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Section problèmes

Parabole et autres coniques Traçage de l’hyperbole


Lorsque l’on s’intéresse à la parabole, comme L’hyperbole est l’ensemble des points P du
c’est le cas dans Les miroirs ardents, il est plan dont la différence des distances à deux
naturel de se demander comment en tracer points F1 et F2 (les foyers de l’hyperbole) est
une correctement. On peut avoir le même une constante r :
questionnement pour les autres sections | |PF1| - |PF2| | = r. (*)
coniques, hyperbole et ellipse, et s’intéresser
Voici comment on peut dessiner la première
à leurs propriétés remarquables. branche de l’hyperbole avec une règle AB et un
Traçage de la parabole crayon. La règle pivote autour d’un clou fixant
l’extrémité B au premier foyer F1 de l’hyperbole.
Voici un dispositif pour tracer une parabole.
À l’extrémité A de la règle on fixe une corde dont
Une corde, dont la longueur L est égale à celle l’autre extrémité est fixée au deuxième foyer
du côté AB d’une équerre, est attachée à une de F2 de l’hyperbole. La corde est de longueur L.
ses extrémités en un point fixe O situé à une On place le crayon le long de la règle de telle

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distance h d’une droite (D). L’autre extrémité manière qu’il tende la corde (voir figure).
de la corde est attachée au sommet A de
a) Montrer que la pointe du crayon décrit
l’équerre. La pointe d’un crayon est placée le
une branche d’hyperbole.
long du côté vertical de l’équerre en un point
P de telle sorte que la corde soit tendue : b) De quelle longueur Lc doit-on prendre la corde
on a donc |OP| + |PA| = L . On fait glisser si la longueur de la règle est L et que l’équation
l’équerre le long de la droite (D) de telle sorte de l’hyperbole est donnée par (*) ?
que la corde demeure tendue (voir figure). c) Que devez-vous faire pour tracer la
deuxième branche de l’hyperbole?

Propriété remarquable
de l’ellipse
La parabole n’est pas la seule conique à avoir 31
une propriété optique remarquable, l’ellipse en
a également une.
a) Montrer que la pointe du crayon décrit un
arc de parabole (voir définition p. 2). L’ellipse est le lieu géométrique des points
du plan dont la somme des distances à deux
b) Montrer que le foyer de la parabole est en
points F1 et F2 est égale à une constante C
O et que (D) est sa directrice.
(où C > | F1F2|).
Démontrer la propriété remarquable de l’ellipse :
Anthemius de Thralle Tout rayon partant d’un des foyers et réflé-
chi sur l’ellipse arrive à l’autre foyer (figure
Anthemius de Thralle (474-534) était un
ci-contre).
mathématicien et architecte byzantin. Comme
architecte, et en collaboration avec Isidore de Volume et aire d’une sphère
Milet, il a construit la cathédrale Sainte-Sophie Archimède a comparé un cylindre droit à la
à Constantinople. Les connaissances qu’il avait sphère inscrite dans celui-ci et a affirmé que :
acquises par l’étude des coniques lui furent utiles
dans la conception de cette cathédrale. C’est lui Lorsqu’un cylindre est circonscrit à une
qui le premier a décrit la technique, appelée sphère, le volume et la surface du cylindre
méthode du jardinier, utilisant une corde fixée sont une fois et demie le volume et la surface
aux deux foyers pour tracer une ellipse. Il n’utilise de la sphère.
cependant pas le mot « foyer ». Cette appella- a) Déterminer les formules du volume et de
tion est due à Johannes l’aire de la surface du cylindre considéré
Kepler qui, dans ses par Archimède.
études sur les lentilles, a b) En utilisant la relation établie par Archimède
constaté la convergence déterminer les formules usuelles du volume
de la lumière entre et de l’aire de la surface de la sphère.
ces deux points, ce qui
constitue la propriété
remarquable de l’ellipse.
Section problèmes
Suite
Les surprises de l’infini En exploitant cette caractéristique des
Dans l’article L’infini, c’est gros comment ? sommes infinies :
Annick et Yannick ont rencontré une parti- a) déterminer les sommes suivantes :
cularité de l’infini. Il y a autant de nombres
naturels que de nombres naturels pairs. i)
L’infini réserve beaucoup d’autres surprises.
ii)
Considérons la somme infinie :
1 – 1 + 1 – 1 + 1 – 1 + 1 – 1 + 1 – .... b) montrer que 0,9999... = 1
Quelle est la valeur de cette somme ? Par c) exprimer 0,4444... comme quotient de
exemple si on regroupe les nombres deux par deux entiers.
deux à partir du premier, on obtient : d) exprimer 0,424242... comme quotient de
(1 – 1) + (1 – 1) + (1 – 1) + (1 – 1) + .... deux entiers.
= 0 + 0 + 0 + 0 + ... = 0 e) montrer que ,
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Cependant, en regroupant les nombres deux si r ≠ 1.


par deux à partir du second, on obtient : f) expliquer pourquoi il est naturel, si |r| < 1,
1 + (–1 + 1) + (–1 + 1) + (–1 + 1) + (–1 + 1) + .... d’obtenir : r
r + r 2 + r 3 + ... = (*)
= 1 + 0 + 0 + 0 + 0 + ... = 1 1− r
Alors, la somme vaut-t-elle 0 ou 1? Dans son g) en déduire que
r
ouvrage Leçons sur les séries divergentes, r + r 2 + r 3 + ... = , si |r| < 1.
1− r
Émile Borel écrit : « Euler considère la somme h) lesquels des résultats des questions a à d
de [cette série] comme égale à 1/2; et cette peuvent s’expliquer par cette dernière
affirmation a pour lui la signification suivante : formule?
si, par un calcul quelconque, on est conduit
à [cette série], le résultat de ce calcul est i) montrer que si on pose r = –1 dans (*), on
32 certainement 1/2. » obtient l’affirmation d’Euler.
La somme d’un nombre infini de termes n’a Vols de Collatz
pas toujours un comportement aussi bizarre.
Dans l’article sur les Envolées intersidérales,
Ainsi, si on considère la somme suivante :
l’auteur décrit les vols de Collatz : On choisit un
nombre entier positif x. S’il est pair on le divise
par 2 et s’il est impair, on le remplace par 3x + 1.
On poursuit ainsi jusqu’à obtenir 1.
On peut déterminer cette somme de la façon
suivante. En multipliant la somme par 2, on a) La durée d’un vol de Collatz est le nombre
obtient : d’itérations avant de se poser en 1. Lequel
des nombres premiers jumeaux 5 et 7 a la
plus grande durée de vol?
b) La durée d’un vol en altitude est le nombre
En soustrayant membre à membre, on trouve : de termes de la suite supérieurs au nom-
bre de départ. Lequel des nombres pre-
miers 11 et 17 a la plus grande durée de
vol en altitude?
Ce qui donne S = 1. c) L’altitude maximale d’un vol de Collatz
Dans cette procédure, on exploite une est le plus grand nombre de la suite.
caractéristique propre aux sommes infinies. En Déterminer l’altitude maximale du vol de
multipliant une somme infinie par un facteur Collatz des nombres premiers 23 et 29.
judicieusement choisi, et en soustrayant de d) Un vol de Collatz est dit vol de courte
ce produit la somme initiale, les termes, sauf durée si le nombre d’itérations avant de se
le premier, se soustraient deux à deux. Il reste poser en 1 est égal ou inférieur au nombre
à résoudre une équation du premier degré de départ. Déterminer les vols de courte
pour déterminer la valeur de la somme. durée parmi ceux étudiés en a, b et c.
SOLUTIONS
Traçage de la parabole Propriété remarquable de l’ellipse
Nous pouvons reformuler la définition de l’ellipse
comme suit : si R est un point quelconque du plan
A
A on a :

h P  F1R + F2R < C si R est à l’intérieur de l’ellipsee,


O 
O P  F1R + F2R = C si R est sur l’ellipse,
h FR + F R >C si R est à l’extérieur de l’ellipse.
h  1 2
(D) B (D) B
Considérons un rayon issu de F1 et regardons le
point P où il frappe l’ellipse.
a) Si la corde demeure tendue, on a |PB| = |PO|. Le
point P est donc toujours à égale distance du
P
point O et de la droite (D). La pointe du crayon (D)
décrit donc un arc de parabole.
b) Pour la même raison, le point O est le foyer de la F1 F2
parabole et (D) est la directrice.
Accromath vol.2, no 1 hiver-printemps 2007

Traçage de l’hyperbole
Prenons la droite (D) passant par P et faisant des
angles égaux avec F1P et F2P. On doit montrer que
cette droite est tangente à l’ellipse en P.
A
A P
P Quelle est la propriété qui distingue la tangente à
B B l’ellipse en P de toutes les droites (D’) qui passent
F2 F1 F2 F1 par P? Toute autre droite (D’) que la tangente a des
points à l’intérieur de l’ellipse. Par contre, la tan-
gente n’a aucun point à l’intérieur de l’ellipse et seul
 le point de tangence est sur l’ellipse. Il faut donc
montrer que seul le point P de la droite (D) est sur
a) Puisque la corde demeure tendue, on a toujours l’ellipse, c’est-à-dire que tout point R de (D) (diffé-
|AP| + |PF2| = Lc. Donc : rent de P) satisfait |F1R| + |F2R| > C.
|PF1| – |PF2| = (|AF1| – |AP|) – |PF2|
= |AF1| – (|AP| + |PF2|) F
= |AF1| – Lc
= L – Lc = r H
b) Puisque L – Lc = r, P
Lc = L – r K
(D)
c) Pour tracer l’autre branche de l’hyperbole, on F1 F2
place le point B au deuxième foyer.

À partir de F1, abaissons une perpendiculaire sur


la droite (D) et notons H, le pied de cette perpen-
Solutions

A = πr2 A = πr2 A = πr2

diculaire. Prolongeons F1H jusqu’en F de telle sor-


te que |HF| soit égal à |F1H |. Le point F est alors h = 2r

le symétrique de F1 par rapport à (D). Les triangles L = 2πr


FHP et F1HP sont congrus car ce sont deux trian-
A = πr2 A = πr2 A = πr2
gles rectangles dont les côtés de l’angle droit sont
égaux. Par conséquent, les angles homologues sont
égaux : L’aire de la surface du cylindre est la somme de
∠ F1PH = ∠ FPH l’aire de la surface latérale et de l’aire des deux
cercles constituant ses bases. L’aire de la surfa-
De plus, par hypothèse, ∠ F1PH = ∠ F2PK. Par consé- ce latérale est le produit de la longueur de la cir-
quent : conférence par la hauteur, soit :
∠ F2PK = ∠ FPH Alatérale = 2πrh = 4πr2
Les points F2, P et F sont donc alignés. L’aire des bases est :
Abases = 2πr2
Considérons maintenant un point R quelconque de L’aire du cylindre est donc :
la droite (D), distinct de P. Acylindre = Alatérale + Abases
= 4πr2 + 2πr2 = 6πr2
F
b) Selon la relation établie par Archimède, le vo-
lume et l’aire de la surface du cylindre sont une

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H
R fois et demie le volume et l’aire de la surface de
P
K la sphère. Ce qui signifie que le volume et l’aire
(D) de la surface de la sphère sont les deux tiers du
F1 F2 volume et de l’aire de la surface du cylindre. On
a donc :
2 2 4
Vsphère = Vcylindre = × 2π r 3 = π r 3
La droite (D) étant la médiatrice du segment F1F, on 3 3 3
a |F1R| = |FR|. Or : et :
|FF2| = |FP| + |PF2| = |F1P| + |F2P| = C. 2 2
Par conséquent :
Asphère = Acylindre = × 6π r 2 = 4π r 2 
3 3
|F1R| + |F2R| = |FR| + |F2R| >|FF2| = C.

Puisque :
Surprises de l’infini
a)
|F1R| + |F2R| >C,
i) Notons S la somme :
le point R est en dehors de l’ellipse. Ceci étant vrai
pour tout point R distinct de P, on peut conclure
que P est le seul point de la droite (D) sur l’ellipse.
1 1 1 1 1
S= + + + + +
La droite (D) est donc la tangente à l’ellipse. 3 32 33 34 35
En multipliant par 3, on obtient :
Volume et aire d’une sphère 3 3 3 3 3
a) Le volume d’un cylindre est 3S = + + + + +
3 32 33 34 35
donné par le produit de l’aire de
1 1 1 1
sa base par sa hauteur, soit : = 1+ + 2 + 3 + 4 + 
V = πr2h 3 3 3 3
Dans ce cas, on a h = 2r. Le vo-
lume est donc : En soustrayant membre à membre :
Vcylindre = 2πr3 3S – S = 2S = 1 et S = 1/2.
d’où l’on tire :
ii) Notons S la somme : 1 − r n +1
2 1 2 1 2 S (1 − r ) = 1 − r n +1 et S =
S= + + + + + 1− r
3 32 33 34 35 On obtient donc :
1 − r n +1
En multipliant par 9, on obtient : 1+ r + r 2 + r 3 +  + r n =
1− r
2×9 9 2×9 9 2×9
9S = + 2 + 3 + 4 + 5 +
3 3 3 3 3 f) Si | r | < 1, alors rn+1 tend vers 0 lorsque n
2 1 2 1 2 tend vers l’infini. Il est donc naturel d’obte-
= 6 + 1+ + 2 + 3 + 4 + 5 + 
3 3 3 3 3 nir :
2 1 2 1 2 1
= 7 + + 2 + 3 + 4 + 5 + 1+ r + r 2 + r 3 +  = (*)
1− r
3 3 3 3 3
g) En multipliant par r les deux membres de
En soustrayant membre à membre : l’équation (*), on obtient :
9S – S = 8S = 7 et S = 7/8. r
r + r 2 + r 3 + r 4 + = (**)
1− r
b) Notons S la somme, on a alors : h) Considérons à nouveau la première somme
S = 0,9999... en a), soit :
En multipliant par 10, cela donne : 1 1 1 1 1
10S = 9,9999... S= + + + + +
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En soustrayant membre à membre, on ob- 3 32 33 34 35


tient : On constate qu’il s’agit d’une expression
9S = 9, d’où S = 1. de la forme (**), où r = 1/3. La somme est
donc :
c) Notons S la somme, on a alors : 1 1 1 1 1
S= + + + + +
S = 0,4444... 3 32 33 34 35
En multipliant par 10, cela donne : 13 13 1 3 1
10S = 4,4444... = = = × =
En soustrayant membre à membre, on ob- 1− 1 3 2 3 3 2 2
 tient : En b, nous avions :
9S = 4, d’où S = 4/9. 9 9 9
S = 0, 9999 = + + +
10 100 1000
d) Notons S la somme, on a alors :
S = 0,424242...  1 1 1 
= 9 + + + 
En multipliant par 100, cela donne :  10 100 1000 
100S = 42,424242...  1  1  2  1  3 
En soustrayant membre à membre, on ob- = 9  +   +   +  
tient :  10  10   10   
99S = 42, d’où S = 14/33.
 1 10   1 10 
= 9  = 9  =1
e) Notons S la somme, on a alors :  1 − 1 10   9 10 
S = 1+ r + r 2 + r 3 +  + r n
On peut faire la même démarche avec les
En multipliant par r, cela donne : sommes en c et d.
rS = r + r 2 + r 3 + r 4  + r n +1
En soustrayant membre à membre, on ob- i) En posant r = -1 dans l’équation (*), on ob-
tient : tient :
S − rS = 1 − r n +1 , 1 1
1− 1+ 1− 1+ 1−  = =
1 − (−1) 2
Solutions

Remarque
Dans Proof without words1, on trouve la dé- Vols de 11 et de 17
monstration suivante de l’équation (*). (selon Collatz)
60
Série géométrique de raison r < 1
A 1 D 50

1–r

Altitude
40
1 E
r r2 30
r3 Altitude de départ
B 1 r r 2 r3 C 20
vol 17
Le ∆ABC est semblable au ∆ADE. 10
vol 11
Donc : 1 + r + r2 + r3 + ... = 1 1– r
5 10 15
Étapes du vol
Un autre argument relève de l’algèbre. En consi-
dérant r/(1 –r) comme un quotient de polynô-
mes et en effectuant la division de ceux-ci, on En effet, le vol 11 a 8 étapes à une altitude
obtient : supérieure à 11 et le vol 17 a 4 étapes supé-
r 1–r rieures à son altitude de départ.
–(r – r2) r + r2 + r3 + r4 + ...
r2 c) L’altitude maximale du vol 23 est 160 et cel-
–(r2 – r3) le de 29 est 88.
r3 Vols de 23 et de 29
–(r3 – r4) (selon Collatz)
160

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r4
...
–( ) 150
140
130
Vols de Collatz 120
a) 110
100
Vols de 5 et de 7
(selon Collatz) 90
60
80
Altitude

50 70
60 
Altitude

40
50 Altitude
30 40 de départ
vol 29
20 30
20 vol 23
10
10
5 10 15
5 10 15 20
Étapes du vol Étapes du vol

La description graphique des vols de 5 et de d) Les vols 5, 17, 23 et 29 sont des vols de cour-
7 permet de conclure que 7 a la plus grande te durée.
durée de vol.
Remarque
b) La description graphique des vols de 11 et de Parmi les nombres considérés dans les problè-
17 permet de conclure que 11 a la plus gran- mes, seul 7 et 11 sont des vols de longue durée.
de durée de vol en altitude. Il ne faut pas conclure qu’il s’agit d’exceptions.
Ainsi, le vol 19 comporte 20 itérations et le vol
1. Nelsen, Roger B. Proofs without words,I et II, MAA 31 en comporte 106.
Service Center, Washington,

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