gants, de vêtements à souris de laboratoire, que deux espèces d’Archaea ont un fort potentiel
manches longues et de lunettes de protection. immunogène dans les poumons. Une d’elles possède des propriétés
Bien qu’il existe peu de données sur les niveaux inflammatoires. Comme les Archaea pourraient avoir un effet sur la santé
d’exposition dans le cas des détergents à base d’en- respiratoire des travailleurs, il est nécessaire de les détecter par des
zymes (ex. : subtilisine), on sait que ceux-ci peuvent études sur la caractérisation des bioaérosols.
produire des aérosols au cours du lavage manuel En utilisant la biologie moléculaire, les scientifiques ont également
d’instruments. Les chercheurs préconisent alors de conçu une méthode de détection efficace de toutes les espèces
porter un masque jetable N95, plutôt qu’un simple d’Archaea. Ils ont aussi évalué positivement trois échantillonneurs d’air
masque chirurgical, et des gants, une blouse à man- (Coriolis, NIOSH et IOM) puisqu’ils ont fourni des résultats similaires pour
ches longues, un bonnet, des couvre-chaussures la capture des particules dans des environnements fortement contami-
ainsi qu’une protection oculaire. nés par les bioaérosols. Ce résultat est important, car il n’existe aucune
Risques associés aux préparations bactériennes et méthode d’échantillonnage standardisée.
enzymatiques • Auteurs : Denis Bégin, Michel Gérin, Archaea des bioaérosols de fermes laitières, des poulaillers et des usines d’épu-
Jacques Lavoie • Rapport R-829 www.irsst.qc.ca/- ration des eaux usées – Leur rôle dans l’inflammation pulmonaire • Auteurs :
publication-irsst-risques-preparations-bacteriennes- Pascale Blais Lecours, Marc Veillette, David Marsolais, Yvon Cormier, Shelley
enzymatiques-r-829.html Kirychuk, Caroline Duchaine • Rapport R-827 www.irsst.qc.ca/-publication-
irsst-archaea-epuration-eaux-usees-r-827.html
Nouvelles recherches
Stratégie intégrée de prévention en manutention
La manutention est la source de nombreuses blessures en milieu de travail, particulièrement à la région lombaire.
Une nouvelle stratégie de prévention a récemment vu le jour, grâce au soutien financier de l’IRSST. Nommée
Stratégie intégrée de prévention en manutention (SIPM), elle utilise la formation pour intervenir à la fois sur les
conditions de travail et sur les travailleurs. Cette démarche assez complexe diffère des pratiques existantes et son
efficacité repose sur la formation des utilisateurs.
Le but de cette recherche est d’évaluer le degré auquel les apprenants-formateurs transfèrent les connaissan-
ces qu’ils ont acquises dans leurs formations, et ce, dans un contexte réel d’utilisation.
Au terme de ce projet, les chercheurs seront en mesure de déterminer les facteurs qui influencent le transfert
des apprentissages par de futurs utilisateurs-formateurs employant la SIPM dans un contexte réel. Cela permet-
tra d’optimiser la SIPM, en adaptant les bonnes pratiques observées dans des formations données en milieux de
travail. Il sera ainsi possible de bonifier ce processus de formation.
Implantation d’une stratégie intégrée de prévention en manutention : étude des facteurs qui influencent le transfert des
apprentissages à la suite d’une formation pour les formateurs • Équipe de recherche : Denys Denis, IRSST ; Martin Lauzier,
Université du Québec en Outaouais • 0099-9190
Coincement
mortel
Par Julie Mélançon
Le 30 juillet 2013, en fin de journée, l’équipe de nettoyage d’une Le dispositif de commande permettant de manœuvrer les portes
usine d’abattage de veaux et d’agneaux vient de se mettre au est placé à une distance telle de la zone balayée qu’il est pos-
travail. En effet, à la fin de chaque journée, lorsque l’abattage sible d’actionner involontairement ce dernier alors que le corps
des bêtes est terminé, un contremaître et une équipe de quatre de l’opérateur est exposé à un choc ou à un écrasement, contrai-
travailleurs effectuent les opérations de nettoyage et d’assainis- rement à ce que prévoit la norme NF U66-053053 – Équipements
sement de tout l’environnement de travail. Vers la fin du quart pour les abattoirs, boxes d’abattage, prescriptions relatives à la
de travail, le contremaître nettoie la boîte d’assommage avec un sécurité et à l’hygiène.
boyau d’arrosage à pression. Pour bien nettoyer et inspecter l’in- L’article 185 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail
térieur de la boîte, il ajuste l’ouverture entre le bâti de la machine stipule qu’avant d’entreprendre tout travail de maintenance, de
et la porte du carcan servant à stabiliser la tête de l’animal et réparation ou de déblocage dans la zone dangereuse d’une
se glisse derrière la porte. Il s’introduit ainsi dans une zone de machine, chaque personne exposée au danger doit cadenasser
coincement. La machine n’est ni débranchée, ni cadenassée. Le toutes les sources d’énergie de la machine, de manière à éviter
mouvement de fermeture de la porte du carcan fonctionne à toute mise en marche accidentelle de la machine pendant la durée
l’aide d’un cylindre hydraulique qui exerce une force de des travaux. Ainsi, la mise hors tension de la boîte d’assommage
2 046 newtons et se fait en moins d’une seconde. Cette porte lors du nettoyage aurait permis d’éviter un tel accident.
est commandée par un dispositif situé à environ 10 cm de la Les travailleurs qui doivent effectuer des travaux de mainte-
zone de coincement. Vers 23 h, le contremaître actionne acci- nance sur des machines possédant des zones de coincement
dentellement le dispositif de commande de la porte, qui se doivent posséder les connaissances et les habiletés pour le faire
referme sur lui. Ses collègues le trouvent coincé au niveau du en toute sécurité. De plus, l’employeur doit donner une orienta-
torse entre la porte et le bâti de la machine. tion et des directives claires et précises reliées à un programme
Les secouristes interviennent rapidement et le contremaître de cadenassage ainsi qu’une formation complète concernant les
de 33 ans est transporté à l’hôpital. Malheureusement, il décè- procédures sécuritaires.
dera dans les heures suivantes…
Les 268 cégeps, collèges et centres de formation professionnelle privés et publics du Québec ont vécu une
opération d’envergure de sécurisation des machines entre 2011 et 2014. C’est un des résultats de l’entente signée
en 2005 entre le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et la CSST, qui vise à intégrer la santé et
la sécurité du travail dans la formation des futurs travailleurs. Ce projet est en fait international : le Québec et
plusieurs pays s’y sont engagés en signant le Protocole de Québec pour l’intégration de compétences en santé et
sécurité du travail (SST) dans l’enseignement et la formation professionnels et techniques, lors d’un colloque inter-
national en SST se déroulant au Québec en 2003. Depuis, les milieux de formation professionnelle et technique
du Québec prennent de plus en plus en charge la SST dans leurs institutions et doivent faire preuve de créativité
pour trouver des solutions adaptées à leurs formations. Le magazine Prévention au travail a rencontré des acteurs
travaillant au projet, dont le personnel de deux établissements d’enseignement qui vivent cette transition.
Le Collège Ahuntsic, situé à Montréal, offre de nombreux l’équipement de protection individuelle à utiliser et les consi-
programmes de formation technique : technologie du génie civil, gnes à respecter quand on entre dans le local. Une fois à l’inté-
techniques de laboratoire, en mécanique du bâtiment, en génie rieur, en s’approchant des grosses presses, on remarque la
industriel, etc. Le Centre d’électrotechnologie Pearson, quant à lui, présence de gros boutons « marche » et « arrêt », qui ont été
est situé à Lachine et spécialisé dans la formation professionnelle ajoutés sur certaines machines. « Il y avait un danger que les
en télécommunications, en électricité et en informatique. Les salles vêtements se coincent dans les boutons originaux, qui étaient
de classe de ces programmes sont remplies de grosses machines de petits interrupteurs », précise Benoît Pothier, coordonnateur
à l’usage complexe et dangereux lorsque
les mesures de sécurité nécessaires ne sont
pas prises. Les deux institutions d’enseigne-
ment ont donc eu bien du pain sur la
planche lorsque la CSST et le MELS ont lancé
la phase de sécurisation des machines dans
les institutions d’enseignement. Les élèves
ont vu leurs locaux se transformer et les
professeurs ont dû adapter leur enseigne-
ment à ces normes en SST.
Sur la porte de la salle de cours du pro-
gramme de techniques de l’impression, au
Collège Ahuntsic, des affiches indiquent
Photo : Shutterstock
YouTube, ont été visionnées plus de
30 000 fois. Cette sensibilisation des étu-
diants a porté fruit, constate Fritz Lubin.
« Certains m’ont raconté être arrivés dans
un milieu de travail et avoir eu à travailler Les risques liés à la SST inhérents à la pratique des métiers dans les centres
avec des machines qui n’étaient pas sécu- de formation professionnelle doivent être pris en compte dans la formation des
ritaires. Grâce à leur formation en SST, futurs enseignants.
ils ont pu expliquer à leur superviseur
pourquoi l’équipement en question
n’était pas sécuritaire et ce qu’il faudrait établissements d’enseignement. « Le volet du Loisir et du Sport consacrés à la mise
plutôt utiliser. » SST fait partie des compétences que les à jour de l’équipement, tels que le MOAB,
élèves doivent développer, dit-il d’un ton un mode d’allocations pour le parc mobi-
Des changements essentiels convaincu. On a la responsabilité comme lier des cégeps fourni par le MELS, et le
Au Collège Ahuntsic et au Centre Pearson, institution d’enseignement d’être exem- MAO, une allocation pour les investisse-
des investissements ont été nécessaires. plaire, de se comparer aux meilleurs en ments dans le mobilier, l’appareillage et
Le jeu en vaut la chandelle, estime Bernard matière de prévention et d’offrir des l’outillage pour les centres de formation
Boulé, qui représente l'Association québé- milieux sains et sécuritaires. » professionnelle. Plusieurs institutions
coise des cadres scolaires au sein du Pour acheter le matériel nécessaire, ont sollicité l’apport de leurs ressources
Comité national pour la formation à la les institutions d’enseignement ont internes, ce qui leur a permis d'écono-
prévention des risques professionnels, qui bénéficié de plusieurs programmes miser des fonds tout en mettant à profit
coordonne l’intégration de la SST dans les financiers du ministère de l’Éducation, l’expertise qu’elles possèdent.
Photos : STERIS
Par Valérie Levée l’ensemble de ses usines. Celle de Beauport a suivi le mot d’ordre
et se démarque en n’enregistrant aucun accident avec perte de
temps depuis cinq ans.
En 2011, STERIS a obtenu la certification OHSAS 18001. « Toutes
À Québec, dans le secteur de Beauport, STERIS les sections de l’entreprise ont été analysées, même les espaces
de bureau et la cafétéria », rapporte Alain Jean, conseiller expert
conçoit et fabrique des accessoires de lavage et de en santé et sécurité de l’entreprise de services-conseils GPI
désinfection pour les hôpitaux et les compagnies Québec. Il vient une journée par semaine chez STERIS avec le
mandat de coordonner la santé et la sécurité et de maintenir
pharmaceutiques. Mais ce n’est pas pour cette raison l’engagement du personnel dans ce domaine. Toutes les tâches
que l’usine brille de propreté. C’est parce que la pro- ont été répertoriées et analysées à l’aide d’une matrice combi-
nant la dangerosité et la fréquence, afin d’évaluer les risques et
preté est un ingrédient de la santé et la sécurité qui,
d’apporter des correctifs. C’est dans le cadre de cette certification
chez STERIS, est une valeur d’entreprise. Ça respire de que STERIS a fait venir Natalie Saindon, inspectrice à la Direction
partout la santé et la sécurité. Ici, tout le monde régionale de la Capitale-Nationale de la CSST. Sa visite de l’usine
l’a impressionnée.
s’implique pour organiser, ranger, nettoyer son espace
de travail. Tout le monde réfléchit pour pousser plus Chaque chose à sa place
Elle a découvert une usine d’une organisation exemplaire. Tout
loin la santé et la sécurité. est identifié et localisé. Les sections de travail sont délimitées au
sol par des marques de couleur. De même, l’emplacement de tout
ce qui est mobile, chariots, poubelles, aspirateurs, tout est iden-
Les laveurs-désinfecteurs de STERIS n’ont pas grand-chose tifié. Sur les postes de travail, les panneaux indiquent par des
à avoir avec nos petits lave-vaisselle domestiques. Ils peuvent faire silhouettes où ranger chaque outil. Même dans les tiroirs, les clés,
trois mètres de haut. Dans l’usine, les employés manutentionnent la caméra, l’agrafeuse ont leur place réservée. Chaque chose à sa
des plaques de métal et des vitres de grandes dimensions et mon- place, rien ne traîne sur les établis, rien n’entrave la circulation
tent sur la machine. Ils découpent, soudent, emballent, transpor- dans les allées. « L’objectif, explique Alain Jean, est que les employés
tent. Toutes sortes de risques guettent l’employé non soucieux de aient tout ce dont ils ont besoin sous la main, les matières pre-
sa sécurité. Des accidents mortels, il y en eu dans le passé dans mières, les outils, en limitant les déplacements. » Surtout, ce sont
des divisions de STERIS aux États-Unis, à la suite de quoi, en 2003, les employés qui organisent leur espace de travail en fonction de
le siège social, en Ohio, a insufflé un virage santé et sécurité dans leur taille et de leurs tâches. Tout se fait à hauteur ergonomique,
Déléguer, impliquer Chez STERIS, ce sont les employés qui organisent leur espace de travail en
et responsabiliser fonction de leur taille et de leurs tâches.
STERIS n’est pas du genre à se contenter
d’une norme ou d’un prix. « Ce serait facile
de se reposer sur ses lauriers, mais chez bureaux, disposent d’un panneau d’affi- idées d’améliorations implantées par les
STERIS, on repousse les limites », déclare chage avec des fiches pour noter des employés. Sur les panneaux d’affichage
Alain Jean. « La philosophie, précise Jean- points à améliorer. Ils repèrent des lacunes, figure le nombre de points à améliorer pro-
François Mathieu, c’est d’admettre que rien mais surtout, ils participent à l’élaboration posés par employé ou par section. Une
n’est parfait, qu’on peut toujours amé- des solutions. « La meilleure personne pour saine émulation qui incite chacun à déni-
liorer. » Dans l’entreprise, la santé et la régler un problème, c’est la personne qui cher la moindre petite faille et à faire preuve
sécurité est un processus continu d’amé- vit le problème », souligne Alain Jean. Pour de créativité pour trouver la solution. « C'est
lioration auquel participe tout le per- encourager cette pratique, un concours encouragé et valorisé de participer à la réso-
sonnel. Tous les employés, même dans les récompense par des prix en argent des lution de problèmes », résume Natalie
Saindon. L’intérêt est aussi d’impliquer, et
donc, de responsabiliser les travailleurs face
à la santé et à la sécurité.
Si un élément de santé et de sécurité
échappe à un employé, il n’échappera peut-
être pas aux superviseurs mis à contribu-
tion selon l’approche STOPTM, pensée par
DuPont. « On demande à chaque supervi-
seur de prendre du temps sur le plancher,
de parler de santé et de sécurité avec des
employés et de noter son intervention »,
explique Jean-François Mathieu. Chaque
mois, une cinquantaine de fiches d’obser-
vation témoignent des bonnes pratiques
ou rapportent d’éventuelles lacunes.
Alain Jean se plaît à dire qu’il a plein
de petites abeilles qui travaillent pour lui.
C’est ainsi qu’il délègue et dissémine les
responsabilités en santé et sécurité dans
l’entreprise. « La santé et la sécurité, c’est
comme la grippe, il faut que tout le monde
l’aie », plaisante-t-il. Évitant ainsi que toute
la démarche ne repose que sur une seule
personne, il s’assure aussi de la pérennité
Chez STERIS, chaque chose est à sa place et tout est à portée de la main. de ce qu’il met en place. S’il part, le sys-
Des dessins sur les panneaux indiquent où va chaque outil. tème et la mentalité perdureront.
bloquer un éventuel
clou perdu.
Dans une autre
Dans l’entreprise, la
section, il y avait une santé et la sécurité est
inquiétude quant aux
vibrations subies par
un processus continu
les polisseurs. STERIS d’amélioration auquel
a fait venir un ergo- participe tout le personnel.
nome et un spécia-
liste des vibrations. Tous les employés, même
« Avec la matrice dans les bureaux, disposent
d’évaluation des ris-
ques, on allait vers le d’un panneau d’affichage
rouge. On ne pensait avec des fiches pour noter
pas que les petits
outils pouvaient être des points à améliorer. Ils
dommageables », repèrent des lacunes, mais
avoue Alain Jean. Les
polisseurs ont été
surtout, ils participent à
informés des résultats l’élaboration des solutions.
de l’étude et invités à
effectuer de nouvelles
La table de ce poste de travail est ajustable en hau- tâches en rotation
teur pour permettre à l’employé de travailler à la hau- avec le polissage pour libres de s’exprimer pour signaler une
teur optimale pour lui. diminuer l’exposition lacune, mais aussi pour avertir un supé-
aux vibrations. rieur qu’il ne respecte pas les consignes de
sécurité. « Elle est intégrée aux réunions,
Un comité de santé La santé et la sécurité, une fierté aux postes de travail, ce n’est pas une tâche
et de sécurité proactif Chez STERIS, la santé et la sécurité est un supplémentaire, explique Natalie Saindon.
Cette implication de tous en santé et sécu- engagement quotidien. Chaque matin, le C’est une valeur d’entreprise. Tout le monde
rité pourrait apporter un risque, celui d’être chef d’équipe fait une réunion et parle de y croit ». « Les employés sont engagés, tous
débordé par les points à améliorer et de santé et de sécurité. De l’affichage dans rament dans le même sens, dans un envi-
ne pouvoir y donner suite, car le suivi et l’usine rappelle les bonnes pratiques. Des ronnement sécurisé, complète Jean-
la résolution des problèmes est un gage articles paraissent dans le journal interne, François Mathieu. On est très fiers de nos
de crédibilité essentiel pour solliciter l’en- le STERIScope. Les employés se sentent employés, et tout ça apporte du succès. »
gagement de tous. Cependant, tous les
points n’ont pas à être amenés au comité
de santé et de sécurité pour trouver une
réponse, estime Jean-François Mathieu. La
plupart peuvent être résolus avec le super-
viseur et seuls ceux qui n’ont pas de solu-
tions évidentes font l’objet d’une discussion
par le comité.
Ce comité paritaire se réunit une fois
par mois et agit avec proactivité et trans-
parence. Jean-François Mathieu évoque un
quasi-accident survenu lors de l’emballage
avec une cloueuse pneumatique. Le clou
est parti, heureusement sans blesser per-
sonne. « C’est arrivé une fois avec un clou »,
souligne-t-il. Mais c’était suffisant pour
enclencher un processus de réflexion pour
réduire les risques. Les membres du comité
ont retourné la question, réfléchi à d’autres
méthodes d’emballage possibles, aux équi-
pements de protection, à la procédure d’uti-
lisation de la cloueuse. Désormais,
l’employé doit prendre garde à pointer la
cloueuse vers le bas toutes les fois où c’est
possible et un rideau transparent semi- Les membres d’une équipe du secteur « Synergy » font un bilan SST en
rigide a été installé autour du secteur pour observant leur tableau de performance.
DC900-1020LA (2014-09)
Si on savait à l’avance… on ferait tout pour empêcher que ça arrive.
notamment à le démontrer en suscitant pour empêcher que ça leur arrive. Comme Ensemble, il faut agir pour rendre tous
une réflexion sociale plutôt qu’à mettre l’indique le thème de la campagne de nos milieux de travail sécuritaires !
Photo : CSST
pas de reconnaître un milieu de travail ou elles auraient tout fait pour empêcher www.csst.qc.ca
un type d’emploi en particulier, la CSST que leur vie change à tout jamais.
souhaite faire prendre conscience aux En témoignant publiquement, elles La campagne met en lumière les
Québécois qu’ils sont tous concernés par font tout maintenant pour sensibiliser les témoignages de cinq personnes.
les accidents du travail et qu’ils ont un Québécois à l’importance d’agir afin d’em-
rôle à jouer pour prévenir les accidents et pêcher que d’autres personnes soient vic-
empêcher que cela affecte leur vie ou celle times. Elles veulent que d’autres Québécois place publique, d’où les différents moyens
de leurs proches. appuient la cause de la SST et posent des utilisés dans le cadre de la campagne
gestes pour rendre les milieux de travail sociétale. De plus, pour que l’on parle
Des témoignages touchants plus sécuritaires. davantage de la SST dans différentes tri-
qui font réfléchir Vous pouvez écouter leurs histoires en bunes médiatiques, la CSST mène, tout au
Toujours dans le but de susciter une vous rendant sur le site de la campagne, long de l’année, des campagnes ciblant
réflexion collective et individuelle, la cam- à sionsavait.ca. différents secteurs afin de sensibiliser les
pagne sociétale de 2014 met en lumière clientèles les plus à risque. Elle réalise
les témoignages de cinq personnes qui Une cause qui touche tous également plusieurs événements pour
veulent tout faire pour empêcher que les Québécois et Québécoises sensibiliser les employeurs, les travailleurs
d’autres accidents du travail se produi- Une véritable culture de prévention ne et le milieu de l’éducation, comme les
sent. Chaque jour, au Québec, 228 per- pourra s’instaurer et perdurer que si la Grands Prix SST, le Grand Rendez-vous SST
sonnes, comme Laurier, Line et Wilkinson, population québécoise appuie la cause de et le Forum SST.
se blessent au travail, sans compter celles la SST, d’où l’importance d’en faire une Plus que jamais, le Québec a besoin de
qui ont été directement touchées par des valeur de société et, ultimement, une tous ses travailleurs. Il faut que les
accidents, comme cela a été le cas de norme sociale. Il est reconnu que les Québécois réalisent que la sécurité au tra-
Jocelyne et de Robin. normes sociales influencent et dictent les vail, c’est un investissement pour l’avenir,
En faisant appel à de tels témoignages, comportements. Si l’on veut susciter des une question de santé et le reflet d’une
la CSST fait prendre conscience aux changements de comportement dans la société dynamique et responsable. Plus
Québécois des lourdes conséquences que société en matière de SST afin de rendre de six millions de Québécois et de
cela entraîne dans la vie du travailleur et les milieux de travail plus sécuritaires, il Québécoises sont en âge de travailler : la
de celles de leurs proches et de leur est important d’amener cet enjeu sur la SST, ça touche tout le monde !
La motivation,
agent décisif de
comportements
sécuritaires
Par Claire Thivierge
[Prévention au travail] En quoi votre définition de Ce peut être l’argent, mais pas exclusivement. Les deux dernières
la motivation diffère-t-elle de celle du dictionnaire ? motivations peuvent souvent avoir des conséquences négatives.
Pour faire une analyse plus fine du comportement humain, il
[Jacques Forest] La recherche nous apprend que la moti- faut connaître les déclinaisons entre les motivations intrinsèques
vation est une énergie qui se distingue par la quantité. On peut et extrinsèques.
donc être très motivé ou pas. Plus importante est la question
de savoir qui est motivé par quoi. La théorie de l’autodétermi- [PT] La motivation est-elle universelle, peu importe le
nation suggère que quatre grandes catégories de raisons moti- sexe, l’âge, l’origine ethnique, la culture, la scolarité ou le
vent toute activité humaine. La première, appelée « motivation métier d’une personne ?
intrinsèque », est celle du plaisir. Lorsque les gens sont intéressés,
absorbés par leur travail, et ne voient pas le temps passer, on [JF] Une enquête récente, réalisée avec 3 435 travailleurs
parle de plaisir. La deuxième catégorie, celle de la motivation dans neuf pays, sur quatre continents, a démontré que la struc-
identifiée, correspond aux valeurs, à la vocation, au sens qu’on ture des motivations est invariable. Un diplômé du secondaire
donne à son travail. Ces deux types de motivations procurent à âgé de 20 ans qui trouve du plaisir dans son emploi en consta-
la fois le plus de bien-être et de performance. Le troisième type, tera des bienfaits. Un cadre dans une multinationale, âgé de
c’est tout ce qui est relatif à l’ego ou à la réputation. C’est la 50 ans, qui gagne des millions de dollars par année, mais qui
motivation des gens qui veulent être perçus comme les meilleurs, traîne de la patte chaque jour pour se rendre au travail consta-
qui se préoccupent avec excès de l’image qu’ils projettent. Cela tera des conséquences négatives. Ces différences sont de peu
peut amener un peu de bien-être et de performance, mais beau- d’intérêt, car les structures de la motivation sont universelles.
coup moins que les deux premières motivations. Il y a finale- La seule réserve, c’est que certains emplois sont plus motivants
ment la motivation extrinsèque qui, comme le nom l’indique, que d’autres. Par exemple, l’éventail de gens qui considèrent
fait référence à une récompense ou à une pression extérieure. comme motivante une tâche très répétitive, accomplie dans le
Les corrections
Pour commencer, il faut s’assurer de
choisir le pont élévateur qui a la bonne
capacité de levage. Cette dernière est
d’ailleurs bien visible sur la structure du
pont élévateur. Cette information est
essentielle pour éviter de soulever un
véhicule trop lourd pour la capacité de la
structure. Ainsi, pour une camionnette, la
2 capacité de levage doit être plus grande
4 que pour une voiture, et les bras de levage
plus longs et parfois munis de patins
auxiliaires. De plus, le véhicule doit être
placé solidement de façon à ce que les
5 1
bras de levage aient un contact ferme
avec les points de levage du véhicule. Les
6 bouts de bois sont évidemment à pros-
5 crire. Les bras de levage doivent venir s’ap-
puyer sur le châssis du véhicule, et non
3 la carrosserie ou encore un accessoire
comme le marchepied.
Pendant la levée du véhicule, on doit
7 entendre les loquets de verrouillage s’en-
gager. Il ne faut jamais contourner ce
Les erreurs
1 Est-ce que la capacité de levage du pont élévateur est suffisante pour
soulever la camionnette ?
2 Ce n’est pas tout de soulever le véhicule, il faut également qu’il soit stable !
3 Frédéric soulève une transmission qui pèse entre 150 et 200 lbs uniquement
avec de l’huile de coude… Gare aux blessures !